Histoire de l'électricité
TOME 1
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- HISTOIRE
- D F.
- L’ÉLECTRICITÉ.
- TOME PREMIER.
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- HISTOIRE
- L’ÉLECTKICITÉ,
- Traduite Joseph P
- avec des Notes critiques.
- de VAnglais de
- ÏO u v r a g e enrichi de Figui Douce.
- Taille*
- TOME PREMIER.
- A PARIS,
- 'hez Hérissant le fils, rue des Fofles de M. le Prince, vis-à-vis le petit Hôtel de Condé.
- M. D C C. L X X I.
- dvec approbation, & privilège du Roi.
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- N As::-.L :
- AVERTISSEMENT
- DE L'ÉDltEUR.
- L'ouvrage que nous prèfentons au public, ejl l’HiJloire de l’Electricité la plus complette qui ait paru jufqu’icu Elle commence à l'origine de cette fcience; elle en fuit les progrès ; & elle s'étend juf-qu'aux dernieres découvertes quon y a fai-une collection de faits très-étendut genre ; & qui devient par-là. très-intérejfante. C'ejî une des principales raifons qui m'ont engagé à publier tel ouvrage dans notre langue ; car U ejl bailleurs fait par un Auteur tris-partial , & qui voudroit pouvoir accorder à fa nation toutes les découvertes , en les enlevant aux autres. Il dit cependant le contraire dans fa Préface ; mais il ejl rare quon voie foi-même fes propres défauts. Sa prévention en faveur des An-glois ejl telle, que les plus petites chofes faites par eux , lui paroijfent des prodiges ; tandis que le plus fouvent des chofes neuves t qui viennent des .autres Nations 3 lui femblent d’un mérite très-a iij
- | tes. C’ dans . ce
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- vj AVERTISSEMENT,
- inferieur. Il pouffe la prévention jufqu'au ||
- point de dire, dans un endroit de fort 1 ouvrage , en parlant de certaines ex pi- vi rie nus y que ,ji Içs François ne Us eu (fin t J pas faites les premiers , tout ce qu'ils fi ont fait a cet égard, ns vaudroit pas la j peine d'être rapporté ; & il donne aux | Anglois les plus grands éloges, quoique de Jon aveu , ils riaient fait en cela que copier les François. S'il donne quelques éloges à des Etrangers , c'eft à ceux qui ont fiuivi les principes des Anglois : ainfi ces éloges font encore donnés aux derniers, du moins indirectement. g*
- Malgré cela, je crois que cet ouvrage fera tris-utile aux Amateurs de l'Elec- J triché ; il leur fera voir d'un coup-d'œil |
- tout ce qui a été- fait dans ce genre : les expériences déjà faites donneront dis §§ vues pour en faire de nouvelles : & les Ij Notes que j'ai ajoutées , garantiront le É Lecteur de la prévention de l'Auteur. J'ai 1 trouvé bien des chofes que j'ai été tenté V de retrancher ; parce quelles m'ont paru minutieufes & inutiles. Mais j'ai eu peur | que l'Auteur & fis panifiants ne mefifi 1
- fient le reproche d'avoir omis des chofes %
- effintielles : & j'ai cru devoir l'éviter.
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- PRÉFACE
- D E
- L* A U T E U R.
- E n écrivant l'Hiftoire de VElectricité , je me flatte que je ferai plaifir aux perfonnes qui ont du goût pour la Phyfique en général, auffi bien qu’aux Electriciens en particulier. J’efpere même que cet o.uvrage fera de quelque utilité à l’Elearicité elle-même. Si l’exécution répond en tout à mon plan , je remplirai certainement .mon but au-delk de mes efpérances.
- L’Hiftoire de la Pliyfique expérimentale , écrite d’une ma-
- a iv
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- viij PRE-FACE niere convenable pour la rendre fort utile , feroit un Ouvrage immenfe , & peut-être au-def-fus de l’entreprife de tout homme quel qu’il foit. Mais il feroit fort à defirer que les pef-fonnes qui ont le loifir & les talents nécelîaires , l’entreprif-fent par parties. Quant à moi, je l’ai exécuté , du mieux qu’il m’a été poffible , à l’égard de cette branche, qui a fait mon amufement favori ; & je m’ef-timerai heureux , lï cet effai engage d’autres perfonnes à en faire autant, chacune dans fa partie.
- Je ne puis m’empêcher d’avouer que j’ai été finguliérement heureux , d’avoir entrepris l'hif-toire de TEle&ricité , dans le-temps le plus favorable, au moment où les matériaux n’étoient ni en trop petit nombre, ni
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- DE L’AUTEUR, ix Hiftoire , & dans Pinftant où ils étoient difperfés au point d’en faire fortement defirer I’entre-prife , & de rendre l’ouvrage particuliérement utile aux An-glois.
- Je m’eftime pareillement heureux , relativement à mon objet. La Phylique a peu de branches , à mon avis , qui foient un fujec fi propre pour une Hiftoire. Il n’y en a guere qui puif-fent fe glorifier d'un fi grand nombre de découvertes , difpo-fées dans un fi bel ordre, faites dans un fi petit efpace de temps, & toutes fi récentes , que les principaux afteurs de la fcene font encore vivants.
- J’ai eu l’honneur fingulier, & le bonheur de connoître plu-fieurs des principaux auteurs ; & c’eft d’après leur approbation de mon plan , & l’encourage-
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- X P R ÊFA CE
- ment qu'ils m’ont donné , que je me fuis déterminé à entreprendre l’ouvrage. J’avoue avec reconnoiffance , les obligations
- î)oâeur Franklin , & à M. Can-
- ton , pour les livres & autres matériaux qu’ils m’on procurés , & pour la promptitude avec laquelle ils m’ont donné toutes les inltruâions qui étoient en leur pouvoir. Je fuis plus particuliérement redevable à M. Canton, des nouvelles découvertes qu’il m’a fournies, qu’on trouvera dans cet ouvrage , & qui ne peuvent manquer de lui donner du mérite dans l’efprit'de tous les amateurs de l’Eledricité. Je dois aufli bien des remerciments à M. Price , de la Société Royale, & à M. Holt, Profefleurde Phyfique à Warrington; pour les foins qu’ils ont donnés à cet
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- DÊ L’AUTEUR, xi
- ouvrage, & pour bien des fer-vices importants qu’ils m’ont rendus.à cet égard.
- Le public eft pareillement redevable à ces Meilleurs de tout ce qu’il trouvera de bon dans les nouvelles expériences que j’ai rapportées de moi. Ce font les converfations que )’ai eues avec eux , qui m’ont d’abord fait naître l’idée d’entreprendre quelque chofe de neuf dans ce genre ; & c’eft leur exemple & leur attention favorable à mes expériences , qui m’a animé à les fuivre. En un mot, fans eux, ni mes expériences , ni cet ouvrage , n’auroient jamais exifté.
- J’efpere que le leéteur trouvera la partie Hiftorique de cet ouvrage complette , circonftan-ciée , & en même-temps fuccin-te. J’ai marqué chaque fait nouveau , chaque circonftance importante, tels qu’ils le font pré-avj
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- xij PRÉFACE fentes ; mais j’ai abrégé tous les 1 détails, & évité foigneufement I toutes les digreflions &; les ré- 1 pétitions. Potvr cet effet, j’ai lu i avec foin tous les Auteurs origi- | naux, auxquels j’ai pu avoir re- I cours ; & j’ai marqué par des S citations au bas de la page , les autorités que j’aj confultées ,
- & d’où j’ai tiré le détail rap- 1 porté dans le texte. Quapd je n’ai pas pu me procurer les Auteurs originaux , j’ai été obligé de les citer d’après les autres ; mais le renvoi apprend toujours à qui cela appartient. Pour bien rendre tous les Auteurs , j’ai communément donné à mes lecteurs leurs propres termes , ou U la traduâion la plus fimple que | j’en ai pu faire; & je l’ai fait, non-feulement lorfque je les ai cités dire&ement, mais encore G lorfque je me fuis approprié leur I
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- DE L’AUTEUR, xiij
- Je me fuis prefcrit pour réglé , & je crois ne m’en être jamais écarté, de ne point relever les bévues , les mal-entendus , ni les altercatiçms des Electriciens, du moins au-delà du point, où j’ai jugé que leur con-moiffance pouvoit être utile à leurs fucceffeurs. Toutes lesdif-putes qui n’ont contribué en aucune maniéré à la découverte de la vérité, je les aurois volontiers abandonnées à un éternel oubli. S’il dépendoit de moi, la poftérité ignoreroit toujours qu’il y’ eût jamais eu rien de pareil à l’envie , à la jaloufie ou a la fupercherie, parmi les admirateurs de mon étude favorite. J’ai rendu jutlice, autant que j’ai pu, au mérite de toutes les perfonnes intéreffées. Si quelqu’un a formé des prétentions injuftes , en s’arrogeant les découvertes des autres , je les ai
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- xiv P R É F A C E
- rendues fans rien dire, au véritable propriétaire , & ordinairement fans donner la moindre indication qu’il y ait jamais eu aucune injuftice de commife. Si dans certains cas je l’ai fait con-noître, j’efpere que les coupables eux-mêmes trouveront que je l’ai fait avec douceur ; & que cela leur fervira d’un mémento , qui ne leur fera pas inutile.
- Je crois ne m’être pas mis dans le cas qu’on me reproche la moindre partialité pour mes Compatriotes, & même pour les gens de ma çonnoiflànce intime. Si j’ai cité les Auteurs Anglois plus fouvent que les Etrangers ; c’efl: qu’il m’a été plus fecile de me les procurer ; car j’ai trouvé une difficulté à laquelle je ne me ferois pas attendu , pour me procurer les ouvrages étrangers compofés fur cette matière.
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- DE U AUTEUR, xv
- Il me paroît impoffible d’écrire une Préface à cet ouvrage , fans biffer voir une petite portion de l’enthoufiafme que j'ai contraflé, par la réflexion que j’y ai faite , en exprimant le ae-fir que j’aurois de voir un plus grand nombre des perfonnes qui mènent une vie ftudieufe & re-I tirée , faire entrer dans leurs étu-I des cette partie de la Phyfique I expérimentale. Elles trouve-Iroient qu’elle varieroit agréa-I blement leurs études , en mê-I lant un peu d’aïlion à la fpécu-lation , & donnant quelque occupation au corps, auffi bien qu’à l’efprit. Les expériences Eleétriques font les plus claires & les plus agréables de toutes celles qu’offre la Phyfique. On les fait avec le moins d’embarras ; elles font extrêmement variées ; elles fourniffent les phénomènes les plus agréables & les
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- xvj PRÉFACÉ I
- plus furprenants , pour l’amufe- I ment d’une compagnie ; & on 1 peut fuppléer à la dépenfe des ^ inftruments , par un retranche- B ment proportionné fur l’achat I des livres, qu’on lit commune- i ment, & qu’on laiffe de côté , | fans en recevoir moitié autant g d’amufement.
- L’mftruétion que l’on peut ti- 1 rér des livres , eft en comparai- 1 fon bientôt épuifée ; mais les H inftruments de Phyfique four- | niffent un fond inépuifable de 1 connoiflance. Cependant par 1 inftrument de Phyfique , je n’en- f tends point parler ici des glo- j bes , des orréries & autres , qui ,5 ne font que des moyens , que 1 des perfonnes de génie ont imaginés , pour expliquer à d’autres la maniéré dont ils concevoient | les chofes , & qui par confé- I quent, de même que les livres , n’ont pas un ufage plus étendu
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- DE L’AUTEUR, xvij que les vues que peut fournir l'induftrie humaine. Mais j’entends parler des inftruments tels que la machine Pneumatique , celle de Gondenfation, le Py-rorhetre, &c. ( au nombre def-* quels on doit ranger les machines Ele&riques ) qui préfentent les opérations delà nature ; c’eft-à-dire, du Dieu de la nature même, qui font infiniment variées. A l’aide de ces machines, ori peut mettre un nombre infini de chofes dans une variété infinie de fituations, tandis que la nature elle-même eft l’agent qui fait voir le réfultat. Par-là on obferve les loix par lefquel-les elle agit, & l’on peut faire les découvertes les plus importantes , & telles que ceux qui les premiers ont imaginé l’inf-trument., n’en avoient aucune idée.
- C’eft fur-tout en Eleâricité
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- xviij P È. Ê FAC E qu’il y a lieu d’efpérer le plus de faire de nouvelles découvertes. C’eft un champ qui ne fait que d’être ouvert, & qui ne demande pas un grand fond de connoiflances préparatoires pour le cultiver ; de forte que toute perfonne paffablement verfée dans la Phylique expérimentale, peut fut le champ fe trouver de niveau avec les Eleétriciens les plus experts. Il y a plus ; cette Hiftoire fait voir que bien des gens peu inftruits le font rendus aufli célébrés que d’autres, qui ont été regardés, h d’autres égards , comme les plus grands Phyficiens. Je n’ai pas befoin de dire h mes le&eurs, combien cette refléxion eft puiflan-te pour les engager a le fournir d’un appareil éle&rique. Le plaifir qui réfulte de la plus légère découverte qu’on a faite foi-même, l’emporte de beau-
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- DE L’AUTEUR, xix coup fur celui que nous caufe la connoiffance des découvertes d’autrui , quoique beaucoup plus importantes ; & quiconque ne fait que lire , n’eft pas dans Je cas de trouver de nouvelles vérités, comme y eft celui qui s’amufe de temps à autre k faire des expériences de Phy-fique.
- Le bonheur de l’homme dépend principalement d’avoir quelque objet k fuivre, & de la vigueur avec laquelle il emploie fes facultés dans cette pourfuite. Il eft fur que nous devons être beaucoup plus inté-reffés à fuivre des objets qui font entièrement à nous, que nous ne le fommes à fuivre la route que les autres ont tracée. D’ail1 eurs, ce plaifir tire des fecours de bien des fources, que je n’entreprends pas ici de détailler, mais qui contribuent
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- *x F RÊ FAC È à en augmenter la fenfation bien plus qüe toute autre chofe- de, ce genre , que peut éprouver une perfonne dont l’elprit eft tourné à la fpéculation.
- Ce qui rend l’étude de l’Electricité très - recommandable , c’eft qu’elle ne paroît point du tout être iln objet de peu d’importance. Le fluide éle&riquc n’eft point un agent local, ni occafionel fur le théâtre du monde. Les dernieres découvertes font voir qu’il eft préfent & âgiffant par-tout ; & qu’il joue un rôle principal dans les plus grandes & les plus intérelfantes lcenes de la nature. Il n’eft pas reftreint, comme le magnétif-me, à une feule efpece de corps ; tous ceux que nous connoiflons font conduéfeurs ou non - Con-duâeurs d’Ele&ricité. Ces propriétés leur font auffi eflentiel-les & auffi importantes, qu'au-
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- DE L’AUTEUR, Xxi
- cune 4e celles qu’ils polTédent ; & ne peuvent guere manquer de fe faire connaître par-tout pu il efi: queftion des corps.
- Jufqu’ici la Phyfique s’eft exercée principalement fur les propriétés les plus fenfibles des corps : l’Eleâricité, ainfi que la Chÿmie & la doéîrine de la lumière & des couleurs , paroîp propre à nous faire çonnoître leur ftruélure intérieure , d’où dépendent toutes leurs propriétés fenfibles. En finvant donc cette nouvelle lumière , on peut parvenir à étendre les bornes de fa Phyfique, au-delà de tout ce dont nous pouvons maintenant nous former une idée. On peut découvrir, à notre vue de nouveaux mondes ; & la gloire du célébré Newton lui-même, & de fes contemporains , peut être éclipfée par un nouvel orr dre de Philolophes dans un
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- xxij PRÉFACE champ de fpéculation tout-h-fait nouveau. Si ce grand homme pouvoir revenir fur la terre , & qu’il vît les expériences des Eleâriciens aftuels , il ne feroit pas moins étonné que Roger Bacon l’auroit été des fiennes. La commotion éleéfrique elle-même , fi on la confidere avec attention , paroîtra prefque aufli furprenante qu’aucune de fes découvertes : & quiconque auroit été conduit h celle-ci par quelque raifonnement , auroit été regardé comme un très-grand génie. Mais les découvertes éleâriques font tellement dues au hazard , que c’eft moins l’effort du génie que les forces de la nature , qui excitent l’admiration que nous feur accordons. Mais fi la fimple commotion éleéfrique eût paru fi extraordinaire à Newton, qu’auroit-il dit en voyant les effets d’une
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- DE L’AUTEUR, xxüj de nos batteries éleCtriques actuelles , & l’appareil au moyen duquel nous tirons le tonnerre des nuages? Quel plaifir inexprimable pour un Electricien de nos jours , s’il lui étoit poffible d’entretenir , pendant quelques heures, de fes principales découvertes , un homme tel que Newton !
- Laiffons - là cette digreflïon , & revenons à notre Préface. Non content de rapporter l’Hif-toire des découvertes électriques, dans l’ordre dans lequel elles ont été faites, j’ai cru'qu’il étoit né-ceflàire , pour rendre l’ouvrage phis utile , fur-tout aux jeunes EleCtriciens , d’ajouter un traité méthodique fur cette matière, contenant la fubftance de l’Hifi-toire fous une autre forme, avec des obfervations & deaiaf-truCtions que j’y ai ajoutées.T?u-fage particulier de ces différai-
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- xxiv PRÉFACE tes parties de l’ouvrage r eft énoncé fort au long dans leurs introduirions ; & en dernier
- li.eu , j’ai rendu compte des nouvelles expériences que j’ai été affez heureux d’imaginer.
- J’ai intitulé cet ouvrage, Histoire de l’Eledriçité. Soit qu’il ait de nouvelles Editions ou non ; on aura foin de lui donner toujours toute l’étendue de fon titre, en imprimant au befoin & dans le même format, des additions , à mefure que l’on fera de nouvelles découvertes , qui feront toujours données à un prix raifonnable, ou même gratis , G elles font peu confidéra-bles,
- Vu les morceaux précieux dont des perfonnes eftimables pnt bien voulu honorer juf-q^fi cet ouvrage, je crois pouvoir avertir, fans être taxé de préemption , que tous ceux qui feront
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- DE L’AUTEUR xxv feront des découvertes en Electricité , & qui voudront les voir confignées dans cette Hiftoire, me feront plailir de me les communiquer ; fi elles font vraiment nouvelles , on leur afiigne-ra fûrement une place convenable dans la prochaine édition , ou dans le cahier de fupplé-ment. Il me femble que fi en général les Eleétriciens prenoienc cette méthode, & qu’ils donnaf-fent conjointement au public , la connoilfance de leurs découvertes , foit dans des feuilles périodiques , ou autrement , la fcience en tireroit les plus grands avantages.
- Les objets de la Phylique font tellement multipliés , que des particuliers ne peuvent, ni fc procurer aifément , ni même lire le recueil général des tran-faétions Philolophiques. Il eft temps de fubdivifer cette ma-
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- xxvj PRÉFACE tiere , afin que chacun puifîe avoir la commodité de s’attacher k la partie dont il fait fon étude favorite. Toutes les branches de la Phyfique trouveroienc leur compte dans cette réparation. C’ell: ainfi que du temps des Patriarches, les branches nombreufes d’une famille trop multipliée , l’obligerent de le divifer ; & cette féparation contribua à la force & h l’accroif-fement de chaque branche , & à la commodité de toutes. Que la plus jeune fille des fciences donne l’exemple aux autres, & fàfle voir qu’elle fe croit allez confidérable pour paroître dans le monde fans être accompagnée de fes fœurs.
- Mais avant d’en venir h cette féparation générale , que chacune rafl'emble tout ce qui lui appartient, & marche avec fes propres fonds. Pour finir
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- DE L’AUTEUR, xxvij J’allufion ; que l’on écrive l’Hil-roire de ^tout ce qui a été fait dans chaque branche particulière de fcience, & que l’on préfente le tout rapproché fous un même point de vue. Quand une fois on aura préfenté fidèlement tous les progrès & l’état aébuel de chaque fcience, je ne doute pas que nous ne voyions commencer une Ere nouvelle & in-téreflante dans l’Hiftoire de toutes les fciences. Un tel tableau complet & précis de tout ce qui a été fait jufqu’ici, ne pourroit manquer de donner une nouvelle vie aux recherches Philo-fophiques. Il fuggéreroit une infinité de nouvelles expériences , & fans doute accélérerait beaucoup les progrès des con-noiflances, qui fe trouvent actuellement retardés , en quelque forte par leur propre poids, & par la confulion mutuel-bij
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- xxviij P R Ë F A C E le de leurs différentes parties.
- levais communiquer une idée, qui m’eft venue dernièrement , & qui pourroir, je crois , favori-fer I’açcroiffement des connoif-fances Philofophiques. fl y a maintenant dans différents Pays de l’Europe, de grands corps de Sociétés , qui ont des fonds, pour l’avancement de toutes fortes de connoilfances Philofophiques. Que les Philofophes commencent h fe divifer actuelle-.-ment, & à former des Sociétés plus petites. Que les différentes compagnies affignent des fonds plus petits, & nomment un Direâeur pour conduire les expériences. Que chaque membre ait le droit de propofer- des expériences dans la proportion de fa foufcription ; & que l’on publie périodiquement le réful-tat de celles qui feront faites, foit qu’elles aient réuffi ou non.
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- Di. VAUT EU K. xxk De eette maniéré , on réuniroit & on augmentëroit les facultés de' tous les membres. On eflaye-roit tout ce qui pourroît être fait avec une dépenfe médiocre ; & comme il y auroit une per-fonne nommée pour p^éfider à ces expériences, elles feroient faites & publiées fans perdre de temps. De plus , comme on évi-teroit d’agrandir ces petites Sociétés , on ne les encourageroit qu’à proportion qu’on les trou-veroit utiles ; & le fuccès dans les plus petites chofes , les en-gageroit à en entreprendre de plus grandes.
- Je ne défapprouve point du tout les grandes Sociétés générales , & qui font corps : elles ont aulîi leurs avantages particuliers ; mais l’expérience nous apprend qp’elles font fujettes k devenir trop nombreufes , & leurs formalités font trop len-
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- xxx PRÉFACE tes à expédier les chofes minu-tieufes , fur-tout dans l’état actuel , & fi compliqué de la Phi-lofophie. Il faudroit avoir recours aux riches Sociétés , pour fournir aux dépenfes des expériences i auxquelles les fonds des petites ne pourroient fuffi-re. Il faudroit que leurs ouvrages continfl'ent un extrait des plus importantes découvertes, recueillies des ouvrages Périodiques , publiés par les petites ; qu’elles encourageaflènt par des récompenfes ou par d’autres moyens , ceux qui fe diftingue-roient dans les Sociétés inférieures ; & qu’elles donnaflent ainfi une attention générale à tout ce qui concerne la Philo-fophie.
- . Je défirerois que toutes les Sociétés Philofophiques de l’Europe , réunifient leurs fonds ( & il feroit h fouhaiter qu’ils fuflent
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- D E VA UTE U R. xxxf
- fuffifants pour cela ) pour équiper des vaifl'eaux , afin de découvrir tout ce qui refte d’inconnu fur la furface de la terre , & pour faire plufieurs expériences importantes, que l’on ne peut faire que dans d’auffi grands voyages.
- Les Princes ne tenteront jamais ce grand œuvre. L’efprit d’entreprife femble être totalement éteint parmi les Négociants aéluels. Cette découverte eft une chofe très - délirable pour les Sciences ; & où peut-on s’attendre de trouver cet enthoufialme noble & pur, pour de pareilles découvertes , fi ce n’eft parmi des Philofophes , gens qui ne font conduits, ni par des motifs de politique, ni par ceux d’intérêt ? Eftimons-nous heureux, fi les Princes ne mettent point d’obftacles à de tels delfeins. Qu’ils combattent pour les Pays b iv
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- xxxij P R Ê FACE déjà découverts ; que les Négociants fe difputent les avantages qu’on en peut tirer. Ce fera un bonheur pour les Philofophes , fi le théâtre de la Guerre eft fort éloigné du théâtre de la Scien-i ce ; & l’on aura de nouvelles occafions de faire briller le génie dans le commerce, fi l’on abandonne le vieux chemin battu , fi l’on détruit l’ancien fyf-tême de trafic pour faire place à des plans de commerce nouveaux & plus étendus. Je félicite la race a&uelle des Philofophes , de ce que fait à cet égard la Cour d’Angleterre ; car quelles que foient les vues qu’elle fe propofe, dans les expéditions que Pon fait dans les mers du Sud , elles ne peuvent: quatre favorables à la Philofophife.
- La Phyfique eft une fcience qui demande plus particuliérement le fecours des richef-
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- DE L’AUTEUR, xxxiij fes. Beaucoup d’autres n’exigent d’un homme que ce que lis réflexions peuvent lui fournir. Ceux qui les cultivent trouvent au - dedans deux - mêmes , tout ce dont ils ont befoin ; mais la Phylique expérimentale n’eft pas fi indépendante. La nature ne peut être dérangée de fa route, & ne fouffre pas qu’on la mette dans cette variété de fi-tuations qu’exige la Phylique pour découvrir fa puiflance fur-prenante , f ans peine & fans dé-penfe. Auflï cette fcience ne peut pas être dans un état florilfant fans la proteâion des Grands. D’autres peuvent former de grands projets, eux feuls ont le pouvoir de les mettre a exé-
- D’ailleurs il y a des claffes de gens plus élévés, qui font les plus intérefTés à l’extenfion de tontes fortes de connoiffances bv
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- xxxiv PRÉ F A C E naturelles , comme étant plus & portée de profiter des nouvelles découvertes qui contribuent au bonheur & h l’agrément de la via humaine. Prefque tous ces agréments font le produit de ces Arts, qui n’auroient jamais exif té fans la Phyfïque , & qui fe perfe&ionnent de jour en jour en puifant dans la même four-ce. Ces fciences ont donc naturellement le droit de réclamer la prote&ion des Grands & des riches ; & il eft évident qu’il eft de leur intérêt de ne pas fouf-frir qu’on fufpende des recherches qui promettent du fuccès , faute des moyens de les pour-fuivre.
- Mais on doit fuppofer que les gens d’un plus haut rang , font attachés aux fciences par d’autres motifs que ceux de l’intérêt perfonnel, par des motifs plus élevés, & qui partent d’une
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- DE VAU T EU R. xxxv bienveillance plus étendue. C’eft b la Phyfique que font dues toutes ces grandes inventions , qui mettent les hommes en général, en état de fubfifter plus aifé-ment, & en plus grand nombre fur la furface de la terre. Delà viennent les grands avantages des hommes fur les brutes , & des nations civilifées fur les Barbares. C’eft auffi par le moyen de cette fcience, que les vues de l’efprit humain fç font étendues & que notre propre nature a été anoblie & perfectionnée. C’eft donc pour l’honneur de l’efpece humaine , que ces fciences doivent être cultivées avec la plus grande atten-
- Et de qui doit-on attendre ces vues étendues, & qui comprennent de fi grands objets ; fi ce n’eft de ceux que la providence a élévés au-deflus du ref-b vj
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- xxxvj PRÉFACE \ te des humains ? Exempts de la plupart des foins qui font particuliers aux autres individus , ils doivent embrafler les intérêts de I’efpece. entière , compatir aux befoins des hommes , & s’intérelfer à foutenir la dignité de la nature humaine.
- Je me flatte avec plaifir de l’efpoir, que bientôt nous verrons ces motifs opérer d’une maniéré plus étendue , qu’ils n’ont fait jufqu’ici : que l’exemple d’un petit nombre donnera a beaucoup d’autres , du goût pour la Phyfique, lequel opérera le plus efficacement pour l’avantage de la fcience & du monde ; & que les recherches Philofophiquesen toutgenre,feront dorénavant fuivies avec plus de zèle & de fuccès que jamais.
- Si je voulois fuivre cet objet, il me conduiroit trop au-delà des bornes raifonnables d’une
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- DE VA UTEUR. xxxvij Préface. Je finirai donc par faire connaître les fentiments qui doivent tenir la première place dans l’efprit de tout Philofo-phe, quel que foit l’objet im-; médiat de fon étude ; favoir , que la fpéculation n’eft utile qu’autant qu’elle conduit k la Pratique ; que l’utilité immédiate de la Phyfique, eft le pouvoir qu’elle nous donne fur la nature , au moyen de la con-noifîànce que nous acquérons de fes loix ; ce qui fait le bonheur & la fatisfaélion de la vie humaine, : mais que le plus grand & le plus noble ufage des ipéculations Philofophiques eft de régler notre cœur, & de nous fournir l’occafion de nous inculquer dans l’efprit des fen-timents de piété & de bienfai-fance.
- Un Philofophe doit être plus grand & meilleur qu’un autre
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- xxxviij PRÉFACE homme. La contemplation des ouvrages de Dieu doit donner de la fublimité k fa vertu , Sx de l’étendue k fa bienveillance ; éteindre tout ce' qu’il y de bas, de vil & d’intéreffé dans fa nature; donner de la dignité k tous fes fentimeuts ; & lui énfeigner k afpirer aux perfeâions morales du grand Auteur de toutes chofes. Que les Philofophes fe-roient des Etres grands & élevés , fi les objets qu’ils méditent , produifoient dans leurs efprits l’effet moral qui leur eft propre ! Une vie paffée k contempler les produirions de la puiflance , de la fagefie & de la bonté Divine, ferois vraiment une vie dévote. Plus nous connoiffons la ftru&ure mer-veilleufe du monde , & les loix de la nature , plus nous comprenons clairement leurs ufages admirables, pour faire le bon-
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- DE VAU T EU R. xxxix heur de tout être créé, capable de perceptions. Ufc pareil fentiment ne peut manquer de remplir le cœur d’un amour, d’une reconnoifl'ance, & d’une fatisfaétion fans bornes.
- Il n’y a pas même jufqu’aux chofes pénibles & délàgréables qui fe rencontrent dans le monde, qui après un examen plus exaâ , ne paroilfent à un JPhi-Iol'opbe très - bien ordonnées , comme un remède à un plus grand mal, ou comme un moyen néceflaire pour obtenir un bonheur beaucoup plus grand ; de forte que de ce point de vue élevé, il voit toutes les peines & tous les maux paflagers s’évanouir , dans l’attente glorieu-fe d’un plus grand bien, auquel ils fervent d’échelons pour y parvenir. Par-là il eft excité a révérer Dieu , & à fe réjouir en lui, non-feulement à la clar-
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- xi préface té du foleil ; mais encore dans1 les ombfes les plus obfcures de la nature : au lieu que les âmes vulgaires font fujettes à fe décourager à la moindre apparence de mal.
- L’exercice de la piété ne nous eft pas feulement utile comme hommes ; il nous eft encore avantageux comme Philofophes ; & comme la vraie Philofophie excite h la piété, réciproquement une piété généreufe & mâle, eft utile à la Philofophie, d’une maniéré foit directe , foit indireâe. Tant que nous ne perdons point de vue la grande caufe finale de toutes les parties, & de toutes les loix de la nature, nous avons le fil par lequel nous remontons à la caufe efficiente. Il n’eft nulle part plus vifible que dans cette partie de la Philofophie, qui regarde la création des animaux ;
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- DE VAUTEUR, xlj
- comme l’obferve le célébré Docteur Hartley ; n puifque ce mon-« de eft un fyftême de bienveil-» lance ,< & que conféquemmenc » l'on Auteur eft l’objet d’un » amour & d’une adoration fans » bornes , la bienveillance & « la piété font les feuls vérita-» blés guides que nous devons »ifuivre dans les recherches que » nous y faifons , les feules » clefs qui ouvrent les myfteres »;de la nature , & les fils qui « conduifent dans fes labyrinthes. Toutes les branches de n l’hiftoire Naturelle & de. la » Phyfique , nous en f’ournif-» fent des exemples innombra-» blés. Dans toutes ces recherches , le Philofo’phe doit re-V garder d’abord cérame accor-, «dé, que tout eft bien; & le » mieux qu’il puifle être dans » l’état préfent des chofes ; c’eft-» à-dire, qu’il doit, avec une
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- xlij PRÉFACE
- » pieufe confiance , tendre k la » bienveillance ; par - là il fera » toujours dirigé dans la bonne » route ; & après y avoir perfé-» véré quelque temps , il arri-» vera k quelque vérité nouvelle » & importante ; au lîeu que » tout autre motif d’examen , » étant étranger au grand plan » fur lequel l’univers eft conf-» truit , doit néceflairement » conduire dans des labyrinthes, » des erreurs & des incertitu-n des fans fin (a).
- A l’égard de l’utilité indirecte de la piété, on doit obfer-ver que la tranquillité & la fatisfaétion d’ame, qui réfulte de la dévotion , rend très-propre aux recherches Philofophi-ques, & tend en même-temps
- vol.
- a) Hartley's , obferyations on man. i, pag. a4j.
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- DE L’AUTEUR, xliij
- à les rendre plus agréables & plus fruâueufes. Les fentiments de religion & de piété, tendent à guérir l’ame de l’envie , de la jaloulie , de la vaine gloire , & de toutes les autres pallions baffes, qui dégradent les amateurs des fciences , & en retardent les progrès en donnant à l’efprit des penchants défor-donnés , & l’empêchent de fui-vre tranquillement 1^, vérité.
- Enfin , on doit fe reffouve-nir que le goût pour les fciences , tout agréable & même honorable qu’il foit, n’eft pas une de nos partions les plus fortes, & que les plaifirs qu’il procure, ne font que d’un degré au-deffus de ceux des fens ; & par conféquent qu’il faut né-celfairement mettre de la modération dans toutes les recherches Philofophiques. Outre les devoirs qu’on a à remplir, cha-
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- xliv PRÉFACÉ cun dans fon état, devoirs qu’ort doit toujours regarder comme facrés & inviolables , il faut encore remplir les devoirs de la piété, de l’amitié, & de beaucoup d’autres ehofes qui nous appellent, & doivent être préférés au plailir de l’étude. La plupart des hommes n’ont donc qu’une petite portion de leur loilir qu’il leur foit permis de donner à d’étude des fciences ; mais cette portion eft plus ou moins grande fuivant l’état d’un homme , fes talents naturels , & les commodités qu’il a de pourfuivre fes recherches.
- Je finirai par un autre pafla-ge du Doéteur Hartley , qui revient k ce fujet». Quoique la » recherche de la vérité foit un » amufement & une occupation » qui conviennent à notre na-» ture raifortnable, & un de-» voir envers celui qui eft la
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- DE L’AUTEUR, xlr
- » fource de toutes connoifTan-» ces & vérités , nous devons » cependant y mettredes inter-» valles & des interruptions fré<-» quentes ; autrement l’étude « des fciences , emreprjfe fans » avoir toujours en vue Dieu & » nos devoirs , & par un vain ?> defir d’être applaudi , pren-» dra polTeflion de nos cœurs , » les remplira entièrement, & » y jettant des racines plus pro-» fondes que ne fait le goût des w vains amufements, deviendra n à la longue, un mal beaucoup » plus dangereux & plus diffi-w cile à extirper. Rien n’eft au^-» defl'us de la vanifé, de l’opi-» nion de foi-même, de la pré-» fomption , de la jaloufie & » de l’envie , que l’on rencontre » dans les plus célébrés Profef-» feurs des fciences , des Ma-» thématiques , de Phyfique, & » même de Théologie. La mo-
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- xlvj PRÉFACE n dération eft donc eflèncielle- 1 » ment néceffaire dans ces étu- | » des , foit pour arrêter les pro- 1 n grès de ces pallions blâma- 1 » blés , foit pour avoir le temps 1 » de remplir nos autres devoirs I » effentiels. Il en eft de ces ] » plaifirs comme des plaifirs des j » fens ; nos appétis ne doivent j » pas être la mefure avec la-» quelle nous nous y livrons ;
- » mais nous devons tout rap-» porter à une régie plus élevée.
- n Quand on eft dirigé dans la » pourfuite de îa vérité , par » cette réglé fupérieure , &
- » qu’on fe propolè la gloire de » Dieu & le bien du genre hu- j » main, il n’y a point d’occu- s » pation plus digne de notre na-» ture , ni qui contribue davan- i »tageà la purifier & la perfec- I n donner (a).
- M Hartley's, obferyations on man. vol. 2,pag. zjf, Scç.
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- ERRATA.
- T O, ME PREMIER.
- P 4QE ? , ligne i $ , rÇle&ricité, lifer , Ele&ricité
- 9 z;, a voit,///*£, avoienc
- iz 19, rapportent, life[ ,
- rapporte
- 51 18, de tube, ///<?£, du tube
- Z17 ïi , de métal, lifefy du
- métal
- 5P1 10, appliquât, lift[ , ap»
- . pliquoit
- $ Î4 9 , caufent, lijç£ , caufe
- 540 z » qui le lijei, qu’ellp
- Î*J 17, en h,hfii, en lç
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- AVIS
- AU RELIEUR.
- Il faut placer la Planche A à la fin du Tome II, & toutes les Autres Planches doivent être placées à la fin dit J'orne III, de maniéré qu’en s’ouvrant elles puijfent fortir entièrement du livre, & fe voir à droite.
- HISTOIRE
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- HISTOIRE
- D E
- L ÉLECTRICITÉ.
- PREMIERE PARTIE.
- PÉRIODE I.
- Expériences & découvertes en Electricité , antérieures à celles deM. Hawkes bée.
- L’H i s t o r R e de la Philofopbie ne contient aucune obfervation plus ancienne que celle-ci ; lavoir , que l’ambre jaune, lorfqu’il eft frotté, a le pouvoir d’attirer des corps il-Tom. L A
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- i Histoire
- gers. Thaïes de Milete , pere de la Philolbphie Ionienne , qui floriflbit environ 600 ans avant Jéfus-Chrift , fut fi frappé de cette propriété de l’ambre , qu’il imagina qu’il étoit animé. Mais le premier Ecrivain qui ait fait une mention exprefle de cette fubftancé, eft Théophraftes , qui floriflbit environ 500 ans avant J. C. Il dit, dans fon ouvrage fur les Pierres précieufes, feél. 5 3 , que l’ambre a la propriété d’attirer les corps légers, de même que le Lyncurium , qui, dit-il, attire non-feulement les pailles & les petits morceaux de bois, mais même les fragments minces de cuivre & de 1er. Ce qu’il dit de plus du Lyncurium , fera rapporté à l’article de la Tourmaline , que le Doéleur Watfon a, en quelque maniéré , prouvé être la même fubftancé.
- Du mot eXmTfov, nom grec de l’ambre , eft dérivé le terme Electricité , qui fignifie maintenant, non-feulement le pouvoir qu’a l’ambre , d’attirer les corps légers ; mais tuflï toutes les autres propriétés des corps éleélriques , en quelques corps qu’on les fuppofe rsfider, ou à quel-
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- dû l’ Electricité. ; ques corps qu elles puiiîent être communiquées.
- Pline , & d’autres Natnralifles après lui, particulièrement Gaffendi, Kenelin Digby , & Mr. Thomas Brown , ont, comme en pafiant, fait mention de la nature attraélive de l’ambre ; mais, fi l’on excepte l'Electricité de la fubftance appellée Jaiet, découverte qui a été faite depuis peu ( quoique j’ignore quel en eft l’Auteur, ) on ne fit aucuns progrès en l’Eleélricité , jufqu’au temps ou cette matière fut entreprife par Guillaume Gilbert, natif de Colchefter , Médecin à Londres, qui, dans l'on excellent traité Latin de VAimant, rapporte une grande variété d’expériences éleélriques. En conlidérant le temps dans lequel cet Auteur a écrit, & combien peu on avoit de con-noilfances de cette matière avant lui, fes découvertes peuvent être regardées comme confidérables, quoiqu’elles paroiflent peu de cfaofe, lorfi qu’on les compare à celles qu’on a faites depuis.
- 11 a beaucoup augmenté la lifte des corps éleélriques , comme aufli Ai;
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- 4 Histoire
- de ceux fur lefquels les corps électriques peuvent agir, & il a remarqué avec foin plufieurs circonftances importantes, relativement à leurma-niere d’agir, quoique fa théorie de 1’Eledricitc fût fort imparfaite, comme on pouvoit s’y attendre.
- L’ambre & le jaiet étoient, comme je l’ai obfervé ci-deflus, les feules fubftances auxquelles on connût avant ce temps-là , la propriété d’attirer les corps légers , lorfqu’ellcs étoient frottées ; mais il a trouvé la même propriété dans le Diamant, le Saphir, le Rubis, XAméthyftc, VOpale, la Pierre de Brijlol, X Aigue-Marine , & le Criftal. Il obferve auffi, que le Verre, fur-tout celui qui eft clair & tranfparent , a la même propriété, ainfi que toutes les matières vitrifiées , le verre d'Antimoine, la plupart des fubftances fpateufes , Sc les Bilemnites. Enfin , il termine fon catalogue des fubftances éleéfriques, par le Soufre, le Maftic , la Gomme lacque, teinte de différentes couleurs, la Réfine folide, le Sel-Gemme, le Talc & Y Alun de Roche. La . Réfine , dit-il, ne poflcdoit cette propriété
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- que dans un petit degré, & les trois dernieres fubftances- dont on a fait mention , feulement lorfque l’air étoit clair & exempt d’humidité.
- Il obferve que toutes, ces fubftan--ces attiraient , non - feulement les-pailles, mais-tous les métaux, toutes les efpeces de bois, de pierres de terres, d’eaux , d’huiles , en un mot,. tout ce qui eft folids , & l’ob- ' jet de nos fens. Mais il imaginoit que l’air, la flamme, les corps embra-fés, &c toutes les matières extrêmement raréfiées n’étoient pas fujettes-à cette attradion. Il a trouvé que la-fumée épaifle étoit attirée trës-fenfi-blement ; mais que celle qui étoit légère , l’étoit fort peu.
- Le frottement, dit-il, eft en géné-‘ ral, n’éceflairc, pour exciter la vertu de ces fubftances ; quoi qu’il eût, dit-il, un morceau d’ambre grand & poli, qui agifloit fans avoir été frotté. Mais il eft probable qu’il s’eft trompé à cet égard. 11 a obfervé que le frottement le plus efficace eft. celui qui eft vif & léger ; ëc il s’eft apperçu que les apparences éleétri-ques étoient les plus fortes, lorfque A iii
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- S Histoire
- l’air étoit fec, & que le vent fouf-floit du Nord ou de l’Eft ; auquel temps les fubftances électriques, dit-il , agiiïoient encore dix minutes après avoir été excitées. Mais il dit qu’un air humide ou un vent de Sud annéantit prefque la vertu électrique. Il a auiîî obfervé le même effet par l’interpofition de l’humidité, de quelque genre qu’elle fût, comme par celle de la refpiration & de plufieurs autres fubftances ; mais non pas toujours par l’interpofition d’un taffetas mince. 11 dit que l’huile pure & légère , jettée par afperfion fur les corps éleétriques, après qu’on les a frottés, n’a point empêché leur vertu ; mais que l’eau- de-vie ou l’el-prit-de-vin l’a fait. Il dit auffi, que le criftal , le talc , le verre , & tous les autres corps éleétri ques, ont perdu leur vertu , lorfqu on les a fortement chauffes ; mais c’eft une méprife. La chaleur du Soleil, raf-femblée par le moyen d’un miroir ardent, eft, dit-il, fi éloignée d’exciter l’ambre & les autres corps électriques, qu’elle diminue leur vertu; quoique, lorfque les corps éleétri-
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- ques ont été excités, ils retiennent leur vertu plus long-temps à la clarté du foleil qu’à l’ombre.
- La plupart des expériences de cet Auteur , ont été faites avec de longues pièces minces de métal & d’autres fubftances , fufpendues librement fur leurs centres, comme des. aiguilles de boufloles, aux extrémités defquelles il préfentoit les corps éledriques qu’il avoir excités. Ses expériences fur l’eau , ont été faites en préfentant au corps éledrilé une goutte d’eau arrondie fur une fubf-tance feche : & il eft à remarquer qu’il a obfervé aux gouttes éleélri-fees la même figure conique, que M. Grey a découvert dans la luire; ce qui fera rapporté plus au long dans fon lieu & place. M. Gilbert a conclu que l’air n’étoit pas affecté par l’attradion éledrique, parce que la flamme d’une chandelle ne rétoit pas ; car la flamme , dit - il, eût été troublée, fi l’air lui eût donné le plus petit mouvement.
- M. Gilbert, a imaginé que l’at-tradion éledriqite étoit produite de la même manière, que l’attradion de
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- cohéfion. Il a obfervé que deux gouttes d’eau le jettent l’une fur l’autre avec force, lorfqu’elles font en contait; & les corps éledriques font, dit-il, virtuellement en contad avec les corps fur lefquels ils agiflent, au moyen de leurs émanations excitées par le frottement.
- Entre-autres différences , entre l’at-tradion éleétrique & l’attraction magnétique, dont quelques-unes font très-juftes, & d’autres allez imaginaires , il dit que les corps magnétiques fe portent mutuellement l’un vers l’autre ; au lieu que dans l’at-tradion éleélrique , il n’y a que le corps éleélrique qui agifle. 11 ob-ferve aulfi particuliérement que dans le magnétifme, il y a attradion & répulfion ; mais que dans l’éledrici-té, il n’y a que la. première, & jamais la derniere (a) [i].
- (a) Gilbert de Magncte, lib, i, cap. 1. >83°[i] Il faut que M. Gilbert ait fait fes expériences bien en petit, pour n’avoir pas remarqué la répulfion Eleélrique , que l’on peut voir dans toutes les expériences , & par ou il arrive fouvcnc quelles commencent,
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- »s i’Eiectricité. 5
- Telles font les découvertes de notre compatriote Gilbert, qu’on peut à jufte titre appeller le pere de l’é-ledricité moderne , quoiqu’il foit vrai qu'il l’ait laiflee tout à fait dans l’enfance.
- François Bacon, dans fes Mélanges Phyfiologiques , donne un catalogue des corps attirables & non. attirables; mais il ne différé en rien qui mérite d’être rapporté de celur qu’a donné Gilbert, & il ne paraît avoir fait fur cette matière aucunes-obfervations , qui lui foient propres.
- Ces phénomènes remarquables, relativement à l’ambre & aux autres fubftanceséledriques, nechapperent pas à l’attention de l’ingénieux M. Boy le, qui floriffoit vers l’an 1670.. Il fit quelque addition au catalogue: des fubftances éledriques, & remarqua quelques circonftances , relativement à l’attradion éledrique , qui avoit échappé à l’obfervation des. Bhyficiens qui. vivoient avant lui.
- Il trouva que la malfe folide. qui. demeure après l’évaporation d’une bonne térébenthine , étoit Eleclri-Av-
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- 10 Histoiri
- que, ainfi que la malle folide, qui demeure après la, dillillation de l'huile de petrole avec l’efprit de nitre, te verre de plomb, le caput mortuum de l’ambre , & la cornaline ; mais il ne put pas trouver cette propriété dans l'émeraude ; il penfa bien que le verre la poffédoit, mais dans un très-petit degré.
- Il s’apperçut qu'on augmentoit l’E-leâricité de tous les corps qui en étoient fufceptibles, en les nétoyant, & les chauffant, avant de les frotter. Moyennant quoi il vint à bout de faire mouvoir une aiguille d'acier, fufpendue librement, avec un corps éleétrique, pas plus gros qu’un pois, trois minutes après qu’il eut ceflé de le frotter. 11 s’apperçut auffi qu’il éiroit à propos que les corps éleétri-ques euffent des furfaces très-polies :
- 11 en excepte portant un diamant, fin- lequel il fit quelques expériences, qui, quoiqu’il fût raboteux, poffédoit , dit-il, une plus grande vertu électrique, qu’aucun corps poli qu’il eût rencontre.
- H obferva que les corps é!e%ifés, sttiroient toutes fortes- de corps in-
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- m i’ElbctkicitIi rr dïftindement, foit qu'ils fuffent électriques ou non : que l’ambre frotté , par exemple , attirait & la pouffie-re d’ambre, & de petits morceaux de la même fubftance ; dilférant, comme il le remarque, de la propriété de l’aimant qui agit feulement fur une efpece de matière. 11 s’apper-çut que ces corps éledriques atti-roient la fumée très-aifément , & il fe donna beaucoup de peine pour prouver qu’ils ne pouvoient pas attirer fenliblement la flamme, que Gilbert avoir mis hors de la lifte des corps attirés par l’Eledrieité.
- 11 trouva que ces attradions ne dépendoient pas de lair; car il ob-ferva qu elles avoient lieu dans le vuide. Il lulpendit un morceau d'ambre frotté au-deflus d’un corps léger dans un récipient ; & il#vit que , lorf-qu’on eut fait le vuide, & que l'ambre fut defcendu auprès du corps léger , ce de nier fut attiré , comme fil eût été en plein air (V.
- M. Boyle, fit une expérience pour éprouver 11 d’autres corps agifibient
- (»> Hiftoke de l’Eledrieité, pag, fit À vj
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- li Histoirï fur un corps aéluellement cleélrifé , aufli fortement qu’il agifloit fur eux, & elle réuffit. Car, ayant fufpendu fon corps Ele&rifé , il vit qu’il étoit mû fenfiblement par l’approche de quelqu’autre corps. Nous ferions maintenant furpris qu'on n’eût pas conclu à priori, que li un corps électrique attiroit d’autres corps, il de-voit aulfi en être attiré , l’adion de l’un étant ordinairement égale à la. réaétion de l’autre. Mais il faut con-fidcrer , que cet axiome n’étoit pas aufli bien connu du temps de M. Boyle , ni même julqu’à celui oû il fut enfuite développé dans toute fon étendue par M. Ifaac Newton (*).
- Nous voyons que ce petit nombre d’expériences de M. Boyle , fe rapportent feulement à un petit nombre de circonftanœs relatives à la fimple propriété de Tattraétion éle&rique.. Les plus grands progrès qu’il ait faits dans la découverte de la répullîon éleârique, fut d’avoir obfervé que les corps légers, comme les plumes, &c. s’attachoient à fes doigts & à
- M Boyle’s Mechanical produdion of fclearicity..
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- DE t’ElECTRICITÏ. IJ d’autres fubftanees , après qu’ils' avoient été attirés par fes corps électriques. II n’a jamais vu la lumière éledrique , & il n’imaginoit guère quels effets furprenants le même pouvoir produiroit dans la fuite, & quel vafte champ il ouvroit pour l’avenir aux fpéculations Philosophiques,.
- La théorie de M. Boyle , fur l’at-tradion Eledrique, étoit que le corps Eledrique lançoit uve émanation glutineufe, qui fe faififfoit des petits corps dans fa route, & les rap-portoit avec elle dans fon retour au corps d’où elle partoit. Un certain Jacques Hartman , dont l’écrit fur l’ambre, a été publié dans les tran-fadions Philofophiques {a), a prétendu prouver par expérience, que l’at-tradion éledrique étoit effedive-ment produite par l’émiffion de particules glutineufes. Il prit deux fubf-tances éledriques ; lavoir , deux morceaux de colophonc , dont il en réduiût un par la diftillation , à la confiftance d’un onguent noir, & le priva, par-là, de fon pouvoir attrac-
- (<0 Abtidgment, yoI. x , pag, 473.
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- r4i H r 5 T O I R ï tif. Il dit que celui qui ne fut pas diftih lé, retint fa fubllance onékueufe, au lieu que l'autre !ut réduit, parla diftillation, à un vrai Caput mortuum,
- & ne retint pas la moindre choie de fa fubllance bitumineufe. En con-fëquence de cette hypothefe, il pen* fe que l'ambre attire les corps légers plus puilfaniment que ne le font les autres fubllances, parce qu'il fournit plus abondamment qu elles, des émanations onéluettfes & ténaces.
- Le contemporain de M. Boyle , lût Otto de Guericke , Bourguemef-tre de Magdebourg , & célébré inventeur de la Machine pneumatique , qui a pareillement droit de prétendre à une place dillinguée parmi ceux qui ont les premiers fait des progrès en Eleâricité.
- Ce Phyficien fit fes expériences avec un globe de foufre, qu'il conftrutlit Cn faifant fondre cette fubllance dans 1 un globe de verre creux , & caflanc I enfuite le verre pour en tirer le glo- I be de foufre. Il infirma que le glo- I be de verre lui-mème , avec ou fans I le foufre, auroit aufli bien répondu I à. fon projet. 11 monta ce globe de 9
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- DE l’ElÉCfR ÏCITÉ. if fmifre fur un axe, & le fit tourner dans un chaffis de bois , en le frottant en même temps avec fa main , & par ce moyen il exécuta toutes les expériences électriques qui étoient Connues avant lui.
- Ce fut lui qui découvrit qu’un corps, une fois attiré par un corps éledrifé , en étoit enfuite repou (Té , & qu’il n’en étoit plus attiré de nouveau , jufqu’l ce qu’il eût été touché par quelqu’autre corps. De cette maniéré , il foutint pendant longtemps une plume fufoendue en l’air au-dellus de fon globe de foufre ; .niais il obferva que, s’il en appro-choit un fil de lin, ou la flamme d'une chandelle, elle retournoit dans l’inftant au globe, fans avoir touché aucun corps fenfible.
- Ni le bruit, ni la lumière produits par fon globe frotté, n’éehapperent a la remarque de ce Philofophe exaCt, quoiqu’il ne paroît pas les avoir oblèrvés dans un très haut degré ; car il étoit obligé de tenir fon oreille proche le globe pour s’apper-cevoir au bruiflement du feu électrique , & il compare la lumière qu’il
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- l6 H I ST O I K ï
- donnoit dans les mêmes circonftan-ces, à celle que l;on voit, lorsqu’on broie du lucre dans l’obfcurité.
- Mais il y a deux des expériences des plus remarquables de ce Phyfi-cien, qui dépendent d'une propriété, du fluide éleétrique , qui n’a été Connue que depuis peu d’années ; l'avoir , que les corps plongés dans les atmofpneres électriques , font eux-mêmes éleétrifés , .& d’une Electricité oppofée à celle de l’atmofphe-re [a]. Il oblerva que des fils fut-pendus à une petite diftance de fon. globe frotté , étoient fouvent re-poulfés par fon doigt qu’il en ap-prochoit, & qu’une plume , repouf-fée par le globe , lui préfentoit toujours la meme face, comme le fait la lune à l’égard de la terre. Cette, derniere expérience paraît avoir été entièrement méprifée- par les Electriciens modernes, quoiqu’elle en foit une trés-curieufe , & qu’on puilfe la faire fi aifément (a).
- (à) Expérimenta Magdclurgica , lib. 4, c.ir.
- [1] Nous verrons ci-après, fi la diftinc-ïion de ces deux Electricités differentes » cft; réelle, ou imaginaire.
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- di l’Electricité. tj
- Le Doéteur Wall a obfervé une beaucoup plus belle apparence de lumière électrique , que celle que produifoit le globe de foufre , d’Otto de Guericke. Ce qu’il en a écrit a été publié dans les tranfaéiions Philofo-phiques (a).
- En faifant des expériences fur le Phofphore artificiel, qu’il regardoit comme une huile animale coagulée par un acide minéral; il foupçonna que l’ambre, qu’il fuppofbit être une huile minérale coagulée par un acide volatil minéral, pouvoir être un Phofphore naturel. Er dans cette vue il commença à faire là-defiusdes expériences , dont le réfultat étant très-curieux, fera plus agréable à mes leéteurs , en le rendant dans les propres termes de l’obfervateur.
- •• Je m’apperçus , dit - il , qu’en » frottant doucement avec ma main >• dans l’obfcurité , un morceau d’am-» bre bien poli, il produifoit de la » lumière ; fur quoi je pris un alfez » grand morceau d’ambre , que je u rendis long &£ conique g & en le
- (a) Abridgraem , vol. i, p. 17
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- t8 Histoire » traînant doucement au travers de » ma main, qui étoit très feche , il » fournit une lumière confidérable.
- » Je fis alors ufage de plufieurs » fortes de fubftances animales pour «frotter l’ambre , & je trouvai » qu’aucune ne faifoit aufli bien que » la laine. Dès-lors de nouveaux » phénomènes s’offrirent d’eux - mê-» mes. Car en frottant rapidement » le morceau d’ambre avec du drap , » & en le ferrant aflez fortement « avec ma main , on entendit un » nombre prodigieux de petits cra-» quements , & chacun d’eux pro-» duifit un petit éclat de lumière ; » mais lorfqu’on frotta l’ambre dou-» cernent & légèrement avec le drap, * il produifitfeulement de la lumière, » & point de craquement. Si quel-» qu'un préfentoit le doigt à une x petite diflance de l’ambre, on en-» tendoit un grand craquement, fui-» vi d’un grand éclat de lumière. Ce « qui me lurprend beaucoup en cette ,» éruption ; c’eft qu’elle frappe le » doigt très-fenfiblement, & y cau-» fe une impreffion de vent, à quel-» que endroit qu’on le préfente. Le
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- DE l’ElECTRICI TE. ïp » craquement eft auffi fort que celui » d’un charbon fur le feu , & une » feule friâion produit cinq ou fix » craquements, ou plus, fuivant la » promptitude avec laquelle on place » le doigt, dont chacun eft toujours » fuivi de lumière. Maintenant je ne » doute pas qu’en fe fervant d’un » morceau d’ambre plus long & plus «gros, les craquements & la lumie-» re ne fufient l’un &r l’autre beau-» coup plus grands. Cette lumière & » ce craquement paroiflent en quel-» que façon repréfenter le tonnere & «l’éclair.
- Après avoir rendu compte de cette expérience, il dit que fon opinion eft, que tous, ou du moins la plupart des corps qui font actuellement éleéfriques, donnent de la lumière , & que c’eft la lumière qui eft la caufe de leur état électrique. 11 s’eft apperçu qu’on pouvoit aufli produire de la lumière en frottant le jayet, la cire à cacheter rouge, faite de gomme laque Sc de cin-nabre , & le diamant. 11 imagina aufli qu’il pourroit diftinguer, par cette
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- 10 H I S T O I R. £
- épreuve , les diamants vrais d’aves les taux.
- Malgré que le Doéleur Wall ait fait cette belle decouverte ; lavoir, que la lumière provient de l’ambre & des autres corps électriques, ( car
- 11 ne paroît pas avoir vu ce qu’a écrit Otto de Guericke) ; on voit qu’il a travaillé là-deffus avec beau* coup de confufion & de mal-entendu. Il dit qu’une chofe lui a paru étrange dans le cours de fes expériences ; (avoir, que quoiqu’en frottant avec la laine , les craquements paradent au jour être auffi nombreux &r auffi grands ; cependant
- far les épreuves qu’il a faites dans obfcurité il n’a paru qu’une très-petite lumière. Il dit que le meilleur temps pour faire ces expériences, elt lorfque le foleil eft à 18 degrés au-dedous de l’horifon ; & que, lorfque le foleil étoit auffi bas, quoique la lune répandît une lumière éclatante, la lumière éleélrique étoit la même que dans une chambre très-obfcure ; ce qui l’a engagé à l’appeller Noc-ùluca.
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- DE L’ElECTRICITé. 21 II faut remarquer que le Doéleur Wall, compare la lumière & le craquement de Ion ambre , au tonnerre & à l’éclair ; on avoit donc ob-fervé dés-lors une fimrlitude entre les effets de l'Eleétricité & ceux de la foudre. Mais on n’avoit pas imaginé que leur reffemblance s’étendît plus loin qu’aux apparences dans les effets. 11 etoit refervé au Doéleur Franklin de découvrir, dans un temps beaucoup poftérieur , que la caufe étoit la même dans l’un & dans l’autre [,].
- •SKP [j] Cette parfaite fimilitude entre les .effets de l’Eleétricité Sc ceux du tonnerre,.avoit été annoncée bien long-temps auparavant le Doéteur Francklin. M. l’Abbé Nollet l’avoit fait dès 1748 , dans fes Leçons de Vhyfique expérimentale ttom. 4 a pag. 314. Il eft vrai qu’il n’appuye fon opinion d’aucune expérience, 8c qu’il ne l’annonce même que comme un foup-çon, mais comme un.foupçon fondé fur de très-bonnes raifons,8c énoncé affez clairement pour mettre fur la voie les gens inftruits, Il eft très-probable que M, Francklin, avoit vu les ouvrages de M. l’Abbé Nollet , quoiqu’il ne le dife pas dans le lien. Lorfqu’on travaille fur une matière , on ne manque pas de fe procurer les livres qui en traitent.
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- zi Histoire
- Quoique le Grand Ifaac Newton n’ait nullement droit de prétendre à une place dans l’hiftoire de l’Eleétri-cité, il a cependant fait quelques oblervations éleétriques , qui ont mérité l’attention des Physiciens, & qui, quoiqu’elles n’euffent pas été faites par un auffi grand homme, mériteraient d’être tranfmifes à la poftérité. Elles paroiflènt prouver qu’il a été le premier qui ait obfer-vé que le verre éleétrifé attirait les corps légers par le côté oppofé à celui fur lequel il étoit frotté.
- Ayant placé au-deflus d'une table , dans un anneau de cuivre , un morceau de verre rond, d’environ deux pouces de diamètre, enforte que le verre étoit à un huitième de pouce de la table, & là l’ayant frotté vivement, les petits fragments de papier , qui étoient placés fur la table , au-deifous du verre , commencèrent à être attirés & à fe mouvoir de côté & d’autre avec agilité.
- Après qu’il eut frotté le verre, les fragments de papier continuèrent de fe mouvoir de différentes maniérés pendant un temps confidéra-
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- de l’Electricité. î; blc , tantôt fautant au verre , &y reliant un certain temps , tantôt del-cendant vers la table pour y demeurer auflî quelque temps, enfuite montant & defcendant de nouveau, & cela quelquefois en lignes fenfi-blement perpendiculaires à la table , quelquefois en lignes obliques ; quelquefois auffi montant dans une courbe , & defcendant dans une autre, fouvent fans qu’il y eût un intervalle fenfïble entre ces mouvements ; quelquefois fautant d’une partie du verre à l’autre, en décrivant un demi-cercle , fans toucher la table, & quelquefois pendant par un angle , tournant ainli fouvent avec beaucoup d’agilité, comme s’ils euifent été tranfportés au milieu d’un tourbillon de vent -, de forte que chaque fragment de papier avoir un mouvement différent. En gliffant fon doigt fur le côté fupérieur du verre, quoique ni le verre ni l’air qui étoit deifous ne fulfent agités, il obferva cependant que les papiers , félon qu’ils pendoient au deffo'us du verre, recevoient quelque nouveau mouvement , s’inclinant de côté & d’au-
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- 24 Histoire
- tre , fuivant qu’il mouvoit fon
- doigt.
- Quelques uns de ces mouvements, comme celui de pendre par un angle & de tourner fur foi-même , & celui de fauter d’un point du verre à l’autre , fans toucher la table’, n’arrivoient que rarement ; mais cela fit, dit il, qu’il les remarqua davantage (a).
- Newton envoya le détail de cette expérience à la Société royale , en l'année 1S75 , défirant qu’elle en fît l'eiTai. Après quelques tentatives inutiles , & ayant reçu des inftruâions ultérieures fur la maniéré de la faire , elle réuflit enfin , & la Société royale lui en fit des remerciements autentiques (b).
- Ayant répété l’expérience avec quelque variété dans les circonf-tances , Newton obferve qu’on l’al-tere, en frottant différemment , ou avec différentes chofes. Il frotta une fois un verre de quatre pouces
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- DE l’E l E CTR ICI T É If de large , & d’un quart de pouce d’épaifleur , avec une ferviette, deux fois autant qu’il avoit coutume de le faire avec fon habit, & rien ne remua, Sc cependant incontinent après, l’ayant frotté avec quelqu’au-tre chofe , le mouvement commença bientôt. Il penfa qu’aprés que le verre avoit été beaucoup frotté , les mouvements n’étoient pas d’une fi longue durée, & le jour fuivant, il trouva les mouvements plus foi-bles &r plus difficiles à exciter qu’au paravant (a).
- Newton fait auffi mention de l'Electricité en deux queftions annexées à fon traité d’Optique , qui nous apprennent qu’il a imaginé que les corps éleéfriques, lorfqu’ils etoient excités, lançoient un fluide diadique , qui pénétrait librement le verre, &: que cette émiffion étoit caufée par les mouvements de vibration des parties des corps frottés (é).
- (a) Birch’s. Hift. of tbe R. fociety,vol.
- 3 (?5?<levton’s Optics, oétavo, pag. ;r4 8c 317.
- Tom. I.
- B
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- PÉRIODE IL
- Expériences & découvertes de M.
- Hawkesbée.
- Amis Gilbert, M. Boyle & Otto de Guericke, M. Hawkesbée, qui écrivoit en 1709, fe rendit célébré par fes expériences & fes découvertes en éledricité. Il remarqua d’abord la grande puiflance électrique du verre, la lumière qui en provenoit, & le bruit qu’elle occa-fionnoit ; ainli que différents phénomènes relatifs à l’attradion & à la répulfion éledriques. 11 travailla fans fe rebuter à faire des expériences, & il y a peu de perfonnes qui aient plus contribué à l’avancement réel de cette branche de connoiffance. C’e11 ce qui va paraître par le récit abrégé de fes expériences, que je rapporterai , non pas exadement lèlon l’ordre qu’il a luivi en les publiant ; mais félon la liailon qu’elles ont
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- entre elles. J’ai choifi cette méthode comme la plus propre à répandre un plus grand jour fur cette matière.
- Je rapporterai d'abord les expériences qu’il a faites fur l’attraction & la répulfîbn éleétriqucs. La plupart nous donneront lieu d’admirer fon génie inventeur, & nous verrons qu’on a fort peu ajouté à fes obfervations, jufqu’à la découverte importante d’une éleétricité en plus & en moins faite par Meilleurs Watfon & Franklin , & jufqu’au temps où M. Canton donna une explication plus ample de cette doctrine [4J.
- Les plus curicufes de fes expériences concernant l’attraélion & la ré-pulfion éle&riques, font celles qui font voir la direétion dans laquelle ces puiflances agiifent.
- Ayant attaché des fils à un cerceau de fil de fer, & l’ayant pré-
- [4] La diftinction des Electricités en plus & en moins, telles que les entendent ceux qui ont cru avoir fait cette découverte , n’elt point du tout fondée , comme cela fêta clairement prouvé dans la fuite.
- Bij
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- ;£S Histoire fenté auprès d’un globe ou cylindre frotté, il remarqua que les fils gar-doient une direétion confiante vers le centre du globe, ou vers quelque point de Taxe du cylindre , dans chaque pofition du cerceau ; que cet effet continuoit environ quatre minutes après qu’on avoit celle de frotter le globe., & que l’effet étoit toujours le même , foit qu’on tînt le fil de fer au-deffus ou au-defl'ous du verre , & foit que l'axe du verre fut placé dans une fituation parallèle ou bien perpendiculaire à l’horifbn.
- II remarqua que les fils qui fe di-rigeoient vers le centre du globe, étoient attirés ou repouffés en leur préfentant le doigt : qu’en approchant le doigt ou tout autre corps fort près des fils, ils étoient attirés ; mais que fi on l’approchoit à la dif-tance d'environ un pouce, ils étoient repouflcs. Il ne paroît pas qu’il ait bien compris la raifon de cette différence (a).
- («.) Phiûco-Mechanical experiments Pag. 7S-
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- DE l’EiICTR iciTÉ. Ig.
- Il attacha des fils à l’axe d’un glo-, be & d’un cylindre , & trouva qu’ils divergeoient en tous fens en ligne, droite , de l’endroit où ils étoienr attachés , quand on faifoit tourner ,. & qu’on frottoiç le verre. Dans ces deux cas, dit-il, les fils font repouf-fés, en tenant le doigt fur le côté oppofé du verre , même fans toucher le verre , quoique quelquefois ils fautent fubitement vers lui (ai. 11 a remarqué de plus, qu’en fouf-flant avec la bouene vers le verre, à trois ou quatre pouces de dillan-ce, cela donnoit aux fils une direction différente.
- Il trouva que les fils pendant librement fur ut» globe non éleélri-fé & en repos, étoient mis en mouvement par l’approche de tout corps actuellement éleârifé , même à. une diftance confidérable, excepté dans un temps humide ; il explique ce qui arrive dans ce dernier cas, en fuppofant que l’humidité fur la fttrface du verre empêche les éma-
- (a) Phyfico - Mechanical experiments, pag. 78.
- B iijj
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- JO Histoire
- nations éleétriques de paffer librement au travers (a).
- Les variétés qu'il obferva dans les apparences & les propriétés de la lumière éleétrique font encore plus curieufes & plus furprenantes que fes découvertes fur l attraâion & la répulfion éleétriques. Il eft aflez lîn-gulier que M. Hawkctbce ait jugé de la lumière électrique d’une maniéré femblable à celle du Docteur Wall; c’eft-à-dire , qu’il l'ait regardée comme une lumière phof-phorique.
- M. Hawkefbée produifit d’abord une quantité confidérable de lumière en fecouant du vif-argent dans un vaiflèau de verre qu’on avoit vuidé d’air. On voyoit quelquefois ce qu’il appelle des éclats finguliers d’une lumière pâle, s’élancer dans differentes directions, quand on met-toit le mercure en mouvement dans un récipient vuide d’air {b). Mais cet-
- 00 Fbyfico - Mechanical eipcriments, pag. ifio.
- {!•) Ibid. pag. il.
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- de e*Electricité. 31 te découverte fut probablement due au hafard, & il paraît qu’il ignorait alors la raifon de ce phénomène. Il appelle cette lumière phofpho-ie mercuriel, & ne jugea pas que le verre contribuât en aucune façon à la produire.
- 11 trouva aulfi que cette apparence de lumière éleétrique ( qu'il appelle toujours le pholphore mercuriel ) ne demandoit pas un vuide bien parfait, ni même approchant de la perfection («). Au contraire il produifit quelquefois cette apparence de lumière en fecouant du mercure dans un vaiffeau où l’air étoit de la même denfité que l’atmofphe-re; mais il n’avoit pas encore d’idée que le verre contribuât au phénomène (b).
- Il obferva une forte lumière dans le vuide, & feulement une foible en plein air, en frottant de l’ambre fur une étoffe de laine ; mais il fem-ble l’avoir confidéré comme tout
- ( a ) Phyfico - Mechanical experiments, p (b) Ibid. pag. 18.
- Biv
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- 32 Histoire corps dur qui frotte contre un corps mou (a). H remarqua auflï qu’en frottant le verre fur de la laine dans le vuide, il produilit une lumière pourpre d’abord bien vive, & enfuite pâle (é). Il dit que tout verre nouvellement fait, donna d’abord une lumière pourpre, & en-fuite une pâle ; & que l’étoffe de laine teinte avec des lels ou des ef-prits , produifoit une lumière forte & éclatante («)..
- Dans les expériences fuivantes nous trouvons fes idées fur la lumière éleârique beaucoup plus dif-tinéles, & les apparences font les mêmes que donnent ordinairement nos machines éleélriqties aâuelles, dont nous trouverons que la conf-truélion eft à peu près la même que celle dont il le fervoit.
- Il fe munit d’une machine avec laquelle il pouvoit faire tourner un globe de verre; & remarqua, quand
- (à) Phylico - Mechanical experiments. pag. 16.
- <i) Ibid. pag. 32.
- (e) Ibid. pag. 34.
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- be l’E il ct r i cni: $$• il l’eut vuidé d'air, qu’en appliquant fa main fur le globe, il paroifloit une forte lumière en - dedans , & qu'en y laiflant rentrer l’a r , la lumière paroifloit auffi à l’extérieur ; mais avec des différences fort confi-dérables dans les apparences ; car elle s’attacHoit à fes doigts & aux autres corps qu’on tenoit auprès du globe. 11 remarqua auflï dans cette occafion, qu’un quart de l’air demeuré dans le globe, ne diminuoit que fort peu la lumière en-dedans. 11 eft alfez fingulier que le réfultat de cette expérience, femblable à celle faite avec le mercure dans le vui-de , & dont on a parlé , lui fit foup-çonner, quoique ce ne fut qu’un foupçon , que la lumière produite' dans le premier cas , ne provenoit pas du mercure , mais du verre.
- L’expérience fuivante eft délicate' & fort curieufe. 11 ne faut pas être furpris fi M. Hawkcsbéc n'en a pas-connu la caufe , puifque fon explication dépend des principes qui n’ont été découverts que dans un temps; bien poftérieur par M: Canton.
- En tenant un globe vuidc d’air „ Bv
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- 54 Histoire, à la portée des émanations d'un globe éledrifé , il remarqua dans le globe vuide une lumière qui s’é-teignoit fur le champ, fi on laifloit l’autre en repos ; mais qui ~fe rani-moit, & continuoit detre très-forte , fi on tenoit en mouvement le globe éledrifé. En préfentant un tube vuide d’air aux émanations d’un globe éledrifé , cela produifoic ce qu’il appelle un éclat de lumière interrompu. Il imagina que le globe vuide d’air étoit éledrifé par l’at-tradion des émanations de l’autre globe; preuve qu’il ne comprenoit guere la véritame caulê de cette curfeufe expérience (a). Quand il dit que les émanations d’un verre , tombant fur un autre, peuvent bien produire celte lumière, il ajoute que la matière éledrique ne peut pas être forcée de fortir au dehors par des coups fi foibles. Il avoit remarqué auparavant, qu’en frottant un tube vuide d’air, il n’y dé-
- fa) Phyfico - Mechanical experiments, pag. 81.
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- de i’Euctricii i. }r couvrait aucune puiffance attraâi-ve , & ce tube ne donnoit aucune lumière en-dehors, mais feulement en-dedans.
- Il trouva , que quand le frottement étoit fait dans le vuide, il ne pouvoit point produire d’éleâricité ( c’eft-à-dire d’attraâion (a) ; mais que quoique la qualité attraHive exige la préfence , tant de l’air extérieur que de l’intérieur , pour fe faire appercevoir , cependant la lumière ne demande que la préfence de l’un des deux pour fe montrer ; puif-qu’un globe de verre plein d’air , frotté dans le vuide, ou vuide d’air, & frotté dans le plein , produirait une lumière fort confidérable (b).
- Il dit aulli que ces lumières produites par le frottement du verre vuidé dans le plein , font affermées d’une manière moins fenfible par le retour de l’air, que celles qui font produites par le frottement du verre plein d’air dans le vuide ; car dans
- (a) Phyfico - Mechanical experiments
- ig- .142.
- (4) Ibid. pag. 148.
- B vj
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- 5 6 HlSIOUl Je premier cas, il ne trouva pas1 dit-il , beaucoup d’altération dans | la lumière ou la couleur, jufqu’au I moment où l’on laifla entrer une I
- certaine quantité d’air dans Tinté- I
- rieur du verre vuidé ; mais dans le I dernier cas, la lumière & la cou- I leur furent fenfiblement changées chaque fois qu’on laiiTa arriver l’air à l’extérieur du verre plein (a).
- La plus grande lumière éleéWque que M. Hawkesbée obtint, fut quand il renferma un cylindre vuide d’air, dans un autre non vuidé , & qu’il frotta l’extérieur en les mettant tous les deux en mouvement. Il remarqua que foit qu’ils fe muflënt de concert ou nati, cela ne faifbit aucune différence. 11 dit que quand le cylindre extérieur étoit feul en mouvement , la lumière étoit fort confi-dérable, & s’étendoit fur la furface du verre intérieur. Ce qui lui cauik le plus de furprife fut, que quand les'deux verres eurent été en înutt-
- (a) Phyfico-Mechanical experiments." pag. 149.,
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- de l'Electricité. 37 Vement quelque temps , pendant lequel il avoit appliqué fa main à la furface du verre extérieur, le mouvement des deux celfant, & aucune lumière ne paroifiànt, pour 1s peu qu'il approchât fa main de la furface du verre extérieur , il lé fai-foit dans le verre intérieur des éclats de lumière pareils à des éclairs; comme fi, dit-il, lés émanations fortant du verre extérieur , euffent été pouf-fées fur l’intérieur avec plus de force au moyen de l’approche de la main {a). Cette expérience fut fem-blable à celle qu'il fit avec le globe frotté & vuide d’air , &: avec le tube vuidé, & le raifonnement qu’il fait à cette occafion, montre qu’il, étoit encore bien éloigné d'être parfaitement inflruit de toutes les cir-ccnftances qui accompagnent ce fait.
- Les expériences que je vais rapporter de M. Hawkesbce, font celles qui font voir la grande abondance & la fubtilité extrême de la lumière éleélrique. Elles font réellement
- (a) Phÿfico-Mechanical experiments, pag. 87.
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- étonnantes, & n’ont pas été encore fuivies de la maniéré dont elles méritent de l’être.
- Il enduifit de cire à cacheter plus de la moitié de l’intérieur d’un globe de verre, & l’ayant vuidé d’air il le mit en mouvement. Alors en appliquant fa main pour l'éledrifer, il vit en-dedans la forme Sc la figure de toutes les parties de fa main diftin&ement & parfaitement fur la fuperficie concave de la cire. Ce fut précilément, comme s’il n’y avoit eu abfolument que le verre , & point de cire interpofée entre fon œil & fa main. L’enduit de cire , à l’endroit où il étoit le plus mince, aurait tout au plus laiffé apperce-voir une bougie au travers dans l’obfcurité ; mais dans certains endroits , cette cire avoit au moins un huitième de pouce d’épailfeur ; cependant, même dans ces endroits, la lumière & la figure de fa main fe fàifoit appercevoir au travers auflï diftin&ement que par-tout ailleurs. Bien plus, quoique dans certains endroits , la cire ne fut pas fi fortement adhérente que dans d’autres,
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- de l’Electricité. 39 la lumière y paroiffoit néanmoins tout auffi-bien (a).
- Ces expériences réuffirent également avec de la poix au lieu de cire à cacheter. Et il remarqua que quand l’air fut rentré dans le globe , chacune de fes parties , tant celle qui étoit enduite que celle qui ne l’étoit pas, parurent attirer avec une égale vigueur (b). Les fleurs de foufre fondues ne produifirent pas un tel effet ; mais le foufre commun réuffit auffi bien que la cire à cacheter ou la poix. On trouva que dans ces deux dernieres expériences, le lbufre avoit été féparé du verre (c).
- En employant de la même façon une grande quantité de foufre commun , la lumière Te trouva quatre fois auffi grande dans l’intérieur ; mais on ne diftinguoit pas fi facilement la figure des doigts que dans les cas précédents. Il obferva pareillement qu’il n’y eut point de lumie-
- (a) Phyfico - Mechanical experiments, pag. 168.
- (4) Ibid. pag. 169.
- (c) Ibid. pag. 174.
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- re produite vers les pôles de fon glo- 9 be, où la fubftance au foufre fe trou; 1 voit la plus abondante; ce qu’il at- g tribua principalement à la lenteur R du mouvement dans cet endroit (a). I En laiflant rentrer une petite quantité d’air dans le globe, ainfi en par- , tie enduit de cire à cacheter, la lu- j miere difparut entièrement fur la J partie couverte de. cire ; mais non I fur l’autre.
- Il obferva auffi, que quand il laif- 1 fa rentrer tout l'air, & qu’il tint 1 au-deflus du globe le cerceau garni 1 de fils , dont on a déjà parlé , les fils | furent attirés à de plus grandes dif- 1 tances par la partie qui ctoit garnie 9 de cire , que par l’autre ; il dit en- I core, que quand tout 1 air en fut I ôté , la cire attirait les corps placés R près de l’extérieur du globe ; que même dans ce cas, les" fils confier- 1 verent leur direélion vers.le centre; 1
- Si'avec moins de vigueur que 9 l’air y fût rentré ; mais qu’ils 1 ri’étoient point attirés du tout, lorf- H
- ( a ) Phyfico-Mechanical experiments, Pag- 17 j.
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- de l’Electricité. 41. qu’il n'y avoit point de cire fur l’intérieur dû globe vuidé.
- M. Hawkesbée ne négligea pas de faire attention au bruit que fai-foient les émanations électriques en fortant , ou à la maniéré dont elles affeétoient le fens du toucher. 11 ob-ferva que quand un tube de verre éleétrile attiroit différents corps, &: lançoit de la lumière fur eux , lorf-qu’on les en approchoit , on en-tendoit pareillement un. bruit qu’il appelle un craquement. 11 dit auffi qu’en approchant du vifage un tube frotté , on éprouvoit une fenfation comme fi on y eût fait paffer des cheveux fins, & lorfqu’il répéta l’expérience de faire tourner & de frotter le globe de verre, il obferva que la lumière en fortoit avec un certain, bruit, & cauloit une forte de douleur au doigt, quand on l’en tenoit à un demi-pouce de diftan-ce (a).
- M. Hawkesbee , ne borna pas fon attention à la puilfance éleétrique
- (n) Phyfico-Mechanical experiments , pag. 6;.
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- du verre. Il fit des expériences avec 1 un globe de cire à cacheter , au I centre duquel étoit un globe de bois ; 1 d’où il conclut que l’éleétricité de la f cire à cacheter eft la même en gé- I néral que celle du verre, mais qu’el- J le en diffère feulement par fon degré de force. Il ne put voir aucune lumière adhérente à fon doigt en le préfentant à la cire à cacheter élec- j trifée, non plus que quand il le pré- | fentoit à un globe ae verre vuide ; d’air & frotté.
- Il fe pourvut auffi d’un globe de ; foufre, & d’un autre fait de réfi- E ne & d’un mélange de brique en | poudre ; mais il ne lui fut prefque j pas poffible d’éle&rifer le globe de 1 foufre ; au lieu que la réfine agit plus î plus puiflamment que n’avoit fait la ’ cire a cacheter. Il attribua cet effet à ce qu’il faifoit chaud quand il s’en ’ fervit ; car dans le même état de cha-leur, la réfine attirait les feuilles ï de cuivre, fans aucun frottement (a). 1
- (") Phyfico - Mechanical experiments 3 pag. lj4.
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- de 1/Electricité. 4.3
- Il dit que la refine éledrifée ne donna point de lumière dans l’obf-curité, & que le foufre en donna fort peu (a).
- A 1 egard du pouvoir éledrique en général, il obl'erva qu’un frottement léger fuffifoit pour l'exciter , & qu’une preffion plus forte ou un mouvement plus violent ne l’aug-mentoit pas conlidérablement (é). Il dit que tous les phénomènes d’électricité étoient augmentés pat la chaleur , diminués par l’humidité ; cc qu’il attribua à la réfiftance que les particules aqueufes oppofoient aux émanations ; ô£ de même que M. Boyle & les autres avant lui , il fe confirma dans cette hypothéfe , fçavoir, que la fimple interpofition d’une toile empêchoit qu’on 11e pût remarquer aucuns effets au-delà.
- Il obferva auffi que quand le tube étoit rempli d’une autre matière que l’air , par exemple , de fablon fcc ( qu’il éprouvoit alors ) la puif-fance attraélive des émanations en
- (a) Phyfico-Mechanical experiments, pag. 156.
- {/>) Ibid. [jag. 52.
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- étoit confidérablement diminuée ; mais il ne fçavoit pas quelles efpéces de corps pouvoient produire cet effet. Il remarqua même que la vertu éledrique d'un cylindre folide de verre fe trouva, à la vérité pas tout-à-fait fi forte , mais plus durable que celle d’un tube creux (a).
- Que M. Hawkesbée n’ait pas eu une idée claire de la diftindion des ! corps en éledriques & non éledri- , ques ; c’eft ce qui paroît par quelques-unes de. fes dernieres expérien-ces , dans lefquelles il eflaya de tirer des métaux des apparences élec- i triques, & par les rations qu’il don- ! ne de Ton défaut de fuccès dans ces * eflais ». D’après ces expériences, dit-» il, je puis conclure en aflurance, ! » que s’il eft poffible d’exciter dans 1 » un corps d’airain quelque qualité j » éledrique, telle que de la lumière,
- » dans les circonftances qu’on vient ' » de rapporter ( c’eft-à-dire en le fai- 1 » fant tourner ou en le frottant ) le s » frottement des différents corps dont ’
- (a) Phyfico - Mechjnical experiments, i pag- <5+
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- DE ÏEltCTSICITÏ. 47
- w je me fuis fervi pour cet effet, -« s'eft trouvé trop foible pour la » forcer de paraître ; & en effet,
- » en confidérant combien les parties » des métaux font ferrées., & avec » quelle fermeté elles font adhéren-» tes , entrelaffées , & s’attirent les « unes les autres, un foible degré de >> frottement n’eil pas fuffifant ffbur « mettre leurs parties dans un mou-» vement capable de produire une » qualité éleârique ; & dans les cir-» confiances dont on a parlé, je re-« garde comme telle l’apparence de » la lumière dans un pareil milieu >.
- Quand on confîdére les grands ef-fetsque M. Hawkesbée a obtenu avec fon globe.de vere, & la machine qu’il a imaginée pour le mettre en mouvement , il paraît furprenant que l’ufage en ait été difcontinué fi long-temps après fa mort. C’efl peut-être à cette circonflance , en grande partie, qu’on peut attribuer la lenteur des progrès qu’on a faits enfuite dans les découvertes éleâriques. Les fuc-ceffeurs de M. Hawkesbée fe font reftreints eux - mêmes à l’ufage des tubes. Je fuppofe que ce fut parce
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- qu’ils étoient plus légers, plus portatifs & plus faciles à manier dans les expériences auxquelles ils s’ap-pliquoient principalement ; mais il eft lûr que l’ufage du globe les au-roit mis beaucoup plutôt dans le cas de faire les découvertes importantes qu’on a faites dans la fuite ensëleéfricité.
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- SB i’Eiecikicbté.
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- PÉRIODE III.
- Expériences & découvertes de M. Etienne Grey , faites avant celles de M. du Fay, & qui mènent Vhijloire de VEledricité jufquyà Vannée 1733.
- M.tc n. é les découvertes importantes de M. Hawkesbée, & les apparences flatteufes qu’elles con-duiroient à d’autres, il fè trouve, après lui, un vuide confidérable dans l’niftoire de l’EIedricité. Il paraît que pendant près de 20 'ans, on ne fit plus d’expériences , & par confé-quent point de découvertes.
- Après ce long intervalle parut un autre Phyficien, qui fe rendit célébré dans ce genre, en faifant en queloue façon revivre l’EIedricité. Ce Phyficien, fut M. Etienne Grey. De tous ceux qui fe font appliqués
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- 48 H I S T O I R I
- à cette étude , aucun n’a été plus aflîdu que lui à faire des expériences , & ne s’y elt livré plus complet-tement ni avec plus de zèle. On le verra par le nombre prodigieux d’expériences qu’il fit, & par quelques découvertes confidérables qui couronnèrent fa perféverance, aufli bien que par les méprifes même auxquelles l’expoia fon amour paffionné pour les nouvelles découvertes.
- Avant l’année 1728 , M. Etienne Grey avoit fouvent remarqué dans les expériences éleélriques faites avec un tube de verre, & un duvet de
- Elu me attaché au bout d’un petit âton , qu’aprés que fes barbes avoient été tirées vers le tube, elles s’attachoient au bâton dès qu’on retiroit le tube, comme fi ce bâton eût été un corps électrique, ou qu’il y eût eu quelque électricité communiquée au bâton ou à la plume. Cela le porta à tenter , fi en paf-fant la plume entre fes doigts, elle ne pourrait pas produire le même effet en acquérant quelques degrés d’éleétricité. Cette expérience reaf-
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- pe l’Electricité. 49 fit, comme il l’avoitfoupçonné, dés le premier eflai ; les petites barbes du duvet de la plume étoient attirées par fon doigt, quand il le tenoit auprès ; quelquefois même la partie fupérieure de la plume avec fa tige, étoit attirée aufli.
- En procédant de la même maniéré , il trouva que les fubftances fui-vantes font toutes éleétriques ; fa-voir, le poil, la foie , la toile, la laine , le papier, le cuir, le bois , le parchemin , & la baudruche , membrane dont on fe fert pour battre les feuilles d’or. 11 fit bien chauffer toutes ces fubftances, & quelques-unes même jufqu’à être brûlantes , avant que de les frotter. Il trouva que la foie & le fil jettoient de la lumière dans l’obfcurité ; & mieux encore un morceau de papier blanc. Non-feulement cette fubftance chauffée aufli fort que les doigts le pouvoientr*fuppor-ter, donna de la lumière; mais quand il en approcha fes doigts, il en for-tit une étincelle qui fut accompagnée aufli d’un craquement, femblable à celui que produit un tube de verre, Tom. I. C
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- je Histoirï
- quoique pas à une Ü grande diftance I des doigts («). ,
- Les expériences precedentes nous Ej conduifent à une découverte très- | importante en éleélricité ; favoir, la communication de cette puilTance 1 des corps naturellement éleélriques, j 4 ceux dans lefquels cette qualité ne 1 peut être excitée par le frottement, J de même qu’à une diftinélion plus | cxaéle des corps éleélriques, d’avec 1 ceux qui ne le l'ont pas. Je rappor- I terai aflèz au long, mais pourtant | le plus fuccinélement que je pour- | rai, la maniéré dont furent faites | ces importantes découvertes.
- Au mois de Février 1717, M. Grey, | après quelques eflfais infruétueux | pour donner la vertu attraélive aux | métaux, en les chauffant, les frot- 1 tant, & les frappant à coups demar- j teau , fe rappclla un foupçon rpi’il | avoit eu pendant quelques années ; favoir, que comme un tube com- | muniquoit fa lumière à différents |
- (a) Philofophical tranfaélions abridgsd , vol. ü, pag. 9.
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- de l’Electricité. ji corps, quand on le frottoit dans l’obl-curité, il pourrait peut-être en même-temps leur communiquer lelec-tricité, fous lequel nom on n’avoit entendu jufqu’alors que le pouvoir d'attirer les corps légers. Pour cet effet, il fc pourvut d’un tube de trois pieds cinq pouces de longueur , Sc de près d’un pouce deux dixièmes de diamètre, & il adapta à chaque bout un bouchon de liege , pour le garantir de la pouflîere, lorfqu’oo ne fe fervoit pas du tube.
- Les premières expériences qu’il fit dans cette occafion furent deltinées à elfayer s’il trouverait de la différence dans fpn attraélion , quand les deux bouts de tube feraient bouchés avec du liège , ou quand on les laif-feroit entièrement ouverts ; mais il ne put appcrcevoir aucune différence lenfible. Ce fut cependant dans le cours de cette expérience, que tenant un duvet de plume vis-à-vis le bout fupérieur du tube, il trouva qu’il courait au bouchon de liege, en étant attiré & repouffé auffi bien que par le tube même. Enfuite il tint la plume vis-à-vis l’extrémité
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- platte du bouchon, & remarqua quelle fut attirée Si repouffée plu-fieurs fois de fuite ; il dit que cet effet le furprit beaucoup ; Si il en conclut que le tube éledrifé avoit certainement communiqué une vertu attradive au bouchon de liege.
- Enfuite il fixa une boule divoire au bout d’un bâton de fapin, d’environ quatre pouces de long ; puis enfonçant l’autre bout dans le liege, il trouva que la boule attiroit & repoufloit la plume, même avec plus de force que le bouchon n’avoit fait, répétant fes attradions & fes répudions plufieurs fois de fuite. 11 fixa enfuite la boule fur de longs bâtons & fur des morceaux de fil de fer Si de laiton avec le même fuccès ; mais il obferva , que quoiqu’il tînt le fil de métal fort près du tube , la plume n’en fut jamais fi fortement attirée, que-par la boule qui étoit à fon extrémité.
- Lorfqu’il fe fervoit d’un fil d’une longueur un peu confidérable , fes vibrations caufées par l’adion de frotter le tube, le rendoient incommode à manier. €ela engagea M.
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- de l’Electricité. 55 Grey à elfayer, fi en attachant la boule à une ficelle, & la fufpen-dant au tube par un anneau , l’clec-tricité ne ferait pas conduite le long de la ficelle jufqu’à la boule , & il trouva que la chofe réuffit comme il s’y étoit attendu. Il fufpendit différents corps à fon tube, de cette maniéré , & les trouva tous capables de recevoir de même l’éleétri-
- Après avoir effayé ces expériences avec des cannes & des rofeaux légers , les plus longs dont il put fe fervir, il monta fur un balcon élevé de vingt-fix pieds , attachant un cordon à fon tube , il trouva que la boule qui pendoit au bout , attirait les corps légers dans la cour au-delfous.
- Il monta enfuite plus haut, & mettant fes -grands rofeaux au bout de fon tube, & attachant un long cordeau au bout des rofeaux, il imagina de conduire leleétricité à des diftances beaucoup plus confidéra-bles, qu’il n’avoit fait auparavant ; enfin ne pouvant plus la conduire plus loin en ligne perpendiculaire,
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- 54 H i S T O ! R E il eflaya enfuite de la conduire ho-' rifontalement -, ces eflais donnèrent lieu à une découverte, à laquelle il n’avoit pas longé le moins du monde, lorfqu’il les commença.
- Dans fon premier eflai, il fit à chaque bout d’une ficelle, une boucle , par lefquelles il la fufpendit d’un côté à un clou enfoncé dans une poutre, l’autre bout pendant en bas. Il pafla à travers la boucle pendante , le cordon auquel la boule d’ivoire étoit attachée , fixant fon autre extrémité fur fon tube , ail moyen d’une boucle ; de forte qu’une partie du cordon qui devoit fcrvir de condu&eur , c’eft-à-dire, qu’une partie de celui auquel la boule étoit 'attachée , pendoit perpendiculairement , tandis que l’autre partie étoit horifontale. Après cette préparation il mit des feuilles de cuivre fous la boule d’ivoire , & frotta le tube ; mais il n’apperçut pas le moindre ligne d’attraéïion. II en conclut que quand la vertu éledrique arri-voit a la boucle de la ficelle qui étoit fufpendue à la poutre , elle montoit le long dé cette ficelle juf-
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- DE l/ELECTklClTl. j$
- qu’à la poutre, de forte qu’il n’y en avoit point, ou du moins fore peu , qui defeendît à la boule ; & il ne put, dans ce temps-là, trouvée aucun moyen pour en empêcher.
- Le 30 Juin 1729 , M. Grey alla voir M. Wheeler, pour lui faire voir quelques-unes de fes expériences. Quand ils les eurent faites des plus grandes hauteurs que la maifon le leur permit, M. Wheeler eut en* vie d’eflayer s’ils ne pourraient pas conduire la vertu éledrique à de plus grandes diftances horifontale-ment. M. Grey lui parla alors de la tentative infru&ueufe qu’il avoic faite pour la conduire dans cette di-re&ion. Sur quoi M- Wheeler lui propofa de fufpendre le cordon qui devoit être éle&rifé, fur une autre cordon de foie , au lieu de ficelle * & M. Grey lui dit qu’il ferait beaucoup mieux à caufe de fa petiteflè, étant raifonnable de croire qu’il laif-feroit moins échapper de fa vertu , que n’avoit fait la groffe ficelle de chanvre, dont il s’etoit fervi auparavant. En effet, au moyen de cet ex-'d&ÏÏbL Civ
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- 5« Histoire pédient ils réuflïrent au-delà de leur attente.
- Après avoir imaginé cet expédient, la première expérience qu’ils firent, fut dans une galerie tapiffée de nattes dans la maifon de M. Wheeler , le i Juillet 1715 , fur les dix heures du matin , comme M. Grey l’a marqué en détail fuivant fon ufage. A environ quatre pieds du bout de la galerie, ils attachèrent un cordon en travers. Le milieu de ce cordon étoit de foie & le relie de ficelle. Enfuite, ils firent palier par dcfliis le cordon de foie, la corde à laquelle pendoit la boule d’ivoire, & qui devoit conduire la vertu éleélri-que du tube , à cette boule. Cette corde avoit quatre - vingts pieds & demi de longueur, & la boule pen-doir environ neuf pieds au-delTous du cordon de foie. L’autre bout de
- la corde fut fixé par une boucle au tube, qu’ils frottèrent à l’autre bout de la galerie. Après cette préparation, ils mirent des feuilles de cuivre fous la boule d’ivoire, & quand on frotta le tube , elles furent atti-
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- dï l’Electricité. 57 rées à la boule, & y refterent fuf-pendues quelque temps.
- La galerie ne leur permettant pas d’eflayer de plus grandes longueurs en ligne droite , ils imaginèrent de ramener la corde fur elle-même, lui faifant faire prefque deux fois toute la longueur de la galerie ; c’eft-à-dire cent quarante-fept pieds ; ce qui réuffit fort bien ; mais foupçonnant quê l’attraélion ferait plus forte, lï la corde n’étoit pas doublée & ramenée ainfi, ils fe fervirent d’une corde de 114 pieds de longueur, placée en ligne droite, dans une grange, & comme ils s’y étoient attendus , ils trouvèrent qu'en effet l’attraélion étoitplus forte, que quand ils avoient fait revenir la corde lur elle-même dans la galerie [5].
- #3” [5] Si ces Meilleurs avoient répété plufieurs fois la même expérience, ils fe feroient convaincus que ce plus de force qu’ils ont trouvé dans le fécond cas, n’étoit point dû à ce que la corde étoit dirigée en ligne droite. Il eil bien prouvé aujourd’hui que, foit que les conduélcurs foient droits , foit qu’ils foient repliés fur eux-mêmes , cela ne change rien du tout à Pintenfité de l’éleélricité.
- Cv
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- 58 Histoire
- Le 3 Juillet, voulant faire faire à la corde encore plus de replis, la foie qui la foutenoit vint à fe caifer, faute de pouvoir en fupporter le poids, quand on l'ébranloit par le mouvement qu’on lui donnoit en frottant le tube. Ils eflayerent donc de la foutenir avec un petit fil de fer, au lieu du cordon de loie ; celui-ci ayant cafle auffi , ils firent ufage d’un fil de laiton un peu plus gros ; mais quoique ce fil de laiton fou-tînt fort bien la corde de communication , il ne répondit point à l’attente de nol Electriciens ; car en frottant le tube , on n’apperçut aucune électricité à l’extrémité de la corde ; elle s’étoit toute en allée par le fil de laiton qui la foutenoit. Ils avoient eu recours aux fils de laiton comme étant plus forts que leurs cordons de foie , fans être plus gros, par la même raifon ils s’étoient fer-vi auparavant de cordons de foie, par préférence aux cordons de chanvre ; parce qu’ils pouvoient par ce moyen , les avoir plus forts, & en même temps plus petits. Mais le ré-fultat de cette expérience les ccn-
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- DE l’ElECT RI CIT É. J 9 vainquit, que fon fuccès dépendoit de ce que les cordons de fupport fui-fent de foie, & non qu’ils fuflent petits, comme ils l'avoient cru. Car la vertu éleârique s'échappa auffi bien par le petit fil de laiton , qu'elle l’avoit fait par la greffe ficelle de chanvre.
- Etant donc forcés de revenir à leurs cordons de foie , ils les prirent afl’ez gros pour foutenir de. fort grandes longueurs de la corde de communication qui étoit de chanvre , & en effet, ils conduifirent la vertu éleârique à fept cent foixan-te-cinq pieds, fans appercevoir que l'effet fut fenfiblement diminué par la diftance (a).
- De même qu’ils trouvèrent que la foie ne laiffoit pas perdre la vertu éleâriqué, il y a apparence que ce fut vers le même temps qu’on trouva la même propriété aux poils, à la refîne, au rem, & peut-être à quel-
- ( a ) Phil. Tranf. Abridged , vol. 7> pag. ij.
- Cvj
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- 6o Histoire ques autres fubftances éledriques ; quoique la découverte n’en ait été marquée nulle part ; car nous verrons bientôt M. Grey , en faire triage pour ifoler les corps qu’il élec-trifoit.
- Après cela , ils effayerent fi l’on pourrait rendre éledriques de grandes furfaces, en éledrifant une grande carte Géographique, des nappes de toile , &c. Ils portèrent auffi la vertu éledrique de plufieurs côtés en même temps, & à une diftance confidérable de chaque côté.
- Ils trouvèrent que les émanations magnétiques n’étoient point du tout oppofées aux éleâriques; car quand ils eurent éledrifé une pierre d’aimant avec une clef qu’elle portoit, toutes les deux attirèrent la feuille de cuivre comme les autres fubftances.
- Quelque temps après, M. Whee-lèr en l’abfence de M. Grey, élec-trilà une pelle toute rouge , & trouva que l’attradion étoit la même que quand elle étoit froide. Il fuf-pendit auffi un poulet vivant fur le
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- be l’Electricité. 61 tube , par les pattes, & trouva que la poitrine étoit fortement cleétri-que (a).
- Au mois d’Août 1713 , M. Grey fit un pas de plus dans fes découvertes éleâriques. Il trouva qu'on pou-voit conduire la vertu éleétrique du tube , à la corde de communication fans y toucher, & qu’il luffifoit pour cela de tenir le tube éleétrifé à fa proximité. En répétant les premières expériences avec cette variété , conjointement avec M. Wheeler, & entre-autres , en conduifant la vertu éleétrique de plufieurs côtés, en même-temps , fans toucher la corde , ils remarquèrent toujours que l’at-traâion étoit la plus forte à l’endroit qui étoit le plus éloigné du tube ; fait qu’ils auraient pu obfer-ver dans leurs précédentes expériences , s’ils y enflent fait attention (b).
- Dans le même mois M. Wheeler, & M. Grey , firent conjointement quelques expériences, pour eflàyer
- (a) Phil. Tranf. Abridgcd, vol. 7, pag. 16.
- (b) Ibid. pag. 17.
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- (fl H I S T O I R î fi l’attradion éledrique étoit proportionnée à la mafledes corps. Dans cette vue, ils éledriferent un cube folide de chêne, & un autre des mêmes dimenfions, qui étoit creux i mais ils ne purent appercevoir aucune différence dans leur force at-tradive ; quoique M. Grey fut d’avis que les émanations éledriques pafToient au travers de toutes les parties du cube folide (a).
- Le i i Août de la même année , M. Grey ajouta une autre perfection à fon appareil éledritjue , en découvrant qu’il pouvoit eledrifer une baguent aufli bien qu’un fil, fans en inférer aucune partie dans fon tube éledrifé. Il prit une grande perche de vingt-fept pieds de lon-
- fueur , de deux pouces & demi de iametre à un bout , & d’un pouce &dcmi à l’autre. Elle avoit fon écorce. Il fufpendit cette perche horifon-talement avec des cordons de crin , & il laiffa pendre au petit bout de la perche un morceau de Iiege au moyen d’une ficelle d’environ un
- (a) Phil. Tranf. Abiidged, vol. 7, PH- 17.
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- DE t’El E C T R. I C 11 é. 61 pied de long , & mit une petite boule de plomb fur le liege, pour tenir la ficelle tendue. Enfuite, après avoir mis la feuille de cuivre fous le liege, il frotta le tube, & l’ayant tenu proche du gros bout de la perche , la boule de liege qui étoit au bout oppofé , attira fortement la feuille de cuivre , à la hauteur d’un pouce, ou même plus. M. Grey ob-ferva auffi que la feuille de cuivre, quoique attirée par toutes les parties de la perche, ne l’étoit pas à beaucoup près fi fortement que par le liege (a).
- Vers le commencement de Septembre , M. Grey fit des expériences , pour montrer que les émanations électriques pouvoicnt être conduites en lignes circulaires auffi bien qu'en lignes droites, & être communiquées d’un cercle à un autre , & que cela réuffiffoit, foit que les cercles biffent verticaux ou horifon-taux.
- Vers la fin de l’automne, ou au com-
- (a) Phil, ïranf. Abridged , vol. 7, pag. 18.
- #•
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- 6+ Histoire mencement de l’hiver 1719, M. Grey recommença fes recherches fur d’autres corps électriques ; il en trouva beaucoup qui avoient la même propriété ; mais il ne fait mention que des feuilles feches de divers arbres ; d’où il conclut que les feuilles de tous les végétaux avoient cette vertu attraâive {a).
- Nous touchons maintenant à une nouvelle fuite des expériences électriques de M. Grey , favojr , fur les fluides & fur les corps animes. N’ayant point d’autre méthode , d’eflayer fi des fubftances quelconques pouvoient acquérir la vertu éleéfrique par communication , que de leur faire enlever des corps légers placés fur un guéridon au-deflous d’elles, on peut aifément imaginer qu’il ne lui fut pas aifé de trouver un moyen de mettre un corps fluide dans cette fi-tuation. La feule chofe que M. Grey put faire dans ce cas , fut de le fervir d’une bulle d’eau , fous laquelle forme on peut tenir un fluide dans
- (a) Phil. Tranf. Abridged, vol. 7, pag. 19,
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- DE l’ElJCI» 1CITÉ. 6$ un état de fufpenfion. En conféquen-ce, les a? & ij Mars 1730, il fit fondre du favon dans de l'eau de la Tamife , & fufpendant une pipe à fumer, il en fouffla une bulle à la tête de cette pipe , & approchant le tube éleékrifé auprès du petit bout, il fe trouva que la bulle attirait la feuille de cuivre à la hauteur de deux, ou même quatre pouces (a).
- Le 8 Avril 1730, M. Grey fuf-pendit un petit garçon fur des cordons de crin, dans une pofition ho-rifontale, précifément de la façon, dont tous les éleétriciens avoient coutume auparavant de fufpendre leurs cordes de chanvre, & leurs baguettes de bois ; enfuite approchant de fes pieds le tube éleétrile, il trouva que la tête attirait la feuille de cuivre avec beaucoup de force, & la faifoit monter à la hauteur de huit, & quelquefois dix pouces. Quand il mit la feuille fous fes pieds, & qu’il approcha le tube de fa tête, l’attraâion fut foible ; & quand il apporta la feuille fous la tete , &
- ( a ) Phil. Tranf. Abridged , vol. 7, pag. 19.
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- SS Hi s toi il i tint le tube. au - delfus, il n’y eut point du tout d’attraction. M. Grey n’eflàyc point de rendre raifon d'aucun de ces faits ; ce ne fut que bien des années après, que l’on remarqua l’influence des pointts [6], pour recevoir & lancer les émanations éleétriques. Tandis que l'enfant étoit' fufpendu, M. Grey s’amufa à faire agir l'éleâricité par plufieurs parties de fon corps en même temps, & au bout de longues baguettes qu’on lui fit tenir dans fes mains, & en di-verfifiant l’expérience de plufieurs autres maniérés (a).
- Les conféquences que M. Grey tire de ces expériences (ont allez cu-rieufes. Elles font voir, dit-îl, que les animaux reçoivent une plus grande quantité du fluide éleârique que d’autres corps, & que parleur moyen ce fluide peut être tranfporté de plu-
- (<0 Phil. Tranf. Abridged. vol. 7, pag. 10.
- «Str1 [6] Quand nous en ferons à l’article qui ttaite de la propriété des corps pointus, en Elcétricité, nous ferons voir à quoi fc réduit cette vertu lï vantée des pointes,
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- DE t’ElECTRICfTÉ. 67 fieurs côtés en même-temps, à des diftances confidérables. Il ne concevoir pas que les corps des animaux ne reçoivent l’éleâricité que par le moyen de l’humidité quieft en eux, & que fa corde de chanvre & fes baguettes de bois n’auroient pas pu être éleéfcrifées , fi elles euflènt été parfaitement féches [7].
- M. Grey oblerva dans toutes ces expériences, que la feuille de cuivre étoit attirée à une plus grande hauteur de deffiis un guéridon étroit, que de deflfus une table , & au moins trois fois plus haut que quand elle étoit pofée fur le parquet de la chambre.
- Vers ce temps-là, M. Grey communiqua à la Société royale le foup-çon qu’il avoit que les corps atti-roient plus ou moins à raifon de leur couleur, quoique la fubftance fût la même, & que le poids & la grandeur fulfent égaux. Il dit, qu’il avoit
- <SCT [7] Il n’eft pas bien décidé qu'il n y ait que l’humidité qui rende les corps animés fufceptiblcs detre éleétrifés par communka*
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- 68 H I S T O I R B
- trouvé que le rouge, l’orangé , ôc le jaune , attiroient pour le moins trois ou quatre fois plus fort que te verd , le bleu ou le pourpre ; mais qu’il s’abftenoit d’en donner un détail plus circonftancié, jufqu’à ce qu’il eût elfayé une méthode plus exade, qu’il avoit imaginée , dit-il , de faire ces expériences. Quoiqu’il en foit, il ne l’a jamais donné. La chofe en elle-même étoit une erreur , & on en fera voir la caufe dans quelques expériences poftérieures que fit M. Wheeler (a) [8].
- M. Grey, ayant trouvé qu’il pou-voit communiquer l'électricité à une bulle de fa von & d’eau, fut encouragé à eflayer de la communiquer auflî à l’eau fimple. Pour cet effet,
- (a) Phil. Tranf. Abridged, vol. y3 pag. il.
- Qgr [8] C’eft M. Dufay , & non pas M. Wheeler , de l’aveu même de l’Auteur , comme on le verra ci-deffous , qui a réfuté cette opinion de M. Grey. Mais, comme on aura fouvent occafion de le voir dans le cours de cet ouvrage, fon Auteur cherche toujours a accorder les découvertes à fes compatriotes , au préjudice des autres Phyficiens.
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- »e l'Electricité. 69 il élePrifa un Vaiffeau de bois plein d’eau, placé fur un pain de réfine eu un panneau de verre, & il remarqua qu’en préfentant au-deffus de l’eau, à la diftance d’un pouce ou un peu plus, dans une pofition ho-rifontale un petit bout de fil, une bande étroite de papier mince, ou un morceau de verre en feuille , ils étoient attirés à la furface de l’eau, & enfuite répouifés ; mais il penfa que ces attrapions & répu liions n’étoient pas répétées auffi fouvent qu’elles l’auroient été , fi le corps eut été folide.
- 11 imagina enfuite de faire con-noître l’effet de l’élePricité fur l’eau d’une maniéré plus efficace. Comme cette expérience fut fort curieufe, & qu’elle avoit une apparence tout-à-fait nouvelle pour les ElePriciens de fon temps, j’en rapporterai au long les particularités, & je me fervirai en général des propres termes de M. Grey (a).
- (a) Phil. Tranf. Abridged , vol. 7, pag. 15.
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- 7© Histoire II remplit une petite jatte d’eau jufqu’au bord, & même plus , & en préientant au-deflus un tube éleftri-Fé, à la diftance d’environ un pouce ou plus, il dit que pourvu que ce fût un grand tube, il s’élevoit d’abord une petite montagne d’eau d'une forme conique , du iommet de laquelle fortoit une lumière fort vifî-ble , quand l’expérience fe faifoit dans une ckambre obfcure , & un craquement prefque femblable à celui qui fe fait quand on préfente le doigt au tube ,'mais pas tout-à fait fi éclatant & d’un Ion plus grave; après quoi, dit il, cette mqntagne , fi on peut fe fervir de ce terme, retombe auffi-tôt dans le relie de l’eau, & lui donne un mouvement de tremblement & d’ondulation.^
- Quand.il répéta cette expérience au grand jour, il apperçüt qu’il s’é-lançoit de petites particules d’eau du fommet de la montagne, & qu’il s’élevoit quelquefois du haut du cône, un filet d’eau très-délié , d’où il fortoit une vapeur fine, dont les particules étoient fi petites , qu’on ne pquvoit les voir; cependant il eft cer-
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- tain , dit-il, que cela doit être ain-fi ; ptiifque le côté inférieur du tube étoit humide , comme il le trouva, quand il voulut le frotter enfuite. 1} ajoute , qu’il a obfervé depuis, que quoiqu’il ne s'élève pas toujours un tel cylindre d’eau , il y a toujours un courant de particules invi-fibles, jettées fur le tube, & quelquefois même au point d’y pouvoir être apperçues,
- Quand il fe fervit de plus grands vafes ( fes grandeurs étoient depuis trois quarts jufqu’à un dixième de pouce de diamètre )qui, dit il, dévoient être remplis autant qu’il étoit polïibje, (ans'que l’eau .coulât par def-fus s la partie du milieu de la furface, qui étoit platte, s’affaifloit à l’approche du tube , &c devenoit concave, & les parties voifines des bords s’éle-' voient; & quand on préfentoit le tube vis-à-vis le côté de l’eau , il en fortoit horifontalement de petites protubérances coniques d’eau, qui après le craquement, retournoient au relie ; & quelquefois il s’en. échappoit de petites particules, ainfi que des petites protubérances dont on vient de parler,
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- 7* Histo.m
- Il répéta cette derniere expérience avec de l’eau chaude , & trouva quelle étoit attirée beaucoup plus fortement, & à, des diftances bien plus grandes qu’auparavant. La vapeur fortant du bout du cône fut vifible dans ce cas, & le tube fut parfemé de greffes gouttes d’éau.
- Il cflaya' ces expériences de la même maniéré avec du vif argent qui fut pareillement enlevé ; mais à cau-fe de fa gravité , il ne le fut pas fi haut que l’eau : il dit pourtant que le craquement fut plus éclattant, & dura beaucoup plus long temps qu’il n’avoit fait avec l’eau (a).
- Il n’eft pas aifé de fa voir à quoi s’en tenir fur les expériences qui occupèrent enfuite l’attention de M. Grey, ni jufqu’à quel point il s’eft trompé dans leurs réfultats. II s’imagina avoir découvert une puiffance attractive, perpétuelle dans tous les corps électriques qui ne demandent pas d’être échauffés ni frottés. Il fe
- ( « ) Phil. Tranf. Abridged , vol. 7 , pag. 24.
- fleura
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- figura que les. expériences fuivantes prouvoient cette découverte.
- 11 prit dix-neuf fubftances différentes , qui étoient la réfine, la gomme lacque , la cire d’abeilles , le foufre, la poix , &c. ou bien deux ou trois de ces fubftances diverfement combinées. 11 les fondit dans une Cuiller de fer , excepté le fouftre qu’il fit fondre dans un vaifleau de verre. Quand elles furent tirées de la cuiller, & que leurs furfaces fphériques furent durcies , il prétend qu’elles n’attirerent pas, jufqu’à ce que la chaleur fût diminuée, ou jufqu’à ce qu’elles fufient refroidies à un certain point ; qu’alors il y eut une petite attraction , qui augmenta jufqu’au moment où la fubftance fut froide , & qu’enfuite l’attradion fut fort confidérable (a).
- La façon dont il s’y prit pour entretenir ces fubftances dans un état d’attraélion, fat de les envelopper dans tout ce qui pouvoit les mettre
- (a) Phil. Tranf. Abridged , vol. 7, pag. 24.
- Tom. L D
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- 74 Histoire à couvert de l’air extérieur. D’abord il fe fervit de papier blanc pour les
- Elus petits corps, & d’une flanelle lanche pour de plus grands ; mais il trouva par la fuite, que les bas noirs tricottés, faifoient aulfi-bien. Après les avoir ainfi enveloppés, il les ferra dans un grand coffre, où ils refterent jufqu’à ce qu’il voulût en faire ufage.
- Il obferva ces corps pendant trente jours, & trouva qu’ils continuoient d’agir auflï vigoureufement que le premier ou le fécond jour, & qu’ils conferverent leur puiflance jufqu’au temps où il écrivit, quoique quelques uns d’entre eux euflent été préparés depuis plus de quatre mois.
- Il parle plus particuliérement d’un grand cône de foufre, couvert d’un verre à boire, dans lequel il avoit été moulé, & dit que toutes les fois qu’on en ôtoit le verre , il attiroit auflï fortement que le foufre , que l’on gardoit bien couvert dans le coffre. Quand il faifoit beau temps, le verre attiroit auflï, mais pas fi fortement que le foufre, qui ne man-quoit jamais d’attirer, quelque va-
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- de l'Electricité. 75 riable que pût être le temps ou le vent ; cependant dans le temps humide l’attraéfion n’étoit pas fi con-fidérable que dans le beau temps.
- Il parle auflî d’un gâteau de fou-fre fondu, qu’il tenoit découvert dans le même lieu que le corps dont on a parlé ci-deffus , & où le foleil ne pouvoit donner fur lui ; & il dit qu’il continua d’attirer jufqu’au temps où il écrivoit ; mais que fon attraéfion n’étoit pas une dixième partie de celle du cône de foufre qui étoit couvert.
- Il eflaya ces attrapions avec un fil fufpendu au bout d’un bâton. "Il tenoit le corps éleétrique dans une main &c le bâton dans l’autre , & il apperçut cette attraéfion à une auffi grande diftance qu’il pouvoit les tenir.
- Dans le temps qu'il écrivoit, il en étoit à l’éleéfricité permanente dans le verre ; mais il o’avoit pas encore completté fes expériences (a).
- (a)Phil. Tranf. Abridged , vol 6, P»S- *7-
- Dü
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- y.$ Histoire
- Ces expériences de M. Grey, recevront un grand éclairciflèment de quelques-unes de celles deM. Wilke, qui feront rapportées ci-aprés. 11 ell: probable que dans ces expériences le vailTeau de verre pofledoit une électricité , & le foufre, &c. l’autre. Mais ces deux fortes d’éleétricités ne furent découvertes que par la fuite;
- Nous voici arrivés à une fuite différente d’expériences éleétriques, que firent de concert Mrs. Grey & Whee-ler, & qui font femblables à quelques-unes de M. Hawkesbée.
- En premier lieu, M. Grey fit quel -qîies expériences , qui, probablement fans qu’il le lîlt, avoient été faites auparavant par M. Boyle, fur le verre & fur plufieurs autres corps éleébri-fés dans le vuide, & il trouva qu’ils attiroient à peu près à la même dif-tance que dans le plein. Pour déterminer ce fait, il fufpendit la fubf-ftancc éleétrifée dans le récipient de la machine pneumatique , & quand il fut vuidé d’air, il fit defeendre le corps éleârique à une diftance convenable de quelques corps légers, placés fur un guéridon au deffous.
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- DE l’Eiectricjté.
- Le, réfultat, autant qü’il en put juger , fut le même dans le vuide , que dans le plein, lorlque l’expérience fut faite dans le même récipient, & que le corps éledrique fut approché dçs corps légers, après le même intervalle de temps depuis leledrifa-tion (a).
- Vers la fin d’Août 1751 , M. Grey & M. Wheelcr, fufpendirent du fommet d’un récipient un fil blanc, qui tomboit jufqu’à fon milieu. En-luite ayant fait le vuide dans le récipient , & l'ayant frotté , le fil fut attiré avec vigueur. Quand on le tint en repos, & qu’il pendoit perpendiculairement, le tube éledrifé l’attira, & quand on éloigna le tube lentement, le fil retourna à fa pofition perpendiculaire ; mais ayant retiré brufquement le tube, le fil fauta au coté oppofé du récipient. Ce dernier effet arrivoit, fi on écar-toit brufquement la main du récipient. .D’abord il leur parut inexpli-
- (o)Phil. Tranf. Abridged , vol. <5, pag- 27-
- Diij
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- quable dans les deux cas ; mais .en y penfant plus mûrement, ils conclurent qu’il venoit du mouvement de l’air caufé par le tube ou par la main , qui ôtoit l’attraâion de ce côté-là, & non de l’autre <s). Us trouvèrent aufli qu’un tube cledtrifé attirait le fil à travers un autre récipient que l’on mit par deflus celui dans lequel il étoit fufpendu. Quelque temps après , M. Wheeler trouva, que le fil étoit attiré à tra-vres cinq récipients pofés les uns fur les autres , & tous vuidés d’air * il jugea même que l’attraction étoit plus grande dans ce cas, que quand on fe fervoit d’un feul récipient. Remarquez que pour écarter plus efficacement des récipients , toute efpéce d’humidité, qui aurait été fort nuifi-ble dans cette expérience , on fe fer-vit, au lieu de cuir mouillé , d’un ciment fait de cire & de térébenthine , dont M. Boyle avoit fait ufage dans fes expériences (b).
- («O Phil. Tranf. Abridged , vol. 7, pag. ;<5.
- (/>) Ibid. vol. 7, pag. 97.
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- (de l’Electricité. 79 Ces deux Meilleurs firent vers le même temps une expérience curieu-fe, qui montroit, dilent-ils, que l’at-traétion fe communique à travers les corps opaques, comme à travers les tranfparents ; mais s’ils euflent connu le métal comme conducteur
- (de l’éleétricité , ils fe feroient épargnés la peine qu’ils prirent. Ils fe mu-I nirent d’une grande fonnette , & en I ayant ôté le battant, ils y fufpendircnt J au fommet un morceau de liege ! frotté de miel ; & la poferent fur ! un plateau de verre, fur lequel ils I avoient mis quelques feuilles ae cui-I vre. On approcha enfuite le tube I éleélrifé des differentes parties de la I fonnette, & en l’éleârilant ils trou-j verent plufieurs morceaux de feuil-1 les de cuivre attachés au liege , tandis que d’autres étoient écartés des endroits où ils les ’avoient pofés, ayant ère fans doute attirés par la fonnette (a).
- Nous voyons avec quelle lenteur
- (a) Phil. Tranf. Abridged , vol. 7 a pag. 96.
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- 8o H i s t a i ». e on avaacoit dans les progrès de cette fcience par quelques expériences que M. Grey fit le 16 Juin 1751 , & qu’il avoit jugées dignes d:être rapportées ; quoiqu’elles contiennent à peine quelque chofe de nouveau pour nous , ces découvertes lui parurent cependant allez confidérables.
- Il éleétrifa un enfant monté fur des gâteaux de réfine , auffi lorte-ment qu’il l’avoit éleélrifé auparavant, en le fufpendant par des cordons de crin. Enlüite , il éleétrifa un enfant fufpendu fur des cordons de crin, par le moyen d’une piece de communication tenue par un autre enfant éleélrifé , qui étoit à quelques pieds de diftance du premier. 11 varia cette expérience de plusieurs façons avec des baguettes & des en-fans , & il en conclut que la vertu éleétrique pouvoit non - feulement 1 être conduite du tube à S’es corps éloignés à l’aide d'une baguette ou d’un cordon ; mais que la même baguette ou cordon , pouvoit communiquer cette cette vertu à une autre baguette ou cordon, à quelque diftance de là, &: que cette autre ba-
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- de*i’Electricité. 8i guette ou cordon pourrait auffi porter la force attradive à des corps encore plus éloignés. Cette éxpérience lait voir que M. Grey n’avoit pas confidéré la piece de communication & le corps qui en étoit éledrifé, comme étant une feule & même chofe par rapport à l’éledricité, & ne différant abfolument que par la forme, puifqu’ils étoient tous les deux également condudeurs d’électricité.
- Au mois de Décembre fuivant , M. Grey pouffa cette expérience encore plus loin , en portapt l’éledri-cité à des corps qui ne touchoient pas la piece de communication , la faifant pafler par le centre de cerceaux placés fur du verre. Un de ces cerceaux avoit vingt, & un autre quarante pouces de diamètre (a).
- ( a ) Phil. Tranf. Abridged , vol. 7 , pag. 100.
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- PÉRIODE IV.
- Expériences & découvertes de M.
- Dufay.
- Jusqu’ici, le goût de l’éleéfri-cité fembloit avoir été confiné à l’Angleterre feule; mais on trouve, que vers ce temps-là, il àvoit paflé les mers , & que d’habiles étrangers furent curieux de fe diftinguer, & d’acquérir de la réputation dans cette nouvelle carrière de gloire. M. Dufay de l’Académie royale des Sciences de Paris, & Intendant du Jardin du Roi, répéta avec foin les expériences de M. Grey, & ajouta aulli à ce fond de richefles plulîeurs nouvelles expériences de fon invention. Nous lui fommes pareillement redevables d’avoir remarqué plufieurs propriétés générales de l'éleéfricité ou des réglés concernant fa maniéré d’agir, dorM|pn n’avoit pas fait mention avant lui, & qui réduiiirent à
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- de i'EiectricitI 8> un petit nombre de propofitions ce qui avoit été découvert ci-devant fur cette matière. Ses expériences font contenues dans fix grands mémoires inférés dans l’hiiloire de l'Académie des Sciences pour les années 1735 & 1734. Leur détail occupe auffi un article entier dans les tran-faéfions philofophiques, datté du 27 Décembre 1733.
- Il trouva que tous les corps , excepté les métalliques, les corps mous & les fluides, pouvoient être rendus éleâriques, en les chauffant d’abord plus ou moins, & les frottant enfuite avec qu’elque efpece d’étoffe que ce fût. Il en excepte auffi les fubftances qui s’amolliflent par la chaleur, comme la gomme, ou qui fe fondent dans l’eau , comme la glu. Il remarqua pareillement que les pierres opaques & dures, & le marbre demandoient d’être plus frottés Sc plus chauffes que les autres corps, & que la même réglé avoit lieu pour les- bois 3 de forte que le buis, & les autres efpeces de bois fort durs dévoient être chauffés pref-que jufqu’au point de brûler-, au
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- eu qlle le fapin, le tilleul, & fc
- le££d&$olm
- cJdcM ?>Cn fum,nt les expérien-“tran™ Y ’ P°l,r éIe<arifer l’eau ,
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- corps diverfen^e t cofôSre'le voir que Ce,a ne vient pas^de U cmï-
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- DI x’Eucisiciti. 8f leur comme couleur, mais des ingrédients qu’on a employés pour les teindre [9J.
- Ayant communiqué l’éleétricité du tube , à la maniéré de M. Grey, par le moyen d’une ficelle, il remarqua que l’expérience réuflîfloit mieux lorfqu’il avoit humeétc la ficelle, & quoiqu'il fit fon expérience à la dif-tance de douze cent cinquante fix pieds, par un vent très-fort, & la ficelle faifant huit retours fur elle-même , & paflànt à travers de deux allées différentes d'un jardin, il trouva que la vertu éleétrique étoit encore communiquée (a).
- L’étincelle éleétrique tirée d’un corps vivant, fut remarquée pour la première fois par M. Dufay, accompagné pour lors , comme dans la plupart de fes expériences, par M. l’Abbé Nollet, qui, comme nous le verrons dans la fuite, s'eft fait lui-même une réputation célébré parmi les éleétriciens.
- (a) Philof. Tranfaét. Abridged, vol. 8 , »g. }9l- .
- [?] Yoyez ci-JclTus, note 8,
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- 8S Histoire
- M. Dufay s'émnt fait fufpendre lui-même fur des cordons de foie, comme M. Grey avoit fait l’enfant dont on a parlé auparavant, remarqua , que fitôt qu’il fut éledrifé, li une autre perfonne s’approchoit de lui, & ivancoit fa main à un pouce ou environ de fon vifage, de fes jambes, fes mains ou fesnabits, il fortoit aufli-tôt de fon corps un ou plufiers jets picquants accompagnés d’un craquement. Il dit que cette expérience caufoit à la perfonne qui
- femblable à une picquûre d’épingle , ou à la brûlure d’une étincelle de feu, & quelle fefaifoit remarquer auflî fenublement à travers fes habits , que fur fon vifage nud, ou fur fes mains. 11 obfetve auflî, que dans l’obfcurité, ces jets étoient autant d’étincelles de feu (a).
- M. l’Abbé Nollet, dit qu’il n’oubliera jamais la furprife que caufa à
- (a) Philof. Tranf. Abridged , vol. 8, P»8- m-
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- M. Dufay & à lui-même, la première étincelle éleétriqu»qui ait jamais été tirée d’un corps humain éleéfrifé (a).
- Il dit que ces craquemens & étincelles n’étoient point excités quand on approchoit de lui un morceau de bois, d’étoffe ou de toute autre iubf-ce qu’un corps humain vivant , à l’exception du métal qui produifoit à peu de chofe près, les mêmes effets que le corps humain. Il ne pre-noit pas garde que cela étoit dû à la féch erefle des fubftances dont il parle ; ce qui faifoit qu'elles ne don-noient pas une étincelle pleine & forte. 11 paroît auffi s’être trompé, quand il imagina que la chair des animaux morts, ne donnoit qu’une lumière uniforme- fans aucun craquement & fans étincelles (é).
- Les deux obfervations fuivantes de M. Dufay font capitales, & je
- () Leçons de Phyfique, vol. 6, pag,
- () Philof. Tranf. Abridged, vol. 8,
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- vais les rapporter dans fes propres termes, parce qu’elles font importantes & curieufes; quoique la première ne dit guere plus que ce que Otto de Guericke avoit déjà obferve avant lui. »J’ai découvert, dit il, » un principe fort {impie , qui expli-„ que une grande partie des irrégu-» larités, &, li je puis me fervir du » terme , des caprices qui femblent «•accompagner la plupart des expé-» riences en électricité. Ce principe « eft que les corps électriques atti-» sent tous ceux qui ne le font pas, » & les repouifent fitqt qu’ils font « devenus électriques, par le voifi-« nage ou par le contaél du corps » éleétrique. Ainfi la feuille d'or eft » d’abord attirée par le tube , ac-« quiert l’éleétricité en en approchant, « & conféquemment en eftauflîtôt re-« pouffée ; elle n’en eft point attirée » de nouveau , tant qu’elle conferve » fa qualité électrique. Mais fi , tan-» dis qu’elle eft ainfi foutenue en » l’air, il arrive qu’elle touche quel-» que autre corps, elle perd à l’infi-p tant fon électricité, & confisquera»-
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- de l’Eifctricii! 8{t » ment eft attirée de nou^au par o le tube, lequel après lui avoir don-» né une nouvelle éleftricité, la re-» pouffe une fécondé fois, & cette » répullion continue auffi long-temps » que le tube conferve fa puiffance.
- > En appliquant ce principe aux dif-* férentes expériences d'eleéfricité ,
- > on fera furpris du nombre de faits
- > obfcurs & embarraifants, qu’il
- > éclaircit •>. M. Dufay tâche en particulier d’expliquer, au moyen de ce principe, plulieurs des expériences de M. Hawkesbée (a).
- » Le hafard , dit-il, m'a préfenté » un autre principe plus univerfel & » plus remarquable que le précédent, » & qui jette iin nouveau jour fur la •• matière de l’éleéiricité. Ce princi-» pe eft , qu’il y a deux fortes d’élec-» tricités , fort différentes l’une de e que j’appelle éleûri-& l’autre éleéfricité » réfineufc. La première eft celle du » verre , du criftal de roche, des
- («) Phüof. Tranf. Abridged , vol. 8, P!>S 326.
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- ÿo Histoire » pierferf* précieufes , du poil des » animaux , de la laine & de beau-» coup d’autres corps. La fécondé eft » celle de l’ambre, de la gomme co-» pal, de la gomme lacque , de la » foie, du fil, dû papier & d’un «grand nombre d’autres fubftances, » Le caraâere de ces deux éleétrici-» tés eft de fe repoufler elles-mêmes, » &de s’attirer l’unè l’autre. Ainfi un « corps de l’éleâricité vitrée repouf-» fe tous les autres corps qui pofle-« dent l’éleélricité vitrée, & au con-» traire, il attire tous ceux de l’éleétri-» cité réfineufe. Les réfineux pareille-» ment repouflènt les réfineux, & « attirent les vitrés. On peut aifé-« ment déduire de ce principe l’ex-» plication d’un grand nombre d’au-» très phénomènes ; & il eft probable que cette vérité nous condui-« ra à la découverte de beaucoup » d’autres chofes » £10].
- |80,[io] Il eft vrai qu'il arrive fouvent qu’un corps, attiré d’abord, & enfuite repoufi fé par du verre éleârifé, eft attiré par un corps réfineux frotté, par exemple, un bâ-
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- DE l'EuCTMCIlt Jl Pour connoître fur le champ à laquelle rfles deux efpeces d'éleâricitcs
- ton de cire d’Efpagne ; mais il n’cft pas moins vrai qu’il arrive fouvenc le contraire. Il y a plus, c’eft qu’il n’eft pas très-difficile de faire réuflir ou manquer l’expérience à fon gré. Cette expérienae, ainfi que toutes celle de ce genre , ne prouve donc rien en faveur de ces deux fortes d’éle^tricitës réellement diftinétes l’une de l’autre. Un corps qui a été d’abord attiré, & enfuite repouffé par du verre éle&rifé, n’eft repouffé que parce qu’ayant été lui-même éleétrifé par communication , fes effluences rencontrent celles du verre, & s’appuyent mutuellement; ce qui caufe la répulnon. De la réfine frottée eft très-perméable au fluide éleétrique , & fes effluences font beaucoup plus foibles que celles du verre éleétrifé; en conféquence les effluences du corps élcéfcrifé par le verre, trouvant moins de difficulté à pénétrer la ré-fine ainfi frottée , que l’air ambiant, ce corps eft: porté vers la réfine par la matière affluen-te qui y arrive de toutes parts ; & par la paroît attiré. Mais fi la réfine n’avoit éré que foiblement éleéhifée, ou quelle le fût très-fortement, dans ces deux cas, elle re-poufTeroit le corps qui a été repouffé par le verre, de même que le verre le repoufle lui-même. Dans le premier cas , cela arriveroit, parce que la réfine feroit trop peu perméable au fluide électrique qui fort du corps éleétri-
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- ji Histoire
- appartient celle d’un corps quelconque , il éleétrifa un fil de foje , ôc l’approcha du corps , quand il fut éleélrifé. S’il repouflbit le fil, il en concluoit qu’il étoit de la même éledtrieité que lui , c’eft-à-dire, de la réfineufe j s’il l’attiroit, il concluoit qu’il étoit de la vitrée (a).
- Il obferva auflî que l'éleélricité communiquée étoit de la même ef-pece que celle qui communique. Car ayant éleélrilé des boules de bois ou d’ivoire, au moyen de tubes de verre, il trouva qu’elles repoufloienc les corps que le tube repouflbit, &
- (<0 Philof. Tranfaél. AbriJgeci, vol. 8 ,
- &V! le verre. Dans le fécond cas , cela arriveroit, parce que la force des effluences de la réfine approcherait de celle des effluences du verre, ce qui leur donnerait la faculté de repoufler prefque aufli puiflam-ment. Je ne doute pas que, fi M. Dufayeût vécu plus long-temps, & qu’il eut fouvent répété ces expériences , il n’eût renoncé à cette prétendue découverte des deux éleétri-cités réfineufe 8c vitrée, qui n’eft fondée fur aucun fait confiant, quoi qu’en dilent tous fes partifans. ^
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- DE l'Eiectr.cit! 3i attiraient ceux que le tube attirait. Si elles avaient reçu l'éleétricicé ré-fiaeufe par communication, elles ob-fervoient la même réglé, attirant les corps à qui on avoit communiqué l’éleétricité vitrée, & repouffiint ceux qui avoient reçu la réfineufe. Mais il obferve que l'expérience ne réuf-lifloit pas, à moins que les corps ne fulTent rendus égalemment éleétri-ques ; car fi l’un d’eux ne l'étoit que foiblement, il ferait attiré par celui qui ferait beaucoup plus forte-tement éleétrique, de quelque efpe-te que fût fon éleétricité.
- Cette découverte des deux électricités , étoit certainement très-importante ; cependant M. Dufay la laiflà fort imparfaite. Nous verrons que M. Branklin trouva dans la fuite , que félon toute apparence, l’é-leétricité vitrée éroit pofitive, ou une furabondance de matière éleétrique , & que la réfineufe étoit néga-u un défaut de cette matière ;
- Canton a découvert que c’eft
- de la furface des corps éleétriques, & du frottoir que dépend l’éleétri-cité pofitive ou négative.
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- 54 Histoire
- La Doétrine de deux éleétricités différentes, produites en éleétrifant diverfes fubftances, quelque conft-dérable qu’en fût la découverte, femble avoir été abandonnée après M. Dufay , & on a attribué ces effets à d’autres caufes. C’eft un exemple qui prouve que la fcience va quelquefois à reculons.
- M. Dufay femble lui-même enfin avoir adopté l’opinion qui a prévalu généralement du temps de M. Franklin ; favoir, que les deux éleétricités ne différoient que par le degré de force , & que la plus forte att£ roit la plus foiblè ; il ne confidéroit pas que fuivant ce principe , deux corps qui pofféderoient chacun une des deux efpeces d’éleétricités , de-vroient s’attirer l’un & l’autre avec moins de force , que fi l’un d’eux n’eût pas été éléétrifé du tout ; ce qui eft contraire à l’expérience.
- On verra que bien des années après, Monfieur Kinncrfley de Philadelphie, ami du Doéteur Franklin , étant à Bofton dans la nouvelle Angleterre, fit quelques expériences, qui montrèrent encore la différence des deux
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- de l’Electricité pj éieâricités. Il communiqua ces e»-périences à M. Franklin, qui les répéta , & en donna l’explication (a).
- Il faut ajouter aux expériences de M. Dufay, qu’il communiqua l’électricité d’un corps à un autre placé à un intervalle die dix ou douze pouces , dans le milieu duquel il y avoit une chandelle allumée (b). Il trouva suffi que le fer rouge pouvoit être très-bien éleétrifé (c).
- M. Dufay fut le premier qui ef-faya d’éleélrifer un tube dans lequel l’air étoit condenfé, & il trouva que cet effài ne réuffiffoit pas. Soupçonnant que cela venoit peut-être de l'humidité qu’il pouvoit avoir introduit dans le tube en fe fervant pour cela d’une pompe foulante , il lutta un grand éolipile de cuivre à fon tube, & y comprima l’air, en mettant l’éolipile fur le feu. Après quoi il tourna un robinet, qu’il avoit
- (a) Voyez fes Lettres.
- (i) Recherches fur les caufes des phénomènes éle&riques , par M. Nollet, pag. lo}.
- (c) Ibid. pag. au.
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- placé pour jempêcher le retour de l'air comprimé , & dégagea le tube de Péolipile ; mais il trouva encore que léle&rifation étoit impoflîble. M. l’Abbé Nollet, qui affiitoit à la plupart de fes expériences, déclare lui-même qu’il ne fut pas encore content de cette précaution ; penfant que le défaut d’éleârifation du tube , pouvoir encore provenir de l’humidité qui exifte toujours dans Pair, & dont les particules doivent nécef-fairement être rapprochées les unes des autres par la condenfation (a). Pour répondre à cette objection, M. Boulanger dit qu’un petit verre plein d’eau, verfé dans un tube, & vui-dé auffitôt après, ne détruirait pas l’cleéfrifabilité du verre à beaucoup près, tant que Pair condenfé (i).
- Il faut obferver que M. Granville Wheeler, fit dans l’Automne de 17 5 a, plufieurs expériences fort curieufes fur la force répulfive de l’éleâricfté.
- (a) Recherches fur les caufes des phénomènes éleétriques, par M. Nollet, pag. îjS.
- (i) Boulanger, pag. rga.
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- de l'EuciiicnÉ. 57 H les répéta l'Eté fuivant, à M. Grey, 8c a voit deffein de les communiquer par Ton canal , à la Société royale ; mais en ayant différé l'exécution de temps à autre, il fut informé que M. Dufay avoit remarqué la même force répulfive. C'cft pourquoi il abandonna toute idée de communiquer fa découverte au public ; mais trouvant que fes expériences étoient différentes de celles de M. Dufay , il fe laiffa perfuadèr c'e les publier dans les tranfaétions Phi-lofophiques pour l’année 1755.
- Ces expériences furent faites au moyen de fils de différentes fortes, & autres fubllances , fufpendus à des cordons de foie, & généralement faits pour fe repouffer les uns les autres, à l'approche d'un tube éleéfrifé. 11 renferma le réfultat de toutes ces expériences, dans les trois propofitions fuivantes i°. Les corps rendus éleéfriques par communication , au moyen d'un corps éleâri-que frotté, font dans un état de ré-pulfion par rapport à ce corps frotté. 1°. Deux corps ou plus rendus électriques en communiquant avec un Tom. I. E
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- 5S Histoire corps éleârique frotté, font dans un état de répulhon, l’un par rapport à l’autre. 3°. Les corps électriques frottés, fe repouffent eux mêmes les uns les autres (a).
- . Une des expériences qulil a faites pour prouver la fécondé de ces pro-pofitions , mérite d’être rapportée parce qu’elle eft fort curieule. Il attacha enfemble plufieurs fils de foie, par un noeud à chaque bout ; enfuite, en les éleétrifant, les fils fe repouflèrent les uns les autres, & tout le faifceau fe renfla, & forma une belle figure fphérique ; de forte qu’il remarqua, dit-il, avec plai-fir, le nœud qui étoit en bas, s’élever à mefure que l’éleétricité & la répulfion mutuelle des fils augmen-toient , & il trouva une reffem-blance entre le faifceau de fils de foie, & un-faifceau de fibresmuf-culaires.
- 11 obfecve par maniéré de corollaire à la meme propofition, que
- (a) Philof. Tranf. Abridgcd , vol. 8 . pag- 410*
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- DE i'ElECTRICITÉ. 99 cette expérience fournit plus clairement que toute expérience connue, une raifon pour expliquer la diflolu-tion des corps dans les ménftrues ; favoir, que les particules du corps à diflouare , s’étant chargées des particules de la njenflrue, au point d'en être raflfâfiées, lès particules fa-turées fe repouflent les unes les autres , fe féparent , & tombent en pièces (a).
- (a) Philaf. Tranf. Abridged , vol. 8, pag.411.
- Ei,
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- ioo H I S T O I K I
- PÉRIODE V.
- Continuation & conclujion des expériences de M. Grey.
- M. Grey en reprenant fés expériences , marque beaucoup de fatis-faction de ce que fes obfervations ont été confirmées par un Phyficien auflî judicieux que M. Dufay , qui en avoit lui-même fait plufieurs nouvelles , fur-tout, cette obfervation importante, qui le mit fur la voie de faire les expériences fuivantes, qu’il eflaya dans les mois de Juillet & Août 175+ (a).
- Comme M. Dufay avoit dit que les étincelles doht il avoit parlé , ainfi que les craquements, etoient fortement excités par un morceau de métal, que l’on préfentoit à la perfonne foutenue fur des cordons
- M Pi’ilof. Tranf. Abridged , vol. 8 ,
- pag. 397.
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- DE:; i'E^ECTRICITÉ. IOI
- de foie, M. Grey en conclut que, fi la perfonne & le métal chan-geoient. de place , l’effet feroit le même. En cpnféquence, il fuipendit plufieurs morceaux de métal fur des cordons de foie, en commençant par les uftenciles ordinaires, qui fe trouvèrent fous la main, comme un fourgon de, fer, des pincettes, la pelle à feu, &rc. & trouva que quand ils furent élcétrifés, ils donnèrent des étincelles , de même qu’avoit fait le corps humain dans de pareilles circonftances ; telle fut l’origine des conduéteurs de métal, dont on fc fert à préfent (a).
- M. Grey ne fongea point alors à faire fes expériences dans fobfcuri-té , pour voir la lumière qui fortoit du fer ; n’itnaginant pas que l’électricité communiquée aux métaux , auroit produit des phénomènes fi fur-prenants.
- En continuant fes expériences chez M. Wheeler, ils trouvèrent que la
- ( a ) Phil. Tranf. Abridged , vol. 8 , pag. 3j8.
- Eiij
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- chair des animaux' morts donnoit ; à peu dé chôfé près , les mêmes apparences que celle des animaux vivants, contré l’aflertibn de M. Du-fay.
- Mais ce qui furprit le plus M. Grey & les fpedateurs dans les expériences qu'il fit à cette occafion , fut ce qu’il appelle un cône ou aigrette de lumière éledrique , tel qu’on en voit communément fortit d’une pointe éledrifée. Gomme ce fut la première fois que l’on vit dit-tiri&ement ce phénomène , qui eft à préfent fi commun , je rapporterai tout au long l’expérience dont il fut le réfultat.
- M. Grey & fes amis fe munirent d’une verge de fer , de quatre pieds de longueur , & d’un demi-pouce de diamètre , pointue à thaqueex-tremité , mais d’une pointe moufle. En.fufpendant cette verge de fer fut des cordons de foie dans l’obfçurité, & appliquant le tube éledrifé à un de fes bouts, ils apperçurent non-feulement une lumière à cette extrémité ; mais encore une autre en même temps, fortant de l’extrémité op-
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- DE l’EiECT RICITÏ. IOJ
- pofée. Cette lumière s’étendoit fous la figure d’un cône , dont le Commet étoit au bout de la verge ; & M. Grey dit, que lui & fa compagnie purent voir clairement, qu'elle étoit compofée de filets ou rayons de lumière fépal-és, qui divergeoient en fortant de la pointe de la verge, & que les rayons extérieurs étoient courbés. Cette lumière paroiffoit à chaque frottement du tube.
- Ils obferverent pareillement, que cette lumière étoit toujours accompagnée d'un petit fifflement, qui, à ce qu’ils imaginèrent, cotnmençoit à l’extrémité la plus près du tube , & aügmentoit de force jufqu’à ce qu’il parvînt à l’extrémité oppofée. Il dit cependant que ce bruit ne pou-voit être éntendu que des perfonnes qui étoient proche de la verge, & qui y faifôient attention (a).
- M. Grey répétant ces expériences au mois de Septembre fuivant, après
- (a) Phil. Tfanf. Abridged, vol. 8, pas. Js8. .
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- 104 Histoire foji retour à Londres, obferva un fait qui, dit-il, le furprit beaucoup. Après que le tube eut été appliqué à la verge de fer , comme auparavant , & que la lumière qu’on avoir apperçue aux deux bouts , eut difpa-ru, elle reparut de nouveau en approchant la main près de l’extrémité de la verge ; & en réitérant ce mouvement de la main , le même phénomène fe fit voir cinq ou fix fois de fuite, à l'exception qu’à chaque fois , les rayons devinrent de plus courts en plus courts. 11 obferva auffi que ces lumières, que le tube produifoit à l’approche de la main, étoient accompagnées d’un lifflement comme les autres.
- Il remarqua que la lumière qui parut à l’extrémité la plus près du tube, lorfqu’on le tint oblique à la longueur de la verge, avoit fes rayons pliés vers lui, & que pendant tout le temps qu’il employa à frotter le tube, ces éclats de lumière parurent à chaque mouvement que fa main faifoit fur le tube , en montant & defcendant ; mais que les plus grands
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- DE i'EeBCTKICITÉ. IOJ éclats étoient produits quand fa main dcfcendoit (a).
- Quand il' fe fervit de deux ou trois verges, les pofant ou en ligne droite , ou de maniéré à former un angle quelconque l’une avec l’autre, & qu’il appliqua le tube à l’une de leurs extrémités j il remarqua que le bout le plus éloigné de la verge la plus ééàrtée donnoit les mêmes phénomènes qu’une verge fimple (b).
- En fe fervant d’une verge qui n’é* toit pointue que par un bout , il remarqua que l’autre bout ne donnoit qu’un fimple craquement, mais beaucoup plus fort que le plus grand de ceux que1 donnoit la pointe de la verge , & àuffi , que cette douleur femblable à une piquûre ou brûlure, fé faifoit fentir plus fortement, & que la lumière étoit plus brillante & plus relferréc.
- En affujettiflant une aflîette d’étairi fur la verge de fer, & rempliifant
- (fl) Phil. Tranf. Abrilged, vol. 8,
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- jotf Histoire l’affiette d'eau , il obl'erva la même lumière, la même impùlfion contre le doigt, & lé même craquement, que quand on fit l’expérience avec l’afliettc vuide. Et quand on fit l’expérience avec de l’eau en plein jour, elle parut s’élever en une petite monticule fous le doigt qu’on lui préfen-tûit , & après le craquement elle retomboit, communiquant à l’eau tin mouvement d’ondulation près de l’endroit où elle s’étoit foulevée.
- Ces effets furent les mêmes que ceux qu’il avoir déjà obfervés provenir, de l’adion immédiaté du tube j il trouva feulement, dit-il, par ces expériences , une chofe qui lui parut un avancement réel dans cette fcience ; lavoir, qu’on pouvoit produire par l’éleéhicité communiquée , une flamme aâuelle avec unè explofion &r une ébullition dans l’eau froide. Ce qu’il ajoute eft fi remarquable, que je lé rapporterai, dani les propres termes ». Et quoique ces » effets julqu’i prefent n’aient été pro-’* duits que très en .petit,. il eftr pro-» bable qu’on pourra avec le temps » trouver une façon de raffembler
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- :tr icité.
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- » une plus grande quantité du feu » éleétrique, & par conlëquent d’au-•> gmenter la force de cette puif-» lance, qui par plufieurs de ces ex-» périences, ( s'il eft permis de com-» parer les petites cliofes aux gran-» des) femble être de la même na-*> ture que celle du tonnerre & de ~ l’éclair (a).
- Cette efpece de prophétie a été exaftement accomplie dans lés découvertes des Eleélrieiens de Leyde, & du Doéleur Frânklirt , lés premiers ayant découvert l'accumulation furprenante de la puiflance électrique , dans ce que l’on appelle la bouteille de Leyde i & l’autre aiant prouvé que la matière du tottnérré eft précilëment la même que celle de l’Eletftricité. Cependant il fe peut faire que' M. Grëy n’âit fait mention du tonnerre & de l’éclair s que par maniéré dé côtriparalfôn.
- Le 18 Février i 7 î 5 , M. Gréy ré1 pétant fes expériences avec dés ba-
- («) Phil. ïranf. Abridged , vol. 8, pag. 401.
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- i®8 Histoire guettes de bois, au lieu de verges de fer , dont il s’étoit fervi auparavant , trouva que tous les effets étoient femblables ; mais beaucoup plus foibles, comme on fait très-bien maintenant que la chofe a dû arriver ; parce que le bois eft un conducteur fort imparfait, & qu’il ne l’eft qu’à proportion de l’humidité qu’il contient.
- Il rapporte en même temps, qu’en répétant l’éleélrifation de l’eau , il trouva que les phénomènes ci - devant indiqués étoient produits, non-feulement en tenant le tube proche de l’eau , mais encore quand après l’en avoir écarté, on en approcnoit le doigt (a).
- Le 6 de Mai de la même année, il fufpendit encore un enfant fur des cordons de foie , & trouva que cet enfant étoit en état de communiquer le feu éledrique, d’abord à une per-fonne, & enfuite à plusieurs, pourvu qu’elles fuffent ifolées.
- (a) Pbil.
- pag. 40t.
- Tranf. Abridged, vol. 8,
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- M. Grey femble toujours avoir imaginé que l'éledricite dcpendott en Quelque forte de la couleur Len-f m fufuendu fur des cordons bleus, dit 1 S fou pouvoir d’attraftion
- taÏÏSS" ™f"Tr "i;
- téPfur des corps foutenus par des c dons de la meme fubftancc , niais de
- ferver la révolution des corps lege
- ‘ 7 ,7 d’elles. L'article qui regarde
- ces expériences s étant le d«merque
- („) Phil. Tranf. Abridged , vol. 8 , pag. 405.
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- no Histoire » le mouvement projcétile & d’ofcil-» lation des petits corps par l’élec-» tricité ; au moyen defquelles on » peut faire mouvoir de petits corps » autour des grands , loit en cercles » ou en elliples, qui feront eoncentri-» ques ou excentriques au centre du » plus grand corps, autour duquel =» ils fe meuvent, de façon qu’ils faf-» fent plufieurs révolutions autour » d’eux. Ce mouvement fe fera conf-** tamment du même feus que celui » dans lequel les Planètes fe meu-» vent autour du Soleil, c’eft-à dire » de droite à gauche , ou d’Occi-» dent en Orient ; mais ces petites » Planètes, fi je puis les nommer » ainfi, fe meuvent beaucoup plus » vite dans les parties de l’Apogée > » que dans celles du Perigée de leurs " orbites ; ce qui eft direélement con-» traire au mouvement des Planètes autour du Soleil (a).
- M. Grey n’a foiigé à ces expériences que fort peu de temps avant fa
- (a) Phil. Tranf. Abridged, vol. 8. pag. 404-
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- bb i'EiectricitI III derniere maladie , & n’a pas eu celui de les achever ; mais la veille de fa mort, il fit part des progrès qu’il y avoir déjà faits au Doéfcur Mortimer , alors Secrétaire de la Société royale. Il dit que chaque fois qu’il les répétoit, elles lui caufoient une nouvelle furprife ; & qu’il eipéroit, fi Dieu lui confervoit encore la vie quelque temps, pouvoir d’après ce que promettoient ces phénomènes, porter fes expériences éleétriques à la plus grande perfeûion. Il ne doutoit pas qu’il ne fût en état, dans fort peu de temps, d’étonner le monde avec une nouvelle forte de Planétaire , auquel on n’avoit jamais pen-fé jufqu’alors, & que d’après ces expériences il pourroit établir une théorie certaine pour expliquer les mouvements des corps célettes. Ces expériences , toutes trompeufes qu’elles font, méritent d’être rapportées, ainfi que celles que l’on fit en con-féquence après la mort de M. Grey. Je les rapporterai, dans les propres termes de M. Grey, telles qu’il les donna à M. Mortimer , au lit de la mort.
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- j ii Histoire
- Placez, dit-il, un petit globe de fer d’un pouce , ou un pouce & demi de diamètre , foiblement éleétri-fé, fur le milieu d’un gâteau circulaire de réfine , de lept ou huit pouces de diamètre ; & alors un corps léger fufpendu par un fil très-fin, de cinq ou fix pouces de long , tenu dans la main au - defliis du centre de la table, commencera de lui-même à fe mouvoir en cercle autour du globe de fer, & conftamment d'Occident en Orient. Si le globe eft placé à quelque diftance du centre du gâteau circulaire, le petit corps décrira une ellipfe qui aura pour excentricité la diftance du globe au centre du gâteau.
- Si le gâteau de réfine eft d’une forme elliptique , & que le globe de fer foit placé à fon centre , le corps léger décrira une orbite elliptique de la même excentricité que celle de la forme du gâteau.
- Si le globe de fer eft placé auprès ou dans un des foyers du gâteau elliptique , le corps léger aura un mouvement beaucoup plus vite dans
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- de l’ElegtricitL IIJ l’apogée que dans le périgée de fon orbite.
- Si le globe de fer eft fixé fur un piédeftal, à un pouce de la table , &: que l’on place autour de lui un cercle de verre, ou une portion de cylindre de verre creux éleétrifé, le corps léger fe mouvera comme dans les circonftances ci-deflus, &c avec les mêmes variétés.
- Il dit de plus , que le corps léger ferait les mêmes révolutions , mais feulement plus petites , autour du globe de fer, placé fur la table nue , làns aucun corps éle&rique pour le foutenir ; mais il avoue qu’il n’a pas trouvé que l’expérience réuflît, quand le fil étoit loutenu par autre chofe que la main [n], quoiqu’il imagine qu’elle aurait réulli, s’il eût
- tSfc7* [n] Ceci prouve bien , comme ledit plus bas M. Whceler, que le délirde réulïir eft. la caufe fecrete qui produit le mouvement d'Occident en Orient, & qui fait que l’on donne machinalement, & fans s’en apperce-voir, une petite impulfion dans cette direction.
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- îr+ Histoire
- été foutenu par quelque fùbftancô
- animale vivante ou morte (a).
- M. Grey continua de faire part à M. Mortimer -d’autres expériences encore plus erronées, que je me dif-penferai de citer par égards pour fa mémoire. Que les chimères de ce grand Eleétricien apprennent à ceux qui le fuivent dans la même carrière, qu’il faut être bien eirconfpeétdans les conféquences que l’on tire. 11 ne faut pourtant pas que 1 exemple décourage perfonne a’eflayer ce qui pourrait ne pas paroître probable ; mais il doit engager du moins à différer la publication des découvertes , jufqu’à ce qu’elles aient été bien confirmées, & que les expériences aient été faites en pr'éfence d’autres perfonnes. Dans des expériences délicates une imagination forte influera beaucoup même fur les fens extérieurs ; nous en verrons des exemples fréquents dans le cours de cette hiftoire.
- Le Doéteur Mortimer femble avoir
- (a)Phil. Tranf. Abridged, Vol. 8, pag. 404, 40 f.
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- de l’Electricité. iij été trompé lui-même par ces expériences de M. Grey ; il dit qu’en les effayant après la mort, il trouva que le corps léger faifoit des révolutions autour des corps de différentes figures , & de différentes fubftances , auffi bien qu’autour du globe de fer, & qu’il avoit récemment effayé l’expérience avec un globe de marbre noir , une ècritoire d’argent, un petit copeau de bois, & un gros bouchon de liege (a). -
- Ces expériences de M. Grey furent effayées par M. Wheeler & d’autres perfonnes , dans la maifon ou s’affemble la Société royale, &c avec une grande variété de circonftan-ces ; mais on ne put tirer aucune conféquence de ce qu’ils obferverent pour lors. M. Wheeler fe donnant lui même bien des peines pour les vérifier , eut des réfultats différents ; & à la fin , il dit que fon opinion étoit que, le défit de produire le mouvement d’Occident en Orient,
- (a) Phil. Tranf. Abridged. vol. 8 ; Pag. 40 f.
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- ii<5 H i s t o i R * |
- étoit la caufe fecrette qui avoit déterminé le corps fufpendu à fe mouvoir dans cette direction , au moyen de quelque impreifion qui venoit de la main de M. Grey , atiffi bien que de la fienne ; quoiqu’il ne fe fût point apperçu lui-même qu’il donnât aucun mouvement à fa main (a).
- ( a ) Phil. Tranf. Abridged , vol. 8, pag. 418.
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- PÉRIODE VI [12].
- Expériences du Docteur Defa-guliers.
- N" o u s voici maintenant arrivés aux travaux du Doéteur Defaguliers, qui le donna bien des peines pour enrichir ce nouveau champ de fcien-ce. La raifon qu’il apporte de ce qu’il a différé jufqu’alors d’entretenir la Société royale fur ce fu-jet, & pourquoi il ne l’a pas pouffé auffi loin qu’il aurait pu le faire, mérite d’être détaillée, parce qu’elle peut faire connoître le caraâere de M. Grey. Il dit qu’il n’a pas voulu
- [il] C’efl: ici ou l'on auroit dû placer les premières expériences de M. l’Abbé Nol-Jet. Il a travaillé , de l’aveu même de l’Auteur , conjointement avec M. Dufay 3 & c’efl: peu de temps après la mort de ce dernier qu’il a publié Ton EJfai fur l'Eleftricitê, ouvrage dans ïetjuel eft contenue toute fa théo-, rie fur cette matière.
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- i iS Histoire fe trouver en oppofltion avec feu M. Grey , qui avoit tourné toutes fes vues vers l’Eleétricité, & qui étoit d’un caraâere à l’abandonner entièrement , s’il eût imaginé que l'on fit quelque chofe contre lui (<x).
- Le Do&eur Defaguliers commence par obferver que les phénomènes de l’Eledricité font fi finguliers, que quoique l’on ait fait un grand nombre d’expériences lur ce fujet, on n’a pas encore pu établir , d’après leur comparaifon, une théorie qui puif. fe conduire à la caufe de cette propriété dans les corps , ou qui puiffe foire juger de tous fes effets , ou découvrir quelle influence l’Electricité a dans la nature, quoique ce que nous en avons vu, peut faire conjeéturer qu’elle doit être fort utile , parce qu’elle eft fort étendue.
- Ses premières expériences, dont on a donné le détail dans les T ratifierions Philofophiques fous la date du mois de Juillet 1739, furent faites
- C«) Phil. Tranf. Abridged , vol. 8,’ psg. 412.
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- de l’ Electricité. iij> avec une corde de chanvre étendue fur une corde de boyau. Au bout de la corde de chanvre , il fufpen-dit différentes fubflances, & dit que toutes celles qu'il effaya, parmi lef-quelles étoient plufîeurs corps électriques par eux-mêmes , comme le foufre , le verre, &c. fans exception , reçurent leleélricité (a).
- Il changea une de fes cordes de boyau, fur laquelle étoit étendu le cordon de chanvre , &: mit à fa place diverfes fubflances , pour effayer quels corps tranfmettroient lele&ri-cité au corps fufpendu, & quels feraient ceux qui ne le feraient pas. Et d’après le refultat de fes expériences , il conclut que les corps en qui l’éleétricité ne pouvoit pas être excitée par frottement , interceptoient les émanations éleétriques, & que ceux en qui elle pouvoit être ainfi excitée, ne les interceptoient pas; mais les Iaiffoient paffer à l’extremi-té du cordon de chanvre. Mais il
- ( <i ) Phil, Tranf. Abridged , vol. 8, pag- 4M).
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- no ' Histoire n’étoit pas encore bien inftruit, qn’à l'exception des métaux, c'étoit l’humidité dans les corps qu'il eflaya , qui interceptoit les émanations électriques; & fes idées fur la maniéré dont elles étoient interceptées, étaient fort imparfaites.
- Nous fommes redevables au Docteur Defaguliers, de quelques termes techniques qui ont été extrêmement utiles à tous les Eleétriciens iufqu’à ce jour, & qui relieront probablement en ufage auffi long temps que l’on étudiera cette matière. Ce fut lui qui appliqua le premier le terme de conducteur au corps à qui le tube éleétrifé communique fon électricité , terme qu’on a étendu depuis à tous les corps qui font capables de recevoir ainfi cette vertu, & il appelle électriques par eux - memes , les corps dans lefquels ont peut exciter l'électricité en les chauffant ou en les frottant.
- On trouve dans les écrits de cet Auteur, beaucoup d’axiomes relatifs aux expériences éleélriqùes , dont quelques-uns font expliqués d’une maniéré plusdiftinéle & plus claire, qu’ils
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- de l'Electricité, nr qu’ils ne l’a voient été ci-devant. Mais les progrès réels qu'il a faits font eu petit-nombre & peu importants.
- Dans plufieurs occàfions , & fur-tout dans un mémoire qu'il a remis à la Société Royale, au mois de Janvier 1741, il (donne entre autres, les réglés générales fuivantes, qui fem-blent être plus exaâes qu’aucune de celles qu’on avoit données auparavant fur ce lujet (a).
- » Un corps éleàrique par lui-mê-» me ne recevra point l’éleétricité « d’un autre corps éleétrique par lui-« même, dans lequel elle aura été ex-•> citée, de maniéré qu’elle s’étende » dans toutè fa longueurs mais il 11e » la recevra que dans un petit efpa-» ce , en étant pour ainli dire raf-» fafié.
- » Un corps éleétrique par lui-mê-y> me ne perdra pas toute Ion éleétri-» cité à la fois ; mais feulement l’é-» leétricité de fes parties auxquelles » on préfente un corps non éleâri-
- (a) Phil. Tranf. Abridged , vol. S, pag. 430.
- Tom. I. ï
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- ïii Histoire .. que ; par conféquent, il perd fon » électricité d'autant plus vite qu'il »fe rencontre plus dé ces corps au-» près de lui. Ainfr par un temps hu-» mide , le tube éleétrifé conferve » la vertu fort peu de temps, parce » qu'il agit fur les vapeurs humides, » qui flottent dans l’air. Et fi on fait » agir le tube électrifé fur une feuil-n le d’or pofée fur un guéridon , il » agira fur elle beaucoup plus long-« temps &r plus fortement, que fi » la même quantité de feuilles d’or » étoit pofée fur une table qui a plus » de furface non électrique , que le » guéridon (a) ». Ceci ne paraît pas cependant être l’unique raifon ; car fi on plaçoit la feuille d’or fur une large furface de verre , elle ne recevrait pas l’action fi puiiïamment, que fi elle étoit placée fur un guéridon étroit, de quelque matière qu’il fût.
- « Un corps non électrique, quand » il a reçu l’életricité, la perd toute » à la fois, à l’approche d’un aù-
- 00 Philof. Tranf. Abridged a vol. 8 -, pag. 4t7.
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- DE l’Eiictricité. I ’ 5 » tre corps non électrique ». Cependant cela n’arrive que quand le corps non éleârique qu’on approche, n’eft pas ifolé. II faut aulfi qu’il foit mis en contaét avec le corps éleétrifé.
- » Les fubftances animales ne font i> point éleétriques à caufe des âui-» des qu’elles contiennent (a).
- » L’éledricité excitée s’étend en » forme de fphére autour du corps » éleârique par lui-même, ou en for-» me de cylindre, fi le corps eft cylindrique (4).
- Dans le nombre des ejmériences qu’a faites le Doéteur Delaguliers, & dont on a publié le détail dans lesTranfanétions Philolophiques, il y en a peu, comme je l’ai obfervé ci-devant, qui contiennent quelque chofe de nouveau. Voici celles qui font les plus curieufes.
- En tâchant de communiquer l'électricité à une chandelle de fuif allumée , il obferva que la chandelle
- (a) Philof. Tranf. Abridged, vol. 8, P fi)4l&d. pag. 431.
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- attirait le fil d’eflai, excepté dans la longueur de deux ou trois pouces vers la flamme ; mais que fitot que la chandelle fut foufflée, le fil fut attiré par toutes fes parties , & même par la mèche, quand le feu en fut tout-à-fait éteint. 11 éleéfrifa une bougie de la même maniéré, & l’expérience réuflït aufli bien, à l’exception feulement cjue l’éleétricité n’approcha pas fi près de la flamme dans la chandelle de fuif.
- Il dit que la feule aéfion de chauffer un récipient de verre fans le frotter , a fufn pour obliger les barbes d'un duvet de plume attaché à un bâton vertical, à s’étendre d’elles-mêmes fitôt que le récipient fit placé fur la plume ; & que quelquefois la réfine & la cire donnent des lignes d’éleâricité, en les expofant Amplement en plein air.
- 11 obferva que fi un tube de verre creux, qui foutiendroit la piece de communication , étoit humeâé en fouflknt à travers, il intercepterait l’éleéfricité.
- Il dit cjue quand un tube éleélrifé a repoufic une plume, il l’attirera
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- de l’Electricité. 115 de nouveau, fi on le trempe fubi-tement dans l’eau i mais que dans le beau temps il ne l'attirera point, à moins tju’il n’ait été trempé allez profondément, par exemple un pied de fa longueur au moins ; au lieu que par un temps humide, un pouce ou deux fuffiroient (a).
- Il a fait voir l’attraélion de l’eau par un tube éle&rifé , d'une maniéré bien meilleure qu’on n’avoit fait jufqu’alors ; favoir, en préfentant le tube à un jet lortant d’une fontaine de comprellîon , qui alors s’inclina fenfiblement vers lui.
- Le Doâeur Defaguliers paroît avoir été le premier qui ait dit ex-preflement, que l’air pur pouvoir être rangé parmi les corps éleâriques par eux- memes, & que l’air froid dans un temps de gelée , où il s’élève le moins de vapeurs, eft préférable pour les expériences éleétriques, à l’air de l’été, où la chaleur élève plus de va*
- (a) Phil. Tranf. Abridged , vol. 8 , pag. 4ZP.
- Fiij
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- peurs (a). H fuppôfoit auffi quel’élec-tricité de l'air étoitde l'efpeçe vitree, & il expliquent pourquoi i’electricite ne paroît qu’à l’intérieur d’un vail-feau de verre vuidé d’air, en dilant qu’elle (e porte où elle rencontre le moins de réfiftance de la part d’un corps auffi cleârique que l'air (4).
- 11 tâcha d’expliquer l’abiorption de l’air par les vapeurs du foufre , conformément à l’expérience du Docteur Haies, en fuppofant que les particules de foufre Sc celles dair^, ayant différente efpece d’éleélricite, s'artiroient les unes les autres, ce qui détruifoit leur force répulfîve. 11 propofa auffi la conjeaure Vivante fur l’élévation des vapeurs. L’air à la furface de l’eau étant élearique, les particules d'eau s’y attachoient, à ce qu’il penfoit ; enfuite devenant elles- mêmes éleariques, elles fe repouf-foient les unes les autres, & confé-quemment elles montoient dans des
- p3g‘!)4?7.iIor’ Tnnf’ -Abridged,
- V) Ibid.pag.43S,
- vol. 8 ,
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- l’ElïÇTRI
- re(a) [!?)• '
- Le dernier mémoire du Doâeur Defagulicrs , au fujet de 1 eleétricité, eft inféré dans les Tranfaélions Phi-lofophiques, fous la date du 24 Juin 1742. 11 publia dans cetté année une Diflertation qui remporta le Prix de l’Académie de Bordeaux. Cette dif-
- fertation eft parfaite; & renferme tout ce couvert jufqu’alors fi
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- PÉRIODE VII.
- Expériences des Allemands & du DoSeur Watfon , avant la découverte de la bouteille de Leyde, dans l’année IJ46.
- Vers le temps où le Doéteur De-faguliers eut fini fes expériences en Angleterre en 1741, plufieitrs favans d'Allemagne commencèrent à travailler dans le même genre avec beaucoup de foin , & leurs travaux furent récompenfés par des fuccès trés-confidérables.
- Nous fommes redevables aux Allemands de bien des améliorations importantes qu’ils firent à notre appareil éle&rique , fans lefquelles les progrès auroient été fort lents & peu intéreflants ; mais au moyen de leurs inventions, ils produifirent bientôt des effets furprenants, comme nous le verrons.
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- ce i’EuciucitI 123
- M. Boze , Profefleur de Phyfique à Wittembcrg, fubftitua le globe au tube qui avoh: toujours été en ufage depuis le temps d’Hawkefbée. 11 ajouta pareillement un premier conducteur, qui confiftoit en un tube de fer ou de ferblanc, foutenu d'abord par un homme monté fur des gâteaux de réfine , & enfuite fufpendu fur de la foie horifontalement devant le globe (,).
- Pour empêcher le tube de faire aucun tort au globe, il mit un paquet de fil à l’extrémité qui en étoit proche , & que l’on lailfa ouverte exprès. Outre que cet expédient occa-fionna divers phénomènes finguliers , il remarqua qu’il augmentait de beaucoup la force du conduéicur (t).
- L’ufage du globe fut aufli-tôt adopté dans l’Univerfité de Leipfik, où M. Winkler, Profeffieur de Langues, fubftitua un couffin au lieu de la main qu’on avoit employée auparavant
- (a) Hiftoire de l’Eleâritité, pag. 27.
- (4) Philof. Tranfaét. Abridged, vol. i°> pag. 171.
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- pour éleétrifer le globe. Mais la meilleure choie pour frotter le globe , auffi-bien que le tube , fut jugée long-temps après par tous les Electriciens , être la mainfeche & exempte d’humidité (a).
- Le R. Pere Gordon, Bénédictin Ecoflois, & Profelfeur de Philofo-phie à Erford , fut le premier qui fe ièrvit d'un cylindre au lieu d'un globe. Ses cylindres avoient huit pouces de longueur & quatre de diamètre, On les faifoit tourner avec un archet, & toute la machine étoit portative , au lieu d’un gâteau de réfine, il ifoloitau moyen a’un chafi fis garni d’un filet de foie (b).
- La plupart des Electriciens d’Allemagne avoient chacun un appareil different & fort coûteux. M. Wink-ler donne dans un mémoire lu à la Société Royale le 11 Mars 1745 U), la defcription d'une machine pour
- (a) Phil. Tranf. Abridged , vol. 10, pag. 171.
- W Hiftoire de l'Eleétricité, pag. 31.
- ( c ) Phil. Tranf. Abridged , vol. 10,
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- DE L’EtECTRICITÉ. HI frotter les tubes, & d’une autre pour frotter les globes, & il compare les effets des deux. Il obferve que les étincelles que produifent les vafes de verre, frottés avec l’archet , font plus grandes, & pincent avec plus de violence , pourvu que ces vaif féaux foient de la même grandeur que les globes , mais l’écoulement des émanations n’eft pas fi confiant que celui qui provient des Globes. M. Winkler inventa auflî uné machine , qu’il décrit au long dans fes ouvrages , au moyen de laquelle il pouvoit faire faire à fon globe , fix cent quatre-vingt tours en une minute (a).
- Les Eledriciens Allemands fè fèr-voient communément de plus d’un globe à la fois, & s’imaginoient en trou ver les effets proportionnés, quoique ce fait ait été révoqué en doute par le Dodeur Watfon & d’autres: & M. l’Abbé Nollet préférait les globes qu’on avoit teints en bleu
- (a) Hifloire de l’Eledricité, pag. 32.
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- i?i Histoire avec du fafFre, lefquels furent eflayés avec foin, & rejettés dans la fuite par le Doâeur Watfoti [14].
- La puiffance éleârique qu’ils pou-voient exciter avec ces globes, tournés avec une grande roue , & frottés avec une étoffe de laine ou avec une main feche ( car on trouve ces deux méthodes en ufage chez eux dans ce temps-là ) étoit fi prodigieu-fe, que fi l'on en croit leurs propres relations , une étincelle électrique pouvoit tirer le fang du doigt, brûler la peau , & y faire une plaie
- 'SU’ [14] Dans Cejfai far l'EleHriciti des eorps de M. l’Abbé Nollet, imprimé pour la première fois en 1746 » à la page 6 , on lit ce qui fuit»». J’ai fait teindre de ce dernier » verre ( du verre blanc commun ) en bleu , » avec le fafFre, & j’en ai fait faire des » tuyaux qui font fort éleétriques ; mais je 03 n’oferois dire fi j’en fuis redevable à la a> couleur ou à la qualité du verre 5 car j’en 03 ai fait faire une autrefois de femblables à »> la même verrerie dont je n’ai pas été suffi » content que des premiers ». Mais M. l’Abp bé Nollet n’a jamais dit dans aucun de fes ouvrages qu’il eût employé des globes de verre bleu, ni qu’il les préférât à ceux de verre blanc.
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- DE t’ElBCTRICITi. IJ) femblable à celle que feroit un caustique. Ils difent, que fi on fe fer-voit de plufieurs globes ou tubes, le mouvement du cœur & des artères de la perfonne éleârifée en ferait fenfiblement augmenté, & que fi on ouvrait la veine pendant cette opération , le fang qui en fortiroit paraîtrait lumineux comme un phof-phore, & coulerait plus vîte que fi l’homme n’étoit pas eleârifé. Conformément à cette derniere expérience, ils obferverent que l’eau coulant d’une fontaine artificielle éleârifée , fe difperfoie en gouttes lumineu-fes, & qu’il fortoit dans un temps donné , une plus grande quantité d’eau que c|uand la fontaine n’étoit pas éleârilee (a). Nous favons qu'une partie, de ce récit eft vrai, mais que le relie doit avoir été exagéré [15 J.
- (a) Philof. Tranf. Abridged, vol. 10 , pag. 177.
- «3» [ij] Perfonne n'a failles expériences qui concernent les écoulements éleârifés, avec plus d’exaétitude que M. l’Abbé Nol-ler. Voyez ce qu’il en a conclu dans fes recherches fur les caufes particulières des Phi-
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- 154 H i s t o i a. ï Il eft certain que le P. Gordon augmenta les étincelles cleâriques à tel point, qu’un homme les fentit de la tête aux pieds, & que de petits oifeaux en furent niés (a).
- Ce qui nous frappe le plus dans les expériences faites avec ces machines, c'eft qu’elles mettent le feu à des matières inflammables. Ce qui les engagea fans doute à l’eflayer, fut la vivacité delà lumière éleétrique,la douleur brûlante que fait fentir une forte étincelle du conduéteur, & les analogies que le fluide éleéfrique a évidemment avec le phofphore & le feu ordinaire.
- La première perfonne qui réuffit dans cet effai, fut le Doéteur Lu-dolf, de Berlin, qui vers le commencement de l’année 1744, alluma de l’éther avec les étincelles excitées par le frottement d’un tube de verre. J1
- U) Recherches de M. l'Abbé Nollet,
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- bë i*Electricité. 135 l’Académie Royale, & en préfence de quelques centaines de perfonnes. Il termina fes expériences par des étincelles éleâriques , produites par un condufteur de fer. Jean Henry Wïnkler, ProfeffeurdesLanguesGrec-que & Latine à Leipick, fît la même chofe au mois de Mai fuivant, avec une étincelle tirée de fon doigt, & alluma non-feulement l’éther fortement reaifié ; mais encore de l’eau-de-vie de France , de l'elprit de corne de cerf, & d’autres efprits enco-* re plus foibles, en les chauffant auparavant. 11 prétend auffi qu’on peut allumer,au moyen des étincelles électriques, de l’huile, de la poix, & de la cire d’Efpagne , pourvu que d’abord on faffe chauffer ces fubftan-ces à un degré qui approche de l’inflammation («).
- Les éleariciens d’Allemagne conf-truilïrent pareillement une machine, par laquelle ils pouvoient frotter un cylindre de verre dans le vuide [16.]
- (a)Phil. Tranf. Abridged , vol. io, ag. 271.
- c8CP [16] M. Dufay avoic fait cette e*pé-
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- 13 € Histoire
- Ils imaginèrent par ce moyen d’élec-trifer un fil de fer, qui avoit une de fes extrémités en plein air , & ils y trouvèrent une puiflance électrique confidérable. Ils éleârilérent auflî l’extrémité qui étoit en plein air, & l'autre bout qui étoit dans le vuide , donna auffi des lignes d’électricité (a).
- Les mêmes Allemands font encore mention d’une expérience , qui, s’ils l’eulfent luivie, les aurait conduit à 'découvrir que le frottement du globe de verre ne produit pas, mais feulement ralfemble la matière électrique. Mais c’étoit une découverte réfervée, comme nous le verrons, au Doâeur Watfon. Il paraît que M. Boze & M, Allamand , avoient fufi-pendu fur de la foie la machine & l'homme qui la mettoit en aétion j & ils obfervent que, non-feulement
- (a) Phil. Tranf. Abridged, vol. io; pag. 27 y-
- rience avant les Allemands , comme on le peut voir dans les Mémoires qu’il a lus à i’Acft* démie en 173 J Sc 1734.
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- de l’Electricité. 157 Je condu&eur, mais encore l’homme & la machine donnèrent des lignes d’éledricité ; ils ne firent cependant pas une attention bien exade à toutes les circonlfances de ce fait curieux , qui ne répondoit point du tout à ce qu’ils attendoient. Car imaginant qu’une partie de la puilfance cledrique fe perdoit continuellement à terre, par le moyen de la machine , ils fuppofoient qu’en l’ifolant, elle auroit produit une éledricité plus forte (a).
- Ce fut dans ce même temps que Ludolf le jeune , démontra que le baromètre lumineux, eft rendu parfaitement cledrique par le mouvement du vif-argent, attirant d’abord, & enfuite repouffant des morceaux de papier, &c. fufpendus fur le côté du tube. Avant cette expérience, on avoit attribué ces effets à d'autres caufes (b).
- A peu près, vers le même temps,
- (a) Wilfon’s, effai, Préface, pag. 14. Watfon’s Sequel, pag. î4-
- (b) Hiftoire de l’Éledricité, pag. 89.
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- tjg H I S~ T O I R E M. Boze fe donna bien des peines pour déterminer, fi la péfanteur des corps ferait affeâée par l’éleâricité ; mais ilnes’apperçutpas que cela fut.
- L'étoile éleârique que l'on produit en fàifant tourner fort vite en rond, un morceau de fer blanc élec-trifé , découpé en pointes également éloignées du centre ; ainfi que le carillon éleârique , que l'on décrira dans la fuite parmi les expériences fingulieres qui fe font par le moyen de l’éleâricité , font de l’invention des Allemands (a). Enfin, on peut ajouter à tout ceci, que M. Winkler imagina une roue qu’il faifoit mouvoir par l’éleâricité ; que M. Boze fit palfer l’éleâricité , par le moyen d’un jet d’eau , d’un homme à un autre, placés l’un & l’autre fur des gâteaux de réfine, à foixante pas de diftance, & cjue le P. Gordon mit même le feu à des liqueurs fpi-ritueufes, par le moyen d'un jet d’eau (i).
- (a) Recherches de M. Nollet.
- (b) Phil. Tranf. Abridged. vol. io, pag.
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- Dï l'E II CT R I CI Tl. IJ9
- L’inflammation des émanations des corps, qui fut faite d’abord en Allemagne, fut bientôt après répétée en Angleterre, & entr’autres parle Doéteur Miles, qui, ace qu’il annonce dans un mémoire, lu à la Société Royale, le 7 Mars 1745 L17l» alluma le phofphore , en y appliquant le tube éleétrifé, tout ieul, êc fans l'interpofition d’aucun conducteur (a).
- 'Son tube le trouvant alors bien difpofé, il remarqua (& il fut peut-être le premier ) |_i8] des faifceaux de
- (a) Philof. Tranf. Abridged , vol. 10, pag. 272.
- «SCP [17] Le i8 Avril 1744 , M. l'Abbé Nollec lut à l'Académie des Sciences un Mémoire,, où il rendit compte de plufieurs expériences curieufes d’Ele&ricité , qu’il avoit faites dans le courant des années précédentes , & entre autres des inflammations qu’il avoit produites par des étincelles éle&riques lancées fur des vapeurs & fur des liqueurs inflammables. On trouve aufli dans ce même Mémoire une analogie établie & prouvée entre la matière éle&rique & le feu élémentaire. Voyez les Mém. de l'Acad. des Scienc. pour l’année 174T.
- «£7* [18] Le Docteur Miles n’efl: lurement
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- 140 Histoire rayons qu’il àppella corufcations , qui s’élançoient du tube fans le fecours d’aucun conduâreur qui en approchât. Il a donné un deflein de ces corrufcations, qui répond alfez exactement à l'apparence de ces aigrettes fpontanées, qui font fort communes aâuellement, fur-tout depuis que M. Canton nous a enfeigné l’u-lage de l’amalgame, par lequel on peut éleétrifer un tube beaucoup plus fortement, qu’on n’avoit pu le faire auparavant (a).
- Mais le nom le plus diftingué dans cette période de l’hiftoire de l’Electricité , eft celui du Do&eur Wat-fon ; il fut un des premiers d’entre les Anglois qui profita & enchérit même fur les découvertes faites par les Allemands : c’eft à fon génie &
- (a) Phil. Tranf. Abridged , vol, io4 pag. 272.
- pas le premier qui ait remarque ces etincel-les fpontanées qu’il appelle corrufcations. Dans le Mémoire de M. l’Abbé Nollet, que nous venons de citer ( note 17 ) elles font décrites & expliquées , & il y a une figure qui les repréfente.
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- DE L*ElECTRICITf. I4I à fon application infatigable que nous devons beaucoup de progrès & de découvertes curieufes en Eleéfricité. Les premières lettres qu’il adreffa fur ce fujet à la Société royale , font datées des 18 Mars & 24 Oûobre 1745 [19}
- 11 paroît que cé*qui engagea d’abord , & principalement le Doéteur Watfon , a donner fon attention à l’Electricité, fut d’avoir appris que les Allemands avoient allumé de l’efi-prit-de-vin par ce moyen. Il réuffit dans cette entreprile, & il trouva de plus qu’il pouvoit allumer non-feulement l’éther & l’efprit de vin reéfifié ; mais encore de l’eau-de vie ordinaire de preuve. 11 alluma auifi de l’air rendu inflammable par un
- #3» [lj>] On voit par la date du Mémoire de M. l'Abbé Nollet, cité ci defliis ( note 17), & mieux encore par une lettre de M. Boxe, rapportée dans le premier ouvrage imprimé de M. Watfon , que M. l’Abbé Nollet avoit fait des découvertes femblables à celles de M. Watfon , non-feulement avant qu’il y eût aucun commerce entr’eux > mais même avant qu’il lut que M. Watfon travailloit a l'Eleftricité.
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- 141 Histoire procédé chyrnique (a) [20]. Il alluma même de l’efprit-de-vin Se de l’air inflammable, par le moyen d’une goutte d'eau froide, épaiffie avec un mucilage fait de graine d’herbe aux puces , & même par le moyen de la glace (b) ; il allumoit encore ces fubf-tances avec une phicette chaude élec-trifée, lorfqu’il ne pouvoit pas les enflammer dans un autre état (e). Il mit le feu à de la poudre à canon, & déchargea un fuul par le pouvoir de l’éleâricité, après avoir broyé la poudre avec un peu de camphre, ou quelques gouttes de quelque huile inflammable (d). Enfin ,1e Docteur Watfon fut celui qui découvrit
- (a) Phil. Tranf. Abridged , vol. 10, pag. 186.
- U) Ibid. pag. zoo.
- (c) Ibid. pag. 288.
- (<0 Ibid. pag. 289.
- «SK? [io] Il y a apparence que ce qu’on appelle ici de tair inflammable, n’cft autre chofe que des vapeurs produites par certains mélanges , comme de la limaille de fer avec de l'cfprit de nitre ou de l’efprit de fel. C'eft, je crois, la première inflammation que M. l'Abbé Nollet a faite par l’Elcâricité.
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- DE l’EiECTRICITÉ. 14} que ces fubftances pouvoient être allumées par ce qu’il appelle le pouvoir ripulfifde l'Electricité-, ce qui fut opéré en faifant tenir à la perfonne élec-trifée la cuiller qui contenoit la fubf-tance qui devoit être allumée, tandis qu’une autre perfonne non élec-trifée en approcnoit fon doigt, (a) Avant ce temps-là la fubftance qui devoit être allumée avoit toujours été tenue par une perfonne non élec-trifée.
- Dans les eflais qu’il fit pour enflammer des corps éleétriques par eux-mêmes , comme la térébenchine & le baume de copau , par cette puilfan-ce répulfive, il crut réfuter une opinion qui avoit prévalu chez beaucoup de gens, que l’éleélricité ne faifoit que flotter fur la furface des corps : car il trouva que la vapeur de ces fubftances ne pouvoit être allumée que par une étincelle tirée de la cuiller qui les contenoit. Cette étincelle doit donc néceflairement
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- 144 Histoire palier au travers du corps électrique en partant de la furface inférieure de la cuiller qui eft en contad avec le condudeur éledrifé.
- En fe fervant de plufieurs morceaux de verre filés, 6e d’autres morceaux de fil de métal, de même longueur 8e de même grofleur , il fut agréablement furpris de remarquer que les fils de verre fantoient au corps éledrifé, & s'y attachoient fans faire aucun bruit, au lieu que les fils de fer étoient fort vite attirés 6e repouflès, en faifant un craquement & une petite flamme à chaque fois (a).
- Il remarque dans un mémoire lu à la Société Royale le 6 Février 1746, que les étincelles éledriques paroif-loient de couleur 6e de forme différentes , félon les fubftancès d’oil elles lortent ; que le feu paroifloit beaucoup plus rouge fortant des corps bruts, comme le fer rouillé , 6ee. que des corps polis, quelque tran-
- (a) Phil. Tranf. Abridged. vol. 10. pag. î8<5,
- chants
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- DBi' Electricité, i+j chans qu’ils fuffent, comme des ci-feaux polis, &c. Il jugea que cette différente apparence venoit moins d’aucune différence dans le feu lui-même , que de la réflexion différente de la lumière électrique , par la furface des corps dont elle fortoit (a).
- Il obfcrva pareillement que l’électricité ne fouffroit point de réfraction en pénétrant le verre , ayant trouvé par des obfervations exactes, que fa direction étoit toujours en lignes droites, même au travers de verres de différentes formes, renfermés les uns dans les autres, & entre lefquels on avoit laiffé d’affez grands intervalles (b). Si on pofoit des livres ou autres corps non électriques fur du verre, & qu’on les plaçât entre le corps éleétrique frotté, & les corps légers , la direction de la vertu étoit toujours en lignes droites , & fembloit à l'inftant paffer à travers les livres & le verre. 11 re-
- ( a ) Phil. Tranf. Abridged, vol. 10, pag. 290.
- (<) Ibid. pap. 191.
- Tom. /.
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- 146 Histoire marqua conftamment dans ces expériences , que l’attradion éledrique a travers le verre, étoit beaucoup plus puiflante, quand on avoit chauffé le verre , que quand il étoit froid [a). Il obferva quelquefois que l’éledricité traverfoit, quoiqu’en petite quantité , des corps éledriques de plus de quatre pouces d'épaif-feur (A).
- Il dit qu’en éledrifant par communication des fubftances d’une grande étendue , la puiflance attradive fe faifoit appercevoir d’abord à la partie la plus éloignée du corps que l’on frottoir.
- 11 fit quelques expériences qui montraient que le feu éledrique n’étoit affèdé ni par la préfence ni par l’ab-fence de l’autre feu. 11 fit une de fes expériences avec un mélange qui étoit à trente degrés au-deflous de la congélation au Thermomètre de Fahrenheit ; & quand il fut éledrifé, les émanations furent auffi violentes,
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- be l’Electricité. 147 &r les coups auffi douloureux que fl c’eût été du fer rouge (a).
- Dans une fuite des expériences ci-deflüs, qui fut lue à la Société royale le 30 Oéfobre 174S , le Dodeur Watfon fait mention qu’ayant enduit un globe de verre d'une épaif-feur conlidérable d'un mélange de cire & de réline, il ne trouva point de différence entre ce globe & les autres (b\
- Il fit auffi diverfes expériences avec quatre globes , qui tournoient en même-temps, & avoient un conducteur commun , & il en conclut que le nombre & la grofleur des globes augmentoient le pouvoir de l'électricité à un certain degré ; mais point du tout en proportion de leur nombre ni de leur groffeur. Cependant le Dodeur convient d’un accroiffè-ment fort grand, dans une confé-quence qu’il tire de ces mêmes expériences. Comme les corps qu’on doit éledrifer , dit-il, ne peuvent
- ( a ) l'hil. Tranf. Abridged , vol. io, pag. 193.
- (i) Ibid. pag.
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- 148 Histoire contenir qu’une certaine quantité d’électricité , lorfqu’ils ont acquis cette quantité , ce qui efl bientôt fait avecplufieurs globes, le furplüs fe di{-Cpe auflîtôt qu’il e(l reçu. De forte qu'il efl: clair, que pluîieurs globes raflfembloient plus de feu , quoique là forme du conduéteur dont il fit ufage, fût telle qu’elle ne pouvoit pas le retenir. Suivant le compte qu’il en rend lui-même, il efl clair que fes quatre globes réunis avoient une grande puiflance. Car il dit que deux affiettes d’étain étant ténues, l’une dans la main d’une perfonne éleârifée, & l’autre dans la main d’un autre homme , qui étoit debout fur le plancher, les jets de flamme étoient fi grands, & fe fuccédoient fi vite, que quand la chambre fut obf-curcie, on pouvoit appercevoir dif-tinétcment les vifages de treize për-fonnes qui étoient autour de la chambre (à).
- Enfin le Doéteur trouva que la
- (a) Phil. Tranf. Abridged. vol. 10, pag. 2Sf.
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- de l'Electricité. 14.? fumée des corps originairement électriques , étoit un conduâeur d'éleC-tricité, & pareillement que la flamme la conduirait toute entière, & fans aucune diminution ; en obfer-vant que deux perfonnes : montées lur des corps éleétriques, pouvoient le communiquer la vertu l'une à l’autre, fans autre corps interpofé, que de la fumée .dans tin cas, & de la flamme dans l’autre (a).
- Ce fut dans cette période que M. du Tour, découvrit que la flamme détruifoit l’éleétricité ; comme il en informa M. l’Abbé Nollet, dans une lettre du li Août 1745. M. Waitz fit auffi la même découverte, & il en publia le détail dans une difler-tation qui remporta , dans la même année, le prix de l’Académie de Berlin.
- ( a ) Phil. Tranf. Abridged, vol. w, pag. 196.
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- i;o H i s t o i r
- PÉRIODE VIII.
- Hijloire de FEleSricité depuis la découverte de la Bouteille de Leyde en 1746, juf-qu’aux découvertes du Docteur Franklin.
- SECTION I.
- Hiftoirt de la Bouteille de Leyde, jusqu'aux decouvertes du Docteur Frank-hn, qui y ont rapport.
- JL’année 1745 fut fameufe par la decouverte la plus furprenante qui eut encore été faite en Electricité. Elle confifte dans l'accumulation étonnante de la puiflance cledrique dans e verre , appellé d'abord la Weil-ie de Leyde, parce que cette expérience fut faite la prendre fois par M.
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- de l’Electricité. 151 Cuneus, natif de Leyde, en en répétant quelques autres qu'il avoit vues avec MM. Mufchenbroeck & Alla-man, Profeffeurs dans l’univerfité de cette Ville (a). Mais C l’on en croit d’autres relations, ce futM. Mufchenbroeck lui-même qui fentit le coup le premier , en fe fervant pour conducteur d’un canon de fer, foutenu fur des cordons de foie (6).
- Voici, à ce qu’on m’a affuré, les vues qui conduisent à cette décou^ verte. M. Mufchenbroeck. avec quelques-uns de fes amis, obfervant que les corps éledrilés, expofés à l’air de l’athmofphere toujours rempli de particules condudrices de différentes ef-peces, perdoient bientôt leur électricité , & ne pouvoient en retenir qu’une petite quantité, imaginèrent que, fi les corps éledrifés étoient terminés de tous côtés par des corps éledriques par eux-mêmes, ils pour-roient être capables de recevoir une puiffance plus forte, & de la con-
- (a) Dalibard, Hiftoire abrégée,p. 33. (é) Hiftoire de l’EIedricité, page ip.
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- Ijî Histoirï ferver plus long-temps. Le verre étant le corps éleétrique , & l’eau le non électrique , les plus convenables pour cet effet, ils firent d’abord ces expériences avec de l'eau dans des bouteilles de verre. Mais on ne fit pas de découverte bien confidérable , jufqu’à ce que M. Mufchenbroek , ou M. Cuneus, tenant par hafard d’une main le vaifleau de verre contenant de l’eau, qui avoit communication avec le principal conduéteur par un fil de fer , & le détachant du conduéteur avec l’autre ( lorfqu’il crut que l’eau avoit reçu autant d’é-lcétricité que la machine pouvoir lui en donner ) fe fentit frapper fur les bras & fur la poitrine d’un coup fubit, qu’il n’avoit pas attendu devoir être le réfultat de l’expérience.
- C’eût une chofe extrêmement cu-rieufe que de lire les deferiptions qu’en ont donné les Phyficiens qui éprouvèrent les premiers la commotion; fur tout pouvant nous procurer la même fenfation, & par-là comparer leurs deferiptions avec la réalité. Il eft certain que la frayeur & la furprife n’ont pas peu contri-
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- de l’Electricité. ijj bué aux récits exagérés qu’ils en ont faits ; & fi nous n’euffions pas répété l’expérience , nous nous en ferions formé une idée bien différente de ce qu’elle eft réellement, même quand elle eft donnée avec bien plus de force que n’ont pu le faire ceux qui l’ont fentie les premiers. Je ne crois pas inutile d’en rapporter un ou deux exemples.
- M. Mufchenbroeck, qui effaya l’expérience avec une vafe de verre bien mince, dit dans une lettre qu’il écrivit à M. de Reaumur aufli-tôt qu’il l’eût faite , qu’il s’étoit fenti frapper fut les bras, les épaules & la poitrine , au point qu’il en perdit la refpira-tion, & fut deux jours avant que de revenir des effets du coup &r de la frayeur. Il ajoute qu’il ne voudroit pas en effayer un fécond pour le Royaume de France (a).
