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Essai sur la nature, les effets et les causes de l'électricité
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- • é" *
- RECUEIL
- DE TRAITÉS
- SUR
- L’ELECTRICITÉ,
- Traduits de VAllemand. & de T Anglais: PREMIERE PARTIE.’
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- SUR LA NATURE,'
- LES EFFETS ET LES CAUSES D E
- [/électricité,
- A VE C
- Une Description de deux nouvelles. Machines a Electricité’,
- Traduit de V Allemand
- DE
- M. F. H. Win c kx E r , Profejfew
- dans l’Univerfité de Leipfic.
- 3S.JÎ (çimfmitxM)
- » g&MeâUim-
- a paris,
- :ie, SEBASTIEN JORRY , Imprimeur-Libraire , Quai des Auguftins , près le Pont 5. Michel, aux Cigognes.
- M. D C C. XL VI IL Avec Approbation & Privilège du Roi.
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- DU
- TRADUCTEUR.
- HE Traité, qui eft un des premiers & fans contredit un des meilleurs de tous ceux qui ont'paru fur ce fujet en allemand , efl: dédié par l'Auteur au Prince Royal de Pologne- & Eleéforal de Saxe, devant lequel il-a eu l’honneur de faire ces Expériences, qu'il a enfuite jugé à propos de rendre publiques.
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- L'Allemagne peut fe vans ter avec raifon de nous avoir mis fur la véritable route pour les Expériences de l’E-le&ricité , & M. Winckler , foie par l’avantage de la ville de Leipfic, où il demeure , & qui eft le fie'ge des Sciences dans ce Pais , foit par tes liaifons inrimes qu’il a-voit avec feu M. Haufen> qui éroit l’Oracle de l'Electricité, a pû gagner le devant fur les Compétiteurs» dans ces nouvelles connoift lances, & nous donner du moins de la première main, les merveilleufes découvertes de fa Nation.
- SaMethode, qui eft celle
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- des Mathématiciens & certainement la meilleure dans les Sciences mûres <k formées y fi nous pouvons nous, flatter d’en poffeder de cette; efpéce , paroît un peu hardie dans la dodrine de l’E-ledricité, qui eft encore fi neuve & fi peu fufceptible de démonftrations & de rah fonnemens fuivis. Qu’importe i Elle aura toujours l’avantage de la clarté & d’une certaine naïveté qui en eft inféparable ; & fi l’Auteur,, faute de n’avoir pu pénétrer afTez avant avec, fes prémif-fes, fe trouve quelquefois court & indécis dans lès conclufionsj nous ne devons
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- pas nous en préndre à fà méthode , à laquelle il faudra toujours que nous revenions tôt ou tard- pour établir. un fyitéme' de cette nouvelle Doélrine, quand un jour nous aurons amafle où mieux ajufté tous les matériaux nécefFaires ppur former un bâtiment folide.
- Au refte cet Ouvrage eft recommandable par quelques traits de l’Hiftoire. de rEleélricité, par des obfer-vations fmguliéres touchant les effets de cetté vertu fur l'Aiman , fur les Thermomètres &c, & par certaines remarques quon cherche-roit inutilement- ailleurs?
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- V>J
- On a retranché la Préface de l’Auteur , qui quoi-, qu’allez longue n’auroit in-ftruit le Leéteur que fur l’honneur & l’avantage qye M. Wmckler a eu de montrer fes Expériences à plu-fieurs Princes & Seigneurs de diftin&ion de fon Païs & des environs. La Phyfique eft de toutes les Sciences celle qui, fe glorifie d’approcher de plus près des pet-fonnes d’un haut rang , ôc des effets auffi étonnans que ceux de l’Eleétriciré ne pou-voient manquer de mériter de leur part une attention particulière.
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- TABLE
- Du Contenu de ce Traite. PARTIE HISTORIQUE. Chap. I. yy Efinition de l'Electri-
- II. Defcription de deux nouvelles Machines à Electricité.
- III. De l’Electricité originaire.
- IV. Des Phénomènes , avec lefquek CElectricité Je manifefle.
- V. Des Corps , aufquels l'Electricité peut être tranfmife par communica.
- TI. Des Mouvemens , qui naijfentpar l'Electricité.
- VII. De la Lumière des Corps électri-
- VIII. Des Etincelles électriques.
- IX. De la force & de la vite Je de l'Electricité.
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- X- De l’effet de. l'Electricité dans U vuide.
- PA R T I E P H YS I QU E.
- Quest. I. Utile ejt la direction du mouvement de la ntdtiere Electrique A ÏÏ. La matière Electrique efl-elle propre aux Corps êlectrifés A III. Si l’on, doit regarder l'Electricité comme un tourbillon A IY. Si l'Electricité agit comme les Fonces Centrales ?
- X. Comment les Corps font portés par là force électrique vers les Corps élec-. trifésA
- VI. Si la matière électrique d’un Corps ejl du nombre de fes parties folides A Vil. Si les Çorps folidcs font entourés d’une Atmofphéte électrique A
- VIII. Si les matières fluides & viflbles ont autour d’elles une Atmofphérc électrique A
- IX. Comment la matière de l’Electricité originaire eflmife en mouvement.A
- jX. Touchant la différente force de l’E-Utiricité originaire.
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- XI. Comment une Atmofphère électrique èlectrife Vautre ?
- XII. Pourquoi certains Corps, ne peuvent pas être clcctrifés par Jejjrotte* ment}
- XIII. Pourquoi une Atmofphère électrique ne peut fouyertt exciter aucune
- . ElectricitéJenJibù ?
- XIV. Si les parties, de la matière électrique font élqftiques}
- XV. Pourquoi VElectricité excitée di-piinue & cefft }
- XVI. Jufqu à . quel point VElectricifê peut être communiquée ?
- XVII- Si la.matiere.électrique contient des particules de feu }
- XVIII. Comment les étincelles électriques font produites }
- XIX. Comment la lumière électrique peut paître dans le vuide }
- ES S Af
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- ESSAI
- SUR LA NATURE,
- LES EFFETS ET LES CAUSES D E
- L’ELECTRICITÉ.
- Avec une defcription de deux nouvelles Machines à l'Electricité.
- PARTIE HISTORIQUE.
- CHAPITRE PREMIER.
- Définition, de l’Electricité.
- S.i- l'gygggefl Orsqt/’on frotte un morceau d’ambre, on y excite une efpéce de mouvement qui agit fur les objets proches & légers , tels que font la paille hachée, le fable, des
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- %...... E S SA I ............
- petits bouts de fil, les plumes, lès fragmens de feuilles d’or , Scc. en. forte que ces petits corps fe jettent vers l’ambre , comme s’ils y étoient fortement attirés. C’eft apparemment pour cette raifôn, que les femmes de Syrie appelaient l’ambre Harpaga , c’eft à-dire , attirant avec force. Elles s’en fervoient ordinairement en guife d’agraphes dans leurs cheveux, (a)
- f. i. Ce mouvement qu’on produit autour de l’ambre en le frottant, fait nonfeulement , que les corps légers en (ont attirés, mais ils en font aufli repouffés.
- § 3. Le fouffre , la poix, la cire d’Efpagne, le verre & plufieurs autres corps étant frottés, agilfent de la même maniéré.
- §. 4. Cependant nous ne trouvons pas que les expériences faites avec le fouffre & le verre , foient fi anciennes que celles qu’on a faites avec l’ambre. Nous ignorerions peut-être encore , que cet effet qu’on obferve dans l’ambre, fe manifefte aufli dans d’autres
- {a) Pline. Hift. Nat. L. xxxyii. Ch.. x.
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- corps, fans les découvertes qu’a fait à ce fujet le célèbre Mr. de Guericke , Bourguemeftre de Magdebourg, qui aéternifé fou nom dans le fiéde palfé par l’invention de la Machine Pneumatique. Il frotta avec fà main un globe de foufFre, qu’il faifoit tourner à une Machine propre pour cec effet, & il obfèrva , que les petites pailles & les fragmens de feuilles d’or fe jettoient vers le globe , & en croient repouffés. Il donne la defcrip-tion de ce globe & de fes Expériences ; dans unOuvrage intitulé : Expérimenta nova Magdeburgica de vacuo fpatio. Dans le quatrième Livre, il traite des Vertus Cofmiques (de Virtutibus Mun-danis ) c’eft-à-dire, de ces forces qui confident en certains écoulemeris. Il les divilè en deux efpeces : en corporelles, qui ne pénétrent pas les corps folides, tel que le verre, &c. comme, par exemple, l’air ; & incorporelles, qui pénétrent les corps folides, com-
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- 4 Essai
- pierre 'qu’on jette en l’air ; la perjevè-ranu, par laquelle une chofe tend k relier unie avec une autre , comme, par exemple, une pierre qui retombe de l’air par là pefanteur ; la répuljîve, lorfqu’un corps ell repoutlé par la force invilible d’un autre. Telles lonc encore , félon lui, la force fonnante, la chaufante & la luifante. Il explique toutes ces forces, par des expériences faites avec un globe de fouf-fre qu’il avoir formé lui-même de la maniéré fuivante : Il remplit un globe de verre creux, de la grolTeur d’une tête d’enfant, de fouffre pilé , qu’il fit fondre fur le feu dans le globe. Le fouffre étant refroidi, il calfa le globe de verre, &c ayant appliqué deux pivots aux deux pôles du globe folide de fouffre , il le fufpendit entre deux montans de bois. Il appliqua enfuite une manivelle à un des pivots qui traverfoit fon montant d’outre en outre, & fit tourner le globe, pendant que quelqu’un y appuyoit une main bien féche. Il obferva que des corps légers, comme des fragment de feuilles d’or, de l’eau. &e. mis fous le
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- SVR. l’Ëlïctkicit»’. rj globe, en étoient attirés & repouffes, M. de Monconnys parle de ce globe de foufFre, (a) Sc dit, avoir vû lui-même ces expériences dans la Maifon de M. de Guericke à Magdeboùrg, Cette découverte étant faite, plufieurs excellons Pbÿficiens, comme Gilbert, Boy le, Haukfbee , Gray , du Fay , s’Gravefande , Mujfchenbroek & d'autres, ont elfayé ces mêmes expériences fur le verre, & par leur application infatigable , ont enrichi la Phy-fique d’une infinité de découvertes cu-rieufes,
- §. j. Or, comme le verre & plufieurs autres corps s’accordent avec l’ambre ou Electre en ce que par le frottement on peut produire eh eux ce même effet, qui eft que les corps légers en font attirés & repouflés ; on a donné à ce mouvement le nom ü Electricité,&L aux corps fur lefquelî elle eft produite, celui d’élecirifés.
- («) Dans fon Journal de Voyage fait paï ^Allemagne.
- ? Âiïji
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- Essai
- CHAPITRE II.
- Dejcripiion de deux nouvelles Machines à Electricité.
- §. 6. TJ O u r faire les expériences JT d’tleétricité avec le verre, on fe fert ordinairement d’un tube de verre creux, qu’on frotte avec du cuir, ou du drap, ou du papier qu’on tient d’une main , en y paffant & repaflànt le tube avec l’autre main.
- §.7. Mais comme ce travail fatigue beaucoup, & qu’on ne peut pas continuer longtems à éleétrifer un corps, feu 'm. Haufen , ProfefTeur à Leipfic, penfi à un moyen plus com-jnode pour éleétrifer. Il fie faire un globe qu’on tournoit horifontalement par le moyen d’une roue. Tout l’appareil de cette opération fë voit au commencement de fon ouvrage , que M. Gottfched a publié (bus le Titre de Novi Profectusin Hijloria Eleclriciea-
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- sur. i’Eiictricite’. 7 tïs. (a) L’invention eft de M. Hauksbee , Anglois, qui ayant obfetvé que le Mercure en Ce frottant contre le verre, jettoit de la lumière dans le vui-de ,avoit imaginé une Machine pour le faire tourner rapidement dans un-globe de verre, & pour pouffer plus loin fes découvertes fur cette lumière électrique. Le célèbre M. Wolfius fit imiter cette Machine par feuM.Zea-pold, fameux Méchaniciende Leipfic ; mais comme il fait tourner fa roue horifontalement, fon globe eft vertical ; au lieu que dans la Machine de Hauksbee la roue eft verticale Sc le glpbe horifontal. M. Haufen s’eft fëfvi de la Machine de Hauksbee, telle qu’il l’avoit inventée , & qu’elle eft décrite dans les Elemens Phyjlques de M. s’Gravefande. (c)
- §.8. C’eft avec ce globe horifontal que M. Haufen a démontré dans fes Leçons Phyfiques, les expériences les
- (* *) Imprimé à l eipfic en 1743.
- (b) Expérienc. Phyf. §. 173-
- (c) Part. II. planche I. Fig-1&3 & planche Il.fig.. 1.
- * Aiiij;
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- 5 Essai
- pins remarquables, qu’il avoir vûes dans fes voyages, jointes à piufieurs belles découvertes , qu’il faifoit journellement lui - même dans cette nouvelle doétrine, & dont il rend compte dans fon Ouvrage.
- §. 9. Cette Machine ne laide pas d’avoir fes imperfeétions : car i°. L’effet ne téuffit pas, fi la main qu’on applique au globe électrique 11’eft pas-bien féche. i°. On ne peut pas donner affez de frottement au globe faute de pouvoir le tourner auffi rapidement qu'il lêroit néceflaire. 30. Il eft trop fatiguant de tourner la roué , furtout lorfqu’il faut-accélérer & augmenter l'efl'et, & le continuer pendant long-rems.
- §. 10. Ces réflexions m’ont fait penfer à un moyen de remédier à ces inconveniens. Je vifai principalement à un expédient pour parvenir à une machine , avec laquelle on puifle produire l’Eleftricité aufli rapidement
- 6 avec fi peu de peine qu’il foit pof-fible. Je travaillai l’année paflée à une machine pour la démonftrarion des forces centrales, & comme j’avois
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- SV R l’ElîCTMCIIt’. 9 démarqué dans mon tourneur un génie fingulier pour la difpofition des machines, je lui fis part de ce que je trouvai à redire à la machine de M. Haufen. Il y avoir penfé avant moi, & après m’avoir dit, qu’il con-noilioit une façon d’exciter une très-forte Electricité fans peine & fort rapidement, il me mena devant fon tour & me fit voir fon art. Je penfai alors à l’œuf de Colomb, que pet-fonne de ceux, qui regardoient la découverte du nouveau monde comme une chofe très-aifce, ne pouvoie faire repolèr fur fa pointe : car je voyois bien, qu’il ne falloit pas beaucoup de fcience pour imiter une pareille machine à Electricité.
- §. 11. Elleconfrfte en trois montant BO,BP,QR, (Pl.I.Fig.i.&Z.} qui s’élèvent fur un bâti lourd A qui repofe fur trois boules. R V eft une verge élaftique de fer, L M N eft un verre cimenté daus une pièce de bois. La verge élaftique eft fichée dans la pièce de bois R, qui eft mobile dan* le montant de derrière Q.R. La pièce entre dans le montant, & y eft arrêtée
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- Stf Essïï
- par la vis T. les deux montans de devant B O, & B P font affemblés par deux efpéces de traverfes D & D. Le montant B O porte en dedans une boëte O. Le montant B P eft traverfé d’une vis, qui fe termine auflï en une boëte de fer. Les deux extrémités des pièces de bois, dans lefquelles-le verre eft cimenté, font garnies de deux pointes de fer, par lefquelles le verre eft fufpendu dans les deux boëtes. Quant à la figure du verre, ce fera, fi l’on veut, un gobelet ordinaire, oi on le prendra parfaitement cylindrique ; l’effet eft le même dans l’un & l’autre cas. M. le Comte de Manteufel s’avila il y a quelque tems d’effayer, fi au lieu du verre on ne pouvortpasfe fervir delà porcelaine pour éleétrifer des corps. Il fit en-châfler de la même maniéré des vaiès & des gobelets de porcelaine de Saxe & du Japon, Non feulement la choie lui réuflïc auflï bien qu’avec le verre,. mais un des gobelets de porcelaine produifit même un effet beaucoup plus fort que tous les verres qu’il avoir
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- SUR. i’Elïctricitb’. II fcrt à tendre la corde , à la-
- quelle on fait faire quelques tours au tour du col prolongé de l’enchâflure de bois près de L, & on S’attache au marchepied A , qui s’élève & fb baiiTe fur le bâti Y Z, fuivant le mouvement du pied. Derrière le verre il y a une petite poupée H I, ( Fig. J. ) montée fur une vis , qui pâlie par la traverfe de dedans, & qui y eft arrêtée avec un écrou. La poupée fe hauife & fe baille dans la piece F félon le befoin , Sc y eft arrêtée par la vis G. Elle porte un petit couffin K garni de cuir ou de toile, Sc bourré de laine ou d’autre chofe molle. On peut avancer ou reculer ce couffin par le moyen d’une vis, pour le faire ferrer contre dés verres de différentes grandeurs.
- §. 12 L’efpace, par lequel le marchepied fe baille par le mouvement du pied & fe hauffe par l’élafticité de la verge de fer dans ma machine , eft tel, que le verre tourne à peu près deux fois. La verge élaftique tire fi fort , que le marchepied remonte à (à hauteur au moment même qu’on lâche le pied, Ainfi chaque point du verre ou
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- I* H J * A ï
- de la porcelaine, eft frotté quatre foré à l’endroit qui eft couché contre le couflîn dans le tems que le marchepied defcend & remonte une fois. Ce tems eft peu confidérable : car fana beaucoup me prefler je fais bailler Je marchepied de ma machine cent foixante-dix fois dans une minute: ainfi chaque point du verre , qui touche le couffin , eft frotté dans une minute fix cens quatre-vingt fois, tes autres points , qui ne font pas couchés contre le couffin, font frottés dans le même tems trois cens quarante fois ; & comme le couffin a de la largeur t chaque point du verre eft frotté d’autant plus fortement, plus il touche de points dans fon mouvement progreffif le long du couffin.
- §. 15. L’élafticité de la verge de fer dans ma machine eft fi forte, qu’elle retire le verre , quand même le couffin y eft bien ferré. Ainfi on peut augmenter le frottement juf-qu'à tel degré qu’on le trouve à propos, Ii s’augmente furtout lotfqu’on met de ia craye fine entre le verre ou> la porcelaine & le cou%.
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- sus. l’Electsicite'.
- §. 14. Il eft aifé de conclure delà , que cette machine ou efpéce de tour eft beaucoup préférable aux machines de Meilleurs Haufen & s'Gravcfandt : car en frottant le verre ou la porcelaine contre le couffin, on 11e rilque jamais du côté de l'humidité qui eft nuilïble aux expériences. D’ailleurs le mouvement qu’on donne au marchepied fatigue beaucoup moins , que quand il faut tourner une grande roue ; mais ce qui fait le principal avantage de cette machine, c’eft que le verre tourne avec beaucoup plus de rapidité que le globe des autres machines ; & comme chaque point du verre couché contre le couffin eft frotté dans une minute fixcens quatre vingt fois, & que tout autre point l’eft trois cens quarante fois dans le même tems ; il faut convenir, que l’opération eft aufli prompte & violente qu’on puiflë la délirer, furtout (ï l’on ferre fortement le couffin ‘contre le verre , & qu’on mette de la craye fine entre deux.
- §. 1 j. Le travail deviendroit trop fatiguant, fi par le moyen d’une roue pn vouloit entreprendre de faire tour-
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- ,4 Essai
- ner autant de fois un globe dans une minute, à moins qu'on n’applique à la machine une compofition de plu. {leurs roues ; ce qui couteroit trop Sc tiendrait trop de place.
- §, 16. Ce tour à électricité ferait porté à fon poinc de perfection , fi l’on pouvoir y appliquer une machine, qui fît la fonction d’un homme, pour faire bailler le marchepied , foit par le moyen d’un reflort, d’un poids, ou autrement.
- §17. Ayant oblèrvé depuis long-tems, que les tubes de verre deviennent fort électriques , lorfqu’on les pâlie & repafle dans la main, j’ai ima. giné une machine pour faire ce frottement d’une maniéré plus ailée & plus commode. Quant au mouvement il eft de la même efpéce que celui de la machine précédente, comme on le voit dans la Planche II. Fig. 1. La verge élaftique fichée dans le montant K eft foutenuë par une autre, qui aide à la faire remonter après qu’elle a été baillée par le marchepied. Le tube de verre PL II. Fig. j. ] a environ deux pieds & demi de long
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- S TT R i’EieCTB-ICÏTe’. Tf fur environ un pouce & demi de diamètre. On peut le prendre plus ou moins long. Il eft enchâlTé dans un ehaffis de bois large d’un pied , cinq pouces & demi , garni en dehors des deux côtés D & D de barres de fer, qui montent & defcendent dans une niche pratiquée dans les deux montans de devant. Le côté d’enhaut ( PL II. Fig. z.) & celui d’en bas du chaflîs font garnis d’anneaux de fer M& M, qui reçoivent les deux cordes, dont l'une tient au marchepied & l’autre à la verge élaftique. Les deux montans de devant portent une pièce de bois F. ( Pl. II. Fig. 4. ) traverfée au milieu d’une vis I, qui porte à fon extrémité une autre pièce creufée au milieu en demi-cylindre, & qui répond à une pareille pièce qu’on y joint avec deux vis HH. Ges deux demi-cylindres font doublés de peau ou de laine, Sc après y avoir paffe le tube on ferre les deux vis tant que le tube peut le fouffrir fans fe caffer. Lorfqu’il s’agit d’appliquer à la machine la pièce qui porte ces deux demi-cylindres , on attache le
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- i€ Essai
- chaffis avec fon tube aux deux cordes,* enforte que le marchepied puifle être élevé touc-à-fait par la verge élaftique, mais que cependant le chalfisne donne point contre la traverse d’enhaut C des deux montans B B, pour prévenir que le tube ne fe calle par le choc. Le chat fis étant difpofé dans cette fituation , on applique la piece de bois avec des vis aux deux montans de devant (PL II.Fig._i. & z. J en ménageant par eu haut & par en bas autant de place qu’il en faut raifonnablement pour garantir le tuyau de tout accident.
