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Description des nouveaux instrumens d'agriculture les plus utiles
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- DESCRIPTION
- DES
- NOUVEAUX INSTRUMENS D’AGRICULTURE
- LES PLUS UTILES.
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- DES
- NOUVEAUX INSTRUMENS D’AGRICULTURE
- LES PLUS UTILES;
- Par A. THAER.
- Traduit de l’Allemand par C. J. A. MATHIEU DE DOMBASLE,
- Correspondant de la Société royale et centrale d’Agriculture, de la Société d’Encouragement pour P industrie nationale , de la Société royale des Sciences , Lettres et Arts de Nanti, et de la Société d’Agriculture de la même 'ville.
- AVEC XXVI PLANCHES,
- gravées par M. LE BLANC,
- Dessinateur-Graveur du Conservatoire des Arts et Métiers.
- A PARIS,
- DE L’IMPRIMERIE ET DANS LA LIBRAIRIE DE MADAME HUZARD
- ( née Vallat la Chapelle ),
- Rue de l’Eperon Saint-André-des-Arts, N°.
- 1821.
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- PRÉFACE DU TRADUCTEUR.
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- T,es personnes qui ont entre les mains P excellente traduction, française donnée par M. Crudy des Principes raisonnés d’Agriculture de M. Thaer, ont remarqué, sans doute, une lacune importante que présente cet ouvrage. IIautour,'qu.i venait de publier une Description des nouveaux instrumens d’agriculture les plus utiles, s’étend très-peu dans les Principes raison-nés , etc., sur cette branche si importante de l’art agricole, et ne présente aucune figure des instrumens dont U parle ; il renvoie sans cesse le lecteur à son autre ouvrage, intitulé : Besclireibung der nutzbarsten neuen ackergerâthe.
- C’est pour remplir cette lacune, que je présente aux agriculteurs français une traduction de ce dernier ouvrage, complément nécessaire d’un des meilleurs traités d’agriculture qui existent dans quelque langue de l’Europe que ce soit. Il m’a semblé d’autant plus utile de le faire connaître en France , que nous ne possédons aucun ouvrage qu’on puisse lui comparer.
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- PRÉFACE DÛ TRADUCTEUR.
- Il passe pour constant, parmi le plus grajid nombre des agriculteurs , qu’il est impossible de faire exécuter des insirumens de culture d’après des instructions et des figures : cette opinion n’a rien d’étonnant ; car, jusqu’à ces derniers temps , toutes les descriptions d’instrumens agricoles qui ont paru en France, étaient loin de présenter assez de détails pour diriger l’homme qui aurait voulu se livrer à cette construction. Le but que leurs auteurs s’étaient proposé paraissait être bien plutôt de faire connaître les avantages de ces instrumens, et d’en faire naître le goût dans 11’esprit de leurs lecteurs , que de les mettre en état de les censty^tre eux-mêmes. Il a cependant pandrécemment quelques ouvrages oit un petit nombre d’instrumens d’agriculture sont figurés avec de grands détails , et avec un talent de dessin, je pourrais dire aussi un luxe de gravure qui les rendent très-précieux ; mais ici il manque un texte explicatif de l’usage de ces instrumens ; il manque un choix fait par un agriculteur qui ait manié lui-même les instrumens qu’il décrit, et qui se borne à ceux qui sont d’une utilité réelle.
- Dans l’ouvrage de M. Thaer, on trouvera , au contraire, la réunion des indications de pratique les plus précieuses sur l’usage de chacun des instrumens, à des descriptions tellement détaillées de chaque instrument, et de chacune de ses parties,
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- PREFACE du traductettr.
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- qu’on ne trouvera aucune difficulté à les faire construire. Quand même on ignorerait le nom de Vauteur, on sentirait bientôt en le lisant, que c’est l’ouvrage d’un homme qui} non-seulement a fait un long usage des instrumens qu’il décrit, mais qui aussi s’est familiarisé avec tous les détails de leur construction. C’est sous ce rapport que j’ai dit tout à l’heure qu’il n’existait en France aucun ouvrage qui pût être comparé à celui-ci.
- Cet ouvrage ne pouvait être traduit avec succès que par un agi'iculteur habitué à l’usage des instrumens qui y sont décrits; je pourrais même dire qu’il était indispensable que le traducteur se fût livré lui-même à la construction de ces instrumens. Cette observation est vraie relativement à tous les ouvrages de technologie, et elle est d’autant plus vraie que ces ouvrages entrent dans de plus grands détails techniques; si on trouve quelque mérite dans ma traduction 9 c’est à cette seule circonstance que j’en serai redevable. C’était pour ma propre instruction que j’avais cherché à me procurer l’ouvrage original; j’ai fait exécuter moi-même le plus grand nombre des instrumens qui y sont décrits; c’est la facilité avec laquelle j’ai réussi dans cette construction , et les avantages agricoles que j’ai rencontrés dans l’usage de ces instrumens f qui m’ont déterminé à entreprendre cette traduction P et à faire connaître aux agriculteurs français un ouvrage qui contribuera} je l’es-
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- PRÉFACE DU TRADUCTEUR,
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- père, à tourner leurs vues vers Vamélioration des instrumens dé agriculture, branche de l’art agricole qui est, sans doute, une des plus arriérées en France, malgré les recommandations de nos plus savons agronomes.
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- PRÉFACE DE L’AUTEUR (0.
- vJît sait combien . dans les fabriques et les manufactures, des machines appropriées contribuent à abréger et faciliter le travail, et en même temps à donner un plus haut degré de perfection aux produits. L’ouvrier le plus habile et le plus laborieux ne peut exécuter seul, avec les plus grands efforts, ce qu’un autre peut faire sans aucune peine avec de tonnes machines. Aussi on sait partout apprécier l’avantage des bonnes mauL-Lncs dans los manufactures , et on s’occupe tous les jours à les perfectionner j mais nulle part ces perfectionnemens n’ont été poussés plus loin qu’en Angleterre. C’est là la cause pour laquelle les Allemands, avec toute leur assiduité au travail, n’ont pu encore parvenir à rivaliser avantageusement avec les manufactures anglaises , sous le rapport de la bonne qualité et du prix des produits, quoique les premiers aient tout l’avantage du bas prix de la main - d’œuvre et des subsistances.
- Les Anglais ont acquis , par une suite naturelle , un talent éminent dans la science des machines et dans la mécanique pratique. Si on voulait admettre ici l’existence d’un talent national naturel, je crois qu’on le rencontrerait encore à un plus haut degré dans le caractère allemand. Ce genre de talent est très-commun en Alle-
- (i) L’ouvrage original ayant été publié en trois livraisons, on a réuni ici les préfaces qui accompagnent la ire. et la 5e. livraisons. (Note du traducteur.)
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- PREFACE DE l’auTEÜR.
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- magne, et pour peu qu’on veuille faire des recherches à ce sujet, on trouvera dans les petites villes , et même dans les campagnes , des particuliers ou des artisans qui, d’après leurs propres idées , ont exécuté des machines qui décèlent une tête riche en invention, quoique souvent ces constructions ne soient pas neuves , ou qu’elles n’atteignent pas leur but. Ordinairement cette sorte d’hommes qu’on appelle par dérision, quoique avec quelque justesse, des génies, sont misérables , parce qu’ils ont été forcés de négliger leur métier pour exécuter et perfectionner leurs inventions , et qu’ils ont été entraînés dans des dépenses trop considérables pour leur état. Cela prouve que ce n’est pas le talent qui nous manque ; seulement il n’est pas bien dirigé: il n’est ni apprécié, ni payé. Ces hommes ignorent, chez nous, ce qui a été inventé avant eux dans le genre dont ils s’occupent, les perfcctlonnemens qu’on y a apportés, l’usage qu’on eu â fait, ouïes inconvéniens qui les ont fait abandonner. Ils ne savent pas, à proprement parler, vers quel point ils doivent diriger leur esprit d’invention. Lorsqu’il arrive qu’ils ont réellement découvert quelque chose de neuf, d’utile et d’applicable , ils ne trouvent, dans leurs petites villes, personne qui sache apprécier la chose, et qui l’établisse en grand ; de sorte que l’invention retombe dans l’oubli.
- Si on a au moins reconnu, en Allemagne , l’utilité des machines ingénieuses, pour l’économie du travail dans les manufactures, on peut dire qu’on n’a pas encore appliqué ce principe à l’agriculture. Presque tout le monde pense qu’il ne doit être question ici que d’appliquer de grandes forces au travail, et très-peu de personnes s’occupent de diminuer ces forces par de meilleures machines : comme si la charrue ordinaire, la herse, le chariot n’étaient pas eux-mêmes d’ingénieuses 'machines, quoique d’une invention ancienne , et comme si on n’épargnait pas, par leur moyen ^ une grande dépense de travail, en les comparant à la bêche, au râteau et au traîneau, Si depuis quatorze siècles on n’a
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- PRÉFACE DE l’AUTEUR'.
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- plus apporté à ces machines aucun perfectionnement, si on n’en a pas inventé de nouvelles, par suite du mépris dans lequel était tombé le métier de l’agriculture, et de l’état d’esclavage de ceux qui le professaient, devons-nous renoncer à voir aujourd’hui s’introduire des perfectionnemens importans en ce genre ?
- On a dit que quand même une meilleure charrue allégerait un peu le travail, la différence serait si petite, que cela ne vaudrait pas la peine et les frais nécessaires pour l’introduire, même dans une grande exploitation , dans laquelle on pourrait à peine , par ce moyen, épargner une quatraine de chevaux.
- Mais on ne fait pas attention qu’on ne doit pas seulement considérer l’épargne de la force , mais aussi la perfection du travail qui est exécuté par une meilleure charrue. On conviendra certainement qu’une terre labourée à la bêche présente un avantage énorme sur celle qui l’a été à la charrue. Mars qui niera que le travail exécuté par une meilleure charrue, se rapproche davantage de celui de la bêche ? certainement personne, parmi ceux qui ont comparé le travail de la charrue de Small, ou de celle de Bailey, avec celui des charrues ordinaires de nos paysans.
- Lorsque j’avance que le perfectionnement des instrumens agricoles est d’une haute importance pour l’avancement de l’agriculture , ainsi que pour l’augmentation de la production en général, et que cet objet mérite la plus grande attention de la part des agriculteurs et des gouvernemens, je puis bien, je pense, citer en témoignage la houe-à-cheval (1), dont l’usage est aujourd’hui si généralement répandu , et dont les avantages sont reconnus de tout le monde.
- Le goût et le génie des Anglais pour le perfectionnement des
- (i) C’est M. Tliaer qui a introduit en Allemagne l’usage de la houe-à-cheral, et des autres instrumens employés à la culture économique de la pomme de terre. (Note du traduçteur. )
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- PRÉFACE DE L’AUTEUR.
- machines et du travail en tout genre , se sont aussi étendus à l’agriculture. On a inventé parmi eux un nombre infini d’instru-mens agricoles , et on en fait connaître tous les ans ttne foule de nouveaux. Les grands bénéfices que quelques personnes ont retirés de ces inventions, ont produit en quelque sorte une trop grande concurrence , et les derniers instrumens qui paraissent sont rarement les meilleurs. On sait les prôner avec un charlatanisme raffiné, et on mendie des témoignages en leur faveur , à-peu-près comme le font nos vendeurs d’opiat j souvent, après avoir reçu beaucoup d’éloges pendant une année , ils tombent dans l’oubli. C’est ordinairement aux tontes de TJ^oburn et de Holckham} que les inventeurs produisent ces nouveaux instrumens ; comme ces réunions se composent des plus habiles agriculteurs , et des hommes les plus éclairés du royaume, on y est devenu beaucoup plus sévère sur les épreuves auxquelles oa soumet ces instrumens , et sur les prix qu’on leur accorde, même lorsqu’un homme d’un rang élevé ou jouissant d’une grande influence, se présente comme auteur ou comme protecteur d’une invention. A la dernière tonte de Wo-burn f le lord Somerville , lui-même, n’a pu obtenir un prix pour sa charrue double, refus que le duc de Bedford sut colorer avec beaucoup d’art et de finesse. Il s’en faut donc beaucoup que tout ce qui nous vient de nouveau d’Angleterre, mérite des éloges. Unepatente obtenue ne prouve rien non plus , car on y est maintenant si prodigue de patentes, que tout homme qui veut payer les droits du fisc, et qui présente le témoignage de deux inconnus, en obtient une.
- La grande variété d’instrumens d’agriculture inventés par les Anglais, prouve certainement leur goût et leur génie en ce genre j cependant on ne doit pas regarder cela comme général dans ce royaume : dans plusieurs contrées, les fermiers vivent dans la même apathie et la même insouciance que la plupart de nos paysans allemands. Il leur coûterait trop de soin et de dépenses pour se
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- PREFACE EE L’AUTEUR.
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- procurer des instrumens perfectionnés, et ils n’ont ni l’adresse du corps, ni l’intelligence d’esprit nécessaires pour apprendre à s’en servir. S’ils ne réussissent pas dès le premier essai, l’instrument ne vaut rien. Delà vient que, dans plusieurs parties de ce royaume, le labourage n’est qu’un accessoire, l’éducation clés bestiaux est le but principal des exploitations rurales ; si on rompt un pâturage , ce qui s’exécute ordinairement avec beaucoup de négligence, ce n’est que lorsque l’extrême fertilité du soi peut compenser la mauvaise culture. On ne trouve dans ces contrées que la grossière et massive charrue introduite dans le pays depuis plusieurs siècles.
- Je suis loin de croire que l’introduction des nouveaux instrumens d’agriculture puisse être chez nous générale, prompte et facile. Je ne pense pas non plus qu’on doive la provoquer avec un zèle trop âpre. Là où. la classe ouvrière est élevée et entretenue dans un état de demi-esclavage, on y réussira rarement. Dans toutes les nations et chez tous les peuples, on a fait la remarque que le travail des esclaves, considéré sous le rapport de sa perfection et de la qualité des produits qui en résultent, est beaucoup plus cher que le travail des ouvriers libres et salariés ; la raison en est que l’esclave n’a aucun motif pour se donner la peine d’acquérir plus d’habileté, ou d’apprendre à faire usage de meilleurs instrumens. 11 ne peut en tirer aucun avantage, il ne s’en embarrasse guère. Des hommes qui font un service de corvée sont esclaves en ce point. Aussi ? excepté un petit nombre de cas particuliers , où le propriétaire a su se concilier l’attachement et la confiance de ses sujets } et où on se donne au moins autant de peine pour l’éducation des jeunes gens que pour dresser de jeunes chiens ou de jeunes chevaux, je conseille de ne pas songer à l’emploi des instrumens d’agriculture perfectionnés dans les travaux faits par corvée.
- Mais avec des domestiques bien traités et des ouvriers salariés , on peut en général les amener promptement à faire un bon usage de ces instrumens, lorsqu’on veut s’en donner la peine. Seulement
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- 14 préface de l’auteur;
- le chef de l’exploitation doit savoir manier ses instrumens ; dans les commencemens , il doit les accompagner souvent et y apporter une grande attention : il faut par conséquent qu’il ait du loisir pour cela, et qu’il ne soit pas forcé de négliger autre chose. On ne doit donc penser à introduire les instrumens perfectionnés que lorsque la marche de l’exploitation est en bon train et en ordre ; on ne doit •pas imiter de jeunes agriculteurs qui ont voulu commencer par-là. Si une fois on est parvenu à faire apercevoir aux ouvriers les avantages que présentent les instrumens perfectionnés, chacun d’eux se fera bientôt un point d’honneur de savoir les manier ; des instrumens distingués excitent même l’émulation et l’attention des ouvriers qui les emploient. Je n’ai éprouvé aucune difficulté à Màgelin pour apprendre, dans une seule journée, à mes garçons de charrue à conduire la charrue de Small ou de Bailey3 le semoir et la lioue-à-cheval ; mais -avaries paysans qui travaillent pour moi par corvée avec les bœufs, je n’ai pas encore osé l’entreprendre , quoiqu’il soit en quelque sorte plus facile de conduire ces instrumens avec des bœufs qu’avec des chevaux.
- Les pressantes sollicitations de plusieurs protecteurs et amis ont pu seules me déterminer à entreprendre un ouvrage du genre de celui-ci, dont je prévoyais toutes les difficultés.
- J’ai fait plusieurs essais infructueux avant de trouver une méthode convenable pour représenter certains instrumens d’agriculture , de manière que toutes les différentes parties et leurs rapports fussent rendus clairement.
- C’est pourquoi je ne satisferai pas entièrement, du moins dans le commencement, à l’attente de plusieurs lecteurs, qui désireraient trouver ici une plus grande variété d’instrumens, et des figures qui frappent davantage la vue. A la vérité, il serait facile de les satisfaire sous ce dernier rapport; caries nouveaux ouvrages anglais contiennent un nombre infini d’instrumens d’agriculture qui n’auraient besoin que d’être dessinés et gravés sur une échelle uni-
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- forme, pour former un très-joli livre d’images. Mais aujourd’hui nous avons bien assez de livres d’images de cette espèce j et quand même on en ferait tm meilleur choix, on ne parviendrait qu’à former un ouvrage d’une utilité très-douteuse. Cet ouvrage pourrait , à la vérité, conduire un génie inventif à de nouvelles constructions qui lui seraient propres 5 mais il arriverait bien plus souvent qu’une imitation malheureuse, non-seulement tournerait au préjudice de celui qui l’aurait faite, mais contribuerait beaucoup plus ensuite à dégoûter de l’adoption des instrumens perfectionnés , qu’à y encourager.
- Mon intention est en conséquence de ne décrire que les instrumens dont l’utilité m’est bien connue , et que j’ai eu occasion d’étudier par la pratique , en les employant moi-même. Quant à ceux-ci, je donnerai des dessins si exacts et des images si parfaites de leur ensemble et de toutes leurs parties, qu’un ouvrier qui sait se servir d’une échelle de réduction et d’un compas, et qui a quelque connaissance de la mesure des angles, pourra , s’il y apporte un peu d’attention, les construire d’après ces figures.
- Quelques instrumens sont d’autant plus difficiles à décrire, qu’ils paraissent moins compliqués au premier coup d’œil : rien ne semble plus simple que la charrue de Small, et cependant on a douté long-temps, en Angleterre, qu’un autre que Smalllui-même pût la construire avec exactitude 5 car presque toutes les imitations qu’on en a faites, étaient défectueuses. Aujourd’hui qu’on exécute cette charrue en fabrique dans l’Écosse, on a dans la manufacture une forme dans laquelle la charrue construite doit s’appliquer exactement, sinon elle est rebutée et démontée. Dans les charrues à avant-train même, dont on fait usage dans notre pays, et qui exigent bien moins d’exactitude, les laboureurs attentifs remarquent une grande différence dans le travail, entre les charrues faites par tel ou tel charron, quoiqu’ils ne puissent en observer aucune à la vue de l’instrument. Cela vient de ce que certains
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- rapports entre les parties, qui paraissent de peu d’importance , et qui frappent difficilement la vue , sont observés avec plus d’exactitude par un charron, tandis qu’ils sont négligés par un autre. Dans toutes les charrues sans roues, les plus petites erreurs dans les proportions ont encore un bien plus fâcheux effet.
- C’est pour cela que j’ai cru nécessaire, principalement pour les deux premières charrues que je décris, de les faire dessiner sous toutes leurs faces, et de représenter avec exactitude toutes leurs parties à part, ainsi que leurs rapports entre elles. Je l’ai fait même pour les parties qui sont en fer coulé , quoiqu’on puisse facilement se les procurer à la forge , ou les faire couler, en employant pour modèle les mêmes parties d’une ancienne charrue. J’ai pensé qu’il était nécessaire que chacun pût s’assurer si les pièces qu’il reçoit de la forge sont exactes ; car il pourrait arriver qu’un défaut qui s’yserait glissé , soit par. us «re ou autrement, se perpétuerait d’un modèle à l’autre , si on manquait d’une règle fixe pour le corriger.
- J’ai été obligé de chercher moi-même la manière de faire usage de presque tous les instrumens que j’ai à décrire. Les Anglais s’arrêtent peu à la description des procédés manuels, parce qu’ils pensent qu’on doit les apprendre à la vue et par l’usage. Mais comme je suis parvenu à les mettre en œuvre après un grand nombre d’essais, et que par conséquent j’ai appris leur usage, non pas par routine , mais par réflexion , j’espère être plus en état de prémunir contre les fautes dans lesquelles on pourrait tomber, et de présenter plus clairement leurs avantages et le secours qu’on peut en attendre , que celui qui n’en connaîtrait l’usage que méca-niquement.
- Les instructions sur l’emploi de ces instrumens seront nécessairement très-arides, et paraîtront souvent longues à celui qui ne sera pas sur le sillon avec l’instrument à la main ; cet inconvénient est dans la nature de la chose : toute espèce d’agrément doit être sacrifiée à l’utilité dans un ouvrage de ce genre.
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- PRÉFACE DE jÉ AUTEUR. 1J
- Pour quelques instrumens, qui paraissent beaucoup plus compliqués que la charrue, j’ai pu me restreindre davantage sous le rapport du nombre des figures et de l’étendue des explications, parce que leurs rapports frappent les yeux avec plus d’évidence , et qu’on peut facilement se rendre compte des raisons pour lesquelles chacune de leurs parties doit être ainsi, et non autrement. Je citerai ici pour exemple l’extirpateur.
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- VALEUR
- DES POIDS, MESURES ET MONNAIES QUI SONT EMPLOYÉS DANS CET
- OUTRAGE.
- Le pied du Rhin est égal à o,3i4_mètres, ou n pouces 7 ~ lignes du pied fiançais5 il se divise en 12 pouces, et le pouce en douze lignes.
- Le ruthe ou perdre est formé de douze pieds.
- Le morgen ou arpent de Berlin est égal à 25 ares 56 centiares. Il se divise en 180 ruthe de i44 pieds carrés cliacun.
- Le scheffel de Berlin (mesure pour les grains) est égal à o,546 hectolitres.
- La livre, poids de Hanovre, est égale à o,485 kilogrammesj elle se divise en 32 lotir, le loth en 4 quentclien, ce dernier en 60 gran ou grains.
- Le thaler, ecu de Prusse, vaut 3 francs 70 centimes environ. H se divise en 24 bons gros.
- Le frédéric d’or vaut 20 francs 80 centimes.
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- DESCRIPTION
- DES
- NOUVEAUX INSTRUMENS D’AGRICULTURE
- LES PLUS UTILES.
- De la charme f et en particulier de celle de Small , représentée planches î , 2,3, 4 et 5.
- §. PREMIER.
- DÉNOMINATION DES DIVERSES PARTIES DE LA CHARRUE EN
- GÉNÉRAL.
- Tour prévenir tout malentendu, je vais indiquer les noms dont je me servirai pour désigner les diverses parties de la charrue. Ces noms varient beaucoup de province à province, et dans tel endroit, on désigne une partie de la charrue par un nom qui ailleurs s’applique à une autre partie r ce qui pourrait facilement induire en erreur.
- J’appellerai le corps de la charrue, cette partie qui pénètre dans la terre, et qui travaille immédiatement en détachant et retournant la bande de terre.
- Les diverses parties qui appartiennent au corps de la charrue sont :
- (a.) Le coutre dans lequel nous distinguons la poignée, par laquelle il est fixé, et la lame ou partie tranchante. Celle-ci a son tranchant et son dos qui est plus épais ; elle a aussi sa face gauche ou face de terre, et sa face droite ou face du sillon.
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- DESCRIPTION
- (b) Le soc dans lequel nous distinguons la douille par laquelle il s’assemble avec le corps de la charrue, et la lame qui forme ordinairement un triangle rectangle, et qui a par conséquent trois côtés, savoir : le côté de terre, le plus souvent plat, le côté tranchant qui est oblique, et le côté de derrière qui s’unit à la douille; on y distingue aussi deux angles, savoir: l’angle de devant ou la pointe du soc, et l’angle de droite. On appelle aussi ce triangle Yaile du soc.
- (c.) Le côté du corps de la charrue qui glisse contre la terre qni n’est pas encore labourée, s’appellera la face gauche ou la face de terre. Nous appellerons la muraille, cette pièce plate de bois ou de fer qui, dans la plupart des charrues, recouvre ordinairement cette face. Dans notre charrue de Small, la muraille est composée de plusieurs pièces; dans quelques charrues, ce côté est entièrement ouvert, mais c’est un défaut grave.
- (d) L’autre côté du corps de la charrue qui est disposé obliquement, et qui est formé par l’oreille, s’appellera la face droite ou la face du sillon.
- (e) L’angle aigu qui est formé en avant par la réunion de l’oreille et de la muraille, se nommera la gorge.
- {f.) La jambe est cette pièce par laquelle toutes les parties du corps de la charrue sont assemblées, et qui les unit à l’age. Elle a à soutenir la plus forte résistance, et elle doit donner au tout sa solidité.
- (g.) Nous nommerons la semelle toute la face inférieure du corps de la charrue, qui repose horizontalement sur le fond du sillon. Cette partie comprend par conséquent le bord inférieur de l’oreille aussi bien que celui de la muraille. Le sep, dans les charrues où cette partie se rencontre, est cette pièce de bois ou de fer, à la partie antérieure de laquelle s’assemble le soc : par analogie, nous nommerons la partie postérieure du sep le talon, et la partie antérieure où il s’unit au soc, la pointe.
- (A.) L’age se trouve uni au corps de la charrue par la jambe et par le manche de gauche. Le milieu de l’age, où le coutre et la jambe sont assemblés, et où, par cette raison, on a coutume de lui donner plus d’épaisseur, s’appellera le ventre.
- {il) La partie que le laboureur tient dans les mains pour conduire et diriger la charrue, s’appelle les manches. Le manche de gauche est le plus essentiel, et c’est avec lui que l’age est assemblé; le manche de droite ou faux manche, manque entièrement dans qnelques charrues.
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- lyiNSTRUMENS D'AGRICULTURE,
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- §. 2.
- L’AVANT-TRAIN ET LES ROUES SONT-ILS UTILES OU NÉCESSAIRES
- DANS LA CHARRUE?
- L’objet de ce traité est en particulier la cbarrue sans roues que les Anglais appellent swing -plough. Cette espèce de charrue est entièrement inconnue en Allemagne, à la réserve d’un petit nombre de contrées; on regarde presque par-tout l’avant-train avec ses roues comme une partie essentielle et indispensable de la charrue. Nous allons d’abord examiner si cette opinion est fondée, ou si au moins l’avant-train contribue à la plus grande perfection de la charrue dans toutes ou dans quelques circonstances.
- L’utilité de l’avant-train peut être considérée sous deux points de vue :
- i°. Diminue-t-il la résistance, et par conséquent la force de tirage nécessaire ?
- 2°. Procure-t-il à la charrue une direction plus ferme et plus assurée?
- Quant à ce qui concerne le premier avantage, on trouve qu’à la vérité l’avant-train a été fortement recommandé par quelques personnes sous ce rapport. Ces personnes paraissent disposées à considérer la charrue sans roues, comparée à celle qui en est pourvue, comme un traîneau par rapport à un chariot. Cependant, les roues considérées comme un levier propre à diminuer l’effort nécessaire pour transporter un fardeau, ne peuvent agir de cette manière que sur le fardeau qui repose sur elles. Un traîneau, précédé d’un train de chariot auquel il serait attaché, n’en serait pas pour cela du tout plus facile à tirer ; au contraire, la force de tirage se trouverait augmentée de toute celle qui est nécessaire pour faire marcher le chariot. Si on veut diminuer la force nécessaire pour le tirage du traîneau, c’est sur le chariot qu’il faut le placer. Dans la charrue, rien ne repose sur l’avant-train, si ce n’est la pointe de l’age qui, sans l’avant-train, serait déjà maintenue dans la position qu’elle y prend. Nous verrons toutefois que l’age produit souvent sur l’avant-train une assez forte pression; mais cette pression n’est que l’effet de la fausse direction que l’avant-train donne à la ligne du tirage: ainsi c’est, sous plus d’un rapport, un effort perdu.
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- DESCRIPTION
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- §. 3.
- Il sera très-facile à toute personne qui connaît les premiers principes de la mécanique, de se convaiucre que les roues, dans une charrue, ne contribuent en rien à diminuer l’effort du tirage, et que l’opinion générale sur ce sujet est un pur préjugé. Cependant, on se ferait une idée beaucoup trop faible de l’augmentation de la résistance produite par l’avant - train, si on ne considérait que le poids de celui-ci et les frottemens auxquels il est assujetti, frottemens qui paraissent réellement réduits à peu de chose au moyen des roues. Ce n’est pas par cette cause que l’avant-train contribue principalement à augmenter la résistance et la déperdition des forces du tirage; c’est par la fausse direction qu’il donne à la ligne du tirage, qu’il force à descendre d’abord du point du corps des animaux où s’exerce le tirage, jusqu’au point où la volée est attachée à 1 avant-train, a remonter ensuite de l’avant - train au point ou celui - ci est attaché à 1 âge, et a des-cendre de nouveau de ce poiat jusqu a celui ou la résistance de la terre se trouve concentrée.
- La ligne du tirage forme ainsi à peu-près le zigzag suivant (i).
- (i) Je suis convaincu, comme l’auteur, que l’avant-train ne peut en aucune manière diminuer la force de tirage nécessaire à une charrue, et que, dans presque tous les cas, il Paugmente considérablement. Cette vérité m’a été démontrée par l’expérience, avant que? j’en eusse recherché la démonstration théorique ; mais celle qu’en donne ici l’auteur ne me paraît pas fondée; en effet, dans toute machine, lorsque l’action de la puissance se transmeta la,résistance par l’intermédiaire d’un corps inflexible, la transmission de la force se fait en ligne droite, du point où la puissance est appliquée jusqu’à celui de la résistance, quelle que soit d’ailleurs la figure du corps inflexible. Ainsi la force du tirage, dans une charrue à avant - train, ne peut pas être considérée comme suivant la ligne du zigzag que, lui prêta l’auteur. Il serait beaucoup trop long de présenter ici les raisons pour lesquelles lavant-train contribue à augmenter la force nécessaire au tirage ; je les ai développées avec beaucoup de détails, dans un Mémoire particulier, dont la Société d’Agriculture de Paris a ordonné l’impression. {Note du traducteur.)
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- La figure ire. expliquera ceci encore plus clairement. Du point t>, où se fait le tirage des animaux, la ligne de tirage descend vers a; de a elle remonte vers b, et de b elle redescend de nouveau jusqu’à p, où s’exerce réellement la résistance qui doit être vaincue. Plus ces lignes s’éloignent de la ligne droite, qu’on tirerait de e en p, plus il y a de force perdue. Cette force perdue est employée à exercer sur le point c une forte pression, qui devient quelquefois assez considérable pour occasionner la rupture de l’age en b.
- La résistance que la force du tirage doit vaincre, est par conséquent augmentée par l’avant-train, et réellement dans une proportion plus considérable qu’on ne le croit.
- §• 4-
- Il est probable que l’avant-train a été principalement considéré jusqu’ici, comme contribuant adonner à la charrue une marche plus assurée dans sa direction; et peut-être a-t-on jugé que cet avantage était suffisant pour contre-balancer les inconvéniens qui résultent de la complication de la machine et de l’augmentation de la résistance. Nous allons examiner si cela est vrai, et jusqu’à quel point.
- La pointe du soc ne peut pas faire dans la terre le moindre écart dans sa ligne de direction, soit en haut, soit en bas, soit de côté, sans que la pointe de l’age en fasse en même temps un beaucoup plus considérable dans le même sens, c’est-à-dire sans que cette dernière décrive un arc de cercle d’une bien plus grande étendue, et cela d’autant plus que l’age est plus long, ou que sa pointe est plus éloignée du centre du mouvement. Il suit de là que si la pointe de l’age est fixée assez solidement dans sa direction, pour ne pouvoir faire un écart sensible, on peut être assuré que la pointe du soc ne changera pas de direction. Un obstacle que le soc n’aurait pu vaincre, mais auquel il aurait été forcé de céder, si la force du tirage agissait immédiatement sur lui, pourra être surmonté par la force du levier que forme l’age. Ainsi, plus l’age sera long, et plus son extrémité sera fixée solidement, plus il deviendra difficile que le soc s’écarte de la direction qui lui est donnée par la direction de l’age. Cette fermeté dans la direction est certainement beaucoup augmentée par l’avant-train, puisque la pointe de l’age y est tellement fixée qu’elle peut difficilement s’élever, et qu’il est impossible qu’elle s’abaisse.