- La première fois que M. Allaman fit cette expérience ( ce n’étoit qu’avec un fimple verre à biere ) il dit qu’il perdit pour quelques moments l’ufa-
- (<0 Hiftoire de l’Eleélricité, pag. 30.
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- -154 Histoire ge de la respiration, & lèntit en-fuite une (i Forte douleur le long du bras droit, qu’il en appréhenda d’abord des fuites facheuies , quoique bientôt après elle fe diffipa lans aucun inconvénient (a). Mais la relation la plus remarquable eft celle de M. Wmkler de Leipfick. Il dit que la première fois qu’il effaya l’expérience de Leyde, il éprouva de grandes convulfions dans tout le corps, & qu’elle lui mit le fang dans une agitation fi violente, qu’il craignit d’être attaqué d’une fievre chaude, & lut obligé de prendre des remèdes rafraîchiflànts. Il fe fentit aulfi la tête pefante , comme s’il eût eu une pierre defliis. Elle lui caula deux fois, dit il, un faignement de nez , auquel il n’étoit point fujet ; fa femme , dont la curiofité fut fans doute plus forte que fes craintes, ne reçut le coup que deux fois, & fe trouva fi foible qu’elle pouvoit à peine marcher ; huit jours après, ayant eu
- (a) Phil. Tranf. Abridged, vol. 10: Pag- 3«-
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- DE
- l’E
- LECTRICITE.
- ï55
- le courage de recevoir un autre commotion, elle faigna du nez après l’avoir éprouvé une feule fois (a) [21]. Nous ne devons pas cependant
- (a) Phil. Tranf. Abridged, vol. 10,
- pag. 327.
- ,, «8^ [11J La plupart dés chofes que l’on raconte ici, ne paroilTent pas mériter qu’on y ajoute foi. Je n ai jamais vu de fuites pareilles de cette commotion. Après l’avoir éprouvé un très-grand nombre de fois moi-même , & après l’avoir donnée à un très-grand nombre de perfônnes des deux fexes & de tout âge , je puis afTurer qu’aucun de nous n’a repenti que la fecoufle dans le moment de l’expérience, 8c n’en a nullement été incommodé dans la fuite. De plus, on fuppofe ici des vues , qui conduifîrent, dit-on, M. Mufchenbroek à faire cette découverte 5 on a grand tort, car elle n’appartient pas à M. Mufchenbroek ; c’eft le hafard qui nous l’a fournie. M. Cuneus, homme Amplement curieux , en s’amufant à faire des expériences éleétriques , fit le premier celle-là, fans avoir aucune vue, & en fit enfuite part à MM. Mufchenbroek 8c Allaman , qui la communiquèrent, l’un à M. de Reaumur , 8c l’autre à M. l’Abbé Nollet. Voyez là-deflus un Mémoire de ce dernier Phyficien, imprimé dans les Mémoires de l'Académie royale des Sciences, pour l’année 1746 , p. 1.
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- IJ5 H I S T O I R. S
- conclure de ces exemples, que tous les Electriciens aient été frappés de cette terreur panique. 11 y en a peu, je crois, qui fuiTent de l'avis de M. Mufchenbroek , en difant comme lui, qu’ils ne voudroient pas 1 éprouver une fécondé fois pour le royaume de France. Le courageux M. Boze , étoit d’un lentiment bien différent , lui qui avec un héroïfme vraiment Philolophique , dit qu’il voudrait mourir d’une commotion éledrique, afin que le récit de fa mort pût fournir un article dans les Mémoires de l’Académie royale des Sciences de Paris (a). Mais il n’eft pas donné à tous les Eledriciens , de mourir de la mort de M. Richman.
- Cette expérience furprenante donna de l’éclat à l’Eledricité. Elle devint depuis ce moment le fujet général des converfations. Chacun fut emprefle de voir, & même d’éprouver l’expérience , malgré le récit effrayant qu’on en faifoit. Dès la même année où elle fut découverte,
- (o).Hiftoire de l’Eledricité, pag. 164.
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- de l’Electricité. i;7 il y eut nombre de perfonnes dans prefque tous les pays de l’Europe, qui gagnèrent leur vie à aller de tous côtés pour la montrer.
- Tandis quele vulgaire de tout âge, de tout fexe , & de tous rangs con-fidéroit ce prodige de la nature , avec furprife & étonnement, nous ne fommes pas furpris de trouver tous les Ele&riciens de l’Europe s’employer auili tôt à répéter cette fameu-fe expérience , & à en étudier les cir-conftances. M. Allaman remarqua, que quand il l’efiaya pour la première fois , il étoit tout Amplement fur le parquet, & non pas fur des gâteaux de réfine. 11 prétend qu’il ne réuffit pas avec toute forte de verres ; que quoiqu’il en ait eflàyé de plufieurs, il n’a réuflî parfaitement qu’avec ceux de Bohême, & que ceux d’Angleterre ji’ont produit ab-iblument aucun effet (a). M. Muf-chenbroeckobferva feulement alors, qu’il ne faut pas que le verre foit humide en dehors.
- (u) Phil. Tranf. Abridged , vol. io3 pag.
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- i jS Histoire Il ne faut pas s’étonner qu’on ait connu d’abord fi peu des propriétés du verre chargé de feu éledrique, malgré l’attention que donnèrent auffitôt à ce fujet tous les Eledri-ciens de l’Europe. Les plus profonds voient encore aujourd’hui cette expérience avec un jufte étonnement ; car quoique le Dodeur Franklin & d’autres en aient parfaitement expliqué quelques phénomènes remarquables , il refte encore beaucoup à faire , & les faits qui l’accompagnent, font encore inexpliquables à bien des égards. Le temps feul nous fera voir quel fera le réfultat de l'attention plus férieufe qu’on y donnera. Le Dodeur Watfon qui rend compte de cette expérience fameufe , dans les Tranfadions Philofophiques (12),
- far] J'ignore en quel temps M. Watfon a rendu ce compte. Mais il cft certain que c’eft en France qu'on a répété pour la première fois l’expérience dont ii s'agit , & c’eft M. l'Abbé Nollet qui l'a répété le premier , & qui lui a donné le nom d expérience de Leyde. Tl la fit peu de jours après quelle eut été annoncée par une Let-
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- de l Electricité i5? obfervç qu’elle ne réuflit jamais mieux que quand la bouteille qui contient l'eau , efl: du verre le plus mince , & l’eau plus chaude que l’air environnant. 11 dit qu’il a effayé d’augmenter la quantité d’eau jufqu’à îeize pintes dans des vafes de verre de différentes grandeurs , fans augmenter la commotion le moins du monde. Il a remarqué auflî que la force du coup n'augmentoit pas en proportion de la grandeur du globe ou au nombre des globes dont on Ce fervoit dans cette occafion ; car il avoit été frappé auffi fortement avec une bouteille chargée par le moyen d’un globe de fept pouces de diamètre , que par un de feize, ou par trois de dix ; & on avoit employé à Hambourg, une fphére dont le diamètre avoit une aune de Flandre ,
- tte de M. Mufchenbroek à M; de Reaumur, & par une autre Lettre de M. Allaman , à M. l’Abbé Nollet lui - même , 8r il rendic compte de toutes Tes circonftances dans un Mémoire cju’il lut à l’Académie le ao Avril 1746; Voyez les Mémoires de l'Académie des Sciences pour cette année, pag. 1.
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- xCo Histoire fans voir augmenter la puiifance électrique, comme on s’y attendoit. 11 trouva que quand on fe fervoit de mercure , au lieu d’eau, le coup n’en étoit point augmenté à proportion de fa pefanteur fpêcifique. 11 obfer-va auffi le premier , que plufieurs hommes de fuite , fe tenant les uns les autres, & montés fur des corps électriques, étoient tous frappés , quoiqu’il n’y en eût qu’un feul, qui touchât au canon ; mais qu’on ne voyoit pas fortir d’eux tous , plus de feu que s il fût provenu d’un feul.
- Plufieurs de ces obfervations montrent qu’on n’entendoit cette grande expérience que bien imparfaitement, quelque temps après qu’elle fut faite pour la première fois. Cependant le Doéteur Watfon , obferva une circonftance qui regarde la maniéré de charger la bouteille, & qui, s’il l’eût fuivie , l’auroit conduit a la découverte que M. Franklin fit par la fuite. Il dit que, quand la bouteille eft bien éleârifée, & qu’on y applique la main, on voit le feu s’élancer de l’extérieur du verre , par-tout
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- db t! Electricité. iSi où on le touche, & qu’il fait un craquement dans la main (a).
- 11 obfervapareillement, que quand on attachoit Amplement un fil de fer autour d’une bouteille fuffifammenc remplie d’eau tiede, & chargée, on voyoit à l’inftant de fon explofion le feu éleétrique s’élancer du fil de fer, & illuminer l’eau contenue dans la bouteille.
- Le Doéleur Watfon a obfervé plu-fieurs autres circonftances importantes , relatives à la décharge de la bouteille. 11 trouva que la commotion étoit, toutes choies égales d’ailleurs, comme les points de contaéb des corps non éleâriques fur le dehors de la bouteille : & lorfqu'il fit voir au Doéfeur Bevis les expériences qui. prouvoient cette aflertion , le Doâeur lui fuggéra une méthode de la prouver , plus claire & plusfa-tisfaifante, & qui a donné le moyen d’accumuler & d’augmenter la force du verre chargé, bien au-delà
- (a) Phil. Tranf. Abridged , vol. io, pag. 198.
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- \6i Histoire de ce qu’on s’étoit promis de la première découverte. Cette méthode fut d’envelopper la phiole en dehors à peu près jufqu’au col avec une feuille derain. Quand ils eurent préparé ainli une bouteille, & l’eurent prefque remplie d'eau , ils remarquèrent qu’une perfonne, en tenant feulement à la main un petit fil de fer, qui communiquoit a cette enveloppe , fentit le coup auflî fort que fi fa main eût pofé immédiatement fur chaque partie de la phiole que touchoit cette enveloppe (a).
- Le Doâeur Watfon découvrit auf-fi que le pouvoir éleârique, dans la décharge de la bouteille, s’élance par le chemin le plus court entre le canon & la phiole, & quoiqu’il ne foit pas exaélement vrai que cela fe pafle toujours ainfi, cela arrive pourtant le plus fouvent, toutes cho-fes égales d’ailleurs; ce qui feul étoit une découverte confidérablé pour ce temps-là. Il obferva que dans un cer-
- («) Phil. Tranf. Abridged , vol. io,' pag. 299.
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- de l'Electricité. 161 cle de gens qui fe tenoient par les mains , une perfonne qui en toucha deux autres de ce cercle, voifines l’une de l’autre , ne le fentit point du coup, parce quelle ne faifoit point partie néceuaire du cercle, & pareillement qu’un homme qui tenoit un fil de fer communiquant avec l’extérieur de la bouteille, Iorf qu’elle fut fufpendue au conducteur, ayant touché le conduéleur avec ce fil , l’explolion fe fit alors fans que l’homme fentît rien (a).
- Dans un Mémoire qui fut lu à la Société royale le ai Janvier 1748 , le Doéteur Watfon fait mention d’une autre découverte au fujet de la bouteille de Leyde, que le Doéleur Be-vis lui fuggéra, & qu’il acheva. S’étant bien convaincu auparavant, que le coup n’étoit pas proportionné à la quantité de matière contenue dans le verre, mais étoit augmenté par cette matière, & pareillement par le nombre de points de contaft
- (a) Philof. Tranf. Abridged , vol. 10, pag 301.
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- i(?4 Histoire des corps non éleétriques fur le dehors du verre ; il fe procura trois jarres, dans lefquelles il mit des grains de plomb à giboyer, & réunifiant leurs fils de fer &c leur enveloppe , il les déchargea toutes comme fi ce n’eût été qu’une feule jarre. Sur quoi il obferve que l’ex-plofion électrique partant de deux ou trois de ces jarres, n’étoit pas double ou triple de celle qui partoit d’une feule ; mais que l’explofion des trois étoit bien plus bruyante que celle de deux, & celle de deux plus que celle d'une feule (a).
- Cette expérience i’avoit porté à imaginer que l’explofion venant d’une de ces jarres, étoit due à la grande quantité de matière non éleétrique, qui y étoit contenue. Et tandis qu’il cherchoit une méthode certaine de s’en afliirer, le Doéteur Bevis lui apprit qu’il avoit trouvé, que l’explofion éleétrique étoit aufli grande en couvrant les côtés d’un vafe
- (<0 Phil. Tranf. Abridged , vol. io, pag. JM.
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- DE l’EiECTRICItI. i<îj
- de verre ( ce qu’avoit imaginé M. Smeaton ) jufqu’à environ un pouce du bord, qu’elle auroit pu letre, en partant d’une bouteille d’eau d’un demi-feptier. Sur quoi le DoCteur Watfon fit garnir de grandes jarres de feuilles d’argent, tant en dedans qu’en dehors, jufqu’à un pouce du haut, & d’après la grande explofion qu’il leur fit produire , il fut d’avis que ce qui produifoit principalement l’effet de la bouteille de Leyde , ou qui l’augmentoit beaucoup , n’étoit pas tant la quantité de matière non électrique contenue dans le verre , que le nombre des points de contact non électriques en dedans du verre, & la denfité de la matière, pourvu qu’elle fût de fa nature, propre à être conducteur de 1’éleCtricité. 11 ob-ferve auflî que l’explofion eft plus grande quand l’eau enfermée dans le verre , eft chaude, que quand elle eft froide, & quand les jarres garnies font chauffées , que quand elles font froides (a).
- (a)Phil. Tranf. Abridged, yol. io, Pag. 377-
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- t66 Histoire Le Doéteur obferva que quand le cercle par lequel fe faifoit la décharge , n’étoit pas formé de conducteurs parfaits , l’explolion fe faifoit plus lentement, & pas toute à la fois. 11 dit que cette loi étoit invariable , quoiqu’il ne fût pas en état de l'expliquer. Mais pour prouver que l'éleétricité pafToit avec toute fa force à travers le cercle des corps non électriques, il fit un circuit com-pofé de barres de fer, &r de cuillers remplies de liqueurs fpiritueu-fes , placées entre chaque barre ( mais à quelque petite dittance d’elle) & au moment de l’explofion, les cuillers furent en feu toutes à la fois. Ce fut, fuivant fa remarque, la première fois qu’on alluma des liqueurs fpiritueules, fans que ces efprits, ou les corps non éleétriques fur lefquels ils étoient placés, fuflent ifolés. Cependant , dit il , quoique nous con-noiflions, par les effets de l’éleét ri cité , qu’elle pafle à travers le cercle de corps non éleétriques avec toute fa force , fon progrès ell li prompt, qu’elle n’affeéte , foit en attirant pu autrement, aucuns corps légers
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- placés fort proche des corps non éledriques , à travers lefquels elle doit néceflairement palier (a).
- On obferve avec plaifir la maniéré dont le Dodeur V^atfon expliquoit la commotion de la bouteille de Lcy-de vers le temps où il en fit l’expérience pour la première fois. Il avoit alors été conduit, par une fuite d’expériences qui feront rapportées dans la fuite à la notion de l’affluence & de \’effluence de la matière éledrique dans toutes les expériences d’éledricité. Pour appliquer ce principe au cas aduel , il luppoloit que l’homme qui fentoit le coup fournifloit autant de feu de fon propre corps , qu’il s’en accumuloit dans l’eau & dans le canon du fufil, & qu’il fentoit le coup aux deux bras, parce que le feu qui étoit dans fon corps, s’élançoit avec force d’un bras au canon, & de l’autre à la bouteille. Il imagina que l’homme recevoit du parquet de la chambre, autant de matière élec-
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- trique quffl en perdoit, &c cela avec une force égale à celle avec laquelle il la perdoit. Il paroît encore par les remarques du Dodeur Watfôn, fur quelques expériences fubféquen-tes de M. le Monnier , qu’il imagina alors que , quoiqu’une quantité considérable de matière éledrique, paflat à travers le verre , cependant la perte de la matière éledrique, qui fe faifoit de cette maniéré , n’é-galoit pas la quantité qui y venoit par le fil de fer; la ténuité au verre ne lui permettant pas d’arrêter l’électricité en totalité , mais feulement en partie (a).
- Dans la fuite, lorfqu’après un cours d’expériences dont nous rendrons compte aufli dans leur lieu , le Docteur Watfon changea d’avis fur cette affluence & effluence de la matière éleébrique, avec une généralité & une franchife digne de tout homme qui cherche la vérité, il rétrada cette hypothéfe, & en la
- (a) Philof. Tranf. Abridged , vol. io, pag. 348.
- réfutant
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- DE ^ÉLECTRICITÉ. \&t)
- réfutant il ajoute de plus, que la bouteille chargée ferait fon explo-fion avec une violence égale , fi le crochet du fil de fer étoit courbé au point d’approcher de l’enveloppe de la bouteille , fans qu’il y eût auprès aucun autre corps non électrique , qui pût lui en fournir une fi grande quantité. Il avoit remarqué auffi que quand un homme étoit monté fur du verre , & déchargeoit la bouteille, il fentoit le même coup, que s’il eût été debout fur le parquet. J’ajouterai un aveu remarquable du doéfeur dans cette occafion j parce que je crois que nous pouvons nous l’appliquer à nous mêmes, quoique cette fcience foit actuellement dans un état plus avancé.
- « J’ai rapporté cela, dit le Docteur, d’autant que, malgré les grands » progrès que nous avons faits depuis » un petit nombre d’années dans cet-» te partie de la Phyfique, la pofté-» rite nous regardera encore comme » des novices-, nous devons donc, tou-» tes les fois que nous y ferons au-. » torifés par les expériences , corri-»ger toutes les conféquences que Tom. I. H
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- 170 Histoire « nous pouvons avoir tirées, quand » il s’en prcfentera d’autres plus probables (a).
- Après avoir rendu compte de ce que fit le Docteur Watfon pour expliquer la commotion éleétrique, avant que le Doéteur Franklin eût entrepris la même chofe, voyons quelles obligations nous avons à d'autres Eleétriciens Anglois, & particulièrement à M. Wilfon.
- M. Wilfoil dit qu’il découvrit dès l’année 1746 , une méthode pour donner la commotion à une partie du corps quelconque , fans affecter les autres (b). Il augmentoit la force de la commotion en plongeant la bouteille dans l’eau, &c lui donnant ainfi une enveloppe d’eau eti-dehors, jufqtt’à la hauteur à laquelle elle étoit remplie en-dedans (c).
- 11 marque à M. Smeaton dans une lettre datee de Dublin, du 6 Oûo-bre 1745, qu’il avoit fait quelques
- 00 Philof. Tranf. Abridged, vol. 1
- (i) Wilfon’s, effai, pag. 88.
- CO Ibid. pag. 71,
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- de l'Electricité. 17i expériences pour découvrir la loi de l’accumulation de la matière éledri-que dans la bouteille de Leyde , & qu’il avoit trouvé qu’elle étoit toujours en proportion de la ténuité du verre , de la furface du verre , & de celle des corps non éleâriques qui étoient en contad avec fes furfaces intérieure & extérieure. Ces expériences , dit-il, furent faites avec de l’eau un peu.tiede , qui fut verfée dans la bouteille , tandis que le dehors étoit plongé dans un vaifleau rempli d’eau , mais un peu plus froide , laiflant à découvert trois pouces ou environ , que l’on tint lecs & à l’abri de la pouffiere. Il écrivit le détail de cette expérience à M. Fol-kes, & on lut fa lettre à la Société Royale le 23 Odobre 17+6, comme il paroît par les regiftres de ce jour , quoique l’original fe foit perdu ou égaré.
- M. Wilfon fit une autre expérience curieufe pour prouver une hypo-thefe qu’il avoit conçue de fort bonne heure , fur l’influence d'un milieu fubtil, environnant tous les corps. & réfiftant à l’entrée ou à Hij
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- I7Î H I S T O I R E la fortie du fluide éleâxique. Pour le déterminer, il fit l’experience de Leyde avec une chaîne, & en con-fidéra chaque chaînon comme ayant deux furfaces au moins ; de forte que l’alongement ou le raccourcifle-nient de la chaîne dans chaque expérience , occalionnât des réfiftances différentes ; Se l’évenement, dit-il, arriva en conféquence. Quand il fit la décharge avec un fil de fer feulement , il trouva la réfiftance moindre que quand il fe fervit d’une chaîne. Mais pour ne laifler aucun lieu de douter , il fit tendre la chaîne avec un poids, afin que les chaînons puflent fe toucher de plus près, & l’évenement fe trouva le même que quand il s’étoit fervi d’un Ample fil de fer (a).
- Ayant formé deux circuits, l’un compofé des bras d’un homme , &c l’autre des chaînons d’une chaîne, il lé trouva que le feu éleélrique paffoit par les bras de l’homme j mais que quand la chaîne étoit ten-
- (“) Letter to Hoadley.
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- de l’Electricité. 175 due, il paffoit par la chaîne. Per-fonne, dit-il , à moins que d’avoir fait l’expérience , n’imagineroit avec combien de force il faut tendre la chaîne avant que l’expérience réuf-iifle , & que le feu éleélrique pafle au travers fans produire une étincelle à aucun des chaînons ; c’elt-à-dire, avant que les chaînons puif-fent être dans un conélat abfolu l’un avec l’autre, leur propre poids n’étant pas fuffîfant pour cela (a).
- M. Wilfon obfervaque, li une partie de la bouteille de Leyde étoit bien amincie & couverte de cire à cacheter, jufqu’à ce qu’elle fut chargée , & qu’enfuite on en ôtat la cire à cacheter, & qu’un conducteur communiquant avec la terre la touchât dans fa partie la plus mince , la charge fe diffiperoit en pref-que moitié moins de temps qu’elle ne l’auroit fait autrement (b).
- Il obferva que des corps placés hors du circuit éleélrique, feraient
- (a) Wilfon andHoadley, pag. 6$. \b) Wilfon’s, eflai, pag. 74.
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- 174 Histoire affeâés de la commotion, s’ils étoient feulement en conéfat avec quelqu'une de fes parties, ou même à la proximité. Pour le prouver de la façon la plus avantageufe, il mit une bouteille chargée fur un guéridon de verre, & plaça plufieurs morceaux de cuivre fur le guéridon, l’un deux en contaâ avec la chaîne qui formoit le circuit, & les autres éloignés d’elle , ou les uns des autres d’un vingtième de pouce ; en faifant la décharge, on appercut vi-fiblement une étincelle entre chacun d’eux (a).
- Conformement à cette obferva-tion , M. Wilfon remarqua que fi le circuit n’étoit pas fait de métaux ou d’autres fort bons conducteurs, la perfonne qui les tenoit pour faire l’expérience , fentoit une commotion confidérable au bras qui étoit en contaâ: avec le circuit.
- 11 obferva encore que quand la bouteille fut garnie en-dedans & en-dehors avec des métaux, la premie-
- (») Wilfon's, effai, pag. ço.
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- de l’Electricité. 17J te explofion fut beaucoup plus grande que les fuivantes, & que toute la charge fut diffipée prefque en uns fois ; au lieu que quand on fe fer-vit d’eau , les exploitons fuivantes furent plus nombreufes & plus con-fidérables, & que quand la bouteille ne fut chargée de rien que d’un fil de fer qui y étoit inféré, la première explofion & les fuivantes approchèrent encore plus de l’égalité.
- M. Wilfon ayant un jour calTé un petit fil de fer, par la fecouflë que fes bras reçurent de la bouteille de Ley-de, il attacha à fes mains bien couvertes de cuir , un fil de fer plus grand , &c gros comme une petite aiguille à tricotter , & fe pofta de telle maniéré, que fon bras fût né-ceflaireinent tendu , s’il venoit à éprouver une autre fecoufle ; en con-
- fequence, il déchargea la bouteille, & le fil de fer fe caflTa comme le précédent (a).
- M. George Graham , a montré comment on pouvoit faire en même
- (a) Wilfon’s, effai, pag. 84.
- Hiv
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- 17 6 H I S T O I R ï temps plufieurs circuits pour la décharge de la bouteille de Leyde, & faire pafler le feu éledrique à travers de tous ; il fit tenir par plu-fieurs perfonnes, une affiette de métal, qui communiquoit avec l’extérieur de la bouteille, & toutes en-femble tenoient pareillement une baguette de cuivre , avec laquelle la décharge fut faite ; alors elles furent toutes frappées en même temps ôc au même degré (a)
- Enfin , M. Canton trouva que, fi on plaçoit une bouteille chargée fur des corps électriques, le fil de fer &c l’enveloppe donneroient alternativement une ou deux.étincelles, & qu’en continuant cefte opération, la bouteille ferait déchargée (i). Cette découverte , la première que je vois rapportée de cet excellent phyfi-cien , à qui la fcience de l’Eleéfrici-cité eft fi redevable, a beaucoup d’affinité avec la grande découverte du Docteur Franklin ; mais il n'obfervoit
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- de l’Electricité. 177 pas alors que ces étincelles alternatives provenoient des deux éledricités contraires. Cette'hiftoire nous fournira bien d’autres exemples, de gens qui étoient à la veille de faire de grandes découvertes, & qui ne les ont pas faites.
- Nous avons vu les obfervations que les Phyficiens Anglois ont faites fur l’expérience de Le y de, avant le temps du- Dodeur Franklin : parcourons maintenant ce que firent pendant le même temps les Eledriciens dans les autres parties du Monde.
- La lettre de M. Mufchenbroeck à M. de Reaumur, concernanr l’expérience de la bouteille, étant venue dans un temps où beaucoup de favans s’occupoient de l’Eledricité , M. l’Abbé Nollet & M. le M011-nier, de l’Académie des Sciences, empreffés d’examiner un phénomène fi extraordinaire, & fc dépouillant de la frayeur qu’auroit pu leur inf-pirer la lettre de M. Mufchenbroeck, firent l'expérience fur eux-mêmes, & dirent, comme lui, qu’ils avoient éprouvé une commotion terrible. Le bruit s’en répandit^à l’inftant à la
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- 178 Histoire Cour & à la Ville, d’où des sens de tous rangs accoururent en roule pour voir cette nouvelle efpece de tonnerre, & pour en éprouver les effets (<a).
- M. l’Abbé Nollet fut le premier qui fit en France les expériences de la bouteille. Les réfultats de la plupart furent les mêmes que celles qu’avoit eu le Doéfcur Watfon ; c’eft pourquoi je me dilpenferai de les répéter ici. On peut les voir tous d’un coup d’oeil-dans fes leçons de Phyfique, pag. 481. Voici les cir-conftances auxquelles les Phyficiens Anglois n’avoient pas fait attention.
- M. l’Abbé Nollet reçut le coup d’un matras vuidé d’air, & dans lequel il avoit introduit le bout de Ion condudeur. Ce fut une découverte due au hafard [15]. Car il re-
- (0) Nollet, leçons de Phyfique, p. 480.
- 'SKPÜi;] Comment peut - on-dire qu’une chofe eft due au hafard , lorfqu’on lit dans l’endroit où elle eft rapportée , qu’on l’a foupçonnée avant de l’éprouver ! Voici ce que dit M. l’Abbé Nollet, dans fes rtchtr-chisfur CEUSricitin pag. 415 ». Il y a en-
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- be l’Electricité. 17g eut le coup., en tenant unç main fur fe vaiffeau de verre pour obferyer les beaux rayons de la lumière électrique, qui s’élançoient du vuide vers fa main, tk mettant fon autre main au conducteur , pour y rajufter quelque chofe. Le coup qu’il reçut, dit> il, fut le plus grand qu’il ait jamais reffenti par l’expérience de Leyde, faite de tente autre maniéré (a).
- {a) Recherches, pag. 426.
- » viron trois mois , que répétant cette ex-93 périence ( celle de faire pafler réleâricité 93 dans un vafe de verre vuide d’air ) pour lç 9»plaifir de la revoir, car elle eft très-belle, 33 8c pour en examiner de nouveau les cir-3> confiances, le vaifleau de verre me parut .33 tellement électrique , que dans le qioment » même que je le confidéro»s, U me vint dans 33 l’efprit qu’il pourrpit bien procurer une 33 commotion femblable à celle qu’on éprou-3> ve dans l’Expérience de Leyde »». L’Auteur ne peut pas dire qu’il Tignoroit ; puifqu’il cite ici l’endroit même'd’on ce paffage eft tiré.. Il dit dans plufîeurs endroits de fon ouvrage, que comme Anglois, il doit la préférence à fes compatriotes : qu’il leur accorde à la bonne heure , pourvu que cela puifle fe faire honnêtement j mais qu’il ne leur attribue pas, comme il le fait Couvent, des chofes qui appartiennent aux autres nations.
- Hvj
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- i8o Histoire
- Il obferve dans le même lierr, qu’il n’a jamais confidéré l’eau dans la bouteille, comme d’aucune autre utilité, que de conduire la matière électrique dans l’intérieur du verre; & il attribue fa force dans la commotion à cette propriété qu’il a de retenir cette matière plus fortement que ne font les conducteurs, & de n’en être pas fi facilement dépouillé qu’eux.
- M. de Buffon prétend que M. le Monnier a découvert le premier que la bouteille de Leyde confervoit l'on éleélricité , un temps confidérable, après avoir été chargée , & qu’il a trouvé qu’elle la confervoit trente-fix heures dans un temps de gelée. Il éleétrifa fouvent fa bouteille chez lui, & la porta à fa main le long des rues, depuis le Collège d’Harcourt jufqu’au jardin du Roi, fans aucune diminution confidérable de fon efficacité (a).
- Il paroît que ce fut en France que
- (<) Phil, Tranf. Abridged, vol. la, Pa8- m-
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- DS l’ELIGTRICITf. igl l’on fit le? premières expériences, pour eflayer combien de perfonnes pouvoient être frappées par la même bouteille. M. l'Abbé Nollet, qui s’eft fait une réputation célébré en électricité, donna la commotion en préfence du Roi, à cent quatre-vingt de fes Gardes ; & dans le couvent des Chartreux de Paris , toute la communauté forma une ligne de neuf cents toifes, au moyen d’un fil de fer entre chaque perfonne ( ce qui excédoit beaucoup la ligne des cent quatre-vingts Gardes ) & toute la compagnie, lorfqu’on déchargea la bouteille , fit un treflaillement fu-bit dans le même inflant, & tous fentirent le coup également (a).
- M. Nollet effaya aufli l’effet de la commotion électrique fur deux oi-feaux, dont l’un étoit un Moineau, & l'autre un Bruant ; ce font, je crois, les premiers animaux qui l’ont jamais reçue. Le réfultat fut quaprës le premier coup , tous les deux tom-
- (») Phil. Tranf. Abridged , vol. io>3 pag- 3ÎÎ-
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- i8i Histoire bcrent fans mouvement*, & pour ainfi dire fans vie, mais pour un temps feulement ; car ils revinrent quelques moments après. Au fécond coup, le Moineau tomba mort, & en le confidérant, on le trouva livide , comme s’il eût été tué d’un coup de tonnerre; prefque tous les vailfeaux fanguins de fon corps furent crevés de la violence du coup. Le Bruant revint comme auparavant (a). M. l’Abbé & plufieurs autres tuèrent auffi des poiffons par la commotion élcétrique.
- La circonftance des veines du Moineau crevées, eft je crois, une mé-prife. Je n’ai point vu pareil effet, quand des animaux plus petits ont été tués par un coup cinquante fois auffi confidérable , que le fut probablement celui que M. l’Abbé fit éprouver dans cette occalion [14].
- (a) Phil. Tranf. Abridged. vol. 10, pag. 556.
- [14] <&7* On a tort dé croire qu’on fe Toit mépris en cette occafion. En voici la preuve. M, l’Abbé Nollet, après avoir ren-
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- DE l’EiECTRICITÉ. 183
- M. l’Abbé Nollet eft le premier Electricien qui ait fait mention que des vaiflèaux de verre aient été brifés par l’explofion éleéfcrique. Ils furent percés, dit-il, de petits trous ronds de trois ou quatre lignes de diamètre (a).
- Il paroît que les Phyficiens François ont obfervé auffi bien que le Anglois, que fi la bouteille étoii pofee fur du verre, il ne leroit pa> poflible de la charger , à moins que d’en approcher Ut main ou quelque
- (a) Nollet, Lettres, vols*, page 42. du compte de Ton expérience , dit » je por-« tai fur le champ le petit oifeau foudroyé à »> M. Morand, qui voulut bien m’aider à 99 l’examiner , tant au dehors qu’au dedans. »9 Quand nous eûmes ôté la plume , nous vi-93 mes fur tout le devant du corps une livi-99 dité très-marquée, oue les gens de l’art appel-» lent Echimofe, & l’ouverture du petit ca-»> davre , ayant été faite avec toutes les pré-99 cautions convenables, il fe trouva dans »» la poitrine beaucoup de fang épanché, a» qu’on ne pouvoit attribuer qu’au genre de 33 mort que le fujet avoit fouffert»3. Voyez les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, année 1746 , pag. 22. Ce fait eft énoncé allez clairement, 8c par des gens dignes de foi, pour mériter d’être cru-
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- R B
- 184 H I S T O I autre fubftance non-éleârique [ij"|. Ils ont imaginé d’après cela , que le feu fortoit de la main , & pafloit dans l’eau à travers la fubftance de la bouteille (a). Ce fait les furprit beaucoup, comme de raifon [arî]. Ils obferverent aulïï qu’un corps leger
- (<f)Phil. Tranf. Abridged , vol. 10, Pag- 334-
- 'SÇr* [15] Il ne faut pas attribuer cette observation à tous les Ptff ficiens François. Il y en a plufieurs,(& M. l’Abbé Noliet & moi fournies du nombre ) qui ont obfervé au contraire que la bouteille devient éledrique, même quand elle eft ifolée : il eft vrai qu’el-le le devient alors, & plus difficilement & moins fortement j mais elle fe charge afTez pour donner la commotion. Voyez les Lettres fur l'Eleftricité, par M. l'Abbé Noliet, partie 1 , pag. ijj.
- » 43* [»*] Ce fait ne fuprend pas tout le monde ; il n’eft furprenant que pour ceux qui penfent que le verre eft toujours imperméable à la matière Eledrique. Or cette imperméabilité du verre eft démontrée faulfe par plufieurs expériences, & fur-tout par l’expérience de Leyde faite avec; un rnatras vuidé d’air, & fcellé hermétiquement. Voyez les Lettres de ïElettricité, par M, l’Abbé Noir let, part. 1, pag. 141,
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- de 1’Electricité. i8j
- ferait attiré par une bouteille chargée, quand elle ferait fur une table, pourvu que quelqu’un touchât au fil de fer ; mais ils prétendent que fi on touchoit à la bouteille même, le corps léger ferait repoufle par une force égalé à celle avec laquelle il ferait attiré dans le cas précédent (<2). Ils ont trouvé pareillement que quand la bouteille chargée étoit polée fur du verre, on pouvoit la manier en toute furété (b). Ces expériences ne paroiflënt pas avoir été faites avec aflfez de circonfpeâion [17]. Car eu faifant bien attention à ces mêmes circonftances, le Doéfeur Franklin
- (a) Philof. Tranf. Abridged , vol. 10,
- <83* [17]. Quoiqu'en dife notre Auteur , ces expériences fur la bouteille de Leyde , ont été faites avec le plus grand foin , & de la maniéré la plus propre a nous convaincre de la vérité des réfultats •, car elles ont été faites en préfence de cinq Commilfaires nommés par l'Académie royale des Sciences, qui en ont attelfé la vérité. Voyez les Lettres fur l’EleSricité, par M. l’Abbé Nollet, par. 1, pag. 1} 1 & lui vantes.
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- i8<? Histoire fût conduit par Ja fuite à fa grande découverte de la différente qualité de t eleâricité fur les différents côtés du verre [»8].
- $3“ [18] Cette grande découverte n’eft tien moins qu'une découverte. Voyez ei-deflôus la
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- DS .t’EtSCTR.ICIli; 187
- PÉRIODE VIII.
- SECTION IL
- Méthodes dont fe font fervi les Phyjiciens François QAnglois, pour mejurer la diftajice à laquelle on peut porter la commotion Electrique , St la vîtejfb afec laquelle elle fe tranfmet.
- Nous arrivons maintenant à un champ plus vafte d’expériences électriques , oü nous verrons, non pas ce qu'on peut faire dans une chambre particulière , & avec un petit nombre de perfonnes, mais des cho-fes qui demandent néceflairement un grand nombre d’affiftants pour les exécuter, auffi bien que le jugement le plus fain , & la patience la plus infatigable pour la conduite des opérations.
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- l88 Histoire Les PhyGciens François ont para les premiers dans cette carrière ; mais ils n’ont guère fait qu’exciter les An-glois, qui les ont lailTé bien loin derrière eux dans ces grandes entrepri-fes. Nous avons déjà dit que l’on forma un circuit de neuf cents toi-fes, compofé d’hommes qui tenoient entr’cux des fils de fer , à travers defquels la commotion éleétrique fe fit fentir très diftinétement. Une autrefois on tranfmit la commotion à travers un fil de deux mille toifes de longueur , qui font près d’une lieue de France , ou environ deux mille & demi d’Angleterre, iquoi-que dans ce cas une partie des fils de fer traînoit fur le gafon humide, pafloit par deflus des hayes de charmille. ou des paliflades , & fur de la terre nouvellement labourée. Dans une autre chaîne, ils comprirent l’eau du grand baffin des Thuile-ries, dont la furface contient près d’une acre ; & la bouteille fut déchargée à travers (a).
- 00 Philof. Tranfaét. Abridged, vol. 10, pag. 5 3 S.
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- de l’Electricité. 189 M. le Monnier le jeune tâcha auf-fi de déterminer la vîteflè de la matière éieârique ; pour cet effet, il tranfmit la commotion le long d’un fil de fer, de neuf cent cinquante toifes de longueur , & il remarqua qu’elle ne fût pas plus d’un quart de fécondé à le parcourir [15J. 11 re-
- «8ZP [ip] Nptre Auteur, toujours prévenu en faveur de fes compatriotes , argumente toujours d’après ce qu’ils ont avancé j fans faire attention à ce qu’ont dit les autres Phy-ficiens Ele&rifants, & fans avoir en aucune façon examiné la valeur de leurs raifons. Il prétend avec la plupart des EleCtriciens Anglois , que , dans l’expérience de Leyde , la matière électrique a un mouvement de tranflation ; ce qui eft faux. Ce n’eft autre chofe qu’un mouvement de preflion, occa-fionné par le choc des deux courants de matière éleétrique , affluante & effluente, fi bien établis, & fi bien prouvés par M. l’Abbé Nollet dans tous fes ouvrages ; lequel mouvement fe. communique de proche en proche aux particules de matière éleCtrique, réfiden-te dans les corps qui forment la chaîne 5 à peu près comme cela fe fait dans une file de boules d’ivoire, dont la première eft frappée , & dont le mouvement fe communique dans un intervalle de temps très court, juf ju* à l’autre extrémité de la file, quel que lois
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- i9o• Histoire marqua auffi qu’après avÿir éleéfrifé un fil de fer de 1319 pieds de longueur, l’éleâricité cefTa par un bout, au moment même qu’on la fit cefler à l’autre. Ce fait réfuta l’opinion de ceux qui prétendoient que c’étoit la force du choc cleéirique qui pouf-foit la matière éleétrique avec une fi grande vîtefle.
- Mais tous ces eflais des Phyficiens François auraient à peine mérité d’être rapportés, fans l’avantage qu’ils eurent de précéder les expériences faites parles Anglois, en plus grand nombre , avec plus d’exaétitude ,
- le nombre de boules qui la compofent. Ce .n’eft pas cette premiete boule frappée qui pafle d’une extrémité à l’autre de la file j c’eft feulement le mouvement quelle a reçu. De même dans l’expérience de Leyde , ce n’eft pas la même particule de matière élec-trique, qui parcourt dans un quart de fécondé pjo toifes , ou même plus} c’eft feulement le mouvement qui fe communique de proche en proche , avec encore plus de vî-teffe que cela ne fe fait dans la file de boules d’ivoire j parce que les particules de matière éleétrique font beaucoup plus élafti-ques.
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- be l’Electricité, ipi & plus en grand [?o|. Les noms des Anglois, qui, animés d'un efprir.
- &P [50] Que le le&eur fafle ici une ré-flexion, pour juger de la juftefle de celle de l’Auteur. Il prétend que ce qu’ont fait les François, mériteroit à peine d’être rapporté , fl cela n’âVûit, dit-il, précédé les expériences des Anglois. Il convient donc que les'François ont fait les premiers, ces expériences , & pâr conféquent que les Anglois n’ont fait que les répéter d’après eux. Or je demande lequel a le plus de mérite, de celui qui fait l’expérience le premier, ou de celui qui ne fait que la répéter» Et s’il y a peu de mérite à répéter ce qü’un autre a déjà fait, il n’y en aura güere plus à le répéter dix fois plutôt qu’une. Il dit en fécond lieu, que les expériences des Anglois font plus exa&es que celles des François : il ne fumt pas de le dire 5 il faut le prouver. Qu’il nous dife donc en quoi les François ont manqué d’exactitude. Il dit auflî que les expériences des Anglois ont été faites plus en grand ; quand cela ferait, je ne vois pas quel grand mérite il y auroitj à cela 5 les François ont tranfmis la commotion, de l’aveu même de l’Auteur, dans un efpaee de tooo toifes , & ils n’ont pas dit qu’il fût impoflîble de la tranfmettre plus loin. D’ailleuïs, un plus ou un moins , ne change rien à la nàtüre de l’expérience. Les louanges que l’ôil donne aux gens en pareilles cireonftances, ne font pas bien flat-teufes pour eux ; elles feraient plutôt capables de leur faire tort, fl le jugement de M« Êrieftley en pouyoit faire à quelqu’un.
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- i$i Histoire vraiment Philofophique , s’occupèrent fans relâche à cette matière, méritent d’être tranfmis à la poftérité dans tous les ouvrages de cette nature.
- Le principal aéteur fur cette grande fcene, fut le Docteur Watfon ; il forma le plan & dirigea toutes les opérations, & ne manqua jamais d’être préfent à toutes les expériences. Ceux qui l’aiderent principalement , furent M. Martin Folkes, Ecuyer , Préfident de la Société Royale , le Lord Charles Caven-dish , le Doéteur Bevis, M. Gra-ham, le Doéteur Birch, M. Pierre Daval, M. Trembley, M. Ellicolt, M. Robins & M. Short. Beaucoup d’autres gens, & même quelques perfonnes de qualité , y alfiilerent de temps à autre.
- Le Doéteur Watfon qui écrivit l’Hiftoire de leurs opérations, pour en rendre compte à la Société Royale , commence par ojjferver ( ce qui fut vérifié dans toutes leurs expériences ) que la commotion éleétri-que n’ell pas, ftriétemement parlant, tranfmife par le chemin le plus court poffible
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- CE l'Ei EX TElCIté, 195 poffible , à moins que les corps à travers delquels elle te tranfmet, ne foient également bons conduéteurs; car s'ils le font inégalement, le circuit ell toujours forme par les meilleurs conduàeurs, quelque longueur qu’ils aient.
- Le premier eUTai que firent ces Mef-fieurs , fut de faire palier la commotion éleétrique à travers la Tamife , en fe fervant de l’eau de cette riviere pour faire partie de la chaîne de communication. Cela fut exécuté les 14 & 18 Juillet 1747 , en attachant un fil de fer tout le long du pont de Weftminfter, à une hauteur confidé-rable au-deifus de l'eau. Un des bouts de ce fil communiquoit avec l’enveloppe d’une bouteille chargée ; l’autre étoit tenu par un obfervateur qui avoir dans fon autre main une baguette de fer , qu’il trempa dans la rivière , au côté oppofé où étoit un autre homme qui trempoit pareillement une baguette de 1er dans la riviere d'une main ; & tenoit de l’autre un fil de fer , dont l’extrémité pou-voit être mife en contaâ avec le fil de fer de la bouteille.
- Tome I.
- I
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- 1*4 H I S T O I R ï
- En faifant la décharge , la cojh-motion fe fit fentir aux obfervateurs des deux côtés de la riviere ; mais plus fenfiblement à ceux qui étoient pof-tés du même côté que la machine, une partie du feu éleétrique étantdef-cencfue du fil de fer aux pierres humides du pont, pour fe rendre parun chemin plus court à la bouteille, paf-fant cependant tout entier à travers les gens qui étoient poftés du même côte que la machine. Ceci fut, en quelque maniéré, démontré par quelques perfonnes qui éprouvèrent une commotion fennble dans les bras & les pieds, pour avoir fimplement touché au fil de fer dans le moment d'une des décharges , tandis qu’ils étoient fur les degrés humides qui conduifent à la riviere. Dans une des décharges qui furent faites à cette occafion, on enflamma des liqueurs fpiritueufes par le feu qui avoit pafle à travers de la riviere (a).
- Dans cette occafion & les bavantes , ces Meilleurs firent ufage de fils
- (a) Phil. Tranf. Abridged, vol. io, Pag- 349-
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- »E l’ElECTRICfri 1JÎ de fer, préférablement aux chaînes ; par cette raifon entre autres , que l'électricité qu’on tranfmettoit par des chaînes n’étoit pas fi forte que celle qu’on tranfmettoit par des fils de fer. La raifon en eft, comme ils le remarquèrent très-bien,que les chaînons ne-toient pas fuffifamment joints, comme il parut par le craquement & les jets de flammes à chaque endroit où il y avoit la moindre réparation. Ces petits craquements étant fort nombreux dans toute la longueur de la chaîne , diminuèrent d’une maniéré très - fenlible la grande décharge au canon.
- Dans la tentative fuivante , ils fe propoferent de forcer la commotion éledrique à faire un circuit de, deux milles, à la nouvelle riviere au lieu nommé Stock - Newington. Ils la firent le 14 Juin 1747 , à deux endroits ; à l’un defquels la diilance par terre étoit de huit cens pieds, & de deux milles par eau ; dans l’autre, la diftance par terre étoit de deux milles huit cent pieds, & par eau de huit milles. La difpofition de l’appareil fut
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- iÿlî H I S T O 1 R S
- la même qu’ils avoient mife en u fage auparavant au pont de Wefhninfter ; & l’effet répondit merveilleufement à leur attente. Mais, comme dans les deux cas les obfervaceurs placés aux deux extrémités de la chaîne, qui fè terminoit dans l’eau, fentirent le coup auffi-bien, quand ils enfoncèrent leurs baguettes dans la terre à vingt pieds de l’eau , que quand ils l’entoncerent dans la riviere : cela forma un doute, favoir fi le circuit éleétrique étoit formé à travers les détours de la riviere, ou par un chemin plus court, en fui-vant le terrein de la prairie. Car l’expérience montra clairement que la prairie , avec l’herbe qui y étoit, conduisit fort bien l’éleéiricité.
- Ils furent pleinement convaincus par les expériences fuivantes , que dans ce cas l’éleétricité n’avoit point été tranfmife par l’eau de la riviere, qui étoit de deux milles de longueur, mais par terre où la diftance n’étoit que d’un mille ; dans lequel efpace cependant la matière éleétrique de-voit néceffairement avoir paffé deux fois au-deffus de la nouvelle riviere, îivoit traverfé plulîeurs fablonnieres,
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- ,ee l Electricité. 157 Sr parcouru un grand champ de chaumes (a).
- Le l8 Juillet ils répétèrent l’expérience au même lieu , avec la variété fuivante dans les circonftances. Le fil de fer fut l’outenu dans toute fa longueur fur des piquets fecs, & les ob-i'ervateurs étoient pofés fur des corps clcétriques par eux-mêmes. Ils éprouvèrent le coup d’une maniéré plusfen-fible que quand le fil de conduite avoit traîné par terre , & quand les obfervateurs avoient pareillement été pofés fur le terrein , comme dans l’expérience précédente.
- Après quoi, toutes chofes reliant dans le même étatqu’auparavant , on recommanda aux obfervateurs d’enfoncer leurs baguettes dans la terre au lieu de les tremper dans l’eau ; & chacun à cent cinquante pieds de dif-tance de l’eau. Ils furent très-vivement frappés, quoiqu’ils fuflent éloignés de plus de cinq cents pieds l’un de l’autre (£).
- {a) Philof. Tranf. Abridged , vol. 10, pas;. 360.
- U) Ibid, pag- 3Î7-
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- is8 Histoire Ces Meilleurs, charmés du fuccès de leurs précédentes expériences, en entreprirent une autre , dont l’objet étoit de déterminer fi la vertu électrique pouvoit être tranfmife à travers le terrein fec ; & en même-temps de la conduire à travers de l’eau à une plus grande diftance qu’ils n’a-voient fait auparavant. Ils choifirent pour cet effet Highbury-Barn, au-delà d’Ulington, où ils l’exécuterent le j Août 1747. Ils choifirent une place pour leur machine également éloignée de deux autres pour les obfer-vateurs fur la nouvelle riviere, lef-quelles étoient à un peu plus d’un mille de diftance par terre, &: à deux milles par eau. Ils avoient remarqué que les rues de Londres , quoique féches, conduifent fortement l’électricité environ vingt toifcs, ainfi que la route feche pour aller à Newington : l’événement de cet elfai répondit à leur attente. Le feu éledrique pafla par l’eau , quand les fils de fer & les ob-fervateurs furent portés fur des corps éledriques par eux-mêmes, & les baguettes trempées dans la riviere. Ils fcotirent aulli tous les deux la com-
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- motion ; quand un d’eux fut placé dans une fablonniere feche , environ trois cents pas plus près de la machine, & à cent pas de diftance de la ri viere ; d’où ces Meilleurs furent convaincus que le terreindela fiblonniere, quoique fec , àvoit conduit l’éleétricité auifi fortement que l’éau.
- D'après les commotions que lès ob-fervateurs éprouvèrent , quand la puiflànce éleétrique fait conduite fur des piquets fecs , ils furent d’avis, ou’à ne confidérer Gmplement que la différence de diftance , la force du choc, autant qu’ils l'avoient éprouvé jufques-là, en etoit fort peu diminuée, fi tant eft qu’elle le fût du tout. Quand les obfervateurs furent placés fur des corps éleftriques & touchèrent l’eau ou le terrein avec leurs baguettes de fer, ils fentirent toujours le choc aux bras ou aux poignets ; quand ils furent fur la terre nue avec leurs baguettes de fèr , ils le fentirent aux coudes, aux poignets &: aux chevilles ; & quand ils furent fur la terre nue fans baguettes, ils fentirent toujours le choc dans le coude , & dans le poignet de la main qui tenoit le
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- ioo Histoirb fil de fer de conduite , & dans les deux chevilles (a). Dans le dernier eflai que ces Meilleurs firent dans ce genre , & dont la conduite deman-doic toute leur fagacité & leur adref-le , ils voulurent eflayer fi le choc électrique pou voit fe fentirà une distance double de celle à laquelle ils l’avoient porté auparavant, dans un terrein parfaitement fec , & à là. proximité duquel il n’y eût point d’eau ; & diftinguer auffi, s’il étoit poffible , la vîtelfe refpeCtive de l’é-leCtricité & du fon.
- Pour cet effet ils choifirent la montagne de Shooter , & firent leur première expérience le 14 Août 1747, où par événement il n’étoit tombé qu’une feule ondée depuis cinq Semaines. Le fil de fer communiquant avec la baguette de fer qui fit la dé-chargeavoitfixmillesfept cens trente-deux pieds de longueur. & ctoit Soutenu par-tout fur des bâtons fechés au four ; comme l’étoit auffi le fil de fer
- («) Phil. Tranf. Abridged, vol. 10,
- pag. 360.
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- de l Electricité. loi qui communiquent avec l’enveloppe de la bouteille , & qui avoit trois milles huit cents foixante-huit pieds de long ; &: les deux obfervateurs étoient éloignés l’un de l’autre de deux milles. Le réfultat démontra , à la f'atisfaéfion des fpeélateurs, que l’ef-pace parcouru par la matière élcélri-que étoit de quatre milles , fçavoir deux milles de fil de fer, & deux milles de terrein fec , faifant la diftance d’entre les extrémités des fils de fer ; diftance qui, comme ils l’obferverent, étoit fi grande qu’on n’eût pu le croire fans l’avoir éprouvé. On tira un coup de fufil à l’inftant de l’explofion , & les oblérvateurs avoient leurs montres à la main pour remarquer le moment où ils fentirent le coup ; mais autant qu’ils purent le diftinguep, le temps pendant lequel la matière électrique parcourut ce vafte circuit, doit avoir été un feul inftant (a).
- On remarqua dans toutes les explorions où le circuit fut d'une grandeur confidérable, que, quoique la
- ( a ) Phil. Tranf. Abridged , vol. io, pag. 363.
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- bouteille fut très-bien chargée, cependant Ie'craquementcaufé au principal conducteur par l’explofion, ne fut pas à beaucoup près 11 éclatant, que quand l’expérience étoit faite dans une chambre ; de forte que , dit le Doéteur Watfon, un fpeétateur, quoique verfé dans ces opérations, n’auroit pas imaginé , en voyant la lumière & entendant le bruit , que le coup eût dû être conlidérable à l’extrémité du fil de conduite ; cependant , dit-il , le contraire eft toujours arrivé , quand les fils ont été convenablement ajultés.
- Ces Meilleurs, infatigables dans leurs travaux, défirerent encore , s’il étoit poffible, de fixer d’une maniéré sûre la vîtefTe abfolue de l’éledricité à une certaine diftance ; car quoique dans la derniere expérience le temps qu’elle employa à fe tranfmettre fût bien court, ils voulurent favoir, tout petit qu’il pût être , s’il étoit mefii râble ; & le Doéteur Watfon imagina une méthode excellente pour cela.
- En conféquence ils fe ralfemblerent encore le j Août 1748 , pour la derniere fois à la montagne de Shooter ,
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- de l’Electricité. 205 où ils convinrent de former un circuit éleétrique de deux milles , en faifant faire au-fil de fer différents détours dans la campagne. Ils s’arrangèrent de façon que le milieu de ce circuit fût dans la même chambre que la machine , où un obfervateur te-noit à chaque main un des bouts des fils de fer , qui avoient chacun uri mille de longueur. Dans cette difpo-fition de l’appareil , dans laquelle on pouvoit obferver avec l'exactitude la plus fcrupuleufe le temps écoulé entre i’explofion 8e le coup, la bouteille fut déchargée plufieurs fois : mais l’obfervatcur fe fentit toujours frappé au même inftant que fe fit I’explofion. Ces Mefieurs furent alors convaincus cjue la vitelfe du paflage de la matière éleétrique dans toute la longueur de ce fil , qui avoir douze milles deux cents foixante-feize pieds de longueur, étoitinftantanée (a).
- Ces expériences excitèrent l’admiration de tous les Electriciens étrangers. M. Mufchenbroeck qui fut fort
- (a) Philof. Tranf. Abridged , vol. io, paû 368.
- I vj
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- 304 Histoire fatisfait de leur étendue & de leur fuccès, dit dans une lettre qu'il écrivit , à cette occafion , au Doéteur Watfon : Magnijicentijimis tuis expe-rimenùs fuperajii conatus omnium.
- Quelques-uns ont prétendu que la derniere de ces expériences étoit fondée fur une faufle liippofition , qu’ainfi elle ne pouvoit être d’aucune utilité ; parce qu’on y fuppofoit que les mêmes particules du fluide électrique , qui fortoient d’un côté du verre chargé, parcouraient tout le circuit des conduéteurs, & arrivoient au côté oppofé ; au lieu que la théorie duDofteur Franklin demande feulement que le défaut d’un côté du verre foit.fuppléé par les conduéteurs voilins; qui en retour peuvent recevoir autant qu’ils ont donné, parle côté du verre qui étoit furchargé ; de forte que, pour entrer un peu plus dans le détail , la fin-abondance de matière èleéh-ique dans le côté chargé d’un vafe de verre , pafle feulement dans les corps qui forment la partie du circuit qui lui eft contiguë, cha(fant.en avant la partie du fluide qui leur eft naturelle ; jufqu’à ce qu’enfin lefluide
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- DE L‘E IE CT RIC I TÉ. loj qui réfide dans les condudteurs qui forment la derniere partie du circuit, pâlie dans le côté épuifé du verre [31].
- [313 L’Alfcrtion de M. Franklin , fa-voir qu’un verre chargé pour faire l’Expérience de Lcyde , ne contient pas plus de matière éleéhique , qu’il n’en contenoit avant d’être chargé; parce que, dit il, l^rfqu’on le chargé, on en fait fortir autant d’une de fes fur-faces qu’on en fait entier dans l’autre ; de forte que , lorfqu’il eft tout-à-fait chargé , une de les demi-épaiffeurs en eft totalement privée, tandis que l’autre en a précifément le double de ce quelle en avoir auparavant : cette affection „ dis-je, en eft une des plus hazardées qu’on ait jamais avancé en Phyfique. Elle n’eft fondée ni fur les faits ni fur le raifonne-ment : au contraire, le ra'fonnement 8c les faits en montrent la fauffeté. En effet, comment concevoir que la matière éleétrique , que tous les Phyliciens, fans en excepter M. Franklin lui-même, penfent être la même que la matière du feu 8c de la lumière, qui pénétre les corps avec la plus grande facilité , puiffe être retenue dans la demi - épaiffeur d’un verre mince fans fe communiquer à l’autre demi - épaiffeur ? Que M. Franklin nous dife quelle eft la caufe qui la retient ainft ; 8c qui l’empêche en pareil cas, de traverfer l’épaiffeur du verre. Il pourroit répondre qu’il ignore quelle en eft la caufe; mais qu’il con-noît le fait, fi ce fait étoit prouvé. Mais au lieu de cela , l’expérience preuve le contraire.
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- 10 S Histoire Mais quand cela ferait exactement vrai ( quoique dans les grandes décharges cela fuppofe que la quantité
- Dans un récipient de verre, (ufpendez un corps léger avec une foie 5 & avec de la cire molle luttez bien ce récipient fur un carreau de verre. Enfuite préfentez - y un tube éledrifé : vous verrez le corps léger être attiré & re-poulTé. Donc la matière éledrique agit au travers du verre : donc elle le pénétre. Mais pour citer un exemple qui convient mieux à l’expérience dont il s’agit , prenez un matras de verre, vuide d’air & fcellé hermétiquement 5 adaptez - le à un condudeur qu'on éledrifé aduellement : il fe chargera de façon à faire fentir la commotion à quiconque le prendra d’une main , & ira de l’autre tirer une étincelle du condudeur : après quoi il fera déchargé. Si en fe chargeant , une de fes demi-épaifleurs a perdu , comme le prétend M. Franklin , toute (a matière électrique , tandis que l’autre en a pris une double dofe, & que cette matière ne puifle pas palier immédiatement d’une furface à l’autre , que M. Franklin nous apprenne donc comment, en pareil cas , 1 équilibre fe rétablit , fans que la matière éledrique pénétre le verre ; puifque le vafe efl fcellé hermétiquement. Toutes les fois cju’on a fait cette objedion à M. Franklin ou a fes partifans , ils l’ont toujours éludée, & n y ont jamais répondu. La raifon en cft Ample ; c’eft qu’elle eft fans réplique.
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- de l’Electricité. 107 naturelle deleâricité dans les corps eft fort confidérable ) & quand le Docteur Watfon & d’autres Phyficiens de ce temps là l’auroient compris autrement , il ne s’enfuivroit pas que ces expériences ne puflentêtre d’aucune utilité ; car il refte encore quelque choie à mefurer, fa voir le temps requis pour déloger le fluide éleétrique dans toute la longueur du circuit.
- Si toute la maiTe de matière électrique contenue dans tous les conducteurs étoit abfolument folide , il ne fe pourroit pas faire de mouvement à une extrémité, fans produire à l’autre au même inftant un pareil mouvement ; précilëmcnt comme quand on frappe le bout d’une baguette , le mouvement fe communique à l’inf-tant à l’autre extrémité : mais cela ne peut point arriver dans un milieu élaltique, dont les parties cèdent les unes aux autres. Dans ce cas, le mouvement eft communiqué fucceffive-ment comme un mouvement de vibration qui s’étend dans toute la longueur du circuit ; ce qui doit néceflai-rement prendre du temps & être me-furable. On peut mefurer la vîtefle
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- du fon , quoi qu’aucune particule de l’air qui fait des vibrations ne foit déplacée. Ces grandes expériences du Doéteur Watfon ont donc un objet réel ; il paraît feulement que ce temps eft trop court, pour être déterminé avec certitude.
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- PÉRIODE VIII.
- SECTION III.
- Dieféeentes découvertes du Docteur Watfon Si autres , jufqu’au temps du Dodeur Franklin.
- L a première de ces découvertes, fuivant l’ordre des temps, & qui ne le cède à aucune autre pour l’importance , ( excepté à celle de la commotion même & à la découverte du Doéteur Franklin fur Iclcétricicé différente des côtés oppofés du verre chargé ) eft celle du Doéteur Watfon , qui prouve que les tubes & les globes de verre ne contiennent pas la puif-fance éleétrique en eux-mêmes, mais fervent feulement de premiers moteurs , ou , comme il le dit, de déterminateurs de cette puilfance.
- Il fut d’abord conduit à cette découverte en obfervant que lorfqu’il frottoir le tube de verre, étant monté
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- fur des gâteaux de cire, ( afin d’empêcher , comme il l’efpéroit, qu’aucune portion du pouvoir éleétrique ne fe déchargeât à travers de fon corps fur le plancher,) la puiflance fût tellement diminuée, contre fon attente, qu’on n'entendoit aucun bruit quand une autre perfonne touchoit quelque partie de fon corps ; mais que fi une perfonne non éleétrifée tenoit fa main proche du tube.tandisqu’on le frottait, le craquement étoit fort fenfible (a).
- La même chofe arriva quand on fit tourner le globe dans de pareilles cir* confiances. Car fi l’homme qui tour-noit la roue & qui, ainfi que la machine , étoit fufpendu fur de la foie, touchoit le parquet avec un de Tes pieds, le feu électrique paroifloit fur le con-duéteur; mais s’il interrompoit toute communication avec le parquet, il ne produifoit aucun feu.
- Cette expérience jointe auxfuivan-tes, fit découvrir au Dodeur Watfon, ce qu’il appelle la circulation com-plette de la matière électrique. Il remarqua qu’il ne partoit qu'une ou
- (<r) Phil. Tranf. Abridged , vol. 10, pag. 303.
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- BE l'ElICTRICITi, 21 I deux étincelles de fa main à la machine ifolée , à moins qu’il ne formât en même-temps unç communication entre le conducteur & le plancher ; mais qu’alors il y avoit une affluence abondante & confiante de la matière électrique à la machine.
- En oblervant que , tandis que fa main touchoit le conducteur, l’homme qui tournoit cette machine ifolée, donnoit dès étincelles capables d’allumer des fubftances inflammables, & faifoit d'autres expériences éleCtri-ques, qui fe faifoient ordinairement au conducteur ; il imagina que le feu fortoit de l'homme, par la même rai-fon que tous les Electriciens avoient auparavant imaginé, qu’il.venoitdu conducteur : & voyant que l'homme ne donnoit point d’étincelles, à moins qu’il n’y eût une communication entre le parquet 8c le conducteur , il conclut que dans ce cas le feu étoit fourni par cette communication, de forte que, dit-il, le cours de la matière éleétrique étoit en fens inver-fe (a).
- ( a ) Phil. Tranf. Abridged. vol. io, pag. 50;.
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- ni Histoire
- On ne foupçonna point alors que l’oeil ne pût pas dillinguer quelle eft la direction de la matière qui forme l’étincelle éledrique. Les Eledriciens imàginoient que toutes les puiflanccs cledriques , & conféquemment le fluide éledrique , qu’ils fuppofoient être la caufe de ces puiflances, exif-toient dans le corps éledrifé quel qu’il fut ; & que les Agnes d’éledricité que donnent les corps éledrifés, prove-noient de la matière éledrique qui leur étoit communiquée. En conié-quence , quand le Dodeur Watfon trouva, qu’en coupant la communication du corps éledrifé avec le parquet , tous les Agnes éledriques cef-foient : il conclut que le fluide électrique fe îaffembloit du parquet au frottoir, & étoit porté de-là au globe. Par la même raifon , voyant que le frottoir, ou l’homme qui cominu-niquoit avec lui, ne donnoit des étincelles , que quand le condudeur com-muniquoit avec le parquet ; il en conclut auffi que le fluide eledrique étoit fourni au globe par le condudeur , comme il avoit conclu auparavant qu'il y étoit fourni par le frottoir.
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- de l’Electricité. 213
- La comparaifon de ces deux expériences fit inférer au Dodeur Wat-fon que , dans toutes les opérations éledriques il y avoit une affluence de niatiere éledrique au globe & au con-dudeur, & pareillement une effluence de la même matière éledrique for-tant de ces corps {a).
- Ayant remarqué qu’un morceau de feuille d'argent fe tenoit fufpendu entre une àffiette éledrifée par le condudeur, & une autre qui com-muniquoit avec le parquet, il en rai-fonne de la maniéré luivante : » Un » corps ne peut être fufpendu en équi-»> libre que par l’adion réunie de deux » puiflances de différentes diredions. » Ainfi ici le fouffle du fluide élec-» trique venant de I'affiette éledri-« fée , fouffle l’argent vers I’affiette » qui ne l’eft pas ; & cette derniere, » à fon tour, par le moyen du fluide » venant du parquet, oc qui la tra-» verle, chaffe la feuille d’argent vers » I’affiette éledrifée. Nous voyons
- (a) Philof. Tranf. Abridged J vol. 10 J P»S- jn.
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- ii+ Histoire » auffi par-là , que la dofe du fluide j> élcdrique venant du parquet, eft » toujours en proportion de la quan-» tité que le globe lance fut le con-» dudeur ; fans quoi l’équilibre, par i> lequel la feuille d’argent eft fufpen-» due , ne pourrait pas fubfifter (a).
- Le Docteur Watfon obfcrve que deux ans avant qu’il fît Ces expériences , M. l’Abbé Nollet avoit dit que la matière éledrique venoit non feulement des corps eledrifés ; mais encore de tous les autres qui les environnent à une certaine diftance (4).
- Quelque temps apres, le Dodeur Watlon dit, dans un Mémoire lu à la Société royale le n Janvier 1748 , que le Dodeur Bevis avoit pouffe bien plus loin que lui fes expériences, pour prouver que le frottement du tube ou. du globe ne faifoit que conduire, & ne produifoit pas la matière éledrique. Car il avoit remarqué plus d’un an auparavant , qu'en ifolant deux liommes, l’un pour frotter le tube ou
- (a) Phil. Tranf. Abridged , vol. 10 pag. ?io.
- (4) Ibid. pag. 31p.
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- de 1/Electricité. i ij le globe , & l'autre pour fervir de conduâeur ; tous les deux, tant celui qui frottoir , que celui qui touchoit le verre éleélrifé , donnoient une étincelle ; & de plus, que s’ils fe tou-choient 1 un l’autre,lecraquement étoit plus grand de beaucoup que li l'un ou l'autre touchoit une perlonne po-lée fur le parquet. Sur quoi le Docteur avoit corrigé fon opinion précédente de 1 affluence & effluence de la matière éleétrique. Car il explique ce fait en l'uppolànt que la quantité d’éleétricité que perdoit celui qui frottoit, étoit donnée à celui qui fer-voiç de conduéleur, à qui le globe la failoit paffër. Par ce moyen , ob-lerve-t il, l’éleûricité de la première de ces deux perfonnes étoit plus rare quelle n'étoit naturellement, & celle de la derniere étoit plus denfe ; de forte que les électricités de ces deux perlonnes différoient davantage en denfité , que celle de l'une des deux ne différait de l’éleélricité d’une autre perfonne pofée fur le parquet. Le Doéteur Watfon découvrit de cette maniéré , ce que le Doéleur Franklin obferva environ dans le même
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- Il 6 H I S T O I R S temps en Amérique, & qu’il appella l’élePricité en plus & en moins (a), Le DoPeur Watfon obferva que l’aigrette à l’extrémité d’un fil de fer élePrifé, faifoit fentir à la main comme un fouffle de vent froid ; & que quand des corps légers étoient attirés & repouflès entre une affierte élec-trifée & une autre qui communiquoit avec le parquet , les attrapions & répulfions alternatives fe fuccédoient très-promptement , de forte que 1 œil avoit quelquefois de la peine a les fuivre ; 8e quand on mettoit un petit globe de verre , d'environ un pouce de diamètre, fort léger & foufflé très-mince , dans une allîette de métal, avec une autre affiette fufpendue au Condupcm , les coups produits par ces attrapions & répulfions alternatives , fe fuivoient de fi prés qu’on pouvoit à peine les diftinguer. Il tira pareillement de cette dernière expérience unepreuvede la vitelfe extrême avec laquelle ces corps étoient attirés & repoulfés 11 dit que fi on les laifToit
- (a) Phil. Tranf. Abridged, vol. io, pag. 3S9.
- tomber
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- de l’Electricité. 217 tomber de la hauteur de lîx pieds ou plus , liir un plancher de bois ou même fur une affiette de métal, ils fe briferoient difficilement ; mais que fouvent ils étoient mis en pièces par leur attraction & répulfion entre ces affiettes, quoique à une diftance tout au plus de deux lignes (a).
- î.e Dodeur Watfon prouva aufiî que la matière éleétrique paifoit à travers la fubftance de métal & non pas fur fa furface, en couvrant un fil de fer avec un mélange de cire & de réfine, & déchargeant la bouteille au travers.
- | M. lé Monnier, le jeune, a découvert que l électriciié n’eft point communiquée aux corps homogènes dans la proportion de leurs maifes ou quan1 tite de matière, mais plutôt dans la porportion de leurs furfaees ; & cependant que toutes les furfaees égales ne reçoivent pas des quantités égales d’électricité , mais que celles-là en reçoivent le plus, qui font les plus étendues en longueur ; qu’une feuille
- M Philof. TranfaS. Abridgsd, vol. 10, PJS. 309.
- Tarn. /. K
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- •Il8 H I S T O I R H de plomb , par exemple , reçoit une quantité d'éledricité beaucoup plus petite que ne feroit une petite bande du même métal , avec une furface égale à celle de la feuille quartée (a},
- M. Wilfon , dont nous avons rapporté les obfervations curieufes fur la bouteille de Leyde , dans une autre fedion, ne mérite pas moins d’éloges dans celle ci. Dès la fin de l’année 1746, il fit la même découverte qu’a-voit faite le Doéteur Watfon , que le fluide élcélrique ne venoit point du globe , mais de la terre meme , 8c des autres corps non électriques qui fe trouvent autour de l’appareil. 11 fuggéra une maniéré de le prouver dans une lettre écrite de Chefter. à M. Ellicolt ; & il dit dans une autre lettre , écrite de Dublin à M. Smea-ton , qu’il avoit fait lui-même l’expérience peu de temps après.
- Ayant luppolé que la différence entre les corps éledriques & ceux qui ne le font pas, venoit de la différente
- (4) Philof. Tranfad; Abridged. vol. 10,
- pjg. J}8.
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- de l’Electricité. itg rcliftance que l’atmofphere des corps oppofe au paffage du fluide éledri-que ; & concevant que la chaleur raréfierait cette atmofphere, & par-là convertirait les corps électriques en non élcâriques, il fit quelques expériences qui le confirmèrent dans cette fuppofition. Il trouva qu'une perfonne pouvoit communiquer l'éleétricité à une autre malgré l’intcrpofition d’une quantité cOnfidérable de verre chauffé jufqu'à rougir : il fit auffi d’autres expériences de même nature, telles que de décharger des bouteilles parle moyen du verre chaud , de l'ambre chaud , & de divers autres corps électriques chauffés. Cependant, comme l’aremarqué dans la fuite M. Canton , ces effets pouvoient être dus à l’air chaud qui étoit for les forfaces de ces corps, qu’il trouva très - propre à tranfmettre l’éleétricité. Mais M. Wilfon fit une autre expérience fur de la réfine fondue, qui ne paraît pas fujette à' la même obje&ion. 11 verfa de la réfine fondue dans une bouteille, & éprouva qu’on pouvoit donner la commotion par fon moyen. Mais il obferva que les coups dmii-
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- jj0 Histoire
- nuoient de force à mefure que la ré-fme refroidiCfoit , & qu’ils ceflerent entièrement quand elle fut tout-à-fait froide (a).
- M. Wilfon parle d’une expérience curieufe ( fans cependant s’en attribuer l’invention ) qu’il lit avec des girouettes de papier, enfoncées dans un morceau de liege & fufpendues par un aimant. II dit qu'en les approchant dp la pointe d’un corps quelconque qui partoit du principal conducteur , elles tournèrent avec beaucoup de vîtefle ; mais qu’elles ne tournèrent point du topt dans le vuide. Il croit que ce vent fut occafionné par la matière électrique , qui en iortant de la pointe forma un courant dans l’air : mais il n’a pas eflayé ce qui ar-riveroit en préfentant les girouettes à une pointe qui rpcevroit le fluide électrique (b).
- M. Wilfon a obfervé en dernier lieu, que fi on prélènte une aiguille à un morceau de duvet pendu au con-
- (4) Wilfon's, eflai, pag. 143. Ce) Ibid. pag. 141.
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- DE i’EieCtb. icitfi. lit duétéur , il s’y attache auffi-tôt ; mais que , quand on lui préfente quelque chofe d’émouffé , il eft repouffé de nouveau : il dit que M. Canton a fait plufieurs expériences curieufes dans le même genre (a).
- Dans cette période de temps MV Smeaton a obfervé , que fi un homme ifolé preffoit contre le globe avec le plat de fa main , tandis qu’un autre debout fur le parquet feroit la même chofe afin de l’éleélrifer, celui qui feroit ifolé ne feroit prefque pas élec-trifé ; mais qu’il le feroit très-fortement , s’il ne faifoit que pofer légèrement fes doigts fur le globe (b). M. Smeaton a remarqué auffi , qu’ayant chauffé , julqu’à rougir , le milieu d’une grande barre de fer, & l’ayant éleétrifée , le pouvoir éleârique de la partie chauffée fe trou va auffi fort que celui de la partie froide (c).
- Nous fommes redevables à l’ingénieux Doéleur Mile^de plufieurs découvertes curieufes au fujet de l’Elec-
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- tricité. 11 dit, dans un Mémoire qui fût lu à la Société royale le 15 Janvier 1746 , qu’ayant frotté tin bâton de cire d’Efpagne noire avec du papier blanc & brun, ou avec une flanelle nette & feche , il devint capable d’allumer une lampe à fefprit de vin. En comparant le bâton de cire avec le tube de verre , il obferva une différence remarquable dans l’apparence du feu qui lortoit de l’un & de l’autre, quoiqu’il n’en comprît pas la raifon. 11 dit que les écoulements lumineux fortirenten bien plus grande quantité du bout de fon doigt quand il le préfenta au bâton de cire , que lorlqu’il le préfenta au tube du verre. 11 remarqua plufieurs fois qu’il pa-roifloit d’abord un petit globule de feu fur fon doigt, d’oû fortoit un courant de lumière vers la cire, fous la forme d’une queue de comete. On fait bien maintenant que c’eft ce qui arrive conftamment entre un corps non éleétrifé, St un autre éleétrifé négativement (a).
- (a) Wilfon’s, effai, pag. 317.
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- DE l’ElECTRICITÉ. ili
- Le Doéleur Miles a trouvé qu’un bâton de foufre réuffit fort bien ; mais point du tout, quand on met une baguette de fer dans fon axe pour le fortifier. Une chofe finguliere , c’eft qu'après avoir placé ce bâton debout dans une armoire , il perdit toute fa vertu éleétrique, & on ne put jamais, pat la fuite, lui donner le moindre degré d’élcéfricité. Le Docteur attribua cet effet à ce qu’on l’avoit ferré fans aucune couverture.
- Le Doéleur Miles rapporte auflt qu’il acheta un jour un tube de verre verd , qu'il ne put éleétrifer qu'avec beaucoup de peine, encore ne le fut-il que fort peu (a).
- Le même Phylicien fit une expérience quelque temps après, fur des morceaux de feuilles de cuivre dans une bouteille bouchée hermétiquement. Il trouva qu’il leur pouvoit donner du mouvement en en approchant le tube éleélrifé , de même que fi elles euflent été dans l’air libre ; mais il y eut un phénomène qui le frappa , &
- (a)Phil. Tranf. Abridged, vol. io, pag. jzo.
- K iv
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- 2îf H I S T O I R B dont il ne donne pas une explication fatisfaifante. 11 remarqua que quand il écarta lentement le tube du vafe vuide d’air, on ne vit point de mou-vement dans la feuille de cuivre ; au lieu qu’il étoit fort vif, quand on en cCartoit le tube brufquement. A la vérité , il n’étoit guere poffible de rendre raifon de ce fait, à moins de le comparer avec d’autres faits qui dépendent du même principe, & qui ne forent découverts que quelques années après («).
- De l’Angleterre , à qui je dois, comme Anglois , donner la préférence fur des matières abfolument indifférentes, je palîe à la France où fe font faites, dans l’efpace de temps dont je parle, les découvertes les plus nombreufes & les plus importantes, après celles néanmoins qui forent faites en Angleterre. 11 eft sûr qu’il n’y a perfonne en France , après M. du Fay, qui ait rendu fon nom li célébré que M l’Abbé Nollet, fon ami & fon affocié.
- (u)Phil. Tranf. Abridged, vol. io pag. }i6.
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- de l’Electricité, nj L’obfervation favorite de M. l’Abbé Nollet, fur laquelle il a conftruit fa théorie des affluences & effluences, fut, que les corps non ilolés, plongés dans des atmofpheres éleétriques, donnoient des fignes d'éleétricité. Il oblerva , dans les circonftances ci-defltts, un vent fenfible fortant de la main d’une perfonne non éle&rifée ; comme auffi l’attraélion & la répul-lion des corps légers, l’apparence de flamme , la diminution au poids des corps par l’augmentation d’évaporation , & prefque tous les autres effets & apparences d’élettricité. De plus, obfervant que le globe en tournant, même étant frotté par une main nette, contraéloit de la laleté ; il eut la cu-riofitéde ramaffer une certaine quantité de la matière qui formoit cette faleté ; & remarquant que quand on la jettoit au feu, elle avoit une odeur de poil brûlé, il en conclut que c’é-toit unefubftanceanimale, & quelle avoit été portée de fon propre corps au globe par la matière affluente (a).
- (a) Recherches de M.Nollet,pag 142-' K v
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- il 6 Histoire
- La feule erreur dans laquelle cet ingénieux Phyficien ait donné dans fes expériences, & qui a été la foürce de beaucoup d’autres, fut de décider que lcleétricité du corps qui étoit plongé dans l'atmofphere d'un corps éleétrifc, étoit de même nature que celle du corps éle&rifé. S’il eût feulement confervé la diftinélion que M. du Fay avoir découverte entre les deux électricités [ 11 ] , & qu’il eût dit que le corps éleétrifé & celui qui étoit plongé dans fon atmofphere, pofledoient ces deux électricités différentes & oppofées, il aurait pu-ar-
- [}t]. Pour fa voir fi M. l’Abbé Nollet a donné dans une. erreur, en n’admettant pas la diftin&ion de deux électricités ejfentie/te-ment différentes, qu’avoit admife M. du Fay} il ne faut pas s’en rapporter à ce qu’en, dit notre Auteur, fans donner aucune preuve de ce qu’il avance. Il eft plus raifonnable & plusj jufte de voir comment ce Phyficien a combattu cette prétendue diftin&ion. On trouver^ cette matière traitée fort au long & bien difcutée dans les Mémoires de M. l’Abbé Nollet, inférés dans ceux de l’Académie des Sciences, pour lçsannées 17J*, & dans
- les Tomes I & II de fes Lettres fur WEleftri-cité.
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- de l’Electricité. 117 river aux grandes découvertes que firent M. Canton, le Doâeur Franklin & M. Wilke, qui, comme nous le verrons, partirent de cette obfer-vation ; il aurait par-là évité beaucoup de débats & de difputes , qui n’ont pas fini à fon avantage [3 3].
- Cette découverte de M. l’Abbé Nollet, n’eft pas la feule que l'Hif-toire de 1,’Eleétricité nous offre de lui dans le cours de cette période. Il fit plufieurs expériences fur les corps terminés en pointe, &c obferva que ceux qui avoient les pointes les plus dé-
- QCP [j j]. Toutes les difputes 8c les débats que M. l’Abbé Nollet a eus à foutenir , n’ont roulé que fur des faits ; il les a tous vérifiés en préience de Commiflaires éclairés & défin-térefles, que l’Académie des Sciences avoir nommé à (a réquifition , pour en être témoins & lui en rendre compte , 8c qui en ont attefté la vérité , comme on le peut voir par les certificats autentiques qui font imprimés à la fin de la première 8r de la fécondé partie de fes Lettres fur VEleftrizitê. Peut-on dire après cela que ces difputes n’ont pas fini a fon avantage ? Il ne fapt point oublier que notre Auteur eft Anglois 5 & qu’il vient de dire qu’il doit des préférences à fa Patrie.
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- îiS Histoire lices, niontroient le plutôt des aigrettes de feu éle&riques ; mais qu’ils ne donnoient pas les autres lignes d’é-leélricité fi fortement que les corps qui n’étoient pas pointus (a).
- Il prit beaucoup de peines à faire des expériences , pour déterminer dans quels degrés diverfes fubftances étoient conduite Lirs deledricité , &: trouva que la tumée de gomme laque , de térébenthine, de karabé Sc de foufre ne dépouilloient pas de fon électricité un tube frotté, fi promptement que la fumée de linge, de bois, & particuliérement la vapeur de l’eau, & fur-tout celle du fuif & autres fub-ilances gradés. En un mot, il rrouva que les vapeurs qui n’étoient point aqueufes, ne nuifoient que peu ou point du tout aux expériences eleétri-ques , pourvu que le corps ne reçût pas ces émanations de trop près c’eft-à-dire , à peu de diftance au-deflus du feu qui les occafionnoit.Une chambre remplie de fumée ne l’em-pêchoitpasde faire les expériences,
- (a) Recherches, pag. 146.
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- de i’ElectricitI. 229 du moins cela nuifoit peu ; & les émanations odorantes ne leur préju-dicioir point du tout (a).
- M. l’Abbé Nollet fit auffi plufieurs obfervations curieufes fur la chaleur, & les corps chauffés. 11 trouva qu’un morceau de fer chauffé jufqu'à blanchir , au point de pétiller de toutes parts , ne lailfoit pas la plus légère trace d’éledricité à un tube frotté, qu’on en approchoit à la diftance de cinq ou fix pouces , fans l’y lailfer plus de deux ou trois fécondés. Mais il ceffa d’affeder auffi fenfiblement le tube à la même diftance , avant que de ceflér d’être rouge , & n’y produifit plus aucun effet long temps avant que d’être froid. L’éledricité du tube dans ce cas-là, fut probablement emportée dans l’air échauffé par le fer ; car il n’eft guere poffible de fuppofer que le fer envoie aucunes émanations capables de produire cet effet (*).
- Il trouva que le tube frotté ne per-
- (a) Recherches, pag. 194. (t) Ibid. pag. lté.
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- 2jo Histoire doit rien de fon éledricitc au foyer d’un miroir ardent. On avoit reconnu auparavant que la flamme de la chandelle , ou feulement fon approche, détruifoit l’éleéfricité. Il obferva que la flamme étoit fenliblement troublée par l’approche du tube frotté ; & il rapporte que M. du Tour & l’Abbé Needham ont remarqué que l’inter-pofition du morceau de verre le plus mince , ou de toute autre fub-ftance, entre la chandelle & le tube, fuffifoit pour empêcher la diflîpation de l’éleélricité. On conclut de ce fait que la diflîpation étoit occafionnée par
- fielques émanations fortant de la andelle (a).
- En continuant fes obfervations fur les chofes qui augmentoient & em-pêchoient l'effet des expériences électriques ; il trouva qu’un corps léger pôle fur un guéridon non éleétrique fe mouvoit plus vivement à l’approche d’un corps éleârifé , que quand il étoit placé fur un guéridon électrique {b). Il obferva que phifieurs
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- DE l’E LECT8.ICITÉ. 231 expériences eledriques ne réuffifloient jamais mieux que quand il y avoir beaucoup de fpedateurs , & quand ils s’approchoient & fe lérroient les uns les autres pour voir fes expériences , pourvu cependant qu’ils n’occa-fionnaffent pas une tranfpiration aflez grande pour humeder les verres (a). Nous trouverons cette obfervation expliquée ci-après par M. Wilke.
- M. l’Abbé humeda avec de l’eau ou de l’efprit de vin , une petite barre de fer , & trouva que le petit vent qui en fortoit, étoit plus fenfible nue quand la barre n’étoit pas humedee : il attribua cet effet à ce que le fluide éledrique emportoit avec lui quelques-unes des particules de l’eau ou de l’efprit de vin (é).
- M. l’Abbé Nollet fit quelques ob-fervations fur la différence entre l’é-leélricité communiquée , &: entre 1 eledricité du verre &r celle du feu-fre. 11 obferva que l’éledricité d’un globe ou d’un tube frotté, caufoit
- (a) Recherches, pag, 123. (£) Ibid. pag. 140.
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- une fenfation finguliere fur le virage , comme fi on y promenoit une toile d'araignée ; au lieu que l’électricité communiquée , produifoit rarement un pareil effet : il dit auffi qu’on peut s’appercevoir de l’éleéfri-cité excitée, par l’odorat, a plus d’un pied de diftance ; ce qui ne fe peut pas par rapport à l’éleétricité commu niquée (a).
- II fondit du foufre dans un globe de verre , en le faifant tourner au-deflus d’un réchaud plein de charbons allumés. Et alors il obferva que les petits morceaux de foufre, avant que de fe fondre, étoient attirés & re-poufïes par le verre en dedans , en même - temps que les cendres des charbons étoient attirées en dehors (b). En tenant d’une main un morceau de foufre éleéfrifé , avec un duvet de plume qui y étoit attaché & prêt à tomber, il dit que le duvet fe colla au foufre , dés qu’il lui préfenta un tube de verre fortement éleéfrifé ,
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- Di l’Electricité. 233 qu’il tenoit en fon autre main ( a ).-Je rapporterai en dernier lieu les expériences que M. l'Abbé Mollet fit dans le vuide. 11 trouva que le verre & les autres corps éleftriques , pou-voient s ciectrifer dans le vuide ; mais pas fi fortement que dans 1 air libre (b). Il obferva qu’il y avoit une différence remarquable dans l’apparence de la lumière éleélrique dans le vuide 8r en plein air ; & qu’elle ctoit plus étendue & continue dans le vuide (c). En introduifant le bout de Ion conducteur dans un vaiffeau de verre vuide d’air , il obferva que le vafe ctoit plein de lumière toutes les fois qu’il y portoit la main ; que cette lumière augmentait confidéra-blement, quand il étendoit fa main deffus, & que tout le vafe fembloit être rempli de lumière quand il droit une étincelle du conduéleur. 11 obferva auffi que des petits morceaux de métal, renfermés dans le vaiffeau , s’attachoient fortement au verre ; mais
- (a) Recherches, pag. 124. (a) Ibid. pap. 136.
- (c) Ibid. pag. 248.
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- H i s t o i » s
- qu’ils s’en détachoient fitôt qu’on ap-prochoit le doigt ou quelque autre corps du conduéteur en dehors.
- Il y a eu en France , dans cette période de temps, quelques Ele&riciens dont les expériences & les obferva-tions méritent d'être rapportées. M. Boulanger eft de ce nombre. 11 fe donna beaucoup de peines pour déterminer à quel degré différentes - fubftances font fufceptibles d’éleétri-cité. 11 dit avoir fait fes expériences avec le plusgrand foin ; &c quoique l’état actuel de cette fcience ne permette pas de déterminer ce point avec beaucoup d exactitude, on pourra en voir le réfultat avec plaifir. C’eft ce qu’il a compris dans la table fuivante , en divifant les corps en cinq colonnes, & commençant dans chacune par les corps qui font les moins éleélrifables.
- PREMIERE COLONNE. L’ébene.
- Le gayac.
- Le buis.
- Le bois de Santal. I Le chefne.
- ÎSL
- ,e tilleul.
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- bei’Electricité, i 35 L’ozier. 1 toute efpece.
- Le liège. Toutes les plantes
- Le bois fec de | féchcs.
- SECONDE COLONNE.
- Toutes fortes de coquilles.
- Les os de baleine. Les os.
- L’ivoire.
- La corne.
- Les écailles.
- Le parchemin. Le poil.
- La laine.
- Les plumes. Le coton.
- La foie.
- TROISIÈME COLONNE.
- L’alun.
- Le fucre candi.
- Le phofphore de Berne.
- La cire jaune & la blanche.
- Le vernis du Japon.
- Le fandarac.
- Le maftic. L’ambre.
- Le jayet.
- La poix.
- La gomme copale.
- La gomme laque.
- La colophone.
- Le foufre.
- La cire à cacheter.
- Tous les fels qui ont allez de con-fiftance.
- Toutes les réfines.
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- i3<J Histoire QUATRIÈME COLONNE.
- L’aimant.
- Le marbre de toutes couleurs. L’ardoife.
- La pierre de taille. Le granité.
- Le porphire.
- Le jafpe.
- La terre vernie. Les cornalines. Les agates.
- Toutes les pierres précieufes opaques.
- La porcelaine.
- CINQUIÈME COLONNE.
- L'hyacinthe.
- L’opale.
- L'émeraude.
- L’améthyfte.
- La topaze.
- Le rubis.
- Le faphir.
- L’œil de chat.
- Le peridot.
- Le granité.
- Le cryftal de roche.
- Le talc de Mof-covie&de Vé-nife.
- Les diamants colorés & fur tout les jaunes.
- Les diamants blancs &e fur-tout les brillants.
- Toutes les pierres précieufes tranf-parentes.
- Le verre & tou tes les vitrifications , fans en excepter les métalliques.
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- de l’EiEftnui-ri 137
- L’Auteur conclut de ce catalogue que les fubftances les plus caftantes & les plus tranfparentes font toujours les plus élcftriques, &al a recours à une hypothefe ridicule, pour rendre raifon pourquoi les marcaffi-tes ne font point du tout éledrifables, quoiqu’elles foient caffantes & tranfparentes. 11 dit que cela vient de l’air condenfé que ces fubftances contiennent , & que l’on connoît propre à empêcher l’éleétrilation (a).
- Le même Auteur dit que les eaux minérales font bien plus lenfiblement affedées par l’électricité que l’eau commune ; que les rubans noirs font beaucoup plutôt attirés que ceux des autres couleurs; & qu’après eux.ee font les bruns, ôc ceux d’un rouge foncé (b).
- M. le Cat, Chirurgien de l'Hôpital à Rouen , qui s’ejt diftingué par plu-fieurs ouvrages , a fufpendu à fon conduéteur plufieurs morceaux de feuilles d’or , & a remarqué qu’ils fe
- (a) Boulanger, pag. 74. (4) Ibid. pag. u;.
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- ijS Histoire tenoient à différentes diftances félon leur grandeur , les plus petits fe plaçant auprès du conducteur , & les plus grands s'en écartant le plus. 11 compare ceci à la dittance à laquelle les planètes font leurs révolutions autour du foleil, & fuppofe que cela vient delà mêmecaule dans tous les deux. Le même Auteur compare trcs-particuliérement au tonnerre la commotion éleélrique qui étoit alors tout nouvellement découverte (a).
- L’Allemagne a fourni peu d’articles à l’Hiftoire de l’Eleétricité pendant cette période. 11 y en a un cependant qui eft fort curieux , & qui mérite d'être cran finis à la poftérité. Le P. Gordon d’Erford a excité fi fortement leleétricité d’un chat, qu’en la tranfmettant par des chaînes de fer, elle enflamma de l’efprit de vin (b).
- Nous avons déjà dit ailleurs que plufieurs perfonnes en Allemagne, auflî-bien qu’en Angleterre , avoient remarqué que fi un homme, qui frot-
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- de l’Electricité. 259 toit le globe , étoit ifolé , on apper-cevoit des étincelles en le touchant ; mais MM. Klingftierna & Strœma, deux profefleurs Allemands, furent les premiers qui fe lervirent de frottoir pour élech'ifer ; & leurs expé-periences furent publiées dans les actes de l’Académie royale des Sciences de Stockholm , pour l’année 1747 (.2).
- M. Jallabert, ci-devant profefleur de Philofophie à Gencve , trouva qu’une enveloppe de poixn’empêchoit pas le conducteur de s’éleétrifer ; ce qui prouve que le fluide éleétrique entre dans la fubftance des métaux. Il prouva auffi que la glace étoit un conduéteur déledricité, en faifant l’expérience de Leyde avec une bouteille dont l’eau étoit gelée (£).
- Ces effets furprenants de l’éleétri-cité commencèrent alors à exciter les Phyficiens à la chercher dans des lieux où l’on ne s’étoit point attendu de la trouver. M. Hawkesbée étoit con-
- (a) Wilke, pat;. 111.
- (i) Hiftoire del'Elcétricité, pag. 9f, 96-
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- 14.0 Histoire vaincu que le verre contribuent principalement à produire la lumière qu’on appercevoit en fecouant du mercure dans des vafes de verre vuides ou non vuides d'air. Nous voyons dans un Mémoire lu à la Société royale, le 15 Février 174Æ, que M. Âllamann répéta quelques-unes de ces expériences , & obferva que cette lumière éldétrique étoit accompagnée d’une puiflance attraâive. Il approcha quelques duvets de plume d’un tube de verre , dans lequel on fit rouler du mercure d’un bout à l’autre,, & il vit qu’à mefure que le mercure paflbit, le duvet étoit artiré (a). M. Ludolf, le jeune, avoit déjà Fait une obfer-vation femblable , dont nous avons parlé ci-devant.
- M. Coke, de Fille de Wight, fut le premier qui remarqua que les habillements de laine donnoient des figues d'électricité, quand on les quittait j & après s’être auitré que les éclats de lumière qu’ils donnoient , venoient
- (a) Phil. Tranf. Abridged, vol. 10, pag. 311.
- réellement
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- de l’Electricité. 241 réellement de l’éleéiricité, il en rendit compte à la Société royale dans un Mémoire, où il dit qu'une dame de fa connoiflance en fit l’obfervation ; & que l’on trouva aûffi qu’il n’y avoit que la flanelle neuve, & celle qui avoit été portée quelque temps, qui produisît cet effet ; Se que cette propriété fe perdoit aufli-tot qu’on la lavoir (a)
- Il obferve que dans une autre oc-cafion on vit très-bien les mêmes effets par un temps de gelée ; il remarque que dans cette faifon en général, l’air eft plus pur & moins humide, Se de plus, que toutes les fubftances de poil & de corne , ( car, ajoute-t il, les poils font de la nature de la corne,' ) font plus élaftiques & conféquem-rnent plus fufceptibles. Se plus capables d’un mouvement de vibration. II prétend que dans la flanelle humeétée de l’eau de la mer, & enfuite féchée, les apparences électriques font plus fortes (é).
- (a) Phil. Tranf. Abridged , vol. 10, P fi/Ëid. pag. 344.
- Tom. /, L
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- 242 Histoire
- Mais quoique ce fût la première fois qu’on attribua ces effets à l’élec-tricite, on avoit déjà obfervé plufieurs apparences femblables. Bartholin, qui floriffoit en 165Ô , écrivit un livre De lues Animalmm , dans lequel il fuppofe que les émanations onétueu-fes ont beaucoup de part à ces phénomènes. Le même Auteur écrit qu’on pouvoir appercevoir Théodore de Beze, à une lumière qui fortoit de fes fourcils ; & qu’il s’élançoit des étincelles du corps de Charles de Gonzague , duc de Mantoue , quand on le frottoit doucement. Mais il ne dit pas s’il avoit fur l a peau quelque fur-face velue ou écailleufe (a).
- Le Doéteur Simpfon , qui a publié une Diflertation philofophique fur la Fermentation , dédiée à la Société royale , en 167 s , parle aulli de la lumière qu’on fait fortir des animaux par le frottement; comme, par exemple, en peignant la tête d’une femme, en étrillant un cheval, & en careflànt le dos d un chat (a). * (*)
- (a) Phil. Tranf. Abridged , vol. 10, pas- 444-
- (*) Ibid. pag. 279.
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- DE l’El, ECTR ICI t£.
- Pareillement M. Clayton, dans une lettre qu'il écrivit à M. Boyle, datée de James-Town à la Virginie, le 15 Juin 1684, lui rend compte d'un événement étrange, dit-il, qui eft arrivé à une nommée Madame Sewal, dont les habillements jetterent quantité d’étincelles, qui furent apperçues de plufieurs perfonnes. La même chofe arriva à Milady Baltimore fa belle-mere [a).
- Je finirai cette feélion en rapportant ce que j’ai pu trouver dans cette période , fur l’augmentation du pouvoir de l’éleéhricité, & fur la mefure de fes effets.
- M. le Monraier, le jeune , dont on a fouvent cité le nom dans le cours de cette Hiftoire , fe fervit de verres fphéroïdes au lieu de globes, & tâcha d’en augmenter la puiffance électrique, en faifant ufage de plufieurs de ces fphéroïdes à la fois ; mais il trouva qu’ ls ne répondoient point à fesefpérances,& en futdifpofe àcon-
- (a)Philof. Tranf. Abridged , vol. 10, Pag. 178.
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- 24+ Histoire dure qu’il pouvoit y avoir un Nie plus ultra , dans l’intenfité de lelec-tricité , auffi bien que dans la chaleur communiquée à l’eau bouillante (a).
- Ayant remarqué que le verre étoit fi propre à l’éledricité , il ne faut pas être furpris que les Phyficiens ayent tâché de découvrir quelle étoit l’ef-pece de verre le plus capable d’être éleétrifé jufqu’à un certain degré. Entre autres propofitions, nous en trouvons une très-mémorable , qui fut communiquée à la Société royale, le 6 Avril 1749 , par M. George-Matthias Bofe de Wittemberg. Il dit qu’un ballon de verre, dont on s’eft louvent fervi dans des diftillations violentes & autres opérations Chy-miques, produit une éleélricitc infiniment plus forte , qu’aucun verre qui n’a jamais été expofé à un feu fi violent. Cet article eft d’autant plus curieux, qu’il nous fait voir combien les Phyficiens de ce temps là tiroient
- («) Philof. Tranfaél. Abriilged, vol. 10, pag. 330.
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- de l’Electricité. *45 de gloire de faire des découvertes en Electricité. Il prétend être le premier qui ait jamais fait mention de cette circonftance, qu’il appelle remarquable ; & il pria le Doétcur Watfon , à qui il la communiquent , de lui laifler les honneurs de cette découverte dans les Tranfaétions Philofo-
- phiques (a).
- Ce fut pendant le cours de cette période , que le doéteur WiHon imagina d’augmenter la force de l’électricité , en hùmeélant le frottoir de ion globe ; quoiqu’il ne fut p.as inf-truit de toutes les raifons qu’il y avoir
- pour en ufer ainfi. Il oblerva qu’un homme debout fur le parquet, pour frotter le globe avec fa main , l’élec-trifoit plus fortement que ne pou-voit le faire un couffin. Il ne pouvoir pas concevoir , dit - il , d’où venoit cette différence , (i ce n’eft de ce que fa main étoit plus humide , & par conlèquent tranfmettoit plus aifé-ment l’éleétricité t]ui venoit du par-
- la) Phi!. Tranf. Abridged , vol. 10,
- pas- ...
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- 1^.6 Histoire quet. C’eft pourquoi il fit humcder fa machine, & même fon couffin-, & il trouva pour lors l’éleétricité auffi forte que quand il frottoit le globe avec la main (a) [34].
- Un Phyficien de Chartres en France, augmenta, dit-il, confidérable-ment les effets de l’éleéfcricité , au moyen de l’humidité ; & l’Auteur de l'Hiftoirc de [Electricité l’a beaucoup tourné en ridicule pour l’avoir fou-tenu.
- M. Wilfon dit que fi le couffin ( qui étoit fait de cuir ) étoit enduit de feuilles d’or, d’argent ou de cuivre , il réuffiroit fort bien ; & que le cordon de foie, auquel eft fufpendu le condudeur , doit être rouge ou jaune (b). Il eft à propos, dit il, que la table foit pofée fur un terrein hu-
- (a) Phil. Tranf. Abridged. vol. 10, pag. 312.
- (4) Wilfon’s, eflai, pag. f,6.
- [Hl II y a toute apparence que M. Wilfon s’eft trompé : car tous les Electriciens favent qu’une main humide, ainfi qu’un frottoir mouillé , n’éleétrife le globe que peu, ou même point du tout.
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- ce l’Electricité. 247 mide, ou qu’il y ait un fil de fer qui pafle de la machine au terrein humide (a).
- Le Docteur Watfon a trouvé auflî que quoiqu’on ne pût pas produire de l'éleCtricité en frottant le globe avec des corps électriques , parfaitement fecs ; ils lui réuffirent cependant très-bien , quand il les eut humectés ; l’eau qui imbibe ces fiibftances, fert comme d un canal de communication à l'éleCtricité , entrç la main ou le couffin & le globé ; de la même maniéré que l’air chargé de vapeurs dans un remps humide , empêche la matière éleCtrique de s’accumuler juf-qu’à un certain point, en la tranfmet-tant, auffi-tôt qu’elle eft excitée, aux corps non électriques les plus voifihs. Il obferva au contraire , que la plupart des fubftances végétales, quoique fechées, autant qu’il eft poflible, fournifloient de l'éleCtricité, mais en petite quantité. 11 tira de l’éleétri-cité non - feulement du linge, du coton , &c. mais même des feuilles
- (a) Wilfon's,
- eflai, pag. 8.
- L iv
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- 248 Histoire de papier, & d’une planche de fa-pin (a).
- M. l'Abbé Nollet dit avoir trouvé que l’efprit de térébenthine étendu fur un morceau d'étoffe de laine, éleArifoit très - fortement le verre ; mais que la moindre humidité qui s’y mêle , empêche l’éleArifation (t).
- M. Boulanger dit que li l’on prend deux cylindres faits de la même forte de verre, & façonnés de même, dont lkm foit tranfparent & l’autre teint de quelque couleur que ce foit, le tranfparent fera beaucoup plus facile à éleArifer que l’autre (c). Il recon-noît cependant, que quelquefois le verre le plus tranfparent & le plus caffant n’ett capable d’acquérir que peu d’éleAricite (d). Il dit dans un autre endroit, qu’un cylindre de trois ou quatre lignes de diamètre acqué-rera une éleAricité plus forte & plus durablequ’un cylindre d’une feule
- (a) wilfon’s, effai, pàg. î8o.
- (/>) Recherches de M. l'Abbé Nollet, pag. i8c.
- (c) Boulanger, pag.64.
- (à) Ibid. pag. 64.
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- dh l’Electricité. • 149 ligne de diamètre ( a ). Il dit encore, que les deux mains d’un homme ou un couffin réuffiflent mieux que s’il y en avoit davantage (b).
- Vers le même temps où le Doéteur Watfon fit fes premières expériences fur la bouteille de Leyde , M. Canton découvrit une méthode pour pouvoir mefurer aflez exaélement la quantité d’éleélricité accumulée dans| la bouteille. Il prit la bouteille chargée dans une main, & lui fit donner une étincelle à un condtiéleur ifolé , &c reprit cette étincelle de fon autre main. Il répéta cette opération juf-qu’à ce que le tout fut déchargé , & il eftima la auantité de la charge par le nombre des étincelles. C’eft une méthode aflez certaine & exaéle pour connoître jufqu’à quel point une bouteille a été chargée [ 34] ; mais ce
- (a) Boulanger, pag. 133.
- (b) Ibid. pag. J }6.
- [j j] On ne peut pas trop compter fur l’exaélitude de cette méthode , parce que le nombre des étiucelles qu’on tire de la bouteille , dépend fouvent de la malle du conducteur, au moyen duquel on les tire. Ainfi il fc pour-
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- 250 Histoire dont les Èle&riciens ont befoin , c’eft d’une méthode pour déterminer à quel point elle eft chargée, ou la force exaéte de la charge, tandis qu’elle eft contenue dans la bouteille.
- M. Ellicot fit quelque chofe de ce genre dans la même année 1746. 11 le propofa d’eftimer la force de l’élec-trifation ordinaire , par le pouvoir qu’elle aurait d’élever un poids dans un plateau de balance , en tenant l'autre au-deffiis du corps clcctrifc, qui le tirerait à lui par la puiflance attraéfivs (a).
- M. l'Abbé Nollet fit ufage des fils dont MM. Grey & du Fay s’étoient fervis dans lesexpérienceséleétriques, pour mefurer le degré de 1 elcélricité. Il en fufpendit deux enfemble , & obferva l’angle qu’ils formoient en divergeant , par le moyen des rayons du folcil , ou de la lumière d’une chandelle , l’ombre qu’ils projet-
- ai) Boulanger, pag. 524. toit faire que ce nombre d’étincelles fût plus ou moins grand en différentes épreuves, quoique la bouteille fût chargée au mê<ne
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- de l’Electricité. lji toicnt fur une planche placée derrière eux. M. Waitz fe fervit auffi de la même efpece d’Eleélrometre , avec cette différence qu’il chargea le bout des fils avec de petits poids [a).
- (a) Hiitoire de l’Elearicité, pag. 58.
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- L vj
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- PÉRIODE VIII.
- SECTION IV.
- Expériences faites pendant cette Période fur les animaux & autres corps organifés , avec d’autres expériences qui y ont rapport, faites principalement par M. l’Abbé Nollet.
- Jusqu’ici l’attention qu’on a voit apportée aux effets de l’Eleélricité fur les corps humains , n’étoit pas allée plus loin que la fimple commotion de la bouteille de Leyde. Mais nous allons voir, à ce fuiet, une fuite curieufe d’expériences que nous a fournies M. l’Abbé Nollet. Les Phyficiens Anglois qui ont frayé le chemin dans prefque toutes les autres applications de l’E-le&ricité , ont été les derniers à ef-fayer fes effets fur les animaux & les
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- Eiectricité.
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- autres corps organifés. Le feul article qui ait été fourni par aucun Anglois lur cette matière , avant les découvertes de M. l'Abbé Nollet,eft de M. Tremblay; qui dit que plufîeurs perfonnes avoient remarqué que, tandis qu’on les éleéirifoit, leur pouls battoit un peu plus vite qu’aupara-vant. 11 allure que lui-même après avoir été éleétrifé long tems de fuite, avoit éprouvé une fenfation extraordinaire dans tout fon corps ; & que quelques perfonnes avoient fenti des douleurs fort vives après avoir été éleétrifées (a\
- L’ingénieux Abbé Nollet commença fes expériences par l’évaporation des fluides par l’éledricité. Elles furent faites avec la plus grande attention ; & les cinq obfervations fui-vantes en font les réfultats.
- L’Eledricité augmente l’évapo-» ration naturelle des liqueurs , puil-» qu’à l’exception du mercure qui eft » trop pefant , & de l’huile d’olives
- (a) Phil. Tranf. Abridged, vol. 10, pag. 331.
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- 15+ Histoire » dont les parties ont trop de vifco-» fité , toutes les autres qui ont été > éprouvées, ont fouffert des pertes, » qu'il n’eft gueres poflible d’attribuer » à d’autre caufe qu’à l’éleâricité.
- » i°. L’Electricité augmente d’au-» tant plus l’évaporation , que la li-« queurfur laquelle elle agit, eft par » elle-même plus évaporable. Car l’ef-» prit volatil defel ammoniac a fouf-*• fert plus de déchet que l’efprit de->• vin, ou celui de térébenthine ; ces » deux dernières liqueurs plus que » l’eau commune ; & 1 eau plus que » le vinaigre , ou la folution de nitre.
- » 3°. L’Eleélricité a plus d'effet fur » les liqueurs, quand les vafes qui les » contiennent, font de nature à s’é-» leétrifer davantage ou plus facile-» ment par communication; au moins » m a- t-il paru que les effets étoient * toujours un peu plus grands quand » les vaiffeaux étoient de métal, que » quand ils étoient de verre.
- 4°. L'évaporation forcée par l’é-•> leâricité eft plus confidérable quand » le vafe qui contient la liqueur eft » plus ouvert ; mais les effets n’au-» gmentent pas fuivant le rapport des
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- de l’Electricité. ijj » ouvertures ; car ces liqueurs, quand » on les éleéfrifoit dans des capiules » de quatre pouces de diamètre, pré-» fentoient à l’air feize fois autant de » furface , que quand elles étoient » contenues dans des caraffes dont le » goulot n’avoit qu’un pouce de dia-.. mètre : cependant il s’en falloit bien » qu’il y eût cette différence entre les » effets.
- » 5". L’éleéfrifation ne fait point « évaporer les liqueurs à travers les » pores du métal, ni à travers ceux » du verre ; puifqu’aprcs des épreu-» ves qui ont duré dix heures, on ne » trouve aucune diminution dans leur » poids , lorfqu’on a tenus bien bou-» chés les vaiflfeaux dans lefquels on «les avoit enfermées (a)
- Après avoir fait des expériences fur lesfluides.il en entreprit uneautrefuite fur les folides de différents genres, do it leréfultat fut qu’ils ne pcrdoient du poids qu’à proportion de l’humidité qu’ils contenoient (b).
- () Nollet, Recherches, pag. 517.
- () Ibid. pag. j 5 j.
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- i j 6 Histoire
- Cet Auteur étendit suffi les expériences fur d'autres qualités fenfibles des corps, telles que leur odeur, leur goût, & leurs propriétés chymiques ; mais après avoir éleétrifé fortement & long-temps beaucoup de ces fub-ftances, il ne trouva de changement dans aucune d’elles. L’éleélrifation n’affeéta point le pou voir de l’aimant ; & ne caufa aucun retardement ni accélération dans le refroidiflement des corps [a).
- Il pafla enfuite à l’éleélrifation de l’eau dans des vaiiTeaux terminés par des tubes capillaires : M. Boze avoit obfervé , & communiqué fon obfer-vation à M. l’Abbé Nollet (t) , que l’eau fortoit de ces tuyaux en un jet continu , quand ils étoient éleâriles, au lieu que fans cette opération elle n’en fortoit que lentement & goutte à goutte. Chacun jugea au premier coup-d’œil , que l’écoulement étoit accéléré , & que le vaifleau éleélrifé fetoit bientôt vuide ; mais ce Phyli-
- 0») Nollet j Recherches, pag. 541. W Ibid. pag. 545.
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- DE l’El ECTRICITÉ. 157 cien exaét ne voulut pas s’en rapporter aux premières apparences ; c’eft pourquoi il réfolut de s’aflurer du fait en niefurant le temps & la quantité de liqueur qui s'écoutait. Et pour con-noître fi l’accélération, fuppofé qu’il y en eût quelqu'une , étoit uniforme durant tout le temps de l’écoulement, il fe fervit de vaifleaux de différentes grandeurs , qui fe terminoient en tuyauxdedivers calibres, depuis trois lignes de diamètre jufqu’aux plus petits tuyaux capillaires.
- M. l’Abbé, n’ayant pas trouvé qu’il fut aulfi aifé qu’on aurait pu fe l’imaginer d’abord , de tirer une conclusion certaine en pareil cas , nous a donné en gros les réfultats fuivants de plus de cent expériences (a).
- » 1 °. L’éleétricité accéléré toujours » les écoulements qui fe font goutte » à goutte par des tubes capillaires.
- » 20. Cette accélération, pour l’or-» dinaife, n’eft pas auflï grande qu’elle » le paroît, à en juger par le nombre » des jets qu’on apperçoit.
- (.1) Nollet, Recherches ,pag. 348. Phi-lof. Tranf.'Abridged, vol. 10, pag. 582.
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- 2;8 Histoire
- » j°. L’écoulement eft d’autant plus » accéléré que le canal par où il (e » fait, eft plus étroit,
- « 11 ne paraît ni accélération
- » ni retardement lorfque la liqueur » fort d'une maniéré continue , & » par un canal d’une certaine largeur, » comme d’une ou de deux lignes de » diamètre.
- « f. Au lieu d’accélération , la » vertu élcélrique occafionne un re-» tardement , lorfque l’eau s'écoule » par un orifice d’une certaine dimen-»> (ion , qui m’a paru être environ une »> deqpi ligne de diamètre & un peu » au-delfous, fur tout quand l’élec-» tricité eft forte (a)
- De toutes ces expériences, les plus difficiles à expliquer . de l’aveu même de cet ingénieux Auteur , font celles qui fuppofent un rallentiffe-ment dans l’écoulement éleétrique, & il douta long-temps du fait ; mais après un grand nombre d’effais , foi-gneufement marqués dans fon journal , il l’admit enfin quoique toujours
- (a) Nollet, Recherches, pag. 348.
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- DI l’ElECTRICITÉ. 2JJ
- en héfîtant, & il en donna la meilleure explication qu’il put , qui , à la vérité, ne fut pas des plus fatisfai-fantes (a).
- Cet Auteur a décrit en détail le beau fpeâacle que fourniflent ces écoulements d’eau éleéfrifés , quand on fait l’expérience dans l'obfcurité, telle que M. Boze & lé P. Gordon l’avoient obfervé les premiers (/>).
- Ces dernières expériences fervirent comme de bafe aux recherches ultérieures de M. l’Abbé Nollet. 11 confi-dcra tous les corps organifcs comme des aflemblajes de tuyaux capillaires, remplis d’un fluide qui tend à circuler en eux , & (ouvent même à en for-tir. En conlêquence de cette idée, il imagina que la vertu éleârique pouvoir bien communiquerquelque mouvement à la fcve des végétaux, & même augmenter la tranfpiration in-fenfible des animaux. 11 commença par les expérience fuivantes, dont le rcfül-tat le confirma dans fa fuppofition (c).
- («' Recherches, pag. }Ji. 0) Ibid, pag- 3 h-(t) Ibid. pag. jj;.
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- i6o Histoire
- Il éledrifa pendant quatre ou cinq heures de fuite des fruits, des plantes vertes & des éponges, trempées dans l'eau., qu’il avoit pefés foigneufement, & trouva après l’expérience que tous ces corps etoient confidcrablement plus légers que d’autres de la même efpece, pelés de même qu’eux, tant avant qu’après l’expérience, & qu’on avoit tenus dans le meme lieu & à la même température {à).
- C’eft dans la Grande-Bretagne qu’on a eflayé pour la première fois d’éledrilèr des végétaux fur pied. M. Mainbray , d’Edimbourg , éledrifa deux myrthes pendant le mois d’Oc-tobre 174Æ ; après quoi ils pouflèrent de petites branches &c des fleurs beaucoup plutôt que d’autres arbrifleaux de meme efpece, qui n’avoient point été éledrifés. M. l’Abbé Nollet, entendant parler de cette expérience, le fentit encouragé à l’elïayer lui-même [b).
- Il prit deux pots de jardin , rem-
- (<i) Philof. Tranf. Abridged , vol. 10, >ag. 3S3.
- (i) Recherches, pag. 3y6.
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- EE i’EiECIRI CITÉ. l6l plis de la même terre & femés des mêmes graines. Il les tint conftam-ment dans le même lieu , & en prit les mêmes foins , excepté qu’il élec-trifa l’un des deux quinze jours de fuite, pendant deux ou trois & quelquefois quatre heures chaque jour. Le pot éleârifé montra constamment des poufles deux ou trois jours plutôt que l’autre. Il jetta aulfi un plus grand nombre de tiges & plus longues dans un temps donné ; ce qui lui fit croire que la vertu éleétrique aidoit à ouvrir & développer les germes, & facilitoit par ce moyen l’accroifle-ment des plantes. Cependant notre prudent Phyficien ne regarda tout cela que comme une conjecture qui méri-toit une confirmation plus ample. La faifon, dit-il, étoit alors trop avancée pour lui permettre de faire autant d’expériences qu’il l’aurait déliré ; mais il dit que les expériences qui fuivirent lui donnèrent plus de certitude , & elles ne font pas moins inté-relfantes (a',.
- (a) Recherches, pag. 5/8, &c. Philof. Tranf. Abridged, vol. 10, pag. 385.
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- i6i Histoire
- Les mêmes expériences furent faites vers le même temps par M. Jalla-bert, M. Boze & M. l’Abbé Ménon, Principal du College de Beuil à Angers , qui tous en tirèrent les mêmes conféquences (a).
- M. l Abbé Nollet choilit plufieurs paires d’animaux de diverfes efpéces, des chats, des pigeons, des pinçons, des moineaux , &c. Il les mit tous féparément, & les pefa. Il en élec-trifa un de chaque paire , cinq ou fix heures de fuite ; après quoi il les pefa de nouveau. Le chat éledrifé fut communément de foixante-cinq ou foixante-dix grains plus léger que l’autre ; le pigeon de trente - cinq à trente-huit grains i le pinçon ou le moineau de fix ou fept grains. Pour n’avoir rien à rejetter fur la différence qui pouvoit provenir du tempérament des individus qu’il avoit choifi, il répéta les mêmes expériences en éledri-faut l’animal de chaque paire, qui n’avoit pas été éledrifé la première fois, & malgré quelques petites va-
- 00 Recherches, pag. } j6.
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- de l’Electricité. iC} riétés qui arrivèrent, l'animal élec-trifé tue conftamment proportionelle-ment plus léger que l’autre (a).
- Après ces expériences, il ne douta plus que l’éleàricité n’augmentât la tranfpiration infenfible des animaux ; mais il ne fut pas certain fi cet accroif-fement fe faifoit en raifon de leurs maflës, ou en raifon de leurs furfa-ces. L’opinion de M. l’Abbé fut que ce n’étoit, à proprement parler , ni dans l’une ni dans l’autre, mais dans un rapport beaucoup plus approchant de la aerniere •, il dit donc qu’on ne devoit pas craindre qu’un homme éle&rifé perdît près d’une cinquantième partie de fon poids , comme cela étoit arrivé à un pinçon & à un bruant ; ni la cent quarantième partie, comme an pigeon, &c.
- Tout ce qu’il avoit obfervé fur ce point, étoit qu’un jeune homme & une jeune femme, de l’âge de vingt à trente ans, ayant été éleéfrifés pendant cinq heures de fuite , avoient perdu plulïeurs onces de leur poids,
- (<i) Recherches, pag. 366.
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- Histoire
- plus qu’ils n’eu auraient perdu en pareil temps , s’ils n’euffent pas été éledrifés (a).
- M. l’Abbé obferve que les perfon-nes qui fe laifferent éledrifer de cette maniéré , n’en éprouvèrent aucune efpece d’inconvénient. Elles fe trouveront feulement un peu épuifées , & avoient gagné de l’appétit. 11 ajoute qu’aucune d’elles ne fe fentit plus échauffée , & qu’on n’apperçut pas que leurs pouls en fût accéléré {b).
- Il obferve avec raifon que ces dernières expériences fur le corps humain , font difficiles à fuivre avec une certaine exaditude ; parce que les habits, qu’on ne peut pas comparer flridement aux poils ni aux plumes des animaux , retiennent une portion confidérable de la matière de la tranfpiration, &' nous empêchent de juger exadement de l’effet total de la vertu éledrique.
- Il dit, que les expériences précédentes l’ont convaincu de la réalité
- (a) Phil. Tranf. Abridged , vol. I pag. 584. Recherches, pag. 387. ii) Ibid. pag. 387.
- de
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- DE 'l’ElECtRICITÉ. îSj de la matière effluente, qui emporte avec elle les parties qui peuvent transpirer des corps. & ce qui peut s’évaporer de leurs Surfaces ; & il fut convaincu de la matière affluente , en ob-fervaat que tous ces effets arrivent, lorfqu’au lieu d’éledrifer les corps eux-mêmes, on ne fait que les approcher d’un corps éledrifé d’un certain voliïme. Il: humeda une grofle éponge dans de l’eau , après l’avoir coupee en deux parties ; il les pefa Séparément, & plaça le tout auprès d’un corps éledrifé. Il trouva qu’a-près cinq ou Six heures d’éledrifarion, la partie de l’éponge qui étoit la plus proche du corps éledrifé, avoit perdu plus de la péSanteur que l’autre. 11 conclut de ce fait, que fi on préfen-toit quelque partie d’un corps animé à une grande fubftance éledrifée, elle tranfpireroit plus que les autres ; 6c que bon pourrait peut-être par ce moyen réfoudre les obftrudions qui feraient formées dans les vaifleaux excrétoires (a).
- (a) Phil. Tranf. Abridged, vol. 10, P3g- 38j.
- Tome I. M
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- zC6 H I S T O 1 lt rf
- Les expériences de M. Nollet, qui viennent d’être rapportées, ne fatis-firent point les Phyficiens Anglois, & particuliérement M; Ellicot, qui fit des expériences pour réfuter la théorie que l’Auteur en avoir déduite 11 obferva que le fyphon, quoique éledrilê , ne donnerait l'eau que goutte à goutte , fi le -badin qui en recevoir l’eau , était éledrifé auffi. Mais cela n’affoiblit pas la valeur des expériences curieufes de M. Nollet, au fujet de l’évaporation & de la tranfpiration. Car , quand un corps animé ell éledrifé , il y a toujours dans l’àtmofphere allez de matière non éledrique , pour faire l’équivalent du badin non éledrifé, dans 1 expérience du tube capillaire ; & pour faire exhaler continuellement la.matière qui tranfpire par les pores de lit peau. Dans toutes les-difputes fur des objets de phyfique , on net doit op-pofer que des faitsA- des faits. Oii.nc peut, pas, douter de la candeur &c de la véracité de M. l’Abbé Nollet ; quoiqu’à.dire vrai, dans fes derniers écrits, dans un,temps o.il,fon fyftême favori fouffroit des contradidions, il
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- DE l’EtECTRIClli 2(77
- a donné dans quelques erreurs, par rapport aux faits, qui lui ont fait un peu de tort f 3 6].
- Pour rendre raifon de l’apparence de lumière , qui paroît en certains cas fortir d'un corps non éleélrique qu'on préfente à un corps éleétrifé , 6c que M. Nollet juge être la matière affluen-te , M. Ellicot fuppofe que c’ell la lumière qui vient du corps éledrife. En expliquant la fufpenlion de la teuille d’or , entre une affiette électrifie & une autre qui ne l’eft pas , il cft néceflfaire fuivant la théorie de M. Ellicot , de fuppofer [37] que la feuille d’or fera toujours fufpen-due plus près de l’affiette non élec-trifée , que de celle qui l’eft : or M. Franklin a trouvé dans la fuite que ce fait n’eft pas vrai.
- M. Ellicot dans fa reponfe à M.
- [5 6] On répété encore ici ce qu’on a éit plus haut, (ans en donner plus de preuves. Ainfi} pour y répondre, nous renvoyons ci-deffus à la note j 3.
- [37] Pourquoi eft-il n é ce flaire de fuppofer pareille chofe' ? Il eft bien plus nécef-faire , en pareil cas, de l’éprouver, & de voir, far expérience, ce qui en eft.
- M ij
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- zs8 Histoire Nollet [<8], tâche auffi d’expliquer pourquoi la matière cledtrique î'or-tant d'un conduéleur , dont l'extrémité eft pointue , fe fait appercevoir plus fenfiblement ,-que fi cette extrémité étoit arrondie ou platte. Il dit que les émanations qui fortent avec impétuofité du globe pour fe porter au conduéteur , fe reiferrent de plus en plus en approchant de la pointe, & qu’ainfi elles y font plus denfes que dans toute autre partie de la barre ; par conféquent, dit-il, fi la lumière eft occafionnce par la denfité &r par la vîteffe des émanations, elle fera vi-fible à la pointe & ne le fera nulle autre part. Telle eft , à ce que je crois, la première tentative qu’on ait faite pour expliquer ce phénomène ; mais ce raifonnement n’explique pas pourquoi toute la vertu du con-dtufteur lé diffipe en fortant de ces pointes. En effet, il ne faut pas s’étonner que l’influence des pointes que
- fc? [38]. M. l’Abbé Nollet m'a dit que «tteréponfe de M. Ellicot n’étoit jamais ve> Ht à fa comioiiTaace.
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- de l’Electricité. 169 l’on ne connoît encore qu’imparfaite-raent aujourd'hui , ait donné lieu , il y a bien des années à un problème auflî difficile à fe réfoudre (a).
- Maintenant on reconnoît par-tout le mérite des expériences qu’à fait M. l’Abbé Nollet , fur les corps animés & autres corps organifés. Il a ouvert un vafte champ à de nouvelles découvertes électriques , & il a fuivi celles qu’il a faites avec beaucoup de foins & de perfévérance , &r même à grands frais.: Cette demiere circonf-tance peut bien avoir été caufe qu’aucun Elcétricien n’a repris ni pourfuivi ces expériences depuis lui , quoiqu’il paraît qu’on pourrait efpérer de pcr-fedionner beaucoup ce qu’il a commencé. Une bonne méthode que l’on pourrait fuivre dans tous les cas, ferait d’avoir une machine propre à éledrifer continuellement , qui fut mife en mouvement par le moyen de l’eau ou du vent ; elle pourrait fervir
- (a) Phil. Tranf. Abridgsd, vol. 10, P»S- 393-
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- 17° Histoire pareillement à beaucoup d’autre! expériences en Electricité. Cette ma-niere d’appliquer l’éleétricité , pourrait peut-être avoir plus d’utilité pour la Médecine , que toutes les autres façons dont elle a été adminiftréc julqu’à préfent.
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- CE tÏLECTtl lCIté. -17»
- PÉRIODE VIII.
- SECTION V.
- Hiftoire des tubes médicinaux St des autres moyens de communiquer les vertus médicinales par VElectricité , avec leurs dijférentes réfutations.
- Noos avons rencontré dans le cours de cette hiftoire de fréquents exemples d’erreur , faute d’avoir bien confidérê toutes les circonftances qui accompagnent les faits ; mais nous n’avons encore rien vu qui égale ce qui a été fait en 1747 & 1748. Les erreurs de M. Grey vinrent principalement de ce qu’il fe trompa fur les caufes des phénomènes qu’il voyoit : mais dans le cas préfent , l’on ne peut guère s’empêcher de penfer, que non feulement l’imagination & le jugement des Phyfîciensdoivent avoir été trom-M iv
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- i7i Histoire: pés, mais encore tous leurs fens extérieurs. M. Pivati, qui eut tout le mérite de ces découvertes extraordinaires , aflura à Vende, & après lui M. Verati à Boulogne , M. Biarichi à Turin , & M. Winkler à Leipfick , que li on renfermoit dès fubftances odorantes dans des vafes de verre, & qu'on élcétrisât ces vaiflfeaux, les odeurs & les autres vertus médicinales tranfpireroient au travers du verre , rempliraient l’atmofphere du condudeur , & communiqueroient leurs vertus à ceux qui y touche-roient ; pareillement que ces fubftances tenues dans la main des perfonnes éled niées leur tranfmetcroient leurs vertus , de maniéré qu’on pourrait faire opérer des remedes fans les prendre intérieurement. Ils prétendent même avoir opéré bien des cures par le moyen de l’éledricité appliquée de cette maniéré. Quelques unes , des plus curieufes d’entre elles, méritent d’être rapportées pour l’amufement & l’inftrudion de la poftérité.
- M. Jean-François Pivati, dont on vient de parler, hommediftingué dans Venife, dit dans une lettre en italien,
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- de l'Electricité. 173 imprimée à Venife, en 1747 , avec toutes les permiffions ordinaires, que l'on yit Un exemple manifefte de la vertu de l’éleétricité par le moyen du baume du Pérou , qui étoit fi bien renfermé dans un cylindre de verre, qu’avant Ion éleéfrifation, on nepou-voit pas en fentir la moindre odeur. Un homme qui aiant une douleur dans le côté , y avoit appliqué de l’hyflope par le confeil d’un Médecin, s’approcha du cylindre ainfi préparé, & en fut éleétrifé. Quand il fut retourné chez lui & fe fut endormi, il eut une lueur, & la vertu du baume fe divifa tellement que jufqu’à fes habits, fon lit & fa chambre, tout fut imprégné de l’odeur. Quand il fe fut un peu rafraîchi par ce fommeil ; il fe .peigna , & trouva que le baume avoit pénétré jufqu’à fes cheveux, au point que le peigne en étoit parfumé (a).
- M. Pivati dit que le lendemain il éleârifa de la même maniéré un
- (a) Philof. Tranf. Abridged , vol. 10, psg. 400.
- M v
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- homme en fanté , qui ne favoit rien de ce qui s’étoit fait auparavant. Etant allé dans une compagnie une demi-heure après, il fentit une chaleur qui fe répandoit peu-à-peu dans tout Ion corps, &r devint plus vif & plus gai que de coutume. Son compagnon fut furpris d’une odeur qu’il fentoit, fans pouvoir imaginer d’où elle venoit; mais il s’apperçut bien lui-même que cette vapeur fortoit de fon corps ; ce qui l’étonna beaucoup auffi', n’ayant ças le moindre foupçon que cela dût etre attribué à l’opération que M. Pi-vati avoit faite fur lui (a).
- M. Winkler de Leipfick , frappé d’une relation fi extraordinaire , dit qu’il eut envie d’eflayer le pouvoir de l’éledricité de la même façon fur certaines fubftances ; & qu’il trouva le réfultat conforme à ce qu’on lui avoit rapporté it).
- Il mit un peu de foufre en poudre dans un globe de verre , fi bien bou-
- («) Philof. Tranf. Abridged , (b) Ibid. pag. 401.
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- DI t’E Lie TR I C I.T i. 27$ -ché, qu’en le tournant fur le feu , on ne fentoit pas la moindre odeur de foufre. Quand le globe fut refroidi , il l’éleârifa. Alors il en fortit fur le champ une vapeur fulfureufe , qui , en continuant leleélrifation , remplit l’air de maniéré qu’on la fentit à plus de dix pieds de dillance. 11 fit venir un de fes amis fort au fait de l’éleétri-cité , le profeffeur Haubold, & plu-fieurs autres , pour être témoins & juges de ce fait ; mais bientôt l’odeur du foufre les obligea de fortir de la chambre. 11 relia un peu plus long-temps lui-même dans cette at-mofphere fulfureufe, & en fut tellement imprégné , que fon corps, fes habits & fa refpiration en conferve-rent l’odeur julqu’au lendemain. Aiant répété cette expérience devant une perfonne qui connoilfoit les effets du foufre, on apperçut le troifieme jour dans fa bouche les marques d’un fang enflammé (a).
- Enfuite il elfaya l’effet d’une odeur
- (a) Phil. Xranf. Abridged , vol. 10, pag. 4°i. .
- M vj
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- 17 S Histoire plus agréable , & remplit ion globe de canelle. Quand il l’eût échauffé comme auparavant , la compagnie s’apperçut bientôt de l’odeur de la canelle , toute la chambre en fut fi bien parfumée en très-peu de temps, qu’elle prenoit au nez de tous ceux qui entraient ; & l’odeur en reftoit encore le lendemain.
- II effaya le baume du Pérou avec un égal iuccès, & alors fon ami déjà cité, dont il eft charmé , dit-il, d’avoir le témoignage , ayant reçu la vertu du baume, le fentoit fi Fortement, qu’étant allé fouper en compagnie , on lui demanda plufieurs fois quel parfum il avoit fur lui. Le lendemain , M. Winkler dit, qu’en prenant du rhé , il lui trouva un goût agréable & extraordinaire , venant des vapeurs du baume , qu’il avoit encore dans la bouche a).
- Peu de jours après, quand le globe eut perdu toute l’odeur du baume, on fit paflèr une chaîne par la fenêtre
- (“) Phil. TranC. Abridged, yoI. io, pag. 401.
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- DÊ l’F l r ctricité. 177 de la chambre , & on la tendit en plein air , jufques dans une autre chambre détachée de la première. Là on fufpendit cette chaîne fur des cordons de foie, & on la donna à tenir dans la main d’un homme qui étoit pofé auffi fur des cordons de foie tendus, & qui ne favoit rien de ce qu’on vouloir faire. Après avoir excité l’é-leétricité quelque temps, on lui demanda s’il fentoit quelque chofe : alors tirant fa refpiration, il répondit que oui ; on lui demanda encore quelle odeur il fentoit, il répondit qu’il ne favoit pas. Quand on eut continué l’éleélrifation pendant un quart-d’hettre, la chambre fut fi remplie de l’odeur, que l’homme qui ne connoif-foit point ce baume, dit qu’il avoit le nez rempli d’une odeur fuave, comme celle de quelque elpece de baume. 11 coucha dans une maifon, fort éloignée de la chambre où l'expérience avoit été faite, & fe leva le matin fort gai, & trouva au thé un goût bien plus agréable qu’à l’ordinaire (a).
- (a)Phil. Tranf. Abridged , vol. to, pag. 401.
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- ly8 H i s t o i R t Je ne rapporterai le détail que de deux exemples, de l’effet des remedes appliqués de cette maniéré. M. Pi-vati , célébré inventeur de cette découverte en électricité , fut appelle au fécours d’un jeune homme, mifé-rablemeut affligé d’une quantité de matière corrompue , qui s’étoit amaf-fée à un de fes pieds & qui avoit bravé tout le favoir des Médecins. Le Sr Pivati remplit un cylindre de verre des médicaments convenables , & l’ayant éleélrifé, il tira des étincelles de la partie malade, & continua l’opération quelques minutes. Alors le malade fe coucha , eut une bonne nuit, & fentit lés douleurs diminuées. Le niitin en s’éveillant, il trouva fur fon pied un petit tubercule rouge, qui lui caufoit de la démangeaifon, convne fi une humeur froide s’étoit gliflee à travers la partie intérieure de fon pied. Il fua toutes les nuits pendant huit jours de fuite ; & au bout de ce temps, il fe porta parfaitement bien.
- Après cela Mr Donadoni, Evêque de Sebenico, vint voir le fieur Pivati, accompagné de fon Médecin & de
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- DÉ l’E L E CTRICITÉ. 179
- quelques amis. Cet Evêque étoit alors âgé de foixante & quinze ans, & avoit été affligé pluneurs années de douleurs très-vives aux pieds & aux mains. La goutte avoit tellement affrété fes doigts, qu’il ne pouvoit plus les remuer ; & fes jambes, qu’il ne pouvoit plier les genoux. Dans cet état déplorable, le pauvre vieil Evêque conjura le fieur Pivati d’effayer lur lui les effets de l’éleébricité. L’E-leétricien l’entreprit, & procéda de la maniéré fuivante.
- Il remplit un cylindre de verre de drogues rëfolutives, & manœuvra fi bien, que la vertu éleétrique entra dans le corps du malade , qui fur le champ refientit dans fes doigts certaines commotions extraordinaires. Quand l’aétion de l’éleâricité eut été continuée feulement deux minutes, le malade ouvrit & ferma fes deux mains; ferra fortement un de fes gens ; fe leva, marcha, frappa fes deux mains enfemble, prit lui-même une chaife, s’aflit, étonné de fa propre force, 8e doutant prefque s’il étoit bien éveillé. A la fin, il fortit de la chambre, & defcendit les degrés fans l’aide de per-
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- i8o H i S T o i K B fonne, & avec toute la légèreté d’un jeune homme (a).-Différents kits de cette nature aiant été publiés, & paroiffant bien attef-tés , encouragèrent tous les Eledri-ciens de 1 Europe à répéter ces expériences ; mais aucunes n’ont pu rêuflir, M. Baker qui a confeillé d’effayerces expériences , malgré le peu d’apparence de réuffir , fait une excellente remarque qui mérite d’être rapportée ici. o Quelques abfurdes que ces cho-« fes puiffent paraître , il ne faut pas » les condamner abfolument fans les « avoir tentées. Il n’y a aucun de nous, » je crois, qui ne fe rappelle le temps, » où les phénomènes d’éleélricité qui •> font à préfent les plus communs & « les plus familiers, auroient été ju-» gés mériter aufli peu de créance, » que ceux que nous examinons njain-•> tenant, fi les détails nous en euffent » été envoyés de Rome, de Venife ou » de Bologne, & que nous ne les euf-.» fions jamais effayés nous-mêmes (b).
- (a) Phil. Tranf. Abridged , vol. io;
- (i)
- °îbid.
- pag. 40?.
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- dé l'ÈticTRiciïé. 281
- M. l’Abbé Nôllet, qui s'intéreflbit extrêment à tout ce qui avoit rapport à l'Eleéfricité , & qui n’a épargné ni travaux ni dépenfes pour chercher la vérité, pafla une fécondé fois les Alpes & voyagea en Italie, pour voir ces merveilles , Si s’alfurer par lui-même fi elles étoient vraies ou faulfes. 11 vilita tous les Phyficiens qui avoient publié quelque relation de ces expériences. Mais quoiqu’il les ait preifé de répéter leurs expériences devant lvri Si fur lui-même ; quoiqu’il fe foit donné tous les foins poffibles pour obtenir les meilleures informations à ce fujet , il s’en revint bien convaincu que le récit des cures avoit été confi-dérablement exagéré ; que l’on n’a-voit trouvé dans aucun cas , que les odeurs euflent tranfpiré à travers les pores du globe éleârifé ; Si que jamais aucunes drogues n’a voient communiqué leurs vertus à des perfonltes qui ne faifoient que les tenir à la main , tandis qu’on les éleârifoit.
- Il ne doutoit pas, cependant, que par la feule éleélrifation continuée, Si fans drogues, plufieurs perlonnes n’eulTent trouvé un loulagement coa-
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- i8i \ Hütom fidérable dans divcrfes maladies ; particuliérement qu’un paralytique avoit été guéri à Geneve , &r qu’un homme lourd d’une oreille, un do-mellique, qui avoit de violents maux de tête, & une femme qui avoit une maladie fur les yeux , avoient été guéris à Bologne (a).
- Les Phyficiens Anglois n’ont pas donné moins d’attention à ce fujet que M. l'Abbé Nollet. La Société royale avoit reçu de M. Winkler un détail de fes expériences , pour prouver la tranflitdationdelamatiere odorante à travers les pores du verre élec-trifé ; mais aucunes d’elles n’ayant j-éuflî ici, on chargea le Secrétaired’é-crire à M. Winkler au nom de la Société , pour le prier de lui envoyer , non feulement un détail circonftancié de fa maniéré d’opérer , mais encore quelques globes & des tubes ajuftés exprès par lui-même.
- M. winkler envoya fur le champ ces vaiflèaux & les inftru&ions né- (*)
- (*) Phil. Tranf. Abridged , vol. i®, Pag- 413.
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- 8 i L’ËLït TKICIti. iS}
- ceflaires pour en faire ufage. On fit les expériences avec toutes les précautions pollibles, le i a de Juin 17 ji , chez le doéleur Watfoo, l’homme du royaume le plus aélif & le plus em-
- {irefle pour tout ce qui concerne l’é-eélricité. Elles furent faites en pré-fence de MM. Martin.Folkes, Préfi-fident de la Société royale , Nicolas . Mann , Ecuyer vice - Préfident , le doéleur Mortimer & Pierre Daval, Ecuyer Secrétaires, M. Canton, membre , & M. Shroder, homme de dif-tinélion , fort connu & correfpon-dant de M. Winkler. Mais malgré toutes les peines que prirent ces Mel-fieurs, en fuivant avec la plus grande exactitude les inftruétions de M. Win-kler, & même en fe fervant de méthodes particulières qu’ils crurent plus capables de forcer les émanations à fortir à travers des verres , ils ne purent pas réulfir ; ni vérifier les expériences de M. Winkler, pas même une feule fois (a).
- (a) Phil. Tranf. Abridged, vol. 47, PaS' *}I.
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- i!4 H i s t o i R fi
- Mais la réfutation la plus fatisfai-fante peut-être, tant de la prétendue tranfludation des odeurs, que des effets médicinaux de l’éleétricité dont nous avons parlé, fut faite à Venife, le lieu même où cette éleétriciré médicinale avoit pris naiifance. Le docteur Bianchini, profefleur de Médecine , exécuta les expériences devant un grand nombre de témoins, dont beaucoup étoient prévenus en faveur des prétendues découvertes j mais ils furent tous malgré eux convaincus de leur futilité par l’évidence des faits ; & par les expériences faites avec beaucoup de foins & l’exaélitude la plus grande (a).
- Ces détails niant été publiés & bien at te liés, toute perfonne fans préjugé fut convaincue que les prétendues découvertes d’Italie & de Leiplick qui avoient excité l’attente de tous les Eleélriciens de l’Europe , n’avoient aucun fondement réel ; & qu’on n’a* voit point encore découvert une mé-
- (l>) Philof. Tranfaét. Abridged. vol, 48, pag. 399.
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- de t’Electricité. 28j thode par laquelle la vertu d’un re-mede pût s’inlinuer dans le corps humain par le moyen de 1 électricité (a). le Docteur Franklin fit connoître auflï par plufieurs expériences, l’im-poffibilité qu’il y a de mêler les émanations ou la vertu des remedes avec le fluide éleÇtrique (b).
- M. Boze , Profefleur à Wittem-berg, a fait une expérience afffez fem-blable, à certains égards, à celles des tubes médicinaux;{on appelloit ainfi celles dont on vient de parler ] ; il nomma la fienné la Béatification , Sc elle occupa long - temps les autres Eleélricieas à la répéter après lui, mais inutilement. Voici la defcription qu’il donna de cette fameufe expérience : Si on le fert de gros globes pour éleétrifer , & que la perfonne éleétrifée foit montée fur de grands gâteaux de poix, il s’élèvera peu-à-peu de la poix une flamme, luperfi-cielle , qui s’étendra autour de fes
- (a) Phil. Tranf. Abridged , vol. 48, pag. 406.
- (b) Frankün’s, Letters, pag. 82.
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- 1$ 6 H t S T O I R. t
- pieds ; de- là elle montera à fes genoux &: à fon corps, jufqu’à ce qu'en-iîn elle parvienne à la tête : alors fi on continue d’éleétrifer, la perfonne aura la tête entourée d'une- gloire, à peu-prés femblable à celle que re-préfentent les Peintres autour de la tête des Saints (a).
- Cette expérience , de même que celles des tubes médicinaux, engagea tous les Eledriciens de l’Europe à. travailler, & leur fit faire beaucoup de dépenfe : mais aucun d'eux ne réut fit, ni ne put parvenir à rien produire qui reflèmblât au phénomène décrit par M. Boze. Perfonne ne fe donna plus de peine pour cela oue le Docteur Watfon ; il effaya plufieurs fois l’opération fur lui-même , foutenu fiir des corps éleélriques folides de trois pieds de haut. Apres avoir été éleétrifé fortement, il éprouva , dit-il , ainfi que plufieurs autres perlbn-»es, un tintement fur la peau de la tête & dans plufieurs parties de fon
- («) Philof. Tranf. Abridged, vol; ioy pag. 4M,
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- DE L’ElECTRÏCITf. 287 :orps , ou une fenfation pareille à ;elle que feroit éprouver un grand îombre d’inléâes rampant fur lui en nême-temps : & cette fenfation fut xinft&tnment plus forte aux endroits jui étoient les plus proches de quelque corps non électrique ; mais il ne «rut point de lumière fur fa tête, quoiqu'on eût fait plufieurs fois l’ex-œrience dans l’obfcurité , & qu'on l’eût continuée quelque temps (a).
- A la fin le Doéteur las de ces tentatives., écrivit au Profeffeur , & fa réponfe fit voir que le tout n'avoit été qu’un jeu. 11 avoua ingénuement qu’il s’étoit fervi d’un cafque garni de doux d’acier , les uns pointus, d’autres faits comme des coins, & d’autres en pyramides ; & que quand l’é-ledrifation étoit forte , les bordures du cafque lançoient des rayons, qui relîcmbloient un peu à ceux que l’on peint for la tête des Saints. Voilà à quoi fie réduifoit cette béatification tant vantée {b).
- (••) Philof. Tranfaéï. Abridged, vol. io, pag. 411.
- (b) Ibid. pag. 415.
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- aSS Histoire
- Le même M. Boze, qui paraît avoir affeéfé toujours des myfteres de du merveilleux dans fes expériences, dit dans une Lettre adrelTée à la Société royale de Londres, qu’il a été en état par le fecours de 1 eleétricité feule, de changer les pôles d’un aimant naturel , de détruire fa vertu , & de la lui rendre enfuite. Mais il ne décrit point fa méthode ( a ). Comme per-fonne, en Angleterre , n’a pu réuffir dans cette tentative, & que nous ne pouvons le faire même à préfent, il n’eft gueres probable qu’il l’ait fait.
- Le Do&eur Haies paraît s’être un peu trompé dans une expérience qu’il a communiquée cette année à la Société royale , quand il dit avoir remarqué que l'étincelle cleétrique for-tant d’un fer chaud, eft d’une couleur claire & brillante ; que celle du cuivre chaud, eft verte ; & celle d’un œuf chaud, eft jaunâtre. Ces expériences, dit-il, femblent prouver qu’il y a quelques particules de ces differents corps emportées dans lés éclats de lu-
- M Wilfon's, elfai, pag. 115,
- mieres
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- DE i’ElectricitI. 283 mieres éledriques , & qui donnent ces differentes couleurs (a).
- Je terminerai cette Sedion , qu'on pourr-oit à jufte titre appeller la Mcr-nilleufc , en rapportant l’effet fur-prenant d’une étincelle éledrique, qui mit le feu à un froc de futaine , fur le corps d’un enfant de M. Robert Roche, lorfqu’on l’éledrifapour quelque maladie. Je néleve aucun doute lur la vérité du fait ; car on répéta l’expérience , & elle réuflït auffi-bien que la première fois. Le Mémoire qui en contient le détail fut lu à la Société royale , le 25 Mai 1748 (b).
- (<0 Pbilof. Tranfad. Abridged, vol. io3 p»g. 406.
- (J) Ibidem,
- Torn, I.
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- l?o Histoire
- PÉRIODÏ IX.
- Expériences & découvertes du D odeur Franklin.
- SECTION I.
- Decouvertes du Docteur Franklin concernant la bouteille de Leyde, & autres qui y ont rapport.
- Non s avons vu jufqu’ici ce qui a été fait fur l’EIeétricité par les Pnyfi-ciens de l’Europe jufques vers l'an-nce 1750. Nous allons maintenant donner toute notre attention à ce qui fe faifoit pendant ce temps-là en Amérique , où le Doéteur Franklin & fes amis furent auffi affidus que les Européens à faire des expériences, & auffi heureux en découvertes. Pour cet effet , il nous faut retourner de quelques années en arriéré. Comme les decouvertes du Doéteur Franklin
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- ti t’ELËCTRICITH. 2JI furent abfolument indépendantes de toutes celles d'Europe Y je n’ai pas voulu irtterrômpre le récit de celles-ci , pour placer celles - là dans leur véritable lieu. Par la Même raifon, j’imagine qu’on verra avec plus de plaifir d’un coup d’œil * ce qui fut fait en Amérique pendant un efpacc de temps conlidérable s fans en interrompre le récit, pour raconter ce que l’on faifoit dans le même-temps en Europe. C’eft pourquoi je me propolc d’analyfer, du mieux qu’il me fera poflible, les trois premières productions de M. Franklin, intitulées : New Expérimente and Ohfervations on Èltc-trieity , made at Philadelphia in America , qui furent communiquées dans plufieurs Lettres à Pierre Collinfon, Ecuyer, Membre de la Société royale de Londres ,-dont la première eft du 28 Juillet 1747 , & la derniere du 18 Avril 1754.
- On n’a jamais rien écrit fur l’Electricité qui ait eu plus de leéleurs & d’admirateurs que ces Lettres, dans toutes les parties de l’Europe. 11 n’y a prelque point dë Langue en Europe, dans laquelle on ne les ait traduites » N ij
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- tÿi Histoire & comme fi ce n’étoitpas encore allez pour les faire bien connoîcre , on en a fait depuis peu une traduéiion en Latin. Il eft difficile de dire lequel fait le plus de plaifir, ou la fimplicité & la clarté avec lefquellcs ces Lettres font écrites, où la modeltic avec laquelle l'Auteur y propofe toutes les hypothclcs, ou la noble franchife, •avec laquelle il avoue fes erreurs quand elles font prouvées par de nouvelles expériences.
- Quoique les Anglois n’ayent pas été les derniers à reconnoître le mérite fupérieur de ce Phyficien , il a eu le bonheur fingulier d’être encore plus célébré chez les Etrangers que dans fa Patrie : deforte que, pour fe former une jufte idée de la réputation bien méritée du Doéteur Franklin} il faut lire les Ouvrages que les Etrangers ont écrits fur l’Eleélricité ; on rencontre dans la plupart les termes de Franklinifnte , Franktinifle, & fyf-tême de Franklin , prefque à chaque page. En conféqnence , les principes du Doéleur Franklin palferont à la poftérité pour contenir les véritables principes de i’Ele'étricité , comme 1»
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- de l'Electricité, îS? philofophie de Newton contient le vrai fyftême de la Nature [39],
- Le zele des amis du Doéteur Franklin & fa réputation augmentèrent confidérablement, par les objections que M. l’Abbé Noliet fit contre fa théorie. Cependant M l’Abbé n’a jamais eu dans cette difpute des parti-fans :eon(ïdérables ; & ceux qui le fe-condoient, à ce que j’ai appris, l’ont tous abandonné [40].
- c9TT* [19] Il ne faut auiïî que lire ces mêmes ouvrages, pour voir que lorsqu’on paile des Frankliniftes , du Franklimfme , & du fyftême de Franklin, ce n’eft pas toujours pour en faire l'éloge.
- «Scr' [40] Ce n’eft pas le nombre des parti-fans d’une.opinion qui en détermine la valeur. La vérité ft’eft pas toujours du côté du grand nombre. D’ailleurs, dans les difputes de ce genre, ce font les faits qui décident : & lorf-qu’on veut combattre un fyftême, il faut de deux chofes l’nne , ou détruire les faits fur Jefquels il eft appuyé , ou les expliquer par une meilleure méthode. Or, c’eft ce que n’ont jamais fait les contradi&eurs de M. l’Abbé Noliet, Les faits qui prouvent fes effluences 8c affluences fimultanées , font fi nombreux & fi bien établis, qu’il n’eft pas poffible de fe re-fnfer à leur évidence, à moins que d’être prévenu en faveur d’une opinion quelles détrui-
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- ïj4 Histoire Ce qui fit d'abord la réputation du Doéteur Franklin, en France, fut une mauvaife traduction de fes lettres qui tomba entre.les mains de M. de Bpffon , Intendant du Jardin du Roi, & Auteur de l’Hiftoire Naturelle, qui l’a rendu célébré. Ce Savant ayant répété avec fuccès les expériences du Doéteur Franklin, engagea un de.fes amis [ M. Dalibard T à revoir cette traduction , qui fut publiée enfuite > avec une Hiftoire abrégée de l’Eleétri-cité à la tête , & fut reçue favorablement de tout le monde. Une circonf-tance qui ne contribua pas peu au fuccès de cette publication, & à donner la vogue en France aux principes du Doéteur Franklin , fut qu un des amis de M. Dalibard fit voir les expériences du Docteur Franklin pour de l'argent. Tout le monde courut, pour amfidire, en foule pour aller voir ces nouvelles expériences, & tous reve-noient remplis d'admiration pour leur inventeur («).
- (à) Nollec, Lettres, part, i, pag. 6k'
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- B t l’Electricité. i9j
- Le Dodeur Franklin avoit découvert auffi bien que le Dodeur Wat-fon, que la matière éledrique ne le produifoit pas , mais que le frottement ne faifoit que la recueillir des corps non éledriques voifins. Il avoit obiervé qu’il étoit impoffiblc à un homme de s’éledrifer lui-même, quoiqu’il fût monté fur du verre ou de la cire , & que le tube ne pouvoit lui communiquer plus d’éledricité , qu’il n’en avoit reçu de lui dans le temps du frottement. 11 avoit ùbfervé, que fi deux perfonnes étoient ifolées. que l’une frottât le tube & l’autre en tirât une étincelle, toutes les deux paroî-troient éledrifées : que fi elles lé tou-choient l’une l’autre après cette opération , on appercevroit entre elles une étincelle plus forte, que fi toute autre perfonne touchoit l’une des deux : & qu’une telle étincelle détrui-roit l’éledricité des deux (a).
- Ces expériences firent penfer au Dodeur que le fluide éledrique étoit conduit de celui qui frottoit le tube,
- {«) Franklin’s, Letters, pag: 1+
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- z ç/6 Histoirï à celui qui le touchoit ; ce qui intre-duifit eu électricité quelques termes dont on ne s’étoit point encore fervi, mais qui ont toujours été en ufage depuis. Le Doéteur Franklin , fuppo-fant que celui qui touche le tube reçoit une nouvelle quantité de feu électrique, dit qu'il eft éleétrifé pofi-Avement, ou en plus ; au lieu que celui qui frote le tube , eft dit éleétrifé négativement, ou en moins , étant fup-pofé perdre une partie de fa dofe naturelle du fluide électrique (a).
- Cette obfervation étoit ncceffaire pour expliquer la découverte importante que fit le Doéteur Franklin par rapport à la façon dont fe charge la bouteille de Leyde ; lavoir , que quand un des côtés du verre eft électrifié pofitivement ou en plus , l’autre côté l'eft négativement ou en moins, de forte que , quelque quantité de matière électrique que reçoive un côté du verre, la même quantité eft ôtée de l'autre ; & qu’il n’y a pas. réellement plus de feu éleétrique dans
- (<0 Franklin’s, Lctters, pag. ty,
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- Dï l’ELECTR ICITÉ. 297 la bouteille , quand elle eft chargée, qu’il n’y eni avoir auparavant ; tout ce qu’on peut fa-ire en chargeant étant de tjrcr d’un côté & porter de l’autre. Le Docteur Franklin obferva auffi , que lé verre étoit impénétrable à le-lcârieité , Së qu’ainli,l’équilibre ne pouvant être rétabli dans la bouteille chargée , par aucune communication intérieure,} il fiau;t que cela Ce faflTe extérieurement par dçs conduéteurs, qui joignent l’intérieur à l’extérieur (a) [41].
- Il fit ces importantes découvertes en pbfervant quequand une bouteille étoitf .chargée , une boule de liege fulpenduc avec de la foie étoit attirée pjri,Leqvojoppe:.extérieure , tandis quelle étojt repouffée par le fil de fer conxmuniquant avec l’intérieur ; Se qu’elle étoiç ; repoulfée par l’extérieur, •..i'. -ur .ui ' '
- •éa)~Fnmklhvs, Letters, pag. 3.
- «SU» [41] Voyez ci-defius la Note ; t : vous y trouverez qu'il n’eft point néceflaire qu'il y ait des conducteurs qui joignent extérieurement les deux furfac-es ; puifque le même effet:* lieu avec un vafe de verre fceiié hermétiquement.
- N v
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- i<)8 Histoire tandis qu’elle étoit attirée'pa* l’intérieur (a). Mais la vérité de cette maxime parut encore plus évidente, lorfqu’ir approcha le fil de FcrCorfi-muniquànt avec l’enveloppe extérieure , à quelques pouces du fil dé te communiquant avec l’enveloppé intérieure , & qu’il’fufpéndit une balle de liege entre les deux ; car alors la balle tut attirée par 1 un &par l’autre alternativement, jufqu’à ce que la bouteille fût déchargée (é).
- Les Electriciens d’Europe avôient obfervé qu’on ne pouvoit pas charger la bou eillc, à moins que quelque conducteur ne la touchât en dehors [41’ ; mais le DoCteur FrahklW'i’flé l’obfervation plus géfiérille & ïufiéri état d’en donner unè tiieilleute- explication par le principe ci deffuS. ConP me on ne peut plus , djt-il, fairépatfi 1er de feu élcétrique dans l'intérieur
- («J Frankliti’s, Letters, pag, 4. ,
- . (i) Ibid. pag. 5.
- 'Sip [4l] •! faut dire au4i qu'il y a des Electriciens d'Europe qui ont obfervé le contraire. Voyez a-delfus, Note ip. i
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- db l’Electricité. 299 de la bouteille , quand tout en eft chafle-du dehors; ainfi dans une bouteille qui n’eft pas encore chargée , on ne peut pas en faire palier dans l’intérieur , quand on n’en peut pas ôter de l’extérieur. Il fit voir auffi par une belle expérience , que quand la bouteille étoit chargée , un côté per-doit exaélement ce que l’autre ga-gnoit , en rétabüflant l’équilibre. Aérant fufpendu un petit fil de lin prés de l’enveloppe d’une bouteille chargée , il obferva que chaque fois qu’il approchoit fon doigt du fil d’ar-chal, le fil de lin étoit attiré par l’enveloppe : car autant qu’il droit de feu de l’intérieur en touchant le fil de fer, autant l’extérieur en recevoit par le moyen du fil de lin <2).
- Il prouva qu’en déchargeant la bouteille , ce qu’elle donnoit d’un côté étoit exaélement égal à ce qu’elle recevoit de l’autre ; en ifolant un homme & déchargeant la bouteille à travers fon corps , il obferva qu’a-près la décharge il ne refta plus d'é-
- (<j) Franklin's, Letters, pag. 5.
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- leétricité dans cet homme (a). Il fuf-pendit auflî des boules de liqge fur un conducteur ifolé, dans le temps qu’il déchargea la bouteille qui y pen-doit ; & il obferva que fi elles ne Ce repoufloient pas avant l’explofion , elles ne fe repoufloient pas non plus dans le temps même, ni après (b) : mais l’expérience qui prouva le plus conftamment que l’enveloppe d’un côté recevait précifément autant que l’autre perdoit dans la décharge , fut celle qu’on va voir.
- 11 ilola le frottoir; enfuite fufpen-dant une bouteille à fon conducteur, il trouva qu’il ne lui étoit paspoflible de la charger, même quoiqu’il y tînt conftamment la main ; parce que quoiciue le feu éleétrique pût fortir de la bouteille, il n’y en avoit point de raflemblé par le frottoir pour être conduit dans l’intérieur. 11 ôta donc Ci main de deflous la bouteille , & Formant une communication par le moyen d’un fil de fer, depuis l’euve-
- (<•) Franklin’s (4) Ibid. pag.
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- de l’Electricité. 301 loppe extérieure jufqu’au frottoir ifo-lé; il trouva alors qu’il la chargeoit avec facilité. Dans ce cas il fut très-clair , que le même feu qui quitta l’enveloppe extérieure fut porté par le moyen du frottoir , du globe , du conducteur & du fil de fer de la bouteille jufques dans l’intérieur (a).
- La nouvelle théorie du Dodeur Franklin fur la manière de charger la bouteille de Leyde , le conduifit à obferver une plus grande variété de faits que les autres Phyliciens n’en avoient remarqué relativement à fa charge & à fa décharge. Il trouva que la bouteille étoit aufiî fortement élec-trifée , en la tenant par le crochet & appliquant l’enveloppe au globe ou au tube , que quand on la tenoit par l’enveloppe & qu’on y appliquât le crochet ; & par conféquent qu’il y aurait la même explofion & la même commotion , fi on tenoit la bouteille éleélrique d’une main par le crochet & qu’on touchât l’enveloppe de l’autre, que quand on la tient par l’enve-
- (<0 Frankim’s j Letters, pag. 83.
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- joi Histoire loppe & qu'on touche au crochet. Pour prendre en sûreté par le crochet la bouteille chargée & ne point diminuer fa force, il obferve qu’il faut été ifolé (a).
- Le Doéteur Franklin obferve que fi un homme, tenant dans fes mains deux bouteilles, l’une bien éleétrifée & l’autre qui ne l’eft point du tout, s’avife de joindre enlèmble leurs crochets , il ne recevra que la moitié du coup ; car les bouteilles relieront à demi éleélrifées feulement,l’une étant à moitié chargée & l’autre à demi déchargée (b;.
- Si deux bouteilles font chargées, toutes les deux par leurs crochets, une balle de liege fufpendue par de la foie & pendant entre elles fera d’abord attirée , & enfuite repouffce par toutes les deux. Mais fi elles font élec-trifées, l’une par le crochet & l’autre par l’enveloppe, alors la balle jouera vigoureufemententr’elles, jufqu’à ce qu’elles foient à - peu -'près déchar-
- (a) Ftanklin’s, Letteis, pag. îp, (c) Ibid. pag. ai.
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- pb l’Electricité, jaj gées (a ). Le Doéteur ne remarqua pas alors, que fi les bouteilles étoient chargées toutes les deux par leurs enveloppés ( au moyen de quoi les deux crochets feroient éleélrifés en moins], la balle feroit repouffée par toutes les deux , comme quand elles font élec-tifées en plus. Et lorfque par la fuite, il obferva que deux corps éleélrifés en moins Ici repouffoient l’un l’autre , il Fut furpris de cet effet, & reconnut qu’il ne pouvoit pas en donner une explication fatisfaifante (k).
- Tous les Eledriciens favoient qu’un globe ou. un tubei humeélé en dedans, ne fournit que peu ou point du tout d’éleéfricité; mais on n’en avoit point apporté de bonnes raifons , avant que M. Franklin effayât de l’expliquer au moyen de fa maxime générale. Il dit, que quand on frotte un tube garni en dedans d’un icorps non éledrique quelconque , ce qui fe raf-femblé de la main par le frottement en en-bas ,' entre dans les pores du
- C<i) Frànklin’s, Letters, pag. n (ib) Ibid. pag. 34. :
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- 304 H I s T 0 1 a. b C verre , & en chatte; une égale-.-quart-titédela furface intérieure, date le corps non électrique ; & que la main en remontant reprend ce qu’elle avoit donné à la furface extérieure, la fur-face intérieure reprenant auffi en.mê-me-temps ce qu’elle avoit donné au corps non électrique ; de forte , que les particules du fluide éleétrjque entrent & fartent de leurs pores. , à chaque frottement que l’on fait au tube (a).
- Si dans ces circonftauces.an mettoit un fil de fer dans le tube, il-obferva que , pourvu que quelqu’un touche le fil de fer, tandis qu’un autre,frotte le tube, & prenne loin :de retirer l'on doigt aufli-tôt qu’il aura reçu l’étinr celle qui- partira de l’intérieur ,i il fera éledtrifé;(if).u- s :r '«>7,--! -uir - 11 obferve que quand le tiibe eft vuide d’air , on rra pas belbin d’at voir un corps non éleétrique <pii.touche au fil de fer ; parce, que dans le vùide , le feu cleétrique s’échappe
- (a) Franklirïs, Letters, p«g. 76. (4) Ibid. pag. 77.
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- de l* Electricité. librement de la fiirface intérieure fans qu’il foit befbin d’un conduélcur non eleârique (a).
- Cette maxime que tout ce qu’une bouteille reçoit à une furface , elle le perd à l'autre , engagea le Dodeur Franklin à charger plulicurs bouteilles enfemble , avec le même foin , en faifant communiquer l’extérieur de l’une avec l’intérieur de l’autre ; au moyen de quoi le fluide que perdra la première fera reçu par la fécondé , & ce que perdra la fécondé fera reçu par la troifieme , &c 11 trouva que de cette manière on pouvoir charger un grand nombre de bouteilles avec le même appareil qui feroit ncceffaire pour une feule ; de qu’on p< urroit les charger à un auffi liant degré ; fi ce n’eft que chaque bouteille reçoit le nouveau feu , & perd ion ancien avec quelque peine, ou plutôt oppofé quelque réfiltance à la charge. Il dit que dans une luire de bouteilles , cette réfiltance devient plus égale à la puiflance qui charge, & ainfi repoufle
- (a) Franklin’s, Lctter,s, pag. 77.
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- 506 Histoire
- le feu en arriéré fur le globe , plutôt
- que ne ferait une feule bouteille (a).
- Sur ce principe , le Docteur Franklin conftrufit une batterie électrique, confiftant en onze carreaux de verre, garnis de chaque côté de feuilles de métal , & tellement réunis qu’en en chargeant un , on les chargeât tous. Puis ayant trouvé un moyen de mettre tous les côtés donnants en contait avec un fil de fer, & tous les côtés recevants avec un autre , il réunit toutes leurs forces ,• & les déchargea tous à la fois {b).
- Quand le Doéteur Franklin commença fes expériences fur la bouteille de Leyde , il s’imaginoit que le feu électrique étoit tout concentré dans la fubftance du corps non électrique qui étoit en contait avec le verre i mais il trouva dans la fuite que le pouvoir de donner la commotion étoit dans le verre même , & non pas dans l’enveloppe ; & ce qui le lui fit appercevoir, fut l’analyfe curieufc
- (a) Franklin’s. Letters. oae. 11. W Ibid. pag. z6.
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- DE 1,’ E t E C î R. I C I T i. $0?
- qu’il fit de la bouteille, de la maniéré iuivante.
- Pour lavoir où réfidoit la force de la bouteille chargée , il la plaça fur du verre ; enfuite il en ôta d'abord le liege & le fil de fer ; & trouvant que la vertu ne réfidoit pas en eux, il toucha d’une main l’enveloppe extérieure , &c mit un doigt de l’autre dans le goulot de la bouteille : alors il fentit la commotion tout auffi fortement que fi le liege & le fil de fer y euflTent encore été. Enfuite il rechargea la bouteille, & renverfant l’eau dans une autre bouteille vuide ifolée, il s’attendoit que fi la force réfidoit dans l’eau, elle donnerait la commotion ; mais il trouva qu’elle n’en don-noit point [45]. Il jugea alors que le
- «8CP [43] Il eft certain que la vertu électrique de labquteille deLeyde réfide dans le verre , comme: l’obferve M. Franklin. Mais il n’eft: pas moins certain que cette même vertu réfide aufli dans l’eau, comme l’ont obfervé plusieurs EleCtficicns, & comme cela a été prouvé en préfence des Commiflaires nommés par l’Academie , & dont j’ai parlé ci-defius, Note Voyez les Lettres fur L Electricité s par M. l’Abbé Nollet, part, x, pag, 157. on y lit cç
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- 3d8 H I S T O î K ï feu éle&riqne devoit ou s’être perdu en tranfvaîànt. l'eau , ou être relié dans la bouteille : il y étoit relié en effet ; car rempliffant de nouvelle eau
- qui fiiit : 33 On éledfcrifa de l’eau dans une bouteille , comme pour faire l'expérience de *> Leyde ; on tranfvafa cette eau dans une au-53 tre bouteille qui n’avoit point été éleétrifée ; 53 & cette nouvelle bouteille fie trouva éleétri-33 que, au point de faire fentir une commotion 33 à la perfonne qui , la tenant d’une main, s» voulut tirer avec l’autre une étincelle du fil 33 de fer qu'on y avoit plongé.*’ Cette expérience eftpréciCément la même que celle que l’on rapporte ici de M. Franklin -, Si cependant fon ré-fultat eft directement oppofi'à celui que dit avoir eu M Franklin. D’oil vient cela ? Le voici. L’expérience de M. l’Abbé Nollet prouvé évidemment que la vertu éleCtrique réfide auffi dans l’eau • & fi M Franklin ne l’a pas trouvé ainfi , c’eft que l’éleCtricité de fon eau étoit trop foible, ou qu’il lui a fait perdre , en la tranfvafant d’une bouteille dans l’autre. On peut di"e la même chofe de l’expérience fui-vante des carreaux de verre. On fait perdre l’éleCtrieiïê de l’enveloppe en la tranfpofant. Un fait obfprve par quelqu’un , ne doit pas être regardé comme faux , parce qu'un autre n’a pas eu l’a^refle de fe le procurer ; fùr-tout, lorfque ce fait a été obfervé 3 comme celui-ci , en préfence de témoins capables d’en juger.
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- »Ê l’El ECTR.I C ITE»
- la bouteille chargée , elle donna la commotion ; & il fut par-là convaincu que le pouvoir de la donner réfidoit dans le verre même (*).
- Le Doéleur fit la même expérience avec des carreaux de verre , en pofant l’enveloppe légèrement, 8c la changeant , comme il avoit auparavant changé l’eau de la bouteille : le ré-fultat fut le même dans les deux cas (b).
- Cette vérité , que le feu électrique réfidoit dans le verre devient encore plus évidente , en confidérant que quand le verre eft doré , la décharge tait un trou rond à la dorure, en en déchirant une partie ; ce qui, au fen-timent du Docteur, ne peut être fait que par lafortie'du feu hors du verre à travers la dorure. 11 dit aufli qu’ayant verni la dorure même avec de la térébenthine , ce vernis, quoique fec & dur , fut brûlé par l’étincelle qui pafla au travers 5 & donna une odeur
- [a) Franklin’s, Letters, pag. 14. \b) Ibid, pap, ij.
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- 5 to Histoire forte & une fumée vifible : & què lorsqu'on tira l’étincelle à travers du papier , il fut noirci par la fumée, qui pénétrait quelquefois plufieurs feuilles 5 & qu’on trouva une partie de la dorure qui avoit été déchirée dans le trou que l’étincelle avoit fait au papier. 11 obferva encore que, quand une bouteiMe mince fe cafioit, en fe chargeant, le verre étoit brifé en dedans , & la dorure en dehors (a)[ 44].
- Enfin , le Dodeur Franklin découvrit que plufieurs fubftances , qui en général tranfmettoient l’éledricité, ne tranfmettoient pas la commotion d’une bouteille chargée.; Une ficelle mouillée , par exemple , qui tranf-met fort bien l’éledricité, a quelquefois manqué «de trànfmettre la commotion. La même chofe arrive auffi à un morceau de glace. La terre feche,
- Franklin’s, Letters, pag. 31.
- r+4] Ceci prouve clairement, en faveur de M. l’Abbé Nollet, qu’il y a deux courants fimulraqées de matière éleftrique, qui eut des direétions contraires,
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- DE L’EiECTRICITÉ. }IÏ trop enfoncée dans un tube de verre, manqua entièrement de tranfmettre la commotion ; à la vérité , elle ne tranfmettoit l’éleétricité que fort imparfaitement (a).
- (a) Franklin’s , Letters, pag. 33,
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- H » . X P I R »
- PÉRIODE IX.
- SECTION IL
- Découvertes du Docteur Franklin , au fujet de la rejfemblance du Tonnerre & de VEleclricité.
- La plus grande des découvertes que le Docteur Franklin ait faites concernant 1 Electricité, & la plus utile au genre humain dans la pratique, elt celle de la reflemblance parfaite entre le tonnerre & l’électricité. L’analogie entre ces deux puiflances n’a-voit pas été tout-à-fait ignorée des Pbyficiens , & principalement des Electriciens , avant la publication de la découverte du Dodeur Franklin, Elle étoit fi fenfible cjue plufieurs per-fonnes en avoient été frappées : je n’en rapporterai qu’un feul exemple dans l’ingénieux Ôc pénétrant Abbé Nollet,
- 11
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- de l’ElbctricitL 315 II dit dans les Leçons de Phyfique, 10m. 4, p.ig. 314. » Si quelqu’un en -» treprenoit de prouver , par une » comparaifon bien fuivie des phéno-» menes , que le tonnerre elt entre » les mains de la Nature, ce que l’é-» leétricité eft entre les nôtres ; que » ces merveilles , dont nous diljpo-» fons maintenant à notre gré , font » de petites imitations de ces grands « effets qui nous effrayent , & que » tout dépend du même méchanifme ; » fi l’on fai foie voir qu’une nuée , » préparée par Faction des vents, par » la chaleur , par le mélange des » exhalaifons , &c. eft vis-à-vis d’un » objet terreftre , ce qu’eft le corps » éleétriié en préfence & à une cer-» taine proximité de celui qui ne l’eft n pas : j’avoue que cette idée , fi elle » étoit bien foutenue , me plairoit » beaucoup : & pour la foutenir , » combien de railons fpécieufes ne fe npréfentent pas à un homme qui eft » au fait de l’Eleétricité ? L’univerlà-» lité de la matière éléétriquc la » promptitude de Ton aétion , Con in-«nammabilité & (on adivité à en-» flammer d’autres matières 3 la pra-Tom, I. O
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- }i4 Histoire » priété qu’elle a de frapper les corps >» ex érieurement & intérieurement » jufque dans leurs moindres parties; »> l'exemple fingulier que nous avons » de cet effet dans l’expérience de » Leyde , l'idée qu’on peut légitimé-» ment s’en faire en fuppofant un plus » grand dégrê de vertu eleéfrique,&c. » Tous ces points d’analogie, que je » médite depuis quelque temps, com-meneent a me faire croire qu’on » pourroit, en prenant l’éledlricité » pour modèle , fe former, touchant •> le tonnerre & les éclairs, des idées » plus faines & plus vraifemblables » que ce qu’on a imaginé jufqu’à pré-» lent. »
- Mais quoique M l’Abbé Nollet & d’autres iè fuflent apperçus de l’analogie qu’il y a entre le tonnerre & leleâricité , ils n’allerent pas plus loin. Ce fut le Do&eur Franklin qui propofa le premier une méthode de vérifier cette hypothefe , concevant la penfée hardie, comme dit M. l’Ab-bé Nollet, de foutirer le feu du tonnerre , imaginant que des baguettes de fer pointues, dreffees en l’air,quand l’atmofphere eft chargée d’orage,pour-
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- roient en attirer la matière du tonnerre , & la décharger fans bruit ou fans danger dans le corps immenlède la terre , où elle refteroit pour ainfi dire abforbée.
- De plus, quoiqu’on ait commencé en France à mettre en pratique les idées du Docteur Franklin, il acheva lui-même la démonftration de fon problème , avant que d’entendre parler de ce qu’on avoit fait ailleurs ; 8c il pouffa fes expériences allez loin pour imiter par l’éleétricité tous les effets connus du tonnerre , 8c faire toutes les expériences éleétriques par le moyen du nuage orageux.
- Mais avant de rapporter aucune des expériences du Doéteur Franklin concernant le tonnerre , il faut faire mention de ce qu’il obferva par rapport 1 la puiflance des pointes , au moyen defquelles il fe mit en état d’exécuter fes grands projets. Ce fut proprement lui qui oblèrva le premier l’effet furprenant des corps terminés en pointe , foit pour attirer ou pour chafler le feu éleétrique.
- M. Jallabert fut peut-être le premier qui remarqua qu’un corps poin-
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- tu par un bout & rond par l’autre , produifoit des apparences différentes fur le même corps , félon qu’on lui préfentoit l’extrémité pointue ou la ronde. Mais comme l’aflure M. l’Abbé Nollet, devant qui il fit l’expérience , l’effet n’en fut pas confiant, & on n’en inféra rien (.») M. l’Abbé reconoît que le Dodeur Franklin fut le premier qui fit voir la propriété qu’ont les corps pointus de tirer le-ledricité plus puiffamment & à de plus grandes diftances que ne pourraient le faire d’autres corps (i).
- Il éledrifa une boule de fer de trois ou quatre pouces de diamètre, & ob-ferva qu’elle n’attiroit pas un fil, quand on lui préfentoit la pointe d’une aiguille s mais que cela n’arri-voit que lorfque le corps pointu corn-muniquoit avec la terre : car en pré-fentant le même corps pointu, attaché fur un morceau de cire à cacheter, il ne produift pas cet effet ; mais qu’au moment qu’il toucha le corps
- (a) Nollet, Recherches, pag. 312.
- (t) Nollet, Lettres, vol. 1, pag. 124.
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- DE l’ElECIMcni 517 pointu avec fon doigt , l’cle&ricité de la boule à laquelle il étoit luf-, pendu , fut déchargée. 1 prouva la propofïtion converl'e , en trouvant qu'il étoit impoflible dclettrilèr la boule de fer , quand ou meuoit fut elle une aiguille poinrue a).
- En faifantdes oblervations fur les pointes plus ou moins aiguës, le Docteur corrigea celle de M. Eliicott 6c autres Electriciens Anglois , qui ont prétendu qu’un corps pointu , de même qu’un' morceau de feuille d’or, que l’on mettrait entre deux plaques, dont une feulement leroit éleétrifée , demeurerait toujours îufpendu plus proche de la plaque non éledrilée que de l’autre. Car le Doéteur oblfcrve qu’il s’éloignoit toujours le plus de la plaque à laquelle fa partie la plus pointue étoit préfentée , fbit qu’elle fût éledrifée ou non ; & fi une des pointes fe trouvoit fort émouflce &c l’autre fort aiguë, il demeurait luf-pendu en l’air par la pointe émouffée auprès du corps clectrilc, fans qu’il
- (a) Franklin s, Letters, pag. fS.
- U ii;
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- $1$ Histoire y eût au-deffbus aucune plaque non eledrifée («).
- Le Dodeur Franklin tâcha d’expliquer cet effet des corps pointus, en lüppofant que la baie Itir laquelle poloit le fluide éledrique à la pointe d'un corps éledrifé , étant -petite , l’attradion par laquelle le fluide étoit tiré vers le corps , étoit légère s & que par la même raifon , la rélif-tance à l’entrée du fluide étoit à proportion plus foible en cet endroit, que là où la furface étoit platte l<) : mais il reconnoît ingénument qu il ne fut pas tout-à-fait content de cette hypo-thofe. Quelqûe chofe que nous pen-lions de la théorie du Dodeur Franklin fur l’influence qu’ont les conducteurs terminés en pointe , pour attirer le fluide éledrique , on lui a toujours beaucoup d’obligation de l’u-fage qu’il a fait de cette dodiine dans la pratique (c .
- Le Dodeur Franklin , en expliquant la reflemblance entre le fluide
- (a) Franklin’s , Letters, pag. 67.
- (b) ïbid. pag. 0?.
- (c) Ibid. pap. 61.
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- »h l’Electricité. 319 èleétrique & la matière du tonnerre, commence par avertir fes fréteurs de ne pas fe laifler ébranler par la grande différence des effets relativement à la grandeur ; puifqu elle ne prouve pas qu'il y ait aucune difparité dans leur nature.. Il n’eft pas furprenant, dit-il , que les effets de Ton foient infiniment plus grands que ceux de l'autre. Car fi deux canons de fufil éleétrifés frappent à deux pouces de diltance, Si font beaucoup de bruit, à quelle diitance immenfe dix mille acres de nuages électrifiés, ne doivent ils pas f apper Si lancer leur feu , .&c combien le bruit ne doit-il pas en être effrayant (a) !
- Je rangerai toures les obfervations du Doéteur Franklin , concernant le tonnerre, (ous les différents points de reffcmblance qu’il a remarqués entre lui Sc l’clcdricité ; je parcourrai ces points de fimilitude dans le même ordre qu'il les a obfervés ; je ne ferai que placer dans un même endroit les
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- 320 Histoire dans différents endroits de les Lettres, quand elles auront rapport au même lujet.
- i 11 obferva d’abord qu’on apper-çoit les éclairs communément crochus Se ondoyants dans l’air. Il en eft toujours de même , dit-il, de l’étincelle électrique , quand on la tire d’un corps irrégulier à quelque dil-tance [ai. Il aurait bien pu ajouter, quand on la tire avec un corps irrégulier , ou à trave-s un elpace dans lequel les meilleurs conducteurs font dilpofés d’une façon irréguüere, ce qui arrive toujours dans l’athmofphe-
- 2''. Le tonnerre frappe les objets les plus élevés & les plus pointus qui le rencontrent en fon chemin , préférablement aux autres, comme les hautes montagnes , les arbres . les tours, les clochers, les mats de vaifleaux, les pointes des piques, Sec. de même tous les conducteurs pointus reçoivent ou re ettent le fluide éleétrique plus volontiers que ceux qui font ter-
- fa) Franklin’s, Letters, pag. 46.
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- Dsi’Electricité. 321 minés par des furfaces plattes ( a ).
- 3°. On remarque que le tonnerre fuit toujours le meilleur conduéteur & le plus à fa portée. L’élefdricité en fait de même dans la décharge de la bouteille de Leyde. M. Franklin fuppofe par cette raifon , qu’il ferait beaucoup plus sûr, durant l’orage , d’avoir lès habits humides que fecs ; parce que dans ce cas-là , l'eau, peut tranfmettre en grande partie la matière du tonnerre jufqu’à terre, ôc par-là garantir le corps [45]. On a obfervé , dit il , qu’un rat mouillé ne peut pas être tué par l’explofion de la bouteille électrique , & qu’au contraire il peut l’être quand il ell fec (b).
- 40. Le tonnerre met le feu ; ainli fait l’Eledricité. Le Doéteur Franklin dit , qu’il lui eft arrivé d’enflammer par l’éleAricité de la réfine dure &c
- (a) Franklin’s, Letters, pag.47.
- (b) Ibid. pag. 47-
- «8CP [4s] U me femble que la matière du tonnerre, qui raverferoit les habits de quelqu’un , chatouilleroit fon corps de bien près : c’eft pourquoi j’aimerois mieux qu'en pareil cas , mes habits fuffent fecs.
- O v
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- jiî Histoire féche, des efprits fans les avoir chauffés , & même du bois. 11 dit avoir mis le feu à de la poudre , limplement en la bourrant fortement dans une cartouche , à chaque bout de laquelle ctoie it introduits des fils de feT, dont les pointes étoient placées à un demi-pouce l'une de l'autre , & en déchargeant la bouteiire à travers (a).
- j*. Le tonnerre fond quelquefois les métaux. L’éledricité fait la mêmechôfe; cependant le Dodeur s’eft trompe en imaginant que c’étoit par une fulion froide , comme on le verra dans fon lieu. La maniéré dont le Dodeur Franklin a fait fondre les métaux par 1 éledricité , à été d’en mettre des pièces minces entre deux plaques de verre liées fortement en-femble , &c de s'en fervir pour décharger la bouteille. Quelquefois les morceaux de verre , entre lefquels ces métaux font placés , font mis en pièces par la décharge , & réduits en line elpece de fable greffier ; ce qui arriva une fois à des morceaux épais
- (a) Franklin’s, Letters, pag. 48 3 92.
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- DE L'ElECTRICfTi. Jîj de glace de miroir : mais s’ils relient dans leur entier, la piece de métal fe trouve manquer dans plufieurs endroits , & l’on voit à fa place une tache métallique fur les deux verres; les taches qui font au verre de deflous & à celui de delfus étant toujoursexac-tenient femblables (a).
- Un morceau de feuille d’or dont on fe fervitdans la même circonftan-ce, parut non • feulement avoir été fondu, mais même vitrifié , fuivant l’opinion du Doéteur , ou plutôt in-crufté alfez profondément dans les pores du verre , pour en être défendu contre l’aétion de l’eau régale la plus forte. Il obferva quelquefois que les taches métalliques s’étenaoient un peu plus que la largucur des morceaux dé métal. L’or fin, fuivant fes obfervations, donrioit une tache ob-fcwre, quelquefois rougeâtre , & l’argent verdâtre (i).
- M. Wilfon lupprtfe que dans cette expérience l’or n’eft point incrufté
- (a) Franklin’s , Letters, pag. 48,65. (i) Ibid. pag. 68.
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- 3i4 Histoire dans les pores du verre ; mais qu'il eft feulement fi fort adhérent à fa furfaçe , qu’il y tient avec une force exceffivement grande (a).
- 6°. Le tonnerre déchire certains corps : l’éle&ricité en fait de même (b). M. Franklin obfêrve que l'étincelle éleélxique perce un cahier de papier. 11 remarque que quand le tonnerre brife du bois, des briques, 4.es pierres, &c. les éclats s’échappent par le côté où il fe trouve la moindre réfiltence. De même, dit - il, quand une jarre éleélriféee perce un morceau de carton ; fi les furfaces du carton ne (ont pas comprimées & reflerrées, ilséievera un bourletautour du trou des deux côtés du carton ; mais fi l’un des côtés eft ferré , de maniéré que le bourlet ne puifle pas s’élever de ce côté-là , il s'élèvera tout entier fur l’autre côté, quelle que foit la direction du fluide ; carie bourlet autour de la parrie extérieure du trou , eft l'effet de l’explofion qui s’étend de
- (a) Hoadley and Wilfon, pag. 68.
- (b) Franklin's, Letteisa pag. 49.
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- de l’Electricité. 315 tous côtés, en partant du centre du courant éleétrique , & non pas un effet de fa direction (a).
- 7°. Souvent on a vu des gens que le tonnerre a rendus aveugles ; le Doéteur a vu un pigeon frappé de même d’aveuglement par une commotion. violente , par laquelle il croyoit l’avoir tué (b).
- 8°. Le Doéteur Miles décrit un orage qui arriva à Stretham , dans lequel le tonnerre emporta de la peinture qui couvrait une moulure dorée d un panneau de menuiferie, fans gâter le relie de la peinture (c).
- Le Doéteur Franklin a imité ce fait en collant une bande de papier par-deffus les filets dorés de la couverture d’un livre, & faifant paffer la commotion au travers. Le papier fut déchiré d’un bout à l’autre , avec tant de force qu’il fe rompit en plulieurs endroits, &r dans d’autres la commotion emporta une partie du grain du
- (a) Franklin’s, Letters, pag. 114. (c) PhiL franf.5vol. 4S > ipag- 387-
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- ji S Histoire maroquin dont ce livre étoit couvert. Le Doéteur fut convaincu par-là que s'il y eût eu de la peinture , elle au-roit été emportée de la même maniéré que celle qui étoit fur la boiferie à Stretham (a).
- 9°. Le tonnerre tue les animaux : on a tué auili des animaux par la commotion éleétrique. Les plus grands animaux que Je Doéteur Franklin & fes amis ayent pu tuer , furent une poule , & un dindon qui pefoit en-viron dix livres (/>).
- 10”. On a remarqué que le tonnerre avoit ôté à des aimants leur vertu , & renverfé leurs pôles. Le DoéteürFranklin a fait la meme choie par 1 électricité. Souvent il a donné par le moyen de l'éleétricité, la direction pojairc'à des aiguilles, & les a fait changer à fon gré. La commotion donnée par quatre grandes jarres à une aiguille à coudre bien fine, a , dit il, donné la direction polaire, de
- (a) Philof. Tranf. vol. 45, pag. 64. W Franklin’s, Leiters, pag. 863 ijj.
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- forte qu’en la mettant fur l’eau , elle a pris cette direction ; ce qu’il y a de plus remarquable dans ces expériences électriques fur les aimants, c’eft que fi l’aiguille , quand elle eft frappée , eft tournée de l’Eft à l’Oueft, le bout par oû eft entré le fluide électrique , fe dirige vers le Nord ; mais quand elle eft fournée Nord & Sud, le bout qui eft tourné vers le Nord , continue de s’y diriger , foit que le fluide y foie entré par ce bout ou par l’autre. Le Docteur imagina cependant qu'une commotion plus forte auroit renverfé les pôles même dans cette fttuation , effet qu’on a reconnu avoir été produit par le tonnerre. Il obferva auffi que la direétion polaire eft la plus forte , quand l’aiguille eft tournée Nord & Sud au moment qu’elle eft frappée , & la plus foible quand elle eft tournée Eft & Oueft. Il remarque que dans ces expériences il arrive quelquefois que l’aiguille prend une belle couleur bleue , comme celle d’un reflort de montre , par la flamme éledrique ; dans ce cas là, la couleur que lui donne une commotion partant de deux jarres feule-
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- 3 2.8 Histoire ment , peut être effacée , au lieu qu’une commotion provenant de quatre jarres , rend cette couleur fixe, & fouvent fond les aiguilles. Les jarres dont le Doéteur fe fervit, tenoient fept ou huit gallons [46], & étoient garnies & doublées de feuilles de métal (a).
- Pour démontrer de la maniéré la plus eomplette qu’il foit poflible, la reffemblancedu fluide électrique avec la matière du tonnerre, le Doéteur Franklin, toute furprenante que la chofe ait dû lui paroître, a imaginé de faire defeendre réellement le tonnerre des cieux, par le moyen d’un Cerf volant éleétrique qu’il éleva dans l’air , quand il apperçut qu’il le for-moit un orage. A ce cerf-volant étoit attaché un fil de fer pointu, au moyen duquel il attira le fluide électrique des nuages. Ce fluide defeendoit par unie corde de chanvre , & était reçu
- («1 Franklin’s, Letters, pag. 90.
- [46] Le gallon efl: de quatre quartes d Angleterre , ou d'environ quatre pintes, menue de Paris.
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- DE l’Electricité. Jip par une clef attachée à fon extrémité ; la partie de la corde qu'on tenoit à la main étoit de foie , afin que la vertu éleârique pût s’arrêter , quand elle étoit arrivée à la clef. Il remarqua que la corde tranfmettoit l’élec-tricite même quand elle étoit prefque feche ; mais quand elle étoit humide, elle la tranfmettoit très - aifément s de maniéré que le feu fortoit abondamment de la clef, dés qu’une per-fonne en approchoit fon doigt (a).
- A cette clef il chargea des bouteilles ; & avec le feu éle&rique qu’il obtint ainfi. il alluma des eiprits, Sc fie toutes les autres expériences électriques , qu’on a c< utume de faire avec un globe ou un tube frottés.
- Comme toutes les circonltances qui ont rapport à une découverte aufli importante que celle-ci, ( la plus grande peut-être qui ait été faite en Phylique depuis Newton ) ne peuvent que faire plaiiir à tous mes leûeurs ; je tâcherai de leur en communiquer quelques particularités que je tiens des meilleures autorités.
- (a) Franklin’s, Letters , pag. 106.
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- ))o Hiitmiiî Après avoir publié fa méthode de Vérifier fon hyporhefe touchant la relfemblance de l’éledriciré avec la matière du tonnerre , le Dodeur at-tendoit qu’on élevât un clocher à Philadelphie, pour exécuter ce qu’il avoir en vue j n’imaginant pas alors qu’un barreau de fer pointu de peu de hauteur, remplirait aulîî-bien fon delfein lorfqu’ii lui vint dans ridée 47j qu'au moyen d’un cerNvolant ordinaire , il pourroit joindre plus promptement & plus sûrement les régions du tonnerre que par aucun clocher que ce pût être. Ayant donc préparé un grand mouchoir de foie deux bâtons en croix, d une Ion-
- ’S'T’ [47] Cette idée n’efr pas venue feulement à l’efprit du DoéFeur Franklin : elle eft venue auflî à celui de M. de Romas , Afleffeur au Préfidial de Nérac. Il paraît, à la vérité, que c’eftM. Franklin qui a fait le premier l’expérience ; mais M. de Romas a obtenu de beaucoup plus grands effets, que ceux qu’à obtenus M. Franklin , quoiqu’il n’ait pas mis de fer pointu à fon cerf-volant. Voyex les Mémoires de Mathématique & de Phyjique ! pré-fentés à l'Académie par des Savans étrangers , tom. z,pag. 395.
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- gueur propre , à le tenir étendu , il profita de la première occafion où il vit un orage qui menaçoitde tonnerre , pour aller fe promener dans une campa ne, où il avoit un appentis propre pour (es vues. Mais craignant le ridicule, dont on ne manque pas de co avrir ordinairement leseffaisin-fruélueux en matière de fcience, il lie fit part de l'expérience qu’il vouloir tenter à perfonne qu’à Ion fils, qu’il prit pour l'aider à élever le cerf-volaiit.
- Le cerf-volant étant lancé, relia un temps coniïdérable avant de donner aucun ligne d’életlricité. Il avoit palTé au delüis de lui un nuage, qui, quoiqu’il promît beaucoup , ne pro-duilit aucun effet : enfin, comme il commenç’oit à déléfpérer du fiiccès, il remarqua quelques fils détachés de la ficelle de chanvre oui fe cref-foient & fe repouffoient les uns les autres, précifément comme s’ils euf-fent été fufpendus à un condnéleur ordinaire. Frappé de ce bon augure , il préfenta aulfi tôt la jointure de fon doigt à la clef. Que le leâeur juge du plailir qu’il doit avoir fenti dans
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- 5;i Histoire le moment où il apperçut une étincelle éleétrique ; elle fut fuivie de plulieurs autres , même avant que la ficelle fut humide ; de façon qu’il ne lui refta plus aucun doute : & quand la pluie eut humeété la ficelle, il eut du feu éleétrique fort abondamment. Ce fait arriva au mois de Juin 1751, un mois après que les Electriciens de France eurent vérifié la même théorie ; mais avant qu'il eût pu rien apprendre de ce qu’ils avoienc fait.
- Outre ce cerf volant , le Doéteur Franklin eut enfuite une barre de fet pour attirer leleétricité du tonnerre dans fa maifon, afin de faire des expériences , toutes les fois qu’il y en au-roit dans l’atmofphere une quantité confidérable 3 & pour ne perdre aucune occafion de cette nature , il attacha à cet appareil deux clochettes, qui l’avertiffoient en fonnant, toutes les fois que fa barre étoit éleétri-fée(a).
- De cette maniéré, le Doéteur étant en état d’attirer la matière du tonnerre dans fa maifon pour faire des
- (3) Franklin’s, Letters, pag. m.
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- DE l'ElECTRICITf. JJj
- expériences à loifir ; & étant sûr qu’elle étoit à tous égards de la même nature que l’éleélricité , eut envie de favoir (i elle étoit de l’efpece pofitive ou négative. La première fois qu’il réuffit à faire une expérience dans cette vue , fut le 11 Avril 175 5, où il parut qu'elle étoit de l’efpece négative. Ayant donc trouvé que les nuages éleclrifoient négativement dans jhuit orages fucccffirs , il en conclut qu’ils étoient toujours cleétrifés de même , forma une théorie pour en donner l’explication : mais dans la , fuite il s’apperçut qu’il s’étoit trop preflTé de conclure ; car le fix Juin fuivant , il rencontra un nuage qui i étoit éleétrifé pofitivement Sur quoi | il corrigea fa première théorie ; mais I il ne put pas en former une autre dont il fût content Le Doélcur trouva i quelquefoisque les nuages changoienc ! de l’éleélricité pofitive a la négative, plulieurs fois dans le cours d’un feul orage [ 48 ] ; &c il obferva une fois
- $-J- [4.8] Ces deux fortes d’élcâricités, négative & pofitive , font celles qu’on appelloit auparavant réfineuje & vitrée, Puifque le même
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- 3*4 Histoire que Pair étoit fortement éle&rifé pendant qu’il tomboit de la neige, quoi-quil n’y eût point du tout de tonnerre (a).
