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- TABLE DES MATIÈRES
- RECHERCHE DANS LE DOCUMENT
- TEXTE OCÉRISÉ
- LISTE DES VOLUMES
- Première image
- Table des Matières pour 1942 (p.333)
- I. — Accessoires
- Allume-gazo L. M. (un accessoire utile) (p.164)
- Bobine de départ Vibro-Star de S. E. V. (p.87)
- Chargeurs d'accumulateurs (Les) et la charge des batteries (p.210)
- Equipement électrique des véhicules à gazogènes (p.141)
- Equipement électrique des véhicules à gazogènes (p.167)
- Equipements Ragonot pour la transformation des voitures à essence en voitures électriques (p.158)
- Raffineur (Le) intégral Austin (p.137)
- Rotule à démontage instantané Miex (p.306)
- Tubo-Starmatic de S. E. V. (p.187)
- Ventilateurs de gazogènes (A propos des) fonctionnant sur batterie ou sur secteur à courant alternatif (p.246)
- II. — Bandages et pneus
- III. — Carburants et carburateurs
- Alcool hydraté (Utilisation de l'). Les règles à observer (p.1)
- Alcool (Le moteur et la voiture à) (p.313)
- Alcool (Transformation d'un vélomoteur pour la marche à l') (p.239)
- Carburants : Situation actuelle. Economies possibles (p.191)
- Carburateur (La conception d'un). De la théorie à la pratique (p.325)
- Carburation (Les à-côtés de la). Tubulures d'admission (p.260)
- Carburation (Les à-côtés de la). Tubulures d'admission (p.287)
- Carburation (Les mesures en) (p.102)
- Carburation (Les mesures en) (p.124)
- Carburation (Les mesures en) (p.150)
- Carburation (Les mesures en) (p.203)
- Carburation (Les mesures en) (p.231)
- Carburation (Sur quelques idées courantes en matière de) (p.51)
- Carburation et injection dans les moteurs à explosion. Les travaux de M. Retel (p.5)
- Carburation et injection dans les moteurs à explosion. Les travaux de M. Retel (p.37)
- Combustibles (Pour la meilleure utilisation des) (p.146)
- Combustibles (Pour la meilleure utilisation des) (p.177)
- Gaz de ville comprimé (L'utilisation des moteurs au). Gaz normal et gaz enrichi (p.91)
- Gaz de ville comprimé (L'utilisation des moteurs au). Gaz normal et gaz enrichi (p.98)
- Gaz de ville comprimé (L'utilisation des moteurs au). Gaz normal et gaz enrichi (p.133)
- Gaz de ville comprimé (Les moteurs d'automobiles et le). Suralimentation et alimentation par injection (p.181)
- Pétrole de France (Et le) (p.145)
- IV. — Gazogènes
- Allume-gazo L. M. Un accessoire utile (p.164)
- Bois en France (La situation générale du) (p.229)
- Charbon de bois ou charbon minéral. Le gazogène polycombustible Frogé-Bressol (p.62)
- Gazogènes (A propos des moteurs de ventilateurs de) fonctionnant sur batterie ou sur secteur à courant alternatif (p.246)
- Gazogène A. M. C. (Le) pour charbons minéraux (p.275)
- Gazogène à bois A. R. G. (Le) (p.298)
- Gazogènes (La consommation d'huile des moteurs à) (p.198)
- Gazogènes (Le fonctionnement des moteurs à (p.330)
- Gazogènes (Le groupe 2 dans l'industrie des) (p.258)
- Gazogène (Le) polycombustible La Fournaise (p.27)
- Gazogènes (Sur quelques manifestations récentes de l'industrie des) (p.253)
- Gazogènes et accessoires (Prédominance des) à la Foire de Rennes (p.140)
- Gazogènes (L'équipement électrique des véhicules à) (p.141)
- Gazogènes (L'équipement électrique des véhicules à) (p.167)
- Transformateurs parisiens (Les grands). Les Etablissements Pommier (p.10)
- V. — Graissage
- VI. — Moteurs
- VII. — Poids lourds
- VIII. — Voitures
- Camionnettes Jourdain-Monneret (p.184)
- Changements de vitesse à friction. Pourquoi ils n'ont pas réussi (p.23)
