La Nature
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- LA NATURE
- REVUE DES SCIENCES
- DE LEURS APPLICATIONS A L’ART ET A L’INDUSTRIE
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- LA NATURE
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- CINQUANTE-NEUVIÈME ANNEE 1931 — DEUXIÈME SEMESTRE
- MASSON ET C, ÉDITEURS
- LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE
- PARIS, 120, BOULEVARD SAINT - GERMAIN
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- N° 2860
- LA NATURE
- Ier Juillet 1931
- LE CAMOUFLAGE ANIMAL
- On dira, d’une bête, qu’elle se déguise, qu’elle se camoufle, quand elle paraît être autre chose que ce qu’elle est, soit qu’elle se confonde avec le milieu environnant, soit qu’elle ressemble, de façon plus spéciale, à quelqu’un des objets qui sont là, soit qu’elle copie une autre bête; et peu importe qu’elle fasse la chose exprès, ou qu’elle suive son instinct, ou qu’elle laisse à ses nerfs le soin de lui valoir les teintes du fond sur quoi elle se détache, ou qu’elle soit faite ainsi, tout simplement : le déguisement restant le déguisement, qu’il soit volontaire, automatique, physiologique ou organique. Ce vaste ensemble de faits curieux constitue le mimétisme, à quoi ma récente Introduction à la Biologie expérimentale (P. Lecheva-lier, éditeur) consacre près de cent cinquante pages, sans prétendre à épuiser un sujet qui est énorme.
- N’oublions d’ailleurs point qu’il faut encore ici introduire, au titre de faits connexes, des cas où la bête se défend, se protège, plutôt qu’elle ne se masque, ou même sans nullement se déguiser : tout se tenant, dans la biologie, qui trahirait la vie en omettant ces à-côtés qui épaulent une question et contribuent à lui donner son vrai sens ?
- Un conseil, maintenant, ou plutôt deux, à l’usage de ceux qui veulent se faire une opinion : d’abord, et cela va de soi, n’entreprendre de critiquer, doctrinalement, le mimétisme qu’après avoir vu les choses de près et en détail; ensuite, ne pas fonder sa croyance sur le plus ou moins d’utilité des copies, vu que l’efficacité dépendra toujours, et pour une part importante, de l’acuité sensorielle, de la subtilité de l’assaillant : autrement dit, il pourrait y avoir déguisement, et insuccès. Sans compter qu’il arrive au mimétisme de viser franchement au superflu, d’être l’une des manifestations de cet art, de ce luxe, qui rend la vie si belle et la biologie si attrayante pour qui la prend du bon côté. — Y a-t-il copie, ou non? telle est donc la question que l’on aura partout à poser.
- Que s’il fallait, chaque fois, répondre non, alors le mimétisme s’évanouirait : mais je suis bien tranquille sur son sort. — Bref, ce qui compte, ici, ce sont les faits.
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- D’abord, les cas où le camouflage exige l’emploi de certains objets étrangers.
- Voici par exemple, pour les bêtes, trois façons de se
- donner l’aspect d’un tas informe de pierraille. Le poulpe, tiré de son trou, jeté sur les galets, saisit de petites pierres, se les met sur le dos, et devient, très vite, amas quelconque Les mollusques Xénophores, c’est-à-dire ces gastéropodes qui ont l’étrange coutume de coller des objets sur leur coquille, et qui savent, d’instinct, comment s’y prendre, peuvent, dan^ certaines espèces, ne choisir que des cailloux : la bête met son discernement à les choisir de la taille qu’il faut, à mesure qu’elle grandit,jet la voilà qui a cessé d’être mollusque du fait que 'sà£côq.uille turbinée n’est plus visible; elle est même, à ce prix, cuirassée. Le crabe Oxyrhynque, à son tour, le Maja notamment, habile à se vêtir d’algues, d’hydraires, d’éponges, ou d’autres choses qui le déguisent, sait, quand on le met dans un aquarium démuni de tout ce qui ferait un vêtement, prendre, l’une après l’autre, les pierres du fond et s’en couvrir. Admirons son adresse. Admirons plus encore son initiative. Non seulement, en effet, son remarquable instinct d’Oxyrhynque pousse le crabe à saisir des objets buissonnants ou qui fissent manteau, mais c’est à de telles fins, et non à d’autres, qu’il porte de ces poils crochus et barbelés, mis où il faut, sous quoi s’engagent les pièces du costume; et puis il a vers la bouche des glandes qui enduisent d’un produit visqueux les objets, afin qu’ils tiennent : absolument rien ne préparait donc le Maja à se faire un dôme minéral. Mais, innover, c’est montrer que l’on vit : la Vie
- Photo Le Charles.
- Fig. 1. — Le Crabe Oxyrhynque Maja verrucosa, habillé d'algues calcaires.'
- Spécimen conservé au Muséum, à Paris. %
- Figure extraite de VIntroduction à la biologie expérimentale. <
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- invente, alors même que le vivant, celui qui va bénéficier de la trouvaille, n’a qu’à se donner la peine de naître. C’est ainsi que la Vie a pourvu de leur bec, de leurs plumes, les oiseaux, dont les ancêtres avaient des dents et des écailles. Elle aura donné de même aux Oxyrhyn-ques leurs poils en crochet, leurs glandes, sans oublier le
- Photos Le Charles.
- Fig. 2. — Papillons mimétiques (/, II, IV, V), et Caligo eurylochus, var. brasiliensis {III).
- Spécimens conservés au Muséum. Figure extraite de l’Introduction à la biologie
- expérimentale.
- grand rayon d’action de leurs pinces, ni leur don, instinctif ou psychique, de changer de vêtement quand leur entourage change, ainsi que leur persistante faculté de faire autre chose, à l’occasion. La figure 1 montre un Maja si bien vêtu d’algues calcaires que, sans un trou du vêtement,
- nul ne saurait qu’un crabe est là. Faites-vous présenter en outre un hlm consacré, par la maison Gaumont, au mimétisme, et vous verrez marcher des crabes-buissons, comme marchait, dans Shakespeare, la forêt de Macbeth. J’avais récemment le plaisir de faire jouir de ce spectacle les auditeurs d’une conférence donnée à l’Institut océanographique. Et il n’était pas moins amusant de voir des soles, à la poursuite d’une proie, jaillir du sable qui les masquait pour voler dans l’aquarium comme des mouettes en chasse : la biologie, celle tout au moins, d’aujourd’hui, c’est le charme et l’imprévu, sans que le sérieux de la science y perde rien.
- Je parlais, tout à l’heure, des à-côtés du mimétisme, qui élargissent la question et qui l’épaulent. Eh bien, un autre crabe, une dromie cette fois, va s’appliquer sur le dos une grande éponge : c’est un masque, cette éponge, mais c’est aussi un bouclier. Ecartons-nous davantage du sujet. La dorippe se met sur le dos n’importe quoi : des phallusies, des têtes de poissons, des cadavres de camarades ou des dromies vivantes, et jusqu’à des morceaux de vdrre à vitre. Le crabe, écrit Schmidtlein, oppose à l’adversaire son bouclier, qu’il manœuvre sans changer lui-même de place, ou bien il abandonne l’objet entre les pinces de l’agresseur et s’enfuit, tandis que l’autre se dépêtre comme il peut. Ainsi nous voilà fort loin du mimétisme : pourtant le sens vivant des faits n’a guère changé. Voyez ceci encore : un pagure a pris place dans la coquille vide d’un mollusque gastéropode, et des actinies se sont fixées sur la coquille; eh bien, le pagure est logé, protégé, et, du point de vue du mimétisme, on peut continuer de dire qu’il est masqué. Et j’ai conté, d’après Édouard Fischer, l’amusante histoire d’une dromie dont l’éponge, son couvercle, abritait encore un pagure ; le pagure et le crabe s’arrangeaient, bien ou mal, du voisinage si proche, mais sans se demander si c’était de camouflage ou de commensalisme qu’il était question cette fois : si nos étiquettes sont rigides, la Vie est souple. Quand donc nous en arrivons au cas de ce crabe du Chili, Hepa-tus chiliensis, sur le dos de qui des actinies auront grimpé, ou même à celui du crabe Melia tessellata, de l’océan Pacifique, qui tient une actinie entre les branches de chacune de ses pinces et la brandit contre le survenant, nous cessons d’avoir souci de la case où de tels faits seront classés, pour tirer la morale qui se dégage des faits eux-mêmes : et le
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- mimétisme profite de ce que le commensalisme porte avec soi de pittoresque.
- Autre chose. Je disais que le mimétisme, quand il ne serait pas organique ou bien physiologique, pourrait être soit volontaire, soit instinctif. Eh bien, quelle part faut-il faire à l’instinct, et quelle part au vouloir plus ou moins réfléchi, dans tout ce qui précède ? Or il résulte de ce que l’on sait touchant l’instinct, qu’il conseille la race, pendant que le psychisme nantit l’individu de ce qu’il faut qu’il ait de présence d’esprit pour se tirer, à chaque instant, d’affaire, sur la route tracée : les Adaja ont, par exemple, à savoir si le buisson d’hydraires ou d’algues, si le fragment d’éponge sont accrochés comme il faut; à leur psychisme, aussi, de mettre les branches longues sur le dos, en passant derrière la nuque, et les courtes sur les pattes, du côté opposé, en passant sous le corps. C’est l’initiative personnelle qui permettait au Maja de tout à l’heure de remplacer à l’improviste, par des cailloux, la végétation d’hydraires ou d’algues, qui manquait... Mais il fallait être organisé, il fallait avoir les outils que l’on sait, pour en faire le double usage, instinctif, volontaire, à quoi ils étaient, comme d’avance, destinés : cette harmonie, ce concert, c’est le réel; il s’oppose aux théories trompeuses, et c’est de ce retour au vrai des êtres que profite, notamment, le mimétisme.
- En fait de problème, connexe ou essentiel, comme on voudra, rien de plus joli que celui de la cicadelle, cette bestiole sauteuse dont la larve s’abrite et se cache, à la fois, dans une écume, vulgairement appelée crachat de coucou. Et voilà d’ailleurs un cas de transition. Pour nous, en effet, qui traitions jusqu’ici de cette première sorte de mimétisme où interviennent les objets étrangers, le cas de la cicadelle ressortit à cette catégorie initiale, puisque la bête fait son écume avec l’excès aqueux de la sève étrangère qu’elle aspire. Mais, d’autre part, la sève, qu’elle pompe, elle la fait sienne. Et c’est grâce à l’organisation profonde que l’eau de la sève, séparée des sucs alimentaires, est conduite droit à l’anus. C’est ensuite à la fibroïne, sécrétée au bas des tubes de Malpighi, que l’eau doit d’être rendue glutineuse et de produire des bulles durables. Il faut encore l’appareil à façonner les bulles et à les pondre. Il faut la physiologie, grâce à quoi tout fonctionne, l’instinct, qui sait user de l’appareil à fabriquer les bulles, le discernement, qui règle, au gré des circonstances, le jeu de la
- machine. Bref, à un certain point de vue, la cicadelle tire ici tout de son fond : et par là le mimétisme de la deuxième sorte est introduit.
- D’abord, ici, l’instinct et le vouloir vont continuer d’intervenir. Par exemple, la crevette Hippolyte varians, à qui l’action nerveuse avait valu les teintes de l’algue
- Photos Le Charles.
- Fig. 3. — Insectes qui copient l’écorce ou le lichen.
- Spécimens conservés au Muséum. Figure extraite de VIntroduction à la biologie
- expérimentale.
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- coutumière, saura faire choix d’une algue de même couleur, de même aspect, si on l’a dérangée. C’est là ce que les voyageurs disent, aussi, des hôtes de la mer des Sargasses qui, tous, rejoignent au plus vite le coin d’algue, ou la tache, qu’ils copiaient. Yosseler observe les acridiens du nord de Laghouat : physiologiquement adaptés, comme ils le sont, à leur morceau de sol, rocheux, sableux, ils se hâtent de regagner le domaine qui leur est désormais propre, s’il leur est arrivé d’en sortir; ils avaient donc, écrit l’auteur, le sentiment de cadrer fort mal avec un sol étranger et, par conséquent, ils jugeaient des contrastes ou ressemblances de leur corps avec l’ambiance. — Voici quelque chose de remarquable : le soin que prennent, d’après Janet, certains papillons du Tonkin, de ne tourner vers le survenant que la tranche de leurs ailes; une telle précaution est psychique, puisque ces bestioles observent ce qui se passe, et font de leur mieux pour se garer des indiscrets. La bête, qui veille de la sorte à son propre salut, est tout naturellement sujette à se tromper; ainsi du papillon Hipparchia semele de la figure 2 (n° I). : ses ailes antérieures une fois abaissées derrière les postérieures, vues par dessous, il ne montrerait que du brunâtre et du chiné, ce qui le mettrait en harmonie avec les troncs d’arbres ou les roches; mais, à défaut, il se pose devant moi sur un banc vert ou sur une herbe. Quant au papillon n° II, un Catocala nupta, il rabattra, lui, les ailes antérieures sur les postérieurs mises à plat, et-cachera ainsi le beau coloris dorsal, rouge et noir, des ailes arrière : devenu fragment d’écorce, se posera-t-il bien où il faut ? C’est douteux, et la nature ne rend certainement pas toujours service aux êtres en les confiant à eux-mêmes.
- Le papillon n° V, un Kallima des Indes, est feuille sèche dès qu’il se pose, les quatre ailes relevées sur le dos ; j’ai beaucoup dit à son propos qu’il pèche par excès de mimétisme, en ce sens qu’il lui suffirait d’avoir des teintes vaguement brunes, avec des ailes d’une forme quelconque, pour se perdre dans la broussaille, une fois devenu brusquement immobile. C’est donc de ce que les copies ont souvent de superflu qu’il nous rend les témoins. Le papillon n° IV, le Coenophlebia archidona, qui tient lieu, en Amérique, des kallimas absents, en agit de manière analogue, en peignant sur le dessous de ses ailes une surabondance de taches, que l’on n’interpréterait bien que sur place, mais qui nous montrent certainement ’.a Vie en train de franchir les bornes de l’utile pour faire du luxe.
- C’est principalement au titre de bête de luxe qu’intervient ici le papillon n° III, le Caligo eurylochus, puisqu’il est convenu désormais que le beau décor ocellé de ses ailes ne copie nullement une tête de chouette ; mais il faut dire en outre du Caligo que^s’il n’est pas, quant à lui, mimétique, il effraie, par exemple, les volailles du Brésil en agitant devant elles ses grands yeux. Ce qui est ici, pour sûr, du luxe, de l’inutile, c’est de modeler si délicatement les ocelles et de les détacher sur ces lignes très fines qui avaient fait penser aux plumes que la chouette met de part et d’autre de son bec. — Effrayer, c’est à quoi le mimétisme pourra servir lui-même, à l’occasion. Je pense à ces chenilles-serpents, que l’on trouve au Brésil, en Afrique, à Bornéo, et ailleurs. Voilà, cette fois, du camouflage. Longue de 10 à 15 cm, la chenille des Sphingides en
- question ne mime que l’avant du corps de l’ophidien. Elle en mime surtout la tête, en renflant, brusquement, l’arrière du thorax ainsi que le début de l’abdomen, et faisant éclater soudain des ocelles dans ce qui semble alors l’élargissement postérieur de la tête de serpent. Mais, les détails de la copie ? Ils varient suivant les cas, et sont parfois d’un réalisme inouï : les pattes roses d’une chenille-serpent de l’Afrique australe allant jusqu’à mimer la langue, dardée par le soi-disant ophidien. Mais cela fait-il vraiment peur ? Oui : le chef de l’Entomologie anglaise, Guy Marshall, dit qu’il a terrifié, à la lettre, deux babouins à Salisbury, en 1899, en leur tendant une chenille adulte de YHippotion (Choerocampa) osiris; les singes grimpaient à un toit plutôt que de laisser approcher la main qui tenait l’épouvantail.
- Laissons le mimétisme terrifiant, sur quoi il y aurait tant à dire encore, pour revenir à ce qui est, simplement, imitation : et analysons la figure 3. L’insecte n° I est l’Homo-ptère Lichena ( Flatoides) dealbata, de Madagascar. Plat comme vous le voyez, il est écorce, et, dans la mesure où il se tache de blanc, il est lichen. Certains exemplaires sont entièrement écorce, d’autres sont pur lichen, et ils peuvent être lichen doré, ou mimer un lichen qui soit dentelle : au British Muséum surtout, j’en ai vu de toutes ces sortes-là. Les Phlœa nos II ou III, ces punaises ultra-mimétiques du Brésil, sont écorce, lichen, dans le détail le plus menu. Notre papillon indigène Phalera bucephala est bout de bois : sur la photographie n° IV, on voit que, dans son ensemble, l’aile est écorce satinée; le bout de l’aile mime le bois tranché obliquement, un peu gâté; la tête, le thorax, avec leurs poils brunâtres, miment les fibres, feutrées, d’un bois pourri. Les nos V et VI reproduisent le charançon-lichen de Madagascar, le fameux Lithinus nigrocostatus : vous le voyez, en bas, sur ce qui est ou devrait être son habitat normal, le lichen Parmelia crin'ta, et vraiment la ressemblance est parfaite. Il y a pourtant un mais : d’après les derniers avis que j’ai reçus, le copiste ne se rencontrerait point sur le modèle, mais n’importe où; cela, contrairement à ce que l’Autrichien Sikora écrivait à Dohrn en 1890 et 1891, non sans ajouter que l’insecte, habituellement blanc et noir, copiait aussi bien le lichen vieilli, passé au gris verdâtre. Que croire alors ?... Trouvons, ou non, les Lithinus sur le lichen Parmelia, la copie est excellente : comme est parfaite celle que fait, lui, d’un bourgeon, le charançon du Brésil dont mon livre donne (p. 391) le portrait.
- Combien je regrette de ne pas être sur place ! Il me plairait fort d’entrer dans l’intimité des papillons, des chenilles, des araignées-excrément, et plus encore dans celle de cette chenille géométridée que Picado voit copier, en Costa-Rica, les sépales de la rose qu’elle dévore : inquiétée, elle se dresse, en se tordant, et n’en copie alors que mieux. J’aimerais beaucoup aussi observer ces mantes qui, en Afrique, en Asie, en Malaisie, ont, entre quatre, autant de façons de jouer la fleur, par une portion de leur corps ou par le corps entier. Il y aurait à voir, dans leur milieu, les Membracides exotiques : camouflés, il le sont tous, du fait que les expansions thoraciques, projetées au-dessus de leur être, sont n’importe quoi, sauf le petit homoptère qu’elles recouvrent. Ces expansions peuvent en outre
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- copier quelque chose de précis : une épine de rose, bien que l’insecte ne vive point sur les rosiers, une mouche, une-coccinelle, une coccinelle que la bête laisse entre les doigts de l’indiscret; ou bien, une façon de chrysalide, une fourmi stylisée, et quoi encore? L’expansion sera, ailleurs, ornementhé-raldique. Ailleurs encore, elle inventera, pour le plaisir de faire du neuf.
- — Car la nature est iné-pùisable : c’est pourquoi mon article n’est qu’une pauvre esquisse.
- Sans rien dire, par exemple, de la grande question des bêtes qui se copient les unes les autres, il se résigne à vous laisser pareillement à la porte de ce qui est pourtant la terre promise du mimétisme : il s’arrête devant ces extraordinaires sauterelles-feuilles dont je m’occupe depuis huit ans, et ne peut que vous présenter, pour finir, les insectes de la figure 4.
- Du moins apprenez-vous ainsi que si le mâle (n° 1) et la famelle (n° II) de mon espèce Tanusia signata copient, au mieux, une feuille tachée de brun par quelque champignon, la variété inquinata (n° III) du Tanusia colorata met, sur ses élytres, une peinture blanche où j’aime à reconnaître une fiente d’oiseau... Elytres fermés, la Ptérochroze est en sandwich entre deux feuilles.
- Et l’on ne voudra pas ignorer les mystérieux points sombres, dont les Ptérochrozes tirent toute une série de menues taches mimétiques : ces points sombres évoluent, il se développent, pour créer à l’envi des simulacres, qui au sein même de l’espèce, et jusque sur le même élytre, peuvent ne pas être tous d’un même type. Non moins étranges sont les échancrures marginales, elles aussi de plusieurs sortes, et qui ont, elles aussi, un développement : un développement aussi logique, en soi, que lors-
- qu’il s’agissait des points sombres, puisqu’une attaque, qu’elle soit d’insecte ou bien de cryptogame, doit, rationnellement, gagner, grandir, et nous être montrée, sur la pseudo-feuille, aux diverses étapes par quoi, dans la
- nature, elle peut passer.
- Mais ce n’est pas tout encore : voici que, dans les genres riches, la Ptérochroze va se mettre à faire de l’art; les ailes postérieures se décorent de beaux ocelles, et il n’est pas jusqu’à la face ventrale d’un élytre, dont la face dorsale joue la feuille mourante ou morte, où n’éclatent maintenant des jaunes, des carmins, que soutiennent des noirs profonds; au vol, on est alors joyau vivant, tandis que l’on est sec et pourri, une fois posé.
- Il faut savoir enfin que, dans l’Amérique tropicale, les Ptérochrozes ne sont pas seules à mériter le nom de Sauterelles-feuilles ; certains Phanéroptérides rivalisent, avec elles, de simulations, de prestiges, et c’est encore toute une étude.
- Mais, l’explication de ces choses ?
- L’explication scientifique ? A mon gré, il n’y en a point.
- Comment compren-drait-on, jusqu’au fond, ce qui est l’un des côtés les plus étranges de l’existence, quand la vie de tous les jours a son secret qu’elle garde bien?
- Comprenez-vous comment on y voit clair, comment on pense, comment on a grandi, depuis le germe ?
- Comprenez-vous comment, à même l’espace physique, le vivant réussit à être soi, en assirùilant, à ce point, les matériaux dont il est fait que si vous serrez trop fort la main que je vous tends, cette main tissée d’atomes, cela me fait mal ? La route que suit la Science est aujourd’hui pavée d’inconnaissable. P. Vignon.
- Professeur à l’Institut Catholique.
- Fig. 4. — Sauterelles-feuilles américaines. Groupe des Ptérochrozées.
- Genre Tanusia.
- Spécimens I et II conservés au Muséum.
- Spécimen III conservé au Musée d’Histoire naturelle de Vienne. Figure extraite de VIntroduction à la Biologie expérimentale (photos Le Charles).
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- L’EXPLOITATION INDUSTRIELLE DES TABACS
- (Suite des nos 28G8-28G9)
- LES MANUFACTURES DE TABAC
- Les feuilles de tabac sont traitées dans les manufactures nationales, au nombre de 22, situées à : Bordeaux, Châteauroux, Dieppe, Dijon, Issy les-Moulineaux, Le Havre, Le Mans, Lille, Lyon, Marseille, Metz, Morlaix, Nancy, Nantes, Lille, Orléans, Pantin, Reuilly, Riom, Strasbourg, Tonneins, Toulouse, vastes établissements d’un type à peu près uniforme occupant, en moyenne, 7 à 800 ouvriers et ouvrières.
- Chaque manufacture fabrique les produits courants pour la circonscription qui lui est assignée, et un certain nombre sont en outre chargées de fabrications spéciales : poudre à priser, tabac à mâcher, cigares de luxe, cigarettes en tabac d’Orient et de Virginie, etc...
- LE TABAC A MACHER
- Nous ne dirons que quelques mots de la fabrication du tabac à mâcher qui ne se pratique plus aujourd’hui qu’à Morlaix et Strasbourg.
- On recherche, pour cette préparation, des tabacs forts en nicotine, aromatiques, gommeux, foncés, résistants, qualités que possèdent par excellence certains tabacs indigènes, Lot, Lot-et-Garonne, Nord, le Virginie dark et le Kentucky.
- Les produits fabriqués sont de trois sortes : les rôles menu-pilés, les rôles ordinaires et les carottes, gros boudins de tabac con-
- . TT stitués par l’enrou-
- Fig. 1.— Une manoque cle tabac indigène. 1
- lement ou la juxtaposition de tables ou « filés » de diamètre variable : le filé est une cordelette préparée à partir des feuilles au moyen d’un appareil appelé rouet dont le principe est le suivant : trois cylindres horizontaux portent des secteurs mobiles parallèles à l’axe; on introduit entre ces derniers les tabacs préalablement assouplis par une mouillade à l’eau salée, et écôtés, en présentant chaque demi-feuille de façon que son passage entre les rouleaux lie sa pointe à l’ex-
- trémité inférieure de la demi-feuille précédente et lui permette soit de s’enrouler sur elle-même (menu-filé), soit de s’enrouler sur l’intérieur composé de feuilles incomplètement écôtées et tordues (rôles ordinaires et carottes). Un grand cadre, dont l’axe prolonge celui du filé en formation, est animé d’un mouvement de rotation, et porte une bobine, qui tournant elle-même, provoque l’enroulement du filé autour d’elle. Le menu filé, de G millimètres de diamètre, et le filé ordinaire, de 18 millimètres, sont enroulés, très serrés autour de broches en cuivre, de façon à former les rôles qu’on immerge pendant quelques minutes dans un jus de nicotine additionné de sel, pour en intensifier la couleur et renforcer le goût, puis qu’on comprime à la presse hydraulique sous 150 atmosphères, dans des alvéoles en bois poulies rendre parfaitement cylindriques.
- Quant aux carottes ordinaires, elles sont constituées de 8 morceaux de gros filé de 28 millimètres de diamètre, assemblés provisoirement avec des ficelles, et soumis à une série de pressions alternées avec des séjours en case donnant lieu à des fermentations. La carotte, ficelée et ébarbée, pèse 2 kg environ ; les uns y couperont une « chique » avec leur couteau, les autres, surtout des Auvergnats, en râperont de quoi bourrer leur pipe ou s’administrer une bonne prise.
- LA POUDRE A PRISER
- La fabrication de la poudre à priser qui ne se pratique plus désormais qu’à Châteauroux, Dijon et Morlaix, utilise des installations et des procédés anciens, elle est le triomphe de l’empirisme et de la tradition, de la noria et de la vis sans fin; elle emploie relativement peu de main-d’œuvre; son aspect caractéristique, c’est l’alignement des cases où, derrière d’épais panneaux de bois étanches, s’accomplissent d’elles-mêmes de mystérieuses transformations.
- La préparation consiste à réduire le tabac en grains très fin et à l’amener, par une série de fermentations, à acquérir le goût et le montant recherchés du priseur.
- Les tabacs qui entrent dans la composition de la poudre ordinaire sont des tabacs corsés, Virginie dark, Kentucky, divers indigènes, etc... ils sont hachés à sec en grosses lanières d’environ un centimètre de large par un hachoir à six lames hélicoïdales qui les déverse dans une rigole où tourne une vis d’Archimède : là, le tabac reçoit d’un pleureur une quantité convenable d’eau salée, puis est élevé par une noria dans une autre rigole à vis d’Archimède, régnant dans la longueur d’un vaste local, la « salle des masses » : là le tabac est déposé en meules régulières de 30 à 35 000 kg chacune, pour une durée de 4 mois environ. Sous l’influence de ferments aérobies dont le développement est favorisé par l’humidification et entretenu par une aération rationnelle, il s’opère
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- Fig. 2. — Une machine à paqueter la poudre à priser.
- une série de fermentations qui se traduisent par un dégagement d’acide carbonique et de vapeurs ammoniacales, une diminution du taux de nicotine et un développement de l'arôme ; la température, relevée sur de nombreux thermomètres plongés au sein de la masse, s’élève progressivement jusqu’à 80° et même au delà; cela permet de contrôler la fermentation et d’agir en conséquence sur l’aération, ou de décider la démolition; cette dernière opération est faite par des hommes, à demi nus, munis de bottes spéciales, qui détachent à coups de pic les mottes brûlantes, noires et compactes où le profane aurait peine à reconnaître du tabac !
- Le tabac, devenu friable, est alors apte à être broyé. On l’envoie pour cela dans la salle du râpage qui comprend deux parties symétriques pouvant fonctionner indépendamment et constituées chacune par 2 « moulins de gros », 10 « moulins de fin » et un groupe élévateur-tamiseur (chiffres de Châteauroux). Le tabac est déversé dans des gaines aboutissant aux moulins de gros : à leur sortie, il est pris par une vis d’Archimède n° 1 conduisant à une noria qui le décharge sur le tamis : une partie (grain) passe au travers de ce tamis et est recueillie dans des sacs, le reste (engrais) est conduit par une vis n° 2 qui le déverse à nouveau dans les moulins de fin, d’où il repasse dans la vis n° 1 et ainsi de suite.
- Les moulins sont constitués par une cuvette fixe et une noix mobile animée d’un mouvement alternatif, l’une et l’autre munies de lames entre lesquelles le tabac est peu à peu réduit en poudre. Les tamis, animés d’une translation circulaire rapide, contiennent une toile de cuivre percée de trous très fins, au-dessus de laquelle un treillis à larges mailles empêche l’accumulation des mottes.
- Après un séjour de quelque temps en «cases de râpé sec », le tabac est de nouveau mouillé à l’eau chaude et salé pour provoquer de nouvelles fermentations : on lui incorpore même une certaine proportion de « réchauffant > c’est-à-dire de tabac plus ancien, déjà en pleine fermentation qui, en somme, ensemence le milieu et on enferme le tout dans des « cases », chambres closes de toutes parts d’épais panneaux de chêne.
- Au cours de 3 mois de séjour dans ces premières cases dites de «'formation », la température s’élève jusqu’à 50° environ, puis se stabilise ou s’abaisse; on redonne alors un coup de fouet à la fermentation par un premier transvasement dans des cases analogues, au cours duquel le tabac est brassé et aéré, puis par un 2e transvasement 3 mois plus tard, et un 3e, 2 mois encore après.
- Au sortir des cases de 3e transvasement, au total 18 mois environ après sa mise en œuvre, le tabac est prêt
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- à être emballé, ce qu’on fait après une dernière mouil-lade qui conserve au tabac sa fraîcheur, et une incorporation de sel qui assure sa bonne conservation. La poudxe est soit recueillie mécaniquement dans des tonneaux, soit emballée dans des paquets de 50 ou 100 grammes, en papier doublé d’une feuille d’étain, confectionnés par les ouvrières paqueteuses elles-mêmes.
- CIGARES ET CIGARILLOS
- A l’inverse de la précédente, la fabrication des cigares et cigarillos est relativement rapide, c’est-à-dire qu’il ne faut que quelques jours pour passer du colis de feuilles au produit fini ; de plus, elle est encore aujourd’hui presque entièrement manuelle : son aspect caractéristique, c’est l’atelier de confection, où plusieurs centaines de femmes travaillent, dans un gai vacarme, avec une merveilleuse agilité.
- Un cigare se compose essentiellement de trois parties :
- 1° L’intérieur ou « tripe », qui donne le fond du goût, est généralement constitué par du Brésil et du Havane en proportions variables ; le tabac peut y être employé sous forme de feuilles allongées et froissées les unes contre les autres, ou sous forme de tabac haché obtenu après mouillade dans des appareils analogues aux hachoirs pour scaferlati, mais donnant une coupe plus grosse.
- 2° Une première enveloppe ou « sous-cape » qui sert à enrober l’intérieur au moment de la confection et intervient pour améliorer la combustibilité ou modifier l’arome.
- 3° Une enveloppe extérieure ou « cape » dont la couleur et la finesse de tissu font l’aspect du cigare, mais que l’on recherche autant que possible de goût neutre, et bien combustible; nous avons déjà signalé que les tabacs des Indes néerlandaises convenaient par excellence à cet usage.
- Les feuilles pour capes et sous-capes, extraites des balles par manoques sont d’abord mouillées dans un appareil où un tapis roulant grillagé les fait passer sous un ou deux tubes horizontaux percés de trous qui pulvérisent sur elles de l’eau pure et chaude, afin de les assouplir en vue des manipulations ultérieures, tout en évitant le contact de l’eau en masse qui provoquerait sur le tissu des taches nuisant à l’aspect du cigare. Les feuilles sont ensuite séparées une à une, étalées, triées, écôtées, lissées et conservées sous molleton humide pour se ressuyer pendant une nuit.
- Chaque ouvrière reçoit sa petite provision de matières premières : elle commence par confectionner les « poupées » en prenant une pincée de feuilles d’intérieur ou de tabac haché qu’elle enveloppe dans la sous-cape, à la
- Fig. 3. — Un atelier de confection de cigares.
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- compacité et à la forme voulues, puis dispose le tout dans une alvéole d’un moule bloc; lorsque tous les alvéoles en sont garnis, elle ferme le moule et comprime ses mâchoires dans une petite presse très simple, de sorte que les poupées se trouvent façonnées au gabarit convenable.
- Le lendemain, les poupées sont retirées des moules, ébarbées aux ciseaux, puis capées : pour cela, l’ouvrière découpe dans une feuille une lanière juste suffisante à l’aide d’une molette, la pose à plat sur une petite aire en zinc tenue bien propre, et y enroule la poupée en spirale, en terminant par la tête du cigare et maintenant la cape bien tendue. Enfin, c’est le moment délicat de la confection de la tête, en pointe, ou arrondie; un nouveau coup de molette, suivant un contour plus ou moins compliqué qu’il faut bien avoir « dans les doigts », une légère application de colle, \ine fraction de tour qui coiffe le sommet, un dernier coup de ciseaux, une dernière touche qui achève; tout cela accompli avec une dextérité qui est le résultat d’un long apprentissage et qui déconcerte quiconque se hasarde à essayer « d’en faire autant ».
- Les cigares sont ensuite envoyés à un atelier de réception où ils sont examinés un à un par des cigarières éprouvées, au point de vue du poids, de la couleur, de l’absence de taches et de déchirures, de là dureté des têtes, du bon collage, etc... Les cigares défectueux sont rejetés et ne sont pas comptés à l’ouvrière pour l’établissement de son salaire à l’entreprise.
- Les ouvrières reçoivent en outre une prime à l’économie de matières qui les encourage, tout en restant dans les limites de poids imposées, à ne pas gaspiller de tabac. Les cigares acceptés sont envoyés à l’atelier de boîtage où ils sont mis, soit en étuis, soit en coffrets confectionnés sur place avec des plaquettes de bois agrafées à la machine. Certains cigares reçoivent, à l’emboîtage, une légère compression qui en améliore l’aspect.
- Quant aux cigares de luxe, fabriqués à la manufacture de Reuilly, ils sont présentés en coffret de bois coloniaux dont l’aspect élégant contribue à leur grand succès.
- Si la confection des cigares est restée essentiellement manuelle, c’est à cause de la complexité des mouvements à réaliser et'surtout de la diversité des modèles à obtenir. Cependant, depuis ces dernières années, un géant est apparu, le « Voltigeur », cigare léger à intérieur haché à base de Brésil dont la consommation atteint la moitié de la consommation totale des cigares en France; aussi a-t-on mis au point à la manufacture du Havre une machine «Formator» qui reproduit aussi exactement que possible les mouvements de la cigarière, avec un bien meilleur rendement. Mentionnons seulement les cigarillos, petits cigares à intérieur haché, des dimensions d’une cigarette, et dépourvus de sous-capes.
- SCAFERLATI ET CIGARETTES
- La fabrication du scaferlati par paquetage et des ciga^ rettes est au contraire la forme jeune de l’industrie du
- tabac, avec sa trépidante animation et son perpétuel devenir, c’est le cycle hâtif depuis la balle ou le boucaut sur le quai d’arrivée, jusqu’à la caisse de «Gauloises» ou le tonneau de Scaferlati sur le quai de départ...
- Le tabac provenant des magasins est à un taux d’humidité faible, voisin de 13 pour 100 en moyenne, et donnerait au hachage une forte proportion de débris, aussi est-il de toute nécessité de l’humidifier; mais, avant cela, plusieurs manipulations s’imposent : les feuilles sont généralement dans leurs emballages, groupées par manoques et fortement comprimées pour réduire leur encombrement : il faut séparer les feuilles, pour que la mouillade les intéresse toutes, c’est 1’ « époulardage » qui, pour certains tabacs, exige une légère mouillade préalable par trempage. En outre, les extrémités des manoques, constituées par les gros bouts de nervures, sont « éca-bochées » avec un couteau mû mécaniquement.
- La mouillade proprement dite s’effectue dans une salle située au-dessous de celle de « composition », au moyen, en général, d’un tapis roulant en caoutchouc, roulant à la vitesse de 10 cm par seconde entre deux rangées d’ouvrières, et sur lequel pleurent, de loin en loin, des augets à trop-plein; les feuilles descendent par des gaines aux ouvrières qui les étalent régulièrement sur le tapis, l’arrivée des 'feuilles se faisant, suivant les espèces et le taux d’humidité voulu, en différents points du tapis pour les faire passer sous le nombre convenable de pleureurs.
- Le mélange des tabacs est recueilli dans des chariots à claire-voie où il séjourne environ 24 heures, sans risque de fermentation intempestive grâce au sel que l’on a incorporé à l’eau de mouillade en proportion déterminée.
- Le tabac est ensuite porté sur le tapis d’un hachoir « Belot » : un ouvrier veille à conserver le « capçage », c’est-à-dire, la disposition des feuilles perpendiculairement au plan de coupe de façon que les. nervures médianes des feuilles (non écôtées) soient débitées en sections nor-
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- males ou « œil de perdrix » et non en aiguilles plus ou moins longues ou « bûches ». La charge de tabac est prise entre des cylindres qui la compriment progressivement, et hachée au sortir d’une embouchure en forme de V-par un lourd couteau faisant 300 coupes à la minute. La machine produit une violente trépidation et nécessite l’installation d’une forte estrade en grosse charpente; aussi a-t-on substitué, gur certaines machines, a\i système
- Fig. 5. — Organes cl’un hachoir à tabac.
- d’avance discontinue du tabac, qui ajoutait aux vibrations, un dispositif permettant l’avance continue, tandis que le couteau, guidé par biflle et manivelle, s’écarte légèrement du plan de coupe pendant sa remontée.
- Les lames, qui s’usent relativement vite, sont d’un remplacement rapide, et on les affûte sur place à la meule à boisseau, tournant au-dessus d’un chariot animé d’un mouvement de va-et-vient.
- Au sortir des hachoirs, le tabac est soumis à une torré-
- faction, point le plus sensible de toute la fabrication, d’où dépendra le goût du tabac, la facilité de son passage aux machines, et sa bonne conservation. 11 est nécessaire de sécher le tabac sous peine de le voir pourrir en quelques jours, mais il ne faut pas le dessécher, ce qui le rendrait brisant, ni le chauffer trop fort, ce qui lui communiquerait un goût de four désagréable et persistant, il faut enfin tuer les ferments nuisibles : l’expérience montre qu’un séjour d’un quart d’heure à une température comprise entre 70 et 110° satisfait à ces multiples exigences.
- L’opération s’effectue dans un vaste cylindre en tôle de 7 mètres de long, tournant au-dessus de deux foyers au coke, et à l’intérieur duquel 4 hélices de grand pas, munies de crochets, assurent la progression du tabac en le brassant parfaitement. De l’air, aspiré au-dessus des foyers, traverse le cylindre dans le même sens que le tabac, et lui enlève son humidité à raison de 1 litre d’eau pour 10 m3 d’air.
- Le rendement, en marche normale, est de 5 à 600 kg de tabac par heure; on pense, dans l’avenir, rendre l’opération plus régulière, en utilisant des foyers au gaz ou au mazout.
- Le tabac sortant du torréfacteur est chaud et encore trop humide : mis tel quel en masse, il garderait son goût de four ou fermenterait fâcheusement. Aussi est-on amené à le sécher et le refroidir en le faisant passer dans un autre cylindre tournant analogue au précédent, mais sans foyer, dans lequel circule en sens inverse un courant d’air frais appelé par un aspirateur; à la sortie, un tamis élimine les débris causés par ces brassages successifs.
- Un autre procédé, qui tend à se généraliser, consiste dans l’emploi d’un transporteur pneumatique qui élève le tabac jusqu’à la salle des masses, tout en le refroidissant, le séchant, le tamisant, tout cela sans presque de main-d’œuvre et en quelques secondes. L’air, qui a happé le tabac dans la salle de torréfaction, se détend, après un parcours plus ou moins long, dans une chambre de détente, où il abandonne le tabac au-dessus des masses, puis est filtré des brins résiduels, traversé un ventilateur, enfin aboutit à un cyclone où il dépose les poussières. Le débit d’un tel transporteur est d’environ 75 000 m1’ d’air et 2500 kg de tabac par heure.
- Le tabac est alors mis en masses, c’est-à-dire entassé en meules de 2 mètres de haut, dont le centre est exploré par un thermomètre relevé tous les jours : on observe une élévation progressive de la température, puis une période de stabilité, enfin de décroissance, en même temps que s’accentue le goût de four avant de disparaître peu à peu : il y a là une fermentation mal connue, qui dégage de l’acide acétique, provoquée par les ferments épargnés, et qui fixe le goût définitif du tabac ; la fermentation est achevée au bout de huit jours environ, mais on laisse le tabac en masses plus longtemps, jusqu’à un mois par exemple, pour constituer un petit stock de matière première en vue des préparations ultérieures.
- Ce qui précède s’applique à toutes les variétés de tabac noir, qu’il s’agisse du scaferlati pour paquetage ou pour cigarettes; nous allons maintenant séparer leurs deux destinées. Auparavant, signalons que les tabacs blonds (Orient, Virginie), ne sont ni mouillés, ni torréfiés, ni
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- laissés en masses, mais simplement humectés, pour être assouplis, par un séjour en atmosphère saturée, ou légèrement aspergés d’eau linement évaporisée, et séchés après hachage par un transport pneumatique ou un sécheur spécial.
- PAQUETAGE DU SCAFERLATI
- Les paquets courants sont de 40 grammes, en papier pâte gris pour l’« ordinaire «, de 40 grammes en papier couché jaune pour le « maryland «, de 50 en couché bleu pour le supérieur, avec, dans ces deux derniers types, interposition de deux couches protectrices, rime de papier mousseline, l’autre de papier paralTiné.
- Le paquetage se fait généralement à la machine « Belot « qui comprend deux parties symétriques : à chacune une ouvrière se borne à peser la quantité de tabac juste nécessaire pour un paquet, une troisième ouvrière reçoit des deux mains les paquets garnis, achève leur fermeture, et les range dans une caisse jauge.
- Les sacs sont confectionnés à partir d’une bande continue de papier autour d’une forme métallique sur laquelle viennent se refermer des volets; ils sont portés à la rencontre du tabac qui, déversé par le basculement du plateau de balance, est comprimé par deux fouloirs rectangulaires à l’intérieur du sac; la fermeture est enfin effectuée par une vignette enduite de points de colle qui entoure complètement le paquet.
- La machine tourne à 13 tours par minute et paquète 50 kg à l’heure.
- Les ouvrières n’ont guère que 4 secondes pour peser les 40 grammes de tabac, or il est essentiel que le poids soit aussi exact que possible : s’il manque du tabac, le consommateur se plaindra à juste titre; s’il y en a trop, il ne réclamera certainement pas, mais la Régie sera frustrée d’autant. Cependant, c’est ce dernier parti qui est généreusement adopté en imposant de peser 41 g, 5 de tabac pour qu’après perte de débris ou d’humidité il reste encore au moins les 40 grammes annoncés ; les peseuses sont encouragées à mettre exactement ce poids par une prime en argent calculée d’après une formule qui tient compte à la fois de l’écart du poids moyen et de la dispersion des pesées.
- Signalons enfin que les Scaferlati « Virginie » et « Levant » sont vendus dans des boîtes métalliques étanches qui garantissent le tabac de toute altération.
- Fig? G. — Machine Boullet à paqueler les cigarettes.
- CONFECTION DES CIGARETTES
- La mise en vente des cigarettes par la Régie ne date que de 1864, mais cette vente a pris très vite une telle extension que c’est dans cette branche qu’ont été réalisés les progrès les plus rapides, qui nous font assister à une véritable course aux plus hauts rendements. Quel chemin parcouru, et en peu de temps, depuis la rouleusè à main, jusqu’aux machines Decouflé, Molins, Excelsior, Velox...
- Fig. 7. — Le distributeur d'une machine à cigarettes moderne. (On remarque le tuyau d’aspiration des poussières.)
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- qui débitent 1300 et 1400 cigarettes à la minute ! Nous allons décrire les principaux organes de ces machines modernes à grand rendement.
- Le problème consiste à réaliser un boudin continu où le tabac est disposé à l’intérieur du papier par libres parallèles à l’axe, et à compacité constante, boudin que l’on découpe ensuite à sections franches.
- L’organe de répartition du tabac est le distributeur, grande caisse de 1 m 30 environ de large où le tabac est jeté en vrac et entraîné par une série de cylindres munis de cordes qui le brassent, le démêlent, l’uniformisent et finalement le laminent en une couche mince d’épaisseur constante. Puis cette couche est prise, au sortir d’un peigne, par une roue à picots tournant à grande vitesse qui projette les brins, en les répartissant, sur un autre ensemble de cylindres analogues, qui, finalement, déverse le tabac, de façon continue, dans une gouttière inférieure où court une bande de toile entraîneuse, ou le papier à cigarettes lui-même.
- L’ensemble passe ensuite dans un tunnel profilé où le papier est déformé progressivement de façon à enrober le tabac et à présenter à la sortie un bord vertical que lèche un disque colleur. Un autre tunnel assure la fermeture du tube et un fer électrique sèche instantanément la partie collée.
- 11 y a quelques années, un grand progrès avait été réalisé par la substitution au collage de l’agrafage, c’est-à-dire la fermeture du tube par double recouvrement des lèvres du papier et sertissage; on est revenu au collage sur les machines récentes, depuis la mise au point des colles à l’amidon, et parce que le papier ne saurait traverser, avec une telle vitesse, les organes compliqués du sertissage sans risque de déchirure.
- Aussitôt après, le boudin est coupé : comme il défde à une vitesse supérieure à 1 m 50 par seconde, il est de toute nécessité, si on veut avoir une section bien droite, que le couteau, pendant le temps de la coupe, accompagne le tube continu, avec la même vitesse; ce problème mécanique a reçu un assez grand nombre de solutions.
- Les cigarettes sont ainsi achevées, il n’y a plus qu’à les paqueter.
- Les paquets ordinaires de 20 cigarettes (Gauloises, Elégantes) se font à la machine «Boullet» : celle-ci confectionne d’abord les sacs à l’aide d’une bande de papier couché qui se déroulant d’une bobine, passe sous un timbre qui lui applique les marques réglementaires, est découpée à la longueur voulue et poussée dans un « barillet des sacs»1 où commence le pliage. Une rotation rapide d’un quart de tour du barillet, réalisée par un dispositif à croix de Malte, amène le sac à la position du garnissage; puis, la rotation continuant, le sac achève de se fermer et dans une dernière position, il est éjecté, tout en entraînant la vignette placée à cheval sur 2 bandes caoutchoutées et gommées; l’application de la vignette se termine dans un couloir vertical qui conduit enfin le paquet achevé dans un barillet sécheur à 32 alvéoles.
- Quant aux cigarettes, elles sont déversées par la trémie d’introduction à fond oscillant dans un réservoir divisé par des cloisons verticales en 7 compartiments, tenant chacun 3 cigarettes horizontales, superposées.
- Comme le lot ainsi formé contient une cigarette de trop, le compartiment central présente, à hauteur de la cigarette médiane, un petit taquet qui empêchera celle-ci d’être expulsée avec les 20 autres. Cette expulsion est faite par un fouloir à 7 lames, dont la lame centrale est interrompue pour épargner la 21e cigarette; il pousse le contenu du réservoir dans l’alvéole d’un «barillet des cigarettes », qui, dans deux positions successives, comprime les cigarettes et les présente en face du sac ouvert où elles sont refoulées.
- La vitesse de cette machine, qui est longtemps restée sans rivale, a été portée par des modifications de détail de 35 à 50 tours à la minute.
- Les machines les plus modernes (Molins, Ahrens) basées sur des principes un peu différent, atteignent la production de 60 à 70 paquets, mais sont plus encombrantes.
- Il existe deux types de machines à paqueter les « Gitanes » en étuis de 20, « Molins » et « Rose » qui confectionnent respectivement 93 et 87 paquets à la minute à partir de cartons découpés et imprimés à l’avance; leur mise au point n’est pas encore parfaite, aussi ce paquetage se fait-il encore à la main dans la plupart des manufactures. Il en est de même de tous les produits de luxe, dont la présentation s’est considérablement transformée au cours de ces dernières années; cigarettes à bout de liège, doré, pétale de rose, cigarettes de couleur, à section ovale, etc... vendues en boîtages élégants ou coffrets d’assortiment.
- L’effort de la Régie a porté en outre sur une adaptation constante de ses produits au goût des fumeurs, cherchant en particulier à reconquérir la clientèle qui, surtout depuis la guerre, s’était habituée aux produits étrangers : c’est ainsi qu’ont été créés avec succès des mélanges de tabacs d’Orient, Myrto, Gitanes et Amazones vizir, Primerose, etc..., de tabacs de Virginie au goût anglais, Fashion, Iligh-Life, et, tout récemment un mélange au goût américain, la cigarette « Balto » qui est le premier type que la Régie mette en vente comme tabac « saucé », c’est-à-dire aromatisé par addition de matières étrangères : la préparation consiste en une première mouillade ou « casing » du mélange (Virginie, Kentucky, Burley etc... ) avec une liqueur contenant des matières sucrées : miel, mélasse, etc... puis en un arrosage ou « flavouring », pratiqué après hachage, avec une liqueur contenant du rhum, de la glycérine, des parfums, etc... le mélange subit une torréfaction modérée et les cigarettes sont paquetées à la machine sous une double couche protectrice de papier paraffiné et de papier d’étain.
- Aussi la vente des produits étrangers — cigares, cigarettes, scaferlatis — qui n’était déjà en 1927 que des 4,23 pour 100 (en prix) des ventes totales, va-t-elle encore rétrograder au profit de l’industrie nationale. Ajoutons pour finir qu’un important service de publicité, dont l’heureux effet n’a pas tardé à se faire sentir, achève l’aspect commercial de l’exploitation industrielle des tabacs, qui, en dépit de certains préjugés, et grâce à de méritoires efforts, n’a, du point de vue de son fonctionnement, plus rien à envier aux établissements de l’industrie privée. X.
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- LES ANTIDÉTONANTS
- On est d’accord pour distinguer du phénomène qui fait dire que le moteur cogne, et qui pour cette raison a reçu le nom de choc, Y auto-allumage, ou allumage spontané en dehors de tout amorçage par étincelle ou flamme, lequel se produit sans qu’il y ait de choc. L’exemple que cite M. Du-l'raisse est assez probant : le kérosène peut donner le choc sans l’auto-allumage alors que le sulfure de carbone, l’alcool inéthylique peuvent donner l’auto-allumage sans le choc.
- De très nombreuses théories, comme nous le verrons, ont été proposées pour expliquer ce phénomène, mais toutes concordent pour affirmer que le choc résulte d’une détonation, caractérisée par une brusque augmentation de pression, élévation de température, et une grande vitesse de propagation. L’onde explosive qui traverse le mélange, carburant et air, détermine un choc sur les parois; on dit que le moteur cogne.
- Ce phénomène, bien loin d’être particulier aux mélanges carburants des moteurs à explosion, semble être, au contraire, la règle générale pour tous les explosifs, dont une étude sommaire devient ainsi nécessaire.
- EXPLOSIFS - VITESSE DE PROPAGATION DE L’EXPLOSION
- On comprend sous la dénomination d’explosif tout corps ou mélange de corps constituant un système chimique, maintenu normalement à la température ordinaire à l’état de repos chimique par des résistances passives (analogues aux résistances mécaniques que rencontre une pierre en équilibre sur un plan incliné) et susceptible de donner lieu à des réactions internes. Ces réactions, lorsqu’elles ont été amorcées par une action locale, calorifique (inflammation d’une mèche de coton-poudre) ou mécanique (choc sur une amorce), s’étendent à tout le système en se développant avec une grande vitesse, dégageant beaucoup de chaleur, et donnant lieu, soit par production de corps gazeux (toute utilisation d’explosifs dans l’exploitation des mines donne lieu à des dégagements de gaz toxiques, nécessitant des précautions spéciales) soit par échauf-i’ement de ces gaz (moteurs à explosion) à une brusque augmentation de volume. Les explosifs sont donc des agents de transformation de l’énergie chimique en énergie mécanique, laquelle peut être utilisée pour divers usages fort importants (destruction d’obstacles, exploitation des mines, et carrières, propulsion des projectiles, fonctionnement des moteurs à explosion). D’après ce qui vient d’être dit, la vitesse de réaction joue un rôle capital dans la définition des réactions explosives. La température et la pression ont, sur cette vitesse, une influence prépondérante, parfois même .discontinue,.que nous allons étudier en détail, et qui vont nous amener aux notions d’auto-allumage et d’auto-détonation.
- Influence de la température. — Pour la plupart des réac-
- tions explosives, le développement de la vitesse en fonction de la température est tellement brusque qu’il parait pratiquement discontinu; la température à laquelle on observe cette discontinuité est appelée point d’inflammation; elle dépend, dans une certaine mesure, des conditions de l’expérience.
- Pour un mélange d’air et d’essence vaporisée, la vitesse varie avec la température.
- Aux basses températures (température ordinaire, par exemple) la vitesse est pratiquement nulle. A partir d’un point A, on observe un commencement de réaction qui se développe très lentement; si l’on atteint par contre la température correspondant au point I d’inflammation, la vitesse devient brusquement très grande; aux températures supérieures elle atteint un maximum M.
- La température du point I apparaît donc comme la température des points chauds déterminant V auto-allu-magne : l’amorçage de la réaction n’est plus alors provoqué par l’étincelle de la bougie, mais par la température trop élevée de points chauds. Un meilleur refroidissement du moteur y remédiera facilement.
- Influence de la pression. — La vitesse avec laquelle la réaction amorcée en un point de l'explosif se propage dans toute la masse est une grandeur qui présente une très grande importance. On l’appelle vitesse de propagation ou célérité pour la distinguer de la vitesse de réaction définie par la rapidité avec laquelle l’explosif donné disparaît. On constate que la célérité varie notablement d un explosif à un autre et, pour un même explosif, avec la pression. Mais un phénomène très important a été constaté : il consiste en ceci que les explosions peuvent se propager suivant deux modes distincts, correspondant à des vitesses très différentes.
- Quand on enflamme certains explosifs, la décomposition se propage avec des vitesses qui varient avec la température, mais restent de 1 ordre de quelques décimètres par seconde. Dans d autres cas, au contraire, et notamment quand on amorce 1 explosion par un choc violent, parfois par une simple élévation de pression, l’explosion se propage avec une vitesse énorme qui varie suivant les cas de 1000 à 10 000 mètres par seconde. On dit que dans le premier cas, il y a déflagration et que dans le second, il y a détonation ou propagation par onde explosive.
- Si certains explosifs se décomposent presque toujours par déflagration (poudre noire), si d’autres, au contraire détonent sous la moindre influence (fulminate de mercure), dans la plupart des cas, on peut, suivant la façon dont on opère, obtenir avec le même explosif, soit la déflagration, soit la détonation. Une mèche de coton-poudre, par exemple, enflammée à une extrémité brûlera en quelques secondes, à l’air libre. Si on provoque l’explosion en produisant en un point un
- Températures
- Variation de la pression en fonction de la température pour des mélanges explosifs d'air et de pentane (d’après Dumanois et Mondain-Monval).
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- choc très violent, la durée deviendra 100 000 fois plus courte. Ainsi donc, pour un explosif donné, la déflagration peut dans certaines conditions se transformer spontanément en détonation, laquelle est grandement facilitée par une augmentation de pression. C’est ce qu’on observe en particulier dans les moteurs à essence, dans lesquels on ne peut augmenter au delà d’une certaine valeur la compression avant allumage, compression dont on connaît les effets utiles au point de vue du rendement. Nous avons donc là l’explication du phénomène de choc dans un moteur à explosion : pour une raison quelconque, la pression devenant trop forte, la détonation se substitue à la déflagration et l’onde explosive qui prend naissance détermine un choc sur les parois, le moteur cogne; ainsi s’explique le fait que les moteurs les plus poussés sont les plus sensibles aux antidétonants.
- Ainsi précisées les influences de la température et de la pression, la différence entre l’auto allumage par point chaud et la détonation apparaît immédiate. Si l’on a eu, pendant très longtemps, tendance à confondre les deux phénomènes, c’est que, comme on l’a constaté actuellement, l’autoallumage par point chaud entraîne souvent la combustion par onde explosive (et ceci a lieu pratiquement, dans la plupart des cas, avec les essences usuelles). Mais cette superposition de deux phénomènes est loin d’être générale et l’oreille, elle-même, peut distinguer le bruit produit par l’autoallumage seul, bruit beaucoup moins sec que le cognement dû au phénomène de détonation. D’ailleurs, comme on l’a dit au début de cet article, certains combustibles (sulfure de carbone, alcool méthylique) sont susceptibles de donner l’autoallu-mage sans la détonation, de même que d’autres (kérosène) peuvent donner le choc sans l’autoallumage.
- Il existe un autre phénomène bien distinct de la détonation, bien que l’on puisse être tenté de le confondre avec lui, parce que tous deux constituent une limite au taux de compression des moteurs : c’est Vautoallumage par compression adiabatique. Si nous comprimons suffisamment le mélange carburant, il arrive un moment où l’autoallumage se produit; ceci devient évident, si on remarque qu’une compression adiabatique, c’est-à-dire sans échange de chaleur avec l’extérieur (et c’est ce qui se passe à peu près dans un moteur, vu la faible durée de la compression) échauffe considérablement le mélange, dont la température peut ainsi atteindre la température d’inflammation, cause de l’autoallumage précité. Un moteur Diesel, lequel n’utilise pas d’autre allumage que l’auto-allumage par compression adiabatique, permet de différencier expérimentalement ce phénomène, de celui de la détonation : c’est ainsi qu’alors que des compressions de l’ordre de 4 (rapport des volumes avant et après compression) déterminent la détonation dans un moteur à explosion utilisant du pétrole lampant, il faut, dans un moteur Diesel, des taux de compression volumétrique dépassant 9 pour obtenir l’auto-allumage du même combustible. Voici, d’ailleurs un tableau précisant cette distinction :
- Combustibles Détonation pour des taux supérieurs à Autoallumage
- Essences de pétrole 5 9
- Alcool éthylique 10 10
- Benzol Alcool méthylique 6 inférieurs à 6
- Avant d’aborder l’étude des différents antidétonants et de leurs théories, notons encore la distinction qui s’impose entre les antidétonants tels que le plomb tétraéthyle, empêchant la détonation d’essences de pétrole, à des doses infimes de l’ordre de 1/1000 et les indétonants tels que le benzène, com-
- bustibles ne détonant pas eux-mêmes, mais n’empêchant la détonation de l’essence ordinaire qu’à des doses relativement massives (de l’ordre de 30/100).
- THÉORIES DIVERSES DE L’ACTION ANTIDÉTONANTE
- Une question qui se pose tout naturellement est de savoir comment agit un antidétonant. La découverte de ces substances et leur utilisation seront extraordinairement facilitées lorsque le phénomène complexe de la détonation sera mieux connu et le mode d’action des antidétonants élucidé d’une manière complète.
- Avec MM. Moureu, Dufraisse et Chaux, nous grouperons les diverses théories suivant le rôle qu’elles attribuent au corps antidétonant.
- Interprétations où l’antidétonant n’a qu’un rôle passif, le vernis.— H. Callendar fait remarquer que si l’on vaporise du pétrole dans un courant d’air, les gouttes en s’évaporant laissent un résidu ou noyau formé des constituants les moins volatils, tels que les paraffines lourdes. Ces paraffines ont un point d’inflammation inférieur à celui des autres constituants du pétrole et les gouttes microscopiques qu’elles forment constituent les gouttes nucléaires. Si l’on chauffe par compression un mélange contenant des gouttes nucléaires, celles-ci serviront de foyer d’ignition, leur température d’inflammation étant inférieure à celle du reste du mélange. De plus elles favorisent l’inflammation par le fait que les réactions chimiques sont toujours plus faciles à la surface de séparation d’une vapeur et d’un liquide.
- Ces gouttes nucléaires joueraient donc un rôle prépondérant dans les phénomènes de choc. L’action des antidétonants serait la suivante : ils se concentreraient dans les gouttes, au moment de l’évaporation et en retarderaient l’inflammation, en déposant sur elles une couche de plomb, dans le cas du plomb tétraéthyle. Callendar donne, comme appui à sa théorie, ce fait qu’en mélange avec l’éther éthylique, lequel oxyde cet antidétonant en laissant précipiter de l’oxyde de plomb, l’anti-détonant perd son action.
- De nombreux auteurs se refusent à admettre cette théorie, en opposant leurs observations suivant lesquelles les métaux tels que le plomb en suspension colloïdale dans les carburants, ne sont pas antidétonants (Olin. Read et Goos en 1926). Nous citerons par ailleurs, les résultats contraires de Berl et Innac-ker en décembre 1929.
- Du même ordre d’idées relèvent les théories de Jolibois et Normand d’après lesquels la détonation serait favorisée par la présence d’arêtes vives : celles-ci s’émousseraient, en perdant leur efficacité prodétonante en se recouvrant d’un dépôt de plomb pulvérulent, issu de la décomposition du plomb tétraéthyle..
- L’écran. — Les théories de J. Perrin supposent indispensable la présence de radiations actives pour assurer la propagation de la détonation dans la masse gazeuse. Midgley en conclut que l’antidétonant forme écran vis-à-vis de ces radiations actives. Aucune expérience n’est venue vérifier cette théorie pour le moins hardie.
- Le tampon. — Certains auteurs, tels que Wendt, Grimm, Muraour admettent que des électrons ou des molécules jouent un rôle prépondérant dans le phénomène de la détonation. L’antidétonant agirait en tampon par inertie, vis-à-vis de ces éléments en captant leur force vive. Il est à noter que les antidétonants sont sans action sur les phénomènes d’ionisation, lesquels mettent en jeu l’énergie des molécules et des électrons.
- Interprétations où l’antidétonant joue un rôle actif. —-
- Nous ne citerons que la théorie de W. H. Charch, E. Mack
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- et Boord, d’après lesquels les antidétonants se décomposeraient en particules extrêmement oxydables dont la chaleur d’autoxydation provoquerait, dans leur voisinage, une combustion partielle des gaz. Il y aurait une sorte de combustion préventive et la progression ultérieure de la flamme à travers des gaz partiellement brûlés serait de ce fait rendue très difficile.
- Cette théorie explique mal l’action des indétonants tels que la benzine, corps excessivement stable devant des tentatives de décomposition..
- Action de /’antidétonant sur la vitesse de Fonde explo= sive. — Certains auteurs ont supposé que les antidétonants agissaient comme catalyseurs négatifs sur la vitesse de l’onde explosive qu’ils ralentiraient.
- MM. Laffitte et Dumanois ont cherché, dans cet ordre d’idées, à mesurer la vitesse de propagation de l’onde explosive dans un certain nombre de mélanges gazeux et détonants, purs ou contenant une petite quantité d’un antidétonant, le plomb tétraéthyle. Le tableau suivant extrait des Annales de l’Office national des Combustibles liquides, donne le résultat des mesures pour divers mélanges d’hydrogène et d’oxygène, d’hydrogène, oxygène et azote, et enfin de méthane et d’oxygène.
- Mélanges Pression initiale Vitesse de l’onde explosives
- en atmosphères en mètres/secondes.
- sans antidétonant avec
- 21P + O- 1 2800 2830
- 2 H2 + O- 3 2800 2850
- 2 IL2 + O2 6,5 2900 2860
- H* + O + N 1 2400 2400
- G + H* + 203 1 2350 2300
- CH* 4- 202 7 2320 2350
- Il résulte de l’examen des chiffres ci-dessus que la vitesse de propagation de l’onde explosive est indépendante de la présence d’antidétonant dans le mélange gazeux. En effet, M. Dumanois indique que la méthode employée ne permet pas de compter sur une précision supérieure à 2 pour 100; or le plus grand écart constaté, rapporté en pour cent est :
- 2350 —2300 1 , T< 2
- ------------- = — sensiblement égal a -
- 2350 47 fe 100
- Théorie de Tantidétonant agissant comme antioxy= gène. — Les travaux de Laffitte et Dumanois ont donc établi que les antidétonants n’ont aucune influence sur l’onde explosive. D’un autre côté, Egerton et Gates avaient montré antérieurement que s’il existait bien, entre l’allumage et le phénomène de détonation, une courte combustion régulière, l’antidétonant n’en modifiait pas la durée.
- Dans ces conditions, si le rôle de l’antidétonant sur la vitesse de l’onde explosive constituant la détonation et sur la vitesse de la combustion régulière est nul, c’est que l’antidétonant joue un rôle dans des phénomènes antérieurs à la combustion.
- Pendant la période de compression, il se formerait une préoxydation du carburant et les peroxydes formés se décomposeraient brutalement en jouant le rôle d’amorce, à la façon de la capsule de fulminate de mercure, qui déclenche la détonation d’une mèche de coton-poudre dont, normalement la combustion est régulière. La présence d’antidétonants, empêchant la formation de ces peroxydes, empêche donc en même temps la formation de l’onde explosive.
- Or, il existe une action très générale, qui empêche la formation de peroxydes : c’est l’action antioxygène. Depuis les travaux de MM. Moureu et Dufraisse, on admet que l’autoxydation à l’air libre de certaines substances comporte des termes
- ~........-...-..........................15
- transitoires, instables qui ne sont autres que des peroxydes. Un antioxygène, détruisant ces peroxydes empêche par là même l’autoxydation.
- La comparaison des deux phénomènes apparaît comme évidente, si l’on considère les trois faits suivants :
- a) les antidétonants connus sont de bons antioxygènes (plomb tétraéthyle, iode, aniline) ;
- b) les corps prodétonants sont prooxygènes (brome, acide azotique) ;
- c) la classification des antioxygènes et des antidétonants est la même. Si l’on classe par ordre d’activité antioxygène et antidétonante les trois corps suivants, de caractère chimique très voisin, le résultat apparaît identique, par exemple :
- triphénylamine, aniline, diphénylamine.
- MM. Dufraisse et Moureu en avaient conclu que les antidétonants, qui ont tous une très faible volatilité, avaient une action s’exerçant surtout dans la phase liquide et ceci d’autant plus que le choc s’observe en général avec des carburants peu volatils qui existent donc dans le cylindre d’un moteur, à l’état de vésicules liquides pendant un temps plus ou moins long. La formation de peroxydes aurait lieu dans la phase liquide.
- D’après les idées de Dufraisse, et que le laboratoire de l’Air Ministry faisait siennes à la même époque, les peroxydes que donneraient les carburants seraient de véritables explosifs, responsables du cognement. La vérification de ces hypothèses pose la question des réactions chimiques qui se passent à l’intérieur des moteurs, question jusqu’à présent jamais étudiée : on n’étudiait que la réaction finale de combustion, plus ou moins complète, qui paraissait seule importante. Or, avant cette combustion, ont lieu d’autres réactions, pouvant donner des peroxydes, donc d’importance non négligeable, puisque que peut en résulter le cognement, lequel limite le taux de compression avant allumage, diminuant par là le rendement énergétique du moteur. Le difficile était, dans un phénomène aussi rapide, de mettre en évidence la production de ces peroxydes dont on parlait sans les avoir jamais vus, ou tout au moins déceler un phénomène lié à leur formation.
- Recherches sur la peroxydation des hydrocarbures. — M. Dumanois réalisa alors, avec le concours de M. Mondain-Monval, une série d’expériences consistant à chauffer lentement dans une bombe d’acier un mélange d’air et d’un hydrocarbure soigneusement dosé, en observant d’une façon continue la marche de la température et de la pression.
- Passant sur les détails des expériences, relatons immédiatement les résultats publiés en 1929 dans le bulletin de la Société industrielle de Mulhouse. Les essais avaient été effectués sur du pentane choisi en raison de sa grande volatilité (il bout à 35°,5) de façon à séparer nettement les phénomènes de vaporisation des phénomènes d’oxydation qu’il s’agissait d’étudier.
- Si l’on étudie le graphique obtenu (fig. 1), on constate les points suivants :
- De 21° jusqu’à environ 35°, on note un accroissement rapide de la pression; ceci est dû au fait que la vapeur de pentane ajoute sa pression à celle de l’air. A 35°,5 tout le pentane est volatilisé et l’on n’a plus affaire qu’à un mélange gazeux (air et vapeur de pentane) : sauf incident, la pression doit croître linéairement en fonction de la température en vertu de la loi de Mariotte et Gay-Lussac : les points expérimentaux devraient s’aligner sur une droite. Or, si au-dessous de 120° la loi est bien vérifiée, il n’en est pas de même au-dessus de cette température : par rapport à la droite précédente il existe une baisse sensible de pression. Vers 210°, on remarquera une légère remontée de la pression précédant de quelques degrés l’inflammation spontanée du mélange tonnant qui se signale au manomètre par une subite poussée de pression et au thermo-
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- mètre par une très notable montée de température, (courbe 1).
- Les résultats étant sensiblement identiques avec de l’essence, on a là une manifestation très nette de la formation des peroxydes : àl20°, la baisse de pression par rapport à la droite que donnerait la loi de Mariotte est due à la condensation occasionnée par une réaction chimique (en effet une combustion partielle correspondrait à un accroissement de pression). Or, une autre série d’essais, effectuée en remplaçant l’air du mélange par de l’azote, a permis d’observer que le point singulier à 120° n’existe plus : les courbes obtenues sont des droites sensiblement au-dessus des courbes relatives au mélange air-pentane, respectivement de même concentration en pentane et s’en écartant d’autant plus que la température est plus élevée. Le rôle de l’oxygène de l’air est donc bien mis en évidence et l’oxydation du pentane à une température inférieure à 100° est déjà notable à en juger d’après l’écart sensible des deux courbes (courbe 2).
- Par ailleurs quelques essais ont été tentés, en remplaçant le pentane par le benzène dont le caractère indétonant est bien connu. Comme il fallait s’y attendre, on ne trouve sur la courbe correspondante aucun point singulier : la formation de peroxydes semble bien être corrélative du phénomène de la détonation.
- Une dernière expérience restait à faire : les antidétonants, supprimant la détonation, devaient supprimer les peroxydes et les courbes de pentane ou essence avec antidétonant devaient être identiques à la courbe du benzène, c’est-à-dire ne pas comporter de point singulier. Les expériences de MM. Du-manois et Mondain-Monval ont permis d’affirmer ce dernier point (courbe 3).
- Le processus imaginé par MM. Moureu, Dufraisse et Chaux trouve donc sa confirmation, la détonation est due à la formation de peroxydes instables, formation que l’effet des antidétonants est d’empêcher. Mais, contrairement à ce que pensaient ces auteurs, la formation des peroxydes aurait lieu en phase vapeur et non liquide : les deux courbes obtenues pour le pentane avec ou sans antidétonant coïncident jusqu’à 38°,5, c’est-à-dire tant que le carburant est liquide; la divergence des courbes, dans la formation de peroxydes, n’a lieu qu’en phase vapeur.
- Un seul point, d’une importance capitale, il est vrai, restait à considérer : les expériences précédentes portaient sur des durées d’opération énormes, si on les compare aux temps infimes pendant lesquels le carburant reste dans le moteur. L’oxydation des hydrocarbures est-elle assez rapide pour se produire dans ces temps se chiffrant par centièmes de seconde? La difficulté d’une vérification semblait grande et MM. Moureu et Dufraisse y renonçaient en 1927, affirmant « qu’il était impossible de définir avec certitude les conditions permettant à coup sûr de réussir l’expérience ». Pourtant l’intérêt de cette question n’échappera à personne et nous sommes heureux de signaler le succès qui a couronné les expériences récentes de MM. Dumanois, Mondain-Monval et Quanquin à Mulhouse; évidemment, il fallait abandonner leur appareil primitif et les essais ont porté sur un moteur même, brûlant de l’hexane et pouvant alternativement fonctionner comme moteur à explosion ordinaire (dont l’énergie était absorbée par un frein) ou au contraire, tourner, allumage coupé, entraîné par un moteur électrique. On effectuait différents essais à températures croissantes. A partir de 270°, température à partir de laquelle le cognement devient très net (perceptible à la main de l’opérateur, posée sur le frein) on constate les phénomènes suivants : coupant l’allumage et entraînant électriquement le moteur, à la même vitesse, on étudie la composition chimique du gaz d’échappement. L’analyse chimique y décèle, entre autres, des aldéhydes, corps dont la
- molécule possède de l’oxygène et qui ne sont autres que les peroxydes formés dans l’autoxydation des hydrocarbures, peroxydes dont la décomposition brutale amorce la détonation, le cognement. Ainsi donc, toute objection s’évanouit : l’action antidétonante n’est autre qu’un cas particulier de ce phénomène si général : l’action antioxygène.
- LES PRINCIPAUX ANTIDÉTONANTS
- Comment déterminer le caractère plus ou moins antidétonant d’une substance quelconque ?
- On peut procéder de deux manières :
- a) Déterminer la quantité d’indétonant ou d’anlidéto-nant, qu’il faut ajouter à une essence détonante pour la rendre aussi peu détonante qu’un carburant type.
- b) En maintenant constants tous les autres facteurs du bon fonctionnement d’un moteur, on augmentera le taux de compression, jusqu’à ce que le cognement devienne audible. On comparera au taux de compression qui amène ce même cognement avec un carburant de l'éférence (Ricardo utilisait soit du benzol, soit un mélange standard d’heptane détonant et d’isooctane indétonant).
- Le résultat des expériences de Ricardo est le suivant :
- 11 opérait sur un moteur tournant à un régime de 1500 tours/minute.
- Carburants Compression réelle en kg./cm. Rapport volu trique.
- Toluène 15,4 7,84
- Alcool éthylique à 98/100 14,3 7,5
- Xylène 14 7,4
- Benzène 12,5 6,9
- Essence riche en benzène 11,4 6,5
- Cyclohexane 9,8 5,9
- Alcool méthylique 8,15 5,2
- Ilexane 7,95 5,1
- Essence ordinaire 7,4 4,85
- Pétrole lampant 6,0 4,2
- Heptane 5,05 3,75
- Ether 3,33 2,95.
- De ce tableau ressort tout d’abord la supériorité de l’essence chargée de carbures aromatiques (benzol) sur l’essence ordinaire au point de vue du phénomène du cognement : le benzol rend le carburant indétonant. De là vient la supériorité des essences de Bornéo, Sumatra, et de Californie et même de certaines régions de Roumanie qui renferment des carbures de la série du benzène. Aux Etats-Unis, on utilise les extraits du raffinage à l’anhydride sulfurique (procédé Edeleanu) car ces extraits se composent pour une grande partie de carbures aromatiques (').
- Les autres indétonants que l’on connaît sont : l’aniline, la diphénylamine, l’alcool éthylique anhydre et l’essence riche en carbures éthyléniques.
- Les différents antidétonants utilisés actuellement sont les suivants. Tout d’abord le plomb télraéthyle qui permet d’élever le taux de compression de 40 pour 100, ce qui correspond à un gain de puissance de 14 pour 100.
- Il présente les inconvénients d’être vénéneux et de laisser déposer un enduit de plomb obturant les soupapes et détério-
- 1. On notera également l’avantage de l’essence de cracking : les procédés de cracking sont assez souples pour que l’on puisse régler dans une certaine mesure les proportions de carbures aromatiques, qui interviennent en abaissant le caractère détonant de l’essence ordinaire. L’essence vendue sous le nom d’JSsso n’est autre qu’un mélange d’essence ordinaire et d’essence de cracking.
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- rant les bougies. On remédie quelque peu à ce dernier défaut par l’addition de bromure de plomb.
- L’addition de plomb tétraéthyle, dans la proportion de 1 pour 100 équivaut à l’addition de 100 pour 100 de benzène.
- Le nickel tétra-carbonyle, moins antidétonant que le composé organométallique du plomb, et le /er carbonyle non vénéneux sont également à la base de différents produits vendus comme antidétonants. Les principaux de ces derniers sont :
- L’ « Ethyl » contenant moitié de plomb tétraéthyle et moitié de bromure d’éthyle.
- h’Elhylfluid de la Société « Ethyl gazoline Corporation » contenant :
- Plomb tétraéthyle 55 pour 100
- Bromure d’éthyle 36 pour 100
- Monocliloronaphtalène 9 pour 100
- Le mothyl à base de fer penta-carbonyle.
- Si le mothyl est plus actif que l’éthyl, il a l’inconvénient d’introduire un abrasif très fin, mais un abrasif tout de même dans le cylindre. Au bout de quelques heures de marche, M. Grebel avait constaté avec le « mothyl » un abondant dépôt rouge d’oxyde de fer et des traces d’attaque sur les soupapes et leurs sièges notamment (*).
- Reste à savoir comment agit l’antidétonant, ou plus exac-
- 1. Le « mothyl » n’est livré qu’au commerce de gros qui s’en sert pour préparer la « Motaline » contenant 0,2 à 0,25 volume pour 100 de fer carbonyle, c’est-à-dire 4 litres de motyl pour 1000 litres d’essence.
- = . .^ ..= 17 =====
- tement quel est son rôle destructeur vis-à-vis des peroxydes ?
- Le professeur Berl a été conduit à émettre la théorie suivante : au cours des phénomènes d’oxydation des vapeurs des carburants en présence d’air, les hydrocarbures riches en hydrogène se décomposent partiellement en hydrogène et en restes non saturés. Ces fragments absorbent de l’oxygène pour donner des peroxydes organiques, dont la décomposition explosive produit le cognement.
- Or, MM. Berl et ïnnaclter ont montré qu’un métal (plomb ou fer) dispersé à l’état colloïdal dans un carburant empêche l’oxydation de celui-ci, pour des concentrations égales à celles qui sont efficaces dans l’action des composés métalliques utilisés comme antidétonants. Les oxydes de plomb ou de fer, au contraire, ne sont pas aptes à exercer la même action antioxydante que les fnétaux. La conception qui réduit le processus de l’antidétonation à une simple rupture mécanique des chaînes énergétiques est donc insoutenable.
- Il faut plutôt admettre que les métaux libérés des composés organométalliques ou ajoutés sous forme de nuages, provoquent une réaction intermédiaire qui perturbe le processus de l’oxydation. Cette réaction peut consister en ce que le métal remplit les lacunes formées par la séparation de l’hydrogène en empêchant la formation des peroxydes organiques, soit en ce que ces peroxydes sont réduits par le métal résultant de la destruction du composé organo-métallique employé comme antidétonant.
- J. Arnoux.
- = LES AURORES POLAIRES =
- (Suite du n° 2855J
- II - L’INTERPRÉTATION DES AURORES
- LES RAYONS CATHODIQUES ET LES ÉLECTRONS
- Parmi les recherches expérimentales qui, au cours des cinquante dernières années, se sont montrées les plus fécondes, il faut citer celles qui ont été faites sur le passage de la décharge électrique à travers les gaz raréfiés. Cette étude a été inaugurée en 1869 par le physicien allemand Hittorf. Observant les phénomènes qui se produisent dans une ampoule en verre portant deux électrodes A et C (fig. i) entre lesquelles on établit une différence de potentiel élevée, de quelques dizaines de milliers de volts, lorsqu’on met l’ampoule en communication par le tube T avec une pompe à faire le vide, Hittorf remarqua que la décharge éprouve une série de transformations essentielles. Lorsque la pression est tombée à quelques millièmes de millimètre de mercure, c’est-à-dire est devenue de l’ordre du millionième d’atmosphère, il ne se produit plus aucun phénomène lumineux à l’intérieur de l’ampoule. On observe seulement que le verre de cette ampoule prend une vive fluorescence verte dans la région
- opposée à l’électrode reliée au pôle négatif ou cathode, comme si un flux de rayons invisibles mais capables de produire la fluorescence du verre émanait de cette cathode perpendiculairement à sa surface. On a donné à ces rayons le nom de rayons cathodiques.
- Si les rayons cathodiques ont été dé couverts par Hittorf, c’est le physicien anglais Crookes qui, en une admirable série de recherches faites autour de J 880, appela sur eux l’attention des physiciens et du grand public et pressentit tout l’intérêt que leur étude approfondie pourrait présenter pour les progrès de nos connaissances concernant la matière. Aussi est-ce très justement que les tubes utilisés pour la production des rayons cathodiques sont universellement désignés sous le nom d’ampoules de Crookes.
- Les prédictions de Crookes ont été amplement justifiées.
- Les rayons cathodiques constituent l’un des phénomènes dont l’étude minutieuse a fourni la jdIus abondante moisson de résultats merveilleux puisqu’elle a conduit à la découverte des rayons X et indirectement à celle de
- Fig. I. — Ampoule de verre permettant d’étudier les phénomènes présentés par la décharge électrique dans un gaz raréfié.
- La décharge se produit entre les électrodes A et C et le tube T relié à une pompe à vide permet de raréfier de plus en plus l’atmosphère de l’ampoule.
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- Fig. 2. — Illumination produite par des tubes au néon. (Cliché Georges Claude.)
- Le néon est rendu lumineux par le choc des électrons que produit l’établissement
- de la décharge électrique.
- la radioactivité, et qu’elle a été le point de départ des théories électriques de la matière.
- Un certain nombre de recherches, au premier rang desquelles il convient de citer celles de M. Jean Perrin, ont permis d’établir que les rayons cathodiques sont constitués par un flux de corpuscules chargés d’électricité négative, extrêmement ténus, dont la masse est la 1/1800e partie de celle de l’atome d’hydrogène, et qu’on désigne sous le nom d’électrons. Les électrons constituent l’une
- Fig. 4. — Expériences de Birkeland avec un globe magnétique bombardé par des rayons cathodiques.
- Le globe est muni d’un écran permettant d’étudier aussi les trajectoires des rayons en dehors de la sphère.
- des réalités physiques les plus importantes, peut-être même la plus essentielle, et il est bien peu de phénomènes dans lesquels ils n’interviennent en quelque manière. Tl s’en produit constamment autour de nous : tous les corps portés à l’incandescence, tous ceux que frappe un rayonnement de courte longueur d’onde (rayons lumineux, rayons ultraviolets, rayons X), les corps radioactifs, etc., en émettent abondamment ; leur mouvement dans un conducteur constitue le courant électrique; leur accélération ou leur arrêt est la source d’un rayonnement électromagnétique ; ils sont l’un des deux constituants essentiels de la matière, etc.
- En ce qui concerne leur intervention possible dans l’interprétation des aurores polaires, il suffira de rappeler : 1° qu’ils sont émis en abondance par tous les corps portés à l’incandescence et par suite que le Soleil doit en expulser constamment dans l’espace: 2° qu’un flux d’électrons constitue un véritable courant électrique et par suite est, comme tout courant, sensible à l’action des aimants ; 3° que leur action sur un gaz raréfié peut le rendre lumineux ainsi que cela se produit dans tous les tubes à gaz raréfié traversés par une décharge électrique et notamment dans les tubes utilisés en spectroscopie et dans les tubes au néon dont l’usage pour les enseignes lumineuses (fig. 2) est actuellement si fréquent.
- LES RECHERCHES
- DE BIRKELAND
- C’est vers 1895 que le physicien norvégien Birkeland fut amené à supposer que les aurores polaires pouvaient être liées d’une manière quelconque à l’action d’un flux d’électrons venant de l’espace et frappant notre atmosphère. Il y fut conduit par une expérience très curieuse représentée sur la figure 3. Ayant disposé un pôle d’aimant au-dessous d’une ampoule de Crookes en activité, il constata que les rayons cathodiques émis par l’ampoule sont déviés et concentrés en un foyer, un peu comme les rayons lumineux le sont par une lentille. Cette « succion » des rayons cathodiques par les pôles magnétiques apparut comme extrêmement intéressante à Birkeland relativement à l’interprétation des aurores polaires puisqu’elle permettait de concevoir qu’un flux de rayons cathodiques provenant par exemple du Soleil pût être concentré sur
- Fig. 3. — Expérience de Birkeland montrant l’action d’un pôle magnétique sur les rayons cathodiques.
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- l’an des pôles magnétiques de notre globe et y produire l’illumination du ciel.
- En vue d’approfondir cette hypothèse, Birkeland construisit une sorte de globe à l’intérieur duquel il disposait un électro-aimant de manière à pouvoir créer, quand l’électro-aimant était excité, deux pôles magnétiques aux extrémités d’un même diamètre; dans ces conditions, le globe était quelque peu comparable à notre Terre qui se comporte au point de vue magnétique comme si elle contenait un gigantesque aimant dont l’axe serait dirigé suivant la ligne des pôles magnétiques, peu écartée d’ailleurs de la ligne des pôles géographiques, d’où le nom
- Fig. 6. — Trajectoire spirale vers la Terre qui esl située à gauche, dans la direction de la ligne poinlillée.
- Le calcul de la trajectoire entière a demandé environ 100 heures
- de « terella » donné par Birkeland au petit globe qu’il avait réalisé. Ayant enduit sa surface d’une légère couche de platinocyanure de baryum, substance qui devient fluorescente sous l’influence des rayons cathodiques, il la disposa à l’intérieur d’une enceinte où il pouvait faire un vide très poussé et où des électrodes étaient disposées de manière que la cathode puisse émettre des rayons cathodiques.
- « Aussitôt qu’on met l’électro-aimant en activité, écrivait Birkeland, les l’ayons cathodiques qui avaient d’abord donné lieu à une phosphorescence régulière de
- l’hémisphère tourné vers la cathode, s’écartent de la surface de la sphère, sauf en certains endroits des régions polaires.
- « On y voit, au pôle nord, comme au pôle sud, les rayons aspirés former un cône de lumière à structure rayonnée pouvant s’ob-server distinctement jusqu’à 5 centimètres de la sphère et se précipitant obliquement vers le globe (fig. 4). Ces deux cônes lumineux vont frapper la surface de la sphère et s’y manifestent par deux étroites bandes phosphorescentes, une au voisinage de chaque pôle. Chacune d’elles s’étend à peu près le long du parallèle d’environ 70°, à partir du point de. la sphère dans le méridien duquel la cathode culmine et jusqu’à très avant dans le côté noir du petit modèle de la Terre, la cathode étant supposée représenter le Soleil... »
- Cette expérience permet de comprendre qu’il existe une zone d’aurore autour de chaque pôle magnétique et montre également que l’aurore doit apparaître la nuit
- Fig. 7. — Cône de révolution formé par une pellicule de gélatine enroulée.
- Sur cette pellicule était dessinée une ligne droite qui, par l’enroulement, a pris la forme de la spirale représentée.
- quand le Soleil est du côté opposé à la région terrestre considérée.
- A l’époque où Birkeland formulait son hypothèse, on ne savait pas d’une manière certaine que le Soleil pouvait constituer une source importante d’é lectrons. Cette preuve a été fournie depuis par un très grand nombre de recherches parmi lesquelles il convient de citer tout particulièrement celles du physicien anglais Richardson.
- Ces recherches ont établi que tout corps porté à une température suffisamment élevée devient une source d’électrons d’autant plus abondante que sa
- température est plus élevée. On conçoit ainsi que le Soleil soit une source continue d’électrons et que cette émission électronique soit particulièrement intense aux périodes d’activité caractérisées par l’abondance des taches.
- Comme ces électrons, arrivant sur la Terre, produisent des manifestations électriques qui ont une influence sur l’aiguille aimantée des boussoles, on comprend que les périodes d’activité solaire puissent coïncider avec les périodes où s’accroissent la fréquence des aurores polaires et celle des orages magnétiques.
- Fig. 5. — Modèle représentant les trajectoires des électrons autour de la Terre.
- Les fils blancs sont les trajectoires et les fils noirs sont les tiges des parapluies qui les supportent. Le Soleil est situé très loin à droite.
- Fig. 8. — Modèle en fils métalliques construit par le Professeur Stôrmer pour représenter les trajectoires des électrons issus de deux points voisins autour d’un globe aimanté.
- Ils frappent le globe en différents endroits des régions polaires.
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- Fig. 9. —Comparaison entre la théorie et l'expérience.
- On voit, à gauche, une sphère aimantée bombardée par les électrons, et, à droite, les trajectoires de ces électrons calculées par le Professeur Stürmer.
- LES RECHERCHES THÉORIQUES DU PROFESSEUR STÔRMER
- Mais les savants ne sont jamais satisfaits par de simples analogies. Quand ils expliquent un phénomène, ils veulent en prévoir jusqu’aux moindres particularités.
- C’est le problème que se posa le professeur Stürmer dont nous avons longuement analysé, dans un article précédent, les belles observations sur les aurores.
- Frappé par les expériences de Bir-keiand, auxquelles il avait assisté, il se proposa d’en retrouver tout le détail par le calcul et d’appliquer ensuite ce même calcul à la théorie complète des aurores polaires.
- Le problème avait déjà été abordé par Henri Poincaré dans le cas particulièrement simple où l’action magnétique se réduisait à un seul pôle d’aimant : en assimilant la trajectoire de l’électron à un courant électrique et en ad-
- mettant que l’action d’un champ magnétique se traduit par une force déviante fournie par les lois classiques de l’électromagnétisme, le célèbre géomètre français était parvenu à calculer la trajectoire des électrons et à rendre compte de l’effet de succion produit sur un faisceau d’électrons par l’action d’un pôle d’aimant, qu’avaient révélé les expériences de Birkeland.
- Le professeur Stürmer aborda le cas beaucoup plus compliqué où l’action magnétique sur la trajectoire des électrons était produite par un globe possédant deux pôles situés aux extrémités d’un même diamètre. Du point de vue mathématique le problème était extrêmement difficile.
- « Pour avancer, nous dit le professeur Stürmer, je fus alors obligé de procéder comme font les astronomes pour calculer l’orbite compliquée d’une comète soumise à l’action simultanée de plusieurs corps célestes : il faut calculer numériquement l’orbite pas à pas, travail très laborieux et qui demande beaucoup de temps. Comme les rayons cathodiques proviennent du Soleil et doivent frapper la Terre, et comme ces rayons sont constitués par des électrons, il s’agit d’abord de calculer la trajectoire d’un électron émis par le Soleil vers cette sphère magnétique qu’est la Terre.
- « Pour emprunter une image populaire, on peut formuler le problème comme un essai de tir théorique : le canon étant placé sur le Soleil et le projectile étant un électron, il s’agit d’ajuster le canon et de régler la vitesse du projectile de manière à atteindre la Terre. Il y a cependant une grande différence entre ce tir théorique et le tir réel par un canon ordinaire. D’abord la distance est colossale, 150 millions de kilomètres, distance qui serait parcourue en cinq années par un projectile ordinaire ayant une vitesse constante de 1000 m par seconde. Mais la vitesse d’un électron est bien autrement grande, probablement de l’ordre de cent mille fois celle du projectile ordinaire. Comparé à un projectile ordinaire, l’électron, dont le diamètre est d’un millionième de millionième de millimètre, peut être considéré comme infinitésimal et les forces qui agissent sur lui sont aussi tout autres que celles agissant sur un projectile ordinaire; en effet, sur ce dernier agissent la pesanteur et la résistance de l’air, tandis que l’électron est soumis surtout à l’action du magnétisme terrestre. Cette action du magnétisme est tout à fait curieuse : elle agit toujours normalement à la trajectoire de l’électron d’après une loi particulière et elle n’augmente ni ne retarde la vitesse de celui-ci.
- « Les deux essais de tir ont ceci de commun qu’il est possible, par l’emploi des mathématiques supérieures, de calculer la trajectoire numériquement, mais comme ce calcul ne procède que pas à pas le long de la trajectoire, il est très laborieux » (fig. 5, 6, 7).
- La figure 8 reproduit un modèle en fils au voisinage d’une sphère aimantée.
- Le professeur Stormer a pu ainsi rendre compte d’un certain nombre de faits d’observation concernant les aurores et en premier lieu de l’existence de deux zones d’aurores situées au voisinage des pôles magnétiques du globe. Il a pu également, parmi les multiples apparences que revêtent les aurores, interpréter quelques types très caractéristiques : les rayons auroraux,les arcs et les bandes.
- Fig. 10. — Specirographe spécialement construit par Mac Lennan pour étudier le spectre de l’aurore. L’appareil est très lumineux et permet d’obtenir la raie de l’aurore dans la lumière émise par le ciel nocturne au cours des nuits claires avec une pose d’environ une demi-heure au niveau de la mer et de vingt minutes en des lieux d’altitude élevée. Grâce à cet appareil, des recherches sont poursuivies en vue d’étudier comment varie l’intensité de la raie de l’aurore au cours des diverses nuits.
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- ANALYSE SPECTRALE DE LA LUMIÈRE DES AURORES
- Pour connaître complètement un phénomène lumineux, il faut analyser les lumières qu’il produit. C’est ce qu’on fait au moyen des appareils appelés spectroscopes, dans lesquels les diverses radiations qui constituent une lumière complexe se séparent en donnant des lignes ou des bandes constituant un spectre.
- De la nature ou de la position des raies et des bandes sur les spectres examinés, on peut déduire quelle est la substance chimique qui a donné naissance à la lumière considérée.
- C’est par l’analyse spectrale qu’on est parvenu à reconnaître sans aucun doute possible, dans le Soleil et dans les étoiles, la présence d’un grand nombre de corps simples. On n’a pas manqué d’appliquer cette méthode à l’étude de la lumière émise par les aurores.
- Un examen sommaire, avec un simple spectroscope de poche, montre que le spectre de l’aurore est un spectre discontinu formé de raies brillantes, parmi lesquelles se détache une raie verte très intense, souvent appelée la raie de l’aurore. Les mesures les plus récentes ont fourni pour longueur d’onde de cette raie en unités angstrcms (') la valeur 5577. Mais la lumière de l’aurore est trop peu intense pour qu’on puisse étudier visuellement, dans tous ses détails, le spectre qu’elle fournit. Ce spectre n’a été connu avec précision qu’à la suite des nombreuses photographies qu’en a prises, depuis 1912, le savant norvégien Végard. Il s’est alors révélé comme très complexe. On a très vite reconnu que la plupart des raies qu’il comprend appartiennent à l’azote. Aucune d’elles, et cela est très surprenant, ne se rapporte aux gaz légers, hydrogène et hélium, qui, d’après les hypothèses généralement admises jusqu’ici, devraient être présentes dans la région où se produisent les aurores.
- Quant à la raie verte caractéristique, elle ne coïncide exactement avec aucune des raies antérieurement connues et un très grand nombre de recherches ont été faites pour en déterminer l’origine.
- On crut d’abord qu’elle appartenait à l’un des gaz rares de l’atmosphère, le krypton. Mais la mesure précise de sa longueur d’onde fit très vite rejeter cette hypothèse. On l’attribua ensuite à un gaz jusqu’alors inconnu, le géocoronium, qui devait être plus léger que l’hydrogène; mais ce gaz n’a jamais été découvert et son existence semble fort improbable d’après ce que nous savons sur la structure des atomes. Le physicien allemand Stark crut un instant avoir identifié la raie de l’aurore avec une nouvelle raie double de l’azote qu’il venait de découvrir en bombardant ce gaz avec certains rayons électriques; mais la mesure précise de la longueur d’onde de la raie de l’aurore montra que la coïncidence n’était qu’approchée.
- En 1923, Végard émit une hypothèse nouvelle qui fit un certain bruit. Il attribua la raie de l’aurore à la lumière
- 1. Rappelons qu’un angstrom vaut un dix-millionième de millimètre, soit un dix-millième de micron.
- produite par l’action des rayons cathodiques sur de la poussière, d’azote solide qui se trouverait dans les hautes régions très froides de l’atmosphère, et y serait maintenue grâce à l’action répulsive de forces d’origine électrique. Effectivement, en étudiant, au laboratoire frigorifique de Leyde, la belle luminescence verdâtre que prend l’azote solide bombardé par des rayons cathodiques, il reconnut dans son spectre l’existence d’une raie verte très intense qui semblait coïncider exactement avec celle de l’aurore. Bien d’autres observations secondaires que fit Végard lui parurent de nature à le confirmer dans sa conviction : ainsi l’azote continue à émettre des lueurs bien après qu’a cessé le bombardement des rayons cathodiques, ce qui expliquerait simplement la luminescence diffuse que conserve le ciel longtemps après qu’ont disparu les intenses draperies de l’aurore (fig. 11).
- Cependant le physicien canadien Mac Lennan, de Toronto, examinant avec un spectroscope très dispersif la raie émise par l’azote solide, constata qu’elle se résolvait en trois composantes dont aucune ne coïncidait exactement avec la raie de l’aurore. D’autre part, étudiant en
- Fig. 11.
- Spectres de l’aurore polaire, de l'hélium, de l’azote solide et d’un mélange d’argon et d’hélium obtenus par Végard.
- collaboration avec Shrum, la lumière émise par un tube à gaz raréfié contenant un mélange d’hélium et d’oxygène, il reconnut la raie verte de l’aurore dans le spectre fourni par la lumière de ce tube. Un peu plus tard, il réussit à démontrer que la.raie appartient à l’oxygène et ce résultat fondamental a été confirmé par d’autres savants.
- Dans des recherches toutes récentes, Mac Lennan a reproduit la raie verte de l’aurore en faisant passer la décharge électrique dans un tube contenant de l’argon très pur, sous une pression de 3,6 millimètres de mercure, additionné d’une très faible quantité d’oxygène. L’argon seul ne donne pas la raie de l’aurore, mais cette raie apparaît dès qu’il est mélangé de la moindre trace d’oxygène.
- Il semble donc que la lumière émise par l’aurore puisse s’expliquer par l’action de particules électrisées venues du Soleil sur l’azote et l’oxygène qui existent à l’état très raréfié dans les hautes couches de l’atmosphère, le phénomène étant en tous points comparable à celui que produit le passage de la décharge électrique dans les tubes à gaz raréfiés.
- A. Boutaric.
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- 22 .. UN NOUVEAU PROCÉDÉ
- DE RADIOTÉLÉPHONIE SUR ONDES COURTES
- LE SYSTÈME A BANDE LATÉRALE UNIQUE
- Le 21 mai dernier, la Compagnie du Matériel Téléphonique nous invitait à assister, à sa station expérimentale de Trappes, à un intéressant essai de communications radiotéléphoniques sur ondes courtes entre Trappes et Madrid.
- Il ne s’agit pas ici de ces ondes ultra-courtes, de quelques centimètres, voisines des ondes optiques, dont la même société, quelques semaines plus tôt, avait montré les précieuses propriétés, en réalisant une liaison France-Angleterre par-dessus la Manche; mais des ondes hertziennes de 15 à 20 mètres, utilisées commercialement de-
- LE SYSTÈME A BANDE LATÉRALE UNIQUE
- Une onde électrique pure comprend une succession rapide de vibrations électriques, toutes identiques se propageant à travers l’espace. Pour une onde de 15 m. ces vibrations se succèdent à raison de 20 millions par seconde : telle est la fréquence F de l’onde porteuse, Pour permettre à une telle onde de transmettre des sons, il faut la moduler. Supposons qu’il s’agisse d’un son pur, vibration accoustique que l’on pourra caractériser elle aussi par sa fréquence /. La modulation consistera
- Fig. I. — La station radioexpérimenlale de Trappes. (Poste et antennes de transmission.)
- puis plusieurs années, pour assurer des communications télégraphiques ou téléphoniques à grande distance. C’est avec elles que l’on établit, par exemple, la liaison France-Indo-Chine, ou France-Amérique du Sud.
- Ce n’est pas dans l’emploi de ces ondes que réside la nouveauté, mais dans leur association avec le système dit à «bande latérale unique», système déjà employé précédemment avec succès pour les communications radio-téléphoniques par ondes longues, entre l’Europe et les Etats-Unis, ainsi que pour les communications téléphoniques à courants porteurs sur fils.
- Mais l’application de ce procédé aux ondes très courtes offrait de grandes difficultés qui ont été très habilement vaincues par M. Reeves, ingénieur de la Société du Matériel Téléphonique.
- à imprimer, par un moyen convenable, aux vibrations de l’onde porteuse une variation périodique d’amplitude, proportionnelle à l’amplitude de la vibration sonore, et dont la fréquence soit celle de la vibration sonore, toujours beaucoup plus lente que celle de Tonde porteuse.
- Le calcul montre que cette opération revient à considérer Tonde modulée comme la somme de trois ondes entretenues pures de fréquences respectives F-/, F, F-f/. L’onde F est Tonde porteuse : les ondes F-/, et F-/ sont les ondes latérales. En téléphonie, on a affaire à des vibrations acoustiques de fréquences très diverses dont pratiquement on n’utilise que celles comprises entre 300 et 2500 périodes par seconde.
- On voit tout de suite que l’onde modulée va donner lieu à la transmission, outre Tonde porteuse, de deux bandes
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- Fig. 2. — La station radioerpérimentale de Trappes. (Poste et antennes de réception.)
- latérales dont l’une s’étale entre les fréquences F-2500 et F-300, et l’autre entre les fréquences F -f- 300 et F + 2500.
- L’un des inconvénients évidents de ce système, très sensible pour les ondes longues, est qu’il encombre l’éther et réduit le nombre de postes qui peuvent fonctionner simultanément sans interférer l’un avec l’autre.
- Il suffit qu’une seule bande modulée soit transmise pour qu’au poste récepteur on puisse, en quelque sorte, en dégager les vibrations correspondant aux vibrations accous-tiques et reconstituer celles-ci.
- Dans le système à bande latérale unique, on supprime, au poste émetteur, après la modulation, l’onde porteuse et l’une des bandes latérales. Cette opération s’effectue au moyen de filtres, avant l’amplification. Au poste récepteur on ne recevra donc qu’une bande ; le son de fréquence / par exemple voyagera sur l’onde hertzienne de fréquence F -j- /; dans notre exemple un son de fréquence 512 sera transmis grâce à des vibrations électriques se succédant à raison de 20 000 000 -fi- 512 par seconde.
- Il faut, de cette onde, dégager au poste Fig. 3.
- récepteur la fréquence acoustique 512, que le téléphone retraduira en vibration sonore de même fréquence : cette opération s’effectue au moyen d’un oscillateur local, donnant une onde ayant exactement la fréquence d’oscillation F de l’onde porteuse arrêtée au poste émetteur, ces oscillations se superposent à celles qui ont franchi l’espace et par une sorte de modulation analogue à celle du poste émetteur font apparaître l’oscillation de fréquence F-}-/—F = /, c’est-à-dire la fréquence acoustique à reconstituer.
- Le bon fonctionnement d’un tel système exige un synchronisme parfait entre la fréquence de l’onde du poste émetteur, et celle de l’oscillateur local du poste récepteur. Il suffit que l’onde réintroduite diffère de l’onde porteuse de plus de 20 cycles par seconde, pour que la reproduction de la parole soit très dé-
- fectueuse. Pour l’onde de 15 m, cela représente un réglage à la précision du millionième, tandis que pour une onde de 5000 mètres, le même écart ne correspond qu’à une précision de 1/3000. On conçoit que le synchronisme soit beaucoup plus difficile à réaliser pour les ondes courtes que pour les ondes longues. Aussi s’était-on contenté jusqu’ici du système radiotéléphonique usuel, dans lequel c’est l’onde porteuse elle-même, transmise à travers l’espace, qui est utilisée au poste récepteur pour remoduler les bandes latérales.
- Si l’on veut utiliser le système à bande latérale unique dont nous verrons plus loin les avantages pratiques, il est nécessaire de créer un dispositif permettant à l’oscillateur local de suivre avec la précision indiquée ci-dessus les fluctuations de fréquence du poste émetteur : celles-ci sont inévitables, quoique très faibles, malgré tous les progrès récents apportés à la stabilité des émissions; on ne pourrait donc se contenter d’un système où le poste émetteur et l’oscillateur local seraient séparément réglés à la fré-
- — Vue d'ensemble du poste récepteur du système radiotéléphonique à ondes courtes et bande latérale unique.
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- quence voulue. Il faut que le poste émett-e^assure lui-même d’une façon continue et efficace le réglage de l’oscillateur local du poste récepteur.
- LA SYNCHRONISATION AUTOMATIQUE DE L’OSCILLATION LOCALE PAR UN SIGNAL PILOTE
- La méthode employée pour assurer cette synchronisation précise consiste à faire transmettre d’une façon continue par la station émettrice, en plus de la bande latérale, un signal pilote à fréquence radioélectrique. Ce signal est utilisé à la réception pour synchroniser automatiquement la fréquence de l’oscillateur local par des procédés purement électriques. La fréquence du signal pilote se trouve à environ 400 cycles par seconde en dehors de la bande latérale dont la largeur, ainsi que nous l’avons indiqué, est d’environ 3000 cycles par seconde. On peut se contenter d’une largeur très faible pour la bande de fréquence attribuée à l’onde du signal pilote : une largeur de 30 cycles par seconde suffit pour faire face aux fluctuations éventuelles de fréquence du signal, pendant le laps de temps où le circuit de synchronisation de l’oscillateur local n’aurait pu reprendre une nouvelle position stable, ces fluctuations en 1 seconde ne dépassant jamais en effet pratiquement la valeur de 15 périodes par seconde en plus ou en moins. Le poste récepteur reste ainsi toujours en mesure de recevoir le signal pilote.
- L’emploi d’une bande étroite permet d’obtenir une bonne réception d’un signal transmis avec une faible énergie seulement, en dépit des parasites possibles.
- Nous ne décrirons pas en détail le circuit synchronisant qui est assez complexe : nous dirons seulement que le poste récepteur comporte, après un amplificateur haute fréquence, un premier détecteur changeur de fréquence, qui au moyen d’une hétérodyne contrôlée par un quartz piézoélectrique, abaisse à 500 000 cycles environ la fréquence de l’onde modulée reçue par l’antenne, ainsi que celle du signal pilote C’est sur ces oscillations moyenne fréquence que s’exerce l’intervention de l’oscillateur local, dont la mission est de dégager les oscillations de fréquence acoustique correspondant aux paroles transmises.
- Cet oscillateur local est une lampe à 3 électrodes fonctionnant en hétérodyne : sa fréquence est voisine de^ 500 000 cycles et est réglée à l’aide du signal pilote.
- Lorsqu’un écart se manifeste entre les deux fréquences, les deux ondes fournissent un battement qui, détecté par un dispositif spécial de détection équilibré, agit sur la tension de polarisation de l’oscillateur et en ramène, par ce moyen, la fréquence à la valeur voulue.
- Le « fading » peut réduire, pendant de courts intervalles de temps, l’intensité de l’onde pilote, au point de paralyser son action sur le système régulateur. Mais le montage de l’oscillateur local est aménagé de façon à maintenir sa fréquence constante, en l’absence de l’action synchronisante, pendant un temps certainement supérieur à la durée des évanouissements. On peut compter que l’accord se maintient suffisant, pendant ces interruptions de la liaison, et c’est ce que confirme l’expérience.
- LES AVANTAGES DU SYSTÈME A L’ONDE UNIQUE
- La bande de fréquences nécessaire à la transmission des conversations étant réduite de moitié, il sera possible, quand l’emploi de ce système sera généralisé, d’établir deux fois plus de liaisons téléphoniques qu’actuellement, sans danger d’interférences entre elles.
- Ce n’est là, pour l’instant, qu’un avantage théorique, l’éther n’étant pas encore encombré dans la zone des courtes longueurs d’onde. Mais le système a, à son actif, des avantages immédiats beaucoup plus positifs.
- Tout d’abord, il réalise une importante économie de puissance : dans le système usuel, il est nécessaire de trans-mettre, à partir du poste émetteur, l’onde porteuse après lui avoir fait subir une amplification considérable : car il est indispensable, pour des raisons qu’il serait trop long d’expliquer ici, qu’elle soit reçue, au poste récepteur avec une intensité beaucoup plus forte que les bandes latérales, bien qu’elle ne contienne en elle-même aucun élément nécessaire à l’intelligibilité. Elle subsiste quand la conversation cesse : c’est-à-dire que même en l’absence de parole il faut dépenser une grande partie de la puissance de la station utilisée pour une émission en somme inutile.
- La suppression de l’onde porteuse et d’une bande latérale, avant amplification, permet d’obtenir avec le sixième seulement de la puissance précédemment utilisée, les mêmes résultats qu’avec l’ancien système. C’est une économie considérable, on le voit.
- Enfin, le nouveau système élimine plusieurs causes de déformation de la parole, notamment la plus grave de l’ancien système, celle qui provient du fading sélectif, évanouissement qui affecte l’onde porteuse en laissant sub sis ter-des bandes latérales : ce phénomène provoque l’apparition de notes sans rapport avec la fréquence fondamentale du son transmis et peut rendre l’audition incompréhensible, surtout quand on emploie dès systèmes de transmission secrète consistant en des inversions de fréquences.
- Le système à bande unique assure donc une reproduction plus fidèle de la voix humaine : il donne en outre lieu à moins d’évanouissements de la parole pendant la conversation; enfin il est moins sensible aux interférences des stations voisines.
- LES RÉSULTATS
- Toutes ces qualités ont été mises en évidence, au cours des essais pratiqués pendant plusieurs mois par les ingénieurs du Laboratoire Standard et du Matériel téléphonique. Lors de l’expérience effectuée entre Trappes et Madrid, les personnes présentes ont pu comparer l’ancien „ système et le nouveau et constater la nette supériorité de ce dernier.
- Celui-ci va entrer très rapidement, désormais, dans la période d’exploitation commerciale. On compte en effet l’appliquer à la plupart des liaisons radiotéléphoniques internationales fonctionnant sur ondes courtes; les premières voies qui seront ainsi équipées semblent devoir être celles de Rugby (Angleterre)-Buenos-Ayres ; Madrid-Buenos-Ayres, Santiago-Madrid, Tenerifîe-Madrid, et Santiago-Rio-de-Janeiro. A. Tboller.
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- UNE GRENOUILLÉ A SIX PATTES
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- On sait combien la collaboration des amateurs d’histoire naturelle a contribué aux progrès de la science. Voyageurs, collectionneurs ont recueilli une masse de faits nouveaux que certains ont su mettre eux-mêmes en œuvre, dont dautres ont enrichi les collections nationales et les laboratoires officiels. On ne saurait trop souligner Vintérêt et Vimportance dune telle collaboration.
- Si certains groupes danimaux et déplantés (Mollusques, Papillons, Coléoptères, Phanérogames, Champignons, etc.) particulièrement aimés des collectionneurs, sont aujourd’hui assez bien connus, il en est-beaucoup d’autres sur lesquels l’attention n’a pas encore et#suffisamment dirigée.
- Puis, même pour les espèces les plus communes, il reste une multitude de faits à observer : nourriture, déplacements, mœurs, dates de ponte, vitesse de croissance, etc., etc. Les renseignements recueillis avec patience sur place, pendant de longues périodes, peuvent compléter utilement les observations et les expériences plus savantes, mais souvent de trop courte durée, des chercheurs des laboratoires citadins. Là aussi, les amateurs d’histoire naturelle ont un beau rôle à jouer.
- Enfin, il n’est pas rare qu’une curiosité attentive des formes de la Nature trouve sa récompense dans la rencontre fortuite de quelque cas inédit, anormal, singulier, parfois riche de conséquences. Nos lecteurs nous signalent assez souvent de semblables trouvailles au sujet desquelles nous essayons de les renseigner, et que nous ne manquons pas de signaler. La collection des numéros parus de La Nature en fournit la preuve abondante.
- En voici un nouvel exemple particulièrement frappant.
- N. D. L. R. ;
- Une Grenouille à six pattes, tel est le curieux exemplaire animal rencontré et recueilli par deux lecteurs de La Nature, MM. Chapey et Rabut, dans la prairie Saint-Marie à Chalon-sur-Saône. Par l’intermédiaire de M. Legendre, rédacteur en chef, l’animal fut remis vivant et étudié au laboratoire de biologie expérimentale de la Sorbonne.
- C’est une grenouille verte, Rana esculenta, n’ayant pas encore atteint sa taille adulte puisqu’elle ne mesure pas plus de 3 cm, 5 (taille maxima : 8 à 9 cm).
- Vue au repos la Grenouille semble normale. L’extrémité d’un membre (segment tarso-métatarsien) dépasse seule, à l’arrière, le membre postérieur gauche et trahit la présence d’une malformation du côté de la face ventrale. Examinée de ce côté, après avoir été immobilisée par une pression légère dans la région sternale, l’animal montre
- Fig. 1. — La grenouille à six pâlies. (Photographie de MM. Chapey et Rabut.
- non plus un, mais deux membres supplémentaires dont le plus long est parfaitement développé, tandis que l’autre n’a pas d’orteils (trois petites excroissances en tiennent lieu).
- Par contre, la jambe proprement dite (segment péro-néo-tibial) est démesurément allongée. Aussi longue que la cuisse, elle est d’ailleurs repliée sous cette dernière de façon permanente.
- Ces deux membres supplémentaires sont rattachés à la ceinture pelvienne, au même niveau que les membres normaux et en quelque sorte superposés à ceux-ci, tout en conservant une entière indépendance.
- Mais ils ne tirent aucun profit de cette autonomie puisqu’ils ne participent même pas aux mouvements; ils les gênent même parfois. Le genou (articulation fémoro-tibiale) du membre droit frotte pendant la marche contre le sol. Quand la Grenouille nage, les pattes supplémentaires restent également passives. Pourtant, elles ne sont pas complètement dépourvues de sensibilité : quand on pique ces membres, la Grenouille saute; ce sont les pattes postérieures normales qui réagissent; il y a donc des terminaisons nerveuses sensitives dans les pattes anormales. Ces terminaisons,. viennent de la peau et sont, sans doute, sous la dépendance du système sympathique, puisque la dissection du système nerveux ne nous a pas permis de voir de nerf analogue à un sciatique dans les malformations.
- Nous ne signalerons pas ici les nombreuses particularités anatomiques (régression des muscles, appareil circulatoire en surface... etc.) qui seraient fastidieuses pour le lecteur et qui paraîtront prochainement dans le Bulletin biologique. Nous voudrions seulement répondre à une question qu’on ne manquera pas de poser : à quoi est due cette production de pattes supplémentaires ?
- Elle est liée à l’un des problèmes les plus passionnants de la biologie : la régénération (1). La régénération et les phénomènes de régénération sont bien connus de tous, dans ce qu’ils ont de superficiel. Chacun sait, en effet, que la queue coupée d’un lézard repousse, que les membres sectionnés de certains Ratraciens adultes — spécialement les Tritons — repoussent. On dit qu’ils régénèrent. Le renouvellement des ongles, des poils et autres productions épidermiques se rattache au même ensemble de faits. — On dit plus spécialement qu’il y a régénération, lorsque l’activité cellulaire aboutit au remplacement
- 1. Voir sur l’ensemble du problème, La Nature, n° 2825, 15 janvier 1930.
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- d’un ou d’une partie d’organe enlevé. — Quaind la multiplication cellulaire se poursuit après le remplacement des parties enlevées, qu’il y a par suite production d’éléments anormaux supplémentaires, — cas de la Grenouille verte — on est en présence d’un phénomène d"hyper-régénération. Bornons-nous à indiquer que le fond du problème reste identique, le mécanisme du développement aussi. Le point de départ du phénomène est une perte de substance ou une rupture de tissu qui provoque une multiplication des cellules au point lésé. — Dans le cas actuel, c’est probablement une fracture accidentelle de la ceinture pelvienne portant sur le segment antérieur de l’os iliaque et les tissus qui l’entourent; il en est
- résulté la production d’un bourgeon charnu qui s’est progressivement développé en deux membres surnuméraires presque complets.
- Une prolifération aboutissant à pareil résultat ne se produit pas chez tous les animaux ou, plus exactement, on n’a pas encore trouvé les conditions propres à déterminer chez tous les processus de régénération, notamment chez les Batraciens anoures (Grenouille. Crapaud). La régénération a seulement lieu chez les larves ou au début de la métamorphose (têtard). C’est pourquoi la Grenouille verte rencontrée par MM. Chapey et Rabut est un échantillon extrêmement rare qui suscite le plus vif intérêt. G. de Falvard.
- -------_ LES DEchETS D’ARDOISE
- DANS LA CONSTRUCTION ET LE GARNISSAGE DES ROUTES
- Dans le nord du Pays de Galles, à Blenau-Festiniog et à Llauberis, on est frappé par l’abondance de haldes de déchets d’ardoise restant pour ainsi dire sans emploi. On s’est décidé au broyage et à la vente de ces produits broyés à la finesse la plus grande.
- Suivant les besoins de l’industrie qui emploie ces farines d’ardoises, on fait varier les moutures depuis le passage au tamis n° 80 jusqu’au passage au tamis n° 200/250. Quand il s’agit d’employer la farine d’ardoise comme matière de remplissage, la plus grande finesse est indispensable. Nous allons énumérer ci-après quelques-unes des industries, qui, à notre •connaissance, emploient la poudre d’ardoise, souhaitant que, -en notre pays où les résidus d’ardoise abondent, on en vienne à ne plus les négliger.
- Les savons abrasifs pour le nettoyage grossier des mains des ouvriers après un travail pénible remplacent occasionnellement la pierre ponce, dont le prix est élevé, par les déchets d’ardoise.
- Les industries des linoléums, toiles cirées et panneaux muraux, les industries du caoutchouc souple et des ébonites communes, ainsi que de certaines matières isolantes moulées -commencent à employer les farines d’ardoise.
- Il en est de même de la verrerie, des industries de la poterie commune, de la peinture et des asphaltes.
- Aux carrières de Penrhyn dans le Pays de Galles, on broie, avec une journée de 8 heures, 500 tonnes de résidus paf semaine. Les nécessités de la demande tripleront bientôt ce •chiffre.
- Disons quelques mots ici des qualités chimiques que doit présenter l’ardoise pour valoir la peine d’un broyage-tamisage, en somme onéreux. Le total chaux plus magnésie, à l’état de carbonates, ne doit exister qu’en très petites quantités, c’est-à-dire moins de 3 pour 100.
- Le Bureau des Mines des Etats-Unis a fait établir par ses chimistes que la résistance au choc des briques faites de farine d’ardoise est supérieure à celle des briques faites avec toute autre matière.
- Si l’on fait des briquettes de farine d’ardoise, et qu’on les lie avec de l’asphalte, on a des résultats meilleurs que ceux obtenus avec la chaux ou le ciment de Portland.
- Des essais de classement par l’eau, de la farine d’ardoise ont prouvé qu’elle contenait de 15 à 25 pour 100 de poussière extra-fine, qui constitue un liant plus effectif que la chaux ou le ciment de Portland. La farine d’ardoise, mélangée à de la résine de pin, en même temps qu’avec du gravier de granit ou du macadam, a servi à garnir une route à trafic pesant d’autobus, de Merioneth à Sud-Carnavon. Ledit garnissage n’a coûté que 7 pence par yard carré (5 fr par m2). Il a supporté des conditions atmosphériques des plus sévères sans éprouver de dommages sensibles.
- On en a conclu que le garnissage à la farine d’ardoise et au goudron était égal, sinon supérieur, au garnissage au macadam ordinaire ('). A.
- 1. Éléments tirés de The Industrial Chemisi, nov. 1926, p. 486.
- AUX JARDINS DE LA MER
- Qui ne connaît les Algues, groupe des Cryptogames, embranchement des Thallophytes ? Quelques-unes vivent sur les rochers découverts par le reflux; d’autres, détachées des fonds par les vagues, viennent expirer sur la grève.
- Tous nous les avons admirées, flottant sur l’eau qui soutient la délicatesse de leurs dentelles multicolores. On en distingue plus de 2000 espèces, et elles occupent une
- place importante dans le domaine des choses maritimes Les algues ne possèdent pas de racines pénétrant dans le sol; elles sont munies de crampons-suçoirs au moyen desquels elles se fixent tantôt sur les rochers, tantôt sur les pièces de bois ou des coquillages. Ce qu’on appelle, dans les plantes, tiges, rameaux, feuilles, porte, dans les algues, le nom unique de thalle; leurs organes s’assimilent
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- Fig. 1 à 9. — Quelques algues de nos côtes :
- 1. Dasya coccinea, vulgairement la Fougère. 2. Ceramium rubrum. 3. Plocamium coccineum. 4. Cladophora rupestris. 5. Desmarestia ligulata, vulgairement le Peuplier. 6. Polysiphonia Brodicei. 7. Laurencia obtusa, vulgairement le Réséda. 8. Ptilota plumosa, vulgairement la Plume. 9. Gastroclonium kaliforme.
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- les éléments nutritifs contenus dans l’eau, exactement comme font les plantes terrestres dans les milieux qui les entourent.
- La lumière solaire étant indispensable aux algues, elles ne descendent guère à plus de quelques centaines de mètres de profondeur, où une lueur diffuse filtre encore. Ne pensez pas qu’elles croissent au hasard : elles végètent volontiers sur les roches dures (granit, schiste) et se plaisent surtout dans le balancement de la houle.
- Certaines espèces, arrachées aux rivages, sont parfois entraînées par les courants à de grandes distances et forment dans des parages plus tranquilles de véritables prairies flottantes. C’est, selon certains, l’origine de la mer des Sargasses, entre les Antilles et les Açores. On sait que les caravelles de Colomb durent lutter trois semaines pour se dépêtrer de leurs visqueuses lanières.
- Sur les rochers que couvre et découvre le jeu alternatif des marées, les fucus forment des tapis glissants. On les rencontre surtout, comme les autres algues leurs sœurs, vers l’embouchure des fleuves. Sur les côtes de France, leur milieu favori est l’Atlantique, de préférence à la Manche ou à la Méditerranée, et dans l’Océan lui-même, les côtes bretonnes, de Tatihou jusqu’au Croisic. Entre toutes les mers, c’est le Pacifique qui possède les algues les plus éclatantes, tandis que les eaux froides des mers arctiques offrent les sujets des plus grandes dimensions.
- Aux jardins de la mer, on range les algues en quatre groupes, d’après leur coloration : les Cyanophycées, algues bleues; les Chlorophycées, algues vertes; les Phéo-phycées, algues brunes; et les Rhodophycées ou Floridées, algues rouges.
- Toutes les algues autres que les Chlorophycées doivent leur couleur à un pigment surajouté à la chlorophylle, et soluble dans l’eau légèrement alcalinisée. Si Ton fait macérer dans ce liquide une Rhodophycée, l’eau se teint de rouge, tandis que l’algue devient verte.
- Maint point intéressant serait à distinguer entre ces quatre familles d’algues. Signalons seulement que les Chlorophycées abondent dans les flaques de la zone des marées, tandis que les Rhodophycées, rares et chétives sur ces mêmes points, voient s’accroître leur nombre, leur beauté et la richesse de leur coloris à mesure que, par une eau plus profonde, elles sont plus abritées de l’air et de la lumière. Quant au brunâtre Fucus dont chacun connaît les gousses luisantes, c’est la plus commune parmi les plantes de la mer.
- Il ne faut pas confondre les algues avec les zostères; ces dernières, de la famille des Potamées, sont pourvues de fleurs et de racines, et leur réunion forme de véritables prairies sous-marines. Leurs tiges rampent sur les fonds de sable submergés de presque toutes les mers; leurs feuilles s’étalent dans l’eau, longs rubans d’un vert brillant et satiné. La marée basse découvre parfois des champs entiers de ces plantes.
- D’une façon générale, la flore de la mer sert, comme il est logique, à la nourriture de sa faune. De nombreux poissons, végétariens si j’ose dire, trouvent dans la substance des algues, l’alimentation qui leur permet d’offrir eux-mêmes une proie savoureuse aux carnassiers de l’Océan. De plus, les crampons des laminaires présentent,
- dans leurs interstices, un logement très abrité où se réfugient une foule de petits animaux. Mais l’ingéniosité des hommes a trouvé aux algues de bien d’autres emplois.
- En premier lieu, l’art décoratif utilise les algues pour réaliser des objets menus et secondaires, soit, mais généralement exquis. On décore, avec ces fleurs de la mer, des menus, des plats, des vases. Disposées avec goût entre deux gazes de soie, elles forment des coussins, des abat-jour, des sachets; on compose des panneaux qui deviendront des paravents de grande originalité, et les plus fines peintures seront éclipsées par ces plantes aux délicates nuances, aux tiges gracieuses... si Ton sait l’art de les conserver et de les fixer sur ces différents supports.
- La préparation des algues est un travail intéressant et joli. En donnerons-nous un aperçu ? Dans un récipient plein d’eau de mer, on étend sur une lame de verre une feuille de papier non glacé. Sur ce papier placez votre algue, et avec une plume de goéland étalez artistement la plante, de façon à lui donner le port qu’elle a dans la mer, ou tel autre mouvement que suggère votre fantaisie. Faites ensuite égoutter le papier pendant un quart d’heure sur une planche appuyée à 45° contre le mur.
- Nous voici au pressage. Superposez dans Tordre exact : une planchette — un morceau de journal — la feuille avec sa plante — de la toile fine — une feuille de buvard, et mettez à la presse en vissant légèrement.
- Retirez la plante, maintenant adhérente à son papier. Mettez-la sécher entre les pages d’un livre. Trois ou quatre heures plus tard, un autre tour de presse. (Les algues épaisses ou coriaces, qui auraient d’abord séché à l’air, devront être ramollies dans l’eau douce avant le pressage.)
- En observant ces prescriptions vous obtiendrez un de ces herbiers maritimes qui sont la fierté légitime et le trésor des algologues. Un savant bellilois, M. Gouraud, a bien voulu détacher du sien quelques feuillets précieux, pour nos lecteurs.
- L’industrie dessèche les algues pour obtenir un succédané du foin et de la bourre, utile aux emballages. Zostères et varechs servent à fourrer des matelas bon marché. Le goémon, amas de plantes marines jetées à la côte ou coupées sur les récifs, est l’objet d’une exploitation intense sur les rivages, en Bretagne surtout. Les paysans le recueillent pour la fumure des terres maigres qu’il enrichit par ses sels potassiques et l’azote de ses frondes. Des fours primitifs ont été longtemps le seul procédé de brûlage. Maintenant, cette opération s’industrialise pour donner des blocs de « soude ».
- Il n’est pas jusqu’à l’alimentation qui ne tire quelque parti des algues. Dans certaines confitures de prix peu élevé se retrouve une gelée extraite du Chondrus crispus, vulgairement appelé lichen. Cette gelée constitue par ailleurs la base du gâteau d’algues, très apprécié sur la côte morbihannaise. U U Fa, ou laitue de mer, et sa sœur, la laitue pourpre, étaient autrefois d’une consommation courante sur nos côtes, et plus encore en Angleterre. Boui lies, réduites en gelée et arrosées de jus de citron, elles ont trouvé des gourmets pour chanter leurs mérites.
- Pendant la guerre, alors que l’avoine manquait, on a tenté de nourrir le bétail avec une préparation de laminaires. Le produit obtenu, Yalgine, s’est montré satis-
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- Fig. 10 à 18. — Quelques algues de nos côles.
- 10. Calliblepharis jubata. 11. Porphgra vulgaris, vulgairement Ruban de Vénus. 12. Phgllophora rubens.
- 13. Delesseria sanguinea, vulgairement la Palme. 14. Rhodymenia palmata, vulgairement la Main. 15. Halymenia ligulata. 16. Lomentaria arliculala, vulgairement le Boudin. 17. Codium lomenlosum. 18. Laurencia pinnallfida.
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- faisant. D’autre part les bovidés broutent volontiers les algues des côtes, tandis que les chevaux consentent à peine à les flairer d’un naseau dédaigneux.
- La pharmacie enfin a transporté ses bocaux sur nos grèves. Elle fabrique avec le lichen une gelée adoucissante, secourable aux gros rhumes, et l’agar-agar est utilisé,
- concurremment avec d’autres substances, pour composer certains purgatifs.
- Ainsi, de multiple manière, les algues entrent dans le plan d’utilité de tout ce qui a été créé. Mais beaucoup reste à réaliser encore pour développer leur emploi : c’est affaire aux savants, Jean Màuclère.
- LA PLUS GRANDE SALLE = DE CINÉMA PARLANT DU MONDE
- LE NOUVEAU GAUMONT-PALACE
- Jusqu’ici la plus grande salle pour cinéma parlant était le Roxy de New York qui contient 5 000 places. Ce record est aujourd’hui battu par Paris qui, avec le nouveau Gaumont-Palace, ouvert le 17 juin, possède la plus grande salle du monde, par les dimensions et par le nombre de places : sa longueur depuis le mur du fond jusqu’à la fosse d’orchestre est de 60 m; sa largeur est de 35 m, sa hauteur de 25 m, la scène a une profondeur de 11 m. Dans cet immense amphithéâtre 6 000 spectateurs peuvent tenir à l’aise.
- Les chiffres ont leur éloquence : ceux-ci expriment, immédiatement, pour les techniciens avertis, les innombrables et difficiles problèmes qu’il a fallu résoudre, sans le secours d’aucun précédent, pour satisfaire, dans ce cadre colossal, à toutes les exigences de l’œil et de l’oreille. Et c’est là que réside l’intérêt du record conquis par l’architecte et les ingénieurs qui ont exécuté avec succès la construction et l’aménagement du nouveau théâtre.
- Nous allons en passer en revue, rapidement, les dispositions essentielles.
- LES APPAREILS DE PROJECTION
- La projection sonore. — Voici d’abord la cabine où sont rassemblés les appareils de projection, optiques et sonores, d’une puissance exceptionnelle en raison des dimensions de la salle. C’est un ensemble complexe et délicat, véritable usine radioélectrique, dont le maniement exige des opérateurs habiles et entraînés. Pour les mettre en mesure d’exécuter aisément leur travail, la cabine est remarquablement spacieuse : elle comporte trois travées de 8 m 60 de largeur et de 4 m environ de profondeur. Soigneusement isolée de la salle, elle s’ouvre, au contraire librement à l’extérieur. La travée centrale en est occupée par 4 appareils de reproduction sonore Gaumont-Radio-Cinéma, modèle 1931; les deux travées latérales contiennent une lanterne universelle Breukert, 2 projecteurs muets auxiliaires, 6 projecteurs de scène.