- Mais la grande utilité que le Docteur Franklin tira de fa découverte fur la reffemblance de Féle&ricité 8c du tonnerre, fut de préferver les édifices des dommages que caufent le ton-
- (a) Franklin’s , Letters , pag* m. corps peut les pofféder toutes deux fuccçffive-ment 5 ce ne font donc pas deux efpecçs différentes , dont l’une appartient au corps réfî-neux & l’autre aux corps vitrés. Ce ne font pas même deux çfpeces différentes dans le fens dans lequel l’entend M. Franklin ; favoir que l’éle&ricité négative eft celle d’un corps qui contient moins de matière éle&rique que dans fon état naturel j & l’éle&ricité pofitive eft celle d’un corps qui en contient plus. Car, fî cela étoit, la bouteille de Leyde ne feroit jamais éleéfcrifée d’aucune façon , puifque, félon lui, le verre contient toujours précifément la même quantité de matière éle&rique , foit qu’il foit éleéïrifé ou non. Ces deux fortes d’é* le&ricité ne différent que par le degré de force, qui peut être plus ou moins grand dans le même corps dans différents moments. Dans ce dernier fens , il n’y a pas de Phyficien qui n’admette la diftinâion des deux électricité* tnplits & en moins.
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- DE L’E 1 E CT R I CI T f. J J 5
- lierre ; chofe d'une conféquence infinie dans toutes les parties du monde, mais plus particuliérement dans différents cantons de l’Amérique Septentrionale , où les orages font plus fréquents , & leurs effets plus terribles à caufe de l’air fec , qu’on ne les a jamais vus parmi nous.
- Le Doâeur Franklin remplit ce grand objet par une méthode bien facile , & avec un appareil peu coûteux ; favoir de fixer une baguette pointue de métal plus élevée qu’aucune partie du bâtiment, & qui communique avec le terrein ou plutôt avec l’eau la plus voifine. La matière du tonnerre ne manquera pas de fe faifir de ce fil de fer, préférablement à toute autre partie de la maifon ; au moyen de quoi fa puiffance dange-reufe fera conduite à terre sûrement, & fe diffipera fans faire aucun tort à la maifon (a.) [49].
- (a) Franklin’s, Lettcrs, pag. 62, 124.
- [45]- Cette méthode a aujourd'hui bien petdu de fon crédit ; perfonne n’y a plus de confiance : & je crois qu’on a raifon, Cette
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- Le Dofteur Franklin penfa qu’un fil de fer d’un quart de pouce degrof-feur, feroit fuffilant pour conduire une plus grande quancité de matière qu’il ne s’en échappe réellement des nuages en un feul coup. 11 trouva que la dorure d’un livre luffifoit pour conduire la charge de quatre grandes jarres ; & penfa qu'elle en pourrait conduire encore bien davantage. Il apprit auffi par expérience que quoiqu’un fil de fer fi.lt rompu par l’explo-uon, il luffifoit encore pour tranfmet-tre cette commotion particulière, quoique cela le mît hors d’état d’en tranfmettre une autre (a).
- Le Doéteur fuppofa auffi que des baguettes pointues , drefTées fur des édifices pourraient pareillement prévenir un coup de tonnerre, de la maniéré fuivante. 11 dit qu’un œil placé de façon à voir horizontalement la partie inférieure d’une nuée orageufe,
- (a) Franklin’s, Letters, pag. 124, uf. karre Jc fcr pomrue me paraît plus propre à déterminer le tonnerre à tomber fur la inaifon, qu’a l'en détourner,
- la
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- de i'Electuicité. ,37 la verra toute raboteufe , avec plu-fieurs fragments féparés ou petits nuages, les uns fous les autres, dont les plus bas ne font fouvent pas bien éloignés de la terre. Ces nuages, comme autant de degrés , concourent à tranfmettrc la commotion entre la nuée & un bâtiment. Pour repréfen-ter ceci par une expérience , il recommande de prendre deux ou trois floc-cons de cotton fin &r cardé, d’en attacher un au principal conduéleur par un fil fin de deux pouces ( qu’on peut filer du même floccon ), puis un autre à celui-ci ; & un troifieme au fécond par de femblables fils. Enfuite il prelcrit de tourner le globe, & il prétend qu’on verra ces floccons s’étendre d’eux-mêmes vers la table, comme font ces petits nuages vers la terre ; mais qu’en leur prélentant une pointe éfilée,' dreflèe lous le floccon le plus bas, il fe relferrera vers le fécond , & le fécond vers le premier, & tous enfemble vers le principal conduâeur , où ils relieront aulfl long-temps que la pointe continuera d'être fous eux. C’ell une expérience fort belle & très - ingénicufe. Or, Tom. I. P
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- ajoute-t-il, n’eft-il pas poffible que les petits nuages éleârifés, dont l’équilibre avec la terre eft bientôt rétabli par la pointe , remontent au corps principal, & par ce moyen occafion-nent un vuide (i grand, que le principal nuage ne pu i lie pas frapper dans cet endroit («} ?
- (a) Franklin's, Letters, pag. ni.
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- i’Eiectricité. JJy
- PÉRIODE IX.
- SECTION III. Différentes découvertes du Docteur Franklin , & de fes amis en Amérique , faites pendant cette Période.
- Le Docteur Franklin confervant l’opinion commune que les corps clec-trifés ont réellement des atmofaheres de fluide électrique , [ compofées de particules qui fe tiennent à quelque diftance du corps, mais qui l’accompagnent toujours ] obferve que ces atmofpheres & l’air ne paroifloient pas s’exclure l'un l'autre ; quoique, dit-il, cela eft difficile à concevoir , vu qu’on fuppofe qu’ils fe repouflènt mutuellement.
- Une atmofphere électrique , dit-il , qui entoure un gros fil dq,fer, in-P ii
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- 34° Histoir e féré dans une bouteille , ne chaffe aucune partie de l’air qui le contient ; & quand on retire cette atmofphere, il n’y entre point du tout d’air, comme il s’en eft allure par une expérience fort curieufé , faite avec exactitude ; d’où il conclut auffi que l’élallicité de l’air n’en étoit point affeCtée (a).
- L’expérience, ainli que nous l'apprend le Do&eur , fut faite avec un petit fyphon de verre, dont une branche palloit dans la bouteille à travers le bouchon de liege. On avoit infinué dans l’autre branche une goutte d’encre rouge , qui lé mouvoit aifément au moindre changement de température de l’air renfermé dans la bouteille ; mais point du tout lorfque l’on éleétrila l’air.
- 11 fit pareillement une expérience qui fembleroit prouver que ces at-mofpheres, fi elles ont réellement quelque exiftence , ne peuvent être mifes en mouvement par aucune force extérieure. Mais on pourroit penfer tout auflî bien que c’eft une preuve
- (<0 Franklin’s, Letters, pag. 98,
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- de l’Electricité. 341 contre leur exiftence. Il éleétrifa une grofle balle de liege , attachée à l'extrémité d’un cordon de foie long de trois pieds ; & prenant l’autre extrémité dans fa main , il la fit tourner en rond comme une fronde , une centaine de fois en plein air, le plus vite qu’il put,&r il obferva quelle conferva toujours fon atmofphere éledrique, quoiqu’elle devoit avoir traverfé quatre cent toifes d’air (a).
- Pour faire voir qu’un corps dans différentes circonftanccs de dilatation & de contraétion eft capable de recevoir ou de retenir plus ou moins du fluide éledrique fur fa furface , i! fit l’expérience fuivante qui eft fort eu-ricufe.lléledrifaun va le d’argent,dans lequel il y avoit une chaîne de cuivré d’environ neuf pieds, dont il pouvoit élever un bouta telle hauteur qu’il ju-geoit à propos au moyen d’une poulie &une corde de foie. Il fufpendit un floccon de coton au platfond de la chambre par un cordon de foie, le fai-fant pendre proche du vafe ; &c il ob-
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- Hz H i » r o i a » ferva que toutes les fois qu’il élevoit lai chaîne, le coton s’approchoit plus près! du vafe, &c s’en éloignoit auflî conf-tamment, quand il laiflbit tomber la chaîne. Cette expérience , dit-il, prouvoit évidemment que l’atmofi phere du vafe étoit diminuée en élevant la chaîne , & augmentée lorf-qu’on la baiflbit ; &i que l’atmoffthere de la chaîne devoit avoir été tirée du vafe quand elle étoit élevée, 8c lui avoir été rendue quand on la bail-
- loit (a).
- Pour rendre les atmofpheres électriques en quelque forte viiibles, le Doéleur failoit couler de la réfine fur des plaques chaudes de métal qu’on tenoit lous les corps éleétrifés ; & dans une chambre tranquille la fumée s elevoit, & formoic des atmofpheres vifibles autour des corps. En eflayant dans quelles circonftances le pouvoir répuliif entre une balle de fer éledrifée , & une petite boule de liege feroit altéré , il obferva que cette fumée de réfine nedétrnifoitpas cette qualité répulfive , mais qu’elle
- (a) Ftjnklin’s, Letters, pag. izt.
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- de i’Electricité. 343 étoit attirée & par le fer, & par le liege (a).
- Le Dodeur obferva que l’argent expofé à l’étincelle éledrique etoit taché de bleu , que le fer paroifloit en être rongé ; mais il ne put apper-cevoir aucune imprellïon faite fur l’or , le cuivre, ni l’étain. Les taches fur l’argent & fur le fer furent toujours les mêmes, foit qu’ils rectifient l’étincelle du plomb , du cuivre, de l’or ou de l’argent ; &c l'odeur du feu éledrique fut la même, quelque corps qu’il eut traverfé (b).
- Pendant que nous«n fournies à ce que fit le Dodeur Franklin à Philadelphie , nous ne devons pas pafler fous filence ce que fit M. Kinneriley, ami du Dodeur, tandis qu’il étoit à Bofton dans la nouvelle Angleterre. H y a de lui quelques obfervations fort curieufes, dont l’explication fe trouve dans les lettres du Dodeur; &' ; -1 a envoyé en Angleterre
- quelque*, détail*, poftérieurs, qui fem-blent promettre , que s’il continue fes
- (0) 'ù-anWtn’s, Letrers, pag. tf. (4) Ibid. pag. 91,98.
- P iv
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- 544 HISTOIRE recherches électriques, fon nom, après celui de fon ami, le cédera à peu de perfonnes dans l’hiftoire de l'EleCtri-cité.
- Il fe diftingua d'abord en découvrant de nouveau les deux électricités contraires du verre & du foufre : M. du Fay les avoit découvertes, mais ni lui , ni le Docteur Franklin n’en avoient alors aucune connoiflance. M. Kinnerfley eut bien de l’avantage fur M. du Faÿ ; car, faifantfes expériences dans un temps où cette fcience étoit plus généralement connue , il apperçut que les*deux électricités contraires du verre & du foufre, étoient précifément les électricités pofitivfes & négatives, qui venoient d’être découvertes par le DoCteur Watfon & le DoCteur Franklin.
- Il obferva qu’une boule de liege éleCtrifée par le verre étoit attirée par l’ambre & le foufre, & repouflee par le verre & la porcelaine : qu’en élec-trifant la balle avec le fil de fer d’une bouteille chargée, elle étoit repouflfée par le verre, mais attirée par le foufre : & que quand il l’éleClrifoit par le foufre ou l’ambre, jufqu’à ce qu’elle
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- DE i’Eiectricité. j45 en fût repouflee, elle étoit attirée par le fil de fer de la bouteille , & re-pouflee par fon enveloppe. Ces expériences le furprirent beaucoup , mais l’analogie le conduifit à conclure à priori les paradoxes fuivants, [comme il les appelle lui-même ] qui dans la fuite furent vérifiés, à fa priere, par Je Docteur Franklin [a).
- » i°. Si on place un globe de verre » à une des extrémités d’un principal » conduéteur & un globe de foufre » à l’autre, tous les deux bien difpo-s»fés &r dans un mouvement égal, » on ne pourra pas obtenir du con-» duéteur une feule étincelle , mais a un globe attirera à mefure tout ce »que l'autre donnera [50].
- (a) Franklin’s, Letters , pag.^qq.
- QTP [fol II eft vrai qu’en pareil cas, les lignes d’éleétricité four confidérablenient diminués dans le conduéteur; mais ils ne font pas totalement anéantis , comme on le prétend. La ralfon de cette diminution eft, i°. Que le fluide électrique pafle le plus tard qu’il peut dans l’air, qui eft un milieu très - pell perméable pour lui : a°. Que le foufre frotté eft au contraire un milieu qu’il pénétre très— a-fément. De - là il arrive que ce fluide fuit toute la longueur du conduéteur avec d’autant P V
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- 54 <» Histoire » 2°. Si on fufpcnd au conrîa&eiu' « une bouteille avec une chaîne qui » aille de fon enveloppe à la table,
- plus de facilité , qu’il trouve à Ton extrémité un corps qiff elt pour lui très-facile à pénérrer. Ce qui diminue beaucoup , fur toute la fur-face du conducteur , les effluences, ainli que les affluences qui y font proportionnelles, &C par conféquent les lignes de l’éleâricité qui en font les effets Mais iTne faut pas dire que les lignes d’éleCtricité difparoiffent entièrement : j’ai éprouvé plusieurs fois le conrraire, çn répétan t cette expérience. Si l’on pré fente au conduéteur un corps aulli perméable au fluide éleCtrique que l’elt le fouffre frotté , il arrive fouvent qu'on en tire des étincelles. Il m’elt même arrivé une fois que, faifanr partie de ce principal conducteur, ceux qui approchèrent leur doigt de mes jambes, me firent ftntir une piquure très vive, & en reflent-irçnt en. même-temps une pareille. Or ces piquûres font des lignes d’éleCtricité avoués de tous les Physiciens éleCtrifants : ces lignes ne difparoiffent donc pas toujours entièrement : donc le principal conducteur demeure éleÇtrifé 5 quoique cela loit d’une maniéré moins fen-flble : mais ce qui prouve bien qu’en pareil cas le conducteur elt en effet éleÇtrifé , c’eff ce double courant de lumière qu’on ne manque jamais d’appércevoir à les leux extrémités , Sc qui coule de ce conduCteut vers l’un l’àutre globe.
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- DE L’E L E C T R I C ï T É. $ 47 » & qu’on nefafle ufagc que d’un des » globes à la fois, vingt tours de roue, » par exemple, fuffiront pour la char-» ger ; apres quoi autant de tours de » l’autre roue la déchargeront, &au-» tant de tours de plus la chargeront » de nouveau.
- » Les globes étant tous deuxen «mouvement, chacun ayant un con-« duâeur féparé, avec une bouteille » fulpendue à un des deux, & la chaî-» ne étant attachée à l’autre, la bou-« teille fe chargea ; un globe char-» géant pofitivement 6c l’autre néga-» tivement.
- » 4°. La bouteille étant chargée » ainii, fu(pendez la delà mêmema-» niere fur l’autre condu&eur. Re-» mettez encore les deux roues en » mouvement, le même nombre de » tours qui l’a chargée auparavant, » la déchargera ; & le même nombre » ajouté de plus la chargera de nou-» veau.
- » 5 -. Quand chaque globe com-» munique avec le même condüéfeur, » d’où une chaîne pend fur la table , » l’un d’eux quand il fera en mouve-« ment [ mais je ne laurois. dire le-P vj
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- » quel ] reçoit le feu du couffin, & » le décharge à travers .la chaîne; & » l’autre le reçoit de la chaîne, & le o> décharge à travers le couffin (*). »
- M. Kinnerfley , en confeillant à fon ami d’effayer les expériences avec le globe de foufre . l’avertit,de ne pas fe fervir de craie fur le couffin, & dit qu’un peu de foufre réduit en poudre fine leroit beaucoup meilleur ; il ajoute, qu’il efpere que fi le Doéteur trouve que les deux globes chargent le principal condudeur différemment, il fera en état de découvrir quelque méthode pour déterminer , quel ell celui qui charge pofitivement.
- Quand ces expériences & ces con-jedures furent propofées au Dodeur Franklin , il ne croyoit pas qu’elles euffent aucun fondement réel; mais il imaginoit que 1<“S différentes attractions & répuliions qu'avoit obfervées M. Kinnerfley , venoient plutôt des quantités plus ou moins grandes du feu éledrique tirées de différents corps, que de ce qu’il fut d une efpece diffé-
- M Franklin’s, Letters, pag. 100,
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- DK l’EtBCTRICITÉ. 3+9 rente , ou qu’il eût des diredions différentes. Mais ayant trouvé que les principales fuppolitions de M. Kinner-iley étoient vérifiées par les faits , il ne douta plus des autres (a).
- Pour répondre au doute de M. Kin-nerfley, lavoir lequel des deux, du verre ou du foufre éledrifoit pofiti-vement ; le Dodeur fut d’avis que le globe de verre éledrifoit pofitive-ment, & celui de foufre négativement , par les raifons fuivantes :
- i° Parce cjue , quoique le globe de foufre parut opérer auffi bien que celui de verre , il n’a cependant jamais pu caufer une étincelle li forte ni de fi loin entre fon doigt & le con-dudeur, que quand il s’elt fervi d’un globe de verre. Mais ce qu’il ajoute pour fortifier cette preuve, ne me paraît pas fatisfailànt. Il fiippofe que les corps d'une certaine groflèur ne peuvent pas fe défaifir de la quantité de fluide éledrique qu’ils ont & qu’ils retiennent dans leur fubftance , aufli aifément qu’ils peuvent en recevoir
- (a) Franklin’s, Letters, pag. loi, 103.
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- Jjo Histoire une nouvelle quantité fur leur fur-face , par maniéré d’atmofphere ; & que par conféquent on n’en fauroit tirer autant du conducteur, qu’il eft fufceptible d’en recevoir (a).
- 2°. Il obferva que l’aigrette de feu qui paroilfoit au bout du fil de fer attaché au conducteur étoit longue, grande & fort divergente, & qu’elle craquoit ou petilloit quand on fe fer-voit du globe de verre ; mais que quand on fe fervoit du globe de fourre , elle étoit courte, foible & ne faifoit qu’un petit fifflement. Il obferva auffi qu’il arrivoit tout le contraire , quand il tenoit le même fil de fer dans fa main & qu’on faifoit mouvoir les globes alternativement. L’aigrette étoit grande, longue , divergente , & faifoit un craquement, quand on tournoit le globe de foutre ; ma>s courte, petite & ne faifant que fiffler, quand on (e fervoit du globe de verre. Quand l’aigrette fut grande, forte & divergente, il parut au Docteur , que le corps duquel elle partoit, (*)
- (*) Franklin’s, Letters, pag. 104.
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- de l'Electricité. 351 jettoit le feu au dehors , & quand on vit le contraire, il parut s’en imbiber {a).
- 3°. Il obferva que quand il préfen-toit l’articulation du doigt devant le globe de foufre, tandis qu'on le tour-noit , le courant de feu entre fon doigt le globe fcmbloit s’étendre fur fa furface, comme s’il fortoit du doigt : mais il en étoir tout autrement devant le globe de verre [51].
- 4°. Il obferva que le vent frais que l’on fent comme venant d'une pointe
- (a) Franklin’s, Letters , pag. 104.
- * [51] Quand on fait ces expériences avec foin & fans prévention pour aucun CyC-tême , & qu’on prend les moyens convenables pour connoître quelle eft la direction du fluide éle&riquc , on voie clairement que ces feux ne différent que parla grandeur de l’apparence & la vîtefle de leur éruption, & qu’ils ont toujours la même direftion, foit qu’on préfente le doigt au globe de foufre, foit qu’on le préfente au globe de verre. Car dans ce dernier cas l’aigrette qu’on voit au bout du do?gt, fait frémir les liqueurs qu’on lui prélente, &. fouffle en avant la flamme & la fumée d’u? c petite bougie : ce qui prouve bien qu’il y a uneifta-tiere qui fort du doigt, fans préjudice a celle qui y entre en même-temps.
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- éleétrifée, étoit beaucoup plus fenfi-ble quand onfe fervoit d’un globe de verre, que quand c’étoit un globe de foufre. Mais quoique ces preuves foient les meilleures que les fenspuif-fent nous donner du fluide éleâxique, le Doéteur reconnoît que ce ne font que des penfées hafardces. En effet, l'expérience ayant prouvé que la vî-tefle du fluide éleétrique eft à-peu-près inftantanée dans un circuit de plulieurs milles, on ne peut pas fup-pofer que l'oeil foit en état de diftin-guer de quel côté il fe dirige dans l'efpace d’un ou deux pouces {a).
- Je finirai cet article en obfervant que les expériences que le Doéteur a faites avec des globes de verre & de foufre , fe font beaucoup plus facilement avec le conduéteur & le frottoir ifolé de l’un ou l’autre , tous les effets étant oppofés les uns aux autres.
- Je vais maintenant ceffer de parler de cet ingénieux écrivain & de fes amis ; après avoir fuivi l’hiftoire de
- (<0 Franklin's, Letters,pag. 105.
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- de l’Electricité. 355 leurs Recherches jufqu'en 1754 , je dois retourner fur mes pas pour voir ce que l’on fit en Europe, deux ou trois ans avant cette date 3 puifque nous l’avons quittée pour paflcr en Amérique.
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- ' ÎÎ+
- Hisioim
- PÉRIODE X.
- Hifioire de l’Electricité depuis le temps où le Docteur Franklin fit fes Expériences en Amérique , jufqu’à Vannée iy66.
- Nous allons entrer dans la derniere Période , dans laquelle l‘Hifioire de tElectricité fe divife d’elle-même, & où la grande variété des matières qui fe présentent à notre vùe, oblige né-ceflairement un hillorien d’avoir recours à la méthode la plus ftri&e, (ans quoi fa narrarion deviendroit extrêmement embarraifée & peu amu-fante. Comme cette Période renferme les événements d’un efpace de temps bien plus étendu que la plupart des autres, fans cependant qu’on y trouve aucun vuide ; attendu que les con-noiifances en Electricité y ont été con-fidérablement multipliées, & qu'un plus grand nombre de perfonnes ont pris part à la moiffon des découver-
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- de l’Elec*b.ici té. 355 tes, dont la femence avoit été jettée , dans les Périodes précédentes, par le Dodeur Watfon , par le Dodeur Franklin & d’autres ; je fuis coutraint de la fubdivifer en un plus grand nombre départies : maisj’elpere qu’on n’en trouvera qu’autant qu'il en faut pour empêcher la coufufion.
- Cependant fi cette variété & cette multiplicité de matières que fournit cette Périfide, tend à embarrafler un hiftorien & à exercer fes talents pour la diftribution &r l’ordre, elle fournit une démonftration frappante d’une vérité , qui doit caufer le plus grand plaifir à tous les Amateurs de l'Electricité & de la Phyiique. Si les progrès continuent à être les mêmes dans une autre Période , d’un égal nombre d’années, fi les découvertes continuent à être plus abondantes, & les Amateurs à proportion plus nombreux , quelle fcëne glorieufe nous attend ! quel fonds d’amufements nous cft réfervé ! quels avantages importants le genre humain ne pourra-t-il pas en retirer !
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- SECTION I.
- Améliorations dans l’appareil Electrique, avec les expériences & les obfervations qui y ont rapport.
- Comme on a beaucoup* amélioré notre appareil électrique dans le cours de cette Période, je rapporterai d’abord ce qui eft parvenu jufqu'à moi fur ce fujet, & particuliérement les méthodes qu’on a communiquées de temps à autres, pour augmenter le pouvoir de l’Eleélricité par les différentes maniérés d’exciter cette vertu.
- Dès l’année 1751 , en parlant de l’effai que l’on fît des expériences dé M. Winkler, on a fait mention de la méthode de M. Canton, de frotter les tubes avec une étoffe de foie , préparée avec de l’huile de graine de lin. Il avoir trouvé , par une très-longue expérience, quelle produifoit le plus grand effet fur les tubes ; mais il n’a-voit pas trouvé qu’elle fût auffi bonne
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- DE l’ElECTR
- CITÉ.
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- à proportion pour frotter les globes (*).
- Dans une autre occafion , M. Canton remarque qu’au moyen de ce frottoir, un cylindre folide de verre qu’on avoit préfenté devant le feu pour le bien fécher, seleétrifoit auflî facilement qu’un tube de verre, & qu’il agifloit de même à tous égards ; que même dès le premier coup il de-venoit fortement électrique (/>).
- Mais la meilleure façon que découvrit M. Canton pour augmenter le pouvoir de l'éleétricité, fut d'étendre fur le couffin du globe, ou fur le frottoir de foie huilé du tube, une petite quantité d’un amalgame de mercure & d’étain, avec un peu de craie ou de blanc d’Efpagne. On peut par ce moyen éledrifer un globe ou un tube, a un fort haut degré avec très-peu de frottement, fur-tout fi l’on a foin de rendre le frottoir plus humide ou plus fec félon le beloin (c).
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- M. Wilke dit qu’un tube de verre éleétrifé avec une étoffe de laine, fur laquelle on a mis un peu de cire blanche ou d’huile , lance des étincelles avec beaucoup de bruit dans l’obfcurité (a). 11 prétend n’avoir jamais vu de globes lancer de ces étincelles , fi ce n’eft quelquefois quand on commençoit à s’en fervir (b).
- Notre appareil éleétrique a été con. fidérablement augmenté dans cette Période, par la découverte du Pere Windclinus Ammerfin de Suifle , qui nous a appris , dans un traité latin publié à Lucerne en 1754, que le bois convenablement féché, jufqu’à devenir fort brun , n’étoit point conducteur d’élcdricité. 11 recommande de faire bouillir le bois dans l’huile de graine de lin , ou de le couvrir de vernis , quand il a été féché , afin d’empêcher tonte humidité de rentrer dans fes pores ; & il ajoute que du bois ainfi préparé, paraît donner des lignes d’éleétricité encore plus forts
- P*Z-,IZ+
- (4) Ibid. pag. 116,
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- de l'Electricité. 3J9 que ceux que donne le verre. Il s’eft lcrvi lui-même des mefures ordinaires , telles qu’on en trouve dans les greniers , qu’il a fait d’abord bouillir dans l’huile, & qu’il a montées en-fuite de façon à pouvoir être tournées au moyen d’une roue (a).
- Il paroît , dit M. Wilfon, par les Tranfaétions Philofophiques de l’année 1747 , que le Docteur Watfon ayant befoin de foutenir un long fil de fer, dans une expérience qu’il fit auprès de la montagne de Shooter , dans la vue de déterminer la vîtefle, du fluide éleétrique , fe fervit de* pieux de bois fec , qu’il dit avoir fait mettre au four, afin d’empêcher le fluide éleétrique de s’échapper dans le terrein (t).
- Le Pere Beccaria employa une méthode de procurer l’életlricité, encore plus extraordinaire que le bois léché au tour. Il mit fur fon globe de verre une peau de chat féche & chaude,
- (a) Philof. Tranfaét. vol , part. 1 '' fi)*\bid. vol. ji , part. 1, pag. 89S.
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- 5 <SÔ -Histoire
- 6 la frottant avec la main , il excita une électricité très-puiffante (a).
- Ces Cylindres de bois éleCtrifent pofitivement ou négativement félon que le frottoir eft de (oie ou de laine, mais l'éleCtricité en eft beaucoup plus puiflante quand elle eft négative que quand elle eft pofitive ; ce qui vient de l'inégalité qu’il y a communément fur leurs furfaces ; cela forme une agréable variété dans un appareil électrique, Mais la méthode la plus ancienne & la plus ufitée de procurer l'éleCtricité négative , eft de fe fervir de globe de foufre. M. le Roy les a faits en mettant une enveloppe de foufre fur un globe de verre , & la poliflant enfuite avec un fer chaud ; mais M. Nollet à préféré de faire fondre le foufre dans l’intérieur du globe de verre , & de cafter enfuite le globe pour ôter le verre par morceaux , parce que cette méthode lui donne un poli beaucoup plus beau (b).
- 11 a fait un globe avec un mélange
- [a) Lsttere dell’ Elettricifmo, pag. j8, '!>) Nollet , Lettres, vol, i, pag. m.
- de
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- DE l’E LECTR.ICITÉ. ?6l de foufre & de verre pilé , mais il a trouvé qu’il produifoit à peu-prés le même effet que s’il eût été tout de foufre (a).
- Depuis que M. Canton eut découvert la puiflance négative du verre brut & raboteux , quelques Phyfi-ciens le font lervis de globes de verre dépoli avec de l’émeril , & la méthode ordinaire de leur faire perdre leur poli, fut de les frotter, en les tournant fur leur axe ; mais M. Speud-ler, faileur d’inftruments de Mathématique à Coppenhague , obferve, dans les Lettres fur l’Eleétricité , que des globes de verre qu’on a dépoli, en conduilant la pierre ou l’émeril d’un pôle à l’autre, ont beaucoup plus de vertu ; parce que cette maniéré de les dépolir les rend plus rudes par rapport au frottoir (b).
- Un moyen plus prompt 8c meilleur que tous ceux-là, pour procurer le-leétricité négative , c’eft d’ifoler le frottoir d’un globe poli, & de le faire
- (a) Nollet, Lettres, vol. 2, pag. 124. (4)'\’ ilke, pag. S7.
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- 5<?i Histoire répondre à un principal conducteur ifolé, tandis que le conducteur ordinaire communique avec le terrein. Le frottoir, s’il eft bien ifolé, procurera sûrement une électricité négative , égale en puiflance à la pofuive du même globe. M. Dalibard enfeigne un grand nombre de précautions pour bien éledrifer un frottoir , & pour l’empêcher de recevoir aucun feu éledrique dans fon étatd’ifolation (a).
- M. Bergman d’Upfal dit que fort fouvent, voyant que fes globes de verre ne pouvoient être éledrifés que foiblement, il les doubloit d’une légère couche de foufre, & t}u’alors ils aonnoient une éledricité pofitive beaucoup plus forte qu’auparavant(é).
- M. Nollet nous apprend qu'en Italie & ailleurs, les Eledriciens font dans l'ufage d’enduire de poix ou d’autre matière réftneufe l’intérieur de leurs globes , précaution qui, à ce qu’ils prétendent, fait qu’ils vont toujours très-bien (c).
- (a) Dalibard’s Franklin 3 pag. no.
- (A) Phil. Tranf. vol. fi, part, i, pag. 48], (0 Lettres, vol. z, pag.ua.
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- ce l’Eiectricit! 5<fJ
- Nous fommes redevables à M. l’Abbé Nulle: de quelques obfervations fur les puiffances électriques de différentes fortes de verre , qu’il nous a données dans le fixieme volume de fes Leçons de Phyfique , imprimé en 17 >4
- Il ne faut pas croire , dit-il, que tomes les efpeces de verre foient également éleétrifables. 11 y en a qui ne le font point du tout ou prefque point ; tel eit par exemple celui dont on fait les glaces à Saint-Gobin en Picardie. Je l’ai eflayé cent fois, dit-il , en forme plate , en forme de tubes & de globes, & dans toutes fortes de temps ; mais à peine ai-je pu en tirer quelques Lignes un peu fenfi-bles d électricité.
- Le verre dont on fait des vitres, celui qui fert à la gobleterie , quand il eft nouvellement fabriqué, ne s’é-leétrife qu’avec beaucoup de difficulté. Souvent, dit-il, j’ai frotté à plu--fieurs reprifes des tubes & d’autres pièces , même dans la verrerie où je les avois fait faire , & toujours fans fans fuccês ; ce n a été qü’aprës plusieurs mois , & quelquefois apres
- Q Ü
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- 3 <5"4 Histoire
- des années entières que j’en ai pu tirer
- parti.
- Il eft certain, \ & il affure l’avoir conftamment obfervé ] que le verre devient plus propre aux expériences électriques à force d’être frotté ; & que quelquefois il a fallu des mois entiers pour faire bien reuffîr des globes & des tubes.
- H ne penfe pas que ces faits puifîent être expliqués par les différents degrés de tranfparence, ni par les différentes couleurs du verre. Ce qui rend la chofe évidente , c’eft que certains globes acquièrent, par le fervice , la vertu éledrique qu’ils n’avoient pas d’abord. Le verre dont on fait les bouteilles à Sevres lui a fort bien réuffi , tandis que des globes de verre blanc ne font devenus paffablement bons qu’après avoir fervi un certain temps.
- Il ne pourroit dire certainement pourquoi quelques efpeces de verres font éleét.ifibles ou non par le frottement ; mail il foupçonne que cela vient principalement du degré de dureté & de cuiffon ; ce qui le porte à le croire, c’eft que le verre des manufactures de Saint-Gobin & de
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- de l’Electricité. 365 Cherbourg , [ le plus dur , le plus compaét & le plus cuit de tous les verres de France, ] eft le plus difficile à éle&rifer ; au lieu que le cri liai d’Angleterre, celui de Bohême , &c. qui font beaucoup plus tendres , font les meilleurs de tous pour les expériences d’éleélricité. il dit de plus , qu’il s’eil procuré dés verres imparfaits , qui n’avoient pas été aflez longtemps dans le fourneau pour être fins ; & que, quoiqu’ils fuflent de même compofition que les glaces, ils fe font électrifés très-fenliblement.
- 11 dit qu’un globe de dix ou douze pouces de diamètre, & qui fait environ quatre révolutions par fécondé, reçoit un frottement convenable ; mais qu’il ne faut pas s’attendre que fi le globe étoit de moitié ou d’un quart plus grand ou plus petit, fes effets fulfent augmentés ou diminués à proportion (a).
- A l'occafion des corps ifolés , il ob-ferve que , quand on fe fert pour cet
- (a) Leçons de Phyfique, vol. 6, p. 2.73-47 6. ...
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- 3 SS Histoire effet de gâteaux de foufre, de réfine, de cire à cacheter & de cire d’abeilles , ces matières doivent être bien refroidies & bien repcfées lorfqu’on les emploie. Car il prétend avoir ob-lervé conftamment , que quand les gâ eaux font nouvellement faits , ils ne font pas fi propres à ifoler les corps, qu ils le font communément au bout de quelques mois (a.
- 11 eft a propos d’avertir ici les jeunes Eledriciens , qu’on a vu plufieurs fois des globes fe brifer en les éledri-fant, & leurs fragments s’élancer avec beaucoup de violence dans toutes fortes de diredions au grand danger des fpedateurs. Cet accident eft arrivé à Ivl. Sabatelli en Italie, à M l’Abbé Nollct à Paris, au P. Berault à Lyon, à M. Boze à Wirtemberg . à M. le Cat à Rouen , & à M. le Prélident de Robien à Rennes.
- L’air contenu dans l’intérie r du globe de M. Sabatelli n’avoit point de communication avec l’air extérieur : mais il y en avoit dans celui de
- 00 Leçons de Phyfique, vol. 6, p. 159;
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- M. l’Abbé Nollet. Ce dernier, qui étoit de cryftal d’Angleterre , qui avoit déjà lervi deux ans, Si qui avoit plus d’une ligne d’épaiffeur, éclata comme une bombe , dans les mains d’un domeilique qui le frot-toit ; St les morceaux, dont les plus grands n’avoient pas plus d’un pouce de diamètre, furent difperfés de toutes parts à des dütances conlidérables. M. l’Abbé dit que tous les globes qui ont éclaté de cette maniéré , n’ont foutenu que cinq ou fix tours de roue : & il attribue cet effet à l’aétion de la matière éleélrique, qui ébranle les particules du verre d’une maniéré qu’il ne peut pas concevoir '«).
- Quand le globe du P. Berault fè caffa, [ Si c'eft le premier que l’on fâche à qui cet accident foit jamais arrivé, ] il faifoit quelques expériences dans l’obfcurité , le 8 Février 1750 , on entendit d’abord comme un bruit de déchirement , enfuite l’explofion fe fit ; & quand on eut apporté la lumière, on obferva que les
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- 368 H i s t o i R e endroits du plancher qui étoient dans le plan de l’équareurdu globe, furent femés de parcelles plus petites & en plus grand nombre que celles qui furent lancées vis-à-vis fes autres parties. Ce globe avoir été fêlé, mais il avoit lervi conftamment dans cet état pendant plus d’un an , &: la fêlure étoit étendue du pôle à l’équateur. Le P. Berault attribue cet accident aux vibrations des particules du verre eau fées par le frottement {a).
- Quand le globe de M. Boze fe brifa , il dit que dans le moment même il parut dans fa totalité comme un charbon enflammé ; phénomène que nous verrons ci-après expliqué par M. Wilke (b).
- M. Boulanger dit que de; globes de verre ont quelquefois éclaté comme des bombes, & bielle plulieurs perfonnes ; & que leurs fragments ont même pénétré de plulieurs pouces dans une muraille (c). Il dit aulîî que
- (a) Hiftoire de l’Eleâricité, pag. 87.
- (b) ilke , pag. 114.
- M Boulanger, pag. 13.
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- î> E L’EieCtriciTÉ. 3 69 quand des globes , en tournant, fe brifent par l’attouchement du conducteur , ils éclatent avec la même violence , & que les morceaux entrent fouvent dans la muraille (a).
- M. l’Abbé Nollet avoit aurfî un globe de foufre qui après deux ou trois tours de roue le brifa, après avoir craqué intérieurement, tandis qu’il le frottoit avecfes mains nues ; & fe réduifit en morceaux fort petits, qui s’élancèrent à une diftance confidéra-ble , & en une pouffiere fine, dont une partie fut pouflee avec tant de force vers Fa poitrine, qui étoit découverte , qu’il ne put l’en détachée qu’avec la lame d’un couteau (b).
- (a) Boulanger, pag. 144.
- (i) Nolletj Lettres, vol.i, pag. 120.
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- 37o
- H i s T
- PÉRIODE X.
- SECTION II.
- Ob/ervations fur le pouvoir con-du3eur de différentes fubfian-ces , St particulièrement les expériences de M. Canton fur Pair , & celles du P. Beccaria fur Pair & Peau.
- Uh e des principales chofes qui fe-roient à defirer dans la fcience de l’Electricité , c’eft de fixer en quoi confifte la diftinétion entre les corps qui font conducteurs du fluide électrique , & ceux qui ne le font pas. Tout ce qu’on a fait jufqu’ici, relativement à cette queftion , s’eft réduit prefque à ol~ ferver combien ces deux claffes de corps font approchantes l’une de l’autre ; & avant la Période dont nous traitons actuellement,
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- Dï L’EtECTRiCIti Î71 ces obfervations étoient en petit nombre , générales & luperficielles. Mais je vais préfenter à mes ledeurs plu-fieurs expériences exades & fort cu-rieufes , qui, fi elles ne nous donnent pas une fatisfadion entière fur l’objet dont il s’agit , jetteront cependant beaucoup de jour fur cette matière. Elles font voir que les fubftances qui ont été confidérées comme des conducteurs parfaits , ou comme non conducteurs , ne font telles que jufqu’à un certain point, & que vraifembla-blement tous les corps de la nature participent en quelque forte aux propriétés des deux.
- Ces expériences ont été faites par deux hommes, que je puis, en qualité d’hiftorien, regarder comme deux des plus célébrés héros de cette partie de mon ouvrage ; favoir M. Canton, dont les découvertes en Eledricité pendant cette Période, font beaucoup plus confidérables & plus nombreufts que celles d’aucun autre Anglois ; & le P. Beccaria un des plus célébrés de tous les Eledriciens étrangers.
- Perfonne n’avoit découvert avant M. Canton que l’air étoit capable de
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- 37i Histoire recevoir l’éleétricité par communication , & de la conlerver quand il l’a reçue ; mais au moyen d’une de fes excellentes inventions, il parvint à s’en aflurer, &r même à en mefurer le degré, pour le peu qu’il fût conli-déraole.
- 11 prit deux petites balles de moelle de fureau fécnes, faites au tour ; il les mit dans une boîte étroite dont le couvercle étoit à coulifle , & les difpofa tellement que les fils , qui étoient du lin le plus fin, fe tenoient droits dans la boîte. Si l’on tient cette boîte par le bout du couvercle, les balles pendent librement d’une petite pointe qui eft en-dedans Ces balles lufpendues à une diftance fuffifante des bâtiments, des arbres, &c font connoî re aifément l'clectricité del’at-mofphere. Elles déterminent auffi fi l'électricité des nuages & de l’air eft pofitive, par le décroiflement, ou négative par l’accroiflement de leur ré-pulfion , quand on en approche de l’ambre ou de la cire d’Efpagne élec-trifés.
- Au moyen de cet inftrument, il obferva que l'on pouvoit éleétril'er
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- de l’Electricité. 57? l'air d’une chambre auprès de l’appareil ; & même l’air de toute la chambre , à un degré confidérable , ce qu’il étoit en état de faire tant pofitivement que négativement.
- Il obferve , dans un Mémoire lu à la fociété Royale , le 6 Décembre 175 i , que l’air ordinaire d’un appartement peut être éleétrifé à un degré confidérable, & conferver cette électricité quelque temps. Ayant bien fé-ché l’air de la chambre par le moyen du feu [51], il éleélrifa fortement un tube de fer blanc-, qui avoit une paire de balles fulpendue à une de fes extrémités ; pour-lors il parut que l’air voifin étoit pareillement éleétrifé. Car ayant touché le tube avec fon doigt ou un autre conduéleur , les balles continuèrent malgré cela à fe
- #3* [52.] Je ne regarde pas comme un moyen sûr, à beaucoup près, de faire du feu dans une chambre pour en ficher l’air. Par-là on lechaufFe ; mais oh ne le feche pas. Au contraire , s’il fe trouve dans cette chambre des corps contenant de l’humidité qui puiiîe s’évaporer, elle le fera plus promptementi & alors, au lieu de fécher l’air en l’échauffant, on le rendra par-là plus humide.
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- J74 Histoire repoufler l’une l’autre , quoique pas à une fi grande diftance qu’aupara-vant (a). Mais il obferve que leur répulfion diminuoit à mefure qu’on les approehoit du plancher , de la boiferie ou de quelque meuble ; & qu'elles fe toucnoient l’une l’autre, quand on les plaçoit à une petite diftance de quelqueVonduAeur. 11 a remarqué que l’air confervoit quelque degré de cette puiflance éledrique pendant plus d’une heure après le frottement du tube, quand le temps étoit très-fec [53].
- (a) Philof. Tranfad. voï» 49 , part. 1 ; pag. 300.
- #3* En] De cette expérience, M. Canton conclut que l’air s’eft éledrifié par communia cation : il auroit dû en conclure plutôt que Tes balles a voient confervé un peu d’éledricité, malgré Ton attouchement au condudeur ; car s’il eût touché les balles mêmes, elles Te fie-roient entièrement déséledrifées, comme le prouve la diminution de leur répulfion, par leur approche au plancher ou au* meubles : & elles n’auroient pas été éledrifées de nouveau par l’air ambiant ; ce qui auroit cependant dû être, fi cet air eût été lui même électrifié. Ou du moins, s'il s’eft trouvé quelque
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- dï t’Euciu terri. 375
- Pour éleftrifer négativement l'air ou l’humidité qui y eft contenue, M. Canton ifola par le moyen d’un cordon de foie tendu entre deux chaifes, tournées dos à dos , & diftante l’une de l’autre d’environ trois pieds, un tube de fer blanc, qui avoit à une de fes extrémités une aiguille à coudre bien fine ; & il frotta du foufre, de la cire à cacheter , ou un tube de verre dépoli, le plus près qu’il put de l’autre bout , pendant trois à quatre minutes ; apres quoi il trouva l’air éleéfcrifé négativement, lequel continua dans cet état un temps confidéra-ble, après que l’appareil eut été tranfi-porté dans une autre chambre (a).
- Il dit, dans un Mémoire, daté du ii Novembre 1754, que l’air fec, à une grande diftance de terre , s’il eft dans un état éleârique , y demeure jufqu’à ce qu’il rencontre -quelque
- (a) Philôf. Tranfaft. vol. 48 , part. 1, pag. 784.
- électricité dans l’air, ce n’ell pas à l’air qu’elle appartenoic, mais aux parties aqueufes qu'il contenoit.
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- 37^ Histoire condu&eur i cela eft probable par l’expérience fuivante. Si l’on place un tube de verre Frotté, Sc qui a fon poli naturel , droit dans le milieu d’une chambre , [ en mettant une de fes extrémités dans un trou fait exprès dans un bloc de bois, ] il perd ordinairement fon éleéiricité en moins de cinq minutes , en attirant à lui une quantité d’humidité fuffifante pour tranfmettre le fluide éleétrique de toutes les parties de fa furface au plancher ; maisii, dés qu il a été frotté, on le place de la meme maniéré devant un bon feu , à environ deux
- Êieds dediftance, de façon qu’aucune umidité ne s’attache à fa furface ; il continuera à être éleéfrique un jour entier & peut-être encore plus longtemps («) [54].
- Le P. Beccaria, fans fa voir ce qu’a-voitfait M. Canton , fit aufli la même
- («) Philof. Tranfaft. vol. 48, part. 1; pag. 784.
- <8CF» I44] M. Canton devoit favoir que de wîUfe.r,.un tube de verre > Souvent pour 1 éle&rifer.
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- de i'Electri CITE. 377 découverte de la communication de l’éleélricité à 1 air, & varia l’expérience d’une façon plus agréable &c plus fatisfaifante. Il prouve que l’air qui eft contigu à un corps eleétrifé, acquiert par degré la même électricité ; que cette éleétrité de l’air agit d’une maniéré oppofée à celle du corps , & diminue les effets ; & que, comme i’air acquiert cette électricité lentement, il la perd de même.
- Il commença fes expériences par fufpendre des filsde lin lurune chaîne éleétrifée, & il obferva que c’étoit après quelques tours du globe qu’ils étoient les plus divergents. Après cela ils fe rapprochoient les uns des autres , quoiqu'il continuât de faire tourner le globe , & que l’éleétrifa-tion fut auflï puiflante que jamais a).
- Après avoir tenu la chaîne éleétrifée pendant un temps con(idcrable, celfant alors de frotter le globe , les fils retombèrent peu-à-peu , jufqu’à ce qu’enfin ils devinrent parallèles. Enfuite ils recommencèrent à devenir divergents fans être éteétrifés de nou-
- (a) Lettere dell’Elettricifrao, pag 87.
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- 578 H i s t o i r i veau ; &rfl l'air étoit tranquille, cette divergence continuoit pendant une heure ou plus.
- On diminuoit cette divergence en éleârifant la chaîne. Carfion recem-mençoit à tourner le globe , les fils devenoient d'abord parallèles, & en-fuite commençoient à diverger comme auparavant. Ainli la fécondé divergence des fils eut lieu , lorfque la chaîne fut privée de fon éleétricité }
- & lorfque la portion que l’air en avoit I acquis, commença à fe manifefter. I
- Si, tandis que les fils commençoient I à diverger par l’éleétricité de l’air, I on touchoit la chaîne & qu’on ôtât I par-là ce qui lui reftoit d’éleétricité, auffi-tôt les fils fe féparoient de plus en plus. Ainfi plus l’électricité de la chaîne étoit diminuée, plus l’éleébri-cité de l’air étoit apparente.
- Tandis que les fils étoienr dans leur fécondé divergence, il fufpendit à la chaîne , par le moyen d’un fil de foie, deux autresfilspluscourtsque les précédents ; & quand il eut enlevé à la chaîne toute fon électricité, ils fe réparèrent de même que les fils précédents.
- Si il préfentoit d’autres fils aux pré-
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- CE l'EiECTRICItÉ. cédents pendant leur divergence , ils fe repoufloient les uns les autres (a).
- C’eft ainfi que le Pere Beccaria démontre, d’une maniéré ingénieufe &c complette , que l’air reçoit réellement 1 elcâricité par communication, & la perd par degré ; & que lelcûricité de l'air agit d’une maniéré contraire à celle du corps qui la lui communique.
- Le Pere Beccaria fit aufli diverfes autres expériences , qui démontrent d’autres qualités mutuelles de l’air & du fluide éleûrique ; quelques unes fur-tout qui prouvent leur répulfion mutuelle ; & que le fluide éleétrique fait un vuide momentané en traver-fant une portion d’air.^
- 11 approcha les extrémités de deux fils de fer , à une petite diftance l’un de l’autre, dans un tube de verre dont un bout étoit bouché &: l’autre plongé dans l’eau ; & il obferva que l’eau baifloit dans le tube à chaque fois qu'une étincelle pafloir de l’un à l’autre , le fluide éleétrique ayant repouffé l’air (é).
- (a) Lettere dell* Elettricifmo, pat;. 90. (i) elettricifmo artificiale e naturale,
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- 580 Histoire
- Il fit l’explofion électrique quantité de fois dans le même air , renfermé dans un tube de verre , à l’effet de s’aflurer fi lelafticité de l'air en étoit affedée ; mais il n’y trouva aucune altération. Après l’opération il brila le tube fous l’eau ; mais il ne s’en échappa aucune portion d’air ; & aucune portion d’eau ne força le paffage dans le tube. L’expérience fut faite avec toute la précaution requife par rapport à la chaleur & au froid (a).
- Les expériences que fit le P. Beccaria fur l'eau pour montrer fon imper-fedion comme condudeur, font plus furprenantes que celles qu’il fit fur l’air pour fon imperfedion dans un fens contraire Elles prouvent que l’eau tranfmet 1 eledricité à raifon de fa quantité ; & qu’une petite quantité d’eau oppofe une fort grande ré-fiftance au paflage du fluide éledri-que.
- Il difpofa des tubes pleins d’eau, de maniéré qu’ils faifoient partie du
- (a) Elettricifmo artificiale e naturale;
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- DE t’E LE CT R I CI T 4. }8l
- cercle éledrique : il obferva quequand ils étoient tort petits, ils ne cranfmet-toient pas la commotion ; mais que la commotion augmentoit à meiure que les tubes dont on fe fervoit étoient plus grands {a).
- Mais ce qui nous furprend le plus dans les expériences du Pere Beccaria fur l’eau , c’eft qu’il y rendit vifible l’étincelle éleârique, quoi qu’elle loit un condudeur réel de l’éleâricicé. Rien cependant ne peut prouver plus clairement combien elle eft un conduéteur impartait.
- 11 inlinua des fils de fer dans de petits tubes remplis d’eau , prefque au point de fe rencontrer; & s’en lervant pour décharger la bouteille , l’étincelle éledrique fut vifib'.e entre leurs pointes, comme s’il n’y eût point eu d’eau dans l’intervalle. Le plus fou-vent les tubes furent brifès par morceaux , & les fragments jettés à une diftance confidérable. Cela fut caufé évidemment par la répulfion de l’eau
- (a) Elettcicifmo artificiale e natutale, pag- HJ-
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- jSi Histoire & par fon incompreffibilité ; n’étant pas capable de fe retirer aflez fur elle-même , & la force avec laquelle elle fut repouflee étant fort grande(a) [s 5].
- Il prétend que la force avec laquelle de petites quantités d eau lont ainG repouflées par le fluide éledrique, eft prodigieufe ; au moyen d’une charge de quatre cent pouces quarrés , il rompit un tuyau de verre de deux lignes d’épaifleur, & les morceaux furent chaflès à vingt pieds de diftance. Quelquefois même il cafla des tubes épais de huit ou dix lignes, & les morceaux furent jettés à des diftances proportionnellement plus grandes (i).
- Il trouva l'effet de l’étincelle électrique fur 1 eau plus grand que celui d’une étincelle de feu ordinaire fur la poudre à canon : & il ne doute pas , dit - il , que , fl on pouvoir
- (a) Elettricifmo artificiale e naturale
- (4) Lettere dell’Elettricifmo, psg. 74. tfr [ft] La vraie caufe de cet effet eft le mouvement rétrograde des deux courants de matière életftrique, caufé par leur percuffipn mutuelle dans l'explofion.
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- DE t’ElïCTRICITB, )Sf trouver une méthode de la manier aufli-bien un canon chargé d’eau ne fût plus terrible, qu’un canon chargé de poudre. En effet, il chargea d eau un tube de verre , & y inlinua une petite balle , qui fut déchargée avec une force telle qu’elle alla s’enterrer dans de l’argille qu’on avoit placée pour la recevoir (a).
- Il imagina que cette réfiftance que de petites quantités d’eau font à la matière éledrique, étoit plus grande que celle de l’air (b) ; cependant il jugea qu il étoit poffible que dans ce cas là la matière cledrique n’agît pas fur l’eau immédiatement , mais fur l’air fixe qu’elle contient : car quand les tubes ne fe briferent pas, il ob-ferva qu’un grand nombre de bulles d’air qui refterent éparlès dans toute la mafle de l’eau , montèrent au fom-met, & fe mêlèrent avec l'air de l’at-mofphere (c).
- () Lettere dell’Elettricifmo ,p. 7f 7®*
- () Elettricifmo artificiale e naturale ,
- P le) Ibid. pag. n6,
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- »*4 H i s
- T O I R
- Il imagina aufli que le fluide électrique agifl'oit fur l’air fixé dans tous les corps , quoiqu’on ne pût pas rendre ce fait lenfible par aucune expérience (a).
- Au contraire il fuppofaque l’aélion de la matière éleétrique tendoit à fixer l’air élaftique, en frottant une matière fulfureufe, que le Doéteur Haies prouve avoir cette propriété (b). Mais l’expérience ci-devant rapportée, de l’étincelle éleârique, excitée dans un tube bouché, n’elt pas favorable à cette fuppofition.
- Quand on plaça une goutte d’eau entre les pointes de deux fils de fer, & qu’on le fervit de cet appareil pour décharger la bouteille, l’eau fut uniformément difperfée fur les parois intérieures d’une fphere de verre, dans laquelle tout étoit renfermé. Il conjecture de la même manière que l’action de la matière éleétrique augmente l'évaporation de l’eau (c).
- Elettricifmo artificiale e naturale,
- "$)" Ibidem. b) twd. pag. 117.
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- B E l’ElECTRIGITÉ. 385
- En faifant palfer la commotion à travers une quantité d’eau verfée fur une furface platte , dont on avoit laifle exprès quelques portions de la circonférence prelque à fec, ces portions devinrent tout-à-fait féches, beaucoup plutôt qu’elles ne Fauroient été , fi on n’avoit point fait palier la commotion au travers (a).
- Il explique, d’après ce principe, la prétendue rupture des vaifleaux fan-guins dans les petits oifeaux par la commotion éleétrique (b). Et quand un mulcle fe contracte par la commotion , il fuppofe que cela vient de la dilatation des fluides que leurs fibres contiennent, dans le temps que la matière électrique les traverfe.
- L’eau feule eft, à fon avis , un conducteur d’éleCtricité fi imparfait, qu’une feuille verte tranfmet mieux la commotion qu’une égale épailfeur d’eau (e). Si le fait eft vrai, & que
- ( a ) Elettricîfmo artificiale e naturale
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- jSiî Histoire
- les fluides des végétaux tranfmettent l’éle&ricité mieux que l’eau ; cela con-firmeraune conjedure que le Dodeur Franklin m’a dit avoir tirée de quelques expériences qu il n’a pas allez bien ftiivies ; (avoir que les fluides des animaux tranfmettent 1 éledri-cité mieux que l’eau. 11 dit que le nerf d'un daim qui ne paroifloit pas fort humide , tranfmit la commotion , tandis qu’un fil humeclé nc put pas le faire.
- Le P. Beccaria trouva aulfi que le métal même n’étoit pas un conducteur parfait d’éledricité , mais qu’il faifoit quelque rcfiftance au palfage du fluide éledrique. 11 s’aflura de ce fait en mefurant le temps dont il étoit retardé en palfant à travers des fils de fer longs & menus, malgré les expériences qu’on avoit faites auparavant & qui fembloient prouver le contraire.
- Il fufpendit un fil de fer de cinq cent pieds de long , dans un grand bâtiment, & , au moyen d’une pendule qui battoit les demi-fecondes, il remarqua que des corps légers places à un bout fous une boule de papier
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- B8 l’Electricité. 387 doré , ne s’ébranlèrent que plus d’une demi-fécondé après qu’il eut appliqué à l'autre bout le fil de fer d une bouteille chargée.
- En eUayant la même chofc avec une corde de chanvre , il compta lix vibrations ou plus , avant qu’ils re-muaffènt ; mais quand il eut humecté la corde, ils fe mirent en mouvement apres deux ou trois vibrations (a . II ne dit pourtant pas que le fluide électrique ait employé tout ce temps dans fa marche; parce qu’il peut bien falloir une certaine quantité du fluide, avant qu’il puifl'e enlever les corps légers. Mais il s’imagina qu il femou-voit avec plus ou moins de vîtetfe, félon que les corps par lefquels il paf-foit, avaient auparavant plus ou moins de ce fluide b).
- J’aioùterai , à ces expériences du P. Beccaria , fur les pouvoirs conducteurs de l’air & de l’eau . une autre fuite curieufe d’expériences du même
- (a) Elettricifmo artificiale e naturale, pag- (i-
- (b) Ibidem.
- R i;
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- 388 Histoire Auteur , qui font voir la façôn dont la fumée de réfine &de colophone eft affeétée par l'approche d’un corps électrifié . parce quelles ont beaucoup d’affinité avec le fui et que je traite.
- En répétant les expériences du Docteur Franklin , pour rendre vilible les atmolpheres électriques au moyen de la fumée de colophone, qu’il préféra pour cet effet à la réfine , il obferva plufieurs circonftances curieufbs qui avoient échappé aux remarques de cet ingénieux Phyiicien.
- Il chauffa de la colophone fur un charbon, qu’il tenoit dans une cuiller fous un cube de métal éleétrifé ; & obferva que quand une partie de la fumée monta au cube , une autre partie couvrit le manche de la cuiller & s’étendit jufqu’à fa main (a).
- La fumée le tenoit à une plus grande hauteur fur les parties plattes du cube que lur les carnes & les an-gles.
- Si on droit une étincelle du con-dufteur , la fumée en étoit agitée,
- (a) Elettricifmo artifidale e r.aturale, pag-7i.
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- Oll’ElSOTRIClti 389 Biais reprenoit bientôt fa première pofition.
- Le cube avec fon atmofphere donnent des étincelles plus grandes & plus longues qu’un cube qui n’en eft point environné.
- On pouvoit en tirer une étincelle plus forte avec une cuiller qu’avec tout autre corps.
- Ayant ifolé la cuiller, il obferva qu’il montoit à peine quelque partie ae la fumée jufqu’au cube , & que ce qui en approchoit par hafard , n’en etoit pas plus affeété qu’il ne l’auroit été de tout autre corps. 11 mit fon doigt à la cuiller, & les premiers phénomènes revinrent ; en la retirant encore , la fumée qui s’étoit arrêtée fur le cube , fe diffipa auffi-tôt (a).
- En parlant de l’éleéfricité de différentes fubftances, il (era à propos de rapporter une expérience faite par M. Henry Eeles de Lifmore en Irlande , qui, à fon avis, prouvoit que les vapeurs & les exhalaifons de toute
- (a) Elettricifmo attificiale e naturale s pag-7J>74-
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- j9o Histoire cfpece font éleétriques. Le Mémoire qui en contient le détail fut lu à U Société royale le a, Avril 755.
- il éledrilà un duvet de plume l'uf-pendu au milieu d’un cordon de foie, & fit paflèr deflous &r au travers plu-fieurs eipeces de vapeurs &r de fumées'; il obferva que Ion éleéhicité n’en fut pas du tout diminuée , coin-, me il penfoit qu'elle l'eût été fi la vapeur n’eût pas été élcélnque ; & fi en confoqucnce elle eût emporté avec elle une partie de la niâtiere électrique dont la plume éroit chargée. H obferva auffi que l'effet fut le même, foit que la plume eût été éleét ifée avec du verre ou avec de la cire ; ce qui , félon lui, n’étoit pas facile à expliquer (ai.
- M. Darwin de Litchfield répond à eette expérience, dans une lettre adref-fée à la Société royale , & lue le 5 Mai 1757 , que beaucoup de corps élcétriles & particuliérement toutes les lubftances légères , féches , ani-
- ( 0 Philof. Tranfaét. vol. 49, part. 1, pag. 1 JJ.
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- Dt t’ElBCTRlOITl males & végétales, ne perdent pas aifément leur électricité, quoiqu'elles (oient touchées par des conducteurs pendant un temps confidérable U toucha neuf fois avec fon doigt une Diurne éleétrifée , comme celle de M. Eeles, & la trouva encore élec-trifée, Une balle de liege fut touchée (èpt fois en dix fécondés de temps, fans avoir perdu toute fon éleétri-cité (a).
- M. Kinnerfleyde Philadelphie écrivant au mois de Mars 1761,, au Docteur Franklin fon ami & fon correspondant qui étoit alors en Angleterre , lui donne avis qu'il n'a pu rien éleétrilèr par le moyen de la vapeur de l’eau bouillante éleétrifée : d’où il conclut que , contre ce que fon ami & lui avoient fuppofé auparavant, la vapeur étoit fi éloignée de s’élever en un état d’éleftricite qu’elle laifloic en arriéré fa portion ordinaire d’électricité (i).
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- 3Si H I S T O I R S
- Pour effayer les effets de l’cleâri-cité fur l’eau, M. Kinnerfley imagina un excellent infiniment qu’il appelle Thermomètre électrique d'air. 11 eft com-pofé d’un tube de verre, d’environ onze pouces de longeur & d’un pouce de diamètre , plein d'air , & fermé à chaque bout des par virolesde cuivre, & d'un petit tube ouvert par les deux bouts, qu’on laiffe defeendre à travers la plaque fupérieure dans un peu d’eau mife au fond du grand tube. Il plaça dans ce vaiffeau deux fils de fer, l’un defeendant de la virole de cuivre du bout fupérieur , & l’autre montant de la virole de cuivre du bout inférieur , par le moyen defquels il pou-voit décharger une jarre , ou tranf-mettre une étincelle, &c. & voir en même-temps l’expanfion de l’air dans le vaiffeau par l’élévation de l’eau dans le petit tube. A l’aide de cet inftrument, il fit les expériences fuivantes rapportées dans une lettre au Doéleur Franklin , datée du n Mars 1761.
- Il mit le thermomètre fur un guéridon éleélrique avec la chaîne attachée au premier condufteur, & l’entretint bien éleétrifé pendant un temps
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- DE l’ExECTR I CIT È. J9J confidérable ; mais fans produire beaucoup d'effet ; d’où il conclut que le feu éleétrique, quand il eft dans un état de repos , n’a pas plus de chaleur que l’air & les autres matières dans lefquelles il fe trouve.
- Quand les deux fils de fer en dedans du vaiflèau , furent en conraét, une forte charge d’éleétriuté de plus de trente pieds quarrés de verre garni de métal, ne produit» poi t de raréfaction dans l’air ; ce qui fit voir que le feu qui paffoi. à travers ces fils ne les avoit point échauffés.
- Quand les fils de fer furent à environ deux pouces de diftance , la charge d’une bouteille de pinte & demie, jnefure de Paris s’élançant de l'un à l’autre, raréfia l’air très (cnfiblement ; ce qui montra que le feu électrique produit de la chaleur en lui-même, comme dit M. Kinnerflcy, atifli-bien q te dans I air, par la rapidité de Ion mouvement.
- La charge d’une jarre d’environ vingt deux pintes Dallant d’un fil de fer à l’autre , cailla dans l’air une ex-panfion prodigiculc ; & la charge de fa batterie de trente pieds quarrès de R v
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- 394 Histoire
- verre garni de métal, fit monter Peau dans lepetit tube jufqu’àfon extrémité fupérieure. Quand l’air commença à fe rafraîchir, la colonne d’eau s’abaiffa aulfi-tôt par fa gravité , jufqu’à ce qu’elle fut en équilibre avec l’air raréfié. Elle defcendit enfuite peu-à-peu , à mefure que l’air fe refroidif-foit , & fe fixa à l’endroit où elle étoit d’abord. En obfervant avec foin, dit-il, à quelle hauteur l’eau defcen-dante s’arrêta d’abord , on put favoir quel éroit le degré de raréfaéiion , qui fut fort confidérable dans de grandes exploitons.
- Il eu: tout fimple de remarquer que la première élévation fubite de l’eau dans le thermomètre de M. Kinner-fley, après l’explofion faite dans le vaiffeau qui la contenoit, ne doit pas être attribuée à la raréfaâion de l'air par la chaleur , mais à la quantité d’air aéhiellement déplacée par l’explofion éleéhique. Ce n’eft , comme M. Kinnerfley Pobferve lui-même, que quand cette première élévation fubite a ceflfé, qu’on peut eftimer le degré de fa raréfaction par la chaleur; c’eft-à-dire au moyen de la hau-
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- DE L ELECTRICITE. 335
- teur à laquelle l’eau s’arrête alors au-deflus du niveau ordinaire.
- Le Doéteur Franklin avoit dit que la glace ne tranfmettoit point la commotion électrique ; & M. Bergman dans une lettre à M. Wilfon, lue à la Société royale , le 10 Novembre 17C0, fait voir [ ce que le P. Beccaria avoit déjà fait ] qu’une petite quantité d’eau ne lui reuffit pas mieux que n’avoit fait la glace au Docteur Franklin , qui paroît s’être fervi d’un glaçon , qui, à ce que penfe M. Bergman , n’étoit pas allez grand pour réulfir. D’ou il foupçonnoit que de grandes quantités de salace tranfmet-troient la commotion électrique auflî parfaitement que le ferait une grande quantité d’eau (a).
- Cependant il paroît enfuite avoir changé de fentiment par rapport à la glace : car , dans un Mémoire pofté-rieur qui fut lu à la Société royale le 18 Mars 1761, ayant remarqué que la neige ne tranfmettoit pas bien la
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- jj>S Histoire commotion électrique , il dit qu’il croyoit pourtant que s’il pouvoit fè procurer des morceaux de glace d’une cpailïèur convenable , il les chargerait de même que le verre (a).
- Jean-François Cigna étoitfi pleinement convaincu du pouvoir non-con-duéteur de la glace, qu’il en fit ufage dans une expérience par laquelle il vouloir déterminer fi , conformément à l’hypothefe du Doéleur Franklin , les fubftances électriques corîtjennent plus de matière éleCtri ue que les autres corps 11 renferma une quantité de glace dans un vafe de verre, & quand il crut l'avoir fait p&fTer de letat éleCtique au non électrique , en la fondant, il eflaya fi elle étoit éleétrifée: mais quoiqu'il ne lui parut pas qu’elle eût acquis plus de ce fluide, qu’elle ne devoir en avoir dans fon n< uvelcrat, il ne paraît pas avoir abandonné fbn opinion (£).
- (..) Philof. TranfaCt. vol. fl, part. 2, pag. 48 f.
- (t) Mémoires de l’Académie de Turin , pour 1 a.,née 176;, pag. 47.
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- DE i’EiECTRICIt! 597 Le leéleur trouvera dans la dernière Partie de cet ouvrage quelques expériences , qu'on croit propres à apprendre dans quelle clafle de corps on doit ranger la glace , en prouvant que Ion pouvoir conduébeur eft pour le moins, à-peu-près égal à celui de l'eau.
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- 598 H i s t o
- PÉRIODE X.
- SECTION III.
- Expériences & découvertes de M. Canton relativement aux furfaces des corps éleclriques , & autres expériences faites en conféquence , ou relatives au même fujet : tendant toutes à ajurer la dijlinclion entre les deux électricités.
- Jusqu’à cette derniere Période , la même éledricité avoit toujours été produite par le même corps éledri-que. Le frottement du verre avoit toujours produit une éle&ricitc pofi-tive ; & celui de la cire à cacheter, Sec. avoit toujours donné une éledri-cité négative. On croyoit que ce-toient des propriétés eirentielles Sc
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- de l’Electricité. 559 immuables de ces fubftances ; de - là vient que bien des gens appelloient l’une l’éleéfricité vitrée , & l’autre l’électricité réfineufe. Ainli éleârifer négativement ou produire une électricité réfineufe par le moyen du verre , ou bien éleftrifer pofitivement, c’eft-à-dire, produire une éleétricité vitrée, par le moyen de la cire à cacheter , &c. eût été regardé comme un aulli grand paradoxe , que d’élec-trifer un corps quelconque par le frottement du cuivre ou du fer. Car, quoiqu’on ne sût pas pourquoi la matière éleétrique couloit au frottoir dans le verre frotté, ou de la cire à cacheter frottée dans le frottoir , le fait avoit été toujours invariable ; il n’eft même pas mention qu’il foit jamais rien arrivé dans le cours d’aucunes expériences , -qui ait pu faire foupçonner le contraire [5 6].
- Cela eft vrai: tous les Phyficiens conviennent de ces faits. Mais ce n’eft-là que la moitié de la chofe J il n’eft pas moins clairement prouvé , quoique quelques Ele&riciens n’en conviennent pas, qu’il y a en même-temps une matière éleétrique qui coule du verre dans
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- 4eo Histoire
- Quelle doit donc avoir été la fur-prife des Electriciens de trouver que les différents pouvoirs du verre & du foufrc fo ît fi éloignés d’être invariables , que l’un peut fe changer en l’autre, & que le même tube de verre eft fuiceptible de prendre l’une & l’autre puiflance ? Combien ne durent-ils pas être fatisfaies de favoir qu’on avoit découvert d’où dépendoit la tranfmutatiou de ces pouvoirs oppo-fés î Ce fut M. Canton qui leur procura cette furprife & ce plaifir, en failànt voir que ce qui rendoit l’électricité pofitive ou négative ne dépendoit que du frottoir & de la l'urface du verre.
- Cet excellent Phyficien n’a pas jugé à propos de nous apprendre de quelle maniéré, par quelle fuite de réflexions ou parquel haiardil fut conduit à cette découverte ; mais c’en eft aflurément
- le frottoir, & une pareille matière qui coule du frottoir dans la cire à cacheter ou autre matière réfinéufe ou fulfureufe. Ileftaiféde voir ces faits prouvés d’une manière bien dé-eilive dans plufîeurs endroits des ouvrages de M. l'Abbé Nollet.
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- sj l’Electricité. 401 une qui diftingue éminemment cette Période de mon hiftoire. Elle jette un grand jour fur la doétrine de l’éle&ri-cité pofitive & négative, & fraye le chemin à d’autres découvertes qui y répandront encore plus de lumière.
- Ce fujet des deux éleftricités paroît avoir occupé l’attention des Eleétri-ciens d’une façon particulière dans le cours de cette Période, & même depuis la découverte de M. Franklin , favoir que l’éleélricité des deux lur-facesd’un verre chargé, font toujours contraires l’une à l’autre [57]. En conféquence le leéteur trouvera dans cette Période plufieurs feélions qui y ont rapport. Mais il s’appercevra que quoiqu’on ait fait beaucoup de progrès , il relie encore beaucoup de chofes à faire ; & que nous fommes
- <$£7* [57] Ces deux prétendues découvertes, que l’Auteur cherche tant à faire valoir, ne font rien moins que des découvertes j car ce que l on croit avoir découvert, & qu’on regarde comme fi important, n’exifte pas : c’eft-à-dire, que cette diftinétion entre deux efpeces d’éleétricité , l’une en plus , l’autre en moins , telle que l’entend M. Franklin, n’a pas lieu, comme nous le verrons bientôt.
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- 4oi H 1 s ï d i R é encore bien éloignés de comprendre parfaitement la nature des deux électricités , ainfi que leur dépendance ôc le rapport de l’une à l'autre.
- Avant que de faire part de fa découverte même, M. Canton obferve qu'il eft poflîble de donner à la cire à cacheter une èledricité pofitive. 11 frotta un bâton de cire à cacheter, d’environ deux pieds Sc demi de longueur tk un pouce de diamètre •, & le tenant par le milieu , il pafla un tube de verre éleclrifé plufieurs fois fur une partie de ce bâton fans tou hcr à l’autre. Le réfultat fut que la moitié qui avoit été expofée à l’adion du verre éledrifé fut politive, & l’autre moitié fut négative : car la première moitié d Irruilit le pouvoirrépulfifdes balles éledrifées par le verre , tandis que l’autre moitié l’augmenta (a).
- Ce lut à la fin de Décembre 1753, que l'on fit les expériences qui prouvent que les apparences d’éledricités politive & négative, dépendent de la
- (2) Philof. Tranfaft. vol. 48, part. 1. pag. 3f<.
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- B S i’ËLECTJU ciTi. 403
- furfacc des corps électriques & de celle du frottoir.
- Ayant frotté un tube de verre avec lvmorceau de feuille de plomb mince & de l'émeri! mêlé avec de 1 eau , jufqu’à le dépolir, il l'élcdrifa I apres l’avoir bien nettoyé & léché | avec de la flanelle neuve •, & trouva qu’il agilToit à tous égards comme le n u-fre ou la cire à cacheter élcCirilés l e feu éleétnque paioüToit (ortir de la jointure ou du bout du doigt, & s’étendre fur la furface du tube d une façon très belle
- Si loi frottoitee tube dépoli avec une étoffe de foie huilée & fetl.c, fur-rout après y avoir paflé un peu de craie ou de blanc d’tlpagne , il agilToit .comme un tube de verre qui auroit eu fon poli naturel. Dans ce cas-là , le feu élcétrique neparoifloit qu’à la jointure &rau bout du doigt, où il fembloit être fort condenfè avant que d’entrer.
- Mais li ce tube dépoli étoit grailfé par-tout avec du fuif de chandelle, & effiiyé le plus vite polflble avec une ferviette , alors la loie huilée rece-voit une forte de poli en If frottant j
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- 404 Histoire & après quelques coups, elle faifoit agir le tube de la même maniéré que quand on l’avoit frotté d’abord avec une flanelle.
- La foie huilée étant recouverte de craie ou de blanc d’Efpagne , faifoit agir encore le tube dépoli, quoique graiifé, comme un tube poli ; mais fi on continuoit le frottement, jufqu’à ce que le frottoir devint lifle & poli, le pouvoir éledriquc étoit changé en celui du foufre, ae la cire à cacheter, tkc [58].
- $3* [ ; 8 ] Il eft allé Je voir que toutes les expériences qu’on vient Je rapporter, ue prouvent rien autre chofe , finon qu’on éleélrilê le tube plus fortement Jans certains cas que Jans J’autres. Ainfi , fi l’on veut appelle! iteSlriciü pojitht ou en plat, celle J’un corps fortement éleétrifé , & éleâricité négative,ou en moins, celle J’un corps moins fortement éleétrilé ; je eonfens volontiers âme fervir Je ces termes, Ce à aJmettte la Jillinétion entre éledricité en plus , 8e éleélricité en moins Mais fi l’on veut, avec M Franklin Ce fes partifans, que ces Jeux éleâricltés foient J’une nature tout-à-fait Jifférente, 8e que la matière éleétrique ne fafle que fortir J’un corpséleétrifé en plus, Sc qu'au contraire elle ne fafle qu’entrer Jans un corps éleétrifé en mo'ns ,* je nie formellement le fait 5 parce que le contraire a été fi claire-
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- de l’Electricité. 405
- Ainfi, dit-il, on peut à plaifir produire l’éleéfricité pofitive ou négative , en altérant les furfaces du tube &r du frottoir, félon que l’un ou l’autre eft le plus affeété par le frottement. Car fi on ôte le poK à la moitié d’un tube, on pourra y exciter les différents pouvoirs en même-temps avec le même frottoir ; & il ajoute, qu’il eft beaucoup plus facile de mouvoir le frottoir fur la partie dépolie que fur la partie polie au tube.
- La lumière qui paroifloit entre la jointure ou le bout du doigt & les tubes, fembloit montrer évidemment que le verre poli s’éleélrifoit pofitive-
- ment prouvé, qu'il eft impoflible Je s'y refufer, à moins qu’on ne (oit prévenu pour un fyftême auquel ce fait foit défavorable. En effet, il y a dans tous les cas deux courants de matière électrique , dont les directions font oppofées j l’un partant du corps élcârifé, ( de quelque maniéré qu’il le foit ) pour fe porter aux environs ; l’autre partant des corps voifins ou de l’air ambiant , pour fe porter aux corps éleârifés. Voye^ les Leçons de Phylique de M. l’Abbé Nollet, rom. VI, fag. 574 Ù fuiv. Il n’y a donc entre l’éleâticité en fins & l’é-lectricitc en moins , d’autre différence que le degré de force.
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- jp>6 Histoire ment, & que le verre dépoli , frotté avec une flanelle , s’éleébifoit négativement : mais M. Canton prérendit que ce fait fe confirmoit encore , en obfervant que fi , pendant qu'on frotte un tt>be de verre poli avec une étoffe de foie huilée & unie, on approche la main à trois pouces de dif-tance au moins du haut du frottoir, il arrive qu’à chaque coup ce tube jette un g and nombre d aigrettes divergentes de feu éle-trique : mais qu’on n’en a jamais vu de telles loif-qu'on frotte du foufre de la cire à cacheter, &c. 11 die que jamais il n’a pu produire aucune altération Centime dans l’air d’une chambre uniquement par le frottement de ccs corps ; au lieu que le tube de verre étant électrifié au point de produire des aigrettes , éleftrifoit l’air en fort peu de minutes à tel degré , qu’apres avoir emporté le tube, une paire de balles de la grofleur d’un petit pois , faites de liege ou ce moelle de fureau , & fufpendues à un fil de fer par des fils de lin de fix pouces de longueur fè repoufibient l’une l’autre à la diftance d’un pouce & demi, quand on les
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- DE i’EiectricitL 407 éloignoit de foi de la longueur du bras dans le milieu de la chambre (a). D'après ces expériences de M. Canton , M. Villon en a fait plulieurs qui jettent un peu plus de lumière lur cette curieulb matière. Mais il eft difficile d’en tirer aueune conféquence générale ; & celle au’il a tirée lui-même n'eit pasaflez déterminée. Ceft que deux corps électriques étant frottés enfemble, celui dont la fubftance eft la plus dure & le pouvoir électrique le plus tort, fera toujours élec-trilè en plus, & le plus tendre & le plus foible le fera en moins (b) Lu frottant la tourmaline Si l’ambre enfemble , il produilit l'électricité en pim des deux côtés de la pierre, Sç en moini fur l’ambre : mais en trottant la tourmaline Si le diamant enfemble, les deux côtés de la tourmaline furent éteCtrifes en moins Si le diamant en pus [59].
- (a) Philof. Tranfafl:. vol. 48 , part. 1, pag 781.
- (b) Ibid. vol. p, pan. 1, pi?. 351.
- «Sry* [îÿ] Ceci prouve bien encore ce que j’ai avancé dans la note précédente > fa voir,
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- 408 H I S T O I K B
- Ces expériences qui , à ion avis, prou voient cette propoütion, l’encou-ragerent à effayer quel effet produi-roit le frottement de l’air contre différents corps éle&riques ; & ces effets furent trés-confidérables. Il ne fe fer-vit pour ces expériences que d'un foufflet ordinaire, & fit la première fur la tourmaline. Il la plaça à l’extrémité du bout du foufflet, & trouva ^u’après environ vingt coups, elle fut eleétrifce en plus des deux côtés. L’air parut donc être moins éleétrique que la tourmaline.
- Au lieu de la tourmaline, il plaça enfuite un paneau de verre, &• fouffla deffus le même nombre de fois que dans la précédente expérience ; &ç. quand il en eut examiné les deux côtés , il les trouva aulli éleétrifés en plus , mais moins que la tourmaline.
- L’ambre traité de la même maniéré fut moins éleéfrifé que le verre.
- Enfuite il eut recours à un foufflet de forge. La feule différence qu’il
- «jae ces deux- électricité? ne différentque par le dsgré de force ou d’intenlité.
- trouva
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- de l’Electricité. 409 trouva fut Amplement une électricité beaucoup plus forte dans la tourmaline. L'ambre fut encore plus foible que le verre , & le verre plus foible que la tourmaline.
- Ayant en vue d’examiner le milieu qui environne ces corps [ fur lequel, ainfi que je l’ai obfervé , il faifoit beaucoup de fond pour établir la différence entre les corps cleétriques ôc ceux qui ne !e font pas j il confidéra que la chaleur le raréfioit fur les fur-faces des particules d’air ; au moyen de quoi, la rélîllance de l’air étant diminuée , il fe déferait plus promptement du fluide éleétrique , &r par conféquent éleétriferoit plus puiflam-menr
- Ayant donc fait rougir le bout du foufflet, il fouffla fur la tourmaline douze fois feulement , c’eft-à - dire huit fois de moins que dans l’expérience précédente qu’il avoit faite avec l’air froid. Dans cette expérience la tourmaline fut éledrilée en plus des deux côtés, mais à un dégré plus con-Cdérablequelle ne l’avoit été dans les précédentes. L’air chaud produifit le Tom. I, S
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- 410 Histoire même effet fur le verre , mais il I’é-leftrifa moins que la tourmaline- i & quoique 1 ambre traité de la même maniéré , reçut ainfi que les autres corps, un accroigèment de pouvoir , il fut éleétriie le moins de tous.
- De ce que l’air éleéfrifoit plus puif-famment quand il étoit chaud qu’étant froid , & que la tourmaline fut éleétrifée plus que le verre, &c le verre plus que l’ambre, comme il parut par les dernieres expériences, il nous pa-roît prouvé , dit M. Wilfon , que toute l’atmofphere produit conflam-ment un écoulement du fluide électrique , par les changements alternatifs de la chaleur & du froid ; & de plus , que l’air eft non : feulement moins éleétrique que la tourmaline, mais moins que le verre, ou même moins que l’ambre (a).
- M. Wilfon rapporte, dans un autre Mémoire qui fut lu à la Société royale
- (a) Philof. Tranfaâ. vol. ji, part, i pag-
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- de l’Electricité. 411 le 13 Novembre 1760 , quelques expériences curieufes , qui font voir, dit-il, qu'on peut produire une électricité en plus , par le moyen d’une cleétridtc en moins.
- Ayant électrifié l’intérieur d’une grande bouteille do Lcyde en plus , par le moyen d’un fil de fer conducteur partant d’un globe de verre électrifié , il la mit fur un guéridon de buis frit, & ôta le fil de fier conducteur ; après quoi il boucha la bouteille avec un bouchon de verre. Alors il préfienta vis-à-vis de la panfie de la bouteille, à environ deux pouces de diftanee , l’extrémitc pointue d’un conducteur d’ivoire. Il arriva que les balles que fupportoient le conducteur furent éleétrifées en moins, & le furent d’autant plus qu’on approcha davantage l’ivoire de la bouteille, dans une direction horizontale.
- Mais en éloignant l’ivoire à une plus grande diftanee , l’éleCtriciré en moins diminua ; & à un certain éloignement il n’en refta plus le moindre ligne ; mais quand l’ivoire fut éloigné de la bouteille , d’environ dix-huit pouces , l’éleCtricité en plus parut, 8c
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- 4ii Histoire continua même après qu’on eut emporté l’ivoire (a).
- Il éledrifa, avec un cylindre de bois féché au four, des boules fuf-pendues à une diftance de quatre pieds ou plus, à un ivoire éleétrifé en moins, & préfentant le cylindre fur le milieu de l’ivoire , & l’y tenant quelque temps; puis en l’approchant davantage, les boules furent éleétrifées en moins, plus fortement ; mais le même cylindre , en le reculant à la diftance de deuxou trois pieds ou plus, éleârifa les boules en plus.
- Quand au lieu de condudeur d’ivoire, on fe fervit d'un condudeur de métal, fans carnes ni pointes, & fans y rien tenir fufpendu , le même cylindre préfentç au-deflus du métal, [ comme on avoit fait dans la dernière expérience au - dêfliis de l’ivoire, à la diftance de deux pieds,] produifit une éledricité en plus ; & cette éleétricité devint plus foible à melure que l’on en approchoit le cy-
- 00 Philof. Tranfad. vol. ft, part.a, pag. 899.
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- DE L’ËlECTRICIT!!. 4IJ
- lindre ; mais en diminuant la diftancc jufqu'à environ un pied, l’éleélricité en moins en prit la place ; M. Wilfon pcnfe qu’alors l’apparence en plus ve-noit de la terre , de l’air , ou des autres corps voifins.
- Quand il fit les expériences précédentes pour la première fois, il fut un peu embarrafle par les apparences incertaines d une électricité en plus une fois , & en moins une autre fois -, dans la même expérience ; mais il trouva par des eflais & des obfervations réitérés , que l’on peut produire à volonté une électricité en plus ou en moins , en faifant bien attention aux trois circonftances fuivantes ; favoir , à la forme des corps , à leur éloignement fubit ou fucceffif, &r aux de- • grés dcle&rifation.
- M. Wilfon fait enfuite mention de quelques autres circonftances très-délicates , où les différences les plus légères & prefque imperceptibles dans la pofition ou dans le frottement des deux corps, produifent dans l’un ou l’autre l’éleétricité en plus une fois, & celle en moins une autre. Tels font,
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- 4'4 H i s T o i R s fubtil, quand les expériences font faites avec loin ; c’eft pourquoi elles demandent l’attention la plus fcrupu-leufe pour découvrir les caufes qui les produifent.
- On fe fervit de la cire à cacheter & de l’argent dans les deux premières expériences, mais beaucoup d’autres fubftances parurent réuffir auffi-bien. La cire à cacheter étoit nette & n’a-voit éprouvé aucun frottement que ce foit, excepté celui de 1 air environnant , & avoit été quelques heures dans cet état. L’argent étoit a£ fujetti à un morceau de bois frit, qui fut aufli préfervé de frottement pendant le même efpace de temps. Alors prenant yn de ces corps dans chaque main jjprgent étant au bout du bois le plus éloigné de fa main, il pofa la partie la plus unie de l’argent fur la cire à cacheter , & le giifla légèrement une feule fois le long de fa furface &r avec une pref-lion trés foible ; après quoi l’argent fe trouva éledrifé en plus & -la cire en moins.
- En répétant l’expérience de la même maniéré & avec autant de foin ,
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- Dï 1 Ex B Cf RI CI t i. 41 f
- excepté que le côté uni de l’argent étoit Un peu incliné, de forte que fa carne preffoit contre la cire; l’argent après avoir été gliflé comme auparavant , fut éleétrifé en moins , & la cire en plus , tout au contraire de ce qui avoit été obfervé dans la précédente expérience.
- Ces effets oppofés, occafionnés par les applications différentes du plat ou de la came de l’argent , lui parurent venir d’un changement qui s’é-toit fait dans la furface de la cire , en en détruifant le poli dans un cas, & point dans l’autre ; & à cet égard elle reffembloit au verre poli &c au verre dépoli, dont on a parlé ci-devant [60].
- En fe fcrvant de bois frit au lieu de cire, & employant dans le frottement différents degrés de prellion , il produifit avec la même came de l’argent , des apparences femblables ; la moindre preûion caufa une apparence
- é£r* [1S0] On plutôt elle faifoit voir le contraire; puifqu’elle s’éleélrifoic en plus dans le cas où fa furface étoit dépolie, 8c en moins quand fa furface demeurait polie.
- S iv
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- en plus dans l’argent, & la plus grande une apparence en moins.
- Un morceau plat d'acier bien poli & dont les carnés étoient arrondies, produilit les mêmes apparences , en appliquant feulement au bois fa fur-face plâtre ; mais il fallut avec l’acier plus de preflion pour produire l’effet en moins, qu’il n’en a voit fallu avec l’argent, auquel l’on avoit confervé la carne.
- M. Wilfon n’ofepas affurer, faute d’expériences fuffifantes, fi la raifon qu’on a donnée ci-deflus pour expliquer ces dernieres apparences, eft la véritable ou non ; mais il croit qu’on peut sûrement avancer,que nous avons la faculté de produire à volonté, avec les mêmes corps, une éledricité en plus ou en moins, en faifant attention à la manière dont on les applique, & dont on les'frotte (a) [fit].
- (a) Philof. Tranfaâ. vol. yi, part, i, pag. 899.
- SfcT» [61] Tout cela prouve de plus en plus aue ce ne font pas des éie&ricités de natures
- différentes.
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- »e l’Electri ciïi. 417
- M, Bergman , dans une lettre à M. Wilfon , lue à la Société royale le 25 Février 1764, rend compte de quelques expériences qu’il a Faites ; & qui .jointes à celles de M. Canton concernant les furfaces , peuvent répandre beaucoup de lumière Fur la dodrine de leledricité pofitive & négative.
- Ces expériences Furent faites avec deux écheveaux de foie, dont l’un Fut étendu Fur un chaffis, tandis que M. Bergman tenoit l’autre dans fa main. 11 remarqua que fi les deux écheveaux fe reffembloient par rapport au tiffu, à la couleur , à la furface &r à tous autres égards , autant au’on en pouvoir juger ; & fi il- trainoit toute la longueur de l’écheveau qu’il tenoit dans fa main , fur une partie de celui qui éroit étendu fur le chaffis, l’écheveau qu’il avoit dans la main con-tradoit l’éledricité pofitive , & celui du chaffis la négative. S’il traînoit une partie de celui qu’il avoit dans la main fur toute la longueur de l’autre les effets étoient renverfés.
- Si l’écheveau de fa main étoit d’une autre couleur [ pourvu qu'il ne fût S v
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- 4iS Histoire
- pas noir ] les effets étoient les mêmes.
- Si l’écheveau qu’il tenoit dans la main étoit noir , l’éle&ricité étoit toujours négative , de quelque maniéré que lé fit la friélion ; à moins que l’écheveau du chaffis ne fût noir auSî ; auquel cas, li on en frottoie toute la longueur, il fe trouvoit électrifié pofitivement.
- En tâchant de rendre railon de ces effets, ilobferve que l'écheveau qui fut le plus frotté, étoit devenu plus liffe & plus chaud que l’autre ; mais il fut d’avis que, quoique le poli de la fur-face dilpofie les corps à être éleéhifés pofitivement, il y a auffi d’autres cir-conftances qu’il faut confidérer ; car il trouva que , quand il tint dans fa main un écheveau de foie , devenu fort uni à force de frottement Si qu’il le traîna fur une portion d’un autre écheveau qui n’avoit pas encore été frotté ,.ce dernier fut néanmoins électrifié pofirivement. 11 conclut d’après cette expérience, que cet effet devoit en quelque forte être attribué à la couleur ; &r en fiuivant cette idée , il fut conduit aux expériences fuivan-tes.
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- CE L’EtïCTRICITé. 415
- Si l’écheveau qu’il tenoit dans fa main étoic bien échauffe, quoiqu'il le glifsât fur une partie de l'écheveau du chaiüs , il s’clcctriioit négativement ; & l’écheveau du chaflîs, polî-tivement. 11 fit ces expériences avec le même fuccès fur des écheveaux de foie de diverfes couleurs, bleus, verts, rouges, blancs, &c.
- Si l’écheveau du chaflîs étoit noir, il ne contra&oit jamais une électricité pofitive, quoique l’écheveau qu’il tenoit dans fa main eût été échauffé, à moins qu’il ne fut noir aufli. Il crut pouvoir conclure sûrement, d’après ces expériences , que la chaleur dif-pofoit du moins certaines (ubffances à un état négatif ; & penfa que le défaut d’attention à cette circonlta ice pouvoir avoir occafionné des erreurs dans le réfiultat de quelques expériences , fur-tout dans celles qui concernent le cryftal d’iflande.
- 11 conclut de tout ceci qu’il y a, par rapport à l’éleétricité négative & pofitive un ce rain ordre rixe dans lequel on peut placer tous les corps, les autres circonftances demeurant les mêmes. Soit A , B, C, D , E, cer-S vj
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- 410 Histoire raines fubftances, dont chacune étant frottée avec fon antécédente , eft négative ; mais pofitive avec fa fubfé-quente. Dans ce cas là , moins il y aura de diftance entre les corps qui fe frottent, plus l'èleélricité fera foible , toutes chofes égales d’ailleurs ; ainfi elle fera plus forte entre A & E, qu’elle ne fera entre A & B. La chaleur, dit-il, difpofe les corps à une éleâricité négative ; mais h la diftance dont on vient de parler eft con-' fidérable , elle ne peut pas vaincre tout - à- fait, quoiqu’elle puifle affoi-blir cette éleétricite , comme on le voit évidemment par les écheveaux de foie noire. Quand un globe de verre s’échauffe à force de tourner, on s’ap-perçOit que fon pouvoir eft diminué. Cela ne vient-il pas, dit-il, de ce que la chaleur le difpofe davantage à le-leélricité négative ? au moyen de quoi la diftance dont il s’agit, entre le verre & le frottoir eft diminuée (a).
- Dans cette Seétion , je ne dois pas oublier de faire connoître à mes lec-
- 00 Phil. Tranf. vol. S4> pag. 85.
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- teurs deux Electriciens célébrés, dont les découvertes leur donneront la plus grande farisfaétion ; je veux dire M. Wiike de Roftock dans la Baffe-Saxe , & M. Æpinus de Petersbourg. Je profite de cette circonftance pour féliciter tous les Amateurs des Sciences & particuliérement de l'Electricité , fur les progrès confidérables qu’on a faits en cette fcience : quelle joie n’éuffent pas reffenti M. Haw-kesbée & M. Grey , s’ils euffent ptt prévoir que deux Traités , auffi admirables que ceux de ces Meilleurs fur l’Eleétricité, nous viendraient de païs fi éloignés du lieu de leur naif-
- M. Wilke rapporte plufîeurs expériences curieufes fur la génération de ce qu’il appelle Electricité fpontanée , produite par la liquéfaétion de fub-ftances éleâriques , lefqudles comparées avec celles de M. Canton, répandent un grand jour fur la doéirine de l’éleétririté pofitive & négative.
- ,11 fondit du foufre dans un vaiflean de terre , qu’il plaça fur des conducteurs : puis le laiffant refroidir, il en ôta le foufre & le trouva fortement
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- 4ii Histoire éleéfrifé ; mais il n'en étoit pas de même quand on l’avoit mis refroidir fur des corps éleftriques.
- Il fondic du foulrc dans des vafes de verre , au moyen de quoi ils acquirent l'un & l’autre une forte éleâricité dans les circonftances ci-defflis rapportées , l’oit qu’on les plaçât fur des corps éleétriques ou non ; mais cette éleéfricité fut plus forte dans le premier cas, que dans le dernier ; & ils acquéroient une vertu encore plus forte quand le vafe de verre étoit garni de métal. Dans ce cas-là , le verre fut toujours cleétrifé pofitivement, & le foufre négativement. Il elf finguliérement remarquable que le loufre n’acquit point d'électricité jufqu’à ce qu’il commença à fe refroidir & à fe contracter ; & que fon électricité la plus forte fut dans l'état de la plus grande contraétion ; au lieu que l’éleétricité du verre fut alors la plus foible , & elle ne fut jamais plus forte , que quand on ôta le foufre en le fecouaijr, avant qu’il commençât à Ce contracter , & avant qu’il eût acquis aucune éleétricité négative.
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- DS l’Eiictr ici T é. 411
- En fuivant ces expériences , il trouva que la cire à cacheter fondue, verfée dans le verre , acquic une électricité négative ; mais que verlëe dans dufoufre, elle acquit une électricité poficive, & le foufre fut négatif. Le foufre verfé dans du bois féché au four, devint négatif. La cire à cacheter verfée pareillement dans le bois fut négative , & le bois conféquem-meut politif ; mais le foufre verfé dans du foufre ou dans du verre dépoli , n’acquit point du tout d’éledri-ciré (a).
- M. Æpinus fît aulfi des expériences femblables. 11 verfa du foufre fondu dans des coupes de métal, &r obferva que quand le foufre fut refroidi, la coupe & le foufre enfemble ne don-nerentaucuns lignes d’éleéfricité ; mais ils en donnèrent des lignes très-forts au moment qu’ils furent féparés. L’é-ledricité difparut toujours quand on remit le foufre dans la coupe , & reparut quand on l’en ôta de nouveau. La coupe avoit acquis une cledricité
- (a) tyilke, pag. 44.
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- 4*4
- H x
- négative , & le foufre une pofitive ; mais fi l’un des deux avoit été privé de Ton électricité, tandis qu’ils étoient féparés , tous les deux , après leur réunion , donnoient les lignes de cette électricité qui n’avoit point été détruite. Il obî'erva que cette électricité n’exiftoit que fur la furface du foufre (a).
- M. Wilke a pareillement rapporté plufieurs expériences curieufes , qu’il a faites fur le frottement de divcrfes fubftances, qui jettent aufliun grand jour fur la matière que nous trai-
- Le foufre & le verre frottés enfem-bleproduifirentune forte éleCtricité, pofitivedans le verre & négative dans le foufre.
- Le foufre & la cire à cacheter étant frottés enfemble , la cire devint pofitive & le foufre négatif.
- Le bois frotté avec une étoffe fut toujours négatif.
- Le bois frotté contre du verre poli devint négatif, mais contre du verre dépoli il devint politif.
- («) Æpini tentamen, pag. 66-70.
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- de l'Electricité. 41J
- Le foufre frotté contre des métaux fut toujours pofitif, & ce fut le feul cas otl il fe trouva tel : cependant étant frotté contre du plomb, il devint négatif, & le métal pofitif ; le plomb parodiant par-là n être pas un fi bon conducteur que les autres métaux.
- Après avoir rapporté ces expériences , M. Wilke donne le catalogue fuivant des principales fubftanees dont on fe ièrt dans les expériences électriques , placées dans l’ordre fuivant lequel elles font difpofées à acquérir l’élcétricitc politiveounégative ; toutes ces fubftanees devenant éleétri-ques pofitivement quand elles font frottées avec quelqu’une de celles qui les fuivent dans la lifte ; & négativement , quand on les frotte avec celles qui les précédent.
- Le verre poli. L’étoffe de laine. Les plumes.
- Le bois.
- Le papier.
- La cire à cacheter.
- La cire blanche. Le verre dépoli. Le plomb.
- Le foufre.
- Les métaux («);
- {a) V, ilke, pag. h-
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- 4xS ' Histoirï
- M. Wilke dit que dans toutes les expériences que l’on fait pour déterminer l’ordre de ces fubftances, il faut beaucoup de foin pour diftinguer l’éle&ricité originelle , d’avec celle qui eft communiquée , ou qui eft la luite du frottement («).
- M. Wilke dit aufli que le verre poli eft pofitif dans tous les cas ; & il en infère que c’eft de toutes les fubftances connues celle qui attire le plus le fluide éleétriquc. Mais M. Canton m’a dit avoir éprouvé que le verre le plus poli acquiert une éleélricité négative, fi on le traîne fur le dos d’un chat.
- Les expériences fuivantes de. M. Æpinus, font de la même nature que celles de M. Wilke, Il preffa enfem-ble très- intimément deux morceaux de glace de miroir , qui contenoient chacun quelques pouces quarrés, & obferva que quand on les fépara fans les laifler toucher à aucun conducteur , ils acquirent chacun une électricité très-forte , l’un la pofitive & l’autre la négative ; quand on les
- («) Wilke, pag.6$.
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- »e i’ElectricitL 417 rejoignit enfemble de nouveau lelec-tricité difparut dans tous les deux ; ce qui n’arrivoit pas fi l’un ou l’autre des deux avoit été privé de fon elcitricité dans le temps de leur réparation ; car dans ce cas-là , les deux , quand ils furent réunis, eurent l’éleâricité de l'autre. La même expérience, dit-il, peut fe faire avec le verre & le fou-fre, ou avec d’autres corps élesftri-ques quelconques, ou avec tout corps éleârique & un morceau de métal (,).
- (a) Æpini tentamen, pag. 6y.
- Fin du Tome I.
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- TABLE
- DES MATIERES
- Contenues dans ce I. Tome.
- HISTOIRE
- D E
- L’ÉLECTRICITÉ.
- PREMIERE PARTIE.
- PERIODE PREMIERE.
- Expériences & découvertes en Eleélricité antérieures à celles de M. Hawkesbée, pag. i
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- DES MATIERES. 41*
- PÉRIODE IL
- Expériences & découvertes de M. Haw-kesbée. 16
- PÉRIODE III.
- Expériences & découvertes de M. Etienne Grey. faites avant celles de M. du Fay, & qui mènent l’hifloire de l Electricité jufqu'à l'année 1/35, 47
- PÉRIODE IV.
- Expériences & découvertes de M. du Fay, 8z
- PÉRIODE V.
- Continuation & conclujîon des expériences de M. Grey , 100
- PÉRIODE VI.
- Expériences du Docteur Défaguliers,117
- PÉRIODE VII.
- Expériences des Allemands & du Docteur Watfon , avant la découverte de la bouteille de Leyde , dans l'année 1746, iz8
- PÉRIODE VIII.
- Jiifioire dt l’Electricité depuis la décou-vertcSela bouteille de Leyde, en 176, jufqu'aux découvertes du Docteur Franklin, ijo
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- 430 TABLE
- s e c t i o N I.
- Hijloire de la bouteille de Ltyde , jusqu'aux découvertes du Docteur Frank -lin, qui y ont rapport, ibid,
- SECTION II.
- Méthodes dont fe font fervis les Phyfi-ciens François Sr Anglois, pour me-furer la dijlance à laquelle on peut porter la commotion électrique, & la vîtejfe avec laquelle elle fe tranfmtt, 187
- SECTION III.
- Différentes découvertes du Docteur lVat-fon & autres, jufquau temps du Docteur Franklin, 209
- SECTION IV,
- Expériences faites pendant cette Période fur les animaux & autres corps orga-nifés , avec dé autres expériences qui y ont rapport, faites principalement par M. tAbbé Nollet, 251
- S E C T I O N V.
- Hijloire des tubes médicinaux & des autres moyens de communiquer les vertus médicinales par l’Electricité, avec leurs différentes réfutations, 271
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- DES MATIERES. 431
- PÉRIODE IX.
- Expériences & découvertes du DoBeur Franklin, z jo
- SECTION I.
- Découvertes du DoBeur Franklin, concernant la bouteille de Leyde, & autres qui y ont rapport, ibid.
- SECTION II.
- Découvertes du DoBeur Franklin , au fujet de la rejjemblance du Tonnerre & de l’EleBricité , 31 z
- Section iii.
- Différentes découvertes du DoBeur Franklin , & de fes Amis en Amérique, faites pendant cette Période , 339
- PÉRIODE X.
- Hifioire de l’EleBricité depuis le temps où le DoBeur Franklin fit fes expé- riences en Amérique , jufquà l’année 17 354
- S E.C T ION I.
- Améliorations dans l’apparfil éltBriquc, avec les expériences & les obfcrvations qui y ont rapport, 3.5*
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- TABLE, &c.
- SECTION II.
- Obftrvations fur le pouvoir conducteur de differentes fubftances, & particuliérement Us expériences de M. Canton fur l'air, & celles du E. Beccaria fur L'air 6 l'eau , 3 70
- SECTION III.
- Expériences & découvertes de M. Canton, relativement aux furfaces des corps électriques , & autres expériences faites en conjéquence, ou relatives au même fujet : tendant toutes à affurer la d‘f-tinclion des deux électricités, 358
- Fin de la Table.
- De l’Imprimerie de P. Aiex. LEPRIEUR, Imprimeur du Roi.
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TOME 2
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- IISTOIRE
- D E
- lélectricité.
- O M E SECOND.
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- HISTOIRE
- D E
- L’ÉLECTRICITÉ,
- Traduite de l’Anglois de Joseph Priestley, avec des Notes critiques.
- Ouvrage enrichi de Figures en Taille-
- TLD-M-E N-E £ON D.
- r»>,
- -MÉ
- PARIS,
- -liez Hérissant le fils, rue des FoiTés de M. le Prince , vis-à-vis le petit Hôtel de Condé.
- M. D C C. L X X I.
- Avec approbation, 6* privilège du Roi.
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- HISTOIRE
- D E
- L ÉLECTRICITÉ.
- PÉRIODE X.
- SECTION IV.
- Expériences de M. Délavai fur les deux Elc3ricités, & fa dif pute avec M. Canton à ce fujet.
- M. antoh a prouvé clairement dans la fuite d’expériences rapportées dans la Seélion précédente, que la Tom, II, A
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- i Histoire |
- production de l’une & l'autre éledri- I cités dépend entièrement de la fur- 1 face du corps éledrique frotté, rela- J tivement au frottoir ; ôi il a fait voir | que le même tube de verre produi- | toit l’une ou l’autre à volonté ; ce- | pendant malgré cette démonftration , v M. Délavai propofa , plufieurs années après, une autre théorie des deux élec- | tricités , qui paraît être plus ingé- | nieufe que fblide ; parce qu’elle cil 5 fondée fur la fuppofition que lesdif- J férents pouvoirs dépendent abfolu- | ment des différentes lubllances en el- J les-mêmes. L’explication de cette | théorie Rit lue à la Société royale , j le 11 Mars 1759. Elle occalîonna né- > celfairementunedifpute avec M.Can- g ton , dans le cours de laquelle on fit de nouvelles expériences &: on dé- ? couvrit de nouveaux faits , à l’occa- ; lion defquels je vais rapporter , avec la plus grande impartialité , tout ! ce qui a été avancé de part & d’au- | tre.
- M. Délavai obferva qu’il y avoir deux principes fimples des corps, (a- ' voir la terre & le fnufre , qui étoient doués chacun d’une efpece différente
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- de l’Electricité. $ d’éleâxicité ; l’une defquelles peut être appellée Eledncité en plus & l’autre en moins ; & il penfoit que dans un corps compofé de l’un & de l’autre , les puiffances oppofées de ces matières le contrebalanceraient , & détruiraient l'effet l’une de l’autre j & par conféquent que les corps dans lelquels les puiffances négative & pontive feraient égales , feraient neutres ou non-éleétriques. Le métal lui paroiffoit une lubftance de cette nature, compofée de chaux & de foufre : les mécaux ne pouvant pas fe calciner fans un degré de chaleur fuffifanc pour diffiper tout leur foufre , comme cela eft évident, puisqu'on ne peut plus alors leur faire reprendre la forme métallique fans y ajouter quelque matière graffe. La même diffipation du foufre , dit-il, doit avoir lieu dans les fubftances animales & végétales, avant que de les pouvoir réduire en cendres blanches. Il confidéroit les pierres tranf-parantes, comme ne contenant gueres que de la terre pure , exempte du moins de tout mélange d’huile , fi
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- 4 Histoire
- l’on juge des autres par la réfolution 1
- chymique du cryftal.
- Pour confirmer cette théorie, M. j Délavai fit des expériences avec des j chaux métalliques bien féches, com- jj me la cérufe, les cendres de plomb, j le minium,la chaux d’antimoine, &c. | en les enfermant dans de longs tubes | de verre, & tâchant de tranfmettre la J vertu électrique à travers, fans pouvoir jamais en venir à bout ; les fub-llances animales & végétales , quand elles font réduites en cendres, font pareillement imperméables à l’électricité, comme auflî la rouille des métaux.
- Ce qui le conduifit d'abord à faire ces expériences & à former cette hy-pothele , fut d’avoir remarqué que la terre féche ne conduifoit pas l’éleâri-cité. Il elfaya auflî la même choie avec la pierre de Portland féche, dont il en avoit fendu quelquei unes en feuillets prefque auflî minces que du I verre à vitres, il les chauffa jufqu’à uni certain point, &ç les couvrit de métal I des deux côtés dans le deflein de s’en I fervir pour faire l’expérience de Ley-1 de- Quand la pierre fut allez chaude I
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- ni l* Electricité. 5 pour brûler du papier , elle tranfmit l’éledlricité auffi parfaitement qu'étant froide ; mais en fe refroidillant un peu , elle commença à ne plus la tranfmettre, & donna de petites commotions , qui augmentèrent peu-à-peu de force pendant environ dix minutes ; elle fe trouva alors à-peu-près dans fon état le plus parfait , & y demeura près d’un quart-d'heure. Après quoi, les chocs diminuèrent de force par degrés , à mefure que la pierre refroidilToit, iufqu’à ce qu’en-hn ils eeflerent , &c la pierre reprit fon état conducteur ; mais cet état parut avant que la pierre fût tout-à-fait froide!
- Les expériences de cette efpece réuffirent avec tous les corps qui abondent en chaux ou en terre , comme les pierres , la terre , l’argille féche , le bois pourri ou chauffé iufqu’à noircir. Il effaya entre autres fnbftances un tuyau à pipe ordinaire , dont il. chauffa une partie , vers le milieu , à un degré convenable ; & enfuite en appliqua un bout iur une barre électrique , tandis qu’il tenoit l’autre dans fa main : &: il remarqua que le fluide A iij
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- 6 Histoire éleétrique ne paffa le long du tuyau, que jufqu’à la partie chauffée (a).
- M. Délavai conclut de ces expériences , que les pierres & les autres fubltances terreufes , pouvoient par ] plufieurs moyens, & principalement ? par différents degrés de chaleur, être rendus éleétriques, de non-éleétriques qu'elles étoient auparavant. Mais ; trouvant enfuire que quelques per- j fonnes [ cétoit principalement M. Canton qu’il avoit en vue ] penfoient que ce changement ne venoit pas immédiatement de la chaleur , mais feulement de ce qu’elle faifoit évaporer l’humidité , qui revenoit de nouveau quand la fubftance étoit refroidie ; il obferve dans un Mémoire lu à la Société royale , le 17 Décembre 1761, Ç|ue fon tuyau de pipe perdit fon électricité avant d’être froid , & par conféquent avant d’avoir pu fe charger d’une humidité fuffilante pour détruire fon élcétricité ; & d’ailleurs 1 que lafubltance employée dans cette I
- M l’hilof. Tranfaét. vol. 51, part. 1, P»g- *3-
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- expérience , n’étoit pas de nature à attirer fubitement l’humidité de l’air.
- M. Canton répliqua à cet objections , dans un Mémoire lu à la Société royale,le4Février 1761, qu’on peut prouver facilement que l’air chaud c(t un conducteur d’éleélricité ; qu’en approchant une paire de pincettes de fer bien chaudes, feulement: pour un moment, à trois ou quatre pouces d’un petit corps éleétrife ; on appercevroit que fon pouvoir électrique ferait prefque entièrement détruit , s’il ne Ferait pas tout-à-fait ; pareillement qu'en approchant de l’ambre frotté à un pouce de la flamme d’une chandelle, il perdrait fon électricité avant d’avoir acquis aucun degré de chaleur fenfible.
- Pour confirmer ces faits, il dit qu’il a obfervé que la tourmaline, la topaze du Bréfil, & l’émeraude du Bré-fil, après avoir été tenues environ une minute à deux pouces d’un feu qui les environneroit prefque , auquel cas l'air eft, dit-il, un condudeur, donneraient, en fe refroidiflant, des fignes deledricité beaucoup plus forts qu’elles ne feraient jamais après avoir
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- été échauffées dans de l’eau bouillant te. 11 ajoute que fi les deux côtés de ces pierres font également échauffés, mais dans un degré moindre qu’il ne faut pour rendre l’air environnant un condudeur , l’éledricité de chaque côté, foit tn plus foit en moins , continuera ainfi tout le temps que la pierre emploiera à s’échauffer & à fé refroidir, mais augmentera tandis quelle s’échauffe, & diminuera pendant qu’elle fe refroidit ; au lieu que fi la chaleur étoit luffifante pour faire que l’air environnant tranfmît le fluide éledrique du côté politif au côté négatif de la pierre r tandis qu’elle s’échauffe ; alors l’éledricité de chaque côté augmenterait, tandis quelle fe refroidirait, & ferait oppofée à ce qu’elle étoit tandis qu’elle s’échauf-foit.
- Quant au tuyau de pipe , dit M. Canton , non feulement il attire l’humidité de l’air , mais il l’abforbe. Ainfi un tuyau de pipe, dés qu’il aura commencé à fe refroidir, redeviendra un condudeur plutôt que le bois ; or U eft évident, dit- il, qu’il fe faifit de l’h umiditéplus vite que le bois ; car
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- DE l’ElECTRICITi. $ quand on l’hume&e, il ne paroît pas humide li long - tems que le bois » parce qu’il ablorbe l’humidité fur le champ.
- Les expériences fuivantes , dit-il, prouvent évidemment que le tuyau de pipe ne devient pas un conducteur par un degré particulier de chaleur, fans que Ion humidité s’évapore.
- Si on fait rougir au feu trois ou quatre pouces d’un bout de tuyau de pipe de plus d’un pied de longueur, fans échauffer fenfiblement l’autre bout , ce tuyau deviendra un bon conducteur au moyen de l’air chaud qui en environne une partie, & de l’humidité contenue dans l’autre. Mais fi on fait rougir tout le tuyau , & qu’on le laide refroidir jufqu’à ce qu’ij ait feulement une humidité fuperficielle & fuffifante pour le rendre un bon conduéteur ; & qu’alors on en falfe de nouveau rougir quatre ou cinq pouces d’un de les bouts, il deviendra un corps non-conducteur.
- Si on place un clou à chaque bout d’un morceau long & folide de quelqu’un des corps abforbants, dont on
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- a parlé plus haut, de maniéré que la pointe de chaque clou foit enfoncée au-delà de la furface d’environ la moitié de l’épaiffeur du corps ce corps, au moyen de la chaleur, peut ! devenir non-conducteur extérieure- : ment ou fuperficiellement , tandis qu’il reliera un bon conducteur intérieurement. Car le fluide éleélrique pafTera volontiers d’un clou à l’autre, j à travers le milieu du corps , tandis qu’il ne paflèra pas à fa furface ; même dans le cas où les parties intérieu- ! res du corps ont un degré de chaleur égal à celui des extérieures, comme ; cela doit être, bientôt après que le j corps a commencé à fe refroidir. ! Mais fi on expofe le même corps, pour ; fort peu de temps , à un degré de chaleur plus grand qu’auparavant , ; ou qu'on le tienne plus long-temps au même degré , il deviendra entière- | ment non-conduéleur (a).
- Pour confirmer que certains corps demandent, indépendamment del’hu- I
- («0 Philof. Tranfaét. vol. part, i, pag. 459-
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- tniditc , certains degrés de chaleur, pour les rendre éledriques ou non-éledriques, M. Délavai fait mention d’une fubftance qui, dit-il , eft affectée par la chaleur d'une maniéré op-pofée aux exemples précédents ; puif-que les degrés de chaleur, néceflaires tour rendre les autres fubftancesélectriques , rendent celle-ci non-éledri-que.
- Cette fubftance eft le cryflal d’Iflan-tfe, [ bien connu par fa propriété fin-guliere de caufer une double réfraction ] fur un morceau duquel il fit les obfervations fuivantes. i°. Après que ce morceau de cryftal eut été frotté , la chaleur de l’air étant modérée , il donna des fignes deleélricité , mais foibles. z°. La chaleur étant augmentée, au point d’être un peu plus grande que celle de la main , fa puiflance éledrique fut entièrement détruite. 3°. Quand la pierre fut refroidie de nouveau , elle recouvra le pouvoir éledrique.
- 11 plongea ce morceau de cryftaf dans un vailfeau rempli de vif argent & environné de glace , où il le lailfa près de deux heures, pendant un temps A vj
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- il Histoire
- très-froid ; &c il remarqua qu’en le
- retirant avec une -paire de pinces,
- [ afin qu’il ne fût pas échauffé par la chaleur de fes mains] & le frottant de nouveau , il le trouva plus forte-ment électrique qu’il ne l’avoit trouvé ; dans aucun autre temps : mais qu’en ; le plaçant pendant quelques minutes fur l’âtre , à quelque dilfance du feu, : fa propriété électrique fut détruite de nouveau : car le frottement n’y en j occafionna plus aucun ligne.
- Ainli , dit il, nous voyons deux : différentes efpeces de corps,dont l’une ; acquiert la propriété éleétrique par la :j même chaleur , qui la fait perdre à i l’autre ; tandis qu’une troifieme fub- 5 fiance , comme le verre, &c con- . ferve fon électricité par l’un & l’au- • tre des degrés de chaleur néceffaires i aux deux autres.
- 11 s’étoit procuré de différents endroits quelques morceaux de cryflal d Iflande , qui n'avoient pas la propriété de perdre leur éleélricité à une chaleur modérée. Il eut fur-tout un i morceau de ce cryflal, dont une partie , étant fortement chauffée deve-noit non-éleétrique , tandis que l’au-
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- BE l'ElECTRICHi. IJ tre partie , avec la même chaleur, ou même avec une beaucoup plus grande, demeura'parfaitement électrique.
- 11 trouva plufieurs autres fubftances terreftres, dont l’éleétricité fut détruite par différents degrés de chaleur.
- Ayant confidéré que le degré de chaleur, auquel le cryftal d’Iflande, dont on a parlé d’abord, étoit dans fon état éleétrique le plus parfait, étoit moindre que la chaleur ordinaire de 1 air , & qu’un petit accroif-fement de cette chaleur , le rendoit non-éleétrique ; il regarda comme probable , que plufieurs fubftances, qui ne paifent pas pour être électriques , pourraient bien l’être, fi on les expofoit à un plus grand degré de froid que celui dans lequel on les a éprouvées jufqu’ici a).
- M. Canton répliqué à ceci,qu’ayant obfervé ci-devant que le frottement entre le mercure & le verre dans le
- (<0 fhilof. uTtarifait, vol. Ji, part, i , Pag- 3 H-
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- vuide, non-feulement produifoit la lumière de l’éleétricité , comme dans le baromètre lumineux, ou dans une boule de verre vuide d’air, mais auffi électrifoit le verre en dehors ; il plongea un morceau de verre fec dans un baffin de mercure , & trouva qu’en le retirant, le mercure fut éleétrifé en moins & le verre éleéfrifé en plus, à un degré conlïdérable. 11 trouva auffi que l’ambre, la cire à cacheter, & le cryftal d’Iflande, quand on les retiroit du mercure, éteient tons élec-trifés pofitivement. 11 paroît donc clairement , dit-il, que l’éleétricité qu’on obferva en frottant le cryftal d’Iflande , après qu’on l’eut tiré du mercure environné de glace , fut oc-cafionnée par le froid, & non par le frottement entre lui & le mercure, en l’en retirant. Le cryftal d’Iflande quand il eft chaud eft un non-conducteur , & tous les non-conduéteurs peuvent être éleétrifés avec des frottoirs convenables (a).
- (a) Philof. Tranfaél. vol. yi, part, pag. 461.
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- DE t’ELECTRICITi. IJ
- M. Bergman d'Upfal dit, dans une lettre à M. Wilfon , lue à la Société oyale le 14 Avril 1761, qu’il avoit enté les expériences de M. Délavai ivec le cryftal d’illande ; mais que l’é-rénement avoit toujours été contraire l ce que M. Délavai avoit rapporté, în eflayant differents morceaux de xyftal, il en trouva un, dont la vertu tu lieu d’être augmentée en refroi-liflant, étoit fenfiblement augmen-ée en l'échauffant. Enfuite euayant out ce qui lui reftoit de ce cryftal, & le celui de Suede , il trouva que l’ef-ét étoit le même : d’où il conclut que es cryftaux qu’il avoit eus, étoient ansdoute d’une efpece tout-à fait différente de celui de M. Délavai (a).
- (a) Philof. Tranfaét. vol. f 5, part. 1, 'ag. 58.
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- PÉRIODE X.
- SECTION V.
- Expériences & découvertes de M. Canton relativement aux corps plongés dans des atmosphères électriques } avec les découvertes qu’ont faites dans la fuite d’autres Phyficiens fur le même Jujet.
- Jï préfenterai à mes lecteurs dans cette Section , la plus belle fuited’ex-périences que puifle fournir toute l’Hiftoire de l’Eleâricité , dans laquelle on verra développés dans tout leur jour le génie & l’adrefle de quatre des plus célébrés Electriciens de cette Période , favoir , M. Canton & le DoCteur Franklin , Anglois, & MM. Wilke & Æpinus , étrangers. C’eft
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- B F. l’Electricité. 17 M. Canton qui a ouvert la carrière , &r qui a fait toutes les expériences elfentielles. Le Doéteur Franklin les a fuivies ex profeflo ; & quoiqu’il n’y ait pas employé toute fa lagacité , il a diverlifié les expériences , & fait quelque progrès dans la maniéré de les expliquer. Mais MM. Wilke & Æpinus ont conjointement pouffe les expériences extrêmement loin, &: parla achevé la découverte , qui elt aflu-rément une des plus grandes qui aient été faites depuis le temps du Doéteur Franklin. Je dis, le temps du Doéteur Franklin, quoiqu’il foit lui-même une des perfonnes dont nous parlons; car par U temps du Docteur Franklin, on entendra toujours celui où il fit les importantes découvertes en Amérique. Ce fera toujours une époque diltinguée dans l’Hiftoire de l'Eleétri-cité , & d’où on datera toutes les découvertes à l’avenir.
- Quand M. Canton publia ces expériences pour la première fois d’une façon claire & concife à fon ordinaire, mais (ans nous apprendre comment il y fut conduit ; elles préfente-rent une telle variété d’auraètions &
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- l8 H I t T O 1 R ï
- de répulfions de corps éleélrifés dans différentes circonftances, qu’elles rcf-fembloient au pouvoir de la magie : Sc fi elles étoient conduites avec un pett d’art, je neconnois aucunes expériences éleâriques [fi on les fait fans lumière 1 plus propres à en impofer aux crédules. Mais quand on les conlidere avec attention , elles démontrent une propriété remarquable de tous les corps éleétrifés.que l'on a fouvent rap-pellée dans le cours de cette Hlftoire, mais à laquelle on n’avoit pas fait j jufqu’ici une attention particulière ; en effet, je crois qu’elle n’avoit jamais , été bien comprife jufqu’au moment où MM. Wilke & Æpinus l’eurent expliquée dans toute fon étendue. Cette propriété eft, que le fluide élec- ! trique , quand il fe trouve furabon- j dant dans quelque corps, repouffe le fluideéleélrique qui eft dans tout autre corps , lorfqu’on les place dans la fphere d’influence l’un de l’autre, & qu’il le chaffe dans les parties les plus éloignées du corps, ou même tout-à- ; fait hors du corps, s’il fe trouve quelque iffue pour cela. Pour m’exprimer plus clairement , les corps plongés
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- lit l’EiecTRI CITÉ. 15
- dans des atmofpheres éleélriques acquièrent toujours l’éleélricité contraire à celle du corps , dans l’atmof-pliere duquel ils font plongés : ce principe bien fuivi, les conduilit à la méthode de charger une plaque d’air, comme une plaque de verre , & à faire l’imitation la plus parfaite des phénomènes de la foudre 6c de l’éclair.
- Le Mémoire qui contient le détail des expériences de M. Canton fut lu à la Société royale, le 6 Décembre 1751.
- M. Canton fufpendit des boules de liege , une paire avec des fils de lin, & une autre paire avec de la foie : puis tenant le tube éleétrifé à une dif-tance allez conlidérable des boules fufpenducs par des fils de lin , elles fe féparerent ; & en le retirant, elles fe rejoignirent fur le champ : mais il fut obligé d’approcher beaucoup plus le tube éleétrifé des boules fufpendues par des fils de foie, avant qu’elles fe féparaffent ; cependant quand le tube fut éloigné , elles relièrent quelque temps fèparécs.
- Comme les boules n’étoient point
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- ifolées dans la première de ces expériences , M. Canton obferve qu’on rte pouvoir pas dire précifément qu’elles fulTent éledrifées ; mais que quand elles fe trouvèrent dans l’atmolphere du tube éledrifé, elles purent attirer & condenfer lé,fluide éledrique autour d’elles, & fe féparer par la ré-pulfion de fes particules. Il conjedure aulfi que les boules contiennent alors moins que leur portion ordinaire du fluide éledrique , à caufe de la faculté répulfive de celui qui les environne , quoiqu’il puifle en entrer & en fortir continuellement un peu à travers les (ils. Si c’eft là le cas, dit-il , on voit clairement la raifon pour laquelle les boules fufpendues par des fils de loie, dans la fécondé expérience, doivent être nécelfairement dans une partie plus denfe de l’atmofphere du tube, avant qu’elles fe repouflent l’une l’autre. Il ajoute qué dans la première expérience , en approchant des boules un bâton de cire éledrifé, le feu électrique ell fuppofé venir dans les boules à travers les fils, & y être condenfé dans fon paifage vers la cire ; puilque, fuivant le Dodeur
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- de l’Electricité. zi Franklin , le verre éleârifé lance le feu éleârique, &: que la cireéleârifée le reçoit.
- Quand deux boules , fufpendues par des fils de lin fur un tube de fer blanc ifolé, furent cleârifées pofiti-vement & fe furent féparées, il ob-lèrva que l'approche du tube éleârifé les fit rapprocher l’une de l’autre ; fi on le plaçoit à une certaine diftance, elles fe touchoient ; & mis encore plus près, elles fe féparoient de nouveau.
- Quand on retira le tube , elles s’approchèrent l’une de l’autre, jufqu àfe loucher, & enfuite elles fe (épatèrent comme auparavant. Si le tube de fer blanc étoit éleârifé par la cire , ou par le fil de fer d’une bouteille chargée , les boules feroient affeâées de même maniéré à l’approche de la cire éleârifée, ou du fil de fer de la bouteille. Si les boules de liege étoient éleétrifées par le verre, leur répul-fion feroit augmentée à l’approche d’un bâton de cire éleârifé , Se la même chofe arriverait fi, après qu'elles auraient été éleârifées par la cire, on en approchoit du verre éleârifé.
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- îi Histoire En préfentant le verre éleétrifë au bord ou à l’extrémité du tube de fer blanc, dans la première de ces expériences , M. Canton fuppofe que cela Téleétrile pofitivement , ou ajoute au feu éle&rique qu’il contenoit déjà. Par conféquent , il s’en échappera quelque portion à travers les boules, | & elles le reponfleront l’une l’autre. Mais à l’approche du verre éleélrifé qui lance pareillement le fluide électrique , fa fortie hors des boules lera diminuée , ou une partie fera repouf-fée en arriéré, par une force qui agit dans une direction contraire , & elles s’approcheront davantage. Si on tient j le tube à une telle diftance des bou- 1 les, que l'excès de la denfité du fluide I qui les environne , au - delTus de la 1 quantité qui s’en trouve ordinaire- 1 ment dans l'air, foit égal à l'excès de | la denfité de celui qui efl au-dcdans È des boules, au-delïus de la quantité qu’en contient ordinairement le lie-ge , leur répulfion fera tout-à-fait détruite. Mais fi l’on en approche le tube , le fluide du dehors étant plus denfe que celui du dedans des boules, il en fera attiré, & elles recommen-
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- DE l'EleCTIUCITÉ. 2j ceront à s’écarrer l'une de l’autre.
- M. Canton obferve de plus, que quand l’appareil a perdu une paitie defaportion naturelle de ce fluide,par l’approche de la cire éleétrifée à un des bouts, ou qu’il eft éleétrifé négativement , le leu électrique eft attiré par les boules , qui s’en imprègnent, pour fuppléer à ce défaut, & encore plus abondamment à l’approche du verre éleétrifé ou d’un corps éleétrifé polîtivement ; par-là la diltance entre les boules s’accroît proportionnellement à l’augmentation du fluide qui les environne Et en général, (bit par l’approche ou par l’éloignement d'un corps quelconque , fi la différence entre les denlités du fluide intérieur & de l’extérieur eft augmentée ou diminuée, la répulfion des boules fera pareillement augmentée ou diminuée en conféquence.
- Il obferva que , fi on approchoit le verre éleétrifé vers le milieu du tube de fer blanc ifolé , quand il netoit pas éleétrifé , les boules fufpendues à fon extrémité fe repouffoient l’une l’autre , d'autant plus qu’on approchoit davantage le tube éleétrifé.
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- Quand on l'avoit tenu quelques fécondés à la diltance d’environ lix pouces , & qu’on le retirait enfuite, les boules s’approchoient l’une de 1 autre jufqu à ce quelles fe touchaflent ; & fe féparant enfuite , à proportion qu’on cloignoit davantage le tube , elles continuoient à fe repouifer quoique le tube fût ôté tout-à-fait. Cette derniere répulfion étoit augmentée par l’approche du verre clçétrifé , & diminuée par celle de la cire éledtri-fée, précifément comme fi l’appareil eût été électrifé par la cire , de la maniéré décrite dans la derniere expérience.
- Il ifola deux tubes de fer blanc, qu’on peut.diftinguer par A & B , de maniéré que tous les deux étoient fur la même ligne ôe à un demi-pouce de diftance ; & il fufpendit à l’extrémitc la plus éloignée de chacun deux boules de liege. Enfuite approchant le tube de verre éledrifé vers le milieu de A , & le tenant fort peu de temps à la diftance de quelques pouces , il obferva que chaque paire de boules fe féparoit. En retirant le tube , les boules de A le rapprochèrent, & en-
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- CE l’ElECTRICITÉ. îf fuite fe repouflerent de nouveau ; mais celles de B furent à peine ébranlées. En approchant le tube de verre éleétrifé, la répulfion des boules de A augmenta , & celle dçs boules de B diminua (a).
- Dans la première de ces expériences , M. Canton fuppofe que la portion commune du fluide éleétrique dans le tube de fer blanc, eft raréh'ée vers le milieu Sc condenfée dans les [extrémités par la puiflance répulfive [de l’atmofphere du tube de verre élec-[trifê , tandis qu’on le tient auprès. Il [die, que le tube de fer blanc perd [peut être un peu de ià quantité natu-[relle du fluide éleélrique, avant que [d’en recevoir du verre , attendu que [ce fluide s’écoule plus facilement de |fes extrémités ou de fes bords, qu’il In’y entre par le milieu ; & en confé-Iquence , quand on retire le tube de Iverre, & que le fluide eft de nouveau épandu également dans tout l’appa-cil, on trouve qu’il eft éleélrifé ué-
- (a) Philof. Tranfaft. vol. 48, part. 1
- >8- 5fO.
- Tom. II. B
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- Hâtivement ; puifque le verre éleétri-fé préfenté au-defl'ous des boules augmente leur répulfton.
- M. Canton fuppofe , dans la dernière de ces expériences, que la partie du fluide chafl'ée d’un des tubes de fer blanc, entre dans l’autre, que l’on juge être cleélrifé pofitivement , par le décroifl'ement de la répulfion de fes boules à l’approche du verre élec-trifé.
- Il eft eft aifé de voir que dans le temps qu’on faifoit ces expériences, M. Canton penloit comme tout Ici monde fur les atmofpheres électriques ; au lieu qu’on verra que les; expériences de MM. Wilke & Æpinus [qui dans le fait ne contiennent rien , de plus que celles de M. Canton]| tendent à réfuter l’opinion commune,'; & s’expliquent beaucoup plus facile-! ment en luppofant , que la portion de fluide appartenante à tout corps, éleétrifé, eft conftammenten contadj ou à peu de chofe près, avec le corps j mais qu’elle aait fur l’cledricité dei autres corps à une certaine diftance. [
- Le Do&eur Franklin répéta on plutôt varia les expériences de M)
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- ut i'Eibctri cit£ ly Canton ; mais penfant comme lui fur les atmofpheres éleétriqucs, il jugea que les phénomènes s’expliquoient plus aifémentdans la fuppofition que ces atmofpheres étant approchées l'une de l’autre, ne fe mêlent pas, ni ne fe réunifient pas aifément en une feule atmofphere , mais relient fépa-rées & fé repouflênt l’une 1 autre ; & de plus qu’une atmofphere éleéirique, non - feulement rçpoufle une autre atmofphere életirique . mais auffi le fluide éleétrique contenu dans la fub-ftance du corps qu’on en approche > & que fans fe joindre ni fe mêler avec lui , elle le force de pafler dans les autres parties du corps qui le contient.
- Quoiqu’il paroifle difficile de rendre raifon pourquoi les parricules d’une atmofphere repoulfent les particules d’une autre atmofphere , ou du fluide contenu dans un autre corps avec plus de force, qu’elles ne fe re-pouflent l’une l’autre, ou les particules du fluide contenu dans le corps auquel elles appartiennent ; cependant cette idée de la répulfion mutuelle des atmofpheres éleftriques, fi on pou-
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- 18 Histoire voit une fois la fuppofer , explique-roit tous les faits d’une maniéré claire & certaine ; & cette théorie plaîc même par fa /implicite, Mais on expliquera les mêmes phénomènes d'une façon auffi fimple & auili intelligible, en fuppofant que la portion du fluide élcdrique appartenant à chaque corps, étant fortement attirée par'ce corps, eft tenue dans un contaét intime avec lui, mais qu’à certaine diftance elle agit par répulfion fur le fluide électrique appartenant à d’autres corps ; & que le fluide élcdrique ne pafle pas aduellement d’un corps dans un autre, qu’il n’ait d’abord repouffé le fluide hors de ce corps ; & qu’enfuite il eft attiré plus fortement par l’autre corps que par le fien propre, qui en a déjà acquis plus que fa dofe naturelle.
- Le Mémoire qui contient le détail des ces expériences du Doéteur Franklin , fut lu à la Société royale le 18 Décembre 1755. Son appareil étoit différent de celui de M. Canton ; mais' il montra les mêmes effets procédants de la même chofe. 11 fixa une houpe de quinze ou vingt fils , chacun eje
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- DE I’EleCTR iCITÉ. Zÿ tf'ois pouces de longueur , à un bout de fon principal conducteur, quiavoit cinq pieds de long, & quatre pouces de diamètre, & étoit foutenu fur des cordons de foie. Les fils étoient un peu humides, mais non pas mouillés.
- Dans ces circonftances , un tube éleétrifé , étant préfenté à l’extrémité du principal conduéteur oppofée aux fils , de maniéré à lui donner quelques étincelles, fit diverger les fils, chacun d eux ayant acquis par ce moyen fon atmofphere électrique fé-parée.
- Dans cet état , l’approche du tube éleétrifé , fans donner aucunes étincelles , rendit les fils encore plus divergents ; mais quand on le retira, ils fe rapprochèrent d’autant : parce que l'atmolphere du conduéteur fut d’abord chalfée par celle du tube dans les fils, & qu’elle revint enfuite quand on retira le tube , qui alors ne laifla aucune partie de fon atmofphere apres lui.
- Le tube éleétrifé , préfenté fous les fils divergents les fit rclferrer un peu, ayant chalfé une partie de leurs at-mofpheres dans le conduéteur. Quand B iij
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- JO Hlitsu»
- il fut retiré , ils devinrent divergents comme auparavant ; parce que la portion de leurs atmofpheres qu’ils avoient perdue, revint encore du conduéteur , & que le tube ne laifla aucune partie de la tienne.
- Le tube éleélrifé , tenu à cinq ou fix pouces de dillance de l’extrémité du conduéteur oppofée aux fils, les fit écarter l'un de l’autre; Si quand il fut fCtîré 5 ils fe rapprochèrent ; mais fi , lorfqu’ils étoient écartés, ôii avoir tiré une étincelle du conduéteur auprès d’eux, ils fe feroient refferrés ; & en écartant le tube, ils fe feroient fépa-rés. Dans ces deux cas, le tube ne laiife après lui aucune partie de fon atmofphere. 11 ne fait que chafler vers les fils la quantité naturelle d’étec-tricité, contenue dans le conduéteur ; Si une portion lui en étant ôtée par l’étincelle , le tube doit lailfer le conduéteur Si les fils éleétrifés négativement ; auquel cas, ils doivent fe re-pouflèr les uns les autres, comme s’ils euifent été éleétrifés pofitivement.
- Dans cette fituation , fi l’on appro-choit le tube éleétriié du conduéteur, les fils fe reflerreroient de nouveau ;
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- DE l’Electr fCIt i. il fatmotfphere du tube forçant celle du conduéteur de palfer dans les fils, pour remplir la place de ce qu’ils auraient perdu ; mais en retirant le tube, ils doiventfe rouvrir encore; le tube emportant, comme auparavant, toute Ion atmofphere avec lui. Quand le tube éleétrifé fut préfenté fous les fils divergents par une éleétricité négative , ils divergèrent encore plus ; l’at-mofphere du tubechafiant dehors une plus grande portion des atmofpheres des fils, & ne leur en donnant point d'autre à la place.
- Enfin. le Do<a?ur oréfenta le tube éleétrilè au principal conduéleur, avant qu’il fût éleétrifé ; & quand, par-là les fils furent devenus divergents, il en approcha fon doigt, & ob-ierva qu’ils s’en écartoient. M. Haw-kesbée & d’autres avoient déjà remarqué ce phénomène. Le Doéfeur Franklin, pour l’expliquer, fuppofe, que quand fon doigt fut plonge dans fatmofphere du tube de verre , une partie de fon électricité naturelle fut repoulfée en arriéré à travers fa main & fon corps, de façon à lailfer fon doigt éleétrifé négativement , auffi-
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- ji H i s i o n-1 bien que les fils : auquel cas ils on£ dû néceflairement fe rcpouffèr les uns les autres. Pour confirmer cette hypo-thefe, il tint un petit floccon de coton , de deux ou trois pouces de long, auprès du principal conducteur, électrifié par le Verre, ce qui fit que le coton s'étendit de lui même vers le conducteur; & il ôbfierva que dans cet état, il s’écarta du doigt de fion autre main, en même temps qu’il étoit attiré par le fil de fer d’une bouteille chargée pofitiventent (a).
- Ces expériences du Doéteur Franklin , faites en conféquence de celles de' M. Canton , furent confirmées, comme je l’ai déjà remarqué, & même portées beaucoup plus loin par MM. Wilke & Æpinus.
- M. Wilke obferve,qu’un petit corps plongé dans une atmolphere éleétri-que quelconque, ne donne prefque aucuns lignes d’éleétricité , fi aucun autre corps ne le touche & qu’on le retire avant qu’il foitrepouffé.S’il donne
- (a) Philof. Tranfad. vol. 49 , part, r, pag. 300.
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- quelque ligne de cette vertu , elle eft de la même elpece que celle du corps dans l’atmofphere duquel il eft plongé (a,. Si l'on préfente un autre corps, communiquant avec le terrcin à ce corps léger, tandis qu’il eft plongé dans l'atmofphere du corps éledrifé , il en eft d’abord attiré, & enluite re-pouffè. Si on préfente une pointe à ce corps léger, & qu’enfuite on la retire, on trouvera qu’il a acquis une électricité oppofée à celle du corps éledri-fé. D’où il conclut que les parties des corps non-éleâriques, plongées dans des atmofpheres éledriques, acquièrent une éledricité oppofée à celle de l’atmofphere dans laquelle elles croient plongées (}).
- Il plaça deux grands condudeurs ifolés, dont les extrémités étoient op-pofées l'une à l’autre , & entre eux une boule de liege fufpendtfe par un fil de foie ; & il obfèrva qu’en appliquant le tube de verre éledrifé a un bout de l'un des deux , la boule de
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- 34 Histoire
- liege fe mut entre eux fort vite, & quand on tint quelque temps le tube à la même diftance , elle relia en repos. En retirant le tube , le mouvement de la boule de liege recommença de nouveau , & enfin celfa par degrés comme auparavant. Quand on écârtoit les conduéteurs 1 un de l’autre , tandis qu’ils étoient dans l’at-mofphere du tube, ils donnojent une étincelle lorfqu’on les rapprochoit. Cette expérience acheva de démontrer que la partie d’un corps qui eft plongée dans l’atmofphere d’un corps éledrifc acquiert léleétricité contraire (a).
- Mais ce qui a fourni la démonftra-tion la plus complette de cette maxime générale, ell une expérience d’Æ-pinus. Il plaça un petit poids fur une des extrémités d’un grand conduâeur de métal, & au moyen d'un cordon de foie , il l’éloigna du conduéteur, tandis que le bout fur lequel il étoit pofé, etoit plongé dans l’atmofphere d’un corps cleétrifé ; & il trouva qu’il
- (,“) Wilke j pag. 78.
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- DI t’ElECTRICITlÉ. JJ
- avoit effeéfivement acquis une électricité différente de celle de l’atmo-fphere. Si le bout du conduéteur, op-pofé à celui fur lequel étoit placé le poids mobile , venoit à communiquer avec la terre, la partie la plus proche du corps éleétrique frotté, étoit toujours affeétée de 1 électricité oppofée. En plaçant le poids mobile fur l’extrémité oppofée du conduéteur, quand il étoit ifolé , il trouva qu’il avoit tantôt une électricité contraire à celle du corps frotté, tantôt la même éleêtrité quoique foi-ble ; & tantôt qu’il n’en avoit point acquis du tout (a) [61].
- Cet ingénieux Phyficien pcnfa qu’on doit étendre le même principe
- (a) Æpini tentamen, pag. 129.
- «SCP [Ci] Voilà donc la maxime générale qui cclfe d etre générale. Il y a plus, elle celle même d'être une maxime. Car on ne voit dans toutes ces expériences que des éleâricités, tantôt "plus fortes , tantôt plus foibles, Sc point du tout deux éledticités de natures différentes. Quand on a dit avec eniphafe que ce qu’on avance eft une demonfiration complette, on croit avoir démontré ; il arrive fouvent qu’on en eft encore bien loin.
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- au verre & à tous les autres corps électriques : puifque dans leur état naturel ils contiennent, aufli - bien que les conducteurs , une certaine quantité du fluide éleétrique. Pour le vérifier, il prit une tube de verre, & en éleétrifa un bout pofitivement : & il arriva que quatre ou cinq pouces de cette extrémité furent pofitifc; mais plus loin il y eut deux pouces, négatifs ; & au delà le tube redevint politif quoique foiblement. Il répéta fort louvent cette expérience avec le même fuccës: de même, que quand au lieu de verre , il fe fervit d’un bâton folide de foufre Pour expliquer ce fait, il fuppofa que l’éleélricité communiquée au bout du tube repoulfoit à quelque diftance dans le vcre la quantité naturelle du fluide. Il fup-pofe que cette quantité naturelle , fortant de fa première fituation , devient condenféc , & par conféquent repouflè hors de fa place une autre quantité du fluide naturelle au verre; k ainfi les différentes portions du tube doivent être alternativement po-fitives & négatives. L’Auteur allure que ce fut la théorie feule qui le coa-
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- D E I E LECTRICITÉ. 57
- du i lit à cette curieufe expérience , le fait répondant exa&ement à ce qu'il avoit déduit ciTdevant, comme une conféquence néceflaire des principes du Doéteur Franklin fur l’éledricité pofitive & négative (a).
- Ce furent les expériences de M. Wilke, ci-deflus rapportées , qui donnèrent à Æpinus l’idée de celles ci : & Ces Meilleurs réfidents alors tous les deux à Berlin , luivirent conjointement ces expériences curieules, mf-qu’à ce qu’enfin elles les condniiirent à découvrir un moyen de charger une plaque d’air de la même maniéré qu'on avoit coutume de charger des plaques de verre , & de répandre encore plus de lumière lur la théorie de la fameule expérience de Leyde.
- Dans les expériences rapportées ci-deffus, ces Meffieurs obferverent que l'état négatif d’un des corps dcpen-doit de l’état oppofé de l’autre ; ce qu’on favoit être précifément le cas des deux côtés d’un panneau de verre chargé; & la raifon pour laquelle ces
- (a) Æpini tentamen, pag. 19a.
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- 38 Histoire corps ne communiquoient pas une électricité de la même efpece que la leur, étoit évidemment l’imperméabilité du verre au fluide éleétrique dans un cas,&l’imperméabilité de lairdans l’autre. D’après cette idée, ils firent plu-fieurs tentatives pour donner la commotion électrique par le moyen de l’air ; à la fin ils réuffirent, en fuf-pendant de grandes planches de bois couvertes de fer blanc, & qui avoient les côtés plats parallèles l’un à l’autre, Sc à quelques pouces de diftance. Car ils trouvèrent qu’en électrifiant une des planches polïtivcment , l’autre étoit toujours négative , conformément à l’expérience précédente ; mais la découverte fut completteôe incontefta-ble quand une perfonne toucha d’une main une des planches, & porta fon autre main à l’autre planche ; car alors elle reçut une commotion au travers du corps , exactement fem-blable à celle de l’expérience de Ley-de (a).
- 11 firent avec cette plaque d’air [ fi on peut ainfi l’appeller ] quantité
- 0) Wilke, pag. 97.
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- DB l’E lECTRICIli d'expériences curieufes. Les deux plaques de métal, étant dans des états oppofés, s’attirèrent fortement l’une l’autre , & fe lèroient jointes fi elles n’euflent été retenuès par des cordons. Quelquefois leur électricité fe dé-chargeoit par une forte étincelle entre les deux , comme quand un panneau de verre creve par une trop forte charge. En mettant le doigt entre elles , on facilitoit la décharge & on y fentoit une commotion. Si on faifoit une petite éminence fur l’une ou l’autre plaque , c’étoit toujours par-là que fe faifoit la décharge ; & un corps pointu fixé fur l’une des deux les empêchoit de fe charger.
- L’état de ces deux plaques, comme ils obfervent très bien, préfente l’état des nuages & de la terre, durant un orage. Les nuages étant toujours dans un ctat, & la terre dans l’état oppo-fé ; tandis que la mafle d’air qui eft entre eux fait l’office de la petite plaque d’air entre les planches, ou de la plaque de verre entre les deux enveloppes de métal dans l’expérience de Leyde Le phénomène du tonnerre eft la rupture de la plaque d’air , par
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- 40 Histoirb
- une décharge fpontanée * qui fe fait toujours à travers les éminences ; &C les corps à travers lefquels la décharge fe fait, font violemment frappés (a).
- Ils jugèrent pareillement que ce principe expliquoit une remarque de M. l'Abbé Nollet , favoir qu’on a fouventjoblervé que l’éleétricité eft finguliérement forte, lorfquc la compagnie eft nombreufe , & fur- tout quand beaucoup de gens s’approchent pour voir les expériences. Le conducteur eft alors dans un état, & la compagnie dans un autre ; de forte que formant une grande furfàce , quand quelqu’un tire une étincelle , comme il décharge par-là l’éleâricitéde toute la bande, il la fent bien plus fortement que s’il étoit feul (b).
- La découverte, de la maniéré de donner la commotion électrique par le moyen d’urie plaqué d’air , peut être regardée comme une des plus grandes qu’on ait faites en éleâricité depuis celles du Doéteur Franklin. II
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- de l’Electricité. 41 cft agréable d’obferver comment cette belle découverte à pris naiflance des expériences de M. Canton. Les expériences de M. Canton furent fuivies par le Docteur Franklin , &r celles du Doéleur Franklin fuivies par ces Meilleurs , produilirent la découverte. C’ell un feul &: même principe , qui dans des circonllances différentes explique cette belle luite d’expériences.
- L’expérience de charger une plaque d’air eft pareillement rapportée par Æpinus , qui dit avoir été conduit à cette découverte , en rationnant d’après des conféquences de la théorie du DoCteur Franklin.
- Ces expériences l’aiderent aullî à fe former une idée plus diltinéte de l’imperméabilité du verre au fluide électrique. Car puifque une piaque d’air peut être chargée auffi-bien qu’une plaque de verre ; cette piropriété, quelle quelle foit , doit être cdm-mune à tous les deux ; ce ne peut pas être, comme le Doéleur Franklin l’a fuppofé, une chofe particulière à la ftruéture intérieure du verre. D’où il conclutque l’imperméabilité doit être commune à tous les corps éleétriques;
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- 4* H I S I O ! R I
- & puifqu’ils peuvent tous recevoir l'électricité par communication jûf-tju’à un certain point, elle doit con-lilter dans la difficulté & la lenteur avec laquelle le fluide éleétrique fe meut dans leurs pores , au lien que dans les conduétcurs parfaits , il ne rencontre point du tout de réfiftan-
- CC (a).
- Ce fut auflî principalement cette fuite d’expériences qui engagea M. Æpinus à nier l’exiftence des atmof-obérés éleétriques, compofées d’émanations fcrraat des corps éleétrifés.
- 11 paroît cependant regarder ce len-timent comme une opinion hardie -, puilqu’en cela , comme il le dit lui-même , il différé de tous les Electriciens qui ont écrit^vant lui, & du Doéleur Franklin même ; quoique l’opinion commune, dit- il, ne loit point du tout foutenue par les principes généraux de fa théorie, qui fup-pofe que le fluide éleétrique fe meut avec difficulté à travers toute fub-1 fiance éleétrique , comme l’air.
- (a) Æpini tentamen, pag, 8a.
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- BE l’ElectiucitL 43 Si on lui dit qu’une atmofpherc éleétrique n’eft pas une matière de théorie, mais une chofe qui agit fur les fens , puifqu’on la peut fentir fur fes mains, ou fur fon vifage comme une toile d’araignée ; il réplique que ce fentiment, auffi-bien que l’odeur fulfureufe des corps éleétrifés, n’eft qu’une fenfation excitée par l’aétion du fluide des corps éledrifés fur le fluide éledrique qui eft dans les narines ou la main , ou fur ces parties même uû ccrp; dîn* un état non-élee-trifé ; &i que ces fenfations n’ont point lieu dans une perfonne qui ne poffede pas la même efpece & le même degré d’éledricitè.
- Il penfe donc qu’il n’y a jamais eu de raifon fuffifaatc d’admettre ces at-mofpheres ; & déclare que par-tout où il emploie ce terme , il n’entend par la rien autre chofe que la fphere I d’aétivité de l’éledricitc appartenante I à tout corps ; ou bien , dit-il, on peut | appeller ainfi l’air voifin qui en eft
- Iéleélrifé.
- Mais il eft évident, dit-il, que ces atmofpheres produifent peu d’effet dans les expériences éledriques ; car
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- fi on îouffle deflus avec une paire de io ufflets , l’éleCtricité du corps qu’elle environne n’eil pas fenfiblemenr diminuée. 11 fuppofe que le fluide élee-trique réfide tout entier dans le corps éleCtrifé, & que de là il exerce fon attraction ou fa répullion à une certaine diftance (a).
- La queftion des atmofpheres électriques n’avoit pas échappé au P. Beccaria , qui fuppofa , probablement avant Æpintis, que les corps éleétrifés n’ont pas d’autre atmofphere que l’éleCtricité communiquée à l’air voifin, & qui paffe dans l’air & non dans les corps éledrifcs, conformément à fa curieufe découverte dont on a lait mention ci-devant.
- Il rapporte auflî une expérience, qui , félon lui, prouve directement que toute l'éleCtricité communiquée à un corps, eit adhérente à fa furface, & ne s’étend pas dans l’air. Il éleCtrifa un grand conducteur de papier doré, dans lequel la dorure étoit entièrement enlevée tout autour en plufieurs
- («) Æpini tentamen, pag. îjy.
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- hei'EuctmcitI 45 endroits ; &r il obferva que toutes les fois qu’il le déchargea , en tirant une étincelle à Ion extrémité , on uppercut d’autres étincelles dans tous les endroits dédorés ; la charge des parties les plus éloignées s’en étant allée à travers la fubftance du métal & non dans l’air, comme la plus grande partie , du moins, aurait pu faire, Il elle y eût rélidé (a),
- C’eft maintenant auffi l'opinion de M. Canton , que les atmofpheres électriques ne font pas produites par les émanations des corps frottés ou électives ; mais qu’elles ne (ont qu’une altération de l’état du fluide électrique contenu ou qui appartient à l’air qui les environne, à une certaine dit tance : que le verre. éleétrifé , par exemple , en repoufle le fluide électrique , & conféquemment le rend plus denfe au-delà de cette diftance ; ail lieu que la cire éleétrifée attire le fluide éleétrique qui exifte dans l’air le plus voilin . en le rendant plus rare qu’il n’étoit auparavant.
- (a) Eletuicifmo aitificiale e naturale, PaS- 54.
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- Histoire Ceci s’entendra mieux par une figure. Que A ( Planche 1, Fig. I. ) rc-prélénte le verre ou la cire frottés, B le verre éleétrilë , & C la cire cleç-trilëe. Que les points de chaque côté de A , reprélëntent une fuite de particules du fluide éleétrique, placées à leur diilance propre dans leur état naturel.
- Soient B & C portés cà & là dans l’air par-tout où vous voudrez ; B formera une atmofphere également dcnfe & C une atmolphere également rare, tant que la quantité du fluide électrique que chacun d’eux contient, fera la même qu’elle étoit d’abord. Si quelque partie d’un conduéleur arrive dans l’atmofphçre de B, le fluide électrique qu’il contient naturellement fera repoufle par l’atmofphere denfc & s’en écartera. Mais fi l’on apporte quelque partie d’un conduéleur dans l’atmofphere de C, le fluide éleélriquc qu’il contient naturellement léra attiré par l’atmofphere rare, & s’en approchera. Par ce moyen le fluide électrique contenu dans un corps quelconque peut être condenfé ou raréfié ; & fi le corps eft un conduéleur, il peut
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- de i’Electricit£ 47 Être condenfé ou raréfié dans quelle partie l’on voudra ; & même on peut aifément en retrancher une portion, ou en ajouter, fi l’on veut,
- On a obfervé précédemment qu’une expérience du Docteur Franklin , que cet Auteur a jugée propre à prouver que les atmofpheres électriques n’ex-cluoient pas l'air , peut avec raifon nous rendre fufpeéte l’exiftence de ces atmofpheres , puifqu’on fait que la matière éleétriquc repoufle l’air. Le Docteur Darwin de Lichfield a fait une autre expérience de la même nature , &en a envoyé le détail à la Société royale , où il fut lu le 5 Mai 1757. Il prit un tube de verre , ouvert par un bout & ayant une boule à l’autre. Il fit garnir la boule&r la moitié du tube ; & quand il l’eut renverfé & en eut plongé une portion confidé-rable dans un vafe qui contcnoit de l’huile de térébenthine , il y intro-duilir un fil de fer & le chargea ; il remaïqua que l’huile ne parut point du tout s’abaiflcr. Il en conclut que l’atmofphere électrique, circulant autour du fil de fer & de la garniture du tube, au-delfusde l'huile, ne dépla-
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- 48 H i s i o i » s
- çoit point l’air, maisexiftoit dans fes
- pores (al.
- Le Pere Beccaria fit une expérience femblable à celle du Dodeur Franklin & à celle du Dodeur Darwin. Il prit une bouteille garnie, & quand il y eut inféré un petit tube de verre courbé horizontalement'au fortir de la bouteille ; il la boucha avec un lut, &: pré-fenta des cendres légères à l’extrémité du tube, dont l’orifice étoit fort petit; il trouva toujours que les cendres étoient foufflées en-dehors, quand on tiroit une étincelle de la bouteille; mais qu’elles revenoient enfuite vers l’extrémité du tube (4). lleft probable que le métal n’étant pas liiffifamment en contad avec la garniture intérieure, il partit de l’intérieur une étincelle qui fit lortir l’air, & caufa ce mouvement dans les cendres. La meilleure méthode de l’edayer ferait d’avoir une bouteille, dans laquelle le métal qui recevrait le feu du condudeur ferait un prolongement de la garniture intérieure.
- (a) Phil.Tranf. vol. fo, part, i, pag. }fl‘ (4) Lettere dell’ Elettricîfmo, pag. 79.
- PÉRIODE
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- ie l’Electricité. 49
- PÉRIODE X.
- SECTION VI.
- Expériences de M, Symmer fur les deux Eleclrici és ; & celles qu’afaites en conféquena Jean-François Cigna.
- Jusqu'ici on avoit fuppofé univer-icllement que tous les phénomènes d’Eleél.icitp étoient produits par l’action d’un feul fluide électrique. M. du Fa y lui même, dans le temps qu’il crut avoir découvert un autre fluide électrique , diftingué de celui du verre , & particulier à la réfine , &c. jugea cependant qu’il étoit tout à-fait indépendant de l’autre , & que leurs opérations n’étoiant jamais combinées. Le Doéteur Watfon & le Detteur Franklin regarderont comme très-évident que la différence d’entre les Tome II. G
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- deux éledricités confiftoit en ce que l’une étoit une abondance , & l’autre un défaut de la même matière ; &c toutes les expériences que l’on avoit faites fur les deux éledricités, fem-bloient confirmer cette hypothefe : cependant M. Symmer produit un grand nombre d’expériences curieu-ies fur le même fujet ; & en inféré l’exiftance probable de deux fluides électriques , non pas indépendants , mais toujours co - exiftants , & agiflant d’une maniéré oppofée l’un à l’autre.
- La première fuite de fes expériences eft fort remarquable ; mais il ne fait guere qu’en rapporter les faits. Elles furent variées & pouflces beaucoup plus loin par Jean-François Cigna , qui les a expliquées auffi d’apres les principes de la théorie du Dodeur Franklin ; quoiqu’il pensât qu’aucune des expériences qui avoient été faites jufqu’alors, n’étoit décifive en faveur ni de l’une ni de l’autre de ces hypo-thefes. 11 n’y a guere d’expériences plus amufantes que les premières de M. Symmer ; les fuivantes font moins fa-tisfaifantes. Les Mémoires qui les cou-
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- DE L’ElECTR.IGITé. JI tiennent ont été tous lus à la Société royale pendant l’année 1759 (a).
- Cet Auteur avoit remarqué depuis quelque temps qu'en ôtant fes bas le loir, ils pétilloient, & que dans l’ob-feurité il en voyoit fortir des étincelles. 11 ne douta pas que cela ne vînt de l’électricité ; & après avoir fait un grand nombre d’obfervations, pour déterminer de quelles circonftances dépendoient ces fortes apparences électriques, il penfa enfin que c’étoit la coinbinaifon du blanc & du noir qui produiloit cette électricité ; & que ces apparences n’étoient jamais fi fortes, que lorfqu’il portoit un bas de loie blanc & un noir fur la même jambe [tfj]. Ils ne donnoient pourtant
- (a) Philof. Tranfaét. vol. ji, part. 1, pag. 340.
- QZP [6 3] Ce n’eft pas le coatralle du blanc & du noir, comme couleurs, qui ell la caufe de ces phénomènes ; ce font plutôt les ingrédients qui entrent dans les teintures. Car nous avons répété les mêmes expériences , & obtenu les mêmes effets qu'a obtenu M. Sym-mer avec un bas noir & un bas blanc, en nous fervant d’un bas blanc & d’un bas more-doré, osmême de deux bas blancs, dont l'un avoit été
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- ji Histoire
- aucuns fignes d’éledricité- , tandis qu’ils étoient fur la jambe on fur la main, f car il trouva que fa main étoit fuffifante ] quoiqu’on les tirât à plulieurs fois fur elle en avant ou en arriéré. Quand ils furent tirés de la main & préfentés à un éleârometre [ favoir aux boules de M. Canton ], ils ne parurent avoir accpis qu’un fort petit degré d’éleéfricitc ; mais au moment où ils furent féparés, on les trouva tous les deux fortement élec-trifés , le blanc pofitivement & le noir négativement.
- Les deux bas tenus à une certaine diftance l’un de l’autre , parurent gonflés à un tel point, que quand ils étoient fortement éle&rifés, ils montraient la forme entière de la jambe ; & quand on préfentoit l’un à l’autre, deux bas noirs ou deux blancs, ils fe
- trempé dans une déeoôion de ncix-de-galle, j qui ne lui avoit point fait perdre fablancbcur, & qui avoit enfuite été bien féché. Le bas en-gale & demeuré blanc, faifoit l’office du bas noir. Ce qui prouve bien clairement que ce n’eft point au noir, comme couleur, qu’il faut attribuer ces effets.
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- DK l’EiïCTRI C I TÉ. J} repoufloient l’un l’autre de manière à former un angle d’environ trente j ou trente-cinq degrés.
- Quand on préientoit l’un à l’autre, un bas blanc & un noir, ils s’attiroient mutuellement ; fi on le permettoit , ils le joignoient avec une violence furprenante. Dans leur approche, leur gonflement s’affailToit par degrés , ôc fis attiroient moins les corps étrangers ; mais leur attraction mutuelle augmentoit. Quand ils lé joignoient, iis s’applatilToient & lé colloient auflï fortement que s’ils cuflent été autant de plis du même tiflu de foie. Quand on lesféparoit, leur éleétricité nepa-roiff'oit pas du tout avoir été diminuée par leur attouchement mutuel ; car ils fe gonfloient de nouveau, s’atti-| roient, fe repoufloient , & fe préci-| pitoient l’un fur l’autre comme aupa-| ravant.
- 1 Quand on lit cette expérience avec ] deux bas noirs dans une main & deux 1 blancs dans l’autre , elle offrit un | fpeâacle fort curieux. La répulfion H de ceux d’une même couleur, & l’at-traction de ceux de différentes cou-; leurs les mit dans une agitation qui Cüj
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- J4 H 1 S T O ! R £ n’étort pas peu amufante , -& les fît chercher chacun ceux de la couleur oppofée, & cela à une diftance beaucoup plus grande qu’on ne s’y feroit attendu.
- Quand on féparoit les bas l’un de l’autre , ils pcrdoient bientôt leur électricité , d’une maniéré toute fem-blable au tube éleétrifé. Mais lorf* qu’ils étoient réunis , ils la confer-voient une , deux heures ou plus, quand l’air y étoit favorable. La pointe de métal la plus aiguë ne pou-voit pas la leur ôter ; & quand ils étoient l’un dans l’autre, aucun moyen n’étoit capable d’opérer la moindre décharge fenfible d’éleCtricité. A cet égard, M. Symmer penfa qu’il y avoit une reflemblance.confidérable entre le bas noir & le bas blanc mis l’un dans l’autre , & la bouteille de Leyde.
- Ce qu’il y avoit encore de plus remarquable dans ces expériences avec les bas blancs & les noirs, étoit la cohéfion éleétrique qu’ils montroient. M. Symmer apperçut que les bas blanc & noir, étant élcétrifés & réunis non-feulement fe joignoient fort
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- de l’Electricité. 55 étroitement , mais encore s’accro-choient l’un l’autre. Il trouva , au moyen d’une balance , qu’il falloit pour les féparer depuis une jufqu’à douze onces. Une autrefois ils enlevèrent dix - fept onces , ce qui étoit vingt fois la péfanteur du bas qui les fupportoit, 8c cela dans une direction parallèle à fa lurface.
- Quand un des bas fut retourné & mis dans l’autre, il fallut vingt onces pour les féparer, quoique dix onces fuflentfuffilantes quand ils étoient appliqués l’un à l’autre extérieurement.
- Ayant pris des bas noirs nouvellement teints, (te des bas blancs lavés & blanchis à la vapeur du foufre, & enfuite les ayant mis l’un dans l’autre , de maniéré que leurs envers fe touchoient ; il fallut trois livres trois onces pour les féparer : de il eut raifon de croire que le foufre ne contribuoit en rien à l’expérience.
- En effayant la même expérience avec des bas plus forts , il trouva les effets plus confidérables. Quand le bas blanc fut mis dans le bas noir, de forte que l’endroit du blanc étoit
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- J 6 H I S T O I R. ï
- verent neuf livres moins quelque* onces ; ce qui étoit cinquante fois la pelanteur du bas. Quand le bas blanc fut tourné à l’envers 8c mis dans le noir , de forte que leurs envers fe touchoient, ils enlevèrent quinze livres un denier & demi, c’elt-à-dire, quatre vingt-douze fois la pefanteur du bas.
- Ayant coupé les bottrsde foies qui étoient demeurés dans le dedans des bas , la cohéfion fut confidérable-nient diminuée. Mais en les preflant enfemble dans fes mains , cela contribua beaucoup à l'augmenter (a).
- Le bas blanc 8c le noir étant en co-hélion , on leur en préfenta une autre paire plus fortement éleétrifés 8c qui étoient féparcs l’un de l’autre ; alors la cohéfion des premiers fut détruite ; 8c chaque bas de la fécondé paire fe faifit 8c emporta avec lui celui de fa couleur oppofée. Si le degré d’é-leétricité des deux paires étoit égal, la cohéfion de la première paire fc-
- (“) Philof. Tranfaâ. vol. yi, part, i, pas. 35J.
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- de l’Electricité. j7 roit affoiblie , mais non détruite ; & les quatre bas fe colleraient ik ne formeraient plus qu’une malle. Si la fécondé paire n’ctoit que foiblement éleétrifée, la cohéfion de la première paire ne ferait qu’un peu affoiblie, & la cohéfion de toute la maffe ferait petite en proportion.
- M. Symmer obferva auffi que la foie blanche & noire , étant éleétri-fées, non-feulement adhérent l’une à l’autre , mais encore aux corps qui ont des furfaces larges & même polies , quoique ces corps ne foient pas éleétrifés. Il découvrit ce fait par ha-zard. ayant jetté fans deflein un bas qui s’attacha au papier qui tapilfoit fa chambre. 11 répéta l’expérience , &c trouva que le bas y refta attaché près d’une heure.
- Ayant attaché les bas de foie blanc & noir de cette maniéré, il alla avec une autre paire de bas fortement électrifiés ; & appliquant le blanc au noir, & le noir au blanc, il les arracha du mur , chacun d’eux adhérant à celui qui lui avoit été appliqué.
- Les mêmes expériences réuffirent C v
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- jS Histoire' avec la boiferie de la chambre, & pareillement avec une glace de miroir. Le bas de foie blanc & le noir parurent s'attacher à la furface unie de l'une & de l’autre , avec plus de force que dans aucune des expériences précédentes (a).
- M. Alexandre-A medée Vaudonia, ami du Pere Beccaria 3 a fait un petit nombre d’obfervations femblables à quelques-unes dé celles de M. Sym-mer 11 mit une chemife de Caftor entre deux autres , qu’il portoit dans les temps extrêmement froids ; tontes les fois qu’il ôtoit celle de defl’us, c’eft-à-dire tous les jours, il la trou-voit adhérente à celle de Caftor ; & en les réparant, on voyoit entre elles des étincelles électriques. Chaque fois cju il ôtoit la chemife de Caftor, elle etoit encore plus adhérente à la che-mife de deffous ; & quand il la tenoit à une diftance allez confidétâble de cette derniere , elle s’y préeipitoit. Ces attractions fe répétèrent beau-
- (") Philof. Tranfaét. vol. Ji, part, i, pag. }66.
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- DE l'ElECTRI CITÉ. J9 coup de fois , mais elles devinrent plus foibles par degrés , jufqu’à ce qu’elles celferent entièrement. Le Pere Beccaria ayant entendu parler de cette expérience, la répéta avec quelque variété, & trouva qu’elle lui réuffif-foit aulîi fort bien (a),
- La cohéfion des deux bas engagea M. Symmer à eflayer la force de la cohéfion éledrique dans les carreaux de verre éledrifés. Pour cet effet, il prit deux grands carreaux de verre à vitre ordinaire , les plus minces & les plus unis qu’il put trouver, & garnit un des côtés de chacun avec une feuille d’étain, laiffant tout au tour un efpace découvert. Enfuite il pofa les côtés décou verts l’un fur l’autre, & les chargeant tous les deux, comme s’il n’y eût eu qu’un feul carreau ; il trouva, comme il s’y attendoit, que leur cohéfion étoit extrêmement forte;mais il n’avOit point d’appareil propre à en mefurer la force. Enfuite il tourna les carreaux fens deffus deffous, & trouva que la même opération qui les avoit
- (a) Elettncifmo attificiale e nàturale, P»g. 157.
- C
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- tfo H I S T O I R I
- chargés auparavant , les déchargea alors, conformément à l’analogie de la bouteille de Leyde.'
- En plaçant l’un fur l’autre deux carreaux de verre garnis chacun des deux éôtés, il trouva qu'ils étoient tous les deux chargés léparément, & qu’il n’y avoit point de cohélion entre eux.
- M. Symmer termine le récit de ces expériences par déclarer qu'il penfe cju’il y a deux fluides éleélriques ou émanations de deux puiflances électriques diftinéles , eflentiellement différents l’une de l’autre j que l’éleéln-ciré ne confifte pas dans l’affluence & l’effluence de ces fluides, mais dans l’accumulation de l’un ou l’autre dans les corps éleélrifés j ou , ce qui revient au même , qu’elle confifte dans lapofleffion de l’une ou l’autre pu if-fan ce , plus grande qu’il ne faut pour maintenir l’équilibre dans le corps ; & enfin , que , félon que l’une ou l’autre puiflance prévaut, le corps elî éleétrifé de l’une ou de l'autre maniéré [«4]. Après un jufte examen,
- [<4] Ces deux psiflanccs diftinéles,
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- de l’Electricité. 61 dit-il, on ne trouvera pas quece principe de deux pouvoirs cleétriques dif-tinéls foit contraire au fyftême général de la nature. C’eft une de fes loix fondamentale que l’aâion & la ré-adion font inlêparables & égales : & quand on regarde autour de foi, on voit que toute pùiflance, employée dans ce monde matériel , rencontre une puiifance contraire , qui en contrebalance & en réglé les effets, de façon à remplir les vues prudentes de la Providence (a).
- (a) Philof. Tranfaft. vol. 51, part. 13 pag. 589.
- dont parle ici M. Symmer, reiîemblent on ne peut pas mieux , aux deux courants de matière éleétrique qui fe meuvent en fens contraires l’un de l’autre, & que M l’Abbé Nollet a appelas effluences & affluences fimultanées. Et quoique M. Symmer regarde ces deux puiflan-ces comme produifant deux fortes d’éleéïricités différentes, il eft cependant clair qu’il ne les entend pas dans le même fens que les Frankli-niftes. Déplus, tous les faits qu’il rapporte, & qui font très-conformes à l’expérience , font absolument incompatibles avec la fuppofîtion d’un feul courant de matière éle&rique, objet efTentiel de ceux qui foutiennent les éleétrici-tés en plus & en moins, dans le fens de M, Franklin.
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- 6i Histoire
- M. Symmer apporte auffi pour preuve de fes deux pouvoirs diftinéts d’éleétricité , l’expérience rapportée par le Doétcur Franklin , de percer une niain de papier par un choc électrique. 11 penfe que les bavures qui s’élèvent des deux côtés du papierfont produites par les deux fluides, en fe mouvant dans deux directions contraires. Pour faire voir plus évidemment de quelle maniéré fe fait ce choc, il parle de deux autres expériences femblables, où les circonftan-ces du choc étoient un peu variées.
- Un morceau de papier couvert de dorure d’Hollande d’un côté, & qu’on avoit laifle par hazard entre deux feuilles d’une main de papier dont on s’étoit fervi pour l’expérience précédente , fe trouva avoir l’impreffion de deux chocs à environ trois lignes l’une de l’autre ; la dorure étoit enlevée dans tous les deux , le papier étant relié à découvert dans un petit efpace. Au centre de l’un de ces endroits étoit un petit trou rond, &dans l’autre feulement une dentelure ou une impreffion, tellequ’on en pourroic faire avec la pointe d’un poinçon.
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- de l’Electricité.
- M. Symmer fit part des ces obfer-vations au Doétcur Franklin , qui, quoique M. Symmer tâchât d’établir une théorie d électricité contraire à la fienue , fuivit les mouvements de fa générofité naturelle, & l’aida de fon appareil pour faire une autre expérience , en çonféquence de celle qu’on vient de rapporter.
- M. Symmer mit une bande de feuille d’étain dans le milieu d’un livret de papier , de lepaiffeur d’une main , &: dans un autre de meme épailfeur , il plaça deux bandes de la même feuille d’étain , qui renfer-moient entre elles les deux feuillets du milieu du livret. Puis ayant mis en expérience les deux différents livrets , les effets répondirenr à fon attente. Dans le premier, les feuillets de papier de chaque côté du métal furent percés , & la feuille relia entière ; mais en même-temps il apper-çut une empreinte fur chacune rie fes furfaces, à peu de diftance l'une de l’autre ; de pareilles impreffions étoient encore plus vifibles fur le papier ; on pouvoit les fuivre , & voir qu’elles fe dirigeoient de différents
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- <% H I S T O I R I côtés. Dans le fécond, tous les feuillets du livre furent percés, à l'exception des deux qui étoient entre les deux feuilles de métal ; & dans celles-ci on apperçut, au lieu de trous, les deux impreffions dans des direétions contraires.
- M. Symmer fe procura enfuite un appareil électrique, formé fur le modèle de celui du Doéteur Franklin, avec lequel il répéta louvent les expériences ci-deffus . dont les trois obfer-vations fuivantes contiennent les ré-fultats.
- i°. Quand une main de papier eft percée par un choc éleétrique, fans qu’il y ait rien entre les feuilles , les deux pouvoirs differents fuivent la même route, & ne font qu’un feul trou en paffant à travers le papier : ce n’eft pas que la puiffance de defliis & celle de deifous ne s’élancent quelquefois dans le papier à deux points differents ou même plus, faifant autant de trous, qui cependant fe rëu-niffent ordinairement avant que de traverfer tout le papier. Elles paroif-fent paffer l’une & l’autre vers le.milieu de la main de papier ; car on y
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- »B l'Elï C TB ICITÉ. 6f apperçoit les bords des trous très-vifi-blemenc inclinés de difFérents côtes ; au lieu que dans les feuilles qui font proches de l’intérieur de la nuin de papier , fort fouvent les trous ont plutôt l’apparence du paffage d’une puiflance qui fort & fait explofion dans l’air, que d’une qui s'élance dans le papier.
- i”. Quand quelque fubftance métallique mince , par exemple , une feuille d’or ou une feuille d’étain , eft placée entre les feuilles de la main de papier , & que le tout eft mis en expérience ; alors les puifîances contraires s’écartent de la route directe, & quittant celle qu’elles auroient dû prendre à travers le papier, elles arrivent au corps métallique par des voies différentes , & le frappent en deux points, éloignés l’un de l’autre d’environ un quart de pouce, plus ou moins, la diftanceparoiflànt d’autant moindre que la puiffance eft plus forte : & foit qu’elles les percent, ou qu elles y faflént feulement des im-preffions, elles laiflent dans l’un & l’autre cas , des marques évidentes
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- 65 HistoiM d’un mouvement venant de deux côtés différents , & dans deux direéfions contraires. Cette déviation de la route commune, & la réparation des lignes de direétion qui s’enfuit, fourniffent, dit-il, la preuve de l’action de deux
- Euiffances diftinctes 6c agiffant d'une içon contraire.
- 3°. Quand on met dans le milieu de la main de papier deux bandes de feuilles d’étain renfermant entre elles deux feuillets ou plus, les puiffances contraires ne font que frapper contre ces bandes & y laiffent leur impref-fion.fi l’électricité n’a qu’une force modérée. Quand elle eft plus forte, une des bandes fe trouve communément percée , mais elles le font rarement toutes les deux ; & d’après ce qu’il a obfervé en pareils cas, il dit, qu’il fembloit que la puiffance qui partoit de l’extérieur de la bouteille, agif-foit avec plus de force que celle qui venoit du dedans : car c’étoit communément la bande de deffous qui était percée. Mais, ajoute -1 - il, cela pourrait venir de ce que la puiffance du dedans a un plus grand efpace à
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- t> E L’ÈtECTRICIfl. 57 parcourir avant que de frapper le papier (a) [65].
- M. Symmer , dans le même Mémoire, fait voir d'une maniéré remarquable , combien on eft incliné , en formant une. hypothele , à s’approprier les faits, à tirer des preuves de ceux qui font fort douteux, 8c à mé-prifer, dans une expérience , les cir-conftanccs qui ne font pas favorables à fes vues.
- (0) Philof. Tranfaét. vol. 51, part. 1, P*g- 377-
- '5K7* [«5] Toutes ces crpcricnces ne prou-.int-elles pas , d’une maniéré non-équivo-que, les deux courants fimultanées du fluide elè&rique, qui fe meuvent dans des dire&ions contraires ? Si M. Symmer avoit eu en vue de les prouver, auroit-il eu befoin d’employer d’autres expériences ? Non , apurement : celles-ci fuffifent bien. M. Symmer veut donc I démontrer, & démontre réellement deux pou-J voirs aétifs & oppofés : mais il n’y a point de ! néceflîté de fuppofer que ces deux pouvoirs I proviennent de deux fluides différents ; ce font I feulement des portions différentes du même ] fluide , qui fe meuvent dans des diredions I contraires : en un mot, ce font les effluences & affluences fimuhanées, fl bien prouvées dans tous les ouvrages de M. l’Abbé Nollet.
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- 68 Histoire
- Quand une bouteille eft éleélriféc foiblement, M. Symmer dit, que ft on en touche la garniture avec un doigt, & qu’en même-temps on porte un doigt de l’autre main au fil de fer, on reçoit un coup a fiez vif au bout de chacun des doigts, & que la fenfation ne va pas plus loin. Si la bouteille eft élettrifée plus fortement, on fent un coup plus violent qui atteint jufqu’au poignet, mais non pas au delà. Si elle eft éleéhifée encore plus fortement, on reçoit un coup encore plus violent , mais qui ne pâlie pas les coudes. Enfin , quand la bouteille eft fortement chargée , on peut reflèntir le coup dans le poignet & les coudes, mais le principal choc fe fait fentir à la poitrine , comme s’il s’y réunifloit deux chocs , l’un venant d’un côté , & l’autre de l’autre. Cette expérience claire &: fimple , dit M. Symmer, paraît prouver clairement l exiftence de deux puifTances diftindes qui agif-fent en fens contraire ; & je crois, dit il . qu’elle doit être regardée comme une preuve fuffifante par toute perlonne qui eflfayera cette expérience dans la vue de décider la qucftioa
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- »E l’E lICTRICIti 6c, Amplement par fes propres obferva-tions ta).
- 11 fuffit de répondre à cette remar-que de M. Symmer , que fi vingt pcrfonnes fe tiennent par la main, on peut leur faire l'entir la commotion à toutes dans les poignets ou les coudes, fans que leurs poitrines en (oient affectées. Peut-on fuppoferque les deux courants de feu éleétrique arrivent jufqu’à leurs poignets ou leurs coudes , fans pafler par leurs poitrines ? Suivant 1 hypothefe de M. Symmer, il fembleroit que dans un grand cercle, il n’y aurait que les perlbnnes qui feraient proches de la bouteille a’un côté & de l’autre , qui iènti-roient une petite commotion : que peu de perfonnes au delà, à chaque extrémité du cercle , en ièntiroient une plus forte ; & qu’il n’y aurait qu’une fort grande commotion , qui pourrait fe faire fen ir à la personne qui ferait au milieu , laquelle (e trouverait la moins frappée de toute
- (a) Philof. Tranfaél. vol. ji , part, i , pag. 573.
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- 70 Histoire la compagnie. Mais toutes ces confé-quences font abfolumcnt contraires à l'expérience.
- Quoique M. Symmer fe foit trom. pé en appliquant cette hypothefe aux expériences ci - deffus, elle ne laiffe pas d’avoir attiré l’attention de plu-neurs Eleétriciens tant Anglois, qu’étrangers ; & il y a des gens qui pa-roifient inclinés à l’adopter préférablement à la théorie du Doéteur Franklin. C’eft pourquoi je l’examinerai plus au long, quand je traiterai des Théories ex profeffo ; jufqu’à ce moment je ne dirai plus rien de cet ingénieux Phyficien , ni de fes deux fluides éle&riques.
- Les expériences de M. Symmer ont attiré l’attention de M. Jean-François Cigna , & l’ont porté à faire une fuite d’expériences qui jettent encore plus de lumière, tant fur la doétrinc des deux éleâricités, que fur la bouteille de Leyde. Elles font aufli propres à éclaircir de plus en plus la découverte de M. Canton, perfectionnée par MM. Wilke & Æpinus, de la ré-pulfion mutuelle des atmofpheres éleétriques femblabies.
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- bs l’Electricité. 71 11 prit deux rubans de foie blancs qui venoient dctre féchésau feu , & les ayant étendus fur un plan uni, foit conduétcur ou non-conduéteur , il glifla par-deiïus le tranchant d’une réglé d’yvoire , & trouva que les deux rubans avoient acquis allez d’é-leétricité pour relier attachés au plan ; ils n’en donnèrent pas d'autres fignes. Quand on les enleva enfemble de def-fus le plan , ils s’attirèrent l’un l’autre ; celui de deflus ayant acquis l'électricité refineufe alfa forte, & celui de delîous la vitrée, mais plus foi-ble. Quand on les enleva féparément, ils Te rcpoulferent l’un l’autre , ayant tous les deux acquis leleélricité réli-neufe (a).
- Dans cette féparation des deux rubans d’avec le plan , ainfi que dans leur féparation l’un de l’autre, on ap-percut entr eux.dans les deux cas, des étincelles électriques ; mais quand on les replaça de nouveau fur le plan, ou qu’on les joignit enfemble , il ne
- (a) Mémoires de l’Académie de Turin t pour l'année 1765, pag. 31.
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- 71 Histoire
- parut aucune lumière après leur fe. conde féparation , (lins un autre trot-temenc de la réglé d’yvoire. De même , l’orfqu’après avoir été levés fé-parcment, on les eut fait fe repouifcr run l'autre , fi on les replaçoit de nouveau fur le plan , & qu’on les em levât entémble , ils ne s’attiroient plus : & fi après les avoir enlevé enfemble , on les failbit d’abord s’attirer l’un de l’autre , & qu’aprcs les avoir remis une fécondé rois fut le plan , on les enlevât l’un après f autre, ils ne fe repouiToient plus fans un autre frottement.
- Quand par l’opération mentionnée ci-dellus ils avoient acquis la même cleéfricité , fi on les plaçoit , non fur le corps uni fur lequel ils avoient été frottés , mais fur un corps raboteux & conducteur , comme du chanvre ou du coton qui ne fût pas fort fec; ils montraient après leur réparation des éleifricitéscontraires, qui dif-paroiflbienc comme auparavant dès qu’on les réunifloit de nouveau, (a).
- (a) Mémoires de l’Académie de Turin, pour l'année 1763, pag. 33,
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- DE l'EeecTRICIT t. 74
- Si bn les a voit fait fe repoufler l’un l’autre , & qu’on les plaçât enfuitc l’un fur l’autre , fur la furface rude dont on vient de parler, alors en peu de minutes ils s’attireraient l’un l’autre , l’inférieur ayant changé fon électricité réflneufe pour l’éledricité vitrée.
- Si l’on frottoit les deux rubans blancs fur les furfaces rudes, ils acquéraient toujours des éleéiri cités contraires ;-celui de deflus ayant la réli-ncufe, & celui de deflous la vitrée, de quelque maniéré qu’on les enlevât.
- Tout condüdeur.pointu produifoit la même chofe qu’une furface rude. Si, par exemple, on faifoit que deux rubans fe repoulfaflèntl’un l’autre, & qu’ils pendiifent parallèlement l’un à l’autre, & qu’à l’un d’eux on prélentât lapointe d’une aiguille, en la traînant dans toute la longueur du ruban, à l’inftant ils fe précipitoient l’un fur l’autre; l’éledricité de ce ruban,auquel on avoit préfenté l’aiguille,étant changée en une éledricité contraire (a).
- W Mémoires de l’Académie de Turin, pour l’année 176 r, pag. 34.
- Tom. IL D
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- 7+ Histoire *
- De la même maniéré qu’umdes rubans ehangeoit fon éledricité - , "lui ruban non éledrifé acqucrcroiccdc l’éle&ricité ; favoir en le mettant dur une furface rude, &c étendant un ruban éledrifé par-deffiis ; ou en le tenant parallèle à un ruban élèdriié & lui prélentant un condudcur pointu.
- Il plaça fur un plan uni , un ruban qui n'étoit pas entièrement fee ,.foùj un autre qui avoir été bien féché au feu ; & quand ils les eut Frottés à l’ordinaire avec fa réglé d’yvoire , il trouva que de quelque façon qu’on les ôtât de deflus le plan-, celui de deifus avoit acquis l’éledticité réline ufe , & celui de deifous la vitrée (a).
- Si les deux rubans étoient noirs, toutes les expériences ci-deilus réuffif-foient de la même maniéré que quand ils étoient blancs (b),
- Si au lieu de fa réglé d’ivoire -, il fe fervoit de quelque cuir ou d’un mar-
- (a) Mémoires de l'Académie de Turin | (£) Ibidem.
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- de l’Electricité. 75 ceau de verre poli, le réfultat étoit le même ; mais quand il fc l'ervit d’un lâton de foufrc, les électricités furent dans tous les cas, dans le fens inverfe de celui dans lequel elles ctoient auparavant ; le ruban qui étoit frotté ayant toujours acquis l’éleétricité vitrée.
- Quand il fe fervoit de papier doré ou non-doré , les rélultats étoient in-conftants.
- Si les rubans étoient enveloppés dans du papier doré ou non-doré , <5c que le frottement fût fait fur le papier étendu fur le plan ci-deflus, les rubans acquéroient tous les deux l’é-leâricité réGneufe (a).
- Si les rubans ctoient l’un noir & l’autre blanc, de quelque façon qu’ils fuflent frottés, & quel que fût celui des deux qui fût deflùs l’autre, le noir acquérait ordinairement lclcélricité réfineufe & le blanc la vitrée {b).
- 11 obferva cependant conftamment,
- 00 Mémoires de l’Académie de Turin, pour l'année 1761, pag. 36.
- W Ibid. pag. 38.
- D ij
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- 7<T Histoire que toutes les fois que la contexture de la piece de foie fupérieure étoit lâche, louple &c en forme de rézeau, comme celle d’un bas , de forte qu’on la pouvoir mouvoir & frotter contre celle de delfous , & que le frottoir étoit de nature à ne donner que peu d'éledricité au verre ; l’éledricité qu’acqtiéroit la piece de foie fupé-rieure ne dépendoit point du frottoir , mais du corps fur lequel elle étoit étendue ; auquel cas la noire avoit toujours l’éledricité réfineufe, & la blanche la vitrée. Mais quand la piece de foie étoit d’un tiflu terré, ferme & raide , & que le frottoir étoit tel qu’il communiquoit au verre un degré conlidétable d’éledricité, l’éledricité de la piece de deflus ne dépendoit point de celle de deffous, mais du frottoir. Ainfi un bas de foie blanc frotté fur du verre avec du papier doré acquit l’éledricité réfineu-le, & le verre la vitrée. Mais fi on étendoit fur une plaque de verre une piece de foie d’un tiflu plus ferme, elle acquérait toujours l’éledricité vitrée ; & le verre la réfineufe, fi on le frottoit avec du loufre ; & même
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- I)ï TE LtCTHICITÉ. 77 plus fouvent , lorfqu’on le frottoir avec du papier doré (a). De forte que la foie qui étoit frottée recevoit (on électricité , tantôt du frottoir , & tantôt de la fubllance placée défions , félon qu’eilc recevoit un frottement plus fort de l'un ou de l’autre , ou bien en proportion que l'un ou l’autre étoit plus propre à donner de l’électricité au verre.
- Le même Jean-François Cigna a fait une autre fuite d’expériences qui jettent du jour fur l’adhéfion des bas électriques de M. Symmer , aux corps qui ontdes furfaces polies. 11 ifola une plaque de plomb , & en approchant un ruban éleétrifé , il obférva qu’il étoit attiré foiblement. En approchant fou doigt du plomb , il en fortit une étincelle. Après quoi, il attira le ruban vigoureufement, & tous les deux cnfcmble ne donnèrent aucun ligne d électricité. En en féparant le ruban , ils parurent de nouveau être cleétri-fés , & on apperçut une étincelle
- (a) Mémoires de l’Académie de Turin» pour l’année 1765, pag. 40.
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- 7% Hitioui entre la plaque & le doigt (<*).
- En couchant deux plaques de verre fur un conducteur poli, qui comtnu-niquoit avec le verre, & les frottant de même que les rubans av.oient été frottés j elles devinrent pareillement élcétriques , & s’attachèrent forte-.ment l'une à 1 autre & au conducteur. Si on fe fut fervi d’une plaque de plomb mince, elle eût été foutenue par l'attraCtion. Tant qu’elles furent réunies,elles ne donnèrent point d’autres lignes déleCtricicé (é).
- Quand les deux plaques de verre furent fcparées du conducteur, mais jointes enfemble, elles fe trouvèrent avoir des deux côtés une électricité vitrée ; & le conducteur , s’il avoit été ifolé, avoit contracté une électricité réfineufe.
- Les deux plaques de verre, elles-mêmes , étant féparées, fe trouvèrent poffeder les deux électricités ; la fu-périeure avoit la vitrée plus fortcj
- (a) Mémoires de l’Académie de Turia, pour l’année ij6f, pag. 43.
- (i) Ibid. pag. ja.
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- DE L’Ëlî C TR I (SI ti. 7jj j celle dè deflbns avoit la réfineufe » mais plus foible.
- Avec un cofidwCtenr raboteux, foie qu’elles fulfent primitivement frotrées deffus, ou qu’elles lui fuffbnt préferï-tées, après avoir été frottées fur un conducteur poli , elles contractèrent à peine aucune électricité : quoique étant enfuite féparées l’une de l’autre , elles furent aft'eCtées comme auparavant. rf
- 11 tâche d’expliquer fur ce principe la non - éleétrifation d'un globe ou tube vuiefo d’air; ou qui eft garni intérieurement avec des fubftances qui font’des conducteurs. Dans ce cas , dit il, i’éleâ:ricité vitrée fur.la furface extérieure du verre , eft contre balancée parla réfineufe qui eft dans la garniture intérieure, ou dans le vuide qui fert de garniture ; & par confé-quent elle eft dans la fituation des
- Sues de verre , tandis qu’elles font es fur lo conducteur dont on a. parlé ci-deflus ; mais quand la garniture intérieure eft enlevée , l’électricité paraît en-dehors fans aucun frottement nouveau, comme quand Div
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- on ôte les plaques de deffus lé con-dudeur (a\ . . : • s
- Quand il pofa plufleurs rubans de la même couleur fur le condudeur poli, & qu’il paffa fa reglespar deffus , il trouva que, en les levant l’un après l’autre , ils donnoient des étincelles à l’endroit où ils étoienr fépa-rés, de même que fàifoit le dernier ruban avec la plaque polie ; & qu’ils avoient tous acquis leledricité réfi-neufe (é). dv
- Si on les levoit tous enfemble de dédits la plaque , ils fe réunifiaient en une mafle qui paroifloit avoir des deux côtés Téledricitc réfineule. Si. oti les poloit fur le condudeur raboteuxt dans le même ordre [. par-là les-électricités oppofées étoient miles èn équilibre ] & qu’on les levât tous l’un aptiés fautre , en commençant par les plus bas, les étincelles paroif-foient comme auparavant; mais tous les rubans avoient acquis 1’cledrïcité
- M Mémoires de l'Académie de Turin, pour Tannée I7<îf,pâg. 54.
- (!) Ibid. pag. 61.
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- DE' l'Electricité. 8i vitrée excepté celui de deffiis , qui confervoit l'éledricité rélineufe qu'il avoir reç-ue du frottement (a).
- Quand ils reçurent le frottement par le condudeur raboteux , & qu’on les enleva tous à la fois [ afin d’avoir un faifceau dans lequel les éledrici-tés oppofées fuflent en équilibre ] tous les rubans intermédiaires acquirent l'éledricité , foit du ruban de delfus ou de celui de deflbus , félon que la réparation étoit commencée, foit par le plus bas ou par le plus haut.
- Si on réparait du faifceau deux rubans en même-temps, ils fe réunif-foicnt ; & dans cet état ils ne montraient aucun figue d’éledricité , de même qu’aurait fait un feul. Quand on les eut féparés , & que les différentes éledricités fe furent manifestées , on obferva que l’éledricité ré-fidoit dansle plusextérieur , & qu’elle étoit oppofée à celle par laquelle ils avoient tous les deux adhéré au faif-
- ( j) Mémoires de l'Académie de Turin s pour l’année 1765 , pag. 61.
- D v
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- Si H I S T O I R. E
- ceau , mais plus foible de beaucoup (a).
- 11 plaça plufieurs rubans fur une plaque de métal qui recévoit l’électricité du globe, tandis qu’il tenoit un corps pointu à l’autre côté des rubans. Tous les rubans fe trouvèrent .avoir l’éleétricité oppofée à celle de la plaque , ou bien la même, félon qu’ils étoient enlevés ; excepté le plus éloigné, qui garda toujours une électricité oppofée à celle de la plaque.
- Il conclut de ces expériences que, comme l’éleélricité fe propage du ruban le plus extérieur à ceux qui font au.dedans de lui, ou autrement de la plaque de deObus à ceux qui font immédiatement au-dedus d’elle, quand ion les en fépare s de même quand on fépare la garniture d’un panneau de verre chargé , elle dépofe pareillement fon électricité fur la fuperficic du verre , les phénomènes étant, les mêmes dans les deux cas. Car quand il mit des garnitures de métal fur le
- (a) Mémoires de l'Académie de Turin, pour l'année 1765, pag. 61.
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- Dïl’ELïcïn.iciTS. 8 $
- côté d.’un panneau de 'verre fans airain ciment , elles s’attachèrent fortement au verre lorfqu’il fut chargé; •& il partir de la lumière quand on les et) fépara, comme dans le cas des rubans a). '•*- -
- Quand il garnit de même plusieurs rubans, & qu’il les chargea , les garnitures adhérèrent fortement aux rubans ; mais il ne put jamais en.réparer un, fcul , que. j à caufe du tiffu lâche de la (oie ] il ne fortit une étincelle à la garniture, oppofée , qui tomba auflî-tôt, parce que le tour unit alors déchargé (b). ; i
- - Mais il jugea que les garnitures ne dépofcienn pas. toute leur éleâricité fur la plaque , quand on les cnlcvoit ; car , quoique quand élles lurent cn-' levées toutesJes^eux,,leséloétricités s des deux côtés le.filfent encore équilibre l’une à l’autre,;•[ parce que ch*-cune retenoit la; même..qtraffldité diminuée ] ; 'cepqndant qupnd une i US-
- fa) Mémoires de l’Académie de Turin , pour l’ann<»(l?S ÇV IpïgStSj.'»•
- (c) Ibid. p.13. 64- t)'V^eV:a .
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- $4 . H I S T O I R s
- face du verre ou des rubans.,:, reçut fcn éledtrieité du- frottement, & l'autre feulement de la garniture oppo-ïeè ; il obferva que les éjeétricités qui fe faifoiënt équilibre., tandis que la garniture étoit deffiis , n'étoient plus en équilibre quand .elle étoit ôtée ; Télecktiçité de la furfàce frottée l'emportant alors, paree que .l'enveloppe jconduétrice avoir, lors de fai réparation , emporté avec elle uiie partie de fon éleébicité {«). . ! :
- Pour confirmer cette opinion , il ajoute une autre expérience. II chargea un panneau de verre garni d'un côté, ; tandis que l'autre reçut l'électricité de la hiacbine par le moyen ;d’un.conducteur pointu. Il renverfa pareillement ;la plaque, &r fi,t com-smuniquer le côte garni.avec. le. premier conduéleur, tandis qu'il préfen-toit au côté oppofé Tun morceau de métal.pointu>!; & il,trouva dans les deux cas, que tant que la garniture demeura , lès deux éleélricités fe fi-
- la) Mémoires de;l'Académi&de Turin, pour l'année iÿ6j, pa&.6fj;:o
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- DE lEeECTRÏ CITE. 8-5
- rcnt équilibre l'une, à l’autre j mais que quand elle fxtt enlevée, 1-éleëEri-cire du côté oppofé l’emporta, de maniéré qu’elle parut lur les deux côtés de la-plaque (a)- ... ..........
- ,t (a) Mémoires de l’Académie de Turin , p'our l’annééi7<?ypag. . .. y.
