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- TABLE DES MATIÈRES
- TABLE DES ILLUSTRATIONS
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- TEXTE OCÉRISÉ
- Première image
- PAGE DE TITRE
- TABLE DES MATIERES (p.168)
- Préface par le Professeur Raymond Saint Paul, Directeur du C.N.A.M (p.5)
- La vulgarisation scientifique en France de 1855 à 1914 : contexte, conceptions et procédés par Bruno Béguet (p.6)
- Le monde des vulgarisateurs par Catherine Bénédic (p.30)
- Dictionnaire des vulgarisateurs (p.41)
- Le livre de vulgarisation scientifique par Bruno Béguet (p.50)
- La Bibliothèque des merveilles (p.69)
- Les collections de vulgarisation (p.70)
- Les revues de vulgarisation scientifique par Florence Colin (p.71)
- Cosmos et La Nature (p.92)
- Les publications annuelles (p.93)
- Liste des revues créées en France de 1850 à 1914 (p.94)
- La science amusante par Patrick Le Boeuf (p.96)
- Quelques aspects de la science dans le roman par Florence Carneiro et Brigitte Rozet (p.112)
- La science mise en scène : les pratiques collectives de la vulgarisation au XIXe siècle par Bruno Béguet (p.129)
- Le Conservatoire, Sorbonne et musée de l'industrie (p.148)
- La science dans le livre pour enfants par Dominique Diguet (p.151)
- L'imagerie de la vulgarisation (Illustrations) (p.162)
- Dernière image
- Première image
- PAGE DE TITRE
- H. De Graffigny. De la terre aux étoiles. 1882 (n.n.)
- A. Bleunard, La Babylone électrique, 1888 (n.n.)
- En appuyant leurs pattes sur une de nos plus hautes maisons, ils auraient pu manger au balcon d'un cinquième étage. (C. Flammarion, Le Monde avant la création de l'homme, 1886) (p.4)
- L. Figuier, Les Merveilles de la science, 1867 : portrait d'Arago et frontispice de l'ouvrage (p.10)
- La Science illustrée, 1892 (p.13)
- La Nature, 1889 (p.19)
- L. Figuier, Les Merveilles de l'industrie, 1873. A. Clerc, Physique et chimie populaires, 1881 (p.22)
- C. Flammarion, Histoire du ciel, 1872 (p.30)
- Menu dessiné par Louis Poyet, La Nature, 1901 (p.38)
- Jean-Henri Fabre. Gaston Tissandier. Louis Poyet (p.45)
- Camille Flammarion. Wilfrid de Fonvielle. Abbé Moigno. Henri de Parville (p.46)
- A. Mangin, Les Mystères de l'océan, Mame, 1864 (spécimen de l'ouvrage) (p.53)
- L. Du Temple, Les Sciences usuelles et leurs applications, Hetzel, 1873. L. Figuier, Les Merveilles de la science, Furne et Jouvet, 1867 (p.54)
- A. Clerc, Physique et chimie populaires, Rouff 1881. A. Bitard, Les Arts et métiers illustrés, Rouff 1883 (p.57)
- A. Berget, Le Radium…, Librairie universelle, 1904. P. Giffard, Le Phonographe…, Dreyfous, 1878 (p.60)
- C. Flammarion, Le Monde avant la création de l'homme, Flammarion, 1886. J. Lecornu, La Navigation aérienne, Nony, 1903. A. Mangin, L'Air et le monde aérien, 6e éd., Mame, 1893. J. Rambosson, Histoire des astres, Firmin-Didot, 1874 (p.65)
- Le Monde et la science, Schwarz, 1911-1913 (p.67)
- H. de Parville, L'Electricité et ses applications, Masson, 1881. E. Coustet, L'Electricité (...) à la portée de tous, Tallandier, 1907. W. de Fonvielle, Le Monde des atomes, Hachette, 1885 (Bibliothèque des merveilles). L. Figuier, Les Mystères de la science, Librairie illustrée, 1892 (p.68)
- La Science illustrée, année 1888. La Nature, n° du 31 décembre 1904. La Science et la vie, novembre 1917. La Science et la vie, février 1928 (p.72)
- La Nature, 1894 (p.73)
- Goutte d'eau vue au microscope, La Science pour tous, 1856 (p.77)
