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- TABLE DES MATIÈRES
- TABLE DES ILLUSTRATIONS
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- TEXTE OCÉRISÉ
- LISTE DES VOLUMES
- Première image
- PAGE DE TITRE
- Dimanche 2 Janvier 1887 (n.n.)
- Dimanche 9 Janvier 1887 (p.453)
- Dimanche 16 Janvier 1887 (p.465)
- Dimanche 23 Janvier 1887 (p.477)
- Dimanche 30 Janvier 1887 (p.485)
- Dimanche 6 Février 1887 (p.497)
- Dimanche 13 Février 1887 (p.505)
- Dimanche 20 Février 1887 (p.513)
- Dimanche 27 Février 1887 (p.525)
- Dimanche 6 Mars 1887 (p.533)
- Dimanche 13 Mars 1887 (p.545)
- Dimanche 20 Mars 1887 (p.553)
- Dimanche 27 Mars 1887 (p.565)
- Dimanche 3 Avril 1887 (p.577)
- Dimanche 10 Avril 1887 (p.585)
- Dimanche 17 Avril 1887 (p.593)
- Dimanche 24 Avril 1887 (p.601)
- Dimanche 1er Mai 1887 (p.609)
- Dimanche 8 Mai 1887 (p.617)
- Dimanche 15 Mai 1887 (p.629)
- Dimanche 22 Mai 1887 (p.641)
- Dimanche 29 Mai 1887 (p.649)
- Dimanche 5 Juin 1887 (p.657)
- Dimanche 12 Juin 1887 (p.665)
- Dimanche 19 Juin 1887 (p.673)
- Dimanche 26 Juin 1887 (p.681)
- Dimanche 3 Juillet 1887 (p.689)
- Dimanche 10 Juillet 1887 (p.701)
- Dimanche 17 Juillet 1887 (p.709)
- Dimanche 24 Juillet 1887 (p.717)
- Dimanche 31 Juillet 1887 (p.725)
- Dimanche 7 Août 1887 (p.733)
- Dimanche 14 Août 1887 (p.741)
- Dimanche 21 Août 1887 (p.749)
- Dimanche 28 Août 1887 (p.757)
- Dimanche 4 Septembre 1887 (p.765)
- Dimanche 11 Septembre 1887 (p.773)
- Dimanche 18 Septembre 1887 (p.781)
- Dimanche 25 Septembre 1887 (p.789)
- Dimanche 2 Octobre 1887 (p.797)
- Dimanche 9 Octobre 1887 (p.805)
- Dimanche 16 Octobre 1887 (p.813)
- Dimanche 23 Octobre 1887 (p.821)
- Dimanche 30 Octobre 1887 (p.833)
- Dimanche 6 Novembre 1887 (p.841)
- Dimanche 13 Novembre 1887 (p.849)
- Dimanche 20 Novembre 1887 (p.857)
- Dimanche 27 Novembre 18887 (p.865)
- Dimanche 4 Décembre 1887 (p.873)
- Dimanche 11 Décembre 1887 (p.881)
- Dimanche 18 Décembre 1887 (p.889)
- Dimanche 25 Décembre 1887 (p.897)
- Dernière image
- Première image
- PAGE DE TITRE
- Vue à vol d'oiseau de l'exposition maritime du Havre en 1887 (p.449)
- M. Crespin de la jeannière (p.452)
- L'exposition de 1889. – Comités techniques (p.459)
- Mme. Vve. Boucicaut (n.n.)
- L'exposition de Charles Toché à la sale Petit (n.n.)
- Les comités départementaux. – M. Hendle, préfet de la Seine Inférieure (n.n.)
- Les comités départementaux. – M. Henri Loze, préfet de la Somme (n.n.)
- Exposition universelle de 1889. Vue générale des chantiers pour la construction de la Tour Eiffel (n.n.)
- M. Jospeh Lafourcade, Jardinier en chef du service des parcs et jardins de l'exposition (n.n.)
- M. Jules Lion. Ingénieur des travaux (n.n.)
- M. Georges Delatte. Préfet, président d'honneur du comité départemental des côtes – du - nord (n.n.)
- Général, Manigat. Ministre de l'Instruction publique d'Haïti (p.521)
- Chantier du Champ – de - Mars (n.n.)