- Il est normalement utilisé deux projecteurs en séance; n’importe quel groupe de deux peut être mis en service au moyen de manœuvres simples et rapides.
- Le courant musical, provenant des amplificateurs asso-
- ciés à la cellule photoélectrique, arrive à un tableau de répartition et, de là, à un pupitre où se trouvent groupés les appareils de commande d’enchaînement et de volume de son. Ce dernier peut en outre être commandé directement d’un fauteuil déterminé de la corbeille.
- Le courant musical passe ensuite dans un tableau de répartition des amplificateurs.
- Il a été prévu cinq amplificateurs de grande puissance, et il est possible d’en affecter constamment deux à la projection, bien que la puissance d’un seul soit suffisante pour remplir la salle. Chacun de ces amplificateurs (coefficient d’amplification en puissance : 100 000) à trois étages est équipé avec une seule lampe finale, fonctionnant sous 3000 volts de tension plaque. La puissance modulée avec moins de 5 pour 100 de distorsion est de 100 watts par amplificateur et cette puissance est répartie entre 4 haut-parleurs. Chaque amplificateur alimente dans la cabine un haut-parleur de contrôle, du type électrodynamique, placé en série avec ceux de la salle.
- Il aboutit de plus dans la cabine une ligne provenant d’un amplificateur microphonique recueillant le son de l’orchestre. Le courant circulant dans cette ligne alimente un amplificateur de puissance et celui-ci alimente à son tour des haut-parleurs situés les uns au-dessus et de chaque côté de l’écran, les autres dans le plafond.
- Des combinaisons de contacts empêchent toute erreur dans l’acheminement du courant musical, bien que n’importe quel amplificateur de puissance puisse servir à n’importe quel usage.
- Toutes ces manœuvres et combinaisons sont accompagnées d’une signalisation lumineuse qui apparaît sur un grand tableau lumineux reproduisant le schéma de l’installation. Il est ainsi possible de se rendre compte, d’un coup d’œil, des appareils en service et au repos, ce qui facilite beaucoup le service.
- L’écran. — Il a été prévu deux dimensions d’écran : l’écran normal à 10 m 66 sur 8 m, et le grand écran 16 m X 12 m.
- Un système de rideaux mobiles, commandés de la cabine, permet de passer instantanément d’une dimension à l’autre ou de réaliser n’importe quel autre format intermédiaire.
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- Il a été prévu, derrière l’écran, quatre groupes de quatre haut-parleurs chacun. Deux de ces groupes, au choix, peuvent être mis en service à partir de la cabine.
- Projection. — L’écran est placé à 4 m du mur de fond de la scène, à 65 m de la cabine, la plongée est de 12°.
- La distance de l’écran à la source lumineuse et ses dimensions ont des valeurs exceptionnelles. Pour assurer, dans de telles conditions, l’éclairement de la surface de projection, il faut aussi aux projecteurs des arcs d’une puissance exceptionnelle. Ce sont actuellement des arcs Hall-Connolly fonctionnant sous 200 ampères. Des arcs de fabrication française, construits par la société Radio-Cinéma, d’intensité légèrement plus faible, mais d’un rendement lumineux considérablement supérieur, seront installés ultérieurement.
- L’écran est fait d’un tissu de caoutchouc spécial possédant un grand rendement lumineux; une particularité curieuse est qu’il est perforé d’un grand nombre de petits trous. Cette disposition n’altère pas sensiblement son pouvoir réflecteur pour la lumière, elle a l’avantage de lui conférer une bonne transparence acoustique ; les sons émis par les haut-parleurs placés derrière lui le traversent librement.
- RENFORCEMENT D’ORCHESTRE
- La vaste scène du nouveau Gaumont-Palace sera utilisée pour présenter des attractions diverses accompagnées de musique. Mais il était à craindre que, dans une salle aussi grande et aussi remplie, les spectateurs éloignés entendissent mal l’orchestre ou les acteurs. Aussi a-t-on décidé d’amplifier électriquement la musique d’orchestre et de la répéter au public par haut-parleur.
- Quatre microphones sont placés à proximité des musiciens, et un amplificateur microphonique, muni d’un dispositif de mélange, se trouve derrière la fosse d’orchestre. Il est également possible d’amener à cet amplificateur le courant provenant d’un microphone placé dans un local isolé et non vu du public.
- Le courant ainsi amplifié va à la cabine, passe dans un amplificateur de puissance et peut actionner soit les quatre haut-parleurs au-dessus de l’écran, soit les quatre haut-parleurs du plafond.
- DIFFUSION DANS LES COULOIRS
- On a prévu également des dispositifs pour parler au public et lui offrir de la musique ou des allocutions de tout genre, dans la salle pendant les entr’actes, ou dans les couloirs extérieurs où seront rassemblées les attractions les plus diverses.
- Une cabine a donc été spécialement aménagée pour recevoir un speaker, une table à deux plateaux pour disques et les amplificateurs correspondants.
- Cette installation alimente normalement 16 haut-parleurs répartis dans les couloirs du théâtre et peut alimenter également 4 haut-parleurs situés dans la salle au-dessus de l’écran.
- Cette installation, étant entièrement indépendante, se trouve automatiquement alimentée par une batterie de secours en cas de panne du secteur ou d’accident quel-
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- conque, ce qui permet de parler au public et d’éviter une panique.
- L’ACOUSTIQUE DE LA SALLE
- En raison des dimensions de la salle et de la puissance des appareils sonores, les problèmes d’acoustique architecturale à résoudre étaient particulièrement ardus. Il faut, en effet, assurer à chaque spectateur une audition satisfaisante, et pour cela éviter à tout prix les foyers de réverbération donnant naissance à des échos, ainsi que les absorptions sélectives favorisant certaines tonalités au détriment des autres.
- La solution a été obtenue par un traitement spécial de toutes les parois.
- Traitement du plafond. — Le plafond était primitivement constitué par une voûte : c’est une forme essentiellement dangereuse pour l’acoustique et qui provoque en général des effets de réflexion et d’échos désastreux.
- On y a remédié en moulant sur le plafond un système de 30 plissements parallèles, en staff recouvert de feutre collé; cette forme ondulée, nouvelle dans une salle de spectacle, a un aspect assez singulier qui ne manquera pas d’intriguer au début les spectateurs, d’autant plus que les plissements ne sont pas identiques les uns aux autres : leur pas va en croissant depuis 0 m 80 près de la scène, jusqu’à 1 m 40 vers le mur de fond de la salle : ils s’arrêtent d’ailleurs à une certaine distance de ce mur : la hauteur des ondulations est constante et égale à 0 m 45.
- C’est à la suite d’une soigneuse étude, théorique et expérimentale, que cette disposition a été adoptée : elle a pour effet d’imposer aux ondes sonores qui atteignent le plafond une série de réflexions qui les projettent de proche en proche sur les plissements successifs où elles sont peu à peu absorbées, sans pouvoir regagner les régions inférieures où sont placés les auditeurs. La suppression des plissements au voisinage du mur du fond a pour but de laisser parvenir aux auditeurs placés à cet endroit une intensité sonore suffisante.
- Parois de la salle. — Les parois ont été complètement traitées sur une superficie de 1200 mètres carrés et dans un double but : éviter les phénomènes de réflexion et former une barrière absolument étanche contre tous les bruits venant de l’extérieur.
- Le problème a été résolu par l’application de trois couches absorbantes superposées : la première, placée contre la paroi, est faite de laine d’amiante et a une épaisseur de 5 cm ; la couche médiane est un panneau feutré de 1,25 cm d’épaisseur;la couche externe, épaisse de 1,5 cm, est en feutre peint au pistolet.
- L’isolement acoustique contre les bruits de l’extérieur est obtenu à l’aide d’un système de gaines d’air qui doublent ces parois latérales.
- Celles-ci sont, bien entendu, unies : toute saillie à effet décoratif a été jugée dangereuse pour l’acoustique. Aussi l’aspect général peut-il paraître sévère, mais il est égayé par des jeux de lumière fort agréables.
- Le mur de fond de la scène est recouvert de 10 mm de laine d’amiante revêtue de mousseline.
- Les parois des balcons et des galeries sont recouvertes
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- Fig. 1.
- Demi-coupe transversale du nouveau Gaumont-Palace
- (architecte M. H. Belloc).
- de feutre, l’avant des loges et les couloirs d’accès au mezzanine sont revêtus de feutre recouvert lui-même d’une mince pellicule de cuir.
- On obtient ainsi une salle feutrée où tous les bruits parasites sont naturellement étouffés; nous en avons fait l’expérience quelques jours avant l’ouverture : dans l’immense amphithéâtre tout comme dans les couloirs, une armée d’ouvriers s’emploie fiévreusement à l’achèvement des travaux; on est en retard, comme d’usage, et cependant il faut que tout soit terminé à l’heure fixée. Partout on frappe, on cloue, on scie, dans les couloirs encore nus c’est un vacarme assourdissant; dans la grande salle, au contraire, on a presque l’impression du silence : le bruit
- est si peu gênant que deux interlocuteurs s’entretenant à mi-voix se comprennent sans effort.
- LA SOUS-STATION ÉLECTRIQUE
- Une salle de l’importance du Gaumont exige une puissance électrique considérable. Aussi a-t-il fallu prévoir une sous-station d’une importance égale à celle d’une usine électrique.
- Le courant primaire est du courant alternatif diphasé fourni par le secteur. 11 est livré à 12 000 volts par deux câbles utilisés à tour de rôle, de manière à permettre les travaux d’entretien usuel sur les câbles, sans interrompre l’exploitation.
- Les transformateurs sont au nombre de 10, logés deux par deux dans les cellules en maçonnerie.
- Le courant est ainsi converti pour les divers usages suivants : d’une part éclairage, ventilation, ascenseurs, utilisant le courant alternatif; d’autre part, la cabine de projection et les arcs de projection de scène.
- La puissance ainsi installée, sans tenir compte des batteries et de leurs redresseurs, atteint 1450 kw. La sous-station est munie en outre d’un groupe de secours composé d’un moteur à combustion interne, d’un alternateur et d’une dynamo à courant continu.
- Il y aurait beaucoup à dire encore sur le Gaumont-Palace, sur la construction de l’édifice, sa ventilation réfrigérée et son éclairage, la disposition des sièges dans la salle, l’organisation et la décoration des couloirs. Partout on retrouve la même recherche du confort et de l’agrément pour le spectateur.
- Cette réalisation fait grand honneur à la technique française, et notamment aux dirigeants de la Société Gaumont-Auber-Franco-Film, à l’architecte M. Belloc, et aux ingénieurs de la société Radio-Cinéma qui ont mis au point la projection et l’acoustique.
- A. T.
- Fig. 2. —• Coupe longitudinale du nouveau Gaumont-Palace.
- Trappe
- Cabine de projection scénique
- : Faux plafond lumineux
- des protections i
- Chaml e d’orgues
- Daine de ventilation
- I itnent
- Foyer
- des artistes
- fb'T corbi i te
- Fosse des musiciens.
- Vestiaire
- eau delast ène
- LU LU LUI
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- Ventilateurs
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- iMhNhNKUNh, NhihPil
- entree
- Sorbe des musiciens
- •Passerelle des musiciens
- Coupe i ur l 'axe du hall
- Coupe sur Taxe de la salle
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- RÉCRÉATIONS MATHÉMATIQUES
- Reprenons l’énoncé du problème posé dans La Nature du 15 avril 1931, n° 2855.
- ÉNONCÉ
- Pendant que Jean-Pierre faisait une division, sa sœur s’amusait à recouvrir avec des pions de dames les chiffres que son frère alignait laborieusement.
- Deux chiffres sont restés visibles. Cela suffira-t-il pour reconstituer la division ?
- Cette récréation a intéressé un grand nombre de nos lecteurs qui tous ou presque ont envoyé la solution juste : les uns avec de longs raisonnements : les autres très brièvement encore que très clairement. M. l’abbé de la Motte, professeur à l’Institut N.-D. de-Grâce, a proposé le problème à ses élèves et envoie la solution fort bien raisonnée d’un élève de 4ine, Albert Scohy.
- SOLUTION
- L’inspection de la figure montre tout de suite que les chiffres précédant et suivant immédiatement le 8 du quotient sont des zéros. De plus, le produit du diviseur par 8 doit donner un nombre de 2 chiffres : le diviseur ne peut être que 10, 11 ou 12.
- Ce diviseur multiplié par un chiffre supérieur à 8, chiffre qui ne peut être que 9, doit donner un nombre de 3 chiffres, il faut donc que ce soit 12.
- Le diviseur obtenu, le reste de la division est trouvé de suite.
- Cette opération s’écrit ainsi :
- 1.089.709 | 12
- 90.809
- Nous ont envoyé des solutions exactes :
- MM. Moyen, capitaine d’artillerie à Amiens, Godard, Hugues et Vanet, ingénieurs T. P. E. à Amiens; Abbé Dupin, curé-doyen Mailly-Maillet; de la Mahotière, Paris; Salvan, à Marseille; E. Thélisson, Rives-de-Gier (Loire); Villaret, école normale d’instituteurs, Nîmes; Mlle Boiget, institutrice Saint-Denis-la-Chevasse; Maupier, à Pau; Léon Bois, professeur à Pelussin-Vendée (Loire); E. Bodard, à Genève; Commandant Chaussois, à Grenoble; Louis Schaeffer, Lausanne; P. Delarue, ingénieur J.-D.-N., à Autrain (Ille-et-Vilaine); J. Barra, instituteur à Tourettes (Var); Berthet, Ingénieur à Bagneux-sur-Seine; J. de Lavallée, à Bordeaux; Colonel Frandin, à Dijon; Guet au C. I. S. A., à Bordeaux; Albert Ribler, à Ribeauvillé (Haut-Rhin) ; Claverie, à Gamatan (Gers) ; Illisible, à Nancy; Remacle, à Seraing (Belgique); Thiébaud, à Porrentruy (Suisse) ; Lieutenant de cavalerie E. Mimoso, Lisbonne; Khalil-Nassar, à Addis-Ababa.; Dr Léon de Pelcos-
- lanslci, Varsovie (Pologne); Lebreton, ingénieur de la ville de Paris; Masson, professeur à l’Ecole supérieure de Corbie; Mulard, docteur en droit, St-Pol (Pas-de-Calais) ; William lleydeclcer, ancien vice-consul à Pétrograd; J. Trachtenberg, à Paris ; Pierre-Marie, pensionnat St-Gabriel, à Saint-Laurent-sur-Sèvre; Alliaume, La Varenne (Seine); Mme Wapler, Fresse-sur-Moselle (Vosges) ; J. Beaussoleil, ingénieur à Guéret; Roy, à Nantes; Laffont, directeur d’école, Riumes (Hte-Garonne) ; Pol Paquin, à Paris; Baumann, Les Moulineaux (Seine); Minnier, à Montferrand (Puy-de-Dôme); A. Nordon, Paris; llergott, Meudon (Seine-et-Oise) ; André Arnaud, Marseille; Picot, Cherbourg; Michel Kerneis, à Chamalières (Puy-de-Dôme) ; Mlle Berthoux, Suresnes (Seine) ; M. Lods, Montrouge (Seine); Casselot, Conflans-Fin-d’Oise ; Filippi, à Constantinople; Bloch, ingénieur, à Paris; Nève de Méver-gnies, à Bruxelles ; M. G. Gervot, Banque de l’Afrique occidentale française, Dakar. (Sénégal).
- M. l’abbé Dupin fait remarquer que le problème se résume en ceci : trouver un nombre qui multiplié par 8 donne un nombre inférieur à 100 et par 9 un nombre supérieur à 100.
- M. Maussier de Pau indique que si on avait choisi 1.089 708 au lieu de 1 089 709, la division se fût faite exactement, sans i-este, et que le seul chiffre 8 du quotient eût suffi à reconstituer toute l’opération.
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- M. l’abbé Morrier, professeur à Huÿ, Belgique, qui nous adresse une solution exacte, nous envoie une récréation du même genre, un peu plus compliquée :
- Jean-Pierre dans une autre division a une mésaventure semblable.
- Le 3e chiffre du quotient seul de toute l’opération est visible, c’est 8, et J.-P. se souvient que le chiffre des unités du dividende était le même que celui des millions : peut-il arriver à reconstituer l’opération qui, mutilée, se présente ainsi :
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- Pour cette fois nous emprunterons à M. A. Arnaud, de Marseille, à qui on ne contestera pasle mérite de l’originalité, le curieux énoncé qui suit :
- Un artiste a peint sur sa toile un petit oiseau. Il disposait d’un petit tube de peinture jaune pesant x grammes, d’un tube, de volume égal, de peinture bleue pesant le double de la jaune, et enfin d’un tube de peinture rouge pesant à volume égal le double de la bleue.
- Il a employé le contenu entier d’un tube qui pesait autant de grammes que le produit de x par son carré moins la racine carrée de son double, diminué encore de x. grammes.
- De quelle couleur a-t-il peint son oiseau ?
- Virgile Brandicourt.
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- LES ANNÉES CHAUDES ET FROIDES A PARIS,
- DEPUIS 1757
- TABLEAU DES ANNEES CHAUDES ET FROIDES, DEPUIS 1757, POUR LE CLIMAT DE PARIS, AVEC LEURS HAUTEURS TOTALES DE PLUIES RESPECTIVES SEULEMENT DEPUIS L’ANNÉE 1806,
- Hauteurs
- Années Chaud.es Froides de pluie
- O — — en mm.
- 1759 11,4
- 1761 11,6
- 1762 11,1
- 1765 11,4
- 1768 11,0
- 1772 11,5 1 •L .
- 1773 11,2
- 1774 11,3
- 1775 12,0
- 1779 11,2 . y .
- 1781 11,0
- 1782 8,8
- 1784 8,3
- 1785 8,5
- 1786 8,8
- 1789 .8,4
- 1793 9,0
- 1795 8,9
- 1799 8,5
- 1803 9,6
- 1804 10,9
- 1805 8,9
- 1806 10,8 548
- 1807 10,7 544
- 1808 9,7 , 473
- 1809 9,6 447
- 1811 11,3 709
- 1812 9,7 572
- 1813 9,2 530
- 1814 8,8 394
- 1816 8,5 . 575
- 1818 10,7 559
- 1820 9,1 483
- 1822 12,0 477
- 1823 9,2 482
- 1825 11,0 515
- 1826 10,8 456
- 1828 11,0 667
- 1829 9,0 612
- 1830 8,9 593
- 1831 10,7 618
- 1834 11,5 550
- 1836 9,7 668
- Les années chaudes, comme les années froides, se répartissent par séries : les premières, de 1759 à 1781, de 1825 à 1834 et de 1893 à 1930; pour cette dernière série, elles ont été presque toutes très pluvieuses (7 sur 12) et pour les secondes, de 1782 à 1805, de 1808 à 1823, de 1836 à 1855 et de 1871 à 1891.
- 1. Années météorologiques.
- Années Chaudes Froides Hauteurs de pluie
- d) •— — en mm.
- 1837 9,3 662
- 1838 9,0 590
- 1841 9,4 558
- 1844 9,4 666
- , 1845 8,1 623
- ' 1846 11,1» 675
- 1847 9,3 524
- 1850 9,5 638
- 1851 9,4 546
- 1853 9,7 565
- 1854 9,7 687
- 1855 9,1 501
- V 1857 10,7 549
- 1858 9,6 473
- 1859 11,1 579
- 1860 8,8 708
- 1864 9,7 432
- 1865 10,7 532
- 1871 9,3 534
- 1877 10,8 653
- 1879 8,9 655
- 1880 9,3 502
- 1887 8,9 514
- 1888 8,9 565
- 1889 9,7 517
- 1890 9,6 525
- 1891 8,8 554
- 1893 10,7 524
- 1895 9,7 491
- 1899 11,2 381
- 1906 10,7 568
- 1909 9,3 634
- 1911 11,2 428
- 1913 11,0 623
- 1916 10,7 775
- 1917 9,6 573
- 1920 10,7 592
- 1921 11,4 277
- 1923 10,8 652
- 1926 11,1 759
- 1928 11,2 750
- 1930 11,4 884
- On remarque une périodicité de 100 ans pour les années chaudes en 1759-1859, 1765-1865, 1806-1906, 1811-1911, 1822-1921, 1826-1926, 1828-1928 et 1831-1930 et pour les années froides en 1786-1887, 1789-1889, 1795-1895, 1809-1909 et 1816-1917.
- Em. Roger.
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-
-
-
- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- LA VOÛTE CÉLESTE EN AOUT 1931 (‘)
- 35
- La Lune sera nouvelle le 13 août et, par conséquent, ne gênera pas les observations de l’essaim des Persêides, ces étoiles filantes qui, surtout dans les nuits du 9 au 11 août, émanent nombreuses, d’un point de la constellation de Persée située près de l’étoile y,. Météores rapides, laissant des traînées jaunâtres.
- Parfois, des météores plus brillants que les autres viennent illuminer la nuit et éclairent le paysage. Ce sont de p e t i t s bolides, des masses plus importantes que celles des étoiles iilantes et qui pénètrent plus avant dans notre atmosphère où , finalement, ils s’absorbent, se volatilisent ; leurs cendres tombent alors, lentement, sur le sol.
- Donc, ne manquons pas, du 9 au 11 août,
- <l'observer les Persêides, ces débris de la comète de 1862,et notons toutes les trajectoires observées sur une carte du ciel.
- I. Soleil.— En août, le Soleil, dans sa marche apparente sur la sphère céleste, descend de près de 10 degrés en se rapprochant de l’équateur.
- Sa déclinaison, qui était de + 18° 12' le 1er août, ne sera plus, en effet, que de -j- 8° 49' le 31.
- La durée du jour décroît aussi fortement, et passe de 15u7“ le 1er, à 1311 32“ à la fin du mois.
- Déjà nous approchons de l’automne.
- Voici le temps moyen à midi vrai, ou, si l’on préfère, l’heure marquée par les horloges bien réglées quand le centre du Soleil passe au méridien de Paris.
- Ainsi, comme on le voit au tableau ci-après, le 1er août le Soleil sera au méridien de Paris à 1111 56 “ 53s (heure légale). Comme la variation de position du Soleil est sensiblement négligeable pendant le temps que cet astre met pour parcourir tous les méridiens d’un pays comme la France (il met environ 49 minutes pour passer du méridien de Strasbourg à celui de Brest), il en résulte que pour connaître l’heure du passage du Soleil en un lieu de longitude zt L (en temps), on ajoutera L si le lieu est à l’Ouest du méridien de Paris, on le retranchera s’il est à l’Est.
- La longitude, en temps, de Besançon est de 14“36s Est de Paris; celle de Brest est de 27 ” 20s Ouest de Paris.
- Ainsi, le 1er août, le Soleil passera à 11 b 56 m 53s — 14 m 36®, soit à 11 h 42 ” 17s au méridien de Besançon, et à 11 »56 “53® + 27 “20® = 1211 24 “ 13s au méridien de Brest.
- Heure
- Fig. 1. — Bolide observé pendant la chute des Persêides.
- (Dessin de L. Rudaux.)
- Parfois, des météores plus brillants que les autres viennent illuminer la nuit et éclairent le paysage. Ce sont de petits bolides qui se volatilisent dans l’atmosphère et leurs cendres tombent lentement sur le sol.
- Date. du passage.
- Août 1er 11 h 56” 53®
- — 3 11 56 45
- — 5 11 56 35
- — 7 11 56 23
- — 9 11 56 8
- — 11 11 55 52
- — 13 11 55 33
- — 15 11 55 11
- — 17 11 54 48
- — 19 11 54 22
- —- 21 11 53 55
- — 23 11 53 25
- — 25 11 52 54
- — 27 11 52 20
- — 29 11 51 46
- — 31 11 51 10
- renvoyons au Bulletin
- 1. Toutes les heures données dans ce « Bulletin astronomique » sont exprimées en temps universel (T. U.), compté de O1' à 24h, à partir de 0h (minuit). L’heure d’été étant en vigueur, ajouter 1 heure à toutes les heures indiquées ici pour qu’il y ait concordance entre les heures de nos horloges et celles du présent Bulletin,
- Observations physiques. — Nous astronomique du n° 2852 pour connaître la signification des termes P, B0, L0, qui définissent l’orientation des aspects du Soleil.
- Ces données sont indispensables pour orienter les dessins et photographies de cet astre.
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-
-
-
- Dates. P B0 L0
- Août 4 + 11°,70 + 6°,00 45°,29
- — 7 + 12 86 + 6 19 5 62
- — 9 + 13 61 + 6 31 339 17
- —- 14 + 15 41 + 6 59 273 07
- — 19 + 17 11 + 6 82 206 98
- — 24 + 18 69 + 7 00 140 91
- — 29 + 20 14 + 7 14 74 85
- Ne pas omettre de dessiner chaque jour les taches et faciales solaires ou d’en prendre des photographies. L’observation fréquente du Soleil peut seule permettre d’observer certains phénomènes fugitifs, comme on en a vu de temps à autre (lueurs soudaines et fulgurantes dans les taches, taches à modifications rapides, corps obscurs passant devant le Soleil, etc.).
- Lumière zodiacale. — Elle commence seulement à devenir visible le matin, avant l’aube.
- II. Lune. — Les phases de la Lune, pour le mois d’août, seront les suivantes :
- D. Q. le 6, à 16h 28 m I P. Q. le 20, à 11 “ 36 »
- N. L. le 13, à 20 » 27 » I P. L. le 28, à 3 » 10 »
- Age de la Lune le 1er août, à 0" = 161,5; le 14 août, même heure = 01,1.
- Plus grandes déclinaisoias de la Lune, en août : le 10, à 10 11 = + 28° 33'; le 23, à 2 » = 28° 37'.
- Remarquer la faible altitude de la Lune au-dessus de l’horizon sud, le dimanche 23 août, à 2011 30m, à son passage au méridien.
- 15 août, à 10». Parallaxe = 60' 40". Distance = 361 450 km.
- Apogée de la Lune, le 30 août, à 21 ». Parallaxe = 54' 1". Distance = 405 945 km.
- Occultations cl’êtoiles par la Lune. — Le 6 août, occultation de l’étoile 19 Rélier (gr. 5,8); émersion à 0“ 22 “‘,0.
- Le 10 août, occultation de 406 B. Taureau (gr. 5,6) ; émersion à 2»llm,5. — Occultation de 136 Taureau (gr. 4,6) ; émersion à 2h48m,0.
- Marées, mascaret. — Les plus gra ndes marées du mois se
- produiront surtout à l’époque de la nouvelle Lune du 13 août.
- Voici quelq ues-unes de ces plus grandes marées, ] pour Brest ;
- Marée du matin. Marée d u soir.
- —— ' -- ——.1 '
- Dates Heure. Coefficient;. Heure. Coefficient.
- Août 13 3» 24 m 79 15 u 47» 86
- — 14 4 9 92 16 31 97
- — 15. 4 53 101 17 15 104
- — 16 5 36 106 17 56 106
- — 17 6 18 104 18 37 101
- — 18 6 58 96 19 20 89
- Le mascaret se produira notamment le 16 août et arrivera
- aux heures suivantes à
- Coefficient
- Dates de la marée Quillebeuf Villequier Caudebec
- Août 16 106 9 “ 9 "> 911 46 ™ 9 11 55 »
- — 16 106 21 30 22 7 22 16
- III. Planètes. — Le tableau ci-dessous, établi à l’aide des
- ASTRE Dates Lever à Passage au Méridien Coucher à Ascen- sion Déclinai- Diamètre Constellation et VISIBILITÉ
- Août Paris. de Paris ()• Paris. droite. son. apparent étoile voisine.
- 6 41> 30m 11 u 56ra 29s 19» 23 m 9» 2m + 16° 54' 31'35 ',4 Cancer /
- Soleil . . . 16 4 44 11 55 0 19 6 9 40 + 13 51 31 38,6 Caiacer . » Lion
- 26 4 58 11 52 37 18 47 10 17 + 10 40 31 42,4
- 6 7 7 13 40 20 12 10 44 + 6 50 7,2 o Lion Le soir, au début du
- Mercure . . 16 7 16 13 27 19 37 11 11 + 2 0 8,6 Lion mois. Plus grande élon-
- / 26 ( 6 6 44 12 47 18 51 11 13 + 0 16 10,0 Lion gation le 8.
- 3 40 11 21 19 2 8 24 4" 20 10 9,8 0 Cancer j a Caiacer Inobservable. y. Lion 1
- Vénus . . . 16 4 8 11 32 18 56 9 15 + 17 9 9,8
- 26 4 37 11 41 18. 45 10 3 + 13 19 9,8
- Mars. . . . 6 16 26 9 9 8 7 9. 58 15 14 14 6 49 33 21 20 20 5 36 8 12 12 12 10 33 57 — 0 3 5 40 16 52 4,6 4,4 4,4 Viei'ge y Viei'ge 0 Vierge ' Un peu visible, le soir, au crépuscule.
- Jupiter. . . 16 3 16 10 52 18 28 8 36 + 19 4 29,4 o Cancer Inobservable.
- Saturne . . 16 17 18 21 30 1 42 19 17 — 22 11 16,2 Sagittaire Presque toute la nuit.
- Uranus. . . 16 20 54 3 28 10 2 1 12 + 6 54 3,6 88 Poissons Seconde partie de la nuit
- Neptune . . 16 5 35 12 43 19 34 10 28 + 10 20 2,4 45 Lion Invisible.
- 1. Cette colonne donne l’heure, en temps universel, du passage au méridien de Paris.
- Apogée de la Lune (plus gi'ande distance à la Terre), le 3 août, à 8». Parallaxe = 54' 8". Distance = 405 070 km. Périgée de la Lune (plus petite distance à la Terre), le
- données de l’Annuaire astronomique Flammarion, pour 1931, contient les données principales pour rechercher et observer les planètes pendant le mois d’août 1931.
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- Mercure arrivera à sa plus grande élongation du soir le 8 août, à 9\ à 27° 21' à l’Est du Soleil. Cette élongation sera la plus grande de l’année.
- Mercure sera visible quelques jours avant et après cette date, en des conditions assez favorables.
- Voici la phase et la grandeur stellaire de Mercure :
- Dates. Disque illuminé. Diamètre. Grandeur stellaire.
- Août 4 0,56 7",0 + 0,5
- — 9 0,48 7 ,6 + 0,6
- — 14 0,40 8 ,2 + 0,8
- — 19 0,30 9 ,0 + 1,0
- — 24 0,20 9,8 + 1,4
- — 29 0,09 10 ,4 + 1,9
- Vénus, noyée dans le rayonnement solaire, sera inobservable ce mois-ci.
- Elle sera en conjonction avec le Soleil au début de septembre.
- Mars, dans la Vierge, est encore un peu visible, le soir, au crépuscule.
- Le diamètre, réduit à 4",5 environ ne permet plus d’observations utiles, et celles-ci sont terminées pour la présente apparition.
- Jupiter s’est trouvé en conjonction avec le Soleil le 25 juillet.
- 11 sera inobservable ce mois-ci.
- Saturne, dans le Sagittaire, devient de mieux en mieux visible.
- Voici les éléments de l’anneau à la date du 13 août :
- Grand axe extérieur................. 41",08
- Petit axe extérieur....................+ 16”,80
- Hauteur de la Terre au-dessus du
- plan de l’anneau.....................+ 24° 8'
- Hauteur du Soleil au-dessus du plan
- de l’anneau..........................+ 23° 21'
- On pourra rechercher Titan, le plus éclatant des satellites de Saturne, lors de ses élongations maxima, dont voici la liste pour août :
- Dates. Elongation. Heure
- Août 8 Occidentale 1 »,5
- — 15 Orientale 17 4
- — 23 Occidentale 23 2
- — 31 Orientale 15 4
- Uranus est maintenant bien visible presque toute la nuit. Une jumelle suffit pour le trouver, car il brille comme une étoile de. sixième grandeur. Se reporter, pour le chercher, à la petite carte spéciale de son mouvement sur le ciel, que nous avons donnée au n° 2856.
- Avec une bonne lunette, Uranus présente un petit disque bleuâtre de 4” de diamètre environ.
- Neptune sera en conjonction avec le Soleil le 29 août, à 21b. Il est donc invisible ce mois-ci.
- IV. Phénomènes divers. — Conjonctions :
- Le 1er, à 19 ", Mercureenconjonct. avec Neptune, à 1Q 13' S. Le 4, à 1811, Uranus — la Lune, à 2° 0' S.
- Le 5, à 17", Mercure — 37 Sextant (gr. 6,4),
- à 0° 16' N.
- Le 6, à 18", Vénus — Jupiter, à 0° 25' N.
- Le 12, à 20", Jupiter en conjonct. avec la Lune, 37 à 40 12' S‘
- Le 13, à 7 ", Vénus — la Lune, à 3» 18' S'
- Le 14, à 19 ".Neptune — la Lune, à 2° 10' S.
- Le 15, à 14", Mercure — la Lune, à 5° 8' S.
- Le 17, à 5 ", Mars — la Lune, à 0° 41' N.
- Le 24, à 7 ", Saturne- — la Lune, à 5° 13' N.
- Le 31, à 18", Vénus — Neptune, à 0° 17' S.
- Etoiles variables. — Minima de l’étoile Algol (P Persée),
- visibles à l’œil nu : le 3 août, à 2h 30m; le 5, à 23" 19"1; le 23, à 4" 10">; le 26, à 0» 58"1; le 28, à 21" 47,n.
- Algol varie de la grandeur 2,1 à la grandeur 3,2 en une période de 21 20 " 49m. Son éclat reste constant pendant 2112", puis décroît pendant 4"30"‘ où la grandeur 3,2 est atteinte. Ensuite il augmente de nouveau pendant 4 " 30m et la période recommence.
- Etoile Polaire; temps sidéral. — Voici quelques passages de l’Etoile Polaire au méridien de Paris, en août :
- Temps sidéral
- Date. Passage. Heure. à 0"
- Août 9 Supérieur 4 " 21 m 29s 21 " 6m 6B
- — 19 — 3 42 19 21 45 32
- — 29 — 3 3 11 22 24 57
- Étoiles filantes. — Le tableau ci-après est extrait de
- Y Annuaire du Bureau des Longitudes. Il donne la liste des
- principaux radiants d’étoiles filantes actifs en août.
- Ascension Décli- Étoile
- Dates. droite. naison. voisine.
- Août 1er au 4 19° + 36° p Triangle
- — 7 au 11 295 + 54° X Cygne
- — 7 au 12 292 + 70 6 Dragon
- 8 et 9 5 + 55 a Cassiopée
- — 9 au 11 44 + 56 Y| Persée
- •— 9 au 14 9 — 19 p Baleine
- — 12 et 13 345 + 50 3084 Bradley
- — 12 au 16 61 + 48 a Persée
- — 20 et 25 6 + 11 y Pégase
- — 21 et 23 291 + 60 0 Dragon
- — 23 au 31 282 + 41 a Lyre
- — 25 au 30 237 + 65 y. Dragon
- Le tableau précédent a été dressé par le regretté astronome anglais W.-F. Denning, qui vient de disparaître.
- V. Constellations. — L’aspect de la voûte céleste le 1er août à 22" 30 m, ou le 15 août à 21" 30 m, est le suivant :
- Au Zénith : l’étoile o du Cygne. Autour du Zénith, le Cygne, la Lyre, la tête du Dragon.
- Au Sud : le Sagittaire; le Capricorne; l’Aigle.
- Au Sud-Ouest : le Scorpion.
- A l’Ouest : Ophiuchus; le Serpent; Hercule; le Bouvier; la Balance.
- Au Nord-Ouest : la Grande Ourse; le Dragon; la Chevelure.
- Au Nord : la Petite Ourse; le Cocher (Capella à l’horizon).
- Au Nord-Est : Persée; Cassiopée.
- A l’Est : Andromède et Pégase; le Bélier.
- La moitié occidentale du ciel est resplendissante; il n’y a aucune étoile de première grandeur dans la moitié orientale où, déjà, apparaissent les constellations d’automne.
- Em. Touchet.
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-
- 38 ==z... LA RADIOPHONIE PRATIQUE !.::=^=
- DEUX NOUVELLES APPLICATIONS DE LA RADIOTECHNIQUE
- A L’USAGE DES AMATEURS (Suüe)
- L’ENREGISTREMENT PHONOGRAPHIQUE ÉLECTRIQUE - LA PROJECTION
- CINÉMATOGRAPHIQUE SONORE
- LES APPAREILS D’ENREGISTREMENT ACTUELS ET LEUR EMPLOI
- Il y a quelques mois, avons-nous dit, que l’on a commencé à étudier des dispositifs pratiques permet! ant à un amateur d’exécuter facilement des enregistrements électriques, mais les dispositifs réalisés jusqu’à présent ont été étudiés surtout aux Etats-Unis et en Angleterre. Il semble, d’ailleurs, que les constructeurs français commencent aussi à s’intéresser à la question. Il est sans doute relativement facile à un amateur
- habile de se procurer des disques en métal ou en matière cellulosique et de transformer son phonographe pour l’enregistrement en adaptant un microphone à son amplificateur, et en exécutant un dispositif d’entraînement du pick-up enregistreur. Il existe, pourtant dès maintenant dans le commerce des appareils complets, d’un prix assez peu élevé, qui s’adaptent sur n’importe quel phonographe à reproduction électrique constitué ou non avec les étages basse fréquence d’un poste de T. S. F., et qui permettent d’obtenir d’excellents résultats. Les disques enregistrés sont généralement en métal ou en composition à base de gélatine et peuvent servir au minimum pour une cinquantaine de reproductions.
- Il est intéressant de noter les dispositifs qui ont été adoptés pour l’entraînement du pick-up enregistreur. Aux Etats-Unis, il semble qu’on emploie beaucoup de disques métalliques préalablement sillonnés, c’est-à-dire sur lesquels on a tracé les sillons de guidage d’un tracé uniforme. C’est évidemment la solution qui paraît la plus simple, puisqu’elle évite d’apporter aucune modification mécanique au dispositif tourne-disque; mais elle ne semble pas recommandable, parce qu’elle produit au cours de la reproduction un bruit de grattement d’aiguille qu’il semble difficile de faire disparaître.
- Il semble préférable d’utiliser des disques vierges non sillonnés, et d’adapter, sur l’axe du plateau porte-disque du phonographe, un manchon transmettant le mouvement à une vis sans fin, par l’intermédiaire de pignons d’angle. Le pick-up muni d’un collier à ressort, qui vient engrener avec la vis sans
- Pavillon acoustique
- Diaphragme (ou pick-up) enregistreur
- Contrepoids réglable
- Disque en aluminium
- iguilje \
- A- ' ' Aiguille enregistreuse de guidage
- Disque de guidage
- Tvot uu bras support
- Fig. 2. — Un dispositif anglais pour le guidage du diaphragme ou du pick-up enregistreur.
- Une aiguille de guidage solidaire du bras support suit les sillons enregistrés d’un disque ordinaire de grand diamètre placé au-dessous du disque vierge en métal.
- fin, est ainsi entraîné d’un mouvement de translation régulier (fig. I).
- On peut noter aussi un système assez ingénieux connu depuis quelque temps déjà, employé pour d’autres applications
- Fig. 3. — Ensemble des pièces permettant de réaliser des enregistrements avec un phonographe électrique quelconque : disques métalliques, microphone avec batterie et transformateur contenus dans la même boîte, guidage à vis sans fin, etc. (Système Silvatone.)
- Fig. 1.— Dispositif d’enregistrement électrique pour amateur (Silvatone-Caïrmor) s'adaptant sur tout phonographe.
- Le pick-up enregistreur est guidé par une vis sans fin.
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-
- 39
- et qui consiste à placer sur le plateau porte-disque d’abord un disque enregistré du type ordinaire de grand diamètre, et, au centre, le disque vierge en métal ou en matière plastique de diamètre plus petit. Une pointe de guidage en corne suit les sillons du disque enregistré, et elle est solidaire du bras porte-pick-up convenablement compensé (fig. 2). Ce système ne permet évidemment que l’enregistrement d’une zone annulaire d’une dizaine de centimètres sur le disque, mais cela permet en général un enregistrement d’une minute et demie environ, et, d’autre part, la zone centrale du disque convient mal pour l’enregistrement parce que les diamètres des sillons deviennent trop petits vers le centre.
- Un ensemble d’enregistrement complet permettant de transformer un phonographe à reproduction électrique en un appareil enregistreur comporte donc un microphone sensible avec un transformateur convenable et une petite batterie de piles sèches, un dispositif d’entraînement mécanique se plaçant sur l’axe du plateau porte-disque, et, enfin, un pick-up enregistreur qui peut servir aussi à la reproduction, et qui est muni d’un système d’entraînement que l’on relie à la vis sans fin, par exemple, actionnée par le mouvement phonographique lui-même (fig. 3).
- Ainsi, la réalisation d’enregistrements électriques par l’amateur est devenue extrêmement facile. 11 faut, cependant, faire quelques essais avant d’arriver à un résultat absolument satisfaisant. En effet, la pression de la pointe enregistreuse, qui est à peu près verticale, doit être convenablement réglée et il faut soit augmenter le poids du bras porte pick-up en ajoutant de petits poids, de quelques dizaines de grammes, soit, au contraire, le diminuer à l’aide de contrepoids. Si la profondeur du sillon phonographique n’est pas assez grande, le guidage de la pointe reproductrice se fait mal ; si, au contraire, elle est trop grande, il se produit un bruit d’aiguille gênant. Il faut, d’autre part, utiliser un moteur phonographique assez puissant, parce que le frottement est évidemment plus intense que pendant la reproduction, et, si l’on employait un moteur trop faible, on n’obtiendrait pas la vitesse rigoureusement constante qui est absolument indispensable. On utilisera donc, soit un moteur électrique, soit un moteur mécanique à ressort suffisamment fort.
- Avant l’enregistrement, on recouvre le disque vierge d’une couche d’huile de vaseline, on le place sur le plateau porte-disque, et on règle l’orientation de la pointe enregistreuse et sa pression sur le disque. On met alors en marche, et on envoie les courants microphoniques dans le pick-up.
- Uns fois l’enregistrement effectué, on enlève l’excès d’huile avec un chiffon très souple ; on place sur le pick-up une aiguille en bois ou en corne, et on l’incline comme pour la reproduction d’un disque ordinaire.
- Il existe, d’ailleurs, des machines à enregistrer de précision, mais d’un prix plus élevé (fig. 4).
- L’ENREGISTREMENT RADIOPHONOGR APHIQUE
- Le dispositif qui vient d’être décrit peut parfaitement servir à enregistrer des réceptions radiophoniques et il semble même que, pour certains amateurs, cet enregistrement constitue le but essentiel. Il suffit, dans ce cas, de relier le pick-up enregistreur au récepteur radiophonique accordé sur l’émission à recevoir, et il n’est même plus besoin dans ce cas d’employer de microphone (fig. 5).
- On a commencé à réaliser aux Etats-Unis des radiophono-graphes sur lesquels on a disposé des dispositifs d’enregistrement. Un tel appareil peut donc servir, non seulement à la reproduction phonographique et à la réception radiophonique, mais encore à l’enregistrement de communications télépho-
- Fig. 4. — Machine « Silualone » pour Venregistrement électrique des disques.
- On voit le pick-up et son chariot d’entraînement à vis sans fin. A droite : le microphone sensible. Dans le meuble : un amplificateur de puissance alimenté par le secteur.
- niques ou de réceptions radiophoniques. Il n’est rien de plus facile pour un amateur, en général, que de monter sur son poste des inverseurs très simples permettant d’employer les mêmes appareils soit pour la réception radiophonique, soit pour la reproduction phonographique, soit pour l’enregistrement de réceptions radiophoniques ou de courants microphoniques.
- . LE CINÉMA SONORE D’AMATEUR ET L’ACCOMPAGNEMENT SONORE NON SYNCHRONISÉ
- Les disques pour cinématographie sonore que l’on emploie encore à l’heure actuelle, malgré les progrès de plus en plus rapides du procédé à enregistrement photographique, ont un diamètre de 40 cm environ et tournent à une vitesse de 33 1/3 tours par minute, alors que les disques du commerce ordinaire ont un diamètre de 30 cm au maxi-
- Fig. 5. — Pour enregistrer une réception radiophonique, on place le pick-up enregistreur à la place du haut-parleur.
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- mum, et une vitesse de rotation de 78 à 80 tours par minute. La durée de reproduction d’un disque spécial de cinématographie sonore est de 11 minutes, alors que celle d’un disque ordinaire du commerce n’excède jamais 3 à 4 minutes environ. Cependant, la durée de projection des fdms d’amateurs les plus courants, par exemple des films genre « Pathé Baby », n’excède pas non plus 3 à 4 minutes, de sorte qu’il est parfaitement possible, en théorie, d’accompagner la projection d’un film d’amateur à l’aide d’un seul disque ordinaire du commerce; encore faut-il, évidemment, que le sujet de l’enregistrement sonore corresponde aux images enregistrées sur le lilm.
- 11 est encore difficile en France, sans doute, de se procurer des disques et des films enregistrés simultanément, et spécialement destinés aux projections sonores. On commence, cependant, à en réaliser aux Etats-Unis, et il est probable qu’on pourra bientôt les obtenir aussi dans notre pays. En attendant, il est déjà aisé pour un amateur ayant des goûts musicaux et artistiques suffisants d’accompagner la projection de films par des auditions de disques dont le sujet corresponde, sinon d’une manière absolue, du moins « par l’esprit » au sujet de la projection.
- Il ne peut être question, dans ce cas, de tenter la reproduction des paroles, cé qui exige en général un synchronisme parfait,
- Pickup
- électromagnétique
- "L Interrupteur du moteur }•—e/ du pickup
- Amplificateur de puissance
- Régulateur de vitesse'-
- Ecran de projection laissant passage
- 'Dispositif de commande
- Haut -parleur
- Projecteur Moteur étectriq.
- inématographique d’entrainement
- Fig. 6. — Projecteur sonore d'amateur utilisant un phonographe
- électrique. <.
- mais on peut choisir des disques de chants, de musique ou de bruits. Parmi le très grand nombre de disques variés mis actuellement à la disposition du public par les grandes maisons d’édition plionographique, il est presque toujours possible, après des recherches rapides, de découvrir les disques qui conviennent. D’ailleurs, la plupart des éditeurs p Iconographiques ont établi des notices, dans lesquelles sont groupées par catégories déterminées : scènes gaies, scènes comiques, scènes dramatiques, scènes militaires, scènes religieuses, etc., les disques qui conviennent à l’accompagnement cinématographique de fdms les plus répandus. D’autre part, en face du nom de chaque disque est indiquée la durée de reproduction; avant de tenter l’accompagnement sonore d’une projection, il faut en effet « minuter » le disque et le film, de façon que l’accompagnement ait, évidemment, la même durée que la projection.
- Il est bon de rappeler à ce propos que la vitesse de rotation du disque pendant la reproduction doit être exactement la même que celle qui a été observée à l’enregistrement, c’est-à-dire 78/80 tours pour les disques du commerce, et qu’elle ne peut varier sans qu’il y ait déformation complète des sons reproduits. Au contraire, il est possible de faire varier entre des limites relativement assez écartées, la vitesse de déroulement du film.
- On règle cette vitesse, soit en tournant plus ou moins vite la manivelle, s’il s’agit d’un projecteur actionné à la main, soit en agissant sur le régulateur de vitesse comportant un rhéostat ou un système mécanique à frottement, s’il s’agit d’un appareil à moteur électrique, ce qui est le cas le plus général.
- Une fois que l’on aura déterminé le disque qui doit être reproduit pendant la projection du lilm, on notera d’une part, la durée de reproduction du disque, d’autre part, le réglage optimum du régulateur de vitesse, et l’on indiquera aussi, sur le même tableau toutes les particularités de réglage qui peuvent être observées au cours de la projection. On peut fort bien, en effet, faire varier la vitesse du projecteur au cours de la projection; on commence par exemple la reproduction sonore après un certain temps de projection, ou, au contraire, on commence la projection après un certain temps d’audition.
- La synchronisation obtenue par ce procédé n’est pas d’une netteté absolue, mais il est impossible qu’il en soit ainsi sans que le disque soit enregistré spécialement pour le lilm.
- Sans doute ne peut-on modifier un disque, mais il est, par contre, relativement facile de modifier un lilm, puisqu’il est aisé de couper différentes parties de la bande, et les relier à froid avec une solution à base d’acétone.
- On peut ainsi diminuer la longueur du film, ou, au contraire, intercaler les morceaux d’un autre film, si l’enchaînement des images le permet; d’où, pour un amateur, la possibilité de se livrer à une occupation artistique extrêmement intéressante.
- D’ailleurs dans les appareils Pathé-Bàby, il suffit de pratiquer une encoche sur le côté gauche du film pour obtenir un arrêt sur une image, d’où une augmentation facile de la durée de la projection, s’il est nécessaire.
- Remarquons, d’ailleurs, qu’il n’est pas indispensable de « sonoriser » le film tout entier, et qu’il n’est pas non plus nécessaire d’utiliser complètement un disque. Au moment du passage dans un film d’une procession ou d’une musique militaire, on pourrait parfaitement se contenter, par exemple, de faire entendre un choeur religieux ou une marche militaire.
- Ainsi, avec des disques du commerce, en adjoignant au projecteur un phonographe non synchronisé, moyennant un peu de goût artistique et musical, il est déjà possible d’obtenir des effets très intéressants. Ces effets peuvent, évidemment, être réalisés avec un phonographe ordinaire à reproduction acoustique, en plaçant simplement ce phonographe soit à côté du projecteur, soit, ce qui est mieux, derrière ou au-dessous de l’écran.
- Cependant, pour obtenir des effets vraiment intéressants, et qui peuvent être comparés, toutes proportions gardées, avec ceux des projections sonores des grandes salles, il faut utiliser un phonographe à reproduction électrique.
- Si l’on possède un phonographe électrique avec un amplificateur de puissance séparé, ou réalisé en utilisant les étages basse fréquence d’un poste radiophonique, rien de plus simple, que de l’employer pour exécuter des projections sonores. Un dispositif complet de projection sonore sera constitué dans ce cas, par un appareil de projection cinématographique, de préférence mû par un moteur électrique, par un mouvement phonographique, et un pick-up électro-magnétique, et, enfin, par un amplificateur musical séparé ou non d’un poste de T. S. F., et relié à un haut-parleur.
- On peut alors adopter la disposition indiquée sur la figure 6 : l’écran est disposé à côté ou en avant du haut-parleur, placé en face de l’appareil de projection, lequel est posé sur un support quelconque de hauteur convenable. A droite de l’appareil de projection on dispose le phonographe, avec son pick-up; enfin, l’amplificateur peut être placé, soit au-dessous
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- du phonographe électrique, soit même derrière l’écran.
- Si l’on voulait tenter des projections sonores avec un phonographe électrique complet monté dans un meuble, on serait pourtant forcé de disposer ce meuble soit en arrière, soit à côté de l’écran de projection.
- On règle donc la vitesse du moteur électrique à l’aide de son régulateur, et le phonographe à moteur électrique peut être mis en marche au moyen d’un interrupteur qui met en circuit le moteur d’entraînement du plateau.
- Le procédé peut être perfectionné par l’utilisation d’un dispositif de mise en marche, et d’un arrêt automatique du phonographe par le-film, et il serait encore préférable d’utiliser un mouvement phonographique à double plateau, et à deux pick-up permettant ainsi de réaliser une projection sonore d’une durée presque aussi grande que l’on voudrait, et en utilisant la partie des disques que l’on désirerait.
- Nous ne pouvons, d’ailleurs, nous étendre davantage sur des détails de réalisation et nous avons voulu seulement montrer que l’accompagnement sonore de projections d’amateurs peut, dès à présent, être réalisé, et que les concordances entre le film et les disques sont, le plus souvent, très faciles à trouver, en attendant que l’on puisse se procurer dans le commerce des disques spécialement enregistrés (’).
- QUELQUES MODÈLES DE PROJECTEURS SONORES D’AMATEUR
- Dans les dispositifs que nous venons d’indiquer, il ne peut exister, nous l’avons montré, qu’une synchronisation « d’esprit » entre la projection sonore et la projection lumineuse. Aux États-Unis, pourtant, on peut déjà se procurer des disques et des films spéciaux, et des éditeurs auraient l’intention de mettre prochainement ces films et ces disques à la disposition du public français.
- Aussi, peut-on déjà trouver aux États-Unis, et pourra-t-on sans doute se procurer bientôt en France tous les appareils de projection destinés spécialement à la cinématographie sonore, et dans laquelle la synchronisation est assurée d’une façon absolument régulière.
- Ces appareils comportent des projecteurs liés mécaniquement au plateau porte-disques du mouvement phonographique avec démultiplication convenable, suivant qu’il s’agit de reproduire un disque normal, ou un disque à 33 tours.
- Il serait, d’ailleurs, également possible à un amateur habile, et à l’aide de pièces mécaniques faciles à établir, ou même de pièces genre « Meccano » et d’organes phonographiques que l’on peut acheter chez un marchand d’accessoires de phonographes, de constituer un mouvement avec plateau porte-disque et pick-up relié par un manchon élastique à l’axe d’entraînement du projecteur, avec système démultiplicateur à engrenages et régulateur de vitesse à boules.
- Les appareils américains sont établis le plus souvent pour les projections de films à perforation latérale de 16 mm de large (type Kodak par exemple) ou pour fdms « Standard », mais ils ne semblent pas difficiles à construire aussi pour films de 9,5 mm à perforation centrale, genre Pathé-Baby.
- Ces appareils sont formés souvent d’un bloc projecteur et d’un phonographe accolés sur un même socle, et reliés mécaniquement.
- Signalons, par exemple, un modèle très original comportant un plateau porte-disque, pour disques de 40 cm, disposé verticalement, et formant en même temps volant régulateur du projecteur, mais on trouve aussi des dispositifs phonogra-
- 1. Des détails de réalisation plus complets des dispositifs de synchronisation pourraient être trouvés dans la brochure de l’auteur, Les à-côtés de la T. S. F. (Chiron, éditeur.)
- Fig. 7. — Projecteur cinématographique synchronisé avec un plateau tournant porte-disque au moyen d'une transmission souple.
- phiques séparés, reliés par une transmission souple au projecteur, et vendus en même temps que lui, ou séparément (fîg. 7).
- DES ENSEMBLES RADIO-ÉLECTRIQUES VRAIMENT REMARQUABLES
- L’emploi des radio-phonographes, c’est-à-dire des appareils comprenant réunis dans un même meuble un récepteur radiophonique et un phonographe-électrique avec haut-parleur, généralement électro-dynamique, et un amplificateur de puissance commun se répand de plus en plus, non seulement aux États-Unis, mais encore en Europe.
- Des constructeurs ingénieux ont eu l’idée de compléter un tel ensemble, déjà si complet, en y adjoignant un système de projection sonore, c’est-à-dire en plaçant dans le même meuble un projecteur cinématographique à moteur électrique relié synchroniquement au mouvement phonographique. De tels appareils ne sont pas non plus en vente en France, mais le sont déjà aux États-Unis, semble-t-il.
- La projection est exécutée sur un écran disposé en face du
- Fig. 8. — Radiophono-cinémaiographe dans lequel le couvercle du meuble serl d'écran de projection.
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- meuble, ou bien, grâce à un système de miroirs inclinés, les rayons lumineux sont réfléchis sur un écran disposé au-dessous du couvercle orientable du meuble, ce qui diminue l’encombrement et facilite la manœuvre (lîg. 8).
- L 'ENREGISTREMENT CINÉMATOGRAPHIQUE D’AMATEUR ET L’AVENIR DE LA PROJECTION SONORE
- L’amateur peut, nous l’avons montré, exécuter assez facilement des enregistrements phonographiques.
- D’autre part, il existe des appareils de prises de vues cinématographiques pour fdms de 9,5 mm ou de 16 mm, dont la manœuvre n’est guère plus difficile que celle d’un appareil photographique ordinaire.
- Il semble donc possible, pour un amateur cinéaste, d’exécuter des enregistrements phonographiques correspondant aux enregistrements des fdms qu’il exécute lui-même.
- Sans doute ne paraît-il pas aisé de tenter un enregistrement simultané des images et des sons, mais l’on peut recourir au système du double enregistrement et « sonoriser » après coup, la bande cinématographique enregistrée.
- Il faut, d’ailleurs, se limiter dans le choix des sujets à traiter,
- et, par exemple, se borner aux portraits parlants, comme on l’a fait dans les débuts du cinématographe sonore.
- Il est nécessaire, même dans ce cas, d’utiliser quelques « tours de mains » plus ou moins complexes sur lesquels, d’ailleurs, nous ne pouvons non plus nous étendre ici j1).
- On voit seulement que, dès maintenant, l’intérêt des diverses formes de la cinématographie sonore paraît assez grand pour l’amateur photographe, le discophile, ou l’auditeur de T. S. lr. au même titre, d’ailleurs, que l’enregistrement phonographique et la reproduction électrique des disques qui constituent des applications secondaires, mais importantes de la radioélectricité.
- Ainsi, pour l’amateur, de même qu’auparavant pour l’industriel, les applications secondaires de la radio-technique forment peu à peu un complément important à la radiophonie et nous aurons l’occasion de décrire leur évolution.
- P. Hémardinquer.
- Adresses relatives aux appareils décrits ;
- Electro-Acoustique, 36, avenue Hoche, Paris.
- Galliauox, 39, avenue Victor-Hugo, Paris.
- 1. Ils sont également décrits dans l’ouvrage déjà cité du même auteur.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- UN PRÉCIEUX AUXILIAIRE ;
- LA CAISSE ISOLANTE NORVÉGIENNE
- Sous le nom de marmite norvégienne, on a préconisé depuis longtemps déjà un petit appareil qui permet, moyennant une dépense minime,
- Enveloppe flanelle ou laine
- 2? temps
- Rabattemem
- ’ussm tom ou papier
- pour
- clouage
- A? temps
- temps
- Fig. 1. — Schéma explicatif de la construction de la caisse isolante norvégienne.
- d’amener à cuisson parfaite tous les aliments, cela sans surveillance à partir du moment où on a atteint l’ébullition; il est regrettable, qu’en dehors du point de vue économique, on n’ait pas tiré, pour d’autre applications, un meilleur parti de ce dispositif.
- En effet, outre la question culinaire, il est bien des cas où il peut être utile de conserver au chaud une préparation quelconque, soit pour la trouver à point après une absence, soit pour maintenir à la température voulue une digestion diastasique ou une culture de laboratoire, sans avoir à faire l’acquisition d’une étuve coûteuse à régulateur.
- Les figures ci-contre feront facilement comprendre comment une petite construction de ce genre pourra être réalisée à peu de frais.
- Après avoir choisi une caisse rectangulaire ou cylindrique en bois, dont les dimensions seront supérieures à celle du récipient d’après les cotes indiquées, on garnira le fond de papier frisé, sur une hauteur de 7 à 8 cm environ.
- Sur ce fond, on placera un sac en flanelle ou en laine contenant le vase, puis on bourrera le tour également avec du papier à l'état de frisure jusqu’à ce que l’on ait atteint le niveau du col.
- On rabattera alors les bords du sac vers la boîte et on en effectuera le clouage de manière que le sac soit ainsi immobilisé, sans crainte de le voir sortir de sa garniture en enlevant le récipient.
- Il ne reste plus qü’à confectionner un coussin assez épais, qui assurera la fermeture, une fois l’objet mis en place avec son contenu chaud et on pourra être certain que même au bout d’un temps très long, la température se sera conservée sans modification sensible, toute perte par rayonnement ayant été supprimée.
- A titre d’indications voici quelles sont les aptitudes calorifuges des différentes substances capables d’être utilisées de la même façon que le papier ou le foin.
- EFFICACITÉS COMPARATIVES DES DIFFÉRENTS CALORIFUGES D'APRÈS HEPWARTH
- Perte de chaleur Efficacités
- Pour cent Absolue Relative
- Plume 6.2 93.8 100
- Coton carde S.l 91.9 89
- Crins 11.4 88.6 94.4
- Toile 11.7 88.3 94.1
- Jute 13.2 86.8 92.5
- Poudre de liège 13.6 86.4 92.1
- Sciure de bois 14.2 85.8 91.5
- Magnésie calcinée 14.7 85.3 90.9
- Plâtre 36.2 63.8 68.0
- Amiante 47.9 52.1 55.5
- Sable fin 66.3 33.6 35.8
- N. B. — L’efficacité absolue est le complément à 100 de la perte.
- Toutes ces substances doivent être employées dans un état de sécheresse aussi parfait que possible, l’humidité ayant pour effet d’accroître d’une manière importante la conductibilité calorifique et d’affaiblir par conséquent le pouvoir isolant.
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- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séances d'avril et de mai 1931.
- CHIMIE BIOLOGIQUE
- Le plomb dans l’organisme des animaux (MM. G. Bertrand et V. Cuirea). — Le Professeur Bertrand et ses collaborateurs avaient déjà indiqué que le précipité par l’hydrogène sulfuré, dans la solution venant de la minéralisation chimique de certains organes, présente un mélange de plusieurs métaux, où le plomb figure à côté de l’étain, du cuivre et du platine, ce dernier résultant de l’attaque de la capsule à la fin de l’évaporation.
- Le plomb a été signalé déjà dans le sang humain, notamment par Devergie, Barse et Millon sans que ces auteurs aient pu indiquer son origine : eau d’alimentation, absorption de poussières dues à l’effritement de peintures ou à certaines opérations industrielles... Enfin ce même métal a été rencontré par Seiser, Neke, Muller Bisliop, Forchhammer, Linden dans le sang du cheval, le lait de vache, l’œuf de poule et dans quelques crustacés marins.
- MM. Bertrand et Cuirea ont ainsi cherché à déterminer les quantités de plomb qui accompagnaient l’étain dans les précipités de sulfure, et utilisé la fusion avec le foie de soufre pour la séparation des deux sels, le métal Pb étant par la suite recueilli et pesé à l’état de sulfate. D’une façon générale, ils ont trouvé moins de plomb que d’étain, et c’est presque toujours à 'une dose inférieure au milligramme, par kg de matière fraîche, que l’élément s’est rencontré dans les tissus du bœuf, du cheval et du mouton. La répartition du plomb et de l’étain n’est que fort approximativement la même dans les divers organes : muscles, cœur, rate, poumon, estomac, foie, rein, pancréas, mais pour le bœuf, comme pour le mouton, la langue se montre particulièrement riche : pour le bœuf, 0,82 ou 2,33, — suivant qu’on prend le muscle ou la muqueuse .— pour le mouton 2,30 ou 3,20, ces chiffres indiquant en milligrammes la teneur d’un kg d’organe frais.
- Il y a là un fait, que soulignent les auteurs : la nouvelle fonction physiologique de la langue, fonction d’excrétion ou autre, déjà mise en évidence par l’étude de la localisation du manganèse et de l’étain dans les organes des animaux.
- MICROBIOLOGIE DU SOL
- Les ferments de la nitrification (M. S. Winogradsky). — Jusqu’ici les méthodes proposées pour l’étude de phénomènes connus depuis une quarantaine d’années n’étaient, comme le signale l’auteur, que des méthodes purement chimiques, aboutissant au dosage de l’azotate formé à l’intérieur d’une masse de terre ou d’une solution ensemencée par elle. Il était donc utile de chercher à faire bénéficier des notions microbiologiques établies le procédé lui-même et non l’interprétation qu’il permettait de donner à certains faits.
- M. Winogradsky fait ainsi usage d’un gel de silice qu’il ensemence avec des particules de terre, après l’avoir imprégné, dans ce cas, d’un sel ammoniacal. Il peut alors suivre tout le processus d’oxydation NID —y N02H —» NO’H : premières traces d’azotite, réaction maxima, disparition de l’ammoniac, diminution de l’azotite, titre maxima en azotate. La surface du gel doit d’ailleurs être enduite d’une couche de carbonate de chaux, additionné ou non de phosphate ammoniaco-magnésien ou de carbonate de magnésium, donnant une croûte suffisante
- pour immobiliser les germes. Cette croûte disparaît peu à peu, alors que se montrent des taches ou zones translucides, parfois teintées de jaune, l’examen microscopique du mucus incolore dont le gel reste enduit, permettant de caractériser, sans le moindre doute, l’agent microbien responsable de la solubilisation. On pourrait d’ailleurs juger au dénombrement des centres de nitrification, sur les plaques, du pouvoir nitrifica-teur du sol.
- En résumé, il existe toute une florule de microbes nitreux, variable d’un sol à l’autre, qui peut déjà donner lieu à une classification : 1° formes libres et mobiles, dont le Nitrosomonas est le type le plus connu, quelques souches présentant des cellules nettement en bâtonnets ou, au contraire d’allure cocciforme; 2° formes zoogléiques, composées de coccus réunis en masses arrondies, donnant des kystes de taille différente — le représentant le plus connu est la Nitrosocys-lis; — 3° formes spiralées. Tous ces organismes sont des ferments nitreux et autotrophes dont la répartition dépend du facteur pH du milieu, sans amoindrir d’ailleurs le rôle que peuvent jouer la richesse du milieu en azote ammoniacal, la nature et la quantité des bases ou des matières organiques, enfin l’aération et la température.
- PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE
- La structure microscopique et l’origine des anthrax cites (M. A. Duparque). — De tels charbons se caractérisent nettement, dans ce groupe des combustibles, par la faiblesse de leur pouvoir cokéfiant et les propriétés éclairantes du gaz que produit leur distillation. La technique mise au point sur les conseils de M. Barrois pour la préparation des surfaces polies, destinées à l’examen microscopique, en lumière réfléchie, permet à l’auteur le classement suivant :
- A. Anthracites venant de l’amaigrissement des dépôts riches en cutine de même nature que ceux qui ont produit les houilles bitumineuses. (Deux variétés se distinguent : l’une par une altération des spores et des cuticules qui gardent cependant des caractères morphologiques nets, l’autre par la transformation des lits riches en fragments végétaux en une substance granuleuse grise où l’on voit mal la structure des débris organisés.)
- B. Anthracites dus à l’amaigrissement de dépôts riches en lignine, semblables aux amas végétaux à partir desquels se sont différenciées les houilles à coke, et présentant soit des tissus ligneux, nombreux, à structures parfaitement conservées, soit des tissus ligneux, rares et gélifiés.
- L’opinion ancienne sur l’analogie entre les phénomènes d’anthracitisation ou d’amaigrissement avec ceux qui ont déterminé la formation des lits de houille brillante ne peut plus être défendue et l’auteur admet, comme conclusion, que, dans les conditions normales de leur élaboration, les anthracites se sont différenciés surtout à partir des dépôts riches en lignine et bien plus rarement aux dépens des accumulations riches en cutine, la diagenèse des couches de houille maintenant à peu près intactes les différences initiales. Enfin, dans quelques cas, des actions secondaires sont venues détruire ces différences en provoquant l’anthracitisation des houilles bitumineuses elles-mêmes.
- Paul Baud.
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- LIVRES NOUVEAUX
- Phénomènes liés à la symétrie, par H. Bouasse. l vol. 496 p., 223 fig. Delagrave. Paris, 1931. Prix : 60 tr.
- C’est à la physique des cristaux qu’est consacré ce quarante-quatrième volume de la monumentale encyclopédie dont le savant professeur de Toulouse poursuit, avec une admirable constance, l’exécution. Ce n’est pas un traité de cristallographie, mais un exposé des lois générales qui régissent les cristaux, abstraction laite des propriétés optiques, étudiées dans de précédents volumes. Il décrit d’abord les édifices cristallins, puis les phénomènes mécaniques liés à la symétrie, c’est-à-dire le clivage, les macles obtenues par glissement et les translations. Il étudie ensuite les phénomènes de croissance et de décroissance des cristaux, en commençant par l’exposé des lois générales qui régissent les solutions, puis les cristaux mixtes et les solutions solides; il passe en revue rapide les anomalies optiques que peuvent présenter les cristaux, puis résume les méthodes métallograpliiques. Il passe alors, à l’étude de la conductibilité calorifique, de la polarisation magnétique ou diélectrique, de l’élasticité des cristaux, enfin de la pyroélectricité, du pyromagnétisme et de la piézoélectricité.
- Colo ration des métaux, par J. Michel, 3e édition. 1 vol, 27 0 p., Desforges, Girardot et Cie, Paris, 1931. Prix : 25 fr.
- Nous avons signalé la première édition de ce recueil de recettes. Cette nouvelle édition a été enrichie de nombreuses formules : les recettes personnellement vérifiées par l’auteur sont marquées d’un astérisque.
- Les divers procédés de patinage ornemental ou protecteur du fer et des aciers, du cuivre, du laiton et des bronzes, des métaux précieux, du plomb, de l’étain, du zinc, du nickel, de l’aluminium, sont étudiés au cours des divers chapitres du volume que termine une complète monographie de la nielle, qui est en fait une sorte de patinage.
- Guide pour la distribution de Veau dans les bâtiments, par L. Aupetit. 1 vol. 270 p., 107 flg. Ch. Béranger. Paris, 1931. Prix : relié, 55 fr.
- L’installation d’une distribution d’eau dans un bâtiment est un problème de grande importance, et qui exige une sérieuse compétence. Les praticiens trouveront dans l’ouvrage de M. Aupetit un guide parfaitement conçu qui leur permettra d’effectuer aisément les calculs indispensables qu’exige toute étude d’installation : débit et calcul des canalisations, des orifices et ajutages, effets des rétrécissements et changements de direction, disposition et calcul des branchements, des colonnes montantes, étude des compteurs, etc.
- Researches on Pungi, par A.-H.Reginald Bxjller. Vol. IV. Further observations on the Coprini together with, some investigations on social organisation and sex in the Hymenomycetes.
- 1 vol. in-8, 329 p., 149 fig., 4 pl. Longmans, Green and Co, Londres, 1931. Prix : cartonné toile, 21 sh.
- En 3 volumes précédents, l’auteur, professeur de botanique à l’université de Manitoba, a déjà donné d’importantes études sur la biologie des champignons. Celui-ci comprend deux parties : la première est consacrée aux Coprins, à leurs espèces, à la germination de leurs spores; la deuxième traite de l’organisation sociale et du sexe chez les Hyménomycètes, notamment de la fusion fréquente des hyphes qui mélange les divers mycéliums. Un dernier chapitre détermine la vitesse du mouvement des noyaux dérivés des mycéliums haploïdes parmi les hyphes d’un autre mycélium et les conséquences génétiques qu’on en‘peut titrer.
- Plant Life through the âges, A geological and botanical retrospect, par A. C. Seeward. 1 vol. in-8, 601 p., 140 fig., 1 pl. Cambridge University Press, 1931. Prix ; cartonné toile, 30 sh.
- Pour les lecteurs non spécialistes, l’auteur a réuni ici tout ce qu’on sait des plantes fossiles et des questions que leur rencontre pose. Après avoir rappelé à grands traits l’histoire de la croûte terrestre, les cycles géologiques et les théories qui essaient de les expliquer, il passe en revue, période par période, les traces végétales connues, depuis les premières formes précambriennes, douteuses, en passant par la profusion du carbonifère, jusqu’aux flores du quaternaire. Il en dégage les conclusions relatives à l’évolution du monde végétal, à l’inégale transformation des divers groupes, aux variations des climats. Des compositions très artistiques de M. Vulliamy évoquent les divers paysages du passé. Une abondante bibliographie guide le lecteur vers des études plus techniques et plus détaillées.
- A travers les forêts de Pensapo d’Andalousie,
- par A. Barbey. 1 vol. in-8, 110 p., 41 pl. Duculot, Gembloux et Librairie agricole de la maison rustique, Paris, 1931.
- Le sapin d’Espagne (Abies pinsapo) a été décrit par le botaniste suisse Boissier. Son petit-fils, déjà bien connu par son classique Traité d’entomologie forestière, a entrepris un voyage en Andalousie pour étudier cet arbre magnifique dans son lieu d’origine où il forme, mêlé aux cèdres, d’importants peuplements. 11 décrit l’espèce, les bois qu’elle forme, et étudie les insectes destructeurs peu nombreux. Nul doute que cette espèce, mieux protégée des chèvres et des moutons, reboiserait l’Espagne et pourrait être introduite également ailleurs.
- Eléments d’une faune des myriapodes de France. Chilopodes, par H. W. Brolemann. 1 vol. in-8, 405 p., 481 fig. Chez l’auteur, 27, rue de Liège, Pau, 1930. Prix : 100 francs.
- Malgré leur abondance et leur variété, les Myriapodes n’avaient donné lieu à aucun ouvrage de faunistique depuis 50 ans; les espèces françaises n’avaient jamais ôté groupées et classées. Voici un précieux ouvrage qui comble cette lacune. L’auteur qui, depuis 35 ans. s’occupe de ce groupe d’Arthropodes, consacre une magistrale monographie à l’une des classes, celle des Chilopodes. A la manière des ouvrages de la Faune de France, il indique d’abord les procédés de récolte et de conservation, les techniques d’examen, les caractères anatomiques et biologiques, la distribution géographique, puis il aborde la classification et donne pour chaque ordre une clé des caractères spécifiques. Chaque genre, chaque espèce sont ensuite décrits avec indication des localités où ils furent trouvés. L’ouvrage se termine par une esquisse phylogénique. Il sera indispensable à tous les zoologistes et aussi aux amateurs d’histoire naturelle, il contribuera certainement à attirer l’attention sur un groupe fort intéressant et encore bien peu étudié. Ajoutons que cette faune comprend aussi les espèces connues de Belgique et de Grande-Bretagne.
- Traité de zoologie, par Edmond Perrier. Fascicule IX. Les Oiseaux, publié avec le concours de Rémy Perrier, 1 vol. in-8, 227 p., 84 fis. Masson et Cie, Paris, 1931. Prix ; 40 francs.
- Le granü traite de zoologie d’Edmond Perrier avait été interrompu par la mort de son auteur. Il a été continué par le frère de celui-ci, professeur à la Faculté des Sciences de Paris et il approche maintenant de sa fin, puisque voici l’avant-dernier fascicule consacré aux oiseaux. On sait que c’est le seul traité étendu de langue française. Selon le plan général, ce fascicule est divisé en deux parties, la première consacrée à la morphologie et à l’anatomie, la seconde à la systématique. Dans la première, on trouvera la description, système par système, de tous les organes des oiseaux, basée sur les travaux fondamentaux, même les plus récents. C.’est ainsi que la vision est remarquablement exposée d’après les études du Dr Rochon-Duvigneaud. Dans la seconde, on verra les caractères distinctifs de toutes les familles avec l’indication plus détaillée des genres et des espèces de nos régions.
- L’évolution cérébrale des Primates et en particulier des Hominiens, par le Dr Charles Fraipont. 1 vol. in-4, 87 p., 112 fig., 4 pl. Mémoire 8 des Archives de l’Institut de Paléontologie humaine. Masson et Cie, Paris, 1931. Prix : 60 fr.
- . En quelques chapitres, l’auteur montre que, des singes à l’homme, la diminution de l’usage de l’olfaction, la réduction du squelette et des muscles faciaux, le développement et l’affinement de la main, l’atrophie de la face, ont provoqué l’accroissement des lobes frontaux et l’augmentation du cerveau, signe d’intelligence croissante.
- The National Phqsical Laboratory. Report for the year 1930. 1 vol. 296 pages, 47 fig. His Majesty’s Stationery Office, London, 1931. Prix ; 12 s. 6 d.
- Ce volume résume les nombreux travaux entrepris en 1930 par le grand Laboratoire National anglais, qui joint dans ses attributions, à la vérification et l’étalonnage des appareils de mesure et aux essais industriels pour les particuliers, la recherche scientifique en vue d’applications techniques. A côté d’importants travaux de métrologie, signalons le développement des études relatives à l'acoustique* à la radiologie, à la T. S. F., au mouvement des fluides, au graissage, à la métallurgie et à l’aérodynamique.
- Les auberges de France. Reportages gastronomiques du Club des Sans-Club, i vol. in-16, 500 p. Poulgy, 42, rue de Trévise, Paris. Prix : 20 fr.
- On sait que ce Club patronné par le doyen des grands cuisiniers, A. Escoffier, relève chaque année les hôtels de qualité, les bonnes auberges, tous les endroits de France où l’on mange bien.
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- NOTES ET INFORMATIONS
- MECANIQUE
- Les outils en carbure de tungstène.
- Le carbure de tungstène est un corps d’une très grande dureté; il se place immédiatement après le diamant dans l’échelle de dureté et sa résistance à l’usure est très considéi'able.
- Les outils au carbure de tungstène ont d’abord été réalisés en Allemagne, puis aux Etats-Unis où ces alliages au tungstène ont reçu le nom de Carboloy. Nous avons signalé en leur temps leur apparition. On les fabrique aujourd’hui en France sous le nom de Carboram, et nous croyons utile de rappeler à ce propos leurs intéressantes propriétés.
- Outre leur grande dureté, les carbures de tungstène ont l’avantage d’offrir une grande stabilité chimique et une très bonne résistance à l’oxydation jusqu’à 1000° C. Ces qualités les rendent particulièrement aptes à servir d’outils de coupe rapide pour les métaux.
- A égalité de passe et d’avance, ils supportent en effet des vitesses de coupe de 3 à 5 fois supérieures à celles qui sont réalisables avec les outils en acier rapide. L’usure étant extrêmement faible, les réaffûtages sont beaucoup moins fréquents : un outil en Carboram, entre deux affûtages successifs, pourra débiter 50 à 100 fois plus de copeaux qu’un outil en acier rapide.
- Le Carboram permet de travailler, en chariotage, rabotage ou perçage toutes les nuances d’acier, notamment les aciers coulés à haute teneur en manganèse, les aciers chrome-nickel à haute résistance sur lesquels les outils en acier rapide sont impuissants et qui jusqu’ici ne pouvaient s’usiner qu’à la meule.
- On peut également, avec des outils en Carboram, percer et tourner le verre ou la porcelaine dure, substances jusqu’ici rebelles aux façonnages mécaniques, travailler aisément la bakélite, l’ébonite, les collecteurs isolés au mica qui, contenant des matières abrasives, usent très rapidement les outils en acier.
- Les outils au carbure de tungstène sont constitués par un support en acier au carbone; à l’extrémité de celui-ci on rapporte par brasure une plaquette en alliage de tungstène et on lui donne par meulage le tranchant voulu. La préparation de ces outils est délicate et exige beaucoup de soin; mais les avantages qu’ils assurent justifient la dépense qui en résulte.
- On commence d’autre part à construire des machines-outils spécialement adaptées à l’emploi des outils au carbure de tungstène
- CHIMIE INDUSTRIELLE Une nouvelle application du gel de silice.
- La propriété que possède le gel de silice (Silica-gel) de retenir énergiquement par adsorption les substances volatiles, dans certaines conditions, est, comme on le sait, utilisée industriellement depuis assez longtemps pour la dessiccation des gaz. Cette propriété du gel de silice a reçu une nouvelle application dans l’industrie des gaz liquéfiés : les gaz destinés à être traités à basse température dans des appareils de liquéfaction ou de séparation fractionnée doivent être parfaitement débarrassés de diverses impuretés congelables qui, même si elles sont présentes en très faibles quantités, occasionnent des bouchages dans les appareils. Cette purification peut être effectuée commodément par adsorption des impuretés en question au moyen de gel de silice. A titre d’exemple, on peut citer le cas de l’air, qui doit être complètement débarrassé d’acide carbonique avant d’être traité dans des appareils à très basse température. Cette purification préalable était jusque-là réalisée par voie chimique, notamment au moyen de soude caustique. Mais le
- gel de silice permet d’atteindre plus simplement le même résultat. Il suffit d’intercaler sur le trajet de l’air comprimé entrant dans l’appareil, après l’échangeur de chaleur qui abaisse fortement la température de l’air entrant, un récipient rempli de gel de silice, qui, à cette température, adsorbe complètement l’acide carbonique, qui existe pourtant seulement à l’état de traces dans l’air. En employant un système de deux adsorbeurs mis alternativement en circuit, la purification est continue, et l’on régénère celui des deux adsorbeurs qui n’est pas en service en y faisant passer un gaz de réchauffage, par exemple l’un des gaz séparés sortant de l’appareil. Dans ce cas, on prélève ce gaz d’abord en un point du circuit où sa température est assez élevée pour la régénération du gel de silice, puis en un point où elle est encore assez basse pour ramener le gel de silice, avant sa remise en circuit, à la température convenable pour le bon fonctionnement du procédé.
- Vemploi du broyeur à colloïdes dans l’industrie chimique.
- L’influence du machinisme dans l’industrie chimique se manifeste de plus en plus à l’heure actuelle, et une des plus belles conquêtes de cette industrie est sans contrepit le broyeur colloïdal; ce dernier a permis de réaliser une désintégration des plus intimes de la matière, facilitant par là un grand nombre de réactions que l’on n’avait pu réaliser jusqu’à présent d’une manière parfaite.
- Le broyeur colloïdal le plus répandu est constitué par deux plateaux superposés munis d’aiguilles verticales. Le plateau inférieur seul est mobile, l’autre est fixe.
- Le plateau mobile tourne environ à 6000 tours par minute. La matière arrive par le milieu perforé du plateau supérieur, puis est projetée par suite de la force centrifuge contre les aiguilles qui la réduisent en particules ayant des dimensions colloïdales.
- C’est au moyen du broyeur collodïal que l’on prépare à l’heure actuelle les poudres de beauté en faisant passer au broyeur tous les ingrédients qui entrent dans leurs compositions.
- On l’emploie aussi pour réduire en poudre impalpable l’alun, le cacao, le lait en poudre, le savon, etc...
- Le broyeur colloïdal appelé aussi moulin colloïdal permet de réaliser certaines réactions chimiques, parmi lesquelles nous citerons la neutralisation des acides gras des huiles comestibles que l’on peut effectuer grâce à ce broyeur au moyen du carbonate de soude alors qu’il faut utiliser de la soude caustique lorsque l’on travaille par les méthodes chimiques ordinaires.
- Le broyeur colloïdal est d’une très grande utilité dans la fabrication des graisses consistantes. On sait que celles-ci sont constituées par une huile minérale émulsionnée à l’aide d’un savon que l’on obtient en saponifiant les acides gras d’une graisse animale par la chaux ou la soude suivant la qualité de la graisse à obtenir.
- Lorsque l’on opère avec un agitateur ordinaire, cette saponification est excessivement longue et immobilise pendant environ une journée le même appareil; par contre lorsque l’on emploie le moulin colloïdal, la réaction est terminée en quelques heures.
- Ces quelques exemples montrent toute l’importance de la question; et on découvre tous les jours de nouveaux emplois et de nouveaux débouchés pour le moulin colloïdal. A l’heure actuelle, toutes les industries chimiques cherchent à utiliser cet appareil presque universel. H. Soyer.
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- PETITES INVENTIONS
- PHOTOGRAPHIE Le « Noxa-Bébé ».
- Souvent la projection d’un film d’amateur éveille un regret, celui de ne voir que d’une façon fugitive l’attitude, l’expression qui passent sur l’écran. Bien que l’examen détaillé des images successives imprimées sur un film de ciné soit plutôt décevant, il est rare que l’on n’en puisse trouver aucune qui soit à la fois assez nette et assez typique pour évoquer le mouvement que l’on souhaite pouvoir fixer.
- Pour procéder aisément à une telle opération, il faut disposer, d’une part d’un agrandisseur précis pouvant travailler à des rapports élevés, d’autre part d’un papier inversible, c’est-à-dire capable de donner facilement, d’après un film positif, une image également positive. On peut aussi agrandir sur plaque négative lente, mais cela ne présente vraiment de l’in-
- Fig. 1. — Le « Noxa-Bébé ».
- térêt que dans le cas tout à fait exceptionnel où l’on envisage un nombre d’épreuves très important.
- La maison Noxa qui, la première en France, s’est spécialisée dans la construction des agrandisseurs verticaux, vient d’établir un modèle réduit, le « Noxa-Bébé », spécialement conçu pour agrandir les minuscules images 6x9 mm du Pathé-Baby et 7,5 X 10 mm du Ciné-Kodak.
- Le nouvel agrandisseur comporte une partie fixe, plateau horizontal et tige verticale, et une partie mobile; cette dernière est constituée par un support en bakélite, capable de glisser le long de la tige et pouvant être bloqué par une vis en un point quelconque de sa course. Le support présente une échancrure pourvue d’un presse-film; il est surmonté d’une boîte de lumière de forme ovoïde contenant, une lampe Argenta de 25 w qui fournit une lumière diffuse; au-dessous est vissé l’objectif, un Kynor Roussel d’ouverture F/3,5. La surface à agrandir étant très petite, il a été possible de l’éclairer d’une façon très régulière sans interposer un condensateur.
- Pour placer le film, il sulfit d’enlever la boîte de lumière, de faire tourner de 1/8 de tour le presseur annulaire à oreilles, de façon à dégager les oreilles des fentes ménagées dans le support et d’ôter le presseur et la plaque de verre qu’il maintient. L’image choisie étant disposée sur la fenêtre de projection, on l’y serre au moyen du verre et du ressort presseur.
- L’amplification est maximum lorsque, l’objectif étant vissé‘ à fond, le support est au point le plus haut de sa course; l’image amplifiée mesure alors 8 X 10 1/2 s’il s’agit du filin Patlié-Baby, de 9,5 mm ou 9 X 14 si,l’on est parti du film de 16 mm. Des rapports plus faibles peuvent être obtenus en dévissant quelque peu l’objectif et en abaissant le support le long de la tige.
- Le maniement du «Noxa-Bébé» est d’une simplicité enfantine.
- Le traitement du papier inversible spécial n’offre non plus aucune difficulté : après une exposition qui est voisine de 5 à 8 secondes, le papier est développé pendant 1,5 minute dans un révélateur à l’hydroquinone de composition appropriée, inversée dans une solution de bichromate de potassium et d’acide sulfurique, puis clarifiée dans un bain de sulfite de sodium et traitée enfin au monosulfure de sodium. L’ensemble des opérations ne dure pas 10 minutes. On termibè par un lavage de 5 minutes. Ce papier est imperméabilisé, àussi le séchage est-il extrêmement rapide. /.
- Le « Noxa-Bébé » répond à un réel besoin,r'aussi ne peut-il manquer de trouver un excellent accueil auprès des cinéastes amateurs. ?
- Le « Noxa-Bébé » est construit par les Établissements Noxa, 65, rue de Courbevoie, à la Garenne-Colombe (Seine).
- MÉCANIQUE
- Les écrous ordinaires. — Les écrous indesserrables.
- L’écrou automatique « Sauvageot ».
- Le nombre des accidents d’automobiles, d’aviation et en général des engins de transport, causé par le desserrage inopiné des écrous est énorme, il tend d’ailleurs à augmenter avec le nombre de véhicules en service et la vitesse de plus en plus grande de ceux-ci, ce qui augmente les vibrations.
- Le boulon ordinaire a le grave défaut suivant : pour obtenir l’indesserrabilité relative, l’écrou doit être bloqué à force sur les pièces à assembler, ceci représente un « effort d’arrachement » qui s’additionne à celui des vibrations.
- Pour les petits boulons surtout, l’effort à l’arrachement causé par un serrage et surtout un resserrage trop violent peut, soit faire casser le corps du boulon au montage, soit, ce qui est plus grave, faire travailler le corps du boulon au-dessus de sa limite d’élasticité et provoquer la rupture après coup.
- D’autre part, même si l’écrou est bien serré, à la longue, par suite d’efforts successifs, le corps du boulon peut s’allonger et libérer l’écrou qui alors se dévissera très rapidement.
- Aussi, est-il naturel que des centaines de brevets aient été pris sur des dispositifs de boulons indesserrables. Chacun d’eux a ses avantages et ses inconvénients, mais aucun ne résoud le problème.
- 1° La plupart obtiennent l’indeserrabilité par coincement des filets d’où déformation aux vibrations.
- 2° Beaucoup demandent un serrage violent pour être pratiquement indesserrables, d’où effort exagéré à l’arrachement, comme dit plus haut pour les boulons ordinaires.
- De plus, pour certains (comme par exemple ceux prévoyant le serrage des filets de l’écrou sur ceux du boulon par cône extérieur) l’allongement éventuel de la tige du boulon peut avoir, par desserrage brusque, de graves conséquences.
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- 3° Beaucoup ne peuvent être desserrés au moment voulu ou peuvent l’être difficilement.
- 4° Aucun dispositif actuel, même pratiquement indesser-rable, ne permet le rattrapage de jeu produit par l’allongement de la tige du boulon, ceci donne lieu à divers ennuis dont le moindreestlebruitproduitparlechoc despièces mal assemblées.
- 5° Aucun ne permet, en cas de négligence de l’ouvrier, le resserrage automatique de l’écrou.
- 6° Tous nécessitent une clef pour le serrage ou le desserrage.
- M. Sauvageot, l’inventeur bien connu des grilles et gazogènes qui portent son nom, a cherché à résoudre le problème dans un sens diamétralement opposé, il n’a pas cherché un écrou indesserrable, mais serrable par les vibrations.
- De même que l’on utilise le recul pour « réarmer » dans les carabines à répétition ou les pistolets automatiques, il a eu l’idée d’utiliser les vibrations pour serrer l’écrou ou le resserrer en cas d’allongement de la tige du boulon.
- Il n’a pas réussi du premier coup puisque, pendant six mois, il n’a obtenu l’indesserrabilité que lorsque l’écrou était bien serré, mais ceci sans le résultat cherché, c’est-à-dire le « retour automatique » de l’écrou sur les pièces à assembler.
- Voici ce premier dispositif (fig. 2) qui fut modifié après coup comme on le verra plus loin.
- Il comporte un boulon A dans lequel sont taillées deux ou plusieurs gorges G de profil quelconque à pas très rapide et contraire au filet existant, un contre-écrou B se vissant dans les gorges C un écrou normal D. L’écrou et le contre-écrou portent chacun, sur une des faces un moletage venant s’appuyer l’un sur l’autre, doivent chercher à tourner dans le sens de dévissage mais doivent être rappelés par l’écrou D qui, par son adhérence en E, tend à se visser sur lui.
- Malheureusement, la pratique démontra qu’il y avait erreur.
- Lorsqu’on lance une balle sur une pièce élastique, celle-ci par « choc en retour » se déplace dans le sens d’où vient le choc, de même le contre-écrou B venant frapper l’écrou D le coince sur son filet et l’empêche pratiquement de tourner, puis l’écrou D est entraîné par choc en retour dans son sens de dévissage et ceci d’autant plus facilement qu’il est libéré de toute pression.
- Le problème fut résolu lorsque le filet rapide fut de même sens que le filet normal.
- A l’heure actuelle, que l’écrou soit orienté vei*s le bas, vers le haut ou horizontalement, il est indessei'rable; de plus, desserré accidentellement, il vient s’appliquer doucement sans grande pression, sur les pièces à assembler soit par les vibrations, soit par les chocs.
- Aussi, à moins d’avoir à appuyer fortement sur un joint, un serrage à la main suffit, le desserrage se fait également sans clef.
- Des essais au Laboratoire d’Essais du Conservatoire des Arts et Métiers, ont confirmé l’indesserrabilité pratique de ce système.
- Inventeur : M. J. Sauvageot, 1, rue de Clichy, Paris.
- Moto=pompe flottante.
- Pour élever l’eau au bord d’une rivière, on établit le plus souvent une moto-pompe sur la berge rarement solide et rarement à l’abri des inondations. On creuse un lit pour le tuyau d’aspiration. On règle la profondeur de la crépine suivant les saisons. Tous ces frais sont évités avec les moto-pompes sur bateau. Encore faut-il avoir un bateau et l’entretenir même hors des saisons de pompage, le surveiller pour que les crues ne l’emportent pas à la dérive.
- On évite cela avec la moto-pompe flottante ou balise électrique. On ne pouvait guère y songer du reste avant d’avoir un moteur léger, imperméable et pouvant se commander à distance comme le moteur électrique.
- Fig. 2. — L'écrou automatique « Sauvageot ».
- En outre, moteur et pompe centrifuge sont calables sur le même axe, ce qui supprime toute transmission.
- Avec un arbre vertical, le moteur peut être logé dans la balise flottante et supporté par une simple crapaudine à billes, la pompe étant presque librement suspendue, de sorte qu’en rotation l’ensemble se place bien en verticale sans vibrations de même que dans les centrifugeuses à bol suspendu servant à l’écrémage. La crépine est placée sous la pompe. Ainsi l’eau est puisée toujours à la même profondeur par rapport à la surface, quelles que soient les variations du niveau de la rivière.
- Ce dispositif convient en particulier pour les arrosages d’été et pourrait servir à multiplier les cultures maraîchères et les abreuvoirs dans les vallées.
- Il pourrait être aussi adopté par les corps de pompiers, car la pompe flottante peut être immédiatement en action dans un puits pourvu qu’on la munisse d’une prise de courant et de tuyaux de refoulement. Car elle a un fil à la patte !
- Dans le modèle allemand figuré ci-contre, la hauteur totale est de 44 centimètres et le poids de 15 kilogrammes. Avec un tuyau d’un pouce (27 millimètres) la pompe élève près d’un hectolitre à la minute à la hauteur de 6 mètres et près de 50 litres à la hauteur de 15 mètres. Avec sa poignée, on peut la transporter facilement ou mieux la rouler sur une brouette au jardin après avoir rempliles réservoirs de la maison et desétables.
- La forte pression atteinte sans réservoir permet des usages temporaires comme le lavage des locaux ou des voitures.
- Fig. 3. — Molo-pompe flottante Iiawig.
- A droite, câble souple de prise de courant arrivant en haut.
- En dessous, pompe centrifuge à axe vertical calée sur l’arbre du moteur sis dans le flotteur.A gauche, amorce du tuyau de refoulement.
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- BOITE AUX LETTRES
- QUESTIONS ET RÉPONSES
- H au t=parleurs électromagnétiques et haut=parleurs élec trodynamiques.
- Dans notre numéro spécial du 15 septembre 1930, nous avons donné de nombreuses indications sur les différentes catégories de haut-par-leurs et sur leur choix.
- Il est évident que ce choix dépend avant tout du poste utilisé et tout spécialement de la lampe de sortie basse fréquence. On ne peut adapter un haut-parleur de type déterminé à un poste quelconque, et, si l’on voulait donner une opinion un peu paradoxale, on pourrait même soutenir que « c’est le poste lui-même qui doit être adapté au haut-parleur ». En tous cas, puisque vous possédez déjà un appareil récepteur de puissance moyenne, muni d’un seul étage basse fréquence qui vous donne de bons résultats, et que d’autre part, vous ne tenez pas à obtenir des auditions très intenses, ce qui nécessiterait l’utilisation d’une lampe de puissance à forte tension plaque, nous pensons que vous pouvez très simplement choisir un moteur de haut-parleur électro-magnétique ou magnéto-dynamique.
- Nous avons déjà décrit dans nos chroniques ou dans l’article cité, des marques pouvant vous donner toute satisfaction. Voici encore quelques adresses :
- Etablissements Brunet, 5, rue Sextius-Michel, Paris.
- Etablissement Sidi Leon, 86, rue de Grenelle, Paris.
- Etablissements Power Tone, 9, rue du Faubourg Poissonnière, Paris. Etablissements Raymond Ferry, 56, rue de l’Aqueduc, Paris, etc.
- Réponse à M.M. G. à Saint-Maixent (Deux-Sèvres).
- Modification d’un phonographe à reproduction méca= nique.
- Un phonographe a reproduction mécanique d’un type quelconque peut être modifié fort heureusement, si les résultats d’audition obtenus ne sont pas suffisants en remplaçant simplement le diaphragme ordinaire par un autre plus perfectionné, et, s’il est possible aussi, en remplaçant également le pavillon acoustique intérieur Dar un autre de forme mieux étudiée.
- Vous trouverez d’utiles indications sur les qualités que doivent présenter un diaphragme reproducteur et un pavillon acoustique, ainsi que sur le choix de ces organes de montage suivant les disques à reproduire et les résultats qu’on veut obtenir dans Le phonographe et ses merveilleux progrès (Masson, éditeur).
- Nous vous rappelons, d’autre part, que le choix de l’aiguille a une importance essentielle pour la qualité de l’audition. Vous pourrez trouver des renseignements à ce sujet dans nos chroniques de phonographie ou dans le livre déjà cité.
- Voici les adresses de fabricants de pièces détachées pour phonographes que vous nous demandez :
- Pièces Thorens : Etablissements Diedrichs, 13, rue Bleue, Paris.
- Etablissements Samok, 6 rue Marc Séguin, Paris (18e).
- Réponse à M. Deschamps, à Nouméa (Nouvelle-Calédonie).
- Manque de sélectivité d’un poste récepteur.
- Votre appareil ne comportant aucun étage d’amplification haute fréqùence ni moyenne fréquence et, d’autre part, votre antenne étant très efficace, mais aussi très longue, votre installation n’est pas sélective par son principe même.
- Le meilleur moyen pour augmenter cette sélectivité consisterait sans doute à modifier votre montage récepteur et à adjoindre à votre lampe détectrice un ou deux étages d’amplification haute fréquence à résonance ou bien une lampe changeuse de fréquence bigrille et un étage moyenne fréquence, ce qui vous permettrait en même temps de diminuer la longueur de votre antenne, puisque l’ensemble ainsi réalisé serait très sélectif.
- Nous pensons pourtant que vous voulez conserver avant tout un appareil extrêmement simple; un tel système ne saurait donc vous convenir. Le seul moyen qui reste à votre disposition dans ces conditions consiste donc à modifier votre système d’accord et à utiliser une combinaison sélective constituée par un montage d’accord en tesla, ou un circuit filtre intercalé dans votre circuit d’antenne. Nous avons
- déjà décrit plusieurs combinaisons de ce genre dans nos chroniques de radiophonie pratique et vous trouverez prochainement dans La JSalurc un article spécial consacré à ce sujet intéressant.
- Réponse à M. Benac, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
- Identification de stations d’émission.
- En général, les annonces des speakers des stations d’émission allemandes commencent toujours par le mot : « Aclitung! » (Attention), et, dans cette annonce, est indiqué le nom de la station. Par exemple, la station de Francfort sur 390 m est annoncée par « Aclitung, Francfort am Mein und Kassel ». Quelquefois, on indique le nom de l’organisation radiophonique. Par exemple pour Leipzig, qui s’annonce « Acli tung, hier Mitteldeutscliland ».
- Les indicatifs des stations anglaises sont indiqués d’une façon analogue, en énonçant toujours le nom du poste, accompagné du mot : calling; par exemple, l’indicatif de Daventry est énoncé comme suit : « National programm : Tliis is Daventry calling »...
- Vous pourriez, d’ailleurs, trouver des renseignements plus complets sur les indicatifs permettant de distinguer les dil'lérentes stations d’émissions, dans des journaux spécialisés tels que Radio-Magazine ou T. S. F. Programmes. Réponse à M. R. B., à Paris.
- Les pannes d’un poste récepteur.
- Malgré les perfectionnements de la construction radio-électrique, un poste récepteur radiophonique demeure sans doute toujours essentiellement un appareil assez délicat, mais on peut constater pourtant, fort heureusement, que la pdupart des interruptions ou des variations de fonctionnement constatées par les auditeurs ne proviennent pas des organes essentiels du poste, mais des accessoires tels que les appareils d’alimentation, et surtout des lampes.
- Lorsqu’on constate un affaiblissement ou une interruption de l’audition, il convient donc tout d’abord de vérifier les contacts reliant le poste au collecteur d’ondes, de s’assurer que les batteries d’alimentation ou le dispositif fournissant du courant filtré et redressé fonctionne normalement, et enfin que toutes les lampes sont en bon état.
- La plupart du temps, cette vérification permet de déteiminer la cause de la fâcheuse panne, mais il ne faut pas oublier que l’emploi des lampes actuelles à filaments à oxyde, dont le rayonnement est presque invisible, et surtout l’utilisation des postes secteur, rend cette opération un peu plus difficile pour le néophyte qui ne dispose pas, d’ailleurs, le plus souvent, d’appareils de mesure suffisants.
- Vous pourrez trouver des renseignements sur cette recherche des pannes dans La pratique radioélectrique ou dans Cent problèmes de T. S. F., et, suivant les indications d’un grand nombre de nos lecteurs, nous publierons prochainement une suite de chroniques sur cette question intéressante de la recherche des pannes.
- Réponse à M. Dupuy, à Autun.
- De tout un peu.
- M. Soulier au Puy. — Les deux principaux usages des composés du strontium sont le désucrage des mélasses et la coloration des flammes en pyrotechnie.
- Dans le premier cas on a utilisé la propriété de la strontiane SrO de former avec le sucre un composé insoluble qui permet de le séparer des impuretés qui l’accompagnent dans les mélasses, ce sucrate est ensuite décomposé par un courant d’acide carbonique qui libère le sucre et forme un carbonate de strontium lequel calciné régénère de la strontiane propre à rentrer en fabrication.
- Dans la seconde application on se sert surtout du nitrate de strontium (AzCF)2 Sr qui à température élevée colore la flamme des feux d’artifice en rouge; dans le même but une trace de sel de strontium est introduite dans la préparation moulée des charbons de lampes à arc pour donner à la lumière une teinte plus agréable à l’œil.
- N. b. _ La rentrée des égouts en sucrerie pendant la fabrication
- a restreint considérablement la production des mélasses, ceci joint aux lois fiscales modifiées a supprimé dans la majorité des cas le désucrage. La consommation des produits strontianiques est par suite peu importante actuellement.
- Le Gérant G. Masson.
- x io5 — Paris. Imp. Lahure — 1-7-1931.
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- LA NATURE
- Paraît le Ier et le i5 de chaque mois.
- Prix du Numéro : 3 francs 5(
- Pour la vente en France.
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- N° 2861
- LA NATURE
- J 5 Juillet J 93 J
- LA MOISSON A TRAVERS LES AGES
- A PROPOS DU CENTENAIRE DE LA MACHINE A MOISSONNER
- Par une belle journée du mois de juillet 1831, un jeune fermier américain, Cyrus Hall Mac Cormick, avait convoqué dans un petit champ près de Steele’s Tavern (Etat de Virginie) les campagnards du voisinage afin de faire fonctionner devant eux la machine à moissonner qu’il venait d’inventer pour faciliter le pénible travail de ses faucheurs. Aux Etats-Unis on s’apprête à commémorer l’utile invention, considérablement perfectionnée, d’ailleurs, depuis lors. Jetons donc, à propos de ce centenaire, un coup d’œil rapide sur les principaux procédés, employés au cours des âges, pour récolter les céréales, nécessaires à la nourriture des hommes ou des animaux domestiques.
- LA MOISSON ET LE BATTAGE DANS L’ANTIQUITÉ
- Dans l’antiquité égyptienne, comme en témoigne entre autres une fresque conservée au Musée du Louvre, à Paris, les instruments agricoles étaient fort rudimentaires. Les esclaves des Pharaons cultivaient le sol avec une sorte de pic, qu’ils maniaient à la main ou qui, légèrement modifié, servait de soc à leurs primitives charrues. En Égypte, on coupait alors le blé à la faucille et le battage s’effectuait avec un engin assez analogue au noreg dont se servent encore aujourd’hui de nombreux Fellahs dans la banlieue du Caire.
- Le noreg actuel est une sorte de traîneau formé de deux gros madriers longitudinaux, que maintiennent écartés deux lattes transversales. Entre ces dernières, se trouvent deux ou trois essieux parallèles, également en bois et portant deux ou trois paires de roues en fer plat disposées
- fresque du Musée du Louvre.
- Les esclaves cultivaient le sol avec une sorte de pic et coupaient le blé à la faucille.
- en chicane. L’ensemble du véhicule mobile sur lesdites roues est surmonté d’un siège en grosse menuiserie où s’assied le conducteur. En outre, après un anneau ou un crochet de fer boulonné sur la traverse d’avant du châssis, s’attache, à l’aide d’une corde, un timon volant, à l’autre extrémité duquel se fixe le joug passé au cou des buffles qui tirent la pesante machine. Le Lattage du blé s’effectue de la manière suivante. Une fois les gerbes coupées et sèches, les Fellahs les délient, puis les étendent sur un terrain battu sis à proximité d’une de leurs meules. Ils promènent ensuite en rond le noreg sur cette aire. Les animaux foulent ainsi les gerbes sous leurs pieds. Petit à petit, les grains se détachent des épis tandis que les roues de fer hachent la paille. Cette méthode de battage se révèle naturellement très imparfaite, sans compter que les buffles répandent, au cours de l’opération, leurs déjections sur la paille et Îe9 grains. Mais les Fellahs s’en inquiètent peu, même aujourd’hui. Après un vannage sommaire, ils concentrent leur
- Fig. 2 (à gauche). — Le « Noreg », appareil primitif dont se servent encore les Fellahs d’Egypte pour dépiquer le blé et hacher la paille.
- Fig. 3 (à droite). — Fellahs des environs du Caire dépiquant le blé au moyen du Noreg.
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- Fig. 4. — Appareil de coupe du blé dont se servaient les Gaulois au premier siècle de Vère chrétienne.
- Modèle reconstitué d’après la description d’auteurs latins et figurant au Conservatoire des Arts et Métiers de Paris.
- récolte dans les hangars et dans les magasins où elle prend un goût détestable. De là, la juste défaveur qui frappe, dans le commerce mondial, les blés égyptiens ainsi dépiqués.
- Quelques passages des livres sacrés de l’Orient et de la Bible ainsi que plusieurs monuments phéniciens, hébraïques, grecs ou romains prouvent, de leur côté, que ces diffé-
- Fig. 5. — Miniature extraite des Heures du Duc de Berry (1340-1416) conservées au Musée de Chantilly.
- On y voit des paysans français moissonnant à la faucille.
- rents peuples firent leurs moissons, durant des siècles, comme en Egypte à l’aide de faucilles et de faux aux formes variables. Mais, chose digne de remarque, il y a plus de deux mille ans, fonctionnaient dans les Gaules de véritables moissonneuses mécaniques que Pline le naturaliste et, plus tard, Pallade de Poitiers mentionnent déjà. Nous citerons, d’après le Traité des machines à moissonner de Th. Pilter, les lignes suivantes de ce vieil agronome poitevin, qui vivait au milieu du ve siècle de notre ère, car elles situent, en ces temps lointains, l’origine d’une invention dont la mise au point par les techniciens du Nouveau Monde ne remonte guère au delà d’une centaine d’années.
- « Les habitants des pays les plus plats des Gaules, écrit Pallade, ont une méthode de moissonner qui épargne la main-d’œuvre puisqu’elle n’exige que la journée d’un bœuf pour tout un champ. Ils construisent un chariot monté sur deux petites roues. Ce véhicule, de forme carrée, porte des planches renversées en dehors, en sorte que sa partie supérieure est plus large que l’inférieure. Sur ces planches, se trouvent de petites dents clairsemées, recourbées par en haut et distribuées proportionnellement au nombre des épis. On adapte à l’arrière du chariot deux brancards très courts, semblables à ceux des litières dans lesquelles les femmes se font porter et l’on attelle à ces flèches, au moyen d’un joug et de courroies, un bœuf, la tête tournée vers la voiture... En promenant ce chariot à travers le champ à moissonner, tous les épis se trouvent saisis par les petites dents et s’accumulent par conséquent dans le chariot, en se séparant de la paille qui reste en dehors. Le bouvier dirige la marche de l’engin en élevant ou en abaissant les planches, suivant les besoins, et peu d’heures suffisent pour effectuer la récolte du blé. Cette méthode ne peut s’appliquer qu'aux champs situés en terrains plats et quand on n’a pas besoin de la paille. » Somme toute, la moissonneuse gauloise (dont un modèle, fidèlement reconstitué d’après la description précédente, figure dans les collections du Conservatoire national des Arts et Métiers de Paris) remplissait assez mal les conditions requises en l’espèce : elle ne permettait pas d’opérer la coupe des blés dans les sols trop accidentés et négligeait la paille cependant si précieuse pour les fermiers.
- LES PREMIERS ESSAIS DE MACHINES A MOISSONNER
- Aussi dans le long espace qui s’écoula entre les premiers siècles de l’ère chrétienne et la période moderne n’employa -t-on guère, pour faire la moisson en Europe, que des instruments à main*. Dans l’une des miniatures des célèbres Heures du duc de Berry (1340-1416) conservées au Musée de Chantilly, on voit des paysans français se servir de faucilles, qui ne diffèrent pas beaucoup de celles utilisées par les Égyptiens, à l’époque des Ramsès ou de Cléopâtre. Vers la fin du xvme siècle seulement, le problème de la coupe mécanique des céréales retint à nouveau l’attention des spécialistes anglais à la suite d’un concours ouvert par la Société Royale de Londres en 1780. Toutefois, les machines présentées ne remplissant pas les conditions du programme, la docte compagnie ne décerna ni la médaille d’or, ni la prime promise. Les brevets relatifs à des appareils du même genre, mais aussi peu pratiques pris
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- Fig. 6 (en haut, à gauche).'—Moissonneuse de Gladstone {1806).
- Machine à scie rotative horizontale avec râteaux rangeurs de javelles. (Modèle du Conservatoire des Arts et Métiers de Paris.) Fig. 7 (en haut, à droite). — Modèle de faucheuse Smith, avec scie rotative. (Modèle du Conservatoire des Arts et Métiers . Fig. 8 (en bas, à gauche). —Machine à moissonner de Ogle (1822). (Modèle du Conservatoire des Arts et Métiers.)
- Fig. 9 (en bas, à droite). —• Moissonneuse de Patrick Bell (1828) avec lame coupante, rabatieuse et toile sans fin.
- (Modèle du Consei'vatoire des Arts et Métiers.)
- par Joseph Boyce (1799) et l’année suivante par Robert Meares n’eurent pas plus de succès. En revanche, la machine à scie rotative horizontale avec râteaux rangeurs de javelles, construite en 1806 par Gladstone, de Castle Douglas, et décrite dans plusieurs encyclopédies anglaises, excita vivement l’attention du monde agricole britannique, mais, pas plus que celle de son compatriote Salomon, du Bedfordshire (1807), elle ne réussit à détrôner la faux ou la faucille. Toutefois on trouve dans cette dernière moissonneuse la première idee du va-et-vient de la lame coupante. Il faudra cependant encore beaucoup de temps pour que cette conception reçoive une forme mécanique vraiment pratique. En 1811,1’Ecossais Smith proposa une faucheuse reposant sur l’emploi d’une scie rotative comme la moissonneuse de Gladstone, mais son inventeur la plaçait à la base d’une roue que poussait un attelage de deux chevaux.
- Signalons pour mémoire la machine présentée par Henri Ogle, de Renington près Alwick, en 1822, machine à laquelle Thomas et Joseph Brown ajoutèrent peu après un appareil javeleur fonctionnant assez bien. Malheureusement, les ouvriers agricoles britanniques ayant proféré des menaces de mort contre ces inventeurs, ceux-ci renoncèrent à leur entreprise et il faut arriver à 1826 pour enregistrer un nouveau progrès. Cette année-là, le révérend
- Fig. 10. — Cyrus Hall Mac Cormick (1809-1884.)
- Inventeur de la première machine à moissonner réellement pratiq (Juillet 1831)
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- Fig. il. .—. Reconstitution du premier essai public de la moissonneuse de Mac Cormick.
- Il eut lieu en juillet 1831 dans un champ près de Steele’s Tavern (Virginie — États-Unis.)
- Patrick Bell, de Carmyllie dans le Yorclcshire (Angleterre), imagina une moissonneuse dont les essais publics eurent lieu en 1828 avec plein succès; la lame coupante, le rabatteur et la toile sans fin rejetant la céréale à côté de la piste des animaux moteurs fonctionnaient normalement.
- Fig. 12. — Moissonneuse d’Obed Hussey (1833.) (Collection du Conservatoire des Arts et Métiers, Paris.)
- LA MACHINE DE MAC CORMICK
- De leur côté, les techniciens des États-Unis d’Amérique travaillaient la question avec acharnement et dès 1831 Cyrus Mac Cormick, reprenant les tentatives infructueuses de son père Robert Mac Cormick, parvint à réaliser une moissonneuse capable de couper autant de récolte que 4 ou 5 hommes avec une faux et 12 à 16 avec une faucille. Dans une petite forge annexée à la ferme paternelle de « Walnut-Crove », il construisit avec la collaboration d’un de ses serviteurs nègres Jo Anderson, une machine réunissant pour la première fois, dans leurs exactes proportions, les principes élémentaires considérés depuis lors comme essentiels dans la conception de presque toutes les machines de
- Fig. 13. — Une moissonneuse-lieuse Mac Cormick (modèle 1931) dans un champ d’avoine.
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- Fig. 14. — Tracteur Fordson remorquant une moissonneuse lieuse Deering n° 5 (modèle 1930) dans un champ d’avoine en France.
- moisson : la barre de coupe dentelée avec son mouvement alternatif, les doigts, les rabatteurs maintenant les tiges, la plate-forme recevant la récolte coupée, la roue principale supportant le poids de la machine et commandant le mécanisme, la traction par l’avant du côté du chaume et le diviseur qui sépare le grain à couper du reste de la moisson. Le jeune Cyrus Mac Cormick recommença les expériences publiques les années suivantes et en 1833 fabriqua une moissonneuse plus grande qui, jointe à la précédente, faucha la récolte des champs de Walnut-Grove ainsi que ceux des fermes voisines. 11 fit breveter son invention en 1834. Mais il ne vendit les deux premiers exemplaires de sa machine à des particuliers qu’en 1839. Entre temps, un de ses concurrents américains, Obed Hussey, avait inventé en 1833 une autre machine à moissonner qui n’eut pas le succès de sa devancière.
- A peu près vers la même époque, des spécialistes de divers pays s’orientèrent aussi dans cette voie. Retenons entre autres les noms de l’Autrichien Springue (1839) et du
- Fig. 15. — Schéma du fonctionnement de la moissonneuse batteuse Deering n° 11 (modèle 1930.)
- docteur français Mazier qui, après plusieurs années d’essais, construisit, en 1849 un type spécial de moissonneuse dont la scie pouvait couper à droite, puis à gauche de la piste de l’attelage. Ensuite Cournier imagina une cou-peuse à cisailles et Lallier un ingénieux appareil avec bras javeleurs.
- Mais l’emploi des moissonneuses se généralisa surtout en Europe depuis l’Exposition de Londres (1851) où la machine américaine de Mc Cormick l’emporta de haute lutte sur ses rivales. Cette exhibition internationale déter-
- Fig. 16. — Moissonneuse-batteuse Mac Cormick.
- Coupant et battant en une seule opération 12 à 16 hectares par jour (modèle 1931.)
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- Fig. 17. — Moissonneuse-lieuse avec caisson échangeable attaché à la machine, et cultivateur à ressort.
- Nouvelle méthode de récolte du blé du professeur Rosam, expérimentée en 1930 à la ferme de la Haute École technique de Prague.
- mina le triomphe définitif de la mécanique sur la routine agricole. Les machines réalisées alors démontraient qu’en utilisant une partie de la puissance des roues que faisait tourner leur attelage, on pouvait se procurer la force nécessaire pour actionner, grâce à des transformations de mouvement convenables, un organe capable de couper les céréales avec précision et vitesse. Les Mac Cormick, les Wood, les Samuelson, les Howard, les Deering et leurs émules devaient s’ingénier par la suite à perfectionner les mécanismes et à varier les modèles de leur fabrication afin de satisfaire à tous les besoins culturaux, mais il ne s’agissait plus que de consolider une victoire décisive.
- LES MACHINES MODERNES
- Ces améliorations successives portèrent sur les deux grandes catégories de machines de récolte utilisées actuelle-
- Fig. 18. — Mécanisme spécial pour couper el séparer les épis de blé. Nouveau système du Pr Rosam.
- lement : les moissonneuses-javeleuses qui exécutent la coupe et la mise en javelles et les moissonneuses-lieuses capables, en outre, de lier les gerbes. On emploie aussi, depuis quelque temps mais principalement en Amérique, des moissonneuses-chargeuses et des moissonneuses-batteuses, qui cueillent seulement l’épi en laissant partiellement les chaumes sur le terrain.
- Sans vouloir décrire ou même signaler les nombreux modèles des appareils de récolte construits depuis 1851, notons au passage quelques-uns de ceux mis réellement en service. En 1852 apparut la moissonneuse-faucheuse qui valut à Mac Cormick un grand prix à l’Exposition internationale de 1855. Tirée par deux chevaux, deux hommes (un conducteur et un râteleur) la montaient. En 1862, on supprima ce dernier. Un râteau mû par la machine, déposait la récolte en andains sur le champ. D’autres paysans bottelaient et liaient les gerbes ultérieurement.
- Vers 1875, la moissonneuse type « Marsh » vint simplifier le travail des botteleurs. Elle comportait, en plus du mécanisme de coupe, un élévateur et une plate-forme portant deux ouvriers auxiliaires, qui liaient la récolte au fur et à mesure, puis lançaient les bottes sur le sol. Les lieuses à fil de fer jouirent aussi d’une légitime faveur aux environs de 1878, mais se virent très vite détrônées par les lieuses à ficelle du type « Appleby », puis par la javeleuse .x Daisy » lancée vers 1882 et dont un demi-siècle n’a pas encore épuisé la vogue.
- Depuis lors, les progrès de la métallurgie ont permis aux constructeurs d’apporter d’utiles modifications aux différents modèles de moissonneuses, mais il s’agit surtout de simplifications mécaniques et de perfectionnements de détail. Cependant, depuis quelques années, la substitution de la traction mécanique aux chevaux ou aux bovins a fait faire à ces appareils de récolte un nouveau bond en
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- avant. On commença d’abord par remorquer à l’aide d’un tracteur la lieuse, convenablement modiliée. Maintenant le mécanisme des moissonneuses-lieuses est directement commandé par l’arbre de prise de force du tracteur.
- Dans la moissonneuse-lieuse Deering n° 5, modèle 1930, par exemple, l’arbre de transmission mobile réunissant le tracteur à la lieuse est muni de joints à cardan permettant d’actionner cette machine dans les tournants, les lignes droites ou les terrains accidentés. Elle comporte, en outre, un dispositif de débrayage automatique réglable, jouant instantanément en cas de résistance anormale. Le mouvement se transmet au mécanisme de la lieuse par l’intermédiaire d’un arbre monté sur roulements à galets
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- Voici, par exemple, comment fonctionne la moissonneuse-batteuse Deering n° 11 (modèle 1930), représentée encontre d’une façon schématique (fig. 15).
- La récolte, moissonnée par une barre coupeuse analogue à celle d’une lieuse, mais de plus fortes dimensions, arrive en (1). Ce dispositif évite à-coups et bourrages, donne à la machine une remarquable souplesse de fonctionnement, et rend la traction plus aisée.
- Le moteur auxiliaire actionne également le mécanisme de battage et les organes intermédiaires (élévateurs, etc.). Le blé fauché se trouve entraîné par la toile sans fin du tablier. Pris entre celle-ci et l’élévateur (2), il est ensuite déposé (épis en avant) sur l’engreneur (4), qui, avec l’aide
- Fig. 19. — Ventilateur soufflant les épis de blé sur une batteuse ordinaire. (Nouvelle méthode du prof. Rosam.)
- extra-forts qu’un carter protège entièrement de la poussière. Enfin une chaîne à galets et pignons assure l’entraînement des divers organes de ce souple engin que sa simplicité et sa robustesse recommandent pour toutes les récoltes denses ou faibles. D’une façon générale, une lieuse à tracteur moissonne environ deux fois plus vite qu’une lieuse à égale largeur de coupe traînée par deux chevaux.
- En Amérique et même depuis peu en Europe, on voit fonctionner dans les champs divers types de moissonneuse-batteuse (Deering, Mac Cormick, etc.) Dans cette machine, se trouvent associées une moissonneuse de grande largeur de coupe et une batteuse en bout. Avec elle, en un seul trajet, l’agriculteur coupe sa récolte, la bat, sépare le grain de la paille, le nettoie et l’ensache sur le champ même.
- des rabatteurs à dents de scie et à pointes (3) et (5), l’amène au batteur (6). Là s’opèrent les neuf dixièmes de la séparation du grain. Celui-ci, tombant à travers la grille du contre-batteur (7), est entraîné par le convoyeur (8) vers la table à grains (9). Cette dernière, animée d’un mouvement alternatif, amène les grains à la hotte du tarare (10). Un courant d’air violent, de force et de direction réglables, produit par le ventilateur du tarare (13), expulse les déchets (balles, menues pailles et ôtons). Le grain passe à travers les tamis (10), glisse sur la table inclinée (14), et tombe dans l’auget à grain (15) qui l’amène (au moyen d’un convoyeur hélicoïdal) à l’extrémité inférieure de l’élévateur à godets (16). Celui-ci le remonte, puis le déverse sur le crible (17) du deuxième tarare où
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- un courant d’air le ventile à nouveau (16). Le grain criblé et tamisé descend ensuite, parfaitement propre enfin, par la table (18) à l’auget (19) où un deuxième convoyeur hélicoïdal le prend pour l’amener à l’élévateur (20), lequel le déverse dans le trieur cylindrique rotatif (21). Ici les petites graines sont éliminées et évacuées par le conduit (23), puis ensachées, tandis que le grain propre tombe, par le conduit bifurqué (22), soit dans des sacs, soit dans une trémie à grain.
- Les épis non battus sont renvoyés au batteur par l’élévateur d’ôtons (24) et le conduit (27) qui les déverse sur le volet distributeur (28) chargé lui-même de les répartir sur toute la largeur du batteur.
- Quant aux ôtons qui parviennent jusqu’au crible du deuxième tarare, le convoyeur les renvoie à l’élévateur (25), et ils se réunissent aux épis non battus provenant du premier nettoyage.
- La paille, sortant du batteur, est ramenée vers les secoueurs (12) par le rabatteur de paille (11). Les secoueurs, au nombre de quatre, provoquent l’égrenage. Le grain libéré est recueilli dans des auges fixées sous chaque secoueur, et ramené au crible du tarare (10). La paille, évacuée vers l’arrière, reste abandonnée sur le sol et sert à la fumure du terrain (enfouie par un labour léger, elle constitue un engrais excellent). On peut aussi la répandre en andains de 2 m 50 à 3 m 50, pour la ramasser ensuite soit au râteau à cheval, soit avec un « sweeper » (râteau-ramasseur), soit, encore, avec un chargeur de foin, ou bien la déposer en tas, puis la recueillir à l’aide d’une fourragère.
- Enfin, au cours de l’été 1930, le Professeur Rosam, directeur de l’Institut d’Uhrinèves (Tchécoslovaquie) a expérimenté une nouvelle méthode de récolte du blé sur les terrains de culture de la ferme de la « Haute École technique de Prague ». Le procédé consiste à sectionner les tiges de paille en deux parties : l’une courte avec l’épi, l’autre plus longue allant jusqu’à la racine grâce à une moissonneuse-lieuse munie d’un mécanisme spécial de coupe. On recueille les grains égrenés dans de petits caissons, que remorque le tracteur et on les décharge ultérieurement, soit au fur et à mesure dans un chariot, soit en fin d’opération après
- remplissage d’une série de chariots. On transporte ensuite les épis directement au lieu du battage. Là, un ventilateur les amène au tambour du batteur. Quelquefois on préfère les mettre dans les silos en fil de fer afin d’achever la maturation ou le ressuyage des grains. D’autre part, derrière la moissonneuse-lieuse, on peut atteler un cultivateur à ressorts ou une herse à disques avec semoir de façon à pratiquer immédiatement une culture d’engrais verts. Effectivement, en Tchécoslovaquie, on sème, d’ordinaire, un mélange fourrager après le moissonnage du froment ou de l’orge. M. Rosam estime qu’on gagne, de la sorte, au moins sur une partie des champs emblavés, une seconde récolte annuelle et qu’on obtient par le fait une quantité de fourrage bien supérieure. En outre, ces façons plus fréquentes écraseixt les mottes, enrichissent les terres en chaumes et en racines, activent la décomposition des matières organiques, augmentent, en un mot, la fertilité du sol. Quant à la paille coupée, elle quitte la lieuse en gerbe et on réunit ces bottes en dizeaux jusqu’à ce qu’on les rentre sous les hangars ou jusqu’à ce qu’on les entasse en meule (fig. 17, 18, 19).
- En définitive, la méthode Rosam mérite qu’on l’essaye dans les pays aux conditions climatériques et agricoles semblables à celles des riches plaines de la Bohême, car elle paraît fort intéressante pour conserver aux grains de céréales leurs qualités, économiser la main-d’œuvre et les attelages juste au moment où la moisson bat son plein.
- Quel que soit, d’ailleurs, l’avenir réservé aux machines de récolte, si ingénieusement perfectionnées depuis un siècle, les résultats déjà obtenus ne manquent pas d’intérêt. Alors que pour moissonner et battre un demi-hectare de blés mûrs, il fallait 35 à 50 heures avec la faucille et le fléau, 25 à 40 heures avec la faux et le fléau, il suffit actuellement de 4 à 5 heures avec une lieuse à tracteur et une batteuse fixe, 45 minutes seulement avec une moissonneuse-batteuse. Dans la compétition mondiale maintenant si âpre, la victoire appartiendra, en définitive, aux agriculteurs qui sauront le mieux utiliser ces armes, si remarquablement et si patiemment forgées à leur intention par les habiles techniciens des deux mondes.
- Jacques Boyer.
- LA NOUVELLE SIGNALISATION DES CHEMINS DE FER FRANÇAIS
- ET LES ABERRATIONS CHROMATIQUES DE L'ŒIL HUMAIN
- Le 1er août 1930, M. le Ministre des Travaux publics a approuvé un programme de nouvelle signalisation applicable à l’ensemble des réseaux français. Ce programme est le résultat de longues études poursuivies pendant plusieurs années par une commission interréseaux présidée par M. Verlant, directeur de l’exploitation des chemins de fer P.-L.-M. Voici les principales réformes apportées par les nouvelles dispositions.
- 1° L’unification complète des formes des différents signaux nécessaires à l’exploitation des chemins de fer. (Les signalisations encore en vigueur sont sensiblement différentes sur chacun des réseaux français.)
- 2° L’adoption d’une indication positive pour signaler, la nuit, au mécanicien, que la voie est libre. (On substitue, pour l’indication de voie libre, au feu blanc, actuellement d’un usage général en France, un feu vert.)
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- Fig. 1. — Un œil humain normal recevant un faisceau de lumière blanche (irait plein) venu de l’infini fait converger les rayons jaunes [Irait mixte) sur sa rétine en J (emmèlropie)\ les rayons rouges (Irait pointillé) en arrière (hypermétropie); les rayons bleus (Irait de construction) en avant (myopie).
- Etant donné que l’on dispose dans le spectre visible de 5 couleurs simples pratiquement diffé-renciées (violet, bleu, vert, jaune et rouge), la réalisation de signaux satisfaisant aux dispositions ci-dessus paraît facile. En réalité il n’en est rien. Les difficultés expérimentales rencontrées par la Commission interréseaux proviennent de ce qu’on est libre de modifier pour la signalisation les appareils émetteurs utilisés, mais que, pour l’instant, on ne peut utiliser qu’un appareil récepteur non modifiable : l’œil humain. Ceci nous oblige à étudier la vision colorée de l’œil humain comme je le fis devant la Commission (signaux et enclenchements) des réseaux de chemins de fer français, au cours d’une conférence, le 14 novembre 1929.
- Tous nos lecteurs peuvent observer deux faits expérimentaux d’une importance capitale en signalisation. Je vais les exposer.
- Regardons une longue avenue éclairée par une série de sources lumineuses identiques (becs de gaz ou lampes électriques). Si nous avons une vue normale ou portons des verres nous corrigeant exactement (ceci est une con-
- Fig. 2. — Dessins de dimensions inégales devant constituer les objets qui serviront à obtenir les photographies des figures 3 et 4.
- Ces dessins sont obtenus en collant des signes en papier noir sur un verre incolore transparent.
- dition essentielle), nous voyons très nettement la première source lumineuse, tandis que les suivantes paraissent entourées d’un halo d’autant plus grand et d’autant moins lumineux qu’elles sont plus éloignées. Voilà un premier fait expérimental, voici le deuxième. En comparant entre elles les teintes des diverses sources lumineuses, on remarque qu’elles tirent d’autant plus sur le rouge qu’elles sont plus éloignées.
- De ces constatations nous devons conclure : la netteté et la coloration d’une même source lumineuse vue par un œil normal dépendent de la distance séparant l’œil de ladite source.
- L’explication de ces faits est uniquement physiologique.
- L’œil humain n’est point, comme l’avaient cru Newton et Euler, achromatique, c’est-à-dire qu’il n’est point capable de faire converger en un seul et même point de sa rétine des rayons lumineux émis d’un même point de l’espace, quelle que soit leur couleur. Tout au contraire l’œil humain normal présente des aberrations chroma-
- tiques. Ceci signifie que, recevant un faisceau lumineux blanc constitué par des rayons parallèles (c’est-à-dire venant de l’infini) il décompose ce faisceau de lumière blanche tout comme le ferait un prisme. Les rayons violets, indigo, bleus et verts convergent en une série de foyers échelonnés en avant de la rétine. Les rayons jaunes viennent pratiquement converger sur la rétine. Les rayons orangés et rouges vont converger en arrière de la rétine. Autrement dit, en raison de ses aberrations chromatiques, un œil humain normal est très myope pour le violet, un peu moins pour le bleu et pratiquement pas pour le vert, il est normal pour le jaune et hypermétrope pour l’orangé et le rouge. C’est pour cela qu’autour d’une source lumineuse nous voyons un halo constitué par les rayons pour lesquels la mise au point n’est pas faite sur la rétine. Ce halo d’abord violet et rouge extrême, si la source lumineuse est près de l’œil, se perçoit difficilement, mais il est très visible dès que, la source lumineuse étant plus éloignée, les rayons bleus, verts et orangés contribuent à le
- Fig. 3. — Les dessins de la figure 2 sont éclairés par transparence au moyen de lumières monochromatiques réparties comme suit : Les quadrants repérés par les signes violet et VI sont éclairés en violet; ceux repérés bleu et BL reçoivent des radiations .bleues tandis que sont verts les quadrants marqués vert et VE. Enfin des radiations jaunes éclairent les quadrants jaune et JA.