- Construction américaine (La) pour 1942 (p.301)
- Direction (A propos de la) par les roues arrière (p.169)
- Matériels Renault (Les nouveaux) (p.327)
- Véhicules (Electrification des) par le système Sautter-Harlé (p.194)
- Voitures américaines de 1942 (p.40)
- Voitures à essence (Les équipements Ragonot pour la transformation des) en voitures électriques (p.158)
- Voiture de demain (Quelques suggestions pour la) (p.264)
- Voiture de demain (Quelques suggestions pour la) (p.283)
- Voitures électriques à accumulateurs (Considérations générales sur la) (p.77)
- Voitures électriques d'origine et voitures transformées (p.244)
- Voiture électrique (Influence de la) actuelle sur la construction future (p.13)
- Voiture (La) électrique C. G. E. (p.215)
- Voiture (La) électrique Jeager (p.157)
- Voiture électrique Peugeot V. L. V. (Essai d'une) (p.122)
- Voiture (La) V. L. V. Peugeot (p.83)
- Voitures (Pour un contrôle de la qualité des) (p.18)
- Voiture privée de demain (Quelle doit être et que sera la) (p.21)
- Voiture privée de demain (Quelle doit être et que sera la) (p.41)
- Voiture privée de demain (Quelle doit être et que sera la) (p.60)
- Voiture privée de demain (Quelle doit être et que sera la) (p.86)
- Voiture privée de demain (Quelle doit être et que sera la) (p.111)
- Voiture privée de demain (Quelle doit être et que sera la) (p.131)
- Voiture privée de demain (Quelle doit être et que sera la) (p.155)
- Voiture privée de demain (Quelle doit être et que sera la) (p.185)
- Voiture privée de demain (Quelle doit être et que sera la) (p.208)
- IX. — Divers
- Accumulateurs (Les chargeurs d') et la charge des batteries (p.210)
- Aluminium (Le travail de l') et de ses alliages légers (p.26)
- Aluminium (Le travail de l') et de ses alliages légers (p.55)
- Aluminium (Le travail de l') et de ses alliages légers (p.222)
- Aluminium (Le travail de l') et de ses alliages légers (p.90)
- Aluminium (Le travail de l') et de ses alliages légers (p.248)
- Aluminium (Le travail de l') et de ses alliages légers (p.113)
- Aluminium (Le travail de l') et de ses alliages légers (p.277)
- Aluminium (Le travail de l') et de ses alliages légers (p.139)
- Aluminium (Le travail de l') et de ses alliages légers (p.303)
- Aluminium (Le travail de l') et de ses alliages légers (p.165)
- Aluminium (Le travail de l') et de ses alliages légers (p.329)
- Aluminium (Le travail de l') et de ses alliages légers (p.195)
- Analogie entre les batteries d'accumulateurs et les êtres animés (p.163)
- Auto-route de l'Ouest (Ce qu'est l') (p.43)
- Auto-routes (La construction des) serait suspendue (p.63)
- Bois en France (La situation générale du) (p.229)
- Brevets nouveaux (p.250)
- Caoutchouc synthétique (p.71)
- Carrosserie et charronnage (Exposition de la) (p.270)
- Ce que coûte la discontinuité d'action (p.81)
- Circulation. Ravitaillement (p.16)
- Circulation. Ravitaillement (p.48)
- Circulation. Ravitaillement (p.80)
- Circulation. Ravitaillement (p.96)
- Circulation. Ravitaillement (p.144)
- Circulation. Ravitaillement (p.172)
- Circulation. Ravitaillement (p.200)
- Circulation. Ravitaillement (p.252)
- Circulation. Ravitaillement (p.280)
- Circulation. Ravitaillement (p.308)
- Circulation. Ravitaillement (p.332)
- Combustion (Cours de physique et de chimie de la) dans les moteurs à explosion (p.32)
- Commerce automobile (Dans les grandes entreprises du) (p.322)
- Conférences diverses (p.280)
- Conseils autorisés (p.49)
- Construction (La) américaine pour 1942 (p.301)
- Décrets et règlements (p.48)