- Science, arts, nature, 1904. La Vie scientifique, 1897 (p.81)
- Cosmos, 1885. L'Astronomie, 1884 (p.84)
- La Science populaire, 1882 et 1880 (p.88)
- [L'année scientifique et industrielle] (p.93)
- H. Decremps, La Magie blanche dévoilée, 1784 (p.97)
- Récréations scientifiques, in La Nature, 1880 (p.101)
- Tom-Tit, La Science amusante, 2e série, 1891. G. Tissandier, Les Récréations scientifiques, 1881 (p.103)
- Tom-Tit, La Science amusante, séries 1, 2, 3, Larousse, 1889-1893. Guyot, Récréations physiques, Gueffier, 1773. G. Tissandier, Les Récréations scientifiques, 1881 (p.105)
- Fig. 116. Le rat condamné à mort (p.109)
- La Rotation de la Terre (p.111)
- A. Robida, Voyages très extraordinaires de Saturnin Farandoul, Librairie illustrée, 1879. H.de Graffigny et G. Le Faure, Aventures extraordinaires d'un savant russe, Edinger 1889. Journal des voyages, 1907 (p.112)
- H. de Graffigny, De la terre aux étoiles, 1882. H.de Graffigny et G. Le Faure, Aventures extraordinaires d'un savant russe..., 1889. D.de Chousy, Ignis, in La Science illustrée, 1896. A. Bleunard, Toujours plus petits, in La Science illustrée, 1893 (p.117)
- L. Gastyne, Sous les flots, in La Science illustrée, 1891. A. Robida, front. de la Vie électrique, Librairie illustrée, 1892. A. Robida, la Vie électrique (p.118)
- Prospectus des Voyages extraordinaires de Saturnin Farandoul d'A. Robida, 1879 (p.125)
- Cours public au Conservatoire des Arts et Métiers (Magasin pittoresque, 1882) (p.132)
- Exposition des Trésors du Talisman au Muséum d'Histoire naturelle (La Nature, 1884) (p.137)
- Aquarium géant du Trocadéro, Exposition de 1900 (La Nature, 1900). Panorama du pétrole, Exposition de 1889 (La Nature, 1889) (p.140)
- La Nature, 1882. La Nature, 1889 (p.143)
- Bijoux électriques Trouvé (p.147)
- Le musée du Conservatoire des Arts et Métiers en 1885 (La Nature) (p.148)
- E. van Bruyssel, Les Clients d'un vieux poirier, in Magasin d'éducation et de récréation, Hetzel 1869 (p.153)
- A. Castillon, front. des Récréations physiques, Hachette, 1861 (Bibliothèque Rose). J. Macé, front. des Serviteurs de l'estomac, Hetzel, 1866 (p.155)
- H. de la Blanchère, Voyage au fond de la mer, Furne, 1868. Le Petit Français illustré, 1903. Mme de Grandmaison, En automobile, Roger et Chernovez, s. d. (vers 1900). E. Desbeaux, Les Pourquoi de Melle Suzanne, Ducrocq, 1881 (p.161)
- 1. C. Flammarion, W. de Fonvielle, C. Glaisher et G. Tissandier, Voyages aériens, 1870. 2. C. Brongniart, Histoire naturelle populaire, 1892 (p.162)
- 3. J. Pizzetta, Le Feu et l'eau, 1884. 4. A. Boscowitz, Les Volcans, éd. de 1888. 5. L. Figuier, Les Merveilles de la science, 2, 1868 (p.163)
- 6. C. Flammarion, W. de Fonvielle..., Voyages aériens, 1870. 7. H. Filhol, La Vie au fond des mers, 1885. 8. A. Guillemin, Le Monde Physique, 1882. 2 : La Lumière. 9. A. Guillemin, Le Ciel, 5° éd., 1877 (p.164)
- 10. F.A. Pouchet. L'Univers, 1865. 11. C. Flammarion, Les Terres du ciel, éd. de 1884. 12. C. Flammarion, Le Monde avant la création de l'homme, 1886. 13. C. Flammarion, Astronomie populaire, 1880 (p.165)
- 14. O. Bourbeau, L'Electricité chez soi, 1908. 15. E. Hospitalier, L'Electricité dans la maison, 1885. 16. Max de Mansouty, L'année industrielle, 1887. 17. La Nature, 1887 (p.166)
- 18. P. Boitard, Curiosités d'histoire naturelle et astronomie amusante, 1862. 19. A. Castillon, Récréations physiques, 1861. 20. La Science et la vie, 1913 (p.167)
- E. Müller, Causeries sur la nature et l'industrie, 1881 (n.n.)