- Qp* [(?£} Pope favoir à quoi s’en tenir fur les deux efpeces d’éleétricité que prétend établir,M. Cigna , voyez ce qu’a écrit là-deflps M. l'Abbé Nollét, dans fà! dix-hüitieme let-’tre, à M. Cigna lui - même.. Lettres, fur UE-Uctrtiité p .part. 3 , pag; 1 yi, & fuiy. ,
- n
- !•»
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- PÉRIODE X.
- • SECTION VIL
- Continuation de l’HiJloire de la Bouteille de Leyde.
- Quelques confidcrables que fuflcnt les découvertes.du: Dodeur Franklin au fujet de la Bouteille de Leyde, il laifla encore plulïeurs particularités curieufes pour cette Période de l’Hif-toire de l’Eledricité ; & la matière n’eft pas même encore épuifée II y a encore bien des propriétés de cette bouteille merveilleufe, comme l’appelle le Dodeur , qui n’ont pas été expliquées. Mais comme on répand de jour en' jour1 plus de lumières fur cette matière , il y a lieu d’ef-pérer qu’à la fin nous counoîtrons complettement cette grande expérience. La découverte la plus importante qu’on ait faite dans cette Période fur les propriétés de la boutçille
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- »e l’Eiectricitê. de Leyde , a déjà été rapportée en expofant la méthode de MM. Wilke & Æpinus, de donner la commotion par le moyen d’une plaque d'air ; & on a pareillement fait mention de plufieurs autres obfervations, dans les endroits où leiir liaifon demandoit qu’on les inférât. Cependant cette Seéfion contiendra plufieurs expériences de différente nature, qui_méritent d’être rapportées.
- Immédiatement après la découverte de la commotion donnée par le verre, tous les Eleétriciens efTayerent de charger d’autres. fubftances électriques : mais aucun d’eux ne réuffit avant le P. Beccaria. 11 trouva qu’une plaque de cire à cacheter fort polie, Faite en verfant cette fubftance fondue fur une table de marbre huilée , recevoit une charge confidérable (a).
- Après avoir eflayé de la même maniéré plufieurs autres corps électriques , il trouva qu’un mélange de poix & de colophone fe chargeoit moins que la cire à cacheter, mais
- (a) Lettere dell’Elettricifmo, pag.64»
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- 88 Histoire-plus que le foufre, & beaucoup plus que la poix feule {a).
- Mais la plus curieufe des expériences de ce Phyficien fur ce fujet, fut faite dans l'intention de s’aflurer de la direéfion réelle du fluide éleétrique dans une décharge. 11 lufpendit pat un fil de foie une plaque de verre garnie , & l’ayant chargée & tenue parfaitement tranquille,il obferva qu’elle ne recevoit aucun mouvement quand on la déchargeoit en en approchant des deux côtés en même-temps un fil de fer courbé. L’expérience prouvoit , en effet , la réaction du verre fur la matière éleétrique ; par Je moyen de laquelle la plaque fe te-noit tranquille, quoique le fluide s’élançât avec beaucoup de violence d’un côté à l’autre. 11 compare le verre à une bille d’ivoire placée entre deux autres, qui demeure en place, tandis que par une impulfion donnée à l’une des extérieures, la bille oppo-fée s’échappe en avant (b).
- (a) Lettere delf Elettricifmo, pag.66, W lbtd. pag.72.
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- ns i’Elïctricit É. 89
- M. Richman , Prpfeflèur de Pe-tersbourg, le même dont nous raconterons la mort malheureufè dans la fuite de cette Hiftoire', fit une expérience fort jolie,& fort curieufefur la bouteille de Leyde.
- 11 garnit des deux côtés un panneau de verre à deux ou trois pouces du bord, & attacha de chaque côté , à la partieSupérieure de la garniture, des fils de lin qui pendoient fur elle quand la plaque n'étoit point chargée. Mais en rédreflànt la plaque & la chargeant, il obferva que quand ni l'un ni l’autre des côtés n’étoit touché par Ion doigt, ni par aucun autre conduéleur qui communiquât avec le terrein , les deux fils fe tenoient éloignés de la garniture, à une égale dillance ; mais quand il préfentoit fon doigt ou, tout autre conduéleur à l’un des côtés , le fil pendant de ce côté , fe rapprochoit davantage de la garniture , tandis que le fil du côté oppofé s’en éloignoit d’autant : & que quand fon doigevenoic à toucher un oés côtés , le fü de ce côté le tou-choit pareillement, tandis que le fil
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- jo Histoire du côté oppofc s’éloignoit à deux fois la diftance , à laquelle il pendoit d’abord ; de forte que les deux fils pendoieut toujours de maniéré à former le même angle l’un avec l'autre (a).
- Æpinus Fait voir qu’il tv’eft pas ftric-tement vrai qu’une perfonne ifolée, qui décharge la bouteille de Leyde à travers fon corps , n’acquiert point d’éledricité. En éledrifant une grande plaque d’air , il remarqua que, (i la plaque la plus proche [ par laquelle je fuppofe qu’il entend celle qu’il a touchée la première ] étoit éledrilêe pofitivement, il acquéroit une électricité pofitive par la décharge j mais que fi elle l’étoit négativement , il en acquéroit une négative. 11 firppofe que, fi cette expérience ne réuflït.pas au Dodeur Franklin , ce fut que les furfaces avec lefquelles il I’cffaya, n’étoient pas allez grandes pour rendre l’effet fenfible ; & que la diffance , des plaques dé métal étoit pareille-
- (a) Æpini tentamen, pag. j)j.
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- dé i’EiectricitL 91 ment trop petite , comme elle doit l’être nécelfairement en chargeant le verre (a).
- Jean-François Cigna avoit inventé une nouvelle méthode de charger une bouteille , fur le principe découvert par M. Canton & M. Wilke , favoir que l’éleétricité d’un corps repoufle celle d’un autre , fur-tout fi la fur-face eft unie, & leur donne leledri-cité contraire.
- Il ifole une plaque de plomb unie , & tandis qu’il en approche un corps éledrifé, comme un bas , il tire une étincelle avec le fil de fer d’une bouteille , du côté oppofé ; & éloignant le bas , il tire une autre étincelle avec fon doigt , ou avec tout autre condudeur communiquant avec le terrein : puis rapprochant davantage une fécondé fois le bas de la plaque, il tire une fécondé étincelle avec le fil de fer de la bouteille comme auparavant ; & l’écartannt encore, il en tire de même une autre avec Ion doigt. 11 continue cette opération
- (0) Æpini tentamen, pag. 17.
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- 9t Histoire jufqu’à ce que la bouteille foit char, gée j ce qui par un temps favorable, peut fe faire fans beaucoup diminuer l’éleâricité du bas (a).
- Si au lieu de tirer une fécondé étin-celle avec fon doigt, il l’a voit tirée avec le fil de fer d’une autre bouteille , celle-là auroir été chargée pareillement, fans plus de travail, & d’une éleélrjcité contraire à celle de l’autre bouteille. Si on tirait la fécondé étincelle avec la garniture de la même bouteille, la charge ferait accélérée ; mais l’opération ferait en> barraflTante à conduire.
- Ileft fortaifé de rendre railon de cette nouvelle méthode de charger une bouteille, par le principe rapporté ci-devant. L’éleéiricité du bas, n’étant pas capable d’entrer dans la furface larve & polie du métal , chafle le fluide éleélrique de cette partie de la plaque à laquelle on le préfente, à l’autre côté , lequel étant par-là furchargé , communique ce
- (-0 Mémoires de l’Académie de Turin, pour 1 année 176 f, pag. 49.
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- DE l’EuCIIUCITÉ. JJ
- îu’il a de trop au fil de fer de la bousille. Le bas étant retiré , la plaque titra moins que fa portion naturelle lu fluide électrique , par confé-juent tirera aifément une étincelle , (oit du doigt, foit du fil de fer d'une tutre bouteille (a).
- Cet ingénieux Phyficien , met une différence confidérable entre le fluide Électrique qui donne la commotion , 8c celui d’où dépendent quelques autres phénomènes du verre garni. Le premier qui eft beaucoup plus abondant , réfide , à ce qu’il fuppofe , ou dans la garniture même , ou fur la furface du verre ; au lieu qu’il imagine que l’autre s’ell infirmé dans les pores , & a affeétc la fubftance du verre même.
- Il pofa deux plaques de verre bien lèches , l’une fur l’autre , comme fi c’eut été un fcul morceau : celle de deffous étoit garnie au-dehors : quand clics furent ifolces, il frotta alternativement celle-de deflus avec une
- (a) Mémoires de l’Académie de Turin, pour l’année 176^, pag. ji.
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- 54 Histoire main' &r tira avec l’autre une étincelle à la garniture de celle de défions , jufqu’à ce qu'elles fuflènt chargées : alors la garniture & les deux plaques fe trouvèrent fortement adhérentes enfemble. En donnant une garniture à l’autre, & établiflant une communication entre cette garniture & l’autre, on fit l’explofion ordinaire. Mais les plaques , quoique ainfi déchargées , continuèrent a être adhérentes ; & quoique , tandis qu’elles étaient en cet état, elles ne donnèrent pas d’autres lignes d'électricité , cependant quand elles furent lêparées, on trouva que chacune pofledoit une électricité oppofée à celle de l’autre.
- Si on féparoit les deux plaques, avant qu’elles fuflent déchargées, & qu’on touchât la garniture de chacune, il en fortoit une étincelle ; & quand on les remettoit enfemble, elles fè rejoignoient comme auparavant , mais elles n’étoient plus en état de donner la commotion (a).
- (a) Mémoires de l'Académie de Turin, pour l’année 1765, pag. j1 .
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- DE i’ElECTR I CMÉ jJ
- II compare donc l’éleélricité qui tonne la commotion à l’éleélricité de la plaque de métal dans l’expérience rrécédente ; laquelle fe perd en en. ;irant une étincelle , lorfque la foie en eft écartée, & qui eft différente dé l’éleélricité par laquelle les deux plaques de verre font adhérentes. L'une le diffipe tout à fois ; mais l’autre lentement ; l’une exiltc , à ce qu’il fuppofe , dans les conduéteurs ou fur les furfaces des corps éleélriques, & lautre dans leur fubftance même (a):
- Parmi les expériences qui ont rapport à la commotion éleétrique, nous devons faire mention de ce qui a été obfervé dans cette Période, relativement à la puiffance qu’elle a de fondre des fils de fer , & de produire d’autres effets furprenants.
- L’éleélricité même artificielle, dit le Doéleur Watfon dans un Mémoire lu à la Société royale le 18 Juin 1764, quand elle fe trouve en trop grande quantité & pouflée trop vivement à
- («V Mémoires de l’Académie de Turin, pour l’année 1765, pag. $6.
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- travers d’un fil d’archal fin , produit fur ce fil un effet remarquable ; comme on le voit dans une expérience fort curicule de M. Kinnerfley. Ce Savant ayant difpofé une grande caillé de bouteilles en préfence de M. Franklin , leur fit faire explofion toutes à la fois,.à travers un fil de,fer. bien fin. Le fil parut d’aborij chaud jufqu'à rougir , & enfuite tomba en gouttes qui même brûlèrent la furface de la table ou du plancher. Ce gouttes fe refroidirent & formèrent des petits grains de figure fphérique , fembla-bles à de très-petits grains de plomb, donc le Do&eur Franklin envoya quelques-uns à M. Canton , qui répéta l’expérience. Cela prouve que h fufion fut bien complette ; car il n’y a que la fluidité la.plus parfaite qui puifle donner , cette figure à du fer fondu.
- M. Canton obferve dans utie note fur le,même Mémoire, qu’un grain du fil de fer de M. Kinnerfley, qui lui a été envoyé par M. Franklin , avoit la cent quatre-vingt-deuxieme partie d’un pouce de diamètre. 11 ajoute que l’étincelle, tirée d’une cailfede trente-cinq
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- de l’Electricité. 97 cinq bouteilles, détruifit entièrement un fil de laiton d’une trois cent trentième partie d’un pouce de diamètre. Dans le temps du choc, dit-il, il partit du deflfus & des côtés de l’endroit où le fil de laiton étoit pôle, un grand nombre d’étincelles , iemblables à celles qui partent d’une pierre à fufil -frappée avec l’acier , & on ne les voyoit pas en plein jour, à la diftance d’environ deux ou trois pouces. Après lèxplolion il relia une marque fur la table, dans toute la longueur du fil de laiton, & on découvrit avec une loupe auprès de la marque quelques particules d’airain fort rondes ; mais on ne put trouver aucune portion ou fi! de laiton même (a). . .
- Le P'ere Beccaria vint à bout de fondre de petites bandes de métal, iàns les enfermer ni les couvrir de plaques de verre. Mais il crut que tous les métaux laifibient fur le verre une empreinte de la même couleur ; & imagina pouvoir prouver par - là
- (“) Phil. Tvanf. vol. 54, pag. aoS. Tom. II. E
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- 9S H I S T O I R B
- que les principes fondamentaux
- etoient les mêmes dans tous {a).
- M. Dalibard obferva , que quand un grand panneau de'verre ledéchar-* geoit de lui-même, le poli étoit enlevé à l’endroit de la décharge , & que la trace qu’elle laifloit après elle étoit ordinairement en zigzag La piece de verre avec laquelle il fit ces décharges contenoit douze cents pouces quarrés ; & il perça par fon moyen cent foixante feuilles de papier (b).
- M. Winkler mit le feu àde la graine de Lycopodium, en déchargeant une bouteille à travers. 11 alluma auffi de l’or fulminant, placé fur un morceau de parchemin , qui fut déchiré en pièces par l’explofion (c\
- Le Pere Beccaria parvint à fondre du borax & du verre par la commotion électrique. Mais les plus remarquables d’entre les expériences qu'il fit par le moyen de la commotion
- (a) Elettricifmo artificiale e naturaJe,
- pag-
- (b) Hilloire abrégée, pag. 84.
- (c) Philof. Tranfaét. vol. 38 , part. t, pag-77Î-
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- de l’Electricité. py éleétrique , font celles par lefquellcs il revivifia les métaux. I! en vint à bout en faifant l’pxplofion entre deux morceaux de chaux métalliques : il revivifia de cette maniéré plufieurs métaux, & entre autres le zink. 11 revivifia même du vif-argent du cin-nabrc (a ). Dans ces revivifications, il remarqua toujours des raies noires au delà des teintes métalliques colorées , qu’il imagina venir de ce que le phlogiltique y étoit chafle des parties qui étoient vitrifiées , quand l'autre partie revivifioit la chaux ( b ). Sans doute le phlogiltique , qui revivifioit les chaux, étoit dans cette poufliere îoirc, que le choc éleétrique expul-’oit des métaux , comme on le rap-Jortera dans (on lieu!
- I! fit une autre expérience ctirieufe tvec la commotion éleétrique , en la raifant palier à travers un peu de poufiiere de cuivre , qu’on avoir jonchée entre deux plaques de cire à cathéter. Le tout fut parfaitement lu-
- 00 Lettere dell’ Elettricifmo, pag. iSi. (0 Ibid. pag. ij-p.
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- loo H I S T O I R H mincux & tranfparent (a). C’efl: une expérience qui éclaircit un peuune.de celles de M. Hawkesbée.
- Il fit auffi, par le moyen du choc cleétrique , cette expérience importante , fur laquelle il fait un grand fond dans fa théorie du tonnerre , & par laquelle il prouve que la matière éleéhique fe fait forcément un paf-fage à travers toutes les fubftances légères conduéfricesau moyen de quoi elle peut palier à travers une certaine quantité d'un milieu réfif-tant ; ce qu’elle ne pourrait pas faire fans cela. Il mit un morceau étroit de feuille d’argent entre deux plaques de cire, le pofant en travers des plaques ; mais de façon à ne pas atteindre tout-à fait à un des côtés. Ayant fait la décharge à travers cette bande de métal, en approchant un fil de fer vis-à-vis de l’argent ; à l'endroit où il étoit difeontinué, il fe trouva que l’argent étoit fondu, & qu’une partie étoit difperfée tout le long de la route que prit la matière élech'i-
- (u) Lettere dell’ Elettricifmo, pag.
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- de l’Electricité. ioi que , entre les plaques de cire , depuis l’argent jufqu’au fil de fer (a). Un accident lui donna occaiion d’ob-ferver un autre phénomène de même nature. 11 reçut une fois par hazard, la charge d’une petite jarre à travers un peu de fumée d’efprit de nitre. Il lé fît alors à (on pouce un trou , où le feu entra ; ce qu il jugea n’avoir pu être fait que par le nitre , qui étoit emporté avec le fluide électrique (b).
- je terminerai l’Hiftoire de la Bouteille de Leyde pour cette Période, par le récit de quelques faits extrêmement curieux, que M. Canton me donne la permiffion de publier fur cette matière. Ils méritent afin rément la plus grande attention de la part des Phyficiens , & pourront vrailèmbla-blemcnt porter quelque lumière fur l'électricité de la tourmaline.
- 11 fe munit de quelques boules de verre mince, d’environ un pouce &c demi de diamètre , jointes à des tubes de huit ou neuf pouces de longueur;
- («) Lettere dell’ Elettricifmo , pag. 248. ([l>) Ibid. pag. 249.
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- loi Histoire & il les êleftrifa, les unes pofitive-merrt en dedans, & les autres négativement , à la maniéré dont on charge la bouteille de Leyde, & enfuite les fcella hermétiquement. Bientôt après, il appliqua les boules nues à fon éleélromctre, & n’y put pas découvrir le moindre (igné d’éleéfricité. Mais en les tenant au feu, à cinq ou fix pouces de diftance, elles devinrent en très-peu de temps fortement électriques , & encore plus quand elles le refroidirent. Chaque fois qu’on les chauffoit , ces boules donnoient du feu éleétrique ou en tiroient des autres corps , félon l’état en plus ou en moins de celui qu’elles contenoicnt. 11 obferva que, de les faire chauffer fréquemment, cela diroinuoit fenii-blement leur puiffance ; mais il en tînt une pendant toute une femaine fous l’eau , fans l'affbiblir aucunement. Celle qui avoit été tenue fous l’eau, fut chargée le 21 Septembre 3760 ; elle avoit été chauffée plufieurs fois avant que d’être plongée dans l’eau , & l’avoit été fréquemment encore depuis : cependant elle cou-fervoit encore fa vertu, même à un
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- fie l’EuctriciiI I®3 haut degré, le 31 Octobre fuivant, lorfqu’il en envoya le détail au Docteur Franklin. Deux de ces boules qui fe caflerent par accident, lui donnèrent la commodité d’en mefurer l’é-paiflfeur, qu’il trouva être de fept ou buit millièmes de pouce.
- Le boules dont il eft parlé dans le détail ci-deflus, qui fut écrit il y a fix ans, confervent encore leur vertu, mais avec moins de force.
- E iv
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- • 1©4
- Histoire
- PÉRIODE X.
- S E C T I O N VI IL
- Expériences & obfervations fur la lumière électrique.
- J’a i averti mes Lcéteurs de la né-ceffité où je m’étois trouvé de partager en pluiieurs parties la matière de cette Période. Ils ont déjà vu des titres qu’ils ne fe feraient jamais attendus de rencontrer d’apres les divi-fions des précédentes Périodes ; mais ce fur quoi ils rompraient peut-être le moins, étoit d’y voir une Seélion en particulier fur la lumière éleétri-que : & cependant on a tant fait d’expériences & d’obfervations immédiatement fur ce fujet , qu’elles méritent bien une place particulière. J’aimerois mieux qu’on me reprochât d’avoir fait trop de fubdivifions, que de me reprocher d’en avoir fait trop
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- dé l’Electricité. ioj peu ; car je cherche fur toutes chofes, a conferver la clarté , à laquelle on ne peut guere manquer de donner atteinte quand on mêle enfemble des chofes différentes. «
- M. Hawkcsbée & d’autres ont fait il y a long temps bien des expériences fur l’Eledricité , & particuliérement fur la lumière éledrique dans le vuide ; mais on lavoit alorsli peu de chofe fur la nature de l'Electricité en général, que l’on ne pouvoir gueres tirer d’avantages de ces expériences. Heureufement le Docteur Watfon , après la grande découverte de l’accumulation de l'électricité dans la bouteille de Leyde , tourna fes vues de ce côté - là , & il découvrit par ce moyen, que notre atmofphere quand elle eft féche , eft un agent au moyen duquel, avec l’affiltance d’autres corps éledriques par eux-mêmes, on eft en état d’accumuler leledricité fur des corps non éledriques [ il auroit pu ajouter auffi les corps électriques ] c’cft-àdire, leur communiquer une quantité d’éledricité plus grande que celle que ces corps ont naturellement -, il a obfervé que, en écartant l’air, le
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- jo 6 Histoire
- fluide éledrique pénétrait dans le vuide jufqu’à une diftance confidéra-ble , & manifeftoit fes effets fur toutes les fubftances non éledriques, par lefquelles il ëtoit terminé.
- 11 a démontré ce fait par une des plus belles expériences, qui ait encore été imaginée depuis que cette matière exerce les Savants. Il vuida d'air un cylindre de verre de trois pieds de longueur & trois pouces de diamètre, auquel étoit un inftrument propre à y taire enfoncer une plaque de cuivre auflî avant qu’il lui plaifoit ; afin de la faire approcher d'une autre plaque fixée près du fond du cylindre.
- Ayant ainfi préparé ce cylindre, il l'ifola, & obferva que quand la plaque fupédeure fut eledrifée , la matière éledrique pafla d’une plaque à l’autre , à la plus grande diftance à laquelle ces plaques pouvoient être mifes j & que la plaque d’airain fixée au fond du cylindre fut fortement eledrifée, comme fi elle eût communiqué par un fil de fer au principal condudeur. Ce fut un charmant foec-tacle, dit-il, quand on eut fait I'ob-fcurité dans la chambre , de voir la
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- »e lElectricitI. 107 matière éleétrique fe faire paflage à travers le vuide ; de remarquer , non comme en plein air, des petites aigrettes ou faifeeaux de rayons d'un pouce ou deux de longueur ; mais des corrulcations de toute la longueur du tube & d’une brillante couleur d’argent. Elles ne divergeoient pas auffi-" : après leur émergence, comme en plein air ; mais fouvent d’une bafe platte en apparence , elles fe parta-geoient en ramifications de plus petites en plus petites, & reflëmbloient beaucoup aux corrufcations les plus vives de l’aurore boréale.
- Quelquefois il obferva que quand le tube avoit été vuidé d’air, de la maniéré la plus parfaite , on voyoit le fluide éleétrique pafler entre les plaques de cuivre en un courant continu, qui confervoit les mêmes dimenfions dans toute fa longueur : ce qui démontrait , félon lui, que la caufe de cette puiflante répullion mutuelle des particules de feu éleétrique cjue l’on voit en plein air, vient plutôt de la réfiftance de l’air, que d’aucune tendance naturelle de l’éleétricité même. Car on obferve en plein air que ces
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- iq8 Histoire aigrettes, quand l’éleftricité eft forte; font fi divergentes, qu’elles forment prefqnc une figure fphérique (a).
- Il fit fervir ce cylindre vuide d’air, comme d’une partie du circuit nécef-faire pour opérer la décharge de la bouteille ; & à l'inftant de l’explofion, on vit une mafle d’un feu fort brillant , qui s’élançoit dans le tube d’u ne des plaques de cuivre à l’autre. Mais cela n’avoit pas lieu , quand une des plaques étoit éloignée aè plus de dix pouces de l’autre. Si la diftance étoit plus grande , le feu commençoit à diverger & perdre une partie de fa force ; & cette force diminuoit en proportion de fa divergence, qui étoit à-peu-prés comme la diftance des deux plaques.
- Pour trouver un vuide plus parfait pour le pa(Tage du fluide éleârique, il eut recours à une excellente invention du Lord Charles Cavendish ; lequel au moyen d’un long tuyau de verre.recourbé , rempli de mercure, & renverfé dans deux petits badins pleins de mercure , fit dans toute la
- (a) Philof. Tranf. vol. 47, pag. 367.
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- de l’Electricité. 109 partie Æcourbée, [qui étoit au-deffiis du mercure ] le vuide le plus parfait que l’homme foit capable de faire. Le Dodeur Çfatfon ilola ce tube vuide, & ayant fait communiquer un des baffins de mercure avec le conducteur , pendant que quelque corps non-éledrique touchoit l’autre, la matière éledrique pénétra ce vuide en formant une voûte continue de flamme légère, & qui , autant que l’œil pouvoit la fuivre , n'avoit pas la moindre divergence.
- En faifant communiquer un des baflins avec la machine ifolée , on voyoit le feu pénétrer le vuide dans une diredion contraire. Et il confldéra ceci comme une fuite des deux principes qu'il avoir avancés ci devant ; favoir que l'éledricité eft fournie au condudeur, non par le corps cledri-que frotté ; mais par des corps non-éledriques qui font en contad avec le frottoir ; & que nous pouvons retrancher ou ajouter à la quantité d’é-ledricité qui eft naturellement inhérente dans les corps.
- Il oblèrva aufli que fi, dans les cir-conftances ci-deflus , quelqu’un de-
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- fie H i s t o i R. * bout fur le plancher préfêntoit (à main du côté du verre , les corrufca-tions s’élançoient de ce côcé-là fous une variété de formes fingulieres & curieufés.
- Mais le Doéleur trouva que même ce vuide ne tranfmettoit pas l’éleâri-cité aulfi parfaitement que les métaux ou l’eau : car une perfonne polée fur le parquet & appliquant fon doigt à la plaque de cuivre fupérieure, reçut un coup aifez vif. Il conçut que cela venoit de ce que l'éleétricité du cuivre étoit beaucoup plus raréfiée que celle du corps de l'homme qui appliqua fon doigt (a) [67].
- M. Wilfon engagea M. Smeaton, inventeur d’une nouvelle machine pneumatique plus parfaite , à faire quelques expériences éleétriques dans le vuide. En voici le détail qu’il en-
- (<0 Phil.Tranf. vol.47, pag. 373.
- [67] Il devoit au contraire concevoir qù’alors l’éleétricité étoit très-forte. comme elle ne manque prefque jamais de l’être , lorsqu'on éleétrife du verre par communication. Car, en pareil cas, le verre donne à la matière électrique une énergie finguliere.
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- de l’Electricité. ni voya à M. Wilfon. Elles font, à plu-(ieurs égards, femblables à celles qu’a-voic faites le Doétcur Watfon ; elles font cependant accompagnées d’une variété conlîdérable de circonftances.
- Un vaiffèau de verre d’environ un pied de Ion ;ueur, & de huit pouces dans fon plus grand diamètre, ouvert par les deux bouts, avoit une de les extrémités bouchée au moyen d’un cercle de cuivre qui formoit un des centres fur lefquels il tournoit. L’autre bout étoit fermé avec une plaque de métal. Au centre de cette plaque étoit une tige quarrée , qui s’appli-qnoit à l’arbre d’un tour, avec lequel on làifoit tourner le vaiffèau de verre. Sur un côté de cette derniere plaque étoit un trou , fermé par un bouchon de liege, au moyen duquel on viifoit le vale fur la machine pneumatique.
- En rendant l’air dans ce verre environ cinq cent fois plus rare, & en. fuite faifant tournerle verre lui même appliqué au tour, tandis qu’en même-temps on le frottoit avec la main , on vit paroître dans le verre fous la main une quantité conlîdérable de flamme légère, diftinguée par toutes les cou-
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- ni Hisfotm leurs de Parc-en-ciel. Cette lumierr étoit aflcz conftante à tous égards, excepté que chacune des parties clian geoit continuellement de couleur.
- Quand on laiiTa rentrer un peu d’air dans le verre, la lumière parut plus vive , & en plus grande quantité; mais n’étoit pas fi conftante -, car fou vent elle éclatoit en une Porte de cor rufcation lémblable à l’éclair, & ft répandoit tout autour dans l’intérieur du vafe. Quand on y laifla rentra un peu plus d’air , les éclats de lumière furent continuels , & il fera-bloit fortir de dcflous fa main , en dedans du verre, des torrents de lumière bleuâtre fous milles formes différentes , & avec beaucoup de rapidité, qui reflembloient à une cafcade de feu. Quelquefois il fembloit pouffer des ramifications fous la forme d’arbres , de moufle , &c.
- Y laifloit-on rentrer encore plus d’air, la quantité de lumière dimi-nuoit, & les jets qui compofoient les éclats étoient plus étroits. 11 étoit né-ceflaire alors de tourner le verre avec plus de vîtefle , & de le frotter plus fortement. Ces effets augmentoienti
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- B B l’EiectmcItî. iiJ inclure qu’on y introduifoitplus d’air i de forte que iorfque le verre fut rempli d’air au tiers, ces corrufcations fe diffiperent entièrement , & il parut une quantité de lumière beaucoup plus petite , tant en dedans qu’en dehors du verre. Et lorlque l’air fuc tout-à- fait rentré, la lumière parut toute entière hors du verre , & en beaucoup plus petite quantité que quand le verre étoit en partie vuidé d’air (a).
- En répétant l’expérience du Docteur Watfon avec le vuide de Tori-celli , M. Canton remarqua une circonstance qui l’accompagnoit, & qui jette un grand jour fur la bouteille de Leyde. Il obferva que dans le cas où on approchoit le tube élcétrifé d'un des badins de la machine ( ifo-lée ), on appercevoit une lumière à travers plus de la moitié du vuide ; qui fe diffipoit auffi-tôt, ii on n’ap-prochoit pas le tube davantage ; mais oui reparoifloit de nouveau, quand on l’agitoit ; & que cette apparence pou-
- (a) Wilfon’s , eflai, pag. 216.
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- *14 H I S T 0 î R B Voit fe répéter plufieurs fois fans frotter de nouveau le tube.
- Il confidéra cette expérience comme une démonftration de la vérité de l’hypothefe du Docteur Franklin, fa-voir que quand le fluide éleétrique eftcondeiïfe fur un des côtés du verre, il eft chafle hors de l'autre s’il ne rencontre point de réfiftance s ainfi à l’approche du tube frotté , il fuppo-foit que le feu étoit chaffé de l'intérieur du verre qui étoit vuide d'air, & qu’il étoit emporté à travers les colonnes de mercure ; mais qu'il re-venoit à mefure qu’on éloignoit le tube (a).
- M. Canton a fait voir cette expérience curieufe & l’a expliquée à M. Wilfon, qui dans la fuite s’eft étendu fur ce fujetdans un Livre , qu’il publia conjointement avec le Doéteur Hoadly, fous le titre de Obfervations on a furies of EUclrical cxpcrimcnts ; & il dit, dans une note à la page 28, que M. Canton a remarqué cette cef-fation & ce retour de la lumière.
- (a) Philof. T tarifait, vol. 48, part. 1, Pag- U<5.
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- DE L'EtECTRICITf. il}
- M. Canton a varié depu is cette belle expérience , en approchant le tube éleélrifé d’un autre tube de verre vnide d'air & bouché hermétiquement ; au moyen de quoi il repréfente l’apparence d’une aurore boréale. La flamme partant d’une de fes extrémités qui eft en quelque forte garnie par la main qui la tient, s’élance vers l’autre extrémité dans des intervalles de temps inégaux, pendant prés d’unquart-d'heure de fuite , fans que l’on approche de nouveau le tube eleétrifé.
- Quand il futgénéralement convenu entre tous les Eleétriciens , que ce qu’on avoit appellé électricité vitrée & rélineufe , étoit réellement une abondance du fluide dans un cas, & un défaut dans l’autre ; & lorfqu’en conféquence de cette fuppoiition, l’une fut appellée électricité pofitive, 8c l'autre électricité négative ; il relloit encore quelque doute laquelle des deux étoit la pofltive , & laquelle étoit la négative [68]. M. Wilfon,
- #7> [68] Ce doute-là prouve bien com-
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- lîtf Histoire
- dans un Mémoiie lu à la Société
- royale le 6 Décembre 17 s9 > rapporte
- bien peu l'on cônnoît ces deux efpeces d’électricités : & il eft bien propre à faire douter de leur exiftence. Car enfin, foutenir que de deux corps actuellement éleétrifés , l’un contient plus de fluide éleétrique qu’il n’en a dans fon état naturel, & l’autre , au contraire, en contient moins ; 8c ne pas favoir quel eft celui des deux qui en contient le plus , & quel eft celui qui en contient le moins j c’eft âlïurer un fait fans en avoir aucune preuve : c’eft même avouer qu’on n’en a pas. De quelle valeur doivent donc être toutes ces aflertions ? J’en abandonne le jugement au Leéteur. D’ailleurs , quand on allure ici que tous les Electriciens font convenus de l’exiftence de deux électricités, po/t-tive 8c négative , on a grand tort. Le plus grand nombre ne l’admet pas. Et, fi l’on en dxceptc quelques-uns, auxquels elle eft nécef-fairepout foiitenir avec quelque vraifemblance le fyftême qu’ils fe font formé ; tous les autres nient que cette diftinétion ait lieu' : & ils ne voient dans tout cela de différence qüe dans le dégré de force , 8c point du tout dans l’efpece. On peut cependant convenir d’une autre différence allez conftante , qui eft que dans les corps éleétrifés à la maniéré du verre, c’eft le courant de matière effluente qui eft le plus fort, & au contraire-, c’eft celui de matière affluente qui a le plus de force dans les corps éleétrifés à la maniéré des réfines. Maie
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- D E L’ELEC T RICIT É. 117 une expérience, qui, à fon avis, réfout la difficulté d’une maniéré in-conteftable, & détermine abfolument que celle qu’on a appellée vitrée étoit réellement pofitive , & celle qu’on a appellée réfineufe étoit négative ; comme, en effet, on l’avoit généralement fuppofé, quoique fans raifort fuffifante , dit M. W ilfon , malgré ce qui avoit été avancé fur cette matière par le Docteur Franklin & par M. Canton.
- En répétant la belle expérience, dont on a fait mention ci-devant, telle, que l’avoit imaginée d’abord le Lord Charles Cavendish , il dit qu’il fit attention à une circonftance qui fembloit avoir été méprifée par le DoéteurWatfon, qui en publialedé-tail. Ce fut une apparence finguüere de lumière fur unedesfurfaces du vif-argent. Pour mieux obferver cette apparence remarquable , M. Wilfon laifla entrer une petite quantité d’air
- ce double courant fe trouve toujours dans tous les corps élc&rifcs. C'eft , fans doute , cequi a induit en erreur les partifans des deux électricités,
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- dans le tube , au moyen de quoi il eut quatre colonnes de vif- argent, & conféquemmcnt lix furfaces vifi-bles, dans une des branches du tube renverfé. Enluite il élcétrifa le mercure dans l’autre branche, tandis que du côté oppofé le merepre com-muniquoit avec le parquet ; alors, Ja chambre étant obfcure le courant de lumière éleétrique fut vilible dans toute la longueur du vuide ; & elle parut en général d’une denfîté uniforme , excepté aux furfaces fupé-rieures de chaque colonne ; où, à environ un dixième de pouce au def-fusde la furface, la lumière fut toujours plus brillante de beaucoup ; au lieu que les fnrfaces intérieures ne préfentoient pas cette apparence ; parce que la lumière étoit toujours moins brillante dans ces endroits que dans tout le relie du vuide illuminé, M. Wilfon attribua cette apparence lumineufe à' la rélillance que le fluide rencontre à la furface fupérieure du vif argent, en tâchant de s’y infinuer & de le pénétrer. 11 en conclut donc, que le verre frotté éleélrifoit les corps pofitivement, ou leur donnoit une
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- de l’Electricité. ïï* plus grande quantité du fluide électrique , qu’ils n’en avoient auparavant.
- En éleclrifant, dans le même endroit , avec un cylindre de réfine, au lieu de verre, les apparences lu-mineufes furent toutes aux lurfaces inférieures des colonnes de vif-argent, D’où-il .conclut que la réfine éleétri-foit les corps négativement , en les privant daine partie du fluide électrique qu’ils avoient naturellement ; ou, comme il s’exprime, en déterrai* liant le courant de fluide éleétrique à pafler du côcé oppofé [69]»
- [6$[ Je ne crois pas qu’on regarde ces expériences comme des preuves auffl incontef-tables que le prétend M. Witfon. On n’y voie qu’une différence de force dans l’un ou l’autre des courants : en un mot, on n’y voit que ce qu’on’favoit bien longtemps avant M. Wil-fon, favoir que lorfque le corps eft éleétrifé par le verre , le courant de matière effluente eft toujours plus fort que l’autre ; tandis qu’au, contraire , c’eft le courant de matière affluente qui eft le plus fort , lorfque le corps eft élec-trifé par le foufre. Or ces deux courants fe trouvent toujours dans tous les corps éleftri-fés, de quelque maniéré qu’ils le foient : 8c fi
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- no Histoire
- M. Wilfon confidéra auffi ces apparences lumineufes , comme une forte confirmation de Texiftence dfun milieu à la furface ou auprès de la furface des corps, qui empêchoit l’entrée ou la fortie du fluide électrique. Doétrine queM. Wilfon avoir avancée , fk de laquelle il fe fervoit beaucoup dans plufletirs autres loçca-fions (a).
- (a) Philof. Tranfaét. vol. 51 , part. 1, pag. 508.
- on ne le voit pas toujours , c’eft qu’il arrive fouvent ( fur-tout dans le cas d’une électricité foible ) que de ces deux courants le plus fort eft le feul qui foit vifîble , parce qu’il eft le feul qui devienne lumineux : mais il fera aifé de fe convaincre de leur réalité, & même de les voir, à tous ceux au fyftême defquels ce double courant ne fera pas nuifible. Car fans cela , la prévention qu’ont les autres pour l’opinion qu’ils ont adoptée , leur bouche les yeux & les empêche de voir. Ce que j’avance-là n’eft pas trop fort : j’en ai eu la preuve vis-à-vis de M. Wilfon lui-même. M. l’Abbé Nol-1-et & moi avons fait devant lui des expériences qui prouvoient ces deux courants : il 11’en a cependant pas voulu convenir, quoiqu’il ne pût pas les expliquer avec un feul courant.
- les
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- DE t'ElBCTRICITÉ. III Les raifons qui parurent concluantes à M. Wilfon , pour prouver ce qu’on fuppofe communément, que le verre èleCtrife en plus , & le fou-fre, &c. en moins , ne parurent pas telles à Æpinus ; quoiqu'il reconnut que les houpes de lumière dans le vuide , jointes à beaucoup d’autres phénomènes , prouvoient une différence réelle entre les deux électricités ; & il penfa qu'il étoit aile de concevoir , que quand un fluide élastique fort d’un corps, il doit être plus denfe auprès de la furface d’où il fort, qu’à l’endroit où il trouve plus de liberté de s’étendre. Il auroit pu ajouter, qu’on auroic pu attendre, cet effet, de l'attraCtion mutuelle que l'on fuppofe entre le fluide électrique & d’autres corps. Mais Æpinus ne fait pas expreffément mention de cette circonftance. C’eft pourquoi M. Wilfon méprife l'objcCtion & ajoutée qu’en rapportant l’expérience avec le tube recourbé , dans fa Lettre au DoCteur Heberden , il omit quelques phénomènes qui- accompagnèrent le fait, ÿe qui favorjlbjent beaucoup la doctrine qu’il a aVanéée.
- Tom.Il, F
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- Quand le verre eft cleélrifé , dit - il, & appliqué à la première colonne, fi l’on fait pafler le fluide éleélritjue le loilg du tube en petites quantités feulement & dans des intervalles courts, on verra de petits jets lumineux fe mouvoir de la première à la fécondé colonne de vif-argent, & par confé-quent partir du verre. On voit de pareils phénomènes, mais dans une direction contraire , quand on fe fett de réfine ou d'ambre, & qu’on l’applique à la même colonne. Donc, conclut-il, le verre éleârife en plus, ou remplit les corps d’une quantité de ce fluide plus grande qu’il ne leur en appartient naturellement; & la réfine &c. éleétrife en moins (a).
- Mes Lecteurs ne me fauront pas mauvais gré , je penfe , de les amu-fer d’une difpute qui n’a dil Ion origine qu’à une pure erreur. Car M. ‘Canton me donne avis, & me permet d’en informer le Public, que la lumière que M.Wilfon a remarquée fur une furfàce du mercure , dans le dou-
- (a) Philof. Tranfaét. vol. f3, pag. 438-44«-
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- dï l'Electricité. h; ble baromètre du Lord Charles Ca-vendish , & que M Wilfon regarde comme une preuve del exiftencè d’un milieu fur la furface des corps , qui empêche jufqu’àun certain point l'entrée ou la fortie du fluide électrique , n’eft caufée que par l’air ordinaire. Car quand on fait , comme il faut, le vuide de Toricelli , on ne peut appercevoir aucune différence de lumière fur les furfaces des colonnes de mercure; mais ii on laifié entrer dans le vuide autant d’air qu’il en faut pour rendre chaque colonne de mer cure d’un quart de pouce plus courte que celle d’un bon baromètre , la lumière paraîtra telle que Ivi. Willem l’a décrite. Quand M. Wilfon fup-pofa que le Docteur Watfon en fal-fant l’expérience du vuide de Toricelli , n’avoit pas fait attention à la linguliere apparence de lumière fur une des furfaces du mercure , il ne, ioupçonnoit guere , que quand le vuide fait par le Doéteur Watfon étoit parfait, il n’étoit point du tout accompagné de cette apparence de lumière. L’air , ajoute M. Canton, doit être condenfé près de la fiufaee
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- 124 Histoire de tous les corps qui l’attirent ; pat canféquent, il mettra toujours quelque empêchement à l’entrée ou à la fortie du fluide éleélrique, à moins que les corps ne foient Fort pointus.
- M. Wilke a fait quelques remarques curieufes fur la lumière cleétri-que. En frottant enfemble deux morceaux de verre dans l’oblcurité , il remarqua une lumière vive phofpho-rique, qui cependant ne jettoit point de rayons ; mais étoit adhérente à l’endroit où elle étoit excitée. Elle fut accompagnée d’une forte odeur de phofphore ; mais fans attraction ni répulfion. il conclut de cette expérience , que le frottement feul n’exci-toit pas 1 eleétricité , de façon à l’accumuler fur aucun corps ; & que pour produire cet effet , il falloit que les corps frottés enfemble fuffçnt de nature differente par rapport à leur façon d’attirer le fluide éleélrique. SI imagina de plus que toutes les lumières phofphoriques fans attraction , ve-noient d’une eleétricité excitée, mais non accumulée. 11 penfa que telle étoi: la lumière que donne la pierre de Bologne, la cadmie des fourneau^
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- de 1/Electricité. ’ ilj 1s bois pourri , le fucre pilé & le verre de toute el'pece (a).
- Un tube frotté avec une étoffe de laine , fur laquelle on a mis de la cire blanche ou de l’huile , jetta , dit - il, des flammes , dont chacune , quand on l’examina, parut fortir d’une petite protubérance de feu. La flamme étoit (impie & très-étroite à fon origine , mais un peu plus loin du tube , elle fe partageoit en plufieurs ramifications , qui inclinoient toujours vers les parties du tube qui étoient les moins éleélrifées, ou vers les conducteurs voifins (b).
- 11 dit qu’en préfentant le doigt ou tout autre corps non-électrique à un corps éleélrifé négativement , il fe forme un cône de lumière , dont la bafe eft au doigt, ou au corps non-éleétrique ; & le fommet au corps éleétrilé , autour de la furface duquel il s’étend à une diftance confidé-rable (c) [70].
- (a) Wilke , pag. 113-124.
- (J) Ibid. pag. ilj.
- (c) Ibid. pag. 117.
- $CT> [70] Il faut qu'il y ait ici une faute
- F iij
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- ne Histoirb
- Il a vu quelquefois des particules de feu lancées latéralement d’une étincelle éleétrique irrégulière , qui bril-loienc comme des étoiles , & qui étaient fort femblables à celles qui font produites par la collifion de l'acier & du caillou (a).
- En fufpendant différentes boules à fon conducteur, & leur en préfentant d’autres qui étoient tantôt de verre , tantôt de métal , & les variant de toutes les façons poffibles, il remarqua [ à moins qu’il ne fe fervît de deux boules de métal 1 que la lumière qui étoit entre elles formoit un cône, dont la bafe étoit toujours fur le corps qui étoit pofitif, & le fommet fur celui qui étoit négatif [71]. Il dit
- 0) Wilke, pag. 130. de l’Auteur ; & qu’on ait placé la bafe à la place du fommet du cône : car on dit que le fommet s’étend fur la furfacc , ce qui eft im-polfible ; car le fommet d’un cône eft un point.
- 'Xj [71] On obi’erve cependant le contraire : & M. Wilke l’a obfervé lui-même , comme on peut le voir par ce qui fuit. On voit que la bafe du cône s’étend fur le corps qu’on prétend être éleélrifé négativement, tandis que fon fommet eft un corps qu’on regarde comme éleélrifé poluivemcnt.
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- dè L*Electricité. 117 mie c’eft un caradere fuffifant pour diftinguer les deux électricités l’une de l’autre.
- 11 obferve qu'au Commet d’un cône, fortant de corps pointus , éledrifés pofitivement, il y a une aigrette cylindrique d’où s’élancent des rayons brillants comme de l’eau. Ces rayons, dit il, forment un cône lumineux , dont le Commet eft tourné vers la pointe d’où le feu part. Quelquefois, dit-il, au Commet ou à quelque dil-tance de-là , il y a un point lumineux , qu’HauCenius appelle le feu de la fécondé efpece, d’où s'échappent des filets de feu. Ces filets ne fortent jamais du corps éledrifé même ; mais toujours de ce point lumineux. Il dit de plus , que ce point lumineux qui eft à l'extremité du corps éledrifé,& qui jette des rayons lumineux, forme le caradere diftindif du cône pofi-tif (a).
- Un cône négatif, dit-il, eft petit, & compofé de filets très déliés qui font immédiatement adhérents au
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- (a) Wilke, pag. 132.
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- 118 Histoire point où la lumière entre, où à Tes côtés : & fi on l’examine foigneufe-ment , il femble former de petits cônes dont les bafes font pofées fur le corps.
- Quand il vient erïfuite à confidérer quelle eft la caufe des cônes négatifs de lumière , il avoue qu’il eft fort embarrafl'é pour l’affigner.
- M. Wilke mit fur un corps pointu du phofphore d'Angleterre , qui dans l’obicurité le rendit tout viûble ; & ayant enfuite fufpendu ce corps pointu perpendiculairement, on vit monter les vapeurs phofphoriques ; mais en l’éleéfrifant, tandis qu’il étoit fufpendu dans la même direction, les yapeurs furent emportées en en-bas, & formèrent un cône fort long , qui - fortoit du milieu du cône de lumière éleétrique , qui en étoit parfaitement diftingué. Quand on ceifa d’éleétrifer, la vapeur phofphorique monta, comme auparavant. Cet abaif-fement des émanations phofphoriques fait conclure à M. Wilke que l’effluence du fluide éleétrique fe fait même de la pointe & de la fur face, & non pas feulement à travers la fub-
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- de l’Electricité. ii$ fiance du corps pointu. Il eft fâcheux qu’il n’ait pas eflayé cette curieufe expérience avec des corps pointus éledrifés négativement. Il jauroit trouvé certainement le même abaif-fement des émanations phofphori-ques [72] , tk auroit rétradé proba-
- [71] Cela eft vrai, on auroit trouvé le même abaificment des émanations pho£ phoriqucs. Ce qui prouve clairement , contre les partifans des deux éledricités , que la matière éledrique fe meut de la même façon dans tous les corps éledrifés, de quelque maniéré qu’ils le foient : & par conféquent qu’il n’exifte point deuxiledricités de natures différentes, & qu’il ne fe trouve d’autre différence que le degré de force dans les deux courants, comparés l’un à l’autre. Cette fécondé expérience, que M. Prieftley eft fâché qu’on n’ait pas faite, n’auroit donc point fait rétrader M. Wilke, comme il le prétend : au contraire, elle auroit confirmé fon opinion des effluences. Ces con-tradidions qu’on rencontre à chaque iuftant, prouvent bien qiie les partifans des deux électricités ne font pas même d’accord entr’eux. De-là on peut juger de la valeur de leur opinion. Une expérience ne prouve rien , félon eux , quand elle prouve contre ce qu’ils pen-fent. Il feroit bien plus fap* deqjenfer d’aptès l’expérience, que de vouloir faire cadrer l’ex-
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- i ;o Histoire blement fa conclnfion concernant cette preuve de l'effluence (a).
- M. Wilke regarde aufli comme une preuve que la matière électrique découle non - feulement de la lubftance des corps éleétrilés, mais encore de leur furface , qu’un anneau de métal qui s’avance tant foit peu au-delà de la pointe d’un fil de fer fur lequel il a été placé » empêche le point lumineux de paroi tre.
- La derniere obfervation que je rapporterai de M. Wlike concernant la lumière éleétrique , eft que fi on opr pôle une pointe non éleCtrilèe à une pointe éleétrifée pofitivement , les cônes de lumière , qui dans d’autres circonftances paroîtroient fur toutes les deux , difparoilfent ; mais que fi on oppofe un cône nofirif à un cône négatif, tous les deux confer-vent les propriétés qui les caraétéri-fent (é).
- Le Pere Beccaria per)fa qu’on pou-
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- ds l’EiRCTRteiti. iji voit déterminer la direction du fluide éleétriquc par les phénomènes des Corps pointus. L'aigrette [ par où il entend le feu électrique qui eit à une pointe éleétrifée pofnivemcnt ] fe rel-ferre , dit-il, à mefure quelle approche d'un morceau plat de métal uon-éleétrifé : au lieu que l‘ttoile [ par où il entend le feu élcârique qui eft à une pointe éleétrifée négativement] s’étend dans les mêmes circonftances,
- & a une petite cavité auprès de la pointe vers la grande furface. L’aigrette eft accompagnée d’un pétillement ; l’étoile fait peu ou point du tout de bruit. Il donne à peine aucune raifon du premier de ces phénomènes ; il fe contente de dire que telle eft la conféquence néceffaire d’un fluide qui fort d’une pointe, ou qui y entre. Mais il crut que le plus grand bruit fait par l'aigrette , étoit eaufé par l’impulfion que la matière électrique donnoit à l’air, & qui lé mettait en vibration : & il doit, être plus grand quand le fluide eft élancé de la pointe dans l’air , que quand elle vient de differentes portions de
- F vj /
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- l'air , &r fe raffcmble dans un feul point (a).
- Quand deux pointes font ojipofces l’une à l’autre , dit-il, les phénomènes fe redetnblent beaucoup dans toutes les deux (b).
- Le Pere Beccaria obferva que des vafes de verre creux, minces jufqu’à un certain point , & vuides d’air, donnoient de la lumière quand on les calfoit dans l’obfcurité. Mais il trouva à la fin , par une belle fuite d’expériences, que l’apparence lumi-neufe n’étoit point occafionnée par la rupture du verre , maisparlecnoc de l’air extérieur contre l’intérieur dans le moment de la rupture. 11 couvrit d’un récipient un de ces vafes vuides d’air , & Iaifl’ant tout d’un coup rentrer l’air fur la furface extérieure de ces vafes, il obferva une lumière tout à- fait femblable (c). Il
- (a) Elettricifmo artificiale e naturalé,
- 0) Lettere deU’Elettricifmo, pag. j6j.
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- DE L’ElECTRICITf. IJJ appelle ceci fon Phofphore nouvellement inventé.
- La lumière éle&rique eft plus fub-tile & plus pénétrante, s’il elt permis de le dire , que la lumière produite de toute autre maniéré ; c’eft une chpfe prouvée par plulieurs expériences, fur-tout par une très-remarquable de M. Hawkesbée ; mais il n’y en a point qui le prouvent fi clairement que quelques-unes qu’a faites l’ingénieux M. Lane qui a pareillement fait plulieurs autres expériences neuves, dont on efpere qu’il fera bientôt part au Public. En attendant, il m’a permis d’annoncer les iuivantes.
- Ayant, dans différentes vues, fait paffer la commotion éleélrique fur la furface d’un morceau de marbre , dans l’obfcurité , il remarqua que la partie fur laquelle le feu avoir paffé étoit lumineufe , & confervcit quelque temps cette apparence. Perlonne n’ayant encore oblervé jufque là un tel effet du choc éledrique, il répéta l’expérience avec une grande variété de circonftances > & trouva toujours
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- IJ4 Histoire lé même réfultat avec toutes les fub-ftances calcaires , foit animales ou minérales, & fur-tout quand elles avoient été converties en chaux par le feu. Et dans tous fes elfais , il trouva beaucoup plus de fubftances qui rerenoient cette lumière , qu’il n’en trouva qui ne la retenoientpas; plufieurs fubftances végétales lui réuflirent auffi , & fur - tout le papier blanc. Les tuiles & les briques étoient lumineufes ; mais non la terre à pipes , quoique bien brûlée.
- Les fubftances gypfeufes, quand elles font calcinées, font lumineufes , comme il parut par des morceaux de ftuc ; & il dit, que la fameufe pierre de Bologne eft de cette clafle. Mais il trouva que bien des corps étoient lumineux après avoir reçu la commotion éleétrique , qui ne paroilfoient pas tels quand ils étoient expofés aux rayons du foleil.
- Il lit ces expériences curieufes en plaçant les chaînes ou fils de fer qui formoient la communication du con-duéteur à la garniture extérieure de fa
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- eï l’Electricité. 135 jarre, à un , deux , ou trois pouces ( félon la force de la charge ) au-delTus de la furface du corps qu’il vouloit elfayer , & en la déchargeant au travers. Quand la pierre étoit mince , il trouva qu’alors fi on plaçoit une chaîne au-deffiis , Sc l’autre au-deflous, elle paroifloit lu-mineufe des deux côtés après l’explo-lion.
- M. Canton, à qui ces expériences furent communiquées, a prouvé clairement que ces fubltances ne rete-noient feulement que la lumière , mais rien de particulier à l’éledrici-té ; & de plus , après de fréquents elïàis, il découvrit une compolition qui retient & la lumière commune, & celle de leledricité beaucoup plus fortement que ne le fait la pierre de Bologne , ou toute autre fubftance connue. 11 fait avec ce nouveau phof p’iore un grand nombre de très belles exnériences. L’éclat de lumière que fournit la décharge d'une jarre commune, dans l’efpace d’un pouce d’un morceau circulaire d’environ deux pouces &: demi de diamètre, le
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- rendra tellement lumineux , qu’on pourra aifément, dans une chambre obfcure , diftinguer à fa lueur les heures du cadran d’une montre ; & il confervera cette lumière pendant pne demie-heure.
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- ®i t'EtïCTiuciti. ï)7
- PÉRIODE X.
- SECTION IX.
- Electricité de la Tourmaline.
- Cette Période de mon Hiftoire fournit un fujet tout-à-fait neuf de recherches éleétriques, qui , fi elles font bien foivies, peuvent jetter un grand jour fur les propriétés les plus générales de l’Eleftricité. Telle eft la Tourmaline ; quoiqu’on eft obligé de reconnoîrre que les expériences que l’on a faites jüfqu’ici fur ce foffile, font comme autant d’exceptions à tout ce qu’on avoir connu auparavant fur cette matière.
- La tourmaline, comme le Doéteur Watfon l’a en quelque forte démontré , a été connue des Anciens fous le nom de Lyncurium. Tout ce queThéo-phrafte dit au fujet du Lyncunum , convient à la tourmaline , & ne
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- i;8 H 111 a u i convient à aucun des autres foflilês que nous connoiflons [75]• Il dit qu'on s’en fervoit pour faire des cachets ; qu'elle eft fort duré ; qu'elle a la vertu d'attirer comme l’ambre : & que Dioclès entr'autrcs a prétendu qu'elle attiroit non-feulement des pailles & des petits brinsde bois ; mais encore du cuivre & du fer , pourvu qu’ils fufient battus en feuilles très-minces; qu’elle eft tranfparente, d’ufle couleur d’un rouge foncé, & fort difficile à polir. Ce qui pafloit pour confiant chez les Anciens fur l’origine de cette pierre, étoit fabuleux ; ce qui a fait croire à Pline que tout ce qu’on en diloit étoit fabuleux de même.
- Cette pierre , quoique nos Phyfi-
- f 7 ; ] Où eft - ce que M. Prieftley a pris que c!e pouvoir fervir et faire des cachets , d’être fort dure , d’être tranfparente St d’une couleur d'un rouge foncé, ne convient qu’à la tourmaline 1 On fait des cachets avec un grand nombre de pierres ; plulîeurs font aufli dures, St quelques-unes plus dures que la tourmaline; plulîeurs font tranfparentes ; & quelques - unes font d’un rouge foncé. Ces qualités n’appartiennent donc pas à la tour-roaline cxclubvcmcnt à toute autre ?
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- »e i Electricité, ijje
- ciens Européens n’y aient fait quelque attention que depuis fort peu de temps , eft commune dans plufieurs cantons des Indes Orientales, & fur-tout dans l’Ifle de Ceylan , où les gens du pays l’appellent Tournamal. LesHollandois l’ont connue dans cette Ifle, & lui ont donné le nom de Af-chentrikher , à caufe de fa propriété d’attirer les cendres, quand on la jette dans le feu.
- . Le premier récit qu’on nous ait fait depuis quelques années de cette pierre extraordinaire , eft configné dans l’Hiftoire de l’Académie royale des Sciences de Paris , pour l’année 1717 ; où on nous dit que M. Le-mery fit voir une pierre , qui n’é-toit pas commune & qui venoit de Ceylan. Cette pierre , dit-il, attirait & repouiïoit de petits corps légers, tels que des cendres, des limailles de fer, des morceaux de papier, &c.
- Linnsus dans fon Flora Zeilonica , fait mention de cette pierre fous le nom de Lapis E/eSricus, & parle des expériences de M. Lemery.
- Malgré cela, on ne voit pas qu’il ait été fait d’autre mention de cette
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- 14* H i s t o 1 *. t pierre ni de fes effets, que quelques ânnéesaprès ; lorfque le Duc de Noya, dans fa Lettre à M, de Buffon , qui fut préfentée à la Société royale, nous apprit qu’étant à Naples, en 1745 , le Comte Pichetti , Secrétaire du Roi, l'affura que, durant fon féjour à Conftantinople, il avoit vu une petite pierre appellée Tourmaline, qui attiroit & rêpouffoit les cendres. Le Duc de Noya avoit oublié tout à-fait ce qu’on lui avoir dit; mais en 1758 , étant en Hollande , il vit & acheta deux de ces pierres. 11 s’en fervit pour faire, conjointement avec MM. Dau-benton & Adanfon, un grand nombre d’expériences , dont il a donné au Public un détail circonftancié (a).
- Mais antérieurement aux expériences du Duc de Noya, M. Lechman avoit fait connoître à Æpinus le pouvoir attraélif de la tourmaline , & lui en avoit fourni deux, fur lesquelles il avoit fait beaucoup d’expériences , dont il publia le réfultat dans
- pasW3^.hil°f- Tranfj£i’ vo1' ÎCpart. i,
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- BS L*Ël E CT RI CITE. 141
- l'Hiftoire de l’Académie des Sciences & Belles-Lettres de Berlin , pour l’année 1756. Voici la fubftance de ce Mémoire.
- La tourmaline a toujours en même-temps une éleélricité poütive & une négative , un de fes côtés étant dans un état & l’autre dans un état oppo-fé ; & cela ne dépend pas de la forme extérieure de la pierre. 11 pouvoit exciter ces cledricités jufqu’au degré le plus Fort, en plongeant la pierre dans 1 eau bouillante.
- Si on chauffé un côté de la tourmaline plus que l’autre [ comme (i on la pofe fur un gâteau de métal chaud ] chacun des côtés acquiert une éleélricité oppolée à celle qui lui eft naturelle ; mais ft on la retire de dédits le gâteau, elle revient à fon état naturel.
- Si on frotte un des côtés de la tourmaline , tandis que l’autre eft en contaél avec quelque conduéleur communiquant avec le terrein , le côté frotté eft toujours pofitif , & l’autre négatif. Si ni l’un ni l’autre n’eft en contait avec un conduéleur,
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- 141 Histoire tous les deux font pofitifs [74.]. Dans le premier de ces cas, fi on frotte la tourmaline, de façon qu’elleaccjuiere une chaleur fenlible & que le côté qui eft naturellement pofitif foit devenu négatif, il retournera à fon état naturel, quand la pierre fera refroidie mais fi elle n’a point acquis de chaleur fenlible , elle ne reviendra point à fon état naturel, tant qu’il lui reliera quelque électricité. Si on la fait chauffer, même quand elle eft frottée & ifolée [ auquel cas les deux côtés deviennent pofitifs ], elle retournera à Ion état naturel en refroi-diffant.
- Le Duc de Noya fait mention de ces expériences d’Æpinus, mais il ne
- ’S'f [74] Voilà qui eft en contradiction avec ce qui a été dit ci-dcfîus ; (avoir que » la m tourmaline a toujours en même-temps une w électricité politive & une négative, un des «côtés étant dans un état, & l’autre dans l’é-« tat oppofé. “ Pnifqu’il arrive quelquefois que fes deux côtés font pofitifs dans le même inftant : donc elle n’a pas toujours les deux fortes d’éleéfcricités, diftinftcs l’une de l’autre. C’eft que dans le vrai cette diftinétion n’a pas lieu.
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- DE l'ElICIEICITi 14} convient pas que la tourmaline étant chauffée foit cleétrifée en plus & en moins. Il dit au contraire, que les deux côtés font éleétrifés en plus , mais l’un beaucoup plus que l'autre ; & que c’eft la différence entre ces degrés qui a induit Æpinus en erreur (a).
- Ce fut le Doéteur Heberden qui fit connoître la tourmaline en Angleterre. Ce Phyficien le rappellant heu-reulément d’en avoir vu une , bien des années auparavant, entre les mains du Doéteur Sharpe à Cambridge, [ & c’étoit alors la feule que l’on connût en Angleterre ] fit en forte de fe la procurer pour M. Wilfori , qui quoiqu’elle fût fort petite, s'en fervit pour répéter la plupart des expériences d’Æpinus , au point de fe convaincre que fon opinion fur la puiilance po-litive & négative de cette pierre étoit bien fondée.
- Dans la fuite le Doéteur Heberden , toujours curieux d’étendre les bornes de cette fcicnce, fit venir de
- (a) Philof. Tranfact. vol. 57, part. X, pag. 3ij.
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- 144 Histoire
- Hollande quelques-unes de ces pierres, & les mit entre les mains des perfonnes qu’il crut pouvoir en faire le meilleur ufage , .& fur-tout de MM. Wüfon & Canton : & en effet elles n’y furent pas placées inutilement , comme on le verra par le dér tail abrégé que je vais ajouter de leurs expériences. i
- Les oblérvations de M. Wilfon font en trop grand nombre pour être inférées toutes dans cet ouvrage. Son réfultat en général fut le même que celui d’Æpinus , favoir , d’établir les deux différentes pin (Tances de cette pierre : mais il allure , contre Æpi-iius, que quand les côtés de la tourmaline font chauffes inégalement, elle montre cette efpece d’éle&ricité qui eft naturelle au côté le plus cnaud ; ç’eft-à-dire, que la tourmaline eft éie&rique en plus des deux côtés , quand le côté plus eft le plus chaud ; & en moins des deux côtés, quand le côté moins eft le plus chaud.
- D’après cette obfervation , Æpinus répéta toutes les expériences précédentes , &r trouva toujours leur réfultat conforme à fa première conclu-fion,
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- tse l’Electricité. 145 fion , & contraire à celle de M. Wil-fon. M Willon répéta aulli les lien-nes, fans aucune variation dans l'événement ; &: imagina que la diffé-rence , entre Æpinus & lui, pouvoit venir des différentes groffeurs des tourmalines dont ils s’étoient fer vis, ou de leur différente maniéré de fa^re les expériences. Il eft évident, par la defeription de chacun de leurs appareils , que celui de M. Wilion étoit beaucoup mieux dilpofé que celui de M. Æpinus pour faire des expériences bien exactes. M. Wilfon fit ufage auflî d une plus grande variété de moyens pour communiquer la chaleur à fies tourmalines. 11 les plongea dans l’eau bouillante , les tînt à la flamme d’une chandelle & les expofa à la chalcim de corps électriques ifolés (a)
- Quoique le détail de toutes les expériences de M-Wilfon , comme je l'ai ditci-deffus, eft de beaucoup trop long pour être placé ici, ]e ne puis me dilpenfér d'en rapporter une qui
- (a) Phil. Tranf. vol. 53, pag. 436. Tome //. G
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- fut faite fuivant la derniere méthode , dont je viens de parler. Il chauffa jufqu’à rougir un bout d’un tube de verre , & quand il y eut expofé ce que Æpinus & lui appellent le côté négatif de la tourmaline, il remarqua qu'environ trois pouces de la portion chauffée du verre étoient éledrifés en moins, quoique le verre fut au-delà éledrifé en plus , & que le tout continua ainlî , même après que le verre fut refroidi ; le fluide électrique ayant paffé de la tourmaline dans le verre ; puifque ce furent les mêmes apparences que celles que l’on produit en préfentant un tube éledrifé au verre chauffé.
- Enfuite il appliqua le côté plus de la tourmaline au même verre chauffé , & trouva que le tube étoit élec-trife en moins de plus d’un pied de longueur, fans la moindre apparence d’une électricité en plus par de là l’é-lèdricité «n moins , comme dans l’autre expérience : & cette éledricité en moins parut quand le tube fut à-peu-près refroidi. Il jugea , dans ce cas, que le fluide éledrique avoit paffé du verre dans la tourmaline.
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- BE l’EtïCTRICITé, I47
- M. Wilfon imagina que la tourmaline , auffî bien que le verre , étoit perméable au fluide éleétrique ; & que la réliftance quelle lui oppofe , étoit moindre fur ce qu’il appelle le côté négatif que fur le pofitif. 11 tira ces conléquences des deux expériences fuivantes. En frottant légèrement le côté pofitif de la pierre , il en trouva les deux côtés éleétrifés en plus -, mais en frottant le côté négatif de la même maniéré , les deux côtés furent éleétrifés enplus plus fortement qu’auparavant (a).
- Plufieurs expériences firent conclure à M. Wilfon que la tourmaline rélïftoit à l’entrée & à la fortie du fluide éleéfrique beaucoup moins que le verre , ou même moins que l'ambre ; & il conclut de tout cela que la tourmaline ne différé en rien des autres corps éleétriques, fi ce n’eft en ce qu’elle acquiert l’éleétricité par la chaleur [b).
- (a) Philof. Tranfaft. vol. 51, part, x
- ag. U7-
- 0) Ibid. pag. 319.
- Gij
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- 148 H I S T O I R H
- En examinant un grand nombre de tourmalines, il trouva cju’une ligne tirée de la partie plus , a travers le centre de la pierre , pafléra toujours à travers la partie moins.
- 11 grailla prefqtte toutes ces tourmalines ; & tandis qu’elles étoient allez chaudes pour conlerver la graille liquide , il eflayachaque tourmaline féparément ; mais il ne trouva point de changement dans la vertu de la pierre , li ce n’eft quelle fut un peu affoiblie , quoique l’on fait très bien que l’humidité de toute efpece eft conducteur du fluide éleétrique. Si donc la tourmaline n'a pas un genre déterminé d’clectricité , l’électricité en plus &r en moins que l’on peut remarquer fur les deux côtés de la pierre , doivent, par cette méthode , s’être réunies & détruites l’une l’autre. M. Wilfon conclut de-là que la tourmaline ne laide pafler le fluide éleétrique à travers fa fiibftance que dans une feule direétion ; & qu’en cela elle a quelque analogie avec l’aimant , ayant en quelque (ortc deux pôles éleétriques , qu’il n’eft
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- Cela l’engagea à eflayer fi la tourmaline , de même que l’aimant, perdrait fa vertu en cas qu’on la fit rougir; après en avoir donc expofé deux dans un feu violent pendant une demie-heure , il n'y apperçut pas la moindre altération. Mais en en plongeant une dans l’eau tandis qu’elle etoit toute rouge , il détruifit entièrement fa vertu , & cela la fit paroître gercée dans beaucoup d'endroits, fans cependant qu’elle fe cafsât (b).
- Malgré toute l’attention qu’Æpi-nus & M. Wilfon donnèrent à cette matière , la plus importante découverte par rapport à l’éle&ricité de la tourmaline , étoit refervée à M. Canton , qui dans un Mémoire lu à la Société royale dans le même mois que celui de M. Wilfon , dont on a parlé ci-deflus , c’eft-à-dire en Décembre 17JP , obferve que la tourmaline ne
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- JfO H I S T O I R. I lance &r abforbe le fluide éleélriquè que par l’accroiffement ou la diminution de la chaleur. Car, dit-il, fi l’on place la tourmaline fur un morceau poli de verre ou de métal chauffé , de forte que chacun de fes côtés, étant perpendiculaire à la furface du corps chauffant , puiflè être égale-lement chauffé ; elle aura, tandis qu’elle s’échauffe , l’électricité d’un de fes côtés pofitive , & celle de l’autre négative. La même chofe arrive aufli, quand on la tire de l’eau bouillante ; mais le côté qui étoit po-fitif tandis qu’on le chauffoit fera négatif en fe refroidiffant ; & le côté qui étoit négatif, fera pofitif.
- M. Canton renvoie dans ce Mémoire au Gcntleman's magajine, pour le mois de Septembre précédent, dans lequel il avoit publié le réfultat de , quelques expériences qu’il avoit faites fur une tourmaline qu’il avoit fait venir d’Hollande. Il y établit fi peu de propofitions, qui comprennent la principale partie de ce qu’il y a de connu fur cette matière , d’une façon fi élégante & fi concife, que . je les rapporterai toutes dans cet endroit.
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- DE l’EieCTRICI TÉ. I JT
- i“. Quand la tourmaline n’eft pas éleélrique ou n’attire point, on lui donne cette vertu en. la chauffant, fans avoir befoin de la frotter : & I’éledricité d’un de fes côtés ( que nous diftmguerons par A ) fera pofi-tive, &r celle de l’autre côté (B) fera négative.
- i“. La tourmaline n’étant point éleétrique, le deviendra en fe rcfroi-diflant ; mais avec cette différence , que le côté A fera négatif, & le côté B politif.
- 3". Si,on fait chauffer la tourmaline dans un état non-éledrique , & qu’on la laifl'e refroidir, fans toucher à auçun de fes côtés ; A fera politif, & B négatif, pendant tout le temps de raccroiifement&de la diminution de fa chaleur.
- 4°. L’un & l’autre côté de la tour-, maline deviendront pofitifs par le frottement, & tous les deux peuvent être rendus tels en même temps.
- Telles font, dit-il, les principales loix de l’éleélricité de cette pierre merveilleufe. Et il ajoute : fi on fup* pofe que l’air polfede des qualités femblables, c’eft à-dire, la faculté de G iv
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- IJ1 H r S T O - I R * devenir éleékrique par l’augmentation ou la diminution de fa chaleur,
- [ comme cela *11 probable , fi on fait attention à fon état avant & après un orage ] on peut aifément expliquer les nuées orageuiès, tant politi-ves que négatives, aulïï bien que les coups de tonnerre:
- Ces importantes découvertes furent faites avant que M. Canton eût reçu de M. Heberd en les tourmalines dont on a fait mention ci-devant. Quand il eut celles-ci en fa difpofition, il fit plufieurs. nouvelles expériences curieufes, qu’il m'a permis de publier.
- Il mit dans le fet> une des tourmalines qui étoitd’une couleur ordinaire, & la chauffa jufqu’à ce qu’elle devint blanche ; alors il trouva fa propriété électrique entièrement détruite. L'é-leéfcridté d’une autre ne fut, détruite qu’en partie par le feu. 11 joignit en-lemble deux autres de ces pierres, en-fuite il les fit amolir au feu fans détruire leur propriété éleétrique. La vertu d une autre fut augmentée pour l’avoir fait fondre par un bout ; & il trouva [ contre ce que M. Wilfon avoit remarqué dans une autre tour-
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- be l’Electricité. 155 maline qu’il avoit traitée de la même façon ] qu’une tourmaline conferva fa propriété éledrique après avoir été fréquemment chauffée jufqu’à rougir , & jettée en cet état clans l’eau froide.
- Mais les plus curieufes de fes expériences furent faites fur une grande tourmaline irrégulière d’environ un demi-pouce de longueur , qu’il fcia en trois morceaux , prenant une partie du côté pcjGtif & l’autre du côté négatif. En eflayant ces morceaux fé-parément, il trouva que le côté extérieur du morceau qu’il avoit retranché de l’extrémité qui étoit négative en fe refroidiflant, étoit pareillement négatifenfe refroidiflant ; & que le côté extérieur du morceau qu’il avoit coupé de l’extrémité qui étoit pofi-tive en fe refroidiffant, étoit pareillement pofitif en fe refroidiflant; les côtés oppofés des deux morceaux étant dans un état contraire, conformément à la loi générale de l’éledri-cité de la tourmaline.
- La partie du milieu de la même tourmaline fut aflfedée précifément comme elle l’avoit été dans le temps G v
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- ij4 Histoire qu’elle étoit entière. L’extrémité poli tive demeura poiitive , & l’extrémité négative continua à être négative. II avoit obfervé auffi la même chofe dans deux autres tourmalines, chacune à-peu-près de la groflèur de celles-ci , qui avoient été pareillement coupées d’une plus grande.
- Le 8 Janvier 1761, M. Canton prit la grande tourmaline du Docteur, [ la même dont M. Wilfon avoit donné le deflein & la defcription dans le cinquante-unieme volume des Tranf-aélions Philofophiques pag. 316.] & ayant placé un petit vale de fer blanc plein d’eau bouillante fur un bout de fon Eleârometre, qui étoit foutenu par du verre chaud , tandis que des boules de moelle de fureau étoient fufpendues à l’autre bout, il la trempa dans l’eau , & obferva que dans tout le temps quelle mit à s’échauffer , & auffi pendant celui qu’elle employa à fe refroidir dans l’eau, les boules ne furent point du tout éleétri-fées.
- Le réfultat de cette expérience fut contraire à celui d’une autre expérience de même nature, que fit M.
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- DE l’EleCTRI CITl. 15 J
- Wilfon fur la même tourmaline, lequel dit, comme on l’a rapporté ci-devant , que quand la tourmaline fut couverte de graillé liquide , elle conferva toujours fa vertu éledri-que.
- On avoit fuppofé jufqu’à l’année 17S0 , que de toutes les fubftances éledriques , la tourmaline étoit la feule qui pofledât la propriété d’être éledrilee en s’échauffant & en fe re-froidiffant ; mais au commencement de cette année, M. Canton ayant eu la commodité d'examiner beaucoup de pierres précieufes, par la complai-fance de M. Nicolas Crifp, Jouaillier de Londres , trouva le premier que la topait du Brcfil avoit les propriétés éledriques de la tourmaline. 11 remit h plus grotte qu’il rencontra , entre les mains du Dodeur Heberden , qui la lui rendit le 17 Novembre 1760, &: lui envoya en même-temps les tourmalines dont on a parlé ci-deflTus.
- Au mois de Septembre 1761 , M. Wilfon [ qui avoit été informé de la découverte de M. Canton ] rencontra plufieurs autres pierres précieufes, de différentes couleurs & grandeurs,
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- Ij 6 H I ST O I R E lefquelles reflembloient à la tourmaline pour les propriétés éleétriques. La plus belle de toutes étoit à peu de chofe près femblable au rubis , d’autres étoient plus pâles, & une autre tiroit fur la couleur orangée. A l’égard de la dureté & du brillant .elles étoient à-peu-près les mêmes que la topaze.
- D'après toutes les expériences qu’il fit fur ces pierres précieufes, il crut qu’il étoit très - évident , que la di-reéfion du fluide ne dépendoit pas de la figure extérieure de la pierre ; mais de quelque forme & conftitution intérieure particulière à Cette pierre. Or qu’il y ait queloue difpofition naturelle femblable dans toutes les pierres qui fourniflènt ces apparences , c’eft ce qu’on peut conclure, dit-il , d’après un autre échantillon curieux du genre de la tourmaline, qui efl verd , & formé de cryftaux longs & déliés qui ont plufieurs côtés , que l’on trouve attachés plufieurs enfemble , & qu’on apporte de l’Amérique méridionale.
- Ces pierres précieufes, dont quantité lui furent fournies par M. Emma-
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- DE l’ElECTRI CITÉ. 1J7 miel Mandez d’Acofta, fe trouvèrent non-feulement lémblables à la tourmaline , à l'égard des apparences électriques ; mais de plus , la direction du fluide électrique qui s’y meut, fuit toujours le grain ou la longueur des cryftaux , un bout étant CleCtrifé en plus & l’autre bout en moins. Or, que le fluide foit plus dilpofé à pafler dans cette direction que dans une autre , c’eft , félon lui, ce qu’on peut conclure de ce qui a été obfervé fur le grain de la pierre d’aimant par le DoCteur Kniglit, lequel trouva que quoique les pôles de l’aimant naturel , puiflent être variés dans toute direction ; cependant le même aimant eft fufceptible d’une plus grande force le long de fon grain qu’en travers.
- D’après ces expériences & obfer-vations, M. Wilfon conclut par analogie , que le fluide éleétrique qui coule à travers toutes ces pierres , fines & autres, fe meut dans la direction dans laquelle fe trouve le grain : & que la raifon en eft que la réfiftance qu’éprouve le fluide pour paflèr à travers la pierre fine , eft
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- 15S Histoire moindre dans cette direâion que dans toute autre (a).
- Dans un Mémoire poftérieur de M. Wilfon, lu à la Société royale , le 13 Décembre 1753, & au mois de Mars 1764, il rend compte de plu-fieurs expériences curieufes , fur les effets qu’éprouve la tourmaline jen la transportant d’une chambre dans une autre , où il y a quelque différence de chaleur ; &leur réfultat confirme la découverte de M. Canton-, favoir que le côté qui eft polîtif quand on l’échauffe , devient négatif quand il fe refroidit, & vice versa. Après un examen exad & fcrupuleux, M. Wilfon dit que , dans des circonftances favorables , il a obfervé que la tourmaline eft foiblement éleéfrifée, lorf-que le Thermomètre monte ou def-eend , ne fût-ce que d’un degré (i).
- (a) Philof. Tranfaél. vol. ji, part. 1, (i) ttid. pag. 4J7.
- £
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- de l’Eiectr.icit£.
- '5?
- PÉRIODE X.
- SECTION X.
- Découvertes qui ont été faites depuis celles du Dodeur Franklin, par rapport à la rejfemblance du Tonnerre & de l’Eledri-cité.
- L’a nnée i 7 j 2 forme en Eleélricité une époque non moins fameulé que celle de 1746, dans laquelle la Bouteille de Leyde fut decouverte. En 17 5 2 on vérifia l’hypothefe du Docteur Franklin fur l’identité de la matière du Tonnerre & du fluide Electrique : & l’on exécuta le grand projet qu’il avoit eu, d’éprouver l’éclair lui-même aéluelleinent defeendant des nues.
- Tes Phyficiens François furent les premiers qui fç diftinguerent dans
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- 160 Histoire cette occafion mémorable : les plus a&ifs à paroître fur la fcéne furent MM. Dalibard & Delor , tous deux zélés parafants | comme M. Nollet les appelle ] du Doéteur Franklin. Le premier difpofa fon appareil à Marly-la-ville, fituée à cinq ou fix lieues de Paris ; &r l’autre dans fa maifon , placée fur le terrein le plus élevé de Paris. La machine de M. Dalibard con-fiftoit en une barre de fer de quarante pieds de longueur , dont l’extrémité inférieure fut placée dans une guérite , où la pluie ne pouvoit pas atteindre , tandis qu’à l’extérieur elle étoit attachée à trois poteaux de bois par de, longs cordons de foie , qui étoient à l’abri de la pluie. Cette machine fut la première à laquelle fe préfenta l’orage. M. Dalibard n’y étoit pas alors : mais , en fon abfence , il avoit confié le foin de fon appareil à un nommé Coiffier, Menuifier, homme qui avoit fervi quatorze ans dans les dragons , & fur l’intelligence & l’intrépidité duquel il pouvoit compter. Il avoit donné à cet Artifan toutes les inftruiftions convenables , tant pour faire fes obfervàtions, que pour
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- BS L’EtïCÎRTCItf. l£t fe garantir lui - même de tout mal. D’ailleurs, il lui avoir expreffément ordonné d’avoir avec lui quelques-uns des voifins, & fur-tout d’envoyer chercher le Curé de Marly , toutes les fois qu’il y aurait quelque apparence d’orage. A la fin, le moment tant defiré arriva.
- Le Mercredi 10 Mai 175'., entre deux & troisheuresaprcs-midi, Coif-fier entendit un coup de tonnerre af-fez fort. Il court auffi rôt à la machine , prend une bouteille garnie d’un fil de laiton , & préfentant un bout de ce fil à la barre , il en voit fôrtir une petite étincelle brillante-, & entend le pétillement qu’elle fait. En-fuite tirant une fécondé étincelle plus forte que la précédente , &r accompagnée d’un éclat plus violent, il appelle fes voifins & envoie chercher le Curé. Le Curé accourt de toute fit force ; & les Paroiffiens voyant la précipitation de leur Pere/pirituef, croient que le pauvre Coiffier a été tué du tonnerre. L’allarme fe répand dans le village , & là grcle qui fur-vint n’empêcha pas le Troupeau de fuivre fon Palleur. L’honnête Ecclc-
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- tgl Ht! 1 O 1 K ï Caftique , arrivant à la machine & voyant qu’il n’y avoit point de danger , prit lui - même le fil dans fes mains, & auffi tôt en tira plusieurs fortes étincelles , qui étoient très-évidemment d’une nature éleârique, & achevèrent la découverte pour laquelle on avoit conftruit la machine. La nuée orageufe ne fut pas plus d’un quart d’heure à paffer par le zénith de la machine, & on n’entendit pas un fécond coup de tonnerre. Si-tôt que l’orage fut paffë , & qu’on ne put plus tirer d’ctincelles de la barre, le Curé écrivit à M. Dalibard une Lettre contenant le détail de cette expérience remarquable, & l’envoya fur le champ par Coiffier lui-même.
- Il y dit, qu’il tira de la barre des étincelles d’une couleur bleue , d’un pouce & demi de longueur, & qui fentoient fortement le foufre. H répéta l'expérience au, moins fix fois dans l’efpace d’environ quatre minutes,en préfence de plufieurs perfonnes ; chaque expérience durant à-peu-près le temps d’un Pater & un Ave. Dans le cours de ces expériences , il reçut un coup au bras un peu au deffus du
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- DE l’EllCIMCITi 1 gf coude ; mais fans pouvoir dire s’il ve-noit du fil de laiton inféré dans la bouteille ou de la barre de fer. Il ne fit-pas attention au coup dans le moment qu’il le reçut ; mais la douleur continuant , il découvrit fon bras, quand il fut de retour chez lui, en préfence de Coiffier ; & on appcrçut autour de fon bras une marque telle que l’auroit pu faire un coup du fil de laiton lui-même fur la peau nue : & en-fuite plufieurs perfonnes, qui ne fa-voient rien de ce qui étoit arrivé , dirent qu’elles fentoient une odeur de foufre, quand ils’approchoit d’elles.
- Coiffier dit à M. Dalibard , que pendant environ un quart-dheure, avant que le Curé arrivât, il avoit, en préfence de cinq ou fix perfonnes, tiré des étincelles beaucoup plus fortes que celles dont le Curé faifoit mention (j).
- Huit jours après M. Delor vit la même chofe chez lui , quoiqu’il ne paffa au deflus de fa mail'on qu’un
- {a) Dalibard , Lettres de Franklin ; vol. a, pag. 105.
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- i Histoire
- nuage , fans tonnerre , ni éclairs (a).
- Les mêmes expériences turent en-fuite répétées par M. Delor, par l’ordre du Roi de France , qui , dit-on, les vit avec la plus grande fatisfac-tion , & fit un julte éloge du mérite du Doéteur Franklin ; ces applaudif-fements du Roi firent naître à MM. de Buffon, Dalibard & Delor le défit dé vérifier plus complettement l’hypothefe du Doéteur Franklin , & de pourfuivre fes fpéculations fur cette matière.
- L'appareil de M. Delor à Paris confiftoit en un barre de fer de quatre-vingts dix-neuf pieds de haut_, Sc répondit encore mieux à fes vues que celle de M. Dalibard, qui, comme on l’a obfervé ci-devant, n’avoit que quarante pieds de hauteur. Mais comme la quantité d’éleétricité qu’ils fe procurèrent des nuages , fut fort petite , dans ces premières expériences, ils ajoutèrent à cet appareil , ce qu’ils appelleront un Magajin d'Ekclriciti, compofé de plufieurs barres de fer
- («) Nollet, Lettres, vol. i, pag. 9.
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- DE l’ E1 E C T R IC I T f. t6S
- ifolées, & qui communiquoient avec la barre de 1er pointue. Ce magaiin çontenoit plus de matière élcétrique , & donna, à I approche du doi t ,'une étincelle plus fenliblê que la barre pointue.
- M. de Mazeas avoit un magafin de ce genre dans une chambre haute de fa maifon, dans laquelle il attira le feu du nuage , par le moyen d’une perche de bois, qui paflbit en dehors de fa fenêtre , & à l’extrémité de laquelle un tube de verre , rempli dp réline, recevoit une baguette de fer pointue, de douze pieds de longueur. Mais avec tout cela les corps éleétri-ques , dont ils firent ufage pour fou-tenir ces baguettes de fer , étoient fujets à être mouillés, ce qui aurait détruit infailliblement l’effet de leurs expériences.
- Les expériences les plus exaéfes faites avec ces inftruments défectueux, furent celles de M. Lemonnicr. 1 fut convaincu que la hauteur à laquelle on plaçojt ordinairement la barre de fer, nétoit point abfolument nccef-faire pour cet effet. C ar il obferva qu’un porte - voix lufpendu fur dç la
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- tes Histoire foie, à cinq ou fix pieds de terre , donnoit des lignes très - évidents d’é-leéfricité. Il trouva auffi qu’un homme placé fur des gâteaux de réfine, & tenant à fa main une baguette de bois , d’environ dix-huit pieds de long , fur laquelle étoit tortillé un fil de fer, étoit fi bien éleétrifé quand il tonnoit , qu’on tiroir de Ion corps des étincelles fort vives ; & qu’un autre homme , pofé fur des corps non-éleétriques [75], au milieu d’un jardin , & tenant feulement une de fes mains élevée en l’air, attirait avec l’autre main , de la fciure de bois qu’on lui préfentoit.
- II dit qu’il obferva que l’éleélricité diminuoit continuellement quand il furvenoit de la pluie , quoique le tonnerre fut encore très-fort, & que le gâteau de réfine qui foutenoit fon conduâeur , ne fût pas mouillé ; mais il trouva enfuite que- cela n’é-toit pas généralement vrai.
- Il obferva une fois que, quand le fil de fer conducteur fut environné
- &T1 [75] On veut finis doute dite pir-là
- ifolé.
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- de l’Eiectrici-tI. 16f de gouttes de pluie , il y en eut feulement quelques unes qui furent élec-trifées ; comme il parut évidemment par la figure conique qu’elles pre-noient, tandis que les autres demeuraient rondes comme auparavant [7 fi]. On apperçut aufli que les gouttes éleélrifées, & celles qui ne l étoient pas fe fuccédoient en général alternativement les unes les autres : ce qui rappella à M. Lemonnier un phénomène fingulier arrivé quelques années auparavant, à cinq payfans qui pafloient par un champ de bled près de Frankfurt fur l'Oder , pendant un orage. Car la foudre tua le premier, le troifieme & le cinquième, fans faire de mal au fécond ni au troifieme (a).
- (a) Philof. Tranf. vol. 47, pag. fjl. f 76 ] Il eft probable que toutes ces gouttes étoienr élednfées ; mais que celles qui confervoient leur figure ronde , ne don-noient pas paflage à un courant de matière éledrique a fiez vif pour leur faire prendre la figure conique 5 ce qui feroit sûrement arrivé » fi on leur avoit préfenté quelque corps non-éledrique de la nature des condudeurs, qui j «’auroit pas manqué de déterminer ce courant à fe porter de ce côté-là.
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- ISS Histoire
- Ce n’a pas été faute de Elire attention à cette matière , que les Phyfi-cieos Anglois n'ont pas été les premiers à vérifier la théorie du Doéieur Franklin, Ils fe trouvoient avoir peu de commodité pour eflayer les expériences. Dans le peu qu’ils en eurent, ils échouèrent , parce que la pluie mouilla leur appareil qui n’étoit pas mieux confirait que ceiui des François.
- Enfin, le fpccès couronna l’aflïduité & l’adreft’e de M. Canton , qui avoir eu l’attention d’attacher au plus bas bout de fou fil de fer condudcur une couverture d'étain , pour écarter la pluie du tube de verre qui le foute-noit. Par ce moyen , le 20 Juillet 1752 , il en tira des étincelles à la diftance d’un demi-pouce ; mais toute l’apparence celEa dans i’efpace de deux minutes a'-.
- M. Wilfonqui fe donna beaucoup de peine dans cette occalion , ainii que dans toute autre qui concernoit l’JEledricité , apperçut plufieurs pétil-
- (a) Phil. Tranf. vol. 47, pag. 568.
- lements
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- DE l’EjEECTRICITÉ. ISj lements éleékriques, le 12 Août fui-vant , fans autre appareil qu’une tringle de fer, dont il introduilît un bout dans une bouteille de verre, qu’il tenoit à là main , tandis que l’autre extrémité pointoit en l’air.
- Le même jour , le Doéteur Bevis obferva à-peu-près les mêmes apparences qu’avoit fait auparavant M. Canton (a).
- M. Canton reprenant enfuite fes obfervations fur le tonnerre, avec fon affiduité & fon cxaétitude ordinaires, trouva par un grand nombre d'expériences, que certains nuages étoient dans un état pofitif, & d’autres dans un état négatif d’éleâricité ; & que par ce moyen l’éleétricité de fon con-du&eur cnangeoit quelquefois d’un état à l’autre , cinq ou fix fois en moins d’une demi - heure (b).
- Cette obfervation de M. Canton fur la différente éleâricité des nuages, lut faite, & le détail en fut publié
- (a) Philof. Tranf. vol. 47, pag. fSj.
- (b) Ibid, vol 48, part. I, pag.
- Tome II, H
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- Histoir*
- en Angleterre, avant que l’on sût que le Doâeur Franklin avoit fait la même découverte en Amérique.
- Il obferva que quand le temps étoit fec , l'appareil demeurait éledrifé dix minutes , ou un quart d’heure , après que les nuages avoient paflTé au Zenith , & quelquefois julqu'à ce qu’ils fuflènt plus d’à moitié chemin de l'horifon ; que la pluie , fur-tout quand les gouttes étoient greffes, af-foiblifToit communément le feu électrique ; & que la grêle en Eté n’y manquoit jamais. Dans la derniere obfervation qu’il avoit faite avant d’écrire ce Mémoire , fon appareil avoit été éleéfrifé par la chute d’une neige fondue. Ce fut le 11 de Novembre 1753 i qui., dit-il , étoit le vingt-fixieme jour & la foixante-unieme fois qu’il avoit été éleélrifë depuis qu’on l’avoit dreffé, c’eft-à-dire, depuis le milieu du mois de Mai précédent.
- Il n'y avoit eu à Londres pendant tout cet Eté que deux orages ; & l’un des deux éleétrifa tellement fon appareil , que le tintement des clochettes [ qu’il y avoit fufpcndues pour lui
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- di i’ElectricitI. 17É annoncer quand l’éleétrifarion com-mençoit, &r qui fonnoient ibuvent fi fort qu’on les entendoit de tous les appartements de la maifon] fut arrêté par le courant prefque confiant d’un feu éleârique denle, qui le trouvoic entre chaque clochette & la boule de cuivre, & qui ne lui permettoit pas de frapper.
- Dans un écrit ultérieur, il obferve que dans les mois de Janvier, Février & Mars fuivants , fon appareil fut cleéfrifé au moins vingt-cinq fois, foit pofitivement ou négativement, par la neige auffi- bien que par la grêle & la pluie ; & prefque aufli fortement , quand le Thermomètre de Fahrenheit étoit entre vingt-huit & trente- quatre degrés, qu’il l’avoit jamais vu en Eté , excepté pendant l’orage (a).
- M. Canton termine fon Mémoire par propofer les deux queftions fui-vantes. t°. L’air raréfié fubitement ne peut-il pas donner le feu éleélriquc
- («) Philof. Tranfaft. vol. 48, part. 2, pag. 78y.
- H 1)
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- Iji Histoire aux nuages & aux vapeurs qui parlent au travers ! &c l’air condçnfé fubitement ne peut il pas recevoir le feu électrique des nuages Sf des vapeurs qui paflfent au travers ? i°. L’aurore boréale n’eft-elle pas l’émiffion du feu électrique des nuages pofitifs vers les nuages négatifs, à une grande diftance , à travers la partie fupé-rieure de l’atmofphere, où la réfif-tance çft la moindre ? (a)
- M. Canton a obfervé (ion-feulement les différents états 4 éleâriçité pofitive & négative dans les nuages ; mais il a remarqué auffi la proportion de l’une à l’autre pendant un tçmps çonfidérable. 11 a obfervé dans la première Période, que les nuages avoient été éle&riques politiyement quatre-vingt-trois Fois, & négativement cent une fois. 11 a noté ponctuellement dans cette Période, combien ces puif-fances avoient changé de fbis , S? tout le temps que l’appareil a continué d être éleclrifé ; mais il négligea
- (a) Philof. Tranfaét. yol, 48, part. ?, Pag- Jî8-
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- fie l’EiicTRléiïl. 17$ entièrement alors de marquer le temps que duroit chaque pui(Tancer 11 y a enfuite fait une foigneufe at-tention pendant environ deux mois, lavoir depuis le z8 Juin jüfqu’au 1$ d'Août 1754 ; Sf a trouvé que l’appareil fut éleétrifé pofitivement trente-une fois ; qui pris enfemble ont duré trois heures trente-cinq minutes ; & négativement quarante - cinq fois , dont toute la durée fut de dix heures trente-neuf minutes. Il en écrivit le détail le 31e jour d’Août 1754.
- Ces obfervations, que M. Canton m’a permis de publier, font extrêmement curieufes, & doivent avoir demandé une grande attention. Mais elles fuffifent à peine pour autorifer à en tirer aucune conclufion générale.
- Un des effets du tonnerre & de Té-leétricité eft de fondre les métaux. On a cru d’abord que c’étoit une fufion froide ; mais cette opinion eft réfutée d’une maniéré bien lenfible par le Doéfeur Knight, dans un Mémoire lu à la Société royale le 11 Novembre 1759. 11 obferve que Ton donne le plus généralement deux
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- *74 Histoire
- exemples de fulion froide ; fa voir, celte d’une épée dans fon foureau , & celle de l’argent monnoyé dans un fac , fans que le foureau ni le fac foient tant loit peu endommagés.
- Un grand nombre d'Auteurs, dit-il , ont articulé ces deux laits ; mais fans donner ni leur propre témoignage ni celui d’aucun autre pour en prouver la vérité , ni décrire aucune des circonftances concomitantes. 11 lui paraît trés-poffible que le tonnerre produife des effets femblables à ceux dont nous venons de parler , fans qu’on foit obligé d’avoir rçcours à une fufion froide pour les expliquer.
- Si le bord, dit-il, ou la fuperficie d’une épée eût été fondue, tandis que la principale partie de la lame ferait demeurée entière ; cela auroit fuffi pour affûter en général que l’épée fut fondue ; & cependant le foureau auroit pu demeurer dans fon entier i car, ou le bord ou la fuperficie d’une épée peut être fondue a l'in liant par le tonnerre , & refroidie fi fubite-ment, qu’il ne relie point de marque de brûlure fur le foureau. Les métaux , dit-il, aufli-bien que les autres
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- i>'ï lÆiEéTB.îciifi. ijf corps s’échauffent ou fe refroidiffenc d'autant plutôt, qu’ils font plus minces ou plus déliés. Un fil de fer fore délié rougira dans l’inftant, & même fondra & coulera en un petit globule rond à la flamme d’une chandelle ; quoiqu’il ne puifle pas être écarté de la flamme fans fe refroidir fur le champ. C’eft pourquoi il conclut que le bord d’une épée, ou même fa fuperficie, peut être fondue en Un inftant par le tonnerre ; & qu’étant en contaâ , ou pour mieux dire encore unie avec le relie de la lame qui peut être froid , elle perdra trop fubi-tement fa chaleur , pour produire la moindre apparence de brûlure.
- Il fe confirma dans ce raifonne-ment, en examinant quelques fragments de fil de fer fondus par le tonnerre , qui lui furent envoyés par M. Mountaine. Il y apperçut des globules de différentes groffeurs , qui avoient éprouvé differents degrés de fufion. Les plus gros n’avoient pas été alfez fluides pour prendre une figure fphérique ; mais ils en approchoient, à proportion qu’ils étoient plus petits} de forte que dans les grains les plu*
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- 17 6 Histoire menus, la fufion avoit été très-paf-faite, les globules étant fort ronds 8e unis. Ils alloient en diminuant de plus en plus jufqu’à devenir invifibles a l’oeil nud ; 8e quelques-uns d’eux, regardés avec un microfcope , ne pouvoient être vûs diftinélement qu’avec la troifieme ou la quatrième lentille.
- Quelques-uns des morceaux de fit de fer étoient rudes 8e écailleux , comme du fer brûlé -, 8e étoient renflés dans les endroits où ils avoient commencé à fondre. D’autres étoient droits , 8e d’une groflfeur uniforme. Mais leur fuperficie fenibloit avoir éprouvé une fufion parfaite, de forte qu’il y avoit deux ou trois morceaux adhérents enfcmble, comme s’ils eut fent été joints par une foudure légère.
- Le Docteur Knight dit, dans les Tranfaéfions Philofophiques, qu’il y a deux ou trois relations qui paroif-fent d’abord favorables à la fufion froide ; mais fi on les confidere bien , elles ne prouvent rien de concluant (<i).
- (a) Philof. Tranfaâ. vol. fi, part, i pag. 194. '
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- de l'Electricité. 177
- Mais qu’il n’y ait rien de femblable à une fufion froide , opérée par l’é-lecfricité ou par le tonnerre, c’eft ce qu’a démontré très-clairement M: Kinnerfley dans une Lettre au Docteur Franklin , datée de Philadelphie le 11 Mars 1761.
- IÏ fufpendit un morceau de petit fil de laiton d’environ vingt-quatre pieds de longueur , avec un poids d’une livre au bout inférieur ; & en déchargeant au travers une caille de bouteilles contenant plus de trente pieds de verre garni, il découvrit ce qu’il appelle une nouvelle maniéré de tirer du fil : le fil fut rougi, bien recuit dans toute fa longueur , & de plus d’ün pouce plus long qu’auparavant. Une fécondé charge le fondit, de maniéré qu’il fe fépara vers le milieu , & fe trouva avoir, quand les deux bouts furent rapprochés, quatre pouces de long plus qu’il n’avoit d’abord.
- Cette expérience lui fut propofée, dit-il, par le Doéteur Franklin , afin de favoir fi l’éledricité en palfant à travers le fil de fer , diminueroit tellement la cohéfion de fes parties con-ftituantes, que le poids pût produire
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- 178 Histoire une réparation : mais ni l’un ni l'autre n’avoit le moindre foupçon que cela pût produire aucune chaleur.
- Pour qu’il ne reliât pas le moindre doute que le fil fût chaud aulfi-bien que rouge , il répéta l’expérience fur un autre morceau du même fil, environné d’une plume d’oye, chargée de quelques grains de poudre à canon, qui s’enflammèrent auffi aifément que fi on les eût touchés avec du fer rouge. De l’amadou, attaché à un autre morceau de ce fil, en fut pareillement allumé : mais quand il voulut et fayer un fil d’une groffèur environ double , il ne lui fut pas poffible de produire de pareils effets.
- Il paraît ae-là, dit-il, que le feu cleélrique, quoiqu’il n’ait point de chaleur fenfible quand il eft en repos» peut par la violence de fon mouvement & par la réfiftance qu’il rencontre , produire la chaleur dans d’autres corps , en paflant au travers, pourvu qu’ils foient afl'ez petits. 11 en paflera une grande quantité à travers un gros fil de fer , fans produire de chaleur fenfible ; tandis que la même quantité , paflant à travers un fort
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- RI l’ElECTRICITÉ. I7ÿ petit, & y étant réduite à un paffage plus étroit , les particules fe tenant plus ferrées enfenible & rencontrant une plus grande réfiftance, le rendra chaud julqu’à rougir, & même juf-qu’à fondre.
- D’où il conclut, que le tonnerre ne fond point le métal par une fùlion froide, tomme le Docteur Franklin & lui même Javoient fuppofé d’abord ; mais que, quand il paffe au travers la lame d’une épée, fi l'a quantité nfen eft pas fort grande , il peut en échauffer la pointe jufqu’au point de la fondre ; tandis que la partie la plus large & la plus épaiffe , peut ne pas être fenfiblement plus chaude qü’auparavànt.
- Quand la quantité prodigienfe de cette matière qu’un nuage ou quelquefois la terre décharge, met le feu à des arbres ou à des maifons , la chaléur , dit-ji, par laquelle le bois eft.allumé d’abordy ne doit-elle pas être engendrée par le mouvement violent du tonnerre à travers la matière combuftible qui lui réfifte ;
- Si le tonnerre, parfon mouvement rapide , produit de la chaleur en lut-il vj
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- i?o Hniem même auffi-bien que dans les autres corps, { ce que M. Kinnerfley jugeoit être évident par quelques expériences qu’il avoit faites avec fon Thermomètre éleétnque dont on a parlé ci-devant ] il penfoit qu’on pouvoit facilement expliquer pourquoi il grille quelquefois le poil des animaux qui en font tués ; & que la raifon pourquoi il ne le fait pas toujours, peut - être que la quantité , quoique fuffifante pour tuer un gros animal, peut n’être pas allez grande, ou n’avoir pas rencontré alfez de réfif-tance , pour devenir par fon mouvement d’une chaleur-'propre à le griller.
- Nous trouvons , dit-il, que les maifons habitées, frappées du tonnerre , en font rarement enflammées : mais que quand il pâlie par des granges , où il fe trouve du foin ou de la paille, ou dans des magaflns qui renferment de grandes quantités de chanvre ou d’autres matières femblables, ces lieux ne manquent jamais ou pref-que jamais d’être mis en feu. Cela peut venir, dit-il, de ce que de pareilles fubftances combuftibles font
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- ' Bï t’ElECTRlCITÉ. l8l fùjettes à s’enflammer par un degré de chaleur moindre que celui qu’il faudrait pour allumer du bois (a).
- Tout ce que les Electriciens François & Anglois ont fait par rapport au tonnerre & à l’éle&ricité , n’approche pas à beaucoup près de ce qu’a fait le Pere Beccaria à Turin. Son attention aux dilférents états de l’ath-mofpbere , fon affiduité à faire les expériences , fon appareil pour les faire, l’étendue de fes vues en les fai-fant , l’exaélitude fcrupuleufe avec laquelle il les a décrites , & fon jugement en les appliquant à la théorie générale , ont furpafle tout ce que les Phyficiens àvoient fait avant lui, & tout ce qu’on a fait depuis. Quand je donnerais une étendue conlidéra-ble au détail de les expériences Sc obfervations , je ne pourrais donner à mes Leéteurs qu’une foible idée de l’étendue , de la variété & de l’importance de fes travaux dans cette grande carrière.
- Il fit ufage de cerf-volants, de
- (a) Philof. Tranf. vol, 5}, pag. Si-
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- iSz H I ST O I RS barres pointues, & d’une plus grande variété des uns & des autres, dans le même-temps , &c dans des lieux différents. Quelques-uns de fes cerf-volants avoient leur ficelle garnie de fil de fer, à d’autres elle ne l'étoit pas. Quelques-uns s’élevoient à une hauteur prodigieufe, & d'autres à peu de hauteur : & il avoit un grand nombre d’affiftants pour remarquer la nature , le temps & le degré de force des phénomènes, félon que fes vues le demandoient.
- Pour tenir fes cerf - volants constamment ifblés& en même temps pour leur donner plus ou moins de corde , & pour beaucoup d autres choies , il avoit roulé la corde fur un dévidoir qui étoit fourenu fur des montants de verre ; & fon conducteur communiquoit avec l’axe du dévidoir a).
- Pour diftinguer l'état pofitif & négatif des nuages, quand leleélricité étoit forte, avec plus de certitude , & plus de sûreté , qu’il n’auroit pu le
- (a) Lettere dell’Elettricifmo j pag. tu.
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- de l’Electricité. 18} faire en préfentant un bâton de verre ou de cire à cacheter éledrifé aux filets qui divergeoient de fon conducteur , il renferma un fil de fer pointu, & une' plaque de plomb placée vis-à vis, dans un vafe de verre cylindrique , enveloppé dans du carton , de façon que l’intérieur ne pût pas avoir de communication avec la lumière extérieure. 11 inféra dans cette enveloppe &c vis-à vis de la pointe du fil de ter, un tuyau de carton fort long, à travers lequel il put regarder à une diftance confidérable, & voir la forme de la lumière éledrique à l’extrémité-du fil de fer ; ce qui eft l’indication la plus sûre de fa qualité (<2).
- D’après le détail très-exad & bien circonftancié qu’a donné le P. Beccaria , des apparences extérieures des nuages orageux , & qu’il a placé à la tète de les Obfervations fyr leurs caufes, je donnerai une efquifTe des plus remarquables particularités fur le progrès ordinaire du tonnerre.
- La première apparence d’un orage
- (0) Lettere dell’ Elettricifmo, pag. 107,
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- 184 Histoire [ qui arrive ordinairement lorfqu’il fait peu ou point du tout de vent] eft un nuage denfe , ou plufieurs, qui augmentent promptement en grof-feur, & s’élèvent dans les régions les plus hautes de l'air. La furface la plus bafle eft noire & à-peu-près'de niveau. Mais la fupérieure eft parfaitement bien voûtée & bien terminée. Souvent plufieurs de ces nuages fem-blent entaffes les uns fur les autres, tous voûtés de la même maniéré. Mais enfuite ils s'unifient, fe renflent Sc étendent leurs voûtes.
- Dans le temps que ce nuage s’élève, l’atmofphere eft communément remplie d’un grand nombre de nuages fé-parés, immobiles , & de figures fin-gulieres & grotefques. A l’approche de la nuée orageufe, tous ces nuages vont s’y joindre, &r deviennent des figures glus uniformes à mefure qu’ils en approchent ; jufqu’à ce qu’étant arrivés fort près du nuage orageux, leurs parties s’étendent réciproquement les unes fur les autres : ils fe réunifient aufli-tôt , & ne forment tous enfemble qu’une feulemafîeuniforme. 11 les appelle nuages étrangers,,
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- DE l’ElïCTRICITÏ. l!?f de ce qu'ils viennent pour augmenter la grandeur du nuage orageux. Mais quelquefois le nuage orageux fe gonfle & groffit fort vite , (ans qu’il s'y joigne aucuns nuages étrangers, parce que les vapeurs qui font dans l’at-mofphere fe forment elles-mêmes en nuage par-tout où pafle le nuage orageux. Quelques-uns de ces nuages etrangers paroiflènt comme des franges blanches, fur les bords du nuage orageux , ou au-deflbus ; mais ils continuent conftamment de devenir de plus en plus Ibmbres, à mefure qu’ils approchent pour s’unir à lui.
- Quand lenuage orageux eft devenu d’une grofleur confidérable , fa fur-face inférieure eft fouvent déchirée, y en ayant certaines parties détachées & comme pendantes vers la terre,mais tenant toujours avec le refte. Quelquefois la.furface inférieure fe gonfle en diverfes greffes protubérances, qui tendent uniformément vers la terre: & quelquefois tout un côté de nuage eft incliné vers la terre à laquelle fon extrémité touche prefque (a). Quand
- (a) Lettete dell’Elettricifmo, pag. tfi-
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- iStf Histoire
- l’oeil eft au-deffous d’un nuage ora-
- teux , après qu’il eft devenu grand c bien formé, on le voit s’abaiffêr & devenir prodigieufement obfcur ; dans le même temps l’on voit plu-fieurs petits nuages étrangers [ dont on ne peut jamais appercevoir l’origine ] dans un mouvement rapide, & plongeant au-deflous dans des di-redions fort indéterminées. Tandis que ces nuages font agités du mouvement le plus rapide, c’eft alors que la pluie tombe communément avec le plus d’abondance ; & fi l’agitation eft exceffivement grande, il grêle pour l’ordinaire (a).
- Tandis que le nuage orageux fe gonfle & étend Jes branches fur une grande étendue de païs , les éclairs s’élancent vifiblement d’une partie de ce nuage à l'autre ; & Couvent toute fa maflè en eft éclairée. Quand le nuage a acquis une étendue fufEfan-te, l’éclair frappe entre le nuage & la terre , en deux endroits oppofés, laiflànt appercevoir fa trace à travers
- (a) Letteredell’ Elettricifmo, pag. if/.
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- de i’ Electri cité. 187 tout le corps du nuage & de fes branches. Plus ces éclairs durent longtemps , plus le nuage devient rare, &: moins obfcur ; jufqu'à ce qu’enfin il fe creve en différents endroits. & laiffe voir un ciel férein. Quand le nuage orageux eft ainfi difperfé , les parties qui occupent les régions fupé-rieures de l’àtmofphere font uniformément étendues & fort minces 5 & celles qui font atr-deffous font noires, mais minces de même ; & elles fe difïïpent peu-à-peu fans être emportées par aucun vent (a).
- Après avoir vu ce que ce Phyfieien a obfervé au-dehors & en plein air, voyons ce qu’il a obfervé chez lui à fon appareil. Jamais il n’a manqué d'être éleétrifé à l’approche d’un nuage orageux ou de quelqu’une de fes branches, & le courant du feu qui en partoit étoit d'ordinaire continuel, tant que ce nuage étoit directement au delfus de l’appareil (b).
- (a) Lettere dell’ Elettricifmo, pag. 14s, 176.
- (c) Ibid. pap. 167.
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- l88 H I S T O I-R E
- Le Pere Beccaria avoit déjà découvert que les nuages orageux étoient quelquefois dans un état pofitif aufli-bien que dans un état négatif d’électricité , avant que d’avoir .entendu dire que le Doâeur Franklin ni aucune autre perfonne eût obfervé la même chofe (a). Le même nuage en pafTant fur Ion obfervatoire éleétri-foit fon appareil, tantôt pofitivement & tantôt négativement [b). L’éleélri-cité demeurait plus ou moins de temps de la même efpece , à proportion que la nuée orageufe étoit (impie & uniforme dans fa direétion. Mais quand l’orage changeoit de place , il arrivoit communément un chan-gernent dans l’éleélricité de fon appareil. Elle changeoit fubitement après un violent éclat de tonnerre ; mais le changement étoit graduel quand le tonnerre étoit modéré, Se que le progrès de la nuée orageufe étoit lent.
- 11 s’enfuit immédiatement de lès obfervations de l’orage en-dehors &
- (<Q Lèttere dell' Elettricifmo, pag. 138. (i) Ibid. pag. 171.
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- ds l'Electricité. 189 de fon appareil en-dedans de la mai-fon , que dans un orage ordinaire , il y a une quantité de matière électrique prefqüe inconcevable ; attendu qu’un nombre fort grand de corps pointus, comme les arbres, les clochers, &c. en tirent continuellement, & qu'il s’en décharge une quantité prodigieufe fur la terre ou de la terre (a).
- Après çe tableau fommaire des apparences , je repréfenterai auffi fuc-cinétement la maniéré dont cet excellent Phyficien les explique [77], ainfi que quelques autres phénomènes principaux & bien connus des orages.
- En conlïdérant l’immenfe quantité de feu électrique qui paraît dans les plus Amples orages, il juge impoffible qu’aucun nuage pu même un grand
- Ça) Lettere dell' Elettricifmo, pag. 180.
- *0 [77] Je crois qu’il y aura peu de gens qui trouvent l'excellent Phyficien dans les explications fuivantes Ce qu'on y voit de plus clair 8t de mieux établi, ce font les deux courants limultanées de matière effluente & af-guente > que 1e Pere Beccaria s’oblline à niçr.
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- IpO . H I S T O I R ï nombre de nuages puifle la contenir toute, ni fuffire pour la décharger ou pour la recevoir. D'ailleurs durant le progrès & l’accroiflement de la tempête, quoique le tonnet re frappât fréquemment la terre , les mêmes nuages étoient près le moment fuivant à faire une décharge encore plus grande , Si fon appareil continuoit à être auiïï éleéfrique que jamais. Les nuages doivent par conféquent recevoir d'un côté , dans le moment même qu’il fe fait une décharge de l’autre (a}. Dans bien des cas, l’éleéfricité de fon appareil & conféquemment celle des nuages, changeoit tout-d’un-coup plufieurs fois d’une efpece à l’autre ; effet qui ne peut pas s’expliquer par aucune décharge ou réparation Ample. L’un & l’autre doivent venir de ce que ces deux efpeces fe fuccédent fort vite (b).
- L’étendue des nuages ne diminue pas cette difficulté ; car quelque gran-
- Lettere dell’ Elettricifmo, pag. 185, (b) Ibid. pag. 120.
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- de l'Electricité. iç>i de qu’elle foit, la quantité doit être diminuée par chaque décharge ; & d'ailleurs les.pointes par où fe font les décharges infenfibles , font en proportion de l'étendue des nuages (a). Ce n’eft pas diminuer la difficulté que de fuppofer que de nouveaux nuages viennent les remplacer ; car outre que les nuagesne lont pas propres à former l’orage, jufqu’à ce que tous ceux qui font à une grande diftance fe foient joints en un corps & aient formé une mafle uniforme , ces réparations ne peuvent pas avoir de proportion avec la décharge ; & quelque quantité qu’il s’en trouvât, ils feraient bientôt épui-fés.
- C’efl: pourquoi la matière éledri-que doit s’élancer continuellement des nuages dans un endroit , dans le même temps qu’elle fe décharge de la terre dans un autre. On doit nécef-fairement conclure de tout cela , que les nuages fervent de conducteurs, pour voiturer le fluide éleétrique des endroits de la terre qui en font fur-
- fa) Lettere dell' Elettricifmo, pag. i-8f.
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- tpi H t S T O I R B chargés , à ceux qui en font épuisés (a).
- Pour affurer ce fait de la maniéré
- la plus complette, il propofe de placer deuxobfervatoires à environ deux
- lieues l’un de l’autre , dans la route que tiennent pour l’ordinaire les nuages orageux , & d’obferwer fi l'appareil n’elt pas fouvent pofitif dans un endroit, tandis qu’il eft négatif dans l’autre (.b}.
- Qu’il s’élance quelquefois de certains endroits de la terre de grandes quantités de matière éleéfrique, qui s’élève dans l’air jufque' dans les plus hautes régions de l’atmofphere ; c’eft ce qui lui paraît évident par la grande quantité de fable, de cendres , & d’autres corps légers , qui ont fouvent été emportés dans l’air, & répandus uniformément fur une vafte étendue de païs (c). On ne peut pas affigner d’autre caufe efficiente connue de ce phénomeqe, que le vent ; cependant
- (?) Lettere delt’ Elettricifm», pag. 193. (<) Ibid. pag. 194.
- V) Ibid. pag. 199.
- On
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- de l’Electricité, 155 on l’a remarqué , iorfqu'ïl ne fai (bit aucun vent ; & même on a vu ces corps légers emportés contre !e vent il fuppofe donc que ces corps légers font enlevés par une grande quantité de matière cleârique , qui fort de la terre dans les endroits ou elle en eft furchargée , &: qui [ par cette propriété qu’elle a & qu'il a démontrée] attire & emporte avec elle toute fub-ftance qui peut lui fervir de conducteur dans Ion paflage. Tous ces corps, étant en pofleffion d’une égale quantité clu fluide élcéhique, l'ont diiper-fes également dans l’air , & confé-quemment fur cette partie de la terre où ce fluide manquoit & où ils fervent à le conduire {!). Si ces corps enflent été enlevés par le vent , ils auraient été difperfés au hafard & en monceaux.
- Ce phénomène affez rare , mais dont il a été déjà plus d’une fois fpec-tateur , lui paraît préfenter une image & une démonftration parfaite, de
- («1 Lettere dell' Elettricifmo, pag. ilf, (i) Ibid, pag. loi.
- Tom. II. I
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- 194 Histoire la maniéré dont les vapeurs de l’at-mofphcre font élevées pour former des nuages orageux. La même matière eledrique , quelque part d’où elle forte , attire à elle , & enlevé dans les plus hautes régions de l’air , les particules aqueufes qui font dil-perfees dans l’atmofphere. La matière clcélrique monte aux plus hautes régions de l’atmofphere, parce qu’elle y trouve moins de rcfillance que dans la malle commune de la terre ; qui dans ces temps-là eft ordinairement fort féche & conlcquemment fortement éleélrique. L’uniformité avec laquelle les nuages orageux s’étendent & fc gonflent en voûtes, doit venir de ce qu’ils font affedfés par quelque caiifc , qui, comme la matière électrique, lé répand uniformément partout où elle agit ; & auffi de la ré-fiftance qu’ils rencontrent en montant au travers de l’air (a). Pour preuve de cela , la vapeur qui s'élève d’un éoli-pile éleétrifé fe répand avec la même uniformité , forme des voûtes fe-m-
- (“} Xettere dell* Elettrîcifmo, pag. tôt.
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- D B l’IlLïCTR ICIT É. 195 blàbies , & s’étend vers toute fub-ftance propre à lui fervir de conducteur (a).
- La même caufe qui d’abord a formé un nuage, des vapeurs difperfées dans l’atmofphere, y attire ceux qui font déjà formes , & continue d'en former de nouveaux, fufqu’à ce que toute la mafle raflemblée s’étende af-fez loin pour atteindre à une partie de la terre , oïl il y ait un manque de fluide éleélrique ( b ). L à , ces nuages remplis d'éleéfricité feront fortement attirés, & la matière électrique s’y déchargera d’elle même fur la terre.
- Un canal de communication étant àinfi établi, il s élévera de la partie furchargée un nouveau renfort de matière éleétrique qui continuera d’être charié par le moyen des nuages, jiifqu’à ce que l’équilibre du fluide foit rétabli entre les deux endroits de la terre. Quand les nuages font attirés dans leur paflage par les parties de la terre où il y a défaut du fluide,
- (a) Lettere dell’ Hlîttricifmo, pag. 106. te) Ibid. pag. lu.
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- il fe forme ces fragments détachés, ainfi que ces protubérances uniformes pendantes , que l’on fera voir être , en certains cas, la caufe des trombes & des ouragans (a).
- Les trous profonds que le tonnerre a faits (b) en beaucoup d’endroits , rendent probable que la matière éleétrique , qui forme & anime les nuages orageux, fort de lieux bien au-de!îous de la furface de la terre , & qu'elle s’y engloutit de même. On a vu aufli des éclats de tonnerre fortir des cavités (outerreines & des puits (c). Quelquefois les orages font accompagnés d'innondacions violentes , qui ne font pas caufées par la pluie ; mais parce que l’eau fort abondamment des entrailles de la terre, d’où elle doit avoir été délogée pat quelque fecouffe intérieure. On a vu des puits profonds fe remplir plus promptement dans des orages (d) ; 6c dautres dont l’eau fe troubloit conf-
- (“) Lettere dell* Elettricifmo, pag. ljq.
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- EELËLECTRIClté. I57
- tamment à l’approche du tonnerre la)-
- Quelquefois on a apperçu vifible-ment cette origine , auffi - bien que tous les progrès des nuées orageules. On a vu fouvent fortir de certaines cavernes des exhalaifons , accompagnées d’un bruit fourd , & s’élever dans les plus hautes régions de l’air, avec tous les phénomènes ci - deflus énoncés ; & conformes à la description qu’en ont donnée des perfonnes qui ont vécu long-temps avant que Ion Soupçonnât la moindre liaifon entre l’électricité & le tonnerre (b).
- La plus grande difficulté que l’on trouve dans cette théorie de l’origine des orages, regarde l'aiïëmMage Sc l’ifolation de la matière éleétrique dans le corps de la terre. Par rapport au premier , le Pere Beccaria n’a rien de particulier à dire. II y a certainement quelques opérations dans la nature qui font accompagnées d’une perte d’équilibre dans le fluide électrique ; mais perfonne n’a encore af-
- (a) Letrere dell'Elettricifmo, pag. 360; (4) Ibid pag. 231.
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- 158 H i s t o i n. ï ligné une caufe plus probable de la furabondance de la matière électrique, qui en effet abonde fouvént dans les nuages, que ce qu’on peut fup-pofer avoir lieu dans les entrailles de larerre : & en fuppofant poffible la perte de l'équilibre la même caufe qui l’a produite empêcheroit fon ré-tabliffement ; de lorte que cette matière n’étant pas capable de fe faire un chemin , du moins fuffifammenç prompt, à travers le corps de la terre, elle fortiroit avec le vent le plus convenable , comme étant le meilleur moyen pour fe rendre dans les plus hautes régions de l’atmofphere. Souvent dans de violents orages, l’appareil éleârique du Pere Beccaria a xlonné des étincelles vifibles , quoiqu’il communiquât avec la terre (a).
- En faifant l’énumération des effets des orages, il obferve que le vent fouffle toujours du lieu d’où vient le nuage orageux : il dit que cette ob-fervation eft conforme à celles de tous les marins ; & que ce vent eft
- (a) Lettere dell’ Elettricifmo, pag. ajfi.
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- îiï l’Electricité. 159 plus ou moins violent à proportion de la promptitude de l’apparence du nuage orageux , de la rapidité de fon expanfion , & de la vîtelfe avec laquelle les nuages étrangers s’y joignent. La condenfation fubite d’une li prodigieufe quantité de vapeurs doit déplacer l’air & le repouffer de cous côtés ’a).
- Il a même imité en quelque forte cet effet du tonnerre ; il a âti moins produit une circulation de tout l’air de fa chambre, par l’éledrifation continuée de fa chaîne (b).
- Entre autres effets du tonnerre , il fait mention d’un homme qui devint extrêmement roide immédiatement après avoir été tué par le tonnerre. Mais dans ce cas , la circonftance la plus remarquable fut que le tonnerre f choififfant le meilleur condudeur ] frappa une veine auprès du col, 6c la firivicdans toutes fes ramifications les plus déliées ; de forte qu’on en voyoit
- (n) Lettere dell’Elettticifrao, pag. 359-i (b) Ibid. pag. 343.
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- la figure à travers la peau , mieux deffinée qu’aucun pinceau n’auroit pu. le faire (a).
- Il avertit de ne pas compter fur le voilinage d'un meilleur conduâeur , que (bn propre corps ; puilque, fui-vant les obfervations réitérées , le tonnerre ne defcend point du tout en une traînée continue ; mais les corps de différentes efpeces, en conduifent en mêmê-temps chacun leur part , à proportion de leur quantité & de leur puiflance conduétrice (b).
- Grand nombre d’oblèrvations,con-cernint la chûte du tonnerre, confirment fa théorie fur la maniéré dont il monte j car dans bien des cas il chaflè devant lui les parties des corps conduéleurs, & les diftribue le long du milieu réfillant , au travers duquel il ell forcé de fe faire un paf-lage fcV
- Ç’eft fur ce principe que paroiflent fe former les éclairs qui ont le plus
- (a) Lettere déll* Elettricifmo, pag. Z41.
- (b) Ibid. pag. 24S,
- (c) Ibid. pag. 147.
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- DE l’EtECTS-ICITÉ. 101 d’étendue, en pouflantdans leur route une partie des vapeurs qui font dans Fair (a). Une des raifons principales pourquoi ces longs éclairs font un bruit qui dure fi long temps, eft la grande étendue du vuide qu’occafion-ne , en paflant, la matière électrique. Car quoique l’air s'affaiflé le moment d’apres que l’éclair a paflTé, & que la vibration , d'où dépend le fon, commence au même inftant dans toute là longueur du trajet ; cependant fi la traînée étoit dirigée vers la per-fonne qui entend le bruit, les vibrations excitées au bout du trajet le plus proche d'elle, atteindroient à fon oreille bien plutôt que celles qui font excitées à l’extrémité la plus éloignée ; & le fon continuerait fans aucune répercuflion ou écho , jufqu’à ce que toutes ces vibrations lui ruf-fent fucceffivement parvenues (4).
- Un des effets les plus remarquables du tonnerre, c’eft de donner la polarité à une aiguille, & à tous les corps qui contiennent un peu de fer ; com-
- (d) Lettere dell’Elettricifmo , pag. iji.’ (4; Ibid. pag. Zfi.
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- me les briques , &c. & en remarquant de quel côté font tournés les pôles de ces corps, on peut eonnoî-tre avec la plus grande certitude dans quelle direction le coup a paffé (a). Dans un certain cas, le P. Beccaria détermine en effet la direction du tonnerre de cette maniéré (b).
- Puifqu’un coup de tonnerre fubit donne la polarité magnétique , il conjecture qu’une circulation régulière & conltante de toute la malle du fluide du Nord au Sud -, peut bien être la caufe première du magnétifme en général (c). Voilà une penfée vraiment grande ; & fi elle fe trouve jufte , elle mettra beaucoup plus de fimplicité dans nos idées fur les loix de la nature.
- De ce que ce courant éthéréeft in-fenfible pour nous, ce n’eft pas une raifon pour conclure qu’il u’exiftepas, puilque nous en fommes. enveloppés. 11 a vu, dit - il, des oifeaux voler fi
- M Letteredell’Elettricifmo, pag 162.
- (b) Ibid. pag. 16i.
- (c) Ibid. pag. lés.
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- ci l’ Electricité. 103 proche d’un nuage orageux , qu’il étoit sûr qu’ils ne l’auroient pas pu faire , s’ils enflent été affeétés par Ion atmofphere (a).
- Il ne fuppofe pas que ce courant vient d’une feule , mais de plufieurs fources , dans l’hémifphere fepten-trional de la terre. L’aberration du centre commun de tous les courants , d’avec le point du Nord , peut être la caufe de la déclinaifon de l’aiguille ; la période de cette déclinaifon du centre des courants peut être celle de la variation ; & l’obliquité avec laquelle les courants frappent dans la terre , peut être la caufe de la déclinaifon de l’aiguille , ainfi que celle pour laquelle des barres de fer reçoivent plus facilement la vertu magnétique dans telle ou telle direétion (b).
- 11 penfe que l’aurore boréale peut être cette matière éleélrique qui forme fa circulation dans un état de l’atmofphere propre à la rendre vili-ble , ou en s’approchant de la terre
- <») Lettere dell' Elettricfimo 3 paj. 168, (S) Ibid. pag. 169.
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- Î04 H I S T O I B. I un .peu plus qu’à l’ordinaire. En con-féquence on a vu des phénomènes tort brillants de ce genre , occafion-ner une fluctuation dans l’aiguille aimantée (a).
- Des pierres & des briques frappées du tonnerre font (ouvent vitrifiées. 11 fuppoleque quelques pierres ayant été ainfi frappées dans la terre , ont donné lieu à l’opinion vulgaire de la pierre de foudre
- Le Pere Beccaria favoit bien que la chaleur contribue beaucoup aux phénomènes du tonnerre , de l’éclair . & de la pluie ; mais il ne put fe convaincre , par aucune expérience , qu’elle tendît à augmenter l'éleélri-.cité. C’eft pourquoi , il penfoit plutôt que la chaleur y contribuoit dans ce cas-là -, en exhalant l’humidité de l’air ; & par ce moyen coupant la communication du fluide élcdrique entre un lieu & un autre , & fur-tout entre la terre & les plus hautes régions de l’air , moyennant quoi
- . Lenere dell’ Elettricifmo , pag. 2.71. (i) Ibid. pag. 16$,
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- di i’Eiectriciti. ioj fes effets étoient plus vifibles ( a ).
- Après avoir entretenu mon Leâeur des obfervations de cet ingénieux Italien , il faut encore une fois le mener en France , où il verra beaucoup d’expériences dignes dctre connues. Nous avons vu que ce fut dans ce pays là que l’on vérifia pour la première fois, la théorie du Dodcur Franklin , fur l’identité de 1’éledricité & de la matière du tonnerre ; nous l’allons voir maintenant vérifiée de la maniéré la plus étendue & la plus évidente.
- La plus grande quantité d’éleftri-cité qu’on ait jamais tiré des nuages, par aucun appareil fait exprès pour cela , le fut par M.de Romas, Afîef-feur auPrélidial de Nérac. Ce fut lui qui le premier fit ufage d’un fil de fer entrelaffé dans la ficelle de chanvre d’un cerf-volant éleârique , qu’il fit de fept pieds & demi de hauteur, & trois pieds de largeur ; de forte qu’il avoit dix-huit pieds quarrés de furface. Il trouva que cette ficelle conduifoit l’éleéfricité des nuages
- (a) Lettere dell’Elettricifmo , pag. 3J9-
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- lot! Histoire bien plus puilfamment que ne pou-voit le faire une corde de chanvre, même quoiqu'elle fût mouillée ; & l'ayant terminée par un cordon de foie fec, il mit l’obfervateur [ par une certaine façon de difpofer fon appareil ] en état de faire toutes les expériences qu'il jugea à propos , fans courir aucun danger pour fa per-fonne.
- Au moyen de ce cerf-volant, le 7 Juin 175 3, vers une heure après-midi , après qu’il l’eût élevé à cinq cents cinquante pieds de terre, au moyen d’une corde de fept cents quatre-vingt pieds de long , qui faifoit un angle de près de quarante - cinq degrés avec l’horifon ; il tira de fon conduéleur des étincelles de trois pouces de longueur & trois lignes d’épaiifeur, dont le craquement le fit entendre de prés de deux cents pas. En tirant ces étincelles , il fentit comme une efpece de toile d’araignée fur fon vifage , quoiqu’il fût à plus de trois pieds de la corde du cerf-volant; fur quoi il ne crut pas qu’il y eût de sûreté pour lui de relier fi proche ; & il.criaÀ tous les affiliants de Ce retirer,
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- DI l’ElïCTR ICITi. 107 & lui même s’éloigna d’environ deux pieds.
- Se croyant alors en sûreté , & n’ayant plus perfonne auprès de lui, il porta fon attention fur ce qui fe pafToit dans les nuages qui étoient immédiatement au - deflus du cerf-volant ; mais il n’apperçut d’éclairs ni là ni nulle autre part, ni même le moindre bruit de tonnerre , & il ne tomba pointdu tout de pluie. Lèvent qui venoit de l’oueft & étoit allez fort , éleva le cerf- volant de cent pieds au moins plus haut qu’aupara-vant.
- Enfuite jettant les yeux fur le tube de fer blanc qui étoit attaché à la corde du cerf volant , & à environ trois pieds de terre , il vit trois pailles , dont une avoit près d’un pied de longueur , la féconde quatre ou cinq pouces, & la troifieme trois ou quatre pouces, le lever toutes droites, & former une danfe circulaire /comme des marionnettes, fous le tube de fer blanc & fans fe toucher l’une l’autre.
- Ce petit fpeétacle qui réjouir beaucoup plufieurs penfonnes de la com-
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- 2o8 H I $ t O I R ï pagnie , dura près d’un quart-d’heu-re ; après quoi quelques gouttes de pluie étant tombées, il fentit encore la toile d’araignée fur fon vifage , & en même temps il entendit un bruit continu , fcmblable à celui d’un petit ioutflet de forge. Çe fut un nouvel avertilfement de l’accroiflement de l’éleètricité ; & dés le premier inftant que M. de Romas apperçut fauter les pailles , il n’ofa plus tirer aucunes étincelles, même avec toutes les précautions ; & il pria de nouveau les fpeétateurs de s’éloigner encore davantage.
- Immédiatement après arriva la dernière fcëne, & M. de Romas avoue qu’elle le fit trembler. La plus longue paille fut attirée par le tube de fer blanc ; fur quoi il fe fit trois exploitons dont le bruit reflembloit fort à celui du tonnerre. Quelqu’un de la compagnie le compara à l’explofion des fulees volantes , & d’autres au bruit que feroit une grande jarre de terre, en fe brifant contre un pavé. Il elt certain qu'on l’entendit du milieu de la ville , malgré les différents bruits qui s’y faifoient.
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- Dt i’El.1 CTRJ CITÉ. lOÿ
- Le feu t-u’on apperçut à l’inftant de l’explofion, avoir la figured’un fa-feau de huit pouces de long & cinq lignes de diamètre. Mais -la circonstance la plus étonnante & la plus amufante fut que la paille qui avoit occafionné l’explofion , fuivit la corde du cerf- volant. Quelqu’un de la compagnie la vit à quarante-cinq ou cinquante brafles de diftance, attirée & repouffec alternativement, avec cette circonftance remarquable , qu’à chaque fois qu’elle étoit attirée par la corde , on voyoit des éclats de feu , & on entendoit des craquements, qui n’étoient cependant pas fi éclatants que dans le moment de la première expiation.
- 11 faut remarquer que depuis le temps de l’explofion , |ufqu’à la fin des expériences , on ne vit point du tout d’éclair, & à peine entendit-on du tonnerre. On fentit une odeur de loufrc, fort approchante de celle des écoulements éledriques lumineux qui fortentdu bout d’une barre de métal éleétrifée. 11 parut autour de la corde un cylindre lumineux de trois ou quatre pouces de diamètre ; & com-
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- 110 H 1 S T 0 I R Ë me c’étoit pendant le jour, M. de Ro-mas ne douta pas que, li C’eût été pendant la nuit , cette atmofphere électrique n'eût paru de quatre ou cinq pieds de diamètre. Enfin après que les expériences furent terminées, on découvrit un trou dans le terreia précifiément fous le tuyau de fer blanc, d’un pouce de profondeur & un demi pouce de largeur , qui probablement fut fait par les grands éclats qui accompagnèrent les explofions.
- Ces expériences remarquables finirent par la c; ûte du cerf-volant, attendu que le vent pafla tout d’un-coup à l’elt, & qu’il furvint une pluie très abondante mêlée de grêle. Lorf-que le cerf-volant tomba, la corde s’accrocha fur un auvent ; & elle ne fut pas fitôt dégagée , que celui qui la tenoit éprouva un tel coup à fes mains & une telle commotion dans tout fon corps qu’il fut obligé de la lâcher : & la corde tombant fur les pieds de quelques autres perfonnes, leur donna aufli un coup, mais bien plus fupportablc (a).
- (a) Gentleman’smagafinefor Aug. I7C<5, pag. 578.
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- n I l‘E LECTR ICITl lit
- la quantité de matière éleéfrique que ce cerf-volant tira une autre fois des nuées eft réellement étonnante. Le 28 Août 17 ï<5, on en vit forrir des courants de feu d'un pouce d’é-pailTeur & dix pieds de longueur. Cet éclat furprenant , qui fur des bâtiments ou fur des animaux auroit peut-être produit des effets auffi pernicieux qu’aucun dont il foit fait mention dans l’Hilloire, fut conduit avec fé-curitépar la corde du cerf-volant à un corps non - éleéfrique placé tout auprès ; & le bruit en fut égal à celui d’un piftolet.
- M. de Komas eut la curiofité de placer un pigeon enfermé dans une cage de verre, dans un petit édifice, qu’il avoit placé exprès de maniéré qu’il pût être détruit par la matière du tonnerre , que fon cerf volant ferait defcendre. Ledifice fut en effet mis en pièces ; mais le pigeon ni la cage ne furent pas frappés (a).
- M. l’Abbé Nollet, qui rapporte ce fait, ajoute , que fi un coup de cette
- (a) Nollet, Lettres, vol. 1, pag. 139.
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- ni fiisloiU efpece , eût paffé par le corps de M. de Romas , l’infortuné ProfeiTeüt Richman n’auroit pas été probablement le f'eul martyr de l’Eleéhicité ; & il penfe qu’on ne peut pas prendre de trop grandes précautions , ou and on effaie de fi dangereufes expériences
- Si l’oii confidere combien de coups violents les Electriciens les plus prudents & les plus adroits reçoivent fou vent par inadvertance, on ne fera plus fiirpris que les premiers Phyfi-ciens qtiiontfair & recueilli des expériences fur le tonnerre , l’ayent quelquefois trouvé un peu intraitable entre leurs mains, & qu’ils l'oient obligés de fe donner les uns aux autres de fréquents avis fur la maniéré d’y procéder.
- Dès l’année 1751, M. l’Abbé Nol-let cônfeilla de faire ces expériences avec circonfpêétion ; ayant été informé par des Lettres de Florence & de Bologne , que ceux qui les y avoient
- . (a) Philof. Tranfaét. vol. yi, part. 1, pag. 34a. „
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- DE l’ElECTRICITÉ. Z IJ faites , avoient trouvé leur curioiiré plus que fatisfaite, par les coups violents qu’ils avoient eiîuyés en tirant des étincelles d’un@fc>arre de fer élec-trilce par le tonnerre. Un de les Cor-refpondants lui apprit qu’un jour , voulant attacher une petite chaîne garnie par un bout d’une boule de cuivre , à une grande chaîne qui communiquoit avec une barre , placée au haut d'un bâtiment [ afin d’en tirer des étincelles par le moyen des ofcillatirns de cette botile J , il y vint une traînée de feu , qu’il ne vit pas ; mais qui fit fur la chaîne un bruit femblable à celui d’un feu follet. Dans cet infant l'électricité fe communiqua à la chaîne qui portoir la boule de cuivre , & donna à l’Obfervateur une commotion fi violente, que la boule lui tomba des mains , & qu’il fut repouffé de quatre ou cinq pas en arriéré. H n’avoit jamais été frappé ii fort par l’expérience de I.eyde (a).
- M. de Romas reçut un coup furieux
- (i) Philof. Tranfaét. vol. 4S, part. 1 f
- pag. *°f.
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- quand il cleva la première fois fbn cerf-volant ; & M. Dalibard dit que M. .Lemonnier , Médecin à Saint-Germain en Laye, Membre de l'Académie des Sciences, & le P Bcrtier de l'Oratoire à Montmorency , Cor-refpondant de l’Académie , furent tous les deux renverfés par terre par lés commotions qu’ils reçurent en tirant des étincelles de leur appareil (a).
- Mais celui qui a fouffert le plus des expériences de cette efpece , depuis que les Savants fe font avifes de tourner leurs recherches fur un fttfet fi dangereux, a été M. Richman, Pro-fefleur de Pctersbourg , dont on a parlé ci-devant. 11 fut renverfé mort fur la place , le 6 Août 175 ;, par un coup de tonnerre, attiré par fon appareil dans fa propre chambre , tandis qu'il étoit occupé à une expérience qu’il y faifojt. 11 y a eu deux détails de cet accident fatal communiqués à la Société royale , l’un par le Doéteur Watfon , qui la tenoit
- (“) Dalibard, Franklin, vol. a, p. try.
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- DE l’ElICTKICITi 1IJ de la meilleure main (a) , tk l’autre traduit de l'Allemand (t). On a extrait de l’un & de l’autre la relation iuivante.
- Le Profeflèur s’étoit pourvu d’un inftrument qu’il appclloit un gnomon éleétrique , dont l’ufage étoit de meiiirer la force de l’éledlricité. Il confîiloit en une baguette de métal qui aboutiffoit à un petit vafé de verredans lequel il mettoit f je ne lais pourquoi ] un peu de limaille de cuivre. Au haut de cette baguette étoit attaché un fil qui pendoit en en-bas le long de la baguette, quand elle n’étoit pas éleciriiée ; mais quand elle letoit, il évitoit la baguette & s’en tenoit à une certaine diftance, formant un angle à l’endroit où il étoit attaché. Pour mefurer cet angle , il avoit un quart de cercle attaché an bout de la baguette de fer.
- 11 étoit à obferver l’effet de l’électricité des nuages fur ce gnomon , à
- (a) Philof. Tranfaét. vol. 48 , part. 2, >8 761.
- (b) Ibid. vol. 49, part. 1, pag. 6t.
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- n G Histoire J’approche d un orage ; & par confisquent il étoit debout , la têie pan-chée defllis , & accompagné de M. Solokow , Graveur , [ qu'il prenoit fréquemment avec lui pour obfcrver aulli les expériences électriques, afin de pouvoir mieux les rcprélcn.er par les figures ] lorfque cet Ariiite , qui étoit debout à côté de lui , remarqua un globe de feu bleu , à ce qu’il dit gros comme le poing , s’élancer de la baguette du gnomon vers la tète du ProlelTeur, qui étoit dans cet inftant à environ un pied de diliance de la baguette. Ce Feu tua M. Richman ; mais M. Solokow ne put donner aucun détail de la façon particulière, donc il en fut aufiî-tôt aSFetté. Car en même- temps que le Profelfeur fut frappé , il s’éleva une efpece de brouillard ou vapeur qui le priva entièrement de les fens , & le fit tomber parterre ; de forte , qu’il ne put pas même Ce rappeüer d’avoir entendu le coup de tonnerre.
- Le globe de feu fut accompagné d'un bruit auffi fort que celui d’un coup de piftolet : un fil de fer qui tranfipettoit l'élcélricicé à fa baguette de
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- DE l’EltCTIUCITÉ. 117 de métal fut brifé en pièces, &: les morceaux difperfés fur les habits de M. Solokow. La moitié du vafe de verre dans lequel étoit la baguette du gnomon, futbrifée ; & la limaille de métal, qui y étoit, fut djfperfée dans toute là chambre.
- En examinant les effets du tonnerre dans la chambre du Profefleur , on obferva le chambranle de la porte à moitié fendu , & la porte brifée & jettée dans la chambre (a). On ouvrit deux fois la veine à ce cadavie ; mais il ne vint point de fang : an lâcha de rappcller Les fens, en le frottant fortement rtout fut inutile. En retournant le corps , la face en deffous pendant
- ?u on le frottoit, il l'ortit un peu de ang par la bouche. On apperçut fur le front une tache rouge , d’où i! fuinta quelques gouttes de fang à travers le; pores, fans déchirer la peau. Le foulier du pied gauche fe trouva brûlé & percé à jour ; & en découvrant le pied à cet endroit , on y
- fa) Philof. Tranfaét, v#I. 48, part, z, pag.75?.
- Tom. II.
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- II? H I S T O I R ï
- trouva une marque bleue : d’où l’on conclut que la foudre étoit entrée par la tête , & étoit fortie par ce pied.
- Il y avoit fur le corps, particuliérement du côté gauche , plulieurs taches rouges & bleues ,. qui reffeni-bloient à du cuir qui s’eft retiré pour avoir été grillé. On apperçut dans la fuite beaucoup plus de taches bleues fur tout le corps, & principalement fur le dos. Celle qui étoit fur le front devint d’un rouge brun ; mais les cheveux ne furent point grillés, quoique la tache atteignît jufqiie-Ià. A l’endroit où le fo’ulier étoit découfu, .le bas fe trouva bien entier ; ainfi que tout le juftaucorps ; le devant de la vefte feulement fe trouva un peu grillé, à l’endroit où il fe joint avec le derrière ; mais il parut fur le dos de l’habit de M. Solokojv de longues rayes étroites , comme fi des fils de fer rouges euflent grillé le poil de l'étoffe j ce qu’on n’a pas bien pu expliquer.
- Le lendemain, quand on ouvrit le corps, vingt-quatre heures après qu’il eut été frappe , on trouva le crâne
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- DE L’ElECTRIciTi. Itf bien entier , n’ayant ni fentes ni ouvertures en travers. Le cerveau aüili fain qu’il étoit poflible de l’être ; mais les pellicules tranfparentes de la trachée artere , étoient exceflivement tendres, cédoient, & lé déchiraient avec facilité. Il s’y trouva un peu de fang extravafé ; ainii que dans les cavités au-deffous des poumons ; celles de la poitrine étoient tout à fait faines ; mais celles qui avoilinent le dos étoient d’un noir brunâtre , & remplies de fang. D’ailleurs, aucunes des entrailles n’étoient endomroa» gées : mais legofier, les glandes, & les inteftins greles étoient enflammés. Les taches de couleur de cuir grillé ne pénétraient pas au-delà de la peau. Quand il fe fut paflfé deux fois vingt-quatre heures , le corps fe trouva li corrompu , qu’on eut dç la petne- à le mettre entier dans le cercueil (a).
- (a) Philof, Tranfaft. vol. 49, part. 1, pag, 67.
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- XX O
- Histoire
- PÉRIODE X.
- SECTION XI.
- Observations fur l’état général de VElectricité dans l’atmof- I phere , & fur fes effets les plus ordinaires, , -
- Après avoir obfervé la grande quantité de matière éleétrique dont les nuées font chargées pendant un orage , les Eleélriciens commencèrent à longer aux moindres quantités que l’atmofphere en peut contenir habituellement , & aux effets les plus ordinaires de ce grand & général agent de la Nature. M. Lemonnier, dont on a déjà cité les obfervations fur 1 e-leélricité de l'air pendant l’orage, fut le premier qui trouva , qu’il y avoit fort fouvent, & peut-être toujours , une quantité de matière éleélriquc
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- de i’Eleètricité. 22 r lors méme'qu’il n’y a pas la moindre apparence de tonnerre. Il confirma ce fait par des expériences décifives, faites à Saint-Germain en-Laye , & publiées dans un Mémoire lu à l'Académie royale des Sciences de Paris , le 15 Novembre 1751 (a).
- Mais M. l'Abbé Mazeas a fait d’autres expériences fur l'éledricité de I air , au château de Maintenon , pendant les mois de Juin , Juillet & Odobre 1755 , & les a communiquées à la Société royale , dans une Lettre au Doclcur Etienne Haies.
- Son appareil confiftoit en une verge de ferde trois cents foixante-dixpieds, élevée de quatre-vingt-dix pieds au-deifus de l’horifon. Elle delcendoit d’une chambre fort élevée du château , où elle étoit attachée à un cordon de foie defix pieds de long ; de-là elle étoit portée au clocher de la ville , où elle étoit pareillement attachée à un autre cordon de foie de
- (a) Philof. Tranfaél. vol. 48, part, r; pag. 103. Mém. de l’Acad. des Sciences, Année 1731, pag. 133, & fuiv.
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- m H j s î o i ft t huit pieds de long, & tenu à l’abri de la pluie. On y lufpendit une greffe clef par le moyen d’un fil de fer, afin de recevoir le fluide éleârique.
- Le 17 Juin , lorfqu’il commença fes expériences, l’éleilricitéde l’air le fit (entir vifiblement chaque jour, depuis le lever du foleil juiqu'à fept ou huit heures du foir, excepté dans le temps humide , qu’il ne put apper-cevoir aucune marque d’éleétricité. Dans le temps fec, le fil de fer atti-roit des petits corps, mais d’une dif-tance pas plus grande que trois ou ' quatre lignes. Il répéta foigneufe-ment l’experience chaque jour , & obferva conftamment que quand le temps étoit exempt d’oragçs, l’éleé-tricité d’un morceau de cire à cacheter, de deux pouces de longueur, étoit plus de deux fois auffi forte que celle de l’air. Cette obfervation le porta à conclure que dans des temps d’une fécherefle égale , l’éleâricité de l’air ctoit toujours égale.
- Il ne lui parut pas que les tempêtes & les ouragans aùgmentaflent l’é-leâricité de l’air, quand ils n’étoient pas accompagnés de tonnerre : car
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- î>£ i’ËiïCTluclTi. il} durant trois jours du mois de Juillet où il régna un vent violent continuel , il Fut obligé de mettre un peu de pouiliere à quatre ou cinq lignes du conducteur , avant que d'y pouvoir appercevoit aucune attraéfcion fenfible.
- La direétion des vents, Eft, Oueft, Nord ou Sud , ne caufoit pas une altération fenljble dans l’éleétricité de l'air, excepcé quand ils étoient humides.
- Dans les nuits les plus féches de cet été , il n’apperçut dans l’air aucuns Ggnes d’éleétricité ; mais elle reve-noit le matin quand le foleil com-mençoit à paraître fur l'horifon ; 6c cefloit encore le foir , environ une demi-heure après le foleil couché.
- La plus forte éleétricicé de l’atmof-phere pendant cet été fut obfervée au mois de Juillet par un jour fort fec, le ciel étant très-ferein , & le Ibleil extrêmement chaud. Il fuffifoit alors d’approcher de lapouffiereà dix ou douze lignes du conducteur, pour voir les particules s’élever dans une direétion verticale , de même que K iv
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- font les limailles de fer aux approche*
- de l'aimant.
- Le 27 Juin , à deux heures après-midi , il apperçut quelques nuages 6 ageux s'élever fur l’horifon , Sc a fii tôt il monta à fon appareil ; & ayant préfenté de la pouffiere à la clef, elle fut attirée avec une force qui augmenta à proportion que les nuages s’approcnoient du zénith. Quand ils furent à. peu-prés au-def-füs du fil de fer , la poufliere fut re-poulTée avec tant d’impétnofité, qu’elle fut entièrement dilperfée de def-fus le papier. 11 tira de fon fil de fer des étincelles confidérables, quoiqu’il ne fit alors ni tonnerre ni éclairs. Quand les nuages orageux furent au zénith du fil de fer, il remarqua que l’éleâricité étoit augmentée à tel point que même le cordon de foie attirait des corps légers à fept ou huit pouces de diftance.
- Ces nuages orageux refterent environ deux heures au-deffus l’horifon , fans qu’il y eût ni tonnerre ni éclairs : & une très-forte pluie qui furvint ne diminua pas l’éleâricité, fi ce n’eft
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- de l’Electricité. 225 Vers la fin , quand les nuages commencèrent à etre diffipés (a).
- M. Kinnerfley obferva, que l’air, même étant le plus fée , renfermoit toujours une portion d’éledricité con-fidérable , qu’il étoit très-facile d’en tirer. Qu’une perfonne , dit-il, dans un état négatif fe tienne hors de la maifon , dans l’obfcurité , quand l’air eft bien fec, & qu’ayant fon bras étendu, elle tienne une aiguille longue & pointue , la pointe tournée en haut , bientôt elle fera convaincue qu’elle peut tirer une matière électrique de l’air ; à la vérité pas en abondance, car étantun mauvais con-dudeur, il femble s’en féparer avec peine, cependant elle en tirera évidemment un peu. L’air qui eft voifin du corps de cette perfonne & ayant moins que fa portion naturelle , n’en aura point de refte ; mais fon bras étant étendu , comme on l’a dit çi-deflus, elle en tirera un peu de l’air plus éloigné , qui paraîtra lumineufe
- (u)'Philof. Tranfad. vol. 48, part. 1 i
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- lorfqu’elle convergera à la pointe de l’aiguille.
- Qu’une perfenne éleétrifée négativement , dit --il , préfentela pointe d’une aiguille horilontalement à une boule de liege fulpendue à de la foie, & que la boule foit attirée vers la pointe jufqu’à ce qu'elle ait fourni de fa quantité naturelle d’éleélricité autant qu'il le faut, pour être dans un état négatif, au même degré que la perfonne qui tient l’aiguille; alors elle s’écartera de la pointe , étant, à ce qu’il prétend , attirée dans une di-reélion contraire par l’éleétricité plus denfe qui fe trouve dans l'air derrière elle. Mais comme cette opinion, dit-il , lemble s’écarter de l’orthodoxie éleétrique, il feroit bien-aife de voir ces phénomènes mieux expliqués par le génie fupérieur & plus pénétrant de Ion ami le Doéleur Franklin, à qui il écrit.
- Il a penfé qu’on pouvoit , au moyen de l’ancienne expérience du Doéleur Franklin avec le cerf volant , déterminer d’une maniéré fa-tisfaifante fi l’éleétricité qui eft dans l’air par un temps fec & lérein ,ceijt
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- DE t’ElECTMCIti 117
- de la même denlité à la hauteur de cent ou cent cinquante toiles, que près de la furface do la terre.
- La corde doit, dit - il , être filée avec un fil de fer délié ; &: les bouts de fil de fer, aux endroits où les différentes longueurs font réunies, doivent être liés avec un fil ciré , pour les empêcher d’agir à la maniéré des pointes.
- Quand il écrivit cette Lettre , il avoit eflayé l'expérience deux fois, l’air étant auffi fec qu’il l’eft jemais dans ce pays - là , & le ciel fi féreia qu’on n’apperccvoit aucun nuage ; & il trouva à chaque fois que la corde étoit un peu éledrifée d’une maniéré pofitive (a).
- Les obfervatiôns précédentes de MM. Lemonnier , Mazeas & Kin-nerflev n’approchent pas de l’étendue &r de l’exaditude de celles du P. Beccaria. J’ai réfervé fes obfervations fur l’état général de l'éledricité dans l’at-mofphere, pour la fin de la Sedion,-
- (a) Philof. Tranfad. vol. f $, part, i, P»S-87- ^ .
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- 2*8 H i i l a i t i parce qu’elles font les plus confidéra-bles , quoiqu’elles ayent été faites toutes indépendamment, & même, pour la plupart, avant celles qu’on a rapportées ci-devant.
- Il obferva que pendant de gros vents, fon appareil ne donnoit aucuns lignes deleétricité (a). En effet , il trouva qu il y avoit trois états différents de l'atmofphere , dans lefquels il n’y avoit point d'êleâricité dans l’air, i". Par un temps clair & venteux. 2°. Quand le ciel étoit couvert de nuages fëparés & noirs qui avoient un mouvement lent. Dans la plupart des temps humides , mais fans pluie aétuelle (4). Par un ciel clair & un temps calme, il apperçut toujours des fignes d’une médiocre électricité ; mais feulement par intervalles. Par un temps pluvieux fans éclairs, fon appareil fut toujours éleélrifé un peu de temps avant que la pluie tombât, & durant le temps de la pluie ; mais il ceffa de l’être un peu devant que la pluie fut paffée.
- (a) Lettere dell’Elettticifmo, pag. îoé. (4) Ibid. pag. 166.
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- de l'Electricité. 119 Plus fes baguettes atteignoient haut, ou plus fes cerf-volants s’élevoient, plus ils donnoient de forts lignes d’é-leétricité (a). Pareillement les cordes ou ficelles ies plus longues, étendues & ifolées en plein air, acquéroient plutôt l’éledricité , que celles qui étoient plus courtes. Une corde de deux cent cinquante toifes, étendue fur le fleuve du Pô , fut auffi fortement éledrifée durant une ondée fans tonnerre , qu’une verge métallique deftinée à conduire chez lui la matière du tonnerre , l’avoit été dans aucun orage (A).
- Ayant deux verges de cette efpece à cent quarante pieds l’une de l’autre, il obferva, que s’il tiroit une étincelle de la plus haute, l’étincelle de l’autre qui étoit de trente pieds plus baffe, etoit auffi - tôt diminuée ; mais, ce qui eft remarquable , c’eft que fon pouvoir revenoit, quoiqu’il tînt fa main fur la première (c).
- Lettere dell’ Elettricifmo, pag. ii-(. Ibid. pag. 16f.
- Ibid. pag. 17t.
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- *J0 H I S T O I R. I
- 11 imagina que leieétricité communiquée à l'air pouvoir quelquefois fournir de petites étincelles à Ion appareil , pudique l’air le défait fort lentement de l'éleâricité qu'il a reçue ; & qu’ainfi l’équilibre de la matière électrique dans l’air, ne fera pas fitôt rétabli que dans la terre & les nuages (a).
- Le Pere Beccaria compte la pluie, la neige & la grêle parmi les effets d’une éleiâricite modérée dans l’at-mofphere.
- Les nuages qui apportent de la pluie j à ce qu’il prétend , font produits de la même maniéré que les nuages orageux : ils le font feulement par une éleétricité plus foible. Il les décrit au long , & la reflèmblance que tous leurs phénomènes ont avec ceux des nuages orageux, eft en effet très-frappante (é).
- 11 remarque plufieurs circonftances qui accompagnent la pluie fans éclair, qui rendent fort probable qu'elle eft
- (?) ffttere dell’' Elettricifmo, pag. 347, (<) Ibid. pag. 284..
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- e* l'Electricité iji produite par la même caufe que quand elle eft accompagnée d’éclairs. On a vu pendant la nuit de la lumière dans les nuages par un temps pluvieux ; & même on voit quelquefois le jour des nuage? pluvieux , qui ont une clarté évidemment indépendante du foleil (a). L’uniformité avec laquelleles nuages font étalés & avec laquelle la pluie tombe, Ibnt, à fon avis , des preuves d’une caufe uniforme ; femblable à celle de l’électricité (b). L’intenfité de l’éleâricité dans fon appareil répondoit ordinairement à peu-prés à la quantité de pluie qui tomboit dans le même-temps (c). On ne doit rien inférer de contraire à cette fuppofition, de ce que l’appareil n’eft pas toujours élec-trifé pendant la pluie. IL a quelquefois manqué de l'être pendant le tonnerre. En effet, il fuit de fa théorie générale, que l’éledricité de fon appareil ne peut pas toujours corref-
- U) Lettere dell’ Elemicifmo , pag. 888. (i) Ibid', pag. 29p.
- (c) Ibid, pag- 307- . ;
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- aji Hnieim pondre à celle des nuages, ptrifque cela doit en quelque forte dépendre de la fituation de fon obfervatoire par rapport à ces parties de la terre ou des nuages qui donnent ou qui prennent le feu cledrique. Cela rut confirmé par une obfervation qu’il fit fur un nuage orageux , qui pafloit au-delfus de fon Obfervatoire. A fon approche , fqn appareil fut éledrifé pofitivement ; quand il fut direde-ment au-deffus, tous les lignes d’é-ledricité ceflèrent ; & quand il fut paflfé , fon appareil fut éledrifé négativement (a). Cette obfervation favorifc beaucoup fa théorie générale des nuages orageux.
- Quelquefois on a obfervé en même-temps tous ces phénomènes, tonnerre , éclair, grêle , pluie, neige & vent; ce qui fait voir la liaifon qu’ils ont tous avec quelque caufe commune (i).
- Le P. Beccaria fuppofe donc qu’avant la pluie, il s’échappe de la terre
- () Lettere dell' Elettricifmo, pag. 310.
- () Ibid. pag. 19034J.
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- DE l’ElECTMcrTÉ. 1J5 une quantité de matière éledrique, dans quelque endroit où il y en avoic de furabondante ; & qu’en montant aux plus hautes régions de l’air, elle raflemble & emporte dans fa route une grande quantité de vapeurs. La même caufe qui les raflemble lescon-denfera de plus en plus , jufqu’à ce que, dans les plus petits intervalles, elles viennent prefque en contad, de maniéré à former de petites gouttes , qui s’unifiant avec d’autres en tombant, fe précipitent en pluie. La pluie fera plus forte à proportion que l’éledricité fera plus vigoureufe , & que le nuage qui la fournit, approchera davantage d’un nuage ora-geux (a).
- 11 imita l’apparence des nuages qui amènent la pluie , en s’ifolant lui-même entre le frottoir & le conducteur de fa machine éledrique , & d’une main laiflant tomber de la co-lophone dans une cuiller attachée au condudeur & dans laquelle éroit un charbon ardent , tandis que fou
- (a) Lettere dell' Elettricifmo, pag. 30y.
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- i$4 Histoire autre main communiquoit avec le frottoir. Alors la fumée fer répandit le long de fon bras, & peu-à-peu fur tout fon corps, julqu’à ce qu’elle vint à l’autre main qui .communiquoit avec le frottoir. La furface la plus TbaiTe de cette fumée étoit par tout parallelle à fes habits, & la furface liipérieure étoit gonflée & en forme de voûte , comme le font les nuages remplis de. tonnerre & de pluie (a). De cette façon, dit - il, les nuages qui amènent la pluie fe répandent des -parties de la terre qui abondent en feu éleétrique, vers les parties qui en font épuilées ; & laiflant tomber leur pluie , ils rétabliflènt l'équibre entr’eux.
- Le Pere Beccaria jugea que l’électricité communiquée à l’air, qui la reçoit & s’en départ lentement, pourront expliquer la rétention des vapeurs dans un ciel ferein ; les petits nuages féparés, quL ne fe diffipent pas en pluie j les nuages plus petits & plus légers dans les plus hautes régions de
- (a) Lettere dell’ Elettricifmo, pag. 254.
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- ÜE t'ËtseTRICITé. Ijj l’air, qui ne font que foiblement af-fedés par l’éledricité : ainli que les nuages plus oblcurs, pefants & lents des régions plus balles qui en retiennent davantage (a). Le degré d’élec-triçtté qu’il pouvoit communiquer à l’air de fa chambre , quoiqu’il en touchât le plancher & les murailles, lui firent paraître la chofe poffible & probable (é).
- Il imagina même que cette éledri-cité de l’air pouvoir cdufer quelque altération dans fa pefantéur le). Il remarqua que fon baromètre bailfoit un peu immédiatement après un éclair -, mais il reconnoît que cette circonftance n’eft pas un fondement fuffifant pour fuppofer que l’éledri-çité expliquera beaucoup de variation dans la hauteur du baromètre («/). Il jugea, à la vérité , que les phénomènes de la pluie favorifoient la fuppo-fition, que la matière éledriquecon-
- (a) Lettere dell* Elettricifmo, pag. 348-.
- fî) Ibid. pag. 5 50. (c) Ibidem.
- («0 Ibid. pag. }f)t
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- Histoire
- ténue dans l’air diminuoit en quelque forte fa preffion. Car, quand la matière électrique eft aduellement dans l’air, & qu’elle raflemble & condenfe les vapeurs, le baromètre eft alors au plus bas. Quand la communication eft établie entre la terre & les nuages par la pluie, le vif-argent commence à monter, la matière éledrique qui fupportoit une partie de la preffion, étant alors déchargée. Ët cela doit arriver , dit-il, foit que leledricitéqui eft dans l’air , foit pofitive ou négative (a).
- Ce Phvficien ingénieux fuppofe que la grêle eft formée dans les plus hautes régions de l’air , où le froid eft violent, & la matière éleétrique fort abondante Dans ces circonftan-ces, un grand nombre de particules d’eau font rapprochées les unes des autres ; là elles font glacées , & ra-ftialfent d’autres particules en def-cendant, de forte que la denlité de chaque grain de grêle devient moindre en s’éloignant du centre , qui
- («) Lettere ddU’ Elettricifmo, pag. 334.
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- si l’Eiectr.icit£, iyf Cft formé le premier dans les plus hautes régions, au lieu que la furfaçe ' eft ramalTée dans de plus baffes. En conféquence , on remarque que dans les montagnes , les grains de grêle auffi-bieri que les gouttes de pluie font fort petits ; n’ayant-là qu’un petit efpace à parcourir pour tomber , & dans lequel ils puiffent
- augmenter leur groffeur. Les gouttes de pluie & les grains de grêle s’accordent encore en cette circonllance, qu’ils font d’autant plus gros que l’éléélricité qui les forme a plus d’intenfité [a). Ôn fait que le mouvement facilite la congélation , & ainfi le mouvement rapide des nuages éleélrilés peut faciliter cet effet dans l’air (*).
- Les nuages qui donnent de la neige ne different de ceux qui donnent de la pluie, que par la circonllance du froid qui les gele. La difperfion régulière de la neige , & la régularité dans la ftruélure des parties dont elle eft
- (a) Lettere dell’Elettricifmo, pag. 514; (i) Ibid- pag. 318.
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- Ij8 H I S T O I R s compofée, [particuliérement certaine* figures de neige & de grêlé qu'il appelle Rofittcs , &c qui tombe autour dé Turin ] prouvent que les nuages qui donnent de la neige font animés, par quelque caufe uniforme , fem-blable à l’éleéfricité (a) Il tâçhe même de faire voir de quelle façon certaines configurations de neige font produites par l'attion uniforme de l'électricité ( él. Toutes ces conjeélu-res fur la caufe de la grêle & de la neige, furent confirmées par cette ob-fervation , que fon appareil n’a jamais manqué d'être cleélrifé par la neige auflî-bien que par la pluie.
- Une éleéfricite plus intenfe unit plus fortement les particules de grêle, qu’une éleéfricité plus modérée ne fait celles de neige. De la même maniéré , nous voyons que les nuages orageux font plus denfes que ceux qui amènent Amplement de la pluie -, oc que les gouttes de pluie font plus
- (a) Lettere dell’Elettricifmo, pag. 310, 3“ s
- (i) Ibid. pag. 31 j, 331, }}}, ; 7
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- »E l’EltCTRICIli. 15^' grandes à proportion , quoique fou-vent elles ne tombent pas d’une lï grande hauteur (a) [78].
- (<0 Lettere dell’ Elettricifmo , pag. 328.
- $£7» [?8] Toutes les conje&ures que donne jci le Pere Beccaria , fur la caufe produ&rice des météores aqueux , ne font fondées fur aucun fait qui puilfe en établir la probabilité. J’avoue cependant que je ne fuis pas éloigné de penfer que l’éleâricité y entre pour quelque chofe : car je croté cette vertu permanente dans l’air. Mais je n’oferois alfurer ni l’un ni l’àutre fans preuve : il n’y a que les grands Phyficiens , comme le Pere Beccaria, qui puif* fent avoir cette hardieflfe. ,
- A
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- 149 His;omi
- PÉRIODE X.
- SECTION- XII.
- EJfais que l’on a faits pour expliquer par l’Electricité quelques-uns des phénomènes les plus extraordinaires fur la Terre 5’ dans les deux.
- Dah s les deux précédentes Sections de cette Période, qui ont rapport à l’éleéfcricité de l’atmofphere, les expériences & obfervations du Pere Beccaria .ont été les principales ; les matériaux que j’ai tirés de (es ouvrages, ne feront pas une partie moins coniidérable de celle-ci. Ceux qui peuvent l'avoir taxé jufqu'içi de s’être trop livré à fon imagination , le jugeront ici tout-à-fait extravagant; mais fes extravagances , fi elles en font , font celles d’un grand génie;
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- de l’Eeec*r.icit£. 24r & s’il en eût eu encore mille autres femblables , je l’aurois Jûivi dans toutes avec plaifir.
- Le météore qu’on appelle ordinairement Etoile tombante . a emharralfé
- jufq
- flecc
- u’ici tous les Philofophes. I.e Pere :aria montre aflèz évidemment
- que c’eit un phénomène éleélrique j & le lait qu’il rapporte en preuve ell extrêmement curieux & remarquable.
- Un jour qu’il étoit aflîs avec un ami en plein air, une heure après le coucher du foleil, ils virent ce qu’on appelle une étoile tombante , dirigée vers eux, & qui devint vifiblement de plus grande en plus grande , juf-qu’au moment où. elle difparut à peu de diftance d’eux. Leurs vifages, leurs mains & leurs habits , ainfi que la terre & tous les’objets voifins, lurent alors fubicement illuminés d’une lumière diffufe & légère , mais fans aucun bruit. Ayant eu peur , ils fe levèrent, & fe regardant l’un & l'autre , furpris de ce phénomène, un do-meftique accourut à eux d’un jardin vpilin , &r leur demanda s’ils n’a-voient rien vu ; que.ppur lui il a voit Tom, II, L
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- apperçu briller dans le jardin une lumière fubite, principalement fur l'eau dont il fe fervoit pour arrofer (a).
- Toutes ces apparences étoient évidemment électriques : & le P. Beccaria fut confirme à penfer, que l’é-leéfricité en étoit la caufe , par la quantité de matière éleârique , qu’il avoit vu, comme on l’a dit ci-devant, avancer par degrés vers fon cerf-volant. Car , dit-il, elle avoit toute l’apparence d’une étoile tombante. Il vit aufli quelquefois une efpece de gloire autour du cerf- volant, qui le fuivoit quand il changeoit de place j mais qui laifloit un peu de lumière , à la vérité, pour fort peu de temps, dans le lieu qu’il venoit de quitter (4),
- Quantité d’obfervations météorologiques prouvent que les phénomènes qui portent des marques évidentes d’éle&ricité, ont un mouvement progreffif fort fenfible. Je vais en rapporter une que fit M. Chalmers, étant a bord du Montague, fous les ordres
- (a) Lettere dell’ Elettricifmo, pag. J il. (4) Ibid, pag, 130,
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- i>e l’Electricité. 245-de l’Amiral Chambers. Le détail en fut lu à la Société royale, le 22 Mars I749-
- Le 4 Novembre 1748 , à 42 °, 4$' de latitude, & 9 0, 5' de longitude, il étoit occupé à faire une obferva-tion fur le tillac , à environ onze heures cinquante minutes, quand un des Quartiers-Maîtres le pria de regarder du côté du vent ; fur quoi il obferva à environ trois milles de dif-tance, une groife boule de feu bleu, roulant fur la furface de l’eau. Aufli-tôt ils baifferent leurs voiles de perroquet , &c. Mais elle arriva fur eux fi vite , qu’avant qu’ils puifent lever les cargues principales ; ils virent la boule s’élever prefque perpendiculairement, tout au plus à vingt-cinq toifes des. grandes chaînes. Alors elle difparut avec une explofion pareille à celle qu’auroienc pu faire cent coups de canon tirés à la fois , & laifla après elle une odeur de foufre fi forte , qu’il fembloit que le vaif-feau n’étoit autre chofe que du foufre. Après le bruit ceifé, qui ne dura pas , a ce qu’il croit, plus d’une demi-féconde , ils. trouvèrent le perro-
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- 144 H i s t o i r i quet du grand mât brifé en plus de cent pièces, & le grand mât fendu depuis le haut jufqu’en bas. 11 y avoit des pièces de fer clouées au grand mât qui en furent arrachées avec tant de force , & enfoncées dans le tillac avec une telle violence , que le Charpentier fut obligé de prendre un levier de fer pour les en détacher. 11 y eut cinq hommes de renverfés , dont un fut fortement brûlé par l’explo-fion. On croit que quand la boule, qui leur parut être de la çrolTeitr d’une grande meule de moulin , s é-leva , elle prit le perroquet du grand mit par le milieu ; car le haut du mal! ne fut pas fendu. Pendant deux jours avant cet accident , un vent très - violent avoit foufflé depuis le nord - quart - oueft , jufqu’au nord-nord-eft , & avoit été accompagné de beaucoup de pluie & de grêle , & une greffe mer. Ils n’eurent du côté du nord , ni tonnerre ni éclair , ni avant ni après i'explofion. La boule defcenditdu nord-eft, & s’en alla par le fud oueft.
- Je ne crois pas qu’on ait. jamais difputé que l’aurore boréale ne foit
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- DI t’IucïAlciti 24s tin phénomène éleârique , depuis qu'il a été prouvé que le tonnerre en elt un : le Pere Beccaria ajoute aux reffemblances, dont on a parlé ci-devant , entre ce phenomene & le-lectricité , que toutes les fins que l’âurore boréale s’eft étendue dans l’atmofphere plus bas qu'à l'ordinaire'-, on a toujours entendu différents fons, comme des bruits fourds & des fifliements (a).
- M. Bergman dit avoir' fouvent remarqué qu'une forte aurore boréale troubloit la direétion de l'aiguille aimantée ; mais que jamais il n’en a pu tirer aucune éleâricité ; foit par le moyen de barres de métal pointues , foit avec un cerf-volant (b).
- M. Canton, [ outre qu'il penfe, comme on l’a dit ci-devant pag. 172, que l’aurore boréale peut être l'écoulement du feu éleétrique des nuages politifs vers les nuages négatifs à une
- (a) Elettricifmo artificiale e naturale," pag. 221.
- (b) Philof. Tranfaél. vol. [i, part, i, pag. 48j.
- Liij
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- 14 6 H i s t o U J grande diftance, à travers la partie lupérieure de l’atmofphere , où la réfiftance eft la moindre ], fuppofe que l’aurore boréale qui arrive dans 'le temps où la direftion de l'aiguille eft troublée par la chaleur de la terre , eft produite par l’éleélricité de l’air échauffé au-aeffus ; & cela pa-roîtra , dit-il, principalement dans les climats feptentrionaux , parce que l’altération dans la chaleur de l’air y fera la plus grande. Cette hy-pothefe, ajoute-t-il, paraîtra probable , fi on fait attention qu’on re-connoît maintenant l’éleâricité pour la caufe du tonnerre & des éclairs ; qu’on en a tiré de l’air dans le temps d’une aurore boréale ; quq les habitants des pays du Nord obfer-vent que Uaurore boréale eft très-forte , quand il fument un dégel fubit après un temps extrêmement froid ; & que les Curieux en cette matière connoiflènt à préfent une fubftance qui, fans la frotter, lance & abforbe le fluide éleârique , par la feule augmentation ou diminution de fa chaleur ; il veut parler de la Tourmaline dans laquelle on a.
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- DE l’ELECÏRICITi. 147 découvert cette propriété (<*).
- II dit dans un Mémoire, daté du h Novembre 1754, qu’il a quelque-' fois trouvé l’air éleétrique dans un temps ferein ; mais jamais la nuit, excepté quand il y avoit eu une aurore boreale , encore rétoit - il fort peu ; ce qu’il eut plufieurs fois occa-fion d’obferver cette année-là. 11 laide à rechercher jufqu’à quel point l'électricité pofitive & négative qui exifte dans l’air au moyen d’une quantité convenable d’humidité , fervant de conducteur , peut expliquer ce météore, ainfi que d’autres, que l’on apperçoit quelquefois par un temps ferein (b).
- Le Pere Beccaria tâche de prouver que les trombes ont une origine électrique; pour rendre ceci plus évident, il décrit d’abord les phénomènes qui les accompagnent, & que voici.
- Elles paroiifent communément par un temps calme. La mer femble
- 00 Philof. Tranfaét. vol.fi , part, r a r. 40; .
- (4) Ibid. vol. 48 , part. 1, pag. 784.
- L iv
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- aq.8 H î s i o i U bouillir, & il en part une efpece de fumée qui s'élève en forme de monticule vers la trombe. Alors ceux qui en lont allez proches, entendent un bruit lourd. La forme d une trombe elt celle d’un porte-voix, dont l’extrémité la plus large elt dans les nuages , & la plus étroite vers la mer. Sa grandeur varie , & même dans la même trombe. Leur couleur tire tantôt fur le blanc, tantôt fur le noir. Leur polirion eil quelquefois perpendiculaire à la mer , & quelquefois oblique : la trombe elle - même a quelquefois la forme d’une courbe. Leur durée varie ; les unes difparoil-fent aufli tôt que formées ; d’autres durent un temps corrfidérable : il a entendu parler d’une qui a duré une heure entière. Mais fouvent elles s’é-vanouilîcnt, & reparoilfent peu après dans la même place (a).
- Il y a certaines efpeces de tourbillons & d’ouragans qui font fur terre, la même choie que les trombes font
- (a) Elettricifmo artificiale e naturale, pag 106.
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- de l'Electricité. ^49 en mer. On en a vu arracher des arbres , renverfer des maifons, faire des trous en terre ; & dans tous ces cas, d.fperfer la terre, les briques, les pierres , la charpente, &c. dans tous les fens & à une grande diftan-ce (a). Ils ont jette ou enlevé quelquefois de grandes quantités d’eau , au point de faire une efpece de déluge ; & toujours ils ont été accompagnés d’un bruit confidérable.
- On ne peut difconvenir que la nature de plufieurs de ces phénomènes fait juger qu’ils dépendent de l'élec-trjcité ; mais la conjecture devient plus probable encore par les circonf-tances fuivantes. Ils parodient en général dans des mois fujets à des orages , & font communément précédés, accompagnés ou fuivis d’éclairs, de pluie ou de grêle ; l’état de l’air étant femblable. On -a quelquefois vu des jets de lumière blanchâtres ou jaunâtres s’agiter autour d’eux avee une vîtelfe prodigieufe. Enfin, la maniéré
- (a) Elettricifmo artificiale e naturale, pag. iio.
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- ijo Histoire dont ils finiflTent , reflemble cxaéte-met à ce qu’on peut attendre de la prolongation d’une de ces protubérances des nuages éleârifés, dont .on a fait mention ci devant, qui tendent vers la mer ; l’eau & le nuage s’attirant mutuellement l’un l’autre : car ils fe contraétent fubitement & fe difpèr-- fent prefque à la fois, le nuage s’élevant & l’eau de la mer retombant à fon niveau. Mais la circonftance la plus remarquable & là plus propre à prouver qu’ils dépendent de l'éleâri-eité , eft que l’on en a difperfé, en leur préfentant des couteaux on des épées tranchantes & pointues. C’eft du moins la pratique confiante des marins dans bien des endroits où les trombes de mer font fréquentes 5 & plulieurs d’entre eux ont alluré que cette méthode avoit fouveut réullî, de maniéré à n'en pas douter (a) [79].
- (a) Elettricifmo artificiale e naturale, pag. 1 ij.
- QP* ["9] J’ai vu beaucoup de marins, qui m’ont dit que leur pratique droit de radier de rompre la trombe à coups de canon : mais je n en ai point trouvé qui m’aient dit en avoir
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- BE i’EleCTRICI TE. 2JI
- On peut, dit-il, montrer l’analogie entre les phénomènes des trombes & de l’élcdricité, en fufoendant une goutte d'eau à un fil de fer qui communique avec le principal conducteur, & plaçant deuous un vafe plein d’eau. Dans ces circonftances , la goutte prend toutes les apparences d'une trombe de mer dans fon ori-
- fine , dans fa forme & dans fa façon e difparoître. Il n’y manque rien que la fumée, qui exige, fins doute, une grande force d’éleciricité pour la rendre vifiblè.
- M. Wilke confidere aufli la trombe comme un efpece de grand cône éledrique , élevé entre un nuage fortement éledrifé & la mer ou la terre («).
- J’ajouterai à la théorie des trombes & des ouragans du P. Beccaria, la defcription d'un ouragan arrivé aux Indes occidentales , tirée d’une Relation des Etablijfements des Européens en
- (n) Wilke, pag. 141. difperfé quelques-unes, en leur préfentant un couteau ou une épée.
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- ijz Histoire Amérique. 11 eft évident qü’en l’écrivant on n’avoit pas la moindre idée qu’elle pût fervir à aucune théorie Philofophique , & à'celle' de l’Electricité encore moins qu’à toute autre : cependant ceux qui fe Tententdifpofés à favorifer cette hypothefe , peuvent y voir quelques circonftances qui tendent à la fortifier. Je n’ai pas befoin de les indiquer.
- » C’eft dans la faifon pluvieufe, » principalement dans le mois d’Août, » plus rarement en Juillet & Septem-« bre, qu’on efliiye des ouragans , le » fléau le plus terrible auquel on foit » fujet dans ce climat. Un ouragan » détruit tout-d’un-coup les travaux » de bien des années ; il fruftre les j> pofleflèurs des plantations de leurs » efpcrances les mieux fondées , & » fouvent au moment où ils croient » avoir franchi tous les dangers du » hafard. C’eft un orage fubit de » vent, de pluie , de tonnerre & d’é-» clairs , accompagné d’un gonfle-» ment furieux, de la mer & quel-» quefois d’un tremblement de terre ; » en un mot, de toutes les circonf-» tances les plus horribles & les plus
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- de l’Electricité. 255 •> fâcheufes que les éléments puiflènc » ralfembler.
- .> On Voit d'abord pour prélude du » ravage dont on ell menacé , des » champs entiers de cannes à fucre » emportés dans l’air , & difperfés » fur la furface de la terre. Les arbres » les plus forts des forêts déchirés juf-» qu’aux racines , ôc emportés com-» me des pailles. Leurs moulins à vent » lont renverfés dans un inftant. Leurs « travaux, leurs atteliers, leurs chau-» dieres & leurs alembics , pefant " plufieurs quintaux , font arrachés » de la terre & mis en pièces. Leurs « maifons ne les défendent pas. Les » toits font enlevés d’un feul coup de » vent ; & la pluie qui tombe de » cinq pieds de hauteur dans une » heure , s’y introduit avec une force »> irréfiftible.
- » Il y a des fignes que les Indiens n de ces ifles ont enfeignés à nos Co-» Ions, & qui annoncent l’approche « d’un ouragan. Il arrive dans des » nouvelles & pleines lunes, ou dans » les quadratures. S’il doit arriver dans « la pleine lune , & que vous foyez
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- ij+ Histoire » dans la nouvelle, voici ce qu’on re-«marque. Vous verrez ce jour-là le »> ciel fort agité ; vous remarquerez » le foleil plus rouge qpe dans les « autres temps s vous appercevrez un » calme total , & les montagnes «exemptes de tous ces nuag'es & « brouillards dont elles font ordi-« nâirement couvertes. Vous enten-» drez dans les crevafles de la terre « & dans les puits, un fon creux & » un murmure femblablé à celui d’un « grand vent. La nuit les, étoiles pa-» roiflent plus grandes que de coutu-» me, & entourées d’une forte de bor-» dure. Le ciel du côté du nord-oueft « paraît noir & menaçant : & la mer « répand une odeur forte, & s’élève « en grandes lames quoique fansau-» cun vent. Le vent lui-même aban-» donne fa direction ordinaire qui efl: » de l’eft , & faute vers l’oueft, d’oii « il fouille quelquefois par intermit-» tence, avec violence & irrégulie-» rement pendant environ deux heu-» res à chaque fois. On apperçoit les « mêmes lignes dans la pleine lune, » La lune elle - même eft environ-
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- de l’EiectricitL iJJ » née d’un grand bourlet ; quel-» quefois le loleil a la même appa- ' » rence (a). «
- Le premier qui ait avancé que les tremblements de terre étoient, probablement caufés par l’éledricité , fut le Docteur Stukeley, à l’occaüon de ceux qui arrivèrent à Londres , le 8 Février 8e le 8 Mars 1749 , & d’un autre du 30 Septembre 1750 , qui af-feda différentes autres contrées d’Angleterre , & dont le centre ctoit autour de Daventry au Comté de Nort-hampton. Les Mémoires que le Docteur remit à la Société royale à ces occafions, & qui y furent lus les 11 Mars 1749 & 6 Décembre 1750, font fort eftimables, & méritent bien l’attention de tous les Philofophes & Eledriciens. Je vais en rapporter la fubftance, &je ne ferai qu’abréger & en arranger différemment les matières.
- 11 juge qu’on peut conclure, d’après quantité de circonftances, que
- (.1) Account of European fettlements in America, vol. 2, pag.96, &c.
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- Histoire
- les tremblements de terre ne viennent point de vents, de feux ou de vapeurs fouterreins.ni d’aucune chofe qui occafionne une explofion & qui fouleve le terrein. En premier lieu, il penfe qu’il n’y a point de preuve évidente qu’il fe trouve aucune caverne confidérable dans la terre ; & qu'au contraire, il y a plutôt des raifons de préfumer qu’elle eft folide en grande partie ; de maniéré à laiffer peu de place pour opérer des changements & des fermentations intérieures. Jamais-les mines de charbons de terre, dit-il, quand le feu y prend, ne pro-dnifent rien qui relîcmfele à un tremblement de terre.
- Dans le fécond tremblement de terre de Londres, quoique la fecoufle le fit fentir dans un circuit de trente milles de diamètre , on ne" remarqua ni feu , ni vapeurs , ni fumée, ni odeur, ni éruption d’aucune efpece. De confidérer feulement combien grande eft la furface agitée par un tremblement de terre, iuffit, à Ion avis , pour empêcher de fuppofer, qu’il loit caufé par l’explofion d’aucunes vapeurs fouterreines. Car il ne
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- Di l’Electriciî*. lyf ferait pas poflîble d’imaginer qu’une force allez grande pour agir à l’inftarit fur une telle étendue de terrein , n'en brisât jamais la furface , de maniéré à s'en appercevoir à la vue ou à l’odorat ; tandis que de petites boules. de f u , vé ant à crever en l’air, ont fur le champ tranlmis une odeur ful-fuietife à la diftance de plulieurs milles à la ronde.
- D'ailleurs cette grande fermentation & la production de vapeurs élaltiques, &c. demandent plulieurs jours & ne font point inftantanéés : & l’évaporation d’une telle quantité de matière inflammable demanderait un long efpace de temps [8oJ.
- QfT [go] Ce raifonncmcnt n’eft pas bien conforme à ce que nous a appris l’expérience, Une matière évaporable ne demande pas toujours beaucoup de temps pour Te réduire en vapeur. Toutes les fois qu’une pareille fubftari-ce , expofée à un agent capable de la réduire en vapeur, eft retenue par un obftacle, elle ne s'évapore poinr : elle prend feulement une difpofition prochaine à s'évaporer. Mais ii ! obftacle vient à cefTer d’agir , ou fi fa tendance à s’étendre devient plus forte que l’obf-tade, alors elle s’évapore en entier, fubite-
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- *5§ Histoire Il pcnfe que fi les vapeurs St lés fermentations fouterreines, les explo-fions & les éruptions étoient lacaufè des tremblements de terre, elles rui-neroient abfolument tout le fyftême des fources St des fontaines, par- tout où il y auroit de pareils tremble-mens ; ce qui eft tout-à-fait contraire à l’expérience , même dans les en-
- ment & en un clin-d’œi! : & fort êxplofion eft capable^de produire des effets tels qu’on n’en connoît pas les bornes. On fait que de l’eau renfermée dans la marmite de Fapin, ne fc réduit point en vapeur, tant que le vafe demeure fermé , à quelque degré de chaleur qu’on i’expofe. Mais fi le couvercle vient à fe lâcher, ou la marmite à crever, par quelque caufe que ce foit, tandis que l’eau eft encore chaude j alors l’eau fe réduit en vapeur fubi-tement & en entier j & eft capable de charter le couvercle ou les éclats avec autant de force, & plus encore que ne le feroit la poudre à canon. Pourquoi des matières évaporables, qui s’enflammeroient fous terre , ne produi-roient-elles pas un pareil effet? Ce n’eft pas cjue je ne fois porté à croire que l’éleéhicité influe beaucoup fur les tremblements de terre & autres phénomènes de cette nature. J’ai voulu feulement, par cette note , attaquer le raifonnement du Doéteur Stukeley , qui ne me paroît pas bien Phyfique.
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- Di l’Eiectricité. 259 droits oû il y en a eu plufieurs fuccef-, fivement & fréquemment répétés. En parlant du grand tremblement de terre qui arriva l’an dix-fept de Jefus-Chrift , dans lequel il n’y eut pas moins de treize grandes villes de l’Aiie mineure détruites en une feule nuit , & qu’on peut compter avoir ébranlé une maffe de terre de trois cents milles de diamètre ; il demande comment nous pouvons concevoir que l’aétion d’aucunes vapeurs fou-terreines foit capable de produire fi brufquement un tel effet ? Comment fe peut-il que tout le pays de l’Afie mineure n'ait pas été détruit en même temps, fes montagnes renverfées, . fes fontaines & fes lources détournées & ruinées pour touiours, & le cours de fes rivières tout-à fait changé ? Au lieu que rien n’a fouffert que les villes. Il n’y eut aucune efpece d’altération dans la furface du pays, qui, en effet, eft encore le même de nos jours.
- Pour rendre encore moins probable cette hypothefe , que les vapeurs fouterreines, &rc. foient la caule des tremblements de terre , il obferve
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- t6o H I S T O I R ï que toute puiffance fouterreinc, fuf-nfante pour mouvoir une furface de terre de trente milles de diamètre, comme dans les tremblements de terre arrivés à Londres , doit être logée au moins à quinze ou vingt milles au-deffous de la furface de Ta terre ; & qu’ainfi elle doit mouvoir un cône renverfé de terre folide, dont la bafe eft de trente milles de diamètre , & l’axe de quinze ou vingt milles , effet qu'aucune puiffance naturelle, dit-il, ne peut jamais produire.
- Sur le même principe , la caufe fouterreine du tremblement de terre de l’Afie mineure, doit avoir remué un cône de terre dont la bafe a dû être de trois cents milles , & l’axe de deux cents milles ; ce que , dit-il, toute la poudre à canon qu’on a jamais faite depuis fon invention, n’au-roit pas été capable de remuer ; à plus forte raifon , aucunes vapeurs qu’on peut fuppofer s’engendrer fl loin au-deflbus de la furrace de la terre.
- Ce n’eft pas du moins par aucune explofion fouterreine qu’on peut ex-
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- Be l'Electricité. lêi pliquer pourquoi les vaifleaux qui le trouvent éloignés de tome terre, font affeélés durant un tremblement de terre ; il femble qu’ils vont heurter contre un rocher , ou que quelque chofe en frappe rudement le fond. Les poiflons même fe relfentent d’un tremblement de terre Cette commotion doit donc être caillée par quelque chofe qui communique le mouvement , avec une vîtelfe incomparablement plus grande qu’aucun fou-levement de la terre fous la mer, par l’élafticité des vapeurs qui s'y engendrent. Cette derniere" caufe ne pou-roit produire qu’un gonflement par-degré , & jamais ne donnerait aux eaux une impulfion allez forte pour les faire frapper comme ferait une pierre.
- En comparant , dit-il , toutes ces rirconflances , il a toujours penlè qu'un tremblement deterreétoit une commotion éieétrique de la même nature que celles qui nous font actuellement devenues familières dans les expériences d'cleétricifé. Et il a jugé que cette hypothefe étoit confirmée par les phénomènes qui précédent &ç
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- l6x H I S T O I R 1 accompagnent les tremblements de terre , fur-tout ceux qui ont été le fujet de cette publication.
- Le temps , pendant cinq ou fix mois avant le premier de ces tremblements , avoir été fec & chaud à un degré extraordinaire, le vent étant communément fud& fud-oueft , & cela fans pluie ; de forte que la terre devoit avoir été dans un état d’électricité propre à cette vibration particulière , en quoi confifte l’électrifa-tion. D’après ce récit, il obferve que les régions feptentrionales font bien moins fujettes aux tremblements de terre que les pays méridionaux , où la chaleur & la fécherefle de l’air, fi néceflaires à l'éleâricité , font fort communes. Avant le tremblement de terre du mois de Septembre, tout le pays plat du Comté de Lincoln , quoique fon fond foit un marécage aqueux , n’avait point été arrofé pendant tout l’Eté & l’Automne précédents, [ & comme il né le trouve point de fources naturelles dans un terrein fi uni, ] la fécherefle avoit été fi grande à la uirfiace de la terre, que les habitants étoient forcés de mener
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- de l’Electricité. 26$ boire leurs beftiaux à plufieurs milles de diftance. Cela fait voir, dit - il, combien la furface féche efl: favorable pour une vibration éleârique ; & prouve auffi, ce qui eft fort important, que les tremblements de terre n’atteignent que fort peu au-delfous de la furface de la terre.
- Auparavant le tremblement de terre de Londres, tous les végétaux avoient été extrêmement avancés. A la fin de Février , de cette année, toutes les fortes d’herbages de jardin , les fruits, les fleurs & les arbres étoient auffi avancés, qu’ils le font d’ordinaire au milieu d’Avril dans les autres années ; or on fait très-bien que 1’éleâricité accéléré la végétation.
- L’aurore boréale a été fort fréquente vers ce temps-là , il y en a eu deux immédiatement avant le tremblement de terre, & avec des couleurs qu’on n’y avoit jamais vues auparavant. Elles s’étoiçnt auffi écartées du côté du fud, coritre ce qui arrive communément-en Angleterre ; de forte que quelques Italiens, & des gens d’autres pays, où les tremble-
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- i6\ Histoire ments de terre font fort fréquents; ayant obfervé ces lumières, & la tem-pérature particulière de l'air , prédirent le tremblement de terre. (Quinze jours avant le tremblement de terre du mois de Septembre , le temps fut ferein , doux &c calme : & un loir il veut une aurore boréale d’un rouge foncé, qui couvrait la voûte du ciel, & étoit affreufe à voir.
- Toute l’année avoit été très remarquable par des boules de feu , des tonnerres, des éclairs & des corruf-cations, prefque par toute l’Angleterre. On apperçut plus d’une fois des boules de feu en Ir’ande & dans le pays de Lincoln, & on les obferva particuliérement. Ou juge avec rai-fon , dit le Doéïeur , que tous ces météores proviennent de l’état électrique de l’atmofphere.
- Dans de pareilles circonftances de l’état de la terre & de l’air , il ne manque plus rien , dit-il, pour produire l’effet lurprenant d’un tremblement de terre, que la rencontre de quelque corps non-éleârique ; qui doit venir ncceffairement de la région de l’air ou de l’atmofphere. D’oû il
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- DE l'ElECTRICITÉ. 16J
- infère que fi un nuage nonréleârique décharge ce qu’il contient fur quelque partie de la terre, dans cet état de forte éle&ricité, il s'enfuivra né-celfairement un tremblement de terre. De même que la décharge d’un tube éleétrifé produit une commotion dans le corps humain ; de meme aufli la décharge de la matière électrique, provenant d’un circuit de plufieurs milles de terre folide, doit eau 1er né-ceifairement un tremblement de terre ; & l’éclat produit par le contaéfc, eft le bruit horrible qui l’accompagne.
- Ceux qui étoient dehors la nuit précédente , ou le jour même de grand matin, ont appris au Docteur que l’on avoit vu dans l’air des cor-rufeations extrêmement fréquentes & qu’un peu avant la fecoufle, il fe répandit Subitement dans l’atmofphe-re un gros nuage noir, qui fans doute occafionna la commotion eu lailfant tomber une forte ondée. Le Doéteur Childrey obferve , dit - il, que les tremblements de terre font toujours précédés de pluie-& d’ondées fortes & fubites, dans des temps de grande fécherefle.
- Tome II.
- M
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- 166 H I $ TO I R E
- On entendit un fon qui parut s’étendre depuis laTamife jufqn'à Temple-bar , avant que les maifons cef-faffent de remuer , précifément de même que le bruit éleâriquc précédé le choc. Ce bruit , dit un Obferva-teur, fut plus grand qu’aucun de ceux qu’il eût jamais entendu. D’autres, qui ont écrit fur les tremblementsde terre, obfervent que le bruit précédé ordinairement la fecoufle ; au lieu que tout le contraire -auroit dû arriver, fi la commotion eûtétécaufée par une éruption fouterreine. Le Docteur jugea que ce bruit qui accompagne les tremblements de terre , ne pouvôit pas s’expliquer autrement que par les principes de l’éleélricité. Le tremblement de terre du mois de Septembre fut accompagné d’un bruit
- Œté , comme fi les maifons s’é-ient ; & les peuples furent, en certains endroits, fi univerfellement effrayés, qu’ils fortirent des maifons, comptant que la leur & celles de leurs voifins alloient s’écrouler fur leurs têtes. Dans quelques villages oü l’on fe trouvoit alors au Service Divin , les habitants furent fort allarmés d»
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- be i’Electri cité. î6j bruit , qui , .dirent-ils , étoit incomparablement plus violent que celui d'aucun tonnerre qu’ils enflent jamais entendu.