- Fac – similé du diplôme de Liverpool (n.n.)
- Chantier du Champ – de - Mars (n.n.)
- Façade principale de l'exposition de Toulouse (1887) (pl.0)
- Exposition universelle de 1889. – Fondations de la Tour Eiffel (Chantier du Champ – de – Mars) (pl.0)
- Exposition de 1889. – M. Kohn, préfet. Président d'honneur du comité départemental de la Haute - Garonne (p.581)
- M. Savoye. Chef du cabinet du Directeur général de la comptabilité (p.581)
- Fondations de la Tour Eiffel (Chantiers du Champ – de – Mars). Caissons métalliques (n.n.)
- Vue des chantiers du Champ – de Mars (n.n.)
- L'achèvement du boulevard Haussmann. – Le percement de la Voie Nouvelle. – Etat actuel de la Rue Taitbout ay boulevard Haussmann (n.n.)
- L'achèvement du boulevard Haussmann. – Vue de la Voie Nouvelle et du Boulevard des Italiens (n.n.)
- Jules Lefèvre. – 1457. Portraits de Mlle Mary et de Mr Robert G*** (p.621)
- Roll. – 2064. – Marche en avant (n.n.)
- Jean Béraud. – 183. – Au Palais (n.n.)
- Brouillet. – 363. – Une leçon clinique à la Salpetrière (p.624)
- L. Bonnat. – Portrait d'Alexandre Dumas (p.633)
- Carolus Dura. - Andromède (p.633)
- Hennep. – Une Créole (p.633)
- F. Flameng. – Abélard sur la montagne Sainte – Geneviève. – (Fragment) (p.633)
- Ch. Chaplin. – Dans les rêves. – Dessin original aux trois crayons (n.n.)
- Karbowski. - Décoration (p.636)
- A. Fourié. – Un repas de noces à Yport (p.636)
- Les premières fermes métalliques de l'exposition (n.n.)
- L'achèvement du boulevard Haussmann. Projet de M.H. Schmit, architecte (n.n.)
- L'achèvement du boulevard Haussmann. Kiosques et passerelle (n.n.)
- M. Dautresme. Ministre du Commerce et de l'Industrie (n.n.)
- Exposition universelle de 1889. – Chantiers de la société des atliers de Saint - Denis (n.n.)
- Exposition universelle de 1889. – Chantiers de MM. Joret et Cie (n.n.)
- L'éclairage électrique à l'opéra (n.n.)
- M. Ferdinand de Lesseps (p.694)
- M. Charles de Lesseps (p.695)
- Tour Eiffel (inauguration du montage) (n.n.)
- M. Paul Aumont (p.724)
- Exposition universelle de 1889. – Vue d'ensemble du chantier de la Tour Eiffel (n.n.)
- Exposition universelle de 1889. – Vue d'ensemble des chantiers (n.n.)
- Exposition universelle de 1889. – Soubassement de la Tour Eiffel (n.n.)
- Exposition universelle de 1889. – Vue des bâtiments de l'exploitation (n.n.)
- Exposition universelle. Expositions diverses (vue des fermes métalliques) (n.n.)
- Exposition universelle de 1889. – Fondations du palais des machines (n.n.)
- Fontaine destinée au jardin situé sous la Tour Eiffel. Sculpteur M. F. de Saint - Vidal (n.n.)
- Exposition universelle de 1889. – Vue d'ensemble du Champ – de - Mars (n.n.)
- Palais des Beaux – Arts et des Arts libéraux. Coupe des fermes (n.n.)
- Exposition universelle de 1889. Tour Eiffel, échafaudage d'un pilier (n.n.)
- Exposition universelle de 1889. – Vue d'ensemble de la Tour Eiffel (n.n.)
- Dernière image
6ç)j-- —- Troisième Année. — N° 131.
LE MONITEUR DE L’EXPOSITION DE 18S9
Dimanche 3 Juillet 1887.
M. DE LESSEPS
ET
L’EXPOSITION DE 1889
D’après toutes les probabilités, l’ouverture du canal de Panama coïncidera avec celle de l’Exposition de 1889. Comme à ses devancières, en 1867 et en 1878, M. deLesseps y prendra la part la plus brillaute. Aussi croyons-nous intéresser nos lecteurs en reproduisant ici quelques pages du livre très remarqué (1) que MM. Alphonse Bertrand et Emile Ferrier viennent de consacrer à M. Ferdinand de Lesseps, lequel aura été. en réalité, le premier et le plus infatigable exposant du xixe siècle.