- §. 18. Cette machine eft fort propre à donner fans beaucoup de peine & promptement une forte éleftricité h un tuyau de verre, & même à le continuer pendant longtems. Cependant la première doit être préférée à celle-ci ; car dans le tems que le marchepied fe baille & le releve , chique point du tube, couché contre les deux demi- cylindres, ne fe frotte que deux fois, au lieu que par la première machine les points du verre couchés contre le couffin avant le mouvement, s’y frottent quatre fois dans le même tems.
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- SÛR l‘Ël le TR IC ïte’, 1/ tem6. Outre cela j’obferve, que l'effet eft moins fort dans cette machine , parce que l’étuy cylindrique entoure le tube de tous côtés ; & j’ai remarqué au fujet de la première machine , que réleétricité n’eft pas à beaucoup près fi forte, lorfque le couffin couvre la moitié du verre , que quand il eft plus petit. Un couifin, qui touche le verre en petite largeur, fait le meilleur effet. J’expliquerai la caufe de ce fait fingulier dans la Partie Phyji-que.
- CHAPITRE III.
- De l’EleSricité Originaire.
- J. 19. T'Àprmt Electricité Ori-J ginaire toute celle, qui n’eft pas produite par une autre Eleétricité.
- §. 10. Cette Eleétricité eft excitée communément dans les corps, lorf-qu’on les frotte avec une main leche ou avec delà peau , du drap , du linge , du papier, du bois, du liège, de la craye,. du plomb ySc d’autres métaux, J B
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- iS Essai
- §. il. Plus le verre de la machiner & le tube de verre font minces , plus l’Eleétricité eft excitée promptement.
- §. 2i. Si l’on échauffe le tube de verre & qu’on le frotte enfuite , l’effet en fera plus prompt & plus fort.
- §. £?. Je n’ai pu exciter aucune Eleftricité dans un tube de verre par la feule chaleur , foit que je Paye chaufé fur des charbons ardens ou au foleil. Ceux qui dîfènt avoir élec-trifé des corps par la feule chaleur , affurent en même tems que l’effet d’une telle Ele&ricité a été très-foi-ble.
- §.14. J’ai trouvé au contraire que des bâtons de fouffre ont exercé pendant plufieurs mois après avoir été fondus une électricité fenfible fur des fragmens de feuilles d'or , fans avoir été auparavant ni chauffes, ni frottés.
- §• iy. Parmi les corps fufceptibles de frottement, il y en a dans lefquels je n’ai pû exciter aucune électricité en les frottant. Tels font le bois, lecuir, les cordes de chanvre, les métaux & la peau de l’homme.
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- SV R L’Eiï cïriche’. 1 c)
- §> 16. J’ai remarqué quelquefois que l’Eleftricité Originaire diminue' quand le verre à la machine eft itrop échauffé par le frottement. Cependant je n’entreprends pas d’affirmer' par-là, qu’un trop grand échauflèment' diminué toujours l’éleftricité, Il faut fouvent réitérer ces fortes d’expériences avant de fe décider à leur égard.
- § 27. M' s'Gravefande prétend (a) que l’éleftricité d’un tube n’eft guère fenfible , lorfqu’on commence à le frotter du haut en bas, & que du bas; on remonte enfuite en frottant. Mais je puis dire avoir toujours obfervé le même degré d’éleftr:cité, foit que' j’aye frotté "le tube du haut en bas ou d’enbas en remontant, ou qu’ayant: frotte le tube du haut en bas je l’aye pris par le bout d’enhaut avec la main* droite , & que je l’aye frotté à contre-fens avec la main gauche. En un mot ' l’éleftricité fe manifelle également en quelque feus qu’on frotte le tube.:
- U) fclem. Phyf. Mathenr, $. <<-.
- 'B ij
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- CHAPITRE IV.
- Des Phénomènes avec lefquels l'Elec.
- triché communiquée fe manifefie.
- 28. T ’Eîeéiricité peut fe commu-JLi niquer d’un corps éleétri-que à l’autre, & il n’eft pas néeeffaire pour cet effets que tes corps fe touchent.
- §. 2? Cependant, if faut que le corps dans lequel on veut que l’Electricité communiquée devienne fènfi-i>le, repofe fur certaines matière* propres pour cet effet. Telles font principalement la reimc & la foye , & j’ai toujours obfervé un effet très-con-fidërable del’Eleétriciré communiquée dans des corps pofés fur l’une ou fut l’autre. L’Eleâricité communiquée fe manifeile encore affez, lorfqu’on pofè les corps fut de la cire d’Efpagne ,fur du fôuffre, du drap noir, de la toile blanche, de la porcelaine de Saxe & du Japon & fur des fils de foye tels que le vers à foye les file.
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- Stjb. i?Eiïct£licite'. î-r §. jû. L’Eleélricité communiquée cedè d’être fenfible au moment même qu’on touche le corps éleétrifé avêc la main, ou avec du bois , du fer ou da chanvre, loir qu'on touche au milieu ou à l’extrémité du corps.
- $. ji. Pour rendre l’eleélricité corn--mtiniquée fenfible dans l’inftanr, je place le corps dont il s'agit far des cordons' de foye bleue. Si le corps eft long jele pofe fur de pareils cordons tendus fur de petites fourches C G, ( PL I. fig. 4.& 3. ) montées fur leur baie, que je haufle & baille félon le befoin dans les guéridons ou fupports D Di Si c’eft un homme à qui je veux communiquer l'éleétricité , je le fais monter fur une efpéce de chaflïs garni d’un raifeau de cordons de foye, [PI. T. Fig. 6.) que je couvre de petites planches, en prenant garde cependant qu’elles ne touchent pas les côtés du chaffis,
- §. 5 2. Cependant on oblèrvé quelquefois , pourvu que le verre appliqué à la Machine foit allez fin, que l’éle&ricité communiquée ne laide pas d’être fenfible, lors même qu’un
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- ou fur des métaux , ou qu’il eft touché' pat des hommes. M. Hollweg à Gotha a le premier effayé ceci avec la nou» velle Machine, & il a trouvé l’électricité fi forte, qu’elle exerçoit fa vertu , en quelqu’endroit qu’on ait touché le tuyau éleétrifé. L’éle&ricité communiquée eft furtout fenfible dans une perche de bois, enduite de poix ou de refine & polée fur du bois.
- §.33. Les fragmens de feuilles d’or ou de papier ,1a limaille des métaux, les grains de fable , &c. qu’on veut mettre en mouvement par l’éleftricité, foit l’originaire ou la communiquée , doivent être mis fur des corps unis & fecs ; car fi la furface fur laquelle 011 les expofe eft humide ou raboteu-fe, les corps légers s’y accrochent tellement, qu’ils n’obéiftent gueres aux mouvemens de la vertu éleétrique.
- §.34. Certains Auteurs, qui ont écrit fur l’Eleélricité, prétendent qu’il faut choifîr un tems favorable pour bien faire réuffir les Expériences éleéhiques Ils difent, que le ciel doit être ferein , l’air fee , la chaleur tempérée , & que Je vent du Nord fait mieux que les
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- SUR. t’E t E C T R. T C I T E*. 2f autres vents ; qu’un air humide, un froid âpre & une grande chaleur font contraires aux effets éleélriques ; que par eonféquent, les Expériences ne réulMent pas également biendans tou-tes les faifons. Es recommandent furtout que pour faire ces Expériences on choifiife un endroit frais en Eté , & qu’en Hyver on y faflè regner une chaleur temperée. Ils s’accordent prefque tous à dire que les Expériences Eleéhiques fuccedent mal lorfque l’endroit où on les fait eft rempli de monde & de quantité d’exhalaifons.
- § )f. De toutes ces circonftances , qu’on regarde comme autant d'obfla-eles, je n’en ai trouvé aucune de nuifible à mes expériences en me fer-vant de ma machine. J’en ai fait fou-vent par un air fec & humide ; j’en ai fait par un tems chaud & froid , par un vent du Nord , d’Eft , de Oueft & de Sud, & même dans le tems des tempêtes, & dans une chambre toute remplie de fpeétateurs, & où les exha-laifons de toutes efpéces étoient abondantes ; mais je n’ai jamais trouvé,
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- que l’éleéhicité ait été pour cela moins forte ou moins prompte dans un tems que dans un autre. Tout ce que j’ai apperçu, c’eft qu’il m’a falu plus de tems dans une chambre froide que dans une chaude, pour que le verte s’échauffe par le frottement contre le couffin, y avoue encore, que l’air ne doit pas être humide au point que le verre en devienne humide lui-même, & fi l’effet de l’Eleéfcricité s’af-foiblit dans une trop grande chaleur ,-ce n’eft que parcequ’on continue trop loregtems à frotter le verre : car l’air étant chaud par lui-même , le verre; s’échaufe alors plus qu’à l’ordinaire.
- J. 3S. Si l’on fufpend un globe de verre BAB (/Y. l.Fig.y.) par (es pôles-entre deux montans D D de là machine à Electricité, & qu’on applique aux côtés des montans un are DGD, donc on laiffe pendre perpendiculairement plufieurs fils E E E à une certaine diftance du globe;.alors Ces fils tendent vers le globe & deviennent hori-fontaux auffitôt que le globe eft élec-trifé. La même choie a lieu lorfqu’oiï a tiré tout l’air du globe,- J’ai réitéré
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- SUR. L'ElïCTRICITE*. 2J exprès & fouvent cette expérience , 'parce que M. s’Gravefandc nie cet effet dans le dernier cas. (a ) Un globe vuidé d’air communique même (on électricité à d’autres corps auiïï fortement & aufli promptement que quand il eft plein d’air.
- CHAPITRE V.
- Des Corps, aufquels l'Electricité peut être tranfmije par communication.
- §• 17. T) A r m i les corps qui de-jL viennent électriques par le frottement, il y en a, aufquels l’é. leétricité étant tranfmife par communication ne fe fait appercevoir que dans un très-petit degré. De cette espèce eft la foye non apprêtée, & parmi les aprêtées principalement la bleue. Lorlqu’on frotte la foye aprê-tée , l’éleétricité devient ttès-fenftble ; mais je n’ai jamais remarqué quelle s’yfoit manifeftée avec quelque for-
- (*) Ehyf. Elera, Math. |. îjj.
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- i6 Essai
- ce, y ayant été tranfmifè par communication , nonobftant le dégré éminent d’éledricité que je donnois au verte de la Machine, que les cordons de foye bleue touchoient en foûtenant la foye que je voulois éledrifer.
- §. 38. Parmi les corps dans lefquels l’éledricité peut être excitée, foit par le frottement ou fans frottement, on compte principalement , là refîne , le verre, la cire d’Efpagne, le fou fifre.
- §. J 9. L’éledricité fe communique âifément à ces mêmes corps folides, que je n’ai pas pûéledrifer par le frottement. ( J. zj. ) Il n’importe pas que les animaux (oient vivans ou morts, ni que les métaux foient froids ou chauds ou rougis au feu. Onpeutauflï communiquer l’éledricité aux herbes Sc aux arbres, verts ou fecs.
- §. 40, Ce n’eft pas le verre éledri-fé feul qui communique l’éledricité à certains corps pofés à quelque dit tance de lui. La plupart des corps ont cette propriété, & il y a même parmi les plantes quelques-unes qui transmettent l’éledricité communiquée à d’autres.
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- sùr i’Eiïctricite’. ï7 Cependant on ne peut pas affûter ce fait généralement dé tous les corps : car, par exemple, je n'âi pas pû tranf* mettre l’éledricité par communication d’un bâton de cire d’Efpagne éledrifé au verre de la Machine dans un bâton de bois ou de mécal que j’avois attaché à la cire d’Efpagne. L’occafion de cette expérience me fut procurée par M. Hamburger, Profeffèur à Jena, îorfqu’il m’honora de fa vifite pour examiner ma Machine à éledricité. Ayant communiqué l’éledricité à un bâton de cire d’Elpagne, il me demanda d’effayer, u cette cire tranC. mettroic fon éledricité communiquée à quelqu’autre corps. Je fis tenir par quelqu’un le bâton de cire contre le verre de la Machine, & il fut bien-tôt éledrifé au point.que les doigts de l’autre main de celui qui le tenoit atti— roient des fragmens de feuilles d’or. J’appliquai enfuice la cire à un bâton de bois que je tournai vers le verre. Le bois fut éledrifé fur le champ, Sc par fa communication le bâton de cire le devint aufli. Mais lorfque nous tournâmes le bâton enforte que la
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- cire touchoit le verre, le bâton de dre fut éleélrifé , niais il ne communiqua point d’éleébricité au bâton de bois.
- §. 41. Les fluides peuvent être élec-trifés tellement, qu’ils tranfmettent aufli l’éleélricité communiquée à d’au-
- On attache , par exemple, une corde de chanvre fur des cordons de foye bleue d'un fupport, ( PI. I. Fig. 4. & S.) qu’on met contre le verre de -la Machine. On conduit le refte de la corde de même fut des cordons de foye bleue d’un autre fupport, & de là dans un vafe plein d’eau ou de lait, debierre, d’eau de vie , de Mercure, &c. mais il faut que la corde ne touche pas aux parois du vafe. Le vafe doit être pofé fur des cordons de foye tendus fur un chaflîs, ( Fig. 6. ) où fur un gâteau de refine; Dans un grand éloignement de cette corde , on en fufpend une autre dans le même fluide , & on la conduit pareillement fur des cordons de foye montés fiir un fupport, enibrte que ,fon extrémité ne touche en aucun en-
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- SWR t’E lÈcTRtCITE’. 2'J> droit le bois. On peut fubftituet à cette derniere corde un bâton un peu long, & l’attacher aux cordons de foÿe, ertlorte qu’il touche avec fbn extrémité la futfàce du fluide. Ou encore un homme montera fur le chaflis garni de cordons de foye, & tiendra dans le fluide une main , ou un pied , ou un bâton. Aufli-tôt que le verre eft mis en mouvement fur la machine, l’autre extrémité de la corde ou du bâton de bois , ou l’autte main de l’homme ou fon habit-, mettra des fragmens de feuilles d’or en mouvement.
- §. 4Z. Comme l’eau peut être éiec-trifée, & qu’elle communique à d’autres corps ion électricité acquife, nous comprenons la raifon pourquoi cette éleékicité fe communique dans- un dégré très-fenfible à un cordon de foye mouillé , quoique autrement elle ne devienne point du tout fenfible , le cordon étant fec. ( §, 37.) De là il arrive , que les cordons de foye tendus fur le chafïïs venant à fe mouiller, on n’aperçoit point ou que très-peu d’éle&ricité à Un homme, qui monte fur ce cbalïïs ..quand même le verre
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- jp Essai
- commuhiqueroit à cet homme le plus fort degré d’éleétricité, dont un corps foit fulceptible.
- §. 4j. Les charbons ardens, la Rame d’une chandelle & de l’efprit allumé , reçoivent aufli l’éleétricité par communication, & la tranfmettent de même plus loin.
- J'ai effayé ceci plufieurs fois avec la flâme d'une chandelle. On fait brûler de l’efprit de vin allumé dans un long vafe placé entre deux barres de fer, qui repofent fur des cordons de foye, & dont l’une touche prefque le verre de la Machine. Il faut prendre garde de ne pas trop approcher ces deux barres l’une de l’autre, pour que la première ne puiffe pas communiquer fon éle&rieité à l’autre. Il ne faut pas non plus qu’elle la communique au vafe qui eft pofé entre deux, & qui fans cette précaution la tranfmettroic à l’autre barre. On elFaye ceci avant que d’allumer l’efprit de vin. On élec-trife enfuite la première barre ,& s’étant afluré que l’autre n’a point participé de fon éleâricité, on met te feu à l’efprit de vin. Dans le même
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- inftant l’éleélricité fera fenfrble à l’autre extrémité de la fécondé barre. Le vafe avec l’efprit de vin , doit auflt repofer fur des cordons de foye, ou fur un gâteau de refine, ou fur d’autres matières qui ne tranfmettent pas l’éleâxicité : car s’il étoit pofé fur du bois, ou Amplement fur le plancher, l’expérience ne réufïïroit pas.
- La flâme d’une chandelle ou bougie, pofée dans fon flambeau fur des cordons de foye du fupport, près du verre éleétrique, reçoit une éleélricité fi forte, qu’elle la communique à un tuyau de fer blanc, qui repofe fur des cordons de foye montés fur leurs guéridons, quoique ce tuyau foit éloigné de la flame, de plus de deux pieds.
- §. 44. Je n’ai remarqué aucune électricité aux rayons du foleil qui tombent par le trou d’une chambre obfcure, fur un tuyau de fer blanc éleétrifé, & de là fur un homme placé fur des cordons de foye. Ni les rayons qui fe réflê-chiffent du tuyau éleftrifé , ni l’homme éclairé de ces rayons, ne caufent aucun mouvement éleélrique dans les fragmensde feuilles d’or.
- * C iiif
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- §. 4y. Je n’ai pas pû examiner comme j’aurois voulu , fi les rayons du foleil concentrés dans le foyer d’un verre ardent éleétrilé manifefient quelque éleétriciré. Je n’ai pas de-verre ardent qui jette fon foyer (î loin, qu’on ne puiflè foupoonner que l’éleétricité du verre même ne s’étende jufqu’au foyer, & n’agiffe fur une barre de fer qu’on y préfenteroit fufpendue fur des cordons de foye.
- §.46. La neige & la glace reçoivent aufli l’éleétricité par communication , & la transmettent plus loin dans d’autres corps.
- CHAPITRE TI.
- Des mouvemens qui naijfent par l’E-leclricitc.
- f. 47. T E fable, les fragmens de JLu feuilles d’or & d’autres petits corps légers, pofés fur des métaux, fur du verre ou du bois uni, font enlevés en l’air avec beaucoup de rapidité & pouflës de tous côtés, aufli-tôt
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- svs. l’Eeectrïcitï’. })' que les métaux, le verre ou le bois font éleârifés.
- §. 48. Les pouflïéres qui nagent dans un rayon de foleil qu’on fait entrer dans une chambre obfcure & tomber fur une barre de fer pofée fur des cordons de foye & éleétriféefont toutes fortes de mouvemens. Quelques-uns de ces petits corps qui touchent la barre, foit en haut on en bas ou des côtés,.en fontrepoaffes. D’autres qui flottent au.deflus de la barre ou à côté , le jettent avec rapidité fur elle, & en font enfuite repouffés. Ceci fait naître differentes lignes courbes dans le mouvement de ces pouflïéres.
- §. 45». Une aiguille étant lüfpen-due perpendiculairement à un fil, & en repos, à la difiance de quelques pouces d’un tuyau de fer blanc , loû-tenu fur des cordons de foye , fort de fon repos auflî-tôt qu’on éleétrife le tuyau. Elle tend vers le tuyau , mais elle en revient auflî-tôt qu’elle le touche. Ces deux mouvemens fbntuni-formes comme les vibrations d’un pendule.
- §. jo. Si l’on fufpend un fardeau
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- 34 Essai
- pefant d’un côté d’une balance, Si qu’on la mette en équilibre de l’autre côté, l’un des côtés de la balance qui n’eft pas fort éloigné du tuyau de fer blanc éleétrifé, fe mettra en mouvement. Si l’on porte une des charges^de la balance au-deffus du tuyau, ce côté defcendta & remontera enfuite. Si on la tient fous le tuyau, elle montera Si redefcendra après. Dans les deux cas le baffin expofé au tuyau montera & defcendra pendant tout le tems qu’on continue d’éle&rifer te tuyau, & les tems pour monter Si pour def-cendre feront toujours les mêmes.
- §V 51. Les phénomènes .qu’on ob-ferve à l’égard des goûtes d’eau qu’oft fait tomber fur la femence de Lyco* pode , mérite furtout notre attention. On étend cette femence fur une plat*, che bien unie ou fur une régie de bois. On y laifle enfuite tomber une goûte d’eau, enforte que la femence ne fe mêle que par en bas avec la goûte. Aufïï-tôt que la régie eft éleélrifée par le verre de la Machine, les petits grains de femence s’envolent fuccef-fivement. Quelques-uns fe jettent fur
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- SUR. l’El BCTMCITï’. 'JJ les côtés de la goûte d’eau ; d’autres qui s’étoient élevées prefque perpendiculairement en l’air , retombent fur elle , & elle fe couvre à la fin tout autour de ces petits grains. La goûte étant devenue parfaitement ronde & éieârifée, on lui préfente un doigt ou quelqu’autre corps, à l’approche duquel elle perd d’abord fa rondeur, & prend ta figure d’un œuf, dont la pointe s’élève vers le doigt ou le corps qu’on lui préfente. Si l’on partage la goûte en deux , qui foient également entourées de femcnce, & qui fe touchent , elles s’éloigneront d’entr’elles
- rîndant tout te tems qu’on continue éleétrifer la régie, quoiqu’on ne leur préfente plus aucun corps, & elles fe rejoindront aufli-tôt qu’on cetfe d’éleo trifer. Si ces goûtes partagées font bien petites, elles feront jettées en l’air, comme les grains même de la femen-ee , pat l’éleétriciré communiquée à la régie.