- Décrets et règlements (p.116)
- Décrets et règlements (p.308)
- Décrets et règlements (p.200)
- Départs à froid (Les) (p.12)
- Dynamos (Transformation des) (p.238)
- Economie nationale (Pour une meilleure) (p.242)
- Erreurs (Quelques) relevées à travers la construction (p.217)
- Erreurs (Quelques) relevées à travers la construction (p.271)
- Ether (Usage de l') (p.32)
- Extrait d'un jugement (p.278)
- Figures de précurseurs : Léon Bollée (p.15)
- Figures de précurseurs : Les Frères Renault (p.31)
- Figures de précurseurs : Archdeacon (p.47)
- Figures de précurseurs : Daimler (p.79)
- Figures de précurseurs : René de Knyff (p.95)
- Figures de précurseurs : Henry Ford (p.115)
- Figures de précurseurs : Fernand Forest (p.143)
- Figures de précurseurs : Les Frères Michelin (p.171)
- Figures de précurseurs : Giovanni Agnelli (p.199)
- Figures de précurseurs : Henri Brasier (p.227)
- Figures de précurseurs : Clément-Bayard (p.251)
- Figures de précurseurs : Darracq (p.279)
- Figures de précurseurs : S. F. Edge (p.307)
- Figures de précurseurs : F. Charron (p.331)
- Foire de Rennes (La). Prédominance des gazogènes et accessoires (p.140)
- Foires et expositions (p.116)
- Foires et expositions (p.228)
- Huiles usagées (p.130)
- Industrie (L') automobile française et l'orientation future des méthodes de travail (p.160)
- Industrie (L') automobile française et l'orientation future des méthodes de travail (p.224)
- Industrie (L') automobile française et l'orientation future des méthodes de travail (p.247)
- Informations industrielles (p.16)
- Informations industrielles (p.48)
- Informations industrielles (p.80)
- Informations industrielles (p.96)
- Informations industrielles (p.116)
- Informations industrielles (p.144)
- Informations industrielles (p.172)
- Informations industrielles (p.200)
- Informations industrielles (p.228)
- Informations industrielles (p.252)
- Informations industrielles (p.280)
- Informations industrielles (p.308)
- Informations industrielles (p.332)
- Jours d'épreuves et leurs lendemains (p.65)
- L'agglomération est enfin définie (p.32)
- L'énergie qui se perd dans l'automobile. Les possibilités de sa récupération (p.2)
- Le Secret de la Renaissance (Le) (p.201)
- Les résines synthétiques et leurs applications à la construction automobile (p.8)
- L'industrie automobile et la Renaissance économique (p.17)
- Machines-outils (Les) et l'automobile. Tours à outils multiples semi-automatiques (p.75)
- Magnésium (Le rôle prochain du) (p.196)
- Moteurs au gaz de ville comprimé (L'alimentation des) (p.91)
- Moteurs au gaz de ville comprimé (L'alimentation des) (p.98)
- Moteurs au gaz de ville comprimé (L'alimentation des) (p.181)
- Moteurs au gaz de ville comprimé (L'alimentation des) (p.133)
- Moteurs à gazogène (Le fonctionnement des) (p.330)
- Motoculture et tracteurs légers (p.173)
- Motoculture (Pensons à la) (p.11)
- Motoculture (Pensons à la) (p.268)
- Motoculture (Pensons à la) (p.316)
- Nouvelles de l'étranger (p.16)
- Nouvelles de l'étranger (p.80)
- Nouvelles de l'étranger (p.96)
- Nouvelles de l'étranger (p.144)
- Nouvelles de l'étranger (p.172)
- Nouvelles de l'étranger (p.228)
- Nouvelles de l'étranger (p.332)
- Où en sommes-nous ? Position de l'industrie automobile française (p.309)
- Vers une coordination équitable (p.309)
- Problèmes de l'après-guerre (p.309)
- Programme de travaux (Un) (p.281)
- Problèmes de l'heure (Sur quelques) (p.235)
- Protection (La) des inventeurs (p.114)
- Protection (La) des inventeurs (p.136)
