Bulletin de l'Institut national d'orientation professionnelle


Note de présentation du Bulletin de l’Institut national d’orientation professionnelle




La parution du premier numéro du Bulletin de l’Institut national d’orientation professionnelle (BINOP) en janvier 1929 fait suite à l’ouverture l’année précédente de l’Institut national d’Orientation professionnelle (INOP) fondé par deux universitaires, Henri Piéron (1881-1964) et Henri Laugier (1888-1973) avec un inspecteur général de l’Enseignement technique, Julien Fontègne (1879-1944).


L’INOP, institut libre d’enseignement supérieur créé par décret du 25 juin 1930, rattaché au CNAM en 1941 sous le nom d’Institut national d’étude du travail et d’orientation professionnelle (INETOP) a pour mission selon Édouard Labbé, le directeur de la Direction de l’Enseignement technique, de coordonner les travaux développés dans le champ de l’orientation pour leur donner « une base plus solide, une méthode plus exacte » en accord avec le décret du 26 septembre 1922 qui prévoyait la création d’Offices d’orientation professionnelle.


Comme il est précisé au début de la première livraison, « l’Institut national d’Orientation professionnelle est destiné à assurer la formation technique des conseillers d’orientation, à constituer un centre de documentation pour la diffusion des données relatives à l’orientation professionnelle, et à favoriser, en vue des questions d’orientation et de sélections scolaires, les recherches nécessaires au progrès de ces méthodes et au contrôle de leurs résultats ».


Les objectifs du BINOP sont en accord avec ce qui est attendu de l’Institut. Le Bulletin se fait l’écho dans le domaine de l’orientation des premiers développements d’une psychologie à la recherche d’une caution scientifique. Les préoccupations liées à la question du travail sont prépondérantes d’où l’importance accordée à la psychotechnique et à ses présupposés. L’étude de tests, épreuves spécifiques standardisées, favorisant l’appariement des aptitudes individuelles considérées comme naturelles et les exigences requises par les métiers est privilégié.


Les sommaires des numéros des deux premières décennies comprennent des études sur la construction et la validation des tests et leur justification pratique et théorique, des comptes-rendus de manifestations scientifiques et de visites d’offices d’orientation, des recensions d’ouvrages, des informations sur les enseignements dispensés à l’Institut, des articles concernant la professionnalisation des métiers relevant du domaine de l’orientation et leur institutionnalisation auxquels viendront s’ajouter des monographies professionnelles et la liste annuelle des diplômés de l’Institut.


À partir des années cinquante, la visée sociale de l’orientation évolue et les problèmes posés au monde du travail vont progressivement concerner le monde de la formation scolaire professionnelle puis générale questionnant le statut du métier de conseiller d’orientation et l’activité des personnels. L’orientation ne concerne plus seulement l’étude de la « technologie » des tests. La psychologie différentielle développée par Maurice Reuchlin (1920-2015) qui a succédé en 1950 à Mathilde Piéron (1878-1969) à la direction du service de recherche de l’INETOP cherche à construire sa légitimité en se rapprochant de la psychologie générale et de ses théorisations. L’orientation professionnelle est devenue progressivement une orientation scolaire dont le caractère continu ne cessera de s’affirmer. Les problèmes posés à l’orientation au moment de la création du Bulletin ne sont plus les mêmes. La publication du BINOP s’arrête avec le dernier numéro de l’année 1971. Le premier numéro de L’orientation scolaire et professionnelle (OSP) qui se substitue au BINOP paraît au 1er trimestre 1972.


Régis Ouvrier-Bonnaz
Groupe d’étude et de recherche sur l’histoire du travail et de l’orientation (GRESHTO) - Centre de recherche sur le travail et le développement (CRTD) - CNAM