- Les flammes & les odeurs fulfu-reufes que l’on oblerve quelquefois durant les tremblements de terre, font , à -ce que penfe le Docteur, beaucoup plus faciles à expliquer en les regardant comme des phénomènes éleûriques , qu’en fuppolànt quelles font occafionnées par quelque éruption venant des entrailles de la terre.
- L’impreflion que fait un tremblement de terre fur la terre & fur l’eau aux plus grandes diftances , eft inf-tantanée, comme nous l’avons déjà obfervé ; ce qui ne peut être effectué que par l’électricité. Dans le tremblement de terre du mois de Septembre , la commotion fe fit fentir dans unefpace de cent milles en longueur & quarante en largeur, &c cela dans le même inftant, autant qu’on a pu en juger. Que ce trajet de terrein qui montoit à quatre milles milles, quarrésen furface , ait été mis dans une telle agitation en un moment ; c’eft un tel prodige , dit le Docteur ,
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- 168 Histoire que nous ne pourrions jamais le croire ni le concevoir, fi nous ne favions pas que c’eft un fait [arrivé fous nos yeux. Mais fi on en cherche la folu-tion , on ne fauroit penfer qu’aucune puiflance naturelle foit capable d’un tel effort, fi ce n’eft celle de réledri-cité , qui ne demande point de fuc-ceflîon de temps & qui n’a point de bornes.
- Le peu de dommage que font communément les tremblements de terre eft, fuivant le fentiment du Docteur , une preuve qu’ils font occa-fionnés par une fimple vibration ou un mouvement de tremouffement de la furface de la terre , caufé pàr un choc éleârique. Cette vibration, dit-il , imprimée à l’eau , rencontrant les fonds folides des vaiflèaux & des allégés , occafionnent ce choc que l’on prétend qu’ils reffentent. Cependant de plufieurs milliers de maifons par-demis lefquelles il paffa , aucune ne fut abattue : cette confidération indique fuffifamment d’où provenoit ce mouvement. Ce n’étoit pas une convulfion dans les entrailles de la terre , mais une vibration uniforme
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- DE l’EiECTRICITÉ. l6ç>
- le long de fa furface , femblable à celle d'une corde d’inftrument , ou à celle dans laquelle on met un verre à boire , en en frottant légèrement le bord avec le doigt ; vibration qui étant portée à un certain point , romproit cependant le verre ; fans doute , ajoute-t-il, par la répulfion éleftrique de fes parties.
- Ce qui prouve encore évidemment que les tremblements de terre font des phénomènes éleéfriques , c’eft qu’ils affe&ent principalement la côte de la mer , les lieux voiflns des rivières , & on peut ajouter , les lieux élevés. Le tremblement de terre du mois de Septembre, s’étendit principalement du nord au fud ; ce qui eft, dit le Doéteur , la direction de la riviere Spalding , par où il fut conduit au bord de la mer , où rl fe fit fentir principalement ; de - là il fuivit le canal de Bofton , & remonta le long du fleuve Bofton jufqu’à Lincoln. La plus grande partie de ce tremblement de terre fe fit fentir le long & entre les deux rivières de Welland &
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- d’Avon ; & cela depuis leurs four-ces , juiqu’à leurs embouchures. II atteignit pareillement la rivière Wit-ham , qui dirigea aufli le courant éleârique de ce côté-là vers Lincoln ; c’eft pour cette raifon-qu’en en rencontrant un pareil qui venoic de Bofton , il fe fit fentir très-fortement à cet endroit. Il gagna encore juf-qu’au Trent à Nottingham , qui le eonduifit à Newark.
- Le premier choc éleârique dans ce tremblement de terre a été fait, à ce que croit le Doâeur, fur le ter-rein élevé aux environs de Daven-try, dans le pays de Northampton. De là il defeendit principalement à l’eft & le long de la riviere de Wel-land , de Harborough à Stamford, Spalding & à la mer ; & le long de la riviere Avon & du Nen à Northampton , Peterborough , Wisbick & la mer. If s’étendit de lui-même fur la vafte plaine de l’ifle d’Ely , provoqué par un grand nombre de canaux naturels &r artificiels pratiqués! pour faigner le pays. Il fut encore conduit à l’eft le long de la ri-
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- viere-de Mildenhall dans le pays de Suffi)ik , à Bury & aux cantons àdr jaccnts. Toutes ces circonltances bien confédérées , furent pour le Doâeur une confirmation de la dodrine qu’il avoit avancée fitr ce fujet.
- Enfin , le Dodeur ajoute comme une nouvelle preuve en faveur de fon hypothefe , que bien des gens d’une conftitution foible reffentirent pendant un ou deux jours après le tremblement de terre , des douleurs de dos , de matrice & de nerfs ; précifément comme ils auraient fait après avoir été éledrifés ; & que ces maladies furent fatales à quelques perlbnnes.
- De quelle maniéré la terre &r l'at-mofpherefont-elles mifes dans cet état d éledricité & de vibration , qui les prépare à donner ou recevoir cette fécondé , que nous appelions un tremblement de terre , & d’où vient cette matière î Ceft ce que le Docteur ne prétend pas décider ; car il penfe que cela eft auffi difficile a expliquer , que le magnétifme, la gravitation , le mouvement mufculaitc,
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- i7i Histoire & beaucoup d’autres fecrets de la nature (a). •
- J’ajouterai à ces obfervations importantes du Doétcur Stukeley, quelques circonftances qui ont été obfer-vées par le Doéleur Haies , dans le tremblement de terre de Londres, le 8 Mars 1749 , comme tendante à confirmer que c’eft l’effet de l'éleâri-cité : quoique le Doâeur, qui les a rapportées, pensât que les apparences éledriques n’étoient elles-mêmes occafionnées que par la grande agitation qu’avoit procuré au fluide éleâriquc le choc d’uné aufll grande maffe de terre.
- Dans le temps du tremblement de terre, fur les.cinq heures quarante mi-nutes du matin , le Doéteur étant éveillé dans fon lit au rez-de-chauf-fée , dans une maifon proche de l’E-glife de Saint-Martin in The-fields ; il fentit fon lit chanceler, & entendit un bruit fourd dans la maifon
- («) Philof. Tranfaâ. Abridged. vol. 10 , pag. ji<5, fjj, 541 & yji.
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- de t’Electric t.t£. 173 qui finit par une forte explofion dans , l’air , femblable à celle d’un petit car non. Toute la durée depuis le commencement jufqu’à la fin , lui parut être d’environ quatre fécondés.
- Le DoCteur conjectura que ce grand bruit venoit de l’élancement ou expanfion fubit du fluide éleCtri-que au fommet de la flèche de Saint-Martin , où toutes les émanations électriques quimontoient le long du gros mur de la tour, étant fortement condenfées & accélérées à la pointe de la girouette, firent, en s’élançant au-dehors une explofion très-confidé-rable.
- Le DoCteur dit de plus, que les fol-dats qui étoient en fentinelle dans le Parc de Saint-James, & d’autresper-fonnes qui s’y trouvèrent, virent un nuage noirâtre, & un éclair confidé-rable précilement avant que le tremblement de terre commençât (a).
- Mes Leéteurs qui ont vu jufqu’à
- (<0 Philof. TranfaCt. Abriged. vol. 10 f pag. H0-331. v
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- 174 H i s t o i ». i quel degré d’étendue le. Pere Beccaria a déjà porté les principes d’électricité , ne douteront pas qu’il a regardé les tremblements de terre, comme produits par cette caufe. En effet , fans avoir aucune con-noiffance de ce qu’avoit fait le Dofteur Stukeley , il fuppüfa que c’écoient des phénomènes éledriques ; mais contre l’opinion du Doéteur , il imagina que la matière éledrique qui les occafionnoit étoit logée fort avant dans les entrailles de la terre , conformément à fon hypothefe fur l’origine du tonnerre.
- Il eft certain que fi l’on admet l’explication que le Pere Beccaria a donnée des nuages orageux , il ne fera pas bien difficile d’admettre auffi que les tremblements de terre doivent être placés au nombre des effets de l'électricité. Car fi la matière éleétrique peut , par quelque moyen , perdre l’équilibre dans les entrailles de la terre, de forte que la meilleure façon de le rétablir , foit que ce fluide’ fe force un pa(Tage dans l’air & traverfe plufieurs milles de l’atmofphere, pour
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- DE i’ElECT R ICI TÉ, 47f
- arriver au lieu où il en manque , on peut ailément imaginer que le paf-Fage fubic de ce puilfant agent caule à la terre des fecoufles violentes. Plu-lieurs circonftancesqui accompagnent les tremblements de terre , lui ont paru rendre cette hypothefe très-pro bable.
- On fait que les volcans ont des liaifons très-intimes avec les tremblements de terre, & on a vu fréquemment des traits de lumière exactement femblables à des éclair? s’élancer du mont Véfuve, dans le temps que des cendres & autres matières légères en ont été emportées dans l’air, & difp*erfées uniformément fur une grande étendue de pays. 11 en rapporte un grand nombres d’exemples d’après les meilleures autorités (a).
- On entend communément pendant un tremblement de terre un bruit fourd*, comme celui du tonnerre. On a vu auffi dans ces temps là des éclats
- (a) Letttts deil’ Elettricifmo, pag. në,
- }6i.
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- i."]6 Histoiri de lumière fortir du terrein , & s'élancer dans l’air. De vrais éclairs ont quelquefois occadonnc de petites fe-couffes de la terre , ou du moins en ont été accompagnés. Mais la plus forte reflemblance qu’il ait obfervée, eft la même fur laquelle le Doéleur Stukeley fait un fi grand fond, fa-voir la vîtefle furprenante avec laquelle la terre eft lècouée dans fes tremblements. Un tremblement de terre , dit - il, n’eft point un fouleve-ment graduel , tel qu’on pourrait l’attendre s’il partoit d’autres caufes , mais une commotion inftantanée ; de forte que la fluidité de l’eau ne la nict point à l’abri de la fecouffe. Les vaifleaux même , qui fe trouvent à pluficurs lieues de la côte, éprouvent un choc, comme s’ils frappoient contre un rocher.
- Cet admirable Phyficien ayant imité tous les grands pnénomenes de lcleétricité naturelle dans fon propre appartement, ne voulut pas que le tremblement de terre lui échappât. 11 dit, que fi on tient dans fa main deux morceaux de verre qui renferment
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- di i’Eiectricité. 177 une piece de métal bien mince , tandis qu’on fait pafler au travers une décharge éledriquc , on lèntira une forte vibration ou une commotion', qui quelquefois fuffit pour les mettre en pièces, comme dans les expériences du Dodeur Franklin.
- Le Pere Beccaria penfe qu’il y a des traces de phénomènes éledriques dans le tremblement de terre , qui arriva lorfque Julien entreprit de rebâtir le temple de Jérufalem (a).
- Que le fluide éledrique foit quelquefois raflemblé dans les entrailles de la terre , c’eft ce qu’il a jugé très-probable , par l’apparence des feux follets, qu’on voit quelquefois dans les mines, & qui font probablement un phénome éledrique (b).
- Je ne prétends pas décider lequel de ces deux Phyficicns a avancé l’opinion la plus probable fur le lîege de la matière eledrique , qui occa-
- (a) Lettere dell’ Elettricifmo, pag. 3éî* (4) Elettricifmo attificiale e-naturale ,
- pag. «3-
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- a7$ Histoire lionne les tremblements de terre. Je me contenterai d'obferver que peut-être parviendroit-on à former de ces deux hypothefes , une troifieme générale & plus probable qu'aucune des deux. Suppofé que la matière éleétrique, de façon ou d’autre, foit accumulée fur une partie de la fur-face de la terre , & qu'à caufe de la fécherefle de la faifon, elle ne fe répande pas facilement ; elle pourra, comme le fuppofe le Pere Beccaria, fc forcer un paflagedans les plus hautes régions ae l’air , former des nuages en paflant au travers des vapeurs qui flottent dans ratmofphere , & occafionner une pluie fubite qui facilitera encore plus le paffage du fluide. JToute la furface ainfi déchargée recevra une commotion , comme feroit toute autre fubftance conductrice, en relâchant ou en recevant une certaine quantité du fluide éleétrique. Ce fluide , en s’élançant, balayera pareillement toute l’étendue du pays. Et dans cette fuppofition , le fluide dans fa fortie fuivra naturellement le cours des rivières, 8c profitera de
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- DE l'pLECTRICITÉ. 279
- toutes les éminences, pour fe faciliter le moyen de monter dans les plus hautes régions de l’air.
- Je terminerai cette théorie du tonnerre & des autres phénomènes de l’atmofphere , par une énumération des principaux phénomènes d’éle&ri-cité naturelle que les Anciens ont obfervé, & dont on a toujours ignoré la caufe avant la. découverte du Docteur Franklin. Il me fera d’autant plus ailé de le faire, que je les trouve déjà raflemblées par le Doéteur Watfon (a).
- Plutarque fait mention , dans fa vie de Lyfandre , d’une apparence lumineufe qui doit avoir été d’une nature éleétrique. Il l’a confidérée comme .un météore.
- Pline , dans Ion fécond livre de l’Hiftoire Naturelle , appelle ces apparences Etoiles ; &C nous dit qu’elles s’arrêtoient non-feulement fur les mâts & autres parties des vaifleaux,
- ( .) Philof. Tranfaft. vol. 48 , part. 1, pag. 210.
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- 180 Histoire mais encore fur la tête des hommes. Exfiftunt, dit cet Hiftorien, Stellæ & in mari tcrrifquc. Vidi noBarnts mili-tum vigiliis in ha reri pilis pro vallo ful-gortm effigie eâ : & amenais navigan-tium , aliifque navium partibus , ceu vo-caLi quodam fono infiflunt, ut volucres, fedem ex fedt mutantes. Gemince auttm falutares & profpcri curfus pranuncia ; quarum adventu , fugari diram illam ac minacem appellatamque Helenam ferunt. Et ob id Polluci & Cafiori id numtn af-Jignant, eofque in mari deos invocant. Hominum quoque capiti vefperlinis horis ma g no prœfagio circumfulgent. Mais , ajoute-t-il, ces chofes font incerta rations & in naturx majejlate abditâ.
- «Les Etoiles paroiifent tant fur »> terre que fur mer. J’ai vu une lu-» miere fous cette forme fur les pi-» ques des foldats qui étoient en fac-»tion la nuit fur les remparts. On en » a vu aufli fur les vergues & autres » parties des vaifleaux, qui rendoient » un fon intelligible & changeoient » fouvent de place. Deux de ces lu-» mieres prédifoient un bon temps & » un heureux voyage , & en chaf-
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- de l’EiectricitI. î8i » foient une autre qui paroifloit feule » & qui avoit un afpeét menaçant. » Les marins appellent celle-ci* He-» lede -, mais iis nomment les deux » autres Caftor & Pollux, & les in-» voquent comme des dieux. Ces lu-)> mieres fe pofent quelquefois vers » le foir fur la tête des hommes , & » font d’un bon & favorable préfa->• ge. Mais ces chofcs font au nombre » des myfteres refpeâables de la na-» ture. >
- Séneque dans lés Queftions Naturelle? , chap. I , parle des mêmes phénomènes. Gylippo Syracufas petenti vifa efiJlella fupra ipfam tancem conjli-tijfe. In Romanorum caftris vifa funt ardere pila , ignibus fcilictt in illis de-lapfis.
- » Une étoile fe pofa fur la lance de » Gylippe comme il alloit à Syracu-» fe : & on a vu des piques qui pa-.. roifl'oient être en feu dans le camp » des Romains. «
- Dans Céfar , De Bello Africano, cap. 6, edit. Amflel. 1686, nous trouvons que ces feux accompagnoient une violente tempête. Per id tcmpus
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- i8i Histoirs
- fin Cafaris exercitui ns accidit incredi-btlïs aui'uu, rtempe vigiltarum fignn con-fi3a , circitv vigilia fecunda no8is , nimbus cum faxea grandint fubito cfl coortus ingens. Eadcm noch. legionis y pilorum cacumina fua jpoi.tt arfcrune.
- » Vers ce temps- là parut dans l'ar-» mée de Ccfar un phénomène extra-» ordinaire. Au mois de Février, vers » la fécondé veille de la nuit, il s’é-» leva fubitement un nuage épais » fuivi d’une pluie de pierres ; & la « même nuit, les pointes des piques » de la cinquième légion parurent » s’enflammer. «
- Tite-Live, chap. 3 2, fait mention de deux faits femblables. In Sicilia mililibus aliquol fpicula , in Sardinia muro circumeunti vigilias tqiiitï, Scipio-mm , quern in manu tenuerat, arjîjjt ; & lit tara crebris ignibusfdlfijfe.
- « Les piques de quelques foldats en » Sicile , & une canne que portoit à » fa main un cavalier, en Sardaigne, « parurent être en feu. Les côtes fu* » rent auffi lumineufes & brilloient » de feux fréquents. <•
- Les François & les Efpagnols qui
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- de l'Electricité. 18} habitent le long des côtes de la Méditerranée , appellent ces phénomènes le feu faint Helme ou faint Elme s les Italiens le feu de faint Pierre & faint Nicolas ; & les Ecrivains de Voyages en ont fait fou vent mention.
- Si l’on doit s’en rapporter , dit le Doéteur, à quelques relations nouvellement venues de France, on a obfcrvé ce phénomène de temps immémorial à Plauzet, & M. Binon , Curé du lieu , dit , que pendant vingt fept ans qu’il y a réfide , dans de grandes tempêtes , accompagnées de nuages noirs & d’éclairs fréquents , les trois pointes de la croix du clocher paroilfoient environnées d’un corps de flamme ; que quand on avoit vu ce phénomène, la tempête n'étoit plus à craindre, & que le temps calme revenoit aufli-tôt après.
- L’Hiftoire Moderne fournie un grand nombre d’exemples de flammes qui paroilfoient à l’extrémité des corps métalliques pointus qui avancent dans l’air. On y a fait peu d’at-
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- 184 Histoire tention , tant que la caufe en a été inconnue ; mais depuis que l'on a découvert leur grande affinité avec le tonnerre , on y a fait plus d’attention & on les a recueillis.
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- AVERTISSEMENT
- DE L’ÉDITEUR.
- L A plus grande partie de cette Sedion a été employée à faire voir l3analogie qu’il y a entre le Tonnerre & l’Éledncité : analogie bien prouvée par un grand nombre de faits très-concluants. Mais on n’y a pas dit un mot d’un excellent Mémoire de M. l’Abbé Nol-let, dans lequel il a comparé tous les effets produits par le Tonnerre, à ceux que nous pouvons produire par l’Éledncité artificielle ; & ou il prouve d’une maniéré bien plus fuivie l’identité de la caufe des uns & des autres. Ce Mémoire efi con-figné dans le volume de l’Académie Royale des Sciences de Taris, pour l’année 1764. , pag. 40 8 & Cuiv. & a pour titre : Mémoire
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- fur les effets du Tonnerre comparés à ceux de l’Eleélricité, avec quelques confidérations fur les moyens de fe garantir des premiers. Par M. F Abbé Nollet.
- Si les Mémoires de. V Académie étoient entre les mains du plus grand nombre , je me contenterons d'y renvoyer le Lecteur : mais comme il n’y a que fort peu de gens qui aient pu fe procurer cette nombreufe colleSion ,je crois faire plaifir aux Amateurs de l’Electricité , de les mettre à portée de lire ici ce Mémoire en entier. Car je penfe qu’un extrait n’auroit pas rempli les vues que je me propole ; puifqu’il aurait altéré la force d’un Mémoire qui ne contient rie« de trop.
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- DE i/ElECTRICITÉ. 187
- «-—-agit—
- MÉMOIRE
- Sur les effets du Tonnerre comparés à ceux de VElectricité ; avec quelques confidérations fur les moyens de fe garantir des premiers *.
- Par M. l’Abbe Noiiet.
- Première Partie.
- N o u s Pommes maintenant auto-rifés à croire que le Tonnerre cft une Electricité qui s'excite naturellement,
- * Comme parmi les Notes qui ont rapport a ce Mémoire, il y en a quelques-unes, qui font un peu longues, on a renvoyé à la fin celles qui n’ont pas pu trouver place au bas des pages qui contiennent le texte ; on les a dé-fignées par les chiffres [1], [a] » [î] » M > &c* les autres le font par les lettres (a), (£) , (0 »
- M), &c.
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- & qui régné en certain temps dans une partie de l'atmofphere terreftre ; nos conjectures fur ce fujet ont été pour ainfi dire, converties en certitude par la fameufe expérience de Marly-la-ville , répétée & vérifiée depuis douze ans par-tout où il s’eft trouvé des Phyficiens ou feulement des amateurs de la Phvfique. Nous aurions joui bien plutôt de cette con-noiflfance , fi nous euffions fu que dans un village de l’Etat Vénitien (i) les gens du lieu , depuis plufieurs fie-cles, font dans l’ufage de prévoir les tempêtes mêlées de tonnerre , par l’inipeétion d’une vieille pique dref-fée fur le haut d’un baftion , & dont le fer étincelle & fait voir à fa pointe une petite gerbe lumineufe quelque temps avant que l’orage éclate ; car c’eft-là précilement ce qu’on cher-choit à voir lorfqu’on dreffii en l’air les premières pointes de fer fous les nuages orageux. Combien de phénomènes curieux & intéreflants demeurent enfévelis dans l’obfcurité &com-mc perdus pour ceux qui étudient la Nature , parce qu’ils ne font appêr-çus que par des gens incapables d’en fentir
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- DE i’Ei/eCT R ICI Ti. itf fentir les couféqûences ? au refte, ces bons villageois, à qui celui-ci s’elt montré , eii ont tiré parti pour leur sûreté : nous pourrions bien enchérir fur eux , en déduifam du fait quelques êclairciflements liir la nature du tonnerre ; mais nos fpéculations ië-ront-elles aulli direëlement utiles que l'application toute Ample qu'ils en ont lu faire ?
- Je ne me flatte point de favoir Comment une nuée seledrilç , -ni d’-où lui vient ce feu immenfe dont elle parole chargée , ce feu qui enflamme \ pour ainii dire, l’efpace qui cil entr’ellè & nous, qui fair retentir l’air d’une maniéré effroyable, &r qui caufe tant de défaftres fur la terre : je n’ai fur cela que des foupçons que j’ofe à peine énoncer. Comme la vertu éleârique vient originairement de certains corps que nous frottons, & que l’air paroît avoir quelque chofe de commun avec les corps éleétrifa-bles par frottement , j’imagine que dans les temps dorage , où il eftaflèz ordinaire de voir les vents , ainlï que les nuages , aller en fens contraire les uns des autres, une grande Tom. II. N
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- partie de l’atmofphere gliiEmt far l’autre , l’airs eledrifê eu ,fe frottant contre lui-même 6n contre les objets terreftres qu’il touche en pàffant, & qu’il communique fon çlçdricité à la nuée dont il eft chargé : que fais-je encore fi les exhalaifons inflam-, mables qui s’élèvent & s’amaflent dans la même région , ou que les vents y accumulent, ne concourent point à cet effet, foit par le feu électrique qu’elles portent avec elles, foit en faifant avec les vapeurs aqueufes un fluide mixte , plus fufceptible d’une grande éledrifadon î mais fuyons fobres fur de pareilles con-jedures, jufqu’à ce que le temps & les obfervations nous éclairent & nous procurent de quoi les appuyer.
- La nuée, de quelque maniéré que ce foit, devient en certains temps un. grand corps éledrifé ; tant qu’elle eft. en cet état , elle eft à l’égard des objets terreftres qui font à fa portée, cequ’eftun condudeur de grand volume par rapport aux corps éfedri-fables qu’on lui préfente j quand ceux-ci lont ifplés, elle les éledrife par communication , & ils en don-
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- DE t'E LECTRÏC I T É. Î$I
- nent des marques pendant un certain temps ; cela eft prouvé par l’expérience.
- J'ajoute que fi les objets terreftres ne font point ifolés fous la nuée électrique ils font expolès à fouffrir de fa part des percuflîons violentes, des commotions générales , des inflammations , des deftrudions , & pour le dire en un mot, tout ce que nous Voyons arriver à des conducteurs non-jfolés , que l’on tient à une certaine proximité de ceux qui font fufpen-dus comme il convient & fortement éleétrifés avec le globe de verre ; & ayant égard à la grandeur de la cau-fe , on doit s’attendre que tous ces effets, fans changer d’efpece , feront toujours prodigieux en comparaifon de ceux que nos foibles inftruments nous mettent fous les yeux.
- L’objet de mon Mémoire étant de prouver cela par des exemples , je crois ne devoir mettre en parallèle avec les phénomènes éleétriqües, que ce que l’on fait de plus sûr & de plus confiant touchant les effets dii tonnerre : je me difpenferài donc de rendre raifon de ces fauflcs merveit- N ii
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- lç,l H I S T O I R 8
- les, qui n’ont pour garants que des
- oui-d /e , & que le peuple, ou des
- perfonnes auffi crédules que lui , fe
- plaifent à tranfmetcre de fiecle en
- lîecle.
- Je n'effïyerai point, par exemple, d’expliquer pourquoi la foudre ab-forbe fubitement tout le vin renfermé dans un tonneau fans qu’on puiflTe voir enfuite par où il s’eft diffipé ; d’où vient que le vin , frappé du tonnerre , fe gele dans le même inftant, demeure trois jours dans l’état de glace , & empoifonne ou rend fous ceux qui en boivent quand il a repris fa liquidité : je ne chercherai pas non plus à dire par quelle raifon le> cadavres des gens foudroyés font plutôt que d’autres attaqués des vers ou ne le font jamais ; par quel privilège, de tous les arbres plantés de mains d’hommes * il n’y a que le laurier qui ne foit pas fujet aux coups de tonnerre ; pourquoi la foudre ne tombe jamais fur les gens qui font au lit ; comment des hommes réduits en cendres par le tonnerre , confervent, ainfi que leurs habits, l’attitude, la forme, la couleur & l’enfemble de
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- DE L'ElECTRICiTl. IC)J
- leurs* membres jufqu’à ce qu’on les touché.
- Je déclare que je ne tiens aucun compte de tous ces prodiges imaginaires : fi j’en fais mention, ceft leu-lement pour avertir que Séneque, Plutarque , Pline & plufieurs autres Auteurs, dans les écrits delquels on les a conlignés, pour la plupart [z] ne les ont pas donnés comme des faits qu’ils euflent o fervés, mais comme des lingularités qui avoient cours dans un temps où la Phyfique& l’Hiftoire naturelle étoient encore prefqu’au berceau.
- Ce qu’une nuée d’orage nous offre de plus apparent & de plus commun, ce (ont ces feux qui nous nommons éclairs, qui en fortent par des éruptions momentanées, qui illuminent vivement & pour un inftant une grande partie de l’atmofphere , & après lesquels on ne manque guère d’entendre un bruit d’une certaine durée & qui retentit d’autant plus , qu’il a Suivi de plus prés le coup de lumière qui l'a annoncé.
- En confidérant la nuée comme un conduéteur iSolé & chargé de feu N iij
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- ip4 H i s ï o i r s éleétrique (a), je pente que les éclairs font de la même nature que ces aigrettes iumineufes que l’on voit ordinairement aux pointes de nos barres de fer éleélrifées, & que les uns comme les autres , font des portions de matière électrique qui s’élancent au-dehors, à mefurc que la caufe élec-trifanre furcharge le conducteur.
- On m’objeétera, fans doute , que les aigrettes brillent fans interruption, & prefqu’en filence ; au lieu que les éclairs ne font que des corps de lumière, & qui annoncent prefque toujours un grand bruit : mais ayons égard à la fluidité du corps d’où for-tent ces derniers feux, à fon volume, à fa figure , Sç nous verrons que la difparité tient plus aux circonftarices, qu’à la nature des obiets comparés.
- En effet , quand le feu électrique
- (a) Quand je dis un condu&eur chargé de feu éieft rique . c’eft pour me fervir de l’exprcf-fion qui eft paflee en ufage * car au fond , je ne penfe point que l’éle&rifation condenfe oïl accumule le feu éleétrique dans un conducteur , mais feulement qu’elle l’y anime & augmente fon activité par degrés.
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- PB l’ElECTKICItÉ. ' ij}
- lè meut dans g ne barre de fer , il coule d’un bout à l’autre, en profitant de là porofité du métal, & fans en déplacer les parties, parce qu’elles lui oppofent une trop, grande cohérence j arrivé aux extrémités qui (ont ordinairement anguleufes ou pointues, ü y réunit (es forces pour pénétrer dans l'air ambiant , il s’épanche fans interruption parce qu’il débouche par une très-petite iffne , & il ne caufe qu’un léger bruiffement, parce que l’air qui lui réfifte l’oblige dé fe diviferen une infinité de petits rayons divergents qui n’ont pas la force de produire un autre effet.
- Ce doit être tout autre chofe lorf-qu’une plus grande quantité de ce même feu animée par une caufe infiniment plus puiffante que nos globes & nos tubes de verre, fait effort pour fortir d’un nuage condenfé par l’action des vents s il parcourt en plu-fieurs fens le vafte fluide qui le renferme en le faifant bouillonner (ê),&
- (b) Par bouillonnement, je n*entends autre chofe ici que-le bruit qu’excite un fluide [ froid
- N iv
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- ic)6 Histoire -comme il n’y trouve ni angles , &\ pointes qui facilitent fon écoulement, il n’en peut fortir que par intervalles , & quand il devient allez fort pour rompre fon enveloppe : alors fon éruption eil d’autant plu* grande , qu’elle a cté plus retardée ; l’air en eft violemment frappé, ainft que le corps de la lumière fc qui remplit fes vui-des : de - là viennent & l’éclat qui nous éblouit , & le bniic qui nous effraye ; celui-ci arrivèrent avant l’autre , li la propagation des fous fe fai-foit avec autant de vîteffe que celle de la lumière.
- ou chaud ] en paffant avec impétuolîré au travers d’un autre fluide, comme, par exemple’, li on fouffloit de l’air à travers une malîe d’eau, ou bien comme il arrive à une liqueur que l’on tient fur le feu , lorfque des bouffées de vapeur dilatée la traverfent fuccefîîvement du fond à la furface & font retentir fourdement le varlfeauqui la contient.
- (c) J’appelle le corps de la lumière ce fluide fubtil qui remplit la porolité de l’air dans lequel nous fommes plongés , & dont l’aétion , animée par les antres corps lumineux, produit ce que nous appelions clarté , & nous fait voir les objets qui font hors de nous & à des distances convenables.
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- DE i’EleCTRICITÉ. Î97 Ce qui me taie croire que leclair d'orage (d) ne différé que du plus au moins de nos aigrettes éledriques ; c’eft que ces deux feux fe reffcmblent davantage , quand je fais choix d’un condudcur qui imite un peu mieux le volume & la figure de la nuée, au lieu d’une barre de fer mince , angu-leufe & aiguë par le bout ; fi par un temps favorable & avec un bon globe de verre , j’en éleétrilfe une ' ait
- beaucoup plus de malle , qui loit arrondie , bien unie dans toute fa longueur & terminée par une pointe fort moufle ; ce n’eft plus une aigrette continue que je vois briller fans bruit à cette derniere partie : ce font des feux plus ferrés , plus éclatants en lumière , que je vois s’élancer de temps en temps avec impétuofité dans l’air, & j’entends à chaque éruption un bruit affez fémblable à celui d’une
- (ii) Il ne faut pas confondre les éclairs qui fortent d'une nuée orageufe avec ces corps de lumière qui illuminent une grande partie de l’horizon , dans certaines nuits d'été , fans que le ciel foit nébuleux 8c fans que le tonnerre fe faite entendre.
- N V
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- '19Ï Histoire greffe flamme qui s’allume fubite-ment. Ne peut-on pas conclure de-là, que s’il étoit poflible dÜleétrifer aflez fortement des corps, qui différaffent encore moins d’une nuée, tant par la grandeur que par la figure , &c. on feroit croître à proportion la reflem-blance aue je crois voir entre les éclairs & les aigrettes luminenfés que lancent nos conducteurs éleélrifés.
- Le bruit du tonnerre qui a une certaine durée, n’eft donc autre cho-fe, à mon avis, que le bouillonnement excité dans la nuée , par un volume confidérable de feu électrique qui la traverfc impétueufement en cherchant une ifîiie. , Je n’exclus point les échos des montagnes , des édifices , des forêts , &c. que l’on fait entrer dans l’explication de ces longs roulements -, mais je penfe qu’ils n’en font pas-la caufe principale . & que fans eux la plupart des coups de tonnerre auroient une certaine durée avec des redoublements ; je penfe ainli , parce que par tout où l’on a coutume d’entendre le tonnerre rouler , il arrive quelquefois qu’il éclate par un feul coup, comme l’cxplofïon
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- du l* Electricité. 299 d'une rharge de poudre dans une armé à feu ; or il me femble que cela ne devroit arriver que dans les pays plats , & jamais dans ceux qui Font de nature à multiplier la détonation.
- Ces coups de tonnerre qui reflern-blent à celui d’un canon qu’on en-rend de près, & qui font allez rares, arrivent apparemment quand la portion de feu éledrique , qui doit former l'éclair , perce fubitement la nuée, avant que d’y avoir fait aucun trajet, loit qu’il ait reçu de la caufe qui l’anime un nouveau degré d’adi-vité, foit que la nuée plus foible dans l’endroit où il s’eft porté, ne lui rélifte point allez , pour l’obliger à chercher ailleurs une iflue.
- Il fuit encore de cette opinion, que la portion de feu qui fait l’éclair ferait la foudre même, fi elle arrivoit jufqu’à la furface de la terre ; mais heureufement c’eft le cas le plus rare , parce que le plus fouvent en for-t'ant de la nuée, elle prend une di-redion oblique; ou bien n’ayant point alfez de force pour percer la malle de l’air, elle fe diffipe dans le trajet :
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- jce Histoire ou bien enfin elle ne trouve point vis-à-vis d'elle, des objets qui provoquent fuffifamment fon éruption. Je m'arrête particulièrement à cette derniere conlidération.
- Tous ceux qui font au fait -de l’c-ledtriciré , favent très - bien que la préfence des corps non-ifolés, détermine la matière éleârique d’un con-duéteur ifolé à fe porter vers eux, & qu’il y a des fubftances plus propres que d’autres à produire cet effet ; que je préfentc ma main , par exemple , une pièce de métal, un morceau de bois abreuvé d’eau , &c. à la pointe ou à l’angle d’une barre de fer élec-trifée , je ne manque jamais d’y faire paroitre une ou plulîeurs aigrettes lumineufes, ou de faire augmenter fenfiblcment le volume & la fplen-deur de celles qui y étoient déjà ; leurs rayons naturellement épanouis & divergents fe plient pouf fe réunir fur ces corps que je préfénte, & le trait de feu qui réfulte de leur union, s’élance fou vent en ferpentant pour les atteindre dans l’endroit qui lui convient le mieux : tout cela, comme l’on fait, n’arrive point, lorfqu’on
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- ëe l*Electricité. 301 préfente au même conduâeur un bâton de cire d'Efpagne , un morceau de foufre ou de bois imbibé d’huile. Il y a plus ; fi c’eft une bague qui fe trouve à portée de ce trait de feu éleélrique , au lieu d’aller direéte-.ment à la pierre que l’on tient vis-à-vis de lui , il prend une voie détournée pour aller toucher le chaton, parce que ce chaton eft de métal.
- Nous voyons quelque chofe de femblable dans les coups de tonnerre : n’eft ce pas un accident très commun qu’un moiflonneur ou un homme qui voyage, foie tué par la foudre auprès d’un tas de gerbes ou à côté d’une meule de foin , qui le plus fou vent n’en reçoit aucun dommage î Eft-ce un cas rare que des chevaux en foient frappés de préférence à«la voiture qu’ils traînent ? Les temples, &r en général les édifices qui contiennent beaucoup de monde , dont les dedans font ornés d’une grande quantité de dorures , qui font couverts de plomb en tout ou en partie, & qui font furmontés degrofles pièces de fer , ne font-ils pas plus louvent foudroyés que les autres [ 3 ] î Les
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- ;oi Histoire flèches des clochers couvertes d’ardoi-fes, à hauteur égale , font plus fou-vent & plus rudement frappées du tonnerre que celles qui font bâties en pierres, à moins que dans celles-ci il n’y ait des liens de fer , ou que la pointe ne foit couronnée par quel-qu’ornement de métal d’une maife confidérable ; aux unes comme aux autres, il y a des cloches à la bafe, & la pointe eft terminée par une croix de fer ; mais dans les premières, ces deux parties de pur métal le répondent par une charpente chargée de, clous , & lujette à être mouillée , ce qui eft tout autrement fufceptible du feu électrique , qu’une pyramide creufe de pierres, qui met entre les métaux une diftance de foixante ou quatre-vingt pieds. On dit que les pins un- les montagnes, quoique plus ex-polës à la foudre , n’en font prefquc jamais frappés, tandis que les chênes en pays plat, comme dans les lieux hauts , le font fréquemment ; fi cela eft vrai , c'eft que le pin eft un arbre trés-réfineux, au lieu que le chêne fur pied n’eft qu’un bois verdou rempli d’humidité.
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- Dï l’EIECTR IC I T ï. 30}
- Il paraît donc que comme le feu électrique s’élance fur certaines mar tieres préférablement à d’autres, qui font aüffi près & même plus près qu’elles du conduéteur , de même tous les corps qui fe trouvent fous un nuage orageux, ne font point également fufceptibles de coups de tonnerre. C’eft apparement par cette raifon, que le trait fulminant qui part de la nuée , n’eft pas toujours dirigé dans une feule ligne droite, & qu’on le voitJbuvent décrire des zigzags, &c frapper de' côté l’objet qui détermine fa chute : on doit penfer que la maffe de l’air, chargée alors , plus qu’en tout autre temps, de vapeurs & d ex-halaifons inégalement répandues. lui caufe des déviations, en lui réfiftant plus d’un côté que de l’autre , & eue le corps même qui provoque (on éruption , peut avoir quelque partie plus faillante & plus piopre que les autres à le faire éclater.
- Mais ce n’eft point allez de dire comment le tonnerre peut frapper un objet de côté ou obliquement par rapport à l’horizon ; je me trouve engagé à rendre raifon des coups qu’il
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- } 04 Histoire
- lance de bas en haut : car c’oft un fait qu’il y en a de tels, il ont été obfer-vés par des gens capables d’en juger & dignes de foi [4]. J'en pourrais citer moi-même plufieurs exemples dont j’ai été témoin. De là vient que de plufieurs Auteurs de marque qui ont écrit fur l’origine de la foudre, les uns ont douté li elle fortoit d’en-haut ou d’en-bas ; les autres ont décidé nettement qu’elle partoit de la terre ou des objets qui font corps avec elle : feu M. Maffei a tellement enchéri fur ce dernier fentimenr , qu’il a entrepris de prouver que la foudre proprement dite , non-feulement vient des corps terreftres, mais qu’il n’eft pas poffible de croire qu’el-le defcende des nuages : non potirfi credere che d’a nuvolï vengan faettt («). Il eft vrai qu’après avoir prouvé di-reétement & d’une maniéré aflez dé-cifive , que dans les coups de tonnerre il arrive fouvent que le feu fe
- (e) D'ella formazione de' fulmini, trattato del fig. Marchefe Scipione Maffei, raccpleo de' varie fue Lettere : Lettera IV. Imprimé à Kiront tri 1747.
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- *E Î-’ElECÏ R I C I ïi. JOj porte de bas en haut, ii s’en tient à des preuves négatives & à des rai-fonnements qui me paroiflent bien foibles & peu concluants , pour établir que ce feu ne vient jamais & ne peut pas même venir d’en-haut.
- Dire, par exemple , que li la foudre tomboit de la nuée , parmi tant dé monde qui a les yeux tournes vers le ciel quand il tonne , il le trouverait quelqu’un qui l’eût apperçue, c’eft luppofèr que perfonne ne l'a jamais vu tomber ; mais c’eft fuppolër une choie qui n’eft pas : quantité de gens attelleraient qu’ils ont vu de ces traits de feu plus (érrés & plus vifs .que de (impies éclairs, percer la nuée .& l’air en (erpentant , ou par une chute dircéle, & brifer ou incendier ce qu’ils ont frappé. C’eft ainfi qu’ont été apperçus, par un grand nombre de témoins, les trois coups de foudre qui ont caufé tant de délaftre à l’abbaye de Notre-Dame de Ham en Picardie , la nuit du 15 au 16 Avril de l'année 1760. Je vis il y a fept ans un pareil feu tomber à un quart de-lieue de moi, fur une grange pleine de gerbes, & la flamme qui en fortit
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- ;o 6 Histoire peu d’inftants après, ne me lâiflà pas lieu de douter que ce que pavois vu ne fût la Foudre même.
- Dire que ceux qui fe font trouvés dans des édifices fermés, au moment que la foudre y éclatoit, ont vu des langues de flammes fortir des planchers à rez de-chauffée , tk conclure de la que la nuée orageule n’a eu nulle part à ces accidents : c’elt oublier que les émanations enflammées ou inflammables qui viennent ou d’en haut ou d’en-bas, peuvent paf-fer à travers les murailles , par les cheminées , par les fenêtres & par les portes fermées (/), & fuppofer fans fondement que ce feu qui fort de la terre n’a befoin du concours d’aucun autre pour fulminer (g).
- (/) Tranjic enim valide fulmen per fupra domorum , clamor uti ac voces , tranjit per /'axa per ara. Lucrec. lib. VI.
- (g) Je ne m'arrêterai pas davantage à combattre ici les arguments employés par M. Maf-fei, pour prouver que la foudre ne vient point d'en-haut ; ils ont été amplement réfutés dans un Ouvrage anonyme , imprimé à Vicenfe , en t748 , fous ce titre : Reffleffioai fopra gli argomenti addotti dal fig. MaPckefe Maffei a
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- »î L’EiïcTRieiTi. )o7
- Admettons donc , puifque cela eft fuffifaniment prouvé , que dans l’inf-tant même ou le coup de tonnerre éclatte , il fort de l’endroit oïl il doit frapper , une matière inflammable, quelquefois même toute enflammée ; mais croyons en même-temps qu'il arrive à ce même endroit un trait de feu qui defcend de la nuée , puif-qu’on l’apperçoit fouvent, & qu’on a tout lieu de le (uppofer quand on ne le voit pas : en effet, eft-il vrai-femblable que l’orage qui gronde au-deflus de nos édifices , ne contribue point aux coups de foudre qu’ils éprouvent, quand on conlidere que ces accidents n’ont prefque jamais lieu que (ous une nuée orageule, &c que leur défaftre eft toujours annoncé par un éclair plus vif que les autres , & accompagné d’un bruit qui retentit de plus près.
- Mais dans ce double feu qui forme la foudre, proprement dite, &c qui produit ce que le tonnerre nous
- favore delta fua nuova opinionc intorno for-maÿor.e de' fulminé.
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- jo8 Histoire montre de plus fingulier, de plus effrayant & de plus dangereux ; je re-connoiî le phénomène d’éleélricité le plus commun , le plus conftaté , &c en même temps le plus fécond en-merveilles : il eft également certain que le corps non-ifolé reçoit du con-duéleitr quon éleârile , un jet de matière inflammable, & qu’à celui - ci il en vient un pareil de la part du premier: ces deux courants de matière éleéfrique qui vont en fens contraires d’un corps à l’autre , fe choquent & s’enflamment mutuellement, quand ils ont acquis un certain degré de force, & de - là rcfultent des per-euffions & des contre-coups qui enfoncent , qui percent, qui déchirent, qui pülvérifent les corps les plus durs & les plus compares. qui frappent avec douleur, qui fecouent intérieurement & qui tuent les animaux, qui brûlent & qui diffipent les matières combuftibles. Tout le monde fait maintenant que les étincelles électriques en certain temps , & ménagées avec adrefle , font capables de tous ces effets dans lefquels il eft aifé de reconnoître ceux du tonnerre,
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- BB l’EiBCTRI.CIÏ t. ÎOÿ quoique par rapport à la grandeur, il y ait toujours une différence énorme des uns aux autres.
- Le feu du tonnerre , comme celui de leleâricité, ell; bien capable d’en-flammer ; mais il ne le fait pas toujours [ J j ; ces deux feux fe reffem-blent fi bien à cet égard, qu’on a vu maintefois 1 un & l’autre fondre du métal, & ne faire que déchirer ou noircir l’enveloppe de bois , de car-' ton ou de linge qui le eoncenoit. Un Coup de tonnerre a fouvent fait couler le plomb des vitres , fans brûler leurs chaflis ; on l’a vu fondre & dit fiper de gros fils de métal , & ne point endommager des cordes de chanvre qui leur fervoier t d alon-ges : nous avons vu de même 1'étin-ccile cleéhique fondrç ou broyer l'argent , le cuivre , &c. les faire entrer dans les pores du verre , Sc pcrlonne n’a pu , julqu’à préfent, lui faire allumer immédiatement de 1 amadou.
- Je vien? de dire que les deux courants de matière électrique qui vont en fens contraires, tant du conducteur au corps non-ilblé, que de celui-
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- ci au conduâeur , éclatent enfemblé par le choc qu’ils exercent & qu’ils éprouvent réciproquement : c’elt un fait que j’ai pris foin de prouver dans plufieurs de mes écrits , ainfi que celui qui en réfulte naturellement, je veux dire la répercuffion ou l'effort rétroaâif de l’un & de l’autre courant : cependant, comme ce phénomène eft un des plus propres à nous éclairer fur les principaux effets de la foudre , en nous montrant d’une maniéré aflez fenfible comment fon action fe déploie & fe multiplie fur le corps qu elle frappe ; j’ai cru qu’il étoit à propos d’en rapporter ici quelques nouvelles preuves.
- Je fais choix d’un conduéteur tranf-parent , au moins dans quelqu’une de fes parties ; je joints, par exemple aux deux bouts d’un œuf cru (fig. i, pt. A ) des tuyaux de fer-blanc de quelques pouces de longueur, & un
- ri évafés d'un côté fuivant la forme l’œuf, pour y être facilement attachés avec un peu de cire d’Efpagne eu autrement. J’adapte l’œuf par le moyen de l’un de fes tuyaux , au bout d’une tringle de fer qui doit fer-
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- de l’Electricité, jii vir de conduâeur , & je remplis l’autre avec un boulon de même métal arrondi par le bout qui le porte en avant, ayant loin que l’œuf touche immédiatement les deux fers entre lefquels il ell placé.
- Je prépare un autre œuf cru , avec UH feu 1 tuyau rempli d’un boulon femblahle au précédent , mais plus long & qui touche comme lui immédiatement la coque ( fig. 1 , pl. A ) ; dans cette expérience, je me fers d’œufs , parce que ce font des corps dans lefquels j'ai remarqué que la matière éleétrique exerce lés mouvements avec beaucoup de facilité, &: je les emploie crus parce qu’ils ont alors une forte de tranfparence qui fuffit pour me laifier voir ce qui le pafle au-dedans.
- Le conduâeur A B {fig, 5 ,pl.A), préparé comme je viens de le dire , étant fortement éleéfrifé dans un lieu, privé de lumière , fi j’approche doucement le fer C de l’œuf qui n’eft point ifolé , fi je l’approche , dis - je, du fer B qui tient a l’autre œuf, je vois le feu éleétrique fortir de l’un & de l’autre , & les deux courants
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- ?i» Histoire (è joindre dans l’efpace intermédiaire , comme il arrive quand on pré-fente fon doigt vers l’extrémité d’une barre de fer , ou au doigt d’une per-fonne ifotée qu’on éledrife ; mais fi j’approche davantage ce même fer, & jufqu’au point d’exciter des étincelles , chaque fois qu’elles éclatent ji les deux oeufs deviennent lumineux' dans tout leur intérieur ; & alors, fi je tiens le corps de l’oeuf avec la main nue , je reflens de petites fecoulfes dans tous les endroits de ma peau qui touchent immédiatement la co-' que , & des picottements accompagnés de pet'tes étincelles , par - tout oïl le contaâ eft interrompu par une très petite diftance.
- La matière éledrique , ainfi répercutée , eft capable de faire par contré-coup tout ce que nous lui voyons faire dans le premier choc ; elle peut s’enflammer à la rencontre de celle qui auroit conservé fon cours vers le çondudeur ilolé , frapper intérieurement & extérieurement les corps du voilinage , enflammer les matières combuftibles , &c. J’ai déjà prouvé plus d’une fois & expliqué ce qu’il y
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- dû l'Electricité. jij a d’eBcntiel dans cec effet ; mais en l’envifageant comme une imitation du tonnerre , ôc cherchant à fe rapprocher davantage de ion modèle , j'ai obfervé quelques circonftances qui m’ont paru importantes, & qu’il eft à propos de faire connoître.
- J’ai éledrifé avec un bon globe de verre, & dans un temps favorable à ces fortes d’expériences , une tringle de fer longue de fix pieds fur fept à huit lignes de diamètre , arrondie d’un bout à l’autre & terminée par une efpece de bouton , comme on le peut voir par la figure 4, pl. A. J’ai approché de cette derniere partie D un cylindre de fer F, ayant fix pouces de longueur , quatre lignes de diamètre , & finiffant de part & d’autre par une pointe fort niouffe ; je tenois cet inftrument avec la main gauche, & en l’approchant du con-dudeur pour exciter une étincelle , j’avois un doigt de ma main droite à une petite diftance de l’autre bout G du cylindre ; dès que l’étincelle vint à éclater, j’apperçus entre mon doigt & cette derniere partie , une lueur fort vive & comme arrondie ; mon Tonte II, O
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- doigt reflentit une piquure , & nia main gauche qui tenoit le cylindre , éprouva une petite fecoufle.
- Au lieu d’un cylindre, j’en lis tenir bout à-bout jufqua quatre , comme H, I, K, L, ( fig. $ ,pl. A) ohfer-vant de l’un à l’autre une diftance de deux ou trois lignes. Ce qui s’étoit pafle entre mon doigt & le bout G du premier , fe pafla de même entre le premier & le fécond , entre le fécond & le troilieme, & entre celui-ci & le quatrième ; à cela près que les apparences alloient en diminuant à melure qu'on lesobfervoit plus loin du premier condu&eur.
- J’avois bien de la peine à allumer de l’efprit-dé-vin , même avec le premier cylindre ; la raifon s’en préfente d'elle - même : la plus grande partie de la matière électrique répercutée au moment de l’étincelle , re-fluoit par ma main jufqu’à mon corps & fe aiflipoit ; je ne' doutois pas que je n’en allumaffe aifément, & même au bout du fécond , dti troilieme & peut-être du quatrième , s’ils étoient tous ifolés fur du verre , de la foie , de, la cire d’Efpagnc , ou fur toute
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- de l’Electricité. jij autre matière 'femblable ; mais je tra-vaillois dans des vues qui me -fai-foient regarder comme inutile le fuc-cès de mon épreuve , s’il tenoit à 'de pareils moyens ; en effet, qu’aurois-je gagné en faifant voir par de tels exemples que le feu du tonnerre, lorfqu’il éclate fur un corps ifolé à l’ordinaire , peut refluer dans toutes les parties de ce corps, & frapper ou enflammer ceux qui lui font contigus ! On m’auroit objeâé , avec rai* Ion , que ce que nous voyons tous les jours s’embrafer & fe détruire par des coups de foudre , n’eft point ordinairement pofé , ni fur du verre , ni fur de la foie, ni fur aucune de ces matières que les Eleétriciens font convenus d’appeller refîneufts, Il falloit donc qu’en continuant mes recherches , je parvinffe ou à éleélrifér fuf-fifamment des corps non-ifolés, ou à leur communiquer la vertu électrique fur des fuppprts différents de ceux que nous avons coutume d’employer, & qui fe trouvaffent communément dans les endroits où nous voyons que le tonnerre produit Ces plus grands effets.
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- J’ai confidéré d’abord que les phé-* nomenes éleâriques les plus remarquables , les plus propes à nous retracer l’image de la foudre , n’exigent point , comme les autres, que le fujet qui les produit ou qui les éprouve foit ifole. Si je veux qu’un corps que j’éleétrife en attire ou en repouffe d’autres ; fi je veux qu’il conferve pendant quelque temps cette vertu , il faut que je le pofe lùr une matière réfineuie ou que je le fuf-pende en l’air avec de la foie ; mais cela n’eft pas néceflaire, s’il s’agit de lui faire fentir la commotion qui ca-raétérife l’expérience de Leyde 5 s’il s’agit de le percer, de le broyer , de l’embrafer, par le même moyen, il. fuffit, comme l’on fait, que ce corps ifolé ou non, foit au nombre de ceux qui établiflent une communication entre la bouteille & le premier con-duéteur, au moment qu’on en tire l’étincelle ; & quand on allume i’c(-prit-de-vin avec le feu éleétrique , il n’eft pas befoin que la cuiller qui le contient foit ifolée, il faut au contraire qu’elle ne le foit pas , quand on la préfente à un corps éleétrifé.
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- BCTRICITÉ.
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- Après cela , j’ai réfléchi fur la nature des corps, qui doivent faire partie du conducteur dans l’expérience de Leyde. Pour qu’elle ait fon effet, le vale qui contient l’eau qu’on élec-trife , dok être de verre , de porcelaine , de grès, de cryftal de roche, &c. fi c’eft une feuille de métal qui termine le premier conducteur, elle doit être étendue fur un carreau de vitre, fur une feuille de talc ; & il eft à préfumer qu’il y a dans la Nature quantité d’autres matières qui feroient réuflïr l’expérience , comme celles que je viens de nommer , & que de nouvelles recherches pourront nous faire connoître avec le temps.
- Ces deux réflexions me firent pen-fer que comme le coup de tonnerre n’eft qu’une .électricité inftantanée , l’objet qu’il frappe pourrait bien en reflentir les effets 5 quoiqu’il ne fût point affez ifolé pour conferver en-fuite les lignes ordinaires de la vertu éleétrique. Je penfai encore que les matières qui tiennent à ces objets, au lieu de les garantir de la foudre par défaut d’ilolement , pouvoient au contraire augmenter fon activité,
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- 318 Histoire. comme nous voyons que le verre , le grès , la porcelaine , l’émail , donnent de l'énergie au feu éleârique , quand on les unit à un conduûeur ordinaire : je fis fur cela quelques épreuves dont je vais rendre compte.
- Au lieu de prendre avec la main le cylindre de fer, comme dans les expériences rapportées ci-deffiis , je le pofai iiir un morceau de pierre à bâtir, plat, mais brut, long de cinq à lix pouces, large d’autant, & épais de douze à quinze lignes. Ayant pris enluite cette efpece de fupport avec la main gauche , je prélentai au con-duâeur éleétrifé l’un des bouts du cylindre , tandis que de la main droite, je tenois près de l’autre bout une cuiller d’argent remplie d’efprit-de-vin un peu chaud ; dès que l’étincelle éclata entre le conduâeur & le cylindre , il en partit une en même-temps dans le petit intervalle qui fé-paroit de la cuiller l’autre bout dit cylindre,& l’efprit de-vin s’enflamma avec la plus grande facilité ; une minute après, j’examinai ce fer, qui étoit toujours pôle fur la pierre , & fy trouvai à peine quelque ligne d’éle&ricité.
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- de l’Electricité. 319
- Je répétai cette épreuve en plaçant le même cylindre fucceflîvement’ l'ur des tablettes de marbre , fur des ar-doilés , fur des tuiles , & l’efprit-de-vin fut tou ours allumé avec une grande promptitude.
- Eu faifant ces expériences dans l’obfcurité, je voyoïs touiours une infinité de petites franges lumineu es qui pétilloient tout le long du fer aux endroits où il joignoit le fupport, 6c je reflentois à la main qui le tenoir, des picottemenrs comme on en relfcnt lorfqu’on a la main nue appuyée contre du verre ou de la porcelaine qui s’éleétrife par communication ; je jugeai par-là que le feu éleitrique pouvoit éclater fur toute la longueur du cylindre , auflï-bien qu’à fon extrémité , fi je pîaçois à une petite diftance de fa furface, des corps de même nature que lui, je veux dire des corps capables de lancer vers le cylindre un courant de matière électrique qui pût s’enflammer par le choc de celle qui viendrait du cylindre à eux.
- Je plaçai donc cet inftrument fur une ardoife , & je fis aboutir au O iv
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- JIO H r S T O- I R ,B milieu de fa longueur , à-peu-près à angle droit, un gros fil de 1er un peu arrondi par les deux bouts , comme on le peut voir par la figure 5 ,pl. A ; je pris l’ardoife d une main , & j’approchai le bout A d’un condufteur ifolé qu’on éleftrifoit, tenant de l’ef-prit-de-vin chaud dans une cuiller de métal en B ; après quelques tentatives infra ftueufes , je parvins à allumer l’efprit-de-vin en excitant l’étincelle au premier condufteur ; & en quelque endroit du cylindre que j’a'ie fait aboutir le fil de fer , je fuis prefque toujours venu à bout de produire le même effet.
- Sur une tablette de pierre de liais, qui avoit trois lignes d’épaiffeur & qui communiquoit librement avec le plancher de la chambre , je plaçai quatre cylindres de fer bout à bout les uns des autres , en laifi-fant de petits intervalles entr’eux ; lorfque j excitois une étincelle avec le premier en 1 approchant du con-dufteur ifolé , j’allumois de lefprit-de vin ou quelque autre liqueur inflammable à l’extrémité du dernier, ou à celle d’un autre cylindre qui
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- de l’Electricité. 521 aboutilfoit en quelqu'endroit fur fa longueur , comme dans l’expérience précédente.
- Aux cylindres de fer que j’âvois employés dans mes expériences , j’ai effayé d’en fubftituer d’autres que j’a-vois préparés avec differentes fortes de bois ; placés fur des ardoifes ou lur des tuiles, ils fe font tranfmis les uns aux autres le feu éleétrique & encore mieux quand ils ont été imbibés d’eau ; mais ce feu n’a jamais eu la force de rien allumer : je crois pourtant qu’on en viendra à bout, en prenant les mefures néceffaires pour avoir une forte éleétricité. Parmi les bois communs dont je me fuis fervi , celui de chêne m’a paru plus propre que les autres ; mais ce qu'il y a de plus remarquable , c’eft que la matière éleétrique fuit par préférence la direction des fibres ligneu-fes. Ayant fait préparer un barreau quarré dont chaque face avoit un pouce de largeur, & dont les bouts étoieut coupés droits & perpendiculairement à la longueur , je le pré-fentois tantôt par l’un des bouts, tantôt par l’une de fes faces à l’angle O v
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- jii Histoire d'une barre de fer, que l'on cledlri-foit avec un globe de verre ; dans le premier cas, l’aigrette du conducteur difparoiflbit ou fortoit par un autre endroit ; & de tous les pores du bois, on voyoit couler comme d’un arro-foir des petits jets de matière enflammée qui tendoient au fer éleétrHe ; dans le fécond cas, il ne reftoit du bois qu’un petit nombre de ces jets lumineux & fort écartes les uns des autres : auflï l'aigrette du conducteur, plus forte qu’eux, fubfiiloit-elle dans l'a place, au lieu de refluer par une autre partie.
- Il me reftoit encore un point aflez important à éclaircir touchant les pierres, les ardoifes & les matériaux de terre cuite employés comme fup-ports , relativement à l’application que je ,vouloir faire de cette petite découverte ; il s’agifloit-de favoir (i ces matières , étant mouillées par la pluie ou autrement, n’abforberoient pas ou ne diffiperoient pas le feu électrique qui auroit pris (bn cours par les corps pofés fur elles, au lieu d’augmenter (on activité comme elles'fopt quand elles font sèches.
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- be l'Electricité. 315
- Je mis donc tremper dans l’eau pendant quelques minutes, mes pierres, mes ardoifes, mes tuiles , après quoi je les mis en épreuve ; je ne trouvai point de différence fenlible dans les effets dont j’ai fait mention ci-deffus ; il me parut même que les petites franges de feu qui paffoient, en pétillant, de ces fupports aux cylindres de fer, quand 011 approchoit ceux-ci du condu&eur éleétrifé ou quand on plaçoit le tout fur un carreau de verre , dore & préparé pour l’expérience de Leyde ; il me parut, dis-je , que ces petites lumières étaient plus vives ôc plus abondantes que d’ordinaire.
- Je dirai ici , par occafion , que j’ai répété cette expérience allez cu-rieufe , dont M. Wilfon m’a fait part verbalement , & q e nous devons à M. Lane , Chimifte angtois Sf Membre de la Société Royale de Londres : j’ai placé , comme lui, un éclat de pierre de taille d’un demi-pouce d’épaiffeur ou environ fur le carreau de verre doré , qu’on éleélrifoit avec un globe de verre , puis ayant pofé l’un des bouts de
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- 314 Histoire l’arc conducteur (h) fur le milieu de la pierre, j’ai porté l’autre vers le premier conducteur pour exciter l’étincelle ; apres l’explofîon , il refta fur la pierre , comme on me l’avoit annoncé , une traînée de lumière', qui dura quelquefois près d’une minute & qui ne s’éteignoit pas, quoique je palfaiTe le doigt delTiis.
- La répétition de cette expérience me donna lieu d’obferver encore mieux que je n’avois fait dans celles que j’ai rapportées précédemment, combien la matière électrique augmente en force quand elle traverse de pareils corps ; la pierre , le marbre , l’ardoife , la tuile , le grès fur le carreau de verre doré , procurent des explofions terribles ; mais il faut pour cela un temps & des circonftan-
- (li) Nous appelions arc conducteur un gros fil de métal , long de quinze à dix huit pouces , courbe en arc , & ayant fes deux extrémités tournées en volutes ; cet infiniment lert à établir la communication entre la furface extérieure de la bouteille de Leydc & le premier conduéleur, quand on veut exciter l'étincelle qu’on appelle foudroyante.
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- dh l'Electricité. jij ces favorables à l'éledricité ; & chaque fois qu’on obtient de ces grands éclats, il faut pour en préparer un autre plus de temps qu’avec le- carreau ample : je reviens à mes premières vues.
- On peut donc regarder comme autant de chofes certaines , puifqu’el-les font prouvées, par l’expérience, f. que les corps de nature à être condudeurs , font fufceptibles des plus grands effets de l’éledricité fans être ifolés comme il faudrait qu’ils le fuflènt pour conferver la vertu éledrique pendant un certain temps', i°. que parmi ces corps , on doit compter les métaux & le bois de charpente , fur tout fi celui-ci a con-tradé quelque humidité ; j°. que la pierre à bâtir , l’ardoife, la tuile & la brique , non - feulement ne détournent point la matière éledrique & ne l’empêchent pas d’agir fur le métal & fur le bois , mais au contraire , que ces matériaux aident fon adion & concourent à augmenter les effets. Nous avons prouvé auparavant qu’à chaque étincelle éledrique qu’on excite, les deux cou-
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- 3 iS Histoirï rants qui s'entrechoquent & qui la font éclater , refluent dans les corps d’où ils viennent, & que les contrecoups qui en réfultent à tous les endroits de leur furface où il y a des corps contigus, font capables de reproduire tous les effets du premier choc , percuffion , commotion , em-brafement, &c : ft nous joignons à ces connoiflances celle que nous avons maintenant de la nature du tonnerre , fi nous confidérons ce redoutable météore comme une grande éleétricité , nous pourrons nous rendre raifon de fes principaux effets beaucoup mieux , je pente , qu’en les attribuant, comme on a fait juf-qu’à préfent, à des vapeurs , à des exhalaifons qui fermentent dans la région des nues, qui s’y enflamment & qui partent de-là pour renverfet nos édifices ; c’eft ce que je me propose de faire voir , par quelques ef-fais, dans la fécondé partie de ce Mémoire.
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- DH L’ELECTRICITé. Jl7
- Seconds Partie.
- V n des plus communs effets du tonnerre , ç’eft de renverfer , de difper-fer & de tranfporter au loin des maf-fes d’un affez grand poids, telles que des pans de muraille, des pièces de charpente , des hommes , des chevaux , des vaches, &c. & ces impul-fions reffemblent fouvent à celles d’un vent -extraordinairement impétueux qui entraîne ce qu’il rencontre , mais qui ne frappe point à la maniéré des folidcs , puifqu’aprës ces accidents , on a vu maintefois les animaux qui les avoient éprouvés en être quittes pour la peur ou pour le trouble qu’elle peut cauler. Ces corps , félon moi , font emportés par le courant de matière éleétri-que qui s’élance de la terre vers la nuée , ou par celui qui fond de la part de la nuée fur la terre, comme nous voyons que des fragments de métal aminci font enlevés de deffus leur fupport par le fluide qui fort de celui - ci pour fe rendre au conducteur , ou pouffes dans un autre fens
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- Jl8 HISTOIRE,
- Îiar le courant que le conduéteur ance vers le fupport.
- Si l’on m’objede qu’un homme ou une poutre ne s’enleve pas comme une plume ou comme une feuille d’or battu ; je répondrai que la vertu électrique avec laquelle nous faifons mouvoir ces petits corps, n’eft auili qu’une image bien foible de celle que nous fommes en droit de fuppo-ler dans un nuage qui tonne : un grain de poudre , ne fulmine pas. comme la charge qu’on fait entrer & détonner dans une pièce de vingt-quatre ; malgré la différence énorme des effets , il faut pourtant convenir que les caufes font de même nature ; le zéphir qui agite à peine les fleurs d’un parterre, & l’ouragan qui déracine les plus grands chênes d’une forêt , ne font tous deux que de l’air en mouvement.
- Ce n’eft point la foudre proprement dite qui renverfe ainli fans frapper ; ce l'ont-des torrents d’une matière femblable à la portion qui fulmine , mais qui ne font point allez condenfés ou qui ne rencontrent pas des courants oppofés capables de les
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- 66 l’EtKCTRICITÉ. $15 enflammer par leur choc : telles font les érpanations clePrjques qui nous font voir des attrapions & des répul-lions autour du condupeur , tandis qu’elles éclatent en étincelles à d’autres endroits de la furface.
- J’ai dit , il y a plus de dix ans, dans une de mes Lettres fur l’ElePri-cité (i) , que j’étois furpris qu’on n’eût jamais vu les gouttes de pluie , dans les grands orages , faire feu contre la terre , parce qu’apportant avec elles une portion de la vertu élePrique de la nuée, elles devroient, félon moi , produire de la lumière en tombant fur d’autres corps , comme nous voyons que cela arrive alfez communément quand nous recevons des gouttes d’eau élePrifées dans des vafes qui .ne le font pas , mais qui font fulceptibles de l’être: j’avois tort de fuppofer que ce phénomène n’eût jamais-été obfcrvé; je le trouve alfez bien exprimé dans l'Hiftoire de l’Académie pour l’année 1741 , d’après une lettre écrite à M. de Mairan pat
- (:) Voyez tome I > neuvième Lettre.
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- 550 H i s t o i a ï D. Hallai, Prieur des Bénédiétins de Leflay : » Le 3 Juin fur le foie , dit » ce Religieux , 8c le jour fuivant au » foir , il y eut à Leflay des tonner-» res extraordinaires ; le ciel étoit » tout en feu ; il iomboît de toutes » parts comme des gouttes de m tal » fondu & ernbrafé. < Je crois que cela ne peut guere s’entendre que des gouttes d’une greffe pluie qui paroif-foient lumineufes à la faveur de l’ob-feurité ; 8c je penfe que ce phénomène s’oblerveroit moins rarement s’il faifoit toujours nuit quand il tonne , ou (i les gouttes de pluie, chaque fois quelles viennent d’une nuée d’o-rage , apportoient une dofe d’électricité allez forte pour produire de la lumière à la fin de leur chute.
- Quand un homme eft tué par le tonnerre, ou il meurt d’une bleffiire apparente que lui fait la foudre en le touchant, ou il périt fubitement (ans crier, fans fe débattre , & affez (cuvent fans qu’on apperçoive aucune marque extérieure du coup qu’il a reçu ; le premier cas 11’a pas befoin d’explication ; toute bleffiire grave , de quelque maniéré qu’elle fe faffe,
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- CI t’ElICf RICIf Éi 3J! peut caufer la mort. Si le trait de feu qui vient de la nuée éclate contre un pareil trait Portant d’un homme non-îfolé , la partie fur laquelle fe fait cette explolîon , court rifque d’être froiiTée, percée ou profondément déchirée ; car pourquoi le choc de ces deux matières fulminantes ne pro-duiroit- il pas cet effet , tandis que nous voyons tous les jours nos fim-ples étincelles éleétriques ( qui naif-fent d’une pareille caufe ) percer la peau jufqu’au fang, fe faire jour aii travers deux ou trois mains de papier , enfoncer, déchirer, broyer des feuilles de métal ?
- Quant aux morts fubites , dont la cauTe ne paroît pas au-dehors, il faut les attribuer à une commotion violente & générale dans toutes les parties du corps animé , par la répercuf-fion du fluide éleétrique émané de ce corps, & qui a concouru à faire éclater la foudre ; cet effort rétroactif de la matière éleétrique , ne produit que de la lumière dans les corps tranfpa-rents , de petites piquures ou des fécondes légères & de peu d’étendue, quand il eft caufé par des étincelles
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- J?l Hi.stoiU ordinaires , par celles qui éclatent entre des corps qui ont pcu dc malle, & avec un conducteur fbiblement éleétrifé ; mais ceux qui fe font appliqués long-temps à ces fortes d’ex-
- Fériences, n'ignorent pas que quand éleétricité elt plus forte que de coutume , foit par le choix des inftru-ments, foit par les circonftances du lieu ou de la faifon , foit enfin par quelqu’appareil particulier , comme dans l’expérience de Leyde ; ces étincelles fecouent univerfellement le corps animé qui les excite , & que cela peut aller jufqu’à déranger l’économie animale, & même jufqu’à la mort.
- La commotion devient générale , parce qu’elle elt tranfmife par un fluide qui, félon l’opinion commune & la plus vraifemblable , réfi ie dans tous les corps, en raifon de leur po-rofité : nous m’avons donc pas une fibre pas une goutte de fang qui n’en foit intimement pénétrée , & qui ne fe reflente par conféquent de toutes les fecoufles qu’il reçoit.
- Or ces fecoufles font violentes, quand l’électricité eft forte ; celle
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- de i-1 Electricité, 555 que nous excitons avec nos globes & avec nos tubes, l’eft aflèz quelquefois pour rendre les commotions meurtrières à légard de quelques animaux : que ne devons - nous pas craindre d’un pareil effet, quand il a.pour caulc la vertu électrique d’un nuage immenfe î au lieu d'un fimple ébranlement dans toute notre fubftance, on conçoit aifément que les folides peuvent être dilates , juf-qu’à être forcés, jufqu’à fe rompre ; que les fluides peuvent fe décompo-lèr, fe corrompre , s’épancher , &c e’eftee qui fe préfente ordinairement, lorfqu’on examine les cadavres de ceux qui viennent d’être foudroyés ; la lividité de la peau , l’échymofe qui furvient d’abord , annonce l’ex-travafion du fang, & par conféquent la rupture des petits vaifîeaux. L’af-faiffement des poumons dénote vifi-blemenc que l’air a perdu fon refforc dans cevilcere ; & l’odeur fétide qui fuit de près la mort du fujet, délîgne une corruption prématurée.
- Mais qui nous dira que c’eft par une commotion pareille à celle de J électricité , que le tonnerre tue ,
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- quand il ne fait aucune bleflure extérieure?
- Ce font ceux qui en ont été frappés , & qui ont eu le bonheur de n’en pas mourir ; qu’on les interroge fur ce qu’ils ont fenti, fur ce qu’ils fentent encore quelque temps après le coup : quoique pour la plupart ils n’aient jamais entendu parler d'électricité , ils s’expriment de telle maniéré , qu’on y reconnoît aifément ce qu’on éprouve dans 1 expérience de Leyde : vingt - fix ans avant que j’eufle entendu prononcer le mot d'c-U&ricité , je fus témoin d’un coup de tonnerre qui frappa le château de Clermont en Beauvoifis , dans plus de ioixante endroits , tant au-dedans qu’au-dehors ; mon pere qui defcen-doit par un efcalier de bois au moment que la foudre éclata, fut frappé fous le pied gauche ; la marche fur laquelle il étoit pôle le trouva noircie en - deflous comme (i l’on y eût allumé une amorce de poudre ; il tomba fans connoiilance & demeura tin bon quart d’heure dans cet état ; quand i! fut revenu à lui , il fe plaignit d’un engourdiflement général ,
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- de i’ElectricitI. JjJ qu’il comparoit à cette fenfation déf-agréable qu’on éprouve quelquefois en fe heurtant le coude contre quelque corps dur, ce qui ne fe diffipa entièrement que quelques jours après : cela fe paflbit dans un appartement au rez-de chauffée. Deux Maçons,, qui travailloient dans une chambre haute , furent renverfés du même coup de tonnerre ; l’un eut 1 épaule droite toute écorchée &r ne fe plaignit point de commotion intérieure ; Fautre en reçut une qui le mit pendant quelques heures hors d’état de fe tenir fur fes jambes, mais elle fut fi forte dans fon bras droit, qu’il fe paifa plus d’un mois fans qu’il pût s’en fervir Quoique jefulfe fort jeune alors , cette terrible fcène m’eft encore aufli préfente à l’efprit que G elle venoit de fe palfer il y a peu de jours , & quand ie compare ce que je me fouviens d’avoir entendu dire & répéter mille fois , touchant ces fecouflës 8c ébranlements intérieurs , avec ce que i’ai éprouvé tant de fois moi-même en fai Tant des expériences d'éTeftricité , je ne nuis m’empêcher de reçonnoître 4’idencité de fes effets.
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- }}* H I S I O . R E
- Le tonnerre tomba en 1747 fur l’églife collégiale de Pithiviers ; on y entra aufli-tôt ; on trouva un Sonneur encore debout , qui tenoit là corde de la cloche ; il étoit immobile & fans connoiflance : revenu à lui, il fe plaignit d’un ébranlement univerfel, dé grandes douleurs dans les membres & à la nuque du cou.
- ,M. du Hamel, notre Confrère , en apprenant le fait avec ces circonftan-ces, dit fans hélirer : cet homme a | reçu la commotion électrique ( k ) ; &
- qui pourrait s'y méprendre î n’eft-il pas comme vilible que le tonnerre a frappé la corde, & que la fecoulTe a palTé par ce conduéteur jufqu’à celui qui fonnoit ?
- Quoique le tonnerre tue ainfi des hommes & d’autres animaux par des commotions internes ou par quelques bleflures qui paroiflent au-dehors , il eft bien rare cependant qu’il les ouvre , qu’il en fépare les membres & qu’il les difperfe, comme il lui arrive
- (k) Voyez les Mémoires de l’Académie des Sciences, 1748, pag. jijf
- de
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- be l’Electricité. 557 de fendre des arbres, d’enfoncer des murailles , & d’en faire fauter les débris au loin ; cela prouve qu’il a moins de force dans les corps animés que dans le bois & dans la pierre, & je crois en appercevoir la caufe en confidérant que la matière éledrique paflc avec une extrême facilité à travers les animaux ; car fi cette matière , répercutée au moment que la foudre Relate à leur furface , a la liberté de s’y étendre & même d’en fortir , elle ne peut pas recevoir de la caufe qui l’anime toute l’adivité dont elle eft fufceptible ; femblable en cela à la poudre de guerre, qui ne s’enflamme complettement & qui ne produit fes plus grands effets que quand on oppofe plus de réfiftance à fon expanfion.
- Ce qu'on admiroit le plus au château de Clermont, après le coup de tonnerre dont j’ai parlé ci - deflus , c’étoit un trou de deux pieds de profondeur , large d’autant, dans un mur de dix pieds d’épaiffeur , bâti du temps de Céfar , fi l’on en croit la tradition dp pays, & dont le mortier , auffi dur que la pierre, permet-Toru. II. P
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- toit à peine la démolition ; les éclats qui en étoient fortis fe trouvèrent en avant à plus de cinquante pieds de diftance , & les pierres , tant au fond du trou que celles qui en étoient détachées , fembloient avoir pâlie par le feu.
- Je penfe qu’on' peut rendre raifon d’un tel effet, en difant que le courant de matière électrique, répercuté à la fuiiace du mur, n’a pu s’étendre allez vite dans l’épailfeu * fuivant Fon mouvement rétrograde, & que , réunifiant dans un plus petit elpace toute la force qui l’animoit , il en éclata davantage & pouffa les matériaux en avant, parce que cette partie du mur fous laquelle il agifloit lui oppofa moins de réfiftance que le relie.
- Ces débris , poufïés à quarante-cinq ou cinquante pieds de diftance , prouvent allez que la force qui les a emportés réfïdoit dans lepaifleur du mur au moment de leur réparation [fi] ; une piece d’artillerie , fi forte qu’elle foit, peut bien enfoncer une muraille ; mais quoiqu’elle produife quelqu éparpillement , elle ne fait
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- »E t'E IECTUC Ï,T É. fi9 pas venir à elle de fi loin les pièces qu’elle détache. -;
- Si l’on à peinç à comprendre comment un (impie fluide qui s’enflamme & qui fe dilate , devient tout-à-coup capable d’un tel effiSrt , qu’on fe fouvienne qu’avec quelques onces de poudre , on brifè , on (ait fauter des roches d’une mafle énorme & d’une dureté à l'épreuve de tout infiniment. Que l’on confidere après que cette fwguliere compofition (la poudre à canon ) tient toute fa puiffance du feu élémentaire qu’on a fu y concentrer , & qui félon toute apparence eft le même être que ce que nous appelions ici matière éledri-que : il ell vrai que l’art en broyant & en mêlant intimement enfemble le làlpêtre , le foutre , le charbon, l’eau & l’air , lui prépare un mélange qui fe divife proaigieufemeot par l’inflammation , & dont il s’arme , pour ainfi dire, en un. clin-d’œil contre tout ce qui s’oppofe à fon ex-panfion ; mais n’eft- il pas raifonna-nable de penfer que la Nature , plus habile encore que notre induftrie, lui fait trouver dans tous les corp»
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- }4° H I S t O I R E où il réfide, dans les milieux qa’il traverfe , des vapeurs dilatables , ou des fubftances propres à le devenir , à l’aide defquelles il peut égaler, fur-pafler même tout ce que la Chymie imaginera")amais de plus puiuant ? de pareilles décompolitions font bien capables de produire cette odeur forte de foufre , que le coup de tonnerre laide quelquefois après lui, & qu’il devrait toujours produire , fi ce météore tirait fon origine , comme on le croit vulgairement, d’exhalaifons fulfureufes ou nitreufes concentrées dans la nuée : cette demie réflexion me fait croire de plus en plus que ceux qui penfent encore ainlî, prennent l’effet pour la caufe.
- Si la matière éleétrique irritée par le choc qu’elle reçoit en fulminant, peut faire fauter les pierres d’une muraille , & y occafionner un enfoncement ou une ouverture à jour ; on ne doit pas être furpris de lui voir ouvrir des arbres du faîte à la racine 8c des pièces de charpente d’un bout à l'autre , comme il arrive fou vent. Ce qu’il y a de particulier par rapport au bois, & qui mérite une remarque,
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- DE L’ÏLÏCTRICITf, 341
- c’eft que le tonnerre le fend ordinairement fuivant fa longueur: ce fait fc montra finguliérement à l’abbaye de Saint-Médard de Soiflons, qui fut frappée de la foudre en 1676. » Les *> pièces des chevrons ( qui ont été » rompus ) difoit l’Obfervateur ( /), » peu d’années après cet accident, n-font brifées d’une maniéré allez » particulière : il s’en trouve quel-» ques-unes de la hauteur de trois » pieds , divifées préfque de haut en-» bas en forme de lattes allez min-» ces ; d’autres de la même hauteur » font divifées en forme de longues » allumettes ; & l’on en trouve quel-» ques - unes divifées en filets fi dé-» liés , fuivant l’ordre des fibres, *> qu’elles ne repréfentent pas mal un =0 balai ufé, &c. «
- L’Hiftcire de l’Académie pour l’année 1724 , fait mention d’un trés-
- (!) Un Bénédidin anonyme , dans un petit Ouvrage imprimé à Paris , en 1689, fous ce titre : Conjeélures phyfiques fur deux colonnes de nuées, qui ont paru depuis quelques années , O fur les plus extraordinaires effets du tonnerre. petit in-12.
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- 341 H I s T o r R I gros arbre frappé du tonnerre , & obfervé très-peu de temps après par M. de Mairan : cet arbre avoit été fendu en quatre parties , & féparè à deux pieds au-deffus de terre ; ces quatre parties, avec une infinité d’autres plus petites, qui a voient été réparées du même corps , furent dif-perfées de tous côtés , & il y en eut qui furent jettées à quarante ou cinquante pieds de diftance.
- J’ai affez dit & prouvé dans ce Mémoire, que les corps frappés de la foudre , de même que ceux qui éprouvent une forte étincelle électrique , font l'ecoués & ébranlés intérieurement : fi la commotion eft af-fez forte pour défunir leurs parties , cela doit fe faire de préférence fui— vant le fens dans lequel elles ont moins de cohérence ; or tout le monde fait que le bois fe fend aifément fuivant fa- longueur , & qu’il fe rompt plus difficilement dans un autre fens. Le fluide éleétrique faifant effort dans l’intérieur d’un arbre ou d’une piece de charpente , doit donc ouvrir plutôt que de rompre, puifque l’un eft plus facile à faire que Tau-
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- bï l’Electricité. 245 tre ; l’expérience d'ailleurs nous fai-fant voir que ce mênje fluide coule avec bien plus de facilité d’une extrémité à l’autre d’un morceau de bois verd ou fec, qu’il n’en traverfe l’é-paifleur ,, nous devons conclure qu’il agit plus efficacement pour écarter les fibres ligneufes qu’il a peine à traverfer , que pour les tirer fur leur longueur , puifqtie dans ce fens là il peut aifément gliflTer entr’elles.
- Que le tonnerre en frappant des matières conibultibles , y mette le feu , c’elt une chofe toute fimple , & que nous imitons en dirigeant une étincelle électrique fur une vapeur ou fur une liqueur inflammable ; fi notre électricité n’embrafe pas comme lui des corps folides, fi nous foraines obligés de préparer l’efprit-de-vin , en le chauffant avant de l’appliquer à l’expérience , c’eft parce que nosinftruments ne donnent point au feu éleélrique la même activité qu’il reçoit naturellement dans un temps d’orage ; mais les embrafe-ments caufés par la foudre commencent quelquefois d’une façon plus P iv
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- $44 Histoire myftcrieufe : le tonnerre tombe fur le toit d’un bâtiment ou fur un clocher , quelque?ardoifes enlevées & une petite flamme femblable à celle d’un flambeau , font appercevoir l’endroit où il a frappé , &T tandis qu’on s’arrête à confidérer avec cu-riofité ce petit feu , qui ne paraît point être d’une grande conféquence, on eft tout furpris & tout alarmé de voir naître une incendie terrible &c prefque irrémédiable à caufe de fa rapidité , dans quelqu’autre endroit éloigné de quarante ou cinquante pieds & même davantage.
- De tous les accidents de cette ef-pece que j’ai pu recueillir , je n’en veux citer qu’un : c’eft celui qui ruina la belle églife de Notre Dame de Ham , la nuit du 25 au 16 Avril 1760. Dans l’efpace de vingt à vingt-cinq minutes de temps , la foudre tomba trois lois , tant fur l’églife que fur les bâtiments de l’Abbaye qui étoient auprès : ce ne fut qu’au troifieme coup que le reu parut au petit clocher qui contenoit l’horloge: on y monta , & le feu fut éteint en
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- DE L ELECTRICITE. J45 très-peu de temps. Quoiqu’il y eût fort loin dp cet endroit au grand clocher, 8c qu’on n’eût apperçu aucune marque d’inflammation dans la charpente intermédiaire , ni à celle du beffroy , lorfqu’on porta les premiers fecours, on fut tout étonné de voir un quart-d'heure après fortir la flamme par les ouïes du grand clocher , 6c l’extrémité de la flèche enflammée immédiatement au-deffous de la croix : ces deux feux étoienc alors féparés l’un de l’autre par une diftance de cent pieds.ou à-peu-près; mais ils s’approchèrent 6c fe joignirent fi rapidement, que les travailleurs ne purent ni fauver le clocher, ni recourir la charpente de la couverture , le feul efcalier qui pût y conduire aboutiiîànt à l’embrafement même du beffroy. L’incendie ne ré-gnoit encore que fur le milieu de la croifée de l’églifc ; on n’en apperce-voit aucun veftige au toit de la nef, ni par dedans , ni par dehors , lorf-qu’il fe marùfefta tout-à - coup au-deifus de l’orgue adoffée contre le pignon du grand porrail , 8c s'étendit avec une rapidité (inguliere fur
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- 54 « Histoire
- tout le relie de la charpente ( m )• Le vent qui fouffloit avec violence, contribua fans doute à fadivité du feu , & l'on pourroit le foupçon-ner d’avoir occafionné , par le tranf-port de quelques charbons ardents, ce dernier embrafement, qui n'avoit point encore eu le temps ae gagner de proche en proche en venant du milieu de la croifée de l’églife ; mais des témoins oculaires très-capables d'avoir égard à de telles caufes, n'ont pu s’empêcher de regarder ce dernier accident comme une chofe fort extraordinaire , & de l’attribuer primitivement à la foudre. •> Le détail de •> l’incendie que je viens de donner, » dit l’auteur du Mémoire envoyé fur
- (m) Le coup <3e tdhnerre dont il eft ici queftion , étant venu à la connoiflance de l’Académie, &c. la Compagnie délirant d’en avoir le détail bien conftaré , M. de Males-berbes en écrivit à M. de Méli^nd, alors Intendant de SoilTons/qui engagea M. le Prieur de Notre-Dame de Ham , de faire, fur cet accident, un Mémoire inftruétif : c’eft de ce Mémoire, envoyé peu de temps après à J’A-çadémie, que j’ai extrait les faits que je viens de rapporter.
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- v E iClICTRICItt 3^7
- » cfffiijet à l’Académie, prouye que » la communication du feu ne s’eft » point laite de proche en proche » comme dans une incendie ordinai-
- " re....... L éruption fubite du feu.
- » fur la totalité de l’églife , prouve » que la matière du tonnerre avoit » parcouru & pénétré toute la char-» pente , & qu’elle ne s’eft dévelop-» pée & né s’eft enflammée totale-» ment qu’au moment que cette » charpente a été expofée au grand » air , après l’anéantiflement du clo-» cher, &rc. <•
- Nous ne devons pas douter que la matière ignée , le fluide éleétrique, le feu élémentaire ( car tout cela eft le même être fous différents noms ), que cette matière , dis-je, préparée par des irritations antérieures dans le corps qui, la contient, n’en éclate plus sûrement & avec plus de force, lorfqu’on vientl’exciter de nouveau ; le feu qui a couvé un certain temps s’allume avec plus de facilité & s’étend avec plus de promptitude -, & fi l’efprit-de-vin approché du conducteur éleétrique , ne prend point feu aux deux ou trois premières étin-
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- 348 H i s t o ï R e celles , la quatrième fût-elle plus foi-ble que les précédentes , l’allumera prefque infailliblement. On peut donc légitimement fttppofer , avec l’auteur du Mémoire que je viens de citer , que le premier ou le fécond coup de tonnerre, & peut-être tous les deux , en frappant la charpente du clocher ou celle de la couverture de l’églife , ont donné au fluide électrique un premier ébranlement, qu’il aura communiqué aux matières com-buftibles qui le contenoient, & que le troiüeme coup a mis à découvert un embrafement dont les progrès au-dehors ont été d’autant plus rapides, qu’il exiftoit déjà au moins virtuellement dans l’intérieur.
- Je compte toujours fur l’analogie reconnue entre le tonnerre & l’électricité , & je donne pour garant de ce que je fuppofe ici, les expériences que j’ai citées pUts haut. Si un-af-femblage de.plufieurs corps éleélqfa-bles , pofé fur une pierre , fur une mile ou fur une ardoife (fg. $,pl. A) étincelle par contre-coup, par-tout où les pièces fe joignent, lorfqu’une d’entr’elles reçoit le feu du conduc-
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- DE l’El!CTRI,CITl 549 teur ; fi ces répercuffions du feu électrique retentiflent fenfiblement dans toutes ces pièces , comme on l’apper-coit par le taét & par les coups de lumière dans les corps tranfparents , n’eft-on pas fondé à croire qu’il arrive quelque chofe de femblable à toute une charpente pofée fur une maçonnerie, garnie de fer de clous, revêtue d'ardoifes, de tuiles.de plomb, &r furmontée en plufieurs endroits par des croix ou des ornements de métal ? Et fi dans notre appareil le feu éleéfrique s’anime affez pour mettre le feu à une liqueur, pourquoi le tonnerre, avec le même agent, & dans des cas pareils, ne pourroit- il pas incendier le bois d’un clocher ou d’une églife ?
- En j689 , le tonnerre tomba à Lagny fur l’églife de Saint Sauveur, & ce qu’il fit fur le maître-autel fut regardé comme un miracle. Un carton qui contenoit le Canon de la Mefle , avoit été couché à plat fur la nappe à l’endroit fous lequel étoit placé la pierre bénite : après le coup, on trouva la pierre fendue par le milieu , le carton déchiré vis-à-vis
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- la fente ; & fur la partie de la nappe qui étoit entre la pierre & lui, une impreflionen contre-épreuve de ce qui étoit écrit fur le carton ; mais ce qu'on regarda comme une chofe furnatu-relle , c’eft qu'il y manquoit les paroles de la confécration, que le tonnerre fembloit avoir épargnées.^ Nous remarquerons , avec l’Ob-fervateur qui nous a tranfmis le fait (n), que la pierre d'autel étoit une ardoiie qui ne pouvoir guere avoir moins qu’un pouce d’épaifièur, & que les lettres qui ne s’imprimèrent point fur la nappe , au lieu d’être noires comme les autres , étoient écrites en rouge ; ce qui fe pratique encore dans les Miflels , & fur ces cartons d'autels qui en font des extraits. 11 faut favoir , après cela, que les Imprimeurs couipofent leur encre avec une hu'le cuite mêlée de térébenthine,dans laquelle ils détrempent du noir de fumée, ou du vermillon fi c’eft pour imprimer en rouge ; ajoutant que l’encre rouge, àcaufe du ver-
- (») Le Bénédiétin anonyme que j’ai cité ci-déffus, pag. 41p.
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- millon'qui eft une chaux métallique, fe lèche , & plus promptement & plus parfaitement que la noire qui eft bien plùs grade. Un Relieur, quand il bat des livres imprimés avec ces deux couleurs, prend beaucoup moins de précautions contre la première que contre la derniere.
- Pour expliquer le phénomène dont il eft ici queition , il fuffit donc de fuppofer que la matière fulminante qui eft tombée fur le maître autel de Saint-Sauveur, a prefle fortement le carton imprimé contre la nappe, & que l’encre des lettres noires ne-toit point auffi féche que celle des lettres roUges, ou qu’elle s’eft amollie étant touchée par le feu du tonnerre.
- Ceux qui auront lu le détail de cet accident , objeéleront peut-être contre ma première fuppoiition , que le carton étant plus grand que la pierre d’autel , & l’impreffion lur la nappe n’ayant eu lieu que dans l’efpace qui répondoit à cette pierre, il faudrait que la preffion que je luppofe, fe fut conformée à la grandeur & à la figure de la pierre ; ce qui u’cft pas vraisemblable.
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- Non : je penfe que la preflion s’eft faite fur toute l’étendue du carton & même au-delà ; mais j’ai des rai-fons pour croire qu’elle a été plus forte vis-à-vis de la pierre que partout ailleurs , & fi cela eft , l’effet qu’elle a produit a dû fe renfermer dans un efpace grand & figuré comme la pierre.
- Quand un fluide en mouvement rencontre un corps (olide , il le prelfe d’autant plus que ce corps lui réfifte davantage ; l’impulfion du vent fur les ailes d’un moulin augmente en proportion des toiles dont on les revêt ; ainfi la matière du tonnerre, là même que celle de l’éleélricité, pénétrant plus difficilement dans les matières groflieres , dans la pierre dure , & fpccialcment dans l’ardoi-fe , que dans le bois , le papier blanc, &c. cette matière, dis-je, a dû preifer davantage les lettres noires contre la partie de la nappe qui ré-pondoit à la pierre d’autel, que contre les parties adjacentes qui po-foient fur la table même , & cette preflion a été fans doute bien forte , puifqu’elle a fait cafl'er l’ardoife qui
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- ni l* Electricité. 353 devoit avoir environ un pouce d e-paiffeur.
- On dit communément que le tonnerre fait cailler le lait, qu’il fait aigrir le vin , qu’il accéléré la corruption des viandes, qu’il nuit à la gué-rifon des plaies , qu’il fait empirer les malades , &c. fans vouloir nier la poffibilité de ces effets, je crois qu’il y a beaucoup à rabattre de tout ce que l'on en dit. 11 n’eft pas douteux que tout ce que touche là foudre 11e foit fujet à perdre fon état naturel : un vafe foudroyé , fur-tout s’il eft de métal , infeéfera prefqu’infailible-nient ce qu’il contient, & l’efpece de fermentation qui régné dans l’atmof-phere pendant les grands orages, peut affu rément influer fur nos corps & hâter la fin de ceux qui font en danger de mort ; mais ces fâcheux effets, quand ils ont lieu , tiennent apparemment à la grandeur des cau-fes &: à l’étendue de leurs influences; nous ne les imitons point dans nos expériences : j’ai éleéfrifé pendant cinq à fix heures de fuite différentes efpeces de liqueurs, & quoique je les aie bien examinées après, je n’y ai
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- 3J4- Histoire trouvé aucun changement que je puifife attribue- à l’êlcdrifation , fi ce n’eft qu elles s etoient évaporées puisqu’elles n’auroient fait fans cela dans un pareil ei’pace de temps (o).
- Notre curiofité pourrait peut-être s’applaudir des recherches quelle nous a fait faire fur la nature du tonnerre & fur le méchanifme de fes principaux effets, mais ce n’eft point Ce qu’il y a de plus important ; il vaudmit bien mieux que nous puif-fions trouver quelque moyen de nous en garantir : on y a nenfê ; ons’eft même flatté d’avoir fait une grande découverte ; mais malheureufement douze années d’épreuves & un peu de réflexion , nous apprennent qu’il ne faut pas compter fur les promefles qu’on nous a faites. Je l’ai dit , il y a long-temps & avec regret, toutes ces pointes de fer qu’on drefle en l’air, foit comme èUclrojcopes , foit comme préfervatifs, peuvent bien nous aver-
- ( o ) Voyez les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences de 1747 , pag zoy & fuiv. & Recherches fur les caufes particulières des phénomènes éleâriques, quatrième Difcours.
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- t,t l’EuctRiciti. J5J tir qu’il tonne ou qu’il va tonner ; mais s’il eft queftion du bien qu’elles peuvent nous faire , je crois qu’elles font plus propres à nous attirer le feu du tonnerre qu’à nous en préfet-ver : cela eft aflez prouvé par la mort de l’infortuné M.Richman , de quelque façon qu’il ait employé la barre de fer de fa fatale expérience ; & je perfifte à dire que le projet d’épuifer une nuée orageufe du feu dont elle eft chargée , n’eft pas celui d’un Phy-ficien. Laiflonsdonc tonner & fulminer , comme nous laiflbns pleuvoir , & ne nous livrons point au vain ef-poir de tarir ces dangereufcs influences : mais comme on ne va pas fe réfugier fous une gouttière pour éviter la pluie , ne nous tenons point pendant l’orage dans les endroits ni auprès des objets les plus fufceptibles d’être foudroyés ; & oppofons , autant qu’il nous fera poffible, à la matière du tonnerre ce que nous favons qui peut arrêter ou ralentir le fluide êleétrique. Ces précautions, dont cependant la réuflîte n’eft pas immanquable , parce qu’il n’y a, je perde, ni corps, ni lieuabfolument inaccef-
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- 35 6 Histoire fible au fluide qui eft en mouvement quand il tonne , font à - peu - prè* tout ce que la prudence humaine peut employer de plus propre à nous détendre contre ce redoutable météore.
- Il eft certain qu’il y a des lieux plus fujets que d’autres à erre frappés du tonnerre , foit par leur fitua-tion , foit par la nature de leur fol; les terreins remplis de matières métalliques Sc ceux dans lefquels il y a des courants d’eau , font plus fufcep-tibles de ces accidents, toutes choies égales d’ailleurs , parce qu’ils font plus propres à recevoir la matière fulminante qui vient d’en-haut, à en déterminer , à en accélérer la chute , & plus propres en même-temps à lancer de bas en-haut une pareille matière qui éclate avec elle.
- Quant à la fituation , ce ne font pas toujours, comme on le pourrait croire, les lieux les plus élevés que le tonnerre attaque ; une montagne ifolée détourne prefque toujours une nuée d’orage qui eft poudre pat un grand vent , à-peu-près comme le courant d’une riviere, en fe brifant
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- ' Dï i’Electricité. 557 contre la pile d’un pont, rejette vers le milieu de l’arche les bateaux qui fembloient devoir arriver fur l’éperon : j’obferve que la foudre tombe plus fouvent fur quelque édifice élevé au centre d’une plaine entourée de montagnes ou de grands bois, & j’ir magine en voir la raifon lorfque je confidére qu’en pareil cas les vents fe contrarient ; foit qu’il y en ait réellement plufieurs en oppofition , foit que le même foit renvoyé par les éminences qui bardent le terrein , les nuées , portées les unes contre les autres, s’accumulent & le tonnerre s’anime d’autant.
- On voit bien , par ce que je viens de dire , qu’il y a peu de conlbils à donner & *à prendre fur le choix d’une habitation ; ce choix dépend ordinairement de raifons plus fortes & plus déterminantes que la peur du tonnerre ; & quand cette crainte fer roit allez grande pour y avoir part, qui pourra s’affurer que dans la litua-tion la plus heureufe en apparence, le terrein ne comprendra point, par les matières cleclrilablcs qu’il recelle, ce que la rareté des nuages pourroic
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- 55* Histoiu diminuer du danger ? bornons-nous donc à quelques avis fur les lieux qu’on peut aifément préférer ou éviter pendant l’orage , & fur les corps auprès defquels il eft dangereux de relier.
- Les bâtiments qui s’élèvent au-deffus des autres , où il y a beaucoup de monde aflemblé, qui (ont décorés en dedans avec des dorures , qui font garnis de grilles, de rampes, de balcons en fer , qui ont des^goutticres, des platte-formes. des arêtes de couverture en plomb , & dont les parties les plus faillantes font terminées par des ornements de métal, ces bâtiments font, comme je l’ai déia dit, plus expofés que les autres aux accidents du tonnerre, parce ce que tout ce que |e viens de nommer forme un affemblage de corps très-éleétrifables , très propres par conféquent à provoquer le feu de la nuée 8c à fournir des torrents de matière qui le faflènt fulminer ; une maifon bour-geoife où l’on eft en petit nombre , eft donc plus sûre qu’un lieu de fpeélacle quand il tonne ; on court moins de rifquedans la chaumière d’un Payfan
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- DE l'ÉlECTRICITi. 359
- que dans le palais d’un Prince ; les temples même où les Fidèles fe retirent lorfque la tempête les c(Fraye , ne devroient pas être regardés comme des refuges aflurés , li la fainteté du lieu & le mérite de la priere qui fe fait en commun , ne ranimoient la confiance & ne diminuoient la crainte que peuvent infpirer les circonftances phyliques.
- Les cloches, en vertu de leur bé-nédiéiton [6] , doivent écarter les orages & nous préferver des coups de roudre ; mais l’îglife permet à la prudence humaine le choix des moments où il convient d’uferde ce.pré-fervatif. Je ne fais fi le fon, confidéré phyfiquement , eft capable ou non de faire crever une nuée & de caufer l’épanchement de fon feu vers les objets terreftres [7] ; mais il eft certain &r prouvé par l’expérience, que le tonnerre peut tomber fur un clocher , foit que l’on y fonne ou que l’on u’y fonne point ; & fi cela arrive dans le premier cas, les Sonneurs font en grand danger , parce qu’ils tiennent des cordes par lelquelles la commotion de la foudre peut fe com->
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- muniquer jufqu’à eux : il eft donc plus fage de laiffer les cloches en repos quand l’orage eft arrivé au deflus de l’eglife.
- Un vaiffeau en mer , eft encore une habitation où l’on devrait crajn-dre plus qu’ailleurs les effets du tonnerre , à caufc du grand nombre d’hommes & de beftiaux qu’il contient , à caufe de l’artillerie dont il eft armé, à caufe de la hauteur des mâts & des agrais , & parce que le tcfüt repofe fur uqp vafte plaine d’eau ; mais on dit qu’il tonne moins en pleine mer qu’en terre ferme, & la grande quantité de graudon& de matières refineufes dont les bois & les cordages font imprégnés & même enduits , doit rendre les accidents plus rares ; dans les temps orageux, il eft affez ordinaire de voir le feu électrique du bâtiment fe diffiper en plufieurs petites gerbes par les extrémités des vergues & des mâts, comme il en fort des corps non-ifolés vis-à-vis de nos globes & de nos barrçs de fer éleârilées (p).
- (f) Ces feux font très-communs en mer ; on
- En
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- i>ï rx'fcLJEcmiçitî.
- En quelqu’endroit que l’on loir, quand on clV menacé d’un coup de tonnerre , il eft plus à propos d’être ifolé que de tenirà de grandes maf-fes ; & li l’on eft auprès d’un mur , il vaut mieux qu’il doit de pure maçonnerie , que d’être bâti en pan de bois ; parce que quand on fait corps avec d’autres objets, on eft en danger de partager avec eux , par contre coup ou autrement, le tort que la foudre peut leur faire , & à cet égard on court plus de rifque avec le bois qü’avec la pierre & le plâtre.: encore eft-il à craindre avec ces derniers matériaux, qu’on n’ait fcellé de l’autre côté du mur quelque piece de fer
- les a appelles jufqu’à préfent Faix Saint Flme, Cafior Poiïux , Sec ; mais il eft vifible maintenant que ce font tics feux électriques. M. Me-nnffier, Officier de la Compagnie des Indes, me raconta l’éré dernier, qu’à fon retour de la Chine ( cette armée I7<4 ) , ils efluyerent Une horrible tempère mêlée de tonnerre , 8C qu’ils virent pendant plus d’un quart-d’heure à l’une des extrémités de la grande vergue une langue de feu qui pétilloit beaucoup 8c qui faiioit entendre de temps en temps des éclats comme des pétards.
- Tom.U, Q
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- }6l H I S T O -X B. * l'aillante : car ce leroitun condu&eur capable de porter dabs le mur le feu du tonnerre , & malheur à quicon-que fe trouveroit alors vis-à-'vis du Icellemcnt.
- Un Capitaine de vaifTeau anglois, nommé Dibden, ayant été pris, en. i7jj>, par les françots, &c conduit à, la Martinique , fut transféré peu de» temps après du Fort-Royal à Saint-; Pierre : dans fa routé il s’arrêta à une petite chapelle bâtie fur une éminence , pour laiflèr palier un orage qui le furprit, le tonnerre tomba quelr. ques moments après dans ce petit bâtiment , & deux des Soldats de l’ef-. corte qui étoient reliés debout & appuyés contre la muraille , tombèrent morts à quatre ou cinq pieds de.dif-tance ; il parut à l’endroit contre lequel ils avoient été appuyés, un trou à jour de trois à quatre pieds de hauteur , par lequel on entra , & l’on trouva par terre les débris d’une barre de fer, qui, fcellé ci-devant dans le mur, fervoit à retenir une ligure de
- Ïlierre qui failoit partie d’un maufo-ée.
- Un arbre feul dans la campagne
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- n’eft pas un bon afyle pour celui qui craint le tonnerre : il y aurait moins de. danger au milieu d’une fdrêt de haute futaye , parce que le feu de la nuée provoqué également de toutes parts , ne ferait dirigé par aucune détermination particulière fur l’homme qui cherche à s’en garantir : on fait de relie combien de gens ont péri malheureufement pour s’étre réfugiés fous des arbres ifolés.
- Les grottes naturelles & les fou-terreins qui fontunpeu profonds , 6c qui ont peu de communication avec l’air extérieur , font rarement vilités par la foudre (?), à moins qu’ils n’aient au detfous ou autour d’eux, des matières métalliques , ou d’autres fubftances également éleélrifa-bles. (
- On fait bien de tenir fermés les chaffis vitrés des appartenons, lorf-
- (q) Adverfus tçnitrua & minas cœli fubter-reine a domus 6’ defofli in altum fpecus , remédia funt. Senec Nat. Qinsft. lib.vi, cap. i.
- Ideo pavidi attiores fpeçus tutijjimos putant. Plia.Lib» u , cap. yy,
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- j 64. Histoire qu’il fait de grands coups de tonnerre ; c’eft peu de chofe qu’un carreau de verte pour arrêter le trait de feu qui ell prêt à fillminer , & l’on ne peut pas fe flatter de çet effet, quand il frappera direéleme-nt : mais dans les cas où il ne ferait que rafer la fenêtre , peut-être n’en faut-il pas davantage pour l’empêcher d'avoir fon effet dans l'intérieur de l’appartement.
- Pour ne rien oublier de tout ce qui peut faciliter ou ralentir les effets du tonnerre , on peut porter l’attention jufque fur les habits. Nous favons par l’expérience, que la foie & la laine, fur-tout quanti elles font bien féches, font des matières moins perméables que d’autres pour le fluide éleélri-que ; ii celui du tonnerre ell de la même nature , comme on n'en peut guere douter maintenant , on peut aire que le payfan vêtu de toile & mouillé parla pluie , fe trouve par-là un peu plus fulminable que le particulier , qui porte un habit uni de drap ou de quelqu’étoffe de foie qui n’a contracté aucune humidité : mais en continuant de raifonner, d’après
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- BS t'Ej.HCTRICITé. Jgj ce que l’expérience nous a appris, nous devons dire aufli que par les galons , la broderie & les autres ornements en argent ou en or dont les vêtements (ont chargés, la condition des gens.riches à !egard du tonnerre . eil pire que celle du payfan couvert de fon Carreau humide ; car le métal eft encore plus éleétrifable que la toile mouillée.
- Je termine ici mes réflexions finies moyens de fe garantir des effets du tonnerre ; l’imagination peut en fuggérer d’autres ; mais je ne crois pas qu’on les puiffe propofer férieufe-ment. La peur du tonnerre, quelque grande qu’elle foit , déterminera-t-elle jamais quelqu’un à fe faire fuf-pendre dans une lanterne de verre ou de porcelaine , à s’incrufter dans un étui de matière réfineufe , à fe tenir ifolé fur un piedeftal de cire ou de foufre , &c ? Je ne rougirois pas cependant d’offrir de pareils remedes contre les dangers auxquels les orages nous expofent, & je ne fêrois pas en peine de les mettre à l’abri du ridicule , fi je pouvois répondre de leur infaillibilité ; mais, je l’ai déjà dit,
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- Jrtrt H I S T O 1 XV ï une forte éleélricité fe fait jour à, travers tous les obftacles que nous pouvons lui oppofer , & malheureu-lement le tonnerre eft la plus grande de toutes les éledricités.
- NOTES
- Relatives au Mémoire précédent
- t i]
- Sur. un des battions du château de Vuino, fitué dans le Frioul , au. bord de la mer Adriatique , il y a de temps immémorial, une pique drefifée verticalement, la pointe en-haut : dans l'Eté, lorfque le temps pa-roît tourné à l’orage, le Soldat qui monte h garde en cet endroit, examine le fer de cette pique , en lui préfentant de près le fer d’une hallebarde [ krandijloco ] , qui eft toujours là pour cette épreuve : &: quand il s'apperçoit que celui de la pique étincelle beaucoup , ou qu'il y a à fa pointe une petite gerbe de feu , il fonne une cloche qui elt auprès , pour avertir les gens qui travaillent aux champs , ou les pêcheurs qui font en mer, qu’ils font menacés de mauvais temps ; & fur cet avis tout le monde rentre. La grande ancienneté de cette pratique ert prouvée par la tradition conftante & unanime du pays , & par une lettre du P; Imperati Bénédiftin, datée de 1602 , dans laquelle il dit, en faifant al-lufion à cet ufage des habitants de Dùino ;
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- de l’Electricité. 367
- 'igne& kajlâhi mire utüntur ad imbres , grandiriez , procellafque prœfagiendas y tempbre præ-fertim œftivo. Letteradi Gio. fortunato Biah-chini dott. medic. intorno un nuovo feno-meno elettrico. ail Acad. R delle Scienze di Pariggi. daudine adi 16 Decembr. 1758.
- [/]
- Dolia exhxurimtur intaGlis operimentis , nul-loque alio vejligio reliÜo. Plin. lib. 11. cap. 5.
- Ut vajis integris vina repente àiffugiuht. Lucres lib. vi.
- Stat fraôlo dolio vinum ; nec ultra tridw.tm rigor ille durât. Senec. Nat. quæft. lib. n,
- c* 31*
- Illud ejlmirum quod vinum fulmine gelatum y cum ad primern habitum redit, poturn , aut examinât aut démérité s facit. Ibid. c. 53.
- Fulmine i6h intra pâucos diss verminant. Ibid. lib. 11, cap. 31.
- Arborum manu fatarum , recèptarumçue in domos , fulmine Uurus fola non iciiur, Plin. lib. xyi, cap. 30.
- [j]
- M. le comte de la Tour-Landry, dans une lettre quil me fit l’honneur de m’ë-crire le 12 Juillet 1764 , me faifoit le récit de trois coups de tonnerre dont fut frappée l’églife d’Antrafme , paroifle dont il
- fëigneur, & qui eftfituée près de Laval dans îe bas Maine. « Le 29 Juin 1763 , « dit-il, au milieu d’un violent orage, à « hu;t heures du matin , le tonnerre tomba •»> fur le clocher 8c le choeur de l’églife de Q iv
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- $68 Üistoirs
- »> ma parôlffé d'Àntrafme > le chœur eft
- 33 fous le clocher.l'autel eft à- la ro-
- » maine , avec des ornements aflé-t élevés, *» le tout eu bois doré tout neuf.. *. à droite .*» & à gauche, à trois pieds de diftaiice, 33 font des niches.çn tuffeau * incruftées dans =» des piliers : les contours & ornements 3:1 font dorés ; les ftatues des faints, peintes 33 & dorées , le tout dominé par une efpece 33 de baldaquin en bois doré. Un tourbillon 35 énorme de feux de toutes couleurs , cou-33 vritpar deux fois l'autel, comme tin flux 33 & reflux fle vagues , de façon qu'on crut
- 33 tout enflammé Sr.confumé. malgré
- 33 rembrafement où parir être par deux fois 33 le chœur qui elf boifé & l'autel , les 33 ornements de l'autel n’ont pas fouffert la 33 moindre altération ; mais dans les cadres » & contours des niches , les ornements de 3» leurs biles , dans une partie de leur cou-33 ronnement, ainfî que dans les premières » fculprures du baldaïuin , les dorures & 33peintures ont été fondues & noircies...,. 33 Parmi plufieurs autres dégâts & effets, 33 il y en a deux Singuliers : dans une des 33 crédences des niches en pierre de tuffeau, 33 & peinte en marbre , il fe trouva des » trous profonds , percés comme avec une » tariere , les morceaux jettés fur l’autel. » Sur une autre crédence , des burettes d’é* 33 tain noircies , à demi grillées ; le vin * qu’une contenoit* rendant une odeur de » la plus grande infe&ion. Dans le clocher, » ü Y avoit quelques dégâts & éclats dans 33 fa charpente & dans celle des cloches.
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- de l’Electricité. 36*> 33 Le clocher a été relatté & recouvert d'ardoifes tout à neuf : tous les dégâts du » tonnerre dans-le chœur, ont été réparés, 33 redorés , les trous remplis de plâtre, & 33 repeints. Le 20 Juin dernier [ 1764 ] à » quatre heures du foir , le tonnerre eft 33 tombé fur le même clocher j ..... fes » effets ont été exactement les mêmes,... 9j les mêmes dorures, & pas au-delà, ont 35 été noircies & brûlées j les mêmes trous 93 qui avoient été remplis & repeints, fe ®» font trouvés débouchés, les deux mêmes « burettes d'étain , noircies, grillées de la » même façon : enfin le tonnerre du 20 Juin » 1764 , a fuivi dans tous fes effets les » mêmes traces que celui du 29 Juin 1763. 33 ce quil a relié d’ardoifes fur le clo-33 cher , aux environs de trois milliers, & » qui un an auparavant avoient été placées »? fur un lattis neuf & avec des clous neufs, »» fe font trouvées comme fans foutien, » tous les clous s'étant trouvés lâchés & « comme piqués dans du papier.... je vous » obferverai encore qu'il y a environ trente *> ans que le tonnerre tomba fur le même
- « clocher, le 27 Décembre.La poli-
- 93 tion du clocher d'Antrafme , continue « M. le comte de la Tour-Landry, eft » dans un baffin bas , où il paffe une petite »3 riviere , & où il fe trouve d'autres nappes 93 d’eau ; tout ce petit baffin eft domine par 93 des coteaux ; & au nord-oueft,à trois por-93 tées de fuli\ ,* eft une petite montagne , 33 de niveau ait moins au clocher qui a une 33 élévation médiocre. Sa partie de char-
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- 3 ?o H I S ï O I R E *> pente couverte d’ardoifes, étant fttrmon-*> tée d’une plombure fort épaifle , 4e fept » pieds de hauteur : fu.r cette plombure » Une croix de fer de fépt pieds , pefant » environ trente livres , & au deffus un » coq de cuivre > la plombure pefe quatre » cents livres ; cette-plombure elt fort an-» cienne, ainlî que la croix de fer. ... Je m vous obferverarencore , que dans l’irif-» tant où le tonnerre tomba le 20 Juin fur •> le clocher, une fille & un homme, dans » deux maifons différentes, les portes ou-» vertes à cinquante ou foixante pas de » J eglife, reçurent, la fille fur les cuiffes, » l'homme fur les iambes,un fi violent coup, m comme d un bâton, que l’homme ne put » marcher qu’avec peine le refte du jour. .» La même fenfation étoit arrivée à un » Laboureur dans la même maifon où il fe » trouva par hafard , lorfque le tonnerre » tomba fur le clocher le 29 Juin \ j6$ «.
- On peut-, ce me femble , conclure de ce récit:, que la réunion de certaines çir-conftances peut rendre un édifice plus fuf-ceptiblé de la foudre , & que parmi ces circonffances on doit compter fa fituation, la nature du fol où il eft placé, celle des ; matières qui font entrées dans fa conftruc-tion , dans fes ornements, &c.
- r 41
- M. le marquis Maffei, dans fa lettre à Valifnieri [ la première de celles qui com-pofent fon traité de l’origine de la foudre,
- ' que j’ai cité dans le Mémoire précédent ]
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- se l’Electricité. 371 rapporte que voyageant dans'l’Italie, & fe trouvant dans le château d’un lieu appelle Fofdinovo 3 pendant lin orage mêlé de tonnerre, il vit tout d’un coup fur le plancher de la chambre qui étoit au rez-de-chauflee, un feu très-vif, dont la couleur étoit blanche , mêlée de bleu : ce feu tournoyoit fur lui même avec beaucoup d’agitation, Se formoit une flamme de quelque étendue, qui d’abord n’avançoit ni ne recuioit $ puis elle s’avança vers lui en s’allongeant en forme de langue , Se en prenant une plus grande étendue, précifément comme quand un tas de poudre enflammée en joint une autre qui s’enflamme de même, Sec. Ecco 10 vidi aivampar ditiiprovifo , &c. délia forma-zione de fulmini trattato. Letterâ 1 , pag. 2.
- Le même auteur dit qu’il n’a jamais manqué d’aller examiner les endroits où il fa-voit que le tonnerre étoit tombé, & partout il a reconnu par les effets Se par les traces qui fubfiftoient, que la foudre avoit frappé de bas en-haut. Ho riconnofciuto fe injure le percqjje di bajjo in alto. Ibid. lett. 2.
- « Pendant l’été de 1731 , dit encore M. a» Maffei dans la même lettre, il y eut dans a> les environs de Véronne uqe quantité *» prodhrieufe de tonnerres : on a compté m qu’il étoit tombé dix fois dans le feul « territoire de Cafalone , Se l’on m’a rendu sï un compte exaél de tout ce qüi s’efl- palfé m de remarquable : de tous ces coups de « foudre, je ne ferai mention ici que de v> celui qui a frappé la grande tour de la « place de la ville, Se dont j’ai pris con-
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- »> noiflance par le récit de ceux qui eiî » avoient été témoins, & par l’examen que 33 j’en fis moi-même le jour de cet.accident.
- >3 Le 16 Juillet , à k pointe du jour, il ton-» noit épouventablement0 tout-d’u.n-coup >3 on vit un grand feu s’allumer dans la place »3 des herbes , à une toife ou à-peu-près au-33 deflfus du terrein : la-lueur qu’il produifit » fut fi grande , que dans une étendue con-33 fidérable elle éclaira toutes les chambres 33 dont les fenêtres n’étoient point fermées s» avec des volets : un inftant après on vit 33 tomber par terre un grand écuflon de » pierre , qui étoit encaftré fort haut dans 3’ l’épaiffeur de la tour, & l’on entendit un coup qui ne roula pointcomme fait or-33 dinairement le tonnerre 3 mais qui ref- " 33 fembloit plutôt à celui d’une greffe piece 33 d’artillerie > tellement que les maifons en 33 tremblèrent. Lorfqu’on vint à vifiter la 33 tour , on remarqua des traces de feu à 33 l’endroit du mur d’où s’étoit détaché i’é-»» cuflbn, qui étoit faillant & couvert d’une 33 grande tablette de pierre. Un peu plus » haut^ où eft une pareille tablette , on vit » que l’une des confoles qui la foutenoient,
- 33 avoit été emportée fans qu’il y eût aucun 33 autre dommage.... & l’on apperçut en-33 core quelques fra&ures deffous le petit 33 dôme qui couvre la tour. De toutes ces » obfervations, M. MafFei conclut que la 33 foudre a frappé de bas en-haut. Et il » ajoute 3 j’ai obfervé la même chofe après 33 le coup de tonnerre qui frappa notre am-»3 phithéatre, & encore après celui qui ar-» riva à Férare en 1721. «
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- DE I’ElECTRI CI T E. 37^
- Le même M. Maffei cite encore deux faits fembjjpîes , c’elt-à-dire deux coups de tonnerre , qui ont commencé par une flamme qui s’eft élevée de terre. Le bruit « public , dit-il, a fait allez connoîtré ce 3ï qui a été obfervé à Lucques au mois de
- Juin 1724 , par deux Religieux delà pe-» tite Obfervance , tous deux Profeflèucs « de philofophie. Ils virent naître un petit 35 globe de feu , qui s’allongea en s’élevant
- avec beaucoup de rapidité , & le bruit » fe fit entendreijquelques inftants après} » il ell arrivé demiême à mon ami M. Sé-« guier , lorfqu’il étoit en France, de voir » en pareilles circonftances , une flamme m ferpenter fur le tçrrein , s’élever enfuite » avec fureur & faire entendre un coup » épouventable. => Ibid, lettera 1.
- M. l’abbé Jérôme Lioni de Cénéda dit, qu’après avoir été long-temps oppofé à l’opinion de ceux qui prétendent que la foudre vient d’en-bas, il fut témoin d’un coup de tonnerre qui la lui fit adopter. Il rapporte que pendant un temps fort orageux, il vit tout-à-coup une flamme très-vive qui s’éleva rapidement de la terre, jufqu’à la hauteur de deux coudées, & qui difparuten faifant entendre un coup des plus effroyables. « Je m’étois comme enteté, « dit-il, à ne vouloir pas croire que cela put « arriver ; mais cependant je ne puis rien 5» oppofer à un fait, io mi era quaji intejiato s» di non voler credere : ma ora non Caprei corne m combattere unfatto. » Giornale di Venefia ; tom. xxxii, pag. 94.
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- S74 Histoire Lazaro Moro, dans fon quyrage fur les cruftacéès de montagnes, fe ^laréouverte ment pour le Sentiment de ceux qui croient que la foudre vient d’en-bas. J ' . *
- Jofeph - Marie Bacheton ? medecm de Bologne, rapporte ainfi ce'quil.a appris des Religieuses du couvent de Sainte-Chriftine, «au-fujet du coup de tonnerre qui frappa leur tour, le il Juillet 174'y. Mmachæ viam imam, ojlendebant quamfulmen iènuijje putabant, ea-que erat altijfimum foramen per qued filum pèr-longum ferreum trahbataad cafnvanam ex inferiori ædium parte pulfandam : &• Jane filum prope totum confumptum erat.... univerfum fo-raminis tra&um fuligo infecerat levijfima, quæ mihi curiojijfîmê àiügentiffimèque fcrutanti , milium fulphuris indicïum prœbuit.... monachæ eohortis angulum ofiendentes , qui ad turrifii fpcdlat , quo in angulo foramen patet pluviis aquis ih fubjeâlum cavum iabentibus , illinc, aiebant, malum exifîit. In hi'S [ monachh ] una fuit œtate proyeôiior quai aljlrmabat-multis ante 'annis fiammarn aliam fe • vfâijje , nova hujus plane jimilem , ex eâdem cokortis parte prærum-pentem, quæ fummam turrim impetens , non fine magn'o fragore diffiluerat, &c. Comment. Bo-nonienf. tom. ii, parte I, pag. 461.
- Nos- plane opéra? pretium fa&uros juâicavi-mus, Ji inauditum fine Maffei placitum [fulmen e terrâ nafci ] pauU diligent ms profeque-. remur, cum argumenta quïbus ufus efi ficdnêlè explieantes confirmantes, tam etiamiiuvapro-mentes a contrariis rqthnibus vindicant.es, Ru&herus, Philof. prof, liypfienf. de hata-libus fulminum in praefat. Lypfia?, 17 25.
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- dh i’Ei.hctr:icité. 375
- Cœterum longe maximum feminum fulmineo-rum partem &* tenez vinculis liberatam mâgis , magifque evehi , arque in altiàri demum aère cum rriagno fed innojçio tumultu conjlagrare , quam lihentijjimè fatemut. Ibid.
- Ergo exjîmilibusfulminum operïbus conclu-damus ta in locis fulguritis otiri, nonpet libé-rum aërèm ex altis nubibus ajferri. Ibid.
- Pro vero , certo , rato, kabeamüs } fulmina non in nubibus fed in aëre humïliore gigni. Ibid.
- Nafcere in terra il fulmine & poco fotto, o poco fopra accenderfi, e che poco fi al-lontani‘il| foco di dovefiaccende tal che qualli che domegiano le fabrichevi fi ac-. cendano dentro. La philofophia. a rovefeio. Dialogo imorno a gli elemenù , per cagione 'del fulmine. In P if a , 1699.
- Etfi cmflans fuerit veierum philofophorum opinio fulmina in fublimi tantiim aëre cudi, compertum tamen efi in telluris quoque fuperfeie -ea plerumque gènerari. P. Fortunati da Bref* cia Francifcani , philofoph. fenfuum me-chanica.
- Acçoppiamo con quefia l’altra propriété aflai piu mirabile , di trapaflar muraglie fenfa far buco cofi fece la veduta da me, che fali alla ftanfa fuperiore fenfa que nella volta.foro , o crepatura alcuna apparifee. Mufti, délia for maxime de fulmini. Leittra 6.
- [5]
- Si e moite volte offervato, i tocchi délia faetta non avéré annerrito , & non avéré lafliato fegno di brucciatura. Maffii, Un. 6.
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- 37<> Histoire Après le coup de tonnerre de Clermont en Beauvoifis, dont il a été parlé dans la fécondé partie du Mémoire précédent, je me fouviens très - diftin&ement d’avoir yu les plombs des vitres, qui avoient coulé a plufieurs endroits , les morceaux de verre enfumés & couleur d’ardoife , fans que le feu fe foit mis aux bois, qui étoient brifes en petits éclats.
- M. le chevalier de Louville étant à Ne-vers, fut témoin de deux coups de tonnerre, dont l'un dépouilla un gros arbre de la moitié de fon écorce, & traça trois filions fur la longueur' du tronc > l'autre brifa un fagot placé fur des chenets dans l’âtre d’une cheminée, fans laifler aucune marque de brûlure. Hijl. de l’Acad. R. desScienc. 1714*
- paî u mois de Septembre 1765, le tonnerre tomba fur l’églife des Capucins de la Fère en Picardie, & dégrada toute’la dorure du Tabernacle î l’on m’a fait remarquer qu’un' voile de foie qui le couvroit alors, n’a été nullement endommagé , non plus que le linge d’autel..
- [«]
- M. Maffei , en parlant du coup*de tonnerre de Cafalaone , rapporté dans la fécondé partie de mon Mémoire, remarque comme une Angularité , que le grand écuf-fon qui fut détaché de la tour, au lieu de tomber au pied du bâtiment , comme il femble qu’il auroit dû faire , fur-tout à
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- be l’Electricité. 577 eaufe de fôn grand poids , fut jette auprès de la maifon d’un Marchand , qui étoit de l*autre côté de la place , comme fi , dit-il', il avoit reçu le coup du côté de la tour. Qucïfi avejje avuto l’ufto délia parte di la délia terre. Lettera 2.
- [7]
- Suivant le rituel de Paris, lorfqu’on bénit des cloches,on récite les oraifons fuivantes.
- benedic Domine.... quotiefeumque Jbnuerit, procul recédât viftüs injidtentium, umbra phan-.tafmatis , incurfio turbinum , percujjio fulmi-num , lœjio tonitruum, calamitas tempeftaium , omnifque fpiritus proceltarum , bc.
- Deus , qui per beatum Moïfen, bc.... procul pellentur injidiæ inimici , fragor grandinum, protelh turbituni, impetus tempejlatum ; tempe-renturinfefta tonitrua , bc.
- Omnipoxens Jempiterne Deus, &r..» ut ante fonitum ejus effiigentur ignita iacula inimici, percujjio fulminum , impetus lapidum , Icefio tempejlatum, bc. /
- En 1718, M. Deflandesfit favoir à l’Académie Royale des Sciences, que la nuit du 1.4 au 1 ? d’Avril de la même année ? le tonnerre étoit tombé fur vingt-quatre egli-fes, depuis Landernau jufqu’à Saint-Pol-de-Léon en Bretagne j que ces églifes étoient précifément celles où l’on fonnoit, que la foudre avoit épargné celles où l’on ne fonnoit pas : que dans celle de Gouefnon , qui fut entiérent ruinée , le tonnerre tua deux perfonnes, de quatre qui fonnoient, &c. tiijl. de l'Acad. R. des Sc. 1719*
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- 57* His'ro i*i
- PÉRIODE X.
- SECTION XIII.
- Obfervations fur Vufage des conducteurs de métal , pour garantir les bâtiments , &c. des effets du Tonnerre.
- li e s précédentes Se&ions de cette Période , regardent principalement la théorie de l’Elèétricité ; je confi-dérerai dans les deux fuivantes , ce que ion a fait pour réduire cette Icience en pratique. Je rapporterai, en premier lieu, les obfervations que l’on a faites par rapport à l’ufage des conduéfeurs de métal, pour garantir les édifices du tonnerre , comme étant une chofe fortement liée avec le fujet des dernieres Scétions que nous venons de voir.
- La propolition du Docteur Fran-
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- DÊ l’ElECTRICItÉ. 379 klin pour préferver les maifons des effets terribles du tonnerre , n’étoit point du tout une matière de pure théorie : plufieurs faits frappants qui fe font préfentés pendant la Période dont ie traite , en démontrent l’utilité.
- Un grand nombre d’obfervations font voir avec combien de facilité les verges de métal conduifent la matière du tonnerre, & qu’il faut bien peu de métal pour en décharger une grande quantité. M. Calendrini, qui s’adreffa enluite au Doéteur Watlon pour apprendre la meilleure méthode de préferver les magaiins à poudre, dit avoir été lui-même le témoin oculaire de l'effet d'un coup de ronnerre, qui avait frappé le fil de fer d’une lonnette , au moyen duquel il fut conduit d’une chambre à une autre, à travers un fort pe it trou dans la cloifon. Cette obfervation , qui fut faite avant les decouvertes du Docteur Franklin , fut enfuite recueillie & annoncée pofterieurement (a).
- (•:) Philof. Trapfaéf. vol. 34, part. 1 1 pag. zoj.
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- jSo Histoirï
- Le Docteur Franklin lui-mêmeV dans une lettre à M. Dalibard , datée de Philadelphie ,1e 19 Juin 175 5 > rapportant ce qu’on lmavoit fait voir des effets du tonnerre fur l’églife de Newbury à la Nouvelte-Angleterre , obferve , qu’un fil de fer , pas plus gros qu’une aiguille à tricoter, conduisit effedi vement un coup de tonnerre d’un de les bouts à l’autre, fans faire tort à aucune- partie du bâtiment; quoique fa force fût fi grande, que de l’endroit où fe terminoit le fi! de fer jufqu’à terre, le clocher fut exceffivement fendu & endommagé ; que même quelques-unes des pierres des fondations furent arrachées & jectées à la diftance de vingt ou trente pieds. O11 11e put trouver cependant aucune portion du fil de fer, fi ce 11’eft environ la longueur de deux pouces à chaque extrémité ; le refte ayant été perdu dans l’explofion , & lès parties diffipées en fumée & dans l’air, comme l’eft la .poudre à canon par un feu ordinaire. 11 n’avoit lailfé fur le plâtre du mur, le long duquel il avoit pafl’é , qu’une trace noire & fale , de trois ou quatre pouces de
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- de l’Electricité. 381 largeur, très-fombre dans le milieu & plus claire vers les bords. Les cir-conftances de ce fait prouvent évidemment que fi le fil de fer eût été continué jufqu’au pied de l’édifice , tout le choc auroit été tranfmis fans lui faire le moindre tort, quoique le fil de fer eût été entièrement détruit («).
- Mais la démonllration lapluscom-plettede l’utilité réelle de la méthode du Docteur Franklin , pour affiner les édifices contre les effets du tonnerre , elt le détail qu'a donné M. Kinnerfley de ce qui arriva à la mai-fon de M. Weft marchand de Philadelphie en Penfilvanie , qui fut garantie par un appareil cnmtruit félon les inltrucfions du Docteur Franklin. Il confiftoit en une verge de fer, qui s’éren doit d’environ neuf pieds & demi au deffusd’un rang de cheminées auquel elle étoit fixée, hile avoit plus d’un demi pouce de diamètre à fa partie la plus greffe , & alloit en diminuant vers le bout d’en-haut, où
- (,/) Philof. Tranftét. vgl. H > 1 »
- gag, aoj.
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- 3*2 H I S T B 1 K B
- il y avoit un trou qui recevait un fit de laiton , d’environ trois lignes de grofleur & dix pouces de long , qui fie terminoitpar une pointe très-fine. La partie la plus baffe de l'appareil étoit. jointe à un poteau de fer , enfoncé de quatre ou cinq pieds en terre.
- M. Weft jugeant par la grandeur, de l'éclair, & par le bruit fubit du tonnerre , que le conducteur avoit été frappé , alla le vifiter. 11 apperçut que la pointe de la verge étoit fondue, & que le petit fil de laiton étoit. réduit à fept pouces & demi de longueur, ayant fa pointe fort émouffee. Il foupçonna que la partie la plus déliée du fil de métal avoit été diflîpée en fumée : mais une partie, à l'endroit où le fil de métal étoit un peu plus: épais, n’étant que fondue par l’éclair, coula en-bas [ tandis qu’elle étoit fluide ] & forma une maflè rude & irrégulière , plus baffe d’un côté que de l’autre, autour de la partie fupérjeure de la piece qui demeura intimement unie avec eile. Ce qu’il y a de plus remarquable , c’eft que quoique le poteau de fer , auquel l’appareil fe terminoit , fut enfoncé en terre de
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- bï i’EiectricitJ. 38j trois ou quatre pieds , cependant la terre ne tranfmit pas l'éclair aufli promptement qu’elle le feroit dans un orage ordinaire, où l'on verroit l’éclair fe répandre auprès du poteau dans un efpace de huit ou neuf pieds fur le pavé, quoiqu’alors fort humeâé par la pluie (a).
- Pour empêcher les vaifleaux d’être endommagés par le tonnerre , le Docteur Watfon , dans une lettre au Lord Anton, qui fut lue à la Société: royale, le 16 Décembre' 1762, con-feille d’avoir une verge de cuivre, de la grofleur à peu près d’une plume à écrire, quifoit liée avec les fufeaux & la ferrure du mât ; & qu’enfuite defcendant jufqu’au tillac , elle foit de-là difpofée de façon quelle touche, toujours à l’eau de la mer (b).
- A l’égard des magafins à poudrç, le Docteur Watfon confeilla à M. Calendrini dont on vient de parler , de faire enforte que l’appareil pour
- (a) Philof. Tranfaét. vol. yj , part. 1, pag. 96.
- (4) Ibid. vol. y2, part.2, pag. 633»
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- 384 Histoirï détonrner le tonnerre fût détaché des bâtiments mêmes , & porté à l’eau la plus voiüne.
- Ce qui eft arrivé depuis peti à l’é-glife de faint Bride à Londres, prouve fufülàmmenc l’utilité des conducteurs de métal pour le tonnerre. Le Doéteur Watfon , qui a publié ce fait dans les Tranfaétions Philolophiques, oblérve que le tonnerre toucha d'abord le coq qui étoit placé à la pointe du clocher , & qu’il fut conduit làns l’endommager, ni aucune autre chofe , jufqu a l’endroit où lé terminoit une grande barre de fer ou le fufeau qui la foutenoit, & qui entroit de plu-fieurs pieds dans la pointe du clocher. Là , n’y ayant plus de conducteur de métal, une partie du tonnerre éclata, fendit dans toute fa longueur lobé-, lifquequi terminoit la fléché du clocher , & fit tomber de cet endroit plufieurs grands morceaux de pierre de Portland , dont le clocher étoit conftruit : là , il dérangea aufli de & place une autre pierre, mais pas affez pour la faire tomber. De-là le tonnerre parut s’être porté fur deux barres de fer horizontales, qui étoient
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- » b t’Electricité. 585 placées en croix en dedans du bâti- , ment , un peu au - deflus de l'étage fupérieur , prefque à la bafe de l’o-bélifque, afin de lui donner plus de force. A l’extrémité d’une de ces barres de fer , du côté de l’Eft & du Nord-Eft , il éclata encore , & reu-Terfa une quantité confidérable de pierres. Prefque tout le dommage fait au clocher , excepté auprès de la pointe, fe trouva du côté de l’Eft & du Nord-Eft i & en général là où les barres de fer avoient été inférées dans la pierre, ou placées au-deflbus -, & dans quelques endroits on pouvoit fuivre fon palfage d’une barre à l’autre, par la violence avec laquelle il avoit frappé la pierre.
- Il faut remarquer que pour diminuer la quantité de pierres dans ce beau clocher , ou avoit placé des crampons de fer en différents endroits; & on avoit pofé par-deflus des pierres aflfez minces , tant par maniéré d’ornement, que pour couvrir l’endroit où ils étoient fcellés. Dans plu-fieurs endroits ces pierres avoient été tout-à-fait déracinées & jettécs bas , à caufe qu’elles couvroient le fer. Va
- Tome II. R
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- jS 6 Histoire
- grand nombre de pierres, quelques-unes même fort groflès, furent jettées en bas du clocher ; il en tomba trois fur le toît de l'églife qui l’endom-magerenc fort ; il y en eut une qui paffa entre les greffes pièces qui for-moient le faîte & demeura dans la galerie.
- En un mot, en examinant le clocher , il fut trouvé fi endommagé dans plufieurs endroits , qu’on en abattit quatre-vingt-cinq pieds pour les rétablir à neuf ; la façon dont ce clocher fut maltraité indique coin.-. plettement , comme l’obferve le Docteur Watfon , le grand danger que courent les maflès de métal ilo-lées d’être frappées du tonnerre ; & au contraire elle prouve l’utilité & l'importance des maffes de métal continuées & convenablement placées pour les défendre de fes effets terribles. Le fer & le plomb qu’on, avoit employé dans ce clocher, pour le fortifier & le conferver, penferent occafionner fa deftruètion. Quoique fi , après qu’il e,ut été frappé du tonnerre , ces matières n’avoient pas tenu le refte droit & en bon état, l.>
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- de l’Electricité. 3S7 plus grande partie du clocher auroit-néceflairement écroulé.
- Ce qui fat caufe que ce bâtimènt fut encore plus maltraité, fut qu’il y avoit eu plufîeurs jours fort chauds,' immédiatement avant l’orage., Les nuits avoient à peine produit aucune rofée l'air étoit touf-â-fait fcc , & dans un état -fort peu propre à (& détacher , fans de; violents efforts', dé l’éledrîcité qui' y étoit fortement accumulée ; cette -graride "fécherefîô; avoit rendu les pierres du clocher de faint Bride ', & de toits les'autres édifices qui fe'trou voient dans ks mêmes circonftances, beaucoup moins propres qu'eMes ne l’auroientété dans un temps humide , à conduire'l’électricité-au tonnerre , & à en empêcher les mauvais effets.Car , quoique cet orâgefe termina paî une très-forte pluie ; il n’en tomba point, excepté quelque^ grofles gouttes , qu’après que l-églife fut frappée': & le Docteur Watfon ne doute pas cjue la pluie qui, fui vit, n’ait empêche beaucoup d'accidçflts de la même efpece, en amenant avec chaque goutte une portion de la matière électrique de R a
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- 3S* Histoire rétabliffantpar ce moyen l’équilibre entre la terre & les nuages.
- On obfervefréquemment , dit-il, qu'en faifant attention à l’appareil deftiné à raffembler l'éle<ftricitc des nuages, quoique le ciel (bit fort ob-feuri, & qu’il y ait eu plufteurs coups de tonnerre à peu- de diftance , cependant l’appareil en eft à peine af-feélé ; mais ii tôt que la pluie commence & tombe fur la partie de l’ap-p'areil qui’eft placée en plein ait, les clochettes qui y pendent, fonnent, & les éclats éle&riques fe fuccédent d’une façon très- vive. Gela démontre , dit-il, que chaque goutte de pluie çharie avec elle une portion de la matière élèélrique d’un nuage orageux, Si la diffipe dans la teére & dans l’eau, empêchant par ce moyen les fâcheux effets de fon explolion violente & fubite, Ç’eft-pourquoi on doit défîrer qu’il tombe de ,1a pluie toutes Jçs fois qu’on eft menacé’d’o-
- D’aprés toutes ces obfervations, le Ooéleur Watfon ne doute pas que le dommage qu’effuya le clocher de Sc Bride ne fut dû aux efforts du tonner-
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- fè , après qu'il eut atteint lé coq, tâchant de-là de le forcer un paflage à travers les ferrures employées dans le clocher. Comme cela devoit, dit-il, fe faire par faut, n’y ayant point de communication métallique continue, il eft tout fimple, quand fa force fut allez grande , qu’il déchirât tout ce qui n’etoit pas métal & lui oppofoit de la réfiftance , & que dans ce cas
- rrticulier , les ravages s’accruflent mefure que le tonnerre defcendit jufqu’à une certaine diftance, le long du clocher.
- Le Doéfeur confeille , pour démontrer aux yeux que ces conducteurs métalliques déchargent réellement le nuage orageux , de les discontinuer d’un pouce ou deux dans quelque endroit commode à obfer-ver : auquel cas, on verra le feu fauter d’une extrémité à l’autre. Si on appréhende quelque danger de cette dif-continuité du conducteur métallique, il dit qu’on peut avoir une chaîne lâche toute prête à IaifTer tomber deflits, pourcompletter la commnnication(tf).
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- fpO Ha $ T O I R É
- M. Délavai, qui rend compte auffî du. même accident, obferve que dans chaque partie du bâtiment qui étoit endommagée , le tonnerre avoir agi comme un fluide élaftique, en faifant effort pour s’étendre dans les endroits ®ù il étoit accumulé dans le métal, & que les effets en furent exaétement feniblables à ceux qui auroient été produits par de la poudre à canon.qui auroit été renfermée dans les mêmes efpaces & qui auroit fait explo-fion.
- M. Délavai dit dans le même Mémoire , qu’un £1 de fer ou une baguette ! fort menue de métal, ne lui paroiffoit pas avoir été un canal fuffi-fant pour conduire une quantité de matière foudroyante auffi grande que celle qui frappa ce clocher ; fur - tout s’il y avoit une partie de ce fil, ou du métal qui y conuriuniquoit, qui fut inférée d^ns la maçonnerie^ auquel , cas il penfoit que l’application de ce fil de fer ne ferviroit qu’à augmenter les mauvais effets du tonnerre , en le conduifant aux parties du bâtiment auquel il auroit pu làns cela ne point atteindre. '
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- de l'Electricité. )gt
- En un mot, il juge qu’un conducteur de métal, de moins de fix ou huit pouces de largeur & trois lignes de-paifleur [ ou une égale quantité de métal dans toute autre forme qu’on pourrait croire plus convenable ] n’eft point uncchofe fur laquelle on puiîle compter en sûreté , lorfque les bâtiments font très - expofés aux orages (A
- M. Wilfon, dans un Mémoire écrit dans la même occaüon , confcille d’éviter les barres ou baguettes de fer pointues dans tous les conducteurs du tonnere.
- Comme il faut , dit - il , que le tonnerre nous vifite de façon ou d’autre , il ne peut pas y avoir de raifon pour l’y inviter; mais, au contraire , quand il lui arrive d’attaquer nos bâtiments , nous devons feulement ajuf-ter notre appareil de façon à être en état de le détourner par des con-duéteurs commodes qui ne facilitent point, ou du moins très - peu , fon accroiffcment.
- (a) Ph.ilof. Tranf. vol. 54, pag. 134.
- R iv
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- Histoire
- Pour atteindre à ce but défira-blé, du moins en quelque forte , il propofe de lailfer l'ubfiiter les bâtiments tels qu’ils font au fommet ; c’cft-à-dire, fans les furmonter d’aucune piece de métal pointue ou non, qui ferve de conducteur ; mais que l’on fixe une barre arrondie de métal en dedans de la partie la plus haute du bâtiment, à un ou deux pieds du fommet , & qu’on la continue en en-bas le long de la muraille , juf-qu’à terre , à quelqu’endroit humide (a).
- Le Pere Beccaria , dont les obfer-vations & les expériences fur le tonnerre donnent à fon opinion plus de poids que celles de tout autre Obfer-vateur , paraît penfer bien différemment de M. Wiilon fur cette matière. Il dit qu’aucun appareil métallique ne peut attirer plus de matière du tonnerre qu’il ne peut en conduire. Et il eft fi loin de penfer qu’un conducteur arrondi à un bout, & placé à un ou deux pieds au-deffousdu toit,
- (a) Philof. Tranf. vol. s4» pag. 243.
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- de l’Electricité. 393 Foit fuffifant, que , fi le bâtiment a quelque étendue , il confeille d’en avoir plufieurs de la forme ordinaire, c’eft-à-dire, pointus & plus élevés que le bâtiment. Il croit un conducteur fuffifant pour une tour, un clocher , un vailfeau : mais il penfe qu’il en faut deux pour une aile de bâtiment de deux cents pieds de long, un à chaque bout ; trois pour deux pareilles ailes, dont le troifieme foit fixé au milieu ; & quatre pour un palais quarré ou à faces égales, un à chaque angle (a) [ 81 J.
- (a) Lettere d-ell’ Elettricifmo, pag. 17$.
- [81] La méthode de placer des barres de fer, pointues ou non, fur les bâtiments , pour les garantir des effets du tonnerre,a aujourd’hui bien perdu de fon crédit.En effet,comment imaginer qu’une petite verge de fer puiffe abfor-ber toute la matière ele&rique en mouvement que contient un nuage immenfe ? Elle doit produire , & produit en effet des effets tout oppo-fés à ceux qu’on en attend. On fait que les métaux font les corps les plus propres a faire éclater la foudre, par la grande facilité avec laquelle ils reçoivent & fourni fient la matière éleétrique : une barre de fer élevée fur un bâtiment, provoque donc cette matière, 8c anime
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- iH H *>s * <>- * R *l.
- Ceux de mes Ee^teurs ’-qui font? éloignés dé:Londres ^ ‘ àtifônt peihe^' me croire fi je leur apprends q«jé? le beau clocher qui a fâit lè- fujet d'une grande partie de cetté 'Seélion, & -qui a cté deux fois endormiâ^é par ; lé tonnerrè-, j[ car il eft probâblé aéïlîe^ lemerit que le! dommage qü’îl''rêcUt en 1750 , vendit dé la-même caillé] eft réparé maintenant fans conducteur métallique, dans la vue de le préfér-ver d’un troiliefne coup.
- fon action : & comme cettea&ion eft celle d’un corps immenfefortement éleétrifé ^ ^elle ne peut pas fe contenir toute entière dans le métal qu’on lui a donné pour'lui Servir de con-duéteur ; elle éclate contre, l’édifice ; ce qui n’arriveroit probablement pas, fi cet édifice n’étoit pas terminé par un corps capable d’exciter la foudre. Ainfi.cette méthode , bien lôin de garantir les bâtiments des effets dü torfh'érré, eft, à mon'avis , plutôt propfé'à lés faftéfbu?-droyer. C’eft pourquoi je crois 'ijulî-ferofe plus fage & plus prudent de terminer les édifices , fur-tout lés plus élevés , comme les'clochers , par des matières moins éleétri fables par communication, que ne le font les'métaux. Ainfi, au lieu d’y mettre une croix de fer, pourquoi ne ne lés pas terminer par ufle croix de pierre, ou de bois verni, oude quelqu’au-“tré matière anaîbgtfé ?
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- “PÉRIODE X.
- S E C T I O N XIV.
- De l’Electricité Médicale.
- 8: qui
- cale, Te trouve renfermé prefquc en entier dans la Période dont je traite aéhiellement. Car quoique M. l'Abbé Nollct eût remarqué quelques effets de l’Eleélricité (ur les corps ani--més ; & qu’un petit nombre de-malades eût aifurc s’être Bien trouvé de s'être fait éleélrifer , on n’avoit pæs b'êaucôup avancé’dàlis' céttè carrière; & les-Médecins y avoientfaic à peine attention avant cette Période ; au lieu que pour le prcfént l'Electricité cil devenue un article con-fidérable dans la Matière Médicale.
- Il y a cependant un exemple cér lébre de la cure d’une paralyfie lavapi: cette Période ; c’elt celle, que üd M> R vj
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- 3P 6 Histoire Jâllabert , ci-devant Profefleur de Philofophie & de Mathématique à Géneve , en la perfonne d’un Serrurier , dont le bras droit avoit été pa-ralyfé depuis quinze ans, à l’occanon d’un coup de marteau. Il fut amené à M. Jallabert le z6 Décembre 1747, & guéri complètement le 18 Février 174S [Sa.]. Dans cet intervalle il fut fréquemment éleétrifé ; on lui tiroit des étincelles du bras , &: quelquefois on y faifoit pafler la commotion éleûrique (a)
- Le bruit de cette cure faite à Genève, engagea M. Sauvage, de l'Académie de Montpellier , à entreprendre la cure des paralytiques, en quoi il eut un fuccès conlidérable. Il caufa dans un cas la falivation , & dans
- (a) Hiftoire , part. 3 , page 36.
- <8O* [ 82 ] Cette guétifon n’a pas été auflï cotnpletre qu’on te prétend. Le malade Ce trouva peut-être foulagé dans le temps qu’011 l’éleélrifoir : mais peu de temps après il retomba dans fon premier état& il y eft probablement encore , s’il n’eft pas mort. M. l'Abbé Noll,et m’a dit s’être adoré de cette rechute , dans fon fécond voyage d’Italie.
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- de l’Electricité. 397 un autre une fueur abondante. Cependant bien des paralytiques furent électrifiés fans aucun fuccès. A la vérité , le concours prodigieux de malades de toute efpece, que le bruit de ces cures raffembloit , étoit fi Çrand ,que la plupart ne purent être clectrifcs que fort imparfaitement. Il éleélrifa tous les jours vingt malades différents , pendant deux ou trois mois de fuite. Il n’eft pas furprenant que la populace voifine confidérât ces cures comme une magie ; & que ceux qui les opéraient fuflent obligés d’avoir recours aux Prêtres pour la détromper [a). On trouva dans le cours de ces expériences par des ob-fervations exaétes , faites avec un pendule, que leleétrifation augmente la circulation du fang d’un lixieme ou environ [8;].
- Un des premiers qui examinèrent l’Eleélricité relativement à la Méde-
- (a) Hiftoire, part. 3, pag. 91. dp» [8;] J'ai fait les mêmes expériences ; & je n'ai pas trouvé d’accélération fenfiblc dans le pouls.
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- jç)8 Histoire cine, fut le Docteur Bohadtch, Médecin de Bohême, qui dans un Traité fur l’Electricité Medicale , communiqué à la Société royale, dit que d’après bien des expériences il penfe que de toutes les maladies , l’Hémiplégie eft celle à laquelle convient le mieux l’Eledricite. Il croit auffi qu’elle pourroit être utile pour les fievres intermittentes (a).
- La paralyfie s’étant trouvée être la première maladie dans laquelle l’élettricité a procuré du foulage-ment ", on publia bientôt plufieurs exemples , dans lefquels on dit que les paralytiques avoicntété foulages par cette nouvelle méthode de traitement. En i7j7, M. Patrice Brydone fit, dans environ trois jours de temps, utte cure complette d’une hémiplégie , qui étoit en effet une affedion paralytique prefcjue univerfelle. C’é-toit une Femme âgée de trente-trois ans , & paralytique depuis environ deux ans {b). Et Jéâri GôdefroiTêske,
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- DR L’EiLECTRICITÉ. Jjg guérit prefqu’entiérement un jeune homme de vingt ans d'un bras paralytique, dont il n’avoit pas fait le moindre ufage depuis l’âge de cinq ans (a).;
- Les expériences de M, l'Abbé Nol-let fur des paralytiques n’ont pas eu un bon effet confiant (t).: 11 obferve cependant que durant quinze ou feize ans qu’il a éleCtrifé toute forte de gens , il n’a pas vu qu’il en foit ré-lulté un feul mauvais effet pour aucun .d’eux («).
- v Le Docteur Hart . dans une lettre au Dcéteur Watfon , datée de Salop le 10.Mars 1755 , parle d'une cure faite par l’éleftricite fur une femme de vingt-trois ans, dont la main & le poignet étoient devenus depuis quelque temps fans,mouvement, par une violente contraction de mufcles. Elle ne fentit pas la première commotion qu’on, lui donna ; mais à me-
- . (a) Philof.. Tranfaâ. voL/l ,,.patt. 1,
- fi) Nollet, Recherches, page 411.
- (0 pag- 416.
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- 400 H I 9 T 0 I « t fure qu’elles furent répétées, la fen-fation augmenta de plus en plus juf-qu’à parfaite guérifon. On la guérit encore une fécondé -fois après une rechute caufée par du froid qu'elle avoit fouffert (a).
- Mais la guérifon. la plus remarquable peut-être qu’on ait encore rencontré dans l’ufage de l’éleélricité pour les maladies de ce genre , ou même pour toutes celles qui peuvent arriver au corps humain , eft celle de cette maladie effroyable , qu'on appelle le Tetani univerfel. Elle eft rapportée par le Doéteur Watfon dans les Tranfaélions Philofophiques } &: le détail en fut Tu à la Société royale le io Février 176$. La malade étoit une fille de fept ans ou environ , appartenant à l’Hôpital des Enfants-Trouvés , qui fut d’abord attaquée d’une maladie occafionnée par les vers, & à la fin d’une roideur univerfelle des mufcles ; de forte que tout fon corps reffembloit plus à un mort qu’à
- (a) Philof. Tranfaft. vol. 40. part. 1, Pag- Sf8-
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- r>t L’EtECÏRIClT I. 401 On vivant. Elle avoit vécu plus d’un mois dans cet état déplorable ; & vers le milieu de Novembre 1762, quand tous les remedes ordinaires fe furent trouvés impuiiTants, le Docteur Watfon commença à l’éledrifer Si continua à le faire par intervalles jufqu’à la fin de Janvier fuivant ; alors tous les mufcles de fon corps fe trouvèrent parfaitement flexibles Si obéiflants à fa volonté , au point qu’elle pouvoit non-feulement le tenir debout, mais encore marcher & même courir comme les autres enfants de fon âge (a).
- Que l’élcdricité puifle être nliifible Si même dans certains cas où l’analogie nouspourroit faire croire qu’elle feroit utile, c’eft ce qui paroît évident par bien des faits & fur-tout par un que le Doéfeur Hart de Shrews-bury a rapporté dans une lettre au Dodeur Watfon , qui fut lue à la Société royale le 14 Novembre 1754.
- Une jeune fille d’environ feize ans,
- (a) Phil.Tranf.Y0l. y5, pag. 10.
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- 401 Hl STOIIU dont le bras droit étoit paralytique Si extrêmement décharné en comparai-fon de l’autre , ayant été éledriice deux fois, devint paralytique de tout fon corps & demeura plus de quinze jours dans cet état ; apres quoi la nouvelle paralyfiej'ut guérie par les remedes convenables , mais le premier bras malade relia comme il étoit auparavant. Cependant le Docteur Hart, malgré ce mauvais luccès, eut envie de recommencer à 1’éîeélri-cité. La fille s’y fournit ; mais après avoir été éleftrifée environ trois ou quatre jours, elle devint une fécondé fois paralytique de tout fon corps, & même perdit la voix & l’ufàge de la langue ; de forte qu’elle ne pouvoir avaler qu’avec beaucoup de difficulté. Elle fut encore guerie de cette nouvelle paralyfie par une fuite de remedes continués environ quatre mois. Mais on la renvoya de l’Hôpital , comme incurable de fa première paraiyfie. On prétend que leDo&eur voulut tenter une troifieme fois l’é-leélricité ; mais que cette fille, beaucoup plus intéreilce dans l’expérience
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- de i’Electricité. 40? que fon Médecin , jugea à propos de ne pas le fouffrir {a).
- Le détail que donne le Dodeur Franklin des effets de l’éledricité d’après la maniéré dont il l’appliquoit, n’efl point du tout propre à en recommander l’ufage dans ces fortes de cas. Il dit, dans une lettre au Doéteur Pringle , lue à la Société royale le il Janvier 175S ,que quelques années auparavant, quand les Papiers publics étoient remplis des détails des grandes cures opérées par l’éledricité en Allemagne 8c en Italie , grand nombre de paralytiques lui furent amenés des différents cantons de la Penfilvanie 8c des Provinces voifines pour être éledrifés , & qu’il le fit à leur priere. Sa méthode étoit de placer d'abord le malade dans une chaife ou fur un tabouret éledrique,, âc de lui tirer plufieurs grandes 8c fortes étincelles de toutes les parties du membre ou du côté at-
- (a) Philof. Tranfad. vol. 48, part, pag. 786.
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- taqué. Enfuite il chargeoit fortement deux jarres de verre de fix gallons, & déchargeoit leurs forces réunies dans le membre ou les parties affectées ; répétant la commotion communément trois fois par jour.
- La première chofe qu’il obferva fut une chaleur fenfiblement plus grande dans les parties malades qui avoient reçu la commotion que dans les autres ; & le lendemain matin les malades difoient d’ordinaire , qu’ils a-voient éprouvé la nuit une fenfation de picottement dans la chair des des membres paralyfés ; & ils fai-foient voir quelquefois nombre de petites taches rouges . qu’ils fuppo-foient avoir été occafionnées par ces picottements. Les membres fe trou-voient auffi plus capables de mouvements fpontanées,& fembloient avoir pris de la force. Par exemple , un homme qui le premier jour ne pouvoir pas foulever fa main malade de defliis fon genou , la levoit le lendemain de quatre ou cinq pouces ; le troifieme jour plus haut ; & le cinquième il étoit en état, quoiqu’avec
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- »e e’Eiectricité. 40* un mouvement foible & languiflant, d’ôter fon chapeau. Ces apparences, dit le DoCteur , donnoient beaucoup ;de courage aux malades , & leur faifoient efoérer une cure parfaite. Mais il ne le rappelloit pas d’avoir vû aucun amandement après le cinquième jour ; ce que voyant les malades, qui trouvoient d’ailleurs les coups aflez violents , ils perdoient_ le courage , s’en retournoient chez! eux , & retomboient en fort peu de temps ; de forte qu’il n’a vu aucun avantage permanent produit par l’é-leélricité dans le cas des paralylïes.
- Peut-être , dit-il, aurait-on pu obtenir quelque guérifon durable, fi les commotions électriques euflent été accompagnées de remedes & d’un régime convenable, fous la direction d’un habile Médecin. Il penfa auflî que beaucoup de petites commotions auraient pu être plus propres qu’un petit nombre de grandes qu’il donna ; puifque ,dans un détail venu d’Ecofle, il eft fait mention d’un cas où l’on dgnna chaque jour deux cents commotions avec une feule bouteille,
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- 406 H I S T O I R 8 & qu'ori obtint une cure parfaite (a).
- Plufieurs faits particuliers , & fur-tout un fort remarquable rapporté par l’Abbé de Mazeas dans un lettre au Do&eur Haies, prouvent évidemment qu’il y a une liaifon intime entre l’état de lcleâricité dans l’air, & dans le corps humain. 11 cleétrifa une perfonne qui étoit fujette à des accès d’épilepfie, avec l’appareil7dont il fe fcrvoit pour faire des oblerva-tions fur l’éleétricité de l’atmofphere, D’tfbord ce malade foutint fort bien les étincelles ; mais en deux ou trois minutes , l’Abbé le voyant changer de vilage , lui dit de fep retirer, de crainte qu’il n’arrivât quelque accident : il ne fut pas plutôt retourné chez lui , qu’il perdit lufage de fes fens , & fut faifi d’un accès très-violent. On fit palier fes convulfions avec de l'efprit volatil de corne-de-cerf ; mais il fut plus d’une heure & demie fans recouvrer fa raifon, Il
- (a) Philof. Tranfad. vol. jo, part, a, pag. 481.
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- DE ^ELECTRICITE.
- montoit & defcendoit les degrés comme un fomnambule , fans con-connoître ni parler à perfonne , rangeant lès papiers , prenant du tabac & offrant des fieges à tous ceux qui entroient ; quand on lui parloic,il pro-nonçoit des Ions mal articulés &c fans fuite.
- Quand ce pauvre homme recouvra fa raifon , il retomba dans un autre accès ; & fes amis dirent à l’Abbé qu’il étoit plus affeété de cette maladie quand il tonnoit que dans tout autre temps ; &r s’il arrivoit, ce qui étoit fort rare, qu’il n’en fût pas alors attaqué , fes yeux, fa contenance & la confufion de fes expreffions dé-piontroient fuffifamment la foibleffe de fa raifon.
- Le lendemain l’Abbé apprit de cet homme même , que la crainte du tonnerre n’étoit pas la caufe de fon mal ; mais qu’il trouvoit cependant une liaifon fatale entre ce phénomène & fa maladie. Il ajouta que quand l’accès le prenoit , il fentoit une vapeur s’élever dans fa poitrine , avec tant de rapidité qu’il perdoit l’ufage de tous fes fens avant que
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- 4®8 H i s t o i n r d’avoir le temps d’appeller du fa-cours (a).
- . M. Wilfon a guéri mie femme d’une furdité qui durait depuis dix-fept ans. 11 obferve auffi qu’elle avoic un gros rhume quand elle commença à être cledrifée : mais que l’inflammation celfa à la première fois ; & que le rhume difparut entièrement, après l’avoir éleétrifée le fécond jour. Mais il avoue avoir eflayé la même expérience fur fix autres perfonnes fourdes fans aucun fuccés (b).
- Le même obferve encore qu’on n’a-voit jamais pu donner la commotion à un vieillard de prés de foixante-dix ans, fi ce n’eft dans les poignets. 11 dit que lui-même aurait autrefois fouffert de fort grandes commotions fans inconvénient, mais qu’il ne pou-voit plus les lupporter.
- L'Eleétricité Médicale eft très - redevable aux travaux & aux obferva-tions de M. Lovet, Clerc de la Ca-
- (a) Philof. Tranfad. vol. 48, part,
- W ilfon’s , Eflai, pag. 107
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- bï i'Elsctrici.*4. 4«9
- thé’drale de Worcefter, qui pendant bien des années a travaillé fans celle à appliquer l’éleélricité à une-grande quantité de maladies différentes. Ses luccès ont été fort conlidérables ; & tous ceux qu’il a publiés paroiffene fort autentiques.
- Suivant M. Lovet l’éleélricité eft prefque un fpécifique dans tous les cas de douleurs violentes, quelqu’an-ciennes qu’elles puiffent être dans chaque partie du corps, comme dans les maux de tête opiniâtres , la fcia-tique , la crampe , & les maladies qui reffemblent à la goutte. 11 ne l’a effayé pour la goutte même que fur des gens qui en étoicnt légèrement attaqués , & qui en ont été foulagés fur le champ.
- L’éleélricité, dit - il, guérit communément le mal de dents à l’inftant; & à peine fe rappelle- t-il un feul cas où on s’en foit plaint une minute après l’opération («).
- Elle a rarement manqué , dit - il, de guérir les raideurs ou le dépérif-
- (a) Lovet’s, elfai, pag. m.
- Tom. II.
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- 410 Histoiïï fement des mufcles, & les maladies hyflériques, fur-tout quand elles font accompagnées de froidure aux pieds. Suivant lui, elle guérit des inflammations ; elle a arrêté une mortification , guéri une fiftule lacrymale, & diflipé du fang extravafé [a). Il dit aufli quelle a été d’une grande utilité pour amener à fuppuration , ou pour diflîper fans fuppuration , des tumeurs opiniâtres de divers genres, même de celles qui étoient Æro-
- Ïihuleufes. Elle a guéri entre fes mains e mal caduc , & des accès de differentes fortes, quoique les malades y euffent été fujets depuis bien des années ; & il cite une cure d’une hémiplégie (6). Enfin, il rapporte d’après M. Floyer, Chirurgien à Dorchefter, un exemple bien attelle de la cure parfaite d’un mal qui fembloit être une goutte fcrcne. Le même M. Floyer, dit-il, a aufli guéri par l’éleélricité deux jeunes femmes attaquées d’ob-flruélions , dont une avoit épuifé
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- de l’Electricité. 411 inutilement, pendant un an entier, tous les remedes de la'Médecine (a).
- M. Lovet avoue ingénuemenr qu’elle lui a manqué dans les rhu-matifmes ; mais il dit que ce n’étoie guere dans le cas des jeunes perfon-nes, fur-tout fi on les avoit entrepris à temps.
- M. Lovet a imaginé que la maniéré dont l’éleâricité opéroit dans ces cures, étoit en détruisant les ob-ftruétions fecrétes , qui font probablement la caufe de ces maladies. Jamais il n’a remarqué une feule oc-cafion où l’électricité ait lait aucun mal ; & il penfe que dans tous les cas où elle en a fait , la maniéré de l’adminiftrer a été mauvaife : il croit qu’en général on a donné les commotions trop fortes : il fe figure que c’eft ce qui eft arrivé dans le cas du malade du Doéteur Hart, ci-devant cité , que les commotions éleétriques rendirent plus paralytique qu’il ne l'étoit auparavant. M. Lovet confeille de commencer par la fimple éledri-
- . (a) Lovet’s, effai, pag. 119.
- S ij
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- 4ü Histoirï fatjon , fur-tout dans les cas hyfté, riques ; enfuite de procéder à tirer des étincelles , & enfin de donner des commotions modérées ; mais prefque jamais aucunes qui loient violentes ou fort douloureufes.
- L’application' de l’éleéfcricité faite par le Doéteur Zetzel d’Upfal, que l’on peut voir dans le Traité de M. Tovet,, s’accorde en gros avec fes ré-i fultats j ôf lorfqu’il le trouve quel* que différence entre eux, M. Lovet penfe qu’il y a des marques évidentes de mauvaile foi dans la relation Sué-doife. Une relation fubféquente ve* nue de Suède , fait mention de di-verfes citres opérées dans les mêmes çirconftances , où le Doéteur Zetzel . dit que l’éleélricité ne pouvoit pro-çurer aucun feçours.
- M. j. Wefley a fuivi M. Tovet dans le même cours d’Eleétrjcité Médicale , & en recommande l’ufage 4 fes Seétateurs qui font très-nombreux , ainli qu'à tout le monde, C’eft un bonheur quand on emploie l’afeendant qu’on a fur l’efprit des gens à des chofes qui favorifent faccroilfement des çonnoiffance; 8$
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- de i.’Electricité. 41J l'intérêt le plus folide du genre humain. Ce que dit M. Wefiêy des cures opérées par leleétricité s’accorde fort bien avec ce qu’en dit M. Lovct, qu’il cite fouvent. 11 ajoute qu'il n’a prefque pas vu un feul exemple oü des commotions par tout le corps aient manqué de guérir une fievre tierce ou double tierce (a). 11 cite des aveugles qui en ont été guéris ou foulages s & dit, qu’il fait qu’on a rendu l’ouïe par ce moyen à un homme fourd de naiflance (b). 11 rapporte des cures faites dans les cas de contufions , de plaies fuppurantes, d’hydropifie , de gravelie dans les reins , d’une paralylie de la langue, & enfin d’une vraie confomptiom Niais M. Boiflèr" dit que leleétricité eft préjudiciable dans les affrétions phthifiques [c).
- M.Weiley avoue franchement qu’il n’a jamais vu aucun exemple d’une
- (al Weffey's, defideratum, pag. 3.
- (b) Ibid pag. 48.
- (c) Carmichael Tentamen inaugurale me-dicum de paralyii, pag. 34, ex Ait, Upf.
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- 414 Hnioui hémiplégie guérie ; & quoique bien des paralytiques aient été foulagés par I’éleétricité, il a de la peine à croire qu’elle ait jamais guéri entièrement uneparalyfie qui aurait duré un an. 11 allure pourtant qu’il n’a encore vu perfonne, foit homme, femme ou enfant, en maladie ou en fanté , qui ait éprouvé ce dont M. Wilfon dit que quelques perfonnes fe font plaintes , favoir une douleur extraordinaire quelques jours après la commotion. M. Wefley a feulement ob-lervé que des douleurs de rhumatif-me, qui ont été parfaitement guéries par la fuite, a voient augmenté à la première ou à la fécondé commotion (a).
- M. Wefley prefcrit la même méthode d’application que M. Lovet. 11 confeille dans les maladies hyftéri-ques violentes , d'éle&rifer Amplement les malades , aflts fur des gâteaux de réfine , au moins une demi-heure matin & foir ; enfuite au bout de quelque temps, on peut en tirer
- (<0 Vefley’s defideratum, pag. jo.
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- be l’Electricité. 41J de petites étincelles, & enfuite leur donner des commotions , plus ou moins fortes, félon que la maladie le requiert ; ce qui a rarement manqué, dit-il, de produire l’effet quon en àttendoit (a) [84!.
- Ce détail de l'utilité de l’ElcCtricité Médicale par M. Lovet & M.Wéiley, eft aflurément fujet à une objection qu’on pourra toujours oppofer à ce que dilent des perfonnes , qui , n’étant pas de la Faculté , ne peuvent pas être fuppofées capables de diftin-guer avec exactitude ou la nature des maladies , ou les fuites d’une cure apparente. Mais d’un autre côté , cette circonftance même de leur ignorance fur la nature des maladies, & conféquemment fur la meilleure-méthode d’y appliquer l’électricité ,, fournit l’argument le plus fort pour prouver du moins qu’elle n’ell pas
- (a) Weiley’s defideratuçn, pag. $6.
- 83T [84] Il eft bien fingulict que l'Electricité ait fi conftamment 8c fi bien réufli entre les mains de M. Lovet 8c de M. Vefley. 8c fi mal-entre les mains de tous les autres.
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- 416 Histoi RE nuifible. Si elle a produit tant de bien, & fait fi peu de mal, dans des mains fi peu au fait de l'art de guérir , combien ne produirait - elle pas plus de bien & moins de mal encore dans des mains plus expérimentées >
- Mais quelque poids qu'ait cette ob-jeétion contre les Auteurs cités ci-deflus, on ne peut certainement pas s’en prévaloir contre Antoine de Haen , l'un des Médecins les plus célébrés de ce fiecle ; qui après avoir fait de Féleélricité un ufagc non-interrompu pendant fix ans , la regarde comme un des lecours les plus précieux de l’art de guérir ; & dit exprefc fément, que quoiqu’on l’ait fouvent appliquée en vain , elle a airffi fou-vent fourni des fecours, où tout autre remede aurait été inutile. Je vais extraire d'une maniéré fommaire » de fon livre intitulé Ratio medendi, le réfultat de toutes fes obfervations fur ce fujet.
- 11 dit que, par rapport aux paraty-fies partielles, jamais l’éleâricité n’a fait le moindre mal ; qu’une ou deux perfonnes qui n’en avoient reçu au-
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- p* l’Electricité. 417 cun foulagement en fix mois entiers, furent cependant fort foulagées en en continuant l’ufage : que quelques-uns en le cedant , après en avoir éprouvé quelque foulagerrent, font retombés de nouveau ; mais qu’en-fuite en recourant à l’ufage de l’é-leâricité , ils font revenus en fanté, quoique plus lentement qu’aupara-vant. Quelques perfonnes , dit-il, ont été foulagées quoique paralytiques depuis un , trois, fix , neuf &: douze ans, & même plus long temps; mais dans un ou deux de ces cas, les malades ont reçu moins de foulagement , & même plus lentement, que cela n’arrive dans les cas récents. Il dit que dans certains cas, des gens qui avoient eu une paralyfie fur la langue , les yeux , les doigts , & d'autres membres particuliers ont éprouvé un foulagement inefpéré. Une paralyfie ou un tremblement de membres, de quelque caufe qu’ils vinifient , dit-il, n’ont jamais manqué d’en être fort .foulagés ; & il rapporte un exemple d’une cure parfaite opérée dans un cas remarquable S v
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- 4lS H I S T O I R ï de cette nature, après avoir éprouvé
- dix commotions (a),
- M. de Haen étoit dans l’ufage d’appliquer l’éle&ricité au moins une demie heure de fuite. 11 paraît n'avoir donné que des commotions foibles, & il joignoit à l'éleâricité l’ufage d’autres remedes qui cependant n’auraient pas opéré fans elle (b).
- Il prétend que l’éleâricité n’a jamais manqué de guérir la maladie appellée Saint-Vitus’s dance (c). Il a toujours remarqué quelle occafion-noit une évacuation plus copieufe des régies, & quelle foulageoit dans les obftriiûions ; par cette raifon il confeille de ne point l’adminiftrer aux femmes enceintes. Il l’a trouvée utile dans certains cas de furdité ; mais elle a abfolument échoué quand on l’a appliquée à la goutte feréne, & à des écrouelles au col (</).
- (a) Ratio medendi, val. i, pag. 199,
- 134.
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- DH l’EiECTB.ICJT<. 415
- Enfin , il rapporte un cas remarquable qui lui a été communiqué par M. Vçlfe, à la Haye, au fujet ae la cure d’une appoplexie d’humeurs (a).
- A toutes les maladies où nous avons dit qu’on peqt appréhender que l’éleârifation ne foit préjudiciable, on doit peut-être ajouter la maladie vénérienne , dans laquelle M. Ve-ratti enjoint d’éviter ablblument toute éleélrifation (b).
- Je terminerai cet Article fur l’Electricité Médicale , par obferver que l’éleélricité produit fur le corps nu-main deux effets généraux, qu’il fem-bleroit que les Médecins pourraient mettre à profit : favoir qu'elle facilite la tranfpiration infenfible & la fécrétion des glandes. La première s’opère par 1’éleârifation feule, & la derniere en tirant des étincelles des glandes , ou des parties qui leur font contiguës, & lur lefquelles l’é-leétricité agit comme un aiguillon.
- (a) Ratio medendi, vol. a, pag. 100. (i) Carmichael tentamen, pag. 54.
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- 4*0 Histoire On a donné des exemples de ce premier effet dans les expériences de M. l’Abbé Nollet ; & nous en avons donné quelques-uns du dernier quand loccafion s’en ell préfentée.
- J’ajouterai maintenant à tout ceci, que M. Linnæus a obfervé que quand on a tiré des étincelles de l’oreille, I’éledricité a provoqué à l'inftantune fecrétion plus abondante de la cire de l’oreille ; & qu’on a auffi obfervé , qu’aprës avoir éledrife l'œil ou les parties voifines, les larmes ont coulé en abondance. Mais le cas le plus, remarquable que j’ai rencontré eft, quelle facilite la fecrétion de la matière qui forme le poil, & qu’elle a véritablement fait renaître du poil à un endroit qui avoir été chauve depuis long-temps (a).
- Jufqu’ici on a appliqué I’éledricité au corps humain, foit par la méthode de tirer des étincelles „ foit en donnant des commotions : mais ces opérations font toutes les deux violentes j. & quoique une forte fecouffe puiffe
- (a) Carmichael tentamen, pag 33,
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- de l’ Electricité. 421 être utile dans certains cas , elle pourrait être préjudiciable dans d’autres, où une fimple éleétrifation modérée ferait peut-être des merveilles.
- La grande objeétion à cette méthode, c’eft l’ennui & la dépenfe de l’application. Mais on peut imaginer une machine éleélrique qui aille par le moyen du vent ou de l’eau , & y pratiquer une chambre convenable tout auprès, dans laquelle on élèverait un parquet fur des corps éleétri-ques, & où une perfonne pourrait s’alTeoir, lire, dormir, ou même fe promener pendant l’éleélrifation. U ferait à fouhaiter que quelque Médecin entendu & habile , fe pourvût lui-même d’une machine & d’une chambre pareilles. On ne pourrait craindre aucun mal de l’éleélricité appliquée de cette maniéré douce & infenfible ; & les bons effets en font linon probables , du moins trés-pof-fibles. Il vaudrait certainement bien mieux pour l’honneur de la Faculté , que la pratique s’en introduiftt de cette maniéré, que de l’abandonner à quelque riche valétudinaire , qui fe fourrera dans la tête qu’une telle
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- 42i Histoire
- opération peut lui être avantageu-
- $Cr* [8çj Malgré tout ce qu’on a rapporté dans cette Se&ion , je ne crois pas la vertu médicale de l’éle&ricité encore bien établie 8c bien prouvée : je penfe donc qu’il faut la conftater d’une maniéré plus authentique, par des faits bien avérés, avant de conftruire la machine que confeille M. Prieftley. Nous ne fommes peut-être pas bien éloignés du terme » où l’éledricité deviendra réellement utile au penre humain. Jufqu’à préfent je ne connois » a la vérité , aucune cure bien conftatée, faite par l’éledricité. Mais M. Sans, Chanoine 8c Profefleur de Phyfique expérimentale à Perpignan, m’a alluré avoir guéri par l’éledri-cité fix paralytiques, en faifant ufage d’une méthode qui lui eft particulier^ : & il eft actuellement à Paris, où il traite des malades, dont il a fait conftater l’état par fix Commif-faires nommés par la Faculté de Médecine. Le fuccès nous apprendra ce que nous devons attendre de fa méthode. Mais il faut remarquer qu’il n’a pu venir à bout de guérir que des pa-ralyfies récentes , c’eft-à-dire, qui avoient moins d’un an de date, & qu’il lui a fallu employer quatre & fouvent cinq mois , en électrifiant les malades tous les jours pendant deux heures. Que devons-nous donc penfier de ces guérifons annoncées par MM. Lovet & Wefley, guérifons opérées fi promptement, & dans dés maladies fi anciennes, & de tantd’ef-peces différentes ?
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- s i’Electricit{. 415
- PÉRIODE X.
- SECTION XV.
- Mélange d’expériences & de découvertes , faites pendant cette Période.
- Ayant diftribué tous les fujets en autant de Se&ions , dans chacune defquelles j’ai raflëmblé allez de matière pour former un Article féparé ; j’ai réfervé pour laderniere place ces petits Articles, qui ne pourvoient pas convenablement être placés dans les précédents Chapitres , & qui n’é-toient pas aflez confidérables pour former des Sériions particulières.
- Il y a eu une grande difeuffiori entre les Ele&riciens fur cette queftion j favoir , fi le verre étoit perméable au fluide éleétrique ou non. M. Wil-
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- fon fe déclara en faveur dé la perméabilité ; & dans un Mémoire, lu à la Société royale le 6 Décembre 1759 , il produilitles expériences fui-vanres, pour foutenir fon opinon ; quoique dans la fuite il reconnut, dans un Mémoire lu à la Société royale le ij Novembre 1760 , que M. Franklin avoit prouvé dans l'expérience de Ja bouteille de Leydc que le fluide ne pénétroit pas le verre (a).
- Il prit un grand panneau de verre un peu chauffé ; & le tenant droitfur un de fes bords , tandis que le bord oppolé étoit placé fur de la cire , il frotta le milieu de fa furface avec fon doigt, & trouva que les deux côtés étoient éleétrifés en plus (b).
- Je ne puis m'empêcher d’obferver ici que cela doit être ainfi, fuivant les principes du Doéleur Franklin. Si on frotte un côté avec le doigt, ce doigt
- (a) Philof. Tranfaâ. vol. ci, part. a. pag. 896.
- (4) Ibid. part. 1, pag. 314,
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- de l’Electricité. 425 lui fournit un peu du fluide éle&ri-que. Cette petite quantité étant étendue fur le verre aufïi loin que le frottement s’étend , repoufle une égale quantité de celui qui eft contenu dans 3 antre côté du verre , Sc la chafle hors de ce côté , devant lequel elle demeure comme une atmofphere; de forte que les deux côtés fe trouvent éleétrifés en plus [86]. Si le côté qui
- [86] Je ne puis pas non plus m’empêcher d’obferver ici que notre Obfervateur dé-raifonne. Car, puifqu’il préfend qu’une portion du fluide électrique eft chaflee hors d’un des côtés du verre, tandis que l’autre côté en reçoit; ce premier côté devroitdonc êtra^lcc-trifé en tnoins , tandis qfte i'autre l’eft en f luf. Cela n’arrive pas : je laifle au I.eéteur à tirer la conféquencc. On peut voir par ce qui fuit, quelle torture il faut faire fouffrir au raifon-nement, quand on veut faire quadrer avec le fyftême qu’on a adopté , une expérience qui prouve contre lui. C’eft ce qui arrivera toutes les fois que ce fyftême ne fera pas appuyé de faits bien prouvés ; & encore mieux, s’il eft combattu par de pareils faits. Tel eft le fyftême du Doéteur Franklin fur l’imperméabilité du verre au fluide éleétrique. ( Voyez Tomt I^ pag, zoj, note } 1. )
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- 4i 6 Histoire n’eft pas frotté étoit en contaCt avec un conduéteur qui communiquât avec la terre , le fluide électrique feroit emporté ; & alors ce côté paroîtroit être dans l’état naturel. Si le fluide éleétrique que l’on trouve fur le côté non-frotté etoit réellement une partie de celui qui a été communiqué du doigt & par le doigt, & qu’ainfi il eût effectivement pénétré à travers le vqrre , il pourroit, quand il en feroit chaflé , être continuellement remplacé par de nouveau fluide , communiqué de la même maniéré. Mais fi l’effet va continuellement en diminuant , tandis que la prétendue caufe continue d’agir de même, il paroît qu’on peut douter du prétendu rapport entre cette caufe & l'effet. Car il eft difficile de concevoir comment un peu de fluide électrique ayant paffé à travers un corps perméable, rendrait ce corps de moins en moins perméable à d’autres parties du même fluide électrique , julqu’à ce qu’enfin il ne pût plus en paffer du tout. m M. Wilfon dit auffi qu’en tenant le même panneau de verre à deux pieds
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- Dï x’EtîCTRICITi. 417 du principal conduéteur qui étoit éleétrifé en plus, cette partie du verre qui fe préfentoit au conduâeur devint éleârilëe en moins des deux côtés ; mais qu’en peu de minutes l’é-leétricité en moins difparut, & celle en plus continuant, s’étendit à la place de l’autre ; de forte que pour-lors le tout fut éleétrifé en plus.
- L’expérience lui ayant réuffi juf-quà ce point, il fe fervit d’un plus petit morceau de verre , afin que le tout pût être éleétrifé en moins. Ceci, dit-il , le conduifit à obferver le pouvoir d’éleétrifer ce petit morceau de verre à différentes diftances.
- Il expofa le même petit morceau de verre au principal conducteur , à la diftance de deux pieds, & remarqua une éleéiricité en moins fur les deux furfaces.
- A mefure qu’il rapprochoit le verre à une certaine diftance, il étoit plus fbnfiblement éleétrifé en moins : en-fuite le rapprochant encore plus , l’apparence en moins devint de moins en moins fenfible , jufqu’à ce qu’étant arrivé à la diftance d’environ un
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- pouce, il fut éleélrifé en plus des deux
- côtés.
- Il trouva que cette éleâxicité en plus dans le verre , pouvoir être changée de nouveau en moins , en éloignant le verre & le tenant quelque temps à une plus grande diitance ; ce qu’il jugea être une preuve du pouvoir répulfif de ce fluide (a).
- Ayant pris un panneau de verre, dont un côté étoit brut & l’autre poli , il le frotta légèrement d’un côté -, ce qui rendit les deux côtés éleélrifés en moins [87].
- Je dois encore ici prendre la liberté d’obferver que, comme le fluide éleétrique contenu dans le verre, dms fon état naturel, cil entretenu
- (a) Philsf. Tranfaét. vol. f 1, part. 1, pag.418.
- «StT* [87] Il eft aifé de voir que routes ces apparences viennent de ce que les émanations , fort effluentes , foit affluences, font alternativement plus fortes ou plus foibles; 8c non pas de ce qu’il y a un défaut de fluide élcétri-que dans un cas, 8c une furabondance dans l'antre.
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- Dï L’ElECTIUeiTÉ. 419 en égale quantité dans les deux côtés par la répulfion ordinaire , fi on diminue la quantité dans un côté , le fluide contenu dans l’autre étant moins repoufle , fe retire en dedans, & laifle cette furface auffi électrifiée en moins.
- On peut faire dans l’une & l’autre furface de légers changements en plus ou en moins, qui n’aient pas la force d’agir fur l’autre côté , foit par répul-fion , foit en diminuant la répulfion , à travers le-verre : & ainfi oir peut donner à une furface l’éle&ricité en plus, &• celle en moins à l’autre juf-qu'à un certain point. On peut aulli éleétrifer les deux côtés en plus , ou en moins, ou par frottement, ou par communication , fans qu’il foit né-ceffaire de fuppofer le verre perméable.
- Et même il eft probable , que s’il entre un plus grand mélange de matière non-éle&rique dans la compofi-tion du verre , il peut s’en trouver qui, quoique froid , foit un peu perméable , comme l’eft tout verre chauffé.
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- 4jo Histoire M. Wilfon a traité de la même façon l’autre côté du panneau de verre , après quoi l’éleâricité en moins a été changée en plus des deux côtés.
- Quoique le Docteur Franklin fût d’avis , que le verre , quand il eft froid, n’eft pas perméable à l'électricité , il n'a point fait d’expériences fur le verre chaud ; mais M. Kin-nerfley , un de fes amis , en a fait une qui a paru prouver qu’il étoit bien différemment affecté à cet é-gard , dans les differents états de chaud & de froid. 11 a trouvé qu’un flacon de Florence [ fait d’un verre fort mince & plein de bulles d’air] contenant de l’eau bouillante , ne pouvoit pas être éleétrifé. L’éleétri-cité , dit - il , pafloit auffi librement à travers , qu’à travers du métal. La charge d’une bouteille de pinte & demie pafia librement à travers , làns endommager le flacon le moins du monde : quand il fut refroidi , il put le charger comme auparavant qu’il fût chauffe. 11 attribue cet effet à la dilatation
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- de l'Electricité. 451 des pores du verre par la chaleur (a).
- Toutes les expériences de M. Wil-fon, pour prouver la perméabilité du verre furent répétées par M. Bergman d’Upfal ; & même, à ce qu’il prétend , avec fuccès {b).
- Cependant Æpinus ne fut point du tout fatisfait des expériences de M. Wilfon , au fujet de la perméabilité du verre ; & même il 11e lui répond que par un fait fort commun , favoir , qu’un tube de verre reçoit & perd fon électricité fort lentement. De forte qu’il fe contente de foutenir qu’il y a une difficulté & une lenteur dans le palfage du fluide éleétrique à travers les fubftances éleétriques ; ainfi M. Wilfon paraît avoir un^grand avantage dans la difpute : car , comme il dit, palier à travers, quelque lentement
- (a) Philof. Tranfaft. vol. f3, part. 1, pag.Sr.
- (b) Ibid, vol JL , part. 2 , pag. 48$.
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- 451 Histoire
- que ce puiffe être, c’eft toujours un
- paffage réel (a).
- Æpinus a fait voir par une expérience curieufe, que fi un condudeur de métal & une balle de liege font éledrifés tous les deuxpofitivement, de façon à fe repoufler l’un l’autre; cependant, fi la balle eft portée forcément à deux , trois ou quatre lignes du condudeur , elle en fera attirée ; & quelle en fera repoufl’ée de nouveau , fi on la porte au-delà de ce terme d’attradion. Si la balle eft reftrainte à fe mouvoir dans cette même petite diftance, une éledrifa-tion modérée du condudeur repouf-fera la balle le plus loin poffible ; mais une éledrifation plus forte fera caufe qu’elle fera attirée. C’eft pourquoi il reftraint cette maxime générale , que les corps qui pofledent la même efpece d’éledricité fe repouffent l’un l’autre ; & alfure que cela n’arrive que quand la quantité du
- (f) Philof. Tranfaél. vol. 35, pag. 443;
- fluide
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- de l’Electricité. 433 fluide éleétrique appartenant à tous les deux, comme1 ne faifant qu’un corps , elt plus grande ou moindre que la portion qui leur eft naturelle (a). Cette expérience mérite une attention particulière.
- Le Pere Beccaria , qui a tant contribué à plufieurs Seâions de cette Période, fournit dans celle-ci quelques Articles qui valent bien la peine d’y être inférés.
- 11 a regardé comme évident que le fluide éleétrique tendoit à fe mouvoir en ligne droite, parce qu’on peut tirer du Bout d’un long conduéteur une étincelle plus longue en droite ligne , qu’en toute autre direétion. Mais il trouva la chofe encore plus évidente, en obfervant,tant en plein air que dans le vuide, qu’en préfen-tant le doigt ou une -boule d’airain à une diftance convenable & faifant avec le conduéteur un certain angle,
- [ que l’expériençe fera bientôt con-connoître ] l’étincelle éleélrique dé-
- (a) Æpini tentamen, pag. 146. Tome II. T
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- 434 Histoire
- crira une courbe exacte , 'à laquelle le "conduâeur fera une tangente ; comme fi la matière cleârique étoit mife en mouvement par deux forces différentes , l’une, fa propre vi-teffe acquife qui la pouffe en avant dans une ligne droite , l’autre , l’at-traélion du corps qu’on lui préfente, qui la tire hors de cette ligne (a).
- 11 dit dans fes obfervations fur les corps pointus, que fi l’on approche d’un conducteur éleétrifé deux corps terminés en pointes également aiguës, ils ne paraîtront lumineux qu’à la moitié de la diftance à laquelle l’un d’eux l’aurait été {b).
- Le même Phyficien rapporte une expérience curieufe , mais cruelle, qu'il fit fur un coq vivant. 11 détacha de la cuifiè de l’animal, le ventre d’un des mufcles, laiffant les extrémités dans leurs infertions, & en-fuite il fit paffer la commotion à tra-
- ( a) Elettricifmo artificiale e naturale, ^ (j/lbid. pag. 67.
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- I>£ î'Eiïciricit i. 43 f vers. A Finftant du coup, la patte fut tendue violemment, & le muf-cle s’enfla beaucoup;, le mouvement commençant au tendon , & fon ex-tenfion reflemblant à l’ouverture d’un éventail. Il n’y a point de piquure d’épingle qui pût le faire agir li fortement. (a).
- M. Hamilton , Profefleur de Phi-lofophie dans l’Univerfitc de Dublin , fit une curieufe expérience avec un fil de fer de cinq ou fix pouces de longueur, & bien pointu à chaque bout, il ajufta au milieu de ce fil de fer une chape de cuivre, & par cemOyen le plaça fur la pointe d’une aiguille qui communiquoit avec le conducteur; II. courba un demi- pouce du fil de fer à chaque extrémité dans des directions oppofées, perpendiculaires au refte du fil de fer, & dans le. plan de l’horifon. En élcârilant cet appareil, le fil de fer tourna avec une viteflb fort grande, fe mouvant comme il dit , toujours dans une
- (d) Lettere dell’ Elettticifmo, pag. 129.
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- 43 6 Histoire diredion contraire à celle dans laquelle le fluide éleétrique fort de la pointe , fans avoir à fa proximité aucune fubftance conductrice , autre que l’air ; il obferve aulïï , que fi on faifoit tourner ce fil de fer dans un feus contraire , il s’arrète-roit & tourneroit comme auparavant (a)..
- M. Kinnerfley de Bofton , fit aufli la même expérience, avec cette différence, qu’il éleétrifa le fil de fer négativement, & il obferva à fon grand étonnement, qu’il tourna toujours du même côté. 11 tenta d’expliquer ceci, en fuppofant que dans le premier cas les pointes ayant plus d’éleétricité que l’air, en étoientattirées ; dans le dernier cas, l’air en ayant plus que les pointes, en étoit attiré (i) [88].
- (a) Philof. Tranfaét. vol. ji, part. 2, pag. 90 p.
- (i) Ibid. vol. J3 , part. 1, pag. 86.
- [ 88 [ Ce qui occaiionne la rotation d’un pareil fil de fer, eft la réfiftance qu'é-prouye de la part de l'air le fluide éleémquç
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- tt l’Electriciï e. 437 Quelques-uns pourront penfer que ce fil de fer pointu, tournant dans le
- qui fort <3e fes extrémités. Ce fluide fort avec tant de vîtefle , que l’air, qui en eft frappé plus vîte qu’il ne peut céder, lui fert de point d’appui : ce qui oblige le fil de fer de reculer. Êc puifque le fil de fer recule toujours du même lens, foit qu'il (bit èleétrifé pojttive-tnent, foit qu’il le foit négativement ; il faut donc en conclure que tous lés corps, de quelque maniéré qu’ils foient éleétrifés , lancent toujours au-dehors du fluide éleéirique. Ce qui prouve de plus en plus que la diftinétion entre les deux éledhicités , pofitive & négative , n’a pas lieu. Cette façon de rendre rai-fon de ce fait , eft , ce me femWe , plus claire & plus intelligible que la pitoyable explication qu’en donne ici M. Kinnerfley.
- Quant à l’expérience de l’Eolipile, que pro-pole M. Prieftley , & qui fembleroit prouver contre ce que j’avance ; que M.^Prieftley la fafle réuflir, 8c nous le croirons. D’ailleurs quand elle réuflïroit, cela ferait voir feulement que l’expérience du fil de fer tournant ne prouverait ni pour ni contre, puifqu’il devrait tourner toujours dans le même fens de quelque maniéré que cela arrivât. Mais il y a allez d’autres preuves de la fortie du fluide électrique de tous les corps éleétrifés , de quelque maniéré qu’ils le foient, pour qu’on puifle fe palier de celle-ci.
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- 4jS H l s t.tu * même fens , foit qu’il foit éleétrifc pofitivemeut ou négativement , eft ttne preuve que le fluide éleélrique fort des pointés dans les deux cas également, & que la réaéfion de l’air le chafle en arriéré en même temps que les pointes ; contre ce qui aurait dû arriver, fi le fluide éleétri-que fut forti réellement de la pointe dans un cas, & qu’il y Fût entré dans l’autre. Mais on trouvera par expérience qu’un éolipile, dont la queue eft courbée comme le fil de fer ci-deflfus, & fufpendu par fon centre de gravité au moyen d’un fil délié, fe motivera dans la même direction , foit qu’il lance la vapeur au-dehors par l'orifice, foit qu’aprês s’être vuide & refroidi, il reçoive en dedans l’air ou l’eau.
- Je finirai cette feéïion de mélanges , & l’hiftoire entière de l’Eleétri-cité , par le détail fuccint de quelques unes des principales particularités , dans lefquelles confifte l’analogie entre l’éleéfricité & le magnétisme , à peu près tel qu’il a été donné dans un abrégé d’Æpinus, & qu’il
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- IDE l’ËLÈS TR I C I t i. 43j>
- m'a été communiqué dans cette intention par M. Price.
- i°. Comme un barre de fer tenue près d’un aimant aura pluiieurs pôles qui l'e fuccéderontde même, auffi un tube de verre touché par un tu-I be éleâriiè , aura une fucceffion de parties pofnives & négatives.
- a0. Les corps éleârifés pofitive-
- Iment & négativement, fe réunifient l'un à l’autre, quand ils font en côn-taél , de mênïe que font les aimants I quand on oppofe l'un à l’autre leurs I pôles de différents noms.
- I j°. Le verre eft une fubftance de I même nature que l’acier trempé. Les I côtés pofitrf & négatif du premier I répondent aux extrémités attirantes
- I* & repouflantes du dernier, quand il eft aimanté.
- 40. De même qu’il eft difficile de I mettre en mouvement le fluide élec-I trique dans les pores du premier , de I même aufli il eft difficile de mou-i voir le fluide magnétique dans les I pores du dernier.
- j°. Comme il ne peut pas y avoir de condenfation du’fluide électrique T iv
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- 44° Histoire dans le premier , fans une raréfaction ; de même auflî dans le dernier, s’il y a condenfâtion ou un magne-tifme pofitif dans une extrémité d’une barre, il faut qu’il y ait évacuation ou un magnétifme négatif dans l’autre extrémité.
- 6°. L’acier répond en quelque façon aux corps cleétriques par eux-mêmes , & le fer aux conduâeurs d’éleélricité.
- 7°. L’acier prend plus difficilement la vertu magnétique ; mais quand il l’a acquife , il la retient plus fortement que le fer ; précifément de même que les corps éleâriques par eux-mêmes ne reçoivent pas fi aifé-tncnt le fluide éleélrique ; mais quand on l’a forcé d'y entrer , ils le retiennent plus fortement que les conducteurs.