- Protection (La) des inventeurs (p.166)
- Renault (Les nouveaux matériels) (p.327)
- Robert Bosch est mort (p.85)
- Rotule à démontage instantané Miex (La) (p.306)
- Travail (Le) dans nos usines (p.320)
- Usines fixes et usines mobiles (p.28)
- Variateur (Le) de vitesse P. I. V. (p.9)
- Vélomoteur (Transformation d'un) pour la marche à l'alcool (p.239)
- Vers une entente nécessaire (p.33)
- Vieilles voitures (Comment tirer le meilleur parti des) (p.142)
- Vitesse maximum et vitesse moyenne (p.293)
- Dernière image
10 et 25 août 1942
- LA VIE AUTOMOBILE =. =... = 227
Figures de précurseurs
XIV (1)
HENRI BRASIER
A nouveau, voici matière à philosopher. Il y aura bientôt un an — le 13 novembre 1941 — nous conduisions Brasier à sa dernière demeure. Il y avait tout juste une centaine d’assistants, parmi lesquels un nombre restreint de personnalités du monde automobile. Et tout au long du service funèbre, j’ai revécu la période où le défunt avait connu la célébrité. Cela se passait voilà moins de quarante ans, un siècle à notre époque où les morts, comme les vivants, vont terriblement vite.
Etant son voisin, il m’arriva assez souvent, ces dernières années, de rencontrer Brasier. Son allure lasse, sa démarche pesante trahissaient une sorte de mélancolie désabusée. Nous bavardions quelque peu, et la flamme de son regard s’animait au rappel des jours glorieux que nous avions vécus, lui en pleine lumière des projecteurs de l’actualité, moi dans la foule des applaudisseurs de vedettes...
« Ce que j’ai fait de mieux. »
Henri Brasier était né le 9 mars 1864 à Ivry-la-Bataille, dans l’Eure. Coïncidence curieuse, un autre Ivry, celui de la banlieue parisienne où s’élève l’usine qui porta son nom, devait devenir le théâtre principal de ses activités.
Rien de particulier à signaler concernant l’enfance et l’adolescence de notre héros, si ce n’est une prédilection marquée pour les sciences mécaniques. Elle le dirigea vers l’Ecole Centrale, dont il sortit en 1883, nanti d’un palmarès déjà brillant. Quelque temps après, il débutait en qualité de dessinateur chez Pan-hard-Levassor, puis entrait chez Mors, usine jusque-là spécialisée dans l’électricité, mais qui s’aiguillait vers l’automobile, où elle allait connaître une période à la fois courte et brillante d’enviables succès. Il sied de signaler que le chef de service de Brasier n’était autre que le père de notre ami Henri Perrot, alors enfant, plus tard créateur du véritable freinage intégral, et à ce titre, une des figures les plus marquantes de l’industrie spécialisée.
Aussi bien Brasier, frappé de l’intelligence du gamin, l’avait pris en sympathie et contribua grandement à son ascension, en même temps qu’il effectuait la sienne propre. C’est sur ses conseils que le jeune Perrot entra aux Arts et Métiers. La considération que Brasier professait pour les mérites de son protégé se démontre par l’appréciation pleine d’une humour affectueuse qu’il formula un jour devant moi : « Ce que
(1) Voir nos numéros des 10 novembre et suivants.
j’ai fait de mieux dans ma vie, c’est Henri Perrot ! »
Le trèfle porte-bonheur.
La véritable révélation de Brasier date du jour où la maison Mors décida, au début du présent siècle, de se lancer dans la compétition. De son cerveau sortirent en effet les splendides racers qui valurent à la marque grenelloise une suite de victoires que jalonnent des épreuves-phares telles que Paris-Madrid (arrêté à Bordeaux), Paris-Berlin, et Paris-Toulouse, avec les virtuoses qui s’appelaient Gabriel, Fournier et Levegh.
