Les grandes usines
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- TABLE
- DES MATIÈRES
- TOME XYI
- Concours agricole de 1884.
- Usine Mondollot, Eaux gazeuses.
- Etablissements Krieger-Damon et Cie.
- Les Abattoirs de Paris.
- Fabrication des Compteurs a gaz, ancienne maison I. Brunt et Cie
- Usine des Gourmets de M. Trébucien, torréfaction industrielle du café.
- Maison Gabriel Gerbaud, à Narbonne (Aude).
- Manufacture Wild frères et Cie, à Nancy. Chapeaux de paille.
- Compagnie des grands Vins de Champagne. E. Mercier et Cie, à Épernay (Marne).
- Usine Guillemin. Fabrication du bronze phosphoreux.
- Usine du Cosmydor. Fabrication des savons de toilette.
- Usine Blanzy Poure et Cie, à Boulogne-sur-Mer. Fabrication des plumes métalliques.
- Etablissements Alfred Gratien, à Beaulieu-lès-Saumur. Vins de Champagne.
- Usine Bloch, à Tomblaine près Nancy. Fabrication de produits alimentaires.
- Usine Pérus et Cie, à Lille. Fabrication de la céruse.
- Exposition de Rouen en 1884.
- Usine de Tilly, à Reims. Teinture et apprêts.
- Huitième Exposition des Arts décoratifs.
- lmp. Cb. Uabéchal et J. Mohtcmier, 16, cour des Petites-Êcnries, Paris.
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- GRANDES USINES
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- REVUE PÉRIODIQUE DES ARTS INDUSTRIELS
- Description des Usines Françaises et Etrangères
- XVI
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- LIBRAIRIE DES DICTIONNAIRES
- Passage Saulnier, *?, Paris
- 1885
- Tous droits de traduction et de reproduction réservés.
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- CONCOURS AGRICOLE
- DE 1884
- INSTRUMENTS & MACHINES AGRICOLES
- Le concours agricole, ouvert le 13 février dernier aux Champs-Elysées, a présenté un intérêt particulier par le nombre etla variété des machines qui ont été exposées. S’il y avait u n reproche à adresser à cette exposition, ce serait d’être trop abondante, d’avoir attiré trop d’exposants, et de présenter au public une agglomération si considérable de Machines motrices et d’outils que l’on risque de se perdre dans ce dédale de locomobiles, de charrues, de faucheuses, de moissonneuses, de chemins de fer agricoles, de constructions économiques, d’ustensiles de ferme ou de ménage. Peut-être eût-il mieux valu se borner aux instruments qui, par leur nouveauté ou leurs avantages méritent d’attirer l’attention des agriculteurs. C’est un écueil qu’il sera désormais prudent d’éviter. Le constructeur ne doit pas s’habituer à considérer ces concours comme des expositions uniquement destinées à lui faciliter l’exhibition et surtout la vente de ses machines. Ce peut-être là le résultat, mais cela ne devrait pas être l’objectif principal d’un concours. 11 faut exiger de la part du constructeur un travail de sélection ; obtenir qu’il n’envoie pas des machines semblables ou si
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- peu différentes qu’elles puissent paraître identiques. On diminuera ainsi le nombre des numéros du catalogue, et, si Ton perd un peu sur le coup d’œil d’ensemble, en revanche on visitera mieux les machines, car elles seront alors plus éloignées les unes des autres. En appréciant mieux la qualité, on se consolera facilement delà moindre quantité.
- En entrant au concours par la porte principale, située près du palais de l’Industrie, on trouvait, en tournant à droite, une vraie batterie de locomobiles activant une multitude de machines-outils.
- Nous signalerons d’abord l’exposition de M. Gérard, de Yierzon, dont les machines agricoles ont acquis une juste-célébrité; puis celles de M. Boulet, de la maison Hermann-Lachapelle, si connue de tous ceux qui ont besoin de machines verticales, sans parler des curieux qui lisent les affiches.
- 1 Un peu plus loin M. Albaret présente au public des types différents de machines, dont une, destinée à comprimer et à lier le foin, ne manque pas d’intérêt, un hache-maïs, et un rouleau à vapeur pour l’usage des ponts et chaussées. Ge dernier appareil nous a paru très bien réussi.
- Au milieu de ces machines perfectionnées, citons celle d’un constructeur de Montereau. M. Berlin ùtilise comme moteur le travail d’un cheval qui fait glisser sous ses pieds un tablier incliné mobile sur galets. Nous n’hésitons pas à recommander ces machines plutôt à l’attention de la Société protectrice des animaux qu’à celle des acquéreurs. C’est primitif encombrant et sauvage.
- Pour nous reposer de ce spectacle, examinons l’injecteur Guyenet, dont certaines machines à vapeur sont munies. L’injecteur en général présente, sur la pompe alimentaire, l’avantage de fonctionner indépendamment de la machine. C’est ce qui avait assuré le succès du Giffard. L’injecteur
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- dont nous parlons, et qui repose, comme les premiers appareils de ce genre, sur l’entraînement d’un courant d’eau par un courant de vapeur, nous paraît être un réél perfectionnement. L’appareil est petit, économique, d’une installation commode et d’un maniement facile. S’il n’y a pas là une idée bien neuve, il y a certes une ingénieuse application qui mérite une mention.
- L’exposition Pilter a été ce qu’elle devait être, une deà mieux réussies et des plus intéressantes. 11 est impossible
- Charrue-Tilbury (Exposition Pilter),
- de citer ici tout ce qui la composait : rateaux, faneuses, moissonneuses, charrues, etc. 11 y a de quoi choisir. Pro-* fitons-en.
- La charrue-tilbury dont nous donnons ici le dessin, permet à un homme de labourer, en restant tranquillement assis sur le siège d’où il conduit ses chevaux. Un timon, un train de voitures très simple à deux roues, un disque tram chant, qui sert de coutre, et est animé d’un mouvement de rotation solidaire de celui des roues; un soc ordinaire :
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- au-dessus un siège, et à la disposition du conducteur deux leviers à portée de ses mains, une pédale sous son pied droit : rien de plus élégant à l’œil, rien de plus simple comme mécanisme, rien de plus pratique pour le travail. Le levier de gauche, élevant ou abaissant la partie gauche du soc, donne au versoir l’angle voulu : le Jevier de droite commande la profondeur du labourage, et permet, en utilisant un frein à friction de soulever complètement le fer hors de terre et de le suspendre à un crochet, dont on le détache en appuyant le pied sur la pédale. C’est cette manœuvre très simple qu’on fait à chaque tournant. Au besoin, quand on n’a pas de labours à faire, on peut utiliser la voiture comme tilbury. C’est à cela sans doute qu’elle doit son nom.
- La moissonneuse combinée Samuelson, est aussi une machine fort intéressante. Elle peut à volonté être montée comme faucheuse ou comme moissonneuse. Elle permet de réaliser un mouvement assez rapide .pour le fauchage, et la résistance de ses pièces d’assemblage met à l’abri de ruptures, fréquentes avec d’autres matériels.
- Une presse à fourrage, mue à la vapeur, comprime le foin, en forme des cylindres d’environ soixante kilogrammes, qui du meme coup sont liés. Le volume est réduit dans une proportion qui rend le transport et l’emmagasi-.nage faciles. Une faible force motrice, une main-d’œuvre peu coûteuse, permettent ainsi de donner au fourrage, une forme et un volume convenables. Toute exploitation où les prairies occupent une certaine superficie, doit avoir un avantage évident à se servir d’une machine de ce genre. Le fourrage, ainsi disposé, se vendra toujours à des prix plus avantageux, et se transportera à meilleur compte que le fourrage brut ou en bottes ordinaires. Nous donnons le dessin de cette machine en espérant la trouver l’an prochain chez plus d’un fermier.
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- Presse a foin (Exposition Pilter).
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- Nous ne parlons pas ici des machines fabriquées en Angleterre par la maison Howard et dont la vulgarisation en France est due aux soins de M. Pilter. 11 faudrait un volume pour les décrire et elles le méritent. Nous aurons d’ici peu l’occasion de revenir sur cette importante maison dans le cours de cette publication. 11 nous suffit aujourd’hui de la signaler à l’attention de l’agriculteur comme
- une des fabriques étrangères les plus capables de satisfaire le mieux à toutes les exigences de la culture perfectionnée.
- Pour terminer ce - que nous avons à dire de l’exposition si intéressante de M. Pilter, il nous reste à parler de ses appareils à confectionner le beurre. En principe, le beurre, à égalité de qualité du lait, à égalité de soins donnés, est d’autant meilleur que la crème a été plus rapidement séparée du lait. Ceci admis, les machines qui permettent de retirer le plus vite la crème du lait sont les Ecrémeuses centrifuges Laval et les Crémeuses Cooley. Avec ce dernier appareil, par la submersion complète des bidons, on met absolument la crème à l’abri des influences de l’atmosphère ambiante.
- La fabrication danoise, excluant l’eau pour le lavage du beurre, exige l’emploi d’une baratte conique, immobile, à batteur tournant à l’intérieur. Le beurre une fois obtenu dans ces barattes, est, à cause de leur forme spéciale, faci-
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- Baratte Danoise,
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- lement enlevé à l’aide d’un tamis, pour être déposé dans l’auge à beurre où il s’égoutte et subit quelques manipulations avec des spatules en bois. 11 est ensuite déposé, par parties de 2 à 3 kilogrammes, sur le malaxeur qui le pétrit d’une façon méthodique, et en exprime jusqu’à la dernière trace de lait.
- Le plus grand éloge que l’on puisse faire de ces procédés, c’est de dire qu’ils réussissent pleinement dans la pratique. Une ferme des environs de Gisors en voie, journellement à Paris 50 kilogrammes de beurre ainsi fabriqué. Il est impossible d’en voir de plus beau ni d’en souhaiter qui se conserve mieux.
- En quittant l’exposition Pilter, il fallait avoir soin de
- suivre le bon chemin. Celui qui aurait voulu franchir les plates-bandes des parterres, aurait appris à ses dépens que la ronce artificielle est une clôture avec laquelle il est préférable de ne pas jouer. Les bestiaux font vite connaissance avec ce fil de fer. Je me souviens d'avoir vu en Normandie un troupeau de vaches poussé dans le coin d’un pâturage, tenter tous les moyens de s’échapper plutôt que de s’approcher de la clôture.
- M. Pombla constructeur a exposé un hangar économique en bois, qui se recommande par son prix très modéré, sa solidité et sa légèreté réunies, la facilité de son mdntage et de son démontage, etc. La toiture en peut être faite, soit en ardoises, soit en carton bitumé, soit en ardoises métalliques de Montataire. Ce dernier mode de couverture a fait ses preuves ; on en a vu des hectares à la dernière
- Malaxeur a beurre,
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- exposition universelle. On ne saurait assez le conseiller à tous ceux qui ne tiennent pas à sacrifier à l’architecture.
- De tous les appareils exposés par M. Dudouy, ceux qui nous ont paru les plus remarquables sont ses semoirs. Leur légèreté est grande et leur construction entièrement en fer, sauf la caisse, présente une solidité-exceptionnelle. On peut au besoin n'atteler qu’un seul cheval sur un semoir à douze rangs; deux hommes suffisent à la manœuvre; l’un dirige le chariot et surveille le cheval, l’autre embraye, désembraye et s’occupe de la graine. Le grain est placé dans une grande caisse où il est pris par des roues munies de godets et montées sur l’essieu. Les godets versent le grain dans des compartiments qui débouchent dans des tubes chargés de le conduire jusqu’à terre. On peut, à volonté, fermer un certain nombre de compartiments, de manière à faire varier l’écartement des rangs 1 et semer ainsi avec un même appareil, aussi bien la betterave que toute autre graine. Les tubes sont à rotules. Ces articulations leur donnent une souplesse qui en assure la solidité. Un autre perfectionnement consiste dans la facilité donnée par M. Dudouy aux agriculteurs de changer les couteaux sillonneurs des socs mobiles. Ces couteaux s’usent rapidement : veut-on les changer ? Il suffit de faire sauter deux goupilles en bois, d’ôter le couteau usé et de le remplacer par un neuf, sans toucher au reste du soc.
- Dans l’exposition de la maison Decauville, nous devons surtout appeler l’attention sur les ponts métalliques portatifs inventés par M. Eiffel, qui tient un des premiers rangs parmi les constructeurs les plus distingués. Un modèle de ces ponts figure aux Champs-Elysées. Dans ce système, tous les éléments sont pareils et peuvent servir aussi bien pour un pont de 20 mètres que pour une portée de 300 mètres. Le montage se fait sur l’une des rives, sans qu’il soit nécessaire de se servir d’échafaudages, de
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- chevalets ou de bateaux. On procède par voie de lançage, en faisant rouler le tablier sur des wagonnets. Un de ces ponts a été établi à Phu-Lane, en Cochinchine.
- Disons aussi un mot des wagons-civières employés en Tunisie lors de la dernière expédition, et qui consistent en deux travées horizontales formant lits de sangles. C’est sur ces lits que l’on installe les malades et les blessés. Le toit de ce wagon est formé d’une toile qui retombe sur les côtés et abrite aussi bien du soleil que du vent et de la pluie.
- La maison Sabon et Renault présente plusieurs chariots et tombereaux d’une construction très soignée, comme tout ce qui sort de cette importante maison de charronnage.
- Bascules Chameroy. Le constructeur ingénieur qui a donné son nom à cette bascule, a appliqué au curseur un dispositif qui permet, au moment où la pesée est faite, d’imprimer sur un ticket le chiffre de cette pesée. A cet effet, la rive inférieure du levier, porte des chiffres en relief, sur lesquels on force le ticket à s’appuyer à l’aide d’un excentrique. Cette idée très simple met à l’abri de toute fraude, de la part des intermédiaires, aussi bien celui qui livre que celui qui reçoit.
- Tous les agriculteurs connaissent les machines Osborne qui ne laissent rien à désirer sous le rapport de la solidité, et donnent dans la pratique un travail absolument perfectionné. La maison est une des plus importantes du monde entier. Elle emploie quinze cents ouvriers toute l’année, et fabrique cent vingt-cinq machines par jour. Nous avons surtout remarqué dans l’exposition de MM. Osborne et Gie, une moissonneuse-lieuse qui accomplit en une journée un travail considérable. Elle moissonne environ six hectares par jour dans un champ de lm50 de hauteur. Le conducteur, assis sur cette coquille, qui sert aujourd’hui de siège
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- dans presque toutes les machines agricoles, a sous les yeux tout l’ensemble de l’appareil et peut en contrôler chaque partie, suivant les nécessités du travail. Il peut embrayer et désembrayer sa machine sans arrêter. A portée de sa main se trouvent deux leviers qui lui permettent : le premier de lever la barre coupeuse, de façon à passer les obstacles - le second d’élever ou abaisser la pointe des doigts suivant la difficulté du terrain. Dans les premières machines, la gerbe était liée automatiquement par un fil de fer. Depuis trois ans environ, le fil de fer est remplacé par une ficelle, qui n’a pas pour l’alimentation des bestiaux, les inconvénients qu’on reprochait au fil de fer. La ficelle entoure la gerbe et un nœud très solide" est formé par un mécanisme à la fois simple et ingénieux. L’expérience a prouvé que trois gerbes à peine sur cent étaient mal attachées.
- Jetons maintenant un coup d’œil sur l’exposition de la maison Mot et Cie. On y trouve des herses articulées du système Ransomes. Les dents, au lieu d’être fixées à un cadre rigide, sont attachées à un cadre articulé qui leur permet de suivre les inégalités du sol.
- Grâce à cette mobilité, elles pulvérisent beaucoup mieux la terre tout en entraînant les mauvaises herbes. Dans la même exposition nous avons examiné le rateau à roues hautes du système Ransomes qui peut, à volonté, être muni d’un siège et d’un appareil qui le rend automatique. Ses dents sont en acier, indépendantes et d’une forme toute spéciale qui, par sa contexture en T, leur donne une grande force sans nuire à leur souplesse; le démontage et le remplacement des dents sont très faciles.
- Le chargeur mécanique de foin se recommande par l’économie qu’il procure et par son action rapide ; on l’attache à l’arrière d’une voiture quelconque; l’attelage avance ; le foin s’élève et se décharge sur la voiture. En
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- vingt minutes, cinq mille kilogrammes de fourrages sont mis à l’abri.
- Les coupe-racines coniques permettent d’écraser les grains, de hacher les fourrages, de découper les racines et les tubercules, ce qui rend le travail de la mastication facile aux animaux, qui absorbent ainsi, dans le même temps, beaucoup plus de nourriture.
- Les grains et les légumes, dont on nourrit les animaux, doivent être préalablement soumis à un écrasement — les concasseurs de la maison Mot et Cie qu’on peut, suivant leurs dimensions, mettre en mouvement, soit par la vapeur, soit par un manège, donnent des résultats très satisfaisants — le grand modèle permet de concasser huit hectolitres à l’heure. — Les cannelures du système broyeur sont en acier, et leur disposition est telle qu’on peut les remplacer après usure sans être obligé de toucher au noyau central.
- Ne quittons pas cette exposition sans examiner la faneuse rustique qui ménage le foin et n’en détache pas les feuilles et les graines; un récent perfectionnement permet d’abaisser ou d’élever les fourches à volonté.
- La maison Paradis a envoyé, au concours des appareils fabriqués dans l’importante usine de Hautmonl. Us n’ont pas manqué d’attirer l’attention des visiteurs ; nous y avons remarqué, en dehors des différents types de manège, les rateaux à cheval, les rouleaux compresseurs pour prairies, les rouleaux Groskill à dents aiguës, les brise-mottes, les coupe-racines et les herses à chaînons et à mailles —
- Nous décernons une mention spéciale au porteur Lartigue. Jusqu’ici on s’était contenté de chemins de fer à deux rails, et l’on avait trouvé suffisant dans les différents cas d’en faire varier l’écartement. Cet écartement, M. Lartigue le réduit à zéro. Il n’utilise qu’un seul rail, et comme il lui faut pourtant de la stabilité, il surélève le rail, place
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- Chemin de fer monorail (Système Lartigue;.
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- le fardeau des deux côtés de la voie, de telle sorte que la position du centre de gravité sur la verticale et au-dessous du point d’appui, donne toute sécurité et rend le renversement impossible.
- La voie est constituée par un rail en forme de plate-bande, travaillant sur champ, résistant aux efforts verticaux, docile aux flexions horizontales. Les supports des rails sont formés de deux fers cornières, ayant sur la terre une embase de 50 à 60 centimètres. Ils reposent sur une semelle métallique percée de deux trous, par lesquels on chasse en terre des broches de 30 centimètres pour éviter
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- le glissement de tout le système. La voie est d’ailleurs éclissée d’une manière analogue à celle des chemins de fer. La pose de cette voie est simple et rapide. Six hommes en une journée peuvent poser de mille à douze cents mètres. Les courbes s’obtiennent sans difficulté en soulevant la voie placée d’abord droite, et en la laissant reposer dans la direction voulue. Le devers, s’il est nécessaire, s’obtient par la semelle qu’on incline vers le centre de la courbe. L’aiguillage est rendu inutile par la flexibilité de la voie : on interrompt la voie à l’extrémîté-d’un rail, et à la main on amène en face du joint interrompu la partie de voie que l’on veut raccorder. On évite ainsi les appareils spéciaux, chers et délicats. Le poids du mètre courant de voie ordinaire, supports compris, ne dépasse pas huit kilogrammes. C’est cette légèreté qui permet une économie considérable par rapport aux autres chemins de fer à voie étroite.
- Le matériel roulant se compose de véhicules suspendus à un châssis en fer cornière M N, portant dans son milieu une roue à gorge R. L’essieu en acier tourne dans un coussinet de bronze, dont une boîte à huile B, assure la lübréfaction. A ce châssis est suspendu une sorte de cacolet, ou panier double, descendant d’au moins soixante centimètres de chaque côté, et par suite d’autant plus stable qu’il est plus chargé. On donne à ces cacolets les formes les plus diverses, suivant l’usage auquel on les destine. Les uns, munis de fourragères, servent au transport des céréales, des écorces, des alfas, ou des cannes à sucre; d’autres, en forme de tonnelets métalliques, transportent l’eau, le vin, l’huile, etc.; d’autres sont disposés pour recevoir des marchandises en sacs, ou des hottes de vendangeurs. On peut en aménager pour le transport des blessés en campagne. Non seulement l’évacuation des malades gagnerait en rapidité, mais on leur éviterait ainsi
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- les secousses si fatigantes dues à la marche du cheval ou du mulet.
- Il y aurait, sur ce chemin de fer monorail, bien des choses encore à dire; mais nous sommes limités ici par l’espace. Peut-être un jour, nous n’en serions pas étonnés, décrirons-nous, dans cette publication même, quelque grande application de ce système. On l’a expérimenté en Afrique sur une longueur de plus de cent kilomètres, et les résultats obtenus ont été très satisfaisants. Il ne manque pas, sur ce même continent africain, de chemins de fer à construire, de lignes à créer, dans des pays difficiles, accidentés, au milieu de populations peu bienveillantes. N’y aurait-il pas lieu d’employer, sur certains points, le système de M. Lartigue qui réunit ces deux qualités précieuses : la rapidité d’installation et l’économie.
- Dans l’exposition de M. La?iz, nous remarquons l’arra-cheuse de sanves et autres mauvaises herbes qui présente un intérêt particulier. Lorsque les blés de semence n’ont pas été soigneusement triés et que les terres n’ont pas été nettoyées convenablement par des déchaumages rationnels, les plantes adventices, et surtout la sanve ou moutarde sauvage, envahissent les champs au grand détriment des récoltes. L’arrachage de ces mauvaises herbes est une opération ordinairement coûteuse, qui se fait facilement et économiquement quand on emploie l’appareil de M. Lanz. Un tambour, monté sur un cadre en bois muni de deux roues, est garni de peignes en acier qui, au moyen d’un excentrique, sortent du tambour, saisissent la plante, l’arrachent et se retirent ensuite dans l’intérieur du tambour. Les plantes arrachées sont déchargées dans une bâche que l’on vide au bout du champ.
- L’emploi de cette machine, dès le début de la floraison de la sanve, donne des résultats surprenants et permet d’obtenir une récolte supérieure d’un tiers à celle du
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- champ voisin qui n’a pas été soumis à cette opération. L’appareil de M. Lanz permet de sarcler deux hectares par jour.
- Nous citerons encore les grues roulantes et les treuils pour usage agricole de la maison Suc dont les appareils présentent toujours la même perfection ; le rouleau compresseur à vapeur de MM. Aveling et Porter ; les batteuses à bras et à manèges de MM. Japy ; les appareils de buanderie et les lessiveuses en tôle galvanisée de la maison Allez. Quand nous aurons signalé les locômobiles de M. Cumming, les charrues et houes vigneronnes de M. Re-nault-Gouin, de St-Maur, l’ingénieux arracheur de betteraves à deux lignes de M. Bajac-Delahaye, les concasseurs de tourteaux de M. Ben Reid el la herse à clavier de M. Son-nel, nous croirons vraiment avoir attiré l’attention du lecteur sur toutes les machines agricoles qui présentaient un intérêt particulier.
- Dans notre prochaine livraison, nous réparerons, s’il y a lieu, les omissions que mous avons pu faire; nous nous occuperons de l’exposition spéciale de brasserie, distillerie et meunerie. Enfin, pour mêler l’agréable à l’utile, nous parcourrons rapidement l’exposition des animaux gras et des produits agricoles.
- Imp. Ch.UABiOBAli & J.HOHTOBltB, 16, cour des Petites-Écuries. Paris.
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- INSTRUMENTS & MACHINES AGRICOLES
- (Suite et fin).
- L’Exposition de 1884 est si variée et si intéressante qu’il faudrait un volume pour décrire d’une manière satisfaisante les curiosités qu’elle renferme. Dans la précédente livraison, il nous a été impossible de citer tous les noms qui auraient mérité de l’être. Nous avons choisi parmi les constructeurs ceux qui, dans le cours de l’année dernière, avaient apporté à leurs machines un perfectionnement nouveau. Nous n’avons pas voulu insister sur les machines motrices ; cependant, il nous paraît indispensable d’attirer l’attention du lecteur sur les locomobiles de M. Berendorf Cet habile ingénieur n’a envoyé que deux modèles, mais ils résument en eux toutes les qualités désirables.
- M. Noël nous présente un remarquable ensemble de pompes; cette importante maison de construction n’a plus à compter ses récompenses. La pompe universelle est une pompe aspirante et foulante à double effet. Elle sert soit comme pompe à purin, soit pour l’épuisement, l’arrosage, la vidange des fosses d’aisance, et possède une grande puissance comme, pompe à incendie. Son rendement à l’heure varie de 9,000 à 12,000 litres, et la projection, en cas d’incendie, atteint quatorze mètres de hauteur verticale et 18 mètres de distance horizontale.
- Une autre pompe, à volant, pour le transvasement des
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- vins et des bières, est une pompe à double effet aspirante et foulante. M. Noël nous en présente trois modèles qui donnent des débits respectifs de 2,500, 4,000 et 6,000 litres par heure. Dans ces modèles de construction récente, les clapets et le piston peuvent être visités sans démontage. La disposition des organes permet S’employer ces pompes au transvasement des liquides les plus chargés comme le moût de raisin.
- Dans l’exposition de M. Nines nous avons remarqué un manège pour un cheval, d’un système perfectionné, évitant les chocs et marchant d’une manière très régulière. La Pompe Nines peut s’appliquer, sans aucune espèce de modification, à tous les usages qui nécessitent l’emploi d’une pompe. En outre de la disposition d’ensemble des organes mécaniques, cette pompe se caractérise par l’emploi d’un double piston oscillant, de cloisons spéciales et de conduits extérieurs au cylindre, permettant la double aspiration et le double refoulement à chaque coup de piston.
- La maison Beaume expose une collection fort nombreuse de pompes de toutes sortes et un moteur à vent VEclipse très ingénieux servant à l’élévation de l’eau et à la mouture du blé. La roue motrice de ce moulin, construite d’un seul morceau, exempte de toute complication, ce qui lui assure une solidité et une simplicité très grandes, est fort sensible au vent et tourne facilement alors que d’autres ne peuvent plus fonctionner. La disposition spéciale de son gouvernail, flexible, à levier compensateur, l’oriente instantanément, quelque prompt que soit le changement de direction du vent, et lui permet aussi de régler sa force à volonté. Une girouette régulatrice latérale désoriente automatiquement l’appareil par les grands vents, lui assure une marche régulière inconnue jusqu’à ce jour, tout en lui permettant de résister facilement aux tempêtes.
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- Pompes rotatives de MM. Malcotte et Revin. On sait que dans une pompe rotative le mouvement de va-et-vient du piston des pompes ordinaires est remplacé par un mouvement de rotation continue. Le corps de pompe est une boîte cylindrique à axe, horizontal communiquant d’une part avec le tuyau d’aspiration, de l’autre avec le tuyau d’ascension. Dans cette boîte se meut un anneau concentrique auquel sont adaptées des palettes jouant le rôle de piston. 11 y a, à chaque tour, quatre aspirations et quatre refoulements, d’où résulte dans le tuyau d’ascension un mouvement sensiblement régulier. Cette pompe fonctionne donc comme une pompe aspirante et foulante à quadruple effet. Ces sortes d’appareils sont d’une construction délicate et se dérangent facilement. M, Malcotte, par une ingénieuse disposition, a réduit les frottements dans une proportion considérable. Les palettes offrent une rigidité constante, l’usure est diminuée et le rendement est augmenté. On peut aspirer jusqu’à 9 mètres de profondeur verticale et refouler à toute hauteur.
- Pompes centrifuges de M. Farcot. Les pompes centrifuges sont à proprement parler des turbines dans lesquelles l’eau refoulée dans le tuyau d’ascension s’élève à une hauteur d’autant plus grande que la vitesse du mouvement est plus considérable. La maison E.-D.Farcot a exposé des pompes centrifuges avec moteur direct marchant à 300 tours par minute et élevant 500 mètres cubes d’eau par heure à vingt mètres de hauteur.
- M. Farcot a aussi présenté un nouveau système de ventilateurs soufflants, fonctionnant sans bruit, avec turbine à réservoir circulaire équilibrant la pression entre les ailes; le rendement en effet utile est de 0,70 à 0,80.
- Les pulsomètres de MM Cuau et fils sont des pompes sans piston où la vapeur détermine par sa force élastique l’ascension de l’eau. La consommation de la vapeur n’est
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- pas plus grande que dans une bonne pompé à piston. Avec une dépense de 1 kg., 5 de vapeur sèche, on élève 1,000 litres d’eau à 10 mètres de hauteur. Dans ces conditions, le pulsomètre est de beaucoup supérieur à la meilleure pompe centrifuge, non seulement comme économie d’achat, mais aussi comme fonctionnement. Dans cet appareil, il n’y a ni graissage ni entretien ou surveillance. La prise de vapeur une fois ouverte, le pulsomètre agit automatiquement tant qu’on lui fournit de l’eau et de la vapeur.
- M. Colin y de Lamure (Rhône) a exposé un appareil nouveau, du moins pour nous autres Parisiens, car il a déjà été primé dans des expositions du Midi. C’est une bonde automatique destinée aux réservoirs et aux étangs. L’appa-pareil se compose d’une soupape placée dans un plan horizontal et recevant verticalement la pressiomde l’eau, et de deux leviers, munis chacun d’un poids, dont on peut faire varier la position. — Le premier sert à tenir la soupape appliquée contre son orifice : il est très incliné; l’autre au contraire est presque vertical.
- Si la pression augmente sur la soupape par suite de l’élévation du niveau de l’eau, la soupape l’emporte, s’ouvre, et le second levier qui primitivement était presque vertical mais légèrement incliné du côté opposé à la soupape, passe du côté où son action vient s’ajouter à celle de la pression de l’eau. Cependant, par suite de l’écoulement, la pression de l’eau diminue : il arrive un moment où le premier levier l’emporte de nouveau sur la résultante de l’action de l’eau et du poids du second levier. — La soupape alors se referme. — On est ainsi maître du niveau auquel on veut commencer à vider et de celui auquel au contraire on veut de nouveau admettre de l’eau
- Le traitement par le sulfure de carbone des vignes phylloxerées nécessite l’emploi de pompes. La Société « U Avenir viticole » présente des injecteurs très écono-
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- miques qui peuvent être employés dans tous les terrains, aussi bien en plaine que sur les coteaux, et dont l’usage est à la portée de tous. Dans les uns, l’injection se fait à la main; d’autres sont à traction et permettent le traitement rapide et économique des grands vignobles plantés en alignements réguliers et soumis à la culture à la charrue. Le liquide insecticide est distribué dans le sol d’une manière assurée et uniforme. L’injection se fait automatiquement par le fait seul de la marche de l’appareil, et cela à la dose choisie par l’opérateur, et à une profondeur que l’on peut graduer à volonté. Avec un simple cheval de labour, on opère le traitement de 1 à 2 hectares par jour.
- Entrons maintenant dans le pavillon de la ville de Paris où se trouve Vexposition spéciale de brasserie, distillerie et meunerie.
- La Société Française des balances automatiques présente un appareil qui pèse le blé automatiquement, sans l’aide d’un ouvrier ou d’une autre force, marque en même temps, au moyen d’un compteur relié à la balance, la quantité pesée.
- Cette balance se compose d’un fléau A, d’un récipient à blé B et d’un plateau C pour recevoir les poids. Le blé à peser est amené dans la trémie D, d’où il passe dans le récipient B. Ce dernier se remplit et se vide alternativement et sans interruption du blé nécessaire pour équilibrer le poids déposé sur le plateau C. La balance décharge en E le blé qui a été pesé. Le poids de chaque pesée ou contenu du récipient, peut être varié à volonté en faisant glisser le poids P, soit vers le dehors de la balance si l’on veut augmenter la quantité à peser, soit vers l’intérieur si l’on veut le diminuer.
- L’ouverture et la fermeture de l’orifice par lequel le blé passe de la trémie dans le récipient sont effectuées par des
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- clapets d’introduction F et G. Un autre clapet M permet l’ouverture et la fermeture du récipient.
- Avec ces balances, toute erreur est impossible et on peut
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- Vue de la balance pendant le remplissage.
- avoir une confiance absolue sur leurs données, carie fonctionnement est, indépendant du personnel.
- Le triage des grains, aussi bien pour les agriculteurs que
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- pour les meuniers, s'obtient dans les meilleures conditions au moyen des appareils de M. Marot sur lesquels nous tenons à appeler d’une manière spéciale l’attention du lecteur. Disons d’abord quelques mots sur la marche de l’opération. Le blé sort de la trémie par une vanne dont on règle à volonté l’ouverture. 11 tombe sur un émotteur, puis sur un diviseur animés d’un mouvement de trépidation. L’émotteur le débarrasse des grosses impuretés ; le diviseur enlève, la poussière et tous les petits grains. Après avoir subi ce premier et important nettoyage, lc-blé entre dans le cylindre; les graines rondes et longues sont enlevées du froment dans le cylindre au moyen d’alvéoles spéciaux très bien confectionnés par la maison Teppaz, Grâce à la forme intérieure de ces alvéoles, le triage s’opère avec une extrême perfection et une grande rapidité. Non seulement, cet instrument enlève du blé toutes les mauvaises graines, mais rien que les mauvaises graines.
- Le trieur de meunerie se compose d’un cylindre à alvéoles ordinaires avec compartiments de reprise, séparant ainsi du blé les graines rondes petites et moyennes et les laissant exemptes de bon grain ; sur la partie externe de ce cylindre, des lames de métal sont enroulées en spirale et recouvertes par une enveloppe unie. Elles forment ainsi deux canaux hélicoïdaux dont l’un rejette extérieurement, d’une façon continue, le produit du cylindre de reprise,pour être mélangé avec le blé qui descend de la trémie; l’autre rejetant sur une troisième enveloppe d’alvéoles perforés le froment encore mélangé d’ivraie. L’alimentation des trieurs a lieu d’une façon régulière à l’aide d’une trémie à hélice. Cette vis d’Archimède conduit dans le cylindre des quantités de blé proportionnelles aux différentes vitesses que l’on peut donner au cylindre. Les modèles de meunerie sont à double ou à simple effet. On entend par triage à double effet le triage simultané des graines longues et rondes du fro-
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- ment, et par triage à simple effet le triage de l’une d’elles seulement.
- Nous n'avons pas l’intention d’insister sur la méthode de mouture à l’aide des meules. Cependant, il nous paraît utile de rappeler que la grande Société meulière de Cinq-Mars a présenté à l’exposition des meules qui se recommandent par leur bon marché et leur établissement irréprochable.
- Occupons-nous maintenant des nouveaux moulins à cylindres que nous présente M. Kolb. Leur marche silencieuse et régulière, le fini de leur exécution, l’extrême solidité de leurs organes, la facilité de leur manoeuvre et leur énorme puissance d’action en font les meilleurs-outils qu’on puisse offrir à la minoterie. Trois types de machines sont exposés : le broyeur et le désagrégeur à cylindres cannelés, le convertisseur à cylindres lisses et les machines à quatre cylindres, soit cannelés, soit lisses, pouvant servir à Volonté comme broyeurs, désagrégeurs ou convertisseurs.
- Le broyeur et désagrégeur se compose d’un bâti en fonte creuse auquel s’attachent les boîtards fixes et mobiles des cylindres ainsi que la trémie d’alimentation. Les cylindres sont munis d’arbres en acier fondu dont les tourillons sont soutenus dans de larges boîtards à coussinets réglables, et munis de galets de roulement qui ont pour but de décharger les coussinets du poids des cylindres, et d’assurer aux tourillons un graissage automatique régulier et continu. Chaque cylindre porte sa poulie de commande; ces poulies sont actionnées par des courroies indépendantes les unes des autres.
- La pression nécessaire à la mouture est obtenue uniquement par le propre poids de l’un des cylindres, qui est monté dans une paire de supports mobiles, do forme spéciale, tendant à l’appuyer constamment contre celui tournant dans des coussinets fixes. Par suite de cette ingénieuse
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- disposition, la mouture s'effectue sous une pression toujours constante et le cylindre mobile conserve la faculté de pouvoir s'écarter du cylindre fixe en cas d’interposition d’un corps dur, et de reprendre ensuite saposition primitive.
- L'écartement ou le rapprochement des cylindres se règle avec une extrême sensibilité, au moyen de cales munies de vis de rappel, contre lesquelles s’appuient les supports mobiles; ces cales maintiennent les cylindres écartés même pendant la marche à vide et empêchent les cannelures de s’user par le contact nu des cÿlîïldres. Ceux-ci peuvent être débrayés facilement pendant la marche à l’aide d’un levier.
- Afin d'obtenir une pression plus énergique, M. Kolb a adopté, pour ses convertisseurs, des machines à cylindres superposés. Ces appareils sont renfermés dans des bâtis entièrement métalliques et d’une solidité à toute épreuve. Ils peuvent travailler sous une pression considérable et à une très grande vitesse, sans aucun échauffement. On a ainsi des outils de premier ordre qui permettent d’obtenir un fort débit (450 à 500 kilos à l’heure) et de réduire tous les gruaux et les fins de mouture.
- Pour satisfaire aux moulins de moindre importance, M. Kolb a construit une machine à quatre cylindres, à bâti et enveloppe entièrement métalliques. Suivant que les cylindres sont cannelés ou lisses, la machine peut servir de broyeur double, de broyeur et convertisseur, ou de convertisseur double.
- Les graves inconvénients résultant pour la santé des ouvriers du mélange des farines fait à la main, tel qu’il est généralement pratiqué aujourd’hui, ont nécessité la création d'outils spéciaux susceptibles de remplacer avantageusement ce dangereux travail.
- L'appareil de M. Hourdain est destiné à mélanger et à pousser tout à la fois, sans le secours d’aucun ouvrier, la
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- farine ou autres matières en poudre, telles que fécules, sucres, etc. Il fonctionne dans une chambre ronde, au milieu d’une masse de matière, qu’on peut tenir aussi faible que l’on veut et aussi forte que la chambre peut en contenir. Le travail de cette machine est supérieur à celui de trois ouvriers.
- Dans un autre système très ingénieux dû à M, Dormy, la partie supérieure de la chambre dans laquelle est placé l’appareil mélangeur est percée d’ouvertures convenablement disposées et espacées; on les ouvre en totalité ou partiellement de manière à ce que une ou plusieurs correspondent au plus petit fractionnement de la composition' du mélange; on introduit alors les farines dans la chambre, en faisant en sorte que les mêmes qualités arrivent toujours aux mêmes ouvertures.
- Moulin batteur Toufflin. Le moulin batteur du système Çarr modifié par M. Touiïlin se compose de deux disques én fer armés de broches en acier se mouvant inversement dans deux plans parallèles. Les rangées de broches, emboîtées les unes dans les autres, tournent ainsi, en sens opposé, sans qu’il y ait, en aucune autre partie de l’appareil, contact de surfaces dures. Le blé est tout d’abord nettoyé par les procédés connus, puis il est introduit au centre du moulin batteur par -une trémie et projeté, sous l’action de la force centrifuge, en dehors des disques, après avoir reçu le choc de toutes les broches en mouvement. A l’encontre de ce qui se produit avec les meules, la désagrégation est obtenue sans compression, sans friction, par une série de chocs répétés, sur la matière libre dans l’intérieur de l’appareil, dont le mouvement de rotation détermine un courant continu d’air qui prévient toute élévation de température dans la chambre de travail. Le blé, ainsi traité, sort réduit en une boulange, sinon complètement froide, tout au moins d’une tiédeur sèche à peine sensible, n’ayant rien
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- de comparable à la chaleur produite par le travail des meules.
- Distillerie. La colonne à distiller de M. Barbier, entièrement en fonte et dont les pièces mobiles sont numérotées et par conséquent facilement remplaçables, est basée sur le principe de la circulation méthodique de la vapeur. Contrairement à ce qui se passe dans les anciennes colonnes, où les surfaces et les volumes en contact (vapeur et jus) restent égaux de haut en bas, c’est-à-dire pendant toute la distillation, ces espaces sont proportionnels dans la nouvelle colonne. A l’arrivée en distillation du jus fermenté, c’est-à-dire au moment où ce jus est le plus riche en alcool, il se trouve en contact avec une plus grande quantité de vapeur et pendant un plus long parcours. Le contact, le volume de vapeur et le parcours vont en diminuant à mesure que le vin diminue de volume et de richesse alcoolique. Le travail de distillation s’opère donc méthodiquement, régulièrement, avec .une très faible pression. Ce sont autant de conditions qui assurent un épuisement complet avec le minimum de température, c’est-à-dire de combustible.
- La colonne à distiller est chauffée à l’aide d’un nouvel appareil qui offre au point de vue de la régularité et de l’économie de grands avantages sur les appareils similaires. Tous les tubes peuvent être ^démontés séparément et remplacés un à un, en cas d’usure, sans outils spéciaux et par les ouvriers même de la distillerie. Le changement de tous les tubes ne demande pas plus de trois heures.
- EXPOSITION DU PALAIS DE L’INDUSTRIE
- La disposition adoptée par les organisateurs du concours des animaux ne laissait rien à désirer. Dans la grande nef du palais de l’Industrie et aux places d’honneur, les lau-
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- réats du concours. En entrant, les bœufs, les porcs, les moutons. Au milieu une cage dorée, dans laquelle se promenaient avec fierté les grasses descendantes des oies du Capitole. Sur le pourtour, des volatiles de toute espèce.
- Les animaux domestiques constituent une partie impartante de notre production agricole. Leur ^valeur totale atteint près de deux milliards et la consommation annuelle est d’environ 700 millions. Nous devons ajouter, la vérité nous y oblige, que la France n’est pas, à cet égard, le pays le mieux partagé de l’Europe.
- L’engraissement d’un animal augmente avec le poids de la nourriture consommée; mais, après une certaine limite, l’accroissement du poids est une trop petite fraction de celui de la nourriture pour qu’il y ait avantage à continuer. Pour certains animaux, le poids peut augmenter de 1,100 grammes par jour.
- |Au point de vue de l’utilité, la race bovine est la plus importante. Les Durham représentent un des plus beaux types, avec leurs jambes courtes, leur vaste poitrine et leur dos large, l’armi ceux qui ont été exposés cette année, les plus remarqués sont ceux de M. Signoret, qui a obtenu un prix d’honneur pour un Durham charolais jaune et blanc pesant environ 950 kilogrammes.
- En dehors de la race Durham, nous avons vu de très beaux spécimens des races charolaise et nivernaise présentés par M. Brossier.
- On trouvait dans la section des vaches de très beaux animaux appartenant aux races françaises pures ou croisées entre elles et aux races étrangères. La vache primée, Durham, rouge et blanche, appartient à M. Petiot; elle est âgée de trois ans et quatre mois et pèse plus de 1,000 kilos. En regardant ce magnifique animal, nous nous demandions quelle quantité de lait elle est appelée à fournir. Le rendement journalier pouvant être estimé, sans exagéra-
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- tion, à plus de 30 litres, on arrive, pour une année, à une production de plus de 10,000 litres.
- Le lauréat des veaux gras appartient à- M. Léger. C'est un Cotentin bringé, âgé de deux mois. Il pèse plus de 250 kilos.
- Les moutons présentés à l’exposition avaient reçu, sous le rapport de la toilette, des soins tout particuliers; ils étaient gras, dodus et fort appétissants. Les plus estimés, parmi les animaux de l’espèce ovine, sont-4es Dishley. Un lot de trois de ces moutons a valu à M Tiersonnier un prix d’honneur.
- Les lauréats de la race porcine étaient véritablement curieux à Voir. Enfouis dans leur litière, ils s’étalaient en toute liberté, et paraissaient préférer à toute autre la position horizontale, l’excès de leur graisse ne leur permettant pas probablement de se tenir debout. Le prix d’honneur a été décerné au frère Bertrandus, pour un Yorkschire blanc âgé de 12 mois et pesant 263 kilos; ce n’était pas le plus gros des animaux exposés, mais c’était incontestablement le plus remarquable.
- Le concours des animaux reproducteurs était peut-être le plus intéressant. C’est encore M. Signoret qui s’est vu décerner la médaille d’or, c'est-à-dire la plus haute récompense, pour un magnifique taureau blanc-et rouge de la race Durham dont la généalogie est établie par des documents authentiques qui nous font connaître jusqu’à sa 13e grand’mère.
- Les animaux reproducteurs de la race ovine nous ont paru très beaux dans les races mérinos et métis; mais dans la 2e catégorie qui comprend les races françaises diverses pures, le jury a été très sobre de récompenses, les animaux exposés ne présentant pas tous les caractères de pureté qu’on avait le droit de désirer.
- Dans la catégorie des races françaises pures de l'espèce
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- porcine on n’a pas trouvé un sujet digne du premier prix. Les races étrangères étaient mieux représentées.
- Le concours de volailles vivantes (division des coqs et des poules) a été très animé et très brillant. Toutes les races étaient représentées; celles de Crèvecœur, de Houdan, de la Flèche, du Mans, de la Bresse, etc. Les récompenses ont été nombreuses et méritées.
- Dindons, oies, canards et pigeons ont aussi été primés dans une large mesure, M. Yoitellier a été un des plus heureux parmi les exposants. Le jury lui a décerné un prix d’honneur pour ses magnifiques oies de Toulouse.
- Les volailles mortes étaient exposées dans les salles du 1er étage du Palais. Rien de plus appétissant que toutes ces variétés de chapons, de poulardes, de dindons, de canards. Le prix d’honneur a été décerné à M. Aubépour un lot de eahards, sujets destinés à la broche.
- Près de là, nous trouvons les fromages frais ou raffinés de toutes les provenances : Neufchâtel, Malakoff, Brie, Cou-lommiers, etc., sans négliger les beaux Camembert et les fromages pressés de Roquefort, d’Auvergne et de Gorgonzola. C’est à la Société des caves de Roquefort que lë prix d’honneur a été décerné.
- Dans les salles voisines sont les beurres frais de Normandie et de Bretagne et les beurres demi-sel, salés et fondus de toutes provenances. Nous espérons qu’il n’y avait dans ces produits aucune trace de margarine, et tel a été sans doute l’avis du Jury qui a décerné de nombreuses récompenses.
- De toutes les expositions des produits agricoles, celle de M. Vilmorin était à coup sûr la plus remarquable. Tulipes et jacinthes, primevères de Chine offraient un coup d’œil des plus agréables. Nous avons remarqué aussi des choux d’une dimension prodigieuse, des betteraves à sucre rose,
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- et d'énormes betteraves fourragères obtenues par une fumure très abondante.
- Dans une des salles, .la foule se pressait autour d'un modèle au 15e de la ferme d’Arcy qui comprend 486 hectares drainés et qui envoie, chaque jour à Paris, dans des wagons réfrigérants, une quantité considérable de lait d'excellente qualité.
- M. Carbonnier, le pisciculteur bien connu, a apporté des modifications nombreuses et de grands^perfectionne-ments dans la récolte, la fécondation, le transport et l'éclosion des œufs, dans l'établissement des frayères artificielles et dans la dissémination et l’élevage des jeunes poissons. Les appareils qu’il a exposés au dernier concours sont excessivement curieux. Ce sont ceux qui servent à l'enseignement de la pisciculture dans les établissements agricoles.
- En face se trouve l'intéressante exposition de MM. Bure frères (Algérie) consistant en lièges bruts et préparés.
- Nous avons déjà eu l’occasion de parler de M. Voitellier; mais la partie la plus intéressante de son exposition est certainement celle dans laquelle il a réuni ses couveuses et ses éleveuses.
- La couveuse est un appareil simple et pratique; la chaleur est donnée par l'eau chaude, renfermée dans un réservoir circulaire placé au-dessus des œufs. Ceux-ci reposent sur un fond de bois garni d’une épaisse couche de sable humide recouvert d'un mince lit de paille. Les œufs ne reçoivent aucune chaleur ni dessous, ni sur le côté; ils [sont dans les mêmes conditions que lorsqu'ils sont placés sous la poule. Par suite de la forme circulaire, la chaleur est exactement la même sur tous les points. La paroi extérieure du réservoir est garnie d'une épaisse couche de sciure de bois. Un thermomètre régulateur est placé verticalement au milieu des œufs. La couveuse n'est fermée que par deux châssis vitrés superposés, de manière à permettre
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- de contrôler à chaque instant le thermomètre, sans ouvrir l'appareil et sans perdre de chaleur. Tous les œufs de la couveuse étant soumis à une température égale, il est inutile de les changer de place; il suffît de les retourner matin et soir, comme le fait une poule.
- Pour l’élevage d’hiver, M. Voitellier fabrique des éleveuses vitrées dont toutes les pièces sont mobiles et s’ajustent sans crochets ni charnières ; elles sont simplement posées les unes sur les autres et forment un ensemble très solide. Le tout repose sur un parquet en bois. Une éleveuse artificielle est placée dans la partie couverte, et sert de refuge aux poussins. _
- Hydro-incubateurs de MM. Rouiller et Arnoult. L’incubation artificielle dont la solution était depuis longtemps poursuivie est maintenant un problème résolu, grâce aux appareils de MM. Roullier et Arnoult ; c’est une industrie nouvelle d’un grand avenir qui permet, si l’on peut s’ëxprimer ainsi, de fabriquer artificiellement les poulets. Les appareils couvent tous les œufs. Ils sont sans foyer et quelques litres d’eau bouillante, matin et soir, suffisent à leur fonctionnement.
- Nous ne pouvons quitter cette partie de l’exposition sans citer le nom de M. Lemoine dont l’élevage de Crosne est si complet, et M. Bouchereaux qui a présenté un matériel économique d’élevage et de faisanderie.
- Nous terminerons ici cette revue rapide du concours agricole de 1884. Tout le monde a fait son devoir : les exposants qui ont envoyé leurs machines ou leurs produits les plus intéressants; les commissaires organisateurs qui n’ont épargné ni leur dévouement, ni leurs peines; le public enfin qui a mis une fois de plus en lûmière, par son empressement à se rendre aux Champs-Elysées, l’intérêt de plus en plus vif qu’il prend à ces grandes assises de l’agriculture nationale.
- Imp. Ch.îLfcBÉGKAL & J.MONTOKlSit, 16, cour des Petites-Écuries. Paris.
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- USINE DE M. MONDOLLOT
- MATÉRIEL POUR LA FABRICATION ET LE DÉBIT DES BOISSONS GAZEUSES.
- On a tant dit et répété sur tous les tons que Peau naturelle avait des inconvénients, qu'elle était crue, indigeste, insalubre, qu’elle portait en elle et communiquait le germe de toutes les maladies, qu’on a fini par en convaincre beaucoup de monde. — Ce que l’on a dit est vrai dans certaines villes et sous certains climats ; mais ce qui a fait surtout parler ainsi, c’est le désir que l’on a eu de lancer des affaires, d’exploiter des sources minérales ou de monter des fabriques d’eaux artificielles.
- Toujours est-il que partout aujourd’hui on boit de Peau gazeuse. Dans les classes riches, où on ne recule pas devant la dépense, on préfère quelquefois les eaux naturelles, à noms ronflants, à propriétés mirifiques. Mais le gros du public se contente de Peau de seltz, du siphon commun, et il a raison, car aucune eau n’est plus agréable à boire, ni meilleure pour la santé.
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- La consommation de l’eau de seltz allant journellement en augmentant, il s’est créé à Paris de nombreuses sociétés qui en fabriquent; il s’est monté un certain nombre d’usines où l’on construit les appareils destinés à cette fabrication. De toutes ces usines, la plus recommandable par son ancienneté et l’étendue de ses relations commerciales, est celle de M. Mondollot, rue du Château-d’Eau à Paris.
- En la décrivant aujourd’hui nous comblons une lacune regrettable dans notre publication, et nous initions nos lecteurs à une fabrication intéressante entre toutes.
- Il y a deux manières en général de fabriquer de l’eau gazeuse. La première consiste à enfermer dans un récipient tous les produits capables de fournir le gaz carbonique et de demander à la pression qui résulte de la production de ce gaz la force nécessaire pour le faire dissoudre dans l’eau. C’est le procédé qui est employé dans les appareils de ménage que nous décrirons tout à l’hëure. La seconde consiste à produire séparément l’acide carbonique, à le comprimer dans une pompe à 8,10 ou 12 atmosphères, à l’envoyer sous cette pression au contact de l’eau qu’il doit rendre gazeuse. On utilise ce procédé dans les appareils importants, dans les usines où on fabrique à la fois une grande quantité de bouteilles ou de siphons et où la consommation permet ou exige une production presque continue de gaz. Au point de vue commercial, une solution intermédiaire est généralement adoptée. Le limonadier, le débitant ne se sert pas des petits appareils de ménage; il n’utilise pas non plus un appareil de plus grande dimension du second système; mais il se fait apporter chaque matin un certain nombre de siphons remplis dans une grande usine par des procédés économiques et à l’aide de machines que nous décrirons et qui sortent précisément des ateliers de M. Mondollot.
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- USINE DE M. MONDOLLOT 3
- Appareils de ménage.— Le meilleur appareil de ménage est le gazogène Briet- Son système repose principalement sur la disposition d’un tube intérieur qui fait communiquer entre eux d’une façon spéciale les deux récipients de l’appareil, destinés à recevoir : l’un, le liquide à gazéifier (Carafe n° 1), l’autre les poudres productrices de gaz (Boule n° 2).
- Ce tube représenté en coupe dans la figure (page 4), se compose d’une tige creuse aa emboitée dansde cylindre ee
- auquel elle est fixée par une plaque ou filtre en argent bb, percée de trous capillaires. Ce cylindre emporte vers le milieu de sa hauteur une garniture de coton pour faire joint entre les deux récipients; il est percé à sa base de deux rangées de trous, o les trous supérieurs, o’ les trous inférieurs. Pour charger l’appareil on sépare les deux récipients et on place dans la boule inférieure les poudres, l’eau dans la carafe supérieure renversée.
- L’appareil étant chargé et redressé sur ses pieds, le volume de liquide qui dépasse la hauteur du tube dans la carafe n° 1, s’écoule par son poids à travers la tige creuse aa-et arrive dans le cylindre ee d’où il déborde par la rangée de trous o’ dans la boule n° 2, tandis que l’air déplacé traverse la rangée de trous o supérieurs, puis les trous capillaires de la plaque b et se rend dans la carafe n° 1 où il remplit le vide qu’a laissé le liquide en s’écoulant.
- Le gaz acide carbonique, produit dans la boule n° 2 par
- Carafe n° 1.
- Boule n° 2.
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- la réaction des poudres, suit le même chemin, ne pouvant passer par la tige creuse aa dont l’extrémité inférieure plonge dans le liquide.
- 11 résulte de cette ingénieuse disposition : l°que les poudres sont entièrement isolées de la boisson; 2° que le liquide nécessaire à la réaction des poudres se trouve mesuré et distribué automatiquement sans que l’opérateur ait à s’en occuper ; 3° enfin que le gaz pénètre à la partie inférieure du liquide à saturer dans un état de division extrême, condition excellente pour une bonne saturation. _
- Rien de plus simple que cet appareil et rien de moins dangereux à la fois. Les poudres qui sont, du bicarbonate de soude d’une part, de l’acide tar trique de l’autre, ne présentent aucun des inconvénients qui pourraient résulter pour des personnes inexpérimentées de la manipulation de l’acide sulfurique. La carafe, solidement construite en verre épais et garnie d’un treillage élégant en paille, n’est d’ailleurs soumise qu’à une assez faible pression et je ne sache pas qu’il soit jamais arrivé d’accidents.
- L’inconvénient de cet appareil est le suivant : quand par suite de l’usure des pou-
- dres on est obligé de recharger l’appareil, on perd par l’ouverture du gazogène toute la pression qui y existait ; c’est donc à recommencer et c’est ce petit défaut qui augmente un peu le prix de revient de l’eau gazeuse fabriquée. Cet inconvénient est commun à tous les appareils de ménage.
- Appareils de fabrique. — Si l’on veut à la fois et en peu
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- de temps fabriquer une grande quanti lé d’eau gazeuse, on est obligé d’avoir recours à des appareils plus puissants et en même temps un peu plus complexes.
- Les différentes parties de ces appareils sont : le producteur du gaz, qui peut être solidaire du bâti ou en être séparé, la pompe,, le saturateur, où le gaz et l’eau sont mis en présence, enfin les dispositifs de tirage.