- La comparaison des dimensions relatives des divers dessins constituant les ligures 2 et 3 montre que le dessin de droite est le plus rapproché de l’objectif pour obtenir la photographie ci-dessous, que le dessin du milieu est le plus éloigné de l’objectif, le dessin de gauche occupant une position intermédiaire. La photographie ci-dessous obtenue avec l’objectif hyperchromatique du Dr Polack (objectif ayant les mêmes aberrations chromatiques que l’œil humain) démontre que si, sur le dessin le plus rapproché, le bleu seul est au point, le jaune est la couleur la plus nette sur le dessin le plus éloigné, le vert étant la couleur la mieux mise au point pour le dessin intermédiaire. Cette figure objective par l’image l’impression éprouvée par un œil normal regardant l’ensemble d’objets colorés photographiés ici. Comme l’indique le schéma de la figure 1, les diverses couleurs ne sont jamais en même temps au point sur la rétine.
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- Fig. 4. — Les dessins de la figure 2 disposés, ainsi que l'objectif, comme pour obtenir la figure 3 sont tous uniformément éclairés avec de la lumière blanche. L’objectif hyperchromalique du Dr Polack fournit simultanément des images d’une netteté satisfaisante de ces trois dessins malgré leurs positions différentes par rapport à lui. Cela tient à ce que grâce aux aberrations chromatiques de l'objectif la plaque photographique est, aux diverses distances, foyer conjugué de chaque objet pour l’une des radiations constituant la lumière blanche comme le montre la figure 2. La netteté du dessin de droite est due à la mise au point des radiations bleues, celle du dessin du milieu à la mise au point des radiations jaunes, les radiations vertes définissant les contours de l’objet de gauche.
- Cette figure objective le rôle important joué par les aberrations chromatiques de l’oeil humain pour lui permettre la vision simultanée d’objets polychromes situés à des distances très différentes (accommodation chromatique).
- constituer. D’autre part, à grande distance la mise au point n’étant plus réalisable que pour les rayons jaune orangé, la source lumineuse tend à être perçue d’autant plus de cette teinte qu’elle est plus éloignée.
- Fig. 6. — « L'Ericiscope » de J. Peter.
- L’appareil est une boîte à lumière, de forme cubique, dont la face avant, protégée par un parasoleil, présente deux séries de signes semblables. Ici les signes de droite se détachent sur un fond lumineux rouge et ceux de gauche sur un fond lumineux bleu. Les radiations rouges et bleues constituant ces fonds lumineux sont sélectionnées de telle façon qu’un œil humain normal placé à 1 m 40 des signes de « l’ériciscope » les perçoit avec la même netteté (vision paradoxale).
- En partant de ces faits, un opticien lyonnais, M. Jule Peter, a réalisé un appareil appelé « Ericiscope » qu démontre d’une façon éclatante la réalité des phénomènes décrits ci-dessus et explique comment on ne les perçoit point sans une attention soutenue (fig. 6).
- L’ « Ericiscope » est constitué par deux séries de signes semblables noirs apparaissant, l’une sur un fond lumineux bleu, et l’autre sur un fond lumineux rouge, fonds lumineux constitués par des radiations rigoureusement sélectionnées. L’expérience met en vue un fait assez inattendu. D’après ce que nous venons de dire, un œil humain normal ne doit point pouvoir distinguer simultanément avec la même netteté les signes sur fond rouge et ceux sur fond bleu. Contre toutes prévisions, un œil humain normal placé à 1 m 40 de l’ériciscope voit d’une façon identique les deux séries de signes. Cette « vision paradoxale », qui nous assure une perception simultanée du bleu et du rouge nous permet de les voir non identiquement nets, mais identiquement flous. Grâce à « l’ériciscope », il est facile de déceler et de corriger les anomalies de la réfraction oculaire les plus délicates avec une pré*-cision absolue. Un sujet est-il tant soit peu myope ?
- Fig. 5. — Schéma de la vision paradoxale. — Un œil humain emmétrope deux points lumineux, l’un rouge Pt, l’autre bleu P2, placés à un mètre quarante au-devant de lui et côte à côte comme étant deux petits cercles égaux R et B. Ces deux points fournissent donc deux images également floues que le sujet interprète comme images également nettes (vision paradoxale).
- Placé à un 1 m 40 de l’ériciscope, il voit le rouge plus net que le bleu. Est-il hypermétrope ? Le phénomène inverse se produit. Le verre correcteur exact est celui qui rétablit à 1 m 40 de l’ériciscope la vision paradoxale.
- Cette méthode extrêmement simple (chro-moptométrie paradoxale) a permis de constater que, loin de gêner la vision, les aberrations chromatiques de l’œil nous permettent de voir simultanément avec une netteté satisfaisante des objets situés à des distances très inégales de notre œil. Les objets qui nous entourent sont tous polychromes, c’est-à-dire émettent presque toutes les radiations du spectre visible avec une ou plusieurs radiations dominantes qui caractérisent leur couleur. Notre rétine possède, en raison des aberrations chromatiques de l’œil, une série ininterrompue de foyers conjugués colorés s’étendant du premier foyer violet visible (à quelques centimètres en avant de l’œil) au dernier foyer rouge visible (au delà de l’infini). Comme le contour d’un objet
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- nous apparaît avec une netteté suffisante dès que cet objet est placé à un foyer conjugué de notre rétine, tout objet polychrome placé en un point quelconque de notre champ visuel a son contour défini pour notre œil par l’une des radiations qu’il émet. Ceci permet d’expliquer les faits suivants constatés par tout le monde et qu’aucune des théories classiques de l’accommodation par déformation du cristallin de l’œil ne permettait d’expliquer. Il est possible de voir simultanément avec netteté la mire d’un fusil et le but à atteindre, les barreaux d’une fenêtre et le disque lunaire, en un mot des objets situés à des distances très différentes de l’œil qui les perçoit. Ces considérations expliquent aussi certaines prétendues illusions d’optique. On sait, par exemple, qu'un carré blanc sur fond noir paraît plus grand qu’un carré identique noir sur fond blanc. Cela tient à ce que, en réalité, l’image rétinienne du carré blanc est augmentée du halo de diffusion chromatique de ce carré, tandis que l’image rétinienne du
- Fig. 8. — Photographie obtenue dans les mêmes conditions que celle de la figure 7, mais l’objectif étant rendu myope d’une dioptrie.
- Les signes sur tond rouge sont vus plus nets que dans la « vision paradoxale » et ceux sur tond bleu deviennent indistincts, leur flou s’accentuant.
- carré noir est au contraire diminuée du halo de diffusion chromatique du fond blanc. Ce n’est point une illusion, mais la perception exacte d’un phénomène visuel. D’ailleurs, grâce à l’objectif hyperchromatique du Dr Polack (objectif qui reproduit les aberrations chromatiques de l’œil humain), il est facile d’objectiver par l’image tous ces phénomènes. Les illustrations ci-jointes en font foi
- (fig. 2, 3, 4, 7, 8, 9, 10).
- Toutes ces données, à peine classiques en optique physiologique, étant acquises, revenons aux travaux de la Commission interréseaux chargée d’étudier la signalisation.
- La deuxième disposition de signalisation lui imposait l’adoption d’une indication positive pour signaler, la nuit, au mécanicien, la voie libre. Jusqu’à ce jour, pour réaliser les trois signaux principaux : voie libre, ralentissement ou avertissement et arrêt absolu, on utilisait en général les trois feux ci-après : voie libre, feu blanc;
- Fig. 7. — Le tableau lumineux de « l’ériciscope » J. Peler photographié au moyen de l’objectif hyperchromatique du D1 Polack de façon à réaliser la « vision paradoxale ».
- Les signes sur fonds bleu et rouge sont vus pratiquement nets, en réalité avec un flou égal.
- ralentissement ou avertissement, feu vert ou jaune; arrêt absolu, feu rouge.
- Les feux bleus et violets n’ont jamais pu être utilisés comme signaux principaux, car l’œil humain normal (myope pour eux) cesse de les percevoir avant qu’ils soient à l’indispensable distance minima de 350 mètres.
- Il ne reste donc que les feux : blancs, verts, jaunes et rouges.
- La Commission interréseaux élimine le feu blanc pour toute indication principale et le réserve uniquement comme signal de manœuvre ou indication de direction.
- Les deux principales raisons de cette nouvelle disposition sont les suivantes.
- Fig. 9. — Photographie obtenue dans les mêmes conditions que celles des figures 7 et 8 ; mais l’objectif étant rendu hypermétrope de trois quarts de dioptrie, le rouge devient franchement flou et le bleu net.
- Les photographies des figures 7, 8 et 9 montrent les phénomènes fondamentaux constituant la base de la nouvelle méthode d’évaluation de la réfraction oculaire, « la chromoptométrie paradoxale ». Cette méthode permet de corriger, avec une précision qui n’avait jamais été obtenue, les troubles de la réfraction (myopie, hypermétropie et même astigmatismes irréguliers) les plus délicats.
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- Fig. 10. — Carrés identiques, noir sur fond blanc et blanc sur fond noir, photographiés ci droite avec un objectif sans aberrations chromatiques-, à gauche avec l’objectif hijperchromalique du D1 Polack.
- La photographie de gauche explique comment, par suite des aberrations chromatiques de l’œil, l’image rétinienne du carré blanc est plus grande que celle du carré noir. Ce phénomène qui est l’interprétation d’une sensation réelle a permis de réaliser de prétendues illusions d’optique.
- 1° En cas de rupture d’un verre de couleur, un signal donne intempestivement un leu blanc, ce qui risque, par exemple, d’ouvrir la voie au moment où au contraire on la ferme.
- 2° Des lampes voisines de la voie peuvent être prises pour des signaux à feu blanc, lesquels aussi sont difficiles à distinguer des nombreux feux d’éclairage à la traversée de certaines gares ou agglomérations.
- L’emploi d’un feu vert pour indiquer la voie libre est en usage dans presque tous les pays étrangers. Bien qu’en France 80 ans d’exploitation intense des réseaux avec le
- Fig. 11. — Signaux ronds équidistants vus de gauche à droite : 1° par un œil normal-, 2° par un œil affecté d’astigmatisme horizontal; 3° par un œil affecté d’astigmatisme vertical; 4° par un œil affecté d’astigmatisme oblique (non à 45°).
- Il suffit pour réaliser par ce mécanisme la fusion d’un signal double à 350 mètres d’un astigmatisme de un quart de dioptrie dans un axe perpendiculaire à la droite joignant les deux signaux (de tels astigmatismes sont à l’heure actuelle ignorés le plus souvent par les sujets, seule la « chromoptométrie paradoxale » permettant de les diagnostiquer).
- feu blanc comme signal de voie libre n’aient montré aucun inconvénient grave, la Commission interréseaux a cru prudent de réserver le feu vert pour le signal voie libre.
- Cette disposition soulève cependant une grave difficulté technique : la nécessité absolue d’utiliser le feu jaune comme signal important.
- L’inconvénient inévitable du feu jaune est sa confusion facile avec bien des sources lumineuses éloignées qui, en raison des aberrations chromatiques de l’œil humain, virent au jaune plus ou moins franc. La Commission inter-réseaux a estimé que la confusion possible d’un signal de ralentissement ou d’avertissement avec un feu accidentel était la moins dangereuse. Cette opinion paraît très soutenable. C’est pourquoi le feu jaune a été adopté comme signal de ralentissement ou avertissement.
- Le feu rouge toujours très facile à repérer aux plus grandes distances pour un œil normal a été conservé comme signal de danger et arrêt absolu.
- Ce qui ressort des études très approfondies de la Commission interréseaux est, à mon.avis, la nécessité absolue,
- 1° de sélectionner soigneusement les verres colorés destinés à produire les signaux. Il ne faut pas que les aberrations chromatiques de l’œil risquent de les faire virer de couleur avec la distance. On peut voir des feux verts virer au jaune et même au rouge avec la distance, si les verres qui les constituent laissent passer assez de radiations jaunes et rouges. De telles insuffisances de monochromatisme des verres colorés rendent difficile à grande distance l’identification rapide des signaux. En principe, un verre coloré doit arrêter toutes les radiations moins réfrangibles que celles devant caractériser sa couleur.
- 2° d’exiger que le personnel ayant à observer et étudier les signaux possède une vision normale ou porte effectivement des verres correcteurs efficaces. Ceci a une grande importance, car un agent devenu presbyte (conséquence presque inévitable de l’avance en âge et en grade) perçoit mal, contrairement aux sujets normaux, le signal rouge qui est le plus important et très nettement le signal bleu presque négligeable. La presbytie évoluant presque inéluctablement à partir de 40 ans, il est indispensable de surveiller systématiquement la vision des agents d’une façon périodique. L’astigmatisme, souvent faible, affecte presque tous les yeux; il a une importance, car il peut, non corrigé, amener un agent à mal identifier les signaux constitués par des feux côte à côte dont l’emploi n’a pu être évité. L’importance d’astigmatismes ignorés de leurs porteurs est telle qu’il ne faut voir en général les différences d’opinion entre techniciens au sujet de la facilité d’identification des feux doubles, suivant qu’ils se juxtaposent verticalement, horizontalement ou en oblique, que dans des astigmatismes ignorés qui faussent leurs perceptions (fig. 11).
- De toutes façons les travaux de la Commission interréseaux l’ont amenée à se rendre compte du rôle essentiel joué par l’optique physiologique en matière de signalisation.
- Elle en a tenu compte pour adopter les nouvelles dispositions qui auront l’avantage aussi de faciliter l’emploi
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- des signaux lumineux aussi bien le jour que la nuit.
- Le passage des signalisations actuellement en usage sur les divers réseaux à la nouvelle signalisation uniforme entraînera d’importants travaux. On peut, d’après les estimations officielles, prévoir une durée de trois ans et une dépense de 70 millions.
- Théoriquement on ne voit guère que des avantages
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- dans les nouvelles dispositions. Il faut espérer que l’expérience va confirmer les prévisions des techniciens qui se sont efforcés d’augmenter sur nos réseaux de chemins de fer la sécurité de l’exploitation.
- D' J.-L. Pech,
- Professeur de physique médicale à la Faculté de médecine de Montpellier.
- L’EQUIPEMENT NOUVEAU DE LA RUSSIE
- Depuis le début de cette année, toute la pressé, journaux et périodiques, alertée par tous les grands économistes et politiciens, parle du rééquipement industriel et agricole de l’U. R. S. S., rééquipement à réaliser en 5 ans et qui a reçu le nom de plan quinquennal. 11 semble, que, dans ce projet tout d’abord qualilié d’utopique, d’insensé, de « pure expression de la folie bolchevique », puis devenu un épouvantail, un « danger mondial », le monde entier n’ait pas voulu voir une chose normale : la naissance à la vie moderne d’un pays dont les possibilités en toutes matières sont énormes, dépassant même celles des Etats-Unis que nous étions pourtant accoutumés à considérer comme illimitées.
- Ces richesses, inexploitées pour la plupart, vont connaître un sort différent : dans ce pays où tout était à créer à la fois, mais où le sol ne se refuse pas comme ailleurs, le plan quinquennal devait apparaître comme l’espoir russe renaissant.
- Staline, créateur du plan, s’était rendu compte qu’il lui fallait faire appel aux cerveaux et au matériel des pays « capitalistes » et la Commission d’Etat pour l’établissement du plan a puisé largement dans les disponibilités en ingénieurs et en machines que lui offrait le monde entier soumis à la crise de surproduction que l’on sait.
- Sil’on songe que ce pays, plus grand que toute l’Amérique du Nord possédait moins d’usines que l’Etat de Pennsylvanie aux Etats-Unis, que ces usines étaient démodées, petites, que par suite de la guerre civile, de la famine, leur production n’était en 1921 que les 17/100 de leur production d’avant-guerre, on conçoit l’immensité de l’effort à accomplir. Il est bien certain que, lorsqu’il aura abouti, les répercussions économiques en seront considérables. Dans quel sens se produiront-elles ? Nous nous abstiendrons de toute prophétie à cet égard; et nous ne
- présenterons ici qu’un exposé documentaire, nécessairement très résumé.
- Nous allons essayer de faire connaître ce qui est déjà
- réalisé depuis les quelque trente mois dont date le commencement de cette mise en œuvre progressive du plan quinquennal, vis-à-vis des prévisions et cela dans tous les domaines.
- LE COMBUSTIBLE
- L’économie générale de tous les pays dépend, dans la plus grande mesure, des ressources énergétiques dont ils disposent chez eux. Parmi ces ressources, celles en combustible occupent la première place et l’on conçoit que
- Turquie'''-^ l
- =1 ABREVIATIONS
- Zn___Zinc
- Cu___Cuivre
- Pb___Plomb
- Al___Aluminium
- Fig. 1. — Les ressources minérales de la Russie d’Europe el son équipement électrique.
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- les Soviets se soient attachés à résoudre le problème du combustible, qui reste un des plus difficiles pour l’Union soviétique, comme il le fut d’ailleurs pour la Russie d’avant la Révolution. En effet l’économie du combustible constituait dans le système économique prérévolutionnaire un des chaînons les plus faibles, les moins sûrs.
- La situation était extraordinairement défavorable surtout en raison de Y éloignement des bases essentielles du combustible (bassin houiller du Donetz, pétrole du Caucase) par rapport à certains centres industriels, tels que la région de Moscou, de l’Oural. Ces transports à des distances de 1000 à 3000 km avec des moyens insuffisants constituaient les principales causes des difficultés du problème du combustible; de plus l’industrie faisait un large appel au bois, malgré sa faible valeur calorifique. C’est ce qui explique la situation économique technique arriérée de l’ancienne Russie : la consommation industrielle technique, rapportée à la consommation totale du pays, n’était que de 52 pour 100 contre 89,5 en Allemagne et 93 en Angleterre, et aux Etats-Unis. De même
- la consommation en tonnes de combustible par tête d’habitant n’était que de 0,65 contre 2,45 en Allemagne, 4, 6 en Angleterre, et 4,45 aux Etats-Unis.
- Voici comment s’est présenté, aux yeux des auteurs du plan quinquennal, le problème à résoudre; trois directives paraissaient fixées a priori :
- 1° Modifier essentiellement la structure de la balance du combustible dans le pays, dans le sens d’un accroissement du coefficient de la consommation industrielle. La proportion de la consommation industrielle technique à la consommation totale qui était de 52 % en 1916, est passée à 59,5 % en 1930; pour 1933 on prévoit qu’elle atteindra 70 %.
- 2° Trouver les moyens d’utiliser les combustibles régionaux, même de qualité inférieure.
- 3° Développer énormément Y extraction du combustible en réoutillant techniquement l’industrie correspondante sur la base de la plus vaste mécanisation.
- Pour chacun des trois principaux combustibles : charbon, tourbe, naphte, voyons ce qui a été fait vis-à-vis des prévisions du plan quinquennal.
- Charbon. —- En 1913, sur les 29 millions de tonnes de charbon qu’extrayait la Russie, 25,6 venaient du riche bassin houiller du Donetz (soit lès 88 pour 100) qui constituait ainsi là base presque unique de tout le pays. Les bassins de Kouznetz, de Moscou, de l’Oural ne produisaient respectivement que 0,77, 0,28, 1,15 millions de tonnes. L’énormité des distances dans ce pays gigantesque nécessitait l’exploitation de nouveaux centres énergétiques. A cet effet, voici un tableau représentant l’extraction de charbon des différents bassins, en millions de tonnes (extraction réelle en 1913 et 1930, prévisions en
- 1913 1930 1931 1933
- Bassin du Donetz 25, 6 38 56 85-90
- Oural 1,15 2,26 4,7 10
- Moscou 0,28 1,77 4,7 15
- Kouznetz 0,77 3,85 6,5 25
- Montant global de l’extraction : 29 50 83,5 150-155
- Ainsi donc le combustible du Donetz garde bien un rôle prédominant, mais son coefficient par rapport à l’extraction totale du charbon dans l’U. R. S. S. tombe de 88 pour 100 en 1913 à 78 pour 100 en 1930 et à 63 pour 100 en 1933. A côté de lui apparaissent trois nouveaux bassins : le bassin de Kouznetz à l’est du Mont magnétique, cette énorme réserve de fer, le bassin de l’Oural et le bassin de Moscou dont le charbon a déjà pénétré dans toutes les branches de l’économie publique : centrales électriques, transports ferroviaires et industrie.
- Une des plus grandes difficultés dans l’économie du combustible de l’U. R. S. S. provenait du bas niveau technique dans l’industrie extractive. Le problème de la mécanisation de cette industrie a été résolu grâce à l’électrification des mines et au développement de l’outillage mécanique pour l’abatage. Les résultats dans la voie de ce rééquipement technique sont déjà considérables. Avant la guerre, la mécanisation de l’extraction n’avait qu’un caractère expérimental et encore seulement dans le bassin du Donetz. A présent elle constitue la base même du développement de l’extraction dans les proportions suivantes : Rassin du Donetz 44,5 % en 1930 78,5 % en 1931.
- Moscou 18,5 % en 1930 53 % en 1931.
- Kouznetz 81,5 % en 1931.
- D’une façon générale, le dur labeur des mines devient de plus en plus mécanique. Cette année, près de 1200 foreuses lourdes, contre deux à trois dizaines avant guerre, environ 1100 foreuses légères, 4500 marteaux mécaniques travaillent dans les mines de charbon. L’utilisation de l’énergie électrique a considérablement augmenté, enfin les petites mines dispersées travaillant sans méthode sont remplacées par de nouveaux géants' d’une puissance annuelle de 7 millions de tonnes (bassin de Kouznetz).
- Tourbe. — Les réserves européennes de l’U. R. S. S. en combustible conventionnel, c’est-à-dire dont un kg donne 7500 calories, ont été évaluées à 70 milliards de tonnes de
- RUSSIE D'ASIE EN 1933
- Lac Bai ka,
- Maomitoi
- ALTAÏ*
- MONGOLIE
- Vladivostok
- )F7F! Q
- CHINE
- Fig. 2. —- Les ressources minérales de la Bussie d'Asie.
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- houille, 30 de tourbe, 11,5 de bois, 8,9 de schistes et 4.25 de naphte. La tourbe occupe donc la deuxième place dans la balance du combustible en U. R. S. S., soit 24,3 pour 100. Son importance est encore plus considérable du fait que la plaine du Nord, pauvre en gisements de charbon actuellement exploités, dépourvue de chutes d’eau, distante des centres pétroliers est la mieux pourvue en tourbe et trouve là sa principale source d’énergie : l’extraction de la tourbe qui remonte à plus d’un siècle en Russie est principalement active dans la région de Moscou dont la part dans l’extraction globale de ce combustible était de 44 pour 100 en 1930, soit 2,8 millions de tonnes sur 6,3. Le plan quinquennal de développement de l’industrie tourbière prévoit le quin-tuplement de l’extraction en 1932-1933 par rapport à 1929-1930 et un accroissement de 1900 pour 100 par rapport à 1913, soit 30 millions de tonnes. On peut dire que la tourbe n’a d’histoire industrielle que depuis ces 10 dernières années.
- Jusqu’à ces temps derniei's, l’application industrielle de la tourbe se limitait exclusivement à son utilisation comme combustible. Le principal consommateur était l’industrie textile qui avant la guerre absorbait les 70 pour 100 de la quantité de ce combustible extrait dans des buts industriels. A partir de 1918 ce taux tombe graduellement jusqu’à 40 pour 100; actuellement ce sont les régions des centrales électriques qui passent au premier rang parmi les consommateurs de la tourbe : Cha-toura, Elektropédératcha, etc.
- Mais la science moderne considère la tourbe non seulement comme une source de chaleur, mais aussi comme une matière première chimique pour un certain nombre d’industries. Il y a dans la masse tourbeuse une grande quantité de bitumes, d’hydrocarbures formés de substances céroïdes et goudronneuses se trouvant dans les végétaux qui engendrent la tourbe. Ces bitumes constituent la partie la plus précieuse de la tourbe et déterminent la qualité des produits goudronneux qu’on obtient en la carbonisant à l’abri de l’air (bien entendu, la combustion de la tourbe dans les foyers ne permet pas d’utiliser ces précieuses substances chimiques). Par carbonisation, la tourbe donne un coke et un semi-coke très demandés par les usines d’air liquide, des acides gras, des phénols, des substances goudronneuses (asphaltènes) susceptibles d’être utilisées pour la fabrication de laques et de matériaux pour le pavage des routes. Les produits liquides du goudron de tourbe peuvent servir directement comme combustible dans les moteurs Diesel ou être transformés en carburants liquides pour moteurs à explosion. La tourbe gazéifiée donne des gaz pour l’industrie ou pour l’économie municipale, ce qui permet de réduire considérablement les transports de charbon du Donetz vers les grands centres de l’Union. Enfin la gazéification fournit un gaz bon marché pour la préparation synthétique de l’ammoniac, de l’esprit de bois, etc.
- Naphte. — C’est surtout dans l’industrie du naphte que les succès obtenus sont considérables. En 1913 la production atteignait 9,2 millions de tonnes. L’industrie pétrolière avait reçu du Conseil supérieur de l’Economie nationale la mission d’extraire pendant l’exercice 1929-
- Fig. 3.—Vue générale d’un nouveau puits de mine de charbon (puits GPU) dans le bassin de Donetz. (Ph. Trampus.)
- 1930, 15,7 millions de tonnes de naphte : l’extraction s’est élevée à 19 millions et on compte qu’elle atteindra en 1933, le chiffre de 46 millions de tonnes. Une telle extension a été rendue possible par la rationalisation des procédés d’extraction : branche extraordinairement arriérée jadis, l’industrie du naphte est devenue techniquement une des plus avantagées dans le système économique de l’U. R. S. S. : le forage à la vrille a remplacé celui à la barre; l’extraction à la pompe ou par compresseur a supplanté le puisage à la cuillère. Le rendement mensuel des puits est ainsi passé au cours des 8 derniers mois de l’exercice 1929-1930 de 247 à 297 à Bakou et de 112 à 142 tonnes à Grozny; par ailleurs les perfectionnements ont exercé une heureuse influence sur le prix de revient : de 12,74 roubles en 1929, il est passé à 11,34 roubles jDar tonne en 1930.
- D’autre part l’utilisation du naphte a subi d’importantes modifications : avant la Révolution 70 pour 100 du
- Fig. 4. — Le nouveau bâtiment de l'Institut du naphte et de la tourbe à Moscou. (Phot. Union Bild.)
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- Fig. 5.'—Nouvelle usine de raffinage du pétrole à Bakou. (Pliot. Union Bild.)
- naphte extrait étaient consommés directement dans les fourneaux comme combustible noir. A présent, l’industrie pétrolière soviétique tend à se développer non tant vers les besoins de la combustion que vers ceux des produits blancs du naphte; cette modification est rendue nécessaire par l’industrialisation générale du pays, par la reconstruction de l’économie rurale avec sa mécanisation qui demande avant tout du mazout et du pétrole lampant, enfin par la demande des marchés étrangers en produits plus légers (essence). L’industrie du naphte en U. R. S. S. s’est ainsi élevée au niveau des industries similaires des pays étrangers : à Batoum, à Touapsé, des installations pour le eracking et le traitement complet
- du naphte ont été établies. Pour le marché intérieur qui réclame du mazout et du lampant (dans la proportion de 80 à 85 pour 100 de toute la consommation) des pipes-lines gigantesques sont prévus : ne se propose-t-on pas d’amener les pétroles lourds de Bakou jusque dans le centre industriel, pai un pipeline de la Mer Caspienne aux raffineries de Moscou, auxquelles on se propose d’adjoindre des installations de eracking? En eü'et jusqu’à présent, le transport des produits pétroliers se faisait par wagons citernes, par péniches, par bateaux réservoirs ; à l’avenir on prévoit l’unilication des transports par la construction de pipes-lines, procédé de transport très avantageux : c’est ainsi qu’une tonne de naphte passant par le pipe-line Grozny-Touapsé comporte 4,76 roubles de frais de transport au lieu de 9,76 par voie ferrée.
- Une autre raffinerie est prévue à Sarnara en vue du traitement des 650 000 tonnes de naphte d’Emha : cette raffinerie ravitaillera Len mazout et pétrole lampant le bassin de la Volga, l’Oural et la Sibérie.
- On voit par là que la plupart des raffineries seront établies dans les ports d’exportation. Leur outillage, par ailleurs, sera transformé et ne comprendra plus que des installations tubulaires, à présent importées de l’étranger, mais que compte bientôt produire l’industrie soviétique. Enfin on envisage de nombreuses installations où le naphte sera hydrogéné et non cracké, le rendement en produits légers (essence) passant de 40-45 à 80-85 pour 100. Le plan a également prévu d’autres extensions : augmentation des huiles d’automobiles pour l’exportation, des huiles de graissage « eompound », production d’asphalte poussée à 360 milliers de tonnes, en vue principalement de l’exportation de paraffine, vaseline médicale. L’extraction du gaz naturel des puits pétroliers, qui doit être triplée au cours de la période actuelle, permettra de produire, par traitement chimique, de l’hélium, du chloroforme, du chlorure de méthyle, des acides gras, de l’alcool méthylique, etc.
- LE PLAN QUINQUENNAL D’ÉLECTRIFICAT ION
- Le développement considérable et même en certains cas la création d’industries lourdes métallurgique et mécanique, qui constituent la caractéristique du plan, n’était pas sans appeler une demande considérable d’énergie électrique et l’on comprend aisément qu’en 1921 une commission d’Etat d’électrification (Gôelro) prévoyait déjà la construction de 30 centrales régionales d’une puissance totale de 1500 000 kw. Les principaux points qu’il nous faut retenir de ce plan sont les suivants :
- 1° Production d’énergie au lieu même de son utilisation par la création de groupes combinés de centrales et de fabriques. Indé-
- Fig. 6. — Construction de la centrale hydroélectrique sur le fleuve Svir (région de Leningrad). Cette usine aura une puissance de 96 000 kilowatts. (Phot. Trampus.)
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- pendamment de la réduction au minimum des pertes de transmission électrique, des entreprises de ce genre en combinant les procédés métallurgiques et chimiques et en utilisant une énergie à bon marché permettent de faire un emploi très économique des résidus de chaleur et de combustible. Ces stations de fabriques seront surtout construites pour les industries qui utilisent de la vapeur ou qui permettent l’emploi des résidus de production. Par leurs dimensions, certaines de ces stations pourront se comparer à de grandes centrales régionales : ce sera notamment le cas pour l’usine métallurgique du Mont-Magnétique forte de 100 à 120000 kw, pour celle de Bérezniki avec 80 000 kw, etc.
- 2° Une conséquence immédiate de cette production sur place de l’énergie électrique est la nécessité d’utiliser au maximum les ressources locales. Les régions montagneuses très arrosées seront pourvues d’usines hydrauliques; la plaine recourra au charbon local et à la tourbe.
- Les Soviets semblent en effet avoir résolu le problème de la combustion de la tourbe, problème qui s’était posé devant l’étendue des tourbières russes.
- 3° Les tendances nouvelles de la technique électrique qui se traduisent par l’augmentation de la puissance globale des stations, ainsi que de la puissance unitaire des machines, ont également influencé les auteurs du plan quinquennal. Nous verrons plus loin quelques chiffres particulièrement convaincants. Cette augmentation de la capacité des centrales sera également accompagnée d’un large développement des réseaux de transmission. Pour cela la tension la plus forte usitée actuellement (elle est de 115000 v.), sera portée à 220 000 v. sur la Svir,surleDniepretà Bobriky, ce qui permettra de créer un puissant réseau de transmission dans le bassin houiller du Donetz, relié à la grande hydrocentrale du Dniepr. Cette extension des réseaux de transmission, tout en permettant de porter plus loin l’énergie électrique, poursuit également le but de réaliser l’interconnexion des plus importantes centrales : c’est ainsi que le réseau de la centrale de Moscou sera uni à celui de l’usine de Nijni-Novgorod : il sera ainsi possible de constituer des réserves communes, de diminuer la réserve générale en utilisant le fait que les pointes des deux réseaux ne coïncident pas.
- 4° Le développement du trafic voyageurs et marchandises sur les chemins de fer a mis à l’ordre du jour les questions d’électrification ferroviaire. Cette réforme sera tout d’abord réalisée dans les banlieues des grandes villes (elle l’est déjà partiellement à Moscou), on l’étendra ensuite dans les régions montagneuses à trafic industriel intense, telles, que le col de Sourami en Transcaucasie, par où passe le pétrole de Bakou, ou l’embranchement ferré qui, dans l’Oural, va chercher le charbon de
- Kizel, enfin les lignes qui desservent le bassin du Donetz, par exemple Liman-Kharkov; il faut ajouter à cette liste le tronçon Tiflis-Khachouri et, pour la prochaine période quinquennale, la ligne qui réunit le bassin houiller de Kouznetz à Novosibirck.
- 5° Le problème de Vélectrification rurale est également envisagé. Il est d’ailleurs tout différent des précédents : là l’énergie électrique est surtout employée pour l’éclairage et le réseau de distribution y est extrêmement lâche. Mais la création de grandes exploitations rurales collectives et de nombreuses stations de tracteurs et de machines agricoles permettra dorénavant d’appliquer l’énergie électrique au travail des champs, à l’élevage, aux transports intérieurs et au premier traitement des matières
- Fig. 8. — Construction de l'usine sidérurgique de Magnitogorsk (Oural) (avril 1931). Cette usine sera la plus puissante aciérie du monde après celle de Gary aux États-Unis,
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- premières agricoles. D’après le plan quinquennal la puissance des stations rurales sera portée de 21 700 à 104 000 kw, mais l’on prévoit déjà que ce plan devra être revu dans le sens d’une augmentation.
- Le tableau suivant indique l’augmentation générale du ravitaillement soviétique en énergie électrique au cours de la période actuelle :
- Janvier 1931 Prévisions 1933
- Puissance établie dans toutes les centrales (en
- kilowatts) ...... 1500000 3700000
- Consommation globale de l’économie nationale par an (en millions de
- kwt-heure............ 4000 18000
- Consommation par tête
- d’habitant........... 27 kw-h 106 kw-h.
- Par types de stations, la puissance développée se
- répartira de la manière suivante au 1er octobre 1933
- Nombre Puissance %
- Stations hydrauliques 10 680 000 kw 18,3
- Stations thermiques 41 3027 000 81,7
- dont à la tourbe . . . 12 934000 25,2
- Total . 51 3 707 000 100
- SiSÜP?
- Fig. 9. — Le nouvel hôtel de Magnitogorsk, localité où s'édifie une gigantesque aciérie. (Phot. Union Bild.)
- Nous allons passer en revue les principales régions de l’U. R. S. S. qui ont fait ou feront l’objet de grands travaux d’électrification.
- Dans le Nord-Ouest, il s’agissait de se libérer du combustible minéral amené à grands frais de régions lointaines, en utilisant d’une façon plus intensive les ressources locales en eau et en tourbe. Les nouvelles centrales seront celles de la Svir inférieure (80 000 kw), celle de Leningrad (100 000 kw) et dans les environs de la ville une centrale à tourbe qui fournira 100 à 150 000 kw.
- Le Centre industriel possède un réseau ferré très dense, des voies navigables et une main-d’œuvre très nombreuses. Aussi le développement économique y est-il particulièrement rapide et intense. Le centre industriel comprend trois régions principales : celles de Moscou, d’Iva-novo-Voznessiensk et de Nijni-Novgorod. Ces trois
- régions disposent actuellement d’un système indépendant de ravitaillement électrique, mais à la fin de la période quinquennale, ces trois systèmes n’en formeront plus qu’un. Là encore il s’agit d’utiliser l’énergie locale, mais les rivières du centre industriel coulant en plaine ne peuvent convenir à la création d’usines hydrauliques. Aussi est-il nécessaire de recourir au charbon local et à la tourbe. La puissance totale des centrales vient d’être portée de 200 000 à 1 217 000 kilowatts par l’agrandissement et la création des stations suivantes :
- 2 stations municipales de Moscou ........................ 200 000 kw
- Station de Chatoura .... 136 000 — (püissanet por-
- tée a 180 000)
- — Kachira......... 284 000 —
- — Classon.......... 46 000 —
- — Nijni-Novgorod. . 150 000
- — Ivanovo-Voznes-
- siensk......... 90 000
- — Liapine............. 41000
- 947 000 kw.
- Dans l’Oural, étant donné la variété des richesses minérales et le peu de développement de l’industrie, il n’avait guère été construit jusqu’ici que des centrales de fabriques. Le programme actuel, par contre, prévoit la création d’un puissant réseau de transmission, alimenté par 3 stations régionales de puissances respectives 134 000, 110 000 et 44 000 kw. rj
- En Asie centrale, pour alimenter la jeune industrie chimique créée dans la région du Turkestan, on commence la construction d’une centrale hydraulique d’une puissance de 70000 kw au début et de 200 000 kw ultérieurement. La Sibérie, dans le bassin houiller de Kouznetz, verra construire 2 stations régionales de puissances définitives 300000 et 200000 kw, qui doivent être réunies par une ligne de transmission à haut voltage.
- Le Caucase-Nord est abondant en cours d’eau à forte pente, de plus il est voisin du bassin du Donetz, aussi le plan quinquennal prévoit-il qu’il pourra à la fin de la période actuelle produire 225 000 kw de force électrique.
- En Ukraine la première place est naturellement occupée par la station hydraulique du Dniepr, près de la ville de Zaporojié, à 200 milles d’Odessa, dont la puissance de 372 000 kw sera portée à 625 000 kw à la fin de la période quinquennale. C’est le colonel Hugh L. Cooper, créateur du barrage Wilson au Muscle Shoals (États-Unis) et ingénieur en chef de l’équipement de la chute du Niagara qui, aidé de 5 ingénieurs américains et de 17 000 hommes dirige ce travail qui doit éclipser ces deux ouvrages géants d’Amérique, 9 turbines de 85 000 ch, dont la puissance totale sera portée à 850 000 ch sont en cours de pose et constitueront un double record : record de puissance d’une turbine isolée (85 000 ch contre les 75 000 du Niagara) et record de puissance totale (850 000 ch contre les 670 000 du Muscle Shoals). Un barrage de 2300 mètres de long, 66 mètres de haut pouvant retenir 860 000 m5 d’eau est en construction à une cadence qui elle aussi constitue un record : les 17 000 hommes qui y sont employés ont mis en œuvre 83 000 m3 de ciment en un mois (septembre
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- Fitj. 10. — Panorama de la fabrique de machines agricoles de Rostou. (Phot. Union Bild.)
- 1930) contre les 52 000 qui constituaient le record du Muscle Shoals. En octobre et novembre 1930 ce nombre atteignait 110 000. L’aménagement électrique du Dniepr permettra de créer un important centre industriel dans la région riche en voies fluviales et ferrées voisine des charbons de Donetz, du fer de Krivoï-Rog et du manganèse de Nikopol et qui contient en outre des gisements abondants de kaolin, de chaux, de pierres de constructions. Le bon marché de l’énergie fournie par la centrale du Dniepr facilitera la création d’usines électro-métallurgiques et électrochimiques, pour la production des aciers spéciaux, de l’aluminium, du ferro-silicium, du ferro-manganèse, etc. Un des principaux consommateurs de l’énergie du Dniepr sera constitué par une puissante aciérie qui produira plus d’un million de tonnes de fonte ainsi que de l’acier Martin et des laminés et à qui sera associée avec une fabrique de ciment de scories. D’après les chiffres donnés par le colonel Cooper, la centrale du Dniepr produisant une énergie de 2,5 milliards de kw-h pourrait suffire à une région industrielle de 8 millions d’hommes, elle en compte actuellement un million; mais déjà une nouvelle cité de 500 000 âmes, première d’une série de villes-usines, vient d’être élevée sur les rives du Dniepr.
- En Transcaucasie, la région de Bakou est abondamment ravitaillée en énergie par les centrales thermiques au pétrole, mais dans les autres parties de cette fédération de
- républiques, les nombreux torrents des montagnes offrent une source abondante de force motrice qui pourra être utilisée à la mise en valeur des richesses minérales de la contrée. Tiflis, par exemple sera alimenté par les stations hydroélectriques « Y. I. Lénine » sur la Koura et « Staline » sur le Rion de puissances respectives 58 000 et 70 000 ch et reliées l’une à l’autre, formant réserve mutuelle.
- Nous voudrions insister sur ce point : il semble bien que le programme d’électrification que nous venons d’exposer revêt déjà un caractère pour ainsi dire historique. En effet, le développement industriel extrêmement rapide de l’U. R. S. S. entraînera, sans nul doute, une révision de ce programme dans le sens d’une nouvelle extension des grands travaux projetés dans ce domaine si essentiel de l’économie nationale.
- LA MÉTALLURGIE; FER, FONTE, ACIER
- La base matérielle du plan quinquennal est le métal : c’est l’évolution de la métallurgie qui détermine la possibilité et les limites de la croissance de toutes les autres branches de l’industrie ainsi que de l’économie nationale dans son ensemble. L’U. R. S. S. qui possède les plus riches et les plus divers gisements de minéraux de tout le monde, devait apparemment figurer parmi les plus grands fournisseurs mondiaux de matières premières minérales. Et cependant, il y a 3 ou 4 ans, les Soviets importaient encore des minéraux dont ils disposaient
- Fig. 11. — La construction en Sibérie d'une usine géante destinée à la fabrication des moissonneuses-batteuses. (Phot. Trampus.)
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- de façon plus que suffisante dans leur sous-sol. En raison d’une mauvaise organisation, l’extraction du minerai de fer, la production de la fonte, de l’acier étaient en 1928 nettement inférieurs à celles de 1913, comme le montre le tableau suivant :
- 1913 1928 1929 prévisions p. 1933
- (en millions de tonnes).
- Extraction de mine-
- rais de fer. . . . . 9,2 5,8 19,4
- Production de fonte. • 4,2 3,3 4,9 12
- — d’acier . • 4,2 3,9 5,5 10
- Produits laminés. . . 3,5 3,2 8
- Depuis 1929 seulement la production d’avant-guerre a été atteinte. Mais là encore le plan quinquennal doit faire entrer l’industrie métallurgique dans une phase absolument nouvelle. Il vise deux buts : agrandir et remettre en état d’anciennes usines et construire des usines neuves, principalement dans l’Oural. Parmi elles nous ne voulons citer que les usines métallurgiques de Kouznetz et Magnibogorsk : les mines du mont Magnétique sont en elfet extrêmement riches, puisqu’on évalue leurs réserves à 300 millions de tonnes, avec une teneur moyenne de 60 % de fer. Leur mise en état d’exploitation a été poussée prodigieusement par la firme américaine Arthur G. Mc Kee et C° et au début de cette année, entraient en activité 2 hauts fourneaux à Magnitogorsk d’une puissance de 650 000 tonnes par an et l’usine de Kouznetz (600000 tonnes). Avant tout Magnibogorsk produit le minerai et Kouznetz le charbon, le minerai formant fret de retour entre ces deux villes distantes de 2000 km (l’écoulement de charbon de Kouznetz doit atteindre 4,5 millions de tonnes et celui du minerai vers Kouznetz 2 millions détonnes par an). L’usine de Magnibogorsk construite d’après les données les plus modernes, représentera une construction extrêmement intéressante par son outillage et sa puissance technique ; elle sera, à cet égard, l’une des plus remarquables de toute l’Europe. En 1933 une voie centrale de transport écoulera 2400 tonnes de minerai j:>ar heure, du gisement aux hauts fourneaux, ce qui représente 8 trains de 5 wagons de 60 tonnes chacun. L’extraction du minerai se fait à l’aide d’explosifs : au moyen de 3 à 4 tonnes d’explosifs dans une vingtaine de trous de mine à la fois, on fera sauter une quantité de minerai de l’ordre de 48 000 tonnes. L’usine comporte tous
- les perfectionnements les plus récents de préparation, de transport, d’enrichissement et de transformation du minerai. Elle sera pourvue également d’un four électrique pour aciers spéciaux. Ce rapide aperçu donne une idée du gigantesque effort réalisé parjles Soviets dans le domaine métallurgique; quand ce programme grandiose aura été mené à bonne fin, l’U. R. S. S. deviendra le premier producteur de fonte en Europe et le second dans le monde entier.
- LES MÉTAUX NON FERREUX
- Le tableau suivant montre les besoins, la production en 1931, et les prévisions pour les principaux métaux non ferreux, cuivre, zinc, plomb, aluminium :
- Métal Besoins en Production Plan quin- Plan révisé
- 1929-1930 en 1931 quennal
- Cuivre. . . . 61 600 t 50 000 t 85 500 t 150 000 t
- Zinc......... 43 300 t 13 000 t 77 000 t 127 000 t
- Plomb. . . . 55 000 t 7 000 t 38 500 t 100 000 t
- Aluminium. . — 6 000 t 5 000 t 20 000 t
- Les nombres relatifs à la production en 1931 résultent d’usines construites les années précédentes et commençant leur activité au 1er janvier 1931.
- Pour le cuivre, il semble que le gisement de Koounrad dans le Kasakstan tende à devenir le gisement de cuivre le plus riche et le plus important, puisque ses réserves sont évaluées, selon les données les plus modérées, à près de 1,2 million de tonnes et l’Institut « Guiprotsvetmet » (des métaux industriels non ferreux) a été chargé d’établir le projet d’une fonderie à Kazmedstroï, d’un rendement annuel de 100 000 tonnes susceptible d’être porté à 200 000 tonnes.
- Pour l’aluminium, le Conseil du Travail et de la Défense nationale attachait une importance particulière à l’organisation en U. R. S. S. de la fabrication de l’aluminium, question à l’ordre du jour dans ce pays depuis 20 ans. Il a chargé le Tsvetmetzolo (trust des métauxnonferreux) de construire deux groupes d’usines combinées, l’une dans la région du Dneprovsk d’une capacité 15000 tonnes, l’autre à Leningrad (6000 tonnes), cette dernière fonctionne d’ailleurs depuis le début de cette année.
- LA CONSTRUCTION MÉCANIQUE
- La devise «plus de métal» qui semble présider à la réorganisation métallurgique signifie en même temps « plus
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- Elle cultive en céréales une superlicie de 60 000 hectares. (Phot. Union Bild).
- machines » pour les usines et les fabriques, pour le transport, pour les champs immenses de l’agriculture. Tel est le problème à résoudre et ce semble bien être le travail le plus considérable à accomplir du plan quinquennal si l’on considère les actuelles importations massives de matériel de toute sorte. Voici en effet un tableau donnant la part des importations des machines en Russie par rapport à l’ensemble des besoins :
- 1929 1930 1931 1932 1933
- Machines-outils. . 62 % 66 % 69 % 67 — 29
- Matériel de centrales électriques . 28 33 31 13 22
- Matériel de chemin
- de fer.......... 0 0 0 14 6
- Installations spéciales............. 50 45 40 30 17
- (Le signe — correspond aux exportations.)
- Ainsi donc en octobre 1933, à la fin du plan quinquennal, malgré l’accroissement énorme des nouvelles installations et la célérité avec laquelle elles sont mises en exploitation, l’U. R. S. S. ne sera pas encore libérée de la nécessité de recourir aux entreprises des pays capitalistes. L’effort est particulièrement considérable en ce qui concerne les machines-outils et les appareils électriques (les Soviets devant exporter à cette époque un matériel de centrales électriques pour la valeur de 63 millions de roubles).
- Un point particulier est à noter : naissant à l’industrie moderne, l’U. R. S. S. possède Fini mense avantage de pouvoir s’équiper immédiatement à neuf : elle bénéficie des résultats des coûteuses expériences des vieux pays industriels, subissant l’amortissement de leurs techniques successives périmées : c’est ainsi que toute FU. R. S. S. sera équipée avec des moteurs Diesel alors que la plupart des pays industriels européens possèdent encore leurs installations à vapeur.
- La construction des turbines est particulièrement poussée, sous l’impulsion du plan d’électrification. Elle semble être concentrée dans l’usine métallurgique « Staline » à Lé-
- ningrad, qui a produit une puissance de turbines de 100 000 kw en 1928. Au cours de l’année 1931 l’usine « Staline » doit produire 2 types de turbines de puissances égales à 24 000 et 50 000 kw (23 des premières et 5 des secondes) ce qui donne une puissance de 800 000 kw alors que le plan quinquennal ne prévoyait que 750 000 en 1933.
- La construction des machines-outils, des appareils de crac-king, de distillation et d’hydrogénation de pétroles est également très poussée. Mais c’est surtout l’outillage agricole qui a fait l’objet des sollicitudes du plan quinquennal : la fabrication des machines agricoles était en effet, au temps de la Russie tsariste, l’une des branches les plus arriérées de l’industrie. Déjà au cours de l’exercice 1929-1930, des résultats très importants ont été obtenus au point de vue de l’organisation technique de l’économie rurale. La fabrication des machines agricoles est passée de 202 millions de roubles à 314; on a fabriqué en 1929-1930, 9356 tracteurs contre 3627 l’année précédente et alors qu’en 1929-1930, comparativement aux chiffres d’avant-guerre, l’industrie soviétique dans son ensemble avait doublé d’importance, la fabrication des machines avait atteint le coefficient 5. Mais cette fabrication, considérable cependant, est encore loin de pouvoir satisfaire aux besoins soviétiques et l’intensification de la fabrication des machines agricoles sera encore beaucoup plus accentuée en 1931 que pendant les années précédentes.
- Comment se pratiquent les semailles dans l'exploitation agricole d’État n° 2.
- (Phot. Union Bild.)
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- Le programme que cette industrie aura à réaliser en 1931 prévoit une fabrication d’une valeur de 1,3 milliard de roubles, c’est-à-dire qu’elle sera 3 fois celle de l’année qui vient de s’achever et 15 fois celle d’avant-guerre. Avec ces chiffres, l’Union Soviétique sera le premier pays du monde pour la fabrication des machines agricoles et les Etats-Unis ne viendront qu’au deuxième rang.
- LE PROBLÈME AGRICOLE
- La réalisation du plan quinquennal, dans sa partie agricole, était capitale pour le système élaboré : faisant momentanément appel aux ingénieurs et au matériel étrangers, l’U. R. S. S. avait besoin d’un certain crédit extérieur, que seules ses exportations pouvaient lui procurer; dans le tableau de l’exportation, les céréales viennent en deuxième rang avec 19 millions de roubles, derrière les 23 millions de bois et devant les 13 millions de produits du naphte.
- Le plan quinquennal est marqué par l’organisation des « Kolkhoz » et des « Sovkhoz » : les exploitations paysannes jusqu’alors isolées sont réunies en Kolkhoz, {exploitations collectives) avec comme conséquence la suppression de la classe de paysans riches. Les Sovkhoz sont des exploitations d'Etat collectivisées. L’idée qui présidait à cette organisation est celle de la supériorité des grandes exploitations collectivisées dans le domaine agricole, elles apportent des récoltes beaucoup plus importantes, de bien meilleur rendement que celles des exploitations individuelles. Le rendement du travail calculé d’après le nombre d’hectares cultivés par un ouvrier est dans les Kolkhoz de 30 à 40 pour 100 et même dans certains cas isolés de 70 pour 100 plus élevé que dans les exploitations individuelles. Au Caucase septentrional, la
- part d’ensemencement par famille dans un Kolkhoz est de 3,1 hectares contre 1,9 dans une exploitation individuelle.
- Au 1er décembre 1930, plus de 6 millions d’exploitations avaient été réunies en Kolkhoz, ce qui ne représente qu’une proportion de 24 pour 100 ; mais dans les régions essentielles des cultures céréalières, le taux de collectivisation atteint 49 pour 100. A l’heure actuelle, le nombre des Kolkhoz atteint 10 millions; pour caractériser le rythme accéléré de cette transformation, il suffira de dire qu’entre le 1er et le 10 avril courant, 600000 exploitations ont été collectivisées. Les résultats en semblent particulièrement probants si l’on considère les récoltes de 1929 et 1930 :
- 1929 1930
- Récolte de froment
- et de seigle . . . 400 500 millions de quintaux
- Production sucrière .8 18 —
- Le mouvement amorcé se poursuit d’ailleurs croissant : les semailles de l’automne 1930 occupent une superficie supérieure de 1,2 million d’hectares à celles de l’automne 1929 et en particulier, les semailles de froment sont augmentées de 1,9 million d’hectares, soit 19 pour 100.
- Dans l’industrie sucrière, l’U. R. S. S. qui, jusqu’en 1929 ne venait qu’en sixième place avec 8 millions de quintaux, derrière l’Allemagne (23), les Etats-Unis (12), la Tchéco-Slovaquie (11), la France (10) et la Pologne (9), occupera à partir de cette année le second rang.
- Par ailleurs, la culture du coton fait actuellement l’objet d’une complète réorganisation : la superficie cultivée par les Sovkhoz d’Asie centrale passe de 17 000 hectares en 1929 à 50 000 en 1930 (augmentation de 250 pour 100).
- Des travaux d’irrigation sont entrepris afin d’englober de nouveaux terrains en Asie centrale et en Transcaucasie, de sorte que l’on prévoit pour 1931 une récolte de 1,5 million de quintaux, contre 0,5 cette année.
- A côté de ces « Sovkhoz » à grand rendement existent des Sovkhoz expérimentaux, jouant un grand rôle pour la détermination des types de machines et outils agricoles, les plus efficaces et profitables du point de vue de la grande exploitation, ainsi que pour l’apprentissage de la meilleure utilisation de ces machines et la préparation des cadres qualifiés. Certains sont de véritables instituts formant des ingénieurs-mécaniciens recrutés parmi des ouvriers ayant déjà fait un assez long stage dans l’industrie : ils acquéreront l’expérience nécessaire pour pouvoir diriger par la suite de grandes exploitations.
- Il fallait, en effet, diffuser l’expérience acquise dans l’économie rurale par l’utilisation de la machine et trouver les meilleurs moyens d’en tirer le plus grand profit.
- On peut penser que les Sovkhoz, énormes fabriques de blé, deviendront le levier puissant qui apportera la transformation de toute l’ancienne vie rurale.
- Fig. 14. — Silos’à blê'conslruits en 1930 à Nikolaiev, sur la Mer Noire. (Ces silos, de 41 000'tonnes de capacité, sont les plus grands d’Europe. (Phot. Union Bild.)
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- L’INDUSTRIE CHIMIQUE EN RUSSIE
- Les engrais. — Le développement extraordinaire de l’économie agricole, devait créer une demande considé rable d’engrais chimiques. L’accroissement du nombre des exploitations collectives paysannes ou d’Etat, la nécessité d’augmenter le rendement des cultures fourragères et potagères, telles sont les causes qui ont conduit les Soviets à fixer à 6,3 millions de tonnes le volume des engrais chimiques nécessaires en 1930-1931. La production industrielle des engrais est assurée d’avoir un ravitaillement régulier en matières premières minérales : les apatites de Kola, de forte teneur en phosphore, peuvent remplacer les phosphates pauvres et la production d’acide sulfurique va se développer largement par suite de la découverte dans l’Oural, de nombreux gisements de pyrites sulfureuses.
- A Karakliss une usine terminée en octobre 1931 produira 20 000 tonnes de cyanamide. Dans l’Oural (usine Beresnikovski), dans la région de Moscou (Bobrikovski et Donbasski), sur la Svir, le Dniepr; dans le Centre, les Soviets pensent produire 1 million de tonnes de superphosphate, 80 000 tonnes d’engrais azotés, 250 000 tonnes de sels de potassium et 1 million de poudres de phosphate.
- Potasse et soude. — La soude sera produite par deux usines, dont l’une travaillera exclusivement pour l’exportation. Quant à la potasse, une première mine à Solikamsk en Sibérie entre en activité au début de cette année et produira 1,5 million de tonnes de potasse annuellement. Les réserves de ce gisement immense couvrant une superficie de plus de 600 km, sont évaluées à 6 milliards de tonnes d’une richesse exceptionnelle : les syl-vinites de Solokamsk se distinguent en effet par leur forte teneur en potasse : les potasses d’Alsace qui sont pourtant les plus riches parmi toutes celles que l’on connaissait, le sont cependant 3,5 fois moins que celles de Solikamsk. Un des directeurs du Syndicat franco-allemand des potasses, professeur à l’Ecole technique supérieure de Breslau a déclaré : « La richesse de ces gisements russes est incalculable, même dans la seule région de l’Oural. »
- Le caoutchouc. — Le problème du ravitaillement en caoutchouc est particulièrement grave pour l’U. R. S. S. En effet, leurs besoins sont évalués de la façon suivante pour les 4 derniers exercices de la période quinquennale (en milliers de tonnes) :
- 1929-1930 1930-1931 1931-1932 1932-1933
- 17 20 33 45
- Le sol de l’U. R. S. S. est si riche en ressources si variées, qu’il n’était pas extraordinaire d’y implanter des cultures caoutchoutières ; de fait une expédition scientifique d’exploration a découvert 5 sortes de caoutchoutiers dont les plus riches sont la Hondrilla et la Taou-Sagyz; il existerait actuellement 100 millions de Hondrilla et 80 de Taou-Sagyz constituant des réserves de 2000 et 10 000 tonnes. On terminera cette année la construction d’une fabrique de caoutchouc traitant le latex de la Taou-Sagyz, avec une production de 200 tonnes, l’usine sera mise en marche en octobre prochain; pendant cette
- Fig. 15. — Bâtiments provisoires pour l'exploitation de la potasse dans l’Oural. (Phot. Union Bild.)
- même année seront construites 3 autres usines, pour le traitement du latex de la Hondrilla et une usine pour le second traitement du latex. Enfin pour 1931, les Soviets envisagent la construction de 8 nouvelles usines pour le traitement de la Taou-Sagyz et l’agrandissement des usines traitant la Hondrilla.
- Il est un point que le plan quinquennal semblait avoir négligé : les chemins de fer qui jusqu’à ces temps derniers étaient encore plus arriérés que sous les tsars. L’état des chemins de fer soviétiques était le suivant, il y a encore deux ans : 96 000 kilomètres de voies fatiguées, 17 000 locomotives archaïques et un million d’employés sans service organisé. Devant une pareille situation, les Soviets n’ont pas hésité à faire appel à l’expert Charles A. Gill, ingénieur en chef du chemin de fer Baltimore-Ohio qui s’est embarqué dernièrement pour réorganiser la traction soviétique. 900 millions de dollars doivent lui permettre d’accroître le kilométrage de voies, de créer de nouvelles machines-ateliers de construction et de réparation; sous lui travailleront 150 « railroadmen », comprenant des spécialistes depuis des superintendants jusqu’aux contremaîtres d’ateliers, des conducteurs et des signalisateurs.
- A ce tableau considéré uniquement du point de vue technique, nous ne voulons ajouter que ces paroles prononcées par M. Maurice Ordinaire, vice-président du Sénat : « On s’accorde à reconnaître, officiels ou émigrés, que le nouveau système débute par un succès foudroyant; en particulier le paysan abandonne sa propriété pour entrer dans les kolkhoz. Dès le printemps de 1930, les grandes propriétés collectives engloberont 30 millions d’hectares, 7 à 8 fois plus qu’on ne prévoyait, soit le tiers de toutes les cultures de la Russie soviétique. »
- Les temps sont proches où la Russie renouvelée, équipée à la moderne, grâce à la technique des pays capitalistes, pourrait inonder le marché de bois, de blé, de laine, de lin, de pétrole, de viande, de sucre à des prix qui désarmeraient la concurrence, si ces 160 millions d’individus ne constituaient par eux-mêmes, une énorme masse de consommateurs. J. Arnoux.
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- LE MAL D’ALTITUDE
- 3000 5000 7000 9000 III
- Altitude correspondant à la dépression
- Fig. 1. — Variations de la fréquence des mouvements respiratoires chez
- le lapin soumis à une dépression progressive dans le caisson à vide.
- (D’après Garsaux, Béhague et Richet.)
- L’immense vogue présente des sports en montagne nous amène à parler d’un problème de physiologie, déjà bien vieux, mais qui de ce fait bénéficie d’un surcroît d’actualité.
- L’ensemble des troubles qui constitue ce que l’on a appelé le mal des montagnes fut décrit pour la première fois par le Père jésuite Acosta, aumônier des troupes espagnoles, lors de la conquête de l’Amérique du Sud. Or, il est curieux que les plus récents travaux publiés sur cette question l’aient été par sir J. Barcroft, physiologiste anglais, à l’occasion d’un voyage qu’il effectua comme le Père Acosta dans la Cordillère des Andes. Mais entre les relations de voyage de ces deux auteurs, bien des études et bien des ouvrages portèrent sur ce point de physio-pathologie : et au premier titre, le gros de l’œuvre de Paul Bert.
- Bien longtemps avant Paul Bert, qui travaillait vers 1882, cette question avait été effleurée par le Suisse de Saussure qui s’illustra par son ascension du Mont-Blanc; simultanément un médecin français, Jourdanet, qui vivait au Mexique, décrivit le premier tous les signes du mal des montagnes et remarqua l’adaptation des Mexicains qui vivent sur les hauts plateaux.
- Puis ce fut l’œuvre considérable de Paul Bert, rassemblée dans un livre fondamental : « La pression barométrique. »
- Fig. 2. — Respiration irrégulière ou anisopnée. En trait plein, le rythme diaphragmatique; en pointillé, le rythme costal discordant.
- Il ouvrit ainsi le champ à une foule de chercheurs qui travaillèrent sur ses traces : ce furent Angelino et Ugolino Mosso, en Italie et, en France, Cruchet, Beyne, Perrin de Brichambaut, Garsaux et Béhague.
- On a pu contrôler les signes de ce mal des montagnes en quatre circonstances différentes :
- 1° Au cours de l’ascension des montagnes ;
- 2° Au cours d’ascensions en ballon;
- 3° Au cours de raids en avion;
- 4° En utilisant un instrument destiné à l’étude même de ce mal : le caisson à vide.
- Les symptômes, multiples, varient pour chaque individu selon plusieurs facteurs étiologiques : le froid, l’effort, la fatigue physique,l’adaptation ; le plus fréquemment on observe d’abord une céphalalgie intense qui dure peu et à laquelle font suite d’abondantes nausées; ces signes sont dominés par le plus grave d’entre eux qui est sans conteste une asthénie si grande que la victime ne peut plus réaliser aucun effort; puis vient une gêne respiratoire, une accélération cardiaque assez considérable, une somnolence progressive. Ces troubles signifient irrévocablement à l’ascensionniste que son expérience ne doit pas se poursuivre sous peine de voir s’accroître tous ces phénomènes qui comportent comme conclusion la syncope et quelquefois la mort.
- Ce tableau si dramatique ne peut guère être bien vu qu’au cours d’ascensions en montagne. Chez les aéronautes le mal est plus tardif et beaucoup moins étendu; cela tient certainement à ce que ceux-ci sont soumis à des efforts physiques presque nuis; on ne relève que deux morts dans l’histoire de l’aérostatique : celles de Crocé-Spinelli et Sivel survenues à l’altitude de 8600 m au cours d’une ascension en ballon faite en 1875 avec Gaston Tissandier.
- Ce mal se présente, tout différemment, chez les aviateurs, par une multiplicité de signes dont certains du reste sont absents chez les uns et existent chez d’autres : le plus souvent, c’est une céphalée très intense, accompagnée de bourdonnements d’oreilles très pénibles qui s’exagèrent au cours de la descente; celle-ci amène également de la tachycardie, de l’angoisse et de la chaleur de la face. Après l’atterrissage succède une phase d’excitation nerveuse ou, tout au contraire, de l’abêtissement et une tendance à un sommeil invincible ; le sujet n’y peut d’ailleurs pas résister et ce sommeil est profond et réparateur.
- Dans le caisson à vide, aucun trouble n’apparaît avant une dépression correspondant à une altitude de 4000 m; ensuite survient, une asthénie progressive envahissante, augmentée par l’effort. A 5000 m apparaît le cortège des troubles que nous avons signalés dans l’ascension en montagnes.
- De nombreuses expériences ont été entreprises avec le caisson à vide : les plus récentes ont fait l’objet de communications très intéressantes à l’Académie des Sciences et à la Société de Biologie de la part de MM. Garsaux, Béhague et Charles Richet fils. Elles ont porté sur le lapin : cet animal au cours d’une ascension progressive
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- tolère une chute très élevée de la pression barométrique sans aucun trouble; puis vers 6000 m s’installe une asthénie intense en même temps que la température diminue et que la respiration réduit son ampleur et accroît sa fréquence. Un autre phénomène survient : c’est l’abolition des réflexes : l’animal supporte sans clignements d’yeux le contact de sa cornée avec le mica de la cage. Au delà de 11 000 m la respiration diminue rapidement de fréquence et l’animal meurt eu hypothermie et oligopnée lorsque l’altitude de 13 000 m est atteinte. Si l’on a soin d’éviter la mort de l’animal on
- constate, au cours de la descente, les phénomènes inverses avec quelquefois des convulsions et plus rarement des paralysies rentrant dans l’ordre assez rapidement (fig. 1).
- Il est du reste facile de modifier les phénomènes observés en ayant recours à des adjuvants tels que le froid qui fait apparaître chez le lapin l’asthénie beaucoup plus tôt ou la fatigue consécutive à une dépense d’énergie ou encore l’injection de morphine qui rendent l’asthénie précoce et durable.
- Un des points de ces expériences dont l’étude du mal des montagnes peut retirer un profit certain porte sur les modifications respiratoires qu’amène l’ascension chez
- des individus normaux.
- Cela consiste tout d’abord en une augmentation considérable de la fréquence de la respiration qui, quelquefois passe de 50 par minute à 200 et plus; ce phénomène a lieu dans les 6000 premiers mètres de l’ascension. Brusquement, une fois ce cap des 6000 m dépassé, on observe un renversement du phénomène et apparaît ce que l’on a décrit sous le nom d’oligopnée, c’est-à-dire un ralentissement marqué de la respiration. Celle-ci de 200 par minute redescend bientôt à 100; puis la chute s’accentue et vers 10 000 m d’altitude on n’observe plus que de 24 à 30 respirations par minute. A ce moment apparaît un autre phénomène que MM. Garsaux et Bé-hague ont appelé anisopnée ou respiration irrégulière; ce terme différencie l’origine des respirations qui tantôt sont costales, tantôt sont diaphragmatiques ; les auteurs tiennent à ne pas confondre le phénomène qu’ils ont observé avec la respiration dite de Cheyne-Stokes qui n’est pas une respiration irrégulière mais une respiration rythmée d’un type très précis (fig. 2 et 3).
- Le champ des modifications respiratoires ne se limite pas à la fréquence de la respiration; mais s’étend aussi à l’ampleur, ce qui se traduit par une diminution notable de l i capacité pulmonaire que l’on a attribuée à la dilatation des gaz intestinaux qui compriment le diaphragme ; ce phénomène explique partiellement l’exagération de la fréquence des respirations nécessaire pour conserver un débit pulmonaire constant.
- . CO2
- Quoique le quotient respiratoire —^ ne soit pas modifié il se trouve cependant que par suite de la chute de la pression, la proportion du gaz carbonique dans les gaz exhalés soit considérablement augmentée.
- Deux autres appareils qui sont également très touchés par l’ascension en montagne sont le cœur et la pression artérielle.
- Le cœur présente durant l’ascension une tachycardie très prononcée; un cœur battant normalement à 75 ou 80 par minute passera à mesure que l’altitude augmente
- Temps en secondes
- Fig. 3. — Le rythme respiratoire dit de Cheyne-Stokcs.
- successivement à 100 puis à 420 et montera même quelquefois jusqu’à 200 battements par minute; ce phénomène n’est pas sans avoir un très grand retentissement sur la pression artérielle : celïe-ci s’énonce habituellement par deux chiffres : le premier correspond à la pression à l’instant de la systole ; c’est la pression maxirna ou pression systolique évaluée en centimètres de mercure ; le second chiffre que l’on énonce ensuite est celui de la pression minima ou diastolique. Or, au cours d’une ascension il y a une dissociation entre les courbes représentatives des deux pressions : la pression minima. descend progressivement jusqu’au moment où. le plafond de l’ascension est atteint, et puis remonte pour dépasser son point de départ initial; la pression maxirna, tout au contraire après une très légère descente durant les 2000 premiers mètres de l’ascension monte jusqu’à l’instant ou l’expérimentateur atteint le point culminant de son ascension, puis redescend pour dépasser également, tout comme la pression minima, le chiffre premier, (fig. 4).
- Il y a enfin un dernier appareil qui se trouve profondément altéré du fait de l’ascension : c’est le sang. Lui qui vient au poumon pour y chercher la vie sous forme
- Fig. 4. — Variations de la pression sanguine au cours d’une ascension à 9000 mètres.
- Pression va»**.
- 3000 f Ascension
- )0 . 3000
- Descente
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- == 74 .......... ...........-..................==
- d’oxygène qu’il ira ensuite répandre dans tous les points du corps humain trouve en cet endroit une telle modification qu’il doit se modifier lui-même, pour s’adapter à ce nouveau milieu. Le phénomène le plus notable observé depuis longtemps par les physiologistes est l’extrême abondance des globules rouges, dans les vaisseaux périphériques. Cette polyglobulie vraie asphyxique est surtout manifeste chez les gens qui vivent sur les hauts plateaux et n’a guère le temps d’apparaître chez un expérimentateur qui a recours au caisson à vide. Néanmoins Jourdanet a souvent vérifié que chez les Mexicains le nombre des globules rouges est double du chiffre normal.
- Barcroft a surtout étudié les variations des gaz dissous dans le sang. L’azote qui constitue 79 pour 100 de l’air se dissout proportionnellement à la pression.
- Il n’en est pas de même de l’oxygène et du gaz carbonique qui se combinent avec l’hémoglobine du sang : il semble que pour obtenir la combinaison : oxygène -j-hémoglobine = oxyhémoglobine, il faille une certaine tension d’oxygène, et si celle-ci n’est pas atteinte la combinaison est nulle ou presque. Il existe un seuil, voisin
- 80 70 60 50 kO 30 20 10 0
- Pression de l'air en Cms de Hg.
- Fig. 5. — La quantité d’oxygène dans le sang en fonction de la pression.
- de 30 centimètres de Hg de pression, au-dessus duquel la pression ne joue plus un rôle très grand dans la formation de l’oxyhémoglobine (fig. 5).
- Un grand nombre d’autres phénomènes moins constants font partie de ce syndrome complexe qu’est le mal d’altitude.
- Un des plus intéressants et des plus fréquemment observé le fut pour la première fois par Herlitzka : c’est la glycosurie assez nette, commune à tous les as-
- phyxiques, qui indique une altération hépato-rénale.
- Tous les appareils touchés compensent les troubles dus à la chute de la pression barométrique.
- Le coeur s’adapte, amplifiant la petite circulation. Le physiologiste belge Heger a vu que les animaux domestiques vivant au-dessus de 2500 m ont un cœur droit très augmenté de volume comparativement à celui des mêmes animaux habitant dans la plaine.
- Le thorax multiplie la fréquence des inspirations et la respiration devient beaucoup plus costale que diaphragmatique.
- Le sang s’adapte en réalisant une polyglobulie; Jourdanet disait que les Mexicains avaient de 5 à 6 millions de globules rouges au lieu de 3,5 millions qui est le chiffre normal. De plus, et ceci n’est qu’un processus de défense, apparaît une légère monoleucocytose.
- On a longuement discuté sur la cause vraie du mal des montagnes; les théories qui ont été émises sont nombreuses et souvent opposées : nous citerons les principales d’entre elles sans vouloir entrer dans les discussions qu’elles ont soulevées.
- La premièie en date et vraisemblablement la plus proche de la vérité est celle de Jourdanet admise également par Paul Bert : théorie de l’« anoxhémie » ou manque d’oxygène dans le sang pour réaliser l’oxyhémoglobine
- La seconde qui a pour auteur le physiologiste Mosso est celle de l’acapnie ; Mosso se basant sur le rôle du gaz carbonique sur le système nerveux dont il est l’excitant aiguait de sa déficience au cours de l’ascension pour y voir la cause des troubles que l’on constate.
- Mosso défendit également une autre théorie : celle de l’inhibition du pneumogastrique, car, disait-il, si l’on coupe le pneumogastrique d’un chien, on peut contrôler chez cet animal les mêmes phénomènes que ceux que l’on voit chez un ascensionniste. Il reconnut ensuite que le rôle du pneumogastrique est très limité. Une dernière théorie, dite de Guillemard et Hoog, cherche la raison des troubles dans une autointoxication par insuffisance rénale.
- Quoi qu’il en soit, l’unique traitement du mal des montagnes est celui de toutes les asphyxies : la respiration d’oxygène, soit pur, soit mieux additionné d’une petite proportion de gaz carbonique qui joue un rôle excitateur manifeste. On n’en est plus à recommander aux ascensionnistes d’emporter avec eux des ballons àjoxy-gènes; les aviateurs ont à bord, pour les hautes altitudes, un obus d’oxygène et un masque respiratoire spécial qui les préserve du mal des montagnes.
- Jacques Blaizot.
- LA PECHE ELECTRIQUE
- Dans le « California Fish and Game », bulletin publié par une société s’occupant de la conservation de la faune sauvage, M. Coburn F. Maddox, du Bureau commercial des pêcheries de San Diego, raconte qu’en 1920 le capitaine Guy Silva pêchait avec son bateau Alice au large des îles Soccoro, à 250 milles environ du cap San Lucas.
- Il allait revenir bredouille lorsque subitement il rencontra plusieurs énormes thons dont il réussit à capturer un certain nombre du poids respectable de 200 à 300 livres pièce.
- Voyant les grandes difficultés que causa cette capture à son équipage, — il fallut quatre à cinq hommes pour
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- « crocher » un seul individu — le capitaine qui, du reste, avait déjà inventé plusieurs appareils électriques, eut l’idée d’essayer de pêcher ces bêtes à l’aide de l’électricité. Toutefois, n’ayant pas à bord de son bateau l’énergie nécessaire pour tuer ou du moins étourdir des bêtes de cette taille, il dut y renoncer cette fois-là.
- Embarqué sur un nouveau bateau le Lois S. en 1926, il revint à son idée qu’il eut alors l’occasion de mettre à exécution.
- Sa première victime fut un requin de 150 livres qui
- fut touché et étourdi de manière à pouvoir être amené à bord sans aucune difficulté ; mais le courant électrique ne le tua pas. Le capitaine s’était servi en cette occurrence d’un courant de 110 volts et l’un de ses hommes qui hissait la bête à bord, ayant sans doute touché l’hameçon au moment de « crocher », reçut une assez sérieuse commotion électrique.
- A la suite de cet accident, on cessa la pêche électrique pendant un mois environ, mais le capitaine n’en persévéra pas moins dans son idée et, après de nouvelle recherches, il créa un engin absolument inoffensif dont voici la description et le fonctionnement.
- Il comporte une batterie d’accumulateurs sous une tension de 120 volts et en outre une perche en bambou longue de 4 m 25, ayant, environ 5 cm de diamètre au gros bout, munie d’une bague en métal à l’autre bout et reliée au pôle positif du circuit de 120 volts par l’intermédiaire d’un fil isolé A-B ; l’autre pôle étant mis dans l’eau. Lorsqu’un poisson saisit l’hameçon amorcé H, il entraîne la bague de contact par l’intermédiaire du fil de coton T. D. qui, par la voie du fil flexible F, envoie le courant à la bague de contact Z et à l’hameçon H qui donne le coup de grâce au thon.
- Comme la plus grande partie de son équipage ne voulait rien savoir du nouvel appareil, le capitaine fit en leur présence, à l’aide de quelques hommes de bonne volonté, des essais qui convainquirent les plus hésitants.
- Il prit d’abord un énorme requin de 500 livres, puis successivement un thon de 328 livres
- Pointe métallique a - B Positif +
- Amortisseur
- Bambou
- Batterie. !
- Conducteur fit acier enfermé dans une gaîne isolante
- Eau (négatif}
- Fig. 1.
- Schéma de l’appareil de pêche électrique.
- (fig. 2) et sept autres (fig. 3) d’un poids global d’une tonne.
- Ces essais permirent au capitaine de constater qu’en lançant le courant directement de la batterie à l’hameçon il en résultait deux inconvénients : il tuait l’amorce vive fixée à l’hameçon et provoquait l’oxydation de cet hameçon, ce qui le mettait hors d’usage, si l’on y envoyait le courant durant plus de quinze minutes consécutives pendant qu’il était dans l’eau. L’inventeur remédia à ces deux inconvénients en plaçant un interrupteur au sommet de la perche.
- Aujourd’hui le Lois S. ne pêche plus qu’avec le nouvel engin électrique, à la fois pratique — deux hommes peuvent facilement manipuler des thons de 250 à 300 livres, alors qu’il en fallait quatre autrefois, — et rapide, l’opération se faisant en moins d’une minute.
- L. Kuentz.
- Fig. 3.
- Une partie du groupe de thons représentant le poids global d’une tonne.
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- LE QUATRIÈME CENTENAIRE DU COLLÈGE DE FRANCE
- Fig. 1. — La façade du Collège de France sur la rue des Écoles. La statue de Claude Bernard se dresse devant le portail.
- On a commémoré récemment le quatrième centenaire du Collège de France, fondé par François F1', en 1530 sous le nom de «Collège des trois Langues» parce qu’on y enseignait seulement alors l’hébreu, le latin, et le grec. A cette occasion, des délégués de 243 corps savants appartenant
- Fig. 2. — François 1er, fondateur du Collège royal en 1530, d’après le portrait de Jean Clouet, Musée du Louvre.
- à 34 nations diverses sont venus rendre de justes hommages à l’antique institution dont les maîtres recrutés « sans souci des parchemins et des concours », assurèrent, à travers toutes les vicissitudes de notre histoire, la liberté de la pensée et travaillèrent avec indépendance au progrès scientifique. D’autre part, on a organisé à la Bibliothèque Nationale, une originale Exposition, dont M. Pierre d’Espezel fut l’érudit animateur. Les documents, portraits, livres et autres objets ainsi rassemblés pour quelques mois dans la galerie Mazarine vont nous permettre d’évoquer, à notre tour, le passé du célèbre établissement, qui ne pouvait naître que dans la Ville-Lumière ! « Paris, disait éloquemment, en effet, M. Bédier, l’administrateur actuel du Collège de France, c’est un air qu’on respire, si vivifiant que l’homme qui s’y trouve soudainement plongé, de quelque métier qu’il soit, sent se précipiter joyeux le rythme de sa vie. Mais plus particulièrement pour un homme de bibliothèque ou de laboratoire, Paris c’est l’invitation salutaire à s’arracher à lui-même et à l’orgueil de sa tour d’ivoire pour enrichir, non pas sa spécialité technique, mais son âme, pour échapper précisément au péril de n’être qu’un spécialiste, donc un demi-savant, Paris c’est l’entrée en liaison avec toutes les façons élevées de comprendre la vie. »
- A l’époque de la Renaissance, cependant, l’enseignement sur la Montagne Sainte-Geneviève, après avoir brillé d’un vif éclat vers la lin du Moyen Age, commençait à décliner. Selon Erasme, F Université de Paris représentait alors la « barbarie philosophique » et Pierre Ramus écrivait qu’on « n’y entendait parler que de suppositions, ampliations, rectrictions et autres chimères aussi dépourvues de sens que les têtes de ceux qui les avaient conçues ». Aussi François F1', à l’instigation de son aumônier P. du Chastel, de l’évêque de Paris Et. Poncher et surtout du savant helléniste Guillaume Budé, fonda le Collège des trois Langues afin de restaurer le culte des lettres et des sciences dans son royaume. Mais il le lit sans bruit et sans apparat, pour ne pas attirer sur l’œuvre naissante les foudres de l’Université, très jalouse de son privilège et hostile aux innovations de la Renaissance.
- A l’origine, le Collège se composa de quatre professeurs ayant le titre de Lecteurs royaux : deux pour le grec et deux pour l’hébreu, puis presque aussitôt, le roi y créa une chaire de mathématiques qu’occupa Oronce Finé, plus connu aujourd’hui comme cartographe que comme géomètre. On voit, à l’Exposition actuelle de la Bibliothèque Nationale, sa carte de France (1561), sa superbe Horloge astronomique construite de 1546 à 1553 pour le cardinal Charles de Lorraine et un exemplaire de son curieux Proto-mathesis (1532) où figure son portrait en face d’Uranie. Dans ce dernier ouvrage, qui devait faire voler le nom de
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- son auteur « de bouche en bouche et d’âge en âge », il publie sa « découverte » de la quadrature du cercle ainsi que les solutions de divers problèmes ardus de géométrie dont son disciple Buteon et le mathématicien portugais Nonius se chargèrent de démontrer la fausseté.
- Mais en janvier 1534, nous apprend M. Abel Lefranc, dans ses Origines du Collège de France, la Sorbonne déclenche une première offensive contre quatre lecteurs royaux, au sujet d’affiches qu’ils avaient fait placarder sur les murs du Quartier latin pour annoncer l’ouverture de leurs cours. Le procès s’engage. Toutefois le Parlement en ayant référé au roi, celui-ci donne l’ordre d’arrêter la procédure tandis que le cardinal du Bellay défend les professeurs incriminés. Cette victoire accroît la popularité du nouvel enseignement. Les auditeurs se pressent en foule aux leçons des novateurs littéraires ou scientifiques, qui combattent la routine, enseignent sans diplôme, mais avec enthousiasme et indépendance dans diverses salles de collèges parisiens.
- De son côté, le vainqueur de Marignan ne perd pas de vue le développement de son utile fondation. 11 crée successivement de nouvelles chaires. Le normand Guillaume Postel inaugure l’orientalisme, cette science monopolisée par plusieurs générations d’érudits français. Dans les deux chaires de médecine installées alors s’illustrent Jacques Dubois dit Sylvius, praticien célèbre de l’époque et le florentin Vidus Vidius qui jouissait également d’une renommée mondiale. M. Pierre d’Espezel a heureusement exposé un manuscrit de ce savant chirurgien, orné de superbes dessins du Primatice, représentant des ligatures et des appareils pour les blessures.
- Sous Henri H, certains lecteurs royaux se montrent dignes de leurs devanciers, entre autres l’anatomiste Biolan, le poète Jean Dorât, le philologue Turnèbe « le plus grand homme qui fut il y a mil ans » dans la profession des lettres aux dires de Montaigne et l’encyclopédique Pierre Ramus déjà cité plus haut. Ce dernier, fils de pauvres bûcherons du Noyonnais, se révéla comme ^ un excellent réformateur de l’enseignement. ÎI débarrassa, en particulier, la philosophie scolastique des arguties puériles, professa avec clarté la logique, les mathématiques et l’astronomie. Malheureusement il éveilla aussi, par la hardiesse de ses idées et son éloquence passionnée, la jalousie de ses confrères ; des assassins, soudoyés probablement par l’un d’eux, le médecin Jacques Charpentier, le tuèrent pendant les massacres de la Saint-Barthélemy.
- Durant le xvie siècle, les cours très suivis des lecteurs royaux se tenaient au Collège de Cambrai et au Collège de Tréguier, tous deux voisins. Mais comme en 1598 ces bâtiments tombaient en ruines et qu’en outre les maîtres qui y professaient touchaient très irrégulièrement leurs émoluments, ceux-ci adressèrent leurs doléances à Henri IV qui, les ayant lues, ordonna à ses trésoriers de réduire les dépenses de sa table pour payer ponctuellement ses lecteurs royaux. Le monarque aurait même voulu faire de la création de François Ier la plus vaste université du monde, mais certains de ses ministres firent échouer ce projet grandiose. En outre, au moment où l’on apportait à pied d’œuvre les matériaux du modeste édifice dessiné par Chastillon, le roi était assassiné. Sous la régence
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- de Marie de Médicis, la couronne acheta pour 5400 livres les terrains des collèges de Cambrai et de Tréguier, mais, à cause des divers événements qui troublèrent le règne de Louis XIII, les travaux furent poussés si peu activement qu’en 1634 un contemporain pouvait écrire qu’en regardant ces bâtiments sortir de terre « on croyait plutôt voir un four à cuire le pain qu’un collège » en construction ! Les choses demeurèrent ainsi fort longtemps. Louis XIV se désintéressa même de l’institution, qui poursuivait pourtant sa féconde carrière bien qu’avec moins de vogue que par le passé.
- Sous le règne du Grand Roi cependant, d’illustres savants y professèrent, entre autres les mathématiciens
- Fig. 3. — Horloge astronomique, construite vers 1546 par Oronce Fine (actuellement à la bibliothèque Sainte-Geneviève).
- La Hire et Roberval, le philosophe Gassendi et le médecin Guy Patin que l’originalité de son esprit, ses opuscules contre l’antimoine et le quinquina ont rendu légendaire. De son côté, Tournefort y inaugure l’enseignement de la botanique tandis que d’Herbelot et Antoine Galland y enseignent avec succès les langues orientales, que Rollin et Baluze y représentent dignement les belles-lettres et l’Histoire.
- Pendant la seconde moitié du xvme siècle, les cadres s’élargissent, de nouvelles chaires sont créées, l’enseignement se diversifie. Le 22 mars 1774, le duc de la Vrillière
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- Fig. 4. — Carte de France dressée en 1561 par Oronce Finê (Bibliothèque nationale).
- tique traducteur de
- modifié quelque peu les alentours; l’ancienne place de Cambrai a disparu ainsi que le carrefour de voies obscures (rues des Noyers, Charretière, Fromentel, des Carmes), On sait que l’on élève actuellement de nouveaux bâtiments, entre le Collège de France et le Lycée Louis-le-Grand, pour remplacer les infectes bâtisses où l’on avait installé provisoirement certains laboratoires.
- Mais revenons un peu en arrière pour assister au magnifique développement du « Temple des connaissances humaines)). Cette fois, les Encyclopédistes impriment une orientation nouvelle aux programmes de la vénérable « maison ». A partir de 1773, on va y étudier, indépendamment des anciennes disciplines, la physique expérimentale, l’histoire naturelle des êtres organisés, les langues turque et persane ainsi que le droit des gens. L’astronome de Lalande, l’anatomiste Portai dont les traits tourmentés exercent la verve des caricaturistes, le naturaliste Daubenton, collaborateur de Bufîon, l’abbé Delille, poé-
- pose solennellement la première pierre des bâtiments du Collège Royal édifiés sur les plans de l’architecte Chalgrin. On mène activement les travaux de maçonnerie et l’édifice se dresse peu après sur l’emplacement où il se trouve encore aujourd’hui. Toutefois le square aménagé devant le Collège de France en bordure de la rue des Ecoles, a
- Fig. 6. — Portrait d’Erasme par Iiolbein (collection Waller Gag).
- Virgile,l’orientaliste Pierre Ruffin et Charles François Dupuis, l’historien des religions, illustrent, en particulier, les chaires qu’ils occupèrent pendant cette période.
- Chose digne de remarque, la Révolution française, qui bouleversa tant d’institutions de tous ordres,respecta le Collège de France et favorisa même son développement, car ainsi que l’écrivait D. Villars dans un rapport daté de 1795 « la Sapience à Rome, en Angleterre, le Collège de Gresham, les universités d’Oxford et de Cambridge ne
- possèdent point un système d’enseignement aussi vaste, aussi complet, aussi propre à conserver le dépôt des lettres et des sciences ». Cet éloge ne cessa pas d’être vrai au début du xixe siècle. Que de génies scientifiques ne vit-on pas briller en effet, dans le Collège impérial ? L’astronome Delambre, un des fondateurs du système métrique, y voisinait avec le physicien Biot, avec les chimistes Thénard et Vauquelin, avec le naturaliste Cuvier, le créateur de l’anatomie comparée et de la paléontologie.-
- Oit» «Km
- hmfoist - .
- Fig. 5. — Une des planches du Proloma-lliésis publié en 1532. (Le personnage assis représente Oronce Finé).
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- L’exposition actuelle a mis également en bonne place les reliques de leurs successeurs immédiats : les Laennec, les Magendie et surtout la modeste « table » historique, qui servit au grand Ampère pour réaliser ses mémorables expériences et que le Collège de France conserve pieusement. Vers la fin de l’année 1820, le Danois Oersted venait de montrer l’action d’un courant électrique sur l’aiguille aimantée et sept jours après l’arrivée de cette nouvelle dans la Capitale, Ampère apportait, à l’Académie des Sciences de Paris, un fait beaucoup plus général que celui découvert par le physicien de Copenhague. Grâce à une géniale intuition, il avait soupçonné, dans ce court intervalle de temps, que des fils parcourus par des courants
- Fig. 8. — Une des planches du « Recueil des traités laissés par les médecins grecs anciens », compilé par Vidus Vidius. Les dessins sont du
- Primalice.
- électriques devaient également agir l’un sur l’autre et il avait construit des appareils pour vérifier ces originales conceptions. Il avait, en un mot, réussi à formuler et à démontrer expérimentalement les lois générales des attractions et des répulsions électro-magnétiques. « Le vaste champ de la physique n’offrit jamais une si belle découverte, conçue, faite et complétée avec tant de rapidité », comme le proclame avec juste raison François Arago, le plus éminent de ses biographes ! f Tj
- L’électrodynamique était fondée : les phénomènes électriques se trouvaient ainsi reliés aux phénomènes magnétiques, mais là ne se borne pas le rôle de ce puissant cerveau.
- Fig. 7. — Le philosophe Pierre Gassendi. Portrait gravé par Nanleuil (Cabinet des Estampes).
- Remontant de l’action complexe, exercée l’un sur l’autre par deux conducteurs électriques, à l’action élémentaire de deux courants de
- dl mensons infini- Fg. 9. — La mathématicien André-Marie ment petites, il en Ampère (1775-1836), d’après une estampe déduisit avec une contemporaine.
- profonde et admirable logique la théorie mathématique qui guide encore ses successeurs.
- C’estla conséquence immédiate ou lointaine des calculs et des idées d’Ampère qui a permis de construire des dynamos, des bobines de Ruhmkorfî et autres machines fondées sur l’induction et d’établir des stations centrales qui fournissent à nos lampes le courant électrique. Et de
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- Fig. 10. — La célèbre « labié » qui servit à Ampère pour réaliser ses expériences (Collections du Collège de France).
- même, sans la découverte des phénomènes électro-dynamiques, les Morse, les Breguet, les Hughes et les Edison n’auraient pas pu inventer leurs appareils télégraphiques et téléphoniques !
- Après la Restauration, qui créa au Collège de France des chaires de chinois et de sanscrit, occupées avec distinction par Abel de Rémusat et Antoine de Chézy, la Monarchie de Juillet y introduisit l’économie politique que J.-B. Say enseigne avec une remarquable hauteur de vues et surtout l’égyptologie dont la création immortalisa Cliampollion, le sagace « déchifïreur » des hiéroglyphes. Là aussi, grâce à Coste, naît l’embryogénie comparée pendant que dans les amphithéâtres voisins, de nombreux auditeurs s’enthousiasment au cours d’histoire de Michelet ou applaudissent les leçons de Tardent poète polonais Mickiewicz.
- Depuis l’ordonnance royale du 26 juillet 1829 que modifia dans un sens plus libéral le décret du 1"' février 1873, le Collège de France dépend du Ministère de l’Instruction publique, mais un des professeurs a les fonctions et le titre d'administrateur. L’Institut et les maîtres de l’établissement proposent deux candidats aux chaires
- Fig. 12. — Le Collège royal, reconstruit sur les plans de Varchitecte Chalgrin, en 1774, d’après une estampe de l’époque.
- vacantes. Puis le Président de la République choisit les titulaires définitifs sur les listes de présentation. Ce règlement libéral a pu s’adapter merveilleusement aux circonstances intellectuelles et aux nécessités des recherches scientifiques de tous ordres depuis le milieu du xixe siècle jusqu’à nos jours. Que de professeurs éminents n’a-t-on pas vu s’y succéder dans les domaines les plus divers au cours des quatre-vingts dernières années ! Enumérer toutes ces sommités dépasse le cadre d’un modeste article de revue. Contentons-nous de noter quelques-uns de ces illustres savants dont les reliques ornent momentanément plusieurs vitrines de la Galerie Mazarine. Voilà les registres où Claude Bernard consigna les résultats de ses expériences célèbres sur le rôle du pancréas, sur la fonction glycogénique du foie ou sur le système nerveux. Voici la bombe calorimétrique, les appareils à effluves et l’œuf électrique de Berthelot, le fusil cinématographique de Marey, les plaques autochromes représentant les lapins qui servirent aux expériences de Gley sur la glande thyroïde (1890), le rubrène et autres corps découverts par Charles Moureu mort en 1929, etc. Nous n’avons
- Fig. 11. — Caricature de Vanalomisle Antoine baron Portai (1742-1832), professeur de médecine au Collège de France.
- (Archives du Collège de France.)
- pas la prétention de citer tous les noms des savants disparus qui travaillèrent et firent de remarquables découvertes dans des laboratoires, indignes trop souvent de leur labeur. Nous avons laissé dans l’ombre beaucoup de philosophes, de littérateurs, d’archéologues et de géographes.
- Aujourd’hui le Collège de France avec ses 47 professeurs titulaires soutient dignement sa renommée quatre fois séculaire. Derrière ses vieux bâtiments se dresse maintenant un palais destiné à abriter de nouveaux laboratoires pourvus d’un outillage moderne. Là, d’ardents travailleurs poursuivront la recherche de la vérité scientifique avec non moins d’ardeur, mais avec plus de moyens techniques que leurs dlustres devanciers.
- J. de la Cerisaie.
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- = DEUX GRANDES ŒUVRES BELGES =
- LA FONDATION UNIVERSITAIRE LE FONDS NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
- ORIGINE DE LA FONDATION UNIVERSITAIRE
- La guerre de 1914-18 laissa la Belgique dans un désarroi tel qu’il l'allut toute la force de volonté dont ce peuple est capable pour vaincre les nombreuses difficultés d’ordre matériel, intellectuel et moral qui se posèrent dès que l’envahisseur eut quitté ce sol qu’il avait considéré sien au mépris des traités internationaux; et du droit des gens.
- Tout particulièrement, nos grandes écoles : Universités de Bruxelles, Gand, Liège et Louvain, Ecole des Mines de Mons, etc... étaient dans un état pitoyable.
- A titre d’exemple qu’on se souvienne de Louvain où les Allemands brûlèrent systématiquement les locaux des différentes Facultés éparpillés aux quatre coins de la ville, laissant les autres bâtiments intacts. La riche bibliothèque de notre Alma Mater fut pillée et brûlée, de nombreux manuscrits précieux furent ainsi détruits à jamais par une soldatesque brutale en délire.
- D’autre part, la population anémiée par cinq années de souffrances sans nom, ruinée par les réquisitions et les pillages, ne pouvait lutter contre le sort qui l’accablait sans le secours des alliés. C’est alors que la Commission Hispano-Américaine for Relief in Belgium, qui fut si pitoyable à nos régions, abandonna une bonne part de son avoir au prolit de la restauration des moyens intellectuels du pays. C’est à la générosité des Etats-Unis que nous devons le capital initial de la société qui prit le nom de « Fondation Universitaire ».
- Par une loi publiée au Moniteur Belge en date du 29 juillet 1920 la Fondation Universitaire obtenait la personnification civile.
- BUT DE L’ŒUVRE
- En même temps que se faisait la reconnaisance officielle par les pouvoirs publics, les statuts paraissaient, définissant nettement les buts que poursuivrait l’œuvre nouvelle.
- Il y est dit : « La Fondation Universitaire poursuit l’avancement de la science. Elle a pour objet de faciliter aux jeunes gens belges, sans fortune, l’accès d’établissements d’enseignement supérieur et de développer la production scientifique en Belgique.
- Elle accorde son appui aux savants, aux chercheurs et aux étudiants qui s’en montrent les plus dignes sans faire de distinction entre eux en raison de leurs croyances ou de leurs opinions, de leur langue maternelle, de l’établissement d’instruction d’où ils sortent, de l’établissement d’instruction supérieure auquel ils appartiennent ou de celui qu’ils se proposent de fréquenter ».
- LA. SITUATION FINANCIÈRE
- Le capital s’élève à une soixantaine de millions de francs. Les principales sources de revenus sont : les intérêts du capital investi, le reliquat de l’exercice précédent, sans compter les recettes extraordinaires : dons, legs, etc...
- Comme l’on voit, la Fondation n’est pas dépourvue de moyens pécuniaires.
- N’oublions pas non plus de signaler quç les jeunes gens qui obtiennent un prêt doivent s’engager à le rembourser dès que leur situation de foi’tune le permet, au plus tard dans la dixième année qui suit la fin des études.
- LES SERVICES RENDUS
- Le but principal, comme nous l’avons dit, est de faciliter aux jeunes gens peu fortunés l’accès aux études supérieures. A ce titre, depuis la fondation de l’œuvre, plus de 500 prêts ont été consentis. On conçoit que l’avance de fonds exige une certain contrôle; aussi les jeunes gens qui sollicitent une allocation doivent-ils se soumettre à un examen dit de maturité sur l’ensemble des connaissances acquises au cours des humanités classiques ou modernes.
- Mais là ne se borne pas l’action de la Fondation Universitaire : elle donne des subsides aux jeunes gens ou jeunes filles qui ont terminé leurs études universitaires. Ces fonds sont donnés, sans impliquer un remboursement quelconque, pour permettre aux jeunes docteurs qui le désirent de compléter leurs études, tant en Belgique qu’à l’étranger, tout en étant à l’abri des soucis matériels. Des conditions toutes spéciales sont même faites aux licenciés et docteurs qui désirent aller compléter leurs études dans les universités américaines.
- Les conditions à remplir sont les suivantes :
- 1° Etre Belge;
- 2° Avoir satisfait à l’examen médical dans les conditions prescrites parla Fondation;
- 3° Avoir terminé ses études supérieures ou être sur le point de les terminer;
- 4° Posséder une valeur intellectuelle réelle ;
- 5° Faire preuve de caractère et d’éducation;
- 6° Parler et écrire correctement l’anglais, etc...
- Pour les étudiants qui se destinent à l’Université de Cali-foirnie, le départ se fait vers le 20 juillet et vers le 10 septembre pour les autres. Le montant de la bourse d’étude par un accord intervenu avec la C. R. B. Educational Fondation de New-York est de 1 200 dollars.
- Enl928-29,16jeunesgensavaientprofité de cette institution.
- Ajoutons qu’un rapport doit être fourni à la rentrée en Europe.
- De semblables avantages ont également été accordés aux membres du corps professoral des mêmes établissements d’instruction supérieure. En 1929-30, huit professeurs sont allés en Amérique pour compléter leurs documentation.
- Les Américains peuvent obtenir à titre de réciprocité des bourses d’étude pour les Universités belges; en 1929-30 il y avait 4 Américains à ce titre en Belgique.
- En dehors de l’Amérique avec laquelle nous avons un accord spécial, les étudiants peuvent obtenir des bourses pour continuer leurs études dans tous les établissements scientifiques de l’étranger. Le plus large esprit de conciliation préside à la répartition de ces subsides. En principe le montant maximum de ces bourses n’est pas limité. Treize bourses variant entre 17 500 francs et 1000 francs ont été accordées en 1929-30. Signalons que 4 boursiers se destinaient à poursuivre leurs études à Paris. Signalons aussi que la Maison des Etudiants belges à la Cité Universitaire de Paris a chargé la Fondation Universitaire de représenter ses intérêts en Belgique; on sait de quel secours est pour tous les étudiants étrangers cette Cité Universitaire où sont réunies toutes les conditions de confort nécessaires pour rendre le séjour agréable et surtout aussi profitable que possible aux travailleurs intellectuels.
- Etendant constamment son action, l’œuvre encourage pécuniairement la publication d’ouvrages scientifiques pour autant
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- que l’auteur soit dans l’impossibilité de le faire par ses propres moyens.
- En application de l’article 20 du règlement général, des échanges de professeurs sont prévus entre les différentes universités européennes ainsi qu’avec les Etats-Unis. C’est ainsi qu’en 1928-29 et 1929-30, M. Nicolas Saltikov, professeur à l’Université de Belgrade, adonné un cycle de conférences dans les Universités de Bruxelles, Liège et Louvain.
- Enfin pour couronner l’œuvre, l’Union minière du Haut-Katanga qui, comme l’on sait, est la principale pi'oductrice de radium du monde entier, amis à la disposition de la Fondation 8 grammes de bromure de radium, dont 7 à distribuer par l’intermédiaire des universités aux administrations hospitalières pour le traitement des malades indigents et 1 gramme pour les recherches scientifiques pures. Voici, d’après le compte rendu annuel de la Fondation, comment les 4 écoles supérieures se sont partagé la précieuse substance :
- Bruxelles :
- Radium thérapeutique scientifique
- G and :
- Radium thérapeutique scientifique
- Liège :
- Radium thérapeutique scientifique
- 908,67 mgr 18,68 mgr
- 1001,22 mgr
- 1738,74 mgr 235,09 mgr
- Louvain :
- Radium thérapeutique 1651,33 mgr
- — scientifique 509,22 mgr
- Une Commission a été instituée pour la gestion du capital énorme que représente ce radium.
- LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
- Malgré les grands services rendus par la Fondation Universitaire, nos établissements scientifiques à bout de ressources, ruinés par la guerre, ne parvenaient pas à subsister.
- D’autre part un grand nombre de nos jeunes universitaires pressés par le besoin de gagner leur vie cherchaient des situations lucratives, abandonnant toute recherche pure.
- S. M. le Roi des Belges, toujours au courant de la situation générale de son pays et soucieux de la réputation de notre patrie dans le monde, lança, lors du 110e anniversaire des usines Cokerill à Seraing, son fameux cri d’alarme : « Il y a, disait-il, en Belgique une véritable crise des institutions scientifiques et des laboratoires... Il faut que, débarrassés des soucis matériels, les hommes de science soient en mesure de concentrer sur la recherche tout l’effort de leur pensée. Il faut que tout soit mis en en œuvre pour susciter, encourager, soutenir les vocations scientifiques... »
- On vit alors ce que peut un petit peuple dont les ressources commençaient à peine à renaître. Sous les auspices de la Fondation universitaire, des hommes de bonne volonté créèrent le Fonds national de la Recherche scientifique le 27 avril 1928. Pour soutenir l’œuvre, il fallait de l’argent, beaucoup d’argent; on fit appel au pays et les bourses se délièrent : les industriels grands et petits, les banques, les commerçants, les particuliers y allèrent de leurs deniers. Inutile d’ajouter que le Roi s’inscrivit en tête des listes de souscription.
- Au 30 septembre 1929, les ressources s’élevaient à 112 millions en chiffres ronds, pour augmenter encore en 1930.
- ACTIVITÉ DU FONDS
- Avec l’aide d’un conseil d’administration dévoué qui s’attacha à la création de commissions scientifiques composées des sommités du monde savant, des industriels, etc... on peut dire que l’œuvre fonctionne admirablement, son activité est mul-
- tiple. Citons d’abord l’allocation de subsides importants aux chercheurs et aux expérimentateurs.
- A titre d’exemple, signalons les deux cas typiques du Professeur Mayence et du Professeur Picoard.
- Voici ce qu’en dit le rapport de 1928-29: «L’an dernier, le conseil d’Administration accoi’dait au Professeur Mayence, Conservateur des Musées Royaux du Cinquantenaire, et cela sur la suggestion de notre éminent compatriote M. Franz Cumont, Membre de l’Institut, la possibilité d’aller faire une prospection à Apamée, en Syrie, où semblait-il, des fouilles pouvaient être entreprises avec de sérieuses chances de succès.
- La mission Mayence fut fructueuse et un Comité des Fouilles d’Apamée s’étant entre temps constitué, sous le haut patronage du Roi et de la Reine, le Fonds national a voté en sa faveur un subside de 100 000 francs de manière à compléter les crédits fournis par le Gouvernement et à rendre possible, en 1930, et cela pour la première fois dans notre histoire, une entreprise nationale de fouilles archéologiques à l’étranger ». Inutile d’ajouter que les espoirs du Fonds national n’ont pas été déçus mais largement dépassés déjà, sans préjuger de ce que l’avenir nous réserve d’heureux de ce côté.
- Tout autre est l’intervention en faveur du Professeur Piccard de l’Université de Bruxelles... « à qui a été alloué un crédit de 400 000 francs afin de lui permettre de faire construire un ballon et d’aller étudier, aux altitudes élevées, les l’ayons cosmiques. Le Professeur Piccard pourra à cette occasion, se livrer également à des recherches importantes relatives aux théories de l’atmosphère... » Le prodigieux succès de Piccard qui parvint à atteindre 16 000 m d’altitude est encore trop présent à toutes les mémoires pour que nous insistions davantage.
- En outre, nombreuses sont les avances de fonds aux laboratoires belges, aux chercheurs en général, aux voyageurs scientifiques, etc... Pour 1928-29, les dons dépassèrent trois millions.
- Signalons en passant une initiative heureuse prise par le Fonds : celle de verser à vie aux savants qui se sont particulièrement distingués une rente qui marque la reconnaissance de la nation vis-à-vis de ceux qui ont rendu de grands services à l’humanité et qui, comme on le sait, n’en retirent généralement que des « honneurs ». Il y a là une réparation morale et matérielle dont on ne peut qu’admirer la grandeur !
- Poursuivant ses réalisations pratiques, le Fonds National, en vue de faciliter le plus largement possible le travail scientifique, se rendit acquéreur d’appareils coûteux, tels que microscopes, galvanomètres, spectrographes, etc..., qui sont prêtés aux chercheurs pour la période de leurs études. Nombreux sont aujourd’hui les savants belges détenteurs de ces précieux ins-ti’uments qu’ils doivent s’engager à remettre au Fonds dès qu’il n’en ont plus besoin.
- CONCLUSION
- Si l’on en juge par le rapide exposé forcément incomplet que nous venons de faire, le Fonds de la Recherche scientifique est appelé à rendre les plus grands services au pays et à l’humanité tout entière. Des résultats tangibles ont déjà été acquis, rappelons à ce sujet les noms de Mayence et de Piccard, surtout ce dernier, dont l’audace froide, le calcul sûr ont permis de se libérer de l’atmosphère qui nous retient prisonniers au sol.
- Qui sait les belles découvertes, les travaux aux conséquences incalculables que nous vaudront après quelques années de fonctionnement, ces belles œuvres qui honorent la Belgique tout entière et particulièrement son Roi, qui fut grand et noble dans la « guerre » et qui le sera peut-être plus encore par les œuvres de paix auxquelles il lie son nom?
- G. Remaele,
- Professeur d’École Normale à Virton (Belgique).
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- LE MOIS MÉTÉOROLOGIQUE
- MAI 1931,
- Ce mois a donné des pluies exceptionnellement copieuses sans que l’insolation ait présenté un déficit remarquable; il a été chaud dans son ensemble quoiqu’il y ait eu des périodes froides et chaudes alternées et la pression barométrique a été déficitaire.
- La moyenne mensuelle de la température, à l’Observatoire du Parc Saint-Maur, 14°,6, est en excès de 1°,2 sur la normale des 50 années 1874-1923, résultant des deux périodes chaudes et orageuses qui se sont produites du 11 au 16 et du 23 au 29 et aussi des minima, dont la moyenne mensuelle a été plus élevée que d’ordinaire.
- A une période fraîche, du 17 au 22, au cours de laquelle la moyenne diurne est descendue, le 20, à 5°,1 au-dessous de la normale, a succédé brusquement, du 23 au 29, une période chaude, qui a atteint son apogée le 27, avec un excès
- Le minimum absolu, 3°,6 a été noté le 1er et le maximum
- Fig. 1. — Moyennes de température.
- absolu, 27°,3, le 26. Dans les environs, le 1er, on a constaté 1°,3 à Villepreux et, le 26, 30°,8 à Saint-Ouen et à Choisy-le-Roi.
- Le 1er et le 6, on a noté une légère gelée blanche dans quelques points de la banlieue.
- Au Parc Saint-Maur, la hauteur totale de pluie recueillie, 156 mm, 5, est 3,25 fois plus grande que la hauteur moyenne de mai (48 mm 1).
- Autant qu’on en peut juger d’après les observations recueillies depuis 1806, aucun mois de mai n’a été aussi pluvieux dans les parages de l’Observatoire de Saint-Maur depuis 125 ans; seul celui de 1856, à l’Observatoire astronomique de Paris, en approche avec 134 mm, 6, mais il est encore inférieur de 22 mm, à celui de 1931.
- Cependant le déficit d’insolation, 29 h, 9, ne dépasse que de très peu les 13 centièmes de la normale, car les pluies ont été, pour une bonne part, des pluies intenses accompagnant des manifestations orageuses. Celles-ci ont été en effet plus fréquentes que de coutume et on a noté 7 jours d’orage au lieu de 4, nombre moyen.
- Un coup de vent assez violent a marqué par endroits l’orage
- A PARIS
- du 28 au matin, lequel a été aussi accompagné de grêle.
- Le nombre de jours de pluie appréciable a été de 17, dont l’un, à la date du 17, a fourni à lui seul 30 mm, 4.
- A l’Observatoire de Montsouris, la durée totale de chute de la pluie, 60 h, 20 m, excède de 57 pour 100 la moyenne 1898-1922.
- Le vent a soufflé plus fréquemment que d’habitude de la moitié sud de l’horizon.
- Les directions d’entre Nord et Est ont été, au contraire, relativement rares.
- Le degré de transparence de l’air à Paris s’est montré à peu près normal.
- Dans les environs, quelques brouillards matinaux épais, mais très localisés, ont été signalés le 1er, le 2 et le 12.
- La moyenne de l’humidité relative a été de 78 pour 100 et celle de la nébulosité de 65 pour 100.
- La pression barométrique moyenne, au niveau de la
- Fig. 2. — Hauteurs de pluie.
- mer, à Saint-Maur, 759 mm, 4, présente un déficit de 2 mm 6.
- Variations, par périodes décennales depuis 1874, à l’Observatoire du Parc Saint-Maur, des moyennes de la température, de la pluie, du nombre de jours de pluie, de la nébulosité, de l’humidité de l’air et de la pression barométrique pour le mois de mai :
- Tempé- rature Pluie Jours de pluie Nébu- losité Humi- dité Pression baromé- triquep)
- 1874-1883 12°, 62 44,5 11 50 69,4 757,75
- 1884-1893 13°,40 48,7 14 55 70,3 756,77
- 1894-1903 12°,65 42,5 13 51 70,0 757,48
- 1904-1913 13°,76 61,1 14 58 73,2 757,24
- 1914-1923 14°,74 43,7 12 56 7'2,1 758,19
- 1924-1930 13°,63 61,4 15 61 72,9 756,28
- moy. gén. 13°,46 50,3 13 55,1 71,3 757,28
- Em. Roger,
- Membre de la Société Météorologique.
- 1. A l’altitude de 50 m.
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- PRESTIDIGITATION
- CHANGEMENT DE COULEURS
- Dernièrement, une aimable prestidigitatrice présentait dans un music-hall parisien les deux expériences suivantes qui intriguaient fort les spectateurs.
- On apportait en scène une caissette assez grande qui était montrée parfaitement vide, et qui était tenue par un aide.
- Deux autres aides arrivaient l’un de droite, l’autre de gauche, porteur chacun d’un sac de confetti multicolores et tous deux vidaient leurs sacs dans la caissette. La prestidigitatrice, prenant une feuille de papier hlanc, la faisait signer par un spectateur pour éviter toute substitution, puis elle faisait un cornet qu’elle fixait avec une épingle.
- Elle plongeait le cornet Fig.l. — L’expérience des confeili. jans ies confetti, le retirait
- rempli et le vidait dans la caissette. Plusieurs fois, elle faisait de même et chaque fois les confetti multicolores tombaient du cornet, mais tout à coup, au lieu de verser des confetti multicolores, le sac qui venait d’être rempli dans la boîte versait des confetti uniformément blancs, puis le cornet rempli de nouveau versait des confetti rouges.
- Le sac était alors défait et le papier montré à la personne qui avait signé.
- Voici la clé du mystère : la boîte est vide, mais, en versant les sacs de confetti, les aides versent deux petits cornets de papier mince remplis, l’un de confetti blancs, l’autre de confetti rouges. Tous deux sont fermés par un papier de soie collé à l’orifice. Lorsque la prestidigitatrice le veut, au lieu de remplir avec des confetti, sous le couvert des bords de la caissette, elle introduit un des cornets pleins; la « charge », comme on dit dans la profession, crève le papier de soie et verse les confetti unicolores. En remplissant de nouveau le cornet, elle retire le faux cornet, le chiffonne ou l’aplatit au milieu de la boîte (fig. 1).
- Son autre tour avec des foulards produisait encore plus
- Cornet de papier
- La charge préparée
- d’effet. Elle prenait une feuille de papier blanc qu’elle faisait visiter, en formait un tube qu’elle fixait avec un élastique, montrait au public que ce tube était bien vide en passant dedans au moyen de la baguette un foulard blanc qui entrant d’un côté ressortait de l’autre. Elle déroulait le papier, le posait sur sa table, choisissait un foulard blanc parmi plusieurs et reformait le tube; à ce moment le caoutchouc cassait et le papier se déroulait. Elle le reposait sur la table, choisissait un autre élastique, le roulait de nouveau et enfonçait son foulard blanc au moyen de la baguette.
- A l’autre extrémité du tube, le foulard sortait noir. « Tristesse, disait-elle, absence de couleurs, j’aimerais mieux toutes les couleurs contenues dans le blanc, toutes les teintes de l’arc-en-ciel :
- « Violet, indigo, bleu, vert, jaune, orangé, rouge ».
- Alors elle replaçait le foulard noir, le poussait avec sa baguette dans le tube d’où il ressortait violet. Remis à nouveau, il apparaissait indigo et ainsi de suite jusqu’à la dernière couleur, le rouge.
- Le papier déroulé aussitôt était vide, et le mystère subsistait.
- L’opératrice avait un tube métallique dans lequel étaient entassés huit foulards comme dans la figure 2. Ce tube était posé derrière sa table juste au bord et lorsqu’elle avait montré le papier vide, prouvé par la brisure de l’élastique et l’examen forcé du papier au milieu de l’opération qu’il n’y avait aucune préparation, J elle posait de nouveau son papier sur sa table, mais, cette fois, elle enlevait le tube qu’elle roulait avec le papier; la pression de la baguette faisait sortir le foulard noir, puis tous les autres successivement.
- A la fin de l’opération le blanc et le noir restaient dans le tube et, avant de dérouler le papier, la prestidigitatrice en passant près de l’un de ses aides laissait glisser le tube, simplement en desserrant les doigts, dans un sac tenu ouvert au moyen d’un anneau de fil de fer et que cet aide portait fixé dans le dos, à hauteur de la ceinture.
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- Fig. 2.
- LA TRAVERSEE DU PAS DE CALAIS
- EN VOL
- Le 19 juin dernier, un pilote anglais, M. Lissant Beardmore, sur un planeur de sa construction, a effectué en vol à voile le trajet de Lympne à Saint-Inglevert. Le planeur a été remorqué par un avion jusqu’à une altitude de 4000 m environ; la traversée s’est faite en 1 h. 1/2. Le record de M. Beardmore n’a pas été officiellement contrôlé. Le lendemain, un pilote allemand, M. Kronfeld, a renouvelé, dans des conditions analogues, le même exploit, à l’aide d’un planeur allemand; sa perfor-
- A VOILE
- mance, à l’inverse de celle de son émule anglais, a été officiellement constatée. Après son atterrissage à Saint-Inglevert, M. Kronfeld, à nouveau hissé à grande hauteur par l’avion qui l’avait accompagné, a réussi la traversée de la Manche en sens inverse et a gagné le prix fondé par le Daily Mail pour le premier vol à voile, aller et retour en un seul jour, à travers le Pas de Calais.
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- EE PHOTOGRAPHIE ET CINÉMATOGRAPHIE
- DAMATEUR
- GÉNÉRALITÉS
- On pourrait craindre que la vogue de la T. S. F. et du disque ait amené une diminution du nombre des amateurs photographes ou cinématographistes.
- Il semble, pourtant, qu’il n’en soit rien. Sans doute, le nombre des amateurs photographes n’augmente-t-il plus aussi vite que celui des sans-filistes ; mais, la photographie conserve ses fidèles. Il n’y a du reste, mise à part la question budgétaire, aucune antinomie entre ces diverses catégories de distractions. Bien souvent, même le plaisir auditif éprouvé par le sans-liliste ou le discophile dans ses occupations îavorites, pourra se doubler du plaisir visuel d’une projection fixe ou animée. En particulier, le cinématographe sonore d’amateur, sur lequel nous avons déjà donné quelques indications, constitue une nouvelle distraction qui peut être mise facilement à la portée des sans-lilistes.
- Il faut bien avouer que la plupart des amateurs de photographie ou de cinématographie ne s’occupent pas le plus souvent, des travaux de laboratoire, de développement, ou de confection des positifs, et confient leurs films ou leurs plaques à des spécialistes. Ce ne sont plus guère, en général, que des usagers.
- C’est justement parce que la grande masse du public qui s’intéresse à la photographie et à la cinématographie est constituée par des usagers, que l’usage des plaques sensibles tend à décroître, et que la vogue des pellicules sensibles ou même des « films-packs » s’accroît constamment. Il est juste, d’ailleurs, de reconnaître que la qualité des pellicules augmente sans cesse; on a pu, en effet, réaliser des émulsions ayant un « grain » plus fin et qui présentent une sensibilité supérieure; d’autre part l’industrie offre aujourd’hui des variétés de films plus nombreuses, par exemple des films panchromatiques, et peut-être bientôt aussi des films-packs permettant la photographie en couleurs.
- La majorité des amateurs de photographie est restée fidèle, semble-t-il, aux appareils classiques, à plaques et à films-packs ou à bobines de pellicules, de plus en plus perfectionnés, d’ailleurs, grâce aux modifications apportées aux obturateurs et à la construction des objectifs très lumineux. Une proportion très grande aussi d’amateurs de photographie continue à accorder ses préférences à la stéréoscopie, dont les appareils ont été mis au point en France depuis déjà un certain nombre d’années. Qui ne connaît à l’heure actuelle par exemple les célèbres vèrascopes Richard et les appareils Gaumont, pour ne citer que ceux-là ?
- On peut pourtant noter peut-être une tendance assez générale consistant à utiliser sur ces appareils de stéréoscopie des objectifs d’ouverture de plus en plus grande, ce qui restreint évidemment la profondeur de champ, et oblige à adopter des dispositifs de mise au point.
- Cette mise au point peut être facilitée au moyen de télémètres très simples mais de bon fonctionnement, ou encore en •employant, comme nous l'avons vu sur un modèle récent, un troisième objectif qui produit sur un verre dépoli une image servant à la mise au point exacte de l’ensemble (fig. 1).
- Parmi ces amateurs qui possèdent ainsi, pourrait-on écrire, des appareils de fond leur permettant d’obtenir des effets vraiment artistiques, il en est beaucoup qui utilisent également un deuxième appareil de format plus réduit, plus léger, et fonctionnant exclusivement à l’aide de pellicules. Il y a aussi beaucoup
- d’amateurs de photographie qui se contentent à l’heure actuelle d’utiliser un appareil de petit format que l’on peut « mettre en poche » suivant l’expression courante, et dont ils ne se servent qu’au cours de leurs voyages; comme on a pu le voir à la dernière exposition de photographie, ce sont ces appareils qu* semblent actuellement le plus en vogue parmi les amateurs
- TOUJOURS PLUS PETITS...
- Le célèbre appareil Kodak du type vest-pochet “déjà assez ancien, mais qui conserve toujours ses avantages, utilise des rouleaux de pellicules 4X6 1/2 cm et permet d’effectuer huit photographies sans changement de bobines.
- Pour réduire de plus en plus les dimensions des appareils, et aussi le format des pellicules, et par là réduire la dépense, on a eu l’idée d’utiliser ces bobines de pellicules vest-pocket, non
- Fig. 1. — Appareil stéréoscopique 45 x 107 mm ou 6 X 13 cm, à mise au point « reflex » à l’aide d’un troisième objectif central. Type stéréflectoscope Voigtlander.
- plus pour réaliser seulement huit photographies, mais bien seize vues de 3 sur 4 cm. et il existe aujourd’hui d’assez nombreux modèles établis suivant ce principe (fig. 2).
- Ces appareils sont donc extrêmement réduits et très légers. On en trouve qui ne pèsent que 350 à 400 grammes, mais cette légèreté et ce faible encombrement ne les empêchent pas d’être construits avec une très grande précision, et de pouvoir être employés avec des objectifs extrêmement lumineux de F 3,5 à F2.
- Dans un de ces appareils, la mise au point s’obtient au moyen d’une vis hélicoïdale de haute précision. L’obturateur est réglable jusqu’à l/300e de seconde, la mise au point est effectuée à l’aide d’une échelle graduée, et on peut même adopter un télémètre dont l’échelle correspond rigoureusement aux échelles de distance de l’appareil.
- On trouve également ces appareils avec des objectifs à profondeur de champ plus ou moins grande, et de formes variées. Il en est d’autres, moins coûteux, comportant les mêmes organes, mais simplifiés et munis d’objectifs à ouverture plus petite. Un de ces appareils comporte même un obturateur de plaque à
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- grand rendement rde l/25e jusqu’au l/500e de seconde permettant également la pose en un temps (fig. 3).
- Le format des photographies ainsi obtenues est évidemment réduit, mais on peut pourtant les conserver sans qu’il soit besoin de les agrandir. On trouve d’ailleurs, à l’heure actuelle, des systèmes d’agrandissement très pratiques permettant à l’amateur lui-même d’effectuer cette opération, et cette transformation a, du moins, l’avantage de lui permettre de choisir avec soin les clichés à agrandir, en laissant de côté tous ceux qui sont défectueux.
- A côté de ces appareils déjà très réduits à bobines « vest-pocket », on en trouve d’autres encore plus réduits, dans lesquels ont utilise le film cinématographique perforé ou non, et plus ou moins modifié; on obtient ainsi un très grand nombre de photographies pour un prix très modique. L’appareil est de dimensions encore plus petites; cependant, il est bien évident que les clichés ne permettent plus d’obtenir des positifs directs,
- Fig. 4. — L’appareil Cent vues Demaria-Lapierre-Mollier, dans lequel on utilise le film cinématographique normal.
- Vue d’ensemble et détails du magasin :
- a) Boutond’escamot.age. g) Porte de couloir, m) Verrou de fermeture-
- b) Poussoir d’ouverture, h) Couloir. n) Rouleau de magasin.
- c) Film. i) Magasin de gauche, o) Verrou d’arrêt des
- d) Dents du barillet. ;) Baïonnette. magasins.
- e) Magasin de droite. k)Ergot de fermeture, p) Porte de couloir.
- /) Compresseur. /) Bouton de compteur.
- il faut agrandir ou bien réaliser des bandes positives qui sont employées pour la projection.
- Un de ces appareils utilise le film ordinaire cinématographique donnant des images de 18 X 24 mm, et cette particularité est intéressante, parce qu’ainsi on peut se procurer presque partout de quoi recharger l’appareil. Ces vues, grâce au grain très fin du film négatif utilisé, peuvent être agrandies d’une façon parfaite en tout format, aussi facilement que l’on tire des épreuves directes ordinaires, ou placées dans un appareil très simple à projection.
- Le film est enroulé par bandes de 2 m dans des petits châssis en laiton interchangeables en plein jour; on peut donc en emporter plusieurs suivant le nombre de vues qu’on veut prendre pendant un voyage (fig. 4). En outre, on peut couper la partie du film impressionné, et la développer séparément, quelle que soit sa longueur. De même, on peut mettre dans le magasin une longueur de film inférieure à 2 m, de façon à ne prendre que 25, 50, 75 photographies.
- La manœuvre très rapide du changement d’images per-
- Fig. 3. — Deux types d'appareils de petites dimensions donnant des épreuves de 3 x 4 cm :
- A gauche : le Colibri Zeiss-Ilton; à droite : le Foth Derby.
- met facilement de prendre une vue toutes les trois secondes.
- L’objectif est à monture hélicoïdale, et permet la mise au point depuis 0 m. 40 jusqu’à l’infini. L’obturateur est au d/300e de seconde.
- Dans un autre appareil qui rencontre actuellement le plus grand succès, on emploie également le film cinématographique normal, mais le format des images n’est plus de 18 X 24 mm, mais de 24 X 36 mm. Le poids total du système n’est que de 425 grammes et les dimensions de 132 X 55 X 30 mm. Le système d’obturation comporte un obturateur de plaque à rideau ne découvrant pas en armant, et qui permet la pose en deux temps et l’instantané jusqu’au 1.500e de seconde.
- Cet appareil est muni d’un système de visée très commode et peut être rechargé en plein jour. Un télémètre peut en outre permettre l’appréciation rapide des distances.
- Ce qui semble surtout intéressant dans ce dispositif, c’est que des objectifs interchangeables de modèles divers peuvent s’adapter aisément sur l’appareil, si l’amateur le destine à des usages particuliers. On peut donc, en outre des photographies courantes de reportage, en quelque sorte, réaliser de véritables vues artistiques qui serviront à établir des agrandissements intéressants ou des positifs pour la projection (fig. 5).
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- Enfin, signalons encore un appareil de dimensions un peu plus grandes qui permet de réaliser des vues de 37 X 51 mm environ, mais qui présente la particularité extrêmement intéressante de ne plus nécessiter l’emploi de films ou de plaques sensibles, mais seulement de bobines en papier sensible permettant la réalisation d’épreuves positives directes. Une seule bobine en papier donne 24 épreuves positives directes se développant en plein jour, et peut être séchée en quelques secondes. Dans cet appareil on peut d’ailleurs également utiliser du film type cinéma extra-rapide qui donne 24 clichés négatifs développés en plein jour de la même manière.
- Ce système est présenté sous une forme très pratique (fig. 6). Il est entièrement construit en matière moulée et muni d’un objectif à grande ouverture et d’un obturateur faisant la pose et l’instantané avec des vitesses variables de 1/25e, 1/50®, l/100e de seconde.
- La mise au point s’obtient par une simple rotation du para-soleil de l’objectif à monture hélicoïdale et le viseur réversible permet d’opérer en hauteur ou en largeur.
- Un compteur à double cadran indique le nombre de vues enregistrées, et le nombre des images restant à prendre.
- Le déclenchement de l’obturateur s’effectue à l’aide d’une manivelle ; en actionnant rapidement celle-ci, on peut obtenir
- Fig. 5. — Le Leica de Leitz à obiuraleur de plaque, donnant des vues 24 X 36 mm.
- Modèle perfectionné à objectifs interchangeables. Dimensions :
- 132 X 55 X 30 mm; poids 425 gr.
- de véritables scènes se rapprochant de la cinématographie, soit 24 images en 12 secondes.
- L’appareil de prise de vues peut en outre être utilisé comme agrandisseur à l’aide d’une modification très simple.
- LES TENDANCES
- DE LA CINÉMATOGRAPHIE D’AMATEUR
- La cinématographie, elle aussi, a sa clientèle de plus en plus nombreuse d’amateurs : les constructeurs ont réussi à mettre à eur disposition des appareils de plus en plus simplifiés, donnant d’excellents résultats, et dont la manœuvre est au moins aussi facile que celle des appareils photographiques de modèle courant.
- Le film cinématographique standard de modèle normal, dont la qualité a été si heureusement perfectionnée, n’est plus guère utilisé par les amateurs, en raison de son prix élevé. Les préférences de ceux-ci vont au film de 16 mm de large à perforations latérales, ou au film de 9 mm, 5 à perforations centrales du type Pathé-Baby.
- A l’étranger, aux Etats-Unis surtout, on emploie presque uniquement le film de 16 mm, tandis qu’en France, et pour des raisons économiques faciles à comprendre, on emploie plutôt le film de 9 mm, 5, bien que le film de 16 mm permette évidemment d’obtenir des résultats encore supérieurs.
- Fig. 6. — Le Maton permettant d'obtenir 24 épreuves positives directes sur bande en papier sensibilisé.
- On peut utiliser des bobines de films inversibles, c’est-à-dire permettant d’obtenir à l’aide d’une même bande à la fois l’épreuve négative et la bande positive, et des films négatifs ordinaires qui nécessitent la réalisation d’épreuves positives séparées. Grâce aux perfectionnements de la fabrication et aussi aux perfectionnements des méthodes de développement, on a pu diminuer dans de grandes proportions le grain de l’image, c’est-à-dire augmenter la finesse des détails des bandes positives, de sorte que celles-ci se prêtent à une projection de plus grande surface, même lorsqu’il s’agit de bandes de 9 mm,5 seulement. (Procédés Jeannot et Vitolia par exemple.)
- On a même pu mettre à la disposition des amateurs des films panchromatiques de 16 mm, et des films permettant la cinématographie en couleurs.
- On sait en effet que l’émulsion ordinaire n’est sensible qu’au violet, au bleu, et au bleu-verdâtre. L’orthochromatique est, en plus de la précédente, sensible au vert, et le rendement de la valeur des couleurs devient à peu près correct; cependant les jaunes et les rouges sont encore rendus comme les noirs.
- A l’aide de colorants sensibilisateurs convenables, on peut rendre l’émulsion beaucoup plus sensible au vert, au jaune, et au rouge, et cette émulsion permet d’obtenir alors le rendement satisfaisant de toutes les couleurs.
- Grâce à ces nouvelles bandes sensibles, on pourra donc obtenir des valeurs exactes en blanc et en noir de la couleur du sujet. Pour la question des portraits, par exemple, l’avantage de ces films est incontestable.
- LES APPAREILS DE PRISE DE VUES
- Presque tous les modèles actuels d’appareils de prise de vues sont munis de moteurs à ressort. Grâce à ces moteurs, on peut
- Fig. 7. — Moiocaméras de prise de vues pour film de 16 mm. Types Agfa et Kodak.
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- effectuer la prise de vues sans pied support, et il suffît, suivant l’expression consacrée, d’appuyer sur un bouton. Malgré tout, cependant, il ne faudrait pas croire qu’on puisse remuer en tous sens un appareil de ce genre pendant la prise de vues; c’est là une erreur que trop de novices commettent constamment.
