Mémoires et compte-rendu des travaux de la société des ingénieurs civils

La Société des ingénieurs civils de France est fondée le 4 mars 1848, dans le contexte de la révolution de février 1848, sous l’impulsion d’un groupe d’anciens élèves de l’École centrale des arts et manufactures : Charles Callon, Auguste Faure, Camille Laurens, William-Charles Priestley, Léonce Thomas et Michel Alcan. La présidence est confiée à Eugène Flachat, autodidacte, ingénieur des chemins de fer au passé prestigieux. On compte parmi les sociétaires des personnes célèbres : Gustave Eiffel, Émile Muller, Léon Appert, ou des «anonymes» ; il s’agit d’anciens élèves de l’École Centrale, de l’École Polytechnique, des Arts et métiers, de l’École des Mines… qui exercent leur profession dans des secteurs d’activités très variés (chemins de fer, mines, travaux publics, professeurs de grandes écoles…).


Dès sa création, la Société entreprend de publier un bulletin, intitulé Mémoires et compte rendu des travaux de la Société des ingénieurs civils.


Dès 1848, les Mémoires sont le reflet des activités professionnelles des sociétaires : des ateliers nationaux de l’automne de cette année-là aux expositions universelles, auxquelles les ingénieurs civils de France participeront largement. Les Mémoires témoignent des centres d’intérêt et des développements techniques du XIXe siècle : de l’énergie vapeur à l’énergie électrique, du génie civil aux chemins de fer, de l’économie sociale à l’hygiène au travail, de l’agriculture aux voies de communication. Tous les sujets sont abordés, présentés, débattus, et bien sûr imprimés dans la revue.


A partir de 1851, la publication est scindée en deux parties : les Résumés des travaux de chaque séance font état des échanges entre sociétaires lors des réunions bimensuelles, alors que les Mémoires et compte rendu des travaux regroupent les différents mémoires et communications des sociétaires. La collection conservée à l’Écomusée Creusot-Montceau ¹ de ces Mémoires, et utilisée pour la numérisation, contient à la fois les «résumés des procès-verbaux des séances» et les «mémoires techniques». 


Le premier volume, en 1848, contient 186 pages ; en  1899, sous forme de deux volumes, la publication représente un ensemble de 2000 pages ! En effet dès 1880, les livraisons sont reliées par semestre (et non plus par année), il y aura même trois volumes pour l’année 1898 (année du cinquantenaire de la Société) ; un volume par an est publié pendant la première Guerre mondiale. Les planches (dépliantes ou non, parfois en couleur, contenant des dessins, des croquis, puis des photographies) sont de plus en plus nombreuses (jusqu’à une quarantaine par année dans les années 1890).


En 1966, la Société décide de changer le titre de sa publication, qui devient Sciences et techniques. Nouveau changement en 1970, lorsque le Palais de la Découverte commence sa collaboration avec les ingénieurs civils : Science progrès découverte qui durera jusqu’en 1972, (le titre précédent étant réservé pendant ces trois années au bulletin mensuel de la Société). En 1973, la revue retrouve le nom de Sciences et techniques, avec toujours la collaboration du Palais de la Découverte, et également de l’Agence nationale de valorisation de la recherche (ANVAR). Un dernier changement de titre a lieu en 1988 : Sciences et technologies paraît jusqu’en 1991.


Un partenariat entre la bibliothèque de l’Écomusée Creusot-Montceau et la bibliothèque centrale du Conservatoire national des arts et métiers a permis, suite à un inventaire précis de la collection,  une étude de la structure éditoriale de cette grande publication.

Les années 1848 à 1900 sont aujourd’hui numérisées et consultables en ligne sur le site du CNUM.  L’ensemble suivant 1901-1925 pourrait être accessible en 2008.

Seule la partie Mémoires a été retenue et numérisée pour éviter une redondance dans les informations concernant la vie de la Société, et pour privilégier les communications scientifiques et techniques des sociétaires.

Suite à de nombreuses réflexions et multiples traitements informatiques, les tables des matières saisies en mode texte s’affichent non pas par ordre alphabétique avec une multipagination telles qu’elles figurent dans la publication, mais par ordre croissant des pages.

De plus une table des illustrations a été créée. Pour la première fois il est ainsi possible de chercher en interrogeant en mode texte des illustrations des Mémoires de la Société des ingénieurs civils. Une nouvelle façon de lire et de découvrir cette publication savante !


Pour en savoir plus :

  1. 1848-1973, 125 ans de progrès technique vus à travers la Société des ingénieurs civils de France, Paris, Société des ingénieurs civils, 1973.
  2. Bruno JACOMY, La Renaissance d’un important fonds documentaire d’histoire industrielle, la bibliothèque des ingénieurs civils – Tiré à part des Comptes rendus du 108e Congrès des sociétés savantes, Grenoble, 1983, section des sciences, fasc. IV, publiés par le CTHS en 1983.
  3. Bruno JACOMY, A la recherche de sa mission, la Société des ingénieurs civils – In : Culture technique, revue du Centre de recherche sur la culture technique, n°12, mars 1984, p.208-219.
  4. L’Ingénieur dans la société française, études recueillies par André THÉPOT, Paris, Éd. ouvrières, 1985 (coll. Mouvement social) – en particulier le texte de Georges RIBEILL, Profils des ingénieurs civils au XIXe siècle, le cas des centraux, p.111-125.


(1) C’est à l’Écomusée Creusot-Montceau qu’est conservée depuis 1979 la bibliothèque de la Société des ingénieurs civils de France. D’abord sous la forme d’un dépôt permanent décidé par les instances dirigeantes des deux institutions – la Société des ingénieurs civils ayant pour raison sociale alors Société des ingénieurs et scientifiques de France (ISF) après sa fusion avec l’Union des associations et sociétés industrielles françaises (UASIF) – puis, depuis octobre 1997, comme collection à part entière de l’Écomusée, le fonds ayant été cédé à cette date par le Conseil national des ingénieurs et des scientifiques de France (CNISF), organisme résultant de la fusion du CNIF (Conseil national des ingénieurs français), de la FASFID (Fédération des associations et sociétés françaises d'ingénieurs diplômés) et des ISF.

Ce fonds abrite quelque 50.000 volumes de monographies, recueils de communications, et revues, datant pour la plupart de 1850 à 1978 (une cinquantaine sont plus anciens) ; la moitié environ de ces volumes représentent un peu plus de 1.000 titres de périodiques, parmi lesquels les Mémoires et compte rendu des travaux de la Société des ingénieurs civils.