- Dans les premiers appareils de ce gehre qui furent fabriqués, on ne pouvait se passer d’un- gazomètre, intermédiaire entre le producteur et la pompe. J1 recevait le gaz produit à mesure de sa production, et le fournissait à la pompe suivant ses besoins., Mais ce gazomètre était encombrant, et en arrivant à le supprimer M. Mondollot a réalisé un perfectionnement important. La -difficulté du problème tenait à la nécessité de proportionner constamment la production du gaz au débit de la pompe. C’est ce que M. Mondollot a réalisé fort heureusement et par un procédé très ingénieux.
- Les producteurs de gaz de M. Mondollot sont de deux sortes : dans son appareil le plus simple, que dans la fabrique on appelle le type n° 0, le gaz carbonique est obtenu par la réaction de l’acide sulfurique sur le bicarbonate de soude.
- Un récipient en plomb contient et supporte une cloche renversée également en plomb et percée de petits trous à sa partie inférieure. Une cloison horizontale sur laquelle est visse un tube cylindrique vertical partage l’intérieur de cette cloche en deux compartiments. Pour charger le producteur on introduit dans la partie supérieure de la cloche, au-dessus de la cloison dont nous avons parlé, du bicarbonate de soude, et dans le récipient intérieur en plomb on verse un mélange d’eau et d’acide sulfurique dans les proportions voulues. Le niveau tend à s’établir par les trous, entre le récipient et la cloche; mais alors
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- Appaueils gazogènes continus (types nos 1 et 2).
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- l’eau acidulée débouchant par le tube cylindrique vertical arrive sur le bicarbonate, produit du gaz acide carbonique qui, n’ayant pas d’issue, refoule cette eau, ce qui arrête momentanément la production du gaz. Quand on mettra l’appareil en mouvement, la pompe, aspirant le gaz à la partie supérieure de la cloche, déterminera de nouveau l’arrivée de l’eau acidulée sur le sel de soude et la production du gaz se mettra en harmonie avec sa consommation. Malheureusement le bicarbonate de soude est d’un prix relativement élevé, il est plus économique de se servir de bicarbonate de chaux ou craie dont la seule infériorité consista à exiger l’agitation. Dans ces appareils gazogènes continus, types n° 1 et n° 2, dont nous donnons ici la figure. M. Mondollot fait arriver l’acide sur la craie par siphon. Figurez-vous deux vases communiquants, situés à des hauteurs différentes. Le plus élevé contient l’acide, le second placé au-dessous et communiquant par siphon avec le premier, reçoit la craie. Au début l’acide coule, tombe sur la craie et fait dégager une certaine quantité d’acide carbonique. Mais alors dans ce vase intérieur la pression s’élève, elle arrive à faire équilibre à la pression atmosphérique augmentée du poids de la colonne d’acide, et dès lors cet acide cesse de couler: la production de gaz est donc arrêtée. Mais si, la pompe continuant à puiser dans le producteur, la pression vient à baisser, l’acide se mettra de nouveau à couler, produira de nouveau du gaz pour satisfaire aux exigences de la consommation. On peut suivre sur la figure la marche de l’acide versé par une tubulure O dans un récipient D, il passe par un tube a qui descend jusqu’au pied de l’appareil et remonte ensuite dans le producteur proprement dit M.
- L’idée qui a présidé à la construction de ces deux appareils producteurs, est très simple et très ingénieuse. Certes il n’y a là rien de bien nouveau et en feuilletant les
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- traités de physique on trouverait énoncé tout au long les principes sur lesquels M. Mondôllot s’est appuyé. Mais c’est déjà beaucoup de faire de quelque cho§e de connu une application nouvelle et utile. C’est ce qu’a fait M. Mondollot, et ses appareils brevetés ont un mérite incontestable.
- Dans les appareils très importants où la production du gaz ne peut subir aucun temps d’arrêt on se sert d’un producteur double comme le montre la figure, représentant l’appareil complet type n° 3. Il n’y a jamais à la fois qu’un seul producteur en communication avec la pompe; mais aussitôt que les matières renfermées dans ce producteur sont épuisées, quand elles ont fourni tout le gaz qu’elles étaient capables de rendre, on ferme un des robinets supérieurs, on ouvre l’autre, et on a recours au second producteur chargé à nouveau. C’est cette disposition qui a été adoptée par la Compagnie générale des eaux gazeuses à Paris dans le magnifique producteur double qui dessert ses appareils.
- Le gaz une fois produit passe dans un laveur rempli d’eau, que par excès de prudence on peut charger d’un peu de bicarbonate de soude, puis dans un second laveur en verre qui permet de se rendre compte de la marche de la pompe ; il arrive ensuite dans la pompe même où il est aspiré et aussitôt refoulé dans le saturateur. La pompe se charge aussi d’envoyer dans le saturateur la quantité d’eau convenable pour que la proportion du gaz dissous ne soit ni trop forte ni trop faible. Ceci est obtenu par un robinet de distribution qui permet à volonté de faire varier les proportions d’eau et de gaz. L’idée est-due à Bramah, l’ingénieur anglais qui a le plus travaillé la question spéciale de la fabrication de l’eau gazeuse.
- Le saturateur est un grand récipient en cuivre, renversé au sommet du bâti et portant à sa partie inférieure deux tubulures, l’une par laquelle arrive le mélange d’eau et
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- Producteur double desservant les Appareils de la
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- Paris
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- de gaz, l’autre qui, par le tuyau de sortie, met le saturateur en communication avec les siphons ou bouteilles qu’il s'agit de remplir. L’eau sous pression refoulée dans le saturateur, y est soumise à une agitation mécanique produite par deux paires de palettes, qui lui permet de dissoudre une plus grande quantité d’acide carbonique en se saturant de ce gaz. On peut suivre la marche de l’opération dans le saturateur par l’inspection d’un niveau d’eau et d’un manomètre. Ces deux appareils sont également utiles : l’un montre si la quantité d’eau envoyée par la pompe est suffisante pour répondre au tirage, et l’autre si la pression permettra de bien saturer l’eau et ensuite de bien remplir les bouteilles.
- L’eau rendue gazeuse, il faut l’emprisonner dans des récipients qui permettent de la transporter ; nous donnons ici le dessin d’un appareil à tirage double, permettant de remplir à volonté des siphons ou des bouteilles.
- Emplissage des siphons. — On place le siphon renversé sur le godet en bronze G, et on appuie du pied sur la pédale w, afin de faire entrer le bec du siphon dans l’écrou percé du robinet de tirage. On ferme la cuirasse-C et on appuie la main gauche sur la poignée du levier D qui fait ouvrir le robinet d’un siphon et ïe maintient ouvert. De la main on ouvre le robinet du tirage en appuyant sur le levier M. L’eau gazeuse arrive et remplit aux trois quarts l’intérieur du siphon ; on ouvre un instant le tube de dégagement, qui dans notre figure vient déboucher près du sol, puis on achève de remplir. Laissant ensuite aller le levier D, le levier M et la pédale æ, on retire le siphon plein.
- Emplissage des bouteilles. — La bouteille se place verticalement sur un support en bois K, maintenue au moyen d’une pédale Y, le goulot de la bouteille se trouve
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- ainsi fortement appuyé contre le cône d’embouteillage par l’intérieur duquel arrive l’eau gazeuse. Quand on aura entouré la bouteille de la cuirasse on ouvrira le robinet
- de tirage, on emplira ainsi la bouteille aux trois quarts, on dégagera un ins-tanTet on achèvera de remplir. Puis au moyen du* levier U qui, par une transmission à engrenage circulaire commande une tige verticale, on appuiera sur le bouchon placé précédemment à la partie supérieure du cône d’embouteillage, on bouchera ainsi la bouteille à la manière ordinaire; il ne restera plus qu’à maintenir momentanément avec le pouce le bouchon jusqu’à ce qu’on l’ait solidement ficelé.
- Cette question du bouchage des bouteilles a reçu en Angleterre une solution fort élégante : les bouteilles de
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- Tirage double.
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- Soda-water sont munies d’un goulot spécial étranglé à sa partie supérieure et à sa base. Entre ces deux étranglements peut circuler une petite boule de verre capable déboucher
- complètement rorifice supérieur du goulot. Des guides en verre, soufflés en même temps que la bouteille, empêchent la boule, quand elle cesse d’être appliquée contre l’orifice supérieur, de venir l’obstruer de nouveau. Quand on a, par un procédé quelconque, rempli la bouteille d’eau gazeuse on l’incline, le goulot en bas, la boule de verre par son poids vient boucher le goulot, et est maintenue dans cette position par la pression du gaz. Yeut-on déboucher on n’a qu’à appuyer fortement sur la boule, à la faire pénétrer dans son logement entre les deux guides, et quand elle y est le liquide peut librement sortir. Jusqu’à présent en France on a préféré pour les eaux gazeuses des modes de bouchage analogues à ceux employés pour le vin de Champagne, et l’appareil de M. Mondollot qui permet à la fois de tirer le liquide et de boucher la bouteille, est certai-
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- nement celui qui se recommande le plus à l’acheteur par sa simplicité et son économie.
- Le consommateur ne se contente pas toujours de l’eau gazeuse telle que celle dont nous venons de décrire la fabrication; il veut souvent que sa boisson soit complètement préparée d’avance, qu’elle contienne une quantité de sirop, dosée par le fabricant; de là l’origine de la limonade. Pour répondre à ce désir du public il fallut bien vite chercher une manière simple et économique de fabriquer la limonade gazeuse : M. Mondollot a fort ingénieusement résolu le problème.
- L'appareil de tirage à bouteilles avec doseur-injecteur de sirop ressemble dans ses parties essentielles à l’appareil de tirage double décrit plus haut. Une partie du gaz dégagé pendant l’emplissage de chaque bouteille est recueillie dans un petit réservoir et sert à injecter le sirop dans la bouteille suivante. Le dosage du sirop se fait automatiquement dans un cylindre en verre dont la capacité utilisée varie à volonté à l’aide d’un tube siphon à coulisse. Une fois le sirop introduit dans la bouteille, son remplissage se fait à la manière ordinaire; elle est bouchée et ficelée par les mêmes procédés.
- A la fabrication de tous ces appareils, M. Mondollot ajoute celle des siphons proprement dits.
- Quand on reçoit de la verrerie le récipient en verre qui doit devenir un siphon, il faut l’armer d’une fermeture hermétique et d’un solide robinet. La bouteille porte à sa partie supérieure un bourrelet, et c’est au moyen d’une bague métallique qui vient l’embrasser que l’on fixe la garniture. Les parties essentielles de cette garniture sont : un tube vertical en verre, pénétrant jusqu’à la base du siphon, et armé à sa partie supérieure d’une soupape que l’on peut à volonté ouvrir ou fermer, un ressort qui sert à presser fortement sur la soupape, un levier à main qui commande
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- le ressort et le bande à volonté, un tube recourbé en étain qui sert au dégagement du liquide. Au repos, le ressort pressant sur la soupape, ferme l’orifice supérieur du tube vertical en verre. Yeut-on avoir de l’eau gazeuse, on appuie sur le levier, on bande ainsi le ressort, la soupape devient libre et la pression de cinq à six atmosphères qui règne à Tintérieur du siphon fait remonter le liquide par le conduit central et le fait sortir par le tube de dégagement. Aussitôt qu’on abandonne le levier, l’écoulement s’arrête par suite dé la fermeture de la soupape. Une certaine quantité de gaz se dégage dans l’intérieur du siphon, augmente la pression qui avait baissé et prépare de nouveau le siphon à servir. -
- On ne s’étonnera pas de l’importance de l’usiné de M. Mondollot quand on saura qu’il a réuni entre ses mains tout ce qui est relatif à la fabrication des eaux gazeuses. 11 p’y a pas un seul appareil grand ou petit qu’il ne construise, pas un seul organe qui ne sorte de ses ateliers. 11 sert la France, l’étranger: chaque jour, il satisfait à des commandes importantes qui lui arrivent d’Angleterre et d’Italie. 11 sait à merveille céder aux exigences et presque aux caprices des fabricants d’eaux gazeuses ; un perfectionnement lui est-il demandé, qu’il est aussitôt trouvé.
- Longtemps, M. Mondollot a mené de front la construction des appareils que nous avons décrits et la fabrication même des eaux gazeuses. Aujourd’hui il a renoncé à cette dernière branche de son industrie, pour se consacrer entièrement à la construction des appareils.
- Imp. Ch. Maréchal et J. Montorier, 16, cour des Petites-Ecuries, Paris.
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- L’industrie de rameuble-ment est une de celles qui tiennent la plus grande place dans notre civilisation contemporaine; celle qui se joint aux autres par le plus grand nombre d’attaches et qui emprunte des auxiliaires à toutes, aussi bien à la métallurgie, qu’à la filature, au tissage, aux produits les plus résistants de la grosse fabrication, jusqu’aux manifestations les plus fines de l’art le plus délicat.
- Longtemps les différentes professions qui viennent se réunir dans la maison type que nous allons décrire, étaient entièrement séparées les unes des autres ; souvent même dans chaque pro-
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- fession, chaque ouvrier ne faisait qu’une seule espèce de meubles : les ébénistes étaient nettement séparés des tapissiers, et dansl’ébénisterie et la tapisserie, chacun tenait à se spécialiser.
- Dans ces derniers temps, au contraire, la tendance à la concentration a créé de grandes maisons qui fournissent directement tout ce qui concerne une installation complète : ce qui ne se fabrique pas dans la maison même y est le plus souvent dessiné et commandé pour être exécuté dans des usines auxiliaires. — Chez MM. Damon et Cie, tout se fait dans la maison.
- Les architectes y trouvent donc l’aide le plus intelligent et les assortiments les mieux choisis pour décorer et meubler leurs œuvres, les plus simples comme les plus riches.
- Commencée modestement en 1835, sous la direction de M. Krieger, de Strasbourg, la maison se développa ensuite sous la raison sociale Racault, puis Damon et Cie.
- telle doit sa nombreuse clientèle à la conviction, justifiée du reste, que ses moyens de production rapides, ses stocks considérables en bois, en étoffes, en dessins, en modèles, en meubles tout fabriqués, lui permettent d’exécuter rapidement des installations quelconques, depuis les plus simples, jusqu’aux plus riches et aux plus artistiques.
- La maison Krieger est naturellement désignée aux jeunes mariés, pressés de posséder bien vite la garniture de leur appartement et de s’y installer ; aussi les grandes voitures portant en lettres d’or le nom du Strasbourgeois Krieger sillonnent-elles Paris en tous sens, frappant les yeux, et incrustant en quelque sorte ce nom dans la mémoire de la clientèle commerciale, tandis que les expositions nationales ou internationales, et surtout celles de l’Union centrale, font connaître aux spécialistes celui de M. Damon.
- La maison centrale est installée au faubourg Saint-
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- Antoine, an centre dn recrutement même de l’industrie de l’ébénisterie. Elle s’est agrandie peu à peu jusqu'à couvrir un espace d’environ deux hectares de bureaux, d’ateliers et de magasins; le chiffre annuèl d’affaires dépasse dix millions avec Paris, la province et les pays étrangers. Car, malgré ce qu’en disent nos voisins, le goût français, parisien surtout, n’est pas encore détrôné, et tout riche seigneur qui se fait construire un château ou un palais, ne s’adresse guère à ses propres compatriotes pour le garnir.
- Malgré les frais de douane et de transport, c’est encore à Paris qu’il trouve ce qu’il lui faut, moins cher, plus rapidement, plus beau et surtout d’un ensemble plus harmonieux.
- Outre la maison centrale du faubourg Saint-Antoine, MM. Damon et Cie ont encore des ateliers annexes rue Cha-noinesse, rue Decotte, rue de Gharonne, rue de Ghaligny, rue de Montreuil, rue de Bercy.
- Pour pouvoir nous rendre compte de l’usine elle-même, il nous faut la diviser en plusieurs ateliers, répondant aux différents temps de la fabrication. Nous commencerons naturellement par le bureau du dessin, où des artistes de premier ordre conçoivent et inventent d’abord les projets d’ameublements entiers, puis séparément de chaque objet en particulier.
- Le bureau du dessin est véritablement l’âme de cet immense assemblage de tant de choses, le véritable moteur de tant d’efforts; c’est là qu’arrive le plan d’intérieur d’un hôtel ou d’ün appartement; c’est là que les architectes, d’accord avec les patrons et les dessinateurs de la maison, font traduire leurs pensées et en assurent l’exécution. Ainsi on décide d’abord si la salle à manger sera moyen âge, la bibliothèque Renaissance, ainsi que le cabinet du maître de la maison, la chambre à coucher Louis XVI, le cabinet
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- de toilette j aponais, le grand salon Louis XV, le fumoir américain ou perse, et ainsi du reste. Et alors on tire de la bibliothèque les livres, les albums, les figures, les photographies de voyages, tout ce qui peut donner un conseil.
- Et là on discute le tissu et la couleur des étoffes, la nature, la couleur et l'assemblage des bois,-la forme des sièges.
- De ces conversations, il résulte des notes, et sur ces _ notes, les dessinateurs réfléchissent, travaillent et constituent des maquettes où chacun des côtés réduit mathématiquement donne l’aspect réel, la proportion et la couleur que devra avoir l’exécution.
- Il y a même, pour couvrir le tout, la maquette du plafond, qui sera rendue en bois sculpté et doré, en moulures de pâtisserie et même en peintures de maître, si l’on veut y mettre le prix.
- 1 Rien n’est plus charmant que ces petits tableaux exécutés par des artistes d’un véritable talent ; une figure, presque touj ours une dame, fournit l’échelle— l’architecte et le client peuvent se rendre compte si la conception donne l’effet voulu.
- Sur ces premières petites maquettes, on dressera des plans en grandeur réelle, qui seront remis aux chefs des différents ateliers; ils en tireront des gabarits avec des cotes sur lesquels l’ouvrier établira son siège, son panneau, sa portière, chaque pièce dont il sera chargé. Car les ouvriers ne doivent pas avoir d’imagination, ils doivent copier strictement, c’est pourquoi il faut leur en donner les moyens. Pour cela, dans toute la maison, il y a pour chaque profession des magasins dans lesquels un contremaître expérimenté prépare et livre à chacun les éléments nécessaires à la composition des objets qu’il aura à produire.
- Ainsi, commençons par la division dite des ébénistes :
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- l'ébéniste, qu’il ne faut pas confondre avec le menuisier que nous retrouverons tout à l’heure, est l’ouvrier qui fait les tables, les buffets, les armoires, les bureaux, les dressoirs, etc. Il descend trouver le débiteur des ébénistes, qui, à la vue du plan, lui compose un assortiment soit de morceaux de bois, sans forme aucune, soit de pièces, comme par exemple les diverses moulures, crémaillères, etc., qui se retrouvent à diverses grosseurs et à diverses grandeurs dans presque toute l’ébénisterie : des chiffres, des lettres, des signes convenus, faciliteront l’assemblage. Ce premier débiteur leur donne le bois plein, un autre leur donne les feuilles de placage, mais toutes découpées suivant les cotes de l’objet à produire pour qu’il n’y ait pas de fausses coupes et de perte de bois. Ce même découpeur de feuilles à plaquer, leur délivre aussi les petits ornements métalliques qui doivent être rapportés sur le bois. Ainsi dans ce moment, on fait beaucoup de ces beaux meubles acajou et cuivre. Quand l’ébéniste vient chercher son assortiment, il emporte avec lui les baguettes en cuivre dans lesquelles il découpera le métal. Tout cet assortiment qu’on donne aux ébénistes se compose de bois déjà bien ancien dans la maison et qui constitue un stock d’une valeur considérable. Une grande partie attend de longues aimées dans les magasins de la Société Damon, rue Chanoinesse, ou même dans les chantiers des marchands de bois où on les prend au fur et à mesure des besoins.
- Dans la cour intérieure même de l’usine, de lourdes billes de bois précieux attendent qu’on les débite.
- Au rez-de-chaussée et au centre de l’établissement sont installées les machines à bois, car l’outillage mécanique est, aujourd’hui, assez perfectionné, pour que MM. Damon et Cie fassent exécuter mécaniquement les opérations qui, autrefois, se faisaient péniblement à bras d’homme.
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- Naturellement, MM. Damon et Cie ont composé leur outillage avec les meilleures machines, comme ils composent leurs ateliers avec les meilleurs ouvriers. Ce sont d’abord des scies à mouvements alternatifs pour distribuer le bois en grume, les scies à ruban pour découper et donner la forme suivant le dessin tracé sur la planche ou le bloc, les tours droits ou torses et toute la série des toupies avec leur bibliothèque de lames tranchantes, des profils lès plus variés ; de sorte que, aux. formes courantes en quelque sorte classiques, il s’ajoute tous les jours de nouveaux profils.
- Gomme les ateliers d’ébénisterie sont dans les étages supérieurs, et que les ouvriers perdraient trop de tejnps et auraient trop de fatigues pour venir aux machines dans le cours de leur travail, on a placé dans chaque atelier du haut de petites machines, scies circulaires ou fraises, sur lesquelles ils vont abattre les excédents, arrondir les rugosités suivant la demande.
- C’est du reste la grande règle de l’industrie morderne de faire faire à la machine tout ce qu’elle exécute plus rapidement, plus économiquement et de réserver a la main et à l’intelligence de l’hommn toute l’action nécessaire pour que le produit conserve toujours ce cachet artistique que perdent les objets fabriqués purement et simplement à la machine. Le bon emploi alternatif de la force motrice, de la main de l’ouvrier et du goût de l’artiste a été la véritable cause du succès de la maison Damon.
- Les sculpteurs travaillent, dans un atelier spécial, à reproduire en bois les maquettes en glaise que les modeleurs ont élevées sur les figures du bureau du dessin ; environ cent artistes sont réunis dans cette suite d’ateliers qui dominent les bâtiments de l’usine et où le jour et la place leur sont largement distribués. C’est bien là l’élite de la population parisienne, toujours jeune, — tête fine,
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- mains agiles, que toutes les nations nous envient avec raison, car il leur est impossible de constituer un semblable atelier. Là, on évide le bois massif. Chacun a devant soi une soixantaine de burins, gouges, ciseaux, fermoirs à double biseau, maillets, etc.
- Ces sculpteurs fournissent les parties de pièces ornées aux ébénistes qui assemblent toutes ces pièces de quelque
- Un atelier de tapissiers-garnisseurs.
- part qu'elles viennent et en constituent leurs meubles; le placage rentre dans leurs attributions et ce n'est pas une opération si simple que l'on pourrait croire, car le placage n'a pas seulement pour raison l'économie qui consiste à recouvrir un bois bon marché par une surface de bois cher; mais il a aussi pour but de constituer des
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- panneaux qui ne travaillent pas et qui ne se détériorent pas ; ainsi, certains bois, comme le chêne, sont très longs à mourir et ne cessent de jouer qu’après de longues années, tandis que le peuplier est, ce qu’on appelle un bois mort au bout de très peu de temps, c’est-à-dire qu’il ne se gondole et ne se crevasse plus, de sorte qu’il est très propre à constituer les panneaux qui forment les flancs d’un meuble : sur lui, on plaque et on contreplaqué suivant les différents sens clés fibres, l’acajou, le palissandre, et én dedans le chêne, Fèrable et autres bois dont la siccité est suffisante.
- Une sorte de placage dit frisé, assure la durée de la surface d’un meuble; au lieu d’employer une grande feuille de placage qu’il est difficile de trouver absolument identique dans toutes ses parties, on découpe de petites feuillettes qu’on assemble comme on a commencé à assembler autrefois le bois de rose, à contre-direction des fibres relativement à une ligne centrale. On obtient ainsi une sorte de mosaïque, d’un aspect charmant et d’une solidité absolue.
- L’ébénisterie se sert peu de dorure sur bois, mais elle applique souvent les bois de- couleur, le bronze doré, le marbre, quelquefois l’écaille, le lapis, l’agathe, les pierres dures, et enfin, depuis quelques années, le fameux vernis Martin retrouvé.
- Les menuisiers sont moins aidés par la machine que les ébénistes. A l’exception des pieds des sièges dont les moulures et les cannelures sont obtenues mécaniquement, il faut qu’ils donnent eux-mêmes à leur bois les cintres et les cannelures que le plan du dessinateur leur indique. Les sculpteurs exécutent les ornements en saillie et en relief des sièges dits à bois apparent ; mais beaucoup de sièges sont recouverts d’étoffes et de passementeries, et le menuisier n’a, dans ce cas, qu’à se préoccuper du bâti de
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- ÉTABLISSEMENTS KRIEGER, DAMON ET O 15
- hêtre et du bout des quatre pieds qui devra se trouver en harmonie avec l’ensemble de l’appartement.
- Il y a quarante ans environ qu’apparurent ces premiers sièges sans bois apparent, bas, profonds, et légèrement pentés en arrière, si hospitaliers, véritables meubles de cercles et propres aux longues conversations.
- Le bois sculpté et doré avec les formes Louis XIY, blanchi et laqué avec les formes Louis XYI, est d’un aspect plus décoratif, mais certainement une ou deux bonnes chauffeuses et quelques fauteuils bas très confortables trouveront toujours moyen de s’établir autour de la cheminée pour qu’on puisse s’y reposer en admirant les autres.
- Les garnisseurs en sièges reçoivent les bâtis qu’ils foncent avec des sangles solides, qu’ils garnissent en crin de Buenos-Ayres, d’où est proscrit soigneusement la soie de porc et qui n’est composé que de queues de cheval, parfaitement assainies, et frisées mécaniquement. On assujettit le crin à ï’aide de cordes à guinder, de la toile forte, et de la toile d’embourrure, et on recouvre le tout avec l’étoffe désignée, capitonnée ou tendue. .
- En dehors des garnitures de meubles, les tapissiers proprement dits, hommes et femmes, dans de vastes salles, découpent, assemblent et cousent les rideaux, portières, tapis et ornements d’étoffes que la fantaisie et le goût du client et des architectes ont choisis ; eux aussi reçoivent du bureau du dessin, de petites maquettes d’ensemble et de grands modèles en papier dessinés au fusain, d’après lesquels ils découpent et drapent en grand leurs étoffes avant de les assembler à l’aiguille.
- La maison continuant à prospérer s’est accrue des spécialités diverses qui viennent se réunir aux branches anciennes. Ainsi tout le monde se rappelle à la dernière exposition des arts décoratifs, le meuble charmant que
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- MM. Damon et Gie avaiént composé d’un bois américain nommé pitch-pin, massif, avec lequel, à très bon
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- compte, on constitue des ameublements complets d’installation de chasse, maisons de campagne, etc.
- Dans les dernières années, la Société a également acheté l’outillage et la clientèle d’une maison faisant les meu-
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- Bureau des Dessinateurs.
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- blés de chêne composant l’ameublement des magasins de commerce, de chemin de fer, etc.
- MM. Damon et Cie peuvent donc aussi bien meubler les bureaux et les ateliers d’une grande administration que la demeure personnelle du Directeur aussi luxueuse et aussi artistique que le demanderont les architectes.
- lmp, Gh* Maréchal et J* Montouieu, 16, cour des Petites-Écuries, Paris.
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- MARCHES AUX BESTIAUX
- ET
- ABATTOIRS DE PARIS
- Si Ton entend par usine un établissement destiné à fournir ce qui est utile à la vie des hommes, les abattoirs, surtout les abattoirs de Paris, ont leur place marquée dans la galerie des grandes usines de France.
- Avant dé songer à se vêtir, à se loger, à se procurer
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- des instruments de travail, l’homme doit tout d’abord songer à se nourrir, et comme dans les sociétés civilisées, chacun ne peut se livrer à la chasse, à la pêche, à la cul-ture des terres, à l’élevage des bestiaux, les administrations et les gouvernements, qui sont chargés des intérêts généraux du pays, ont dû de tout temps s’occuper des questions d’alimentation.
- Le problème à résoudre est complexe ; il comprend deux parties bien distinctes, qui formeront les deux cha-
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- pitres de cette étude. Il s’agit, avant tout, d’amener sur les lieux de consommation les objets d’alimentation, de fournir, pour ainsi dire, la matière première, d’approvisionner le marché ; nous examinerons donc en premier lieu l’état actuel du Marché aux bestiaux à Paris. En second lieu, nous verrons comment fonctionne l’abattoir, cette immense usine qui a la mission de rassasier ce Gargantua qu’on appelle Paris, et tous les matins lui rend
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- en côtes, entre-côtes, côtelettes, gigots, etc., ce qu’il a reçu sous forme de moutons bêlants, bœufs mugissants, arrachés à leurs gras pâturages du Nivernais ou de l’Anjou.
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- MARCHÉS AUX BESTIAUX,
- 11 y a vingt-cinq ans à peine, Paris en était encore, à très peu près, en matière d’approvisionnement, aux procédés antérieurs à la Révolution, c’est-à-dire/à l’intervention directe de l’autorité, au moyen de règlements protecteurs et de monopoles.
- En ce qui concerne la viande notamment, le nombre des bouchers était limité ; — il n’y en avait encore que 501 en 1858 ; — ils étaient astreints à des cautionnements de 3,000 francs, dont le total formait le fonds de roulement d’une caisse dite de Poissy. Cette caisse, dont l’or-7 ganisation datait de 1707, était chargée de payer aux'ven-deurs le jour même de la vente, pour le compte des bouchers, le prix du bétail acheté sur les marchés. Elle faisait de plus, aux bouchers, des avances au taux de 5 0/0. On se souvient encore à la Ville d’avoir vu M, Par-guez, le dernier caissier, partir en coucou pour Sceaux ou Poissy, les jours de marché, escorté de garçons de caisse portant sur leurs épaules des sacoches remplies de pièces de cent sous bien sonnantes et trébuchantes, monnaie chère aux marchands de bestiaux.
- Quant aux marchés, il n’y en avait pas moins de sept.
- Le plus ancien était le marché de Poissy, datant du temps de Louis XX, fin du xve siècle. C’était sans doute sa situation en tête de la route de Normandie, qui avait valu à Poissy cette faveur, dont il tirait dans les derniers temps un revenu de 160,000 francs.
- Venait ensuite le marché de Sceaux, créé d’abord à Bourg-la-lleine, en 1610, l’année même do la mort de Henri IV ; puis transféré à Sceaux par Lettres patentes de 1667, enregistrées au Parlement en 1671, Mentionnons en passant que la concession en avait été accordée à Colbert qui, comme on sait, était seigneur de Sceaux. En 1811, le
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- marché de Sceaux était revenu à la ville de Paris qui, après ravoir d'abord affermé à un entrepreneur, en avait repris l’exploitation directe et y trouvait un produit de 180,000 francs environ, 190,000 francs même, dans les derniers temps.
- La Halle aux veaux avait été créée, dans le quartier Saint-Victor, sur l’emplacement du jardin des Bernardins, par Lettres patentes de 1772. C’était le seul marché situé dans l’intérieur de Paris. En l’an XII, on y adjoignit un marché aux vaches grasses.
- L’an VI, un arrêté du bureau central avait institué, à La Chapelle, un triple marché à bestiaux, où l’on amenait à des jours divers, des boeufs, des veaux et des porcs.
- Il y avait encore à la Maison-Blanche, un marché aux vaches et aux porcs. Mais les porcs se vendaient particulièrement aux marchés spéciaux de Batignolles et de Saint-Germain.
- Il était, d’ailleurs, absolument interdit de vendre du bétail dans d’autres lieux et sous d’autres conditions que les lieux et conditions déterminées par l’administration.
- Ce régime avait évidemment sa raison d’être, puisqu’il a suffi, pendant des siècles à l’alimentation d’une ville où la population, qui n’a jamais passé pour trop facile à conduire, était montée de 540,000 habitants environ sous Louis XIV, à plus d’un million en 1850.
- Toutefois, il n’était plus en rapport avec le progrès de la science économique, et la grande enquête législative de 1851, bien qu’interrompue par le coup d’État, avait démontré définitivement que, devant l’opinion, une autre organisation était devenue nécessaire.
- En 1858 fut décrétée la liberté de la boucherie. Le nombre des bouchers, qui était de 501, comme on Ta dit, s’accrut, en quelques mois, de plus d’un quart; il est aujourd’hui de 1,700 environ.
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- Cette nouvelle méthode a-t-elle fait baisser à Paris le prix de la viande ? Non ! puisque la viande y est plus chère que jamais. Toutefois, cette cherté procède de bien d’autres causes encore, et d’une entre autres qui a bien son côté consolant ; c’est que le bétail vient un peu moins au centre, parce qu’on mange plus de viande en province. Le producteur trouve ainsi un débouché plus à sa portée et une vente plus facile, dégrevée qu’elle est de l’aléa du marchandage et des frais de transport. Mais, on peut dire, pour se maintenir dans l’appréciation raisonnée de ces évolutions économiques, qu’il n’était pas plus dans les conséquences de la liberté de la boucherie de faire diminuer la viande, que dans celle de la liberté de la boulangerie de faire diminuer le pain. La raison en est simple. Le nombre des bouchers a plus que triplé ; l’augmentation de la population est bien loin de cette proportion. Tro|s bouchers vendent à peine ce qu’un seul vendait autrefois. Donc, pour un débit inférieur, il y a des frais généraux de loyer, de personnel, etc., bien plus considérables. Gomment, dans ces conditions, pourrait-on vendre moins cher, le prix de revient étant lui-même plus élevé ?...
- Quoi qu'il en soit, l’opinion ne se prononçait pas moins énergiquement en faveur de l’unité du marché et de son rapprochement des abattoirs, qu’en faveur de la liberté de la boucherie. Il est certain que les allées et venues du bétail d’un marché à l’autre et des marchés à l’abattoir avaient la plus fâcheuse influence sur la qualité alimentaire de la viande.
- Après de longues études et bien des tâtonnements que l’importance de la question explique, d’ailleurs, la Ville se décida à faire l’acquisition d’un immense terrain situé au nord de son enceinte, et compris entre le canal Saint-Denis et la rue Militaire, d’une part, entre les rues de Flandre et d’Allemagne, d’autre part. Cet espace se trou-
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- vant divisé en deux parties symétriques, par le canal de TOurcq, la partie sise à l’est, en façade sur la rue d’Allemagne, soit 23 hectares, fut destinée au marché; l’autre, 31 hectares, aux abattoirs nouveaux.
- L’établissement d’un embranchement reliant le nouveau marché et l’abattoir avec le chemin de fer de ceinture, fut déclaré d’utilité publique.
- 11 fut décidé que les travaux auraient iieu par entreprise, sur cahier de charges, pour le marché et l’embranchement.
- L’adjudication de la construction et de la régie du marché aux bestiaux eut lieu le 20 janvier 1865. Les dépenses de la construction ont été payées par la Compagnie adjudicataire, que la Ville rembourse au moyen d’annuités calculées sur 50 ans. Les travaux complémentaires sont également payés par la Compagnie aux entrepreneurs, au fur et à mesure de leur achèvement, puis remboursés à celle-ci par la Ville sous la forme d’annuités réglées annuellement et aux mêmes échéances que l’annuité principale.
- Les avances à faire par la Compagnie, tant pour le marché que pour l’embranchement du chemin de fer, sont limitées par le traité à vingt-cinq millions'.
- La Compagnie perçoit les produits du marché pour le compte de la Ville, l’administre et l’entretient, moyennant une allocation annuelle à forfait de 140,000 francs.
- Le marché a été ouvert le 21 octobre 1867 ; il se compose de trois halles, d’étables, de batiments d’administration. L’une des halles, celle du milieu, est affectée à la vente des bœufs, des vaches et des taureaux. La halle de gauche est affectée à la vente des moutons ; celle de droite à la vente des veaux et des porcs. La prospérité rapide du marché aux bestiaux de La Villette a nécessité l’agrandissement des halles, qui ont été augmentées de trois
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- travées à la fin de Tannée 1869. Des étables supplémentaires ont été construites. Les parcs de comptage, établis provisoirement lors de Touverture, ont été refaits et améliorés.
- La halle aux bœufs peut contenir simultanément 5,000 têtes de gros bétail. La halle aux moutons peut contenir 27,000 têtes. Pour loger les excédents, on peut utiliser le préau découvert faisant suite à cette halle, où des parquets ont été disposés pour 3,200 moutons. La halle aux veaux et aux porcs peut contenir, dans remplacement affecté aux veaux 3,000 têtes, et 4,500 têtes dans la partie affectée aux porcs.
- Des postes de poids publics sont installés dans cette dernière halle ; deux nouveaux postes ont été construits en 1876, l’un à l’extrémité de la halle aux veaux et aux poires, l’autre à l’extrémité de la halle aux bœufs,
- Ce dernier, destiné au pesage du gros bétail, a été établi sur la demande du Conseil municipal, mais le commerce Ta iusqu’à présent à peine utilisé pour cet usage. Gêâ postes ne servent presque exclusivement qu’au pesage des porcs, seuls animaux dont la vente s’effectue au poids.
- Lés étables du marché, actuellement en service, peuvent abriter 2,950 bœufs, 1,620 veaux, 5,000 moutons et 2,000 porcs.
- Le tableau suivant indique par espèce d’animaux, la contenance de chacune de ces étables.
- DESIGNATION DES ÉTABIÆ8 BŒUFS et vaches TAUHEAUX VEAUX ' COUTONS : i FOSCS
- Bouverie dû chemin de fer 300 ») 1.220 1.000 »
- . RfinTAnp. du nftnlw.... 560 300 450 »
- Bouverie des vaches laitières...... » » * ))
- Bouverie située pérès le dépôt des fumiers 700 » » » ))
- Bouverie du dépotoir 950 » » » ! »
- Bergeries » » » 1 4.000 »
- Porcherie. » » 400 » 2.000
- i - — 2.800 150 1.620 5.000 2.000
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- Ges beuveries et bergeries sont insuffisantes. Il en résulte que l’Octroi est obligé de prolonger les délais réglementaires de transit des bestiaux et qu’il s’établit des marchés interlopes dans les auberges du quartier. Pour mettre fin à cet état de choses préjudiciable aux intérêts de la Ville et à l’hygiène publique, l'Administration fait construire de nouvelles bouveries et bergeries sur des terrains libres (au coin de la rue d’Allemagne et de l’impasse du Dépotoir), provenant de ^expropriation opérée pour l’établissement du Marché aux bestiaux.
- Le tarif des droits de place et de séjour, fixé par le cahier des charges, avait été modifié par l’arrêté du §0 fé* vrier 1868, réduisant de moitié les droits de place et de séjour afférents aux moutons et prescrivant, en outre, que les droits de place ne fussent perçus qu’une seule fois sur les bestiaux invendus ramenés dans les étables du marché.
- Les droits actuellement en vigueur (délibération du
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- Conseil municipal du 5 juin 1872), sont :
- Droit de place. Droit de séjour.
- Par tête de taureau, bœuf, vache. 3 fr. » c. Ofr 50 c.
- de veau 1. » 0. 20
- — de mouton ou chèvre . . 0* 30 0. 04
- — de porc ... . . . . * . . 1. » 1. 10
- 11 n’y a pas de droit d’Octroi à l’entrée du marché, lequel est considéré comme entrepôt. Le droit est perçu sur la viande abattue, à la sortie de l’Abattoir, quand elle est destinée à la consommation de Paris.
- Le marché est réglementé par les arrêtés du 8 mai 1869 et du 25 juin 1873.
- Un service d’inspection sanitaire du bétail a été établi dans l’intérieur du marché, 11 est confié à des agents qui relèvent de la Préfecture de Police*
- Le Marché aux bestiaux est relié à l’Abattoir par deux ponts de jonction. Ges ponts ont été livrés au commerce
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- dès 1870, à l'exception de la rampe avoisinant le chemin de fer qui n’a été ouverte qu’à partir du 6 août 1874. Cette rampe est affectée au passage des porcs dirigés sur l’abattoir spécial et au service des bestiaux arrivant par le chemin de fer.
- Les quantités moyennes annuelles des diverses espèces de bestiaux entrés au grand marché de la Villette, pendant les dernières années, sont de :
- 352,000 bœufs, vaches et taureaux; 202,000 veaux ;
- 2,000,000 de moutons ; 300,000 porcs.
- Les réexpéditions pour la province ou l’étranger sont d’environ.
- 120,000 bœufs, taureaux et vaches; 45,000 veaux;
- 900,000 moutons; 180,000 porcs.
- Mais comme lés chiffres d’arrivage, modifiés par ces exportations, ne correspondent pas au nombre des ani-mjaux sacrifiés dans les abattoirs, nombre qui sera donné plus loin, disons de suite qu’une quantité assez considérable d’animaux (achetés ailleurs que sur le marché de la Villette) est conduite directement aux abattoirs.
- On parcourra sans doute avec quelque intérêt le tableau suivant qui indique la répartition, récemment relevée, des provenances de bestiaux entre la France, l’Algérie et les pays étrangers.
- France .. NOMBRE PAR ESPÈCES
- BŒUFS TAUREAUX VACHES VEAUX MOUTOVS PORCS
- 293.229 883 9.766 » 42.733 » 196,977 » 896.271 37.289 -314.409 »
- Algérie : , Totaux. .. Etranger
- 294.112 7.666 9.766 » 42.733 U 196.977 2.439 933.560 1.121.120 314.409 897
- 301.778 9.766 42.733 199.416 2.054.680 315.306
- Le marché est quotidien : toutefois, il n’y a en réalité, — ce sont les usages du commerce, — que deux jours de vente, le lundi et le jeudi. On a vu parfois sous les halles
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- du marché jusqu’à 5,000 têtes de gros bétail, 24,000 moutons, 1,800 veaux et 3,800 porcs. Les marchés lés plus faibles sont en moyenne de 1,050 grosses bêtes; 500 veaux; 13,500 moutons; 350 porcs. Les quantités ordinaires oscillent entre ces extrêmes.
- Le marché tient pour les taureaux de 10 heures^à 2 h. 1/2; pour les veaux et porcs, de 10 h. 1/2 à 2 heures; pour lés bœufs et vaches de bande, vaches laitières et cordières, de 10 h. 1/2 à 2 h 1/2; pour les moutons, de midi à 3 h. 1/2.
- Il n’y a pas de facteurs ni de vente à la criée sur le marché. Les deux tiers des ventes de gros bétail sont faites par 40 commissionnaires principaux, le reste par des courtiers d’occasion ou des propriétaires ; de même des veaux; les moutons sont vendus par 45 commissionnaires; les porcs, pour les 3/5, par 21 courtiers.
- Le marché rapporte, en recette, environ 2,350,000 francs, sur lesquels il reste à la Ville un million de bénéfice net; ce qui constitue une assez jolie opération.
- ABATTOIRS.
- Les marchés à bestiaux pouvaient être situés hors de la ville; il n’en était pas de même des abattoirs. Il fallait de toute nécessité qu’ils fussent à portée du consommateur ; sans quoi, à une époque où les transports étaient si imparfaits, la viande eût été bien souvent avariée avant d’arriver au bourgeois de Paris. Sans remonter aux Romains, qui ne connaît la grande boucherie située près du Châte-telet, composée d’échaudoirs, d’étaux, de halles, et appartenant à une communauté qui fit bien souvent parler d’elle, surtout à l’époque de Charles VL Le nom de Caboche est resté légendaire et laTour-Saint-Jacques-la-Boucherie perpétue le souvenir de la remuante corporation.
- En 1540, sous François 1er, le Parlement ordonna de construire des boucheries dans plusieurs quartiers. Sous
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- LES ABATTOIRS DE PARIS
- Louis XIV, il y en avait un peu partout. Sous Louis XV, Je Prévôt des Marchands voulut faire transporter les éehau-doits aux confins de lâ ville * mais il eût fallu de - l’argent. Mercier a tracé un tableau effroyable des tueries parisiennes et des dangers qu’elles faisaient courir aux passants.
- Ce ne fut qu’en 1810 que le gouvernement se résolut à faire cesser cet état de chose. Il y avait alors, épars dans la Ville, 151 échaudoirs appartenant à des bouchers principaux, où les petits bouchers venaient abattre moyennant une petite rétribution.
- On construisit cinq abattoirs ; trois sur la rive droite de 4 Seine, savoir : l’abattoir de Montmartre avec 64 échaudoirs ; celui de Ménilmontant avec 64 échaudoirs; celui du Roule avec 32 échaudoirs % deux sur la rive gauche ; celui de Villejuif avec 32 échaudoirs et celui de Grenelle avec 48 échaudoirs : soit en tout 240 échaudoirs au lieu de 150.
- Mais les travaux commencés en 1810 ne furent achevés qu’en 1818.
- Ces abattoirs avaient coûté 18 millions.
- fin 1848 furent ouverts deux abattoirs spéciaux pour les porcs, dits des Fourneaux et de Ghâteau-Landon* Enfin, l’annexion des communes ou parties de communes comprises dans l'enceinte fortifiée, ajoute aux abattoirs parisiens existants ceux de Batignolles, de la Villette et de Belleville.
- L’opinion publique, très formelle sur la question du marché unique, l’avait été un peu moins quant à l’abattoir unique. Toutefois, il avait paru évidemment désirable d’avoir un abattoir principal, correspondant en étendue et contigu au grand marché» pour éviter les déperditions et avaries résultant des marches et contre-marches du bétail destiné à l’abatage* C’est, comme il a été dit, sur la partie Ouest, 31 hectares, des terrains achetés à la Villette, que fut édifié le nouvel abattoir qui a été mis en exploitation le iw janvier 1867»
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- Des travaux d'amélioration y ont été exécutés depuis lors à plusieurs reprises. 11 contient à l'heure qu'il est 187 échaudoirs avec bouveries, greniers et cours de travail, dont quelques-unes sont déjà recouvertes d'un vitrage, et qui le seront toutes bientôt dans l’intérêt des ouvriers. On y trouve de plus un abattoir spécial pour les porcs avec porcheries, brûloirs et pendoirs.
- C'est une immense usine où sont juxtaposés les divers ateliers spéciaux pour le traitement de la viande et de ses dérivés. Ici, dans les cours de travail le sacrificateur abat d'un coup de masse sur le front le bœuf qui fléchit d'abord sur son train de derrière, puis tombe sur le côté, mais, comme le matadero espagnol, il l'achève d'un coup de couteau. Les veaux et les moutons sont égorgés sur des tablés. On recueille avec soin le sang et les issues; le contenu des panses est porté dans une partie reculée de l’abattoir. Dans l’abattoir aux porcs, on commence par étourdir les animaux d'un coup de masse; puis on les saigne, on les grille, on les nettoie et on les attache aux pendoirs.
- Un endroit spécial est affecté à la boucherie israélite, boucherie Kascher, qui comprend deux services, la sch’hitach, ou service à l'abattoir et la surveillance des étaux autorisés à débiter la viande Kascher, Il y a là des sacrificateurs (Schohtims) et des surveillants spéciaux (Schomrims) ; plus tout un ensemble de formalités destinées à garantir que la viande Kascher provient bien réellement d'abatages opérés suivant le rite. Le Schohtim ou sacrificateur doit trancher d’un seul coup de damas le cou de l’animal ; puis, aussitôt la saignée opérée, s'assurer qu'il n’a été fait aucune brèche au damas. S’il y en avait une, ranimai serait considéré comme tarret, c'est-à-dire impropre à la consommation.
- Plus loin, voici l'atelier de triperie, fort important, puisqu'il est loué par la Ville à un entrepreneur moyennant
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- un prix de 125,000 francs. Puis viënnént les ateliers d'échau-dage des têtes et pieds de veau ; puis les ateliers pour l’ex-traction de l'albumine du sang, dont les résidus servent d'engrais, etc., etc.
- L'abattoir est, de plus, le grand marché à la viande de Paris. C'est là que les bouchers viennent s’approvisionner. Le marché de la Halle ne représente qu'un sixième de la consommation générale qui absorbe, bon an mal an, 175,000,000 de kilogrammes de viandes, tant en boucherie qu'en charcuterie. "
- Depuis l’ouverture de l’abattoir de la Yillette, les abattoirs de Montmartre, de Ménilmontant, du Roule, de Bel-leville, de la Yillette, de Batignolles et de Château-Landon ont été successivement fermés. 11 ne subsiste plus, en dehors de l’abattoir général, que ceux de Grenelle, de Ville-juif et des Fourneaux, situés sur la rive gauche de la Seine.
- Les abattoirs sont ouverts au public de midi à 7 heures en toutes saisons.
- Le principe qui préside à la concession des échaudoirs est l’ancienneté de classement dans l'abattoir.
- Tout propriétaire de bestiaux désireux d’obtenir la concession d'un échaudoir doit en faire la demande par écrit au Préfet de la Seine, et en attendant son classement, le demandeur peut faire ses abatages dans lés échaudoirs banaux.
- Aucun échaudoir ne peut être concédé sans qu’au préalable la vacance en ait été déclarée et affichée dans l’abattoir pendant un délai de cinq jours; il en est de même pour une portion d’échaudoir.
- L'échaudoir dont la vacance a été affichée peut être accordé au marchand boucher ou au propriétaire de bétail le plus anciennement classé dans l'abattoir s'il le réclame en échange du sien. Ces demandes de mutation prennent
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- rang avec les demandes d’admission. Quant à l’échaudoir devenu vacant par suite de mutation, il est aussitôt affiché et concédé avec les formalités qui viennent d’être indiquées.
- Nul ne peut obtenir la concession de plus d’un échau-doir, s’il ne remplit certaines conditions dont il doit justifier auprès do l’Administration. ^
- Les échaudoirs ne peuvent être exploités que par les titulaires seulement.
- Ils ne sont pas transmissibles. Toutefois la veuve d’un titulaire peut obtenir la concession de l’échaudoir de son mari, si elle continue le commerce de celui-ci.
- Lorsque par suite du développement de leurs opérations, les titulaires classés dans un même échaudoir ne peuvent plus y continuer leurs abatages conjointement, le dernier classé dans cet échaudoir en est exclu et il est provisoirement autorisé à faire ses abatages dans un des échaudoirs banhux.
- Lorsque le premier titulaire d’un écha udoir est déclassé pour un motif quelconque (décès, cessation d’abatage pendant un mois, infractions aux règlements de l’abattoir), cet échaudoir est mis en entier en vacance, sauf le cas où le titulaire suivant a dix années d’occupation conjointe, et quand l’importance de ses abatages équivaut, depuis un an, à la moitié de la capacité de l’échaudoir. La capacité des échaudoirs est basée sur le nombre moyen de bestiaux qui peuvent être abattus et préparés pendant un mois, dans un échaudoir. Conformément à un avis de la commission delà boucherie, cette capacité moyenne des échaudoirs a été récemment fixée à 190 bœufs (abatage exclusif des bœufs) ; à 500 veaux (abatage exclusif des veaux) et 2,700 moutons (abatage exclusif des moutons). Dans les échaudoirs où se font les abatages des diverses espèces, on estime que la place nécessitée par l’abatage
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- d’un bcBuf est l'équivalente de celle qui est nécessaire pour l’abatage de 3 veaux ou de 15 moutons.
- Il n’y a pas de prix de location proprement dit à l’abattoir : mais, à la sortie, l’octroi perçoit un droit d’abatage de 2 francs par 1ÛQ kilogrammes, en même temps que la droit d’entrée, qui est de 9 fr. 733 également par 100 kilo* grammes; ce qui fait au total près de 12 francs.
- Les chiffres de 1883 paraissent légèrement au«dessous de ceux-ci pour la boucherie ©t supérieurs pour la ehareu* tarie. Ils ne sont pas encore arrêtés définitivement.
- On sait qu’une partie de l’abattoir de Villejuif est affectée à l’abatage des chevaux destinés à l'alimentation. Cette viande n’acquitte aucun droit. Pour faciliter les vérifications au sortir de l’abattoir, pendant le transport ou même après l’arrivée à Tétai, une ordonnance de Police, du 9 juin 1866, a statué que les animaux ne seraient divisés qiîe par moitié ou par quartiers, ©t que les pieds ne seraient détachés qu’au moment du dépeçage, à l’étal.
- Voici quel a été le mouvement de cette consommation de 1873 à 1882 :
- ANNÉES gh&vajk MUWSTSÎ AN«S TOTAI»
- 1873 (d*août à décembre) .. 1.830 261 8 2.099
- 1874. 4.358 318 6 4.682
- 1875 4.267 234 » 4.501
- 18ZÔ. S.098 297 » 5.995
- 1877 0.764 330 1 7.095
- 7.829 296 27 8,152
- 1879 7.491 336 22 7.849
- i88Q 6.658 230 25 6.913
- 1881 , 6.487 261 25 6.773
- 1882.... 7.546 233 22 7.801
- Les résultats en 1883, que nous n’avons pu connaître qu’approximativement, paraissent supérieurs à ceux de 1882. Du reste, cette consommation fait, comme on le voit, assez peu de progrès.
- Nous terminerons cette série de renseignements sur la production de la viande à Paris, en indiquant dans un
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- tableau ce que vaut en viande nette et ce que paie de droits la moyenne des animaux de boucherie et de charcuterie.
- ESPÈCES POIDS MOYEN DROITS DE TOTAUX T1U0R MOYENNE UftOtTS des droits à la valeur
- MARCHÉ OCTROI et ABATAGE
- Bœufs ;.... 355 kil. 3 » 41 65 44 65 541 » 8 25
- Vaches 235 » 3 '» 27 57 30 57 303 » 10 08
- Taurèaux. 360 » 3 » 42 24 45 24 410 » 11 03
- Veaux 78 » 1 » 9 15 10 15 152 » 6 67
- Moutons 21 » » 30 2 46 2 76 33 » 8 36
- Porcs 83 » 1 »> 9 98 10 98 126 p 8 70
- Il faut ajouter, pour compléter ces indications, que la viande vendue à la Halle ou sur le marché de F Abattoir général paie en plus 2 fr. 10 par 100 kilog. pour droits-d’abri, sans compter les petites taxes prélevées par les Forts.
- Telle est, dans leurs traits principaux, la physionomie générale de ces deux parties indissolubles de la plus grande usine d’approvisionnement de l’estomac de Paris. Cette étude permet de voir ce qui a été fait, depuis vingt ans surtout, pour atteindre le but que tant de gouvernements s’étaient assigné. Ce qui paraît hors de cause maintenant, c’est que la liberté de circulation et de trafic permet d’assurer la consommation de Paris sans "qu’il soit besoin de recourir aux procédés autoritaires par lesquels on prétendait autrefois combattre l’accaparement ou la pénurie. L’Administration, réduite désormais à son véritable rôle, peut consacrer tous ses soins à l’organisation matérielle des marchés et des abattoirs, à une équitable perception des redevances, au maintien de l’ordre, à la liberté et à la sécurité des’ transactions. En ce qui concerne Paris, nous croyons qu’elle n’a pas manqué à sa mission, et que ses efforts ont été couronnés de succès.
- tmp. Ch. Haréok&l & J.Hohto&ISB, 16* cour des Petitea-Écurie». Puis.
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- ET AUTRES APPAREILS
- Ancienne Maison J. BRÜNT & Cie
- Ce n’est certes pas chose facile que de se rendre exactement compte de la quantité de gaz brûlée par le consommateur, quand on ne peut ni pénétrer chez lui pour compter les becs allumés, ni savoir l’heure à laquelle il a commencé à s’en servir, ni celle à laquelle il a dû les éteindre. Le problème était si compliqué que sa solution s’en est fait attendre et que l’époque de transition a été longue. On peut dire qu’elle a été terrible pour le consommateur. Il n’y avait pas de merci à espérer. On était abonné à cinq heures de gaz; si la nuit arrivait à six heures, on pouvait être sûr qu’à onze heures le gazier impitoyable passait dans la rue et vous plongeait dans l’obscurité. Youlait-on garder des invités, il fallait le prévoir et en avertir la Compagnie. Mais l’envers de la médaille était aussi fâcheux. Des consommateurs peu délicats branchaient sur leurs tuyaux tout un petit système de chauffage et la Compagnie était loin d’y gagner.
- Le compteur était nécessaire; sa découverte s’imposait. 11 est aujourd’hui réalisé avec une perfection telle que producteurs et consommateurs s’en trouvent à merveille.
- Nous avons visité avec le plus grand intérêt les ateliers de la Compagnie anonyme continentale pour là fabrication des compteurs et autres appareils nécessaires aux usines à gaz.