Cette réussite décida Brasier à réaliser le rêve qu’il caressait depuis longtemps de voler de ses propres ailes. En association avec le regretté Georges Richard, il fonda la marque qui portait leurs noms associés, et que symbolisait le trèfle à quatre feuilles. Etant donné ce que je relatais plus haut, rien d’étonnant à ce que le chef du bureau d’études ait été Henri Perrot en personne. Les débuts furent plus qu’encourageants, tant sur le plan commercial que pour la partie sportive, que Brasier, devant tout à la course, n’eut garde de négliger. Il allait d’ailleurs s’en voir récompensé par l’accomplissement d’un quadruple event dont on chercherait vainement l’équivalent dans les annales du sport mécanique.
Mieux que tous les dithyrambes, une simple énumération fera ressortir la valeur de la performance : éliminatoires et finales de la Coupe Gordon-Bennett 1904 et 1905, courues sur les Circuits d’Argonne, du Taunus et d’Auvergne, furent en7evées de haute lutte par le grand et regretté conducteur Léon Théry, pilotant le bolide orné de l’emblème porte-chance. Derrière l’imbattable véhicule, se trouvait tout ce qui portait un nom parmi les champions du volant et les grandes marques internationales.
Du Capitole...
Il faut avoir vécu cette façon d’épopée, pour se faire une idée exacte de son retentissement. Un mois durant, Brasier et Théry furent les lions du jour dans le monde automobile, voire le monde tout court. Après avoir reçu sur le circuit allemand les félicitations personnelles de l’Empereur Guillaume II, ils se virent, au retour à Paris, l’objet d’une magnifique ovation populaire, et le Président de la République tint à les recevoir à l’Elysée !
On saisit dificilement les raisons du caractère éphémère de pareil triomphe, sinon en ce qui concerne Théry, modeste jusqu’à l’effacement, et déjà guetté par le mal implacable qui devait l’emporter peu après, du moins pour son « patron » qui était, lui, sensible aux ovations de la masse.
Ceux qui, comme moi, le connaissaient, attribuent cette éclipse au fait que Brasier, technicien de premier ordre, n’avait ni la bosse, ni le sens des affaires. Quoi qu’il en soit, bien que ses couleurs aient, deux ou trois années encore, paru en course, elles cessèrent de figurer au palmarès des grandes épreuves. Parallèlement, l’entreprise industrielle périclita lentement, mais assez régulièrement pour qu’à la veille du conflit mondial de 1914 elle se soit trouvée en péril. La mobilisation du potentiel métallurgique du pays la galvanisa de façon momentanée, mais elle ne résista pas au choc en retour du lendemain de guerre. Ainsi, l’entreprise disparut vers 1920, en même temps que son créateur se réfugiait dans une quasi-retraite et disparaissait de la scène automobile. Il n’y réapparut qu’à l’occasion des 24 heures du Mans ; mais la technique avait terriblement progressé.
...à la Roche Tarpéienne.
A dire vrai, on le revoyait de temps à autre, soit comme visiteur du Salon annuel, soit comme spectateur des grandes manifestations automobiles. Il fréquentait même avec une certaine assiduité les locaux de TA. C. F. où il conserva jusqu’à la fin le siège à la Commission Sportive que lui avaient valu, trente ans auparavant, son indiscutable compétence et sa parfaite loyauté.
Il reste de Henri Brasier le souvenir d’un ingénieur de grande valeur, doublé d’un homme fort amène et de haute correction. Tout au plus pourrait-on inscrire à son passif une légère tendance à l’orgueil, qu’expliquerait d’ailleurs la série de succès dont je viens de parler. Mais l’homme était, je le répète, de bon et cordial accueil, et nul de ceux qui l’approchèrent n’est près d’oublier la silhouette que popularisèrent tant de clichés : casquette de yachtsman, jumelle en bandouilière, chronomètre en main et, vissé aux lèvres, ie légendaire et interminable cigare.