« Lorsque l’on considère, dans leur ensemble, les actes, les discours, les luttes, les innombrables voyages, les incessants travaux de cet homme qui ne se Jasse jamais, on sent croître l’estime et la sympathie qu’il a toujours su inspirer, non seulement à ceux qui vivent dans son intimité, mais à tous les étrangers qui l’approchent.
M. de Lesseps a ces dons biens français qui sont le courage, la bonne humeur, la vaillance de l’esprit et du cœur. Un de ses ancêtres, Bertrand Lesseps, préserva, dit-on, du massacre de la Saint-Barthélemy le prince qui devait être Henri IV. Ne semble-t-il pas qu’il y ait en M. de Lesseps quelque chose de cette puissance de séduction qui fut l’une des grandes forces du « seul roi, dont la France ait gardé la mémoire? »
Chez M. de Lesseps, ces qualités aimables et séduisantes servent, si l’on peut ainsi parler, de parure à une volonté très forte, très persévérante et, pour tout dire, inébranlable.
Dans cette bonne humeur invincible, dans cette faculté de s’intéresser à tout et à tous, dans ~ette aménité et cette égalité de caractère s’accommodant, pour peu qu’on ne lui fasse pas la guerre, de toutes choses et de toutes gens,
M. de Lesseps puise cette sérénité d’esprit qui fait les hommes vraiment forts. N’est-ce pas elle qui leur permet de s’élever au-dessus des incidents de l’existence quotidienne et des inquiétudes d’ordre secondaire auxquelles se heurtent et se buttent, à tout pas, les esprits faiblement trempés?
« Je vais mon chemin », a dit quelque part M. de Lesseps ; nulle expression peut-être ne saurait mieux le peindre.
Il va son chemin sans se laisser arrêter par les bagatelles de la route, mais non sans y prêter quelque attention curieuse. Il est de la race des grands voyageurs, de ceux qui voient vite et qui voient bien.
Combien de descriptions intéressantes, de croquis vivement enlevés, de traits, piquants et originaux dans ses lettres, ses conférences, œs relations de voyage !
Les préoccupations les plus grandes et les plus vives 11’atténuent pas chez M. de Lesseps ce don de s’intéresser aux détails. A tout instant il met
(1) Ferdinand de Lesseps, sa vie, son œuvre, un fort volume in-8 raisin, avec cartes et portraits de MM. Ferdinand et Charles de Lesseps. G. Charpentier et Cie, éditeurs, 11, rue de Grenelle, Paris. Prix : 7 fr. 3o.
la tête à la portière. Rien ne lui échappe. Quoi de plus curieux, par exemple, que le récit de sa première exploration dans l’isthme ?
Ce n’est pas la plume d’un explorateur intéressé, c’est le crayon d’un touriste aimable et clairvoyant. Tout l’amuse et le distrait.
Ici c’est un aperçu sur la manière de monter à dromadaire, «opération qui, nous apprend-il, demande beaucoup de prestesse, car, aussitôt que l’on passe la jambe droite, ces animaux se relèvent brusquement et les meilleurs sont ceux qui s’enlèvent le plus vite ».
Plus loin il nous trace une rapide esquisse de ses mésaventures pendant un ouragan ou plaisante l’entêtement de l’âne sur lequel est monté Mougel-Bey. Ailleurs, il aime à se dire que cette
M. Ferdinand de LESSEPS
route qu’il parcourt a vu les grands philosophes grecs, les patriarches, les conquérants, la sainte famille et Bonaparte. Parfois il ouvre la Bible et s’applique à vérifier la description qu’elle fait de l’Egypte, non sans sourire de quelque vieille Anglaise qui croit découvrir la preuve inédite des prophéties de Moïse. Dans tout cela, d’ailleurs, rien de pédant, de cherché, d’ennuyeux — une sorte de bonne humeur naturelle qui prête de la grâce et du piquant à tout son récit.