- 8°. Æpinus ajoute , & regarde comme une de fes découvertes, qu’un corps éledrifé n’agit pas fur les autres corps, à moins qu’ils ne foient eux-mêmes élcétrifés , précifément comme un aimant n’agita fur aucunes autres fubUances , fi elles ne
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- os jl’Electricité. 441 font, doués* elles-mêmes de la vertu magnétique, de forte qu’un corps éleétrifé attire & repoüfle un autre corps, feulement en conléquence de ce qu’avant toute chofe il le rend éleétrique, de même qu’un aimant n’attire le fer qu’en conféqucnce de ce qu’avant toute chofe, il en fait un aimant.
- 5". M. Canton a trouvé auffi qu’en coupant la tourmaline en pluueurs morceaux, chaque morceau a un côté pofitif, & un coté négatif, précifé-ment comme les morceaux d’un .aimant bri fié.
- Jufqu’ici , dit M. Price, il y a une analogie, & quelquefois très-frappante , entre le magnetifme &c l’é-leélricité, en fuppofant que la caufe du magnétifme foit un fluide ; mais il n’y a point de fubftance magnétique qui réponde- parfaitement aux condudeu rs d’éledricité. Il n’y a point d’effluence & d’affluence du fluide magnétique , qui devienne vifible dans un aimant, l’équilibre ne peut pas être rétabli dans un inftant, en formant avec le fer une communi-T v
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- 4+1 H I S T O I R. £
- cation entre les côtés. oppafés, comme on peut le faire dans le verre chargé. U n’y â non plus aucunes fubftances qui ne foient magnétiques que pofitivement ou. négativement, au lieu qu’il y a des corps qui font feulement éleâriques pofitivement bu négativement.
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- HISTOIRE
- D E
- L ÉLECTRICITÉ.
- SECONDE PARTIE.
- Suite de Proportions qui comprennent toutes les propriétés générales de l’Elcdrkité.
- Après avoir fuivi au long le progrès de toutes les découvertes concernant 1 eleétricité , & en avoir donné un détail hiftorique dans le même ordre, dans lequel elles ont été faites, on ne regardera pas, je l’of-pére, comme une répétition défa-gréablc , fi je finis par donner une.
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- 44+ Histoire fuite de propofitions, qui comprennent toutes les propriétés générales de l’éleélricité , tracées de la maniéré la plus fuccinte que faire fe pourra : & malgré le grand détail dans lequel je fuis entré , on trouvera qu’un petit nombre de propofitions ltiffit pour comprendre prefque tout ce que nous favons fur cette matière.
- On peut regarder cela comme une démonftration du progrès réel que l’on a fait dans cette fcience , ôc à mefure que ce progrès fera plus con-fidérable, & que l’hiftoire deviendra plus étendue , toute problématique que l’alfertion puilfe paroître , on doit s’attendre que cette partie de mon ouvrage fe reflferrera dans la même proportion. Car plus nous avons"de connoilfance dans une fcience , plus nous fournies en état de réfoudre en propofitions générales, un grand nombre de propofitions particulières, & par conféquent plus nous ferons en état de réduire fes principes dans des limites plus étroites.
- J’aurois pu rendre cette partie de -mon ouvrage beaucoup plus courte ,
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- db l'Electricité. 445 même dans l’état aéluel de cette fcien-ce , fi j’euflè voulu y admettre quelque chofe de théorique ; mais j’ai évité avec foin les principes de toute théorie , même la plus probable , & celle qui approche le plus de la certitude dans cette fuite de propofi-tions, où je n’ai pour objet, que de comprendre des faits connus , afin que mes leâeurs puiflent diftinguer loi-gneufement les faits de la théorie, deux chofcs qu’on ne confond que trop louvent.
- J’ai évité dans cette partie de mon ouvrage de defcendre dans aucunes minuties, en faifant la defcription des phénomènes électriques , parce qu’on y éft déjà entré précédemment, & que cette répétition eût été laflante. Mais auffi je crois qu’aprês un mûr fexamen , on trouvera que je n’y ai omis aucune découverte importante. J’y ai fait entrer auffi la définition de tous les termes techniques les plus néceflaires, afin que cette partie de l’ouvrage puiflè fervir d’une introduction méthodique & fuffifan-te à ceux qui commencent à fe livrer à l’étude de l’éleétrieité, &
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- 44® Histoire
- qui défirent avoir une connoiffance générale des premiers éléments de cette fcience, avant que d’entrer dans le détail des particularités qu’on apprendra mieux enfuite par l’hiftoire.
- Je defire que dans les propofitions fuivantes où je me fers du mot électricité , on fâche que j’entends feulement les effets qui feront appellés éleétriques, ou autrement, la caufi inconnue de ces effets, me fervant de ce terme, comme on fe fert des lettres x, y, en algèbre.
- Les Eleétriciens diftribuent toutes les fubftances connues en deux efpé-ces. Ils appellent les unes électriques OU non-conducteurs, & les autres non-électriques ou conducteurs d’électricité.
- Les métaux de toute efpece, ainfi que les demi - métaux & toutes les fubftances dans un état de fluidité, excepté l’air, font conduéleurs [89]. Le charbon de bois l’eft aufli, & les
- l*l * 3“ [89] Cette première propolition géné-
- rale eft fauffe ; car les huiles & toutes les ma-
- tières grades, même dans l’état de fluidité , ne font pas conduéleurs d eleétricité.
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- de l’Electricité. 447 autres fubftances de même nature , comme on le fera voir au long dans la derniere partie de cet ouvrage. Toutes les autres fubftances, loit minérales, végétales ou animales, font des non-conduâeurs [90]. Mais beau-cpup d’entr’elles font conduéleurs d’éleétricité, quand elles font chauffées fortement, comme le verre, la réfine, le bois féché au four, & peut-être tous les autres corps qui peuvent fouftrir la même épreuve.
- Cependant tous les corps quoique dans le même état de chaleur & de froid , ne font pas des corps éleélri-
- ûlr?' [50] Cette fécondé propofition n’eft pas pins vraie que la première. Car toutes les plantes vertes & tous les corps animés font d'excellents conduâeurs d'éleélricité. Il eft bien vrai que quelques parties animales , comme les poils, la corne , les os. féçhés , ne la tranfmertent que difficilement ; mais les animaux eux-mêmes le font avec la plus grande facilité. Notre Auteur convient lui-même que les fubftances végétales & animales , dans leur état naturel , font rarement des corps éleélriques parfaits. Eft-cc donc dans un état furrtaturel qu'il faut conlidércr les corps en fhyfique !
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- 448 H i s T o i R * ques oit des conducteurs également parfaits. Les fubftances végétales & animales, par exemple , dans leur état naturel, font rarement des corps électriques parfaits , à caufe de l'humidité qu’elles contiennent, .& indépendamment de l’humidité , il y a une certaine gradation dans toutes les fubftances depuis les conduéteurs les plus parfaits, jufqu’aux non-con-duéteurs les plus parfaits d'électricité.
- Toutes les efpéces de corps électriques ont une propriété -, favoir, que quand ils font frottés par des corps d’une autre efpéce ( qui en différent, fur-tout par le raboteux'ou par le poli ) ils attirent les corps légers de toute efpéce qu’on leur pré-fente ; qu’à l’approche d’un conducteur quelconque ils donnent une apparence de lumière ( fort vifible dans l’obfcurité ) accompagnée d'un craquement ; & que G on en approche le nez, on fent une odeur fembla-ble à celle du phofphore.
- Quand un corps électrique donne cette apparence , on dit qu’il eft éleéirifé ; & il y'en a quelques-uns, particulierementla tourmaline, qu’oa
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- Bt L’ElîCtRICt TÉ. 449 éleélrife , en les chauffant ou les re-froidiffant, auffi bien qu’en les frottant.
- Il faut cependant, pour éleârifer fortement un corps éleéfrique, que la fubftancc avec laquelle on le frotte , & qu’on appelle communément le frottoir, ait communication avec le terrein ou avec des fiibftances abondantes en électricité , par le moyen de conduéfeurs ; car fi le frottoir eft ifolé , c’eft-à-dire, fi on lui coupe toute communication avec la terre par le moyen de corps éleélri-ques, le frottement produira peu d’effet.
- Quand des corps ifolés ont été attirés & amenés en contact avec quelque corps éleârique frotté, ils commencent à en être repouffés, & fe repouffent auffi les uns les autres ; ils ne feront pas attirés de nouveau, jufqu'à ce qu’ils aient touché quelque conduéfeur qui communique à la terre ; mais après cela ils feront attirés comme auparavant.
- Si les conduéteurs font ifolés, on peut leur communiquer la puiffance éleétrique en en approchant des corps
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- 45° H i s T o i n. î éleétrifés. Alors ils attireront les corps légers , & donneront des étincelles, accompagnées de craquement , de meme que les corps cleâriqucs par eux-mêmes. Mais il y a cette différence entre l’élcCtricité excitée , & celle qui eft communiquée , qu’un conducteur auquel on a communiqué l'électricité, perd toute là puif-lance à la fois, en touchant un conducteur qui communique avec la terre , au lieu qu’un corps éleétrique par lui-même , dans les mêmes cir-conftances, ne perd l'on éleélricité que par parties, lêulement dans l’endroit qui eft actuellement touché par les conducteurs, ou dans ceux qui en font- voilins ; de forte que l’étincelle éleétrique, n’eft pas fi denfe , ni l’ex-plofion fi forte, quand elles viennent de l’éleClricité excitée , que lorf-quelles viennent de 1 eleCtricité communiquée.
- Les fubftances électriques amenées en contaCl avec les corps électriques frottés, ne détruifent pas leur électricité ; delà vient qu’on les appelle non-conduCteurs, parce qu’elles ne charient ou n’emportent pas tout ce
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- de l'Eiectri ci ri. 451 qui eft la caufe des apparences électriques dans les corps.
- Quand on communique une forte élcétricité à des corps animés iio-lés, le pouls eft accéléré , & la transpiration eft augmentée ; & fi ils reçoivent ou donnent leur éleélricité fubitement, ils éprouvent ufie fen-fation douloureufe au lieu où fe fait la communication.
- L'éleétriçité hâte l’accroiffcment des végétaux.
- Aucun corps électrique ne peut être éleétrifé fans produire des apparences éleétriques dans le corps qui le frotte, pourvu que ce corps Soit ifolé. Car ce frottoir ifolé attirera des corps légers , donnera des étincelles, & fera un craquement à l’approche d’un conduéteur , auffî bien que le corps éleétrique frotté.
- Si un conduéteur ifolé eft pointu, ou fi on tient fort près de lui un conduéteur pointu communiquant avec la terre , il donnera peu ou point du tout d’apparence éleétrique. Il paroîtra feulement une lumière à chacune des pointes, durant le temps de l’éleétrilation , & on trouvera
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- qu’il fort de toutes les deux un vent fenfible [91].
- Ces deux éleélricités, favoir, celle du corps électrique même , & celle du frottoir , quoique femblables', font tout le contraire l’une de l’autre. Un corps attiré par l’un fera repoulfé par l’autre, & ils s'attireront Sr agiront à tous égards l’un fur l’autre plus fenfiblement que fur d’autres corps ; de forte que deux morceaux de verre ou de foie , qui ont des éleélricités contraires, adhéreront fortement enfemble, &r il faudra une force confidérable pour les féparer.
- Ces deux éleétricircs ayant été d’abord découvertes, en en produi-fant une par le verre , & l’autre par l’ambre, la cire à cacheter , le fou-
- ‘SCP [91] Ce vent qui fe fait fentir de ces Jeux pointes dans le même temps , n’eft-il pas Une preuve Je la fortie du fluide éleârique de l’un & de l’autre de ces corps ? Notre Auteur n'a pas fait attention que ce fait, qtiï eft très-réel, eft contraire à la diftin&ion des Jeux électricités en plus & en moins .pafuivt & négative, qu’il foutient dans tout le cours de fon Ouvrage. Mais la vérité l'a emporté comme malgré lui.
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- de l’Electricité. 455 fre, la féline , &c. ont obtenu d’abord les noms à’électricité vitrée , &£ d'électricité réfineuje ; dans la fuite , quand on eut imaginé [52] que l’une etoit une furabondance, & l’autre un défaut d’un prétendu fluide électrique , la première ( c’eft-à-dire, celle que l’on produit en frottant avec la main ou avec un frottoir de cuir, des tubes ou des globes de verre polis , ) reçut le nom à’électricité pojitive, & la derniere (c’eft-à-dire, celle qui provient du frottement de bâtons ou de globes de foufre , &c. ou qui eil raffemblée par le frottoir d’un globe de verre mentionné ci-delfus) fut nommée électricité négative, & ces termes font demeurés aétuellement en ufage.
- Si on place un conducteur non-ifolé dans l’athmofphere, c’eft-à-dire, dans la fphere d'aétivité d’un corps cleétrifé quelconque , il acquiert i’éleétricité oppofée à celle du c*rps électrilé : & plus on l’approche de
- &T [9i] Imaginé, eft le mot qui convient le mieux ici ; car on n'en a aucune preuve.
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- 454 Histoire
- ce corps, plus l’éledricité oppoféc qu’il acquiert eft forte , jufqu’à ce que l’un reçoive une étincelle de l’autre ; & alors l’éledricité de l’un de l’autre fe trouve déchargée.
- La fubftance éledrique qui fépa-re les deux condudeurs qui pofledent ces deux efpéces oppofees d’éledri-cité, eft dite être chargée. Les plaques de verre font les corps les plus convenables pour cela ; & plus la plaque eft mince , plus elle eft capable de tenir une grande charge. Les condudeurs contigus à chaque côté du verre, font appelles leur garniture.
- Conformément au principe général dont on a parlé ci-deffiis , il eft né-cefïàire qu’un côté du verre chargé ait communication avec le frottoir ; tandis que l’autre reçoit l’éledricité du condudeur, ou avec le conducteur , tandis que l’autre la reçoit du frottoir.
- Il s’enfuit auffi, que les deux côtés de la plaque ainfî chargée , pof-fédent toujours les deux éiedricités oppofées ; car le côté qui communique avec le corps éledrique frotté , Z l’éledricité du corps éledrique, &
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- DE i’ElEC TRI CITÉ. 4J 5
- ;elui qui communique avec le frottoir, a celle du frottoir. #
- Il y a par conléquent une attraction allez violente entre ces deux éledricités , dont les différents côtés de la plaque font chargés, & quand il fe fait une communication convenable par le moyen de condudeurs, on apperçoit entre elle un éclat de lumière éledrique , accompagné d’un bruit ( lequel eit plus grand ou plus petit à proportion de la quantité d’éledricité qui leur cft communiquée , & de la bonté des conducteurs ) & par là l’éledricité des deux côtés fe décharge.
- La lublfance du verre même dans laquelle, ou fur laquelle exiftent ces éledricités, leur eft impénétrable^ 5 ], & ne leur permet pas de fe réunir; mais fi elles font bien fortes, & la .'laque de verre bien mince, elles fe forcent un paffage à travers le
- ST" [91] Voyez ce que nous avons dit ci-devant en plufieurs endroits de cet Ouvraqe, lut la prétendue imperméabilité du verre au ! fluide éle&rique, & fur-tout Tom. I, p, xoj,
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- 45 S Histoire verre. Celte opération ne manque jamakde brifer le verre, & le rend incapable detre chargé une autre fois.
- L’éclat de lumière, joint à l’ex-plofion entre les deux côtés oppofés d’un corps électrique chargé , eft ap-pellé communément la commotion électrique, à caufe de la fenfation dou-loureufe qu’il donne à tout animal, dont le corps fert à former la communication entr’eux.
- Cette commotion électrique fe trouve toujours former le circuit d’un côté du verre chargé à l’autre par le chemin le plus court, & les meilleurs conducteurs. L’éleCtricité communiquée ordinaire, obferve aufli la même régie, en fe tranfmettant d’un corps à un autre.
- On n’a point trouvé que la commotion électrique employât le plus petit efpace de temps fenfible pour fe tranfmettre aux plus grandes dif-tances.
- La commotion électrique , aulfi-bien que l’étincelle électrique ordinaire , déplace l’air à travers lequel elle paffe 5 & fi fon paffage d’un conducteur
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- Et l'Electricité. 457 condudeur à un autre eft interrompu par des non conducteurs d’une épaif-fcur_ moyenne , elle les déchirera dans fon paflage, de maniéré à offrir l'apparence d’une expahfion fubitc de l’air autour du centre du choc.
- Si on tait palier une commotion violente à travers un petit corps animé , fouvent elle le tue fubitement.
- Quand la commotion éledrique eft bien forte, elle donne la polarité aux aiguilles magnétiques , quelquefois elle renverfe leurs pôles.
- O11 prétend que les grandes commotions , dont les animaux font tués, accélèrent la putréfaâion.
- L’Eieétricitê &r le Tonnerre font à tous égards la même choie. Tout effet du tonnprre peut être imité par l’éleélricité ; & on peut faire toutes les expériences d électricité avec la matière du tonnerre , qu’on fait def-cendre des nuages au moyen de barres de métal pointues & ifolées.
- Tom. ÏI.
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- +j8 H i s t
- AVERTISSEMENT
- DE L’ÉDITEUR.
- La plupart de ces Propositions ne font point exactes ; parce qu’elles font fondées fur des principes dont nous avons démontré la faujjèté. Nous allons en fubfituer d’autres qui font appuyées de faits bien conftatés & déduits de l’expérience ; & à l’aide defquels on peut rendre raifort de tous les phénomènes électriques connus jufqu’à préfent. Ces Propoftions font tirées des Ouvrages de M. l’AbbéNoïïet. Voye^fes Leçons de Phyfique, tom. VI, pag. 4Q7.
- «SK
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- DE. l’EtË-CTRICITÉ.
- 4îi>
- PROPOSITIONS
- FONDA MSN TALES,
- Tirées de l’Expérience.
- I. L’éuctricieb eft l’èfietd'vroe matière fluide, qui fe meut autour ou au-dedans du corps éleâriféi
- II. Ce fluide n’eft ni la .matière propre du. corpseélaftrifé.,L ni l'air greffier que nous refpirons. :.v>
- III. jJf y.aitoqt lieu'de croire que la matière électrique eft la même que celle du Feu élémentaire &t de là lumière ; uni à quelqu’autre lubftance qui lui donne de l’odeur.. mi.
- IV. Cette matiereeft préfente. par-, tout .dans l'intérieur des corps Tcotés me dans l’airqui lesi environne. '
- V. La matiere électriquç excitée
- ou mile en aéïion , fe meut, autant quelle peur, en ligne droite;'& fon mouvement, pour l’ordinaire , eft un mbuvemcnt progreffif .qui' tranf-* porte feà-parties.... >
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- VI. La matière électrique eft af-fez Lubtile pour pénétrer au travers des corps les plus durs & les plus compactes. \
- VII. Mais elle ne les pénétre pas tous avec la mêmefaciliré. Les corps vivants, les métaux , l'eau , font ceux dans lefquelsjcüfi paflé. le plus 'facilement : le foufre, la cire d’Efpagne, le verreries, réfines, lrfoic, font ceux dans lefquels elle a le plus de peine à pénétrer , à; moins que ces corps ne foientjftattés ou chauffés.
- VIII. L'air, de notre athmofphere n’eft pas autant perméable pour Ig, matière élcétriquç., que les métaux , les corps vivants y, 1 eau t\&rc.
- IX. Quand la matière élcétrique fort d’un corps avec beaucoup d’im-pétuofité & qu’elle débouche dans l’air,, fciî qu’elle foie vifthlcdu non , eltefo divife en pIulÎBurs jets divers gents y qui forment rime elpece de gèrb.cou, d’aigrette.. . ....
- - X. Un. corps, éleétrifé, par frottement ou par communication , lâticc de toutes parts des rayons de matière éleÆttquçi, iqui,s’étendent en lignes droites dans l’air ou.dans les:.autres corps d’alentour.
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- • Ï>E i’El EC ï RI 6 I T i. 461
- XI. Tant que durent ces émanations ,*1 ne pareille matière vient de toutes parts au corps éledrilé , en formé de rayons convergents.
- XII. Ces deüx courants de matière éledtiqûe, qui vont en fens contraires , exercent leurs mouvements en même-temps ; & l'un des deux eft plus fort que l'autre.
- XIII. Les pores par lefquels la matière éledrique fort du corps éleâri-fé , ne font pas en auffi grand nombre que ceux par lefquels elle y rentre.
- XIV. La matière qui vient au corps éledrifé , ne lui eft pas fournie par l’air feulement, mais par tous les autres corps du voilinage, qui font capables dé s’éledrifer par communication.
- XV. La matière qui fort du con-dudeur ifolé par les différentes parties de fa furface , qui n’aboutiffent point au globe , vient, en bonne partie , de ce globe, & du corps qui le frotte.
- XVI. La matière éleârique , qui vient de toutes parts au condudeur ifolé , fe rend en grande partie au
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- 4-6i H i s t o i «. *v - ♦
- globe & au corps qui le frotte, d'où elle pafle dans l'air environnant, ou dans les autres corps contigus.
- XVII. I.cs corps ék&riles par communication , perdent ailcnicnt leur vertu par l'attouchement d’un autre corps non-ifolé. ‘
- XVïII. Le verre clectrifé par frottement ou par communication , ne fe déféleâriie pas de même ; & peut garder fon éleélricité bien plus lotig-remps que les conduâeurs ordinaires.
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- HISTOIRE
- L’ELECTRICITE.
- TROISIEME PARTIE.
- Théories d’EleSricitê.
- SECTION I.
- Théories eCEleSticüè , qui ont pricéii cille du Docteur Franklin.
- Suivant lespremiersEkariciens, l'attraction éieôriqtie te faifoit au moyen d’émanations onétueufes , produites par le corps éleétrique frot-
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- 4<f+ H iiro ii »
- té. Ori fuppofoit qu'elles s’attachoieht fur tous les corps qui fe trcmvoient fur leur route , & qu’elles rempor-toient avec elles tous ceux qui n’étoient pas trop péfants ; car dans ce fiécle de la Philofophie, on fup-poloit que toutes émanations retout'-noient aux corps d’où elles étoient forties ; car autrement perfonne n’au-roit pu expliquer comment la fubf-tance n’eùt pas été fenfiblement altérée par cette perte conftante. Quand ces corps légers, auxquels ces émanations onctueufes s’étoient attachées, étoient arrivés au corps éleârique mis en mouvement, on fuppofoit qu’une nouvelle émiflion les renvoyoit de nouveau. Mais on ne fongea à cet effet des émanations', que quand on eut fuffifamment obfervé la répul-fion éleétrique.
- Quand la Philofophie Newtonienne eut fait quelques progrès, & qu’on eut démontré la fubtilité extrême de la lumière &: des autres émanations des corps, de forte que les Plùlofo-phes n’appréhcnderent plus que les corps fulTent altérés par ces émiflions cpnftantes, on abandonna univerlél-
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- lenvent la dodrinc àttrctour da émanations , comme une chofequin’étoit plus nccdiairc , & l’on fut obligé d’acquiefcer aux,principes inconnus de l'atct-adion & de! la. répulfioHr-jque l’oit ftippofa être des propriétés de cdrtain$ corps,, qui leur étaient eoïnr niuniquccs par.l'Etrc Divin, &"dont on n’eflaya.prefque pas de chercher la caufe méchanique.
- ; Quand M. Dufay découvrit les demi elpeees-d’éledricité., quül ap-pdla' /Titrée & rifincufi,, il le forma néceffeitsipent l’idée dt 'Jmxzflttides éltSriqtttï.difiincU.'répnlfifs patrirap-port'à eux-mêmes, &J .attraâsftl’ua de l’autre. Mais il n’avoit pas d’idée que. ces deux efpeces lé trouvaient toujours dans toute opération - électrique, &. que la réjinc oit lé verre fêul Més 'produifoit tffljjjaurs toutes les deux ; Cette théorie était “donc auffi ümpte. dans fon application que l’autre.
- Tantquon ne connut rien de plus de l’éledrjcité ,. que i’àttradion & la répulfionsi cette rhéo.i'iecg.éuésale fut fufKfantei ; L’artradion générale de tous les. corps, relativement les .us*
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- aux autres fiit appeliée la gravitation ; ( & quelques-uns fuppoferent affèz ridiculement par-là l’expliquer ) &c plulieurs Pfailofopfaes fiiperficiels croyaient avoir donuë une allez bonne explication de l’éle&ricitçy de la cohéfion & du.magnésifme ; en les appellant des efpCüCs particulières d’attradion appartenantes à Certains corps.
- Mais quand l’éleilricrté commença à Pc montrer feus une plus gfan-de variétd;de;phénbmenes', &'à 'fc rendre 1er,liitic à Üddorat, à la vite, au toucher à fouie quand les corps non-feulement attirèrent & re-pouffèrent, mais; qu’on leur lit lancer de longues étincelles de feu , accompagnées d’un craquement confi-dërable, d’une fenfation doalourcufe, & d une forte odeur de phofphore ; ïes éJeélricieîJS forent obligés dé rendre leur fyllême plus compofé , à proportion que les faits le devinrent. On fuppofa donc généralement que le fluide éledrique étoit le même que le feu élémentaire ; quoique quelques-uns penferent que c’étok un fluide d’un genre particulier, qui ref-
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- dx i’Electricité. 4Æ7 fembloit beaucoup à celui du feu ; & d’autres,ayant M. Boulanger à leur tête, jugèrent que le fluide électrique n’étoit rien autre chofe que les parties déliées de l’athmofphere, qui s’accumuloient fur les furfaccs des corps électriques, quand les parties les plus groffieres en avoient été char-fées par le frottement.
- La grande difficulté commune à toutes ces théories, étoit de déterminer sûrement la direction de la matière électrique. 11 n’eft pas fur-prenant que, quand obferva d’abord les apparences électriques, on ait fuppofe que toutes les puifl'ances électriques réfidalfent dans le corps électrique frotté , & conféquemment-qu’elles provinflent de cette fource. Ainfi on imagina d’abord, que l’étincelle électrique étoit lancée du corps éleCtrifé vers tout conducteur qui lui étoit préfenté. Jamais on n’imagina qu’il pût y avoir aucune différence à cet égard, foit que ce fût de l’ambre , du verre , de la cire à cacheter, ou autre chofe qui fût éleCtrifé. On ne trouvoit rien de plus évident que ce progrès de la matière
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- 4fiS Histoire-éleéfrique; quel dut donc être l'étonnement de tous les électriciens, quand ils obferverent la première fois les apparences électriques à un frottoir ifolc ; en même temps qu’il fut démontré , que faction du frottoir ne produifoit pas, mais ne faiioit que raifembler le fluide électrique !
- Dans ce cas, on n’auroit pas pu fuppofer que le courant vînt en même-temps du conducteur & du frottoir , & cependant les premières apparences fembloient le prouver. Pour fe procurer un furcroit de matière électrique, ils étoient obligés de fuppofer , que quoique les apparences fulTent à peu près les mêmes, le fluide électrique étoit réellement reçu par le corps électrifé dans un cas, & qu’il en provenoit dans l’autre [94]. Mais étant obligé d’après ce qu’ils voyoient évidemment, d’abandonner ce raifonnement fur la maniéré de fe mouvoir, ils furent embarrafles de
- «3» [94] Et pourquoi fuppofer, gratuitement & fans raifoq, une chofe directement oppofée à ce que l’oq voit ?
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- de l’Electricité. 469 favoir , fi dans la méthode ordinaire dele&rifer par le moyen du verre frotté , le fluide vcnoit du frottoir au condudeur, ou du conducteur au frottoir ; mais on ne trouva rien pour obvier à ces difficultés , jufqu'à ce que le Docteur Watfon fuggéra une excellente théorie d’électricité pofitive & négative , que le Dodeur Franklin rédigea & éclaircit par la fuite.
- Bientôt on trouva que rélechici-tc du frottoir, étoit tout le contraire de celle du conducteur , & à tous égards la même que celle qu’avoit produite auparavant le frottement de la cire à cacheter , du foufre, de la réfine , &rc. Voyant donc que les deuxéledricités, comme on lesavoit appellées jufqu’alors , étoient pro-. duites en même-temps par un feu! & même corps éleétrique, & par le même frottement , tous les Electriciens , & entr’autres , M. Dufay lui-même , conclurent qu’elles étoient toutes les deux des modifications du même fluide , & alors l’ancienne doctrine des éledricités differentes fut rejettée univerlêllement
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- La découverte, accidentelle de la bouteille de Leyde démontra très-clairement l'imperfedion de toutes les théories qui avoient précédé celle de l'éle&ricité pofitive & négative, en préfentant un phénomène furpre-nant , qu’aucun Eleâricien , avec le fecours d’aucune théorie , n’auroit pu prévoir ni s’en former la moindre idée à priori [55].
- [9J] Cela eft vrai : il n’y a point de théories qui aient pu faire prévoir T effet fur-prenant de la bouteille de Leyde. Mais il en exiftoit une avant celle des éledricités pofitive & négative-, au moyen de laquelle il eft très-aife de rendre raifon de cet effet , tout furprenant qu’il eft. C’eft celle des effluences & affluences fimultanées , découvertes par M. l’Abbé Nollet ; théorie fondée fur les faits les mieux confiâtes, & tirée des expériences les plus décifives j & la feule, j’ofè le dire , par laquelle on puifle rendre raifon, d’une maniéré fatisfaifante , de tous les phénomènes d’éledricité connus jufqu’à préfent. Il n’y en a aucune, fi l’on en excepte celle-ci, par laquelle on puifle expliquer, par exemple , d’une maniéré claire , le fait qui fe préfente le plus communément en éle&rické : je veux dire celui des attrapions & rèpulfions fimultanées , opérées par le même côté de la furface d’un corps élcdrifé. ( Voyez Levons de P kyfi que de M.
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- be:1’Eiïctricit£. 47« Après ce grand événement, on vit de nouvelles théories d'éleéfricité fe multiplier en foule , de forte qu’il feroit fort inutile de les rappeller toutes. En effet, il y en eut beaucoup dont-la durée ne fut pas de plus d’un jour. Cat elles n’étoient pas plutôtmifes att jour, que leurs Auteurs eux-mêmes, fur,l'apparence de quelque fait nouveau , trouvoient des raifons de faire de nouveaux modèles ou de les rcjetter entièrement.
- l’Abbi NolUt, Tom. VI, pag. 416 & fuiv. ) Toute théorie qui.* n’expliquera pas clairement ce fait, doit êtrè rejettée. Aufli celle de M. l’Abbé Noliet eft-eile maintenant adoptée par prelque tous lesPhyficiens : je dirais même tous ( en en exceptant feulement la plupart des Ànglois , qui par "égard pour leur nation, tiennent à la Doétrine duDo&eur Franklin), s’il ne reftoit pas encore trois ou quatre Electriciens , qui , quoiqu’on les ait convaincu, qu’ils fe font trompés , fe font ooftinés à ne pas changer d’avis. ( Voyez les Mémoires de V Académie Royale de Sciences, pour Vannée 1746 , pag. 1 & fuiv. Vous y trouverez une explication daire.â précife de l’expérience de Leyde , ainfi que de toutes les circonftances qui T accompagnent. Voyez au fît Lettres fur VElectricité, cinquième Lettre a M. Franklin , part. 1 , pag. 80. )
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- C’eft pourquoi je me contenterai de retracer quelques-unes des principales théories d’éledricité qui ont actuellement leurs adhérents !, fans coofidérer fi elles ont pris naiflànce auparavant ou depuis: cette découverte.
- Suivant quelques-uns, & .particuliérement M. Wilfon , le principal agent dant toutes les opérations électriques eft l'Ether de Newton, lequel eft plus ou moins denfe dans tous les corps à proportion de la petitefle de leurs Pores, excepté qu’il eu beaucoup plus denfe dans les corps fulfureux & onâueux (a). Ôh attribue à cet Ether les principaux phénomènes d’attraction & de répulfion, au lieu que la lumière, l’odegr & les autres qualités fenfibles du fluide éleârique font renvoyées aux particules plus groffieres des corps, qui en fo.nt extraites par l’aétion puilfante de cet Ether (i). On tente auffi d’expliquer plufieurs phénomènes d’éledricitè par le moyen d’un milieu fubtii , qui
- (a) Wilfon’s, dififenation, pag. j. (i) Hoadleÿ and Wilfon, pag. j;.,
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- de l'Electricité. 47$ fe trouve à la furface de tons les corps, qui eft la caufe de la réfraction 8c de la réflexion des rayons de lumière j 8c qui réfifte à l’entrce 8c à la fortie de cet Ether. Ce milieu, dit-011 , s’étend à une petite diftance dti corps , & eft de la même nature que ce qu’on appelle le fluide électrique. A la furface des conduéteurs ce milieu eft rare , 8c admet aifément le pafîage du fluide électrique ; au lieu qu’à la furface des corps électriques il eft denfe ôc lui télifte. Ce milieu eft raréfié par la chaleur qui convertit les non-condudeurs en con-duéteurs (a). Je ne ferai aucunes remarques particulières fur cette théorie ; car je ne puis pas aifurer la bien comprendre.
- Mais le plus grand nombre des Phyficiens fuppofe , & avec la plus grande probabilité , qu’il y a un fluide d'un genre particulier , qui agit principalement en éledricité. Ils femblent , quoique peut • être fans raifon , négliger entièrement l’Ether
- (0) Hoatlley and Vilfon > pag. 7!
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- HistoiHî
- de Newton , ou s’ils lui fuppofent quelque action , ils ne lui font jouer qu’un fécond rôle , & ne le font agir que d’une maniéré fubordonnée : & parmi ceux qui fuppofent un fluide particulier , il y a une grande diver-firc d’opinion fur fa façon d’exifter & la maniéré dont il opère.
- L’ingénieux Abbé Nollet, dont la théorie a caufé plus de débats que toutes les autres théories qui ont précédé celle du Doâeur Franklin, fup-pofe que dans toutes les opérations élcétriques- le fluide eft mû dans deux direâions oppofés ; que l'affluence de cette matière chatte tous les corps légers devant elle par impulfion , fur le corps éle&rifé ; & que fon effluence les repoufle : mais il paroît fort embarraffé [ 9fi ] pour expliquer les
- KJ» [9i] J’ai la tous les ouvrages de M. l’Abbé Noliet fur l'éleétriciré. Je n’y ai jamais trouvé l’embarras dont il eft ici queftion. Au contraire, j’ai trouvé toutes fes explications Jimplcs , claires & précifes , & en même-temps appuyées d’expériences , qui en démontrent la bonté. Quiconque lira Tes Ouvrages fans prévention, les trouvera fûrement de même. Comment M. Prieftley a-t-il donc trouvé cet
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- IJ* t’ÉlECÏRlCITi. 47î faits , où il faut confidéret ces deux courants en même temps, & il eft obligé de trouver des expédients pour empêcher d'embarrafler les effets l’un de l’autre. Pour obvier à cette grande difficulté, il obferve que tout corps électrique frotté , & pareillement tout corps auquel l’électricité eft communiquée, a deux fortes de pores , les uns pour la fortie des émanations , & les autres pour les recevoir. Un homme moins in-duftrieux que M. Nollet n’auroit pas pu foutenir une théorie telle que celle-ci ; mais il a un fond d’invention fi vafte, qu’il n’a jamais été em-barraflfé de trouver des reflources dans tous les cas urgents ; & dans le dernier ouvrage qu’il a publié , il paraît auffi zélé pour cette hypothefe finguliere, qu’il l’a éré d’abord [97].
- embarras î Je fuis bien tenté de croire qu’il l’a fuppofé fans avoir lu l'Ouvrage. Sa préven-tion pour les idées de fes compatriotes , que l’on trouve à chaque page de fon Hiftoire , fuffit pour autorifer*ma fuppofition.
- [97] La théorie î & non pas Vhypo* tkefe y de M. l’Abbé Nollet eft, j’ofe le dire , U feule vraie , la feule fondée fur l’expé-
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- ifl6 H i s t o i r i Il a demandé, plus d'une fois, des Commiflaires de l’Académie des Sciences, pour être témoins de quelques expériences , dans lefquelles, à ce qu’il croyoit, il y avpit une "effluence vifible des émanations électriques , fortant du conduâéur, ifoit vers le globe à une de fes extrémités , foit vers tout corps non-éleriri-que qù'on lui préfentoit à l’autre
- rience , la feule formée d’après.des faits bien conftatés ; faits mille & mille fois répétés, ô£ toujours invariables. Il n’eft donc pas'étonnant que , dans fon dernier Ôiivrkge, il eil foit aufîï zélé partifàn qu’il l’à toujours été* Les Auteurs des autres théories en pourroient-lls dire autant ?.Les leurs ont été formées ^vant coup!: ils ont cherché enfuiteà faireqüadrer les expériences avec les fÿftêmes qu'ils avoient inventé. Qu’on life leurs Ouvrages , on verra qu’ils font à chaque inflant obligés de faire de nouvelles fuppofitions, pour rendre raifon des contradiébions qui fe rencontrent dans les faits Qu’ils apportent en preuve de leurs fÿftêmes,.. Il y a plus : ces fÿftêmes ont plufieurs fois changé de face dans les mains de leurs Auteurs ï preuve qu’ils avoient été mal conçus; La théorie de M. TÀbbê N6îlet n’à jamais 'varié : elle eft:tèlle quelle a toujours été; il n’y a jamais rien changé ; parce que les faits fur lefquels elle eft fondée font confiants.
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- DB L*|it E C T R. I c IT É, 477 bout ; & leur témoignage fut ligné fc PPJté fur les rqgiftres en bonne forme (a). Mais .il ne paraît pas honorable à M. Nollet ni à Meilleurs de l’Académie, de décider fi pofiti-vement fur une matière qui n’admet pas î évidence des fens [98].
- La confiance de M. l’Abbé Nolleç fur cette raatierç eil très-remarquai ble. Ces effets , dit-il, bien confidéi rés, & revus mille & mille fois depuis trente ans que j’éleélrilè , me Font dire avec confiance , que ces franges ou; aigrettes lumineuies font des. courants die matière élcétrique, qui coulent dç ces corps que l’on préfente vers le globe que l’on frotte,
- (<t) Leçons de Phyfîque, tom. VI, p. 368, 59+ ' 1 i
- <8Ç?" [89] Si les faits attçftés par MM. les Comrnilfaires de l’Académie ne font pas évidents pour M. Priéftley, qui rie-les a pas vus, il ne s’enfuit pas qu’ils ne font pas évidents pour MM. les Commiifaites qui les ont vus. Comment M. Prieülcy ofe • t- il blâmer les gens pouravoir attefté des chofcs qu'il ignore ï N'y a -1 - il de vrai que ce qu'il l'oit : Si cela étoit , les vérités feraient en bien petit nombre,. .
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- 478 Histoire Cela me paraît d’une telle évidence*,' que je m'en rapporterais volontiers aux yeux de tous ceux qui en voudront ju-ger'par eux-rnêrpes en fe faifant repré-ienter l'expérience que je viens de citer: mais-lé fait dont il s’agit ici, eft contraire à un fyftême d’eledricité , que quelques perfonnes s'efforcent encore de foutenir i on me le nie fans façon, en affurant que les franges lu-mineufes de notre expérience ont une diredion toute oppofée à celle que je leur attribue , & quelles font uniquement compofées de la matière éledrique qui fort du globe , pour fo jetter dans les corps que l’on met à fa portée (a). ,
- II dit dans un autre endroit que le principe des effluences & affluences iimultanées, n’eft point du tout un fyjlémc , mais un fait bien prouvé.
- M. l'Abbé Nollet propofe une hy-pothefo pour expliquer la différence entre l’éledricité commune , & la commotion éledrique. Tous les effets de l’éledricité commune, dit-il, an-
- (“) Leçons de Phyfique, tom. 6, p. }<>},
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- de jl’Electricit£. 475 noncent vifiblement que la matière éleâxique eft animée d’un mouvement progreffif, qui la tranfporte réellement ; au lieu que le cas fin-gu lier de la commotion ne paroît être qu’un choc ou'une pereulfion inftan-tanée , que les parties contiguës de cette même matière fe communiquent les unes aux autres fans fe déplacer. Le fon & le vent , dit - il, font des mouvements de l’air ; feroit il permis à un Phyficien de prendre indifféremment l’un pour l’autre, s’il s’agifloit de mefurer leur vîtefle ou leur étendue (a). Mais cette compa-raifon n’eft point du tout jufte [99].
- Il faut reconnoître que la plus grande partie des raifonnements de M. l’Abbé Nollet, en faveur de fa doctrine des effluences & affluences n’eft pas fatisfaifante [ 100] ; 6c que
- (a) Leçons de Phyfique, tom. 6 , p. 193; t??] Que M. Prieftley nous dife ch quoi ejje pèche.
- 83* [100] Pour ceux qui ont une autre théorie a foutenir , cela eft vrai mais pour ceux qui ne font prévenus pour aucune, cela eft faux.
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- 4S0 Histoire fa méthode d'expliquer l’attraélion & la répulfion élèétriques , ainfi que d'autres phénomènes d’éle^ricjté, eft -plus ingénieufe quefolide. C'eftbien dommage que cet excellent Phyficien n'ait pas employé plus de tems à di-verfifier les Faits , & moins à épurer fa théorie. Mais c’eften quelque façon le défaut naturel d'une aifpofi-tion à philofopher [ioi].
- M. Du Tour renchérit fur cette hy-potheiè de M. l'Abbé Nollec , en fuppofant qu’il y a u*e différence entre Ip courant effluant & l'affluant, & que les particules du fluide font mifes dans des vibrations de qualités différentes , qui rendent un de ces courants plus abondant que l'autre, lèlon que l'on s’eft fervi ae foufre ou de verre. Tout difficile qu’il eft de fe former aucune idée de cette hypo-tliefe , l’Auteur y paraît fortement attaché, & ne doute pas d’expliquer par fon moyen tous les phénomènes électriques.
- fin» [lot] Philofopher veut dire ici rai-fonner. On voit bien que M. Pricftley n'a pas cette difpolîtion.
- PARTIE
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- dï i’ Electricité. 481
- PARTIE III.
- SECTION II.
- Théorie de l’Eledricité pojitive & négative.
- Les Pbyficiens Anglois , & peut-être la plus grande partie des Etrangers [ioj.] , ont maintenant adopté
- [ 10 a] Il faut que M. Prieftley raye cela de fes papiers > la plus grande partie des Phyliciens étrangers n’a point adopté la théorie de l’éledricité pofitive &ç négative j au contraire , prefque tous font favorables aux effluences & affluences fimultaoées de M. l’Abbé Nollet, comme on peut le voir par leurs Ouvrages. Il y a même quelques Anglois, qui, s’ils ne font pas encore du même avis, en ont été autrefois, c’eft-à-dire,dans le temps ou ils n’étoient pas prévenus en faveur d’un fyftême émané d’un de leurs compatriotes. Voyez les Leçons de Vkyjique de M. l'Abbé Nollety tom.Vl, pag. 164. vous y trouverez des citations extraites des Ouvrages de MM.
- Tom, II. X
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- la théorie de l'éledricité pofiiive & négative. Comme on a étendu cette théorie à prefque tous [105] les phénomènes &-que c’eft la plus probable de toutes celles qu’on a propofées jufqu'ici , j’en donnerai un détail allez circonftancié , & je ferai voir comment elle s’accorde avec toutes les propolîtions de la derniere Partie, auxquelles on l’a julqu’ici appliquée.
- Cette théorie eft connue en général fous le nom du Doéteur Franklin,
- Waitz, Winkler , Boze , du P. Gordon , du P. Béraud, du P. Garo, 6ç de MM. W il fan & MPatfon. Tous ces Auteurs, dans les endroits cités , énoncent d’une maniéré claire & non-équivoque , le courant de matière éleébrique qui fe porte des corps non-éleéfcriques au verre ele&rifé, ou aux corps éleétrifés par le verre. Or tout le monde convient,même les partifants de l’éleétricité pofitive & négative, que du verre éleétqfé & des corps éleétrifés par le verre, il fort des courants de fluide éleétrique. Voilà donc les deux courants fimultanéesbien établis , & même par l’autorité de gens qui s’obftinent aujourd'hui à les nier.
- «8C?» [103] Ce n’eft pas feulement à prefque tous , c’eft à tous les phénomènes qu’une théorie doit fatisfaire : lans quoi clic eft impar» faite, & doit être rçjettéc.
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- »e l’Electricité. 483 & il n’y a point de doute qu’il n’y ait droit. Mais la juftice demande que je rappelle d’une maniéré diftinde le droit égal & peut-être plus ancien du Dodeur Watfon , à qui j’ai dit ci-devant qu’elle étoit venue en tête. Le Dodeur Watfon a fait une fuite d’expériences pour confirmer la doctrine de l'éleéfricité en plus & en moins, qu’il a montrée à M. Martin Folkes, Ecuyer, alors Préfident, & à un grand nombre de Membres de la Société Royale dés le commencement de l’année 1747 , avant que l’on fût en Angleterre que le Dodeur Franklin avoir découvert la même chofe en Amérique. Voyez les Tranfadions Philofophiques, vol. 44 , pag. 739, & vol. 45 , pag. 93-101. Le Mémoire du Dodeur Franklin , contenant la même découverte, eft daté de Philadelphie, le premier Juin 1747.
- Suivant cette théorie , toutes les opérations d’éledricité dépendent d’un fluide d’un genre particulier, extrêmement fubtil & élaftique, répandu dans les pores de tous les corps, par lefquels les particules font aulfl
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- 484 Histoire fortement attirées , qu'elles font re-pouflTées les unes par les autres.
- Quand l’équilibre de ce fluide dans un corps quelconque n’eft point troublé ; c'eft-à-dire , quand il n’y a dans un corps ni plus ni moins de ce fluide que fa portion naturelle , ou que cette quantité qu’il eft capable de retenir par fa propre attraélion, il ne fe ma-nifefte à nos Tons par aucun effet. L’aétion du frottoir fur un corps électrique détruit cet équilibre , en occa-fionnant un manquement de ce fluide dans un endroit, & une furabondance dans un autre.
- Cet équilibre étant troublé forcément , la répulfion mutuelle des particules du fluide tend néceflairement à le rétablir. Si deux corps ié trouvent tous les deux furchargés , leur? athmofpheres éledriques (pour adopter les idées de tous les parafants de cette hypothefe avant Æpinus ) fe re-pouifent l’une l’autre jufqu’aux endroits où le fluide eft moins denfe. Car, comme on fuppofè qu’il y a une attraction mutuelle entre tous les corps & le fluide éleftrique, les corps éleétrifçs fuivent leurs athmofpheres,
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- de l’Electri cni. 48} Si les deux corps ont perdu une partie de leur portion naturelle de ce fluide , ils font attirés tous les deux par le fluide plus denfe , qui exifte ou dans l'athmofphere qui leur eft contiguë , ou dans d’autres corps voifins. Ce qui fait qu’ils s’éloignent toujours l’un de l’autre, autant que quand ils étoient furchargés.
- Quelques - uns des partifants de l’hypothefe de l'Eleétricité pofitive & négative conçoivent autrement là. caufe de cette répulfion , ils difent Que, comme le fluide éleétrique plus denfe qui environne deux corps élec-trifés négativement, agit également fur tous les côtés de ces corps, il ne peut pas occafionner leur répulfion. La répulfion , difent- ils, n’eft- elle pas dûe plutôt à une accumulation du fluide éleétrique fur les furfaces des deux corps ; accumulation qui eft produite par l’attraâion des corps, & la difficulté que le fluide trouve à s’y introduire? On fuppofe [10+]
- «3* [ T 04] En effet , on voit que tous ces taifonnements ne font autre chofe que des
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- 4-Stf Hisîoirs que cette difficulté de s’y introduire eft dûe principalement à l’air fur la furface des corps, qui y eft probablement un peu condenfé ; comme on peut l’appercevoir par l’expérience de * M. Canton , dont on a parlé ci-devant , fur le double baromètre.
- Enfin , fi un des corps a une fura-bondance du fluide, & que l’autre n’en ait pas affez, l’équilibre eft rendu avec une grande violence ; & toutes les apparences éledriques entr’eux font plus frappantes.
- L’influence des pointes pour tirer ou pouffer le fluide éleéfrique, n'a été expliquée d’une façon tout-à-fait làtisFaifante dans aucune hypothefe ; mais elle eft plus favorable à celle-ci qu’à aucune autre. Comme il eft évident que toute athmofphereéledriquc
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- dï i'Electrici»i. 4S7 rencontre de la réfiftance , foit pour entrer ou pour fortir d’un corps quelconque , quelle que foit la caule de cette réfiftance, il eft naturel de fup-pofer, qu’elle doit être moindre aux pointes des corps, où il y a moins de particules ( d’où dépend la réfiftance ) qui s’oppofent à fon paflage , qu’aux parties plattes de la furface, où fe réunit le pouvoir réfiftant d’ün plus grand nombre de particules [105].
- On fuppofe en général que la lumière qu’on apperçoit dans les phénomènes éleélriques, entre dans la com-pofition du fluide éleétrique , qui devient apparent quand il eft convenablement agité. Mais cette fuppofition concernant la lumière éleétrique,n’eft point nécçflaire à lhypothefe générale. On peut fuppofer fur cette théorie , auffi-bien que fur celle de M. Wilfon , que la lumière & l’odeur phofphorifque dans les expériences
- *3“ f 10 j On » toujours trop fait valoir cette influence des pointes en Electricité. Voycz-la réduite à fa jufte valeur, dans les Lettres fur CEleclriciti de M. l'Abbé Nollet, Vart.l, Lettre Kl.pug. m&Juiv.
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- 488 H i s t o u i éledriques , viennent des particules d’une matière beaucoup plus groflie-re , que le fluide ciedrique proprement dit ; mais qui peut être chaflee des corps par l'ait ion puiflante de ce fluide [i 06].
- Le bruit d’une explofion éiedrique eft certainement produit parce que l’air efl: déplacé par le fluide éleiiri-que , & enfuite s’aflàifle fubitement de maniéré à occafionner une vibration , qui s’étend elle- même de tous côtés en s’écartant du lieu oü la vibration s’eft faite : car on fait que ce iont de telles vibrations qui confti-tuent le fon.
- Mais Pexcellence de cette théorie de l’éledric té pofitive & négative, & ce qui lui a donné le plus de réputation , c’eft qu’elle prélente une explication facile de la bouteille de Leyde. On fuppofe que ce fluide fe meut avec laplusgrande facilité dans les corps qui font condudeurs ; mais
- «3* [ios] La lumière électrique vient de l’inflammation des rayons de matière électrique , occalîonnéc par le choc mutuel de ces mêmes rayons*
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- de l'Electricité. 4S9 avec une extrême difficulté dans les corps naturellement éleélriques , de maniéré que le verre lui eft abfolu-ment imperméable [107]. On fup-pofe de plus que tous les corps élec-triquès ( & fur-tout le verre ) à caufe de la petitefle de leurs pores , contiennent en tout temps Une très grande & toujours une égale quantité de ce fluide ; de forte qu’on ne peut pas en faire entrer dans une partie d’aucune fubftance éleétrique , qu’il n’en forte une même quantité d’une autre partie , & que le gain d’un côté ne foit exa&ement égal à la perte de l’autre |_ioS]. Après avoir préalablement fuppofé ces chofes, il eft facile
- <&7» [107] Cette fuppofition, de l’imperméabilité du verre au fluide éleélrique, eft non-feulement gratuite ; mais elle eft, comme je l’ai déjà dit, démentie par l’expérience. ( Voyez les Lettres fur VEleftricitè , de M. l'Abbé No II et, Part. J, Lettre IV, pag 59 & fuiv. ) Voyez aufli ci- deflus , Tom. I,
- * Ürr» [108] Cette fécondé fuppofition eft tout aufli gratuite que la première, & aufli dénuée de preuves. Voyez les endroits cités à la note précédente.
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- 4?o Histoire de donner la folution des phénomènes de charger & décharger une plaque de verre.
- Dans la maniéré ordinaire d’élec-trifer, avec un globe de verre lifle , toute la matière éledrique eft fournie par le frottoir, qui la tire de tous les corps avec lefquels il communique. Si on ne le fait communiquer qu'avec une des garnitures d'une plaque de verre , tandis que le conducteur communique avec l'autre ; ce côté du verre qui communique avec le frottoir, doit néceflairement s’épui-fer à mefure qu’il fournit au conducteur qui doit porter la totalité au côté avec lequel il communique. Par cette opération , le fluide éledrique' eft donc prefque entièrement épuifé fur un côté de la plaque, tandis qu’il eft accumulé d’autant fur l’autre : & le fluide éledrique fait la décharge, auffi-tôt que la commodité lui en eft fournie par des condudeurs convenables , en s’élançant du côté qui étoit furchargé à celui qui étoit épuifé.
- Il n’eft cependant pas néceflTaire à cette théorie, que les mêmes particules individuelles de matière élec-
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- DE l’EIECTRICItI 491 trique qui ont été fournies à un côté de la plaque , faffent le circuit des conducteurs , fur-tout dans les dil-tances fort grandes , pour arriver au côté épuifé. Il fuffit de fuppofer , comme on l’a obfervé ci-devant, que la quantité de fluide qui furvient, déplace & occupe l’efpace d’une égale portion de la quantité naturelle du fluide appartenant à ceux des conducteurs du circuit , qui demeurent contigus au côté chargé du verre. Ce fluide déplacé peut chafler en avant une égale quantité de la même matière dans les conducteurs voifins ; & ainfi de proche en proche , jufqu’à ce que le côté épuifé du verre l'oit rempli par le fluide naturellement exiftant dans les conducteurs qui y font contigus. Dans ce cas, le mouvement du fluide électrique dans une ejcplofion , reflèmblera plutôt à la vibration de l’air dans les fons , qu’à fon mouvement progreflif dans les •vents [109].
- «etc. [ ce?] Ici M. Prieftley adopte la compaiaifon qu’il a rejcttcc ci-devant, avec
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- Ôn reconnoîtra aifément que puif-que la fubftance du Terre eft fuppo-fée contenir autant du fluide électrique qu’elle peut en tenir [no] ; il n’eft pas poffible d’en introduire forcément aucune partie dans un des côtés, fans obliger une égale quantité à abandonner l’autre côté ; mais on peut regarder comme une difficulté dans cette hypothefe , que l’un des côtés d’une plaque de verre ne puifle être épuifé fans que l’autre reçoive plus que fa portion naturelle, fur-tout en fuppofant que les particules de ce fluide fe repouflent les unes les autres. Mais il faut conlidérer que l’attraâion du verre eft fuffifante pour retenir la grande quantité du fluide éleétrique qui lui eft naturelle , contre tout ce qui pourroit l’en priver, à moins que
- cette différence qu’elle n’eft pas ici aufli exacte que dans le cas précédent. ( Voyez ci-deffus , not. 99 ). On voit par-là combien il eft confé-quent.
- 83" [no] Pourquoi fuppofer un fait aufli fingulier, fans en avoir aucune preuve ! C’eft que, dans le vrai, notre Auteur va toujours fuppofant, fans s’embarafler de rien prouver.
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- DE l’ElECTRICITé. 49} cette violente attra&ion ne fe trouve dans le cas d’être fatisfaite par l'ad-miffion d’une égale quantité venant de quelque autre part. Quand on donne cette facilité , eu joignant une des garnitures au frottoir & l’autre au conduéteur, les deux efforts, l’un pour introduire une plus grande quantité du fluide dans un des côtés, & l’autre pouf en tirer de l’autre côté . fe font en quelque forte en un inflant [ 111 ]. L’aélion du frottoir tend à troubler l'équilibre du fluide dans le verre, & il ne part pas plutôt une étincelle d’un des côtés, pour aller au frottoir, qu’elle eft fuppléée par le conduéteur (ur l’autre côté ; & la difBculté avec laquelle ces parties additionnelles fe meuvent dans la fubftance du verre, l’empêche d’at-
- QTJ' [ IT1 ] Mais fi tontes les parties du verre attirent aufii fortement qu’on le dit, les particules du fluide éleétrique, il reliera toujours à nous dire la raifon pour laquelle la moitié des parties du verre , c'eft-à-dire , celles qui conflituent une de fes demi-épaifleurs , cefient d'attirer, tandis que celles qui condiment l'autre demi-épaiflêur, attirent avec une force double.
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- 494 Histoire
- teindre le côté oppofé, qui eft cpui-fé, quelques proches que les cotés foienc l’un de l’autre , & quelque violent que foit l'effort du fluide pour aller à l’endroit où il eft fi fortement attiré.
- Il n’eft pas dit cependant que l’un ou l’autre côté du verre ne puiffe donner ou recevoir une petite quantité du fluide, fans altérer la quantité fur le côté oppofé [m], On n’entend qu’une partie confidérable de la charge , quand on dit qu’un côté fe remplit , tandis que l’autre s’épuife.
- 11 eft affez remarquable que le fluide éleéfrique dans cette hypothe-fe, comme dans toute autre, reflèm-ble tant à l’Ether de Newton à certains égards , & en diffère, fi effen-tiellement dans d’autres. On fuppofe
- <83’ [m] On abandonne donc ici la pré-tcntion de M. Franklin, qui dit que le verre contient toujours précifément une égale quati-tiç&.du fluide éleétrique, foit qu’il Toit élec-trifé 3 foit qu’il ne le foit pas. Mais les nouvelles fuppoutions ne coûtent rien a ces Mef-lîeurs ; ils en font félon leurs befoins , fans s’embarraffer fi elles font en contradiction} ou non, avec les précédentes.
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- DE L ELECTRICITE
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- que le fluide éleârique eft , comme l’Ether, fubtil & élaftique , c’eft-à-dire , qu'il fe repouffe lui - même ; mais au lieu d’être , comme l’Ether, repouffé par toute autfe matière, il en èft fortement attiré ; de lorte que loin d’être, comme l’Ether, plus rare dans les petits que dans les grands pores des corps, plus rare en-dedans des corps qu’a leurs furfaces, & plus rare à leurs furfaces qu'à quelque diftance d’eux : il doi; être plus denfe dans les petits que dans les grands pores, plus dénié dans la fubftance des corps qu’à leurs furfaces, & plus denfe à leurs furfaces qu’à quelque diftance d’eux. Mais aucune autre propriété ne peut expliquer la quantité extraordinaire de ce fluide, contenue dans la fubftance des corps éleébrique? par eux mêmes [iij], ni les athmofpheres communes de tous les corps frottés & éleéirifés.
- Pour expliquer l’attraélion des
- <83» [il î] Mais comme cette propriété n’eft que fuppofée , cotte quantité extraordinaire li’eft point prouvée.
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- 4 g6 Histoire corps légers , & autres phénomènes éledriques, dans l'air de même den-lité que l’athmofphere, quand le verre ( qu’on fuppofe imperméable à l’é-ledricité ) le trouve interpofé ; on conçoit que l'addition ou fouftradion du Ôuide éledrique , par l'adion du corps éledrique frotté , fur un côté du verre -, occafionne , comme dans l’expériencede la bouteille de Leyde, une fouftraélion ou addition du fluide fur le côté oppofé. Donc l'état du fluide fur le côté oppofé étant altéré, tous les corps légers dans la fphere de fon aélion doivent être aflèdés , pré-cifément de la même manière que fi les émanations du corps éledrique frotté euflent aduellement pénétré Je verre , conformément à l’opinion de tous les Eledriciens, avant le Docteur Franklin [i 14].
- [114] Ceci ne pourrait expliquer qne l’attraâion ou la répulfion féparément, & non pas toutes les deux enfemble. Car fi les corps légers fe trouvent vers le côté qui s’épuife , ils ne peuvent être que repoulTés : 8c s’ils fe trouvent de l’autre côté, ils ne peuvent être qu’attirés. Le fait eft cependant que les uns
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- ce l’Eibctricité. 457
- La manière dont les nuages ac-quiéMnt leur éleâricité pofitive & négative, n’eft pas déterminée, avec allez de certitude, fuivant cette théorie ni aucune autre. M, Canton conjecture que l’air reflemble à la tourmaline , & que conféquemment il acquiert fon éleâricité en s'échauffant ou le refroidiflant. Mais il faut déterminer par l’expérience s’il acquiert ou s’il perd fon fluide éleârique dans l'un & l’autre état. On a rapporté fort au long la théorie du Pere Beccaria fur l’eleâricité des nuages.
- Æpinus a adopté cette hypothefe de l’ëleâricité pofitive & négative, & l’a rendue en quelque façon plus fyftématique , dans fon excellent Traité intitulé : Ttntamen Tkeoria EUSricitatis & Magnctifmi.
- Il a étendu la propriété d’imperméabilité à l’air & à tous les corps éleâriques, auffi-bien qu’au verre; & il l’a bien mieux définie. 11 fup-
- font attirés dans le même temps que d’autres font repoulfés : ce qui exige les deux courants fimultanées, découverts par ML. l’Abbé Nollet.
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- 498 H i s t o u r pofe que l’imperméabilité confifte dans la grande difficulté avec laquelle les fubftaoces éledriquës admettent le fluide éledrique dans leurs pores, & la lenteur avec laquelle il s’y meut [nj]. De plus , en confé-quence de cette imperméabilité de l’air au fluide éledrique , il nie la réalité des athmofpheres cledriques, & penfe , comme on l’a obfervé ci-devant , que la théorie du Dodeur Franklin leroit beaucoup meilleure fans cela.
- Il croit que toutes les particules de matière doivent fe repoufler les unes les autres ; car , autrement
- 83“ [i I Bien loin qu’Æpinus ait étendu, comme on le prétend ici , la propriété d’imperméabilité à tous les corps éleétriques par eux-mémes, il me paroît qu'il la lent refufe à tous. Car il ne convient que d’une grande difficulté qu’ont tous ces corps à fe laitier pénétrer par le fluide élcétrique : ( difficulté dont tout le inonde convient, quand ces corps ne font ni chauffés ni frottés j.uMais une difficulté, quelque grande qu’elle foit, he veut pas dite l’im-poffibilité; de même que la lenteur du'mouvement ne veut pas dire la négation du mou-
- vement.
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- Dï L’E X. E C T RI CI T É. 4SJ
- ( puifque toutes les fubftances ont en elles une certaine quantité du fluide éleétrique, dont les particules fe re-pouflent les unes les autres, & font attirées par toute autre matière ) il ne pourrait pas fe faire que les corps dans leur état naturel, par rapport à I’éleélricité, s’attiraflènt ni fe repouf-faflent les uns les autres.
- Celui qui lira le premier Chapitre, ainfî que beaucoup d’autres parties de cet excellent traité , dont on a parlé ci-deffus , pourra s’épargner beaucoup de temps & de peine, en confidérant qu’il ne faut pas compter fur le réTultat de beaucoup de fesrai-fonnements , & de fes calculs mathématiques ; parce qu’il fuppofe que la répulfion ou l’élatticité du fluide éleétrique eft en proportion de fa condenfation ; ce qui n’efl: vrai que dans le cas oû les particules fe re-'"nt l’une l’autre, dans la railon
- Iimple réciproque de leurs diftances ; comme Newton l’a démontré dans le fécond Livre de fes Principes.
- M. Wilke adopte aufli-bien qu’Æ-pinus, tous les principes généraux de la çbéorie du Doéteur Franklin de
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- joo Histoire l’éleâricitépofitive& négativesmais il penfe qu’aucune des expériences qu’on ait Fait jufqu’ici, ne fait voir laquelle de ces éleélricités eft pofitive & laquelle eft négative [116]. En fuppolant cependant que ce qu’on appelle pofitiF, le foit réellement ; & que le verre lifte , par exemple , frotté fur le foufre, en attire le fluide éleârique , il expliqueroit cela fur les mêmes principes par lefquels l’eau refte en gouttes fur les furfaces rabo-teufes, tandis qu’elle s’étend fur les furfaces liftes. Le fluide éledrique, fuppoferoit-il, eft plus fortement attiré par la furface unie du verre ; & par conféquent s’étend fur elle, tandis qu’il le retire des corps éleélri-ques qui ont les furfaces plus rabo-teufes (a). Mais à ce que j’imagine, les Eleàriciens fceptiques ne leront pas fort fatisfaits de cette explica-
- (a) Wilke, pag. 6f.
- [ll<] Voilà donc une théorie bien établie ; & en conféquence une bonne rails* pour l’adopter.
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- DB i'Elïçtrjcjt i. $Ol M. Wilke reconnoît qu’il y a beaucoup de difficulté à expliquer la puifi fançe répulfive des corps gleélrifés négativement ; & croit nous obliger par - là à ' fuppofer la répulfion mutuelle de toute matière homogène. M. Waitz , dit-il , étoit de même avis. M. Wilke obferve à ce fujet que l’attraétion des corps légers vers les corps négatifs, ne peut pas être due à la puiflânce répulfive du fluide électrique de l’air voifin , qui les chaflè , ou la matière éleétrique qui eft en eux, vers le lieu ou il et) manque ; parce que la vîtefle doit décroître à mefuré qu’ils s’éloignent de la puifi-fance impulfive; au lieu qu’elle eft accélérée , comme fi ils étoient attirés par le corps éleâriqtie négatif (a).
- Mais on peut répliquer à cela que des impullions fucceffives, quoique chaque fubféquente foit plus foibls que celle qui la précédé, produiront un mouvement accéléré. D’ailleurs, plus le corps léger eft proche du corps
- (4) Wilke, pag. XJ.
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- joi Hnroui éleârique négatif, plus il eft proche du point où l'équilibre du fluide eft le plus détruit : ou moins il y a de force du côté du corps éleârique pour contre balancer la force qui chatte le corps léger vers lui, plus les effets desimpulfions doivent augmenter.
- M. Wilke , dont le Traité fur les deux Eleâricités eft admirable, tant pour la matière , que pour l’arrangement méthodique , diftingue trois caufes de l’éleârilation ; favoir, chauffer les corps, les liquéfier, & les frotter ; & il confeille de ne pas confondre l'électricité fpontanée, avec 1 éleétricité communiquée. Il entend par la première , celle qui eft le réfultat de l’application ou aâion mutuelle de deux corps, en conféquence de laquelle l’un d’eux eft électrifé pofiti-vement & l’autre négativement. Au lieu que l’éleârieité communiquée eft celle qui eft donnée à un corps ou partie d’un corps éleârique ou non-éleârique , fans qu’on l'ait auparavant chauffe , fondu ou frotté , ou bien fans aucune aâion mutuelle entre lui & aucun autre corps. Cette
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- BE l’Eiïctri ciïi. JO} diftinétion elt, en général, fort fen-fible j mais M. Wilke la définit plus exactement qu’elle ne l’avoit été , & il cite differents cas dans lefquels en les confond louvent.
- Le Pere Beccaria admet la théorie de l’éleétricitë pofitive & négative, quoiqu’il explique quelques phénomènes éleétriques autrement que les autres partifants de ce.fyftême.
- Il fuppofe que les corps éleétrifés ne fe meuvent l’un vers l’autre, que . dans le moment où ils donnent ou reçoivent le fluide éleétrique (a) ; cet effet étant produit, parce que la matière éleétrique , en paffant, occa-fionne un vuide , & qu’enfuite l’air contigu s’affaiffe , & pouffe ainfi les corps (i). Ce vuide eft , dit - il, fort remarquable dans les grandes exploitons de tonnerre , quand les animaux ont été frappés à mort fans être touchés par l’éclair ; parce qu’il fc fait foudain un vuide auprès d’eux, & que l'air.pour le remplir,fort aufli-
- (a) Lettere dell’ Elettricifmo, psg. }& (h) Ibid. pag. 41,
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- 504 ‘ Histoire tôt de leurs poumons , qui par ce moyen relient flalqües & vuid'es ; au lieu que quand les gens font tués par le tonnerre même, on frouve que leurs poumons font tendus (a).
- Pour confirmer cette hypothefe, il dit que l’éleétricité donne aux corps d’autant moins de mouvement, qu’on en a plus ôté l’air , & qu’il n’ell pas poffible de leur donnçr de mouvement du tout dans le vuide;é)[i 17]. 11 dit auflî que l'on n’apperçoit point de lumière éleélrique dans un baromètre où il y a un vuide parfait 1 d’où il inféré que la lumière éleélrique ne devient vifible que par le
- (a) Lettere dell’ Elettricifmo, pag. 42,
- (b) Ibid. pag. 48,
- SCP [117] Si le Pcrc Beccaria veut parler ici d’un vuide parfait , nous ne favous pas , ni lui, ni pipi, ce qu’il en arriverait ; parce que nous n’avons point de moyens de faire un pareil vuide. Mais s’il veut parler d’un vuide rcl qu’on en peut faire avec une bonne machine pneumatique , il a tort : les attrapions & répulfions , ainlî que plulieurs autres phénomènes élepriques, y ont lieu, comme dans le plein.
- moyen
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- £>£ i’Electricité. Sc, moyen de quelques vibrations qu’elle excite dans l'air (a).
- _Cette hypotheléne paroîtpas digne d’un Electricien fi fameux ; & quand il n'y aurait pas d’attraCtion éleCiri-que dans le vuide , il ne s'enfuivroit pas qu'il n’y aurait point de lumière.
- Pour expliquer la collection ou la diffipation de l’électricité parles pointes , il dit que l’expérience prouve que Le fluide électrique fie meut avec la plus grande Violence dans les plus petits corps. Toutes les apparences électriques feront donc les plus fen-fibles aux pointes des corps ; & par conféc|uent elles y (èront le plutôt diffipées. Mais cela ne paraît pas toucher à la vraie difficulté,
- Le Docteur Franklin , auteur de cette excellente théorie de 1 elcCtricité pofitive & négative, en parle toujours avec la plus grande défiance, &cela avec une grandeur d’âme vraiment philofophique, à laquelle peu de gens ont jamais atteint. Tous les phénomènes , dit - il, que j’ai vu jufqu'à
- U) Lettere dell’ Elettricifmo, pag. to. Tome U. Y
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- JO6 ' H I S T O I STE
- préfent, & qui concernent Téle&ri-cité du verre, s’expliquent aifément, je penfe , par cette hypothefe. Cependant peut-être n’ell elle pas vraie ; & je ferai obligé à celui qui m’en fournira une meilleure (a).
- ll n’eff pas furprenant r en effet, que cet excellent Phyficien parle de fa propre hypothefe avec tant d’indifférence , lui qui a une fi juftc idée delà nature, de l’ufage & de l’importance de toutes les hypothefes [t i S J. Il n’eft pas , dit - il , d’une fi grande importance pour nous de connoître la maniéré dont la nature exécute fes loix. Il nous fuffit de connoître ces loix élles-mêmes. Il nous eft réellement utile de favoir qu’une porcelaine jettée dans l’air, fans être fou-tenue , tombera & fe caflèra ; mais comment tombe-t-elle ! pourquoi fe caflè -1 - elle i ce font des matières
- (a) Franklin’s, Letters, pag. 78.
- [118] Puifque M. Franklin a de iî juftes idées des hypothefes , & qu’il parie de la fienne avec tant d’indifférence : donc clic n’eft pas auffi recommandable que le prétend M.Prieftley.
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- DE L'ElECTR ICITf. J07 de fpéculation. C’eft un plaifir , il eft vrai , de lefavoir 5 mais nous pouvons conferver notre porcelaine fans cela (a).
- Le grand mérite de cet Ecrivain , comme Eteâricien , eft indépendant de toutes hypothefes ; il eft fondé fur la découverte de quantité de faits nouveaux & importants; &qui plus eft , appliqués aux ufages les plus utiles. En fuppofant, par exemple , qu’il fe foit mépris en expliquant comment les nuages s’éleârifent ; tout le monde ne doit- il pas reconnoître qu'il lui eft redevable de la découverte de la relfemblance du fluide éleéfrique avec la matière du tonnerre ; & fur-tout tie la méthode certaine de préferver les édifices & les hommes mêmes des effets fatals du tonnerre [1iy] !
- (a) Franklin’s, Letters, pag. /<?.
- «o* [119] Je ne crois pas qu’on puiflê encore nous citer aucun édifice ai homme pré— fcrvés par cette méthode.
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- joS H I S T Q I R 8
- PARTIE III.
- SECTION III.
- De la Théorie des deux fluides Electriques,
- Convaikcb, comme le Lefteur peut avoir apperçu que je le fuis de l’utilité des différentes théories, parce qu’elles fuggérent une variété d’expériences qui mènent à la découverte de faits nouveaux ; il m’excufera lî je rappelle fon attention à l’ancienne théorie de féleâricité vitrée & ré(i-neufe, telle que l’a donnée d’abord M. Dufay, après avoir découvert les différentes propriétés du Verre élec-trifé, & de l’ambre, du foufre, de la réfme, &c. frottés, & tçlle qu’elle a été retravâillée de nou veau par M. Symmer. Pour montrer ma parfaite impartialité , je tâcherai, malgré la
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- DË l’ÈLlCTRICITi. 505 préférence que j’ai donnée à la théo- rie du Dodlcur Franklin , de préfen-ter celle-ci le plus avantagetifement qu’il fera poflible , & de lui rendre plus de juftice que ne lui en a rendu M. Symmer lui-même ; qui, comme je l’ai obfervé ci-devant, eft tombé dans quelques erreurs dans l’application qu’il en a faite. En effet, on n’a pas, jufqu’ici, fait grand cas de cette théorie , & on ne l’a pas étendue à une grande variété de phénomènes.
- Suppofons donc deux fluides électriques qui ont une forte affinité en-tr’eux, dans le même-temps que les particules de chacun fe repouffent âuffi fortement les unes les autres. Suppofons ces deux fluides en quelque forte attirés également par tous les corps, & exiftantdans leurs pores dans une union intime, & ne donnant aucune marque de leur exiftence, tant qu’ils continuent d’être ainfi unis. Suppofons que le frottement de tout corps éleétnque produife une réparation de ces deux fluides, & fade ( dans la méthode ordinaire d’élec-trifer ) que l’éledricité vitrée du frottoir foit tranfmife au conduéteur, &
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- JIO H 1 S T O I R ï lëleélricité rélineufe du conduûcur foit portée au frottoir. Alors le frottoir aura double portion d'éle&ricité réfineufe ; & leconduéteur une double portion de la vitrée ; de forte que , dans cette hypothefe , aucune lubftance ne peut avoir en différents temps une quantité plus grande ou moindre de fluide électrique ; n’y en ayant que la qualité qui puiffe être changée.
- Les deux fluides éledriqucs, étant ainfî féparés , commenceront à montrer leurs puiffances refoedives, &r leur empreffement à le réunir l’un à l’autre. Quel que foit celui de ces fluides dont plufieurs corps foient chargés , ils fe repouflètont les uns les autres ; & ils feront attirés par tous les corps qui ont une moindre portion de ce fluide particulier dont ils font chargés; mais ils feront bien plus fortement attirés par les corps qui n’en ont point du tout , & qui font chargés de l’autre. Dans ce cas , ils fe précipiteront les uns fur les autres avec une grande violence.
- Suivant cette théorie , toute étincelle éleélrique eft compofée de deux
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- DE L’ËLECÏRlCITi. 5IÎ
- fluides coulant en fens contraire, & faifant un double courant. Quant, par exemple , je préfente le doigt à un conduéleur chargé d’éleétricité vitrée , je le décharge d’une partie de la vitrée, & je lui donne autant de la réfineufe que la terre fournit à mon corps. Ainfi les deux corps ne font plus éleétrifés , l’équilibre des deux pouvoirs eft parfaitement rétabli.
- Quand je préfente la bouteille de Lcyde pour être chargée , & confé-quemment que je fais communiquer la garniture d’un de fes côtés avec le frottoir & celle de l’autre avec le conducteur , l'éleétricité vitrée du côté qui communique avec le con-. duéteur, eft tranfmife à celui qui communique avec le frottoir , qui rend une égale quantité de fon électricité réfineufe [i 20] ; de forte que toute l’éleétricité vitrée eft portée à un des côtés, & toute la réfineufe
- «5£7* [tio] Il paroît que l’Auteur a confondu ici, en mettant l’éle&ricité vitrée a la place de la réfineufe, & la réfineufe à la place de [a vitrée.
- Y iv
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- fil Histoire à l’autre. Ces deux fluides étant ainfl féparés, s’attirent très-fortement l'un l’autre à travers la fubftànce mince du. verre interpofé, & fe précipitent l’un fur l’autre avec une grande violence, toutes les fois qu’ils rencontrent des conduéfeurs convenables. Quelquefois ils fe forcent un paflage au travers de la fubftànce même du verre ; & alors leur attraction mutuelle eft plus ' forte qu’aucune force qu’on pourroit fuppofer tendre à enlever chacun des fluides féparément.
- Ayant pofé les principes généraux de cette hypothefe des deux fluides, je vais maintenant la comparer en peu de mots avec celle d’un feul fluide , telle qu'elle eft expofée par le fyftême de l’éleélricité poiîtive & négative ; afin qu’on puiflè voir la-, quelle des deux explique les mêmes faits plus aifément, & plus conformément à l’analogie de la nature à d’autres égards. Car , en admettant qu’on ne puilfe montrer aucun fait abfolument incompatible avec aucune d’elles ; il eft pourtant certain qu’on doit préférer celle dont on conçoit plus aifément la maniéré d’opérer.
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- DE i/ElECTRICITÉ. 513.
- En premier lieu , la fuppofition de deux fluides n’eft pas tout-à- fait fi aîfée que celle d’un leul, quoiqu’elle foit bien éloignée d’être contraire à l’analogie de la nature qui abonde en affinité , & dans laquelle on voit .des exemples innombrables de fub-ftances formées , en quelque forte , pour s’unir & réagir l’une fur l’autre. De même ici, conformément à la théorie des deux fluides électriques, tant que les fubftances font unies,on ne voit rien de leurs puiflances particulières , -quelque remarquables quelles foient. Que voyons-nous, par exemple, des propriétés frappantes de Vacide & de 1 ’alkali, tant qu’ils font unis en un fel neutre î Quelles puiflances y a-t-il dans la nature plus formidables que l’acide vitriolique & le phlogiftique ( qui font compo-fés principalement, pour ne pas dire tout-à-fait, d’air mophétique ) ? Et quoi de plus innocent que le foutre commun , qui eft une compofition de l’un & de l’autre , & que l’aétion du feu-fépare ;
- Si l’on fuppofe une fois les deux fluides, le double courant du frottoir
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- 514 Histoire au conducteur & du conducteur au frottoir, en eft une fuite'néceflaire & facile. Car fi , d’après la fuppofi-tion ordinaire , 1’aCtion du frottoir met un feul fluide en mouvement dans une direction , on peut s’attendre que s’il y avoit deux fluides qui rcagiffent l’un fur l’autre , la même opération les feroit mouvoir en directions contraires. Et quiconque conçoit qu’un feul fluide peut être mis en mouvement de l’un ou l’autre côté à volonté, c’eft à-dire,du frottoir au conducteur ou du conducteur au frottoir , félon qu’on y emploie un globe poli ou raboteux, doit avoir bien moins d’objeCtion à faire à cette partie de l’hypothefe.
- En admettant donc cette action différente du frottoir & du corps électrique fur les deux différents fluides, la maniéré de tranfporter vers les corps les athmofpheres ou puiffances électriques eft la même dans cette théorie que dans toute autre ; & l’on lent que les phénomènes d’éleétricité négative font plus aifës à concevoir à l’aide d’un fluide réel que fans aucun fluide du tout. En effet, le Doc-
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- - BB l’EtECTMCIti 51} teur Franklin lui-même avoue ingénument qu’il a été long-temps em-barrafle pour expliquer, la propriété qu’ont les corps éleétrifés négativement , de fe repoufler les uns les autres ; au lieu que M. Dufay , qui a obfervé le même fait , n’y a point trouvé de difficulté , en fuppofant qu’il avoit découvert un autre fluide éleârique femblable au premier, relativement aux propriétés d’élafti-cité & de répulfion.
- Au moyen de. cette double aélion du frottoir , la méthode de charger une plaque de verre eft extrêmement âifée à concevoir. Suivant cette hy-pothefe , toute l’éleétricité vitrée abandonne la réfineufe fur le côté qui communique avec le condudeur, & eft portée fur le côté qui communique avec te frottoir ; qui, par cette opération, rend en échange fon électricité réfineufe.
- Toute l’éleétricité vitrée étant ainfi amenée à un côté de la plaque de verre , & toute la réfineufe à l’autre , les phénomènes de la plaque , tandis qu’elle eft chargée, ou quand elle fe décharge , font peut-être plus
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- ji 6 Histoire aifés à expliquer que dans toute autre hypothefe. Quand on conçoit un des cotés du verre chargé d’une efpece d'élcâricité, & l’autre côté de l’autre efpece ; la forte affinité qui eft entr’el-les, par laquelle elles s’attirent l’une l’autre avec une force proportionnée à leur proximité , explique d’une maniéré fatisfailante , pourquoi on ne peut tirer de l’un des côtés fi peu que ce foit de l’un ou l’autre des fluides , fans en communiquer autant à l’autre côté. Dans cette fupp^tion , cette conféquence eft peut-être plus fenfi-ble que dans la fuppofition que la demi-épaifleur du verre foit chargée de matière éleétrique, & l’autre demi- épaifleur en foit épuifée. Dans le premier cas , tout effort qui tend à tirer le fluide d’un des côtés, trouve une oppofition de la part de l’attraction plus puiflànte de l’autre fluide fur le côté oppofé. Dans l’autre hypothefe, il n’en trouve que de la part de l’attraclion des pores vuides du verre.
- Enfin l’explofion , lors de la décharge du verre, a autant l’apparence de deux fluides qui cherchent à s’unir dans deux direélions oppofées , que
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- ek-l'Electricité. JI7 d’un feul fluide qui ne fe meut que dans une feule direction. On peut en dire de même de l’apparence de chaque étincelle éh-étriqué ordinaire , dans laquelle , fuivant cetre hypo-thefe, on fuppofe toujours deux courants , l’un qui vient du corps électrique ou éleétrifé , & l’autre qui s’y rend [izi[.
- Je ne dis pas que le bourrelet qu’on voit ordinairement des deux côtés d’un cahier de papier, percé par une explofion élfjftrique, & le fouffle qui part de toutes les pointes de tous corps éleétrifés , tant négativement que pofitivement , foient de fortes objeétions contre la doétrine d’un feul fluide [ m]. J’ai même fait
- <33* [121] Notre Auteur trouve ici pafla-blement raifonnables les deux courants de matière éleéîrique , qu’il a fi opiniâtrement combattu ci-delTus : on pourrait lui dire qu’il eft inconféquent.
- <8CP [122] M. Prieftley a grand tort de ne pas regarder ces faits comme de fortes objections contre la doctrine d’un feul courant électrique ; car ils en font de fi fortes , qu’on n’y a jamais répondu directement, malgré la prétendue explication qu’il dit en avoir donnée-
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- 5 iS Histoire' voir comment on peut les expliquer d'une maniéré qui y eft conforme; mais dans la fiippofition de deux fluides & de deux courants, on n’au-roit prefque pas trouvé de difficulté à expliquer ces faits [ i z }].
- M. Symmer a en effet expliqué allez mal-adroitement la décharge d’une plaque de verre, dans l’hypo-thefe des deux fluides : il fuppofe que les deux fluides ne font pas toujours tout le circuit des conduâreurs intermédiaires , mais qu’ils »’y introdur-fent plus ou moins de chaque côté de la plaque, félon la forcé de la charge. Cependant dans cette fuppofition, îe feu de la plus petite charge fait tout le circuit auffi-bien que le feu de la plus grande , afin de rétablir . l'équilibre des deux fluides fur chaque côté du verre.
- 11 eft prefque inutile d’obferver
- [113] Puifque ces faits, & tous les autres du meme genre, s’expliquent plus ai-. fément avec deux courants qu’avec un feül^ pourquoi ne les pas admettre, ces deux courants , que tant d’expériences prouvent d’ailleurs d’une maniéré fi claire & fi évidente .
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- de l’Electricité. J19 que l’influence des pointes trouve exactement les mêmes difficultés dans cette théorie que dans l’autre, ll'eft auffi aifé ou auffi difficile de fuppo-fer qu’un fluide entre & fort à la pointe d’un conducteur éleétrifé, dans différents temps ; que de fuppofer que, de deux fluides , l’un fort & l’autre entre dans le même temps.
- 11 eft auffi aifé de concevoir dans cette hypothefe que dans toute autre , que des corps plongés dans des athmofpheres électriques doivent acquérir l’élcétricité contraire. Car , dans ce cas , fuppofé_c]ue le corps éleétrifé pofféde l’éleétricité vitrée, toute l’éleétricité vitrée du corps qu’on en approche , fera repoufféé vers les parties les plus éloignées, & toute l’éleétricité réfineufe fera attirée en avant ; & quand l’attraélion entre les deux éleétricités de ces différents corps eft affez grande pour vaincre l’oppofition à leur union , occaftonnée par l’attraâion des corps qui les contenoient , la forme ae leurs furfùces & la réfiftançe du milieu interpofé , ils fe précipitent les uns fur les autres. On apper-
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- 5io Hiîtom çoit entr’eux une étiucelle électrique , & l'éleCtricité des deux paraît déchargée ; l’éleétricité dominante de chacun étant faturée par une égale quantité de l’efpece oppofée, venant de l’autre corps.
- Cette hypothefe expliquera facilement auffi la difficulté de charger une plaque de verre fort épaiffe , & I impoflibilité de la charger au-delà d’une certaine épaiffeur. Car ces fluides à une diftance trop grande , s’attireront l’un l’antre avec moins de force ; & à une diftance encore plus grande , ils ne s’attireront plus du tout.
- Après avoir expofé le plus favorablement que j’ai pu cette hypothefe des deux fluides électriques , je vais donner avec la même candeur la meilleure réponfe qu’il me fera pofli-ble à la principale objeétion qu’on y fera probablement.
- Si on demande pourquoi les deux fluides, fe rencontrant fur'la furface du globe , ou dans l’explofion électrique , ne s’uniffent pas au moyen de leur forte affinité & ne ceflent pas de s’écouler ? On peut répondre que
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- de l’EieCtrîciïi. fil l’âttraétion entre tous les autres corps, & les particules de ces deux fluides, peut être fuppofée au moins aufli forte que l'affinité entre les fluides i de forte qu'au moment même qu’un de ces corps perd l’un de ces fluides , il peut de lur-même en reprendre une quantité égale de l’autre.
- D’ailleurs de quelqucmaniere qu’il arrive qu’un des fluides éleélriques foit délogé d’un corps quelconque ( puifque dans l’une & l’autre théorie les deux électricités font toujours produites en même-temps ) le fluide oppofé fera délogé de l’autre fub-ftance par la même aétion. Et comme dans la théorie ordinaire , la caufe, quelle qu’elle foit, qui fait fortir le , fluide d’une fubftance , fuffit pour empêcher fon retour : donc, en fup-pofant que les deux fubftances ont ncceifairement une certaine proportion de matière éleétrique, chacune peut fe fournir fur le champ de ce qui eft délogé de l’autre.
- Le frottoir,~ dans le temps de l’é-leétrifation , donne donc Ion électricité vitrée à cette partie du verre poli contre laquelle il a été preflc ,
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- $21 HlîtOJlI & prend en échange une égale quantité de la réfineule : le verre étant un non- conduâeur, ne permet pas à cette nouvelle quantité d’éleâri-cité vitrée de s’introduire dans fa fubftance. Elle eft donc difperfée à la furface , & pendant la révolution du globe, elle eft portée au premier conduâeur. Là , ( comme dans les expériences commencées par M. Canton, & fuivies par M. Wilke , &c. ) elle repoufl'e l’éleâricité vitrée , & attire violemment l’éleâricité féfî-neufe ; & ( les pointes du conduâeur favorifant la tranfition mutuelle ) la vitrée , qui abonde fur le globe, paflfe au conduâeur, & la réfineufe, qui abonde fur les parties les plus voilines du conduâeur , s’élance fur le globe. Là elle fe mêle & fe charge de ce qui reftoit de l’éleâricité vitrée , fur la partie où elle coule , & par ce moyen la réduit au mêmc’etat où elle étoit avant qu’on l’eût frottée. Chaque partie de la furface du globe, fait la même fonâion, échangeant d’abord les éleâricités avec le frottoir, & enfuite avec le conducteur.
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- DE i/ELSCTRICITi. fl)
- La folution de cette difficulté ré-foudra pareillement celle de l’explo-lîon éleârique , où il y a une colli-lion-, pour ainfi dire , des deux fluides, tandis que même ils fe pénétrent complettement l'un l’autre ; car on peut encore fuppofer que chaque fur-face du verre exige fa portion déterminée de matière électrique , &r par conféquent ne peut pas fe défaire d’une efpece fans recevoir une égale quantité de l’autre. On doit confidé-rer aurtî que l’air, au travers duquel ces fluides paffent, a déjà fa quantité naturelle d’éleétricité i de forte qu’en étant pleinement raifafié , il n’en peut pas contenir davantage i & que les deux fluides feulementTè précipitent dans les endroits d’où ils avoient été forcés de déloger , & où la plus gran ie maife du fluide oppofé attend pour s’en faifir [114].
- L’hypothefe de M. Symmerfur un double courant, différoit à quelques
- i%~7' [t 14J C’elt-là ce que M. Pricftley appelle fa meilleure réponfe. Je doute bien fort que le Lecteur eu Toit content.
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- ji4 HxstoiRî égards de celle de M. l’Abbé Noller. Cependant l'Abbé, avec fa candeur ordinaire , en parle avec les plus grands égards, quoique dans le même temps il parole toujours plaider pour fou ancienne hypothefe favo-, rite.
- Jean-François Cigna , qui a fulvi les expériences de M. Symmer, rapportées ci-deflus, remarque par rapport à fa théorie , qu’elle n’eft contredite par aucuns phénomènes qui foient encore connus, & qu’elle s’accorde avec quelques-uns d’une maniéré finguliérement claire & élégante , fur-tout avec tout ce qui a rapport à la charge & à la décharge d’une plaque de verre ; avec toutes les expériences dans lefquelles il parole y avoir une attra&ion mutuelle entré les deux éleéfricités . quand on les tient féparées ; & avec cette cu-rieufe expérience, ci-devant citée, du Pere Beccaria, de décharger une plaque de verre fufpendue par un cordon de foie , fans toucher à la plaque, ni la remuer. Cependant il fe déclare malgré cela en faveur de la théorie du Docteur Franklin , de
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- BE L’ElEpTRieiTÉ. 5 l’éleétricité pofitive & négative , à çaufe de fon admirable limplicité, & parce que les Philofophes ne doivent pas multiplier les caufes fans né' ceflite.
- La théorie du Doâeur Franklin , dit-il, réfout çomplettement tous lés cas des deux éleétricités qui fe dé-truifent l’une d’autre , quand elles font mêlées : mais elle n’éxplique pas fi clairement la propriété qu’elles ont de s’attirer , & de réagir l’une fur l’autre quand elles font féparées. 11 finit par dire , qu’il ne veut pas prononcer fur une queftion fi obfcure, qui a partagé les opinions de beaucoup de grands hommes ; & que toute hypothefe des deux électricités qui expliquera la deftruétion de tous les lignes d'élcéiricité quand elles font unies , & leur attraction mutuelle quand elles font féparées, quadrera également avec tous les phénomènes connus jufqu’à préfent.
- Je me fui? un peu étendu fur cette théorie , parce que j’ai pente qu’on l’avoit trop négligée jufqu’ici , que ceux mêmes qui l’ont propofée, ne lui ont pas rendu aflcz de iuftiçe,
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- j 16 H i s t o i r i, &rc. J’efpere qu’à l’avenir on la verra fous un afpeft plus avantageux, & qu’elle paraîtra un peu plus recommandables parmi les autres hypothefes ; & alors Valcat quantum vaUre potcji. Si quelque Eleétricieil me fait l’honneur de me communiquer quelque autre théorie, qui ne foit pas évidemment contredite par les faits , je lui ferai fort obligé , & je croirai rendre un fervice réel à cette fcience en la publiant. Si plulïeurs perfonnes m’en adreffent de différentes , je trouverai que mon Livre en fera d’autant plus eftimable [125'].
- 'S3» [ns] ta théorie te deux éleélricités rélîueufe & vitrée de M. Dufay a été abandonnée prefque dès fa naidaoce : & M Dufay lui-même s’en feroic sûrement détaché , s’il avoir vécu allez long-temps pour connoîcre les faits qui la démentent.
- Fin du Tome II,
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- TABLE
- DES MATIERES
- Continues dans ce II. Tome.
- »
- HISTOIRE
- D E
- L’É LEC T R IC I T É.
- PERIODE DIXIEME.
- SECTION IV. Expériences de M. Délavai fur les deux Electricités, &fadifpute - avec M. Canton à ce fujet , pag. i SECTION V.
- Expériences £• découvertes de M. Canton
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- jz8 TABLE
- rilativemcnt aux.corps plongés dan. des ‘athmofpheres -électriques , avec le. découvertes quont faites dans la fuih piujieurs Phyficiens fur le même fujet ? H
- SECTION VI. Expériences de M. Symmer fur les deux, Electricités ç Sr celles qu'a faites cr, conséquence Jean-François Cigna, 45 •SECTION VII. Continuation de l'Hifloire de la Bouteille dcLcyde, 8â
- S E C T I O N VTJI, Expériences St obfervationsjhr la lumière éleSriqut , 104
- SECTION IX. Electricité de la Tourmaline, 137
- SE&TION X. ' Découvertes qui ont été faites depuis celles du Docteur Franklin, par rapport à la reffemblance du Tonnerre (f de J Electricité, 153
- $ E C T LO N XL Qbfcréations fur tétat général de tElectricité dans tathmpfphere , St fur fes effets les plus ordinaires, lio
- SECTION
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- DES MATIERES. jis -SECTION XII.
- EJfais que l'on a faits pour expliquer par /’Electricité quelques-uns des phénomènes les plus exlraordihaires fur la terre & dans les deux , 240
- Avertiffement de [Editeur, 285
- Mémoire fur les effets du Tonnerre comparés à ceux de l’Electricité ; avec quelques confédérations fur les moyens de fe garantir des premiers. Par M. [Abbé Nollet. Première Partie, 287 Seconde Partie, 327
- Notes relatives au Mémoire précédent,
- 3 66
- SECTION XIII. Obfervations fur l’ufage des conducteurs de mé(al , pour garantir les Bâtiments , &c. des effets du Tonnerre, 378
- SECTION XIV.
- De [Electricité Médicale, 35 J
- SECTION XV.
- Mélange d'expériences & de découvertes , faites pendant cette Période, 423
- Tom. II. Z
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- 55°
- TABLE
- SECONDE PARTIE.
- » VITE de proportions , qui comprennent toutes les propriétés générales de
- l'Eltclncité ,
- Averdffement de fEditeur,
- 445
- 458
- Proportions fondamentales tirées de
- Vexpérience,
- 459
- TROISIEME PARTIE.
- SECTION I.
- Théories d’Electricité , qui ont précédé celtes du DoBeur Franklin , ibid. SECTION II.
- Théories de l’Electricité portive & néga-
- 4S>
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- DES MATIERES, ff* SECTION I|I.
- De U Théorie des deux fluides Electric ques 9 308
- Fin de la Table.
- De l’Imprimerie de P. Alex. LE PRIEUR, Imprimeur du Roi.
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- ERRATA.
- TOME SECOND.
- Page 71 .Ugru 11, l'un <k l'autre . «-M. l’un l'autre
- 167 18 , au troifieme, lifej
- au quatrième
- 181 3, Helede, life\ 3 He-
- 311 9 , reftoit, life^ , fortoit
- 377 31 > entiérent, life\3 en-
- tiérement
- Pac
- TOME TROISIEME.
- i y ligne 10, de ce corps, life^i de ces corps
- 7 16 , influerait, life%, in-
- flueraient
- 5 , qualité, life£ , quan-
- tité
- 14 , chaufferait , lifeç } chafferait
- 5 , des fils de fer , lifeç ; d’un des fils de fer 2i, chargé, life% , charge i,veffie, d'air, Hf«\% veffie pleine d’air 16 3 la preffant, life%, le preffant
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TOME 3
-
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- HISTOIRE
- D E
- L’ÉLECTRICITÉ.
- TOME TROISIEME,
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- HISTOIRE
- D t
- L’ÉLECTRICITÉ,
- Traduite de VAnglais de Joseph Priestley, avec des Notes critiques.
- Ouvrage enrichi de Figures en Taille-
- TOME TROISIEME.
- A PARIS,
- Chez Hérissant le fils, rue des Folies de M. le Prince, vis-à-vis le petit Hôtel de Condé.
- M. D C C. L X X I.
- Avec approbation, b privilège die Roi.
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- ffïYf Ô’ï’f E
- d e
- L’ÉLECTRICITÉ.
- QUATRIEME PARTIE.
- Des chofes qui feroient à déjirer dans la fcienct de TEledricité , £ des notions propres à l’étenr dre de plus en plus.
- SECTION I.
- Obfetvaùons générales fur tétas prefnt de t Electricité.
- Je me flatte d’avoir, luffifamment émontré dans le çours de cette Hif. Torts. IJT. A
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- X H I S T O I R B
- toire , les progrès réels qu’on a faits jufqu’ici dans l'Eleâricité : & je penfe que cette partie de l’Ouvrage fera voir évidemment qu’il refte encore beaucoup de çhofes à découvrir. Ceux qui croient qu’on n’a encore rien fait d’important dans la Philofopbie Naturelle , ou qu’on n’a avancé que fort lentement depuis le temps de Newton , n’ont qu’à lire l’Hiftoire précédente , & ils feront convaincus qu’on a déjà découvert beaucoup de chofes, & que les progrès qu’on a faits dans ce genre de connoiffance , au lieu d’avoir été lents, ont été exordiaai-rement rapides. C’eft pour animer le zélé des Pnyficiens à fuivre ces progrès , & en même temps pour les faciliter en quelque forte que nous avons projetté d’écrire ce Traité , & particuliérement cette quatrième Partie. Quand un voyageur croit être proche de la fin de Ion voyage , il ne fe foucie plus de faire diligence * penfant que fans fe donner tant de peine, il fera bientôt parvenu à fon but ; au lieu que s’il croit que,quelque chemin qu’il ait déjà fait, il en a encore beaucoup à faire, il con-
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- ttnue fa marche ou même l’accc-lere.
- La principale raifon pour laquelle tant de perfonnes ingénieufes font arrivées fi vite à leur N te plus ultra, dans lès découvertes Philosophiques, a été évidemment leur attachement à des théories favorites, qu’ils croyoient propres à expliquer tous les phénomènes qu’on avoit obfcrvés, & ceux qu’on pourroit obferver par la fuite. Croyant donc avoir atteint le principal objet de la fcieuce , & en avoir découvert les premiers principes &c les plus généraux , ils ont imaginé
- 3u’il n’y avoit plus rien qui Rit digne e leur remarque ; regardant comme au-deflous de leur génie , de paflèr leur temps à diverfifier les effets , quand il n’y avoit plus de nouvelles caufes a découvrirj’efperequeceque ion a dit jufqu’ici fur la nature & futilité des hypothefes, & fur l’imper-fe&ion de celles qui concernent l'électricité , convaincra les Electriciens qui peuvent n’en être pas convaincus, qu’il nous refte encore à travailler principalement fur les faits Si fur/’<*« nalogie des faits : qu’il s’en faut bien A ij
- X
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- 4 Histoire
- qu’on en ait découvert affez pour af furer une théorie générale &r parfaite , &r que les hypothefes a&uelles ne peuvent rien faire de mieux pour nous, que de nous fuggérer de nouvelles expériences.
- Si nous réfléchiflons fur l’Hiftoirq de l’Eledricitc , & que nous conlî-dérions l’état des faits Sc des hypothefes dans quelque Période particulière du temps paifq , nous verrons qu’il y a toujours eu la même apparence de raifon qu’à-préfent clac-qutefeer à ce qui avoit été fait. Les théories des premiers Eteftriciens, toutes défeâueufes & imparfaites quellesétoient, fuffifoient cependant pour, expliquer tous les faits qu'ils connoifloient ; & quant à d’autres faits , ils ne pouvoient en avoir d'idée , & par çonféquent ils ne s’en in-quiétpient pas.
- M. Boyle fut fans doute auffi pleinement fatisfait de fa fimple hypo-thefe des émanations ondueufes. que M. l’Abbé Nollet de fa théorie des affluences & effluences ; ou que la plus grande partie des Eledriciens aélttels l’eft de celle de l’éleêfricitç
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- î> e l’Electricité. $ pofitive & négative. M. Hawkesbée, quand il fit les furprenantes découvertes concernant les propriétés de la lumière élcétrique , & qu’il remarqua beaucoup d'autres circonltances curieulés touchant l’attiaction & la réptiliion électriques, dut penfer tout naturellement , qu’il ne reltoit plus grand’-chofe à faire. En effet , qui aurait pu penfer autrement, puiique la fcience demeura là plufieurs années après lui ? Tout ce que l’infati-
- fable M. Grey , ( qui fit la grande ccouverte de la communication de la vertu éleétrique à des corps non-éleétriques par eux - mêmes ) imagina relier encore à faire , étoit de pures chimères & des illufions. M. Dufay , qui fit la découverte des électricités vitrée & réiineufe , n’a-voit aucune idée de la commotion éleétrique ; & les Physiciens Allemands , qui la remarquèrent par ha-fard , ne connurent rien de les propriétés les plus remarquables. Quoiqu’il parut un grand nombre de Traités fur l’Eleétricité, auffi-tôt après cette découverte , & dont quelques-uns même très fyllématiques , com-A iij
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- 6 H i s t o i ft. r,
- prenoient fans doute ce que leurs Auteurs jugeoient être la totalité de cette fcience, 41 n’y en eut cependant parmi eux aucun qui eût la moindre-idée des découvertes furprenantes du Docteur Franklin , foit par rapport à la bouteille de Leyde, loit fur la nature du tonnerre. Et quoique plufieurs des admirateurs du Doéteur Franklin penfaflent qu’il avoit épuifé la matière, il étoitbien éloigné de penfer ainfi ; & l’Hiftoire de l’EIeétricité depuis la date de fes importantes découvertes , démontre que fon fotip-çon étoit bien fondé.
- Il eft vrai qu’on peut dire qu’il y a dans toute choie un Nec plus ultra, & par conféquent aullî dans l’Eleétri-cite. Mais quelle raifon y a-t-il de penfer que nous y (oyons arrivés ? M. Grey auroit pû tenir le même langage , il y a plus de vingt ans -, mais tout le monde avouera à préfent qu’il l’eût tenu plus de vingt ans trop tôt j-Cependant il eft évident , je crois, que M. Grey avoit réellement plus de raifon de penfer qu’il avoit atteint ce Nec plus ultra de l’Eleétricité, que nous n’avons lieu de croire que nous
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- en (oyons venus à ce point. Le temps nous a fait connoître un grand nombre d’expériences, foit incomplettes, foit complettes, & peut-être même plus des premières que des dernieres ; fur toutes lëfquelles ne pouvant pas avoir de connoiflances , ils ne pouvoir pas non plus avoir de doutes ; dé forte que , quoique nous fâchions beaucoup plus qu’il ne favoit, nous favons en même - temps beaucoup mieux qu’il ne pouvoit le (avoir, combien il y a de chofes inconnues. Jufqu’ici l’acquifition des connoiffan-ces éleétriques a été femblable à l’acquifition des richefles. Plus nous pof-fédons, plus nous délirons polféder ; & à ce que j’efpere , plus nous ferons infatigables pour acquérir la pof-feffion.
- Il y a une chofe qui eft extrêmement utile au progrès des découvertes ultérieures, c’eft de favoir ce que les autres ont réellement fait, & en quel état la fcience fe trouve actuellement. Faute de cette connoîffance, bien des gens ont perdu leur temps à des expériences qu’ils auraient pu favoir que d’autres avoient faites ou
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- manquées , & qui par conféquent ne valoient pas la peine qu’on les répétât [ 116]. Mais les fources de ce genre d’inftru étions font trop difperfées & trop éloignées les unes des autres, pour que la plupart des gens puiflent en profiter. Tel a été le premier motif de mon entreprife , par laquelle je projette de raflembler fous un coup-d’œil diftinét tout ce qu’on a fait en éleélricité jufqu’à préferrt, & pareillement l’ordre & la maniéré dont le tout a. été fait ; afin que les Eleétriciens, ayantune idée diftinéle du progrès qu’ont eu les connoiflances
- '8'T' [né] Je ne crois pas que « foit perdre fon remns, que de repérer des expériences qui dut éré faites par d’autres : fi elles réuflif-fent également à plufieurs perfonnes , cela donne en elles plus de confiance : fi les réful-tats fc trouvent différents , cela fait voir qu’on ne doit pas y compter , jufqu’à ce qu’elles aient été plus amplemenc confirmées. Si l’on s’écoit toujours ainfi comporté , il n’y auroit pas tant d’erreurs accréditées qu’il y en a. Je penfe au contraire qu’un Ph= ficien ne doit jamais s’en rapporter au témoignage d’un autre , dans des chofes qu’il peut voir par lui-même.
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- DE i’ElEC TR. I C I T £. 9
- éleâriques , puiiïènt voir plus clairement ce qui relie à faire , & quels font les objets qui promettent le plus de récompenfer leur travail.
- En effet, il efl prefque impolfible de lire l'Hiftoire de l’EIeâricité fans ralîcmbler bien des idées pour de nouvelles expériences. Quand on a le tout devant foi, & qu'on le peut voir d’un coup- d'oeil , on peut bien mieux rapprocher les parties éloignées ; & il peut réfulter de nouvelles lumières de la comparaifon qu'on en fait. Quand on voit quelles font les expériences qui ont manqué , & celles qui ont réuffi ; quelles branches de la fcience ont été le plus fui-vies, & quelles font les chofes qui paroilfent avoir été négligées ; ce qui a été découvert par hazard, & ce qui l’a été par théorie ; quand on con-noît en même-temps les véritables lumières qui ont dirigé ceux qui' ont fait des découvertes heureu Tes, & les faux jours qui en ont égaré d’autres, on a les meilleures dilpolitions pof-fibles pour pourfuivre fes propres re- I
- cherches.
- Je fens bien que par cette raifon il
- A v
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- fera fuperflu pour beaucoup de gens & probablement pour la plupart de ceux qui auront lu les trois premières Parties de ce Traité, de leur indiquer bien deschofesqu on défireroit connoître en Eleéfcricité ; car la lecture de cette Hiftoire aura dû leur en fuggérer fuffifamment l'idée. Mais fi quelques - uns de mes Leéieurs m’ont prévenu dans cette partie de mon Ouvrage , ils ne feront pas fâchés de la retrouver ici ; & ce que contient ce Chapitre fera particuliérement utile aux autres.
- Ën effet, fi j’euffe confulté ma réputation comme Ecrivain ou comme Philofophe , je n’aurois pas entrepris ce Chapitre. Car non-feulement plu-fleurs des Articles que je vais propo-fer comme des choies défîrables dans cette fcience , ne le feront bientôt plus ; mais même les jeunes Electriciens feront en état de donner des réponfes fatisfaifantes à quelques demandes difficiles que je vais propo-fer ; plufieurs d’entr’elles paroîeront probablement inutiles -, frivoles ou extravagantes : & quand on fera plus avancé dans cette fcience, on aura
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- D H l’ElSCTRI CI Ti. SI
- peine à imaginer que je les aie prô-pofées. Mais li ce Chapitre pouvoit contribuer à hâter un événement il défirable , & à accélérer le progrès des connoiflances éleéfriques, je con-fens volontiers qu’il puifle demeurer dans les iiecles à venir comme un monument de mon ignorance.
- » Ces penfées ( pour me fervir des » termes du Doéteur Franklin , bien » plus à propos qu’il ne les a lui mê-» me d’abord employés ) font la plu-» part imparfaites & trop précipitées ; » & fi je ne cherchois qu’à acquérir » de la réputation en Philofophie, je » -devrais les tenir renfermées en moi* » même , jufqu’à ce qu’elles fuffent » corrigées & améliorées par le temps •> & une plus longue expérience. Mais » comme dans toutesles fciencesnou-» velles la communication des idées >> les plus (impies, & des expériences » même imparfaites, produit fouvent » un bon effet , en excitant l’atten* » tion des hommes de génie ; & don-» nant ainfi occafion à des examens » plus exaéts & à des découvertes » plus complettes, vous êtes libre , « dit-il à M. Collinfon , de commu-A vj
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- J 1i Histoire
- «niquer ce Mémoire à qui vous vou-». drez ; car je trouve plus important ». que les connoilfances augmentent, ». que d’empêcher que votre ami ne ». paflfepourunPhilofophe peuexaét.«
- Je ne me propofe pas même de tracer les queftions fuivantes fur le plan de celles de Newton, à la fin de fon 1 rai te d’Optique. Il y en a beaucoup qui font de telle nature, que je ne m’attends prefque point qu’elles foient jamais réfolues; mais ce qu’on fera pour les réfoudre peut conduire à quelques autres découvertes de plus grande importance. Ce font de pareilles penfées jettées au hazard qui m’ont conduit aux nouvelles expériences que fai faites, & n’ayant pas allez de loifir pour les fuivre moi-même , je les livre tout bonnement à mon Leûeur, afin qu’il en tire le plus grand avantage qu’il pourra ; étant déterminé , en finiflant cette matière , de donner , comme dit M. Addifon , tout ce que je lai, ou , comme dii'ent les Auteurs Ef-pagnols , de ne rien laijfer dam mon teritoire.
- 11 feroit heureux pour cette feien-
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- DE l’ElECTRlCITi. • 1} ce, que tous les Phyficiens quir s'y livrent, voulufTent faire un Chapitre commun de toutes leurs idées & de leurs queftions ; & je me trouverais fort honoré s’ils choififlbient ce Cha-, pitre pour cet effet, & fi dans les futures éditions de cet Ouvrage , il étoit regardé comme le dépôt commun des Queftions à faire par tout le corps des Electriciens , & de leurs idées pour de nouvelles découvertes. Je verrois avec plaifir chacune d éliés dillinguée par le nom de quelque Correfpondant célébré. Le Lecteur en trouvera quelques-unes ajoutées aux miennes ; & c’eft ainfi que je les ai diftinguées.
- Bien des perlbnneS peuvent donner des idées, quoiqu’elles manquent de loifir ou d’un appareil nêceflaire pour les fuivre. D’autres ont du loifir & un appareil propre pour faire des expériences ; mais fe contentent de s’a-mufer eux & leurs amis , à diverfi-fier celles qui font connues, faute d’avoir des idées & des vues pour en faire des nouvelles. Par ce moyen donc chacun pourroit tirer le meilleur parti de fa capacité pour le bien
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- 14 Histoire commun. Les uns fourniroient des vues, & les autres les fuivroient ; & les Phyliciens pourroienc jouir du plaifir de penfer , non - feulement à leurs propres découvertes, mais encore à la portion dont ils auraient contribué aux découvertes des autres.
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- PARTIE IV.
- SECTION II.
- Que/lions & avis propofés pour faciliter de nouvelles découvertes fur l’Electricité.
- Quejlions & avis au fujet du fluide électrique.
- Quelle eft la proportion des différentes couleurs de la lumière électrique , dans les différents cas & dans fes différents phénomènes ;
- La lumière éleétrique n’eft-elle pas une vraie vapeur ignée , fembla-ble à celle du Phofphore î Et ne peut on pas, dans la fuite , faire des expériences où l’on aura l’explofion , la commotion, & les autres effets de lele&ricité, fans lumière ; La lumière
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- i S Histoire éleétrique eft-elle jamais vifible ailleurs que dans le vuide? En plein air le fluide éleétrique -fait lui - même un vuide pour s'ouvrir un paflage. •
- Ramaflèz le fluide éle&rique , non pas de la malle générale de la terre, mais des corps d’efpeces particulières, & obfervez fi il a quelques propriétés particulières par rapport à la lumière , &c.
- Eft il eKaélement le même en mer que fur terre ; au-delfous de la fur-face de la terre, que deffiis, &c. &c ?
- Le Doâeur .Franklin a remarqué que le fer étoit rongé à force d'être expofé à des étincelles éleâriques fouvent répétées. Cet effet ne doit-il pas être produit par quelque acide ? Quelles antres marques y a-t-il d’un acide dans la matière éleârique ? Son odeur phofphorique ne doit-elle pas être regardée comme telle ? N’eft- il pas poflible de changer les couleurs bleues des végétaux en rouge, par que lque application d’éleélricité î Je crois avoir entendu dire qu’on l’a-voi t fait à Edimbourg.
- N’y a-t-il qu’un feul fluide électrique , ou y en a-t-il deux? ou bien,
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- DE L’ELECTRl'CïtÉ. ' I7
- y a-t-il quelque fluide éledrique d’un genre particulier , diftind de l’Ether du Chevalier Ifaac Newton ? S’il y en a , à quel égard différe-t-il de l’Ether ?
- Les particules qui affedent l’organe de l’odorat, font-elles , auffi-bien que les particules de lumière , des parties du fluide éledrique propre ! ou font-elles purement accef-foires , étant mifes en adion de façon ou d’autre par l’éledricité ?
- N'y a-t-il pas quelque ordre particulier des particules que Newton fuppofe s'échapper continuellement de la furface de tous les corps , qui conftitue le fluideéledrique, comme il a imaginé que d’autres confti-tuoient l’air, d’autres 1 Ether, &c ?
- Eft-il probable qu’il y ait , même pour peu de temps, aucun accroiife-ment, ou aucune diminution de la fortune totale d’cledricité ;
- D’où provient l’élafticité du fluide éledrique ; & fuivant quelle loi fes particules fe repouifent-elles l’une l'autre î M. Price.
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- HlSTOU!
- 11.
- Quejîions & avis concernant les corps électriques & les conducteurs.
- En quoi confifte la différence entre les corps éleAriques 8e les conducteurs ? ou dans d’autres termes, qu’eft-ce qui fait que certains corps font perméables au fluide éleArique, 8è que d’autres ne le font pas !
- Les pores des corps éleAriques font-ils plus petits que ceux des con-duAeurs, 8e contiennent - ils beaucoup ou fort peu du fluide éleAri-que !
- Qu’y a-t-il dans la ftruAure intérieure des corps qui les faffe rompre quand on les polit '• Peut-être tous les corps folides font ils dans ce cas.
- Certains corps éleAriques étant extrêmement élaftiques , l’élafticité a-t elle quelque liaifon avec l’élcAri-cité !
- Quelle eft la raifon pourquoi, dans quelques-unes des expériences de M.
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- de l’Electricité. i<j Hàv/kesbée , la lumière électrique étoit vifible à travers une épaiffeur confidérable de corps électriques fort opaques, comme la réfine, le fou-fre, la poix , &rc. & non pas au travers des conduéteurs de métal les plus minces ?
- Quelle reffemblance y a-t-il dans les procédés de calcination , de végétation , d’animalifation & en quelque façon de cryftallifation , puifque tous les corps qui ont éprouvé quelques-uns de ces procédés -C & peut-être point d’autres ) fe trouvent être éleétriques ?
- Les corps éleétriques & les conduéteurs ne font-ils’pas plus parfaits dans leur efpece en proportion de leur pefanteur fpécifique !
- L’eau ne tranfmet-elle pas mieux Léleélricité lorfqu’elle elt dans fa plus grande condenfation ; & les métaux le moins bien dans leur plus grande expanfion , comme on le fait voir par un Pyrometreî
- Eltàyez la puiffance conduétrice des différents métaux, en faifantpaf-fer une forte commotion à travers des fils de métal de la même grandeur,
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- la HISTOIRE
- & en obfervant les différentes longueurs de ces fils qui pourraient être fondues. L: Docteur Franklin.
- Comparez les émanations invifibles de l’eau avec les émanations invifibles d’une chandelle allumée ; ainfi que celles qui procèdent des autres corps,, par rapport à leur pouvoir de transmettre l’éleétricité.
- Obfervez quel degré de chaleur il faut pour décharger un degré donné d’éleétricité , afin de Savoir quel eft le degré de chaleur qui rend l’air conducteur.
- III.
- Quejlions & avis concernant la maniéré de faire naître Vélec-tricité-
- Quelle eft la différence dans la ftruéture intérieure des corps électriques , qui fait que quelques-uns peuvent êtreéleétrifés par le frottement, & d’autres en les chauffant ou les re-froidiflant î
- Qu’eft-ce que le frottement , la
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- DE l’ElBCTRICI TÉ. il
- chaleur, le refroidiflëtnent, & la réparation après un contaCt exaCt, ont de commun avec tous ces corps ? Comment quelques- unes de ces cho-fes contribuent-elles à réleâxifation ? & de quelle maniéré lés frottoirs & les corps électriques de furfaces différentes produifent-ils l’une ou l'autre efpecc d’élcdricité ?
- L’expérience. d’Æpinus de preffer l'un contre l’autre deux morceaux plats de verre , par laquelle l’un d’eux contracte une électricité pofi-tive , & l’autre une éleCtricite négative , n’eft- elle pas femblable à celles-tie M. Wilke , concernant la production de l’éleCtricité par la liquéfaction de differentes fubftances contenues dans d’autres, & par lef-queiles la fubllànce qui Ce fond eft dans un état, & celle qui la contient eft dans l’état oppofé î Et Ces deux cas ne reffemblent-ils pas à l’éleCtri-fation de la Tourmaline , &c. en chauffant & refrpidiffant > En pareil pas, la Tourmaline & l’air ne peuvent-ils pas agir l’un fur l’autre, & être dans des états oppofés ?
- La çircpnftance commune à tous
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- ees cas, n’eft-elle pas quelque qualité de cet efpace proche la furface des corps, dans lequel exifte le pouvoir réfraétif ? Quand les corps qui ont été preffés enfemble dans cet efpace, viennent à s’écarter l’un de l’autre, ils acquièrent plus de furface, & confé-quemment cet efpace eft plus grand : le fluide éle&rique n’y coulc-t il pas de.celui de ce corps qui a le moins de pouvoir de le retenir, & qu’il peut pénétrer avec le plus de facilité , lorfque n’étant pas capable de s’infî-nuer dans la fubftance de l’autre , il s’arrête fur fa furface.
- Les particules du corps éle&rique & du frottoir ne font - elles pas mi-fes , dans l’aéle de l’éledrifation , en une vibration qui fait que les parties s’écartent fréquemment les unes des autres ; & qui par-là facilite l’efFet dont on a fait mention cî-deflîis ?
- Quel eft le véritable effet de l’humidité ou de l’amalgame que l’on met fur le frottoir ! Ces fubftances n’augmentent-t-elles pas le pouvoir de l’éleélrifation , comme étant des conducteurs plus éloignés du verre
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- DE.l’ElECTRICITÉ. if poli, fuivant la gradation des corps électriques , que la furface du cuir i ou font-elles feulement toucher le frottoir en plus de points ! ou altèrent-elles la furface au frottoir >
- Cette différence de furface d’où dépend la couleur , a-t-elle quelque influence fur ie pouvoir de l'éleétri-fation?
- La Tourmaline & un vaifleau de verre chargé, fcellè hermétiquement, font tous les deux éleétrifés par la chaleur & le refroidiffement. Quelles font leurs autres propriétés commu-
- IV.
- Queflions & avis au fujet de . l’éledrifation.
- L’électrisation augmente - t - elle l’exhalaifon des vapeurs, (bit de l’eau froide , foit de l’eau bouillante ? Si elle le fait, cette exhalaifon augmentée eft - elle la même dans tous les états de l’athmofphere ;
- La matière éleétrique ne pafle-
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- *4 Histoire 1 elle pas principalement fur les fur-faces des corps !
- L’adion des corps, éledrifés l’un fur l'autre , eft - elle proprement une attradion ou une répulfion )
- L’éledrifation continuée ne facili* teroit-elle pas la putréfadion ?
- De quelle maniéré fe fait la répulfion mutuelle de deux corps éledrifés négativement ? Eft-ce par l’attradion du fluide éledrique plus denfe dans le voifinage , ou par la quantité de ce qu'on en peut luppofer accdmulé fur les lurfaces de pareils corps, de la maniéré décrite à lapag. 485 du Tome II î
- V.
- Queflions £’ avis concernant le pouvoir de charger les corps électriques.
- Q u elle eft l’opération réelle des condudeurs dont on garnit les fub-ftances éledriques ?
- Pourquoi ne peut-on pas charger une bouteille en la joignant à unq autre ( tandis qu’on la charge ), auflî fort
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- fort que fi elle 'éroit chargée au premier conduâieur ? ou par quelle régie doit-on eftimer la force de ces différentes charges ? Selon toutes les apparences , deux bouteilles chargées enfemble , de façon que l’une reçoive le feu de l’autre, ne donnent pas un coup fi fort, que le ferait une feule chargée de la façon ordinaire.
- Quel eft le maximum de la charge d’une jarrede verre , relativement à la quantité de fa furface , qui eft couverte par la garniture ! Il eft évident que certaines jarres fe déchargent d’elles-mêmes, quand il n’y a qu’une petite partie dans leur fond qûi foit garnie, & qu’alors l’explofion eft fort peu confidérable.
- Tâchez de charger une plaque de verre avec une garniture mile actuellement en contaél avec fa furface, au moyen de poids fort lourds. Tâchez auflï d’éleârifer une plaque de verre de la même maniéré. Il eft bien certain que dans la méthode ordinaire d’éleétrifer & de charger, on ne tou- che pas immédiatement à la fubftan-ce du verre ; 8c quoique l’eaù foit attirée par le verre, elle ne peut l’être, Tome III, B
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- te H I S T O î R E
- que quand elle en eft à une certaine diftance.
- V I.
- Quefiions concernant Péïetirictté du verre.
- A. travers quelle épaifleur de vefre un corps éleétrifé , d'une force donnée , attire & repoufle-t il les corps légers ? La même épaifleur ne forme-t-elle pas les limites jufqu’où l’on peut charger le verre de fluide électrique î
- La charge d’une plaque de verre ne larefierre-t-ellepas dans fes dimen: fions, les deux éleétricirés la comprimant avec force , de façon à augmenter fa pefanteur fpécifiqne ?
- Le ton d’un vafe de verre fait en forme de cloche, n’eft-il pas le même ; quand il eft chargé, que quand il ne l’eft pas ? ou bien ne rifqueroit - on pas en le fonnant, dans ces circonf-rances , de le faire cafter ;
- Le fluide électrique avec lequel le verre eft chargé , réfide-t-il dans les pores du verre , ou feulement à fa
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- furfaceimu plutôt dans l’efpaccqu’occupe le pouvoir réfringent ; c’eft-à-dire, un petit efpace au-dedans &c un pareil au dehors de fa furface ?
- Le pouvoir réfradif du verre eft-il le même, quand il eft chargé, ou éledrifé?
- Comment le différent pouvoir réfradif du verre ou la denuté ( qui eft probablement dans la même proportion avec Ion pouvoir réfradif ) affecte-1 il fa propriété d’être éledrifé OU chargé ?
- N’y a t il pas une différence confi-dérable entre le verre nouvellement fabriqué, 8c celui qui a été gardé un mois ou deux , tant par rapport à l’éledrilation qu’à la charge ?
- Que l’on eflaie du verre de toutes fortes de compofitions , tant par rapport à l’éledrifation que par rapport à la charge, ne trouverait on pas que des différences dans les ingrédiens métalliques , dans la dureté , la cuiffôa, la durée dans la fulion, &c. influerait fur l'une 8c l’autre propriété ? 6c que dans plufieurs cas la même choie qui feroit favorable à l’une feroit défavorable à l’autre ;
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- On a fuppofé jufqu’ici que le verre eft rempli de fluide éleétrique, & on a expliqué fon imperméabilité par la difficulté avec laquelle le fluide électrique le meut dans fes pores. Mais ne pouvons - nous pas fuppofer que la fubftance du verre eft abfolument imperméable à l’éleétricicé 5 qu'aucune matière éleétrique étrangère ne peut jamais s’infinucr dans un feul de fes pores, mais le place entièrement fur fa furface ; par exemple, entre le point de contact & la vraie furface, ou dans les limites du pouvoir réfradif, c’eft-à-dire, dans un petit efpace fur chaque côté de la fur-face ? Cet endroit eft je penfe , à beaucoup d’égards très-convenable , pourdifpofer de la matière éleétrique, foit que nous la failions confifter en deux fluides ou en un feul. 11 fera beaucoup plus aifé de concevoir comment on peut les tenir féparés, s’il y en a deux, ou l’empêcner de pénétrer, s’il n’y en a qu’un feul; cela fera beaucoup plus facile , dis-je , dans ce cas-là, que dans l’a fupr pofition que le fluide-éleétrique peut entrer & fe mouvoir dans Ja fubf-
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- D E l’E 1E C T R I C I f É. i 0 tance du verre, quoiqu'il ne puifle y entrer & s'y mouvoir qu’avec difficulté , comme le prétend Æpinus. Car quelque difficile que foit le mouvement , on penferoit que cette difficulté pourroit feulement le faire mouvoir d’autant plus lentement -, & qu’en donnant allez de temps à l’éleftricité dans la plaque de verre chargée , ce fluide , lans aucune comunication extérieure , fe forme-roit une route jufqu’à l’autre côté, où il tend avec tant de force.
- De plus , On penferoit qu’en fup-pofant que le fluide élcétrique peut être admis dans les pores du verre , quand la décharge d’une bouteille le ferait à travers la fubftance du verre, elle pourroit fe faire fans bruit & fans brifer le verre ; au lieu que fi l’on fuppofe les fitrfaces du verre violemment comprimées, &r que fes pores ne font pénétrés par aucune particule du fluide , ou des fluides, il eft évident que la charge éleétri-que peut pénétrer à travers le verre ; & qu’il eft néceflaire qu’elle le caffe fi elle s’y force un palïage.
- £ iii
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- }°
- H I S T O I Rï
- vu. '
- Quejlions & avis concernant l'effet de l’éieclricité Jür les corps animés.
- L e fluide d’où dépend l’éieclricité, entre-1-il pour quelquechofe dans aucune des Fondions d’un corps animé î Comment eft-ce que le pouls d’une perfonne éledrifée cft accéléré, & fa tranfpiratù n augmentée 3
- L’air par la chaleur qu’il acquiert dans les poumons, ne communique-t-il pas une vertu éledrique au lang ? Quciie liaifon cela a t-il avec l’air mophetiquc que les poumons exhalent en grande quantité , & qui eft contenu dans tous les autres excréments des corps animés ?
- L’augmentation de la tranfpiration d’un corps animé ne peut-elle pas être plus grande dans une athmof-phere humide que dans une féche, y ayant alors plus de particules con-dudriccs dans l’athmofphere, pour agir & réagir fur les émanations dans
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- de l’EtEcr ki ci-té. )i les pores du corps ; deSquelles particules conductrices dépend probablement , en grande partie , la transpiration abondante ?
- VIII.
- Queftions & avis concernant Vi-leclricité de Vathmofphere.
- D quelle maniéré les nuages deviennent-ils éleétriques ?
- Le vent y "contribue-t-il en quelque chofe ?
- Cet effet eft-il produit par la chaleur & le refroidiliement graduels de l'air ? !Si cela eft , lequel des deux , de la chaleur ou du refroidiffement, produit l'éleCtricité pofitive ? Lequel que ce puiffeêtre , il eft probable que le contraire produira l’éleCtricité négative. Qu'on en faffe l’expérience avec un cerf- volant électrique. M. Canton.
- Comme il fait ordinairement du tonnerre lorfque l'air a une chaleur étouffante , & qu’il paroît chargé de quelques vapeurs fulfureufes ; la ma-B iv
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- tiere éledrique qui eft alors dans lei nuages , ne peut - elle pas avoir été engendrée par la fermentation des vapeurs fulfureufes, avec les vapeurs: acides ou minérales qui fe tiennent dans l’air î M. Price.
- Qu’on reçoive la pluie, la neige & la grêle dans des vaiifeauxifolés, dans différents états de l’athmofphere, pour obferver , s’ils contiennent de î’éledricité, & dans quel degré.
- L’efpace vuide qui eft au-deffus des nuages ne peut-il pas avoir toujours une éledricité oppofée à celle de la terre ? & le tonnerre , les tremblements de terre, &c. être occafion-nés par l’élancement du fluide électrique entr’eux , toures les fois que fa furabondance en eft exceftive dans l’un ou dans l’autre ? L’aurore boréale & d’autres météores éledriques qui font extrêmement brillants & fréquents avant les tremblements de terre , n’en fourniffent-ils pas quelque degré d’évidence ?
- La terre n’eft-elle pas conftamment dans une éledrifation modérée ; & n’eft-ce point-là la caufe de la végétation , de l’exhalaifoo, & des autres
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- DÈ t’ElECTRICITÉ. 3} opérations les plus importantes de la Nature? Tout cela devient plus facile par une cleâxifation augmentée ; & il eft probable que les tremblements de terre , les ouragans, &c. auffi-bien que le tonnerre , font la fuite d’une trop forte éleélricité dans la terre [117].
- «SO* [117] L’Auteur a eu raifon de croire que plusieurs de fcs queftions feraient regardées comme inutiles, frivoles ou extravagantes : & je ne les aurais pas mifes ici s fi je navois pas voulu éviter le reproche qu’on au-toit pu me faire , d’avoir tronqué fon ouvrage»; En effet , plufîeurs d’entr’elles font déjà réfolues : il eft aifé d’y trouver des réponfes fatisfaifantes , dans les ouvrages qu’on a publiés fur l’ëlédricité. La pluparc des autres ne valent pas la peine qu’on y réponde , tant elles iont mal conçues. Il n’y en a que quelques-unes à la irechercho defquelles il ferait bon de travailler. Je ne les indique pas ici s parce que ceux qui feront en état .de le faire , fauront âfTez les diftinguer des autres.
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- Histoire
- PARTIE IV.
- SECTION III.
- Branches de connoiJJanc.es particuliérement utiles à un Ele3ri-cien.
- J’a i fait voir dans la partie hiflo-rique de cet Ouvrage , les progrès qu’on a faits en Electricité ; & j’ai tâché dans les Articles précédents de donneçjquelque idée de ce qui réfie à faire avec quelques avis pour d'au; très expériences. En finiffant cette Partie , je voudrois faire encore plus pour mettre lé. Leéteùr eh état de faire de nouveaux progrès <,ians les recherches électriques. Cependant tout ce qu’on peut dans ce genre, doit naturellement être plus imparfait que le détail même que nous avons donné ci-deffus. Car il eft évident que
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- de i’ElectïUciri. ff quiconque eft capable -d’enfeigner aux autres à faire des découvertes , peut les faire lui-même. Malgré cela il eft poffîble de donner quelques ob-fervations générales utiles ; telles, par exemple, que le Lord Bacon en a donné dans fon Novum organon, ouvrage qui fans contenir en lui-même que peu ou point du tout de découvertes Philofophiques, n’a pas peu contribué aux découvértcs contenues dans d’autres. Je tâcherai de fuggérer ici un petit nombre de pareilles obfervations générales concernant l’Elcélricité.
- Toutes les vérités ont non-feulement du rapport cntr’clles, mais elles font encore liées les unes avec les autres ; c’eft une obfervation que le progrès des fciences confirme journellement. On a étendu cette remarque avec aflez de juftice jufqu’auX! Arts ; n’y en ayant pas deux fi éloignés en apparence, où l’on ne trouve quelque analogie entre quelques-uns, des procédés & des méthodes employés dans l’un , 8e quelques-uns de ceux qu’on emploie dans l’autre.
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- Ainfi la connoiflance d'un Arc ou d'une Science , fert à la connoiflance des autres ; & perfonne ne peut fe flatter d’en connoître bien parfaitement aucun , qu'il n'ait tiré toute l'afliftance poilîble de tous les Arts & les Sciences qui l’avoifinent.
- En effet, l'exiftence même des différents Arts & Sciences , eft prefque une démonftration du rapport des uns aux autres. Car il ne feroit pas raifonnable de fuppofer que les éléments d.e quelque nouvel Art ou Science , fuffent découverts par des moyens indépendants de l’étude ou de la pratique de ceux que l’on con-noit déjà. Comme c’eft par des tran-fltions faciles que l’on paffe d’une partie de quelque fcience particulière à une autre partie ; de même , c’eft par des moyens également aifés que l’on a paffé d’une Icience à une autre. Conféquemment il faut avoir recours à ces Arts & Sciences déjà connus , pour concevoir l’évidence fur laquelle font appuyés les premiers principes de tout Art nouveau ou Science nouvelle.
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- CE i'Eiectr ICIÎÉ.
- L’Eledricité ne fait point dn tout une exception à cette régie générale. Elle a, auffi - bien que les autres, des fciences qui l’avoilinent. C’eft en travaillant fur elles , que fes principes ont été d’abord découverts ; & les expériences éledriques ont fait voir la liaifon avec plufieurs autres fciences, avec lefquelles on ne l’avoit pas loupçonné d’avoir aucune relation. Or l’étude de toutes ces fcien-ces ne peut réciproquement que contribuer à perfedionner & étendre la. connoiflauce de l’Elcdricité.
- Gilbert eft le premier des Eledri-ciens modernes qui a été conduit à faire fes expériences cledriques, par le rapport qu’il leur a trouvé avec celles du magnétifme, à la recherche defquelles il étoit alors occupé. L’étude de la Chymie paroît avoir conduit M. Boyle à faire attention à l’éledricité , auffi-bien qu’à d’autres qualités occultes des corps particuliers. Tous ceux qui obferverent les premiers la lumière éledrique , la regardèrent comme une elpece de Phofphore ; & ce fut dans cette vue
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- j8 Histoire
- que M. Hawkesbée fe condtiifit dans
- toutes les expériences qu’il fit fur ce
- fujet.
- Ces découvertes & autres en électricité ayant été ainü faites indirectement , excitèrent l’attention des Phyficiens fur cette matière , & les portèrent à en embralfer l’étude , ex pmfiÿo , & d’une maniéré direéle : on s’appefçut, bientôt après, que l’é-leélricité étoit non pas un agent fé-condaire & occafionnel , mais un agent principal & confiant dans les ouvrages de la Nature , &: même dans quelques-unes de fes plus importantes fcënes ; & que fon aétion , loin d’être reftrainte aux corps d’une clafle particulière, s’étendoit à tous fans exception ; que les minéraux les végétaux & les animaux , & l'homme fur-tout d’une façon toute particulière , étoient tous fujets à fa puiflance ; & que les expériences & les principes éleétriques , faifoient partie des Arts& des Sciences les plus intéreflants de ceux qui les ont pour objet. Auffi voyons - nous chaque jour que l’Eleâricité s’étend 3e plus
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- en plus aux autres Sciences, tant par l’analogie de leurs opérations , que par leurs influences réciproques.
- Cela pofé , pour être Electricien aujourd'hui , il faut avoir un fond de connoiflances bien plus étendu qu’il n’en falloit il y a feulement dix ans : & avant de pouvoir efpérer de faire aucunes découvertes nouvelles, on doit être inftruit à fond de toutes les opérations connues de la Nature ; car ce n’eft qu’en appliquant l’Ele&ri-cité à differentes parties de la Nature , & en combinant fes opérations avec d’autres opérations , foit de la Nature , foit de l’Art , qu’on peut découvrir quelque chofe de nouveau. Prefque tout ce qu’il eft poffible de faire avec les machines électriques ordinaires &r leur appareil , a déjà été fait ; de forte qu’on doit chercher plus loin de nouvelles découvertes. J’efpére donc qu’on m excu-féra ; fi je tâche de donner une idée de.ce genre de connoiflances, que je conçois pouvoir être finguliérement utile pour, faire des progrès en Electricité ; & pouvoir fournir des points
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- +0 HistoiRé de vue & des matériaux pour dé nouvelles expériences.
- La Phyfiquc ne peut manquer d’être dune grande utilité pour cela. Mais de toutes fes branches, il n’y en a point qui promette d’être plus utile à l’Eleâxicien que la Chymie. Elle paraît propre à étendre les con-noiflances éleâriques ; car la Chymie & l’Eleétricité ont toutes les deux pour objet les propriétés , l'oit cachées , l'oit moins apparentes des corps •, on a cependant fort peu connu la relation qu’elles ont entr’elles ; on n’a prefque jamais combiné leurs opérations ; n’y ayant eu que fort peu de Chymiftes , f'oit fpéculatifs , foit pratiques, parmi nosEledriciens modernes.
- Parmi les autres branches de la Phyfique , il faut faire une attention particulière à la do&rine de la lumière & des couleurs. Ce fut par elle que Newton jugea qu’on découvrirait les autres propriétés occultes des
- C°IlPfâut auffil donner une. attention particulière à tout ce qu’a fourni; la
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- SH l/ E L E e T R. I e I T é. 41 Lhyfique, quoiqu’imparfaite refpec-tivement à l’athmofphere , fa com-pofition & fes qualités ; les phénomènes du tonnerre montrent fa liai-fon avec l’Eledricité ; & probablement l’Eledricité pourra nous conduire à une connoiffance de la Météorologie , beaucoup plus étendue que celle que nous en avons eue juf-qu’ici.
- La découverte de la commotion de la bouteille de Leyde , celle de la reffeinblance du tonnerre & de l'électricité, jointe à la cure de différentes maladies par des opérations éledriques, fuffilèntpotir nous convaincre de l’importance finguliere dont l'étude de l’Anatomie & de tout ce qui a rapport à l’économie animale, eft pour un Eledricien : & fi les Médecins fe fuffent donnés davantage à l’étude de l'Eledricité , comme un article de la Matière Médicale , ils auraient pu faire , fans doute, beaucoup plus de découvertes utiles & importantes. Ils en ont fait affez cependant pour nous exciter à pouffer plus loin nos recherches.
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- 41 H I S ï O I II E
- Æpinus nous a donné depuis petf une excellente preuve de l’utilité dont les Mathématiques , & fur-tout les calculs algébriques, peuvent être pour un E'edricien ; & leur utilité fe Trouvera probablement encore plus étendue avec le temps.
- Comme 1 Electricité a beaucoup à attendre des differentes branches de la Phyfique ; elle fera auffi à fon tour en è'at de lui prêter les fecours. Elle fournit déjà des raiibns & des preuves de quelques principes de Phyfique , qui fortifient ceux que I on tire d’ailleurs. Par le moyeu de l’é-lectricité , auflî bien que par les principes de la lumière & des couleurs, on peut démontrer qu’il faut une force très - confidérable pour amener à tin vrai contact des corps qui font contigus l’un à l’autre & même placés l’un fur l'autre : & l’on parvient peut-être à .démontrer l’humidité de l’air avec plus d’exactitude par les balles éleétriques de M. Canton , que par aucun autre Hygromètre. Mais je ne me propofe pas de fuivre cette matière ; & je n’ai cité ces deux cas, que comme des exemples.
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- DE i’Elec*RICITi. 4Î
- A l'égard des autres chofesdontun Eleétricien doit être inilruit, je crois pouvoir ajouter avec raiiou , que la connoiflfmce de la méchaniquc lui fera u ile ; j’entends ici, non-feulement la théorie , mais encore en quelque Ibrte la pratique de cette Icience : car s’il n'a par lui - même quelque connoiflauce méchanique , les machines cleâtriques feront fou-ver.t en délbrdre , & répondront mal à les vues.
- A la v ri té , fi l’on ne fe propofe que de s’amufer, loi &r fesamis, à des expériences que d’autres ont déjà faites , (, &c c’eft une forte d’amufb-ment que je fins fort éloigné de blâmer , ) on peut acheter des machines toutes faites à fon goût, qui réuniront fort bien : les inftruftions que l’on donne d’ordinaire avec les machines , mettent en état de faire les expériences avec alfez de fuccès ; s’il le trouve quelque réparation à faire à l’appareil , tout faifeur d’inftru-mentsde Mathématiques, fi l’on demeure dans une grande ville ou auprès , pourra en peu de temps remet-
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- 44 H 1 s i o i R ! fre le tout en bon ordre. Mais fi l'ori le propofe d’étudier léleélricité en Phyficien , & dans la vue d’en étendre les connoiflancès, l’ailiftance des autres ne fuffira pas.
- Les machines éleélriques ordinaires & l’appareil qui eften ufage, ne mettront à portée de faire guere plus que les expériences communes. Si l’on veut aller plus loin , il faut varier fon appareil : il faudra louvent changer la conftruétion de fes machines i & l’on verra que les ouvriers ordinaires ne peuvent rien exécuter au-delà de leur routine , s’ils ne font conduits. D’ailleurs, à moins qu’on ne fe trouve dans une fituation avan-tageufe , on ne peut pas toujours avoir à fa difpoiition des ouvriers de toute efpece , pour toutes les petites chofes dont on peut avoir befoin dans la partie méchanique , toutes les fois qu’on fe propofe une nouvelle expérience qui le demande.
- Un Électricien ne doit donc pas manquer d’avoir les outils ordinaires d’un Tourneur & d’un Horloger, & favoir un peu la façon de s’en fervir.
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- Dï l’EiECTRICITf. 4J Par rapport au verre , il doit abfolu-mcnt apprendre à fe fervir du chalumeau d’Emailleur, la maniéré d’allonger & de courber les tubes de verre, & de faire, avec une certaine adrelTe, d'autres opérations fur le verre, dont il aura befoin de fe fervir fous une grande variété de formes. Un Electricien ainfi fourni , fera en état de fe fervir lui même en toute occàfion ; car la lenteur & les bévues des ouvriers quadrent mal avec l’ardeur des gens qui font occupés à des recherches Philofophiques.
- Il ferait fort à fouhaiter que les Phyficiens apportaient plus d’attention qu’ils ne le font, à la conttruc-tion de leurs machines. On pourrait alors efpérer d’y voir quelques améliorations réelles & importantes ; au lieu qu’on ne doit guere attendre* rien de pareil des (impies faifeurs d'inftruments de Mathématique, qui rarement favent quelque chofe, & dont le feul objet efl: de rendre leurs ouvrages bons , élégants & portatifs.
- Ançienqement les Phyficiens ç-
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- 45 Histoire
- toient obligés de conftruire eux-mc-mes leurs machines. M, Boyle M, Hawkesbée, & le Doéteur Defagu-liers n'auroient rien fait en donnant aux ouvriers leurs ordres pour ce dont ils avoient befoin, Il n’exiftoit rien de femblable alors. La nécef-fité les obligea donc d'étudier & de pratiquer les Arts méchaniques , & c’eft d'après leurs inventions qu’on a conllruit tous les initruments de Phyfique qui font actuellement en ufage.
- Tout génie original, comme eux, doit, à cet égard , marcher fur leurs traces II étendra fes vues au-delà des machines exiftantes , qui ne peuvent être adaptées qu’à l’état préfent de la fcience. Et jecrois qu’il eu évident que l’état d’imperfeétion où font encore # parmi nous différentes branches de la fcience électrique , vient principalement de quelques imperfections générales dans la ftruâure de toutes les machines, dont nousfaifons ufage en Angleterre ; ce qui rend plufieurs ef-peces d’expériences fort difficiles , ou prcfque impoflîbles à faire , commç
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- on le fera voir dans la Partie fui-vante de cet Ouvrage , où je traiterai au long de la conftruétion des machines , & où je donnerai les meilleures inftruétions que je pourrai fur la maniéré de s’en fervir.
- Enfin , fi un Ele&ricien veut que le Public tire profit de fon travail, il doit abfolument fe mettre en état de dcfliner fuivant les régies de la perfpeétive ; fans cela il le trouvera fouvent hors d'état de donner aux autres une idée exaéle de les expériences. 11 y a tant de beautés dans les régies de cet Art ingénieux , &c tant de plaifir à en faire l’application , que je fuis furpris que tous ceux à qui on donne une belle éducation , ne prennent pas le peu de peine qui ferait nécelïaire pour s’en inftruire. Toutes les façons méchai niques de dellîner , fur-tout quand on emploie un grand nombre de lignes droites , comme en deffinant des machines , &c. font très-imparfaites & infuffifantes. Elles ne rendent pas moitié de la variété des def-feins de perfpeclive. Il eft difficile de
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- ,4,8 Histoire les rendre auiîi correctes : d’ailleurs ; je fai, par expérience , quelles demandent beaucoup de temps, &c que le travail en eft extrêmement alfujct-tiiTant & incommode.
- HISTOIRE
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- HISTOIRE
- D E
- L’ÉLECTRICITÉ.
- CINQUIEME PARTIE.
- De la conjlruclion des Machines éledriques , & des principales parties d’un Appareil électrique.
- SECTION I.
- Obfirvations générales fur la conJlruSion d’un Appareil électrique.
- Les perfections qu’on a ajoutées aux machines éleétriques ont, comme Tom. III. C
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- jo Histoire on pouvoit bien s’y attendre, marché de pair avec les progrès qu’on a faits dans la fcience de l’Eledricité. Tant qu’on n’a connu que l’attradion & la répullion éledriques, on n’a eu be-foin de rien de ce que nous appelions aduellemcnt un Apparût électrique. On pouvoit faire voir tout ce qui étoit connu au moyen d’un morceau d’ambre, de cire à cacheter, ou de verre , que le Phylicien frottoit contre fon habit , & préfentoit à des morceaux de papier , des plumes &c autres corps légers qui fe trouvoient en fon chemin , & ne lui coütoient rien.
- Pour faire éprouver un plus grand frottement aux fubftances éledriques, Otto de Guericke &r M. Haw-kesfeée imaginèrent de faire tourner des globes de foufre & de verre : mais, leur connoiflance trop bornée de l’éledricité nedeur fuggira ou ne demanda pas de nouvelles machines éledriques d’une ftrudure pluscom-pofée. Les inventions de M. Haw-kesbée étoient cependant excellentes, & fon appareil pour plufieurs de fes expériences , fort bien adapté aux delfeins auxquels il étoit deftiné,
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- Quand on çeila de faire ufage des globes, les Phyiiciens eurent recours à un appareil plus facile & moins cher , compofé de tubes de verre & de bâtons de foufre ou de cire à cacheter ; & les premiers conduéteurs dont ils firent ufage, n’étoient que des cordes de chanvre, foutenues par des cordons de foie. On y fubllitua biencôt des barres de métal. Après cela on eut de nouveau recours aux globes, comme beaucoup plus propres à fournir d’une maniéré uniforme la matière électrique à ces con-dufteurs ifolés ; & avec le temps, on fe fervit d’un frottoir pour fup-pléer à la main.
- La découverte de la bouteille de Lcyde a occafionné encore de nouvelles additions à notre appareil électrique ; & les découvertes plus récentes du Docteur Franklin & d'autres , ont pareillement obligé d’y faire des augmentations proportionnelles. Aucun Phyficien , par exemple , ne fe trouve à préfent bien outillé , s’il n’eft en état delcétrifer un conduéteur par le moyen des nuages, au£Q bien que par le frottement de
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- fes globes, ou de fes tubes de verre. Mais ayant déjà fait remarquer le progrès des. améliorations faites dans les machines, auffi-bien que dans la fcience même de l’Eleélricité, je me contenterai de cette courte récapitulation , & je pafferai à la defeription de la méthode de conftruire des machines , que 1 expérience ( fâcheufe en phifieurs cas ) m’a appris à juger la meilleure ; 5e je donnerai les réglés les plus sûres pour conduire les . opérations éleélriques.
- Quoique les globes ou les cylindres foient aéluellement de l’ufage le plus étendu pour les opérations éleélriques , les tubes de verre font néanmoins très - convenables dans bien des cas ; & un Eleétricien ne doit pas en être dépourvu. Il faut les faire conftruire d’une longueur telle qu’on puifle les frotter commodément d’un feul coup avec la main, c’eft-à-dire d'environ trois pieds ou un peu plus, & d'une grofleur convenable pour pouvoir les empoigner. A l’égard de l’épaiffeur du verre, elle n’eft pas importante ; peut-être les plus minces font ils les meilleurs,
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- DI l’Ele.ctri C I TÉ. 55 pourvu qu’ils pniifent fupporter un frottement fuffilant , qui , au relie, n’a befoin que d’être fort modéré , quand le tube eft en bon état d’ailleurs. 11 eft fort à propos que le tube foit bouché par un bout : car, outre que par ce moyen la matière éleélri-que eft mieux retenue à fa furface, en peut plus aifément en retirer l’air, ou l’y condenfer, par le moyen d’une virole de cuivre adaptée à l'extrémité ouverte. Un tube ainfi garni eft né-ceffaire pour différentes expériences. ( Voyez a , Planche i ).
- Le meilleur frottoir qu’on ait encore trouvé peur un tube de verre poli, eft l’envers d une étoffe de foie noire huilée , fur-tout quand on y met un peu d’amalgame de mercure & d’un métal quelconque.
- Un Eleâricien doit être pourvu de tubes de verre dépolis , aufti - bien que de polis ; mais un cylindre de bois féché au four , fera à-peu-près auffi-bien. Le meilleur frottoir pour un tube de verre dépoli , ou pour un cylindre de bois féché au four, auffi - bien que pour un bâton de fbufre ou de cire à cacheter , eft C iij
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- une flanelle douce & neuve , ou plutôt des peaux , telles que des peaux de lievre ou de chat tannées avec leur poil, qui font plus douces & plus unies.
- Les Eleétriciens ne conviennent pas tout-à-fait entr’eux, s’il faut donner la préférence aux globes ou aux cylindres. On dit en faveur des cylindres , que le frottoir peut toucher une plus grande partie de leur fùrface. D’un autre côté, on.dit en faveur des globes, qu’il eft facile de les fouffler bien ronds , de maniéré qu’ils preflent également le frottoir. On peut auffi leur donner un plus grand diamètre ; & par ce moyen , l’axe, s’ils en ont un., pourra être plus éloigné de la furface éleétrilée. Car quand les axes font proches de la fur-face , le feu éleétrique femble s’attacher à eux , de forte qu’ils paroif-fent quelquefois lumineux.dans l’ob-fcurité ; & s’ils font ifolés, les extrémités des axes donnent des étincelles} ce qui fait certainement une diminution du feu éleétrique au- conduéteur.
- Je ferois d’avis, par cette raifon, que l’on évitât tous les axes , autant
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- de l'Electricité 5î que faire fé peut, ayant trouvé par expérience qu’ils ne font -ncceflaires en aucun cas ; parce que l’on fait tourner les plus grands globes horizontalement avec la plus grande facilité , & plus avantageufementà tous égards, avec un goulot qu’avec deux. Cette méthode a’ajufter les globes, rend auffï les machines éle&riques beaucoup moins compofées , moins couteufes & moins embarraflantes.
- Tout globe deftiné à être ajufté ainfi, doit avoir fon goulot enfermé dans une virole d’acier aflez profonde , terminée par un bord élargi d’environ un pouce & demi , fi le globe eft grand. Il faut ajtifter à ce goulot un axe de fer court , & une poulie par-deflus ,& laifler unefpace d’environ trois quarts de pouce entre la poulie & la virole. L’axe doit être foutenu , dans cet endroit, par une forte branche de cuivre ( c , Plane. 7). fortant du montant, dans lequel l’extrémité de l’axe eft pofée &r dans lequel il tourne. On peut faire recevoir à cette branche de cuivre des globes de toute forte de grandeur, en y laifiant de la place pour des pou*
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- j«Ç Histoire lies de toutes grandeurs néceflaires.
- On peut de cette maniéré fixer les globes beaucoup mieifx que s’ils a-voient deux goulots ; & on les monte plus facilement & à meilleur marché. Le poids des grands globes n'eft point une objeétion contre cette méthode. Les plus grands ne doivent pas pefer plus de huit ou dix livres ; & on a trouvé qu’ils tournent bien aifément de cette maniéré. Le frottoir , s’il eft placé fous le globe, contribuera encore à en fupporter le poids.
- 11 faut faire pratiquer ou trou dans la virole de cuivre, dont nous avons déjà parlé*, pour conferver une communication entre l’air extérieur & celui qui eft dans le globe. Car fi l’air de l’intérieur du globe eft ou plus rare ou plus denfe que celui du dehors , l’éleélrifation fe trouve diminuée à proportion ; & à en juger d’après l’expérience , on ne doit rien appréhender de l’humidité , qu’on peut fuppofer s’infinfier dans le globe par une telle communication.
- 11 eft à propos que l’axe forte d’environ un pouce au delà du montant
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- DS i’Electricité. 57 dans lequel il tourne ( comme en d, Planche 7 ) afin d’y pouvoir adapter une manivelle , &r par ce moyen pouvoir tourner le globe fans roue, pour avoir une plus grande variété d'expériences.
- Si on fe fert d’un axe , il faut que fes deux extrémités foient foigneufe-ment travaillées fur le tour : autrement il ne tournerait pas fans faire un bruit fort délagréable. 11 faut que fa portion qui eft dans l’intérieur du globe foit arrondie , polie, ou couverte de quelque fubftance électrique , pour l’empêcher de tranfmettre une trop grande quantité de la vertu éleétrique du globe.
- Un des montants , dans lefquels tournent ces globes ou cylindres à deux axes , doit être mobile ; afin qu’on puifle faire ufage de globes eu cylindres de toute grofleur ; &£ on doit les faire allez hauts , & garnis de trous de diftance en diftance jufqu’au haut , afin de pouvoir- au befoin employer, deitx globes à la fois, l’un au-deifus de l’autre. ( voyez la Planche 7 ).
- Les Eleétriciens n’ont pas encore
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- ’$S H I « T 6 I R H déterminé quelle eft l’efpece de verre la plus propre pour les expériences éleélriques , mais on le 1ère communément du meilleur cryftal. Je n'ai pas fait autant d’expériences que je le délirerais , pour avoir une certitude à cet égard ; parce qu’elles font en même-temps incertaines & cou-teufes : mais j’ai quelque railon de croire que le verïç commun de bon* teilles eft le plus propre pour le fuc-cês de l’éleétrifàtion ; du moins, le meilleur globe que j’aie jamais vu eft fait de cette matière. Sa vertu eft certainement fort grande , & je l’attribue en partie à l’extrême dureté de ce verre j 12 S1, & en partie à fon excellent poli. 11 eft très-rare de réuffir à fouffler quelque chofe de fphérique &r fur-tout à faire de grands globes polis, avec cette forte de verre ; & il
- [ t28] Quoiqu’cn dife notre Auteur, les Electriciens regardent tous comme les meilleurs , pour les expériences éleâriques , les verres connus (bus le nom de cryftal d'Angleterre , & cryftal de Ba/itme, qui loin d’être d’une extrême dureté , font, des verres très-tendres & peu cuits. Ce font en effet ceax que j'ai toujours vu le mieux réuilîr.
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- DE L ElECTRICITi. eft difficile d’en faire qui aient deux goulots.
- Le globe dont j’ai parlé ci -deflùs a environ dix pouces de diamètre , mais on n’a rien déterminé fur la: grofleur la plus convenable. J’en ai employé de prefque toutes les grandeurs , depuis trois jufqu’à près de dix-huit pouces de diamètre, fans fa-voir quel confeil donner. Peut-être que , toutes chofes égales d'ailleurs, ceux de douze ou treize pouces font aulfi bons qu’aucun autre ; mais de beaucoup plus grands feroient probablement bien meilleurs, fi l’on pouvoir les faire tourner avec la même facilité [129].
- Si un Eleétricien ne veut point avoir de fécond , mais tourner le globe & gouverner fon appareil lui-même , ( ce qui feroit à fouhaiter à bien des égaras ) il fera fort à propos que l’axe de fa roue foit de niveau
- [12.9] Les globes d’environ douze pouces de diamètre m’ont toujours paru fort bien faire. Et il ne faut pas compter que les effets augmenteront dans la proportion de l’augmentation du diamètre du globe.
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- 6o. H I S T O IRE' avec la table à laquelle il eft a (Es. Mais s’il aime mieux relier debout tout le temps qu’il fait fes expériences , l’axe doit être plus haut à proportion. Peut être leroit-il bon de donner à la roué environ dix-huit pouces de diamètre ; mais celui des poulies doit être tel, qu’elles faflent au moins quatre ou cinq révolutions contre une de la roue. Car le globe doit en général faire quatre ou cinq révolutions en une fécondé, ce qui eft une vîteffe beaucoup plus grande que celle qu’on peut lui donner fans roue.
- La roue doit être mobile par rapport au chaflis dans lequel les globes font fulpendus , ou ce chaflis doit être mobile par rapport à la roue , pour remédier aux changements que le temps caufera dans la longueur de la corde , fur-tout fi elle eft de chanvre : mais on prétend que l’eftame fait une excellente corde, & qui n’eft pas fi fujette à le fentir des changements du temps. Si on ne peut pas changer la diftânce entre la roue & la poulie , celui qui opère eft obligé d’hurnecter au befoin fa corde de chanvre pour la raccourcir: ce qui
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- ce l'Electricité. Si dans bien des cas eft fore incommode. 11 eft fort utile, & prefqtie néceflaire, de pratiquer pluiïeurs gorges à la même roue , fi on fe l'ert de plus d’un globe en même-temps. 11 les faut faire angulaires dans le fond ; de même que celles qui fe font aux poulies, afin que la corde y foit mieux pincée, & qu’on puiffe le lérvir de cordes de différente groffeur.
- Les meilleurs frottoirs pour les globes ou les cylindres , font faits de maroquin rouge , & fur- tout de la partie du cou où le grain eft plus ouvert 6c la furface plus rude. Pour faire appuyer le frottoir également fur le globe , il faut le mettre fur une plaque de métal , courbée félon la forme du globe, & le rembourrer de quelque chofe qui foit affez mollet. Le Ion eft bon pour cela : & fi ce qui le rembourre, eft un con-duéteur, comme le lin , cela vaudra mieux que s’il netoit pasconduéteur, comme le poil ou la laine. 11 doit être placé fur un reflort , afin de fe prêter à toutes les inégalités qui peuvent fe trouver dans le globe ou le cylindre. La pofition horizontale eft
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- la meilleure qu’oli puiffe donner ail frottoir pour quantité de circonftan-ces ; mais il faut le mettre en état d’être placé fuivant toutes les variations de cette pofition ; & le reflûrt qui le foutient, doit être fait de maniéré à preffer plus ou moins, quand on veut. 11 faut tenir le frottoir auffi grand à peu-prés dans un fens que dans l’autre. Si on le fait trop étroit,, quelques parties du globe pafferont fans éprouver un frottement fuffifant. Pour remédier à cet inconvénient ,, il faut appliquer la main , bien fé-. che , fur le globe, immédiatement devant le frottoir , pour ajouter à (a, largeur ; mais cette pofition eft très-incommode.
- Il eft bon d’avertir qu’il ne doit y avoir au frottoir ni carnes, ni angles aigus : cela rendroit fon ilolation fans effet , ce qui eft une chofe fort importante. Au moyen de l'ifolation du frottoir , on peut faire quelque expérience éledrique que ce foit , avec la double variété d’éleéfricité pofitive & négative ; & on peut à plaifir faire donner & recevoir le feu au conduéteur. Cette ifolation fe fait
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- DH l’EiECTRI GI TÈ. C\ très-bien avec une plaque de bois féché au four, de cinq ou fix pouces de diamètre ( g, Planche 7. ) pofée entre la partie métallique du frottoir & le refl'ort d'acier qui le foutient. Quand on a deflein de produire l’é-leétricité pofitive , il faut faire communiquer le frottoir avec le plancher par une chaîne f n, Planche 7 ); mais fi l’on veut avoir l’éleélricité négative , il faut ôter la chaîne & la luf-pendre fur le conduéteur ordinaire ; tandis qu’un autre premier conducteur doit communiquer avec le frottoir, qui par conféquent fera cleétrifé négativement
- La meilleure façon de raffembler le feu éleétrique du globe , paroît être d’avoir trois ou quatre fils de fer pointus, de deux ou trois pouces de long ,{m. Planché 7 ) fufpendus légèrement fur le globe ; ils nie doivent pourtant pas être ni aflèz légers pour que la répulfion éleétrique puilfe les rejetter de deflus le globe , ( ce qui occafionneroitune perte de la matière éleétrique ) ni alfez pefants pour les empêcher de fe tenir féparés à une certaine diltançe, & d’etre tirés en
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- 64 H i s t o i « ! arriéré ou en avant , comme le demandera la décharge la plus efficace du feu, accumulé fur différentes parties du globe. Pour cet effet la meilleure façon eft de les fufpendre fur un anneau de métal. Des aiguilles bien pointues font parfaitement bien.
- Il eft néceffaire pour quantité de cas , que le premier conducteur foit fixé d’une maniéré ftable. 11 ne doit donc pas être foutenu fur des cordons de foie, mais avoir un fupport folide : on doit donner la préférence fur tous les autres au bois fëché au four ; parce qu’on a trouvé qu’il fiole le plus parfaitement, qu’il ne coûte pas beaucoup & qu’il eft le meilleur à tous autres égards [_i 30].
- [1 $0] Il s’en faut de beaucoup que le bois féché au four foie le corps le plus propre a ifoler : il ne le fait bien qu’autant qu’il eft rrès-fec ; & l’on fait qu’il reprend tres-aifé-ment l’humidité de l’air, à moins qu’à l’exem-pie du Pere inmerfin , on ne l’ait fait bouillir dans l’huile. Encore , malgré cette préparation , en teprend-il à la longue. Il faudrait donc à chaque fois le faire fécher de nouveau ; ce qui ferait fort incommode. C’eft pourquoi
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- ci l’Eiectricitî. 6$
- Un petit conduéleur eftle meilleur pour les expériences ordinaires ; mais fl on veut avoir de fortes étincelles, il eft à propos d’avoir à fa difpofition un. grand conduéteur, que l’on puiffe au befoin placer en contaél avec le plus petit, & l’en féparer à volonté. Mais quelle que foit la grandeur d’un premier conduéieur , fon extrémité ou la partie qui eit la plus éloignée du globe , doit être beaucoup plus groffe & plus ronde que le refte : ( k , Planche 7.) car c’eft toujours à la plus grande diftance du globe, que la matière éleétrique fait le plus grand effort pour s’échappSr.
- Comme l’Ëlcftricien aura fouvent befoin d’ifoler différents corps , je confeillerois de faire tous les guéridons & les inftruments , dont il fe fert pour cela , avec du bois féché au four. On le peut aifément tourner fous toute forte de formes ; il ifole mieux qde le verre, & n’eft pas li caffant. Mais il faut avoir foin que
- je confeille de 1 pourra faire aut
- fervir que quand on ne
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- 66 Histoire cc bois foit parfaitement fec , même jufqu’au point d’être noirâtre. Il ne fera pas fort fujet alors à prendre l’humidité de l’air. S’il le failoit, il fuffiroit de le chauffer un peu ôc de le frotter pour chaffer cette humiaité. Au pis aller, on pourrait le faire frire dans l’huile de graine de lin , ou lui donner une légère couche de vernis quand il fort tout chaud du four. Si on choifit cette préparation, il faut le bien chauffer encore une fois, immédiatement après qu’il eft frit.
- L’Eleftricien ayant ainfi conftruit fa machine aura befoin de verges de métal ( s, Planche 1 ) , pour tirer des étincelles de fon conduéteur dans différents cas. Ces verges doivent avoir des boutons, plus ou moins gros félon la courbure du conduéteur. Si le bouton eft trop petit, il ne déchargera pas le conduéteur tout à la fois, mais par degrés &c d’une maniéré moins fenlible; au lieu que l’étincelle eft groffe & forte entre des furfaces larges. '
- La partie la plus formidable d’un appareil éleétrique conlifte dans le
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- i>i l’EibctiucitI <?7 vtrn garni, dont on fe fert ponr l’expérience de Leyde. La forme du carreau eft indifférente par rapport à l'explofion ; & l’on peut Le fbrvir également de carreaux de verre & de jarres de différentes formes & grandeurs pour differentes expériences. La forme la plus commodepourles ufages ordinaires, eft celle d’une jarre d’une largeur telle qu’on puiflé commodément la tenir en l'empoignant , & d’une hauteur convenable pour Le tenir debout fans aucun danger de tomber, c’eft-à-dire , d’environ trois pouces & demi de diamètre , & huit pouces de hauteur. L’embouchure doit en être affez ouverte, afin qu’on puiflé plus aifément la garnir en dedans , auffi bien qu’en-dehors, avec une feuille d’étain : il eft cependant plus à propos que l’entrée loit plus étroite que le ventre ; car alors il léra plus facile de la tenir féche & nette; & le bouchon de liège'quand on en aura befoin , fera plus aifé à y adapter. Un Electricien ne doit donc jamais manquer d’avoir un grand nombre de jarres, de toutes les formes & grandeurs. On en peut voir de bien
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- des fortes dans là Planche i , 13g. e, d > « » /, S > h > ' > J > k-
- La méthode de garnir les jarres eft préférable de beaucoup à celle d’y mettre de l’eau ou de la limaille de cuivre, qui les rend fort pefantes, & de plus incapables'd’être renverfées fens deffus delfous fcc qui cft nécef-faire dans bien des expériences. La limaille de cuivre ou le petit plomb, cft cependant très - convenable pour de petites bouteilles. Il eft bon de s’en fervir quand il eft queftion d’écarter la garniture , aijffi tôt que la jarre eft chargée ; mais pour cet ulàge le vif-argent eft ordinairement ce qui fait le mieux. On peut aflujettir la feuille d’étain avec de la colle , de l’eau de gomme ou de la cire d'abeilles. Pour garnir l’intérieur des vaifleaux qui ont l’entrée étroite, humectez le dedans avec de l'eau de gomme , enfuitc jettez un peu de limaille de cuivre par -deflus. 11 s’en attachera allez pour faire une très-bonne garniture ; & pourvu que rien de fort‘rude ne la frotte , elle ne tombera pas aifénient. La limaille de cuivre, qui eft fort utile dans un
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- de l’Electricité. Cy j grand nombre d’expériences éleftri-qu'es , fe trouve chez les Frabiquants d’Epingles où on peut en avoir aifé-nient. Le carreau de verre garni eft repréfenté en b , Planche z.
- Je ne confeillerois pas d'employer des jarres bien grandes pour, con-ftruire une batterie éleétrique : un certain nombre de petites me paraît préférable à plufieurs égards. S’il Ven cafle une par l’explofion, ou qu’elle fe fêle par quelque accident, la perte en cil moins confidérable : d’ailleurs 9 au moyen des jarres étroites, on peut renfermer dans un moindre efpace une plus grande force, c’eft-à-dire, une plus grande quantité de lurface garnie ; & comme les jarres étroites peuvent être fabriquées plus minces, elles pourront être plus fortement chargées à proportion de leur fur-face , que de grandes jarres, qui doivent nécelfai rement avoir une certaine épaifleur. Les plus grandes jar-'es que les Verriers peuvent faire commodément font d’environ dix-fept pouces de hauteur ; & elles ne devraient pas en avoir plus de trois de diamètre , & avoir la même lar*
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- 70 Histoire geur par-tout. Ainli on peut aifément les garnir en dedans & en dehors, & une caille d’iine grandeur palfable contiendra une force prodigieufe. Car les jarres étant garnies jufqu’à deux pouees du haut, elles contiendront chacune un pied quarré de verre
- Saïni’ . . . r
- La première batterie que j ai conl-truit pour mon ufage , contenoit quarante & une jarres de cette grandeur; mais s’en étant brifé un grand nombre par des décharges fponta-nées, j’en conftruifis une autre , que je lui préfère de beaucoup, & dont j’ai donné le deflTein dans la Planche 3. Elle eft compoféc de foixante-quatre jarres, de huit pouces de hauteur & deux pouces & demi de diamètre chacune , garnies jufqu’à un pouce & demi du haut. La partie garnie de chacune eft d’un demi pied quarré, de forte! que toute la batterie contient trente-deux pieds quarrés. Le fil de fer decçhaque jarre a un bout de fil de fer fort fin , tortillé tout autour de fon extrémité inférieure , pour touchér la garniture intérieure en plufieurs endroits, & on le. pafle aul
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- DE l’ElSCTRICITÉ. 71 travers d’un aiïez gros morceau de liege en-dedans de la jarre , pour empêcher qu’aucune partie n’en touche le côté, ce qui tendrait à exciter une décharge fpontanée. Chaque fil de fer eft tourné en rond de façon à former une efpece d’anneau a fon extrémité fupérieure ; & on paife au travers de ces anneaux une verge de cuivre alfez greffe & garnie de boutons ; chaque verge fèrt pour une rangée de jarres.
- On établit une communication entre ces verges , en pofant fur toutes une chaîne, qui n’a point ètédeflînée, de peur de mettre trop de confufion dans la Figure. Si on ne veut fe fervir que d’une partie de la batterie , on pofe la chaîne fur autant de baguettes qu’on a befoin de rangées de jarres. Le fond de la caille , où font placées toutes les jarres, eft couvert d’une feuille d’étain &: de limaille de cuivre ; & l’on paffe au travers de la caille un fil de fer courbé qui touche cette feuille d’étain , & qui paraît en-dehors , comme dans la Figure. On attache à ce fil de fer tout ce qu’on a delfein de faire communiquer
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- avec l’extérieur de la batterie, comme lé morceau de petit-fil de fer marqué dans la Figure; & la décharge fe fait en approchant le bouton de cuivre à quelqu’un des boutons de la batterie.
- Telle eft la batterie dont je me fuis fervi ordinairement pour les expériences rapportées dans la derniere Partie de cet Ouvrage ; quoique , quand j’ai eu befoin d’une tres-grande force, j’ai joint les deux batteries, & même j’y ai ajouté plufieurs grandes jarres. Et comme après m’en être beaucoup fervi, je ne vois pas de railon de délirer le moindre changement dans aucune de fes parties , on me permettra de regarder ceci comme une preuve de la bonté de cette conf-trudion. Si j ’étois dans le cas de conf-truire une autre batterie , je prendrais des jarres de la même grandeur , & je les dilpoferois de la même maniéré.
- Le verre dont cette batterie eft faite, eft celui que les Ouvriers appellent cryftal verd ; je le crois beaucoup meilleur pour cet effet, que le meilleur cryftal, & je trouve que les jarres
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- DE i’ElECTRICITÉ. 7; jarres qui en font faites, ne font pas (i fujettes à fe décharger d’elles-mê-mes. D’ailleurs.il eft beaucoup moins cher que l'autre.
- Pour découvrir l’cfpccc & le degré de force deleleâricité, on a imaginé bien des formes d’Eleétrometres , comme on peut s’en être apperçu dans cette Hiftoire : mais ce point eft encore imparfait. Les bailesde M. Canton font d’un excellent ufage pour découvrir de foibles degrés d eleétri-cité, pour obferver les changements d’éleftricité de pofitive en négative & vice versa, & pour eftimer la force d’une commotion avant la décharge ; de maniéré que celui qui opère foit toujours en état de dire , à peu de chofe près, à quel degré il a chargé fes jarres, & quelle fera la force de l’explofion, quand il jugera à propos de la faire.
- Les balles de M. Canton , repré -fentées fur un verre pofé fur un guéridon ( c , Planche 2 ), font deux morceaux de liege ou de moelle de fu-reau , travaillés proprement fur un tour , de la grolfeur d’un petit pois, & fufpendus à des fils de lin trés-
- Tomt m. D
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- 74 Histoire déliés. Il eft bon d’en avoir dans de petites boîtes, pour mettre dans la poche ; & la boîte doit être de toute la longueur des fils, afin qu’ils y puil-fent tenir fans être courbes.
- L’Eleétrometre de M. Kinnerfley, décrit à la page 351 du Tome I, eft utile pour s'affiner de la force dont ont été les commotions, & pour bien d’autres expériences en électricité. On en a donné le deflin ( r, Plane. 2 ) : mais le tube de verre y eft repréfenté beaucoup plus court que ne l’a fait M. Kinnerfley. Je le crois en général plus commode ; parce qu’il'eft facile dç lui proportionner le calibre du petit tube. Mais fi Ion a un long tube, qui ait par-tout le même diamètre , on peut le couper en différentes longueurs , & les mêmes viroles de cuivre s’adapteront à chaque portion.
- Au fommet du guéridon de bois féché au four qui fou tient l’Eleétro-metre de.M. Kinnerfley, j’en ai attaché un autre imaginé par M. Lane, pour donner plufieurs commotions, toutes précifément du même degré de force ; nuis le Leéteur attendra que
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- bï l* Electricité. 75 M. Lane ait le loifir de donner la deicription particulière de fa conf-truction &r de fes différents ufages.
- A l'explication des pièces d’un appareil éledrique, dont on peut faire ufage dans un appartement , il ne fera pas tout-à-fait. hors de propos d’ajouter , qu’il eft fort néceffaire d’avoir une table forte & ftable. Car fi la table fur laquelle l’appareil électrique eft difpofé , eft fujette à remuer , il y a un grand nombre d’expériences , qu’on ne peut pas faire réuiîir.
- Pour pouvoir répéter la fameufe expérience qui prouve la reffemblan-ce du fluide éledrique avec la matière du tonnerre , & faire de nouvelles obfcrvations fur l'éledricité de l’atnmofphere , l’Eledricien doit être pourvu d’une machine propre à attirer l’éUHricitè des nuages, Pour conftruire, le mieux poflible , une pareille machine , faites ufage des inftrudions luivantes. Au fommet d’un bâtiment quelconque ( il n’en fera que mieux s’il eft fitué fur une éminence ), élevez une perche [a, fig. 1 , Plane. 1 ) d’une grandeur telle qu’un homme
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- 7<î Histoire puilTe la manier aifément, qui foit lijrmontée d’un morceau foiide de verre pu de bois féché au four, d’un pied de longueur, que vous couvrirez d’un vafe d’étain ou de cuivre (b) en forme d'entonnoir pour le garantir de la pluie. Elevez au - demis une verge de fer longue & menue ( c ) terminée en pointe, & dans toute la longueur dp laquelle vous tortillerez un petit fil de fer, pour mieux conduire l’éledricité à l’entonnoir. De l’entopnoir , faites defcepdre l,e long du bâtiment un fil de fer (d), qui en foit diftant d’environ un pied, & que vous ferez paffer à travers un challis ouvert, dans la chambre qui fe trour vera la plus commode pour faire les expériences. Ayez dans cette chambre un condudeur convenable, jfp-lé, & réuni avec le fil de fer qui entre par la fenêtre. Ce fil de fer &: le condudeur, étant parfaitement ifb-lés , feront éledrifés toute? les fois qu’il y aura dans l’air une quantité conlïdérable d’éledricité ; & l’on connoîtra quand il fera convenablement chargé, ou par les balles de M. Canton qu’on y fufpendra, ou par un
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- ce J-’ElictIUcité. 77 appareil de fonnettes qui fera décrit ci-après.
- Si l’Electricien déliré porter à une plus grande exâttitude fes expériences fur l’éleétricité de l’athmofphere, il doit élever un cerf-volant au moyen d’une corde filée avec un petit fil de fer. L’extrémité de cette corde doit être de foie , & il faut que le fil de 1er aboiltilfe à quelque conduâeur de métal, de la forme qu’on jugera la plus commode. L’expérience de M. de Romas apprendra à mes Lecteurs , qu’il peut y avoir du danger à élever ce cerf-volant aux approches d’un orage de tonnerre ; dans ce cas-là l’appareil ordinaire ci-delfus décrit pour tirer Téleébritité des nuages , remplira alfez-bien fon intention.
- Mais avec l’appareil fuivant 5 je ne cours pas beaucoup de rifque dans aucun orage. Que la corde du cerf-volant (a , fig. 5 >Planche i ), foit toulée fur un dévidoir (é) , de maniéré qu’elle glilfc à travers une fente faite dans une planche platte, attachée à fon fommet; par le moyen de laquelle on laiffera glifler plus ou
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- moins de corde à volonté. Que le. dévidoir foie attaché au haut d'un entonnoir d’étain ou de cuiyre (c), tel qu’on l’a décrit ci-deflus ; & qu’il parte de l’entonnoir une verge de métal («/), avec un gros bouton pour fervir de conduéleur. Get entonnoir & ce dévidoir doivent être foutenus fur un bâton (*) ,’dont la partie fupé-rieure au moins doit être bien féchée au four ; la partie inférieure peut être taillée en pointe , afin de renfoncée dans la terre quand le cerf-volant eft •bien élevé.
- La sûreté de cet appareil dépend de la chaîne (/), attachée au bâton par un crochet, un peu au-delfous de l’entonnoir, & traînant par terre : car ie fuperflu du fluide du tonnerre frappera de l’entonnoir à la chaîne, & ainfi fera conduit aufli loin que l’on voudra , fans toucher à la per-fonne qui tient le bâton.
- On peut en toute sûreté tirer des étincelles du condudeur appartenant à cet appareil, au moyen d’une petite baguette de bois fechée au four ( a , fig. 4 ), garnie d’un petit entonnoir (A), d’une verge de cuivre (c),
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- i>t\i’E 1 ECTR I CI î £. Jf)
- & d’une chaîne qui y eft attachée. Car, le tonnerre qui frappera la baguette , paflera par l’entonnoir & la chaîne, fans toucher à la perfonne qui tient la baguette [i 31].
- #3» [ 131 ] Je crois ne devoir pas manquer d’avertir qu’il ne faut pas fe fier à cet appareil : un morceau de bois féché au four, n’i-fole pas allez bien , pour garantir de la foudre la perfonne qui le tiendroit. Il faut, eu pareil cas j fe fervir d’un tube de verre , 8c même allez long , comme de trois ou , quatre pieds 5 & faire toucher la chaîne par terre tout le plus loin de foi qu’il fera poflible : encore ne voudrois-je pas répondre qu’on fût par-là toujours en sûreté. Ces fortes d’expériences ne doivent fe faire qu’avec beaucoup de précautions , & par des perfonnes qui en entendent; bien la manipulation.
- D iv
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- PARTIE V.
- SECTION II.
- Defcription de quelques Machines Eleclriques particulières , avec des observations fur leurs principaux avantages & fur leurs défauts.
- Après avoir décrit en général Ja conftruchon des Machines Electriques , & des principales parties" de 1 appareil éleftrique , mes Lec-teurs attendent peut-être de moi un detail plus circonftancié de quelques-unes des principales variétés avec lelquelles on les fait ordinairement. Et quoiqu'on puifle préfumer , d'a-pres ce qui a été avancé fur ce fujet. que toute perfonne peut en juger par elle-même, je tâcherai de fatis-
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- faire, ceux qui veulent fe pourvoir d’une machine éleftrique , en donnant des deffins & des. defcriptions de quelques unes des mieux conftrui-tes qui font venues à ma connoillan-ce , en failant remarquer leurs plus grands avantages & leurs défauts.
- Je commencerai par la machine de M. Hawkesbée ( Plane. 4, fig. i ), qui éft d’une excellente conftruélion vu l’état où étoit l’éledricité de fon temps. La Figure ci-jointe nous dif-penfe d’entrer dans une defeription bien détaillée de cette machine & de la fuîvante. Celle-ci n’a ni frottoir ni premier conduéfeur , ni autres pièces propres aux expériences ; car de fon temps , on n’avoit befoin de rien de pareil ; mais il eft facile de lui adapter de tout cela. Un conducteur peut ÿ être fufpendu du plafond ; on peut y faire foutenir un frottoir par uîi reflort fixé fous le globe ; & Une table placée auprès de la machine, peut recevoir l’appareil néceflaire à faire des expériences. Les inconvénients de cette conftruâion font, que.celui qui opère ne peut pas commodément tourner la roue lui-D v
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- meme : il lui faut donc un fécond pour cela : la machine n’admet qu’un fcul globe ou un cylindre , qui doit avoir deux goulots , quoiqu’on s’en ferve d’un grand nombre de differentes efpeces ; & elle n’eft point du tout portative.
- La machine de M. l’Abbé Nollet ( Planche 4 , fig. 2. ') reffemble au plus grand nombre des machines éle&riques, dont on fe fervoit vers le temps de la découverte de la bouteille de Leyde. Telles étoient les machines , quelque lourdes & peu commodes qu’elles fuffent, que l’on portait généralement d'un lieu à un autre , dans le tempes que les expériences d’éleélricité étoient un objet lucratif, & pouvoient dédommager des frais du tranfport.
- Dans ces premiers temps, les Electriciens ne croyoient pas qu’il fût poffible de faire tourner le globe trop vite. G’éft pourquoi ils faifoient leurs roues extrêmement grandes , & les pièces de la machine fortes à proportion. On frottait ordinairement le globe avec la main ; le conduéteur était une barre -de fer , ou le plu*
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- DE L’EtECTlUCITi. ’ 8} fouvent un canon de fufil, fufpendu au plancher de la chambre par des cordons de foie ; & l'appareil étoit difpofé fur une table voifine.
- Ces machines font actuellement abandonnées prefque univerfelle-ment, & font plus propres pour un grand laboratoire que pour un cabinet d’étude. Elles demandent d’ailleurs un a (liftant , & n’admettent point dans la difpolition des principales parties de la conftruétion , la moitié de la variété qu’exige actuellement celle des expériences [132].
- «3* [ 1 ; i ] Je ne fais où l’Auteur a pris qu’avec la machine de M. l’Abbé Nollet, on ne peut pas faire la moitié des expériences connues : pour moi, je.n’en connois aucune qu’on ne puiffe faire avec cette machine auffi aifé-ment qu’avec toute autre , fi ce n’eft celle de faire tourner quatre globes à la fois ; expérience qu’il fera cependant aifé de. la mettre en état de faire, quand on voudra. J’avoue , avec M. Prieftley, que cette machine eft grande ; & quelle feroit incommode dans une petite piece. Ainfi quelqu’un qui ne voudra que s’amufef , jé ne lui confeille pas plutôt cette machine qu üiib aiitre : mais pour quelqu’un qui voudra travailler en grand, je ne
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- Vers le temps où l’on parla de l’expérience faite par M. Boze , & qu’il appella la Béatification , les E-ledriciens firent tout leur poffible pour exciter une forte éleélricité ; mais faute d’une méthode propre à l’accumuler ou à la conferver , elle étoit diffipée auffi tôt qu’excitée. La machine repréfentée ( Planche 5 , fig. 1. ) fut inventée par le Doâeitr Watfon , pour faire tourner quatre grands globes à la fois , & réunir toutes leurs puiflances.
- Je ne puis m’empccher de regretter qu’il n’y ait point de machines conltruites de cette maniéré, à prc-fent , qu’au moyen des batteries éleâriques on peut conferver une fi grande puiiTance, & l’employer aux plus grands objets [15 3 }. Je vou-
- crois pas pouvoir lui en confeiller une meilleure. L’intelligence de M. l’Abbé Nollec pour la conftru&ion des machines eft affez connue de tout le monde, pour qu’on puifle s’en rapporter à lui : & j’avoue que j’ai plus de con-, fiance en Tes talents qu’en ceux de M. Prieft? ley. . . v
- #3* [ ! 35 ] Si les regrets de M. Prieftley
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- de l’Electricité. 8j dfois que le Doéteur voulût réparer cette machine, fi elle exifte encore ;
- qu’on y conftruisît une batterie proportionnée. Mais j’aimerois mieux encore :voir une machine à vent ou à eau , qui fit tourner vingt ou trente globes à la fois, & qui chargeât des batteries élcélriqucs qui y fulîent proportionnées. Je ne doute pas qu’une charge complette de deux ou trois milles pieds quarrés de verre garni, ne donnât une commotion auffî vio-» lente qu'un coup de tonnerre. Ce ne feroit pas être Phylicien que de prétendre qu’on ne pourrait rien gagner, ni faire aucunes nouvelles découvertes par une telle puiffance.
- La fig. 1 de la Planche 5 , repréfente une machine que M. Wilfon a conftruite , vers le temps dont on vient de parler. Elle eft beaucoup plus commode qu’aucune de celles qu’on a imaginées , en ce quelle
- font fi grands , il lui eft aifê de fe fatisfaire, en faifant conftruire lui-même une pareille machine. Cela fera plus iimple que d’attendre fa fatisfaftion d’un autre.
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- exige peu de place ; de forte , que la même perfonne peut tourner la roue,
- & conduire les expériences. De toutes les machines que j’ai vues , excepté la mienne , celle qui eft la plus complexe & qui a le plus de force, eft de cette conftruétion.
- Il y a cependant cet inconvénient , qu’on ne peut pas changer autant qu’on le voudrait de globes ou de cylindres ; & que les uns ou les autres & le frottoir ne font pas alfez éloignés des autres corps. Le * frottoir n’eft pas ifolc, & le conducteur n’eft pas folide. Cette machine eft placée fur un chaffis, &r pofée fur le terrein ; mais on peut en conferver la conftruâion , & faire tenir la machine avec une vis à une table. J’en ai vu quelques-unes que l’on avoit rendu portatives par ce moyen ; & on avoit ménagé dans l’intérieur un ' tiroir pour contenir l’appareil.
- Les plus élégantes de toutes les conftruâions modernes ( dont il y a une grande variété ) , font celles dans lelquelles le globe tourne par le moyen d’une roue dentée & un pignon. Cela réduit le rouage
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- DS i'EUCTHICI T f. 87
- contenu dans la boîte ( a ), Planche 6 j, à un très-petit efpace , & donne aux Ouvriers la commodité de faire la machine toute en cuivre , & par-là fort élégante & portative. Mais je leur reproche .d’être fujettes à des accidents que la plupart des Ëleélriciens ne font pas en état de réparer ; & je voudrais que les Pbyficiens biffent auffi indépendants qu’il eft poffible des Ouvriers. On peut mettre dans la clalTe de cette jolie efpece de machines , celle qu’a faite M. Nairne , & dont on peut voir la figure dans cette Planche. Le condufteur (g) des machines de cette conftru&ion , eft ordinairement fufpendu fur de la foie , foutenue ou par des piliers de bois h-h-, placés fur un chaftîs , comme dans la figure ci-jointé, ou par deux bras de cuivre qui Portent de la machine.
- Ces machines fe viffènt commodément à une table. Elles ne demandent point d’afliftant , & elles permettent de faire les expériences af-fis s ce qui eft un grand avantage, dans une machine , pour les gens qui ai-
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- 88 Histoire ment à faire les chdfes fans beaucoup d’embarras, & qui mènent une vie fédentaire & ftudieufe. Gette conftruétion ne permet que peu de variété dans la grandeur ou le nombre des globes ; & il eft difficile d’y; employer un vaiffeau de verre d’aucune autre forme. Mais fon plus grand inconvénient eft la pofition verticale du globe (b) & du frottoir (e), qui fait que tout ce qu’on met deiîus eft fujet à tomber, & le frottoir n’eft point ifolé.
- J’ai vu , chez M. Martin , uiie machine , dans laquelle on faifoit tourner un cylindre entre deux pilliers de cuivre, au moyen d’une roue & un pignon cachés dans une boîte fort propre. Dans cette machine l’axe du cylindre , & conféquemment le frottoir , étoit horizontal ; ; à cet égard , elle eft préférable à celle dont ôn vient de parler ; mais fi on pla-çoit la machine fur une rable , la manivelle paroifloit trop haute pour que l’on pût s’e'n fervir commodément étant affis.
- Dans la machine repréfentée Planche 8 , il y a un cylindre {d) perpen-
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- de l’Electricité. 89 diculaire à l’horifon , foutenu par tin axe de cuivre (e) , qui reçoit i extrémité fupérieure de l’axe : & il reçoit le mouvement par le moyen d’une poulie , placée à l’extrémité inférieure de l’axe, & une roue ( g ) qui eft parallèle à la table. Le con-dudeur (a) eft garni de pointes propres à recueillir le feu électrique , & il eft vifle au fil de fer d’une jarre garnie (b), qui eft affujettie dans un pied creux , entre le cylindre 8c la roue. J’ai vu une machine de cette efpece , dans laquelle le cylindre & la roue n’étoient point féparcs par le conduéteur.
- Cette conftrudion eft particuliérement utile aux Médecins & aux Apothicaires ; & avec l’Eledrometre de M. Lan'e (c), que j’y ai joint, ( & qu’il m’a donné la permiflSon de publier dans la Figure ci-jointe, 8c que j’ai tiré de fa propre machine ), on peut donner autant de commotions que l’on veut , toutes précifément femblables, & de tel degré de force qu’on juge convenable , fans aucun changement de pofture du malade , ni de celui qui opère ; le dernier
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- gù Histoire
- n’ayant autre chofe à faire que de tourner la roue , fans même toucher à aucune partie de l’appareil.
- Quand on fe fert de cette machine Amplement pour éleârifer, & pour les autres cas où on n’a point de commotions à donner , il faut ôter la jarre garnie , & en mettre à fa place une autre qui ne le foit point. Par ce moyen le condu&eur elt fixé folidement, ce qui eft un grand avantage , qu'ont peu de machines. Mais outre que ces machines ne permettent
- f as de changer de globes ou de cy-indres, & qu’on n’a pas la commodité d’ifoler le frottoir , elles demandent un mouvement de bras que je ne crois pas bien commode.
- Les gens de M. Wefley, à ce que je- crois , fe fervent communément d une machine, où la même roue fait tourner deux cylindres ; mais j’en ai vu une qui appartient à un homme fort intelligent , dont les cylindres & les frottoirs font tellement renfermés dans une boîte , que quoiqu’elle puiife être très-bonne pour l’ufage de la Médecine , elle étoit fort peu propre aux ufages de la Phyfique.
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- DE t’E t ECTR X CITÉ. J»I
- M. Ramfden, faifeur d’Inftrumenrs de Mathématiques à Hay - Market, a depuis peu conftruit, à ce que j’ai appris, une machine éledrique fur un plan fort différent de toutes celles dont j’ai entendu parler jufqu’ici, dans laquelle on ne frotte aucune ef-. pece de vafe de verre creux , mais feulement une plaque circulaire de verre , d’environ neuf pouces de diamètre.
- Cette plaque tourne verticalement &r frotte contre quatre couffins, chacun d’un pouce & demi de long, placés aux extrémités oppofées du diamètre vertical. Le condudeur eft un tube de cuivre, d’où fartent deux branches horizontales, qui aboutiC-fent à environ un demi-pouce de l’extrémité du verre ; de forte que chaque branche fe charge , dit- on , de l’éledricité excitée par les deux couffins.
- La quantité d’éledricité que produit cette machine , eft plus grande, dit fon Auteur , que celle que les autres donnent. On dit auffi qu’elle eft beaucoup moins affedée par les temps humides} & fon méchanifme
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- H I S T O I R. Ê étant très - (impie , la rend moins fujette à fe déranger.-
- N’ayant pas eu occafion de voir cette machine , je ne' puis rien affûter à fon égard ; mais la conftru&ion m’en paroît finguliere & fort ingé-nieufe [134].
- Mais la machine que je confeille-rois à un Phyficien de conftruire pour fon propre ufage , eft celle dont je donne la Figure dans la Planche 7. Cette conftruétion eft le réfultat de mes plus profondes réflexions fur ce fujet. Je m’en fuis fervi plus de fisc mois, ( je laifle à juger à mes Lecteurs combien de fois ) fans trouver la moindre raifon d’y faire aucun changement important f & je crois qu’elle a prefque tous les avantages que peut avoir une machine éleétri-que , deftinée pour un cabinet. Le Leéteur me permettra donc d’infifter un peu davantage fur fa defcription, que je n’ai fait fur celle des autres.
- , «3* £> H] rai vu à Paris une de ces machines , qui fait allez bien la plupart des expériences en petit. Et je la crois très-propre pour quelqu'un qui ne voudrait que s’amuier.
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- »e l'EucTurcuf. 95 Le chaflis cil compofé de deux fortes planches de bois d’Inde (aa), de même longueur , parallèles & placées l’une au-deflus de l’autre , à environ quatre pouces de diftance ; éç la plus balle eft d’un pouce plus large que celle de deflus. Il y a dans la planche lupérjeure une coulifle, qui régné dans toute là longueur. Un des montants [b) , qui font de bois fcché au four , pafle à travers la planche fupérieure & eft fixé à de^ meure dans l’inférieure , tandis que l’autre montant ghfle dans la cou-lifle çi-dçflus, pour recevoir des globes ou .cylindres de différentes grof-lèurs ; mais on n’en a befoin que quand on le fert d’un axe. Les deux montants font percé? de trous à égale diftance depuis le haut jufqu’en bas, au moyen dcfquels on peut élever les globes plus ou moins félon leur grofleur ; & ils font allez hauts pour qu’on puifle fe lèrvir à la fois de deux globes ou plus , placés les uns au déifias des autres. On peut en employer quatre de moyenne grandeur, en en plaçant deux fur un axe , 6c la roue a pour cela pluficurs gorges.
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- 94 Histoire
- Si on fe fert d’un globe qui n’ait qu’un goulot, comme dans la Figure , il faut avoir un bras de cuivre (c), portant une virole pour fou-tenir l’axe au-delà de la poulie ; & cette piece doit être difpofée de façon qu’elle puifle être placée plus haut ou plus bas félon le befoin , ainfi que la virole de cuivre , dans laquelle Taxe tourne. On fait paffër l’axe ( d) tout-à-fait à travers le montant , afin de pouvoir le faire tourner fi l’on veut, avec une autre manivelle , fans fe fervir de la roue. Le chalîis étant attaché à vis à une table peut être placé plus ou moins loin de la roue , félon que la longueur de la corde le demandé. La roue eft elle - même fixée dans un chaffis («) , moyennant lequel on peut lui donner telle pofition que l’on veut par rapport à la poulie , & la tourner de côté , pour empêcher la corde de fe couper. La partie pofté-rieure de ce chaffis eft foutenue par un pied qui lui appartient.
- Le frottoir (/) eft compofé d’une calotte de cuivre creufe, remplie de crin de cheval & couverte de mat’Q-
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- m l'Electricité. 95 quin. Il eft foutenu par une virole qui reçoit- Taxe cylindrique d’une piece de bois féché au four, ronde & platte (g) , dont l’autre extrémité eft inférée dans la virole d’un reflort d’acier courbé (A). Ces pièces fe démontent aifément , de forte que le frottoir, ou la piece de bois qui fert à l’ifoler , peut être changé à volonté. Le reflort peut changer de pofition de deux façons : on peut ou le glifler le long de la coulifle, ou le mouvoir dans une direction contraire ; de façon à lui donner la pofition qu’on veut relativemennt au globe ou au cylindre ; &r il eft outre cela garni d’une vis qui le prefle plus ou moins fort félon le bcfoin.