- Les appareils actuels sont établis pour l’emploi de films de 16 mm ou de 9 mm, 5. Les appareils de 16 mm sont presque toujours munis d’un objectif à mise au point par monture hélicoïdale. Ils sont très facilement rechargeables et ont une forme parallélipipédique semblable en quelque sorte à celle des appareils Kodak. Il existe d’ailleurs d’autres systèmes d’appareils américains de formes plus ou moins diverses, analogues à celles des jumelles, mais ils ne sont guère utilisés en France (fig. 7).
- Les appareils du modèle de 9 mm, 5, genre Pathé-Baby, sont moins nombreux puisqu’on ne peut guère en compter que deux : le modèle Motocaméra Pathé-Baby, et un autre modèle extrêmement intéressant (fig. 8). Cet appareil comporte non seulement des objectifs très lumineux et une mise au point à monture hélicoïdale pour les objectifs à grande ouverture, mais encore une vitesse d’obturation réglable de 16 à 32 images à la seconde, ce qui permet, d’une part la projection au ralenti,
- d’autre part la prise de vues sous une lumière très faible.
- Le chargement très facile évite de détériorer le film, toute la monture du magasin étant amovible d’un bloc. Le moteur est extrêmement silencieux, et la griffe travaille à l’aide d’un système rotatif sans secousse. D’un autre côté, le bouton de déclenchement peut être maintenu en position de marche, de sorte que l’opérateur peut figurer Fig. 8. — L’appareil de prise de vues sur le film. cinématographiques typeNizo,pour bandes Trmt l’pnoomWo * 4 o*™*» 0 _ danî
- un boîtier métallique verni et ne pèse que 1100 grammes.
- Pour les amateurs qui possèdent déjà des motocaméras Pathé-Baby de modèles plus ou moins récents, des constructeurs ingénieux ont eu l’idée d’établir des accessoires. facilement adaptables permettant de modifier ces appareils, afin de permettre la réalisation d’effets nouveaux. On peut citer à ce propos des systèmes de freins régulateurs permettant la prise de vues par temps sombre et au contraire la prise de vues accélérées pour la projection au ralenti; on peut ainsi obtenir une vitesse d’obturation de 14 à 21 images par seconde. (Type Vitolia.)
- Il est bien évident que, si on prend une prise de vues à vitesse ralentie, les personnages représentés sur les images sembleront, lors de la projection, aller plus vite, et qu’au contraire, si l’on prend une prise de vues à vitesse accélérée, les personnages sembleront aller moins vite, la vitesse de projection restant constante à raison de 16 images à la seconde environ. On peut ainsi obtenir des effets très curieux.
- D’autre part, on peut adapter une manivelle à une motocaméra permettant d’obtenir 5 images par tour, ce qui rend l’opérateur maître de son appareil pour la confection des titres par exemple, les surimpressions, les dessins animés; elle permet
- également la prise de vues, vue par vue, et remplace simplement le bouton moletté ordinaire.
- Une motocaméra ainsi munie d’un régulateur, d’une manivelle et d’un objectif lumineux permet en réalité, les travaux les plus difficiles et de nombreux amateurs ont réussi, grâce à elle, et à peu de frais,des bandes extrêmement intéressantes (fig. 9).
- LES APPAREILS DE PROJECTION CINÉMATOGRAPHIQUE
- Fig. 9. •— Motocaméra munie d’un régulateur de vitesse Vitolia.
- L’utilisation des bandes
- cinématographiques d’amateur de 16 mm a rendu également nécessaire l’emploi de projecteurs utilisant ces bandes. On trouve donc actuellement de nombreux modèles pratiques de ces dispositifs. Pour les amateurs qui emploient soit des bandes de 9 mm, 5, soit des bandes de 16 mm, les constructeurs ont même réalisé des appareils permettant d’utiliser soit l’une, soit l’autre de ces bandes avec un même projecteur.’
- Si nous considérons seulement le cas des films Pathé-Baby de 9 mm, 5, l’intérêt d’obtenir une projection de plus en plus grande et de plus en plus lumineuse devient évident et on a cherché à modifier les appareils de projection utilisés primitivement pour obtenir ce résultat. L’augmentation de la surface de projection n’est possible que si le grain de la bande positive est assez fin et l’intérêt des dispositifs de développement et de l’emploi des bandes de films à grain très fin est évident.
- D’autre part, il n’était pas facile d’augmenter l’intensité de l’éclairement et la surface de la projection sans risquer d’endommager le film et d’avoir aussi une durée efficace des lampes très réduite. D’où la nécessité d’éviter à tout prix réchauffement de la lampe d’éclairement, et celui correspondant du film.
- On a d’abord proposé d’utiliser un système de refroidissement par cuve à eau, avec un condensateur faisant corps avec la cuve à eau. Les rayons lumineux sont refroidis dans le condensateur par une pellicule d’eau sans que l’intensité lumineuse soit fortement amoindrie.
- Avant la mise en place de l’appareil sur le projecteur ordinaire, on remplit la cuve à eau d’un liquide pur qui est de l’eau distillée ou bouillie et refroidie. La lampe utilisée a un régime normal de 14 volts et elle est placée dans un corps de lanterne
- Fig. 10. — Projecteurs pour films de 16 mm, type Zeiss-Jhon et Agfa.
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- spéciale qui s’adapte immédiatement à l’arrière du projecteur
- (% 11).
- On a remarqué également que réchauffement du système se produisait surtout au moment des arrêts sur une image fixe, produit, comme on le sait, dans le Pathé-Baby à l’aide d’une encoche pratiquée latéralement sur la bande, et contre laquelle vient s’appliquer un palpeur provoquant le débrayage du système. On a proposé d’utiliser le mouvement de ce palpeur pour commander un contact mettant à ce moment en circuit une résistance qui abaisse la tension du courant agissant sur la lampe d’éclairement. Ce système paraît intéressant, bien que ses résultats soient ainsi un peu restreints (fig. 11).
- Enfin, et c’est une solution qui semble généralement adoptée, on refroidit la lampe et le film au moyen d’un courant d’air produit par une turbine actionnée par le moteur d’entraînement du film lui-même. C’est un dispositif qui est employé sur les projecteurs Pathé-Baby de nouveau modèle. Ce système a l’inconvénient de ne pouvoir être utilisé évidemment que sur les appareils munis d’un moteur d’entraînement électrique, mais il semble donner des résultats satisfaisants.
- On peut pourtant l’appliquer de deux manières différentes : d’une part, on conserve la lampe ordinaire du Pathé-Baby,
- Fig. 11. — Appareils à éclairage intensif pour projecteur Pathé-Baby. A gauche, le « Super » Demaria-Lapierre à cuve à eau; à droite,
- « l’intensif » de la même marque avec résistance de protection.
- mais on la survolte légèrement et on la refroidit par un courant d’air produit par une turbine commandée par le moteur ordinaire du système; c’est la solution la moins coûteuse.
- D’autre part, on peut remplacer le moteur ordinaire du Pathé-Baby par un turbo-moteur produisant à la fois l’entraînement de la bande et le refroidissement de la lampe et remplacer la lampe d’éclairement par une lampe beaucoup plus puissante qui permet d’obtenir 2 m 50 de largeur projetée sans danger pour le film (fig. 12).
- Le constructeur de ce dispositif réalise aussi un débrayage qui s’adapte sur tous les projecteurs Pathé-Baby et peut arrêter le film qui n’avance plus qu’imagé par image toutes les trois secondes.
- On obtient ainsi, pour une projection fixe ou animée, une forte intensité lumineuse régulière sans autre souci de manœuvre que celle du poussoir de débrayage.
- En résumé, les appareils photographiques à film de petit format et les appareils de cinématographie d’amateur à bande étroite ont pris en ces derniers temps un remarquable développement, rendu possible grâce aux perfectionnements de la fabrication des appareils en général, et surtout aux perfectionnements des objectifs et de leur montage sur les appareils de prise de vues.
- Enfin, les derniers appareils de projection permettant d’obtenir sans danger des projections de surface assez grande à l’aide de films de format très réduit semblent constituer un progrès qui n’est pas négligeable même pour l’enseignement.
- P. Hémardinquer.
- Fig. 12. — Système de refroidissement à circulation d’air pour éclairage intensif des projecteurs Pathé-Baby, type Vilolia.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- ASSURONS LA BONNE CONSERVATION DES CORNICHONS
- Au début de la mise en macération des cornichons, fruits du Cucumis sativus dans les bocaux, avec le vinaigre, ceux-ci ne s’étant pas encore mis en état d’équilibre osmotique avec le liquide, ont une tendance à flotter, une pertie émerge et se trouve au contact de l’air, de sorte que des moisissures s’y développent au détriment d’une bonne conservation.
- U n p etit artifi ce, d’une extrême simplicité, permet d’éviter cet inconvénient : il consiste à découper dans une lame de bois mince, par exemple le tour d’une boîte à fromage de camembert, une languette en forme de feuille
- de sauge, c’est-à-dire d’ellipse très allongée de dimensions telles qu’elle vienne, légèrement recourbée, se loger dans l’épaulementdu col du bocal.
- Une fois mise en place, où elle demeurera grâce à son élasticité, cette languette immobilisera la masse des cornichons, il suffira de mettre un léger excès de liquide pour recouvrir le tout, assurant ainsi, en même temps qu’une parfaite conservation, un transport facile puisque le ballottement sera supprimé.
- N. B. — Bien entendu la languette de bois devra être très propre et stérilisée, ce que l’on réalisera sans peine en la passant quelques minutes dans l’eau bouillante.
- Une bonne manière de préparer les cornichons consiste à verser sur ceux-ci une quantité d’eau bouillante suffisante pour les recouvrir, après quoi on laisse refroidir.
- Les cornichons sont alors retirés, puis saupoudrés de sel de cuisine et abandonnés ainsi 24 heures; après égouttage, on les essuie avec un linge blanc et les range dans le bocal de façon à laisser le moins de vide possible, de temps à autre on répartit quelques grains de poivre entiers, Piper nigrum (Pipéritées), ainsi que des piments rouges, Cap-sicum annuum (Solanées).
- Il ne reste plus qu’à remplir de vinaigre blanc fort jusqu’au col pour couvrir complètement.
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- LIVRES NOUVEAUX
- L’introductioji des théories de Newton en France au XVIIIe siée le, tome Ier, avant 1738, par P. Brunet. 1 vol. 356 pages. Librairie scientifique, Albert Blanchard. Paris 1931. Prix : 55 fr.
- En 1687 paraissaient les immortels Principia maihematica philo-sophiae naiuralis où Newton exposait les principes de la mécanique et la théorie de la gravitation universelle, qui ont constitué jusqu’à nos jours la base même de l’édifice scientifique moderne. En France commençait alors le règne de la philosophie cartésienne, elle avait vaincu celle d’Aristote après de longues et dures batailles qui ne furent pas seulement des batailles d’idées. Aussi savants et philosophes cartésiens opposèrent-ils une résistance acharnée aux idées newtoniennes qui ont mis plus de 50 ans à s’introduire utilement dans notre pays. C’est la curieuse histoire de cette résistance d’un demi-siècle que M. Brunet a entrepris de conter : le chef en est Fontenelle, dont l’extraordinaire longévité explique sans doute la grande influence : qui connaît aujourd’hui les travaux de Villemot, Saurin, Saulmon, de Mairan, du P. Castel, de Privât de Molières, du P. Mazière, de Jean Bernouilli sur la pesanteur et les tourbillons et leurs polémiques contre l’attraction ? C’est cependant ce travail de discussion, ces essais d’adaptation du cartésianisme, aux faits astronomiques indiscutables qui s’encadraient si bien dans la théorie de Newton, qui peu à peu devait conduire au triomphe du newtonisme en France. Mais avant d’arriver à la période décisive où le monde scientifique allait se prononcer, il fallut l’intervention d’un mathématicien : Maupertuis et d’un vulgarisateur de génie : Voltaire. Et ceci nous mène à l’année 1738 à laquelle l’auteur arrête le premier volume de son très intéressant exposé.
- Cours élémentaire de télégraphie et de téléphonie sans fil, par F. Bedeau. 1 vol. de vm-424 pages, 330 fig. Vuibert, Paris 1931. Prix : 60 fr.
- Il ne s’agit pas ici d’un ouvrage d’outrancière vulgarisation comme la vogue de la T. S. F. en a tant suscités, mais d’un livre didactique rédigé avec le souci de la composition, de la logique, de la solidité des démonstrations théoriques qui caractérisent les bons ouvrages classiques. Il a été rédigé à l’usage des élèves ingénieurs radioélectriciens et sera lu avec fruit par toute personne désireuse d’approfondir ses études radiotechniques, et possédant les notions de mathématiques supérieures nécessaires pour l’étude de l’électricité industrielle. L’ouvrage débute du reste par une étude rapide des propriétés des courants alternatifs et des oscillations électriques où sont rappelées les équations fondamentales classiques. Il étudie ensuite successivement la lampe thermionique et ses applications aux amplificateurs, aux oscillateurs, à la détection, puis les différents procédés et montages de réception, le couplage des circuits, la propagation des courants sur une ligne, les filtres. Il aborde alors la propagation des ondes hertziennes, donne la théorie des antennes, puis termine par quelques indications sur les ondes courtes, sur les applications de la piézoélectri-cité, les ondes dirigées, la modulation en radiotéléphonie, etc.
- Le livre du disque et du phonographe, par P. Hémar-dinquer et R. Dumesnil. I vol. in-16, 288 p., 53 fig., planches. Chiron, Paris 1931. Prix : 15 francs.
- Nos lecteurs connaissent la compétence technique et le talent d’exposition de notre collaborateur. En collaboration avec un excellent critique musical, il a entrepris de guider l’amateur de musique phonographique et, à eux deux, ils viennent d’écrire ce livre que tous les « discophiles » liront, garderont et consulteront constamment. On y trouve l’explication rapide de la « musique en conserve » : appareils et disques; les soins à apporter dans le choix des aiguilles et l’entretien des partitions; l’énumération des principales catégories de musique enregistrée : instruments en solo, musique de chambre, symphonies, musique vocale, opérettes, vedettes de music-halls, musiques régionales et exotiques, musiques de danse y compris les jazz, les chants anglais et sud-américains. C’est une attrayante revue de l’histoire de toutes les musiques et, chose précieuse, accompagnée d’indications et de commentaires sur les meilleurs enregistrements de chaque catégorie. On ne saurait donc trop recommander cet ouvrage pour le choix des disques à acquérir.
- Soies artificielles et matières plastiques, par Robert Gabillion. 1 volume, 204 pages, 21 fig. Armand Colin, Paris 1931. Prix, broché : 10 fr. 50.
- La science moderne ne cesse d’améliorer les conditions de l’existence, et tout homme instruit doit se tenir au courant des nouveautés qui sont chaque jour mises à sa disposition. Dans le domaine de la chimie industrielle, les industries des soies artificielles et des matières plastiques sont au nombre de celles dont les progrès sont incessants et dont les produits reçoivent constamment de nouvelles applications qui intéressent les arts décoratifs, l’habillement, le cinématographe, etc.
- M. Gabillion, ingénieur à la Poudrerie du Moulin-Blanc et spécialisé dans les industries de la cellulose et de la nitrocellulose, présente ici l’état actuel de la technique des industries des soies artificielles et des matières plastiques, depuis la fabrication des matières premières jusqu’aux diverses applications, en faisant ressortir les principes qui gouvernent les fabrications.
- On y prendra une vue d’ensemble sur une jeune industrie, qui a pris en ces dernières années un très rapide développement dans les directions les plus diverses. Les techniciens et les spécialistes y trouveront également une foule de renseignements précis qu’il était bien dilficile jusqu’ici de recueillir dans la littérature technique française.
- The dispersai of plants throughout the world,
- par Henry N. Ridley. 1 vol. in-8, 744 p., 22 pl. L. Reeve and Co, Ashford, Kent, 1930. Prix : relié, 63 sh.
- La dispersion des plantes à travers le monde se fait de bien des façons, dont certaines inattendues. Le vent est le grand vecteur qui emporte des fruits, des graines; souvent ceux-ci présentent des formes, des appendices spéciaux qui facilitent le transport. La pluie, la glace, les cours d’eau, les inondations, les courants marins jouent assez souvent un rôle et aussi les animaux. Certaines graines peuvent adhérer aux animaux, qu’elles soient visqueuses ou munies de crochets. Enfin, l’homme est un très grand répartiteur par les échanges de produits végétaux qu’il a systématiquement organisés. Toutes ces questions ont donné lieu à une abondante littérature fort éparse que M. Ridley a dépouillée, classée et qu’il présente méthodiquement. Il examine, en terminant, le peuplement des îles, la dispersion des genres et des ordres de végétaux et finit par une abondante et précieuse bibliographie.
- The phgsical properties Of the soil, par Bernard A. Keen. 1 vol. in-8,380 p., 93 fig. Rothamstead Monographs on Agricultural Science. Longmans, Green and Co, London 1931. Prix : cartonné toile, 21 sh.
- Le sol apparaît de plus en plus comme une matière poreuse, humide, présentant des propriétés colloïdales. Son étude physique est patiemment poursuivie à divers points de vue, dans de nombreux laboratoires, notamment à la célèbre station anglaise de Rothamstead. A la seule analyse mécanique et chimique s’ajoutent maintenant nombre de questions sur les mouvements de l’eau, la température, les gaz dissous et occlus, et surtout sur l’acidité, les propriétés colloïdales de l’argile, son adsorption, ses points d’équilibre. On conçoit l’importance de pareilles données pour la compréhension des phénomènes de végétation, le choix des cultures, l’amélioration de leur rendement. Ce livre révélera à beaucoup tout un ensemble de recherches récentes, encore inconnues ou peu connues en France, et qui sont fondamentales pour l’agronomie.
- Epidémiologie ancienne et nouvelle, par Sir William Hamer, 1 vol. in-8°, 182 p. Collection franco-britannique. G. Doin et Cie. Paris 1931. Prix : 32 fr.
- L’épidémiologie, après avoir été une base fondamentale de la médecine, a périclité rapidement depuis l’ère de la bactériologie. L’importance donnée aux classifications microbiennes a déshabitué les médecins de connaître les épidémies au point de vue clinique. L’auteur montre que les épidémies décrites par Sydenham à Londres au xvne siècle ressemblent étonnamment à celles qui sont venues plus tard, et particulièrement aux dernières vagues pathologiques qui ont à nouveau désolé Londres à partir de 1917 et 1918. Les noms des maladies ont changé, mais pour lui, ce sont les mêmes. L’auteur prouve que les anciennes données d’Hippocrate, reprises par Bâillon, puis par Sydenham sont encore à considérer aujourd’hui.
- Dans le ciel des pôles, par R. Gouzy, 1 vol. 206 pages 100 fig. et cartes hors texte. Les Éditions Pittoresques, 101, rue du Faubourg-Saint-Denis, Paris 1931. Prix, broché : 69 fr.
- Après avoir rappelé l’intérêt et l’utilité des explorations polaires et résumé l’histoire des principales expéditions arctiques et antarctiques, l’auteur nous donne un émouvant récit des épopées aériennes qui ont eu pour théâtre les extrémités glacées de notre planète : au pôle Nord : Andrée, Welmann en ballon, puis les tentatives d’Amundsen en avion, les randonnées heureuses de Byrd, puis de Wilkins également en avion, le voyage difficile d’Amundsen et Nobile sur le dirigeable Norge, enfin la catastrophe du dirigeable Ilalia conduit par Nobile et l’odyssée des survivants. Au pôle Sud, ce sont les campagnes de Wilkins et la grandiose exploration de l’amiral Byrd. L’auteur a fait œuvre utile en groupant ainsi en un volume l’histoire détaillée des efforts tentés pour parfaire nos connaissances de la géographie polaire à l’aide du véhicule aérien. En outre, son récit, chaleureux et impartial, est'd’une lecture fort attachante.
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- NOTES ET INFORMATIONS
- TRAVAUX PUBLICS
- La distribution centrale de chauffage à Paris.
- On sait qu’à l’étranger, notamment en Allemagne et aux Etats-Unis, un certain nombre de grandes villes possèdent des réseaux de chauffage, distribuant à domicile de la vapeur de chauffage, produite dans une station centrale. Nous avons naguère exposé les avantages de cette organisation et la façon dont on la réalise.
- On sait aussi qu’une concession a été, en 1928, accordée par e Conseil municipal de Paris à la Cie parisienne de chauffage urbain pour créer et exploiter dans la capitale un réseau de chauffage. Celle-ci a mis en exploitation, le 1er octobre 1930, un premier réseau de canalisations, réseau en quelque sorte expérimental, destiné surtout à mettre au point la technique de l’installation et aussi à faire ressortir pour le public les avantages du système, démonstration appuyée par les chiffres relevés à la suite d’une exploitation effective au cours de tout un hiver.
- Le réseau en question dessert le quartier de Bercy; la vapeur est fournie par les chaudières de l’ancienne usine électrique du Métropolitain, quai de la Râpée. Produite à la pression de 10 kg et à la température de 300°, sa température est abaissée au tableau de départ entre 150 et 170°.
- Au départ de l’usine, la vapeur est envoyée dans deux canalisations : l’une dessert les installations de chauffage de la gare de Lyon située dans le voisinage; elle reçoit de la vapeur à la pression effective de 6 kg, pression nécessaire pour assurer le chauffage de la gare et des trains en partance; l’autre canalisation, empruntant la rue de Bercy comme la première, avec embranchements sur le boulevard Diderot, l’avenue Ledru-Rollin et la place Mazas, reçoit de la vapeur à la pression effective de 3 kg, suffisante pour assurer le service par tous les temps, étant donné que la canalisation ne sert qu’au chauffage domestique des immeubles, à l’exclusion de tous usages industriels, et que la pression au départ de la centrale doit être réglée de manière que la vapeur, à l’arrivée au point le plus éloigné du réseau, ait la pression strictement suffisante pour assui’er le chauffage des immeubles (une centaine de grammes).
- Le tronçon réservé à la gare de Lyon est constitué d’un tuyau de vapeur de 203 mm de diamètre et d’un tuyau de retour d’eau condensée de 64 mm de diamètre. Le second tronçon est constitué jusqu’à la place Mazas d’un tuyau de vapeur de 253 mm de diamètre et d’un tuyau de retour de 94 mm.
- Voici quelques détails sur la construction de ces tuyauteries. Les tuyaux de vapeur et de retour d’eau sont posés parallèlement dans un caniveau construit sous la voie publique : celui-ci comporte un radier en béton sur lequel reposent les tuyaux par l’intermédiaire de colliers à galets destinés à faciliter leur déplacement sous l’action de la dilatation.
- Le caniveau est recouvert de dalles elliptiques en ciment armé reposant sur les piédroits du radier : celles-ci, assemblées au mortier de ciment, sont recouvertes d’un enduit plastique assurant l’étanchéité du caniveau en prévision d’inondations jmssibles dans cette partie de Paris.
- On a pu également utiliser sur une partie du parcours une ancienne galerie de câbles du chemin de fer métropolitain.
- Les dilatations sous l’action de la température de la vapeur et de l’eau chaude sont considérables : de l’ordre de 60 mm par tronçon de 35 m; elles sont absorbées en général par des compensateurs élastiques à soufflets disposés dans des chambres de visite accessibles.
- Les tuyaux sont calorifugés avec soin : les tuyaux de vapeur
- par des coquilles de magnésie de 6 cm d’épaisseur, les tuyaux de retour d’eau par des coquilles de liège aggloméré de 3 cm d’épaisseur. Les unes et les autres sont recouvertes d’enduit de lcieselguhr et de toile goudronnée.
- Les canalisations de vapeur sont toujours disposées en pente, dans un sens ou dans l’autre, de façon à créer, au minimum tous les 600 ni, des points bas où l’on place des dispositifs de purge pour extraire les eaux qui ont pu se condenser en cours de route; celles-ci sont récupérées et refoulées par des pompes automatiques dans la tuyauterie de retour d’eau.
- Le chauffage urbain peut alimenter indifféremment tous les systèmes de chauffage central : vapeur haute pression, vapeur basse pression, eau chaude ou air chaud, sans aucune modification à l’installation intérieure des immeubles : seul varie le dispositif de raccordement, dans tous les cas beaucoup moins encombrant que la chaufferie qu’il remplace.
- Actuellement le réseau de Bercy a une puissance horaire maxima de 22 tonnes de vapeur, soit 13 millions de calories. Lorsqu’il aura atteint son entier développement, cette puissance sera de 32 tonnes, soit près de 20 millions de calories. On escompte que la longueur des canalisations atteindra environ 1200 mètres. Pendant l’hiver 1930, la distribution a fonctionné parfaitement; grâce à l’emploi d’appareils régulateurs de précision à la centrale et dans les postes d’abonnés, le chauffage a été, malgré les variations de température, d’une remarquable régularité; dans des radiateurs de chauffage central à eau chaude, on a pu maintenir toute la journée la température de l’eau en circulation à la même température (61° C.) à un demi-degré près, résultat impossible à obtenir avec un chauffage ordinaire. Si on y ajoute l’absence de manutention de combustible, la récupération des locaux consacrés à la chaufferie, l’exacte proportionnalité de la dépense aux besoins de chauffage, on voit que le chauffage distribué offre de sérieux avantages aux utilisateurs.
- Forte de l’expérience acquise sur le réseau de Bercy, la Compagnie parisienne de chauffage urbain va entreprendre l’exécution d’un programme plus vaste : la création d’un réseau de chauffage dans le quartier de l’ouest et du sud de Paris (Passy, Auteuil, Javel), à l’aide de la vapeur produite dans les grandes centrales électriques d’Issy-Les Moulineaux et Saint-Ouen.
- Le premier secteur à équiper autour de la centrale d’Issy comporte 25 km de canalisation : le diamètre des canalisations maîtresses atteindra 800 mm; elles seront les plus puissantes construites à ce jour dans le monde entier.
- CHIMIE INDUSTRIELLE La permutite.
- La substance désignée commercialement sous ce nom est employée pour épurer les eaux de leurs sels calcaires et magnésiens qui entartrent les chaudières et conduites.
- Pour répondre à des questions qui nous sont fréquemment posées par nos lecteurs, nous croyons utile de reproduire les renseignements que donne à ce sujet, dans le Bulletin de l’Union des Physiciens, M. Travers, directeur de l’Institut chimique de Nancy.
- La composition de la permutite se rapproche de celle de certaines roches cristallines naturelles (zéolithes).
- 2 Si02, A120-, NasO + n HsO.
- On les fabrique par fusion alcaline ou bien à l’autoclave à 150-180° C., à partir de silice, d’alumine, et d’alcali caustique ou non.
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- La silice et l’alumine traitées de cette manière par le carbonate de sodium (G03Na2) donnent un insoluble qui n’est ni un silicate, ni un aluminate, c’est un complexe stable seulement en milieu peu alcalin (pH de 8 à 10).
- L’emploi de ces permutites est fondé sur la faculté de remplacement de leur Na2 O par GaO ou MgO.
- Certains auteurs pensent qu’il y a réaction chimique suivant le processus :
- 2 Si02, A1203, Na20 4- CaCLt; 2 NaCl -f- 2 Si02, A1203, CaO.
- D’après d’autres il s’agirait seulement d’un processus d’adsorption réversible.
- Pour régénérer la permutite, on la traite par une solution saturée de chlorure de sodium (réaction réversible). Produit cher, la permutite ne peut malheureusement être régénérée indéfiniment.
- En effet, l’acide carbonique, dissous dans l’eau, précipite de la silice gélatineuse et les sels alcalins en excès dans la régénération sont retenus. La permutite usagée remise dans l’eau à épurer cède une partie de ces sels alcalins qui favorisent la corrosion des conduites.
- Les fabricants de la permutite, pour remédier à cet inconvénient, ont créé le Permo\ c’est en somme de la permutite dans laquelle on incorpore 10 % de quartz en grain. L’effet du quartz est évidemment de diviser la masse et d’en augmenter la perméabilité, mais la composition reste sensiblement celle de la permutite. La régénération en est également limitée.
- L’application de ces produits, ajoute M. Travers, est intéressante surtout dans les petites installations consommant peu d’eau (blanchisseries, savonneries). Ils peuvent servir à compléter une épuration, c’est-à-dire à épurer des eaux qui ne renferment que 7 à 8° hydrotimétriques (1° correspond à 100 mg de carbonate de chaux). On peut également appliquer la permutite à l’extraction du radium : elle adsorhe mille fois mieux le radium que le baryum.
- BOTANIQUE
- Le Kudzu : plante textile japonaise.
- Cette plante, de la famille des légumineuses, est désignée sous l’appellation de Pueraria Thunbergiana, quoique affublée d’autres noms : Pachyrrhizus Thumbergianus, Neustauthus Chinensis, Dolichos hirsutus, etc. C’est une forte plante grimpante, dont les tiges atteignent des dimensions considérables, en un été; ces tiges fibreuses servent à faire des étoffes, les racines donnent de l’amidon et les feuilles nourrissent les animaux. C’est donc un végétal éminemment utile et qui se récolte à l’état sauvage dans les montagnes et les friches du Japon.
- Au printemps, les jeunes pousses sont émises par la vieille souche. A l’automne, paraissent les fleurs d’un violet vineux. Les racines ne sont bonnes à arracher que vers le douzième mois; ces racines sont très longues; arrachées du sol, elles sont débarrassées de la terre, on les écrase avec soin sur une pierre plate au moyen d’un maillet de bois ou de métal.
- On malaxe les racines, ainsi traitées, dans un baquet rempli d’eau pour en extraire les parties solubles et on filtre. La pulpe est alors mise dans un sac en toile et passée à la presse. Une fois pressé, le résidu n’ayant plus de valeur est jeté.
- Quant à la fécule obtenue, on la filtre au moyen d’un sac en coton. On laisse reposer un jour, on décante et l’on fait sécher le dépôt; la fécule noire qui se trouve au-dessous est jetée.
- On remplit de nouveau le baquet d’eau claire, dans laquelle on met toute la fécule obtenue et l’on remue fortement; ce lavage est fait deux ou trois fois.
- Le précipité obtenu est étendu dans des caisses plates, puis mis à sécher au soleil : on obtient alors le Kudzu gris ou cendré. Pour rendre cette fécule très blanche, on lave à nouveau, puis on filtre au moyen d’un sac à trame serrée, on laisse reposer un jour et on décante. On recommence une troisième fois l’opération, puis encore sept ou huit fois et on enlève ainsi toutes les parties solubles. On fait sécher au soleil sur des papiers placés dans des caisses plates et l’on obtient enfin le Kudzu en grumeaux, d’une blancheur éblouissante, qui sert de plusieurs manières : comme empois, supérieur à notre amidon, comme fécule alimentaire et dont on confectionne des gâteaux.
- Mais le principal emploi du Kudzu réside dans la filasse qu’on retire de ses tiges, avec laquelle on fabrique des tissus d’une extrême solidité.
- Depuis 60 ans que cette plante est introduite en Europe, on est en droit de s’étonner de ne pas la voir cultiver en grand, pour sa filasse et pour son amidon. Quoique grimpant, ce végétal n’a aucun besoin de soutien et c’est ainsi qu’on le traite au Japon et en Chine.
- La tige grimpante ou rampante, très fibreuse, fournit une toile douée de propriétés particulières, mais fabriquée avec des procédés anciens, que notre industrie trouverait à simplifier. Voici les moyens employés par les Japonais, depuis plus de neuf siècles.
- A l’automne, les tiges de Kudzu, ayant atteint 3 à 9 m et plus, sont mûres et coupées à des longueurs variant entre 1 m 80 et 2 m; on les plonge immédiatement dans une chaudière remplie d’eau bouillante, en les agitant durant quelques secondes, puis on les retire et on les met immédiatement à tremper dans de l’eau courante, où on les laisse 24 heures. On les étend en tas sur des nattes en les recouvrant d’autres paillassons, durant 48 heures. Les tiges sont alors en fermentation; mais on arrête cette fermentation en les arrosant. On replace les paillassons et les tiges restent en cet état un jour et une nuit (24 heures.) Après quoi, on met les tiges à tremper dans de l’eau courante, peu profonde, en les foulant avec les pieds. Les écorces s’enlèvent alors facilement et on en élimine les parties ligneuses. Ces écorces sont introduites entre les branches d’une petite fourche, longue de 0 m 06. On les racle dans l’eau à plusieurs reprises, et lorsqu’elles sont blanches, on les suspend sur une perche de bambou, pour les faire sécher au soleil à moitié. Avant dessiccation complète, on les reprend et, en les secouant vivement, les fibres de l’écorce se séparent par leur frottement et l’on obtient ainsi la filasse recherchée, que l’on fait sécher complètement, avant de la convertir en fil de Kudzu, qui sert à faire une étoffe très solide, particulièrement recherchée des Japonais; cette étoffe ne se ramollit point sous l’action de l’eau; une fois mouillée, elle sèche rapidement ; on l’emploie surtout dans la confection des manteaux pour la pluie et cette fabrication a pris une grande extension. Dans les années ordinaires, on fabrique au Japon environ 500 000 m d’étoffes de Kudzu, d’une valeur or de plus de deux millions de francs; c’est un minimum.
- D’après les expériences et les analyses faites par des chimistes français, la fécule de Kudzu ou Pueraria Thunbergiana, est excellente, donnant des potages aussi bons que ceux faits avec du tapioca.
- Le Kudzu, comme plante fourragère, par son feuillage, serait précieux en Afrique du Nord, à cause de son système radiculaire qui plonge à plus de 3 mètres sous terre, ce qui lui permettrait de résister aux plus fortes sécheresses et, par cela même, fournirait aux colons un fourrage de très grande valeur. Mais l’utilisation du Kudzu serait profitable partout, en France, et permettrait de lutter avantageusement contre les crises économiques que nous subissons sans cesse.
- R. de Noter.
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- PETITES INVENTIONS
- NAVIGATION Le yachtlog.
- Nouvel indicateur de vitesse pour bateaux.
- Les commandants de paquebots, aussi bien que les commandants de navires de guerre ou les simples conducteurs de yachts à voile ont besoin de connaître la vitesse de leurs bateaux. Ils l’obtiennent soit par le calcul, d’après le temps employé à parcourir une base de longueur donnée, soit avec divers lochs tels que le loch Massey à hélice, le loch Baule, le loch Michel basé sur le vide déterminé par la vitesse de l’eau du sillage, le loch électrique Fleuriais, sorte d’anémomètre transformé et autres instruments plus ou moins perfectionnés, qui ont remplacé, pour cet usage, le primitif loch à main des anciens navigateurs.
- Or le premier procédé ne va pas sans difficultés, car indépendamment de l’établissement préalable d’une base il exige l’élimination de l’influence du vent et des courants liquides qui, s’établissant au cours de la marche du bateau, entachent d’erreurs les résultats trouvés. Quant aux chiffres fournis par les appareils construits jusqu’ici, ils sont d’une exactitude relative surtout aux petites vitesses. Enfin, dans les deux cas, on n’obtient que la vitesse moyenne.
- Voici, en effet, comment les choses se passent, d’après les observations faites par les ingénieurs hydrauliciens. D’abord, par suite des frottements entre la coque et le liquide, il y a, au voisinage de la coque, une zone où le liquide est plus ou moins entraîné avec le navire, où, autrement dit, la vitesse relative de l’eau par rapport au bâtiment est réduite. C’est une zone de perturbation du liquide. L’épaisseur de cette couche-limite dépend de la vitesse et de la partie de la carène considérée; elle oscille entre 0 m 80 et 1 m 20 pour les bateaux d’un certain tonnage. Si donc on se sert de lochs installés sous le fond ou sur les flancs de l’embarcation, il faut les placer hors de cette zone perturbée si l’on veut avoir des mesures exactes. Lorsque l’appareil fonctionne, au milieu de la « couche limite », il indique des chiffres trop faibles. En définitive, il faut étalonner le loch monté sur le bateau auquel on le destine, sur un parcours bien déterminé et à différents régimes de marche.
- En second lieu, autour d’une embarcation et au delà de la couche-limite ci-dessus définie, le déplacement du navire détermine un courant allant de l’avant vers l’arrière et qui se perd seulement à une certaine distance du navire. La valeur absolue de l’augmentation de vitesse résultante ne devient négligeable qu’à 3 à 4 m de distance de la coque. En outre, l’avancement du bateau crée un remous qui fait progresser les particules de l’eau au sommet d’une sorte de vague et les retarde dans le creux suivant. L’appareil indiquera donc une vitesse trop faible quand il se trouve au point le plus élevé de la vague et trop forte quand il gît dans la dépression. Ces variations s’atténuent rapidement, du reste, avec la profondeur et leur influence devient négligeable pour les lochs fonctionnant à une courte distance du fond du bateau. Enfin, il faut aussi tenir compte des mouvements de marées, des courants fluviaux, etc. On le voit, le problème de la construction d’un indicateur de vitesse pour bateaux est assez délicat. Cependant MM. Kempf et Sottarf, après de multiples expériences poursuivies dans le bassin de l’Institut des carènes de Hambourg, sont parvenus à réaliser un loch de grande précision dont les établissements Neufeldt et Kuhnlce ont mis au point divers modèles pour des bateaux d’une certaine importance. Mais on exécute actuellement avec ces instruments des mesures en haute mer afin de comparer leurs résultats avec les chiffres obtenus en carène
- d’essai. Ces lochs permettent de mesurer des vitesses correspondant à 20 milles marins à l’heure et, en y adjoignant quelques dispositifs électriques, leurs indications se trouvent transmises au mécanicien, à la passerelle de commandement et aux autres postes d’un paquebot.
- D’autre part, la même firme a réalisé un yachtlog pour des vitesses de 3 à 12 noeuds et pour de petits bateaux de plaisance. Ce type d’indicateur se trouve notablement simplifié, car on peut, en ce cas, négliger l’influence de la vague ainsi que le courant arrière et on traîne le cône de résistance à une certaine distance derrière le yacht. D’après le chiffre lu sur l’enregistreur, le pilote modifie la voilure et se rend compte immédiatement de l’effet de telle ou telle de ses manœuvres sur la vitesse de l’embarcation.
- Le yachtlog se compose d’un cône qu’une corde de 10 àl5 m de longueur maintient dans l’eau derrière le bateau. Cette corde s’attache au cône en un point tel que, par suite d’un manque de symétrie, ledit corps reste au-dessous de la surface de l’eau pour toutes les vitesses à mesurer. D’autre part, le fil, après son enroulement sur la gorge d’une poulie, se relie par son autre extrémité à un ressort antagoniste dont un index enregistre la tension, correspondant, à tout moment, à la vitesse du navire. Le ressort se meut dans un tube protecteur et les déplacements de l’index se lisent, à travers une fenêtre de celluloïd, sur une échelle graduée en kilomètres ou en nœuds. L’ensemble de l’appareil pivote sur un pied qu’on peut facilement fixer sur une surface horizontale ou verticale.
- La manœuvre du yachtlog se fait aisément grâce à la manivelle et au dispositif d’immobilisation que porte la poulie. En tournant la manivelle environ 50 fois, on laisse le cône de résistance s’éloigner du bateau jusqu’au moment où quelques centimètres de son ruban de fixation apparaissent à la surface de l’eau. A cet instant, on relève un petit levier, l’appareil se trouve prêt à fonctionner et une simple lecture donne instantanément la vitesse. J. B.
- OBJETS UTILES Extincteurs d’incendie PP 930.
- La forme des extincteurs d’incendie les plus courants, c est-à-dire ceux pour risques fixes, de 10 litres de capacité environ, semblait jusqu’à ces derniers temps, s’être concrétisée en une forme classique et définitive.
- Un cylindre, un bouchon, un vase intérieur, fixé par des pattes ou colliers, constituaient l’extincteur.
- Fig. 1. — Le Yachtlog.
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- Tel quel, il avait certains inconvénients apparents à l’usager, en particulier difficulté de chargement, de vérification, de nettoyage.
- L’extincteur PP 930 a été conçu pour réaliser la sécurité, la commodité, l’efficacité et la durée.
- La partie chaudronnerie est tout à fait nouvelle : le corps est cylindrique, et il reçoit comme fermeture un couvercle embouti, qui est fixé par quatre tirants s’appuyant sur la base.
- On conçoit qu’il est facile de libérer ce couvercle maintenu par quatre écrous à œil, de faible filetage.
- La résistance de l’ensemble est considérable et on a pu, aux essais de l’Office national des Recherches et Inventions de Bellevue, monter à 40 kg sans déformation.
- Du côté sécurité, un' pas en'avant est fait : supposons un
- extincteur qui, pour une raison quelconque, a son jet obturé (par exemple, par un chiffon laissé à l’intérieur par suite d’une inconcevable négligence) ; ce cas est critique, car s’il n’y a qu’un volant ou bouchon, l’opérateur qui, croyant l’extincteur inactif (tandis qu’il est sous pression), dévisse le bouchon, risque de le recevoir dans le visage. Avec le principe des quatre écrous, le fait d’en dévisser un ou deux crée une fuite qui avertit de la pression et la libère.
- Un autre inconvénient réside dans le fait qu’il faut, lors de la charge, réserver une chambre d’expansion des gaz pour assurer un fonctionnement normal.
- Si la chambre est insuffisante, il y a des surpressions; si elle est exagérée, il y a diminution de capacité extinctrice.
- Le PP 930 réalise la chambre d’expansion automatiquement , et en même temps il supprime tout support accessoire de vase intérieur contenant l’acide, par le bocal flottant.^A cet effet, on a choisi un vase (ou bocal) qui, lorsqu’il est convenablement empli de sa charge, conserve un « creux » tel qu’il flotte dans la solution basique. Ce « creux » constitue la chambre d’expansion.
- Si, au moment de la charge, cette chambre n’est pas respectée, par suite d’une erreur de chargement, le bocal ne peut flotter, et l’opérateur est averti qu’il doit recommencer en se conformant aux règles d’emploi.
- Enfin, on sait que, comme tous les produits organiques en contact avec l’air, les solutions des extincteurs s’altèrent à la longue. On a donc cherché à soustraire les solutions du contact de l’air. Là encore, on a obtenu ce résultat conjointement à un autre : il est fourni avec chaque extincteur un support qui, fixé au mur, tient solidement l’extincteur en place. Ce support est formé d’une pièce en caoutchouc moulé, sur laquelle vient
- Fig. 2. — Extincteur PP 930.
- Fig. 3. leur
- — Coupe d’un extinc-d’incendie PP 930.
- s’appuyer le jet de l’extincteur.
- Il s’effectue de la sorte un bouchage plastique extrêmement efficace, qui empêche l’accès de l’air, l’évaporation, et qui assure également l’intégrité du jet.
- Un point encore très avantageux : l’usager qui doit s’occuper de son extincteur pour le recharger se trouve, après avoir enlevé le couvercle, en face d’un cylindre largement ouvert, qu’il peut scruter de l’œil et de la main jusqu’aux derniers recoins sans la moindre difficulté.
- Tout est largement exposé devant lui, et les constructeurs n’ont pas manqué de mettre à profit cette heureuse disposition pour une meilleure protection intérieure contre la corrosion.
- Bien entendu, l’objet de cet appareil, qui est l’extinction,
- n a pas été perdu de vue, et on sera toujours surpris de voir avec quelle facilité, par exemple, un extincteur de 10 litres « PP Mousse » éteint une cuve d’essence en flammes de 1 m 25 de diamètre, par tous temps, même par vent violent.
- Constructeurs : Établissements Phillips et Pain, 41, avenue de Friedland, Paris.
- Pour cuire des oeufs à la coque sans coquille.
- Voici un appareil qui permet d’obtenir les œufs à la coque sans coquille, de s’assurer au préalable de la fraîcheur de l’œuf, de vérifier s’il est cuit à point et d’éviter les inconvénients des fragments de coquille avalés par mégarde.
- Cet appareil est en porcelaine, il a la forme d’un œuf, mais avec un couvercle suffisamment étanche pour que l’eau ne puisse pas entrer.
- Ce couvercle est maintenu par un ressort à deux branches, sur lequel il suffit de presser pour permettre d’enlever le couvercle.
- Le couvercle enlevé, on casse l’œuf dans l’appareil, on peut donc se rendre compte si l’œuf est frais. On remet le couvercle qui est maintenu par le ressort et l’appareil est plongé pendant 4 à 5 minutes presque entièrement dans l’eau bouillante.
- L’œuf est alors cuit à point et il suffit de retirer le couvercle pour le déguster sans qu’on ait à casser la coquille qui n’existe plus.
- Si par hasard la cuisson est insuffisante, on peut parfaitement remettre le couvercle et replonger l’appareil dans l’eau bouillante le temps nécessaire.
- Ce même dispositif peut naturellement servir pour cuire des crèmes au four.
- En vente : chez Postel, rue de la Folie-Méricourt 86, à Paris.
- Fig. 4.— Appareil à cuire les œufs sans leur coquille.
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- BOITE AUX LETTRES
- COMMUNICATIONS
- Comprimés d’acide carbonique.
- A propos de la réponse laite à M. Plassard dans le n° du 1er juin 1931, un de nos lecteurs nous signale que notre correspondant entendait probablement par « comprimés dégageant de l’acide carbonique » les cubes d’acide carbonique solidifié, désignés souvent sous le nom de glace sèche, très employés aux États-Unis pour assurer, par exemple, le transport de fruits dans une atmosphère neutre et froide. La glace sèche, ou carboglace, est actuellement fabriquée en France par la t Carbonique française », 120, rue Thiers, à Billancourt (Seine).
- Le Port de Gdynia (n° 2859). — L’entrepôt frigorifique.
- M. Acli. Malengret-Lebrun nous informe que l’entrepôt frigorifique de Gdynia dont il a été question dans l’article de M. J. Boyer sur Je port de Gdynia a été étudié, construit et équipé par la société anonyme des Ateliers R. Lebrun à Nimy-les-Mons (Belgique).
- Adresses relatives aux appareils décrits :
- Photographie et cinématographie d’amateurs (p. 85) :
- Motocaméra : Sté Agfa-Photo, 37, rue du Renard, Paris, Pathé-Baby et Kodak : Kodak-Pathé, 39, avenue Montaigne, Paris. Ets Samok, 6, rue Marc-Seguin, Paris. Appareil Nizo, Imex-France, 7 bis, rue des Suisses, Paris. *
- Appareils Voiglltïnder : Schobert et Hafner, 3, rue Laure-Fiot, Asnières.
- Appareils Zeiss-Ikan : Sté Optica, 18, faubourg du Temple, Paris. Appareils Leica (Leilz) : Tiranty, 103, rue Lafayette, Paris. Appareil Pupille-Nagel: Chotard, 57, rue de Seine, Paris.
- Appareil Maton: Sté Gle de Photo, 113 bis, boulevard Ney, Paris . Appareil Cent-Vues et appareil d'éclairage intensif : Demaria-Lapierre et Mollier, 133, boulevard Davout, Paris.
- Régulateurs de vitesse : Ciné Vitolia, 7, rue du Dr Goujon, Paris.
- QUESTIONS ET RÉPONSES
- Schéma de montage d’un poste-secteur.
- Comme vous le savez sans doute, les appareils actuellement vendus dans le commerce sous le nom de poste-secteur sont essentiellement destinés à être alimentés par le courant d’un secteur alternatif, et, d’ailleurs, la distribution par courant alternatif est de plus en plus généralisée, à cause de ses nombreux avantages, tant pour le producteur d’électricité que pour le consommateur.
- Cependant, comme vous ne disposez encore que du courant continu d’un secteur, ce genre d’appareil ne peut vous convenir, et le problème de la construction d’un poste fonctionnant ainsi directement sur le secteur continu est à la fois plus simple et plus complexe.
- Il est plus simple, parce que le courant utilisé n’a pas besoin en principe d’être redressé, et qu’il suffit de le filtrer. Il est plus complexe parce qu’on ne peut réaliser la transformation statique du courant à l’aide de ces transformateurs, opération si pratique avec le courant alternatif, dont on peut faire varier presque à volonté la tension pour obtenir les valeurs nécessaires.
- Le courant dont vous disposez ayant seulement une tension de 110 v, vous ne pourrez donc évidemment utiliser des lampes avec une tension plaque supérieure à cette valeur, alors qu’il est intéressant, dans les postes-secteurs fonctionnant sur alternatif, d’employer des tensions de 150 et même de 200 v au moins sur les étages d’amplification basse fréquence, et même quelquefois aussi sur les plaques des lampes à écran utilisées en haute fréquence.
- D’autre part, il ne semble pas qu’il existe encore en France des lampes secteur à chauffage indirect destinées à l’alimentation sur continu, et, en tout cas, les éléments chauffants de celles-ci ne pourraient être connectés en parallèle, mais devraient l’être en série, afin de diminuer au minimum la consommation très élevée d’électricité puisqu’il faut abaisser la tension à l’aide de résistances, depuis 110 v jusqu’à la valeur relativement faible nécessaire pour le chauffage de ces éléments, valeur le plus souvent de l’ordre de 4 v seulement.
- Il serait donc beaucoup plus simple d’utiliser des lampes ordinaires sur votre appareil, en employant un accumulateur-tampon pour le chauffage des filaments, et en adoptant un circuit-filtre pour obtenir le courant de plaque, mais vous pouvez aussi supprimer complètement l’accumulateur-tampon. Vous pouvez trouver des renseignements sur ces montages dans nos chroniques de radiophonie, dans le livre Le problème de l’alimentation par le secteur (Chiron, éditeur, 40, rue de Seine, Paris), et dans la Revue La T. S. F. pour tous du même éditeur.
- Il est bien évident qu’un poste de T. S. F. alimenté sur continu à l’aide du courant du secteur peut, en principe, être constitué à peu près absolument (sauf certains détails de montage) comme un appareil alimenté par des batteries. Nous ne connaissons pas le montage de votre appareil actuel, mais nous pensons qu’il est du type C. 119, c’est-à-dire comporte une lampe haute fréquence à résonance, une lampe détectrice, et deux étages haute fréquence. Il est bien évi-
- dent que vous pouvez réaliser, à l’heure actuelle, un montage à la fois plus sélectif, plus sensible, et possédant des qualités plus musicales.
- Le problème est un peu complexe, parce que vous désirez construire un poste qui puisse fonctionner à volonté sur cadre ou sur antenne. Il nous semble donc intéressant pour vous de choisir un montage simple à changement de fréquence comportant seulement un étage d’amplification moyenne fréquence, et un tel appareil pourrait comporter, par exemple, une lampe bigrille changeuse de fréquence, une lampe moyenne fréquence à grille écran, une lampe détectrice, et une ou deux lampes basse fréquence. Pour le montage de ces derniers étages, vous pourriez utiliser les pièces déjà possédées par vous.
- Nous avons déjà décrit des montages de ce type dans nos chro -niqués. Voici, d’autre part, des adresses de constructeurs qui pour -raient vous fournir des pièces détachées pour la réalisation, et même des plans de câblage :
- Établissements Unie, Ribet et Desjardins, 10, rue Violet, Paris.
- Établissements Brunet, 5, rue Sextius-Michel, Paris (15 e).
- Établissements Bardon, 61, boulevard National, à Clichy (Seine).
- Réponse à M. Bivort, à Bruxelles (Belgique).
- "'^Dispositif d’enregistrement phonographique d’ama= teur.
- On n'emploie plus à l’heure actuelle des disques de cire ou en composition à base de cire pour l’enregistrement phonographique d’amateur, et le problème qui se pose n’est en effet, pas du tout le même que pour l’enregistrement professionnel, pour lequel les disques utilisés sont uniquement en composition à base de cire.
- Il faut, en effet, avoir une matière qui soit à la fois assez molle pour permettre l’enregistrement, mais aussi assez rigide pour rendre possible un assez grand nombre de reproductions phonographiques sans qu’il soit besoin de transformation complète. Comme nous l’avons expliqué dans une chronique de radiophonie pratique, on utilise à l’heure actuelle, soit des disques en aluminium, soit des disques cellulosiques ou en composition à base de gélatine.
- Dans le premier cas, on emploie une pointe graveuse en saphir ou plutôt en diamant qui trace un sillon sans enlever de matière, et forme des sortes de bourrelets de chaque côté de ce dernier, comme le ferait une charrue. Dans le deuxième cas, la pointe graveuse est également en saphir ou en diamant, mais elle enlève sur la surface du disque une sorte de serpentin continu très fin qui occupait précédemment la place du sillon acoustique.
- La reproduction des disques métalliques enregistrés s’effectue à l’aide d’une aiguille prismatique en fibre de bambou ou d’une aiguille cylindro-conique en corne (kératine). La reproduction des disques cellulosiques est effectuée plus simplement à l’aide d’une aiguille cylindrique conique en acier préalablement émoussée, ou plutôt d’une aiguille spéciale en forme de bêche, qui est déjà utilisée pour la reproduction des disques souples en acétate de cellulose.
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- Un assez grand, nombre de reproductions peuvent être exécutées avec une même aiguille, et, en principe, la reproduction de ces disques est donc beaucoup plus facile que celle des disques métalliques. Mais, par contre, il semble que jusqu’à présent l’enregistrement des disques souples soit plus complexe, surtout parce que l’inclinaison de la pointe graveuse est plus critique. Tous ces systèmes d’enregistrement, qui nécessitent l’emploi presque unique du procédé électro-mécanique, sont, d’ailleurs, perfectionnés peu à peu, et vous pourrez trouver dans nos chroniques la description des différents modèles qui ont été proposés.
- Voici quelques adresses de fabricants d’appareils d’enregistrement:
- Établissements Galliavox, 37, avenue Victor-Hugo, Paris.
- Établissements Électro-Acoustique, 36, avenue Hoche, Paris.
- Établissements Permavox, 51, rue de Paradis, Paris.
- Réponse à M. Cluzot, à Rouen.
- Emploi de thermostats sur une automobile.
- Nous avons déjà eu l’occasion d’indiquer dans nos chroniques d’automobile pratique les avantages des appareils dits « thermostats » qui servent à régulariser la circulation d’eau dans le circuit de refroidissement du moteur, suivant le service demandé à la voiture, et les conditions atmosphériques. Ces appareils peuvent être, d’ailleurs, classés en deux catégories plus ou moins distinctes* Dans la première, on trouve des modèles qui se placent sur les tuyaux de circulation d’eau, et qui contiennent une soupape s’opposant plus ou moins complètement au passage de l’eau dans le tube.
- Le fonctionnement de la soupape est assuré par un soufflet métallique flexible rempli d’un liquide volatil, comme, par exemple, de l’éther. L’évaporation est plus ou moins vive selon le degré de température, ce qui détermine ou non la dilatation du soufflet et l’ouverture de la soupape.
- Avec ce système, l’eau des cylindres arrive rapidement à une température minima, généralement de l’ordre de 60°, qui est nécessaire pour le fonctionnement normal du moteur. A partir de ce moment, la circulation d’eau est rétablie, et le fonctionnement du système de refroidissement devient tout à fait libre sans que la soupape constitue une gêne pour le passage du courant liquide.^
- Dans la deuxième catégorie, on trouve des appareils basés sur le même principe, mais dans lesquels le soufflet flexible commandé par la dilatation plus ou moins grande de la vapeur agit, non pas directement pour régulariser la circulation d’eau, mais sur des volets mobiles orientables placés devant le radiateur, et qui servent ainsi à faire varier le flux d’air à travers les ailettes de refroidissement. Il est évident que l’emploi de ces deux systèmes peut être combiné, et que leur adoption est surtout intéressante en hiver. L’action des premiers modèles est plus rapide, puisque seule la masse d’eau renfermée dans l’enveloppe du cylindre commence alors à s’échauffer. D’ailleurs, la pose d’un thermostat de radiateur est plus complexe que celle des modèles commandant la circulation d’eau.
- Réponse à M. L. M., à Paris.
- Remise à neuf d’une carrosserie peinte au duco.
- Comme vous le savez sans doute, la peinture cellulosique est beaucoup plus résistante et beaucoup plus facile à appliquer que la peinture au vernis ordinaire. Lorsque l’opération de préparation des tôles a été exécutée convenablement, une peinture cellulosique peut d.urer un très grand nombre d’années en conservant ses qualités initiales. Bien plus, alors que le vernis gras ordinaire à la gomme laque s’écaille et se ternit à la longue, en lavant et en polissant par un entretien régulier une peinture cellulosique, on augmente au contraire de plus en plus son brillant, et une peinture neuve de ce genre peut être beaucoup moins brillante qu’une autre déjà un peu ancienne.
- D’un autre côté, une peinture de ce type est rayée beaucoup moins facilement que les peintures employées autrefois, et s’il arrive qua l’on constate sur sa surface des rayures ou des taches quelconques qui ne sont pas trop profondes, elles peuvent généralement être effacées par un simple polissage. Celui-ci est effectué à l’aide d’un tampon de ouate hydrophile imbibé d’un liquide spécial vendu par tous les fabricants de peintures de ce genre, et que l’on trouve chez les marchands d’accessoires pour automobiles. Avec le tampon imL’hé-on frotte doucement et en rond, de façon à produire peu a peu une sorte de ramollissement léger de la couche superficielle cellulosique, ce qui permet de faire disparaître les inégalités de sa surface, c’est-
- à-dire les rayures de toutes sortes. Une fois ce résultat obtenu, on ontient le brillant désiré à l’aide d’un tampon sec.
- Réponse à M. Barrot, à Lyon.
- Ûe tout un peu.
- MM. Plataà Honda, Grésillon à Cambrai et Aguirreà Plata-Honda. — Nous avons traité très longuement la question vrillettes marquetées ainsi que ses phases de développement dans le n° 2795 page 383, veuillez bien vous y reporter, nous y conseillons particulièrement l’emploi du tétrachlorure de carbone qui se vaporisant, facilement, atteint l’insecte jusqu’au fond des galeries.
- M. le Dr Fedou à Saint-Simon. — 1° Dans les roulements à aiguilles l’arbre qui tourne est enveloppé par une chemise de tronçons d’aiguilles parallèles à l’axe, de sorte que celui-ci ne touche à cette enveloppe que tangentiellement aux multiples cylindres, cette disposition aurait l’avantage d’éviter les coincements, les aiguilles restant toujours parallèles entre elles.
- 2° D’après la description que vous nous donnez, il s’agit très probablement d’un récipient contenant de la chaux vive laquelle en s’hydratant dégage de la chaleur.
- 30 Nous avons donné la composition du bouche-pores dans le n° 2830, page 336.
- M. Plassard à Paris. — Le blanc de baleine se dissout avec facilité dans tous les solvants des corps gras : gazoline, benzine et les composés chlorés que l’industrie met aujourd’hui à notre disposition dans ce but: tétrachlorure de carbone, tétrachloréthane, trichloréthylène, etc.
- Quant à la gutta-percha, les dissolvants de choix sont le sulfure de carbone et la benzine, on peut également employer le tétrachlorure de carbone.
- Le premier solvant présente les inconvénients d’être très volatil, d’odeur nauséabonde et délétère, c’est pourquoi on lui préfère habituellement la benzine,
- M. Joly à Caluire. — Vous pourrez préparer une poudre phosphorescente pour enduire vos statuettes par la formule de Verneuil qui consiste à prendre :
- Coquilles d’huîtres pied de cheval 100 grammes
- Soufre pulvérisé............ 30 —
- Alcoolà95°..................100 cent, cubes.
- Après avoir laissé l’alcool s’évaporer, on chauffe le mélange au rouge cerise pendant vingt minutes.
- On trouve dans le commerce des produits de ce genre spécialisés sous les noms de : « Irradiante » Etablissements Cohendy, 26 bis, rue Charles-Baudelaire; « Radiana » Maison Sauvage, 23, boulevard des Italiens.
- M. Ferry à Paris. — Le tungstate de cadmium Tu7024Cd3 se prépare par fusion du mélange suivant :
- Tungstate de soude.......... 400 grammes
- Chlorure de cadmium .... 1100 —
- Chlorure de sodium.......... 1600 —
- Après lixiviation pour enlever le chlorure de sodium, on obtient des cristaux incolores qui sont isomorphes du tungstate de calcium.
- M. Boutry à Mananjary. — La caractéristique des peintures à l’huile mates est de forcer à l’essence, on donne par exemple la première couche avec comme excipient un mélange à parties égales d’huile de lin et d’essence de térébenthine, puis après séchage parfait une seconde couche avec les proportions de 9/10 d’essence et seulement i/j.0 d’huile.
- Le pigment est choisi à volonté et on additionne de 2 pour 100 environ de siccatif pour hâter le durcissement de la couche.
- Si la solidité de la peinture n’est pas condition essentielle, comme par exemple s’il s’agit de statuette en plâtre, on peut se servir tout simplement de blanc gélatineux à plafonds, qui donne une adhérence suffisante, que l’on teinte par la couleur minérale choisie, ocre jaune ou rouge, vert de cuivre etc., la matité est alors absolue.
- M. Leroy-Dubost à Paris. — Pour fixer les viroles de couteaux on se sert du mastic suivant :
- Colophane......................50 grammes
- Cire d’abeilles................10 —
- Rouge d’Angleterre.............10
- Plâtre pulvérisé.............. 5
- Après avoir fait fondre la résine à feu doux, on y incorpore successivement les autres éléments.
- Ce mastic s’emploie à chaud, les parties métalliques étant également
- chauffées, il durcit ensuite lentement.
- Le Gérant • G. Masson.
- ii5i. — Paris. Imp. Lahure — 15-7-1931.
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- N° 2862.
- Paraît le iei
- — F- Août 1931 ' j/~
- et le 15 de chaque mois.
- Prix du Numéro : 3 francs 50
- pour la vente en France»
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- Paraît le îBr et le 15 de chaque mois (48 pages par numéro)
- LA NATURE
- MASSON et C1®, Editeurs, 120, Boulevard Saint-Germain, PARIS, VI® (J{. C. Seine : $5.234) Tel. Danton 56-$jr.
- PRIX DE L’ABONNEMENT
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- Prix du numéro vendu en France : 3 fr. 50
- Tarif spécial pour la Belgique et le Luxembourg : 12 mois (24 n**), 85 fr. ; — 6 mois (12 n°*), 43 fr.
- Tarif pour l’étranger : Tarif «• l
- T^^J^t^ieurirJl valable pour les pays ayant accepté une réduction de 50 pour 100 sur les affranchissements des périodiques .-AlbaniefA Ile magne, Argentine, Autriche, Brésil, Bulgarie, Canada, Chili, Colombie, Costa-Rica, Cuba, Egypte, Equateur, Espagne, Esthonie, Ethiopie, Finlande, Grèce, Guatemala, Haïti, Honduras, Hongrie, Lettonie, Liberia, Lithuanie, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pays-Bas, Perse, Pologne, Portugal et ses Colonies, République Dominicaine, Roumanie, Russie (U. R. S. S.), San Salvador, Serbie, Suisse, Tchécoslovaquie, Turquie, Union d'Afrique du Sua Uruguay, Venezuela.
- Tarif extérieur n° 2 valable pour les autres pays.
- Règlement par mandat, chèques postaux (compte n* 599, Paris) ou chèque à l'ordre le Masson et C‘\ sur une banque de Paris.
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- an................... 90 fr.
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- N° 2862,
- LA NATURE
- I" Août 1931.
- = NOS GRANDES CULTURES COLONIALES =
- LA CANNE A SUCRE ET SES PRODUITS
- La canne à sucre semble originaire d’Asie. Les anciens manuscrits chinois nous apprennent que 2000 ans avant notre ère, les Chinois consommaient le sucre de canne ou saccharon. La plante s’étendit peu à peu, du Bengale sa patrie, pour aller rayonner jusqu’en Palestine et les croisés en rapportèrent quelques plants en Europe. La civilisation arabe en répandit la culture en Egypte, en Italie et en Espagne ; et c’est de ce dernier pays qu’elle fut successivement introduite, au xvie siècle, aux Iles Canaries et au Brésil. Vers 1650, on la trouve installée à la Guadeloupe et à la Martinique; vers 1800, elle gagne toutes les Antilles. Pendant tout le moyen âge, le sucre fut considéré comme une denrée de luxe, et ne devint de consommation courante que vers le xvne siècle. Le sucre brut de canne était alors importé des Antilles et du Brésil par les navigateurs hollandais, et était raffiné, d’abord en Hollande, puis ensuite en France, notamment à Rouen et à Orléans où des raffineries ne tardèrent pas à se monter.
- Sous le Ier Empire la canne à sucre entra en lutte contre la betterave -s le conflit économique prit vite une grande acuité et cela d’autant plus que la politique s’en mêla. Tout le monde sait que de nos jours encore, cette délicate question est loin d’être résolue et qu’elle pèse de tout son poids sur le marché des sucres.
- Napoléon Ier, poursuivant dans ses conséquences le blocus continental, encouragea la nouvelle industrie sucrière qui venait de naître en Silésie. Il créa une usine et une raffinerie de sucre de betteraves à Passy et distribua des primes de cultures pour la betterave. La chute de l’Empire et la fin du blocus continental obligèrent la Restauration à protéger les sucreries métropolitaines par le pacte colonial qui permettait aux sucres des colonies de
- venir se faire raffiner en France moyennant l’obligation pour elles de s’approvisionner dans la métropole de set articles industrialisés et manufacturés.
- La betterave à sucre avais cependant conquis du terrain et l’on dut lui imposer un droit de consommation pour ne pas ruiner la production coloniale.
- Il arriva même que la production du sucre allant en augmentant, le droit de consommation fut maintenu au bénéfice du fisc, mais limité à une quantité maximum de la production, le surplus pouvant se faire exporter au bénéfice du commerce. En 1891, l’Allemagne inaugura le système bizarre des primes à l’exportation et elle fut suivie par tous les pays producteurs ; au bout de quelques années, les pays qui avaient adopté la prime à l’exportation furent amenés à surenchérir et il se produisit ce phénomène paradoxal que ces pays faisaient payer le sucre à leurs consommateurs nationaux plus cher qu’aux étrangers qui n’avaient pas adopté le système, en l’espèce, les Anglais. Cette guerre économique finit même par excéder les états qui en étaient la victime, et ceux-ci se réunirent à Bruxelles en 1903 et élaborèrent une convention supprimant la taxe à l’exportation, et rendant plus libre le jeu de la concurrence. Ce régime nouveau a modifié considérablement le marché des sucres, et par répercussion celui des sucres coloniaux qui se sont détournés de la Métropole. C’est ainsi que la presque totalité des sucres indo-chinois est expédiée en Chine.
- Aujourd’hui, la canné à sucre a pris une formidable extension dans toute la zone tropicale; avant la guerre, elle fournissait déjà 50 pour 100 de la production sucrière mondiale, évaluée à 18 millions de tonnes.
- Depuis 1914, cette proportion a beaucoup augmenté
- Fig. 1. — Plants de canne à sucre aux Antilles.
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- du fait de la diminution des cultures betteravières.
- Les principaux centres de production de- la canne à sucre sont les Indes Néerlandaises, les lies Hawaï, l’Ile Maurice, le Brésil et les Philipines, Cuba; nos colonies des Antilles et F Indo-Chine ont cependant une certaine importance économique dans cette production. C’est ainsi qu’en 1925, la Martinique et la Guadeloupe produisaient 65 000 tonnes de sucre; la Réunion, 40 000 tonnes. En Indo-Chine, cette industrie est récente, mais elle progresse rapidement et semble pleine d’avenir.
- La canne à sucre est une graminée affectant la forme d’un grand roseau vivace, en touffes de 10 à 25 tiges pleines, d’un vert plus ou moins foncé, atteignant parfois 5 m de hauteur. La canne fleurit souvent, mais pas toujours, la floraison se produit lorsque les chaumes sont arrivés au terme de leur croissance; le bourgeon terminal s’allonge alors et donne une hampe florale haute de 1 m à 1 m 50, qui se ramifie en une large inflorescence ou
- Fig. 2. — Récolte de la canne à sucre à la Guadeloupe.
- panicule qui porte un nombre considérable d’épillets. Le fruit, dont on a souvent nié l’existence est un caryopse extrêmement ténu. La tige est gorgée d’un liquide contenant 20 à 22 pour 100 de sucre à la maturité.
- Les feuilles sont fortement engainantes et ont généralement 1 m de longueur, elles sont vert foncé. Au fur et à mesure que la canne grandit, les feuilles de la base tombent en laissant des cicatrices.
- Les variétés de cannes sont innombrables; on les différencie par la couleur des tiges, on a ainsi les cannes rouges, les cannes violettes, jaunes, vertes et blanches.
- La canne à sucre a une aire géographique très étendue, mais elle ne peut avantageusement être exploitée industriellement que sous les climats chauds et humides ayant au moins 1 m à 1 m 50 de pluies annuelles. En Algérie, le climat trop sec ne lui convient pas, elle peut tout juste être cultivée comme fourrage.
- Elle exige des sols fertiles, suffisamment humides, et ne réussit bien que si le terrain est bien préparé et conve-
- nablement fumé. Dans beaucoup de régions, on lui applique avec succès l’engrais vert sous forme de culture d’arachide^ d’indigotier ou d’autres légumineuses.
- Beaucoup de variétés de cannes ne fructifient pas ; aussi dans la culture, la plante est reproduite par boutures.
- Ces boutures sont prises sur des cannes robustes, saines et riches en sucre. Elles sont coupées en morceaux de 25 à 30 cm, puis, de préférence dans la moitié supérieure de la tige. Ces boutures sont plantées soit dans des trous faits à la houe, soit dans des sillons tracés à la charrue. On plante environ 4000 pieds par hectare, soit un écartement de 1 m 25 à 1 m 50.
- Dans quelques régions, la plantation s’effectue en toute saison, et la production est ininterrompue. Durant la période de végétation, qui dure de 12 à 18 mois, les cultures sont soigneusement entretenues par des sarclages nombreux. Des binages effectués après les pluies permettent Femmagasinement de l’eau. Les feuilles inférieures qui se dessèchent sont enlevées, c’est l’épaillage; il empêche le terrain de se couvrir de feuilles mortes qui pourriraient et favoriseraient le développement des germes de maladies.
- Sous les climats secs, l’irrigation est indispensable.
- La maturité des cannes, c’est-à-dire l’époque où la richesse en sucre est maximum n’est guère facile à déceler à l’œil nu. A la Réunion, cette maturité a lieu de septembre à octobre; tandis qu’à la Guadeloupe, la récolte se fait de janvier à mai.
- En règle générale, durant la période végétative, la canne a une coloration verte, et ne prend la teinte particulière de la variété, qu’au moment de la maturité. En réalité, le moment de la récolte est déterminé par des analyses faites sur des échantillons. Dès que ce moment est fixé, il faut se hâter de récolter, car après avoir atteint un maximum, la teneur en sucre diminue rapidement.
- La coupe se fait au ras du sol et l’extrémité ou bout blanc qui ne contient pas de sucre est sectionnée. Les cannes coupées sont ensuite emportées à l’usine.
- Les rizhomes qui restent en terre donnent rapidement des rejets, et produisent la canne de deuxième jet ou de repousse. On cite quelques plantations de cannes vieilles de 20 ans, mais dans là pratique courante, il est rare, en raison de la dégénérescence rapide, qu’une plantation soit conservée plus de deux ans.
- La production moyenne par hectare est de 35 000 kg pour les cannes de 1er jet ou cannes vierges, et de 30 à 35 000 kg pour les cannes de 1” ou 2° repousse. Dans certaines bonnes années on récolte jusqu’à 100 000 kg de cannes par hectare.
- Les cannes coupées sont mises en tas et embarquées sur des chemins de fer Decauville qui sillonnent la plantation, elles sont immédiatement expédiées à l’usine, car elles doivent être traitées dans les 24 heures pour éviter la fermentation du sucre.
- Le broyage des cannes est effectué dans des moulins spéciaux à cylindres ; la canne broyée constitue la bagasse et le jus sucré est le vesou. On fait souvent deux broyages de la bagasse en l’imbibant d’eau entre chaque passage dans les moulins.
- Le vesou est ensuite traité de la même façon que le jus
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- de betteraves, c’est-à-dire qu’il est débarrassé de ses impuretés par traitement au carbonate de chaux, puis filtré. 11 est ensuite évaporé dans des chaudières au nombre de cinq, le jus, au fur et à mesure de son évaporation, passant alternativement dei. ’une à l’autre. C’est l’ancien procédé dit « des équipages ». Lorsque la cuisson est terminée, le sirop obtenu est mis dans des bacs de bois et le sucre cristallise.
- Ce procédé d’évaporation est encore employé dans quelques vieilles colonies, mais il tend de plus en plus à être remplacé par le système moderne appliqué à la sucrerie de betteraves. Les cannes ne sont plus broyées, mais découpées en cossettes et mises à macérer dans des batteries de diffusion. Les jus sucrés sont ensuite évaporés dans le vide au moyen d’appareils à triple effet. On évite ainsi les multiples inconvénients qui résultaient de l’évaporation à l’air libre.
- Certaines usines coloniales utilisent concurremment le broyage des cannes et la diffusion de la bagasse obtenue. Avec ce procédé, on obtiendrait 20 pour 100 de jus sucré en plus.
- Le sucre obtenu par cristallisation est généralement expédié tel quel en Europe où il est raffiné dans les mêmes usines qui traitent les sucres de betteraves.
- La bagasse, résidu du broyage, est utilisée comme combustible; les écumes de défécation sont employées comme engrais et pour l’alimentation du bétail. Les mélasses ne sont pas travaillées comme celles de betteraves, qui, par des traitements spéciaux, donnent des sucres de troisième jet; elles servent à la fabrication du rhum dont nous dirons quelques mots.
- En réalité, il existe deux sortes de rhum bien distincts, car on peut faire fermenter et distiller, soit le vesou qui sort des moulins de broyage, soit les mélasses provenant des appareils d’évaporation. Dans les Antilles françaises on fabriquait autrefois le « tafia » qui était de l’eau-de-vie de mélasse non colorée; et on réservait l’appellation de « rhum » à l’eau-de-vie de vesou qui. était vieillie dans des fûts.
- Aujourd’hui on désigne les deux produits sous les noms de rhum industriel et de rhum d’habitant.
- Le rhum industriel est le seul consommé en Europe, c’est l’ancien tafia coloré plus ou moins avec du caramel.
- Le procédé de fabrication est resté très primitif; la mélasse est mélangée avec de l’eau et de la vinasse (qui est le résidu d’une distillation précédente).
- Le mélange ou « composition » est abandonné à la fermentation alcoolique puis distillé.
- On colore plus ou moins suivant les pays de destination.
- Il est regrettable de voir le peu de soin apporté à la conduite de la fermentation, qui est le plus souvent abandonnée à elle-même.
- Des recherches ont cependant été entreprises pour étudier . les ferments du rhum et en opérer une sélection ; mais, à ce point de vue, il est curieux de constater combien les vieux coloniaux sont routiniers et qu’ils sont difficiles à convaincre. L’adoption d’une méthode d’ensemencement par des levures sélectionnées affinerait l’arome des produits et éviterait certainement les accidents de fermentation.
- Le rhum d’habitant est d’un arôme bien différent du rhum industriel; il est préparé avec le vesou de cannes cultivées exclusivement dans ce but, sur des petites exploitations et distillé par les propriétaires eux-mêmes dans des « rhumeries agricoles ». Ce produit n’est jamais livré au commerce ; il est consommé sur place.
- André Tréhard.
- Fig. 4. — Une plantation de canne en Océanie.
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- 100 = LA PHOTOGRAPHIE EN COULEURS
- DU “ RAYON VERT “
- Le beau phénomène du «Rayon Vert» passionne toujours les admirateurs des curiosités naturelles, et sa production reste encore enveloppée de quelque mystère pour la plupart des observateurs. Cependant on en connaît très bien, aujourd’hui, la cause exacte, comme nous l’avons montré dans une importante étude parue ici même ('), et à laquelle le lecteur est prié de se reporter.
- Plaçons-nous dans un lieu un peu élevé. Après une belle et pure journée, le Soleil descend derrière un horizon éloigné; son disque lumineux, éclatant, s’abaisse lentement. Au moment où le dernier segment lumineux va disparaître, un éclat d’un vert limpide, magnifique, jaillit et... 11e dure qu’une demi-seconde. C’est le « Rayon Vert ». Hélas ! la belle vision, déjà, s’est évanouie. Pour
- Fig. 1. — Vue de la chaîne des Alpes prise de la Station aslrophotographique de la Haute-Provence, à Forcalquier.
- (Photographie de M. de Kérolyr.)
- On remarquera l’extraordinaire transparence de l’atmosphère que révèle cette photographie. Les montagnes du deuxième plan sont à 25 km de distance. La chaîne montagneuse, sans neige, est située à 50 km. Les Alpes, recouvertes de neige, sont à 90 km de distance. C’est derrière cette chaîne que le Soleil se lève au cours de l’année et qu’apparaît, presque chaque matin, le « Rayon Vert ». Les photographies « autochromes » de M. de Kérolyr ont été prises alors que le Soleil se levait dans la partie droite de l’épreuve, derrière la chaîne située à 50 km de distance.
- On reconnaît quelques sommets connus : Montagne de la Blanche (2900 m); Mont Pelât (3000 m); Mont du Cheval Blanc (2300 m); Grand Coyer (2750 m). Tout à fait à gauche, région du Pelvoux. (Plaque « Micro » Lumière, sensibilisée au pinacyanol, employée avec écran rouge foncé.
- Ce travail signalait de nombreuses observations de ce curieux phénomène d’optique aérienne, toutes concordantes malgré les conditions de production extrêmement différentes et décrivait notamment les belles recherches poursuivies, depuis une des terrasses de la célèbre cathédrale de Strasbourg, par deux savants astronomes, M. A. Danjon, aujourd’hui directeur à l’Observatoire de Strasbourg et M. A. Rougier, astronome au même établissement.
- Dans quelles circonstances se produit le « Rayon Vert» ?
- 1. Sur le <t Rayon Vert », La Nature, n° 2670, 6 juin 1925.
- que le phénomène se produise, le ciel, à l’horizon, doit être très pur, le Soleil doit se coucher éclatant. Si le disque est rouge ou orangé, le « Rayon vert » ne se produira pas.
- On sait aujourd’hui que le « Rayon Vert » est le résultat de la dispersion atmosphérique. Cette dispersion a pour effet d’étaler l’image d’une étoile voisine de l’horizon en un petit spectre vertical, dans lequel le violet est en haut, et le rouge en bas, vers l’horizon.
- Sur l’image du Soleil, la dispersion atmosphérique a pour effet d’étaler tous les points du disque, les spectres fournis par chaque^ point se recouvrent mutuellement,
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- Serre de Montafênier
- (ait /700 "'J
- (Le rayon so/a/re ( passe bien au-dessus des brunies de /‘horizon! grâce à / écran Former^ par /a montagne
- Station
- estrophotographique de Força iquier __ t ait. 600 m)
- ____50 Kilomètrês~~
- Courbure terras/y,
- Fig. 2. — Figure schématique montrant comment se produit le « Rayon Vert », dans les meilleures conditions possibles, grâce à l’écran très éloigné que forme la montagne (Serre de Montdénier, altitude 1700 m), et à f inclinaison du rayon pour atteindre la station de Forcalquier (altitude : 600 m). A gauche de la montagne, le rayon traverse une couche atmosphérique très pure en raison de son altitude croissante. {La courbure et les altitudes sont ici considérablement exagérées_.)
- sauf ceux de la partie supérieure et de la partie inférieure du disque solaire. De ce fait, ce disque se trouve bordé, en haut, d’une frange violette surmontant une frange verte, en bas d’une frange rouge. Ces franges ne sont visibles qu’avec une lunette ou une bonne jumelle.
- La dispersion atmosphérique est faible, la largeur de la frange verte est d’environ 10 ' à l’horizon. Le « Rayon vert » est visible pendant le temps que met cette frange à s’enfoncer derrière l’horizon ou à disparaître derrière un obstacle lointain. Ce temps est, théoriquement, de 2/3 de seconde environ. Pratiquement, il atteint 1 seconde, ou un peu plus, en raison des réfractions irrégulières de l’atmosphère.
- Ajoutons que si on parle couramment de « Rayon Vert » et non de « Rayon Bleu » ou de « Rayon Violet », c’est que le « Rayon Vert » est très lumineux et son éclat frappe tous les observateurs. Il faut des circonstances absolument exceptionnelles de pureté atmosphérique pour voir le « Rayon Bleu » et surtout le « Rayon Violet ». Nous en avons rapporté cependant plusieurs observations très nettes dans l’article précité.
- MM. Danjon et Rougier ont réussi, dejsuis leur observatoire temporaire installé sur l’une des terrasses de la cathédrale de Strasbourg, à enregistrer photographiquement le spectre de la frange verte, qui surmonte l’image solaire. L’examen du spectre de cette frange verte les a conduits aux conclusions suivantes très résumées ici : a Le spectre du.« Rayon Vert » ne diffère de celui du Soleil couchant que par la suppression du rouge, séparé par la dispersion atmosphérique... La seule théorie acceptable, ajoutent-ils, est celle de la dispersion normale. »
- Voilà, écrivions-nous en 1925, grâce aux expériences des deux savants astronomes de Strasbourg : « un peu d’illusion qui disparaît; le « Rayon Vert » a perdu une partie de son caractère mystérieux; mais, par contre il trouve, là, une éclatante explication, de caractère définitif et simple. »
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- Il restait cependant à obtenir un témoignage matériel du fameux rayon sous forme d’une photographie. Quelques mois après la publication de notre article, notre habile collègue et ami, M. Lucien Rudaux, que tous les lecteurs de cette Revue connaissent bien par ses beaux travaux réalisés à son Observatoire de Donville (Manche), obtint la première photographie du « Rayon Vert ». En effet, le 8 septembre 1925, au moyen d’une lunette astronomique (objectif de 0"',095 d’ouverture et de lm,35 de longueur focale) il enregistra le célèbre rayon. Le Soleil disparaissait derrière l’horizon très lointain de la mer (l’altitude de l’Observatoire est de 55 mètres). Il était très éclatant, ce qui est, nous l’avons vu, une des conditions de production du « Rayon Vert ».
- M. Lucien Rudaux, qui a si souvent observé ce phénomène et connaît toutes les difficultés que l’on éprouve pour le voir, s’était, pour la circonstance, fait assister d’un aide
- Fig. 3. — Photographie montrant comment a été obtenue l' « auto-chrome » du « Rayon Vert ». (Phot. M. de Kerolyr.)
- L’appareil (objectif de 1"‘,20 de foyer, ouvert à f/10) était pointé exactement dans la direction où devait se lever le Soleil. Sur le balcon, à 5 ni au-dessus du sol, Aille de Kerolyr voyait le rayon avant l’observateur placé plus bas, et donnait un signal dès qu’apparaissait le « Rayon Vert »; aussitôt M. de Kerolyr démasquait l’objectif pendant 1/10 de seconde environ.
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- et l’un des observateurs se tenait prêt à déclencher l’obturateur.
- Lorsque l’éclat vert fut peri;u simultanément par les deux opérateurs, l’objectif fut découvert pendant une seconde environ et l’image enregistrée sur plaque Lumière « S. E. »
- Cette photographie a été reproduite ici même ('). Le rayon a été enregistré sous l’apsect d’une petite plage lumineuse, sensiblement rectangulaire. Ses dimensions en hauteur paraissent un peu anormalement agrandies sans doute par suite de réfractions inégales.
- Depuis ce premier essai, M. Lucien Rudaux a obtenu un grand nombre de clichés du « Rayon Vert »; il se propose d’ailleurs de revenir sur ce sujet ici même et d’exposer prochainement ses travaux aux lecteurs de La Nature afin de leur donner des détails complémentaires sur les circonstances variées de la formation et de la visibilité du « Rayon Vert ».
- La photographie « noire » cependant n’est pas absolument indiscutable, malgré son caractère impersonnel, surtout dans le cas du « Rayon Vert ». Cette petite tache lumineuse, rectangulaire, pourrait pour un esprit par trop critique, être produite par un reste de lumière du soleil couchant et, sur le cliché, rien, si ce n’est la forme différente de celle du bord du disque, —et encore — ne prouve qu’il s’agit bien du « Rayon Vert ».
- Il restait donc, pour convaincre les derniers incrédules,
- 1. La Nature, n° 2692, du 7 novembre 1925, pages 303 et 304 : Photographie du « Rayon Vert », par Lucien Rudaux.
- à obtenir directement, en couleurs, la photographie du fameux rayon émeraude.
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- Grâce à la ténacité et à l’habileté de M. de Kerolyr, directeur de la Station astrophotographique de la Haute Provence, à Forcalquier (Basses-Alpes), c’est aujourd’hui chose réalisée, et nous allons donner ici le mode opératoire suivi par notre habile collègue pour capter, si l’on peut dire, le « Rayon Vert ».
- M. de Kerolyr a installé son observatoire dans cette région de France si favorisée au point de vue astronomique. Dans les Basses-Alpes, l’atmosphère est presque toujours d’une pureté admirable (nous aurons d’ailleurs l’occasion de revenir sur ce sujet, ici même, avec plus de détails, à l’occasion du projet de construction d’un grand observatoire français).
- Un ciel si pur, une atmosphère si transparente, sont des conditions particulièrement propices à la production du « Rayon Vert » et M. de Kerolyr pouvait l’observer tous les matins de chez lui, au moment où le Soleil émergeait à l’horizon, derrière la chaîne des Alpes, formant écran lointain (fig. 1).
- Voir le « Rayon Vert » et en obtenir l’image en couleurs sont là deux choses très éloignées l’une de l’autre.
- En effet, la réussite d’une photographie de ce genre dépendait du choix de l’appareil, du choix des plaques, des conditions atmosphériques, et beaucoup de l’habileté de l’opérateur.
- Fig. 4. — Le Rayon Vert émergeant au-dessus de la Serre de Monldenier (altitude : 1700 m), à 50 km de distance de Forcalquier.
- Dessin exécuté d’après un cliché « autochrome » de M. de Kerolyr, par M. Lucien Rudaux. A cette échelle, le Soleil aurait environ 12 mm de diamètre. L’aigrette lumineuse qui émerge de la montagne est un jet de lumière verte. La figure suivante montre mieux sa constitution photographique.
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- — Prédominance des grains orangés
- — „ — « _ „ verts
- — — ,, — « — „ — violets
- Fig. 5. — Croquis exécuté d’après un cliché « auiochrome », avec un grossissement de 20 fois, par M. de Kerolyr.
- On sait que la plaque « autoclirome » comporte une sous-couche composée de grains de fécule colorés, les uns en rouge-orangé, les autres en bleu-vert, les autres en violet. L’examen microscopique montre que, dans la photographie du « Rayon Vert », l’aigrette lumineuse est constituée à la partie supérieure par une prédominance de grains violets, à la partie médiane par une prédominance de grains verts, et à la base — aux points où va surgir le disque solaire — par une prédominance de grains orangés. Le résultat moyen, dans l’aigrette principale, est une tonalité verte. Et cette distribution des grains est tout à fait conforme à ce que l’on voit avec une lunette, c’est-à-dire à la dispersion atmosphérique.
- Celui-ci a tout d’abord considéré que, pour obtenir l’image du « Rayon Vert », c’est-à-dire de cette aigrette verte que l’on voit, avec une lunette, surmonter l’image plus ou moins déformée du Soleil sur le point de disparaître, le soir, ou d’émerger à l’horizon, le matin, il fallait un objectif puissant, donnant une grande image du Soleil. 11 a donc eu recours à un objectif d’aviation de Berthiot, de lm,20 de longueur focale, ouvert à f/'lO, qui lui a donné, par ailleurs, d’excellents résultats pour la photographie astronomique. Au foyer de cet objectif, l’image du Soleil a 12 millimètres environ de diamètre.
- Cet objectif a été monté sur une grande chambre noire fixée sur un très solide trépied dans la direction exacte du Soleil à son lever.
- Pourquoi M. de Kerolyr a-t-il choisi le matin pour faire ses essais ? La raison est bien simple.
- Au lever du Soleil, l’air est plus calme que le soir, les objets terrestres situés dans la trajectoire horizontale des rayons lumineux n’ont pas été échauffés toute la journée par la radiation solaire et ne donnent pas lieu à des vagues d’air chaud qui, en s’élevant, perturbent les images.
- L’air aussi est plus pur, plus transparent, moins chargé de poussières ou de brumes.
- Enfin, il y a une raison physiologique. Au moment où le « Rayon Vert » du matin apparaît, l’œil n’a encore reçu aucune lumière intense et conserve toute sa sensibilité.
- Le soir, l’œil est ébloui par le disque solaire dont on est obligé de suivre peu à peu l’abaissement derrière l’horizon et, lorsque le dernier segment va disparaître, la persistance de l’impression rétinienne, très forte, donne une certaine incertitude sur le moment où il convient d’ouvrir l’obturateur. Si l’on opère un instant trop tôt, la lumière du Soleil masque le petit panache vert, l’expérience est manquée, c’est au moins un jour perdu.
- M. de Kerolyr a utilisé, comme surface sensible, les plaques «autochromes » de Lumière, dont l’emploi, aujourd’hui, est bien connu de tous les amateurs photographes sérieux.
- Les conditions de production du « Rayon Vert », d’un rayon bien net et franc, se trouvent réalisées à Forcalquier du fait de l’altitude assez élevée du lieu d’observation (environ 600 m) et surtout de la grande distance et de l’altitude élevée de l’écran cachant le Soleil (crête de montagne éloignée). Ainsi, quand le Soleil paraît, il est déjà, en fait, élevé dans le ciel, et bien au-dessus des brumes de l’horizon de l’autre côté de l’écran (fig. 2). Enfin, dernière condition, il faut que l’atmosphère soit très pure entre l’écran et l’observateur.
- Deux difficultés considérables, si l’on peut dire, se présentaient :
- 1° Celle de saisir exactement le moment opportun pour ouvrir l’obturateur au moment même où le « Rayon Vert » atteint son maximum d’intensité (on dispose pour cela de 1/10 de seconde environ). Il ne saurait être question de temps de pose pour un phénomène si rapide.
- 2° Celle du temps de développement des plaques, car
- il n’est plus possible, comme dans la pratique courapte, de compter la durée d’apparition des premiers détails du paysage pour en déduire la durée totale du développement.
- M. de Kerolyr a résolu ainsi ces deux difficultés.
- Au moment où il a fait ses essais le Soleil, pour la station, se levait derrière la crête de la « Serre de Montdénier », d’une altitude de 1700 mètres, située à 50 kilomètres de Forcalquier. Les conditions de production du phénomène étaient donc bien celles définies ci-dessus (fig. 2).
- Pour saisir le moment opportun de l’ouverture de l’obturateur, notre collègue a eu recours à un assistant, en l’occurence Mme ou Mlle de Kerolyr, qui se tenaient sur un balcon situé à 5 mètres au-dessus de lui (fig. 3). L’observatrice voyait « s’amorcer » le « Rayon Vert » avant l’opérateur placé au-dessous et lançait un « top ». L’objectif était découvert instantanément et refermé dès que le « Rayon Vert » paraissait avoir atteint son maximum.
- Cinq mètres de différence de .niveau, pour un écran situé à 50 kilomètres, c’est peu, mais tout de même le phénomène était perç u sur le balcon avant de l’être au sol et le petit écart de temps était suffisant pour émettre le signal d’ouverture. Le procédé est simple, mais il fallait y penser.
- La grande difficulté, dit M. de Kerolyr, — qui a fait de nombreux essais — était de saisir le. bon moment, à 1/10 de seconde près peut-être. En effet, le rayon commence généralement en bleu-violet, puis il verdit intensivement et blanchit, tout cela en 1/2 ou 3/4 de seconde, au plus, quand il est très beau.
- Pour l’observateur, le phénomène est une accumulation ou • mieux une succession d’impressions. Pour la plaque, le vrai « Rayon .Vert », celui qu’il faut photographier, ne dure en fait que 1/5 ou 1/10 de seconde.
- Quant à la durée du développement, M. de Kérolyr l’a déterminée par expérience, d’après des essais successifs
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- au nombre de 10. C’est dire quel ciel admirable domine la région de Folcalquier pour obtenir ainsi 10 jours de suite — ou à peu près — le « Rayon Vert ». Ajoutons que la photographie en couleurs prouve que ce rayon n’est ni un phénomène de contraste, ni la persistance d’une impression rétinienne.
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- Il ne saurait être question de reproduire ici, en couleurs, l’unique cliché du « Rayon Vert ». Tout d’abord parce que le mode d’impression de ce journal ne le permet pas et aussi parce que ledit cliché doit être, si l’on peut dire, regardé de très près.
- Mais en le grossissant 20 fois, voici ce que l’on voit (fig. 4). La crête de la « Serre de Montdénier » est bien dessinée sur la photographie. Trois aigrettes lumineuses s’élèvent au-dessus de cette crête, dont une, à gauche, très prononcée. Les grains de fécule colorée qui composent la sous-couche de la plaque « autochrome » sont disposés dans ces aigrettes de la manière suivante : près du bord solaire, il y a prédominance de grains orangés-, au-dessus et dans la plus grande partie de l’aigrette, il y a prédominance de grains verts. Enfin, au-dessus, les aigrettes se terminent par un léger panache où prédominent les grains violets. C’est-à-dire que la plaque « autochrome » a enregistré l’apparence spectrale de l’aigrette produite par la dispersion atmosphérique, telle qu’on la voit dans une lunette un peu puissante.
- A l’œil nu, on n’obtient qu’une synthèse de ces couleurs : tout d’abord le violet-bleu, puis le vert, dont l’éclat domine et éteint le violet-bleu, enfin le blanc, quand l’orangé et le vert sont perçus ensemble.
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- On doit féliciter M. de Kerolyr du beau succès qu’il a obtenu en photographiant le premier, en couleurs, le « Rayon Vert ». Après les expériences de Strasbourg, après les observations et les photographies de M. Lucien Rudaux à Donville, les photographies de Forcalquier achèvent de nous révéler la véritable nature du « Rayon Vert ». C’est un peu de mystère qui s’en va. mais, ajoute M. de Kerolyr « que c’est beau à voir ! »
- « Un vert merveilleux, dit Jules Verne dans son beau roman, un vert' qu’aucun peintre ne peut obtenir sur sa palette, un vert dont la Nature, ni dans la teinte variée des végétaux, ni dans la couleur des mers les plus limpides n’a jamais reproduit la nuance.
- « S’il y a du vert dans le Paradis, ce ne peut être que ce vert-là, sans doute le vrai vert de l’espérance ! »
- Et c’est pour cela, que malgré les physiciens et les photographes, nous continuerons toujours de regarderie Soleil à l’horizon dans l’espoir de saisir le fameux rayon.
- Em. Touchet,
- Vice-Président de la Société astronomique de France.
- LA PROTECTION DES LIGNES ÉLECTRIQUES
- CONTRE LA FOUDRE
- PARAFOUDRE IONISANT
- Toutes les recherches récentes concernant la chute de la foudre ont montré l’importance du rôle que joue dans ce phénomène l’ionisation des couches d’air voisines du sol. On sait que sous diverses influences, notamment sous celles de la lumière et des radiations émises par les corps radioactifs, l’air, comme tous les gaz, devient conducteur de l’électricité.
- Certaines molécules du gaz perdent un des électrons négatifs qu’elles renferment et se comportent alors comme le ferait une particule neutre à laquelle on enlèverait de l’électricité négative; elles deviennent des ions positifs. Les électrons ainsi libérés, après avoir erré librement entre les molécules du gaz, ne tardent pas à s’accrocher à Tune d’elles en lui imprimant une charge d’électricité négative et la transformant en ion négatif.
- La présence de ces molécules électrisées ou ions, des deux signes, dans un gaz, le rend conducteur de l’électricité. Sous l’influence d’un champ électrique, les ions négatifs sont entraînés vers les potentiels positifs tandis que les.ions positifs se dirigent vers les potentiels négatifs. Ces déplacements d’ions constituent un courant électrique
- d’autant plus intense, bien entendu, que l’ionisation est elle-même plus forte et le champ électrique qui intervient plus considérable.
- On conçoit ainsi qu’un gaz ionisé constitue un chemin tout préparé pour l’établissement des décharges électriques et que les régions du sol au voisinage desquelles, pour une raison quelconque, l’ionisation de l’air est intense, soient particulièrement exposées aux atteintes de la foudre.
- C’est ce qu’ont établi notamment les recherches de M. Dauzère concernant la chute de la foudre. Cet auteur a montré, en effet, qu’il existe des régions dites dangereuses, qui sont de véritables « nids d’orages », et que la foudre a une prédilection pour certains terrains géologiques, pour les sources, pour tous endroits où l’ionisation naturelle de l’air est particulièrement élevée. D’autre part, il a constaté que l’ionisation atmosphérique joue un rôle important pour favoriser le cheminement de la foudre dans une région déterminée, ce qui prouve encore l’importance de la plus ou moins grande conductibilité naturelle de l’air.
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- Dans un travail récent, M. Franck (*) est revenu sur ces questions en ce qui concerne la chute de la foudre sur les lignes électriques. L’examen de diverses statistiques et notamment de celles qùi ont été faites aux États-Unis d’Amérique montre que, malgré l’adoption du fil de garde relié à la terre à chaque pylône, la foudre peut encore atteindre les lignes sous tension, amenant la rupture de l’isolateur et interrrompant l’exploitation. On a même constaté que seules les lignes sous tension à la partie supérieure ou à la partie inférieure des pylônes sont toujours frappées et que les lignes intermédiaires ne le sont jamais.
- L’une des raisons de ce foudroiement des lignes sous haute tension semble devoir se rattacher à l’ionisation intense qui se produit autour de ces lignes
- Fig. 2.— Croquis d’un paratonnerre Corona » pour pylône sans fil de garde el pour édifice.
- A, antenne; B, raccord à une source d’énergie électrique ou à une antenne; I, ioniseur d’antenne; RA, dépôt sels radioactifs.
- sous l’influence du champ élec- Fig. 1.
- trique considé -rable qui existe dans leur voisinage. Cette ionisation se traduit souvent par des lueurs, surtout visibles la nuit, qui constituent une sorte d’auréole entourant la ligne, habituellement désignée sous le nom de couronne.
- Le phénomène des couronnes constitue pour les lignes à haute tension une cause de perte de courant qui est loin d’être négligeable et qui, en fait, limite les tensions élevées susceptibles d’être utilisées pour la transmission de l’énergie électrique. L’ionisation ainsi créée autour des lignes à haute tension augmente la con-à un point tel que les
- ductibilité de l’air ambiant décharges orageuses peuvent trouver un chemin très facile entre le nuage et la terre par la ligne sous tension et ne s’écoulent pas par le fd de garde, pourtant relié à la terre, qui porte le pylône.
- Plus le phénomène des couronnes est intense autour d’une ligne, et par suite plus l’ionisation ambiante est grande, et plus augmentent les risques de coups de foudre directs sur la ligne. C’est ce que confirme l’examen des statistiques relatives aux lignes électriques, depuis les lignes télégraphiques jusqu’aux lignes de transmission aux tensions les plus élevées : plus la tension d’utilisation d’une ligne augmente, ainsi que sa résistance d’isolement, plus les accidents dus à la foudre deviennent importants.
- 1. C. Franck. A propos du développement des réseaux de distribution d’énergie électrique et des dangers de la foudre. Revue générale de VElectricité, 21 février 1931.
- Paratonnerre pour pylône à fil de garde, système Corona (vues en élévation, de profil el en plan.)
- Ayant ainsi constaté que l’ionisation de l’atmosphère offre un passage plus facile aux décharges de la foudre, on pouvait songer à utiliser cette ionisation pour la protection des lignes électriques contre l’effet des coups de foudre directs.
- Le regretté B. Szilard, dès 1914, avait montré l’intérêt que présente pour les paratonnerres ordinaires la présence sur la pointe d’une petite quantité de substance radioactive qui développe dans son voisinage une ionisation intense. Il avait même réalisé un paratonnerre d’essai
- Fig. 3. — Croquis montrant en détails la pointe ionisée des parafoudres « Corona ».
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- dans lequel l’extrémité supérieure de la tige était garnie d’une couronne de petites pointes au-dessous de laquelle se trouvait un petit disque portant environ 2 milligrammes de bromure de radium, et il avait constaté un accroissement considérable de l’efficacité du paratonnerre sous l’influence de la substance radioactive.
- C’est sur ce principe que M. C. Franck a construit un parafoudre destiné à protéger les lignes de transmission de l’énergie électrique et à offrir dans tous les cas à la décharge atmosphérique un chemin plus facile que par la ligne elle-même entourée d’air plus ou moins ionisé.
- Les figures 1 et 2 représentent deux modèles de ces paratonnerres, le premier pour la protection des pylônes électriques avec fil de garde; le deuxième pour la protection des pylônes électriques sans fil de garde, et d’une manière générale d’un édifice quelconque.
- Dans le premier cas, le paratonnerre dit « Corona » est constitué par une tige en laiton, terminée en pointe, venant se raccorder à la partie supérieure du pylône. Du point de fixation part, aussi directement que possible, la descente à la terre qui se termine par la prise de terre enfouie soigneusement au pied du pylône. Autour de la pointe, une pièce annulaire en matière réfractaire sert de support au dépôt de sels radioactifs fixés au moyen d’un vernis céramique résistant aux intempéries et se laissant traverser par la majeure partie des rayons a. De la partie inférieure de la pointe partent deux dérivations reliées à deux pièces P et P' qui viennent chevaucher sur le fil de garde en amont et en aval du pylône. Ces pièces métalliques P et P' sont supportées par une lame isolante en porcelaine ou en stéatite et recouvertes extérieurement d’une mince couche de sels radioactifs ; elles jouent le rôle de véritables « canons à ions ».
- La figure 2 représente le paratonnerre « Corona » pour pylônes électriques sans fil de garde et pour édifices. « Dans ce modèle, écrit M. C. Franck, l’effet d’excitation est obtenu par un circuit auxiliaire à basse tension ou par des antennes assez courtes placées à proximité des lignes à haute tension et agissant par induction. Dans le cas d’édifices, cette excitation est favorisée par l’adjonction d’une cage de Faraday. »
- Dans tous les cas, l’ensemble du dispositif permet de créer, au-dessus des lignes sous tension et à une certaine
- LES MARMOTTES ET
- Les gîtes des animaux présentent une extraordinaire diversité. Les Insectes, selon leur espèce, creusent dans le bois ou dans le sol des galeries compliquées, avec, parfois, des salles d’élevage, des magasins à provisions. Ils édifient aussi des nids d’une architecture élégante. Les oiseaux sont les maîtres de la construction aérienne ; de l’aire grossière des Aigles à la demeure ouatée de la Fauvette, leur industrie nous montre les mille chefs-d’œuvre d’une inépuisable ingéniosité. Il n’est pas jusqu’aux poissons, dont on a tant médit, qui n’aient des spécimens remarquables de nids aquatiques. L’Épinoche
- distance de celles-ci, une zone très étendue dans laquelle la conductibilité électrique de l’air augmente d’autant plus qu’on approche de la pointe du paratonnerre.
- A la suite de l’étude précédente de M. C. Franck, le directeur de la Société d’Electrométallurgie de Dives a, dans une lettre adressée à la Revue générale de V Electricité, apporté quelques précisions intéressantes aux considérations qui précèdent. Il signale que l’usine hydro-électrique de la Société d’Electrométallurgie de Dives, située au centre d’un nid d’orages particulièrement violents, était autrefois atteinte presque à chaque orage par des coups de foudre directs qui endommageaient tantôt les machines, tantôt les transformateurs de mesure, tantôt l’appareillage.
- A la suite d’un orage particulièrement violent qui, il y a cinq années, avait foudroyé simultanément deux des trois alternateurs de l’usine, la Société installa à une vingtaine de mètres de la centrale, sur une petite éminence surplombant le pignon de l’usine, une série de paratonnerres montés sur pylônes indépendants avec terre soigneusement établie. A cette époque un spécialiste bien connu par ses recherches sur la protection des réseaux, M. Capart, considérait qu’un tel dispositif était susceptible de réaliser une protection de l’installation par création de points de chute obligés de la foudre. Effectivement, depuis lors, les décharges de la foudre à chaque orage violent se produisent aux points de chute obligés et l’usine est beaucoup mieux protégée.
- Et le directeur de la Société d’Electrométallurgie de Dives déduisait de la constatation précédente que les parafoudres à grand rayon d’action du genre de ceux mis au point par M. Franck ne devraient pas nécessairement être montés sur les pylônes électriques, mais pourraient fort bien être installés à quelque distance de la ligne, et seraient ainsi susceptibles d’assurer non seulement la protection du réseau électrique mais également celle de la région avoisinante. Et il ajoute : « Notre expérience nous amène à croire que l’application des paratonnerres ionisés à grand rayon d’action et la création de points de chute obligés constitueraient enfin la solution du problème tant cherché de la protection des lignes électriques contre les coups de foudre directs. »
- A. B.
- LEURS COMMENSAUX
- construit un gîte dans lequel la femelle pond ses œufs. C’est un nid de brindilles et de gravier attaché à quelque plante aquatique, que le mâle édifie lui-même et sur lequel il veille jusqu’à l’éclosion.
- Les Mammifères habitent le plus souvent les cavités du sol, les grottes et les cavernes naturelles, qui furent aussi l’asile de l’homme primitif. Outre ces cavernes, il existe encore des réduits obscurs tels que les terriers des lapins, les gîtes des lièvres, les beauges des marmottes, les taupinières, creusés ou construits dans le sol. A cette catégorie d’habitats souterrains, Racovitza, 'en
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- 1907, dans son Essai sur les problèmes biospêologiques, a donné le nom de microcavernes. Selon Falcoz, l’emploi de ce néologisme a un double avantage : il permet de réunir sous un même nom, tout un ensemble d’habitats souvent dissemblables en apparence, mais possédant, par rapport aux êtres qui les peuplent, des caractères communs; présence d’un hôte, obscurité, humidité, etc. Il permet, de plus, d’opposer le domaine microcavernicole au domaine cavernicole proprement dit. Il en résulte la possibilité de mieux voir les analogies et les divergences existant entre ces deux milieux biologiques.
- Chaque animal, semble-t-il, si l’on parcourt l’échelle des êtres vivants paraît désireux de posséder un abri. 11 sent la nécessité de se défendre contre ses ennemis naturels, les autres animaux, les inclémences de la température, l’homme. Mais, de même que toutes les sociétés ont leurs parasites (les humains n’en sont point, hélas, dépourvus; les Insectes sociaux ont les leurs) les animaux des microcavernes vivant soit groupés, soit isolés, entretiennent dans leurs galeries et dans leurs terriers une foule nombreuse composée surtout d’Arthropodes, qui vit directement ou indirectement à leurs dépens. Ces derniers ne sont pas à proprement parler des parasites, mais des commensaux.
- Un entomologiste français, M. Marié, a tout dernièrement étudié les commensaux de la Marmotte. Aussi, prendrons-nous, pour type de microcarvernes, la beauge de ce Rongeur.
- Cet animal hivernant était moins rare jadis que de nos jours; le petit ramoneur de cheminées, accompagné de sa marmotte, parcourant les routes de France, fait presque partie maintenant du domaine de la légende. Ce Rongeur, si fréquent dans les Alpes, est tellement pourchassé, qu’il disparaîtrait bientôt si d’énergiques mesures n’avaient été prises par les autorités régionales pour en réglementer la chasse. On peut le considérer comme le « lapin des montagnes froides et élevées »; en hiver, lorsque vivant à l’état domestique il ne coûte presque rien puisqu’il ne s’alimente pas durant son sommeil, les énormes masses de graisse qu’il emmagasine tiennent lieu de beurre aux habitants du pays. De plus, la Marmotte constitue pour eux un mets des plus recherchés ; on mange sa viande fraîche ou salée; mais le meilleur morceau est, paraît-il, la Marmotte fumée. En outre, on lui accorde des vertus thérapeutiques, plus ou moins réelles bien entendu. Sa chair serait un fortifiant énergique pour les convalescents; sa graisse apaiserait les douleurs de l’enfantement, guérirait les coliques, la toux, les affections de la peau, les attaques de la goutte ! Il est superflu de dire que ce sont là simples préjugés de paysans, préjugés cependant bien ancrés dans les esprits crédules.
- Les Marmottes, de leur nom scientifique Marmota mar-mota, ont un corps ramassé, lourd et bas sur jambes, la tête grosse, arrondie, avec des yeux noirs et saillants ; elles ont la queue relativement courte et touffue ; leur démarche est lourde, mais cette lourdeur n’est qu’apparente, car elles peuvent courir très vite, faire même des bonds surprenants. Elles élisent de préférence leur habitat sur les hautes cimes des monts, à la limite même des neiges
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- éternelles. On en trouve dans les Alpes et dans les Car-pathes, mais leur présence, bien que certains naturalistes l’aient affirmée, n’a pas été remarquée dans les Pyrénées. Les Marmottes peuvent vivre soit à l’état libre, soit à l’état domestique; leur longévité, neuf à dix ans en général, est diminuée du fait de la domesticité et ne dépasse guère six années.
- Les espèces de Marmottes connues appartiennent à l’Europe, à l’Asie et à l’Amérique du Nord, mais la Marmotte commune, celle qui nous occupe ici, est essentiellement européenne; elle choisit, nous l’avons déjà dit, les lieux élevés, on en trouve jusqu’à 3000 m d’altitude; les endroits escarpés, d’accès difficile, souvent déserts, sont leurs lieux de prédilection. Sur les versants méridionaux, bien exposés au soleil, loin de toute humidité, elles creusent leurs galeries; qui aboutissent à une sorte de cuvette spacieuse où toute une famille vit groupée; on compte parfois jusqu’à seize individus dans le même nid. Le moindre rayon de soleil les attire au dehors; les jeunes prennent leurs ébats, se dressent sur leurs pattes de derrière, leur queue repose sur le sol, à la manière des ours apprivoisés; les vieilles montent la garde, prêtes à donner le sifflement d’alarme, à la moindre apparence d’un danger. L’approche de la nuit les fait rentrer dans leur terrier où elles pénètrent par une très petite ouverture.
- Une beauge de Marmotte se compose d’une galerie fort étroite formant avec l’horizontale un angle de 45° (fig. 1). Cette galerie, sorte d’étroit couloir, n’est pas très longue, 2 à 4 m environ ; elle aboutit à une seconde galerie qui lui est perpendiculaire et se prolonge de part et d’autre. Un de ces prolongements, assez court, se termine en cul-de-sac; l’autre, beaucoup plus long est d’abord presque parallèle à la surface du sol, puis présente une rampe ascendante sur une longueur variant de 4 à 10 m. La beauge E se trouve au début de cette rampe, à 1 ou 2 m tout au plus; elle est, comme je l’ai dit plus haut, en forme de cuvette de 0 m 80 à 1 m de diamètre. C’est là que les Marmottes hivernent et accumulent jusqu’à 6 kg de foin, pour leur litière.
- Près de la beauge, en F, se trouve une chambre sanitaire, où les Marmottes déposent leurs déjections et les litières souillées et trop humides. C’est dans cette chambre sanitaire que se tient la faune commensale. La beauge est fermée par un bouchon de torchis fait de foin et de terre. Les déblais provenant du forage des galeries ne sont pas évacués au dehors; les habitants du logis s’en servent pour consolider les parois de leur demeure souterraine.
- Le facteur primordial, qui conditionne l’envahissement du terrier par les commensaux, est la présence de l’hôte lui-même. On a constaté que les microcavernes abandonnées, bien que réunissant les mêmes conditions physiques que les autres, ne renferment aucune espèce commensale. La température, l’obscurité, l’humidité jouent cependant un rôle important sur la venue des microcavernicoles.
- Dans les beauges, la lumière est plus ou moins atténuée; l’obscurité n’est jamais absolue. Nous verrons, plus loin,
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- les modifications morphologiques apportées par la diminution de la lumière chez les Arthropodes.
- La température de la beauge, à cause de son revêtement isolant, varie moins que celle de l’extérieur et lui est un peu supérieure, l’hôte réchauffant sa demeure. Mais les retraites dés Marmottes, placées le plus souvent près des neiges, ne s’échauffent guèx*e. En hiver, chacun sait que dès que l’animal tombe en état de torpeur, sa température diminue graduellement. Les expériences de R. Dubois ont montré que la température rectale des Marmottes en hibernation peut s’abaisser jusqu’à 4°,6. Le peu de chaleur que dégage alors l’animal reste sans effet sur la température de la beauge, qui ne dépasse guère 4° et ne permet pas la fermentation des litières souillées par les déjections. En été, la beauge est beaucoup plus chaude que l’air extérieur.
- Le troisième facteur, non moins important que les deux précédents, est la constance de l’état hygrométrique du terrier. Généralement, les Marmottes choisissent leur logis dans les sols schisteux ou siliceux, ne s’asséchant guère en été, dans des tertres gazonnés, humides, dans des prairies non loin des cours d’eau ou près des neiges. Pour les microcavernicoles, généralement hygrophiles et résistant mal pendant le stade larvaire à la dessication, l’humidité est un facteur indispensable.
- Une remarque reste à faire sur le maintien durant l’hiver d’une quantité d’oxygène suffisante pour permettre la vie de l’hôte et de ses commensaux. La beauge, creusée assez profondément et hermétiquement obturée, ne peut s’aérer à travers le sol; il faut bien admettre que la quantité d’oxygène, relativement réduite déjà, n’est pas utilisée par l’hôte. Sa respiration est donc très ralentie durant son sommeil; cela permet aux commensaux de n’être jamais privés d’air.
- Ils trouvent encore dans les terriers, et ce n’est pas
- pour eux l’élément le moins intéressant, des ressources alimentaires fournies, soit par les déjections de l’hôte, soit par les déchets de son alimentation, soit encore par les matériaux mêmes de sa demeure.
- Avant d’étudier les microcavernicoles eux-mêmes, il nous faut brièvement rechercher quels sont les rapports qu’ils entretiennent avec leurs hôtes. Certains ne sont que des parasites dans le sens le plus absolu du mot, alors que d’autres sont des commensaux. Selon Falcoz, les microcavernicoles, peuvent se diviser en trois groupes :
- 1° Ceux dont le cycle biologique se déroule entièrement dans les terriers. Ils sont, soit des parasites de l’hôte, soit de simples commensaux;
- 2° Ceux qui vivent habituellement dans les terriers, mais peuvent s’en écarter de temps à autre ;
- 3° Les habitants occasionnels des microcavernes. (Falcoz. Contribution à Vétude de la Faune des microcavernes.)
- Les espèces xnicrocavernicoles vraies, lucifuges et sédentaires, ne peuvent exister et se reproduire que dans une contrée où les terriers d’une même espèce de mammifères sont nombreux et permanents. C’est le cas des Marmottes. Cependant certains de ces Rongeurs ont des terriers d’été et des terriers d’hiver. On a remarqué que les changements d’habitation étaient dus à des causes extérieures (invasion, en été, d’une contrée, par les touristes, qui les oblige à porter leurs pénates ailleurs). Certaines beauges, on l’a observé, sont centenaires et constamment habitées; leur faune est de beaucoup la plus intéressante et comme elles ont un grand développement, le milieu évolutif qu’elles constituent est d’autant plus riche et différent du milieu extérieur normal.
- C’est à M. Marié que nous devons le meilleur de nos connaissances sur la faune des beauges. Falcoz avait toutefois décrit quelques Insectes nouveaux pris dans les terriers des Marmottes. M. Marié a exploré un nombre
- Fig. 1. — Coupe théorique d’une beauge (d’après P. Marié).
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- Fig. 2 à 6. — Coléoptères microcavernicoles inféodés à la beauge de la Marmotle.
- 2, Alhela Mariei; 3, Oxypoda consobrina; 4, Aleochara marmolae. Tous les trois sont des Staphylins; 5, Calops Joffrei; 6, Cnjplophagus arctomyos. Fortement grossis (d’après P. Marié).
- considérable de beauges. 11 procède surtout par le piégeage. C’est une opération délicate qui doit se faire en hiver, au moment où la faune est la plus abondante; inutile de dire que les régions les meilleures pour trouver le plus de commensaux sont celles où les Marmottes sont les plus nombreuses, c’est-à-dire les Hautes et les Basses-Alpes, en France. 11 arrive, dit M. Marié, que les détritus de la chambre sanitaire forment une masse grouillante d’insectes. A ce moment, presque toutes les espèces commensales sont représentées à tous leurs stades.
- Il est deux moyens pour la capture des commensaux : 1° déterrer les nids; 2° déposer des appâts à l’entrée du terrier. Ceux-ci doivent retenir les Insectes qui franchissent le seuil soit pour y entrer, soit pour en sortir; en outre, ils doivent encore attirer ceux qui vivent dans la profondeur des galeries. Or, déterrer les nids exigerait un travail considérable et on se heurterait à l’opposition des Savoyards pour lesquels la destruction des beauges représenterait une perte appréciable de nourriture.
- M. Marié a inventé un appareil capable d’attirer et de retenir les terricoles vrais et les hôtes temporaires des Marmottes. C’est une sorte de tube en grillage de 20 cm de long sur 8 de diamètre. On dispose en son centre l’appât, de la viande de boucherie que l’on a fait fermenter, au préalable, ou mieux de la chair de Marmotte. Les deux extrémités du tube sont closes au moyen de deux bouchons de foin, ceci, pour empêcher l’appât de tomber. Cet appareil est introduit dans le terrier, aussi loin que possible.
- Le piégeage nécessite beaucoup de soins; les meilleurs trous, les plus riches en Arthropodes, sont situés sur les flancs sud et ouest. La forte odeur de fauve qui s’en dégage permet de reconnaître s’ils sont habités généralement, leur entrée est nue. Les beauges les plus peuplées sont creusées dans les prairies, mais celles qui sont situées dans les rochers renferment les Insectes les plus rares.
- Quand on a retiré le piège, on le secoue au fond d’un filet fauchoir pour éviter la dispersion des Insectes par le vent et on les capture au tube ou à l’aspirateur.
- Il nous reste à indiquer la composition de la faune commensale de la Marmotte. On y trouve presque exclusivement des Arthropodes, parmi lesquels dominent très largement les Insectes. Ces derniers appartiennent dans leur majorité à l’ordre des Coléoptères. Les Diptères sont abondants; leurs larves, de simples asticots, se nourrissent de débris alimentaires ou de déjections. Voici une statistique établie par M. Marié pour les terriers de Marmottes :
- 80 pour 100 de Coléoptères;
- 18 pour 100 de Diptères;
- 2 pour 100 d’autres Arthropodes.
- Les Insectes microcavernicoles présentent-ils, du fait de leur mode de vie, des caractères particuliers qui les différencient des Insectes souterrains ou aériens ? Pour répondre avec quelque précision à cette question, il faut d’abord établir la liste des Insectes qui se trouvent exclusivement dans le terrier et sont inféodés à la Marmotte. Ces vrais microcavernicoles ou pholéobies comprennent huit Coléoptères ét un Diptère. Parmi les premiers ce sont les Staphylins, formes à élytres très raccourcies qui dominent, six sur huit. Normalement, les Staphylins abondent dans les fumiers et les matières animales ou végétales en décomposition. Ils se nourrissent aussi dé larves de Mouches. Nous reproduisons quelques figures de microcavernicoles empruntées à l’ouvrage de M. Marié (üg. 2 à 6).
- La conformation des vrais microcavernicoles diffère peu de celle des Insectes vivant à l’air libre. On constate, toutefois, que leurs téguments sont plus mous et plus fragiles ; qu’ils sont nettement moins colorés, que les extrémités de leurs pattes postérieures sont graciles et plus allongées qu’à l’ordinaire. Leurs ailes manifestent une légère réduction et leurs yeux sont moins développés.
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- On a noté, en outre, une atténuation de la périodicité dans l'accomplissement de leurs fonctions reproductrices.
- En somme, ces caractères sont ceux que l’on retrouve beaucoup plus accentués chez les Insectes cavernicoles. Le milieu microcaverne a d’ailleurs les plus grandes analogies avec celui des cavernes et des grottes : légères variations de température, obscurité ou faible luminosité, degré hygrométrique élevé et constant, air confiné. Les mêmes causes ont produit les mêmes effets, mais les unes agissant plus fortement que les autres ont entraîné des modifications plus, profondes. Les microcavernicoles nous montrent les premiers termes d’une évolution qui atteint son apogée chez les Troglobies, inféodés au domaine souterrain.
- Après de telles constatations, qui pourrait prétendre que le milieu reste sans action sur la forme et les fonctions des êtres vivants ? Qui oserait parler d’une préadaptation qui prédestine chaque être au milieu qui lui convient ?
- Nous n’ignorons pas que la plupart des expériences récentes tendent à montrer que le milieu ne provoque pas de variations héréditaires chez les êtres vivants ; mais nous savons aussi que ces expériences ne durent que des temps très courts, que leur portée est limitée, que sans l’action du milieu il n’est pas possible de comprendre l’adaptation de l’être à ses fonctions, à son ambiance.
- F. C.
- FORTIFICATION ET ARCHITECTURE
- DANS LE PASSÉ ET DANS L’AVENIR
- Au Lecteur Salut,
- Ami Lecteur, ne t’esbahi si j’ay pris la peine d’écrire le présent œuvre. Car encore que je n’ignorasse point que quelques-uns de nos François ont écrit sur,le mesme subject, si est-ce que la demande que m’en a faict un mien bon ami m’y a faict mettre la plume. Pour ta plus grande commodité, j’ay réduit la toise royale au mètre de notre France et la livre au franc nouveau dû aux bons soins de notre législateur ; et au reste ay le plus près qu’il m’a été possible suyvi nos vieux auteurs. Tu prendras en bonne part ce mien petit labeur et jouyras du prof fit qui t’est par nous en iceluy offert. A Dieu.
- Ce petit placet, imité de Jean de Tournes qui écrivit l’an 1600, témoigne de l’intérêt qu’on a de tout temps porté à l’art de se défendre.
- Pendant des millénaires, cet art ne vieillit pas; les plus anciens monuments et les plus vieux documents nous montrent que la fortification était la même au moyen âge qu’à l’origine du monde; les machines de guerre, moyens d’attaque de nos aïeux, étaient, à peu de chose près, celles des premiers siècles. On construisait toujours des murailles verticales, hautes, épaisses, flanquées de tours rondes, élevées dans un site aussi dominant que possible, et on retrouve dans les enceintes des villes, dans les « fertés », dans les châteaux-forts des peuples d’Occident les mêmes caractères généraux que dans les forteresses des Assyriens, des Hébreux, des Grecs et des Romains.
- Environ l’an 1350, les armées d’Occident amenèrent bien devant les murailles des engins nouveaux, qu’ils appelaient bombardes et veuglaires; mais les défenseurs des forteresses en rirent : ces premières bouches à feu éclataient souvent, tuaient leurs servants et, quand quelqu’un de leurs lourds boulets de pierre arrivait par hasard aux murailles, ce boulet n’ébranlait pas celles-ci; ce sont elles au contraire qui le réduisaient en poussière.
- Aussi l’attaque et la défense des forteresses continuèrent-elles comme dans les siècles passés et il semblait qu’il en serait ainsi dans les siècles à venir. La réalité fut tout autre : le développement des connaissances humaines révolutionna à plusieurs reprises la fortification; et le rythme de ces révolutions va en s’accélérant.
- LE BOULET MÉTALLIQUE DU XVe AU XIXe SIÈCLE
- En 1450, une nouvelle se répandit brusquement chez tous les peuples de la chrétienté : un ingénieur militaire français, Gaspard Bureau, venait d’introduire dans l’artillerie, dont il était le grand-maître, le boulet en fonte de fer qui ruinait en peu de temps les murailles les plus épaisses. Charles VII, qu’il servait, reconquit en quelques années toutes les villes du royaume de France; Charles VIII enleva, en 1495, tous les châteaux et forteresses italiennes : San Giovanni, qui avait défié Alphonse II de Naples pendant sept ans, fut pris en huit heures. Ce fut une première révolution : la fortification dominante et la muraille élevée, nue sur ses deux faces, qui ont régné des siècles, furent détrônées immédiatement. Les enceintes et les châteaux-forts n’appartinrent plus qu’à l’histoire.
- Mais villes et seigneurs se trouvèrent sans défense ; il fallait d’urgence un remède; il fut trouvé en Italie, alors en pleine Renaissance, par ses Ingénieurs : les noms de deux d’entre eux, Léonard de Vinci et Michel-Ange vous sont familiers. Ces Ingénieurs qui étaient des architectes devinrent des fortificateurs. Ils abaissèrent lf muraille, ils la descendirent à moitié dans le sol; ils h renforcèrent en arrière par les masses de terre qu’ils tiraient du fossé; l’emploi de ce fossé devint général; sur son bord extérieur se dressa un deuxième mur (x)
- 1. Le premier mur prit le nom d’ «escarpe»; le deuxième, le nom de « contrescarpe »; ceci donne le sens du nom d’une petite place de Paris située derrière le Panthéon.
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- adossé à des terres assez élevées pour défiler le premier aux vues et aux coups de l’ennemi. On se rapprocha du sol et on se cacha : tels furent les deux caractères nouveaux de la défense.
- Les tours polygonales, qui antérieurement ne remplaçaient que rarement les tours rondes, devinrent d’un usage constant; on les abaissa, elles aussi, et au même niveau que les murs. Sur elles on installa les batteries de canons de la défense; mais le tir de celles-ci exigeant des fondations particulièrement solides et un vaste emplacement, les tours occupèrent une superficie considérable au détriment de la muraille proprement dite : on les appela des boulevards et encore des bastions; c’est ce dernier nom qui a été conservé pour les désigner. On multiplia ces bastions en raison de la portée
- Mille autres dispositions nouvelles furent inventées; elles constituèrent la science des ingénieurs militaires, jalousement conservée secrète au sein de leur corps et souvent de leur famille même, et faite de quantité de règles sévères et minutieuses basées sur la géométrie et l’art de construire. Leurs diverses conceptions furent ûprement discutées dans tous les pays et pendant plusieurs siècles.
- Elles aboutirent à des réalisations variées dont il reste encore de nombreux témoins dans l’Europe entière. Car dès le début du xvie siècle, la formule italienne se répandit aux extrémités de celle-ci. Pendant les guerres de religion, les moindres bourgades de France appelèrent les Italiens à leur service; bientôt se formèrent à leur école des ingénieurs français et ceux-ci s’illustrèrent
- Fig. 1. — L'Acropole, la citadelle de l'Athènes antique.
- Vue prise du jardin du Zappion. Le mur d’enceinte qu’on aperçoit est le mur sud de Cimon, de 468 avant Jésus-Christ; il a 18 m de haut, 7 m 50 d’épaisseur à la base et 5 m 40 au couronnement. 11 est doublé intérieurement par le mur pélasgique. On aperçoit aussi à l'extrême droite les restes d’une ancienne tour turque. Le sommet de la citadelle est couvert de temples : le plus majestueux d’entre eux est le Parthénon, dont on aperçoit les ruines.
- Fig. 2.— Le château de Poli-gnac aux environs de la ville du Puy.
- Ce château date du xne siècle. 11 est un des plus beaux spécimens qui subsistent des châteaux forts du moyen âge. Fig. 3. — Un autre témoin de la fortification du moyen âge.
- L’ilot Bourzi à 500 m à l’ouest du port de Nauplie en Argolide porte le vieux fort vénitien du Passage, jadis relié à la terre par une digue. Le peuple hellène condamne ses bourreaux à habiter ce fort.
- réduite des canons t examinez le plan d’une ancienne forteresse, les bastions y prédominent en nombre et en importance. On luttait pour leur possession; il était rare que l’assaillant s’attaquât aux intervalles, intervalles devenus parfois si réduits qu’il faut peut-être voir là F origine de leur nom de courtine.
- Pour battre plus efficacement le terrain en avant des bastions, on construisit divers ouvrages avancés, les dehors dont le plus fréquent était la demi-lune.
- On battait le fossé dans toute la longueur au moyen de batteries placées dans des casemates : celles-ci placées dans les flancs des bastions étaient protégées par les orillons. On demanda plus tard la défense des fossés à des caponnièrep, coffres fermés placés dans les fossés; et à des coffres de contrescarpe construits dans l’épaisseur du mur extérieur.
- dans la défense du pays : les plus célèbres furent, au xvie siècle, Errard, de Bar-le-Duc, au xvne, Vauban, qui assista à 53 sièges, travailla à plus de 160 places et en créa 33 de toutes pièces ; ils surent, mieux que les Italiens, adapter la fortification au terrain, au lieu de lui appliquer des formules rigides. Les successeurs de Vauban oublièrent cette règle essentielle et cherchèrent dans les réalisations de leur maître des règles étroites auxquelles il ne pensa jamais et qu’ils codifièrent dans les trois fameux systèmes de Vauban.
- Ces systèmes et d’autres dont les auteurs ont des noms célèbres encore aujourd’hui parmi nos ingénieurs des fortifications, servirent de bases aux travaux des xvne et xvme siècles et de la première moitié du xixe.
- L’évolution de la forme de la fortification fut accompagnée d’une transformation dans la conception du rôle
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- Fig. 4. — L’attaque de la fortification par le canon enseignée par Tarlaglia en 1537.
- Cet auteur décomposait la trajectoire du boulet en trois parties : sur la lre, rectiligne, le mouvement était violent ; sur la 2e courbe, il était mixte-, sur la 3e, vertical, il était naturel ; le pointage en hauteur se réglait à l’aide du quadrant engagé par une branche dans le canon. La figure inférieure représente un pointage de but en blanc ou à ras de métal; l’intersection de la ligne de visée et de la trajectoire que l’on croyait rectiligne donnait la portée de point en blanc correspondant au zéro du quadrant.