- §. 51. Si l’on tient un goûte d eau fufpenduë d’une pointe arrondie de bois ou de métal qu’on éleétrife, la goûte fe change en un cône parfait
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- }£ E ss-A r
- dont la bafe rient à la pointe. Mali fi la goûte tient à un tuyau de fer, elle ne devient coniforme que quand on lui préfente le doigt ou quel qu’aux tte corps.
- §. 5 3. Un filet d’eâu, qui s’écoule d’un fiphon de verre en ligne droite , eft courbé par l’Eleftricité d’un autre corps. Cette expérience le fait delà maniéré fuivante. A B C ( Pi. Il Fig. 5 & 6. ) éftun fiphon d’environ une ligne de diamètre. Son bras court entre dans le vafe rempli d’eau C D E, -qui eft pofé près du tuyau de fer blanc F <3 -, qui doit être éleétrifé. Il faut élever d’abord le vafe, enforte que le filet d’eau qui fort du bras long du fiphon A B, pâlie pardelTus le tuyau, (Fig. 6.) Sc enfiifte le dif. pofer de façon que- ce- même filet y pâlie au deftous. ( Fig. 5. ) On élec-trilè enfuite le tuyau, & l’on verra qu’au moment même le filet d’eau quittera la direétion de ligne droite. Si avant qu’on eût éleétrifé le tuyau il paffbit pardeffous , il fe portera en fe courbant vers I ; & s’il y paf-foit pardelTusil fe courbera & paC
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- fera par en-bas .vers/I. Dans l’un & l’autre cas il fedivifera en plufieurs petits filets , qui feront poullés jufqu’au tuyau. Si pendant cette expérience on touche au tuyau, le filet reprendra fa première direélion. Si l’on met de l’huile dans unecuillére à caifé ( PL II. Fig. y. & 8.) Sc qu’on la préfente au quillon d’une épée, l*hoi^.s’élèvera vers le quillon de l’épée par une ligne courbe, qui continuera pendant tout le tems qu’on éleétrife.
- •§. j 4. Un rayon de Soleil, qui palîe par.un petit trou /dans une chambre obfcure pardeflus ou pardeffous d’un tuyau de fer blanc qu’on éleélrife , ne fe détourne pas de la direélion de ligne droite, quelque degré d’éleétticiçé qu’on puilîe donner au tuyau.
- CHAPITRE VII.
- JDe la Lumière des corps électriques..
- §• '55 • T Orfque le verre ou le globe I . de la machine eft plein d’air & qu’il eft frotté contre le couffin de
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- la machine , il parole une lumière dans l’endroit où le Couffin couche la fur-face du verre.
- J. 56. Lorfqu’on éleftrife des corps pointus ou hériffés de plufieurs coins, comme une épéé, une croûte de pain Scc j il en fort auffi-tôt des rayons lui-fans dans la direéfcion des lignes drof. tes, 8e plus ces rayons s’allongent, plus ils deviennent divergens.
- Qu’on faiTe une el'péce d’étoile à huit rayons ou pointes, ( PL II. Fig. j. ) .qu’elle foit mobile fur fon axe & montée fur une baguette. Qu’on mette la baguette dans un flambeau -de métal ou dans pareil fupport, 6e qu’on fade tourner l’étoile près du verre éleftrifé de la machine. Elle répréfenteta dans un endroit obicur une roue luifante pendant tout le tems qu’elle continuera fon mouvement circulaire.
- §. j 7. Pendant qu’on éledrife cette étoile, les rayons lumineux qui for-tenc des pointes, font poullés fucceC. fivement les uns après les autres avec une rapidité étonnante , 6c ne font interrompus par aucun mouvement
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- sur l Electricité. 39 de l’air , ni pat le foufle de la bouche.
- §. 5 8. Cette expérience ne réuflït pas bien , quand les pointes font trop proches lesunes des autres, & il eft im. poffible de les faire reluire toutes à la fois. O11 a beau éleélrifer une fçie , les dents s’y touchent de trop près, & il n’y enaqu’un petit nombre qui luifent à la fois.
- §. j 9. Cette lumière, qui fort d’elle-même des coins ou pointes d’un corps éleétrifé, doit être diftinguée de celle qui paroît, lorique on préfènte un corps non-éleârifé à un autre éleétrifé. Cette derniere paroit entre les deux corps & les touche tous deux, &on l’obferve diftinftement dans un endroit obfcur, lorfqu’on préfente d’une certaine diftance le doigt au verre éleétrifé de la machine ou à un morceau de bois éleétrifé, ou à la glace ou neige élec-trifées.
- §. 60. Cette derniere lumière fe manifefte furtout avec beaucoup d’éclat , lorfque dans un endroit obfcur on pafle le doigt ou la main le long des habits d’un homme éleétrifé, fans
- cependant le toucher. Lorfqu’une fois on s’eft alluré de la diftance précife,
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- Sj o Essai
- dans laquelle la lumière eft la plus forte , on peut tirer avec le doigt un long trait luifant fut l’habit , & fi l’on y patte la main on le rend lumineux partout où elle pâlie. Ce feroit un fpe&a-cle des plus agréables, fi on pouvoir éclairer à la fors toute la furface d’un homme.
- §.61. Lorfqu’o» préfente un corps non-éleftrifé à une de ces pointes lumi-neufes de l'étoile ou de quelqu’autre corps, le rayon, qui en fort, devient plus long & plus clenfe.
- §. 62 De la même maniéré qu’une étoile qu’on tourne décrit un cercle luilant par les rayons de fes pointes éleétrifées, une feule pôînte, qui fe meut en longueur,décrit auffi une ligne droite lumineufe.
- Mon tourneur, qui a inventé l’étoile pour le cercle lumineux a auffi imaginé un inrtrument pour rendre vifible la ligne droite lumineufe. Le petit cylindre B ( PI. IL Fig. io.) renferme un fil d’archal tourné en vis & arrétédans le bois par lesdeux bouts. La petite pièce A. porte une pointe. On tient cet inftrument contre le tuyau
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- sua L’ELBerR.ïcïTE\ 41 de fer blanc éle&rifé à la diftance de deux ou trois pouces & parallèle avec le tuyau , & l’on comprime le fil d’archal qui eft une efpéce d’élatére, en tirant la corde C. Aulïi-tôt qu’on voit une lumière à la pointe de l’ini-trument, on lâche doucement le fil, & la lumière de là pointe décrit une ligne droite..
- C H AP I T R E V I I L
- Des Etincelles électriques.
- J. 65. ptufArts corps éle&ri-vt> fés étant portés à quelque diftance d’autres corps non éleétrifés, jettent de la lumière vers ceux-ci. Cet; te lumière s*eri- réfléchit vers les pre‘ miers , & elle pétillé errrebondiflann Si c’éft un homme ou un animal qui reçoit cette lumière , il en reffent une douleur aflez vive. On donne à cette lumière lé nom $ Etincelles électriques.
- §. 64. Quand je préfente mon doigt à du bois éle&rifé, à la porcelaine , a- la cite d’Efpagne, au drap, à la
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- 4* Eisai
- glace, à la neige, au fouffre, au chanvre ou à quelqu’autre corps éleétrifé, J’y remarque bien une lumière, mais point d’étincelles.
- §. 6$. Ainfi nous avons deux espèces de lumières électriques. L’une n’eft qu’une (impie lueur, l’autre con-fifte en v rayes étincelles. La première provient de deux façons différentes , c’eft-à-dire, elle vient ou d’elle-même, ou par l’approche de quelque corps. Les étincelles au contraire ne partent jamais d’elles-mêmes. Dans certains corps, comme dans le verre, la porcelaine, le bois, &c. la lumière de la première efpéce eft accompagnée d’un certain craquement fêmblable à celui que font les cheveux qu’on brûle.
- §. 66. Tous les métaux, la peau & la chair de l’homme , tous les animaux vivans ou morts, la pierre à fufil, la craye, le diamant, le mercure , l’efprit de vin , l’eau, le vinaigre , le lait, le fromage, le beurre, font du nombre des corps, fur lefquels on peut exciter des étincelles électriques. Mais ces étincelles font de différentes forces.
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- SUR t’El ECÏRICITe’1 4if tes plus vives viennent aux métaux & à l’homme. Les étincelles éleéfriques. d’une pierre à fufil ne font pas plus fortesquecelles du beurre, ou du lait ou de l’eau.
- . §. 67. Les étincelles cleétriques n’ont: lieu qu’entre deux corps capables: d’en produire, par exemple, qu’un homme éleétrifé s’approche d’un autre qui ne l’eft pas, ou celui-ci d’un-homme éleétrifé, les étincelles auront lieu dans l’un & l’autre cas. Mais il n’y en aura point, lorfqu’un homme éleftrifé préfente fon doigt à du bois non-éleârifé , ou qu’un homme non. éleéfrifé le préfente à du bois élec-trifé.
- §. <?3. Les étincelles éleélriques excite! t un grand mouvement dans les deux corps, entre lefquels elles pa-roiflènt.
- Ceci fe voit pat des bouts de fil qu’on fufpend aux corps qui jettent des étincelles l'orfqu’on les éleflrife: car auffi-tôt que l’étincelle qui fort d’un tuyau éleûrifc de fer blanc , frappe contre un corps & qu’elle en rebondit} le fil fufpendu du tuyau s’a-
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- gite , foit qu’il fe trouve proche otr loin Je l'endroit où l’étincelle parole. Si ce font deux Hermines qui faifent venir entr'eux une étincelle éleCtvique,. ils fentent au moment qu’elle paroît une Jouteur vive dans la peau.
- $. 69. Lorfque deux corps capables’ d’exciter des étincelles électriques fonc éleCtrifés au même degré , il n’y pas. xoît point d’érincellës.
- §. 70. Mais fîTun eft éleélrifé plus fortement que l’autre, on y remarque des étincelles ; par exemple : on fufpend deux barres de fer liorifon-talement fur des cordons de foye , enferre qu’elles forment une ligne droite, & a telle diltance l’une de l’autre-, qu’elles puiffent produire entr’elles des étincelles électriques. Auflï - tôt qu’on éleétrife celle qui eft proche du verre de la Machine, on voit des étincelles entre cette barre & l’autre qui devient auffi par-là éleétrique, '& qui conferve cette éleélricité communiquée, étant foutenuë comme la première par des cordons de feye; Mais ces étincelles s’affoiblilTent peu à peu& à mefure que l’éledricité aug-
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- SUR l’E I E-CTRICÏTb’. 4'f inrente dans la fécondé barre. Elles ceffent à la fin tout à fait quand lôn éle&ricité eft devenue aufli forte que celle de la première. Pour s’afliirer promptement de la vérité de ce fait, en n’a qu’à appliquer en même tems une- corde au verre de la Machine près de la première barre de fer, & lui donner telles courbures qu’on voudra , en la foutenant partout par discordons de fbye tendus fur des guéridons ou fupports, enforte qu’elle foit fort éloignée delà première barre, & qu’avec fon autre extrémité elle touche la fécondé : car de cette façon celle-ci fera d’abord aufli fortement éleétrifée que la première, & les étincelles, qui paroiffoient au commencement , céderont dans l’inftant ; mais elles reparoîtront fur le champ , aufli-tôt qu’on touche la fécondé barre.
- §. 71. Un fer rouge qui repofe fur deux barres de fer froides, éleébrifées & fufpenduës par des cordons defoye , jette aufli des étincelles éleftri-ques.
- §. 71, M, Haufen rapporte cette
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- expérience dans fou Traité latin ( a y On remarque de même de pareilles-étincelles au plomb fondu & éleétrifé, lorfqu’on y préfente quelque métal,
- §. 73. Il n’en eft pas de même dé la cire d’Efpagne fondue. On n’y entend qu’un certain craquement , en y préfenrant quelque métal, & la cire" s’élève comme une goutte, qui vu former un cône.
- §. 74. L’efprit de vin monte dans un thermomètre, lorfqu’on le tient fufpendu pendant quelque tems par le moyen d’un fupport à électricité à tuyau de fer blanc qu’on continue toujours d’éleétrifer.
- Il faut faire cette expérience dans-un endroit qui conferve la même chaleur pendant tout le tems que l’expérience dure. Pour cet effet il faut que le thermomètre ait été fi long tems dans la chambre, qu’il ait contraélé la même chaleur qui y régné. Il faut encore, que les perfonnes qui font l’expérience ayent été aufiî longtems-
- ( * ) Novi Profeftm ib Hift. Eltû. §. « i>. a. p. n.
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- sur l’Eiectrïcite’. 47 dans la chambre que le thermomètre» Il faut outre cela, que le thermomètre foit éloigné de la perfonne qui tourne le verre à la machine , qu’il ne puifle en recevoir aucune chaleur. Après avoir éleétrifé pendant une demi-heure le tuyau de fer blanc contre le verre de la machine , on trouvera l’efprit de vin monté dans le thermomètre à une hauteur très-confi-dérable.
- Si l’on tient le thermomètre immédiatement contre le verre éleétrifé de la machine, l’efprit de vin montera dans 1’inftant même & à vue d’œil.
- Pendant qu’on éleéhife un tuyàu de fer blanc, il n’en contraéte aucune chaleuE qui foit fenfible à la main j mais lï pendant qu’on continue à élec-trifeE on approche, à une certaine distance du tuyau un doigt ou plûtôt le vifage, on fent u,ne efpéce de mouvement qui caufe au doigt ou au vifage une chaleur douce.
- §.75. Les étincelles éleétriques excitées fur des métaux , par exemple fur du fer, de l’argent &c. mettent le feu à tous les fluides fufceptibles
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- 5f$ Essai '
- d’être allumés par la flâmê. Cette expérience réuffit furtout fort bien , fi l’on préfente de la Quinte (ïènce végétale dans une Güillére à cafféau quillon d’une épée éleétrifée dont? la pointe eft tournée vêts le verre de la machine. (PL II. Fig. y. ) Ce même efprit fubtil s’allume encore aifément aux étincelles qui fortent d’un tuyau éle&rife de fer blanc.
- M. Ludolf, Médecin des Armées de Prude & Membre de l’Academie de Berlin,fit cette expérience fur les étincelles éfeéteiques, qui fortent des métaux éleftrifes, en ptéfence de plu- fieurs centaines de perfonnèSV Ce fut à l’ouverture' de l’Académie au commencement de l’année 1744. Il mit le feu à la liqueur étbérée de F robe-nius par le moyen d’untube de verre* rendu éleétrique par le lîmpl’e frottement de la main. Ce fait furd’abord publié par les gazettes de Berlin; & confirmé par plufieurs lettres- écrites à des perfonnes de diftinélion de notre ville. M. Reinhard, un des meilleurs Phyficiens de l’Allemagne, quî pafïà ici à la fuite du Grand-Chance-’
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- SUR- l’ E £ E C T*. ï <3 I T E*. 4?
- lier de Pologne , m’apprit quelque teins après, que la quinteflènce végétale s’allumoit promptement par une étincelle éleétrique. J’en fis fur le champ l’expérience ,& elle réullît au gré de mes délits.
- §. 76. Un fer chaud n’enfiâme au-' cun efprit, quand même on le préfente tout près de fa furface. Mais ce fer étant éleétrifé, fes étincelles électriques ( §. ,71. ) mettent dans l’inftant le feu à tout efprit fubtil.
- <§• 77. I-es étincelles, qui fottenc d’un homme éleétrifé, mettent le feu auffi promptement que celles d’un métal éleétrifé , foit que l’homme foit éleétrifé immédiatement par le verre de la Machine , ou médiatement moyennant un tuyau de fer blanc. J’appris ceci pour la première fois fur moi-même , en faifant quelques expériences fur l’Eleélricité avec le célèbre M. Wolfius , Chancelier & Pro-felfeur à Halle. Toute l’afîèmblée & moi-même , nous ignorions encore , que les étincelles qui Torrent d’un homme éleétrifé mettoient le feu à des efpriis fubtils. Mais comme les étinv
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- celles d’un tuyau couvert de rouille ; dont je me fervois alors , allumoit la quinteflence végétale avec une promptitude étonnante, quelqu’un de l’af-femblée s’avifa de demander, fi les étincelles d’un homme éleârife ne feroient pas peut-être le même effet. Je montai aumtôt fur un chaffis garni de cordons de foye, & en empoignant d’une main le tuyau rouillé, je préfentai un doigt de l’autre à la quinteffence végétale, qui fut fur le champ allumée par les étincelles qui fortoient du doigt, & qui frappoient très-vivement fur la cuillère à caffé remplie de cet efprit.' Toute l’afTemblée fut agréablement furprifè, d’autant plus qu’on ne s’atten-doit point à un événement aüflï extraordinaire. Cette expérience fut publiée dans les gazettes littéraires de Leipfic du z i Mai 1744, où l’on rend compte en même tems de plufieurs autres expériences faites fur les étincelles qui fortent des métaux éleéhi-fés & réitérées fous différentes foi-mes à Berlin & à Dantzick.
- $.78. Une poule motte, le porc ou le veau, foit crus ou cuits, reçoi-
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- SV *. X*Ex I« T MC IT E’. JÏ
- vent une très-forte éleétricûé, foît qu’on les préfente à un tuyau éleétrifé de fer blanc, ou qu’un homme élec-trifé les tienne dans la main.. Les étincelles qui fortent de cette viande mettent promptement le feu àlaquintef fence végétale
- §. 79. Lorfque les efprits aufquels on veut mettre le feu avec une étincelle éleétrique, ne font pas allez fubtils , on n’a qu’à un peu chauffer la cuillère dans laquelle on les préfente , ou les allumer & foufler enfuite avant de les préfenter au corps élec-trifé.
- C’eft ainlî qu’avec une étincelle éleétrique j’ai mis le feu à I’efprit de vin camphré, à I’efprit’ de vin teint avec du faffran , à l’elfence végétale commune , à I’efprit de nitre doux , & même à l’eau de vie de France , & à notre eau de vie commune de bled, ces fluides ayant été auparavant tant foie peu chauffés dans la cuillère. Il elt plus difficile de mettre le feu avec une étincelle éleétrique à l’huile à la reline & à la cire d’Efpagne. Il faut auparavant chauffer «es matières an
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- CHAPITRE IX.
- De la Force & de la Vltejfe de l'E. leclricitc.
- §.'8o.rT,Oüs les verres qu’on froc-X te ne reçoivent pas le même degré d’éleétricité , & les uns s’élec-trifent -bien plus promptement que les autres. Parmi les verres qu’on fait en Allemagne, je dois fur tout recommander ceux qui font parfémés de petites taches blanches. De deux verres de la même qualité, mais différais en épailïèur & grandeur , c’eft le plus mince & le plus petit qui s’éle&rife le plus promptement & le plus efficacement; mais il faut furtoutque le verre deftiné pour ces expériences foit fec , auffi bien que le couffin contre lequel on le frotte.
- §. 81. J’ai remarqué ci - delTus , ( §. 4i. ) que l’éleétricité fe tranfmet
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- SUR t’ElHCTUCITJ, j,j par communication d'une maniéré très fenlible fur la foye mouillée. Quand même cette foye ne feroit que tant foit peu humide, l’éle&ricité d’un corps qui repofe fur elle eft déjà plus foible qu’autrcment.
- §. Si. En fuppofant donc que l’air foit fort chargé de vapeurs humides , ic que ces vapeurs humeétent les cordons de foye fur lelquels les corps font pofés ,ou le verre qu’on frotte, ou encore le cuir dont ileft frotté ; en ce cas l’éleétricité n’aura plus fa force ordinaire , & c’eft en ce fens qu’on peut dire , que le tems humide peut porter préjudice aux effets de l’éledtir cité*
- §. S J. Lorfqu’un corps éledrifé repofe fur des cordons de foye , fon électricité s’étend tout autour de lui , à une diftance affez confidérable , & quand d’autres corps fufceptibles d’é-ledricité par communication s’ap^ piochent de ce corps, enfôrte qu’ils foient atteints de la fphére de fon électricité, ils recevront par-là un certain degré de vertu.
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- terrompre leleâricité des corps, ni l’originaire, ni celle qui fe tranfmer par communication. Soit qu’oa expo-fe au vent les corps éleélriques, ou qu’on y foufle avec des fouflets ou avec l’naleine, leur effet n’en eft pas diminué. J’ai fouvent fait foufler contre une barre de fer éleftrifée par plufieurs perfonnes en même tems , tant avec leur haleine, qu’avec des fouflets, fans jamais avoir pû remar. quer que l’éleâricité qui s’étoit mani-feftée auparavant en fut diminuée de
- Si cependant le vent ou l’haleine de plufieurs bouches étoient affez humides , pour que les cordons de fôye qui foutiennent la barre de fer ou tout autre corps en fulfent humeéfés ; il eft certain , que l’éleéfricité louffriroit pai-laune diminution, parce qu’en ce: cas elle fe difperferoit dans les fupports & de-!à,plüs loin.
- 5 S5. Je n’ai pâ communiquer aucune éledtricité à- un morceau dé fer qui avoir fervi p ndant quelque tems d’armure à un aiman, & qui étoit pofé fur des cordons de foye-tout contre le
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- SUR l’EIICTHICIIï’. J y
- verre éleftrifé de la Machine. Il m’a été impoffible d’en faire fortir des étincelles, comme il en fort ordinairement de tout autre fer.
- §. Se. Mais lî l’on préfente un fer magnétique à un tuyau éleétrifé de fer blanc, qui n’a jamais fenti l’aiman, le fer jette alors des étincelles comme à l’ordinaire.