- Puisque le soc doit nécessairement suivre la direction de l’age, un vice
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- dans la construction de la charrue, ou une mauvaise disposition de ses parties, qui est souvent la faute du laboureur, exerceront plus difficilement un mauvais effet sur la régularité du labour, parce que ces défauts qui échappent facilement à l’homme qui n’a pas une grande expérience dans la conduite d’une charrue, seront facilement corrigés par l’effet de la fixité de l’age sur l’avant-train. De même, une pression verticale ou latérale, exercée à contre-temps par le laboureur sur les manches, à moins qu’elle ne soit trop forte, trouvera un contre-poids suffisant dans la pointe de l’age ; car celui-ci forme un levier plus puissant que les manches, surtout lorsque ceux-ci sont assemblés au talon de la charrue (i), selon l’usage ordinaire. Cependant, toute direction vicieuse que tend à prendre le corps de la charrue, soit par sa construction, soit par sa conduite, augmente la résistance en proportion, et exige un emploi de force d’autant plus considérable pour la vaincre.
- L’avant-train a donc, sous un certain rapport, un avantage important par la fixité qu’il donne à la pointe de l’age, et par la facilité qu’il donne de régler la marche de la charrue.
- §. 5.
- Cependant, si l’on veut peser plus exactement ces avantages, on trouvera qu’ils sont compensés par des inconvéniens, qu’on doit d’autant plus prendre en considération, qu’on peut atteindre aux mêmes avantages par d’autres moyens.
- On a fait voir plus haut que l’avant - train augmente considérablement la résistance et occasionne la perte d’une partie de la force motrice.
- (i) L’auteur , dans cet ouvrage , paraît attacher beaucoup d’importance à ce que le manche soit assemblé vers le devant du sep, le plus près possible du soc, plutôt qu’au talon du sep; il croit que, de cette manière, l’action du manche est plus forte, parce qu’il se dirige plus près de la résistance. Cela me paraît entièrement contraire aux lois de la mécanique ; en effet, la longueur du sep étant donnée , ainsi que la position de la poignée du manche, les trois points desquels dépend l’action du levier, savoir le point auquel est appliquée la puissance, le point de la résistance et le point d’appui ne varient nullement, à quelque point du sep que soit assemblé le manche, par conséquent l’action du levier esf toujours la même ; car on sait que la figure , quelle qu’elle soit, des parties inflexibles qui unissent ces trois points essentiels du levier, n’influe en rien sur son action.
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- La résistance est aussi étonnamment augmentée par toute direction vicieuse du corps de la charrue dans la terre, parce que cette fausse direction 11e peut être corrigée par l’age qu’au moyen d’un bien plus grand emploi de force. O11 s’aperçoit souvent que de deux charrues qui sont entièrement semblables entre elles, l’une marche beaucoup plus difficilement que l’autre, sans pouvoir eu découvrir la cause. Ele existe, la plupart du temps, dans une direction différente du corps de la charrue, relativement h l’age. Sans avant-train, ce défaut serait reconnu dès le premier moment, à cause de l’inclinaison que prendrait l’age. Avec un avant-trahi on ne s’en aperçoit souvent que lorsque la forte résistance que la charrue a à vaincre la fait rompre.
- L’avant-train rend la charrue plus compliquée, plus coûteuse, toutes choses égales d’ailleurs, et plus fragile.
- En outre, l’avant train fait perdre au laboureur une grande partie de là puissance qu’il exerce sur une charme sans roues. Toute la charrue doit suivre la direction que lui donne l’avant-train. Lorsque sur un sol inégal celui-ci s’élève ou s’abaisse, la pointe du soc s’élève ou s’abaisse de même, et par conséquent la charrue sort de terre ou s’enfonce trop profondément. On remarque cela sur-tout lorsqu’on laboure en travers des billons un peu bombés. Lorsque les roues se trouvent plus élevées que le corps de la charrue, celui-ci entame très-peu la terre, ou même sort entièrement; lorsqu’au contraire les roues sont plus basses, la pointe de la charrue s’enfonce trop profondément; ou bien si, repoussée par une couche de terre trop dure, elle ne peut pas le faire, la semelle de la charrue se trouve entièrement soulevée sans que le laboureur puisse l’empêcher en employant toutes ses forces sur les manches.
- Ce dernier effet a lieu également lorsque le soc rencontre un obstacle, comme par exemple, une pierre qu’il ne peut pas détourner ni en bas ni sur le côté. Dans ce cas, la charrue sans roues se dégage facilement en levant légèrement les manches, ce qui soulève la pierre en faisant plonger „ au-dessous la pointe du soc. Ayec la charrue à avant-train, au contraire, il faut que le soc arrache la pierre ou la racine, ou qu’il sorte de terre. Si l’obstacle se trouve plus fort' que la force du tirage, celle-ci cède, l’avant-train recule un peu, la chaîne qui y fixe l’age se détend, la pointe de l’age se soulève, avec elle la pointe du soc qui ensuite, pendant quelque temps, marche hors de terre. On remarque même fréquemment cet effet lorsqu’on laboure dans un sol argileux durci.
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- Dans cette dernière espèce de terre, l’ajustage de la charrue à avant-train devient extrêmement pénible. On est souvent obligé de l’ajuster de nouveau chaque fois qu’on recommence un sillon, et de lui donner plus d’entrure qu’elle ne doit en conserver; sans cela, la pointe ne faitque glisser sur le so'. La pression que le laboureur exerce alors sur les manches reste sans effet, parce quelle ne peut pas faire baisser Ta pointe du soc. Avec la charrue sans roues, au contraire, il suffit de lever un peu le derrière de la charrue par le moyen des manches, pour que la pointe entre immédiatement dans le sol le plus dur.
- §. 6.
- Enfin, il se présente une grande difficulté dans la proportion des roues entre elles. Elles peuvent être ou de même hauteur ou de hauteur inégale. Dans le premier cas, l’avant-train prend une position très-inclinée lorsque la roue droite marche dans le sillon, celui-ci n’eût-il qu’une profondeur de 4 pouces; la charge tombe en grande partie sur cette roue, elle tend toujours à glisser à droite dans le sillon; le frottement se trouve fort augmenté, ce qu’il est facile de reconnaître par la prompte usure du moyeu. Aussi, à moins qu’on ne veuille labourer à sillons extrêmement peu profonds, on est forcé de donner plus de hauteur à la roue droite; mais lorsque les roues sont d’un diamètre inégal, elles ne marchent pas uniformément. Si elles sont fixées sur un axe qui tourne avec elles, ce qui, sous d’autres rapports, est cependant préférable, il en résulte un mouvement semblable à celui d’un cône qui, en roulant, ne se meut pas en ligne droite, mais tend toujours à tourner autour de sa pointe, et il faut que la roue de gauche glisse en partie pour suivre la roue droite. Les roues cherchent toujours à se diriger vers la gauche, et c’est par secousses quelles sont ramenées vers la droite, comme on peut s’en apercevoir facilement en observant la ligne serpentante que forme la roue gauche sur un sol meuble. Je n’ai pas besoin de montrer ici que le frottement est augmenté par-là de plus d’une manière, et que la charrue reçoit à chaque instant, elle-même, une fausse direction qui, quoique peu sensible, augmente encore la résistance. » b
- D un autre coté, 1 inégalité des roues devient fort incommode lorsque la charrue forme le premier sillon au milieu d’un billon bombé, car ici la roue droite marche sur un terrain plus élevé que la roue gauche; il en est de même lorsqu’on trace le dernier sillon, et que la roue gauche se trouve
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- dans l’ancien sillon. Ce premier et ce dernier sillon sont, par cette raison, fort difficiles à tracer avec une telle charrue; la plupart du temps ils sont mal laits, tandis qu’ils sont cependant les plus importans pour un bon labour. On est au moins obligé d’ajuster chaque fois la charrue exprès pour eux. Ces fréquens ajustages qu’exige la charrue à roues, font perdre beaucoup de temps, et on fatigue beaucoup la charrue elle - même, en la frappant continuellement pour enfoncer ou retirer le coin.
- §• 7-
- Si on peut donc obtenir, par un autre moyen, le seul avantage que possède la charrue à avant-train, qui consiste dans une marche plus ferme , il est hors de doute que cela est préférable, puisqu’on évitera par-là tous les inconvéniens que nous venons d’exposer.
- Cela est possible, si toutes les parties de la charrue sont construites avec exactitude, et dans un rapport parfait entre elles; et si, au moyen de longs manches, on met entre les mains du laboureur un puissant levieri au moyen duquel il puisse, en y apportant l’attention convenable, corriger sur-le-champ les écarts produits par un obstacle accidentel.
- Cependant, je dois dire qu’une construction exacte et un rapport parfait entre les diverses parties de la charrue, sont une condition bien plus indispensable dans la charrue sans roues que dans la charrue à avant-train. Le plus léger défaut qu’on remarquerait à peine dans celle-ci, rend l’autre entièrement impropre à l’usage. C’est pourquoi je rechercherai et présenterai avec exactitude ces rapports.
- Quant à ce qui regarde l’habileté du laboureur, elle est de nature à pouvoir être acquise en peu d’heures par un homme doué de quelque intelligence; j’en ai vu plusieurs exemples; cela est plus facile pour ceux qui ne sont pas habitués à la pression continuelle qu’exigent les charrues à avant-train, principalement lorsqu’elles sont mal construites. Celui qui veut employer continuellement la force de ses bras sur les manches de la charrue, ne pourra jamais labourer avec une charrue sans roues. Lorsque celle ci s’écarte de sa direction, une pression légère et momentanée suffit pour l’y ramener. Cependant elle exige plus d’attention que la charrue à avant-train ; mais au moyen de cette attention, on fait bien moins de fautes dans le labourage qu’avec l’autre : ici, la moindre faute est punie sur-le-champ, on est arrêté tout court, ou la charrue sort entièrement de terre. Au reste, cela devient bientôt une opération purement machinale de la
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- part du laboureur; sans avoir les yeux fixés sur sa charrue, tous lès écarts quelle veut faire se font sentir dans ses mains, et cette sensation lui indique le mouvement nécessaire pour y apporter remède sur-le-champ. Toute la difficulté de la part du laboureur, consiste a ce qu il se décide à vouloir labourer avec cette charrue.
- §. 8.
- On construit en Angleterre des charrues sans roues de plusieurs sortes : on en construit dont toutes les parties sont en fer fondu. Parmi celles-ci, on cite avec beaucoup d’éloge celles qui sortent des ateliers d’un nommé Brand; cette charrue entière ne pèse que i43 livres. D’autres fois, on fabrique en fer les parties les plus essentielles, celles qui supportent le plus de résistance et le plus de frottement, c’est-à-dire le soc, le coutre, l’oreille, la muraille, la jambe, la semelle; l’age et les manches, sont en bois; c’est ainsi qu’est construite notre charrue de Small; ou bien toutes les parties sont en bois, recouvert ordinairement d’une feuille mince de fer, pour diminuer les frottemens,.
- Sous le rapport de la construction, elles diffèrent aussi d’une manière remarquable. La première, qui a joui d’une grande vogue, était en usage dans le comté de Rotherham dont elle a pris le nom. Elle s’était déjà beaucoup répandue en Angleterre à cause de ses avantages, lorsque Arbuthnot la perfectionna sous le rapport de la forme de la partie supérieure du soc et de la courbure de l’oreille. On trouve dans la deuxième partie du Voyage au Nord de VAngleterre, par Young, une description, à la vérité un peu obscure, de cette charrue. Elle a reçu d’autres perfectionnemens de la part du charron James Small, qui a aussi écrit un petit traité sur les charrues et les véhicules à roues. Les charrues qu’il fabrique ont long-temps passé en Angleterre pour les plus parfaites; en effet, je crois qu’on ne peut pas désirer mieux, lorsqu’on veut donner un labour un peu profond, principalement dans une terre qui a quelque consistance. Cependant quelques personnes ont beaucoup vanté récemment une autre charrue de la même espèce, qui porte le nom de Eailey; et elle est décrite dans un traité intitulé : An essay on ihe construction of the plough, deduced from mathema-ticalprinciptes, que je n’ai pas encore vu. On trouve des oreilles en fonte pour cette charrue, ainsi que des modèles pour le soc, chez Whinfield et Cç>mp., Iron-Fomders. Newcastle upon Tyne. Je les attends de jour en
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- jour, et dans le cas où cette charrue me paraîtrait avoir des avantages sur celle de Small, j’en donnerai la description dans la suite de cet ouvrage.
- §• 9-
- Mon intention est de donner une description détaillée de toutes les parties de la charrue de Small, en démontrant par principes, le plus clairement possible, pourquoi elles doivent être ainsi et non autrement. Comme ceci ne peut pas se faire sans exposer la théorie de la charrue en général, ce que j’en dirai trouvera, jusqu’à un certain point, son application aux parties de totite autre charrue. S’il se rencontre quelqu’un qui pense qttii est facile de construire toujours assez bien un instrument aussi commun et aussi grossier qu’une charrue, que fabriquent tous les jours les charrons de villages et même beaucoup de laboureurs, sans s’embarrasser du tracé des lignes, et encore moins de la mesure des angles, je prie ces personnes de ne pas lire ce traité. La plupart des choses que j’ai à y dire leur sembleraient minutieuses et ridicules.
- §. 10.
- J»
- THÉORIE DE LA CHARRUE EN GÉNÉRAL.
- L’effet que doit produire la charrue est de détacher une bande de terre d’une largeur et d’une épaisseur déterminées, par une section verticale d’un des côtés, ordinairement du côté gauche, et par une section horizontale en-dessous, de retourner cette bande en la poussant de l’autre côté; cette bande de terre doit aussi rester aussi meuble que possible.
- La charrue produit cet effet en agissant comme un coin, ou plutôt comme un demi-coin, dont deux côtés se réunissent à angle droit, et le troisième est oblique. Soit a, b, c, fig. ae. un coin entier; si on le divise en deux parties égales par la ligne b, d, d, b, c, sera un demi coin.
- Quoique la charrue s’écarte, dans plusieurs de ses parties, de la régularité d’un coin simple, nous continuerons à employer cette image qui nous servira à déterminer les points même dans lesquels elle s’en éloigne.
- Soit qu’un coin soit poussé par la percussion, soit qu’il soit mu par une force de tirage continue, comme dans la charrue, cela n’apporte aucune différence dans sa nature; la direction de la puissance doit être la même dans les deux cas.
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- La charrue considérée comme un demi-coin doit se mouvoir dans la terre sur la ligne d’un des deux côtés qui se réunissent à angle droit, et couper ainsi une bande de terre que le côté oblique pousse et renverse. De mouvement doit s’opérer en ligne droite et dans une direction déterminée. Soit a, b, c, fig. 5°., le demi - coin représenté par la charrue, la ligne a, b, doit coïncider exactement avec la ligne du tirage; car si elle avait une direction différente, la pointe de la charrue, ou s’engagerait trop avant dans l’ancien guéret, ou viendrait sortir du côté du sillon. SL la ligne du tirage avait la direction a, d, il est évident que la pointe b de la charrue tendrait à se détourner à droite ou du côté du sillon. Non-seulement la résistance serait beaucoup augmentée, mais aussi la bande de terre ne serait pas coupée net et ne se présenterait pas au côté oblique de la charrue, comme elle doit le faire pour être complètement retournée. Si, au contraire, le côté a, b, du coin s’écartait à gauche de la ligne du tirage, comme dans la figure 4, la pointe de la charrue prendrait une tendance vers le côté gauche, ou vers l’ancien guéret ; non-seulement le frottement serait beaucoup augmenté, mais la partie postérieure de la charrue perdrait l’appui qu’elle doit avoir contre l’ancien guéret, qui se trouverait fouillé et émietté par la pointe qui s’avance trop sur la gauche. Quelques personnes sont cependant d’avis qu’il est utile que la pointe de la charrue s’écarte légèrement de la ligne du tirage sur le côté gauche ; nous examinerons dans la suite (§. 38) jusqu’à quel point cette opinion est fondée. Dans aucun cas, toutefois, cet écart ne doit être considérable, et nous continuons d’établir en principe que ce côté de la charrue que nous appelons le côté de terre, doit former une surface parfaitement unie, et dans la direction du mouvement de la charrue, de sorte qu’une ligne droite, tirée du talon de la charrue au point où se fait le tirage des animaux, se trouve en contact avec toutes les parties du côté de terre.
- §• 12.
- La charrue est un demi-coin, et non pas un coin entier. Elle ne doit pas écarter la terre dés deux côtés, mais seulement la couper du côté gauche, et la rejeter du côté droit. La résistance s’exerce donc seulement sur le côté droit de la charrue, et elle tend à repousser la charrue sur le côté gauche,
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- en la pressant ainsi contre l’ancien guéret. Dans ce mouvement, le côté gauche devient donc le régulateur de la direction -, par conséquent, pour que la charrue se meuve en ligne droite, ce côté doit former une surface unie, et on y doit éviter tout ce qui interromprait la régularité de cette surface, ou qui lui donnerait une direction différente de celle de la ligne de tirage.
- §. i3.
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- Cette partie doit être considérée comme la pointe aiguë du coin. Elle doit ouvrir le chemin à la charrue; par conséquent, pour qu’elle atteigne parfaitement son but, sa lame doit avoir elle-même la forme d’un demi-coin. Dans notre charrue, elle est mince à son tranchant, de sorte qu’elle n’a là qu’un huitième de pouce d’épaisseur, tandis que son dos a un pouce d’épaisseur. Cet amincissement lui est donné seulement sur sa face droite, et, au contraire, sa face gauche forme une surface unie et placée dans le plan du côté gauche du corps de la charrue. Si son épaisseur diminuait des deux côtés, de manière que ces deux faces fussent obliques à la ligne de tirage, la charrue recevrait déjà par-là une fausse direction qui, à la vérité, pourrait être surmontée par la force du tirage, mais qui donnerait lieu à une augmentation de résistance et de frottement. L’inconvénient d’un coutre dont l’épaisseur diminue sur les deux faces se fait sentir principalement lorsque son tranchant rencontre une pierre placée de manière qu’il la pousse du côté de l’ancien guéret; car alors la pierre pouvant difficilement céder de ce côté, la charrue est nécessairement rejetée à droite ou hors de terre; au lieu que si la face gauche du coutre se trouve dans la direction de la ligne du tirage, une pierre qui se présente devant le coutre, après avoir été poussée un peu en avant, s’échappe bientôt du côté droit, parce que la résistance de la terre y est moindre, et là elle trouve le côté oblique de la charrue qui la rejette hors du sillon.
- §• i4-
- Quoique la face gauche du coutre doive former une surface unie avec le côté de terre de la charrue, cependant l’expérience a montré qu’il est utile , pour la fermeté de la charrue, que le coutre soit placé un peu à gauche de la pointe du soc, sans cependant s’en écarter plus que de sa propre épais-
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- seup; par-là, il fait mieux place au corps de la charrue qui le suit. La bande de terre coupée se trouve présentée au côté aigu de la charrue comme elle doit l’être, pour être parfaitement enlevée et retournée; il ne peut pas tomber de terre entre le corps de la charrue et l’ancien guéret, aucune racine ne peut s’insinuer entre le coutre et le soc sans être coupée. La charrue prend aussi par-là bien plus de fermeté dans la terre, lorsque quelque obstacle accidentel tend à l’en faire sortir.
- Mais comme il est nécessaire, pour la solidité, que la mortaise dans laquelle le manche du coutre est assemblé soit placée à-peu-près au milieu de l’age, et que d’ailleurs l’age lui-même, comme nous le dirons (§. 38) doit s’écarter un peu à droite dans sa direction , de celle du côté de terre de la charrue, on a éprouvé quelques difficultés pour donner au coutre la position que nous avons indiquée. Comme tous les cultivateurs expérimentés connaissent la nécessité de cette position, ils cherchent à atteindre ce but de deux manières. Les uns fixent le coutre avec les coins, de manière que le tranchant soit tourné un peu à gauche et le dos à droite. Par-là le but est atteint, jusqu’à un certain point; mais alors le coutre ne coupe pas, il déchire ou racle la terre, ce qui augmente beaucoup la résistance, et ce qui fatigue beaucoup le coutre lui-même. D’autres disposent leurs coins de manière que la pointe du coutre soit portée à gauche, et ainsi la lame n’entre pas verticalement, mais obliquement dans la terre. Si cette obliquité est assez forte, comme cela arrive ordinairement, pour que le coutre fasse place au côté gauche de la charrue à la surface de la terre, la pointe du coutre se trouve avancée beaucoup trop à gauche. Le coutre ne coupe pas la terre verticalement, et une partie de la terre qu’il a séparée, reste en arrière sans pouvoir être saisie par le soc et par l’oreille. Si, au contraire, on donne au coutre moins d’obliquité, de manière que sa pointe vienne aboutir dans la ligne de la pointe du soc, il ne prend pas assez de terre par le haut, et la gorge de la charrue ne trouve pas la terre assez dégagée pour s’avancer sans résistance. Cette disposition nuit à la fermeté de lu marche de la charrue, parce que le côté de terre qui doit lui donner sa direction ne forme plus une surface unie. La disposition qu’ont ordinairement les laboureurs d’incliner leur charrue vers la gauche, se trouve fortement favorisée par cette mauvaise position du coutre; car, au moyen de ce mouvement, celui-ci coupe alors la terre verticalement; mais alors la bande de terre ne se trouve plus coupée horizontalement par-dessous, le labour n’est pas d’une profondeur égale des deux côtés du sillon.
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- Ces inconvéniens ne se rencontrent pas dans notre charrue, parce que le coutre est plié au-dessous de la poignée par un double coude d’environ deux pouces, comme on le voit en b, fig. 4<U où il est représenté vu par derrière. Au moyen de ce coude, le coutre fixé par les coins au milieu de l’age vient cependant entrer perpendiculairement dans la terre, et sa face gauche se trouve dans le plan du côté de terre de la charrue.
- §. i5.
- Dans la plupart des charrues, la pointe du coutre est dirigée en avant, de manière que le tranchant ne forme pas une ligne verticale , mais oblique.
- Chacun sait qu’un couteau coupe bien plus facilement lorsque la direction de son mouvement est oblique à son tranchant. On a objecté, à la vérité, que, à moins que le coutre ne soit placé en avant à une distance considérable de la pointe du soc, sa pointe doit pénétrer fort avant dans la terre, avant qu’il ne la coupe à la surface , que, par conséquent, la bande de terre ne peut pas céder à l’effort que fait la partie antérieure du soc pour la soulever; mais ce n’est point à sa pointe que le soc soulève la bande de terre d’une manière sensible, et au point où il produit cet effet, la surface se trouve déjà coupée. Le coutre, en coupant par-dessous, rompt bien plus facilement la ténacité du sol, et il commence déjà à soulever un peu la bande de terre. Lorsque le coutre, placé obliquement, rencontre une racine qu’il ne peut pas rompre d’abord, il la fait glisser en la soulevant tout le long de son tranchant, de sorte qu’il faut qu’el'e finisse par se rompre ou par être entièrement tirée hors de terre. Un effort beaucoup plus considérable serait nécessaire pour la rompre , si le coutre avait une direction verticale. Lorsque la racine est un peu forte, le coutre, dans sa position oblique, l’entraîne entièrement hors de terre, de manière que la charrue ne la rencontre plus, non-seulement dans ce sillon, mais souvent même dans les suivans. Un coutre placé verticalement entraîne au contraire devant lui dans la terre, sans pouvoir les soulever, les racines qu’il ne peut pas couper. Le coutre, placé obliquement, soulève de la même ma~? nière les pierres qui ne peuvent céder sur le côté.
- Un avantage encore plus important de cette position oblique du coutre dans notre charrue, est qu’elle contribue beaucoup à la maintenir dans la terre; en effet, la direction de la ligne de tirage ne peut jamais être
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- horizontale; mais, à Cause de la hauteur des animaux de trait, elle se trouve disposée de manière à soulever la charrue hors de terre, si rien ne s’y opposait.
- J’ai lieu de croire que la position la plus convenable du coutre serait que son tranchant formât avec la verticale un angle de 3o degrés. Dans les figures, cet angle n’a que 22 degrés, mais la pointe du coutre doit être avancée d’un pouce ou deux, par un changement dans les coins de la mortaise (1).
- Comme le coutre doit frayer le chemin à la charrue, et que c’est lui qui doit vaincre d’abord la résistance, il est exposé à beaucoup de fatigue. Il doit par conséquent avoir une force suffisante, et comme on ne peut pas lui donner beaucoup d’épaisseur, il est nécessaire qu’il ait une largeur convenable. Dans notre charrue, cette largeur est de 3 pouces, ce qui est bien suffisant.
- (1) L’inclinaison qu’il convient de donner au coutre n’est pas une question aussi simple qu’elle le semble au premier coup d’œil; il est bien vrai qu’en général un tranchant coupe avec d’autant plus de facilité qu’il se présente plus obliquement ; mais c’est en supposant que le corps qui doit être coupé éprouve une résistance égale dans toutes les directions. Dans l’action de la charrue, il n’en est pas ainsi; les racines ou autres corps qui se présentent devant le coutre éprouvent bien plus de résistance dans la direction horizontale , où elles rencontrent une grande masse de terre, que dans la direction verticale en montant. Il en résulte qu’à une certaine inclinaison du coutre , les racines sont soulevées , glissent en montant le long du coutre, et, une fois sorties de terre, ne peuvent plus se couper et sont entraînées devant la charrue. Cet inconvénient est très-sensible dans un sol rempli de chiendent, sur-tout lorsque le sol est très-humide. Dans ce cas , les 3o degrés que l’auteur indique sont une inclinaison trop forte. Je crois que, dans la plupart des cas , une inclinaison de 25 degrés avec la verticale, est la plus convenable pour les coutres droits.
- On remarquera que les figures 8, g et 11 ne sont pas d’accord, relativement à la position du coutre, avec la figure 7. Dans cette dernière, la pointe du coutre est placée en avant de la pointe du soc, et dans les autres, elle est placée directement au-dessus. D’après les indications du texte ; il semble qu’il doit être placé comme dans la figure 7, c’est-à-dire en avant du soc ; et cela est d’accord avec mes expériences sur la charrue de Small. L’auteur dit, en parlant des autres figures, que la pointe du coutre doit être 'dirigée plus en avant qu’elle ne l’est dans le dessin ; mais alors le coutre aurait trop d’inclinaison : cela exigerait un changement dans la mortaise du coutre dans l’age , qui devrait être un peu avancée.
- J’ai cru devoir entrer dans ces explications, plutôt que de me permettre de faire changer les figures. (Note du traducteur. )
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- Pour augmenter la force du coutre, et le maintenir plus solidement en place, on a fixé à-peu-près au milieu de sa longueur, au moyen d’un boulon, une tige de fer mobile, comme on peut le voir, fig. 8, en G. Cette tige traverse en /, un piton en fer qui est fixé sur l’age; au-dessus du piton, cette tige est taraudée en g, et, au moyen d’un écrou, on peut changer la direction du coutre et le fixer solidement, sans avoir besoin de serrer fortement les coins. Cette tige a aussi l’avantage d’empêcher le chaume et le fumier de s’amasser dans l’angle formé par l’age et le coutre, ce qui donne souvent beaucoup de peine pour les en retirer.
- §. 16.
- LA FACE GAUCHE OU LA FACE DE TERRE DE LA CHARRUE (Fig. 8).
- Après avoir examiné le coutre, nous arrivons aux autres parties de la face gauche ou face de terre de la charrue. Nous considérerons d’abord la longueur de cette face depuis la pointe du soc jusqu’au talon.
- Relativement au corps de la charrue, il se présente une question importante : Quelle longueur est-il plus avantageux de lui donner, relativement à sa plus grande largeur, c’est-à-dire à la distance de la partie postérieure du versoir au talon?
- Si nous nous en tenons à considérer le corps de la charrue comme un demi-coin, image qui peut difficilement nous induire à de faux résultats, il paraîtrait qu’il pénétrera d’autant plus facilement, qu’il aura plus de longueur par rapport à sa largeur postérieure, c’est-à-dire à la plus grande distance du versoir au côté gauche de la charrue ; car on sait qu’un coin aigu exige, pour pénétrer dans les corps, une force moindre qu’un coin obtus. Mais, selon les lois de la mécanique, ce qu’on gagne sous le rapport de la force, on le perd sous celui du temps ou de la vitesse, qui doivent cependant rester les mêmes dans la charrue. Le coin aigu, en pénétrant plus profondément par une force égale, n’éprouve pas plus de résistance que le coin obtus qui pénètre moins profondément, en les supposant l’un et l’autre de même largeur à leur base. Il peut être vrai que, lorsqu’il est question de faire pénétrer un coin dans un corps dur et élastique, principalement si ce corps est composé de fibres qu’il faut séparer dans leur longueur, la forme du coin apporte une certaine différence dans l’effet, et qu’un coin aigu produise la même action au moyen d’un nombre de coups moindre qu’un coin obtus, qui se trouve refoulé par l’élasticité de ce corps.
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- Mais cela est tout différent dans la terre molle, ou qui du moins ne jouit d’aucune élasticité. On doit considérer d’une autre part que le frottement doit être bien plus considérable sur les deux côtés d’un coin long que sur ceux d’un plus court, à bases égales; car, toutes choses égales d’ailleurs, le frottement augmente avec les surfaces. Il n’y a donc pas de doute, dans mon opinion, qu’un corps de charrue plus court n’exige, à distance égale de l’oreille, une force de tirage moindre qu’un plus long..
- Cependant une charrue longue présente un avantage incontestable sur une plus courte; sa marche est plus ferme, elle n’est pas si facilement détournée de sa direction, car elle trouve plus d’appui, soit contre l’ancien guéret, soit contre le fond du sillon, au moyen de sa grande surface, et d’ailleurs, à circonstances égales, elle a plus de poids; aussi elle résiste mieux à un obstacle accidentel, à.un petit écart des bêtes de trait, ou à un mouvement vicieux du conducteur sur les manches; elle n’est pas alors si facilement détournée de la ligne droite qu’une charrue plus courte. On voit par-là pourquoi le corps de la charrue ne doit pas être trop court. On peut d’autant plus raccourcir de corps de la charrue pour épargner la force du tirage, que le sol est plus net et plus homogène, qu’on a mis plus d’exactitude dans les rapports des diverses parties de la charrue entre elles, ainsi que dans la direction de la ligne de tirage, et aussi d’autant plus que le laboureur est plus expérimenté et plus adroit. Mais, dans un sol dont la résistance varie à chaque instant, qui est rempli de pierres et de racines, il est nécessaire de lui donner plus de longueur. On trouve en effet que dans les contrées où le sol est cultivé rarement, où il reste long-temps en pâturage pour être rompu ensuite avec beaucoup de peine, on fait, en général, le corps des charrues plus long que dans celles où le sol a été ameubli et nettoyé par des cultures fréquentes.
- Le coutre forme, en quelque façon, une augmentation de longueur du corps de la charrue ; plus il est éloigné de celui-ci, plus le côté de terre se trouve allongé, et plus, par conséquent, la charrue a de fermeté dans sa marche. Pour rompre les pâturages, on a coutume de le placer à une distance plus considérable que dans les sols meubles et cultivés, où le coutre est souvent placé immédiatement devant la gorge de la charrue, et où -même, dans certaines charrues à roues, le coutre manque entièrement.
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- §• l7-
- Notre charrue tient le milieu entre les longues et entre les courtes. Sa longueur, mesurée de la pointe du soc au talon, est de deux pieds six pouces et demi du Rhin ; depuis le talon jusqu’à la partie postérieure et inférieure du soc, elle a un pied huit pouces et demi.
- Indépendamment du côté replié du soc qui recouvre ce côté, cette face du corps de la charrue est formée de trois feuilles de fer. L’inférieure ( C, fig. 8,) n’est autre chose que la même pièce de fer qui garnit la semelle de la charrue, et qui, repliée à angle droit, vient recouvrir le côté de terre. La pièce supérieure s’assemble par derrière sur le manche gauche ( E, fig. 8); ëlle se replie en avant autour de la jambe (je, fig. 9), et là elle s’unit exactement à l’oreille. La troisième pièce (D, fig. 8,) remplit tout l’espace qui se trouve entre les deux premières ‘. elle vient s’unir en avant à la partie repliée du soc.