- qu’on lui attribuait. Au moyen âge les habitants des villes et les seigneurs lui demandaient uniquement une protection locale de leur famille, de leurs serfs, de leurs serviteurs, de leurs richesses : ce fut l’époque des petites villes fortifiées et des châteaux-forts. Quand le pouvoir royal s’étendit fermement sur de nombreuses provinces, que la notion d’Etat se développa, que les rois prirent en mains la protection entière du royaume, ces rois réalisèrent une défense de l’Etat qui correspondait à l’existence d’une armée unique : ils rasèrent toutes les forteresses inutiles, conservèrent les autres, en créèrent de nouvelles ; ils assignèrent aux places fortes à enceinte continue un rôle à'interdiction en les plaçant uniquement sur les routes d’invasion. Les routes qui fussent accessibles aux armées fort lourdes et peu mobiles de l’ennemi étaient peu nombreuses, donc facilement interdites et l’adversaire mettait plusieurs années à franchir cette zone de forteresses. Cette conception subsista jusqu’au début du xixe siècle. Mais dès les campagnes de Napoléon, il apparut que les places fortes devaient servir, aux armées
- Fig. 5. — Les profils de la fortification au XVIIIe siècle, d’après les ouvrages de l’époque.
- La crête de feu La plongée / Le hmephin I / des piétons
- L'extérieur (f.e la place
- Le glacis
- Le chemin ~ couvert pour les défenseurs
- La contrescarpe ' Le mur descarpe
- Le fossé
- La rue du rempart pour voitures et cavaliers
- en campagne, de points d’appui pour assurer leur liberté de manœuvre, pour contenir leurs approvisionnements, pour leur fournir au besoin un refuge : leurs emplacements ne pouvaient plus être les mêmes et ils furent choisis là où les plans d’opérations l’exigeaient.
- Une évolution se manifesta aussi dans la manière d’attaquer et de défendre les places. Vers le xve siècle, le blocus n’eut plus de raison d’être car on ne combattait qu’à la belle saison et le reste du temps les armées se retiraient dans leurs quartiers d’hiver; la puissance du fossé et celle des armes de la défense rendirent impossibles Y attaque par surprise et Y escalade; mais ces procédés anciens ne disparurent que progressivement : au xvne siècle une escalade a encore lieu à Albu-querque et on essaye encore de prendre des villes de vive force ou d’emblée, mais en s’aidant du bombardement; « on fait agir l’artillerie contre les maisons sans aucun relâche et on jette sans cesse des bombes dans la place, on renverse et on met le feu partout : cette façon de faire la guerre est très bonne pour se rendre en peu de temps maître des grandes villes » qui n’ont point d’armée en campagne pour les secourir et où les Bourgeois sont en grand nombre, car « il n’y a point de Bourgeois, quelque zélés qu’ils soient pour leur Prince, qui ne se révoltent et 'ne tuent la Garnison, pour se soumettre à ceux qui les attaquent; voyant leurs maisons et leurs biens dévorés par les flammes, leurs femmes et leurs enfants écrasés par la chute et le fracas des bombes, et eux-mêmes réduits à la merci de tous ces funestes accidents ». En règle générale on n’enleva plus une place que par une attaque réglée minutieusement. Vauban qui assiégea plus souvent «des places qu’il n’en défendit, perfectionna considérablement cette méthode; il est curieux de l’étudier car plusieurs de ses caractères se retrouvent dans nos combats de 1914-1918 : par surprise et rapidement on investissait la place complètement et on installait le camp entre deux lignés de retranchements continus, la contrevallation, à 2500 m de la place, la circonvallation à 500 m plus loin. On choisissait le front d’attaque qui comprenait deux bastions et la demi-lune qu’ils encadraient. Vers lui on dirigeait les travaux d’approche : c’étaient d’abord deux boyaux défilés et en zigzag suivant les capitales des deux bastions. Les tirs des pierriers des défenseurs et le pointage de but en blanc, peu précis, de leurs canons s’effectuant à moins de 600 mètres, c’est à cette distance qu’on réunissait les boyaux par une tranchée parallèle au front (lre parallèle ou place d’armes) pour les troupes de garde. Poussant les boyaux en avant, on créait à 350 m de la place une deuxième parallèle ; puis par trois boyaux, sur lesquels se greffaient des amorces ou demi-places d’armes, on arrivait au pied du glacis où l’on creusait la troisième parallèle. Qn installait les canons et les mortiers pour prendre d’enfilade toutes les faces de la fortification; et on tirait à
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- ricochet grâce à des charges réduites de poudre. Travaillant en sape pied à pied, on s’avançait jusqu’au chemin couvert qu’on couronnait d’une tranchée. Faisant taire les pièces de la défense par des contre-batteries, on exécutait la brèche dans le mur d’escarpe par des batteries de brèche ; tandis que les mineurs, par des galeries souterraines, gageaient le fond du fossé. Si le défenseur réagissait peu, on concentrait l’artillerie sur lui, il se terrait et on lançait de vive force les colonnes d’assaut; s’il était énergique, on poursuivait l’attaque pied à pied; les sapeurs passaient le fossé, cheminaient sur la brèche, arrivaient au sommet et s’y installaient dans un nid de pie. On se répandait de là dans la place, de vive force ou toujours pied à pied. Ces attaques étaient interminables, comme l’ont été nos combats de tranchées où il fallait des mois et des sacrifices considérables pour avancer de 100 m. Le défenseur se contentait de reculer peu à peu; on pouvait dire qu’il réalisait une défensive passive.
- Or, au cours des guerres de la Révolution et de l’Empire, les Français eurent à soutenir nombre de sièges et ils s’aperçurent des avantages d’une défensive agressive. Elle consistait en sorties, grandes ou petites, de la garnison. A vrai dire cette méthode n’était pas si nouvelle; elle était déjà recommandée aux gouverneurs en 1684 par Manesson, maître de mathématiques des pages de la petite Écurie du roi de France, ci-devant ingénieur et sergent-major d’artillerie en Portugal; il prend soin, dans son Art de la guerre, de conseiller « de donner aux soldats de certaines marques pour se reconnaître, en cas qu’on soit découvert ou obligé de se retirer; ces marques seront de mettre un mouchoir au chapeau ou de faire sortir sa chemise par derrière » : il faut avouer que l’uniforme, universellement adopté depuis, est une mode plus pratique. Avec les sorties on combina des luttes pied à pied, dans le sol, en avant des places fortes. Mayence, Gênes, Dantzig, Anvers, Belfort, de 1793 à 1814, en furent des exemples mémorables qui furent splendidement imités en 1870 de nouveau à Belfort et en 1904 à Port-Arthur. Cette méthode de défense extérieure conduisit dans la première moitié du xixe siècle à concevoir tout autrement l’organisation d’une place. L’enceinte continue, souvent complexe avec ses multiples dehors, fut précédée à distance de la place par une ceinture de forts détachés, très compliqués, très rapprochés les uns des autres, où se commençait la défense. Ce mode d’organisation fut employé après 1815, dans les innombrables places créées par les Prussiens et les Autrichiens. La France, ruinée, fit peu de travaux neufs: à Grenoble, à Belfort, Haxo tint les points importants du terrain par des forts espacés, mais réunis par une ligne très simple, par exemple un parapet taillé dans le roc; l’artillerie de la défense pouvait se disperser, l’attaque était obligée de disperser elle aussi ses efforts. On fit de même à Lyon vers 1830, sur la rive gauche du Rhône, tandis que sur les hauteurs de la rive droite on tint les points dangereux par des forts isolés. En 1840, Tbiers fit entreprendre les fortifications de Paris : après des discussions qui passionnèrent l’opinion publique, on se décida pour une enceinte de fronts bastionnés accolés (c’est elle qu’on
- La tracé du mur en crémaillère
- Le trace tenaillé Iplan t
- la forteresse-e/ac/
- Demi-lune
- Un bastion
- Courtine
- Intérieur de la forteresse
- Le tracé bastion né
- Fig. 6. — Les divers tracés de la fortification du XVe au XIXe siècle.
- démolit depuis douze ans), précédée à 1500 m de 10 forts sur la rive droite de Charenton à Saint-Denis, de 5 sur la rive gauche, d’Ivry à Issy, et du Mont-Valérien.
- LE CANON RAYÉ ET L’OBUS CYLINDRIQUE DE 1859 A 1885
- Ces fortifications de la première moitié du xixe siècle conservaient beaucoup de détails de celles du xve, car l’artillerie n’avait pas augmenté de puissance. Mais à peine étaient-elles terminées qu’en 1859, l’artillerie inventa les canons rayés : la portée des nouveaux projectiles cylindriques, leur poids, leur vitesse, la précision du tir, étaient considérablement augmentés; les voies ferrées, nouvelle invention, pouvaient en outre supporter des pièces de très gros calibres intransportables par les routes. La poliorcétique était révolutionnée pour la seconde fois : on pouvait facilement bombarder l’intérieur des places, ouvrir de très loin des brèches dans les murs, écraser le personnel derrière les parapets; il fallait éloigner l’enceinte de la ville, contrebattre l’artillerie par de nombreuses batteries, masquer toutes les maçonneries, multiplier les abris, cloisonner les parapets par des traverses.
- Ces transformations furent exécutées en France dans la mesure des possibilités financières. Elles n’étaient pas terminées en 1870. La paix de Francfort nous donnant de nouvelles frontières, il fallut remanier la défense et on chercha une protection contre l’invasion dans des
- Fig.7.— Les divers types d’organes de défense des fossés.
- Coffre de Ml contrescarpe
- :'::À Fosse;
- Mur d’escarpe
- Gaponniène 1 attachée
- Les coffres pour le flanquement des fossés
- Gaponniène
- détachée
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- Fig. 8. — L’attaque d'une place vue par Manesson, en 1684.
- On voit les travaux d’approche bien rudimentaires de l’assaillant, ses batteries, son avance dans la place par la brèche.
- rideaux défensifs constitués chacun d’une ligne de forts isolés, ligne terminée aux deux ailes par des places.
- Chaque place aurait des lignes successives : à 10 km de la ville, une position avancée en fortification de campagne à construire « au moment » du besoin; à 8 km,
- une ligne principale de défense comprenant des forts permanents isolés, des batteries permanentes, ainsi que des ouvrages du moment; à 6 km, une position de soutien en ouvrages du moment; autour de la ville une enceinte permanente constituant le noyau central ; et enfin, hors de la ville, un réduit de la défense, fort isolé placé sur une position forte par elle-même (le Château à Belfort). Tous ces forts contenaient de 36 à 80 canons, presque tous à ciel ouvert, quelques-uns sous cuirasse ou sous maçonnerie; leur garnison s’élevait de 800 à 2400 hommes. En outre, on agrandit des places telles que Paris et Lyon par de nouvelles lignes extérieures de forts détachés et on construisit des forts d’arrêt maîtrisant les voies ferrées. Dans le même temps, l’Allemagne continuait un programme amorcé en 1859 et l’étendait à l’Alsace-Lorraine.
- L’OBUS A EXPLOSIFS BRISANTS DE 1885 A CE JOUR
- Ces travaux considérables, les français comme les allemands, étaient à peine achevés, quand en 1885 les artilleurs en veine d’inventions annoncèrent qu’ils avaient de nouveaux canons et des obus à explosifs brisants : ceux-ci rendaient difficilement tenables les fortifications nouvelles.
- C’était une troisième révolution et cette fois 26 ans après la précédente. Que faire ? Les sapeurs trouvèrent aussitôt la solution : employer le béton et les cuirassements., abaisser presque au ras du sol le niveau supérieur des organes, abriter au maximum personnel et matériel dans des locaux souterrains. Par l’emploi de ciments spéciaux, de bétons riches mais scrupuleusement dosés, d’épaisseurs suffisantes et d’armatures soigneusement calculées, enfin par une exécution continue et étroitement surveillée, on obtint des ouvrages qui résistèrent largement à des tirs d’expériences faits dans les conditions les plus dures.
- Pour les idoines aussi bien que pour les profanes, une des caractéristiques marquantes des ouvrages bétonnés est leur aspect général. Alors que les maçonneries élevées ont un caractère architectural qu’on admire dans les travaux de Vauban, les fortifications bétonnées, dépassant à peine le niveau du sol, ne peuvent présenter de dominantes verticales. Par contre le matériau nouveau permet de longues lignes horizontales provoquant facilement une impression d’écrasement; il exige des formes géométriques simples sans motifs pouvant servir à l’ornementation; la surface extérieure est froide, morne, triste.
- Nous avons encore présente à l’esprit l’impression pénible ressentie il y a vingt ans à l’aspect des premiers ouvrages bétonnés qu’il nous fut permis de visiter. Vous marchez vers eux dans la campagne sans voir autre chose que quelques bosses herbeuses perdues au milieu de plantations quelconques ; tout à coup votre chemin s’enfonce brusquement entre deux talus, tourne à angle droit et
- Fig. 9. — L’attaque des forteresses, d’après la méthode imaginée par Vauban
- au XVIIe siècle.
- Cette méthode, décrite dans le texte, est infiniment supérieure à celle figurée par Manesson.
- REOOUTE
- •[« BATTERIES
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- sans transition vous avez devant vous une longue façade grise, percée de rares ouvertures, petites, étroites, dont vous êtes séparé par une haute grille hérissée de crocs : un sentiment de tristesse vous saisit, un léger frisson parcourt votre échine. Continuez à avancer; sous la conduite d’un guide averti franchissez l’obstacle, passez les lourdes portes blindées en chicane dont les meurtrières vous fixent de leurs yeux noirs; vous voilà à 5 m sous terre; et vous sentez peser sur vos épaules le froid des tombeaux. Mais dans l’obscurité votre guide tourne quelques manettes, pour vous invisibles; et brusquement, surprise réconfortante, vous voilà en pleine lumière électrique dans de blanches galeries où ronronnent à toute vitesse des ventilateurs : le moral remonte. Bientôt vous parcourez un labyrinthe de couloirs où Dédale lui-même, ne sachant que le grec, se serait perdu, mais où grâce aux tableaux indicateurs vous vous dirigeriez seul sans hésitation. Sur ces couloirs s’ouvrent d’innombrables portes : ici ce sont des chambres aux couchettes étagées, des réfectoires, des cuisines, une boulangerie à fours électriques, des chaudières de chauffage central, des infirmeries aux murs revêtus de blancs carreaux de faïence, des magasins pour les vivres, le charbon, le bois, les vêtements; des citernes, des réservoirs d’eau, des pompes électriques ; une salle de machines dont les générateurs produisent abondamment la lumière et la force électriques : voilà de quoi satisfaire à tous les besoins de la vie journalière de la garnison. Mais à côté ou au-dessus de ces premiers locaux, vous trouvez ceux des appareils de commandement et de combat : poste du commandant de l’ouvrage qui a pour consigne de « s’ensevelir sous les ruines du fort plutôt que de se rendre », cabines et centraux téléphoniques aux nombreux multiples, magasins à munitions, ateliers de réparations, tourelles cuirassées à canons, casemates de flanquement, chambres de mitrailleuses, postes de combat souterrains, capon-nières, coffres de contrescarpe, chambres de contremines. Vous êtes malgré vous émerveillés de vos découvertes, de ces installations que vous ne soupçonniez guère ; la puissance de toute cette machinerie vous rend toute confiance et toute tranquillité. Essayez maintenant de vous imaginer sous un bombardement : l’éclatement des petits projectiles n’est même pas perçu, les obus de moyen calibre produisent des bruits sourds et lointains, les gros calibres provoquent une vibration métallique qui secoue les couchettes; seul le très gros calibre (420 ou analogue) agit sur les nerfs : chaque obus est accompagné d’un grondement lointain qui s’enfle lentement jusqu’au fracas d’un express, l’éclatement formidable secoue le fort tout entier, la secousse monte par les talons et provoque, même chez les plus accoutumés, une certaine inquiétude physiologique; des coups répétés produisent chez certains des troubles
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- de l’équilibre et leur enlèvent tout contrôle sur eux-mêmes; ces phénomènes subsistent quelques heures après le bombardement. Le retour à l’état normal laisse une pleine confiance dans la protection offerte par la fortification.
- Le remplacement des ouvrages antérieurs à 1885 aurait entraîné des dépenses inacceptables; faute d’argent on se contenta de procéder, aussi bien en France qu’à l’étranger, à un renforcement par des dalles protectrices en béton et à un remaniement de la défense; naturellement toutes les constructions neuves furent édifiées suivant les données nouvelles. Observons que l’impor-
- tance des travaux exécutés a de tout temps été liée aux dépenses qu’ils entraînaient. Dès le xve siècle, chaque ingénieur veillait avec grand soin à la vastité de la forteresse qu'il construisait : si elle devait être assez grande pour pouvoir contenir cavalerie et « fanterie » en suffisante quantité, il ne fallait toutefois pas que « sa grandeur fût si excessive que le Prince eh demeurât trop foulé soit à cause de la solde de trop grand nombre de soldats nécessaires à la garde, qu’aussi pour la dépense du vivre qui lui ferait besoin pour la maintenir ». Et il
- Fig. 10. — De l’ordre pour soutenir les assauts dans une place, d’après Errard, de Bar-le-Duc, en 1600.
- S, T, V, armée assiégeante et ses Batteries D, C, E. — AB, le lieu où elle attaque la place pour faire brèche. Entre GYXF et HIKL, retranchement à 2 angles flanquants élevé par les défenseurs. I, entrée et K, sortie des piquiers et arquebusiers qui défendent la brèche entre B et A, ou qui, entre Y et X, sont « appareillés » à soutenir les défenseurs de la brèche.
- Le retranchement est également couvert de piquiers et d’arquebusiers; les troupes de soutien sont en H, S, T, L bien groupées.
- Le surplus est en bataille en 3 lieux O .N, M et une partie amorce une diversion en R.
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- arrivait, pour des raisons... budgétaires, qu’on utilisât, en les transformant, les enceintes anciennes, et qu’on rasât celles dont la défense eût été onéreuse : ce phénomène est de toutes les époques et plaie d’argent est un mal éternel. Nous n’avons pas de chiffres sur le coût des travaux exécutés du xve au xixe siècle; mais nous savons que ceux ordonnés par Napoléon Ier conduisirent à une dépense de un milliard et demi de nos francs actuels; les gouvernements qui se succédèrent de 1815 à 1850 consacrèrent aux fortifications quelque deux milliards de la même unité monétaire, dont la moitié
- pour l’enceinte et les seize premiers forts détachés de Paris. Pour transformer nos places après 1859, il eût fallu 800 millions de francs : lé législateur en accorda 300 ; et en 1870 nos places n’étaient pas à même de résister à l’artillerie prussienne. EnJ Allemagne le programme de 1859 modifié depuis 1885 et étëndu à la Lorraine et à l’Alsace annexées coûta plus dé 5 milliards de francs : les installations et les dépenses nécessitées pour la défense de Metz coûtèrent à elles seules un milliard et demi.
- Les mêmes dépenses évaluées pour Verdun se montent à 420 millions, et sont inférieures au prix d’un cuirassé d’escadre de la même époque ; on peut évaluer à 2 milliards et demi le coût de nos fortifications de 1875 à 1914 : notre effort financier avait été moitié de celui consenti, par l’Allemagne.
- On sait que ces dépenses, à première vue considérables, n’ont pas été vaines; il est même regrettable que cette prime d’assurance contre la mort et la ruine n’ait pas été double et employée sur notre frontière du Nord : nous n’aurions peut-être pas à déplorer depuis 1914 tant de morts, nous n’aurions sûrement pas eu la dévastation de dix départements. On sait V influence primordiale de nos quatre grandes forteresses bétonnées sur le plan de campagne allemand, les conséquences internationales de ce plan et le respect qu’elles .ont inspiré à nos adversaires. On sait aussi le rôle splendidement passif de ceux des ouvrages bétonnés de Verdun qui ont été soumis à des bombardements d’une puissance, d’une fréquence et d’une durée inattendues. Mais on ne doit pas oublier le rôle actif des organes et installations créés à grands frais à Verdun, la seule place attaquée : casemates et tourelles qui, quand elles n’avaient pas été désarmées, ont contribué à la résistance par des tirs puissants et réglés, ou ont arrêté net des attaques ennemies; observatoires cuirassés, dont les excellentes vues étudiées avant 1914 ont permis des réglages précis; abris de combat des intervalles qui ont servi d’abris pour les troupes, le commandement, les blessés et dont on a maintes fois déploré le nombre trop restreint; magasins de secteur où les approvisionnements en munitions et en vivres ont pu être stockés en sécurité; chemins stratégiques permettant aux convois l’accès des positions; voies ferrées étroites pour le ravitaillement; écoutes, magasins et usines sous roc de la Citadelle où une nombreuse population militaire a sans cesse vécu, s’est reposée physiquement et moralement avant d’aller subir à nouveau les affres de la lutte.
- La fortification belge a, elle aussi, rendu des services inappréciables à la cause commune; ces services ont été longtemps méconnus, mais un document secret rédigé en 1915 par le général inspecteur des ingénieurs et pionniers allemand et publié en 1923 a montré que les forts belges étaient loin d’être détruits en dépit des photographies répandues par la propagande germanique; et l’étude de la guerre a fait ressortir le rôle important des places de Liège, Namur et Anvers.
- Lés fortifications allemandes d’Alsace et de Lorraine n’ont pas été soumises à l’épreuve du feu; mais il est manifeste pour un observateur averti que leur béton est nettement inférieur aù béton français, très probablement par manque de surveillance et malfaçon à la fabrication. Par contre leurs groupes fortifiés (Feste) couvrent chacun de nombreux hectares, quelques-uns même plusieurs
- Fig. 11.— Comment il se faut défendre quand on est attaqué pied à pied dans une place, d’après Errard, de Bar-le-Duc, en 1600.
- Cette manière d’attaquer qui est « comme un chancre dangereux, minant petit à petit tout le corps » est laite par l’ennemi contre la pointe d’un boulevard.
- FG, brèche. 13B, premières tranchées d’approche de l’assiégeant. AAA, ses batteries et H, H deux de ses canons. DEE D, ses traverses dans le fossé; K, un fourneau de mine. CC, ses secondes approches. NML, retranchement élevé par les défenseurs; ses pans Ncp et <oL sont battus par les casemates RR réunies par la courtine a et ils constituent 2 demi-bastions cpcp. troupes en réserve.
- XX, cavaliers pour les canons, dressés dès le début du siège. STV, second retranchement. YYYY, deuxièmes réserves. ZZ, bateaux couverts pour fatiguer les assiégeants.
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- Fig. 12. — Les fortifications de Metz.
- Metz, ancien reluge néolithique des Mediomatriks, la Mettis des Gallo-Romains au me siècle, capitale de la Belgique au ive,. ville de la Lotharingie, puis du Saint-Empire romain, ville libre impériale, a toujours été fortifiée et elle a subi un siège célèbre en 1552.
- 1° (à gauche) : Le XIIIe siècle. — Voici sa Porte des Allemands, par laquelle on se rendait en Allemagne, la seule qui subsiste de l’ancienne enceinte fortifiée du xme au xvi° siècle. (Cliché Prillol à Metz, pris avant 1914.) La porte du premier plan, à droite, est du xixe s iècle.
- 2° (à droite) : Le XV11Ie siècle. — Cette vue représente le fossé ouest du rempart Saint-Thiébault, qui appartenait à’l’enceinte messine du xvni0 siècle avec ses lignes minutieusement étudiées, ses « dehors », ses parapets élevés. (Cliché Prillol à Metz, pris-avant 1914.)
- centaines : une telle dispersion aurait exigé, pour l’enlèvement d’une seule Feste, une quantité extraordinaire de canons et de munitions et aurait en outre coûté des sacriûces énormes.
- LA BOMBE AÉRIENNE ET LES GAZ
- Des armes nouvelles : la bombe aérienne, les gaz asphyxiants, le char de combat, ont successivement
- Fig. 13. — Les fortifications de Melz Le XIXe siècle avant l’obus explosif.
- Vue aérienne du fort Saint-Privat, à Metz. Ce fort a été amorcé par les Français en 1870 et achevé par les Allemands. Remarquez ses lignes simples, ses parapets peu élevés dont les traverses sont à ciel ouvert, sa cour immense plantée de beaux arbres, ses casernes à étages en maçonnerie (les points blancs alignés sont ses cheminées), sa double caponnière de tête, sa caponnière de droite, son coffre de contrescarpe de gauche, au centre le double flanquement du fossé de gorge, ses glacis boisés. C’était un « fort détaché » à 4 km au sud-ouest de la ville. Ce fort est déclassé et sur ses glacis on a construit des bâtiments qui l’entourent presque complètement.
- apparu sur les champs de bataille de 1914-18. Elles ont transformé sensiblement les conditions de la lutte mais, aux doses où les types existants ont été employés, ils ont été sans influence marquée sur les organes fortifiés en service. En sera-t-il de même dans l’avenir ?
- Fig. 14. —1 Les fortifications de Melz : Le début du XXe siècle.
- Vue aérienne d’une partie du groupe fortifié Lorraine, à 8 km au nord-ouest de Metz. Construite par les Allemands, de 1900 à 1914, cette Feste occupe .plus de 385 ha et a coûté 120 millions de nos francs. Ses ouvrages entièrement en béton rasent presque le sol naturel. Un réseau général de 30 m d’épaisseur l’entoure. On voit du nord au sud : un observatoire cuirassé en avant de ce réseau ; l’ouvrage principal trapézoïdal avec, un peu à l’est, une batterie cuirassée de trois canons de 100; une deuxième batterie identique; au sud, un petit ouvrage fermé (parapet d’infanterie à traverses). A l’ouest de l’ouvrage principal, et hors du réseau général, une redoute : entourée d’un réseau de 25 m, elle a un parapet d’infanterie et une caserne à deux étages très enterrée.
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- Bien chanceux sera celui qui décrira exactement dès maintenant ce que sera un conflit futur. Des centaines d’auteurs avaient étudié avant 1914 la guerre qu’on attendait; un seul à notre connaissance, le capitaine Genez, dans son étude sur les mines avait prévu l’interminable guerre de tranchées. De toutes les hypothèses que l’on fait ou que l’on fera, il s’en trouvera de même au plus une qui sera vérifiée.
- Mais il semble raisonnable de penser que la capacité de résistance des bétons et des cuirassements actuels sera pour longtemps encore suffisante contre les projectiles des bouches à feu et des avions; que la défense des ouvrages fortifiés contre les gaz sera facilement et efficacement réalisée; que l’armement mobile des chars sera rapidement annihilé par l’armement cuirassé et fixe des ouvrages.
- Par contre, d’une part la nature des armes nouvelles, d’autre part, les quantités considérables d’armes anciennes et nouvelles dont disposerait un agresseur éventuel, ont produit une quatrième révolution dans la forme de la fortification et son rôle dans la défense d’un pays. Cette révolution est marquée dans les travaux et installations en cours aussi bien en France qu’à l’étranger.
- Plus de places fermées, plus de forts; plus de rideaux défensifs échelonnés vers l’intérieur depuis la zone frontière ; mais une organisation défensiye du pays tout entier. Dans ce siècle de progès scientifiques inouïs, on
- retourne aux conditions des siècles passés; ce ne sont plus les seuls hommes armés qui sont soumis aux coups de l’ennemi, c’est la population entière. Comme dans les tribus sauvages, comme dans les cités de l’antiquité et du moyen âge, femmes, enfants, vieillards, hommes débiles sont exposés à périr de la main de l’agresseur. Ils ne seront plus passés au fil de l’épée; mais les avions surgiront brusquement dans le ciel de leurs villes, de leurs bourgades, de leurs villages, sur les routes par où ils s’enfuiront; ces avions lâcheront des bombes explosives, incendiaires, asphyxiantes et pathogènes; nulle part les habitants ne seront en sécurité absolue.
- S’il convient de connaître le danger, il convient plus encore de ne pas s’en affoler. Il ne faut pas oublier qu’il sera proportionné aux moyens de l’agresseur : nombre d’avions, de pilotes, de tireurs, de mécaniciens en première mise et de remplacement, approvisionnements en munitions aériennes, possibilités financières, moral et habileté des aviateurs aussi et ceux-ci seront fortement impressionnés par la seule connaissance de l’existence de puissants moyens de défense.
- Quelle que puisse être l’importance du danger, il faut s’organiser contre lui. Il faut de plus organiser comme antérieurement la défense contre les forces terrestres de l’assaillant. D’où deux ordres d’organisations :
- A la frontière même, un barrage continu de feux par une barrière plus ou moins linéaire d’ouvrages fortifiés en liaison avec l’intérieur, et l’équipement des arrières : on sait comment cette défense sera établie et le rôle qu’on lui demandera.
- A l’intérieur, une défense active par des escadrilles, des barrages aériens de feux réalisés par des batteries de canons, et des rideaux de ballons; et une défense passive : l’individuelle (masque, vêtements. protecteurs), et la collective : celle-ci consistera en une véritable fortification, seul sujet qui nous occupe.
- On admet que les bombes aériennes explosives d’une tonne, actuellement transportables (des bombes de douze tonnes sont déjà possibles) traversent par suite de leur force vive, 18 m de terre de consistance moyenne ou 1 m de béton ordinaire; qu’après pénétration elles démolissent par explosion le béton dans un rayon de 3 m; et que par suite, l’épaisseur de protection du béton est de 4 m 50 ; elles ricochent par contre sur le béton sous une incidence de 30°.
- En conséquence, pour les nouvelles constructions dans les zones à forte densité d’habitation, on propose le type suivant : ce seront des maisons à 60 étages, de 200 m de hauteur. Cette grande élévation permettra de répartir les dépenses de fortification sur un grand nombre de locataires et par suite de consentir des loyers admissibles. Ces véritables tours fortifiées posséderont à la partie supérieure une ou plusieurs dalles de béton; l’ossature verticale sera en béton et
- Fig. 15. — Un exemple d’arme sous cuirassement du XIXe siècle : La tourelle Mougin tournante, cuirassée à éclipse (1888).
- Elle tourne sur les galets coniques. Calculée pour être en équilibre dans toutes les positions, la partie supérieure bascule autour d’un axe horizontal passant par le centre de la coupole sphérique; le mouvement de bascule est arrêté par une pile de rondelles Belleville; il est exécuté en 16 secondes par 4 hommes agissant sur un treuil portant deux cordés. L’embrasure (figurée ici éclipsée) est protégée par l’avant-cuirasse scellée dans le massif de béton armé. Les tourelles Galopin, d’un type plus récent, sont plus perfectionnées.
- Axe dt In Tourelle d&ns b Position d Eclipst
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- Fig. 16. — Une ville fortifiée du XVIIIe siècle : Metz en 1728.
- Plans contenus dans l’Histoire ecclésiastique et civile de Lorraine, par le R. P. Dom Augustin Calmet, abbé de Saint-Léopold de Nancy.
- calculée de façon à résister non seulement aux charges statiques créées par ces dalles, mais aussi aux effets dynamiques des bombes explosives ; elle sera donc puissante, et établie sur un épais radier en béton, qui débordera largement pour éviter l’effet d’affouillement des bombes sous les fondations. Pour diminuer les risques d’incendie, ces tours seront isolées les unes des autres ; les matériaux de construction de remplissage et de compartimentage seront ignifugés ou incombustibles (jute plâtré, feuilles bitumées, métal déployé enduit de plâtre sur ses deux faces) ; des cloisonnements dont les portes s’obstrueront automatiquement seront prévus; il n’y aura pas de cour intérieure qui pourrait former cheminée d’appel; de nombreux escaliers en fer intérieurs et extérieurs permettront une évacuation ' rapide ; un système d’arrosage automatiquement mis en marche au delà d’une température élevée déterminée sera installé dans toutes les pièces (de tels systèmes sont en service dans les grands magasins parisiens). Les espaces libres autour de ces tours ne seront pas entourés de murs en maçonnerie, mais de clôtures en grillage qui permettront au vent de
- chasser la nappe inférieure de gaz asphyxiants. Les étages moyens serviront seuls à l’habitation; les supérieurs et les inférieurs seront utilisés pour des bureaux, magasins, lieux publics, etc. ; au moment du besoin ces derniers seront évacués car les plus élevés risqueront d’être traversés malgré les dalles bétonnées, les plus bas d’être envahis par les gaz. La section horizontale des tours aura la forme d’une croix : c’est celle qui assurera le maximum de stabilité et aussi le maximum possible de densité d’occupation. Une épaisse dalle-toiture en béton exigeant une construction lourde, donc onéreuse, on pourra parfois la remplacer par plusieurs dalles minces formant planchers des étages supérieurs mais assez résistantes pour supporter au moment du danger un bourrage déterminé de sacs de ciment ou d’autres matières absorbant la force vive et la force d’explosion.
- On ne peut admettre de telles tours élevées dans les zones peu habitées; on y construira des habitations de six à sept étages au plus ; elles seront protégées contre l’incendie comme les tours : emploi de matériaux incombustibles, pas de cour intérieure, isolement, installations
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- aquifères. Leurs habitants se protégeront des gaz et des bombes dans des abris souterrains voisins. Ces abris souterrains bétonnés seront couverts d’une dalle d’éclatement de 4 m 50 d’épaisseur et de 25 m de largeur, surmontée d’un prisme triangulaire de 15 m de hauteur, dépassant le sol de 8 m; un tel abri de 10 m de longueur absorbera 2000 m3 de béton et pourra abriter 160 personnes : la dépense correspondante sera de 4000 fr par personne.
- Ce type d’abri sera aussi employé, là où la place le permettra, pour les habitations existantes ; et celles-ci ne sont pas près de disparaître puisque leur vie moyenne est de 150 ans. Là où la place manquera près-de ces habitations, on ne pourra qu’utiliser leurs caves et les fortifier par une dalle épaisse en béton, établie dès le temps de paix et supportée j3ar une ossature suffisante et un radier étendu également en béton; cette fortification qui sera exécutée en sous-œuvre demandera à être faite soigneusement et par des hommes de l’art.; rien n’est plus dangereux qu’une cave mal fortifiée et plus illusoire que la protection qu’elle offre : combien de voûtes mal renforcées se sont effondrées pendant la guerre sous l’effet de bombes beaucoup moins puissantes que les bombes actuelles !
- Les deux types d’abris décrits, à l’épreuve des explosifs, devront être organisés contre les bombes incendiaires ; leurs entrées devront être multiples et placées de telle sorte que l’écroulement des maisons ne puisse pas les obstruer toutes à la fois. Les abris devront être étanches aux gaz et aux agents pathogènes; des canalisations puiseront l’air frais à 40 m de hauteur, l’amèneront sur des filtres et des épurateurs ; des pompes le surpresseront pour éviter les infiltrations de l’air environnant l’abri; des conduites spéciales évacueront l’air respiré; les entrées seront établies en écluses où les arrivants se débarrasseront de leurs vêtements empoisonnés et se désinfecteront. Des aménagements intérieurs.: couchettes, tables, sièges, chauffage et éclairage électrique permettront aux occupants de se reposer et de vivre pendant les heures, peut-être les. jours ou les nuits que dureront le danger et l’alerte. .
- On envisagera) l’utilisation d’une partie des chemins de fer souterrains métropolitains : mais certaines sections insuffisamment enterrées né'résisteraient pas aux explosifs; les nombreuses ouvertures pour les voyageurs, le personnel, la ventilation, qui existent, sont des conduits d’accès largement ouverts aux gaz et aux agents pathogènes et leur fermeture antigaz sera à réaliser.
- Les villes nouvelles ou les quartiers nouveaux des villes existantes seront installés, non dans les bas-fonds mais à flanc de coteau; ils seront aménagés suivant des règles assurant contre les risques divers la protection optima : l'es chaussées auront 50 m de largeur et les trottoirs 20 m, offrant aux gaz de larges couloirs d’évacuation; les maisons, isolées les unes des autres, seront en retrait de 10 m pour que leur écroulement n’entrave pas la circulation des équipes de secours ou des détachements de défense; les murs extérieurs des édifices seront protégés contre les éclats de bombes ; des galeries visitables souterraines renfermeront toutes les canalisations (eau, gaz, électricité, égouts, chauffage, téléphone), elles
- seront à l’épreuve des explosifs sur tout leur parcours soit par une carapace bétonnée, soit par un profond enfouissement, sous les immeubles de préférence; on multipliera les lignes souterraines protégées de transport urbain qui permettront le maintien de la circulation au moment du danger; on supprimera les tramways, entrave certaine de la circulation au même moment; on multipliera les lacs, bassins (réserves d’eau) et les zones non aedificandi, c’est-à-dire les espaces libres, pour augmenter la dispersion des objectifs des avions de l’agresseur; on couvrira dès l’alerte ces zones à diverses hauteurs d’un quadrillage de câbles d’acier s’opposant à la des- cente des hélicoptères et des engins à voilure tournante; on ne conservera dans les villes que les industries et les stocks nécessaires à la défense, les autres étant répartis largement dans les petites bourgades ; on y dispersera dans des locaux à l’épreuve les industries de fabrication et de transformation et les stocks de matières explosibles ou inflammables (dépôts d’essence), qui y sont indispensables.
- Les quartiers actuels des villes existantes seront progressivement transformés sur les types précédents ; on démolira le plus tôt possible les vieux immeubles jointifs pour réduire les risques d’incendie général.
- Des mesures analogues seront prises dans les petites localités et les villages-, mais on peut, penser que les moyens de l’agresseur, coûteux, donc fatalement limités, ne prendront ces points pour objectifs que tout à fait exceptionnellement, par exemple quand ils auront des raisons de croire que s’y trouvent des buts importants.
- Il faudra fortifier, dans le sens dit ci-dessus, les gares de voyageurs et de marchandises, les points sensibles des voies ferrées et des routes (aiguillages, cisaillements, ouvrages d’art, passages à niveau) pour éviter une interruption peut-être fatale des communications vitales des armées et de la nation; pour la même raison, il faudra créer des dérivations de routes et voies ferrées hors des agglomérations, protéger les écluses des voies navigables, les usines génératrices ou transformatrices d’électricité et de gaz, les points sensibles de leurs réseaux de distribution et des réseaux télégraphiques et téléphoniques, ceux des . conduites d’âmenée d?eau dans les villes, les installations de filtrage et de pompage des eaux, les barrages des lacs et; rivières,;' les hangars, magasins et aires des ports aériens. Il faudra fortifier les usines, magasins, entrepôts dont le fonctionnement est indispensable et y créer des abris pour le personnel. On devra construire tous les organes de puisage, de filtrage et de distribution et de prise d’eau de manière à mettre l’eau à l’abri d’une contamination par agents pathogènes apportés par bombes, par détachements débarqués par aéronefs ou par agents secrets.
- On organisera, dès le temps de paix, les moyens d’évacuation à la première alerte des habitants des agglomérations qui n’y sont pas indispensables et leur dispersion dans les villages éloignés des points sensibles; dé même qu’autrefois on éloignait des places qui allaient être assiégées les bouches inutiles. Les dépenses de fortification dans les villes seront ainsi réduites au minimüm ainsi que les risques courus par ces habitants. '
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- La réalisation de ces fortifications ne peut qu’être échelonnée et sur un très grand nombre d’années. Elle se heurtera à plusieurs obstacles de taille : les habitudes séculaires, la préférence donnée à l’intérêt particulier sur l’intérêt général, la législation, les archéologues férus de vieilleries, le désintéressement d’un danger qui paraît bien éventuel, bien lointain, alors qu’il est si possible et peut-être si proche; enfin le manque d’argent. Mais ces obstacles ne doivent pas arrêter : la vie même du pays est
- installations de tout genre. Les urbanistes auront à en tenir compte dans leurs projets dont la réalisation est d’une part une nécessité sociale et qui s’accordent d’autre part sur de nombreux points avec les besoins de la défense. Les architectes redeviendront comme au xve siècle des fortiücateurs.
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- Nous voilà loin de ces architectes et de leurs travaux.
- Fig. 17. — Vue aérienne de la place de Monlmédy.
- Défendue d’abord par un château fort de 1235 et une muraille continue, Montmédy a subi de nombreux sièges du xive au xvne siècle. Les fortifications actuelles sont presque toutes dues à Vauban. Elle a encore été assiégée auxxvme etxixc siècles et deux fois bombardée en 1870.
- en jeu et on ne doit pas hésiter à tout faire et à tout prix pour sauver celle-ci, au risque de léser des intérêts particuliers ou collectifs fort respectables par ailleurs. Ceux-ci ne seraient-ils pas plus compromis et ruinés par un défaut de défense ? Les lois sur l’aménagement des villes sont à compléter. De même qu’il existe des servitudes autour des forteresses, on instituera des servitudes nouvelles dans la construction des cités, des immeubles et des
- Et pourtant, après avoir parcouru tout le cycle des transformations de leur art, nous sommes revenus à la même question : la défense des nations, qui restera un problème éternel. Ce problème est en face de moyens d’attaque nouveaux. Il s’en révélera sans nul doute d’autres au cours des siècles : des solutions nouvelles s’imposeront alors. Les révolutions de la fortification ne sont pas terminées. L. Bance.
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- LES HORLOGES A MOUVEMENT PERPÉTUEL
- L’HORLOGE ATMOS
- tique de la pendule Atmôs fonctionnant sous l’influence des variations de la température ambiante.
- Il ne s’agit pas ici (rassurons tout de suite nos lecteurs !) d’appareils dont le fonctionnement démontrerait la possibilité du mouvement perpétuel, en dépit de toutes les lois de la mécanique. Les pendules dites à mouvement perpétuel peuvent fonctionner sans doute pendant de longues années sans aucun remontage, sans intervention d’aucune source d’électricité, mais leur fonctionnement n’est tout de même possible que grâce à un apport d’énergie provenant de l’extérieur.
- Ce qui fait l’originalité intéressante de ces dispositifs ingénieux, c’est que cette énergie est empruntée automatiquement aux agents naturels. En fait, les modèles actuels sont mis en mouvement sous l’action des variations de température ou de pression ambiantes, et sans doute serait-il relativement facile d’imaginer aussi l’utilisation des variations de lumière.
- Le modèle dit Atmos (bien que son fonctionnement ne soit pas basé sur les effets de la pression atmosphérique) est une récente invention française. Il comporte un ressort fixé dans un barillet, mais ce ressort est très doux et très long, et il est remonté automatiquement par un système moteur actionné par les variations de température ambiante.
- Ce système moteur est constitué par un boîtier métallique vertical et cylindrique pouvant osciller très facilement autour d’un axe O établi avec précision de manière à éliminer le plus possible les frottements (fig. 1). Toute oscillation du boîtier est communiquée par une roue à rochet au mouvement d’horlogerie, et produit un remontage plus ou moins important du ressort.
- Dans le boîtier est placé un tube de verre A en forme d’IJ contenant du mercure, un liquide à forte tension de vapeur (gaz liquéfié) surmonté par sa vapeur saturée.
- L’une des branches de ce tube plonge dans un récipient
- Fig, 2. — Comment on peut imaginer le remontage automatique des pendules par les variations de lumière.
- B contenant un corps de forte chaleur spécifique maintenu à une température sensiblement constante par un vase isolant C.
- L’autre branche du tube est au contraire, à l’air libre, et peut suivre immédiatement les variations de la température ambiante. Il se produit ainsi des différences de température et, par suite, dépréssion, entre les deux branches du tube en U.
- Le mercure est évidemment chassé du côté où la pression est la plus faible, et ce déplacement produit un mouvement de bascule de la boîte dans un sens ou dans l’autre autour de l’axe O.
- Cette oscillation se renouvelle à chaque changement de température et elle suffit pour remonter légèrement le ressort. Grâce au montage de précision du mécanisme de la pendule qui ne compte que dix roues dentées, l’effort moteur est très réduit, et, d’après le constructeur, une variation de température de 1° C. seulement fournit une réserve d’énergie suffisante pour entretenir pendant plus de 120 heures le fonctionnement du système !
- Les variations journalières de température dans un appartement quelle que soit la saison étant toujours supérieures à cette quantité minimum, il n’y a aucune raison pour que le fonctionnement du moteur puisse cesser. Le mouvement des roues dentées est si lent, et l’effort si réduit que tout graissage est inutile, et que théoriquement aucune usure n’est à craindre avant plusieurs siècles.
- La pendule semble donc pouvoir fonctionner avec une exactitude rigoureuse et sans retouche à toutes les températures extrêmes comprises entre — 20 et -f- 50° centigrades, bien qu’elle soit généralement utilisée dans un appartement, c’est-à-dire normalement à une température moyenne beaucoup moins variable.
- Un dispositif spécial de blocage permet de la transporter facilement; une fois mise en place, elle ne nécessite plus aucun soin d’entretien. Elle est enfin présentée évidemment sous différentes formes plus ou moins luxueuses, afin de s’adapter à des usages divers et de prendre place dans des mobiliers différents (fig. 3). Cette horloge est actuellement construite industriellement par la Cie Générale de Radiologie. .
- Un de nos confrères anglais, Y Engineering, nous annonce d’ailleurs qu’il existe aussi en Europe un autre modèle de pendule à mouvement perpétuel, réalisée par un Suédois, M. Theodor Dieden, et qui fonctionnerait depuis 1917.
- Le mécanisme de cette pendule est actionné par un poids moteur; le mouvement est également très lent et à faibles frottements, de cette sorte que la remontée complète du poids suffirait à assurer le fonctionnement du système pendant 18 mois. (La période du pendule de torsion est de plus de 7 secondes.)
- Cependant le remontage continuel et par petites fractions de ce poids est assuré automatiquement à l’aide d’un système agissant sous l’influence des variations de pression atmosphérique.
- Ce système comporte sept boîtes métalliques plates
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- élastiques, du type utilisé dans les baromètres anéroïdes, en alliage d’argent, de 0,14 mm seulement d’épaisseur.
- Elles communiquent entre elles ainsi qu’avec un réser-
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- actionner le mécanisme moteur des pendules. Dans un récent article, nous avons signalé, en effet, la réalisation de cellules photoélectriques dites à contact rectifiant très simplifiées, fonctionnant sans l’aide d’aucune batterie
- voir de compensation, et sont remplies avec de l’air à la pression de 755 mm à 18 degrés centigrades.
- La boîte inférieure est fixée au bâti de la pendule tandis que l’extrémité supérieure est libre.
- Toute variation de pression atmosphérique et même de température se traduit donc par une contraction ou une dilatation des boîtiers, c’est-à-dire par un déplacement de l’élément supérieur du système.
- C’est ce déplacement qui est utilisé pour le remontage partiel du poids moteur grâce à un système démultiplicateur à deux linguets en sens opposés, qui permettent toujours d’ailleurs le même sens de remontage, quel que soit le sens de déplacement du boîtier.
- Nous ne savons si ce modèle est réalisé industriellement, mais il semble, en tout cas, moins pratique et plus fragile que le modèle français.
- Nous avons indiqué, enfin, qu’il serait sans doute possible d’utiliser les variations de lumière ambiante pour
- auxiliaire, et permettant dès à présent la transformation directe de l’énergie lumineuse en énergie électrique.
- Certes les courants électriques recueillis sont encore très faibles, mais ils sont suffisants pour actionner un appareil de mesure ou même l’armature d’un relais sensible.
- L’emploi de ces cellules pour la réalisation de pendule à remontage automatique ne semble donc pas irréalisable; c’est du moins là une idée personnelle inédite que nous livrons à l’ingéniosité des chercheurs.
- Ainsi, le soleil se chargerait de remonter nos pendules, ou, à défaut de ses rayons, il nous suffira chaque soir de tourner le commutateur d’éclairage pour assurer en même temps la marche continuelle de nos horloges.
- De toutes façons, nos modernes instruments de mesure du temps seront devenus ainsi les symboles saisissants de l’utilisation des forces naturelles par le génie humain !
- P. Hémardinquer.
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- DES PLANTES QUI N’ONT QU’UNE FEUILLE
- LES STREPTOCARPUS
- Fig. 1.
- Exemplaire remarquable de Streptocarpus Wendlandii dont la feuille unique mesure plus d’un mètre.
- Originaire du Natal, le Streptocarpus Wendlandii appartient à la famille des Gesnéracées et se distingue des autres végétaux par sa feuille unique. Les jardiniers européens cultivent, en serre chaude, ces plantes originales qui fructifient plusieurs fois au cours de leur existence naturelle dans les forêts de l’Afrique australe. On les multiplie par le semis des nombreuses graines que renferment leurs fruits, curieusement tordus en forme de tire-bouchon. Ces semis doivent s’effectuer vers le mois de janvier dans des terrines recouvertes d’une feuille de verre et qu’on arrose légèrement, de temps en temps, afin d’entretenir la fraîcheur du terreau.
- Quand les jeunes Streptocarpus ont atteint une taille suffisante pour être saisis avec les doigts, on les repique en terrines dans de la terre de bruyère très sableuse, en les espaçant d’un centimètre environ et on les dispose sur des tablettes près des vitres de la serre. Six ou huit semaines plus tard, on procède à un nouveau repiquage, en les écartant davantage les uns des autres. Après quoi, on les rempote individuellement dans de petits godets avec de la terre de bruyère additionnée d’un quart
- de terreau. On apprécie surtout ces Gesnéracées si leur feuille solitaire, vert foncé sur la face, pourpre sur le revers et largement ovale, pousse vigoureusement en développant ses nervures très saillantes tandis que ses panicules floraux se dressent sur des hampes robustes.
- Pour parvenir à ce résultat, on s’efforce de maintenir l’activité de la végétation pendant toute la durée de la croissance de chacun d’eux. Aussi procède-t-on, au besoin, à un ou deux rempotages et dès les premiers jours de juin, on les met sur les rayons d’une serre froide et bien ombrée. Là, dans un compost de terre de bruyère additionnée d’un tiers de terreau et d’engrais légers, les Streptocarpus Wendlandii prennent un aspect des plus imposants. Ainsi à l’Institut de physiologie végétale de l’Université tchèque à Prague, le Dr S. Prat a pu obtenir, grâce aux soins vigilants de son jardinier chef B. Rezi-nicek, un puissant exemplaire de cette singularité horticole; sa feuille unique et nervée mesurait près d’un mètre de longueur, ses fleurs nombreuses en tube évasé à 5 lobes, les supérieurs violets, les 3 inférieurs blancs bordés de violet, se réunissaient en superbes panicules
- . Fig. 2.
- Panicules floraux de Streptocarpus.
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- sur des tiges solides, naissant à la base de l’ondulante et bizarre verdure.
- Mais indépendamment des Streplccarpus unijoliés, cette famille comprend des espèces plurifolives du genre Rexii et surtout des hybrides tenant le milieu entre les deux groupes précédents tant par leur feuillage que par leurs fleurs. Dans les serres d’Europe, on rencontre assez souvent ces derniers, vu leur gracieuse beauté.
- Les Streptocarpus hybrides qu’on cultive de la même façon que les unifoliés commencent à fleurir 4 ou 5 mois apiès le semis et leur floraison se prolonge jusqu’à l’automne et parfois même jusqu’en mars ou avril. Durant cette saison, leurs jolies fleurs servent de garnitures dans les grandes serres, égayent les tapis de Selaginelles des jardins d’hiver ou permettent de décorer des appartements dans lescjuels ils vivent très bien et continuent à fleurir.
- Certains horticulteurs procèdent de façon différente. Selon G. Bellair et L. Saint-Léger, ils préfèrent cultiver les Streptocarpus sous châssis, sur une vieille couche rechargée de terre de bruyère. La plantation des jeunes
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- Gesnéracées se fait dans les premiers jours de juin, en ménageant entre chaque pied et dans tous les sens un écartement de 25 cm environ, de façon que les feuilles puissent se développer normalement. Comme soins culturaux, les Streptocarpus réclament l’entretien de la fraîcheur du sol au moyen de bassinages assez fréquents, l’ombrage des châssis afin d’éviter le rayonnement direct du soleil et l’aération durant les heures les plus chaudes de la journée pour empêcher l’étiolement. Dans ces conditions, les jolis hybrides grossissent mieux qu’en pots. Quand leurs hampes appaiaissent on les empote el on les tient quelques jours sous châssis clos pour faciliter la reprise de leurs racines. Une fois leur floraison terminée, on doit laisser les Streptocarpus se reposer pendant l’hiver, en serre tempérée ordinaire: ils reprennent leur végétation active vers le mois de mars et on les rempote alors. Enfin on n’a pas intérêt à conserver plus de deux ans ces curieuses Gesnéracées, car leui feuille solitaire est plus robuste et leurs fleurs plus nombreuses pendant leur éclatante jeunesse;
- Jacques Boyer.
- LES BALLES DE TENNIS
- ET LEUR FABRICATION
- LA NAISSANCE DE LA BALLE ÉLASTIQUE
- En notre époque avide de se souvenir — ce qui est bien digne de remarque par le contraste avec l’aspect brutalement positif de la vie moderne — en notre époque où pas un centenaire ne manque d’être fêté, notre jeunesse sportive a oublié de rendre, hommage à Hancock, industriel anglais, qui introduisit il y a un siècle, la fabrication des halles élastiques en France. C’est une grande ingratitude !
- Hancock fut un des premiers qui s’attela à industrialiser la fabrication des objets en cette « gomme élastique » qu’avait rapportée La Condamine, de son voyage au Bassin de l’Amazone. Mécanicien de son premier état, Hancock avait imaginé pour le compte de son ami Mac Intosh la première machine destinée à imprégner les toiles dont il confectionnait les premiers vêtements caoutchoutés. Mais en Angleterre, pays du jeu de ballon et de golf, la fabrication de la balle . élastique devait rapidement être entreprise.
- Il était déjà venu à l’esprit d’y employer les poires que produisaient les Indiens de l’Amérique du Sud et qu’ils moulaient, en partant du suc des arbres, le latex, sur des formes en terre glaise; parfois au grossier profil humain.
- Pour servir aux jeux, les poires étaient gonflées d’air comprimé ét recouvertes de cuir, mais, trop irrégulières elles ne pouvaient satisfaire les joueurs.
- Hancock, d’esprit inventif et néanmoins pratique,
- avait rapidement progressé dans la branche nouvelle de l’industrie. Il avait très vite réalisé la dissolution de la gomme dans l’huile de houille, la benzine, fait des blocs de. caoutchouc comprimé, imaginé une machine pour découper ses blocs en feuilles minces, que depuis on s’accoutuma de dénommer feuilles anglaises. Enfin, il réussira à découper des feuilles en fils élastiques qui remplaceront aussitôt les ressorts métalliques à boudin, ossature des bretelles et des jarretières. Il réalisa également les premières chaussures en caoutchouc avec le souci fort louable de ne point disgracier par trop d’inélégance les extrémités largement établies de ses compatriotes.
- Hancock fit donc des balles avec des segments découpés dans ses feuilles et ce fut un succès. Ce fut un tel succès qu’il passa la Manche, et que Rattier et Guihal, à l’époque les deux grands producteurs français d’articles en caoutchouc, proposèrent à Hancock l’achat d’une licence pour l’ensemble de ses procédés. Hancock accepta et s’engagea à venir installer chez nous l’outillage qu’il avait combiné : machine à déchiqueter, inspirée du « loup » qui, dans les filatures de coton, sert à la préparation des fibres, machines à laminer, à mastiquer, à couper, presse à bloc, et enfin machine à imperméabiliser.’
- Hancock se mit en route vers la mi-juin 1828, accompagné de deux de ses collaborateurs, Nickells et Woodcock qui ne se feront point scrupule quelques années plus tard de piller les inventions de leur patron et de prendre des
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- « patents » que seule une instance au Banc de la Reine parviendra à leur faire abandonner.
- En raison des difficultés de se procurer, à cette époque, de l’huile de houille, Hancock emporte avec lui une certaine quantité de dissolution de caoutchouc prête à être employée. Le voyage ne fut pas sans incident. Sur les quais de Calais, ces machines inconnues et mystérieuses, ce fût de mixture étrange ne tardèrent pas à prendre figure de machine infernale. Nos bons douaniers, fidèles serviteurs de leur roi, flairèrent le complot bonapartiste. Incontinent, Hancock et ses aides furent mis sous les- verrous. Il fallut les insistances pressantes de Rattier et Guibal, l’intercession de Vauquelin, pour qu’ils fussent relâchés. Mais le fût de dissolution de gomme ne disait toujours rien qui vaille et cette matière bizarre, ni solide ni liquide, restait éminemment suspecte. Hancock y plongea la main, puis la mit sous le nez du gabelou qui, surpris par la mauvaise odeur, fit la grimace, et prononça d’un ton fort méprisant et dégoûté ce seul mot « Chimie », ensuite de quoi il signa la libre pratique au matérel importé.
- Rattier et Guibal installèrent leur usine à Saint-Denis, et commencèrent à la fois, la fabrication de la dissolution benzénique de caoutchouc, la préparation des blocs, puis de la feuille — dite toujours anglaise — puis l’imperméabilisation des tissus, la confection des balles élastiques et peu à peu, la préparation des fils élastiques et l’incorporation de' ces derniers dans les tissus destinés aux jarretières et aux bretelles.
- Il y a juste un siècle de cela...
- LA BALLE DE TENNIS
- Depuis, bien des joueurs ont couru après un ballon, une paume ou une balle, bien des enfants ont pleuré d’avoir crevé leur ballon élastique, et les fabricants ont mis au point toute une gamme de balles jusqu’à celle que définit pour les championnats le Cahier des Charges de la Fédération internationale de Lawn-Tennis.
- La balle de tennis est une sphère creuse en caoutchouc, renfermant un gaz sous pression et recouverte d’un drap qui lui constitue une enveloppe extérieure unie et sans couture. La balle doit passer librement dans un calibre de 66 mm 67 de diamètre (2 pouces 5/8) et doit être refusée par le calibre de 63 mm 5 (2 pouces 1/2). Son poids doit être compris entre 56 gr 70 et 58 gr 47 : 2 onces et 2 onces 1/6.
- Ceci constituant les caractéristiques, des performances doivent être, en outre, réalisées.
- Abandonnées librement à une hauteur de 100 pouces (2 m 54), les balles doivent rebondir sur une aire en ciment entre 1 m 47 (58 pouces) au maximum et 1 m 35 (53 pouces) au minimum. Enfin, les balles sont essayées à l’écrasement à l’aide de la machine Stevens. La sphère est placée entre deux plateaux dont l’un inférieur est fixe tandis que l’autre est relié à un levier. La graduation de la machine étant préalablement ramenée à zéro, le levier reçoit un poids de 18 Ibs, soit 8 kg 165. La déformation de la balle se lit en ramenant le levier à la posi-
- tion initiale, cette déformation doit être comprise entre 8 mm 06 et 8 mm 75, soit entre 0,290 pouce et 0,315 pouce.
- Réaliser ces prescriptions si précises est la difficulté de fabrication des balles de tennis. Tous les éléments qui constituent celle-ci sont solidaires et doivent concourir à la perfection du produit. Aussi, la collaboration du laboratoire et de l’atelier doit être constante, afin que chaque stade de la fabrication ne puisse amener de surprise.
- Une balle de tennis étant constituée par une sphère creuse renfermant un gaz sous pression et recouverte de drap, les points à examiner au cours de sa fabrication sont donc la préparation de la sphère, les procédés de compression du gaz à l’intérieur et le finissage de la balle.
- La composition de F enveloppe-sphère est déterminée par les obligations de poids et de rebondissement, compte tenu de ce que ces deux caractéristiques sont influencées par la nature du gaz intérieur, le maintien de sa pression et par la nature du drap qui recouvre extérieurement la balle.
- LES MÉTHODES DE FABRICATION DE LA BALLE DE TENNIS
- Il y a peu de temps encore, la fabrication de la balle et son gonflage constituaient deux opérations distinctes. Actuellement, on tend à les fondre en une opération unique. L’examen des divers procédés permettra de mettre en évidence les avantages de la technique actuelle.
- Dans un premier procédé, encore en usage pour la confection des balles à bon marché destinées aux enfants, deux, trois ou quatre panneaux en caoutchouc, constitutifs de la sphère, étaient assemblés entre eux avant introduction dans un moule à vulcaniser sous presse ou en autoclave. Mais pour que la gomme s’appliquât exactement aux parois du moule afin de remédier aux irrégularités de fabrication, on introduisait dans la sphère, avant de la clore, une substance susceptible de produire des gaz ou des vapeurs à la température de vulcanisation : en général du carbonate d’ammoniaque. La pression obtenue était suffisante pour déterminer un bon moulage, mais diminuait rapidement quand les balles étaient revenues à la température normale. Il fallait alors les gonfler. Enfoncer une aiguile creuse, un trocard dans la balle et pousser le diamètre de celle-ci jusqu’à remplir un calibre donné, à l’aide d’air comprimé, rien de plus aisé. La difficulté est d’obturer le trou fait par l’aiguille. On utilisait un subterfuge. Avant la fermeture des panneaux constituant la boule, un bouchon de gomme était fixé sur la paroi interne. Nous avons tous vu de ces bouchons dans les débris de nos ballons d’enfants. Ce bouchon avait 6 ou 7 mm d’épaisseur, quelquefois plus et ne contenant que peu ou pas de soufre, restait plastique après la vulcanisation de l’ensemble.
- La plasticité de la gomme obturait le trou fait par l’aiguille, l’obturait d’ailleurs plutôt mal que bien,
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- de sorte que les imperfections de cette fermeture sont une cause fréquente de fuite de l’air comprimé. En outre, l’obligation de rechercher l’emplacement du bouchon rendait fort long le travail de gonflement et, en ce qui concerne particulièrement la balle de tennis, dont l’équilibrage doit être parfait, la présence d’un poids supplémentaire en un point de la balle déplaçait le centre de gravité de cette dernière.
- Il fallait trouver mieux.
- Une première méthode consista à enfermer, avant la vulcanisation, de l’air comprimé dans les balles. Cette pratique est simple et bien des fabricants l’emploient encore. Pour que cette pression interne ne déforme pas les sphères, il faut que la pression extérieure lui soit égale. On commence donc par placer deux calottes hémisphériques en caoutchouc dans les deux cavités du moule de vulcanisation, puis ce moule est introduit dans une enceinte où règne la pression voulue et en fermant le moule, les deux hémisphères se juxtaposent, emprisonnant de l’air à la pression désirée. Le moule, après vulcanisation, rend une balle définitivement gonflée. Il semblerait qu’on ait atteint une simplification définitive résolvant le gonflement de la balle.
- Ce procédé présente néanmoins un inconvénient : le matériel nécessaire est d’une installation assez onéreuse, et il est difficile d’exécuter sans irrégularités le joint entre les deux hémisphères.
- La méthode la plus récente dérive directement du premier procédé que nous venons de décrire. L’artifice employé pour obtenir un bon moulage des balles pendant la vulcanisation et qui consistait à enfermer dans la sphère une substance susceptible de dégager des gaz ou des vapeurs à la température de vulcanisation est devenu un artifice de fabrication, les gaz servant non seulement à donner la pression interne nécessaire au moulage, mais assurant ensuite le gonflement durable de la balle.
- Il suffisait pour y parvenir d’introduire dans la sphère non point un mélange produisant du gaz carbonique et de l’ammoniaque mais un corps susceptible de dégager un gaz stable, produit d’une réaction bien définie et irréversible, diffusant peu au travers de la gomme, et subsistant en quantité suffisante lorsque le moule de vulcanisation est revenu à la température normale.
- La condition d’une faible diffusion au travers de la gomme a immédiatement dirigé le choix des techniciens vers l’azote. Ce gaz satisfait en outre parfaitement aux deux conditions complémentaires que nous avons définies.
- La production est simple dans le cas qui nous occupe. On sait, en effet, que le nitrite de sodium étant mis en présence d’un sel quelconque d’ammonium il s’opère, à température peu élevée et inférieure aux températures courantes de vulcanisation une double réaction qui donne un sel d’ammonium correspondant au sel d’ammonium mis en jeu et du nitrite d’ammonium. Celui-ci est éminemment instable et se décompose en azote et en eau. En fin de réaction on se trouve donc en présence d’azote et d’un sel de sodium. L’ensemble des réactions présente un avantage important. En effet, le but à atteindre est d’obtenir des balles identiques entre elles et gonflées,
- par conséquent, exactement à une pression voulue. La réaction étant totale et irréversible, l’enceinte étant exactement fixée, un dosage rigoureux des éléments entrant en réaction permettra de résoudre le problème. Enfin la suppression du regonflement de la balle, entraînant la suppression du bouchon, permettra d’obtenir des balles parfaitement équilibrées.
- La technique de la fabrication se trouve donc très simplifiée.
- Elle consistera à confectionner une sphère aussi exacte que possible avec des éléments de forme appropriée découpés dans une feuille de caoutchouc non vulcanisé.
- Avant de fermer cette sphère, on introduira, rigoureusement dosés, les produits destinés à produire de l’azote par leur réaction. Ces produits seront soit en solution, soit fixés au moyen d’agar-agar, soit solides avec quelques gouttes d’eau. Les balles sont alors fermées et mises à vulcaniser.
- Après vulcanisation, les moules sont refroidis et on démoule les balles qui sont prêtes pour les opérations de finissage.
- Le finissage consiste à fixer sur la balle de caoutchouc le drap qui formera son enveloppe extérieure. Pour cela, la balle est trempée dans une dissolution de caoutchouc, puis mise à sécher, et cela autant de fois qu’il est nécessaire pour que le dépôt de gomme soit suffisant pour obtenir un bon collage. D’autre part, on a préparé, sur le métier à gommer — le métier à enduire de Hancock — du drap enduit sur une de ses faces, d’une dissolution de caoutchouc. Le drap est alors découpé à l’emporte-pièce en morceaux d’une forme telle, qu’assemblés deux à deux ils recouvrent toute la surface de la balle. Ces deux morceaux sont appliqués sur la balle et y adhèrent par collage des deux enduits. Le point délicat est la jonction des bords des deux morceaux de drap. Jusqu’à présent cette réunion se faisait par une couture, mais celle-ci était longue à exécuter et difficile à réussir très régulièrement; en outre, elle produisait un léger renflement sur la surface de la balle, ce qui nuisait à la qualité du rebondissage. Un nouveau procédé a été imaginé, que la Fédération internationale a rendu obligatoire depuis le 1er janvier 1928. Les bords du drap sont réunis au moyen d’une dissolution spéciale que l’on vulcanise. Les balles ainsi fabriquées sont dites cémentées et leur surface est parfaitement régulière et lisse.
- Lorsque les balles sont cousues ou cémentées, elles subissent une dernière opération, le repassage, qui est en quelque sorte le parage final du produit. Les balles sont introduites dans un moule dont le diamètre corrès-pond à celui de la balle finie. En chauffant le moule pendant quelques minutes on arrive à faire disparaître toutes les petites irrégularités qui subsistent sur la surface de la balle et l’adhérence du drap sur le centre de caoutchouc est assurée.
- Le repassage achevé, les moules sont refroidis et les balles terminées.
- Elles1 devront, cejsendant, subir une vérification serrée avant d’être livrées à la clientèle, vérification portant principalement sur le poids final, clôturant toute une
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- Fig. 1 à 6. — La fabrication moderne des balles de tennis.
- 1. Deux coquilles hémisphériques dans lesquelles on introduit la poudre chimique. 2. Les coquilles assemblées. 3. Les deux coquilles sont recouvertes de caoutchouc. 4. La balle va être vulcanisée au moule. 5. La balle est recouverte de deux languettes de drap. 6. Les diverses phases du travail. Les deux bandes blanches représentent les languettes de drap.
- série de vérifications portant sur les centres moulés et gonflés, puis sur ceux-ci après enduction de gomme.
- Et les balles de tennis, fruits des premiers travaux d’Hancock qu’un douanier soupçonneux fit emprisonner
- à Calais, pourront, à la grande joie des sportifs, voler d’une raquette à l’autre au-dessus des « courts ».
- Max Verneuil,
- Ingénieur au Corps de l’Aéronautique.
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- RÉCRÉATIONS MATHÉMATIQUES
- LES NOMBRES CURIEUX
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- Depuis plus d’un an, un certain nombre d’articles ont été publiés dans La Nature mettant en évidence les curieuses propriétés du nombre: 142.857, notamment le fait qu’il contient toujours les mêmes chiffres, bien que dans un ordre différent, quand on le multiple par 2, 3, 4, 5 ou 6 et qu’il donne un produit uniquement composé de 9 dans la multiplication par 7 (voir spécialement La Nature du 1er octobre 1929).
- Aujourd’hui ce seront d’autres nombres jouissant de propriétés différentes, mais également curieuses, qui feront l’objet de cette récréation.
- Prenez une fraction ayant pour numérateur l’unité et pour dénominateur un multiple impair de 9 non divisible par 5, par exemple l’une des fractions suivantes :
- 3
- 9 X 11
- 1
- 27
- 1
- 99
- 1
- 9
- 1
- 63
- 1
- ÏÏ7
- 1
- 1 X 9
- 1
- 9 X 17
- 1
- 81
- 1
- Ï53‘
- 9 X 13
- Transformez-la en un nombre décimal en effectuant la division du numérateur par le dénominateur; vous obtiendrez au quotient un nombre décimal périodique simple.
- 'Le nombre entier que l’on forme en. prenant une ou plusieurs périodes jouit de la remarquable propriété suivante : multiplié par le neuvième du dénominateur de la fraction considérée, ce nombre donne un produit qui n’est composé qu’avec le chiffre 1. Il en résulte que, multiplié par une quantité double, il donnera un produit uniquement composé de 2, etc. ; enfin si on le multiplie par le dénominateur de la fraction, il ne donnera au produit que des 9.
- 1 1
- lo
- 9 X 100
- 27
- 27
- 190 1
- 37 x 3 37 x 6 37 x 9 37 X 12 37 X 15 37 x 18 37 x 21 37 X 24 37 x 27
- 0, 037...
- = 111 = 222 = 333 444 555 666 777 888 999
- 2o
- 1
- 9X7
- 100
- 370 550 460 190 1
- 1
- 63
- 30
- 1
- 9 X 9 81
- 100 .81
- 190 280 370 460 550 640 730 1
- 0,012345679.
- 12.345.679
- 12.345.679
- 12.345.679
- 12.345.679
- 12.345.679
- 12.345.679
- 12.345.679
- 12.345.679
- 12.345.679
- 9
- 18
- 27
- 36
- 45
- 54
- 63
- 72
- 81
- 111.111.111 222.222.222 333.333.333 444.444.444 555.555.555 666.666.666 777.777.777 888.,888.888 (1) 999.999.999
- Le nombre 12.345.679 a été signalé dans La Nature à la date rapportée ci-dessus.
- Le cas particulier (1°) est d’autant plus remarquable que le chiffre 8 est absent du multiplicande et du multiplicateur et ne fait son apparition qu’au produit.
- 9 X 11
- 1
- 99
- 100
- 100
- 1
- 99
- X 11 X 22 X 33 X 44 X 55 X 66 X 77 101 X 88 101 X 99
- 101
- 101
- 101
- 101
- 101
- 101
- 101
- 0,0101...
- 1.111 2.222 3.333 4.444 5.555 6.666 7.777 8.888 9.999
- Le nombre 101 est formé par l’ensemble de 2 périodes.
- 15.873
- 15.873
- 15.873
- 15.873
- 15.873
- 15.873
- 15.873
- 15.873
- 15.873
- 7
- 14
- 21
- 28
- 35
- 42
- 49
- 56
- 63
- 13 5° 1 . • < 1
- >,015873... 9 X 13 117 •^7 = 0,008547... 8.547 X 13 = 111.111
- = 111.111 8.547 X 26 = 222.222
- = 222.222 8.547 X 39 = 333.333
- = 333.333 8.547 X 52 = 444.444
- = 444.444 8.547 X 65 = 555.555
- = 555.555 8.547 X 78 = 666.666
- = 666.666 8.547 X 91 = 777.777
- = 777.777 8.547 X 104 = 888.888
- = 888.888 = 999.999 8.547 X 117 = 999.999
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-
- 130
- 6°
- 1 1 9 X 17 = Ï53
- ---- = 0,0065359477124183...
- 153
- 65. ,359. ,477. ,124. ,183 X 17
- 65. ,359. ,477. ,124. ,183 X 34
- 65. ,359. ,477. ,124. ,183 X 51
- 65. .359, .477, .124. ,183 X 68
- 65. ,359. .477, .124. ,183 X 85
- 65. ,359. .477, .124. ,183 X 102
- 65. .359, .477, .124. ,183 X 119
- 65, .359, .477, .124, .183 X 136
- 65, .359, .477, .124. .183 X 153
- = 1.111.111.111.111.111 = 2.222.222.222.222.222 = 3.333.333.333.333.333 = 4.444.444.444.444.444 = 5.555.555.555.555.555 = 6.666.666.666.666.666 = 7.777.777.777.777.777 = 8.888.888.888.888.888 = 9.999.999.999.999.999
- L’explication des résultats qui précèdent est donnée par le fait que, pour retrouver la fraction génératrice du nombre décimal périodique simple, il suffit de prendre pour numérateur la période entière et pour dénominateur un nombre de 9 égal à celui des chiffres de la période.
- On obtient ainsi, par exemple :
- 1 _ 012.345.679 8Ï “ 999.999.999 ou
- 12.345.679 X 81 = 999.999.999
- ce qui donne
- 12.345.679 X 9 = 111.111.111
- 12.345.679 x 18 = 222.222.222 etc.
- Léon David.
- UNE AFFAIRE DE PAIN CHIMIQUE
- AU XVII' SIÈCLE
- La question du pain chimique, qui a fait couler des flots d’encre, n’est pas nouvelle, à en juger du moins par les pièces d’un curieux procès que j’ai eues sous les yeux. Elle fut débattue avec une solennelle ampleur en 1669. Soixante-quinze médecins de la Faculté de Paris se réunirent par ordre du roi et eurent à répondre à cette question : la levure de bière, dont se servent les boulangers de petits pains dits à la Reine (1), pour la fermentation de la pâte, est elle oui ou non nuisible à la santé publique? Comme on peut s’y attendre, les avis furent partagés. Quarante-cinq « opinans » répondirent, oui; les trente autres, non.
- Il est à remarquer que l’usage de la levure de bière, comme ferment, datait de soixante ans. Tous les médecins de Paris, la cour, les grands, la bourgeoisie avaient mangé de ce délicieux « pain à la Reine » sans en être incommodés le moins du monde. D’où pouvait donc provenir cette levée subite de boucliers contre l’usage de la levure de bière? Tout simplement d’une lutte acharnée entre deux corporations puissantes : les boulangers de petits pains et les cabaretiers. Ceux-ci servaient exclusivement à leur clientèle du pain de Gonesse qui coûtait mains cher que le pain à la Reine; ceux-là prétendaient au contraire que les hôteliers, taverniers et cabaretiers devaient aussi servir des petits pains à la Reine, si leurs clients en demandaient. De là, procès.
- Pour leur défense, les cabaretiers prétendirent que le pain fermenté à la levure de bière était malsain et que, s’ils n’en servaient pas à leurs clients, c’était par un louable souci de leur santé ! La majorité du corps médical venait en effet de se prononcer contre l’incorporation de la levure dans le pain.
- Un arrêt interlocutoire fut rendu le 31 août 1669. On y lit : « Avant faire droit, six médecins et six anciens et notables bourgeois de Paris seront ouïs par le conseiller rapporteur et donneront leur avis sur la composition du petit pain pour sçavoir si la levure de bière que l’on y fait entrer est nuisible à corps humain. » Ces avis furent donnés par-devant M. Du-
- 1. Les boulangers de gros pain faisaient le « pain de Chapitre » qui était le plus grossier et le « pain de Gonesse » que le peuple mangeait le dimanche et jours de fêtes. Le pain à la Reine était le pain de luxe, fabriqué avec de la meilleure farine, du lait et de la levure de bière. Marie de Médicis n’en mangeait pas d’autre ; de là le nom de « pain à la Reine ». Ii n’était vendu qu’en petits pains de quatre à la livre.
- laurent, conseiller de la Grand’Chambre, le 31 janvier suivant. Voici les extraits les plus intéressants des pièces rapportées dans le procès-verbal de cette consultation.
- Quatre médecins — dont le célèbre Guy Patin — sur six, déclarèrent que la levure de bière était nuisible à la santé : « Nous soussignez, Docteurs Régens de la Faculté de médecine de Paris, interpellez de déclarer quel est notre sentiment touchant la levûre ou écume de bière que les boulangers de Paris mettent dans leurs petits pains, dits à la Reine, depuis le commencement du siècle courant : estimons que non seulement elle n’est ny utile, ny nécessaire pour faire du pain; mais même que si on la considère tant en soy que par ses effets, elle blesse la santé et est préjudiciable au corps humain.
- « Pour faire du pain très bon et très sain, si l’on en croit Hippocrate et Gallien et tous les bons médecins anciens et modernes, il ne faut que de la farine de bon blé, bien moulue et séparée de son son, suffisante quantité de levain et d’eau pure et nette, et si l’on veut, quelques grains de sel, dont on forme une paste, laquelle doit estre bien pestrie et broyée, assez levée et enfin mise au four chaud, et à tel degré, que toutte la mie de pain soit bien et également cuitte, sans que la croûte soit brûlée. Cela n’a pas empêché les Boulangers de Paris, désireux de gagner beaucoup en chatouillant le goust des friands, ne se soient avisés de mettre du lait dans leur pain; mais parce que le lait rendait leur paste pesante, trop tardive à lever et bouffir promptement, faire plusieurs pains d’un petit morceau de paste, et plusieurs cuittes de pain en une nuit, ils y ont meslé la levûre ou écume de bière, qui par sa chaleur et acreté née de la pourriture de l’eau et de l’orge ou autres pires grains dont on fait la bière, rend à la vérité le pain très léger et poreux, mais ruine et déprave ce qu’il y a de suc doux, bon et propre à nourrir, le rend de friable qu’il devrait estre, visqueux et pasteux et luy imprime tant d’aigreur et d’amertume, qu’il communique aux boüillons dans lesquels on le met, qu’il devient insupportable au goust quand il y a deux jours qu’il est cuit et qu’il fait corrompre le lait des malades à qui les médecins le conseillent pour toutte nourriture. Car la bière, dit Cornélius Tacitus, de Moribus Germanorum, cette triste boisson faite de houblon, d’orge corrompue et d’eau gastée, souvent même tirée des mares, n’a pas été plutôt inventée qu’elle a esté condamné par Dioscoride et Galiien. Tous l’accusent de nuire à la teste, aux nerfs et aux parties
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- membraneuses, de causer une yvresse méchante, plus longue et plus fâcheuse que celle du vin et d’engendrer la suppression d’urine et la ladrerie. Quel bien peut-on espérer, ou plutost quel mal ne doit-on pas craindre de la part de son écume meslée avec le pain ?
- « On en a fait usage il est vrai, dans le siècle de Pline : Gallia et Hispania jrumento in potum resoluto utuntur ; mais les François plus polis et mieux instruits ont eu raison de préférer le vin à la bière et le levain ordinaire à celui qui était fait avec cette levure ».
- Signé : Guy Patin, Bkayer, Blondel, Courtois.
- La consultation des deux autres médecins ne comprend pas moins de trois pages in-folio imprimées. Résumons ce pathos :
- « Le pain fait avec de la levure de bière est mieux levé, parce que celle-ci a plus de vertu fermentative que le levain ordinaire (!). 11 peut y avoir des estomacs qui peuvent être incommodés par le petit pain à la Reine; mais il serait aussi absurde de supprimer de l'alimentation le lait ou le vin, parce que certains estomacs ne peuvent les supporter. On a dit que la levure ou écume est la salleté de la bière, donc elle est malsaine; mais il y a des liqueurs très bonnes qui moussent, tels le lait qu’on vient de tirer et le vin de certains crûs; cet argument est donc à rejetter...
- « L’amertume du pain à la Reine, qu’on remarque parfois, vient de ce que la levure employée est trop vieille ou éventée. On a osé affirmer, enfin, que la levûre contenait de l’arsenic. Mais ce bruit n’est fondé que sur un équivoque de la langue flamande dans laquelle Rulten bruick signifie tout ensemble la nourriture et le poison des rats, parce qu’on mélange de l’arsenic au grain pour les empoisonner. »
- Voici l’argument ad hominem : Le Roi mange du pain à la Reine, Marie de Médicis en faisait ses délices, les grands de la cour ne mangent pas d’autre pain. Les médecins de toutes ces personnes de distinction seraient donc des criminels, puisqu’ils leur permettent d’en manger à leur appétit ?
- « Pour ce qui est de nous, concluent-ils, nous déclarons qu’après avoir apporté toute diligence pour nous éclaircir sur tout ce qui appartient à la levûre qu’on met dans le petit pain qui se fait à Paris, nous sommes d’avis que la levûre n’a rien qui puisse être nuisible au corps humain, surtout en aussi petite quantité qu’on a accoustumée de l’y mettre qui ne va pas à la pesanteur de quatre grains pour chaque pain. En foy de quoy nous avons signé la présante déclaration. »
- Signé : Perault et Rainsant.
- Résumons maintenant l’opinion des six anciens et notables bourgeois de Paris consultés.
- Robert Ballart : « Le pain sans levûre de bière est plus sain parce que la levûre vient d’un mauvais principe qui est la bière faite avec du blé ou de l’orge germé et corrompu. »
- Jean Rousseau : Puisque les médecins ne sont pas d’accord sur la question, son opinion ne saurait avoir une grande valeur. Cependant il a fait une expérience qui lui permet de croire que la levure incorporée au pain à la Reine n’est pas malsaine. On lui a dit que ce pain donne au lait un goût amer. Pour s’en convaincre, il a fait bouillir pendant une demi-heure du pain à la Reine dans du lait et il a fait ensuite goûter ce lait à six personnes différentes qui toutes l’ont trouvé aussi bon « que s’il venait d’être tiré du pis de la vache ». Il peut donc être permis aux boulangers d’employer la levure de bière comme ferment, « sauf à la Cour d’en ordonner autrement, ainsi qu’elle le jugera pour le mieux ».
- André le Vieux, Directeur de l’Hôtel-Dieu et de l’Hôpital général, estime que la levure ne peut altérer la santé, puisque la bière rafraîchit et engraisse et que les produits nocifs brûlent les entrailles et font maigrir.
- Charles le Brun, marchand, est très catégorique : « Ce sont les cabaretiers, dit-il, qui ont inventé pour leur défense que la levure de bière est un poison. Moi-même je mange du pain à la Reine depuis plus de trente ans et je me porte très bien. »
- Antoine Vitré, imprimeur ordinaire du Roi, âgé de 81 ans « après serment par luy fait » développe longuement son opinion : « S’il y a eu lors de la première consultation 35 médecins opposés à l’usage de la levure, il y en a eu 30, et des meilleurs, qui ont proclamé son innocuité. De plus, parmi les médecins ennemis de la levure, il n’en est pas un seul qui ait défendu le pain à la Reine à ses clients. Comme le doute profite toujours à l’accusé, la levure est par lui considérée comme inofîensive. Toutefois il veut qu’on emploie exclusivement de la levure de Paris et non celle de Picardie qui arrive chez les boulangers déjà vieille et corrompue. »
- Guy Pocquelin, très probablement un oncle de Molière — est du même avis qu’Antoine Vitré. Il ajoute simplement et non sans malice : « Il ne peut tomber en l’esprit du moindre sens commun, que tant de personnes de qualité, qui confient leur santé entre les mains des médecins, aient pu vivre aussy longtemps et aussy bien portantes, en mangeant tous les jours de ce pain soy-disant empoisonné. »
- Conclusion : le bon sens finit par triompher. Un arrêt du 21 mars 1670 décida que les boulangers continueraient « comme cy-devant » à faire des petits pains à la Reine; mais défense leur est faite d’employer d’autre levure « que celle qui se fait dans la ville, Faubourgs, Banlieue et Vicomté de Paris » (1).
- J. Chataing.
- Membre de l’Académie des Sciences, Arts et Lettres de Clermont.
- 1. Les documents cités sont extraits du Traité de Police de Delamare (Paris 1725, tome I).
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- EMPLOI DE L’HUILE DANS L’ESSENCE
- Nous avons indiqué dans nos chroniques que, pour obtenir une meilleure lubréfaction des pistons dans un moteur d’automobile, on pouvait mélanger à l’essence contenue dans le réservoir une petite quantité d’huile très fluide. Cette huile peut être analogue à celle qu’on utilise dans les moteurs d’automobiles à condition de choisir une variété très fluide, mais plusieurs fabricants d’huiles mettent
- maintenant à la disposition des automobilistes des variétés spéciales d’huiles destinées à cet usage.
- Cet emploi d’huile dans l’essence est surtout recommandé pour la mise au point d’une voiture neuve et dans les moteurs sans soupapes. Il ne faut sans doute rien exagérer, et il serait nuisible d’augmenter la proportion d’huile dans le mélange au delà des limites indiquées par le fabricant d’huile, car on risquerait de produire des encrassements fâcheux.
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- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- LA VOÛTE CÉLESTE EN SEPTEMBRE 1931 (*)
- Beau mois astronomique : une éclipse totale de Lune le 26 septembre, visible dans de très bonnes conditions en France, une belle occultation de l’étoile l’Epi de la Vierge, en plein jour, le 14; la lumière zodiacale visible entre le 10 et le 20, le matin; la lumière cendrée de la Lune, le matin, avant la nouvelle Lune du 12; de curieuses dispositions des satellites de Jupiter; une éclipse de Soleil, celle-ci réservée aux habitants de la partie Nord-Ouest de l’Amérique du Nord; un grand nombre de conjonctions de planètes, etc., etc.
- Voici un beau programme, n’est-ce pas, pour notre curiosité scientifique ?
- I. Soleil. — Le Soleil traversera l’équateur céleste le 24 septembre à O11. Ce sera le commencement de l’automne. La durée du jour diminue très vite, le soir notamment. Au début du mois cette durée sera de 13“29m, elle ne sera plus que de 11"46“ le 30.
- Voici le temps moyen à midi vrai, c’est-à-dire l’heure marquée par les horloges lorsque le centre du Soleil passe au méridien de Paris :
- Dates. Heure du passage.
- Septembre 1er
- — 3
- — 5
- — 7
- — 9
- — 11
- — 13
- — 15
- — 17
- — 19
- — 21
- — 23
- — 25
- — . 27
- — 29
- L’ombre d’un fil à plomb, aux heures ci-dessus, donnera, à Paris, la direction exacte du méridien.
- Observations physiques. — Continuer régulièrement, chaque jour, l’observation des taches et des facules solaires. Pour orienter les dessins et les photographies, on utilisera les éléments suivants :
- Dates P B0 Lo
- Septembre 3 + 21°,45 + 7°,22 8°,80
- — 8 + 22 ,62 + 7 ,25 302 ,76
- — 13 + 23 ,64 + 7 ,23 236 ,74
- — 18 + 24 ,52 + 7 ,15 170 ,73
- — 23 + 25 ,24 + 7 ,03 104 ,73
- — 28 + 25 ,79 + 6 ,86 38 ,74
- — 30 + 25 ,94 + 6 ,77 12 ,35
- 1. Toutes les heures données dans ce » Bulletin Astronomique », sont exprimées en temps universel (T. U.), compté de 0h à 24h (à
- Voir au « Bulletin astronomique » du n° 2852 la définition des termes P, B0, L0.
- Lumière zodiacale-, lueur anti-solaire. — La lumière zodiacale est très belle le matin, avant l’aube, en septembre. 11 conviendra de l’observer surtout du 10 au 20, époque de la nouvelle Lune et du premier quartier,
- La lueur anti-solaire, vers le 10, sera visible, à minuit, au Sud des étoiles À et y des Poissons. Observation très difficile, à faire loin de toute lumière artificielle.
- Eclipse partielle de Soleil. — Une éclipse partielle de Soleil, invisible à Paris, aura lieu le 12 septembre. Ce sera une toute petite éclipse puisque, au moment de la plus grande phase, la Lune ne cachera à peine que les cinq centièmes (exactement :
- 0,047) du diamètre du Soleil ce diamètre étant pris pour L’éclipse commencera premier point de la verra) à 4h 13m universel) ; la plus se produira à , et la lin à 5" 9m.
- Cette éclipse sera peu suivie, car elle se produira sur un espace assez limité : extrémité nord-ouest de l’Amérique du Nord, Nord-Ouest de l’Océan Pacifique et extrême pointe nord-est de l’Asie.
- IL Lune. — Les phases de la Lune, en septembre, se produiront comme suit :
- D. Q. le 5, à 7" 21m N. L. le 12, à. 4h 26»
- P. Q. le 18, à 20* 37“
- P. L. le 26, à 19“ 45“
- Age de la Lune, le Ie1' septembre, à 0h = 181,1 ; le 13 septembre, à 0“ = 0i,8.
- Pour avoir l’âge de la Lune à une autre date du mois, ajouter, aux valeurs ci-dessus, 1 jour par jour écoulé depuis le 1er ou le 13.
- Plus grandes déclinaisons de la Lune en septembre : le 6, à 18h = + 28° 41'; le 19, à 8“ = — 28° 43'.
- On remarquera la très haute altitude de la Lune dans le ciel le dimanche 6 septembre au matin, vers 6h30“‘. Il fera grand jour et un temps bien pur sera nécessaire pour cette observation. Par contre, le 18 et le 19, au moment du premier quartier, la Lune sera très basse sur l’horizon, à son passage au méridien (vers 18“).
- Périgée de la Lune (plus petite distance à la Terre), le 12 septembre, à 17“. Parallaxe = 61T8”. Distance = 363 650 km.
- Apogée de la Lune (plus grande distance à la Terre), le
- part-r de 0“ (minuit). L'heure d’été sera en vigueur pendant tout le mois, donc ajouter 1 heure à toutes les heures données ici pour établir la concordance entre les phénomènes et l’heure de nos horloges.
- 11“ 50“ 51s 11 50 13
- 11 49 34 11 48 54
- 11 48 13
- 11 47 32
- 11 46 50
- 11 46
- 11 11 11 44
- 8
- 45 26
- 44 43
- 1
- 11 43 18
- 11 42 37
- 11 41 55
- 11 41 15
- Fig, 1. — Eclipse totale de Lune du 26 septembre 1931.
- E, Contact de la Lune avec l’ombre de la Terre (en partie figurée en pointillé) au début.de l’entrée de la Lune dans le cône d’ombre terrestre. — S, Sortie de la Lune de l’ombre de la Terre (en partie figurée en pointillé). Pendant la totalité, bien remarquer la couleur des diverses parties de la Lune.
- unité.
- (pour le Terre qui la (en temps grande phase 4“ 41
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-
- 27 septembre, à 3“. Parallaxe = 53'58". Distance = 406 320 km.
- Occultations d’étoiles par la Lune. — Le 14 septembre, occultation de la belle étoile a Vierge (l’Epi), de grandeur 1,2; émersion à 10“19m,5. Observation diflicile à faire en raison du grand jour et de plus, du fait du croissant lunaire très étroit, puisque deux jours seulement après la nouvelle Lune.
- Le 30, occultation de \ Bélier (gr. 4,8). Emersion à 20h50m,5.
- Eclipse totale de Lune.-—Une très belle éclipse totale de Lune, presque entièrement visible à Paris, se produira le 26 septembre, dans les circonstances suivantes :
- Entrée de la Lune dans la pénombre............16“40m,6
- Lever de la Lune à Paris......................17 39
- Coucher du Soleil, à Paris....................17 42
- Entrée dans l’ombre........................... 17 54 ,2
- Commencement de l’éclipse totale..............19 5 ,5
- Milieu de l’éclipse...........................19 48
- Fin de l’éclipse totale....................... 20 30 ,5
- Sortie de l’ombre.............................21 41 ,7
- Sortie de la pénombre......................... . 22 55 ,3
- Grandeur de l’éclipse : 1,326, le diamètre de la Lune étant égal à un.
- L’entrée dans l’ombre se fera au bord nord-est et la sortie au bord ouest-sud-ouest (fig. 1).
- La Lune éclipsée se trouvera dans la constellation des Poissons, à l’Ouest de l’étoile 98 B, de grandeur 6,3, qui sera occultée. A observer.
- D’après la loi découverte par M. A. Danjon, le directeur de
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- produiront surtout à l’époque de la nouvelle Lune du 12. En voici quelques-unes, pour Brest, parmi.les plus importantes : Dates Marées du matin. Marées du soir.
- Heure Coefficient Heure Coefficient
- Septembre 11 3“ 7“ 88 15*28“ 96
- — 12 3 49 103 16 10 109
- — 13 4 30 114 16 51 116
- 14 5 11 116 17 31 115
- 15 5 52 111 18 11 105
- — 16 6 30 97 18 51 89
- Le phénomène du mascaret, en raison de l’importance des
- marées, se produi ra plusieurs jours de suite en septembre :
- Dates. C loefficient Arrivée du mascaret à
- de la marée Quillebeuf Villequier Caudebec
- — — — * — —
- Septembre 12 109 19*45“ 20*22“ 20*31“
- 13 114 8 3 8 40 8 49
- 13 116 20 23 21 0 21 9
- 14 116 8 43 9 20 9 29
- 14 115 21 3 21 40 21 49
- — 15 111 9 26 10 3 10 12
- III. Planètes. — Le tableau ci-après, établi à l’aide des données de VAnnuaire astronomique Flammarion pour 1931, contient tous les renseignements pour rechercher et observer les planètes principales pendant le mois de septembre 1931.
- Dates : Lever Passage Coucher Ascen- Déclinai- Diamètre Constellation
- ASTRE Septem- bre è Pa) 1 ‘is au Méridien de Paris (') à Paris. sion droite . son apparent et étoile voisine. VISIBILITÉ
- / 5 5" 12“ 11* 49“ 34s 18* 26” 10* 53“ + 7° 5' 31'46",8 Lion j
- Soleil . . . 15 5 26 11 46 8 18 5 11 29 4~ 3 18 31 51 ,8 Lion / »
- ( 25 5 40 11 42 37 17 .44 12 5 — 0 35 31 57 ,2 Vierge '
- ( 5 5 20 11 40 17 1 10 46 + 3 44 10 ,6 Lion , A la fin du mois, plus grande élongation le 21.
- Mercure . . 15 ( 25 4 4 4 7 10 10 47 43 17 17 29 20 10 11 30 3 + + 8 7 34 38 8 ,6 6 ,4 Lion Lion. )
- 5 5 3 11 49 18 32 10 51 + 8 43 9 ,8 Lion
- Vénus . . . 15 5 36 11 56 18 15 11 37 + 4 3 9 ,8 A Vierge > Inobservable.
- 25 6 5 12 2 17 58 12 22 — 1 0 9 ,8 Vierge j
- Mars. . . . 5 15 8 8 55 52 14 14 18 3 19 19 41 14 13 13 21 46 — 8 10 27 58 4 ,4 4 ,2 a Vierge j Vierge > A peine visible au crépuscule.
- 25 8 51 13 50 18 48 14 11 — 13 24 4 ,2 X Vierge \
- Jupiter. . . 15 1 52 9 19 16 46 9 2 + 17 28 30 ,4 a Cancer Le matin, à l’aube.
- Saturne . . 15 15 17 19 28 23 39 19 12 — 22 21 • 15 ,6 7t Sagittaire Première partie de la nuit.
- Uranus. . . 15 18 55 1 27 8 0 1 9 + 6 36 3 ,6 C1 Poissons Presque toute la nuit.
- Neptune . . 15 4 1 10 50 17 38 10 33 + 9 56 2 ,4 P Lion Inobservable.
- 1. Cette colonne donne l’heure, en temps universel, du passage au méridien de Paris.
- l’Observatoire de Strasbourg, cette éclipse sera très lumineuse et très colorée.
- On devra s’attacher à noter ces particularités. (Adresser les observations et photographies à la Société astronomique de France, 28, rue Serpente, à Paris.)
- Marées, Mascaret. — Les plus grandes marées du mois se
- Mercure sera visible à la fin du mois, sa plus grande élongation se produisant le 21 septembre, à 17°50' à l’Ouest du Soleil. La planète sera visible le matin, dans des conditions très favorables, du 15 au 25, sous l’aspect d’un petit croissant rappelant l’aspect de la Lune au dernier quartier (dans une lunette ne renversant pas les images).
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- Voici la phase et la grandeur stellaire de Mercure en septembre.
- Dates. Disque illuminé Diamètre Grandeur
- Septembre 3 0,02 10”,6 + 2,7
- — 8 0,02 10 ,1 + 2,5
- — 13 0,14 9 ,0 + 1,3
- — 18 0,34 7 ,8 + 0,3
- — 23 0,57 6 ,7 — 0,4
- — 28 0,77 5 ,9 — 0,8
- Vénus sera en conjonction supérieure avec le Soleil le 8 septembre, à 4h. Elle sera donc invisible pendant tout ce mois.
- Mars se couche maintenant environ une heure après le Soleil. On pourra encore l’observer dès le coucher de cet astre, à l’horizon, mais en des conditions très défavorables en raison de sa faible hauteur et de son très petit diamètre.
- Jupiter devient visible te matin, avant l’aube. Rappelons qu’une petite lunette grossissant seulement 40 fois nous montre Jupiter de la grosseur apparente de la Lune, vue à l’œil nu. Déjà on pourra suivre quelques-uns des phénomènes produits par les satellites dans leur mouvement autour de la planète centrale.
- Phénomènes du système des satellites de Jupiter.
- Date Sept. Heure Satel- lite. Phéno mène.
- |er 3* 52“ I P. c.
- 2 3 27 I Em.
- 4 4 38 IV O. c.
- 9 4 58 II Em.
- 17 3 51 I O. f.
- 17 4 41 I P. f.
- 18 3 11 III Em.
- 21 3 8 IV O. f.
- Date Sept. Heure. Satel- lite. Phéno mène.
- 24 3h 27m I O. c.
- 24 . 4 22 I P. c.
- 25 2 18 II P. c.
- 25 3 20 II O. f.
- 25 3 45 III E. f.
- 25 3 53 III Im.
- 25 3 54 I Em.
- 25 5 10 II P. f.
- Saturne est visible dès l’arrivée de la nuit. L’anneau, à présent, se referme peu à peu. En voici les éléments, à la date du
- 14 septembre :
- Grand axe extérieur .................. 39",41
- Petit axe extérieur................... . + 16'',33
- Hauteur de la Terre au-dessus du plan de
- l’anneau.............................+ 24° 28'
- Hauteur du Soleil au-dessus du plan de
- l’anneau.............................+ 23° 7'
- Titan, le plus lumineux des satellites de Saturne, est surtout visible au moment de ses élongations maxima.
- En voici la liste, pour septembre :
- Date Élongation Heure
- Septembre 8 Occidentale 21*,3
- — 16 Orientale 13 7
- — 24 Occidentale 19 9
- Titan est visible dans les petites lunettes de 50 millimètres d’ouverture.
- Uranus va se trouver en opposition le mois prochain. Il est visible toute la nuit ou presque, et vogue entre les étoiles 88 et ^ Poissons. La petite carte que nous avons publiée au Bulletin astronomique du n° 2856 et une bonne jumelle permettront de trouver et de suivre Uranus.
- Neptune est inobservable ce mois-ci.
- IV. Phénomènes divers. — Conjonctions :
- Le 1er, à O”, Uranus en conjonction avec la Lune, à 2°7 S.
- Le 4, à 10*, Mercure en conjonction avec Vénus, à 5°45'S.
- Le 7, à 8*, Vénus en conjonction avec y Lion (gr. 4,8) à 0°4'N.
- Le 9, à 16*, Jupiter en conjonction avec la Lune, à 3°58'.
- Le 10, à 6“, Mercure en conjonction avec Neptune, à 3°41'S.
- Le 10, à 20h, Vénus en conjonction avec a Lion (gr. 4,2) à 0°18'S.
- Le 11, à 7*, Mercure en conjonction avec la Lune, à 5°4'S.
- Le 11, à 7*, Neptune en conjonction avec la Lune, à 2°5'S.
- Le 12, à 6*, Vénus en conjonction avec la Lune, à 0°2'S.
- Le 20, à 12“, Saturne en conjonction avec la Lune, à 5°17'N.
- Le 23, à 17*, Vénus en conjonction avec 7) Vierge (gr. 3,7), à 0°4'S.
- Le 24, à 16u, Mercure en conjonction avec y Lion (gr. 4,8), à 0°4'N.
- Le 27, à 13*, Mercure en conjonction avec a Lion (gr. 4,2), à 0°1'N.
- Le 28, à 4*, Uranus, en conjonction avec la Lune, à 2°3'S.
- Étoiles variables. — Minima de l’étoile variable Algol ((1 Per-sée), visibles à l’œil nu : le 15 septembre, à 2ü38m; le 17, à 23*27“; le 20, à 20*16“.
- Étoile polaire-, temps sidéral. — Voici quelques passages de l’étoile Polaire au méridien de Paris :
- Temps sidéral
- Date Passage. Heure à 0*
- Septembre 8 Supérieur 2*24“ 1* 23* 4“238
- —• 18 — 1 44 49 23 43 48
- — 28 — 1 5 36 0 23 14
- Etoiles filantes. — Un grand nombre de radiants sont actifs
- en septembre. En voici la liste : Ascension Étoile voisine.
- Époque droite Déclinaison
- Septembre 3 354° + 38° 14 Andromède
- , — 3 au 14 346 + 3 (3-y Poissons
- — 6 au 8 62 + 37 s Persée
- — 8 au 10 78 + 23 ^Taureau
- .— 13 68 + 5 236 Piazzi IV4.
- — 15 au 20 10 + 35 P Andromède
- •— 15 et 22 6 + 11 y Pégase
- — 20 et 21 103 -f 68 42 Girafe
- ..— 21 et 22 74 + 44 a Cocher
- — 21 et 25 30 + 36 ^ Triangle
- — 21 21 + 18 a Bélier
- — 29 et 30 24 .+ 17 y Bélier
- L’observation du ciel révélera un assez grand nombre
- d’étoiles filantes ce mois-ci. L’étude de ces météores se recommande surtout à l’attention des amateurs.
- V. Constellations. — L’aspect de la voûte céleste le 1er septembre, à 21*, ou le 15 septembre, à 20*, est le suivant :
- Au Zénith : le Cygne, La Lyre.
- Au Nord : Le Cocher; la Grande Ourse.
- A l’Est : Pégase; Andromède; le Bélier.
- Au Sud : Le Capricorne; le Verseau; le Dauphin; l’Aigle; le Sagittaire.
- A l’Ouest : Ophiuchus; le Serpent; Hercule; la Couronne; le Bouvier. La Balance et le Scorpion disparaissent.
- A l’horizon sud apparaît le Poisson Austral où brille Fomalhaut, l’étoile de lre grandeur la plus australe visible à Paris (déclinaison — 29°59'). Em. Touchet.
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- L’AUTOMOBILE PRATIQUE
- LE CAMPING
- L’AUTO-CAMPING ET SON ÉVOLUTION EN FRANCE
- Comme beaucoup de mots sportifs, le terme d’auio-camping vient du vocabulaire anglais, mais cette sorte de sport, si l’on peut donner le nom de sport à une occupation agréable et saine, qui peut être pratiquée par tous, même par ceux qui n’ont pas le moindre esprit sportif ou qui n’ont ni l’âge, ni la santé nécessaires pour accomplir des exploits de ce genre, s’est aujourd’hui parfaitement adapté aux goûts et aux exigences particulières des automobilistes français.
- L’auto-camping jouit, d’ailleurs, depuis longtemps à l’étranger d’une vogue amplement méritée ; celle-ci tient sans doute, d’une part au développement énorme de l’usage de l’automobile aux Etats-Unis qui est répandu dans ce pays jusque dans les classes populaires, et, d’autre part, au goût des voyages et des excursions des peuples anglo-saxons. On sait qu’en Angleterre, le week-end est devenu, en quelque sorte, une habitude nationale.
- Il y a bien des manières de pratiquer l’auto-camping, mais, en tout cas, les voyages ainsi exécutés en automobile, en campant chaque jour, c’est-à-dire en couchant ou, du moins, en mangeant en plein air, et en réduisant au minimum l’aide hôtelière, se distinguent très nettement du « camping », tel que le comprennent les sportifs et, en particulier, les « scouts ».
- Il ne s’agit pas ici de mener la vie des trappeurs isolés dans les steppes ou les pampas, mais simplement de vivre sainement au grand air, tout en profitant le plus possible des agréments de la civilisation, et en gardant le maximum du confort de la vie ordinaire.
- L’auto-camping, peut être pratiqué par tous, et en famille, sans aucun risque et, au contraire, pour le plus grand bien des grands et des petits.
- Les « auto-campeurs » sont avant tout des voyageurs, pour qui, le voyage constitue la forme habituelle des vacances, car il est très rare que des auto-campeurs, à moins de circonstances particulières, se résignent à rester très longtemps au même endroit. Leur but est de visiter des régions entières, ou tout simplement d’explorer en détail un coin agréable de la France, dans les meilleures conditions d’hygiène et sans dépenses excessives.
- Les dépenses de pension et de location de chambres d’hôtel sont lourdes aujourd’hui, surtout pour une famille nombreuse. Or, l’expérience montre que le prix total d’un matériel de camping peut être remboursé en une seule période de vacances, par l’économie de frais de séjour dans des hôtels, même « moyens ».
- UN PEU DE PSYCHOLOGIE ET DE RAISONNEMENT ÉCONOMIQUE
- Malgré tout le confort relatif que l’on peut demander au matériel moderne d’auto-camping, il ne faut pas que l’auto-campeur s’attende à trouver dans son logement improvisé tous les avantages et tous les agréments d’un palace luxueux ! L’auto-campeur doit consentir par avance à ne pas toujours déjeuner à heure fixe, à ne pas trouver sur sa table de nuit, rangés en bon ordre, tous ces petits objets habituels qui faisaient l’agrément de son « home » : livres de chevet, photographies, bibelots artistiques, lampe électrique puissante et douce, etc...
- Bien souvent, sans doute, il lui faudra rechercher plus
- ou moins laborieusement un vêtement ou un objet de toilette égarés; il est exposé, malgré l’étanchéité de sa tente ou de sa maisonnette, à recevoir de temps en temps quelques gouttes de pluie; avant tout, il lui faudra savoir s’aider lui-même, se passer de domestiques, brosser ses vêtements, cirer ses chaussures, faire le paquetage de son lit, ranger ses accessoires de toilette, etc. Mais ces petits travaux, ces petits incidents acceptés avec bonne humeur ne sont-ils pas, pour les citadins surmenés par l’existence trépidante de la ville, une puissante et reposante direction,. en définitive, un des charmes de la vie simple au grand air ?
- Quels merveilleux-voyages l’on peut faire ainsi ! La nécessité de stationner en fin d’étape, vous oblige à étudier les lieux, à découvrir les paysages, et vous laisse le temps de jouir pleinement des beautés de la nature.
- A toutes ces joies saines, ajoutez la satisfaction de ne pas obérer le budget familial : le logement, en effet, ne coûte rien; quant à la nourriture, elle est presque toujours meilleur marché qu’à la maison, puisqu’on campe généralement à proximité de villages où, les vivres, en tout cas les légumes, le lait, les œufs, etc., sont moins chers qu’à la ville.
- L’automobile, àn otre époque, n’est plus pour son propriétaire un objet de luxe, mais, le plus souvent, un moyen de transport. Sans doute, tout le monde en France n’a pas encore sa voiture, comme aux Etats-Unis. Mais déjà beaucoup de petits fonctionnaires, de commerçants modestes, la plupart des médecins, possèdent une voiture qui leur sert à l’exercice de leur profession.
- Ces « Français moyens » reculent souvent pour leurs vacances devant la dépense d’un long séjour à l’hôtel, avec leur famille. A ceux-là, l’auto-camping apporte la solution heureuse d’un problème difficile.
- QUAND, COMMENT ET OÙ CAMPER.
- En principe, le camping peut être pratiqué en toutes saisons, et il y a des campeurs héroïques qui se livrent à leur sport favori même l’hiver par les températures les plus rigoureuses; mais ceux-là sont uniquement des sportifs. Si l’on considère l’auto-camping, non plus comme un sport, mais comme un plaisir et un délassement agréable, on évitera de le rendre difficile et dangereux en le piatiquant dans la mauvaise saison.
- Pour le camping, le soleil est donc indispensable, car non seulement il rend les excursions et les séjours plus agréables, mais encore il diminue singulièrement les difficultés du campement.
- L’auto-camping étant avant tout une manière de voyager, il est bien rare que l’on ait à envisager l’établissement d’un campement fixe ou même semi-fixe, pour un stationnement de plusieurs jours. Il peut arriver, bien entendu, dans une région particulièrement agréable ou intéressante, que l’on veuille prolonger le séjour. Mais, en principe, il faut prévoir que l’on aura à déplier son matériel chaque soir et à le replier chaque matin; il devra donc présenter un encombrement minimum.
- Pour le choix du lieu de campement, il y a quelques règles à observer : en théorie, il faut au préalable l’autorisation soit du propriétaire du terrain choisi, soit du maire du pays, s’il s’agit d’un terrain communal. En général, pourtant, le campeur n’aura pas d’ennuis de ce fait; il est, d’ailleurs, préférable de choisir un terrain appartenant à un propriétaire,
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- Fig. 1.— Mallette-table contenant des sièges pliants et un équipemen complet pour les repas en plein air (Modèle Kiss-Plg).
- et d’en avertir celui-ci. Le terrain choisi doit être le plus plat et le plus sec possible, mais il ne faudra pas élever son campement sur un terrain creux à cause des risques d’inondations, toujours à craindre.
- Il faudra prévoir le ravitaillement en eau potable, même si l’on possède des filtres ou des systèmes de pasteurisation; il sera donc bon d’établir Je-campement à proximité d’une source. De même, il faut placer, autant que possible, la tente ou la maisonnette à l’ombre, parce qu’on ne lève pas généralement le campement très tôt le matin, et il est bon, enfin, de choisir un emplacement qui ne soit pas trop écarté de la route par laquelle est venue l’auto, et pas trop éloigné d’un centre de ravitaillement.
- Certains craignent encore les dangers que peut présenter l’auto-camping, il semble pourtant qu’ils soient réduits au minimum, à condition de bien choisir les accessoires qui permettent de le pratiquer. Il n’y a pas en France d’animaux dangereux, et les insectes n’entrent pas plus facilement dans une tente ou une maisonnette que dans une chambre d’hôtel. L’isolement au point de vue de l’humidité, peut être très facilement réalisé à l’aide de moyens appropriés. Quant au danger des rôdeurs, il est pratiquement inexistant, en France, surtout si les campeurs sont en famille, ce qui est le cas général.
- Fig. 3.
- Une remorque et son attelage (modèle Stella).
- LES AUTOMOBILES ET LES REMORQUES,
- LES AUTO-ROULOTTES
- On peut pratiquer l’auto-camping avec n’importe quel genre de véhicule automobile, side-car, motocyclette, une voiturette ou automobile de grand tourisme, mais il est bien évident qu’avec une automobile plus puissante, on pourra transporter un matériel de camping plus important et plus perfectionné, donc pratiquer plus agréablement ce délassement nouveau.
- Si l’on ne possède qu’une motocyclette ou qu’une petite voiturette, il faudra se contenter d’un matériel très réduit que l’on placera sur la voiture elle-même; si l’on a à sa disposition une voiture de tourisme, la solution la meilleure sera de placer tout le matériel de campement, non pas dans l’auto elle-même, mais dans une petite remorque qui sera attelée à la voiture.
- Sans doute existe -t-il maintenant des malles très perfectionnées, qui sont placées à l’arrière de l’automobile, et dans lesquelles on pourrait déjà faire tenir un Fiy. 2. — Malle cantine et malle matériel de campement im- cuisine formant coffret de marche-portant. Il y a aussi des en- pied nodèles F/ss-P/y). semblés de camping très
- commodes, qui sont fixés sur le marchepied même de la voiture, mais tous ceux qui veulent se livrer vraiment à l’auto-camping d’une manière sérieuse, et qui possèdent une voiture d’au moins 7 à 10 ch auront grand intérêt à utiliser une remorque séparée. Sans doute peut-on, pour un court voyage, remplir la carrosserie de l’automobile avec des
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- bagages nombreux et variés, mais tous ceux qui ont pratiqué le grand tourisme ont vite reconnu les inconvénients de cette manière de procéder, et ont constaté la nécessité d’effectuer un classement méthodique et un rangement convenable des bagages emportés, de manière à les rassembler sous un petit volume et à réduire au minimum le temps du déballage et de la mise en place (fig. 1 et 2).
- Gomme le montrent les figures 3 et 4, les remorques que l’on peut trouver à l’heure actuelle dans le commerce, sont très pratiques; leur attelage s’effectue au moyen d’une mâchoire qui s’adapte très rapidement à une voiture quelconque. Leur poids est inférieur en général à 350 kg en ordre de marche; elles sont montées avec des roues amovibles et des bandages pneumatiques, de sorte que la puissance nécessaire pour les traîner, et la dépense correspondante d’essence et d’huile supplémentaires, sont très faibles.
- En principe, le matériel d’auto-camping, et, en particulier, tout le matériel de couchage, doit être complètement démontable et renfermé de préférence dans une remorque séparée.
- Sans doute, nous avons pu voir dans differents salons et expositions ou même présentées dans des villes d’eau, des auto-roulottes auto-motrices ou entraînées par une voiture
- Fig. 5.
- Une « auto-roulolie » automotrice : véritable maison roulante, munie d’un canoë, construction originale, mais coûteuse et peu pratique.
- Fig. 4. — Voilure de tourisme et sa remorque sur rouie, et au campement {modèle Stella).
- Ce genre de matériel a été bien perfectionné et l’on trouve maintenant de petites valises qui ne sont guère plus grandes que des valises de voyage, dont l’armature forme table et qui renferment les chaises pliantes et les fauteuils, la vaisselle, les couverts, les réchauds, les bouteilles thermos et tout le matériel nécessaire pour prendre ses repas dans les meilleures conditions d’hygiène et de confort (fig. 1).
- Ces facilités ont séduit déjà un grand nombre d’automobilistes, elles en séduiront beaucoup d’autres et les amèneront peu à peu à l’auto-camping intégral. L. Picard.
- séparée, et qui constituent de véritables petites « maisons sur roues ». Ces véhicules sont très coûteux, très lourds, et peu maniables (fig. 5) ; ils peuvent être employés par des amateurs très riches ou originaux, mais nous ne pensons pas qu’ils soient appelés à un grand avenir.
- LES PIQUES-NIQUES
- Il y a beaucoup d’automobilistes qui n’osent se livrer aux joies de l’auto-camping, soit parce qu’ils ont des enfants en bas âge, soit parce qu’ils redoutent de coucher en plein air, et dans un endroit isolé. Pour ceux-là, il est toujours au moins possible, d’éviter les repas à l’hôtel pendant leurs déplacements et de s’offrir aisément le plaisir de déjeuner « sur l’herbe », comme on disait autrefois.
- Pour l’automobiliste, ce n’est plus là, du reste, qu’une expression imagée qui a perdu son sens propre : rien de plus facile, pour lui, en effet, que de se munir de chaises et de fauteuils confortables, de tables pliantes, de récipients thermos qui gardent les aliments chauds ou froids à volonté, sans parler des réchauds qui lui permettent de faire des infusions et du café bouillant (fig. 6).
- Fig. 6. — Fauteuil métallique pliant pour auto-camping (modèle Kiss-Ply).
- Adresses relatives aux appareils décrits :
- Accessoires de camping Kiss-Ply, 152,avenue de Saint-Ouen, Paris (18e).
- M alleltes-iables Marvell, 42, rue des Petites-Écuries, Paris (10e).
- Chalet et tente remorque Stella, 111, faubourg Poissonnière, Paris.
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- CHRONIQUE D’AVIATION
- Record de vitesse en circuit fermé.
- Sur un avion Latécoère 28 équipé d’un moteur Hispano-Suiza de 650 ch, le lieutenant de vaisseau Paris a effectué, le 11 avril dernier, un vol de 2000 km, avec une charge de 1000 kg, à la moyenne horaire de 228 km-h.
- Il s’est attribué, ainsi, les records de vitesse sur 2000 km, avec charge de 1000 kg, avec charge de 500 kg, et sans charge.
- Ces trois records appartenaient, le premier, à Steindorff {appareil Rohrbach-Roland 690 ch, 205 km-heure 407), les
- Fig. 1. .
- Amphibie de tourisme Schreck F. B. A. 310.
- deux autres à Haya et Rodriguez (appareil Breguet 600 ch, 220 km-heure).
- Piloté également par le lieutenant de vaisseau Paris, le même appareil, équipé en hydravion à flotteurs, détient, déjà, huit records mondiaux.
- Amphibie de tourisme Schreck F. B. A. 310
- L'appareil amphibie est une solution élégante du problème de l’avion de tourisme. Capable de se poser soit sur un. terrain,
- soit sur un plan d’eau, il multiplie les points d’atterrissage possibles et augmente ainsi la sécurité et la facilité des voyages.
- Un amphibie de tourisme était présenté, au dernier Salon de l’Aéronautique, par les ateliers Schreck F. B. A.
- Cet appareil, le Schreck F, B. A. 310, possède une voilure monoplane fixée à 3a partie supérieure de la coque et haubanée transversalement par mâts obliques. Cette voilure est de forme rectangulaire, à extrémités arrondies; elle est largement échan-crée à la partie médiane du bord de fuite (pour le passage de l’hélice) et porte des ailerons de grand allongement et encastrés.
- La structure des ailes est classique : longerons caissons, nervures bois, recouvrement en toile.
- Les mâts obliques, métalliques, portent les ballonnets latéraux; au droit des ballonnets, ils sont réunis par une traverse et s’appuient sur les longerons de l’aile par l’intermédiaire de contrefiches. Le haubanage est complété par deux paires de haubans fuselés, obliques, reliant la voilure au bâti-moteur.
- La coque est formée de quatre longerons (frêne), de couples transversaux, et d’un recouvrement en contreplaqué d’épaisseur variable.
- Des cloisons étanches assurent la flottaison, en cas de crevaison.
- De formes assez peu amorties, la coque est courte et ne porte qu’un seul redan.
- Elle est surélevée, de la pointe avant au bord de fuite de l’aile, et forme, ainsi, la cabine de l’équipage (conduite intérieure). L’empennage, cruciforme, est bien dégagé; il porte des volets non compensés, actionnés par commandes rigides.
- Le Schreck F. B. A. 310 est monté normalement avec un moteur Lorraine 120 ch, 1700 t/m., comportant 5 cylindres en étoile à refroidissement par l’air. Fixé à l’arrière d’un fuseau, porté au-dessus du plan par une pyramide de mâts en N, ce moteur actionne directement une hélice propulsive à deux pales.
- L’atterrisseur, relevable, comporte pour chaque roue deux barres obliques articulées sur le flanc de la coque, et une barre télescopique s’appuyant à la ferrure de fixation du longeron arrière de l’aile.
- Dans la position relevée, la roue vient s’appliquer le long de la coque. L’appareil peut, d’ailleurs, par démontage de l’atterrisseur, être utilisé en simple hydravion; sa charge utile et ses performances sont alors légèrement améliorées.
- Les caractéristiques principales du Schreck F. B. A. 310 sont les suivantes :
- Envergure .................... 12m 50.
- Longueur.................................. 7 m 50.
- Surface.................................. 21 mq.
- Poids vide............................. 720 kg.
- Poids total (2 personnes à bord) .... 970 kg.
- Vitesse maxima ........................ 140 km-h.
- Vitesse d’atterrissage................... 60 km-h.
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- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séances de juin 1931.
- ÉLECTR CITÉ
- Sur un oscillateur électrique à basse fréquence, sta= bilisé par un diapason (M. Georges Mabboux). — Pour entretenir les vibrations d’un diapason, on se bornait jusqu’ici à l’emploi d’un électro-aimant, commandé par un contact fonctionnant en trembleur ou, mieux, par une bobine auxiliaire reliée à la grille d’une lampe triode. Dans ces conditions, il restait difficile de régler la phase de l’impulsion pour réaliser l’isochronisme.
- Pour obtenir simultanément l’entretien de la vibration et la stabilisation d’un circuit oscillant par le diapason lui-même, M. Mabboux place une bobine unique entre les branches du diapason et la relie à la grille d’une triode. Une résistance de fuite maintient un potentiel moyen, une capacité interceptant le courant continu. Quand on amène progressivement le circuit oscillant à l’unisson avec le diapason, celui-ci se met en mouvement et l’on entend des battements qui s’espacent jusqu’au moment où un accrochage brusque se produit et où le diapason impose sa fréquence au circuit oscillant. La période de ce dernier peut varier de 5 pour 100 sans entraîner le décrochage. Les phénomènes présentent une analogie avec ceux que donnent les quartzs piézoélectriques : dans ce dernier cas, la vibration se comporte à la manière d’une self-induction fictive et, dans le cas du diapason, les propriétés élastiques et électromagnétiques du système introduisent une capacité fictive à la façon du condensateur électrodynamique de Swinburne.
- CHIMIE VÉGÉTALE
- Le principe sucré des feuilles de Kaa=hê=é (MM. Bri-del et R. Lavieille) . — Petite plante, de la famille des Composées, le Kaà-liê-é a été décrit sous le nom.de Stevia Rebaudiana Bertoni et son nom est attaché aux travaux de Rebaudi, Rasenack, Dieterich et Robert,. Originaire du Paraguay, il présente des feuilles douées d’une saveur sucrée remarquable dont le principe, dénommé eupatorine, par Dieterich, doit, conformément aux décisions du Congrès de Copenhague (1924), recevoir l’appellation de stévioside.
- Par traitement des feuilles, on peut obtenir, dans une série de cristallisations successives, 60 gr par kg de feuilles sèches, d’une poudre légère, incolore, présentant des prismes allongés. Sa saveur sucrée — trois cents fois celle du saccharose — fait place, pour une quantité un peu forte, à une saveur amère, très prononcée.
- Au bloc Maquenne, ce stévioside fond à 238-239°; il peut retenir de 5,85 à 8,52 pour 100 d’eau, dans le vide à 150°. Anhydre, il est lévogyre et sa solution à 0 g 50 pour 100, faite à froid, laisse déposer les aiguilles feutrées d’un hydrate fusible à 228-229°. Il semble que le glucoside du Kaà-hê-é doit renfermer deux molécules de glucose pour une de stéviol.
- MÉDECINE EXPÉRIMENTALE
- La maladie du jeune âge des chiens est transmissible à l’homme (M. Charles Nicolle). -— On sait que l’homme reçoit la rage du chien, la tuberculose des bovidés, la morve du cheval, la fièvre méditerranéenne de la chèvre et la peste du rat, ces animaux jouant à son égard le rôle de réservoir de virus. Il peut paraître étrange que, dans ces échanges, le rôle d’agent contaminateur soit unilatéral et, comme le chien vit en communauté avec l’homme depuis les temps les plus reculés et que, de nos jours, il n’échappe jamais à la maladie
- du jeune âge, il restait étonnant de voir l’homme présenter une résistance à ce mal.
- En utilisant un virus fourni par L. Blaizot qui le tenait de Lebailly, M. Charles Nicolle inocule un jeune animal et, avec 5 cm5 de son sang défibriné, inocule sous la peau, une heure après la saignée, un homme, un jeune singe (callitriche) et un chien : au quatrième jour, ce dernier présente l’élévation thermométrique ordinaire (40° et au-dessus). Au sixième jour, on fait un prélèvement sur l’homme et sur le singe, pour pratiquer une inoculation par voie péritonéale, sur deux jeunes chiens rigoureusement isolés. On doit remarquer que le singe et l’homme n’ont présenté aucune réaction fébrile ; cependant si le chien qui a reçu le sang du singe ne fournit aucune réaction, celui qui a reçu le sang de l’homme accuse nettement l’élévation de température caractéristique. Enfin, la maladie a pu être transmise à un nouvel animal, au troisième passage.
- Ainsi l’homme est sensible au virus de la maladie du jeune âge sous forme rigoureusement inapparente; il peut donc, dans certains cas, jouer, à son insu, le rôle de réservoir par rapport aux animaux, et, comme il est établi que, deux espèces étant sensibles à un virus, l’une sous une forme nette, l’autre sous forme atténuée ou dissimulée, la maladie est plus ancienne chez la seconde, il reste à penser que l’affection du jeune âge, chez le chien, est une affection primitive de l’homme. • Elle se serait lentement effacée de la pathologie humaine, des atteintes répétées ayant entraîné une immunité héréditaire, et ne frapperait sévèrement que l’animal.
- VOLCANOLOGIE
- Volcans sous=marins abyssaux (M. J. Thoulet). — L’auteur, utilisant les recherches de I.-Y. Buchanan et de Renard sur la densimétrie de l’eau marine et l’examen microscopique des sédiments, établit, dans une série de diagrammes, de profils longitudinaux et de tableaux synoptiques, le rôle de premier plan que les profondeurs abyssales de la mer jouent dans l’économie générale de la nature.
- Le volcanisme a pour origine, dans ses manifestations marines, la diminution de volume continue que subit le globe terrestre et sa distribution, inégalement répartie, se montre plus serrée le long des grandes failles sous-marines. L’océan Pacifique traduit son activité volcanique, par les tsunamis du Japon et les raz de marée, alors que l’océan Atlantique manifeste une activité fort réduite : dans les sédiments abyssaux du premier dominent des argiles rouges, ceux du second présentant plutôt des vases calcaires à globigérines. Dans le cycle de l’eau, en contribuant à la transformation continue de l’eau salée en eau douce, par évaporation, et de celle-ci en eau marine, le volcanisme abyssal constitue un anneau indispensable. Les océans présentent des colonnes sursalées, sortes de fleuves verticaux, descendants, dont les eaux parvenues au sol abyssal se réchauffent, s’allègent, remontent, pour se mélanger enfin à des eaux de même composition et se prêter à une nouvelle évaporation.
- Ce volcanisme sous-marin s’atténue peu à peu; le sol des' continents subit des Rangements de niveau qui déplacent les océans; certains points, jadis inondés et fertiles, sont devenus des déserts et la série des phénomènes dont la géologie enseigne l’histoire cessera de se reproduire avec la disparition de ce volcanisme, correspondant à une dessiccation totale du globe qui, mort, roulera dans les espaces interstellaires à la façon de la lune. Paul Baud.
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- LIVRES NOUVEAUX
- Deux heures de physique. Structure de l'électricité, par F. Wolfers, 1. vol. 248 p. Éditions Kra. Paris, 1931. Prix : 15 francs.
- Dans ce livre de bonne et sérieuse vulgarisation, l’auteur expose la série des découvertes qui ont conduit à la conception corpusculaire de l’électricité : il brosse un clair tableau des plus récentes théories physiques et il fait comprendre au lecteur la majestueuse beauté et la fécondité de ces synthèses.
- Unités et mesures photométriques, 1 brochure,
- 95 pages, 60 fig. Édition 1931. Société pour le perfectionnement de l’éclairage, 134, boulevard Ilaussmann, Paris (envoyée gratuitement sur demande).
- L’éclairage est aujourd’hui définitivement sorti de la période d’empirisme : dans une installation rationnellement conçue, on fixe l’éclairement des diverses surfaces qui doivent recevoir la lumière, et partant de là on détermine l’intensité et la répartition des sources lumineuses. Les projets, les contrôles expérimentaux se traduisent en chiffres précis. La connaissance et le maniement des unités photométriques, la pratique des mesures des grandeurs qu’elles expriment sont donc aujourd’hui indispensables à quiconque veut commander ou réaliser une installation d’éclairage. L’excellente brochure de vulgarisation que réédite la Société pour le perfectionnement de l’éclairage rend cette initiation particulièrement facile.
- Propagation d'une onde sonore dans l'atmosphère et théorie des zones de silence, par H. Gal-brun. 1 vol. 352 p., 6S fig. Gauthier-Villars, Paris, 1931. Prix : 70 fr.
- Définissant les surfaces de front d’onde comme le siège de discontinuités dans le mouvement d’un fluide, l’auteur en étudie mathématiquement la propagation dans un fluide dont l’état varie, d’une façon continue, avec l’altitude; il en déduit les équations différentielles des rayons sonores, étudie la forme de ces rayons dans l’atmosphère terrestre et dans une masse d’eau de vaste étendue, mer ou lac, puis la variation de la grandeur d’une discontinuité le long d’un rayon. Cette étude mathématique approfondie permet d’aborder par le calcul le problème des zones de silence et de faire, par voie déductive, l’exploration géométrique des zones de silence et l’audition correspondant à une source sonore ponctuelle. L’important travail théorique de M. Galbrun aboutit ainsi à des conclusions qui ne sont, bien entendu, valables que dans la mesure où les hypothèses initiales sur la constitution de l’atmosphère sont exactes; mais les conditions admises par l’auteur étant en pratique, assez voisines de la réalité, ses conclusions doivent se prêter à des vérifications expérimentales et pourront servir de guide aux physiciens et météorologues qui voudront préciser le mécanisme de ces phénomènes.
- Jornadas de Onda Corta. 1 vol. illustré, 244 p. Imprenta : Revista Iberica, Palau 3, Apartado 143, Barcelona (Espagne), 1931.
- Ce volume contient les comptes rendus des « journées des ondes courtes » au 1er Congrès des amateurs espagnols de radio, tenu à Barcelone, du 15 au 17 novembre 1929. On y peut lire de très intéressantes communications qui ont gardé toute leur valeur d’actualité : citons les savantes conférences du Dr Blas Cabrera, sur les problèmes de transmission des ondes courtes, sur l’atome émetteur d’ondes électromagnétiques, sur les rapports entre la lumière et les ondes électromagnétiques, celles de M. R. Mesny sur la propagation de ces ondes, sur la téléphotographie, sur les émissions dirigées et les ondes ultracourtes, les observations de M. Arzuso poursuivies pendant un an sur les communications par onde de 30 m entre Madrid et Barcelone, de M. A. Planés sur les différents circuits émetteurs et récepteurs en ondes courtes (de 10 à 50 m), pour amateurs, une communication du Dr J. Balta-Elias sur les anomalies de propagation des ondes courtes observées à Barcelone.
- Fabrication et raffinage des huiles végétales, par
- J. Fritscii. 1 vol. 794 p., 100 fig. Amédée Legrand, Paris, 1931. Prix : 130 fr.
- Après un rappel de la constitution chimique et des propriétés physiques et chimiques essentielles des corps gras, cet ouvrage aborde l’étude détaillée de la technique de fabrication des huiles végétales : manutention, nettoyage et estimation de la valeur des graines oléagineuses; différents procédés d’extraction de l’huile brute par broyage, par pression ou par dissolution, et description des diverses machines en usage. Une grande partie du volume est ensuite consacrée à des monographies des nombreuses huiles végétales que peut fournir aujourd’hui l’industrie. Il s’achève par la description des procédés de raffinage. Cet ouvrage qui rassemble une très abondante documentation et est au courant des procédés les plus modernes, rendra de précieux services aux industriels et techniciens de l’huile végétale.