- Cette usine, la première dans cette spécialité, est située à
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- Paris dans la rue Pétrelle dont elle occupe une grande partie. On pénètre dans une vaste halle couverte où de nombreux ouvriers préparent les compteurs et autres appareils. Cette halle donne accès à des ateliers situés au rez-de-chaussée. Au dessus, deux étages comprennent des ateliers et des magasins. La Société fabrique tous les organes nécessaires à ses appareils. Une machine à vapeur de vingt chevaux distribue la force motrice dans tous les ateliers*
- Avant de faire connaître l’importance industrielle de cette usine, examinons les divers appareils qu’on y fabrique et commençons par Le plus intéressant et le plus utile, le compteur d'abonnés.
- Le compteur (*) se compose à l’extérieur d’une boîte cylindrique dans laquelle se trouve un tambour métallique qui constitue la partie principale de l’appareil et mesure exactement le débit du gaz. Ce tambour appelé volan1\ est monté sur un arbre horizontal et divisé en quatre compartiments par autant de cloisons de courbures particulières, obliques sur l’axe. C’est une sorte de roue à augets. Le volant est suspendu dans l’enveloppe extérieure contenant de l’eau dont le niveau s’élève un peu au-dessus de l’ouverture centrale. Chaque compartiment porte deux fentes opposées diagonalement; l’une d’elles sert à l’introduction du gaz, l’autre à sa sortie. Toutes les ouvertures d’entrée, placées d’un même côté, sont enfermées sous une calotte qui porte au centre un trou circulaire entièrement plongé dans l’eau; c’est par ce trou que pénètre le tuyau d’arrivée du gaz qui se coude à l’intérieur et vient émerger un peu au-dessus de l’eau dans l’espace compris entre la calotte et le tambour.
- En arrivant dans cet espace, le gaz trouve hors de l’eau l’ouverture d’un des compartiments, s’y introduit, et pressant sur la cloison communique un mouvement de rotation
- (*) Voir la figure, page 5.
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- au volant. Par suite, l’ouverture du compartiment suivant émerge, et ce dernier commence à se remplir pendant que le précédent achève de le faire. Le premier compartiment une fois plein de gaz, son orifice de sortie se découvre à son tour. La seconde chambre continuant à se remplir entretient le mouvement. Il en résulte que le premier compartiment s’enfonce de plus en plus dans l’eau et que le gaz qu’il conduit est expulsé hors du volant. Celui-ci étant divisé en quatre chambres égalesr le même jeu se reproduit quatre fois pour chaque tour.
- On comprend que si le niveau de l’eau s’élève ou s’abaisse dans l’enveloppe et par suite dans les compartiments du volant, la capacité de ces derniers se trouve diminuée ou augmentée et que le même nombre de tours ne correspond plus au même volume de gaz débité. Comme l’arbre du volant commande un mouvement d’horlogerie qui ne peut qu’enregistrer le nombre de ses rotations, il est indispensable, pour l’exactitude du mesurage, que la capacité des compartiments reste invariable.
- ' De là l’emploi de différents organes contenus dans la boîte prismatique en avant du compteur, organes destinés à donner des indications sur le niveau de l’eau et à en prévenir la trop grande variation. Dans la figure on a supposé la face antérieure de la boîte enlevée, ce qui permet de voir nettement tout le mécanisme.
- Soupape et flotteur. — Le gaz entre dans le compteur par le tuyau d’arrivée situé sur le haut de la boîte, à gauche. Il pénètre dans une chambre dont il ne peut sortir que par une ouverture inférieure commandée par une soupape ; cette dernière est fixée au haut de la tige d’un flotteur. Si le niveau de l’eau s’abaisse d’une façon anormale, le flotteur descend, la soupape ferme l’orifice, et le gaz ne peut plus s’introduire dans le compteur. Il faut remarquer que toutes les fois que le niveau de l’eau subit
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- un abaissement, le mesurage du compteur est modifié au détriment de l’usine.
- Siphon. — Le consommateur doit être, à son tour, garanti contre le préjudice que lui causerait une élévation trop notable du niveau. On obtient ce résultat de la façon suivante: le gaz arrivant par l'orifice de la soupape se répand dans la boîte, trouve au-dessus de l'eau l'ouverture dtx tuyau coudé qu’on nomme le siphon, et pénètre dans le volant pour ressortir par la tubulure placée sur le, haut
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- de l'enveloppe. Or, si le niveau dépasse la hauteur voulue, l’eau entre dans le siphon qu’elle remplit bientôt et ferme l’entrée du gaz dans le tambour. -De cette façon, aussitôt que les intérêts, soit de t'usine, soit du consommateur, peuvent être lésés sérieusement, il
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- y a extinction, et il est nécessaire que le niveau soit rétabli
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- dans les conditions voulues.
- Tubë et vis de niveau. — Le niveau normal tient le
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- milieu entre les deux situations extrêmes que nous venons d'indiquer : il est fixé par l'arête supérieure d'un tube dit tube de niveau que l'on voit à droite. Lorsque l’eau
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- dépasse cette arête, elle s’écoule par le tube dans une chambre voisine, prête à s'échapper au dehors quand on
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- viendra niveler le compteur, en enlevant une vis qu’on ne voit pas dans la figure.
- A la partie supérieure de la boîte, à droite, se trouve
- l’ouverture d’introduction de l’eau, fermée par un bouchon
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- à vis et communiquant avec l'enveloppe cylindrique; cette dernière est elle-même reliée à la boîte par l'orifice circulaire qui livre passage au siphon et dont il a été parlé plus haut.
- Mouvement des Aiguilles.— A côté et à droite du siphon, on voit l'arbre du volant, armé d'une vis sans fin qui engrène avec une roue dentée calée sur un arbre vertical. Ce dernier est entouré d'un tube plongeur, afin d'empêcher
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- que le gaz ne puisse trouver accès dans la boîte à mouvement. Cette boîte est fixée sur la façade du compteur pour la facilité du service et permet de vérifier la position des aiguilles. Yoici comment se fait ce mouvement : l’arbre vertical fait tourner horizontalement une roue appelée
- mItres cubes
- Vulor BaSt-s *
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- Coupe du Compteur.
- tambour; sa bande est divisée en litres dont le nombre est apprécié à l’aide d’une aiguille verticale fixe. Le tambour est divisé en une quantité de litres qui varie suivant l’importance du compteur. Par une transmission de mouvements à l’aide de roues dentées, des cadrans verticaux
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- indiquent les unités, dizaines et centaines, etc., de mètres cubes de gaz débité.
- Cliquet. — Pour empêcher la manœuvre frauduleuse qui consisterait, en intervertissant la position des tuyaux d’entrée et de sortie, à faire, tourner le volant en sens inverse de son mouvement normal, ce qui renverserait la marche des aiguilles et démarquerait la consommation acquise, un rochet est fixé sur l’arbre et le cliquet qui engrène avec lui s’oppose à tout mouvement rétrograde.
- Ce compteur remplit les conditions prescrites pour être
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- admis au poinçonnage officiel, car il a la garde d’eau règlementaire, qui est de dix centimètres au moins, au tube d’introduction d’eau, au siphon et au régulateur de niveau,' afin que le gaz, au-dessous de cette pression, ne puisse s’en échapper. Cette prescription a le double résultat de diminuer les chances de fuites et d’empêcher le consommateur
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- de prepdrë du gaz dans la boîte, c’est-à-dire avant qu’il ne soit compté. Pour obtenir la garde exigée au siphon, on a prolongé le tube vertical en lui faisant traverser le fond de la boîte et on le fait plonger dans un récipient rempli d’eau jusqu’à l’orifice bouché par une vis de niveau dite vis de siphon.
- Remplissage de ce compteur. — Le compteur étant en place et le robinet d-entrée fermé, on ouvre quelques becs, puis on retire la vis d’introduction de l’eau et celle du siphon; on verse l’eau dans le compteur jusqu’à ce qu’elle coule par l’orifice du récipient. On enlève alors la vis de niveau et on laisse écouler l’excès d’eau que contient le compteur. On remet ensuite les trois vis en place et l’appareil est prêt à fonctionner.
- L’enveloppe de ces compteurs est en forte tôle ; le siphon
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- et le flotteur sont en étain; les arbres, supports et engrenages, placés à l’intérieur, sont en métal dur inoxydable.
- En dehors de ce compteur officiel la Compagnie anonyme
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- continentale en fabrique d’autres que nous allons passer en revue.
- Compteur à bâche de saturation, — L’idée de ce compteur est ancienne. La théorie en est fort simple.
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- Au contact du gaz en mouvement, l’eau peut s’évaporer
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- peu à peu dans les compteurs en service. La vapeur est entraînée par le gaz avec lequel elle se mélange; de là,
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- rabaissement du niveau au détriment de l’usine, et la né-
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- cessité de niveler de temps en temps les compteurs. Dans l’appareil dont il s’agit, le tuyau d’arrivée du gaz traverse la boîte prismatique qui contient le mécanisme pour venir déboucher dans une bâche placée au-dessous et presque remplie d’eau* Là, des cloisons forcent le gaz à parcourir un long chemin en léchant la surface de l’eau et en se saturant de vapeur, pour remonter ensuite et pénétrer
- dans le volant. Dans ces deux conditions, le gaz ne peut
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- plus emprunter l’eau du compteur.
- Compteur à mesure invariable {Système Warner et Cowan). — Pour obvier aux inconvénients produits par l’abaissement du niveau de l’eau, on a imaginé un certain nombre de dispositions dites de compensation qui amenaient une grande complication dans les organes de l’appareil.
- Le problème a été résolu d’une manière parfaite par MM. Warner et Cowa/n. Un double volant forme le trait
- saillant et caractéristique de leur invention. Le volant
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- proprement dit est construit comme celui du compteur ordinaire ; mais il porte dans sa partie centrale un second volant plus petit, établi de telle façon que les ouvertures de ses ailes disposées en hélice se découvrent au fur et à
- mesure que le niveau de l’eau s’abaisse,, donnant ainsi
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- accès à un volume de gaz qui vient remplacer la quantité
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- d’eau disparue. .
- De cette manière et par suite de dispositions spéciales,
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- ce dernier volume de gaz se trouve ramené dans le compartiment du volant le plus grand qui, seul, remplit l’office démesureur.
- En effet, la face postérieure du volant principal par laquelle se fait l’écoulement du gaz reçu, correspond à la face antérieure du petit volant et communique avec elle. Les cloisons hélicoïdales de ces deux volants sont placées dans des directions opposées, et, de cette façon, les sorties du grand volant sont en contact direct avec les entrées du petit.
- Il en résulte qu’à chaque révolution, le grand volant livre au petit une quantité de gaz proportionnelle à la surface émergée des ouvertures de ce dernier, et que, quelle que soit l’augmentation de capacité des compartiments par suite de l’abaissement de l’eau àu-dessous du niveau normal, le petit volant restitue au volant principal pour la faire mesurer toute quantité de gaz passée en excès.
- C’est dans cette communication des compartiments entre eux et dans cette restitution si simple et si efficace du volume du gaz non mesuré au compartiment contrôleur, que réside le grand mérite de l’invention de MM* Warner et Cowan.
- Occupons-nous maintenant des autres appareils construits dans les ateliers de la rue Pétrelle.
- Compteur d'usine. — Dans une usine sans compteur de fabrication, le Directeur marche sans guide et ignore ce qu’il fait.
- Le but du compteur d’usine, n’est pas simplement d’enregistrer la quantité de gaz produite dans un temps déterminé; il est plus complexe. Cet appareil doit, en effet, indiquer si la qualité de la houille est bonne; si le chauffage des cornues permet d’obtenir le maximum de rendement de gaz; si le service des fours est régulier; si la canalisation est en bon état; si les compteurs d’abonnés
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- Volant ou Compteur Warner et Cowan.
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- sont maintenus à niveau, enfin si l’éclairage public ne dépasse pas sa consommation normale.
- Les compteurs • d’usines sont munis d’enregistreurs qui tracent des courbes dont la configuration permet au directeur d’apprécier, heure par heure, la production du gaz.
- Extracteur. — Un extracteur n’est autre chose qu’une pompe aspirante et foulante, aspirant le gaz à mesure qu’il se produit et le refoulant à travers plusieurs appareils jusque dans la cloche du gazomètre.
- L’extracteur Bealeconstruit par la Compagnie continentale rend les plus grands services aux usines qui l’emploient. Condensateur Pelouze et Audouin. — Dans la généralité
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- des usines, lorsqu’on procède au renouvellement des épurateurs du gaz, on remarque que la matière d’épuration est imprégnée de goudron, et l’on trouve au fond des caisses des condensations d’eaux ammoniacales!
- Le condensateur de MM. Pelouze et Audouin a pour effet de supprimer ces inconvénients en complétant la conden-
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- sation du goudron et des eaux ammoniacales.
- Le fonctionnement de l’appareil est basé sur le fait suivant : lorsqu’un courant gazeux, animé d’une certaine vitesse et contenant en suspension des particules liquides,
- vient frapper contre un obstacle, le gaz est dévié de sa
- »
- direction, tandis que les particules liquides restent collées sur l’obstacle, s’y réunissent sous forme de goutte et ruissellent jusqu’au bas.
- On arrive à ce résultat en forçant le gaz à traverser une
- cloche dont lès parois latérales sont formées de quatre
- *
- plaques de tôle perforée, concentriques et disposées en deux couples. Chaque couple constitue un élément de condensation ; il se compose de deux cages polygonales en tôle, espacées de deux millimètres et percées d’un certain nombre de rangées de trous. Ces orifices sont pratiqués
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- sur les deux plaques de telle façon que les parties pleines de l’une soient en regard des parties percées de l’autre et réciproquement.
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- Condensateur Pelouze et Audouin.
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- Les deux couples sont séparés par un intervalle vide de
- quelques centimètres; le second couple achève la conden-
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- sation commencée par le premier. L’espace vide sert à faci-
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- liter l’écoulement des condensations produites dans le premier couple.
- Le gaz pénètre dans le condensateur par le tuyau inférieur représenté en A. sur la figure, et arrive dans une - caisse surmontée d’un tuyau vertical débouchant sous la cloche qui baigne en partie dans le goudron. 11 traverse les deux couples de cylindres perforés et la section de passage qui lui est offerte varie avec le nombre de trous
- mis à découvert par l’immersion de la cloche; puis il quitte
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- l’appareil par le tuyau supérieur B. Le goudron et l’eau ammoniacale abandonnés par le gaz, ruissellent le long de la cloche et se joignent au bain où elle plonge; l’excès débordant sur l’arête du tuyau central tombe dans la caisse inférieure et s’écoule au dehors par la tubulure G que l’on voit au bas de l’appareil et sur laquelle s’adapte un siphon.
- La cloche condensatrice est suspendue par une tige cla-vetée à une deuxième cloche D, d’un moindre diamètre.
- Cette dernière plonge dans un godet hydraulique ménagé
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- dans la colonne E qui surmonte l’appareil, et empêche le
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- gaz de s’échapper par l’ouverture nécessaire au passage de la tige ; elle est reliée à un contrepoids G, variable à volonté, qui sert à régler la perte de pression que doit
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- subir le gaz par son passage dans l’appareil. Un manomètre M, communiquant par l’une de ses branches avec l’entrée, par l’autre avec la sortie du condensateur, indique cette perte de pression.
- Le condensateur est construit de manière à rétablir automatiquement un équilibre lorsque celui-ci est détruit par un commencement d’engorgement ou par une variation dans la production, et à maintenir constante la perte de pression que le gaz y subit pour un contre-poids une fois donné. Le condensateur se place sur le tuyau de refoulement de l’extracteur.
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- Régulateurs d'émission. — Le principe de cet appareil est le suivant : supposons une cloche pouvant s'élever ou s’abaisser librement dans l’eau et supportant intérieurement un cône libre de se mouvoir dans une ouverture
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- circulaire par où le gaz arrive dans la cloche pour se
- rendre ensuite à la conduite de sortie de l’usine. Si la
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- cloche est en équilibre et que la pression du gaz dans la canalisation vienne à diminuer, cette dernière ne se trouvant plus équilibrée sera entraînée par sonpoids et abaissera le cône : un passage plus grand s’offrira au gaz et la pression primitive se rétablira à sa sortie. Si au contraire la pression augmente dans la conduite, la poussée du gaz remportera sur le poids de la cloche : celle-ci se soulèvera, fermant en partie l’ouverture, le gaz passera en moindre abondance et la pression primitive sera rétablie.
- Remarquons que lorsque la cloche est en équilibre, si la consommation vient à baisser brusquement, le cône s’élève et ferme presque complètement l'orifice. Dans ces conditions le cercle qui forme la base du cône est soumis à la pression d’entrée, c’est-à-dire celle du gazomètre; la surface conique au contraire supporte la pression de sortie qui est moindre. Ces deux surfaces étant égales en projection, la poussée de bas en haut est supérieure et applique le cône contre l’orifice. On remédie à cet inconvénient par un double cône. A son entrée dans le régulateur, le gaz se divise en deux courants, l’un ascendant, l’autre descendant qui, agissant en sens inverse sur les deux cônes identiques, produisent des effets égaux et opposés et par suite la cloche conserve toute sa liberté d’action.
- En dehors des compteurs à gaz, l’usine fabrique des
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- compteurs à eau de plusieurs systèmes. Nous en avons examiné quelques-un s destinés à mesurer l’eau distribuée sans pression; ils sont basés sur le même principe que les compteurs à gaz dont nous avons donné plus haut la des-
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- cription. Ces appareils peuvent servir à mesurer tous les liquides employés dans l’industrie, même les plus corrosifs. Il suffît, dans ce cas, au lieu d’avoir recours à des compteurs métalliques, de les fabriquer, par exemple, avec de la gutta-percha.
- En terminant cette étude, nous tenons à faire partager au lecteur l’intérêt que nous avons éprouvé en visitant les vastes ateliers de l’usine dirigée d’une manière si intelligente par l'habile ingénieur auquel l’industrie des compteurs à gaz doit de notables perfectionnements.
- Fondée en 1839 par Grafton, l’usine des compteurs à gaz a dû une grande impulsion à M. Brunt qui l’a dirigée jusqu’en 1874. Après la mort de cet ingénieur-constructeur, l’industrie a pris un développement considérable sous la direction des gérants de la Gie anonyme continentale. C’est là que la fabrication des compteurs à gaz a i)ris son origine en France. Bien accueillie dès le début, elle a grandi avec l’industrie du gaz dont elle est un accessoire indispensable. La maison de la rue Pétrelle et ses nombreuses succursales de Bordeaux, Bruxelles, La Haye, Lille, Lyon, Madrid et surtout celle de Milan, où l’on construit tous les appareils nécessaires à l’éclairage, occupent ensemble près de 500 ouvriers, et produisent annuellement 18,000 compteurs. Nous éprouvons un véritable plaisir à constater ainsi, une fois de plus, le développement de l’industrie française dans les pays étrangers.
- Imp. Ch. Maréchal et J. Mohtorïer, 16, cour des Petites-Écuries, Paris.
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- Usine des Gourmets
- DE M. TRÉBUCIEN.
- L’usage du café se répand chaque jour de plus en plus, non seulement en France mais dans tous les pays du globe. C’est là un fait des plus heureux, car aucune boisson n’est plus tonique et nous ne pouvons que souhaiter qu’elle remplace autant que possible les boissons alcooliques si préjudiciables à la santé publique.
- L’énorme consommation de la précieuse graine a nécessité des procédés industriels pour en assurer la torréfaction d’une manière satisfaisante, et ces procédés ont atteint une entière perfection dans Y Usine des Gourmets de M. Trébucien, qui se place au premier rang non seulement par l’importance de la production mais encore par l’excellence des produits fabriqués.
- Commençons par indiquer les origines et la provenance du café.
- Le caféier est originaire de l’Ethiopie : c’est un arbuste de la famille des rubiacées qui se plaît sur les terrains en pente et dans les pays où la température varie de 15° à 30°. A l’état sauvage, on le rencontre dans les montagnes de l’Ethiopie, dans le Soudan et dans toute l’Afrique équatoriale. Le caféier fut pour la première fois cultivé régulièrement dans l’Arabie heureuse et cette culture y atteignit un développement suffisant pour satisfaire à la consommation. Actuellement, les caféiers qui fournissent les meilleurs produits sont ceux de Moka, de Bourbon, de la Martinique, d’Haïti, du Brésil, de Java et de l’Inde.
- Le caféier est un bel arbuste toujours vert qui affecte la forme pyramidale et possède un feuillage assez touffu. On
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- le taille ordinairement de manière àl’empêcher d’atteindre trois mètres. Ses feuilles, semblables à celles du laurier, sont d’un vert foncé et ses fleurs qui ressemblent à celles du jasmin ont une odeur très agréable.
- Le fruit, lorsqu’il est mûr, a l’apparence d’une cerise rouge, à la chair molle et à la saveur un peu aigrelette.
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- Cette cerise renferme ordinairement deux graines serrées l’une contre l’autre dans une enveloppe parcheminée.
- La récolte du café se fait d’une manière presque continue pendant la belle saison, le même arbre portant à la fois des fleurs et des fruits. La cueillette principale se fait le plus souvent vers le mois de mai. De quelque manière que s’effectue la séparation des graines de la pulpe, cette opération se rattache toujours à l’une des méthodes suivantes : la première consiste à laisser sécher les fruits au soleil ou dans des étuves et à débarrasser les graines de la pulpe et de
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- l’envejLoppe parcheminée par un broiement suivi d’un vannage; dans la seconde, les fruits récoltés sont aussitôt écrasés entre deux cylindres ou sous des meules légères ; la pulpe est ensuite enlevée par un lavage à grande eau et on fait alors sécher les graines ainsi mises à nu.
- On prétend que les propriétés du café furent reconnues par des moines qui les utilisèrent pour éviter l’assoupisse-ment dans leurs prières nocturnes. Dès 875, l’usage du café était connu en Perse. Ce ne fût qu’en 1554, sous Soliman, qu’il devint permis à Constantinople, et plus d’un siècle s’écoula avant qu’il ne fût connu en France et en Angleterre. En 1672, un arménien, nommé Pascal, établit le premier
- café à la foire Saint-Germain. Madame de Sévigné en disant qu’« il en était du café comme de Racine et que tous deux
- passeraient de mode» n’a pas empêché le café d’acquérir
- une importance considérable dans l’alimentation publique.
- Il devint en effet assez vite populaire. En 1680, le Sicilien
- Procope, ouvrit un établissement dont la vogue fut im-
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- USINE DES GOURMETS
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- mense. En 1714, Louis XIY reçut dès magistrats d'Amsterdam quelques pieds de caféier qu’il fit planter, avec de grands soins, au Jardin des Plantes. Un de ces pieds fut transporté à la Martinique par le capitaine de Glieux ; c’est de lui que proviennent tous les cafés qui sont une des principales richesses des Antilles.
- Aujourd’hui, le café est si répandu, que sa torréfaction constitue une des branches les plus actives de l’industrie française.
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- Du 1er janvier 1883 au 1er janvier 1884, les droits de douane perçus sur les cafés importés en France ont dépassé 106 millions de francs, c’est-à-dire le tiers environ de la totalité des droits encaissés par la douane pendant cette période. Cependant, la consommation du café n’a pas encore pris en France le développement qu’elle doit atteindre ;
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- elle n’est pas actuellement, pour une année, de deux kilogrammes par habitant. C’est en Hollande qu’elle est la plus considérable : 8 kil. par habitant. En Belgique, elle est de 5 kil. 1/2; aux Etats-Unis et en Suisse, de 3 kil. 1/2; en Allemagne, de 2 kil. 47. Ces différences sont faciles à expliquer. En Hollande et aux Etats-Unis, les cafés entrent en franchise; en Suisse, les droits d’entrée par kilogramme sont de 0 fr. 30 ; en Allemagne de 0 fr. 50 ; en Belgique de 1 fr. 32. En France, ces droits qui étaient de 50 centi-
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- mes par kilogramme, ont été portés à 1 fr. en 1870, puis à 1 fr. 50 en 1871. Ils sont maintenant, avec les décimes, de 1 fr. 56 centimes par kilogramme. Aussi* par suite de ce droit excessif, et au détriment de la santé publique, la consommation ne peut se développer. Le café paraît agir sur l’encéphale dont il augmente l’énergie des fonctions ; il empêche la désassimilation des tissus vivants. Dans son traité de botanique appliquée, M. Pouchet cite un cas de longévité extraordinaire des plus curieux dû, suivant lui, à l’usage du café, celui d’une femme de 116 ans qui avait
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- l’habitudè dé boire 25 à 30 tasses de café par jour. N’oublions pas de rappeler la longévité de Voltaire, consommateur passionné de cette boisson salutaire.
- La consommation du café en France trouve, dans l’exagération des droits d’entrée, une entrave qui a nui à son rapide développement et l’eût même assurément arrêté sans l’aide de la Torréfaction industrielle.
- L’industrie de la torréfaction du café a élevé le niveau
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- de la qualité du café consommé dans notre pays, et pourtant Je café importé en France n’est pas de qualité sensiblement supérieure à celui des pays voisins; mais chez nous seulement la torréfaction industrielle livre en grandes quantités des cafés mieux préparés que ceux qui sont torréfiés par les consommateurs ou les marchands. On peut affirmer qu’un café de qualité ordinaire bien torréfié sera supérieur au plus fin Moka brûlé dans les conditions ordi-naireé. La torréfaction industrielle permet aussi aux consommateurs d’éviter les fraudes dont le café est si fréquemment l’objet. La chicorée, le gland de chêne, l’orge, la brique pilée, les vieux marcs de café, etc., sont trop souvent mélangés au café en poudre. Quant aux grains de café, verts ou brûlés, ils sont imités au moyen de terre glaise et d’autres substances colorées et habilement moulées. De plus, une grande quantité de café arrive plus ou moins avarié par suite de la fermentation résultant d’une récolte mal faite ou par l’entrée de l’eau de mer dans la cale des navires qui le transportent en Europe. Tous ces cafés fraudés habilement rentrent néanmoins dans la consom-mation. La torréfaction industrielle rend ces fraudes très rares, car le produit n’étant plus anonyme, la responsabilité du torréfacteur garantit la qualité de la marchandise.
- Parmi les différents cafés torréfiés en France, le Café
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- des Gourmets est de beaucoup le plus répandu et le plus apprécié, et il tient le premier rang dans cette industrie,
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- L’usine dans laquelle est préparé le Café des Gourmets est considérable et répond à peine cependant à la consommation toujours croissante de ce produit universellement connu. 11 n’est assurément pas un hameau en France où il n’ait pénétré, et la consommation s’en est répandue dans toute l’Europe et même dans les pays de production des cafés verts.
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- Toutefois, la majeure partie du Café des Gourmets est
- consommée en France et les expéditions faites à l’étranger n’ont relativement qu’une faible importance. 11 ne peut en être autrement, car la loi ne permet pas de rembourser, lors de l’exportation des cafés, les droits de douane dont ils ont été frappés à leur entrée en France. Aussi, quelle que soit la faveur dont les cafés torréfiés français, et particulièrement le Café des Gourmets, jouissent à l’étranger, peu de consommateurs peuvent sacrifier à leurs préférences une pareille différence de prix. 11 y a là une entrave insurmontable au développement d'une industrie nationale; et il serait désirable qu’une législation mieux éclairée facilitât l’exportation des cafés torréfiés français. M. Trébucien avait proposé une combinaison susceptible de mettre d’accord tous les intérêts. 11 offrait de cons-
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- truire à ses frais, dans un entrepôt, une usine pour
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- préparer les produits destinés à l’exportation. Les matières premières auraient été amenées en franchise complète de tous droits dans cette usine soumise à la surveillance vigilante de la Douane; puis, tous les produits manufacturés auraient été conduits à la frontière sans la moindre exception. Aucun produit sortant de l’usine n’aurait pu être livré à la consommation en France, pas même les déchets qui auraient été détruits sur place ou exportés eux
- aussi. Tout le monde y eût trouvé son compte, et l’État,
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- sans éprouver aucune perte, aurait aidé au développe-
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- ment d’une industrie nationale. Malheureusement, la routine administrative n’a pu encore permettre la réalisation de désirs aussi légitimes. Dans d’autres industries, touchant à l’alimentation publique, des faits pareils sésont produits ; aussi des industriels français se voient obligés d’aller installer des usines à l’étranger, au grand préjudice de la France. Notre pays perd ainsi des capitaux considérables, qui pourraient, à l’abri d’une législation plus intelligente, servir à rémunérer le travail de nos ouvriers.
- Nous n’avons donc, pour le moment, qu’à examiner la production et la consommation française.
- Le Café des Gourmets, qui peut être considéré à juste
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- titre comme le type le plus parfait de la torréfaction industrielle française, est l’un de ces rares produits pour lesquels la faveur du public ne s’est jamais démentie et s’accroît au contraire chaque jour. C’est le signe distinctif des marques de premier ordre de ne pas subir les fluctuations de la mode et de grandir toujours sans subir l’atteinte des produits similaires qui n’en sont que des imitations imparfaites.
- Les relations toutes spéciales de M. Trébucien avec les plantations les plus estimées et la longue expérience de ses agents, jointe à l’importance si considérable de ses achats, le mettent à même de recevoir la meilleure partie de chaque récolte et de choisir les cafés de premier ordre. Les cafés les plus employés à Vusine des Gourmets sont ceux de Moka, de Java, de Démérary, ainsi que les Malabar, et ceux de la Guadeloupe et des Gonaïves (Haïti).
- Les réceptions sont faites dans les ports d’arrivage avec la sévérité la plus rigoureuse et pas une balle avariée, si légèrement qu’elle le soit, n’est expédiée à l’usine.
- Chaque jour les produits arrivent à l’usine située, à
- Paris, sur le cours de Yincennes, et sont classés, suivant
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- leur provenance, dans de vastes magasins. Les divers
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- ateliers couvrent une superficie considérable, environ cinq mille mètres. 5
- Les bâtiments en façade sur le cours de Vincennes comprennent les bureaux et les logements d’habitation ; sur les «mtres côtés sont construits des ateliers à deux étages. Une haute cheminée en briques se dresse dans une énorme cour que sillonnent les voitures destinées à transporter dans toutes les directions les produits de l’usine. Après avoir traversé cette cour, on arrive à la chambre de la machine qui contient une machine à vapeur horizontale de la force de cinquante chevaux. Deux générateurs fournissent la vapeur nécessaire à la machine et aux divers services de l’usine. La force motrice est distribuée dans les ateliers que nous allons parcourir pour indiquer au lecteur les phases par lesquelles passe le café, depuis son arrivée à l’usine jusqu’à la livraison au consQmmateur.
- Plus de 200 ouvriers, hommes et femmes, sont employés dans cette importante usine; l’ordre remarquable que nous avons admiré dans tous les locaux indique la prospérité toujours croissante de l’usine de M. Trébucien.
- Les mélanges des grains d’origines diverses sont faits dans des proportions indiquées par une longue expérience. Par un emploi judicieux des qualités de chaque espèce, on met à profit l’union de la force de certaines espèces avec l’arome de certaines autres.
- Arrivons maintenant à la torréfaction, qui est faite d’une manière spéciale dans l’usine de M. Trébucien, et qui doit son incontestable supériorité aussi bien aux soins dont l’opération est entourée qu’à la perfection d’appareils construits exclusivement pour cet usage.
- Les cafés sont amenés, des étages supérieurs, dans des trémies qui surmontent les appareils de torréfaction. Des conduits, munis de distributeurs à excentriques, mesurent
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- automatiquement et avec une précision rigoureuse, la quantité de café nécessaire pour remplir le brûloir dans lequel elle tombe immédiatement.
- Les brûloirs qui mesurent plus d’un mètre de longueur, sont portés sur des chariots en fer glissant sur des rails. Par cette disposition, on peut très facilement les faire pénétrer dans les fourneaux et les en faire sortir après la torréfaction. Chacun d’eux contient 50 kil. de café.
- Un appareil d’embrayage, de construction particulière, saisit chaque brûloir aussitôt qu’il arrive à la place qu’il doit occuper dans le fourneau et lui imprime un mouvement de rotation. Le dégagement de la vapeur d’eau, résultant de la torréfaction, se fait par de puissants aspirateurs et de telle manière que le café se trouve séparé des vapeurs, dès qu’elles se forment, vers le début de la torréfaction et ne séjourne pas un seul instant avec elles. Cette opération ne doit pas être trop prolongée, de crainte de produire une huile empyreumatique qui donnerait un goût désagréable au café. Dans l’usine des Gourmets, la torréfaction dure trois quarts d’heure environ; le grain présente alors une teinte chocolat bien uniforme. Le café torréfié avec soin et au point convenable, ne doit jamais avoir perdu plus du cinquième de son poids.
- Après que le café est complètement refroidi, il faut le vanner pour le débarrasser des pellicules et des pierres ou autres corps étrangers qui y sont parfois mélangés. On peut vanner le café avant de le brûler, mais la séparation des impuretés se fait mieux après la torréfaction. Dans Y usine des Gourmets cette opération est parfaitement exécutée par des trieurs-épierrewrs qui, non seulement enlèvent les pierres et les mauvais grains de café, mais font en même temps un classement des bons grains suivant leur qualité.
- L’enrobage par le sucre caramélisé, qui vient entourer chaque grain de café d’une couche infiniment mince,
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- mais sans aucune solution de continuité, concourt, avec un rapide refroidissement opéré sur de grandes tables métalliques, à empêcher le café de rien perdre des principes aromatiques que la torréfaction a développés.
- . Le mode de concentration auquel est soumis le café des Gourmets est d’une efficacité incontestable,- la force et la délicatesse de l’arome qu’il possède le prouvent surabondamment.
- Le café est alors amené aux moulins qui doivent le réduire en poudre avant qu’il ne soit livré à la consommation. La plupart des moulins employés communément pour le même usage ne peuvent opérer le broyage sans produire un frottement considérable, et sans dégager beaucoup de chaleur. C’est là un inconvénient fort grave, car cette chaleur de frottement non seulement favorise l’évaporation des principes aromatiques du café au préjudice de sa qualité, mais encore laisse le métal des moulins dégager une odeur désagréable dont le café s’imprègne.
- Dans la construction des moulins employés pour broyer le café des Gourmets, cet inconvénient a été fort habilement évité par l’adoption de dispositions qui suppriment îr presque complètement le frottement et permettent de
- f broyer le café si rapidement, que son passage dans le
- moulin est pour ainsi dire instantané. La division des grains s’opère bien plutôt par coupure que par broyage. Un tel résultat ne peut être obtenu d’une manière satisfaisante que si la noix et les diverses pièces des moulins sont d’un acier parfaitement pur et trempé à une grande dureté. Des poulies communiquent à l’outil, au moyen d’engrenages coniques, le mouvement de rotation. Du reste, la forme et la disposition des divers organes des ^ moulins ont une importance capitale, et les moindres dé-
- ^ tails de leur construction influent sur le résultat à obtenir.
- Après avoir subi l’action des moulins, le café est amené
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- dans l’atelier des ouvrières qui le pèsent par 250 grammes et 500 grammes et en emplissent les boîtes destinées à sa conservation et à son transport.
- Le nettoyage et le polissage de ces boîtes ont été, au préalable, opérés sur des tours mécaniques spécialement construits pour l’usine. Quoique ces tours soient animés d’une vitesse de rotation considérable, un ingénieux mécanisme permet d’engager les boîtes sût le mandrin à diamètre variable qui doit les recevoir, et~de les en dégager sans arrêt ni aucune diminution de vitesse. On obtient ainsi, avec la plus grande rapidité, un polissage parfait.
- Assitôt qu’elles ont reçu la quantité de café qu’elles doi vent contenir, les boîtes passent aux mains des ouvrières chargées d’v apposer les étiquettes et les bandes, dont l’ensemble constitue la marque de fabrique distinctive du Café des Gourmets. Les soins qui entourent sa préparation et les procédés perfectionnés mis en œuvre pour y concourir sont des garanties d’une supériorité dont la preuve certaine est le légitime succès obtenu depuis près de trente ans. Le Café des Gourmets existe depuis 1855. MM. Guérineau et Boucher n’avaient à leur disposition que des appareils peu perfectionnés lorsqu’ils fondèrent l’usine appelée à prendre, avec leurs successeurs, une si grande importance : la première installation fut presque rudimentaire. Cependant, le succès ne se fit pas attendre et le nouveau produit, accueilli partout avec faveur, se propagea rapidement. La production journalière était d’environ 400 kil. lorsque MM. Trébucien succédèrent à MM. Guérineau et Bouchet.
- Depuis cette époque la consommation de ce produit d’élite s’est accrue dans des proportions considérables^
- Jadis, MM. Trébucien ne livraient au commerce que le café en poudre. Pour satisfaire aux nombreuses demande^ qui lui ont été faites, M. Trébucien fils, le propriétaire actuel de l’usine, la transforme en ce moment pour se
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- mettre en mesure de fournir à la consommation, non seulement le café en poudre mais aussi le café torréfié et çn grains : il se propose aussi de fabriquer un produit nouveau, le café en poudre comprimé, divisé en petites tablettes de 5 et 10 grammes qui est, croyons-nous, appelé à un grand succès. Ce café comprimé peut rendre les plus grands services aux troupes en campagne, à la marine et dans les voyages d’exploration.
- Actuellement, l’usine des Gourmets livre chaque jour à la consommation quatre mille kilogrammes de café en poudre et on peut prévoir sûrement que sous peu, plus de deux mille kilogrammes de café en grains ou en poudre comprimé seront en même temps livrés à la consommation.
- M. Trébucien peut donc satisfaire dès à présent é la quarantième partie environ de la consommation totale de la France qui, en 1883, a été d’environ 68,000 tonnes, et bientôt sans doute la production de l’usine sera d’un trentième de la totalité de la consommation française.
- Les récompenses publiques obtenues par le Café des Gourmets aux expositions universelles de Londres 1862, Paris 1867, Lyon 1872, Paris 1878, Bordeaux 1882, Blois 1883, etc., etc., ont toujours été les plus hautes qui aient été décernées pour les cafés torréfiés, et en proclamant sa supériorité elles n’ont fait que consacrer le sentiment de l’opinion publique. Dernièrement encore, à l’Exposition universelle d’Amsterdam, le Café des Gourmets a obtenu une médaille d’or.
- Ajoutons qu’en dehors du café, l’usine des Gourmets fabrique aussi le chocolat et le tapioca dans de larges proportions ; la production journalière est de 600 kil. pour le tapioca et de 1,200 à 1,500 kil. pour le chocolat. Mais, c’est surtout par le chiffre toujours grandissant de la production du café, que cette usine est appelée à un développement encore plus considérable.
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- LA MAISON
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- Fondée en 1862, à Narbonne (Aude).
- NARBONNE. — Il y a, en France, un-grand nombre de vieilles cités dont on ne peut prononcer le nom sans évoquer des souvenirs à la lois poétiques et glorieux. Ainsi, quand on parle de Narbonne, naguère le principal centre de l’industrie du miel, on songe nécessairement au mont Hymette qui fut jadis le séjour favori des abeilles, au mont Ida où, selon la légende mythologique, les insectes hyménoptères avaient nourri Jupiter, et enfin à Aristée, fils d’Apollon et de la nymphe Cyrène, auquel la fable attribue la première éducation des abeilles. Narbonne occupe une place importante dans l’histoire de notre pays. 118 ans avant Jésus-Christ, une colonie romaine fut fondée dans la partie de la Gaule qu’on appelait d’une manière générale la province romaine, et reçut le nom de Narbo Mar-tins, parce qu’elle fut consacrée au dieu Mars. L’an 27 avant Jésus-Christ, Narbonne devint la capitale de la province Narbonaise. C’était, à cette époque, une cité florissante, décorée de nombreux et magnifiques monuments.
- Aujourd’hui, Narbonne est une ville essentiellement industrielle, où l’on trouve néanmoins à chaque pas des traces du rôle important qu’elle a joué jadis. Le canal de la Robine la divise en deux parties : le bourg et la cité; sa population est de 35,000 habitants. La Robine de Narbonne s’embranche avec le canal du Midi, entre Mirepeisset et Sallèles-d’Aude, près de la rive gauche de la Cesse. Il passe
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- GRANDES USINES
- à Sallèles-d’Aude, traverse l’Aude au-dessous du confluent
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- de cette rivière avec la Cesse, passe à Narbonne, et, suivant l’étroite langue de terre qui sépare les étangs dé Bages et de Gruissan, aboutit au canal de La Nouvelle, et de là à la mer. Son parcours est d’environ 36 kilomètres, et la longueur du canal de La Nouvelle est de2kil. 35. Le mouvement de la navigation sur ce canal consiste surtout en vins et en bois de construction. Le port de La Nouvelle, le seul du département de l’Aude, aurait pu rendre de très grands services au commerce si la passe qui v conduit n’avait pas une tenue qui varie de 4 mètres à 1 m. 5. Il est éclairé par deux phares.
- Sur les 631,324 hectares que comprend le département de l’Aude, il y a 142,202 hectares de vignes. A quelques lieues de Narbonne, on peut, du pont-aqueduc de l’Ognon, sur le canal du Midi, apercevoir les magnifiques vignobles d’Homps, d’Azille, de Pépieux et d’Olonzac. La vigne constitue en effet la plus grande richesse du département. La production, en 1881, a été de 4,794,620 hectolitres, et on peut évaluer la récolte moyenne à 2,900,000 hectolitres. La culture est surtout très prospère dans l’arrondissement de Narbonne, où la production moyenne, par hectare, est de 50 hectolitres. Or, Narbonne, placée sur la grande ligne ferrée de Bordeaux à Cette, reliée à Perpignan par une voie de 56 kilomètres d’étendue et assise sur un canal qui la fait communiquer d’un côté avec la Méditerranée et de l’autre avec le nord de la France, devait nécessairement devenir le centre industriel le plus important de cette riche contrée. Cependant, il y a vingt-cinq ans à peine, les efforts individuels des viticulteurs n’avaient encore amené aucun résultat important. C’est en 1862 seulement qu’un homme doué d’une grande intelligence et d’une rare activité (il faut bien nommer M. Gerbaud, dût sa modestie en être blessée) songea à former un seul faisceau de tant de forces
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- 4 GRANDES USINES
- dispersées et fonda à Narbonne un vaste entrepôt qui, grâce à ses développements successifs, est devenu aujourd’hui un des plus grands établissements industriels du midi de la France.
- Nous donnerons plus loin une description aussi détaillée que possible de l’établissement connu dans le Midi sous le nom de Clos Gerbaud. Mais nous voulons d’abord parler de la vigne, de son origine et de sa culture, puis de la conservation des vins, et des procédés scientifiques qui permettent aujourd’hui de les améliorer et de les transporter au loin, sans qu’on puisse craindre d’altérer leur qualité.
- LA VIGNE. — La vigne cultivée {vüis vint fera) dont le fruit produit le vin, est un arbrisseau de la famille des am-pélidées dont l’apparence est faible, mais qui peut, en vieillissant, acquérir des grosseurs considérables. La statue de i)ianeà Ephèse était faite d’un seul tronc de vigne, et les portes de Ravenne formées de planches qui ont 3 mètres de long sur 45 centimètres de large, sont en bois de vigne.
- La trop grande chaleur et le trop grand froid nuisent également à la vigne; les limites de sa culture sont comprises entre le 30e et le 50e degré de latitude; le climat de la plaine de Narbonne, où il gèle rarement, lui est particulièrement favorable. La vigne se reproduit par semis et plus souvent par marcottes et par boutures; elle se prête aussi facilement à la greffe. L’époque à laquelle remontent la connaissance et la culture de la vigne se perd dans l’obscurité des premiers siècles. La Bible en attribue la découverte à Noé, les Égyptiens à Osiris et les Grecs à Bacchus. il y a même une légende qui a traversé les siècles et que nous avons retrouvée dans un des derniers numéros de la Revue scientifique. Cette légende est empreinte d’une telle poésie et elle exprime si bien les effets du fruit
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- de la vigne sur nos faibles cerveaux que nous ne pouvons résister au désir de la faire connaître à nos lecteurs.
- Dionysios (Bacchus), encore enfant, fit un voyage en Hellena, pour se rendre à Naxia. Le chemin était long, l’enfant fatigué : il s’assit sur une pierre pour se reposer. En jetant les yeux à ses pieds, il vit une petite herbe déjà sortie du sol et il la trouva si belle qu’il pensa aussitôt à l’emporter pour la replanter chez lui. Il la déracina et la prit dans sa main : mais comme le soLeiL était chaud, il eut peur que le soleil ne la desséchât avant son arrivée à Naxia. Un os d’oiseau tomba sous son regard: il y introduisit la plante et poursuivit sa route.
- Dans la main du jeune dieu, la tige croissait si vite, que bientôt elle dépassa l’os par le bas. Gomme il craignait encore qu’elle ne séchât, il regarda autour de lui, et voyant un os de lion plus gros que celui de l’oiseau, il y introduisit ce dernier avec la petite plante. La plante, croissant toujours, dépassa bientôt l’os de lion par le haut et par le bas. Alors Dyonisios ayant trouvé un os d’âne plus gros encore que l’os de lion, y planta ce dernier avec l’os d’oiseau et la plante qu’il contenait.
- 11 arriva ainsi à Naxia. Or, quand il voulut mettre la plante en terre, il s’aperçut que les racines s’étaient si bien entrelacées autour de l’os d’oiseau, de l’os du lion et de l’os de l’âne, qu’il n’eût pu dégager la tige sans endommager les racines ; il planta donc l’arbuste tel quel.
- La plante grandit rapidement. A sa joie, elle portait des grappes merveilleuses ; il les pressa et fit le premier vin qu’il donna à boire aux hommes. Mais Dionysios fut alors témoin d’un prodige. Quand les hommes commençaient à boire, ils se mettaient à chanter comme des. oiseaux. Quand ils buvaient davantage ils devenaient forts comme des lions. Quand ils buvaient longtemps, leurs têtes se baissaient, et ils étaient semblables à des ânes. La légende
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- de Dionysios est presque aussi ancienne que le inonde ;
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- elle a traversé des siècles et des siècles, mais qui donc dira qu’elle ait vieilli ?
- Parmi tous les fléaux auxquels la vigne a été en proie, un des plus désastreux fut observé pour la première fois en 1845, en Angleterre; il apparut en France vers 1847 et exerça surtout ses ravages à partir de 1850. Cette maladie
- de la vigne a été attribuée à l’influence atmosphérique,
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- à l’épuisement des plantes, à des animalcules microscopiques; mais on admet aujourd’hui que le mal était dû à une espèce de champignon, Y oïdium tuckérù Celui-ci fut vaincu au moyen du soufrage. Grâce aux belles découvertes d’Audouin et au procédé pratique inventé par un vigneron du Beaujolais, la pyrale et les autres insectes furent détruits à leur tour, et de 1860 à 1865, la vigne arriva à un développement jusqu’alors inconnu. Lès coteaux et les plaines du Midi étaient couverts de ses pampres dhargés de fruits ; et, dans la région méditerranéenne, du pied des Alpes jusqu’aux Pyrénées, on n’apercevait plus qu'un immense vignoble continu. Malheureusement, cette ère de prospérité ne fut pas de longue durée. Un insecte inconnu, imperceptible, le phylloxéra, s’abattit sur la vi-
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- gne et remplaça par un désastre sans exemple, un présent des plus brillants qui promettait un magnifique avenir. En moins de quinze ans, huit milliards de pieds de vigne représentant le tiers du vignoble français, fu rent anéantis, et on doit estimer à près de deux milliards de francs la moins-value de la propriété viticole.
- L’Académie des Sciences, qui avait envoyé des délégués sur tous les points attaqués pour étudier la marche du terrible puceron, avait indiqué l’unique moyen de sauver ce qui restait de notre vignoble : la destruction des vignes atteintes par le fléau dans toutes les localités où le phylloxéra viendrait à apparaître. Malheureusement, cet avis
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- ne fut pas suivi en France. Mieux inspirées, la Suisse et l’Allemagne ont appliqué le procédé avec une grande vigueur et sont parvenues à anéantir les foyers qui se sont déclarés dans leurs vignobles. Mais, la science française poursuivait son œuvre de recherches. Le baron Thénard fit connaître les excellents effets du sulfure de carbone ; l’illustre Dumas, dont la science déplore la perte récente, avait indiqué le sulfo-carbonate de potasse et démontré l’efficacité de cette substance pour tuer l’insecte et réconforter la vigne affaiblie par séspiqûres. Mais la méthode la plus sûre, la plus efficace, partout où elle peut être appliquée, est sans contredit celle de la submersion appliquée pour la première fois par un viticulteur des Bouches-du-Rhône, M. Faucon. Une loi en date du 3 avril 1880 a autorisé l’établissement d’une prise d’eau sur le canal du Midi pour les besoins de la submersion dans l’Hérault et
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- dans l’Aude, et a mis à la charge de l’état la dépense évaluée à 2,400,000 fr. Grâce à tous ces efforts combinés, on peut considérer le mal comme enrayé et nos vignerons peuvent espérer le retour des grandes récoltes d’autrefois.
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- LE VIN« — Le vin est la liqueur alcoolique obtenue par la fermentation du jus du raisin. Il suffit de connaître ce que le raisin renferme pour comprendre pourquoi son jus fermente. On y trouve du sucre, des matières albuminoïdes, des principes colorants, du tannin, de la pectine, des substances grasses et plusieurs sels, entre autres du tartrate de potasse. Le vin est un des produits les plus importants et les plus précieux de l’industrie humaine. Depuis bien des siècles, les hommes se sont appliqués à le varier à l’infini, à le perfectionner, à l’imiter et, il faut bien le dire, à le sophistiquer. Aussi l’étude du vin a-t-elle depuis longtemps appelé l’attention et exercé la sagacité des chimistes les plus illustres. Sa préparation, sa composition, sa conservation,
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- ses altérations spontanées ont été le sujet de recherches nombreuses et délicates.
- Les vins contiennent, par litre, de 800 à 940 grammes d’eau; si Ton ajoute à ce poids 150 à 50 grammes d’alcool et 0 gr. 5 à 1 gr. 5 d’acides et d’éthers volatils, on aura la somme des substances qui s’évaporent lorsqu’on dessèche le vin. La totalité des matières fixes ou extrait sec représente donc seulement de 15 à 50 grammes par litre. En moyenne, les vins français de table donnent par litre de 13,5 à 26 grammes de résidu fixe. A mesure que le vin vieillit, son acidité diminue, et cette diminution lente doit être surtout attribuée au dépôt de la crème de tartre et à l’éthérification. C’est à l’ensemble des éthers qu’est dû, en partie du moins, le bouquet des vins. En agitant à froid le vin contenu dans un vase rempli d’acide carbonique avec de l’éther purgé d’air, décantant l’éther et l’évaporant à basse température dans un courant de gaz carbonique, on obtient un extrait dont le poids est inférieur au millième de celui du vin employé et dans lequel le goût vineux et le bouquet particulier du vin se trouvent concentrés. On trouve dans cet extrait un principe neutre qui paraît appartenir au groupe des aldéhydes très oxygénées et qu’on doit regarder comme la véritable essence du bouquet.
- Indépendamment des transformations normales que subit sans cesse le vin qui vieillit, ce liquide est sujet à des altérations en apparence spontanées auxquelles on est convenu de donner le nom de maladies. Elles sont pour la plupart connues depuis longtemps, mais elles ont été surtout étudiées par M. Pasteur qui les a rattachées à l’altération du vin par des ferments organiques spéciaux. Les maladies les plus communes sont : Yascescence (vins piqués, vins aigres) provoquée par un petit cryptogame, le myco-derma aceti ; la tourne (vins montés, qui ont la pousse), la maladie la plus grave parmi celles qui attaquent les
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- vins du Midi et qui est due à la présence de filaments d’une extrême ténuité, de 1/1000 de millimètre de diamètre et de longueur variable; Y amertume, maladie dans laquelle il se forme un dépôt qui présente, lorsqu’on l'étudie au microscope, des branchages filiformes, rameux, noueux, plus ou moins articulés et légèrement colorés en jaune, rouge ou brun; enfin, la maladie de la graisse assez rare dans les vins rouges, mais très fréquente dans les vins blancs.
- Après avoir montré que les altérations dites spontanées ou maladies des vins tiennent à la présence dans les jus fermentés d’organismes spéciaux dont le développement entraîne l’altération de la liqueur, M. Pasteur remarqua qu’il suffit de porter ces vins, pendant quelques instants, à une température de 55 à 65 degrés pour tuer le ferment morbide ou en empêcher entièrement le développement. Pour assurer la conservation du vin, il faut que toutes ses parties atteignent au moins 55 degrés pendant quelques minutes, et de 65. à 70 degrés si le vin est déjà malade. Pendant cette opération, il faut, autant que possible, éviter le contact de l’air qui pourrait, soit contribuer à oxyder le vin chaud et à y développer le goût de cuit, soit entraîner ou modifier en partie le bouquet.
- La grande difficulté pour cette opération du chauffage des vins consiste à saisir le moment précis où le vin, suivant la nature de sa maladie, doit être traité ; un vin chauffé trop tôt ou trop tard ne donnerait pas les résultats attendus.
- La pratique du plâtrage des vins s’est, depuis longtemps, généralisée dans le Midi de la France. Dans ces deux dernières années, la question du plâtrage a vivement préoccupé les savants et les consommateurs ; l’opinion publique, mal renseignée d’abord, s’est émue de cette opération que les chimistes déclarent être d’une parfaite innocuité et qui n’a d’autre but que d’aider à la parfaite conservation des vins. C’est d’ailleurs une pratique qui remonte fort loin, car Pline
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- en parle déjà : « Les Africains, dit-il, mitigent avec dit € plâtre Vâprété de leurs vins ». D'après Bussy et Bui-gnet, aucun fait notoire ne s’est produit jusqu’ici duquel il soit permis d’inférer que les vins plâtrés apportent quelque trouble spécial à la santé des personnes qui en font usage. Le plâtre blanc est mélangé avec Je raisin an moment où il est mis à fermenter. On emploie en général 250 grammes de plâtre pour un hectolitre de vendange, soit 50 litres de moût; c’est en poids 1,20/0 du vin à produire,
- Les effets du plâtrage sont multiples : il hâte le dépouillement du vin; rend la liqueur moins altérable et arrête le développement des mycodermes ; en même temps, il agit sur la crème de tartre et lui enlève, par double décomposition, la moitié de l'acide tartrique sous forme de tar-trate neutre de chaux qui se précipite en entraînant avec lui les matières en suspension. La liqueur contient alors la moitié seulement de l’acide tartrique qui entrait dans la composition de la crème de tartre; cet acide est à l’état libre dans la liqueur, tandis que la potasse est passée tout entière à l’état de sullate neutre.
- Nous ne nous étendrons pas davantage sur ce sujet qu’on peut trouver longuement discuté dans les traités spéciaux. Nous ne pouvons cependant nous dispenser de faire connaître à nos lecteurs un fait qui prouve surabondamment que cette vieille pratique est absolument inoffensive. L’Etat, pour les fournitures de la guerre et de la marine, accepte, par son cahier des charges, des vins plâtrés pouvant contenir jusqu’à 4 grammes par litre. Aussi, M. Gerbaud, avec une franchise qui l’honore, et sans craindre de se heurter à certains préjugés, déclare à ses clients que tous les vins qu'il leur livre sont plâtrés.
- LA MAISON GABRIEL GERBAUD. — ; C’est en 1862 que M. Gabriel Gerbaud, dont le nom, populaire dans toute la
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- France méridionale, n’est sans doute pas un inconnu pour nos lecteurs, fonda, modestement d’abord, l’établissement aujourd’hui prospère et considérable auquel nous avons tenu à consacrer une étude spéciale. M. Gerbaud est le premier qui ait cherché à répandre, sous leur véritable nom, les vins du Narbonnais. Sans avoir le goût et le bouquet des produits du Médoc, ces vins francs et sans mélange, d’un prix accessible à tous, sont d’une saveur fraîche et agréable, et constituent par cela même l’aliment indispensable à la consommation journalière.
- Le succès qui a couronné l’intelligente entreprise de M. Gerbaud, lui a naturellement suscité des imitateurs. Depuis vingt ans, d’autres maisons similaires ont été fondées ; mais, loin d’être jaloux de leur succès, M. Gerbaud peut, à juste titre, être fier d’une prospérité dont son initiative est le point de départ.