- Ce côté de la charrue est entièrement fermé par ces trois pièces de fer, depuis la semelle jusqu’à l’age. On voit à la vérité en o, fig. 8, un petit intervalle entre la pièce supérieure et l’age; mais on ne l’a laissé dans la figure que pour qu’on vît plus clairement l’assemblage de la jambe avec l’age. Ces pièces de fer sont assemblées en avant avec la jambe qui est en fer fondu massif (fig. 43 et 44) -, et le soc, dont la partie recourbée monte jusqu’à la pièce du milieu, s’assemble également sur le pied de la jambe. Au-dessus du soc, le bord antérieur de la pièce supérieure est replié à angle aigu, et va de l’autre côté s’unir à l’oreille (e, fig. 9). La charrue a ainsi, dans cette partie, qui est exposée à la plus forte résistance, une solidité à toute épreuve, et une forme parfaitement favorable pour détacher la bande de terre. Ces pièces de fer sont fixées en arrière sur le manche gauche de la charrue.
- §. 18.
- LA SEMELLE DE LA CHARRUE, OU LA CHARRUE VUE PAR-DESSOUS
- (Fig. 7).
- Nous allons maintenant examiner la surface inférieure ou la semelle de la charrue qui se compose du soc, de la semelle proprement dite, et du bord inférieur du versoir.
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- Le soc doit être à sa pointe légèrement courbé vers le bas (£, fig. 7, où le soc est désigné par des lignes ponctuées); il ne se trouve par conséquent pas entièrement dans le plan de la semelle. La charrue acquiert par-là, comme l’expérience le montre, plus de fermeté et de tenue dans la terre, et autant de tendance vers le bas qu’il est nécessaire pour contrebalancer la tendance vers le haut que lui donne l’obliquité de la ligne de tirage. Si la pointe du soc était dans le même plan que le reste de la semelle, lorsqu’elle rencontre une petite pierre, elle ne pourrait pas se frayer un chemin par-dessous, il faudrait qu’elle s’élevât, et avec elle toute la semelle de la charrue s’élèverait au-dessus de la pierre, ce qui pourrait très-facilement faire sortir entièrement la charrue hors de terre. Si, au contraire, la pointe du soc baissant un peu plus bas que la semelle , s’enfonce ainsi un peu plus dans le sillon, le soc peut ou plonger un peu pour soulever la pierre, ou, si elle est placée au-dessous du fond du sillon, glisser dessus sans que la semelle entière de la charrue soit soulevée. D’après Small, la pointe du soc doit descendre de | de pouce plus bas que la semelle, cependant seulement sa pointe, de manière qu’elle trace au fond du sillon une petite rainure.
- Une courbure trop forte du soc, ou même de sa pointe seulement, donne, à la vérité, à la charrue beaucoup de tenue dans la terre, et beaucoup de tendance vers le bas, en donnant plus d’obliquité à la ligne de tirage ; mais cela augmente infiniment la résistance. On doit donc être en garde contre la disposition qu’ont ordinairement les valets, de faire donner par le maréchal beaucoup de courbure au soc, défaut auquel ils remédient ensuite par une forte pression sur les manches.
- Le tranchant du soc doit, par derrière, dans la partie où il s’éloigne le plus du côté de terre, se trouver dans le plan de tout le reste de la semelle, et non à la même profondeur que la pointe. Si l’angle du tranchant (c, fig. 7) se trouvait à la même profondeur que la pointe antérieure, la pression de la terre, qui là est très-forte, pourrait facilement le faire descendre encore plus bas, et donner à la charrue une disposition à s’incliner vers la droite. Si , alors , un corps dur venait à se présenter sous la pointe du soc, et à soulever un peu le côté gauche, la charrue pourrait facilement sortir de terre ; c’est ce que l’expérience montre fréquemment.
- D’après Small, la plus grande largeur du soc ne doit pas être tout-à-fait aussi considérable que la largeur postérieure de la semelle. Le sillon ne se
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- forme pas aussi large que la distance qui se trouve entre la partie postérieure du versoir et le talon du sep; mais une charrue qui a sur le derrière une largeur de 9 pouces, ne forme qu’un sillon d’environ 8 pouces. Il n’y a aucun inconvénient qu’une petite partie de cette largeur ne soit pas coupée par le soc ; au contraire, cela fait que la bande de terre monte plus régulièrement sur la partie la plus élevée du soc, qu’elle se retourne plus promptement, et qu’elle se rompt mieux que si elle était entièrement détachée du sol par le soc. La résistance que peut opposer ainsi une bande de terre d’environ 1 pouce de largeur seulement, est insignifiante. Small donne une largeur de 7 pouces au soc, lorsque la largeur postérieure de la semelle est de 9 pouces.
- Cependant, les recherches qui ont été faites au moyen d’un dynanomètre par la Commission d’Agriculture de la Société des Arts de Londres, pour déterminer la force de tirage qu’exigeaient différentes charrues, ont montré qu’un soc large diminue beaucoup la résistance, et a beaucoup d’avantage sur un soc étroit. La charrue de Rotherham, avec un soc de 5 pouces de largeur, exigea, pour faire un sillon de 10 pouces de largeur et 6 pouces de profondeur, une force = 5 quintaux ; avec un soc de 8 pouces de largeur pour un sillon semblable, elle n’exigea qu’une force = 5 quintaux (Annalesd1Agriculture d’Young). Le soc qui est représenté en plan, fig. i5, a 7 \ pouces de largeur ; c’est celle qu’on doit lui donner, parce qu’il ne tarde pas de s’user un peu.
- La longueur du soc proprement dit, de ce que les Anglais appellent l’aile du soc, doit être en rapport avec sa largeur. Pour la largeur indiquée plus haut, le côté plat qui se trouve dans la ligne de tirage a 10 pouces de longueur, et le côté oblique ou le tranchant, 12 pouces. Dans ces proportions, il coupe assez obliquement pour vaincre la résistance.
- Quelques personnes ont voulu donner au soc deux côtés obliques et tran-chans, de sorte que la pointe se trouvât au milieu du sillon. Quand même cette espèce de soc détacherait plus facilement la bande de terre et offrirait moins de résistance, la différence serait si peu considérable, qu’elle ne pourrait contre-balancer les inconvéniens suivans : le soc disposé de cette manière ne commence pas, comme il doit le faire, à soulever un des côtés de la bande de terre, pour la préparer à monter sur la partie élevée du versoir; une pierre qui se présenterait devant le côté gauche de la pointe, forcerait celle-ci à se détourner de sa direction, parce que la pierre ne peut céder de ce côté. Il est, par conséquent, plus avantageux que le côté gauche
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- du soc soit plat, et placé dans la direction de toute la face de terre de la charrue, parce qu’alors le soc fraie parfaitement bien le chemin au corps de la charrue, et que toute pierre qui se présente en avant est rejetée sur le côté droit, où elle trouve de la place pour se détourner,
- §. 19.
- La largeur inférieure du corps de la charrue, ou la distance de la partie postérieure du versoir à la face de terre du sep, n’est, dans notre charrue, que de 9 pouces, c’est-à-dire pas plus considérable que la largeur de la bande de terre qu’elle doit détacher. On ne doit pas, on le sent bien, chercher à prendre avec une charrue de cette construction, plus de 9 pouces de largeur de sillon. Selon l’opinion générale, cette distance du versoir ne serait même pas suffisante pour un sillon de cette largeur : on croit que la bande de terre n’aurait pas une place suffisante pour être convenablement retournée, si la bande précédente n’avait pas été poussée plus loin sur le côté; cependant, si on examine la chose attentivement, on verra que cela est parfaitement indifférent. Si nous supposons, en effet, que la bande de terre précédente avait été déplacée de 18 pouces au lieu de 9; la nouvelle bande devra également être poussée à la même distance, et elle viendra par conséquent se serrer aussi près de la première, que si toutes les deux n’avaient été poussées que de 9 pouces. Une largeur plus considérable du corps de la charrue ne peut donc avoir d’autre utilité, que de donner plus de largeur au sillon ouvert; mais il n’est pas nécessaire que celui-ci soit plus large qu’il ne le faut pour que le cheval et le laboureur puissent y marcher, et un sillon de 9 pouces est bien suffisant pour cela. Un sillon plus large semblera peut-être plus commode à certains laloureurs ; mais cette commodité n’est pas un motif suffisant pour surcharger l’attelage de l’augmentation de tirage qu’exige ce déplacement de terre. Si le sillon, ce qui arrive rarement, est creusé à une profondeur égale à sa largeur, on trouvera, à la vérité, que la bande de terre est fortement pressée contre la précédente par le bord postérieur du versoir; mais il en serait de même quand la charrue aurait plus de largeur. Avec notre charrue, on peut, au contraire, lorsqu’on le veut, creuser un sillon plus profond que large, ce qui est impossible avec une charrue plus large.
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- §. 20.
- Le bord inférieur du versoir, c’est-à-dire celui qui glisse sur la terre au fond du sillon, forme dans notre charrue une ligne droite qui va couper, à la pointe du soc, la ligne de la face de terre; ces deux ligues forment ensemble un angle de iS degrés. La longueur de ce bord inférieur du A-ersoir est de i5 pouces. Il se trouve placé environ un demi pouce plus haut que la semelle de la face de terre; en effet, lorsqu’il arrive que la pointe du soc plonge un peu sans que l’aile suive ce mouvement, le sillon se trouve creusé un peu plus profondément à gauche, du côté de la face de terre , qu’à droite sous la semelle du versoir. Cependant cette différence ne doit pas être plus considérable, autrement le versoir ne viderait pas entièrement le sillon. *
- §- 21-
- LA FACE DROITE, OU LA FACE DU SILLON DE LA CHARRUE (Fig. 9);
- ]Nous allons maintenant considérer la face droite du corps de la charrue; c’est elle qui agit immédiatement pour soulever et retourner la terre, c’est par conséquent celle qui mérite le plus d’attention ; c’est aussi la partie la plus compliquée de la charrue.
- L’effet qu’elle produit peut se diviser en trois parties distinctes : i°. elle doit pousser, sur le côté, îa bande de terre détachée par le coutre et le tranchant du soc; 20. elle doit la retourner complètement; 3°. elle doit la soulever. Au moins, dans notre charrue, ce dernier mouvement est nécessaire pour que le précédent soit bien exécuté. Ce troisième mouvement contribue aussi à donner à la charrue une tenue ferme dans la terre, et à ameublir la bande de terre retournée.
- Si une-bonne charrue ne devait que rompre la terre et la déplacer, jl est certain que la forme la plus avantageuse serait celle d’un demi-coin, dont la face oblique formerait cette face de la charrue. La charrue n’aurait pas besoin de soc, mais seulement d’un coutre; et il est hors de doute que la résistance serait vaincue, de cette manière, avec le moins de force possible. Mais la bande de terre doit, ou, au moins, devrait être entièrement retournée , de manière que sa surface supérieure soit placée en-dessous, et que la surface inférieure vienne en - dessus. On ne peut atteindre ce but
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- au moyen dti deini-coin qu’avec l’aide du soc; et encore on peut diminuer la dépense de force en donnant, à cette face du demi-coin, une forme plus parfaite.
- §. 22.
- Dans nos charrues ordinaires, le versoir est ordinairement placé perpendiculairement au-dessus de la terre, et il forme un plan qui, placé obliquement, vient en avant se réunir à la face gauche, et s’en éloigne par derrière. Pour qu’une charrue, ainsi construite, retourne la terre au lieu de la pousser simplement sur le côté, il faut que plusieurs circonstances se trouvent réunies. Il faut que la bande de terre, détachée par le soc, ne soit pas meuble, mais que ses parties conservent beaucoup d’adhérence entre elles, et avec la terre qui n’est pas encore coupée. Ce n’est que dans ce cas que la bande de terre peut s’élever contre le versoir, et peut être retournée par sa partie postérieure, qui ordinairement est coupée obliquement. Il faut aussi que le soc ne soit pas assez large pour détacher entièrement la bande de terre ; mais une largeur considérable de cette bande doit rester attachée au fond du sillon, pour être seulement ensuite arrachée par le versoir; autrement la bande de terre entière ne serait que poussée sur le côté, mais non pas retournée.
- Aussi, si nous examinons le travail exécuté par nos charrues ordinaires, nous remarquerons, qu’excepté dans une terre très-tenace ou très-humide, ou dans un gazon, elles n’ouvrent pas un sillon rectangulaire. Dans le sillon ouvert, et contre le précédent, il reste un prisme triangulaire de terre que le versoir ne fait que frotter sans pouvoir le soulever; ce prisme est souvent très-considérable, et contribue beaucoup à donner à la charrue une inclinaison vers le côté gauche. En effet, ou le bord postérieur du versoir forme un angle presque droit avec le bord inférieur, ou il est coupé obliquement de manière à former avec ce dernier un angle obtus. La première construction se rencontre plus fréquemment dans les terrains consistans, et alors le sillon paraît passablement net et rectangulaire ; mais une partie considérable de la terre n’est pas retournée, mais seulement poussée sur le côté. Dans le second cas, la bande de terre est mieux retournée par le bord oblique du versoir; mais c’est alors qu’on éprouve l’inconvénient dont j’ai déjà parlé, c’est-à-dire que l’angle droit inférieur du sillon reste rempli de terre, et d’autant plus que la charrue s’incline
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- davantage du côté gauche, mouvement qu’elle tend toujours à prendre avec cette construction. Il arrive aussi ordinairement qu’une partie de la terre meuble retombe dans le sillon, et reste ainsi au fond.
- On conçoit facilement qu’une culture exécutée ainsi, doit exercer la plus fâcheuse influence sur la fertilité du sol et l’abondance des récoltes; on sent quel avantage doit avoir un sol retourné entièrement dans toutes ses parties. Parmi les nombreux avantages de notre charrue, un des plus importans est d’atteindre ce but de la manière la plus parfaite dans toute espèce de sol, excepté dans un sable pur et sans aucune consistance. On peut à peine, avec des charrues ordinaires, obtenir, par plusieurs labours répétés, une culture aussi parfaite qu’on l’obtient avec la nôtre par un seul labour.
- § 23*
- En effet, notre charrue, dès l’instant qu’elle commence à soulever la bande de terre que le soc a détachée du fond du sillon, la dispose déjà à prendre la position la plus favorable pour s’élever le long du versoir, et commence déjà à l’incliner vers le côté droit. Ces deux mouvemens, d’élévation et de renversement, sont gradués et uniformes, de sorte que, lorsque la charrue s’avance d’un seul pouce, toutes les parties de la terre sont soulevées dans une égale proportion. Cette action commence presque à rien sur le tranchant du soc; elle est déjà beaucoup augmentée lorsque la terre arrive sur la partie postérieure du soc, et la partie antérieure du versoir, qui ne forme que la continuation.de la surface de ce dernier, a déjà amené le prisme de terre au point d’être placé sur son angle. La fig. 5, planche irs., rendra plus claires les diverses positions que prend la bande de terre par la marche de la charrue. On suppose ici que le soc et le contre ont détaché une baude de terre de 9 pouces de largeur sur 6 de profondeur. La partie postérieure du soc et la partie antérieure du versoir placent déjà ce prisme dans la position J. La charrue, en s’avançant 3 pouces de plus, le place dans la position B. Bientôt la surface plus courbée du versoir lui donne la position C; et en même temps l’angle u, r commence déjà à être refoulé vers le haut par la partie inférieure du versoir, dont le bord postérieur renverse enfin complètement le prisme comme en JD, de manière qu’il se trouve placé sous un angle de 4o degrés avec l’horizon, ce qui est la position la plus avantageuse qu’on puisse lui donner; et en même temps, elle aplanit entièrement l’angle u, r en soulevant vers le haut la terre
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- qui le formait. Ces divers mouvemens présentent un spectacle fort curieux lorsqu’on les observe horizontalement par derrière, sur la charrue en mouvement; la révolution complète de la bande de terre sur elle-même est alors très-sensible : tandis qu’en observant de même une charrue ordinaire, on n’aperçoit qu’un mouvement de déplacement sur le côté.
- §. 2 4.
- Ce renversement de la bande de terre doit être opéré d’une manière uniforme et régulière, et non pas par saccades. Chaque particule de terre doit décrire, en quelque sorte, une ligne spirale (1) ; car le mouvement qui la renverse commence presqu’à rien, et s’augmente à chaque instant. On conçoit que, pour produire cet effet, le versoir doit être taillé selon une courbe particulière et uniforme. On n’est pas entièrement d’accord sur les principes d’après lesquels cette courbe doit être décrite; la condition essentielle est que le versoir forme une courbe continue et uniforme de haut en bas et de devant en arrière. On ne peut pas déterminer autrement que par expérience la figure que doit avoir cette courbure, pour produire complètement son effet avec le moins de force possible. La nature de la terre, et la profondeur qu’on veut donner aux sillons, devraient peut-être y apporter quelques différences. Cependant l’expérience a démontré aux plus habiles cultivateurs, que la courbure la plus avantageuse à donner au .versoir, pour exécuter un labour de 5 à 10 pouces dans un sol de consistance moyenne, est celle qui est représentée fig. 27—33. On trouvera plus bas l’explication de ces figures.
- Comme dans notre charrue la bande de terre détachée par le soc exerce une pression considérable sur l’aile, aussi bien que sur la partie postérieure du soc, et sur la partie courbe antérieure du versoir, la charrue acquiert une tenue très-ferme dans la terre, parce que cette pression contrebalance celle que la partie postérieure du versoir exerce sur la bande de terre retournée. Aussi, à moins d’une négligence extraordinaire, ou d’une fausse pression très-forte de la part du conducteur, la charrue ne s’incline
- (1) Je traduis ici littéralement; mais il me semble évident que chaque particule de terre décrit, non pas une ligne spirale, mais un arc de cercle, avec un mouvement accéléré, ( Note du traducteur. )
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- jamais du côté gauche; par conséquent le tranchant du soc et le bord inférieur du versoir marchent toujours dans le même plan horizontal que la semelle de la face de terre ; il ne peut pas rester de terre dans le sillon, et la bande de terre est coupée sous la forme d’un prisme rectangulaire. A quelque profondeur qu’on laboure , toute la terre du fond est ramenée à la surface; ce qui, comme nous l’avons vu, arrive rarement avec les charrues ordinaires. Communément celles-ci ne ramènent à la surface que la portion de terre qui se trouvait dans l’angle formé par le coutre et le soc; cette terre rejetée à droite vient recouvrir celle que la charrue a laissée de ce côté du sillon. En examinant superficiellement ce labour, on croirait que toute la terre a été retournée; mais, dans le fait, il n’y en a qu’une petite partie.
- §. 25.
- La résistance produite par la pression de la terre contre le versoir, est sans contredit la plus forte de celles que la charrue a à vaincre. Il paraîtrait, d’un autre côté, que le versoir de notre charrue éprouve la pression d’une plus grande masse de terre qu’un versoir moins parfait, et qu’à raison de sa surface courbe -, cette pression s’exerce pendant plus long-temps. Cela peut être vrai jusqu’à un certain point; mais cette considération est plus que compensée par une autre, c’est que, aussitôt que la bande de terre a été soulevée par le soc et placée sur son angle comme en A, fig. 5, son centre de gravité ne porte presque plus sur la charrue, et plus du tout, aussitôt qu’elle a pris la position B; alors il ne faut plus qu’un effort très-peu considérable pour la pousser entièrement dans la position C. Le versoir se décharge donc très-promptement, et la terre ne le charge déjà plus lorsqu’elle est arrivée au milieu de sa longueur. Aussi, les expériences faites au moyen du dynamomètre, prouvent qu’une charrue à versoir courbe exige moins de force de tirage qu’une charrue à versoir plan.
- §. 26.
- La ligne courbe que la bande de terre est forcée de parcourir, ainsi que le déchirement qu’elle éprouve à son angle inférieur, ont pour effet de l’ameublir et de laisser moins d’adhérence à ses particules entre elles. Si la terre n’est pas excessivement humide, et que la charrue soit bien réglée , de manière que la partie postérieure du versoir n’exerce pas une trop
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- forte pression sur la bande de terre retournée, elle laisse le sol beaucoup plus meuble que toute autre charrue. Mais par cette raison elle ne convient pas dans un sable mouvant.
- Comme, dans notre charrue, le versoir est en fer fondu, sa surface prend par l’usage le poli d’une glace, ce qui ne contribue pas peu à diminuer le frottement.
- §• 27*
- La surface courbe, par laquelle la partie postérieure du soc s’unit au versoir, ne doit pas être interrompue; mais le soc doit venir s’appliquer immédiatement contre le versoir, de manière qu’ils paraissent ne former qu’un seul corps, et qu’on aperçoive à peine la jonction. Si cette partie du soc n’est pas bien forgée, le frottement se trouve considérablement augmenté.
- §. 28.
- La figure du bord postérieur du versoir n’est pas indifférente ; elle doit être telle que toutes ses parties s’appuient uniformément sur la bande de terre retournée. Sa courbure est représentée exactement en a, bj fig. 27, et on fera bien d’observer cette forme dans la construction d’une charrue semblable.
- Une figure différente exigerait aussi d’autres rapports ; mais je n’oserais pas les déterminer mathématiquement, attendu que c’est plutôt par expérience que par principes qu’on les a déterminés jusqu’ici.
- §• 29-
- L’AGE.
- Nous voici arrivés à la partie qui unit ensemble les diverses pièces qui composent le corps de la charrue, et de laquelle celui-ci reçoit sa direction. Nous avons à considérer principalement, i°. la longueur de l’age; 20. la hauteur de sa position au-dessus de la terre ou au-dessus de la ligne horizontale de la semelle; 3°. sa direction.
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- §. 3o.
- Afin qu’on puisse se faire une idée claire de l’action produite par l’age et par le tirage des animaux qui y est fixé, nous allons d’abord présenter quelques idées théoriques sur la direction de la puissance et de la résistance considérées dans la charrue.
- Si nous voulons enfoncer un coin dans un corps dur dont la résistance est également répartie sur les deux faces du coin, nous devons appliquer la force, autant que possible, au milieu de la face postérieure du coin. Mais si la résistance n’est pas également répartie, et qu’elle agisse plus sur une face que sur l’autre, la puissance devra être portée vers le côté opposé, dans la même direction que la résistance. On nomme le centre de la résistance, le point dans lequel se réunissent les efforts qui s’opposent au mouvement d’un corps selon une certaine direction -, le point où doit se réunir la force qui doit vaincre la résistance, s’appelle le centre d!action ; et la direction dans laquelle doit agir la puissance pour faire mouvoir le corps dans une direction déterminée, s’appelle la direction de la puissance.
- §. 3i.
- Soit l, m, fig. 6, la direction dans laquelle un corps k doit être mis en mouvement ; soit a le centre de la résistance qui exerce une pression sur ce corps, et lui donne par conséquent une tendance vers le bas; b sera le point auquel la puissance devra être appliquée, et a, b ou V, b, sera la direction dans laquelle la puissance devra agir. Il est indifférent qu’une puissance placée en V tire le corps, ou qu’il soit poussé par une pression appliquée en b. Il est également indifférent que la résistance exerce sa pression sur le point a, ou qu’elle exerce son action du point Z>, au moyen d’une corde qui serait fixéé en a.
- §. 32,
- Lorsqu’une charrue ouvre un sillon d’une profondeur déterminée, si la résistance agissait également de tous les côtés du corps de la charrue, il faudrait, pour lui imprimer un mouvement horizontal, que le tirage se fît d’un point placé au-dessous de la surface de la terre, au niveau du centre de la résistance. Mais comme la résistance de la terre agit sur les parties
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- antérieures de la charrue de haut en bas, tandis que la partie postérieure du versoir reçoit au contraire une pression de bas en haut, en frottant sur la bande de terre retournée; il est évident que, si le tirage était horizontal, la pointe de la charrue tendrait toujours à s’enfoncer dans la terre. La charrue a par conséquent une tendance vers le bas, abstraction faite même de celle qui lui est donnée par la légère inclinaison qu’on donne à la pointe du soc; mais cette tendance est nécessaire, puisqu’à raison de la hauteur des animaux de trait, nous ne pouvons point appliquer le tirage dans une direction horizontale.
- Nous devons régler cette obliquité de la ligne du tirage, de manière que le centre d’action et le centre de la résistance se trouvent toujours dans sa direction; ou, en d’autres termes, nous devons donner à la ligne de tirage une inclinaison telle qu’elle contre-balance exactement la tendance vers le bas, qui est naturelle au corps de la charrue.
- §. 33.
- Ainsi, en supposant que, dans cette figure, le point a soit le centre de la résistance, et b le centre de l’action par laquelle le corps k ou la charrue peut être mise en mouvement dans la direction l, m; la ligne sur laquelle je dois agir, pour le faire avancer, doit être dans la direction b, V. Je puis fixer une corde en a ou en b, et alors appliquer la puissance sur quelque point que ce soit de la ligne V, b, et dans sa direction ; j’imprimerai alors au corps k un mouvement de m en L
- §• M
- Mais comme le corps sur lequel il faudrait fixer la puissance se trouve sous la terre, on ne peut le faire qu’au moyen d’une disposition particulière. Ici nous appelons à notre secours Yâge, qui estassemblé solidement derrière le corps de la charrue , et qui se dirige en avant assez loin pour que le point où est fixée la force de tirage se trouve dans la ligne V, b. En effet, il est absolument indifférent que le tirage se fasse à ce point, ou sur le corps même de la charrue.
- Il suit de là que si on abaisse le point de l’age sur lequel se fait le tirage, l’age devra être raccourci; et que si, au contraire, on élève ce point, l’age devra être allongé.
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- Il faut, au reste, que l’age soit assez élevé au-dessus de la terre, pour qu’il ne puisse rencontrer aucun obstacle dans son chemin ; pour cette raison, on a coutume de le courber, de manière que le point où le coutre est assemblé soit le plus élevé, et qu’il s’abaisse ensuite jusqu’à son extrémité antérieure. En effet, le seul point de l’age qui exerce une influence sur la direction du tirage, est le point où les traits sont fixés.
- Ainsi, lorsqu’on a déterminé, d’une part la hauteur à laquelle ce point doit être placé au-dessus de terre, et de l’autre, la direction de la ligne de tirage nécessaire pour contre balancer la tendance qu’a le corps de la charrue à s’enfoncer dans la terre, on trouve facilement la longueur qu’on doit donner à l’age. Pour la profondeur ordinaire des labours, il est suffisant de placer ce point, ou l’extrémité antérieure de l’age, à 16 pouces au-dessus du plan horizontal de la semelle.
- §. 35. *
- On pourrait conclure de là, que, pour chaque charrue ayant une entrure donnée, la longueur de l’age pourrait être déterminée d’une manière invariable, ou, à l’inverse, que la longueur de l’age étant déterminée, la tendance de la charrue à s’enfoncer, ou la profondeur du labour, ne pourrait pas varier. Mais comme la tendance de la charrue à s’enfoncer varie non-seulement selon la construction de la charrue qui lui donne plus ou moins d’entrure, mais aussi selon la direction du eoutre et de la pointe du soc Ÿ et aussi selon la nature de la terre, il s’ensuivrait qu’il faudrait avoir une charrue particulière pour labourer à chaque profondeur ou dans chaque nature de terrain, ou au moins qu’il faudrait chaque fois changer quelque chose à l’assemblage de l’age avec le corps de la charrue, ce qui est difficile et sujet à plusieurs inconvéniens.
- §. 36.
- Nous avons deux moyens de produire facilement le même effet : i°. En allongeant ou en accoureissant les traits des animaux, nous pouvons donner plus ou moins d’obliquité à la ligne de tirage. Soit F, l, la hauteur ordinaire du point où se fait le tirage des animaux; A, le point fixe de l’age où les traits sont attachés. Si nous voulons contre-balancer trop de tendance à s’enfoncer dans la terre., il ne nous faut que reculer le point du
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- tirage jusqu’en D pour faire descendre la direction de la force en /, et donner ainsi à la charrue plus de tendance vers le haut. 20. On peut, dans notre charrue, produire le même effet d’une manière encore plus facile, à l’aide d’un mécanisme, au moyen duquel le point où le tirage est fixé peut à volonté être élevé ou abaissé, avancé ou reculé, de manière à se prêter à tous les changemens que la charrue peut éprouver dans sa tendance. Nous parlerons bientôt d’une manière plus détaillée de ce mécanisme.
- §• 37-
- On voit par-là qu’on peut augmenter ou diminuer la longueur de l’age avec une certaine latitude; toutefois un âge d’une longueur moyenne est le plus avantageux.
- Un âge trop lon^ devient trop pesant si on veut le mettre à l’abri de la rupture; car il doit être d’autant plus fort. Si on veut allonger un corps dans le rapport de deux à trois, son poids devra augmenter à-peu-près dans le rapport de un à trois et demi, pour lui conserver la même solidité.
- D’un autre côté, un âge long présente de grands avantages sur un plus court; agissant comme un plus fort levier, il empêche qu’un obstacle accidentel qui se rencontre devant quelque partie du corps de la charrue puisse facilement la détourner de sa direction. Pour que la pointe du soc fasse un écart même très-petit, il faut que la pointe de l’age en fasse un d’autant plus grand qu’elle est plus éloignée du centre du mouvement; par conséquent la force du tirage s’oppose d’autant plus puissamment à cet écart que l’age est plus long. Ainsi il est vrai de dire que la charrue qui porte un âge long, n’est pas si facilement détournée de sa direction que celle qui en porte un court.
- Sans prétendre déterminer avec précision la longueur qu’on doit donner à l’age, je dirai que, dans une charrue destinée au même but que la nôtre, on ne doit pas faire l’age beaucoup plus long, ni beaucoup plus court que celui qui est représenté figure 7 et suivantes. On trouvera facilement au moyen de l’échelle cette longueur, ainsi que la forme de l’age et la grosseur qu’il convient de lui donner.
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- §. 38.
- Dans la figure 12e., où la charpente de la charrue est représentée vue par-dessus, on voit par la ligne ponctuée x y, parallèle à la face droite de l’age, que la diminution d’épaisseur qu’on doit donner à l’age, en avant et en arrière de la place où le contre est emmanché, n’est pas prise sur ses deux faces, mais sur une seule. Une ligne o, u qui serait tirée du milieu de la pointe de l’age parallèlement à sa face droite, ne passerait pas au-dessus de la pointe du soc, ni de l’angle aigu du corps de la charrue; et comme c’est cette ligne qui détermine la direction du tirage, si toutefois le palonnier est attaché au milieu de l’age, il s’ensuit que cette direction s’incline un peu à droite , ou que la direction de la face plate ou face de terre du corps de la charrue s’incline un peu à gauche de cette ligne. Ainsi, lorsque la charrue est tirée sur un pian uni, la direction du corps de la charrue fait un petit angle avec la direction du tirage , en s’en écartant un peu à gauche. Dans plusieurs autres charrues avec ou sans avant-train, cet écart est beaucoup plus considérable que dans la nôtre; on l’a jugé nécessaire ainsi, pour donner à la charrue plus de tenue dans la terre, et parce que, sans cela, elle aurait été disposée à sortir souvent du côté du sillon. Munchhausen, dans sa Théorie de la charrue, fait remarquer que la pointe de l’age doit s’incliner vers la droite, tandis que le coutre et la face de terre de la charrue ne doivent pas suivre la direction de l’age, mais incliner sur la gauche.
- Il est certain que la pointe de la charrue, en pénétrant dans la terre, éprouve une plus forte pression du côté gauche ou du côté du sillon. La bande de terre retournée exerce aussi sur la partie postérieure du versoir une pression horizontale qui tend à rejeter sur la droite la pointe du soc ; il est par conséquent nécessaire de donner à cette pointe une légère tendance vers la gauche.