- The figure of the earth, 1 vol. illustré 286 p., publié par the National Research Council of the National Academy of Sciences. Washington, 1931. Prix : 3,5 dollars.
- Ce volume composé sous la direction d’un comité de savants américains réunit des notes dues à un certain nombre de spécialistes et dont le but est de présenter dans son ensemble l’état actuel de la question de la forme de la Terre. En voici la liste : théorie des marées par A. T. Doodson (de Liverpool); calculs et prédictions des marées, par P. Schureman, niveau moyen de la mer par IL A. Marmer; marées terrestres, par W.D. Lambert; frottement de la marée, par W.D. Lambert; isostasie, par W.Bowie; influence de l’isostasie sur les conceptions géologiques, par H. Fielding Reid; forme et dimensions de la Terre, par W. D. Lambert; détermination de « g » au moyen de pendule, par
- C. H. Swick; mesures de la pesanteur par la balance d’ «Eotvos», par
- D. C. Barton; instruments géodésiques, par Parkhurst; les plus grands problèmes de géologie physique, par Cl. E. Dutton (réédition d’une conférence prononcée en 1889); mesure des altitudes,par Avers; détermination des positions géographiques par feu Hodgson; la variation de la latitude, par N. D. Lambert, F. Schlesinger et E. W. Brown.
- La culture des fleurs en forçage hâtif. Fleurs coupées. Potées fleuries, par antonin Rolet. i vol. in-16, 184 p., 83 fig., J.-B. Baillière et fils, Paris, 1931. Prix 10 francs.
- L’engouement pour les Heurs est tel qu’on en veut aussi en hiver, d’où les pratiques de forçage. Notre collaborateur traite des plantes à oignons, bulbe, tubercule, rhizome, des arbrisseaux et arbustes, etc., aussi bien pour la production commerciale de la fleur coupée et des potées fleuries que pour la culture familiale; il indique la façon de les soigner, de les entretenir en appartement et même, quand la chose est possible, le parti que l’on peut encore en tirer dans la suite, après la floraison. 11 étudie aussi en détail une méthode particulière pour les branches boutonnées de mimosa, répandue sur la Côte d’Azur. Enlin il donne quelques indications sur divers procédés qui permettent d’abréger la durée du forçage en serre chaude, tels que la préréfrigération, l’éthérisation, le bain d’eau chaude, etc.
- La culture des tissus en biologie expérimentale,
- par Emile C. Craciun. 1 vol. in-8, 442 p., 72 fig. Masson et Cie,
- Paris, 1931. Prix : 55 francs.
- Depuis une vingtaine d’années, la culture des tissus est devenue un moyen précieux d’aborder divers problèmes biologiques et a donné lieu à de fort nombreux travaux. En voici un exposé très complet et très méthodique montrant tout ce qu’on en a tiré. L’auteur rappelle les débuts de ces recherches, puis indique les méthodes techniques qui se sont peu à peu perfectionnées et, dans une série de chapitres, montre ce qu’elles ont appris de la vie des cellules, détachées de l’organisme, de leur sensibilité aux agents chimiques et pharmacologiques, aux radiations, aux bactéries et aux toxines et comment elles posent sous un jour très précis le problème du cancer et des tumeurs.
- Le livre de chasse du Roy Modus. Nouvelle édition transcrite en français moderne, avec une introduction et des notes, par M. Gunnar Tilander. 1 vol. in-8, 204 p., 51 fig., d’après les miniatures du Manuscrit 12399 de la Bibliothèque nationale. Librairie cynégétique, Émile Nourry, Paris, 1931. Prix: 100 francs.
- Le Roy Modus est le premier grand traité de chasse écrit en français. Composé dans la seconde moitié du xive siècle et contenant beaucoup dç termes techniques, il.était déjà d’une lecture difficile pour un romanisant et à peu près illisible pour qui n’a étudié spécialement le français archaïque. M. Gunnar Tilander, qui a consacré de longues années à l’étude de cette langue et de cet ouvrage en particulier, a rendu un grand service aux chasseurs et à tous les curieux des anciennes mœurs, en nous donnant cette très exacte transcription en français moderne. L’auteur, un certain Henri de Ferrières, dont nous ne connaissons que le nom, fut un observateur attentif et sagace. On en peut juger par ses savoureuses descriptions des bêtes de chasse dont il connaît fort bien les qualités et les ruses; par sa façon de parler des chiens, de leurs races, de leurs caractères et de la manière de les faire travailler. L’exposé des anciens modes de chasser et de braconner est encore plus instructif et plus pittoresque, certains d’entre eux ont d’ailleurs entièrement disparu. On usait alors des pièges et des engins même pour la prise des grosses bêtes et l’auteur nous parle de maintes captures sensationnelles. La fauconnerie et les rapaces, très en honneur à la fin du xive siècle, sont l’objet de chapitres du plus vif intérêt. Une remarquable iconographie du xive siècle illustre le texte.
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- PETITES INVENTIONS
- OBJETS UTILES
- Le simpliphone pour sourds.
- Les appareils de, renforcement des sons pour les sourds sont nombreux, mais il en est peu d’aussi légers, d’aussi peu encombrants, d’aussi étudiés que celui qui vient de voir le jour sous le nom de « simpliphone ».
- Il se compose en tout et pour tout de deux petites pièces : l’une, l’écouteur (lig. 1), qu’on met dans le conduit de l’oreille; l’autre, le microphone, qui sert de logement à une petite pile et qu’on accroche à la poche du gilet (lig. 2). Les deux sont réunis par un simple cordon de quelques centimètres qui relie discrètement... la poche du gilet à l’oreille.
- Le microphone est du type à granules pleins et à membrane extra-mince, obéissant aux plus faibles vibrations acoustiques.
- Les contacts de la pile sont assurés par des pièces très simples et robustes, les connexions internes étant réduites au strict minimum, c’est-à-dire 4 centimètres de conducteur.
- L’écouteur a été l’objet de patientes recherches et son dispositif électromagnétique nouveau permet de réaliser avec un poids de 6 grammes un écouteur au moins aussi puissant qu’un très bon gros écou-Fig. 2.— L'ensemble tCur normal.
- de l’appareil. Cette réduction du poids est abso-
- lument indispensable pour la stabilité du maintien de l’écouteur, dont ’embout pénètre dans le conduit auditif — et elle est obtenue par 1 emploi d alliages magnétiques nouveaux, par l’utilisation rationnelle du circuit magnétique, et par sa disposition à l’intérieur du boîtier. La membrane de l’écouteur, malgré son faible diamètre, rend avec une égale intensité toute la gamme des sons auditifs.
- Le réglage de l’écouteur est obtenu par la y rotation du boîtier por-
- tant la membrane, sur le corps portant les pièces polaires ; on modifie ainsi l’entrefer du circuit magnétique, le résultat étant un affaiblissement du son si on tourne de « Max » vers « Min ».
- La progressivité est absolue et aucun crachement ne suit une modification de ce réglage, contrairement à ce qui a lieu dans les
- appareils à réglage du son par résistances. Le sourd peut ainsi adapter son audition à l’état momentané de sa perception.
- Un simple cordon conducteur souple relie l’écouteur aü micro, ce qui réduit les connexions apparentes au minimum.
- Quand l’appareil doit être remisé dans la poche ou dans le sac, un logement ad hoc du boîtier microphone reçoit cet écouteur et son cordon.
- En résumé un ensemble : appareil électrique pour la surdité a été créé, qui rend enfin possible aux durs d’oreilles la perception des sons, dans des conditions de commodité, de légèreté, de discrétion, qui n’existaient pas jusqu’alors.
- C’est un nouveau soulagement apporté aux ennuis des sourds.
- Constructeurs : Clarvox-Porgès, 12, boulevard Magenta, Paris.
- Pièges à reptiles.
- Un inventeur, M. Bourdin, a étudié depuis de longues années les mœurs des reptiles et s’est familiarisé notamment avec les vipères qu’il sait charnier. 11 a imaginé un piège très simple et d’une efficacité absolue, qui a attiré une foule d’amateurs à la Foire de Paris.
- La capture des vipères, en effet, est une question importante pour nombre d’habitants des campagnes dans les coins où les vipères sont nombreuses et où chaque année il se produit des accidents souvent mortels.
- Le piège est un coffre avec couvercle amovible. Sur les 4
- HACHOIR
- côtés du coffre se trouvent des entrées formant des sortes de trous dans l’un desquels la vipère s’engage avec précaution et prudence. En effet, le reptile lorsqu’il se déplace, ne laisse jamais un trou sans l’explorer. Toujours avec méfiance, il pénètre donc dans l’un des trous du piège qu’il rencontre.
- A peu de distance de l’entrée se trouve, une petite membrane articulée qui forme une sorte de clapet et qui donne l’impression au reptile qu’il rencontre un obstacle naturel, pierre ou racine. Après quelques instants d’hésitation, il force sur le clapet qui s’ouvre et le reptile a accès dans le milieu du coffre.
- Mais le clapet ne s’ouvre que dans un seul sens, il a tendance à se refermer, de sorte que le reptile ne peut revenir en arrière. Il continue donc à ramper et finalement se trouve tout entier dans le piège.
- Comment faire maintenant peur détruire les divers reptiles qui se sont laissés prendre. Pour cela on passe un hachoir dans des fentes formant glissières et l’on coupe en tranches les reptiles pris. Aucun ne survit bien entendu à un tel traitement.
- Des essais nombreux ont montré la sécurité complète de ce piège cependant fort simple, qui rendra certainement les plus grands services à tous ceux qui redoutent avec juste raison la présence des vipères dans leur voisinage.
- En vente chez M. Bourdin, 185 bis, rue Ordener, Paris.
- Fig. 1. — L’écouteur qui se place dans le conduit de l’oreille.
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- BOITE AUX LETTRES
- QUESTIONS
- Erratum.
- Le supplice d’un tarin (n° 2859).
- Nos lecteurs ont sans doute corrigé à';,la 7° ligne avant la fin : « Il lui est impossible de se pencher vers la baignoire » et non percher comme il a été imprimé.
- Adresses relatives aux appareils décrits :
- Les horloges à mouvement perpétuel. — Horloge Atmos : constructeur : Compagnie générale de Radiologie, 34, boulevard de Vaugirard, Paris. En vente chez Kirby-Beard et Cie, 5, rue Auber, Paris et dans toutes les bonnes horlogeries.
- RÉPONSES
- Construction d'un amplificateur phonographique.
- Il est facile à l’heure actuelle de réaliser un amplificateur phonographique fonctionnant directement à l'aide du courant d’un secteur alternatif, et actionnant un haut-parleur électrodynamique.
- Tîn tel appareil peut comporter simplement un étage d’entrée avec une lampe à chauffage indirect et un deuxième étage comportant une lampe de puissance du type ordinaire à forte tension plaque ou deux lampes montées en push-pull.
- Vous pouvez trouver très facilement dans le commerce les pièces de montage servant à la réalisation d’un tel dispositif, et certains constructeurs fournissent même les schémas adaptés à ces pièces de montage. Vous pouvez vous adresser, par exemple, à ce sujet, aux établissements Brunet, 5, rue Sextius-Michel, Paris.
- Réponse à M. Ferreira de Miranda, à Lisbonne (Portugal).
- Alimentation d’un récepteur radiophonique par te courant d’un secteur.
- Comme nous l’avons expliqué maintes fois dans nos chroniques, un sans-filiste possédant déjà un appareil alimenté par des accumulateurs peut envisager plusieurs solutions lui permettant d’alimenter cet appareil par le courant d’un secteur alternatif.
- Il peut tout d’abord se contenter de conserver ses batteries et d’utiliser des appareils de recharge automatiques à fonctionnement intermittent ou continu à très faible débit; cette solution est intéressante mais indirecte. Mais il peut aussi supprimer complètement les batteries d’accumulateurs d’alimentation et adopter un système d’alimentation fournissant du courant redressé et filtré à la fois pour l’alimentation des filaments et l’alimentation des plaques des lampes.
- A l’heure actuelle, le courant servant au chauffage des filaments est généralement redressé par des cellules du genre oxymétal, et filtré ensuite dans un circuit comprenant des bobinages à fer et des condensateurs électrolytiques de très grande capacité. Quant au courant de plaque, il peut être redressé soit également par des soupapes oxymétal, soit par une valve électronique, et il est ensuite filtré également par un circuit filtre comportant des capacités et des bobinages à fer.
- Lorsqu’on veut choisir un tel système d’alimentation, il faut connaître évidemment, non seulement les tensions plaque nécessaires, mais surtout l’intensité totale du courant plaque. Si, en effet, la plupart des dispositifs d’alimentation de ce genre permettent d’alimenter facilement, quel que soit leur type, un nombre assez grand de lampes à faible consommation, l’intensité maximum du courant plaque qu’ils peuvent fournir dépend du type considéré.
- Si un dispositif d’alimentation puissant peut parfaitement servir à alimenter un poste de T. S. F. comportant peu d’étages d’amplification, par contre, un dispositif d’alimentation réduit ne peut être utilisé pour l’alimentation d’un récepteur à multiples étages. En cette matière, c’est toujours le principe « qui peut le plus, peut le moins » qui demeure exact.
- Comme votre appareil à changement de fréquence comporte 7 lampes et que nous pensons, d’autre part, que vous utilisez comme lampe de sortie une lampe de puissance à courant plaque élevé, nous vous recommandons instamment de bien déterminer l’intensité totale du courant plaque nécessaire, ce qui est facile, soit directement à l’aide d’un
- ET REPONSES
- milliampèremètre, soit en additionnant les courants plaque respectifs approximatifs des différentes lampes, d’après les indications de leur fabricant.
- C’est seulement d’après ces indications qu’il vous sera possible de choisir rationnellement un type de système d’alimentation, et il sera indispensable que vous indiquiez au fabricant de ce dispositif l’intensité de votre courant plaque, afin de n’avoir aucun mécompte, ce qui serait très désagréable, à la fois pour lui et pour vous.
- En particulier, l’appareil de prix assez réduit que vous nous indiquez est sans doute d’excellente construction, et permet, en général, d’obtenir de très bons résultats, mais nous ne pensons pas qu’il soit suffisant dans le cas actuel pour fournir une intensité de courant plaque correspondante à celle qui est nécessaire. Il sera donc utile, si vous désirez choisir un modèle réalisé par ce fabricant, que vous vous procuriez un type ùn peu plus puissant.
- Vous avez d’autre part tout à fait raison en désirant choisir un type de dispositif d’alimentation qui permette d’obtenir des tensions plaque de 40, 80, 120, 150 ou 160 volts. De plus en plus, on a pris l’habitude d’utiliser les lampes de sortie à forte tension plaque permettant d’obtenir une audition intense dans les meilleures conditions musicales, et il est bien évident d’ailleurs, qu’une boîte d’alimentation très complète pourrait, par la suite, être adaptée à un appareil récepteur ou phonographique quelconque.
- Réponse à M. L. Clozier, à Chaumont-en-Vexin (Oise).
- De tout un peu.
- ML Chardin à Pantin. — On appelle ouverture utile d’un objectif le diamètre du faisceau de rayons parallèles qui peut pénétrer au travers du diaphragme, le numérotage de celui-ci se faisant en fonction de la distance focale de l’objectif. Il est par conséquent indispensable pour apprécier la clarté d’un objectif de définir en premier lieu sa distance focale, c’est donc cet élément que vous devrez connaître pour votre objectif rectiligne, si vous désirez le comparer à un objectif simple de distance focale 4,5.
- IVIme Bordas à Lyon. — Il vous sera pratiquement bien difficile d’obturer d’une façon solide les fissures de votre lavabo, pour la raison capitale que les tranches des fragments se trouvent souillées par toutes sortes d’impuretés que l’on ne peut enlever sans séparer complètement les morceaux, autrement il n’y aura qu’une adhérence problématique.
- Toutefois, après avoir fait un nettoyage aussi complet que possible, vous pourriez essayer, peut-être avec quelque succès, d’une pâte obtenue en délayant du blanc d’Espagne pulvérisé avec une quantité suffisante de silicate de potasse.
- Ne préparer la mixture sur une plaquette de verre qu’au fur et à mesure de l’emploi et laisser bien durcir quelques jours avant de remettre la cuvette en service.
- M. Le Dr Garnaud à Combronde. — Le dépôt blanc qui se forme dans les piles Leclanché usagées, est constitué par de l’oxychlorure de zinc.
- Pour l’enlever, après avoir gratté les zincs le mieux possible, il suffit de les tremper dans de l’eau acidulée par de l’acide chlorhydrique ordinaire (acide muriatique du commerce) en surveillant attentivement l’opération de manière qu’aussitôt que l’oxychlorure a disparu l’attaque du zinc soit réduite au minimum.
- Il ne reste plus qu’à rincer à fond et à remettre en place, après s’être assuré que le dépolarisant contenu dans les sacs (ancien modèle) est encore actif (mélange de bioxyde de manganèse et de coke), au besoin recharger ces sacs avec du produit neuf.
- M. Auger à Témara (Maroc). — Pour imiter aussi bien que possible le fer forgé sur des modèles en bois, il vous suffira de préparer une peinture dont le fond sera au blanc de zinc broyé à l’huile et que vous teinterez par une addition convenable de noir de fumée et de graphite (mine de plomb) infusés, c’est-à-dire trempés dans l’huile de lin pendant douze heures pour les bien imbiber.
- Avoir soin de forcer la peinture en essence et non en huile pour qu’elle présente une certaine matité; donner deux couches, la première servant surtout à imprégner le bois et à en boucher les pores.
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- NOTRE
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- NUMERO SPECIAL DE RADIOTECHNIQUE
- Les immenses progrès de la radiotechnique, dans le domaine de l’enregistrement de la transmission, et de la reproduction des phénomènes qui nous sont sensibles par la vision et par l’audition, ont développé, dans le public de tous les pays, un intérêt de plus en plus marqué pour la T. S. F., le cinématographe sous toutes ses formes (sonore, parlant), le phonographe, la télévision, etc.
- La Nature qui fut, avant la guerre, une des toutes premières revues à révéler ces merveilles et à attirer l’attention sur leurs perfectionnements et leurs possibilités, n’a cessé depuis de faire connaître à ses lecteurs toutes les nouveautés dès leur apparition. De ce fait, elle a largement contribué à les répandre, à donner le goût des montages d’amateurs, à susciter les vocations d’inventeurs, à entraîner un public toujours plus nombreux, à comprendre, à utiliser, à perfectionner même les appareils et les installations de plus en plus complexes et de plus en plus parfaits.
- Aujourd’hui, toute une littérature est consacrée à la radiotechnique, des publications spéciales ont vu le jour; les quotidiens ne manquent pas de donner les programmes d’auditions par T. S. F., de cinématographie; ils ont même ouvert une chronique des disques de phonographe. Entre les indications sommaires des journaux et les détails souvent trop techniques des revues spécialisées, La Nature continue de consacrer une partie de son activité et de sa place à ces questions, dans l’esprit de clarté, de précision
- et de large vulgarisation qui a toujours fait son succès.
- *
- * *
- Depuis quelques années, le Syndicat professionnel des industries radioélectriques organise au mois de septembre une exposition générale de toutes les nouveautés, qui se tient d’habitude au Grand Palais, en même temps que le Salon de l’Automobile.
- Cette année, les manifestations sont beaucoup plus nombreuses.
- En mai dernier, on a déjà vu à la Foire de Paris les nouveaux modèles courants des constructeurs français. Depuis l’ouverture de l’Exposition coloniale, la Section métropolitaine comporte une riche présentation de machines parlantes et d’appareils de T. S. F. qui durera jusqu’à la fin de l’Exposition, en octobre ou novembre. Enfin, une « Semaine de la T. S. F. » aura lieu du 3 au 13 septembre prochain, à la même section métropolitaine de l’Exposition coloniale internationale, où l’on verra les modèles les plus récents, les nouveautés de différents pays. On annonce même d’autres manifestations du même ordre en diverses villes de province et notamment à Lyon.
- Le moment est donc choisi de faire le point de l’effort actuel. La Nature y consacrera son numéro du 1er septembre prochain.
- NOTRE CONCOURS RADIOTECHNIQUE
- A Voccasion de ce numéro spécial, La Nature organise, avec l’aide de nombreux constructeurs français, un concours entre ses abonnés et ses lecteurs, aisément accessible à tous.
- On trouvera dans le numéro de La Nature du 1er septembre une série de photographies représentant les hommes de sciences, les inventeurs, les réalisateurs les plus connus de la radiotechnique. Leurs noms seront donnés dans une liste à part.
- Il s’agira de choisir correctement le nom correspondant à chaque portrait.
- Pour départager les multiples réponses exactes possibles, on demandera aux participants au concours d’indiquer en quelques mots les travaux et les découvertes de chaque personnage représenté.
- Le numéro du 1er septembre contiendra, dans les pages
- d’annonces, un bon détachable qui devra être obligatoirement joint à chaque réponse.
- Afin de permettre aux abonnés et aux lecteurs de La Nature habitant les colonies et l’étranger de prendre part à ce concours, celui-ci restera ouvert jusqu’au 31 décembre prochain; les réponses seront classées et les prix attribués au début de l’année prochaine..
- Les réponses devront être adressées à La Nature, « Concours radiotechnique», 120, boulevard Saint-Germain, Paris.
- Elles seront examinées par un jury spécial dont les décisions seront sans appel. Les meilleures pourront être publiées.
- Ce concours est doté de très nombreux prix de valeur consistant en appareils rdes meilleures marques fournis par les constructeurs eux-mêmes. On en trouvera la liste à la page suivante.
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- LISTE DES PRIX
- 144
- 1er lot.
- Phonographe Cantora, forme coffret. Valeur 2880 francs. (Société CANTORA, 72, avenue de La Bourdonnais, Paris.)
- 2 e lot.
- Appareil Stéréoscopique Summum. Valeur 1200 francs. (M. LEULLIER, 1, quai d’Austerlitz, Paris.)
- 3e lot.
- Microscope Nachet. Valeur 920 francs. (Société des Microscopes NACHET, 17, rue Saint-Séverin, Paris.)
- 4e, 5e, 6e lots.
- Phonographe Spark. Valeur 700 francs. (Établissements PAZ et SILVA, 55, rue Sainte-Anne, Paris.)
- 7e lot.
- Appareil Photo, 9 X 12 Hermo 21. Valeur 650 francs. (Établissements HERMAGIS, 29, rue du Louvre, Paris.)
- 8e, 9e lots.
- Microscope Nachet. Valeur 450 francs. (Société des Microscopes NACHET, 17, rue Saint-Séverin, Paris.)
- 10e lot.
- Deux flambeaux. Valeur 420 francs. (Établissements PAZ & SILVA.)
- 11e, 12e, 13e, 14e lots.
- Microscopes Vion. Valeur 400 francs. (Établissements VION 38, rue de Turenne.)
- 15e, 16e lots.
- Appareil Photo, Hermo 43, 6 x 9, à pellicules. Valeur 350 francs. (Établissements HERMAGIS), ou Appareil à haute fréquence, producteur de rayons violets. (Établissements PAZ & SILVA.)
- 17e, 18e, 19e, 20e, 21e lots.
- Un réchaud Campingo. Valeur 290 francs. (Société L’INCANDESCENCE, 15, rue de Marseille, Paris), ou Un Galvanic=Sol (pour nickeler, dorer, argenter), (M. SOLERE, 7, rue de Nemours), ou Un Radio=mas= seur. (Établissements PAZ & SILVA.)
- 22e, 23e, 24e, 25e lots.
- Seau à champagne Prigivite. Valeur 275 francs. (Établissements FRIGIVITE, 12, passage des Princes, Pai'is.)
- 26e, 27e, 28e, 29e lots.
- Haut=Parleur Lumière. Valeur 250 francs. (Établissements PAZ & SILVA) ou Stylophore (Société EVERSHARP, 5, rue Daunou, Paris), ou Mallette de pêche « Malban ». (M. POSTEL, 86, rue de la Folie-Méricourt, Paris.)
- 30e, 31e lots.
- Flambeau. Valeur 210 francs. (Établissements PAZ & SILVA.)
- 32e au 39e lot.
- Appareil Photo 6x9 Hermo X. Valeur 200 francs. (Établissements HERMAGIS), ou Haut=Parleur Vico, ou Polissoir à ongles. (Établissements PAZ & SILVA.)
- 40e lot.
- Vibro=PoIiak. Valeur 193 francs. (Établissements PAZ & SILVA.)
- 41e, 42e, 43e lots.
- Galvanic=Sol. Valeur 180 francs. (M. Fernand SOLERE.)
- 44e au 52e lot.
- Porte-mine Eversharp. Valeur 150 francs. (Société EVERSHARP.), ou Séchoir avec support. (Établissements PAZ & SILVA.)
- 53e au 58e lot.
- Porte-mine Eversharp. Valeur 125 francs. (Société EVERSHARP.)
- 59e lot.
- Veilleuse lune. Valeur 120 francs. (Établissements PAZ & SILVA.)
- 60e lot.
- Veilleuse Perroquet. Valeur 105 francs. (Établissements PAZ & SILVA.)
- 61e lot.
- Veilleuse Pélican. Valeur 86 francs. (Etablissements PAZ & SILVA.)
- 62e lot.
- Brûle=parfum. Valeur 80 francs. (Établissements PAZ & SILVA.)
- 63e lot.
- Veilleuse Poupée. Valeur 70 francs. (Établissements PAZ & SILVA.)
- 64e lot.
- Tapis chauffant à billes, avec cordon. Valeur 60 francs. (Établissements PAZ & SILVA.)
- 65e, 66e lots.
- Fer à repasser. Valeur 48 francs. (Etablissements PAZ ET SILVA).
- 67e, 68e lots.
- Pic=Nic ou Bouteille Magic. Valeur 44 francs. (Établissements PAZ & SILVA.)
- 69e au 122e lot.
- Givrai (insecticide). Valeur 40 francs. (Société Anonyme du GIVRAL, 74 bis, quai de Clichy, à Clichy.)
- 123e, 124e lots.
- Bouilloire. Valeur 38 francs. (Établissements PAZ & SILVA.)
- 125e au 224e lot.
- Stylomine. Valeur 35 francs. (Établissements STYLOMINE, 2, rue de Nice, Paris.)
- 225e au 260e loi.
- Stylomine. Valeur 25 francs.
- Le Gérant G. Masson.
- i22i. — Pcris. lmp. Lahure — 15-7-1931.
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- Paraît le 1er et le 15 de chaque mois (48 pages par numéro)
- LA NATURE
- MASSON et O®, Editeurs, 120, Boulevard Saint-Germain, PARIS, VI» (1{. C. Seine : tS.xi4) Tel Danton 56-n.
- PRIX DE L’ABONNEMENT
- Tarif intérieur, France et Colonies : 12 mois (24 n"), 70 fr. ; — 6 mois (12 n"), 35 fr.
- Prix du numéro vendu en France : 3 fr. 50
- Tarif spécial pour la Belgique et le Luxembourg : 12 mois (24 n**), 85 fr. ; — 6 mois (12 n°‘), 43 fr.
- 1 Un
- Tarif pour l’étranger : Tarif n* f
- Tarifextérieurn^^JL valable pour les pays ayant accepté une réduction de 50 pour 100 sur les affranchissements des périodiques ; '™T~Âïbame, Allemagne, Argentine, Autriche, Brésil, Bulgarie, Canada, Chili, Colombie, Costa-Rica, Cuba, Egypte, Equateur, Espagne, Esthonie, Ethiopie, Finlande, Grèce, Guatemala, Haiti, Honduras, Hongrie, Lettonie, Liberia, Lithuanie, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pays-Bas, Perse, Pologne, Portugal et ses Colonies, République Dominicaine, Roumanie, Russie (U. R. S. S.), San Salvador, Serbie, Suisse, Tchécoslovaquie, Turquie, Union d’Afrique du Sud Uruguay, Venezuela.
- Tarif extérieur n° 2 valable pour les autres pays.
- Règlement par mandat, chèques postaux (compte n* 599, Paris) ou chèque à l’ordre le Masson et C1*, sur une banque de Paris.
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- Adresser ce qui concerne la rédaction à MM. les Rédacteurs en chef de La Nature, 120, boulevard Saint-Germain, Paris-VI*.
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- N° 2863
- LA NATURE
- 15 Août 193 J
- LES BOIS DES COLONIES FRANÇAISES
- Notre riche empire colonial est susceptible de fournir à la métropole une multitude de matières premières qui, pour acquérir toute leur valeur, ne demandent qu’à être exploitées méthodiquement et suivant des méthodes
- Congo, 7 millions à Madagascar, 25 mi q-Chine,
- 200 000 dans la Nouvelle-Calédonie |^ucploi-
- tables presque indéfiniment si, Ingtl i^p/edle
- à ne pas les détruire d’une manié»®' '§fcf à les
- Fig. 1 (en haut, à gauche). — Bille d'acajou, tronçonnée, à la Côte-d’Ivoire. Fig. 2 (à droite). —Dépôt de billes d'acajou à Grand-Bassam. Fig. 3 (en bas à gauche). — Amarrage d’une bille de bois gu’on va mettre à la mer. Fig. 4 (à droite). — Chargement de bois sur un vapeur.
- scientifiques rationnelles. Parmi elles se recommandent particulièrement les produits des forêts, dont l’étendue est près de dix fois celles de France (il y a environ 5 millions d’hectares en Guyane, 12 millions dans la Côte-d’Ivoire, 12 millions au Cameroun, 30 millions au Gabon-
- 1. C’est ainsi, par exemple, que le bois d’un Moracée du Congo et de la Côte-d’Ivoire, le Çhlorophora excelsa est, suivant les régions où on le récolte, appelé Iroko, Roho, Odum, Edoum, Mandji, Kambala, Guento, Elui, Di, Bonzo, Akêdé, Bakana, etc. De même, le bois d’une Rubiacée africaine, le Milraggne macrophylla, est tantôt appelé Tobo ou N'Tovo, voire Bahia, qui pourrait faire croire qu’il vient de l’Amé-ique du Sud.
- reconstituer — ou, plutôt, à les laisser se reconstituer — quand on en a supprimé une partie. Dans les régions tropicales, plus de la moitié des espèces végétales (60 pour 100) sont des arbres tandis qu’en France il n’y en a que 11 pour 100.
- Les bois de nos colonies ne le cèdent en rien, comme qualité, à ceux des autres pays chauds et peuvent nous rendre autant de services, ainsi qu’on va lé voir par le coup d’œil rapide que nous allons jeter sur quelques-uns des usages auxquels ils se prêtent en nous documentant, en partie, sur un précieux livre (Les Bois coloniaux, Colin,
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- éditeur) publié, il y a quelques années par un botaniste de première valeur sur cette question, particulièrement étudiée par lui in situet dans son laboratoire du Muséum d’histoire naturelle de Paris, M. Henri Lecomte, membre de l’Institut; question singulièrement complexe par le fait que ces bois sont, souvent, désignés par leurs noms vernaculaires (noms indigènes) qui varient, même, d’une localité à une autre ou, même d’une exploitation à une autre, noms qui n’ont aucun rapport avec leur véritable nature botanique, d’où un véritable brouillamini qui demandera encore de longues années pour être mis au clair, non seulement par les caractères morphologiques des espèces d’où sont tirés les bois, mais encore par les caractères anatomiques de ceux-ci, caractères qui exigent l’emploi du microscope et qui ne sont pas toujours faciles à comprendre, même pour des anatomistes déjà rompus à cette discipline (l’obtention des « coupes microscopiques » n’est, cependant, pas d’une difficulté insurmontable et un simple licencié en sciences naturelles peut y parvenir, mais leur « interprétation » est, quelquefois, un peu malaisée et demande du discernement).
- a) Bois d’ébénisterie. — Les bois d’ébénisterie sont ceux qui représentent la plus grande valeur pécuniaire et, pour cette raison, sont à peu près les seuls que, depuis de longues années, on a cherché à exploiter.
- Le véritable Acajou (Swictania Mahogany), grand arbre de la famille des Méliacées qui est surtout répandu dans l’Amérique tropicale, n’est, malheureusement, qu’une rareté dans nos colonies et n’y est pas exploitable, mais, semble-t-il, pourrait y être cultivé, particulièrement à la Guadeloupe. Par contre, dans nos colonies de la Côte occidentale d’Afrique et de l’Afrique équatoriale, on rencontre des bois très voisins de l’Acajou (*) et qui peuvent être utilisés aux mêmes usages, par exenqale plusieurs espèces de Khaya, dénommés sous le nom général d’Acajou d’Afrique; le Lovoa Klaineana, dit, à tort « Noyer d’Afrique », etc. En Indochine, on rencontre aussi deux bois produits par des arbres de la famille des Méliacées et possédant quelques-unes des qualités de l’Acajou : ce sont le Disoxylon Louvieri, dit « santal citrin », qui sert à la confection des meubles de luxe... et des cercueils (on lui attribue le pouvoir de momifier les morts), et YAglaia gigantea, dit Cây gôi, qui se travaille bien, ce qui permet de l’employer à divers usages et jusqu’à des crosses de fusil et des roues d’une seule pièce. D’autres Méliacées sont abondantes en Nouvelle-Calédonie et ont un bois digne du véritable Acajou, en particulier le-Campa Moluccensis, à grain fin et serré, rosé ou violacé, pourvu de veines colorées, recommandables pour les ouvrages de luxe; le Nemedra elagnoïdes, au bois noueux, particulièrement poli quand il est verni; le Trichilia quinquevalvis, dit «boismoucheté».
- 1. Certains commerçants peu scrupuleux exportent en Amérique des Acajous africains qui. rendus ensuite au Havre, sont vendus cher, naturellement, comme Acajous américains alors qu’ils proviennent, en réalité, de la Côte-d’Ivoire, ainsi, d’ailleurs, que l’on peut s’en apercevoir par certaines marques d’exploitants, qui y ont été formellement reconnues.
- A citer aussi le bois de diverses espèces d'Eucalyptus qui ont été acclimatées en Algérie et qui ont la teinte de l’Acajou (cette teinte est bien connue chez le bois de Jarrah, produit également par un Eucalyptus d’Australie et souvent utilisé à Paris, sinon comme bois d’ébénisterie, du moins plutôt pour les devantures de magasins et le pavage en bois, du moins il y a quelques années).
- • Le Palissandre est produit par des arbres de la famille des Légumineuses-papilionacées et du genre Dalbergia (ou de genres voisins) genre qui se rencontre dans les parties tropicales de l’Amérique, de l’Afrique et de l’Asie et qui est abondamment représenté en Indochine et à Madagascar. Beaucoup de ce bois provient de Rio-de-Janeiro (où on le désigne sous le nom de Jacaranda) ; moins apprécié et de teinte plus claire est le palissandre de l’Inde, qui existe dans le Sikkin et les provinces centrales, où il est connu sous le nom de Black-wood. Dans l’Afrique tropicale il existe un grand nombre de Dalbergia dont le bois présente certains caractères du Palissandre, entre autres le Dalbergia melanoxylon, qui se rencontre depuis la Sénégambie jusqu’au Mozambique et dont le bois est plus sombre que le vrai Palissandre. Plusieurs espèces existent aussi à Madagascar, entre autres le Dalbergia boinensis que les Sakalaves appellent Manipha, qui se trouve dans le Boina, et le Dalbergia Perrieri (son bois est appelé Manary) qui croît dans les forêts sèches du haut bassin de la Betsiboka et de l’Ikopa. A citer aussi, en Indochine, plusieurs Dalbergia qui donnent des bois d’ébénisterie connus sous les noms de Trac et de Câm lai, qui, à la couleur près, sont dignes du Palissandre, de même que celui du Dalbergia cochinchinensis, qui est, d’abord rouge, puis devient, à la longue, plus foncé que le Palissandre.
- Le Tech est fourni par un arbre de la famille des Ver-bénacées, le Tectona grandis, qui se rencontre dans diverses régions de l’Inde, au Siam, en Indochine et dans les Indes néerlandaises et fait l’objet de plantations forestières dans un certain nombre de provinces de l’Inde; on en fait des bateaux (il n’est pas détérioré par des alternatives d’humidité et de sécheresse) et des meubles qui demeurent intacts pendant de très longues années. Certains bois de nos Colonies peuvent remplacer, plus ou moins, le Teck, bien qu’ils ne semblent pas être aussi imputrescibles que lui; citons à cet égard le Wouacopou ou Angelin, de la Guyane, et le Chêne d’Afrique ou Teck d’Afrique, du Congo.
- L’Ebène est surtout fourni par les arbres du genre Diospyros, de la famille des Ebénacées qui comprend plus de 200 espèces répandues dans toutes les régions tropicales du globe, mais dont le bois n’est pas toujours utilisable. On en trouve au Congo, au Gabon, à la Réunion, à Madagascar, au Siam, en Cochinchine, etc.; nos colonies renferment aussi divers arbres dont le bois est comparable à l’Ebène, mais qui appartiennent à d’autres genres de plantes, en particulier au Sénégal, où il est fourni par une Légumineuse, le Dalbergia melanoxylon, déjà nommé plus haut, dont le cœur devient très noir et aussi dur que le véritable Ebène.
- b) Bois de menuiserie. — Nos colonies renferment
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- Fig. 5. — La scierie Vinoz, à Mossou (Côie-d’Iooire).
- une multitude de bois susceptibles d’être utilisés en menuiserie, c’est-à-dire pas très durs, faciles à raboter et rappelant un peu les mêmes bois de notre pays. On peut, à cet égard, exploiter au moins la moitié des espèces d’arbres des forêts coloniales, entre autres celles de l’Afrique Occidentale et Equatoriale (Noyer d’Afrique, Evons, Vouanda, Tilleul d’Afrique, Ogoha, Tulipier du Gabon, Okoumé, lequel, exporté du Gabon en assez grande quantité, est blanc rosé ou gris rosé et est utilisable pour la menuiserie grossière, la fabrication des boîtes de cigares), celles de Madagascar, de l’Indochine (Iiickory, qui ressemble au Noyer, etc.), de la Guyane (Bois d’Angélique, Cèdre bagasse, etc.), de la Nouvelle-Calédonie. On trouve, à la Guadeloupe, jusqu’à 350 m d’altitude, Y Acajou femelle ou Acajou à planches, produit par une Méliacée, le Cedrella odorata, originaire de l’Amérique tropicale, dont on fait des boîtes à cigares et autres objets analogues, des revêtements pour meubles de luxe, de la menuiserie ordinaire, etc. ; moins lourd que TAeajou dont il a un peu la teinte, il est poreux, facile à fendre et possède une odeur agréable; localement on l’appelle Acajou amer, Acajou du pays, Acajou à meubles, Acajou senti.
- c) Bois dé charpente. — C’est par centaines que, dans nos colonies, on peut citer des bois utilisés pour les
- Fig. 7. — Campement en forêt à la Côte-d’Ivoire.
- Fig. 6. — La scierie de la Société forestière à Grand-Bassam.
- charpentes et qui pourraient être aussi employés au même point de vue chez nous. A la Guyane, on pourrait demander le bois de Couratari, de Balata blanc; aux Antilles, le Manglier noir et le Bois Pruneau-, à la Réunion, celui du genre Dillenia; à la Nouvelle-Calédonie, le Manoué; à l’Afrique occidentale, à Madagascar, à l’Indochine, une multitude de bois qu’il serait fastidieux d’énumérer.
- d) Bois pour le charronnage et les manches d’outils. — Ces bois qui doivent être pourvus d’une certaine élasticité et subir, sans se briser, des efforts considérables, et qui sont représentés, en France, par le Frêne, lequel n’existe pas dans nos colonies, pourraient être trouvés dans le Bang lang de l’Indochine et le Manpody jotsy de Madagascar.
- e) Bois pour la tonnellerie. — Pour la tonnellerie destinée à renfermer des boissons, il faut du bois dont la nature chimique ne puisse agir défavorablement sur celles-ci et, qui de plus, se fendent facilement suivant le rayon et aient une grande cohésion. On préconise, à cet égard, divers bois de l’Indochine (Cây duoi tu, et plusieurs espèces du genre Vitex, de Madagascar (Ambavy), de la Guyane (une espèce de Symphonia de la famille des
- Fig. 8. — La forêt réservée du Baner, sur la côte d’A. O. F.
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- Guttifères). Certaines barriques fabriquées pour contenir du ciment ou du poisson salé sont faites, en Indochine, avec le bois de diverses espèces d’arbres (Stereospermum lanceæfolium, Elœocarpus Balansæ, etc.).
- f) Bois pour pilotis et poteaux. — Pour ce genre de travail, il faut, naturellement, des bois imprégnés, d’eux-mêmes, par diverses substances qui en assurent une longue conservation. C’est le cas, par exemple, du Bois puant de Madagascar et de la Réunion, le Couratari de la Guyane et le Woapa huileux de la même colonie, à recommander pour les travaux dans les terres humides, le bois des Parinarium, qui existent en Indochine et qui sont recommandables pour les eaux salées parce qu’ils résistent aux tarets, Y Epineux jaune des Antilles, qui est incorruptible dans l’eau douce. Pour les poteaux télégraphiques, on peut employer divers bois, débarrassés ou non de leur aubier et appartenant à divers genres de Guttifères et de Myrtacées.
- g) Traverses de chemins de fer. — Pour les traverses de chemins de fer, il faut des bois résistant à l’écrasement, mais non, cependant, d’une dureté excessive, et que l’on puisse exploiter abondamment de manière à rendre homogène la voie que l’on veut construire. On en trouve de nombreux types sur la côte occidentale d’Afrique, de Madagascar, en Indochine (Lim ou Liem), à la Guyane, mais certains sont encore mal connus et devraient être révisés par un botaniste.
- h) Bois pour la sculpture, le tour, la gravure. —
- Les bois assez durs, homogènes et à grain fin qu’exigent ces travaux, et dont le type bien connu est le Buis, lequel n’existe pas dans nos colonies, peuvent être fournis par divers arbres coloniaux parmi lesquels nous nous contenterons de citer le Cay Nguyet d’Indochine et diverses espèces des genres Casearia, Cinnamosma, Nauclea, Canthium, Vitex, Myrtus, etc. A priori ces bois sont nombreux, car, dans les pays chauds, les arbres n’ont, pour ainsi dire, pas de zones d’accroissement annuelles —
- Fig. 9. — Drôme de billes d’acajou sur la lagune Ebrié, en Côte-d’Ivoire.
- il n’y a guère de saisons (sauf la sécheresse) — et par suite pas de différences entre le bois d’automne et le bois de printemps, comme cela a lieu chez nous, d’où une très grande hérétogénéité dans la structure du Chêne, du Tilleul, etc.
- i) Bois pour billes, roulettes, dents d’engrenage.
- — Le précieux Gaiac, si utilisé pour ces travaux, n’existe pour ainsi dire pas dans nos colonies, mais quelques bois coloniaux peuvent le remplacer : le faux Gaiac de la Guyane (dont le fruit est la fève Tonka), le Bois Perdrix, employé pour les gorges de poulies, le Balata de la Guyane, le cœur de Y Acacia spirorbis de la Nouvelle-Calédonie (1).
- j) Bois pour le pavage des rues. — Pour le pavage des rues, le meilleur bois est le Pin des Landes, mais si l’on ne veut pas déboiser notre pays, il faut penser à en chercher des succédanés dans nos colonies, non par l’exploitation des Pins analogues (ceux de l’Extrême-Orient sont trop peu abondants pour cela), mais par celles d’autres bois ne s’usant pas trop vite et résistant à la putréfaction. Outre le bois de Jarrah, dont j’ai parlé plus haut et qui, je crois, a l’inconvénient de se polir par le passage des véhicules et de devenir, ainsi, trop glissant, on peut s’adresser à divers bois coloniaux qui, les uns, ont l’avantage d’être imprégnés de substances antiseptiques et les autres celui de se laisser pénétrer par le menu gravier que l’on répand sur le pavage pour en augmenter la durée. On peut en trouver diverses espèces dans les familles des Légumineuses, des Diptérocarpacées, des Myrtacées, des Verbénacées, des Méliacées, des Guttifères, etc. Pour les exploiter avec fruit il faut qu’on [puisse en exporter d’assez grandes quantités du même type afin que le pavage qu’ils permettront de faire soit homogène et s’use, par suite, avec régularité, sans créer de réceptacles à flaques d’eau.
- k) Bois pour la pâte à papier. — Plusieurs bois coloniaux semblent pouvoir se prêter à l’obtention de la pâte à papier, mais leur étude systématique, à ce point de vue, devrait être faite par des spécialistes. Citons, entre autres, celui du Broussonetia papyrifera, qui peut être cultivé dans tous les pays chauds, des Morus, des Arto-carpus, de diverses Tiliacées, Sterculiacées et Malvacées, sans oublier le Bambou, qui n’est pas un « bois » à proprement parler, mais dont la tige fournit une excellente pâte à papier. A citer aussi les Palétuviers de Madagascar qui, d’après les études de l’École française de Papeterie, sont riches en cellulose (48,2 pour 100 chez les Bhizophora, 46 pour 100 chez les Bauguiera, 45 pour 100 chez les Ceriops) : les papiers qu’ils donnent sont, d’après MM. Vidal et Ari-bert, peu résistants et, si on les veut assez blancs, demandent beaucoup de chlore, ce qui est un désavantage.
- b) Bois à usages divers. — Les bois coloniaux, ainsi que leur écorce, peuvent encore fournir diverses matières colorantes, des gommes, du camphre, du caoutchouc, des résines, des oléo-résines, des huiles, du tanin, mais
- 1. Le Gaïac et autres bois très durs sont lourds et ne peuvent flotter, ce qui augmente leur prix de revient, car il faut, pour les déplacer dans les rivières, les charger sur des navires.
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- il serait trop long de nous étendre sur ces sujets.
- Jetons, maintenant, un coup d’œil rapide sur les principales ressources en bois de nos diverses colonies.
- Nos colonies d’Afrique (Congo, Cameroun, Côte-d’Ivoire peuvent nous donner YOkoumé, utilisable pour la menuiserie grossière; Y Acajou de la Côte d'Afrique; le Bois corail; YEbarmébène; YOgagoumé; YOgoka et YAriiouheti, bons pour la menuiserie; YOshôli; YOboto; diverses espèces de Bombacées, dont le bois est léger; des Palétuviers; Ylroko, propre aux travaux de menuiserie et de charpente; le Parasolier ou Combo-combo, qui pourrait, peut-être, servir pour la pâte à papier; le Tulipier du Gabon ou N'Togo, pour la menuiserie légère; YEvîmo, sorte de Teck; le Djave et le Moabi, bons pour traverses de chemins de fer; Y Ebène, dont on a exporté 2216 tonnes en 1902 et 1139 tonnes en 1920; le N’tovo ou Tilleul d’Afrique, bon pour la menuiserie et l’ébénisterie ; le Bilinga, bon pour la charpente et l’aménagement intérieur des maisons.
- A Madagascar, on peut récolter des Dalbergia donnant un bois analogue au Palissandre ; des Diospyros ou Ebènes; un Khaya, dont le bois se rapproche de celui de Y Acajou; de nombreux bois de menuiserie, le Hasy, le Nato, les Lalona, le Rotra; des bois colorés; des bois pour les traverses de chemins de fer; des bois à grains fins bons pour la gravure sur bois; des bois pour la tonnellerie, la char-ronnerie, la charpente.
- A la Réunion, les arbres ont été par trop exploités ( Filao, Eucalyptus) et demandent à être reconstitués, ce qui durera encore quelques années.
- L’Indochine, qui comprend plus de 25 millions d’hectares de forêts, renferme des arbres de diverses familles végétales : Conifères (Pins) ; Cupulifères (Chênes) ; Dipté-rocarpacées (bois de construction : Dzau, Vên, Sangda, Tau); Ternstrœmiacées (bois rougeâtres utilisés pour la fabrication des meubles indigènes) ; Dilléniacées (So do, So ha, planches résistant à l’humidité) ; Légumineuses ('Camxe, bois roux brun, servant à l’ébénisterie; Liem, pour la charpente et les traverses; Lim xet, excellent pour les travaux de charronnage; Gu mat, pour l’ébénis-terie et fonçant fortement à la lumière; Trac, qui rappelle le Palissandre); Méliacées (une espèce, dit Santal citrin, sert à fabriquer des meubles précieux); Lauracées (Boi loi et Cou Kirp, utilisés pour la fabrication des malles) ; Anacardiacées (Cay son, rappelant Y Acajou); Lythracées (Bang Lang, recherché pour le charronnage... et les pipes à opium); Myrtacées (Cay doi pour les traverses); Juglandées (Cay cheo tia, ressemblant au Noyer, de même que le Cay sau, d’une toute autre famille, celle des Hamamélidacées) ; Rubiacées (Buis de Ceylan), etc.
- La Nouvelle-Calédonie, si elle n’était pas si loin, pourrait nous enrichir en divers bois utilisables, parmi lesquels nous nous contenterons de citer : le Pin colonnaire, pour la menuiserie et les pirogues ; le Kaori, pour la menuiserie et la mâture; le Filao, pour charpente et menuiserie; le Faux Gaïac pouvant remplacer le Gaïac; le Bois de rose poivré, noir, à reflets sombres; le Bois moucheté; le Nouépou, bon pour le tour; le Houp, pour tous travaux; le Faux Santal, bois de tabletterie à odeur rappelant celle du Santal; le Wakeri, analogue au Buis; Y Ebène blanc, qui, malgré son nom, est veiné de noir.
- Fig. 10. — Un obstacle fréquent en forêt : arbre tombé en travers d’une route, en Côle-d’ Ivoire.
- Parmi nos colonies d’Amérique, si les Antilles manquent de forêts étendues, par contre la Guyane est couverte d’une immense forêt vierge, où l’on rencontre des bois très beaux et très variés. Parmi les essences les plus intéressantes à y exploiter, citons Y Acacia franc, bois jaune pour ébénisterie; Y Amarante, au bois violet; le Courbaril, au bois gi'is rosé; le Ferréol et le Mantouchy, dont on peut faire de jolies cannes brun rougeâtre; Y Acajou femelle, dont le bois est inattaquable aux insectes; le Wacapou, très répandu, pour menuiserie et charpente; le Carapa, bois tendre et léger pour caisses de voitures; le Grignon franc, qui rappelle l’Acajou; la Bagasse jaune, au bois jaune doré, utilisable pour le charronnage; Y Ebène vert, bois très lourd, malheureusement assez rare; diverses espèces de Balata; le Parkouri soufre, pour menuiserie et charpente, de même que le Goupi, qui est très répandu; le Maho jaune, qui peut remplacer le Hêtre; le Mahot couratari, à recommander pour les constructions de grandes dimensions.
- Nos colonies, comme on vient de le voir, sont pleines de ressources en toutes sortes de bois (x), mais il faut savoir les mettre en valeur et pas seulement « en valeurs », qui, parfois, sont, tout au plus, bonnes à brûler... comme du bois.
- Henri Coupin.
- 1. Pour donner une idée de la production de ces bois, indiquons qu’en 1929, elle a été de 477 000 tonnes, dont 128 000 pour les bois d’ébénisterie, 306 000 pour les bois de déroulage, 43 000 pour les Bois d’œuvre. Cette production est due à l’Afrique équatoriale française (308 104 t), la Côte-d’Ivoire (89 817 t), le Cameroun (57 173 t). l’Indochine (12 800 t), la Guyane (5477 t), Madagascar (3588 t). De ces bois, on exporte, hors de France plus de la moitié de ceux de déroulage et d’ébénisterie. On a tort, malheureusement, de n’exporter que certaines essences qui, dès lors, se raréfient et menacent, à la longue, de disparaître : c’est, par exemple, le cas des Acajous et de l’Okoumé. M. Sargos conseille, avec raison, de produire moins de bois d’ébénisterie et de déroulage (15 à 50 pour 100 au lieu de 25 à 65 pour 100) et davantage de bois de menuiserie, moulure, parquet, charpente spéciale j (35 pour 100 au lieu de 10 pour 100).
- Les clichés qui illustrent cet article nous ont été communiqués par l’Agence économique de l'Afrique occidentale française, à laquelle nous adressons nos bien vifs remerciements.
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- L’ÉVOLUTION DES TURBINES HYDRAULIQUES
- TURBINES A HÉLICE - TURBINES KAPLAN “>
- Coupe XY JJ
- Fig. 1. — Schéma d’une roue Pellon et détail d’un augei.
- L’énergie mécanique et électrique, si nécessaire aujourd’hui à la vie sociale, est extraite des forces naturelles au moyen de machines thermiques ou hydrauliques : sur les 13 milliards de kilowatts-heure consommés annuellement en France, 5,6, soit 42 pour 100, représentent la production d’installations hydrauliques.
- Il s’est donc créé une sorte d’équilibre entre les usines thermiques caractérisées par des frais d’installation peu élevés et par une exploitation extrêmement coûteuse de matières épuisables et les installations hydrauliques dont le coût de premier établissement très élevé (3 à 4 fois plus grand que précédemment ) est compensé par le très bas prix de l’exploitation qui utilise de l’eau pratiquement inépuisable.
- On tend d’ailleurs à accoupler les deux installations
- Fig. 2.-—• Turbine Pelion double de 13 000 ch, chute 385 m, vitesse 500 t.
- Usine de Yiclaire de la Société de la Haule-Isère, (Constructeur : Ateliers Neyret-Beylier et Piccard-Pictet, à Grenoble.)
- en utilisant, pendant les heures de pointe, la souplesse de l’usine hydraulique dont la puissance peut être décuplée en quelques secondes alors qu’on ne peut brusquement augmenter la production de vapeur des centrales thermiques dont les chaudières sont en outre très sensibles aux interruptions de service.
- L’évolution des turbines a toujours été guidée par la recherche de vitesses spécifiques toujours plus élevées (on sait que le nombre de tours spécifique ou vitesse spécifique est le nombre de tours auquel tournerait celle des turbines de la même famille qui fournirait une puissance de 1 cheval, sous une chute de 1 mètre, pour la valeur considérée du rendement).
- Une vitesse spécifique élevée permet d’atteindre, même pour les chutes les plus basses, une vitesse de régime relativement élevée : comme une turbine est généralement accouplée à un alternateur, dont la vitesse de régime est très élevée (de . l’ordre de 1000 tours/min. étant donnée la nécessité d’obtenir un courant alternatif de fréquence non inférieure à 50), une vitesse plus élevée permettra la simplification et souvent la suppression totale d’organes intermédiaires coûteux et absorbant de l’énergie : on accouplera directement la turbine à l’alternateur, ce qui par surcroît diminue l’encombrement du groupe et les dimensions de l’usine.
- Les progrès accomplis, pendant ces dernières années, en ce qui concerne les roues, leur construction, leur rendement et vitesse spécifique, paraissent avoir atteint maintenant leur point culminant, et l’on peut presque prédire qu’il n’est plus guère possible d’obtenir mieux : les rendements atteints dépassent de beaucoup ce que les hypothèses les plus optimistes n’auraient pas permis, il y a 20 ans, d’espérer et, si l’on gagne encore quelque chose, cela ne pourra guère se chiffrer que par des variations de rendement inappréciables. Les Américains annoncent avoir construit des groupes turbine-alternateur dont le rendement total atteindrait 0,93 alors que l’industrie française se contente de 0,86; remarquons, toutefois, que, comme tout rendement, ce nombre est le rapport de deux quantités : énergie électrique débitée facilement mesurable (wattmètre) et énergie hydraulique reçue, mesurée par la hauteur de chute et le débit; la multiplicité des formules de déversoirs explique la différence constatée : utilisant, comme les Allemands, des formules donnant, pour le débit, des valeurs légèrement inférieures à celles données par les formules usitées en France, les Américains obtiennent une énergie reçue inférieure à laquelle correspond un rendement plus élevé; suivant le mot de M. Eydoux : « Il ne faut pas désespérer de les voir atteindre des rendements supérieurs à l’unité. »
- 1. Nous avons sacrifié à l’habitude qui donne à la turbine à pales orientables le nom de turbines Kaplan.’Comme le nom du professeur Kaplan est également attaché aux turbines à hélice, il serait préférable, pour ne créer aucune confusion, de désigner les turbines par leurs caractéristiques et non leur inventeur.
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- TURBINES A VEINE LIBRE
- Une classification immédiate, à vue, permet de distinguer deux classes de turbines hydrauliques : les turbines à veine moulée noyées dans l’eau et les turbines à veine libre à un certain niveau au-dessus du bief aval. Ces dernières ont rapidement évolué vers leur type extrême.
- Dans la construction actuelle, elles se présentent sous la forme de roue Pelton. Nous n’en dirons qu’un mot, par suite de l’état de perfection, atteint très rapidement depuis longtemps déjà, par cette turbine. On connaît
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- de machine parfaite, du point de vue de l’ingénieur, car chaque organe a atteint une forme définitive impossible à améliorer d’une manière sensible, relativement à la transformation de l’énergie. Son rendement peut atteindre 90 pour 100 pour de grandes chutes : il diminue rapidement quand la hauteur de chute diminue (à moins de tourner très lentement, ce qui est très gênant pour l’alternateur accouplé), d’où la nécessité de recourir à des turbines d’un autre genre pour de faibles hauteurs de chute; on est allé toutefois jusqu’à monter une turbine Pelton de 2150 kw., de construction Escher Wyss, à l’usine de Burlauenen (Suisse) établie à une seule roue,
- Fig. 3. — La salle des turbines de l’usine hydroélectrique de Viclaire de la Société de la Haute-Isère.
- 4 turbines Pelton de 13 000 ch du modèle de la figure 2. (Constructeur : Ateliers Neyret-Beylier et Piccard-Pictet.)
- d’ailleurs son fonctionnement : à l’extrémité d’une conduite forcée C, un ou plusieurs injecteurs I lance l’eau dans l’air avec une grande vitesse. Le jet d’eau est reçu sur les augets A placés normalement à la périphérie d’une roue mobile R. Ces augets, se présentant sous la forme de deux cuillères accolées, séparées par une arête vive rectiligne, rejettent l’eau de côté (fîg. 1). L’injecteur est une buse conique dans laquelle se meut une aiguille actionnée par le régulateur et qui règle la quantité d’eau injectée : le jet est ainsi cylindrique pour toutes les ouvertures. Cette machine, dont les pertes sont vraiment réduites à leur valeur minimum, constitue un bel exemple
- pour une hauteur de chute de 150 m et une vitesse de 150 tours par minute.
- TURBINES A VEINE MOULÉE. TURBINES FRANCIS
- Les turbines à veine moulée sont les seules employées pour de faibles hauteurs de chute. La technique moderne tend d’ailleurs à faire une nouvelle classification : turbines Francis pour chutes supérieures à 10 m et turbines-hélice, à pales orientables ou non, pour des hauteurs de chute plus petites encore.
- Décrivons tout d’abord la turbine Francis :
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- Fig. 4. — La salle des turbines el alternateurs de l’usine hydroélectrique de Gavarnie, de la Société des Forces Motrices de Gavarnie.
- 3 turbines Pelton de 13 000 ch, chute 280 m, 500 tours par minute. (Constructeur : Ateliers Neyret-Beylier et Piccard-Pictet, à Grenoble.)
- A la différence des turbines Pelton, la roue motrice est généralement complètement noyée et le distributeur, au lieu d’être réduit à un ou plusieurs injecteurs, forme ici une couronne continue; c’est une turbine à admission totale, c’est-à-dire admettant l’eau sur tout le pourtour de la roue. Les organes essentiels sont (fig. 5) :
- 1. Une conduite C spiral oïde qui amène l’eau sur tout le pourtour du distributeur. La section de la bâche diminue au fur et à mesure qu’elle s’approche de l’axe autour duquel elle s’enroule et que par conséquent une partie de son débit passe dans la turbine : de cette façon on conserve constante une vitesse qui tendrait à diminuer en s’éloignant de la conduite d’alimentation.
- 2. Un distributeur D, organe fixe, cloisonné par des directrices ou vannettes qui forment entre elles des canaux où l’eau, ainsi guidée, s’accélère avant de passer dans la roue. En général, pour permettre le réglage, ces directrices sont mobiles autour d’axes parallèles à l’axe de la turbine : une biellette articulée les fait pivoter simultanément, étranglant ainsi plus ou moins les orifices (vannage Fink). Ces vannettes tendent actuellement à devenir symétriques, à faces presque rectilignes, arrondies du côté de l’entrée de l’eau et très affilées, au contraire, du côté opposé : la résistance aux fdets liquides est ainsi très diminuée (c’est d’ailleurs le profil de l’aile d’oiseau et de l’avion).
- 3. La roue mobile R qui reçoit tangentiellemënt le
- jet liquide envoyé par le distributeur : la vitesse de l’eau diminue dans la roue et, par inertie, les éléments liquides exercent sur les aubes des forces circonférencielles qui créent le couple moteur (d’après le principe suivant lequel toute variation de vitesse crée une force d’inertie). Les aubes de la roue mobile, reliant les deux cloisons, supérieurè (plafond) et inférieure (ceinture), ont un tracé assez compliqué : en effet, elles reçoivent l’eau du distributeur radialement; d’autre part, pour évacuer facilement l’eau qui vient de travailler, sans donner à la roue
- Fig. 5. — Coupe schématique d’une turbine Francis. D distributeur; R roue mobile.
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- ....—- ..... -................................................. 153
- un diamètre de sortie énorme, il fallait changer sa direction et la dévier dans le sens de l’axe. La solution déviation dans la roue était possible, le trajet de l’eau pouvant être quelconque sans inconvénient; les aubes situées, à l’entrée dans des plans axiaux, s’épanouissent, à la sortie, dans des plans perpendiculaires à l’axe (lîg. 6). De la résulte le nom des turbines Francis dites turbines hélico-centripètes ou mieux centripètes-paral-lèles, le trajet de l’eau d’abord centripète se redressant de sorte qu’à la sortie les molécules fluides se déplacent suivant une direction parallèle à l’axe.
- 4. L’eau éliminée parallèlement à l’axe s’échappe à travers un diffuseur, sorte de tube de succion descendant au-dessous de l’eau dans le bief d’aval avec lequel il communique ; on évase ce tube de sorte que l’eau qui a travaillé est rendue au bief à une vitesse réduite. Comme la pression et la vitesse varient en sens inverse, la pression, égale à la pression atmosphérique, à la sortie du tube, lui est inférieure à la sortie de la roue mobile : par cet effet de succion, on récupère, sous forme d’énergie potentielle de pression, la plus grande partie de l’énergie cinétique que possédait encore l’eau à sa sortie de la roue.
- La turbine Francis, ainsi décrite, per-
- Fig. 7. — Le roior d’une turbine Francis double ' à axe horizontal.
- Machine de 3000 ch, chute de 17 m, 300 tours par minute, destinée à la Société hydroélectrique du Drac-Romanche. (Constructeurs : Ateliers Neyret-Beylier et Piccard-Pictet.) A droite on voit la couronne des aubes directrices et la orue.
- Fig. 6. — La roue d’une turbine Francis.
- Cette roue fait partie d’une turbine de 42 500 ch, chute 255 m, 500 tours par minute, destinée à l’usine de Brommat, de la Société des Forces Motrices de la Truvère. (Constructeurs : Ateliers Neyret-Beylier et Piccard-Pictet, à Grenoble.)
- met des vitesses de rotation inconnues pour la roue Pelton, pour de petites chutes. Toutefois, son rendement est déjà peu satisfaisant pour des vitesses spécifiques supérieures à 450 tours-minute; la recherche de vitesses de plus en plus grandes devait provoquer d’importantes modifications à la turbine Francis primitive.
- TURBINE A HÉLICE
- L’expérience et la théorie concordent pour montrer que le rendement d’une turbine
- ♦ *
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- Fig. S. — Vue extérieure d’une turbine Francis double de 5000 ch, chute 29 m, 375 tours par minute, destinée à l'Usine des Clavaux de la Compagnie universelle d’acétylène.
- (Constructeurs : Ateliers Neyret-Beylier et Piccard-Pictet.)
- A l’avant du carter on aperçoit le mécanisme de commande des autres directrices.
- Francis, considéré comme fonction du nombre de tours, présente un maximum (fig. 9). Il suffit de jeter un regard sur le tableau suivant résultant d’essais sur une turbine Francis de 3000 ch sous 50 mètres, pour se
- Fig. 9. — Courbe montrant les variations de rendement des turbines en fonction des vitesses (à débit sensiblement constant).
- Rendement
- Débit
- 0,5
- turbine ) Francis J
- <3
- Cl
- rendre compte qu’une telle machine ne peut fournir que des vitesses relativement faibles, faute de voir son rendement baisser rapidement :
- Rendement Nombre de tours
- 0,75 90
- 0,77 100
- 0,79 150
- 0,81 200
- 0,83 275
- 0,81 350
- 0,79 500
- 0,77 600
- Pratiquement, on ne dépassera pas 500 tours minute pour une turbine Francis, ce qui ne permet pas encore un accouplement direct avec un alternateur. Ceci s’explique immédiatement : quand le nombre de tours augmente, les vitesses relatives de l’eau sur les aubes deviennent très élevées, le frottement qu’elle exerce sur ces nombreuses aubes augmente considérablement et absorbe une certaine quantité de travail moteur, lequel baisse rapidement. Par ailleurs, la présence d’une ceinture extérieure, servant à la fois de support aux aubes de la roue mobile et de limite à la partie tournante, occasionne une perte d’énergie notable (en effet, donnant lieu à des frottements énormes, la ceinture d’une turbine extra-rapide Francis avait des dimensions appréciables). Pour éviter ces pertes par frottements, on a simplement imaginé d’enlever la ceinture de ces turbines et de réduire le nombre et la longueur des aubes, sans toucher au distributeur; pour empêcher les aubes de se déformer et prévenir des remous et des décollements qui seraient résultés de cette diminution du nombre des aubes, on leur donnait une forme plus simple, moins incurvée, obtenue surtout grâce à la réduction progressive du diamètre du disque-moyeu sur lequel sont fixées les aubes : c’est la turbine-hélice où le nombre des aubes est réduit jusqu’à 4 et même parfois 2 comme dans la turbine extrarapide de Th. Bell.
- Le principale supériorité de la turbine-hélice sur la Francis ordinaire réside en divers points :
- 1. Avant tout, elle permet l’obtention de plus grande? vitesses : le rendement est bon pour des vitesses spécifiques inférieures à 750 tours-minute (contre 250 pour la Francis ordinaire et 450 pour la Francis rapide) : il en résulte tous les avantages déjà signalés : salle des machines plus petite, ce qui diminue d’autant les frais de premier établissement, meilleur rendement du groupe turbine-alternateur par la suppression des pertes d’énergie absorbée par des organes multiplicateurs de vitesse.
- 2. Elles sont propres à l’aménagement des chutes de hauteur variable, car leur puissance diminue moins, quand la hauteur de chute décroît, que pour une Francis ordinaire (fig. 10) ; c’est ainsi que le rendement d’une turbine à hélice n’est tombé que de 0,89 à 0,85 pour une hauteur de chute passant de 5,2 m à 4 m.
- 3. La roue n’ayant qu’un petit nombre d’aubes, 3 à 4 fois moins distantes que dans la turbine Francis, exclut toute possibilité d’obstruction : les barreaux des grilles
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- installées à l’entrée des canaux d’amenée pour retenir les corps étrangers pourront être plus écartés (d’où économie sur le coût des grilles et leur entretien), ce qui diminuera par ailleurs les pertes de charge au travers de cette grille.
- 4. Enfin la roue-hélice est plus robuste que la roue Francis aux aubes très compliquées suivant les surfaces à double courbure; la roue est même coulée d’une seule pièce avec le moyeu.
- Ces avantages multiples expliquent pourquoi, depuis quelques années, les turbines Francis cèdent le pas aux turbines à hélice dans les installations de basses chutes et tout particulièrement dans celles où la hauteur de chute est inférieure à 10 m. Et cependant elles étaient loin d’être parfaites, présentant même sur les turbines Francis un grave inconvénient : leur rendement n’est élevé que pour des charges voisines de la normale et baisse rapidement si peu que l’on s’éloigne de la charge pour laquelle elles ont été construites (fig. 12). Cette
- Chute
- normale
- iü 0,8
- -200 cv
- -100 cv
- 3 4 Hauteur de chute
- Turbine Francis „* hélice
- Fig. 10. — Graphique montrant les avantages de la turbine-hélice sur la turbine Francis pour des hauteurs de chute variables.
- tions de débit, le trajet des molécules fluides se déforme et le frottement de l’eau sur les aubes, réduit au minimum pour le débit optimum, devient vite considérable, amenant ainsi une baisse rapide du rendement. Or, dans une turbine dont les aubes constituant l’hélice auraient une inclinaison réglable, automatique pendant la marche, les variations de frottement, partant de rendement seraient à peu près nulles. De plus, .la limite supérieure des vitesses spécifiques des turbo-machines, limite imposée par l’accroissement des pertes ;par frottement sur les aubes
- Fig. 12. •— Variations du rendement d’une turbine hélice en fonction du débit.
- Fig. 11. — Boue-liélice et distributeur conique pour des turbines de 200 ch, chute 2 m 20, 115 tours par minute.
- (Constructeurs : Ateliers Neyret-Beylier et Piccard-Pictet.)
- baisse de rendement est beaucoup plus forte que celle constatée sur les turbines Francis de sorte que l’on avait préconisé le système suivant : mettre dans une même usine plusieurs hélices en parallèle avec une Francis normale en employant les hélices à pleine charge et complétant, par la Francis, la puissance demandée.
- LA TURBINE KAPLAN
- La science ne pouvait se contenter de ce palliatif et c’est alors que le professeur Kaplan de Brno (Tchécoslovaquie) apporta aux turbines à veine moulée un dernier perfectionnement. La baisse de rendement des turbo-hélices s’explique aisément : suivant les varia-
- Turbo-hélice è vitesse constante n, = 600
- normal
- Puissance ÇDébit)
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- Fig. 13. — Turbine-hélice à pales mobiles, type Kaplan, de 85 ch, chute 2 m 20, vitesse 140 à 400 tours par minute. (Constructeurs : Ateliers Neyret-Beylier et Piccard-Pictet.) Machine destinée au tissage de Sauley.
- avec la vitesse, pouvait être encore reculée. La turbine à aubes orientables, dite turbine Kaplan était dès lors inventée : la roue comporte un gros moyeu auquel sont fixées des pales en petit nombre et très courtes (l’ensemble rappelle assez bien une hélice de navire). Comme dans la turbine à hélice, les pales ne sont pas maintenues par une couronne extérieure; leur longueur périphérique est plus courte que le pas de l’aubage, de sorte qu’en regardant la roue suivant son axe, on aperçoit des espaces libres entre les pales. Ces paleshnt une inclinaison variable : perpendiculaires à l’axe de la turbine, dans la position fermée, elles s’inclinent, de façon à augmenter la section du passage de l’eau, quand la charge augmente; les différentes positions d’inclinaison sont en relation bien définie avec les valeurs correspondantes de la charge afin que le rendement soit maximum quel que soit le débit. Ce réglage s’effectue d’ailleurs par action simultanée et conjuguée sur les aubes du distributeur et sur les pales motrices; la commande a lieu par servo-moteur situé entre les brides d’accouplement des arbres de la turbine et de l’alternateur.
- Voyons comment se comporte la turbine Kaplan devant les deux conditions imposées : constance du rendement à débit variable et vitesses de rotations élevées ?
- Variations du rendement avec la charge. — Nous avons vu que, à hauteur de chute et vitesse constante, le rendement des turbines à hélice diminue très rapidement dès que l’on s’écarte du débit normal. C’est là un très grave défaut et l’on a intérêt à tirer le meilleur parti de sa machine; or, il est loin d’être toujours possible de se mettre dans le cas du débit normal, c’est-à-dire dans le cas d’une puissance constante; on est souvent amené, soit à utiliser une machine existante à un régime différent de celui pour lequel elle a été étudiée, soit à demander à une même machine des régimes différents (turbines dont les couples résistants varieront suivant le nombre des machines-outils entraînées par la turbine ou suivant la demande du secteur alimenté par l’alternateur accouplé à la turbine). Ainsi qu’on le pouvait prévoir, le rendement d’une turbine Kaplan reste sensiblement constant, dans des limites très étendues du domaine usuel. Le graphique 15 ainsi que le tableau suivant résultant d’essais faits au laboratoire des Verkstaden à Kristinehamm mettent bien en évidence le classement que l’on peut faire sur les turbines Kaplan, à hélice et Francis, suivant la variation du rendement avec la fraction de puissance débitée par rapport à la puissance maximum.
- Puissance Francis Hélice Kaplan
- 1 0,8 0,8 0,85
- 0,9 0,85 0, 85 0, 855
- 0,8 0,85 0,8 0, 865
- 0,6 0,75 0,61 0,86
- 0,4 0, 69 0, 54 0,84
- 0,3 0, 60 0, 45 0, 82
- 0,2 0, 48 0,35 0,77
- Fig. 14. — La roue motrice de la turbine-hélice de la figure 13. On aperçoit le mécanisme qui assure le réglage de l’orientation des pales.
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- Vitesses de rotation.— Ainsi que nous l’avions annoncé, la turbine Kaplan marque une nouvelle étape, et, semble-t-il, la dernière étape, dans cette course vers des vitesses de rotation de plus en plus grandes : pour conserver un bon rendement, les vitesses spécifiques de turbines Francis, à hélice et Kaplan ne doivent pas dépasser les valeurs respectives suivantes : 450, 750 et 1000. Comme la vitesse de rotation d’une turbine est sensiblement limitée par la vitesse spécifique limite de sa famille, on conçoit que la turbine Kaplan ait donné largement satisfaction : pour des chutes inférieures à 5 m, on a pu construire une turbine Kaplan de vitesse de rotation de 1000 tours-minute : un alternateur hexapolaire, qui lui serait accouplé directement, fournirait du courant alternatif de fréquence 50; le problème initialement posé est résolu et l’on comprend pourquoi on a annoncé que l’évolution des turbines était arrivé à son stade final.
- 1. Les vitesses de rotation sont plus grandes, même avec de faibles hauteurs de chute, que pour les turbines à hélice, lesquelles peuvent elles-même fournir des vitesses doubles de celles que réalisent les turbines Francis. La
- Turbo - hélice Turb. Kaplan Haut T de chute ns = 630 tours
- Puissance
- en °/o puissance normale
- Fig. 16. — Variation des rendements en fonction des hauteurs de chute.
- turbine Kaplan sera par excellence la turbine des faibles chutes, permettant de diminuer le prix de revient de l’alternateur, prix qui entre dans les frais de premier établissement.
- 2. Le rendement reste satisfaisant dans des limites très étendues de la charge. Souvent, pour les turbines Francis et surtout pour les turbo-hélices, on a intérêt à prévoir un très grand nombre d’unités et à répartir la charge convenablement sur les groupes en service pour que chacun d’eux développe sa puissance normale. Ceci n’a plus raison d’être pour les turbines Kaplan et on pourra donc réduire le nombre d’unités, d’où nouvelle diminution des frais de premier établissement et simplification dans les conditions de l’exploitation.
- De plus, une turbine Kaplan peut facilement fonctionner avec une surcharge de 50 % sans que le rendement diminue trop : surchargée de 15 à 20 % au-delà de la puissance maximum normale, elle travaillera encore avec un rendement égal à celui d’une turbine à hélice ou Francis travaillant à charge normale; ceci devient intéressant
- I Kaplan
- H
- Hi Francis rv Turbo-hélice ns = 500 V ns= 600
- ns = 600
- Puissance ____
- par rapport à ta puissance normale
- Fig. 15. — Comparaison des variations de rendement de différentes turbines en fonction de la puissance.
- dans le cas d’avarie à une turbine, les autres turbines développant alors à elles seules la puissance nécessaire, sans inconvénient.
- 3. Plus encore que les turbo-hélices, les turbines Kaplan sont propres à Vaménagement des chutes de hauteur variable (fig. 16) ; dans le même ordre d’idées, elles seront
- encore moins sensibles aux crues.
- 4. La consommation dieau des turbines Kaplan est inférieure à celle des autres turbines (fig. 17 et 18). Des essais ont donné les résultats suivants : la consommation d’eau d’une turbine Francis est de 6,6 % en hiver et de 13 % en été supérieure à celle d’une turbine Kaplan. Pour une turbine à hélice, ces nombres deviennent 15,5 et 38 %. De tels écarts sont dus au fait suivant : une machine d’une usine génératrice fonctionne rarement en pleine charge, c’est-à-dire au régime correspondant au rendement maximum. Or, on a vu que, seules les turbines à aubes orientables permettraieut des rendements convenables même pour des écarts considérables dans la charge. Fonctionnant à rendement maximum, elles utiliseront toujours leur débit
- minimum.
- 5. Les turbines Kaplan présentent moins de dangers de cavitation. On appelle cavitation, la création de points où la pression devient nulle ; l’air dissous dans l’eau se dégage alors et corrode la paroi.
- Dans la turbine Kaplan, de tels troubles sont moins à craindre, car les pales, toujours orientées favorablement, facilitent un écoulement convenable de l’eau, sans crainte de dépression.
- Fig. 17. — Débit nécessaire pour atteindre une puissance donnée avec les différents types de turbines.
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- K turbine Kaplan H turbo hélice
- Débit d'eau
- Puissance
- Fig. 18.
- Graphique du rendement et des débits d’eau en fonction de la puissance pour une turbine Kaplan et une turbine-hélice ordinaire.
- Evidemment, son
- On pouvait se demander si ces avantages ne seraient pas amoindris par cet apport d’un nouvel organe, le dispositif de réglage de l’inclinaison des aubes sur l’axe et sa commande par le régulateur, et l’on pouvait craindre d’être conduit à une machine plus compliquée que les autres turbines. Un brevet déposé par Englesson en 1924 répond à cette question : le mode de réglage aussi simple que possible, automatique qu’il a imaginé annihile ces craintes.
- Enfin, le prix d’une telle turbine n’était-il pas prohibitif?
- supérieur à celui des
- prix est
- autres turbines; une étude plus approfondie montrerait que cette augmentation de prix, toutes choses égales, varie en pourcentage, en raison inverse du diamètre de la roue : à puissance égale une turbine Kaplan de 6 m de diamètre revient 15 % plus cher qu’une turbine à hélice ou Francis; pour un diamètre de 1 m, ce pourcentage monte à 50 %.
- A diamètre égal, ces nombres deviennent 50 à 75 % pour des diamètres respectifs de 6 et 1 m.
- Il pouvait paraître intéressant d’étudier, en fonction de la hauteur de chute, le prix de revient d’une turbine Kaplan rapportée en % des frais de premier établissement.
- Le graphique de la ligure 20 en rend compte immédiatement : pour une hauteur de chute de 8 m, on admet qu’une turbine Kaplan revient 50 % plus cher qu’une autre machine ; rapportée à la dépense totale cette augmentation tombe à 9 %.
- Ces nombres baissent sensiblement, si l’on tient compte du bénéfice réalisé sur l’alternateur revenant beaucoup moins cher, parce que la plus grande vitesse de la turbine lui convient mieux.
- A cela s’ajoute l’excédent de puissance considérable, tel que le font apparaître les graphiques pré-
- Fig. 19.
- Les coffrages des bâches spirales en ciment armé de V Usine du Drac inférieur, de la Société hydroélectrique du Drac inférieur. (L’usine comportera 6 turbines Francis verticales Neyret-Beylier-Piccard-Pictet, de 2660 ch, chute 16 m 50, 250 tours par minute.)
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- Hauteur de chute en m.
- cédents, si Ton s’éloigne de la puissance normale.
- 11 semble d’ailleurs que l’on ait trouvé une solution excellente permettant de bénéficier de la simplicité, du moindre coût de revient et d’entretien de la turbine à hélice à aubes fixes d’une part et de la possibilité pour la turbine Kaplan de travailler à des charges quelconques : on fera fonctionner en parallèle des groupes de turbo-hélices et de turbines Kaplan : les premières fonctionneront toujours à pleine admission (donc à rendement maximum) les secondes fonctionnant à admission quelconque avec un rendement toujours très bon.
- Cette solution commence à se généraliser et un des premiers exemples date de 1926: c’est l’usine Lilla Edet, en Suède.
- Comme on le voit par ce bref exposé, le problème des turbines hydrauliques, concurrentes des centrales thermiques, évolue vers un rendement toujours plus grand, aujourd’hui si parfait qu’il reste bien peu à faire pour considérer leurs progrès comme révolus.
- Jean Arnoux.
- Fig. 20.
- Graphique montrant le prix d’une turbine Kaplan par rapport aux frais d'installation suivant la hauteur de chute.
- Fig. 21. — La salle des machines de l'usine de Guerledan de l'Union hydroélectrique armoricaine.
- L’équipement comprend 3 turbines hydrauliques des Constructions électriques de France de 4400 ch, à 500 tours par minute, sous 42 m 50 de chute
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- OU EN EST LA PHOTOGRAPHIE INTEGRALE?
- Avant d’exposer les résultats obtenus dans les divers essais que j’ai tentés en vue de la réalisation de la photographie intégrale, imaginée en 1908 par le physicien Gabriel Lippmann, je ne peux m’empêcher de regretter que des savants ou des industriels ne se soient pas intéressés davantage à cette étude. On sait cependant que tout progrès n’est, le plus souvent, obtenu qu’au prix d’efforts collectifs.
- La France, berceau de la photographie, se doit de parfaire l’œuvre d’une de ses gloires scientifiques et ne doit pas attendre, comme cela arrive trop souvent, hélas ! qu’une invention créée par le génie français nous revienne de par de là les océans comme une nouveauté.
- PRINCIPE
- Le 2 mars 1908, Gabriel Lippmann, alors professeur à la Sorbonne, faisait connaître dans une retentissante
- Fig. 1.
- communication à l’Académie des Sciences, qu’on pouvait obtenir une photographie, donnant à vision directe, à la fois le relief du sujet et la variation de champ, c’est-à-dire que le sujet photographié flotte dans l’espace et son aspect varie suivant la position de l’observateur, comme si celui-ci se déplaçait devant l’objet lui-même.
- Il s’agissait ni plus ni moins d’obtenir, sans objectif, sans chambre photographique, une multitude de petites images sur une plaque photographique spéciale, qu’il dénommait plaque intégrale et qui à l’observation directe, par transparence, reproduisait l’image du sujet avec tous les caractères énoncés ci-dessus.
- Le principe était posé, il ne restait plus qu’à passer de la théorie à l’application.
- ESSAIS DE RÉALISATION D’UNE PHOTOGRAPHIE INTÉGRALE
- Ces essais ont été systématiquement divisés en trois étapes. J’ai cherché tout d’abord à obtenir, en vision monoculaire, une image unique à l’aide d’une multitude d’images du sujet. La vision étant monoculaire, le relief était évidemment absent.
- J’ai ensuite obtenu deux vues stéréoscopiques du sujet, chacune étant constituée, comme dans le premier essai, d’éléments d’une multitude d’images. En vision binoculaire, chaque œil aperçoit une image unique et par leur conjugaison ces deux images donnent le relief du sujet représenté. Les yeux devant occuper une position à peu près fixe devant les objectifs composites, on ne pouvait encore obtenir la variation de champ.
- Enfin dans une troisième série d’expériences, j’ai pu obtenir sur une plaque de format 9 X 12 et même 18 X 24, une multitude d’images d’un filament de lampe électrique, présentant à l’observation binoculaire, à travers le système optique enregistreur, une image unique, en relief, avec variation de champ, c’est-à-dire possédant tous les caractères d’une photographie intégrale indiqués par Lippmann.
- /er essai. — J’ai exposé ici même cette première réalisation, obtenue en 1925 à l’aide d’un objectif que j’ai établi, composé d’environ 95 petites loupes stanhopes. Par son côté extérieur cet objectif rappelle l’œil de certains insectes (sauterelles, libellules, etc.).
- Je ne décrirai pas à nouveau cette réalisation et prierai le lecteur de consulter La Nature, n° du 26 juin 1926, p. 409 et suivantes.
- Cette première réalisation, bien que sommaire, a montré qu’on pouvait obtenir une image unique, à l’aide de petits éléments empruntés à une multitude d’images.
- 2e essai : image unique avec relief. — Ne possédant qu’un petit nombre de loupes identiques pouvant donner des images nettes, je les ai disposées en deux blocs distants d’environ 6 cm 2, distance pupillaire moyenne.
- A l’aide de ces objectifs particuliers, j’ai photographié un sujet délié (un octaèdre en fil de fer) et après avoir obtenu un couple dont chacune des images est formée d’autant de petites images qu’il y avait de loupes dans chacun des objectifs, j’ai replacé la plaque dans la position exacte par rapport aux objectifs, qu’elle occupait dans le tirage. En observant binoculairement, par transparence, en lumière diffuse, du côté des faces lenticulaires, chaque œil ne perçoit, d’après le résultat du premier essai, qu’une image unique et les deux images stéréo-scopiquement conjuguées donnent le relief.
- Si cette expérience semble présenter quelques points communs avec la stéréoscopie ordinaire, elle en diffère cependant en ce sens que chaque image du couple est constituée par une multitude d’images du sujet. Chaque œil aperçoit une image synthétique et l’observateur synthétise en une seule ces deux images synthétiques.
- Le sujet apparaît alors dans l’espace avec son relief.
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- C’était là croyons-nous une nouvelle étape vers la photographie intégrale. Mais les yeux devant être à peu près fixes devant ces objectifs A et B, la variation de champ ne pouvait encore être ainsi bien mise en évidence.
- 3e essai : image unique avec relief et variation de champ. — Pour que l’expérience précédente fût complète, il aurait fallu constituer un objectif unique composé d’au moins un millier de loupes stanhopes identiques, de façon à couvrir une plaque de format 9 x 12. Or il est difficile de se procurer un aussi grand nombre de loupes stanhopes de même distance focale.
- C’est alors que poursuivant mon idée, d’après une suggestion de M. Planavergne, préparateur de physique, que j’avais mis au courant de mes recherches, j’ai remplacé les loupes stanhopes par des « sténopés ».
- Ainsi le nombre de petites images que l’on pouvait enregistrer n’était plus limité et ne dépendait que du nombre de trous pratiqués dans l’écran sténopéique.
- Tout d’abord sur une plaque de format 9 X 12 j’ai obtenu environ 1200 petites images d’un modèle. Par la suite j’ai pu en obtenir 4800 sur une plaque de format 18 X 24.
- La figure 1 représente un fragment en grandeur nature de l’écran sténopéique qui a servi à enregistrer les nombreuses images d’un filament de lampe reproduites par la figure 2.
- Malheureusement les trous d’aiguille du sténopé laissent passer peu de lumière et j’ai dû prendre comme modèle un sujet lumineux, au lieu d’un objet simplement éclairé : cela est d’autant plus regrettable que ce procédé d’obtenir une photographie intégrale est fort peu coûteux.
- Pour la réalisation de cette expérience j’ai tout d’abord percé dans une mince feuille de papier noir, avec le plus de régularité possible, environ 1250 petits trous d’aiguille de même diamètre. Ce travail ne présente aucune difficulté, mais demande une persévérante attention surtout lorsqu’il s’agit de percer 4800 trous devant couvrir une plaque de format 18-24.
- En possession d’un écran sténopéique régulier, j’ai confectionné un châssis spécial représenté par la figure 3 comprenant à son intérieur l’écran sténopéique.
- La distance de la plaque photographique, à grain fin, à l'écràn sténopé est déterminée par le diamètre des trous et la distance du modèle. Les deux volets A et B du châssis représenté schématiquement par la figure 3 sont mobiles, et on peut pour la mise au point remplacer le volet arrière B par une glace finement dépolie.
- Après avoir découvert le châssis, préalablement chargé, devant une lampe à incandescence (filament de carbone) et quelques tâtonnements dans la pose, j’ai pu enregistrer sur une plaque 9 X 12 environ 1200 petites images du filament représenté par la figure 2.
- J’ai ensuite replacé, après développement et fixage, la plaque dans le- châssis dans la position exacte, par rapport au sténopé, qu’elle occupait dans le tirage. On enlève le volet avant, et on remplace le volet arrière par la glace dépolie. On éclaire alors la plaque en lumière diffuse. En observant à travers l’écran sténopéique, on perçoit, en vision binoculaire et à toute distance, une
- Fig. 2. — Images d'un filament de iampe à incandescence .obtenues par.sténopé.
- image unique du filament avec son relief, et variation de champ, lorsqu’on se déplace.
- Comme je l’indiquais par ailleurs, chacun des yeux de l’observateur puise dans des trous du sténopé un. élément de la petite image enregistrée par ces trous. Ces éléments se raccordent en une mosaïque pour reconstituer l’image synthétique du filament. Ceci se produit pour chacun des yeux de l’observateur. Ces deux images synthétiques sont stéréoscopiquement conjuguées, et le relief apparaît, car les deux conditions fondamentales de la vision stéréoscopique sont satisfaites. En déplaçant la tête, l’observateur perçoit de nouvelles images formant un couple stéréoscopique légèrement différent du premier et ainsi s’explique la variation de champ que l’on constate. En d’autres termes, la photographie intégrale diffère d’une photographie stéréoscopique ordinaire par la constitution même (de bribes et de morceaux) de l’image observée et surtout par ce caractère essentiel qu’elle n’est pas prise d’un point de vue unique.
- L’aspect sous lequel elle montre le modèle dépend de la position du point de vue de l’observateur.
- Fig. 3.
- V 1
- Volet Volet
- détachable ' r détachable
- A B
- Sténopés Plaque _
- \
- L J
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- Fig. 4.— La vision intégrale du filament d’une lampe.
- La figure 4 montre le dispositif de présentation de cette expérience, tel qu’il est réalisé au laboratoire du professeur Houllevigue, à la Faculté des Sciences de Marseille, où l’on peut voir également bien des spécimens de plaques « autostéréoscopiques » dont il sera parlé plus loin.
- J’ai pu, d’ailleurs, présenter cette expérience d’une façon humoristique en faisant apparaître un filament de lampe dans une ampoule qui n’en contenait pas. Il suffit de placer l’ampoule vide de son filament en A à l’endroit où se forme l’image aérienne, réelle, en relief, et dès que l’on éclaire la plaque l’observateur voit le filament en relief venir prendre sa place dans l’ampoule vide.
- En conclusion, ces divers essais ont permis d’obtenir une vérification complète du principe posé par Lippmann, concernant la photographie intégrale. A notre connaissance c’est la première fois qu’on a pu observer une photographie intégrale, formée d’un très grand nombre d’éléments, et visible à toute distance. On a ainsi reconstitué dans l’espace une image aérienne pouvant optiquement remplacer le modèle.
- PLAQUES PHOTOGRAPHIQUES SPÉCIALES
- DONNANT LE RELIEF A VISION DIRECTE
- En dehors des plaques photographiques ordinaires qui donnent la représentation du sujet en noir et blanc, et des plaques reproduisant le sujet avec ses couleurs, on a cherché à établir des plaques photographiques spéciales destinées à reproduire le modèle avec son relief sans le secours d’instruments à interposer devant les yeux de l’observateur.
- Certes, les appareils permettant d’observer le relief à l’aide d’images ne manquent pas. Les stéréoscopes à prismes, à lentilles, à miroirs et les anaglyphes de Ducos du Hauron nous donnent toute satisfaction. Mais on est devenu plus exigeant, et on a cherché à résoudre le même problème sans le secours d’instruments stéréoscopes ou lorgnons colorés. C’est dans ce but qu’ont été imaginées la plaque autostéréoscopique, la plaque ondulée de Hess et la plaque intégrale.
- Plaque autostéréoscopique. — Cette plaque est caractérisée par un réseau ligné, tracé par photographie, impression ou report, sur l’une des faces du substratum
- transparent (verre ou Fig. 6. - La plaque intégrale. celluloïd), l’autre face
- portant l’émulsion sensible. Cette plaque que j’ai imaginée en 1907 reproduit à vi-
- sion directe et simultanément pour plusieurs observateurs, le sujet avec son relief. Des spécimens en ont été présentés à diverses expositions ou congrès. Le lecteur désireux d’avoir des renseignements détaillés sur les moyens d’utilisation pourra consulter un ouvrage récemment publié (x).
- Plaque ondulée du professeur Hess. — Cette plaque établie sur celluloïd, a été imaginée par- le professeur Hess qui en a présenté des spécimens au Congrès de Physiologie en 1920. Elle se rapproche de l’auto-stéréoscopique, la première en date, en ce qu’elle n’enregistre que deux images, celle destinée à l’œil droit et celle destinée à l’œil gauche.
- Cette plaque est constituée par une feuille de celluloïd épaisse dont l’une des faces est gauffrée et formée de lentilles cylindriques parallèles. Nous en représentons une coupe dans la figure 5.
- De même que sur l’autostéréoscopique on enregistre en éléments filiformes, enchevêtrés, les deux images nécessaires. Ici les ondulations agissant par réfraction permettent de montrer à chaque œil les lignes de l’image qui le concernent et les conditions de la vision stéréoscopique se trouvent satisfaites : le relief apparaît.
- Cette plaque se rapproche, par son gaufrage, de la plaque intégrale; mais comme l’autostéréoscopique elle est impuissante à donner la variation de champ, caractère essentiel qui appartient seulement à la plaque intégrale. ii ....... ............
- Plaque intégrale. — Cette
- plaque, imaginée en 1908 par **= ' .....- —;—
- Gabriel Lippmann, est également destinée à reproduire en Fig• 5- — La Placiue ondulée
- relief à vision directe le sujet du Pr°fesseur Hess•
- photographié. Mais elle ajoute
- un élément nouveau : la variation de champ. Le sujet peut apparaître de face ou de profil suivant la position de l’observateur.
- De plus cette plaque se suffit à elle-même, elle n’a pas besoin d’objectif ou de chambre noire pour enregistrer ses images. Un simple châssis contenant la plaque, que l’on découvre devant le sujet, constitue tout le dispositif.
- De tels résultats, d’après Lippmann, pourraient être obtenus à l’aide d’une plaque dont les faces sont moulées ou gauffrées de façon à présenter des portions de sphérules bien en regard l’une de l’autre comme le représente la figure 6.
- La face antérieure A présente des courbures très accentuées tandis que la face B destinée à recevoir l’émulsion, est à faible courbure. La face A constitue une multitude de petits objectifs à foyer très court, et chaque objectif donne une image complète du modèle, sur la courbure qui lui correspond de la face B. Chaque élément lenticulaire doit être optiquement isolé par un pigment noir des éléments qui l’entourent de façon à constituer une petite chambre noire ou « cellule » indépendante.
- A mon avis (tout au moins pour une première réalisation) vingt ou vingt-cinq cellules par centimètre carré seraient suffisantes et la face B pourrait, pour des premiers essais, être plane.
- 1. Voir références bibliographiques à la fin de l’article.
- cmxDxco
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-
- On comprend que dans la prise de vue on obtient sur la face B autant de petites images complètes qu’il y a de cellules. Après développement et inversion, si on observe la plaque par transparence du côté de la face lenticulaire, en lumière dilfuse, on perçoit le sujet photographié avec son relief, grâce au principe de la réversibilité des rayons lumineux.
- J’ai employé le présent; pour être exact, c’est le futur que j’aurais dû employer, car si j’ai pu obtenir, dans mes divers essais des photographies intégrales, vérifiant ainsi la conception de Lippmann, je n’ai pu, avec mes faibles moyens, réaliser une plaque remplissant les conditions nécessaires. Ce n’est pas que je n’aie essayé de nombreux gaufrages de celluloïd ou de moulage de verre. Mais, les sphérules lenticulaires obtenues n’ayant pas la même courbure, toutes les petites images n’avaient pas la même netteté et à l’observation cela apporte un tel trouble que rien n’apparaît clairement.
- Cependant, grâce aux progrès actuels du gaufrage du celluloïd, progrès déjà utilisés pour les films en couleurs de l’ingénieur Berthon par le procédé Keller-Dorian, il semble que la plaque intégrale pourrait voir le jour.
- Il ne paraît pas en effet surhumain, avec l’outillage actuel, de gaufrer une feuille de celluloïd d’environ 1 mm d’épaisseur, sur une de ses faces, pour y faire apparaître une vingtaine de petites lentilles par centimètre carré. L’autre face pouvait, dans de premiers essais, être plane et recevoir l’émulsion sensible à grain lin et facilement inversable.
- Observations et critiques.— Malgré les indéniables avantages que présente la plaque intégrale, peu de chercheurs et d’industriels, à mon grand regret, se sont appliqués à sa réalisation. Certaines observations qui m’ont été faites justifieraient-elles peut- être cette indifférence ?
- L’UNIVERSITÉ ET LE
- Au mois d’octobre 1930, notre ami de Buenos Aires, le Dr R. Bustos Moron nous fit visiter la charmante ville de La Plata et son célèbre Musée d’Histoire naturelle. Située sur le grand fleuve, à 60 km à l’Est de la capitale fédérale, La Plata ne compte pas 100 000 habitants. Mais elle s’accroît sans cesse sur un plan régulier et moderne qui fait de cette capitale de la Province de Buenos Aires une des cités les plus belles et les plus intéressantes de l’Amérique du Sud. Reliée à la capitale fédérale par la voie ferrée et par la route, La Plata se distingue par ses institutions scientifiques, artistiques, philanthropiques et par son Musée, un des plus riches du monde. C’est une ville intellectuelle, pour ainsi dire le cerveau de la République Argentine, Buenos Aires restant la métropole du commerce, de l’industrie, des relations maritimes de ce grand pays. Ville immense, débordante d’activité, bruyante, agitée, encombrée par la tourbe des gens d’affaires, Buenos Aires est peu favorable au repos du corps et au travail de l’esprit. La Plata, à ce point de vue, fait contraste avec elle et l’on comprend que les savants de
- " - = 163 =
- Des quatre plaques spéciales dont il a été question : la plaque en couleur, l’autostéréoscopique, la plaque ondulée, la plaque intégrale, les trois premières ont été réalisées et n’ont pas eu le succès et la vogue qu’elles méritaient. On se demande alors si les efforts de réalisation de la plaque intégrale seront compensés par le juste succès qu’ils méritent.
- On s’est même demandé si l’image intégrale, constituée de bribes et de morceaux, aura la beauté d’une photographie continue ou même la beauté de l’image que présente la plaque à réseaux lignés.
- Le relief à vision directe dans l’image photographique est tout à fait souhaitable. C’est indiscutablement un facteur important dans la représentation du modèle. La plaque intégrale nous le donne en y ajoutant un élément nouveau :1a variation de champ. Toutefois on m’a dit, il ne faut pas que tous ces avantages soient contrebalancés par de trop grandes difficultés de réalisation.
- Quoi qu’il en soit, même si la plaque intégrale ne pouvait être réalisée dans un avenir prochain, la conception de Lippmann est une des plus belles, des plus fécondes dont le génie d’un homme ait gratifié ses semblables.
- E. Estanave,
- Docteur ès sciences.
- Références bibliographiques :
- Note de M. G. Lippmann, sur la photographie intégrale. Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 2 mars 1908.
- La photographie intégrale. La Nature, 21 mars 1908, p. 252. Contribution à la photographie intégrale. Comptes rendus de l’Académie des Sciences, 27 avril 1925, 3 mars 1930 et 26 juin 1930.
- La photographie intégrale, La Nature, 26 juin 1926, p. 409.
- Relief photographique à vision directe, p. 116. 1 vol. de 140 pages. F. Meiller, éditeur.
- MUSÉE DE LA PLATA
- l’Argentine en aient fait une cité universitaire de premier ordre, où le travail intellectuel trouve l’ambiance qui lui convient. Et c’est pourquoi La Plata possède une Université nationale que préside le Dr Benito Nazar Anchorena assisté du Vice-Président Dr Angel M. Casares. L’Université de La Plata comprend les organismes suivants : 1. Institut de l’Observatoire Astronomique (Dr Juan Hartmann); 2. Institut du Musée (Dr Luis Maria Torres, directeur, Dr R. Lehmann-Nitsche, délégué); 3. Faculté des sciences juridiques et sociales (Dr Angel M. Casares,, doyen, Dr Agustin N. Matienzo, délégué); 4. Faculté d’agronomie (Alejandro Botto, doyen, Dr E. Cortelezzi, délégué) ; 5. Faculté de Médecine Vétérinaire (Dr Agustin Pardo, doyen, Dr A. C. Marchisotti, délégué); 6. Faculté des Sciences physico-mathématiques pures et appliquées (Julio R. Castineiras, ingénieur doyen, Evaristo Artaga, ingénieur délégué) ; 7. Faculté des humanités et des sciences de l’éducation (Dr Ricardo Levene, doyen, A. Marasso Roca, délégué); 8. Faculté de chimie et pharmacie (Dr Carlo A. Sagastume, doyen, Dr Alejandro Oyuela,
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- Fig. 1. — Entrée principale du Musée de La Plata.
- délégué) ; 9. Ecole de Médecine (Dr Eugenio Galli, directeur); 10. Ecole supérieure des Beaux-Arts (C. Lopez Buchardo); Secrétaire général de l’Université, Santiago Amaral. Outre ces institutions scientifiques, il existe, à La Plata, un hôpital d’enfants et un Corps médical scolaire que dirige le Dr Carlos S. Cometto.
- La grande attraction de La Plata est son Musée d’Histoire naturelle, de date plus récente que la plupart des musées étrangers, mais d’une richesse qui lui permet de soutenir la comparaison avec les plus anciens et les plus renommés du monde. Un véritable palais lui a été réservé dans un parc magnifique, cadre adéquat aux richesses scientifiques inestimables qu’il abrite. En créant le Musée de La Plata, la République Argentine s’est surpassée. Mais rien de grand ne s’improvise et nous allons marquer, brièvement, les étapes de cette mémorable fondation à laquelle le nom du Dr Francisco P. Moreno est attaché. Dès son enfance, il collectionnait les pierres et c’est avec raison qu’on a conservé dans une vitrine spéciale ce nucléole du futur Musée. En 1877, le Gouvernement de la Province ayant manifesté le désir de fonder un Musée d’anthropologie, F. P. Moreno lui fit don de ses collections et le Congrès (Sénat et Chambre des Députés) le nomma directeur à vie du Musée anthropologique et archéologique de Buenos Aires (13 nov. 1877). Une Commission fut chargée de réunir les fonds nécessaires à l’entretien et au développement du Musée, le premier du genre en Amérique. Si l’on en croit M. de Barrio, secré-
- taire du Musée, l’intervention du Gouverneur Casares et du Ministre V. G. Quesada fut décisive.
- En 1880, Buenos Aires devient capitale fédérale et en 1882 La Plata est fondée; capitale de la Province de Buenos Aires, elle est pourvue en avril 1884 des autorités et administrations attachées à son élévation. Il s’agit maintenant de transporter à La Plata les collections du Musée d’Histoire naturelle que Burmeister dirige à Buenos Aires; mais, devant les risques de la translation, on décide que ce matériel fragile et encombrant restera dans la capitale fédérale avec la bibliothèque. Le pouvoir exécutif provincial ordonne seulement le transport à La Plata du Musée anthropologique fondé par F. P. Moreno, ce qui fut fait en juillet 1884. Le bâtiment n’étant pas construit, les pièces provenant de Buenos Aires sont entassées dans le sous-sol de la Banque hypothécaire, occupée actuellement par le Président de l’Université, par la Faculté des Sciences juridiques, et par la Faculté des Humanités.
- Le 17 septembre 1884, décret du Gouverneur D’Amico prescrivant la fondation du Musée de La Plata en partant du Musée anthropologique et archéologique de F. P. Moreno. Les fondations sont creusées en octobre sous la direction des architectes Ileynemann (allemand) et Aberg (suédois). Cinq ans plus tard, en 1889, le Musée de La Plata ouvrait ses portes au public. L’attention du monde savant fut attirée sur cette ouverture par la Nacidn (de Buenos Aires), la Revista de La Plata, les Illustrated London News. La construction avait coûté 300 000 pesos or (soit plus de 3 millions de francs or).
- Plan général : ovale de 135 m de long sur 70 m de large. A l’entrée, le visiteur aperçoit les roches anciennes de l’éc.orce terrestre et, à mesure qu’il avance, il suit le développement de la vie jusqu’à l’homme dont l’ostéologie ferme l’ovale. Dans les salles qui traversent le cercle de la vie physique prend place l’histoire de la culture et de l’évolution morale inséparable du progrès physique qui, partant des humbles cellules des polypes, continue par les toiles d’araignée, les nids des oiseaux, jusqu’aux œuvres des sociétés humaines, depuis l’anthropophage fossile qui tuait à coups de bâton ou de pierre jusqu’aux civilisations indiennes que la conquête européenne anéantit, les
- Fig. 2. — Département de paléontologie. A gauche, moulage du Diplodocus el fémurs de VArgirosaure.
- Fig. 3. — A droite, salle de Dinosaures.
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- Fig. 4. —- Département de zoologie. A gauche, salle des mammifères et des oiseaux de la République Argentine. , Fig. 5. — A droite, rotonde à l’étage supérieur.
- survivants de races autochtones s’incorporant à la civilisation moderne.
- Un jardin botanique et zoologique devait compléter le Musée dans le grand parc qui l’entoure. Alors on aurait vu, côte à côte, les restes de l’antiquité argentine avec la faune et la flore de l’Argentine moderne, et l’on aurait eu, tout proches, des termes de comparaison entre les espèces vivantes et les espèces mortes.
- La Nacidn ayant imprimé que le Musée était l’œuvre exclusive de F. P. Moreno, ce dernier écrivit aussitôt à Carlos d’Amico : « D’avoir réalisé mon songe doré, la fondation d’un musée, d’un vrai musée je vous le dois : El haber realizado mi sueùo dorado, la jundacidn de un museo, de un verdadero museo, se la debe a ustedf>. Ils peuvent tous les deux s’en partager la gloire. L’Université nationale de La Plata, fondée en 1906, engloba naturellement le Musée dans la section Faculté des Sciences naturelles, Écoles de Chimie, de Pharmacie, Géographie et Dessin. Une partie de la Bibliothèque passa à l’Université, les publications de sciences naturelles restant seules au Musée.
- Le Dr Moreno eut pour successeur, dans la direction du Musée, le Dr Samuel A. Lafone Quenedo. Celui-ci étant mort en 1920 fut remplacé par le Dr Luis Maria Torres. Un règlement promulgué par le pouvoir exécutif de la Nation le 10 mars 1923 établit 9 sections pourvues chacune
- d’un chef particulier : Anthropologie, Archéologie, Ethnographie, Botanique, Zoologie, Géologie et Géographie physique, Minéralogie et Pétrographie, Paléontologie (invertébrés), Paléontologie (vertébrés), Biologie.
- L’édifice (fîg. 1) présente une entrée majestueuse flanquée de colonnes, entre lesquelles on avait projeté de placer 74 bustes de naturalistes; le Congrès s’y étant opposé, on s’est limité à 12 bustes entre les pilastres de la façade : Boucher de Perthes, Lamarck, Winckelmann, Blumenbach, Linné, Cuvier à droite; Humboldt, Azara, Darwin, D’Orbigny, Broca, Bravard à gauche. L’ornementation intérieure s’est inspirée des antiquités péruviennes, araucaniennes, etc.
- On dispose de trois étages divisés en 136 salles : 32 pour l’exposition, 55 pour les laboratoires et bureaux, 49 pour les logements, dépôts et services' auxiliaires, sans compter les galeries et passages. On a ajouté, à l’étage supérieur, 2 salles d’exposition et 2 pour la bibliothèque. Pour le développement futur des séries paléontologiques, on a prévu la construction, sur le front sud, de deux salles destinées aux squelettes de grandes dimensions que les musées européens et américains envoient à titre d’échange. Tous les laboratoires, ateliers et dépôts sont en sous-sol. Etage du rez-de-chaussée : rotonde avec le buste du Dr F. P. Moreno et tableaux de représentants de la faune argentine (fig. 5).
- Fig. 6. — Département d'archéologie et ethnographie. A gauche, salle d’archéologie argentine.
- Fig. 7. —-A droite, collection d’antiquités religieuses de la mission des Pères Jésuites au Paraguay.
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- Les laboratoires de botanique, zoologie, géologie et minéralogie sont pourvus de tous les instruments et appareils nécessaires à l’étude. On y conserve souvent des pièces destinées aux vitrines. A signaler de très riches collections de plantes du Sud-Amérique et des herbiers contenant 20 000 spécimens. Au laboratoire de biologie sont conservées des collections pour les cours, conférences et recherches personnelles d’étudiants ou de savants voulant publier des travaux originaux (mammifères, oiseaux, reptiles, crustacés ; pièces relatives à l’anthropologie, à l’archéologie, à la minéralogie, à la paléontologie (Mégathérium et Mylodon, Dinosauriens de Patagonie, du Rio Negro et de Neuquén). La plupart des collections paléon-tologiques sont dues au préparateur Bernardo Eugui; celles d’anthropologie et archéologie à Octavio Fernandez et Antonio Castro ; celles d’entomologie à Luis Durione. Le chef des préparateurs Juan Durione a travaillé au classement général des séries. Alberto Merlcle (département de zoologie) a préparé des groupes de mammifères et d’oiseaux, sans préjudice de ses excursions à la campagne pour enrichir les collections de la faune argentine. Par les ateliers des préparateurs surchargés de travail passent tous les exemplaires que le public est appelé à voir dans les salles. Ceux de paléontologie et d’archéologie arrivent presque toujours en menus fragments qu’il faut rassembler et ajuster avec patience pour reconstituer la pièce entière. En zpologie, les peaux doivent être préparées pour la conservation et la reproduction des formes de la vie, et les préparateurs doivent être au courant des derniers progrès de la taxidermie.
- Dans chaque rotonde du rez-de-chaussée et au premier étage, on admire 8 fresques figurant des paysages argentins ou des scènes de la vie indigène avec des exemplaires de la faune des Pampas : point de contact des extrêmes de la chaîne biologique commençant dans le mystère et finis: sant avec l’homme, suivant la phrase de F. P. Moreno : principia en el misterio y termina con el hombre.
- Dans les vitrines latérales sont rangées des collections de minéraux innombrables, parmi lesquels nous signalerons l’oxyde d’urane ou pechblende d’où s’extrait le radium, et les gisements pétrolifères exploités en Argentine. Vient ensuite la riche série des roches éruptives, volcaniques, sédimentaires et métamorphiques. On s’arrête devant la vitrine des pierres précieuses et semi-précieuses (piedras preciosas y semi preciosas), des métaux précieux (.metales nobles)-, la reproduction du Cullinan (de la Tour de Londres), le plus gros diamant du monde, attire l’attention. Une des vitrines les plus intéressantes, le n° 39, renferme les météorites tombés sur le territoire argentin : l’aérolithe d’Otumpa (Chaco) pesant 114 kilogrammes et le fer nickélifère de Caperr Aiken (Gouvernement de Chu-but). Belles roches d’ornement ( marbres taillés et onyx de la Toma (San Luis) et de San Rafael (Mendoza), marbre vert de Cordoba, cristaux géants de spath d’Islande, etc.
- La salle 11, réservée à la géologie et à la géographie physique, contient de belles collections de roches, des paysages, des photographies de phénomènes terrestres, des échantillons volcaniques (laves, bombes, lapilli, cendres, soufre), des schémas de formation des montagnes dans l’écorce solidifiée (clivage, plissement, soulèvements,
- flexions et failles). Puis est exposée Y action de Veau, ses effets mécaniques et chimiques sur les roches (destruction, sédimentation, érosions calcaires, dissolution, galets arrondis); Y action de la glace et de la neige (glaciers et moraines), du vent et du soleil (minéraux à facettes, graviers des dunes, sables des Pampas et cendre volcanique fine, rayons solaires fondant et vent creusant les roches) ; Y action des organismes : plantes attaquant les roches dures avec plus de force que l’eau bouillante ; animalcules les détruisant pour former des roches sédimentaires (couches calcaires et argiles) ; roches sous-marines. Des tableaux figurent les volcans éteints d’Auvergne et les célèbres cascades de YYguazu, les plus grandes du monde après celles de Victoria (Zambèze) et avant celles du Niagara. D’autres représentent le globe terrestre, le canal de Panama, etc.
- Le département de Paléontologie est des plus remarquables par la richesse et l’abondance de ses grands fossiles. Angel Cabrera, son directeur, donne une substantielle définition de cette science : « Paleontologia es la zoologia y la botanica de los seres extinguidos ». Elle est étroitement liée à la géologie qui sert de lit à ces êtres éteints et permet de fixer l’époque de leur vie. Résumé des ères géologiques : 1. Era azoica, pas d’air respirable, l’eau couvre la surface terrestre; 2. Era primaria o paleozoica, des invertébrés et plus tard des poissons, arbrisseaux, fougères, araucaria; 3. Era secundaria o mesozoica, végétation abondante absorbant l’excès de carbone atmosphérique et rendant l’air respirable; la vie se développe dans l’eau, les amphibies apparaissent, qui délaissent bientôt l’élément aquatique : dinosauriens gigantesques dont les restes fossiles surabondent au Musée de La Plata, et qui vivaient avant le soulèvement des Andes ; à la fin de cette ère, les mammifères apparaissent; la mer pénètre par l’Est jusqu’au Rio Negro, laissant un étage rocheux criblé de coquillages; à l’Ouest c’est l’océan Pacifique qui recouvre la contrée avant le soulèvement de la cordillère, la preuve en est fournie par les roches calcaires des sommets formées de milliards de coquillages et mollusques fossiles; 4. Era terciaria o cenozoica, les mammifères et les oiseaux remplacent les grands sauriens; fossiles de Santa Cruz; une patte et un bec de Phororhacus, oiseau de 4 m de taille, se voient dans la salle de Y Iguanodon; 5. Era cuaternaria o antropozoica, grands animaux dans les Pampas, le Toxodon, le Smilodon ou tigre énorme qui figure dans un tableau du vestibule de même que le Mégathérium (fig. 5). On a trouvé, dans les néopampas, de grands mammifères comparables à ceux des terrains glaciaires européens. Dans la caverne argentine dite Ultima Esperanza, on a découvert huit espèces de ces mammifères non pétrifiés qu’on peut voir dans la salle de? Milodontes avec un fragment de pied du Glossothérium. A cette ère quaternaire l’homme apparaît et l’on a cru longtemps à l’existence d’une race de géants d’après la découverte d’os qui en réalité appartenaient au Glyp-todonte. C’est en 1766 qu’un mastodonte fut découvert à Arrecifas et envoyé à Madrid; en 1785, le père Manuel de Torres découvrit au bord du rio Lujan le premier squelette de Mégathérium envoyé également à Madrid après avoir été monté et dessiné à Buenos Aires. Cuvier l’étudia
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- plus tard au Musée de Madrid. Un squelette de ce gigantesque animal se voit dans la grande vitrine du Musée de La Plata. Dès lors les naturalistes argentins ont conquis leurs lettres de noblesse et l’Assemblée Constituante, le 17 mars 1812, décréta la formation du Musée public de Buenos Aires, en utilisant les collections du presbytérien espagnol don Bartolomé Munoz. Déjà, parmi les naturalistes Sud-Américains, se distinguaient le curé de Montevideo don Damaso Larraüaga et le médecin argentin don Francisco Javier Muniz. Paléontologues argentins de la fin du xixe siècle : Burmeister, Ameghino, Moreno; les deux premiers, directeurs du Musée de Buenos Aires, le troisième, fondateur et directeur du Musée de La Plata. Les progrès ont été très rapides dans le dernier demi-siècle ; en 1880, on ne connaissait que 50 espèces de mammifères fossiles découverts en territoire argentin; au début du xixe siècle, on en connaît 1500 espèces cataloguées et décrites presque toutes par des naturalistes du pays. La paléontologie argentine est donc bien vivante et le matériel de fossiles réunis au Musée de La Plata est si abondant qu’il pourra servir longtemps aux travaux des spécialistes, sans compter les explorations futures.
- Dans la salle III, nous avons admiré le gigantesque Diplodocus (fig. 2), moulage de celui de Pittsburg que A. Carnegie a fait généreusement exécuter pour les Musées de Londres, Paris, Madrid, Bologne, Berlin, Vienne, Leningrad et La Plata. De chaque côté de cet immense squelette se dressent deux fémurs de 2 m 50 (ceux du diplococus ne dépassent pas 1 m 50) appartenant au Dinosaurus découvert à Neuquén (Aguada del Cano). Cet animal devait mesurer 25 m de longueur, dépassant le Gigantosaure trouvé en Afrique par une mission allemande. On conserve dans les dépôts du Musée des vertèbres et côtes fossiles d’un animal encore plus grand que le Dinosaurus.
- La salle IV dite de YIguanodon, outre les dinosaures et reptiles fossiles que le DT Torres a rapportés de ses expéditions dans le nord de la Patagonie, le Rio Negro et le Neuquén, contient les restes d’oiseaux gigantesques de l’ère tertiaire découverts à Santa Cruz : genre Phororhacus et Brontorius, munis d’un bec formidable émergeant d’une tête plus grande que celle du cheval. On voit dans la vitrine 6, les restes d’une tortue contemporaine des Dinosaures, la Miolania à cornes, d’un volume égal à celui des Gliptodactes de la Pampa et identique à la tortue australienne, argument favorable à la continuité préhistorique des deux continents.
- Le Genyodecte des graviers rouges de Neuquén était un formidable saurien carnivore. Près de la vitrine des oiseaux
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- se dresse le pied gauche antérieur, gigantesque, de YArgy-rosaurus superbus, herbivore cheminant assis sur ses quatre membres comme le Diplodocus. Le Mégathérium americanum, qui mesurait 5 m -50 de longueur, avait une taille assez élevée pour manger les feuilles sur les arbres. A en juger par les os de ses membres, il était d’une robustesse très grande. Son squelette complet est contenu dans une vitrine avec un dessin de la fin du xvne siècle, quand le premier exemplaire fut découvert : dibujo original que debe considerarse como el primer documento grafico sobre el megaterio. Le Toxodon de la salle VII était un mammifère énorme rappelant l’hippopotame ou le rhinocéros. Le Trigodon (dent triangulaire) avait une grande corne au milieu du front.
- Signalons en passant, près de l’humérus droit d’un Tita-nosaurus australis de Neuquén, le tronc silicifié d’un dico-tylédoné fossile pesant 4 500 kg, apporté au Musée en 1922.
- A signaler de nombreux os de toxodontides (nésodactes ayant la taille d’un bœuf), de Machrauchenia patagonica (sorte de grand guanaco). La salle VIII, réservée aux carnassiers nous présente le milodon (ou tigre de la Pampa analogue au puma); le lucalpsa (sorte de renard),Yarcto-therium (ours blanc), Y otarie.
- La salle IX est occupée par les proboscidiens, les mastodontes de la Pampa dont les défenses sont plus longues que celles des éléphants (fig. 7). Le Dinothérium de la faune tertiaire était colossal. Le Diprotodon australis était un marsu-pien énorme pourvu de deux incisives supérieures très longues. Cerfs de la faune pampéenne. Dans la salle X, cétacés fossiles (baleines et dauphins) attestant que la mer avait couvert les plaines de la Pampa.
- Le département de la Zoologie n’est pas moins riche que celui de la paléontologie, en animaux aquatiques ou terrestres, en insectes piqueurs (anophèles et stegomyia, fourmis et abeilles). Belle collection de papillons, crustacés, mollusques, tortues, batraciens, léporides et singes.
- Le département de la Biologie dirigé par Miguel Fernandez; celui de la Botanique dirigé par Auguste C. Scala (herbier argentin, plantes médicinales, bois industriels) n’offrent pas moins d’intérêt que les précédents.
- Les départements d’anthropologie, d’archéologie, dlethnographie, sont également riches. A signaler, à l’étage supérieur, les antiquités sud-américaines, ethnographiques et religieuses des missions des Jésuites au Paraguay (fig. 7), la section égyptienne, la bibliothèque riche de plus de 100 000 volumes. Rien ne manque, au Musée de La Plata pour la curiosité du public et pour l’instruction des savants.
- Dr Jules Comby.
- ÉPURATION DES EAUX INDUSTRIELLES
- PAR LE PHOSPHATE NEUTRE DE SODIUM
- Le procédé courant appliqué dans l’industrie pour l’épuration des eaux consiste à ajouter à celles-ci, d’une part, un lait de chaux qui neutralise les bicarbonates et, d’autre part, du carbonate de soude, lequel par double décomposition avec les sulfates de calcium précipite également la chaux à l’état de carbonate neutre, mais il est très difficile de séparer ainsi
- la totalité de la chaux et de la magnésie. De même le procédé à l’aluminium de baryte bien qu’en ayant l’avantage d’éliminer du même coup les sulfates ne donne pas un résultat complet. Quant à la permutisation qui par la simplicité de son emploi rend de grands services elle, présente l’inconvénient d’introduire dans l’eau une certaine quantité de chlorure
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- de sodium, ce qui peut dans certains cas occasionner une gêne.
- Le phosphate neutre de sodium, au contraire, précipite intégralement la chaux et la magnésie sous forme de phosphates insolubles, si on prend la précaution de mettre un léger excès de phosphate, précipitation qui peut s’achever sans dommage par ébullition dans la chaudière en donnant un dépôt pulvérulent, en même temps que l’excès de phosphate désagrège les dépôts antérieurs de carbonates, sulfates silicates, ou agissant par double décomposition.
- Cette action sur les silicates est particulièrement à retenir, car les eaux silicatées sont les plus difficiles à épurer, enfin
- ce qui parfois peut être utile on précipite le fer qui peut y être contenu.
- L’épuration peut se faire dans les appareils habituels à chicanes en opérant à 70° C, la durée de circulation étant de 2 à 3 heures, le dépôt est très volumineux, de sorte que la filtration est facile, sans qu’il y ait colmatage.
- Si l’eau renferme des matières en suspension, elles sont éliminées par entraînement, dé sorte que l’on obtient ainsi une eau très limpide, même dans des conditions défectueuses telles qu’une souillure par, les huiles de graissage.
- Ainsi qu’on le voit, ce procédé, par la simplicité de son application, mérite de retenir l’attention des industriels, c’est pourquoi nous avons tenu à le signaler.
- = LA SAUVEGARDE DE LA VIE HUMAINE =
- EN MER "
- La catastrophe du Saint-Philibert dont le souvenir est encore présent à tous les esprits, donne une tragique actualité à la question de la sauvegarde de la vie humaine en mer et nous nous proposons, au cours de la rapide étude qui va suivre, d’examiner, parmi les appareils et engins employés, quels sont ceux qui offrent le plus de sécurité et dont l’usage doit, par conséquent, être recommandé.
- Sans doute, on peut faire remarquer avec quelque apparence de raison, que la perte du Saint-Philibert a été si rapide qu’on n’a eu le temps d’utiliser aucun des
- 1. Les illustrations de cet article sont dues à l’obligeance de la Société du Matériel naval du Midi, 144, avenue de Toulon, à Marseille.
- A droite, bouée couronne ouate « à dégagements extérieurs » équipée avec flambeau automatique, cordelettes et flotteurs.
- engins de sauvetage qui étaient à bord, mais c’est là un cas vraiment exceptionnel et l’on tirera certainement de ce sinistre sans précédent les conclusions et les enseignements qui s’imposent. Sans préjuger des résultats de l’enquête en cours, il apparaît qu’il y avait une certaine imprudence à surcharger, comme on l’a fait, un navire d’aussi faible tonnage, à tirant d’eau réduit, mieux fait pour naviguer en rivière que sur des fonds rocheux où des lames violentes sont à prévoir et à redouter. 500 passagers représentent un poids total de 30 tonnes, c’est-à-dire une charge admissible pour un bateau de 190 tonneaux s’il s’agissait de marchandises bien arrimées dans les fonds du navire, mais en l’espèce, ces 30 tonnes sont essentiellement mobiles et lorsqu’elles s’appliquent sur un seul bord comme cela s’est produit, l’équilibre est compromis; le navire donne de la bande et le chavirement est inévitable si une forte lame vient le saisir par le travers.
- De telles catastrophes ne seront évitées que .par la limitation du nombre de passagers et par la modification des formes des navires d’excursion à faible tonnage, de façon à améliorer leurs conditions de stabilité. La parole est donc à l’Inspection maritime et aux ingénieurs navals.
- Il n’en demeure pas moins que si le navire chaviré avait disposé d’un certain nombre d’engins de sauvetage à mise à l’eau facile, sinon automatique, tels que matelas et coussins flottants, radeaux, pontons; ceintures, etc... bon nombre de naufragés auraient pu se maintenir à la surface en attendant l’arrivée des premiers secours. Les rares survivants étaient des jeunes gens, nageurs hors ligne, mais combien y a-t-il de personnes capables de se maintenir sur l’eau sans aucun soutien et par mer agitée pendant une heure ou plus ? On fait remarquer que le chavirement brusque a entraîné au fond tous les appareils disponibles, mais l’objection n’est pas convaincante car, aux dires des rescapés, la mer était couverte d’épaves et il est certain que des appareils de sauvetage à grande flottabilité auraient pareillement surnagé s’ils avaient
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- Fig. 3. — A gauche, flotteur à boules, sur son support de lancement, avec un appareil éclairant. Fig. 4. — A droite, quelques types de flotteurs à bras, à couronne et à boules.
- été libres. Le malheur est que, par mauvaise mer, on enferme les ceintures de sauvetage dans des coffres et l’on assure les amarres des autres engins !
- Ceci dit, nous constaterons que les appareils de sauvetage doivent répondre à trois conditions essentielles : robustesse, facilité de manœuvre et rapidité d’utilisation.
- Les appareils doivent être robustes parce qu’ils sont placés à demeure sur le navire et doivent se conserver en état de fonctionnement sans exiger des visites fréquentes, en dépit du mauvais temps, des différences de température et des fausses manœuvres dont ils peuvent être l’objet. Tout appareil susceptible de se fausser et dont le fonctionnement n’est pas absolument sûr doit être écarté. De plus, pour les engins de sauvetage collectifs, on demande des qualités de navigabilité éprouvées, car les sinistres se produisant généralement par mauvais temps, il importe que l’engin ne soit pas transformé rapidement en une épave, jouet des flots et du vent, qui n’offrirait aux malheureux naufragés qu’une sécurité illusoire. Il convient toutefois d’ajouter que les conditions d’habitabilité et de confort des engins collectifs ne sont pas aussi sévères que par le passé puisque la T. S. F. permet maintenant de solliciter des secours sans avoir à attendre le hasard d’une rencontre avec un autre navire.
- Il faut encore que les appareils de sauvetage puissent être facilement manœuvrés. Il est aisé d’avoir à bord des navires des marins capables de les faire fonctionner à la perfection, mais ces appareils ne rempliraient pas tout leur rôle s’ils exigeaient pour leur utilisation des spécialistes et si les membres de l’équipage non familiarisés, ou même les passagers, ne pouvaient les manœuvrer eux-mêmes. Il faut tenir compte d’un facteur, la panique, qui intervient si souvent dans les naufrages et concevoir les appareils de telle sorte que leur fonctionnement réduise au minimum les possibilités de fausse
- manœuvre. Faire fonctionner les engins de sauvetage au cours d’un exercice d’évacuation est tout autre chose que de s’en servir au milieu d’une foule affolée et perdant tout sang-froid, tandis que gronde la tempête.
- Il faut enfin qu’ils soient d’une utilisation rapide, car l’opportunité de leur emploi éclate généralement à l’improviste et le salut dépend dans bien des cas de la rapidité mise à abandonner le navire en perdition.
- Nous pouvons classer les appareils de sauvetage en deux groupes suivant qu’ils sont employés pour le sauvetage individuel ou collectif. Les premiers servent à sauvegarder toute personne tombée accidentellement à la mer et, dans un naufrage, assurent la possibilité de surnager sans fatigue à tous ceux qui, volontairement ou non, n’ont pas pris place dans les embarcations ou radeaux. Les appareils du second groupe permettent l’évacuation du navire en perdition.
- LE SAUVETAGE INDIVIDUEL
- Les appareils individuels les plus communs sont la ceinture de sauvetage et la bouée couronne. La ceinture de sauvetage existe en divers types dont le plus simple comprend des plaques de liège recouvertes de toile à voile et montées sur des sangles. On emploie aussi des petits sachets en toile imperméabilisée garnis de poudré de liège ou de fibres de kapock. Ce dernier produit se recommande par sa grande légèreté et son pouvoir flottant bien supérieur à celui du liège.
- Dans l’ensemble, la ceinture de sauvetage n’est pas un appareil bien efficace. Mal ajustée — le cas a été vérifié malheureusement maintes fois — elle est plus dangereuse qu’utile, car elle peut provoquer le déplacement du centre de gravité du corps et faire basculer la tête sous l’eau. L’enquête sur la perte du Saint-Philibert a révélé la découverte de deux naufragés qui avaient été étranglés par leur ceinture hâtivement endossée. De plus, ces appareils ne permettent pas une plongée
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- d’une certaine hauteur et gênent considérablement les mouvements.
- On les remplace quelquefois par des gilets de sauvetage en liège ou en kapock, plus encombrants mais aussi plus efficaces, et qui s’ajustent exactement sur le corps. On a mis en service pour des cas particuliers, et principalement pour le sauvetage des équipages d’hydravions, des gilets ou vêtements pneumatiques à gonflage instantané grâce à un petit réservoir d’acier contenant de l’air comprimé à une pression suffisante. Ces appareils, qui n’occasionnent qu’une gêne minimum et dont l’efficacité est certaine, sont malheureusement trop délicats pour être mis entre toutes les mains encore que le génie des inventeurs se soit employé à les perfectionner dans le sens d’une utilisation pratique.
- La bouée de sauvetage est bien connue. C’est une couronne à section circulaire ou ovale en liège recouverte de toile imperméable (fig. 1). Outre qu’elle est lourde et encombrante, son efficacité est des plus réduites toutes
- Fig. 5. — Floileur à bras avec dispositif de mouillage éleclro-mécanigue.