Autre coïncidence, celle-ci macabre, Henri Brasier nous a quitté le même jour, et presque à la même heure, qu’un « vieux » de sa génération, Paul Baras, membre de la fameuse équipe du trèfle aux côtés des Théry, des Bablot et des Huguet, autres disparus...
Victor Breyer.
La Technique Automobile
Revue bimestrielle
Abonnement annuel : France, 115 fr. Étranger, 149 fr.
Prix spécial pour les pays ayant accepté l’échange du tarif postal réduit : 143 fr.
Le numéro séparé : 22 frs.
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Figures de précurseurs
XIV (1)
HENRI BRASIER
A nouveau, voici matière à philosopher. Il y aura bientôt un an — le 13 novembre 1941 — nous conduisions Brasier à sa dernière demeure. Il y avait tout juste une centaine d’assistants, parmi lesquels un nombre restreint de personnalités du monde automobile. Et tout au long du service funèbre, j’ai revécu la période où le défunt avait connu la célébrité. Cela se passait voilà moins de quarante ans, un siècle à notre époque où les morts, comme les vivants, vont terriblement vite.
Etant son voisin, il m’arriva assez souvent, ces dernières années, de rencontrer Brasier. Son allure lasse, sa démarche pesante trahissaient une sorte de mélancolie désabusée. Nous bavardions quelque peu, et la flamme de son regard s’animait au rappel des jours glorieux que nous avions vécus, lui en pleine lumière des projecteurs de l’actualité, moi dans la foule des applaudisseurs de vedettes...
« Ce que j’ai fait de mieux. »
Henri Brasier était né le 9 mars 1864 à Ivry-la-Bataille, dans l’Eure. Coïncidence curieuse, un autre Ivry, celui de la banlieue parisienne où s’élève l’usine qui porta son nom, devait devenir le théâtre principal de ses activités.
Rien de particulier à signaler concernant l’enfance et l’adolescence de notre héros, si ce n’est une prédilection marquée pour les sciences mécaniques. Elle le dirigea vers l’Ecole Centrale, dont il sortit en 1883, nanti d’un palmarès déjà brillant. Quelque temps après, il débutait en qualité de dessinateur chez Pan-hard-Levassor, puis entrait chez Mors, usine jusque-là spécialisée dans l’électricité, mais qui s’aiguillait vers l’automobile, où elle allait connaître une période à la fois courte et brillante d’enviables succès. Il sied de signaler que le chef de service de Brasier n’était autre que le père de notre ami Henri Perrot, alors enfant, plus tard créateur du véritable freinage intégral, et à ce titre, une des figures les plus marquantes de l’industrie spécialisée.
Aussi bien Brasier, frappé de l’intelligence du gamin, l’avait pris en sympathie et contribua grandement à son ascension, en même temps qu’il effectuait la sienne propre. C’est sur ses conseils que le jeune Perrot entra aux Arts et Métiers. La considération que Brasier professait pour les mérites de son protégé se démontre par l’appréciation pleine d’une humour affectueuse qu’il formula un jour devant moi : « Ce que
(1) Voir nos numéros des 10 novembre et suivants.
j’ai fait de mieux dans ma vie, c’est Henri Perrot ! »
Le trèfle porte-bonheur.
La véritable révélation de Brasier date du jour où la maison Mors décida, au début du présent siècle, de se lancer dans la compétition. De son cerveau sortirent en effet les splendides racers qui valurent à la marque grenelloise une suite de victoires que jalonnent des épreuves-phares telles que Paris-Madrid (arrêté à Bordeaux), Paris-Berlin, et Paris-Toulouse, avec les virtuoses qui s’appelaient Gabriel, Fournier et Levegh.
Cette réussite décida Brasier à réaliser le rêve qu’il caressait depuis longtemps de voler de ses propres ailes. En association avec le regretté Georges Richard, il fonda la marque qui portait leurs noms associés, et que symbolisait le trèfle à quatre feuilles. Etant donné ce que je relatais plus haut, rien d’étonnant à ce que le chef du bureau d’études ait été Henri Perrot en personne. Les débuts furent plus qu’encourageants, tant sur le plan commercial que pour la partie sportive, que Brasier, devant tout à la course, n’eut garde de négliger. Il allait d’ailleurs s’en voir récompensé par l’accomplissement d’un quadruple event dont on chercherait vainement l’équivalent dans les annales du sport mécanique.