- Mais cette tendance ne doit pas être aussi forte que je l’ai vue dans plusieurs charrues. Dans la charrue même de Munchhausen, cet écart serait trop fort, s’il n’était beaucoup diminué par l’inclinaison sur la droite que prend nécessairement l’age de cette charrue dont la partie antérieure est supportée par deux roues d’égale hauteur. Lorsque cet écart est trop considérable , la pointe du soc, se trouvant placée à gauche du côté de terre de la charrue, fouille par-dessous la terre de l’ancien guéret; cette face du sillon perd sa solidité, et ne présente plus au corps de la charrue un appui
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- fixe de ce côté, ce qui nuit à la fermeté de sa marche. Lorsqu’au contraire la charrue trouve de ce côté, et principalement en arrière vers le talon, un appui ferme, ni l’augmentation de la résistance vers sa pointe, ni une résistance accidentelle, ne peuvent facilement lui donner une fausse direction.
- Notre charrue peut cependant se passer entièrement de l’écart dont je viens de parler, et conserver une assez ferme tenue dans la terre, au moyen du régulateur dont je vais donner la description ; ainsi je ne regarde pas cette inclinaison de la face plate de la charrue vers le côté gauche comme absolument nécessaire; mais lorsqu’elle n’est pas trop forte, elle est avantageuse.
- §• %•
- Pour calculer et déterminer à priori la position du centre de résistance dans une charrue, il faudrait pouvoir évaluer exactement la résistance qui s’exerce sur chacun de ses points, ce qu’on doit regarder comme à-peu-près impossible. Quand même on serait parvenu à ie déterminer mathématiquement pour une circonstance donnée, cela serait de peu d’utilité, puisque le moindre changement dans l’action de la résistance sur un seul de ces points, change également la position du centre de résistance. Au reste, l’expérience et les tâtonnemens nous ont appris ici tout ce qu’il est nécessaire de savoir dans la pratique : dans notre charrue, le centre de la résistance se trouve placé ordinairement au point de la partie montante du soc qui se trouve à moitié de la profondeur du sillon. Ainsi, lorsqu’on laboure à 6 pouces de profondeur, le centre de résistance se trouve placé au point de la surface supérieure du soc qui est élevé de 3 pouces au-dessus de la semelle. Le centre d’action se trouverait placé à-peu-près à la partie postérieure du pied de la jambe sur lequel le soc est assemblé. On peut déterminer, d’après ces données, la direction de' la ligne de tirage, ainsi que le point de l’age où doivent être attachés les traits, en supposant données la hauteur du point de tirage des animaux, ainsi que la longueur des traits.
- §• 4«-
- Comme le centre de la résistance est sujet à varier fréquemment, selon la nature de la terre et la profondeur du labour, et qu’il serait trop embarras-
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- Sant d’allonger ou de raccourcir chaque fois les traits dans une proportion convenable , on a ajouté à l’age un mécanisme au moyen duquel le point auquel s’applique la force de tirage peut être à volonté reculé ou avancé, élevé ou abaissé. Ce mécanisme consiste en un étrier muni d’une chaîne qu’on voit en 2’, figure 11, qui représente une vue perspective de cette charrue ; cet étrier est aussi représenté plus exactement dans toutes ses parties, fig. 22 — 25. La bande inférieure plate de cet étrier, auquel est fixée la volée, peut être, au moyen de la chaîne qui y est fixée, accrochée à la longueur qu’on le désire, à un crampon fixé sur l’age, à 7 pouces environ en avant du contre. L’étrier décrit un cercle autour du boulon par lequel ses deux branches sont fixées à l’age ; ainsi, en allongeant ou en accourcissant la chaîne, la partie inférieure de l’étrier peut être portée en avant ou en arrière, plus haut ou plus bas. En plaçant le boulon dans l’un ou l’autre des trois trous qui se trouvent sur les branches de letrier, on peut aussi le placer ou plus haut ou plus bas; de sorte qu’on peut toujours lui donner la position convenable. Avec quelque habitude et sans aucune connaissance théorique, chacun sera en état de lui donner la disposition qu’exigent la nature de la terre et la profondeur du labour.
- Les anciennes charrues de cette espèce qui nous sont venues d’Angleterre, portaient un mécanisme différent de celui-ci, et que je décrirai plus bas lorsque je parlerai delà charrue légère. Mais ce mécanisme n’est pas, à beaucoup près, aussi commode que celui-ci, et n’est pas assez solide lorsqu’on emploie une force considérable. Le régulateur perfectionné que je viens de décrire garantit l’age de toute rupture, même avec le plus grand emploi de force, puisque le point où la puissance agit principalement se trouve placé fort loin en arrière, et à l’endroit où l’age a le plus de force, sans que pour cela la pointe de l’age cesse de maintenir parfaitement la charrue dans sa direction. Je conseille aux personnes qui ont reçu d’Angleterre des charrues munies de l’ancien régulateur, de le faire remplacer par celui-ci. Cependant , pour ces charrues, l’étrier n’a pas besoin d’être aussi grand que celui qui est dessiné ici, parce que la pointe de l’age s’y trouve placée plus bas.
- §. 41.
- Lorsqu’en labourant dans une terre extrêmement difficile, on a à prendre une profondeur de plus de 8 pouces, on est forcé d’employer trois ou quatre chevaux; je conseille alors de les atteler de front, au moyen d’une
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- volée disposée pour cela. Si on les attelle l’un, devant l'autre, et qu’ils soient à-peu-près de même taille, le tirage des chevaux de derrière se fait sur une ligne plus oblique que celui des chevaux de devant; et par conséquent ceux de derrière tendent à faire sortir la charrue de terre, tandis que ceux de devant tendent à l’y faire entrer. Il est vrai qu’on peut appliquer ici le principe que la direction du tirage sera réglée par un terme moyen entre ces deux angles ; mais ce ne sera que dans la supposition que les deux forces agiront ('gaiement dans chaque moment. Gela arrive assez rarement dans le travail : tantôt ce sont les chevaux de derrière, tantôt ce sont ceux de devant qui donnent un plus fort coup de collier, et aussitôt la charrue se soulève ou s’enfonce, ce qui forme un sillon inégal. Les forces se détruisent ainsi réciproquement tour-à-tour, et j’ai l’expérience que trois chevaux ne font, de cette manière, guère plus d’ouvrage que deux, et font un mauvais labour.
- La barre plate horizontale du régulateur est percée de sept trous, au moyen desquels on peut accrocher la volée plus à droite ou plus à gauche : -dans le premier cas, la charrue prend une plus grande largeur de sillon; elle en prend moins dans le second.
- §. 4 2.
- LES MANCHES,
- Si la charrue éprouvait toujours une résistance égale, on pourrait facilement la porter au degré de perfection nécessaire pour exécuter un labour régulier sans l’aide de la main du conducteur ; et c’est réellement ce qu’on observe avec une charrue bien construite, dans un sol homogène, sans pierres et sans racines. Mais comme il arrive rarement que la charrue parcoure un espace un peu considérable sans rencontrer quelque obstacle accidentel, ou sans qu’il survienne quelque changement dans la pression qui s’exerce sur quelqu’une de ses parties, elle peut d’autant plus facilement être détournée de sa direction, qu’elle est construite d’une manière plus parfaite. Il est donc nécessaire que le conducteur puisse corriger promptement la mauvaise direction qu’elle pourrait prendre ; ainsi, dans la construction d’une bonne charrue, il est également important que le conducteur puisse s’apercevoir, sur-le-champ, de tout changement qui survient dans sa direction, et qu’il ait à la main un moyen de corriger cet écart le plus facilement possible,
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- C’est à cela que servent les manches; dans notre charrue, leur action se porte le plus près possible du centre de la résistance, et ils se prolongent en arrière autant qu’il est nécessaire pour former un puissant levier, au moyen duquel on peut donner à la pointe de la charrue la direction convenable, avec un très-léger effort. On voit par les figures, qu’ils diffèrent beaucoup de la construction ordinaire, dans laquélîe ils sont assemblés au talon du sep. L’action qui s’exerce sur eux acquiert ainsi beaucoup d’énergie, parce qu’ils forment un plus long levier : il faut par conséquent la modérer ; c’est pourquoi cette charrue exige plus d’usage et plus de légèreté dans la main que les charrues ordinaires.
- §. 43.
- DE L’INTRODUCTION DE LA CHARRUE DE SMALL DANS UNE EXPLOITATION AGRICOLE.
- Quiconque cultive un sol de 6 pouces de profondeur au moins, passablement nettoyé par la culture antérieure, mais du reste fort et consistant, peut se promettre les plus grands avantages de l’adoption de cette charrue. On peut se procurer les pièces de fer fondu qui entrent dans sa construction , soit aux fonderies du Harz, soit dans celle du comté d’Einsiedel en Saxe, et probablement on les trouvera bientôt dans beaucoup d’autres localités ; car il a été expédié des charrues de cette espèce dans presque toutes les parties de l’Allemagne, tant de Flotbeck que de Hanovre. Un ouvrier intelligent pourrait aussi, d’après les dessins exacts que j’en donne, exécuter les modèles pour les faire couler. Je crois qu’on ne sera pas embarrassé sur l’assemblage et la forme des parties en bois, si on consulte avec attention les figures, avec l’aide du compas et des échelles, et si en même temps on étudie, dans ce traité, les principes d’après lesquels chaque partie doit être construite. Toutefois le modèle, qui a été exécuté à Hanovre par M. EngelAe, contribuera à prévenir toute erreur et tout malentendu.
- §. 44.
- On doit s’attendre à éprouver quelques difficultés lorsqu’on voudra habituer les garçons de charrue à l’usage de celle-ci. Le chef de L’exploitation ne doit la confier qu’au plus adroit et au plus intelligent d’entre eux; au commencement, il doit souvent accompagner lui-même la charrue dans le
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- travail. Le premier champ sera certainement très-mal labouré. Mais bientôt on trouvera le moyen de la diriger; si on sait bien s’y prendre, le garçon qu’on en aura chargé vantera bientôt lui-même les avantages de la charrue, et n’oubliera pas de parler de l’adresse qu’il faut pour la conduire; cela excitera l’émulation des autres qui voudront aussi l’essayer. Le premier se moquera d’eux lorsqu’il verra la charrue sortir de terre à chaque pas, et ne manquera pas de leur reprocher leur maladresse ; bientôt l’amour-propre s’en mêlera, et chacun voudra dire qu’il est aussi en état de la conduire. On ne doit alors la confier à un ouvrier que comme une espèce de faveur, et faire remarquer à tous la supériorité des récoltes sur les terres qui ont été labourées avec cette charrue; supériorité qu’on est toujours sûr de rencontrer à circonstances d’ailleurs égales. J’ai vu, par ces moyens, introduire très-promptement'cette charrue dans plusieurs exploitations ; mais j’ai vu aussi que lorsqu’on a voulu trop se presser, et en forcer l’adoption par des menaces, des promesses ou des présens, le résultat n’a pas été aussi favorable, et on a fini par être forcé d’abandonner l’instrument.
- §. 45-
- CONDUITE DE LA CHARRUE,
- Celui qui veut conduire cette charrue, doit, avant tout, chercher à se déshabituer de la forte pression qu’il faut exercer sur les manches des charrues ordinaires, et de la position inclinée du corps qui est nécessaire pour produire cette pression. Le laboureur doit appliquer les mains à cette charrue comme s’il voulait plutôt la soulever que l’abaisser ; c’est-à-dire qu’il doit placer le plat de la main en-dessous des manches, et le pouce en-dessus. Pour cela, il faut s’habituer à marcher le corps droit et non pas courbé en avant, Ceux qui sont habitués à conduire la houe à cheval, y réussiront bien plus facilement que les laboureurs dont les bras se sont enroidis à conduire la charrue ordinaire. Lorsqu’on veut commencer un sillon, on doit soulever les manches pour faire pénétrer la charrue; mais aussitôt qu’elle est en terre, on doit appuyer légèrement, jusqu’à ce qu’elle soit dans une position horizontale. Dans un sol uni la main gauche reste en repos, mais avec la droite on doit donner de temps en temps une légère pression vers le bas, et de côté, principalement lorsque la terre qu’on retourne est tenace. Aussitôt qu’on s’aperçoit que la pointe de la charrue tend à se sou. lever et à sortir de terre, on soulève légèrement les manches; et lorsqu’au
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- contraire elle veut trop s’enfoncer, on exerce une pression modérée par derrière. Pour le maintenir dans une direction parallèle au sillon, on doit jeter les yeux, non pas sur le coutre, mais sur la pointe de l’age, et observer la position de celle-ci sur le sillon. En effet, c’est par la pointe de l’age que tout écart se fait principalement remarquer, et lorsque le corps de la charrue commence à s’écarter de sa direction, l’age fait déjà un écart beaucoup plus considérable. S’il s’écarte vers la gauche, on doit porter le talon du sep sur la gauche contre l’ancien guéret, de manière à reporter la pointe vers la droite; si, au contraire, la pointe se rapproche un peu trop du sillon précédent, on doit faire faire aux manches un mouvement sur la droite, Mais on doit modérer beaucoup ces mouvemens, et ne pas y procéder avec trop de force ; car les manches agissent ici comme un puissant levier sur le corps de la charrue. On ne doit exercer ces mouvemens que de temps en temps, et dans un sol inégal, ou lorsqu’une résistance accidentelle le rend nécessaire. Si on est forcé de faire continuellement le même mouvement, c’est un signe et une preuve que le régulateur de la charrue n’est pas bien établi.
- §• 46-
- ATTELAGE DE LA CHARRUE.
- On peut atteler à cette charrue des bœufs aussi bien que des chevaux, pourvu cependant qu’on ne soit pas forcé d’atteler plus de trois bœufs. Ils ne doivent pas être attelés au joug, et avec une perche roide, mais avec des traits. Les colliers sont ici, comme par-tout, le meilleur moyen d’attelage. U est probable que des bœufs attelés au joug donneraient trop souvent à la charrue des secousses de côté,
- §• 47'
- PRIX DE CETTE CH AUI! UE.
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- Quoique cette charrue se soit vendue jusqu’ici 5o thaler et plus, cependant c’est la moins chère de toutes celles que je connaisse. Elle dure au moins trois fois autant qu’une autre charrue, et excepté le rechaussement du soc, elle n’exige absolument aucune réparation. J’en emploie une à tous mes travaux, depuis cinq ans, dans une terre forte, qui use beaucoup les charrues, et elle est encore aussi bonne que lorsqu’elle était neuve.
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- Lorsqu’on aura payé la nouveauté, ainsi que les dépenses des premiers essais de construction de cette charrue, elle ne doit pas coûter plus de 18 tha-ler. La fonte de fer qui entre dans sa construction pèse à-peu-près 76 livres, et coûte aux forges 5 thaler, les autres parties en fer forgé valent à-peu-près 8 thaler, et les parties en bois ne doivent pas coûter plus de 3 ou 4 thaler; bien entendu en supposant qu’un ouvrier ait à construire beaucoup de ces charrues, et ait acquis l’habitude de leur exécution. Aussi long-temps qu’on sera forcé de faire faire soi-même toutes les pièces de cette charrue, et de les faire assembler, elle coûtera le triple de sa valeur réelle. D’ailleurs lorsqu’un habile modeleur comme M. Engelke a donné ses soins à un instrument de cette espèce, il est bien juste qu’il fasse payer son temps.
- §• 48-
- CIRCONSTANCES DANS LESQUELLES CETTE CHARRUE NE CONVIENT PAS.
- L’usage de cette charrue est recommandable sous tous les rapports, dans les terres fortes ou de consistance moyenne, lorsqu’on peut et veut y labourer au moins à 5 pouces de profondeur. Pour un labour moins profond, comme de 3 pouces, on peut aussi l’exécuter avec un peu d’habitude; mais alors l’avantage n’est pas assez grand pour compenser la peine qu’entraîne nécessairement un changement dans la forme de la charrue. Le poids considérable de la charrue de Small, qui est de peu d’importance lorsqu’elle doit vaincre une forte résistance, devient un inconvénient lorsque la résistance de la terre est faible. Lorsqu’on a de puissans motifs pour ne pas donner un labour profond, il serait plus à craindre, avec cette charrue qu’avec une autre, d’appi’ofondir le sillon plus qu’on ne le veut. En effet, il est plus facile au laboureur de tracer des sillons profonds avec cette charrue, que d’effleurer seulement le sol, sur-tout lorsqu’il n’est pas très-exercé ; et le tirage n’exige pas beaucoup de forces de plus. Dans les sables sans consistance, il y aurait peu d’avantage à l’inJ;roduire, parce qu’on ne pourrait guère y labourer avec moins de deux chevaux, et que dans un sol de cette nature, ceux-ci ne sont guère plus fatigués avec une charrue même d’une assez mauvaise construction. Si on veut introduire là une charrue perfectionnée, je conseillerais la charrue légère, que je décrirai après celle-ci, et avec laquelle on peut labourer dans les sables, à une profondeur suffisante, avec un seul cheval.
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- Cette charrue ne convient pas non plus pour éeroûter un gazon. Une charrue à avant-train, bien construite, me semble, en général, plus convenable pour cela, parce qu’elle conserve mieux l’égalité de l’épaisseur de la tranche dans un labour très-superficiel; elle est excellente, au contraire,, pour rompre un chaume de trèfle (i).
- §• 49-
- On a éprouvé de très-grandes difficultés pour dessiner chacune des parties de cette charrue. Il fallait les représenter de manière qu’on pût en prendre toutes les dimensions d'après l’échelle. Celui qui, après avoir lu ce Traité, examinera les dessins en les comparant entre eux, sera, je l’espère, en état de déterminer avec exactitude la forme et les rapports de chaque partie. Si on veut faire couler les principales parties en fonte, il sera nécessaire d’exécuter les modèles en hois avec la plus grande exactitude. Je crois qu’il est possible de le faire d’après les dessins que j’ai donnés ; cependant, lorsqu’on en sera à portée, je conseillerais plutôt de faire venir les pièces toutes faites. Lorsqu’on les aura, les parties en bois et en fer forgé ne présenteront pas de difficulté dans l’exécution. Les dessins que j’ai donnés des pièces qui doivent être exécutées en fonte, serviront au moins à s’assurer de l’exactitude de celles dont on ferait l’acquisition.
- Comme j’ai développé dans ce Traité mes idées sur la théorie et le mécanisme de la charrue en général, je pourrai abréger la description de celles qui vont suivre.
- (1) Lorsque M. Thaer écrivait ceci, il n’y avait pas encore long-temps qu’il faisait usage de charrues sans avant-train, ses laboureurs n’étaient,, sans doute, pas encore bien familiarisés avec ces instrumens. Depuis, lorsqu’il a écrit les Principes raisonnés d’Agriculture * il avait reconnu que leur usage peut être beaucoup plus étendu qu’il ne l’indique ici. Je-renvoie le lecteur à ce dernier ouvrage, tomé 2e., page 29 de la traduction française*' {Note du traducteur. )
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- Explication des Figures relatives à la charrue de Small.
- (Fig. ire. à 43*0
- Les figures irs. à 6e. ne se rapportent qu’à la théorie de la charrue, et ont été suffisamment expliquées dans le texte.
- Fig . 7 représente la charrue de Small en plan, Tue par-dessous.
- s} Le versoir.
- y x, Son bord inférieur, qui glisse au fond du sillon, et qui forme une ligne droite.
- xs, Sa courbure postérieure.
- w, Le pied de la jambe. On a désigné, par des lignes ponctuées, le soc qui est assemblé sur cette partie.
- a, Le dessous de la pointe du coutre.
- On comprendra mieux cette figure lorsqu’on aura parcouru les suivantes.
- Fig. 8. La charrue vue du côté gauche, en profil.
- A, Le coutre dans sa largeur. (S* i3, i4 et i5.)
- a, La poignée du coutre par laquelle il est fixé dans l’age au moyen de deux coins.
- G, La tige île fer mobile sur un boulon qui traverse le coutre, et qui traverse elle-même une oreille fixée sur l’age.
- Z, Cette oreille.
- i, L’écrou à ailettes qui se visse sur la partie taraudée de la tige, et au moyen duquel on peut élever ou abaisser cette tige, ce qui fait que le coutre se projette plus ou moins en avant.
- F, La jambe , à l’endroit où elle est assemblée dans l’age au moyen d’un boulon.
- r, Ce boulon.
- On verra plus clairement la disposition de cette jambe dans la fig. i3, où elle est désignée par des lignes ponctuées, sous la lettre F. Les fig. 4i, 42? 43, 44 et 43 donnent les détails de cette jambe.
- B, Le soc (fig. i5, 16 et 17). Il est fixé à frottement seulement sur le pied de la jambej il vient s’unir exactement avec les trois pièces de fer,
- C, D, E,
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- D’i^STEXAIElSrS d’aGMCüLTURE .
- h, La pointe du soc qui se trouve à | de ligne plus bas que le reste de la semelle de la cliarrue. (§. 18.)
- C, Pièce de fer qui ne forme qu’un morceau avec la semelle proprement dite. (Fig. 19, 20 et 21.)
- D, La pièce du milieu. (Fig. 3y.)
- E, La plaque supérieure qui, à sa partie antérieure en e, vient embrasser le versoir. Quoique, dans la figure, cette pièce ne monte pas jusqu’à l’age, elle doit cependant venir s’y réunir ; on l’a figurée ainsi, pour qu’on voie mieux l’assemblage de la jambe avec l’age.
- K} Crochet où s’accroche la chaîne du régulateur. (Fig. x 1, K.)
- iJT, L’age.
- N, Le trou au travers duquel passe le boulon du régulateur.
- O, Le manche gauche dans lequel l’age est assemblé en m.
- p, L’extrémité du boulon qui réunit les deux manches.
- Fig. 9. Les lettres indicatives sont, autant que possible, les mêmes que dans la figure précédente.
- En e on voit la partie de la pièce E de la figure précédente, qui vient embrasser la partie antérieure du versoir, et par le moyen de laquelle le corps de la charrue forme en cet endroit un tranchant aigu.
- B, Le soc assemblé sur le pied de la jambe, et dont la douille vient se réunir exactement au versoir.
- h u, Le tranchant de l’aile du soc.
- La pointe seule du soc, et non le tranchant entier, doit s’abaisser au-dessous du niveau de la semelle entière ; il n’a pas été possible d’exprimer clairement cette circonstance dans la figure, parce que, pour faire distinguer le tranchant, on a été forcé de supposer l’oeil du spectateur un peu au-dessus du plan de la semelle.
- Le versoir. (Fig. 27, 28, 29, 3o, 3i, 32 et33.)
- t, Tête d’un boulon au moyen duquel le versoir est fixé sur le manche.
- s, Son bord postérieur.
- Fig. 11. La charrue de Small, dessinée en perspective.
- T, Le régulateur.
- x, Sa chaîne.
- , Le crochet de l’age.
- 3/, Le crochet du régulateur, auquel on fixe la volée.
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- DESCRIPTION
- 62.
- Les autres lettres indiquent les même3 parties que dans les figures precedentes.
- Fig. 12. Cette figure et les deux suivantes représentent l’assemblage en bois de la cliarrue. Celle-ci est vue par-dessus.
- xy , Ligne ponctuée, parallèle au côté droit de l’age, d’après laquelle on - voit la diminution d’épaisseur de l’age en avant et en arrière . diminution qui est prise seulement sur le côté gauche. ($. 38.)
- ov,, Ligne ponctuée, parallèle à la précédente, et tirée de l’extrémité antérieure de l’age. On voit que cette ligne ne passe pas au milieu de l’age dans toute sa longueur, mais passe à droite des deux mortaises du contre et de la jambe.
- O 1, Le manche gauche. Ce manche, dans sa partie inférieure, est bien dans la même direction que le côté gauche du corps de la charrue ; mais, dans sa partie supérieure, il s’incline un peu à gauche. Cette disposition a pour but de placer le conducteur plus directement en face de la pointe de l’age , afin qu’il juge mieux de ses variations.
- O 2 , Le manche droit.
- p y Boulon de fer qui unit les deux manches,
- a, La mortaise du coutre.
- F, La mortaise de la jambe,
- S, Pièce de bois sur laquelle le versoir est fixé, et qui remplit la place entre ce dernier et le manche. Cette pièce est assemblée solidement sur le planche, et elle a exactement la courbure du versoir qui doit s’y appliquer.
- t, Le boulon à vis qui fixe le versoir,
- z, Forte cheville qui unit le manche droit au manche gauche.
- Fig. i3. Les parties de bois de la charrue vues du côté gauche.
- Les lignes ponctuées indiquent suffisamment les mesures qu’on doit prendre lorsqu’on procède à l’assemblage de la charrue.
- C, Est un morceau de bois en forme de coin qui remplit la place entre la ligne o C} ou la semelle de la charrue, et le manche gauche. La semelle de 1er s’applique sur cette ligne o C.
- Les autres lettres indicatives indiquent les mêmes objets que dans les figures Fig. 14. Vue du côté droit.
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- D’iA'STR CME2ÎS I)’-4GRICULTURJ!.
- ’O 2 , Le manche droit.
- S, Surface courbe du morceau de bois indiqué sous la même lettre, fig. 12.
- Fig. 26. Les parties en bois de la charrue en plan par-dessous.
- Comme la charrue a déjà été représentée sous cet aspect, fig. 7, cette nouvelle figure n’est destinée qu’à faire voir par-dessous la pièce de bois c désignée fig. i5, o C, sur laquelle doit se fixer la semelle de fer. On y voit aussi comment la pièce de bois S, qui doit recevoir le versoir, est appliquée au manche droit.
- Fig. 15, 16, VJ et 18 présentent le soc sous dilférens aspects.
- Fig. i5, en plan par-dessous.
- bc, Le tranchant.
- ef, La partie repliée qui embrasse le pied de la jambe du côté gauche.
- a, L’oreille repliée du côté droit.
- Ce sont ces deux parties qui forment la douille par laquelle il est fixé sur le pied de la jambe.
- d, Le bord par lequel il se réunit au versoir.
- Fig. 16. Le profil du côté gauche du soc.
- e f, La partie repliée, désignée par les mêmes lettres dans la figure précédente.
- bx, La ligne courbe supérieure du soc, depuis sa pointe jusqu’au point où il se réunit au versoir, en suivant la face gauche.
- Fig. 17. bc, La longueur du tranchant. >
- a, L’oreille repliée vue dans toute sa hauteur.
- Fig. 18. Le soc vu par derrière, ou par la partie qui s’assemble sur le pied de la jambe.
- e et a, Les deux parties repliées qui forment la douille, (e et a, fig. i5.)
- c, Le tranchant. (c, fig. i5. )
- d, Le bord postérieur qui s’unit au versoir.
- Fig. 1 g, 20 et 21. Le fer de semelle vu de trois côtés.
- Fig. 19. Yu par son intérieur»
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- 64 DESCRIPTION
- de, La surface inférieure de la semelle.
- xy, Le pan-coupe par lequel l’angle se trouve renforcé, comme on le voit plus clairement, fig. 21, sous les mêmes lettres.
- ab, Sa longueur totale.
- ad, Ligne oblique qui forme la partie antérieure de la semelle.
- ac, Ligne oblique de la face de terre, comme on le voit plus clairement en a c, fig. 20,
- Fig. 20. Le fer de semelle vu du côté gauche par-dehors, dans la position où il est représenté en C} fig. B.
- Fig. 2 [. Le fer de semelle vu par derrière.
- bu, La face de terre.
- be, La face inférieure, ou la semelle proprement dite.
- Fig. 22. Le régulateur vu par devant, avec une partie de la chaîne qui est fixée dans les deux trous extrêmes de la bande c. (S. 4°*)
- d, Le boulon qui traverse l’extrémité antérieure de l’age , et les dçux branches an du régulateur qui est mobile autour de ce boulon.
- e, La clavette du boulon.
- Fig. a3. Profil du régulateur.
- a, La branche montante avec ses trous. (§. 36—4°-)
- Fig. 24. La bande horizontale c, fig. 22 , vue dans sa largeur.
- La chaîne est fixée dans les deux trous des extrémités. Le crochet, fig. se place dans l’un des cinq autres trous, selon qu’on veut prendre plus ou moins de largeur de sillon.
- Fig. 20. Le crochet auquel se suspend la volée des chevaux.
- Le crochet proprement dit q est mobile dans la chape p. Celle-ci se fixe sur un des trous de la bande horizontale c du régulateur, au moyen du boulon 0 retenu par une clavette.
- Fig. 27-33. Le versoir vu en plan et sous ses divers profils et sections.
- Le versoir est, de toutes les parties de la charrue, la plus difficile dans son exécution. Les figures le présentent, je crois, avec assez de détails, pour qu’on puisse exécuter le modèle, en y apportant un peu d’attention.
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- D?I>TSTKU3.1E3«TS X>’AGRICULTURE.
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- Fig. 27. Le versoir en plan vu par-dessus.
- ad , Son bord supérieur.
- a b, La courbure de son bord postérieur.
- bc, Son bord inférieur qui glisse au fond du sillon.
- ex, Bord antérieur qui vient se joindre au soc.
- Le quadrilatère irrégulier a b cd, est ici supposé plan ; les lignes ponctuées ab, ac, d b, de, ainsi que les profils ad et bc, se rapportent aux lignes ponctuées qui portent les mêmes lettres dans les figures 28-33 j les distances qui se trouvent entre ces lignes, et les profils ou sections qui sont indiqués dans chacune de ces figures, en les mesurant sur l’échelle, indiquent la distance qui doit se trouver entre chacun des points des profils et sections du versoir, et le plan abed. On voit que le versoir, dans sa courbure, ne toucherait ce plan qu’en un seul point, qui est le point a.
- Il sera facile de construire sur chacune des figures 28-33, un calibre (i) qui devra s’appliquer exactement sur chacune des lignes correspondantes du versoir.
- Je supposerai, par exemple, qu’on veut faire le calibre delà figure 28 qui correspond à la ligne ac, fig. 27. On prendra une planche bien unie, d’une longueur suffisante, sur laquelle on tirera un ligne a c dont on déterminera la longueur en pieds et pouces du Rhin, d’après l’échelle j on divisera cette ligne en partie de deux pouces chacune 5 et sur chaque division, on élevera une perpendiculaire, comme on le voit dans la figure 28. On déterminera, d’après l’échelle, la hauteur de chaque perpendiculaire, et on pourra ainsi tracer sur la planche la ligne courbe ao; on coupera la planche selon cette couche, et on aura le calibre qui doit s’appliquer sur le versoir de a en c. On fera de même pour les autres calibres.
- Lorsqu’on aura tous ces calibres, on arrivera, par quelques tâtonnemens, à donner au modèle une courbure parfaitement semblable à celle qui est représentée ici (2).
- ( 1 ) J’emploie ici le mot calibre, quoiqu’il ait quelquefois dans les arts une signification beaucoup plus étendue , pour désigner une espèce de patron, qui s’applique en profil sur une surface pour en déterminer la courbure ou les angles. {Ilote du traducteur.)
- (2) L’auteur indique ici un procédé d’après lequel on peut se faire line idée des diverses courbures du versoir ; ce procédé consiste à courber des fils de laiton un peu forts, selon les courbes des divers profils et sections, à les réunir ensuite sous la forme d’une espèce
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- BESCRIPTIOJSr
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- Indépendamment de la courbure du versoir à chaque point des sections et profils, les figures indiquent aussi l’épaisseur que le versoir en fonte doit avoir à chacun de ces points.
- Fig. 4i-45. La jambe vue sous diverses faces.
- Pour se faire une idée claire de la forme de la jambe, qu’on suppose qu’elle est assemblée comme elle doit l’être dans l’age; qu’on se place ensuite, pour l’examiner, en avant de la charrue, et un peu de côté ; on la verra comme elle est représentée dans la fig. 43- On ne verra cependant pas la partie a b, qui est le tenon assemblé dans la mortaise de l’age. La partie ombrée qui commence en pointe en y , et qui s’élargit en descendant, est une échancrure sur laquelle vient s’appliquer la partie antérieure courbe du versoir. L’angle c, fig. 27 , du versoir, doit venir s’appliquer sur la partie d de la jambe; e est la pointe antérieure du pied -, sur laquelle s’assemble le soc.
- La figure 44 présente la jambe vue par derrière. L’extrémité inférieure du manche vient aboutir au sommet de l’angle droit, qui serait formé par une ligne descendant verticalement du point b, et la ligne horizontale d.
- Fig. 4i. Représente la jambe vue du côté de terre.