- Dernière image
COSMOS
Prenant la succession d’un petit journal de photographie, La Lumière, organe de la Société héliographique de Paris, c'est en 1852 qu’est fondée Cosmos. Placée sous le haut patronage d'A. de Humbolt, elle devait être le pivot éditorial d'un grand projet d’enseignement scientifique qui, finalement, ne vit jamais le jour. Son rédacteur en chef fut, dès ses débuts, l’abbé Moigno qui en devint très vite le directeur, la conscience même. Dès 1853. la propriété du journal est abandonnée par le comte de Montfort, financier de l'entreprise. Sous un prête-nom. c'est l’ingénieur Marc Seguin qui s'en empare, truffant la publication de ses contributions (Voir à ce sujet P. Redondi, “Physique et apologétique : le Cosmos de l’abbé Moigno et de Marc Seguin" in History and Technology, v. 6, 1989). En janvier 1863, suite à un désaccord financier, Moigno quitte Cosmos et fonde Les Mondes.
Malgré tout. Cosmos continue de paraître, organisée en association, regroupant quelques rédacteurs fameux dont W. de Fonvielle, C. Flammarion, F. Hoefer. E. Saint-Edme, professeur au Conservatoire des Arts et Métiers. En 1866, la revue est dirigée par C. Schnaiter, puis en 1867 par V. Meunier, assisté de son fils Stanislas. Après avoir déposé le cautionnement alors de rigueur pour toute publication politique, il fait de Cosmos, une “revue politique et sociale des progrès des sciences” fort polémique. Plus que jamais, l'orientation religieuse des débuts est oubliée. Suspendue pendant les événements de 1870, Cosmos devient en 1871 La France scientifique.
C’est en 1874 que l'Abbé Moigno retrouve son cher enfant : La France scientifique fusionne avec Les Mondes. Cosmos-Les Mondes est né, et. comme La Nature, n’achève sa pieuse existence que bien tard, en 1935. Entre-temps, en 1882, un autre ecclésiastique, l'Abbé H. Valette aura pris la relève de Moigno.
Cette revue de vulgarisation se caractérise, surtout à ses débuts, par une austérité toute ecclésiastique, une absence
presque totale d’illustrations. Elle ne connut pas la diffusion de publications comme La Nature ou La Science illustrée (1 000 exemplaires dans les années 1860, 2 000 d’après P. Larousse). Ce n'est qu'en 1885, au lendemain de la mort de Moigno,que Cosmos-Les Mondes, redevenu tout simplement Cosmos, est pris en mains par un éditeur. Mais pas n'importe lequel : la Bonne Presse, l'éditeur catholique militant qui publie le quotidien La Croix depuis 1883, cet “adversaire perpétuel de l'affranchissement de la conscience humaine” (C. Flammarion. Mémoires, p. 549). Ce fut le seul titre revendiquant un engagement catholique. Dans Cosmos, Dieu est partout. Même si l'Abbé Moigno, parfois avec une innocence et une ingénuité émouvantes, tente d'allier ses deux convictions, la foi et la science, un catholicisme sans concession imprègne toute la publication.
Ce dogmatisme s’exacerbera une fois la République installée. Un portrait de Léon XIII ouvre la nouvelle série, en 1885, et le “serment de la rédaction” qui suit ne laisse planer aucun doute: Cosmos travaille plus que jamais à la plus grande gloire de l’Eglise. Les articles contre les adversaires supposés de la foi catholique, ces scientifiques qui, avec leurs théories, pourraient la mettre en péril, sont légion et d'une dureté impitoyable : Darwin est la bête noire de la revue. La science n’y est alors plus présente qu’à travers le prisme de la foi : seule compte la gloire du Créateur. De même, Cosmos est la revue de vulgarisation préférée des gens d'Eglise : de nombreux ecclésiastiques y collaborent, et leurs oeuvres “scientifiques”, des ouvrages qui tentent de concilier jusqu'à l'absurde la révélation chrétienne et le rationalisme scientifique, y sont systématiquement loués. Pourtant, même si l'abbé Moigno est souvent moqué par ses confrères, sa publication sera très respectée pour sa qualité et les abondantes informations qu elle contient. Jules Verne, qui la lisait régulièrement, ne la cite-t-il pas dans Vingt mille lieues sous les mers, au côté des revues scientifiques les plus sérieuses ?