- Le premier conduéteur (k) eft un vafe creux de cuivre poli, en forme de poire , foutenu par un pilier , & une baze folide de bois léché au four ; & il reçoit le feu éleélrique au moyen d’un long fil ou baguette courbée de cuivre fort flexible (/) qui fe plie aifément eu tous Tens , & qu’on éleve plus ou moins félon que le globe le demande ; cette baguette eft terminée par un anneau , auquel
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- pg Histoire pendent plufieurs fils fort pointus (m) qui jouent légèrement fur le globe quand il tourne. 11 y a fur le corps du conducteur des trous garnis de virolles propres à recevoir des verges de métal pour porter le feu électrique par-tout où il en eft befoin , & pour beaucoup d’autres ufages convenables dans un cours d’expériences électriques. Le conducteur par ce moyen eft très folide , & cependant peut aifément fe mettre en telle fitua-tion que l’on veut. Il raflemble le feu parfaitement bien, & ( ce qu’il y a de plus important , quoiqu’on y falfc peu d’attention ) il le conferve également par-tout.
- Quand on veut avoir l’éleClricité pofitive , un fil de fer ou une chaîne, comme on le voit dans la Figure (n), fait communiquer le frottoir avec la table ou le plancher. Quand on veut avoir l’éleClricité négative , ce fil de fer eft réuni à un autre condudeur, tel que celui qui eft repréfenté ( i, Planche z ), tandis que le conduCfeut de la Planche 7 communique par un autre fil ou chaîne avec la table. Si le frottoir eft exempt de pointes, la puiflance
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- ®* L'ELECTRICITi. 97 puiflance négative fera aufli forte que la pofitivé. Je ne fars, dans cette machine , laquelle eft la plus forte des deux.
- En un mot, les principaux avantages de cette machine font qu’on peut employer à volonté des vaifléaux de verre ou tout autre corps életStri-que , de quelque forme ou grandeur que ce (oit, à un ou à deux goulots ; Se même on peut s’en fervir de plufieurs à la fois s’il le faut. Toutes les par-, des elfentielles de la machine , le globe, le chajjh , la roue , le frottoir & le conducteur font tout- à-fait fépa-rés ; & on peut varier leur poliyon l’un par rapport à l’autre, de toutes les façons poffibles. Le frottoir peut être parfaitement ifolé , moyennant quoi celui qui opéré peut avoir à fon gré la puilfance pofitivé ou la négative , & les changer en un inflant. Le conduéleur eft très - folide & s’agrandit aifément en inférant des baguettes dans les trous dont il eft garni , ou en y joignant d’autres conducteurs , afin de donner de plus fortes étincelles, &c. On peut fe fervir de la roue ou non , comme on veut 5 Tom, lit, E
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- 5>8 Hisronu.k de forte que celui qui opéré peut agir debout ou a (fis ; & il peut gouverner la roue & fon appareil avec la plus grande facilité.
- Si on fe contente de fe fervir de globes à un feul goulot , .qui efi le. parti que je préférerais , on peut épargner un montant, & la plus grande partie du chaflis de la machine ; & même fe pafler de la grande roue, fi on préféré une roue dentée & un pignon. Ainfi on peut faire fur le même plan un joli infiniment en cuivre , qui tiendra peu de place , & vaudra mieux qu’aucun infiniment que j’aie encore vu. Mais pour les raifons ci-deffus, je recommande aux Phyficiens de faire conftruire cette machine Amplement en bois.
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- HISTOIRE
- D E
- L’ÉLECTRICITÉ.
- SIXIEME PARTIE.
- Maximes de Pratique pour l’utilité des jeunes Eledriciens.
- Comice cette Partie eft deftinée particuliérement pour l’utilité des jeunes Eledriciens, j’efpereque ceux qui font inftruits m’cxcuferont fi j’y infère un petit nombre de maximes vulgaires & rebattues , qui , quoique fuperflues pour eux , peuvent ne pas l’être pour tous mes JLeéteurs. Les plus grands Elednciens ( qui font
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- 100 H I S T O I R S ordinairement ceux qui ont reçu le moins d’inftruétions ) peuvent fe rap-peller le temps où la connoiiïànce d'une régie ou d’une maxime, qu’ils riroient peut être à préfent de trouver dans un Livre , leur auroit épargné bien de la peine & de la dé-, penfe ; & j'efpere qu’ils ne porteront point envie aux autres de leur voir acquérir des connoiffances à moins de frais qu’ils ne.l’ont fait.Touthommea droit de s’attendre à trouver dans un Traité général, ce dont il a befoin, & c’eft pour l’intérêt de la Science en général , que l’on cherche à la rendre facile & attrayante pour les Commençants. C’eft la feule choie qui puilfe augmenter le nombre des Eleétriciens , & c’eft de Taccroiffe-ment de ce nombre qu’on peut le plus raifonnablement attendre des progrès dans cette Science.
- Quand l’air eft fec, fur-tout quand le temps eft à la gelée , & que le vent fouffle du Nord ou dé l’Eft , il n’y a guere de machine éleârique qui ne fade très-bien fon effet. Si l’air eft humide , il faut bien aërer la chambre où doit être placée la ma-
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- ce i’Electricité. ioi chine , y faire bon feu , & fécher le globe & tout ce qui en dépend ; & alors on pourra réuffir, auflî-bien que dans le meilleur état de l’air.
- Quand on fè fert d’un tube, il faut tenir la main deux ou trois pouces au-deiTous du bord fupérieurdu frottoir ; autrement l'électricité fe dé-chargeroit fur la main , & il n’en refteroit point fur le tube [135].
- On augmente conlidérablsment la vertu d’un tube en paifant un peu de cire d abeilles fur fa furface. Quand le tube eft en bon état & fortement êleélrifé , il part à chaque frottement plufieurs étincelles de fa furface , fans qu’il foit néceflaire d’en approcher d’autres conducteurs ,-qjja.ceux qui peuvent flotter dans l’athmof-
- Pour augmenter la quantité de feu
- «CP [i;j] Les jeunes Eleflriciens doivent regarder cette maxime comme faulfe ; car tous les Anciens , Sc même Je plus grand nombre des Modernes , favent qu’on élcftrile très-bien un tube, en le frottant avec la main nue : l'èleftricité devrait donc alors fe dilïi-per, ce qui n’anive pas.
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- lOi H I S î\? I R * éleéfriqiie qui part d’un globe , htl-meâez un peu le frottoir de temps en temps ; ou plutôt hunieélez l’envers d’un morceau de cuir (ouple,, que l’on peut mettre ait befoin fur le Frottoir. Mais ce qui peut lé plus puiflTammentexciter l’éleélricitê,c’ed une petite quantité d’un amalgame fait en frottant enfemble du mercure & des feuilles minces de plomb ou d’étain , dans le creux de la main. Si on place le frottoir perpendiculairement à 1 horizon , il faudra employer un peu de fuif pour le faire tenir ferme. Au moyen de cette excellente reflource , prefque tous les états de l’air font égaux pour un Electricien.
- Un peu après qu’on a mis de nouvel amalgame fur le globe , &r f ou-vent dans d’autres temps, s’il y a un peu de faleté fur le couffin , & quelquefois même fans qu’il y en ait du tout, il fe forme fur le globe de petites taches noires d’une fubftance rude & raboreufe , qui s’agrandif-fent continuellement jufqu’à ce qu’il fe foit amaifé à la furface une quantité confidérable de cette matière. 11
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- DE l’ËLECTRICITÉ. 10$
- faut l’ôtér avec foin , fins quoi elle «mpêcheroit l’éleétriiàtion , & détruirait en grande partie les opérations éleâriques.
- Quand on s’eft fervi quelque temps de l'amalgame , il fe forme fur le frottoir une incruftation èpaifle de la même efpece de fubftance noire que celle qui eft fujette à s’attacher au globe. Cette incruftation bonifie de beaucoup le frottoir. Car quand une fois il s’eft formé une épaifleur confi-dérable de cette matière, & qu’on rhumeâe ou qu’on la ratifie un peu, elle produit autant de feu que fi on renouvelloit l’amalgame ; de forte qu’elle paroît difpenfer de fe fervir davantage d’amalgame.
- Comme la matière électrique ne fe recueille que du frottoir, il eft né-ceflaire qu’il ait communication avec la terre par le moyen de bons con-duéteurs. Si donc la table fur laquelle eft pofée la machine , on bien le plancher de la chambre oü l’on opéré, eft fort fec, on n’obtiendra que peu ou point de feu quelque bonne que foit la machine. 11 fera néceffaire dans ce cas de réunir le frottoir par
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- le moyen de chaînes ou de fils de fer , avec le plancher , la terre ou même avec l’eau voifine , fi le ter-rein fe trouve trop fec. Le Doéteur Franklin m’apprend qu’il a été fou-vent obligé d'en agir ainfi à Philadelphie.
- Quand l’éleétricité d’un globe eft très-forte , le feu cleétrique paroît s’élancer du couffin vers les fils de métal qui pendent au condufteur. J’ai vu ces rayons lumineux ( que l’on voit en partie en plein jour ) parcourir la moitié de la circonférence du globe , & atteindre au fil de métal : fouvent il en vient un grand nombre en même-temps de différentes parties du couffin , qui atteignent à un ou à deux pouces des fils de métal. Le bruit qui ac compagne ce beau phénomène , reffemble exactement au pétillement des feuilles de laurier dans le feu. Souvent ces arcs lumineux ont des points radieux , quelquefois quatre ou cinq dans différentes parties du même arc. Ces points radieux font exceffivement brillants , & paroiffent très-beaux. Il eft fingufièrement amufant de voir
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- ces cercles de feu s’élever des parties du couffin où l'on a mis l’amalgame ou de l'humidité, ou bien que l’on a nouvellement ratifiées. Certains points du frottoir paroîtront alors extrêmement brillants , & fembleront verfer long-temps de fuite des torrents de flamme continuels. Si une partie du frottoir eft plus preflee qu’une autre , les cercles fortiront de cet endroit plus fréquemment que d’aucun autre.
- • Si on ôte tout-à-fait le conducteur, il paroîtra des cercles de feu des deux côtés du frottoir, qui quelquefois fe rencontreront & feront le tour entier du globe. Si on approche alors le doigt à un demi pouce du globe, il fera frappé très-fortement, & fou-vent il y aura du doigt au frottoir un arc de feu complet, quoiqu’il ait à parcourir prefque tout le tour du globe.
- Plus le conduéteur eft petit, mieux on-peut en recueillir le feu ; car il y a moins de furface par où il puifle s’échapper. Mais lorfqu’on charge une bouteille , fi le fil de fer eft ferré contre le conduéteur, la différence
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- 10 6 Histoire
- ne fera pas confidérable, foit que'le conduéleur dont on fe fèrt, foit plus petit ou plus grand, jufqu’à ce quelle commence à êrre allez fortement chargée ; car jufqu’à ce moment le conduéleur n’aura acquis aucune ath-mofphere confidérable.
- Si la figure du conduéleur eft telle qu’elle convient, & que l’air foit fec,
- 11 ne fe fera jamais de perte de feu électrique par aucune de fes parties. Car quand toute la furface a reçu une charge aulfi grande que la machine peut lui en donner, elle réfifte également par-tout à tous les efforts qu’on feroit pour la charger davantage ; & la circulation par le frottoir fera arrêtée étant contre - balancée , en quelque façon , par des forces égales : ou bien s’il perd par-tout
- 'également , cette diffipation fe fait d’une maniéré invifible. Cette maxime eft prèfque fufceptible d’une dé-monftration oculaire. Car fi le frottoir eft parfaitement ifolé , & que le conduéleur puifle fe décharger de lui-même j le frottoir tirera d’un fil de fer placé auprès de lui , plufieurs étincelles qui fe fuccéderont fort vite.
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- » E l’E lectricité. 107 Mais fi le conducteur n’a que peu de moyens de fe décharger, le frottoir tirera beaucoup moins de ces étincelles;
- Pour faire une jtifte eftimation de la puiflance cledrique d’une machine quelconque , & pour comparer à cet égard différentes machines , prenez deux fils de fer qui aient des renflements de différentes grolfeurs ; -attachez-en un au conducteur,& fixez l’autre à quelque diftance de lui, comme d’environ un pouce ou un pouce & demi ; & pendant que la roue tournera , comptez le nombre des étincelles qui paraîtront entre eux dans, un temps donné. Attachez les mêmes fils de fer à tout autre conducteur., appartenant à une autre machine, ( il ferait plus exact de fe fervir du même conducteur ) la différence entre le nombre des étincelles dans le même-temps donné, donnera la différence entre la force des deux machines.
- Plus on donnera de grandeur au conduétcur , plus il donnera de fortes étincelles : car plus la furface éleétrifée eiï étendue, plus fon ath-E vj
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- io8 Histoire mofphere éleAriqueeft confidérable » & plus fon effet eft fenfible , quand on la décharge tout à la fois. On
- rut cependant faire le conduAeur grand , que la portion de matière éleArique qui fe diflîpe néceffaire-ment de fa furface dans l’air foit égale à celle qui lui vient de la machine ; ce qui conftituera le maximum de la puiffance de cette machine , & fera différent dans les différents états de l’air.
- Il faut néceffairement un certain degré de frottement pour donner au globe fa plus grande puiffance. Plu-fieurs globes augmentent cette puiffance ; mais comme il faut alors augmenter le frottement, ils font plus difficiles à éleArifer Quelques expériences faites avec pluGeurs globes mettroient en état de |Uger du maximum de la puiffance excitative de l’éleAricité. J’imaginerois , d’après ma propre expérience , que perfonne ne pourrait exciter beaucoup plus d’éleAricité avec quelque nombre de globes que ce foit, qu’il ne pourrait faire avec un le al ; en fuppofant-qu’il continue l’opération une heure.
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- DE l’EiECTRICITE. 109
- ou même feulement une demi-heure de fuite.
- Quand on fe fert d’un long conducteur , fon extrémité la plus éloignée du globe , eft l’endroit d’où l’on peut tirer les plus longues & les plus fortes étincelles.
- On tire d’un condudteur quelconque les étincelles les plus fortes & les plus piquantes , à l’endroit où il fe trouve une fubftance cleétrique. Ainfi , fi le conduéteur eft foutcnu par des piliers de verre, ou de bois léché au four, les plus longues étincelles le tireront auprès de ces piliers.
- Si le conducteur eft courbé en-dedans en quelque endroit, de façon à rendre fa furface concave , on tirera de cct endroit-une étincelle fin-
- guliérement grande, forte, & d’une feule piece. Si la furface eft convexe, l’étincelle eft plus fujette à être divi-fée & affoibüe.
- Si l’on fufpend à un long cordon de foie une balle de liege unie &c éleétrifée pofitivement , elle fera toujours repoulfée par leledricité polïtive , &r attirée par la négative.
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- 110 H 1 S t O IR 1 Mais à une certaine diftance la plus forte rcpulfion fera changée en attraction.
- Si deux balles de moelle , fufpen-dues par des fils de lin , & divergentes par une éledricitc pofitive , font ifolées, quoique en contaét avec des conducteurs d’une longueur con-fidérable , l’approche d’un corps éleétrifc pofitivement les fera d’abord fc repouflèr; & enfuite ( fi lclcélri-cité des balles cft foible, & celle du corps approchant un peu forte) à une certaine diftance elles s’attireront, tk. à la longue elles viendront en con-, taélavec le corps approché. Quelquefois la divergence qui a précédé la convergence e!l fort légère, & il faut une grànde attention pour s’en ap-percevoir.
- , Si les balles ontune commu nication libre avec la terre, l’approche de l’clec-/ tri-cité pofitive les fera converger, & celle de l’éleétricité négative les fera diverger ; la matière électrique du corps approchant , dans le premier cas , ^ répondant celle des balles, & par-là les délèleârifant en quelque forte. Au lieu que , dans le dernier
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- de l’Electricité. iii cas , leledricité négative du corps approchant , l’attire plus puifl'am-mcnt dans les fils & les fait diverger encore plus. Cette méthode eft donc très-propre à faire connoître l’efpece d’éleéh-icité qui eft dans l’athmof-phere , ou d'une jarre chargée , ou d’une batterie , les balles étant tenues dans la main d’une perfonne debout fur la terre ou fur le parquet.
- Si vous voulez découvrir des degrés d’éls&ricité plus foibles que ceux que les balles peuvent montrer , fervez-vous d’un ou de deux fils de lin très-déliés. S’il eft néceiïaire de les ifoler, attachez-les à un bâton de bois fcché au four. Mais la méthode la plus exaéle que j’aie encore trouvée de mefurer ces foibles degrés d’éle&ricité, eft de le fervir d’un (impie fil de foie , tel qu’il fort du ver. Quand le bout de ce fil a reçu un petit degré d’éleékricité , il le conferve pendant un temps confi-dérabie , & la moindre force électrique fuffit pour lui donner du mouvement. Avant de faire aucunes expériences , on doit obfervcr avec loin combien de temps il confervera ,
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- txt Histoirs
- ’ dans quelque fituation que ce foit, le degré d’éledricité que l’on fe pro-pofe de lui donner , & en tenir compte dans le cours des expériences. 11 gardera l’éledricité beaucoup plus long temps, fi on y attache un petit morceau de duvet de plume ; mais il n’acquérera pas fi-tôt cette vertu. Il fera très-facile à manier, fî on fe fert de deux ou trois fils de foie, & qu’on y ajufte tellement le morceau de duvet , qu’il n'ait que ce qu’il faut, pour prendre une lituation perpendiculaire , & ne pas flotter abfolumënt au hazard dans l’air. Cet Elecfromètre n’eft pas fujet aux inexaétitudes de ceux qui ont une pefanteur fenfi-ble. Car comme il y a toujours une fphere d’attradion au-dedans d’une fphere de répulfion , la pefanteur du corps éledrilé permettra à l’autre de palier les limites de ces deux fpheres, fans lui oppofer un obftaclc fenfible : mais le corps que je décris fe retire fur le champ, en emportant avec lui toutes fes fpheres d’attradion & de répulfion [ijd].
- t1?6] Tout ceci eft un verbiage qu’il
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- 1JÊ l’Êlectri ciïé. n)
- La force de la commotion éleétri-qite eft en proportion de la quantité de furface garnie , du peu d’épaiffeur du verre , & du pouvoir de la machine. 11 'eft évident qu’il faut bien faire attention à cette derniere cir-conftance ; car différentes machines chargeront différemment la même jarre. Par exemple, on pourra faire avec une machine que la jarre fe décharge d’elle - même , tandis qu’on né le pourra pas faire avec une autre.
- Le globe qui charge le plus promptement , ou dont la puiffance électrique eft la plus grande , eft auffi celui qui charge le plus fortement ; c’eft pourquoi il y a apparence que
- eft difficile de bien entendre. On fuppofe , félon le befoin, tantôt une ipbere d'attraélion, tantôt une fphere de répulfion , tantôt les deux enfemble ; mais fans avoir aucune preuve ni des unes ni des autres. Si l’on veut être finccre, il faut avouer que nous n’avons point d’inftruments propres a mefurer avec exactitude la force de la vertu éleétrique ; parce que cette force dépend d’un grand nombre de circonftances , qu’il eft difficile de réunir ou de féparer à fon gré.
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- J14 Histoire plufieurs globes chargeront, non feulement plus vite, mais auflî plus fortement qu'un feul globe.
- La maniéré la plus efficace de charger une jarre , eft de joindre fa lur-face extérieure avec le frottoir, par le moyen de fils de fer , tandis que le fil de fer qui communique avec fa furface intérieure , eft en contaét avec le conducteur. De Cette maniéré l’intérieur de la jarre recevra préci-fément la même quantité de feu que fournit l’extérieur. Auquel cas la jarre recevra une charge auffi forte qu’elle eft capable d’en recevoir, quoique le frottoir foit ifolé, & n’ait de communication qu’avec la garniture extérieure ; de forte que, quand il eft queftion de charger, il n’eft pas nécefiaire de faire attention aux régies données ci - dédits, l’avoir que la table , le plancher de la chambre ou le terrein foient bien fecs.
- La plus grande quantité de feu que peut contenir une jarre , n’eft pas toujours la quantité qu’elle contiendra , fi elle eft garnie précifé-ment affez bas pour ne pas fe décharger d’clle-même. Dans ce cas, il eft
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- SÜ L’ËLBCTRICIfé. I1J
- vrai , la partie qui eft garnie , eft chargée aulli fortement qu’elle puifle l’être ; mais anflî il y a une portion confidérable de fa. furface qui n’eft point chargée du tout , ou qui ne i’eft que très-imparfaitement. D'un autre côté , G on garnit la jarre fort haut , on peut faire qu’elle fe décharge d’elle même avec une explo-fion aufli petite qu’on veut. 11 n’eft pas facile de déterminer le maximum exact de la charge d’une jarre.
- Le temps oû une jarre fait le plus d’effort pour fe décharger , paraît être une demi-minute ou une minute après qu’elle a été écartée du conducteur ; cela vient peut - être de ce que la poufGere non - électrique ou lhumidité eft attirée par le veire & s’y attache , entre la garniture intérieure & l’extérieure ; de forte que G on a quelqu’appréhenfion qu'elle ne fe décharge d’elle-même , il eft bon de la décharger aufli - tôt qu’elle eft chargée.
- Quand on décharge une jarre mince , il eft à propos de ne pas placer la baguette déchargeante vis - à vis la partie la plus mince. On rifque-
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- \l6 HlSTOIRt
- roit de faire brifer la jarre en cet en-4
- droit.
- Plus il y a de perfonnes qui le tiennent par la main pour recevoir la commotion , plus elle eft foi-ble [ 157].
- Si l’on le fert en même-temps de deux jarres de la même épaiflfèur, la plus forte ne recevra pas une plus grande charge que la plus foible. Par exemple, li l’une d’elles eft garnie allez naut pour fc décharger d’elle-* même, après quelques tours de roue, foit en fe brifant ou fans fe brifer, l’autre fe déchargera toujours en même-temps qu’elle , quoique par elle-même elle eût pu recevoir une plus forte charge. Ainlî la façon d’évaluer la force de plufieurs jarres en-femble , eft de les confidérer chacune comme incapable de contenir plus de* feu que la plus foible de la ban-
- ePr' fin] Te n’ai jamais remarqué qu'un grand nombre de perfonnes ait affoibli la commotion. Soit que l’expérience, fût faite par une feule perfonne , foit qu’elle fût faite par cent , la commotion m’a toujours paru d’égale force dans le meme-temps.
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- de l’Electricité. 117 de. Il fuit de - là que, fi dans une grande batterie il y a une feule jarre qui ait la moindre fêlure dans fa portion garnie , aucune des autres ne pourra être chargée.
- Il eft à propos dans de grandes batteries , de garnir les jarres pafla-blement haut ; car la diffipation de matière éieêlrique qui fe fait d’une fi grande furface, quand la charge eft forte , eft très-confidérable. On pourrait faire la batterie fi grande, qu’aprés une charge très médiocre, la machine ne loit pas capable de lui donner plus de feu , pour ainfi dire , qu’il ne s’en exhalerait de la furface : ce feroit le maximum du pouvoirqu’auroit cette machine pour charger.
- Pour juger de la force d’une charge, (ce qui dans de grandes batteries eft une choie très-importante , ) préfentez de temps en temps aux fils de «fer les balles de M. Canton. La comparaifon du degré de leur divergence avec l’explolion aduelle, mettra bien-tôt celui qui opéré en état de dire à quel point fa batterie eft ' 1 °z quelle fera la force de
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- 118 Histoire
- En comparant différentes exploitions par le pouvoir quelles ont de fondre des fils de métal , il faut ob-fervcr que quant aux fils de même groffeur , les forces qui les fondent feront en proportion des longueurs ; & quant à ceux de même longueur, en proportion des quatrés de leurs diamètres.
- Ne vous attendez-pas que l’explo-fion d’une batterie percé un nombre de feuilles de papier proportionnée fa force à d’autres égards. Cela dépend de la force de la charge , beaucoup plus que de la quantité de fur-face garnie. J’ai vu une explofion qui auroit fondu un affez gros fil de ter n’être pas capable de percer la couverture d’un Livre ; ce qu’une petite jarre ordinaire auroit fait avec facilité. Si elle eût été percée par l’explo? lion de la batterie, le trou auroit été proportionellement plus grand.
- Qu'on n’imagine pas que , parce qu’on peut manier les fils de fer d’une grande batterie fans rien fen-tir, on puiffe par cpnféquent toucher en sûreté la garniture extérieure avec une main , tandis qu’avec l’autre
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- DE l'ElECTU tCITÉ. II5 main on touche les fils. J’ai reçu plus d’une fois des commotions que je ne voudrais pas recevoir davantage, quoique les fils de fer ne donnaflent aucun ligne d etre encore chargés, même deux jours après la première décharge , &: quoique des papiers, des livres, mon chapeau & beaucoup d’autres chofes eulïent été pofés dcf-fus la plus grande partie de ce temps. Si la caille eft palïablement féche , le relie de la charge fera long temps à fe diffiper. J’ai vu dans mes batteries le relie même du relie s’y conferver plufieurs jours. Maintenant aullï tôt après une explolïon , je ne manque guere.de décharger le relie, qui dans certains cas eft fort coniidérable , de crainte de quelqu’aceident défagréa-ble.
- Une petite commotion qui pâlie à travers le corps, donne une fenfation beaucoup plus picquante &r plus aiguë qu’une forte. Je ne puis me vanter , comme le Doéleur Franklin, d’avoir été deux fois frappé jufqu’à perdre le fentiment par l’explolion électrique ; mais une fois, par inad-vertençe, j’ai reçu la charge entière
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- *10 H I s T O I R H , Sec. de deux jarres, qui çontenoient chacune trois pieds quarrés de verre garni. La commotion n’en pouvoit pas être appellée douloureufe ; mais quoiqu’elle ne pafsât qu’à travers mes bras & ma poitrine , elle me parut affeéler également toutes les parties de mon corps. Le feul inconvénient que j’en reflèntis fut une laffitude, qui fe diffipa deux heures après,
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- MiiSsBW,
- HISTOIRE
- P E
- L’ELECTRICITÉ.
- SEPTIEME PARTIE.
- Dcfcripùon des Expériences électriques les plus amufantes.
- L’Électricité a un avantage con-
- “ÆisSsS
- aux Phyficiens , & de l’amufement à toutes fortes de perfonnes indiftinâe-menr, Ni la Machine Pneumatique, ni fOrrerie , ni les Expériences d’Hy-droftatique, d'Optique ou de Magné-Tom. III. F
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- ni. Hisiæiie tifme, ni celles de toutes les autres branches de la Phyfique prifes en-femble , n’ont jamais raffemblé tant ni de fi grands concours de perfon-nes, que celles d’Eleâricité l’ont fait à elles feules. Dans prefque tous les pays de l’Europe , les expériences èleâriques ont fouvent fourni des moyens de fubfifter à quantité de gens induftrieux & adroits , qui n’étant pas à leur aifc, ont eu le fecret de tourner à leur avantage cet amour pour le merveilleux, dont ils voyoient leurs compatriotes fi fortement dominés. Un Empereur pourrait fe contenter s pour revenu , des fommes qui ont été données en fchellings & en menue monnoie pour voir faire l’expérience de Leyde [ij8].
- Pour peu que l’on conlidere ce qui rend les objets capables d’exciter cette furprife agréable qui a tant de charmes pour tous les hommes , on ne'fera point étonné de l’emprefle-
- £3» [158] Le caraélerc de notre Auteur fe montre par-tout ; il cil toujours outré en tout ce qu’il avance.
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- Dr l’Electricité. Hi ment avec lequel des perfonnes de tout fexe , de tout âge Si de tous états courent voir les expériences électriques. Ici nous voyons le cours de la Nature , en apparence , entièrement renverfé dans fes loix fondamentales , Si par des caufes qui parodient les plus légères. Et non-leu-lement les plus grands effets font produits par des caufes qui paroiffent peu confidérables , mais encore par celles avec lefquelles ils femblent n’avoir aucune liaifon. Ici , contre les principes de la gravitation , on voit des corps attirés , repouffés Si -tenu fufpendus par d’autres, que l’on voit n’avoir acquis cette puiffance que par un très - léger frottement ; tandis qu’un autre corps par le même frottement, produit des effets tout oppofés. Ici l'on voit un morceau de métal froid , ou même l’eau ou la glace lancer de fortes étincelles de feu , au point d’allumer plufieurs fubftances inflammables ; & dont la lumière , dans le vuide , eft prodi-gieufement abondante & étendue ; de forte qu’elle reffemble exaâemcnt à ce qu’elle eft en effet, au feu du F ij
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- ii4 • Histoire ciel. D’ailleurs , qu’y a-t-il de plus merveilleux que de voir une bouteille ou jarre de verre commun , après une légère préparation ( qui cependant ne lui laide rien à quoi on puidè la diftinguer des autres bon-teilles ou jarres ), capable de donner à quelqu'un une fecouffe fi violente, que rien autre chofe dans la Nature ne peut en donner une telle ; capable même de détruire la vie animale ; & que cette commotion foit accompagnée d’une explofion pareille à celle du tonnerre , & d’un éclat de lumière femblable à l’éclair ? Enfin , qu'auroient dit les anciens Philofo-phes , qu’auroit dit Newton lui-même , s’ils euffent vu les Eledriciens aduels imiter en petit tous les effets connus de cette puidance redoutable, & même enlever au tonnerre le pouvoir qu’il a de faire du mal ï Et fans rien appréhender pour eux-mêmes, faire padèr la matière du tonnerre des nuages dans un appartement, & s’amufer à loifir en faifant avec elle toutes, les expériences que l’on fait avec les machines éledriques ?
- Les Phyficiens font fi éloignés dç
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- de l'Electricité. ilj rire en confidcrant la furprife du vulgaire cauféepar ces expériences, qu’ils ne peuvent eux-mêmes s’empêcher de les voir avec un étonnement égal , pour ne pas dire plus grand. En effet, tous les Eleétriciens aduels peuvent fe rappeller le temps où, relativement à cela, ils fe feraient rangés eux-mêmes parmi ce vulgaire ignorant & ftupcfait.
- D’ailleurs, on conçoit fi imparfaitement , même à prélent, ces phénomènes étranges , que les Phyficicns eux mêmes ne peuvent pas trop bien les expliquer ; c’eft pourquoi ils n'évitent pas les occafions , quelques fréquentes qu’elles foient,de voir les mêmes choies , & de les examiner fous tous les points de vue. II ell poffible que dans les phénomènes les plus communs, ils foient frappés de quelque circonftance qui a échappé jufque-là , & qu'il en puilfe réfléchir de la lumière fur beaucoup d’autres phénomènes éledriques.
- Soit que les Phyficiens jugent cette réflexion digne de leur attention ou non, je vais en faveur des Eledriciens, qui font aflez jeunes, & peut-être F iij
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- ii 6 Histoire aflèz enjoués pour chercher à s'amufer, eux & leurs Amis , à des expériences clcétriques, décrire un certain nombre des phénomènes, les plus beaux & les plus furprenants en Eleétricitc ; afin que le jeune Eleétrien ne foit pas embarralfé dans le choix de ce qu’il doit montrer à une Compagnie qui le vient-voir , & qu’il foit en état de faire les expériences le plus avanta-geufement qu’il eft poflîble , fans frufter l’attente de fes Amis & fans fe blefler lui-même.
- Pour rendre la chofe plus facile au jeune Eleétricien, je confulterai fa commodité dans l’ordre où je rapporterai les expériences , en commençant par celles qui ne demandent qu’une éleefrifation fimple , continuant enfuite par celles eù l’on fait ufage de l'expérience de Leyde ; & Unifiant par celles où il faut avoir recours à d’autres inftruments de Phy-fique conjointement avec la machine
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- 1*E t ECTRICITÉ.
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- PARTIE VII.
- SECTION I.
- Expériences amufantes dans lef-quelles on ne fait point ufage de la Bouteille de Leyde.
- I l eft auffi agréable de voir les phénomènes d'attraction éledrique au moyen du tube , que par aucune des méthodes qu’on ait imaginées depuis les dernieres améliorations faites en Eledricité. Il eft réellement étonnant de voir une plume ou un morceau de feuille d’or, d’abord attiré par un tube de verre , cledrifé par un léger frottement ; enfuite re-pouffe par ce tube , & fufpendu en l’air au-dcflus de lui, ou porté ainfi dans la chambre par-tout où l’on veut. La furprife augmenteen voyant la plume qui étoit repoulfée par le tube de verre poli, être attirée par F iv
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- n8 H i s i o i r t un tube dépoli éleétrifê , ou par un bâton de cire à cacheter, &c. en fautant de l'un à.l’autre jufqu’à ce .que l'un & l’autre celle d’être éleârilës. La remarque qu’a faite Otto de Gue-ricke, n’eftpas la circonftancela moins amulante , favoir qu’en tournant le tube autour de la plume , elle fe préfente toujours à lui par le même côté.
- Mais comme les fubftances électriques ne perdent leur éleâricité que lentement, c’eft au premier con-duâeur qu’on voit le plus avanta-geufemcnt les attraâions & répul-Iions alternatives les plus rapides. Ainfi préfentez beaucoup de graines de quelque efpece que ce foit, comme des grains de fable, delà limaille de cuivre, ou d’autres fubftances légères dans une affiette de métal, (ou plutôt dans un vale cylindrique de verre porté fur une plaque de métal ) à une autre plaque fufpendue au conduâeur ( comme en a & o, Planche i ), les corps légers feront attirés & repoufles avec une rapidité Inconcevable, de façon à représenter une pluie , qui dans l’obfcurité paraîtra toute lifmineufe.
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- DE t’ïlECTRICITi. Il9
- • : Sufpendez une plaque de métal au conduâeur, & placez un guéridon de métal de même grandeur à quelques pouces de diftance , & immédiatement au-defious , mettez fur le guéridon des figures d’hommes, d’animaux , ou toute autre chofe qu’on imaginera, découpées en papier ou en feuille d’or , & taillées en pointe par les deux bouts ; enfuite en électrifiant la plaque fupérieure, elles formeront une danfe avec une rapidité étonnante , au grand divertiflement des Spectateurs.
- Si l’on fie fèrt d’un duvet de plume ou d’un duvet de chardon de la même maniéré, il fera attiré & repouifé avec une vîtefle (i furprenante, que l’on n’en pourra plus diftinguer ni la forme ni le mouvement. La feule chofe qu’on en appercevra fera fa couleur, qui remplira uniformément l’efpace dans lequel il fera fes vibrations (a).
- . Si l'on découpe un morceau de feuille d’or , ayant un aflez grand
- (a) Lovet, p»g. 18.
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- j jo Histoire angle à une extrémité & un fort aigu à l’autre, il n’aura pas befoin de la plaque inférieure , il demeurera fuf-pendu par fon grand angle à une petite diftance du conduâeur ; & par le mouvement d’ondulation de fon extrémité inférieure , il aura l’apparence de quelque chofe d’animé qui mord & ronge le conduéteur. Ceft pourquoi le Doéteur Franklin l’appelle le poijfon d’or.
- On peut joindre aux figures dan-fantes ci-défi us , un aflemblage de timbres électriques. Il confifie en trois petits timbres , dont les deux extérieurs font fufpendus au conduéteur par des chaînes , & celui du milieu par un cordon de foie ; tandis qu’il communique avec le plancher par une chaîne j & dans chacun des intervalles que laiflènt entr’eùx les timbres , on fufpend avec un cordon de foie, un petit bouton en cuivre, pour fervir de battant. En conféquence de cette difpofition , quand les deux timbres extérieurs communiquant avec le conduéteur , font éleélrifés , ils attirent les battants & en font frappés. Les battants étant par-là chargés
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- de l'Electricité. i?ï d électricité , font repoulfés, & vont fe décharger fur le timbre du milieu. Après cela, il font attirés de nouveau par les timbres extérieurs , ôc ainfî, en frappant alternativement les timbres , ils entretiennent un carillon , qui dure auffi long-temps qu’on veut. Dans l'obfcurité on voit un éclat de lumière continuel entre les battants & les timbres ; & quand leleélricité eft très-forte , ces éclats de lumière font fi grands , qu’ils font tranfmis au moyen des battants d’un timbre à l’autre , fans que jamais les battants touchent ni l’un ni l'autre des timbres ; & par çonféquent le carillon celfe. Quand on fait en même-temps ces deux expériences des timbres 6c des figures ; elles ont l’apparence d’hommes ou d’animaux qui danfent à la mufique des timbres ; ce qui eft fort divertiflant , quand on fait le bien conduire.
- Si l’on taille un morceau de liege brillé , de la grolfeur d’un pois fous la forme d’un araignée ; qu’on lui falfe des pattes de fil de lin , qu’on mette dedans un ou deux grains de plomb pour lui donner plus de poids,
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- iji Histoire & qu’on le fufpende par un fil de foie bien délié, il ira & viendra comme un battant entre deux timbres , entre un corps cleélrifé & un corps qui ne le fera pas , ou entre deux corps doués d’éleâricités différentes , remuant les pattes comme fi c'étoit une araignée vivante , au grand étonnement de ceux qui n'en connoiflënt point la conftrudion. Ceft une invention d’Amérique, que le Doéteur Franklin a décrite (a).
- Il eft très-aifé de faire plufieurs très - belles expériences dépendantes de la répulfion clcârique , avec des faifceaux de fils ou de cheveux , que l'on fufpend au conduâeur ou qu’on lui préfente. Ils fe dreflènt fur le champ , & fe féparent fi-tôt qu’ils font éleélrifés, & retombent auflîtôt que leur éleâricité eft paflee. Si l’E-leâricien fait ménager cette expérience avec un peu aadrefle, il pa-roîtra à la Compagnie que ces cheveux fe dreflènt & retombent à fon commandement.
- (a) LettcrSj pag. 17. '
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- de l'Electricité. 133
- Si l’on attache une plume de panache droite fur un guéridon élec-trifé , ou qu’une perfonne cleétrifce la tienne dans fa main, on remarquera avec plaifir combien elle fe gonfle , fes barbes s'étendant dans toutes les direélions autour de fa tige , & comment elle fe retire , de même que la fenfitive, quand quelque corps non - éleétrifé y touche, ou qu'on lui préfente la pointe d’une épingle ou d’une aiguille, ou au principal conduéteur avec lequel elle communique.
- Mais les effets de la répulfion. cleârrique paroiflTent d’une maniéré encore plus furprenante par le moyen de l’eau qui fort d’un tuyau capillaire. Si l’on fufpend au conducteur un vafe plein d’eau , & qu’on mette dans ce vafe un fyphon capillaire, l'eau fortira lentement , & en forme de groifes gouttes, de la branche la plus baffe du fyphon ; mais en éleétrifant ce petit appareil, au lieu de gouttes, il y aura un jet continu , & fl l’éledricité eft forte , il y aura plufieurs jets qui prendront la forme d’un cône, dont
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- 154 Histoire le fommet fera à l’extrémité du tube ; ccttte belle pluie fera lumineu-fe dans l’obfcurité.
- Enfin , l’expérience de M. Rackf-trow ( comme on l'appelle communément ) eft un exemple frappant d’attradion & de répulfion électriques , & en même temps préfente un fpedacle fort amulant. Eledri-fez un cerceau de métal fufpendu au premier conduâeur ( ou foutenu par de petits morceaux de cire à cacheter , &c. ) environ un demi-pouce au-delîus d’une plaque de métal, & parallèlement à elle. Placez en-fuite une boule de verre , fouf-flée bien légère , fur la plaque auprès du cerceau ; elle en fera attirée fur le champ. En conféquence de cette difpofition , la partie de la boule qui touchera le cerceau , ac-quérera un peu de vertu éledrique, & ferapouffée, & 1 eledricitc n’étant pas répandue dans toute lij fùrface du verre , une autre partie de fa furface fera attirée , tandis que la première ira décharger fon éledri-cité fur la plaque. Cela produira une révolution de la boule tout au-
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- de l’Electricité. 135 tour du cerceau, auffi long-temps que l’on continuera l’éleélrifation, & cette révolution fe fera d'un ou d’autre côté, félon quelle aura commencé d’abord , ou que celui qui opère l’y aura déterminé. Si l’on rend la chambre obfcure, la boule de verre fera très-joliment illuminée. On peut faire tourner deux boules autour du même cerceau, l’une en dedans , & l’autre en dehors , foit dans le même fens, foit dans des direâions contraires. Si l’on emploie pluficurs cerceaux à la fois, on pourra faire tournerun plus grand nombre de boules. De cette façon , on peut conftruire une efpéce de planétaire ou orrerie , dans lequel une balle fufpendue au centre de tous les cerceaux ferviroit à repré-fenter le foleil au centre du fyflê-me. Ou bien on pourrait' faire les cerceaux elliptiques, & placer le foleil dans un des foyers. Remarquez qu’une cloche ou tout autre vafe de métal renverfq, tiendroit lieu d’un feul cerceau.
- Tous les mouvements dont on vient de parler, font l’effet immé-
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- 1)6 ‘Histoire diat de Pattraélion & répulfion électriques. Les expériences fuivantes fe font en donnant du mouvement aux corps au travers de l’air, c’ell-à-dire, en mettant d’abord Pair en mouvement. L’Eledricien doit fe pourvoir d’une fuite de girouettes,faites de papier doré ou de clinquant, chacune d’environ deux pouces de longueur, & un de largeur. On les attache a un morceau de liege qu’on peut fufpendre à un aimant, par le moyen d’une aiguille ; alors en les préfentant de coté , à peu de diftan-ce du bout d'un fil de fer pointu, partant du conduftcur, elles tournent avec beaucoup de rapidité, emportées par le courant d’air qui part de la pointe. Si on porte les girouettes de l’autre côté de la pointe , le mouvement s’arrête auffitôt, & recommence avec la même rapidité dans une direâion contraire i de cette maniéré, on peut en changer le mouvement à volonté. Cette expérience peut fe diverfifier en taillant les girouettes fous la forme de celles d’un tournebroche à fumée ; alors fi on les tient au defliis de l’ex-;
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- ni l’Electricité. 157 trémité d’un fil de fer pointu , tourné en haut, & éleétrifé, elles tournent avec beaucoup de vitefle par le courant d’air qui coule vers le haut Ti 59]. Si on les tient fous la pointe qui eft tournée en en-bas, elles tournent dans le fens contraire.
- Au fommet d'un fil de fer bien pointu , élevé perpendiculairement au deffiis du conduéleur , que l’on mette un autre fil de fer pointu par les deux bouts , de façon qu’il puifle fe mouvoir librement, comme fur un centre. S’il eft bien en équilibre, & que fes pointes foicnt courbées horizontalement dans des direéiions oppofées, il tournera fort vite quand il fera éleétrifé , par la réaélion de l’air contre le courant, qui fort des pointes. On peut cacher prefque entièrement ces pointes , en plaçant des figures de chevaux ou autres,
- [133>] Ce n’eft pas de l’air qui fort de ces pointes; mais bien la matière électrique. Eft-ce que M. Prieftley ne fair pas eue l’air ne pafle pas au travers des métaux > fans cela pourroit-il le condenfer dans un fufil à vent ?
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- IjS H I S T O I R * fur les bouts du fil de fer, de façon quelles tournent en même-temps, & quellesparoilfent fe pour-fuivre les unes les autres. M. Kin-nerfley, appelle cette expérience, la courfe des chevaux électriques. Si l’on augmente le nombre des fils de fer, partant du même centre, &c qu’on place fur eux différentes figures, la courfe fera plus compolée & plus divertiflante. Si du centre de ce fil de fer qui porte les figures, s’élève un autre fil de fer fort pointu, on pourra faire tourner un autre affor-timent de fils de fer garni d’autres figures, au deflus du précédent, foit dans la même direâion , ou dans une direâion contraire, comme on voudra.
- Si à un tel fil de fer , pointu par les deux bouts, & dont les extrémités foient courbées dans des di-reâions oppofées, on ajoute comme à une aiguille d’inclinaifon , un petit axe fixé dans fon milieu , à angle droit avec la courbure des pointes, & qu’il loit placé entre deux fupports de métal ifolés, proches & parallèles l’un à l’autre ,
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- DI l’EtECÏ RICITi. IJj
- de maniéré qu'il puilfe tourner librement fur ton axe, il aura étant éleélrifé, un mouvement progreffif circulaire, depuis un bout des fup-potts jufqu’à l’autre , & cela en montant d’une qualité alfez confidérable.
- On peut faire voir quantité de beaux phénomènes , au moyen de la lumipre éleârique , même en plein air , quand on rend la chambre obf-cure. Des aigrettes de lumière for-tant de pointes éleârifées poiïtive-ment , & qui ne font pas fort aiguës , ou des bords de plaques métalliques , divergent d'une maniéré très agréable , & peuvent être excitées fort long-temps, en leur pré-fentant le doigt ou le plat de la main s on les relient alors, comme des flammes douces & légères, qui n'ont rien de piquant, & ne caulènt aucune efpece dfe fenfation défagréa-ble. 11 eft encore alfez amufant a’ob-l’erver la différence qu’il y a entre les aigrettes de lumière provenant des corps pointus éleétrifés pofitive-ment, & de ceux qui font éle&rifés négativement.
- Dans la courfe de chevaux élec-
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- 140 H I S T O I R ï triques dont on a parlé ci - defluj on apperçoit dans l’obfcurité une petite flamme à chaque pointe des fils de fer courbés, de forte que fi celui qui opéré peut trouver le moyen de faire terminer le fil de fer à la queue du cheval, elle paroîtra être tout en feu. Si on découpe une plaque de métal circulaire en forme d'étoile, de façon que chaque pointe foit également éloignée du centre, & que l’on fàfle tourner librement cette plaque fur fon centre, de même que lès fils de fer de l’expérience précédente , on verra une petite flamme à chaque pointe , & fi l’étoile tourne fort vite , elle donnera l’apparence d’un cercle entier de lumière.
- Comme le mouvement de la matière éleétrique ell inftantané pouf nous, on peut faire voir une grande variété de beaux phénomènes , au moyen de plufieurs petites étincelles éleéfriques , difpofées fous différentes formes. C'eft ce qui peut fe faire avec une planche & plufieurs fi's de fer , de la maniéré fuivante. Pratiquez deux trous à la planche, à environ trois lignes de chaque côté
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- DE l’EtïCTRI ClTi. 141 de Tendroit où vous voulez avoir line étincelle. Faites palfer par ces trous les extrémités de fils de fer proprement arrondies, & approchez les l’une de l’autre exaâement au-def-fus de l’endroit ; que les fils de fer foient tellement dilpofcs par derrière la planche, qu’une étincelle éleéfri-que puifle les comprendre tous dans le même circuit. Quand ils feront ainfi préparés, toutes les pointes paraîtront lumineufes enfemble, à chaque fois qu’on s’en l'ervira pour tirer line étincelle du premier conducteur. On peut de cette maniéré re-préfenter toutes les conftellations, comme la grande ourle, orjon, &c. On peut aulli de cette maniéré re-préfenter les traits extérieurs d’un deflein quelconque, par exemple, des figures dans une tapiflerie 1140].
- La vertu qu’a une étincelle éleéfri-que, de mettre le feu à différentes
- tgr [140]-L’expérience ne réuflîra pas, fi on la fait comme l’enfeigne M. PrieftJey, parce que la matière éleéfcrique, prenanr ordinairement le chemin le plus court, ne peut pas former un circuit fur une feule furface. La route qu’ou veut faire parcourir 9. la ma-
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- ï4î. Histoire fubftanees , fat une des premières expériences qui donna de l’éclat à l’éle&ricité, & on la répété encore avec plaifir. On fe fert pour cela communément d’efprit - de - vin un peu chauffé. L’expérience ne manquera pas de réuflir , fi l’on tire une étincelle affez forte, de quelque maniéré & en quelque direction que ce foit, à travers l’efprit - de - vin. Cela fe peut faire aifément de bien des façons, fi on le met dans une cuiller de métal qui ait l’ouverture affez large. On peut rallumer une
- tiere éle&rique, doit être une feule ligne , droite ou courbe , comme on voudra. Ainfi pour repréfenter, par le raoyon des étincelles , une courbe rentrante, par exemple un cercle, il faut mettre une portion de la figure fur une furface, 8c l’autre fur l’autre furface, & faire communiquer ces deux parties par un petit conduâèur i pour cela il faut que le fupport des petites pièces de métal, foit tranfparent; afin de Iailfer apper-cevoir en même - temps les étincelles qui éclatent fur les deux furfaces. Des lames de verre font d’autant plus convenables pour cela, qu’elles ifolent en même temps.les petites pièces de métal. Voyez cet art fingulier exaélcment décrit dans les lettres fur l'électricité de M. l’Abbé Nollet, part, IJI, lettre XXII, pag. 174 &fuiv.
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- de l’Electricité. 14} chandelle nouvellement foufflée , en faifant palier l'étincelle éledrique , à travers la partie groffiere de la fumée, à environ un demi-pouce de la mèche ; quoiqu'il peut arriver qu'elle s’éteigne de nouveau par le mouvement que donne à l’air la force de l’explofion. Pareillement, l’air produit par l'effervefcence de la limaille d’acier , avec de l’huile de vitrioldclayée dans de l’eau , & par beaucoup d’autres (ubftances qui jettent une vapeur inflammable , peut être allumé par le même moyen.
- L’odeur forte de phoiphore ou de foufre , qu’on peut fentir en approchant le nez à un ou deux pouces de quelque pointe éledrifée, eft une expérience curieufe ; mais elle ne caufe pas une fenfation agréable.
- Enfin , l’expérienee la plus amu-fante qu’on puifle faire par la/impie éledrifation , eft lorfqu’on fait monter fur un tabouret ifolé , une ou plufieurs perfonnes de la compagnie tenant une chaîne qui part du premier condudeur. Chacun fait réellement alors partie du premier condudeur, & préfente les mêmes
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- 144 Histoire apparences , donnant des étincelles toutes les fois qu’il eft touché par quelque perlbnne pofée fur le plancher. Si le premier condudeur eft fort grand , les étincelles peuvent être trop douloureulés pour être agréables ; mais fi le conduâeur eft petit, 1 eleâricité modérée, & qu’aucun de la compagnie ne touche aux yeux ou aux parties les plus délicates du vilàge de la perfonne électrifiée , alors l’expérience fera fort divertiflante pour tous les affiliants.
- La plupart des expériences rapportées ci-delfus, peuvent fe faire avec autant davantage par une perfonne montée fur le tabouret, li elle tient dans fes mains tout ce qu’on a pref-erit d’attacher au premier conducteur. On peut mettre le feu à l’ef-prit-de-vin par une étincelle tirée du doigt d’une perlbnne auffi efficacement que de toute autre maniéré. 11 faut avoir bien foin que le plancher fur lequel eft placé le tabouret , foit propre & exempt de toute pouffiere, & qu’il n'y ait pas d’humidité fur les pièces qui l’i fuient.
- PARTIE
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- »E I’ElECTMCITÉ. 14J
- PARTIE VII.
- SECTION II.
- Expériences amufantes, qui fe font par le moyen de l(\ Bouteille de Leyde.
- ] l n’y a point d’expériences électriques qui caufenc à beaucoup prés autant de plailir Se de furprile , que celles qui fe font par le moyen de la bouteille de Leyde. On peut faire toutes les expériences d’attraâion & de répullion éleélriques , foit avec le fil de fer, (bit avec la garniture de la bouteille ; & fi l’on approche à quatre ou cinq pouces l’un de i’autre, les boucles de deux fils de fer qui communiquent l’un avec l'intérieur , & l’autre avec le dehors de la bouteille , l’araignée éleârique dont on a parlé ci-dcifus, s’élancera Tome III. G
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- de l’une à l’autre , jufqu’à ce que la bouteille foit déchargée. Mais l’avantage particulier de l'expérience de Leyde , efl que l’on peut par ce moyen augmenter prefque à tel point que l’on veut l'éclat de lumière éledrique, le bruit & la commo tion, avec tous leurs effets.
- Quand la bouteille ou la jarre eft chargée , on fait paflèr la commotion par les bras & la poitrine d’ perfontle , en lui failànt tenir d! main une chaîne -qui communique avec l'extérieur, & toucher avec l’autre main le fil de fer de la bouteille ou un condudeur quelconque qui y communique ; ou bien on peut «ire paffer la commotion par telle partie du corps que l’on veut, fans beaucoup affeder le relie, pourvu que cette partie, & non une autre, foit placée dans le circuit, par lequel le feu doit palier d’un «ôté ae la bouteille à l’autre.
- : On fe donne fouvent bien du plaifir en donnant la commotion à quelqu’un qui ne s’y attend point ; c’eft ce qu’qq1 peut faire en cachant fous le taffiVle fil de fer qui part
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- BË L’EtECTRICITÊ. Ë47 de l'extérieur de la bouteille, Si plaçant à la portée de la perfonne, celui qui lort de l'intérieur , de maniéré qu’elle ne puiffe avoir aucun foupçon en mettant la main deflus , tandis qu’elle a les pieds pofés fur l’autre ni de fer. Cette méthode , ainti que beaucoup d’autres, de donner la commotion par furprife , peut facilement s’exécuter avec un peu d’invention ; mais il faut avoir grande attention que ces commotions ne foient pas trop violentes ; & il ne faut pas les donner à toute forte de petlbnr.es indiûinctement.
- Quand une perfonne feule reçoit le coup , la compagnie fe divertit à fes dépens ; mais tous contribuent à l’amulement, & le partagent également , lorfque la compagnie toute entière forme un circuit en fe donnant la main ; alors 1’Eletiricien dit à la perfonne qui fe trouve à l’ex-tremité du circuit de tenir la chaîne qui communique avec la garniture de la bouteille, tandis que celui qui eft à l’autre extrémité du circuit, touche au fil de fer. Com-Gi,
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- i+t Histoire
- *ne tous ceux qui forment ce circuit font frappés en même-temps, & de la même force, il eft iouvent fort amulant de les voir treflaillir dans le même inftant, de les entendre comparer leurs fenfations, &• de remarquer les différents récits qu’ils en font.
- Cette expérience peut être agréablement variée ; celui qui opère, an lieu de faire joindre les mains à la compagnie, peut leur dire de marcher fur les pieds les uns des autres, ou fie pofer leurs mains fur la tête les uns des autres. Si dans ce dernier cas toute la bande eft renverfée par terre, comme cela arriva quand le Dodeur Flanklin donna un jour la commotion à plufieurs perfonnes fortes & robuftes, l'inconvénient qui en réfultera, ne fera pas bien confi-dérable. La compagnie que le Docteur frappa de cette maniéré, n’entendit ni ne fentit le coup , & fe releva auffi - tôt fans favoir ce qui étoit arrivé.
- La plus agréable de toutes les furprifes que.l’on canfe avec la bou-
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- DI t’ElICfRlCltl 14$ teille de Leyde, ell l'expérience que le Docteur Franklin appelle le tableau Magique , qu'il décrit de la maniéré fuivante. Ayez une grande ef-tampe , (que l’on luppolé le portrait du Roi ) encadrée & couverte d'une glace. Otez l’eftampe de Ion cadre , & coupez en une bande d'enviroa deux pouces de largeur tout autour. 11 n'y aurait point de mal quand la partie coupée anticiperait fur le portrait : avec une colle légère ou de l’eau de gomme, fixez la bande coupée fur le côté intérieur du verre , en la preflant bien uniment , enfui-te rempiiflez le vuide, en dorant le verre avec des feuilles d’or ou de cuivre. Dorez pareillement le bord intérieur du derrière du cadre, tout autour , excepté la partie d’en-haur, & formez une communication entre cette dorure & celle du derrière. Puis replacez la bordure, & ce côté eft fini. Retournez le verre , & dorez en le devant exaéfement fur la dorure de derrière , & quand cela fera fec, couvrez-le en collant def-fus le quarré de l’eftampe que vous G iij
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- avez coupée, & obfervez de faire rapporter exactement enfemble les parties de l’eftampe avec la bande cou pce au moyen de quoi le tableau fèmblera être d'une feule pièce comme auparavant ; feulement il y en aura une partie derrière le verre , & une autre devant. Enfin, tenez le tableau horizontalement par le haut, & placez fur la tête da Roi, une petite couronne dorée & mobile.
- Alors fi on éleélrife modérément ce tableau , & que quelqu’un prenne le cadre d’une main, de façon que fes doigts touchent la dorure intérieure, & que de l’autre main il elfaye d’enlever la couronne, il reçoit une commotion terrible , & manque fon coup. Celui qui opère & qui pour empêcher que le tableau ne tort.be , le tient par le haut, à l’endroit où le cadre tVcft point doré en deflous, n’éprouve point la Commotion , & peut toucher fans danger la face du portrait, ce qu’il prétend être une preuve de la fidélité. S'il y a un cercle de perfonnes qui
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- SI l'Etl CT R ICI T É. 15» reçoivent la commotion dans cette expérience , on les appelle les conjurés [141].
- Comme on peut faire parcourir au feu électrique, tel circuit que l’Eleétricien juge à propos , on peut lui faire prendre une grande variété de formes agréables. Ainlî, fi l’on place une bouteille chargée à une des extrémités de la dorure d’un livre , & que la décharge fe fatfe au moyen d’un fil de fer, qui touche l’autre extrémité, toute la dorure deviendra lumineufe. Mais fi l’on fait paSër plufieurs commotions affez fortes à travers cette même dorure, bientôt elles ta rendront incapable d’en tranfmettre davantage, en bri-
- ft-r [141] Des expériences de cette efpe-ce font aiïurémcnt trés-furprenantes s mais je ne vois pas pont ont elles peuvent être agréables. Elles ne te font Purement pas pou» ceux qui reçoivent d’aufS violentes commotions, & je ne comprends pas pourquoi elles le feraient pour ceux qui ne font que fpedlateurs. Les plaifirs de M. Priefttey, font ccrtainc-met différents des miens.
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- TJi H I S T O I A î fant & réparant trop fes parties-Pareillement les eonftellations & les figurés éleétriques dont on a pailé ci deffiis, peuvent être illuminées beaucoup plus fortement par une bouteille chargée, que par des étincelles tirées au conducteur. 11 eft v ai que de cette maniéré, l'illumination ne peut pas être fi fouvent répétée.
- D'après le principe établi ci def-fus, que les fils de fer des bouteilles chargées différemment , attireront '& repoufferont différemment, on conftruit une roue électrique, qui, comme le dit le Doâeur franklin . tourne avec une rapidité con-fidérable , & dont il donne la def-cription fmvante. Une petite fléché droite de bois, paflè à angles droits à travers une planche ronde & mince , d'environ un pied de diamètre, & tourne fur une pointe fine de fer, fixée à fin extrémité inférieure, tandis qu’un gros fil de fer fixé à fon extrémité fupérieure , paflant par un petit trou pratiqué dans une platine de cuivre mince, contient la
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- dï"L* Electricité. ij-j fléché bien verticale. Trente rayons ou environ d'égale longueur, faits de verre à vitres , taillés en bandes étroites , fortent horizontalement de la circonférence de la planche, de forte que leurs extrémités les plus éloignées du centre, font à environ quatre pouces les unes des autres. A 1 extrémité de chacun eft fixé un dé de cuivre.
- Dans cet état, fi on place auprès de la circonférence de cette roue, le fil de fer d’une bouteille éledri-fée à la façon ordinaire , il attire le dé le plus proche, & met ainfi la roue en mouvement. Ce dé reçoit une étincelle en palfant, & par ce moyen en étant éledrifé , il eft re-pouflë , & chaflc en avant, tandis qu’un fécond étant attiré, approche du fil de fer, reçoit une étincelle, & eft chaffé comme le premier ; & ainfi de fuite , jufqu à ce que la roue ait fait un tour ; alors les dés ci-devant éledrifés , approchant du fil de fer , au lieu d’en être attirés , comme ils l’étoient d'abord, font G v
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- ij4 Histoire repoulTés , & le mouvement ceflè fur le champ.
- Mais fi l'on place prés de la même roue une aqjre bouteille, qui ait été chargée par l’enveloppe extérieure , Ton fil de fer attire les dés repoulTés par la première , & par ce moyen double la force qui fait tourner la roue , non-feulement en tirant le feu qui a été communiqué par les dés à la première bouteille [14a]; mais encore en les privant de leur quantité naturelle ; ces dés au lieu d'être repoulTés quand
- '83* [141] Comment eft-ce que M. Prieft-lcy prétend que le fil de fer de fa féconde bouteille, puiflc enlever aux des le feu qu’ils ont communiqué à la première ? on ne peut pas leur ôter ce qu’ils n’ont plus. Il eût parlé plus conformement à la théorie qtfil prétend foutenir, s’il eût dit que la fécondé bouteille enleve aux dés le feu que leur a communiqué la première. Car, lelon cette théorie , la première bouteille n’a pas dû leut ôter de leur feu, elle a dû plutôt leur en donner. Mais notre- auteur eft fi peu au fart du fyftéme qu’il veut foutenîr, qu’il fè contredit à chaque inftaur.
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- DE t'ËlECf AlCttÉ. ïy5
- ils ^reviennent vers la première bouteille , en font plus fortement attirés ; de forte que la vîtefle de la roue s’accélère, jufqu’à ce quelle tourne avec une grande rapidité , & laflfe environ douze ou quinze tours en une minute, & avec tant de force que la pefanteur de cent dollars d’Efpagne , dont nous la chargeâmes une fois , ne parut point du tout retarder fa vîteffe. On appelle cette machine, le tourntbroche électrique : & fi on embrochoit une greffe volaille fur la partie fupérieure de la fléché, la roue la ferait tourner devant le feu , avec un mouvement convenable pour la faire rôtir.
- Mais cette roue, continue le Docteur», de même que celles qui font pouffées par le vent, fe meut par une force étrangère; favoir, celle des bouteilles.
- La roue qui fe meut d’elle-même, qjioiqueeônftruite fur les mêmes principes , paroi! plus furprenanté. Elle eft faite d’une platine de verre à vitres ronde & mince, de dix-fept
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- 156 Histoire pouces de diamètre, bien dorée des deux côtés, excepté deux pouces de bord tout autour ; deux petits hé-mifpheres de bois font fixés avec du ciment au milieu de chacun des côtés de deffiis & de déifions , & op-pofés par leur centre , &: dans chacun cil un fil de fer gros & fort, d’environ huit ou dix pouces de longueur , qui forment enfemble l’axe de la roue. Elle tourne horizontalement fur une pointe fixée à l’extrémité inférieure de (on axe , lequel ell polé fur un morceau de cuivre, cimenté dans une faliere de verre. Le bout (upéricur de l'axe palfe par un trou pratiqué dans une platine de cuivre mince , cimentée à une piece de verre longue & forte, qui la tient à fix ou huit pouces d*di(-tance de tout corps non-éledriquc , & a à fon fommet une petite boule de cire ou de métal, pour retenir le feu éleétrique.
- Sur la table qui porte la roue, font fixés circulaire ment douze petits piliers de verre, à environ onze pouces de diftance du centre, qui
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- de l’Electricité. 157 ont chacun un dé à leur Commet. Sur le bord de la roue ci! une petite balle de plomb, qui communia que par un fil de fer avec la dorure de la furface lüpérieure de la roue, & à environ (ix pouces de-là eft une autre balle qui communique pareillement avec la furface inférieure ; quand il eft queftion de charger la roue par la lurface fupérieu-re , il faut établir une communication de la furface inférieure à la table.
- Quand elle eft bien chargée ; elle commence à fe mouvoir. La boule de plomb la plus proche d’un des piliers; fe meut vers le dé de ce pilier , & en paflant l'êleélrife , en-fuite elle s’en écarte. La balle fui-vante qui communique avec l’autre furface du verre, attire plus fortement ce dé , parce qu’il a été élec-trifé auparavant par l’autre balle, & ainfi le mouvement de la roue augmente , jufqu’à ce que la réfif-tance de l’air lui ait fait prendre une vîtefle uniforme. Elle tourne une demi-heure , & fait communément
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- 158 Histoire vingt tours par minute , ce qui forme 600 tours en tout, la baiie de la furface fupérieure donnant à chaque tour douze étincelles aux dés , ce qui fait 7100 étincelles, & la balle de la furface inférieure en recevant autant des dés; ces balles parcourront dans cet efpace de temps, près de 1500 pieds. Les dés font fixés bien folidement & bien circu-lairement, afin que les balles puif-fent paffer à une fort petite diftan-ce de chacun d’eux.
- Si au lieu de deux balles vous en mettez huit,, quatre qui communiquent avec là furface fupérieure, & quatre avec la furface inférieure , placées alternativement ( Iefquclles huit, à environ fix pouces de distance les unes des autres, complet-tent la circonférence ) vous augmenterez confidérablement la force & la vîtefle ; car la^fouc fera alors cinquante tours par minute ; mais auffi elle ne tournera pas fi longtemps.
- Ces roues, ajoute le Doéteur,pour-roient peut - être s’appliquer aux ca-
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- be l'Electricité. 159 cillons, &r par leurs lumières tao-biles repréfenter des Orréries ( a J.
- Une bouteille préfente le plus beau fpeâacle , quand elle eft chargée fans aucune garniture extérieure, eu y mettant la main ou un conducteur quelconque; car alors à quelque partie de la bouteille que la décharge fe faflTe, on verra le feu en partir en ramifications très - belles , & fe répandre fur toute la bouteille, & la lumière fera ii vive, que la plus déliée de fes ramifications pourra être apperçue même en plein jo«r.
- La décharge d’une grande batterie éleârique , eft une expérience plus effrayante qu'agréable ; Si les effets qu’elle produit, foie en déchirant différents corps , en enflammant la poudre à canon, en fondant des fils de fer, & en incitant tous les effets du tonnerre, ne manquent jamais d’être vus avec étonnement. Pour mettre le feu à la poudre à canon,
- (a) Franklin’s, Letters, pag. 18, &c.
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- iBo Histoire il faut en former une petite cartou-che, à chacun des bouts de laquelle on infère des fils de fer émoufles, que l’on approche à un demi-pouce l’un de l’autre, & au travers desquels la commotion doit palfer ; ou bien on peut palier un fil de fer fort délié par le centre de la cartouche, fie l’cxploiion fe fera par fiifion. Une jarre ordinaire percera aifément une couverture cpaillè d'un livre, ou plu-fieurs feuilles de papier ; & on ob-ferve comme une chofe curieufe , que la bavure eft élevée des deux côtés, comme fi le feu électrique fe fût élancé du centre vers les deux côtés [ 14 31.
- Nous décrirons dans la derniere partie de cet ouvrage, un grand nom-
- SW* t'4î] Ceci eft une preuve évidente de l’exiftence des deux courants limulranées de la matière électrique , découverte & fou-tenue par M. l'Abbé NoIIet, M. Prieftley ne voit en- ceci qu’une chofe curieufe ï-tandis que tous les Phyficiens y voient un fait que la théorie ae peut expliquer. ;
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- t)ï l*E IEC TR J Ci ïi. 161 bre d'expériences qui fe font avec une batterie éle&rique, & dont quelques-unes préfentent les plus beaux phénomènes.
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- i6i H i s * o i a i
- PARTIE VIL
- SECTION III.
- Expériences amufantes, faites par une combinaifon d’injlruments de Phyfique.
- Pour exécuter quelques-unes des plus belles expériences éleétriques, J'Eictlricien eft obligé d’avoir recours à d’autres inftruments de Phyfique, & fur-tout à la machine de com-preüion & à la machine pneumatique.
- Si l’on ifûle une fontaine de corn-prcffion, dans laquelle on ait con-qenfc rair, le jet d’eau qui en fortira , fe divifera en mille autres , & fe dil-perfera également fur un grand ef-pace , dès que la fontaine fera cleé-trifée; alors en appliquant fimple-
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- DE l’ElECTRICITÉ. Iffj ment un doigt fur le conduâeur, le retirant enfuite, on peut à volonté faire couler un l'eul jet , ou plu-fleurs. Dans l’oblcurité, le jet élec-trifé paroît tout lumineux.
- C’eft dans le vuide qu’on apper-çoit la plus grande quantité de lumière électrique. Prenez un grand récipient fort fec : fixez à fon fom-met, avec du ciment, un fil de fer qui ne foit pas bien pointu. Enfuite vuidez d'air le récipient, & préfen-tez la boucle du fil de fer au conduâeur ; chaque étincelle palfera dans le vuide , fous la forme d’un gros jet de lumière, qu’ongerra dans toute l’étendue du récipient, quelque grand qu’il foit. Ce jet de lumière fe divife fouvent en beaucoup d’autres petits , qui changent continuellement de route, fc joignant 8c fe féparanc de nouveau d’une manière fort plaifante. Si l’on décharge une jarre au - travers de ce vuide, cela repréfente un corps de feu très-denfe , qui s’élance direâement à travers le centre du vuide , fans jamais toucher les parois. Au lieu que quand une feule étincelle palfe au-
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- «#4 H t s t a 1 à. t. travers, elle va communément plus ou moins vers les parois ; & en mettant le doigt fur l’extérieur du ver-» re, on l'attire par-tont où l’on veut. Si l’on embraflè le vale avec les deux mains , chaque étincelle fe fait fen-tir , comme la pulfiation d’une greffe artere , & tout le feu fe porte vers les mains. On refirent cette pul-fa ion à quelque dillance du récipient ; & dans l’obfcurité on apper-çoit la lumière entre les mains & le valè.
- On fuppofe que pendant tout ce temps, le fil de fer pointu eft électrifié pofgjvcment ; s’il l’eft négativement , l’apparence eft tout-à fait différente. Au lieu de jets de leu , on ne voit qu’une lumière uniforme, femblabie à un nuage blanc, ou à la voie laétrce pendant une nuit claire & étoilce. Rarement elle régné dans toute l’étendue du vafe ; mais ordinairement elle reflemble à un petit globe de feu très-brillant, fixé à l’extrémité du fil de fer.
- On peut produire aufii un très-beau phénomène de lumière électrique, dans une chambre obfcure,
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- »e l'EncTRiciri. iffj en inférant Je col d’une petite bou. teille dans le goulot d’un grand récipient , de forte que la fur face extérieure de la bouteille, puiflc fc trouver dans le vuide. La bouteille doit être garnie en-dedans, & tandis qu’eile fe charge, à chaque étincelle que l’on tire du conducteur qui communique à l’intérieur de la bouteille , on voit s'élancer un éclat de lumiete en même temps de chaque partie de la furface extérieure de la bouteille, de façon à remplir tout le récipient. Lorlque la décharge lé fait, on voit la lumière fé ramai’-fer en un corps beaucoup plus den-fé, le tout partai t à la fois.
- Mais la plus belle de toutes les expérience* que l’on puilfe faire par le moyen de la lumière électrique , eft l'aurore boiéaU de M. Canton , dont voici une defeription, quoique imparfaite. Faites le vuide de Ior-ricelli dans un tube de verre , d’environ trois pieds de longueur , fie fcellez-le hermétiquement, afin qu'il foit toujours en état de vous fervir. Tenez ce tube à votre main par un bout, & appliquez l’autre au con*
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- I ES H I S T O I R E duâeur ; fur le champ tour le tube fera illuminé d’un bout ài’autre ; 8c quand ou l’aura ôté du condudeur, il continuera à être lumineux fans interruption pendant un temps con-fidérable, Couvent plus d’un quart-d’heure. Si après cela on le frotte avec la main dans un Cens ou dans l'autre, la lumière fera extrêmement vive, & fans la moindre interruption d’une main à l’autre, même dans toute fa longueur. Après cette opération qui le décharge en grande partie , il jette encore des éclats par intervalles, quoi qu’il ne loit tenu que par un bout, & tout-à-fait tranquille. Mais (i alors on 1 empoigne avec l’autre main dans quelque autre partie de fa longueur , il ne manquera gucre de s'élancer d’une extrémité à l’autre, de vifs éclats de lumière; & cela continuera pendant vingt-quatre heures, & peut-être beaucoup plus long temps, fans une nouvelle éledrifation. Des tubes de verre menus & longs , vuidés d’air, & courbés d’une maniéré irrégulière & fous toutes fortes d’angles «tant convenablement éledrifés dam
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- de l’Electricité. 167 Fobfcurité, donneront l’apparence de très beaux éclairs.
- Je terminerai cet article par le récit de la maniéré dont le Docteur Franklin & fes anus, finirent l’année 1748- Le temps chaud étant arrivé , faifon où les expériences cleétriques n’étoient plus fi agréables, ils les terminèrent, comme dit le DoCtcnr, par une partie de plaiiir qu’il ; firent fur les bords du Skuylkil. D’abord ils allumèrent des fubltan-ces fpiritueufes avec une étincelle tranfmife d’un bord de la riviere à l’autre , fans aucun autre conducteur que l’eau. Pour leur dîner , ils tuèrent un dindon par la commotion éleélrique , le firent rôrir avec ua tournebroche éleCtrique, devant un feu allumé par la boutei le électrique: enfuite ils burent à la faute de tous les électriciens célébrés d'Angleterre , de Hollande, de France Si d'Allemagne, dans des verres électrifiés , & au bruit d’une décharge d’une batrerie électrique fa).
- («) Franklin Letters, pag. 5J.
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- jîB Histoire L'auteur de ce traité le trouverait heureux de voir tous les grands électriciens de l’Europe, ou même feulement ceux d’Angleterre , dans une pareille fête, & lur-tout après a^oir fait en éleéhicité, des découvertes atiffi importantes que celles qui furent faites à Philadelphie, dans l’année dont on vient de parler. 11 fe tranfporteroit avec plailir à un tel rendez vous, ne fût ce que pour fer-vir de manœuvre à cette compagnie célébré, ou meme pour une fonétion moins diftinguée. La gaieté, & le commerce (ocial . vont admirablement bien enfemble , & font même très propres à animer le véritable elprit Philofophique.
- HISTOIRE
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- HISTOIRE
- D E
- L’ÉLECTRICITÉ.
- HUITIEME PARTIE.
- Nouvelles expériences Electriques, faites en Vannée Ij66.
- Je préfenterai à nies ledeurs, dans la dernicre partie de cet ouvrage, un détail des nouvelles expériences électriques, que cette entreprife m’a mis dans le cas de faire. J’efpere que fa ledurc pourra en fuggérer beaucoup d’autres , & même de plus in-téreflantes, & je ne croirai pas alors avoir travaillé envain.
- Tome III. H
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- 170 Histoire
- Pour rendre ce détail plus utile aux perfonnes qui peuvent avoir intention de le livrer aux recherches Philofophiques , je ne manquerai pas de rapporter les vues dans lefquelles chaque expérience a été faite , toutes fauffes & imparfaites qu'elles fe foient fouvent trouvées. J’ai toujours été enchanté de la grande exactitude & de la (implicite de M. Grey i & j imiterai fa façon naïve & (impie. .Quoiqu’un détail d’expériences drelfé fur ce plan, ne foit pas le plus propre à faire honneur à fon Auteur , comme Phyficien , il contribuera probablement davantage à former d'autres Phyficiens , ce qui me paroît beaucoup plus important pour le public.
- La méthode fynthétique eft affu-rément la plus prompte pour faire entendre à quelqu’un une branche de quelque fcience ; mais la méthode analytique, par laquelle fe font les découvertes, eft la plus favorable aux progrès des corinoiffances.
- J’ai tâché, en effet, de rendre l’hif-toire précédente , utile à cet égard ; je ne me fuis pas contenté d’infar-
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- DE l’ElECT». ICITÉ. 17-1 nier le lecteur des découvertes qu’on a laites; mais toutes les fois que je l’ai pu, je lui ai expliqué comment elles ont été faites, & ce que les auteurs avoient en vue quand ils les ont faites. En général, cela n’a pas cté difficile à exécuter ; les faits étoient récents, & la plupart des perfonnes qui y font intéreflèes, vivent encore. Peut-être n’y a t il pas une feule branche de fcience, où on ait (i peu dû au génie, & plus au hafara ; de forte que ceux qui donneront un peu d’attention à cette matière, ne doivent pas défefpérer d’ajouter quelque chofe de nouveau au fond commun des découvertes éleâriques. Bien plus, il ferait fort extraordinaire que dans un grand nombre d’expériences, où les chofes feraient examinées fous tant de faces nouvelles, il ne fe rencontrât pas quelque nouveau fait digne d’être communiqué au public.
- Je fuis perfuadé que la fidélité avec laquelle j’ai fait le récit fui-vant, n’a pas belbin d’autre garant que le récit lui - même. Ses imper-tcélions en font une preuve fuffifan-H ij
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- 171 Histoire te. La même fidélité m’oblige suffi de rapporter plufieurs faits, que j’ai regardé comme nouveaux , quoique le cours de cette hilloire prouvera qu’ils ont été découverts par d’autres ; mais je l’ignorois alors. Quoiqu’il en foit, de ces découvertes faites par autrui, je ne ferai mention que de celles que j’ai fuivi.es, comme on le-pourra voir, un peu plus loin que ne l’ont fait leurs auteurs originaux , &: dans lelquellcs j’ai remarqué des circonftances qu’ils avoicnt négligées, ou du moins fait les expériences avec plus d'exaâitude ; de forte que le leftcur peut s’attendre à trouver quelque choie de nouveau dans chaque article. On trouvera les expériences que j’ai faites pour prouver unechofe, bien différente de.ceL les que d’autres ont faites pour prouver la même chofe s ce qui fournira de nouvelles preuves des mêmes pro-polïtions générales. Cette répétition d'anciennes découvertes, & cette variété dans les expériences au moyen defquelles on les a faites , furent oc-caliennées l’une & l’autre par une fi-tuation qui «lt plus ou moins ordinal-
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- et L'ElECTRICITÉ. 175
- re à tout Eleétricien Anglois; moyennant quoi nous ignorons en grande partie, ce que les autres ont fait.
- On trouvera auffi dans le récit fui-vant, un détail non - feulement des expériences qui ont été complettées, qui fournilfent quelque fait nouveau, & d’où on peut conclure quelque choie de relatif à la théorie géné-ralle de l'électricité ; mais auffi quelques-unes de celles qui n’ont pas été achevées, qui n’ont produit aucun phénomène nouveau , &r dont on ne peut rien conclure de pofitif. Si en général les Eleélriciens en euffent agi ainfi , ils fe feroient épargnés les uns aux autres bien des travaux inutiles , & auraient eu plus de temps pour faire des expériences réellement nouvelles, & qui auraient pu conduire à des découvertes conftdérables. D’ailleurs , lorfqu’on examine les chofes fous de nouveaux points de vue , quoi qu’on ne puilfe déduire de l’expérience rien de pofitif, on en peut du moins conclure quelque chofe de négatif-,-& on ne peut pas dire que cela ne foit d’aucune importance dans une fcience ; ni ftric-
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- 174 H i ! t eu i tement parlant, que ce ne foit pas une choie nouvelle. Un nombre luf-fifant de ces expériences peut dans bien des cas, être une raifon légitime de tirer des conféquences probables & pofitives.
- Je ne m’excufe point d’avoir laiflé un fi grand.nombre de ces expériences imparfaites, ni d’en avoir publié le détail avant qu’elles aient été pouf-fées auffi loin qu’on pourroit juger qu'elles le méritent. Je crois plutôt que la plupart des Phyficiens font dans le cas de s’excufer envers le public, d’avoir différé de lui communiquer leurs expériences & leurs découvertes , auffi long temps qu'ils l’ont fait. 11 peut arriver que jamais je n’aie le loifir , ni la commodité de les fuivre , & que d’autres au contraire, jouiffènt de ces deux avantages mieux que moi : par ce moyen les découvertes arriveront plutôt à leur maturité , & le progrès de cette partie de la Phyfique en fera accéléré. Le véritable efprit des Phi-lofophes n’eii (Virement pas comme celui des -artiftes qui fçnt le plus qu’ils peuvent de progrès dans leurs
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- DS l’ElECTRTCITi. 175
- arts, & ne les divulguent jamais tant qu’ils font dans le cas d'en tirer parti pour eux mêmes. Si je pou vois aujourd'hui communiquer à quelqu’un de mes coDfreres une idée dont il fïlt plus vraifemblable qu’il pût profiter mieux que moi, je ne différerais pas jufqu'à demain. Je ne crois pas que ce toit montrer beaucoup d’indifférence pour la réputation, que de faire une telle déclaration. Le grand Newton femble n’avoir point du tout fongé à acquérir de la réputation. S’il a différé de communiquer fes importantes découvertes, cela a été par pure modeftie , penfant qu’il étoit ridiculq d’importuner le public en lui donnant quelque choie d’imparfait. Je ne prétends point à cette efpece de modeftie ; qu’elle foir vraie ou fauffe, je la crois capable de faire tort aux progrès des connoiflances. Pour moi, femblable à ceux qui difputoient dans un des jeux de l’ancienne Grece, je fuis prêt à remettre mon flambeau à la première perfonne qui pourra le porter avec plus d’adreffe. Si les autres en font de même, il pourra me reve-u
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- lys Histoire ,nir entre les mains plufîeurs fois, avant que nous ayons atteint le but.
- On dira peut-être , que je devois du moins attendre que j’euffe vu la liaifon de mes nouvelles expériences avec celles qui avoient été faites précédemment , & faire voir qu’elles étoient conformes à quelque théorie générale d’éleélricité. Mais en annonçant les faits au public , il lé trouvera fans doute des gens auffi capables que moi de montrer cette liaifon , & d’en déduire une théorie générale. Tout fait a une liaifon réelle avec tout autre fait-; quoiqu’on ne l’apperçoive pas ; & quand on a raflemblé tous les faits appartenants à une branche quelconque d’une feience , le fyftême fe forme de lui-même. En attendant , nos conjeâures fur ce fyftême peuvent nous fervir de guide dans la découverte des faits ; mais pour le préfent, ne faifons point d’attention au fyftême fous tout autre point de vue , & communiquons-nous mutuellement tous les faits nouveaux que nous découvrons , fans nous inquiéter du fyftême auquel on peut les réduire.
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- de l’Electricité. 177 Je crois que je parviendrai à mettre fous le point de vue le plus dif-tinéf , le peu de chofes que j’ai ob-fervées dans le courant de mes expériences éleétriques, fi je les rapporte à-peu-près dans le même ordre quelles fe font préfentées, ayant feulement attention de ne point mêler des chofes d’une mature très-différente. Mes expériences ne remontent pas plus loin qu’au commencement de l’année 176e. Ayant fait alors connoilfance avec plulieurs perfonnes qui fe font diftinguces par leurs découvertes en éleâricité, & ayant entrepris d’écrire l’hiftoire précédente, je tournai d’abord mon attention à faire quelques expériences neuves dans cette partie de la Phyfique, qui avoit fervi quelque temps auparavant à mon amufement.
- H v
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- PARTIE VIII.
- SECTION I.
- Expériences fur l’Eleclrifatmn , particulièrement des Tubes dans lefquels l’air ejl condenfé, St des grands Globes de verre.
- A y a n t trouvé par mes propres expériences, & par celles des autres, qu'un tube de verre dans lequel on avoit fait le vuide, ne donnoit aucun ligne d eleéfricité en dehors, &
- Sue tous fes effets fe remarquoient ans l’intérieur, j’imaginai que fi l’air étoit condenfé dans le tube , il opéreroit plus fortement à l’extérieur, de forte qu’une double quantité d’air lui donnerait une vertu double. Mais il arriva tout le contraire de ce que j’attendois.
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- bs l’Eisctb.icit4. 175 Dans un des jours de Janvier, par un temps fec & de gelée , je pris un tube de verre, tel qu’on s'en fert communément pour éleélrifer, d’environ deux pieds & demi de longueur , & d’un pouce de diamètre. 11 étoit fermé par un bout, &r au moyen d'une virole de cuivre à l’autre , j’y ajuftai une pompe foulante, & quand le tube fut bien fec & en bon état, pour faire des expériences , je commençai à y faire entrer de l’air. A chaque coup de piflon j’eflayai d’éleârifcr le tube ; mais je trouvai fa vertu diminuée. 11 falloir l’approcher plus qu’auparavant, pour lui faire attirer les corps légers , & il donnoit moins de lumière, quand on le frottoir dans l’obfcurité ; juf-qu’à ce que, autant que je pus en juger , j’eus doublé la denfité de l’air dans le tube 5 alors fa vertu pouvoit à peine s’appercevoir. En laiflant for-tir l'air par degrés, je remarquai qu'il la reprenoit peu à peu. 11 attira de plus loin les corps légers ; il fit entendre des craquements plus forts , & donna plus de lumière dans l’obi-curité ; & quand l’air fut revenu à H vj
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- 180 H i s T 6 i R s fa denfité ordinaire' dans le tnBe , fon pouvoir fe trouva fur le champ auffi grand qu’il avoit été avant qu’on y fit entrer de l’air. J’ai tenté plu-lieurs fois la même expérience avec le même fuccés.
- Lorfque je communiquai ces expériences au Docteur Franklin , 8c au Doéteur Watfon, ils me fuggé-rerent que le défaut d’éleéfrifation du tube dont on vient de parler , pouvoit venir de l'humidité qui s’y étoit introduite avec l’air 8c attachée à l’intérieur du tube. Cette conjeélure fut rendue encore plus probable , par une autre expérience que j’avois faite dans le même-temps.
- En répétant mes tentatives pour éleârifer le tube ci-deflus , je trouvai , qu’après un frottement très-vif, il commençoit à agir un peu , 8c que fa vertu' augmentoit à force de travail. Croyant que ce pouvoit être la chaleur qui produifoit cet effet, je tins le tube auprès du feu, 8c je trouvai que quand il étoit paffable-ment chaud, il agiffoit prefque auffi bien que quand l’air n'y étoit pas condenfé. Je conjeéturai que la cha-
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- Dï l’EtÉcfB.ICITÉ. lSl leur pouvoit enlever l'humidité des parois du verre , ou rendre l’air qui y étoit renfermé, capable de tenir une plus grande quantité d'eau dans un état de folution parfaite.
- Voulant déterminer fi la quantité d’air ajoutée, avec l'humidité qu'elle contenoit, agifloit à tous égards comme une garniture non - éleélrique , j’eflayai avec l’air condenfé l’expérience que le Doéteur Defaguliers avoit laite avec le fable. Après avoir condenfé l’air dans le tube, & trouvant que l'éleârifation en étoit irn-poffible, comme à l’ordinaire, j’en laiflai fortir l’air fubitement, pour favoir fi le tube ferait voir alors quelques effets du frottement précédent ; mais il n’avoit pas acquis le plus foi-ble degré d’éleâricrté, quoique in-médiatement après, le premier coup du frottoir lui fit donner des étincelles au doigt, qu’on y préfenta à la diftance de deux ou trois pouces. Peut-être que^e degré d’humidité , qu’il avoit contraélé étoit fort léger, & avoit été enlevé par le frottement.
- Voulant encore répéter l’expérien-
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- iSz H I S T O I R B ce, particulièrement dans la vue de connoître les effets de l’humidité, j'obfervai que l'on ne pouvoit pas appercevoir la moindre apparence de nuage s’attacher au verre, dans le temps qu’il étoit abfolument impof-fible de leleétrifer. Quand on eut chauffé une partie du tube , l'autre étant reliée froide , le même coup du frottoir cleélrifa la partie chaude fans affréter le relie ; cependant alors la partie froide ne paroif-foit pas plus nuageufe que celle qui étoit chaude ; & au moment , qu’on laiffa fortir l’air , le premier coup du frottoir rendit le tout fortement éleélrique.
- Voulant m’affurer fi la condenfa-tion de l’air dans un vafe de verre introduirait néceffairement plus d'humidité que l’air n’en peut tenir en folution parfaite , je conflruilïs une machine de compreffion de verre , de telle forte que je pouvois charger & décharger ' de petites bouteilles dans fon intérieur ; penfant que fi l’air ajouté y faifoit entrer plus d’humidité , il ferait impofible de charger une bouteille dans ces circonf-
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- DI l'ELECTRICITÉ. iSj
- tances ; au lieu que fi l’air étoit exempt'd’humidité, cela rendroit la bouteille capable de recevoir une plus forte charge, double dans un air d’une denfité double , triple dans un air d’une denfité triple, &c. En conféquence, je chargeai un tube d’environ neuf lignes de diamètre , & garni à IS hauteur d'environ huit pouces , dans ma machine de com-preffion, qui contenoit un air d’une denfité environ double , & il reçut une charge beaucoup plus forte, qu’on n’auroit pu la lui faire prendre en plein air , & deux fois auffi grande, autant que j’en pus juger par le bruit & par l’éclat de lumière. A la fin ,1e tube creva par une décharge fpontanée , .aptès avoir été chargé & déchargé trois ou quatre fois dans l’air condenfé. 11 n’eft pas probable qu’il eût été brifé par aucune charge qu’on eût pu lui faire prendre en plein air. Cette expérience parut déterminer, qu il n’y avoir pas une ' forte dofe d’humidité introduite dans le vaifleau de verre par la condenfation de l’air.
- Je trouvai enfuite, que M. Du-
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- t8+ H i s f o t r î fay & d’autres avaient fait des exe périences fur l’air condenfc ; mais non pas avec-toutes les circonltances rapportées ci-deflus.
- Quelques Eleétriciens de mes amis penfent que la railon pourquoi un tube, rempli d’air condenfé ne peut pas être éleélrifé, eft que l’air denfe qu’il contient empêche fe fluide électrique de fortirde la futface intérieure du tube ; ce qui fait qu’il ne peut pas en entrer dans la furface extérieure ; & que de chauffer le tube , rend l’air qu’il contient moins électrique , & le tube auffi ; en conséquence de quoi, il laiffe échapper plus facilement le fluide d’un côté ,. & l’admet plus aifément de l’autre ; mais fur ce» principe comment peut-on éleétrifer un bâton folide de verre !
- Me figurant qu’on produirait une plus grande quantité de feu éleétri-que par le frottement des plus grands globes, que par celui de globes d’une grandeur ordinaire, je me procurai le 14 Avril 1766, un globe de dix-fept pouces & demi de diamètre. Il n’avoit qu’un feul goulot, & étoit
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- Di i‘Elïetb.icité. 185 très bien fait ; feulement, comme il étoit un peu trop gros pour l’embouchure du fourneau, il s’étoit attaché à fon équateur un petit charbon , qui quand on l'en détacha, y fit un petit trou. Cela défigura un peu le globe; mais je n’imaginai pas que cela pût nuire beaucoup à fon élcélri-fation , de forte que j’efpérois encore acquérir par foamoyen unepuiflan-ce prodigieufe d’éleélricité. Mais quelle fut ma furprife, quand après l'avoir fait monter du mieux qu il me fut poffible, & avoir eflayé pendant deux heures entières toutes les efpeces de frottement, dans les cir-conltances les plus favorables à l'élec-trifation, j’en pus à peine tirer la plus petite apparence de feu ; les éincelles du premier conduâeut étoient à peine vifibles.
- Ayant infirmé le Doéleur Franklin de mflHpeu de réuffite , il me confeilla èWKiire dépouiller le glo-
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- iS<i Histoire appeîler la couverte , eft ufé. En effet je fis cette opération, & ce fut un travail extrêmement pénible. Ce qui augmenta beaucoup mon chagrin , c’eft que tout ce travail fut de la peine perdue ; car le globe n’en eut pas plus de pouvoir éleétrique qu’au-paravant.
- Défefpérant de pouvoir rien faire de ce globe , je le mis i l’écart ; Se le ai de Mai j’en pris un autre d’environ quatorze pouces de diamètre. En fouillant ce globe, on évita foi-gneufement toutes les circonftances que je pus imaginer avoir contribué au mauvais fuccès du premier. Le premier avoit été fait d’une matière qui avoit demeuré long - temps en fufion, parce qu’on m’avoit dit que les globes faits d’une pareille matière , étoient toujours les meilleurs
- Î'our l’ufage éleélriqu^ Celui-ci fut oufflé au commence Au de la fonte , temps oïl les ouvfllfc difént que la matière eft le plus tranfparente, & le plus exempte de toutes fortes d’imperfeefions. Le premier avoit été chauffé pendant tout le temps qu’on mit à le faire, dans’un en-
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- d£ l*Electricité. 1S7 droit où on jettoit fouvenf du bois & du charbon pour entretenir la chaleur. Celui-ci fut tenu à l’abri des fumées de tout aliment du feu quelconque. Rien ne pouvoit être plus fin que la matière de ce globe ; rien de plus parfait que fa forme. Il étoit aum très - bien monté ; ainfi je ne doutois nullement du fuccès. Malgré tout cela, ce globe, s’il eft poffibïe, donna moins de’ feu que le précédent. J'eus recours à tous les moyens dont j’avois entendu parler, ou que je pus imaginer pour le rendre électrique ; tout fut inutile : le tout me fembloit un enchantement.
- Tandis que je fongeois à tout ce que j'imaginois avoir été la caufe de mon mauvais fuccès avec ces globes , je me rappellai qu’un autre globe , que j’avois fait faire pour un ami, d’une matière auffi peu cuite, que celle de mon dernier, & qui n’avoit qu’un pouce & demi de moins de diamètre , rtuffiffoit "fort bien , & qu’il n’y avoir pas d’autre différence apparente entre eux, fi ce-n’eft que le Gen avoit deux gou-un
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- i88 H t s t o i R I travers, & que le mien n’en avait qu'un, & point du tout d'axe. Voulant tout effayer je réfolus de faire percer la virole de cuivre de mon globe, & d’y introduire un petit fil de fer pour lui f'ervir d’axe. Cela fut exécuté ; mais tandis qu’on le perçoit, il fe trouva malheureufc-ment, à ce que je crus alors, mais le plus heureufement du monde en effet, qu’un morceah de ciment dur, de la groffeur d’environ une' petite noix, fut pouffé dans l’intérieur du globe. Quelque fâcheux que Cela fût, j’étois impatient d’effayer ma nouvelle expérience, & je commençai auffi-tôt à faire tourner le globe, avec cet équivalent d’un axe, quoique pendant tout ce temps, le ciment faifoit du bruit, & en falif-foit l’intérieur.
- Je n’eus pas fait tourner longtemps ce globe, fans appercevoir clairement que fa vertu augmentoit. Quelques moments après elle étoit allez confidérable, & je ne doutai pas que cela ne vînt de l’axe : j’avois meme formé déjà une théorie affez plaufible, pour expliquer pourquoi
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- de l’Electricité. 189 un axe étoit néceflaire à un globe de cette groffeur. Voulant neanmoins vérifier le fait, & aflurer ma nouvelle hypothefc , je retirai le fil de fer ; mais à mon grand étonnement, la vertu du globe n’en fut point du tout diminuée : au contraire , elle continua de croître ; & lorfque le ciment fut bien broyé & difperfc, au point d'avoir donné une efpece de doublure au globe , fa puifl'ance devint extrêmement forte , & il fit auffi bien qu’auctin globe que j’eufie jamais vu. Dans cet état, je remarquai qu’aprés avoir éleélrifé une partie quelconque de la furface, les petits morceaux de ciment qui étoient dans l’intérieur, fautoient en s’éloignant du doigt ou de tout autre conducteur qu’on préfentoit en dehors , à la diftance d’environ deux pouces.
- Ayant fait de cette maniéré imprévue , une réparation parfaite à ce globe, je remontai le plus grand; & conlïdérant que le ciment n’agif-ioit probablement que comme au-roit fait toute autre doublure électrique , j’y fis entrer un peu de fou-
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- ijo Histoire de foutre ; & je trouvai que fitôt qu'il y en eut alfez pour le rendre à demi opaque, il réufliît parfaitement bien.
- Dans cet érat, ce que fit voir ce globe, fut fort remarquable à plu-lieurs égards. La partie qui étoit frottée ne retenoit point de foufre , excepté aux endroits où le poli avoit été enlevé en quelque forte, par l’émeri, dans la première opération. Ces endroits étant circulaires, le foufre qui s’y étoit amafle, repréfentoit les bandes de Jupiter. L'hcmifpherc oppofé au goulot étoit chargé de deux fois autant de foufre que l’autre , & dans l’un & l’autre hémif-phere , la couche de foufre étoit plus épailfe à mefure qu’elle s’éloignoit de l’équateur.
- J’y mis enfuite une fois autant de foufre qu’auparavant, ce qui doubla également l'enduit par tout, mais lailfa deux ou trois gros tas dans des endroits particuliers de la circonférence de l’équateur , où on le frottoir , & où je ne pus cependant ap-percevoir aucun défaut de poli. Après quoi, faifànt tourner le globe, je
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- be l'Electricité. i9i trouvai que fa venu étoit prefque entièrement détruite; & même i’a-malgame ne put la faire revivre. En tâchant de tirer le foufre hors du globe , j’y fis un grand trou ; & le nouveau globe fut brifé aulG le même jour par un morceau de ciment dur, qui tomba dedans. Ces accidents rendirent mes expériences imparfaites.
- Je me propofai enfuite d’avoir un autre grand globe avec un feul goulot, & un grand trou au côté oppofé , au moyen duquel je pufle ailémenty introduire différents corps, & les en ôter , afin de trouver la caufe des phénomènes ci-deffiis. Mais craignant que cette fuite d'expériences ne fût un peu trop coûteufe , & à la fin n’aboutît à rien , je me défit-tai à regret de l’entreprife.
- J’eus cependant dans la fuite l’oc-cafion de tenter quelques expériences fur un fphéroïde de verre, d’environ un pied de diamètre , à une des extrémités duquel je fis faire un alfez grand trou , par où je pou-vois introduire ma main dans l’intérieur , & que je pouvois laiffer ouvert ou fermé , à volonté, pendant
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- Iji Histoire qu’il tournoie. L’autre bout étoit garni d’une virole de cuivre & d’une poulie , pour pouvoir l’adapter à la machine. Les expériences, que je fis par ion moyen , ne m apprirent point ce que je cherchois à découvrir ; fa-voir ,1a caulè de la non-éledrifation des grands globes dans les circonf-tances ci - devant rapportées ; parce que ce fphéroïde fut éledrifé fans aucune doublure électrique. Mais cependant il efl: poffible que le lecteur les juge dignes de lui être communiquées à d’autres égards.
- Je mis d’abord dans l'intérieur mon mouchoir , & différentes autres fubf-rances non électriques ; & je remarquai que tant qu’elles fc tinrent en un tas, & ne fe difperferent pas de différents côtés du globe en même-temps , cclancnuifit pas beaucoup à l’éledrifation ; mais quand mon mouchoir , &c. fe développa , & s’étendit fur la furface du fphéroïde, l’é-ledtrifation fut prefque entièrement arrêtée.
- J’y verfai une certaine quantité de vifargent;& tantquele mouvement du fphérpj'de fut modéré & permit au vif-argent
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- DE L’EïïCTtUCITi. 19} vif-argent de refler au fond, ou de ne monter qu'à une petite hauteur , le fphéroïdé rie s’éleélrifa que fort peu, & encore moins quand le vif-argent s’étendit davantage fur ùire portion confidérable de la furface intérieure , quoique fans partager fon mouvement. Mais quand le mouvement du fphéroïdé fut aflez rapide pour fe communiquer au vif argent, de forte qu’ils n’avoient plus de vî-tcffe relpcéfivc , la vnrtu fe rétablit toujours un peu ; mais l’éleélrifation fut encore fort foible.
- Du verre poli, & d’autres corps éleâriques -, n’eurent pas un effet fenfible, non plus qu’un certain nombre de plumes à tuyau , ou une grande quantité de duvets de plumes , quoi qu’ils fe difperlaffent fur le champ, & couvrirent tout l'équateur du fphéroïdé.
- J’ajouterai à cette léétion fur l’é-leéjtrifation, que je fis tourner une fois un globe,fort mince, de 6 ou 7 pouces de diamètre , /ait pour pe-fer l’air, & qui n’avoit pas le quart de l’épaifleur des flacons de Florence ordinaires. Il fut éleélrifé très-Tom, Ul, I
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- 194- Histoire fortement par un cuir qui avoit trempé dans un mélange de iuif &: de cire , Se dans lequel on avoit fait une certaine quantité d'amalgame. Je parvins avec ce globe à faire décharger d'elle-même ma jarre.ordinaire fur plus de cinq pouces de fa furface extérieure, ce que je regarde comme une forte preuve de fa puiflance. 11 paraît rélulter de cette expérience, que le peu d’épaifîeur des globes de verre ou des tubes, n’eft point du tout un empêchement à leur puiifance électrique.
- Dans le cours de ces expériences, j’ai lu la relation de M. Bergman , fur la maniéré dont il bonifia un globe par une doublure de fojifre fondu , & je m'ctois propofé de l’ef-fayer en finiflant, parce que l’opération eft défagréablej mais je me fuis trouvé obligé de m'en départir de la maniéré décrite ci-deifus.
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- DE l'ÎEECTMCItÉ. \ÿ\
- PARTIE VIII.
- SECTION IL
- Expériences qui prouvent un courant d’air [144] partant des pointes des corps Electrifés , Jbit positivement, foit négativement.
- Pendant un cours d’expériences clettriqucs que, je faifois pour amu-fer quelques amis, un de la com-
- [144] Ce que l'on appelle ici un cou-rànt et air t n'eft'pçn qicins que; dej’air. Ce n’ert: pas du moins un air groflier, tçi. que celui, que npus rçfpirqnsj car, on fait, ( 8c il feudroiç jetre bteq ignorant pour ne lepas fa-Voir) .qii’ua pareil aie ne pâlie point au travers des pores des métaux. Si l’on difoit que c‘cft un air très-fubtil , qui pénétre les pores
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- t96 H: I S T O I R. E pagnie préfcnta par hafard à ma main un fil de fer pointu, tandis que j'é-tois monté fur le tabouret, je fus furpris alors de fcntir .un vent frais qui en fortoit, quoique, fifivant la théorie du Dodeur Franklin, lecou-rant du. fluide allât de ma main à la pointe. Alors je préfentai mon nez à la pointe, & je fentis la même odeur forte dé phofphore, que. fi la pointe .eût été èlçclrjfce poftti-vement. Çes faits nie firent confie» .voir des doutes fur la direélion du courant., & fur les principes de la théorie du Doéleur Franklin; & nie conduifirent à faire le cours d'expériences .fuivantçs , qui ne prouvent rien contre cette théorie ; niais qui étàbliflenf un vrai courant d'a'ir partant des pointes de tous-les corps éleftrifés [i+j].
- de tous les corps j alors jé dirais qùèdetâir très-fubtil eft là matière éledrique. Auflî ce courant que Ton-rëffén t eh para»! cas, eft vraiment un courant ]de ' mâtïeië éleéhique;
- [!4î] Comment fe’ peut-il faire que des expériences qui prouvent clairement Un fait directement oppofé à la théorie du J?o€ÿ
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- ni l'E lICTlUCI TÉ. îÿ?
- Pour m’affurer de la route du fluide éleârique , je commençai par décharger de grands coups à travers une quantité d’eau , fur laquelle na-geoit de la pouffiere ; & j’éleétrifai des fils de fer pointus , inférés dans des récipients fermés, remplis, de fumée, &c. Mais ces expériences ne déterminant rien , je me rappel-lai à la fin , que la flamme eft de tous les corps, celui qui eft le moins fenfiblement affeâé par l’attraâion ou la répulfion éleârique ; mais qui l’eft le plus facilement par la moindre haleine de vent, & je ne doutai point alors que le courant d’air ne fût dans la direction du fluide , étant pour ainfi dire , - pouffé par lui.
- teur Franklin, ne prouvent rien contre cette théorie ? M. Franklin foutient. qu’il ne fore abfolument rien des corps éleârifés négativement : les expériences fuivantes prouvent évidemment qu’il y a: une matière qui fort de ces corps |i donc ces expériences prouvent contre cette théorie. Ce qu’on peut dire de certain ; c’eft que le raifonnement de l’Au-? teur prouve bien fou inconféquence. *
- i üj
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- ijS H i s ï -o i R i
- Dans cette intention , le i; Février, je préfentai la flamme d’une chandelle à un fil de fer poyitti, éleârilé tantôt négativement, tantôt pofitivement. Le fouffle fut afl’ez fort, dans l’un '& l’autre cas pour dégarnir de flamme la plus grande partie de la mèche, la flamme étant chaflée loin de la pointe ; & quelque ibis une allez grofle chandelle pouvoit être éteinte par ce fouffle -, mais dans tous les cas, l’effet fut le même , foit que le fluide éleétrique fortît de la pointe, foit qu’il y entrât
- En plaçant la flamme entre deux pointes, dont une communiquoit avec le premier conduâeur éleârifé pofitivement, & l'autre avec le plancher , la flamme fut loufflée de celle qui communiquoit avec le conducteur fur l'autre ; mais pas fi loin que
- #7- [14s] Peut-on croire qu’un fluide, qui ne feroic qu’entrer dans la pointe, chaufferait la flamme loin de là pointe ï En pareil cas, il poufferait plutôt la flamme vers la pointe. Puifqu’il la chafle toujours ; donc «ans l'un & l'autre cas il fort de la pointe.
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- DS t’ËjLECTRIClYi. Ijp
- (5 l’autre n’y eût pas été. En changeant les pointes, l'effet fut toujours le même , foie que celle qui com-muniquoit avec le condu&eur, fût la plus pointue ou la plus émouf-fée, la flamme s’en écartant toujours.
- En renverfant cette expérience, & faifant communiquer une des pointes avec le frottoir, & l’autre ayec le plancher, la première fouffla toujours la flamme vers la dernière. II fut évident néanmoins, que la pointe qui communiquoit avec le plancher, louffloit pareillement : car elle contrebalançoit l'autre j & quand on l’approchoit de la flamme, elle l’éle-voit prefque perpendiculairement , lorfque l’autre pointe l’avoit fépi-rée de la mèche.
- En plaçant la flamme entre deux pointes , dont une communiquoit avec le frottoir, & l’autre avec le conduâeur, elle étoit également af-feéfée par les deux , étant toujours foufflée par la pointe dont elle étoit la plus proche.
- 11 faut remarquer, que quoique le courant d’air partant des poin-I iv
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- 200 H I 5 T 'O I lu
- tes , afïeéfcât la flamme d’une façon fi fenlible, cependant une petite portion de cette flamme , quand on la plaçoit bien près de la pointe, en étoit fortement attirée, tandis que Ja plus grande partie étoit fournée dans un fens contraire par le courant d’air. Cet effet fut toujours le même , foit que la pointe fut élec-trifée pofitivementou négativement \ cependant je crus voir , que la pointe négative attirait la flamme plus fenfiblement que rautre [147J.
- «8CP [147] Toutes ces expériences, & la plupart des foivantes, prouvent très-clairement ce double courant fimultanée de matière éleélrique , partant de tous les Corps éle&rifés , de quelque maniéré qu’ils le foient, ainfique des corps éleârifables par communication, qu’on leur préfentej lequel dou--bie courant eft connu fous le nom. d'effluences & affluer ces fimultanées , établies par M. T^Abbé Nollet Malgré cela l’Aüte'ür aime 'mieux fuppoferune chofe impofliblej favoir, que l’air pénétre & .paffe au travers de tous ces -çqr-ps, fans même dire ni pourquoi ni comment , que- d’admettre ce double courant-4e matière éle&rique , que cependant il voit clairement ; parce qu’il eft oppofé à l'opinion de fon- compatriote. Partialité impardonnable à un Hiftorien,
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- DE L’EiECTKICITf. ÎOI
- Pour taire fouffler les pointes plus fortement, en ligne droite, je les renfermai quelquefois dans de petits tubes de verre. 1
- Après cela je variai cette expérience de la maniéré fufvànte. je chargeai l'intérieur d’une petite jarre politivement ; énfuite la pofant lue un guéridon de verre , en contaét avec un fil de fer pointu , je plaçai la flamme d’une chandelle à un pouce de la pointe, & je.touchai le fil de fer de la jarre , avec une baguette de cuivre que je tenois à là main. Chaque fois que j’y touchois, la flamme étoit foufflée fortement par la pointe. Quelquefois la chandelle auroit été éteinte ; mais une autre pointe que l’on tenoit visà-vis , fou-tenoit la flamme ; & plus fortement fi cette pointe'étoit reunie à la baguette avec laquelle je touchois le fil de fer de la jarre. En chargeant 1* jarre .négativement en - dedans , tous tes effets furent les mêmes. En déchargeant la jarre à travers les pointes, la flamme étant placée en droite ligne entre elles, elle fut agi-
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- ici H i.i i s i » .1
- tée ; mais fans être foufflée d’un côté
- plus que de l'autre.
- Pour détruire tout l’effet de l’at-traâion & de la répuffion éledri-ques, & laiffér le courant d’air agir leul., j’interpofai des morceaux de fil de laiton , communiquant avec la terre, entre les pointes de fil de fer & la flamme ; & je trouvai que le vent en étoit plutôt augmenté que diminué.
- Ayant fait part de ces expériences au Doéteur Franklin, il me confeil-la d’effayer la force de ce courant fur des girouettes de papier, telles qu’il les a décrites dans fes lettres ; car félon lui, elles fembloient tourner indifféremment d’un côté ou de l’autre , (elon qu’il leur arrivoit de commencer d’abord. En conféquence , je pris un morceau de Iiege , & j’enfonçai dans fes côtés treize girouettes , qui étoient chacune la moitié d’une carte, bien féchées , & qui partoient chacune du centre du liège. J’enfonçai dans ce liege une aiguille , par le moyen de laquelle je fufpendis le tout à un aimant.
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- DE l’ELECTElieiif. iOj
- Je tins ces girouettes à deux ou trois pouces d’un fil de fer, communiquant avec la garniture extérieure de la jarre, placée fur un guéridon éleétrique, de la maniéré qui a été décrite ci-deflus ; & j’obfervai, que toutes les fois que je tirois une étincelle du fil de fer , communiquant avec l’intérieur, les girouettes étoient fortement foufflées & contraintes de tourner, comme fi le courant d’air étoit-venu de la pointe ; tandis que füivant la théorie du Doéieur Franklin , le fluide éleélrique s’y introdui-foit. Si on les faifoit tourner dans un fens contraire , le courant les ar-rêtoit auffitôt, & ne manquoit jamais de les faire reculer , & de les faire enfuite mouvoir comme auparavant [148].
- Quand les fils de fer communiquant avec le plancher , furent placés entre les girouettes & la pointe, pour détruire toute l’attraâion &c
- £3" [148] Ce qui prouve très-clairement que le fluide fortoit de cette pointe, & par conféquent que la théorie du Docteur Franklin ch mal fondée.
- I Vj
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- ïo4 Histoire la répulfion éleéiriques, les girouettes continuèrent à fe mouvoir auffi vivement que jamais. Lorfque la jarre étoit affez fortement chargée, on pôuvoit rendre lé mouvement des girouettes fi rapide, qu’on avoit peine à les diltinguer les unes des autres ; le tout paroiflant tourner comme un folide.
- J’obferv*i de plus, que les girouettes tournoient très - vivement, non-feulement quand je les tenois proche de la pointe, mais auffi quand je les tenois à la diftance de fix ou fept pouces des côtés du fil de fer, que je failois quelquefois d’une longueur confidérable. D’un côté du fil de fer , le courant faifoit tourner les girouettes dans un fens ; & de l’autre côté, dans un fens contraire: & en les changeant promptement de côté, leur direétion pouvoit être changée plufieurs fois pendant la décharge d une petite jarre.
- Je fis avancer les pointes de deux côtés en même-temps, & je remarquai que les deux courants étoient lèmblabies & pareillement quand les pointes faifoient entr’elles un an-
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- bï -l'Electricité. îoj gled roit. Dans cette polition des fils de fer, on oblérvoit avec plai-lir, que les girouettes fe mouvoient d’un côté quand je les tenois proche des fils de fer, & qu’elles chan-
- teoient fubitement, & tournoient ans un - fens contraire , quand on les rapprochoit de l’autre.
- Jufqu’ici j’avois fait mes girouettes d’un papier extrêmement lec, pour qu’elles fuffent moins affeâées par l’attraélion & la répulfion éleâri-ques , Sc afin de rendre ainfi le courant d’air moins équivoque. Mais-M. Canton , m’ayant demandé d’ef-fayer des girouettes qui fuflênt conducteurs , je trempai d’abord dans l’eau mes girouettes de papier, & enfuite je fis avec du clinquant une fuite de girouettes de la même forme que les autres. Ces girouettes étant des conducteurs d’éleétricité , rendirent plus libre le courant de la matière éleârique , & confé-quemment en occafionnant un plus grand mouvement dans l’air, elles tournèrent avec plus de rapidité que les précédentes. Lorfqu’elles étoient ifolées, elles étoient affeétées préci-
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- 10 fi H I S T O I R S fément comme l’avoient été celles de papier fec.
- Avec ces girouettes je variai l’expérience d’une maniéré qui fit voir plus clairement qu’auparavant, cjue le courant étoit le même malgré le changement d’éleâricité. J’ifolai une jarre , de la garniture extérieure de laquelle partoit un fil de fer, Si j’approchai les girouettes de clinquant de fon extrémité. Tout le temps que la jarre fut à fe charger, les girouettes tournèrent avec une grande rapidité , comme fi elles euflent été poufleespar un vent, fortantde la pointe. En tenant la jarre, le fil de ter pointu & les girouettes dans la même ficuation, Si déchargeant la jarre par degrés, en touchant de temps à autre le fil de fer qui communi-quoit avec le dedans, les girouettes tournèrent toujours dans le même fens, Si autant qu’on le put ap-percevoir, avec la même force.
- Pour varier l’expérience, je plaçai une jarre chargée fur un tabouret porté fur des pieds de verre , un fil de fer pointu fortant de la garniture , avec une certaine quantité
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- BE L'ftïCT&ICITé. 107 de limaille de cuivre devant la pointe, & une chaîne de cuivre communiquant avec le terrein du côté op-pofé à celui oüétoit la limaille. Dans cette pofition, chaque tentative que je fis pour décharger la jarre, jetta loin de la pointe une quantité con-fidérable de la limaille, qui fut élevée de fept ou huit pouces de haut, & foüfflée à une diftance allez grande. En ôtant le fil de fer pointu de la garniture de ,1a jarre, & le réunifiant avec la chaîne, les mêmes tentatives pour la décharger , fouf-flerent la limaille fur la jarre. En me férvant de deux pointes , l’une à la jarre, & l’autre à la chaîne, la limaille fut agitée & enlevée; mais fans être foüfflée d’un côté plus que de l’autre. La fleur de farine nt à peu-près le même effet [149].
- ptr* [145] Si M. Prieftley eût eu intention dé prouver l’exiftence des effluences & effluences pmultanées de M. l’Abbé Noller, & ie ridicule de la diftinétion des deux électricités polîrive 8c négative, il n’auroit pas pu mieux s’y prendre; car fes expériences prouvent très - clairement l'une & l’autre.
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- io8 Histoire
- Enfin , je fis l’expérience du courant avec des girouettes ions la forme d’un toiunebroche à fumée , qui rendirent auffi bien que les autres. Elles fe mirent en mouvement, quand on les tint à plus d’un pied au-def-fus de la pointe , & pareillement à une diftance confidérable au-delfous, quand on l’eut tournée en en-bas.
- Apres avoir fait ces expériences, je lus dans le traité de M. Wilfon fur l'éleéfricité , que les girouettes ne tourneraient pasdans le vuide. Je l’el-fayai, & trouvai le faic véritable ; je découvris en même-temps, qu’elles ne tournoient pas même dans un récipient fermé, quoique plein d’air; mais où l’air n’avoit pas une circulation libre.
- Le courant d’air fortant des pointes des corps éleétrifés en plus ou en moins, n’eft pas plus difficile à expliquer dans l’hypothefe du Doéfeur Franklin, de l’éleâricité pofitive &
- Malgré cela il ne veut pas en convenir, par les raifons que j’ai dîtes ci-delîus, Note 147.
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- de l'Electricité. 209 négative, que tout autre cas de ré-pulfion électrique. Les particules de l’athmofphere qui font auprès des pointes des corps éleétrifés, ayant pris par leur moyen plus ou moins que leur portion naturelle du fluide électrique, doivent fuivant la règle donnée ci deflus, fe porter aux endroits où elles peuvent le décharger ou fe charger elles-mêmes, félon le beloin. Si l'on demande pourquoi les particules de J'athmofphere iic s'écartent pas de toutes les parties du corps éleétrifé , aufli bien que des pointes ; on répond que, comme la preflïon de l’athmofphere ne permet pas qu’il fe faffe de vuide, & comme l’attradion & la répul-fion éledriques font très - puiffantes aux pointes des corps , parce que le fluide entre ou fort plus aifément aux pointes de quelques principes que cet effet dépende ) , l’athmofphere éledriféef négativement ou po-iitivement, peu importe, ) doit s’écarter des pointes plutôt que de-tout autre endroit , & le poids de l’athmofphere force l'air des endroits voi-fins à fe rendre fur les parties plat-
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- Xio H I 5 t O I K È tes du conducteur éledrifé; malgré les efforts qu’il peut faire pour i’en écarter [150].
- ^ [ifo] Je laifle ati le&cur à réfléchit fur cette explication. Après quoi je lui demanderai s’il trouve qu’elle rende bien rai-Son de ce vent, que l’on fent fortir des pointes des corps éle&rifés , foit pofitivement , /oie négativement, ainfi que des pointes des corps éle&rifables par communication , qu’on préfente aux corps électrifés ? Les effluences 6* affluences de M. l’Abbé Nollet, ne rendent-elles pas beaucoup plus clairement & plus Simplement raifon de ces faits ? Pourquoi donc n’en pas convenir ? pourquoi donne*- ainfi la torture au rationnement, pour tâcher d’expliquer un fait qui prouve le contraire du fyftême qu’on a adopté ? Enfin, pourquoi ne pas abandonner ce fyftême des deux éle&ri-cités, pofitive & négatives puifqu’il efl: fi mal fondé? ,
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- D i l’Eiectri CITÉ.
- PARTIE VIII.
- SECTION III.
- Expc'rienccsfur V air Mophètiquc , & fur le Charbon.
- J'ai rapporté plufieurs exemples des erreurs des autres; pour montrer que je ne prétends pas m'épargner moi-même , je vais aéluellement en rapporter une des miennes. Je n’aurois cependant pas parlé de cette méprife , fi elle n’eût pas conduit à une découverte réelle.
- Ayant lu & trouvé par ma propre expérience , qu'une chandelle ne brûlerait pas dans l’air qui a pafle à travers un feu de charbon, ou parles poumons des animaux , ou dans cet air que les Chimiftes appellent air mophêùque , je confidérai quelle forte de changement il éprouvoit en paf-
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- fant par le feu , ou par les poumons, &rc. & s’il n’étoit pas poffible de le rétablir dans fon premier état, par quelque opération ou par quelque mélange. Pour cet effet, je lui communiquai un grand mouvement in-teftin ; j'y fis entrer une quantité de matière élcttrique , fortant de la pointe d’un conduéteur , & je fis-fur lui différentes autres opérations ; mais Tans aucun effet.
- Entr'autres expériences, j’y plongeai une bouteille chargée ; mais quoique je, ne m’apperçuffe pas , quelle produisît aucun effet fur l’air, je fus furpns de trouver, en retirant la bouteille , quelle étoit entièrement déchargée. J’imaginai cependant alors que cette décharge avoit été caulëe par quelcfüe imperfeâion dans la maniéré de faire l’expérience, à laquelle je ne pouvois pas aifément remédier.
- Enfuite concluant d’après quelques expériences, qui me font particulières, & d’après quelques autres du Doéteur Macbride, que cet air mqphétique netoit pas de l’air ordinaire ; mais un fluide d’un genre par-
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- DE l’EiECTRICITÊ. El} ticulier , qui avoit plufieurs propriétés fort différentes de celles de l’air ordinaire , je fongeai à reprendre mes expériences pour m’aflurer s’il n'étoit pas-différent de l’air ordinaire , par rapport à l’éledricité ; l’air mophéti-que étant peut-être un conduéfeur , au lieu que l’air ordinaire eft un non-condttdeur.
- En conféquence , dans le courant de Janvier 1766 , je remplis un récipient , qui étoit ouvert par le haut qtii tenoit environ trois pintes , d’air fortant de mes poumons, & avec toutes les précautions dont je pus m’aviler, j’y plongeai une petite bouteille chargée. En la retirant après quelle y eut refté environ deux fécondes, je la trouvai tout-à-faic déchargée, précifément comme cela ferait arrivé, fi je l’a vois plongée dans l’eau. Je répétai l’expérience plufieurs fois , & toujours avec le même fuccës. De crainte que je n’eufle déchargé la bouteille de façon ou d’autre en la pafiant dans l’ouverture du récipient, je changeai l’air; après quoi j’y introduifis la bouteille chargée comme auparavant , à.
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- 1*4 Histoire plufieurs reprifes ; mais jamais je ne trouvai fa charge diminuée. D'où je conclus que dans le premier cas, elle devoir avoir été déchargée par la qualité de l'air qui étoic dans le récipient.
- Comme il me reftoit encore quelque foupçon, que la bouteille pût avoir été’déchargée par l'humidité qui s'étoit mêlée avec l’air en fortgnt de mes poumons {quoique je nedou-tafle pas que ce qui s’y crouvoit d'humidité, ne fût promptement : attiré par les parois du vafe de verre ’, de maniéré à en lailfer le centre dégagé , & que je ne crufle pas que l'humidité qu’on pouvoit fuppofer- contenue dans l’air, fût capable de décharger la bouteille fi promptement) je répétai auffi-tôt l’expérience avec de 1 air que je crus ne pouvoit; être fuupçonné contenir de l’humidité,
- Je remplis le même récipient d’air tiré du centre d’un feu de charbon, & en y plongeant la bouteille chargée , comme j’avois fait auparavant, je la trouvai auffi complettement déchargée que dans le cas précédent. Je répétai auffi cette expérience quan-
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- BB t’ELECTRielTi. llf tité de fois, & toujours avec le même fuccês. En changeant pareillement l’air, & y introduifant enfuite la bouteille, je ne la trouvai point déchargée. Il me parut dpnc qu'il n’étoit pas douteux que cet air dans lequel la flamme ne peut pas fub-fifter , fut un conduéieur d’éleûri-cité.
- Je fus confirmé dans cette opinion en plaçant une bouteille garnie dans un récipient rempli d'air mophéti* que, & trouvant qu’il étoit abfolu-ment impoflible de la charger le moins du monde dans cette fitua-tion ; quoi qu'elle fe chargea fort bien, au moment que je la tirai hors de cet air, fans même qu’il 'fût be-foin de l'efluyer; ce qui fembloit prouver que l’impoflibilité delà charger ne venoit d'aucunes vapeurs humides , qui s’atrachaflent au verre.
- Je fus encore confirmé à croire la puiflance conduétrice de l’air mophé-tique, en conlidérant que tous les corps métalliques , qui font les conducteurs les plus parfaits que nous connoiffions, font compoles d’une terre vitrifiable, & de ce que les
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- tiff Histoire Chimiftes appellent phlogijlique, qui n’eft probablement rien autre choie que ce même ait mophétiquç dans un état fixe,
- Croyant avoir fait une découverte complette, & même de quelque importance, après avoir répété bien des fois les expériences ei-deflus, & beaucoup d’autres dans la même intention , il m’arriva une fois de changer l’air mophétiquç pour l’air ordinaire dans mon récipient, fans avoir efluyé l’intérieur du verre, comme j’avois coutume de le faire, quoique je l’euife toujours fait fans autre dçflèin que de changer l’air plus efficacement ; mais alors, quoique l'air; fût fuffifamment changé , en remuant plufieurs fois le récipient de haut en-bas, je o’ÿ eus pas plutôt plongé la bouteille , que je la trouvai déchargée de la même maniéré qu’elle l’avoit été dans l’air mophé-tique. La décharge avoit fans doute été faite par l'humidité de l'intérieur, JPour m’en affurer, j’humeâai le dedans du récipient avec une éponge, & je remarquai qu’ucune bouteille p’y pouvoir demeurer chargée le moindre
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- be l'Electricité. 117 moindre efpape de temps. Cela nie fit voir que les expériences rappor-" tees ci defflis étoient douteufes.
- Le Doéfeur Franklin, à qui j'avois communiqué ces expériences, fe les rappella, quand il alla l’été dernier à Pyrmont, où il- y a toujours une grande maffe d'air mophétique au-deflùs de la furface de la fource médicinale ( car cet air a évidemment plus de pefanteur fpécifique, que l'air ordinaire, & ne lé mêle pas facilement avec lui ). Mais n’ayant pas un appareil convenable, & la compagnie y faifant des expériences qui ne venoient pas au fujec , il ne ‘fit rien qui fut décifif; cependant du peu d'expériences qu’ii put faire , il en conclut que cet air n’étoit pas un conducteur.
- Ces expériences fur l’air mophétique , toutes trompeufes ou du moins toutes incertaines qu’elles croient, me conduifirent cependant à une découverte qui pourra jetter peut-être quelque nouveau jour fur quelques-uns des principes fondamentaux de l’Eleétricité ; & qui cer. îainement fortifie le foupçon que Ton. III. K
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- nS Histoire j'ai eu , que l’air mophétique peut être un conducteur du moins dans fon état fixe.
- Voyant que je ne pouvois tirer aucun parti de l’air mophétique lui-même ( car j’avois tâché de me le procurer de différentes maniérés , mais fans fuccès } , je conlîdérai que c’étoit du charbon que j’en avois tiré la plus grande quantité , & je penfai que je ferois bien d’effayer le charbon lui-même en fubftance. En effet, le 4 Mai 17 66 , j’effayai le charbon de différentes façons, &c en différents états, Si je trouvai comme je l’avois foupçonné , que c’étoit un excellent conduéteur d'cledricité.
- En préfentant un morceau de charbon au premier condudeur, en même-temps que j’y préfentai mon doigt, ou un morceau de fil de laiton, j’obfervai conftamment que l’étincelle éledrique Frappoit le charbon avant l’un ou l’autre des autres condudeurs , pour peu qu’il s’en trouvât plus près qu’eux. A caufe de fa fin-face fort rude , le charbon ne droit pas du condudeur une forte étincelle, à -moins qu’on ne le ren-
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- DE l'EJ-ECTRI CITÉ. Hp dît un peu plus uni, & qu’on ne rapprochât à environ un demi-pouce de diftance ; pour lors il parut faire aufli bien qu’aucun morceau de métal , y ayant un courant continu d’un feu éleétrique denfe & blanc , entre . le conducteur & lui. J’ai eflayé le charbon dans toutes fortes de températures, fans trouver aucunes altérations dans fa puiflan-ce conduétrice.
- J’ai placé pluiieurs morceaux de charbon, au moins douze ou vingt, de différentes grandeurs, dansun circuit , & j’ai déchargé à travers une jarre ordinaire. Alors la décharge parut auffi parfaite, que fi j’avois placé de la même maniéré autant de morceaux de métal. Vers le milieu du circuit, je plaçai deux des morceaux à environ un pouce & demi l’un de l’autre ; mais lors de la décharge , l'étincelle franchit cet efpa-çe fans rien perdre de fa force. Je fis pareillement la décharge , en tirant une étincelle, du fil de fer de la jarre , avec un morceau de charbon ; mais le bruit n’en fut pas.fi éclatant que quand je lis la décharge avec
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- ilO H-J S T O l R. E un morceau de métal. Ce qu’il y eut de remarquable ; c’eft qu'il s’éleva une greffe fumée noire entre chacun des morceaux de charbon , au moment de la décharge ; mais l’inflammation fut momentanée, & je ne pus point appercevoir le feu fur le charbon.
- Pouf prouver la puiflance conductrice du charbon de la maniéré la plus inconteftable, je pris un morceau de bois féché au four, dont je m’étois fouvent fervi pour ifoler, parce que c’étoit un excellent non-conduéteur, & le mettant dans un long tube de verre, je le plaçai dans le feu , & le convertis en charbon, Il s’en éleva pendant cette opération une grande quantité de fumée grof-fiere, de forte que paroiüant fe dépouiller de plus en plus de fon humidité , on fe ferait attendu qu’il ferait devenu un meilleur npn-con-duéleur s mais à l'eflai , fa propriété éleétrique fe trouva tout-à-fait perdue ; il étoit devenu un très-bon con-duâeur.
- Les expériences ci-deflus rapportées furent faites d’abord aveç du
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- bi l'ELECTRicuri. 221
- charbon de bois , dont je trouvai des morceaux qui avoient différents degrés de puiffance conductrice ; mais les plus parfaits conduâeurs que je trouvai dans ce genre, furent quelques morceaux de charbon de terre. Ceux - ci me paroiffent être à tous égards d’aufli parfaits conduâeurs que les métaux, ils reçoivent du principal conduâcur une étincelle forte & brillante, quoique rarement à plus d'un pouce de diftance, à caufe de la rugofité de leur furface, qu’on ne peut pas leur ôter ; & quand on décharge une jarre à travers ces morceaux ou par leur moyen, on n’apperçoit aucune différence en-tr’eitx & les métaux, foit pour la couleur de l’étincelle éleârique, foit pour le bruit que fait l’explolion. Quand on les cafle , leur calibre relîemble beaucoup à celle de l’acier. Il y a cependant une grande variété dans les propriétés éleâri-ques de differents morceaux de eette efpece de charbon s & faute d’une occafion commode, je n’ai pas encore réufli à connoître avec une certitude fuffilànte les circonftances de £ iij
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- m H i s t 8 i H Ï
- la préparation, &c. d’où dépend cette
- variété*
- J’aürois préféré à bien des égards l’examen du charbon de bois ; particulièrement parce que dans ce cas la même fubftance eft convertie , d’un corps éleélrique parfait, qu’elle étoit, en un conduâeur parfait ; & que l’on peut trouver dans différents échantillons tous les degrés de puif-fance conduâriee ; au lieu que le charbon de terre eft par lui - même un conduâeur , quoique impartit [îyx]. Mais n’ayant pas les commodités nécéffaires , j’ai pris des échantillons- de toutes les variétés que j’ai cru trouver dans la même mine de charbon de terre , par rapport à leur proximité ou éloignement de la furface de la terre, &c. mais quoique je les aie examinés
- •StP [iji] L’Auteur vient de dite tout-à-l’heure , que le charbon de terre lui parole 'tre ’ V°“s , un aulfi parfair conducteur qi£»les métaux, maintenant il dit qu’il n’eft qu'un condufteur imparfait. Il eft fâcheux d'avoir (i peu de mémoire : on fe contredit fouvent.
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- de l’Electricité. iîj avec tout le foin & l’attention dont j’étois capable, & de toutes les maniérés qui me font venues dans la tête ; les différences, s’il y en a quelques-unes , ont été fi petites que je n'ai rien apperçu, que j’en puide regarder comme la caufe.
- Je trouve même que les braifes ordinaires tirées d'un feu découvert, provenantes de l’efpece de charbon que nous brûlons communément, ne le cèdent guere au charbon , que l’on laide flamber, & qu’on couvre bien cxaélement auflî-tôt qu’il eft bien brûlé, & avant qu’il fe foit formé aucune cendre. Les charbons & les braifes du feu ordinaire , fe trouvant aifément à portée , je n’ai pas manqué de faire fur eux toutes les expériences que j’ai cru de quelque utilité, excepté que je n’ai pas eu la commodité d’eflayer une variété fuffifante de charbons. J’en ai tiré plufieurs du feu, fitôt qu’ils ont cédé de flamber ; & de ceux-ci j’en ai couvert qiielques-uns de cendres , j’en af éteint d’autres dans l’eau , & j’en ai laide refroidir d’autres en plein air. J’ai réduit auffi quelques
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- iî4 H i s * o i & t morceaux de charbons en braife, dans un vaiffeau de verre, fans les laiffer flamber , j'ai traité de la même façon différents morceaux de chêne , coupés de la même planche ; mais en les examinant, j’ai trouvé que les différences, s il y en a quelqu’une , par rapport à leur puiffance conduétrice de l’éleâricité, étoient fort peu confidérables, j’ai penfé que la braife d'un charbon que nous appelions Kenncl, & qui eft remarquable en ce qu’il jette beaucoup de flamme en brûlant, étoit un meilleur conduâeur, que celle du charbon ordinaire ; mais la différence peut venir de ce qu’il a la contexture plus uniforme , & la furface plus unie. Le charbon qui jette une odeur forte & fulphureufe en brûlant, & de laquelle ce qui relie n’eft pas même tout à fait dépouillé, a paru être un aufli bon con-dtiéleur , que celui de l’autre efpece qui eft pins elltmé.'
- Je me fuis trouvé fort embarraffé moi-même dans ce cours d’expériences pour trouver une méthode fuffi-famment exaéle, à l’effet d’affuret
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- de i’Eiectricit! 215 la différence des fubftances conductrices; Sc jedéfircroisque les Ele&ri-ciens travaillaient à cette recherche. Une des meilleures que je connoif-fe , & que j’ai, entre autres, appliquée dans cette occafion , eft le réfi-du des décharges, rnefuré par l’élec-trometre de M. Lane. On fait fort bien que plus les conducteurs qui forment le circuit font mauvais, plus eft grand le réfidu qui demeure dans une bouteille après la décharge , & l’éleârometre de M. Lane , qui mefure une explofion , me-forera pareillement le réfidu. Pour appliquer cette méthode avec exactitude, j’ai placé dans le circuit des morceaux de charbon, &c. de même longueur ; je me fuis fervi de la même chaîne dans chaque expérience, & j’ai employé la même difpo-fition de chaque partie de l’appareil ; j’ai aufli rendu les exploitons exaélement égales; & après chaque décharge j’ai complété le circuit par la chaîne avant que de prendre le réfidu ; enfin j’ai eu grand foin de mettre le même temps à chaque opération, -, ce que j'ai répété un grand
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- ii6 H J s T o i ». I nombre de fois. Cette méthode de mefurer la puilïance conductrice des fubftances, eft celle que j’ai apprife de M. Lane, à qui je dois renvoyer mon lecteur , fi ce que j’ai dit, n’ell pas tout-à fait intelligible. D’un autre côté, fi j’en ai trop dit, cet ingénieux Electricien doit s’en prendre à lui-même pour avoir tant différé à publier la defcription de fon cleétro-metre , & de fcs différents ufages.
- En fuivant ces expériences fur le charbon , j’en brûlai un morceau , que j’avois trouvé être un très-excellent conducteur , d’abord entre deux creufets, & enfuite à feu nud, & je l’effayai différentes fois , juf-qu’à ce qu’il fut prefque entièrement brûlé ; mais contre mon attente ,’jS' trouvai l'a propriété fort peu diminuée. Je fus furpris pareillement de trouver que la fuye foit du charbon de bois, foit du charbon de terre, ne tranfmetroit prefque point du’ tout l’éleCtricité. J’employai la loni; gueur de cinq ou fix pouces de (ùyc, de charbon de terre, pour faire partie du circuit électrique, quiéràa bliffoit la communication entre l’in-
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- DE l’Eü'CTRlClll 11? térieur & l’extérieur d’une jarre chargée ; ce qui dura plufieurs fécondés & cependant je trouvai que là charge n’etoit pas diminuée de beaucoup, un morceau de fuye de bois , qui eft une fubftance ferme & luifante, qui ne lalit point les doigts, & qui paroît avoir la fraâure polie en plu-fieurs endroits , conduirait difficilement aucune portion d’une charge dans le degré le moins fenfible. En le frottant contre ma main ou contre ma vefte pendant un temps de gelée ( quoiqu’il fût difficile d’y trouver quelque portion aflTez grande & alfez lifle pour cela ) il m’a paru plus d’une fois qu’il attirait le fil d’épreuve. La mèche d’une chandelle ne tranfmettroit pas une commotion , quoiqu’elle fut placée au milieu du circuit , & elle fut aifément mife en feu par l’explofion d’unè petite jarre.
- Cependant, malgré mon peu dé fuccès, je ne doute nullement que quiconque , qui, avec un peu de lagacité , aura la commodité de faire des expériences dans un laboratoire , où il pourra réduire en char-
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- Il8 H I S T O I R-E bpn toute forte de fubftances, par différentes méthodes, ne parvienne bientôt à s'affurcr de ce qui rend le charbon conduâeur d'électricité. Dans toutes les méthodes dont je me fuis fervi pour faire du charbon , je Iaiffbis échapper les vapeurs ; mais que l'on effaye les fubftances réduites en charbon fans aucune communication avec l’air extérieur, ou bien quand les vapeurs qui en fortent, rencontreront différents degrés de réfilïance à leur évafion, qu'on s'en affurc par une preflion aâuelle.
- Outre fa propriété de conduâeur d’éleétricité, le charbon eft à bien d’autres égards une fubftance fort finguliere -, il n'y a aucun moyen de le détruire , qu’en le falfant brûler en plein air , & cependant il ne paraît pas qu'aucun Chymifte l'ait encore fuffifamment étudié. Un examen convenable d,e cette fubftance promettrait beaucoup , non - feulement pour déterminer quelle eft la caufe de fa qualité conduârice, & peut - être de toutes les puiffances conductrices ; mais encore pour ou-
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- CE l’ElECTRICÏTÉ. îîj.
- vrir le chemin à différentes autres découvertes importantes dans la Chy-mie, & la Phyfique ; & cette matière ne paraît pas difficile à déterminer.
- Le charbon de terre , & probablement toutes les autres fubltan-ces, en même - temps qu'elles perdent beaucoup de leur poids , augmentent confidérablement de volume en. le réduifant en charbon. Ne femble-t-il pas fuivre de là , que la vertu conduârice du charbon peut être occafionnée par la grandeur de fes pores , fuivant l’hypothefe du dofleitr Franklin , que les fubftances éleétriques ont les pores extrêmement petits, ce qui eft caufe qu’ils font liffes dans l’endroit de la fracture!
- Ou bien, puifque les chaux des métaux , qui font des' corps éleétri-qucs , deviennent métaux & con-duâeurs , lorfqu’on les fond en contait avec du charbon , les métaux eux-mêmes ne font-ils pas con-duéteurs d’éleâricité , en conféquen-ce de quelque chofe que le charbon leur communique ! Cette chofe com-
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- ijo Histoire muniquée n’eftelle pas l'air mophé* tique, puifaue les Chy milles modernes fuppolent que c’eil tout ce que les chaux métalliques demandent pour leur revivificatipn !
- Cependant cette fuite d’expériences renverfe évidemment une des maximes des plus anciennes , & jufqu'ici univerfellement reçue en éledricité; lavoir, que Veau & les métaux font conduéteurs, & tous les -autres corps non - conduéteurs. Car voici une fubftance qui clairement n'eft ni eau ni métal, & qui eû cependant un bon conduéleur.
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- DE L’ElECTRICITf. 1JI
- PARTIE VIII.
- SECTION IV.-
- Expériences fur la puiffance conductrice des différentes Jubf-iances.
- Trquvant quelque contrariété d’opinion parmi les Ele&riciens fur la nature de la glace, les uns la regardant comme un conduâeur d’é-leétricité, les autres comme un non-conduâeur , au point même d’aflu-rer qu'elle eft fufceptible d’être chargée comme lé verre, je profitai de l'occalîon d’une gelée allez forte, au mois de Février, pour me bien aflurer du fait.
- Pour y parvenir je pris un grand glaçon ; je le nétoyai bien , & j’ab-battis toutes les pointes qu’il pou-voit avoir. Enfui te, tandis qu’il étoit
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- 2)2 HISTOIRE' encore parfaitement glacé , je l’ifQ-lai, la nuit en plein air , où j’avois fait porter ma machine exprès, tandis qu’il geloit très-fort.
- Alors en paflant une plume fur fa furface, je le trouvai bien fec ; je l’éleârifai , & je tirai de toutes fes parties de grandes étincelles qui n’avoient pas moins d’un pouce de longueur. J’y chargeai une jarre pref-que auffi bien qu’au premier con-duéteur ; jè déchargeai auffi la jarre à travers , & le long de fa furface en plufieurs endroits ; de forte que je ne doutai plus que la glace ne fût à peu-prés un auffi bon conducteur d'éleébricité que l’eau, pouref-fayer la même chofe plus efficacement ; je plaçai en pleine campagne , une jarre chargée, & au moyen d’une très-longue chaîne , je la déchargeai fur un étang, le long d’une grande furface de glaces cette fur-face étant trés-fèche , & la gelée continuant à être très-forte. Mais la glace n’étant pas un fi bon conducteur que le métal, fi la chaîne , qui communique avec l’extérieur de la jarre, fe trouvoitplacée à cinq, ou fis
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- Ce i’Èucie ictTÉ. 155 pouces de l’anneau du fil de fer qui communique avec l’intérieur, le feu frapperait la chaîne le long de la lurtace de la glace fans y entrer.
- La neige eft évidemment un conducteur moins bon que la glace ; fins doute parce que Tes parties ne fe touchent pas les unes les autres, comme celles de la glace.
- Trouvant auffi que les Electriciens n’étoient pas' parfaitement d’accord fur la puiflfance conduélrice du verre chaud, & que les moyens dont on s’eft fervi pour le prouver, étoient fujets à quelque objection ; puilque quand l’eleâricité étoit communiquée le long de la partie extérieure du verre, oft pouvoit dire que c’ctoit l’air chaud , & non le verre chaud qui étoit le conduâeur ; il me vint dans l’idée que l’expcrience buvante déterminerait cette queftion d’une façon plus fatisfaifante qu’on ne Lavoie fait jufqu’ici.
- Je me précautionnai d’un tube de verre d’environ quatre pieds de longueur; & au moyen du mercure que je verfai dedans, & d’une feuille d’étain, que j’y appliquai en
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- Ü4 Biitom dehors, je chargeai environ neuf pouces de fa partie inférieure. En-iuite tirant foigneufement la feuille d'étain, & renverfant le mercure , je fis chauffer, jufqu'à rougir la partie chargée du verre ; & je trouvai en replaçant la garniture, qu’il étoit déchargé.
- Je répétai l’expérience une fécondé fois avec le même fuccès; de forte que je ne doutai pas que ce verre étant rouge, ne fut perméable au fluide éleârique ; il n’auroit pas pu faire le tour pour aller du dedans au-dehors , fans parcourir une fur-face de fix pieds de verre, dont la plus grande partie étoit très froide, & le tout parfaitement fec;
- 11 eft évident que la charge ne s'étoit pas perdue en transvafant le vif-argent ; quand je répétai cette partie de l’expérience , fans chauffer le verre, la charge fe trouva fort peu diminuée.
- Quelque temps après, préparant du bois féché au four pour fervir à ifoler, je trouvai qu’eri m’en fer-vant auffl-tôt après qu’on l’avoit tiré du four, il ne pouvoir point du tout
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- DÉ 1,'ElECTfclClîÊ. ijj répondre à mes vues. L’éleCtricité alla par fon moyen fe perdre au plancher. Mais quand il eut relié dans la même fituation , jufqu’à ce qu’il fût refroidi, il ifoloit fort bien.
- Après cela je fis chauffer fortement un morceau de bois léché au four, dont je m’étois fervi précédemment pour ilbler ; & quand il fut allez chaud pour que jeuffe peine à le tenir dans ma main , il tira du conducteur une étincelle grêle, d’environ un pouce de longueur; mais il ne déchargea point une jarre tout d'un coup. Il le fit cependant fans bruit, prefque auffi bien que du bois humide.
- En confidérant le pouvoir conducteur du charbon , & la manière dont on le fait ; c’eft-à-dire, en brûlant des fubftances inflammables dans un endroit fermé , & ordinairement fans flamber , je me fuis trouvé conduit à faire un petit nombre d’expériences fur le pouvoir conducteur des émanations des corps qui flambent, dans le temps même de leur émiffion ; car quelles que fuffent ces émanations, elles lembloient en
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- lji Histoire quelque forte contenir le principe conducteur. Cette fubllance ou principe , ou comme on voudra l’appel-1er , qui ne peut être exhalé qu’en flamme , & non en fumée , rend dans ce cas un corps conduéleur ; au lieu que fi on le laiffe échapper, le pouvoir conduéleur en elt di-
- On a obfervé il y A long - temps le pouvoir conduéleur de la flamme d’une chandelle ; mais on ne l’a point comparé avec celui d’autres corps, & quelques-uns ont prétendu que ce n’étoit rien autre chofe que la chaleur communiquée à.l’air voifin. Les expériences que je vais rapporter , femblent renverfer cette hypo-thefe, & établir celle dont j'ai fait mention ci-deflus.
- Le 14 Mars , ayant tenu une petite bouteille chargée, pendant une fécondé au plus, à deux ou trois pouces de la flamme d’une chandelle, foit au-deflus ou au deflous , ot’l la chaleur étoit peu confidérable, & la raréfadion de Pair prefque nulle, elle fut totalement déchargée. La même chofe arriva quand je me
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- DE L’EEECTRICtTÉ. 137
- fervis de la flamme d’une.bougie, ou de celle de refprit-de-vin. Je l’approchai beaucoup plus d’une pelle rouge, & elle ne fut pas déchargée fi-tôt à beaucoup près : & quand je la tins très proche d'un morceau de verre chaud jufqu’à rougeur, elle ne fut point déchargée du tout , excepté par une explofion , qui fut apparemment occaiionnée par le verre chaud. On a fait des expériences toutes femblabtes en plaçant la chandelle , la peile-à-feu, & le verre rouge auprès du premier conducteur. On a trouvé auffi que la petite bouteille , dont on a parlé ci-delfus, ne pouvoit pas être déchargée au foyer d’un miroir concave. J’obfervai vers le même-temps, que cette bouteille fut déchargée bien plutôt en la faifant palfer à travers la vapeur, qu’à travers la fu-
- Mais la petite jarre dont j’ai parlé d-deflus, fut déchargée (ans bruit dans ces expériences ; & quoiqu’elles paruifent clairement être en faveur du pouvoir conducteur des émanations qui s’exhalent en flamme,
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- a}S Histoire elles ne préfenterent rien de bien frappant ; mais par la fuite, quand j’eus conftruit une batterie éleétrique, je répétai les expériences d'une maniéré beaucoup plus frappante & plus convainquante.
- Le 15 Décembre , je préfentai la flamme d une chandelle entre deux boutons de cuivre, l'un communiquant avec l’intérieur, & l’autre avec l’extérieur de la batterie , & j’obfervai qu’à mefure que la flamme s’avança vers eux, elle commença à prendre un mouvement de trépidation extrêmement vif, & fut attirée des deux côtés fortement vers chaque bouton , laiflant la meche à nud par le haut; &c auflî-tôt que la flamme fut tout-à fait entre les baguettes , la batterie fe déchargea tout à la fois à la diltance de trois pouces & demi. C’eft une fort belle expérience. L'interpoiition de la flamme entre les deux verges de cuivre , cft la même chofe, que de mettre le feu à une traînée de poudre à canon, qui fait explolion fur le champ.
- Pour comparer le pouvoir con-
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- de l'Electricité. l;<) ducteur de ces émanations avec d’autres fubftances , j’ai fait palier entre les deux verges dont je viens de parler, la vapeur denfe provenant d’une chaudière d’eau bouillante, dans le moment où elles étoient pref-que à la diftance à laquelle la batterie fait explofion dans l’air ; mais cela n’occalionna pas la décharge i lion plus que la fumée de réfine, ni celle d’une chandelle nouvellement éteinte ; mais lorfque j’avançai la meche en feu vers les verges’, elle en fut très - vivement agitée par le vent, & quand elle fut placée entre elles, qui n’étoient qu’à un pouce de diftance , la décharge fe fit , & la chandelle fut rallumée de nouveau.
- Pour comparer le pouvoir conducteur de la flamme avec celui d’autres corps, qui ont plus de chaleur, mais qui fourniflènr moins d’ér inanations , je mis une pelle rouge entre les deux verges 5 mais cela ne produifit la décharge de la batterie, que lorfque les verges furent rapprochées à environ un pouce & demi l’une de l’autre ; de forte que l’ex*
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- 14» Histoire plofion fe fie à-peu-prês au double dp la diltance ordinaire , en y comprenant l’efpace occupé par la pelle : cependant l’air dans le voifinàge de la pelle, étoit plus de dix fois plus chaud ; que dans le voifinàge de la chandelle, vû la diftance à laquelle on les tenoit des verges. Les deux côtés de la pelle rouge, fuient marqués d’un cercle imparfait, femblablè à ceux qui Rirent imprimés fur chacun des boutons de cuivre. Nous donnerons ci après l’explication de ce fait.
- J’enterpofai enfuite un morceau de verre chaud , jufqu’à rougeur ( qui a autant de chaleur que le fer ; mais qui fournit moins d'émanations : mais il n’opéra la décharge, que quand j’eus approché les verges de cuivre à un pouce l’une de l’autre ; ce qui étoit fi proche, que le verre les tou-choit prefquc toutes les deux.
- Comme je variois les expériences concernant le pafTage de l'explofion élcârique fur les fur faces de differents corps, comme je le dirai ci-après , je découvris par hafard combien l’builç de toute efpèce ell un mauvais
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- di l’Electiùcitê. 141 mauvais conduâeur ; de forte que je crois qu’il fout plutôt la ranger dans la claflè des fubftances éleétri-ques ; & je dois me retraiter de ce que j’ai dit à la pag. 446, du tom. II, que tous les corps dans un état de fluidité , èxcepté l’air , font con-duéteurs ; quoique je ne doutois pas alors que la propofitionne lut vraie, & que j’imaginois que l’huile ne différait pas beaucoup de l’eau par rapport à fon pouvoir conducteur. Je dois auffi rétracter, commeinjufte, la remarque que j’ai faite à la pag. 145 du tom. I, for l’expérience du Docteur Watfon, avec l'huile de térébenthine. Ce qui m’a induit en erreur , ce font quelques expériences de M. Wilfon, qui a avancé quelque part la propofition ci defius ; &C qui loutient que la tourmaline pof-lede une efpece fixe d’éleéiricitéqu'on ne peut pas lui ôter, parce qu’elle conforve le pouvoir feparé de chacun de fes côtés , quoiqu’environ-née de graille fondue; au lieu que je trouve qu'aucune fubftance d’une nature huiletrlè ne tranfmet l’électricité.
- Tome III. - L
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- î4* • Histoire
- En mettant une chaîne, qui com-muniquoit avec l’extérieur de ma batterie, dans un plat rempli de fuif fondu, j’en approchai une verge de cuivre qui communiquoit avec l’intérieur , afin d'opérer la décharge, en tranfméttant l’explofion fur la furface du fuif, fans y entrer. Je fus furpris de trouver, non - feulement que la matière éleârique ne fe por-toit pas fur la furface ; mais que , quoiqu’elle attirât une colonne de fuif a environ neuf lignes de dif-tance ( laquelle étoit plus épaifle à proportion que l’on approchoit davantage la verge de la iitrface ) & quoique je côntinuaflë à m’amuièr long-temps de cette colonne de fuif, qui enfin forma une communication complette entre les deux côtés de Ja batterie ; cependant il ne fe diffipa que très-peu de la charge. Je répétai cette expérience avec le même fuccès, en me lervant d’huile d’olives, d’huile de térébenthine la plus claire, & même d’éther. Je réunis avec une pleine affiette d’huile d’olives ordinaire, l’intérieur & l’extérieur de la batterie pendant
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- DE l'ElECTRICItA. Hf prés de dix minutes, fans que je m’apperçufle que la charge fût plus diflipée , qu’elle ne l'auroit été fans cette communication. L’éther eft , après l’air, le fluide le plus léger qui foit dans la nature; cependant comme c’eft à proprement parler une huile , il ne s’ell pas trouvé meilleur conduâeur que celles qui font plus tenaces. Je fus fort fürpris que l’éther .n’eût pas pris feu en pareil cas, n’y ayant rien déplus inflammable ; car fi la matière électrique peut paffer au travers, rien ne prend feu fi vite.
- D’aprcs ces expériences , & celles fur la glace dont j’ai fait mention plus haut, je conclus que la fluidité, comme telle, Sc indépendamment de la chaleur qui rend les fubf-tances fluides, ne contribue en rien au pouvoir conduâeur de ces fubf-tances. Pour completter mes expériences fur les huiles , je remplis des bouteilles d’huiles de toutes les elpeces , conformement à leurs dif-tinâions chymiques , y comprenant les huiles tÿentielles, les huiles tris - empireumatiques , Sc celles I. ij
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- qu'on appelle minérales, comme rhuile £ ambre, & je les trouvai toutes incapables de donner la commotion. Mais je trouvai que cette méthode d'éprouver le pouvoir conducteur des fubftances ; feavoir, de les renfermer dans des bouteilles, & d’el-fayer de donner une commotion par leur moyen, eft fort peu exaéle, parce qu'elle les fait croire meilleurs eonduàeurs qu’elles ne le font réellement. Le verre pilé, la fleur de foufre & d’autres fubftances éleâri-ques donnèrent une commotion con-lidérable; mais une bouteille qui ne eontenoit rien que de Tair, en donna une encore plus forte qu’aucune d’elles ; quoique le fil de fer qui y étoit introduit, fut fort émouffé , & maintenu dans le centre de la bouteille. Ces expériences me faifant voir” clairement que l'huile eft beaucoup moins bon conducteur que l’air, je tâchai de charger une plaque d’huilg, comme on charge une plaque de verre : pour cet effet, je perçai une foucoupe de verre , moyennant quoi ie donnai une gar-tjîtute de feuille d'étain aux de»K
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- de l’Electricité. 14$ côtés d’une certaine quantité d’hüi-ie que j’y avois verfée ; mais le bord de la foucoupe n’en put pas contenir alfez pour lui donner Une épaifleur fuffifante; autrement je ne doute pas qu’on ne pût donner une . commotion par-là , mieux que par l’air.
- Je ne rapporterai fur ce fujet que ce que j’ai obfervé depuis peu ; fa-voir , que l’huile gelée, contraire en cela à l’eau glacée, eft fpécifi-quement plus péfante que l’huile fluide , & qu’elle s’y précipite au fond; e'eft une circcnftance que je ne fâche pas avoir encore cté rapportée par aucun écrivain.
- Trouvant un fi grand accord dans toute cette claife de corps par rap port aux propriétés éleétriques, je commençai une eîpece de cours d’éleélricité chymique ; mais je n’eus ni le loiiir ni la commodité de le fuivre comme il le méri-toir : le peu de chofies que j’ai rai-femblées pourra être de quelque utilité à ceux qui feront des recherches à l’avenir; & par cette raifon je les citerai précifement telles qu’elles fe font préfentées , quoiqu’elles con-
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- 14.6 Histoire tiennent peu de chofe de remarquable.
- Toutes les fiubflances filmes que j'ai examinées, fe font trouvées en général , d’aiïbz bons conducteurs. J’en ai éprouvé la plupart en faifant la décharge de la batterie par leur moyen, après les avoir ifolées ; ce qui me paroît une fort bonne méthode , & en effet la feule fur laquelle on puilfe compter. En déchargeant la batterie avec un morceau d'alun, l’explofion fut accompagnée d’un fififement particulier , femblable à- celui d’une fufée. Le fil de roche fe trouva un alfez bon conducteur ; mais pas tout-i-fait li bon que l’alun. L’étincelle éleélri-que y fut fingulicrement rouge. Le fit ammoniac les furpaffà tous les deux par fon pouvoir conducteur ; mais il ne donna pas la moindre étincelle fenfible ; l’efipril volatil de fiel ammoniac, que je n’eflayai que dans une bouteille , donna une légère commotion. Xe fia lpim ne la tranfmit pas fi bien que le fel ammoniac. En eflayant de faire pafler l’explofion électrique fur fa furface , il fut dif-
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- de l’Electricité. 147 perfé en un grand nombre de parcelles qui s'en furent dans toutes fortes de/fireétions avec une violence confidérable, & dont quelques-unes me. fauterent au vifage. La filinitt tranfmit la commotion ; mais fort fbiblement. Elle fut encore très-petite avec le tartre vitriolé. Le ftitrt blanc paroît être une exception à cette réglé ; car on peut dire franchement qu'il n’eft pas un conducteur , puilqu’il ferait difficile de le faire pénétrer tant foit peu par la charge de la batterie.
- En général, les fels métalliques font meilleurs conduéteurs que les autres fels neutres -, le vitriol blm & le vtrd, conduifirent fort bien l’électricité , quoiqu’ils ne tranfmireat point la commotion.
- On doit naturellement s'attendre que les mines où le métal fe trouve natif, feront de fore bons conducteurs. Auffi put - on à peine diftin-guer à cet égard , un morceau de mine d'or du Méxique , d’avoc le métal même ; & un morceau de mine d'argent du Potoli, quoique mêlé avec de la pyrite, fut un fort
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- *4* H I S T O I R. £ bon conduéteur. De plus , les mines mêmes où le métal eft minéralil'é avec le foufre ou avec l’arfenic, telles que les mines de plomb Si d’étain, & celle de cinabre, ne leur furent guere inférieures , fi même elles le Furent. Le cinabre que j’elTayai étoit artificiel ; maison ne peut pas douter qu'il ne foit le même que le natif. Quand je fis pafler l’explofion de la batterie à travers ce minéral, il fut léparé en beaucoup de morceaux , & les fragmens en furent difperfès dans toutes fortes de directions. Cependant les mines qui ne contiennent que la terre métallique ne tranfmettent guere mieux J’éleclricité, que les autres pierres s je crois pourtant que tous les échantillons de mine de fer que j’elTayai, la tranfmirent mieux que le marbre.
- J’examinai un peu du fable noir, qui vient de la côte d’Afrique , qui eft une bonne mine de fer , & ‘dont une partie-eft attirée par l’aimant aufli bien que la limaille d’acier ; je trouvai qu’il tranfmettoit l’éleétri-cité, & non pas la commotion. En ayant feparé avec un aimant tout
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- DE l’ElECTRICItê. Î49 ce qui pouvoit en être aifément attiré , c’eft-à dire , environ la fi-xieme partie du tout, cette portion tranfmit fort bien la commotion. Le relie n'a voit prcfque plus de pouvoir conduâeur.
- Quoique je croie pouvoir rifquer de dire que les mines véritables 8c proprement dites des métaux les plus précieux, peuvent fe connoître par leur pouvoir conduâeur, je ne fau-rois dire que l’éleâricité fournilTe aucune réglé pour s’affurer de la richeflc des différentes mines du même métal. J'ai eflayé deux morceaux de mine de cuivre, l’un qui étoit le plus riche qui foit connu, 8c l’autre d'environ moitié de fa valeur ; mais il étoit .difficile de les diftinguer l'un de l’autre par leur pouvoir conducteur.
- La mine de plomb noir qu'on met dans les crayons , tranfmit. la commotion en apparence, de même que le métal ou le charbon. Un petit morceau de cette matière tira du premier conduâeur une étincelle auffi forte qu’aüroit fait un bouton de 'cuivre.
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- 2jo Histoire
- Tontes les fubjianccs picrreufes que j’ai eflàyées, quoique feches Si chaudes , fe trouvèrent de fort bons conducteurs. Meme un morceau d’aga-the poli, quoique demi-trâmfparent, reçut intérieurement l’étincelle électrique , quoiqu’elle paflat par def-fus à environ neuf lignes de fa fur-face , pour atteindre au doigt qui le tenoit, & il ne déchargea la batterie que lentement. La pierre-à chaux Si la chaux nouvellement faîte , fe trouvèrent être des conducteurs également imparfaits , qu’on eut peine à diftinguer l’un de l’autre. La pierre hématite Si la pierre de touché fe trouvèrent d’aflez bons conducteurs, ainli
- âu’un morceau de gypfe, Si un de uc ; ce dernier feulement, ayant la furface plus unie , tira une étincelle plus forte. Un morceau d’ar-doife , telle que celle fur laquelle ©n écrit ordinairement, fe trouva beaucoup meilleur conduéteur , que de la pierre de taille, qui ne fe trouva être qu'un trêsfoible conducteur. Les marbres fe trouvèrent auffi d'infiniment meilleurs conducteurs que la pierre de taille. Je trouvai fort
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- DE l’EucIRICITÉ. 1JI
- peu de différence entre les échantillons de marbre que j’eflfayai, parmi lelquels il y avoit un morceau de granité d'Egypte. Un morceau de craie <tEfpagne , qui eft uneefpeçe de talc , tranfmit l’eleâricité tout aulïi bien que le marbre.
- Un grand morceau de fpath blanc, ayant une teinte de bleu , & qui étoit demi-tranfparent, ne tranfrnic prefque point l’éleâricitéi je tirai d'aflez fortes étincelles du premier conduâeur, tandis qu’il étoit en con-taâ avec lui.
- Un morceau de pyrite de couleur noire, tira des étincelles à une dif-tance confidérable du premier conduâeur , de même que quelques morceaux de charbon, tirés des couches inférieures. Un antre morceau de pyrite qui avoit lait partie d’une pyrite fpherique, compofée d’une matière métallique Iuifante, ne fuc pas à beaucoup près fi bon conducteur , quoique beaucoup meilleur qu'aucune autre fubftance pierreu-fe. Il tenoit le milieu entre la pierre fie la mine.
- Un morceau d'asbcjle d’Ecoflê , teî
- L.vj)
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- qu'on le. tire de fon lit, ne fut pas conducteur. II étoit en contact avec le conduâeur, tandis que je tirais des étincelles à la diftance d’un demi pouce dans un moment d’une médiocre électricité»
- Parmi les fubftances liquides , l’huile de vitriol tranfmit allez bien l’éleClricité , & l’efprit-de-vin le plus
- Cette liiite d’expériences fur le pouvoir conducteur des corps , relativement au rang qu’ils occupent en
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- de l'Electricité, ijp li y a quelques autres futjhmces mixtes, dont j'ài eftayé le pouvoir conducteur ; & comme je penlé qu’il ne ferait pas facile de dire à laquelle des deux clafles elles appartiennent, je me contenterai de rapporter le réfultat des expériences que j’ai faites fur elles, à-peu-près dans le même ordre dans lequel elles ont été faites.
- La colle-forte féche , qui eft une fubftance animale , eft un conducteur d’éleâricité ; mais elle ne tranf-met pas la commotion.
- Le verre pilé, mêlé avec du blanc-d’ceuf, & qui eft devenu parfaitement fec, s'eft trouvé bon conducteur. J'en avois collé quelques jarres caffées , comptant que cette com-pofition ferait une fubftance éleétri-que, & quelle mettrait la jarre en état d’être encore chargée.
- La peinture faite de blanc de plomb & d'huile , bien vieille Sc
- prit-de-vin le plus- rectifié donna une con>» metion prefqu’àulll forte que celle que donne l’eau. J’ai bien de la pela* à le tronc.
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- 1J4 Histoire bien féche , s’eft trouvée un conducteur. Je l’ai eflayée dans un valè de porcelaine , qui avoit été recollé avec. Une partie du vafe qui n’avoit point de fêlure, fe chargea fort "bien ; mais un morceau auquel il y avoit eu une fêlure qui avoit été remplie da ce ciment, ne put point du tout fe charger.
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- de l’Eiectr iGiri.
- PARTIE V11L
- SECTION V.
- Expériences fur la difperjîon de V Electricité , fur la furface des tubes de verre r contenant une nouvelle méthode de donner la commotion électrique.
- Plusieurs Electriciens ont remarqué que les globes nouvellement faits , font fouvent difficiles à. éleétrifer ; mais j'ai fait des expériences qui prouvent ce fait , & de plus cfautres différences entre lé verre ancien & celui qui cft nouvellement fabriqué, d’une tnaniere plus diftinéte que tout autre chofe que j’aie encore rencontré : cependant elles n’en expliquent pas la caufe.
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- »j 6 Histoire
- La propriété la plus remarquable du criftal nouvellement fabriqué, c'eft que lclcétricité le répand ai-fêment fur fa furface. J’ai fait foire pluGeurs fois des tubes depuis (ix jul-qu’à neuf pieds de longueur , qui fe terminoient par une partie pleine. Je les ai pris encore chauds au fortir du fourneau, par le plus beau temps poGible ; je les ai ilolés fur le champ ; & ayant fufpendu des balles de moelle de fureau , à une des extrémités, j’ai toujours trouvé qu’elles le leparoient aù moment que l’on appliquoit à l’autre bout le fil de fer d’une bouteille chargée. J’ai lieu de penfer que la même chofe arriverait , quelle que fût la longueur du tube. J’ai même chargé une bouteille alfez fortement, pendant qu’on la tenoit en contait avec le verre , à trois pieds de diftancc du fil de fer d’une bouteille chargée, que l’on tenoit aufli en contaél avec une autre partie du tube, en prenant dans mes mains les garnitures des deux bouteilles. Quand les mêmes tubes furent de quelques mois plus anciens , je trouvai que la vertu élee-
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- EE l’ ElECTRICÏîi. 1J7 trique ne pouvoit pas lé difperfer le long de leurs furfaces , plus loin qu’à environ un pied & demi.
- J’ai cflatté quelques tubes le jour même qu’ils avoient été faits, Sc j’ai trouvé qu’il étoit impoffiblc de les éleârifer le moins du monde , quoique je les eufle frotté pendant une heure entière, même en me fer-vaut de foie hurlée & d’amalgame ; tandis qu'un feul coup du même frottoir avoit rendu d’autres tubes fortement éleâriques, & que deux ou trois coups les avoient mis en état de donner des aigrettes fpon-tanées. Les mêmes tubes neufs , après avoir été beaucoup frottés, ont commencé à s’éleéfrifer, & au bout de quelques jours ont très-bien opéré.
- Mais quelques expériences que i ai faites avec des tubes longs & fort minces, qui avoient été fabriqués dans le mois de Mars, m’ont prouvé évidemment que la première couche 33 verre nouvellement fait, eft en quelque forte un conduéteur d’é-leélricité. Je les ai garni en plufieurs endroits, pour m’amufer s & la dif-
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- 2j« HlSTOlKl perfion de l’éleélricité de la partie garnie à celle qui ne'l’étoit pas, m'a paru fort extraordinaire. Je crois que mes leétenrs ne feront pas faciles que je leur en rapporte quelques particularités.
- Je pris un tube ouvert par les deux bouts, d’environ trois pieds de lon-
- reur ; mais d’une grolfeur inégale.
- environ trois pouces de fon milieu , je le garnis des deux côtés ; 6c l’ayant chargé , au moyen d’un fll de fer introduit par un des bouts, je m’appérçus , non - feulement que la partie , au travers de laquelle j’avois introduit le fil de 1er, étoit fortement éleârique en dehors s mais qu’à l’extrémité oppofée, où il n’y avoit ni garniture tii fil de fer, le feu fit un craquement fous mes doigts, lorfque je tirai le tube vers eux ; & il parut fortir continuellement une flamme par les deux extrémités , tout le temps qu’il relia en repos & chargé. Remarquez qu’une des extrémités de -o»>*tube étoit caflee & inégale, 5c que l’autre étoit polie. -
- Je me procurai un autre tube d’en-
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- di l’Electricité, ijj viron un pouce de diamètre, & fort mince. 11 avoit environ trois pieds & demi de longueur , & êtoit fermé par un bout. A environ neuf pouces au-deflbùs de Ton ouverture, j’en garnis la longueur de trois pouces en dedans & en dehors ; je chargeai cette partie, & alors j'obfer-vai que le tube entier , jufqu’à fon extrémité , étoit fortement éleélri-que, faifant des craquements très-forts , quand je paflois ma main tout le long, Ik donnant des étincelles par-tout, à la diftance d’environ un pouce, comme l’auroit fait un tube frotté.
- Pour donner au leéleur une idée plus jufte de ces expériences, j’ai donné (Planch. i, fig. 7 , ) le deffein d’un des tubes avec lefquels je les ai faites. Il eft ouvert par un bout, & la partie a, eft garnie.
- Enfuite promenant ma main tout le long du tube , toute l’éleéirîcité du dehors fut déchargée ; mais en mettant le doigt à l’ouverture, cela parut lui faire faire un effort pour fe décharger lui-même, qui le fit voir par une lumière qui coûtait
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- %6o H I S T O I » É diftinéferrient de la garniture vers le doigt, & eri même-temps auffi vi-goureufement vers l’extrémité op-pofée du tube. Après cela je trouvai tout l’extérieiir du tube charge d’éleâricité comme auparavant, laquelle pouvoir être enlevée & réf-tituée plufîeurs fois fans qu’il fût né-ceflaire de charger de nouveau le tube : elle étoit feulement plus foi-blc à chaque fois.
- En tenant ce tube par la partie garnie , & préfentant au premier conducteur la partie extérieure qui ne l’étoit pas, près de l’exrrémité bouchée du tube , le dedans fe chargea aufE-bien que le dehors, & en y introduifant un fil de fer, il fc fit une explofion confidérable.
- La décharge rendit l’extérieur fortement éleélrique, 8c en lui enlevant cette éleâricité , le tube fut chargé de nouveau très - fenfible-ment.
- Es le tenant par la partie non-garnie , & préfentant la partie garnie au conduéfeur , l’intérieur fe chargea comme il l’avoit été auparavant.
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- DE l’E.LECT&ICITÉ. x6I
- Ayant d’abord déchargé parfaitement ce tube, j’en bouchai l’extrémité ouverte avec un mélange de cire & de térébenthine, dont je mis un ponce ou plus d'épaifl’eur ; en-fuife en appliquant l’extérieur du tube ( foit la partie garnie ou l’autre ) au conducteur, je le trouvai toujours chargé ; mais pat tout à-fait ti fort, que quand j’avois laide le bout ouvert, quoique la différence ne fut pas grande.
- Je me munis d’un autre tube d’environ quinze lignes de diamètre, & trois pieds de longueur ; mais à un bout j’y fis tirer un pied de plus fort menu, 6f à l’autre bout un autre pied de verre folide ; de forte qu’il avoit en tout cinq pieds de longueur. Je garnis environ quatre pouces de ce tube, à deux pieds au - defi’ous de fon ouverture, Les balles étant fulpendues à l’extrémitc de ce tube, ou plutôt de la verge folide, par laquelle il étoit terminé , fe feparerent au moment que je commençai à charger la partie garqie. La décharge les rapprocha, mais pas au point de fe toucher :
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- i6i Histoire
- «ne fécondé décharge les faCoit
- communément fe toucher.
- Les réfidus [153] de chacun des tubes dent une fi petite portion étoit garnie , furent fort conlidérables. Je penfai que leur totalité pouvoit être égalé à la première décharge. Dans le dernier tube dont on vient de parler, il y eut un réfidu après un grand nombre de décharges, après, je crois, vingt ou trente.
- Imaginant que la difperfion de la vertu éleélrique fur les furfaces des tubes dont j'ai fait mention ci-deflus, dépendoit de ce que le verre étoit neuf, j'en confervai pendant fix ou fept mois,, &£ fobfervai en les exa-l minant plufieurs fois dans cet intervalle de temps, que cette propriété & d'autres qui en dépendent, di-minuoient par degrés , & qu’avant ce temps elle étoit tout-à-fait diffi-pée. Il n’y eut plus alors de difper-iïon d'éleiâricité fur leurs furfaces,
- [>!}] Ce qae l'Auteur appelle ici ré fidu , eft la portion J elearicité qu‘ demeure après la décharge.
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- de l'Electricité. i6f ils furent auffi faciles à élecirifer que d’autres tubes , & en même-temps ils recevoient une très-bonHe charge.
- A la longue, tous les tubes dont je m’étois lervi pour faire ces expériences , furent brifés par accident, excepté un feul, qui étoit fermé par un bout, & qui en effet étoit le plus remarquable de tous. Je commençai au mois de Novembre à faire de nouveau mes expériences fur ce tube, en le comparant à d’autres que j’avois fait faire alors, pour m’affurer de quelles circonftances dépendoit cette difperfion d’éleéiri-cité. Je vais les rapporter féparé-ment, en marquant le temps où chaque expérience fut faite, & toutes les autres circonftances que je pus imaginer y avoir influé.
- Le i} Novembre, je tentai encore une fois de répéter les expériences ci-deffus avec l’ancien tube mince ; j’y employai tout le foin & toutes les précautions poffibles -, mais fans aucun fuccès. Dans le même temps je chargeai deux autres tubes minces, l’un fermé & l’autre ou-
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- iG\ Histoire vert, envirou Gx lemaines après qu'ils eurent été faits ; mais qui n’a-voient point encore fervi , & ils eurent exaélement le même fuccés qu'a voit, eu le précédent dans le temps qu'il étoit tout neuf. La charge a’une petite portion garnie, fe répandit par tout le tube; de forte qu'à la dillance de trois pieds de la garniture, il donna des étincelles d'un pouce de longueur, au doigt quon y préfentoit , Si ofFrit à tous égards les phénomènes d’un tube nouvellement frotté. J'obfervai d’abord dans cette occafion une cho-fe, qui par la fuite attira mon attention d'une façon plus particulière; fa voir, que quand j’appliquai mon doigt au tube à environ deux pouces au-deflus de la garniture ( comme en b, Planch. i , fig.7) il fe déchargea une grande partie de cette électricité répandue ; & j'en relfentis dans tout le bras une commotion violente.
- Le 19 Novembre , après avoir chauffé l’ancien tube, & effayé de répéter les expériences précédentes, tandis qu’il étoit fort chaud, & même
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- UE l’ElBCrMCITi, 16J même après qu’il fut refroidi , le tout auflî infrudueufement qu'aupa-ravant, je le portai à la verrerie , & le fis rougir en totalité , au point qu’on auroit pu ailement le courber en tous fens ; & fitôt qu’il fat refroidi, j’ellayai les anciennes expériences , & je trouvai qu’il avoit entièrement recouvré fa première propriété. 'En en chargeant une petite portion qui étoit garnie, l’électricité lé répandit jufqu.es à l’extré-inité du tube, fur trois pieds de verre fec ; & il donna de toutes fes parties des étincelles à la diltance d’un pouce , précifément comme s’il eût été frotté avec le meilleur frottoir. Quand je le paflois au travers de ma main, Se que par là je dé-truifois cette éleâricité répandue , elle'revenoit auffi-tôt, Se quoique la communication avec la garniture eût été interrompue au moyen de ce que ma tîiain teuoit conftammeht le tube par le milieu, fon extrémité demeura chargée.
- J’obfetvai auffi que le milieu de ce tube, qui avoit été le plus fou-vent chauffé, en le fondant, foit Torn. Ilf. M
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- tout entier, foit par moitié, étoit fufceptible d'une électricité difper-fée beaucoup plus forte que les autres parties. On ne l’avoit pas plutôt ôtée , quelle reparoilfoit de nouveau , de forte qu'il donnoit un courant de feu continuel.
- Le rifidu qui reftoit après la décharge de ce tube , étoit prodigieux ; de forte qu’immédiatement apres, la garniture extérieure donnoit un courant de feu prefque continuel, quelque conduéteur qu’on lui pré-lentât , & cela durait un temps confidérable.
- Ce tube fe trouvoit alors , comme il l’avoit été d’abord , abfolu-ment incapable d’être éleétrifé avec le meilleur frottoir.
- Le 6 Janvier 1767, en examinant tous les tubes dont je m’étois fervi pour faire les expériences de la dif-perfion de l’éleàricité , je trouvai cette propriété tout-i-fait détruite en eux, ou à peu de chofe près. J’en chauffai un autre feulement à l’extrémité la plus éloignée de la garniture ; mais il ne s’y fit point de difperfion d’éleétricité , quand 011
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- i> E' L*ïtL ECTRI CITÉ, iSf
- chargea la partie garnie ; parce que la partie qu'on n’avoit pas fait rougir l'intercepta.
- Le 24 Novembre , voulant déterminer li cette propriété de difper-fion dépendoit en quelque forte du poli de la furface, je dépolis avec de l'émeri une portion circulaire d'un des tubes minces, environ un pied & demi au-delà de la partie garnie, & dans la longueur d’environ trois pouces ; mais cela n’em-pècha point du tout la difperlion ; cet endroit dépoli du-verre , & la partie polie qui étoit au-delà, furent autant chargés d’élecfricité que le refte.
- Enfuite j’en dépolis une ligne tout le long du tube, depuis la garniture jufqu’à fon extrémité ; mais l’effet fut toujours le même, & je ne doute pas qu’il ne l'eût encore été, fi j’euflè dépoli toute la furface.
- Pour m'aflurer fi cette propriété dcpendoit de ce que ces tubes étoient minces , j’en fis faire un d’une ligne d’épailfeur , & je men fervis fur le champ. La difperfion fut fort fenfi-hlc, & >1 fut impoffible de l’élçc-
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- *Sg Histoire trifer par frottement. Cependant la même chofe n'arrive pas toujours avec les tubes d’une (j grande épaif-fcnr.
- Le 15 Novembre, voulantpquffer un peu plus loin cette expérience, je pris un autre tube, de quatre pieds de longueur, & d'une ligne & demie d'épaifleur. J’en garnis une petite portion , de même que j’avois fait aux autres, favoir, environ trois pouces, à neuf pouces de diftance au-deffous de fon orifice ; & j'ob-fcrvai que la difpçrfion étoit conii-dérable , proportionnellement à la charge qu’il reccvoit, laquelle étoit très-médiocre. On ne put pas l’éleç-trifer fenfiblement, excepté que, dans l’obfcurité, on apperçut une lumière extrêmement foible auprès du doigt quand on en toucha quelque partie immédiatement après l’avoir frotté; mais on n'entendit aucun pétillement , & on n’éprouva aucune fen-fation au doigt.
- Pour favoir ft cette propriété dépendait de l’efpece, auffi bien que de ce que le verre étoit nouvellement fait, je, garnis une partie d’un
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- de l’Electricité. 16g verre très-mince, fait de la matière des bouteilles ordinaires ; mais je n’y trouvai point du tout de difperfion. Ce verre étoit ce qu’on appelle communément une chanurclU. J’aurois voulu fuivre cette expérience en ef-fayant le même verre fous d’autres formes, & en effayant d’autres ef-peces de verre ; mais je n’en eus pas la commodité.
- J’obfervai dans tous les tubes qui étoient fufceptibles de cette difper* lion , qu’en traînant ma main depuis leur extrémité , jufque vers la garniture , après qu’on les avoit chargés , de façon à enlever cette électricité répandue, il fe fàifoit à l'orifice un bruit confidérable , comme fi le tube fe fût déchargé de lui-même peu-à-peu ; & cette opération parut diminuer la charge.
- Dans l’obfcuriré le feu éleârique paroifloit fe répandre continuellement de l’extrémité ouverte, ou des deux extrémités fi elles étoient toutes les deux ouvertes : & toutes les fois que je traînois ma main delfus, le leu couloit de la garniture vers ma main , de la façon la plus agréable.
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- *70 H I S T 0 t R «
- Ce qu’il y eut de fort remarquable, c’eft que lorfque je chargeois pour la première fois quelqu'un de ces tubes, apres l’avoir laide tranquille quelque temps, la difpcrfion étoit la plus confidérable’, & elle diminuoit à toutes les charges fuc-ceffives, jufqu’à ce qu’enfin ellede-venoit extrêmement foible ; mais lorfque le tube étoit relié quelques heures fans être chargé, elle étoit aufli vigoureufe que jamais.
- Le premier de Décembre, je fis pour la première fois une remarque finguliere ; fa voir , qu’en chargeant un tube mince, & enfuite tenant la garniture dans une main, & traînant mon autre main fur le tube , que j’empoignois , en commençant par l’extrémité la plus éloignée de la garniture ; lorfque ma main ve-noit à approcher de cette garniture, comme en b , Planch. i , fig. 7 , je recevois quelquefois dans les deux bras & la poitrine, une commotion très forte, & exaélement femblable à celle que fait refléntir la bouteille de Leydc.
- Le même jour j’en reflentis une
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- Et l’Electricité. 171 pareille d’un autre tube mince , & ce qu’il y eut de plus remarquable, fut que je ne la reçus qu’à la troi-lieme fois que je traînai ma main le long du tube , ayant échappé à la commotion les deux premières fois ; quoique je fis mouvoir ma main de la même façon , autant que j’en pus juger. Cette commotion ne fut pas bien forte, néanmoins je la fentis aux deux bras.
- Le 5 Décembre , je reçus une autre commotion , à la troifieme fois que je paflai ma main fur le tube, & qui fut beaucoup plus violente que la derniere ; car elle fe fit fen-tir dans mes bras & ma poitrine. Pour cette fois , j’obfervai bien exactement , que ma main s’étoit approchée à prés de deux pouces & demi de la garniture ; & j’apperçus fous ma main une lumière vive , qui s’étendoit jufqu’à la garniture. La difperfion pour cette fois ne fut pas fort grande , &T le tube parut être prelque à demi déchargé après la commotion.
- Je ne pus imaginer alors aucune théorie plaufible pour expliquer cette M iv
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- *7 » Histoiri commotion s mais fort peu après, j'en reffentis par hafard une autre , femblable à celle-là à bien des égards , dont j'ai été aflèz heureux pour découvrir la théorie, & qui peut jetter quelque lumière fur celle ci.
- Le a i Décembre , je fis le vuide dans un tube d’environ trois pieds de long ( Planch. i , fig: g , ) & le tenant dans ma main par un bout, j’en préfentai une partie voifine de l’autre bout au premier conduéleur ; & j'obfervai que tandis que le feu éleâriquc lé répandoit dans toute la longueur du tube , je fentis de temps en temps à la main quelques piquures fingulierement cuifantes, precifément femblables , excepté qu’elles étpient plus piquantes que celles qu’on reifent quand on tient dans la main une bouteille mince non garnie, tandis qu’on l’a chargé au premier conduéleur. En éloignant le tube du premier conducteur , il donna de l’endroit qui avoit touché le conduéleur, des étincelles fpontanées, exaélement femblables à celles qui fortent du fil de ferd’une bouteille furchargée ; mais
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- ' de l’Electricité. 175 elles étoient plus longues & beaucoup plus belles. Enfuire portant mon autre main près de l’endroit du tube qui avoir touché le conducteur, je reçus aux deux bras & à la poitrine, une commotion fort con-fidérable, exactement pareille à celle que j’avois reçue auparavant des tubes minces; &a l’cgard des mains, la commotion fut plus forte à celle qui vint fe porter au tube, qu’à celle qui le tenoit. Si fans appliquer mon autre main au tube , je ne fai-fois que le préfenter à la table ou à quelque autre conducteur , il for-toit du même endroit plufieurs fortes étincelles , accompagnées d'un éclat de lumière , qui remplilfoit toute la longueur du tube. Ces étincelles reflembloient à celles qui fortent du fil de fer d’une bouteille chargée, quand on le préfente à de pareils conducteurs imparfaits, & qu’en même temps on tient la bouteille dans la main.
- J’obfervai enfuite que ce tube ne faifoit jamais reflTentir de commotion plus forte que quand on con-tinuoit de tenir une main dans l’en-M v
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- a 74 H i $ t o i R b
- droit où elle avoir tenu le tube pour le charger, & qu’on faifoit toucher l’autre au tube un pouce ou deux audefius ( comme en c , Planch. 1, fig. 8 , ) & à l’inftant de la commo-
- tion , on voyott
- étincelle fort
- denfe de feu éleârique , s’élancer dans toute la longueur du tube. Quand trois perfonnes & moi nous tinmes par la njain, nous réfrénâmes tous la commotion fortement fur les bras.
- On ne pourrait pas décharger le tube en mettant une main li proche de l’autre, fi pendant qu’on le charge, on n’avoit pas préfenté cette partie du tube au conduâeur ; & fi on n’a préfenté au conduâeur que quelque partie particulière du tube, la décharge ne peut pas fe faire, fans toucher cette partie.
- Quand le tube a donné une commotion en le touchant en quelque endroit, il peut en donner encore une ou deux plus petites, fi on le touche par d’autres'endroits, \>
- Les expériences que j’ai faites avec ce tube , étant certaines & invariables, & la commotion/què jfai re-
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- DE l’ElîCTRICDTÉ.
- eue des autres tubes , étant douteu-i’è, j’ai fait à celle-là une attention plus particulière , afin de m'aflurer de la nature de cette commotion ; penfant que fi je pouvois en venir à bout , cela m’aideroit dans la recherche de l’autre. En confcquence , je garnis environ lix pouces auprès de chaque bout de ce tube (a&cb, Planch. I , fig. 8, ) laiifant l’efpace d’environ un pied &: demi de verre nud, entre les garnitures ; & je remarquai que.quand je tenois une de ces garnitures dans ma main, & que je préfentois l’autre au premier conducteur, il recevoit toujours une charge confidérable ; & il fe dé-chargeoit par une étincelle brillante, qui partoit à plus d’un pouce , Sc quelquefois deux de diftance , lorf-qu’outre la partie garnie , j’avois pareillement préfenté la partie nue au premier conduéteur ; & quelquefois la partie nue fe déchargeoit d'elle-même par un éclat brillant de lumière , qui fe portoit vers la garniture d’etr bas, l’aiflànt la partie garnie chargée comme auparavant. Si je tenois le tube par le milieu.* M vj
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- 276 H 1 S T O 1 R * où il n’y avoit point de garniture, & que je préfentaflè une des garnitures au conduâeur, il recevoit une affez bonne charge.
- Je montai alors fur un tabouret ifolé, & préfentant une des garnitures pour être chargée, tandis que je tenois l'autre, je remarquai qu’elle ne reçut pas plus d’un quart de la charge qu’elle avoit reçue auparavant; d’après quoi je conclus que la garniture inférieure devoit avoir été chargée négativement, tandis que la fupérieure l’étoit pofitivement. Je me confirmai encore dans cette opinion en obfervant que l’on pouvoir tirer des étincelles de mon corps, tandis que j’étois fur le tabouret , & que je préfentois le tube pour être chargé ; mais feulement juf-
- Îju’au moment oü le tube eut reçu a charge, complctte ; & qu’alors l’explofion fut auffi grande, qu’elle l’avoit été quand j’étois fur le plancher.
- Quand j’ifolai le tube en le plaçant dans un vafe de verre, il fuc encore moins lufceptible d’être chargé, que quand j’étois fur le tabou-
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- de l'Electricité. 177 ret, & que je le tenois ; cette méthode ifolant encore plus parfaitement. Quand je préfentai un con-duâeur quelconque à la garniture inférieure , tandis qu’on tenoit l’autre au .premier conduâeur, il en fortit beaucoup d’étincelles, julqu’au moment oü elle fut confidérable-ment chargée ; alors ces étincelles ceflerent entièrement, & à l’effai le tu be fit une explofion fort grande.
- Ces expériences rendent très-fenfi-ble la théorie de cette nouvelle méthode de donner la commotion électrique. La matière éleétrique pouf-fée fur la garniture fupérieure, en repouflè une quantité égale de l’intérieur du tube qui y eft oppofé j laquelle paffant librement au travers du vuide ( comme on le voit dans l’obfcurité ) s’accumule fur l’intérieur de l’autre extrémité du tube , & par-là en repoufle une égale quantité de la garniture inférieure ; de forte que les deux garnitures étant dans des états oppofés, quoique fur le même côté du tube, donnent la même efpece de commotion , que fi elles étoient fur les côtés oppofés..
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- ayâ H i s t o i R i
- Etant pleinement fatisfait des expériences que j’avois faites avec ces deux garnitures , ainfi que de leur théorie, je me fuis amufé à garnir la partie du milieu du tube de différentes maniérés.
- Quand les trois garnitures furent à-peu-prés de la même grandeur, & placées à des diftances égales, toutes les fois qu’on en tenoit une dans la main, les deux autres étoient chargées, & déchargées féparément. Si on tenoit dans la main celle d’une des extrémités , & que l’on chargeât les deux autres , la plus forte explofion parçoit de celle qui étoit déchargée la première. Si ces deux garnitures étoient placées proche l’une de l’autre , en elfayant d’en décharger une, toutes les deux fe déchargeoient- ; Sc l’on voyoit entre elles un éclat de lumière. Dans ce cas l’cxplofion fe faifoit quelquefois à deux pouces & demi de dif-tance.
- Si je faifois la garniture du milieu fort grande, & que je la mille contiguë à la garniture fupérieure , l’explofîon étoit foible ; car alors il
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- di i Electricité. 179 fe faifoit une décharge fpontanée à la garniture inférieure.
- Si j’enlevois la garniture du milieu , il arrivoit Ibuvent qu’en paf-fant toute la longueur du tube fur le premier conduâeur, commençant par la garniture fupérieure, Iorfque j’étois arrivé à l’inférieure, par où je le tenois , il s’y élançoit une étincelle de toute la partie non-garnie du tube , qui déchargeoit l’éleélri-cité de cette partie , tandis que la garniture fupérieure retenoit encore la charge particulière.
- Quand cette décharge fpontanée ne fe faifoit pas , on pouvoit faire l’ex-plofion à deux fois, l’une au verre nud proche de la garniture inférieure, & l'autre à la garniture fupérieure. Si la décharge fe faifoit d’abord à la garniture fupérieure , il en ref->it fort peu pour la partie inférieu-1 du tube; & fi lexplofion fe faifoit vers le milieu du tube , le tout fe déchargeoit à la fois, & d’une façon très agréable.
- Je laiflè au leâeur à comparer la théorie de cette commotion , avec «elle de la commotion que donnent
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- lîd H I î f 6 ! RE des tabes longs & ouverts, parce que je ne fuis pas en état de le faire à mon entière fatisfaétion ; ayant fait trop peu d’expériences, qui, comme je l’ai déjà obfervé, font incertaines, Sc que je n’ài pas le loifîr d’examiner.
- Comme cette fuite d’expériences a été commencée par une obferva-tion accidentelle des différentes propriétés électriques du verre neuf & du verre ancien , je terminerai ( après cette longue digreffion , que je ne prévoyois guere ) par une ou deux expériences qui ont un rapport plus immédiat avec le fujet qui y a donné lieu.
- Imaginant que la différence entre le verre neuf & le verre ancien , pouvoit venir de ce que le premier a les pores de fa lurface plus grands, ce qui le fait plus approcher de la nature d’un conducteur; mais lefquels pores le reflerrent avec le temps ; je crus qu'on pouvoit déterminer cela par l’expérience de la teinture métallique , lês plus grands pores la recevant mieux que les plus petits ; & je ne fus pas trompé dans
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- ue l’Electr 1 c if i. Î.81 mon attente. Le 19 Novembre l’attachai enfemble à differentes fois, deux tubes de verre, l'un fort ancien , & l’autre tout tiouvellement fait, avec un monceau de feuille d'or ou de cuivre entre eux ; & quoique je variafle leur difpofition de toutes les maniérés dont je pus m’a-vifer, & que je changeaflè les tubes dont je me fervois, je trouvai toujours que le verre neuf recevoit une impreffion beaucoup plus brillante , plus belle &• plus durable que le verre ancien. Dans tous les cas il y eut deux fois autant de métal qui s’y incrufta.
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- H I S T
- PARTIE VII*.
- SECTION VI.
- Expériences propres à vérifier plufieurs particularités de la théorie d’Electricité du P. Beccaria , & particuliérement fur la faculté qu’a la matière Electrique d’emporter dans fa route des fubfiances légères, pour faciliter fon pajfage.
- Frappé de la théorie du P. Beccaria , concernant le paflage de la matière éleéhique de la terre aux nuages, avant un orage, & croyant que les expériences qu’il a faîtes pour prouver que l’éleâricité a le pouvoir d’emporter dans fa route, les fubftanccs légères qui peuvent
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- DÉ. i’EîÈ CTK1CIT É. 185
- faciliter .fon paffage, ne font pas tout-à- fait fatisfaifantes , j ’ai tâché de m’affurer mieux du fait, & je vais cxpofer à mes leâeurs le réfultat de mes expériences.
- Le g Novembre, je fis de fréquentes décharges, tant d’une jarre ordinaire , que d’une autre de trois pieds quarres de furface, à travers des tramées de limaille de cuivre, placées fur un tabouret de bois fé-ché au four, & auxquelles j’avois fait des interruptions dans différents endroits, & je trouvai toujours la limaille de cuivre répandue dans les' intervalles, de façon à réunir les deux bouts feparés de la ttaînée ; mais elle étoit prefqu’autant difper-fce dans toutes les autres parties de la traînée, & dans toutes fortes de directions. La difperfion qui s’étoit faite de la traînée même, étoit fans doute occafionnée par de petites étincelles éleélriques ,"excitées entre les particules de la limaille , qui caufant un vuide dans l’air , chat-foit toute cette matière légère à une diftance confidérable. Mats les particules de limaille, qui étoient jon-
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- i*4 H r s t o i R t Chèes dans les intervalles 4e la traînée , dont quelques uns étoient ait moins de trois pouces, n’avoient guère pu être emportées de cette maniéré.
- Quand on formoit de petites traînées , la difperfion étoit la plus con-liJcrable ; & on appctçevoit dans l’obfcUrité une lumière qui éclairoit tout le circuit. Il étoit indifférent dans toutes ces expériences de quel côté fe fit la décharge.
- Quand je mis une grande quantité de limaille aux extrémités des deux bouts de chaîne, placés à environ trois pouces de diftance l’un de l’autre, Si à travers lefquels pafloit la commotion, ,1a limaille lut toujours jonchée dans tout l’intervalle, mais fur tout latéralement; de force que la plus grande quantité de cette limaille , formoit des arcs, qui s’étendoient de part & d’autre ; & il en relloit fort peu dans le milieu de la route. 11 eft probable que la puiflance éleétrique l’auroit répandue également ; mais le vuide fait dans l’air par le paf-fage du fluide d’un tas de timail-
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- D Ç léEl fCTRI CI T H. lSj
- la à l’autre , Pécartoit du milieu,
- Enfuite j’ifolai une jarre de trois pie,ds quarrés de furlace, & fur uu guéridon de verre qui étojt auprès, fe mis un tas de ljriiaille de cuivre; & à la diftançe de fept ou huit pour ccs une verge de cuivre, qui cora-muniquoit avec l’extérieur de la jarr rc. Ayant préfenté une autre verge, communiquant av:ec l’intérieur , fur le tas de limaille , la limaille fut difperfée ; mais pas plus d’un côté que d’un autre. Cependant elle atteignit auffi-tôt la verge qui eom-muniquoit avec l’extérieur.
- Ayant fait deux tas, à environ huit pouces l’un de l’autre , je pré-l’entai fur un d’eux une verge communiquant avec l’intérieur , & fur l’autre un autre verge qui avoit communication avec l’extérieur. Les deux tas furent difperfés dans toutes fortes de dircéVions, & fe rencontrèrent bientôt : S-! immédiatement après la jarre fut déchargée par le pioyen de cette limaille difperfée , en faifant une entière ex-plofion. Qu^nd les deux tas fe trou-, voient trop éloignés pour provoquer
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- iStf Histoir* une entière décharge tout à la fois , la décharge fe faifoit par degrés , par le moyen des particules 4if-perfées de la limaille.
- Quand je mis un tas de limaille au centre du guéridon , & que je fis approcher de chaque côté les deux verges , chacune attira la limaille du côté du tas dont elle étoit le plus près, & la repoufla enfuitc dans tous les fens. Quand les verges lurent fort proche du ras, la décharge le fit tout au travers, fans lui caufer aucun mouvement particulier.