- ha, Le tenon.
- c, Cavité dans laquelle vient se loger la pointe du fer de semelle.
- Fig. 42. La même , vue du côté du sillon.
- La partie ombrée qui descend en y x e , est la même échancrure qui a été décrite vue par devant; fig. 43 c est le talon.
- Fig. 45- Représente la surface inférieure du pied de la jambe. Les mêmes lettres désignent les mêmes parties que dans les figures précédentes.
- Fig. 34- Représente une des pièces de la muraille du côté de terre.
- d’échafaudage, en les fixant respectivement sur les lignes correspondantes, au-dessus d’une surface plane a, b, c, d, de grandeur naturelle. J’ai omis les détails de ce procédé, parce que , lorsqu’on aura exécuté cet échafaudage, ce qui sera plus difficile que la construction des calibres, on sera bien peu avancé pour la construction du versoir ou de son modèle.
- J’ai remplacé ces détails par ceux que je donne ici du procédé qui, d’après mon expérience , est celui qui présente le plus de facilité pour copier une surface courbe aussi irrégulière que celle du versoir d’une charrue. {Note du traducteur.)
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- b’instiujmens d’agricuxture. 6^
- de, Partie repliée qui vient embrasser la partie antérieure de la jambe. Sa position est indiquée exactement fig. 8, E.
- Fig. 35 est le profil c b de la même pièce. On voit ici son épaisseur, ainsi que les dimensions de la partie repliée à angle aigu.
- Fig. 36 est également le profil dah, fig. 34 de la même pièce.
- Fig. 37. Autre pièce de la muraille, représentée aussi sur son épaisseur, fig. 38. On voit fig. 8, en D, comment cette pièce s’assemble sur le corps de la charrue (1).
- Fig. 3g. Le coutre vu dans son épaisseur par derrière.
- Fig. 4o. Le même, vu de côté aplat.
- Lorsque le coutre doit être employé dans un sol argileux dont la terre végétale est peu profonde, il doit avoir une forme un peu différente ; le talon doit être coupé plus obliquement : sans cela le talon, venant à s’appuyer sur la terre durcie du fond, pourrait faire soulever la charrue.
- (1) L’auteur ne distingue pas clairement les pièces qu’il suppose exécutées en fer fondu, de celles qui le sont en fer forgé ; cependant il paraît évident que les pièces de fonte sont le versoir, le fer de semelle, la jambe, et les deux pièces de la muraille. (Note du traducteur. )
- a
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- DESCRIPTION
- §. 5o.
- LA CHARRUE LÉGÈRE A YERSOIR MOBILE.
- La charrue, qui est représentée ici figure 46*73) a été reconnue la meib leure parmi celles qu’on a employées pour la culture des terres, entre les rayons des plantes, d’après le procédé de Jethro-Tull. La méthode de Tull consistait à semer les céréales en rayons rapprochés, en laissant, après un certain nombre de rayons, un espace d’une largeur de quelques pieds, qui, pendant l’été, reçoit plusieurs labours pour préparer la terre à la semaille suivante: cette méthode a été presque entièrement abandonnée, depuis qu’on a introduit la nouvelle manière de semer en rayons également espacés , et aujourd’hui elle conserve peu de partisans. Cependant on a conservé l’usage de cette charrue pour cultiver les plantes qu’on doit espacer en rayons de deux pieds ou plus. Dans cette classe sont les choux, les pommes de terre, choux raves, betteraves, maïs, colza repiqué, garance, pastel, tabac, etc.
- On construit de ces charrues avec un et avec deux versoirs. Les dernières marchent au milieu entre les deux rayons, et rejettent la terre des deux côtés sur les plantes. Les premières sont employées pour enlever la terre de chaque côté au pied des plantes, et la jeter au milieu de l’espace qui sépare les deux rayons; ensuite, lorsqu’elle est ameublie et qu’elle a reçu les influences de latmosphère, on la rejette contre les rayons au moyen de la charrue à double versoir. Dans les sols meubles et pour certaines récoltes, on emploie la charrue à double versoir, après avoir fait simplement passer entre les lignes la ratissoire à cheval. Cette méthode est, à la vérité, plus expéditive; mais les terres tenaces exigent un travail plus profond, principalement pour certaines plantes dont les tiges et les racines ne pourraient pas s’étendre, si on ne les débarrassait pas de la terre durcie qui les entoure, pour la leur rendre ensuite lorsqu’elle est ameublie. Cela a lieu principalement pour les bet-teveraves, choux-raves ou choux-navets, dont la racine charnue ne peut prendre sa croissance que dans une terre meuble. Pour ces plantes, on doit enlever plusieurs fois alternativement la terre près des lignes, pour la leur rendre ensuite. Une terre tenace jouit, par ce moyen, de tous les avantages de la jachère; elle est ameublie, exposée à l’influence de l’atmosphère, et nettoyée de mauvaises herbes.
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- d’instruments d’agricultukjs. S. Si.
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- Comme les lignes de plantes ne sont pas toujours à égale distance, les versoirs de ces deux espèces de charrues doivent être disposés de manière à pouvoir être rapprochés, à moins qu’on n’ait une charrue particulière pour chaque distance des lignes. On a imaginé pour ce la différentes constructions ; mais la plus avantageuse est, sans contredit, celle que je vais décrire.
- Cette charrue est construite sur les principes de celle de Smaîl; seulement on l’a appropriée au but qu’elle doit atteindre : elle ne doit pas labourer aussi profondément, ni soulever autant la terre; c’est pourquoi son versoir n’a pas autant de courbure. Elle n’a pas à vaincre autant de résistance, aussi ses parties sont moins fortes, et elle est plus légère; elle n’exige , pour cette raison, qu’un cheval. Elle est très-facile à conduire, et on peut approcher avec elle très-près de la ligne des plantes sans les blesser. Elle retourne parfaitement la terre, et la place au milieu de l’intervalle lorsque le versoir est disposé pour cela. Lorsque les lignes ne sont espacées que de 11 pouces, on peut aussi, en élevant la terre au pied d’une ligne, la jeter sur la ligne voisine ; et, en répétant ce travail tous les quinze jours ou trois semaines, la terre est parfaitement bien cultivée. Outre ce genre de travail, cette charrue est aussi très-propre à plusieurs autres usages : elle exécute parfaitement les demi-labours, opération qui consiste à rejeter une bande de terre sur une autre bande non retournée, ou à couvrir la bande non retournée par deux bandes, afin de disposer la terre en billons très-étroits, et d’exposer ainsi la plus grande surface possible à l’action de l’atmosphère.
- Cet instrument convient bien aussi pour tracer les sillons dans lesquels on veut semer. Dans tous ces cas, un cheval suffit pour le conduire.
- En voilà assez sur cet instrument que je recommande fortement à toutes les personnes qui veulent cultiver des récoltes sarclées en place de jachère sur un sol tenace et argileux, et donner à cette culture toute la propreté de celle des jardins. Dans les sols meubles, le même geni’e de culture peut s’exécuter avec la houe à cheval perfectionnée, que je décrirai ci-après, ou avec la charrue anglaise à double versoir. Plus le sol est tenace, plus le soc doit être long et étroit; dans sa partie postérieure, il ne doit pas avoir plus de largeur, et sa forme doit être à-peu-près celle d’un fer de lance, afin qu’il pénètre plus facilement dans un sol tenace.
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- D-ESCR-IFTIOÎC
- Explication des Figures relatives à la charrue légère à -versoir
- mobile.
- Fig. 46. La charrue vue du côté gauche.
- Fig. 47* La même, rue du côté droit.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes parties dans les deux figures.
- A , Le coutre assemblé dans une entaille sur le côté de l’age, et non dans une mortaise placée au milieu. On trouvera le motif de cette disposition
- (§• i4).
- b, Plaque de fer qui assujettit le coutre dans l’entaille. Cette plaque est traversée par une vis de pression qui maintient le coutre dans sa position. ( Voyez fig. 5a.)
- C, Le soc qui est assemblé sur le fer de semelle.
- D, Le fer de semelle.
- E, La plaque de fer qui forme muraillé, en fermant ce côté de la charrue-Elle ne descend pas tout^à-fait jusqu’au fer de semelle, l’intervalle est rempli par la pièce suivante.
- m, Petite plaque de fer qui remplit cet intervalle. Comme cette partie de la charrue est particulièrement sujette à s’user, on a placé ici une pièce particulière, pour ne pas être forcé de renouveler la muraille entière.
- F, La jambe en bois assemblée dans l’age.
- G, Crampon qui sert à arrêter la pièce suivante.
- H, Arc-boutant à charnière, fixé sur le versoir, et qui passe dans le crampon G, où il est fixé au moyen d’un boulon. Cette disposition permet de donner plus ou moins d’écartement au versoir.
- J, L’age.
- K, Le manche gauche dans lequel s’assemble l’age en i.
- L, (fig* 4?• ) Le versoir mobile.
- n 71, Deux charnières qui unissent le versoir à la jambe.
- M, Feuille de forte tôle qui recouvre la jambe.
- Fig. 48, Les parties de bois de la charrue vues en plan par-dessous.
- op, Longueur et largeur de la pièce de bois à laquelle le fer de semelle est fixé. Quoique cette pièce occupe la place de celle qu’on nomme sep dans la plupart des charrues, on ne peut lui donner ce nom, parce que ce n’est pas sur elle, mais sur le fer de semelle, que le soc est emmanché.
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- d’utstrumeits d’agriculture.
- 71
- Fig. 49- Les parties de bois de la charrue vues en plan par-dessus.
- J, L’age.
- K, Le manche gauche.
- f, Le tenon de la jambe.
- a, L’entaille dans laquelle se loge le coutre.
- G} Le crampon qui sert à fixer l’arc-boutant.
- xy } Ligne droite parallèle à la face droite de l’age, qui fait voir comment la diminution d’épaisseur de l’age se prend seulement sur le côté gauche.
- Fig. 5o. Vue du côté gauche des parties de bois de la charrue.
- F, La jambe assemblée dans l’age par son tenon f.
- a, L’entaille pour le contre.
- P , Pièce de bois en forme de coin, qui remplit l’espace entre le manche gauche et le fer de semelle.
- ho, Boulon à écrou qui traverse l’age, le manche, la pièce de bois en forme de coin, et le fer de semelle, et par lequel toutes ces pièces sont assemblées.
- e w, Autre boulon à écrou, qui traverse et assemble l’age, la jambe et le fer de semelle.
- Fig. 5i. Les parties de bois de la charrue vues du côté droit.
- F, La jambe.
- n n, Entailles dans lesquelles les deux charnières du versoir sont logées et clouées.
- L, Le manche droit chevillé sur le manche gauche, comme on le voit en K-
- On a dessiné au trait, à l’extrémité antérieure de l’age, la position que le régulateur y occupe.
- Fig. 52. Détails de la plaque de fer b, fig. l\& 1 qui assujettit le coutre dans l’entaille de l’age, au moyen de la vis de pression cL
- Fig. 53. Le régulateur par le moyen duquel on dispose la charrue pour prendre plus ou moins de profondeur, plus ou moins de largeur de raie.
- A, Le régulateur vu de profil. Il est fixé sur l’age au moyen d’un boulon c,
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- /
- DESCRIPTION
- autour duquel il est mobile. Au moyen des cinq trous qui se trouvent dans les ailes d, la partie antérieure a du régulateur peut s’élever ou s’abaisser.
- A cet effet, l’age est percé d’un second trou entre les deux ailes d; ce trou est traversé par un boulon mobile qui traverse aussi les trous de l’aile ; lorsqu’on place ce boulon dans un trou inférieur de l’aile, on élève ainsi la partie antérieure du régulateur, et on- donne par conséquent plus d’entrure à la charrue, et vice versa.
- B, Le régulateur vu par-dessus.
- a j Tête du régulateur dans laquelle se trouvent cinq trous par le moyen desquels on peut disposer la charrue pour prendre plus ou moins de largeur do raie.
- b, Le crampon auquel s’attache la volée des chevaux, et qui se fixe sur l’un ou sur l’autre des cinq trous de la tête.
- Fig. 54-6o. Le versoir (1) vu en plan et dans ses diverses coupes et
- Les détails analogues dans lesquels nous sommes entrés en parlant du ver-soir de la charrue de Small, nous dispenseront de répéter ici l’explication des coupes et profils, et la manière d’en faire usage.
- e, f, Les deux charnières qui unissent le versoir à la jambe.
- g> L’arc-boutant à charnière, avec les trous dans lesquels on fait passer le boulon qui traverse le crampon qui est fixé sur l’age, selon qu’on veut donner plus ou moins d’écartement à la partie postérieure du versoir.
- Fig. 6r et 62. Plaque de fer forgé m, fig. 46. Elle est représentée ici vue sur sa largeur et son épaisseur.
- Fig. 63. Feuille épaisse de tôle quirecouvre la jambe. (Af, fig. 47-)•
- Fig. 64. La muraille en fer fondu, dont l’épaisseur est d’environ un quart de pouce. (iT, fig. 46.)
- Fig. 65-68. Le fer de la semelle vu sous ses diverses faces. Cette pièce est en deux parties, qu’on voit de profil ou sur leur épaisseur; fig. 66 et 67,
- (j) L’auteur ne dit pas si ce versoir est construit en fonte; cela paraît évident, d’aprè* les épaisseurs qu’il lui donne dans ses diverses parties. ( Note du traducteur. )
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- d’instrujuexs d’agriculture. ^3
- et sur le plat, fig. 65 et 68. Ces deux pièces, qui se réunissent à plat, et qu’on pourrait aussi construire d’un seul morceau, s’assemblent sous la pièce de bois op py fig. 48, l’extrémité a directement sous le talon, et la partie montante c, appliquée derrière le talon. L’extrémité b vient se loger en e, et la douille du soc s’assemble ou s’emmanche sur la pointe antérieure d.
- Cette pièce se fait ordinairement en deux morceaux, afin qu’on ne soit pas obligé de renouveler le fer de semelle en entier lorsque le talon est uséj on change seulement la pièce b, c.
- Fig. 69. Le soc vu par-dessous.
- b, La douille formée de deux parties repliées.
- c, La pointe de l’aile.
- Lorsque cette charrue est destinée uniquement à cultiver entre les lignes des plantes, principalement en terre argileuse, on peut ne donner que moitié de largeur au soc.
- Fig. 70. Le soc vu par derrière. On voit l’ouverture de la douille dans laquelle s’emmanche la pointe du fer de semelle.
- Fig. 71. Le soc vu du côté de terre. ( C, fig. 46.)
- Fig. 72, 73. Le coutre vu de plat et sur son épaisseur par derrière.
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- DESCRIPTION
- n A / 4
- §• 5a.
- L’EXTIRPATEUR.
- Cet instrument a aussi été appelé cultivateur ou scarificateur; en effet, dans l'innombrable multitude d’instrumens que les Anglais possèdent, les noms varient fréquemment; et, sous le même nom, on désigne tantôt l’un tantôt l’autre ; pour éviter tout malentendu, on y joint ordinairement le nom de l’inventeur. Celui-ci est, parmi tous les nouveaux instrumens d’agriculture, celui qui a obtenu l’approbation la plus générale ou la moins contestée. Il donne à la terre une culture de i pouce et demi à 2 pouces et demi de profondeur, et comme il prend à-la-fois une largeur de 6 pieds, son travail est tellement expéditif, qu’on peut facilement cultiver avec lui 12 morgen de terre dans une journée. On a donné à cet instrument le nom d’extirpateur, à cause de sa grande utilité pour détruire les mauvaises herbes ; chaque fois qu’elles commencent à croître, on peut retourner toute la surface du champ, et par-là, non-seulement détruire les mauvaises plantes dont les graines existaient dans la terre, mais aussi les racines des plantes vivaces, qui finissent par périr lorsqu’on détruit continuellement leurs jeunes pousses. Cet instrument peut donc être d’une grande utilité pour la culture des jachères, et remplacer les fréquens labours qui sont néces— saires pour que leur but soit complètement atteint.
- §• 53.
- Il est aussi très-utile pour la préparation des semailles de printemps, lorsque la terre contient beaucoup de graines de moutarde ou autres mauvaises plantes, comme cela arrive si fréquemment. Pour cela, on ramène à la surface de la terre avec l’extirpateur les semences qui s’y rencontrent, et lorsqu’elles ont germé, on détruit les jeunes plantes avec le même instrument, ensuite on sème dans les rayons qu’il laisse après lui, et qui sont assez profonds pour cela. Dans les sols meubles, on peut avec l’extirpateur épargner entièrement les labours de printemps, lorsque la terre a reçu un bon labour en automne. On commence par herser au printemps, et lorsque la mauvaise herbe a poussé, on la détruit avec l’extirpateur; on herse une seconde fois, et, si on en a le loisir, on répète ces opérations quinze jours ou trois semaines après, pour semer ensuite. Par ce moyen, la surface de
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- B’ii'iSTRüMEi'.S d’aGIU CULTURE. „ K
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- la terre se trouvera très - propi'e et extrêmement ameublie, tandis que la couche qui a été enterrée profondément en automne conservera toute l'humidité de l’hiver, ce qui est un grand avantage dans les terrains légers lorsque le printemps est sec, ce qui nous arrive si souvent. Lorsque l’automne a été favorable, et que j’ai pu faire labourer toutes mes terres dans cette saison, tous mes labours de printemps se font avec l’extirpateur, et sans employer une charrue ; il est vrai que cela ne peut pas s’exécuter tous les ans; par exemple, l’automne et l’hiver de 1801-1802 ont été tellement vieux, qu’il a été impossible de labourer des terrains même assez légers.
- §• 54 •
- Cet instrument est aussi de la plus grande importance pour la préparation des terres destinées aux récoltes jachères. Lorsque le sol a reçu un labour à une profondeur convenable, on passe une ou plusieurs fois cet instrument sur la surface avant la plantation ou la semailte. Les pommes de terre qui, selon qu’elles ont été plantées plus tôt ou plus tard, restent quatre ou six semaines avant de sortir de terre, ont presque toujours besoin qu’on détruise les mauvaises herbes une fois avant qu’on puisse se servir de la houe-à-cheval. On emploie ordinairement pour cela un fort hersage sur les pommes de terre qui commencent déjà à pousser. Cela peut bien être de quelque utilité; mais, d’après mon expérience, cela ne produit pas un grand effet, sur-tout par les temps humides. Si, au contraire, lorsque la mauvaise herbe a poussé, et avant que les pommes de terre sortent de terre, on rompt la surface du champ avec l’extirpateur,il reste parfaitement propre et sans aucune mauvaise herbe. Cette opération paraît même exercer une très-heureuse influence sur la végétation des pommes de terre. En effet, j’ai remarqué qu’elles poussent ordinairement, après cette opération, huit jours plus tôt que dans un terrain semblable, planté en même temps , qui ne l’a pas reçue. Aussitôt que les pommes de terre sont sorties de terre, je fais donner encore un fort hersage, et après cela les jeunes plantes sont aussi propres que si elles avaient été sarclées avec soin.
- On emploie de la même manière cet instrument sur les terres qu’on destine aux plantations de choux, betteraves, choux-raves, tabac, etc. On leur donne le dernier labour plusieurs semaines avant la plantation, et on emploie cet intervalle pour détruire avec l’extirpateur les mauvaises herbes qui repoussent; on obtient par-là que les plantes ont au moins une grande
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- DESCRIPTION
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- avance sur les mauvaises herbes qui viendraient à paraître encore, et celles-ci peuvent ensuite facilement être détruites,dans le commencement de leur croissance, avec la ratissoire à cheval.
- §. 55.
- Cet instrument est très-précieux aussi pour les semailles d’été, des tur-neps, du colza, etc., lorsque la terre a reçu les labours convenables quelques semaines d’avance; on s’en sert pour détruire, immédiatement avant la semaille, toutes les mauvaises herbes, et, si on a assez de temps, on répète deux fois cette opération.
- Dans les sols légers , on peut même se servir de l’extirpateur pour rompre les chaumes,par exemple, lorsqu’on veut semer des turneps d’automne ou du sarrasin sur un chaume de seigle. Dans ce cas, le chaume est sujet à s’amasser en avant des socs, et le travail ne va pas aussi vite, parce qu’on est forcé de s’arrêter souvent pour en débarrasser l’instrument. Cependant, lorsque le conducteur est un peu exercé, et qu’il sait soulever et secouer à propos l’instrument, cela marche assez bien. À la vérité, le travail de la charrue est préférable dans ces cas ; mais souvent le temps manque pour cela, et on est obligé de mettre beaucoup de célérité dans ces secondes semailles.
- §• 56.
- Il est encore beaucoup de circonstances dans lesquelles on peut employer cet instrument avec beaucoup d’utilité. Il n’exige pas plus de temps ni de dépense de force qu’une herse moyenne, et, dans beaucoup de cas, son action est bien préférable ; le hersage qui le suit produit un effet beaucoup plus avantageux. Lorsque, ce qui arrive souvent, on a laissé passer le moment favorable pour un hersage, et que la surface de la terre, étant durcie par la sécheresse ou remplie de chiendent, la herse ne produit que peu d’effet, on ne peut remédier à cet inconvénient plus facilement qu’avec l’extirpateur ; il divise la terre et l’ameublit parfaitement.
- Je viens maintenant à sa description.
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- §. S7.
- Je commence par dire qu’on peut le modifier selon la nature de la terre, et selon le but principal qu’on se propose. Celui qui est représenté ici, planche 9e., est destiné à un terrain meuble et sablonneux, et principalement pour nettoyer la terre des mauvaises herbes; il ne conviendrait pas autant pour enterrer la semence ou pour préparer le terrain au travail du semoir; deux chevaux suffisent pour le conduire. J’indiquerai tout-à-l’heure les changemens qu’il convient d’y apporter pour le rendre propre à diverses opérations. Les figures représentent l’instrument d’une manière claire.
- Dans la 74e, on voit par-dessus ses parties en bois. Les trous dans lesquels s’assemblent les socs sont garnis d’une forte tôle.
- La figure 75e. représente l’instrument en profil.
- La 76e. figure le représente en perspective, établi sur un avant-train ordinaire de charrue à roues égales, et un peu hautes.
- Cet instrument a onze socs : cinq sur la traverse antérieure, et six sur celle de derrière ; ces socs sont placés de manière que ceux du derrière marchent au milieu de l’espace laissé entre ceux de devant. Les socs du devant jettent la terre devant ceux de derrière, et ceux-ci la déplacent encore une fois, de manière que chaque particule de terre est remuée deux fois. On lait aussi des extirpateurs à 9 et à 13 socs. Cela dépend de la force de l’attelage, de la résistance de la terre, ainsi que de la largeur et de la forme des socs. On conçoit que plus il y a de socs, plus la résistance est considérable.
- On peut voir, en comparant la 74e. et la 76e. figures, qu’une partie des socs est assemblée simplement dans les deux traverses, et une partie comme celui du milieu dans le premier rang, et le second et le cinquième dans le second rang sont assemblés non-seulement dans la traverse, mais aussi dans l’age ou dans les manches; ce qui donne à l’assemblage une grande solidité : leurs tiges sont taraudées à leurs parties supérieures, comme le montrent les figures 77, 78 et 83, et elles sont assujetties par un écrou.
- Autrefois on donnait aux tiges des socs du dernier rang un pouce de longueur de plus qu’à celles du premier, afin que ces socs prissent plus de profondeur de terre ; mais l’expérience m’a montré qu’il vaut mieux les faire
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- d’égale longueur; car les socs du derrière ont déjà, sans cela, à supporter la résistance de la terre qui est jetée devant eux par ceux du premier rang.
- §. 58.
- On fait des socs de deux formes différentes, comme on le voit dans les figures de 77 à 83 qui les représentent sous leurs divers aspects.
- Les uns sont ronds et convexes, cependant obtusément pointus par-devant. La figure 80 représente un soc de cette espèce vu par-dessus ; dans la figure 77, il est représenté vu par-derrière; et dans la figure 83, vu de côté. La tige a sa face postérieure plate, et elle est aiguë et tranchante par-devant ; son extrémité inférieure s’introduit dans le trou qu’on voit fig. 80, où elle est rivée par-dessous.
- Les autres sont faits en forme de coin et pointus par-devant; ils sont représentés vus par-derrière, fig. 78; par-dessous, fig. 79; par-dessus, fig.81, et de côté, fig. 82.
- §. 59.
- Les socs que j’ai reçus d’Angleterre étaient de la première forme. Ils conviennent très-bien dans une terre meuble, et lorsqu’on ne veut pas employer l’instrument à enterrer la semence. Mais je préférerais les socs étroits en forme de coin, dans une terre forte, et lorsqu’on destine l’instrument à ouvrir les sillons dans lesquels on veut semer, ou à enterrer la semence répandue sur le terrain préalablement hersé. L’extirpateur, muni de socs en forme de coin, exécute parfaitement ces deux opérations; cependant les socs doivent être plus rapprochés, et leur distance ne doit être que de 10 pouces, au lieu que, dans l’instrument qui est ici représenté avec des socs convexes, ils sont distans de 12 pouces.
- Il me semble inutile de donner une explication plus étendue des figures, parce que la forme de toutes les parties est facile à saisir, et qu’on peut déterminer leurs dimensions au moyen de l’échelle.
- §. 60.
- Comme l’age est disposé obliquement à l’horizon, comme on le voit dans le profil figure 75, et dans la vue perspective figure 76, on peut facile-
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- d’iî,tSTE.0ME3StS d’agriculture. (7P
- ment donner plus ou moins d’entrure aux socs, en avançant ou reculant Fage sur Favant-train.
- Il est nécessaire, sur-tout dans un terrain rempli de mauvaises herbes, que le conducteur soulève et secoue de temps en temps l’instrument. Au moyen de cela, il sera rarement nécessaire de s’arrêter pour débarrasser les socs.
- L’opinion générale des fermiers, en Angleterre, est qu’au moyen del’ex-tirpateur on peut, sur cinq chevaux, en épargner au moins un dans une exploitation rurale, et même que, dans une ferme en sol meuble, on peut, sur six chevaux, en épargner deux (i).
- (1) Il y a neuf ans que j’emploie l’extirpateur, et je puis, d’après mon expérience , confirmer tous les avantages que l’auteur indique ici. Les extirpateurs que j’emploie ne sont pas , à la vérité , de la même construction que celui qu’il décrit ; mais leur effet est absolument le même. J’ai fait construire les miens sur le modèle de ceux à’Hofwil, d’après la description qui se trouve dans les Feuilles agricoles de M. de Fellenberg. C’est d’après l’indication de M. Thaer que j’ai employé cet instrument à remplacer le labour de printemps, dans un terrain qui a été labouré en automne. Je regarde cet usage comme un des plus utiles de l’extirpateur : mais il me semble que l’auteur a eu tort de restreindre ce procédé aux sols meubles et légers 5 d’après mon expérience, c’est sur-tout dans les sols argileux qu’il présente le plus d’avantages. Lorsqu’un sol semblable a été labouré tard en automne ou pendant l’hiver, tout le monde sait combien la superficie se trouve ameublie au commencement du printemps par l’effet des gelées ; si alors on donne un labour à la cbarrue, on perd une grande partie des avantages de cet ameublissement, parce qu’on ramène à la surface une terre compacte qui forme une multitude de mottes. D’un autre côté, il faut une culture pour détruire les mauvaises herbes qui poussent au printemps. Les effets de l’extirpateur sont admirables dans ce cas.
- Pour presque toutes les semailles à la volée, de printemps, d’été ou d’automne, donner un labour à la charrue, herser de suite pour briser les mottes et favoriser la germination des mauvaises graines, semer huit ou dix jours après, et enterrer la semence d’un trait d’extirpateur qui détruit les jeunes herbes, est aussi un procédé qu’on ne peut trop recommander , et qui laisse le sol infiniment plus net de mauvaises herbes que si on eût labouré à la charrue immédiatement avant la semaille.
- Aies extirpateurs ont neuf socs et exigent le tirage de quatre chevaux 5 AI. Thaer y emploie un attelage beaucoup moindre, puisque, pour onze socs, il n’indique que deux chevaux. Je crois que cette différence est due uniquement à la nature de la terre, les miennes étant très-argileuses. D’ailleurs, mes cultures à l’extirpateur se donnent ordinairement à trois pouces de profondeur au moins. (Note du traducteur. )
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- §• 61.
- LE SEMOIR POUR LES GRAINS, SELON LA MANIÈRE DE DECRET.
- Cet instrument, ou plutôt cet assortiment d’instrumens, est le plus simple, le moins coûteux, et le plus facile à construire de tous ceux de ce genre qui ont été imaginés et employés en Angleterre. L’instrument qui ouvre les sillons y est séparé de celui qui répand la semence, et ce dernier est conduit par un second homme ; tandis que, dans la plupart des autres machines de cette espèce, les deux instrumens sont réunis, et exigent par conséquent un conducteur de moins. Comme dans un jour on peut semer avec cet instrument io à ia morgen de terre, on peut compter que les frais de se-maille se trouvent augmentés d’environ un demi-gros par morgen relativement à ceux qu’exigent les autres machines. Cette augmentation est bien compensée par le bas prix de la machine, et le peu d’entretien qu’elle exige.
- Elle a, en outre, l’avantage que s’il se rencontre une faute dans le travail du rayonneur ou du semoir, on l’aperçoit sur-le-champ et on peut la réparer , ce qui n’a pas lieu avec les machines composées. Si le rayonneur n’a pas tracé les sillons assez droits, ou si quelques-uns ne se trouvent pas creusés assez profondément, on ne peut y remédier avant que la semence y soit répandue. De même que si, par négligence, une des lanternes qui répandent la semence vient à s’obstruer, le conducteur du semoir s’en aperçoit aussitôt, et peut répandre à la main de la semence dans le sillon, dans l’espace de quelques pieds, en même temps qu’il nettoie la lanterne, de manière que la faute n’a pas de conséquence. Il est vrai que, daus l’usage de cet instrument comme de tout autre bon semoir, cet accident ne peut arriver que par défaut d’attention ; mais on doit s’attendre à cet inconvénient, lorsqu’on n’a pas encore acquis l’habitude de l’employer, et de porter son attention sur les parties les plus essentielles. En un mot, je conseille à toute personne qui débute dans la culture au semoir, de choisir celui-ci, quoique je convienne que celui de Cook présente réellement de plus grands avantages: i°. parce qu’en y apportant les soins convenables, il est plus durable; a0, parce qu’il règle plus exactement la profondeur à laquelle est enterrée la semence ; 3°. parce qu’il convient à toutes les es-
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- d’i^STÜUMEjS d’aGRICULTURS.
- pèces de grains. Avec notre instrument, on ne peut semer que le froment, le seigle, l’orge, l’avoine et le sarrasin.
- §. 62.
- Dans le 3e. volume de mon Agriculture anglaise, qui paraît en même temps que celui-ci, j’entre dans plus de détails que je ne l’avais fait dans le premier volume du même ouvrage, sur les avantages de la culture des grains en lignes et au semoir, et sur-tout de la culture à la houe à cheval qui en est une conséquence. J’y examine aussi les conditions sous lesquelles on peut espérer de rencontrer ces avantages; je prie le lecteur de joindre ce traité de la culture au semoir, à la description des instrumens que je donne ici; j’ai aussi parlé, dans mon Agriculture anglaise, de l’inventeur de cette culture au semoir, Ducket, et je suis entré dans beaucoup de détails sur ses belles méthodes d’agriculture ; j’y ai indiqué également les motifs d’après lesquels j’ai simplifié l’appareil complet, en supprimant la charrue à semer.
- Il ne me reste plus qu’à donner une description exacte de cet instrument dans toutes ses parties, ainsi que l’explication des figures qui les représentent,
- §.' 63.
- Fig. 84 représente la traverse avec les pieds de houe qui y sont assemblés, le tout vu par-dessus.
- AA, La traverse.
- a a, Les pointes des pieds ou socs.
- b h, Les tiges des socs qui sont assemblées dans la traverse avec des coins. Ils sont ici à neuf pouces, comme la distance èa plus convenable pour les céréales.
- cc , Trous dans lesquels on assemble les tiges des socs, lorsqu’on veut les espacer à douze pouces.