- §. S7. L’aiman nud ne reçoit lui-même que fort peu d’électricité, quand on le préfenre immédiatement au verre éleétrifé de la Machine.
- $. 8 S. Mais fi l’on fufpend à un tuyau de fer blanc un aiman, loir nud, ou armé, ou un fer de fon armure, enforce que ces corps touchent immédiatement le tuyau , ils en acquiérent une électricité fi forte, que les étincelles qui en fortent, allument fur le champ la quinteflènce végétale.
- $. 89. il refte encore plufieurs expériences à faire à ce fujet. On pour-roit entr’autres eilayer, fi l’éleûricité du verre de la Machine s’afifoibliroit, fi l’on conrinuoit pendant plufieurs heures à éleétrifer un aiman pofé tout «outre le verre.
- * E iiij
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- Je l'ai fait deux fois, & j’ai toujours remarqué quelque diminution d’éleûricicé dans le verre. J’ai obfer-é que cet affoibliflement fe manifeC. toit d’une manière très-fenfible, non feulement pendant qu’on éleétrifoir, mais mêmeaprès, quand j’ai fubftitvré à l’aiman mon tuyau de fer blanc pont l’éle&rifer avec le même verre. Un ami, quoique connoiiTant la bonté du verre, crut néanmoins ne pouvoir attribuer cet effet, qu’à quelque altération qui lui pourroit être arrivée pendant l’expérience, & à mefure qu’il s’entêtoit là-deflus, je m’obftinai de mon coté pour découvrir la vraye caufede cet effet fîngulier. Je me mis d'abord à éleârifer le globe, dont feu M. Haufen s’étoit fervi autrefois. L’é-Jedricité fe montra d’abord dans fâ plus grande force. J’appliquai enfuite un autre verre à ma Machine, & l’ayant frotté un certain nombre de fois, nous obfèrvames une électricité plus forte que la précédente. J’ôtai même les cordons de foye fur lefquels l’aiman cleéhifé avoit été pofé , & je montai fur mou fupport d’autres cordons, qui
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- SV*. l’Iu.CIWCITe’, frf avoient refié dans la même faie pendant tout le tems de ces expériences»
- Auili-tôt qu’on commençpit à tourner le verre, l’éleélricité parut dans fa force ordinaire, & les étincelles qui fortoient du tuyau de fer blanc, allumèrent l’efprit de vin. C’eft avec ce nouveau verre que je recommençai ie lendemain à électrifer l’aiman. Je continuai l’opération pendant plufieurs heures de fuite , & je m’apperçus à fa fin d’une diminution dans l’éleftricité , comme je l’avois trouvé la veille.
- Je laiftai enfuite repoler le verre », & quelques heures après, quand il fut tout-à-fait refroidi, je me mis à élec-trifèr avec ce même verre lè tuyau de fer blanc & l'épée. Mais je trouvai l'effet extrêmement foible, & les étincelles ne pouvoient allumer aucun efpric. Je Iaiffai encore repofer le verre pendant vingt-quatre heures, & ayant enfuite recommencé à l’éleârifcr, jç fus furpris de voir encore , après un tems aufli long , que l’éleélricité qu’il communiquoit à l’épée & au tuyau de fer blanc, n’étoit pas fuffifante pour mettre le feu à la quinteffence. Pour
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- m’en affûter davantage, je changeât de verte & de cordons de foye fur le fupporc, & ayant opéré de la manière accoutumée, je retrouvai l’èleéh-idtè dans toute la force. Ayant laiffé re-pofer pendant quelques jours ces verres , dont l’aiman me pareiflôit avoir afFoîbli l’éleû'ricité, iis Ce font rétablis au point qu'ils ont communiqué le degré ordinaire d'éleâricité aux corps qui leur étoient allez proches.
- Je rapporte ce que j’ai va , mais je ne prétends pas qu’on tire dè ces remarques une conclufion générale comme fi je voulois établir pofitive-ment, que la force magnétique empêche ou affoiblit la communication; de I’éleûricité.
- §• 90. L’éleétricité’que Ië verre dé la Machine excite immédiatement dans-la viande quelconque, eft beaucoup plus foible que celle que la viande reçoit d’un tuyau éleétrifé de for blanc ou d’un homme éleétrifé. Je n’ai jamais pû mettre le feu à la quiteffenct vegét^e avec la viande éleâriféè immédiatement par le verre de la Machine..
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- StTB. i’ElICTRICITï’. jj.
- Je n’allurerai cependant pas que ce &>k abfolutnent impoflîble : peut-être n’ai-je pas eû aflëz de patience pour poufter l’expérience au bout ; mais ce qui eft de certain , c’eft que l'éléétri-cité que la viande reçoit d’un tuyau éleétrifé , met d’abord la quinteflence en flàme par Tes étincelles.
- §. p i. Il n’en eft pas de même d’un homme , d’une épée & d’un tuyau de fer blanc. Ces corps acquiérent dtt verre éleétrifé une fî forte éleétricité, que leurs étincelles allument fur le champ tous lés efprits qn’on y pré* fente.
- $. pz. Mais fî ces mêmes corps font éleétrifés moyennant une corde qui l’eft immédiatement du verre de la Machine , leurs étincelles font alors très-foibles. Il y a des teæs qu’avec ces étincelles je ne puis pas allumer la quintelfence végétale.
- §. 95. Quand au contraire cette-corde eft élcétrifée par le tuyau de fer blanc, fufpendu près du verre éleétrifé, elle communique à une épée une éleétricité dont les étincelles allument fiir le champ la quintelTence végétale»
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- So Essai'
- §. 94. Une éponge féche j qU’on' préfente à une épée éleétrifée, ou à ufo tuyau éleétrifé de fer blanc , ne jette point d’étincelles. Mais l’éponge étant imbibée d’eau, il en fort d’affèz fortes. Cependant jufqu’à pré-fent je n’ai rien pû allumer avec cès étincelles.
- §. e> 5. Il en eft de même de l’éleétri-cité de la flamme d’une chandelle tranfmife par communication à un tuyau de fer blanc. Elle n’eft pas affèz forte , pour que ces étincelles puiffènt mettte le feu à quelqu’efprir,
- §. 96. Mettez quelques fragmens de feuilles d’or, ou un peu de fable dans un gobelet ou cylindre de verre , 8c après l’avoir bien couvert avec une petite planche, ou avec du papier fec, ou avec de la toile blanche & féche, ou encore avec de lagaze noire féche, nteteez-le fur un petit fupport , & préfentez au-deflus du verre un tube de verre éleétrifé , qui mettra- fur le champ en mouvement les petits corps renfermés dans le verre. Mouillez en-fuite bien la petite planche de bois, le papier, la toile ou la gaze qui aura
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- SUR. l’EttCTMCITE’. Si fervide couvercle, & vous ne pourrez plus faire remuer les corps légers , qui font dans le verre, quand même vous éleélriferiez de nouveau & très-fortement le tube de verre. Mettez après cela le cylindre avec fon couvercle mouillé fur un refeau de cordons de foye tendus fur un chaffis , ÔC faites y entrer par en defîous & à travers les cordons du refeau le fupport avec les fragmens de feuilles d’or, en-forte qu’il foit éloigné également partout des parois du cylindre , pour ne pas participer de leur éleétricité ; 15 vous préfentez alors le tuyau de verre par-delfus le couvercle mouillé du cylindre , les fragmens de feuilles d’or reprendront fur le champ leur mouvement ordinaire d’éleélrîcité.
- §. 97. Lorfqu’on éleftrife de deux côtés avec deux verres un tuyau de fer blanc ou une épée , l’éleftricité communiquée agira plus vivementque quand elle ne provient que d’un fetil verre. L’augmentation de la force fe fait connoître par les étincelles & par l’inflexion d’un filet d’eau , qui fort d'un fiphon en paflant par-deflus le
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- Essai
- tuyau. Ces aigrettes de feu font plus longues , elles frapent plus vivement & mettent le feu plus promptement à toutes fortes d'efprit. Le filet d'eau s’incline vers le tuyau de plus loin lorfqu’on n’éleébrife qu’avec un
- leul verre.
- §. 98. L’éleârricité fe communique avec une vitefle, qui furpaffe de beaucoup celle de la poudre à canon qui fait parcourir un boulet fix cens pieds dans une fécondé.
- Voici l’expérience qui m’a appris ce fait. Je mis fur les cordons de foye de mes ïupports (PI. I. Fig. 4. & 3.) une barre de fer d’environ quatorze pieds de long, & d’une des extrémités de cette barre je fufpendis un fil. Près de l’autre extrémité je montai fur le refeau de cordons de foye, & je fis éleétrifer une main fur le verre de la machine. Je préfentai enfuite un doigt de l’autre main à la barre de fer.
- Au moment meme que l’étincelle fra-poit entre le doigt & la barre, le fil de l’autre extrémité fut mis en mouvement. Je tirai enfuite une corde de chanvre d’environ cent vingt pieds de
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- SUR l’El ï CTKIC ITe\
- -long de la chambre où étoit la machine à travers une fale 3c de-là dans une autre chambre, d’où je la fis revenir dans la première. La corde étoit fou-tenue par des cordons de foye, qui pendoient aux portes. Les deux extrémités de la corde étoient éloignées de plufieurs pieds l’une de l’autre, Je plaçai à l’une des extrémités quelqu’un avec des fragmens de feuilles d’or, & étant monté près de l’autre extrémité fur le refeau je me fis éleftrifer en apuyant une main fur le verre de la machine. J’empoignai la corde avec l’autre main, & au moment que je le fis, les fragmens de feuilles d’or fe mirent en mouvement à l’autre extrémité de la corde. On ne pût diftinguer abfolument aucun interftice de tems entre l’attouchement de la corde Sc Finftant que les feuilles d’or commen-çoient leurs mouvemens.
- §. 99. Le feu éleélrique fe communique avec autant de vitelfe que le mouvement d’éleftricité, & il eft aufli fort à l’endroit où il celfe qu’à celui où il commence,
- Ceci fe manifeftepar plufieurs ex-
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- F. S S A I
- périences. Apuyez, par exemple, un doigt contre l’extrémité d’une barre de fer fufpenduë par des cordons de foye. Auffitôt qu’un homme éleétrifé préfente fon doigt ou quelque métal éleétrifé à l’autre extrémité de la barre , & qu’il en fort une étincelle ou aigrette- de feu , vous fentirez une piquure vive dans le doigt qui eft appuyé contre la barre. Si vous prelfez la barre de fer contre votre habit , vous fentirez trèf-vi-vement & fur le champ la piquure dans l’endroit du corps où la barre touche l’habit.
- La fenfation éft plus forte dans la tète que par tout ailleurs. J’en ai fait quelquefois l’expérience avec un marteau. J’appuyois fon côté large contre le front, & je préfentois l’autre bout à un tuyau éleétrifé de fer blanc , pour en faire fortir du feu. Dans l’iliftant que le feu paraît entre les deux corps, on diroit qu’il palTe en ligne droite à travers le marteau jufqu’au fond de la tête : Le coup que la tête en relient, eft fi violent , qu’elle en telle ébranlée, & il y a lieu de craindre
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- SUR l’EtïCTRICIT*’. dre que cette expérience ne devienne dangereufe pour le cerveau , fi on la repetoit fou vent. Si l’on tient le marteau contre les dents ou les gencives, le coup eft fi pénétrant , qu'on ne fouhaite pas dé-le Ternir deux fois.
- CHAPITRE X.
- De l'effet de l'Electricité dans ••
- U Vuide.
- j. ioo. T ’Ëlectmcïtï’fê tranfmer I i par Communication à travers le verre, & elle met en mouvement les objets légers dans le vuide, auffi bien qu’en plein air.
- Mettez un petit fupport avec dés fragmens de feuilles d’or fut la platine de la machine pneumatique , cou- -vtez le d’un récipient dé verre , dont vous retirerez tout l’air autant qu’il eft poffible. Frottez enfuite un. tuyau de verre , & préfentez le près ou par-deflus le récipient. A chaque fois que vous pafferez & repaierez lé tuyau dans la main, les feuilles d’or , qui :
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- et E ss A r
- font fous le récipient, Ce mettront e»
- mouvement en fuivant celui du tuyau.
- Si !e verre du récipient eft fort épais, il faut, pour faire réuffir l’expérience , le chaufer avec un linge chaud-
- §. I or. J’ai mis un peu de fable dani ces petits globes, qui font aux bouts des tuyaux à Thermomètres , & j’ai fermé hermétiquement ces petits bouts des tuyaux qui y tenoient, après que l’ait en avoir été challé par la chaieur. J’ai préfenté ces globes au verre élec-trifé de la machine & à des métaux élcdhifés^ mais les grains de fable, qu’ils renfermoieni, ont toujours refté en repos.
- Le fable refte auffi fans mouvement, quand même ces petirsglobes font ouverts par en haut , & par confisquent remplis d’air.
- §. 101. Lorfqu’on frotte entre les doigts un tuyau de verre étroit & vtridè d’air, & qu’on appuyé la main contre un globe de verre vuide qui Tourne à une roue, ou qu’on frotte le globe contre un couffin de cuir en le faifant tourner à la nouvelle machine ; on ob-fetvera en dedans du globe une lumié*
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- § 103. Ou remarque de meme une lumière en dehors d’un globe vuidé d’air, lorlqu’on y préfente un doigt, ou quelque métal ou autre corps.
- §. 104. Si L’on préfente un cylindre de verre un peu ample & vuidé d’air â un tuyau éle&rifé de fer blanc, 011 ob. ferve à fa furface intérieure des rayons de lumière, qui s’élancent en ferpen. tant comme des éclairs, 8c qui fe dif-
- ferfent de tous côtés en dedans du cy-ndre.
- Si l’on fait cette expérience avec un petit globe de verre garni d’un tube étroit & fermé hermétiquement après que l’air en a été chalfé par le feu , tout le globe fe trouvera éclairé en dé-dans, & Ion tube fera tellement rem* pli de lumière, qu’elle femblera y couler comme le courant d’un fluide. Ce courant devient plus fenfible, lorfqu’il y a un peu de mercure dans le globe. Je m’âvifai un jour de faire courber un tuyau de verre étroit, enforteque fa figure répréfentoit des lettres. J’y
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- «S E S S A ï ,vi s
- avois mis un peu de mercure, & aprç» en avoir chaflTé l’air par le moyen du feu , je le fermai hermétiquement. Mon intention éroit de répréfenter dans l’obfcurité les- lettres initiales de quelque nom à. l’aide de la lumière éleétrique ; mais jüfqu’à préfent je n’ai pas. pù y rénffir, parceque peut-être le tube n’avoit pas été bien purgé d’air, où qu’aparemment ilétoittrop étroit. Mes occupations ne m’ont pas permis de réitérer cette expérience avec d’autres tubes.
- §. 105. M. s Gravefande ( a ) donne la défcription d’une machine , par laquelle on peut frotter un globe de verre avec du drap dans le vuide. Ce frottement fait naître une lumière fur lé globe. On devroit travailler à une invention, pour faire avec une machine à éleftricité dans le vuide tou», tes les expériences qu’on a faites julé qu’à prefent en plein air.
- ( a ) Pli y t. Elan Math. j. $ é'/.
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- sus. i’Eiïcthicite’.
- PARTIE PHYSIQUE\
- QUESTION I.
- Quelle ejl la. direction du mouvement de la matière d’électricité d’un corps électrique ?
- $,< 106. T A furface d’un corps-élec.
- I j-trifé eft environnée tout autour d’une matière fubrile qui eft en mouvement : car auffitôt que les fragmens de feuilles d'or y aprochenr , ils font agités de toutes façons. Ce même effet fe montre fur un homme éleétrifé , foit qu’on préfente les feuil. les d’or à fa tête ou à les.pieds, & l’on voit forcir des aigrettes de-feu de cet homme, foit qu’on préfente un doigt à fon vifage,aux mains ou aux jambes. Le dedans de la bouche même rend du feu, lorfqu’ou y préfente quelque chofe de non-éleârifé. Ces érini-celles font partout fi vives,, qu’on n’ofe pas. effayer leur effet fur des parties , qui pourraient en être bleifées,
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- 7 s Essai'
- comme principalement fur les yeux. Si l’on préfente à un tuyau éleétrifé de fer blanc la main ou le vifage â une diftance plus grande que celte où léfeuparoîr, on lent le mouvement d’une matière fubtile avec une chaleur douce ( §. 74. >
- $. 107. Le mouvement de ces particules fe fait en lignes droites : car les grains de fable, les petites goûtes d’eau couvertes de femencede lycopo-de & d’autres corps légers, pofts fur des métaux, fur du verre ou fur dtl bois éleélrifé , font jettes en lignes droites tantôt en haut, tantôt de côté (§47-& P-)
- 10S. Pendant qu’on éleéfrife un-Corps, les particules éleéiriques irait fent ou proviennent fucceffivement les unes dès autres ; & c’eft ainfî qu’il s’en forme des lignes droites.
- Ceci eft évident par les rayons- dé lumière, qui forcent des pointes d’un métal éleérifé: car ils ne font interrompus par aucun mouvement de î’air (5- 57-)
- §. ioy Cette expérience fait encore voir, que chaque point de. 1# foifacè
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- S TJ R l”E L ï C T R. I CI T t\ 7* d’un corps éleârifé jette un grand nombre de ces; rayons ou lignes électriques, qui s’éloignent d’entr’elles à mettre qu’elles deviennent plus longues -, en forte qu’elles font divergentes du point dé leur origine.
- QUESTION II.
- La matière électrique efi-elle propre aux corps éltclrifés ?
- iis. Une matière eft appellée propre à un corps , lorlqu’elle lui appartient dès fort origine, & qu’elle refte unie avec lui tant qu’il dure.
- in. Puifque l'éleftricité eft ex-citée dans un corps, quand même on le frotte avec des mariéres qui ne font pas fufceptrbles d’éleftricité pr le frottement ( f. îo. & 1 j. ) il en eft évident, que la matière de l’éleéhietté originaire lui appartient avant qu’il foit éleétrrfé.
- f. in. Or un corps fufceptiWe d'éleétricité par le frotement eft tel dès qu’il exifte..
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- 7i Essai
- §. iij. Donc il renferme en lui rélt&ricité dès f°n origine.
- §. 114. De plus cette éleélricité ne peut en être féparée, quoiqu’on eiï ôte l’air:, car l'éleélricité'originaire* peut être excitée dans le vuide aulli bien qu’en plein air. ( §. 10 j. )
- §. 115. D’ailleurs les corps, qui peuvent être éleétrifés par le frottement , confervent cette difpofition; même apres avoir été expofés à un feu violenqcar auffïtôr qu’ils fe font réfroi-dîs , & qu’on les frotte de nouveau, ils font voir comme auparavant leur vertu éleftrique.
- §. 116. Il eft vrai qu’il paroît par certaines expériences ( § 89. ) que la vertu magnétique arrête l’éleélricité ; cependant lorfque le verre qu’on avoir frotté près del’aiman a relié pendant quelque rems hors dé fa communication, il redevient fufceptible d’éleétei— cité comme auparavant.
- § 117 La matière de l’éleétrîcité originaire eft donc propre aux corps J dans lefquels elle peut être excitée par le frocrement : car ils la tiennent de leur origine (§. xia.) 8c 11e la
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- SWS. i’EiECTH CÎTl’. 7} perdent ni par la réparation de l’air ($. 114.) ni par la chaleur (J. iij.) ni par l’adion de l’aiman ( §. 116.). Cette matière relie unie avec les corps tant qu’ils confervent leur nature ; donc elle a les ca-radéres requis de la matière propre d’un corps ( §. no.
- §. 118. La matière de l’électricité communiquée n’ell: pas un écoulement de l’originaire , comme on pourroic fe l’imaginer en la confxdérant comme un courant qui coule le long des corps.
- Car la diftanee, dans laquelle l'électricité fait ordinairement fou effet fur les fragmens de feuilles d’or, ou dans laquelle -elle fe communique à un autre corps, eft très-petite en com4 paraifon de l’efpace, par lequel l’é-ledricité communiquée s’étend. Quelque long, large ou épais que foit le corps, auquel elle fe communique, toute fa circonférence participe fur le champ de l’éledricité par le fimple attouchement d’une main éledrifée, quoiqu'on ceife delediifer auffi-tôt que la main touche le corps. Une feule étincelle d’uil doigt cledrifé ou d’une
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- 74 Essai
- aiguille éleftrifée fuffic pouf produire le même effet, dont la viteflè fur-pafle celle d’un boulet de canon. (§.5>S.&99.)
- Or il n’eft point du tout vraiiem-blable, que la matière de cette électricité puiffe fe communiquer fi loin dans un tems imperceptible par un fimple écoulement d’une main ou d’une aiguille éleétrifees. D’ailleurs fi la communication de l’éleétricité .confiftoit dans une émanation de la matière du corps éleétrifé & dans fon mouvement, je ferois en droit de demander , pourquoi l’éleûricité tranf-mife par communication d’une flâme éleétcifée dans un tuyau de fer blanc n’y excite point d’étincelles capables de mettre le feu .( §. 9 j. ) ? Qu’on ne me dife pas, que peut-être le feu re-Cfte à l’éleâricité , que fans cela le tuyau de fer devroit acquérir : car le fer même rougi au feu reçoit fur le champ l’éleétricité dans un tel dégré , que les étincelles qui en fortent allument tout efprit fubtil. ( §.76.) Enfin fi la matière de l’éleétricité communiquée n’eft qu’un fimple écoulement
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- su». i’Ei Ecn icite’.