- Il nous reste maintenant à faire connaître au lecteur, sinon dans) ses détails, du moins dans ses lignes principales, ce magnifique établissement dont les chais immenses sont les plus beaux qu’on puisse voir dans le Midi, et qui est devenu une des curiosités de Narbonne. La superficie totale atteint presque un hectare. L’ensemble des constructions a la forme d’un quadrilatère fermé d’un côté par une grille qui a 140 mètres de développement et dont la porte principale s’ouvre sur une vaste cour plantée d’arbres, entourée de hangars qui servent d’entrepôts. Le visiteur aperçoit à sa gauche, en entrant, un élégant pavillon affecté aux bureaux, dans lesquels un nombreux personnel est constamment occupé à la liquidation quotidienne des affaires de la maison. Plus de trois cents lettres, venues de tous les pays de consommation, s’y dépouillent chaque jour, et reçoivent la réponse et l’exécution immédiate qu’elles comportent. On peut affirmer que M. Gerbaud est l’un des plus importants tributaires du ministère des
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- postes et télégraphes. Au-delà des bureaux, toujours sur la gauche, se trouve un magasin de 50 mètres de longueur, contenant d’énormes foudres dont la capacité dépasse 450 hectolitres ; c’est dans ce magasin que sont placés les vins prêts à être expédiés. Plus loin sont disposés les cuves et les appareils nécessaires pour chauffer les vins d’après la méthode indiquée par M. Pasteur, que nous avons décrite plus haut. Ces appareils sont les premiers qui aient été employés dans le Midi, et l’illustre académicien a fait le voyage de Narbonne exprès pour assister à leur inauguration et les voir fonctionner.
- Dans le bâtiment du fond sont emmagasinés les eaux-de-vie, le rhum, Y Amer Gerbaud, dont nous parlerons plus loin, et les vins d’Espagne d’origine authentique. Toute l’aile droite ne forme, pour ainsi dire, qu’un vaste chais de 60 mètres de long sur 13 mètres de large ; c’est le plus considérable de l’établissement, il contient, placés sur deux rangs, 23 énormes foudres de 460 hectolitres de capacité. C’est là que se fait le soutirage des vins. Une canalisation souterraine relie entre eux les divers foudres et l’opération s’accomplit à l’aide de pompes mues par une machine à vapeur. Les vins renfermés dans cet immense entrepôt sont en général des vins de choix, entre autres ceux du clos Gerbaud. Ils y séjournent plusieurs années avant d’être livrés à la consommation. Au delà des bâtiments du fond et à droite du chais principal, sont deux cours immenses où l’on trouve la vinaigre-rie et les dépôts des vins fins. Il y a enfin de grands ateliers de tonnellerie où se meut tout un peuple d’ouvriers et où se fabriquent les futailles destinées à recevoir le produit des récoltes de l’Aude, de l’Hérault et des départements voisins.
- M. Gerbaud, ne voulant livrer à sa clientèle que des vins irréprochables, a créé une fabrication spéciale de vinaigre, où s’écoulent les vins qui paraissent ne pas présenter toutes
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- les garanties d’une bonne conservation. Ce produit obtenu par un procédé spécial ne laisse rien à désirer et peut lutter avantageusement avec les meilleurs vinaigres d’Orléans.
- On doit aussi à M. Gerbaud un apéritif au quinquina, à base de vin de Banyuls ; c’est Y Amer Gerbaud. Sa fabrication est l’objet desoins tout particuliers; aussi, cet apéritif laisse-t-il loin derrière lui tous les produits de même nature. Du reste, l’amer Gerbaud n’existe pas dans le commerce ; il est exclusivement réservé par la maison pour la . clientèle bourgeoise, et c’est ce qui explique sa supériorité.
- M. Gerbaud est un des fournisseurs de la marine de l’Etat, et nous ne craignons pas de le dire, un des plus estimés. Les vins expédiés au Tonkin sont partis de son entrepôt de Toulon-sur-Mer et sont arrivés à leur destination dans un état parfait de conservation.
- Vendre très bon marché des vins exempts de toute sophistication, voilà le but poursuivi et atteint par M. Gerbaud, qui a pour principe de se contenter d’un léger bénéfice sur chaque affaire en le renouvelant sur un chiffre considérable. Tout cela explique le succès de cette maison sans rivale, qui a aujourd’hui plus de 40,000 clients et qui livre annuellement à la consommation plus de 100,000 hectolitres de vin. Nous sommes heureux d’avoir pu étudier de près cette industrie qui ne manquera pas d’intéresser nos lecteurs, car elle touche de près à la santé et à l’hygiène publique.
- A tous les points de vue, l’œuvre entreprise par M. Gerbaud est méritoire et patriotique, car elle tend à affirmer la supériorité d’un produit national. En présence du résultat obtenu, on ne peut contester à M. Gerbaud le droit d’avoir sa place marquée parmi les hommes utiles à leur pays. C’est la juste récompense d’une vie de travail et de probité.
- lmp. Ch Maréchal et J. Montokieh, 16,
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- MANUFACTURE FRANÇAISE
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- A NANCY
- La fabrication des chapeaux de paille est une industrie très florissante en Lorraine; à Nancy elle a acquis un développement considérable. Cette industrie est une des plus intéressantes et des plus utiles ; car elle rend les plus grands services sociaux en permettant aux ouvriers et plus particulièrement aux femmes de travailler à domicile, loin de l'influence fâcheuse des ateliers. Le chapeau de paille, ainsi que nous le dirons en détail dans cette étude, est composé de brins de paille tressés, puis cousus la plupart du temps. Le travail de tressage n'est fait que par des femmes et des enfants, et quelquefois par des vieillards et des infirmes. Les femmes, tout en surveillant leur ménage et en s’occupant de leurs enfants, arrivent à gagner un salaire souvent même assez élevé, et les vieillards et les infirmes, au lieu de rester désœuvrés peuvent, en occupant leur temps, ne pas être une charge
- Nouv. Série.—Liv.
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- pour des familles qui n’ont plus à faire le triste vœu de voir disparaître des bouches inutiles. Aussi les hameaux où se fait le tressage de la paille présentent un caractère de grande propreté; on y trouve l’aisance et une absence complète de mendiants. M. Jules Simon, dans un de ses ouvrages, parle du chapeau de Panama et des prix ridiculement élevés auxquels certains marchands de Paris ont la prétention de vendre des chapeaux de qualité exceptionnelle, et il ajoute que l’ouvrière qui a fabriqué ce chapeau, n’a cependant touché qu’un bien maigre salaire; il oublie de remarquer que le prix d’un chapeau de Panama n’atteint plus mille et deux mille francs, mais que les plus chers se vendent 30 ou 40 francs; et là, comme partout ailleurs, le grand bénéfice est réalisé par le chapelier de la ville et non par le fabricant qui touche à peine la moitié du prix de vente : l’ouvrière, loin d’être si mal traitée, touche, comme nous le dirons, un salaire suffisamment rémunérateur, et ce n’est pas dans les villes où l’industrie du chapeau de paille est développée que peuvent porter les critiques généralement si justifiées de M. Jules Simon. Avant d’entrer dans les détails de la fabrication et dans l’explication des procédés particuliers employés dans l’usine de MM. Wild, qui est la plus complète dans cette branche de l’industrie, nous chercherons à faire connaître l’histoire du chapeau de paille et les transformations qu’a subies le chapeau pour arriver à être l’objet d’ornement qui, en France, est aujourd’hui le plus varié et le plus correct. Grâce à l’habileté des ouvrières parisiennes, une carcasse en paille ordinaire devient un véritable bijou de bon goût et d’élégance.
- Le chapeau de paille a existé de tout temps et partout, plus particulièrement dans les pays chauds où il est si utile pour protéger contre les ardeurs du soleil. Les vases et les médailles des artistes grecs et latins nous représen-
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- tent des bergers couverts d’un chapeau de paille; et nous nous imaginons volontiers le Tityre de Virgile avec cet ornement. Dans les pays chauds, Remploi du chapeau de paille est d’une absolue nécessité, et si en Afrique et aux Indes le turban sert à protéger contre le soleil, dans toute la Chine, la Malaisie et le Japon le chapeau de paille existe partout. En Europe cependant, jusqu’au commencement du xvme siècle, le chapeau de paille était assez rare, comparativement à l’usage qu’on en fait aujourd’hui.
- L’origine du chapeau de paille est bien ancienne; cependant chaque peuple cherche à s’en attribuer l’origine et une légende très répandue en Belgique veut fixer une date à la création du chapeau de paille qui serait originaire de Glons. Au commencement du xive siècle, le seigneur de Glons, homme fort violent, commit un crime dont le seul témoin fut un chapelain. Le meurtrier obtint du chapelain le silence à condition de faire un pèlerinage en Italie, près de Florence. En quittant cette ville, de retour de ce pèlerinage, le seigneur de Glons rencontra un homme pauvrement vêtu et marchant d’un pas pénible. Ce pèlerin questionné montra le cilice de paille dont son corps était revêtu en expiation de péchés sans doute fort graves. Persuadé qu’il obtiendrait le pardon céleste en portant un pareil cilice, le seigneur de Glons en fit confectionner un sur les rives de l’Arno. De retour en son château, le cilice de paille étant usé, il pria sa femme de lui en tresser un nouveau en paille indigène; sa femme réussit parfaitement ce travail et la fantaisie la poussa à exécuter divers ouvrages, entre autres un chapeau. La châtelaine initia quelques jeunes filles à cet art, en fabriqua, puis vendit à Liège, ville voisine de Glons, ces nouvelles coiffures, et aujourd’hui la vallée du Geer doit sa grande richesse à l’industrie du chapeau de paille. Cette légende prouve que le tressage de la paille était exécuté en Italie dans de bon-
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- nés conditions, et que c’est vers cette époque que, grâce à un pèlerin criminel, la Belgique connût cet industrie. Des faits plus précis permettent de croire d’une façon certaine qu’au xvie siècle des ouvriers italiens avaient introduit l’usage du chapeau de paille à la cour des ducs de Lorraine, et que, dès cette époque, cette industrie était développée à Nancy. Des écrivains anglais rapportent que Marie Stuart, reine d’Ecosse, dans un voyage qu’elle fit en Lorraine, remarqua que les femmes et les enfants de cette contrée étaient occupés à la fabrication des tresses et du chapeau de paille, et constata le bien-être dont profitaient les paysans partout où cette industrie domestique se pratiquait, aussi conçut-elle le désir d’importer cette industrie dans son pays. Dans ce but, elle emmena quelques ouvriers pour instruire ses compatriotes dans cet art si simple, et c’est ainsi que furent fabriqués en Ecosse les premiers chapeaux de paille. Mais la petite colonie écossaise fut bientôt privée de l’appui de sa souveraine après les malheurs qui fondirent sur Marie Stuart, et elle se serait probablement éteinte si son fils, Jacques 1er, après son avènement au trône d’Angleterre, n’eut songé aux protégés de sa mère et ne les eût fait venir en l’an 1603 et l’an 1625 près de Londres, dans le Bedforshire où se trouve actuellement le siège le plus important de la fabrication des chapeaux de paille,
- Nous voyons donc que cette industrie, originaire d’Italie, fut introduite en Lorraine et de là en Angleterre et qu’elle se développa aussi en Belgique et en Suisse.
- Les tresses servant à la confection des chapeaux sont faites avec des pailles de graminées dont l’espèce est différente dans chaque contrée. La paille est l’objet d’une culture spéciale : on la sème généralement très serrée, de manière à forcer les tiges à rester minces et allongées. Il faut les récolter en vert et arracher les pieds avec leurs
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- racines, puis on les étale pendant quelques jours sur le sol afin de les dessécher. Pour arriver à une entière dessiccation, il faut former ensuite des bottes qu’on laisse à terre pendant près d’un mois, puis les délier pour les étendre sur un pré en les retournant de manière à profiter de l’action de la rosée et des rayons solaires afin d’arriver à les blanchir. Après le séchage et l’exposition au soleil et à la rosée, viennent l’ablation des épis, la section ou l’arrachage des tuyaux hors de leurs gaines et de leurs noeuds, le triage par grosseurs, et la paille est alors livrée au tressage. Quelquefois on complète le blanchiment des pailles en les soufrant, soit immédiatement, soit après les avoir soumises à l’action d’un courant de vapeur d’eau.
- On tresse les pailles entières et plus généralement fendues. Pour fendre la paille on emploie un outil qui se compose d’une tige armée vers sa tête de plusieurs couteaux équidistants dont le nombre est égal à celui des lanières que l’on veut obtenir. On introduit cette tige dans le tuyau de paille, on presse celui-ci sur les couteaux : en tirant sur les bouts séparés le tuyau se fend dans toute sa longueur (1).
- Le tressage se fait à la main : on prend le nombre de brins voulus pour la tresse qu’on désire faire et on les réunit par un lien. On les tient devant soi, le lien en bas, en prenant entre le pouce et l’index de chaque main la moitié des brins ou la moitié plus un dans le cas d’un nombre impair, on replie celui du bord d’un mouvement de doigt suivi d’une légère pression pour former la brisure à l’endroit voulu et aplatir le brin rond de la paille s’il y a
- (1) Nous avons puisé de nombreux renseignements techniques relatifs au tressage dans le Dictionnaire de l’Industrie et des Arts industriels, par E.-O. Lami. Nous renvoyons, pour de plus amples détails, le lecteur à l’intéressant article sur les chapeaux de paille paru dans ce Dictionnaire en cours de publication.
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- lieu, on le passe sur ou sous ceux qui le suivent jusqu’à ce qu’il se place à côté des brins de l’autre main. On procède de même vis-à-vis de l’endroit où on a commencé et ainsi alternativement de la main droite et de la main gauche. Lorsqu’un brin devient trop court, on le remplace par un autre par superposition, et pour qu’il ne se forme pas de trous, les deux brins sont ordinairement tressés ensemble pendant une ou plusieurs mailles.
- On donne à la tresse la longueur désirée, puis on enlève les bouts des brins remplacés qui dépassent, en les coupant. On a soin de faire les remplacements d’un même côté.
- On fait les tresses avec un nombre variable de brins ou bouts et on obtient ainsi la tresse à quatre, sept, onze et seize bouts.
- Le tressage peut se faire sur un, c’est-à-dire, en comparant la tresse à un tissu, que chaque brin de la trame passe dans le croisement sur un seul brin de la chaîne, sur deux quand il passe sur deux brins; on fait aussi des tresses façonnées en tressant alternativement sur un ou sur deux.
- La tresse peut être blanche, teinte et mélangée de couleurs.
- Une tresse très ancienne est la tresse 4 bouts à dents qui présente sur ses deux bords une dentelure aiguë comme une scie ; pour obtenir cette disposition, le brin extrême d’une main passe droit du côté opposé où il tourne autour du brin extrême de l’autre main et se relève suivant l’inclinaison des brins au repos. L’angle ainsi formé produit des dentelures. Cette tresse faite de paille formait les chapeaux à calotte ronde et à larges bords de la Bretagne, le chapeau des paysans alsaciens et badois; on en fait aujourd’hui le chapeau adopté par notre marine nationale.
- Etudions successivement les procédés employés dans les divers pays.
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- TRESSE D’ITALIE, ONZE BOUTS, UNIE
- Italie. — Tresses de Toscane. Cette fabrication se fait
- autour de Florence. La paille employée est celle du froment d’été; on sème ce froment très serré sur des collines exposées au midi, dans un sol travaillé avec soin; chaque hectare reçoit dix hectolitres de semence, hupaille est récoltée avant maturité et subit les opérations décrites plus haut. Les tuyaux de paille triés par grosseurs sont coupés en plusieurs parties, de manière à obtenir une égalité de nuance. La partie inférieure, appelée pédale, qui était protégée par la gaine est la plus blanche, l’extrémité ou pointe est la plus colorée, mais la plus fine ; le milieu ou poignée est inégal comme nuance et sert à confectionner les tresses destinéës à être teintes.
- Avec la pédale on fait la tresse ordinaire de Toscane sur deux, les brins de lisière seuls passant sur un avec des largeurs de 5 à 12 millimètres. On fait aussi des tresses à sept bouts, unies, et à picots ; nous donnons la figure de cette dernière.
- TRESSE D’ITALIE, SEPT BOUTS, A PICOTS
- Dans la tresse à picots c’est le brin de l’une des lisières qui diffère; au lieu d’être replié à plat, il est repassé sur lui-même pour former une espèce de bouclette.
- Les Tresses de Carpi ou paille de riz, sont des filaments
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- 8 GRANDES USINES
- de copeaux de bois tressés; le bois employé est une espèce de saule (vetrice), dont le tronc et les grosses branches sont coupés en blocs de 20 à 25 centimètres de longueur et ceux-ci recoupés en copeaux divisés en lamelles que Ton tresse.
- On fait aussi en Italie des tresses avec la paille de blé et de seigle sans prendre le soin de séparer la pédale de la pointe.
- Suisse. — La fabrication des tresses de paille est localisée dans le canton d’Argovie; on se sert de paille de seigle qui est toujours fendue pour faire la tresse. La majeure partie des tresses est à paille double, c’est-à-dire que deux des filaments obtenus se superposent pour former un brin de manière à augmenter la solidité et à éviter d’avoir un envers et un endroit.
- Le 7 bouts uni, à picots ou à festons est le plus fréquent.
- Angleterre. — C’est autour de Luton, dans le Bed-
- TRESSE SUISSE UNIE, SEPT BOUTS PAILLE REFENDUE
- TRESSE ANGLAISE, ONZE BOUTS, A PICOTS
- forshire, que cette industrie des tresses s’est répandue; on assure que les prisonniers français des guerres du premier Empire, gardés sur les pontons, apprirent aux Anglais à fendre la paille. La tresse anglaise la plus ordinaire est à 7 bouts à picots; si elle est bien faite
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- elle est, en revanche, fort chère; on en fait aussi à 11 bouts à picots.
- Ou trouve en Angleterre, dans plus de 200 villages, des écoles de tressage où les enfants de 8 à 9 ans apprennent à tresser; aussi la tresse anglaise est-elle généralement de belle qualité.
- Belgique. — La paille d’épeautre et de froment, cultivée avec soin, coupée avant d’être complètement mûre, puis blanchie et séchée au soleil, donne la matière première de la tresse. La paille est fendue en quatre, cinq, six, sept et huit brins, quelques tresses se font avec la paille entière.
- La tresse est généralement formée de brins de 7 à 21 ;elle est simple de sorte qu’on voit alternativement l’envers et l’endroit ; elle est aussi extrêmement légère.
- Les tresses confectionnées à l’aide de moins de 11 brins sont mises en pièces de 14,28 ou 56 mètres; celles confectionnées à l’aide de 11 brins et plus sont mises en pièces de 6 mètres.
- Allemagne. — La fabrication des tresses se fait dans la Forêt-Noire ou en Saxe : on emploie la paille de seigle. Cette industrie locale n’est pas très importante. En Alsace-Lorraine elle est au contraire très développée.
- En Autriche nous trouvons cette industrie seulement aux environs de Laybach.
- En France l’industrie des tresses est plus importante : nous la trouvons dans le département de Tarn-et-Garonne et dans l’Isère, près de Grenoble, et principalement, depuis 1870, autour de Nancy.
- Tresse de Chine. — La Chine expédie maintenant, en Europe, des tresses dans des conditions tellement économiques que leur emploi se généralise partout, et MM. Wild frères en font une consommation très considérable pour la fabrication des chapeaux cousus.
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- La tresse de paille chinoise, appelée en Angleterre China-Straw, c'est-à-dire paille de Chine tressée, est exclusivement faite avec la paille de froment qui est cultivée en grand dans le Nord de la Chine, principalement dans les provinces de Schantung, Tschili et Honan. D'après la façon delà tresse, on distingue la tresse unie, la tresse à picots et encore la tresse ayant une lisière en relief; on différentie aussi les tresses d’après la matière employée, ce qui constitue la tresse faite de paille uniformément blanche, celle de paille tachetée de blanc et de jaune, obtenue en tissant ensemble la partie de la tige brûlée par le soleil et celle qui, protégée par la gaine, reste blanche; puis la tresse de couleur faite de tiges colorées artificiellement et particulièrement en bleu ; la coloration noire se heurte en Chine a de très grandes difficultés, aussi la tresse noire est-t-elle rare et fort chère.
- . On distingue ces tresses d'après leur lustre: il y en a de mates, d'autres tout-à-fait brillantes ; ces différences sont obtenues par le lavage et le polissage avec l'ongle, ainsi que par l'exposition de la paille à la vapeur de soufre.
- TRESSE DE CHINE, SEPT BOUTS, A PICOTS
- Les tresses de paille chinoise viennent sur le marché exclusivement en bandes ou rouleaux, qui sont divisés par numéros, depuis le 0 le plus étroit jusqu'aux plus larges n°‘ 10 et 11. La largeur des tresses unies varie de 6 à 15 millimètres ; les autres sortes ont jusqu'à 20 milli-
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- mètres et même plus. Le nombre des tiges tressées est généralement de 7 tresses à 7 bouts, quelquefois il atteint e
- La différence de largeur provient du plus ou moins d’épaisseur de la tresse et de ce fait qu’oii n’emploie pour les nu-tressë de chine, sept boüts, unie méros les plus fins que
- la partie supérieure de la tige, et qu’aircontraire la partie épaisse et inférieure est employée aux numéros ordinaires. 11 en résulte que les numéros étroits représentent la meilleure tresse et sont les plus recherchés. 11 est impossible de commander des tresses d’un numéro désigné. La fabrication est domestique et est faite par des femmes et des enfants qui reçoivent un salaire de 25 centimes considéré comme largement rémunérateur pour une journée de travail. Le classement des produits se fait de lui-même, car habituellement dans chaque province, on ne prépare qu’une seule sorte de tresse. Il serait impossible de déplacer les nombreux ouvriers occupés au tressage et de les réunir dans des centres de fabrication de manière à obtenir des produits uniformes; le prix de revient serait augmenté dans des proportions considérables.
- Le marché central, pour les pays de consommation, est à Londres.
- Les tresses arrivent en bottes d’un poids à peu près égal, mais par cela même d’une longueur inégale. Le numéro 1 par exemple mesure 90 yards (le yard vaut 0 m, 91), le numéro 5, 70 yards, le numéro 10, 50 yards et ainsi de suite. La longueur moyenne est de 60 yards, c’est-à-dire 55 mètres environ. ' Pour toutes les tresses unies, 240 bottes forment un ballot. La nature des tresses ne se prête malheureusement pas à la compression ; deux ballots et demi mesurent une tonne (40 pieds cubes an-
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- glais); aussi le prix de transport de ces marchandises est très élevé par rapport à leur valeur intrinsèque. En évaluant le prix du transport du lieu d'origine, par Shanghai à Londres, à 60 0/0, on reste au-dessous de la moyenne.
- Les ports originaires d’embarquement sont Tschiffu et Tientsin. Ce nouvel article d’exportation qui, depuis longtemps, venait de Canton par petites quantités, a pris de grandes proportions depuis l’ouverture au commerce européen, des ports du Nord de la Chine, et ce développement est devenu fort important dans les dix dernières années : en 1882, il a été exporté de Shanghai en Angleterre 36,000 pikuls (1), et en Amérique 14,000, c’est-à-dire 50,000 pikuls qui représentent plus de sept cents millions de yards, comme longueur.
- L’emploi des tresses confectionnées par les procédés que nous venons de décrire, et réunies par une couture, constituait autrefois la fabrication ordinaire des chapeaux de paille; cependant on fabriquait aussi des chapeaux noués et des chapeaux tressés d’une pièce.
- Les chapeaux noués faits de paille étaient usités dans le Maçonnais et dans la Bresse; le procédé primitif consistait à réunir, par des liens, une petite botte de paille en chaume, à briser les brins à angle droit et à les maintenir de manière à constituer une sorte de galette surmontée d’une tige. Un autre procédé employé en France, dans la Haute-Saône, permettait de constituer des chapeaux noués de formes plus variées ; mais cette industrie n’a jamais acquis de grands développements. Quant aux chapeaux tressés d’une pièce, ils sont aujourd’hui fort répandus; les principaux genres de chapeaux sont les chapeaux de palmier, de panama et de rotin.
- Messieurs Wild frères exécutent toutes ces diverses fa-
- (1) Le pikul vaut 60 kilogrammes.
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- brications du chapeau de paille, mais plus particulièrement celles des trois types suivants :
- 1° Chapeaux faits de tresses cousues;
- 2° Chapeaux de palmier ;
- 3° Chapeaux de panama; et accessoirement les chapeaux de rotin.
- Nous étudierons d’abord la confection puis l’apprêt du chapeau.
- CONFECTION DU CHAPEAU.
- 1° Chapeaux faits de tresses. — MM. Wild, dans leur fabrique, ont successivement employé les tresses d’Italie, de Belgique, de Suisse et d’Angleterre, suivant les variations de la mode; aujourd’hui ils emploient beaucoup la tresse chinoise qui est plus économique et qui est fort usitée pour les chapeaux ordinaires et même pour les chapeaux fins. Les tresses, ainsi que nous l’avons dit, leur arrivent emballées dans des sacs ; elles ont une longueur de 34 mètres environ.
- Suivant qu’on veut employer la paille blanche ou celle de couleur, il faut opérer un blanchiment ou la livrer à la teinture.
- Le blanchiment n’est pas poussé à fond, car dans les opérations ultérieures la tresse sera salie ; ce blanchiment doit surtout porter sur le chapeau terminé avant qu’il né subisse l’apprêt final : cependant la tresse est exposée à l’air en été, dans des prés et elle est soumise à l’action du soufre dans des chambres que nous décrirons plus loin.
- Les tresses qui doivent être teintes sont plongées dans des bains de teinture suivant les nuances qu’on veut leur donner ; puis on les fait égoutter en les ouvrant et on
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- les fait sécher. Le séchage se fait en été généralement à l’air libre et quelquefois aussi dans des séchoirs qui servent plutôt pour les chapeaux confectionnés.
- Les tresses blanchies ou teintes sont alors remises à des femmes pour être cousues.
- La couture des tresses se fait de deux manières, soit par superposition d’une tresse sur une partie de la suivante, soit par juxtaposition ou engrenement par les lisières ; cette dernière opération constitue le remmaillage. Le procédé par superposition est de beaucoup le plus fréquent. Dans la couture par superposition les tresses successives se recouvrent juste assez pour que le point puisse tenir ; il faut économiser le plus possible sur la quantité de tresse employée. Quelquefois on fait en sorte que les lisières de la tresse seules débordent et que les points unissent deux ou trois tresses des tours précédents; on obtient ainsi des chapeaux très épais et lourds mais solides, parmi lesquels on peut citer la cornette flamande, le chapeau niçois si coquet et le large chapeau à cocarde de la Basse-Alsace.
- La couture par remmaillage se fait avec les tresses 13 bouts ou avec les tresses unies dont les brins de lisière passent sur deux. Cette disposition laisse un vide dans la boucle formée par la maille, et la boucle correspondante du bord d’une autre tresse semblable peut s’y loger. Pour faire cette couture on passe l’aiguille dans une maille de lisière de l’une et l’autre tresse qu’il s’agit de réunir, une légère traction fait engrener les deux mailles et en poursuivant ainsi elles se trouvent comme enfilées alternativement sur un fil tendu.
- Dans cette couture le fil courant à l’intérieur de la tresse n’est pas visible, aussi croirait-on, à première vue, regarder un chapeau d’une seule pièce, si ce n’étaient les légères épaisseurs que produit le fil à la jonction des lisières
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- remmaillées. Ce genre de couture est celui des chapeaux dits de paille d’Italie et des grands chapeaux kabyles cousus en tresses de palmier chamœrops.
- En Toscane la couture des chapeaux se faisait avec les fibres d’un roseau (sericciolo) qui n’avait pas l’inconvénient de se contracter comme le fil quand le chapeau était mis dans l’eau pour être blanchi; l’emploi des fils actuels permet d’éviter cet inconvénient.
- La couture se faisait autrefois toujours à la main ; Aujourd’hui on emploie des machines à coudre qui permettent de faire cette opération rapidement et dans des conditions très économiques.
- On commence par faire le bouchon, c’est-à-dire le sommet du chapeau ; on contourne la tresse sur elle-même au moyen d’une forme en bois et on développe suivant la forme, jusqu’au bord, en cousant soit à la main soit à la mécanique.
- L’opération de la couture se fait chez MM. Wild surtout à la mécanique; en ville les ouvrières qui sont chargées de la couture commencent toujours par coudre à la main puis on leur confie des machines à coudre des différents systèmes ; ces appareils, qui se détériorent de temps en temps, sont visités par des mécaniciens spéciaux et ces inspections assurent leur excellent fonctionnement.
- Nous avons parcouru chez MM. Wild un très vaste atelier bien éclairé, ou plus de soixante femmes, ayant devant elles les machines à coudre et à côté lès formes, cousent très rapidement un chapeau; les seuls arrêts qui se produisent sont nécessités par le besoin de couper les tresses. Pour avoir des tresses bien régulières, il est toujours nécessaire défaire passer les tresses blanchies ou teintes entre les roues en bois d’un simple laminoir, de manière à bien étirer les brins de paille de la tresse.
- L’opération de la couture, pour être économique, doit
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- être faite en dehors de l'usine, de manière à diminuer le prix de la main-d'œuvre.
- Toutes les formes employées sont faites dans les ateliers de MM. Wild; elles sont très nombreuses, car ces formes varient fréquemment suivant les fantaisies de la mode.
- Chapeaux de palmier. — Ce chapeau fut introduit en France vers 1833; il était d'une fabrication grossière. Les fabricants français, frappés de la légèreté et de la souplesse de ces chapeaux, qui cependant étaient d'une grande solidité, se mirent à en modifier la confection. Les premiers essais tentés à Limoges ne furent pas heureux ; il en fut autrement en Alsace et en Lorraine où cette fabrication s'est développée très rapidement. Depuis l'annexion, grâce aux efforts courageux qui furent faits, cette industrie, que l'on pouvait craindre de voir perdue pour la France, s'est fixée autour de Nancy, et sans protection douanière, elle s'est prodigieusement développée et a atteint une entière perfection chez MM. Wild.
- Ce chapeau est fait avec des feuilles d’un palmier lata-nier venant de Cuba. MM. Wild reçoivent ces feuilles par le Havre de provenance du port de Manzanillo de l'île de Cuba; le prix des cent kilos varie de trente à cent francs suivant les qualités et les exigences de la consommation.
- Chaque feuille est fermée à l'arrière comme un éventail dont il faut tout d'abord séparer les lames à la main ; cette opération est très rapide et peut être faite par des jeunes ouvrières ; on sépare au moyen d’une hachette les lames de la tige du latanier.
- Les feuilles séparées sont lavées dans de l’eau chaude contenant en solution des cristaux de soude.
- Après le lavage on procède au blanchiment qui se fait, seulement en été, par une première exposition à l'air, puis par le passage dans les soufroirs et ensuite par le séchage à l'air.
- (La fin de l'Usine Wild à la prochaine livraison.)
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- Il faut ensuite procéder à un triage suivant la finesse ou l’épaisseur de la paille, de manière à avoir des chapeaux tressés avec des brins absolument réguliers.
- Le découpage en brins s’effectue ensuite au moyen de couteaux disposés comme les dents d’un peigne et que l’on rapproche ou que l’on éloigne, selon le degré de finesse de la paille. Les brins divisés sont remis à des contre-maîtres qui les distribuent aux tresseuses. Le tressage s’exécute généralement en dehors de l’usine, sauf pour les chapeaux très fins. Chaque village se spécialise dans une qualité, mais on obtient difficilement, en dehors de l’usine, un travail de grande finesse nécessaire pour certains chapeaux.
- Tressage. — Cette opération se fait à la main : on réunit
- Tresseuse.
- un certain nombre de brins, superposés deux par deux, on fixe ce commencement sur uné forme en bois ayant la taille du chapeau à produire et on tresse en croisant de
- {Manufacture Française de Chapeaux dé paille, Nouv. Série. -10* Liv.
- Wild frères et Cie.—2e Livraison.)
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- manière à constituer un tissu; les brins du dessus représentant la trame et ceux du dessous la chaîne.
- On commence par le sommet, puis on développe en tours concentriques en ayant soin de rajouter des brins intercalés à mesure qu’il faut étendre les cercles. On cesse de rajouter quand on a la taille voulue pour le fond, on tresse le flanc et on rajoute alors de nouveau pour étendre le bord; on comprend que pour le bord il faille ajouter une grande quantité de brins. Pour empêcher le chapeau de se défaire, il faut le munir d’unë bordure.
- Le chapeau tressé doit être ensuite blanchi, ou teint selon les besoins. On commence par le laver et par le brosser, puis on lui fait subir une évaporation à l’air de manière à éviter ultérieurement les taches du soufre. A ce moment, on l’introduit dans des soufroirs qui contiennent de quinze à dix-huit cents chapeaux.
- En été, on expose à l’air sur des piquets ; en hiver, le séchage se fait dans des séchoirs qu’on chauffe seulement jusqu’à 30°. Les chapeaux sont mis sur des étagères et chaque séchoir peut en contenir huit mille.
- Toutes ces opérations, lavage et séchage, doivent être répétées de manière à obtenir un blanchiment complet du chapeau.
- Chapeaux de Panama. — Le chapeau, dit Panama, est un chapeau tressé avec une très belle paille au brin rond. Le tressage est plus long et plus difficile que celui du la-tanier dont le brin plat se travaille plus commodément.
- Les panamas qui arrivèrent en France acquirent bientôt une grande vogue par suite de la beauté du tissu. Les prix en étaient prodigieusement élevés, et ce n’est qu’après de longs tâtonnements que cette fabrication put être bien exécutée en France. Depuis trente années, cependant, elle a fait d’immenses progrès, et aujourd’hui ces chapeaux
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- ont une valeur relativement faible quand on songe aux prix que les panamas exotiques atteignaient autrefois ; l'exportation de ces chapeaux est maintenant considérable.
- Actuellement, MM. Wild expédient en Amérique des panamas parfaitement faits et beaucoup moins coûteux que les produits exotiques. Les roseaux dont la paille est employée pour faire les panamas, viennent de la République de l'Equateur, des environs de Guayaquil.
- Les joncs subissent les mêmes opérations que les lamelles des feuilles du palmier ; il faut faire un triage minutieux pour séparer les brins suivant leur finesse.
- Comme pour le palmier, les joncs blanchis sont tressés soit à l'usine soit en dehors, puis reblanchis avant de subir l’apprêt.
- En dehors de ces trois sortes de chapeaux qui sont confectionnés par MM. Wild, la fabrique de Nancy reçoit aussi des chapeaux de Batavia qui arrivent tout tressés ; ces chapeaux sont fabriqués avec des tresses tirées d'un rotin que l'on cultive dans l'île de Java. Le caractère de ces chapeaux est d'être doubles; comme ils sont de très faible épaisseur, on fait deux chapeaux qui se trouvent l'un dans l'autre et sont réunis par les bords; le chapeau extérieur est plus fin.
- Ces chapeaux blanchis ou teints peuvent être livrés sans être séparés, mais généralement ils sont séparés et rendus plus solides au moyen d'une feuille de sparterie encollée.
- Dans la fabrique de MM. Wild, on fait des chapeaux de rotin tressés directement et d'une finesse au moins égale à celle des chapeaux exotiques.
- N’oublions pas de dire que dans l'usine de Nancy, on tresse aussi des objets autres que les chapeaux et plus particulièrement de nombreux cabas et paniers, destinés à contenir les ouvrages de couture des femmes.
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- APPRÊTS DU CHAPEAU DE PAILLE
- De même qu’un tissu au sortir des métiers doit subir un apprêt qui lui donne l’aspect brillant avec lequel il doit être livré à l’acheteur, de même le chapeau de paille confectionné a été sali et frippé et doit subir un apprêt qui, en lui donnant les formes à la mode, le rend propre à être vendu.
- Tous les chapeaux sont d’abord encollés à la gélatine dans des cuves contenant cette matière, plus ou moins étendue d’eau chaude, suivant l’épaisseur de la paille et la nature de cette paille. Les gélatines employées par MM. Wild viennent de Dieuze ou d’Annonay.
- Après cet encollage, le chapeau subit un séchage à la vapeur dans des séchoirs que l’on porte à une température variant de 40 à 30 degrés.
- Pour obtenir une surface bien régulière et tout à fait brillante, le chapeau passe ensuite à la presse. Le chapeau ne présentant pas une épaisseur constante quand il est constitué de tresses cousues, ce travail offre de grandes difficultés et il faut proportionner la pression à produire. Cette opération qui, pendant longtemps, s’est faite à la main, est exécutée aujourd’hui mécaniquement dans des conditions très rapides et fort économiques, par l’emploi du caoutchouc qui, pressé par l’eau ou la vapeur, en se moulant sur des épaisseurs différentes, applique la surface à lustrer sur une surface métallique chauffée.
- La presse se compose en principe d’une forme métallique, creuse ou en relief, qui reçoit le chapeau enduit de l’apprêt. Cette forme est chauffée et le chapeau qu’on y place reçoit une boule en caoutchouc pleine d’eau ; en mettant cette boule en communication avec un corps de pompe ou un réservoir de vapeur, on exerce une pression
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- hydraulique très considérable, transmise par le caoutchouc qui s’étend sans écraser les parties saillantes.
- Le caoutchouc, en s’appliquant sur les parties où l’épaisseur est double dans les chapeaux de tresses cousues, se moule sur ces parties saillantes et les presse également La pression s’exercera aussi bien dans un fond creux. Les presses employées par MM. Wild sont dues à l’ha-
- Presse Mathias.
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- bile constructeur M. Mathias. La figure ci-dessus en représente un modèle.
- Une table porte une lorme en zinc qui est préparée dans l’usine même au moyen d’un moulage ordinaire dans le sable. Cette forme est destinée à recevoir le chapeau enduit de l’apprêt convenable et légèrement humide; elle est en relief aussi bien que creuse.
- Un couvercle équilibré par deux boules porte la poche de caoutchouc pleine d’eau dans laquelle se produit une
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- GRANDES USINES
- atmos
- manomètre
- munication
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- assembler
- 1 encastrement moyen d’un le
- assemblage
- d’une crémaillère.
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- moment on
- envoie la vapeur dans la forme pour la chauffer, en ouvrant le robinet d’un tuyau en communication avec les générateurs de vapeur ; puis on
- ouvre le robinet de pression en maintenant celle-ci pendant quelques secondes, on ferme ce robinet et on ouvre celui de sortie de l’eau; on fait alors basculer le couvercle autour de sa charnière et lé chapeau apprêté est enlevé ; Cette opération n’exige pas une minute.
- La difficulté consistait à obtenir une pression d’eau régulière malgré un débit intermittent ; on y est arrivé au moyen d’un ingénieux appareil dû à M. Légat, ancien associé de M. Mathias ; cet appareil, appelé le régulateur automoteur de pression est figuré plus haut ; nous allons
- Régulateur automoteur de pression
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- 9
- en expliquer le fonctionnement d’après une communication de l’inventeur, au moyen de la légende suivante :
- a. Cloche à air comprimé préalablement, et une fois pour toutes, à la pression nécessaire ;
- b. Capacité pleine d’eau ;
- c. Membrane de caoutchouc séparant les capacités a et b;
- d. Pompe de compression ;
- e. Ouverture d’entrée de l’eau refoulée par la pompe;
- *
- ff. Tuyau communiquant avec les presses; g. Levier à deux branches fixé à un arbre horizontal qui traverse le renflement de la capacité b et communi-
- -*• .9
- quant le mouvement au levier simple h-, i. Robinet fermant ou ouvrant automatiquement là communication avec les pompes et limitant la course du diaphragme de caoutchouc;
- s
- m. Arbre moteur du système ;
- nn\ Poulies folle et fixe;
- p. Secteur à temps perdu, fou sur l’arbre l ;
- g. Fourchettes folles sur l’arbre l ;
- r. Chape limitant la course des fourchettes.
- Ce simple croquis fait comprendre le fonctionnement de
- l’appareil ; en effet, quand le diaphragme de caoutchouc est arrivé dans la position supérieure, il agit par la diminution de l’eau dans la capacité b et par la détente de l’air contenu dans a et par les leviers h et g sur le secteur p; il en résulte que les fourchettes se trouvent actionnées par les petits leviers à boule qui, sortant de la verticale, les entraînent et font passer la courroie sur la poulie folle. On comprend alors que quand le diaphragme
- est en bas, les mêmes organes agissant en sens inverse,
- «
- embrayent le mouvement afin de mettre en action la pompe et remplir les presses ou leur fournir de l’eau.
- Depuis quelques années, MM. Wild fabriquent des chapeaux d’une forme particulière : ce sont les casques dont
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- Vue de l’Usine de MM. Wild Frères et Cie,
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- î. la consommation est considérable dans le midi de la France et en Algérie et qui sont destinés à l’exportation ; ces chapeaux surélevés protègent mieux contre les ardeurs du soleil.
- - Les casques fabriqués par MM. Wild sont constitués de i paille tissée que l’on presse méthodiquement entre deux formes identiques chauffées au gaz. On place la paille légèrement humide sur la forme inférieure qui est en relief et on étire la paille; puis on fait descendre la forme supérieure et on la fixe invariablement par un mécanisme particulier sur la forme inférieure. La paille prend exactement le contour voulu; les bords de ce chapeau devant être plus~ solides, on double, pour les faire, l’épaisseur de la paille. En dehors de ces presses et pour les autres chapeaux que les casques, MM. Wild emploient aussi, dans certains cas, des presses dans lesquelles la pression est obtenue directdment par l’ouvrier au moyen de pompes à main. Mais pour les casques et autres chapeaux de tissus, l’apprêt est fait par des presses à gaz; ces appareils, dans l’usine de MM. Wild, sont installés dans deux vastes ateliers séparés.
- Tous lès chapeaux, après le travail des presses, passent à Vatelier des brideurs dans lequel se poursuit l’apprêt du chapeau. Dans cet atelier, on finit le chapeau en lui donnant exactement les formes courbes si à la mode aujourd’hui. Cette opération se fait en appliquant le chapeau sur une forme en bois et en le repassant, après l’avoir humecté, au moyen d’un fer ; de temps en temps l’ouvrier retire le chapeau de la forme et lui donne, à la main, la courbure demandée.
- L’apprêt du chapeau est alors fini et on peut le livrer au commerce; mais généralement, dans les ateliers de MM. Wild, le chapeau est encore garni.
- La garniture, qui est une opération relativement simple
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- pour le chapeau d’homme, devient fort délicate pour le chapeau de femme et demande des ouvrières très habiles.
- Pour le chapeau d’homme, la garniture consiste à placer, dans l’intérieur, une toile, à border le chapeau d’un galon noir ou de couleur, à fixer un ruban extérieur et à placer une marque intérieure.
- Pour le chapeau de femme, la garniture exige plus de soins : on commence par coudre au bord et à l’entour du chapeau un fil de laiton recouvert de soie qui sert à donner au chapeau la forme convenable ; puis oii le double en soie légère. Quant au chapeau lui-même, il faudra l’orner de rubans ou de velours, ou bien de fleurs et de plumes. Dans les ateliers de MM. Wild, nous avons vu de nombreux chapeaux terminés et du goût le plus exquis.
- Après avoir fait connaître au lecteur les longues et minutieuses opérations par lesquelles passe le chapeau avant d’être livré au commerce, nous allons lui faire parcourir les vastes ateliers dans lesquels se font ces diverses opérations. L’usine de MM. Wild comprend, dans un des quartiers les plus fréquentés de Nancy, deux établissements situés à deux cents mètres l’un de l’autre.
- Dans l’établissement principal, dont nous avons donné la vue, s’exécutent la confection et l’apprêt du chapeau ; dans l’autre, on fait le blanchiment et la teinture des pailles, des tresses et des chapeaux. Ce dernier bâtiment comprend une vaste cour dans laquelle en été s’exécutent le blanchiment et le séchage des pailles et des chapeaux qui sont placés sur des piquets plantés dans cette cour. Un grand bâtiment est situé au fond de la cour et comprend :
- L’atelier de teinture ;
- Les chambre dites soufroirs;
- Les étuves ;
- Et un vaste atelier pour le blanchiment.
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- L’atelier de teinture renferme des cuves et des bassines où l’on pratique les opérations ordinaires de la teinture avec un soin remarquable; les pailles et plus particulièrement les tresses y reçoivent toutes les colorations à la mode ; le plus souvent les chapeaux sont teints en noir, bleu, marron et vert foncé.
- Les soufroirs, au nombre de six, peuvent contenir chacun de 15 à 1,800 chapeaux. Ce sont de vastes chambres en bois contenant des étagères sur lesquelles on dispose les chapeaux; elles peuvent être hermétiquement closes et des cheminées permettent d’établir un tirage convenable. On introduit dans ces chambres un réchaud plein de charbons enflammés sur lesquels on place des morceaux de soufre; il faut prendre soin que la combustion du soufre ne soit pas trop violente, car la paille se couvrirait de taches difficiles à faire disparaître. Ces mêmes soufroirs peuvent servir à contenir les tresses que l’on veut décolorer.
- Après avoir subi l’action de l’acide sulfureux, la paille doit être soumise à l’action de l’air qui lui donne la souplesse nécessaire.
- A côté des soufroirs se trouve une vaste étuve chauffée par un calorifère à une température de 25 à 30 degrés, et une autre étuve de même importance chauffée par la vapeur à une température variant de 40 à 50 degrés.
- Ces étuves peuvent contenir huit mille chapeaux.
- Dans un vaste atelier qui s’étend dans toute la longueur du bâtiment se trouvent dix grandes cuves en bois contenant des bains chauds d’acétate de plomb nécessaires pour obtenir un blanchiment complet. Chacune de ces cuves contient cent douzaines de chapeaux en piles. Dans ce même atelier se trouvent de grandes tables sur lesquelles on brosse les chapeaux.
- Le bâtiment principal occupeles quatre côtés d’un vaste
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- quadrilatère, au milieu duquel se trouve un atelier réservé aux générateurs de vapeurs. La façade sur la rue comprend un rez-de-chaussée destiné aux bureaux et aux dépôts des marchandises et trois étages contenant de vastes magasins réservés à une partie de l’approvisionnement nécessaire à cette industrie ; à gauche se trouve un grand atelier parfaitement éclairé et aéré dit Y atelier des brideurs; après l’avoir traversé, on arrive à un important bâtiment situé à l’extrémité d’une cour. Ce bâtiment se compose d’un rez-de chaussée et de trois étages; le rez-de-chaussée comprend : 1° un atelier de menuiserie et l’atelier où sont confectionnés les nombreux modèles nécessaires à la fabrication des chapeaux; 2° un très grand magasin servant à la réception; au-dessus sont situés une partie des magasins contenant les chapeaux. A droite se trouve un bâtiment comprenant au rez-de-chaussée un vaste réfectoire pour les ouvriers qui habitent trop loin de Nancy; au-dessus, un atelier où se fait le vernissage à l’alcool des chapeaux teints; à l’étage supérieur un immense atelier de couture où plus de cent ouvrières cousent les chapeaux tressés ; le coup d’œil de cet atelier est des plus curieux et en quelques minutes on voit s’exécuter, avec l’aide des machines, la couture des chapeaux; enfin, au dessus, se trouve l’atelier où se fait la garniture du chapeau.
- (Jn bâtiment voisin comprend les deuÿ ateliers de presses : l’un, destiné aux chapeaux de tissu; contient les machines à gaz ; l’autre, plus considérable encore, contient les presses Mathias, à vapeur. Nous avons donné la vue de cet atelier qui contient deux rangées de presses de tous les modèles et au fond duquel se trouve le régulateur automoteur de pression.
- Enfin, au milieu se trouve un atelier qui contient deux générateurs à deux bouilleurs pour produire la vapeur
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- nécessaire aux besoins de l’usine. La force motrice consiste en une machine horizontale de douze chevaux. Dans le bâtiment situé au milieu de cette cour se trouvent aussi un atelier où l’on prépare les moules et un atelier contenant des presses actionnées avec des pompes mues directement par l’ouvrier.
- Aujourd’hui, l’établissement principal de Nancy et son annexe occupent une superficie de huit mille mètres carrés.
- La manufacture française de chapeaux de paille a été fondée à Nancy par un ancêtre des propriétaires actuels d’origine Suisse, en 1772.
- En 1810, M. J.-B. Wild en devint le propriétaire et lui donna un développement important; mais ce fut sous son successeur, M. J.-U. Wild, que Tusine acquit son énorme importance et la place qu’elle occupe dans cette industrie au-dessus des autres fabriques de la région et à la tête des premières fabriques de l’Europe. M. J.-U. Wild prit à l’âge de 17 ans la direction de cet établissement; en appliquant dans la fabrication les procédés nouveaux les plus perfectionnés, il établit de nombreux débouchés à ses produits qui sont maintenant répandus dans tout l’univers. Après l’annexion, le gouvernement Suisse confia à M. Wild le poste de consul à Nancy, le consulat de Mulhouse ayant été supprimé.
- Depuis la mort récente de M. J.-U. Wild, l’usine est dirigée par MM. Wild, ses deux fils, qui, par leur habile surveillance et leur activité, voient chaque jour leur fabrication prendre une importance toujours croissante.
- Avant l’annexion, la confection des chapeaux de palmier et de Panama se faisait principalement à Sarralbe où presque tous les habitants étaient employés par MM. Wild à la fabrication des chapeaux de paille; depuis l’annexion, MM. Wild ont tenu à continuer à faire travailler cette laborieuse population.
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- Ce qui distingue particulièrement l’usine de Nancy,
- c’est l’ordre excessif, la bonne administration et la
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- grande propreté qui règne dans tous les ateliers. Les directeurs de l’usine suivent avec attention les nombreuses variétés qu’on rencontre si souvent dans tous
- les articles de modes.
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- Depuis deux années, cette fabrique est devenue la propriété d’unè société en commandite, par actions, au capital de deux millions et sous la direction de MM. Wild frères, qui en sont les actionnaires les plus importants. Pour donner une idée du développement de cette industrie, nous dirons que dans l’usine seule de Nancy, sont occupés quatre cents ouvriers hommes et femmes, et que, dans les villages des environs ainsi qu'à Sarralbe, MM. Wild emploient de quinze à dix-huit cents personnes qui sont des femmes pour la plupart. Le travail est rému-méré à la pièce, le salaire moyen d'une femme travaillant à dimicile est de 1 fr. 50 par jour; à l’usine, les ouvrières gagnent quotidiennement de 2 fr. 50 à 5 fr. Les hommes employés dans la fabrique, reçoivent de 3 fr. 50 à 8 francs.
- La production annuelle atteint dix-huit cent mille chapeaux, et dans les vastes magasins, se trouve toujours un stock qui suffit à satisfaire aux demandes qui affluent de tous les pays. L’outillage des établissements de MM. Wild, qui a été dernièrement développé dans une proportion considérable, pourra permettre de doubler cette production déjà si importante. Sans doute, la concurrence étrangère et surtout la concurrence anglaise cherchent à introduire leurs produits en France, mais MM. Wild sont aujourd’hui en mesure de lutter avec avantage contre tous leurs rivaux.
- lmp. Ch. Maréchal et J. Mohtorier, 13, cour des Petitet-Ècuries, Parle.
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- GRAIDS THS DE CHAMPAGIE
- Le Ghateau de Pékin. — La Compagnie des grands vins de Champagne, fondée en 1858 par une association de propriétaires de Vignes des premiers crûs, a son établissement principal dans les vastes dépendances du Château de Pékin, à Épernay. Il est peu de personnes, parmi celles qui aiment le bien-vivre et qui vont puiser la gaîté au fond d’une coupe de champagne, qui ne connaissent le nom de M. E. Mercier, le fondateur de cette maison, certainement la plus importante de toute la contrée. L’ensemble des constructions se développe au pied du plus riche coteau de la Marne et se trouve ainsi au centre même des principaux vignobles du département. Des caves immenses réputées
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- les meilleures et les plus considérables de la Champagne sont taillées dans la craie, sans aucune maçonnerie, et s’enfoncent sous la montagne sur une longueur totale de quinze kilomètres, et une surface de soixante-cinq mille
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- mètres carrés. Elles se divisent en une multitude de galeries souterraines ornées de sculptures remarquables, traversées et réunies par des artères principales munies de voies ferrées, qui permettent aux wagons de la compagnie des chemins de fer de l’Est de pénétrer dans ce vaste labyrinthe.
- La jolie ville d’Epernay renferme de nombreuses curiosités ; mais j e ne sais rien de plus intéressant qu’une
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- promenade le long de la rue du commerce où se trouvent réunies les habitations des plus riches négociants de la
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- florissante cité. Ces somptueuses demeures qui ressemblent plus à des palais qu’à des hôtels particuliers, sont assises à mi-côte, sur la colline qui borde les voies ferrées de Paris .à Nancy et d’Epernay à Reims. C’est à l’extrémité de cette rue magnifique que s’élèvent le château de Pékin et ses annexes. De la terrasse qui domine les jardins étagés en amphithéâtres et descendant jusqu’à la ligne du chemin de fer, on jouit d’une vue splendide. En face et autour de. la propriété, la vue se repose agréablement sur ces riants coteaux dorés qui produisent le champagne, et ÿ distingue les riches vignobles d’Ay, Mareuil, Dizy, Hautvillers, Épernay, Bouzy, Ambonnay, Pierry, Cramant et Avize qui sont d’une renommée sans égale, et dont les produits vont au bout du monde.
- Les différents ateliers pour la préparation des vins mousseux ne sont pas moins intéressants. 11 faut voir entre autres, les salles pour le rinçage des bouteilles et le tirage des vins, où d’habiles ouvriers emplissent, bouchent et agrafent chaque j our plus de quatre-vingt mille bouteilles. En avant et au-dessus des caves se trouvent
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- réunis, dans de vastes constructions spéciales, tous les services qui dépendent de rétablissement, les logements particuliers des employés, des vignerons et des ouvriers tonneliers, ainsi que toutes les industries qui se rattachent à la préparation et à l’expédition des vins, notamment plusieurs verreries pour la fabrication des bouteilles à champagne.
- M. Mercier, auquel nous avions dû rendre visite pour une affaire toute particulière, nous a fait, avec une parfaite courtoisie, les honneurs de son royaume, et ce que nous avons vu nous a tellement émerveillé que nous nous sommes décidé à demander l'autorisation de faire profiter nos lecteurs de tout ce que nous venions d'apprendre sur la culture des vignobles et la fabrication du vin de champagne.
- Les vignobles de la France. — Les vins sont une des
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- productions propres à la France. Mais si le raisin peut mûrir dans toute l'étendue de notre territoire, la pulpe n'acquiert pas partout les qualités qui la rendent propre à la vinification. Le principe sucré, indispensable à la fermentation vineuse, ne se forme en quantité suffisante que sous l'influence d'une vive lumière et d'un degré de chaleur assez élevé ; or, au delà du 50e degré de latitude, la vigne ne rencontre plus les conditions qui lui sont nécessaires ; le suc de son raisin ne donne plus, par la fermentation, qu’un liquide acide. Mais si une chaleur insuffisante nuit à la qualité des produits de la vigne, une température trop élevée ne lui est pas moins préjudiciable. Aussi, dans les raisins provenant des vignes cultivées en deçà du 33e degré de latitude, le principe sucré se développe si abondamment, qu'on n'obtient plus qu'une liqueur épaisse, très riche en alcool, mais de médiocre qualité. Du reste, la latitude n'est pas la seule cause dé-
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- terminante de l'excellence des produits ; il faut tenir
- compte aussi de l'altitude, c’est-à-dire de l’élévation au-dessus du niveau de la mer.
- Un auteur qui a consacré sa vie à l’étude des vignobles de tous pays, le comte Odard, a partagé la France en cinq régions, dont quatre viticoles, les vignobles faisant défaut dans la cinquième. La culture est limitée au Nord par une ligne dont la direction générale va de l’ouest vers le nord; cette ligne part des côtes de l’Océan, entre Nantes et Vannes, passe au nord de Paris, de Soissons et des confluents de la Moselle et du Rhin. Les départements du Finistère, des Côtes-du-Nord, de la Manche, du Calvados, de la Seine-Inférieure, de la Somme, du Pas-de-Calais et du Nord sont entièrement étrangers à la culture des vignobles. La région centrale, la plus belle de la France et peut-être
- du monde entier, a pour divisions principales la Bourgogne
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- et la Champagne; elle atteint au Nord la limite de la culture des vignobles, et vient se terminer au Midi, sur les rives du Rhône par les crûs de la Côte-Rôtie et de l’Hermitage.