Si l’on nous permet ce souvenir, il y a chez M. de Lesseps un reflet de cette naïveté d’impression qui fait le charme de Yillehardouin, de Joinville, de Froissard, de tous ces vieux conteurs d’histoires qui furent les ancêtres de nos historiens. « J’étais là, telle chose m’advint. » Et le lecteur ou l’auditoire prend plaisir à cet attachant récit, à ces curieuses anecdotes.
M. de Lesseps a toujours écrit comme il parle, sans prétention et avec un entier naturel. Jamais il n’a visé à passer pour un orateur ou pour un écrivain. Le jour où il entra à l’Académie française, ne s’est-il pas lui-même qualifié un homme de lettres in partit us ?
Mais le style, c’est l’homme, et pour M. de Lesseps plus que pour tout autre, cette parole est l’absolue vérité. Ses lettres, ses rapports, ses conférences, c’est lui tout entier ; comme lui-même, elles sont pleines de vie, de verve, de perpétuel mouvement, de confiance en son étoile et dans l’avenir. A ses yeux la parole n’est pas seulement le vêtement de la pensée, elle est une des formes de l’action ; et — chose plus rare encore— l’imagination n’est en lui qu’un stimulant de la volonté.
Comme Victor Hugo qui passa à Madrid plusieurs années de son enfance, comme Louis Blanc qui y vit le jour, Ferdinand de Lesseps, d’origine espagnole par sa mère, a toujours ressenti pour l’Espagne une sorte d’attrait et de prédilection. Par certains traits il rappelle ces hardis explorateurs qui se nommèrent Fernand Cortez et François Pizarre ; mais chez lui, ce qui domine tout, c’est l’amour de la paix, de la civilisation, des idées humanitaires qui seront à jamais la partie la plus glorieuse du patrimoine de la France.
M. de Lesseps croit à la puissance de la liberté: toute sa vie il a été un libéral. Sous l’Empire on lui en fit plus d’une fois le reproche. Cela ne l’empêcha pas de continuer à soutenir qu’il était bon que chacun pût dire ce qu’il pense, car alors la vérité ne tarde pas à se faire jour. A ce propos, il raconte quelque part une anecdote qui précise quelle est, à cet égard, sa façon dépenser.
« C’était, dit-il, lors de mon premier voyage en Angleterre. Je vais chez un éditeur, et je lui dis que mon désir est de répandre â– mon ouvrage, de le propager le plus possible.
« Le lendemain je retourne chez lui et il me donne la note des dépenses, où la plus grosse somme est destinée à attaquer l’ouvrage. Il faut croire que l’épiderme des “Anglais est moins sensible que le nôtre. Ce n’est pas nous qui payerions des verges pour nous fouetter. « Il « n’est pas besoin de louer un « livre, me dit l’éditeur ; quand « il est attaqué, les honnêtes gens veulent le « connaître et juger eux-mêmes. Combien « d’ouvrages n’ont eu une immense vogue « que parce qu’on a sonné les cloches contre « eux ! » — L’éditeur anglais était un homme de bon sens pratique. » N’est-ce pas là un conseil dont beaucoup d’hommes politiques et autres pourraient faire leur profit ?
M. de Lesseps est un optimiste. Il croit à la puissance du bien. Volontiers il pense que les hommes ne sont méchants que lorsqu’on les maltraite. « On m’accuse quelquefois , dit-il dans une de ses conférences, d’être enthousiaste. Messieurs, j’ai ce que vous avez tous, du cœur ! Je ne me décourage pas, je ne m’arrête pas parce que des obstacles se présentent. » Et, en Français, en patriote, qui a le droit de parler ainsi parce qu’il en est une preuve vivante, il ajoute : « Rien ne doit paraître impossible, lorsqu’on peut compter sur l’appui de la nation française et de tout ce qu’il y a d’intelligent et d’honnête dans le monde ».
Mais si M. de Lesseps croit aux hommes, il croit peuttêtre davantage encore aux femmes.
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LE MONITEUR DE L’EXPOSITION DE 18S9
Dimanche 3 Juillet 1887.
M. DE LESSEPS
ET
L’EXPOSITION DE 1889
D’après toutes les probabilités, l’ouverture du canal de Panama coïncidera avec celle de l’Exposition de 1889. Comme à ses devancières, en 1867 et en 1878, M. deLesseps y prendra la part la plus brillaute. Aussi croyons-nous intéresser nos lecteurs en reproduisant ici quelques pages du livre très remarqué (1) que MM. Alphonse Bertrand et Emile Ferrier viennent de consacrer à M. Ferdinand de Lesseps, lequel aura été. en réalité, le premier et le plus infatigable exposant du xixe siècle.