Mieux que tous les dithyrambes, une simple énumération fera ressortir la valeur de la performance : éliminatoires et finales de la Coupe Gordon-Bennett 1904 et 1905, courues sur les Circuits d’Argonne, du Taunus et d’Auvergne, furent en7evées de haute lutte par le grand et regretté conducteur Léon Théry, pilotant le bolide orné de l’emblème porte-chance. Derrière l’imbattable véhicule, se trouvait tout ce qui portait un nom parmi les champions du volant et les grandes marques internationales.
Du Capitole...
Il faut avoir vécu cette façon d’épopée, pour se faire une idée exacte de son retentissement. Un mois durant, Brasier et Théry furent les lions du jour dans le monde automobile, voire le monde tout court. Après avoir reçu sur le circuit allemand les félicitations personnelles de l’Empereur Guillaume II, ils se virent, au retour à Paris, l’objet d’une magnifique ovation populaire, et le Président de la République tint à les recevoir à l’Elysée !
On saisit dificilement les raisons du caractère éphémère de pareil triomphe, sinon en ce qui concerne Théry, modeste jusqu’à l’effacement, et déjà guetté par le mal implacable qui devait l’emporter peu après, du moins pour son « patron » qui était, lui, sensible aux ovations de la masse.
Ceux qui, comme moi, le connaissaient, attribuent cette éclipse au fait que Brasier, technicien de premier ordre, n’avait ni la bosse, ni le sens des affaires. Quoi qu’il en soit, bien que ses couleurs aient, deux ou trois années encore, paru en course, elles cessèrent de figurer au palmarès des grandes épreuves. Parallèlement, l’entreprise industrielle périclita lentement, mais assez régulièrement pour qu’à la veille du conflit mondial de 1914 elle se soit trouvée en péril. La mobilisation du potentiel métallurgique du pays la galvanisa de façon momentanée, mais elle ne résista pas au choc en retour du lendemain de guerre. Ainsi, l’entreprise disparut vers 1920, en même temps que son créateur se réfugiait dans une quasi-retraite et disparaissait de la scène automobile. Il n’y réapparut qu’à l’occasion des 24 heures du Mans ; mais la technique avait terriblement progressé.
...à la Roche Tarpéienne.
A dire vrai, on le revoyait de temps à autre, soit comme visiteur du Salon annuel, soit comme spectateur des grandes manifestations automobiles. Il fréquentait même avec une certaine assiduité les locaux de TA. C. F. où il conserva jusqu’à la fin le siège à la Commission Sportive que lui avaient valu, trente ans auparavant, son indiscutable compétence et sa parfaite loyauté.
Il reste de Henri Brasier le souvenir d’un ingénieur de grande valeur, doublé d’un homme fort amène et de haute correction. Tout au plus pourrait-on inscrire à son passif une légère tendance à l’orgueil, qu’expliquerait d’ailleurs la série de succès dont je viens de parler. Mais l’homme était, je le répète, de bon et cordial accueil, et nul de ceux qui l’approchèrent n’est près d’oublier la silhouette que popularisèrent tant de clichés : casquette de yachtsman, jumelle en bandouilière, chronomètre en main et, vissé aux lèvres, ie légendaire et interminable cigare.
Autre coïncidence, celle-ci macabre, Henri Brasier nous a quitté le même jour, et presque à la même heure, qu’un « vieux » de sa génération, Paul Baras, membre de la fameuse équipe du trèfle aux côtés des Théry, des Bablot et des Huguet, autres disparus...
Victor Breyer.
La Technique Automobile
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Abonnement annuel : France, 115 fr. Étranger, 149 fr.