- Toutes ces expériences font voir que les corps légers qui ont une portion confidérable d'éleétricité , le dilperfent dans tous les fens, emportant la matière cleârique aux endroits qui en ont peu ; Sf que quelquefois ils occalionnent un tranfport lubit d'une grande quantité de cette matière, des endroits où elle cft logée dans ceux où .il en manque. Mais un accident me lit trouver une façon de démontrer la derniere partie de cette propofition, beaucoup plus belle, & peut-être plus fatis-
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- de l’Electricité. 187 faifante qu’aucune de celles que j'a-vois trouvées , tandis que je iiiivois mes expériences dans çette vue.
- Le 11 Décembre, ayant lulpcn-du une goutte d’eau au bouton d’une verge de cuivre, qui communiquoit avec l’intérieur de ma batterie, dans la vue d’ebferver quelle variété cela occafionneroit dans les taches circulaires dont je parlerai ci-après, je fus fort furpris de voir que l’ex-plolion fe fit toute-à-la-fois à la dilfance de deux pouces.
- Je mis enfuite un peu de limaille de cuivre fur une platine de métal , qui communiquoit avec l'intérieur de la batterie, & faifant la décharge à travers la limaille , l’ex-plofion fe fit à un pouce & demi de diftance. La limaille s’éleva vers la verge' déchargeante , & de là fut difperfée de tous côtés.
- Ces expériences font d'autant plus remarquables, qu’elles montrent une 11 grande différence , entre la distance à laquelle on peut entièrement décharger la batterie en une feule fois , au moyen de ces corps légers, & la diftance à laquelle on
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- ïmmm&mm
- ‘charger fans eux. la de. la batterie par le moyen ns des verges de cuivre, air, fe tait à la diftance
- : ; mai? par elle fe fait quatre fois
- ir le moyen de la vertu que poffédent les nuages ec ie , qu'ils fe dilperfent d’une re uniforme, fuivant la fhéo-P. Beccaria. Mettez une cer-juantité de limaille de cuivre ne jarre garnie, & quand elle rargee , renverfez-là , & fai-
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- PS l’ElBCTMCITjL formicé avcç laquelle cette limaille fe jonchera fur une furface plate quelconque , & tombera précifc-ment comme la pluie ou la neige. Il n’y a point d’autre maniéré capable de la répandre d'une façon fi égale.
- Le P. Beccaria & d’autres regar-dentcomme un fait accordé que le tonnerre tue quelquefois des gens làns les toucher réellement ; qu’il fe fait feulement alors'un vuide d’air fubit auprès d’eux ; & que l’air, qui eft dans leurs poumons , en fort rapidement pour remplir ce vuide, & même avec tant de violence qu’ils ne peuvent jamais reprendre leur refpira-tion. Pour le prouver, il dit que les poumons de ces perfonnes fe trouvent flafques ; au lieu que quand elles ont été tuées par la commotion éleélrique même, on trouve leurs poumons gonflés. Ceci m’a toujours paru bien peu probable ; ce qui m’a déterminé à faire quelques expériences , pour m’alfurer du fait, s’il efl poffible , avec quelque exaéfitude. En voici le réfultat.
- Le 18 Décembre , je plaçai fur ja fin-face d’un peu de vif-argent, cette
- Tome III. N
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- îjo Histoire partie d’une coque d’œuf, qui contient une veffie d’air , à un pouce de l'endroit où je fis l’explofion de la batterie ; la veffie creva à l’ittf-tant ; & fa plus grande partie fut tout-à-fait déchirée. La coque étoic bien féche ; de maniéré que la veffie ne pouvoit point du tout s’étendre.
- Il eft évident par cette expérience , que l’air voifîn fe dilate fenfible-ment pour remplir le vuide caufé par l’explofion éleâriquc ; mais que cette dilatation foit allez confidéra-ble pour caufer la fuffocation & la mort d’un animal ; c’eft, à mon avis, une chofe qui n’eft pas probable , vu les faits fuivants.
- Je mis un bouchon de liege auffi légèrement qu’il fut poffible dans le goulot d’une petite bouteille ; mais quoique je la tinffe très-proche de rendrait de l’explofion, if ne fut point chafle.
- Je fis pafler l’explofion fur la fur-face d’une veffie humide, étendue fur l’embouchure d'un pot de fayan-ce ; mais elle n’y produifit aucun effet fenfible. Je tins auffi une fois le bec d’un Rouge-gorge, & une au-
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- tre fois lé .riez d’une fouris près ‘<je l'cxplolion élfétrique ; mais ils ne m’en parurent point du tout affectés. Pour examiner l'état des poumons, je .tuai de petits animaux par des décharges faites à travers leur cerveau, & leurs poumons ; mais quand on les diflequa, on n’y trouva point dé différence. Leurs poumons étoient précifément dans le même état que ceux des animaux tués d’une autre maniéré.
- J'ajouterai à ce mélange d’expériences que j’avois faites à deflein de vérifier piuficurs. particularités de la théorie d’éleéfricité du P. Becca-ria . ipne petite fuite d’aiitres expériences , qui, quoique je les aie commencées avant que d’avoir connu cet auteur, font à quelques égards IcmbJUl’Ies à la curiculfe expérience j! qui cppjiffe à, décharger une; plaque de, yèrije,, lulpendue par un cordon dé feue, fans lui caufèr aucun mouvement. La fienne était deftinée à s’affûter de. l'effet de la décharge fur le verre ; de la, mienne regardait les ! fubilanCes conduâtices .qui, fprr moiént le circuit/
- Nij
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- Le 7 0dobre, pour déterminer, s’il étoit poffible , la drreétion du fluide éledrique dans une explofion, je fufpendis plufieurs boules de cuivre par des cordons de foie , & je fis des décharges à rravérs, quand elles furent autant en repos qu'il fut poffible de les y mettre. Mais je ne m’apperçus pas que la commotion leur eût caufé le moindre mouvement. Ehfuite je déchargeai un grand nombre de fois une jarre à travers de petits g'ôbules de vif argent ; pd-fés fur une platine unie de verre ; je ne m’apperçus pas qu’ils fuflênt pouffés plus d’un côté que d’un autre , quoique fouvent ils furent agités, probablement par Ta répulfion de l’air, occafionnée par le vuide de lexplofion.
- Je plaçai ènfuite quatre billes de liege ou de moelle de furéiuV.à égales diftances, fur iin ’tabdûret de bois féché ait four, avec un bbut de chaîne à la même dilïancè-de chacune des balles extérieures, & je remarquai qu’à chaque fois que j’elTayai de faire une décharge , tes deux balles du milieu forent pouf-
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- BE l'ÈlECTHiCITi. 193
- fec.s J’une contre l’autre., tandis que les deux extérieures furent attirées chacune par le bout de chaîne qui en étoit proche. Enfuite , ayant placé un grand nombre de brins de fil de la même maniéré fur le tabouret , plufieurs de ceux qui étaient proche de là chaîne s’y attachèrent, & un grand nombre de ceux qui étaient dans le milieu, furent pouffes les uns fur les autres, en un tas.
- J’attribue l’attradion des chaînes à l’clccfricité qui leur eft communiquée par leur réunion avec la- jarre , & qui doit être fortement augmentée lorfqu’on eflaye de faire l'explofion. A l’égard de l’aflembla-ge des brins de fil qui font dans le milieu du circuit, je l’attribue au courant d’air partant des deux extrémités de la chaîne, qui les foufflc les uns fur les autres. De même une partie de la flamme d’une chandelle placée près d’une pointe éleétrique , fera attirée par le pouvoir de l'électricité ; tandis que le relie de la flamme en fera repoufle par le courant d’air.
- Ces expériences m’ont conduit à N iij
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- 194 HntsiJii faire une décharge à travers une cltjche ilblée, dans la vue d'oblèr-ver de quelle maniéré elle ferait affectée par la feule explpfion éli’dri-que, pendant qu’elle ne ferait touchée par aucune autre chofc. En conséquence, je déchargeai ma batterie plufieurs fois au travers ; §c chaque c.xplofion la fit fonner auffi fort, qu’on aurait pu le faire en la frappant d’un coup d’ongle allez fcc.
- ; Je fis auffi une aéch.argë de la batterië à travers la garniture extérieure d’une jarre de verre ; mais fans y toucher avec lés verges déchargeantes; & elle donna précifé-ment le même fon que quand ort la fait railouner en la frappant.
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- Et l’ElecîmcitI. 155
- PARTIE VIII.
- SECTION VII.
- Différentes expériences fur la façon de charger & décharger les jarres de verre & les batteries.
- Comme il s’eft rencontré dans le cours de mes expériences, fur la maniéré de charger & décharger les jarres ordinaires & les grandes batteries éleétriques , pluheurs chofes que je n’ai vues dans lés écrits d’aucun Eleâricien ; & que quelques-uns des faits ne font pas faciles à expliquer, je rapporterai un petit nombre de ces faits des plus remarquables, tels qu’ils fe font pré-fentes.
- Le 18 Avril, m’amufant à char-N iv
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- îçst H I S T O I *. 1 ger trois jarres de la grandeur ordinaire , tandis quelles étoient pë-fées fur une platine de métal placée fur la table, avec leurs fils de métal à différentes diftancesdu même premier conduéteur , lequel étoit foutenu- fur des montants de bois léché au four, je remarquai que toutes les fois que celle des jarres qui étoit proche du conduâeur ; fe sé-chargeoit d’elle même, les autres fe déchargeoient auffi toutes feules ; quoiqu'il s’en fallût beaucoup qu’elles n’euffent leur charge entière, étant placées plus loin du conducteur commun , & conféquemment n’en ayant reçu que très-peu d’étincelles en comparaifon de celle qui en étoit la plus proche.
- Différentes expériences lèmblcnt prouver que tant qu'une jarre demeure chargée , la matière électrique continue toujours de s’infinuer de plus en plus dans la fubftance du vérre ; de lorte qu’elle ne court jamais tant de rifques de fe caflèr , que quelque temps après avoir été chargée.
- Le 16 Mai , après avoir chargé
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- ce l'Electricité. 197 èïnfçrobfc quarante-une jarres , dont chacune contenoit environ iin pied quarré dé verre garni, & les ayant laide tranquilles environ une minute & demie, tandis que j’ajuftois quelque partie de l’appareil, afin de Faire la décharge , elles firent une explo-fion par la rupture d’une des jarres. Je remarquai àuffi que la jarre qui cafla, ëtoit à une aiftance confidé-rable de l’endroit où j’avois vu l'éclat de lumière aux fils de métal. Elle fe trouva auffi brifée à deux endroits différents.
- Par la même raifon, on ne peut pas être fûr que des jarres qui ont efluyé une décharge, en fupporte-ront encore une autre également forte. Je fuis perfuadé que plufieurs des miennes fe font brilées par une charge beaucoup moindre que celles qu’elles âvoient foutenues auparavant. -
- Le 19 Juin, une jarre d’une grandeur ordinaire, qui avoit fervi conf-tamment plufieurs mois , & qui s etôit déchargée d’elle - même plus de cent fois ïans aucun dommage , fe cafla enfin, dans le moment que
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- Ij8 H I S T O I R É je la déchargcois au premier con-du&eur. Le trou fc trouva à un endroit dififérent de celui où la'décharge s’étoit faite ; mais cela n’arrive pas toujours. Le bout de mon petit doigt fc trouva par hafard pofé légèrement fur l’endroit, & je fen-tis qu’elle étoit brifée.par une petite piquûre femblable à celle d’une épingle ; quoique l’cxplofion au con-ctuâcur fût à-peu près égale à celle de toute autre décharge. La garniture de la jarre contiguë à celle qui creve, eft toujours fondue par l’ex-plofion.
- , Le 25 Juin, une petite bouteille mince qui avoit été chargée feule auffi fort qu’elle le pouvoir être , & de façon à fe décharger elle-même , & qui avoit été chargée auflï conjointement avec quatre autres de même grofleur qu’elle, creva par une éxplofion fpontanéc, quand on la chargea conjointement avec une batterie.1
- Jamais je n’avois entendu dire qu’une jarre fc b'rifât en plus d’un endroit, ni qu’il fe caffât plus d’une jarre d’une batterie daqs la même
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- PS l’ElectricitL I99 explofion ; mais j'ai fouvent appris à mes dépens, que cet événement eft très-poffible. Pour cela il faut qu’il y ait une décharge dans plus d’un endroit en même - temp,s ; d’ailleurs il paraît fuivre de là, qüe toutes les fois, qu’on excite la décharge en un endroit, l’effort qui fe fait à tout autre endroit pour opérer la décharge, augmente dans le même-temps.
- Il m’eft fouvent arrivé que des jarres ont été brifées fans que je m’en fois apperçu , à l’inftant que je faifois la décharge de la façon ordinaire , & quand je fuis venu à les charger de nouveau, elles ont paru brilees dans quelques endroits de la batterie que je n’aurois jamais foupçonné. J’en ai eu deux exemples dans, l’explofion dont j’ai parlé ci-deffus ; mais le fait le plus remarquable de ce genre arriva le 3 r Mai, où une batterie d’environ quarante jarres-, contenant chacune un pied quarré de verre garni, fe déchargea d’elle-même.
- En l’examinant je trouvai que fix des jarres étoient brifées. A l'une la feuille d’étain qui la garmffoit en-N vj *
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- )oo Histoire' dehors, étoit tout-à-fait fondue dans lin efpace circulaire d’environ un demi-pouce de diamètre ; & en-dedans elle étoit brûlée, & tou t à-fait noire dans un efpace de prés d'un pouce & démi. A une fécondé, la garniture étoit fondue en dehors, dans un efpace d’environ trois quarts de pouce de diamètre , & la tache noire du dedans étoit de deux pouces. Une troifieme avoit un trou fait en forme d’étoile, & beaucoupde petites fêlures femblables à des rayons partant d’un centre, & en fi grand nombre quoi) ne pouvoit les compter. A peine y avoit il une feule de ces jarres qui n’eût qu’un feul trou. Quelques - unes étoient calfées en fept ou huit endroits différents, dont quelques-uns étoient fort éloignés des autres; mais ordinairement il y avoit un trou principal, & dans fon voifinage, plufieurs autres plus petits, mais indépendants du premier, par exemple, à un demi-pouce , un pouce ou deux de diftance.
- Le 14 Juin, la batterie ci-deffus fe déchargea encore une fois' d’elle-même : trois jarres furent brilëes ;
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- de l’Electricité. 301 & l’une d’elles, outre fon trou principal , eut- un cordon circulaire de fra£tlires tout autour du trou , à la diftance d'environ un demi - pouce. Ce phénomène me frappa comme quelque chofe de fort remarquable j mais peut-être que les expériences fuivantes y répandront quelque lumière. Chacune des petites fradures avoit environ un dixième de pouce de longueur.
- Le 17 Novembre, ayant chargé mes deux batteries , dont l’une étoit alors de trente-un pieds quarrés, & l’autre de trente-deux , je fis l’explo-fion ; il fe trouva enfuite dans chaque batterie , une jarre caflee. Elles le briferent à l'inftant de la décharge, de forte que je ne foùpçonnai pas ce qui étoit arrivé. Les deux batteries avoient fouvent fupporté une charge beaucoup plus forte. Dans une des plus petites jarres, la garniture , outre qu’elle étoit crevée vis-à-vis le trou , étoit déchirée d’environ un pouce & demi le long d’une fêlure , qui s’y étoit faite.
- Quand des jarres difpofées en batteries ont été caffées de cette ma-
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- niere, je n’ai jamais manqué d’ob-lerver une circonftance qui me pa-roît digne de remarque. C’eft que , quoique, en pareil cas, il yaitplu-lieurs paffages ouverts pour rétablir l’équilibre du fluide éle&rique , le tout cependant femble palier dans le circuit qui eft formé pour lui extérieurement. Du moins l’effet de l’ex-plofion n’eft diminué fenfiblement fur aucunes des fubftances qui y font expofées. J’ai eu une belle oc-cafion de l’obferver , en faifant paf-fer l’explofîon de la batterie à travers des fils de différents métaux.
- . Je trouvai que la plus grande force de la batterie n’alloit guere plus loin que de fondre un bout de fil d’argent, fur lequel je l’effayois; & cependant il fut une fois totalement dflperfc par une explofion , dans laquelle il y eut trois jarres de brifées dans différents endroits de la batterie.
- La fraéhire la plus remarquable que je me rappelle, fut celle d'une jarre d’un huitième de pouce d'ë-paiffeur , & qui par cette raifon fut long-temps jugée trop épaiffc pour
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- de l’EiectricitI. JOJ pouvoir fervir. Quoiqu’il en foit, cette jarre qui n'avoit jamais fup-porté qu’une charge médiocre, creva d’elîe-même ; alors on y trouva un trou femblable à ceux qu’on ob-ferve communément , d’oü s’éten-doient deux fêlures qui fe joignoient au côté oppofé de la jarre ; de forte quelle étoit féparée en deux parties ; mais il y ayoit outre cela deux autres trous., à peine vifibles à la vue fimple , à quelques pouces de diftance du trou’ principal, & très-éloignés l'un de l’autre. Ces trous, en les examinant avec un microfco-pe, paroifloienf clairement des fractures , femblables à celles qui font faites de la même maniéré , ayant une tache blanche dans le milieu. L’un d’eux étoit au-deflus de la garniture extérieure ; mais non pas au-deflus de l’intérieure.
- J’ai fouvent été fort furpris de la grande diftance à laquelle plufieurs de mes jarres fe déchargeoient d’elles-mêmes ; cela arrivoit très-fréquemment à cinq pouces. Cela m’engagea à eflayér à quelle diftance je
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- jo4 Histoire pourrais faire cette décharge fpon-tanée.
- Le z i Février , je pris une jarre de huit pouces & demi de profondeur , & trois de diamètre. Voyant qu’elle fe déchargeoit fort aifément d’ellc-même, quand elle étoit garnie à la façon ordinaire , c’eft-à-dire, à environ quatre pouces du haut, je coupai une partie de la garniture , jufqu’à ce qu’elle ne fût plus qu’à deux pouces & un quart au-ddfus du fond ; malgré cela elle garda toujours la même propriété; & à la longue, elle creva par une décharge qui le fit à un point blanc de matière mal vitrifiée , à un pouce trois quarts au-delfus de la garniture.
- Je me pourvus alors d’une jarre de fept pouces 8c demi de hauteur, & deux & demi de diamètre , qu’on avoit rendue bleue avec du faffre. Je ne la garnis que jufqu’à un pouce & un quart du fond ; & cependant elle fe déchargea très promptement d’elle-même. Enfuite j’enlevai peu-à-peu la garniture, jufqu’à ce quel-
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- nï t’EitcTiuciti. 3«j Je n’allât plus qu’à un peu plus d’un demi pouce au - deflus du Fond ; & la décharge continua encore à lé faire comme auparavant. Elie con-ferva cette propriété jufqu’au mois dOétobre fuivant qu’elle fut brilée par un accident.
- J’ai une autre jarre bleue de même grandeur à-peu-près que la précédente , qui eft prefque remplie de limaille de cuivre ; mais qui n’a aucune garniture en-dehors. Cependant, fi je mets cette jarre fur la table en contaâ avec un feul bout de chaîne de cuivre , qui en faflfe tout le tour, & qui pofe fur la table, elle fe déchargera d’elle-même dans toute l’étendue du verre. La maniéré dont la partie non garnie de ces jarres fe"charge, prélente un très-beau phénomène , fur-tout dans l’obfcurité ; le feu s’élance du haut de la garniture en forme de branches d'arbres, d’abord fur un côté du verre, & enfuite fur l’autre, ces branches devenant de plus en plus grandes, jufqu’à ce. qu’elles paflent au-deflus de la jarre.
- J’ai fait quelques expériences pour
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- effayer jnfqu’à quelle épaiffeur une platine de verre peut être fufeepti-ble detre chargée ; mais elles ne m’ont rien appris qui m'ait mis dans le cas de m’en affûter avec affez de certitude. J’ai trouvé feulement que je ne pouvois pas du tout charger une platine de verre d’un demi-pouce d’épaiffeur , fl elle n’é-toit pas chauffée. C’étoit le fond d'un grand gobelet de verre ; mais ne l’ayant rencontré que dans un voyage que je fis chez un célébré Eledricien ; je n’eus pas la commodité de faire beaucoup d’expériences deffus ; j’imagine qu’en le chauffant, on l'àuroit rendu fufeep-tible detre chargé. Un verre de trois lignes d’épaiflèur peut contenir une affez bonne charge.
- Les expériences de M. Kinnerfley, ( tom. II, pag. 430 ,) ne me laif-fant aucun lieu de douter que les flacons de Florence ne fuffent capables de recevoir une charge comme tout autre verre mince que la chaleur peut rendre 'conducteur, j’imaginai que j’en pourrais bientôt conllruire une batterie éledrique
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- SE L’ElEttEUCITé. 3«7 très-forte & à très-bon marché. En conféquence, je m’en pourvus d’un petit nombre , pour échantillon ; mais je fos très - fuipris de trouver que réle&ricité pafloit à travers , quoiqu’ils fuffcnt tout à-fait froids, comme l’eau au travers d’un crible , fans y faire aucune fraéture ; car ils confinuerent à ne garder que la même petite charge , qui étoit différente dans différents flacons : ayant parlé de ce contre-temps à M. Canton , il m’apprit qu’il avoit trouvé la même chofe, & que la perméabilité de cette efpece de <verre au fluide éleârique, venoit des petites parties non-vitrifiées qu’on peut y remarquer. J’ai cru qu’il pouvoit être utile de publier ce fait ; parce qu’il peut empêcher d’autres perfon-rie's d’être trompées èn pareil cas.
- Comme on n’avoit communément chargé que du verre poli, & que les corps électriques qui ont la propriété du verre dépoli, quand on les frotte, font extrêmement difficiles à charger , j’eus la curiofité d'effayer ce qu’on pourrait faire avec le verre dépoli même. En conféquence ,
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- joS HisToUt je commençai d’abord par dépolir une partie d’une jarre , en réunil-fant !a garniture intérieure avec l’extérieure , croyant que le dépoli pou-roit faciliter une décharge fponta-née ; mais j’obfervai qu'elle ne fe fài-foit pas dans cet endroit plutôt que dans tout autre. J’ôtai enfuite le poli de toute la partie extérieure d’une jarre au-deflus de la garniture ; mais elle fut chargée & déchargée exaéfement comme auparavant. Enfin, je dépolis une plaque de; verre des deux côtés, & je trouvai qu’elle recevoit une charge auffi bien qu’une plaque polie.
- La maniéré dont lés tubes & les plaques de verre le font brifées par la décharge d’une batterie éleétrique, lorfque j’ai manqué à y appliquer une légère couche métallique, a été quelquefois accompagnée de cir-conftances , dont je ne puis pas ai-fément rendre râifon. Voici les faits.
- Le 5 Décembre, eflayant de fixer une lame de métal fur un morceau plat de verre, il fut brifé par l'ex-plofion , dans une dire&ion parallèle à la ligne fur laquelle étoit pofé
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- le métal, à environ un pouce de diltance , &: non pas où étoit la lame elle-même.
- Ayant effayé de donner une enveloppe métallique à une portion d'un lohg tube de verre , il febri-fa, non pas dans l’endroit où étoit l’enveloppe ; mais du côté oppofé, qui fut tout mis en pièces, La feuille d'or avoit été appliquée fort intimement au verrç , fous un morceau de carton qui couvrait l'or; mais non pas le relie du tube. Un autre tube fut aulïi caffé en grands morceaux à l’endroit où le métal avoit été appliqué , màis en petits éclats da côté oppofé ; & à fix ou fept pouces plps loin , ' il ne fut point du tout brifé du, côté du métal, mais beaucoup de l'autre côté.
- Une autrefois ayant entrepris la même chofe avec un autre tube de verre , Ion extrémité qui étoit à prés d’un pied de dillançe de l'endroit où le métal étoit appliqué, qui étoit un peu fêlée dans une direâion oblique, le brifa eu rond. '
- Comme on a publié peu d’expé-
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- j-io H i s ; t i a e ricnces fur la façon de; fondre des fils de métal, oc de former des globules métalliques par une déchargé éleârique ; 8c qu'il s’elt préfe'nré dans mes effais fur céttè matière ; différentes chofes ,qui peut-être ne fo font pas préfentées a d’àütres , j:e. rapporterai quelques-unes des circonftançes les plus importantes. Elles feryiront du moins d’inftruélion à ceux qui pourront avoir envie d’eflayer la même choie.
- J’ai fouvent effayé de produire de ces beaux globules de métal , dont il eft parlé à la pag. 96 du tom. II, 8c dont j'ai vu quelques - uns chez M. Canton ; & pour cet effet j’ai fait la décharge, à travers de petits" fils dé métal, placés au fond d’une taffe de porcelaine , &c. mais toujours fans fuccès. Enfin , je m’avifai de renfermer les, fi^s de’mé-tal dans de petits tubes; & cet expédient remplit très-bien rhon attente,: _çar le 1.1 ffove.mjjfe^en déchar-y géant une batterie de trente - deux pieds qu'arrés à travers un' fil de fer enfermé dans un petit Ijube de .verre, jé trouvai'un nombre lufini de
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- DE l’ElSCTltlCITé. }It globules de métal de différentes grofleurs. La partie fondue fut d’en-tiron deux pouces. En caffant le tube de verre, je trouvai fa furface intérieure couverte uniformément de ces globules, & d'une pouffiere noire , Te tout adhérent au verre ; de forte qu’on ne pouvoit l’en fé~ parer fans emporter auffi une portion du verre.
- Pour tâcher d’éviter cet inconvénient, je fixai le petit fil de fer dans le centre d’un rube de verre d’au-moins trois lignes de diamètre ; mais après la décharge, ce tube, quoique beaucoup plus large que le premier , fe trouva couvert uniformément de globules, & de pouffiere noire, qui s’y attachèrent fortement , quoique le métal ne parût pas avoir pénétré dans la fubftance du verre. Quand le tube fut cafle , je ratifiai une partie de cet enduit noir ; la portion qui tôuchoit le verre , reflembloit à une plaque mince du métal.
- Me figurant que le métal fondu ne s’attacherait pas fi fortement à “ne fubftance conductrice , qu’il
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- l’avoit fait au verre, je'renfermai le fil de fer dans un tube de papier de crois lignes de largeur. L'ayant ouvert après la décharge, il fe trou-' va couvert uniformément île cette poufliere noire; & la tache fut partout ineffaçable. On avoit vu des étincelles de feu à trois pieds de l’pndroit de la décharge ; mais on ne put trouver aucune partie du métal, Enfuite je reflerrai encore plus le fil de fer, l'enveloppant bien étroitement dans du papier. Lors de II décharge , on vit dans l’efpace d’environ une fécondé de temps, un grand nombre d’étincelles à neuf pouces du papier . qui fut brûlé & percé à jour en pluiieurs endroits, On ne put trouver que quelques morceaux du métal, mais ils étoient paffablement gros & irréguliers. Je jugeai alors que la charge deyoit être modérée pour produire de ces globules ; que quand la charge étoit très-forte , toute la fubftance du fil de fer étoit difperfée en particules trop petites pour qu’on pfit les trouver ; d’un autre côté, que quand la charge étoit trop foible, le roé-
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- »! l'Electricité. ÎIJ tal étoit fonda en fragments trop gros pour pouvoir fe former en globules réguliers.
- Je fondis une fois avec la même batterie , un morceau de fil de fer d’un foixante - dixième de pouce de diamètre , il y en eut un tnotceau qui fut jetté au delà de la table, à environ fix pieds de diftance, où il tomba lùr un bureau , & delà fauta
- r" terre , & continua à être embra-pendant tout ce temps-là. D’autres fois , des étincelles provenant du fer fondu , ont été jettées à neuf pieds du lieu de la fofion dans toutes fortes de directions , & font demeurées rouges fiir le plancher pendant un efpace de temps fcnfible.
- Une autre fois j’eus une très-belle occafion d’obfçryer quelle eft la partie des conducteurs qui forment un circuit éleétrique, que l’explofion affeéte le plus : car eu déchargeant une batterie de cinquante-un pieds auarrés à travers un fil de fer ae neuf pouces de longueur, fa totalité fut çmbrafée, « relia dans cet état pendant quelques fécondés; ton milieu fp refroidit le premier, Tom. III. O
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- }i+ Histoire tandis que les deux extrémités demeurèrent fenliblement rouges. En-fuite en l'examinant, les deux extrémités lé trouvèrent tout - à - fait fondues. La longueur d’un ou deux pouces de la partie qui en étoit la pluswoifine, étoit extrêmement caf. fante, & fe réduifit en petits morceaux fous les doigts ; tandis que la partie du milieu demeura affez fo-lide ; mais elle avoir perdu tout fou poli; de forte qu'elle paroifloit plus obfcure qu’auparavant.
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- os i’Eiectrjciïi. 3*j
- PARTIE VIII.
- SECTION VIII.
- Expériences fur les Animaux.
- Comme j’ai conftruit une batterie électrique d’une force confidéra-blement plus grande qu’aucune autre dont j'aie jamais entendu parler ; que j’ai expofé quelquefois des animaux à Ton choc , & que j’ai fait une attention particulière à plufieurs circonlfcances que d'autres ont fou-vent négligées ou mal comprifes, il ne fera pas hors de propos de rapporter quelques uns des cas dans Ief-quels les faits étaient à quelques égards nouveaux ou dignes de remarque,
- Le 4 Juin, je tuai un rat par la décharge de deux i arres, contenant chacune trois pieds quarrés de verre garni. L’Animal mouiut fur le O ij
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- champ , après avoir éprouvé une convulfion univerfelle au moment de la commotion. Au bout de quelque temps, on le diffequa avec foin ; on n’apperçut aucun dérangement intérieur, lur-tout point de fang ex-travafé ni dans l’abdomen, ni dans la poitrine, ni dans le cerveau.
- Le iÿ Juin , je tuai un affez grand chat par la décharge d’une batterie de trente - trois pieds quarrés. Mais on ne remarqua point d’autre effet, finon que l’on trouva une tache rouge fur le péricrane , à l’endroit où le feu étoit entré. Je tâchai de le rappeller à la vie , en étendant fes poumons, & foufflant dans la trachée avec un tuyau de plume ; mais inutilement. Le c-æur lui battit quelque temps après la commotion ; mais la refpiration ceffa fur le champ.
- Le ai Juin, je tuai une petite mufaraigne, par la décharge d'une batterie de trente-fix pieds quarrés ; mais on n’apperçut pas d’autre effet, fi ce n’eft que le poil du front fut grillé & en partie arraché. Il n’y eut de fang extravafé nulle part, quelque petit que fût l’animal, & quoi-
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- ci l’Elïctricité. J 17 que la commotion par laquelle il fut tué , fût fort grande. Ce fait & beaucoup d'autres de même nature, me font foupçonner quelque erreur dans les cas où l'on prétend que de plus grands animaux ont eu tous leurs vaifleaux fanguins rompus pat une force bien inférieure.
- Dans toutes les narrations que j’ai vues d’animaux tués par la commotion éleârique, les viâimes étoient ou de petits quadrupèdes, ou des oifeaux ; & on les dit tous avoir été tués fi fubitement, qu'on ne pou-voit voir comment ils étoient affeâés avant qu’ils expiraffent. La grande force de ma batterie m'a fourni dans quelques-unes de mes expériences une allez belle occafion d'obferver de quelle façon le lyftcme animal eft affeâé par la commotion éleârique, les animaux que j’y ai expofés étant aflez gros ; de forte qu’on peut par des lignes extérieurs, porter un meilleur jugement de leurs fenfations, & conlequemment de la caufe immédiate de leur mort. Je ne prétends pas tirer moi - même aucune confé-quence des faits fuivants ; je me fuis
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- 3 iS H I S T O I R s contenté d’en tenir note avec tout le loin poflible , pour l’utilité des Médecins & des Anatomiftes.
- Le 16 Juin, je déchargeai une batterie de trente huit pieds quarrés de verre garni, de la tête à la queue d’un chat, qui avoit pris toute fa croiifance , étant âgé de trois ou quatre ans. A l'inftant il eilt de violentes convulfions par tout le corps. Après un peu de relâche, il lui prit des convulfions plus fotbles dans différents mufcles , Sc fur-tout aux côtés , qui fe terminèrent par une ref-piration très convulfive , accompagnée d’un râlement. 11 fut enfuite cinq minutes fans aucun mouvement qu’on pût regarder comme ref-piration ; mais cela fut fuivi d’une refpiration extrêmement prompte, qui continua près d’une demi-heure. Vers la fin de cet accident, le chat fut en état de remuer la tête & les pattes de devant, de façon à fe pouffer en arriéré fur le plancher ; mais il ne put pas mouvoir les pattes de derrière , quoique la commotion n’eût pas paffé dans cette partie. Tandis qu’il étoit dans cet état, je
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- BE l’ElEeTRICITâ. 315 lui donnai une fécondé commotion, qui fut accompagnée comme la première , de convulfions violentes , du court relâche, & de la refpira-tion convulfive , dans laquelle il mourut environ une minute après.
- Voulant effayer une fois fur un plus gros animal, une commotion Beaucoup plus forte que celle qui avoit tué le chat, je donnai une commotion provenant de foixante-deux pieds quarrés de verre garni, à un chien de la groffeur d’un chien couchant ordinaire. Il fut frappé fur la tête, fans que je puilfe dire pré-cifément en quel endroit, parce que j’étois mal éclairé. Dans ce moment tous les membres s'étendirent ; il tomba en arriéré, & relia environ une minute fans mouvement , & fans donner aucun figne de vie. £n-lùite il lui prit des convulfions dans tous les membres , mais qui ne furent pas bien violentes, & qui furent luivies de cette refpiration convulfive , accompagnée d’un petit râlement. Environ quatre minutesapsès qu’il fut frappé , il fut en état de fe mouvoir, quoiqu’il n’eflaya de mar-
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- JiO H I S T O t R. K cher qu’environ une demi - heure après, pendant lequel temps il jetta une grande quantité de falive ; il lui coula aulfi beaucoup d'humeur des yeux, fur lefquels il tenoit fes pattes , quoique à tout autre égard il reliât parfaitement tranquille. Il n’ouvrit point les yeux de toute la foirée , & le lendemain il parut to talement aveugle, quoiqu'en appa-rence il fe portât bien d’ailleurs.
- Après avoir tué ce chien , en lui perçant le derrière de la tête, j’examinai un des yeux; ( tous les deux avoient fur la prunelle une teinte bleuâtre uniforme, fcmblable à une membrane ), je trouvai les trois humeurs parfaitement tranfparentes, & autant que je pus en juger, dans leur état naturel ; mais la cornée étoit par tout blanche & opaque, comme nn morceau de cartilage, & extrêmement épaiflè.
- Avant cette expérience , j’avois imaginé que les animaux frappés d’aveuglement par le tonnerre , avoient une goutte ferene , à caufe de la fecoufle que reçoit fans doute le genre nerveux par la commotion
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- DE L’EiECTHICITÉ. J1I
- èleârique ; au lieu que dans le cas préfent, c’étoit une inflammation occaGonnée par l’exploflon qui s'étoit faite G proche des yeux, & qui avoit fini par une efpece d’albugo (a) qui, à ce que je crois, auroit été incurable. Ce chien eut un oeil un peu plus affeété que l’autre, fans doute parce que la commotion avoit été donnée un peu plus proche d’un œil que de l’autre. J’avois eu deflèin de donner la commotion environ un pouce au-deffus des yeux.
- Pour m’aflurer des effets de l’électricité fur les corps animés, je commençai une fuite d’expériences fur le pouvoir conduéteur de leurs parties conftituantes ; & j’imaginai pendant quelque temps , qu’un morceau de la moelle allongée d’un bœuf, fe-roit fenfiblement plus mauvais con-duéteur que la chair mufculaire. Mais après quantité d’eflais fur des morceaux de moelle allongée de divers animaux, & des morceaux de chair mufculaire, de même forme
- (a) Sorte de maladie des yeux.
- Ov
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- 3ii . Hutoiu & grandeur, &dans différents états de féchereflé & d’humidité, j'abandonnai cette - opinion comme trompeufe ; mais je ne puis m’empêcher de fouhaiter qu’on reprenne ces expériences avec quelque méthode propre à mefurer leur pouvoir conducteur, plus exaéiement qu’on ne l’a fait jufqu’apréfent.
- Voulant obferver, s’il étoitpofli-ble , l'effet immédiat de la commotion éleélrique fur le cœur & les
- rimons des animaux , je donnai j Juin, une commotion provenant de fix pieds quarrés de charge, à une grenouille, dont on avoit au-' paravant ouvert la poitrine , de forte qu’on pouvoit appercevoir le battement du cœur. Au moment de la commotion les poumons fé glonfle-tent, & furent chaffés. tout-à-fait hors du corps , auffi' bien que les autres parties contenues dans la poitrine: Cependant le cœur continua à battre, quoique très-foiblement, & on ne vit aucun autre ligne dè vié pendant dix minutes. Enfuite,. on appercut d’abord un mouvement fous les- mâchoires , qui s’étendit peu-
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- de l'Electricité. jij à-peu aux mufcles des côtés j & à la fin il parut que l’animal feroit revenu à la vie, s’il n’eût pas été 11 déchiré. La commotion étoit entrée par la tête, & fortie par les pattes de derrière.
- Le 6 Juin, je déchargeai une batterie de trente-trois pieds quarrés à travers la tête & tout le corps tendu d’une autre grenouille. Auffi-tôt après qu’elle eut reçu la commotion, il y eut en quelque forte une détention momentanée de tous les mulcles de fon corps, & elle demeura toute ridée d’une façon trës-furprenante. Pendant environ cinq minutes , on ne vit pas le moindre ligne de vie , & on ne put pas fen-tir le battement du cœur avec le doigt. Mais dans la fuite, on ap-perçut d’abord un mouvement lous les "mâchoires, puis tout le long des côtés, accompagné de mouvements convullifs des autres parties ; & environ une heure après, elle redevint, en apparence, auffi bien que jamais.
- Le même jour je donnai la même commotion à deux autres grenouil-O vj
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- 3H Histoire les. Elles furent affèdées de la même maniéré, & revinrent dans leur premier état en moins de trois heu-res.
- Ces faits me furprirent beaucoup. J’attribue le rétabliflèment des grenouilles, en partie à l’humidité dont leur corps paraît toujours couvert, & qui peut tranfmettre une bonne partie de la commotion ; & en partie à la faculté qu’elles ont de pouvoir vivre long-temps fans refpirer. Pour m’afliirer de ce fait, j’aurois voulu donner la commotion à des crapaux, des fërpents, des poilfons, &c. & à differents autres animaux de ceux qui n’ont point de fang ; mais je n’en eus pas la commodité. D’ailleurs, c’eft payer bien cher des découvertes Philofophiques, que de les acheter aux dépens de l’humanité [i55l.
- [II cy*
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- »b l'Electricité. jij
- PARTIE VIII. '
- SECTION IX.
- Expériences fur les taches circulaires , faites fur des morceaux de métal par de grandes ex-plofions Electriques.
- J e ne prétends m’attribuer aucune forte de mérite dans les fuites d’expériences que je vais préfenter au leâeur dans cette feétion, & les deux fuivantes. J’y ai été conduit néceflairement par la très-forte électricité que je me fuis procurée. Dans tous les cas les premiers phénomènes ont été produits par le hafard , & m’ont engagé à les fuivre ; & les réfultats font li éloignés de favori-fer aucune théorie ou hypothé-fe particulière qui m’appartienne ,
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- 316 Histoire qu’au contraire je ne puis concilier parfaitement les différents phénomènes avec aucune hypothefe connue.
- Dès le temps que je commençai à me livrer d’une maniéré particulière aux expériences électriques, je conçus , quoique cùnfufémént, que le meilleur moyen de parvenir à quelque nouvelle découverte , ferait de fe procurer une plus forte électricité que celle qu’on s’étoit procurée jufqu alors. En confidérant le nombre prodigieux de machines électriques qui étoient entre les mains de tant de perfonnes ingénieufes, dans les différentes parties du monde , j’imaginai qu'on avoit effayé tout ce qu’il étoit poffible de faire en petit ; & que les expériences ordinaires avoient été variées & combinées prefquede toutes les maniérés poffi-bles ; au lieu que comme je l’ai ob-- fervé, les machines éleétriqucs ayant été depuis quelque - temps réduites par degrés à un volume de plus petit en plus petit, une grande force d’éleâricité ferait prefque une chofe nouvelle, 8f pourrait par conféquent fournir des moyens de faire des ex-
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- de i’ElbcthicitL 317 périences nouvelles. Je regardai même la force que s'écoit procurée le Doéleur Franklin , comme petite , en comparaifon de celle qu’on pourrait produire , & cela fans faire beaucoup de dépenfe.
- Dans cette attente générale & incertaine, j’augmentai peu-à-peu la quantité de verre garni , jufqu’à ce que j’eufle formé une batterie de trente, quarante , foixante , & enfin de près de quatre - vingt pieds quarrés; le leâeur aura déjà vu en quelque forte, que je ne fus pas totalement trompé. La fuite d’expériences que je vais détailler , eft une preuve plus remarquable de l’avantage que j’ai tiré de ce pouvoir d’éleâricité.
- Le premier fait digne d’attention que ce moyen me fit découvrir , eft celui des cercles dont fe trouvent empreints des morceaux de métal qui reçoivent des exploitons électriques, Je ne prétends pas rendre raifon de ce phénomène par aucune théorie d’éleâricité. Mais pour mettre le leâeur en état de l’expliquer lui-même, je rapporterai fidèlement
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- 328 Histoire toutes les circonftances & les variétés avec lefquelles il s’eft prérenté , & les remarques qu'il m’a fait faire ; or je ne puis pas mieux faire pour y parvenir, que d’en écrire le détail dans l'ordre dans lequel ces phénomènes font arrivés.
- Le 13 Juin 17 es , après avoir déchargé une batterie d’environ quarante pieds quarrés, avec un bouton de cuivre poli, je remarquai deflus par hafard, une aÿe{ grande tache circulaire, dont le centre pa-roiffoit être fondu à la luperficie , en un grand nombre de points plus grands auprès du centre, & plus petits à quelque dilfance. Au-dela de cette tache centrale , étoit un cercle de pouffiere noire, qu’il fut aifé d’ôrer. Mais ce qui me frappa le plus , fut qu’un peu au-delà des endroits fondus, il y avoit un cercle exaél & entier de points brillants, compofés de parties fondues fuperfi-ciellemcnt, de même que celles qui étoient au centre. Le tout, à l’exception de la pouffiere noire, eft repréfenté Planch. 1 , fig. j, n°. 1.
- Le 14 Juin, j’examinai une tache
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- »E l'Électricité. 315 fur des morceaux polis, de plomb & d’argent. Elle étoit dans l’un & l’autre femblable à celle qui étoit fur le bouton de cuivre; feulement la «ache centrale fur l’argent étoit compofée de points difpofes avec la plus grande exaétitude, comme des rayons partant du centre d’un cercle , dont chacun fè terminoit un peu en-deça du cercle extérieur.
- En examinant ces taches avec un microfcope, les points brillants qui formoient la tache centrale, & ceux qui formoient le cercle extérieur paroifloient évidemment autant de cavités, femblables à celles de la lune, telles qu’elles paroif-fent vues au télefcope ; les bords y projettant des ombres quand on les tenoit au foleil.
- Le plus beau phénomène de cette efpece me fut offert par une tache que je fis fur une boîte de montre d’or. Outre les cavités, il y avoit en plufieurs endroits de la tache des bulles creufes de métal, qui dévoient avoir été formées pendant qu’il étoit dans l’état de fufion. Elles paroifloient très-belles quand on les
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- $3o Histoire examinoit au foleil avec un microf-cope ; & on les diftinguoit aifément des cavités ; parce qu’elles avoient leurs points radieux ( qui étoienr fort remarquables , &r éblouiffoient les yeux ) i’ur les côtés oppofés à ceux des cavités, par rapport au foleil. Le progrès de ce phénomène paraît avoir commencé par une fufion ; enfuite il y a eu une attraâion du métal liquide qui a aidé à former les bulles ; & enfin la rupture de ces bulles, qui a laiflé des cavités. Remarquez que cette explofion fondit & difperfa entièrement un demi-pouce de fil d’acier d’un foixante-dixieme de pouce de diamètre. On vit dans cette difperfion des étincelles ardentes à plus d’un pied & demi de l’endroit où étoit le fil d’acier. J’ai obfervé fouvent la même chofe depuis. J’ai vu auffi plufieurs fois de pareilles étincelles s’élancer des gros boutons de cuivre, à l’inf-tant des exploitons.
- J'ai imprimé la tache fur des morceaux polis de differents métaux par la décharge de la même batterie, & j’ai remarqué que les cavités qui s’y
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- DS i.’EtSCTRICI'fÉ. 531 trouvoient, étoient plus profondes les unes que les autres, à ce que je crois, dans l’ordre lùivant, en commençant par les plus profondes, fétain , le plomb . le Laiton , 1 or, l’acier , le fer, le cuivre , l’argent.
- Je n’aflurerai pas bien politive-ment l'ordre que tiennent à cet égard quelques-uns des métaux; mais il paraît évident que l’argent n’a pas été creufé de la quatrième partie de ce que l’a été l’or , & qu’il l’a été beaucoup moins qu’aucun des autres métaux. Les cercles étoient marqués aufli diftindement ; mais l’im-preffion étoit plus l’uperficielle. Cela vient-il de ce que la chaleur eft plus promptement répandue également dans un morceau d’argent que dans la fubftance d’aucun autre métal?
- Je penfois qu’il pourrait bien y avoir quelque différence dans les cercles imprimés fur les métaux qui auraient été depuis long-temps fous une forme folide, & fur ceux qui auraient été fluides depuis peu ; pour m’en afïurer, je fis l’explouon entre un morceau de plomb , qui venoit
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- Histoiré de fe durcir après avoir été fondu & un autre rhorceau poli que j’âvois gardé Un temps conlidérable. Le premier morceau fut fondu plus que l’autre ; mais il n’y eut point d’autre différence entre eux.
- Les demi-métaux, comme le hif-muth & le {ink, reçurent la même impreffiod que les métaux proprement dits, & furent fondus à peu-prés autant que le fer.
- Je fis trois décharges entre un morceau d’acier du plus beau poli, & un morceau de fer bien uni j dans tous les cas je jugeai que l'acier étoit fondu plus profondément que le fer. Je fois une mention plus particulière de cette expérience , à caufe de la finguliere & belle apparence de la tache circulaire qui fe trouva fur l’acier dans deux des décharges. Il y eut une tache circulaire d’un huitième de pouce de diamètre ou environ, fondue uniformément & aifez bien dellinée : & il y eut autour de cette tache centrale, un efpace de la même largeur, rempli uniformément de pe-tis endroits fondus -, mais deux fois
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- DH l’E&ÏCTIUÇH£- iîî juffi grands dans l’une que dans Tau* tre. Ces taches reflembloient exactement à une planète environnée d’une atmolphere denfe, telles, à ce que je crois, que je me Souviens d’en avoir vu dans les planches du la Théorie de la Terre de Burnet : l’autre cercle Sur l’acier étojt tout ordinaire.
- Quand je tuai le chat dont il a été lait mention plus haut, il n’y eut ni tache circulaire, ni aucune fufion Sur le bouton de cuivre. Je l’ai toujours trouvé le plus entier, quand le circuit a été compoSé des meilleurs condu&eurs, fie qu’il y a eu le moins d’intervalle entr’eux.
- Le ii) Juin, ayant SuSpendu la boîte d’une montre lur les boutons de cuivre qui communiquoient avec ('intérieur de la batterie , & en recelant l’exploSion Sur la boîte d’une autre montre qui étoit tantôt du même métal , fie tantôt d’un métal différent ; ayant eoSuite meSuré les cercles, je les trouvai tous à-peu-près du même diamètre : les petites variétés parurent être accidentelles, ou du moins ne dépendre ni du mé*
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- J 54 H I S I O l R F tal ni de la direâion du fluide électrique. Mais il me parut allez évident d’après un grand nombre d'ex-périences , que le métal qui commit-niquoit avec l’extérieur de la batterie , & que je tenois dans ma mam pour faire l’explolion, étoit marqué plus dillinétement que l'autre.
- 11 me parut que quand la batterie étoit très fortement chargée, la tache centrale étoit la plus irrégulière , plulieurs des points qui la compofoient s’étendant jufqu’au cercle extérieur, & même au-delà; ce qui l'effaçoit beaucoup; de forte que la meilleure façon de fe procurer un cercle bien diflinâ, elt de faire ufage d'une charge modérée d’une très-grande batterie. C’ell peut-être la raifon pourquoi on ne (au-roit appercevoir le cercle extérieur, quand on ne fe fert que de petitei jarres ; la circonférence du cercle étant fort petite , & la charge communément trop forte : dans une charge trës-foible, il eil trop léger pour être apperçu. J’ai cependant vu quelquefois un cercle fort diftinék, produit uniquement pat deux jarres,
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- DE l'ElECTRICITE. J 55 dont chacune contenoic un demi-pied quarré de verre garni.
- Le diamètre de la tache paroît dépendre de la quantité de verre garni ; mais je n’ai pas encore déterminé exaétement en quelle proportion.
- J’ai remarqué beaucoup de variétés dans les cercles extérieurs. Ils étoieat quelquefois compolès de points aflTez grands, placés à-peu-prés à égales diftances, & formant un cercle cxatt, qui dans les intervalles entre chaque grand poirn, étoit complété par des points plus petits, qu’on ne voyoit qu’à l’aide d’un microfcope ; mais ordinairement le cercle extérieur efl: un elpace rem-pli de points , placés irrégulièrement , de façon cependant qu'une ligne tirée par leur milieu , forme un cercle affez exaâ autour de la tache centrale.
- Je n’eus pas plutôt obfervé ce cer-cleunique que j’imaginai que, quelle que fût la caufe de ce phénomène, il étoit. aflfez probable qu'on pour-roit fe procurer deux cercles concentriques ou même plus, en le fer-
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- }iS HisroiR* vant d’une plus grande quantité de verre garni, ou peut-être en rece-vant l’explofion fur des métaux plus faciles à fondre que le cuivre. En conféquence , le 17 Juin , m’étant fervi de la charge modérée d’une batterie , compofée d’environ trente-huit pieds quarrés, fur un morceau d’étain, j’obfervai pour ia prçmiere fois, un fécond cercle extérieur, placé à la même diftance du premier , que le premier l’étoit de la tache centrale. 11 étoic compoié de points très fins qu'on voyoit à peine, excepté quand on le tenoit dans un jour avantageux ; mais le tout avoit une très-belle apparence , telle qu’elle eft repréfpntée, planch. 1, fîg. 5 » n°. 2.
- Le 18 Juin , j’obtins un autre cercle double, plus diftinèt que le précédent, fur une écritoire platte d’étain, le cercle extérieur étant à-peu-prés auffi loin de l’intérieur, que celui-ci l’étoit des bords de la tache centrale.
- Ayant obfervé jufqu’ici les cercles les plus diftinâs fur les métaux qui le fondent à un moindre degré de chalepr,
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- de l'Electricité. 337 chaleur, je me pourvus d'un morceau de cette compoiuion qui fe fond dans l'eau bouillante ; & ayant chargé foixante pieds quarrés de verre garni, je fis l'explofion avec cet appareil; & je trouvai ce que je cherchois à obtenir, trois cercles concentriques’, dont l’extérieur n’étoitpas tout-à-fait 13 éloigné: de celui du milieu , que celui-ci de l'intérieur. Tout l'intérieur de ce dçrnier cercle étoit fondu ; mais cet efpace étoit bien deffiné , Se ne reffembloit point du tout à une tache centrale, qui dans ce cas ctoit entièrement effacée. La figure de ces trois cercles concentriques eft repréfentée dans la Planch. 1, fig. j, n". 3.
- J'ai trouvé, plufieurs fois depuis des portions des trois cercles concentriques fur des boutons de cuivre , quoique je ne me fufle fcrvi que de trente pieds quarrés de verre garni. Il femble qu’on les apperçoir plus aifément, quand les boutons font un peu ternis ; car alors les petits points dans lefquels le métal eft fondu , fe diftinguent plus aifément ;
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- 5)8 HtSTOIRE far-tout quand on les tient au foleil dans un jour convenable.
- J’ai fait bien des eflais pour rendre ces cercles plus grands que je ne les avois trouvés communément fur des morceaux de métal, principalement au moyen de mauvais con-duéteurs ; penfant que la matière éleârique n’étant pas fi bien tranl-mife , & paflant avec moins de rapidité , s’étendroitdavantage. C'étoit probablement comme je le penfois ; mais auffi il ell également probable que je n’eus pas affez de force pour rendre une telle impreffion viable. Cependant pour y parvenir, je reçus l’explouon entre deux morceaux de chair crue, deux patates, deux veffies humides , & autres choies de pareille nature ; mais fans aucun effet quelconque : il ne relia delTus aucune marque, ou du moins rien de régulier. Quand je reçus l’explo-fion lur un morceau de charbon de bois, il parut s’être fondu , & ra< mafle en petits tas, dans un efpace à peu-prés de la grandeur ordinaire d’une tache circulaire; & quand je
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- DE 1,'El.ECTR.rCITé. JJj la reçus fur un morceau de charbon de terre , il parut qu’il s’en étoit détaché un! morceau , & qu'il y ref-toic un trou à la, place ; mais il n’y eut de cercle régulier, ni fur l’un qi fur l’autre; & il ne s’y fit aucune inflammation fenfible.
- Une fois je mis un morceau de mine de plomb, que j’avois rendu bien uni en le ratifiant, fur les fils de métal de 'la batterie, & je fis l'explofion avec un morceau de mine d’étain ratifié de la même Façon ; mais quoique je les examinafie avec un microfcope, je ne pus pas m’af-furer qu'il y eût aucune partie fondue, & encore moins aucune tache circulaire régulière ; mais if y avoit fur l’un & l’autre une matière jattr ne, fcmblable à du foufre , autour de l’endroit où s’étoic faite Fexpjh» fion, & il fe répandit une odeur fort délàgréable. Cela venoit probablement du mélange du foufre de la mine de plomb, avec l’arfenic de la mine d’étaifi.
- Je reçus l’explofion dans, le vuidc, à la diftance d’environ trois pouces; mais iç ne trouvai point de tacha P’
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- Histoire circulaire * régulière , fans doute; caufe que je fus obligé de faire deu: interruptions dans le circuit, l'uni dans l’air , 8c l’autre dans le réci pient ; au moyen de quoi l’effet d{ l’une & l’autre explofion , fut affoi-bli, toute la force étant, pour ainü dire, partagée entre elles; car dam tous les casjureils,' quoique les es-plofions fuflent faites en plein air, je trouvai les cercles moins parfaits. :
- Enfuite j’imaginai de faire Tes-ploiîon dans l’air condenfé ; mai les cercles y furent plus petits & moins diftmds que lles deux autre cercles qui fie firent en même-temp à l’autre interception du circuit, a plein air. Sans doute que l’air coo aenfé reftraint la matière éledriqui dans un efpace plus étroit ; de me me que l’air ordinaire empêche II ddffufion dé cette matière: ; qui eftl remarquable dans le vuide. > ,
- La. différence des diitances. aux quelles on fit les décharges, n’occa lîonna aucune difference dans le diamètre de ces taches circulaires. Lorf qu’au mbyen d’unegoutte d’egu qu(
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- DE L E L E C T R I C l ï É. 34-t-
- je mis fur la verge de cuivré qui cpmmuniquoit avec l’intérieur de la jatterie , je fis la décharge à la dif-tance de deux pouces , la tache fut exactement la même, que fi on l’eût faite à l’ordinaire, à la diftance d’un lemi-poùce; c'eft-à-dire, d'environ* m quart de pouce ; de diamètre.
- J’ai toujours remarqué que quand ’explofion étoit obligée de pafler ne quelque mauvais conducteur, avant que d’atteindre le métal, l’im-preffion qu’elle y faifoit, étoit ref-, ferrée , & plus profonde que fi elle eût été reçue immédiatement dur le métal. Cela parut évident-j lorlque je mis du papier, un morceau de veifie, ou du vernis fur les verges de cuivre avec lefquelles on faifoit les décharges , quoiqu’une • couche, fort mince de vernis ou d’humidité; n’empêchât pas entièrement les cercles de'paraître. ,
- En faifànt une fuite d’expériences avec de mauvais conducteurs , & employant différentes méthodes pour, faciliter la décharge de la batterie à de plus grandes dillances qu’à l’ordinaire, je fus particuliérement P iij
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- Jï|.i H I S T O I R ï frappé de quelques phénomènes qui fe préfenterent en làifant ufage de l'eau.
- je mis une goutte d’eau d’environ tfois lignes de diamètre fur la verge de cuivre qui communiquoit avec rimèrieut' de la batterie, & je fis partir l’explofion directement au-deflüs. La décharge fe fit à environ Un pouce de diftance , Si l’extrémité de la goutte fût marquée d’un très-beau cercle , extrêmement bien terminé en-dedans ; mais difparoiflant ihfenfiblement en-dehors , comme Une ombre déliée dans la peinture. Mais ce qui me frappa le plus dans ce phénomène, fût qu’il n’y eut point dans ce cercle de tache centrale.
- Ne fachant à quoi attribuer cette UoUvelle circonftance , je mouillai Un morceau de cuivre poli que i’a-vois placé fur les fils de métal de la batterie, & làifant partir l'explo-fion au deflus, je trouvai feulement Une longue raie au bord de l'endroit moui^é , bien terminée du côté de l'eau ; mais difparoiflant par degrés du côté oppofé, comme dans le cas précédent. Dans cette expc-
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- Î)E l’ElECTMClll ^4} rience & autres femblables, je remarquai que la matière éleârique évitoit l'eau , & s'élevoit allez haut dans l'air pour arriver au métal.
- Je Mis alors un peu plus d’eau fur le cuivre, mais feulement allez pour ]'humeâer ; car fa furface étant convexe , ne permettoit pas à l'eau d'y demeurer en grande quantité ; & en faifaiït l'explofion , je ne trouvai point de cercle, mais plufieurs belles taches circulaires fondues très-profondément , & dont une étoit beaucoup plus grande que les autres. Ces expériences fembleiit prouvet que la matière électrique éprouvé une réfiftance confidérable en paflant au travers de l'eaü, qui eihpêhe là fortie plus que l'air, & que par une telle condenfation , fa force eft con-fidérablement augmentée, de façon à laiffer des impreffions plus profon-
- des fur le métal, que quand elle n’a paffé qü’à travers de l’air : pareillement fi on place deux morceaux dé métal en contaét l’un avec l’autre, ou s’ils font légers & couchés l’un fur l'autre, l’impreffion qui fe fait fur tous les deux par la déchargé de Piv
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- 344 H i $ t o î R s la batterie qui paflè au travers , eft beaucoup plus profonde , qu’elle n’auroit été fi la matière éleârique n'eût pas été rçflerrée dans un aufli petit efpace que celui des points de contaâ.
- Je ne prétends pas, comme je l’ai pbfervé ci-devant „ expliquer la formation de ces cercles concentriques. Tout ce qu’on peut conclure des apparences., eft que la matière éleârique fort en forme de cylindres creux, & que ces cylindres font formés par d’autres cylindres plus petits &-folides : puifque tous les cercles font: compofés de points ronds. Ou bien ces cylindres ont peut-être été creux ; mais à caufe de leur petitefle, le métal ne permet pas de le voir; parce qu’il eft liquéfié de façon à remplir cette petite cavité.^ Mais qu’eft-ce qui difpofe la matière éleârique, à fortir de cette maniéré, ou de quelle propriété du fluide dépend enfin ce phénomène î c’eft fur quoi je ne puis former de conjeâure qui mérite d’être communiquée au public. Je ne défef-pére cependant pas que la connpif-
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- DE l’Eh.ÏCTR.’iCI!tI. 34J fànce de ccs-expériences, quoi qu’imparfaites ,. & la répétition qu’on en fera, ne puiffent êtrejun moyen propre à en rechercher la cauiè d’une manière, complété & fatisfaiiante., & je hie flatte ; que ce fera .fous peu de temps. Un petit; nombre de faits de la même nature pourront répandre quelque lumière fur cet objet.
- La façon dont le font brifées plu-fieurs des jarres dont nous avons parléi dans une, des précédentes fec-tions, paraît être analogue à la fi»r-niation de ces cercles , je, veux dire celles qui ont été; percées de plu-fieurs petits trous dans le voilinage d’un trou principal; niais particulièrement celle dans laquelle il le trouva ;un cercle entier de petites fractures indépendantes du trop iprinçi-, pal qu’elles entouraient. ..ou .
- L’hiftoire .remarquable dés Cinq payfans, dont le premier, le troifje-me & le cinquième furent tues par le tonnerre; dans le moment pù il? marchojenten ligne.droite, & qu’en a rapporté; ci-devant, comme analogue a. un fait.obfervé pat M*:)e
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- 34<> H i s t a i a ï Monnier „ fera peut - être regardé comme plus analogue à celui - ci. Car en fuppofant le diamètre des cercles concentriques, formés par le tonnerre , fufSfamment grand; & que la tache centrale tombe fur la troifieme "perfonne, les deux plus proches d’elle échapperoient à la foudre, fe trouvant dans le premier intervalle autour de la tache centrale; tandis que le premier & le dernier tomberoient dans la circonférence dtfpremier cercle:
- Ayant. communiqué cette expérience à M. Price, il me fit remarquer que les cercles appelles anneaux magiques, qui font formés dans les pâturages par un gafon d'un verd plus foncé, & que quelques - uns ont Cri) être occaiionnés par le tonnerre, pourroient être analogues aux cercles dont nous venons de parlér ; mais qu'ils n'ont point de tache centrale. J'ai examiné depuis un de ces ânneaux. 11 avqit environ trois pieds de diamètre ; l'anneau même avoit à-peu-près neuf pouces de large , & cela dans toute fa circonférence s
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- be i. Electricité. 347 il n’y paroiffoit rien qui répondît à la tache centrale, que je n’ai jamais manqué d'obferver dans mes expériences , fous quelque point de vue que j'aie regardé le cercle, excepté dans celle dont j’ai.parlé ci-deffus, que j’avois faite avec de l’eau.
- J'ai rencontré depuis dans lés trân-faélions Philofophiques., un article curieux , relatif à ces cercles magiques , communiqué par M. Jeflfop , qui confirme l’opinion de ceux qui penfent qu’ils font caufés par lé tonnerre, & par lequel je finirai cette feâion.
- » J'ai fouvent été embarraffc pour «expliquer ces phénomènes qu’on » appelle communément cercles ma» «niques. J’en ai vu beaucoup, & » de deux fortes, les uns. ras de vingt « ou vingt - quatre pieds de diame-» tre , formant un eentier circulaire « d’un peu plus d’un pied dé large , » avec du gafbn verd dans le mi-» lieu ; les autres pareils, mais de » différentes grandeurs , & environ-» nés d’une circonférence de gafoh, » à-peu-prés de même largeur, beau-
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- }4*> H I S T O I R I » coup plus frais & plus verd que »' celui du milieu. Mais M. Walkcr, » mon digne ami, me donna une » pleine latisfaâion d’après fa pro-» pre expérience. 11 lui arriva Un »> jour d'aller Iç promener dans une » prairie que l’on fauchoit ( où il ~ irait allé peu de temps aupara-» vant) après un grand orage de ton-» nerre & d’éclairs ; qui, à en juger » par le bruit & par les éclats de » lumière , en avoit paru fort pro-» che. 11 obferva un cercle d'envi-» ron douze ou quinze pieds de dia-«métré, dont le bord étoit dans la « largeur d’environ un pied nouvcl-» lement brillé & ras , comme le » montrait clairement la couleur & »> la fragilité des racines du gazon. > II ne fut à quoi l’attribuer, fi ce »n’eft au tonnerre, qui outre lés » caprices, bizarres, qu’on remarque «particulièrement dans ce météore, » peut bien , de même que les au-»> très feux, fe mouvoir tirculaire-« ment, & btûlei; davantage aux » extrémités , que dans le milieu. » Après que le gazon.; frit fauchés
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- Dï l’ElÉCTB-ICIti.
- » il vint l'année fuivante plus frais » & plus verd dans l’endroit brûlé , «que dans le milieu ; & au temps » du fauchage, il fe trouva beau-» coup plus long & plus épais (<z).
- (a) Philof: Tranfaét. Abriged , vol. pag. i8i.
- f Æ* %
- *
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- 55°
- H I S * Ô I R E
- PARTIE VIII.
- SECTION X.
- Expériences fur les effets de l’explofion Electrique , qu’on fait paffer au travers d’une chaîne de cuivre , & autres fubjlances métalliques.
- Dès la première fois que je fis ufage de ma batterie , j’avois obfervé qu’il s'élevoit à chaque décharge une fumée ou pouffiere fort noire , même quoique le fil dé métal ne fut pas fondu, & que la chaîne de cuivre dont je me lervois , fiât fort greffe. Je ne tins cependant qu’une légère note de cette circonftance ; parce que je ne pouvois pas alors l'expliquer , & je n’y fis une attention particulière, que le 11 Juin 17 66, que je fus frap-
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- DE L’EtECTRIClf É. 551
- pé d’une autre phénomène qui arriva lorfque j’étois occupé d’expériences relatives aux cercles dont nous avons parlé ci-defîus.
- J’obfervai qu’un morceau de pa-
- fier blanc, fur lequel étoit pofée 1 chaîne dont je me fervois pour faire la décharge , étoit marqué d’une tache noire , comme s’il eût été brûlé par-tout où les chaînons l’avoient touché. Cependant je -ne pus me figurer alors qu’il pût être brûlé par une chaîne fi epaifie. J’imaginai que la chaîne étoit fale, & que la faleté en avoit été détachée par la fecoufle. Quoiqu’il en foit, je négligeai encore ce fait jufqu’au premier Septembre fuivant, que remarquant un phénomène très-frappant du même genre , je fus déterminé à en conlidcrer les circonftan-cesun peu plus fcrupuleufemènt que je n’avois lait.
- Je nettoyai bien ma chaîné, & l’enveloppant de papier blanc, je fis paffer au travers une décharge d’environ quarante pieds quarrés , & je trouvai la tache par tout où elle avoit touché le papier.
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- JJi Histoire Quelque temps apres, j’enveloppai de même un- morceau de fil de laiton dans du papier ; mais ayant fait-la décharge, je n’y vis aucune tache. Pour m affurer fi ce phénomène dépéndoit de la difcontinuité du circuit métallique, le x 3 du même mois, je tendis la chaîne avec un poids confidérable , & je trouvai que le papier fur lequel elle étoit pofée au moment de l’explofion, en étoit à peine marqué.
- Voyant que cela dépéndoit de la difcontinuité, je pofai la chaîne fur du papier blanc, & j’en attachai chaque extrémité bien ferme avec des épingles paffees au travers des chaînons 5 & Iorfque j’eus fait la décharge, je remarquai que lès.taches noires étoient vis à-vis du corps du fil c^ui formoit la chaîne, & non pas vis a vis des; intervalles- , comme je l’avois quelquefois ,foup-çonné. -i - '
- Le 1S Septembre , obfervant qu’à chaque décharge avec la même cbaî-ne , il étoit relié -fur île papier mue quantité affez confidérable de matière noire ; j’imaginai .quelle devoit
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- DI l’-Elsctb.i e ité. }}) avoir perdu de fon poids dans l'opération ; & pour m'aflurer du fait, je pris une autre chaîne un peu moins greffe que celle dont je m’étois fer-vi auparavant. Elle avoit cinq pieds quatre pouces de longueur, & pe-foit exactement une once dk-fept deniers quatre grains. Après la décharge , je trouvai qu'elle avoit perdu exactement un demi-grain de fon poids. La commotion n'avoit paflé que par une portion de cette chaîne ; & le refte étoit en un tas. Je fis paffer enfuite la même explofion à travers toute fa longueur ; & la péfant, je trouvai qtt’elle avoit perdu précifément un autre demi-grain. Dans la fuite, je trouvai par des expériences réitérées, que le moyen le plus fur d’enlever une portion de fon poids , étoit de faire pafler la commotion par une petite portion de fa longueur ; & que quand on en prenoit une longueur confidéra-ble, le fuccès étoit incertain.
- Remarquez que ces expériences, & toutes les fuivantes f excepté quand j'ai marqué le contraire ) ont été faites avec une batterie de trente-
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- )J4 H I S T O I R 1
- deux pieds quartés, cette force me paroiffant fuffifante, & fon chargement n’employant pas beaucoup de temps. Lors des deux décharges mentionnées ci-deflus, un fil de fer d’un foixante - dixième de pouce de diamètre rougit, mais né fondit pas.
- En obfervant de quelle profondeur étoit l'empreinte faite par les chaînons d'une chaîne de cuivre épaifle , j’eus la cüriofité d’eflayer Ce qui arriverait, fi je faifois paflèr une explofion à travers un morceau de charbon. En conféquence , j’en pris un petit morceau d’environ un demi pouce de longueur, & je trou-vrai que dans la décharge , il avoit été tout réduit en pouffiere. Le carton fur lequel il étoit pofé , fut déchiré ; le charbon le pénétra de fa-
- Mue l'impreffion parut de fauté; la noirceur s’éténdoit fort loin , & la teinte fé trouva partout ineffaçable.
- Le 21 Septembre, en imprimant la marque dont on a parlé ci-def-fus , fur une portion de la feuille de papier, fur laquelle j’avois écrit le détail de l’expérience au Doéteur
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- ni l’Elîctiiicit4. 3JJ Franklin, je plaçai la chaîne de maniéré à la faire retourner fur elle-même en angle aigu , dans le def-fein d’imprimer la forme d’une lettre fur le papier; & je remarquai que dans la décharge, la portion de la chaîne qui a'voit été doublée , fut déplacée, & tirée d’environ deux pouces vers lé relie de la chaîne. J’en fos furpris , parce que je la croyois placée de maniéré qu’elle ne pouvoit pas gliffèr par fon propre poids. Je répétai donc l’expérience avec plus d’exaélîtude. J’étendis toute la chaîne fur une table, en la mettant double partout , & Ta faifant revenir fur elle-même en angle fort aigu. Il arriva toujours, que la chaîne fut raccourcie d’environ deux pouces, & quelquefois davantage, comme fi elle eût éprouvé une fecoufle fubite par les deux bouts.
- Confidérant que cette fecoufle de-voit venir de ce que plufieurs des chaînons fe repouffoient fubitement les uns les autres à l’inflant de l’ex-plofion, je comparai les chaînons avec les marques noires qu'ils avoient
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- tf6 H I S T .0 I R s Élites fur la table ; & je trouvai que chaque chaînon avoit été tiré de l'endroit où il avoit été placé , & que le plus éloigné de l'endroit de l'explolion , étoit le plus déplacé.
- Convaincu que la chaîne avqit été raccourcie par la répullion mutuelle des chaînons, je tâchai de me-fitrer exaéiement de combien étoit ce raccourciflement dans une longueur donnée de chaîne. Pour cela je mefurai deux pieds quatre pouces de la chaîne , tandis qu'elle étoit pofée fur la table en ligne droite, lans aucun retour , un des bouts étant attaché & l'autre mobile; & je trouvai qu’après une décharge de foixante quatre pieds quarrés à travers cette chaîne, elle fut raccourcie d’un quart de pouce dans toute fa longueur. J’avois fait enforte que cette promptitude de mouvement ne jettât pas une partie.de la chaîne fur l’autre.
- Soupçonnant que la fumée noire qui s’élevoit à chaque décharge, pouvoit venir , non de la chaîne , mais du papier ou de la table fur
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- de l'Electricité. 55-7 lequel elle étoit, & qui probablement étoit brûlé par fon contaâ, je laiflai pendre librement la chaîne dans l’air ; mais en faifant la décharge , je remarquai la même fumée noire & épaifle, qui dans les précédentes expériences, avoit paru s’élever du papier ou de la fable. Gétoit donc une partie du métal même , qui avoit été convertie en cette pouffiere noire.
- Pour donner au lcéteur une idée plus jufle des marques faites fur du papier blanc, par une chaîne à travers de laquelle on tranfmet l’explo-fion éleârique, je pofai une chaîne fur le deflfein original dç la Planche I, afin que le graveur les pût rendre le plus exaélement poffible, & il réuflît a fiez bien. La largeur des taches eft à peu-prés égale a la groffeur moyenne du fil de la chaîne, & a , b, marque l’endrpit oû cette partie de la chaîne , qui étoit repliée, avoit été tirée en arriéré par la répulfion fubite des chaînons. :
- J’ai obfervé ci devant, que les étincelles éleétriques entre chaque
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- Î5« H I * T O I & E chaînon, font d'un brillant très-vif, de forte que , quelquefois, elles font paraître toute la chaîne lumi-neufe dans l’obfcurité. Mais à l’xnf-tant de l'explqfion, la chaîne qui pendoit librement dans l’air, parut extrêmement belle ; les Étincelles étant plus grandes & plus brillantes dans le bas, & plus petites par degrés en avançant vers le haut, où elles étoient à peine vifibles ; parce
- Î|ue te poids des chaînons inférieurs es avoit trop rapprochés les uns des
- autres.
- Le 16 Septembre, comme il me relloit encore quelque doute fi la noirceur qui étoit reliée fur le papier , venoit de la brûlure du papier , ou de quelque chofe qui s’étoit détaché de la chaîne ; je fufpendis encore une fois la chaîne librement dans l’air , & je mis deftous, mais de façon i ne pas y toucher , un morceau de papier blanc, fur lequel je plaçai auffi quelques parcelles de duvet, pour voir fi elles feraient affectées par quelque attraétion ou répulfion éleétrique. En fàifant la décharge, le duv.et fut tout oifper-
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- DE i’EiECTRICIt!. JJj) fé , &r le papier fut marqué d’une tache noire de près d’un,pouce de longueur, qui étoit la diftance à laquelle les deux parties de la chaîne pendoient l’une de l’autre, un peu au-deffus du papier. Quelques parties de cette tache noire étoient plus foncées que d’autres , toute la marque confillant en quatre taches différentes d’un noir plus foncé, réunies par des raies plus foibles, &c correipondantes à quatre chaînons de la chaîne , qui pendoient à peu-près parallèlement fur le papier. On ne put pas effacer la tache avec un mouchoir, quoiqu’elle ne fut pas fi foncée que quand la chaîne avoit touché le papier. Ainfi, je fus convaincu , qu’au moins une portion confidérable de la noirceur , prove-aoit de la chaîne.
- Le a 7 Septembre, voulant m’af-furer plus exactement quelle partie de la chaîne étoit plus affeâée par l'explofion, fi c'étoient les chaînons, ou les intervalles qu’ils lailfent en-tr’eux ; je la plongeai dans l’eau, & la plaçant encore toute mouillée fur un morceau de papier blanc, je
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- 5 6b H i *= -r o r 9. E fis paffer une explofion à travers. Une partie de l’eâu qui fut difper-fée en tous fisns, me fauta au: vifa-ge, & dans l’inftant toute la chaîne fut parfaitement féche. Le papier fut fort taché dans l’elpace d’un pouce de largeur , par-tout ou la chaîne avoit pofé; non pas également, niais comme fi on l'eût touché avec des doigts mal propres. La tache étoit ineffaçable, & à l'endroit où la chaîne étoit repliée, il fe fit un trou tout au travers du papier.
- Pour déterminer fi dans les cas rapportés ci-deffüs, le papier avoit été réellemment brûlé auffi bien que taché, je pofai une partie de la chaîne dans le temps de la derniere décharge , fut trois demi-éeus, 8c je les trouvai tous les trois fondus dans les endroits où la chaîne les avoit| touchés. Les marques faites par la fufion , étojent environ de la largeur, de la chaîne, 8c fi profondes qu'ill fallut un outil pour les effacer.
- Pour déterminer s’il étoit poffible, d’une maniéré plus fenfible , ce que c’étoit qui avoit produit cette teinte Boire, je pofai la chaîne fur nu main
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- DE i’Eiectricit! iSt main , en me fervant d’une charge modérée, & elle fut marquée pré-cifément comme le papier. Je fentis une elpece de pkjuüre ou de brûlure à îinflanc de l’explofion, & cette fenfation doulourculc dura un petit efpace de temps.
- Je ne doutai point que je ne pu de aifëment enflammer de la poudre à canon avec une chaleur qui fondoit les métaux ; mais quoique je pofafle la chaîne fur les grains, & que j’enfon-çaffe de la poudre autour de la chaîne avec un tuyau de plume , je ne pus pas réuflïr. La première fois, la poudre fut difperfée , & la fécondé, le tuyau de plume fut crevé ; & on fentit une odeur pareille à celle que l’on fent, après une explofion de poudre à canon ; mais la poudre ne prit pas feu.
- Jufque-là j’avois toujours mis la chaîne en contaéf avec des corps qui étoient conduéfeurs. Je voulus donc eflayer ce qu’il arriverait en la mettant en contaéf avec des corps électriques. En conféquence, je trempai la chaîne dans de la rcjîne fondue,
- Tom. III. Q
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- &: lui en fis prendre une couche | d’une; épaifletjr çonfidérable. Quand
- elle fut tout-i-fait roide, je la po-fai foigpeufeipeat ^fans la plier, fur du papier blanc, &C je fis la décharge a travers. A l’inftant la réfine fut enlevée de deffiis toute la partie extérieure de la .chaîne, qui relia aulli nette que ii on n’y eût jamais mis de refine. Celle dont les vuides des chaînons a voient été remplis, avant été pouffée prefque en tous fens, fitt réduite en pouflîerej le tout cependant adhérait enfemble , mais etoit parfaitement opaque ; au- lieu que cela, étoit tout-à-fait tranfpa-rant auparavant cette explofion. Je fcntis un peu de la réfine me fauter au vifage ; la tache imprimée fur le papier étoit très-foncée, & con-tenoit beaucoup de réfine, & il s’étoit fait plufieurs trous à travers le papier , fur lequel, elle étoit placée. Un demi-écu , fur lequel avoir pofe une partie de la chaîne., fut fondu , &c fi profondément imprégné de réfine , qn’on eut de la peine à l’ea détacher.
- Je pofai enfuite la chaîne fur un
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- BE
- l’E
- IECIRICITE.
- 3*3
- morceau de verre , & d’après ce qui croit arrivé à l'écu & à la réfine, je m’actendois qu’il leroic mis en pièces ; mais au lieu de cela , le verre fut marqué de la façon la plus agréable , par - tout où la chaîne l’avoit touché ; chaque tache étoit de la largeur & de la couleur du chaînon. On pouvoit enlever le métal de deflfus le verre , à l’extérieur des marques ; mais dans la partie du milieu , il s’étoit enfoncé dans les pores du verre ; du moins tout ce que je pus faire, ne put l’en arracher. En dehors de cette teinte métallique étoit la pouffiere noire , qu'on ota aifément.
- J’ai depuis donné la même teinte au verre avec une chaîne d’argent & de petits morceaux d’autres métaux ; mais je n’ai pas pu le faire avec de grands morceaux. Ils furent fondus aux endroits où ils iè touchoient les uns les autres ; mais le verre ne fut pas teint.
- Le 7 Oétobre, j’eus la curiofité d’eflayer fi je ne pourrois pas donner une teinte au verre avec du vif-argent. Pour y parvenir, j’en rau-
- Q >j
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- 5^4 Histoire geai quelques globules en ligne droite, & je pofai par - deflus un morceau de verre mince, pour les applattir, & les amener en contaâ les uns des autres. Les morceaux de verre furent brifés en mille pièces, & difperfés par toute la chambre; plufieurs d'entr’eux me fauterent au vifage ; on ne put cependant trouver aucune partie .du vif-argent, excepté, ce qui étoit adhérent à. quelques fragments du verre, auxquels cela avoit donné une eipece de blancheur uniforme ; mais on ne put voir aucuns globules didinfts, & le vif - argent fat aifément enlevé, de maniéré qu’aucune parcelle n’en fat fixée dans le verre. J’eus tout le ref-te du jour un mal de tête, que j’attribuai aux vapeurs du mercure.
- Le 28 Septembre, ayant trempé la chaîne dans l’eau, & l’ayant trouvé à l’inftant diffipée , j’eus envie df voir ce qui arriverait en faifan palier une commotion à travers uni chaîne tout-à-fait couverte d’eau En conféquence, n’en imaginant gue re les fuites, je pofai la chaîne fa un morceau de papier blanc , ai
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- dh l'Electricité ;6j fond d’une jatte de porcelaine , & j’y vcrfai de l’eau affez pour la couvrir. Je mis auflï un demi-écu fous une partie de la chaîne, & dans l’eatï. Lors de l’explolion l’eau fut lancée dans la chambre à une grande dif-tance ; le demi-écu fut fondu dans deux endroits ; la jatte fut briféê en plufieurs pièces, & la partie qui étoit immédiatement fous la chaîne, le fut en morceaux fort petits. Le papier fut un peu taché , & il me parut que l’eau avoit été un peu fahe par la pouffiere noire.
- Comme il eft certain que la jatte doit avoir été brifée par la fe-coulfe que l’eau de deiïous a reçue de l’étincelle électrique, de même que les tubes du P. Beccaria furent bri-fés ( quoique je n’eufle pas encore vu fon ouvrage, mais feulement l’expérience chez M. Lane ), j’eus la uriofité d’elfayer ce qui arriveroit i je faifois une décharge à travers a chaîne, fulpendue librement dans ’eau. Je pris donc un vafe d’étain, enant à-peu-près une pinte , u'1-
- & laii-
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- 3 66 H i s t o i R. i de l’eau , je fis la décharge. Les étincelles électriques parurent extrêmement brillantes dans l’eau, tout le long de la chaîne ; une petite partie de l’eau fut jettée dehors, & le va-fe parut avoir été prelTé avec une certaine force fur un livre que j’avois mis défions, car il s’y fit une im-preffion vilible. Le vaiffeau doit avoir reçu une grande fecoufle; car la pouffiere qui étoit défions, avoit été fecouée lur le livre ; j’avois cependant porté le vafe de côté Si d’autre dans la chambre, fans m’ap-percevoir qu’il y eût de la pouffiere defibus.
- Je voulus répéter cette expérience avec quelque variété dans les- cir-conftances; j’attachai donc un morceau de petit fil d'argent, à deux morceaux de gros fil de laiton , Si je plongeai le tout un ou deux pouces au-defious de la furface de l’eau.
- le vafe fut prefle en en-bas avec plus de violence qu’auparavant ; une grande quantité d’eau fut jettée autour de la table , & il y en eut mê-
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- de l'Electricité. 3*7 me de lancée perpendiculairement en en-haut, contre* le platfond, où il fe trouva cinq endroits humides, chacun de la grandeur d’un dcmi-écu. J’ai fouvent fondu depuis des fils de métal fous l’eau.
- Le 19 Septembre, je fis pafler l’ex-plofion à travers trois morceaux de la même chaîne, dont chacun for-moit un circuit différent. Ils laifïe-rent tous une impreffion, & à-peu-près égale fur le papier. De quatre morceaux, trois firent auffi des marques affez égales ; mais le quatrième manqua totalement.
- Une autre fois une chaîne, qui communiquoit avec l’extérieur de la batterie, mais qui ne faifoit pas partie du circuit, fit fur un morceau de papier blanc, qui fe trouva def-fous par hafard , une tache noire prefque auffi foncée que celle que fit la chaîne qui formoit le circuit, j’étois alors occupé à fondre un morceau de fil de métal ; l’effet fut le même que fl je m’étois fervi d’un mauvais conducteur. Lamêmechofe eft fouvent arrivée depuis.
- Le 11 Novembre, jb-fis pafler tine Q iv
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- )6% Histoire chaîne dans un tube de verre a (Ter large pour qu’elle n’y touchât que d'un côté ; & je remarquai, après la décharge, quatre rangs de marques faites par le métal, qui s’étoit incrufté dans le verre , comme s’il y eût eu quatre chaînes dans le tube ; & que toutes enflent reçu la commotion. Deux des rangées, fur une defquelles j’imagine que la chaîne avoit pofé, étoient mieux marquées que les deux autres ; mais toutes l’étoient diftinâement.
- La derniere chofe qui attira mon attention, relativement à cette fuite d’expériences, fut cette poujjîcrt noire que j’avois obfervée provenir de la chaîne de cuivre, & autres morceaux de métal. Comme elle étoit fi légère, qu’elle s’élevoit en l’air comme un nuage , de façon quelquefois •à l’appercevoir près du plancher, j’en conclus que ce ne pouvoit pas être le métal même, mais probablement la chaux, ou la chaux & le phtogifiique dans une autre efpece d’union , que celle qui conftitue le métal ; & que l’explolion éleârique ré-duifoit les métaux à leurs principes
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- de l'Electricité, 369 confirmants, suffi efficacement & en beaucoup moins de temps que ne le pourrait faire aucune opération du feu. Je fus confirmé dans cette, opinion , en obfervant premièrement que cette pouffiere noire, provenant d’une chaîne de cuivre, n'étoit pas conduâcur d’éleâricité ; ce qu’on fait être une propriété des chaux métalliques; de en fécond lieu, par le réfultat de quelques-unes des expériences fuivantes.
- En confidérant cette pouffiere noire , comme une preuve de calcination , & obfervant qu’il s’en formoit quand je faifois les explofions pour produire des taches circulaires entre des boëtes de montres d’or & d'argent , comme je l’ai rapporté ci-def-fus , je crus d’abord que j’avois fait une calcination de ces métaux, que tous les Chimiftes regardent comme une chofe impoffible ; mais les expériences fuivantes me convainquirent , que cette pouffiere noire ou chaux ne pouvoit venir que de l’alliage que contenoient ces métaux.
- Perfuadé quetaes expériences lur ces métaux ne pourraient rien coa-
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- 37° Hiitom dure, à moins que je n’en enfle des échantillons abfolument purs, je me procurai d’abord une petite quantité d’or en grain , que l'on m’aflura être l’or le plus pur que connoiffent les Orfèvres ; & je fis pafl’er une ex-plofion de la batterie a travers une traînée de ces grains, d’un pouce & demi de longueur , placée fur un morceau de papier blanc. On n’en put trouver après l’explofion que deux des plus gros. Deux feuilles de papier furent brûlées & déchirées en différents endroits, & probablement un plus grand nombre l’eût été de même, fi j’en euffe employé davantage. Mais ce à quoi je fis une attention particulière, fut la teinte que reçut le papier, qui étoit l’objet pour lequel j’avois fait l’expérience. Le papier fut taché à prés d’un pouce de chaque côté de la traînée, d’un noir mêlé de rouge, qui for-moit une bigarure fingutiere.
- Dans la même vue, je formai une femblable traînée de morceaux coupés avec un couteau à une pièce d’argent le plus pur que je pus me procurer. Ils furent dilperfés de me-
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- ds l'Electricité. 371 me que l’or fia voit été , & le papier lût brûlé tout au travers; & if-y eut un efpace d’environ un pouce de chaque côté de la traînée, qui fut taché d’un noir mêlé d'un jaune foncé , qui éroit fort différent de la teinte caufée par la fufion de l’or.
- La noirceur de ces teintes me convainquit , qu’il y avoit eu une calcination de quelque partie du métal ; mais je fus auffi convaincu qu’elle devoit venir de quelque, alliage , par une expérience que je fis auffi-tôt après avec un morceau de feuille d’or ; qui eft je crois, l’or le plus pur qu’on puiflfe avoir. J’en mis une petite bande dans un tuyau de plume en en laiflant paflèr une partie par chaque bout; & quand j'eus fait la décharge à travers , je trouvai le tuyau de 'plume’ teint d’un beau rouge de vermillon , fans le moindre mélange de noir. Ayant fait une femblabte expérience avec une bande de feuilles de cuivre , la plus grande partie de la teinte fut noire, avec un peu de brun mêlé dans un petit nombre d’endroits.
- Je ne doute pas que fi je pouvois Qvj
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- 37i Histoire éviter la pouffiere noire, dans ces expériences, je ne pufle faire donner par chacun des métaux une teinte de fa couleur naturelle, telle que les a très-bien décrites M. Délavai, dans un des derniers mémoires des tranfaâions Philofophiques.
- Pour m’aflurer 6 la pouffiere notre étoit une chaux pure, ou conte-noit une portion du métal, je m'en procurai une petite quantité, en fai-lant palier une exprofion à travers quelques morceaux de fil de fer, placés tantôt dans un tuyau de plume , tantôt fur du papier blanc, tantôt fur du verre, ou renfermés dans des tubes de verre : mais je n’ai jamais pu être entièrement fur qu’il y en eût aucune-partie qui ne fut pas attirée par l’aimant ; ce qui ne fe-roit pas arrivé à la chaux pure. D’un autre côté , la pouffiere noire ne pouvoit pas être le métal pur ; car alors ou il auroitété brillant auffi-tôt après la fhfion, ou il aurait donné une couleur bleue, que donne communément le fer.
- Quelques - unes des expériences laites avec la chaîne de cuivre, rap-
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- JB l'ElBCTBlCITÉ. 37 J portées dans cette feétion , font fem-blables à une expérience de M. Wil-rapportée à la pag. 17 3, du tom. I , concernant les corps placés hors du circuit éleétrique, & qui font affrétés par l’explofion. A l’égard de la caufe de ce phénomène, & des autres apparences ci-deffus mentionnées , je n’ai aucune conjeéture qui foit digne d’être communiquée au public. Je n’ai fuivi que l’analogie des faits feulement, encore pas bien loin ; je laiffe à d’autres à les
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- 374 H i s T o i R. »
- PAR TI E VIII.
- SEC T ION XI.
- Expériences fur le pajfage de l’explofwn Electrique fur la J'urfice , 5’ non dans l’intérieur,1 de quelques fubflctnces conductrices.
- E n rapportant les expériences fut la glace , j'âi obfervé que dans les tentatives que j’ai faites pour m’af-furer de fou pouvoir conduéteur, j’avois vu quelquefois l'éclat de l’ex-plofion éleétrique frapper direéte-ment la chaîne le long de la furfa-cc de la glace. Mais comme ce paf-fage fur la furface ne fut produit que par une jarre ordinaire , il n'excé-doit pas beaucoup la dillance à la-
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- de i’EiECTRierTÉ. quelle la décharge fe faifoit communément , & ce phénomène ne fut pas pour moi bien frappant. Mais dans la fuite le même phénomène fe préfenta en faifanc ufage de ma batterie ; alors le paffage fur la furface excéda tellement la diftan-ce ordinaire d’une décharge commune , qu’il excita mon attention d’une façon toute particulière , & produi-fit quelques expériences amufantes, que je rapporterai de la maniéré, & à-peu-près dans l’ordre qu’elles ont été faites.
- Le 11 Décembre^ .dans la vue de produire une tache circulaire fur un morceau de chair crue, je pris un gigot de mouton , & plaçant fur le manche la chaîne qui communiquoit avec l’extérieur de la batterie , je fis l’explofion fur la membrane extérieure , à environ fèpt pouces de la chaîne ; mais je fus fort furpris de voir que le feu électrique n’entra pas dans la chair, mais qu’il paffa tout d’une piece le long de fa furface, pour arriver à la chaîne.
- Croyant que cet effet pouvoir être caufé par la membrane grade, ftir
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- il 6 Histoire laquelle j’avois fait l’explofion, je replaçai la chaîne de la même maniéré fur le manche du gigot, & je fis l’explofion fur les fibres des mufcles, à l’endroit où ils avoient été coupés du relie du corps ; mais le feu évita encore d’entrer dans la chair, fit un circuit de près d’un pouce autour du bord de la jointure, & pal-fa le long de la furface pour arriver à la chaîne , comme auparavant, quoique la diltance fût de prés de onze pouces.
- Imaginant alors que cet effet ve-noit de ce que la chaîne étoit po-fée légèrement fur la furface de la chair , & par conféquent n’étoit pas en contaâ avec elle ; je fis une autre explofion pendant que le crochet de la chaîne étoit enfoncé dans la chair ; le feu alors entra dans le mouton ; & comme je le tenois dans les mains , je reçus dans les deux bras Une violente commotion , qui s'étendit jufqu’aux épaules, au lieu que dans le cas où le feu éleétrique paffoit fur la furface de la chair , s’il arrivoit que mes doigts touchaf-fent la chaîne , je n’y reffento»
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- di l’Electricité. 377 qu’un picotement léger, ou une brûlure fuperficielle , ainft que je l’ai expliqué ci devant.
- Ce phénomène étant G remarquable, & la batterie fe déchargeant par ce moyen à une diftance environ vingt fois plus grande qu’elle ne pouVoit le faire communément ; je voulus e(rayer d’autres fubftances d’un pouvoir conduéleur femblable à celui de la chair crue, & l’eau fut celle qui fe prélènta d’abord. En conféquence , le lendemain je plaçai une verge de cuivre , qui com-muniquoit avec l’extérieur de la batterie, fort prés de la furface d’une certaine quantité d’eau ( pour relfem-bler à la chaîne qui pôle fur la fur-face de la chair fans être en contaét avec elle ) & par le moyen d’une autre verge garnie de boutons, je fis une décharge fur la furface de l’eau , à la diftance de plufieurs pouces de toute partie de la verge. Alors le feu éléârique defcendit jufqu’à l’eau , & fans la pénétrer , pafla vi-liblement fur fa furface, & arriva par-là à la partie de la verge la plus proche de l’eau 5 & l’explofien fut
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- 578 H i s t o i R i exceffivemenr forte. Si la diftance à laquelle je faîfois la décharge, cx-cédoit fcpt ou huit pouces , le feu électrique entroit dans l’eau en formant. une belle étoile à fa furfa-ee, & rendoit un fon très-fourd.
- La reflèmblance qui fe trouve entre ce paffage de la matière électrique fur la furlace de l’eau, Sc ce que le DoCteur Stukeley fuppofc balayer la furfacé de la terre, quand il y a une grande quantité de cette matière qui fe porte vers les nuages durant un tremblement de terre , me fuggéra auffi - tôt, que l’eau fur laquelle elle paflfoit, & qui étoit vifiblement mife dans un mouvement de frémiflèment, devoir recevoir une fecoufle, femblable à celle que reçoivent les eaux de la mer dans une pareille occafion.
- Pour favoir ce qui en étoit, les perfonnes qui étoient chez moi, & moi-même , nous mimer nos mains dans l'eau dans le temps que l’ex-plofion électrique dont on a parlé ci-deflus, pafla fur fa furface : nous y fentimes une fecoufle fubite exactement pareille à celle qu’on pré-
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- de i'Electricit*. 379 tend que reçoivent les vaiflfeaux en Mer , durant un tremblement de terre. Nous fentimes cette fecoufle dans plufieurs endroits de l’eau ; mais celui où elle fut la plus forte, fut près de l’endroit où fe fit l’explofion.
- Enfuite je fis la décharge d’une jarre contenant trois pieds quarrés de verre garni, à quelque diftance au-deflous de la furface de l’eau, de façon qu’on l’apperçut dans l’eau ; & lorfque le feu de la batterie pafla fur la furface , nous fentimes la même fecoufle qu’auparavant ; mais feulement beaucoup plus foible. L’im-pétuofité du feu éleârique dans l’eau, en déplace certainement quelque partie , & par-là donne au relie une fecoufle fubite. La reffèmblance de l'effet elt une preuve évidente de la reflfemblance dans la caufe.
- Je fis palier enfuite le feu d’une jarre à travers de l’eau, en en fai-fant entrer dans le circuit l’efpace d’environ un pied. Alors mettant nos mains à fon paflage, elles furent frappées ; mais bien différemment de ce qu’elles l’avoient été auparavant : car cela nous affe&a intérieu-
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- )8o Histoire rement les nerfs & les mufcles de la main, & nous caufa une petite convullïon , de la même efpece que celle que l'on fent par la commotion éleétrîque même ; au lieu que l’autre n'étoit qu’une fimple fecouife qui n'affeéta que la furface de la main. On éprouva en effet ces deux fenfatiôns très-diltindement à la fur-face de l’eau s quoique nos mains fuifent en quelque façon affectées par l’une & l’autre auffi profondément que nous pûmes les plonger.
- Voulant éprouver quelle elpece de fenfation occafionneroit ce pairage fur la furface, je mis légèrement lur mon doigt une chaîne qui étoit en contad avec l’extérieur d’une jarre, &. quelquefois je l'en tins à quelque diltance, par le moyen d’un morceau de verre mince. Si je faifois la décharge à environ trois pouces de diftance, on voyoit à la furface du doigt le feu éledrique qui lui donnoit une fecoulfe fubite , qui fémbloit lui faire fentir des vibrations jufqu’a l’os ; & quand il lui ar-rivoit de paffer du côté du doigt qui étoit oppofé à l’œil, le tout pa-
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- dh l'Electricité. jSi roiffoit parfaitement tranfparent dans l’obfcurité ; fi je faifois la décharge à une plus grande diftance, le feu entroit dans” le doigt, & y occa-fionnoit une fenfation bien différente de la première. L’une reffembloit à un foufle ; mais d'une efpece trës-particuliere , au lieu que l’autre eft bien connue pour une convulfion.
- Je m’avifai enfuite de mettre mon doigt fur un morceau de la moelle allongée d'un bœuf, tandis que l'ex-plolion éleétrique palfoit par deffus; alors je ne fentis qu’un léger picotement , ou une fecouffe de chaque côté de mon doigt, & cette fenfation continua quelque temps. Elle ne s’étendit point au-delà du lieu de la fecouffe ; mais enfuite mettant deux de mes doigts fur le même morceau de moelle allongée, la charge de la batterie étant confidérable-ment plus forte , je reçus une fe-couffe qui affeéla toute ma main, & lui caufa une efpece de mouvement de vibration.
- Charmé de cette reffemblance avec le tremblement de terre, je tâchai d'imiter à d’autres égards ce grand
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- phénomène de la nature ; & comme il geloit, je pris un glaçon plat, & y polai debout deux bâtons d’environ trois pouces de haut : je mis fur une autre partie du glaçon, une bouteille, au bouchon de laquelle étoit fulpendue une balle de cuivre par un fil fin. Puis faifant paflfer l’ex-plofion éleârique fur la furface du glaçon , ce qui fe fit avec un bruit éclâttant, le bâton le plus proche tomba, tandis que le plus éloigné demeura debout, & la balle qui étoit jufque - là reliée tranquille , commença à faire des vibrations d'environ un pouce d’amplitude, & à-peu-prés en ligne droite du lieu d’où étoit parti Te feu.
- Je variai enfuite cet appareil, en drefiant un plus grand nombre de bâtons, & fulpendant plufieurs pendules , &c. quelquefois fur des vef-fies tendues fur l’embouchure de vaiflèaux ouverts, & d’autres fois fur des planches mouillées qui flot-toient fur un vafe plein d’eau. Cette derniere méthode me parut réuffir mieux qu’aucune autre ; car la planche repréfentant la terre , & l'eau
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- DK ÆlïCTRICl'rÉ. 38} repr4feniane la:mer,.on peut imiter sa même-temps; les phénomènes dç l'une & de l’autre s qui arrivent dans un tremblement de terre, en élevant les bâtons, &c. fur la planche, &ç faifant paifer le feu électrique, ou fur la planche, ou fur l’eau , ou fur toutes: les deux. Cela fait une très-belle expérience.
- Quand je fis pour la première fois cette expérience, favoir, de faire paffer l'explofion électrique fur la furface de l’eau, je crus qu’il étoit ncceffaire que ni le morceau de métal qui communiquoit avec l’extérieur, ni celui qui communiquoit avec l’intérieur des jarres, ne touchaifent l’eau immédiatement avant la décharge. Mais je trouvai dans la fuite que l’expérience réuffifloit, quoique l’un ou l’autre ou même, tous les deux trempaffent dans l’eau ; car dans ce cas lexplofion préférait toujours la furface à l’eau même, fi la dillance netoit pas trop grande ; & pafloit même à une plus grande dillance le long de la furface, quoiqu’il y eût un paffage plus court d’une verge à l’autre dans l’eau. *
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- 384 H I S T O I R *
- Précifèment avant la décharge on obferva que les deux verges atti-roient l'eau très - fortement. Elle fc lançoit fur la verge qui communiquent avec l'extérieur, lorfque cette vergeétoità près d’un demi-pouce au - deflus de la furface. Quand je mettois une goutte d'eau fur la verge qui communiquoit avec l’intérieur , la décharge fe faifoit à la diftance d’environ deux pouces de la furface de l’eau, le feu delcendant d’abord perpendiculairement, & en-fuite paffant le long de la furface; & fi la verge qui communiquoit avec l’extérieur , étoit chargée d’une goutte d’eau , on pouvoir la placer plus haut au-deflus de l’eau , qu’on n’auroit pu le faire fans cela. Dans le temps de l’explofion cette goutre s’allongeoit, & facilitoit beaucoup la décharge.
- Je portai enfuite mon atttention à cette efpece d’impreffion que fài-foit fur l’eau ce paffage du fluide éleârique. Pour l'avoir ce qui en étoit, je plaçai d’abord un fcnelling au niveau de l’eau, pour recevoir l’explofion avant qu’elle paflat le
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- de i’ElbctricitI. ;8j long de la furface ; & j'obfervai qu’il fut fondu , mais feulement environ moitié autant que je crois qu’il l'eût été dans la méthode ordinaire. Il n’y eut point de tache circulaire régulière ; & je ne m’apperçus point que la verge de cuivre, qui com-muniquoit avec l’extérieur de la batterie , fût du tout fondue par l’ex-ploliou.
- En jugeant par la fecouffe que reçut toute la maife d’eau fur laquelle l’explofion avoit palfé ; je crus qu’on pourrait en conferver la trace lur la furface d’une pâte molle ; en confé-quence, je fis paifer l’explofion fur la furface d’une pâte, & j’obfervai clairement que la partie fur laquelle elle avoit palfé étoit affaiflée , la matière éleélrique l’ayant repouffée. L’impreffion ne fe trouva pas plus profonde à Vendrait où fe fit d’abord l’explofion , qu’en toute autre partie de fa trace. :
- Pour diftinguer plus exaélement les effets de la matière éleélrique, foit quand elle entre dans l’eau, foit quand elle ne fait que paifer fur la Tome III. R
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- furface, j’étendis une couche d’eau extrêmement mince fur fa furface d’un morceau d’ardoife fort uni ;-mais quoique l’explofion paffât fur fa fur-face avec fa violence ordinaire, je ne m'apperçus pas qu’elle eût occa-fionné la moindre évaporation ; ce que le P. Beccaria a cependant trouvé être l’effet de l’explofion éleâri-que au travers de l’eau dans de pareilles circonftances.
- Quand l’explofion paffa fur la fur-face du glaçon plat, dans l’expérience donc on a parlé ei-deffus, & que j’avois faite pour imiter un tremblement de terre , la glace parut fondue à l’endroit où la chaîne avoit polé, & le long du trajet que l’ex-plofion avoit parcouru. Mais cette fonte , fi c’en étoit véritablement une , n’étoit pas uniforme ; elle ref-fembloit à l'effet d'une chaîne à petites mailles qu'on eût appliqué def-fus étant chaude ; & l’impreffion n'étoit pas plus profonde à l’eudroit où l’explofion avoit commencé.
- Quand l’explofion paffa fur la fur-face d’une feuille verte, la feuille
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- BÏ t’Elï CTRICITÉ. 387 fut déchirée en deux directions, 1a plus longue fuivant celle de l'explo* lion , & l'autre à angles droits avec la première.
- Je fis plufieurs fois l’explofion fur la furface de la neige; elle en dif-perfa touiours une quantité conlidé-rable, y faifant un trou de près de deux pouces de profondeur, & presque auffi large que profond ; je ne pus cependant pas la faire palier à une plus grande diltance que d’environ trois pouces.
- Je ne fus pas peu étonné de trouver que je ne pouvois pas faire piller de même cette explofion électrique fur la furface de ilibftances qui étoient conducteurs à-peu-près au même degré; & j’imaginai longtemps que cette propriété écoit particulière à l'eau & aux corps qui font conducteurs au moyen de l’eau qu’ils contiennent. Je re pus jamais la faire palier fur la furface d’aucune ef-pece de charbon de bois, quoiqu’on mille trouver dans différents morceaux tous les degrés de puiffance conductrice; & je fus encore plus
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- 5 S8 H i s t o r & « confirmé dans mon opinion , en ob-fervant, tjue quoique l'explofion paf-fât parfaitement bien fur une planche unie qui venoit detre humectée , & qu’on avoit efluyée auffi-tôt autant qu'il étoit poüîble, cependant elle ne pafla point du tout dans le même endroit deux heures après, lorfque la planche fut tout - à - fait féchée. Elle pafla auffi avec beaucoup de violence fur la furface d'une veflîe, qui avoit été humeélée environ un quart-d’heure auparavant,
- 6 qui alors paroifloit tout-à-fait lèche ; mais elle n’y pafla point du tout deux ou trois heures après. Dans le premier cas, l’explofion avoit laiffé à l'endroit où elle avoit paflè fur la veille, une marque plus lombre que tout le relie de la furfàce , parce qu’elle en avoit enlevé une efpece de poli : dans le dernier cas, comme la veflîe feche étoit un conducteur fort imparfait , le feu de la charge s’étendit dune façon très-belle, couvrant un efpace d’environ un pouce de diamètre.
- Cette explofion éleétrique ne pafla
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- Ce l’Electriciti. 3S9 point du tout fur la furface du verre nouvellement fabriqué* quoique fa propriété de diffulion , dont on a parlé ci-devant, femblât le promettre. Elle ne pafla pas non plus fur la furface de l'alun, du falpctre , du fel ammoniac, du vitriol bleu ou verd, ni fur un morceau d'aga-the poli ; quoique ces corps foient tous des conducteurs de la moyenne efpece , comme l’eau | 156] , & que
- Elufieurs d’entr eux euflent des fur-ices fort polies. Elle refufa auffi de palfer fur la furface du bois fec, & du cuir fec, même fur la couverture la plus unie d'un livre.
- Mais je vis que je m’étois trop prefle de conclure que ce palfage de l'explofion électrique était particulier à la furface de l'eau , lorfque j'appercus d’abord qu'elle palfoit fur la furface d’une pierre de touche, & enfuite fur un morceau de mine
- «3= [tjs] Je ne me fuis jamais apperçu que l'Agathe polie fût un condufteur d'Elec-
- R iij
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- }JÔ H 1 S T O 1 R S de fer de la meilleure efpece, dont un des côtés étoit très-poli. Ce morceau a environ un pouce d’épâiffeur, & environ trois pouces dans les autres dimenfions. La charge entière d’une jarre de trois pieds quarrés n’y entra point, j’oblervai avec plai-fir l’explofion éleârique faire un circuit autour de fes angles, quand je la fis dans un endroit éloigné de la jarre. Cela paroifloit une chofe im-poiiibh à entamer.
- Cette explofion éleârique pafla fur la furface de l’huile de vitriol avec un bruit fourd St une couleur rouge ; c’eft le feul phénomène de ce genre que j’aie encore obfervé. Dans tous les autres cas, fi elle paflbit, c’étoit en une flamme brillante & avec un bruit éclatant, fille pafla fur la furface de l’efprit-de-vin le plus reélifié , fans 1 enflammer ; mais quand je la fis à une trop grande diflance, le feu éleârique entra dans la liqueur; & toute la jatte fut en feu dans le moment.
- Je m’imaginai une fois que la fluidité de l’eau étoit en grande partie
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- I)ï i'Eiictr icitjL 391 la caufe de ce phénomène ; mais je ne pus pas faire paffeir lexplofion fur la furface du vif - argent ou du plomb fondu ; quoique ni l une ni l’autre des verges qui fervirent à faire la décharge , ne touchât les métaux; il fe fit fur les furfaces du vif-argent & du plomb, une impref-fion obfcure de la grandeur ordinaire de la tache circulaire, & qui demeura très vifible ; malgré l’état de fufion dans lequel étoient les métaux.
- L’explofion éleétrique étoit fi éloignée de paffer fur la furface d’aucun métal, que pour peu que la distance au travers de l’air, pour parvenir à paffèr au travers du métal, fût moindre que la dillance le long des furfaces , elle ne manquoit jamais d’entrer dans le métal ; de forte que fon entrée &r fa fortie , fem-bloient s’y faire fans le moindre obf-tacle. Si l'on mettoit fur une platine unie de cuivre autant d’eau qu’il en pouvoit demeurer, l’explofion ne glifloit pas fur la furface de l’eau, mais fe rendoit toujours au travers R iv
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- jpt Histoire de l'eau jufque dans le métal. Maij fi le métal étoit plongé à quelque profondeur fous l’eau , alors elle paf-foic fur la furface ; elle pafla même I fur trois ou quatre pouces de la fur-face d'une eau qui étoit à bouillir fur le feu d.ns un pot de cuivre, au milieu des vapeurs & des bulles, qui ne parurent pas lui faire aucun obftacle.
- Toutes les efpeces de fluides animaux que j’ai eflàyés , m’ont paru fàvorifèr d’une ma: iere finguliere, le paflage de l’exploliofi électrique fur leurs furfaces, & le bruit de ces expiations étoit évidemment plus fort que quand je me fuis fervi d’eau dans l’expérience. Je le remarquai plus particuliérement, quand je me fervis de lait, de blanc & de jaune d’œuf, foit nouvellement caflc, foit à un ou deux jours de là, & après qu’il s'y fut formé une pellicule foliefe. Dans toutes les expériences avec l’œuf, je remarquai qu’il ne fe fit aucune impréflîon particulière à l’endroit auquel la matière éledri-que toucha d’abord la lurfâce.
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- DE L’ElECTR.ICIT£. 595
- Ce qu’il y eut de fort remarquable ; c'eft que le bruit que firent toutes ces exploitons, dans lelquel-les' la matière clcdriquc paffa fur les furfaces des corps, fut beaucoup plus fort, que quand la décharge fë fit entre deux morceaux de métal ; & des gens qui étoient dehors à quelque diftance de la maifon, 8c d’autres dans une maifon voifine, obferverent que ce bruit reffembloit beaucoup à celui d’un grand coup de fouet ; en effet, il n’étoit pas bien-ailé de distinguer l’un d’avec l’autre. Mais le bruit que firent ces exploitons , quoique le plus fort que j'aie jamais entendu de ce genre, étoit beaucoup inférieur à celui que fit une ftmple jarre d’une grandeur moyenne chez M. Rackftrow, qui dit qu’il fut aulfi tort que celui d’un coup de piftolet.
- 11 me parut affez évident que la diftance à laquelle le feu paffa fur lesfubftances animales, fut plus grande , qu’elle n’auroit pu l’être lur la futface de l’eau ; particulièrement dans la première expérience avec le
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- 354 Histoire gigot de mouton. Il pafla aufïï à la diflance d’environ dix pouces fur la furface d'un morceau de moelle allongée , tirée d’un bœuf.
- Je fus très-frappé d’un beau phénomène qui fe préfenta dans le cours de ces expériences , quoiqu’il fût d’une nature différente. Lorlque l’ex-plofion éleélrique ne paffe pas fur la furface de l’eau , mais qu’elle entre dans le fluide, elle y forme une étoile régulière , contpofée de dix ou douze rayons : & ce qu’il y a de plus remarquabue , ces rayons, qui s'étendent vers la verge de cuivre qui communique avec le dehors de la batterie , font toujours plus longs que les autres ; & fi l’explofion fe fait à une très-petite diflance de la furface . ces rayons font quatre ou cinq fois plus longs. Une ligne qui borde tout ce phénomène , forme une belle éllip-ie, dont un des foyers eft perpendiculairement fous le bouton de cuivre dont on fe lërt pour faire la décharge.
- Il feroit inutile d’entreprendre ces expériences, fi l’on n’a pas une très-
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- DE l'EiectricitI. 3j,ç forte électricité. On ne peut rien faire à cet égard avec une jarre ordinaire; puifque fon explofion ne s’étendra fur la furface d’aucun conducteur, qu’à une diftance guere plus grande que celle à laquelle ellpfe déchargera au travers de l’air. La change d’une jarre contenant trois pieds quarrés de verre garni, ne formera fur l’eau aucun phénomène apparent, & autant que j’en puis juger, la diftance à laquelle l’explofion paf-fera le long d'une furface quelconque , eft proportionnelle à la force de la charge. Ceft pourquoi je nç doute pas que je n’euflé fait toutes les expériences ci-deffus d’une maniéré bien plus avantageufe , fi je me folle procuré une plus forte électricité ; mais cela m’auroit demandé plus de temps , de une force médiocre me fuflllmt pour m’aflurer des faits.
- JV. B. Dans ces expériences , j’ai paffé la verge déchargeante dans un manche de bois feché au four ; moyennant quoi je pouvois en fûre-té en pofer un bout fur les fils de Rvj
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- )ÿ6 H t S T O I B. B métal de la batterie, & faire l’ex-plofion avec l’autre fur telles fubf-tances que je voulois[ij7j.
- «83» [157] fl n’eft pas aifé de comprendre ce que veut dire, & ce.que prétend prouver M. Prieftiey , par les expériences rapportées dans cette feéfcion! Si Ton intention eft de faire voir que l’étincelle- éîe&rique , qui dclate entre la verge déchargeante & la fubf-tance qu’il met à l’épreuve, s’étend d’autant plus loin fur la furface de -cette fubf-tance, que lu force de l’éleôricité eft plus grande, toutes chofes d’ailleurs égales 3 per-ionne ne lui conteftera. Mais s’il prétend prouver par-là que le feu éleârique n’entre point dans ces fubftances j de façon qu’un corps qui y ferait renfermé , ne recevrait point la commorion î c’eft en quoi il a tort. Qu’il en fafle l’epreuve lui-même j & il fé convaincra de fon erreur.
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- DE i’ElECTRICITÉ. 3J7
- PARTIE VIII.
- SECTION XII.
- Expériences fur la Tourmaline.
- Fatigué de charger fans cefle la batterie éleétrkjue, & étourdi du bruit fréquent de fon exploiion , je cherchai à me repofer un peu de ces travaux ; & je m’occupai avec plai-fir de la douce & paifible tourmaline. Je ne doute pas que mes lecteurs qui doivent avoir penfé comme moi, ne foient également charmés de ce changement.
- Etant à Londres au mois d’Août 1766, le Doéteur Heberden, qui fe fait un plaifir d’encourager tous ceux qui s’occupent de recherches Philosophiques , m’envoya fa colleétion de tourmalines, parmi lefquetles fe trouva cette belle qui avoit paflé
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- J9S Histoire par les mains de M. Wilfon , & de M. Canton, & dont on a donné la figure &r la defoription dans le cin-quante-unieme volume des tranfac-tions Philofophiques, pag. 316. Mais quoique cette eftimable pierre fût depuis long-temps en ma pofleffion , ce ne fut qu’à la fin de Décembre que je commençai à faire des expériences lur elle, ayant été occupé julque-là à d’autres recherches électriques. A fa fin cependant ayant poulie mes autres expériences juf-qu’au point où le lcéteur lésa vues, j’eus envie d’être témoin oculaire des propriétés furprenantes de cette pierre, & de fuivre quelques idées qui m ctoient venues à fon fujet. Je vais expofer à mon lecteur le réfuir tat de mes expériences , après lui avoir dit de quelle façon & avec quelles précautions elles ont été faites.
- Je me fuis fervi de différentes méthodes pour appliquer la chaleur à la tourmaline, mais elles feront fuf-fifamment expliquées dans les expériences particulières. Pour m’affurer de l’elpece dcleétricité , j’avois tour
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- be l’Electricité. 399 jours auprès de moi un guéridon de bois feché au four, du haut duquel fortoient différents bras pour différentes vues. 11 y en avoit trois de verre, à deux defquels étoiént attachés des fils de foie , telle qu’elle fort du ver, portant de légers morceaux de duvet; de l’autre pen-doit un fil fin de neuf à dix pouces de longueur ; tandis qu’un bras de cuivre foutenoit une paire des balles de moelle de M. Canton. A l’autre extrémité de ce bras , qui étoit pointue, je pouvois placer une jarre chargée, pour tenir les balles dans une divergence confiante & égale, au moyen de l’éleélricité pofitive ou négative. Quelquefois je fufoendois les balles, non-ifolées , dans la fphe-re d'aâivité de grandes jarres chargées. Enfin , j’avois toujours fous la main un fil fin d'ejfai non ifolé, & fulpendu librement pour obferver £1 la pierre étoit éleélrifée ou non , quand je commençois mes expériences ; & quelquefois pour mefurer la force du pouvoir qu’elle avoit acquis.
- Avant de commencer aucune ex-
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- +00 Histoire périence, je ne manquais jamais d’ef-fayer combien de temps mes élec-trometres retenoient l’cleélricité, & en quel degré. Si le fil ne retenoit la vertu que peu de minutes feulement, je le préférais communément, quand j’avois befoin de communiquer l’éleélricité de la tourmaline, parce qu’il s’en faififloit en un inf* tant ; fi le fil ne retenoit pas la vertu aflez long - temps , ou fi je vou-lois avoir un degré d’éleélricité moins variable, que celui que le fil pou-voit retenir, j’avois recours aux plumes , qui ne manquoient jamais de retenir pendant plufieurs heures la vertu qu’on leur communiquoit. Je les ai louvent trouvées allez fortement éleébrifées , après avoir relié toute, une nuit fans être touchées , quoiqu’il n’y eût point eu de feu dans la chambre. On pouvoit y toucher fans qu’elles perdilfent fenfi-blement de leur éleélricité ; mais elles recevoient la vertu fort lentement.
- Le leéleur doit obferver que dans les expériences fuivantes, j’entends
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- D£ l* Electricité. 401 toujours j par le côté pofitif ou négatif d'une tourmaline , le côté, qui eft pofitif ou négatif, tandis que la pierre le refroidir. Pareillement quand je parle de la tourmaline fans diftinâion , j’entends toujours la; grande du Doâeür Heberden, dont le côté convexe eft pofitif, & le côté plat négatif, pendant qu’elle fe refroidit.
- En confidérant les expériences de M. Wilke fur la produâion de 1’é-leâricité fpantanée, qui rélulte de la fonte d’une fubftance dans une autre , je conjeâurai d’abord que la tourmaline pouvoit recevoir Ton électricité de l’air voifin. Pour m’en affûter , je fis les expériences fuivantes, qui femblent prouver que ma con-jeâure étoit jufte ; ce fut dans la vue de ces expériences que je défirai pour la première fois d’avoir une tourmaline en ma pofleffion. Je trouvai enfuite que M. Wilfon avoit fait une expérience , rapportée à la pag, 145 du tom. 11, qui eft en partie favorable à cette hypothefe , quoiqu’il fuppofoit que l’éleâricité pénétroit la pierre, de forte qu’un côté pou-
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- 40i Histoire voit avoir fuppléé ce qui manquoit à l'autre. Mais les expériences fui-vantes feront voir qu’il n’eft point abfolument néceflaire de fuppofer la perméabilité de la tourmaline au Suide éleârique, pour expliquer aucuns des phénomènes qu’elle pré-fente.
- Je plaçai fur la barre régulatrice d’un très - excellent pyrometre fait par M. Ellicot, une portion d’un panneau de verre , & fur ce verre la grande tourmaline du Doâeur Heberden. La barre fut échauffée par une lampe à l’efprit-de-vin, placée au-deffous. Je traitai la tourmaline de cette maniéré, pour connoî-tre avec exaâitude, le moment où la chaleur augmente, diminue ou etl ftationnaire. Ayant aitafl difpofé mon appareil , j’obfervai que chaque fois que j’examinai la tourmaline , le verre avoit acquis une électricité aufli forte , mais oppofée à celle du côté de la pierre qui avoit pofé deffus. Si je préfentois, par exemple, le côté plat de la pierre à une plume éleélrifée pofitivement, quand la chaleur alloit en augmen-
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- DE. l’Eiectricit! 403 tant, il la repoufloit à environ deux pouces de diftance, & le verre l’at-tiroit à la même diftance , ou à une plus grande ; & quand la chaleur diminuoit, la pierre l’attiroit, & le verre la repoufloit à la diftance de quatre ou cinq pouces. 11 étoit indifférent quel côté du verre je pré-fentafle ; les deux côtés attirant & rcpouflant la même plume avec une égale force. Quand je fixai avec de la cire à cacheter , un fchelling fur le verre , le réfultat fut toujours le même. L’éleébicitc du fchelling &r du verre . fut toujours oppofée à celle de la pierre. Je fus furpris d’ob-f-rver avec quelle vîtefle changeoit l'Meifricité, tant de la pierre que du verre 1 car en moins d’une minute je les ai quelquefois trouvées tout oppoféesà te qu’elles étoient auparavant.
- Cependant dans les cas otà je plaçai le côté convexe de la tourmaline fur la furface plate du verre ou du fchelling , il y eut une exception à la réglé ci deflus , c’eft à-dire qu’en fe refroidiifant , le verre & le fchelling furent polîtifs aufli bien que la
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- pierre. J’imaginai que cela venoit de ce que la pierre touchoit la furface fur laquelle elle étoit placée, en fi peu de points, qu’elle recevoir fon éleétricité de l’air , & la communi-quoit au corps fur lequel elle po-foit ; & cette fuppofition fut confirmée par l’expérience. Car prenant un moule fait de Hue pour le côté convexe de la pierre , & faifant chauffer la tourmaline dans le moule attaché à une bande de verre, je trouvai toujours le moule & le verre doués d'une électricité contraire à celle de la pierre , & également forte. Quand ils fe refroidilfoient, le moule fembloit quelquefois avoir une éleélricité négative plus forte que l’éleétricité pofi-.ive qu’avoit la pierre ; car il arriva une fois que la pierre repouflant le fil à environ trois pouces de diftance , le moule l’attira à la diftance de près de fix.
- Ayant fait les expériences ci-def-fus avec la tourmaline placée lut le verre ou fur des fubftances conductrices placées elles-mêmes fur le verre , j’eus la curiofité d’eflayer, ce qui arriverait li on chauffoit &
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- de l'Electricité. 40J refroidiffoit la pierre en contaâ avec d’aurres fubftances, ioit éleétriques, foit conductrices. Ces expériences me conduilirer.t par degrés à la découverte d’une méthode propre à renverfer toutes les expériences qu’on a faites jufqu’ici fur la tourmaline, faifant devenir négatif le côté qui eft poiitif, lorfqu’on le chauffe ou qu’on le refroidit, & pofitif celui qui eft négatif; de forte que l’elpe-ce d’éleâricité fera précifément celle que l’électricien voudra , moyennant qu’il applique à la pierre des fubf-tances convenables.
- Je commençai ces expériences pat fubftituer une autre tourmaline à la place du morceau de verre dont on a fait mention ci deftiis ; & quand on eut chauffé ièulement une des tourmalines , elles furent éleétrilèes toutes les deux exaétement comme l’avoient été la tourmaline & le verre. Si je pofois par exemple le côté négatif d’une tourmaline chaude fur le côté négatif d’une froide , le dernier devenoit pofitif comme un morceau de verre l’auroit été datM les mêmes çirconftances,
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- 406 H I S T O ï K. X
- Quand je chauffai les deux tourmalines , quoiqu'elles fuffent attachées enfemble avec du ciment, elles contraéterent toutes les deux la même puiffance, quelles auraient acquife en plein air. Comme on ne put pas faire alors que les pierres fe touchaffent l’une 1 autre dans un nombre de points fuffifants, on ne peut rien conclure de ces expériences. La même objeâion fubfifte contre la tourmaline chauffée ou refroidie fur du verre brut : ie les trouvai alors toutes les deux éleârifées comme elles l’auraient été dans le cas où le verre eût été poli.
- Cette confïdération me fit fonger à refroidir la tourmaline en contact avec de la cire à cacheter, que l’on peut adapter à la pierre auffi exactement qu’il foit poffible, quelque irrégulière que foit fa forme. En conféquence, j’enfonçai à moitié le côté négatif d’une tourmaline dans de la cire à cacheter chaude ; & le faifant forir de fa cellule quand il fut refroidi , je le trouvai pofitif ( contre ce qui feroit arrivé en plein air ) & la cite fut négative. L’autre
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- DE L’ElECTRICITf. 407 côté de la tourmaline, qui étoit ex-pofé eu plein air, fut éleétrifé de même qu’il l’auroit été, fi le côté oppofé eût été pareillement expofé à l'air; de forte qu’en fe refroidif-fant les deux côtés de la pierre furent pofitifs. Comme le côté négatif de la tourmaline devint pofitif en fè refroidilfant dans la cire, je ne doutai pas que le côté pofitif n’y demeurât tel, comme je le trouvai en effet.
- J’aurois voulu m’aflurer de l’état des différents côtés de la tourmaline pendant qu’elle s’échauffoit dans la cire ; mais ;e trouvai la chofe fort difficile à faire avec une certitude fuffifante. On ne peut pas connoî-tre exactement en pareil cas, le moment où la pierre commence à fe refroidir : d’ailleurs dans cette façon de la traiter, il faut néceflairement qu’elle relie quelque temps en plein air, avant qu’on puiffe la prélenter à l’éleéirometre ; & lorfqu’on la chauffé, l’élcéiricité de chacun des côtés n’eft jamais fi marquée qu’elle l’eft lorfqu’elle fe refroidit. Dans les tentatives que j’ai faites avec le côté
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- '4oS H I s t o I b. e pofîtif de la tourmaline, enveloppé dans la cire , je l’ai ordinairement trouvé négatif, excepté une oU deux fois qu’il a paru être pofîtif.
- Quand je fis refroidir la tourmaline dans du vif-areent contenu dans une taffe de p’orcelaine , elle en for-tit toujours pofitive, & laiffa le vif-argent dans un état négatif : mais on ne peut pas conclure que cet effet foit la fuite de l'application de l'une à l’autre , parce qu'il eft prefque impoffible de toucher le vif argent avec la tourmaline , fans qu il y ait quelque frottement ; ce qui ne manque jamais de rendre fcs deux côtés fortement pofitifs , quoiqu'elle foit tout-à fait froide ; fur tout fi la pierre y eft profondément plongée.
- 11 me vint enfuite dans l’idée, que la tourmaline n’éprouveroit aucun frottement fi je la preffois fim-plement dans la paume de la main ; & que ma main étant une fubftance conduéfrice communiquant avec la terre, les circonftances de l'expérience feroient neuves , & pourraient peut - être produire de nouveaux phénomènes, ^'événement répondit
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- DS l'EÏECTRI ÉITf. 40J pondit à mon attente & au-delà. Car en chauffant ou reffroidiffant la tourmaline en contaét avec la paume de ma main, chaque côté de la pierre fut éle&rifc précifément d’une façon contraire à ce qu’il aurait été, fi elle eût été expofee en plein air. Dans ce cas, quoique les apparences pofitives puiflènt être foupcon-nées douteufes, à caufe de la difficulté qu’il y a d’éviter quelque petit degré de frottement, en écartant la pierre de la main 5 cependant cette circonftance rend les apparences négatives bien plus inconteftables, & par conféquent écarte l’objeétion tirée des pofitives. Pour donner plus de fatisradion à mes le&eurs , je
- J’attachai le côté convexe de la grande tourmaline du Docteur He-berden , au bout d’un bâton de cire à cacheter, & quand elle fut tout-à-fait refroidie , je preffai affez fort fon côté plat contre la partie la plus molle de la paume de ma main. Immédiatement après, en 'le préfen-tant à une plume éledrifée, il me Tome lU. S
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- 410 H t S T O I R I ' parut fortement négatif, tout au contraire de ce qu il -aurait été .fi on l’eût expofé en plein air ; & il continua d'être négatif, jufqu’à ce qu’il eut acquis toute la chaleur que ma main pou voit lui communiquer; alors fon pouvoir diminua , quoiqu’il fût encore à la fin fcnfiblement négatif. N’appercevant aucun chan. gement, je laiffai refroidir la pierre en plein air. Alors, fuivant la réglé de M. Canton, ce côté devint plus fortement négatif, jufqu’à ce qu’il fût tout-à-fait refroidi. Ainfi l’augmentation de chaleur & le re-froidiffement, rendirent négatifs le même côté de la pierre.
- Ayant chauffé le même côté plat, en le tenant près d’une pelle-à-feu toute rouge , & enfuite le touchant Amplement avec la paume de la main ( je ne pus l'y fouffrir qu’un inftant) il devint pofitif. En le laiffant refroidir à l’air, il devint négatif: k le touchant encore avec la main, il devint pofitif. Je rendis ainfi le même côté de la pierre alternativement pofitif & .négatif pendant un temps confidérable ; enfin, quand je pus le
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- di l'Electricité. 411 fouffrir fur ma main, il acquit une forte, éleâricité pofitive , qui dura jufqu’à ce qu'il eût pris la même chaleur que ma main.
- Pour completter ces expériences , j'ôtai la cire du côté convexe, & je l'attachai au côté plat de la pierre. Alors chauffant le côté convexe en le preffiint contre la paume de ma main. il devint affez fortement po-fitif, au contraire de ce qui feroit arrivé , s’il eût été chauffé en plein air ; & il relia pofitif à un foible degré , après qu’il eut acquis toute la chaleur que ma main pouvoit lui donner. En le laiffant refroidir en plein air , il devint, fuivant la réglé de M. Canton , plus fortement pofitif, & continua ainfi jufqu'à ce qu’il fiât tou t-à-fait froid; Ainfi le meme côté de la pierre fut fendu pofitif, tant en s’échauffant qu'en fe refroi-diffant.
- Je chauffai enluite le côté convexe, en le tenant prés d’une pellc-à-feu rouge; & la preffant contre la paume de ma main , aulfi-tôt que (e pus le fupporter, il devint, ( au .contraire de ce qui feroit arrivé en
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- plein air) affez fortement négatif, quoiqu'il foit très-difficile d'obtenir de ce côté une "apparence négative. On ne peut pas toujours la failïr, quand on le chauffe en plein air. Il faut bien prendre garde de ne pas regarder comme. une électricité négative , une- légère attraéfiôn de la plume éleétrifée par un corps non-éleârifè.
- Après avoir fait les expériences ci-deffus .pour voir comment la tourmaline feroit affeâée lotfqu'on la chauffe , ou qu’on la refroidit en contàâ avec différentes fubftances , auxquelles il n’y a qu’un de fes côtés expqfé à la fois ; j’en fis d'autres oi\ la piçrre en étoit entièrement environnée, II paroiffoit bien évident, d’après l’experience de M. .Canton, rapportée à la pag, i ) 4 du tom. II, qu’il feroit fuperflu de l’envelopper de fubftances qui. fuffent des conducteurs i car quoiqu’on produisît les deujç électricités ; l’équilibre feroit auffi: tôt rétabli entre elles. Je ne fis donc plage que- des fubftances électriques feulement, & je commençai par. l’huile & le fuif,
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- DE l'El ECTRI CITÉ. 413 foit eh en couvrant la tourmaline , lorfqu’elle croit chaude , foit en la chauffant dans l'huile bouillante. Mais ce traitement ne produifit aucun nouveau phénomène ; 1 clcétricité de la pierre en fut feulement un peu diminuée. Il en arriva de même , quand je couvris la tourmaline d’un ciment fait avec de la cire d’abeil-lés & de la térébenthine.
- Enfin je chauffai fortement une petite tourmaline , & laiffant tomber deffus goutte à goutte, de la cire à cacheter fondue, j’en couvris la pierre par-tout de l’épaiffeur d’environ un éctt, & je trouvai qu’elle agiffoit àu travers de cette envelo-pe de cire à-peu-près, pour ne pas ' dire tout - à - fait, auffi bien que fi elle eût été expofée en plein air. Je ' regarde comme chofe accordée, que ' l’intérieur de cette enveloppe de cire , qui toUchoit la pierre , poffé-doit l’éléâricité oppofée à celle de la pierre, dans le même temps que fcn extérieur avoit la même qu’elle. On peut induire en erreur au moyen de cette expérience; car fi fonça-, che une tourmaline dans un bâton
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- 414 H i s t o i » i de cire à cacheter, la cirçparoîtra avoir acquis les propriétés de la tourmaline.
- Si l'on chauffe lü pierre ou qu’on la laiffe refroidir dans le vuide , on peut aifément imaginer qu’elle aura le même effet, qu’en la chauffant ou la refroidiffant en contaél avec des corps conduéteurs; j’ai eu cependant la cnriofité de l’éprouver, en la laiffant refroidir dans un récipient vuide d’air , dans lequel j’aVois fait les difpofitions néceffaires pour en approcher un fil d’épreuve ou le retirer à volonté. La pierre fut pofée droite fur un de fes bords, à l’aide de morceaux de verre qu’elle tou-choit feulement dans quelques points. La vertu de ta pierre parut diminuée d’environ moitié ; ce qui venoit peut-être de ce que le vuide n’étoit pas aflèz parfait. Par la même raifon la tourmaline n euf que bien peu de vertu immédiatement après avoir été tirée de l’eau bouillante, ou après avoir été chauffée dans la flamme.
- Je fixai une fois un morceau de Verre mince , avec une petite garniture deffus, vis-à-vis & parallèle
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- DE t’E ï. ECTR. I CI tf. 41$ ment au côté plat de la tourmaline, & à environ trois lignes de distance , dans un récipient vuide d’air, pour obferver fi l’éleâricité ferûit tranfmife du verre à la pierre à travers le vuide s mais quoique le verre fut éleârifé, la pierre le fut fi légèrement, que je ne pus pas m’al-furer de quelle efpece d’éleâricité.
- Pour m’affurer des circonflances relatives au changement d’efpece d’éleâricité de la tourmaline, avec plus d'exaâitude, qu’on ne peut le faire en chauffent Si refroidiffant la pierre fuivant les méthodes ordinaires , je la pofai fur la barre d'épreuve du pyrometre, & je lui communiquai la chaleur par une lampe k l'elprit-de-vin placée deflous. Le ré-fultat dé ces expériences fut en général conforme aux réglés de M. Canton ; mais il fe prelenta dans cette maniéré de la traiter, un petit nombre de circotiftances, qui ne pouvoient être déterminées dans aucune autres & qui par cette raifon valent bien la peine d’être rapportées. Je chauffai ordinairement la barre, qui elt de fer, dans une lon-S iv
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- 4iS H 1 s T o i u ï gueur de huit pouces-, jufqu’à ce que l’index eût parcouru foixante-dix degrés, dont chacun répond à une 7100 partie d'ün pouce $ & j’obfer-* yai , que quel que fut le côté de la pierre qui étoit le defius, il fut très-difficile de s’aHurer de l’efpece de fon éledricité , pendant tout lé temps que la chaleur' augmenta f quoique pour y parvenir, je tinfle par-deflus un fil éledrifë, d’environ deux pouces de longueur , attaché à un bâton de cire à cacheter, qui ne faifoit que le foutenir dans une fituatipn horizontale. 11 fut cependant évident qu’il fut éledrifé ; car il attira le fil d’épreuve à environ trois lignes de diftance ; mais quand j’ôtai la pierre de deifus la barre , & qu’auffi-tôt je préfentai le côté qui avoir pofé deifus à un fil ou une plume cledrifée, je m’apperçus toujours que le côté convexe étoit négatif , & le côté plat pofitif dans les mêmes circonftances ; mais leur éledricité n’avoit pas la moitié de la force de celle qu’ils eurent dans l’état contraire en le refroidiflant. Les deux puilfances étoient alors
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- DI l’ElICTS-ICITé. 417 fort aifées à diftinguer pendant que la pierre étoit polée fur la barrre, au moyen du petit fil dont on a parlé ci-deffits, ainli que par le moyen de morceaux de duvet attachés à des fils de foie. L'un de ceux - ci qui avoit touché le côté convexe de la pierre pendant qu’elle étoit fur la barre ,. ce côté convexe étant en-deflus , ne put venir le toucher de rechef , que cinq heures & demie après.
- Pour voir ce qui arriveroit fi l’on tenoit la tourmaline dans un même degré de chaleur pendant un temps confidérable , je la pofai fut le milieu de la barre , chauffée par deux lampes à l’efprit-de-vin , une à chaque extrémité, & qui firent parcourir à l’index quarante - cinq degrés. Je la tins dans le même degré de chaleur, fans la moindre variation fenfible, pendant plus d’une demi-heure de fuite i & j’obfervai que le côté fupérieur, qui étoit le convexe, fut toujours éleétrifé foiblement, n’attirant un fil fin qu’à environ trois lignes de diftance. Si je l’ôtois alors de deflus la barre , quelque
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- 4iS H i s T o i r i vite que cela fc fît, & que je là pré-fentaffe à une plume é eftrifée , le côté plat, qui pofoit fur la barre , étoit négatif, & le côté fupérieur très légèrement pofitif ; comme cela parut évident, puifqu’il n'attiroitpas feulement la plume. Ayant mis un morceau de verre entre la barre d’épreuve & la tourmaline, & les ayant tenus pareillement dans le même degré de chaleur , pendant le même efpace de temps , le réfultat fut le même qu’auparavant, & le verre fin légèrement éleéfiifé d’une efpece d’éleélricité oppofée à celle de la pierre.
- En chauffant la tourmaline fur le pyrometre , un de fes côtés devenoit néceflairement beaucoup plus chaud que l’autre. J’évitai cet inconvénient de la maniéré fuivante, qui quoique moins exaétè à certains égards, a, à d’autres égards, des avantages particuliers. Aü moyen de deux endroits raboteux de la pierre, je l’attachai avec un fil de foie , qui ne touchoit que deux de fes bords. L’ayant ainfi parfaitement ifolée , j’imaginai'de la fiifpendre en l’air, à quelque dil-
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- Dt L’EtiCTRieiTf. 4«<> tance du feu, de la chandelle, &ç. & en tordant le fil je lui fàifois pré-lènter alternativement l'un & l'autre de fes côtés ; de façon à l’échauffer fort également.
- Quand je l'eus de cette maniéré tellement chauffée, que je pouvois à peine y toucher avec la main , je la laillai un quart - d'heure dans la même fituation, afin d’être fur qu’elle étoit également échauffée partout. Enfuite, avec un paquet de fil fin que j'avois tenu quelque temps avant au même degré de chaleur, j’enlevai l’éleéfricité que la pierre avoit acquife en s'échauffant, & la lailfant dans la même fituation , je trouvaiqjtjue fi elle avoit acquis de l'éleéfricité, c’étoit très-peu. Si quelquefois je jugeois qu’elle en avoit acquis un peu, (ce qui pouvoit arriver par la variation de chaleur dans le feu ) cela étoit fi peu confidéra-ble, que je n’eq pouvois pas déterminer l'efpece. Cela me convainquit pleinement de la jufteflè de l’oblfer-vation de M. Canton ; favoir, que l’éleéfricité de cette pierre n’eft point due à la chaleur ; mais à ce
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- qu’elle change- de degré de chaleur;
- Si on chauffe affez brufqnement cette pierre , j’ai quelquefois obfer-vé qu’on peut la manier & la pref-fer plufieurs fois avec les dqigts, avant de changer l’éledricité qu’elle acquiert en s’échauffant, quoiqu’elle commence à fe refroidir au moment qu’on la retire dp feu.
- En traitant la tourmaline fuivant cette méthode , j’ai vérifié l’obfer-vation de M. Ganton ; favoir , que quand cette pierre eft chauffée , & qu'on la laide refroidir fans toucher aucun de fes côtés , le même côté demeure pofitif ou négatif pendant tout le temps de l’accroidement & du décroiffement de la chaleur s mais comme il l’obférve, pag. S du tom. II, dans fes expériences fur l’air chaud, il ne faut en pareil cas chauffer que foiblement la pierre. J’ai prouvé auffi la converfe de cette propofition. Car reprenant la pierre où je l’avois laiffée dans la derni.ere expérience, & l’écartant davantage du feu , fes deux côtés acquirent une forte éleélricité , comme a l’ordinai- re ; enfuite la rapprochant du feu y
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- DI l’ElICTRIClT é. 4It j’obfervai que fes deux côtés, retinrent l’éleâricité qu’ils avoient acqui-fe en fe refroidiflant, non-feulement pendant tout le temps que la pierre s’échauffoit j mais encore un temps confidérable après qu’elle eut de-' meuré dans le même degré de chaleur.
- Je ne puis cependant adopter entièrement la raifan que M. Canton donne de ce phénomène. Car fi l’air environnant tranfmettoit le fluide éleârique du côté pofitif au côté négatif de la pierre , je penfe qu’elle ferait dans la même fituation que dans l’expérience qu’a faite M. Canton , fur cette pierre environnée, d’eau , pag. 154 du tom. II, & que ni l’un ni l’autre de fes côtés ne donnerait aucun ligne d’éleâricité. Quand la chaleur eft trois ou quatre foi» plus grande qu’il ne faut pour changer l’éleâricité des deux côtés, la
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- 41i IJlST*IRB
- côtés ; c’efl. de cette propriété qu'elle a reçu fon nom Hollandois.
- 11 faut à la vérité quelque temps pour que l’éleétricité des cotés change d’un état à l'autre ; ainfi le temps ou le changement devient feniible, n'eft pas toujours le moment où la pierre commence à fe refroidir ; mais ces deux moments feront d’autant plus rapprochés l’un de l’autre, que la pierre fera plus chaude ; parce qu’alors les efforts ( de quelque ef-pece qu’ils foient) quelle fait pour acquérir quelque efpece particulière d’éleâriciré , feront les plus vigoureux, & produiront plutôt leur effets de façon qu’elle fera plus en état de furmonter les obftacles tels que ceux^ qui doivent réfulter de l'éleélricitê contraire que poflede la pierre. Ainfi fi l’un ou l’autre côté de la pierre eft dans le cas d’acquérir l’une ou l’autre efpece d’éleélri-cité , & qu’il lui foit communiqué parle frottement, ou autrement, une certaine quantité de l’éleétricité contraire , cette éleétricité étrangère fera ou Amplement afifoiblie, ou perdue , ou changée, 6c cela dans un
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- eï'L’ÊiBcruiciTé. 41* éfpace de temps plus ou moins long, fuivant la vigueur, pour ainfi dire , qu’on fait employer à la pierre pour s’oppofer à cette influence. Mais j’ai de grandes raifons pour regarder comme fufpeâe ma propre opinion, quand elle diffère de celle d'un juge aufli exact & auffi éclairé en cette matière , que l’eft M. Canton.
- Il cft de Fait, cependant, que la pierre change fou vent fon éleâricité fort lentement, & quelle ne manque jamais de garder plufieurs heures, & avec fort peu de diminution, l’éleâricité qu’elle acquiert en fe re-froidiflant. Il eft poffible même que dans certains cas, l’éleétricité qu’elle acquiert en s'échauffant, fon af-fez forte pour furmonter celle qu’elle acquiert en fe refroidiffant ; de forte que les deux côtés puiflent montrer la même puifTance pendant toute l’opération. Je fuis très-certain que dans le cours de mes expériences , les deux côtés de la grande tourmaline du Doâeur Heberden ont été fréquemment pofitifs plufieurs heures de fuite, fans aucune apparence que ni l’un ni l’autre ait été néga-
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- 424 H I $ T O I R ï tif. Peut - être que le côté plat de cette pierre , qui eft pofitif en s'échauffant , peut continuer de l’être fuivant l’obfervation de M. Canton ; & que l'éled:ricité du côté convexe peut avoir changé , comme il le fait fouVent , mais trop tôt pour me laiffer le temps de l’obferver. Ce lait m’eft cependant arrivé 11 fou-vent, & eft fi remarquable , que je crois ne devoir pas négliger d’en faire mention , quelle qu’en foit 'la eau lé.
- Ce phénomène s’eft p conftamment, au commencement de mes expériences fur la tourmaline ,
- Sue j’avois conclu que le Duc de taya avoit raifon d’aflurer contre Æpinus, que les deux côtés de la tourmaline acquéraient, dans tous les cas, l’éleétricité pofitive ; & j’aurais embrafle cette opinion fans les remontrances amicales du Doéteur Franklin, & de M. Canton ; en con-féquence defquelles je recommençai mes expériences; & j’obfervai enfin d’autres phénomènes. Dans le temps dont je viens de parler, je chauffais communément la tourmaline on
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- de l'EiEfcfmcifé. 4.1$ préferitânt chaque côté alternativement à une pelle-à-feu rouge, ou à un morceau de verre chaud, tenu à la diftance d’un demi-pouce ; quelquefois je la plaçois au foyer d’un miroir ardent ; mais j’ai dblervé depuis le même phénomène , en la chauffant au milieu d’nn cerceau de fer mugi au feu. Dans tous ces cas, la pierre étoit attachée par fes bords à un bâton de cire à cacheter. J’ai remarqué que ce phénomène arrive le plus foüvent, quand le cerceau de fer a été extrêmement chaud ; de forte que l’extérieur de la pierre doit avoir été chauffé quelque temps auparavant l’intérieur. Je penfe auiïï qu’on doit te plus s’attendre à produire ce phénomène quand le côté convexe de la pierre eft le plus chaud des deux. Quand je chauffe ainfi la grande tourmaline, je ne manque guère de rendre les deux côtés pofi-tifs , jufqu’à ce que la pierre foit parvenue à-peu-près au degré de la chaleur du fang. Je remarque ordinairement qu’il y a vers une extrémité de la pierre, une partie du côté plat qui eft écaillée, & qui
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- 4.16 H I S T O I R I
- devient négative la première ; & que le refte du côté plat le devient peu-à-peu ; mais par cette méthode de traiter la tourmaline, une portion du côté plat fera trës-fouvent fortement poGtive , une demi-hetire après que l’autre partie eft devenue négative.
- Le détail que je viens de donner de ce phénomène , devient plus probable par la maniéré dont la pierre étoit éleârifée, lorfqu’on ne chauffoit qu’un de fes côtés à la fois. Car quand on ne chauffoit que le côté convexe, la pierre continuoit fou-vent pendant long-temps à avoir fes deux côtés pofitifs, & communément jufqu’à ce qu’elle ne fût plus fenliblement chaude. Mais dans ce cas là , avant que le côté convexe devînt pofitif, il étoit quelquefois négatif deux ou trois minutes. D’un autre côté, lorfqu’on ne chauffoit que le côté plat , il étoit long-temps pofitif, & le côté convexe négatif : mais le côté plat devenant négatif très-long-temps avant que le côté convexe ceffât de l’être , les deux côtés continuoient à être négatifs,
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- DE x’EtECTRICltf. 417 ufcqu’à ce que la pierre fut à-pen-près froide.
- Je fuis très fâché de l’article par lequel je fuis obligé dé terminer cette (eétion. Dans la première fuite d’expériences rapportées ci-deflus, cette belle tourmaline, dont il a été parlé fi fbuvent dans le cours de cet ouvrage , me glifla des mains ; & quoiqu’elle ne tomba que de la hauteur de ma poitrine, fur un endroit parqueté, il fe détacha deux éclats d’un de fes bouts. Cependant cèt accident a plus défiguré la pierre, qu’il ne lui a fait de tort ; car le plus grand des éclats ne pefe que dix grains, & te plus petit n’en pefe qu’un feul, tandis que le relie de la pierre pefe encore quatre deniers feize grains ; je ne me fuis pas ap-perçu qu'elle ait rien perdu de f\. vertu. M. Wilfon obferve qu’il s’yv, trouvoit quelques fêlures ; & par cette rai Ton j’avois eu grand foin de ne l'expofer jamais à aucun degré de chaleur confidérable.
- Dans l’endroit de la rupture , elle a huit ou dix facettes différentes, toutes ayant le plus beau poli ; mais
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- 4*8 H i s t o i ii s il n'y a aucune apparence de coucha ou lames dans la ftruéture intérieure de la pierre. Le plus grartd des éclats a Une puiflknce' éleétrique eonfldé-rable , & Les deux côtés Otit les mêmes puiflances différentes que celles qu’ils avoient quand ils failoient partie de la pierre entière.
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- Vf iTtîciuciii. 425
- PARTIE VIII,
- SECTION XIII,
- Mélange d’Expériences,
- I.
- Obfervations fur CltinctUc Electrique , tirée au travers de plusieurs morceaux de Métal. \
- Le 14'Mar? ijff, j’obfervai qu’une étincelle éleéfriqüe tirée du premier conduéteur même, n’étoit pas à beaucoup près fi forte ni fi piquante , qu’une autre tirée à travers up morceau de métal ifolé §£ interpolé entre mon dpigt Sf le conduéteur.
- Quelle que fût la forme du morceau: de métal interpole, l’elfet fut le même : & tout ce, qui fut ainfi préfenté, reçut une étin.celle forts
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- 4<o Histoire & complette ; au lieu que fi l’élec-trilàtion eft très-puiffante, il s’en diffîpe communément une grande partie en aigrettes ou étoiles ; même lorfqu’on préfente d’affez gros boutons de cuivre , au premier conducteur ; à moins que le conduéteur & le bouton n'ayent un degré précis de convexité adapté 1 un à l’autre.
- Une balle de cuivre feule , rendit l’étincelle auffi forte que l'inter-pofition d un long morceau de métal, ou même de plufieurs.
- Soit qu'on £ç fervît d'un , de quelques uns, ou d’un grand nombre db morceaux , il parut que les intervalles pris enfemble deyoienr être égaux.
- Mais ces intervalles pris enfemble peuvent être plus grands quand or. place les morceaux en ligne droite, que quand on les difpolc en lignes courbes.
- Soit qu'on y interpole un corps ou un certain nombre de corps, fi l’on excite une étincelle, elle ne frappera pas le premier , à moins qu'elle ne puifle, en même temps, frapper tous les autres.
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- DE L’EtËCTRICiré. 451
- J’ai trouvé par la fuite, que quelques-unes des circouftances ci-deflus ont été remarquées par le P. Beccaria.
- 1 I.
- Erreur relative' à la direction de l’étincelle Electrique,
- M’amusant un jour à tirer de longues étincelles d’un grand principal conducteur de cuivre poli , &ç confidérant les erreurs dans lefquel-les font tombés les Eleétriciens, relativement à la direélion de la matière électrique , je ne pus m’empêcher detre frappé d’une erreur que mes fens n’auroient jamais reétiné , & qui me fit voir clairement combien il y a peu à compter, en pareils cas, fur ce que l’on appelle évidence des fens. Je remarquai que, foit que je filfe enforte que ce grand çonduéleur donnât ou reçût le feu éleélrique ( car je pouvois faire l’un ou l’autre à volonté , & avec la même force ), je crus toujours voir
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- 4 5*
- H I & T Q f K 3
- xju’unç étincelle tirée avec une balle de cuivre au deflijs du conducteur .y defçendoi,t > & qu’une étincelle tirée au-deflous de lui en defcendpit ; mais les étincelles tirées latérale-rnent parurent n’avoir aucune direction certaine [158].
- «Ô3» [iy8] Toutes ces apparences n'ont rien de confiant.5 on voit les étincellès partir , tantôt 'du conducteur ifolé, tantôt du corps non - éleCtrjque approché,-à quelque endroit du conduCtçur qu’on préfente ce corps. Ces étincelles font produites par le choc des deux courants de matière électrique , dont l’un vient du conducteur ifolé, i & l’autre du corps approché , & qui s’enflamment par la percuffion. Et comme il y en a prefque toujours un plus fort que l’autre; c’eft le plus fort qui' devient alors vi-
- able.
- ni.
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- DE l’EtECIItrelTÉ, 4J3
- I I I.
- Expérience definie à faire connaître fi les fubjlances Electriques , dans leur étatnaturel, contiennent plus de fluide Electrique que les condudeurs.
- Dés,KA nt m’affurer de l'hypo-thefe du Dodeur Franklin , au fu-jet de la différence effentiellé qu'il y a entre les condudeurs & les non. condudeurs, je fis rougir au feu une affez grand morceau de verre, ( que j'avois déjà éprouvé être dans cet état, un condudeur réel d eledricité ) &c je le plaçai fur un morceau de cuivre poli , & ifolé ; fuppofant que fi les lubftances èledriques avoient naturellement une plus grande quantité de fluide éledrique que les con-dudeurs, ce morceau de verre , en paffant de l'état de conduélcur à celui de- non - condudeur , devoit épuifer le cuivre de fa portion na-Tom. III. T
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- 4J4- Histoire tureile de fluide éleârique, & le laifïer clcârifè négativement. Mais je ne pus appercevoir aucune efpece d'électricité , ni dans le cuivre , ni dans le verre, durant tout le temps qu'ils mirent à fé refroidir. '
- Quelque temps après je trouvai que" Jean-François Cigna avoir tenté de s’aflurer de la même chofe, en réduifant la glace en eau ; mais la glace Se l’eau font tous les deux conducteurs d’élçctricité.
- I V.
- Expériences fur les effets qu’on produit en donnant une teinte Métallique à la furfaçe du verre.
- Les Electriciens ont long-temps mis en queftion , en quel endroit ré-fide la matière électrique qui conl-titue la charge d’une plaque de verre ; fi c’eft dans les pores du verre, ou feulement fur fa furface ; j’ai fait quelques expériences que l’on jugé-
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- UE r’ELECTRiciTi. 43Î ra peut-être propres à jetter quelque lumière fur un point (i difficile.
- J’ai confidéréque la.ga.rniture ordinaire d’une jarre pas en contact immédiat avec le verre ; mais que la teinte métallique, que l’on donne au verre par l’explofion électrique du métal fur fa fur face, eft probablement en contact avec lui, fi elle n’eft pas incruftée dans (ès pores. Je donnai donc une garniture de cette efpece aux deux côtés d'une plaque de verre ; & j’imaginai d’abord que le verre garni de cette façon le chargeoit auffi bien que s’il eût été garni de latnaniere ordinaire ; car il donna une véritable commotion ; mais je me rappelle fore bien que dans çe temps-là, je fus un peu furpris de voir le feu électrique parcourir la furface de cette garniture , chofe qui n’étoit pas pof-fible dans la méthode ordinaire. Cependant n’ayant fait à cela que fort peu d’attention , j’allois continuer l’expérience, & eflayer fi en combinant ce morceau de verre avec une grande batterie, & foifant la décharge de l’un & de l'autre fur T ij
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- 4Jtf H I S T O I R H
- cette teinte métallique, je ne pour-rois pas en fondre une partie, & par ce moyen la faire fortir du verre ; attendu que cette méthode au-roit fondu , & abfolument difperfé une portion confidérable de la garniture d’une jarre ordinaire : mais je fus prodigieufement furpris de voir que , quoique la connexion de cette teinte métallique avec la batterie fut complette , on ne put faire la décharge en en-approchant la verge déchargeante, quoique ce fut à trois quarts de pouce d’une autre verge de cuivre, qui formoit la communication entre cette plaque de verre & la batterie. Je fus convaincu parla que la teinte métallique ne pouvait pas tenir lieu d’une garniture ; & je m’aflurai fur le champ qu’un morceau de verre non-garni fe char-geoit précifément comme l’avoit été le verre garni de la teinte métallique.
- Pour avoir encore plus de certitude fur cela, je donnai une teinte de cette efpece aux deux côtés op-pofés d’nn tube de verre, d’environ un pied & demi de longueur ; & Iç
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- DE l’ElECTRICITi. 43? tenant dans ma main , qui touchoit à une partie de cette teinte métallique , je trouvai qu’il s cleftrifoit precifément comme un autre tube ; car quand je déchargeois l’éledrici-té de quelque partie du tube couverte de la teinte , je ne déchargeois point du tout les autres parties du tube , où s’étendoit la même teinte. Pareillement le craquement élcdri-que venant de la partie teinte du verre, ne fe diftinguoit point de celui qui fefaifoit aux autres endroits; fi ce n’ell que quelquefois aux-endroits où l’or étoit plus épais qu’ail-leurs, on voyoit à fa îurface un courant plus denfe de matière électrique , qui partant de l’endroit où l'on tiroit l’étincelle, fe divifoit en plufieurs petits rayons , qui Envoient des direétions différentes.
- Cette expérience femble prouver qu’une garniture de métal extrêmement rapprochée de la furface du verre n’eft point du tout aSèâèe, ni par l'éledrifation, ni par la charge qu’on lui donne; & elle femble confirmer cette hypothefe, que le
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- 43S H I S T O I R B fluide éleârique n’entre point dans les pores du verre.
- Comme il n'eft pas bien facile, de donner cette teinte métallique aux deux côtés d’une plaque de verre , le lecteur ne fera peut-être pas fâché de favoir de quelle mamttg j’y ai réuflî. Après m’être fatigué long-temps à eflayer d’appliquer un morceau de feuille de cuivre fur les deux côtés d’une plaque de verre , pour lui fèrvir de garniture ( ayant toujours caflè le verre en y fixant la première ou la fécondé garniture), je mis enfin deux autres morceaux de verre , un de chaque côté de celui auquel je me propofois de donner la teinte , avec des morceaux de feuilles de cuivre entre d’eux ; puis fàifant palier une explo-fion à travers ces verres en même-temps, le fupérieur & l’inférieur furent mis en pièces ; mais celui du milieu ( étant également affeélé des deux côtés ) demeura entier ; & les garnitures furent à peu de chofeprés telles que je les délirais.
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- DE l'ElECt&IClTt. 4J,
- V.
- Expérience dejlinée à faire con-
- naître fi la fermentation con-
- tribue à la produdion de VElectricité.
- Le; Septembre , voulant déterminer fi les corps dans un état de fermentation perdoient ou acqué-roient quelque portion du fluide électrique , je fufpendis une paire de balles de moelle à l'extrémité d’un morceau de fil de métal, qui com-muniquoit avec une certaine quantité de limaille d'aciër, renfermée dans un vafe de verre, où elle fermen-toit avec de l'huile de vitriol. Mais elles ne fe féparerent point du tout.
- Tiv
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- 440 Histoire VI.
- Expérience defiinée à faire connaître fil’évaporation contribue à la production de l'Eledri-cité.
- Le i6 Décembre, je mis une petite quantité d’eau fur un morceau de verre mince, & je la fis promptement évaporer, au moyen d’un fèr rouge que je tins deflous ; mais le verre n’acquit aucun degré d’é-leétricité. Le temps étoit à la gelée,
- V I I.
- Expérience deftinée à faire connaître fi l’Eledrifation accéléré ou retarde la congélation.
- Le G Janvier 1767, j’expofai en plein air deux plats remplis d'eau , pendant une très-forte gelée ; 8c j'en éleârifai un allez fortement ; mais je n’apperçus aucune différence , ni
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- DE L'ElECTRICITé. 44J dans le temps où ils commencèrent à fe geler, ce qui fut au bout d'environ trois minutes, ni dans l’égaif-feurde la glace, quelque ternes après que les deux plats eutent étépris par la gelée.
- Ayant par hafard jetté les yeux fur la campagne, par la fenêtre à laquelle j’avois placé la planche dont je m’étois fervi pour cette expéri .rï-ce , je remarquai de chaque côté du. fil de métal eleârifé , cette efpece de vapeur fluétuante que l’on voit près de la furface de la terre dans un jour chaud d’été , ou auprès de quelque corps échaufle , qui occa-iionne une exhalaifbn de vapeurs.
- VIII.
- Examen d’un tube de verre qui avoit été long-temps chargé & fcellé hermétiquement.
- Le 50 Décembre, j’examinai un tube de verre d’environ trois pieds de long, dont j’avois chargé la moitié au mois de mars précèdent, & T v ,
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- 44* fl i s i e i R s que j’avois enfuite feellé hermétiquement ; mais je ne m’apperçus pas qu'il s’éleârifât même au plus petit degré, ni en le chauffant, ni en le refroidiffant. J’attribue à l’épaiflèur du verre de mon tube, la différence du réfultat de cette expérience avec celui de plulieurs expériences de M. Canton, rapportées pag. loidutom. II. M. Canton chargea de petites balles extrêmement minces. J’obfer-vai auffi qu’il n’y avoit point de diflference fenfible entre leleétrifa-tion de la partie chargée, & celle de la partie non-chargée de ce tube ; & que l’une & l’autre produifoient un très-bon effet.
- J’ouvris enfuite ce tube, & ver-fant dedans une certaine quantité de menu plomb , je trouvai qu’il contenoit une fort bonne charge. 11 inè donna une commotion confidé-rable, & plulieurs petites j parce que je ne me fervis pas de garniture extérieure ; mais je le déchargeai en l’empoignant en plulieurs endroits.
- «K
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- de l’Electricité. 44} I X.
- Pefanteur requife pour mettre quelques corps en contact immédiat , déterminée par l’ex-plojion Electrique.
- I l eft clair d’après les expériences d’optique , ainfi que par beaucoup d’autres confidérations, que les corps qui ne font pas fort pelants, pôles les uns fur les autres, ne font pas dans un contaél immédiat. Comme la même chofe eft démontrée par l’étincelle électrique qui devient vi-fible entre des morceaux de métal pofés les uns fur les autres, & par d’autres effets électriques, ( particulièrement par la fufion des parties, par lcfquelles la matière électrique fort d’un corps pour entrer dans un autre , qui n’eft pas actuellement en contad avec lui ) j’eus envie de déterminer par-là quelle pefanteur le-roit fuffilante pour mettre des corps aduellement en contact. Dans cette vue, je plaçai les uns fur les autres Tvj
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- 44+ H i s t o i r s vingt fcheltings fort unis, & fis paf-fer au travers la décharge de la batterie; penfant qu’il ne paroîtroit pas de fufion, quand la pefanteur feroit fuffifance pour les mettre en contad. Mais je trouvai que le poids de toute la colonne ne fuffifoit pas. Car chaque piece fut, fondue fur l’un & l'autre côté, de forte que partout les deux côtés contigus avoient des taches qui correfpondoient exactement les unes aux autres. Les impreflions les plus profondes fe trouvèrent près du fommet de la colonne , mais elles ne diminuoient pas avec une régularité exade. Peut-être que de pe-tjjtes particules de pouffiere ont empêché quelques pièces d’approcher fuffifamment les unes des autres.
- Enfuite, j’augmentai mes poids par degrés, & trouvai enfin qu’en-viron fix livres me fuffifoient. Avec fix livres feulement, la fufion fut vifible; mais jamais avec plus de fix livres & demie ; j’aie répété l’expérience fois.
- Je foupçonnai que la force de l’ex-plofion pouvoir avoir cccafionné une
- un peu
- Œue 1rs
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- I> E l'E t£ CT R ICI T É. 445
- répulfion momentanée , une réparation , & en conféquehce la fufion de ces pièces de métal, quoique preffées par un pareil poids ; mais il ne me fut pas poffible de produire aucune fufion, fous un poids plus grand que celui de Gx livres, quoique, au lieu de trente - deux pieds qüarrés de verre garnis, _ j’en employai plus de foixante.
- X.
- Effet de l’explofion Electrique, tranfmift au travers de différentes liqueurs.
- J e crois qu’on fuppofe ordinairement que le tonnerre aigrit l’aîle ou biere douce , & d’autres liqueurs ; j’eus donc envie de m’affurer fi ce fàit( s’il eft vrai ) venôit de ce que les liqueurs étbient vraiment frappées du tonnerre, oit s’il venoit de l’état de l’air, &e. durant l’orage. Pour cet effet, je me munis d’un tube de verre, de neuf pouces de long, & environ trois lignes de dra-
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- 44 6 Histoire
- métré, & en inférant un fil de métal dans une de fes extrémités, que je fcellois enfuite avec de la cire d'Efpagne , il me fut aile de tranf-mettre une commotion élcûrique à travers toutes les fubftances que j’y voulus mettre.
- Par ce moyen, le 13 Novembre, je fis palier l’cxplofion de la batterie à travers ce tube , rempli de petite biere nouvelle ; & j’obïérvai une quantité cônfidérable d’air fixe ou de quelque autre fluide fous la forme ae bulles qui montoit dans la liqueur. Mais quand j’en goûtai, je n’apperçus aucune différence entre cette biere & celle du tonneau , d’où je l’avois tirée. Je ne doute pas qu’une fi grande quantité d’air ne contribuât, en s’échappant, à la faire vieillir un ppu plutôt.
- , Je fis palier .enfuite plufieurs for-; tes commotions à travers un tube rempli de vin rouge; mais au bout de deux ou trois jours , je n’apperçus aucune altération , ni dans fon goût, ni dans fes autres qualités len-ubles. Dans ces décharges la matière éleârique ne frappa pas immédiate-
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- de l’Electriciti. 447 ment le vin , mais une verge de métal qui touchoit la furface ; je lui fis éprouver enluite deux ou trois autres commotions , dans lefquelles le vin même fut frappé ; mais il n’y eut point- de variation dans les effets.
- Je fis palier la commotion de l’une & l’autre maniéré ci-deflus, à travers un tube rempli de lait ; mais il étoit encore doux trois jours après. Pareillement un tube rempli d’aîle nou-. velle, reçut plufieurs fortes commotions , fans éprouver aucun changement fenfible dans fes propriétés.
- Dans toutes ces exploitons , je tins le tube dans ma main, fans rien re£ fentir de la commotion.
- Je rendis auffi l’étincelle éleélri-que vifible un grand nombre de fois dans une petite quantité de firop de violettes , fans produire aucun changement , ni dans fa couleur, ni dans les autres qualités fenfibles.
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- 448 Histoire X I.
- Ohfervations fur les couleurs de la lumière Electrique.
- Voyant que plufieursEleétriciens ( qui {ans doute le font copiés le» uns les autres, fans jamais repéter l’expérience, quoique fi facile à faire) ont avancé dans leurs écrits que la lumière éleéfrique ne contenoit pas les couleurs prifmatiques -, j’eus la curiofité d’elfayer un fait fi extraordinaire, & auffi-tôt je m’apperçus de l'illufion de l'expérience que l'on avoit faite la première fois, & la caufe de cette illufion. En tenant un prifme devant mes yeux, tandis que l’on tiroit des étincelles éleéfriques au principal conduéfeur , je remarquai d’auffi belles couleurs prifmatiques , que puiflè en donner l'image du foleil. Mais quand la lumière fut un peu étendue , comme dans les parties rouges & pourpres d’une longue étincelle , les couleurs ne furent pas fi vives, & on les diftingua moins facilement les unes des an-
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- i>e l’Electricité. 449 très ; & quand la lumière fut encore plus étendue , comme dans lé vuide, le prifme ne fit aucun changement feniible dans Ion apparence. C’eft ainfi que la partie du milieu d’un grand objet quelconque , paraît au travers d’un prifme de la couleur naturelle ; car quoique les rayons foient réellement feparés, ils font fur le champ confondus avec d’autres' qui viennent de differentes parties du même objet ; de forte qu’il en doit néceflairement réfulter fa couleur naturelle.
- Comme les flammes de différents corps donnent les couleurs prifmati-ques , dans des proportions très-différentes , j’ai fouvent eu envie d’entreprendre de déterminer la proportion de ces couleurs dans la lumière éleétrique , & de la comparer avec la proportion des couleurs venant de la lumière qu’on pourrait fe procurer de différentes autres maniérés. Cela déterminerait peut-être ce que c’eft que cette matière hétérogène , qui eft mife en aétion par le pairage rapide du fluide éleéfrique, & qui eft la caufe de la lumière, dé
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- 4jO Huto/iiE l'odeur, & peut-être des autres qualités fcnfibles de l’éleâricité L155>1 > mais je n’ai pas eu le loifir de fui-vre cette recherche.
- Je me contenterai, pour finir cet article, de faire une fimple mention d’une autre erreur, dans laquelle pourraient être quelques perfonnes par rapport à ce qu’on appelle la longueur de l'étincelle électrique. Quand on décharge une jarre, on peut s’imaginer que l’on voit un corps de feu s’étendre du dedans au-denors ; iu lieu qu’il eft allez certain , que cette apparence _eft occalionnée par le mouvement rapide d’une fimple boule de feu; de même qu’un flambeau allumé , laide appercevoir un cercle entier de feu , lans qu’il faille lui donner un mouvement plus grand que celui qu’un homme peut lui donner avec fon bras. Le feu
- [ijj] Ce n’ell point une matière hétérogène, mife en aftion par le fluide éleétrique, qui produit la lumière ; c’cft le fluide éleftrique lui-même, qui s'enflamme par le choc de fes propres rayons. A l’égard de l’odenr, elle eft produite pat une macic-te jufqu'à prêtent inconnue.
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- ue l’Exeètricité, 451 d’une explosion cleétrique confifte en une boule ou cylindre , qui n’eft pas fort long; c’eft ce qui paroît évident par une des expétiences fur les cercles rapportées ci-defius, pag. 340 , dans laquelle le diamètre du cercle fut le même , foit que l’ex-plofion fut faite à un demi-pouce, ou à deux pouces de diftance; ainli que par les expériences du paifage du feu d’une explofon éleârique , fur les furfaces des corps dans lefqnel-les il devenoit quelquefois vingt fois plus long qu’à l’ordinaire, fans aucune diminution fenfible de fa grof-feur [160].
- er? [ T éo] C’eft ce que dit ici M. Prieft-ley , qui eft une erreur ; Sc non pas ce qu'il prétend combattre. Si la traînée de feu qu’on apperçoit fouveuc , n’étoit autre chofe qu’une boule ou un cylindre, qui occafionnât cette apparence par la rapidité de fou mouvement; il faudroit que ce mouvement fût dvjnc rapidité telle , que l’imagination même ne fau-roit s’y prêter. Aifurément un éclair eft un feu de cette efpece. Or on en voit quelquefois s’écendre, en un clin d'ccil, à des diftances immenfes; 8c il y a bien peu de Phyficiens ( s’il en refte encore quelques-uns )
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- 45
- Histoire
- X I I.
- Obfervatïons fur les petits fils de métal qui raJfemMent l’Er leSricité d’un globe que ton frotte.
- M’éxa» t fervi de plufieurs fils de laiton , d’environ deux pouces & demi de longueur, pour raflembler la matière électrique de mon globe , je remarquai , un mois ou deux après, qu’environ un demi pouce de leur extrémité qui touchoit le globe, étoit devenu tout noir , fur tout du côté qui étoit le plus proche du globe. Je les ôtai alors de l’anneau
- qui penfent que ce foie'une boule on un cylindre de feu qui parcourt tout cct efpace en £ peu de temps. Tous, ou prefque tous, penfent au contraire, que c’eft.une inflammation fucccflïve de la matière électrique , que tout le monde avoue être répandue univerfelle-ment par-tout , & qui fe fait à-peu-près comme celle d’une traînée de foudre -, mais avec une promptitude infiniment plus grande»
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- de l’Electricité. 4jj auquel ils étoient fufpendus, & les frottant avec foin , je remarquai que le même frottement qui rendit le refte du fil brillant, ne caufa que peu de changement dans cette noirceur acquife. Me rappellant alors la théorie du magnétifme du P. Beccaria , au lieu de replacer les fils, je fulpendis à leur place deux aiguilles très-fines. Le 10 Décembre , c’eft-à-dire, environ deux mois après, pendant lefquels j'avois fait le plus fréquent ufage de la machine, je les examinai, & je trouvai cette noirceur à leurs pointes; mais je ne pus pas m’aflurer qu'elles euflent acquis aucun degré de magnétifme. A la vérité elles en avoient un peu ; mais je ne les avois pas examiné avant que de les fufpendre , auffi exaâement que je le fis après. Cette expérience mérite d'être répétée avec plus de foin, mais elle exige une éleélrifation plus longue & plus confiante, qu’il n’eft probable que j’aie jamais la commodité de le faire.
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- 45+ Histoire XIII.
- Expériences dejlinées à faire connaître la différence qui fe trouve dans, le pouvoir conducteur des différents métaux.
- Je me fouviens que m’étant une fois trouvé avec le Doétcur Franklin, M. Canton & M. Price, je demandai s'il étoit probablç qu'il y eût quelque différence dans le pouvoir çonduéteur des différents métaux , & en cas qu’il y en eût, s'il étoit poffible de s’affurer de cette différence. Autant que la mémoire peut me fournir , le Docteur me îuggéra la méthode que je lui ai attribuée ci-deffus , pag. 19. Depuis que cette partie de l’ouvrage a été imprimée, j’ai tâché de mettre ce projet à exécution , en tranfmettant en roême temps la même explofion de la batterie , à travers deux f)ls de differents métaux , & de la- même groffeur. Ils fiirent accrochés l’un à l’autre, & on les tint ferré»
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- de l'EiBcmcni 4jj dans la main , apres leur avoir donné , par le moyçn d’un compas, prç-cifument la même longueur. Ces expériences furent beaucoup plus agréables & plus fatisfaifantes que je ne m’y étois attendu ; mais leur rélültat ne répondit point du tout aux idées que j’avois eu d’abord.
- Je réunis premièrement un bout de fil de fer à un autre de cuivre. L’explofion difperfa totalement le fer , & laifla le cuivre intact. Le laiton difparut pareillement quand je le réunis au cuivre, & le fer quand je le réunis au laiton.
- Jufque là les expériences furent très-faciles ; une feule charge de la batterie fuffifoit pour déterminer la différence entre chaque paire de fils ; mais quand il fut queftion de comparer les métaux plus parfaits, jp trouvai beaucoup plus- de difficulté ; & je fus obligé d’efîayer quatre ou cinq charges de la batterie fur chaque paire. Car leur pouvoir conducteur étant à-peu-près le même , pu je rendois la charge trop forte , & je les difperfois tous les deux, ou je la rçndois trop foible, & m l’un
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- 4J<Î H I S T O I R B
- ni l'autre n’étoit touché. Je parvins enfin à trouver des charges telles que le cuivre difparoifloit, & laif-foit l’argent & l'or > & l’or relia quand l'argent fut difperfé. Cependant le crochet de l'argent fut fondu , quand le cuivre rut dilperfé ; & le crochet de l’or quand l'argent fut difperfé ; Car la chaleur la plus grande eft toujours à l’endroit ou le feu éleélrique paflc d’un corps à un autre. Avant la difperfion & du cuivre & de l’argent, j'avois fait des explofions d’une telle force, que quoique trop foibles pour les fondre , elles leur donnèrent une teinte bleuâtre.
- D’après ces expériences, il eft aifé d’établir dans quel ordre les métaux ci - deflùs doivent être rangés, pat rapport au pouvoir qu’a l’éledricité de les fondre. Le voici, le fer, le laiton , le cuivre , 1”argent, l'or.
- Ne pouvant pas me procurer du fil de plomb ni détain , je pris dei morceaux de ces métaux laminés également minces , & en ayant coupé de petites bandes de longueur & de largeur égales, je tranfmis l’explofion
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- Dï X’EL'E'fcTB.lCl^é. +57 Pexplofibn an travers ; le plomb fuj: celui îqùi céda le; premier. Jfavois deflein de compater-ces plaques avec d’autres-plaques de fer, dé laiton, &e. mais je n’eh eus pas la commodité. Je ne doute guère que l'étain ne fiât fondu avant le fer ; quoique je m’étois attendu que l’étain ferait fondu avant le plomb , & l’or avant l’argent-.- Mais fuivanf-lés éxpérien-ces de M. Wilke, Je plomb eft plus mauvais conduâeùr qu’aucun des autres métaux. Mes propres èxpérien-ces fiir les taches circulaires rapportées çi-deflus, pag. } 50;-, m’àvoient fait croifç que l’oé fe ferait fondu avant l’argent,
- 1.1 eft fort fingulier, que lorfque le fil de fer eft fondu par l’explo-fibn élfeârique, Pbn voie ordinaire-mentdes étincelles brillantes fe dit perfer autour dé la chambre en tou-tés fortes dé direélâofis ,• •& qu’on n’en voie jamais, ou du moins rarement, quand on fe fert de fil de quelque autre métal. Si l’on reçoit feulement iin peôt réfidu d’une batterie entre deux anWjges- de fer , 8e Ton, III. V
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- 4)8 H I S T O I, K rE que fexplofipn fait très-petite, l’on voit un grand nomlirc de petites étincelles s'élancer du fer , à environ un pouce de dillancc, Sc en toutes fortes de fens ; ce qui offre un beau fpeâacte. On verra un plus petit nombre de ces étincelles, îî l'une des deux verges cftde laitop , & je crois qu’on a’ep verra aucune dans ces petites décharges, fi, toutes les deux font de -laiton. ,
- Avant de pouvoir faire aucun ufage de ces expériences, pour déterminer le pouvoir conduâcur relatif des différents métaux , il fou-droit 'comparer l’ordre dans lequel ils fe fondent à une chaleur ordinaire , avec l’ordre dans lequel ils lè fondent par l’explofion électrique ; & je. ne pourrais pas trouver for le champ une table de cette efocce. -Je crois cependant que le fer pa8e pour exiger plus de chaleur que tout autre .métal pour fe fondre:; & il ne fout pour cela qu’une légère, force d’élcéUi-cité ; de forte que ces deux ordres, à «on avis , ne font pas les
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- DE l*£ IEC T RJ CI té. 459 mêmes (161]. Avant de pouvoir rien déterminer à cet égard, on devrait trouver pareillement, combien les métaux fe .fondraient plus aifément les uns que les autres , en tranfméttant l’explofion à travers des fils de longueurs, & de groilèurs différentes ; ce qui ieroit un travail long & ennuyeux. Je ne doute pas qu'une explofîon qui fond un fil de cuivre d’un dianietre donné , ne dil-perlât un fil de fer d'un diamètre double ; de forte qu'il feroit beaucoup plus fur pour garantir un bâtiment du tonnerre, de faire le con-duéteur de cuivre .plutôt que de fer, d'autant plus qu’il eft moins fujet i fe rouiller: il eft-vrai que oela ferait plus difpendteux.
- &T [ 161] Il n’cft pas douteux güplè’fçr ne foit èelüi* de tons les mérâujt* 1 * * qui1 tetjgé le plus de dhraleüf pour feüfoiritfee jt'-faii furpris que ! Prieftlcy5 l’igc^ef. fVîoicj fmd i dre que fuiveat les. métaux à^ceç égard, en‘
- I commençant J>àY cçujc gjiw ^ pntjentplus.
- aifément iSêtaijt, le pïôrtàid Ÿa^nè'dVor^
- ! k ldieori, 3e «fzVrè & lé j/wv- ^ r
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- *tfo Histoire
- XIV.
- Expériences faites avec un gobelet EleSrifé.
- J é terminerai ce détail par un petit nombre d’expériences , dans lefquel-les, ainü que dans les dernieres, je n’ai point d’autre gloire à prétendre que l’honneur d'avoir fuivi les inf-truâions du Doéteur Franklin. H me dit- qu’il avoit obfervé que des boules de liège n’étoient point du tout afféâées par l’éleâricité d’un gobe-lec de métal, dans lequel on les te-noit ; & il me pria de répéter Si d’affurer le fait, en me donnant la permiffion de le rendre public.
- En conféquence, le n Décembre, j’éleétrifaijjn vafç d’étain tenant environ, une pinte , pofé fur un guéridon de: bois léché au four i & j’ob-fervai que deux balles, de moelle de fureau , que j’avois ifoléesen les attachant à.l’eytrémité d’un bâton de verre, & fu(pepdues: dans le: vafe , de maniéré que les fils nepaffoient pas
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- flÉ l’ÊLECIRlClTi. 4SI
- aü-delfous de fon embouchure, demeurèrent pfccifétiient où on les avoit placées, fans être tant foit peu affeétees par l'électricité ; mais que fi on les toUchoit avec le do gt ou quelque autre lubftance conductrice communiquant avec la terre , ou qu'on le leur préfentât près de l'embouchure du vafie, elles le iéparoient aullitôt étant attirées par les côtés i comme elles le furent aufli en les élevant j au moment que les fils parurent au-defius de l'embouchure du vafe.
- Si les balles étoient demeurées fufpendues dans le vafe un temps confidérable fans y toucher , & qu'on les en ôtât immédiatement après que l’éleélricité du vafe étoit déchargée., on trouvoit qu’elles n’avoient acquis aucun degré d'électricité.
- Si elles avoient touché quelque partie du vafe , quoiqu’elles ne donnèrent aucun figue d'éleéiricité, tant qu’elles furent dedans, cependant quand on les en tira , elles parurent en avoir acquis un petit degré , qui étoit plus fort, fi elles avoient tou-
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- 4SI Hisioij! ché le vafe proche de fon bord, moins fort, fi efles l'avoient touché en quelque partie plus éloignée du bord, & le moindre de tous, quand elles n’en avoient touché que le fond. Si elles avoient touché d’abord le côté près du fornmet, & enfuite le fond, elles fortoient avec ce petit degré d’éleélricité qu’elles auroient
- Sais en ne touchant que le fond entent. •
- Dans tous les cas, fi l’on retiroit les baltes du vafe pendant qu’il étoit encore éleétrifé , elles contraéloient néceflairement quelque degré d’électricité , en paflant par l’embouchure du vafe.
- Pour fuivre cette expérience un peu plus loin,-je pris une petite bouteille garnie, telle que celle qui eft repréfèntée fur le tabouret ( c, Plane. 1, ) & j’obfervai que quand je la. tjns par le fil de fer, dans le vafe élcdrifé , elle ne fe chargea point, l'électricité du vafe affectant également les deux garnitures , l’intérieure & l’extérieure. Si la garniture extérieure touchoit le fond du vale, la bouteille recevoit une for*
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- UE t’ÊlECTRICITi.
- petite charge. Si l'on lui faifoit toucher le côté, elle recevoir une plus forte charge , & plus on la tenoit proche du fommec, plus elle étoir fortement chargée ; le fil de fer de la bouteille qui communiquoit avec la garniture intérieure étant plus éloigné de l'influence de l’éleârici-té du vafe.
- Ne peut-on pas inférer de cette expérience , que l’attraétion de l'électricité eft fujette aux mêmes loix que celles de la gravitation, & qu’elle fuit par coniequent les quarrés des diflances ; puifqu’on démontre aifé-tnent, que fi la terre avoir la forme d’une coquille, un corps qui fe-roit dans l’intérieur , ne ieroit pas attiré d’un côté plus que d’un autre ?
- Ne fuit-il pas des expériences des balles comparées avec, celles de la bouteille, qu’aucun corps ne peut recevoir la matière éleârique dans un endroit, à: moins qu'on ne lui donne un moyen de s’en défaire dans un autre ; qu’il faut du moins qu’il en foit repoulfé une certaine quantité de quelque endroit particulier , avant qu’il en puifle entrer
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- 4t>4 H I S T O I R ï , &C. davantage j puifqu’un petit corps ne peut pas plus recevoir l’éledririté , quand tous les Côtés font également expofés à l’adion d’un corps élec-trifé, qu'une bouteille ne peut fe charger, quand fes deux garnitures font également expofées à la même éledricité ?
- Ces expériences ne font-elles pas auffi favorables à l’hypothéle du P. Beccaria ; favoir , qu’il n’y a point d'attradion éledrique fans une communication d'éledricité [itîz].
- iSTf Ii«i] Je ne vois pas quelle connexion il y- a entre ce s queitions, 8c les erpéricn-ces précédentes , qui ne fout rien, moins que confiantes, 8c qui quand elles le feroienc, ne prouveroieut rien , fi ’ ce n’eft un plus ou un moins dans l'intenfiré ou la force de l’éleâricitc aéluelle. Mais M. Prieftley va toujours concluant lé fyftêtne qu’il a adopté, de toutes les expériences quoi fait, fans dire ni pourquoi ni comment elles en font la preuve.
- FIN.
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- i ï
- I tmtftmmttmtttttàtmi f
- T A B L E
- DES MATIERES
- Contenues dans ce III. Tome.
- ^—:==4r——:-- ».
- HISTOIRE
- D E
- L’ÉLECTRICITÉ.
- QUATRIEME PARTIE.
- D ES chofes qui /croient à difirer dans lafcicncc de [Electricité, & des nations propres à l’étendre de plus en plus, pag. i
- V v
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- 4 T A E L E S E C T ION I.
- Gbfetvations générales fur Eétat préfent de E Electricité y,. ibid.
- S E C T I O N II.
- Queflions & avis propofés pour faciliter de nouvelles découvertes fur E Electricité , ' J 5
- I. Que fions & avis au fujet du fluide
- électrique y ibid,
- II. Queflions & avis concernant les corps
- électriques & les conducteurs , ' 18
- III. Queflions & avis concernant la maniera de faire naître E Electricité y
- 20
- IY. Queflions & avis au fujet de Eélec-
- trifatioUy 2$
- Yî Queflions & avis concernant le pouvoir de charger les corps électriques», •V.: • *4
- YI. Queflions^concernant lElectricité du verre} 16
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- DES ÈATÏERÈS. 4fy VII. 'Quefiions & ftvfi concernant Te fit de l'Electricité fur les corps' animés,
- — :• ' .îo
- VIII», Qutfiicpis, Sf,avis concernant l’E-leiïriche de fâttimofpEere, ' 51
- . S E C I IÔ* IM.’ Branches de connoijfances particuliérement .mitesjàvff EUSiUim,1 34
- CINQUIEME PARTIE,
- De ta confiruclion des Machines électriques , & dés principales parties d’un Appareil électrique , . .. 45
- SECTION I.
- Obfervations générales fur la confiruc-tion d’un Appareil'éitclrique , ibid.
- ;\ s f. c. v<1 oc^iv.i 1. .>.1.
- Defiriptioè‘ dè'éjitttfiielr’ Mitéhines électriques particulières , avec des obfer-
- V vj
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- 4^8 ' T 4 & L &
- valions fur leurs principaux avantages & fur leurs defauts ; 8 0
- SIXIEME PARTIE.
- Maximes do Pratique pour Iutilité des jeunes Electriciens, 99.
- SEPTIEME PARTIE:’
- D escRlPTiON dcs Expériences électriques les plus amufantes, 111
- SÎCTION I.
- Expériences amufdntes dans lesquelles on ne fait point uftge dénia Bouteille de Leyde, J 2^
- SECTION IF.
- Expériences amufantes J qui fi font par le moyen de Iq. Bouteille de Leyde ,, HS
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- DES MAT 1ERE S. 4 69
- SECTION I I I. Expériences amufantes , faites par une combinaifon d’injlruments de Pfnji-' que , ,i 61
- HUITIEME PARTIE.
- Nouvelles expériences Electriques , faites en tannée 1766 , 1S5
- . SECTION I.
- Expériences fur tEUSrifatidn , particuliérement des Tubes dans ItfqUels l’air efl Condenfé i & des grands Globes de verre, . . .i,7*<
- SECTION I 1.
- Expériences qui prouvent, un courant ct^air partant des^(ùmes<d‘S:4bips
- ..EtâriféirfoiipaJ^m*nlfï?Ç‘tl'é‘*'
- gativement, . jwt". »3.5
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- 470 TABLE SECTION IIL
- Expériences fur Voir MophcùqiU , & fur le Charbon , în
- SECTION IV.
- tria des différentes fubfaite ës > ij i SECTION. V.
- Expériences fur la difptrfion de f -Etec-tr'uité, y«r la fur face des tubes de verre , contenant une nouvelle méthode de donner la commotion éleclri-r
- \ r. ’ • t ; JU5
- - :Ô LQ N V T. j m;:*.
- Expériences propres à vérifier plafuurs particularités de la théorie d'Electricité du P. Beccaria , & particuliérement fiir- là facütté qida lamutvert' xEteclriqueîd’-émporïer dans"fit rb'ûte ' desv/f^bflàkléëS^f^gém pouih facHtter \f<m pajfage. i8*
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- DES MAT IE F ES. 471 SECTION VII.
- Différentes expériences fur la façon de charger & de décharger les jarres de verre & les batteries, 2575
- SECTION VIII.
- Expériences fur les Animaux , 315
- SECTION IX.
- Expériences fur les tâches circulaires, faites fur des morceaux de métal par de grandes explojion s Electriques 3 525
- SECTION X.
- Expériences fur les effets de £ explojion . Electrique , qiïon fàit pajfer pu travers dlune chaîne de cuivre, & patres fubfiances métalliques, 3 50
- SECTIO N X I.
- Expériences fur le paffagè de fèxplo-fion : Electrique , fier la fur face ÿ ô non dans l intérieur, de quelques fabf-tances conductrices , ' 374
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- TABLÉ
- SECTION XI I.
- 472
- Expériences fur la Tourmaline, 397
- SECTION X I I I.
- Mélange £ Expériences , 429
- I. Obfervations fur Vétincelle Electrique,
- tirée au travers de plujîeurs morceaux de Métal, ibid.
- II. Erreur relative à la direction de
- tétincelle Electrique. 431
- III. Expérience definie à faire connoU
- tre fi les fubfancès Electriques, dans leur état naturel, contiennent plus, de fluide Electrique que les conducteurs , -.V. . •.•44 j
- IV. Expériences fur les effets qu on pro-
- duit en donnant une teinte Métallique à la fur face du verre y _ 434
- V. Expérience deflinée à faire connoî-- Ire fi la fermentation contribue à -la
- production de CElectricité > 439
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- DES MATIERES. 475
- VL Expérknct defHnée à. faire connais, tre fi l'évaporation contribue à la production de /Electricité, 4.40
- VIL Expérience defiinét à faire connaître fi tElectrifàtion accéléré ou ré* tarde la congélation y . ibid.
- VIIL Examen d'un tube de verre qui avoir été long-temps chargé & fcelle hermétiquement, 441
- IX. Pefanteur requife pour mettre quel-
- ques corps en contact immédiat, déterminée par texplofion Electrique , 445
- X. Effet de texplofion Electrique, tranf-
- mife au travers de differentes liqueurs , 445
- XI. ObfervatiortS fur les couleurs de la
- lumière Electrique, 448
- XII. Obfervations fur les petits fils de
- métal qui raffemblent l'Electricité d'un globe que ton frotte, 451
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- 474
- TABLE
- XIII. Expériences dèflinées a faire con~
- naître la. différence qui fe trouve dans le pouvoir conducteur des differents métaux, 454
- XIV. Expériences faites avec un gobelet Electrifé , . 460
- T I N.
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- APPROBATION.
- J’ai lu, par ordre de Monféigneur le Chancelier, un Manufcrit intitulé , Hiftohc de l’EleSricitc, traduite de 1‘ Anglais , de Jofeph Prieftley. Je peafe que cet ouvrage m’éritc d’être imprimé, & que nos Phyfi-eicns (auront gré au Tradufteur des foins qu’il a fris de leur procurer ce livre utile 8c intéreflànt. A Paris, k 10 Janvier 1770.
- Signé, MACQUER.
- PRIVILEGE DU ROI.
- JLi OUÏS, par la grâce de Dieu , Roi de France 8e de Navarre î A Nos amés 8c féaux Cohfeillers, les Gens tenons nos Cours de Parlement, Maures des Requêtes ordinaires de notre Hôctl, Giand-Confcil, Prévôt de Paris , BaillÜs, Sénéchaux , leurs/ Lieuce-nans Civils , 8c autres nos Juftieieis qu’il appaitien-ilra : Salut. Notre amé le Sieur Jean-Thomas Hérissant , fils, Libraire ; Nous a fait expofer qu'il defîreroic faire imprimer 8c donner au Public," ÙHt{lo're de iEieüricité , traduite 1‘ Anglots de
- Jofeuh Prieftley , avec des Notes, s'il, nous plai-foit lui accorder nos Lettres de- Privilège tour ce nécefTaires. À ces causés, voulant favorablement traiter l'Expofant, Nous lui avons permis 8c permettons par ces Préfentes, de faire imprimer l.-dit ouvrage autant de fois que bon lui femblera , 8: de le faire vendre 8c débiter par tout notre Royaume pendant le temps de fix années confécutives, à compter du jour de la date des Préfentes. Faisons défenfes à tous Imprimeurs , Libraires, 8c autres perfonnes., de quelque qualité 8c condition qu’elles foiént, d’e« introduire d’impteflion étrangère dans aucun lieu de
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- ilofre obéi (Tance : comme auflï d’imprimer, ou faire Imprimer , yendre , ou faire vendre , débiter , ni contrefaire ledit ouvrage, ni d'en faire aucuns extraie} fous quelque prétexte que ce puilTe être, fans la pçr-inidîon exprefle & par écrit dudit Expofant, ou de ceux qui auront droit de liii , à peine dé confifca-tiori dés Exemplaires contrefaits , de trois mille livres d’amende contre chacun des contrevenons ^ dont un tiers à Nous , un tiers à l’Hôtel Dieu de Paris , & l’autre tiers audit Expofant, ou à celui qui aura droit de lui, & de tdus dépens, dommages & intérêts , à la charge que ces PréfenteS feront enregif-trées cour au long fur le Regiftre de la Communauté des Imprimeurs 8c Libraires de Paris , dans trois mois de la date d’icelles j que l’impredion dudit Ouvrage fera faite dans notre Royaume & non ailleurs, en bon papiep Sp~- beaux Cafackeres ; conformément aux Réglemen$"de la Jâbrairie , & notamment à celui du ro Avril 171? peine de déchéance du pré-fent Privilège j qu’avant de l’eypofer en vente, le Manufcrit qui aura ferèfcde ^.opie à l’impredion dudit Ouvrage , fera remis cf^is le même état où l'Approbation y aura été "donnée"','-.ès mains de notre très-cher & féal Chevalier, Chancelier Garde des Sceaux de France , le Sieur Dh Maupeoij ; qu’il en fera enfui-te remis deux Exemplaires dans notre Bibliothèque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, & un dans celle dudit (îeur ds Maupeou î le tout à peine de nullité des Préfenres. Du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit Expofant- & fes ayant caufes pleinement & paifiblement, fans fouffrir qu’il leur foir fak aucun trouble ou empêchement. Voulons que la Copie des Préfentes, qtli fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit Ouvrage, foittenue pour duement lignifiée, & qu’aux copies collationnées par l’un de nos ames Sc féaux Confeillers , Secrétaires , foi foit ajoutée comme à l’original. Commandons au premier notre Huilfier ou Sergent fur ce requis, de faire pour l’exécution d’icelles, tous a&es requisSc nécefTaires , fans demander autre permifion , & nonobftant clameur de haro , charte normands & Lettres à ce contraires ; Car tel elt notre plaifir. Donné à Paris le treiziéme jour du mois de Janviec
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- in de grâce mil fept cent foirante onze , & de notre gne le cinquante - fiÿiénie. Pat le Roi en foo anfeil.
- Regifttè fur le RegiftreXFI II. delà Chambre Roy ait Syndicale des Libraires <& Imprimeurs de Paris, “• t»7* fol. 4Jï » conformément au Réglement de ri]. M Paria, cc ji Mai 1771.
- J. BAISSANT, Syndic,
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- DE l’Imprimerie de P. Alex. LE PRIEUR Imprimeur du Roi.
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