- les fois qu’elle doit servir de point d’appui à une personne non habituée à son emploi. En effet, pour pouvoir l’utiliser efficacement, il faut pénétrer à l’intérieur et la maintenir horizontalement sur l’eau. Cette manœuvre est à peu près impossible à une personne ne sachant pas nager. Si l’on se contente de s’appuyer sur un côté, la bouée a tendance à s’enfoncer et à se dresser verticalement. Si l’on réussit à se coucher sur l’engin, l’équilibre est tout à fait instable et la moindre vague suffit à le compromettre. Pour remédier à ces inconvénients, on a imaginé d’autres systèmes de flotteurs, tels que :
- La bouée ouverte qui consiste en une couronne possédant une solution de continuité et une souplesse suffisante pour permettre de la glisser autour du corps et de la placer sous les bras, les bouées « à dégagements extérieurs », les flotteurs à boules, à couronne, à bras, etc...
- La bouée couronne, qu’elle soit ouverte ou fermée, présente encore une grave lacune qui en fait un engin de sauvetage peu pratique. Alors même que le naufragé a réussi à y pénétrer, il est très mal soutenu et il a la tête à fleur d’eau puisque, en s’appuyant sur la bouée, il la fait plonger devant lui et relever par derrière, c’est-à-dire prendre une position oblique ne permettant d’utiliser qu’une partie seulement du déplacement de l’engin.
- Ces inconvénients sont évités par l’emploi des bouées ovales « à dégagements extérieurs » dont nous donnons ci-contre une vue (fig. 2). Grâce à la grande dimension que cette bouée possède dans un sens, il est facile au naufragé de s’y introduire et une fois en place, il utilise la totalité de la flottabilité de l’engin en la maintenant par ses dégagements extérieurs. L’homme devient solidaire de l’engin et suit avec lui le déplacement de la lame. L’appareil est muni de sangles que l’on peut passer autour des épaules si on veut le conserver au moment de quitter le bord.
- Il ne faut cependant pas se dissimuler que tout engin, qui demande certaines manœuvres pour pouvoir être utilisé efficacement est en principe défectueux. Quand une personne tombe à la mer, le choc de la plongée ou la frayeur risquent de lui faire perdre son sang-froid et de la rendre, par suite, incapable de faire autre chose que de se cramponner à l’engin, surtout si elle ne sait pas nager. On a donc été amené à combiner des appareils de types variés à grande flottabilité et facilement utilisables dont nous allons dire quelques mots.
- Un des plus simples comprend trois masses sphériques en liège d’une flottabilité suffisante pour que l’homme qui s’y appuie ait la tête bien élevée au-dessus de l’eau et 2 pièces cylindriques également en liège accolées aux masses extrêmes du côté de la centrale. L’utilisation de cet engin est facile; il n’y a qu’à engager les 2 pièces cylindriques sous les aisselles et à laisser retomber naturellement les bras le long du corps pour se trouver sou tenu sur l’eau dans une position très stable, mais la flottabilité de l’appareil est suffisante pour que le naufragé puisse s’y cramponner, ce qui lui donne le temps de reprendre son sang-froid.
- Il existe d’autres flotteurs de dimensions plus importantes et de formes diverses dont nous donnons quelques vues (fig. 3 et 4).
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- La mise à l’eau de ces appareils s’effectue à la main par jet ou mieux à l’aide de dispositifs électro-mécaniques. On doit considérer qu’avec la rapidité de marche des navires modernes, il faut disposer d’engins bien agencés, d’une mise à l’eau très rapide, et doués d’une grande visibilité afin que l’homme tombé à la mer puisse tendre ses efforts pour les rejoindre. Un navire marchant à 20 noeuds aura parcouru 600 mètres depuis le moment de la chute à la mer si le mouillage du flotteur demande une minute. Aussi, pour posséder le maximum d’efficacité, ces appareils doivent être placés à l’arrière sous des bosssoirs spéciaux et mouillés automatiquement à l’aide d’un dispositif commandé de la passerelle où la surveillance est constante. La manœuvre d’un commutateur placé sous la main de l’officier de quart libère l’appareil et l’on arrive ainsi à pouvoir, mouiller l’engin quelques secondes après le signal de chute à la mer. Un pareil système, présente un triple avantage : D’abord l’engin tombé de l’arrière ne risquera pas, grâce à l’avancement du navire de tomber dans les hélices ou de se briser contre la coque, s’il y a du vent. Ensuite, en se mouillant instantanément, il marque le point de l’accident et permet à l’officier de quart de commander la manœuvre de la barre et d’amorcer un cercle qui ramènera le navire dans la zone intéressée sans changement dans l’allure des machines, c’est-à-dire sans risques d’avaries et sans affolement à bord. Enfin et surtout, l’engin tombe ainsi le plus près possible du naufragé (fig. 5).
- Outre les cas indiqués ci-dessus, il importe de multiplier à bord les moyens de sauvetage individuels de telle sorte qu’en cas de sinistre, tous les passagers et les membres de l’équipage puissent disposer d’un appareil personnel les maintenant sur l’eau en cas d’absence, d’insuffisance ou de destruction des appareils de sauvetage collectifs.
- On recommande l’usage, partout où cela est possible, de coussins ou de matelas en toile imperméable garnis de kapock et doués ainsi d’une grande flottabilité, qui constituent des appareils supplémentaires à la dispo-
- sition des sinistrés. Ceci est tout particulièrement indiqué pour les navires d’excursion à faible tonnage qui ne peuvent disposer de moyens de sauvetage collectifs suffisants; dans ce cas, on peut utiliser le kapock pour le remplissage des coussins et des dossiers placés sur les bancs des passagers.
- LE SAUVETAGE COLLECTIF
- Les appareils de sauvetage en commun groupent les embarcations et les pontons ou radeaux. Des premières nous ne dirons pas grand’chose, car elles sont bien connues et notre intention n’est pas de parler d’appareils que tout le monde a eu l’occasion de voir, mais bien de signaler les inconvénients et insuffisances de ces appareils et de montrer qu’il en existe d’autres, moins communs, mais capables de les compléter et de rendre ainsi les plus grands services dans cette lourde tâche de la sauvegarde humaine en mer.
- Les grands paquebots possèdent trois classes d’embarcations : une ou deux chaloupes en fer à propulsion mécanique employées en service ordinaire dans les ports et rades, et qui serviront au remorquage des embarcations en cas de sinistre, des canots et des baleinières.
- Les canots sont des embarcations d’une solidité éprouvée construits en tôle d’acier, lié sont insubmersibles grâce à des caissons à air en tôle galvanisée disposés de chaque bord et sous les bancs. Le redressement en cas de chavirement est assuré par la construction spéciale des pointes avant et arrière en dos d’âne qui sont munies elles-mêmes de caissons à air. Une main courante en filin et des filières sont placées autour du canot pour permettre aux naufragés de s’y cramponner et de pouvoir grimper à bord. Ils sont munis d’une emplanture pour l’installation d’un mât et de voiles.
- Les baleinières sont des embarcations plus légères, généralement construites en bois, et qui servent pour les manœuvres d’accostage ou pour les cas d’urgence tels que le sauvetage d’un homme tombé à la mer.
- Toutes ces embarcations sont propulsées à l’aviron
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- à raison d’un rameur par aviron, mais tandis que les canots adoptent la nage en couple, c’est-à-dire à deux rameurs par banc, les baleinières utilisent la nage en pointe, soit un rameur par banc. Les chaloupes à moteur sont' munies d’un poste émetteur de T. S. F.
- Conformément aux règlements maritimes, les embarcations doivent être pourvues de réserves de vivres et d’eau : deux kg de biscuit et trois litres d’eau au minimum par personne prévue, ainsi que des engins de remorquage et des feux rouges d’appel.
- Le plus grand défaut des embarcations réside dans les difficultés de leur mise à l’eau. Sur les navires modernes, les canots sont placés à une grande hauteur et, comme il s’impose de réduire le plus possible l’encombrement, elles ne sont pas toujours d’un accès aussi facile qu’il le faudrait. La mise à la mer d’une embarcation, quand le navire flotte normalement, demande des manoeuvres précises auxquelles doit concourir l’équipage : enlèvement des saisines, sortie du berceau, amenée sous palans, etc., et il est évident que ces manoeuvres sont compliquées en cas de sinistre, tant par la position anormale du navire que par l’état d’esprit général et l’affolement des passagers. Il arrive souvent que le bateau donne une forte bande, ce qui rend impossible l’utilisation des embarcations placées sur le côté le plus élevé. Si par malheur, l’autre bord est frappé violemment par le vent ou les lames, il peut arriver que presque toutes les embarcations soient inutilisables. On a cependant fait quelques progrès et les paquebots de construction récente sont munis de bossoirs perfectionnés permettant la mise à l’eau des canots malgré l’existence d’une légère gîte.
- Le décrochage de l’embarcation au niveau de la mer et son déhalage du long du bord sont des opérations délicates par temps de houle et qui exigent le concours de marins expérimentés. Combien de canots chavirent en touchant l’eau ou se brisent contre la coque entraînant ainsi la perte de leur cargaison humaine !
- Pour obvier à l’insuffisance des embarcations, on a imaginé d’autres appareils d’une apparence moins nautique mais qui sont caractérisés par la facilité de leur mise à l’eau et leur robustesse. Ce sont les radeaux et les pontons. Il faut remarquer qu’aujourd’hui, avec l’emploi de la T. S. F. sur tous les navires à passagers et sur la plupart des vapeurs de charge, les naufragés n’attendent plus les secours aussi longtemps qu’au-trefois. Par conséquent, des engins solides permettant de recueillir le plus grand nombre possible de personnes et d’une flottabilité éprouvée sont à recommander même si ces qualités sont obtenues au détriment du confort.
- Les radeaux se composent de deux ou trois cylindres en forte tôle galvanisée de 4 à 6 mètres de longueur pour un diamètre de 75 à 80 centimètres, cerclés par des colliers qui les relient à une charpente métallique comprenant des tringles ou des traverses sur lesquelles les naufragés peuvent s’appuyer tout en gardant une position assise.
- Les colliers réunissant les cylindres délimitent des cases pouvant recevoir chacune plusieurs personnes assises sur les cylindres, les pieds appuyés sur les tringles du bas et fortement cramponnées par les mains aux trin-
- gles du haut, toutes à leur portée. Dans cet appareil le centre de gravité se trouve placé très bas et la stabilité est bien assurée.
- Aux termes de la Convention internationale de Londres pour la sauvegarde de la vie humaine en mer, les flotteurs doivent présenter un volume de 85 décimètres cubes et les parquets doivent avoir une surface de 37 décimètres carrés par personne à recevoir sur l’engin. En pratique, les radeaux sont calculés pour recevoir de 20 à 50 personnes, disposées comme le montrent les photographies ci-contre (fig. 6 et 7).
- Dans les cylindres se trouvent plusieurs compartiments fermés par des couvercles vissés et destinés à recevoir l’eau et les vivres de réserve, les feux de secours et les flambeaux, les appareils de remorquage, etc... Le radeau peut recevoir un mât et une voile, mais on le propulse ordinairement à l’aviron. Nous donnons plus loin une vue des divers accessoires qui équipent ces engins (fig. 11).
- Le radeau est muni de tringles longitudinales formant échelle et permettant aux naufragés flottant sur la mer de monter sur l’engin (fig. 9).
- En vue de leur lancement, ils sont munis de galets courant sur des glissières appropriées et leur mise à l’eau est d’une extrême simplicité puisqu’il suffit de les faire glisser jusqu’au bord et de les jeter par-dessus. A remarquer qu’on peut les mouiller indifféremment d’un bord ou de l’autre en dépit de la gîte du navire. D’autre part, la construction de la charpente étant symétrique, les radeaux sont utilisables dans quelque sens qu’ils tombent et ne courent pas le risque d’un chavirement.
- Dans le cas où le navire s’enfoncerait avant qu’on ait eu le temps de les employer, les radeaux flotteront seuls et recueilleront les naufragés qui auront surnagé. Ces appareils offrent le maximum de déplacement pour un faible volume. On peut les empiler sans inconvénient sur les ponts supérieurs en diminuant ainsi l’encombrement.
- Les pontons sont des radeaux à peu près semblables à ceux décrits ci-dessus, mais munis de planchers symétriques en bois placés au-dessus et au-dessous des flotteurs et de « fargues » amovibles que l’on peut tendre, formant ainsi un abri contre les vagues. Par temps calme, le ponton offre plus de confort aux naufragés, mais au contraire, en cas de tempête, ils disposent de moins de points d’appui que sur lès radeaux et il ne semble pas en définitive que le second type d’appareil décrit soit à préférer au premier.
- Sur certains navires, et en particulier sur des vapeurs d’excursion de faible tonnage, on emploie de petits radeaux formés d’une charpente légère en bois dont la flottabilité est accrue par l’adjonction de cylindres en toile imperméable garnis de liège pulvérulent ou de kapock. Ces appareils sont destinés à soutenir des naufragés flottant sur l’eau et non à les recueillir.
- Comme nous l’avons dit plus haut, le rôle des pontons et radeaux est de compléter les embarcations de sauvetage, mais non de les remplacer. En matière de sauvegarde de la vie humaine, on ne saurait trop prendre de précautions et les deux catégories d’engins ne font pas
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- double emploi. 11 est donc à souhaiter que tout en conservant les embarcations actuelles et en perfectionnant les appareils de mise à la mer, on développe l’utilisation des radeaux qui ont déjà rendu tant de services pendant la guerre sous-marine de 1915 à 1918.
- En dehors des engins dont nous venons de parler, il est un certain nombre d’appareils ou dispositifs qui contribuent à assurer le sauvetage des passagers et marins sur un navire en perdition et nous nous proposons d’en dire quelques mots.
- Une des premières questions qui se posent en pareil cas est celle de l’éclairage. En effet, on peut remarquer que la majorité des sinistres maritimes se jiroduisent pendant la nuit et leurs conséquences sont encore plus terribles que dans le jour en raison de la panique qui résulte de l’obscurité. Aussitôt que l’eau atteint les machines, les chaudières ou les dynamos, l’éclairage électrique fait défaut. Sans doute, sur les navires les plus modernes, on dispose de groupes électrogènes de secours placés sur les ponts supéi’ieurs, mais on n’arrive pas toujours à les mettre en route promptement et la nécessité d’un éclairage d’urgence, peu dispendieux et d’un fonctionnement instantané, demeure. A fortiori en est-il de môme pour les navires moins bien agencés et ne disposant pas de groupes de secours. Cet éclairage auxiliaire est indispensable quand l’importance des avaries oblige à l’abandon du navire. Un navire que l’on abandonne a généralement perdu ses lignes d’eau, c’est-à-dire donne fortement de la bande ou plonge. Il est bien rare que dans ce cas l’éclairage électrique fonctionne encore et pourtant il faut disposer de sources lumineuses
- Fig. 9 (à gauche). — Radeau petit modèle sur chantier.
- On voit comment on peut se hisser sur l’engin en utilisant les filières et les tringles longitudinales.
- Fig. 10 (en haut, à droite).— Puisage de l'eau dans un compartiment du radeau, au moyen d’une manche qui empêche l’entrée de l’eau de mer.
- Fig. 11 (en bas, à droite). — Accessoires du radeau :
- 1° Couvercle du compartiment des lusées avec boîte étanche pour les allumettes; 2° Couvercle du compartiment d’eau douce avec « moque » (gobelet) pour y puiser; 3° Tuyau armé pour le remplissage; 4° Tubulure destinée à la vidange des réserves d’eau douce; 5° Flambeaux; 6° Cle de manœuvre munie d’un flot-
- teur en liège pour éviter la perte par chute à la mer.
- Fig. 8. — Radeau (grand modèle) sur chantier.
- pendant la manœuvre délicate des embarcations. Une fois l’évacuation achevée, il faut pouvoir explorer la surface de la mer, retrouver les survivants accrochés à quelques épaves, attirer l’attention des navires sauveteurs, etc...
- Dans une hypothèse moins tragique que la perte totale d’un bâtiment : la chute d’un homme à la mer par exemple, il est nécessaire que l’appareil de sauvetage soit muni d’un dispositif lumineux à éclairage automatique, faute de quoi l’homme en péril ne pourrait le voir et s’en saisir.
- Les appareils les plus usités sont les torches marines, flambeaux ou bouées lumineuses qui fonctionnent à l’acétylène et doivent leur allumage automatique à la combustion spontanée d’un gaz, l’hydrogène phosphoré produit par l’hydratation du phosphure de calcium.
- La torche marine a la forme d’un cylindre dont la partie inférieure contient la provision de carbure de calcium et elle porte à son sommet une petite coupelle contenant une trentaine de grammes de phosphure de calcium. Lors du premier plongeon à la mer, la coupelle se garnit d’eau et le phosphure décomposé s’enflamme, provoquant l’allumage de l’acétylène qui se dégage en même temps en raison de l’hydratation du carbure. L’inconvénient de ces appareils est que la quantité d’eau admise dans la coupelle n’est pas régulière. Tantôt il n’y en a pas assez et le phosphure s’éteint, tantôt il y en a trop ; il est inondé et dans ce cas il se consume avant que le carbure se décompose.
- Pour y remédier, on a imaginé des flambeaux tels que les « Carphos » ou « Phoscar » représentés sur les photographies ci-contre (fig. 11) dans lesquels l’admission d’eau se fait régulièrement. Ces appareils se composent d’une boîte en tôle légère divisée en trois parties. Le corps supérieur est vide et assure la flottabilité. Il est terminé par un double ajutage communiquant avec les parties inférieures. Le corps moyen contient la pro -vision de carbure et le dernier est rempli de phosphure de calcium. Chacun de ces deux derniers corps est en communication avec l’eau par un orifice séparé, normalement fermé par un opercule soudé destiné à empêcher l’hydratation anticipée de ces produits. Pour l’utilisation du flambeau, les opercules supérieur et inférieur sont arrachés par traction sur un anneau et l’appareil est jeté à la mer ou, si l’on veut éclairer le pont, plongé dans une baille pleine d’eau. Au contact de ce liquide, le phosphure dégage de l’hydrogène
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- phosphore qui enflamme l’acétylène comme expliqué ci-dessus. Le phosphure assure de même le réallumage en cas d’extinction provoquée par le vent ou les vagues.
- L’évacuation du navire en détresse, au moyen des engins que nous venons d’examiner, n’est pas toujours possible. Un bâtiment qui se jette à la côte par violente tempête ne pourra songer à mettre à l’eau des canots qui seraient brisés comme fétus de paille contre les rochers. Il en est de même en cas de perdition au large, lorsque l’état de la mer interdit l’emploi des embarcations pour'transborder les naufragés sur le navire sauveteur et ceci nous conduit à parler des appareils utilisés pour l’évacuation individuelle : lance-amarres, va-et-vient, bouée-culotte.
- En pareil cas, pour relier le bâtiment en détresse à la terre ou au navire sauveteur, on établit un va-et-vient, c’est-à-dire une amarre solide, simple ou double, sur laquelle pourra courir une bouée-culotte, appareil dont le nom explique bien la fonction. Les occupants du bord pourront prendre place dans cette bouée et seront halés un à un par les sauveteurs. La principale difficulté réside dans l’établissement de ce va-et-vient. On commence par lancer au navire en péril un cordage léger tel que de la drisse à pavillons, au bout duquel on frappe une amarre plus solide que l’on haie à bord. Pour lan-
- cer la drisse, on emploie divers appareils tels que les canons, fusils ou fusées lance-amarres. Dans tous les cas le principe est le même et l’on demande à la combustion de la poudre la force propulsive nécessaire.
- Puisque nous avons parlé de fusées, rappelons que l’on emploie des artifices pyrotechniques pour signaler la perdition d’un navire et demander des secours suivant un code international.
- Signalons enlin que par mauvaise mer, pour faciliter le déhalage des embarcations le long du bord ou le passage de certains points dangereux, on a intérêt à « hier de l’huile ». On sait qu’une couche extrêmement ténue d’huile amène un apaisement des flots. Pour cela, on utilise des sacs en toile qui laissent passer l’huile ou mieux encore des appareils spéciaux munis d’ajutages réglables. On a remarqué, en effet, qu’il est indispensable de dépenser plus d’huile au début que par la suite, c’est-à-dire de créer d’abord une zone de calme relatif grâce à l’écoulement rapide d’un volume d’huile déterminé, auquel succédera ensuite un débit moindre. On construit des appareils qui assurent automatiquement cette distribution. On a reconnu que les huiles les plus appropriées en eau tempérée sont celles dont la densité varie de 850 à 875. En eau froide il faut descendre à 825.
- A. F. Pellat.
- VERS LES HAUTES ALTITUDES
- L’ÉTUDE DES FUSÉES GÉANTES
- Fig. 1. — Le traîneau à fusées de Max Valier. (Celui-ci est debout, en costume gris.) (Ph. Keystone-View.)
- La création du prix Rep-Hirsch pour développer les études d’astronautique, ainsi que les publications de M. Robert Esnault-Pelterie sur la navigation interplanétaire ont éveillé en France l’attention sur les engins susceptibles de voyager hors de la zone d’attraction de notre planète.
- Jusqu’alors le public français en était resté au fameux roman de Jules Verne « De la Terre à la Lune ».
- Cependant le problème dont la solution apparaît encore comme chimérique à tant d’esprits était abordé, de façon très sérieuse, en divers pays.
- La solution de Jides Verne, le projectile lancé par un canon monstre, est matériellement impraticable. Tous les efforts se sont portés sur la fusée automotrice.
- Aux Etats-Unis, le professeur Goddard, depuis de longues années, étudie de façon approfondie la théorie de la fusée pour hautes altitudes. Grâce au fonds de recherches, créé par M. Simon Guggenheim, il dispose aujourd’hui d’une subvention, 1.100.000 dollars, qui lui assure les moyens financiers nécessaires pour passer aux réalisations et il travaille actuellement à la mise au point d’un engin à grar.de portée.
- M. Goddard a aujourd’hui, dans son pays, un émule en la personne de M. W. Bull, étudiant à l’Université de Syracuse.
- En Allemagne, on assiste à un effort considérable, dans la même voie ; les chercheurs sont nombreux, ils sont soutenus par un vif mouvement d’opinion.
- Plusieurs ouvrages importants ont été publiés déjà sur la question des voyages interplanétaires et sur le problème de la fusée : rappelons notamment celui d’Oberth à qui était décerné, l’an dernier, pour la première fois, le prix Rep-Hirsch, et celui de Max Valier.
- Le problème de la fusée a été abordé pratiquement : une première série d’essais, réalisés dans les dernières
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- années, a porté surtout sur l’adaptation de la fusée aux véhicules terrestres ou aériens actuels : automobile, traîneau, avions. Il faut rappeler à ce sujet les tentatives de von Opel sur automobile et sur avion, celle de Max Valier sur automobile et sur traîneau. Ce dernier a, du reste, trouvé la mort au cours de ces essais, toujours fort dangereux. Ce n’était là, à ses yeux, qu’un stade préparatoire à la réalisation d’engins beaucoup plus puissants, une première étape vers le véhicule pour hautes altitudes, en attendant l’heure du véhicule interplanétaire.
- C’est, du reste, prendre le problème de biais que d’essayer d’adapter la fusée pour la propulsion par réaction de véhicules se déplaçant dans les couches inférieures de l’atmosphère.
- Le rendement nécessairement très bas de ce mode de
- Fig. 3. — Une petite fusée d'essai placée sur l’appareil de lancement de Reinickensdorf. (D’après Popular Science Monlhly.)
- locomotion en rend les résultats assez peu démonstratifs.
- Aussi les chercheurs d’outre-Rhin, nullement découragés par le sort tragique de Max Valier, abordent-ils aujourd’hui de face, comme Goddard, le problème de la réalisation de fusées capables d’atteindre rapidement les hautes régions de l’atmosphère.
- Il existe actuellement près de Berlin, à Reinickensdorf un centre d’études où l’on travaille à l’expérimentation des fusées, en vue de réaliser des véhicules automoteurs, capables de se mouvoir à très grande vitesse dans les hautes régions de l’atmosphère.
- Le programme des ingénieurs qui travaillent au centre de Reinickensdorf est de construire, comme première étape, des engins destinés au service de la poste entre
- Fig. 2. — L’appareil employé à Reinickensdorf pour lancer les fusées d’essai et pour étudier au point les moteurs de fusée. (D’après Popular Science Monlhly.)
- les grands centres de l’Europe. Cette première étape franchie, ils tenteraient d’assurer par le môme moyen la liaison Berlin-New York pardessus l’Atlantique Nord. Ce voyage s’effectuerait en quelques heures seulement. Après quoi l’on s’attacherait à construire le projectile capable d’atteindre la Lune.
- Les ingénieurs en chef du groupement sont, d’après Popular Science Monthly,
- MM. R. Nebel, W.
- LeyetR. Reidel. Les moyens financiers leur sont fournis par une association qui compte déjà plus de 1000 adhérents enthousiastes. Les dirigeants comptent parvenir, en 5 ans,
- au terme de la première étape de leur programme.
- Est-il utile de faire remarquer l’intérêt militaire de ces travaux ? En cas de succès la fusée pourrait transporter, à des distances inaccessibles aux plus puissants canons,des explosifs et des gaz asphyxiants aussi bien que des lettres in offensives. Une arme nouvelle serait créée. On n’en est pas encore là.
- La fusée est un engin connu depuis longtemps : on sait que son rendement théorique est très faible, à plus forte raison son rendement pratique. Elle compense partiellement cette infério -rité de principe par l’absence de tout intermédiaire entre le moteur et le propulseur qui sont ici con • fondus.Elle est le seul engin automoteur
- Fig. 4. — La manipulation de dangereux liquides employés pour la propulsion des fusées à Reinickensdorf. L’opérateur est revêtu d’un costume d’amiante qui le protège contre les risques du feu.
- (D’après Popular Science Monlhly.)
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- Fig. 5. — M. R. Tiling procédant à des essais de lancement de fusée à Duemmersee. (Ph. Iveystone View.)
- que l’on puisse concevoir dans les hautes régions de l’atmosphère, où l’air est tellement raréfié qu’il n’offre plus de point d’appui. Pour la fusée, cette raréfaction devient un avantage, parce qu’elle supprime la résistance de l’air qui n’a sur sa propulsion que des effets nuisibles. Elle peut alors prétendre aux très grandes vitesses, mais à condition que les gaz qu’elle éjecte s’échappent eux-mêmes avec une vitesse extrêmement élevée. Ces gaz sont des produits de combustion : pour que leur vitesse d’échappement soit très élevée, il faut que la combustion s’effectue à haute pression et très rapidement. Ces conditions excluent le recours à l’air ambiant comme comburant : il est en effet trop raréfié et trop pauvre en oxygène. D’où la nécessité pour la fusée d’emporter non seulement son combustible, mais encore son comburant, sous une forme aussi concentrée que possible.
- C’est dans cette voie que se sont orientés, en effet, les ingénieurs du centre de Reinickensdorf.
- Ils envisagent l’emploi de l’oxygène liquide comme comburant et de l’essence comme combustible et leurs essais actuels portent sur la mise au point de la combustion d’un tel mélange dans les fusées : essais extrêmement périlleux car l’oxygène liquide en présence d’essence peut former un mélange explosif d’une violence extrême ; de minutieuses précautions sont nécessaires pour éviter les accidents au cours des manipulations de ces liquides qui ne doivent entrer en contact que dans la chambre de combustion et suivant un dosage soigneusement calculé.
- Les chercheurs de Reinickendorff s’attachent, suivant la bonne méthode scientifique, à poser et à résoudre successivement tous les problèmes inhérents à la réalisation de l’engin à grande portée : forme des tuyères et choix du métal, constitution de la chambre de combustion, installation d’instruments enregistreurs dans les projectiles d’essai, dimensionnement des diverses parties de l’engin, etc. D’autres inventeurs allemands se trouvent, en ce moment engagés dans cette même voie.
- Il y a quelques semaines, l’ingénieur Reinhold Filing procédait, sur les bords du Duemmersee, près d’Osnabrück, à des essais de lancement de fusée fort intéressants. Lorsque la fusée a atteint le sommet de la trajectoire et épuisé son combustible, des surfaces portantes se déplient automatiquement qui permettent à l’engin de redescendre et d’atterrir en vol plané. L’essai, effectué devant une nombreuse assistance, a, dit-on, bien
- réussi; mais nous ignorons quelle altitude fut atteinte.
- Signalons encore un essai d’automobile à fusée, du D' P. Heylandt, sur le champ d’aviation de Tempel-hof. Les fusées étaient alimentées par la combustion d’essence dans l’oxygène, emporté à l’état liquide.
- Pour clore cette première liste de pionniers, citons également le D1 Darwin, O. Lyon qui a commencé à Vienne la construction d’une fusée de haute altitude. Celle-ci a été détruite l’an dernier, au cours d’essais en Italie, au Mont Redorta. Le professeur Lyon recommencera cette tentative, cette année, en Tripolitaine.
- Des groupements se sont constitués en divers pays, soit pour soutenir les inventeurs, soit pour grouper les efforts des chercheurs, des théoriciens et des réalisateurs : aux Etats-Unis c’est l’American Interplanetary Society à New York, à Berlin le Verein für Raumschiffsfahrt, présidé par le D1 Oberth; à Vienne une organisation analogue vient de se fonder sous la présidence du baron von Pirquet. A Leningrad, existe un groupement de recherches dirigé par le Pr Nicolas Rynin.
- En France, le problème n’a pas encore tenté de réalisateurs indépendants, mais il préoccupe nombre d’ingénieurs et de savants, comme MM. Robert Esnault-Pelterie et Georges Claude. Un jour viendra où, comme pour l’aviation à ses débuts, il se créera chez nous un mouvement pour l’étude pratique de la locomotion balistique.
- A. Troliær.
- Fig. 6. — Le départ de la fusée de M. Tiling. (Ph. Keystone View.)
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- LAVOISIER A-T-IL CRU AUX MÉTÉORITES?177
- A maintes reprises, on a reproché à Lavoisier d’avoir nié l’existence des bolides, et par son autorité, d’avoir en quelque sorte retardé la vérité. On n’a pas manqué, à ce propos, d’opposer la croyance populaire, qui affirmait depuis des siècles l’existence de pierres tombées du ciel, à l’opinion de savants éminents qui faisaient preuve de la plus obstinée des incrédulités (').
- La mémoire de Lavoisier n’a certes pas besoin d’être lavée d’un tel reproche et je n’essaierai pas de le disculper. Cependant l'examen des pièces du procès est intéressant pour l’histoire des météorites; il nous montrera de plus que l’opinion erronée de Lavoisier avait pour elle des circonstances atténuantes.
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- L’écrit qui a valu à Lavoisier la réprobation signalée plus haut est un « Rapport sur une pierre qu’on prétend être tombée du ciel pendant un orage » (2).
- Voici, en deux mots, les faits. Le 13 septembre 1768, dans l’après-midi, des paysans travaillant aux environs du Grand Lucé (Sarthe) virent un nuage orageux, dans lequel se fit entendre un coup de tonnerre fort sec et à peu près semblable à un coup de canon. A quelques kilomètres de là, à Parigné, d’autres paysans, sans avoir aperçu aucun feu, entendirent un sifflement considérable dans l’air qui imitait le mugissement d’un bœuf, puis ils virent un corps opaque, décrivant une courbe, tomber sur le sol et s’y enfoncer à demi. Cette pierre, d’abord fort brûlante, fut recueillie par les paysans et communiquée à l’Académie des Sciences par l’abbé Bacheley. L’Académie en confia l’analyse à Lavoisier qui y trouva du fer (1/3 environ), du soufre et d’autres matières terreuses. Elle avait une forme triangulaire, pesait 7 livres et demie, et était revêtue d’une matière superficielle noire qui semblait avoir été fondue. Intérieurement, elle présentait de petits points brillants, jaune pâle.
- Dans la conclusion de son rapport, Lavoisier indique qu’il ne croit pas qu’il s’agit en l’espèce d’une pierre tombée pendant l’orage, mais d’un fragment de roche terrestre frappée par la foiidre et fondue superficiellement, comme cela d’ailleurs arrive fréquemment sur les pics élevés et isolés : le Mont Blanc et le Pic du Midi de Bigorre par exemple. Comment, en effet, expliquer que des pierres prennent naissance à l’intérieur des nuages, pendant les orages, « depuis que les physiciens modernes ont découvert que les effets de ce météore étaient les mêmes que ceux de l’électricité » ? N’oublions pas que les travaux de Franklin sont tout récents : ils datent de 1752.
- 1. Voir, par exemple (La Nature, 1924, p. 295,1er semestre), l’article de E. Doublet sur les étoiles filantes et les bolides.
- 2 Œuvres complètes, t. IV, p. 40; Réimprimé dans les Mémoires de Lavoisier touchant la Météorologie et l’Aéronautique (Chiron, édit.).
- Telle est donc l’opinion de Lavoisier. Il ne la donne pas comme définitive; il termine par la phrase suivante: « Au reste, quoique fabuleux que puissent paraître ces sortes de faits, comme... ils peuvent contribuer à éclaircir l’histoire des pierres de tonnerre, nous pensons qu’il sera à propos d’en faire mention... »
- Cette opinion est certainement erronée. La description fournie par les paysans concorde parfaitement avec ce qu’on a observé depuis, lors de la chute des bolides. Très souvent, la chute s’accompagne d’un bruit sec et d’un sifflement. La description de la pierre suffirait à nous convaincre : sa forme, la nature de son revêtement, son aspect intérieur, la présence de fer et de soufre, indiquent sans contestation possible, que la pierre de Lucé est une superbe météorite (*).
- Mais il est impossible de ne pas être frappé, quand on parcourt le rapport de Lavoisier, d’une expression qui revient à chaque instant : pierre de tonnerre. Cela explique bien des choses. Au xvme siècle, il ne s’agissait pas de savoir si des pierres tombent du ciel mais si des pierres tombent du ciel pendant les orages. Un mémoire de Lémery, qui date de 1700, est tout à fait caractéristique à cet égard. La plupart des anciennes chroniques rapportent, en effet, que les chutes se produisaient pendant les orages.
- Il y avait évidemment confusion. Le bruit, confondu avec un coup de tonnerre, est dû à l’explosion du bolide; les phénomènes lumineux, qui accompagnent parfois les chutes, étaient pris pour l’éclair. Lors de la chute du Grand Lucé la confusion s’est répétée; on a très imprudemment baptisé d’orageux un nuage qui ne l’était pas, tout en signalant le caractère anormal du coup de tonnerre.
- Aussi peut-on bien dire, à la décharge de Lavoisier, qu’il a été victime d’un problème mal posé et qu’il ne s’est trompé qu’à moitié. Il a eu tort de ne pas croire à l’existence de cette pierre que des paysans avaient vue tomber et qu’ils avaient ramassée encore brûlante, mais il a eu raison d’affirmer avec force que les orages ne produisent pas de pierres de tonnerre.
- S’il a fallu plusieurs siècles pour que cette question des météorites soit définitivement réglée, cela tient à deux causes : d’abord les belles chutes de bolides sont assez rares. Et puis, pendant trop longtemps, les observateurs n’ont pas rapporté fidèlement les faits : parfois, ils les ont .embellis, souvent ils ont voulu commencer à les interpréter : Lavoisier en a été victime.
- D’ailleurs, la vérité ne devait pas tarder à se faire jour. Après les chutes célèbres de Bénarès (1798) et de Laigle (1803), la légende des pierres de tonnerre était détruite et l’existence de bolides admise par tous.
- J. Jaffray, Agrégé de l’Université.
- 1. Voir A. Daubrée. Les météorites et l’écorce terrestre (Revue des Deux Mondes 15 décembre 1885).
- LE MOIS METEOROLOGIQUE
- JUIN 1931,
- Le mois de juin 1931 a été chaud, peu pluvieux et bien ensoleillé. Au Parc Saint-Maur, la température moyenne du mois, 18°,0 est en excès de 1°,5. Les moyennes thermométriques quotidiennes ont été pour la plupart supérieures à leurs normales respectives et les quelques refroidissements qui se
- A PARIS
- sont produits ont été peu accentués et de courte durée; le plus sensible a été constaté le 25, avec un écart à la normale de — 2°,7. Le maximum absolu, 32°,0, a été noté le 14 et le minimum absolu, 9°,5, appartient à la date du 21. Dans la banlieue, on constata jusqu’à 6°,9 à Villepreux et 34°,0 à Saint-Ouen
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- Fig. 1. — Moyennes de température.
- et en ville, 9°,5 à Auteuil et 33°,4 à l’Office national météorologique.
- La hauteur totale de pluie à Saint-Maur, 37 mm 7, atteint à peine les 70 centièmes de la normale. Elle a été recueillie en 10 jours au lieu de 12, nombre moyen. Il n’est rien tombé après le 19, sauf quelques gouttes le 24. La durée totale de chute, à Montsouris, 17 h. 05, est inférieure de 44 pour 100 à la moyenne 1898-1922.
- Des orages ont été observés dans toute la région les 1er et 5. Le dernier a fourni d’assez fortes quantités d’eau qui ont atteint, à Paris, 36 mm 5 (hôpital Laennec) et en banlieue, 41 mm 2 (Saint-Denis). En outre, quelques coups de tonnerre ont été signalés sur divers points les 6 et 12. La pluie a été mêlée de grêle par places le 1er et le 5.
- Pour le vent, ls directions d’entre Ouest et Nord ont été moins fréquentes que d’ordinaire.
- Le degré de transparence de l’air à Paris a été satisfaisant. En banlieue, quelques brouillards matinaux ont été observés les 3, 12, 13 et 21.
- La moyenne mensuelle! de l’humidité relative de l’air, au Parc Saint-Maur, a été de 74,8 pour 100 et celle de la nébulosité, de 54 pour 100.
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- Fig. 2. — Hauteurs de pluie.
- La pression barométrique moyenne, au niveau de la mer, 763 mm 9, présente un excès de 1 mm 0.
- Variations, par périodes décennales depuis 1874, à l’Observatoire du Parc Saint-Maur, des moyennes de la température, de la pluie, du nombre de jours de pluie, de la nébulosité, de l’humidité de l’air et de la pression barométrique pour le mois de juin.
- Tempre Pluie Jours Nébulé Hum' Pression é baromé-
- 1874—1883 16°,40 en mm 52, 5 de pluie 15 56 74, 6 trique en mm 757, 76(')
- 1884—1893 16, 66 57, 9 11 52 71, 9 758, 54
- 1894—1903 16, 69 51,3 12 53 71, 6 758,20
- 1904—1913 16, 20 63,7 12 59 74, 9 758,02
- 1914—1923 16,30 45, 8 10 58 71,3 759,23
- 1924—1930 16,39 66, 6 13 59 74,0 758,02
- Moy.génér. 16, 44 56,3 12jl 56,1 73,0 758,29 ,
- 1. A l’altitude de 50 m. Membre Em. Roger, de la Société Météorologique.
- E PRESTIDIGITATION E
- LES CHIENS FANTÔMES
- plate forme
- Fig. 1.
- Voici un truc qui, en ce moment, a beaucoup de succès en Angleterre et qui certainement jouira en France de la même faveur s’il vient à être présenté.
- Le prestidigitateur en costume de chasseur arrive sur la scène qui est vide. Ne voyant personne, il appelle : Holà, quelqu’un! A ce moment entrent deux sonneurs de trompe. Il leur fait un signe et les deux sonneurs, s’inclinant, vont chercher dans la coulisse une plate-forme (fig. 1) qu’ils placent au milieu de la scène. Cette plate-forme est assez élevée pour que l’on puisse bien voir dessous qu’elle est vide et elle est assez mince pour ne rien recéler. Les deux hommes vont alors chercher cinq panneaux qui sont montrés devant, derrière; quatre sont placés sur les côtés de la plate-forme où des tiges de fer formant broche de charnières les tiennent en place. Une clavette à chaque angle réunit ces quatre panneaux et le cin-
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- quième formant couvercle est également fixé à charnières (E).
- Les sonneurs jouent un air de chasse, puis sur un signe du chasseur retirent les clavettes et abaissent le couvercle, puis les quatre panneaux (fig. 2). Les panneaux sont relevés. Les sonneurs donnent une seule note déchirante sur leurs instruments, puis abaissent de nouveau les panneaux. Sur la plate-forme se trouvent quatre superbes chiens de chasse, de même taille et de même robe qui se mettent à aboyer à qui mieux mieux, accompagnés par une nouvelle sonnerie de trompes de chasse.
- Ce truc, qui produit un gros effet sur les spectateurs, n’a rien de nouveau en ce qui concerne l’appareil employé.
- Fig. 3.
- La plate-forme et les panneaux n’ont subi aucune préparation spéciale, mais la plate-forme, lorsqu’elle est apportée, doit être posée sur un endroit soigneusement repéré. Aussitôt qu’elle est en place, les machinistes du dessous poussent quatre broches de fer qui entrent dans les pieds et immobilisent complètement l’appareil.
- Il ne se passe rien pendant le premier morceau de cor. Mais lorsque les quatre panneaux et le couvercle ont été rabattus, le panneau A avec le couvercle E est relevé le premier et exactement pendant les trois ou quatre secondes que demande ce mouvement, une trappe (fig. 3) s’ouvre derrière la plate-forme. La hauteur de cette dernière, augmentée du panneau dressé A, plus le couvercle, est calculée pour que les spectateurs les plus élevés ne puissent apercevoir la trappe.
- La longueur de la plate-forme allongée des panneaux rabattus C D est aussi calculée dans le même but. La trappe étant ouverte démasque une pente sur laquelle les quatre chiens silencieux et immobiles attendent le moment, et tous quatre d’un seul bond sautent sur la plate-forme. Leur passage est caché par le panneau B encore rabattu. La plate-forme est suffisamment rembourrée pour amortir le bruit et la secousse; du reste, les quatre tiges dans les pieds et les sonneurs qui tiennent le panneau annulent l’effet du choc. Les trois panneaux relevés ensuite, et la note déchirante donnée par les cors ne sont rien que de la mise en scène destinée à créer l’illusion de l’arrivée au commandement des chiens fantômes.
- Il est naturel qu’on doit avoir pour ce truc des chiens parfaitement dressés : il faut que l’on soit sûr du saut de tous les quatre ensemble, du silence absolu des bêtes pendant toute l’opération et de l’aboiement au moment voulu. Il y a là un beau résultat de dressage. Alber.
- Fig. 2.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES k
- LE GRAISSAGE DES MOTEURS D’AUTOMOBILES
- Personne n’ignore que le bon graissage du moteur est la partie la plus importante des soins que l’automobiliste doit donner à sa voiture pour lui assurer une longue vie. Mais ce que bien peu savent, ce sont les manières de reconnaître la qualité des lrniles employées à cet usage. C’est que les études des huiles, en général, sont loin d’être à la portée des particuliers et sont réservées aux spécialistes pourvus d’un important matériel.
- Quand on demande les caractéristiques d’une huile de graissage minérale, les éléments que l’on vous donne le plus souvent sont :
- Densité à 15°, viscosité Engler à 50° et à 100°, température d’inflammabilité en vase ouvert et de combustion, point de congélation, etc.
- Quand on a réuni tous ces éléments, il faut encore avouer que, bien souvent, on ne sait pas grand’chose; ce qui a l'ait dire à de nombreux spécialistes, tant en France qu’à l’Étranger, que rien ne pouvait remplacer l’épreuve dans le moteur lui-même, que c’est après avoir fait faire 4 ou 5000 km à une voiture, sans changer son huile, qu’il faut étudier ce qu’elle est devenue.
- Cette manière de voir contient un grand fond de sagesse, car il est bien certain que l’épreuve de la pratique doit toujours primer les théories, si belles soient-elles, qui ne sont jamais que la recherche de l’explication de faits observés.
- Ceci a conduit beaucoup d’automobilistes à donner la préférence à des huiles dites compound, c’est-à-dire à des huiles minérales mélangées d’une proportion plus ou moins forte d’huiles végétales traitées spécialement à cet effet. Les constatations sont tout en faveur de cette pratique dont les explications théoriques sont loin d’être entièrement satisfaisantes.
- Sans nous étendre davantage sur cette intéressante question, nous voulons signaler un procédé simple et peu connu, pour déterminer un élément jouant un rôle important dans les qualités à attribuer à une
- huile minérale. Nous voulons parler de la proportion plus ou moins grande d’éléments épais désignés sous le nom d’asphalte. Tout le monde comprendra, en songeant au revêtement des trottoirs de Paris, que l’abondance de l’asphalte, tout en donnant de la viscosité et de la densité à l’huile, est cependant loin d’augmenter son pouvoir lubrifiant.
- Pour déterminer la quantité d’asphalte, les laboratoires disposent de procédés très compliqués, dont nous ne parlerons pas. Mais en voici un que tout le monde peut employer et qui donne des résultats d’une précision bien suffisante dans la pratique.
- Pour l’employer, il faut se procurer une éprouvette graduée de 100 cc, bouchée à l’émeri. C’est un objet que l’on trouve aux environs de l’École de Médecine et dont le prix ne dépasse pas 20 francs.
- Dans cette éprouvette on mettra 50 cc d’huile à essayer avec 50 cc d’éther de pétrole que l’on trouve dans toutes les pharmacies. Toute l’huile se dissout dans l’éther, après qu’on a remué un moment l’éprouvette.
- On versera alors, lentement et avec précaution, 2 cc d’acide sulfurique pur (à 93 pour 100) que l’on trouve aussi en pharmacie.
- On constatera alors la précipitation d’un dépôt épais à la partie inférieure de l’éprouvette. Ce dépôt s’élèvera jusqu’à une certaine hauteur de la graduation dont le nombre doublé pour ramener à cent donnera le pourcentage d’asphalte simplement comparatif d’une huile à une autre.
- Car, pour obtenir le pourcentage précis, il faudrait procéder à des opérations bien plus longues.
- Quoi qu’il en soit, on sera souvent fort surpris de constater que certaines huiles, qu’une publicité adroite fait vendre à des prix élevés, renferment souvent de 8 à 10 fois plus d’asphalte que les huiles d’un prix bien moindre !
- Et l’on pourra se demander alors comment notre matériel se trouve d’un pareil régime. N’est-ce pas là souvent, l’explication de l’usure prématurée de certains moteurs ?
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- L’AUTOMOBILE PRATIQUE
- LE CAMPING
- Fig. 1. — Tentes canadiennes pour 2 à 4 personnes.
- A droite : un grand double-toit-salle à manger recouvrant la tente normale
- (type Guillot).
- TENTES ET CHALETS DEMONTABLES
- L’auto-campeur doit, avant tout, faire choix d’un type de tente ou de maisonnette pliantes.
- S’il ne possède qu’une moto ou un sidecar, il ne pourra vraiment utiliser que des tentes extralégères, avec double toit et toile de sol imperméable.
- Il existe même, dans cet ordre d’idées, des lits pliants avec des sortes d’auvents protecteurs très curieux (fig. 1 et 2).
- S’il dispose d’une voiture de tourisme munie d’une remorque, il pourra faire appel à des modèles qui, pliés, tiennent complètement dans la remorque, et qui, développés, forment une tente intérieure complètement fermée avec une seconde tente extérieure formant double toit, avec auvents en avant et en arrière, et une cuisine arrière complètement séparée.
- Le bâti de la remorque sert de support, comme le montre la figure 3, à des lits très confortables, et un tel ensemble peut
- Fig. 2. — Lit pliant avec abri protecteur.
- A gauche le lit monté, à droite le lit replié et placé dans une mallette
- (modèle Scanar).
- abriter aisément 4 à 5 personnes. D’ailleurs, ses dimensions de 3 m 40 de large, de 5 m de profondeur et de plus de 3 m de haut, montrent bien qu’il ne s’agit pas seulement d’un abri individuel, mais d’une véritable maisonnette en toile (fig. 4).
- Ce système est très intéressant, non seulement parce qu’il permet de réaliser un ensemble d’habitation avec des pièces séparées, ce qui est précieux notamment pour la cuisine toujours difficile en plein air, et pour le cabinet de toilette, mais encore parce que la position des lits à sommiers élastiques en acier et qui sont ainsi placés à 1 m 20 du sol, et mesurent 1 m 90 sur 0 m 90, rend le couchage confortable et hygiénique, en le mettant à l’abri de toute humidité.
- Il est, d’ailleurs, possible d’élever autour de la tente principale de petites tentes annexes légères (fig. 5).
- Pour ceux qui n’hésitent pas à employer un matériel encore plus perfectionné, mais un peu plus lourd, et un peu plus coûteux, le même constructeur a établi une maisonnette entièrement démontable qui ne pèse que 450 kg avec sa remorque, et qui peut être entièrement repliée dans cette remorque de 2 m 40 de long, 1 m 50 de large, et 1 m 10 de haut.
- Par ses panneaux articulés et l’utilisation de tous ses éléments, ce système se transforme sans effort, en 5 mi-
- nutes, en une maisonnette à parois en bois contreplaqué, de 3 m 50 de long, 2 m 50 de large et 2 m de haut, munie de lits véritables à sommiers élastiques et rembourrés (fig. 6).
- Les tentes actuelles sont sans doute imperméables et confortables, mais il est évident que, dans une telle maisonnette, on sera encore installé plus confortablement, et dans les meilleures conditions que l’on puisse rêver.
- Fig. 3. —• La tente Stella utilisant la remorque comme soubassement
- et charpente.
- En haut : la remorque ouverte; en bas : coupe transversale de la tente montée.
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- Fig. 4. — L'installation d’une lente Stella.
- COUCHAGE ET TOILETTE
- Même avec une simple tente de modèle ordinaire, on peut installer le couchage dans d’excellentes conditions, grâce à
- La conception de ce matelas diffère beaucoup de celle des matelas pneumatiques ordinaires ; il a pour but de. supprimer les courbatures imputables aux déviations que subit la colonne vertébrale pendant le sommeil. Le flanc ou le dos du dormeur est soutenu, sans que sa hanche ou son épaule puisse toucher le sol.
- L’air est comprimé à très faible pression, pour que le couchage reste moelleux.
- L’enveloppe souple ne contient donc que quelques litres d’air sous pression minime, et elle se gonfle à la bouche, sans aucun effort et très rapidement.
- Pour bien reposer, il faut, d’ailleurs, être complètement déshabillé, et ne pas garder de vêtement qui puisse entraver la circulation du sang.
- Un détail qui a son importance : il est conseillé d’employer un pyjama et de lui faire subir une petite transformation en allongeant les jambes, et en les terminant par une coulisse. Le pyjama ainsi employé remplace le drap de lit.
- Il faut, enfin, se couvrir mais normalement et légèrement, juste assez pour que la chaleur du corps se conserve normale.
- On emploie donc une couverture duvetée, en duvet fin, suffisamment grande pour couvrir les épaules et se retourner sur les pieds, et assez large pour qu’on puisse s’y rouler (fig.7).
- On peut prévoir en outre un oreiller pneumatique en forme de croissant, dans lequel la tête se repose sans rouler
- (fig.7).
- Il ne faut pas trop compter pouvoir se laver en plein air, dans une source ou un torrent problématiques, et il est donc bon de prévoir une toilette caoutchoutée ou un tub avec
- Fig. 6. — Le chalet remorque Stella replié et monté pour le campement.
- Fig. 5. — Tentes auxiliaires pouvant servir de salle à manger, garage, etc., autour de la tente principale.
- (Modèles Stella.)
- un matériel que l’on peut aujourd’hui se procurer aisément.
- Il faut recouvrir le sol de la tente d’une toile imperméable et lisse; sur cette toile, on placera, soit des couvertures de laine superposées, soit un lit pliant, soit encore, et ce moyen est très recommandable, un matelas pneumatique qui offre un grand confort (fig. 7).
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- Fig. 7. — Accessoires de couchage : lit de. camp pliant, couvertures, matelas et oreillers pneumatiques (modèles Stella et Guillot).
- un réservoir. Il existe maintenant des modèles très pratiques.
- Tous les accessoires de toilette, le linge de rechange, etc. seront, d’ailleurs, contenus dans une valise, ou mieux dans un sac individuel très commode.
- Il sera également utile de prévoir des sacs en tissu gommé pour les objets de toilette, la pharmacie, les accessoires de couture, etc. (fig. 8).
- Enfin, il faut aussi songer aux lanternes d’éclairage. Les lanternes pliantes à bougies sont les plus simples, mais on peut employer des lanternes à essence, des lampes à pétrole, des lampes électriques qui seront alimentées par les batteries d’accumulateurs de l’auto auxquelles elles seront reliées par un câble assez long (fig. 9).
- LES RÉCHAUDS ET LA CUISINE
- L’auto-campeur ne vit pas comme un pionnier qui se nourrit de conserves ou de viande de gibier qu’il fait cuire au-dessus d’un feu de bois, allumé en frottant deux baguettes l’une contre l’autre !
- Pour jouir complètement du charme du camping, il faut pouvoir préparer un repas substantiel aussi bien que le déjeuner du matin ou l’infusion du soir, sans compter l’eau chaude pour la toilette ou le tub.
- Le réchaud à alcool, seul employé jadis, cède de plus en plus la place à l’appareil au pétrole ou encore à l’essence, plus économiques, puisque leur puissance calorifique à valeur égale de combustible est beaucoup plus grande, et qui se
- règlent à volonté comme un réchaud à gaz ordinaire (fig. 10).
- On peut dire qu’avec cet appareil on transporte une usi-ne à gaz en miniature avec soi et l’alimentation est faite avec la même essence que pour l’auto ou la moto. Que rêver de plus simple et de moins coûteux ?
- Encore faut-il
- adopter un appareil offrant toute sécurité, parfaitement étanche, pouvant être transporté, et au besoin rempli pour servir au moment opportun, et dont la facilité de réglage permette de faire cuire aussi bien à « feu doux » qu’à « feu vif ».
- Les petits modèles se font en boîtes de fer-blanc, s’allument en quelques secondes et par pointeau, de telle sorte qu’il suffit de fermer celui-ci à bloc pour éteindre le réchaud, et le transporter garni d’essence.
- Les grands modèles qui se transportent fermés comme une mallette, sont fournis à 1 ou 2 brûleurs et possèdent un réservoir de 0,80 à 1 lit. 25 de capacité. Leur allumage s’effectue- àt l’alcool ou au « méta » et ne présente aucun danger, le récipient placé au dehors de l’appareil ne chauffant jamais.
- Il se fait, d'ailleurs, beaucoup de réchauds au gaz de pétrole, d’une capacité plus ou moins grande, allant de 1/4 à 1 litre.
- Démontés et garnis, ils se transportent dans des boîtes en fer-blanc ou en tôle vernie robuste, avec tous leurs accessoires. Ils rendent également les plus grands services dans le camping; leur fonctionnement est sans aucun danger, et leur réglage s’obtient par simple modification de la pression d’air à l’intérieur de leur réservoir.
- Fig. 8. — Accessoires de toilette : cuvette de campement, bidons-toilettes, sacs caoutchoutés.
- Il se fait même des boîtes protectrices pouvant contenir ces réchauds et servant à les porter, tout en les protégeant du vent quand ils sont allumés : avec ce dispositif aucun danger d’incendie d’herbes sèches n’est donc à craindre lorsqu’on fait la cuisine en plein air.
- Un de ces réchauds se présente, d’ailleurs, sous la forme d’une valise en tôle munie de poignées. A l’avant un réservoir peut être rempli d’essence ou de pétrole. Il est surmonté d’une pompe de compression et distribue le mélange gazeux à 1 ou 2 brûleurs, dont on peut régler le débit par vis latérale.
- Les brûleurs sont surmontés d’une grille supportant les casseroles et les plats (fig. 10).
- Le seul inconvénient des réchauds à pétrole est leur odeur un peu désagréable, surtout au moment de l’allumage. Celui-ci est pourtant effectué très facilement le plus souvent, et, pour désodoriser le pétrole, il suffit de mettre une boule de naphtaline par 1/4 de litre de pétrole. Rien n’empêche, d’ailleurs, d’utiliser, à côté du grand réchaud, un petit réchaud à alcool ou au « méta » qui servira pour préparer une infusion ou du café par exemple.
- Quant au matériel de cuisine proprement dit : casseroles, assiettes, timbales, on peut employer, comme nous l’avons indiqué, des paniers très élégants qui contiennent un assor-
- Fig. 9. — Accessoires d’éclairage : lanterne pliante à bougie, baladeuse électrique, bougeoir électrique avec pile.
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- Fig. 10.
- Les réchauds à pétrole et à essence.
- (Appareils Primus et Campingo.)
- d’un gros boyau cylindrique gonflé d’air, d’une longueur de 2 m. Il peut transporter 1 ou 2 personnes facilement, et peut même servir de lit, retourné sur le sol (fig. 12).
- timent complet, mais chacun peut aussi rassembler dans un sac individuel tout son matériel de cuisine.
- Il existe, d’autre part, un très grand nombre d’accessoires de cuisine tels que, seau à eau, beurrier, boîtes hermétiques, filtres à café, gobelets, bouteilles, etc... réalisés spécialement pour le camping et qui rendront les plus grands services,
- En principe, le camping ne se pratique que pendant la saison chaude, mais il peut arriver pourtant qu’en automne les matinées et les soirées soient fraîches; il est donc toujours prudent de prévoir un petit appareil de chauffage, ne serait-ce que pour faire sa toilette.
- Il existe sans doute des appareils à pétrole, mais ils peuvent souvent être malodorants et même dangereux.
- Il semble plus agréable d’utiliser les chaufferettes Thermix fonctionnant par catalyse, invention de MM. Iierck et Louis Lumière.
- Le principe de fonctionnement de cet appareil consiste en la combustion de l’essence de pétrole
- avec l’oxygène de l’air, en présence de platine à l’état de division extrême, intervenant comme agent catalyseur.
- Cette réaction s’opère sans feu, ni flamme, ni fumée, ni odeur et les produits de cette combustion complète sont deux gaz inoffensifs : la vapeur d’eau et l’anhydride carbonique, à l’exception de l’oxyde de carbone.
- L’appareil est donc complètement sans danger et il ne contient pas d’essence libre, il ne demande aucune surveillance et aucun réglage et la recharge de l’essence peut s’opérer en pleine marche.
- Un tel dispositif constitue donc un moyen de chauffage idéal pour le camping (fig. 11).
- LE CANOË : ACCESSOIRE AGRÉABLE DE L’AUTO-CAMPEUR
- Si l’auto-campeur doit se déplacer à proximité d’un lac, d’une rivière navigable ou même au bord de la mer, le canoë sera pour lui un accessoire qui lui permettra d’accroître encore le plaisir du voyage. Les modèles ordinaires en bois, quoique légers, sont un peu encombrants, et, souvent, il est difficile de les placer sur le toit de la voiture, mais il existe des modèles pneumatiques dont les avantages sont très grands: peu encombrants lorsqu’ils sont pliés, inchavirables, et insubmersibles à l’eau. Ce genre d’embarcation est employé à bord des hydravions ou d’appareils effectuant un long parcours au-dessus de l’Océan. Un modèle récent ne pèse que 12 kg et une fois roulé en sac ne mesure que 60 cm sur 30. Son gonflement s’effectue rapidement à l’aide d’un soufflet à main ou au pied, suivant la taille, en 1 ou 2 minutes. Il présente la forme allongée d’un canoë, le bordage étant formé
- LE CONFORT ET LE CAMPING
- On le voit, l’auto-camping n’est plus aujourd’hui un sport difficile, privilège de quelques initiés, mais un mode de voyage intéressant et économique. La France, avec ses paysages si divers, et ses richesses artistiques et touristiques, lui offre un territoire privilégié. Il doit donc s’y développer rapidement, pour le plus grand bien de la santé physique et morale de nos compatriotes. L. Picard.
- Adresses relatives aux appareils décrits :
- Tentes, René Guillot, 21, rue François-Villon, Paris (15e).
- Lit pliant, Scanar, 30, avenue de La République, Issy-Les Mouli-neaux (Seine).
- Réchauds, Primus, Etabliss. Blondel, 47, rue de Flandre, Paris (19e).
- Réchauds Campingo, L’incandescence par l’essence et le pétrole, 15, rue de Marseille, Paris.
- Chaufferettes Thermix, Sté des réchauds catalytiques, 2 bis, route des Soldats, à Caluire, près Lyon Rhône).
- Canoë pneumatique « Les Mouettes », 75, avenue des Champs-Elysées, Paris.
- Fig. 12. — Canoë pneumatique pliant.
- Fig. 11. — La chaufferette catalytique Thermix.
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- LIVRES NOUVEAUX
- Trois problèmes célébrés de la théorie des nombres, par G. H. Hardy. Traduit de l’anglais par A. Sallin. 1 brochure, 32 p. Les Presses universitaires de France, Paris, 1931. Prix : 12 fr.
- Les trois problèmes abordés par le professeur d’Oxford sont la partition des nombres, c’est-à-dire la décomposition d’un nombre entier en un certain nombre d’autres entiers dont il est la somme, le problème de Waring, c’est-à-dire la recherche du nombre de représentations d’un nombre entier comme somme de puissances positives, enfin la proposition non encore démontrée de Goldbacli s’énonçant ainsi : tout nombre pair est la somme de deux nombres premiers impairs. L’auteur résume très brièvement les travaux modernes consacrés à ces questions : notamment les siens propres et ceux de Hilbert, Kempner, Landau, Littlewood, Wieferich, etc.
- Traité de pyrométrie optique, par G. Hibaud, 1 vol., XVI-488 p., 163 fig. Édité par la Revue d'Optique. Paris, 1931. Prix : 95 francs.
- Les hautes températures jouent un rôle de plus en plus important dans les laboratoires et dans l’industrie : il y a donc une science des hautes températures : ses progrès sont manifestement subordonnés à ceux de la mesure même de ces températures, pour lesquelles les thermomètres usuels sont inopérants. De grandes difficultés ont été rencontrées dans cette voie : fort heureusement la découverte des lois précises du rayonnement a permis de mettre au point des appareils et des méthodes de mesure exacts et pratiques, qui mesurant ou comparant les rayonnements émis par les corps incandescents, en fournissent la température.
- C’est cette science de la mesure des températures par le rayonnement que M. Ribaud expose d’une façon magistrale dans le présent volume : le savant professeur de l’Université de Strasbourg n’a pas borné sa tâche à décrire les différents pyromètres et expliquer leur mode d’emploi, ce qu’il fait du reste très clairement et avec une très grande précision. Il expose d’abord d’une façon très complète les propriétés optiques des corps et les lois du rayonnement, puis d’une façon générale les méthodes de la pyrométrie par rayonnement; il étudie avec détail une question de haute importance, à laquelle il a apporté la contribution de travaux personnels remarquables, celle de la réalisation du corps noir en pyrométrie. Après la description des pyromètres, il termine son livre en rassemblant dans un dernier chapitre les données actuelles intéressant le rayonnement des diverses sources lumineuses usuelles.
- Le cinématographe sonore, par P. hémardinouer, préface de Léon Gaumont. I vol., 236 p., 136 fig. L. Eyrolles, Paris, 1931.
- Le cinématographe sonore a conquis le grand public avec une rapidité surprenante; pour arriver à un tel résultat, il a fallu qu’inven-teurs et techniciens déploient un prodigieux effort. M. Hémardinquer s’en est fait ici l’historien averti et documenté; il rappelle la naissance de l’invention en 1900 avec les premières tentatives de Léon Gaumont et de ses collaborateurs : il montre comment elle est arrivée à maturité et il en expose méthodiquement et clairement la technique actuelle : principes de l’enregistrement du son, réalisation des films sonores, appareils modernes de projection, pratique de la projection. Cet ouvrage, de lecture facile, satisfera la curiosité naturelle des amateurs de film parlant désireux de comprendre le mécanisme complexe et savant de leur spectacle de prédilection. Les techniciens y trouveront, d’autre part, des renseignements sûrs et précis qui leur seront d’une grande utilité.
- Quanta et chimie, par Arthur Haas, traduit de l’allemand par Mlle Peirenot et J. Esclangon. 1 vol., 70 pages. Gauthier-Villars, 1931.
- Le professeur Haas, de Vienne, est l’auteur de plusieurs ouvrages remarquables où il a réussi à vulgariser, dans leurs grandes lignes, les plus ardues et les plus abstraites des nouvelles théories physiques. Le petit livre, dont la traduction est aujourd’hui offerte au public français, se distingue par les qualités de lucidité, d’ordre et de netteté qui ont fait le succès des précédents ouvrages. 11 y montre les rapports que la physique moderne révèle entre le mécanisme des électrons atomiques et les propriétés chimiques périodiques des éléments ; les mécaniques nouvelles donnent une interprétation aisée de la notion chimique de valence et ont permis de prévoir des phénomènes dont l’expérience a ensuite établi la réalité : les spectres dévoilent la configuration électronique de l’atome ; en outre leur exploration de plus en plus complète à la lumière de la théorie des quanta donne aux chimistes de précieuses indications sur la structure des molécules. C’est ce que M. Haas montre avec une parfaite clarté.
- Recueil de manipulations de chimie et métallurgie, à Tusage des élèves des écoles d’arts et métiers, par Victorin Charles et Ernest Martin. 2 vol. in-8. Tome I : Analyse chimique qualitative et quantitative, 84 p., lig. Tome II : Analyses spéciales minérales et organiques; essais physiques, 257 p., fig. Vuibert, Paris, 1931. Prix : 35 fr.
- En deux fascicules, ce volume indique les principales mesures et analyses nécessaires dans l’industrie.
- Le premier traite de l’analyse qualitative et de l’analyse quantitative en général. La titrimétrie, qui permet des dosages rapides, y est expliquée dans ses principales applications. Le second fascicule, plus important que le premier, est consacré à l’examen des eaux, des huiles de graissage, des combustibles et aux analyses spéciales intéressant plus particulièrement les arts; il traite également de l’essai des liants hydrauliques et donne des détails sur le repérage des hautes températures. A certaines manipulations ont été d’ailleurs ajoutés des exercicès et problèmes judicieusement choisis.
- Leçons sur la théorie mathématique de la lutte pour la vie, par Vito Volterra,rédigées par M. Brelot, 1 vol., 214 p. Gauthier-Villars, Paris, 1931. Prix : 60 francs.
- Pendant la guerre, un statisticien italien, le Dr U. D’Ancona,fit une curieuse constatation : les opérations navales avaient fortement ralenti la pêche dans l’Adriatique, sans toutefois la suspendre complètement : les statistiques de la pêche totale des principaux ports adriatiques révèlent que cette diminution de la destruction du poisson par l’homme coïncide avec un développement rapide des requins, qui eux aussi se nourrissent de poissons. Une diminution de l’intensité de la destruction du poisson favorise donc le développement des voraces. Cette observation frappa le savant mathématicien italien Volterra qui entreprit de soumettre au calcul mathématique, c’est-à-dire à la logique serrée, l’étude des variations de composition des associations biologiques. Les résultats de ces travaux fort poussés ont fait l’objet de leçons professées en 1928-1929 à l’Institut Henri-Poincaré et que M. Brelot a réunies dans le présent volume. Le domaine d’applications des recherches du savant italien comprend tous les phénomènes de lutte entre les individus d’une collectivité, les gains des uns étant obtenus grâce aux pertes des autres, gains et pertes pouvant s’évaluer numériquement. L’étude met en œuvre des mathématiques de niveau élevé; il est remarquable qu’elle mette en évidence, par la théorie pure, des fluctuations dans les équilibres biologiques entre espèces dévorantes et dévorées, et qu’elle permette, dans un certain nombre de cas simples, d’en dégager les lois a priori, offrant ainsi un guide précieux pour l’expérimentation.
- Le problème de l’évolution, par Maurice Caullery. 1 vol. in-8, 448 p., 88 fig. Bibliothèque Scientifique, Payot, Paris, 1931. Prix : 40 fr.
- L’ouvrage comprend deux parties : d’abord, l’évolution est envisagée en tant que fait accompli, dont on cherche à mettre en évidence les principales preuves; puis sont examinées les principales conceptions et théories formulées quant au mécanisme ou aux modalités de l’évolution. Professé d’abord en Sorbonne, il forme un exposé général à tendances synthétiques, négligeant le détail au profit des idées directrices, ne cherchant nullement à défendre une doctrine exclusive, mais bien à intégrer, d’une façon cohérente, des éléments d’origines et de tendances diverses. Il intéressera non seulement les étudiants auxquels il était d’abord destiné, mais aussi le public cultivé, dont l’attention se trouve en ce moment vivement sollicitée par ces grandes questions et fournira aux uns et aux autres une orientation utile et une matière à réflexion sur les controverses présentes.
- Observations et réflexions d’un naturaliste dans sa campagne, par le Dr Frank Brocher. 2e partie. 1 vol. in-8, 227 p., 70 fig. Kundig, Gënève, 1931. Prix : 5 fr. suisses.
- Amateur d’histoire naturelle, observateur remarquable, amené à limiter son champ d’études aux animaux qu’on peut observer dans sa maison ou son jardin, le Dr Bocher s’est fait connaître en 1913 par un premier ouvrage : L'Aquarium de chambre, introduction à l’étude de l’histoire naturelle. Depuis, il continue de publier ses constatations, souvent neuves, originales, qu’il présente en un texte clair, ordonné, précis, agrémenté de figures explicatives qu’il dessine à la loupe ou au microscope. Cela nous vaut aujourd’hui un nouveau livre en vingt chapitres où l’on apprend, au hasard des rencontres, comment respirent quelques insectes aquatiques, comment le gui se reproduit et se développe sur les branches, les soins des myriapodes pour leurs œufs, et bien d’autres faits scientifiques, et aussi les sentiments de l’auteur, après longues réflexions, sur les études, la formation des naturalistes, l’évolution, etc.
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- NOTES ET INFORMATIONS
- NÉCROLOGIE A. Wegener.
- Le météorologue et géologue allemand A. Wegener a trouvé la mort cette année au cours d’une exploration du Groenland. Wegener, qui après avoir été attaché à la Deutsche Seewarte de Hambourg, était, depuis 1925, professeur de géophysique à l’université de Graz, s’était rendu célèbre en ces dernières années par son hypothèse de la dérive des continents, formulée dans son ouvrage l’« Origine des Continents et des Océans » publié en 1920.
- Né en 1880, il fit ses études aux universités de Berlin, Heidelberg et Innsbruck; il prit part comme météorologue à plusieurs expéditions scientifiques au Groenland; en 1906-1908 avec les Danois Mylius et Ericksen, en 1911-1913 avec le colonel Koch. 11 retourna au Groenland en 1929, pour y préparer spécialement son expédition de 1930-31. Celle-ci faisait partie d’un plan d’exploration combinée où coopéraient des expéditions américaine, anglaise et allemande. Le but en était d’étudier les conditions météorologiques sur la grande couche glaciaire qui recouvre l’intérieur du Groenland.
- En septembre dernier, Wegener, accompagné du D' Lœwe, quittait Kamaruyuk, à 71° de latitude N. sur la côte occidentale à la tête d’une colonne de 13 Groenlandais chargés de vivres et d’instruments pour atteindre et équiper la station qu’il avait préparée au début de l’année, sur les glaciers, à 400 km, de la côte. Le 1er novembre, cette mission accomplie, Wegener regagnait la côte, accompagné du seul Groenlandais Rasmus. C’est au cours de ce voyage de retour qu’il trouva la mort; en avril dernier son corps était retrouvé enseveli dans la neige; celui de son compagnon n’a pas été retrouvé.
- L’expédition anglaise, dont la zone d’action était située dans la partie méridionale du Groenland, a failli, du reste, elle aussi, avoir une issue tragique. Le météorologue Courtauld, observateur de la station installée à l’intérieur des terres par la mission anglaise, s’est trouvé à un moment en très grand danger. Fort heureusement une expédition de secours partie de la côte a pu le retrouver à temps.
- OCÉANOGRAPHIE
- Une énigme océanique : la disparition des icebergs.
- La presse new-yorkaise signale un fait auquel, de mémoire d’homme, on ne trouve pas de précédent : les icebergs qui devraient, en cette époque de l’année, descendre par bandes nombreuses vers les- parages de Terre-Neuve et les grandes routes de la navigation transatlantique, n’ont pas encore fait leur apparition.
- Un navire de la patrouille de surveillance des icebergs (ice patrol), parti de Boston dans le courant de mai, à la rencontre de leur « procession » coutumière, est rentré au port en annonçant qu’il avait vainement cherché ces glaces flottantes.
- Cette disparition insolite alimente des discussions dans les milieux scientifiques américains, sans qu’il en sorte des explications réellement plausibles. Plusieurs savants connus n’ont pas osé se prononcer. Seul, d’après le New-York Herald, le lieutenant-commandant E. H. Smith, du corps des gardes-côtes, auteur de travaux réputés sur les icebergs, n’a pas craint de formuler une hypothèse.
- Il déclare que, normalement, les rives du Groenland et du Labrador sont ourlées d’une épaisseur de glace, formant une barrière continue qui repousse les glaces flottantes, les empêche de s’échouer sur les hauts fonds et les livre ainsi au courant qui les entraîne dans les chenaux profonds aboutissant à la haute mer et à l’Atlantique septentrional.
- Or, il est très possible que l’extrême sécheresse qui a sévi l’an dernier aux Etats-Unis et au Canada, où elle ruina des milliers de cultivateurs, se soit étendue au Groenland et au Labrador. La rareté de la pluie ou de la neige aurait affaibli la barrière de glace côtière, qui n’aurait plus été assez épaisse et solide pour repousser les icebergs et les empêcher de s’échouer sur les hauts fonds, où ils resteraient accrochés.
- M. Smith, qui vient en Europe pour participer à l’expédition polaire du Graf-Zeppelin, a émis l’opinion que le gouvernement américain devrait organiser une reconnaissance le long de la côte du Labrador pour y compter les icebergs échoués et tenter de trouver une explication scientifique à la disparition des glaces flottantes.
- Un membre du service météorologique de New-York attribue cette disparition à la rareté grandissante des chutes de neige dans les régions arctiques.
- D’autres savants américains font intervenir le Gulf Stream, qui se serait étendu vers le nord depuis plusieurs années. De nombreux rapports constatent que les quatre ou cinq derniers hivers ont été moins rigoureux que d’habitude dans la jiartie orientale des régions arctiques canadiennes. Les gens de Québec et de Montréal se plaignent de leurs hivers trop tièdes.
- On comprend mieux que jamais qu’il y aurait un grand intérêt scientifique à étudier la météorologie du Groenland, but que s’étaient imposé l’an dernier une expédition anglaise et une expédition allemande qui, malheureusement, ont échoué l’une et l’autre. Victor Forbin.
- CHIMIE INDUSTRIELLE Fabrication d’engrais complets.
- Depuis quelques années, il existe, dans l’industrie des engrais, une tendance de plus en plus marquée à fabriquer des engrais à la fois complets et concentrés, c’est-à-dire qui contiennent les trois éléments fondamentaux : azote, phosphore et potasse, tout en étant, dans la mesure du possible, dépourvus de substances inertes servant simplement de support à ces éléments fertilisants, et qui ne font qu’augmenter le poids de l’engrais, et par suite les frais de son transport et de sa manipulation, sans en augmenter les propriétés fertilisantes. Parmi de tels engrais, ceux dans lesquels l’azote est présent à la fois sous la forme nitrique et sous la forme ammoniacale sont particulièrement appréciés, car ils peuvent servir indifféremment aux cultures pour lesquelles l’une ou l’autre de ces deux formes est préférable.
- Pour fabriquer de tels engrais à la fois phosphatés, nitrés, ammoniacaux et potassiques, on a récemment proposé un procédé qui présente ceci de particulier que l’acide phospho-rique entrant dans la composition des engrais est introduit directement sous la forme du mélange gazeux qu’on obtient en oxydant complètement les gaz qui se dégagent des fours de réduction, à température élevée, des phosphates naturels au moyen de charbon et d’un fondant, comme la silice ou l’alumine; ces gaz contiennent à la fois du phosphore, de l’oxyde de carbone, de l’anhydride phosphorique et du gaz carbonique en proportions variables; par suite, le mélange gazeux provenant de leur oxydation complète contient à la fois de l’anhydride phosphorique et de l’acide carbonique. Le procédé en question présente également ceci de particulier que cet acide carbonique est fixé au sein de la même liqueur dans laquelle se fait la fixation des oxydes de phosphore.
- Ce procédé est dérivé du procédé Solvay modifié qui consiste à fabriquer du bicarbonate de soude et du chlorure d’ammonium par la réaction de la soude à l’ammoniaque sans régéné-
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- ration de l’ammoniaque. On y remplace l’acide carbonique parle mélange gazeux, contenant à la fois de l’acide carbonique et des oxydes de phosphore, dont l’origine a été indiquée plus haut, et le chlorure de sodium par un mélange de nitrate de soude et de chlorure de potassium ou de sylvinite (mélange naturel de chlorure de sodium et de chlorure de potassium). La conduite des opérations se fait exactement de la même manière que dans le procédé modifié de la soude à l’ammoniaque exécuté à partir de chlorure de sodium et d’acide carbonique, c’est-à-dire en mesurant la quantité de l’ammoniaque en solution qui n’est pas combinée à l’état de chlorure d’ammonium, mais se trouve au contraire à l’état de carbonate d’ammoniaque. Au chlorure d’ammonium obtenu par le procédé de la soude à l’ammoniaque viennent s’ajouter du phosphate d’ammoniaque engendré par la neutralisation de l’anhydride phosphorique par l’ammoniaque, et du nitrate de potasse provenant de la double décomposition du nitrate de soude et du chlorure de potassium servant de substances de départ. On obtient ainsi un engrais complet contenant à la fois du chlorure d’ammonium, du nitrate de potasse et du phosphate d’ammoniaque, et éventuellement aussi du chlorure de potassium ou du nitrate d’ammoniaque, suivant les proportions des sels utilisés comme matières premières.
- Le bicarbonate de soude provenant de la fixation de l’acide carbonique du mélange gazeux qui apporte l’acide phosphorique est recueilli séparément. Il peut être utilisé pour régénérer le nitrate de soude en le traitant, de façon connue, par des vapeurs nitreuses. Il peut encore être transformé en cristaux de soude et constitue alors un sous-produit de la fabrication.
- HYGIÈNE
- Les pyréthrines en médecine vétérinaire.
- La majeure partie des pertes de nos élevages d’animaux domestiques provient de maladies vermineuses ou parasitaires.
- Depuis longtemps déjà, Moussu a insisté sur l’importance pathologique des vers intestinaux et a montré que la mortalité du bétail est toujours en rapport avec les infections vermineuses et parasitaires.
- Il est indispensable de les soigner et de les faire disparaître, non seulement pour les animaux eux-mêmes mais aussi pour nous protéger, car nos animaux domestiques sont le plus souvent la seule cause de notre contamination et de celle de nos enfants.
- Chez les animaux, dit Cadeac, les parasites jouent le premier rôle et les microbes le second seulement; la terminaison mortelle de la maladie est le résultat de leur collaboration.
- Moussu déclare que c’est à tort que l’on est venu affirmer que les affections vermineuses pouvaient exister impunément ou à peu près, et cela en se basant sur les constatations se rapportant à quelques parasites non prédateurs. Dans la majorité des cas, au contraire, les parasites variés, trouvés dans les épizooties causent des blessures intestinales plus ou moins graves et c’est à la faveur de ces blessures que se font les infections qui précipitent la marche fatale de la maladie. Il ne s’agit pas alors d’une infection spéciale, toujours la même, mais d’infections multiples superposées.
- J. Guiart fait sienne cette théorie et ajoute : le traitement doit donc consister à chasser le plus vite possible les parasites et surtout les vers intestinaux, non pas pour éviter toute infection, mais du moins pour éviter les inoculations successives et empêcher par suite l’affection de devenir mortelle.
- Jusqu’à présent, malgré l’abondance des anthelmintiques et des vermifuges utilisés, les résultats obtenus par leur administration étaient souvent décevants par leur insuccès et surtout en raison des accidents qu’ils étaient susceptibles de déter-
- miner; ce sont tous, en effet, des poisons du système nerveux qui agissent à la fois sur les parasites et sur l’animal lui-même. Ces accidents se font surtout sentir sur les jeunes particulièrement sensibles.
- Depuis les travaux de J. Chevalier, du Pr F. Mercier, des vétérinaires militaires Ach. Urbain et G. Guillot, de Ricaud et Camus sur les pyréthrines et leur action sur les divers animaux de la série animale, nous sommes maintenant en possession d’un vermicide actif sur les vers et tous les animaux à sang froid et très toxique pour eux alors qu’il est absolument inofîensif pour les animaux à sang chaud, même pour les jeunes.
- Ach. Urbain a pleinement confirmé les observations de Chevalier et a pu donner impunément à un cheval des doses massives dix fois supérieures à la dose thérapeutique sans voir aucun malaise ni ultérieurement aucune diminution de poids.
- Il a employé avec le plus grand succès l’huile pyréthrinée en ingestion dans l’anémie vermineuse du cheval provoquée par la présence dans l’intestin de Strongylidés, d'Ascaris, de Cylicostomes, d’Oxyures seuls ou associés.
- Sous l’influence de la médication, il constate la disparition rapide des œufs de parasites et de nombreux parasites morts dans les crottins; les symptômes morbides s’atténuent et disparaissent, l’animal reprenant de la gaieté, de l’appétit et augmentant rapidement de poids.
- Ricaud et Camus, vétérinaires de Gournay-en-Bray, viennent également de rapporter à l’Académie d’Agriculture de nombreux cas de guérison rapide de bronchites vermineuses chez les bovidés par simple injection intra-trachéale d’huile pyréthrinée. Cette affection, qui décime les élevages du pays de Bray, est toujours très grave, souvent mortelle, et jusqu’ici on était presque désarmé contre elle.
- Chevalier a montré l’efficacité des pyréthrines pour combattre les tænias et ascaris du chien et du chat. Dès le premier contact avec une solution très, diluée de ces substances, les vers sont animés de mouvements et se détachent de la muqueuse intestinale. Ces mouvements durent un certain temps, puis survient de la paralysie et les parasites sont ensuite expulsés morts.
- Appliquée systématiquement aux jeunes chiens à titre préventif ou curatif, cette médication, totalement inofîensive, permet de les libérer rapidement de leurs ascarides qui leur sont si néfastes dans les premiers mois de leur existence.
- Si on veut bien réfléchir que les animaux domestiques et en particulier le chien sont le plus souvent les agents de transmission des parasites intestinaux chez l’homme, on comprendra l’utilité de combattre et l’avantage de cette médication.
- Nos élevages d’oiseaux : poules, pigeons, faisans présentent souvent des épidémies d’helminthiases ou de syngamose (ver rouge) qui les déciment; Chevalier à montré qu’on pouvait les combattre avec succès et même les éviter en mélangeant aux pâtées et à l’eau d’alimentation des émulsions de pyréthrines dans de l’eau.
- Enfin, il a également signalé que les sarcoptes (gale) du cheval, du chien, du chat qui, comme l’a récemment encore montré le Dr Clément Simon, sont transmissibles à l’homme, sont facilement détruits par une solution de pyréthrines dans l’eau alcoolisée employée en lotions ou en frictions. La gale de l’homme peut être, du reste, traitée de la même manière et avec le même succès.
- De multiples applications des pyréthrines en médecine vétérinaire sont donc à prévoir; ce sont des substances extrêmement actives, mais il faut qu’elles arrivent intactes au contact des parasites qu’elles doivent détruire; c’est une question d’expérimentation méthodique dans chaque cas particulier.
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- PETITES INVENTIONS
- PHOTOGRAPHIE
- Les autodêclencheurs « Ski=Mô » et « Foto=Ski ».
- Il a été déjà créé de nombreux dispositifs autodéclencheurs permettant de se photographier soi-même, mais bien rares sont ceux qui donnent entière satisfaction; les uns, d’ailleurs trop volumineux et trop coûteux, ne peuvent s’adapter qu’à des appareils d’un type bien déterminé, les autres sont d’un fonctionnement quelque peu capricieux, parfois même assez brutal pour léser les délicats organes de l’obturateur et provoquer une mise hors service prématurée.
- On a bien pourvu certains obturateurs d’un dispositif à retardement, mais ceux-ci sont toujours à simple effet et ne procurent pas, par conséquent, la possibilité de faire des poses chronométrées d’une durée supérieure à la seconde.
- 11 y avait là une lacune que vient de combler très heureusement la nouvelle fabrication d’une manufacture genevoise spécialisée dans les délicats travaux de la petite mécanique de haute précision; les autodéclencheurs « Ski-Mô » et « Foto-Ski », le premier à simple effet, le second à double effet, sont tous deux caractérisés par un fonctionnement à la fois doux, progressif, sans chocs ni secousses et très précis.
- Le « Ski-Mô » est un modèle minuscule de 3 cm de diamètre seulement, pouvant être mis dans une poche de gilet. Il contient un ressort moteur que l’on arme en faisant décrire un tour à une clé extérieure, après avoir placé un index à la position voulue pour mettre un cliquet intérieur en prise avec une roue à rochet, ce qui paralyse le mécanisme. Pour utiliser cet instrument, on engage la collerette du propulseur de l’appareil dans la fourche coudée de l’auto-déclencheur qui, lorsque celui-ci est armé, émerge de quelque 12 mm, et d’amener le bouton poussoir dans une petite cuvette ménagée sur le côté du boîtier.
- Un cordonnet permet d’attacher l’autodéclencheur à l’appareil photographique, de façon à éviter toute traction sur le propulseur métallique ce qui, au cas où celui-ci décrirait un coude trop accentué, pourrait entraver la poussée de déclenchement.
- Lorsque l’on est sur le point d’opérer, on déplace l’index commandant le cliquet de blocage : 15 secondes après, la fourche est ramenée vers le corps de l’autodéclencheur et fait fonctionner l’obturateur.
- Le « Foto-Ski » (fîg. 2) se présente sous la forme d’un petit parallélépipède dont la hauteur est de 4 cm et l’épaisseur de 1 cm, du haut duquel émerge une fourche coudée et un poussoir permettant d’obtenir successivement une poussée et un lâcher, séparés par un intervalle variable de temps. Celui-ci est déterminé par la position d’une couronne portant un repère et que l’on peut faire tourner concentriquement à un disque gradué en demi-secondes, de 0 à 12 1/2. Lorsque l’on veut se servir de cet instrument, on arme le ressort moteur en faisant tourner dans le sens de la flèche le disque gradué, après l’avoir saisi par les boutons A, B, l’index F du cliquet étant préalablement mis à la position de blocage; on place ensuite le repère C de la couronne concentrique au cadran en regard soit d’un point quelconque de la graduation si on limite l’exposition à un temps déterminé par le mécanisme de l’obturateur, soit du chiffre représentant la durée de pose prévue s’il y a lieu de dépasser cette limite.
- Il sufît ensuite d’enfoncer le pousseur D, d’engager dans la fourche F la collerette du propulseur et dans la cuvette du pousseur D le bouton terminal du câble, puis de pousser la tige de la fourche dans le corps de l’instrument jusqu’à un
- trait de la graduation déterminé une fois pour toutes pour un appareil et un propulseur donnés.
- Ce réglage adapte l’action du «Foto-Ski» à l’amplitude de la course du bouton du propulseur et à la résistance offerte.
- Lorsque l’on a libéré le mécanisme moteur, on dispose de 15 secondes pour prendre place dans le champ de l’appareil; après quoi le pousseur ouvre l’obturateur; celui-ci se ferme au moment précis où la fourche se trouve débloquée à son tour.
- Bien entendu il est nécessaire, lorsque l’on utilise le double effet, de disposer au préalable l’obturateur pour la pose en un temps, c’est-à-dire de façon que la surface sensible soit éclairée pendant toute la durée de la pression sur le bouton terminal du propulseur.
- Le « Foto-Ski » donne réellement les temps de pose indiqués sur le cadran; c’est un instrument qui fait honneur à la réputation de l’horlogerie genevoise; d’ailleurs, le nom
- Fig. 1. •—-A gauche : le Ski-Mô, à droite : le Foto-Ski.
- de la maison qui l’a introduit en France est une garantie de haute précision.
- Le « Ski-Mô » et le « Foto-Ski » sont vendus par les établissements Jules Richard, 23, rue Mélingue et 7, rue La Fayette, à Paris.
- CINEMATOGRAPHIE
- [Les têtes de pied « Saturn », pour ciné d’amateur.
- Les cinéastes amateurs s’imaginent volontiers qu’avec les appareils de prise de vue pourvu d’un ressort moteur ils n’ont pas besoin de pied. En réalité, cet accessoire est toujours indispensable à qui désire obtenir de très bons résultats. Il ne faudrait pas croire, d’ailleurs, que l’on peut se contenter du pied à tête fixe habituellement utilisé en photographie : on opère ici sur des sujets mobiles et il faut pouvoir en suivre aisément tous les déplacements, ce qui implique l’emploi d’un pied pourvu d’une tête permettant de faire varier l’orientation sans aucun à-coup et avec toute la lenteur désirable. Les mouvements angulaires sont précisément ceux que l’on éprouve le plus de difficulté à exécuter correctement lorsque l’on se contente de tenir l’appareil à la main.
- De toutes les têtes de pied spéciales pour le ciné d’amateur}
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- Fig. 2. — A gauche : iêle à rotule Saturn (modèle à bascule). A droite : tête à rotule Saturn (modèle simple).
- les plus simples, les plus réduites, les plus pratiques, sont celles qui ont été établies par M. Ii. Gravillon, un constructeur qui, depuis plus de 35 ans, s’est spécialisé dans la fabrication des pieds métalliques pour appareils photographiques.
- Ces têtes, qui sont connues sous le nom de « Saturn », comportent une rotule grâce à laquelle on parvient toujours, quel que soit l’état du sol ou la déclivité du terrain, à amener très rapidement le plateau à la position horizontale; une vis de blocage C (fig. 2) permet d’immobiliser ensuite la rotule. Le plateau D, qui porte la vis destinée à recevoir l’appareil, est amovible; il est relié à la rotule par une queue pourvue d’une gorge dans laquelle s’engagent normalement les deux branches d’un ressort en U ; le profil de la gorge est tel que le ressort tend à appuyer le plateau sur la table qui surmonte la rotule, sans qu’aucun jeu puisse jamais se produire.
- Grâce à la graduation en 3CG° que présente le bord de la table et à un repère tracé sur le plateau, on peut aisément limiter le déplacement angulaire à une valeur déterminée à l’avance, ou revenir exactement à une position donnée.
- Une vis A permet de bloquer le plateau sur une direction quelconque. Il suffit, pour dégager le plateau de la rotule, de le tirer de bas en haut, pendant que l’on appuie sur le poussoir B, ce qui écarte les branches du ressort. La possibilité d’enlever le plateau facilite notablement le vissage et le dévissage de l’appareil.
- Le plateau amovible ordinaire permet de déplacer l’axe optique uniquement dans le plan horizontal; ce mouvement, qui est suffisant en photographie, ne l’est plus en cinégraphie, où l’on a fréquemment à faire tourner autour d’un axe vertical l’appareil préalablement incliné. M. Gravillon a créé, pour répondre à ce nouveau besoin, un plateau spécial, interchangeable avec le précédent, et qui est pourvu d’une plateforme à bascule (fig. 2). La vis sur laquelle se fixe le ciné est ici montée sur une plaquette fortement pincée entre des rondelles élastiques, de sorte qu’il est toujours possible de ramener l’axe optique dans le plan perpendiculaire à l’axe de la bascule. L’axe de rotation du plateau amovible étant toujours vertical, la ligne de visée peut être déplacée, non seulement dans un plan horizontal, mais aussi suivant une surface conique supéi'ieure ou inférieure à ce plan.
- Ne comportant ni manivelle, ni levier de manœuvre, ni aucune complication inutile, la tête « Saturn », qui permet de suivre un sujet en mouvement, sans communiquer la moindre secousse à l’appareil, est la plus perfectionnée des têtes de pied pour ciné d’amateur.
- La tête de pied «Saturn» est fabriquée par M. 11. Gravillon, 10, rue Saint-Sébastien, à Paris (11e).
- HYGIÈNE
- L’UItrafiltre Septina à grand débit.
- Nous avons, dans un précédent article [La Nature, n° 2803 du 15 février 1929), décrit un procédé de filtration, 1’ « ultrafiltration », qui, appliqué depuis longtemps dans les laboratoires aux recherches de bactériologie et de biologie, a été adapté par M. Fouard à la stérilisation parfaite, constante et continue des eaux d’alimentation.
- Rappelons en quelques mots le principe de cet appareil :
- « L’ultrafiltration » est la filtration sur couche de nature colloïdale, en particulier sur les membranes que constituent les col-lodions de nitrocellulose étendus en couche mince et coagulés en présence de l’eau. Ces membranes ont été employées d’abord à la dialyse, c’est-à-dire au passage à travers une membrane de corps dissous moléculaire-ment, à l’exception des corps non dissous moléculairement. « L’ultrafiltration » est la dialyse favorisée par la pression.
- Ce sont les propriétés même de ces membranes de collodion qui leur ont valu leur dénomination classique « d’ultrafiltres ». En effet, vues à l’ultramicroscope, ces membranes présentent des pores dont les dimensions sont de l’ordre du dix-millionième de millimètre alors que les pores des meilleures matières filtrantes connues, tels que les bougies de porcelaine, sont de l’ordre du
- Fig. 3. — Coupe de l’ultra filtre Septina à grand débit.
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- millième de millimètre et sont de dimensions plus grandes que les microbes. On conçoit facilement que l’ultrafiltre arrête toujours à sa surface tous les microbes contenus dans l’eau par arrêt mécanique, ainsi que toutes les particules solides les plus fines, en laissant à l’eau ses gaz et ses sels dissous nécessaires à sa digestibilité. Les « filtres » ordinaires sont rapidement pénétrés par les microbes et les impuretés solides de l’eau, ils s’encrassent et se bouchent rapidement et finissent par déverser dans le filtrat les microbes qui ont pullulé dans leur masse poreuse. A l’inverse, « l’ultra-filtre » ne se colmate pas, ne s’infecte pas et garde indéfiniment ses propriétés stérilisatrices, sans nécessiter de surveillance ni d’entretien.
- Dans l’appareil que nous avons précédemment décrit, « L’ultrafiltre Septina », la membrane ultrafiltrante est disposée sur un mandrin de métal ou de verre percé de trous, enveloppé d’un bobinage de tresses de fil perméable, qui lui sert d’ados. En outre elle est armée d’un réseau de tulle résistant et l’ensemble constitue une armature qui supporte sans déformation les plus fortes pressions des canalisations et dont la continuité de bon fonctionnement est remarquable. Ce mandrin ultra-filtrant, monté comme une bougie filtrante ordinaire dans une gaine métallique, assure parfaitement l’alimentation en eau potable d’un ménage moyen.
- La société qui construit « L’ultrafiltre Septina » a créé récemment des appareils destinés à une production d’eau ultrafiltrée beaucoup plus importante. A cet effet il fallait obtenir dans un espace restreint une surface de filtration considérable.
- Le problème a été également résolu en remplaçant le mandrin cylindrique par des disques métalliques minces préalablement revêtus d’une couche facilement perméable de tresses et de collodion spéciaux.
- Un certain nombre de ces disques sont enfilés sur une tige centrale percée de trous formant collecteur de l’eau ultrafiltrée.
- L’écartement de ces disques étant de quelques millimètres, la surface de filtration obtenue dans un cylindre donné est la plus grande possible.
- Il est ainsi construit des appareils dont les débits sont de 10 à 1000 litres à l’heure, permettant de satisfaire à tous les besoins.
- Constructeur : L’ultrafiltre Septina, 54, rue de Lancry, Paris.
- Fig. 5.
- Ullrafilire Septina type ménage.
- OBJETS UTILES Crochets de sécurité.
- On connaît les inconvénients des crochets ordinaires qu’on emploie dans les engins de manutention et de levage. Si le manoeuvre n’arrête pas la traction du treuil au moment voulu, le crochet risque d’être entraîné jusqu’à la poulie et s’il s’agit d’un crochet simple, il se trouve alors dans une position telle qu’il ne peut plus retenir la charge; celle-ci libérée tombe et peut occasionner des accidents.
- On a imaginé des crochets de sécurité en grand nombre qui sont la plupart du temps basés sur l’emploi de ressorts.
- Fig. 4. — Ullrafilire Septina à grand débit.
- Un nouveau système intéressant ne comporte pas de ressorts, mais il est formé simplement d’un corps principal en acier, formant crochet, destiné à supporter la charge, et de deux flasques également en acier sur lesquelles se fixe la manille ou le câble reliant le crochet au palan ou à tout autre appareil de levage.
- L’appareil étant suspendu vide, les deux flasques de fermeture peuvent jouer librement, permettant ainsi l’ouverture du crochet pour l’accrochage de la charge.
- Dès que le palan fonctionne, la traction qui s’opère sur les deux flasques referme automatiquement le crochet, rendant dès lors impossible tout décrochage des objets suspendus.
- L’ouvi'ier chargé de la manutention ne peut, même par négligence, exécuter de fausse manoeuvre dangereuse, car c’est le poids même de la charge qui, entrant en action dès que la traction commence, bloque automatiquement le crochet en position de fermeture, assurant ainsi une sécurité absolue.
- En vente chez Mousset, 60, rue des Tournelles, Paris.
- Fig. 6. — A gauche : crochet ordinaire laissant tomber la charge quand il arrive sur la poulie.
- A droite : crochet de sécurité, — la charge est toujours maintenue.
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- BOITE AUX LETTRES
- QUESTIONS ET RÉPONSES
- Émissions et appareils de télévision.
- Comme émissions de télévision, à l’heure actuelle, il n'y a guère encore en Europe que des émissions anglaises, émises par le poste de Londres deux ou trois fois par semaine, de minuit à minuit trente, et une émission allemande, une fois par semaine, de minuit à minuit trente également.
- On peut sans doute tenter de recevoir en France ces émissions à l’aide de postes récepteurs convenables, et, en particulier, on peut recevoir les émissions anglaises avec des systèmes récepteurs du type Baird qui sont déjà dans le commerce en Angleterre.
- En général, un poste récepteur de télévision doit être moins sélectif qu’un poste récepteur de radiophonie ordinaire; pourtant, ces appareils relativement simples peuvent fonctionner avec un poste récepteur à peu près quelconque. Il faut seulement savoir que l’amplification basse fréquence nécessaire doit être beaucoup plus grande que pour la radiophonie. Vous trouverez, d’ailleurs, dans la revue une série d’articles vous donnant des détails à ce sujet.
- Réponse à M. Uzon, à Paris.
- Appareils radiographiques contre la surdité.
- Nous avons déjà fait paraître un article décrivant les progrès réalisés dans la construction des appareils contre la surdité, dans notre numéro du 1er juillet 1930, et nous ferons bientôt paraître un nouvel article encore plus détaillé sur ce sujet.
- La plupart des modèles actuels sont composés d’un ou de plusieurs microphones très légers, connectés au circuit d’une pile, et actionnant généralement un seul écouteur téléphonique de très petites dimensions, fixé par une pince sur le pavillon de l’oreille, ou soutenu par un embout auriculaire en matière moulée ou en caoutchouc, placé dans le conduit auditif même du sujet.
- D’autre part, on peut également réaliser des appareils à amplification supplémentaire produite par un système à lampes de T. S. F. Ces appareils donnent de bons résultats, mais il est évident qu’ils sont beaucoup moins portatifs que les appareils simples sans amplification. Vous pouvez, d’ailleurs, vous reporter à l’article publié sur ce sujet pour vous rendre compte des particularités de ces dispositifs.
- Réponse à Mme Cognât, à Lyon.
- Gonfleurs automatiques pour automobiles.
- La plupart des gonfleurs automatiques pour automobiles fonctionnent par la pression produite par le déplacement du piston dans un cylindre, et il suffit généralement de les adapter à la place d’une bougie d’allumage d’un des cylindres. Nous avons, d’ailleurs, souvent décrit dans nos chroniques des modèles d’appareils de ce genre. Il faut évidemment qu’ils soient bien construits, de manière que le remplissage de la chambre à air soit effectué uniquement avec de l’air pur, et non avec des gaz de la carburation. Nous avons décrit, par exemple, le type Gergovia que vous pourrez vous procurer chez la plupart des revendeurs d’accessoires pour automobiles, ou chez le représentant, rue Brunei à Paris (17 e).
- Réponse à M. Baillard, à Nice.
- Difficultés de mise en marche avec une voiture à allumage par magnéto.
- Dans une de nos chroniques d’automobiles, nous avons montré les difficultés fréquentes de mise en marche qui pouvaient se présenter même avec des moteurs à allumage par batterie et bobine d’induction, et qui proviennent surtout du fait que, lorsque le moteur est froid, la puissance nécessaire pour faire fonctionner le démarreur est plus grande, d’où il résulte une chute de tension de la batterie d’accumulateurs qui ne fournit plus un courant d’une tension assez grande pour alimenter convenablement la bobine d’induction d’allumage.
- Avec un moteur à magnéto, on ne peut plus, sans doute, invoquer ce phénomène, mais il est évident qu’un démarreur permet de faire tourner beaucoup plus rapidement un moteur chaud qu’un moteur froid, dont l’huile demeure très visqueuse. Comme le moteur ne tourne oas assez vite dans ces conditions, la magnéto ne débite pas un courant
- assez intense pour provoquer un allumage convenable. C’est pourquoi un moteur à magnéto qui démarre très facilement à chaud peut démarrer difficilement à froid, même s’il ne faut pas faire intervenir des difficultés de carburation.
- Pour atténuer cet inconvénient, il y a lieu de vérifier l’écartement et l’état des électrodes des bougies, et aussi l’écartement des vis platinées de la magnéto. Réponse à M. Weil, à Nancy.
- Détermination d’une source de parasites industriels.
- Les sources de parasites industriels peuvent être extrêmement diverses, et le mode de propagation des courants haute fréquence parasites également très varié.
- Nous avons indiqué dans une chronique, et nous aurons l’occasion de revenir sur ce fait, qu’un mode de propagation assez général consiste dans la transmission le long des fils du secteur. C’est pourquoi les postes alimentés entièrement par le courant d'un secteur peuvent être souvent plus influencés par les parasites industriels que ceux qui sont alimentés par des batteries, surtout si ces derniers fonctionnent sur cadre et non sur antenne. Nous avons également indiqué que, pour essayer d’éliminer une partie des courants parasites ainsi transmis, on pouvait utiliser deux condensateurs de 0,1 microfarad environ, montés en série, ayant chacun une armature réunie à un des fils du réseau et dont les armatures connectées ensemble sont reliées à une bonne prise de terre. Dans ce cas, il est bien évident, d’ailleurs, que le fil du secteur ne peut plus servir comme collecteur d’ondes.
- D’un autre côté, on détermine généralement assez facilement la nature et la position d’une source de parasites intenses, qui est généralement constituée par un moteur quelconque, un système d’enseignes lumineuses, un appareil de radiologie, etc., se trouvant, soit dans l’immeuble où est placé le poste récepteur, soit dans un immeuble voisin.
- Lorsque cette détermination ne peut être faite au moyen de renseignements immédiats pris dans le voisinage, on pourrait essayer de repérer la position de la source de parasites par des essais de radiogoniométrie. Si l’on dispose d’un poste à cadre, en accordant l’appareil récepteur de manière que l’effet perturbateur soit maximum, et en faisant varier la direction du cadre, on détermine une première direction dans laquelle se trouve la source perturbatrice. En déplaçant le poste récepteur complet, et, si possible, en le transportant dans un immeuble voisin, on trouve une deuxième direction, et le « recoupement » de ces deux directions permet de déterminer, d’une manière plus ou moins exacte, la position probable de la source perturbatrice, qu’il est assez facile ensuite de connaître exactement d’après des renseignements directs.
- Ce n’est là sans doute qu’une première partie de la tâche de l’auditeur sans-flliste, puisqu’il doit ensuite tenter de faire disparaître cette cause, et généralement, en appliquant sur l’appareil perturbateur lui-même des dispositifs anti-parasites convenables.
- Nous vous signalons que plusieurs arrêtés municipaux ont été pris en faveur des sans-filistes dans certaines villes, et que les tribunaux semblent donner raison, la plupart du temps, aux auditeurs de T. S. F., lorsque les propriétaires d’appareils perturbateurs n’acceptent pas d’atténuer ces effets gênants. D’autre part, on commence à trouver dans le commerce des dispositifs simples et réalisés destinés à être placés immédiatement sur des appareils émettant des courants parasites.
- Réponse à M. Lefèvre, à Paris.
- Comment teindre le bois en acajou.
- Le bois choisi étant un bois dur, à fibres serrées, à l’exclusion du sapin, qui par le relâchement des fibres ne donnerait qu’une imitation imparfaite, voici comment il faut opérer :
- Faire bouillir pendant plusieurs heures des copeaux de campêche, dans deux fois leur volume d’eau, en remplaçant à mesure l’eau qui s’évapore.
- Décanter et ajouter une petite quantité de chlorure d’étain pour faire rougir la solution.
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- Passer deux couches sur le bois à teinter en attendant toujours que la première soit bien sèche avant d’appliquer la suivante.
- Pour renseignements complémentaires, se reporter à l’article très complet paru dans le n° 2778, page 142, concernant le choix des bois en vue des imitations de l’acajou clair, de l’acajou foncé, de l’ébène et du palissandre. Réponse à M. Berger, à Châteaurenault.
- Pour peindre à Vhuile sur les étoffes de soie.
- Trois ou quatre jours à l’avance, on fait dégorger la peinture contenue dans les petits tubes en étain, sur plusieurs doubles de papier buvard ou de papier à filtrer de façon que tout l'excès d’huile soit absorbé.
- Il suffit ensuite de délayer la couleur dans un peu d’essence de térébenthine pour que les accidents d’embuvage ne se produisent plus.
- Dans le cas de la peluche, une fois la peinture bien sèche, on brosse légèrement pour relever le poil qui a été couché.
- Réponse à M. de Briey, à Paris.
- Suivons à notre gré la mode des cheveux plaqués.
- La mode dont les lois se transgressent difficilement impose aujourd’hui à l’élément jeune, c’est-à-dire à ceux qui ont encore des cheveux, de disposer ceux-ci sous la forme d’un casque luisant présentant une certaine rigidité.
- Pour obtenir ce résultat, les produits gras pommadés et bandolines diverses ont été mis à contribution mais l’effet a été désastreux pour la coiffure, les oreillers et toutes pièces de toilette en contact avec la tête. .
- L’abandon du chapeau n’était pas un remède, mais un sacrifice à la mode; c’est pourquoi un certain nombre de préparations sans corps gras ont vu le jour; accueillies avec faveur, le plus souvent elles sont à base de gélatine et on peut prendre comme type simplement la formule suivante qu’il est facile d’exécuter sans tour de main compliqué :
- Prendre :
- Gélatine blanche.................... 5 grammes.
- Eau non calcaire.................... 50 grammes.
- Faire gonfler la gélatine dans l’eau pendant douze heures, liquéfier au bain-marie, puis ajouter en battant comme pour une mayonnaise, sous forme de mince filet :
- Glycérine blanche................... 200 cent, cubes.
- Formol commercial................... 2 cent, cubes.
- Fouetter jusqu’à refroidissement complet de manière à obtenir une crème onctueuse, que l’on met en pot et recouvre d’une feuille avant de fermer. Réponse à M. Bonte, à Lille.
- En quoi consiste le niellage.
- Le niellage est l’ornementation d’un ouvrage d’orfèvrerie que l’on grave en creux dans lesquels on coule un émail noir.
- Cet émail est un mélange des trois sulfures d’argent, de cuivre et de plomb; habituellement on procède ainsi pour préparer la pâte à nieller :
- Prendre:
- Argent................................ 95 grammes.
- Cuivre................................180 —
- Plomb.................................125
- Borate de soude....................... 90 —
- Soufre............................... 960 •—
- On commence par fondre ensemble l’argent et le cuivre, puis on y ajoute le plomb et on verse le mélange dans le soufre préalablement fondu, on couvre aussitôt pour éviter l’inflammation du soufre; quand il n’y a plus de dégagement de vapeur, on coule dans l’eau froide et pulvérise très finement.
- Pour l’emploi, on forme une sorte de pâte avec de l’eau prise en quantité suffisante pour dissoudre la quantité de borate de soude indiquée; et on garnit de cette pâte les cavités préalablement faites dans la pièce à nieller.
- 11 ne reste plus qu’à passer au four, ou, si la pièce est petite, à soumettre à l’action du chalumeau pour déterminer l’adhérence; finalement on lime afin de mettre à même niveau le corps de la pièce et le nielle; un polissage soigné parachève l’opération.
- Réponse à la Société des Lunetiers, à Paris.
- Protégeons=nous de Vardeur du soleil.
- Dans les ateliers éclairés par des châssis vitrés, on est souvent, en belle saison, incommodé par l’abondance trop grande de rayons lumi-
- neux; il est facile de remédier à cet inconvénient en recouvrant les vitres d un enduit protecteur qui permet de tamiser la lumière.
- On mélange d’abord intimement :
- Blanc d’Espagne................. 1000 grammes.
- Bleu d’outremer................. 200 grammes.
- Puis on verse peu à peu sur la poudre sous forme de filet une quantité de silicate de soude du commerce à 36°B, suffisante pour former après imbibition complète une pâte semi-fluide.
- On délaye ensuite progressivement cette pâte en ajoutant 20 litres d eau, ce qui donne une peinture claire que l’on passe à la toile métal-lique afin d’enlever les débris divers et matières grossières.
- Finalement on incorpore en remuant toujours :
- Huile de lin cuite............. 200 cent, cubes.
- L’application se fait au pinceau large sur la vitre par un temps sec de manière que la pluie survenant avant séchage ne provoque pas un entraînement prématuré.
- N. B. — Ne pas forcer la dose de silicate de soude, car la peinture serait trop adhérente et ne pourrait plus être enlevée facilement a l’éponge quand la protection n’aurait plus sa raison d’être aux ap proches de l’hiver. M. F. de Fonseranes.
- De tout un peu.
- (Ville T. Jacques à Paris. — Les encrivores vendus actuellement en deux flacons sont effectivement constitués pour le premier flacon par une solution de permanganate de potasse à 5 pour 100 environ et pour le second par le bisulfite de soude liquide commercial.
- La seule précaution à observer est de rendre le permanganate légèrement acide, par addition de quelques gouttes d’acide sulfurique ou d’un peu d’un sel acide tel que le bisulfate de potasse.
- M. Vauthier à Paris. — 1° La conservation des préparations alimentaires à base de farines est subordonnée à leur état de pureté au point de vue spores de mucédinées qu’elles ont pu récolter dans les manipulations antérieures à la mise en boîtes, ainsi qu’à leur humidité et à celle du milieu dans lequel elles sont entreposées.
- 2° Si la stérilisation a été parfaite et l’occlusion par bandes assurée, la conservation est presque indéfinie.
- 3° Le temps de stérilisation est fonction du volume de la masse, c’est celui déterminé expérimentalement qui est reconnu nécessaire pour que le centre du bloc constitutif atteigne au moins la température de 120° C.
- Institut LC à Paris. — 1° Les deux produits que vous nous signalez sont constitués par de la silice légère du type kieselguhr ou terre d’infusoires, c’est donc improprement que le gisement de Nuremberg est désigné craie.
- 2° Pour les vernis cellulosiques, le mieux est de les acheter tout préparés, par exemple chez Clément et Rivière, 42, rue Beaurepaire, à Pantin (Seine).
- M. Servier à Orléans. — La mixture qui sert à enduire les cordelettes que Ton tend autour des cultures pour les protéger contre les dégâts de lapins est, paraît-il, simplement de l’huile de poisson, les cordelettes doivent être placées à 12 ou 15 centimètres du sol.
- On a également préconisé l’emploi de l’asa fœtida en solution dans l’alcool dénaturé, mais nous ne saurions garantir l’efficacité réelle de-ces procédés, eu égard à leur application en plein air.
- M. Bender à Chaumont. — Pour répondre utilement à la question-posée, il est indispensable de connaître le but poursuivi, autrement dit. le cas particulier qui comporterait une imperméabilisation de la toile, ainsi que l’usage spécial qui en serait fait.
- Sous ces réserves, nous vous soumettons l’idée du collodion riciné, que Ton trouve chez tous les pharmaciens, employé tel quel ou étendu par de l’alcool éthéré.
- M. Doucetà Villeurbanne. — Les colles en tubes d’étain du commerce sont les colles de poissons n’ayant pas subi de dessiccation, ce qui leur assure un grand pouvoir adhésif.
- On peut cependant préparer de bonnes colles en prenant :
- Colle de poisson sèche..........160 grammes
- Alcool à 90°.................... 85 —
- Eau............................ 750 —
- Acide azotique................... 5 —
- Faire gonfler, puis dissoudre la colle dans l’eau alcoolisée et n’ajouter l’acide azotique qu’après dissolution complète.
- S’assurer que la colle achetée est bien de la colle de poisson naturelle Salansky venant de Russie et non une imitation.
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- C. A. à Albi. — Votre architecte a parfaitement raison, dans les conditions que vous exposez, de souillure du mur par des déjections; il est évident que ce mur est saturé de sels ammoniacaux qu’il est impossible d’éliminer dans son épaisseur.
- Quant à un revêtement quelconque à appliquer en surface, il n’y faut pas songer; il n’en résulterait qu’un déplacement des taches d’humidité qui réapparaîtraient ailleurs.
- Le seul remède est bien la démolition du mur et sa construction en matériaux neufs et comme point capital, Visolement à la base, par exemple au moyen de plaques de plomb, car le sol étant gorgé de matières salines, il se produirait bientôt une nouvelle ascension par capillarité et cela recommencerait.
- IVI. R. D. à Bécon-Courbevoie. — Vous aurez les renseignements les plus sûrs, relativement aux différentes façons d’utiliser la cellophane, en vous adressant directement à la Société La Cellophane, 5 et 7, avenue Percier, Paris (8e).
- IVi. pjassard à Paris. — Votre silicate de potasse s’est solidifié par séparation d’une partie de la silice.
- Eu égard au bas prix du produit : 3 francs environ le kg, le plus économique est d’en racheter du neuf, tout traitement en vue d’une revivification serait plus coûteux.
- IVI. Madelon à l’Oueu. — 1° Le procédé le plus pratique pour durcir le plâtre est la fluatation, vous trouverez le produit nécessaire, avec toutes indications, chez Teisset-Kessler à Clermont-Ferrand.
- 2° Vous pouvez parfaitement couler du plâtre à modeler dans des moules en gélatine, ceux-ci étant durcis par immersion dans une solution à 5 pour 100 de formol et préalablement huilés.
- 3° L’une des deux soudures suivantes vous permettra de souder l’étain à basse température.
- A B
- Etain.............. 20 gr. 10 gr.
- Plomb............. . 20 20
- Bismuth.............10 20
- Point de fusion .... 110° 95°
- Décapant : Chlorure de zinc ou colophane.
- M. Dreyfus à Nogent-sur-Marne. — Les couleurs des végétaux, qui se sont développées sous l’influence de la lumière, dans les feuilles ou les fruits, disparaissent peu à peu, lorsqu’elles en sont privées, sauf dans des cas particuliers; il n’existe pas à notre connaissance de moyen pour les conserver intactes à l’intérieur des cellules végétales.
- Toutefois, en ce qui concerne la conservation des plantes, sous l'orme d’herbiers, nous vous signalerons les résultats assez satisfaisants, obtenus par l’emploi de feuillets de papier buvard blanc, imprégnés d’une solution alcoolique d’acide salicylique, puis séchés.
- IVI IVI. Paul et Roger à Paris. — La désignation a Encre anglaise » est insuffisante pour nous fixer sur la nature du produit qui vous intéresse; un échantillon d’un décilitre au moins serait nécessaire, pour que nous puissions donner une appréciation à ce sujet.
- Bibliothèque, rue de Bruxelles.— Les fissures de plafonds se rebouchent simplement avec du plâtre fin dit plâtre à modeler, la seule condition essentielle est de mouiller copieusement la place, avant application du plâtre gâché.
- IVI. Clémot à Niort.— Ainsi que vous le prévoyez, les encres courantes du commerce sont de nature peu variée, les unes sont aux tannates de fer, les autres aux couleurs dites d’aniline. Dans l’un ou l’autre cas, le modus operandi que nous avons indiqué dans notre n° 2848 du 1er janvier 1931 page 47 est toujours applicable.
- M. Zafiropulo à Paris. — 1° Vous trouverez tous renseignements -sur les poudres phosphorescentes dans le n° 2850, page 144.
- 2° L’excellent ouvrage de Gasnier sur les dépôts métalliques contient un chapitre spécialement consacré au chromage. Editeur Baillière, 19, rue Hautefeuille.
- Mme Ott à Selle. — Dans les conditions que vous nous indiquez il nous paraît difficile de désodoriser votre glacière, puisque à l’odeur du bois s’ajoute celle du vernis, toutefois nous vous conseillons d’essayer le moyen suivant :
- Mettre dans une soucoupe une cuillerée ou deux de chlorure de chaux (poudre de chlore que l’on trouve chez tous les marchands de couleurs), délayer en pâte avec de l’eau, placer dans la glacière, puis arroser doucement avec quelques centimètres cubes d’acide chlorhydrique (acide muriatique du commerce), il se dégagera aussitôt •des vapeurs suffocantes de composés chlorés. Fermer de suite, laisser .agir deux ou trois jours, ensuite aérer largement.
- M. R. Sage à Cognac. — Le peu de place dont nous disposons ne nous permet pas de traiter une question aussi étendue que celle de la fabrication des encres, même en se limitant aux types « encres bon marché », le mieux serait de vous procurer le Manuel de la préparation des Encres de Desmarest, éditeur Gauthier-Villars, 55, quai des Grands-Augustins, dans lequel vous trouverez toutes les indications nécessaires.
- M. Fardel à Lille. — Vous pourrez coller avec facilité le celluloïd à lui-même en employant la colle suivante :
- Débris de celluloïd transparent . 60 grammes
- Acide oxalique................ 3 —
- Acétone du commerce .... 200 —
- Suivant les cas particuliers d’application, cette colle peut au besoin être étendue d’une plus grande quantité d’acétone : quelques essais préalables vous fixeront rapidement sur ce point, une fois en possession de la solution mère.
- M. Chanteau à Paris. — La gomme laque constitue un très bon adhésif du papier sur métal après intervention de la chaleur. Nous pensons qu’il vous suffira d’enduire le feuillet métallique d’un vernis à la gomme laque tel qu’on le trouve dans le commerce, puis après évaporation du solvant d’y appliquer la cartoline.
- Passer ensuite à la presse à satiner chauffée aux environs de 80° C. pour amener la fusion de la gomme laque, en s’assurant que le métal a bien atteint cette température; autrement dit, ce doit être le métal qui par la température atteinte amène cette fusion et assure l’adhérence.
- N. B. — Le métal doit être débarrassé de toute matière grasse, par nettoyage soigné à la benzine ou au tétrachlorure de carbone.
- M. Damme à Bruxelles. — 1° Le moyen le plus pratique pour débarrasser votre huile de son goût de rance est de la filtrer sur de la poudre de charbon telle que braise de boulanger récemment obtenue.
- S’il s’agissait d’une opération industrielle, l’emploi des charbons activés Urbain, 8, rue du Helder, à Paris, nous paraîtrait particulièrement indiqué.
- 2° A notre avis, la cellophane conviendrait fort bien pour remplacer les vitres de votre atelier où se dégagent des vapeurs d’acide fluorhy-drique; vous en trouverez sous toutes épaisseurs 58 bis, rue de la Chaussée-d’Antin, à Paris.
- M. Mirand Devos à Versailles. — Nous avons traité la question nettoyage du marbre dans les noS 2843, page 384 et 2847, page 575. Bien entendu, il ne s’agit que de souillures normales, graisses, poussières, mousses; dans des cas spéciaux industriels ou commerciaux, la connaissance exacte des conditions de salissure serait indispensable pour l’établissement du traitement.
- M. Rougier à Gérardmer (Vosges). — La préparation suivante vous donnera très probablement satisfaction pour coller vos petits blocs de caoutchouc sur du fer.
- Prendre : Gomme laque pulvérisée. . . 15 grammes
- Ammoniaque ordinaire., . . 100 cent, cubes
- Mettre en flacon pouvant être fermé avec un bon bouchon, laisser digérer plusieurs jours, en agitant fréquemment jusqu’à obtention d’une masse homogène.
- Bien nettoyer à la benzine les surfaces métalliques pour les dégraisser, enduire de la préparation ainsi qüe le caoutchouc, mettre en contact, serrer fortement et maintenir dans cet état jusqu’à ce que l’évaporation de l’ammoniaque ait assuré une adhérence parfaite.
- P. D. à Senlis. — Le liquide pour amalgamer les zincs de piles se prépare ainsi :
- Prendre : Acide nitrique.............. 750 cent, cubes
- Acide chlorhydrique .... 250 —
- Faire le mélange avec précautions, en refroidissant au besoin, puis y ajouter par petites portions.
- Mercure...................... 200 grammes
- Laisser en contact deux ou trois jours, en plaçant le récipient au dehors, pour ne pas respirer les vapeurs nitreuses qui se dégagent.
- Pour l’amalgamation, Ronger le zinc quelques secondes dans la mixture, rincer et frotter avec un chiffon, pour répartir uniformément le mercure déposé à la surface.
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- N° 2864,
- LA NATURE
- 1er Septembre \ 931.
- LA CITÉ DE LA RADIO
- A l’automne de 1930, les dirigeants de la National Broadcasting Company, de la Radio Corporation of America et de la Radio Keith Orpheum (sociétés dont il est inutile de rappeler la puissance) en plein accord avec le financier John D.
- Rockefeller Junior, conçurent le projet d’édifier à New-York un groupe de constructions gigantesques destiné à devenir un centre national et même mondial de radiodiffusion, de cinématographie, de télévision, de musique symphonique, de théâtre dramatique ou lyrique, ou comique, c’est-à-dire à la fois un centre de distraction et d’instruction artistique littéraire et scientifique.
- On se rendra compte de l’importance de ce projet en sachant qu’une dépense totale de 250 millions de dollars fut prévue pour la construction et l’installation des différents bâtiments.
- Ces derniers peuvent contenir 50 000 personnes, ils seront pourvus de 28000 fenêtres et 125000 tonnes d’acier seront nécessaires pour édifier leurs charpentes métalliques !
- La construction de cette cité unique au monde a dû commencer en juin 1931, et elle sera sans doute terminée en 1934-35 seulement. La photographie ci-j ointe en représente une maquette en relief, et elle permet déjà de discerner assez exactement comment seront disposés les trois blocs de bâtiments constituant l’ensemble de cette « capitale de la radiotechnique ».
- Au centre est placé un « gratte-ciel » de 68 étages qui contiendra les bureaux des compagnies radioélectriques
- et cinématographiques indiquées plus haut. Dans les étages inférieurs seront installés 27 studios de radiodiffusion établis suivant les données les plus récentes d’acoustique et ils pourront être utilisés pour la télévision.
- Un dispositif nouveau et fort ingénieux a même été prévu pour quatre de ces studios ; il consiste dans l’application en radiophonie du système de la « scène tournante » de nos théâtres modernes.
- Une seule chambre d’émission microphonique pourrait ainsi être reliée rapidement à volonté à quatre studios différents, ce qui permettrait une diffusion continue très variée en supprimant tout entr’acte.
- En avant de ce gratte-ciel, et également dans la partie centrale de la cité, on a prévu la construction d’un bâtiment de forme ovale et relativement bas (14 étages seulement !). Au rez-de-chaussée seront placées des boutiques de luxe ; les étages inférieurs contiendront des banques, et enfin les étages supérieurs renfermeront des restaurants et des terrasses pour la
- promenade.
- Il est question de placer dans le « bloc » de gauche le « Metropolitan Opéra » et un autre théâtre pouvant contenir 7000 spectateurs. Une église (déjà existante, d’ailleurs), restera enclavée en quelque sorte, dans un des bâtiments.
- Enfin, les bâtiments de droite renfermeront une salle de cinématographie sonore de 5000 places, et une salle de théâtre lyrique.
- Fig. 1. — Maquette de la cité de la Radio, en construction à New-York.
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- De nombreux bâtiments accessoires pour bureaux, salles d’exposition, etc., ainsi qu’un grand garage souterrain, pour automobiles sont également prévus.
- Cet ensemble monumental s’élèvera entre la 5e et la 6e Avenue, la 48e et la 57e rue, au centre élégant de New-York qui correspond à peu près à la rue de la Paix ou à la place de l’Opéra à Paris.
- On ne peut, en tout cas, nier que ce projet présente un caractère grandiose et bien américain ; car il est peu probable qu’une « cité » similaire ait quelque chance d’être construite en Europe.
- Elle pourra peut-être constituer partout le centre de radiodiffusion de 1’ « Europe fédérée » de l’avenir.
- * P. Hémardinquer.
- ~IZT ' - LA MODERNISATION I.
- DES RÉCEPTEURS RADIOPHONIQUES
- Il demeure certes encore beaucoup « d’amateurs-cons-tructeurs » plus ou moins « bricoleurs », mais la majorité des sans-filistes français est maintenant formée par des auditeurs ou des usagers qui achètent leurs appareils dans le commerce et ne les construisent pas, qui veulent
- Poste
- primitif
- O O O
- Secteur
- Fig. 1. — Les divers points sur lesquels peul porter la modernisalion d'un poste ancien.
- A, dispositif d’alimentation par le secteur. B, dispositif augmentant la sélectivité. C, dispositif pour améliorer en volume et qualité l’amplification musicale. D, adaptateur pour ondes courtes.
- entendre des radio-concerts, et non s’initier aux mon' tages radiotechniques.
- Parmi ces auditeurs, il en est bien peu, qui aient la fortune nécessaire pour changer leurs installations plusieurs fois dans l’année ! Aussi, sur les centaines de milliers de postes actuellement en service en France, il n’y en a, en réalité, qu’un petit nombre doté des perfectionnements les plus récents.
- Le poste récepteur « dernier modèle » ne mérite ce qualificatif que pendant un temps très court; dès qu’il est acheté ou construit, il a déjà perdu son caractère de nouveauté. C’est donc pour un amateur ou un auditeur de T. S. F. un espoir un peu vain que de vouloir la dernière nouveauté, dans toute l’exactitude du terme. Mieux vaut considérer d’abord les qualités réelles du récepteur, avant de porter l’attention sur les innovations de détails ou même de principes apportées à son montage.
- LA MODERNISATION DÈS RÉCÈP TEURS
- Grâce aux méthodes de fabrication en séries, le prix moyen des installations complètes de réception a pu être
- abaissé dans de notables proportions; néanmoins un appareil sensible, de bonne fabrication, pourvu de tous les perfectionnements désirables, est encore d’un prix relativement élevé, de l’ordre de plusieurs milliers de francs.
- Aussi l’amateur ou l’auditeur éprouve-t-il une hésitation bien naturelle au moment d’abandonner un appareil robuste, bien étudié et bien construit, qui lui a donné à peu près satisfaction pendant longtemps, pour en acheter ou en construire un autre, sans doute plus moderne, mais dont les qualités pratiques lui sont plus ou moins bien connues. Souvent, il préfère modifier son poste.
- On ne peut espérer, en améliorant ou en modifiant un appareil déjà quelquefois d’un modèle très ancien (car la construction radioélectrique a évolué très vite), lui rendre . ou lui donner toutes les qualités d’un poste moderne. En particulier, un poste ainsi transformé ne pourra être de dimensions aussi réduites, d’un aspect aussi élégant, ni d’un réglage aussi facile et aussi « automatique » qu’un dispositif très récent.
- Mais ce qui importe avant tout, c’est d’obtenir une audition musicale assez intense du plus grand nombre d’émissions possibles, en même temps qu’une réduction des soins d’entretien de l’appareil. On ne peut tout avoir à la fois, et se montrer par trop exigeant; aussi la question de la simplification du réglage et celle de la « présentation extérieure » doivent être nécessairement un peu négligées dans ce cas.
- Cet «art d’accommoder les restes», comme on pourrait l’intituler familièrement, n’en offre pas moins un vif intérêt. Le plaisir d’avoir réussi soi-même à améliorer peu à peu les résultats obtenus par des modifications rationnelles ne doit pas non plus être considéré comme négligeable.
- La modification d’un poste de modèle ancien n’est intéressante que si elle est plus simple ou moins coûteuse que la construction ou l’achat d’un appareil récent. Il est donc indispensable d’adopter uniquement des procédés simples, faciles à appliquèr, et relativement peu coûteux.
- Il convient d’agir de préférence sur les organes les plus accessibles du montage primitif et les plus faciles à modifier. Ainsi, on pourra changer le collecteur d’ondes, le système d’accord, le type des lampes, le dispositif
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- d’alimentation, et même les étages d’amplification basse fréquence avec le haut-parleur et, s’il y a lieu, le pick-up correspondant, mais on devra s’abstenir, autant que possible, de transformer les circuits haute fréquence ou moyenne fréquence primitifs.
- Les appareils à moderniser sont de types extrêmement divers et sont employés dans des conditions locales également très variables. On peut sans doute énoncer un certain nombre de règles générales, mais il est aussi, on le conçoit, un grand nombre de cas particuliers qui devraient être étudiés comme cas d'espèce.
- Nous nous contenterons de donner ici des notions précises, mais générales.
- LÉS AVANTAGES DU RÉCEPTEUR MODERNE
- Les différentes qualités d’un récepteur sont la sensibilité, la sélectivité, la pureté d’audition et la facilité de réglage. 11 est bon, de plus, qu’un poste très complet permette de recevoir les émissions sur une gamme très étendue 15-1800 mètres, puisque l’attention des auditeurs est de plus en plus attirée vers les émissions sur
- ondes courtes.
- Nous savons, enfin, que la majorité des appareils modernes peuvent être alimentés par le courant alternatif ou même continu d’un secteur.
- 11 y a longtemps qu’on a réussi à établir d’excellents postes sensibles et même sélectifs à changement de fréquence et à multiples étages.