LA NATURE
C'est le 7 juin 1873 que paraît le premier numéro de La Nature, revue de vulgarisation scientifique fondée par Gaston Tissandier, ancien collaborateur d’Edouard Charton au Magasin Pittoresque. La Nature, selon la volonté de son créateur, devait être un “Magasin Pittoresque exclusivement consacré à la science, c'est-à-dire une revue largement illustrée, à la fois élémentaire et savante, rédigée par des spécialistes ayant déjà fait leurs preuves” (notice nécrologique de G. Tissandier. par H. de Parville, La Nature, 1899). Sa création est également l'un des signes de la réaction intellectuelle française face à la défaite de 1870. “Nous avons créé La Nature” déclarera Tissandier en 1885 “au lendemain de nos désastres, dans le seul but de répandre les notions utiles, de divulguer les inventions nouvelles (...) de faire aimer la science que nous aimons tant nous-mêmes”.
A peine né, le journal eut la bonne fortune de trouver un concours puissant. M. Georges Masson s'intéressa au jeune recueil ; “il le prit sous son haut patronage" (ibid.). Dès ses débuts. La Nature fut. en effet, prise en mains par l'un des plus grands noms de l'édition scientifique, Masson, ce qui a
contribué largement à sa qualité et à sa prospérité. Appréciée du monde savant, pourtant si réservé vis-à-vis de ce genre de publication, reconnue d’utilité publique puisqu’“honorée par M. le Ministre de l'Instruction publique d'une souscription pour les bibliothèques populaires et scolaires”, La Nature régna sur le monde de la presse de vulgarisation scientifique, en modèle prestigieux et en référence incontestée. La finesse et le caractère inédit de ses illustrations, la qualité et le nombre de ses collaborateurs réguliers ou épisodiques, vulgarisateurs et savants, l'originalité de ses articles, en firent l'une des plus belles réussites en matière de vulgarisation scientifique. Dirigée par d'illustres vulgarisateurs, Tissandier puis de Parville en 1897, elle est ensuite animée, signe des temps, par des scientifiques, le géologue E. A. Martel, et L. de Launay, professeur à l'Ecole des Mines. Elle fut, avec Cosmos, la seule revue de vulgarisation, qui, née au XIXe siècle, dans la plus pure tradition, ait perduré jusqu'au XXe puisque ce n'est qu'en 1964 que se clôt sa glorieuse existence, sous son nom d'origine en tout cas, car elle continua après cette date à paraître sous des titres divers, avant d'être absorbée par La Recherche, en 1973.
92
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Prenant la succession d’un petit journal de photographie, La Lumière, organe de la Société héliographique de Paris, c'est en 1852 qu’est fondée Cosmos. Placée sous le haut patronage d'A. de Humbolt, elle devait être le pivot éditorial d'un grand projet d’enseignement scientifique qui, finalement, ne vit jamais le jour. Son rédacteur en chef fut, dès ses débuts, l’abbé Moigno qui en devint très vite le directeur, la conscience même. Dès 1853. la propriété du journal est abandonnée par le comte de Montfort, financier de l'entreprise. Sous un prête-nom. c'est l’ingénieur Marc Seguin qui s'en empare, truffant la publication de ses contributions (Voir à ce sujet P. Redondi, “Physique et apologétique : le Cosmos de l’abbé Moigno et de Marc Seguin" in History and Technology, v. 6, 1989). En janvier 1863, suite à un désaccord financier, Moigno quitte Cosmos et fonde Les Mondes.
Malgré tout. Cosmos continue de paraître, organisée en association, regroupant quelques rédacteurs fameux dont W. de Fonvielle, C. Flammarion, F. Hoefer. E. Saint-Edme, professeur au Conservatoire des Arts et Métiers. En 1866, la revue est dirigée par C. Schnaiter, puis en 1867 par V. Meunier, assisté de son fils Stanislas. Après avoir déposé le cautionnement alors de rigueur pour toute publication politique, il fait de Cosmos, une “revue politique et sociale des progrès des sciences” fort polémique. Plus que jamais, l'orientation religieuse des débuts est oubliée. Suspendue pendant les événements de 1870, Cosmos devient en 1871 La France scientifique.
C’est en 1874 que l'Abbé Moigno retrouve son cher enfant : La France scientifique fusionne avec Les Mondes. Cosmos-Les Mondes est né, et. comme La Nature, n’achève sa pieuse existence que bien tard, en 1935. Entre-temps, en 1882, un autre ecclésiastique, l'Abbé H. Valette aura pris la relève de Moigno.