- Ces trous sont garnis, pour la solidité, d’une forte feuille de fer. Lorsqu’on veut semer exclusivement à neuf ou à douze pouces, on peut supprimer une partie de ces trous ; la traverse en est moins affaiblie, et on peut diminuer l’épaisseur de la garniture de fer. Comme je sème toujours les céréales à neuf pouces, mes traverses ne portent des trous qu’à cette distance.
- dd, Frettes de fer pour empêcher que la traverse ne se fende.
- U
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- e e, Crochets mobiles qui s’accroclient dans les trous de la plaque de fer horizontale de l’avant-train, pour le réunir à la traverse qui porte les socs ; c’est au moyen de ces crochets que s’exécute le tirage de cette dernière. (Voyez %. 85, e.)
- ff, Barres de fer, fixées à demeure dans la traverse. (Voyez fig. 85, f.)
- h h, Bras de fer qui donnent plus de solidité aux barres. (Voyez fig. 85 , h. )
- gg, Bandes de 1er traversées à une de leurs extrémités par les barres^, autour desquelles elles peuvent se mouvoir. (Voyez fig. 85, g, et fig. 86.)
- Au moyen des barres ff et des bandes gg, la traverse qui porte les socs se trouve aussi unie à l’avant-train ; mais ce n’est pas par elles que le tirage se fait : elles sont seulement destinées à régler la disposition de la traverse, et à donner plus ou moins d’entrure aux socs, en abaissant ou élevant leurs pointes. On peut ainsi ouvrir des sillons plus ou moins profonds.
- Fig. 96, gj, montre plus clairement la réunion de la traverse à l’avant-train. Ce moyen de réunion est tel que la traverse est mobile à droite ou à gauche, de sorte que le conducteur peut la maintenir pendant quelque temps dans sa direction, dans le cas où le cheval s’en écarte un peu.
- On peut aussi, au moyen des trous qui se trouvent dans la bande, non-seulement donner plus ou moins d’inclinaison en avant à la traverse, mais aussi soulever un des côtés de la traverse lorsque la roue de ce côté marche dans un sillon enfoncé , ou l’abaisser lorsque la roue marche sur un endroit élevé.
- B B, Les manches assemblés sur la traverse par un crampon et une vis. (Voyez fig. 85, B.)
- i, Traverse qui réunit les deux manches. Au moyen de ces manches, le conducteur est maître, jusqu’à un certain point, de la direction des socs, et peut, selon le besoin, les appuyer un peu à droite ou à gauche.
- §. 64.
- La fig. 85 fait voir en profil les principales parties de la houe à cheval. Chaque partie est indiquée par les mêmes lettres que dans la fig. 84-
- k, Le pied de houe, qui est représenté sous ses dillérens aspects, et sur une plus grande échelle, dans les fig. 88 et suivantes.
- La fig. 86 représente, vue de plat et sur une plus grande échelle, la bande qui est indiquée par g dans les fig. 84 et 85.
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- a, Le trou dans lequel passe l’extrémité de la barre f, fig. 84 et 85. Le* autres trous servent à l’élever ou à la descendre.
- La fig. 87 représente la même bande sur son épaisseur.
- Dans la fig. 88, on voit un des pieds de boue en profil. a, Le soc dont la queue recourbée est assemblée à vis avec le pied en b.
- §. 65.
- Fig. 89. Le pied avec sa tige, sans soc.
- c, Crochet qui sert à l’assembler avec le soc en le rivant légèrement, après qu’il a été introduit dans le trou c, fig. 91.
- Fig. 90. Le soc vu par-derrière , ainsi que le pied et sa tige. On voit en a la courbure de la feuille de fer qui forme le soc.
- Fig. 91. Le soc seul vu par-dessus.
- c, Le trou dans lequel est introduit le crochet c, fig. 8g.
- Fig. 92. Le coin au moyen duquel les tiges des pieds sont assujetties dans la traverse. On peut, au moyen des coins, égaliser la distance des socs, en plaçant le coin de l’un ou de l’autre côté de la tige.
- Lorsqu’on fait usage de l’instrument, il est important de faire beaucoup d’attention à cette égalité de distance, soit entre les tiges, soit entre les socs. La manière la plus facile de la mesurer est d’employer un bâton sur lequel on a tracé les distances que doivent avoir les socs, et qu’on doit présenter souvent, parce qu’une tige peut s’être pliée ou être fixée de travers par le coin.
- §. 66.
- Les fig. 95,94, 9^ et 96 représentent l’essieu de l’avant-train avec les pièce* de fer qui sont nécessaires pour accrocher les barres mobiles de la traverse qui porte les houes, et pour donner à celles-ci l’entrure convenable, au moyen des bandes mobiles. (Voyez fig. 84 et 85.)
- Fig. 95. L’essieu vu par-derrière.
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- 8 4 DESCRIPTION
- Fig. g4. Le même vu par-dessus.
- Fig. g5. Le même vu par-dessous.
- Fig. 96. Le même vu en profil et réuni à la traverse qui porte les pieds.
- Fig. g3, O, O, sont des plaques de fer qui présentent une surface horizontale et une verticale.
- Dans cette figure, on voit principalement la surface verticale c c avec ses trous. Elle n’est pas placée immédiatement contre l’essieu, mais elle en est séparée par un espace qu’on voit en n, fig. 94 et g5 ; les parties ee, qui forment des espèces d’oreilles, sont seules appliquées contre l’essieu, et fixées avec des vis. (Voyez ee, fig. 94 et 95.)
- §. 67.
- Pour qu’on puisse se faire une idée claire de la forme de ces plaques de fer, qu’on prenne une feuille de carton mince, et qu’on la coupe selon la ferme de la figure suivante :
- y x x y
- Qu’on plie la partie d en avant à angle droit, ensuite les parties nn, selon les lignes ponctuées xx, aussi à angles droits en arrière, et enfin les parties ee, encore une fois à angles droits en-dehors, de manière qu’elles reviennent former une surface parallèle à la partie c; qu’on imagine ensuite ces parties ee qui forment les oreilles, fixées par des vis à un morceau de bois : par ce moyen, on se formera une idée claire de la chose, et on comprendra facilement les diverses vues présentées par ces figures.
- Dans la fig. g3, on voit les parties c et a de plat, et on ne voit des parties d que leur épaisseur. Au contraire, dans les fig. 94 et g5, on voit les parties d sur le plat, et les parties c et e sur leur épaisseur ; dans ces deux dernières figures, on voit en n la distance laissée entre la partie c et l’essieu.
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- Dans les trous qui se trouvent sur la surface c, on place un boulon qui traverse également la bande de fer g, comme on le voit fig. 96. Cette bande se place verticalement dans l’espace qui est laissé entre la partie c et l’essieu et on la fixe plus ou moins liaut en faisant passer le boulon dans l’un ou l’autre de ces trous. La partie c de cette plaque de fer porte plusieurs trous, afin qu’on puisse toujours placer la traverse qui porte les socs, de manière que le premier soc soit éloigné de la roue de neuf ou douze pouces, selon 1^ distance que l’on veut mettre entre les lignes. En effet, la roue devant toujours marcher dans le dernier sillon du trait précédent, le premier soc doit être éloigné de la roue de la distance qu’on veut mettre entre les sillons.
- Les trous qui se trouvent sur la surface d servent à accrocher la tringle mobile de la traverse des houes. On y a fait plusieurs trous, par le même motif que je viens de le dire pour la surface c.
- §. 68.
- Fig. 93, gg, sont l’extrémité des brancards de la limonière qui sont fixées sur l’essieu.
- h, L’épaisseur de la traverse de la limonière qu’on voit en h, fig. 94.
- Cette limonière est fixée sur l’essieu par le moyen des crampons ii} fig. 945 au milieu de chacun de ces crampons passe un boulon qui traverse le brancard et l’essieu, et qui, en-dessous, traverse encore, pour plus grande solidité , l’extrémité du bras k, fig. 96. Ce boulon est serré en-dessous par un écrou.
- Une seule roue est représentée ici, l’autre n’est que ponctuée.
- Derrière la roue, une rondelle de fer est placée sur l’essieu, afin que celui-ci ne puisse pas glisser dans sa longueur, ce qui ferait varier la distance des roues, et nuirait à la régularité du travail.
- b b, sont des rondelles de bois mobiles, par le moyen desquelles on peut changer la distance des roues, selon qu’on veut semer à neuf ou douze pouces. Pour cela, on place ces rondelles soit devant, soit derrière le moyen de la roue.
- Les lettres des fig. 94 et q5 correspondent à celles de la fig. 90.
- Des courroies qui passent dans les petits crampons mm, fig. 94, fixent l’extrémité de la limonière au harnois du cheval.
- Le crampon f sert à y accrocher l’anneau du palonnier.
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- DESCRIPTION"
- §• 69-
- La houe à cheval de Ducket ne portait que les pieds représentés fig. 88 à g i. Quoique, par leur légère convexité, ils jetassent un peu de terre sur la ligne des plantes , il me parut qu’ils n’en jetaient pas assez lorsque les plantes avaient acquis déjà un peu de hauteur. Je fis en conséquence adapter à ces pieds des sabots formés d’une feuille épaisse de fer comme celui que je représente ici.
- La fig. 97 représente ce sabot avec le pied vu en perspective. Ce sabot fait en petit les fonctions d’une charrue à double versoir; sa partie antérieure convexe soulève la terre, et les deux faces latérales l’amoncèlent sur la ligne des plantes. Au moyen de cet instrument, j’ai pu, non-seulement buter les céréales à quelques pouces de hauteur, détruire les mauvaises herbes entre les lignes, et, en fournissant aux plantes de la nouvelle terre, favoriser considérablement leur accroissement j mais j’ai trouvé aussi que, pour la semaille, je pouvais avec lui ouvrir des sillons suffisamment profonds et très-droits, beaucoup plus facilement qu’avec la charrue à semer. Ce sabot se fixe au moyen d’un boulon à vis sur la tige du pied, dans laquelle on a ménagé à cet effet un trou, comme on le voit fig. 88 et 8g, en x.
- Comme, par un fréquent usage, ces feuilles de. fer s’usent promptement, et qu’il est un peu embarrassant de les monter et démonter au moyen des vis, je ferai faire pour le même usage des pieds à part, à-peu-près comme celui-ci.
- Fig. 98 le représente vu par-derrière.
- Fig. 99, en profil.
- §. 70.
- Lorsqu’une terre argileuse s’est durcie à la suite d’une longue sécheresse, de manière que les pieds des houes ne peuvent plus y pénétrer, il faut bien se contenter d’en gratter la surface. Tout le monde connaît les bons effets que produit au printemps le hersage dans cette circonstance. On peut produire le même effet d’une manière beaucoup plus énergique entre les lignes des plantes, au moyen des pieds suivans.
- La fig. 100 représente ces pieds vus par-derrière et en profil.
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- On les monte en place des autres pieds sur la traverse ; en les élevant ou les abaissant, on peut les faire pénétrer plus ou moins profondément dans la terre. Comme leurs pointes sont aiguës et tranchantes, la terre la plus dure ne peut leur résister. Ils préparent très-bien la terre pour y passer ensuite les autres pieds de boue, parce que la terre, après avoir été grattée à sa surlace, se laisse très-facilement humecter par les rosées ou par la moindre pluie. On trouve des pieds semblables dans le semoir de Cook, qui les a nommés scarificateurs.
- §• 71*
- DES DIVERSES PARTIES DU SEMOIR, SOUS DIFFÉRENS ASPECTS.
- Je vais commencer par donner une idée de la machine dans son ensemble.
- Fig. 107 représente le derrière de la machine, et la fig. 101 , le cylindre du semoir, qui est fixé sur les roues, et qui, par conséquent, tourne avec elles.
- Les lanternes qui se trouvent sur ce cylindre, et qui sont formées par des entailles dans le bois, sont placées au-dessous des ouvertures qui se trouvent au fond de la boîte à semence, et qu’on voit fig. 112.
- Au-dessous des lanternes, sont des entonnoirs de fer-blanc fixés non pas au cylindre, mais au fond de la boîte à semence, de sorte que les lanternes tournent librement au-dessus des entonnoirs. On voit, fig. 110 et 111, en b, la place dans laquelle tourne le cylindre, entre le fond de la boîte à semence et l’ouverture des entonnoirs.
- §• 72*
- Fig. 102, io3, io4, représentent, sur une plus grande échelle, la section perpendiculaire à l’axe du cylindre, des lanternes avec leurs entailles ; la fig. 102 représente les lanternes destinées à l’avoine ; la fig. io3, celles qui servent à l’orge et au froment, et la fig. 104, celles qui servent au seigle. La circonférence de ces figures représente la circonférence totale du cylindre et des lanternes. Les ombres indiquent les entailles, et les clairs les dents. On peut comparer le tout à une roue à rochet. I
- Le grain qui se trouve dans la boîte tombe, par les ouvertures du fond, dans les entailles des lanternes, et à mesure que le cylindre tourne, il est versé dans
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- les entonnoirs. Afin qu’il ne puisse se répandre que le grain qui est logé dans les entailles des lanternes, on place derrière chacune d’elles une brosse rude qui est représentée dans son entier, fig. io5 et 106. On voit dans lafig. 107, et dans le profil, fig. 10g, ainsi que dans la coupe, fig. 110, comment ces brosses sont fixées à vis dans une bande de fer horizontale. On les abaisse au moyen de là vis, j usqu’à ce qu’elles touchent la pointe des dents des lanternes. Lorsqu’on veut semer un peu moins épais, on peut serrer les vis un peu plus fort, ce qui toutefois use les brosses promptement.
- La machine disposée comme elle l’est, fig. 107, sème cinq rayons à neuf pouces de distance. Les entonnoirs des deux extrémités, au moyen de leur position oblique, répandent la semence dans les rayons dans lesquels marchent les roues. Si on veut semer en lignes à dix-huit pouces de distance, on ferme les ouvertures des boîtes 2 et 4> fig- 112 ? avec un tiroir qu’on voit en k, fig. 108 et 109. Si on veut semer à douze pouces de distance, on ferme les mêmes ouvertures, mais on retourne les deux entonnoirs des extrémités, de manière à leur donner la position inclinée qui est indiquée par des lignes ponctuées dans la fig. 107.
- Les mêmes tiroirs servent à fermer toutes les ouvertures lorsque, la boîte étant pleine de semence, on veut faire cheminer la machine sans en répandre pour la transporter d’un lieu à un autre. On ferme aussi une partie des tiroirs lorsqu’à la fin d’un champ il ne reste plus cinq sillons à semer, ou lorsque le champ se trouve plus étroit à un bout qu’à l’autre. Au reste, ces tiroirs n’ont pas du tout la destination d’augmenter ou diminuer la quantité de semence répandue, afin de semer plus ou moins épais, et ils ne peuvent pas servir à cela, comme se le persuadent ordinairement les personnes qui voient cet instrument pour la première fois.
- §. 70.
- La machine est poussée en avant par un homme, au moyen d’un manche portant une traverse qu’on voit par-devant, fig. 108, en p, et, de côté, fig. 110. Cette conduite n’exige pas d’autre précaution que de faire marcher les roues dans les sillons formés par le rayonneur, et de placer toujours une roue lorsqu’on commence un nouveau trait dans le premier sillon, qui n’a pas été semé dans le trait précédent. Si une lanterne venait à s’obstruer, ce qui, au reste, n’arrive jamais avec de la semence propre, le conducteur ne peut manquer de s’en apercevoir sur-le-champ. Il est indifférent, à propre-
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- u’isrsTRUMENC- d’agriculture. 8p
- ment parler, que la machine soit poussée vite ou lentement; mais comme la charge est très-légère, le conducteur peut marcher très-lestement.
- Lorsqu’il s’arrête pour remplir la boîte ou pour toute autre cause, il doit placer un support sous le manche ; car, en le laissant tomber à terre et le re- ' levant, il se répandrait inutilement beaucoup de semence.
- §• 74-
- Je vais maintenant examiner avec plus de détail les diverses parties de la machine ; c’est pourquoi je prie le lecteur de me pardonner quelques répétitions.
- La fig. ioi représente le cylindre dont on a ôté une roue.
- Dans ma machine, la roue est fixée sur le cylindre par un boulon de fer placé en a. Cette place est fort incommode, à cause du peu de distance qui se trouve entre la roue et la boîte (voyez fig. 107); le boulon serait beaucoup mieux placé en b, fig. 101 et 107. Derrière la roue, le cylindre est garni d’une rondelle de fer, ou, mieux encore, de cuivre.
- §• 75-
- Mes cylindres sont faits de bon bois de hêtre qu’on a préalablement fait bouillir. Ils se conservent long-temps et ne se déjettent jamais ; mais il faut mettre beaucoup de soin dans le choix du bois. Au lieu de cylindre en bois, on peut aussi se servir d’un barreau de 1er avee des lanternes en cuivre. Cela serait particulièrement nécessaire, si on voulait faire construire une machine plus large, avec un plus grand nombre de lanternes. Un cheval serait alors nécessaire pour la conduire. Un cylindre en bois plus long se déjetterait infailliblement. _ >
- §• 76-
- Dans les coupes des lanternes, fig. 102, io3, 104, on aperçoit des points noirs à la pointe des dents ; ils représentent de petits fuseaux en fil de laiton un peu fort, qui sont placés pour empêcher que le bois ne s’use.
- Le cylindre doit être placé de manière que les dents qui sont représentées à la partie supérieure de ces coupes s’avancent à gauche, et non pas adroite.
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- DESCHIPTIOîï
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- Comme la iig. 107 représente la face antérieure de la machine lorsqu’on la pousse, la partie des lanternes qui est représentée à gauche dans les trois coupes doit se trouver en avant, en sorte que les faces les plus larges des dents s’avancent les premières;, si.elles marchaient en sens contraire, la semence se répandrait très-inégalement..
- §'• 71'
- Fig. 102. Le cylindre à avoine. La-profondeur des entailles dans la direction du rayon est de deux lignes et demie dü Rhin ; la distance en ligne droite entre les pointes des dents est de trois lignes. Le diamètre total est d’un pouce dans toute la longueur du cylindre.
- Chaque entaille de cette lanterne prend en moyenne dix-huit grains d’avoine ordinaire ; comme chaque lanterne a treize entailles, les cinq lanternes répandent, à chaque tour du cylindre ou des roues ,1170 grains. En trois tours la-machine parcourt une longueur de 19 ~ pieds, et répand ainsi 3,510 grains sur une surface de 19 ~ pieds de longueur, sur 5 | pieds de largeur ou de 72 pieds carrés. Cette quantité de grains pèse 6 loth, 1 quentchen, poids de Hanovre (qui est de 4 i pour 100 plus fort que le poids de Cologne ou de Berlin). Par conséquent, il se trouve sur un ruthe carré du Rhin, 12 loth, I f-j quentchen, ou sur un morgen de 180 ruthe carrées, 70 livres 4 loth (1). Le cylindre à avoine de Ducket ne sème pas à beaucoup près aussi épais ; je l’ai fait construire comme je viens de le décrire, parce que je suis convaincu de l’avantage des semailles épaisses pour l’avoine.
- § 78- .
- •
- Fin. io3. Le cylindre à orge , qui sert aussi pour le froment. Les entailles ont ys de ligne de profondeur, et sont au nombre de treize. Chaque entaille prend i3 grains d’orge; ainsi la machine répand, en trois tours, 2,535 grains,
- (1) J’ai conservé à dessein les dénominations originales des poids et mesures, au lieu de lès traduire parles expressions françaises analogues, parce qu’il m’a paru qu’il était moins à craindre ainsi qu’on ne les confondit avec les mesures françaises. J’ai placé en tête de ce volume le tableau du rapport de ces diverses mesures avec les mesures françaises. {Note, du traducteur.)
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- D’xKSTRXJjÏEÎÎS E? AGRICULTURE. yl
- qui pèsent 6 loth, 6 grains. *Cela fait la loth, 4 rr grains par ruthe , on 67 livres 19 loth par morgen.
- §• 79-
- Fig. io4• Le cylindre à seigle. La profondeur de ses entailles est de JL <le lignes. Elles sont au nombre de treize ; chacune prend 19 grains de seigle de moyenne grosseur; elle répand donc en trois tours 3,^05 grains, qui pèsent 4 loth, 1 qnentchen, 20 grains; ainsi chaque ruthe carrée reçoit 8 loth, 2 -£ cjuentchen, et chaque morgen, 48 livres, 19 loth, 3 cjuentchen. Cette quantité de semence , déterminée par les expériences en petit, s’accorde bien avec le résultat des semailles en grand, lorsque les brosses sont établies de manière à toucher seulement les pointes des dents.
- Les dimensions des entailles des lanternes ont été réglées, d’après un grand nombre d’expériences, de manière à répandre la quantité de semence de chaque espèce de grain qui m’a paru la plus convenable.
- §. 80.
- »
- La fig. xoo représente une brosse vue sur sa face la plus large, et fig. 106, sur sa face étroite. Le bois de la brosse a est fixé sur l’étrier h, au moyen d’un boulon, avec un petit écrou, de sorte qu’on peut l’en détacher à volonté , ce qui devient nécessaire une fois par an pour réparer les brosses lorsqu’on fait un fréquent usage de l’instrument. Les brosses doivent être fermes et rudes.
- Dans la figv107, on voit la* bande de fer c qui porte des trous taraudés dans lesquels passent les vis des brosses. Cette bande est fixée en avant de la caisse, comme on le voit fig. 109, et elle est maintenue solidement à sa place par les tiges dd, fig. 107.
- e e, indiquent les collets de fer qui maintiennent le cylindre, et dans lesquels il tourne. Le cylindre est garni à ses deux extrémités de deux frettes qui tournent en contact avec ces collets ; c’est pourquoi il est- bon de les. faire de métaux difîerens.
- ^ Le reste a-déjà été suffisamment expliqué, s
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- DESCRIPTION
- §• 8x.
- La figure 108 représente la caisse vue par-derrière, c’est-à-dire par le côté où on la pousse ; 5 £ sont les tiroirs par le moyen desquels on peut fermer les ouvertures. Lorsqu’ils sont tirés dehors, ils sont suspendus à une chaînette.
- ee , Les collets de fer dans lesquels tourne le cylindre.
- - La fig. 109 représente la boîte à semence vue de côté, sans la roue ni le cylindre.
- k, Un tiroir.
- m, Un entonnoir,
- e} Un des collets dans lesquels le cylindre tourne.
- c, La bande de fer dans laquelle passent les vis des brosses.
- §. 82.
- Fig. 110. Coupe transversale de la machine, avec une roue, et le manche qui sert à la pousser.
- On voit ici l’ouverture d par laquelle la semence tombe de l’intérieur de la boîte c sur le cylindre, ainsi que la brosse qui vient aboutir sur le cylindre b.
- Fig. iii. Coupe transversale de la boîte à semence sur une plus grande échelle.
- ii, Épaisseur de la pièce de bois qui forme le fond de la boîte.
- b, Échancrure longitudinale dans laquelle est logé le cylindre ; afin que celui-ci joigne plus exactement, on peut garnir l’intérieur de cette échancrure d’un cuir mince, comme cela est indiqué dans la figure par une ligne plus large formant un arc de cercle.
- d, Ouverture par laquelle la semence tombe sur le cylindre.
- g, Ouverture par laquelle la brosse est introduite.
- Fig. 112. La boîte à semence vue par-dessus, avec les ouvertures 1, a, 5, 5, de son fond»
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- d’instrumews d’-AGRICCLTURE.
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- §. 83.
- Quoique ce semoir ait été imaginé et construit spécialement pour semer en lignes, cependant, en ôtant les entonnoirs, il peut très-bien servir pour semer à la volée. Il répand la semence alors beaucoup plus également que le meilleur semeur ne peut le faire à la main. Il est vrai qu’un homme ne peut semer avec cette machine dans un jour qu’environ la moitié de terrain qu’il pourrait semer à la main 3 mais aussi le premier homme venu peut y être employé . Le reproche qu’on a fait au semoir, d’augmenter les frais de culture, est dérisoire ; en effet, en employant cet instrument à semer à la volée, l’épargne sur la semence est très-considérable, quand même on ne l’évaluerait qu’au tiers de celle qui est nécessaire pour semer à la main, ce qui certainement n’est pas exagéré. Si on voulait cependant faire construire une machine spécialement pour semer à la volée, on devrait placer les lanternes sur le cylindre à des distances égales.
- Un grand nombre d’agriculteurs pratiques, qui ont observé chez moi les effets de cette machine, ont témoigné le désir d’en avoir de semblables pour semer à la volée. Je ne sais cependant s’ils ont mis ce projet à exécution. J’ai souvent employé cet instrument sans ôter les entonnnoirs, pour répandre la semence sur la terre préalablement hersée, et l’enterrêr ensuite à la charrue 5 la semence était alors répandue fort également.
- §. 84.
- LE SEMOIR POUR LES POIS ET LES FÈVES.
- Lorsqu’on n’a pas le semoir de Cook, ou un autre semblable, on est forcé d’employer des instrumens particuliers pour les grosses graines ou pour les semences très-fines ; ces instrumens sont nécessaires aussi lorsqu’on veut semer en rayons distans de plus de dix-huit pouces. Celui qui est représenté ici convient très-bien pour les fèves et les pois.
- On le voit en perspective, fig; 124, et en coupe, fig. 116.
- a? Le rayonneur) ou la pièce de fer qui ouvre le sillon. On peut l’élever ou l’abaisser pour ouvrir des sillons plus ou moins profonds, au moyen de l’écrou supérieur et d’une rondelle qu’on place en-dessus ou en-dessous de la pièce de bois 3 on peut aussi l’ôter entièrement, lorsqu’on veut semer dans les sillons faits par la charrue»
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- b, L’entonnoir qui conduit la semence dans le sillon ouvert.
- h, Marqueur qui trace la ligne sur laquelle doit marcher la roue ou le rayonneur pour le trait suivant. On peut l’écarter à volonté au moyen de la tige taraudée, qui est placée horizontalement du côté opposé à la roue ; une autre tige, fixée à la chape de la roulette, est percée à son autre extrémité d’un trou dans lequel la première tige entre librement ; et on la fixe au point qu’on le désire, au moyen de deux écrous. La roulette doit être un peu lourde, et peut être construite en cuivre ou en fer fondu ; sa circonférence est tranchante, afin de marquer suffisamment sur la terre. La tige horizontale doit être assez longue pour pouvoir espacer le marqueur à deux pieds et demi de la roue.
- La roue de fer g est fixée sur son axe, de manière que celui-ci, ainsi que le cylindre à semence qu’il porte, tournent avec elle.
- §• 85.
- La position du cylindre à semer se voit fig. 11S, en c. et on voit en a, fig. 117, la mortaise dans laquelle il est logé.
- La surface du cylindre est frottée par une brosse qu’on voit à sa place en d, fig. 116, et qui est représentée sur une plus grande échelle vue de côté, fig. 122, et vue de plat, fig. 123. Au moyen de la rainure qu’on voit dans cette dernière figure, elle peut se mouvoir sur une cheville de fer, comme on le voit, fig. 116, en e, et on la fixe au moyen d’un écrou, en lui donnant plus ou moins de pression sur le cylindre. Lorsque celui-ci tourne, les grains qui sont logés dans les entailles peuvent seuls passer par-dessous la brosse, et les autres sont retenus dans la boite.
- Ces cylindres sont représentés en profil, fig. Ii3, 114 et i io, et les fig.. i rg, 120 et 121 représentent la moitié de leur périphérie développée et supposée plane. La fig. 113 correspond à la fig. 121, la fig. n4 à la fig. i ig, et la. fig, 115 à la fig. 120,
- Pour construire un cylindre semblable, On commence par le faire faire sur le tour, d’après le diamètre indiqué par l’échelle. Ensuite on coupe une bande de papier destinée à être appliquée sur la périphérie du cylindre , et qui doit par conséquent avoir le double de longueur de celles qui sont représentées ici; on y dessine les entailles, cotome on le voit dans la figure; on la colle sur le cylindre, et lorsque le tout est sec, on creuse les entailles
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- d’instbumens d’agkicclture. ^5
- qui sont dessinées sur le papier, à la profondeur qui est indiquée par les profils des fig. 113, 114 ou 115.
- Les points noirs qu’on aperçoit dans les entailles des dessins plats sont des pointes de fort fil de laiton que j’ai trouvé avantageux d’y placer, pour q .* la semence ne puisse jamais s’arrêter dans l’entaille.
- §• 86.
- Le cylindre, fig. 113 et 121, est destiné à de très-grosses fèves, celui des fig. n5 et 120, à des fèves de c lie val ordinaires, et celui des fig. 114-119 à des pois.
- La fig. 118 représente comme plane la demi-périphérie d’un cylindre destiné aux lentilles ; mais les trous sont trop petits, et une rainure proportionnée à la grosseur des lentilles et divisée par des fils de laiton conviendrait mieux. J’ai employé ce cylindre avec beaucoup d’avantage pour la graine d’acacia.
- L’axe de fer des cylindres traverse les ouvertures carrées des fig. 113, 114 et 115. Il doit par conséquent être carré dans la longueur des cylindres, et ses deux extrémités qui traversent les parois de la boîte sont rondes.
- Dans la coupe fig. 116, la roue n’est que ponctuée.
- On voit en f un crampon de fer auquel on peut fixer une corde, afin qu’un second homme puisse, en tirant, aider celui qui pousse la machine, ce qui n’est nécessaire que lorsque le rayonneur doit ouvrir des sillons un peu profonds.
- §. s7.
- Fig. 117. Les parties en bois de la machine vues par-dessous, a, Mortaise dans laquelle est logé le cylindre. c, Trou dans lequel est assemblé le rayonneur. dd, La boîte à semence. bb, Les pieds.
- §• 88
- On a aussi employé cette machine, avec un cylindre convenable, pour les graines fines, comme raves, colza, trèfle; mais dans ce cas la mortaise a,
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- SDïscraPTiosr
- fig. 11y, doit être garnie d’une feuille de fer, et le cylindre doit être en cuivre, de manière que l’un et l’autre se joignent exactement; en effet, le bois prenant toujours de la retraite par la sécheresse, des semences aussi fines ne seraient pas suffisamment retenues. Pour les grosses semences, des cylindres de bois dur imbibé d’huile suffisent,
- §. 89,
- LA HERSE A TAUPINIÈRES.
- Cet instrument, très - simple, est fort utile dans une ferme pour aplanir les monticules produites par les taupes dans les prairies naturelles ou artificielles ; il épargne beaucoup de temps et de travail. Dans les dimensions que je donne ici, il peut facilement être traîné par un cheval; si on veut y en atteler deux, on peut lui donner un pied de largeur de plus.
- La fig, 12a bis le représente vu par-dessus. Il est formé de trois traverses aaa unies entre elles par les pièces de bois b b b.
- Dans le profil, fig. 1 a3 bis, on voit l’épaisseur de ces diverses pièces.
- c, est une lame tranchante par-devant, et qui a très-peu d’entrure, c’est-à-dire qu’elle est très-légèrement inclinée vers le bas par-devant. Au-dessus de la traverse du milieu, il s’en trouve une seconde qu’on voit fig. 1 a5 bis et 124 bis, et qui est unie à la première par trois vis, ffff, fig. 122 bis.
- Dans cette traverse se trouvent dix trous dans lesquels passent des chevilles fixées dans la traverse du dessous. Ces chevilles servent à répartir également sur toute la longueur, des branches d’épines dont on place le gros bout entre les deux traverses qui les serrent entre elles , comme on le voit dans la fig. 124 bis. L’extrémité de ces branches passe au-dessous de la troisième traverse.
- d. , Crochet auquel on attache le palonnier.
- La lame tranchante coupe les taupinières parfaitement au niveâu du sol, pourvu qu’elles ne soient pas trop vieilles, et ne fait aucun tort au gazon. Les épines divisent la terre détachée, et la répartissent sur la surface du sol. Pour donner à l’instrument plus d’énergie, on peut encore le charger d’une traverse pesante. Les effets de cet instrument ont reçu l’approbation de tous ceux qui les ont observés.
- Selon qu’on veut que le tranchant morde plus ou moins, on attelle les chevaux plus ou moins court. (S
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- D’itfSTtttJMENS d’agRICUETURE.
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- §• 9°*
- Ï.E SEMOIR A RAVES.
- Les fig. 125 et 126 représentent cet instrument, qui convient également pour le colza, la navette et autres graines de cette espèce.