- Le département de la Marne, dont nous avons surtout à nous occuper ici, est traversé, du Nord au Sud, tout près de Ghâlons, par le 2e degré est du méridien de Paris, et il est coupé par le 49e degré de latitude boréale; il est donc un peu plus près du pôle que de l’équateur. Sa superficie est de 818,044 hectares, c’est-à-dire supérieur de plus de 200,000 hectares à la moyenne des départements français. Sous ce rapport, c’est le neuvième département de
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- la France. 11 est surtout célèbre par sa production vinicole,
- quoiqu’il n’occupe que lé-51e rang en France pour l’éten-düe des vignobles, environ 16,500 hectares. Ses vins blancs mousseux sont connus dans le monde entier sous le nom de vins de champagne. La grande région vinicole de cette .contrée comprend les coteaux de la Marne aux
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- alentours d’Epernay, d'Ay, les côtes d’Avize, qui s éten-
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- dent au Sud jusqu’aux vignobles de Vertus, et la ligne de coteaux dite montagne de Reims, qui s’étend de Reims à Châlons, en séparant la Marne de la Vesle. D’un côté de la montagne, sur le versant qui descend vers la Vesle, ce
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- sont les vins fournis par le commerce de Sillery, de Ludes, de Mailly, de Verzenay et de Verzy; les parties qui s’abaissent sur la Marne produisent les vins d’Ay, de Mareuil, de Bouzy, de Pierry, d’Épemay, etc., dits vins de rivière. Les premiers crûs de la Rivière sont fournis par le bourg d’Ay, dont le canton comprend 1,900 hectares de vignes, sur lesquels 300 environ appartiennent au vignoble d’Ay proprement dit.
- Les vins de Champagne doivent leur délicatesse, leur saveur piquante, leur mousse pétillante, non seulement au sol sec, léger, pierreux, qui les produit, mais aussi aux procédés de fabrication dont ils sont l’objet. La nature du sol et le choix des cépages ne donnent pas au vin toutes ses qualités ; l’art est un auxiliaire précieux de la nature. Lë vigneron s’occupe seulement de la culture, l’industriel achète la récolte et la met en œuvre, pour préparer le vin suivant le goût des consommateurs; aussi, doit-il s’entourer de tout un monde de travailleurs, et on peut dire que les caves sont de véritables usines. Les vins de Champagne entreposés à Épernay, à Reims, à Châlons, sont expédiés de là dans toutes les parties du monde. Les acheteurs les plus empressés sont ceux de l’Angleterre, de l’Allemagne, de la Russie, des États-Unis, de T Amérique
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- méridionale, des Indes et de la Sonde ; la France en garde au plus la cinquième partie. Pour ne citer qu’un
- exemple de l’importance de ce commerce, nous dirons que l’expédition du champagne s’est élevée, en 1875, à plus de 22,000,000 de bouteilles sorties de l’ensemble des caves de la Champagne. La production annuelle de la maison Mercier dépasse actuellement deux millions de bouteilles.
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- La culture de la Vigne.— Toutes les vignes de la Champagne sont plantées sur les coteaux ; on n’en trouve pas dans la plaine. L’habitude, dans la vallée de la Marne, est de planter en lignes parallèles distantes de 0m,80 à 1 mètre, en espaçant les plants de 0m,60 à 0m,70; la profondeur moyenne est de 0m,25. Souvent, après la seconde année, afin de serrer un peu la vigne, on réserve deux ou trois pousses de chaque plant qui sont couchées en terre avec fumure. On sait qu’après une disette de blé, Domitien, en l’an 92, fit arracher les vignobles de la Gaule et proscrivit cette culture; son interdiction tyrannique ne fut levée qu’en 281 par Probus. A cette époque, la plupart des nouveaux plants furent empruntés à l’Italie, mais le sol de la Gaule sut promptement se les approprier en les améliorant. On attri-
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- bue à saint Remi (ve siècle), la création des vignobles du territoire de Reims.
- Le quart environ des vignobles de la Champagne est planté en raisins blancs, et les trois autres quarts en raisins noirs ; ils servent l’un et l’autre à faire le vin blanc. Aussitôt après la cueillette, le jus des raisins noirs est séparé de la peau et des grains qui seuls donnent la couleur rouge en fermentant avec le liquide. Cependant, dans les bonnes années hâtives, lorsque les raisins noirs ont atteint une grande maturité, le vin qui en provient se trouve un peu rosé ou taché, ce qui est une preuve de très grande qualité. Le vin fait de raisins noirs a plus de corps, de vinosité et de bouquet
- que lei vin de raisins blancs ; mais, par contre, ce dernier a plus de finesse et de sève, et il excite davantage la mousse. Les principaux crûs de raisins noirs sont ; Ay, Mareuil, Champillon, Hautvillers, Épernay, Pierry, Cumières et Avenay, au-dessus de la rivière de Marne; Bouzy, Verze-nay, Sillery, Mailly et Rilly, dans la montagne de Reims.
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- Ceux de raisins blancs sont : Cramant, Avize, le Mesnil, Oger, Grauves et Guis, situés au sud d’Épernay.
- M. d’Armaillac a tenté de formuler une classification des nombreuses espèces de vignes. Il pense que c’est de la connaissance des variétés de la vigne que dépendent tous les progrès de sa culture ; mais les études auxquelles on s’est livré pour la plupart des plantes, n’ont pas été faites pour la plus précieuse de toutes, en sorte que la vigne fait encore exception au prôgrès général. Tout est confusion dans la culture de la vigne. ... « Les études et les essais n’ont pas été dirigés sur la viticulture, mais vers l’art de faire le vin, vers la fermentation et la vinification; on a surtout perfectionné l’art de mélanger les vins, même celui
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- d’en fabriquer avec toutes sortes de substances, mais on n’a pas cherché les moyens d’avoir de meilleurs raisins, ce qui eût été bien préférable. » Ce reproche ne saurait
- êtrp fait aux grands viticulteurs de la Champagne qui
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- donnent à leurs vignobles les soins les plus attentifs et les plus délicats. Sans aucun doute, on se livre à des recoupages qui consistent à mélanger, dans des foudres de grande capacité, les vins des différents crûs, et notamment les vins de raisins blancs avec ceux de raisins noirs. Mais on choisit pour cela ceux qui se marient le mieux, dont le bouquet et la nuance se conviennent, de sorte qu’ils s’améliorent et se complètent mutuellement.
- D’une région à l’autre, les cépages employés sont très variés, mais il y a aussi plusieurs espèces de cépages dans la même région. Ainsi, dans la partie sud-est de la Champagne, on cultive surtout le plant de raisin blanc connu spus le nom de pineau. C’est une variété sobre qui se nourrit à peu de frais et qui est bien placée dans un terrain dont le sol est composé d’une couche légère siliceuse-calcaire, avec sous-sol crayeux. Sur les autres coteaux où le sol est plus riche, on trouve les plants de raisins noirs.
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- Parmi les sous-variétés qu’on rencontre dans la région qui nous occupe, nous citerons le gros plant doré d’Ay ou morillon, le vert-doré, le griset ou muscadet qui fait la base des vignobles de Sillery et de Yerzenay.
- On rencontre encore certaines personnes imbues de cette croyance que la vigne, une fois plantée, ne demande plus qu’un faible travail au propriétaire. Si cela est vrai en partie, ce dont nous doutons, pour quelques localités où le vin, de très médiocre qualité, se consomme sur place, cela est absolument contraire à la vérité pour les grands vignobles. En Champagne, les dépenses nécessitées par le travail et l’entretien en engrais et en échalas, s’élèvent, pour un- hectare de vigne, à la somme annuelle de 2,500 francs.
- Yoici sommairement la nomenclature des opérations dont
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- l’ensemble constitue une culture régulière : la taille, le provignage, les labours, l’échalassement, Y ébourgeonnage, Yaccolage, le rognage ou épamprement et Yeffeuillage* La taille se pratique généralement en février à l’aide d’une serpette nommée gousotte. Le provignage ou marcottage se fait pendant et après la taille, lorsque la terre n’est pas durcie par la gelée et que le sarment est assoupli par une température, douce, une petite pluie récente et un vent du sud. Chaque provin, ou pousse de la dernière année, est couché à profondeur de la. plantation et chargé d’engrais, ce dont profite la racine qui a été déplacée par le rabaissement du provin. Dans le cours d’une année on donne plusieurs labours aux vignobles. Le premier labour ou bêchage se fait à la fin de mars, avant le renouvellement de la sève. Le second labour ou sarclage se fait après la floraison ; on y procède avec un hoyau à fer trapézoïdal. Enfin, le troisième labour ou binage se fait après la floraison. Il y a même quelquefois un quatrième labour après la récolte. La plantation des échalas, l’échalasse-ment, se pratique après le premier labour. Ainsi que son
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- nom l’indique, il consiste à planter près de chaque cep, pour le soutenir, un échalas. Dès que les j eunes pousses ont atteint de 5 à 10 centimètres de longueur, on ébour-geonne, c’est-à-dire qu’on débarrasse le cep de tous les faux rameaux. Lorsque les jeunes rameaux ont environ 35 centimètres de longueur, .on lie les sarments nouveaux à l’échalas pour les protéger ; c’est ce qu’on appelle l’acco-lage. On procède ensuite à l’épamprement ou rognage qui a pour but de retrancher le bois dès qu’il dépasse l’échalas. Enfin la maturation des grappes se prépare par l’effeuillage qui a pour but de dépouiller le cep des feuilles qui abriteraient trop les raisins des rayons du soleil.
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- La vendange. — Dans certaines contrées, en Bourgogne, par exemple, on trouve encore le vieil usage du ban de vendange, institué en 1187 par Hugues 111, duc de Bourgogne, et consacré par une loi du 28 septembre 1791 ; mais dans la Champagne, comme dans le Bordelais et le Midi, on opère sous le régime de la liberté. Dans tous les cas, la cueillette du raisin ne doit se faire qu’après maturité complète; à ce moment, le raisin noir a une belle couleur veloutée, et, . lorsqu’on tire le grain, il
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- doit rester, adhérente à la grappe, une belle mèche brune. Quant au raisin blanc, on reconnaît qu’il est bon à cueillir, lorsque les pépins se voient à travers la pellicule.
- La vendange est le grand événement de l’année dans la Champagne. Le résultat de tous les soins et de tous les travaux accumulés pendant une longue période est quelquefois bon, rarement magnifique et trop souvent désastreux. Ainsi, dans un intervalle de vingt années, de 1860 à 1880, on a compté cinq récoltes absolument détestables et deux très médiocres; trois seulement ont été très bonnes. Les meilleures, celles de 1874 et de 1880, ont été si peu abon-
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- dan tes que le vin des grands crûs se vendait jusqu’à
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- 1,500 francs la pièce de 200 litres. C’est donc un produit très précieux que celui qui provient des vignes de
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- la Champagne; aussi la vendange est-elle entourée de soins tout particuliers. On opère en choisissant les raisins les plus sains et les plus mûrs, et en rejetant les raisins gâtés, verts et pourris. Le raisin cueilli est placé avec précaution dans de petits paniers que l’on verse suc-
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- cessivement sur des clayettes en osier. Des ouvrières, dites
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- trieuses et paveuses, munies de ciseaux, examinent chaque grappe avec attention et éliminent tous les mauvais grains, de sorte qu’il ne reste dans les paniers de livraison que les grappes aux grains fermes et fleuris. Ces paniers sont conduits aux pressoirs sur des carrioles à ressorts, ou sont transportés à dos de mulets si les sentiers qu’on doit traverser sont trop étroits. Les ateliers de M. E. Mercier sont
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- pourvus de puissants pressoirs installés d’après le nouveau système Mabille, qu’on a préalablement lavés et nettoyés avant leur mise en œuvre. Une fois la vendange rassemblée sous le pressoir, on fait tourner la calandre, on serre et on laisse couler le jus pendant quinze ou vingt minutes. Les trois premières pressées ou serres, tirées du
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- pressoir, donnent le vin de choix dit de cuvée ; la quatrième pressée fournît le vin dit de taille ou de suite, et le reste du liquide sert à faire le vin destiné aux vignerons et aux tonneliers.
- Le moût obtenu par la pression est reçu, d’abord dans des cuves où il reste de 25 à 30 heures pour déposer
- les matières étrangères dont il est chargé. On le reçoit
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- ensuite dans des tonneaux qui doivent être entièrement remplis, afin que le vin, en fermentant, rejette au dehors les impuretés qu’il peut encore contenir. Pendant toute la durée de la fermentation tumultueuse, il faut avoir soin fouiller le tonneau, c’est-à-dire de le remplir trois ou quatre fois. Les tonneaux sont alors alignés
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- dans les celliers sur des chantiers ; une. feuille de vigne recouverte de sable fin est placée sur la bonde, de sorte que l’acide carbonique, produit de la fermentation tumultueuse, peut s’échapper dans l’atmosphère. Dans les bonnes années, la fermentation dure de dix à vingt jours. Dès qu’elle est calmée, on remplit les tonneaux avec du vin de la cuvée, et on remplace la feuille de vigne par un bondon, afin d’éviter la perte du bouquet.
- Lorsque le vin a subi les premiers froids de l’hiver, la fermentation s’arrête. Alors on le soutire au clair, pour le séparer de la lie qui s’est amassée au fond des tonneaux, et on procède aux recoupages dont nous avons parlé plus haut. Les mélanges de vins de différents crûs prennent-le nom de cuvée et on leur donne un numéro d’ordre ou le nom du pays qui y est entré en plus grande quantité. Or, dans chaque vignoble, il se trouve des vins de plusieurs choix; on peut donc avoir, sous le même nom, des qualités bien différentes . Cela dépend de l’exposition du terrain, de la nature du plant, et des soins apportés à la culture et à la vendange; mais la qualité varie surtout suivant les années. L’opération du mélange est faite sous la surveillance directe du chef de la maison. Les vins sont amenés dans les celliers qui dominent les grands foudres où doivent être formées les cuvées définitives. Les pièces disposées au-dessus du foudre sont retournées, débondées et le vin coule dans le foudre. Un mélangeur à palettes agite doucement la masse du liquide et en fait un tout homogène, au point de vue de la couleur, de la force et du bouquet. Dans les vastes celliers de M. Mercier, on remarque surtout, parmi les nombreux foudres où l’on forme les cuvées, trois tonneaux monstres, constamment entretenus pleins de vin de réserve, provenant des grandes années. Ges fûts gigantesques, de la contenance totale de 375,000 bouteilles ont obtenu la médaille d’or à l’Exposi-
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- des gros foudres existant dans les Gaves de MM, E. Mercier et Gie, a Épernay (Contenance : 175,000 bouteilles).
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- tion universelle de 1878. Us sont les plus grands de la Champagne et on les signale comme des chefs-d’œuvre de tonnellerie.
- La mise en bouteilles. — La mise en bouteilles se fait à l’époque des chaleurs, ordinairement à partir-du mois de mai. Les bouteilles étant soigneusement rincées, on les remplit, et on les bouche au moyen de machines spéciales, puis on maintient le bouchon avec une agrafe en fer ; ensuite on les couche et on les empile au moyen de lattes ou de tringles en bois. Au bout de deux ou trois semaines, suivant l’élévation de la température, la mousse commence à se développer. Lorsqu’elle est assez forte et que les bouteilles commencent à se briser, elles sont descendues dans des caves souterraines très froides où elles doivent rester déposées en moyenne pendant trois ou quatre ans avant d’atteindre leur maturité pour l’expédition. Tous les vins, quelle que soit leur provenance, possèdent dans leur composition les éléments de la mousse. La transformation du sucre en alcool et en acide carbonique se fait lentement dans les tonneaux ; l’acide carbonique s’élève au-dessus du liquide et s’échappe dans l’atmosphère. Dans les bouteilles, l’acide carbonique monte à la partie supérieure et ajoute sa force élastique à celle de l’air qui s’y trouve. 11 atteint bientôt une pression de six atmosphères environ, de sorte que le vin contient alors environ six fois son volume d’acide carbonique. 11 faut donc que les bouteilles puissent résister à cette pression considérable ; il s’établit une sorte d’équilibre de pression à laquelle le verre peut résister, et si, par une cause quelconque, cet équilibre est détruit, la bouteille est infailliblement cassée.
- Lorsqu’une cuvée est restée en caves le temps voulu pour qu’elle ait acquis toutes ses qualités, les bouteilles sont mises sur pointe, c’est-à-dire renversées le col en bas
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- sur des tables-pupitres percées de trous. Pendant un ou deux mois, chaque bouteille doit être secouée et remuée journellement, en lui imprimant un mouvement circulaire sec et précipité, afin de faire descendre sur le bouchon tout le dépôt qui s'est formé à la suite du développement de la mousse ; ce travail n’est terminé que lorsque le dépôt est complètement affaissé sur le bouchon. Par suite du développement de la fermentation dans les bouteilles, le sucre naturel du vin s’est iransformé, comme nous l’avons dit plus haut, en alcool et en acide carbonique. Dans cet état, le meilleur vin n’est pas agréable à boire. On ajoute alors de la liqueur sucrée faite de sucre candi pur, fondu dans du vin de réserve de premier choix, afin de restituer au vin mousseux le sucre qu’il a perdu. Dans les ateliers de M. Mercier, on procède à cette opération de la manière suivante: Le dépôt étant entièrement précipité, la bouteille est prise par un ouvrier qui la tient de la main gauche, toujours dans la position renversée, tandis que de la main droite il fait sauter l’agrafe; le bouchon étant aussitôt attiré à l’aide d’une pince et poussé par la mousse, sort de la bouteille en entraînant le dépôt. Le vide formé par ce dépôt est alors remplacé par la liqueur sucrée au moyen d’une machine spéciale permettant de faire varier la quantité de liqueur A ajouter, suivant le pays auquel les vins sont destinés, ce qui permet d’expédier des vins plus ou moins secs ou doux, selon les goûts des consommateurs. La bouteille est aussitôt rebouchée au moyen d’un bouchon neuf préalablement marqué au nom de la maison, puis elle est ficelée à la ficelle et au fil de fer.
- Il ne reste plus ensuite qu’à faire l’emballage. Les bouteilles sont, à cet effet, revêtues d’étiquettes, de feuilles d’étain, de cire ou de capsules, enveloppées de papier, puis enfermées dans des caisses ou dans des paniers.
- Le mode de culture perfectionnée qui est appliqué
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- aux importants et excellents vignobles dépendant des propriétés de MM. Mercier et Cie, joint aux soins intelligents qui sont donnés aux vins par une armée d’ouvriers spéciaux, justifient grandement le succès et la renommée croissante de la marque de cette maison, qui a toujours obtenu des récompenses aux expositions où ses produits ont été présentés, notamment 20 premières médailles et 5 grands diplômes d’honneur. Messieurs Mercier et Cie, sont fournisseurs privilégiés de plusieurs cours.
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- L’Enfance de Bacchus
- Bas-relief de 10 mètres de hauteur, sculpté dans la craie des caves de MM. E. Mercier et Ci#.
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- FABRICATION
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- Bronze Phosphoreux
- USINE GUILLEMIN
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- Depuis les temps les plus reculés le bronze a joué un grand rôle dans les arts et les applications industrielles ; employé tour à tour à la fabrication des statues, des canons, des objets de première nécessité, nous voyons son usage se développer en même temps que l’industrie elle-même. Le bronze est un métal éminemment propre à prendre, par le moulage, toutes les formes que le fondeur veut lui donner. Dans le moule à longs flots, a dit Barbier, bronze descends esclave, tu vas remonter empereur.
- La composition générale du bronze est connue de tout le monde. Alliage de cuivre, d’étain et quelquefois de zinc, il contient ces différents métaux dans des proportions variables, suivant les services qu’il est appelé à rendre. La proportion de cuivre est dominante et varie de 78 à 96 0/0. Le bronze réglementaire employé autrefois pour les métaux à canons était un alliage contenant 10 d’étain pour 90 de cuivre. La présence de métaux ou de corps étrangers dans l’alliage exerce une influence très grande sur les propriétés du métal. L’antimoine, l’arsenic et le soufre, même dans les proportions de quelques millièmes, diminuent notablement la ténacité du bronze : le plomb
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- exerce une influence du même genre quoique bien moins sensible. D’autres substances étrangères, introduites à dessein dans le bronze en proportions déterminées, devaient, dans l’opinion de certains fondeurs, améliorer l’alliage. Pour la fabrication du métal à canons, on a essayé à diverses reprises l’introduction du zinc dans la proportion de 1 à 2 0/0.
- Diverses expériences ont été faites à ce sujet, notamment à Bourges vers 1876, mais les résultats comparatifs exécutés sur des bouches à feu n’ont pas semblé prouver la supériorité du métal contenant du zinc. 11 n’en est pas de même pour les hélices, et la direction des constructions navales a présenté, pour cet emploi, un bronze composé de 92 parties de cuivre, 8 d’étain et 3 de zinc. Le bronze au manganèse expérimenté vers 1876 dans l’arsenal de Woolwich et présenté par M. Parson, a donné de bons résultats ; il possède la propriété de se laisser forger à la température du rouge. Mais ce n’est pas un bronze proprement dit : c’est plutôt un laiton additionné d’une faible proportion d’étain et de manganèse.
- L’expérience a démontré en effet que lorsque la teneur en étain dépasse 8 à 9 0/0, le manganèse se sépare de l’alliage sous forme de grains métalliques d’une dureté extrême qui sont disséminés dans toute la masse et qui s’opposent à tout emploi utile.
- Une proportion de 1/2 0/0 de manganèse améliore la qualité des bronzes zincifères dont la teneur en étain est inférieure à 9 0/0. Le bronze gagne en malléabilité, mais le manganèse, contrairement à certaines opinions, ne facilite pas l’affinage du bronze et ne détruit pas les oxydes de cuivre et d’étain qui s’y trouvent toujours en notable proportion.
- C’est vers 1854 que MM. de Ruolz et Fontenay proposèrent l’introduction du phosphore dans le bronze à canons,
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- introduction qui parut avantageuse. Le phosphore est en effet un réducteur énergique qui permet l’affinage parfait du bronze. L’idée fut reprise un certain nombre d’années après, par deux Belges, MM. Montifiore Lévy et Kunzel; ces derniers ajoutèrent le phosphore au bronze dans une faible proportion dont ils gardent le secret, sous forme d’alliage préalable pendant la fusion. Ils attribuèrent l’influence du phosphore à la double affinité de ce corps pour l’oxygène et pour l’étain,neHls avaient remarqué que la ténacité du bronze est surtout amoindrie par l’oxyde d’étain qui s’y dissout en quantités plus ou moins grandes pendant la fusion et la coulée. Des expériences furent faites avec cet alliage et, comme les précédentes, elles donnèrent de bons résultats.
- On fit, il est vrai, contre l’adoption de ce métal l’obj ection qu’il serait bien difficile dans une fabrication courante d’obtenir un dosage exact dans le four de fusion avec un élément entrant en quantité aussi minime dans l’alliage et qui disparaît en partie pendant la fusion. Le dosage du phosphore dans un bronze est, en effet, extrêmement difficile et les moyens d’analyse ont été pendant longtemps complètement inconnus. Cette objection n’existe plus car, grâce aux procédés employés aujourd’hui par M. Guillemin, cette difficulté a été complètement vaincue. C’est même ce dosage parfaitement étudié par M. Guillemin qui lui permet de livrer des métaux appropriés aux usages auxquels ils sont destinés et dont la dureté et la ténacité peuvent être graduées à volonté, depuis celles de l’acier jusqu’à celles du cuivre rouge.
- Les résultats ci-dessus mentionnés avaient éveillé l’attention. Les qualités de dureté et de ténacité communiquées au bronze par l’emploi du phosphore pouvaient rendre de grands services; des alliages ainsi composés ont été appliqués à la fabrication des pièces mécaniques
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- et les résultats obtenus ont été si concluants que plusieurs Compagnies de chemins de fer les ont adoptés, dès l’an-née 1872, sous forme de tiroirs, de coussinets et de toutes pièces de frottement.
- Depuis, M. Guillemin a perfectionné la fabrication; en appliquant ses procédés d'analyse chimique à la détermination rigoureuse des compositions, il est arrivé à donner exactement à ses bronzes, comme on a fait pour l'acier, les qualités de dureté et de ténacité qui conviennent le mieux à leur emploi. Les bronzes phosphoreux Guillemin sont adoptés dans les arsenaux et ateliers de constructions de l'Etat, par les Compagnies de chemins de fer, les Compagnies maritimes, les établissements métallurgiques, et par tous les grands industriels et manufacturiers. Ils se sont substitués aux bronzes ordinaires dans tous leurs emplois ; ils présentent, en effet, pour ces applications spéciales, les avantages suivants : homogénéité parfaite, dureté et ténacité graduées à volonté, usure trois fois moins rapide que celle du bronze ordinaire, cas d'échauffement moins fréquents, consommation d'huile moins grande pour le graissage et économie considérable dans les frais d’entretien des machines, puisqu’une seule pièce en bronze phosphoreux remplace par sa durée trois pièces identiques en bronze ordinaire, et coûte seulement un tiers en plus.
- Nous diviserons cette étude en trois parties: 1° pro-cédés de fabrication ; 2° description de l'usine ; 3° classification des produits livrés à l’industrie par M. Guillemin.
- PROCÉDÉS DE FABRICATION. — Jusqu’à présent, nous avons montré la supériorité du bronze phosphoreux sur le bronze ordinaire, nous avons affirmé de plus les avantages du bronze Guillemin sur le bronze phosphoreux
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- d’autre provenance ; l’étude sommaire des procédés de fabrication le démontrera.
- Le système employé par MM. de Ruolz et Fontenay consistait à introduire le phosphore dans l’alliage à l’état de phosphure de cuivre. Pour préparer le phosphure de cuivre dans des creusets en plombagine disposés dans des fours à cémenter, on plaçait de la tournure de cuivre et de la pâte à phosphore ou du phosphate acide sirupeux mélangé avec un cinquième de son poids de charbon. A la température du rouge sombre, lé phosphate acide était réduit par le charbon et le résultat était du phosphure de cuivre contenant environ 9 0/0 de phosphore. Ce procédé long et coûteux exige l’emploi de fours spéciaux marchant jour et nuit à une température déterminée : chaque creuset produit en vingt-quatre heures dix kilogrammes seulement
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- de phosphure de cuivre contenant environ 9 0/0 de phosphore, et dont le prix de revient est au moins de cinq francs le kilogramme. D'autres fondeurs ont essayé d’introduire directement du phosphore à l’état libre dans le bronze fondu, mais cette opération donne lieu à des explosions dangereuses.
- M. Lavrow recouvrait les bâtons de phosphore d’une couche de cuivre déposée par la galvanoplastie ; mais ce moyen n’est pas sans danger. A Toula, en mai 1878, un bâton de phosphore, percé d’orifices pour permettre le dégagement des vapeurs phosphoreuses et chauffé assez légèrement n’en a pas moins éclaté et un grain de phosphore^ enflammé a brûlé à l’œil un des expérimentateurs. On a dû renoncer à employer le phosphore incorporé à l’état libre, même le phosphore amorphe dont le maniement n’est pas absolument exempt de dangers et qui, en grande partie, brûle sans effet utile à la surface du métal fondu.
- On a proposé aussi les phosphures d’étain. On prépare
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- deux sortes de ces combinaisons, l’une contient 2 à 3 0/0 de phosphore et l’autre 5 0/0. Au-delà de 5 0/0, le phos-phure d’étain n’est pas stable et peut donner lieu à des
- inflammations spontanées, même à froid. Ces produits
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- sont coûteux et difficiles à obtenir. Enfin, il résulte d’expériences nombreuses que les phosphures de cuivre ou d’étain ne donnent pas des bronzes phosphoreux parfaitement homogènes. Le phosphure de cuivre s’allie mal à l’étain, et, d’un autre côté, le. phosphure d’étain se combine difficilement avec le cuivre pur ; ces observations ont conduit M. Guillemin à fabriquer un phosphure complexe et défini de cuivre et d’étain, appelé phosphure
- de bronze ou métal chimique. Ce métal chimique contient jusqu’à 15 0/0 de phosphore à l’état libre qu’il est facile de
- séparer à l’aide des procédés chimiques ordinaires. Ce métal chimique est nécessairement pur, puisqu’il est obtenu directement. Dès lors, rien de plus facile que de préparer un bronze phosphoreux contenant la quantité de phosphore reconnue nécessaire pour l’emploi auquel il est destiné. Il suffit d’allier dans des proportions déterminées le métal chimique à l’alliage ; la proportion nécessaire a été fixée par l’expérience, et M. Guillemin a pu facilement établir une classification de ses bronzes phosphoreux suivant les besoins de l’industrie. À-t-on besoin de bronze extra dur, par exemple, pour frottement rotatif sur acier trempé, pour bagues, douilles, lentilles, l’expérience a démontré que c’était le bronze phosphoreux classifié Pho2, qu’il fallait employer. Le bronze Pho2 correspond à une quantité déterminée de phosphore. 11 n’y a donc plus qu’à allier le métal chimique à l’alliage dans les proportions voulues. Un industriel commande-t-il un métal dur pour frottement rectiligne (tiroirs, guides, glissières, segments de pistons), il faut employer l’alliage classifié Pho8; ouvrez
- un registre, vous trouverez la proportion de phosphore
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- nécessaire pour constituer le métal PhoS; prenez une balance, pesez la quantité de métal chimique nécessaire, mêlez ce métal au poids d’alliage formant la charge du creuset, opérez la fusion et versez dans le moule, vous
- obtiendrez suivant la forme et la forme seule donnée au dit moule, un tiroir, un guide, une glissière.
- Ajoutons que tous les alliages de bronzes phosphoreux sont préalablement fondus en lingots et que chaque fonte de cent kilogrammes est analysée avant d’être poinçonnée et emma gasinée. Ces lingots sont ensuite refondus et versés dans les moules; de cette façon, le consommateur
- est absolument certain d’avoir toujours exactement la même qualité de bronze phosphoreux.
- DESCRIPTION DE L’USINE. — A droite, en entrant dans la cour, un corps de logis où sont réunis les services administratifs ; au rez-de-chaussée, la comptabilité, les écritures et les centralisations des commandes, les demandes d’envoi de matière première, les avis d’expéditions et tous les services accessoires qu’entraîne une grande exploitation. Au premier étage, le cabinet de M. Guillemin, réuni par le téléphone aux grands établissements de Paris; à côté du cabinet, le laboratoire. C’est là que se font les dosages, les essais; c’est là que sont fixées les quantités de métal chimique nécessaire pour faire face à un besoin industriel déterminé. La pensée réside dans le laboratoire, l’action se fait plus loin dans l’usine elle-même. La commande, une fois arrivée, est classée ; le métal voulu est déterminé, l’exécution de la pièce ne se fait pas attendre. Afin de permettre au lecteur de suivre toutes les opérations, rappelons en quelques mots les procédés généraux de l’industrie du fondeur.
- 1° Fusion du métal. — Suivant le métal, la fusion s’opère
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- dans des fours ordinaires, des fours à réverbère, etc., à proprement parler, autant de métaux différents, autant de modèles de fours. Il en est de même pour le combustible. Le choix est déterminé suivant les besoins, en se réglant principalement sur le point fusion et sur l’économie.
- 2° Fabrication du moule. — Le moule est fait en sable humide et mélangé à une autre matière qui sert à lui donner du liant, tantôt du poussier de charbon, tantôt du crottin de cheval, etc. Le sable est tassé dans deux châssis, l’un est le châssis mâle, l’autre le châssis femelle. Ces deux châssis sont superposés et leur ensemble constitue le moule. La fabrication est différente, suivant que l’on doit fabriquer une pièce pleine ou une pièce creuse. Dans le dernier cas, on introduit dans le moule un noyau dont la forme est exactement celle de la partie creuse de la pièce. Ces ndyaux sont faits en terre très argileuse ; avant d’être utilisés, ils sont recuits dans le charbon, généralement pendant toute la nuit. Avant le moulage, on procède au séchage du moule dans une étuve. Les deux parties, châssis mâle et châssis femelle, sont séchées séparément.
- 3° Coulage. — Les creusets contenant le métal en fusion sont pris dans les fours à l’aide de pinces et le bronze est versé dans les moules par les trous de coulée ;
- 4° Démoulage ;
- 5° Usinage et façonnage de la pièce moulée à Vaide de machines-outils. Daqs l’usine de M. Guillemin, ces différents services sont groupés dans le même atelier, dont les gravures ci-jointes permettent de se faire une idée.
- Nous en sommes restés plus haut au point suivant de la fabrication : un dosage particulier a été reconnu nécessaire, la forme du moule ainsi que celle du noyau ont été étudiées ; on a déterminé quel serait l’usinage à faire subir à la pièce, lorsqu’une fois elle serait moulée. Toutes ces
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- indications sont centralisées d’après les renseignements du directeur, et écrites sur une feuille de papier qui est dirigée des bâtiments administratifs sur l’usine elle-même. Dans un petit appentis (fig. 2), placé à l’entrée de l’atelier, les différents chefs de service viennent en prendre connaissance, afin de pouvoir diriger le travail. Ceux-ci se divisent en fondeurs, mouleurs, noyauteurs, racheveurs, etc. Chacun commande une brigade d’ouvriers. Sur le côté droit du rectangle qui forme l’atelieiv-sont disposés les fours. Ceux-ci sont de deux sortes. A l’extrémité de l’atelier on remarque les fours principaux, vastes orifices à fleur de sol dont chacun peut donner la chauffe à un creuset dé plombagine d’une contenance dé 150 kilogrammes. Ils reçoivent le vent d’un ventilateur actionné par une machine à vapeur. L’air insufflé passe dans des tuyaux en fonte disposés sous le sol de l’atelier et arrivent aux fours. Un robinet règle cette prise d’air que l’on peut augmenter ou diminuer à volonté. Une autre batterie de fours surmontée d’une hotte, peut contenir six creusets de 45 kilogrammes. Lorsque le métal est en fusion, les creusets sont retirés du four et le métal liquide est versé dans les moules. Un chariot roulant muni d’un monte-charge est disposé sur une traverse à rails, soutenue par des colonnes en fonte (fig. 1). On enlève du four, soit à bras, soit au moyen de la grue, les creusets de 150 kilogrammes et les ouvriers n’ont plus qu’à les guider afin de verser dans les moules le métal en fusion. La figure 1 représente cette partie de la fabrication : c’est, en effet, la partie la plus saisissante, pour ainsi dire, la plus pittoresque. 11 n’est personne qui n’ait été frappé par le spectacle grandiose de la coulée du métal en fusion. Lorsqu’il s’agit du bronze phosphoreux, l’effet produit est plus grand encore, tandis que le bronze ordinaire présente un bain métallique rouge blanc et mat, offrant à l’œil une
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- surface tranquille, au contraire, l’alliage dans lequel on a introduit du phosphore, est d’un éclat éblouissant, et il se produit à la surface un mouvement giratoire particulier, ayant pour centre l’axe du creuset et qu’on ne peut confondre avec un autre phénomène; un fondeur qui l’a observé une fois ne saurait s’y tromper, quelle que soit la proportion de phosphore contenue dans les alliages. Les creusets du poids de 45 kilogrammes sont maniés à bras d’hommes, sans l’intermédiaire du chariot roulant.
- Dans le même atelier sont fabriqués les moules ; pour les petites pièces, les moules sont disposés dans une presse comme cela se pratique ordinairement. Les grosses pièces sont coulées isolément. Les opérations du triturage, du mouillage du sable et du séchage se font d’après les procédés ordinaires. Un seul procédé est particulier à l’industrie du bronze phosphoreux. Ce dernier doit à la présence du phosphore une fluidité particulière qui aurait l’inconvénient de permettre au métal en fusion de s’imbiber dans le sable du moule. Il faut enduire ce dernier d’une couche préservatrice. M. Guillemin a trouvé une substance, mélange de plombagine et de mélasse, qu’il faut délayer dans l’eau. Il suffit d’enduire le moule de ce produit pour lui donner une imperméabilité absolue.
- Lorsque la pièce est fondue, elle est démoulée et passe à l’usinage, s’il y a lieu. Pour cela, dans un local particulier attenant au grand atelier, sont disposés des machines-outils, se composant principalement de tours, machines à fraiser, etc. Gn donne le dernier fini à la pièce qui passe ensuite à la réception, puis finalement à l’emballage.
- CLASSIFICATION DES PRODUITS LIVRÉS A L’INDUSTRIE. — Les produits livrés à l’industrie peuvent se diviser en trois classes principales :
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- 1° Bronzes phosphoreux durs, pour le frottement.
- 2° Bronzes phosphorés tenaces, pour les efforts de traction, de flexion et de torsion.
- 3° Bronzes phosphoriques, peu attaquables aux acides.
- Enfin, il se fabrique depuis peu une autre qualité de bronze, dit métal Borna, et deux autres variétés : phosphor métal marine et phosphor antifriction.
- 1° Bronzes phosphoreux. — La qualité dominante de ces bronzes est la dureté. Toutefois,ne faudrait pas croire que ces bronzes, plus durables que les bronzes ordinaires, soient extrêmement durs et par suite difficiles à travailler. Ces alliages ne sont pas beaucoup plus durs que les bronzes au titre ordinaire ; mais ils ont plus de corps et se comportent à l'outil comme le fer et l'acier doux.
- Dans ces bronzes phosphoreux ainsi que dans les bronzes phosphorés qui forment la deuxième classe, la qualité varie suivant la proportion de cuivre, d’étain, de zinc et de phosphore. M. Guiliemin a établi pour le commerce les qualifications suivantes :
- Pho 2. Extra dur pour frottement rotatif sur acier trempé, — Bagues, douilles, grains, lentilles.
- Pho 4. Très dur pour frottement rotatif sur acier doux, — Coussinets, bagues, excentriques.
- Pho 6. Dur pour frottement rotatif sur fer ou fonte, — Coussinets de laminoir et robinets.
- Pho 7. Dur pour boîtes à graisse, — Coussinets de voitures, tramways, wagons.
- Pho 8. Dur pour frottement rectiligne.— Tiroirs, guides, glissières, segments de pistons.
- En général, les pièces de frottement, telles que coussinets de machines, fabriquées avec ces bronzes durent trois fois plus longtemps que les mêmes pièces en bronze ordinaire, sans donner lieu aux accidents d’échauffement et de grippement si fréquents avec les autres métaux. Les
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- tiroirs de locomotives effectuent des parcours de plus de quatre cent mille kilomètres sans perdre par l’usure plus de 9 millimètres de leur épaisseur, les glaces des cylindres restant intactes.
- Les coussinets et pignons de laminoirs en bronze phosphoreux ont une résistance et une durée exceptionnelle. Pour la plupart des emplois, le Pho 4 produit des coussinets inusables. Les robinets pour eau et pour vapeur, fabriqués en bronze phosphoreux Guillemin, rendent également les meilleurs services et cela se comprend, car le bronze ordinaire est sujet à se gripper et se laisse attaquer par la plupart des liquides. Ces inconvénients ne sont pas à craindre avec le bronze phosphoreux, qui assure au robinet une durée indéfinie.
- 2° Bronzes phosphorés. — Ceux-ci présentent une ténacité toute particulière. Les bronzes phosphorés coulés en satble offrent à la rupture une résistance de 30 kilog. par millimètre carré avec un allongement moyen de 5 0/0.
- Le refroidissement brusque obtenu par le moulage en coquille porte cette résistance à 45 kilog. et le laminage l’élève jusqu’à 75 kilog.
- Du fil de 1/10 de millimètre bien écroui par son passage à la filière ne se rompt que sous la charge qui provoquerait la rupture du meilleur acier : 113 kilog.
- Le recuit réduit de moitié cette ténacité, mais rend le métal aussi ductile, aussi malléable que le cuivre rouge.
- Cette qualité de bronze comporte les qualifications suivantes :
- Pho 90. Ténace et résistant. — Ecrous, pignons, boîtes d’essieux, d’arbres coudés, bielles, pistons et tiges.
- Pho 1. Compacte, étanche. — Appareils hydrauliques, corps de pompes, plongeurs, soupapes.
- Pho 5. Dur et ténace — Outils de poudrerie et de mines.
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- Pho 95. Réfractaire et ténace. — Tuyères à vent et à laitiers.
- Pho 98. Ténace et malléable. — Planches, tubes, fils.
- Pièces de machines. — En variant les dosages, on donne au bronze phosphoré tous les degrés voulus de dureté, de ténacité, de ductibilité et de malléabilité qu’on ne pourrait réaliser avec un autre métal. La texture fibreuse du métal n’est altérée ni par les chocs, ni par les trépidations prolongées ; aussi est-il admirablement propre à la fabrication de pignons et écrous de laminoirs, de boîtes d’essieux de locomotives, des hélices, etc.
- 11 remplace le fer forgé pour la fabrication des pièces compliquées, telles que bielles, crosses, coulisses, arbres, coudés. Les pièces peuvent être employées brutes de fonderie, coûtent moins cher, et, même hors de service, conservent une valeur intrinsèque.
- 11 s’applique bien à la fabrication des outils de pour drerie, il est aussi dur et aussi rigide que l’acier et a l’avantage de ne pas donner d’étincelles par le choc.
- Il est homogène, compacte, exempt de porosités. Gomme tel, il peut résister aux plus fortes pressions hydrauliques. Des expériences comparatives ont été faites dans les arsenaux de l’Etat sur des cylindres en bronze ordinaire et en bronze phosphoré ; elles ont été concluantes et ont prouvé que ces derniers résistaient à des pressions doubles de celles que supportaient les premiers, sans qu’il se manifestât le moindre suintement.
- Les tuyères fabriquées en bronze phosphoré ont donné de bons résultats.
- Enfin, on obtient par le laminage et l’étirage , des planches, des tubes et des fils qui présentent la même résistance que l’acier et sont presque inoxydables.
- La conductibilité des fils téléphoniques obtenus à l’aide du bronze phosphoré, a été déterminée par l’administra-
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- tion, elle est double de celle des fils de fer galvanisé en usage dans les lignes télégraphiques.
- 3° Bronzes phosphoriques. — Ce dernier contient une certaine proportion de plomb et d’antimoine. 11 s’obtient à l’aide d’un procédé mécanique. L’alliage doit être battu pour être parfaitement homogène. A l’usine Guillemin, on laisse tomber l’alliage d’un creuset dans un autre, d’une hauteur de deux à trois mètres. Ce métal n’est, pour ainsi dire, attaqué par aucun corps et résiste à l’acide sulfurique, même dilué et bouillant. Il permet de supprimer les robinets en grès dont les ruptures fréquentes pourraient occasionner des projections très dangereuses pour la vie des ouvriers.
- 4° Métal roma. — Ce nouveau bronze, dans la composition duquel entre du nickel, présente la précieuse propriété de pouvoir être forgé à chaud comme l’acier. 11 est aussi résistant que le meilleur fer et ne s’oxyde pas à l’air ou à l’eau. .
- Il convient donc admirablement à la fabrication des boulons, des goujons de pompes, là où l’on doit renoncer au fer ou à l’acier, qui sont rapidement mis hors de service par la rouille.
- Le métal roma forgé, donne aussi d’excellentes tiges de pompes de pistons et de tiroirs.
- Nous ne terminerons pas cette étude sans faire observer que l’emploi des bronzes phosphoreux Guillemin est déjà répandu dans le monde entier.
- L’usine que nous avons décrite peut fabriquer cinq mille kilogrammes par jour, et, par suite des circonstances que nous avons indiquées, M. Guillemin a conservé le monopole, en France, de la fabrication complète des bronzes phosphoreux, dont ils a poursuivi l’étude pendant quinze ans.
- Imp. Ch. Msbéchal et J. MoirroaibR, 16) cour des Petites-Écuries, Paris.
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- USINE DU
- A LEVALLOIS-PERRET
- (Seine)
- FABRICATION DES SAVONS DE TOILETTE
- L’emploi des savons de toilette est d’un usage très ancien. Les Romains en faisaient une consommation très importante, comme en témoignent les vestiges (l’une savonnerie trouvée dans les ruines de Pompeï.
- Le savon, ainsi que tout le monde le sait, est une com^ binaison de matières grasses et alcalines, destinée à produire une émulsion détersive, tout en évitant l’action caustique des alcalis.
- Le savon employé par les Romains était une bouillie de matières grasses mélangée avec des lessives de cendres végétales. Ce ne fut que plus tard que l’emploi de l’huile d’olive combinée avec une lessive de soude permit d’obtenir un savon d’une consistance homogène, auquel une addition de parfums donna une odeur agréable.
- Cependant, le savon resta longtemps un objet de luxe, et ce n’est qu’au douzième siècle que la fabrication du savon s’établit en France, à Marseille. Cette introduction est probablement due aux Espagnols chez lesquels, à une
- Nouv. Séné.—S!7« Liv.
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- époque précédente, on constate l’existence de plusieurs
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- savonneries. Quoi qu’il en soit, ce fut à Marseille que cette fabrication se développa plus particulièrement. Pendant longtemps, la potasse fut le seul alcali d’un usage géné-
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- ral et l’emploi des soudes végétales ne se répandit que plus tard. C’est à Nicolas Leblanc qu’on doit la fabrication
- des soudes artificielles qui repose sur les principes sui-
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- vants : transformation du sel marin (chlorure de sodium) en sulfate de soude par l’action de l’acide sulfurique; puis transformation, sous l’action de la craie et du charbon, du sulfate en carbonate de soude. Cette fabrication se développa sur une vaste échelle aux environs de Marseille; aussi l’industrie du savon acquit-elle dans cette ville une importance capitale, grâce à la grande production d’huile d’olives de la Provence.
- La saponification est basée sur l’action des solutions
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- caustiques de potasse et de soude sur les matières grasses telles que les graisses et les huiles qui, dans cette opération, se dédoublent en glycérine soluble dans la liqueur alcaline et en acides gras dont la combinaison se fait avec la base.
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- La fabrication du savon de toilette a atteint, en France, un complet perfectionnement. L’importante usine du Cosmydor, à Levallois-Perret, d’une installation récente, possède un matériel perfectionné qui nous servira de type pour faire connaître les diverses opérations de cette industrie.
- Occupons-nous d’abord des matières premières employées à la fabrication des savons de toilette.
- Les matières grasses dont on fait usage à l’usine du Cosmydor sont le suif et l’huile de coco qui forment la base organique des savons de toilette de toutes nuances. Les suifs employés sont des suifs d’Amérique de première qualité. Quant à l’alcali) les seuls sels de soude sont em-
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- USINE DU COSMYDOR
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- ployés.En ce qui concerne les parfums incorporés, ils sont des mieux choisis et des plus variés, et leur manipulation constitue une des branches les plus délicates de cette industrie. Hâtons-nous néanmoins de dire que la fabrique de Levallois n’est pas un laboratoire de parfumerie, mais une usine où la saponification se fait sous la direction d’habiles chimistes, dans les meilleures conditions possibles.
- Les matières grasses peuvent être traitées par le procédé dit à la grande chaudière, qui donne les meilleurs
- produits, et par le procédé dit à la petite chaudière, à
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- froid, qui donne des résultats plus économiques et plus rapides. Ces deux procédés sont appliqués dans l’usine du Cosmydor suivant la qualité dés savons demandés.
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- La première méthode permet d’obtenir des savons lavés non lessivés d’une aussi grande pureté qu’un sel cristallisé.
- Dans la seconde méthode, le corps gras et l’alcali sont ajoutés successivement et le produit obtenu sans séparation de glycérine et des impuretés des matières premières est livré immédiatement à la consommation.
- *
- Occupons-nous d’abord du procédé à la grande chaudière. Cette opération comprend la préparation des lessives et la saponification qui se divise en six opérations distinctes :
- 1° Fonte des corps gras ;
- 2° Epuration des graisses;
- 3° Empâtage des matières grasses ;
- 4° Relargage;
- 5° Coction;
- 6° Liquidation.
- L’atelier de la savonnerie, dans l’usine du Cosmyjpf, comprend trois grandes cuves qu’on peut chauffer Jgrfeu nu au moyen des foyers situés au sous-sol. Ces chaJUères
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- tronconiques sont maçonnées et revêtues de tôle; le diamètre inférieur est de lm50, le diamètre supérieur de3m25 et leur hauteur de 3m50; elles présentent un relief de 1 mètre au-dessus du sol de l'atelier.
- Dans l’une d’elles se fait la préparation des lessives de soude, dans les autres se fait la saponification proprement dite. Au moyen d’une pompe on peut extraire de ces chaudières les lessives usées qui sont envoyées dans des réservoirs situés à proximité.
- Les lessives sont préparées directement dans une cuvé en faisant dissoudre de la soude caustique qui est placée dans des récipients à claire-voie.
- 1° La fonte des corps gras s’opère à feu doux. Le suif extrait des barils est placé dans une cuve, ainsi que l’huile de coco.
- 2° Epuration des graisses. — On verse dans les chaudières de l’eau que l’on porte à l’ébullition de manière à opérer un lavage complet des corps gras.
- 3° Empâtage. — L’empâtage constitue le premier degré d’union des matières grasses avec la lessive; il se forme une émulsion qui, contenant les matières grasses dans un grand état de division, favorise la formation du savon.
- On verse la lessive de soude faible et on fait bouillir la masse pendant quelques heures en brassant continuellement le mélange, on verse ensuite une lessive plus forte; après une ébullition de plusieurs heures, la pâte devient dense.
- L’empâtage demande une grande attention et des soins minutieux. Quand la pâte est devenue dense et bien liée, on arrête le feu et on opère le relargage.
- 4° Relargage. —Cette opération consiste à verser dans les chaudières des lessives plus concentrées que l’on projette par petites quantités en brassant continuellement. Le savon se transforme peu à peu en grumeaux et se rassemble
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- à la surface de la cuve; la liqueur qui s’en sépare tombeau fond, on la fait écouler. La pâte privée de l’excès de lessive
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- faible est prête pour la coction.
- 5° Coction.— La coction a pour but de compléter la combinaison des matières grasses avec l’alcali, tout en augmentant le poids et la consistance du savon, au moyen de plusieurs services de lessives, que l’on remplace à diverses
- reprises après avoir porté à l’ébullition la masse pendant
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- plusieurs heures.
- Après avoir enlevé les lessives usées, on verse dans la chaudière une première lessive à 20° Baumé et on porte à l’ébullition pendant environ dix heures. On enlève le feu et, après un repos suffisant, on épure. On fait le second service, qui est généralement le dernier, avec une lessive neuve à 25 degrés. Les lessives qui ont servi à la cuite sont désignées sous le nom de lessives de recuit et servent pour le relargage.
- Après cette coction, les grains de savon, pressés chauds entre les doigts, s’écaillent et la lessive amenée à la surface par l’ébullition est caustique et alcaline. On fait reposer la liqueur et après avoir fait écouler la lessive on . procède à la liquidation.
- 6° Liquidation. — Pour arriver à épurer le savon, on verse dans la chaudière des recuits à 10 degrés et on chauffe en agitant fortement. On arrive ainsi à enlever au savon l’excès de soude. 11 faut ensuite laisser reposer et épurer. On complète l’épuration par des lessives à 5 ou 6 degrés et on chauffe doucement en agitant continuellement. La pâte devient fluide et les parties colorées tombent au fond de la chaudière. On termine en aj outant des lessives à 2 degrés et même de l’eau pure. L’opération est achevée quand le liquide, ramené du fond, possède une coloration grise. On laisse alors reposer en couvrant la chaudière pendant une journée, on écume et on verse le
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- savon dans des yases en fer. Le contenu de ces vases est ensuite versé dans les mises. L’ensemble de ces opérations dure huit jours dans l’usine du Cosmydor. Les mises sont des caisses de forme quadrangulaire, en bois, dont on peut séparer les côtés de manière à enlever les blocs de savon.
- L’usine du Cosmydor fabrique aussi des savons résineux
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- que l’on peut livrer à la consommation à très bon marché. On ajoute à la matière grasse déjà colophane pulvérisée.
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- Le relargage est inutile, mais il faut brasser énergiquement et faire bouillir à un feu doux et modéré.
- Arrivons maintenant à la fabrication mécanique des savons de toilette et faisons connaître les opérations qu’il
- faut faire subir au savon depuis le coulage dans les mises
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- jusqu’à l’empaquetage.
- Les opérations pour les savons fabriqués en chaudière sont les suivantes :
- 1° Réduction en copeaux et séchage;
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- 2° Mélange des parfums et des couleurs;
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- 3° Broyage;
- 4e Pelotage;
- 5° Moulage; '
- 6° Empaquetage.
- Ces diverses opérations se font* à froid, ce qui empêche, grâce à un ingénieux système de machines, la volatilisation des parfums incorporés. L’usine du Cosmydor possède le matériel le plus perfectionné qui nous servira de guide dans la description des machines employées aujourd’hui dans la savonnerie.
- Les blocs de savon refroidis sont retirés des mises et, après leur complète solidification, sont découpés en pains au moyen d’un fil de fer. On opère le séchage complet à la température ambiante dans une chambre spéciale située entre l’atelier de savonnerie et l’atelier des machines. Réduction eût copeaux. — 11 faut diviser le savon en
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- copeaux très minces qui sont ensuite séchés puis broyés après l’incorporation des parfums et des couleurs. Ce découpage se fait au moyen de rabots à vapeur auxquels la matière est fournie à l’aide d’une trémie.
- Mélange des Parfums et des Couleurs. — Les copeaux sont desséchés dans une pièce spéciale sur des clayons, l’usine du Cosmydor en possède 500; le séchage se fait par aération et doit être prolongé. On verse sur les copeaux les essences, et, pour colorer, on y délaye les matières colorantes dans une grande caisse en bois, puis on procède alors au broyage.
- Broyage. — Cette opération est exécutée dans l’atelier des machines au moyen de broyeuses à vapeur à trois cylindres de M. Beyer.
- On charge une trémie inférieure avec des copeaux. de savon, auxquels l’essence et la couleur ont été incorporés. Le savon i broyé successivement par les cylindres retombe
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- dans un récipient inférieur.
- Cette machine permet de réaliser une grande économie
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- dans la main-d’œuvre grâce à un facile fonctionnement qui nécessite à peine la surveillance d’un ouvrier.
- Pelotage. — Cette opération se fait au moyen de pelo-teuses mécaniques dues à M. Beyer dans lesquelles on supprime le pétrissage fait autrefois à la main.
- La pâte broyée est introduite dans un cylindre en fonte; un pilon à vapeur la comprime et la refoule dans une filière dont elle épouse la forme; ensuite, elle est découpée par la machine en morceaux uniformes ayant la plasticité voulue.
- Moulage. — Cette opération se fait dans une pièce spéciale au moyen de presses à vis à main; le pain de savon est pressé dans une matrice où il prend la forme voulue • et en même temps on imprime le nom de la fabrique et
- -les divers dessins que doit porter le savon.
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- Empaquetage. — Le savon est alors enveloppé puis
- placé dans des boîtes en carton recouvertes d’étiquettes.
- Cette opération est faite avec les plus grands soins et avec
- le plus grand goût. Des femmes sont chargées de ce service.
- L’atelier des machines comprend une belle machine à
- vapeur horizontale de la force de trente chevaux., disposée
- de manière à pouvoir être ultérieurement jumelée avec
- une deuxième machine identique. La machine, du type
- Corliss, a été construite dans les ateliers de la maison
- Le Gavrian, à Lille, elle marche très régulièrement.
- Arrivons maintenant à la fabrication des savons de
- toilette à froid par le procédé de la petite chaudière.
- Cette fabrication est parfaitement exécutée dans l’usine
- du Cosmydor. Elle est faite clans un sous-sol et donne des
- produits très recherchés et livrés dans des conditions fort
- économiques. On emploie des matières grasses cle première
- qualité, suif et huile de coco, parfaitement pures. Ces
- savons possèdent une odeur des plus agréables.
- L’atelier comprend deux chaudières à double fond dans
- lesquelles on fait fondre, par la vapeur, le suif d’origine
- française de première qualité et l’huile de coco. A côté se
- trouvent des réservoirs contenant la lessive.
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- On verse dans des bassines les corps gras et les lessives
- et l’on brasse après avoir introduit les essences parfumées; l’opération dure une heure.