- Su corps éleétrifc , je demanderai encore, pourquoi la viande, les ai-mans & les armures de l’aiman ne jettent point d’étincelles capables de mettre le feu, lorfqu’on les prélènte fur des cordons de foye immédiatement au verre éleélrifé de la Machine, pendant que les étincelles, qui fortent de ces mêmes corps fufpendus à un tuyau éleétrifé de fer blanc , allument fur le champ tout efprit fubtil, (J. 8j.. & 50 ) !
- On pourrait encore m’objeéler, qu’il paraît incomptéhenfible, que l’éleélricité pu’ffe être communiquée à un autre corps, s’il ne s’écouloir du corps qui la communique une elpéce de courant de matière éleétrique; mais je voudrais qu'on me dife aulïï, s’il eft moins incompréhenfible, qu’une boule d’y voire communique fon mouvement à une autre qui eft en repos, pendant qu’elle ne perd rien de fa matière , & que par conséquent il ne parte rien d’elle dans l’autre-
- §. 119. La matière de l’éleélricité communiquée eft tout-à-Étit différente de l’air-
- * G ij
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- 7-6 Essai
- Car l’air 11’empêche ni u'avance l’éledtricité. Le premier eft évident de ce que l’éle&ricité n’eft point interrompue, ni ne ceffe point, quand même on foufle avec des fouflets contre un corps éleârifé. { §. 84. ) Le fécond fe fait connoître en ce que les fragmens de feuilles d’or font agités par la force éleétrique dans le vuide aulïï bien qu’en plein air. (§. 100.)
- §. 110. La matière de l’Ele&ricité communiquée eft donc aulïï propre au corps auquel elle & communique.
- Car elle eft non feulement tout-à. fait différente de l’air, mais aulïï elle ne provient point du corps çleétdfant. 1 § no.)
- QUESTION IM.
- Si ton doit regarder VElectricité comme un Tourbillon ?
- 111. N a eu lieu de foupçon-
- ner par certaines expé-
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- SüS. L>E£îcT*.ieiTE\ 77 stiences , que la matière éleftriqus tourne autour des corps éleârifés comme une efpéce de tourbillon-.
- Car les fragmens de feuilles d’or décrivent fouvent des lignes courbes quand ils font agités par l’éleélricicé. Les étincelles ou aigrettes de feu, qui fortent du quillon d’une épée éleclti-fée , pouffent quelquefois par des lignes courbes l’huile qu’on y préfente. Un filet d’eau , qui fort d’un fiphon &: qui paffe par-deflus un tuyau de fer blanc , fe courbe vers le bas aufli-tôt qu’on éleétrife le tuyau , Se s’il paffe par-deflbus le tuyau, il fe courbe vers en haut.
- §. 1 2 i. Mais ces expériences ne fuf-fifent pas pour qu’on puiffe en conclure avec certitude, qu’il fe forme un tourbillon de matière éle&rique autour des corps.
- Car ni les fragmens defeüilles d’or,, ni l’huile qu’on préfente à l’épée, ne font pas toujours pouffes par l’éleétri-cité en lignes courbes, & fi l’on vouloir regarder la courbure du filet d’eau comme un caraélére infaillible d’un tourbillon, il faudrait d’abord prou*:
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- 7.8 F. s s a. t
- ver que cette courbure n’eft poffible d’aucune autre manière, finon par le tourbillonnement de la matière électrique autour d’un tuyau éleétrifé. Ce n’eft pas une vérité univerfelle , que de dire, lorlqu’une choie eft mue lè-lon une ligne coutbe, que par là la caufe mouvante doive de même décrire un pareille ligne. Le cours d’un corps eft ou devient courbe, lorfqn’il fe meut en ligne droite, & qu’il eft choqué par un autre corps mu félon une autre ligne droite , .qui coupe la première à un certain angle. De cette manière le corps perd fa première ligne & décrit une ligne droite vers une autre plage. Mais lî celle-ci eft encore coupée par une autre ligne droite, félon laquelle un nouveau corps choqué le corps en mouvement, celui-ci fera porté encore dans une autre ligne ; & c’eft ainlî que fon cours paftè fucceffivement en courbure,.
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- ïtrs. t’Eï sef RicïTi5.
- Q^U E S T I O N IV.
- Si l'Eleclricité agit comme les Forçai
- Centrales ?
- §. 123. T Orsqù’un corps eft I . tourné autour d’un centre, & qu’il tend à s’en éloigner, alors fa tendance eft appellée Force Centré-fuge; s’il n’étoit pas arrêté par une force réfiftante, il continueroit fon chemin en ligne droite. Mais s’il en eft empêché & arrêté dans la ligne courbe, la force qui l’y arrête,eft appellée Force Centripète. Ces deux forces font appellées du nom commun de Forces Centrales.
- §. 14. Si l’on pouvoir prouver par des expériences, que lele&ricité agit avec de pareilles forces, on pourrait attribuer à la matière éleétrique un tourbillonnement autour du corps élec-trifé.
- Soit le corps éleétrifé un bâton rond. La ligne , qui patTe par fon milieu d’un bout à l’autre, s’appelle fon:
- » G'iiiL
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- Çô Ess A! -
- axe. Qu'on s’imagine, que le bâton-éleéfrique foie compofé de difques ( PI. II. Fig. il.), pat le centre def-quels pafle l’axe. Suppofons qu’une partie de la matière électrique reçoive par l’éleétriiàtion fur la circonférence du difque une force centrifuge. Elle auroit donc une tendance pour s’éloigner en ligue droite du centre du difque. Qu’on fuppofe encore, que chaque partie ait naturellement une force centripète, qui parconféquent affoiblilTe la force centrifuge. Ainfi à mefure que la partie mué s’écarteroit de la ligne droite , elle s’approcheroit du difque & décriroit une ligne courbe, &, comme lès parties de la matière éleéfrique font fi petites, qu’elles ne peuvent pas être apperçué's par l’œil, on pourrait s’imaginer , qu’à chaque point de la circonférence du difque les parties éleétriques font mifes & entretenues dans un pareil mouvement pendant tout le tems qu’on éleûrife. Cela étant, ces lignes courbes devroient s’entrecouper , & il fe formerait ainfi des tourbillons pref-qu’infinis à la circonférence d'un bâton.
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- sûr l’El icTticm’. Sr §. 125. Si la matière éleârique fourbillonnoir-effeâivement dans de pareilles lignes courbes à la furface d’un corps éleârifé , fes effets fur les fragmens de feuilles d’or feraient aifés à expliquer : car lî une ligne courbe éleârique s’étendoit jufqu’à un cor-pufcule, dont la pefanteur fut moindre que le choc de la matière éleâri-que, elle emporterait ce corpufcule avec elle : & le poufferait contre la furface du corps éleârifé. Et comme dans tous les points de la circonférence d’un difque éleârifé il y aurait des parties éleâriques agitées en tourbillon ;ce corpufcule, qui ferait amené par la ligne électrique fur un point du difque , en feroit dans l’inftant re-pouffé par une autre partie éleârique, qui commencerait à tourbillonner à ce même point. De cette manière ,-it naîtrait une infinité de mouvemens, par lefquels une quantité de corps légers devrait continuellement tendre vers le corps éleârique, & en être continuellement repouflée.
- 126. Pour décider y fi les parties
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- ï£ f S S A t
- de la matière éledrique agiffent effectivement par des forces centrales pendant l’éledrifation , on doit avant toutes chofes faire attention aux lignes droites, félon lefquelles elles fe meuvent. ( $. 107. )
- Or ces lignes font divergentes ( §. 109. ). En obfervant les rayons de lumière , qui fortent des pointes d’une étoile éledrifée, je n’ai jamais remarqué qu’ils s’élancent dans une autre ligne , que dans celle qui tend' diredement de la pointe au cenrre & qui forme un vrai rayon de cercle. Ainfi , félon la définition des forces centrales ( §. 11 j. ) on ne peur point leur attribuer un pareil mouvement : car les lignes droites félon lef. quelles la force centrifuge tend à; pouffer un corps , ne font pas désignés divergentes, qui naiffent d’un centre.
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- av% i’Eiectri cite’. 8j
- QUESTION V.
- Comment Us Corps font portés par la force électrique vers le Corps élec-trifé ?
- §. 12.7. T ES particules éleâriques I i.rebrouflent chemin par lés mêmes lignes droites, dans feC-quelles elles fe font éloignées du corps éle&rile, & reviennent aux mêmes points d’où elles font parties.
- Ceci s’obferve diftinétement dans les rayons divergens qui fcrtent des pointes des métaux éleélrifés, ou d'une-croûte de pain éleéfcrifée. ( §. jtf. ) Or ces rayons ne font autre chofe que la matière électrique, puifque les corps légers en font mis en mouvement.
- J. n8. Autant que la matière élec-que d’un corps éleétrifé agit fur un autre corps, autant celui-ci réagit fur les particules de cette matière, qui le touchent.
- §. 115. Pendant qu’un corps réagit
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- &4 Essai
- fur la matière éleârique, il perd de ta pefanteur amant qu’importe la quantité de l’aâion , avec laquelle la matière éleârique le choque.
- Car fa pefanteur le porte vers le centre de la terre. Mais pendant qu’il réagit fur la matière éleârique, dont il eft choqué , il ne peut pas employer pour fâ pefanteur cette partie de force, avec laquelle il réiTfte au choc de la matière éleârique. Ainfi autant que vaut fa réaâion fur cette matière, autant vaut aufli la diminution de^ fa pefanteur, & autant que la matière éleârique choque contre ce corps, d'autant il devient plus léger.
- §. 130. Lorfquedeux corps fè touchent & agiflent' l’un fur l’autre avec des forces égales, ils s’unifient par une efpéce de cohéfiom
- §. 13 r. Ainfi quand un corps tend vers un autre éleârifé , c'eft parce qu’il gagne une efpéce de cohéfion avec les particules de la matière élec-que, qui le touchent, & parce que cette matière éleârique revient à la furface de fon corps par les mêmes lignes droites, par lefqueiles elle avoit
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- sim. l'Eiictmcite’. jÿ été pouflee hors de fafurface dans l’é-le&rifation.
- Cette cohéfion a lieu, lorfque le choc de là matière éleètrique eft égal à la pefanteur du corps oppofé : car en ce cas le corps perd toute fa pefanteur par fa réaâion ; (§. iz8.Sc 119. ) &. c’eft ainli que la matière éle&rique s’unir avec le corps en le touchant (§.ijoa).
- Lorlqu’un des corps cohérans eft mû dans la ligne, en laquelle ils agit-fent l’un fur l’autre avec des forces égales, l’autre fera par-là aufli mû dans la même ligne,, &, comme la matière éleârrique rentre dans le corps éleétrifè, il faut nèceifairement, que le corps uni .avec elle par la co-; téfion fuive la direction de fon mouvement.
- §. iî z. Ainli on peut attribuer une force attraâive en fon fens propre à la matière èleélrique qui eft pouflee par l’éleèlrifation à une certaine dif-tance hors du corps, dans lequel elle fe trouve.
- §. 133. Comme les lignes èleâri-ques font divergentes du point de
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- S6 E s * A r
- leur origine, (§. ioy.) la matière éleélrique eft d’autant plusdenfe, plus elle eft proche delafurface du corps, & elle agit de plus fort en plus fort, plus la diftance diminue.
- §. 134. Ainlî on peut expliquer la railoû, pourquoi le rayon ou filet d’eau.qui pafle au-deflus ou en deflous le tuyau éleârifé, fe courbe vers' ce même tuyau : car comme le rayon en paflànt à côté du tuyau s’approche plus près d’un endroit de fa furface cylin-: drique que de l’autre, la matière électrique agit beaucoup plus fortement fur la partie du rayon d’eau, qui s’approche le plus du tuyau , que fur les autres parties : car elle eft plus denfe dans cet endroit, Sc par-là la partie plus proche du rayon d’eau eft attirée plus fortement que les autres. Donc il doit s’écarter de fa première direction , & par conféquent fe courber.
- $. 13j. Il eft ailé de comprendre par la même railon, pourquoi l’huile qu’on préfente dans une cuillère à caffé au quillon d’une épée eft fouvent pout* fée vers l’épée en ligne courbe. L’huile a une certaine ténacité, par laquelle
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- süu l’Elect ricite’. Sy (es parties tiennent plus fortement enfemble que celle de l’eau ou de quelqu’efprit. Par la figure même de la cuillère & du quillon l’huile eftplus proche de celle-ci dans un endroit de la cuillère que dans l’autre ; & comme dans la proximité la matière électrique eft plus denfe & par conféquent plus forte, il eft évident , que l’huile y doit être attirée plus fortement que dans des points plus éloignés. Cette inégalité d’attraâion jointe à la ténacité de l’huile forment la courbe qu’on obferve à fa furface.
- Q_U E S T I O N VI.
- Si la Matière électrique d’un Corps e/l du nombre de fesparties folides ?
- §.156. T A matière éleiftrique d’un I i corps folide lui eft propre (§.117. & 120.) Mais comme elle s’écoule de lui comme un fluide , il eft queftion , fi avant qu’on éleûrife le corps, elle eft de fes parties folides, ou fi elle fe tient autour de lui & dans les interftices de fes parties î
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- 88 E s s a i
- §. 137. Les plus petites particules de la matière éleébrique ont lans contredit une certaine folidité : car fi elles 11'en avoient point, elles feroient dans l’inftant diffipées en choquant contre des corps folides , & conséquemment elles ne feroient fur eux aucun effet.
- §.13 S.Cependant quand même nous donnerions pofitivement de la folidité aux particules de la matière éleétrique, il ne s’en fuivroit nullement, quelles doivent être du nombre des parties fa-lides du corps cleârifê.
- Les exhalaifons des plantes & des arbres confident auflï en particules folides , qui compofent entr’elies dans un certain ordre une eipéce de fluide; Mais la folidité de ces particules ne dépend pas uniquement de celles des particules diffoutes des plantes.
- § 139- La matière de Ieleftricité communiquée, qu’on 11e peut pas exciter par le frottement, eft félon toute vraifemblance différente des par; ties folides de fon corps.
- Car toute la furface d’une barre de fer de 14 pieds de long eft élech'ifèe dans un inftant, lorfqu’on y aproche un
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- sur l’Electricité’. • an doigt éleétrife (§. 99. )• L’éleâri-Ciré eft produite avec la même viteffe dans une corde de 110 pieds de long par le (impie attouchement d'une main éleârifée ( §. 98. ). La même choie a lieu à l’égard du bois , de L’homme 8c des animaux. Mais qui eft-ce qui vou-droit fe perfuader, qu’une feule étincelle puilfe dilToudre dans un inftant à une fi grande diftance les parties foli-des d’un animal, d’un homme , d’ua bois, d’une corde , d’un métal, enferre qu’il s’en forme une matière, qui s’écoule tout autour de la furface du corps comme un courant, & qui fade venir aux animaux ,- à l’homme, &o. des étincelles qui mettent le feu ?
- §. 140. La matière éleétrique , qui devienc aétive par le frottement, doit de même être diftmguée des parties folides du corps frotté.
- Car qui pourroit croire, que pair deux ou trois coups de frottement qu’on donne à un gobelet de verre ou de porcelaine leurs particules puiflfent fe diffoudre au point de former une elpcce de courant de matière fubtile?
- H
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- J®
- E $ s A r
- QUESTION VII.
- Si les corps foliits font entourés d'une-Atmofphére électrique ?
- J. I4i./"VN entend par l'Atmof-\^J phére d’un corps une matière fluide plus fubtile que le corps même, & qui lui étant naturellement jointe entoure toute fa furface.
- $. 142. Comme toute la furface de certains corps folides eft éleélrifée dans-un inftant par une feule étincelle éleétrique ; on peutconclurede-là.que les particules de la matière éleârique font contiguës :,car fi elles étoient réparées par quelques interftices,Ie mouvement ne pourroit pas fe communiquer fi promptement. Il faudroit toujours un certain tems, pour qu’une particule pafle à l'autre par un interfti-ce quelque petit qu’on puifle le concevoir & ces petites parties de tems feraient à la fin un tems confidérable.. Lorfque, par exemple , huit boules d’yvoire font rangées l’une à coté de
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- sur. l’Eiectricite’. 91 l'autre, la huitième part à l’inftant même que la première choque la fécondé. Il s’écoule au contraire un tems fenfi-ble, fi ces boules étant en repos font féparées par quelques petits interftices.
- §. 145. Comme la matière éleéfcri-que de certains corps folides peut être mife en un pareil mouvement par le fimple attouchement d’une autre matière lèmblable ; il faut qu’elle foit fluide avant que d’être mife en mouvement.
- §> 144. 0e là il eft évident ,que la' matière électrique d’un corps folide & fulceptible d’éleèlricité fans frottement doit être regardée comme fon at-mofphére.
- Car non feulement elle eft fluide ' ( §; 1 ;9. , mais elle confifte auffi en' parties qui font contiguës ( $•; 141. ), & par là elle entoure toute lafurface du corps folide. Elle appartient aufîï à la matière propre du corps (§. 110.), & par conféquent elle lui eft naturellement jointe. Or ce font là les caraéle-res d’une atmofphére ( §, 141. ). Donc &c.
- §,144. La matière dé l’éle&ricité ori-* Hij
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- ginaire doit pareillement être regardée comme une atmofphére de leurs corps.
- Car elle différé des parties folides des corps fufceptibles de l'éledricité par le frottement. Ceci efl évident non feulement par ce qui a été d'tau-^.jqo, mais on peut encore le démontrer de ce que l’éleûticité qu’on communique fans frottement au verre, à la poix, à la cire d’Efpagne & à la porcelaine, le montre fur le champ aéfive fur toute leur furface; & quoique l’éle&ricicé communiquée foie fortfoible dans la foye , & qu'on ne puiiTe la rendre fen-lible qu’avec beaucoup de peine , elle ell néanmoins excitée très-promtement par le frottement & pouffée à un degré très-fenfible. Si fans frottement on ne peut pas la porter au même dégré, il 11e s’enfuit de là autre chofe finon que cette atmofphére peut être plus dénié ou plus cohérante avec les parties folides de la foye que la matière ou atrnoC pbére éleétrque des autres corps folides, ou que par d’autres raifons elle n’eft pas aifée à di (foudre fans frottement.
- Le Chevalier Newton a prouvé pat
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- sur. l’EiscTRieÏTi’. jj p'îufigürs expériences, que là réflexicm de là lumière n’eft pas caufée par un choc des parties denfes & folides dès corps ( a ). Il eonclud de-là, que les rayons de la lumière , qui tombent fur les corps, font peut-être repouffés par une force, qui fe répand" uniformément fur toute la furface du corps, dont ils font réfléchis, & que par cette force le corps agir fur les rayons fans qu’ils fe touchent immédiatement; 11 demande enfuite (b) , fi les corps n’agiflent pas moyennant un certain milieu fur la lumière, & fi ce n’eft pas par cette aétion que fe fait la réflexion & l’inflexion des rayons r fi les rayons de lumière , qui tendent vêts un corps ne commencent déjà à fe courber avant d’y arriver, &c. Il dit encore ( c ) qu’un corps diaphane agit moyennant un certain milieu, fur lès rayons de lumière, & en caufe l’inflexion , l'a réflexion & la réfraélion, que les rayons de lumière meuvent & é-chauffent les parties des corps moyen-
- ( « ) Optique. Uv. II. Propof. *. p. »H-
- (i) U», ni.
- (r ) Queft. ni.
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- J4 K S s * »
- nant un certain milieu, & que cetti aétion & réaction opérées par un certain milieu lui paroiuoit très-refTem-Blant à une force attraétive.
- Il me femble que ce que je viens d'é. fablir touchant T’atmofphére électrique des corps foiides n’eft pas éloigné de la façon de penfer de Mr. Newton touchant la caufe de la réflexion & de l’inflexion des rayons dé lumière.
- QUESTION VIII.
- Si les matières fluides & invifibles ont' autour d'elles une Atmofphére électrique ?
- §. 146.T L eft évident par la définition JL de l’Atmofphére (§.141.),
- & par la fubtilité de la matière éleétri-que ( §.ioS. ) qu’àl egard dél’AtmoC phére électrique d’un corps fluide 8c vifible il n’importe pas que fa matière foit différente de la fubftance de ce corps ou non. Pour porter à juffe titre le nom d’Atmofphére, il fuffit, qu’elle ait allez defubtilicé pour ne pas pou*
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- SWR. l’ElECTB-ICITE’. 9J-voir fe mêler avec ce qui eft vifible a» corps éleârique.
- §. 147; Une flaire eft entourée pendant l’éleélrifation d’une atmofphére éleétrique :car elle communique fon-éleétricité à un autre corps dans une diftance, dont le diamètre a plus de quatre pieds ("§.43.)
- §. 14S. Tous les autres corps fluides ont de même une atmofphére cleftri-que autour d’eux pendant qu’on les éleélrife.
- Car la lumière & les étincelles, qui naiffent à leurs furfaces , lorfqu’on y prélènte un corps non-éleékrifé, occupent entt’elles & ce dernier corps un certain efpace.