- La fig. 125 le représente en profil.
- La fig. 126, vu par-dessus.
- a, La roue.
- b, La boîte à semence en fer-blanc. Celle-ci est unie à la roue par une courroie sans fin qui passe sur deux poulies, dont l’une est fixée sur Taxe de la boîte, et l’autre sur l’axe de la roue 5 ces deux poulies sont d’un égal diamètre, de manière que la boîte fait autant de tours que la roue.
- x, Grosse ouverture par laquelle on introduit dans la boîte, la semence qui doit auparavant avoir été parfaitement nettoyée, on met chaque fois environ un quart de livre de graine, et ensuite on ferme l’ouverture avec un bouchon..
- Dans le mouvement de rotation de la boîte, la graine se répand par sept trous qui se trouvent sur son plus grand diamètre, et qui ont environ une ligne d’ouverture.
- c, L’entonnoir dont la partie supérieure est faite en fer-blanc, et la partie inférieui'e en bois. Il conduit la semence dans le sillon ouvert par le rayonneur.
- d, Le rayonneur ; pièce de fer fixée sur l’entonnoir en bois.
- e, Petit rouleau qui recouvre la semence et presse la terre. Selon la taille du conducteur, il peut être fixé ou plus haut ou plus bas, au moyen des trous qui se trouvent dans les limons de la brouette.
- Les figures sont suffisantes pour donner une idée claire des autres parties de l’instrument.
- Quant à l’usage de cet instrument, on peut consulter mon Agriculture anglaise, 3e. vol., Traité de la culture au semoir (1).
- (x) Depuis plusieurs années, je fais un très-grand usage de cet instrument; c’est même le seul semoir que j’emploie. Pour le rendre propre à la semaille de graines do diverse*
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- DESCRIPTION
- §. pi.
- LE TRANCHE - GAZON.
- Les ng. 127, 128, 129 et i3o atontrent la disposition du coutre à écroûter ou tranche-gazon.
- Dans la fig. 127, il est appliqué à une charrue de Small. L’aile ou l’oreille est fixée au coutre, dans la direction qui est indiquée par la figure.
- La fig. 1281e représente vu par-derrière, ou du côté de sa surface convexe. Il est fixé sur le coutre par la pièce de 1er x, et par trois ou quatre agrafes.
- La fig. 129 représente sa face antérieure concave.
- La fig. i3o le représente vu de côté, afin qu’on voie la courbure de ce pe-
- grosseurs, j’ai fait garnir la capsule, selon la méthode de M. de Fellenberg, d’une espèce de bague ou anneau en fer-blanc qui l’entoure sur le ventre, de manière à couvrir tous les trous qui ont environ trois lignes de diamètre. La bande de fer-blanc qui forme cette bague a environ un pouce et demi de largeur; la bague tourne à frottement rude sur la capsule, et elle porte des séries de trous de différens calibres, bien espacés entre eux, de manière qu’on peut à volonté faire correspondre chaque série avec les trous de la capsule. Par ce moyen, une seule capsule suffit pour semer un grand nombre de graines, depuis les plus fines, comme celles de pavot et de gaude, jusqu’à celles de radis et autres semblables. La graine de chicorée, quoique n’étant pas ronde, se sème aussi très-bien avec cette capsule.
- Je l’ai même employée à semer l’orge et le froment, et quoique la semaille ne soit pas tout-à-fait aussi régulière qu’avec un semoir plus compliqué, cependant elle est très-satisfaisante. La simplicité de eçt instrument, son bas prix, la facilité de sa conduite, compensent bien, je crois, ce qui peut lui manquer sous le rapport de l’extrême régularité de la semaille.
- Les trous destinés à chaque espèce de graine doivent être assez grands pour laisser passer très-librement un grain des plus gros, sans permettre cependant qu’il en passe deux à-la-fois.
- On sème toujours dans des sillons ouverts par le rayonneur.
- Lorsqu’on sème en lignes espacées de dix-huit pouces, un homme peut semer 120 ares lans la pâmée. (Note du traducteur. )
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- D?ISfSTRUMEATS D’AGRICULTURE.
- tit versoir. Son bord inférieur, qui est tranchant, écroûte la bande de terre qui va être labourée, et jette la portion qu’elle détache au fond du sillon.
- §• 91 2*
- Selon qu’on veut labourer plus ou moins profondément, ou écroûter à une plus ou moins grande épaisseur, on établit le coutre plus ou moins haut ; ce qu’on apprend facilement par l’usage. On peut également l’ajouter à toute autre charrue.
- Cette construction exige toujours un cheval de plus sur deux; mais elle est d’une grande importance pour rompre un chaume de trèfle ou un gazon, lorsqu’on ne veut donner qu’un seul labour, ainsi que pour enterrer du fumier, pailleux. Dans tous ces cas, la partie qui se trouvait à la surface du sol est profondément enterrée (i).
- (1) Dans la Belgique, lorsqu’on veut rompre un chaume de trèfle pour y semer du blé sur un seul labour, chaque sillon se fait en deux traits de charrue; le premier ne fait qu’é-croûter la surface du sol à un ou deux pouces de profondeur; cette tranche mince est jeté» au fond du sillon précédent, et elle est ensuite recouverte par un trait de charrue plus profond. Si- on veut avoir quelques détails sur cette opération, on pourra consulter la Description de l’Agriculture belge, par Schwerz, excellent ouvrage dont il n’existe malheureusement pas de traduction française.
- L’instrument que l’auteur décrit ici est destiné à produire le même effet en un seul trait de charrue , et, sous ce rapport, je le regarde comme d’une très-haute importance. Je dois dire que j’ai essayé de l’imiter, en l’adaptant à une charrue de Small, sans pouvoir y réussir. Ce petit versoir, en changeant totalement la ligne de résistance de la charrue, lui faisait constamment perdre son équilibre : c’est sûrement ma faute, car cet instrument est assez fréquemment employé en Angleterre ; au reste, d’autres occupations m’ont empêché de donner à cet essai la suite qui en eût probablement assuré le succès : j’y reviendrai lors, que j’en aurai le loisir. (Note du traducteur.)
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- DESCRIPTION
- §• 93-
- LA CHARRUE A DEUX VERSOIRS MOBILES (Fig. x3i , i3a et i33).
- Toute personne qui a essayé en grand la culture des plantes à racines et de plusieurs autres espèces de récoltes, au moyen de la houe à cheval et du butoir, sera portée à désirer que cet instrument soit amené à toute la perfection dont il est susceptible, et elle souhaitera d’avoir un instrument particulier, destiné à buter certaines récoltes en donnant à l’ados plus de hauteur qu’on ne peut le faire avec le butoir ordinaire. Celui-ci peut bien amonceler la terre à six ou huit pouces de hauteur, et procurer de bonnes récoltes; mais si on veut donner une culture absolument parfaite, fournir plusieurs fois successivement une terre nouvelle aux plantes, ameublir la terre de l’ados aussi souvent qu’il s’y forme une croûte, et en même temps détruire les mauvaises herbes qui y poussent, cet instrument n’est pas assez énergique.
- Avec celui qui est représenté ici, on peut amonceler successivement la terre jusqu’à deux pieds de hauteur conti’e les tiges des plantes sans blesser les racines; car le sillon que forme cet instrument entre deux rayons de plantes a à peine deux pouces de largeur au fond.
- Il faut avoir vu les effets d’une culture si souvent réitérée et si puissante, pour s’en faire une idée. En effet, pour arriver à la plus grande profondeur à laquelle cette charrue puisse parvenir, on doit buter en trois fois, en augmentant l’ados chaque fois. Si on voulait produire cet effet en une fois, on détruirait la récolte. Les paysans de mes environs attribuent à celte charrue, que je fais peindre en bleu, un effet magique sur la croissance des pommes de terre et des choux. — «Vois-tu, disait l’un d’eux à son camarade, comme cela pousse depuis que ce diable bleu y a passé! »
- §• 94*
- Il est vrai qu’il ne serait pas convenable de donner une culture aussi profonde dans toute espèce de terrain indistinctement : lorsque le sol inférieur est pierreux, cela ne serait pas praticable ; s’il est argileux, cela demande réflexion. En effet, la terre végétale se trouve toujours mêlée par cette opération avec une petite partie de celle de dessous. La plupart du
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- loi
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- temps cela est avantageux; mais, dans certaines circonstances, cela pourrait être nuisible. Cependant ce mélange de 1a. terre inférieure avec la terre végétale n’est pas considérable; car lorsque la charrue pénètre à sa plus grande profondeur, les sillons qu’elle ouvre doivent être espacés au moins de deux pieds et demi ; lorsque j’ai parlé d’une hauteur de deux pieds pour les ados, cela s’entend depuis le fond du sillon jusqu’au sommet de Fados-dans ce cas, on n’a donc pénétré réellement qu’à un pied au-dessous de la surface de la terre; or, en supposant qu’à cette profondeur on ait pénétré de six pouces dans le sol inférieur; la bande de terre qu’on en a enlevée ne présente dans sa section que vingt-quatre pouces carrés. Une partie de la terre qu’on en a fait sortir y retombe chaque fois d’elle-même, et, lorsqu’on rompt le champ, la plus grande partie de cette terre est replacée au fond. Cette terre, qui a été exposée aux influences de l’atmosphère, a été améliorée ; cependant une petite partie reste mêlée à la terre végétale, ce qui ne peut être nuisible que dans le cas où celle-ci serait tellement tenace, qu’elle ne pourrait pas supporter le moindre mélange d’argile.
- §• 95*
- Lorsqu’il arrive qu’un sol d’une consistance moyenne est exposé à souffrir de l’humidité par l’imperméabilité de la couche d’argile sur laquelle il repose, l’effet de cette culture est très-utile, d’abord en augmentant l’épaisseur de la couche végétale, ensuite en sillonnant la couche inférieure d’un grand nombre de rigoles, qui, pendant plusieurs années, permettent l’écoulement de l’eau et produisent l’effet des saignées souterraines artificielles. En effet, le sillon tracé par cette charrue dans l’argile subsiste long-temps, quoiqu’il soit rempli par la terre ameublie.
- Proportionnellement à la profondeur à laquelle cette charrue pénètre, elle exige une force de tirage très-médiocre, à cause du peu de frottement auquel elle est exposée, de sa forme de coin et de la courbure des surfaces qui relèvent la. terre. Lorsqu’on l’emploie à buter progressivement les récoltes, deux chevaux sont suffisans pour atteindre à la plus grande profondeur du sillon; et même pour tracer les sillons d’écoulement, quoiqu’on doive atteindre en une seule fois à la même profondeur, je n’y emploie pas plus de deux chevaux ; mais alors ils ne pourraient pas supporter long-temps ce travail.
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- §• 96*
- Au commencement, j’attelais à cette charrue, deux chevaux de file; mais il est difficile, dans ce cas, de régulariser les lignes de tirage de manière à ce qu’elles coïncident au même point; la profondeur du sillon est donc sujette à varier. Maintenant j’attelle les deux chevaux de front, mais avec une volée assez grande pour que les deux chevaux marchent dans les sillons voisins de celui dans lequel est la charrue. Si les rayons des récoltes sont espacés de deux pieds et demi, les chevaux laissent entre eux une distance de cinq pieds, comme on le voit dans la figure suivante, où XXX marque les rayons des plantes, et les : : : : : : : : : : les sillons.
- xxxxxxxxxxxxxxx
- î>> :::::::::::::::::::::::::::::::::
- XXXXXXXXXXXXXXX
- Lorsque la charrue marche dans le sillon b, les chevaux marchent dans les sillons a et c. Lorsque les chevaux ne sont pas habitués à ce travail, on doit placer entre leurs têtes une traverse de bois léger qui les maintient à la distance convenable. Au moyen de cette disposition, l’opération ne présente pas de difficulté.
- §• 97-
- Outre 1® butage des récoltes, cet instrument est très-utile aussi pour ouvrir des sillons d’écoulement : on ne peut, avec la bêche et la pelle, les exécuter avec autant de régularité qu’au moyen de cette charrue. Lorsqu’on les ouvre à la profondeur d’un pied, ils n’ont au fond qu’une largeur de deux pouces, et en haut leur largeur est de plus de deux pieds; de sorte que leurs côtés très-nets et très-unis sont suffisamment inclinés. La terre est rejetée assez loin pour ne pas retomber dans le sillon; mais il est nécessaire d’égaliser ensuite le sol avec un râteau. Cet instrument est très-précieux, quand on voudrait l’employer uniquement à ouvrir ces sortes de sillons.
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- Lorsqu’on veut les ouvrir très - profonds, il vaut mieux y revenir à deux fois, en écartant davantage les versoirs à la deuxième fois, en môi#e temps qu’on augmente la profondeur du sillon.
- §. 98.
- On peut aussi employer cette charrue à exécuter les rigoles couvertes, et, par son moyen, épargner une grande partie de la main-d’œuvre. Pour cela, on commence par ouvrir, avec une charrue ordinaire, deux sillons parallèles, en laissant une bande de terre entre eux; on refend ensuite cette bande de terre avec notre instrument, et en le faisant passer plusieurs fois dans le même sillon, on peut, sans employer plus de deux chevaux, atteindre à une profondeur de deux pieds. Dans un sol argileux et plat, il ne reste, après cette opération, rien à faire avec la bêche pointue, ou, au moins, très-peu de chose.
- -------Cette charrue ayant beaucoup de rapport avec celle que j’ai
- décrite, et qui est représentée fig. 46, â 73, les détails dans lesquels je suis entré me dispenseront de donner ici le dessin de chacune de ses parties à part.
- §• 99*
- LE PLANTOIR A CHOUX.
- On trouvera, fig. 10 , le dessin d’un instrument à main, utile pour la plantation des choux, des betteraves, etc. On se sert ordinairement, pour cela, d’un plantoir rond en bois, qui est suffisant dans une terre meuble, mais qui, dans un sol argileux, a l’inconvénient de donner une trop forte pression à la racine, ou de laisser du vide autour d’elle. Un planteur de choux, bon observateur, a imaginé l’instrument qui est figuré ici ; et l’expérience lui a appris que les plantes pour lesquelles il avait été employé reprenaient plus vite et plus sûrement.
- a, montre l’instrument vu de côté.
- b, La lame vue par-devant.
- On enfonce cette lame dans la terre, en lui donnant rapidement une légère inclinaison en avant et une en arrière, de manière qu’on forme un trou suffisant pour y introduire la plante. On y place celle-ci, et on enfonce
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- de nouveau l’instrument un peu en avant, en donnant une légère pression contre la racine. Lorsque les ouvriers y sont habitués, le travail est beaucoup plus prompt et plus facile qu’avec le plantoir ordinaire. Cependant, j’ai remarqué que l’habitude nécessaire, pour manier cet outil, n’est pas très-facile à acquérir, sur-tout lorsqu’on y emploie des femmes; c’est pourquoi j’emploie une lame semblable avec une ligne droite surmontée d’une poignée en forme de béquille ; par ce moyen les ouvriers ont plus de facilité pour enfoncer l’instrument.
- §. 100.
- LA CHARRUE A CREUSER DES RIGOLES D’ÉCOULEMENT, DESTINÉE PRINCIPALEMENT AUX PRÉS ET AUX PATURAGES.
- (Fig. i34, i35, i36 et 137.)
- Cette charrue ouvre une rigole très-régulière, et dont les côtés forment un angle droit avec le fond. Elle ne convient pas dans les terrains meubles ? parce que, dans cette sorte de terre, la rigole doit être beaucoup plus large par le haut qu’au fond; mais, dans les terres fortes, et principalement dans les prés, elle exécute un travail parfait.
- On sait combien les eaux stagnantes sont nuisibles dans les pâturages destinés aux moutons, principalement en terre argileuse. Il est rare qu’on ne puisse donner un écoulement à cette eau de quelque côté, au moyen de rigoles médiocrement profondes; presque toujours, cependant, ou néglige ce&travail, parce que, exécuté à la bêche, il est long et coûteux. Au moyen de la charrue dont je parle, on peut, dans un seul jour, ouvrir une étendue considérable de rigoles, et assainir, pour tout l’été, de vastes pâturages, lorsque le sol ne présente pas de trop fortes inégalités.
- Elle détache une bande de terre de six pouces de largeur et de trois à six pouces d’épaisseur; elle la soulève, et au moyen de son versoir très-écarté, elle la repousse assez loin pour n’éxiger aucun travail ultérieur. On voit quelle est aussi très-convenable pour ouvrir les rigoles nécessaires à l’irrigation des prairies, et que, par son moyen, on épargne beaucoup de travail.
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- §. 48.
- La vue perspective du côté droit, qui est représentée fig. 137, en donne une idée claire et complète.
- Au soc a sont joints un long coutre b et un plus court c. Pendant que le soc détache horizontalement la bande de terre par-dessous, les coutres la coupent verticalement de chaque côté. Elle est amenée par le soc et par la section oblique d de la pièce de bois e, sur le versoir qui la repousse du coté droit. La pièce de bois carrée e qui forme le sep, et qui est recouverte de fer, aplanit les parois de la rigole, et la rend très-nette. La roue g détermine la profondeur à laquelle la charrue doit pénétrer au moyen d’une tige de fer h qui traverse l’age. Pour cela la tige est mobile sur l’age, et on la fixe à la hauteur qu’on veut, au moyen d’une vis i.
- Du reste, en comparant entre eux les quatre dessins que je donne de cette charrue, on saisira facilement sa construction et les rapports de ses parties.
- §. 10a.
- IA CHARRUE a ÉCROUTER LE GAZON (Fig. i38, i39, 140, 144 et 145).
- Le corps de cette charrue, qui est destinée principalement à écroûter le gazon à la profondeur qu’on désire, et à le renverser complètement, est assez semblable à celui des autres charrues que j’ai décrites ; seulement, son versoir, fort écarté par le haut, renverse à plat la bande de terre. En supprimant la roue, elle convient par conséquent très-bien pour exécuter les labours plats ordinaires, et faire de larges sillons (r).
- Nous allons examiner la disposition de la roue, par laquelle on peut
- (1) Je crois devoir répéter ici une observation que j’ai déjà faite : depuis que ceci a été écrit, M. Thaer a reconnu, par son expérience, que l’addition d’une roue, qui est ici une espèce d’avant-train, n’est pas nécessaire pour écroûter le gazon, et même pour des défri-ebemens qui contiennent beaucoup de racines. Je crois cependant qu’elle peut être utile lorsqu’on vent n’enlever qu’une tranche très-mince, comme deux pouces environ. ( Note du traducteur. )
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- augmenter ou diminuer la largeur et l’épaisseur de la bande de gazon. La profondeur se détermine au moyen de la tige d, de même que dans la charrue que je viens de décrire. La vue de côté, fig. i3g, et celle de dessous, i4o, font voir^comment la roue peut être éloignée et rapprochée de la verticale de l’age. Pour cela le barreau c, ou l’axe de la roue, est mobile dans les deux ouvertures ff, et on le fixe solidement au moyen de la vis d, lorsque la roue est écartée à la distance convenable.
- La divergence de la direction de la semelle, relativement à l’age, est indiquée exactement par des lignes ponctuées.
- Je crois inutile d’entrer dans de plus grands détails , parce que tout est clairement expliqué par les figures; j’ai fait suffisamment connaître, dans la description des charrues précédentes, la construction des autres parties, comme le régulateur, etc.
- §. io3.
- LE CROCHET A ARRACHER. LES POMMES DE TERRE (Fig. i4> , 142 et 143).
- Je ne donne pas ici cet instrument à main très-simple comme une invention nouvelle, mais comme étant très-utile dans la culture des pommes de terre. Il est figuré si exactement, que toute explication ultérieure serait superflue. J’ai remarqué qu’un ouvrier laborieux peut, avec cet instrument, donner de l’occupation à quinze ramasseuses. On doit régler la longueur des dents sur la profondeur à laquelle croît l’espèce de pommes de terre qu’on cultive, et leur force selon la ténacité du sol.
- §. 104.
- LE BUTOIR A POMMES DE TERRE , OU LA HOUE A CHEVAL SIMPLE
- (Fig. 146, 147. et 148).
- Dans mon édition del’ Instruction sur U éducation des bestiaux, par Bergen, j’ai fait dessiner un instrument du même genre, que j’avais imité du binoir ' du Mecklenbourg. Quoique cet instrument ait été très-bien accueilli, et qu’il ait beaucoup contribué à favoriser la culture en grand des pommes de terre, dans toutes les parties de l’Allemagne où il s’est répandu, il était cependant
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- fort incommode, parce que la limonière, au moyen de laquelle il était attelé , forçait l’instrument à sortir de sa direction toutes les fois que le cheval faisait un léger écart, et sur-tout parce que, dans les terrains en pente, il était fort difficile de l’empêcher de sortir de terre en montant, ou de pénétrer à une trop grande profondeur en descendant.
- J’ai corrigé ces défauts en lui donnant un âge avec un régulateur; je lui ai donné aussi deux manches au lieu d’un. Au moyen de ces changemens, le conducteur est bien plus facilement maître de l’instrument ; il a beaucoup moins de peine, ainsi que le cheval.
- Les-trois figures représentent l’instrument avec exactitude dans toutes ses dimensions. Lorsqu’on relève par derrière le régulateur qui est représenté dans la vue de côté, le crochet auquel est attelé le cheval se trouve placé plus bas, par conséquent l’instrument a moins d’entrure ; si on abaisse, am contraire, cette partie, il pénètre plus profondément.
- §. io5.
- LA HOUE A CHEVAL COMPOSÉE (Fig. i4g-i54).
- J’avais également fait dessiner un instrument semblable dans XInstruction de Bergen sur l’éducation des bestiaux. Mais les pieds de bois dans lesquels les socs triangulaires plats étaient assemblés au moyen d’une courte tige, donnaient à l’instrument peu de solidité, et les racines s’amassaient facilement entre les pieds; d’ailleurs, les socs ne pénétraient pas assez facilement dans la terre.
- Depuis, j’ai donné aux socs des tiges plus longues, tranchantes sur leur face antérieure, et qui s’assemblent immédiatement dans l’age et dans les traverses. J’ai donné aux socs une forme un peu convexe avec plus de longueur, de sorte qu’ils ont la forme d’un coin aigu. On voit en a un soc de cette espèce par derrière; on peut y remarquer la courbure de la feuille qui le forme. En b, on voit par-dessus un soc sans sa tige.
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- §. 10 6.
- Dans les figures qui représentent l’instrument vu par-dessus et par-dessous, on remarque deux trous de chaque côté de la traverse; on place les tiges dans les uns ou dans les autres de ces trous, selon qu’on a à travailler entre des lignes plus ou moins espacées. Lorsqu’elles sont placées dans les trous extérieurs, l’instrument prend une largeur de vingt-un pouces, et de dix-huit lorsqu’elles sont placées dans les deux trous intérieurs. On peut déterminer à volonté cette largeur en faisant percer les trous en conséquence.
- Au lieu de la petite roue qui est représentée ici, j’ai fait aussi adapter à l’instrument une roue plus grande, semblable à celle de la charrue, fig. 107; l’instrument acquiert plus de fermeté dans sa marche.
- Avec la forme actuelle des socs, cette houe agit bien plus énergiquement pour la destruction des mauvaises herbes et l’ameublissement de la terre. On peut, sans fatiguer le cheval, faire pénétrer l’instrument à deux pouces de profondeur dans la terre. On ne peut assez le recommander pour la culture des récoltes racines, et des plantes de la famille des choux, parce qu’on peut l’employer bien plutôt que la houe à cheval simple. Avec un cheval et un homme, on peut exécuter le travail de trente ouvriers.
- §. 107.
- DESCRIPTION D’UN NOUVEAU SEMOIR (Fig. i55-i68).
- Douze années d’expériences et d’observations m’avaient convaincu de plus en plus des avantages importans de la culture des grains en lignes, au moyen du semoir et de la houe à cheval; mais l’année 1804 a été son triomphe. La plus grande partie de mes seigles était dans un terrain froid et humide. On avait ouvert des sillons d’écoulement en suffisance; mais tous les cultivateurs doivent se souvenir de la fâcheuse saison que nous eûmes à la fin de mars et au commencement d’avril; la neige, qui se fondit par une série successive de dégels et de gelées, rendit inutiles tous les sillons d’écoulement; cette circonstance détruisit une grande partie de semailles d’hiver, et occasionna dans plusieurs contrées une disette et près-
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- que une famine. On peut juger dans quel état se trouvaient mes seigles à la fin de l’hiver dans un sol aussi humide que celui dont je viens de parler : on n’y yoyait que la terre, et on ne distinguait les lignes de seigle qu’à ses feuilles pourries couchées sur le sol; si onarrachait quelques plantes, on trouvait encore dans un petit nombre un faible germe jaune plutôt que vert, et, dans le plus grand nombre, on ne trouvait absolument rien de vert. La grande confiance que j’avais dans l’efficacité de la houe à cheval put seule me déterminer à y essayer cet instrument; je leur fis donc donner un binage aussitôt que le sol fut assez ressuyé pour permettre d’y entrer; peu de jours après ce travail, on apercevait déjà les lignes vertes, et les jeunes pousses se faisaient jour à travers la terre ameublie ; les plantes v poussèrent de nouvelles racines; et, lorsque je fis répéter cette culture trois semaines après, mon seigle avait tellement tallé, que le soc de l’instrument pouvait à peine passer entre les lignes. Après ce second travail, il s’éleva si fortement, avec des tiges si grosses et si nombreuses, que chacun admirait cette semaille, en la comparant aux champs voisins. Ayant fait, dans le cours de cet été, un voyage à travers les parties les plus fertiles des duchés de Brunswick et de Magdebourg, je n’ai vu aucun seigle qu’on pût comparer à celui-ci.
- Ce résultat presque inespéré me détermina, malgré de nombreuses occupations, à employer tous mes soins à la construction d’un semoir encore plus parfait, d’une machine qui, à la plus grande simplicité et à la plus grande solidité possible, pût réunir une telle célérité dans son travail, qu’elle se rapprochât, sous ce rapport, de la main du semeur. J’habitais alors dans le voisinage du célèbre mécanicien Engelke, à Hanovre.
- §. 108.
- Je suis parvenu, avec son aide, à construire la machine que je vais décrire, qui, dans l’usage, a répondu à tous mes désirs, quoiqu’elle soit susceptible encore de quelques améliorations, pour l’approprier à certains buts particuliers.
- Le mécanisme qui, dans cet instrument, est destiné à répandre la semence, ressemble à celui des machines de Tull et de Ducket : c’est pourquoi je renvoie, pour cet objet, à la description de cette dernière (fig. 101 et suivantes). On verra facilement les avantages de la machine que je pré-
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- sente ici. Je suppose que le lecteur se rappelle parfaitement la description de celle de Ducket, et s’en est fait une idée exacte : dans le cas contraire, je le prie de l’étudier de nouveau avant de lire ce qui va suivre.
- Le semoir du célèbre Cook passe pour le plus parfait de ceux qui existent en Angleterre ; le mien a sur celui-ci le grand avantage de plus de solidité et de plus de simplicité. Celui de Cook exige beaucoup de soins et d’attention pour son usage et sa conservation, parce que plusieurs de ses parties cèdent au moindre effort, et en particulier les cuillers du cylindre se dérangent très-facilement.
- En conservant la boîte du semoir de Ducket, il s’agissait de la réunir au rayonneur, comme elle l’est dans la machine de Cook, afin d’épargner le travail d’un homme, et sur-tout afin que la semence fut répandue dans le sillon immédiatement après qu’il est ouvert, parce que j’avais remarqué que dans les sols meubles la terre retombe promptement dans les sillons, et que les grains ne se trouvent pas placés à une égale profondeur.
- S* 109*
- La fig. i55 représente le train dont on a seulement coupé la limonière. Toutes les parties de ce train, soit de bois, soit de fer, sont fortes, pour pouvoir résister aux secousses dans les chemins rudes et pierreux. Les roues ont quatre pieds deux pouces de hauteur, pour diminuer la résistance du tirage; elles sont garnies de boîtes de cuivre, et tournent sur un essieu de fer. Par ce moyen, un cheval peut travailler dix heures dans la journée, avec cette machiné, sans être fatigué.
- Le cylindre-semoir aa repose sur les supports de fer bb fixés sur l’essieu. Ce cylindre est formé d’un barreau de fer carré sur lequel sont fixées six lanternes de cuivre qui puisent la semence dans la boîte qui est placée au-dessus , et la répandent ensuite. Ces lanternes peuvent être enlevées à volonté lorsqu’une d’entre elles a besoin de quelque réparation. Les collets du barreau qui reposent sut les supports sont arrondis avec soin et tournent librement dans des échancrures demi-circulaires et garnies en acier que présentent les supports.
- Ce cylindre, à cause de sa longueur, ne peut être construit qu’en métal; un cylindre de bois de cette longueur se déjetterait infailliblement. Déjà, dans la machine de Ducket, quoique le cylindre soit beaucoup plus
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- court, il est difficile d’éviter cet inconvénient; en effet, les variations de l’atmosphère agissent toujours sur le bois, et, dans les temps très-secs, il est nécessaire d’humecter ce cylindre vingt-quatre heures avant de s’en servir ; sans cela, son diamètre se trouve rétréci, et il ne ferme plus exactement les ouvertures de la boîte à semence.
- J’ai aujourd’hui trois cylindres de métal de cette espèce : un pour le seigle, un pour le froment et l’orge, et un pour l’avoine et les pois. Un seul barreau pourrait à la rigueur suffire, en y adaptant successivement des lanternes pour chaque espèce de grain ; mais l’économie des barreaux ne compenserait pas la peine que cela donnerait, et les lanternes, qui sont la partie la plus coûteuse, seraient plus fatiguées.
- g. 110.
- Les dimensions des entailles de ces lanternes sont restées les mêmes que celles qui sont figurées fig. 102 et suivantes; et comme j’ai aussi conservé le même rapport entre les révolutions du cylindre, et l’espace parcouru par l’instrument, cette machine répand la même quantité de semence que j’ai indiquée pour la première.
- Les lanternes sont composées de trois pièces, savoir: la lanterne, proprement dite, dans laquelle sont taillées les dents, et deux rondelles qui se placent aux deux extrémités et qui ferment ainsi les ouvertures latérales des entailles, ainsi que les ouvertures de la boîte à semence, de sorte qu’aucun grain ne peut tomber par le côté de la lanterne. J’avais pensé aussi à faire en sorte de pouvoir allonger ou raccourcir la lanterne lorsqu’on voudrait semer plus ou moins épais. Sous le rapport de la forme convenable pour les diverses espèces de grains auxquels ces lanternes sont destinées, j’en suis parfaitement satisfait, et je ne crois pas qu’elles soient susceptibles d’aucune amélioration à cet égard. Cependant le cylindre destiné à l’avoine ne convient pas parfaitement pour les pois, et je compte faire pour ces derniers un autre cylindre dans le genre de ceux qui sont figurés fig. n3 à iai. J’ai trouvé en effet que lorsque la boîte à semence est pleine, les pois trop comprimés s’arrêtent dans les entailles aiguës du cylindre à avoine, qu’ils ne tombent pas uniformément, et que quelquefois la lanterne se trouve obstruée. Les entailles qui leur sont destinées doivent être arrondies au fond.
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- Ce cylindre reçoit son mouvement au moyen d’une roue dentée fixée sur une des roues du train, et qui engrène dans une autre roue dentée plus petite, placée sur l’axe du cylindre.
- §. 111.
- La fig. 156 indique plus exactement les dimensions et la denture de ces roues. La petite roue e peut facilement être placée sur le cylindre, et en être ôtée. Dans ce dernier cas, le cylindre s’arrête quoique la machine marche, et il ne tombe pas de grain, même par les plus fortes secousses.
- On remarquera que le mouvement de rotation du cylindre se fait en sens inverse de celui des roues du train, de sorte que, lorsque la machine marche en avant, la partie supérieure des lanternes se meut d’avant en arrière.
- Nous remarquerons encore dans la fig. 155, mm, deux pitons à trois trous dont la forme est indiquée plus clairement fig. 167 en m, dans lesquels sont accrochées les barres qui servent à tirer le rayonneur.