- La saponification peut être considérée comme terminée
- quand la masse devient visqueuse. La pâte est alors coulée
- dans des mises que l’on ferme à l’aide d’un couvercle,
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- afin d’obtenir l’homogénéité par un refroidissement Lent et régulier.
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- Cette opération, exécutée avec les plus grands soins dans l’usine du Cosmydor, fournit d’excellents produits, dont le débouché est très facile et très considérable, vu le prix minime du savon.
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- L’usine du Cosmydor vient de commencer la fabrication des savons de glycérine et les produits obtenus sont de la meilleure qualité.
- Dans cet établissement on prépare aussi une eau de toilette fort connue, l’eau du Cosmydor. Cette fabrication très importante n’a pu trouver place dans cette étude. Nous avons voulu nous borner à décrire les opérations de la savonnerie qui sont exécutées dans les meilleures conditions possibles avec un matériel récent dans une usine dont l’agencement est parfait.
- Les propriétaires de l’usine du Cosmydor avaient déjà, depuis longtemps, entrepris la fabrication des savons de toilette. L’excellence de leurs produits, justement appré-ciés, demandant un établissement beaucoup plus considérable, a nécessité la création de l’importante usine de Levallois qui, par des développements successifs arrivera à satisfaire aux demandes si nombreuses de la consommation.
- Nous terminerons cette étude par la description de cette usine type :
- Le visiteur, après avoir franchi la porte de l’usine, pénètre dans une vaste cour. A droite se trouve un bâtiment qui comprend les bureaux de l’administration; le téléphone met les directeurs en communication avec les clients et la maison de vente de Paris.
- Le pavillon qui fait suite à ce bâtiment renferme un magnifique escalier à double révolution qui conduit aux étages supérieurs. Devant ce pavillon se trouve un quai de chargement pour les voitures.
- A gauche se trouve l’usine proprement dite. Pénétrons d’abord dans l’immense salle où se trouve installée la machine motrice dont nous avons parlé et les machines opératrices : rabots, broyeuses, boudineuses, etc.
- A la suite se trouve un autre atelier qui est celui de la
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- Escalier conduisant aux magasins et ateliers
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- savonnerie proprement dite; il sert à la manipulation des graisses et contient les cuves, l’entrepôt de soude et des graisses. Une pièce voisine renferme la réserve des savons.
- De vastes sous-sols régnent sous toutes ces constructions : dans l’un sont disposés les foyers des cuves, dans d’autres les ateliers de manipulation des essences pour l’eau du Cosmydor et la fabrication de la petite chaudière.
- Les étages supérieurs comprennent de nombreuses salles où se fait l’empaquetage.
- Dans tous ces ateliers l’air et la lumière circulent facilement et les ouvriers y travaillent dans les meilleures conditions.
- Un ascenseur permet le transport facile des matières des sous-sols aux premiers.
- L’usine du Cosmydor emploie plus de 200,000 kilogrammes de suif, dont les trois quarts sont de provenance américaine. La consommation d’huile de coco atteint 100,000 kilogrammes.
- Cette usine peut livrer, dès maintenant, environ 300,000 kilogrammes de savon dont le prix moyen est de 200 francs les 100 kilos.
- Grâce à l’habile direction et à l’excellence des produits qui sortent de cette importante usine, le développement delà fabrication tend à augmenter chaque jour et à assurer à l’usine de Levallois une des premières places dans la savonnerie parisienne.
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- USQŒ BLARZT, FOUBE&C
- à Boulogne-sur-Mer
- FABRICATION DES PLUMES MÉTALLIQUES
- ET
- DES PORTE-PLUME, PORTE-MINE* ETC.
- La jolie vifle de Boulogne-sur-Mer, assise à l’embouchure de la Liane, n’est pas seulement une ville de plaisance. Sans parler de son port, le troisième de France par l’importance de ses transactions, elle est entourée d'usines dont les produits sont très appréciés sur nos marchés et sur ceux de l’étranger. Ses vastes établissements métallurgiques, les gisements de fer et de houille qu’on trouve dans son voisinage, lui assignent, au point de vue de l’industrie, une des premières places dans le département du Pas-de-Galais, si renommé pour la richesse de ses productions de toutes sortes.
- Parmi les fabriques qui ont attiré notre attention dans l’arrondissement de Boulogne, une des plus intéressantes est celle de MM. Blanzy, Poure et Cie, dont toute personne qui sait écrire ne peut aujourd’hui ignorer les noms. En quittant ia gare du chemin de fer, si l’on traverse le pont Marguet et qu’on longe les bassins, on aperçoit bientôt une usine qui se développe en amphithéâtre sur le ver-( sant méridional d’un coteau qui domine l’admiràble port 1 de Boulogne. C’est là que MM. Blanzy, Poure et Cie, ont
- Vfixé la fabrication des plumes métalliques, et l’on peut
- affirmer que leur établissement n’a aucun rival dans le
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- monde entier, sans en excepter l’Angleterre, qui fut pourtant le berceau de cette industrie.
- L’invention de la plume métallique est due à un mécanicien français, Arnoux, qui vivait au dix-huitième siècle, et dès 1750, fabriquait quelques plumes métalliques à titre de curiosité. Cette invention ne produisit pas de résultats immédiats ; elle se répandit cependant en Angleterre, où elle se propagea et amena, vers 1830, à Birmingham, la création d’une industrie très prospère. Chose curieuse, cette industrie n’existe en Angleterre que dans cette ville où se sont établies une dizaine de fabriques. En France, elle s’est localisée à Boulogne.
- La production dé l’usine de MM. Blanzy, Poure et Cie, dépasse celle des premières fabriques de l’Angleterre. Une moitié des produits satisfait à la consommation française et l’autre moitié trouve de nombreux débouchés dans tous les pays du globe.
- Lorsque les fondateurs de cette maison importèrent à Boulogne, en 1846, la fabrication des plumes métalliques, ils durent faire venir d’Angleterre le matériel nécessaire à cette installation. Le matériel fut très coûteux à cause des droits d’entrée excessifs qui existaient à cette époque; quant au personnel, la nécessité de faire venir en France des contremaîtres et ouvriers anglais spéciaux, dont les prétentions, au point de vue du salaire, étaient exorbitantes, amena de nombreuses difficultés dans l’installation de la fabrique de Boulogne. Quoi qu’il en soit, malgré la méfiance du consommateur habitué aux produits anglais, l’usine commençait, en 1848, à marcher dans de bonnes conditions, lorsque la révolution de février vint entraver ses efforts. Mais, grâce à l’énergie de MM, Blanzy-Poure, les produits fabriqués chez eux acquirent, dès le début, une telle supériorité, que les préjugés contre les plumes fabriquées à Boulogne ne tardèrent pas à disparaître, et
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- leur usine vit ouvrir à ses produits, non seulement le marché français, mais celui de l’Angleterre et de l’Amérique.
- Dès 1855, MM. Blanzy-Poure adjoignirent à la fabrication des plumes celle des porte-plume, et depuis, celle des porte-mine et des protège-pointe. Pour bien faire comprendre au lecteur l’importance de cet établissement, nous commencerons d’abord par l’initier à la fabrication de la plume métallique. Ce petit bout d’acier, qui lui est si familier, paraît bien simple à fabriquer, mais nous croyons que son étonnement sera grand, quand il connaîtra toutes les phases que la plume doit parcourir, avant de pouvoir l’aider à fixer sa pensée.
- Disons d’abord quelques mots des,matières premières employées. Les aciers arrivent d’Angleterre en feuilles laminées à chaud ayant environ un millimètre d’épaisseur; l’industrie française, malgré de nombreux essais, n’a pu arriver à fabriquer des aciers susceptibles d’un bon emploi, et c’est à Sheffield que les fabriques françaises comme les fabriques anglaises, doivent aller chercher l’acier dont elles ont besoin. La consommation d’acier annuelle, faite dans l’usine de MM. Blanzy-Poure, atteint environ deux cent mille kilogrammes.
- 1° Découpage des feuilles d’acier. — Les feuilles sont coupées en lames ayant la longueur et la largeur convenables. Cette opération se fait très simplement au moyen d’une cisailleuse à vapeur.
- 2° Recuit des lames découpées. — Après le découpage, il faut adoucir le métal qui est cassant, de manière à le rendre susceptible d’être travaillé facilement ; pour y arriver, on le fait recuire. Les lames sont placées l’une contre l’autre et fortement serrées dans des caisses métalliques que l’on introduit dans des fours, où elles subissent l’action d’une haute température, au moins pendant toute une journée, c’est-à-dire douze heures; il y aurait intérêt àpro-
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- longer cette opération, mais on doit la limiter à la durée du travail quotidien de l’ouvrier ; on abandonne les lames recuites à un lent refroidissement.
- 3° Dérochage des lames. — Après le recuit vient le dé-rochage des lames qui consiste en un décapage, sorte de nettoyage obtenu par un bain d’eau àeiduléa. :
- 4° Laminage. — Les lames doivent ensuite être laminées de manière à avoir l’épaisseur voulue qui est différente suivant chaque sorte de plume et qui varie de un dixième à quatre dixièmes de millimètre. Les lames reçues à la fabrique ont été déjà laminées à chaud et ont obtenu l’épaisseur minimum possible par un laminage à chaud, sans dénaturer l’acier; dans l’usine, on poursuit l’opération par un laminage à froid qui a déplus lavantage de ne pas permettre la formation d’une couche d’oxyde nuisible au travail ultérieur. Ce laminage est opéré, chez MM. Blanzv-Poure, au moyen de laminoirs puissants.
- 5° Découpage des plumes.—Les lames arrivent alors aux
- Lame découpée.
- ateliers où se fait la fabrication de la plume : les différentes opérations sont exécutées par des femmes sous la surveillance et sous le contrôle de contremaîtres spéciaux. 11 s’agit d’abord de découper dans la lame le morceau d’acier destiné à faire la plume. Gn emploie, pour exécuter le découpage, une presse à vis; cet outil est armé à sa partie supérieure d’un poinçon ayant la forme de la plume à découper et dont les bords sont tranchants. L’outil, au moyen d’un balancier, vient
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- frapper contre une petite matrice qui fait corps avec la base de l’appareil. L’ouvrière, assise devant la table sur laquelle est fixée la presse, fait glisser sur la matrice, entre ses doigs,
- les feuilles d’acier. Le découpage des plumes est extrêmement rapide. Une ouvrière ar-piume après le découpage. rive £ découper par jour près
- de cinquante mille plumes. Les plumes tombent dans des boîtes et les lames découpées sont mises à part et seront ensuite renvoyées en Angleterre pour être refondues.
- 6° Perçage. —11 s’agit maintenant de pratiquer dans la plume pleine et plate des ouvertures, de manière à lui donner de l’élasticité. Ce perçage se fait au moyen d’une presse
- analogue à la précédente; cette fois, l’outil est un petit décou-poir ayant la forme des trous plume après ie perçage. à pratiquer, forme très variable suivant les sortes nombreuses de plumes fabriquées dans l’usine. Ces trous, destinés principalement à arrêter la fente, servent en plus à donner l’élasticité à la plume et enfin à retenir l’encre.
- 7° Marque. — Chaque plume doit porter le nom Blanzy-Poure qui est appliquée par le moyen d’un mouton.
- 8° Estampage. — De plus, pour distinguer, les plumes, on les orne de certaines figu-
- Plumc après la marque et l’estampage. reSj portrâÜS OU emblèmes en
- relief ; cette opération se fait comme la précédente avec un mouton plus fort.
- 9° Recuit.—Ces diverses opérations ayant recroui l’acier, il faut le faire recuire pendant quelques heures, à cet effet, les plumes sont placées dans des caisses en fonte que l’on introduit dans les fours.
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- 10° Forme. — La plume plate subit ensuite l’opération qui lui donne la forme concave, qu’elle présente ordinai-
- rement, au moyen d’une presse à vis analogue à celles déjà employées. Dans celle-ci, l’enclume présente- en creux la
- Plume après la forme.
- forme à donner et le poinçon la forme en relief : la plume plate, par l’action de l’outil, se creuse et vient se mouler exactement avec une grande facilité dans la forme.
- 11° Trempe. — Les plumes fabriquées devant être élastiques et dures, il faut leur faire subir une trempe : à cet_ effet, on les place dans une boîte que l’on soumet pendant une heure dans un four à l’action du rouge cerise, et ensuite on les refroidit brusquement, en les trempant dans un bain d’huile, qui ne donne pas aux plumes une aussi grande dureté que le bain d’eau et surtout ne les déforme pas.
- 12° Recuit. — Cependant, si l’on s’arrêtait à ce point, l’acier serait trop cassant; on remédie à cet inconvénient par un léger recuit qui adoucit le métal. Cette opération consiste à chauffer doucement la plume dans une sorte d’appareil analogue à celui employé pour torréfier le café. Après cette opération, la plume n’est plus cassante.
- 13° Nettoyage et Rôtissage. —La plume, salie par la couche d’oxyde qui s’est formée dans l’opération précédente, doit subir un nettoyage obtenu facilement en la
- baignant dans un acide ; puis il faut la polir. Cette opération est exécutée avec le plus grand soin dans l’usine Blanzy-Poure.
- Plume après la trempe et le nettoyage.
- Le polissage se fait au moyen du frottement des plumes les unes contre les autres, ou de la plume contre le gravier; on remplace le gravier par la sciure de bois pour finir l’opération. Pour exécuter ce polissage, on se
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- sert dans l’usine de sasseurs mécaniques, auxquels on donne, soit un mouvement de rotation, soit un mouvement de translation ingénieusement obtenu chez MM. Blanzy-Poure. Dans ces appareils, il est impossible aux plumes de s’appliquer aux parois et elles ne peuvent échapper à l’action de frottement.
- 14° Aiguisage en long. — Cette opération est exécutée par des femmes. L’ouvrière saisit la queue de la plume avec une pince et présente la poiiïte~à une meule verticale animée d’un mouvement très vif de rotation, de manière à l’aiguiser suivant le sens delà longueur. Cette opération
- est très rapide. La meule est garnie de cuir et d’émeri.
- 15° Aiguisage en travers. — Les ouvrières exécutent
- Plume après l’aiguisage.
- cette opération dans les mêmes ateliers que l’aiguisage en long. Cette fois, la plume est tenue à la main par la queue et l’ouvrière présente en travers la pointe à la meule suivant une faible largeur.
- 16° Coloration. — Souvent les plumes présentent une coloration obtenue par une oxydation au feu et qui détermine, par exemple, un bronzage. On arrive, dans l’usine Blanzy-Poure, à obtenir le jaune bis, le bleu, le violet-gris et le noir au moyen de fours rotatifs chauffés par le gaz.
- 17ü Fente. — Il faut maintenant fendre la pièce depuis la pointe jusqu’au trou pratiqué dans le perçage. On fend la pointe au moyen de la presse à vis dont l’outil a été
- modifié; deux pièces d’acier à bords tranchants sont fixées, l’une à l’extrémité de la vis, l’autre sur la base de la presse;
- Plume après la fente.
- l’ouvrière place la plume sur la lame inférieure, de manière que l’une des moitiés repose sur cette lame et l’autre reste en dehors. La plume placée entre les bords de deux
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- lames tranchantes est coupée comme par une paire de ciseaux; la fente s’arrête au trou déjà pratiqué, et il ne se produit pas la moindre bavure capable d’empêcher les deux côtés de se rapprocher exactement.
- 18° Vernissage ou galvanisation, — Ces opérations ont pour but de prévenir l’oxydation des plumes. Le vernissage se fait en trempant les plumes dans un vernis; quant à la galvanisation, elle est pratiquée dans l’usine qui possède un atelier complet de galvanisation avec machines Gramme.
- 19° Triage. — La plume, complètement terminée au point de vue de sa fabrication, passe dans des ateliers où s’exécute le triage : opération ayant pour but de retirer toutes les plumes présentant une défectuosité quelconque. Ce travail est exécuté très rapidement grâce à la grande dextérité des ouvrières.
- 20° Emboîtage. — Enfin on procède à l’emboîtage. Les plumes triées sont pesées par une ouvrière, puis remises à une autre ouvrière placée à côté qui, d’un mouvement de main rapide, place toutes les plumes, dans le sens de leur longueur, dans une sorte de demi-cylindre, et de là, dans une boîte en carton.
- Chaque boîte contient une grosse, c’est-à-dire 144 plumes. Le prix net des plumes vendues varie entre 23 centimes et 7 fr. 80. L’usine fabrique annuellement deux millions de grosses de plumes de plus de 500 variétés. L’outillage permet même de dépasser ce chiffre déjà important. Pour loger toutes ces plumes, on fabrique dans l’usine environ deux millions et demi de boîtes en carton recouvertes d’étiquettes, et cette seule dépense en cartons, papiers, étiquettes atteint près de cinquante mille francs.
- PORTE-PLUME.
- Les espèces de porte-plume sont des plus nombreuses; on en compte 500 variétés : en acier, en cuivre, en
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- maillechort, en bois, etc. On fabrique même pour les écoles des porte-plume en tôle de fer et en bois, dont le prix est modique (un franc la grosse environ) ; ces porte-plume présentent de grands avantages comparativement aux porte-plume en cuivre vernis employés autrefois. Le métal de la pince est de fer et le manche est coloré par un oxyde de fer préparé dans l’usine et présentant toutes garanties d’innocuité possible; aussi le porte-plume peut-il être tenu sans danger -dans la bouche par les enfants. A côté de ces porte-plume si simples, l’usine en fabrique qui ont les formes les plus élégantes et dont les manches sont faits avec les bois des essences les plus rares.
- Gès achats de bois, tant indigènes qu’exotiques, s’élèvent chaque année à plus de 30,000 francs, et ceux de tôle de fer, de laiton et de maillechort au chiffre de 60,000 francs.
- L’outillage nécessaire à toutes les opérations est des plus complets et des plus perfectionnés.
- Le tube des porte-plume est embouti ou bien soudé, puis étiré; il faut ensuite le rogner et lui faire subir de minutieuses opérations.
- Quant aux manches en bois, pour les préparer, il faut débiter le bois; ce qui nécessite toute une installation spéciale dans l’usine : scies circulaires et à rubans, tours pour l’arrondissage; puis on les passe au vernissage, à la peinture, etc.
- Cette fabrication qui paraît si facile demande une grande attention ; nous allons passer en revue les opérations que doit subir le manche cylindrique le plus simple : sciage de l’arbre à la longueur voulue, et que l’on divise ensuite en quatre morceaux; débitage en planchettes, puis en règles carrées et transformation en baguettes cylindriques, qu’il faut ensuite couper à la longueur déterminée; arrondissage du bout; puis préparation de la portée sur laquelle s’emmanche le tube. Ensuite il faut frotter, encoller, passer à la filière et enfin vernir.
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- Quant à la pince, sa forme est très variable, et il faut lui faire subir souvent plus de trente opérations pour la préparer. MM. Blanzy-Poure fabriquent annuellement 420,000 grosses de porte-plume, représentant une valeur d’à peu près 400,000 francs.
- Disons quelques mots des autres produits fabriqués chez MM. Blanzy-Poure et Cie, les porte-mine et protëge-pointe.
- Le porte-mine le plus perfectionné qui s’y fabrique est le porte-mine aigle automatique : rien de plus simple et cependant rien de meilleur et de plus solide. Imaginez un tube avec un ressort; en le tenant vertical, la pointe en haut et pressant sur le bouton, la mine pénètre dans le tube et ne peut sortir, grâce à une pince. Yeut-on s’en servir? On le renverse, d’un doigt, on presse sur le bouton : la mine sort, et en cessant d’appuyer sur le bouton, la mine est arrêtée et pincée à la hauteur voulue. Ce porte-mine est 4e beaucoup supérieur à tout ce qui s’est fait jusqu’à présent et son succès a été des plus rapides.
- Enfin, on fabrique aussi à Boulogne l’étui protège-pointe avec gomme, déjà si répandu et si utile.
- Tous ces objets sont nickelés; ils sont fabriqués avec le plus grand soin et affirment la supériorité de rétablissement.
- L’outillage est très considérable. La production de la vapeur est assurée au moyen de six générateurs à vapeur de vingt-cinq à quarante chevaux chacun, et la force motrice est obtenue au moyen d’une machine à vapeur horizontale à volant du système Corliss de deux cent cinquante chevaux nominaux.
- Avant l’installation de cette belle machine, l’usine possédait sept moteurs à vapeur créés à des époques différentes ; trois d’entre eux peuvent encore servir à suppléer le moteur principal en cas d’arrêt et empêcher tout chômage.
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- La machine Corliss permet de réaliser une grande économie et d’obtenir une régularité presque parfaite et très utile pour la fabrication des plumes.
- Cette machine fait mouvoir douze trains de laminoirs, montés pour le laminage à froid; on lamine 200,000 kilos d’acier sans compter les tôles.
- Le matériel des machines-outils employées consiste en cisailleuses à main et à vapeur pour l’acier, la tôle, le cuivre, le maillechort;
- 120 presses à percer et à découper;
- 100 moutons à estamper de diverses grandeurs ;
- 125 presses pour le formage des plumes ;
- 75 presses pour fendre les plumes;
- 150 tours pour l’aiguisage des plumes en long ou en travers.
- L’usine possède un atelier complet de galvanisation avec machines Gramme; on y fait la dorure, le nickelage, etc.
- doublions pas un outillage considérable de sasseurs mécaniques pour le nettoyage et le polissage des plumes; les douze fours spéciaux, 6 pour la trempe et 6 pour le recuit et les appareils en fonte pour renfermer les plumes pendant ces opérations.
- Enfin, les machines spéciales à la fabrication de la plume, des porte-plume, etc., sont, sans exception, fabriquées et entretenues dans un atelier complet de construction et de réparation.
- Pour la fabrication des porte-plume, l’usine possède un nombreux outillage comprenant : plus de cent presses et machines à emboutir dont quelques-unes sont mues par la vapeur. Quatre bancs à étirer, également mus par la vapeur;
- Cinq machines à guillocher;
- Dix-sept machines a damasser ;
- Dix scies circulaires de diamètres différents ;
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- Une scie à rubans ;
- Un grand nombre de tours spéciaux pour l’arrondissage, le façonnage des manches et la confection des porte-plume en tôle de fer, en cuivre et en maillechort.
- L’usine-couvre une étendue de deux hectares; en dèhors des vastes cours et des hangars où sont conservés les bois, une série de bâtiments à plusieurs étages, construits au fur et à mesure de l’extension de cette usine, attestent l’importance de la fabrique; trois_grandes cheminées émergent de ces constructions.
- Tous les ateliers sont vastes, aérés et bien éclairés; partout régnent le silence et l’ordre.
- Le personnel employé comprend 700 femmes et 200 hommes, dont les salaires varient de 3 à 15 francs pour les hommes et de 1 à 5 francs pour les femmes ; le salaire moyen des ouvriers, y compris les apprentis, s’élève à 4fr. 40.
- En 1869, les directeurs ont créé entre les ouvriers une société de secours mutuels dont le fonctionnement est des plus satisfaisants.
- La production représente une valeur de 1,500,000 francs, pour les plumes et de près de 500,000 francs pour les autres produits de l’usine qui est une des plus belles et des plus curieuses de notre pays.
- Dans toutes les expositions, MM. Blanzy-Poure ont obtenu les plus hautes récompenses, dès 1849, à Paris, et successivement à Londres, Bruxelles, Bordeaux, Porto, Amsterdam, Lyon, Vienne (Autriche), Philadelphie, Com-piègne.
- En 1863, la croix de la Légion d’honneur et en 1873, celle de l’ordre de François-Joseph sont accordées aux éminents directeurs de la fabrique de‘Boulogne.
- Puis, en 1878, la médaille d’or à Paris;
- En 1880, le diplôme d’honneur à Bruxelles;
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- En 1882, à Bordeaux, MM. Blanzy-Poure sont nommés membres du jury;
- En 1883, ils obtiennent un diplôme d’honneur à Blois, et enfin, la médaille d’or à l’Exposition d’Amsterdam.
- Telle est cette maison de premier ordre à la description de laquelle nous n’avons pas donné tout le développement que nous aurions voulu, par suite du cadre restreint dont
- nous pouvions disposer. Nous espérons cependant que le' lecteur, après avoir parcouru cette monographie, se fera une juste idée~ de cet établissement, le plus grand du monde entier dans son genre. On ne saurait trop remercier MM. Blanzv, Poure et Cic, d’avoir doté la France d’une industrie aussi prospère et de nous avoir affranchis du tribut qu’il nous fallait, avant eux, payer à l’Angleterre. Le nombre considérable des ouvriers, l’importance du salaire annuel, la préférence accordée à la marque de MM. Blanzy, Poure et Cie, sur les meilleures marques anglaises, tout concourt pour assurer à l’usine de Boulogne une suprématie que personne d’ailleurs ne songe à lui contester. C’est un Français qui a inventé la plume métallique, et si l’idée de notre compatriote a d’abord été fécondée à Birmingham, nous pouvons dire qu’elle a fait retour à la France.
- Imp. Ch.UABicH4li & I.Uosio&UBi 16, cour des Petitoa-Ecuries. Fuis.
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- ETABLISSEMENT
- Alfred 6RATIEN
- à Beaulieu - lès - Saumur
- VINS DE
- Lors d’un récent voyage en Anjou, nous avions eu le plaisir de goûter les vins célèbres de cette contrée et en particulier les vins mousseux de Saumur, préparés suivant les procédés employés en Champagne pour obtenir ce vin si éminemment français et sans lequel il n’y a nulle part de fête complète. La grande ressemblance qui existe entre les vins provenant des crûs de la Champagne et ceux des coteaux de Saumur nous avait tellement frappé que nous désirions en parler à nos lecteurs. Le plaisir nous fut donné à Saumur de faire la connaissance de M. Gratien, dont la fabrique de vin de
- Champagne a acquis une si juste renommée. Il s’est mis
- Nouv. Série. — 319* Liv.
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- 2 GRANDES USINES
- fort obligeamment à notre disposition pour nous faire connaître les caves de Beaulieu ; nous avons profité de l’accueil courtois qu’il a bien voulu nous faire pour obtenir de lui les renseignements les plus complets sur son industrie et nous sommes heureux de les publier aujourd’hui.
- Les vins de Saumur comme ceux de la Champagne proviennent de cépages de Bourgogne : la culture de la vigne, sur les beaux coteaux de Saumur baignés par la Loire et que le phylloxéra a respectés jusqu’à présent, se fait dans des conditions bien plus économiques qu’en Champagne. Tandis que dans les environs d’Epernay l’hectare des meilleurs crûs se vend à un prix rarement inférieur à 10 ou 12,000 francs, et atteint le prix exorbitant de 40 et 50,000 francs, les vignobles les plus réputés des coteaux de Saumur valent 8,000 francs l’hectare en moyenne, ce prix est rarement dépassé. Quant aux frais d’entretien par hectare ils y sont très modiques et ne dépassent pas, engrais compris, 300 francs par an : en -Champagne les dépenses nécessitées par le travail de la terre et l’entretien en engrais et échalas pour un hectare de vigne, s’élèvent quelquefois à la somme annuelle de 2,500 francs.
- En général, on peut dire qu’à Saumur les dépenses de culture ne sont pas aussi considérables qu’en Champagne, et cependant les vignobles donnent des produits excellents : on y récolte également des raisins blancs et des raisins rouges; mais pour le vin de Champagne, les raisins rouges sont ceux qui conviennent le mieux.
- Le vin de Saumur est léger, présente une grande finesse et permet d’obtenir facilement un produit mousseux. Ces qualités sont donc éminemment propres à obtenir l’équivalence avec les vins de la Champagne et ont amené tout naturellement les Saumurois à fabriquer des vins qui commencent à faire une réelle concurrence aux produits des
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- meilleures maisons de Reims et d’Épernay. Cette concurrence ne peut qu’augmenter puisque les produits sont identiques et que le vin de Saumur se vend bien meilleur marché.
- M. Gratien est propriétaire d’un des meilleurs crûs, à Beaulieu, situé à deux kilomètres de Saumur, et achète aux vignerons qui l’environnent les vins les plus estimés de la contrée. Ces achats si considérables sont exécutés par lui sur des terres voisines dont il peut surveiller la culture en s’assurant ainsi des produits vendus par les propriétaires. Quoique les vins lui soient livrés en pièces il ne prend livraison que de ceux provenant de raisins qu’il a choisis sur pied, de manière à être certain d’obtenir un résultat uniforme dans sa fabrication. La cueillette et le pressurage sont exécutés sous sa surveillance.
- Les vignobles de Beaulieu sont tous situés à flanc de coteau et jamais aux pieds du coteau, ces terrains inférieurs souvent inondés par la Loire étant réservés à la culture maraîchère. Les vignes sont plantées à une profondeur de 60 centimètres et à des espacements qui ne dépassent pas un mètre. Le meilleur engrais est le fumier : la taille se fait en février et le fichage en terre des échalas qui soutiennent et protègent la vigne en avril et mai, puis viennent les sarclages et le liage, et enfnrla cueillette qui ne se fait qu’après maturité complète du raisin; le raisin noir est bon à être cueilli quand il présente cette belle couleur veloutée si caractéristique. On a soin de vendanger de très grand matin par la rosée, en choisissant les raisins les plus mûrs et les plus sains, et en rejetant avec soin les raisins gâtés, verts ou pourris et sans interrompre les travaux de la cueillette. Les raisins sont pressés et on laisse couler le jus pendant un quart d’heure seulement, de manière à empêcher la dissolution delà matière colorante du raisin noir. Le marc sorti du pressoir est pressé à nou-
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- veau et donne un vin rosé, qui sert de boisson aux ouvriers. Le moût obtenu après la première pression est incolore ; il renferme une grande quantité d’eau, de la glucose et une matière azotée qui constitue le ferment et d’autres
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- substances; mais le principe important est la matière sucrée. Le moût sortant du pressoir est recueilli dans des cuves où il séjourne vingt-quatre heures. Quand le vin a déposé il est soutiré dans des tonneaux qui sont remplis entièrement et la fermentation commence d’une manière tumultueuse : on a soin de remplir à nouveau et plusieurs fois le tonneau. On ajoute souvent 1/100 de co-gnac de manière à ralentir la fermentation et à développer le bouquet du vin. Après la période tumultueuse de la fermentation on remplit le tonneau que l’on ferme hermétiquement. Pour obtenir des vins mousseux il faut mettre le vin en bouteilles avant que la fermentation soit entièrement achevée. La mousse, comme on le sait, provient de la transformation de la matière sucrée en acide carbonique et en alcool : l’acide carbonique reste dissous et produit, quand on débouche la bouteille, l’explosion et le pétillement caractéristiques de ce vin.
- Chaque année, du milieu de septembre à la fin de novembre, les vins achetés par M. Gratien sont livrés et mis en cave à Beaulieu. Une fois rentrés, les vins sont analysés avec soin; après avoir subi les premiers froids de l’hiver, la fermentation se trouvant suspendue ils s’éclaircissent et l’on peut alors procéder au soutirage. Les vins sont classés et subissent alors dans les caves un repos complet avant de servir à préparer les cuvées, opération la plus importante de cette fabrication et qui est exécutée dans les mois de février et de mars. Ce mélange ou plutôt cet assemblage est fait en général avec un tiers
- de vin vieux et deux tiers de vin nouveau dans de grands
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- foudres qui permettent d’obtenir des cuvées de 50,000
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- bouteilles. Des soins apportés dans cet assemblage résulte la parfaite qualité du vin; il faut corriger le vin de tel crû par un autre qui complète ses qualités et lui donne le bouquet voulu.
- L'opération dure vingt-quatre heures, la cuvée est ensuite remise en tonneaux. Les pièces sont disposées dans des cuves particulières et subissent un repos de trois mois, au bout duquel le vin devient tout à fait clair et peut être mis^ en bouteilles.
- Les bouteilles employées par M. Gratien sont de première qualité comme celles qui servent aux maisons de ~ premier ordre de la Champagne ; le verre employé ne~doit pas renfermer de plomb et présenter une épaisseur constante ; la bouteille doit résister à une pression de sept atmosphères; elle doit avoir un goulot conique très étroit d,è manière à permettre au bouchon d’être vivement chassé en dehors par suite de la force d’expansion de l'acide carbonique dissous dans le vin, lors de la rupture des liens. Les principales verreries du Nord servent à l’approvisionnement de M. Gratien qui achète annuellement de douze à quinze cent mille bouteilles. Ces bouteilles dès leur arrivée sont examinées avec soin et toutes celles qui présentent le moindre défaut sont rigoureusement écartées.
- On procède ensuite au lavage des bouteilles. Ce lavage s’exécute dans les meilleures conditions dans les caves de Beaulieu, où, comme nous le dirons plus loin quand nous en parlerons en détail, M. Gratien a de l’eau en abondance.
- Les bouchons employés proviennent de la Catalogne ; ils ne présentent jamais le moindre goût désagréable qui se communiquerait au vin et lui ferait perdre toute sa saveur; le nombre des bouchons achetés annuellement atteint 2,500,000 pour les 1,200,000 bouteilles vendues, car chacune d’elles reçoit un premier bouchon, dit bou-
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- chon de tirage, et un second, qui est le bouchon d’expédition.
- Le vin bien reposé est tiré en bouteilles; à cet effet les tonneaux qui le contiennent sont amenés sur des wagonnets au chantier de tirage. Les tireurs remplissent les bouteilles jusqu’à deux travers de doigt au-dessous du bouchon, et les remettent à un ouvrier qui enfonce mécaniquement le bouchon de tirage; de plus, le bouchon doit être assujetti au moyen d’une agrafe de fer. Les bouteilles, séparées par des lattes, sont placées en tas et restent ainsi couchées jusqu’au moment où elles subissent la dernière opération qui précède l’expédition. Ce tirage se fait chez M. Gratien depuis le mois de mai jusqu’en septembre.
- Pendant cette période, les bouteilles, par suite des différences de pression atmosphérique, sont susceptibles de se briser. La casse qui se produit n’est point, à Beaulieu, aussi considérable que dans d’autres caves à cause de la constance de la température; elle varie seulement de 4 à 6 0/0. Dans presque toutes les caves de la Champagne, le vin qui s’écoule des bouteilles brisées est recueilli pour être utilisé plus tard. M. Gratien a justement renoncé à cet usage, car il peut rester dans les bouteilles brisées des matières fermentescibles qui pourrissent et sont entraînées ensuite par le vin qui s’échappe d’autres bouteilles pendant la casse.
- Pendant cette période de repos qui ne peut être moindre de 18 mois, il s’est formé sur la paroi inférieure des bouteilles un dépôt plus ou moins adhérent qu’il faut enlever pour obtenir la parfaite limpidité du vin. On place les bouteilles, la pointe en bas, sur un chevalet percé de trous appelé pupitre. Alors, pendant quatre ou cinq semaines, un ouvrier imprime chaque jour un léger mouvement de rotation qui détache le dépôt fixé aux flancs de la bouteille.
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- Cette opération exige une grande adresse, de manière à ne pas troubler la limpidité du vin et à faire glisser le dépôt jusqu’au bouchon; on coupe alors l’agrafe qui le retient avec un crochet spécial, on fait sortir le bouchon et on enlève le dépôt avec 5 à 6 centilitres de liquide. Le vin ainsi obtenu est ce qu’on appelle le vin brut; iLa perdu toute sa douceur par suite de la transformation de la matière sucrée en acide carbonique et en alcool. Le vin a seulement conservé les qualités qui lui sont propres : sa finesse, sa légèreté et son parfum. Pour lui rendre sa douceur, on ajoute une liqueur composée de sucre candi dissous dans du vin vieux avec une légère addition de -fine champagne. Cette opération, dite dosage, est faite dans des proportions différentes suivant les exigences de la destination. En Angleterre, par exemple, les vins les plus secs sont les plus estimés.
- Labôuteille passe alors entre les mains du boucheur qui se sert pour enfoncer le bouchon d’expédition, d’une machine agissant par un levier dont l’effet est complété par un fort coup de maillet. Le bouchon est assujetti par deux liens, l’un en ficelle et l’autre en fil de fer préparé spécialement.
- M. Gratien emploie aujourd’hui le système de Mestre, qui permet de déboucher sans aucun instrument. Un capuchon est placé sur le bouchon et scellé au moyen d’une pastille en plomb : il est composé d’un seul morceau de fil de fer dont les bouts forment le lien qu’il faut rompre pour dégager le bouchon. Pour obtenir cette rupture, il faut saisir, entre le pouce et l’index, la pastille en plomb et, sans la faire tourner sur elle-même, c’est-à-dire en la maintenant à plat, lui imprimer un mouvement horizontal et circulaire répété et aussi développé que possible, à droite et à gauche, en tirant légèrement à soi, jusqu’à ce que le fil se brise, après quoi le capuchon s’enlève tout d’une pièce.
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- On facilite l’opération en faisant tourner la bouteille, tenue par l’autre main, à droite et à gauche, en sens inverse. du mouvement imprimé à la pastille de plomb.
- Nous ne saurions trop recommander cet habile dispositif dont la supériorité sur les autres systèmes ne peut être mise en doute.
- Après quelques jours de repos, de manière à constater la solidité du bouchon, on procède ensuite aux dernières opérations avant l’expédition : la bouteille est lavée et essuyée, puis le bouchon est recouvert d’une feuille de métal dont la couleur varie suivant la qualité du vin; enfin, ou procède au collage des étiquettes qui indiquent les diverses sortes de vin.
- Les bouteilles, après avoir été enveloppées d’un papier de couleur, sont empaillées, et les emballeurs les disposent, soit dans des caisses, soit dans des paniers. Ce dernier mode d’emballage est le plus usité chez M. Gratien et les conditions en sont très économiques, car les oseraies des bords de la Loire fournissent abondamment et à bon marché les matières nécessaires.
- Après ces indications générales, nous allons parler des caves si bien organisées de Beaulieu, dont nous donnons le plan, qui permettra au lecteur de se rendre un compte exact de leur importance, qui ne le cède en rien à celle des caves les plus renommées de la Champagne.
- 11 est indispensable que la température inférieure des caves soit indépendante des variations de température de l’air extérieur. Les caves de la Champagne semblaient le mieux remplir ces conditions. A Saumur, le coteau dont le pied est baigné par la Loire, était depuis longtemps fouillé pour l'extraction de la pierre. Des galeries immenses y avaient été percées on pouvait donc espérer pouvoir transformer en caves ces anciennes carrières et y procéder avec succès à la champagnisation des vins de l’Anjou.
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- M. Gratien a fait dégager les entrées des anciennes carrières qui s’ouvrent à mi-côte, à trente mètres au-dessus du niveau de la Loire, et a trouvé tous les éléments nécessaires à la fabrication d’un vin mousseux dont la qualité égale certainement celle des crûs les plus renommés de la Champagne. Les efforts et les sacrifices de M. Alfred Gratien ont été couronnés du succès le plus complet et le plus mérité. D’ailleurs, comme pour récompenser ses recherches hardies, les travaux antérieurs de l’exploitation des carrières ont fourni à M. Gratien d’immenses vaisseaux complètement préparés pour l’installation et la manutention des foudres et des tonneaux nécessaires à cette grande exploitation. Les caves sont exposées au nord et ne subissent pas, dans le cours d’une année des variations atmosphériques de plus d’un degré, les limites étant 10 et 11° centigrades, conditions supérieures à celles des caves de la Champagne dont l’établissement a la plupart du temps occasionné des frais énormes. M. Gratien est devenu propriétaire de ces caves à des prix de beaucoup inférieurs à ceux atteints à Reims et à Epernay : c’est là surtout ce qui lui a permis, ainsi qu’à tous les fabricants de Saumur, de réduire considérablement ses dépenses et par conséquent de produire à des prix relativement peu élevés des vins de qualité supérieure. Enfin la main-d’œuvre est à Saumur heureusement encore à des prix modérés inconnus dans les grandes maisons de la Champagne.
- La constance de la température dans les caves de M. Gratien s’explique par leur constitution même : en effet, elles sont creusées dans un énorme monolithe qui est lui-même recouvert d’une couche de 30 mètres d’épaisseur (15 mètres de tuf et 15 mètres de terre végétale). Les caves sous plafond ont une hauteur qui varie de 3 à 5 mètres : leur largeur est en moyenne de 9 mètres, elles se développent sur une longueur de plus de
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- 3 kilomètres : 2 kilomètres environ cie galeries sont actuellement utilisées par M. Gratienqui peut augmenter encore sa production sans crainte de voir l'espace lui manquer. Un chemin de fer, système Decauville, relie entre elles les différentes parties des caves et sert au charroi des foudres, des tonneaux, des bouteilles et de tout le matériel si considérable qui s’y trouve emmagasiné. Le classement des vins suivant leur âge et leur qualité, leur déplacement dans les différentes opérations de la fabrication, le transport des bouteilles vides ou pleines aux chantiers de fabrication et d’emballage dont nous donnons une vue, enfin toutes les opérations qui s’exécutent à la tonnellerie, à la rincerie, etc., sont singulièrement facilitées et s’exécutent ainsi à peu de frais. Depuis cinq années que M. Gratien a adopté ce système de transport, il a pu réaliser une économie considérable de main-d’œuvre.
- Les eaux en s’infiltrant à travers le sol, pénètrent à l’intérieur des caves, et, par un système de drainage habilement aménagé forment un lac de 60 mètres de longueur, 10 mètres de largeur et 60 centimètres de profondeur. On comprend facilement qu’avec une masse d’eau aussi considérable on puisse satisfaire à tous les besoins de cette grande industrie. La rincerie est admirablement organisée et nulle part en Champagne le lavage des bouteilles ne se fait dans des conditions meilleures et surtout aussi économiques; cette abondance d’eau provenant des infiltrations a dispensé M. Gratien d’aller puiser dans le fleuve, à l’aide de machines élévatoires dispendieuses, la masse d’eau considérable nécessaire à son exploitation. L’eau qui n’a pu être utilisée dans les caves suffit et au-delà à l’alimentation des divers locaux tels que bureaux, chantiers, etc. Au milieu du vaste terrain qui constitue la propriété de M. Gratien se trouve une élégante maison d’habitation de construction récente entourée d’un superbe jardin anglais
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- dans lequel se trouve un vaste bassin destiné à recevoir l'excédant des eaux qui sortent des caves; la différence de niveau a permis d’établir un très beau jet d’eau.
- Au pied de la maison passe la route conduisant aux caves et servant aux gros charrois; les voitures arrivent jusqu’à un quai d’embarquement, et à l’aide de grues se déchargent avec la plus grande facilité, pour se remplir ensuite des nombreux paniers ou caisses de vins qui sont expédiés dans toutes les parties de la France, en Angleterre, en Belgique et dans les autres contrées de l’Europe.
- La maison Gratien a été fondée en 1864 et a pris, dans ces dernières années, sous l’impulsion de son actif et intelligent propriétaire-directeur, une grande extension. Les expéditions annuelles, peu nombreuses au début, atteignirent bientôt, grâce à l’excellence des produits qui furent promptement appréciés, le chiffre de 400,000 bou-téilles ; depuis cinq ou six ans, la marque de M. Alfred Gratien se répandant chaque jour davantage, le nombre des bouteilles annuellement vendues s’élève à 1,200,000, environ et cette prospérité ne peut que s’accroître. Tout ce que nous avons vu et admiré dans cet établissement de premier ordre nous en est un sûr garant.
- Imp. Ch. HABicHAli St J.KOXTOBIBR» 16^ cour des PetitM-Écuriea. Pftrix.
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- LUCIEN FROMAGE & CIE
- Après avoir admiré la belle vitrine de MM. Lucien Fromage et Cie à l’exposition de Rouen, nous avons eu le désir d’étudier de plus près cette maison, la plus considérable parmi toutes celles qui s'occupent de la fabrication des tissus élastiques et des objets qui se rattachent à cette industrie essentiellement rouennaise. Nous allons résumer en quelques lignes les notes que nous avons recueillies et nous ne doutons pas qu’elles n’intéressent vivement nos lecteurs.
- Le caoutchouc a été utilisé dès 1838 par M. Lucien Fromage qui, tour à tour tisserand, contre-maître, dessinateur et mécanicien, tient, depuis plus de quarante-cinq ans, avec autorité, la tête de l’importante industrie des tissus élastiques. En 1840, M. Lucien Fromage inventait les premiers métiers pour la fabrication mécanique des tissus unis et brochés pour bretelles ; il est aussi le premier qui ait fait les tissus rétrécis à boutonnières. C’est à son initiative éclairée et persévérante qu’il faut attribuer la perfection atteinte par les nombreuses machines qui
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- remplissent aujourd’hui la magnifique usine de Darnétal, établissement modèle dont il a été lui-même l’architecte. Cette maison, dont les produits ont figuré dans toutes les
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- hautes récompenses lui ont été décernées. Les premières datent de 1846, et, pour ne citer que les plus importantes, rappelons la médaille d’or obtenue à la suite de l’exposi-
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- Lucien Fromage et Gie (Darnétal-lès-Rouen).
- expositions françaises, est la seule qui ait représenté son industrie dans toutes les expositions étrangères. A Londres, Bruxelles, Porto, Vienne et Melbourne, les plus
- tion universelle de 1878 et la médaille de mérite du premier ordre, accordée par le jury de Melbourne, en 1880. A l’exposition de Rouen, M. Lucien Fromage mis hors con-
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- cours, car il avait épuisé toute la série des récompenses possibles, a été nommé membre du j ury et président d’un des groupes les plus importants* Les exposants ne pouvaient faire un meilleur choix, car nul ne connaissait mieux que lui les tissus, les draperies et tout ce qui concerne le vêtement.
- Pour donner une idée de l’importance de la maison qui nous occupe, il nous suffit de dire que son chiffre annuel d’affaires dépasse deux millions de francs; un tiers des produits est vendu en France et deux tiers sont exportés.
- La salle des machines à vapeur est une des plus belles qui existent et Fon admire surtout une paire du système Gorliss, d’une force effective de 360 chevaux ; c’est une installation qui ne laisse rien à désirer.
- M. Lucien Fromage et ses fils dirigent seuls leur vaste établissement où règne la meilleure administration. Une caisse de secours pour les ouvriers malades fonctionne depuis plus de vingt-cinq ans.
- Tous les enfants qui sont occupés dans l’usine savent lire et écrire, et de nombreux livrets de caisse d'épargne sont dristribnés chaque année aux ouvriers les plus anciens. Aussi, indépendamment des récompenses obtenues dans les expositions pour l’excellence de leurs produits, une médaille d’honneur a été décernée à MM. Lucien Fromage et Gie, pour la tenue irréprochable de leur établissement.
- Les nouvelles constructions datent de 1878. 11 a fallu à M. Lucien Fromage une grande force de volonté pour supprimer d’un seul coup, comme il l’a fait, ses trois anciens établissements qui se trouvent aujourd’hui remplacés par un bâtiment unique admirablement approprié à sa destination.
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- N. & J. BLOCH
- à Tomblaine (près Nancy)
- FABRICATION DES PRODUITS ALIMENTAIRES
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- CHAPITRE PREMIER.
- APERÇU HISTORIQUE.
- L’industrie des produits alimentaires est une des industries françaises les plus justement renommées. Parmi les fabriques importantes dont les produits sont consommés dans le monde entier, une des plus intéressantes est sans contredit celle de Tomblaine. Les propriétaires actuels de cette usine sont les fils d’un homme éminent, qui a rendu les plus grands services à notre pays. N. C. Bloch, au début de ce siècle, grâce à des efforts persévérants, a propagé la culture de la pomme de terre et a fixé la fabrication des nombreux produits dérivés de cet utile tubercule.
- Pour bien faire comprendre le rôle joué par ce modeste
- Nouv. Série.—520* Liv.
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- savant, rappelons d’abord les luttes que le célèbre Parmentier eut à soutenir contre les préjugés de ses contemporains.
- La pomme de terre, originaire du Pérou, paraît avoir été introduite en France, au xvie siècle, par le capitaine John Hawkins, qui en importa aussi plusieurs plants en Irlande ; malheureusement cette culture ne prit point d’extension. Un des compagnons d’Hawkins, le célèbre navigateur Drake, comprit l’importance que ce tubercule devait avoir dans l’alimentation publique, et en rapporta de nouveau quelques plants en Angleterre, vers la fin du xvie siècle. Les botanistes anglais, et en particulier Gérard, s’occupèrent de cette culture, mais à titre de simple curiosité seulement. Vers la même époque Raleigh, contemporain de Drake, introduisait en Irlande des plants récoltés en Virginie, et, cette fois, le tubercule, très bien accueilli {par les Irlandais, fut employé dans l’alimentation publique. La pomme-de terre se répandait aussi, au même moment, en Italie, en Espagne et un demi-siècle plus tard, vers 1650, en Allemagne et dans la Franche-Comté. Cependant, elle fut encore loin d’obtenir une grande faveur. Bien que quelques années auparavant, en 1616, la pomme de terre (morelle tubéreuse) eut été servie en France sur la table du roi, elle était encore une grande rareté dans notre pays. De fâcheux préjugés entravèrent le développement de sa culture jusqu’à la fin du xvme siècle ; c’est alors que Parmentier, aide pharmacien à l’armée de Hanovre pendant la guerre de sept ans, fait prisonnier et emmené en captivité en Allemagne, fut réduit à manger des pommes de terre, aliment encore méprisé de tous, et abandonné aux prisonniers. Revenu en France, il chercha à doter son pays de ce précieux tubercule, et prévoyant son avenir, publia pour le faire bien connaître, une analyse chimique de ce végétal, dans laquelle il montrait que,
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- contrairement aux préjugés de l’opinion publique, la mo-relle tubéreuse des solanées ou pomme de terre, ne présentait aucun élément dangereux, au contraire. Mais le préjugé était si grand que Parmentier ne put arriver à convaincre ses contemporains ; sans se décourager, il s’adressa au roi Louis XYI qui, sur ses sollicitations, lui accorda une concession de 50 arpents dans la plaine des Sablons. La culture réussit admirablement, et Parmentier, fier de son succès, offrit au roi un bouquet des premières fleurs de la plante.
- Le roi et son ministre Turgot pressentant le parti qu’on pourrait tirer de la pomme de terre dans l’alimentation publique et voulant encourager sa culture, ornèrent leur boutonnière des fleurs offertes par Parmentier, malgré les sourires moqueurs des courtisans.
- Grâce à ces encouragements, la nouvelle plante eut un instant de vogue, et tout le monde voulut en posséder ; ce fut au point que pour protéger les plantations de Parmentier, il fallut placer des factionnaires autour de l’enclos des Sablons.
- Cependant, les efforts de Parmentier furent d’abord stériles, malgré les disettes qui survinrent après les premières guerres de la Révolution, et à sa mort, en 1813, l’utilité de la pomme de terre était vivement discutée, et serait encore méconnue, s’il ne s’était trouvé déjà de courageux continuateurs de son œuvre. En effet, quelques hommes à l’esprit juste et ouvert, prévoyant les services que la pomme de terre devait rendre au double point de vue de l’industrie et de l’alimentation, aidèrent puissamment à sa propagation. Parmi eux, nous citerons en première ligne N.-C. Bloch, qui commença à Düttlenheim (Alsace), une exploitation en grand.
- Pour gagner à sa cause ses concitoyens imbus des fâcheux préjugés de l’époque, il distribuait gratuitement
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- aux paysans la semence de la pomme de terre, s’engageant à leur acheter le produit de leur récolte ; mais que d’efforts à surmonter, que de luttes à soutenir, pour empêcher, en face de préjugés si profondément enracinés, la destruction des cultures, par des gens assez arriérés pour considérer la plante comme nuisible et vénéneuse.
- Avant de poursuivre cette étude, rappelons que, dès 1801, Fourcroy affirmait que l’acide chlorhydrique mis en contact avec l’amidon dans l’eau, produisait une dissolution sucrée.
- Parmentier, dans un ouvrage de pharmacie, avait déjà indiqué qu’en traitant la fécule extraite de la pomme de terre par le bitartrate de potasse et l’eau distillée, il était arrivé à obtenir une matière ayant une saveur sucrée.
- Kirschof en 1811, avait déjà réussi à transformer l’amidon en sucre. N. G. Bloch, utilisant ses recherches, entreprit Industriellement la fabrication du sirop de pommes de terre. _
- , Les premiers sirops fabriqués servirent à la nourriture des abeilles ; mais le blocus continental ouvrit bientôt une ère nouvelle à cette industrie. Le sucre, d’un prix inabordable à cette époque, fut remplacé avec avantage par ce sirop, mis à la portée de tous. De 1811 à 1825, la fabrique de N. G. Bloch fut l’unique établissement existant en Europe et l’on peut dire qu’il fut pour la pomme de terre ce que Grespel Delille fut pour la betterave. L’un a créé l’industrie du sucre de betterave et l’autre l’industrie du sucre de pomme de terre.
- Saluons donc avec respect, avec l’admiration la plus profonde, ces deux infatigables chercheurs, ces hommes malheureusement trop rares, qui ont su doter et leur pays et le monde entier de si inappréciables bienfaits !
- Si les services rendus par de tels hommes ne sont pas toujours assez appréciés par leurs contemporains, c’est
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- aux générations qui leur succèdent, c’est à nous, qu’il appartient de leur payer un large tribut de reconnaissance en honorant leur mémoire.
- N. C. Bloch a non seulement créé l’industrie de la glucose mais aussi celle du sagou et du tapioca indigènes et de toutes les pâtes alimentaires féculentes qu’il a fabriquées depuis 1811. Déjà en 1816 la consommation régulière des produits Bloch existait en Alsace et en particulier dans les hôpitaux de Strasbourg. ...__
- Au début, les premières fécules étaient obtenues au moyen de râpes grossières, mues à bras ; si l’on se reporte à cette époque, où les ateliers de constructions étaient encore très rares et les communications presqu’impossibles, on se rendra compte des difficultés sans nombre que N. C. Bloch eut à vaincre pour obtenir les appareils nécessaires, avec l’aide de simples serruriers.
- Dès lors l’industrie se développa très rapidement, et depuis la création de l’usine jusqu’à la mort de N. C. Bloch, en 1869, la culture avait prospéré à ce point que tous les terrains en friche, dans un ravon de 10 kilomètres autour de l’usine, étaient transformés en champs de pommes de terre.
- En 1869, la fabrique passe entre les mains des fils Bloch qui, élevés à bonne école, continuent à perfectionner l’industrie paternelle.
- Après l’annexion, l’établissement fut transporté à Tomblaine, près Nancy.
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- CHAPITRE IL
- FABRICATION DE LA FÉCULE.
- Nous allons étudier sommairement chacun des produits fabriqués dans l’usine de Tomblaine.
- La fabrication de la fécule est devenue une industrie inationale et les climats tempérés de l’est et du centre sont éminemment propres à la culture de la pomme de terre, matière première, dont on extrait la fécule. Cette industrie s’est répandue dans les Yosges, l’Oise, la Loire, la Sarthe, la Seine, la Meurthe, la Meuse, l’Allemagne, l’Angleterre, la Hollande et la Belgique, et c’est grâce à elle que la culture de la pomme de terre est devenue rapidement populaire. Ce que Parmentier n’avait pu obtenir, même avec le concours du roi, N. C. Bloch l’obtint grâce à ses efforts persévérants qui lui permirent de créer une industrie nouvelle. Aujourd’hui la plantation de la pomme de terre et la consommation des produits qui en dérivent sont universelles.
- L’extraction de la fécule est, en France,-l’une de nos industries agricoles les plus importantes. Cette substance pourrait remplacer la farine de blé et mettre les pays où la culture de la pomme de terre est développée, à l’abri de la disette ; et, suivant le vœu de Parmentier, on trouverait
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- la solution de l’importante question des réserves, faire venir les aminées d’abondance au secours des années de disette. Il est très utile de pouvoir doser promptement la fécule
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- sèche ou verte et d’apprécier la quantité d’eau qu’elle contient. Dans ce but Messieurs Bloch ont imaginé un instrument appelé féculomètre, basé sur la propriété de la fécule de former un hydrate défini, à-^volume constant, même dans une grande masse d’eau.
- Nous ne saurions trop recommander l’emploi de cet appareil si justement apprécié par M. Pasteur, et utilisé partout aujourd’hui dans le commerce et l’industrie de la fécule. Autrefois, une fécule était réputée marchande, lorsqu’elle n’était pas pelotante à la main: ce moyen était imparfait; aujourd’hui on accepte sans discussion les constatations du féculomètre Bloch, qui fait loi.
- Féculomètre Bloch.