- §. 149. Mais il eft queftion, fi les corps fluides Sc vifibles font auffi entourés d’une atmofphére éleétrique dans le tems qu’on ne lès éleélrife pas. J’ai découvert ceci à la flaire par l’expérience fuivante : A une des extrémités d’une petite planche couchée fur les cordons de foye d’un fupport je pofai une petite bougie, en l’inclinant en-forte que le côté de la flame étoit plu» proche de moi que le reftede la bou-
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- $6 Essai
- gie. Sous Pautre extrémité de la ptarr-che il y avoit des fragmens de feuilles d’or fur une plaque de verte. Je montai fur le réfeau de cordons de foye, & je me fis éleélrifer en appuyant une main fur le gobelet de porcelaine qu’on tournoie à la machine. Je fis éloigner peu à peu le fiipport avec la petite planche & la bougie jufqu’à ce que Tatmofphére éleârique de mon corprs ne pût plus agit fur la bougie, qui n’é» toit pas encore allumée, mais qui d’abord étoit aufli devenue éleétrique , quoiqu’éloignée de moi de plus de deux pieds. L’ayant fait reculer julqu’àla diftance d’environ quatre pieds, où ofl ne lui remarqua plus aucune éleéVrich. té, je la fis allumer, & à mefureqü’on m’éleéirifoit, les fragmens de feuilles d’or fe mirent en mouvement à l’autre extrémité de la planche.
- §. I jo. La viteflè, avec laquelle l’é-îeétricité fe communique à l’eau & à d’autres fluides, fait voit évidemment que les parties éleétriques, qui environnent leurs furfaces, font contiguë», e'eft-à dire , qu’elles ont une efpéce de tohéfion,.
- Car
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- SU*. l’EÉÏCTÜicÎTs’. 97
- Car lorfqu’un hommeéleétrife tieac dans fa main une barre de fer courbée, éf qu’il rende la barre enforte, que fon extrémité courbée defcende d’une gran. de hauteur fur le milieu de l’eau contenue dans un grand & large vafe ; les fragmens de feuilles d’or le mettront déjà en mouvement à l’extrémité du vafe, iorfque l’extrémité de la barre courbée-fera encore éloignée de plu-lieurs pouces de la furface de l’eau. Pour faire réuffir cette expérience , il faut que le vafe fort fi large , que l’atmofphére éleétrique de la barre de fer ne puiffe faire aucun effet lur le bord du vafe.
- §. 151. Comme rien n’empêche que’ la matière éleétrique ne s’étende fur la furface de l’eau & d’autres fluides , aufïi bien qu’elle peut être logée entre les particules dé ces mêmes fluides ; il paroîr qu’on peut avec beaucoup de fondement leur attribuer une atmofphére éleétrique.
- Quant à l’eau, il fe trouve une cir-conftance de plus , qui donne à ce fentiment un nouveau degré de certitude. C’eit que la neige & la glace
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- t)'è E.ssai
- s'éleétrifent auffi promptement que l’eau à l’approche d’un corps éleétri-fé, La glace eft la fubftance propre de l’eau, & fa fluidité provient des particules fubtiles de feu , qui font en mouvement entre celles de l’eau. Gr je viens de prouver, que même les particules fubtiles de la! fljnme font entourées d’une atmofphére électrique ($. 149. ). Ainfi comme l’air ne porte aucun obftacle à l’éleCtricité ( §. 84. ), je ne vois point de raifoa pourquoi la matière éleârique fe tiendrait entortillée autour des particules de la furface des fluides , fans s’élever au-deflùs d’elle , & fans l’environner comme une atmofphére.
- ÇLU E S T ION IX,
- Comment la matière de VElectricité originaire ejl mife en mouvement è
- f. 1 j 1. Omme les lignes élec-
- triques reviennent aux points dont elles ont été poufféespar l’éleétrifation (f, 117.), il faut en
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- SUR l’EsBCTRI CITE*. 95 conclure quelles o«t une force, par laquelle; elles tendent à reflet unies avec oes peints. Une pareille force eft appellée autrement la péfanteur.
- J. iy 3. Cette péfanteur eft plus forte lorfque le corps eft froid, que quand la chaleur l’a pénétré en quelque façon.
- , Ceci eft évident de ce que l’électricité eft excitée plus promptement, lorfqu’on chauffe un peu le tube avant de le frotter ( §. 22.}.
- §t If4..0r, comme les corps fut eeptiblès de frottement font par-là en meme terns échauffés, nous pouvons compter la chaleur parmi les caufes qui affbibliflent la péfanteur de la matière éleârique , & qui conféquem-ment contribuent en quelque façon à leur mouvements j On ne peut pas regiwder la chaleur comme, la feule caufe : car non feulement il fe trouve peu de corps , dans lefquels la. feule chaleur puiffe exciter l'cleéfricité', mais encore y étant excitée pat la chaleur feule , elle eft extrêmement foible ( §. 13. ) Il y a même lieu de conjeéturer que l’cleétriciré
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- ioo Essai
- originaire diminue , lorfque le verre qu’on frotte eft trop échauffé. ( §. 26 ).
- §. ij5. Les parties d’un corps Ce féparent par l’aétion de la chaleur. Ainfi tant que la chaleur des parties éleétriques dure, foit en continuant le même degré , ou en augmentant, la matière éleétrique diffipée par la chaleur ne peut pas rebroufler chemin , à moins qu’il ne furvienne quelqu’au-tre caufê qui l’y détermine. Donc elle 11e peut non plus en cet état attirer aucun corpufcule vers fon corps. (§. 132.)
- §. 156. Ainfi fi l’éleétridté originaire s’affoibln par un trop grand échauffe-ment du verre ( §. 16. ), c’eft parce que la chaleur eft un obftacle qui empêche la matière éleétrique de rebrouf. fer chemin.
- §. 157. Les particules de la matière électrique, qtn^en partie environne les corps comme une atmofphére, Se qui en partie fe trouve dans fes pores, font écartées par le frottement de leurs points naturels, Si portées à certaines diftances ; &c lorfque la furface d’un corps eft frotté plufieurs fois , elles c’en éloignent de plus en plus, & il
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- Svr l’Eiïctkïcïïï’. fof s'en détache toujours un plus grand nombre. L’atmofphére éleélrique des corps en devient plus dénié. Elle ié répand par un plus grand efpàce, & Tes mouvenlerts de (es parties en deviennent de plus en plus rapides.
- Ce que je conclus ici par le raifon-nement fur la nature du frottement, eft confirmé par la fenfation ; Car on fent en eflfetau verre & à la porcelaine éleétrifés une efpéce de matière, dont les parties ont une infinité de différens mouvemens ( §. 106.).
- QUESTION X.
- Touchant la différente force de l'Electricité originaire.
- j.ijS’.T Electricité’acquiert I j une certaine force par la continuation du mouvement.
- Ceci eft prouvé par l’expérience, Si la«aufe gît dans l’accroiffement de la deniité de l’atmofphére ; car plus elle eft dénié, plus il y a de parties qui agiiTent fur les corps environnans., * liij
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- Cette, action eft d’autant plus forte', plus les particules cleétriques font détachées promptement du corps qu’on, éleéhüe.
- 15 9. Tant qne la chaleur qui eft nécedkirement catifée .par le frottement , ne prend pas le detfus au point que les .parties de l’atmofphére cleétri-que en foient trop raréfiées & empêchées de rebrouller chemin,l’éleâricité conferve toujours là même force pendant qu’on continaed’éleébf ifer.
- §. \So- Par la même raifon cette force augmentera en raifon de la quantité de matière électrique , dont les particules peuvent être mifes en mouvement.
- §. 1.6.1..La matière de l’éleétriciré originaire du verre & de la porcelaine eft unie avec toutes les parties de ces corps.
- Car qu’on mêle ces parties entr’el-îes comme on voudra, en les fondant à differentes reprifes, elles pourront toujours - être éleétrifées étant Refroidies.
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- stru. r.’En-c tri ci te’: ïoj îi a aulîi de matière électrique.
- §. 163. Il relie donc à examiner, G Sc à quel point les cylindres Sc les globes de verre grands & épais font .plus propres à l’éle&ricicé originaire Sc d’un meilleur effet que ceux qui font plus petits & plus minces.
- Quant à la grandeur des verres 8e des globes, il faut d’abord faire attention fi les grands & les petits font également denfès 8e épais ou forts en verre, 8e fi leurs circonférences font frottées en tems égaux. En fuppofimt ceci, il y aura dans un tems égal à la furface du plus grand verre au globe un plus grand nombre de parties de la matière éleétrique , qui fe mettra en mouvement que dans la furface du plus petit verre englobe. Suppofons, que les furfaces frottées de deux verres A & B,foient comme4& 1 ; en ce cas il y auroit fur la furface frottée du verre A quatre fois plus de matière éleétrique mife en mouvement: que fur la furface frottée du verte B; Il eft vrai que l’atmofphére éleétrique excitée ne devient pas plus denfe au verre A qu’au verre B, parce qu’ils font
- • ~ *' liüj
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- « a v »
- de la même dén fi té & épaifîeur,& qu iîs font frottés égalementdongtems 5 mais il faut remarquer auffi que la partie plus grande du verre A, qui eft frottée dans le même tems qu’011 frotte la petite partie dit verre B , agit fur les corps circonvoifins avec plus de lignes éle&riques que la petite.
- Cependant les particules Amples de la matière éleflrrique font moins frottées dans le même tems fur la partie plus grande du grand verre-que fur l'a petite partie du petit; car, par la fup-poluionmême, la partie plus grande eft à la petite comme 4 à 1. Suppoe Ions que le tems dans lequel la partie du petit verre eft frottée , foit une quarte, en divifant l’heure en 60 minutes, chaque minute en 60 fécondés, une fécondé en 60 tierces , & une tierce en 60 quartes. Or, comme la partie plus grande a quatre particules delà petite, le tems dans lequel chacune dé ces quatre eft frottée, eft aufli la quatrième partie de la quarte. Ainfi l’aétion du point du couffin qui frotte contre la quatrième particule de la partie plus grande, îv’eft; que la qua>-
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- str*. ï«.-icitb*. roj
- Ctiéme partie de l’aftion qu’il exerce fur la petite partie, qui refte contre lui pendanr une quarte entière.
- §'. 164. La matière de l’èleétricité originaire étant unie avec toutes les parties de fon corps ( §. 16t. ) , il s’enfuit que toutes lès parties qui fe trouvent à. la furface extérieure & intérieure , & même entre les parties de la matière du verre & de la porcelaine, font contiguës.
- §. i6j. Ainfi l’aétion caufée par le frottement dans la partie d’une ligne éleétrique,& qui eft encore en repos, s’étend par toutes les parties de cette même ligne.
- §. 166. Donc il faut plus de force pour éleètrifer par le frottement un verre plus épais qu’un autre qui l’eft moins.
- Car comme les lignes éleétriques qui traverfent le verre font plus longues dans le plus épais que dans celui qui l’eft moins , l’aûion caufée par le frottement dans une partie de la ligne plus longue, devant s’étendre par un plus grand nombre de parties, a plus de réfiftance à vaincre que celle qui:
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- jetf E s s À i
- eft caufée par le même frottement dans une partie de la ligne plus courte. Outre cela , il faut avoir égard à la chaleur qui eft inféparable du frottement , & qu’on doit regarder comme une des caufes de l’éleétricité. Or la chaleur n’eft pas fi aifée à exciter dans un verre épais que dans un autre plus mince. Donc &c.
- §. 167. Toutes ces circonftances bien confidérées , nous ne pouvons pas conclure fimplement par la grandeur, l’é-paifleur & la denfîté des cylindres & des globes de verre , lefquels d’entr’eux foient les plus propres pour l’éleétricité..
- Q_U E S T I O N Xi.
- Comment une Atmofphére électrique: éleclrife C autre ?
- $. itfS. T L eft évident par la défini-1 tion de l’éleétricité originaire 19.) que l’éleétricité communiquée ne peut provenir autrement, linon par les mouvemens portés de fatmofphére. éleétrique d’un corps
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- SUR t’ElECTHÏCITE’. lof, éfeétrîfé dans l’atmofphére électrique d'un autre.
- §. 165. Ainfi lorfqu’un cotps doit communiquer fon éleélricité à un autre , il faut qu’ils ayent tous deux des atmofphéres éleétriques , dont l’une doit toucher l’autre , foit avant ou après l’éleétrifation.
- §-. 170. Les mouvemens qui font portés d’une atmofphére dans l’autre , confiftent en ce que les parties de celle qui eft en repos , commencent à (c mouvoir félon des lignes divergentes , & qu’elles rebroullent chemin vers les points d’où elles font forties ( §. 109. 1*7. iji.).
- 171. On ne doit pas chercher ces points dans l’axe du corps, ni les regarder comme fortant du centre. Chaque point de la furface difperfe pendant l’éleétrifation la matière électrique félon des lignes divergentes.
- Les rayons qui proviennent des pointes des corps folides , montrent diftinélement ces lignes divergentes ( §. j». ) ; car à chaque pointe les rayons qui en fortent, répréfentent les rayons d’une demi-fphére , pendant
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- que la pointe même eft une petite deï mi-fphére. Si cette jointe étoit détachée, & qu’elle fut fufpendue en l’air, les lignes cleftriques répréfenteroiefit une fphére rayonnante comme un fbleil.
- §. 171. Les parties de l’atmofphére êleftrique font naturellement fi unies enfemble , qu’il faut qu’elles foient féparées d’entr’elles par l’éle&rifatioti pour pouvoir exercer cet effet, que nous appelions êleéfricité.
- Car fi elles n’étoient pas féparées d’entr’elles, elles n’acquereroient point de tendance pour rebrouffer chemin j conféquemment elles n’emporteroient rien avec elles vers Tes corps d’où elles fortent (.§, 152. ).
- §. 175. Ainfi une atmofphére électrique confifte en des parties, qui par leur force naturelle, tendent à reflet dans leur union aéluelle.
- §. 174. L’atmofphére d’un corps éleétrifé communique donc à l’atmofphére de l’autre l’éleélricité en ce que par le'mouvement de fes parties elle répare lès parties dé l’autre.
- Car aufli-tôt que' la féparation s’eft
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- STJS. l’E lECTRICITE1. 10$ faite, les parties tendent à fe réunir, £c c’eft pat-là que les objets, dont la péfànteur eft furmontée par leur action, (ont enlevées pat elles vers le <5orps éleéfrifé ( §. 131.& 131.).
- §. 17 j. Comme les parties de l’at-molphére éleétrique communiquante ont été mifes elles-mêmes hors de leur état d’union, & que par conféquent elles (ont extrêmement Subtiles, il en eft évident que dans une atmofphére éleétrique, il ne peut s’exciter aucune éleétricité fi les mouvemens pat lesquels elle doit naître n’agiffent pas fur les parties Simples de l’atmoSphére, mais qu’ils agiffent fur une quantité ou malfe de matière à la fois. Lort qu’jiyec une brodé & une réglé de longueur & largeur égales on padé fur deux plans de fable, la réglé pondéra devant elle une quantité de grains de fable à la fois, mais la brode fera fur fon plan autant de mouvemens (impies qu’elle a de crins. L’èleûrlcité 4°nt je compare l’aétion à celle de la brodé , ne peut pas agir comme 1?
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- Es s Aï
- ~ . . "-a
- QUESTION XII.
- Pourquoi certains corps ne peuvent pcti être éleclrifés par le frottement >
- $. Es corps folides que ju&
- I /qu’à prêtent je n’ai pas pl éleétrifer par le frottement ( §. 25. ) , ne font pas moins entourés que les autres d’une atmofphére éleftrique qui leur eft propre ; car on peut leur communiquer l’éleftricité moyennant un corps élefltrifé (§. 59.), & j’ai prouvé que la matière de 1 eleéiricité communiquée appartient au corps auquel on Ta communique (§. 1 zo.), & que c’eft leur atmofphére ( §. 144.)-
- §. 177. Les parties de la matière éfeétrique qui ont une forte' union avec les parties folides de la furface, en font détachées & féparées d’entr’el-Jes par le frottement. Il faudra donc fuppofer-, ou que les particule*' dé la matière éleétrique unies avec les parties folides des métaux & de certains autres corps non fufceptibles
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- ' su* j-’Eiecthicite’. III1 d’éleâricité par le frottement , font d'une telle nature,qu’elles n’ont pas befoin de cette réparation que le frottement caufe, ou qu’elles font fi étroitement & fi fortement unies avec les parties du corps , que toute la force de chaleur & de frottement qu’on a pû employer julqu’à préfent , n’eft pas fuffifante pour la féparer.
- §• 178. Suppofons que ce dernier ait lieu : mais d’où vient que la chaleur & le frottement ne peuvent non plus caulêr aucune éleftticifé dans l’atmofphére éleétrique de ces corpsî Les parties de cette atmofphére font peut-être trop difperfées par la chaleur qui accompagne nécelfairement le frottement, & elles font arrêtées en rebroulTant chemin, ou elles font apparemment fi fubtiles & tellement unies entr’elles,, que le frottement n’eft pas fuffilant pour les dilloudre autant qu’il fetoit nécelTaite.
- §. 179. Le premier n’eft pas vrai-femblable, parce que le fer quoique rougi au feu , eft fulceptible d’une très-forte éleâticité, & les étincelles
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- „2 Essai
- éleftciques qui en forcent, mettent le feu à tous les efprits (§. 71.).
- §. 180. Il faut donc fe déclarer pour le dernier , & dire que les particules' fubtiles des atmofphéres électriques qui environnent les métaux ,1e bois j l’homme, &C. ne peuvent être défu-nies que lorfqu’elles font choquées une à une par des particules qui ont la même fubtilité. De-là il eft évident , pourquoi une atmofp'héte élec-trique peut éleétrifer un pareil corps.
- . I.orfqu’on frotte un métal, il y a des quantités ou malles entières qui agiC. fent fur fa furface, au lieu que l’at-mofphére d’un corps éleétrifé confifte en parties extrêmement fubtiles, qui fe meuvent toutes une à une, Si qui par-là font en état de défunir des parties de la même fubtilité , Sc contiguës d’une autre atmofohére («••IJ).
- QUESTION
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- !Uft. l’E IEC tri CITÉ’.
- QUESTION XI II:
- Pourquoi une Atmofphére'électrique ne peut fouvent exciter aucune Electricité fenjible ï -
- '§• 18r. T A foye bleue, par exem-i-i pie , n’eft pas fans avoir, de la matière éleftrique, car elle peut être éleétrifée par le frottement. Âinfr il *ft queftion d’où vient qu’on ne lui remarque prefque.aucune électricité,, après même que l'atmalphére éleétri-que d’un verre a agiJpendant longtem* fur elle ( §.. J 7» ).
- Comme la foye peut être éleétrifée pat le frottement ,-il en eït évident que fes parties éleélriques doivent être «nies avec les parties de la foye (§ 157 ). L’éledricité excitée par le frottement dans la foye s’étend beaucoup moins que' celle qu’on excite au verre. Il faut conclure de-.là que l’-at-mofphére éleétrique de cette foye eft d’une très-petite étendue,.ou ,,fi elle détend auffi loin que celle des autres
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- çorpSj que fes parties font trcs-diffici-les a rfifToudre. Quoiqu’il en foit, iieft toujours -évident que les parties fub-tiles d’une atmosphère éle&rique ne font pas en état de diffoudre comme il faut par leurs mouvemens la matière éle&rique de la foye.
- §. i St. La foye eft non-feulement-iùfceptible de très-peu d’eleétriciréipar communication , mais encore elle ne fait point d’effet fenfible par fon é’iec-rtricité originaire fur d’autres corps , ifemblable en cela à la cire d’Efpagne 40 )...Qn pourrait former ici dèmr queftions : iP. Pourquoi l’élecftricité originaire de la foye ne communique point d’éleftricité fenfible. 20. Pourquoi celle qui a été communiquée à la cire d’Efpagne fè trouve dans le
- Si les parties éleâriques miles en mouvementdàns la foye par le frottement & dans la cire d’Efpagne par une atmofphéreéleélrique devenoient par.là, tellement fubtilifées, qu’elles
- Ü'ffent diffoudre & féparer d’entr’el-les parties fimples d’une autre at-aiofphére élçékique , il n’y autoit
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- sur. i Electricité’. -r*$r point de raifon pourquoi elles ne pour-roient pas - lui communiquée l’clçcs tricicé.
- Mais il faut que les deux matières d’éleétricicé, celle de la foye & celle de la cire d’Efpagne foient de différentes elpéces. Car foit que j’aye éle&tifô la foye par le frottement ou fans froc-tement, je n’ai pû remarquer aucune éleétriciré dans d’autres corps qui ont touché fon atmofphére éleélrique, au lieu que la cire d’Efpagne éleélrife d’autres corps, quand elle a été rendue éleéfrique par Le frottement.
- Comme la cire d’Efpagne s’échauffe par- le frottement , on pourxoit conclure de-là que fa matière éieéhique confifte en des parties fufceptibles d’une plus grande fhbtilifatiou pat cette même chaleur; au lieu que les parties élefttiques de la foye font peut-être fi fubciles, qu’elles ne peuvent le devenir beaucoup plus ,, ou elles ont apparemment une fi forte cohéfion, que la chaleur n’efl: pas fu£> fifante pour les difïaudre.
- §. 183. Comme la foye ne commu-aique point d eledricité , celle d’un
- * K V
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- ïïff Essai
- corpsqui repofe fur elle, ne peut paS être- diiperfée par elle dans d’autres, corps.
- §. 184. Ainfi nous comprenons la raifon pourquoi les corps manifeftent fi fenfiblèment l’eleétricité qui leur a. été communiquée pendant qu’ils reposent ftr de la foye-
- Q.UESTION XIV.
- 'Si les parties de la matière électrique font clajiiques }
- f. î 85. N dit qu’un corps eft élaftique , quand par là force d'un autre corps il change dë figure, & que par fà propre force il fe rétablit aum-tôt que la. force dë l’autre ceffe;
- §. 1S<?. Un des principaux caraco teres d’un corps élaftique eft , qu’il’ rebondît d’un- autre corps contre lequel i! choque; mais pour que ce retour du corps foir un caraftere abfo» lumentdiftin&if de l’élâfticité, il faut que le corps choquant ne tende pat
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- sur é’Elïctricite’. itf naturellement avant le choc vers le point auquel il choque:
- Car autrement il faudroit auffi attribuer une élafticité à un corps qui n’ell rien moins qu’élaftique , par exemple, à une boule molle de terre glaife , lorfqu’après avoir été jettée perpendiculairement en l’air elle retombe par fa péfanteur.