« Lorsque l’on considère, dans leur ensemble, les actes, les discours, les luttes, les innombrables voyages, les incessants travaux de cet homme qui ne se Jasse jamais, on sent croître l’estime et la sympathie qu’il a toujours su inspirer, non seulement à ceux qui vivent dans son intimité, mais à tous les étrangers qui l’approchent.
M. de Lesseps a ces dons biens français qui sont le courage, la bonne humeur, la vaillance de l’esprit et du cœur. Un de ses ancêtres, Bertrand Lesseps, préserva, dit-on, du massacre de la Saint-Barthélemy le prince qui devait être Henri IV. Ne semble-t-il pas qu’il y ait en M. de Lesseps quelque chose de cette puissance de séduction qui fut l’une des grandes forces du « seul roi, dont la France ait gardé la mémoire? »
Chez M. de Lesseps, ces qualités aimables et séduisantes servent, si l’on peut ainsi parler, de parure à une volonté très forte, très persévérante et, pour tout dire, inébranlable.
Dans cette bonne humeur invincible, dans cette faculté de s’intéresser à tout et à tous, dans ~ette aménité et cette égalité de caractère s’accommodant, pour peu qu’on ne lui fasse pas la guerre, de toutes choses et de toutes gens,
M. de Lesseps puise cette sérénité d’esprit qui fait les hommes vraiment forts. N’est-ce pas elle qui leur permet de s’élever au-dessus des incidents de l’existence quotidienne et des inquiétudes d’ordre secondaire auxquelles se heurtent et se buttent, à tout pas, les esprits faiblement trempés?
« Je vais mon chemin », a dit quelque part M. de Lesseps ; nulle expression peut-être ne saurait mieux le peindre.
Il va son chemin sans se laisser arrêter par les bagatelles de la route, mais non sans y prêter quelque attention curieuse. Il est de la race des grands voyageurs, de ceux qui voient vite et qui voient bien.
Combien de descriptions intéressantes, de croquis vivement enlevés, de traits, piquants et originaux dans ses lettres, ses conférences, œs relations de voyage !
Les préoccupations les plus grandes et les plus vives 11’atténuent pas chez M. de Lesseps ce don de s’intéresser aux détails. A tout instant il met
(1) Ferdinand de Lesseps, sa vie, son œuvre, un fort volume in-8 raisin, avec cartes et portraits de MM. Ferdinand et Charles de Lesseps. G. Charpentier et Cie, éditeurs, 11, rue de Grenelle, Paris. Prix : 7 fr. 3o.
la tête à la portière. Rien ne lui échappe. Quoi de plus curieux, par exemple, que le récit de sa première exploration dans l’isthme ?
Ce n’est pas la plume d’un explorateur intéressé, c’est le crayon d’un touriste aimable et clairvoyant. Tout l’amuse et le distrait.
Ici c’est un aperçu sur la manière de monter à dromadaire, «opération qui, nous apprend-il, demande beaucoup de prestesse, car, aussitôt que l’on passe la jambe droite, ces animaux se relèvent brusquement et les meilleurs sont ceux qui s’enlèvent le plus vite ».
Plus loin il nous trace une rapide esquisse de ses mésaventures pendant un ouragan ou plaisante l’entêtement de l’âne sur lequel est monté Mougel-Bey. Ailleurs, il aime à se dire que cette
M. Ferdinand de LESSEPS
route qu’il parcourt a vu les grands philosophes grecs, les patriarches, les conquérants, la sainte famille et Bonaparte. Parfois il ouvre la Bible et s’applique à vérifier la description qu’elle fait de l’Egypte, non sans sourire de quelque vieille Anglaise qui croit découvrir la preuve inédite des prophéties de Moïse. Dans tout cela, d’ailleurs, rien de pédant, de cherché, d’ennuyeux — une sorte de bonne humeur naturelle qui prête de la grâce et du piquant à tout son récit.