- Composition de la fécule, d’après MM. Bloch.
- Différents états des fécules. Marquant au féculomètre Formules Équivalents H=1 Eau pour 100 Fécule normale p. 100
- Fécule normale séchée à 160° dans un courant d’air sec. . . » 81 » 100
- Fécule sèche du commerce à. . 82° C6H50M-2H0 99 18 82
- — — — 75» C6H505-j-3H0 108 25 15
- Fécule verte, hien déposée, à son maximum d’hydratation à. . . 50» C6H505+9H0 162 50 50
- Du tableau ci-dessus on peut conclure que :
- Fécule à 82» Fécule à 75“ Fécule à 50“
- 100 kilogrammes. Fécule normale, correspondent à . . . 121.95 133.33 222.22
- 100 kilog. Fécule sèche du commerce à 82°, correspondent à. . 100.00 109.33 164.00
- 100 — . — 75°; — 91.35 100.00 150.00
- 100 — — verte — 50°, — . . 60.97 66.66 100.00
- Fabrication de la fécule. — Le point capital dans cette industrie, c’est le choix dans la réception des pommes de
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- terre, étant donné la grande différence qui existe dans le rendement des diverses qualités; leur conservation aussi est un point important.
- Le rendement en fécule varie de 12 à 20 %, il est donc urgent de connaître la qualité de la pomme de terre: on
- peut y arriver en déterminant la densité du produit. Mais
- souvent les tubercules renferment des bulles d’air, des cailloux, ou des germes de maladie; pour éviter les inconvénients de cette méthode d’appréciation, MM. Bloch ont aussi inventé un instrument appelé solanomètre et qui porte leur nom. t Par le procédé Bloch, la fécule, est
- mise en liberté et dosée à l’état humide
- • , r et à son maximum d’hydratation dans
- l’instrument, le solanomètre- permet J- d’évaluer la richesse de la pomme de
- terre en fécule. Il consiste en un vase
- Solanomètre Bloch. - _
- en verre ou en métal, de la forme d une allonge, terminé par un tube gradué, dont 100 divisions égalent 75 ou 82 divisions du féculomètre Bloch.
- Emmagasinage. — MM. Bloch ont renoncé à l’emmagasinage à l’air libre ou dans les silos ; ils ont installé à Tom-blaine des magasins spéciaux dé leur invention.
- Magasins Bloch. — Dans ces magasins, quel que soit le point où se déclare la maladie, on peut immédiatement évacuer les pommes de terre dans un canal. Celui-ci est surmonté de cheminées de bois par où tombent les pommes de terre contaminées dans le courant d’eau qui les entraîne.
- Pour bien faire comprendre ce dispositif, nous donnons une coupe longitudinale de ce magasin et le plan correspondant. La longueur a été diminuée sur l’une et l’autre figure.
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- MAGASINS BLOCH.
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- Coupe longitudinale
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- Le magasin est en maçonnerie et recouvert d’une charpente. Dans la longueur est creusé le canal C avec une pente de deux centimètres par mètre ; un plancher a, formé de madriers recouvre ce canal, sauf à l’endroit des chemi-
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- nées. Celles-ci sont faites de madriers verticaux, auxquels sont adaptées des lattes en bois c ; on engage entre les madriers et les lattes des planches jointives d. Les cheminées soutiennent sur toute la longueur du magasin un pont B, auquel aboutissent plusieurs passerelles transversales qui donnent accès au jlehors au niveau d’un quai d’arrivage. On jette, du haut du pont B, dans le magasin, les pommes de terre qui s’entassent autour des cheminées. Si l’on veut évacuer les pommes de terre, il suffit d’enlever les planches d ; les pommes de terre tombent dans le canal et sont entraînées par le courant d’eau.
- Le canal comprend une partie horizontale sur laquelle les cailloux s’arrêtent; quant aux pommes de terre, elles tombent dans l’excavation F, d’où une chaîne à godets les élève pour les conduire au laveur et aux râpes dont nous parlerons bientôt.
- L’eau employée provient d’un trop plein H ; elle passe en I, ainsi que l’indiquent les flèches marquées sur le plan, puis dans un canal latéral parallèle au canal dont nous venons de parler. La communication de ces deux canaux a lieu par une vanne de décharge K. L’eau, après avoir parcouru le canal G, passe par le grillage L, où elle se débarrasse des pailles et fragments de bois ; elle est ensuite élevée par une roue à tympan M jusqu’au niveau du canal d’amenée, les parties terreuses se déposent dans le trajet.
- Ce système de magasins présente de grands avantages : le magasin étant couvert, point de pluies, point de gelées, le foyer de la maladie est facile à attaquer, le lavage des pommes de terre est parfait et la séparation des cailloux et dés matières légères est complète ; enfin la main d’œuvre est presque nulle.
- Arrivons maintenant aux opérations de la féculerie proprement dite :
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- Lavage. Cette opération se fait au moyen d’un laveur mécanique, consistant en un tambour à jour, composé de deux plateaux circulaires en fonte montés sur un arbre en fer et garnis de tringles laissant entre elles un vide d’un centimètre. Le tambour plonge dans l’eau et fait douze tours par minute ; la pomme de terre est parfaitement nettoyée. Un tour d’hélice en métal, fixé sur l’axe à l’extrémité du laveur, rejette la pomme de terre en dehors.
- Râpage. La râpe employée ou cylindre dèvorateur, est un tambour en fonte de 0 m. 50 àr-d m. 60 de diamètre et 0 m. 27 à 0 m. 32 de largeur, armé sur toute sa circonférence de lames de scie fine, espacées de 0 m. 010 pour obtenir un râpage fin ; il y en a quatre dans l’usine.
- Tamisage. — MM. Bloch emploient un système de quatre tamis cylindriques indépendants. La pulpe est soumise sur chaque tamis à l’action de brosses fines, portant contre les parois intérieures de la toile et tournant en sens contraire des cylindres. Du premier tamis, l’eau chargée de fécule se rend sur le second, dont la toile plus fine retient les débris des tissus cellulaires.
- Ces tamis exigent une quantité d’eau suffisante pour entraîner toute la fécule en liberté dans la pulpe ; il y a en outre douze tamis plats pour l’épuration.
- Déposage. — Cette opération se fait sur des tables en maçonnerie cimentée, d’un mètre de large et dont la longueur varie de six à vingt mètres ; on leur donne une pente d’un centimètre par mètre. On y fait couler doucement l’eau chargée de fécule ; la fécule s’y dépose. Il y a trente-quatre tables dans l’usiné.
- Séchage. — MM. Bloch font usage pour cette opération, de quatre hydro-extracteurs, la fécule est placée dans les étuves : la dessiccation à la vapeur est la plus économique. On emploie à Tomblaine une ingénieuse étuve à volettes,
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- chauffée à la vapeur ; l’opération est achevée en six heures. On peut, dans cette étuve, sécher facilement 8,000 kilogrammes. Il y a six étuves à l’usine.
- Dans la fabrique de MM. Bloch on travaille chaque jour 60,000 kilogrammes de pommes de terre.
- Gomme nous l’avons déjà dit, l’emploi de la fécule est aujourd’hui très considérable, puisqu’elle est utilisée dans la pâtisserie, la boulangerie, les pâtes alimentaires, les apprêts, l’impression des tissus, la fabrication des gommes èt la glucose.
- La pulpe des pommes de terre constitue un excellent aliment pour les bestiaux. La féculerie, chez MM. Bloch, comprend deux ateliers : deux machines à vapeur permettent de donner un travail indépendant à chaque atelier. Un local spécial contient les essoreuses.
- Les pommes de terre arrivent par canal et chemin de fer de cinquante kilomètres à la ronde, et en temps de pleijne fabrication, 300 personnes environ sont employées à rétablissement.
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- CHAPITRE III.
- PRODUITS DIVERS.
- Nous allons maintenant parler rapidement de la fabrication des autres produits Bloch :
- Amidon et Gluten. — On extrait l’amidon des farines de céréales qui contiennent aussi du gluten. MM. Bloch fabriquent des amidons de pur froment et de riz, très utilisés dans l’industrie, blanchissage, apprêts, etc., et dans la parfumerie et la confiserie.
- Lé gluten sert à confectionner des potages très nourrissants.
- Glucose. —La glucose s’extrait de la fécule. On désagrège la fécule au moyen d’eau chaude ; chaque grain de fécule gonfle et se distend; on ajoute'de l’acide sulfurique qui transforme la fécule en dextrine, puis eh glucose, sous l’action de l’acide étendu, à la température de 100°. La saccharification terminée, on sature la dissolution acide par la craie jusqu’à complète neutralisation de la liqueur. On laisse déposer pendant trois heures; on décante la dissolution
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- que l’on filtre au noir animal, et on lui fait subir une première évaporation. Le sirop ainsi obtenu est vendu aux brasseurs pour la fabrication des bières, aux liquoristes pour celle des liqueurs, aux confiseurs, etc.
- La glucose cristal et celle en pains, s’obtiennent en concentrant le sirop dans une chaudière tubulaire du même type que celles employées dans la fabrication du sucré de betteraves.
- Tapioca. — Le tapioca s’extrait de la racine du manioc (jatropha manihot, Linné). Cette plante, de la famille des Euphorbiacées, est cultivée aux Antilles, en Afrique, en Malaisie. Après avoir lavé les racines, on les réduit en pulpes au moyen de râpes ; on soumet cette pulpe, mise dans des sacs, à l’action de fortes presses, de manière à en extraire le jus vénéneux du manioc ; on délaye dans l’eau sous tamis et on laisse déposer la fécule, que l’on transforme en tapioca par le même procédé que pour la fécule de pomme da terre.
- MM. Bloch fabriquent des tapiocas et sagous exotiques d’une qualité supérieure, et des tapiocas indigènes obtenus en traitant la fécule de pommes de terre.
- Les tapiocas indigènes Bloch ne contiennent aucune substance nuisible à la santé; ils sont très nutritifs et peuvent entrer en toute sécurité dans l’alimentation publique. On peut affirmer avec Payen et Chevalier, qui ont analysé ces produits en 1867, qu’il n’existe aucune différence relativement aux qualités nutritives, entre les tapiocas Bloch de fécule indigène, et les tapiocas de fécule exotique.
- On prépare aussi dans cette usine un grand nombre d’autres produits alimentaires, tels que des farines de pois, lentilles, haricots, maïs, sarrasin ; des semoules, des crèmes de riz et d’orge, des gruaux d’avoine, etc., et enfin, les juliennes et légumes desséchés.
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- La fabrication des juliennes et des légumes desséchés se fait dans un atelier spécial, où des femmes en grand nombre dans la saison approprient les légumes nécessaires à la fabrication de ces produits, appréciés par tous les consom- __ mateurs, grâce à la qualité exceptionnelle de la culture lorraine, et à la perfection des appareils de cette usine modèle.
- C’est avec le plus grand intérêt que nous avons parcouru les nombreux ateliers où s’effectue la fabrication de produits si variés.
- Ces produits sortent seulement de la maison après une très minutieuse inspection. Ceux destinés à l’industrie sont mis en sacs ; ceux de consommation, en paquets ; avant la mise en paquets ils sont visités et les moindres impuretés sont retirées par un ingénieux système mû à la vapeur.
- L’empaquetage et l’emballage sont faits dans des ateliers spéciaux avec des soins tout particuliers.
- Dans cette usine où les méthodes scientifiques sont appliquées avec la plus grande perfection, il n’entre aucun agent chimique dans les produits alimentaires; de plus, la surveillance constante de MM. Bloch dans tous les ateliers empêche toute erreur, toute négligence de la part des ouvriers.
- Les produits de l’usine de Tomblaine ont obtenu aux différentes expositions, les plus hautes récompenses, et en dernier lieu, à Épinal, ces Messieurs ont été honorés des fonctions de membres du jury, hors concours.
- Autrefois, MM. Bloch livraient au commerce les produits sans marque spéciale; mais, en présence de nombreuses contrefaçons, dont les tribunaux ont fait justice, désireux de donner aux consommateurs toute garantie de sécurité, leurs produits ne sortent plus de leur maison, que revêtus d’étiquettes à leur nom.
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- Les administrations de l’État, qui ont pu depuis de longues années, apprécier la supériorité de la fabrication Bloch, s’adressent en grande partie à cette importante maison.
- L’exportation des pâtes alimentaires est très considérable et les produits Bloch ont trouvé un égal débouché en France et à l’étranger.
- Qu’il nous soit permis de dire en terminant, que jamais réputation ne fut mieux méritée; car, dans ce siècle de fraude générale, de mélanges et falsifications de toutes natures, il est rare et on est heureux de trouver une fabrication faite avec autant de soins et de loyauté commerciale.
- Paris. — lmp. Cb. Maréchal et J. Montorier, 16, passage des Petites-Écuries.
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- A LILLE (Nord)
- FABRICATION
- DE LA
- CÉRUSE OU BLANC DE PLOMB
- Parmi les usines où se fait la fabrication de la céruse, une des plus importantes, pour ne pas dire la plus importante, est celle de Mme veuve Perus et Cie; aussi l’avons-nous choisie comme type pour faire connaître cette industrie à nos lecteurs.
- La céruse est un hydrocarbonate de plomb généralement mélangé de carbonate neutre de plomb.
- La céruse est la substance la plus usitée dans la peinture; elle constitue la base de presque toutes les couleurs, son mélange avec Phuile qu'elle rend siccative est facile à obtenir; elle s’étend bien sous le pinceau et recouvre admirablement les surfaces qu’on se propose d’enduire.
- Elle est utilisée seule comme matière blanche, souvent on la mélange avec d’autres couleurs auxquelles elle donne du corps.
- Elle est très utilisée par les imprimeurs sur étoffes, les fabricants de papiers peints, les porcelainiers et les fabricants de papiers glacés (cartes de visite).
- On fabrique la céruse au moyen de trois procédés : le
- Nouv. Série. — £$/• Liv.
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- précédé Hollandais, le procédé de Clichy et le procédé Anglais.
- Procédé Hollandais. — Ce procédé consiste à introduire dans des pots en terre contenant du vinaigre des lames de plomb enroulées en spirale ou à couvrir les pots de grilles de plomb. — Ces pots sont introduits par étages dans des fosses où on les fait reposer sur des couches alternatives de fumier de cheval en permettant une facile circulation de Pair.
- La fermentation du fumier développe de la chaleur et en même temps amène la production d’acide carbonique. Sous Pinfluence de la chaleur, le vinaigre ou acide acétique -se volatilise et le plomb se recouvre d’acétate neutre et d’acétate tribasique que l’acide carbonique transforme progressivement en céruse.
- Procédé de Clichy. — Ce procédé fut imaginé par Thénard et appliqué dans une fabrique de Clichy. Voici l’ingénieux principe sur lequel il est basé.
- En faisant arriver de Pacide carbonique dans une dissolution tribasique de plomb, on produit de la céruse qui se dépose et la liqueur, transformée en acétate neutre de plomb et mélangée avec de la litharge (oxyde de plomb), reproduit Pacide tribasique qui peut servir pour une autre opération.
- Le dépôt de céruse est lavé à grande eau et essoré puis séché à basse température. On voit que l’acétate neutre ne sert que comme intermédiaire pour amener facilement la transformation de la litharge en céruse.
- On produit Pacide carbonique dans un four par la calcination de la craie et non plus, comme on le faisait au début, par la combustion du charbon.
- La céruse obtenue par ce procédé, malgré tous les perfectionnements apportés, était de qualité inférieure à celle obtenue par le procédé Hollandais. Aussi aujourd’hui le
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- procédé de Clichy est généralement abandonné, mais il est encore appliqué, avec de légères modifications, en Belgique, en Allemagne et très rarement en France. Disons quelques mots du procédé Anglais. Dans ce procédé on prépare une bouillie composée de litharge mélangée à 10/0 d'acétate de plomb dissous, et on fait arriver dans cette bouillie un courant d’acide carbonique provenant de la calcination de la craie.
- La céruse ainsi obtenue est d’un prix moins élevé, mais elle est de qualité inférieure.
- C’est le procédé Hollandais qui est employé dans l’usine Perus et nous allons le faire connaître au lecteur tel qu’il est pratiqué aujourd’hui, en l’étudiant d’après les perfectionnements si nombreux apportés à cette industrie dans l’usine de Lille. La fabrication comprend deux grandes phases, la partie chimique ou carbonatation et la partie mécanique ou broyage.
- Étudions successivement chacune des diverses opérations.
- 1° Fusion et coulage du plomb. — Le plomb employé est de première qualité et de provenance allemande. Autrefois et encore dans quelques fabriques, le plomb était coulé en plaques enroulées en spirale et introduites dans des pots en terre vernie, un rebord annulaire faisant corps avec le pot maintenait la plaque. Dans l’usine Perus pn préfère employer des grilles ou gaufres qu’on obtient en versant le plomb dans des lingotières creusées en sillons qui se croisent à angle droit. Cette disposition présente l’avantage de fournir, pour un poids déterminé, une surface considérable à l’action de l’acide carbonique.
- De plus, ces grilles sont placées par couples, les unes au-dessus des autres, de façon à offrir de la résistance au passage des vapeurs qui attaquent plus sûrement le plomb.
- La fusion du plomb est faite dans une chaudière en
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- fontè disposée de manière à ne pas nuire à la santé des ouvriers ; cette opération ne peut offrir de danger que si l’on fond les vieux plombs recouverts d’un enduit de céruse. La chaudière est du reste placée sous une hotte mise en communication avec une cheminée à bon tirage, et on a soin de ne pratiquer la fusion qu’à de longs intervalles.
- 2° Mise du plomb moulé en couches alternatives avec du fumier. — Les grilles de plomb sont placées sur des pots en terre contenant de Facide acétique faible et entourées de fumier dans des loges.
- Ces loges consistent en des fosses maçonnées enfoncées d’un mètre en terre : sur trois côtés s’élèvent au-dessus du sol des murs solides en maçonnerie, un côté est ouvert pour charger et décharger facilement. Les dimensions des fosses sont de 4 mètres de longueur, 4 mètres de largeur et 3 mètres de hauteur. On dispose au fond de la fosse une couche de fumier de 30 à quarante centimètres d’épaisseur. Sur le fumier on place une série de quinze à dix-huit cents pots en les espaçant légèrement de manière à permettre à l’air de circuler facilement ; ces pots contiennent un demi-litre de vinaigre et on les recouvre d’une double couche de grilles de plomb superposées, puis au-dessus on met des planches. La couche de fumier, une série de pots et une couche de plomb recouverte d’un faux plancher forment un lit. On continue à disposer les lits au nombre de huit à dix jusqu’à remplir chaque loge et on finit par une couche de fumier.
- Chaque loge contient de quinze à dix-huit mille pots et jusqu’à 40,000 kilogrammes de plomb.
- L’opération dure de deux mois à deux mois et demi. A la fin, chaque fosse donne en moyenne six mille kilog. de céruse et il reste du plomb non attaqué qui est employé de nouveau.
- Pour bien répartir le travail, l’usine Perus contient 65
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- fosses, c’est-à-dire environ autant de fosses qu’il faut de jours pour obtenir une attaque complète. Ces fosses sont disposées dans un bâtiment spécial de chaque côté d’un large couloir par où pénètrent les voitures qui portent le fumier. La mise en loge ne présente aucun danger pour les ouvriers.
- 3° Les opérations que nous allons décrire maintenant sont conduites dans l’usine Perus, de manière à atténuer les dangers auxquels les ouvriers étaient exposés autrefois bien plus qu’aujourd’hui.
- Séparation de la céruse du plomb ou décapage. — Au bout du temps indiqué, on découvre successivement les lits, lë plomb étant passé en partie à l’état de carbonate; cependant l’attaque est irrégulière. Autrefois, quand on faisait usage de plomb coulé en plaques, l’ouvrier détachait les croûtes de céruse en les tortillant dans tous les sens, de manière à bien faire tomber les écailles qui produisaient encore assez de poussières pour rendre l’opération dangereuse; aujourd’hui, l’ouvrier ne tortille pas les grilles, ce qui les rendrait « gauches * et par suite difficiles à placer à la mise en couche suivante. Il se contente de donner des petits coups de martelet, jusqu’à ce que le plomb soit débarrassé de la partie carbonatée.
- Aujourd’hui l’opération a lieu sans pulvérisation ni criblage, et le décapage a lieu à la main ou mécaniquement. Quand le travail se fait à la main, cette séparation est obtenue avec la moindre poussière possible, l’ouvrier frappe la grille avec un petit marteau (maillet en bois) et aussitôt la céruse se détache et tombe dans un petit bac disposé en conséquence, sans qu’il soit nécessaire de faire un criblage. Quand le décapage est obtenu mécaniquement, comme cela a lieu maintenant dans l’usine Perus, grâce à une machine brevetée s. g. d. g. en 1884, la séparation de la céruse du plomb non attaqué se fait à l’aide
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- d-une grille inclinée, dont les barreaux sont distants de 2 centimètres : il n’y a donc pas, à proprement parler, de criblage.
- La grille de plomb carbonate glisse le long d’une grille de fonte, animée d’un mouvement lent de haut en bas, et, pendant sa descente, elle reçoit des coups de martelets mus mécaniquement. Quand la descente est effectuée, la grille de plomb est décarbonatée et la céruse recueillie au-dessous de la machine, dans des réservoirs fermés.
- Autrefois, quand on employait le plomb coulé en plaques, il fallait un véritable criblage. On faisait alors passer des plaques entre des cylindres cannelés; ce passage avait l’inconvénient de déchirer beaucoup de plaques et fournissait une quantité considérable de morceaux de plomb de toutes grosseurs, dont il fallait se débarrasser par un criblage complet; de là une succession de tamis avec toiles métalliques de numéros variables, lesquels produisaient une poussière toxique au plus haut degré. Cet appareil avait reçu des ouvriers le nom caractéristique de « diable ». Les dangers de cet appareil ont fait adopter, dans l’usine Perus, le coulage en gaufres, puis le nouvel appareil, pour décaper mécaniquement les dites gaufres, ou grilles carbonatées, sans criblage. Les morceaux de céruse tels qu’ils tombent, gros ou petits, sont directement portés à la chaîne à godets, qui les monte mécaniquement aux meules et là, a lieu le broyage à l’eau qui constitue une nouvelle phase d’opérations dont nous parlerons bientôt.
- Cet appareil très simple, qui donne de si bons résultats, est complètement enveloppé et hermétiquement fermé. Il est muni d’un ventilateur qui permet d’éviter aux ouvriers la poussière toxique. Le carbonate tombe dans des récipients qu’on retire toutes les demi-heures. Le plomb, débarrassé de la céruse, glisse le long d’un plan incliné
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- et vient se placer lui-même sur un wagonnet, à l'aide duquel on le conduit aux couches en confection.
- La plupart des autres usines n'emploient pas le nouvel appareil que nous venons d'indiquer, ce qui les oblige à travailler dans de mauvaises conditions au point de vue économique et hygiénique.
- En effet, on peut fixer de la manière suivante le nombre des ouvriers nécessaires, à production égale, suivant les procédés employés :
- 1° Pour ramasser et décaper les plaques de plomb, 35 ouvriers sont nécessaires;
- 2° Pour ramasser et décaper à la main les gaufres car-bonatées, 20 ouvriers;
- 3° Pour ramasser et battre les gaufres mécaniquement, avec le nouvel appareil, 14 à 15 suffisent.
- Ce qui permet une diminution de plus de 50 0/0 du personnel du premier au troisième système : et autant de diininution de chances d’intoxication.
- Le grand mérite de l'usine Perus est de chercher, par la diminution du nombre d'hommes employés, à réduire le nombre des sujets exposés à l’intoxication, tout en donnant à ceux employés les soins les plus vigilants.
- 4° Broyage à Veau. — Une disposition spéciale fait que la céruse sèche monte à une hauteur convenable, tombe mouillée dans les meules et passe successivement dans divers jeux de meules, sans que le travail manuel intervienne. Un seul ouvrier surveille le tout et n’a pas d’autre travail à exécuter que le réglage des meules courantes, l’arrêt et la mise en route.
- Les meules sont complètement enveloppées .d’une garniture en tôle de cuivre hermétiquement fermée.
- Enfin, les ventilateurs enlèvent, au fur et à mesure de leur production, les vapeurs plus ou moins vénéneuses qui pourraient se produire, et rafraîchissent les meules.
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- De sorte que Tunique ouvrier employé à la surveillance des meules est exempt du danger d'intoxication, puisqu’il n'existe pas de poussière et que les vapeurs même sont envoyées hors de Tusine.
- Le travail qui se faisait auparavant avec huit hommes se fait aujourd’hui avec deux.
- Autrefois, dans cette opération, on se bornait à éviter aux ouvriers le contact de la pâte avec les mains, mais l’expérience a démontré qu’il ne suffisaiLpas de ne point toucher la céruse avec les mains pour être exempt de maladie saturnine, car l’empoisonnement se produit par l’aspiration et l’absorption cutanée.
- 5° Moulage et dessiccation de la céruse broyée à Veau. — La bouillie de céruse sortant des meules est abandonnée au repos, Teau incorporée surnage et au fond se dépose une pâte ferme que Ton verse dans des pots en terre, de forme conique et non vernissés, où a lieu l’égouttage; ensuite on les expose à l’action de la chaleur dans un séchoir. La dessiccation, après que la céruse a été extraite des pots, est terminée dans une étuve où circule un courant d’air chauffé.
- On a renoncé au nettoyage des pots et des pains, qui constituait un travail assez dangereux, et on se borne à nettoyer les pots cassés hors de service. On les fait tremper pendant plusieurs jours dans un bac rempli d’eau, on lave les pots, on décante Teau et on recueille la céruse humide.
- 6° Pulvérisation. — Cette opération est exécutée, encore aujourd’hui, chez certains fabricants, dans des conditions dangereuses, par suite de la poussière qui se répand dans les ateliers.
- Chez Mme Vve Perus, on a remédié à cet inconvénient. Les meules employées sont horizontales et en marbre blanc; chaque paire est enfermée dans un tambour, dont
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- le fond supérieur a une trémie où les pains de céruse sont placés et concassés par Faction d’un cône strié, qui reçoit un mouvement de rotation autour de son axe. Les fragments tombent dans la trémie fixée à la meule supérieure. La poudre broyée est rejetée, par la force centrifuge, vers le pourtour des meules; de là, elle se rend dans un blutoir renfermé dans une armoire à doubles portes. La poudre tombe dans un auget contenant une vis d’Archimède, laquelle la conduit à un orifice unique ; de cet orifice descend un tuyau qui vient déverser la poudre dans un wagonnet complètement fermé, sur le couvercle duquel est un regard en verre permettant de constater à quel degré de remplissage se trouve le wagon.
- Quand cette disposition n’existait pas, on introduisait des wagonnets en dessous du blutoir, de sorte qu’on devait ouvrir la caisse qui entoure le blutoir pour s’assurer que lesdits wagonnets étaient remplis et pour les retirer.
- Actuellement toute la caisse est hermétiquement fermée,
- 11 n’y a qu’un point de sortie à l’extrémité de la vis d’Archimède.
- 7° L’usine Perus a réalisé un progrès important qui tend à se généraliser et qui consiste à ne plus fabriquer seulement la céruse en poudre, mais la céruse à l’huile directement.
- Aujourd’hui on est arrivé à pratiquer le mélange d’huile et de céruse en employant la pâte molle sortant des meules, ce qui permet de supprimer la dessiccation et la mouture à sec.
- La pâte , est versée dans un malaxeur cylindrique en fer, et on y ajoute l’huile qui est de l’huile de lin ou de pavot. Dans l’intérieur du malaxeur, tournent des tiges disposées en hélice, qui divisent la matière et permettent de produire un mélange intime. Le malaxeur peut recevoir de 300 à 1,000 kilogrammes de céruse; au-dessus est fixé
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- un tube amenant d'un réservoir l'huile de pavot dans le cylindre; on introduit d’abord 7 1/2 0/0 d’huile, qui s’incorpore facilement et chasse l'eau que l'on fait écouler. On ajoute, à ce moment, 2 1/2 0/0 d'huile. Le mélange, retiré du malaxeur, passe entre deux jeux successifs de cylindres en fonte, qui en font une pâte très fine, prête à être livrée au commerce. La proportion d'eau restant dans la céruse à l'huile est très faible; si elle était supérieure à 1/2 0/0 le produit serait d'un mauvais emploi dans la peinture. Pour obtenir des produits de qualité tout à fait supérieure, on peut faire dans le malaxeur le mélange de l’huile et de la céruse en poudre, sans que cette poudre soit très fine. En tous cas, on voit que, dans la préparation de la céruse à l’huile, il n'est pas nécessaire d’amener la céruse à sec, à l'état de poudre très fine, et, par suite, on supprime une des opérations les plus insalubres de la fabrication.
- Grâce à ces améliorations, aucun accident saturnin n'a été signalé depuis longtemps. Néanmoins, les ouvriers sont astreints à des lavages nombreux. Des cuvettes avec robinets à eau chaude et eau froide sont installées dans une pièce spéciale et les salles de bains sont mises à la disposition des ouvriers. Tous travaillent avec des gants de cuir qu'on remplace avant qu'ils soient usés, aussitôt qu'ils sont sales. Les ouvriers qui emballent les poudres, les seuls qui soient directement exposés aux poussières toxiques, s'appliquent sur la bouche un linge mouillé suspendu par de petites cordes. Ce procédé si simple est supérieur aux masques divers qui ont été inventés et qui, tous, ont l’inconvénient de gêner la respiration des ouvriers en rendant le travail plus pénible; aussi se débarrassent-ils de cette sorte d'entrave.
- Des visites fréquentes sont faites par un médecin dans l'usine et à domicile ; les médicaments sont donnés gra-
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- tintement, et, en cas de maladie, une caisse de secours est destinée aux besoins des ouvriers.
- De plus, une caisse de retraite assure une pension aux ouvriers de l’usine.
- La maison Yve Jules Perus et Gie a été fondée en 1858 dans un faubourg de Lille, à Fives, qui est aujourd’hui un des centres manufacturiers les plus importants de France. L’usine, dès le début, a obtenu une fabrication des plus satisfaisantes, et, par des améliorations successives, est arrivée à être une des premières de France et du monde entier.
- Les terrains sur lesquels sont construits l’usine couvrent une superficie d’un hectare. Les nombreux ateliers dans lesquels sont exécutées les diverses opérations que nous avons décrites, sont vastes, clairs et bien aérés. Pour faciliter les transports des matières premières, de la céruse, et des barils, l’habile directeur de cet établissement vient d’installer un chemin de fer aérien, de manière à faire tous les transports sans gêner la circulation des ouvriers dans les diverses parties de l’usine.
- Des monte-charge permettent l’élévation des matières en fabrication et même le chargement des voitures, qui a lieu mécaniquement dans des conditions très rapides. Aussi, peut-on parfois expédier dans une journée 40,000 kilos sans perdre un instant et sans fatiguer les ouvriers. Deux générateurs perfectionnés semi-tubulaires de 60 chevaux chacun produisent la vapeur nécessaire à la consommation de l’usine.
- La force motrice est produite par une machine horizontale, du type Gorliss modifié, de 50 chevaux avec détente de 1/10, pouvant aller à 100 chevaux avec détente de 1/5.
- Un atelier de réparations avec les machines et outils nécessaires, c’est-à-dire des scies, machines à percer, tours, etc., permet l’entretien parfait du matériel.
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- Quant à la réception des matières premières, elle a lieu, pour le plomb, dans un magasin attenant à la fonderie; celle des acides et du fumier se fait dans le couloir principal qui traverse les fosses.
- L’usine emploie environ cent ouvriers, tous hommes, qui touchent un salaire variant de 3 à S francs. Cette industrie est considérée comme si peu malsaine à Fives, que le recrutement des ouvriers ne présente pas de grandes difficultés, et cependant aujourd’hui, les exigences des ouvriers rendent ce recrutement pénible pour beaucoup d’industries. L’usine produit, surtout en hiver, la céruse brute, qu’on désigne aussi sous le nom d’écailles de blanc de plomb, et en été, on complète la fabrication par le broyage à l’huile.
- La première phase des opérations demandant plus de main-d’œuvre, il en résulté qu’on peut avoir un personnel moindre à l’époque où le recrutement en serait plus difficile, puisque les ouvriers trouvent facilement à travailler dans les champs. L’usine consomme annuellement 2,500,000 kilogrammes de plomb, ce qui lui permet de fabriquer 3,500,000 kilogrammes de céruse, production très importante, si on la compare à celle de la France entière. La production française varie de 15 à 17 millions de kilogrammes. Quant à l’importation, elle ne paraît pas atteindre 2 millions.
- On voit que la production de la fabrique Perus représente le cinquième de celle de toute la France et dépasse celle des plus importantes fabriques qui ne produisent que 2,500,000 kilogrammes.
- Sur les 3,500,000 kilogrammes sortant de l’usine Perus, on peut estimer au dixième du poids total la quantité de céruse en poudre vendue; il reste 3,150,000 kilogrammes de céruse broyée à l’huile, dont le prix moyen est de 50 francs les 100 kilogs. N’oublions pas d’indiquer l’utili-
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- sation des résidus de la fabrication. Les viéux fumiers, c’est-à-dire ceux qui ont été employés à la production de l’acide carbonique par fermentation, sont encore susceptibles de servir pour la fertilisation des champs. L’effet de ce fumier est plus lent, mais il se fait sentir en temps opportun; ce n’est donc point un engrais enlevé par l’industrie à l’agriculture. 11 est vendu à peu près à 25 ou 30 0/0 de sa valeur première et à 50 0/0 de réduction de son volume primitif. —
- Les déchets provenant du broyage sont incinérés; les impuretés qui se produisent à la surface du plomb en fusion et généralement tous les bas produits de cette fabrication forment des cendres qui sont livrées aux fabricants de minium. Ces cendres sont oxydées dans des fours spéciaux employés dans la fabrication du minium.
- La production de l’usine Perus représente plus de quinze cent mille francs d’affaires.
- Toutes les céruses sont expédiées en barils simples de bois, cerclés en bois ou en barils garnis à l’intérieur de zinc ou de fer-blanc.
- Cette industrie de la eéruse n’est point protégée contre les produits étrangers. Aucun droit n’est perçu à l’entrée sur les céruses sèches, même les céruses en poudre, qui constituent des produits absolument terminés. C’est même là une des raisons qui empêchent la suppression immédiate de la fabrication de la eéruse en poudre en France.
- Sur la eéruse broyée à l’huile il y a un droit dé 4 francs par 100 kilogrammes, de sorte que les étrangers ont soin de n’importer que des céruses en poudre qui, en France, sont mélangées avec l’huile. Mais fort heureusement, les consommateurs français ne se laissent pas séduire par le bon marché, et ils préfèrent la eéruse lilloise à tous les produits de l’Allemagne ou de la Belgique.
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- La céruse broyée à l’huile paie 23 francs par cent kilos pour entrer non seulement en Allemagne, mais même dans les provinces annexées (Alsace-Lorraine). Ces chiffres laissent deviner la supériorité des produits français sur ceux de nos voisins.
- La meilleure récompense qui ait été jusqu’ici accordée à la maison Perus, consiste dans la préférence que lui accordent les consommateurs les plus importants et les plus difficiles, tels que les administrations de chemins de fer, les Compagnies spéciales pour construction de wagons. La préoccupation a été plutôt de conserver le premier rang au point de vue commercial que de chercher à éblouir les consommateurs par de nombreuses médailles.
- Cependant, elle a su, dès l’année de sa fondation, obtenir une récompense à Rouen, puis à Londres; depuis lors, elle n’a plus cherché les récompenses honorifiques et n’ja plus participé aux expositions.
- S’il nous est permis de lui donner un avis, nous lui conseillerons cependant de ne point négliger les grandes assises de l’industrie au moment où la Belgique prépare à Anvers une exposition internationale et surtout au moment où la France sent, de plus en plus, le besoin de rejeter au dehors son trop-plein. Nous engageons vivement la maison Perus à exposer ses produits et surtout sa méthode de fabrication, persuadés qu’un jury compétent saura, par une récompense exceptionnelle, assigner à la fabrication de l’usine Perus, vis-à-vis de l’étranger, la place si importante qu’elle a su légitimement conquérir en France.
- Paris. — lmp. Cb. Maréchal et J. Montorier, 16, Passage des Petites«£curies.
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- EXPOSITION DE ROUEN
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- Nous manquerions aux traditions établies par M. Tur-gan, l’éminent fondateur de la Revue des Grandes Usines, si nous laissions passer l’Exposition de Rouen sans en résumer, pour nos lecteurs, les partiesJes plus intéressantes, et sans leur faire connaître les noms des grands industriels qui ont contribué à lui donner tant d’éclat.
- On sait que le département de la Seine-Inférieure est un des mieux cultivés de France; le concours régional agricole préparé à Rouen par l’Etat, en 1884, était donc nécessairement appelé à un grand retentissement. C’est à l’occasion de cette fête de l’agriculture que quelques membres de la Société industrielle conçurent la pensée d’organiser une grande exposition, et une commission d’études com posée de quinze membres fut chargée d’aviser aux moyens de mener à bonne fin cette vaste entreprise. Toutes les sociétés savantes de Rouen s’entendirent bientôt entre elles, et, dans une réunion de leurs représentants, on procéda à l’élection d’une commission exécutive. La présidence d’honneur fut offerte à MM. Hendlé, préfet de la Seine-Inférieure, et Ricard, maire de Rouen, et acceptée par eux ; puis le comité d’organisation qui comptait parmi ses membres MM. Benner, Delamare, Deshays, Pimont et Rivière, choisit pour président M. Besselièvre, pour vice-présidents MM. Powell et Ch. Pinel, et pour secrétaire i\l. Lebon. Tous ces noms bien connus dans le monde industriel étaient de sûis garants du succès; nous qui avons visité l’exposition dans ses moindres détails, nous pouvons affirmer que l’espoir fondé sur la composition du comité n’a pas été trompé.
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- Les Rouennais n’ont pas encore oublié leur magnifique exposition de 1859 et les merveilles que la Société industrielle et la Société d’émulation, créatrices des expositions, avait étalées sous les yeux des 400,000 visiteurs accourus de tous les points de la France. L’emplacement qui avait servi en 1859, le champ de Mars, s’imposait donc, pour ainsi dire, au choix du comité de 1884. C’est sur le même terrain, mais dans des proportions beaucoup plus vastes, que le palais de l’exposition a été construit par M. Villette, sous là direction de M. Poan de Sapincourt. L’ensemble des bâtiments forme un quadrilatère irrégulier qui comprend des galeries de 31 mètres de largeur, composées d’une nef de 15 mètres dé hauteur, de deux bas-côtés et d’un promenoir couvert. Ces galeries occupent une surface de 17,000 mètres carrés et ne mesurent pas moins de 600 métrés de longueur. Elles entourent un jardin de près d’un hectare, dans lequel sont disséminés des kiosques offrant des attractions de toute sorte. L’entrée monumentale et toute la partie artistique de la construction sont l’œuvre de M. Loisel, architecte à Rouen.
- L’exposition comprend toutes les industries des départements de l’Aisne, du Calvados, de l’Eure, de l’Eure-et-Loir, de la Manche, de la Mayenne, du Nord, de l’Oise, de l’Orne, du Pas-de-Calais, de la Sarthe, de la Seine-Inférieure et de la Somme. A ce point de vue, c’est donc une exposition régionale. Mais en dehors des nombreuses et riches productions de ces 13 départements, l’exposition est nationale pour les industries de la laine et du coton. 11 ne pouvait en être autrement, étant donné la place considérable que tient, dans ces industries, lé département de la Seine-Inférieure. Les applications industrielles de l’électricité ont pris, dans ces dernières années, surtout en ce qui concerne l’éclairage et la force motrice, des développements considérables. Le comité s’est bien gardé de
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- commettre la faute d’appeler seulement aux grandes assises qu’il ouvrait à Rouen les électriciens de la région ; il a voulu que l’exposition fût nationale pour l’électricité. Il faut le remercier de cette décision éminemment favorable à l’expansion d’un agent certainement appelé à réaliser de grands progrès dans nos manufactures. -11 y avait encore un élément de succès qu’on ne pouvait négliger. Les collections artistiques des amateurs de la région Rouennaise renferment des richesses incalculables. Appel a été fait à tous les collectionneurs et une exposition d’art rétrospectif a été organisée dans le palais des consuls par un comité particulier, sous la présidence de MM. Alfred Darcel et Adrien de Germiny.
- L’exposition s’est donc ouverte dans des conditions exceptionnellement favorables, et le succès le plus complet a couronné les efforts de ses fondateurs. Plus de 3,000 ex-iposants ont apporté les produits les plus variés des diverses industries de la région, et les visiteurs qui se comptent par plusieurs centaines de mille ont consacré par leur empressement la réussite d’une œuvre qui n’avait pas d’autre but que d’affirmer la vitalité et la puissance du travail national. *
- Avant d’entrer avec le lecteur dans les galeries de l’Exposition, nous tenons à faire une observation générale à propos d’un fait qui nous a paru des plus regrettables. Tout exposant est justiciable du jury et doit se soumettre à sa décision, même dans le cas où elle lui est défavorable. Or, nous avons constaté que quelques industriels, en trop grand nombre, avaient décliné la compétence des juges qu’ils s’étaient librement choisis. Dans plusieurs vitrines, on a pu voir des pancartes sur lesquelles étaient écrits, en gros caractères, ces mots : Médaille refusée pour incompétence du Jury. C’est là un procédé inconvenant et qui marque bien l’esprit d’indiscipline et de révolte qui
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- s'est emparé de la Société moderne. Il est fâcheux que ce souffle malsain ait pu pénétrer dans le temple des arts et de l’industrie.
- Nous avons pour but de rendre compte ici de l’exposition régionale, au point de vue industriel ; nous sommes donc forcé, à notre grand regret, de passer sous silence l’exposition des arts rétrospectifs.
- Que le lecteur veuille bien nous suivre au palais du Champ-de-Mars. Parcourons ensemble les principaux groupes dont se compose l’exposition, en ayant soin de nous arrêter surtout aux vitrines dont l’importance appelle l’attention. Si quelques industries nous sont familières et si de vieilles relations nous permettent de donner des détails intéressants sur certaines fabrications, nous avons la conviction que ceux auxquels nous allons servir de cicérone ne s’en plaindront pas.
- Un groupe scolaire comprenant les trois ordres d’enseignement a été annexé à l’exposition. C’est là une idée des plus heureuses, car la question de l’enseignement préoccupe à juste titre l’opinion et les pouvoirs publics, et rien ne pouvait éveiller là sympathie des visiteurs plus que les exhibitions d’œuvres de jeunes élèves. C’était un moyen bien naturel de faire naître une émulation salutaire dans la population scolaire. En même temps, on pouvait révéler des méthodes simples et heureuses dont les pères de famille et les maîtres eux-mêmes devaient tirer un excellent parti. Le nombre des récompenses a été considérable dans ce groupe. M. Benner, membre de la commission, et M. de Vesly, membre du jury, ont été naturellement mis hors concours ; nous avons été heureux de constater que le lycée Corneille, de Rouen, avait obtenu un diplôme d’honneur.
- L’agriculture est très bien et très utilement représentée. Les installations diverses, le matériel, les engrais naturels,
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- les animaux nuisibles et utiles, composent une exposition très intéressante. Des diplômes d’honneur ont été accordés au Comice agricole de Rouen et à M. Fontaine, de la Made-leine-lès-Lille (Nord), pour son coupe-racine centrifuge et son épurateur continu des flegmes.
- La silviculture et la pomoculture, l’horticulture, l’apiculture, l’aquiculture et l’ostréiculture, les boissons, composent les 4e, 5e, 6e et 7e groupes. Entre autres curiosités, il est impossible de ne pas s’arrêter devant l’exposition de l’administration des forêts, de Rouen, pour ses objets de toute nature se rattachant à l’éducation et à l’exploitation des forêts et au commerce des bois. Le jury ne pouvait mieux placer un diplôme d’honneur. N’oublions pas M. Roubeau fils, du Havre, dont la collection de liqueurs et spiritueux est irréprochable.
- Les industries métallurgiques forment le 8* groupe, où se trouvent les produits de la Compagnie asturienne des mines, ceux de M. Hemerdinger, de Rugles (Eure), de la Société anonyme des mines et fonderies de la Vieille-Montagne (Oise), et de la Société des forges et fonderies de Montataire (Oise), dont les fers, aciers, tôles et fontes brutes attirent l’attention.
- Le 9e groupe (industries mécaniques) offre un intérêt tout particulier. C’est là que MM. Tulpin frères, bien connus des lecteurs de la Revue des Grandes Usines, que MM, Le-thuillier et Pinel, MM. Boudier frères, M. Decauville, la Société alsacienne de constructions mécaniques de Belfort, et tant d’autres que le défaut d’espace nous empêche de nommer, ont réuni ces merveilleux appareils, créations les plus récentes dues aux efforts réunis du savant et de l’industriel. La maison Lethuillier et Pinel, dirigée aujourd’hui par M. Ch. Pinel, ancien juge au tribunal de commerce de Rouen, a été créée par M. Lethuillier-Pinel, inventeur du flotteur à indicateur magnétique. Depuis 1859,
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- ce grand établissement a marché de progrès en progrès, et, comme construction, il est aujourd’hui hors de pair. On doit à M. Ch. Pinel l’invention d’une soupape de sûreté qui laisse bien loin derrière elle tout ce qui avait été fait jusqu’à ce jour. L’installation de la Société anonyme des anciens établissements Gail n’est pas en rapport avec son importance bien connue. Mais si peu nombreux que soient les spécimens envoyés par la Société, nous leur devons une mention spéciale en raisonUe leur originalité et de l’excellence de leur construction.
- A l’extrémité sud de la galerie des machines, se trouve la remarquable exposition de M. Th. Powell. Elle se compose d’une machine au repos, à balancier à deux cylindres, type qui a valu au chef de la maison, lors de l’exposition de 1878, une médaille d’or et la croix de la Légion d’honneur ; d’une petite machine Brotherhood à trois cylindres, dernier spécimen de 1883, et enfin, d’une machine horizontale Woolf ou Gompound de 160 chevaux indiqués. Mais nous rie voulons pas insister davantage sur l’exposition de M. Powell. Nous nous bornerons à dire que le monde industriel doit lui être reconnaissant du double concours qu’il a prêté à la grande exhibition rouennaise de 1884.
- Nous trouvons dans le 10e groupe le matériel et les produits de fabrique et de laboratoire, les blanchisseries, les teintureries, les indiennes, etc. La Société anonyme des établissements Malétra, celle de Saint-Gobain, Ghauny et Ciray, la Compagnie générale de l’alun romain, l’établissement Pérus (Jules) et Gie, de Fives-Lille (la première fabrique de céruse du monde entier), tiennent la tête des diverses branches qui ressortissent à ce groupe.
- Nous arrivons au 11e groupe (matériaux, matériel, projets de construction). Arrêtons-nous devant la curieuse exposition de la Chambre de commerce de Rouen qui nous
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- présente le plan du port, la seine maritime (plan et profil), la seine fluviale (plan et profil de Paris à Rouen et de Rouen à la mer). Tous ces dessins qui sont d’une exécution parfaite, ont valu un diplôme d’honneur à la Chambre de commerce.
- L’industrie normande s’est imposé, depuis vingt-cinq ans, de grands efforts d’intelligence et de travail. Les traités de 1860, la guerre de Sécession et les progrès réalisés eh mécanique ont nécessité dans l’outillage des transformations successives. Plusieurs maisons emploient maintenant toutes les sortes de cotons et produisent les numéros^ et les qualités les plus variés. Nous ne pouvons citer les noms de tous les industriels qui se sont fait remarquer à l’exposition de Rouen; contentons nous de constater le succès obtenu par MM. Pouyer-Quartier et Cie, Octave Fouquet, Badin, Gresland, Berg; Lecomte, la Société co-tbnnière, Philippe et Cie, Waddington fils et Cie, Sement et fils, Bouillant, etc..., dont les produits sont très appréciés et recherchés, non seulement dans leur circonscription, mais à Fiers, à Condé, dans la Mayenne, à Roanne et dans les Vosges; presque partout ils sont préférés aux filés similaires de provenance étrangère.
- Depuis quelques années, un grand progrès a été accompli dans la fabrication des impressions pour teintures et ameublements. Si Rouen est, sous certains rapports, inférieur à Mulhouse, les objets qui sortent des fabriques normandes répondent aux besoins du plus grand nombre par la modicité du prix, l’ornementation et la durée. M. Besselièvre tient toujours la tête de cette industrie. Comme exposant et comme organisateur de la grande manifestation industrielle de 1884, il a bien mérité de ses concitoyens. Mentionnons aussi l’exposition de MM. Girard et Cie, de Dèville-lès-Rouen, dont les produits, si remarqués à Paris en 1878, avaient valu un grand prix à leur maison.
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- Dans la classe 43 (tissus de coton blanchis, teints et apprêtés), nous trouvons parmi les exposants MM. H. Wallon et P. Miray, sur lesquels nous tenons à attirer d’une manière spéciale l’attention de nos lecteurs.
- M. H. Wallon dirige seul, depuis 1876, le magnifique établissement de la rue du VaJ-d’Eauplet. La maison, fondée en 1802, sous la raison sociale Godet, Vve Charpentier et Sèment, a eu successivement pour chefs : Mme Yve Sèment et M. Cronier (1807^1814)^1. Cronier (1814-1846), MM. Cronier père et fils (1846-1875), MM. A. Cronier et H. Wallon (1875-1876), enfin M. H. Wal-, Ion, après la mort de M. A. Cronier, décédé en 1876. C’était, à l’origine, un petit établissement de teinture, que des agrandissements successifs ont transformé en une manufacture de premier ordre. L’ensemble des constructions se développe en amphithéâtre, depuis le pied de la colline que surmonte la chapelle de Notre-Dame-de-Bon-Secours jusqu’à la Seine. Cent cinquante ouvriers sont employés tant à la teinture à façon des tissus de coton qu’à la fabrication des toiles gaufrées pour la reliure. Nous avons retrouvé dans la vitrine si admirablement composée par M. Wallon, ces magnifiques couvertures que la maison Hachette emploie pour ses plus beaux livres illustrés et qui étaient disposés avec art au milieu des productions les plus nouvelles de la teinturerie.
- Parmi les produits nouveaux, nous avons remarqué des tissus blanchis ou teints de ramie ou china-grass, textile nouveau appelé à un grand avenir et dont on fabrique déjà soit du linge de table damassé, soit des coutils pour vêtements, soit de la toile pour chemises.
- #Les récompenses obtenues par M. H. Wallon et par ^MM. Cronier, ses prédécesseurs, sont des plus nombreuses et des plus éclatantes : une médaille d’argent à Caen et à Paris en 1855, une médaille d’or à Rouen en 1859, une
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- médaille d'argent aux expositions universelles de 1867 et 1878 et à l’exposition de Melbourne en 1880. M. Wallon se présentait donc dans des conditions exceptionnellement favorables devant le jury de l’exposition de Rouen, qui n’a pas hésité à lui décerner un diplôme d’honneur, c’est-à-dire la plus haute récompense dont il pouvait disposer.
- Il y avait toujours de nombreux visiteurs arrêtés devant la grande vitrine de M. Paul Miray, dont les fabriques de Rouen et de Darnétal produisent des teintures de toutes couleurs sur coton filé, jute, chanvre, china-grass et rubans. Les noirs d’aniline inverdissables et indestructibles, le bleu d’indigo de toutes les intensités par les cuves au sulfate de fer et par les cuves au zinc, les couleurs azoïques, les rouges et roses d’alizarine, les violets au méthylaniline, etc., attiraient surtout les regards. La vie industrielle de M. P. Miray comprend des phases bien diverses et peut servir d’enseignement aux jeunes gens qui se proposent d’entrer dans l’industrie, nous allons la résumer en quelques lignes.
- En 1840, M. Miray père prenait la suite de M. Ballue, teinturier en bleu indigo, rue Préfontaine, à Rouen. C’était un petit établissement qui produisait environ 400 kilos de coton teint par jour. De 1840 à 1859, aucun progrès sensible ne fut réalisé, M. Miray ne cherchant pas à développer son industrie et se contentant de procurer le travail nécessaire aux quelques ouvriers de l’atelier.
- En 1859, Mme Miray, en mère intelligente et dévouée, voulut conserver à son fils, encore enfant,- la suite de la maison paternelle, et elle prit, d’une main ferme et habile, la direction générale des affaires. Pour conduire l’atelier de la teinture, elle fit choix de M. Bonnefoi-Roberge, qui passait alors, à juste titre, pour un des plus
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- capables directeurs de teinture en bleu d’indigo. Dès lors, la vie devint plus active, et le travail et la production présentèrent un accroissement rapide. En 1861, il était teint journellement 600 kilos de coton en bleu indigo. C’est à cette époque que Mme Miray retira du lycée de Rouen son fils, alors âgé de quinze ans à peine, et le plaça comme ouvrier dans les ateliers, où il passa par toutes les étapes du métier. En 1863, Mme Miray, sur les instances de son fils, acheta le matériel d’un teinturier voisin, et bientôt la maison, outre les bleus d’indigo, livra les jaunes et oranges de chrome, des verts sur bleu indigo, des cachous et marrons, des amaryllis et quelques nuances fines obtenues par l’emploi des produits dérivés du goudron de houille, produits récemment découverts, donnant des couleurs d’une vivacité extraordinaire. L’établissement entre alors dans une nouvelle période et la production s’élève à 800 kilogrammes par jour. La chimie, continuellement en progrès, offre à chaque instant des matières colorantes nouvelles : aux fuchsines succède, en 1866, le magnifique violet de méthylaniline de M. Poirrier de Saint-Denis, puis le vert lumière fait son apparition. M. Miray se tient au courant de ces nouveautés et en fait, avec succès, l’application jusqu’en 1870. Mais les événements douloureux, dont l’ensemble constitue Vannée terrible, jetèrent bientôt à Rouen une énorme perturbation, la plupart des établissements furent fermés, M. P. Miray partit dans la mobile, et ce fut une année perdue. En 1872, les affaires reprirent une grande activité, la production s’éleva à 1,000 kilogrammes par jour, et, à partir de 1876, rétablissement livra tous les jours 1,200 kilogrammes de cotons teints; c’est alors que Mme Miray céda Rétablissement à son fils.
- En 1876, les noirs d’aniline apportent un nouvel appoint à la fabrication, la production s’élève encore et
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- les constructions deviennent trop étroites. M. P. Miray crée des ateliers plus vastes, établit de nouveaux séchoirs, transforme son ancien matériel et monte des chaudières et une machine à vapeur. Mais tout cela est encore insuf-. Usant ; il faut changer de local ou restreindre les affaires. M. P. Miray ne pouvant se résoudre à abandonner une partie de sa clientèle, songe à créer un établissement pouvant répondre non seulement à toutes les exigences de la fabrication rouennaise, mais encore aux^demandes extérieures. Afin de mener à bien cette tâche, il prend comme collaborateur un chimiste de talent, M. Fritz Rhem, capable de suivre tous les progrès de la science et d'appliquer sur le coton les matières colorantes que la chimie offre pour ainsi dire chaque jour à l'industrie. Quelques mois après, un grand établissement est fondé à Darnétal. La mise en œuvre eut lieu le 12 mai 1879, et, à la fin de cette première année, il était teint couramment 6,000 kilogrammes de coton par semaine en toute espèce de couleurs, indépendamment de la teinture en bleu indigo qui fournissait à elle seule la même quantité de cotons teints. Les affaires se développant de plus en plus, M. Miray met successivement à la disposition de la main-d’œuvre, les forces mécaniques qui doivent la simplifier et la rendre moins pénible. De petits wagonnets servent au transport des cotons dans les ateliers, des laveuses mécaniques, des essoreuses ou hydroextracteurs Tulpin, des machines à donner les mordants de teinture, des cuves à teindre mécaniquement sont successivement établis, des ascenseurs, mus par la machine de l'établissement, montent aux divers séchoirs les wagonnets de cotons à mesure que ceux-ci sont terminés à la teinture. Pour éviter les chances d'incendie, tous les séchoirs sont chauffés par de l'air chaud, venant de puissants calorifères (système W. Martin fils) disposés dans les caves. En 1884, au moment
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- dé l’ouverture de l’Exposition de Rouen, l’établissement produisait, en cotons teints de toutes nuances, 15,000 kilo** grammes par semaine. Cette production tend à augmenter sans cesse par l’application des matières colorantes nouvelles. Comme dernières créations, nous citerons les bleus et les oranges d’alizarine, les verts (grands teints) par la céruléine, le jaune-soleil, etc., dont nous avons pu voir des échevettes dans la vitrine de M. Miray.