- §. 187. Ainfl, quoique les étincel-Ifes éleétriques rebondiflent des corps non-éleétrifés , auffl-tôt qu’elles les choquent, on ne peut cependant pas conclure d'e-là avec certitude que les parties électriques qui compofent les étincelles foient élaftiques.
- Car ces parties électriques rebrouf-fent chemin , quand même elles ne choquent rien , & elles ont une tendance naturelle à Te réunir avec le point, d’où elles font forties (§. 127.).
- §. r88. Lorfque deux corps non-élaftiques font d’une égale péfanteur, & qu’ils fe rencontrent avec des vitef-fes égales dans la même ligne qui pâlie dans l’ün & l’autre par le centre de leur péfanteur, ils perdent alors tous deux, leur mouvement en fe joignant,
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- ri*- E » s jé t
- Mais fi deux corps élaftiques s'entrer choquent fous ces mêmes conditions, chacun rebondit aptes le choc avec la même viteffe, avec laquelle il a choqué l’autre, & prend fon chemin en arriére dans la même ligne qu'il décrite auparavant.
- §. 189. Lorfque deux corps font éleétrifés au même dégré , leurs at-mofphéres refpeétives tendent avec des forces égales à le repouflfer mu. tuellement, & toutes les deux font en-état après le choc d’éleétrifer également fort des corps non-éle&rifés d’une même efpéce.
- On obferve le premier aux petites goûtes d’eau couvertes de lèmence de fycopodt ($.51.). Le dernier fe ma-nifefte lorlqu’on avance deux tuyaux de fer blanc, qui font deux moitiés d’un tuyau entier, contre deux autres tuyaux de fer blanc éleétrifés également fort, & qui font auffi deux moitiés d’nn autre tuyau entier.
- §, 190. Ainfi les atmofphéres électriques qui agi dent les unes fur les au-tres,ceflèmblent à deux corps élaftiques d’une égale péfaufiaur, qui fe Croquent
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- SUR l’Ei ïctb. ici te\ iiy avec des viteffeségales, en cequ’après 1b choc l’une n’agit-pas plus fortement que l’autte.
- Il n’a été prouvé jufqu'à préfent par aucune expérience , que les deux ac-mofphéres ne s’afFoibliflênt pas par leur réaétion réciproque : car quoique les goûtes d’eau couvertes de femences de lycopode fe répondent continuellement tant qu’on continue d’éleétrifer la réglé fur laquelle elles font pofées, on ne voit pas moins cependant qu’elles ne fe tiennent éloignées d’entr’el-les que parce qu’on continue toujours d’éleétrifer : auffi fe rapprochent-elles au moment qu’on celte d’éleétrifer la réglé;
- D’ailleurs il faut remarquer qu’on ne peut pas aüurer avec pleine certitude que lès parties éleétriques de ces atmolphéres qui fe touchent, rebon-,différa effeétivement les unes des au-' -très. On attribue cet effet à deux .corps élaftiques , parce que le choc excite l’élafticité en comprimant ces corps. Nous ne connoiffons encore rien de femblable dans les parties éleétriques, & nous fçavons au cou--
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- na Es s A i
- traire, que chaque particule des deux atmofphéres éleâriques tend plutôt à rebrou (1er chemin avant qu’elle touche celle qui agit contre elle*.
- §. 191. Cependant lorfqu’il s’agit d’expliquer comment il eft poflible que les parties cle&riques ayent une pareille tendance , que j’ai appelle cii defïus leur péfanteur (§. iyz. ) , on peut en quelque façon en rendre raifon en- les concevant comme élastiques.
- Qu’on s’imagine que toutes les par-ties éleébriques qui forment enfemble une ligne pendant l’éleArifation , loiem unies enfemble comme les parties d’une corde à boyau, ou d’un éla— rere tourné en vis ou en ligne fpirale, lorfqu’une corde eft rendue, elle a une tendance à fe racourcir. Atiffi fe ra-courcit-elle en effet quand on la relâche ou celle à la rendre, torfqu’un élatere eft comprimé, il tend à fe débander & à s’allonger , & il fe rétablit auffr-tôt qu’om celle de le: comprimer.
- Mais comme il faut que les cord&s pu élateres loiem fixées quelque part pat
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- SUS. l’ElÊCTSICITe’. lit jrar un bout , pour réfifter par leur élaftické à la force qui agit fur eux., il eft queftion de fçavoir où les lignes électriques font fixées à leur corps , & où elles doivent être tendues ou comprimées } Le frottement du verre le fait toujours en ligne droite ; mais les mouvemens des parties électriques ne fe font pas en cette même ligne, puiC, que chaque point, auquel l’électricité eft excitée par le frottement , dif-perfe la matière mife en mouvement félon des lignes divergentes ( § 109.). Ainfi nous ne fçaurions encore concevoir comment les parties éleébriques peuvent être jointes enfemble , comme le font celles des cordes. Si les lignes électriques n’avoient des mouvemens que dans la direction ,en laquelle fe fait le frottement, ;on pourtoit s’imaginer qu’une telle'ligne peut être naturellement déterminée pour le verre comme une corde l’eft pour le corps auquel elle appartient , & qu’elle fe lame étendre partie par le coup du frottement, & partie par la chaleur qui l’accompagne. Mais on ne peut pas expliquer par-là l'origine de ces
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- lit _ Essai autres'lignes, qui vont en divergent de celle qu’on fuppoferoit tendue ; Sc quoique une infinité de points frottés dans un inftant faflènt auffi tendre une infinité de lignes éle&riques, cependant il n’y a parmi elles aucune qui foit pofée comme un rayon fur le plan du verre, & qui étant continuée paflè parfon centre.
- Suppofons que ces lignes éleétriques foient «nies entr’elles comme des éla-tere ' ' le point, d’oii elles fortent en : comme elles deviennent
- divergentes par l’éleétrifation , Sc qu’elles rebroulTent chemin & fe réunifient dans leur point ; il eft évident qu’elles tendent vers ce point de différentes plages. Elles tendroient donc auffi pat la même raifon vers ces mêmes plages , fi elles étoient jointes dans leur point & comprimées comme des élateres. Suppofons encore que ces élateres foient joints entr’eux tellement qu’ils puiffent être féparés par un feul choc on coup de frottement. Par-là ils feroient tous non-feulement éloignés de leur point , mais il en feroient en même tems
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- sbh l’Electricith’. Iïf comprimés. Si a côté de ces clateres, qu’on fuppofe joints immédiatement avec le plan du corps éleélrifé, il y en avoit d’autres qui fuffent élevés du plan , alors ceux-ci feroient comprimés 8c pouffes pat les premiers. Ainil de même tous les autres qui feroient diftribués félon les lignes droices, 8c qui toucheroient les premiers , feroient auflï comprimés & pouffes.
- Une pareille liaifon d’élateres dif-pofés félon différentes plage, r yn fe faire par l’art, & nous « par
- l’exemple de l’air, qu’un feul choc eft en état de comprimer des corps électriques félon différentes plages & dans des lignes divergentes.
- Lorfqu’on comprime avec un doigt une vefTie tendue par l’air, toutes les parties de l’air renfermé en font comprimées en certaines façons félon toutes les plages.
- Ainfi , fi dans chaque point qui fournit des lignes électriques, Içs particules étoient jointes emr’elles comme des élateres , & que par chaque coup de frottement elles fuflent corn-primées félon différentes directions,
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- *14' _ E ss"Xi
- on pourrait expliquer II caufe de ces phénomènes par la doctrine de l’élafticité.
- Ilfaudra donc que dans les recherches futures qu’on fera fut l’éle&ricité, on fade attention fi l’on peut découvrit des caraâéres qui prouvent évi-, demment que la matière éleétrique eft compofée de corps élaftiques, ou fi l’on peut trouver des caractères qui prouvent le contraire d’une maniéré mconteftable.
- QUnSTlON XV.
- Pourquoi l'Electricité excitée diminue.
- &cejre>
- §. lÿi. .T A principale caufe, qui .1 a fait diminuer l’éle&ricité d’un corps, gît d’abord dans la nature même de là matière éle&rique.
- Car chaque partie d’une ligne électrique tend à retourner au point du plan, d’oît elle a été pouffée en dehors (§. in.)* Auiïitôt que la caufe .qui ayoit mis les parties éleétriques ep
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- SUR IrElïCXÎl I cite’. îztf inou-vement celle d’agir, il faut auffi que l’eleétriciré commence à devenit plus foiblei
- §< 193. Mais qüelle eft la caufe que l’éledhicité ne diminue que peu à peu?
- Un tuyau éleârifé continue- de PC-, tre pendant vingt minutes & davanc rage après qu’on a cellé de l’éleétrifer. Ceci peut venir de ce que les parties électriques font mites de tous les poincs du plan par des lignes divergentes : car, comme de cette façon les lignes qui naiffent de differens points près les unes des autres doivent s’entrechoquer mutuellement ; les parties éleci triques , parlefquelles ces lignes conc currentes fe touchent, doivent néceC. fai rement agir les unes fur les autres* & exciter en ces endroits autant ds nouvelles éleékidtés,
- Par conféquent l’éledlrîcité une fois produite , ne peuc pas d’abord ceffer teut-à-fait parla fimple ceffation de la caufe exrrinféque.
- Les parties éledlriques-agiraient aulli ks unes fur les autres dans l’hypothéfe des élateres comprimés par l’éledtrifa* -
- "I-iV
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- *îê E s s a ï
- tion en différentes direétiofls : caï lorfqu’oh relâche deux élatères de fil d’archal comprimés l’un contre l’autre, ils fe compriment tous deux ep quelque façon.
- §. 194. Auflîtôt qu’un corps électrifié, auquel l’éleétricité a été commu. niquée par un autre, agit fans toucher fur un autre corps non-éleétrifé, mais fufceptible d’éleétricicé ; fon électricité en fera fur le champ affoiblie. Si le corps éleétrifé jette des étincelles , la première fiera la plus forte , & les fuivantes feront toujours moindres,’ quand même on les feroit agir fucçef-fivement fur différens corps non-élec-triiës d’une même efpéce.
- S. 195. Comme le corps noii-élec-trifé, mais fufceptible d’éleftricité, eft environné d’une atmofphére électrique (§.169.), il eft évident qu’une matière qu’on commence à éleétrifer, mais qui n’eft pas encore en mouvement , doit affoiblir les mouvement de celle qui eft déjà en adtion,
- $. 196. Lorfqu’un corps à qui l’éleétricité a été communiquée, touche nu corps non-éleétrifé Si uni avec
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- Sufc l'Eiectricite’. 127 ÎJne fuite prefque infinie de pareils corps tous nilceptibles d’éleûricité par communication , il perd tout d’un coup prefque toute fon élerftricité ( §. ji.J. Ainfi , par exemple , un homme éleftrifé qui touche un autre non-éleftrifé & placé fur le plancher, n’eft plus en état après l’attouchement , d’exciter une étincelle à un autre homme.
- §. 197. Comme la loye ne communique point d’éleétricité ( §. 1 îz,)ÿ nous devons conclure de-là , que l’é-leélricité communiquée dure pendant un certain tems, lorfque fa communication eft bornée.
- §. 19S. Mais il eft queftion de fça-voir la véritable caufe, pourquoi l’é-leétricité communiquée dure en ce cas pendant quelque tems ?
- Les cordons de foye, fur lelquels la communication de l'éleétricité trouve lès born s, ne (ont pas fans avoir de matière éleéhique (§. 1S1 - ) ; mais elles n’acquiérent aucune électricité fenfible par la communication (§.37). Ainfi comme leur matière éleétrique 11’acquiert aucun mouvement fenfible,
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- 5i8 Essai
- on doit regarder ces particules coma me des corps qui ne cedent point; Lorfqu’bn jette un corps élaftique contre un autre qui ne cede point, le premier en rebondit , & refte dans l'on mouvement. Ainfi en attribuant dé l’élafticicé à lit matière éleétrique, on pourrait alléguer une raifon, pourquoi l’éleâricité communiquée ne celle pas d’abord dans un corps fur l’attouchement d’un autre qui ne la communique pas plus loin:
- §. 199. Mais d’où vient que l’élec-* triciré communiquée celle fur le champ dans un corps , auflitôt qu’il touche un autre qui eft aufli fufceptible d’é-leétricité & uni avec d’autres , dans lefqueis l’éleftricité ne trouve point-dé bornes, ou dont chacun peut communiquer plus loin l’éle&ricité qu’il a reçue’ ?
- Comme on peut éleétrifer par com-munication une fuite prelque infinie de corps unis enfemble , on- doit regarder les particules de leurs atmoft phéres éleâriques comme des corps mobiles & capables -d’être déplacés parlé choc. En fuppofantque la ma-
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- tlére éléétrique (oit élaftiqtie , nous trouverions la reponfe fur la queftion propofée dans la nature de l’élafticité: car (i une boule élaftique choque line fuite d’autres boules auffi élaftiques , & d’une égale pefanteur, qui font en repos & qui fe touchent, non feule-ment celle qui choque perd dans l’in* liant fon mouvement, mais auffi toutes les autres boules relient en repos, excepté la dernière , qui part fur lë champ avec tout le mouvement com-muniqué.
- §. 200. On pourrait expliquer de 1» même manière la raifon pourquoi dans un corps , à qui d’ailleurs on peut communiquer l'èleélricité ; il ne s’en rnanifefle point de fenfible , lorfque ce corps eft uni avec une fuite de corps , dans lefquels l’èleélricité communiquée ne trouve point de limites.
- 20 1. Il eft aifé de comprendre pourquoi en éleélrifant un tube de verre au-deffùs ‘d’une gaze mouillée, en ne peut pas faire remuer les frag-mens de feuillesd’or expofés fous cette
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- ïjô Essai
- terftîfces Je la gaze étant bouchés par l’eau , les particules éleélriques du tube de verre ne puilTent y paflèr : car les feuilles d’or ne remuent pas non plus, quand même on feroit dans la gaze des trous de trois ou quatre lignes de diamètre. L’obftacle vient plutôt de ce que l’eau qui reçoit très-aifément l’éleétricité, la communique fur le champ à d’autres corps : car l’humidité de la gaze mouille auffitôe le bord du cylindre, qui communique l’éleiâricité à la table , d’où elle fe tranfmet dans toute la chambre à quantité d’autres corps tous fufcepti* blés d'éleélricité fans frottement ; en-forte que la communication de l’éiec-tricité ne trouve ici point de limites. Si au contraire un cylindre de verre couvert de gaze repofe fur un réfeau de foye, & que le fupport traverfe ce réfeau . les feuilles d’or fe mettront d’abord en mouvement, & fuivront celui de la main qui frotte, quelque mouillée que foit la gaze ; car la foye fixe des limites à la communication de -l’éleétricité, & c’eft par-là qu’eile devient fenfible. Le fupport refteen«e
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- SUR l*EiectS.jcitb\ jj'f cas non-é!e£trifé, parce que Péledhi-cité qu’il pourrait acquérir par la gaze & par le cylindre fe tranfmet d’abord plus loin.
- §. 202. Il y a des expériences qui femblent combattre ce que je viens d’établir ici, fçavoir, que l’éleélricité communiquée dure pendant quelque tems, lorfqu’on met des bornes à Ta communication (§. 197. ).
- Car quelquefois l’éleéhicité communiquée ne celle pas fut le champ dans une barre de ferre , lorfqu’elle repofe fur du bois ou fur des métaux', ou qu’elle eft touchée par un homme (§• 31.). De même les grains de fable dans les boules dont j’ai parlé (§. 101.), ne fe mettent pas en mouvement , quand même ces boules repofent fur un réfeau de fcye.
- Ce dernier vient de ce que le fable contenu dans les boules, eft aulïï fortement éleûrifé que les boules mêmes , pa«ee qu’il les touche : car quand deux corps ont le même degré d’électricité , leurs lignes éleélriques ont une tendance à fe repoulTer mutuellement (§.18?.).
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- tyi E s' s X V
- La première objeélion ne dit autïS ehofe, finon que le verre éleârifartt communique fouvent à un corps plus d’éleétricité, qu’il n’en peut être communiqué à certains autres corps qu’il touche. C’eft furtout un gobelet dè porcelaine qui communique fi abon» damment l’éleéhicité auxcorps. De tous les corps qui la conièrvent encore dans un certain dégré étant touchés par un homme, je n’en connois point qui la conferve d'une manière plus lenfible que le bois peint en bleu. Ainfi la communication de l’éleétricité trous, ve de même ici en quelque façon fes limites..
- QUESTION XVI.
- /ufqu a (fiai point V Electricité paît ' être communiqués ?
- M°i'T A communication fe fait JLa ou par une feule aélion ou par plufieurs qui fe fuccedent en contiguïté pendant quelque tems, Sc elle eft ou lenfible ou infenfîble. Pour
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- 'SUS. l’E'tSCT B.ïCITÉ’. H5J .-qu’elle devienne fenfible, il Faut que . le corps, à qui on la communique, re-pofe fiir un autre qui ne la tranfmet pas plus loin. (§. 29. & 197.)
- §. 204. Ainfi il eft queftion d’abord de fçavoir juiqu’à quel point 1 eledri-té excitée par une feule aét on continuerait & relierait fenfible, en fuppo-' lànt que le-corps, fur le plan duquel elle devroit fe communiquer fût pofé pat exemple fur des cordons defoye 8c qu’il s’étendît à une longueur in-; finie 1
- L’atmofphére éle&rique d’un corps qui devient éleétrique par une feule étincelle qui fort d’un autre corps élec-trifé, a dans fes parties une contiguïté perpetuefle ( §. 142. ). Aucune de fes parties ne peut être déplacée fans que celle qui la-touche cede en même tems. Donc, !! dans l’éledricitéon ne vouloir faire attention qu’à la contiguïté perpétuelle desparties éledriques, on pour-roit en tirer la conclufion,que l’éledrj. cité devroit fe traufmettre par commu-nication& continuer d’être fenfiblejuf-: qu’à l’extrémité du monde, fi un corps qui en eft fufceptible s’étendoit )«ft
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- si4 Essai
- ques-là fur des cordons de foye.
- Mais on doit aufli conlîderer que pour que l’éleâricicé devienne fenlîble il faut que les parties de l’Atmofphér© électrique foient dilîoutes par l’aCtion de l’éledricité, Ainli chaque partie de l’atmofphére en diflolvant celle qui la touche, a une certaine rélillance à vain, cre. Cela étant, elle ne lui communique que le mouvement, qu’elle n’em-ploye pas pour vaincre cette rélillance : Donc la partie fuivante a toujours un mouvement plus foible , & ainli des autres.
- On m’objeélera peut-être, que lorf-que des boules élaftiques de la même pélànteur fe touchent, la derniere s’é-lance avec autant de vitelfe que la première choque la féconde, quand même la fuite s'étendrait julqu’à l’infini. Mais il faut remarquer aufli, que dans une pareille iùite de boules celles qui font entre la première & la derniere relient en repos pendant le choc de la première & le départ de la derniere, au lieu que toutes les parties moyennes font mifes en mouvement dans une atmofphére éleétrique,
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- On n’a pd découvrir jufqu’à pré-fent aucune diminution de force dans l’éledricité à des diftances de plufieurs centaines de pieds.On pourroit l’effayer avec des cordes encore plus longues que celle dont on s’eft fervi, jufqu’à ce qu’on découvrît quelque affbiblif. fement fenfible. On n’auroit qu’à leur donner plufieurs courbures & en rapprocher les deux bouts pour pouvoir les voir à la fois.
- §. ioj. Cependant comme la vitefle de la communication eft plus grande que celle d’un boulet de canon ( § 98.) il faut que la réfiftance par laquelle les parties d’une atmofphére éledrique ^giflent fur celles qui viennent les dit foudre, foit extrêmement foible.
- §.206.Le Son parcourt dans zi fécondés une lieue d’Allemagne.qui contient 12917 pieds de Paris. Si l’on pouvoit découvrir par quelqu’expérience que l’éledricité, qu’on communique à un co^ps par une feule adion, fe tranfmet en ”ne fécondé par une diftancede 1091 pieds, on pourroit alors établir que la réfiftance des parties éledriques dans la dilfolution ne feroit pas plus
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- ï}5 Essai _
- grande què la réaftton des parties dans le mouvement defqnelles conlîfte; le Fon.
- §. 207. Autant que nous pouvons en juger jufqu’a préfent par la rapidité de la communication, que notre connoiflons ,& par le peu deréfîftance que nous devons fùppofer dans les parties électriques, nousconcevons allez que îéledricité fe tranfmettroit dans une heure par un très-grand efpace 11 l’on contiuuoit fans cefle d’éiedri-fer, furtout avec de la porcelaine , un corps qui s'étendrait le long de cet espace en repolant fur -des cordons de Iby.
- SuppoTons que l’électricité 11e fût tranfrnife par chaque aétion éleétrique qu’au point quelle parcourût trois lieues dans une minute. En ce cas elle devrait parcourir 180 lieues dans une heure , & pins on continuerait aiïï-dument d’éleétrifer pendant ce temps, plus il ferait aifé de la conduire à une pareille diftance & peut-être plus loin.