Si l’on nous permet ce souvenir, il y a chez M. de Lesseps un reflet de cette naïveté d’impression qui fait le charme de Yillehardouin, de Joinville, de Froissard, de tous ces vieux conteurs d’histoires qui furent les ancêtres de nos historiens. « J’étais là, telle chose m’advint. » Et le lecteur ou l’auditoire prend plaisir à cet attachant récit, à ces curieuses anecdotes.
M. de Lesseps a toujours écrit comme il parle, sans prétention et avec un entier naturel. Jamais il n’a visé à passer pour un orateur ou pour un écrivain. Le jour où il entra à l’Académie française, ne s’est-il pas lui-même qualifié un homme de lettres in partit us ?
Mais le style, c’est l’homme, et pour M. de Lesseps plus que pour tout autre, cette parole est l’absolue vérité. Ses lettres, ses rapports, ses conférences, c’est lui tout entier ; comme lui-même, elles sont pleines de vie, de verve, de perpétuel mouvement, de confiance en son étoile et dans l’avenir. A ses yeux la parole n’est pas seulement le vêtement de la pensée, elle est une des formes de l’action ; et — chose plus rare encore— l’imagination n’est en lui qu’un stimulant de la volonté.
Comme Victor Hugo qui passa à Madrid plusieurs années de son enfance, comme Louis Blanc qui y vit le jour, Ferdinand de Lesseps, d’origine espagnole par sa mère, a toujours ressenti pour l’Espagne une sorte d’attrait et de prédilection. Par certains traits il rappelle ces hardis explorateurs qui se nommèrent Fernand Cortez et François Pizarre ; mais chez lui, ce qui domine tout, c’est l’amour de la paix, de la civilisation, des idées humanitaires qui seront à jamais la partie la plus glorieuse du patrimoine de la France.
M. de Lesseps croit à la puissance de la liberté: toute sa vie il a été un libéral. Sous l’Empire on lui en fit plus d’une fois le reproche. Cela ne l’empêcha pas de continuer à soutenir qu’il était bon que chacun pût dire ce qu’il pense, car alors la vérité ne tarde pas à se faire jour. A ce propos, il raconte quelque part une anecdote qui précise quelle est, à cet égard, sa façon dépenser.
« C’était, dit-il, lors de mon premier voyage en Angleterre. Je vais chez un éditeur, et je lui dis que mon désir est de répandre â– mon ouvrage, de le propager le plus possible.
« Le lendemain je retourne chez lui et il me donne la note des dépenses, où la plus grosse somme est destinée à attaquer l’ouvrage. Il faut croire que l’épiderme des “Anglais est moins sensible que le nôtre. Ce n’est pas nous qui payerions des verges pour nous fouetter. « Il « n’est pas besoin de louer un « livre, me dit l’éditeur ; quand « il est attaqué, les honnêtes gens veulent le « connaître et juger eux-mêmes. Combien « d’ouvrages n’ont eu une immense vogue « que parce qu’on a sonné les cloches contre « eux ! » — L’éditeur anglais était un homme de bon sens pratique. » N’est-ce pas là un conseil dont beaucoup d’hommes politiques et autres pourraient faire leur profit ?
M. de Lesseps est un optimiste. Il croit à la puissance du bien. Volontiers il pense que les hommes ne sont méchants que lorsqu’on les maltraite. « On m’accuse quelquefois , dit-il dans une de ses conférences, d’être enthousiaste. Messieurs, j’ai ce que vous avez tous, du cœur ! Je ne me décourage pas, je ne m’arrête pas parce que des obstacles se présentent. » Et, en Français, en patriote, qui a le droit de parler ainsi parce qu’il en est une preuve vivante, il ajoute : « Rien ne doit paraître impossible, lorsqu’on peut compter sur l’appui de la nation française et de tout ce qu’il y a d’intelligent et d’honnête dans le monde ».
Mais si M. de Lesseps croit aux hommes, il croit peuttêtre davantage encore aux femmes.
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- Première année n. 1, 1885 - n. 52, 1885 + supplément contenant la Liste des récompenses de l'Exposition d'Anvers
- Deuxième année, numéro spécial janvier, n. 1, 1886 - n. 104, 1886
- Troisième année, n. 105, 1887 - n. 156, 1887
- Quatrième année, n. 157, 1888 - n. 209, 1888
- Cinquième année, n. 210, 1889 - n. 235, 1889; suppléments n. 210, 1889 - n. 232, 1889 ; n. 235, 1889
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