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- Quatrième année. 1904. N°118. 2 janvier 1904 - N°170. 31 décembre 1904
- Cinquième année. 1905. N°171. 7 janvier 1905 - N°222. 30 décembre 1905
- Sixième année. 1906. N°223. 6 janvier 1906 - N°274. 30 décembre 1906
- Septième année. 1907. N°275. 5 janvier 1907 - N°326. 28 décembre 1907
- Huitième année. 1908. N°327. 4 janvier 1908 - N°278. 26 décembre 1908
- Neuvième année. 1909. N°379. 2 janvier 1909 - N°430. 25 décembre 1909
- Dixième année. 1910. N°431. 1er janvier 1910 - N°483. 31 décembre 1910
- Table décennale 1901-1910
- Onzième année. 1911. N°484. 7 janvier 1911 - N°535. 30 décembre 1911
- Douzième année. 1912. N°536. 6 janvier 1912 - N°587. 28 décembre 1912
- Treizième année. 1913. N°588. 4 janvier 1913 - N°639. 27 décembre 1913
- Quatorzième année. 1914. Premier semestre. N°640. 3 janvier 1914 - N°665. 27 juin 1914
- Quatorzième année. 1914. Second semestre. N°666. 4 juillet 1914 - N°670. 1er août 1914
- Quinzième année. 1919. N°671. 11 janvier 1919 - N°696. 27 décembre 1919
- Seizième année. 1920. N°697. 10 janvier 1920 - N°720. 25 décembre 1920
- Dix-septième année. 1921. N°721. 10 janvier 1921 - N°744. 25 décembre 1921
- Dix-huitième année. 1922. N°745. 10 janvier 1922 - N°768. 25 décembre 1922
- Dix-neuvième année. 1923. N°769. 10 janvier 1923 - N°792. 25 décembre 1923
- Vingtième année. 1924. N°793. 10 janvier 1924 - N°816. 25 décembre 1924
- Vingtième-et-unième année. 1925. N°817. 10 janvier 1925 - N°840. 25 décembre 1925
- Vingt-deuxième année. 1926. N°841. 10 janvier 1926 - N°864. 25 décembre 1926
- Vingt-troisième année. 1927. N°865. 10 janvier 1927 - N°888. 25 décembre 1927
- Vingt-quatrième année. 1928. N°889. 10 janvier 1928 - N°912. 25 décembre 1928
- Vingt-cinquième année. 1929. N°913. 10 janvier 1929 - N°936. 25 décembre 1929
- Vingt-sixième année. 1930. N°937. 10 janvier 1930 - N°960. 25 décembre 1930
- Vingt-septième année. 1931. N°961. 10 janvier 1931 - N°984. 25 décembre 1931
- Vingt-huitième année. 1932. N°985. 10 janvier 1932 - N°1008. 25 décembre 1932
- Vingt-neuvième année. 1933. N°1009. 10 janvier 1933 - N°1032. 25 décembre 1934
- Trentième année. 1934. N°1033. 10 janvier 1934 - N°1056. 25 décembre 1934
- Trentième-et-unième année. 1935. N°1057. 10 janvier 1935 - N°1080. 25 décembre 1935
- Trente-deuxième année. 1936. N°1081. 10 janvier 1936 - N°1104. 25 décembre 1936
- Trente-troisième année. 1937. N°1105. 10 janvier 1937 - N°1128. 25 décembre 1937
- Trente-quatrième année. 1938. N°1129. 10 janvier 1938 - N°1152. 25 décembre 1938
- Trente-cinquième année. 1939. N°1153. 10 janvier 1939 - Nos 1175 et 1176. 10 et 25 décembre 1939
- Trente-sixième année. 1940. N°1177. 10 janvier 1940 - N°1194. 25 décembre 1940
- Trente-septième année. 1941. N°1195. 10 janvier 1941 - N°1218. 25 décembre 1941
- Trente-huitième année. 1942. N°1219. 10 janvier 1942 - Nos 1241-1242. 10 et 25 décembre 1942
- Trente-neuvième année. 1943. Nos 1243-1244. 10 et 25 janvier 1943 - Nos 1265-1266. 10 et 25 décembre 1943
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