Cette revue de vulgarisation se caractérise, surtout à ses débuts, par une austérité toute ecclésiastique, une absence
presque totale d’illustrations. Elle ne connut pas la diffusion de publications comme La Nature ou La Science illustrée (1 000 exemplaires dans les années 1860, 2 000 d’après P. Larousse). Ce n'est qu'en 1885, au lendemain de la mort de Moigno,que Cosmos-Les Mondes, redevenu tout simplement Cosmos, est pris en mains par un éditeur. Mais pas n'importe lequel : la Bonne Presse, l'éditeur catholique militant qui publie le quotidien La Croix depuis 1883, cet “adversaire perpétuel de l'affranchissement de la conscience humaine” (C. Flammarion. Mémoires, p. 549). Ce fut le seul titre revendiquant un engagement catholique. Dans Cosmos, Dieu est partout. Même si l'Abbé Moigno, parfois avec une innocence et une ingénuité émouvantes, tente d'allier ses deux convictions, la foi et la science, un catholicisme sans concession imprègne toute la publication.
Ce dogmatisme s’exacerbera une fois la République installée. Un portrait de Léon XIII ouvre la nouvelle série, en 1885, et le “serment de la rédaction” qui suit ne laisse planer aucun doute: Cosmos travaille plus que jamais à la plus grande gloire de l’Eglise. Les articles contre les adversaires supposés de la foi catholique, ces scientifiques qui, avec leurs théories, pourraient la mettre en péril, sont légion et d'une dureté impitoyable : Darwin est la bête noire de la revue. La science n’y est alors plus présente qu’à travers le prisme de la foi : seule compte la gloire du Créateur. De même, Cosmos est la revue de vulgarisation préférée des gens d'Eglise : de nombreux ecclésiastiques y collaborent, et leurs oeuvres “scientifiques”, des ouvrages qui tentent de concilier jusqu'à l'absurde la révélation chrétienne et le rationalisme scientifique, y sont systématiquement loués. Pourtant, même si l'abbé Moigno est souvent moqué par ses confrères, sa publication sera très respectée pour sa qualité et les abondantes informations qu elle contient. Jules Verne, qui la lisait régulièrement, ne la cite-t-il pas dans Vingt mille lieues sous les mers, au côté des revues scientifiques les plus sérieuses ?
LA NATURE
C'est le 7 juin 1873 que paraît le premier numéro de La Nature, revue de vulgarisation scientifique fondée par Gaston Tissandier, ancien collaborateur d’Edouard Charton au Magasin Pittoresque. La Nature, selon la volonté de son créateur, devait être un “Magasin Pittoresque exclusivement consacré à la science, c'est-à-dire une revue largement illustrée, à la fois élémentaire et savante, rédigée par des spécialistes ayant déjà fait leurs preuves” (notice nécrologique de G. Tissandier. par H. de Parville, La Nature, 1899). Sa création est également l'un des signes de la réaction intellectuelle française face à la défaite de 1870. “Nous avons créé La Nature” déclarera Tissandier en 1885 “au lendemain de nos désastres, dans le seul but de répandre les notions utiles, de divulguer les inventions nouvelles (...) de faire aimer la science que nous aimons tant nous-mêmes”.
A peine né, le journal eut la bonne fortune de trouver un concours puissant. M. Georges Masson s'intéressa au jeune recueil ; “il le prit sous son haut patronage" (ibid.). Dès ses débuts. La Nature fut. en effet, prise en mains par l'un des plus grands noms de l'édition scientifique, Masson, ce qui a
contribué largement à sa qualité et à sa prospérité. Appréciée du monde savant, pourtant si réservé vis-à-vis de ce genre de publication, reconnue d’utilité publique puisqu’“honorée par M. le Ministre de l'Instruction publique d'une souscription pour les bibliothèques populaires et scolaires”, La Nature régna sur le monde de la presse de vulgarisation scientifique, en modèle prestigieux et en référence incontestée. La finesse et le caractère inédit de ses illustrations, la qualité et le nombre de ses collaborateurs réguliers ou épisodiques, vulgarisateurs et savants, l'originalité de ses articles, en firent l'une des plus belles réussites en matière de vulgarisation scientifique. Dirigée par d'illustres vulgarisateurs, Tissandier puis de Parville en 1897, elle est ensuite animée, signe des temps, par des scientifiques, le géologue E. A. Martel, et L. de Launay, professeur à l'Ecole des Mines. Elle fut, avec Cosmos, la seule revue de vulgarisation, qui, née au XIXe siècle, dans la plus pure tradition, ait perduré jusqu'au XXe puisque ce n'est qu'en 1964 que se clôt sa glorieuse existence, sous son nom d'origine en tout cas, car elle continua après cette date à paraître sous des titres divers, avant d'être absorbée par La Recherche, en 1973.
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