- §• 2.0-S. Comme l’éleétricité'commu-' niquée d’un corps celfe ,pendant qu’il touche
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- Sl/K. l’ElïGTRi CITl\ f}7 touché un autre qui eft uni avec une fuite d’un infinité d’autres corps fuicep-tibles d'éledricité (ans frottement, & qu’il eft mêmeprelqu'impoffibie d’exciter le moindre effet (ènfiblé d’éledricité dans un pareil corps , oit pourroit demander , fi c’eft la réadion des parties éledriques de tous ces corps qui empêche & arrête ici l’effetde l’éledri.-cite agente.
- Comme l’éledricité confifte en u:l mouvement de matière fubtile, par lequel les corps légers font attirés ( 106. 132); il n’en feroit en ce-cas excité aucun dans la. fuite deces corps.
- Mais il eft queftion de voir fi l’ar-mofphére du dernier corps de cette fuite n’acquiert pas certains~mouve# mens , foit par la première’adioir, foit par lés autres continuées. Si la matière éledrique confiftoit en dés particules élaftiques , on ne pourroit pas en douter : car qu’une fuite de boules élaftiques &- d’une pefanreur égale foit aulfi longue qü’on voudra 5 là derniere partira néanmoins anlH promptement que la première choque * M
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- 15* Essai
- la féconde. Mais s’il Falloir , que l'action éleétrique palfât par l’atmofphére de tous ces corps, il y auroic à préfu-mer qu’el'e dût du moins devenir fen-/iblefur les furfaces des corps pofés fur le plancher , fi l’on Ce mectoit à côté d’eux fur un téfau de foye. Cependant nous ne (çavons pas jufqu’à pré-fent, fi l’a'r même n’eft pis peur-être fufc-'pnbl d’une certaine éleéh'icité , auquel cas l'aii qui environne l'homme pofé lur le réfeau feroit auffi fortement éleétnlé que celui qui entoure les autres corps. Ainfi on ne ponrroit pis obferver l’éleftriciré , quand même efie s’y trouveroit efF étivement : car lorfque deux corps fout éleétri lés également fort, aucun des deux ne peut produire fur l’autre le moindre mouvement éleûrique.
- Lorfqu’un homme éleétrifé tient un doigt de la main droite contre un doigt de la main gauche, il ne fent pas le moindre mouvement; mais qui voudrait conc'ure de-!à qu’aux fuperficies de ces deux doigts il nefe falfe point de mouvemens éleélriqnes,r>uifqu’auffitôt que l’homme éle&rifé tient un de ces
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- doigts contre un métal non-éle( il en fait fortir des étincelles.
- QUESTION XVII.
- Si la matière Electrique contient des particules de feu t
- f. icq.TTN fluide ne peut rien al-lumer . à moins qu’il ne contienne des particules de feu.
- §.110. Ainiî un fluide qui mette feu à un efprir,doit néceflaûement contenir des particules de feu.
- §.i il. De-la il eft évident qu’on doit attribuer à la matière éleélrique des particules de feu , qui produilent ou compofenr ces étincelles, qui mettent le feu à toutes fortes d’efprits. f §. m.Cependantcommejufqu’àpré-fent on a pas pû mettre le feu a la quitv teflence végérale avec toutes fortes d’e-tincelles éleélriques ; il eft qutftion d’examiner fl celles qu’on n'a pas trouvé prop' es pour cet effet, contiennent auflî une mafere de feu ?
- Comme ces étincelles luifent & cra-* Mij
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- 140 E S S A P
- ouent èomme celles qui metttent réfeu partout , il èftvifibléde-là qu’elle* n’en different pas par leur effençe, mais feulement par leur force. Je n’ai pû rien allumer avec, les étincelles de la chair éleftrifée immédiatement au.--verre dé la machine. (§i 90.) Mais il ne s’enfuit pas de-là, qu’elles, foient dépourvues de-particules de feu : car lorsqu'on éleflrife la chair moyennant un tuyau éleftrifé dé rér blanc , fes étincelles deviennent fi fértes,qu’elles mettent le feu à tout efprit ( §; cité. ) Cependant nous fça vons, que ce n’êft pas-la matière élèélriquedu fer qui découé Je ici dans là chair. ( §. 11 S- )
- §. 113. Dans d’autres corps, qüt quoique fufcepcibles- d'élcétricité , ne jettent néanmoins point d’étincelles , il ne paroît qu’une efpéce de lumière -, quand un corps non-éleélrifé y approche. Cependant l’éleélricité fe communique dans la- matière de cette lumière avec autant dé viteffe que dans celle qui produit les étincelles.
- Ceci fe manifefte par l’expérience faire avec une corde & rapportée- c*-deffHs ($ $8 ) : cependant une corde «e jette point d’étincelles?.
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- STTR l’E r ÏC T R. ICI TE*.
- §' 214. Nous obfervons même , que l’éleétficicé de la matière qui ne fait Amplement que luire , eft en état dfe mettre en mouvement la matière qui produit des étincelles , au point de faire mettre lé feu par celles-ci à- tout efprit fübtiJ.
- Nous trouvons cette force dans là matière éleétrique'du verre & de la porcelaine, qui n’enflamment rien immédiatement avec leur liimiere , mais qui communiquent cette vertu inflammatoire à la matière éleétrique dtJ fer , de l’argent', de l’homme &c. Ce même effet eft prodüit par la matière éleétrique dé tous les autres corps aufi. quels on n’a pas pu jufqu’à préfent ex*-citer des étincelles, mais qui néanmoins tranfmettentPéleétricité communiquée. Avant d’avoir entrepris cette recherche il m’a été impoffiblé de parvenir , par le moyen d’Unecorde élec-trifee immédiatement au verre , à élec-trifer un tuyau de fer blanc au point de mettre le féu avec fes étincelles à la quinteffbnce végétale.( §.: 92.) Mats m’étant fervi depuis d’un gobelet dfe porcelaine & d.’un. autre verre à h
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- machine, j’ai exeté par le moyen Je cette même corde des étincelles fi fortes au tuyau de fer blanc, que l’e£ prit devin y a pris feu comme à l’ordinaire. Ce tuyau & une épée ont acquis une pareille force , lotlque je les ai éleétrilés par le moyen de bois élec-tnfé, de cuir & de papier éle&rifés , d’une perruque éleflrifée, d’eau & même de glace éleôrifées, tous ces cotps ayant éréélfétrifés, ou immédiatement au gobelet de porcelaine , ou par le moyen'd’un bâton.
- f. it j. Un flu'de, qui par le mou* v-ment de fes parties produit le même effet que la flamme d’un corps brûlant, a une force inflammatoire.
- §. 116. Par confisquent il fe trouve aufli une force inflammatoire dans la . mariéie éltélrique de ces corps v, qui ne parviennent par l’éleâtifution qu’au point de pouvoir jetter de la lumière j mais qui communiquent leur éleélri-cité plus Io:n.
- Car cette matière eft fluide f'Ç.io?.), & elle dilfout par fou mouvement cette autre marére c!e«£t- ique, dont les étincelles font propres à mettre 1®
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- SUR t’ElïCTRICtTB*. 14j 1 au point qu’elles agiflfent avec la force d’une flamme ( §. 214. ). Dune
- cette matière éleétr n’a pû appercevo qu’une lumière, fa
- que , à laquelle 011 r juiqu’à préfenc far cette matière
- éleéfrique , qui produit des étince’les, le même effet que la flamme lorC. qu’elle s’empare de l’efprit de vin : car celui-ci eft mis par l’attouchement de la flamme en état de pouvoir mettre le feu plus loin.
- $ 217- J’ai remarqué ci-deflùs, ( §. i8z. ) au fujet de la foye élélri-fée, que je n’ai pu appercevoir aucune éleftricité dans les corps , aufquels ie l’ai fait toucher. En réfléchi(Tant fur ce Phénomène je ne fçavois comment repondre à la queft'on qu’on pourroit me faire, Cl d.ns l’atmofphére éleétri-que de la foye il y a auffi des particules de feu î Je commençai à douter, fi peut-être un degré confidérable de chaleur ne mettroit pas cette atmof-phére en mouvement, & par - là en état de communiquer fon éleélr'cité à une autre î En conféquence de cette idée je me mis à frotter un cordon de foye avec tant de violence, qu’il en
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- Kf4 E S S A f
- contrafta une chaleur confidérable, Si je le portai- tout chaud contre un tuyau de fer blanc, fous lequel j’avois es* pofé une plaque de verre avec des fragmens de feuilles d’or ; mais je ne leur trouvai encore aucune életStricitet Je refrottai fur le champ le cordon ,, & je l’approchai une fécondé fois du tuyau, mais fans voir le moindre effet* Ce ne fut- qu’à force de continuer cette opération, que je m’apperçus à la fin que le-tuyau atriroit les - feuilles d’or. J’effayai la-même chofe en fub* ftituant au tuyau une épée nue,& l’effet fut le même* J’échauffai enfuite la fbye d’outre en outre fur-un feu de charbons&- je la frottai avec un mora ceau de drap. J’eus le plaifir de voir non feulement l’éleéhicité originaire excitée plus vite & plus fortement, mais l’éleftricité communiqué devint même un peu plus fenfible fur l’epée:
- Ainfi-, quoiqu’on, ne puiffe plus dire, que la foyç ne communique ab-folument aucune éleffricité ( 18 3. )>
- il faut convenir néanmoins, qu’à proportion du grand échauffemenc elle eis Sommuuiqpe .eu* un degré, fi foible.^
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- SUR l’ElîC TRI CITE’. I4f
- que cela n’empêche pas d’établir com. me un fait confiant, que l’éleétricité d’nn corps, qui repofe fut des cordons de foye, ne fe diffipe pas fur elle, car il faut que les fragmens de feuilles d’or foient approchés de fort près de l’épée, pour qu’ils fe mettent en mou. vement par l’éleétricité communiquée delà part de la foye frottée. Ces mouvement céflent auflï à l’inftant même qu’on cefle de frotter la foye, & de la porter contre l’épée. Les corps élec-; trifés, qu’on pofe dans les expériences fur de la foye, ont une éleélricité communiquée, mais que je n’ai jamais pû augmenter au point que la foye en eût aulïï reçu quelqueleétricité.
- §, ii 8. Pour revenir au feu éleétri-que, nous pouvons tirer de tout ce qui à été dit la conclulion générale , que toute matière éle&rique contient des particules de feu.
- Car toutes ces matières acquièrent par Péleélrilàtion une force inflammatoire plus ou moins prompte ($. 211.' & fuiv. ) & nous fçavons qu’aucun fluide ne peut rien enflammer fans qu’il contienne lui même des
- particules ds
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- QUESTION XVIII.
- mit
- Comment les Etincelles Electriques font produites ?
- $• O m m e la fimple lumie--
- Vj re éleélrique contient néanmoins des particules de feu ( §• 116. 118. ), quoiqu’elle ne foit pas en état de tien allumer elle même ; on peut en conclure , que ces particules font plus denfes dans les étincelles éleétriques que la fiinple lu-
- §. nr Si les deux corps, entre lesquels on veut exciter des étincelles éleétriques, ne font pas naturellement propres pour cet effet, il n’en paroî-tra point,quelque peine qu’on fe donne pour en faire naître ( §. e7. ). Dont la denfité requife pour une étincelle électrique dépend de la jonélion des deux atmofphéres,qui environnent les corps en queftion.
- Car tous les corps fufceptibles d’é-leôricité ont une atmofphére éleétri-
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- M 7-)
- §. 222. Or les étincelles ne paroiC fént que quand les deux corps font élec-: rifés d’une force inégale, & furtout quand l’éleélricité manqueencore tout-: à fait à l’un ( § 70. ). Ainfi pour qu’une étincelle foit excitée, il faut que la matière éleftrique du corps faiblement ou point du tout-éleéhifé foit difloute & mife en mouvement par l’agitation de celle qui l’eft déjà fuffifamment. (S-74-)
- §. 22;.Auffitôt qu’une matière électrique eft dilToute par l’éleéirifation, elle fe répand plus loin en lignes divergentes^. 109.). Donc fa denfité eft diminuée.
- §. 224 Comme les parties d’une as-mofphére éleéhique fe difperfent en lignes divergentes, la denfité de l’ât-mofphére dans laquelle elle pénétrent en fera agmentée. .
- §. 22}. Ainfi I’atmofphére éle&riqtte d’un corps élettrifé qui agit fur un autre corps non éleftri !c,s’enrichit auxdepens de celui-ci & devient par conféquent plus denle dans l’endroit, où l’étincelle
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- y4$ E S S A T-
- fe forme par l’aétion de l’atmofphértf"
- du corps non éleéttiié.
- §. 116. La même chofe arrive à ; l’atmofphére du corps non - éleétrifé dans l’endroit où l’étincelle paroît.Car elle fe mêle avec les parties qui y découlent de l’atmolphéte éleétrique da. corps éleétriié.
- §. zxj. Cela étant fuppofé , je crois : pouvoir expliquer la 1 ptoduélion des étincelles de la -maniéré fuivante :
- Il faut d'abord diftinguer trois cho-fes dans une étincelle éleétrique , ;la lumière », l'acte de mettre le feu & le eraquement.Tânt que la matière électrique du corps éleétrifé ne touche pas Fatmofphére de l’autre, qui eft électrifié foiblement , ou qui ne l’eft pas du tout, on ne remarque au corps élec-tr:fé aucune lumière , ou s’il y en a» elle eft fort foible. De-là il eft évident que la matière da corps éleétrique » acquiert de l’acmoiphére dilloute de l’autre corps une augmentation des parties éleétriques dans l’endroit où l'étincelle paroît { §. 225. ). Or cette étincelle s’étend de la furface du corps éleétrifé jufqu’à celle de l'autre. CecL
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- strK i’ËiEcTs.iètTï*. 143 Vient de ce que la matière difperfée de l’autre acquiert de même un accroit fement de denfité en ce que les parties de la matière éle&rifantey pénè trent ( §. il6. ). •
- Mais fi l’on demande , comment les parties du feu des deux atmofphéres éleétriques excitent une lumière par la communication de plus de denlïté de l’une à l’autre ? Je crois que la reponfe eft lamême qu’on doit donner pour expliquer , comment il eft poffi-ble, que la flamme d’un corps brûlant jette de la lumière. •
- §. 128. Le craquement, qui accompagne les étincelles, femble fë faire de la maniéré Suivante : :
- Quoique les parties des attnofphé-res éleâriques des deux corps fe mêlent enfemble en-vertu de l’éleélri-fation , elles font en même tems féparées d’entr’elles pat1 un autre principe : Car pâr là tendance,que ces particules confèrvênt toujours vers les points d’où elles font ' forties , elles retournent chacune à fon point, lord que l’aéticn qui les enadetachées com-saence à s’affoiblir. ( §.127.) , &com-» Niij
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- ïjo Es Si ï
- me ces particules mêlées de deuxafc; mofphéres doivent néceffairement s’etw trechoquer en rebrouflant chemin , il s’en forme une efpéce de tremoufle-ment qui fe communique à l’air & qui frape l’oreille.
- Si vous me demandez i pourquoi on îventend pas un pareil craquement entre deux corps qui ne font pas naturellement propres pour des étincelles éleftriques ? Je dirai que c’eft parce-que les parties mélangées des atmot phéres éleétriques de ces deux corps n’ont pas la denfité requifepour former une étincelle : car comme cette denfité leur manque, le defaut d'un plus grand nombre de parties éleéiriques fait naître dans le même rems moins de mou-vemens qui puiffent frapper l’oreille ; & plus ces monvemens font foibles , plus le fon l’eft auffi : d’où il eft qu’on n’entend à ces corps qu’une efpéce de petit bruit,
- §. ut). Quant à la vertu inflammatoire , il femble que les étincelles éle&riques l’acqaierent comme il s’en fuit:
- Les huiles & les efpntsfont allu-
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- SUR t’Et BcfRIcrTï’. rjt< îtiés dans l’inftaiit même que l'étincelle difparoît avec craquement.
- Ceci arrive lorfque lafedeux atmof-phéres font parvenues à ifürmême den-iité par la mixtion de leurs parties > car alors elles ne font plus en état de fe fub-tilifer davantage l’une l’autre. Cette eoacervatiomde matière éleétrique contient en ce moment autant de feu mêlé enfemble, qu’il en faut pour mettre pat leur mouvement le feu à ce qu’il y a d’inflammable dans un corps, & dans l’inftant même que les particules mélangées des- deux atmofphéreséleétri-ques fe féparent, toutes ces particules agiffent en même tems fur cette fubftance fubtile , qui eft proprement -l’inflammable des corps & qu’on appelle autrement Phlogifton.
- Arnfi la flamme parole à l’inftant que l’étincelle éledtrique difpatoît avec fon coup,
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- Érs AV
- au I O N XIX.
- 'Gomment la lumière éleSrique peut mitre dans le vuide ?
- §; 130. O m m e 011 n’obferve V>< point de lumière cleftri-dans un verre rempli d’air qu’011 élec-trife ,011 doit conclure de-là que l’air eft un obftacle à la lumière électri-que.
- §. 231. Mais on s’étonne avec rai-fon de voir que les verres luifenc en deho' s en plein air Sorfqu’on y approche un corps non - clectrifé ( §. S 5: ) 3 quoique cette circonftance même fem-ble nous montrer au doigt la raifon pourquoi l’air renfermé dans le verre peut devenir un obftacle à la lumière éleétrique.
- L’air eft collé à toutes les parties de la furface intérieure du verre, tellement que par fa fluidité il remplit même les creux qui s’y trouvent & que par la contiguité de lès parties il y forme une elpéce de croûte. Suppo-
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- $ TT R t’ E I t C TU. I C ï T *’. 10 ;
- lôns donc que cet air devienne éleétri-que par l’aétion de l’atmofphéreéleélri-: que,dont la furface intérieure du verre doit être enduite.En ce cas lès matières éledriques d’en dehors & d’en dedans agiroient l’une fur l’autre avec des forces égales. Or dans dés mouvemens égaux de deux atmofphéres éleâfilees il' ne parole ni lumière ni étincelle ( 69. ). L’expérience confirme le
- premier , lorfqu’on met une barre de fer fur des cordons de foye , & qu’étant monté fur un relèau de pareils cordons on tient un bâton dé bois contre la barre éleârifée : fi l’on touche alors d’unemain la barre defers il n’y paroît aucune lumière.
- §. 131. Mais d’où vient, que deux matières n’excitent plus de lumière , auflïtôt qu’ils agi fient l’une fur l’autre avec des forces égales î en voici peut-être la caufe :
- 1. ) Aucune des parties de ces deux Atmofphéres 11’a plus la force d’en dif-foudre de celles de Pautre.
- a. ). Deux corps relient fans mou. vement auflï-tôt qu’ils agiflent l’un fur Pautre avec des forces égales. Ainfi ,
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- Vfî ËssAî-
- püifque dans les parties de ces atmofc phéres il ne fe fait plus de folutiou il n’y a par conféquent non plusde ces mouvêmens qui exCitent la lu-miere, & les deux atmofphéres relient en cet état tarit qu’elles agirent l’une fur l’autre avec des forces égales.
- §. ijj.Ainfî la lumière éleétriqae qui paroit dans le vuide femblepro-venir & durer par deuxraifons.
- i. Parce que les parties de l’atmof-phére éleétrique, qui eft en dedans du verre , continuent à-fe d Moudre à mefure qu’on éleébrife le Verre, &c qu’il s’y fait toujours de nouvelles didolutionï , nûnobftaut que ces par* ties retournent aux points d’otVils font fbrtis. C’eft de là , que cette lumière eft toujours plus diftinéle dans les endroits du verre où l’éleélrifatjon eft la .plus fort? s que dans d'autres-en* droits.
- i.-Parce que les parties des fur-faces oppofccs n’arrêtent pas par des aélions égales leurs mouvemens. réciproques.
- Cçtte circonftance eft toujours -né--celfaire, pburque lapnatierede lumière
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- SUR l’Euciucm’. Ijÿ parvienne an point de luire, & il eneft de même , foit que ce foient des parties de feu de la matière électrique, ou du foleil., ou de quelqu’autre corps ardent, .qui agiffe fur quelque
- Explication des Planches*
- Planche I. Fig^ i. Nouvelle Machine à éleétricité vue de devant & décrite au §. 11.
- Fig. z. la même Machine vue de côté.
- Fig 3. Le petit couffin, qui frotte le verre avec fa poupée détachée de la Machine, v. §. 11.
- Fig. 4 & 6. Supports ou guéridons pour fautenir les corps éleétrifés ; décrits au §. 3 1.
- Fig. 6. Refeau de cordons de foye pour le même ufage, là-même.
- Fig. y. Globe de verre , qui attire des bouts de fils. v. §. jd.
- Planche II. Fig. 1. Autre Machine à éleélricité , pour faire frotter un tube de verre, vue de côté & dés dite au §, if).
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- Fig. z. La même Machine vue de devant.
- Fig. 3. Le Tube avec fon chaffis- détaché de la Machine.
- Fig. 4. Pièce de la Machine, qui em-brafle le tube de verre, détachée de la machine, v. §,. 15.
- Fig. à. & 6. La direftion du fluide r, qui s’écoule d'un fiphon changée par !’éleélricité. v. §. 52.
- Fig. y. & $. Le fluide élevé dans une cuillère à l’approche d’une épée ou de quelqu’autre corps éleétrifé. v. §• 53"
- Fig. g. Etoile lumineufe par l’éleétri» cité. v. §. }6.
- Fig. 10. Rayon lumineux par l’électricité. v. ÿ. 61.
- Fig. ii. Pour les forces centrales, v, §. ii}, ta4.
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