- L’établissement occupe aujourd’hui 125 ouvriers. Quatre générateurs hé 120 chevaux actionnent une machine de 25 chevaux de force et fournissent la vapeur nécessaire au besoin des ateliers.
- En présence de ces résultats, le jury n’a pas hésité à décerner une médaille d’or à M. P. Miray. C’était la première fois que cet intelligent industriel se produisait dans une exposition, et l’on peut dire que cette haute récompense est le couronnement rationnel d’un travail opihiâtre, s’appuyant constamment sur les progrès de la science. En même temps, M. Fritz Rhem obtenait la médaille accordée aux collaborateurs les plus remarquables des industriels.
- La classe 51 comprend les tissus élastiques en caoutchouc, elle est représentée d’une manière remarquable par MM. Rivière et Cie et par MM. Lucien Fromage et Cie.
- Il nous reste encore un grand nombre de groupes à parcourir, mais nous ne pouvons plus que mentionner rapidement les industriels qu’on a le plus remarqués au Champs-de-Mars.
- L'exposition de Mme We Miroude est très curieuse. C’est M. A. Miroude qui a inventé les machines à bouter mécaniquement les cardes à lin, invention qui a marqué le premier pas vers l’affranchissement du joug commercial que nous imposait l’Angleterre pour la vente des ru-
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- bans de carde. Après la mort de M. A. Miroude, en 1874, Mme Vve A. Miroude prit en main la direction des affaires et continua les traditions de persévérance et de courage établies par son mari. En moins d’une année, elle a pris trois brevets d’inventions qui lui assurent une grande supériorité sur les maisons rivales. Mme Yve Miroude a obtenu une médaille d’or à l’exposition de Rouen.
- Dans la classe 61 (dessins et peintures décoratives), nous trouvons M. J. Adeline, membre de la commission d’art rétrospectif, qui a offert gracieusement le dessin du diplôme des récompenses de l’exposition, et M. Deshays (Emile) dont le panneau décoratif a été très admiré. Dans la classe 63 (métaux d’art), les expositions de M. Marrou et de M. Loquet ont été très appréciées. 11 y a lieu de s’arrêter devant le cadre de glace et le garde-étincelles en fer forgé et repoussé au marteau, de M. Marrou. Des fragments de clochetons de la cathédrale de Rouen, en cuivre martelé^ sont de vrais bijoux. Puisque nous parlons de bijoux, nous ne pouvons passer sous silence l’exposition de MM. Guillemin frères, mis hors concours, ainsi que MM. Adeline et Marrou, comme membres du jury. Un diplôme d’honneur a été décerné à M. Loquet. N’oublions pas M. Fillieul qui a obtenu une médaille d’or pour des grilles et divers objets en fer forgé.
- La remarquable exposition des docks de l’ameublement si habilement dirigés par M. Alexis Vitry fait partie du même groupe. Le cabinet de travail en vieux bois sculpté, style xve siècle, et l’ameublement d’une tourelle de l’Exposition attirent surtout les curieux.
- Dans le 16e groupe (papeterie, imprimerie, gravure), un diplôme d’honneur a été décerné à la maison Poure, O’Kelly et Gie, de Boulogne-sur-Mer, dont nous venons de publier récemment la monographie. M. Augé, libraire-éditeur, a
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- obtenu une médaille d’or pour ses belles éditions, aux magnifiques reliures, de quelques études artistiques sur la Normandie.
- Dans le 17e groupe qui comprend le matériel producteur, la télégraphie, le téléphone, l’éclairage, nous trouvons des noms connus et des maisons dont la réputation est trop bien établie pour qu’il soit nécessaire de les signaler. Des diplômes d’honneur ont été décernés à M. Bre-guet, à la Société électrique Edison, à la Société générale des téléphones, etc.
- 11 nous resterait encore à parler de l’exposition algérienne, à laquelle le comité a fait une large place sur la: demande du gouverneur général de l’Algérie, mais la place nous fait absolument défaut.
- Nous ne saurions terminer cette esquise malheureusement trop rapide de l’exposition rouenriaise, sans remercier publiquement M. Deshays (Léon) du concours qu’il a bien voulu nous prêter. Directeur, depuis 1870, de la plus importante imprimerie de Rouen, dont, la fondation remonte au commencement de ce siècle, M. Deshays, grâce à ses efforts intelligents, a su se placer au premier rang de son industrie. Membre du comité de l’exposition, il a voulu être lui-même exposant, et ses presses ont fonctionné, sous les yeux des visiteurs, dans les galeries du Champ-de*Mars. C’est à lui que nous devons de pouvoir donner à nos lecteurs la vue du palais de l’exposition et le dessin exécuté sous la direction de M. Alexis Vitry, qui représente un cabinet de travail au xve siècle. Qu’il reçoive ici l’expression bien sincère de notre gratitude.
- Paris. — lmp. Ch. Maréchal et J. Montorier, 16, Passage des Petites-Ecuries.
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- A REIMS (Marne)
- TEINTURE & APPRÊTS
- - DES
- MÉRINOS, CACHEMIRES & DES DRAPS
- CHAPITRE PREMIER.
- L’établissement de M. de Tilly, à Reims, constitue une des usines lés plus importantes de France; sa situation dans une ville où le tissage est si considérable, rend à l’industrie rémoise les plus grands services.
- Les nombreux progrès queM. de Tilly a réalisés par l’ingénieux agencement des divers ateliers de son usine lui ont permis d’obtenir une fabrication sans rivale. De tous les côtés, les étoffes lui sont envoyées pour être teintes et apprêtées, et la clientèle de M. de Tilly est si importante
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- qu’il a fallu donner à cet établissement des agrandissements successifs pour satisfaire aux nombreuses demandes. Nous avons parcouru avec un vif intérêt, sous la conduite de l’habile propriétaire et directeur de cette usine, les divers ateliers où s’effectuent la teinture et les apprêts. Nous allons faire suivre au lecteur les opérations qui y sont exécutées, de manière à lui faire comprendre combien cette industrie comporte de détails minutieux et quelle régularité il faut obtenir dans une teinturerie modèle comme celle de M. de Tilly, depuis l’arrivée des étoffes sortant du tissage jusqu’à leur expédition, quand elles ont acquis cet aspect, ce brillant si recherchés dans le commerce.
- Magasins des drogues. — De grands magasins contiennent toutes les drogues employées dans l’usine, c’est-à-dire les matières tinctoriales et les divers produits chimiques nécessaires aux opérations de la teinture. De là bes matières arrivent dans un petit magasin de distribution où l’on remet aux divers contre-maîtres les produits qui conviennent aux opérations dont ils ont la surveillance ; grâce à une comptabilité minutieuse on peut connaître le prix de revient des opérations de chaque atelier. Toutes les drogues, avant d’être reçues, sont soumises à l’analyse dans un laboratoire dirigé par un habile chimiste qui rejette tout produit de qualité inférieure.
- Les bois de teinture doivent subir un découpage en minces copeaux qui sont ensuite cuits pour former les extraits colorants. Le découpage des bois s’exécute dans un atelier spécial ; les plus employés sont les bois de campêche, venant d’Haïti. Dans une cave, ou sous-sol, les bois découpés subissent diverses manutentions pendant lesquelles on a soin de les humecter; ils attendent environ un mois avant d’être soumis à la cuisson.
- Cuisson des bois. —Dans l’atelier de cuisson se trouvent
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- quatre grandes cuves contenant de l’eau que l’on fait bouillir par la vapeur et quatre grands récipients clos, chauffés également par la vapeur : suivant les essences des bois on fait usage de l’un ou de l’autre de ces récipients. La distribution de la matière colorante dans les divers ateliers se fait au moyen d’un système de tuyaux qui partent de la chambre de cuisson ; on réalise ainsi une grande économie de main-d’œuvre.
- La consommation d’eau faite dans l’usine est très considérable : l’alimentation est assurée par trois puits forés à 45 mètres de profondeur; on est ainsi arrivé aune nappe d’eau très peu calcaire, les eaux calcaires étant d’un mauvais emploi dans la teinture. Ces puits sont également espacés dans la longueur de l’usine. Trois pompes centrifuges, dont une de secours et un pulsomètre de grand modèle donnent un débit de 9 mètres cubes à la minute, débit considérable, qui représente, pour une année, la capacité d’un étang de mille mètres de longueur, deux cents mètres de largeur et 7 mètres de profondeur.
- L’eau débitée arrive dans deux grands bassins en fer à cheval.
- La tuyauterie de distribution de l’eau dans l’usine a un développement de six cents mètres. L’eau employée se rend par des caniveaux souterrains dans un égout, et de là, au moyen d’un siphon, dans un grand égout collecteur.
- La production de la vapeur nécessaire à la consommation de l’usine et à la force motrice est très considérable.
- Deux machines jumelées à moyenne pression et à condensation, de la force de 150 chevaux, impriment le mouvement à un arbre de 100 mètres de longueur, qui le transmet à douze arbres secondaires. Les eaux de condensation sont utilisées pour l’alimentation des chaudières ; elles sont dégraissées préalablement, la séparation des matières grasses se faisant par différence de densité.
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- Les eaux arrivent dans la chaudière à une température d’environ 40°, ce qui permet d’économiser le combustible destiné à chauffer les chaudières.
- La production de vapeur est faite au moyen de six générateurs semi-tubulaires, de la force de plus de mille chevaux.
- La chambre de chauffe, une des plus belles que l’on puisse voir, présente deux batteries de générateurs situés vis-à-vis les uns des autres. Des passerelles permettent la surveillance, la circulation et l’alimentation ; celle de surveillance est au niveau du sol de l’usine.
- Quant au combustible, un railway qui traverse un tunnel, permet d’aller chercher le charbon à un magasin, où il est jeté à l’arrivée dans l’usine ; avec deux hommes, ce service qui demandait jadis dix hommes, est assuré pour l’énorme consommation des chaudières, consommation qui s’élève chaque jour à 25 ou 30 tonnes, et, par an, à près de huit millions de kilogrammes, représentant une dépense de plus de deux cent mille francs.
- Cette énorme production est surtout nécessaire, en dehors de la portion employée pour la force motrice, pour chauffer les cuves, les sécheuses à vapeur, les métiers d’apprêt et les autres appareils répandus dans les nombreux ateliers de l’usine.
- Parcourons maintenant les divers ateliers où s’exécutent toutes les opérations, depuis la réception des matières employées par les tisseurs et drapiers, jusqu’à la réexpédition des matières teintes et apprêtées.
- M. de Tilly traite les mérinos et les cachemires, et, depuis quelque temps, il a créé de nouveaux ateliers pour la teinture et l’apprêt des draps de Sedan et de Roubaix.
- Occupons-nous d’abord du traitement des mérinos et des cachemires.
- A leur arrivée, ces tissus sont placés dans un vaste ma-
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- gasin à quatre travées, pouvant contenir 12,000 pièces. Les pièces ont une longueur d’environ 100 mètres ; elles sont classées, puis vérifiées dans un atelier spécial pour constater leur poids, leur longueur et leur bon état. Après la vérification, se fait l’immatriculation; le numéro, après avoir été inscrit sur un livre spécial portant les dimensions de la pièce est cousu sur elle au moyen d?un fil de coton ; avec cette indication, l’étoffe pourra être facilement retrouvée. L’opération qui suit l’immatriculation est le grillage, lequel a pour but d’enlever le duvet qui vient ve-louter les mérinos et les cachemires et leur donne un aspect désagréable à l’œil ; on fait disparaître ce duvet en le brûlant au moyen de la flamme du gaz d’éclairage; ce grillage est fait, chez M. de Tilly, par deux machines à gaz à double rampe, présentant deux lignes de flamme et permettant de griller des étoffes de toute largeur ; ce n’est pas le dard de la flamme qu’on emploie et qui brûlerait non seulement la surface, mais l’intérieur de l’étoffe; on fait raser le tissu par la partie latérale de la flamme. L’appareil employé permet de mélanger de l’air au gaz de manière à empêcher la flamme d’être fuligineuse et de noircir l’étoffe. Chaque jour, plusieurs centaines de pièces de tissus sont soumises à cette combustion partielle qui fait ressortir l’armure. Des ouvriers inspectent l’étoffe qui passe sur des rouleaux d’appel, de manière à vérifier si l’opération a été bien faite ; ensuite la pièce pliée est remise à un porteur qui la livre à l’atelier d'ébrouissage.
- Cette opération destinée à faire disparaître l’encollage qui a été nécessaire pour le tissage, donne aux étoffes une élasticité suffisante pour les empêcher de se chiffonner trop facilement ; l’ébrouissage se fait dans un atelier à une seule travée, où l’on fait passer les pièces dans les bains d’eau chauffée â une température variable suivant la nature des tissus.
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- Ensuite les pièces sont remises à l’atelier de dégraissage : on y a installé 16 grandes cuves contenant des bains de savon et de carbonate de soude à 30°, pour saponifier les matières grasses qui seront ensuite entraînées au rinçage, et des bains de carbonate de soude à 40°, pour dissoudre et extraire les savons et les matières grasses.
- L’étoffe dégraissée est ensuite rincée, c’est-à-dire lavée à grande eau dans une rivière anglaise. Dans les anciennes teintureries, les lavages à grande eau se faisaient dans les rivières ; chez M. de Tilly, cette opération a lieu dans des bassins spéciaux, appelés rivières anglaises, et dont nous aurons l’occasion de reparler plus longuement en décrivant les ateliers de teinture proprement dite.
- Puis, les étoffes sont essorées et portées dans un autre atelier où se fait l’égouttage. Cet atelier comprend une grande travée dans laquelle les pièces attendent avant d’être distribuées aux ateliers de teinture.
- C’est dans ces ateliers que s’exécute l’opération la plus importante, la teinture proprement dite. Les étoffes préparées chez M. de Tilly, sont toutes des étoffes de laine qui, ainsi qu’on le sait, ne s’emparent des principes colorants en dissolution dans les bains de teinture, que si ces bains contiennent des sels métalliques appelés mordants. Les principaux mordants employés sont des sels d’alumine, de cuivre, de fer et d’étain. Les bains de teinture, faits avec le plus grand soin, permettent d’obtenir toutes les colorations; leur composition variable constitue l’habileté du teinturier ; chaque usine a ses procédés et ses formules. M. de Tilly, aidé des chimistes de son usine, en appliquant les procédés que la science découvre chaque jour, arrive à constituer des bains de teinture, au sortir desquels l’étoffe possède des couleurs uniformes et stables. L’uniformité de la couleur est obtenue en aérant le tissu; à cet effet, l’étoffe trempée dans le bain, est appelée hors de ce bain, et subit
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- l’action de l’oxygène de l’air qui développe et fixe la coloration; puis elle est'retrempée et successivement subit l’imbibition et l’aération.
- Cette opération se fait dans de grandes cuves chauffées par la vapeur à l’aide de serpentins.
- La grande difficulté dans la teinture consiste à obtenir exactement la couleur de l’échantillon type ; bien que les contre-maîtres soient très habiles à faire l’échantillonnage, souvent la coloration est un ou plusieursJions au-dessus; il faut alors laver l’étoffe, pour lui enlever partiellement la coloration trop foncée ; quelquefois, au contraire, il faut forcer le ton. Cette opération nécessite une grande expérience; aussi, chaque nuance est-elle confiée, chez M. de Tilly, à un contre-maître spécial.
- Dans l’usine de M. de Tilly, la teinture est faite dans un grand atelier à trois travées qui est divisé en deux autres ateliers : celui des couleurs et celui des noirs.
- L’atelier des couleurs comprend cinquante grandes cuves placées sur trois rangs et dans lesquelles les pièces d’étoffes sont teintes par deux ou par quatre.
- L’atelier des noirs est particulièrement important : il renferme 30 grandes cuves dans lesquelles on prépare journellement quatre cents pièces de tissus.
- La toiture de ces ateliers est disposée de manière à permettre l’échappement des vapeurs qui gêneraient le travail des ouvriers. L’aspect général est des plus curieux et donne l’idée de l’importance de l’usine par le mouvement que l’on y constate et par la régularité des opérations.
- Vient ensuite l’atelier du lavage dans lequel l’étoffe perd l’excédant de coloration.
- Pour les étoffes teintes en couleurs, l’opération s’effectue dans huit grandes cuves en bois où l’eau circule continuellement : et pour les étoffes teintes en noir, le lavage a
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- lieu dans deux grands bassins en pierre de taille, appelés rivières anglaises et qui remplacent le passage en rivière que l’on faisait subir autrefois aux étoffes teintes. Les étoffes plongées dans l’eau et agitées vigoureusement, passent entre deux cylindres sous une pluie abondante : entraînées par ces cylindres, elles redescendent dans l’eau, dont elles remontent le courant qui possède une vitesse de deux mètres et subissent un rinçage. Elles remontent ensuite entre d’autres cylindres, toujours sous une pluie abondante qui achève de les laver ; puis elles sont essorées .
- L’essorage se fait au moyen de quatre hydro-extracteurs qui peuvent être actionnés indépendamment ou tous à la fois.
- Les étoffes sont ensuite séchées dans un atelier spécial qui contient une immense sécheuse à air chaud et trois sécheuses à cylindres remplis de vapeur.
- Des ascenseurs prennent les tissus complètement secs et les conduisent dans des ateliers de visite. Toutes les pièces sont vérifiées ; on constate, d’après le numéro inscrit sur un registre particulier, si l’étoffe possède exactement la couleur de l’échantillon.
- Après cette réception, l’étoffe est épaillée.
- Cette opération consiste à enlever avec de petites pinces les parcelles de pailles qui restent dans l’étoffe. Cet épail-lage, ne demandant l’intervention d’aucun mécanisme, peut être fait en ville par des femmes; M. de Tilly le fait exécuter dans son établissement et en ville, où il occupe, pour ce travail, environ trois cents ouvrières.
- Les pièces épaillées doivent ensuite subir l’opération du rapprochage, qui consiste à fermer les clairs -que l’épail-lage a produits. Ce travail est fait dans un atelier de l’usine qui contient cinquante femmes.
- Avant de subir l’apprêt, l’étoffe est soumise au tondage dans un magnifique atelier, qui contient huit puissantes
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- machines à doubles cylindres. Après cette opération, le tissu présente une surface absolument unie et il ne reste plus qu’à lui donner l’apprêt pour faire disparaître tous les plis.
- L'atelier des apprêts comprend deux vastes nefs, où sont rangés symétriquement 23 métiers, pouvant apprêter 530 pièces en douze heures; pour que le repassage s’effectue dans de bonnes conditions, il faut commencer par arroser l’étoffe, puis on la fait passer sur les trois cylindres creux du métier. Ces cylindres sont chauffés en y faisant arriver de la vapeur : l’étoffe, engagée sous un premier cylindre, contourne ensuite un cylindre supérieur et un troisième situé à la même hauteur que le premier. Deux ouvriers reçoivent l’étoffe, qu’ils doivent toujours tendre et étirer, pour maintenir une largeur constante, en luttant contre l’effet des cylindres qui, en étirant l’étoffe, en diminuent la largeur. Le but de l’apprêt est de repasser l’étoffe, de bien établir la perpendicularité entre la trame et la chaîne et enfin de donner au tissu la largeur demandée.
- Les pièces s’enroulent sur des cylindres en bois, que l’on enlève une fois l’apprêt donné, pour les descendre dans des caves où, pendant vingt-quatre ou quarante-huit heures, les étoffes subissent l’action d’un froid légèrement humide. Ce passage dans les caves est très utile, et il est fâcheux que, dans certaines usines, on oublie cette opération, que M. de Tilly a grand soin de ne jamais négliger ; aussi l’apprêt des étoffes est-il parfait chez lui.
- Après ce passage en cave, l’étoffe est pliée à l’aide d’un rectomètre, et elle est soumise à un dernier examen, qui écarte les pièces dont l’apprêt n’est pas irréprochable. Il ne reste ensuite qu’à l’enrouler sur de petites planchettes et à la remettre à l’atelier d’expédition, d’où elle est renvoyée au fabricant.
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- CHAPITRE IL
- Occupons-nous maintenant des draps qui sont teints et apprêtés aussi bien que les mérinos et les cachemires dans l’usine de M. de Tilly; nous avons préféré séparer les opérations subies par les draps, de manière à ne pas arrêter le lecteur et lui faire voir la succession des opérations par lesquelles l’étoffe de mérinos passe, depuis sa réception, jusqu’à son expédition. Nous allons faire de même pour les draps.
- Les draps, reçus dans l’usine, sont vérifiés pour constater leur poids, leur longueur et leur bon état, puis ils sont immatriculés.
- La première opération est celle du dégraissage, qui a pour but de débarrasser le drap de l’huile qu’il contient; l’étoffe, imbibée de carbonate de chaux, passe entre deux cylindres de bois, de manière à bien faire pénétrer l’émulsion. Quand toute la matière grasse a été extraite, ce que l’on reconnaît au toucher et à l’odorat, il faut procéder au dégorgeage ou lavage, qui s’exécute de la même manière que pour les étoffes de mérinos et dans les mêmes ateliers, avec les mêmes appareils.
- Après ce lavage, on procède à un épaillage chimique, qui a pour but de faire disparaître les corps étrangers mêlés accidentellement au drap dans le tissage. Cette opération, très délicate, s’exécute, dans l’usine de M. de Tilly, par des procédés nouveaux, au moyen d’une machine qui vient d’être montée et qui donne un résultat parfait.
- L’opération suivante, appelée garnissage, a pour but de
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- tirer les filaments qui se trouvent à la surface des tissus, de manière à garnir l’étoffe d’une couche de duvet homogène qui recouvre les traces laissées par le croisement des fils dans le tissage. C’est une opération délicate qui est très bien exécutée au moyen de machines diverses, dont la surface est formée par des cadres garnis de chardons végétaux ou de chardons métalliques.
- Le drap est mis sur un rouleau inférieur ; de là il arrive, par l’intermédiaire d’une tringle,à un -rouleau supérieur, sur lequel il est enroulé par un mouvement de rotation en sens contraire du mouvement du rouleau inférieur; en alternant le sens de rotation, le drap retourne à volonté d’un rouleau à l’autre, au moyen d’organes spéciaux.
- Pendant longtemps, on a utilisé les seuls chardons végétaux;- maintenant M. de Tilly emploie des chardons artificiels, qui ne présentent pas les inconvénients des chardons végétaux, très difficiles à nettoyer.
- Il faut avoir soin de faire le garnissage sur l’étoffe un peu humide.
- Après ces opérations, M. de Tilly a soin de soumettre les draps à un foulage qui augmente la solidité, en ménageant l’élasticité : ce foulage s’exécute dans de grandes boîtes, au moyen de marteaux qui viennent frapper sur le drap et l’assouplissent. La foulerie est une des opérations les plus importantes ; elle est faite au moyen de machines absolument perfectionnées.
- De là, les draps vont à l’atelier de teinture, qui est le même que pour les mérinos; l’opération se fait de la même manière, quelles que soient les étoffes à teindre.
- On ne teint que les draps unis ; les autres draps de fantaisie, qui sont formés de fils teints en couleur avant le tissage, n’ont qu’à subir les derniers apprêts que nous allons décrire.
- Après l’opération de teinture pour les draps unis et après
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- le foulage pour ceux mélangés, il est procédé dans l’usine de M. de Tilly, au séchage.
- Ce séchage se fait mécaniquement, à l’aide de rames qui soumettent le tissu à une température élevée en le maintenant à la largeur et à la longueur voulues.
- Quelques-une de ces rames agissent par rayonnement : ce sont des chambres chaudes dans lesquelles les pièces sont entraînées au moyen de chaînes sans fin. D’autres rames agissent par contact et sont formées d’immenses cylindres en tôle d’acier ayant 1 m. 20 de diamètre. Les draps sont pressés sur ces cylindres par un feutre disposé sur un tablier sans fin.
- Les tissus séchés et ramés sont soumis à une visite minutieuse, puis ils sont tondus.
- Le tondage se fait sur des machines spéciales extrêmement précises. M. de Tilly en emploie de deux sortes, de manière à tondre dans le sens de la longueur et de la largeur ; ces appareils perfectionnés lui permettent d’obtenir un résultat parfait. Après chaque coupe, on visite avec soin le drap, pour vérifier s’il a été tondu également et assez court.
- Après la tonte, les draps sont soumis à l’apprêt. Cette opération, la dernière importante, est le couronnement de toutes les autres. Elle donne à l’étoffe le toucher ferme ou soyeux, l’aspect mat ou brillant, le fini que l’on désire.
- L’apprêt s’obtient de la façon suivante : les pièces pliées d’abord en demi largeur, sont repliées ensuite dans le sens de la longueur, sur un mètre environ. On introduit alors entre chaque pli une feuille de carton spécial, chauffée ou froide, sèche ou humide, suivant l’apprêt que l’on se propose de produire ; de cette manière, l’opération terminée, il y a alternativement un pli de tissu, un carton, puis un autre pli de tissu, un autre carton et ainsi de suite.
- Les pièces ainsi préparées sont empilées entre les
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- colonnes de presses hydrauliques et y sont gardées pendant vingt-quatre heures. La pression qu’elles subissent est variable suivant leur nature et le traitement demandé.
- Le drap n’a plus alors qu’à subir une dernière visite de vérification dans le même atelier que les mérinos et les cachemires et il est ensuite expédié aux drapiers qui l’avaient envoyé à l’usine de M. de Tilly.
- CHAPITRE III.
- Nous avons décrit les nombreuses opérations de la teinture et des apprêts auxquelles on soumet les diverses étoffes, mérinos, cachemires et draps, en prenant comme types les procédés employés chez M. de Tilly. Tous les perfectionnements de la science moderne sont appliqués dans cet établissement, l’un des mieux conçus, non seulement de France, mais de l’Europe, et qui peut servir de modèle, dans l’industrie de la teinture.
- Nous allons chercher maintenant à donner une idée de l’importance des ateliers et de la production de l’usine de M. de Tilly.
- L’usine, à l’aspect grandiose, aux vastes proportions, est située à l’extrémité occidentale de la ville de Reims, au centre de l’industrie lainière. Elle a été fondée en 1873, par M.~ Boulogne, qui fut son premier propriétaire et en même temps son architecte.
- Le plan de la construction était des plus ingénieux et permettait d’employer les bâtiments aussi bien pour une filature que pour une teinturerie.
- En 1878, M. de Tilly, désireux d’appliquer son intelli-
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- gence au développement d’une industrie aussi intéressante, devint propriétaire des établissements créés par M. Boulogne. M. de Tilly se consacra avec ardeur à sa tâche, et, en employant des capitaux très considérables pour développer sa maison, il a pu, grâce à une surveillance constante et à une grande activité, en faire un établissement de premier ordre*
- Les bâtiments couvrent une superficie de 7,000 mètres, au coin de la rue des Moulins et du canal de la Marne à l’Aisne. L’usine est composée de seize nefs, six forment l’aile droite, six, l’aile gauche ; et, au centre, quatre travées, sont disposées en lanterneaux, et laissent échapper la vapeur. Ces nefs centrales correspondent aux ateliers de teinture proprement dite.
- Les galeries sont traversées par un couloir central, servant à la constante inspection du travail; de cette façon, toutes les manipulations sont groupées dans un seul local, sous la surveillance unique de M. de Tilly, et l’usine présente dans toutes ses divisions une harmonie parfaite. Les pièces à teindre et à apprêter suivent, sans revenir en arrière, un chemin régulier et subissent les diverses opérations avec économie de temps, de labeur et d’argent.
- Les ateliers que nous avons décrits, en indiquant les opérations variées exécutées dans cette teinturerie, occupent la plus grande partie des bâtiments. N’oublions pas cependant de citer les ateliers de réparations des machines, de charpente, de menuiserie, de serrurerie, etc., etc., et les écuries contenant dix chevaux.
- A côté du laboratoire pour l’analyse et l’essai des matières tinctoriales, se trouve une imprimerie pour tous les livres nécessaires à la minutieuse comptabilité indispensable pour permettre de retrouver, à chaque instant, les pièces disséminées dans les ateliers. Cette comptabilité permet de réaliser une grande économie et de retrouver la
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- trace d’une opération défectueuse, très rare dans ce bel établissement.
- La production de l’usine de M. de Tilly, par une progression régulière, est arrivée aujourd’hui à être considérable ; en 1878, la teinture et l’apprêt étaient exécutés annuellement sur 28,000 pièces : depuis, plus de cent mille pièces, c’est-à-dire près de dix millions de mètres d’étoffes ont été traités chaque année dans ces ateliers. En 1884, dans le premier trimestre seulement, 42,000 pièces ont subi la teinture ou l’apprêt.
- Les tissus traités sont fournis par Reims, Paris, la région du nord de la France et la Belgique. .
- Le nombre des ouvriers employés dans l’usine dépasse 350, et en dehors, plus de 300 femmes travaillent pour M. de Tilly; elles sont surtout occupées à l’épaillage des pièces teintes et à la couture des lisières pour les étoffes de cachemire.
- M. de Tilly a contracté une assurance contre les accidents de tous ses ouvriers ; cette mesure si prévoyante, permet aux héritiers des ouvriers tués de toucher une somme de 5,000 francs, les ouvriers estropiés touchent 3,000 francs ; pour une mutilation, il leur est alloué une somme de 2,000 francs. De plus, chaque ouvrier malade touche 2fr. 50 par jour, jusqu’à sa guérison complète.
- Un médecin visite, sur un bon spècial, les ouvriers malades et leurs familles, moyennant cinquante centimes chaque fois; la différence est payée par M. de Tilly. Les remèdes sont livrés par un pharmacien, à prix réduits, t tous les ouvriers malades. Nous avons tenu à donner tous ces détails qui prouvent avec quelle sollicitude pour l’ouvrier, M. de Tilly comprend son rôle de chef d’usine.
- Cet habile industriel, qui, jeune encore, avait été décoré pour les services militaires rendus à son pays, a voulu
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- aussi faire récompenser ses produits. A la seule exposition où les tissus teints et apprêtés chez M. de Tilly, aient été présentés, le jury lui a décerné une médaille d’or, juste et prompte récompense d’un travail sans rival.
- L’usine si intéressante que nous venons de décrire, n’a pas atteint son entier développement ; nous ne pouvons que souhaiter de voir les efforts infatigables ~du propriétaire et en même temps directeur de cette industrie, couronnés de nouveaux succès ; les chiffres que nous avons donnés pour affirmer la progression dans la production de M. de Tilly en sont une garantie sérieuse.
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- HUITIÈME EXPOSITION DE L’UNION CENTRALE
- ARTS DÉCORATIFS
- L’Union centrale des Arts décoratifs a^organisé cette année une très remarquable exposition au Palais de l’Industrie.
- Le succès si mérité qu’elle a obtenu devait nécessairement attirer notre attention, et nous ne pouvions manquer de signaler aux lecteurs des grandes usines les progrès considérables réalisés par les exposants. Félicitons l’Union centrale d’avoir si bien compris son rôle et remercions son habile président d’avoir mené à bonne fin une tâche qui grandira encore sous son inspiration, dans un avenir prochain. Il faut espérer qu’avant peu, sur remplacement des ruines qui nous rappellent des souvenirs douloureux s’élèvera un monument, véritable temple de l’art industriel, dont l’inauguration pourra coïncider avec l’ouverture des grandes assises auxquelles la France se prépare à convier tous les peuples de l’univers.
- Quelques artistes, et des plus éminents, pensent que les arts et l'industrie doivent poursuivre deux lignes parallèles sans jamais se rencontrer ; ce n’était pas l’opinion générale dans l’ancienne Grèce et à Rome, où le charme principal qui se dégageait des œuvres de ces temps privilégiés provenait de l’union étroite qui s’était faite entre l’utile et le beau.
- Le but de l’exposition que nous allons parcourir avec le lecteur était limité aux industries de la pierre, du bois, de la terre et du verre ; on a dignement répondu à ce vaste pro-
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- gramme, et la nouvelle formule des arts industriels s’est révélée de la façon la plus brillante par les produits que nous avons admirés dans le Palais des Champs-Elysées.
- Suivons l’ordre du catalogue et occupons-nous d’abord du premier groupe : la Pierre.
- Dans la galerie sud du palais, en face de l’entrée principale, se trouve l’importante exposition de la Société des marbres-onyx d’Algérie dirigée par MM. H. Journet et Cie.
- C’est vers 1849, lorsque le génie français traça la route d’Oran à Tlem-cen que furent mis à découvertes anciens gisements de ce marbre-onyx que les Romains, les Egyptiens et les Grecs avaient si largement mis à contribution pour la construction de leurs monuments.
- La découverte de ces carrières depuis si longtemps recherchées ne pouvait manquer d’attirer l’attention; aussi en 1858 il se forma une Société, dite des Marbres-Onyx d’Algérie qui en acquit la propriété. Cette société, actuellement dirigée par MM. H. Jour-net et Cie, a établi ses ateliers et ses magasins, 29, rue Popincourt, à Paris. MM. Journet exposent cette année des œuvres si remarquables que c’est un devoir pour nous de décrire leur importante maison et de dire quelques mots de leur fabrication, avant de passer en revue les objets exposés au Palais de l’Industrie.
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- Nous devons tout d’abord insister sur ce point que, non contents d’être marbriers, MM. Journet, afin d’être à même de traiter d’une façon plus artistique et aussi plus économique tous les grands travaux d’art et de décoration, ont adjoint à leur usine une fabrique complète de bronzes d’art, fabrique très bien outillée et possédant des modèles et des dessins signés4 des plus grands maîtres. Enfin, ne voulant pas se resteindre à l’onyx qui naturellement ne peut malgré sa beauté être utilisé partout, MM. Jour-net ont employé dans leurs travaux toutes sortes de marbres comme du reste nous le verrons plus loin en décrivant leur exposition. Nous avons voulu bien faire ressortir l’importance de la réunion, dans cette maison, des deux industries concernant la fabrication des œuvres d’art en bronze et en marbre. Toutes les pièces destinées à former les ouvrages d’ornement et de décoration sont conçues, dessinées, sculptées et assemblées dans l’établissement de la rue Popincourt, où se trouvent réunis sous la même; main, les ateliers de marbrerie, de bronze, de sculpture et d’émail. Les ateliers de marbrerie et ceux du bronze étant voisins l’un de l’autre, on évite ainsi une grande perte de temps et de manutention; nulle part on ne trouve le même groupement, la plupart des autres fabricants faisant exécuter par d’autres maisons les bronzes et les émaux nécessaires à l’achèvement du travail. Ces excellentes conditions dans lesquelles se trouvent MM. Jour-net leur permettent de livrer au commerce des objets qui, tout en ayant la plus grande valeur artistique, sont d’un bon marché relatif. Mais revenons au marbre-onyx d’Algérie pour lequel cette maison est universellement connue : cet onyx est une matière calcaire transparente et d’une richesse de tons incomparables, passant du blanc le plus transparent à des couleurs qui rappellent les tons vifs des cachemires de l’Inde.
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- Les carrières de marbre-onyx sont très-riches et d’une extraction facile, les blocs de marbre se trouvant pour la plupart à fleur de terre. La seule difficulté est de les transporter sur des charrettes au port d’Oran, par des routes impraticables une partie de l’année.
- Amené dans les chantiers de la rue Popincourt, le marbre est débité en tranches pour la vente aux marbriers de Paris ; MM. Journet se réservent naturellement les plus beaux blocs pour les besoins de leur fabrication.
- Examinons maintenant les ouvrages si remarquables exécutés pour l’exposition du Palais de l’Industrie.
- Les panneaux du salon sont ornés de plaques décoratives en marbre-onvx et servent de spécimens pour revêtements des murs. On peut aussi les employer avec avantage pour la décoration extérieure ; il est bon d’insister sur ce fait, un peu trop négligé dans la construction, que le marbre-onyx, au contact de l’air, ne subit aucune altération par les changements de température, son grain est assez serré pour rester impénétrable à l’huile.
- Parmi les cheminées exposées, nous avons remarqué la cheminée Louis XIY en onyx cachemire relevée de bronzes, très bien conçue dans le style sévère de l’époque; puis, deux cheminées Louis XYI en onyx blanc transparent. Plusieurs autres cheminées, en différents marbres, sont très jolies de dessin. Nous appelons surtout l’attention des visiteurs sur la cheminée renaissance en rouge antique de Grèce. C’est un véritable chef-d’œuvre, au point de vue du travail; ajoutons que la matière est presque introuvable aujourd’hui.
- Aux amateurs de grande décoration artistique, nous recommandons d’examiner attentivement deux yases en serpentine et une table Louis XVI dont l’armature est presqu’invisible.
- Au fond du salon s’élève une torchère dont le modèle
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- est dû au ciseau de Carrier Belleuse; c’est une femme dont le corps, exécuté en bronze argenté, est revêtu d’une draperie en onyx cachemire; le dessin est d’une légèreté charmante. Le bouquet de lumière est très beau, mais les ors gagneraient à être un peu éteints. Le socle trop étroit sur lequel repose cette statue n’est là que provisoirement ; elle sera entourée d’une jardinière autour de laquelle sera installé un vaste canapé.
- Les deux statuettes en marbre blanc sont bien réussies, et quel joli mouvement que celui du réveil de Franceschi ! Comme garniture de cheminée, la jeune fille couchée, de Clodion, attire les connaisseurs, ainsi que la pendule renaissance si crânement gardée par deux lions. Nous terminerons en signalant le modèle d’une balustrade en onyx. On comprend en étudiant cette riche exposition qu’on se trouve en face d’une maison qui obéit à une haute impulsion artistique.
- Les récompenses obtenues par MM. H. Journet et Cie sont des plus nombreuses et des plus brillantes :
- En 1862, deux premières médailles à Londres ;
- En 1867, une médaille d’or à Paris ;
- En 1873, un diplôme d’honneur à Vienne ;
- En 1876, une première médaille à Philadelphie ;
- En 1877, première médaille à Amsterdam ;
- En 1878, un rappel de médaille d’or à Paris ;
- En 1879-1880, une première médaille de mérite spécial à Sydney et Melbourne ;
- En 1884, un diplôme d’honneur à Nice.
- A l’exposition actuelle, la mention hors concours placée sur une colonne nous apprend que MM. H. Journet et Cie n’exposent plus pour rechercher des récompenses, mais pour attester la supériorité de tous les objets d’art qui sortent de leurs ateliers.
- Signalons l’intéressante exposition de M. Ouachée, qui
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- exploite les carrières de Saint-Leu-d’Esserent et de Saint-Maximin.
- L’industrie du bois forme le deuxième groupe.
- La maison Damon et Gie est trop connue pour que nous ayons besoin de la présenter à nos lecteurs, mais nous ne pouvons cependant nous priver du plaisir de signaler sa belle exposition.
- M. Mazaroz-Ribalier, l’heureux propriétaire des restes de la maison abbatiale des Dames de Saint-Amand de Rouen, a composé une façade en bois sculpté avec bases en pierre qui est certainement un des grands attraits de l’exposition des arts décoratifs. Il a pu ainsi reconstituer une maison gothique, dans l’intérieur de laquelle il a disposé, avec cet art dont il a le secret, des meubles d’une grande pureté de ligne et d’un goût irréprochable.
- La lumière pénètre dans l’intérieur de la maison gothique à travers les vitraux coloriés de M. Charles Cham-pigneulle, qui sont de véritables chefs-d’œuvre.
- Parmi les vitraux exposés par M. Charles Champi-gneulle de Paris, nous pouvons, citer en première ligne :
- La vie de saint Jacques, grande verrière du xme siècle, d’après les calques originaux pris à la cathédrale de Bourges; la rosace de la cathédrale de Chartres; le Saint-Louis, verrière du xive siècle de la cathédrale de Bruges; la Critique, jolie composition en verre transparent ; la belle copie d’un portrait de femme du musée de Metz; la magnifique reproduction d’une composition de Jordaens, le Truand et la Ribaude.
- Par ces belles verrières, M. Charles Ghampigneulle se place à côté des artistes les plus renommés.Nous ne voulons pas dire que, dans notre siècle, cet art ait décliné; mais néanmoins, on retrouvait difficilement dans les productions modernes les qualités qui rendent si remarquables les belles verrières de la Sainte-Chapelle, de Cham-
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- pigny (Vienne) et de nos cathédrales. Les verres d’autrefois, si imparfaits qu’ils fussent, se prêtaient mieux aux jeux de la lumière. Leur épaisseur non uniforme produisait des effets plus vigoureux et des oppositions mieux tranchées. M. Champigneulle emploie de beaux verres colorés fabriqués chez M. Pelletier, à Saint-Just-sur-Loire ; il a su trouver des procédés ingénieux pour donner aux verres des patines que le temps seul est susceptible de produire, et nous avons pu voir chez lui des reproductions si parfaites de vitraux anciens qu’elles tromperaient l’œil du juge le plus compétent.
- Disons quelques mots des opérations exécutées dans les ateliers du boulevard Montparnasse et de la rue Notre-Dame-des-Champs. D’après une maquette indiquant les moindres détails que doit présenter le vitrail, on reproduit un dessin grandeur naturelle simplement au trait ; le dessin est calqué en tenant compte de l’épaisseur des plombs et divisé en cases devant servir de modèles aux découpeurs. On découpe sur un papier épais des calibres ayant les dimensions voulues, après avoir inscrit le numéro des verres à employer et le nombre de pièces identiques à produire; on remet ce calibre au découpeur qui, au moyen d’un diamant, reproduit les morceaux de verre demandés.
- Puis on procède à la mise en plomb ; les baguettes de plomb passées au laminoir sont plates dessus et dessous et présentent des rainures latérales, servant à l’assemblage des divers morceaux ; on soude enfin à l’étain avec un fer conique. Pour les beaux vitraux, un artiste produit au pinceau, d’après le modèle, avec une nuance uniforme les ombres comme on les produit au crayon sur le dessin. La couleur appliquée étant fusible, on porte les morceaux de verre dans un foyer à 1200°.
- Plus de cinquante ouvriers, dont quelques-uns sont de vé-
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- ritables artistes,produisent annuellement de beaux vitraux destinés aux usages les plus divers, qui tous portent ce cachet particulier des œuvres si personnelles de M. Champi-gneulle. Depuis trois années qu’il dirige cette fabrique, il a su prendre, à un âge où tant d’hommes cherchent encore leur voie, une place considérable dans son industrie.
- Cette exposition fait partie du troisième groupe, qui est relatif aux industries de la terre et du verre. Pour terminer ce qui concerne la section du verre, signalons la belle exposition de la Société de Saint-Gobain.
- Arrivons maintenant à la céramique, qui constitue la partie la plus intéressante de l’exposition.
- 'Notre attention a été principalement attirée par la belle exposition de M. Debaecker qui nous présente, dans un Salon très artistement disposé, plusieurs poêles de fantaisie en faïence colorée et des panneaux pour cheminée du goût le plus parfait.
- Nous remarquons tout d’abord le poêle du milieu, style Renaissance, émaillé en vert transparent avec encadrement décoré; à gauche un poêle Louis XIV d’une grande difficulté d’exécution, émaillé en vert bronze transparent, qui a obtenu le plus grand succès ; à droite du poêle du milieu, un poêle Renaissance orné d’un joli motif allégorique, Paix et Gloire, en vert bronze d’une grande richesse de tons.
- Signalons le tableau mosaïque représentant deux oiseaux de proie sur un tronc d’arbre ; dans ce genre de travail la cuisson exige de grandes précautions.
- Plus loin, à droite, un poêle cheminée à feu découvert émaillé en brun transparent, avec sujets en relief d’un genre intermédiaire entre les objets de fantaisie et ceux revêtus de panneaux blancs qui constituent la fabrication courante de M. Debaecker.
- Sur le côté gauche du Salon, un poêle Louis XVI
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- émaillé en brun Yan Dyck, avec un châssis en petits carreaux d’un effet des plus agréables.
- Citons enfin le poêle Bernard Palissy, composé de carreaux formant quatre motifs et décorés en six couleurs d’émail d’un ensemble charmant.
- Les murs du Salon sont revêtus de frises et de motifs destinés à la décoration monumentale.
- Tous les objets que nous venons de passer en revue affirment le goût avec lequel M. Debaecker conduit la partie artistique de sa fabrication; n’oübtions pas d’attirer l’attention sur la production si considérable de poêles ordinaires en faïence blanche provenant de ses deux usines de la rue de la Roquette et de la rue Fontaine-au-Roi.
- La première avait été fondée par Georges Gaspard Yogt, originaire du cercle de Landau, qui appartenait alors à la France. Cet habile potier fabriqua surtout des faïences destinées aux bâtiments, des faïences stannifères, des carreaux pour les cheminées et les poêles dont l’usage était peu répandu à cette époque et dont il développa l’emploi. Il acquit en 1833 la fabrique fondée par M. Dubost, rue Fontaine-au-Roi. Sous l’habile direction de son fils, l’usine de la rue de la Roquette prit une grande extension ; les perfectionnements apportés dans la fabrication, qui per-* mirent d’obtenir une pâte résistant bien aux changements de température et s’émaillant sans gercer, problème difficile à résoudre, comme le fait justement observer Brongniart dans son traité de céramique. J.-Y. Yogt découvrit et remit en usage les procédés de décoration par incrustation de terres de diverses couleurs, à la façon des poteries d’Oiron dites de Henri II, et les appliqua à l’ornementation des poêles. Les progrès qu’il fit faire à son industrie furent consacrés par différentes récompenses, entre autres celle obtenue en 1844.
- De 1845 à 1858, sa veuve, aidée des bons conseils de son
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- beau-père, G.-G. Yogt, dirigea la fabrique et la fit prospérer. C’est sous sa direction que M. Théodore Deck, qui
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- devait plus tard prendre une grande place dans la céramique d’art, fit en 1848 ses premiers travaux à Paris.
- Victor Vogt, petit-fils du fondateur, reprit, en 1858, la direction de la fabrique de la rue de la Roquette et y créa des modèles qui, remarqués aux expositions, lui valurent de justes récompenses en 1867 et à l’Exposition de l’Union centrale des Arts décoratifs. Il fut le premier qui installa des machines à vapeur dans ce genre d’industrie.
- M. Léonce Debaecker se rendit propriétaire, au commencement de l’année 1878, de la fabrique de M. Vogt, dont il devint le neveu quelques mois après.
- A l’Exposition internationale de 1878, il obtint une mé-
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- daille d’argent.
- En 1883, il s’adjoignit la fabrique que M. G.-G. Vogt avait fondée rue Fontaine-au-Roi.
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- Actuellement, M. Debaecker-occupe une place de premier ordre dans son industrie et nous croyons savoir que
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- le jury de l’Exposition de l’Union centrale des Arts décoratifs, doit lui décerner une médaille d’or, juste récompense de ses remarquables travaux.
- Plus loin, nous admirons les faïences et porcelaines
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- présentées par M. Deck, qui est un maître dans l’art de la céramique ; de nombreuses récompenses ont couronné sa carrière si bien remplie ; M. Deck est aujourd’hui officier de la Légion d’honneur.
- L’exposition de M. Haviland est remarquable ; son excellente fabrication ët le goût exquis qui préside à la décora-
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- tion de ses beaux produits l’ont placé depuis longtemps à la tête de l’industrie céramique.
- M. Lœbnitz, le céramiste bien connu, nous présente un très bel ensemble de pièces artistiques, de frontispices et
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- modèles de céramique, d’après M. Paul Sedille, architecte. Cette exposition mérite tous les éloges.
- Nous terminerons en donnant quelques détails, malheureusement trop courts, sur l’exposition de l’Union céramique et chaufournière de France.
- Nous pénétrons dans la partie du palais réservée à
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- l’union céramique et chaufournière par un portique dû
- à l’habile architecte, M. Marcel Deslignières, qui a pré-
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- sidé avec un goût parfait à l’installation de cette exposition. Arrêtons-nous d’abord devant le fotrr au gaz fonction-
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- nant tous les jours, et dont l’installation, par suite des difficultés nombreuses qu’il a fallu vaincre, fait le plus grand honneur à M. Gastellier, président de l’Union, et à M. Bourry, l’habile ingénieur sur les plans duquel ont été exécutés les appareils producteurs et distributeurs du gaz, ainsi qu’à MM. Toisoul et Fradet fils, les entrepreneurs bien connus qui gratuitement ont construit le gazogène, lé grand four et la belle cheminée qu’il a fallu élever en dehors du palais. Ces constructions ont été faites avec des matériaux de calibres différents fabriqués par les divers membres de l’Union, et MM. Toisoul et Fradet ont eu à vaincre de grandes difficultés pour arriver à appareiller le four ; mais ils ont mené à bonne fin leur tâche, grâce à leur habileté et à une longue expérience.
- Cette maison occupe aujourd’hui une place de premier
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- ordre par ses travaux spéciaux de fumisterie et de maçonnerie pour usines. Elle a été fondée en 1845 par M. Fradet et a pris un développement considérable, en 1855, par suite de l’association avec M. Toisoul, ancien élève de
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- l’école des Arts et Métiers de Châlon. M. Fradet fils succéda à son père en 1875, et étendit cette industrie qui com-prend: la, construction des cheminées en briques; l’installation de fourneaux de chaudières à vapeur et à feu nu ; de fours à chaux et à ciment, de fours à noir, de fours
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- à reverbère, de fours à recuire, de fours à gaz, enfin les dif-férents fours de tous les types pour briqueteries, faïenceries, verreries et produits chimiques.
- Les travaux, exécutés par la maison Toisoul et Fradet, sont des plus importants. Citons ses rapports avec la Société Cail, la Compagnie de Fives-Lille, la maison Farcot ; ses constructions dans les manufactures de l’État, à Metz, Tonneins, Châtellerault, Bourges, Tulle et Sèvres ; ses travaux pour les grandes Compagnies dè chemins de fer, pour toutes les raffineries de Paris, la majeure partie des sucreries de l’Aisne, de la Somme, du Pas-de-Calais et du Nord, les grandes faïenceries de Sarreguemines, Di-goin, Choisy-le-Roi et Montereau, les verreries de Creil, de Saint-Denis* Reims, etc., les briqueteries de Vaugi-rard, Constantinople, Salonique et les autres si nombreuses où ils appliquent les fours continus chaufïés au charbon ou au gaz ; les fabriques de ciment, de produits chimiques en France et à l’étranger. Nous citerons plu s particulièrement l’usine si considérable de laminage de cuivre de Castel-Sarrazin, complètement installée en 11 mois avec tous les bâtiments annexes et les cités ouvrières, et en 1883, la fabrique de ciments de Desvres, qui produit 60,000 tonnes par an et quia été entièrement installée en 10 mois. Nous avons tenu à indiquer ces deux grandes entreprises qui constituent un véritable tour de force au point de vue de la rapidité de l’installation.
- MM; Toisoul et Fradet ont organisé un bureau d’études où sont élaborés tous les plans et devis demandés par les industriels qui y trouvent tous les renseignements sur les divers
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- perfectionnements réalisés dans tous les types de fours, tels
- par exemple que le four si intéressant installé au palais de
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- l’Industrie et sur lequel nous désirons attirer l’attention.
- Le four comprend deux parties : le gazogène et le four proprement dit à feu continu.
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- il comprend une chambre en briques réfractaires, terminée à sa partie inférieure par une grille et à sa partie supérieure par une voûte. Dans le haut, sont pratiquées des ouvertures servant à surveiller la marche des opérations et un orifice dans lequel se trouve la trémie de chargement. Cette trémie est au niveau du sol. Le fonctionnement de ce gazogène est des plus simples et des plus commodes : il est construit d’après le type imaginé par Siemens. A la sortie du gazogène le gàzTnprès avoir laissé
- déposer dans une chambre les poussières et les suies en-
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- traînées, se rend directement dans le four.
- Ce four à feu continu est construit d’après le type Hoffmann dont M. Bourry est le seul représentant pour la France, la Belgique, l’Espagne, etc. Le modèle exposé au Palais de rindustrie a la forme d’un parallélipipède dont la longueur est quadruple de la largeur et qui a environ 1 mètre 70 de hauteur. Nous donnons un dessin représentant en coupe et en plan un four analogue. Les deux galeries parallèles R dans lesquelles on place les matériaux sont des galeries de cuisson ; elles communiquent par leurs extrémités au moyen de conduits moins larges et avec le dehors par une série de portes. Entre ces galeries, s’élève un massif de maçonnerie percé de deux conduits ; l’un d’eux sert à l’arrivée du gaz et l’autre à l’élévation des gaz de combustion.
- Ce dernier conduit communique avec la cheminée et par des carneaux H avec les galeries de cuisson. Ces carneaux sont ouverts ou fermés à volonté par une soupape conique manœuvrée au moyen d’une tige par l’ouvrier qui se trouve sur la plateforme supérieure du four. Dans l’intérieur des galeries de cuisson, on a pratiqué des rangées de cylindres en terre cuite appelées chandelles qui traversent la voûte de la galerie de cuisson et aboutissent au
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- Fig 1. — Coupe transversale d’un four a gaz (échelle double de celle du plan).
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- niveau de la plate-forme supérieure du four. En marche normale, les chandelles sont munies de couvercles empêchant la communication entre l’atmosphère et la galerie de cuisson. Yeut-on laisser pénétrer du gaz, il suffira de placer un tuyau en tôle D recouvrant à la fois l’extrémité supérieure des chandelles et une ouverture U disposée dans la voûte de la galerie de gaz. En enlevant ces couvercles,
- le gaz poussé par la pression du gazomètre, sortira du con-
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- duit de gaz et après avoir traversé le tuyau D, il pénétrera dans la chandelle, puis dans la galerie de cuisson par une série de petits orifices percés dans la chandelle. Des soupapes D permettent de régler l'introduction du gaz et par suite la. marche de la cuisson qui peut du reste être surveillée au moyen de regards E. Ce four à chandelles du système Schwandorf permet d’appliquer aux fours continus la cuisson au gaz. Dans ce type il n’y a plus besoin de jeter le combustible solide dans les cheminées disposées dans la masse à cuire que les flammes ne viennent
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- plus lécher et détériorer. La marche du feu du reste est identique à celle des fours continus chauffés au charbon. L’air appelé par le tirage pénètre par les portes qui servent à l’enfournement ou au défournement, traverse les matériaux déjà cuits, les refroidit en s’échauffant et arrive déjà chaud à l’endroit de la galerie où le gaz pénètre dans les chandelles. La combustion a lieu [et l’air après avoir traversé plusieurs rangées de chandelles en feu, pénètre au milieu de la masse enfournée qu’il réchauffe ; puis, se refroidissant lui-même, l’air sort par la cheminée en conservant la seule quantité de chaleur nécessaire pour assurer le tirage. On obtient la même économie en chauffant au gaz que si le four continu était chauffé à la houille. Dans les deux cas, la consommation de combustible est sensiblement la même ; mais le gaz présente d’immenses avantages, on peut régler facilement la température, obte-
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- nir des produits d’une grande beauté, et activer ou ralentir la marche progressive du feu.
- M. Bourry a installé à Paris un bureau technique, et, tout en s’occupant de la publication des livres et brochures concernant la céramique, il dirige avec la plus haute capacité, l'installation des diverses usines, briqueteries, tuileries, fabriques de chaux et de ciment, et se charge de pourvoir ces établissements du matériel le plus nouveau et le plus perfectionné. Félicitons-le hautement d’avoir, avec le concours de MM. Toisoul et Fradet, fait fonctionner dans les meilleures conditions une véritable usine céramique, sous les yeux du visiteur dé l’exposition.
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- Nous ne pouvons mieux finir cette trop courte revue qu’en appelant l’admiration du lecteur sur l’exposition de M. Léon Parvillée, si justement nommé dernièrement le Bernard Palissy des temps modernes. Il nous a été donné de vqir à Brousse, en Asie-Mineure, les merveilleux échantillons de faïences colorées servant au revêtement des mosquées. Ces couleurs, qui n’avaient jamais pu être reproduites depuis, M. Parvillée les fait revivre à nos yeux, et son exposition honore l’artiste en même temps que l’industriel.
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- Paris. — lmp. Ch. Maréchal et J. Montorier, 16, passage des Petites-Écuries.
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