- g, est une bande de fer avec un crochet qui sert à donner plus de solidité à la boîte à semence. (Yoyez fig. 157. )
- hhhh, sont les trous dans lesquels s’assemblent les boulons de la boîte à semence. (Yoyez fig. 157.)
- Ce n’est pas sans motif qu’on a donné tant de longueur à la traverse ii, en effet, on peut, par ce moyen, porter la limonière de côté, dans le cas où on voudrait semer sur des ados dans un sol humide, et où le cheval devrait marcher dans le sillon. J’ai parlé de cette méthode dans mon introduction à VAgriculture anglaise, 3e. volume, page 241. Il serait trop long d’en répéter ici la description. C’est pour pouvoir exécuter ce changement que les bras de la limonière sont fixés sur la traverse avec des vis, La vis principale se voit en p, fig. 15y.
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- §. 112,
- On peut aussi adapter à cette traverse un marqueur qui trace le chemin dans lequel doit marcher le cheval pour le trait suivant.
- On voit, dans la fig. 157, la manière dont la boîte à semence est assemblée avec le train et avec les entonnoirs, de même qu’avec le rayonneur,
- a, est la place de l’essieu dont on a ôté la roue.
- On remarque au-dessous de c le collet dans lequel tourne le cylindre; il est formé de deux parties : la première est entaillée dans la bande b, et l’autre moitié dans la bande de fer qui entoure la boite à semence. Les boulons hh passent au travers des trous désignés par les mêmes lettres, fig. i55, et sont fixés en dessous par des écrous. La boîte à semence est assujettie par derrière au moyen de la tige à crochet g, de manière qu’elle est fixée en place avec beaucoup de solidité. L’entonnoir de fer blanc l est suspendu sous chaque lanterne au moyen de ses deux oreilles, et de deux petits crochets qui se trouvent sous la boîte à semence.
- Le piton à trois trous m sert, comme on le voit, à y suspendre les crochets du rayonneur lorsqu’on veut l’employer comme houe à cheval ; il a alors d’autant plus de mobilité sur les côtés, qu’il ne se trouve pas suspendu entre les roues.
- n, est une tige de fer avec un crochet latéral auquel on peut suspendre le rayonneur au moyen d’un piton (voyez fig. 162, n,); par ce moyen, le rayonneur se trouve assez soulevé pour qu’on puisse transporter la machine, même dans les chemins les plus inégaux.
- §. il3.
- La fig. i6§ représente la section de la boîte à semence, avec le cylindre et l’entonnoir. La semence, dont on met environ un scheffel dans la boîte, tombe dans l’ouverture a de son fond sur la lanterne du cylindre. Les entailles de la lanterne qui se trouvent en dessus s’en emplissent, la font passer par-dessous la brosse c, et lorsqu’elles arrivent en-dessous , la laissent tomber dans Les entonnoirs dont la suspension mobile se voit en xx,
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- Les brosses sont établies sur des tiges à vis qui traversent une bande de fer placée horizontalement dans la boîte ; et on doit les abaisser au moyen des vis jusqu’à ce quelles touchent les dents des lanternes. Par ce moyen, il ne peut se répandre de semence que celle qui est logée dans les entailles.
- Les brosses, qui doivent être faites des soies les plus rudes, et qui doivent 'être fortement serrées, s’usent assez promptement. Lorsqu’on fait un usage fréquent de la machine, elles ne durent guère plus d’une année; mais il est facile de les renouveler. Je ne sais si on ne pourrait pas remplacer les brosses par quelque autre corps, comme du cuir épais ou de la gomme élastique; mais, dans tous les cas, ce ne pourrait pas être un corps dur, attendu que, devant joindre exactement sur les dents des lanternes, il ne faut pas qu’il puisse gêner leurs mouvemens, ni briser les grains de la semence.
- Le devant de la brosse est garni d’une feuille de fer qu’on voit représentée fîg. 168 par un trait noir en avant de la brosse, et qui est destinée à garantir celle-ci du frottement des grains.
- Les ouvertures qui se trouvent au fond de la caisse, et dans lesquelles se logent les lanternes, sont garnies en fer, comme on le voit en o; par ce moyen, on n’a pas à craindre la retraite du bois dans les temps secs.
- La boîte est fixée par le moyen des bandes d sur les bandes b b du train ("voyez fig. ï 55) ; et les boulons h h traversent les trous désignés par la même lettre dans cette figuré.
- e, est un tiroir de fer par le moyen duquel on ferme chaque ouverture de la boîte lorsqu’on ne veut pas qu’elle répande de semence. Il est suspendu à une courroie, afin qu’il'ne puisse pas se perdre lorsqu’on le tire dehors.
- §• 114-
- La fig. i65 présente la même section, mais prise de manière qu’on puisse distinguer 1 ouverture dans laquelle se meut le barreau du cylindre, des entailles faites au fond de la boîte, dans lesquelles se loge chaque lanterne.
- La fig. 166 représente la boîte vue par-dessotis ; on y voit l’entaille longitudinale dans laquelle tourne le barreau du cylindre, ainsi que les en—
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- tailles plus profondes dans lesquelles se loge chaque lanterne. Les goupilles marquées en noir servent à suspendre les entonnoirs.
- Dans la fig. 167, on voit par-dessus l’intéçieuv de la boîte.
- La fig. 164 la représente vue par derrière, c’est-à-dire du côté qui doit être tourné vers le traiu.
- La fig. 158 représente, vu de côté, un des pieds du rayonneur assemblé dans la traverse a. La pièce de fer b, qui fait les fonctions de coutre, ouvre la terre et fraye le chemin. Le rayonnent proprement dit, c, qu’on voit par derrière, fig. 160, ouvre le sillon, et la semence tombe par l'entonnoir e, maintenu par l’anneau d, et fixé en-dessus de la traverse par l’écrou x.
- La pointe de l’entonnoir supérieur suspendu à la boîte à semence entre dans l’entonnoir plus large qui est représenté ici, et elle peut s’y mouvoir librement, comme on le voit en o, fig. i5y. En effet, il peut arriver que le train de la machine s’écartant un peu de sa direction, la traverse du rayonneur ne suive pas ce mouvement et conserve la sienne; dans ce cas, il est nécessaire que la place où est répandue la semence se trouve toujours derrière les pieds du rayonneur; nous avions, par cette raison, fait les tuyaux des entonnoirs avec un corps souple, comme dans la machine dé Cook, mais il était à craindre qu’ils s’engorgeassent; M.Engelke a remédié à cet inconvénient par la construction que je viens de décrire.
- §. n5.
- La fig. iÔ9 représente, vues par-dessous, les mêmes parties que la fig. i58, ainsi que leurs dimensions inférieures. La pointe be est la semelle du coutre b, fig. i58; ef représente l’espace qui est entre le coutre et lé rayonneur, ou le dos du coutre vu obliquement par-dessous. L’angle gck représente la semelle du rayonneur, et l’anneau d est celui dans lequel est suspendu l’entonnoir.
- Dans la fig. 160, on voit le pied du rayonneur par derrière. La partie a est celle qui agit immédiatement; c’est une feuille de fer pliée sur elle-même, formant un angle saillant en avant, et un creux par derrière ; b est
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- l’anneau qui maintient l’entonnoir; est une embase qui se trouve placée en dessous de la traverse ; d est l’écrou qui le fixe à la traverse.
- §. 116.
- Les fig. 161 et 162 représentent le train sur lequel on peut établir soit les pieds du rayonneur pour semer, soit des pieds de houe à cheval pour biner. Dans la fig. 161, on le voit de côté avec un pied de houe à cheval. Dans la fig. 162, on le voit par-dessus.
- Ce train doit être mobile sur les côtés, et le conducteur, au moyen des fnanches, peut le maintenir dans la bonne direction, c’est-à-dire parallèlement aux lignes, même lorsque le cheval s’en écarte un peu. Cela est encore plus nécessaire pour le service de la houe à cheval que pour semer. Mais lorsau’on est forcé de porter ainsi le train un peu sur le côté, il était nécessaire que la pointe des socs demeurât toujours dans une direction bien parallèle à la ligne de tirage. Pour cela, il ne suffisait pas que les crochets b b qui le fixent à l’avant-train fussent mobiles sur la traverse qui porte les houes, afin que celle-ci formât toujours un angle droit avec la ligne de tirage, même lorsqu’on porte le train sur le côté. Hous avons atteint ce but, dans notre machine, d’une manière plus simple que dans celle de Ducket, comme on peut le voir en c, fig. 161. Les tiges de fer peuvent se mouvoir, au-dessus et au-dessous de la traverse, autour du boulon qui les y unit. Au moyen de cette construction, les houes peuvent être portées sur le côté sans s’écarter d’une direction parallèle au tirage, et sans que le conducteur soit obligé d’employer beaucoup d’efforts. Cependant, dans ce cas, il doit toujours avertir le conducteur du cheval qu’il n’est plus sur la ligne qu’il doit suivre.
- Les trous supplémentaires qu’on voit dans la traverse, fig. 162, ont, pour but de pouvoir espacer à douze pouces les rayonneurs ouïes houes. Une partie des entonnoirs supérieurs doit alors avoir des tuyaux coudés ; il est bien plus facile de déterminer cette courbure des tuyaux lorsqu’on a la machine devant les yeux, que de la décrire. La machine 11e sème alors que cinq rayons, et une des ouvertures de la boîte à semence reste fermée. Si on veut semer toujours à neuf pouces de distance, les trous marqués o sont les seuls nécessaires.
- On peut, il est vrai, se servir de la même traverse pour les sillonueurs et
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- pour les houes ; mais comme il faut beaucoup plus de temps pour changer tous les pieds dans la traverse que pour adapter au train une autre traverse, il est plus convenable d’en avoir une pour chaque usage, ce qui augmente peu la dépense; d’ailleurs, en laissant toujours les pieds dans chaque traverse , on risque bien moins d’en égarer.
- §• “7-
- On voit en f un des entonnoirs fixé sur la traverse. Cet entonnoir est ici vu par-dessus, et la partie qui recouvre la traverse est la feuille repliée de cet entonnoir qu’on voit en x, fig. 158. Le cercle extérieur représente le bord supérieur de l’entonnoir, et le cercle intérieur blanc représente sa partie inférieure ou l’ouverture du tuyau.
- On voit en g la. pointe d’un des coutres (b, fig. 158 ). Le rayonneur pro-prement dit est caché ici par la traverse.
- Les manches dd n’exigent aucune explication, parce que la figure montre exactement leur forme et leur assemblage.
- La fig. i63 est l’entonnoir, qui a des deux côtés des oreilles a, par lesquelles il est suspendu à la boîte à semence.
- n, fig. 162, est un crochet qui se fixe à la pièce de fer n, fig, 157, lorsqu’on soulève la traverse pour transporter la machine d’un lieu à l’autre.
- Quant aux diverses sortes de pieds de houes, je renvoie à ce que j’ai déjà dit dans la description de la machine de Ducket.
- §. 118.
- Cette machine porte six lanternes; elle a, par conséquent, l’avantage d’expédier beaucoup d’ouvrage : chaque trait sème ou biue une largeur de cinq pieds trois pouces, la roue du train devant toujours marcher dans le dernier sillon du trait précédent. Lorsque les hommes qu’on emploie sont exercés, et que le cheval a un pas allongé, la machine marche presque le double plus vite qu’un semeur ordinaire; alors la semaille en lignes n’exige pas plus de temps que la semaille à la volée; mais on ne doit pas s’attendre à ce résultat avant que les ouvriers aient acquis de l’habitude. Cependant,
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- lorsque j’ai commencé à faire usage de cet instrument, j’ai semé à Mogelin, avec des ouvriers peu exercés, douze morgen par jour.
- §• 1x9-
- Cette machine m’a coûté fort cher, parce que j’ai voulu que toutes les parties de métal fussent travaillées avec beaucoup de soin, et parce que j’ai dû y faire successivement plusieurs changemens. Le prix de 27 frédérics d’or, pour lequel M. Engelke offre de la faire exécuter, est très-raisonnable; pour ce prix, il offre même d’y ajouter une construction au moyen de laquelle on pourra semer comme à la volée, et herser en même temps. Si le cylindre et la grosse roue dentée étaient fondus en fer et terminés à la lime, la machine serait aussi bonne et beaucoup moins chère; mais on ne peut faire exécuter ces pièces que dans le cas où on aurait plusieurs instrumens à établir.
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- d’instrdmeks d’agricultüke.
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- ADDITION DU TRADUCTEUR.
- amWIWwa-j
- Depuis la publication de l’ouvrage de M. Thaer, M. de Fellenbcrg a fait connaître un nouveau semoir de son invention, qui réunit quelques avantages particuliers. Les personnes qui ne le connaissent pas verront, je pense, avec plaisir que je leur en donne ici une idée générale ; les rapports qu’il présente avec ceux qui viennent d’être décrits me permettront de le faire en peu de mots.
- La forme générale de cet instrument offre beaucoup de ressemblance avec celle du semoir de M. Thaer, qui vient d’être décrit; comme dans celui-ci, le rayonneur qui ouvre les sillons dans lesquels se répand la semence est réuni à la machine; la herse qui la recouvre y est aussi réunie
- Ce semoir a la propriété particulière de pouvoir semer toutes les graines, depuis les plus fines comme celle de pavot, jusqu’aux fèves, ce qui s’exécute au moyen du mécanisme suivant :
- L’instrument porte trois cylindres d’égale longueur; le premier, qui est destiné à la semaille des graines fines, est formé par l’axe même des roues sur lesquelles il est fixé et avec lesquelles il tourne. Ce cylindre, relativement au mécanisme qui répand la semence, est construit sur le principe de ceux de Ducket; il a des entonnoirs particuliers qui conduisent la graine dans les sillons, et qu’on enlève lorsqu’on veut l’employer à semer du trèfle, par exemple d’une manière analogue à la semaille à la volée.
- Les deux autres cylindres destinés aux céréales, pois, fèves, etc., sont placés l’un en avant du premier cylindre, et l’autre en arrière, dans le même plan horizontal, et chacun d’eux à environ huit pouces de distance du premier; ils sont mis en mouvement par le premier, au moyen d’un engrenage qu’on dégrène à volonté.
- Ces trois cylindres sont surmontés par la boîte à semence divisée en com-
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- DESCMPTIOX
- l<iO
- partimens qui sont en communication soit avec les trois cylindres, soit avec chacun d’eux. Au moyen de cette disposition, la machine peut semer deux espèces de graines à-la-fois, par exemple, de l’orge et du trèfle.
- Elle se prèle aussi à un grand nombre de combinaisons sous le rapport de la distance qu’on veut mettre entre les lignes, parce que les deux cylindres destinés aux céréales, qui d’ailleurs sont semblables entre eux, peuvent agir ensemble ou séparément ; les lanternes de chacun d’eux, placées à environ neuf pouces de distance, correspondent avec les intervalles de l’autre, de sorte que les lignes se trouvent espacées à quatre pouces et demi lorsqu’elles agissent toutes; mais on en ferme autant qu’ou le désire.
- Les lanternes des deux cylindres destinés aux céréales , etc,, ne ressema blent pas tout-à-fait à celles de Bucket; ce sont des espèces de poulies en bois de deux pouces et demi environ de diamètre, qui sont Axées sur le barreau qui sert d’axe au cylindre. Au fond de la gorge de cette poulie, et dans toute sa circonférence, sont implantées, à distances égales, dix pointes de gros fil de fer dans la direction du rayon de la poulie ; ces pointes, qui n’ont qu’une saillie de quelques lignes sur le fond de la gorge de la poulie, pressent à leur passage la brosse qui ferme la gorge, et déterminent ainsi la sortie de quelques grains de semence. Cette disposition paraît présenter plus de latitude que les lanternes de Ducket, relativement à la grosseur des grains que chaque lanterne peut semer; cependant elle a l’inconvénient d’user beaucoup plus promptement les brosses, parce qu’on est forcé de les serrer très-fortement pour les graines les moins grosses; d’ailleurs, M. de Felîenberg paraît avoir reconnu lui-même qu’il est presque nécessaire d’avoir des cylindres de rechange, avec des pointes de diverses longueurs-, pour les différentes espèces de semences auxquelles ces lanternes sont applicables.
- M. de Felîenberg a aussi adapté à cette machine un arpenteur, disposition au moyen de laquelle l’instrument indique, sur un cadran destiné à cet effet, le nombre de tours que les roues ont faits, et par conséquent l’étenr due de terrain que la machine a ensemencée.
- Considérée en efle-mème, cette machine est, sans doute, plus parfaite que les autres semoirs connus, parce qu’elle se prête à un plus grand nombre de combinaisons ; mais elle n’obtient cet avantage qu’au moyen d’une plus grande complication ; et si on considère les semoirs en général sous le rapport de l’aptitude des hommes qu’on peut employer à les conduire, à les entretenir ou à les réparer, on jugera, je crois, que les plus simples de ces
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- instrumens méritent la préférence clans le plus grand nombre de cas. Ce n’est que dans une très-vaste exploitation qu’il peut être économiquement avantageux de se procurer des ouvriers assez habiles pour qu’on puisse leur confier un instrument fragile et compliqué; mais là, on peuty trouver des avantages très-considérables. Dans les exploitations qui ne sont pas placées aussi favorablement, je crains qu’on ne trouve déjà le semoir de Dueket trop compliqué ; cependant je suis bien sûr que tout agriculteur instruit, qui aura essayé la culture en lignes au semoir, y trouvera de tels avantages, qu’il jugera qu’ils valent bien la peine de lutter contre quelques difficultés dans les commencernens.
- Quant au semoir à raves et au semoir à fèves, pois, etc., qui sont décrits et figurés dans cet ouvrage, ils sont si simples et si faciles à conduire, qu’on peut les mettre entre les mains de tous les ouvriers. Je crois qu’on fera bien de commencer par eux pour familiariser les ouvriers avec ce genre de culture. Lorsqu’ils en connaîtront les effets, ils seront bien plus disposés à donner aux autres instrumens du même genre les soins qu’exige leur emploi.
- Je crois devoir placer ici une observation qui est d’une très-haute importance dans l’emploi de tous les semoirs ; elle se rapporte à la profondeur qu’il est convenable de donner aux sillons dans lesquels se répand la semence. Chaque espèce de graine demande, pour sa complète réussite, d’être enterrée à une profondeur déterminée; dans la semaille à la volée, les grains se trouvent toujours placés à des profondeurs fort variées, et, comme on met toujours alors beaucoup plus de semence qu’il n’est nécessaire pour garnir le terrain, il s’en trouve ordinairement assez de placées dans des circonstances favorables. Avec le semoir, au contraire, tous les grains se trouvent placés à une profondeur égale ; si cette profondeur est celle qui convient pour l’espèce de semence donnée, la semaille est placée dans des circonstances bien plus favorables que si elle eût été faite à la volée ; mais si la profondeur a été mal calculée, il est clair que cette semaille aura au contraire un grand désavantage sur la semaille à la volée.
- Je n’ai trouvé dans aucun ouvrage d’agriculture des données positives sur la profondeur qui convient mieux à chaque espèce de semence; cependant, c’est une des circonstances qui peuvent exercer le plus d’influence sur la réussite des récoltes. J’ai observé, par exemple, que les plantes du genre des choux et des raves, non-seulement lèvent avec moins de certitude lorsqu’elles ne sont pas assez enterrées, à cause du danger que court le germe
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- naissant dans les alternatives d’humidité et de sécheresse ; mais aussi que, lorsqu’il est levé, il est bien plus exposé dans ce cas aux ravages du puceron (altise) : cela est facile à concevoir; en effet, lorsque la graine se trouve presque à la surface du sol, les cotylédons sortent de terre presque aussitôt que la radicule est poussée; lorsqu’au contraire elle est enterrée plus profondément, la radicule est déjà forte au moment où les feuilles séminales se développent; la croissance de la jeune plante est alors bien plus prompte, ce qui est, comme tous les cultivateurs le savent , la circonstance la plus favorable pour la mettre à l’abri des ravages des insectes. D’un autre côté, si les graines de ces plantes sont trop enterrées, elles ne lèvent pas.
- Les céréales veulent aussi être un peu profondément enterrées. Pendant deux années de suite, mes orges semées en lignes ont été détruites en grande partie, après une très-belle levée, par divers accidens que j’attribuais d’abord à toute autre chose, et qui n’avaient leur source que dans une se-niaille trop superficielle. Cela tient au mode de croissance des racines des graminées, et à la manière dont elles tallent, objet qu’il n’est pas nécessaire de développer ici.
- Je sais bien qu’on ne peut déterminer d’une manière positive, et pour tous les cas, la profondeur à laquelle il est le plus convenable d’enterrer les semences ; mais il me semble utile de donner quelques indications à cet égard. Je vais dope présenter le résultat de mon expérience pour quelques graines, en formant le vœu que cette liste soit complétée par les soins des agriculteurs qui sont accoutumés à apporter quelque attention à leurs opérations.
- En général, les semences demandent à être d’autant moins enterrées que la nature du sol est plus tenace. Dans les indications suivantes, je suppose un sol de consistance moyenne.
- Les féveroles demandent à être enterrées à trois ou quatre pouces. Dans un sol tenace, elles lèvent même très-bien à cette profondeur.
- Pour Y orge et Y avoine, deux pouces à deux pouces et demi sont la profondeur la plus convenable. Je crois même que, pour l’orge, on ne doit pas rester au-dessous de deux pouces et demi.
- Le froment, le seigle, les pois, les vesces, les lentilles, les betteraves, demandent à être enterrés d’un pouce à deux.
- Le colza, d’un pouce à un démi-pouce.
- La navette, les moutardes, la cameline, le lin, le rutabaga, d’un demi-pouce environ.
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- ü’iS'STRUMENS h’aGRICÜLTURE. x 23
- Les carottes et navets, à un demi-pouce au plus.
- Les graines de trèfle, de gaude, de pavots, de sainfoin , de chicorée, veulent être à peine recouvertes de terre.
- Quant à la distance qu’il convient le mieux de mettre entre les lignes des plantes, je crois que neuf pouces forment la distance la plus convenable pour toutes les céréales, ainsi que pour les lentilles en sol médiocre. Si le sol est meilleur, les lignes de lentilles peuvent être éloignées jusqu’à douze, quinze et même dix-huit pouces.
- Dix-huit pouces me semblent être la distance convenable pour le colza d’hiver et d’été, la navette, les moutardes et autres plantes à huile de ce genre, ainsi que pour les carottes, rutabaga, betteraves, féveroles et pavots.
- Les pommes de terre en très-bons sols doivent être espacées de deux pieds à vingt-sept pouces, et de dix-huit pouces dans les sols médiocres, ou pour les variétés qui s’étendent peu.
- Plusieurs personnes, dans les essais de culture en lignes, ont cherché à diminuer beaucoup trop la quantité de semence; c’est parce que j’ai aussi éprouvé les inconvéniens de cette faute, que je crois devoir prémunir contre elle les cultivateurs qui voudront essayer la culture au semoir. En. considérant l’accroissement que prend dans un bon soi la touffe formée par un seul grain de froment ou d’orge, on serait porté à croire que le terrain sera suffisamment garni en plaçant les grains à deux ou trois pouces de distance dans la ligne; mais on se tromperait, et je suis convaincu aujourd’hui que, dans les semailles au semoir, on ne doit pas mettre moins de moitié de la quantité de semence qui serait nécessaire pour la semaille à la volée. M. Schtverz, après avoir commis la même faute, la reconnaît lui-même dans sa Description de Vagriculture du Palatinat.
- FïMr.
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- NOTE
- SUR
- L’INSTITUT AGRICOLE DE MOGELIN.
- Ox trouvera sans doute ici, avec d’autant plus d’intérêt, quelques renseigne-mens sur l’établissement que dirige aujourd’hui M. Thaer, qu’il reconnaît que l’adoption des instrumens perfectionnés d’agriculture dont il y lait usage est une des causes principales des succès qu’il a obtenus.
- :l II y a environ vingt-cinq ans que le gouvernement prussien a fait don à ce savant agronome du domaine de Mogelin, situé près de Francfort-sur-l’ Oder, ainsi que du capital nécessaire à son exploitation, à condition qu’il y formerait un établissement agricole propre à fournir un modèle des améliorations qu’il était le plus important d’introduire dans la culture du pays. M. Thaer a montré là ce que peut un homme de génie secondé par un gouvernement qui sait l’apprécier. Le domaine de Mogelin était évalué alors à 2,000 reichsthaler de revenu 5 il passe pour constant en Allemagne qu’il en a porté le produit net â 20,000 reichsthaler. Il a formé un institut agiicole où se rendent avec empressement des élèves de toutes les parties de l’Allemagne. A son exemple , d autres instituts du même genre se sont formés dans plusieurs états de la confédération germanique. Déjà l’influence de cet établissement sur la culture du pays est très-remarquable 5 celle qu’il doit exercer sur la prospérité agricole future de tout le nord de l’Allemagne est incalculable. Jamais peut-être aucun gouvernement n’a pu placer un capital d’une manière plus utile pour ses peuples et pour lui-même.
- Qu il me soit permis de comparer ici un établissement ainsi conçu, avec les fermes experimentales qu’on a eu, à diverses époques, le projet d’établir en France. Dirigée par un homme à gages subordonné à une commission composée d agronomes résidant dans une grande ville , croit-on qu’il soit possible d attendre d une ferme de ce genre des résultats comparables à ceux
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- de l’établissement dont je viens de parler? Il est difficile de croire d’abord qu’on pourra rencontrer des talens supérieurs dans le directeur qu’on placera dans cette position; plus difficile encore de croire qu’il apportera un vif intérêt à ses opérations; Mais quand il posséderait même toute la capacité et le zèle qu’on pourrait lui supposer, le place-t-on dans la position la plus favorable pour les développer? D’un autre côté, en supposant aux agronomes chargés de la direction suprême les plus grands talens et les plus vastes connaissances, ce qui ne serait pas difficile à trouver en France, tout cela sera à-peu-près perdu pour le succès de l’établissement ; d’abord, parce qu’ils sont plusieurs appelés à une direction où l’unité de vues est requise plus impérieusement peut-être que dans quelque autre opération industrielle que ce soit; ensuite, parce qu’ils ne résident pas sur les lieux, et qu’en agriculture ce n’est pas seulement chaque jour, mais à chaque heure du jour, qu’il faut prendre conseil du temps, des circonstances, et de mille choses qui ne peuvent frapper que l’homme qui emploie à les observer tout son temps et toutes ses facultés.
- Une direction ainsi conçue peut convenir à un établissement déjà en activité sur un plan sanctionné par l’expérience, ou à celui dans lequel la marche des opérations peut être tracée d’avance d’une manière fixeetinvariable; mais dans un établissement agricole où il est question d’introduire un changement total dans le mode de culture, d’apporter des améliorations sur lesquelles il faudra pendant long-temps consulter avec constance et assiduité le sol, l’atmosphère , peser et apprécier une foule de difficultés de détail de nature très-diverse, mettre autant de souplesse dans le choix des moyens d’arriver au but que de persévérance dans la direction qu’on s’est tracée, lutter perpétuellement contre les obstacles que présentent les hommes et les choses ; là, séparer Fueil qui observe de la volonté qui ordonne, c’est, je le crains bien, frapper de mort l’établissement dès ses premiers pas.
- Je pourrais dire encore qu’ici personne ne sera personnellement intéressé aux succès de l’établissement. Tout en faisant une part convenable au zèle pour le bien public qui anime quelques liommes d’un certain caractère, combien ce stimulant n’est-il pas différent encore de l’intérêt privé, cet agent toujours présent, toujours actif, ce moteur tout-puissant des actions des hommes ! Certes, personne ne se fait une plus haute idée que moi des nobles sentimens, de l’amour du bien public qui animent le directeur de l’institut de Mogelin: mais j’hésiterais, s’il était question d’assurer que ce sentiment eût été capable seul de lui faire surmonter la foule d’obstacles qu’il a rencontrés dans les créations que lui ont suggérées son génie et ses vastes connaissances,
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- Je soutenir cette énergie de volonté, cette activité persévérante, nécessaires pour l’accomplissement d’un plan aussi vaste que celui qu il avait conçu. A côté d’un tut d’intérêt putlic de la plus haute importance, le gouvernement auquel on doit la formation de cet établissement avait placé en perspective pour le directeur un moyen de fonder pour lui-même, par son industrie, les bases d’une fortune solide. C’est dans cette combinaison qu’il faut, dans mon opinion, chercher les racines de la prospérité de cet établissement.
- Je ne prétends pas dire qu’il soit absolument nécessaire, pour assurer le succès d’un établissement de ce genre, de faire au directeur le don d’un riche domaine 5 on trouverait sans doute d’autres moyens moins coûteux de l’associer aux succès d’un établissement qu’il est appelé à créer. Mais cette connexité d’intérêts est, jè crois, la seule base solide sur laquelle on puisse espérer d’arriver, en ce genre, à des résultats d’une utilité réelle et durable. Si le directeur calcule mal ses opérations, il faut qu’il en porte le premier la peine.
- Je ne veux pas dire non plus qu’on doive affranchir le directeur de toute espèce de surveillance, cela ne pourrait réussir qu’avec un Homme de la trempe de M. Thaer, et ces hommes sont rares par-tout ; mais, dans tous fes cas, rien ne pourrait être plus mal entendu que de lui imposer des.entraves qui, sans pouvoir lui donner des talens s’il n’eu a pas, l’empêcheraient de les employer utilement s’il les possède.
- On remarquera que l’établissement de Mogelin n’est pas une ferme expérimentale , mais plutôt une ferme exemplaire. Prendre la science à la hauteur où elle a été portée par les améliorations introduites dans tous les pays, et la transporter sur les sillons.de son domaine, tel est le but ques’est proposé M. Thaer. Cependant il a aussi fait faire d’immenses pas à la science, peut-être même de bien plus grands que s’il eût consacré exclusivement sa ferme aux expériences ; e est que la pratique d’un art est pour un homme observateur et éclairé une expérience continuelle dans laquelle les faits et les résultats de la pratique lui servent de boussole pour le diriger vers les améliorations les plus importantes. Une ferme consacrée uniquement à des expériences pourra peut-être fournir la matière a un bon livre : une ferme exemplaire naturalisera dans l’agriculture dun pays les préceptes qui remplissent les meilleurs ouvrages. Je crois qu’on ne peut pas hésiter sur Je choix.
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- TABLE DES MATIÈRES.
- Prétace du traducteur. p,> a
- Préface de l’auteur.
- Valeur des poids} mesures et monnaies qui sont employés dans cet ouvrage. De la charrue^ et en particulier de celle de Smalî.
- — Dénomination des diverses parties de la charrue en général.
- — L’avant-train et les roues sont-ils utiles ou nécessaires dans la
- chaiTue ?
- — Théorie de la charrue en général.
- — Le contre.
- .— La face gauche ou la face de terre de la charrue.
- — La semelle de la charrue, ou la charrue vue par-dessous.'
- .— La face droite ou la face du sillon de la charrue.
- — L’âge.
- .— Les manches.
- — De l’introduction de la charrue de Small dans une exploitation
- agricole.
- — Conduite de la charrue.
- — Attelage de la charrue.
- — Prix de cette charrue.
- — Circonstances dans lesquelles cette charrue ne convient pas.
- —i Explication des fgures relatives à la charrue de Small.
- La charrue légère à versoir mobile.
- — Explication des fgures relatives à cette charrue.
- L’jextirfateur.
- Le semoir pour les grains, selon la manière de Ducket.
- — Des diverses parties du semoir sous différens aspects.
- Le semoir pour les pois et les fèves.
- La herse à taupinières.
- Le semoir à raves.
- Le traxche-gazoîï.
- 5
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- ib.
- 2Ï
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- Js8 TÂBZE DES MATIÈRES/
- La char hue « deux versoirs mobiles, Page 100
- Le plantoir à choux. io3
- La charrue à creuser les rigoles d’écoulement. i o4
- La charrue à écroûter le gazon. io5
- Le crochet à arracher les pommes de terre. 106
- Le butoir à pommes de terre } ou la houe à cheval simple. ib.
- La houe à cheval composée, 107
- Description d’un nouveau semoir. 108
- Addition du traducteur sur les semoirs. "9
- ?*Ote du traducteur sur l’institut agricole dirigé par M. Tliaer^ à Mo-gelin.
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