- Grâce à l’emploi des lampes à grille écran en haute fréquence et en moyenne fréquence, on a seulement réalisé la même amplification avec un nombre d’étages plus réduit, et obtenu une sûreté de fonctionnement plus grande, avec diminution du « bruit de fond ».
- Les postes récents sont, en général, beaucoup mieux présentés au point de vue mécanique et esthétique que les montages un peu anciens. Grâce à la stabilité de leur fonctionnement et à l’emploi d’organes de réglage simplifiés pourvus de tambours de repère pratiques et réduits, les manœuvres d’accord sont extrêmement faciles et rapides.
- Nous négligerons ces avantages, certes très intéressants, mais qui n’influent que faiblement sur la qualité réelle de l’audition, la facilité d’entretien, et la durée de service de l’appareil.
- Les améliorations modernes possibles que nous pouvons appliquer à un poste en service porteront sur la sélectivité, la qualité musicale de l’audition, l’augmentation de la gamme des longueurs d’onde des émissions reçues et le dispositif d’alimentation des filaments et des plaques des lampes.
- Fig. 3. — Appareil de recharge des batteries 4 volts et 80 volts sur secteur à courant continu.
- Il comprend 2 lampes servant de résistances régulatrices, un indicateur de pôles à poussoir, et un commutateur (modèle M. S. V.).
- Il est rare qu’un poste en service ne possède pas une sensibilité suffisante par rapport aux conditions locales et au but cherché par l’auditeur. 11 faut avouer, d’ailleurs, qu’il n’existe guère de moyens simples vraiment efficaces pour augmenter sa sensibilité sans modifier le montage de ses étages haute fréquence ou moyenne fréquence.
- Le nombre des améliorations possibles demeure pourtant assez grand. Les systèmes qui nous permettront d’obtenir ces améliorations seront extérieurs au poste lui-même et constitués par des dispositifs adaptateurs. Nous pouvons prévoir l’adaptation d’un dispositif A destiné à permettre l’alimentation sur courant du secteur, d’un dispositif B augmentant la sélectivité, d’un montage C augmentant la puissance et la pureté de l’amplification musicale, et, éventuellement, d’un adaptateur D permettant la réception des émissions sur ondes très courtes (fig. 1).
- La plupart des postes actuels sont munis d’une prise pour pick-up permettant la reproduction phonographique électrique. Un poste ainsi modernisé, et dont les étages basse fréquence seront améliorés sera bien adapté également à la reproduction phonographique, et il suffira alors de connecter le pick-up électro-magnétique à la lampe détectrice ou même à la première lampe basse fréquence.
- COMMENT MODERNISER L’ALIMENTATION
- Un poste alimenté par des batteries d’accumulateurs peut toujours, à condition que ces batteries aient des caractéristiques convenables, donner des résultats au moins aussi bons qu’avec le courant d’un secteur.
- Pourtant, un nombre très grand de sans-filistes considèrent l’accumulateur comme « l’ennemi », et l’apparition du « poste-secteur » a constitué un progrès essen-
- Fig. 2. — Chargeur permettant à volonté la recharge de la batterie de chauffage et de la batterie de tension-plaque, ou la recharge simultanée des deux batteries (type Ariane).
- Fig. 4. — A gauche, schéma de montage d'un chargeur continu sur secteur alternatif pour batterie de chauffage, monté avec des éléments cuivre-oxyde de cuivre.
- A droite, bloc de recharge continue pour batterie de chauffage (type Solor).
- (Le redresseur, formé d’éléments cuivre-oxyde de cuivre, est fixé directement sur le transformateur abaisseur de tension.)
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- Fig. 5. — Bloc de charge continue dii i Microchargeox » assurant la charge de la batterie de chauffage par redresseur cuivre-oxyde de cuivre et celle de la batterie de plaque par valve électronique (type M. S. V.).
- tiel, contribuant à multiplier les ama -teurs de radiophonie.
- Un « poste-secteur » est, en réalité, un appareil à lampes ordinaires à faible consommation alimenté entièrement par du courant redressé, ou bien un poste muni de lampes à chauffage indirect. On peut pourtant remarquer avec quelque surprise que, pour le grand public, un poste-secteur est surtout un appareil à lampes à chauffage indirect. Quelques profanes croient même que les principes de fonctionnement d’un poste de ce type sont tout à fait différents de ceux des montages ordinaires, alors qu’évi-demment seuls des détails de consti-uction peuvent varier.
- Il est impossible d’utiliser des lampes à chauffage indirect sur un poste d’un type déjà ancien sans modifier tout son montage intérieur et, en particulier, les connexions d’alimentation des filaments. On ne peut donc moderniser un radio-récepteur par ce procédé, et il faudra adopter, soit l’alimentation à batteries d’accumulateurs conjuguées avec des rechargeurs, soit l’alimentation par courant redressé, tous les dispositifs mixtes pouvant, d’ailleurs, être utilisés. Ainsi, il n’est pas besoin de changer le type de lampes primitif, et il ne résulte de ce fait aucune dépense supplémentaire.
- Pour être équitable, il faut constater que la fabrication des batteries d’accumulateurs de chauffage et surtout de tension plaque a été constamment améliorée. On peut donc assurer aux auditeurs qui ont le « courage » de les employer (et ceux-ci sont encore très nombreux en France) qu’avec un minimum de précautions, et surtout en adoptant un système de charge
- Fig. 6. •— Courbe caractéristique de la valve électronique du chargeur de la figure 5.
- bien étudié, ils pourront obtenir pendant plusieurs années un fonctionnement régulier sans aucun ennui:
- Le système de rechargeur d’amateur classique à l’heure actuelle est constitué par un dispositif de redressement à valve thermionique à deux plaques fournissant du courant redressé à basse tension d’une intensité de 1 à 2 ampères pour la charge de la batterie de chauffage de 4 volts, et du courant redressé à haute tension d’une intensité de l’ordre de 0,1 ampère pour la
- recharge de la batterie de plaque de 80 à 120 volts. A l’aide d’un commutateur commandé par un simple bouton moleté, on peut mettre au repos l’appareil constamment connecté au secteur et aux batteries, ou bien l’une ou l’autre des batteries. Quelques modèles permettent également la recharge simultanée des deux batteries (fig. 2).
- Nous avons déjà décrit de nombreux types de ces appareils pratiques, et il existe aussi des chargeurs pour accumulateurs fonctionnant sur courant continu d’un secteur, beaucoup plus simples encore, puisqu’il suffit alors d’abaisser la tension du courant à la valeur convenable au moyen de résistances (fig. 3).
- A côté de ces rechargeurs donnant des courants d’une intensité relativement forte, et à fonctionnement en quelque sorte intermittent, il existe d’autres modèles également très employés et presque devenus classiques, ce sont les chargeurs continus.
- Ces appareils fournissent, à l’aide du courant alternatif du secteur, un courant redressé pour la charge de la batterie de chauffage, d’une intensité de l’ordre de 200 à 500 milliampères, et également du courant redressé à haute tension pour la charge de la batterie de plaque d’une intensité de l’ordre de 10 à 20 milliampères. Le redressement est effectué par des éléments cuivre-oxyde de cuivre ou par des valves thermioniques, ou même simplement électroniques.
- L’intensité du courant de charge fourni par ces appareils doit évidemment varier suivant le nombre d’heures de fonctionnement du poste, et aussi suivant le type du montage utilisé. Chaque constructeur de lampes fournit des notices indiquant les caractéristiques de ses différents modèles, et, en particulier, l’intensité du courant plaque normal ; en additionnant les différentes intensités de courant d’alimentation nécessaire pour chaque lampe, on pourra déterminer la consommation totale du système.
- En général, la décharge des batteries de plaque est environ vingt fois plus faible que la décharge des batteries de chauffage. Pour une consommation normale de courant plaque de 25 milliampères, la consommation de courant de chauffage est, en effet, de l’ordre de 500 milliampères. Lorsqu’on voudra employer un chargeur à fonctionnement continu alimentant simultanément les deux batteries, il y aura donc intérêt à adopter un type fournissant des courants de charge d’intensité variant dans les mêmes proportions.
- Signalons à ce propos le modèle de chargeur continu indiqué sur la figure 5. Ce chargeur fonctionne avec l’aide d’un élément oxymétal et d’une valve électronique, dont le filament est chauffé sous une tension de 4 volts avec une intensité de 0,09 ampère. L’intensité du courant de saturation est supérieure à 40 milliampères, comme le montre la courbe de la figure 6.
- Cette valve permettrait d’obtenir 15 milliampères sous une tension redressée qui peut atteindre 300 volts au maximum; mais on ne la « pousse » pas au maximum, de manière à avoir une durée de fonctionnement assez longue, si bien qu’on peut obtenir normalement avec l’élément oxymétal un courant de charge de 4 volts sous une inten-
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- site de 200 milliampères, et avec la valve un courant de charge de 80 à 120 volts avec une intensité de 10 à 20 milliampères.
- De cette façon, après avoir chargé convenablement les batteries de la manière ordinaire, il suffit de les connecter à ce bloc de recharge continue, en plaçant même les connexions d’alimentation du poste directement sur les bornes de cet appareil pour obtenir un fonctionnement très sûr, et supprimer à peu près complètement les soins d’entretien à donner aux batteries (fig. 7). Cette charge continue, bien que très faible, est suffisante pour compenser les pertes d’électricité produites par un fonctionnement quotidien du poste pendant plusieurs heures, et elle a, de plus, l’avantage de conserver toujours les plaques actives en excellent état.
- Ce système est très économique. L’intensité du courant du secteur passant dans le circuit primaire du transformateur d’alimentation est, en effet, si faible que le courant correspondant ne suffit pas à actionner un compteur normal de 5 ampères, de sorte qu’il n’en résulte aucune dépense d’électricité supplémentaire.
- Bien que le fonctionnement de ce système soit continu, on ne peut cependant laisser l’appareil connecté au
- Transformateur
- Fig. 8. —Dispositif assurant la mise en circuit automatique d’un chargeur continu (type Wonder-Ruptex).
- A. poste au repos, accumulateur en charge.
- B. poste en fonctionnement, chargeur débranché.
- secteur pendant le fonctionnement du récepteur. Il n’en résulterait sans doute pas d’accident grave, mais il se produirait des ronflements plus ou moins violents troublant l’audition. Pendant le fonctionnement du poste, on enlève la prise de courant du chargeur, ou on manœuvre un interrupteur intercalé dans le circuit d’alimentation (fig. 7).
- Grâce à un petit dispositif simple et ingénieux, cette manœuvre d’arrêt du chargeur continu pendant l’audition peut même être rendue automatique.
- Ce montage peut être employé avec n’importe quel chargeur, mais on l’emploie généralement avec un redresseur du type cuivre-oxyde. Comme le montre la figure 8, il comporte un relais traversé par le courant de chauffage venant de l’accumulateur, et alimentant les filaments des lampes du poste.
- Lorsque le poste est au repos, ce courant est nul, puisque le circuit est coupé, et le relais de ce système de rupture est lui-même au repos.
- Dans cette position, son armature mobile
- assure des contacts qui mettent sous tension le primaire du transformateur d’alimentation; le secondaire débite alors du courant qui est redressé par les éléments de rectification et charge la batterie d’accumulateurs comme dans le cas habituel.
- Dès qu’on tourne le bouton du rhéostat du poste pour mettre ce dernier en fonctionnement, le courant de chauffage traverse les enroulements du relais, l’armature de ce dernier est attirée, et la connexion du primaire du transformateur d’alimentation avec le secteur est coupée.
- On peut se demander s’il n’y a pas d’inconvénient à laisser ainsi un chargeur d’accumulateurs constamment connecté aux batteries, même si le poste est longtemps au repos. En réalité, dès que l’accumulateur est chargé, sa tension s’élève et tend à devenir égale à celle du courant fourni par le chargeur, ce qui limite automatiquement le courant de charge. Il rie faudrait songer à interrompre le fonctionnement du chargeur que si l’on avait à suspendre également le fonctionnement du poste pendant une durée assez longue, .de l’ordre de 15 jours à un mois par exemple.
- Ces procédés d’alimentation très pratiques sont pourtant, en quelque sorte indirects et, malgré les bons résultats qu’ils peuvent donner, il y a un très grand nombre d’amateurs qui désirent supprimer l’emploi des accumulateurs, et surtout des batteries de tension plaque.
- Il est facile de réaliser un dispositif d’alimentation fournissant du courant redressé et filtré par des valves électroniques monoplaque ou biplaque ou des éléments
- Fig. 9. — Dispositif d’alimentation totale sur courant alternatif.
- Courant plaque redressé par valve biplaque, courant de chauffage redressé par éléments oxymétal (montage M. C. B.).
- Valve biplaque
- Self double 200H
- PO I000:
- )S 250
- Fusible
- de contrôle
- Batterie 4 v.
- Batterie 80 - 1201
- Secteur
- Chargeur ccntinu
- Poste récepteur
- Fig. 7. — Montage d’un chargeur continu sur un poste récepteur.
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- Fig. 10. — Les deux systèmes d’alimentation des filaments par courant redressé. • A, avec batterie tampon. B, avec circuit de filtrage.
- cuivre-oxyde de cuivre ou similaires redressant les deux alternances. Le filtrage est assuré par des bobines de choc à noyau de fer dont l’impédance est de l’ordre de 50 henrys au minimum, et par des condensateurs d’une capacité de 4 à 8 microfarads; des résistances convenablement shuntées permettent d’obtenir les différentes tensions de plaque nécessaires et les tensions négatives de grille (fig. 9).
- Lorsqu’on veut acheter ou construire un dispositif d’alimentation plaque, il faut d’abord déterminer avec encore plus de précision que dans le cas de l’adoption d’un chargeur continu, l’intensité du courant de plaque nécessaire.
- Nous avons indiqué plus haut comment on détermine cette caractéristique d’après les indications du constructeur de lampes. Pour fixer les idées, un poste de type normal comportant cinq à six lampes, dont un seul étage basse fréquence, exige un courant de 30 milliampères au maximum. Un poste de 6 à 7 lampes comportant deux étages basse fréquence, doit être alimenté, en général, par un courant d’une intensité de l’ordre de 40 milliampères, tandis qu’un poste très sensible à 7 ou 8 lampes exigera 50 milliampères. Il est rare qu’il soit nécessaire d’employer un courant d’une tension supérieure à 120 volts. On voit donc que, pour alimenter un poste très sensible, il suffit au maximum d’avoir un dispositif fournissant un courant plaque d’une tension de 120 à 150 volts, et d’une intensité de l’ordre de 50 milliampères.
- D’autre part, les lilaments des lampes d’un poste quelconque peuvent être alimentés en courant redressé et liltré par un dispositif comportant un redresseur, généralement également du type cuivre-oxyde de cuivre, produisant un courant d’une tension de l’ordre de 4 volts et d’une intensité de l’ordre de 500 à 600 milliampères, liltré par une petite batterie tampon dont l’entretien est presque nul, ou par un circuit-filtre comportant un bobinage à noyau de fer et deux condensateurs électrolytiques d’une capacité de l’ordre de 1500 à 2000 microfarads
- (fig- 10).
- En s’inspirant de ces principes, on peut établir des systèmes pratiques d’alimentation assez divers. Il existe tout d’abord des blocs permettant l’alimentation soit des filaments, soit des plaques des lampes et qui peuvent être adoptés par des ama-
- teurs voulant remplacer progressivement l’alimentation par batterie par le courant du secteur, ou possédant déjà un dispositif d’alimentation des plaques ou des fdaments. Nous avons déjà décrit de nombreux systèmes d’alimentation-plaque employés pratiquement par les amateurs, presque dès le début de la radiodiffusion en France. Signalons encore, un petit bloc de chauffage établi avec redresseur oxymétal, et qui se monte simplement à la place d’une batterie de chauffage ordinaire (fig. 11).
- L’auditeur de T. S. F. qui veut supprimer les batteries, et ne possède encore aucun système d’alimentation directe, a avantage à adopter un appareil d’alimentation fournissant à la fois du courant de chauffage et du courant de plaque.
- Signalons, à ce propos, une solution mixte très intéressante consistant dans la combinaison d’un dispositif direct d’alimentation-plaque par courant redressé et filtré avec un système d’alimentation en courant de chauffage par batterie chargée continuellement par un petit redresseur oxymétal.
- Le courant plaque obtenu peut avoir une intensité de 50 milliampères sous une tension de 120 volts, et un ensemble de résistances convenable permet d’obtenir à la sortie du filtre des tensions de 40, 80 et 120 volts suivant les lampes à alimenter. Les valeurs des capacités et de la bobine de filtrage sont largement calculées de manière à assurer la qualité du courant redressé (fig. 12 et 13).
- Quant au chauffage, il est obtenu au moyen d’un redresseur du même type fournissant un courant d’une tension de 4 volts et d’une intensité de 220 milliampères. Ce courant charge continuellement un petit accumulateur-tampon qui peut être constitué par l’ancienne batterie du poste, ou simplement par un petit accumulateur de très faible capacité de l’ordre de 20 ampères-heure.
- Une particularité essentielle du système consiste dans la disposition de son commutateur à trois positions qui permet de réaliser successivement et très facilement trois combinaisons différentes (fig. 12 et 13).
- A la position arrêt, le dispositif d’alimentation plaque A B est séparé du secteur, et l’accumulateur tampon D n’est plus relié au poste récepteur. Par contre, l’élément redresseur oxymétal C est connecté au secteur, et assure la charge lente et continue de l’accumulateur.
- Dans la position intermédiaire, la charge de l’accumulateur tampon est coupée et ce dernier est relié au poste dont il permet l’alimentation des lampes en courant de chauffage.
- Enfin, sur la position écoute, l’alimentation-plaque est connectée à son tour, et cette manière de procéder consistant à chauffer d’abord les filaments des lampes avant d alimenter leurs plaques a le grand avantage d’éviter une surcharge dangereuse pour les condensateurs du filtre du courant haute tension.
- Remarquons un détail de montage également intéressant. Quelle que soit la tension appliquée au primaire du transformateur d’alimentation, la tension appliquée sur la soupape redressant le courant de chauffage est
- Fig. 11. — Bloc Ferrix remplaçant la batterie de chauffage d’un poste quelconque et fournissant du courant continu filtré.
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- toujours la même, le transformateur d’alimentation en courant haute tension jouant le rôle d’un autotransformateur.
- Un tel ensemble sera apprécié sui’tout des amateurs qui veulent utiliser leur batterie de chauffage et réduire au minimum les frais de transformation.
- Il peut d’ailleurs être facilement transformé de manière à permettre l’alimentation complète en courant de chauffage et en courant de plaque sans l’aide d’aucune batterie tampon, celle-ci étant remplacée par un fdtre constitué de la manière indiquée précédemment.
- Signalons encore un bloc d’alimentation totale fort bien étudié et de prix réellement très modique qui peut être réalisé facilement par n’importe quel auditeur à l’aide de pièces détachées fournies par le fabricant ou acheté tout monté dans le commerce (lig. 15 et 16).
- Cet appareil qui ne comporte que des redresseurs cuivre-oxyde de cuivre aussi bien pour la tension plaque que pour le chauffage fournit un courant de chauffage d’une tension de 4 volts et d’une intensité de 500 milliampères et un courant de plaque d’une tension de 30 milliampères sous 40, 80, 150 volts. Un rhéostat permet d’amener le
- ÉLÉMENT OXYMETAl
- ÉLÉMENT OXYMETAl 120
- (120 i 140)
- MILLIAMPÈRES
- -O —HT
- O+BT
- -O - BT
- TRANSFO. POUR OXY-MÉTAL ELEMENT OXY-METAL 4 v. 220 MILLIAMPÈRES 4 « 220 MILLIAMPÈRES
- ENTRETIEN CHARGE 4 v. POSTE ARRÊTÉ
- — ALLUME LES FILAMENTS ET COUPE LA CHARGE
- - BRANCHE LA H T LES FILAMENTS RESTANT ALLUMÉS
- Fig. 12. — Schéma d’un dispositif d’alimentation totale, avec batterie tampon pour le chauffage, redresseur et filtre pour la tension-plaque
- (type Bardon).
- courant de chauffage à la tension convenable lue sur un voltmètre placé sur le panneau antérieur, ce qui permet d’éviter toutes surtensions, quel que soit le nombre des lampes du poste en service.
- En résumé, l’alimentation d’un poste quelconque
- par le courant alternatif d’un secteur est aujourd’hui facilement réalisable sans modifier en rien le montage intérieur de l’appareil.
- Le nombre des amateurs qui ne disposent pas de courant alternatif, mais seulement du courant continu, est relativement faible. Ce nombre est pourtant suffisant pour que la question de la suppression des batteries d’accumulateurs dans ce cas soit également un problème dont la solution est à noter.
- Bien qu’il s’agisse d’utiliser un courant dit « continu », il ne faut pas croire, et nos lecteurs le savent sans doute, qu’il suffise dans ce cas d’abaisser seulement la tension du courant à la valeur nécessaire, en intercalant les résistances convenables, pour obtenir un courant de plaque et un courant de chauffage pouvant servir à l’alimentation d’un poste quelconque. Il faut, en outre, employer des circuits de fdtrage convenables, comparables à ceux qui sont employés dans le cas du courant alternatif, mais avec cette différence que les transformateurs de filtrage du courant de chauffage peuvent avoir une capacité beaucoup plus faible.
- On peut réaliser des tableaux d’alimentation comportant des lampes généralement à filament de charbon servant de résistances, et les différents bobinages avec les capacités utilisées comme filtres. Mais il semble préférable d’employer des résistances bobinées qui permettent d’obtenir les différentes tensions nécessaires avec plus de précision et de former des ensembles de dimensions beaucoup plus réduites (fig. 17).
- Avec ces ensembles d’alimentation, on pourrait obtenir les différentes tensions de plaques, les polarisations de grille et le courant de chauffage nécessaire à l’alimentation de n’importe quel poste; mais, si l’on ne dispose que d’un courant de secteur d’une tension de 110 volts, il ne sera évidemment pas possible d’employer une lampe de sortie exigeant une tension plaque supérieure à 90 volts environ.
- Il ne faudrait, d’ailleurs, pas croire que l’alimentation est beaucoup plus facile que dans le cas du courant alternatif. Sans doute, il n’y a pas à utiliser de dispositif
- Fig. 14. — Le dispositif d’alimentation Bardon vu en perspective.
- Batterie de condensateurs fixes
- Self de filtrage
- Accumulateur
- Transformateur et élément "Oxy-Métal “120 Y 50 Milliampères
- Transformateur 'et élément "Oxy-Mètaf '4 Y 220 Milliampères
- Commutateur
- Prise de courant
- Fig. 13. — Les quatre combinaisons successives réalisées avec le montage Bardon de la fig. 12 au moyen du combinaleur.
- A, redresseur de courant plaque. B, filtre de courant plaque. G, redresseur de courant de chauffage. D, batterie tampon.
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- Fig. 15. — Vue extérieure du « superbloc », appareil d'alimentation totale (système Hewittic).
- de redressement et les montages sont, de ce fait, moins complexes et moins coûteux, mais il y a certains cas où il est difficile d’éliminer complètement les bruits produits par les commutatrices lorsque l’installation de réception se trouve à proximité d’une station de transformation, et cet inconvénient est surtout sensible pour la réception des émissions sur ondes courtes. Il conviendra donc, dans ce cas, d’essayer d’arrêter la transmission des courants haute fréquence le long des lignes du secteur au moyen de bobines d’arrêt à noyau de fer et de condensateurs de fuite dérivant vers le sol les courants qui auraient pu traverser les bobinages.
- Fig. 16. — Schéma de principe et vue perspective du montage du superbloc Ftewitlic (à deux groupes de redresseurs secs).
- Rhéostat BT /(lOiJot
- Voltmètre
- Redresseui 4 volts
- -Condensateur 6 MF
- ^Redresseur 150 v.
- Self HT
- Transfo.
- Self BT
- Self de
- Redresseur haute tension
- filtrage
- Résistance
- ZOOOOuo
- Self de
- _ — mtm isfea nu //
- Tl T2600iv,f T 2800 MF
- Redresseur basse tension
- Voltmètre 6' volts
- D’autre part, puisqu’on n’utilise pas ici de transformateur, le montage récepteur est, en quelque sorte, relié directement au secteur, ce qui peut présenter certains inconvénients; en particulier, on ne peut, lorsqu’il s’agit de postes sur antennes, utiliser directement une prise de terre, ce qui aurait pour effet de provoquer un court-circuit, et l’on est obligé d’intercaler un condensateur de quelques microfarads dans le circuit reliant la prise de terre à la borne-terre du poste.
- COMMENT MODIFIER L’ACCORD ET L’AMPLIFICATION HF
- Nous répétons qu’il n’est guère possible d’augmenter la sensibilité d’un radio-récepteur sans modilier complètement le montage des étages haute fréquence ou moyenne fréquence ou même souvent, sans augmenter le nombre de ces étages.
- A ce propos, plusieurs correspondants nous ont écrit pour nous demander s’il n’y aurait pas intérêt à remplacer les lampes triodes de leur appareil placées sur les étages haute fréquence ou moyenne fréquence par des lampes à grille écran, dont ils avaient entendu vanter les remarquables qualités de sensibilité. Une telle modification serait sans doute extrêmement facile à exécuter, bien qu’assez coûteuse, mais elle serait en général non seulement tout à fait inutile, mais encore extrêmement nuisible.
- Les caractéristiques de toutes les’lampes du poste doivent être, en effet, exactement adaptées aux caractéristiques des systèmes de liaison utilisés, et, en particulier, à celles des éléments de liaison haute fréquence ou moyenne fréquence. Les lampes à grille-écran ont un coefficient d’amplification très élevé et une très grande résistance interne, mais ces caractéristiques ne peuvent constituer un avantage que si les éléments de liaison sont convenablement choisis. Avec un poste ancien modèle, il est donc indispensable de se contenter, en général, d’utiliser les lampes triodes ordinaires du modèle adopté antérieurement sur les étages haute fréquence ou moyenne fréquence. Pourtant, l’auditeur pourra améliorer très souvent l’audition en choisissant mieux le modèle de lampes à oxydes; en particulier, l’adoption dans les appareils de changement de fréquence d’une lampe bigrille à oxyde d’un modèle récent peut fort bien à la fois augmenter la sensibilité du poste et sa sûreté de fonctionnement.
- D’autre part, il est toujours possible d’améliorer les résultats obtenus en modifiant les caractéristiques du collecteur d’ondes utilisé, que celui-ci soit un cadre ou une antenne. Beaucoup trop d’amateurs n’attachent pas une importance assez grande aux caractéristiques de leur cadre, et se fient entièrement à la sensibilité de leur poste pour assurer la qualité des réceptions. Nous avons pu constater personnellement que dans un très grand nombre d’installations d’amateurs, les types de cadres choisis présentent une section rectangulaire assez haute, mais très étroite, de sorte que non seulement la surface utile de l’enroulement, et par suite l’énergie des ondes incidentes recueillies est très réduite, mais encore que
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- l’effet sélectif obtenu par direction du cadre est aussi très faible.
- De même, on pourrait souvent améliorer les résultats sur antenne, simplement en réduisant la résistance de la prise de terre, soit en employant une prise de terre séparée, soit en adoptant plusieurs prises de terre à la fois, soit encore en réduisant la longueur ou en augmentant la section du câble reliant le poste à cette prise de terre.
- Il est évident, que l’antenne (même une antenne courte intérieure) permet de recueillir une quantité d’énergie beaucoup plus grande que celle qui est captée par un cadre. Toutes les fois que cela sera possible, c’est-à-dire lorsqu’il ne sera pas nécessaire d’augmenter les qualités de sélectivité du poste, on pourra donc tenter, pour améliorer le rendement, de remplacer un cadre par une antenne courte, mais, la plupart du temps, il ne faudra pas utiliser un système d’accord en direct et il suffira avec les postes sensibles, par exemple avec les appareils à changement de fréquence, d’employer un dispositif d’accord avec primaire apériodique à couplage assez
- lâche entre le primaire et je secondaire. Il existe d’ailleurs, dans le commerce, des petits blocs d’accord d’emploi très pratique, pouvant être connectés immédiatement à un appareil à changement de fréquence, et permettant le rem -placement d’un cadre par une antenne (fig. 18).
- S’il s’agit, non pas d’augmenter la sensibilité du récepteur, mais
- Fig. 18.— Bloc d’accord pour connecter sa selectivité, ce qui est directement à une antenne un appareil un cas encore plus g'éné-changeur de fréquence construit pour rai, il ne faut pas compter la réception sur. cadre. non „jus obtenir ce résul-
- (Modèle Ribet et Desjardins.) ,
- tat par. une modification
- du montage intérieur du poste, et ce n’est que dans certains cas particuliers qu’un résultat sensible pourrait être obtenu à l’aide de moyens simp’es. Dans certains postes à changement de fréquence, par exemple, il suffit de découpler les enroulements primaire et secondaire du tesla de liaison, lorsque le couplage est variable, ou même de remplacer le tesla de liaison monté sur l’appareil par un autre modèle réglé plus soigneusement sur une longueur d’onde correspondant à celle des transformateurs moyenne fréquence, pour obtenir une amélioration notable de la sélectivité. La variation du chauffage de la bigrille et des lampes moyenne fréquence peut avoir aussi un résultat heureux.
- Mais dans le cas général, lorsqu’on utilise un poste à changement de fréquence fonctionnant sur cadre bien établi, il n’est guère possible d’augmenter par des moyens simples la sélectivité du système. Il n’en est pas de même heureusement lorsque l’appareil fonctionne sur antenne, car, dans ce cas, le simple emploi d’un circuit-fdtre intercalé entre l’antenne et la borne antenne du poste, s’il
- 20.000'
- Oxiron
- Wf|1000'
- Secteur
- +110 IMF Secteur 'MF -110 /» innn voecieur nnflv ®
- 20000
- Fig. 17. — Schéma de principe et plan des connexions d’un dispositif d’alimentation totale sur courant continu 110 volts (pièces M. C. B., montage Alter).
- ne constitue pas un remède merveilleux, une sorte de panacée universelle, comme certains le croient à tort, est pourtant capable de modifier heureusement la sélectivité de l’ensemble récepteur.
- Comme nos lecteurs le savent sans doute, il existe plusieurs catégories de filtres qui peuvent surtout être employés pour éliminer une émission provenant d’un poste puissant ou rapproché, et qui gêne l’audition lorsqu’il s’agit de recevoir les émissions lointaines.
- Le montage le plus simple de ces circuits-filtre est celui en direct, ou en autotransformateur, composé simplement avec un circuit oscillant accordé sur la longueur d’onde de l’émission à éliminer, mais les montages par absorption ou en shunt sont également très simples
- (fig- 19)‘.
- On trouve à l’heure actuelle dans le commerce de petits blocs renfermant des circuits-filtre qui se montent immédiatement dans le circuit d’antenne et permettent d’obtenir des résultats très intéressants (fig. 20).
- Nous avons déjà noté les avantages des circuits-filtre passe-bande qui laissent passage aux ondes émises par le poste de radiodiffusion, sur toute la gamme musicale convenable, tout en s’opposant au passage des émissions
- Fig. 19. — Différentes formes de circuits filtres d’antenne simples.
- A, circuit bouchon. B, montage en autotransformateur. C, montage en absorption. D, montage en shunt. E, circuit passe-bande.
- ♦ *
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- perturbatrices, c’est-à-dire augmentent la sélectivité sans déformer la réception.
- On ne peut; encore trouver dans le commerce des filtres de ce genre tout montés , mais le nombre des organes qui les constituent est très réduit et leur montage extrêmement simple (fig. 19 E). Leur emploi est d’ailleurs aussi facile en réalité que celui d’un circuit-filtre du modèle ordinaire, puisqu’ils remplacent en quelque sorte le système d’accord, et que leur réglage n’est pas plus délicat que celui de ce dernier.
- Enfin, sur un assez grand nombre de postes d’ancien modèle, sont encore montées des bobines interchangeables à monture à broche. L’emploi de ces bobines n’offre aucun inconvénient au point de vue radiotechnique, bien au contraire ; c’est seulement au point de vue pratique et esthétique que certains auditeurs, possesseurs de ces appareils de type ancien, déplorent leur présence.
- Si ces auditeurs sont un peu « bricoleurs, » il leur sera facile de remplacer ces bobinages par des blocs d’accord et de liaison très pratiques dont on peut maintenant trouver de nombreux modèles dans le commerce. Ce remplacement devra être fait avec tout le soin nécessaire, mais il n’offre aucun avantage quant à la qualité des résultats obtenus.
- LA RÉCEPTION DES ONDES COURTES
- Les appareils de type ancien possédés par les amateurs sont en général des postes à une lampe détectrice à réaction suivie d’étages basse fréquence, des appareils à un étage à résonance, quelquefois combinés avec un ou deux étages apériodiques, suivis également d’un étage basse fréquence, et enfin des appareils à changement de fréquence. Tous ces appareils sont, en général, destinés à la réception des émissions sur la gamme de 250 à 2000 mètres ou 2600 mètres seulement. Or il devient de plus en plus intéressant à l’heure actuelle de recevoir les ondes courtes sur
- Fig. 22. — Bouchon coupe-grille intermédiaire, à placer entre les broches de la lampe de sortie et la douille du poste, quand celui-ci ne possède pas de connexion pour la polarisation de la'grille.
- Filament
- ___j Plaque
- Borne polarisation -reliée à la douille g ri Ile
- Grille
- Filament
- Broche de filament
- Borne polarisation + reliée à la broche grille
- Broche
- grille
- la gamme de 15 à 80 mètres environ. Ce résultat est heureusement très facile à obtenir, sans modifier en quoi que ce soit le montage intérieur du poste.
- Il suffit de placer dans le circuit d’antenne un dispositif adaptateur spécial qui sera alimenté par les mêmes batteries que le poste récepteur. Remarquons à ce propos que, pour recevoir les ondes courtes, on n’emploiera jamais de cadre, mais une antenne de courte longueur (fig. 21).
- Si le poste en service est un appareil comportant des étages haute fréquence ou simplement une lampe détectrice à réaction, l’adaptateur sera constitué par une lampe détectrice à réaction d’un modèle spécial comportant des bobinages d’accord et de réaction de modèle convenable, à peu de spires et à faible capacité répartie. Le circuit-plaque de cette lampe détectrice spéciale sera simplement relié à un primaire du premier transformateur basse fréquence au moyen d’une fiche enfoncée dans la douille-plaque de la lampe détectrice du poste préalablement enlevée.
- Si le poste déjà utilisé est un appareil à changement de fréquence, l’adaptateur sera formé par un changeur de
- Antenne
- COUrte Dfnr- =>rJar\lala,m
- \ / fjuur io fcuejjitun rJoc nnrloc manioc
- Poste récepteur ordinaire
- VerspHague k détectnice ou tempe moyenn fréquence.
- Prise de terre ou — S j .
- contrepoids , [ j
- électrique Batteries communes
- Fig. 21. — Montage d’un adaptateur pour ondes courtes en avant d’un poste récepteur (type Gody).
- fréquence spécial à lampe bigrille muni d’un système d’accord convenable, dont le circuit de plaque sera connecté au primaire du tesla de liaison du poste ancien modèle, par exemple, au moyen d’une broche attachée à l’extrémité d’un fil souple et enfoncée dans la douille de plaque de la lampe bigrille du poste ordinaire.
- La réalisation de tels dispositifs n’cfîre aucune difficulté ; on trouve maintenant dans le commerce un assez grand nombre de systèmes de ce genre fort bien étudiés, et dont le réglage est très facile dès que l’amateur s’est familiarisé avec les particularités que présente la manœuvre des organes d’accord pour la réception de cette gamme de longueur d’ondes.
- COMMENT MODIFIER L’AMPLIFICATION MUSICALE
- Une des qualités essentielles du poste moderne est la « musicalité » de l’audition.
- Il y a assez peu de temps que les auditeurs de T. S. F. français la recherchent, beaucoup se contentaient d’obtenir des réceptions provenant du plus grand nombre de postes possible, et des stations les plus éloignées. L’ap-
- Eliminateur
- Récepteur
- Fig. 20. — Branchement d'un circuit éliminateur en avant d’un poste récepteur.
- (Le bloc filtreur a la forme d’un cy-clindre de 10 cm de diamètre et 6 cm de haut, type Ex. I. A. C. R. M.)
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- parition du procédé de reproduction électrique des disques de phonographe a attiré leur attention sur les imperfections relatives de la réception radiophonique au point de vue musical.
- La qualité musicale d’une réception dépend du système d’amplification haute fréquence ou moyenne fréquence utilisé. En particulier, si la sélectivité du poste est trop grande, par suite de l’accord trop aigu des systèmes de liaison, il en résulte une mutilation certaine des bandes de fréquence transmises et une déformation correspondante de l’audition. De même, le choix du système de détection et, en tout cas, du type de lampe détectrice a une influence sur la qualité de l’audition; le volume sonore, la tonalité, et la fidélité de l’audition dépendent avant tout des étages d’amplification basse fréquence et du haut-parleur qui leur est adapté.
- Les postes modernes sont équipés de transformateurs bien étudiés, de lampes de puissance de faible résistance interne et de faible coefficient d’amplification, avec courants-plaque très intenses, et enfin de haut-parleurs convenablement choisis et adaptés.
- La plupart des postes anciens comportent deux étages
- d’amplification basse fréquence à transformateurs et, le plus souvent, ces transformateurs sont de bonne qualité, ce qui rend inutile leur changement ou leur modification.
- Pour améliorer la qualité de l’amplification musicale, on peut choisir au mieux parmi les très nombreux types de lampes de puissance la lampe de sortie qui convient le mieux à l’intensité sonore désirée, au type de haut-parleur utilisé et à la tension du courant plaque disponible. Sur la plupart des postes ancien modèle, il n’existe pas de bornes d’alimentation permettant d’effectuer la polarisation négative des grilles, et spécialement de celle de la lampe de sortie; or, celle-ci est absolument indispensable lorsqu’on emploie une lampe de puissance et surtout si la tension plaque dépasse 80 volts.
- L’apparition d’un courant de grille déforme en effet complètement les auditions et diminue sensiblement l’amplification globale de l’étage.
- Rien de plus simple, d’ailleurs, que de monter sur la lampe de sortie un bouchon coupe-grille, qui permet d’appliquer la polarisation indiquée par le constructeur de la lampe (fig. 22).
- D’un autre côté, si le transformateur n’est pas d’un modèle suffisamment étudié, son remplacement n’offre aucune difficulté.
- Il faut choisir un type dont les enroulements ont une capacité propre très réduite, dont la résistance des enroulements est en rapport avec la résistance des lampes
- PI Translo S2
- HT +1
- HT + 2,
- PI Transfo S2
- Fig. 23. — Emploi d’un transformateur basse fréquence à circuit à haute perméabilité magnétique (type Brunet).
- A, montage classique. B, montage en dérivation à employer quand
- le courant de plaque de la lampe est supérieur à 3,5 milliampères.
- à utiliser et qui ne présente pas de perte dans le circuit magnétique.
- L’apparition d’harmoniques déformant l’audition est, en effet, due surtout aux pertes de ce genre et celles-ci dépendent de la qualité des tôles employées. Les pertes par hystérésis sont proportionnelles à la fréquence et les pertes par courant de Foucault au carré de la fréquence des courants traversant les bobinages. On emploie donc des tôles de qualité supérieure au silicium, très minces, et peu sujettes au vieillissement. Enfin, il ne faut pas que le circuit se sature trop rapidement, afin d’éviter des effets de distorsion considérables.
- Signalons l’apparition d’un type de transformateur réalisé par Brunet, de dimensions très réduites, avec un noyau en tôles d’acier au nickel dont la perméabilité magnétique dans les conditions normales d’utilisation est environ quatre fois plus forte que celle de la meilleure tôle au silicium adoptée jusqu’à présent dans les transformateurs de haute qualité.
- Grâce à cette grande perméabilité du circuit magnétique, on peut conserver à l’inductance primaire du transformateur une
- valeur élevée Fig. 25. — Emploi d’un amplificateur de puis-pour un nombre sance séparé pour augmenter iintensité et amé-de spires relati- liorer la qualité de l’audition.
- vement faible, ce qui permet à la fois de diminuer les fuites magnétiques et la capacité propre des
- Fig. 24. — Montage d'une batterie supplémentaire dans le circuit de plaque de la lampe de sortie.
- Haut parleur ou système de liai son y
- Batterie
- supplémentaire
- Fig. 24. — Montage d'une batterie supplémentaire dans le circuit de plaque de la lampe de sortie.
- ___ Amplificateur de
- tdpnffouHn Pui^nce s!!men,é
- seul étage entièrement pan
- alternatif
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- Secteur
- 110 v- 50 péri ades
- Electra-
- dynamique
- Valves de redressement
- Transfo de sortie_____
- Lampe de puissance
- Self de mr?W2L
- Transfo
- d'entrée
- Potentiomètre ( facultatif )
- ------QDDWïn
- vers la plaque j de la détectr/ce ou dune If B.F.
- 0 +40 +80 +120 à
- 90+ tension plaque
- 67+tension intermédiair
- 22+tension inférieure
- B-au point commun des batteries plaques CD
- I Valves
- i
- IBranchement lampe de l’interrupteur
- Bouchon interrupteur
- et chauffage en général + de l'accu.
- Lampe de / puissance—/
- Fig. 26. —• Schéma ei plan de l’amplificateur de puissance Melodium, à 2 values de redressement, une lampe de puissance, alimentation complète par le secteur (3 watts modulés).
- enroulements. On peut ainsi augmenter considérablement la gamme des fréquences amplifiées et le montage d’un tel dispositif s’effectue soit de la manière classique, soit
- en dérivation avec résistance de plaque livrant passage au courant continu, les seules oscillations à fréquence musicale étant transmises au primaire du transformateur (fig. 23).
- D’un autre côté, le choix d’un haut-parleur a une grande importance pour la qualité de l’audition; ce choix n’offre, d’ailleurs, aucune difficulté, étant donné la diversité des types existants; il est bien évident que ce choix doit être fait suivant le type du poste récepteur, et spécialement suivant les caractéristiques des étages d’ampli-lication basse fréquence et de la lampe de sortie.
- Il y a toujours intérêt à employer sur la plaque de cette lampe une tension aussi élevée que possible. Rien de plus simple que de monter une batterie supplémentaire en série dans un circuit plaque, lorsqu’il n’existe pas* de bornes spéciales pour cette adaptation (fig. 24).
- Bien souvent, l’emploi d’un système de liaison convenable entre la lampe de sortie et le haut-parleur permettra d’améliorer la qualité et l’intensité de l’audition et nous ne saurions trop recommander à ce propos l’adoption d’un système de liaison avec bobine d’arrêt à noyau de fer et condensateur de liaison du type classique, encore trop peu utilisé par les amateurs (fig. 23).
- Il suffira de faire varier l’impédance du bobinage pour adapter au mieux le haut-parleur à la lampe de sortie et corriger la tonalité générale trop aiguë ou trop grave de l’audition.
- Enfin, lorsqu’on veut obtenir avec un poste de type ancien une audition de grande intensité, et notamment avec un haut-parleur de type électro-dynamique, on peut mettre hors service les étages basse fréquence du poste, et spécialement la lampe de sortie, et relier directement la lampe détectrice ou la première lampe basse fréquence à l’amplificateur de puissance spécialement construit adapté à un haut-parleur de modèle convenable (fig. 25).
- Cet amplificateur de puissance pourrait être alimenté de la même manière que le poste récepteur, mais il y a intérêt à établir un système d’alimentation spécial et, en général, on pourra utiliser l’alimentation complète par le courant d’un secteur.
- Si l’on veut constituer un amplificateur à deux lampes, la première lampe sera une lampe à chauffage indirect, et la deuxième une lampe de puissance du type ordinaire. Si l’on se contente cl’un seul étage d’amplification basse fréquence de puissance, on adoptera une lampe de puissance du type ordinaire dont le filament sera chauffé par du courant alternatif brut, non redressé (fig. 26). La tension plaque assez élevée, généralement de l’ordre de 150 à 400 volts, ainsi que la polarisation de grille, sont fournies par des valves électroniques, ou même par des éléments oxymétal avec circuit de filtrage ordinaire.
- Il y a déjà très longtemps que nous avons noté les avantages de ces dispositifs consistant à employer un poste récepteur alimenté par des batteries ou par du courant redressé
- Fig. 27. — Vue de face el d'arrière du dispositif de puissance Kolsler-Melodium
- monté dans un meuble.
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- et suivi par un ampliücateur de puissance alimenté entièrement par le courant d’un secteur alternatif.
- On trouve à l’heure actuelle, dans le commerce, des colïrets ou même des meubles contenant un amplificateur de puissance de ce type ainsi qu’un haut-parleur électrodynamique ou électromagnétique. L’ensemble contient également, le plus souvent, un système d’alimentation servant à la fois pour l’alimentation de la lampe de puissance, l’excitation de l’enroulement inducteur du haut-parleur, et même l’alimentation plaque du récepteur ordinaire (fig. 27).
- La qualité des auditions obtenues avec un ensemble ainsi modifié ne le cède très souvent pas à celle que l’on peut réaliser avec les postes les plus modernes.
- Enfin, ces systèmes modifiés se prêtent fort bien à la reproduction phonographique, en reliant simplement le pick-up électro-magnétique à la lampe détectrice ou à la première lampe de puissance au moyen d’un bouchon coupe-grille.
- —.......... —......................... = 205 ==
- Comme on a pu le voir, la modernisation des radiorécepteurs anciens n’offre guère de difficultés et présente de nombreux avantages. P. 1 Iémardinquer.
- Adresses relatives aux appareils décrits :
- Chargeurs Ariane, 119, rue de Montreuil, Paris.
- Chargeurs Lefêbure-Solor, 5, rue Mazet, Paris.
- Etablissements M. S. V. Le Matériel Radio-Électrique, 31, avenue Trudaine, Paris.
- Etablissements Wonder, 77, rue des Rosiers, à Saint-Ouen (Seine).
- Etablissements M. C. B. et Véritable Aller, 22, rue d’Orléans. Neuilly-sur-Seine.
- Etablissements Bardon, 61, boulevard National à Clichy (Seine).
- Etablissements Ilewiltic, 11, rue du Pont, Suresnes (Seine).
- Etablissements Ribet et Desjardins (Unie), 10, rue Violet, Paris (15°).
- Etablissements A. C. R. M., 35, rue Marcelin Berthelot, Montrouge.
- Etablissements Joignel, 63, avenue Ledru-Rollin, au Perreux.
- Etablissements Godg, à Amboise (Indre-et-Loire) et 23, boulevard Beaumarchais, Paris.
- Etablissements Brunei, 5, rue Sextius Michel, Paris (15e).
- Etablissements Melodium, 296, rue Lecourbe, Faris.
- LES RADIO-RECEPTEURS EN 1931
- GÉNÉRALITÉS SUR LA CONSTRUCTION RADIOÉLECTRIQUE FRANÇAISE
- Les conditions de la réception des émissions radiophoniques en France n’ont guère varié depuis un an, et la plupart des fabricants de radio-récepteurs sont encore obligés d’établir surtout des appareils sensibles et sélectifs permettant de recevoir sur cadre ou même sur une antenne intérieure très courte la plupart des grandes émissions européennes.
- Ce fait explique pourquoi le montage le plus en vogue en France demeure le montage à changement de fréquence et pourquoi aussi, si l’on est parvenu à établir des postes du type « local » simples et robustes, permettant la réception des émissions provenant de stations rapprochées, et même des grandes émissions européennes sur une antenne suffisante, ces appareils ne constituent pas encore la majorité, comme dans certains pays, en Allemagne par exemple. On peut, d’ailleurs, remarquer que la nécessité de plus en plus grande d’établir des appareils sélectifs a attiré également l’attention des techniciens étrangers du monde entier sur les appareils à changement de fréquence. C’est ainsi qu’on a pu voir apparaître de nouveau aux Etats-Unis d’assez nombreux types de superhétérodynes, alors qu’ils avaient été peu à peu presque abandonnés au profit des postes à multiples étages d’amplification directe.
- En Angleterre, de même, on employait presque exclusivement des appareils à amplification haute fréquence directe, et on utilisait même encore des étages à liaison semi-apériodique complètement abandonnés partout ailleurs. Depuis peu de temps, il semble que l’attention des techniciens et des amateurs se soit de nouveau portée sur les montages à changement de fréquence, et on vient même de voir apparaître en Angleterre pour la première
- Antenne
- Bâsse freqi
- ’Détectnce
- [ parleur
- Self de choc H. F.
- Transform* basse frequ f'
- lo 0.25/1000
- 2 M.P. J.
- 500 v. T
- '2 MT 50Ûv
- •4M.F.1000-
- Self filtre
- Fig. 1. — Schéma d’un poste secteur à deux lampes, délectrice suivie d’une lampe trigrille de puissance. Réaction mixte électromagnétique et par capacité (montage Unie).
- fois la lampe bigrille changeuse de fréquence, dont les amateurs français se servent depuis si longtemps.
- Si le poste à changement de fréquence conserve ainsi une suprématie très méritée, il faut avouer que les constructeurs se sont efforcés de diminuer ses inconvénients en ce qui concerne la qualité musicale de l’audition, de plus en plus recherchée par les auditeurs. Ils emploient donc maintenant des montages qui réduisent le « bruit de fond » si désagréable, et permettent d’obtenir une sélectivité suffisante sans mutiler les fréquences musicales, comme il arrivait trop souvent avec les appareils à résonance aiguë. D’autre part, pour diminuer le nombre des étages et augmenter la qualité de l’amplification, ils emploient presque toujours des lampes à grille écran en moyenne fréquence, alors que cette utilisation était encore très restreinte l’an dernier.
- La vogue du poste-secteur n’a pas diminué, bien au
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- Fig. 2. — Poste-secleur Philips à deux lampes el une valve, en coffret de petites dimensions.
- En haut, vu par devant; au-dessous, vu par derrière et ouvert.
- contraire, et, grâce à l’amélioration de la fabrication des lampes à chauffage indirect, on peut maintenant obtenir des montages robustes et stables. Cependant, comme nous l’indiquons dans un autre article de ce même numéro, cette solution du problème de l’alimentation n’est employée
- Fig. 3. — Petit meuble radiophonique Radiola comportant un ensemble récepteur avec montage secteur à deux lampes et une valve et un haut-parleur à diffuseur. Liaison basse fréquence à résistance, détection par lampe à écran.
- d’une façon exclusive que pour les postes simples du type « local ». Pour les appareils sensibles, on continue à adopter des batteries, ou bien on remplace simplement les batteries par un dispositif d’alimentation fournissant du courant redressé et filtré pour le chauffage des filaments et l’alimentation des plaques.
- D’ailleurs, les facteurs d’évolution des montages récepteurs continuent à exercer leur influence. L’auditeur français désire de plus en plus obtenir des auditions musicales assez intenses et veut aussi, en général, un appareil de maniement simple, et dont les soins d’entretien soient réduits au minimum. Il commence à comprendre que, pour atteindre ce but, il faut avant tout utiliser des étages d’amplification basse fréquence bien étudiés, munis d’une lampe de sortie dont la grille est convenablement polarisée, et dont la plaque est alimentée sous une assez forte tension. Il a aussi appris à choisir convenablement le type de haut-parleur qui convient au montage de son récepteur, et à discerner l’importance du système de liaison établi entre la lampe de sortie et ce haut-parleur.
- Enfin, l’établissement de nouvelles stations à ondes très courtes, la mise en service si attendue d’une station de radiodiffusion coloniale française attirent l’attention d’un nombre de plus en plus grand d’auditeurs sur l’intérêt de la réception des ondes très courtes. Le nombre des sans-filistes amateurs de ces réceptions est encore trop restreint, sans doute, mais il s’accroît constamment, et il est augmenté par l’afflux de tous les amateurs des colonies, qui n’avaient pu jusqu’à présent recevoir les émissions radiophoniques françaises sur ondes moyennes ou même sur ondes courtes.
- C’est pour satisfaire cette nouvelle clientèle que les constructeurs français ont établi des appareils dits « toutes ondes » permettant de recevoir toute la gamme des émissions de 15 m à 1800 m de longueur d’onde, et aussi des adaptateurs pouvant être reliés à un poste de réception quelconque pour la réception des ondes très courtes, sans autre modification.
- POSTES-SECTEUR ET POSTES A ALIMENTATION PAR COURANT REDRESSÉ
- Il semble qu’on réserve à l’heure actuelle le nom de postes-secteur aux appareils alimentés entièrement par le courant d’un secteur, et munis de lampes à chauffage indirect, ces appareils étant, d’ailleurs, établis suivant un principe de montage quelconque. On a à peu près complètement abandonné les lampes à filaments chauffés directement par le secteur, mais sous une tension très faible et dites « lampes-réseau ».
- A l’heure actuelle, les fabricants de lampes peuvent fournir des modèles à chauffage indirect d’un type quelconque, pour la détection, l’amplification haute fréquence ou moyenne fréquence, et le premier étage basse fréquence. On trouve également des lampes à chauffage indirect à deux grilles pour le changement de fréquence et des modèles à grille écran pour l’amplification haute fréquence et moyenne fréquence. Dans tous les postes, la lampe de sortie demeure toujours une lampe' triode de puissance ou une lampe trigrille de puissance à filament ordi-
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- naire à oxyde, ce qui n’a aucun inconvénient puisqu’il n’y a pas d’amplification supplémentaire pouvant produire aussi une amplification des bruits parasites.
- Pourtant, comme nous l’avons noté, cet emploi des lampes à chauffage indirect est seulement à peu près exclusif pour les montages du type local, et les postes les plus employés par les amateurs à l’heure actuelle dans cette catégorie comportent une lampe détectrice à chauffage indirect, une lampe triode ou trigrille de puissance, et une valve de redressement ou même des éléments oxymétal assurant le redressement du courant de plaque qui est ensuite filtré (fig. 1).
- Ces appareils simples et robuste sont d’ailleurs présentés sous différentes formes également pratiques, soit sous forme de coffret en ébénisterie, en matière moulée, ou en métal, soit même sous forme de valise portative ou de petit meuble dans lequel est généralement également placé le haut-parleur électromagnétique à diffuseur (fig. 2 et 3).
- Nous pouvons signaler à ce propos un modèle de poste-valise portatif très réduit entièrement alimenté par le secteur alternatif et dont le poids en ordre de marche n’excède pas 4 kg 500 (fig. 5). L’alimentation de ce poste est effectuée avec du courant de 110, 130 ou 220 volts à volonté. Le transformateur d’alimentation comporte trois secondaires, le premier fournit un courant de 220 volts sous 30 milliampères servant à l’alimentation des plaques de la valve de redressement, le deuxième sert au chauffage des lampes sous une tension de 4 volts avec une intensité de 1,5 ampère, enfin le troisième alimente le filament de la valve avec une tension de 3 volts 8 et une intensité de 1 ampère.
- La lampe détectrice à chauffage indirect est alimentée sous une tension de plaque de 100 volts, tandis que la tension plaque sur la lampe de sortie atteint 160 volts. La grille de cette lampe est alors polarisée négativement sous une tension de 14 volts (fig. 4).
- Grâce à l’amplification relativement forte produite par cette lampe de sortie, on peut, non seulement obtenir des auditions suffisantes en haut-parleur des émissions radiophoniques, mais encore adapter facilement au récepteur un pick-up électromagnétique pour réaliser des reproductions phonographiques avec une netteté suffisante.
- Le filtrage du courant plaque est obtenu par des résistances et un bloc de condensateurs de 12 microfarads. Quant au système d’accord et de réaction, il est du type Reinartz, et destiné à permettre soit l’emploi d’un fil du secteur comme antenne, soit l’utilisation d’une antenne séparée d’assez grande longueur.
- A cet effet, sur la plaquette supérieure du poste se trouve le condensateur ordinaire de 0,5/1000 de microfarad, le condensateur de réaction également de 0,5/1000 de microfarad à diélectrique bakelisé afin de diminuer l’encombrement, un commutateur grandes ondes-petites ondes qui permet de mettre en circuit les bobinages nécessaires suivant la gamme de longueurs d’onde des émissions à recevoir. De plus, à côté du condensateur d’accord, se trouve un bouton molleté actionnant un commutateur qui agit sur une manette mettant le système d’antenne en connexion avec plusieurs dispositifs d’accord primaire. Sur le premier plot, on utilise, en principe, une antenne
- Basse fréquence
- Détectrice
- +160 v .
- 1000 g)
- 0,6/MF
- 500 v
- Chauffage
- Detectrice
- Polarisât ?
- Fig. 4. —Schéma très simplifié du système d’alimentation et du montage d'accord d’un poste à deux lampes (type Lancat).
- Fig. 5. — Le poste-valise le plus réduit. Appareil secteur à une détectrice et une lampe de puissance; alimentation plaque par éléments oxymétal (type Lancat).
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- Oétectrice
- Basse fréquence triode de puissance
- 20000*
- Fig. 6. — Schéma de principe du poste-valise précédent.
- Primaire-110, 130 ou 220 volts; secondaire, 145 volts; montage en doubleur de tension.
- extérieure plus ou moins longue, et cette antenne est reliée directement au primaire. Sur le deuxième plot, on intercale en série un condensateur de 2/1000, ce qui permet la réception facile des émissions sur grandes ondes jusqu’à quelques centaines de kilomètres. Sur le plot 3, on met en série un condensateur de 0,4/1000 ; enfin, sur le plot 4 on intercale un condensateur de 0,15/1000 seulement, ce qui permet d’obtenir plus de sélectivité sùr les petites ondes à proximité d’un poste d’émission. Le bobinage pour grandes ondes comporte 285 spires avec prise à la 48e spire
- Fig. 7. — Le « 0119 » modernisé :
- Une lampe haute fréquence à écran, une détectrice, une basse fréquence trigrille (ou deux triodes), les deux premières lampes sont à chauffage indirect, la 3e est du type ordinaire â oxyde. Redressement du courant plaque par une valve électronique biplaque. Montage Philips.
- C 1 - C 2 = 0,5/1000 de mf.
- c 3 = 0,2/1000 de mf.
- c 4 = 1/1000 de mf.
- c 5 - C 6 = 1 mf. ) isolement
- c 7 - C 8-C 9 = 2 mf. > minimum
- c 10 - C 11 = 4 mf. ) 500 volts
- s = self 50 henrys.
- R 1 = 2 mégohms.
- R 2 - R 3 = 0,6 mégohm.
- R 4 = 800 à 1.000 ohms.
- R 5 = 20.000 ohms.
- R 6 = 30.000 ohms.
- R 7 = 25.000 ohms.
- T = transformateur donnant auxsecondaires2x2volts
- et 2 X 300 volts avec prises médianes.
- Transformateur BF
- IAlimentation .
- ) . R*;
- ÏR3 . ^WVWWV—•—WWWWW1—-
- et permet de couvrir la gamme de 600 à 2000 mètres. Le bobinage pour petites ondes comporte 80 spires avec prise à la 20e spire et permet de couvrir la gamme de 190 à 600 mètres (fîg. 5).
- Un modèle encore plus réduit de ce genre de poste est constitué en remplaçant la valve d’alimentation plaque par un système redresseur du type oxymétal, et un tel appareil peut servir à l’amateur non seulement pour ï'ecevoir les émissions locales, mais aussi lorsqu’il part en voyage s’il a à sa dispostion le courant d’un secteur alternatif, et recherche les émissions des grands postes puissants. C’est ainsi qu’en employant à 250 km de Paris un fil d’un secteur aérien, on reçoit non seulement la plupart des émissions parisiennes, mais des émissions allemandes, anglaises, et italiennes avec une sélectivité très suffisante (fig. 5 et 6).
- Le deuxième type de poste-secteur à lampes à chauffage indirect comporte en avant de la lampe détectrice une lampe haute fréquence à écran, et peut être muni comme lampe de sortie d’une lampe de puissance triode puissante d’un des modèles récents qui permettent d’obtenir une excellente réception musicale. Ce genre d’appareil est sans doute un peu plus coûteux, et sa construction est un peu plus complexe que celle du poste du type local à deux lampes seulement, mais il a l’avantage d’être plus sensible et un peu plus sélectif. Connecté à un fil d’un secteur dans de bonnes conditions ou à une antenne de longueur moyenne, il permet facilement en fort haut-parleur la réception de toutes les grandes émissions européennes. C’est en somme l’équivalent très amélioré et réalisé sous une forme très moderne du célèbre montage C. 119, dont la vogue a été si grande et qui demeure encore à juste titre si apprécié des amateurs (fig. 7 et 8).
- LES POSTES-SECTEUR A GRANDE SENSIBILITE
- Le poste-secteur type à grande sensibilité est constitué par un montage à deux lampes à grille écran à haute fréquence à résonance, une lampe détectrice, et une ou deux lampes basse fréquence de puissance. Nous avons déjà décrit dans notre numéro spécial du 15 septembre 1930 des montages de ce type. Leur construction n’a guère été modifiée; seule la fabrication des lampes et des bobinages a été constamment améliorée, de sorte qu’à l’heure actuelle l’usage des appareils de ce type est moins onéreux, puisque la durée de service des lampes qui sont d’un prix élevé est plus grande (fig. 9).
- Il faut bien considérer, pourtant, que ce sont surtout les variations de tension du courant du secteur qui sont néfastes pour la durée de service efficace des lampes à chauffage indirect, et l’on remarque, en effet, que le fonctionnement de ces appareils est normal dans tous les secteurs assez réguliers. L’intérêt des systèmes de régulation de la tension pouvant s’adapter à un poste récepteur quelconque sont très grands, mais encore faut-il que ces systèmes soient réellement efficaces.
- Nous avons décrit dans nos chroniques différents modèles de régulation fonctionnant soit au moyen d’une lampe régulatrice à filament de fer placé dans une ampoule remplie d’hydrogène, soit au moyen de systèmes plus
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- Fig. 8. — Deux modèles de postes-secleur avec une lampe haute fréquence à grille-écran à chauffage indirect.
- En haut, à droite, Philips, 2531; à gauche, le même ouvert: en bas, modèle Bouchet et Aubignat avec son haut-parleur à diffuseur.
- complexes comportant des jeux de bobinages à fer saturé et non saturé, ainsi que des dispositifs de stabilisation rendant la tension indépendante du débit du poste. Nous pouvons citer encore, par exemple, les régulateurs Demontvignier-Touly. Ces appareils sont parfois malheureusement d’un prix élevé, ce qui restreint leur champ d’application et ne les met pas à la portée de la « clientèle moyenne » qui se contente d’employer un poste relativement simple, de prix.assez peu élevé (fig. 10).
- A côté de ces appareils sensibles à amplification haute fréquence directe, fonctionnant généralement à l’aide d’une petite antenne intérieure de quelques mètres de longueur, et dont la sélectivité est le plus souvent suffisante, même dans les villes, il existe maintenant un autre type de poste-secteur assez sensible, bien que comportant un nombre de lampes relativement réduit, c’est le poste à changement de fréquence à quatre lampes, comportant une lampe bigrille changeuse de fréquence, une amplificatrice moyenne fréquence à grille écran, une détectrice à chauffage indirect, et enfin une lampe trigrille de puissance a filament ordinaire (fig. 11).
- Un tel poste renfermant, dans son bâti blindé recouvert d’un boîtier en ébénisterie ou en matière moulée, le système d’alimentation complet avec valve de redressement biplaque, et souvent une lampe régulatrice, peut être présenté sous une forme très compacte et d’aspect très simple. Sur le panneau avant du poste, on voit simplement apparaître une fenêtre de réglage derrière laquelle tourne un tambour gradué qui peut être éclairé intérieurement par une ampoule électrique. La commande des condensateurs d’accord et de modulation peut être effectuée par un bouton de réglage commun se trouvant également sur le panneau avant ou sur le côté de l’appareil. Un commutateur de changement de bobinages à deux positions, un
- Fig. 9. — Schéma de principe d’un poste-secteur à grande sensibilité comportant deux lampes haute fréquence à écran à chauffage indirect, une lampe délectrice, et une lampe trigrille à grande puissance. La détection est souvent effectuée à l’aide d'une lampe à grille-écran fonctionnant en <t déleclrice linéaire » et l'amplification basse fréquence est obtenue à l’aide de deux lampes triodes ordinaires à forte tension plaque (montage Philips)* — B — haute tension; + B, +80 volts; + B2 + 160 volts; C, C,, C2 = condensateur variable de 0,5/1000; Csi c„, c6, c„ cs, c9, c,0 = con densateur fixe de 1 microfarad; CH, C12 = condensateur fixe de 0,2/1000; C15 = condensateur fixe de 0,5 à 2/1000; R = résistance variable de 1000 ohms; R„ R4, Rs = résistance fixe 5000 ohms; R,, R4, R5, Rs = résistance fixe 5000 ohms; R.,, RB = résistance fixe 600 ohms; RG = résistance fixe 1200 ohms; T = transformateur B. F.; T4 = transformateur de chauffage. L et L, = selfs de résonance de préférence toroïdales 50 spires pour P O, 200 spires pour GO.
- Cadre ou
- self _ t
- d 'accord 7 c
- * * *
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- Fig. 10. — Poste-secleur Philips 2511 à grande sensibilité et à amplification haute fréquence directe : 2 étages HF à résonance à lampes à grille-écran, 1 lampe déleclrice, 1 ou 2 étages BF.
- la sensibilité du système, on peut agir sur la tension de la lampe à grille écran ; une résistance de « volume-contrôle » et un potentiomètre peuvent, d’autre part, être actionnés pour régler l’intensité de l’audition.
- La détection n’est pas effectuée par l’habituel condensateur shunté de grille, mais au moyen d’un montage à détection linéaire de puissance par utilisation de la courbure de caractéristique plaque, dont nous avons d’ailleurs déjà expliqué les avantages dans nos chroniques. Ce montage permet, en effet, d’éviter tous les risques de saturation, et de détecter normalement sans effet de distorsion les courants transmis par les étages moyenne fréquence, même si les tensions appliquées à la grille sont considérables, ce qui est le cas lorsqu’on utilise plusieurs étages d’amplification moyenne fréquence à grille écran.
- L’amplification basse fréquence de puissance est, d’autre part, réalisée, non pas au moyen d’un système de liaison à transformateur mais à l’aide d’un système de liaison résistance-capacité. On obtient ainsi une pureté beaucoup plus grande, et laPpuissance est cependant suffi-
- bouton de réglage de la sensibilité (condensateur vernier ou à décalage du stator), et enfin un bouton molleté de renforcement de l’audition agissant généralement sur un potentiomètre, complètent les organes de l’appareil qui peut, d’ailleurs, être utilisé évidemment pour la reproduction phonographique en reliant un pick-up électromagnétique à la lampe détectrice, laquelle joue alors le rôle de première lampe basse fréquence (fig. 12).
- Il existe enfin quelques modèles de postes sensibles à changement de fréquence alimentés par le secteur, et munis de lampes à chauffage indirect. Ces postes comprennent, en général, une lampe bigrille changeuse de fréquence, deux étages moyenne fréquence à lampes à grille écran, une lampe détectrice, et une ou deux lampes basse fréquence (fig. 14 et 15).
- Nous pouvons signaler parmi ces postes un ensemble construit très récemment et sous une forme particulièrement originale. Comme le montre la figure 15, tous les organes de l’appareil sont fixés sur un bâti métallique fondu extrêmement robuste de 420 sur 230 et 200 mm. Les condensateurs d’accord et de modulation de la lampe bigrille sont fixés en bout d’arbre, et non de chaque côté du tambour, comme c’est l’habitude courante. Un des stators est décalable, de façon à obtenir un réglage unique
- par un seul bouton, quelle que soit la gamme de longueurs d’onde considérée. La commande commune des condensateurs est, d’ailleurs, effectuée au moyen d’un câble de transmission à bouton molleté, le rapport de démultiplication est de 1/15.
- Pour faire varier
- de fréquence
- Fig. 11. — Schéma de principe d’un poste-secteur à 4 lampes à changement de fréquence comportant une lampe bigrille changeuse de fréquence, une lampe moyenne fréquence, une détectrice, et une lampe trigrille de puissance. (Montage Unie.)
- santé parce qu’on utilise des lampes à très forte tension plaque permettant d’obtenir une intensité de courant modulé relativement considérable. La lampe de sortie alimentée sous une tension plaque de plus de 200 volts présente une dissipation de plaque d’environ 10 watts, et l’intensité totale du courant nécessaire à l’alimentation du poste est de 84 milliampères.
- L’appareil est alimenté par une valve biplaque placée également sur le bâti. Les cellules de filtrage, de même d’ailleurs que les transformateurs de liaison moyenne fréquence, sont entièrement renfermés dans un casier de ce bâti métallique. Un tel appareil est spécialement destiné à actionner un haut-parleur électro-magnétodynamique, auquel il peut même être relié directement si l’impédance de la bobine vibrante est assez grande.
- A côté de ces appareils à changement de fréquence, munis de lampes à chauffage indirect, il existe d’autres modèles au moins aussi sensibles, et qui sont équipés avec des lampes ordinaires alimentées par un dispositif d’alimentation fournissant du courant redressé et filtré à l’aide d’un redresseur oxymétal et de valves.
- Fig. 12. — Poste-secteur a changement de fréquence à 4 lampes.
- Modèle Synchro-secteur de Radio L.L.
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- Il existe dans cette catégorie, non seulement des appareils à quatre lampes comportant une lampe bigrille changeuse de fréquence, une lampe moyenne fréquence, une lampe détectrice et une lampe trigrille de puissance, mais également des appareils à cinq lampes comportant deux étages moyenne fréquence qui sont alors très sensibles. Le poste-type de celte catégorie comporte pourtant six ou sept lampes, soit une lampe bigrille changeuse de fréquence, deuxlampes amplificatrices moyenne fréquence, une lampe détectrice et deux étages basse fréquence (lig. 1(1).
- Malgré leur complexité apparente, ces appareils sont très faciles à régler, puisque les deux condensateurs d’accord du cadre et d’hétérodyne sont actionnés simultanément par un bouton de commande latéral ou placé sur le panneau antérieur de l’appareil; il est bien évident pourtant que pour obtenir de bons résultats et assurer un réglage efficace réalisé à peu près entièrement par la seule
- Changeuse de fréquence
- BF Haut
- 100 000 ohms
- >Secteur
- manœuvre du bouton de commande com- Fig. 13. — mun, il est nécessaire de n’employer avec gnlle-écran, ces appareils qu’un cadre fourni par le fabricant du poste et dont le bobinage a des caractéristiques convenables permettant son accord simultané, en même temps que celui du circuit de modulation.
- Ces appareils entièrement alimentés sur le secteur sont généralement un peu plus sélectifs et moins sensibles aux parasites industriels que les appareils du type correspondant munis de lampes à chauffage indirect. Ils présentent également l’avantage d’être équipés avec des types de
- Posle-secleur à changement de fréquence à 2 étages moyenne fréquence à liaison moyenne fréquence par transformateurs à deux circuits accordés (montage dit Filtrodyne).
- lampes moins coûteux et un peu moins sensibles aux variations de tension du secteur ; par contre, ils sont généralement de dimensions un peu plus grandes que les postes correspondants à lampes à chauffage indirect, parce qu’ils comportent un système d’alimentation des filaments par courant redressé qui n’existe pas dans les postes du premier modèle.
- Quel que soit le montage à changement de fréquence considéré, et que l’appareil soit alimenté par des batteries d’accumulateurs ou un dispositif d’alimentation, ou encore soit muni de lampes à chauffage indirect, on commence à adopter en général, des transformateurs moyenne fré-
- Fig. 14. — Poste-secteur sensible à changement de fréquence (Synchrosecleur Radio L.L.), à réglage essentiel unique.
- Vue d’ensemble et par derrière.
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- Fig. 15. — Poste-secteur à changement de fréquence à grande sensibilité (type Stellor).
- quence non plus seulement à secondaire accordé, mais à deux enroulements accordés (fig. 13 et 17).
- La grande difficulté que l’on rencontre dans la construction des transformateurs moyenne fréquence consiste non seulement à adapter leurs caractéristiques à celles des lampes moyenne fréquence employées, ce qui est déjà difficile lorsqu’il s’agit de lampes à grille écran, mais encore à établir des circuits qui présentent une résonance assez aiguë pour que le système soit sélectif, sans restreindre la bande des fréquences musicales qui donne la réception « de qualité ».
- En établissant des transformateurs moyenne fréquence bien étudiés à deux circuits accordés, non seulement on obtient un meilleur rendement avec les lampes à grille écran, mais encore on réalise ce qu’on appelle « un système passe-bande », c’est-à-dire un dispositif qui peut laisser passage uniquement, mais presque intégralement, à la bande des fréquences acoustiques correspondant à une émission déterminée (fig. 18). C’est donc ce système que nous voyons employer de plus en plus dans les appareils à changement de fréquence, et cette modification est extrêmement intéressante lorsqu’elle est bien réalisée, puisqu’elle empêche désormais toute possibilité de critique de la qualité théorique des auditions fournies par un tel appareil.
- Fig. 17. —- Montage assez simple de poste à changement de fréquence à deux étages moyenne fréquence à lampes à écran fonctionnant à l’aide de batteries ou d’un dispositif d’alimentation à courant redressé et muni de deux transformateurs moyenne fréquence Tx et T2 « passe-bande » à deux circuits accordés (montage Gamma ou A.. C. E. R.).
- Reste encore, il est vrai, la question du « bruit de fond » que l’on a souvent reproché à ces systèmes, mais ce bruit de fond caractéristique est atténué dans de grandes proportions, d’une part, par l’emploi de lampes à grille écran qui permettent d’obtenir une amplifica t ion
- considérable sans qu’on soit obligé de la « pousser maximum, et, d’autre part, par l’utilisation de blindages soignés empêchant la transmission de courants parasites directement aux circuits moyenne fréquence.
- » au
- LES APPAREILS
- « TOUTES ONDES »
- LES ADAPTATEURS
- A l’intention des amateurs de la métropole, et aussi des sans-filistes coloniaux, les constructeurs ont établi, d’une part des postes spéciaux pour la réception des ondes courtes et des appareils « toutes ondes »,
- Fig. 16.. — Poste à changement de fréquence très sensible fonctionnant à l'aide de batteries ou de courant alternatif redressé et filtré et muni de lampes ordinaires à faible consommation. (Type Le-mouzy à 5 lampes, dont 2 moyenne fréquence.)
- c’est-à-dire permettant
- de recevoir toute la gamme des longueurs d’ondes sur la
- bande de radiodiffusion de 10 à 1800 m environ de lon-
- gueur d’onde, et, d’autre part, des adaptateurs permettant de transformer rapidement un poste quelconque ordinaire pour la réception des ondes très courtes.
- Les postes spécialement destinés à la réception des ondes très courtes sont constitués, soit par une lampe détectrice à réaction modifiée, c’est-à-dire du type Reinartz ou Schnell suivie de deux étages d’amplificationbasse fréquence, et précédée parfois d’un étage d’amplification haute fréquence à lampe à grille écran. Ces postes n’ont guère été modifiés récemment, en principe, mais ils sont constitués également sous une forme de plus en plus pratique, et les cons-
- Fig. 18. — Avantages des transformateurs moyenne fréquence à deux circuits accordés.
- Courbes de réponses très schématisées. En A, bande de fréquences radiophoniques complète idéale; B, résultat obtenu avec un filtre très complexe du type passe-bande; C, genre de courbe qu’on peut obtenir avec un transformateur moyenne fréquence à deux circuits accordés; D, courbe correspondant à une résonance trop aiguë.
- Bande de fréquences de modulation
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- tructeurs se sont efforcés de simplifier le plus possible les manœuvres de réglage et de présenter l’appareil sous une forme compacte et robuste (fig. 19 et 20).
- D’autre part, l’adoption d’une lampe haute fréquence à grille écran et de systèmes de réaction à fonctionnement progressif, à résistance d’amortissement, par exemple, permettent de simplifier la manoeuvre de réglage pour la réception des émissions radiophoniques. Il semble que nos colons pourront ainsi adopter des appareils français, alors que, jusqu’à présent, ils utilisaient à peu près uniquement des modèles américains !
- Nous donnons quelques indications dans l’article
- avec lampes à chauffage indirect pour la réception des ondes très courtes.
- Le montage à changement de fréquence se prête très bien, comme on le sait, à la réception des ondes
- Fig. 20. — Poste pour la réception des ondes courtes comportant un étage d’amplification H F à écran en avant de la lampe détectrice : type Dyna.
- Ht6fréquence Détectrice Besse fréquence :--------------r—------- _ ------1—©-A
- Fig. 19.— Poste destiné à la réception des ondes courtes à un étage haute fréquence à lampe à écran. Alimentation par batteries ou courants redressés.
- — A = — 4 volts.
- + A = + 4 volts.
- — B = — haute tension.
- — C = — 16 volts.
- + C = + polarisation.
- + B = + 60 volts.
- + Be = + 75 volts.
- + B5= 4- 150 volts.
- C, = condensateur variable de 0,25/1000.
- C = condensateur fixe à air de 0,05 à 0,1/1000 C3 = — — 0,15/1000.
- Co = — fixe 1 MF.
- C.! = — fixe 2 MF.
- R = résistance variable 1000 à 5000 ohms. R, = — fixe 5000 ohms
- Rj = — fixe 5000 ohms.
- R3 = — fixe 0,5 à 1 mégohm.
- Rh = rhéostat de 30 ohms.
- L3 = self de choc.
- T = transformateur B. F.
- consacré à la radio-diffusion coloniale sur le problème de l’alimentation des récepteurs aux colonies. Sans doute, les colons n’ont-ils pas toujours à leur disposition le courant d’un secteur qui permet d’utiliser un dispositif d’alimentation à courants redressés; certains constructeurs ont même tenté, à l’instar des Américains, de monter des postes
- très courtes, à condition d’utiliser un dispositif changeur de fréquence convenable.
- Un constructeur spécialisé dans la construction des postes à changement de fréquence a ainsi établi un appareil comportant deux lampes assurant le changement de fréquence, dont l’une à écran, deux lampes amplificatrices moyenne fréquence, une lampe détectrice, et une lampe
- Fig. 21. — Poste à changement de fréquence pour la réception des ondes très courtes.
- Type Super-Colonial Radio L.L. à 6 lampes, dont 2 assurant le changement de fréquence (avec lampe à écran).
- A gauche, l’appareil monté dans son boîtier métallique; à droite, détails de construction du poste vu par derrière.
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- Fig, 22. — Un adaptateur pour ondes très courtes peut même être alimenté entièrement par le courant d’un secteur et muni de lampes à chauffage indirect. Voici le schéma d'un adaptateur américain à changement de fréquence comportant une lampe oscillatrice, une lampe détectrice et une valve de redressement.
- amplificatrice basse fréquence tri-grille de puissance.
- 'Ce poste est destiné à la réception de la gamme 15-520 mètres de longueurs d’onde et fonctionne à l’aide de bobines amovibles à broches, d’accord et d’hétérodyne.
- Il est entièrement enfermé dans un coffret métallique, et le réglage
- du condensateur s’effectue au moyen de boutons molet-tés latéraux avec contrôle par des tambours de repère placés sur le panneau avant, dont on aperçoit à travers des fenêtres les graduations éclairées par de petites ampoules électriques (fig. 21).
- Ce poste dit « type super-colonial » a dû être étudié spécialement pour les colonies. Tous les bobinages sont donc imprégnés d’un mélange isolant qui assure une bonne conservation dans les pays chauds et humides, et il est destiné à fonctionner normalement à l’aide d’une antenne assez courte d’une vingtaine de mètres de longueur et d’une prise de terre correspondante.
- Il existe également, comme nous l’avons indiqué plus haut, des postes à changement de fréquence toutes ondes. Les parties moyenne fréquence et basse fréquence de ces appareils ne varient évidemment pas, quelles que soient les longueurs d’onde des émissions à recevoir, et un tel poste possède seulement un système changeur de fréquence qui peut être adapté à la réception des émissions sur ondes très courtes, à partir d’une longueur d’onde de 15 mètres environ.
- Ces appareils comportent six ou sept lampes avec une lampe bigrille changeuse de fréquence commune pour toute la gamme considérée, un dispositif spécial à deux lampes triodes, ou bien une lampe changeuse de fréquence séparée spéciale pour les ondes très courtes. Ils peuvent être alimentés entièrement par le courant du secteur, mais ne semblent pas comporter en général jusqu’à pré-
- sent de lampes à chauffage indirect, mais seulement un dispositif d’alimentation par courant redressé et filtré.
- Ces postes très perfectionnés, d’un prix le plus souvent assez élevé, munis également, en général, de lampes de sortie à grande puissance, et pouvant donc permettre d’obtenir de bonnes reproductions phonographiques, constituent ainsi les radiorécepteurs français les plus complets à l’heure actuelle.
- Enfin, tout poste récepteur peut être utilisé pour la réception des émissions sur ondes très courtes à l’aide de systèmes adaptateurs très simples, qui se placent à l’avant de l’appareil, que ce dernier soit à amplification haute fréquence ou changement de fréquence, et sont alimentés par les mêmes batteries d’alimentation (fig. 22).
- LES POSTES-VALISES ET LES RADIOPHONOGRAPHES
- Il semble que la vogue du poste-valise tend plutôt à décroître en France, et, en tout cas, l’appareil dit transportable à changement de fréquence, à multiples étages, assez lourd et assez encombrant, ne paraît plus guère en faveur, malgré ses autres qualités techniques et pratiques indiscutables.
- Il semble que les sans-filistes qui se déplacent fréquemment ont compris qu’un appareil destiné à être emporté en voyage doit avant tout être très léger, et de dimensions très réduites, même si cette réduction de poids et de volume est acquise aux dépens de la sensibilité. La plupart des appareils portatifs récents ne paraissent plus devoir comporter que de deux à quatre lampes, et nous avons signalé plus haut un modèle fort intéressant, à deux lampes seulement, entièrement alimenté par le secteur, qui paraît bien constituer un ensemble particulièrement pratique.
- Pour ceux qui veulent faire des expériences dans la campagne ou recevoir les émissions radiophoniques en automobile ou en wagon, il existe de petites valises également très réduites, comportant une lampe haute fréquence à grille écran, une lampe détectrice et une lampe basse fréquence, ou bien même le système actuel à changement de fréquence à 4 lampes. Ces postes-valises sont alimentés par une batterie d’accumulateurs à liquide immobilisé et une batterie de piles sèches. Ils sont présentés soit dans une valise en cuir, soit dans une petite boîte en ébéniste-rie, et le haut-parleur est placé à la partie inférieure ou
- Fig. 23. — Poste-valise très réduit à changement de fréquence et à 4 lampes. (Type Rees-Radio.
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- dans le couvercle. La réception est effectuée sur cadre placé dans la mallette ou sur petite antenne. Nous en avons déjà signalé un modèle dont les dimensions étaient seulement de 34 sur 28 et 16 cm (fig. 23).
- Quant aux radiophonographes, c’est-à-dire aux ensembles comportant un radiorécepteur et un phonographe électrique dans une même ébénisterie, leur vogue semble se maintenir.
- LA. CONSTRUCTION ÉTRANGÈRE ET LES AMATEURS FRANÇAIS
- La crise économique actuelle a incité les constructeurs étrangers, et surtout les constructeurs américains, à augmenter leurs exportations. Si les amateurs français
- I00MMF 0.01 Détectrice 0.002
- 100 MM F.
- Fig. 26.— Schéma d’un poste-secteur américain très sensible, comportant trois étages haute fréquence à résonance (à accord unique), une lampe détectrice et deux étages basse fréquence montés en push-pull (type Apex).
- Remarquer le système de réglage de l’intensité sonore et de la tonalité placé sur le secondaire du transformateur basse fréquence.
- n’utilisent encore que relativement peu d’appareils étrangers, cela tient sans doute, d’une part aux droits élevés qui frappent les importations, mais, d’autre part, aussi aux caractéristiques de ces appareils plus ou moins bien adaptées aux conditions de la réception en France.
- Les appareils allemands et autrichiens que nous voyons présentés en France sont surtout des appareils du type local, munis de lampes à chauffage indirect et à deux ou trois lampes et à liaison basse fréquence à résistance. Très souvent, ils sont présentés sous forme d’un ensemble renfermé dans une boîte en ébénisterie avec haut-parleur électromagnétique à diffuseur (fig. 24).
- Il y a assez peu d’appareils anglais en France et ce sont presque tous des postes portatifs comportant une ou deux lampes haute fréquence, une lampe détectrice, et une
- Fig. 27. — Les constructeurs américains ont réussi à établir des postes-secteur très réduits à multiples étages haute fréquence ou moyenne fréquence, comportant même un haut-parleur électro-dynamique dans
- leur ébénisterie.
- A gauche, le poste Apex réalisé suivant le schéma de la figure 26, en B, aspect du montage de ce poste-blindé. A droite le bloc d’alimentation et de filtrage, au centre les 4 condensateurs variables d’accord et de résonance commandés par un môme bouton moletté, à gauche, les supports des lampes et de la valve de redressement du courant de plaque.
- Fig. 25. — Poste portatif de la Compagnie du Gramophone (35 X 37 X 20 cm, poids 12kg7) comportant 2 lampes H. F., une délecirice et 2B. F. Chauffage par courant de 2 volts (accumulateurs non renversables) et batterie de piles de tension plaque. Haut-parleur dans l'ébénislerie. Support pivotant sur billes.
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- Fig 28. — Radiophonographe Cosmos comportant un poste-secteur à 8 lampes, soit 3 lampes haute fréquence à écran, une détectrice de puissance également à écran, une lampe basse fréquence d’entrée, et un étage à deux lampes push-pull de sortie.
- La vue du « châssis » montre le blindage adopté et le système de commande unique des condensateurs.
- ou deux lampes basse fréquence. Ils sont établis avec soin dans un coffret en ébénisterie ou en cuir comportant un haut-parleur électromagnétique à diffuseur ou bien sous forme de radiophonographe (fig. 25).
- Enfin, les appareils américains sont évidemment les plus intéressants. On sait qu’aux Etats-Unis, la gamme de radiodiffusion ne s’étend pas au delà de 500 m de longueur d’onde environ. Aussi, les appareils américains, ne peuvent-ils servir, en général, sans modification à la réception des émissions françaises de longueurs d’onde moyennes et il a fallu les modifier en conséquence.
- La plupart des modèles de postes que nous voyons en France sont des postes-secteur à chauffage indirect et comportent des lampes à écran en haute fréquence. La réception est effectuée sur une antenne intérieure très Courte, les étages sont soigneusement blindés, et le réglage d’antenne des différents circuits haute fréquence est commandé par un bouton de réglage unique actionnant un tambour de repère (fig. 27).
- Ces appareils sont souvent présentés sous forme de radiophonographes, ou sous forme de meubles, mais les
- constructeurs américains ont également réussi à les rassembler sous des formes extrêmement réduites comme le montre la figure 27. Ces appareils sont constitués par des étages d’amplification haute fréquence entièrement blindés, et comportent souvent une détectrice de puissance à lampe à écran. Ils actionnent le plus souvent un haut-parleur électro-dynamique.
- Les Américains n’ont pas cherché en général à obtenir des postes sen-
- lng. 30. —- Système de réglage automatique (type Buisson).
- sibles fonctionnant avec le minimum d’étages, mais ils ont réalisé des appareils à multiples étages dont la sensibilité est grande et la sélectivité même généralement suffisante (fig. 28).
- Il faut pourtant remarquer, comme nous l’avons indiqué plus haut, qu’on semble apprécier de plus en plus en Amérique les avantages du changement de fréquence (fig. 29). Il faut reconnaître, d’autre part, que l’amplification basse fréquence est extrêmement soignée dans les appareils américains qui sont spécialement adaptés pour la reproduction phonographique, et que la qualité de la construction des lampes américaines, dont le prix en France' est d’ailleurs élevé, leur permet de fournir une durée de service efficace et régulière assez grande.
- LES SYSTÈMES DE RÉGLAGE
- On emploie encore relativement peu en France, il faut le remarquer, de systèmes de réglage unique à condensateurs accouplés d’une manière rigide, et cela provient sans doute de ce qu’on est obligé de considérer une gamme de fréquences très étendue. On est, en outre, forcé d’avoir
- Fig. 29. — Schéma d'un poste-secteur à changement de fréquence de modèle récent réalisé aux Etats-Unis.
- La première détectrice est précédée d’un étage haute fréquence à amplification directe; le changement de fréquence est obtenu par oscil-latrice séparée. Il n’y a qu’un seul étage moyenne fréquence à transformateur à deux circuits accordés, la détection est effectuée par utilisation de la courbure de plaque; enfin, l’amplification basse fréquence est obtenue au moyen d’un seul étage basse fréquence à deux lampes en
- push-pull.
- des montages sensibles et sélectifs, ce qui exige un accord exact des circuits et l’emploi de systèmes peu amortis. On s’est donc efforcé de trouver des dispositifs permettant de lier d’une manière à peu près automatique les manœuvres de réglage des condensateurs d’accord et de modulation, par exemple, de façon à éliminer à peu près toute initiative de la part de l’auditeur.
- Ce problème est fort intéressant, et il a reçu depuis quelque temps des solutions plus ou moins originales. Nous aurons sans doute l’occasion de signaler prochainement dans la revue, avec assez de détails, quelques-unes de ces solutions. Signalons seulement pour le moment un dispositif particulièrement simple et qui semble à la fois pratique et assez précis. Les arbres des condensateurs d’accord et de modulation ou d’accord et de résonance n’agissent plus sur deux cadrans de repère comme dans le cas ordinaire, mais sur deux écrans orientables qui sont éclairés par derrière et qui sont percés de deux fentes inclinées en sens inverse. Le point d’intersection de ces fentes laisse passage à un mince faisceau de lumière qui forme un point lumineux sur une surface translucide
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- formant tableau sur le panneau antérieur du poste et sur lequel ont été repérées au préalable les positions correspondant aux divers réglages des organes pour la réception de différentes émissions.
- Comme le montre la figure 30, avec ce système original, il n’est plus besoin d’avoir des aiguilles de repère, et, en agissant sur les condensateurs, on déplace la tache lumineuse formée le long de lignes de repère pour les grandes ou les petites ondes, en l’arrêtant lorsque le résultat cherché est obtenu. Des points de repère marqués à l’avance par le constructeur et correspondant aux émissions les plus importantes facilitent cette recherche, et permettent d’entendre presque immédiatement un poste dont on connaît la longueur d’onde.
- Comme nous venons de le constater par cette revue sommaire, mais déjà assez longue des radio-récepteurs les plus récents à l’usage des amateurs, si nous ne pouvons pas indiquer de changements de principes complets, les modifications de détails ont été pourtant importantes au cours de cette année. La mise au point de l’emploi des lampes à chauffage indirect et des lampes à écran, les montages des transformateurs moyenne fréquence à deux circuits accordés, l’étude plus poussée des étages d’amplification basse fréquence avec lampes de puissance correspondantes, enfin la simplification de la présentation et du réglage, l’établissement des postes « toutes ondes », ont
- ............1.......—........ = 217 =
- constitué des réalisations heureuses qu’il est juste de reconnaître. P. Hémardinquer.
- Adresses relatives aux appareils décrits :
- K- : •
- Montages Unie, Établissements Ribet et Desjardins, 10, rue Violet, Paris.
- x
- Postes Lcewe, 18, rue Frédérick-Lemaître, Paris (20e).
- Appareils Hervor, Herbelot et Vorms, 13, passage des Tourelles, Paris.
- Postes Lemouzg, 121, boulevard Saint-Michel, Paris.,
- Appareils Gody, à Amboise (Indre-et-Loire), et 24, boulevard Beaumarchais, Paris.
- Postes Philips, 2, cité Paradis, Paris.
- Postes Jeannin, 43 bis, boulevard Henri-IV, Paris.
- Appareils Radiola, 79, boulevard Haussmann, Paris.
- Postes Lançai, 22, rue du Château, Bagnolet (Seine).
- Appareils Bouchet et Aubignat, 30 bis, rue Cauchy, Paris.
- Postes Choupag, 5, place des Marchés, Reims.
- Montages Fillrodyne, Établissements Radio-Amateurs, 46, rue Saint-André-des-Arts, Paris.
- Établissements Radio L. L. 5, rue du Cirque, Paris.
- Poste Slellor, 148, avenue du Maine, Paris.
- Montages Gamma, 21, rue Dautancourt, Paris (18e).
- Postes ondes courtes, Dyna, 43, rue Richer, Paris.
- Postes Max Braun, 82, rue de la Folie-Méricourt, Paris.
- Cie du Gramophone, 9, boulevard Haussmann, Paris.
- Postes américains Apex, Mustel, 16, avenue de Wagram, Paris Postes Cosmos, 3, rue de Grammont, Paris.
- Établissements Buisson, 30, boulevard Voltaire, Paris.
- E LES ILLUSIONS D’ACOUSTIQUE E LA RADIOPHONIE ET LA SURDITÉ
- L’OREILLE NORMALE
- Les recherches vraiment rationnelles pour déterminer les caractéristiques de Youïe normale, sont de date récente (voir le n° 2836 de La Nature).
- Nous y avons rappelé que, normalement, l’acuité est différente suivant les sujets, et même pour les deux oreilles.
- En outre, de multiples et fréquentes malformations de l’ouïe rendent un grand nombre de personnes sinon sourdes, tout au moins demi-sourdes. Quelques physiologistes anglais ont pu soutenir, rappelons-le, que sur trois personnes ayant dépassé la trentaine, une au moins aurait l’ouïe défectueuse.
- Le sujet mérite donc qu’on s’en occupe plus qu’on ne l’a fait jusqu’ici.
- LES DÉFORMATIONS PHYSIOLOGIQUES DE L’AUDITION
- Une bonne audition n’est jamais une audition trop intense, et la reproduction de la voix ou de la musique doit être effectuée correctement, non seulement en hauteur, mais encore en intensité. Si l’intensité de l’audition est trop grande, le tympan trop tendu ne peut plus vibrer pour des fréquences élevées. L’auditeur entend alors
- fort bien des notes graves très intenses, mais ne peut percevoir en même temps les notes aiguës, même si elles sont réellement émises. Il en résulte une déformation apparente très marquée.
- C’est, soit dit en passant, une raison pour ne pas augmenter outre mesure le volume des sons dans les appareils de musique : ce phénomène est connu empiriquement depuis longtemps.
- En réalité, la voix ne devrait jamais être reproduite avec une intensité plus grande que celle de l’enregistrement ou de la transmission. Il était ridicule, par exemple, dans les premiers essais de cinématographie sonore, d’entendre des paroles considérablement amplifiées alors que les personnages projetés sur l’écran étaient à peu près de grandeur naturelle. ^
- De plus, l’oreille peut s’accommoder pour une certaine gamme restreinte de fréquences et, au bout d’un certain temps, s’habituer à un genre de déformation, en quelque sorte constante. Certains amateurs possédant depuis longtemps un poste récepteur ou un phonographe électrique et un haut-parleur de type déterminé s’habituent peu à peu aux défauts acoustiques 'de leur appareil à tel point que lorsqu’ils entendent un autre haut-parleur, même beaucoup plus perfectionné, plus fidèle et plus harmonieux, l’audition leur en semble ;bien inférieure.
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- Fig. 1. — Le limaçon et la membrane basilaire dans l'oreille interne.
- A) Le labyrinthe osseux isolé et vu par sa face intérieure. — B) Le sommet du limaçon. — C) Coupe transversale schématique du limaçon et emplacement de la membrane basilaire. — D) La lame spirale du limaçon, supposée étalée sur un plan horizontal (d’après A. Pizon).
- Une personne qui a Voreille juste peut, en théorie, reproduire, ou du moins discerner exactement une note musicale d’une hauteur et d’un timbre déterminé. Il doit y avoir sans doute parmi les sans-fdistes, les discophiles, et les amateurs cinématographistes une bien petite proportion d’auditeurs ayant l’oreille juste, puisque l’on peut constater chaque jour, en comparant les opinions des auditeurs aux résultats indiscutables des mesures expérimentales que bien peu d’entre eux semblent discerner la qualité acoustique réelle des appareils qui leur sont présentés.
- LES ILLUSIONS D’ACOUSTIQUE
- Fig. 2. — Pour qu’un son B soit entendu en même temps qu’un autre son A de fréquence différente, il faut qu’il dépasse un certain minimum d’intensité.
- Les ingénieurs américains des laboratoires Bell et plus récemment le physicien anglais Beatty ont décrit des phénomènes extrêmement curieux et jusqu’alors peu
- étudiés qui peuvent être considérés comme des illusions d’a-coustique normales mais très surprenantes.
- Il y a des cas où nous croyons entendre des notes d’une hauteur déterminée alors que, en réalité, nous ne les percevons pas. Ainsi, l’oreille peut créer des harmoni-
- ques d’un son fondamental. Une hypothèse ingénieuse attribue ce fait à la constitution de la membrane basilaire de notre oreille.
- Le limaçon qui se trouve dans l’oreille interne comporte une membrane spirale finement striée qui renferme plus de 6000 petites cordelettes élastiques présentant la disposition des cordes d’une harpe (fig. 1). On a émis l’hypothèse que l’oreille renfermerait peut-être une corde de cette membrane pour chaque son perçu, les plus longues vibrant pour les sons les plus graves et les plus courtes pour les sons les plus aigus. Cette théorie séduisante n’est, d’ailleurs, pas encore vérifiée.
- On a émis plus récemment encore l’hypothèse que cette membrane basilaire se comporterait commé un résonateur dissymétrique. Les fibres qui la composent fonctionneraient en quelque sorte comme les cordes d’un piano.
- Dans cet instrument, comme d’ailleurs dans tout résonnateur dissymétrique, si l’on produit des sons de fréquence N et N', on produira en même temps par interférence un son de fréquence N-N'. Par exemple, si l’on frappe simultanément le sol 3 et le do 3 d’un piano, on entendra le do 2 de l’octave inférieure parce qu’en réalité la corde do 2 vibrera réellement par un effet d’interférence.
- Le même résultat serait obtenu avec notre propre oreille en utilisant deux diapasons placés sur des tables différentes et on a pu démontrer ce fait avec précision, après l’expérience effectuée en 1923 par le physicien américain Fletcher.
- Ce dernier mesura l’amplitude d’un son pur A à peine audible lorsqu’il était émis seul, et chercha dans quelle proportion il fallait augmenter cette amplitude pour rendre le son encore perceptible en présence d’un autre B de hauteur différente.
- Tant que le deuxième son est trop faible, il est complètement couvert par le premier, puis son intensité devient assez grande pour produire une pointe supplémentaire dans la courbe de résonance de l’ouïe (fig. 2).
- Cet effet est d’autant plus net que les deux notes sont de hauteurs plus voisines; on a ainsi pu déterminer des courbes donnant la valeur approximative de ce facteur de multiplication pour une oreille donnée (fig. 3). Pour la courbe A, par exemple, un son pur de fréquence 800 était émis de manière continue avec une intensité minimum, et cette courbe est sensiblement symétrique.
- Mais, si l’on rend l’intensité quatre fois plus grande, comme on le voit sur la courbe B, ou huit fois plus forte (courbe C), la courbe résultante devient dissymétrique* et s’étale largement du côté des fréquences croissantes, c’est-à-dire des sons aigus. Cela prouve que l’oreille perçoit la note résultante comme un véritable spectre sonore, et se comporte comme un résonnateur dissymétrique.
- De plus, on remarque dans les courbes de la figure 3 des creux avec maxima latéraux situés aux fréquences harmoniques du son initial : 1600, 2400, 3200, etc. Le son initial étant parfaitement pur, on peut en conclure que Voreille seule a engendré des harmoniques-, elle n’est donc pas un instrument parfait.
- Ainsi, à partir d’un son fondamental, l’oreille peut créer des harmoniques, mais inversement, à partir des
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- harmoniques Voreille peut créer le son fondamental trop faible, si celui-ci l'ait défaut dans un son complexe, à condition que les harmoniques pairs et impairs soient entendus avec une intensité suffisante. Si, par exemple, nous entendons des notes de fréquence 300 et 450 avec une intensité suffisante, nous croyons entendre la note grave fondamentale de fréquence 150.
- Le physicien Beatty a rapporté à ce propos une expérience très démonstrative. Si l’on chante la voyelle A (ali en anglais) sur le ré de la troisième octave du piano, il se produit en plus de ce son une série de sons additionnels, dont l’intensité est représentée par la figure 4.
- On peut analyser ces sons au moyen d’un oscillographe et on peut également en effectuer la synthèse au moyen d’hétérodynes musicales et de haut-parleurs; en conservant les proportions d’intensité, on retrouve bien le son original.
- Si l’on retranche alors la note fondamentale, l’oreille ne perçoit pourtant aucune différence, on peut même supprimer le premier harmonique, la hauteur du son complexe semble demeurer inchangée, seul le timbre est légèrement altéré.
- Intensité 1 ii 1 1 1 1 1 , , Fréquences
- 500 1000 1500 2000
- Fig. 4. — Analyse de la voyelle a chantée en ré sur la 3e octave du piano.
- Ce phénomène explique comment on peut entendre, ou plutôt croire entendre, des notes basses de violoncelle, de contrebasse, de tambour avec un appareil de musique mécanique de type ordinaire ne pouvant produire de sons d’une fréquence inférieure à 250 périodes-seconde.
- Encore faut-il que les sons produits par le haut-parleur avec une intensité suffisante soient vraiment les harmoniques du son fondamental; s’il en était autrement, comme il arrive, par exemple, avec les sons des cymbales ou des xylophones, le timbre de l’instrument est déformé avec un appareil imparfait, ne pouvant reproduire réellement les notes très graves.
- Enfin, on a remarqué que l’oreille peut créer des sons par le même mécanisme d’interférence, à partir de deux vibrations de fréquence élevée inaudibles séparément. Pour des vibrations de 30 000 périodes par seconde, par exemple, et de 30 500 périodes-seconde absolument inaudibles, nous pouvons entendre un son de 500 périodes-seconde (30 500 — 30 000 = 500).
- Les amateurs de T.S.F. remarqueront à ce propos que l’oreille joue le rôle d’un détecteur à lampes qui produit des courants basse fréquence par interférence de deux ondes de haute fréquence.
- Il y a, d’ailleurs, fort longtemps que lord Rayleigh avait montré que nous pouvons entendre un son lorsque deux
- 1600 2400
- Fréquences
- Fig, 3. •—- Courbes montrant le fonctionnement dissymétrique de l’oreille et la formation d’harmoniques à partir de sons purs.
- appels d’oiseaux très aigus, inaudibles séparément, sont émis simultanément.
- Ainsi, l’oreille peut ajouter des sons parasites à un son pur, de deux sons faire un troisième, et même créer des sons fantômes qui n’ont d’existence que grâce à nos illusions sensorielles. Non seulement ce n’est pas un instrument pariait, mais encore avec une ouïe normale, on peut fort bien constater des déformations importantes des sons réellement produits.
- Fig. 5. — Les différentes parties d’un appareil courant d'amplification microphonique pour sourds (type S. I. A. M.).
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- Fig. 6. — Les deux catégories d’écouteurs pour appareils de surdité.
- A) Écouteurs à embout auriculaire : à gauche : un modèle très réduit; au centre : remplacement d’un embout sur ce modèle ; à droite : adaptation à un sei-re-tête très léger. — B) Écouteurs ordinaires : à gauche : modèle à serre-tête ; au centre : modèle très léger placé directement sur l’oreille ; à droite : manche face-à-main pour maintenir l’écouteur.
- LES APPAREILS CONTRE LA SURDITÉ
- Les progrès de l’acoustique, suscités par le développement de la musique mécanique, profitent directement aux sourds.
- Dans l’article déjà cité, nous avons décrit plusieurs catégories d’appareils contre la surdité. Les plus simples sont constitués par un microphone, ou plusieurs microphones, qui agissent par l’intermédiaire de batteries et de transformateurs convenables sur des écouteurs téléphoniques de formes variées; les autres comportent des récepteurs électrostatiques, des amplificateurs à lampes, etc.
- Fig. 7. — Un embout auriculaire perfectionné pour écouteur de petit
- diamètre.
- Il a été établi par moulage sur le pavillon même de l’oreille du malade ou en caoutchouc souple s’adaptant exactement (type Sono-tone).
- Les appareils les plus couramment employés, qui ont été perfectionnés peu à peu, sont les appareils à microphones à grenaille et à récepteurs électromagnétiques.
- Nous rappellerons que ces appareils sont utilisables dans les cas de surdité se manifestant par un affaiblissement constant de l’audition sur toutes les fréquences, par un affaiblissement sur une gamme de fréquences déterminée, c’est-à-dire soit sur les notes aiguës, soit sur les notes basses, et uniquement lorsque les centres nerveux du sujet sont intacts. Ceci posé, les appareils employés fonctionnent généralement avec un ou plutôt deux microphones, quelquefois même avec trois.
- On a avantage à utiliser plusieurs microphones parce qu’ainsi, non seulement la sensibilité du dispositif est augmentée, mais encore les ondes sonores provenant de plusieurs directions peuvent venir plus facilement frapper les plaques ; il n’est plus utile de diriger exactement le microphone vers l’interlocuteur, ou vers la source sonore.
- La deuxième partie de l’installation est constituée par une pile sèche, généralement d’un poids très réduit, et qui d’ailleurs, peut servir pendant de longs mois. Le circuit est complété par un seul écouteur téléphonique, car on en emploie rarement deux, et enfin un potentiomètre permet de graduer l’intensité de l’amplification (fig. 5).
- Il existe deux sortes d’écouteurs qui peuvent être employés normalement. Les premiers ont une forme qui rappelle celle des écouteurs téléphoniques ordinaires, mais ils sont beaucoup plus réduits (fig. 6). Un de ces récepteurs mesure seulement 27 mm. de diamètre et ne pèse que 22 gr ; il peut être porté soit à droite, soit à gauche, au moyen d’un crochet réversible et ajustable qui se fixe autour du pavillon de l’oreille; le cordon de connexion passe à l’intérieur du crochet derrière l’oreille et devient presque invisible ; un bouton de contact a été prévu pour couper le courant, et ménager ainsi les piles lorsqu’on n’utilise pas l’amplificateur.
- On pourrait à la rigueur utiliser un serre-tête, de manière à employer des écouteurs plus grands et à rendre les deux mains libres, ou un manche de face à main qui donne plus de facilité aux dames que le serre-tête pour appliquer et maintenir l’écouteur à l’oreille.
- Les écouteurs de la deuxième catégorie sont de dimensions et de poids encore plus réduits puisqu’il y a des modèles de ce genre d’un diamètre qui ne dépasse pas 15 mm, et qui ne pèsent guère qu’une dizaine de grammes. Ces écouteurs sont munis d’un embout en matière moulée qui s’adapte dans le conduit auditif du sujet; ils sont maintenus ainsi sans le secours d’un serre-tête ou d’un manche, sans causer aucune gêne, et en étant beaucoup moins visibles
- Il faut simplement faire varier les dimensions de l’embout auriculaire suivant les dimensions du pavillon de l’oreille et du conduit auditif. Il vaudrait encore mieux adapter exactement la forme de l’embout à celle du pavillon, et, dans un modèle perfectionné, cet embout est établi d’après un moulage exact du pavillon obtenu avec une matière plastique analogue à celle qu’utilisent l'es dentistes pour la fabrication des pièces de prothèse; il peut être réalisé également avec du caoutchouc moulé qui s’adapte exactement grâce à son élasticité (fig. 7).
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- Sans doute, plus la plaque vibrante de ce récepteur est de diamètre réduit, moins l’intensité sonore est grande, mais il n’est généralement pas nécessaire, fort heureusement, d’utiliser un écouteur de grand diamètre, et, avec les microphones dont on dispose actuellement, la sensibilité est assez grande lorsque la surdité n’est pas trop accentuée.
- D’autre part, la forme particulièrement réduite et le poids minime des écouteurs téléphoniques à embout auriculaire leur font généralement accorder la préférence, du moins par les dames. On peut recommander à tous ceux qui désirent un appareil sûr et de fonctionnement constant, leur permettant d’obtenir des auditions non seulement perceptibles, mais même artistiques, par exemple lorsqu’il s’agit d’entendre dans un théâtre, un concert, etc., d’adopter des écouteurs de forme ordinaire.
- LES MODÈLES ACTUELS
- A côté de ces appareils légers, il en existe d’autres plus complets à deux ou trois microphones, plus lourds, plus encombrants, mais qui donnent des résultats supérieurs, non seulement au point de vue de l’intensité de l’audition, mais encore de sa qualité (fig. 8).
- On a pu heureusement arriver à assembler tous les organes de ces appareils plus lourds sous une forme portative très pratique, et l’on a même pu les dissimuler dans
- Fig. 8. — Différents modèles d’appareils contre la surdité.
- A) Appareils portatifs simples à 1 ou 2 microphones, et la manière de les porter. — B) Appareils sensibles : à gauche : modèle portatif à 3 microphones ; à droite : appareil en coffret.
- des objets de forme courante, par exemple, dans des sacs à main pour les dames.
- Le choix d’un type dépend évidemment du degré de surdité du sujet, et aussi de l’usage que l’on veut faire de ces appareils. Il est des cas où il est plus nécessaire d’obtenir une audition d’excellente qualité. Si, par exemple, la déformation pathologique porte seulement sur l’audition des notes graves, et non sur l’audition des notes aiguës, il est bon d’avoir un appareil qui permette de reproduire les notes graves ; si l’audition des notes aiguës est particulièrement pénible pour un sujet déterminé, il est évident que ce dernier ne pourra adopter un
- Fig. 9. — Coupes de microphones.
- A. Modèle usuel avec pavillon à ouverture centrale laissant passage aux ondes sonores. — B) Modèle « Acousticon ». Les ouvertures sont périphériques et les ondes parviennent, après réflexion, à la membrane vibrante.
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- Fig. 10. —Appareil à deux microphones, modèle de labié.
- appareil produisant des sifflements aigus. Par contre, dans certains cas de sclérose de la membrane du tympan, les notes aiguës ne sont pas perçues, ou du moins très mal, et la qualité de l’audition importe ainsi beaucoup moins.
- Sans doute, un microphone ne fonctionne jamais comme une oreille normale, dont il ne possède ni le sens directif, ni la merveilleuse propriété de pouvoir vibrer à la fois pour plusieurs notes de fréquences différentes. Pour atténuer cet inconvénient, certains constructeurs ont tenté d’établir des microphones spéciaux. Dans ces modèles, les ondes sonores ne viennent pas frapper directement le centre de la membrane vibrante, mais pénètrent dans la capsule acoustique par des ouvertures périphériques et ne vont frapper une surface assez réduite de la membrane qu’après réflexion sur les faces internes de la capsule (fig. 9).
- L’audition obtenue avec ces appareils microphoniques est certes moins parfaite que l’audition ordinaire, mais il n’en est pas moins vrai qu’avec des appareils perfectionnés, les personnes sourdes pourront désormais (à condition de mettre un peu de côté tout souci de coquetterie) vivre d’une vie à peu près normale, et même jouir des agréments artistiques du théâtre ou du concert.
- Il est bon, que les interlocuteurs des personnes sourdes pourvues d’un appareil de ce genre prennent quelques précautions, et ne s’imaginent surtout pas qu’il est nécessaire de parler très fort.
- Bien au contraire, en parlant trop fort devant des microphones, elles produisent des sons extrêmement désagréables pour la personne munie des écouteurs. Il faut aussi ne pas s’approcher trop près de ceux-ci. Avec les microphones sensibles actuels, l’interlocuteur peut fort
- bien être éloigné de plu-Fig. 12. — Schéma d’un appareil sieurs mètres, et la per-
- d’amplification pour les sourds. sonne munie du système d’amplification
- électrique peut, d’ailleurs, faire varier à volonté l’intensité de l’audition à l’aide de son
- potentiomètre, suivant la distance et son degré de surdité.
- En dehors des appareils portatifs les plus courants, il existe aussi des dispositifs de table ou de bureau, utiles aux hommes d’affaires, aux avocats, médecins, ingénieurs, etc., et même des appareils multiples à système microphonique à grande puissance permettant d’alimenter un grand nombre d’écouteurs et utilisés, par exemple, dans des conseils d’administration (fig. 10 et 11).
- LA RADIOPHONIE ET LES SOURDS
- Il y a sans doute un très grand nombre de personnes plus ou moins dures d’oreille qui sont en même temps auditeurs de T.S.F. ou discophiles; leur surdité plus ou moins accentuée ne les gêne guère, en général, pour l’audition des radio-concerts ou la reproduction des disques, parce qu’on peut obtenir avec les amplificateurs à lampes à vide une intensité sonore presque aussi grande qu’on le veut, de telle sorte que l’audition demeure tou-
- Fig. 11. — Appareil d’écoute pour plusieurs personnes.
- Il comporte un puissant microphone et de nombreux écouteurs.
- jours à peu près normale lorsque la surdité n’est pas trop accentuée.
- Cependant, un amateur de T. S. F. peut se demander parfois s’il n’est pas possible, au lieu d’acheter dans le commerce un appareil contre la surdité, d’utiliser ses connaissances pour réaliser un appareil d’amplification microphonique, lui permettant d’entendre normalement, soit les paroles de ses interlocuteurs, soit des auditions théâtrales ou musicales, et plusieurs de nos lecteurs nous ont demandé de leur indiquer comment réaliser de tels appareils.
- Nous venons de rappeler qu’il n’est pas besoin en général d’utiliser des amplificateurs à lampes pour réaliser des appareils contre la surdité, et que la simple liaison d’un microphone à un récepteur téléphonique suffit dans le cas normal. Il est indispensable pourtant d’employer des microphones sensibles et relativement assez, coûteux que l’amateur de T. S. F. a rarement à sa dispo-
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- sition; aussi, dans ce cas particulier, peut-on fort bien utiliser un amplificateur à lampes à vide, d’ailleurs très simple, et comportait au maximum une ou deux lampes.
- Un tel appareil comportera ainsi un microphone qui peut être d’ailleurs du type ordinaire, ou réalisé par des moyens de fortune, un amplificateur à fréquence musicale à une ou deux lampes avec ses organes d’alimentation, et un casque téléphonique ou un écouteur d’un type spécial pour personnes sourdes (fig. 12).
- Les étages basse fréquence d’amplification peuvent être ceux du poste de T. S. F. lui-même.
- COMMENT RÉALISER UN APPAREIL AMPLIFICATEUR CONTRE LA SURDITÉ
- On trouve dans le commerce des microphones à grenaille avec plaque en charbon qui donnent d’excellents résultats et qui ne sont pas d’un prix élevé. Il existe en particulier des microphones de ce genre qui sont utilisés pofir l’enregistrement phonographique d’amateur. On peut se procurer ces accessoires dans la plupart des maisons de fournitures de T. S. F., et plus spécialement dans celles
- Batterie
- de
- ohauffage
- Polarisation
- Batterie
- qr Haut -parleur microphone
- Fig. 14. — Plan d’un bloc portatif d’amplification pour sourds (d’après The Wireless World).
- qui vendent des appareils d’enregistrement phonographique.
- Ces microphones, étant donné leur faible résistance, ne peuvent être reliés directement à la lampe d’entrée de l’amplificateur à fréquence musicale, et on adopte un transformateur d’entrée T à noyau de fer et de rapport élevé dont le primaire est placé dans le circuit microphonique en série avec une pile qui est généralement de quatre volts, et dont le secondaire est connecté au circuit de grille de la première lampe. Cette première lampe A est reliée à la lampe de sortie par l’intermédiaire d’un transformateur T, de type courant de rapport 1/3 par exemple. On relie les écouteurs téléphoniques à la plaque P de cette lampe de sortie B (fig. 13).
- L’appareil est donc très simple, et il est facile de modifier l’intensité sonore, soit en agissant sur l’amplificateur, soit en montant un rhéostat dans le circuit primaire du microphone.
- Rien de plus simple que d’utiliser les étages basse fréquence d’un amplificateur pour obtenir un tel résultat. D’ailleurs, la plupart des radiorécepteurs actuels compor-
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- Microphone
- HtParieur utilisé comme microphone
- Fig. 13. — Un amplificateur simple pour réaliser un appareil micro-phonique pour sourds.
- En employant un haut-parleur électromagnétique comme microphone, il est inutile de recourir à un transformateur d’entrée.
- tent une fiche avec jack destinée à l’utilisation d’un pick-up; il suffit de connecter le secondaire du transformateur microphonique à la place du pick-up et de placer les écouteurs à la place du haut-parleur pour obtenir un excellent appareil contre la surdité.
- Il va sans dire que le microphone ne doit pas être placé près de l’amplificateur, de façon à éviter les sifflements désagréables qui pourraient se produire. D’autre part, il faudra qu’il soit suspendu élastiquement ou placé sur un bloc de caoutchouc mousse afin d’éviter toutes les vibrations parasites.
- Un tel ensemble est extrêmement sensible, et, placé sur une table dans une pièce, par exemple, il permet à un sourd d’entendre tout ce que disent les personnes qui se trouvent dans la pièce sans qu’il ait besoin d’approcher
- Fig. 15. — Le montage du Radiophon du Dr Eichhorn dans le circuit plaque d’une lampe de sortie.
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- le microphone de ses interlocuteurs. Les usages d’un tel système sont donc très variés.
- Remarquons, d’ailleurs, qu’il est même inutile en principe à un amateur de T. S. F. de faire l’acquisition d’un microphone à grenaille, s’il n’en possède point. En effet, un haut-parleur, et tout particulièrement un haut-parleur électromagnétique, peut fort bien, en raison de son caractère de réversibilité, jouer le rôle de microphone. C omme la résistance de ses enroulements est généralement assez grande, il ne sera même plus besoin d’employer un transformateur d’entrée, et l’on pourra relier le haut-parleur directement à la grille de la première lampe amplificatrice (fig. 13).
- Pour faire fonctionner un tel système, il suffira de parler devant le diffuseur ou le pavillon du haut-parleur, comme s’il s’agissait d’un microphone ordinaire. La qualité de l’audition obtenue est généralement très bonne, mais il faut bien remarquer que la sensibilité est beaucoup moins grande que si l’on utilisait un microphone à grenaille.
- Un tel ensemble, que tout amateur de T. S. F. peut réaliser immédiatement, soit à son intention personnelle, soit à l’usage de son entourage, a l’inconvénient pourtant d’être peu mobile et de ne pas constituer un ensemble portatif. Rien de plus facile cependant que de rassembler dans un petit « bloc » facilement transportable les organes d’un système de ce genre, renfermant à la fois l’amplificateur et le microphone, et qu’on pourra relier aux écouteurs téléphoniques que l’auditeur maintient pressés contre ses oreilles ou qu’il tient à l’aide d’un manche.
- La figure .14 représente un modèle d’appareil de ce genre qui a été réalisé en Angleterre. Tout l’ensemble est contenu dans un coffret qui ne mesure guère plus de 40 cm de long sur 15.de haut et 15 de profondeur. A l’avant, se trouve un haut-parleur électromagnétiqué du type ordinaire avec un petit diffuseur d’une dizaine de centimètres de diamètre. C’est ce diffuseur qui constitue la membrane vibrante du microphone.
- Le moteur électromagnétique du haut-parleur est fixé sur une plate-forme verticale et encastré dans une plaque ' de caoutchouc mousse afin d’éviter les vibrations parasites.
- En arrière de ce haut-parleur sont disposées deux lampes amplificatrices avec une petite batterie de tension plaque, une batterie de polarisation et un accumulateur de chauffage du type à liquide immobilisé. Un jaclc permet la connexion d’écouteurs.
- Un tel système permet d’obtenir une sensibilité suffisante qui serait encore augmentée si l’on utilisait un microphone à grenaille. Il a l’avantage de pouvoir être transporté facilement et peut être réalisé, en réalité, à peu de frais; il est donc susceptible de rendre de grands services aux personnes sourdes, sutout si elles sont amateurs de T. S. F. ou discophiles.
- LES RÉCEPTEURS ÉLECTROSTATIQUES
- Dans notre article du n° 2836 nous avons déjà noté que l’emploi des amplificateurs à lampes permet l’adoption de récepteurs téléphoniques électrostatiques et nous avons décrit l’appareil Radiophon du docteur Eichborn de Zurich.
- Dans cet appareil, perfectionné depuis lors par son inventeur, l’armature vibrante est constituée par la peau même de l’oreille du sujet. On conçoit donc que l’effet obtenu puisse être très efficace, la transmission des vibrations à l’oreille interne étant ainsi beaucoup plus directe.
- Le schéma de montage de ce dispositif a, d’ailleurs, été simplifié et il peut simplement être relié à la lampe de sortie de l’amplificateur à l’aide d’une bobine de choc comme le montre la figure 15.
- Si les progrès de l’électrotechnique et de la radiotech-nique ne permettent pas de guérir la surdité en supprimant sa cause, on voit qu’ils en atténuent souvent les effets pénibles. P. Hémardinquer.
- Adresses relatives aux appareils décrits :
- Meyrowitz Sonotone, 18, boulevard Haussmann, Paris.
- Struxiano, 41, rue d’Amsterdam, Paris.
- Lafont, 11, rue Vignon, Paris.
- Porgès, boulevard Magenta, Paris.
- S. I. A. M., 53, rue Claude-Bernard, Paris.
- Acousticon.
- Frank-Valéry, 9, rue Richepanse, Paris.
- RADIOPHONIE ET PHONOGRAPHIE
- COLONIALES
- Il y a plusieurs catégories de questions se rapportant au problème général de la radiophonie coloniale. Il s’agit, tout d’abord, de transmettre depuis la métropole des émissions radiophoniques destinées aux différentes colonies. Il faut ensuite installer dans chacune des colonies des postes émetteurs capables de radio-difîuser dans un cercle plus ou moins étendu des émissions plus particulières, et il s’agit enfin d’intéresser aux problèmes coloniaux les habitants de la métropole, en transmettant des radio-concerts et des conférences consacrés à des sujets coloniaux.
- En ce qui concerne la troisième catégorie d’émissions coloniales, il est évident que les difficultés sont d’ordre uniquement artistique, tandis que les deux premières posent d’autres questions d’ordre plus technique.
- Sans entrer dans des détails, on conçoit que l’établissement d’un poste émetteur situé dans la métropole, et dont les émissions doivent être reçues dans les différentes colonies, est un problème très complexe. On est obligé, comme nous l’avons d’ailleurs déjà indiqué dans le n° 2841 de La Nature, d’utiliser uniquement des émissions sur ondes courtes de la gamme de 15 à 50 mètres environ, d’une
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- part parce que l’influence des parasites atmosphériques est beaucoup moins sensible sur cette gamme de longueurs d’onde, ce qui est essentiel pour les pays tropicaux ; d’autre part, parce que la propagation de ces ondes s’effectue avec beaucoup plus de facilité, même en utilisant des puissances relativement faibles. Mais, cette propagation se produit d’une manière très irrégulière, et elle varie énormément sous l’influence des conditions locales, de la saison, et même de l’heure de la journée.
- On emploie, d’autre part, des systèmes d’émetteurs d’ondes dirigées, en utilisant la facilité relative avec laquelle on peut concentrer les ondes de courte longueur, de manière à obtenir une meilleure propagation tout en diminuant la puissance mise en jeu. Mais pour un pays qui, comme la France, possède des colonies dans presque toutes
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- à fait distinctes de celles qu’on effectue normalement en Europe. p
- Le problème des radiodiffusions dans la colonie elle-même ne ressemble pas non plus au problème européen correspondant. On y emploie de préférence, pour les raisons déjà notées, des ondes très courtes, que l’on ne transmet plus évidemment avec un émetteur dirigé, puisqu’il s’agit de les envoyer dans toutes les directions autour du poste central.
- Ces ondes très courtes se propagent facilement, mais cette propagation n’est malheureusement pas régulière. Au delà d’une certaine zone entourant le poste émetteur, et dans laquelle on reçoit les ondes directes émises par la station, il se produit des zones, de silence dans lesquelles les auditions sont affaiblies ou même supprimées, et ce
- Fig. 1. — Le poste colonial de Pontoise.
- les parties du monde, il est alors nécessaire d’utiliser des collecteurs d’ondes orientés dans des directions différentes, correspondant à celles des parties du monde avec lesquelles on veut entrer en communication.
- Enfin, comme les colonies françaises sont éloignées de la métropole et très éloignées également les unes des autres, la question des horaires doit être soigneusement étudiée, de manière qu’une émission destinée à une colonie particulière y soit reçue à une heure locale convenable.
- Même lorsqu’il s’agit de radio-difîuser des messages d’intérêt général, et non des radio-concerts composés spécialement pour une colonie, il devient nécessaire d’effectuer plusieurs émissions, dans des directions et à des heures différentes, et ces radiodiffusions sont donc tout
- désavantage est encore plus accentué lorsqu’on n’utilise pas de postes sensibles, ce qui est le cas général.
- Si l’emploi des ondes très courtes s’impose pour les émissions de la métropole aux colonies, il semble qu’il y aurait intérêt dans la colonie elle-même à choisir des ondes moyennes; mais cela est malheureusement assez difficile par suite de l’influence particulière sur cette gamme de longueurs d’onde des parasites atmosphériques qui empêchent parfois toute audition dans les pays tropicaux. On en est réduit à adopter des solutions mixtes en émettant simultanément sur plusieurs longueurs d’onde.
- LA STATION DE PONTOISE
- Les émissions de la métropole sont assurées par la sta-
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- Fig. 2. — L’entrée de la station de radiodiffusion de Chi-Hoa,
- « Radio-Saigon ».
- tion nationale de Pontoise. Elles ont commencé le 28 avril, avant même l’ouverture de l’Exposition coloniale, mais il semble que jusqu’à présent, elles soient effectuées par une station d’essai. Le poste colonial semble utiliser deux dispositifs émetteurs de 15 kilowatts antenne qui pourront être portés à 30 kw et fonctionner soit séparément, soit simultanément. Ces dispositifs- sont stabilisés au moyen d’un cristal de quartz, ce qui assure une parfaite régularité des émissions.
- On utilise des antennes dirigées. La première, du type Chireix-Mesny, comporte une série de petites antennes verticales ; elle est orientée vers l’est et permet d’envoyer les émissions vers F Indochine, l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud. Le deuxième système émetteur, du type projecteur à grande ouverture, orienté vers le sud, est plus particulièrement destiné à envoyer les ondes vers les colonies nord-africaines, l’Afrique Equatoriale. Un troisième émetteur est dirigé sur Madagascar (fig. 1).
- A l’heure actuelle, la station émettrice est reliée par un câble souterrain à un studio, aménagé à Yincennes à l’Exposition Coloniale dans la « Cité des Informations ».
- Fig. 3. — Le grand auditorium de « Radio-Saigon ».
- Après la clôture de l’Exposition, l’auditorium sera transféré à la Fédération nationale de radiodiffusion coloniale, 98 bis, boulevard Haussmann, à Paris.
- Ainsi que nous l’avons indiqué plus haut, il est nécessaire, par suite de la multiplicité des fuseaux horaires qui couvrent notre empire colonial, et pour atteindre toutes nos colonies à la même heure locale, d’émettre en France à des heures très différentes. C’est ainsi qu’avec des programmes identiques ou simplement une variante dans les causeries, les radio-concerts sont envoyés de 7 à 10 h. pour l’Océanie, de 10 à 14 li. pour l’Indochine, de 17 à 20 h. pour l’Afrique et de 20 à 24 h. pour l’Amérique. Les conditions d’éclairement du trajet suivi par les ondes entre la métropole et la colonie considérée influent beaucoup sur les résultats de la réception. Il est donc nécessaire de considérer, non seulement l’heure d’audition la plus pratique pour nos coloniaux, mais encore l’heure qui permet d’obtenir les meilleures conditions de propagation.
- La longueur d’onde doit également varier suivant les heures de la journée, et même les saisons. Le poste actuel semble pouvoir fonctionner sur deux longueurs d’onde distinctes comprises dans la gamme 15-32 mètres, et, actuellement, les deux longueurs d’onde adoptées paraissent être de 19 m 63, et de 25 rn 20 à 25 m 43.
- Malgré la puissance relativement faible du poste actuel, les émissions de la station de Pontoise ont été entendues au Maroc, au Cameroun, au Congo français, en Nouvelle-Calédonie, à Tananarive, à llonolulu, etc. En attendant la mise en service des émetteurs à grande puissance, les résultats obtenus sont donc déjà fort satisfaisants.
- Bien qu’il existe sans doute de nombreuses zones de silence qui gênent la réception des émissions de cette station par les sans-filistes européens, leur écoute n’en est pas moins fort intéressante et doit contribuer à la propagande coloniale. Il sera facile, d’ailleurs, de faire retransmettre les émissions les plus intéressantes par nos stations de radiodiffusion sur ondes moyennes, de même que des radio-reportages transmis par nos grandes stations sur ondes moyennes ont pu être retransmis par cette station sur ondes courtes.
- LA STATION DE RADIO-SAÏGON
- La station de Radio-Saïgon établie par la « Compagnie Franco-Indochinoise de Radiophonie », qui compte parmi ses fondateurs des personnalités comme M. dë la Pom-meraye, le commandant Péri, etc., peut être considérée comme le type actuel le plus parfait de la station de radiodiffusion coloniale. Cette station a, d’ailleurs, été inaugurée officiellement le 18 juillet 1930 et, depuis ce moment, ses émissions on été entendues sur tous les points du globe, en Chine, au Japon, aux Indes néerlandaises, aux Philippines, en Russie, en Australie, au Canada, en Amérique du Sud, en Nouvelle-Zélande, aux Indes anglaises, à Madagascar, dans l’Europe centrale et occidentale, en Hongrie, en France, en Angleterre, etc.
- Elle est édifiée sur des terrains situés dans la commune de Chi-Hoa (à 6 km de Saigon) et qui occupent une superficie de près de 3 hectares. La construction des bâtiments commencée en novembre 1929, a été achevée en mars 1930 (fig. 4).
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- Le matériel radio-électrique a été fourni par la Société Française Radioélectrique, et les travaux de montage ont été effectués très rapidement, puisque les premiers essais eurent lieu au bout de deux mois.
- Au premier étage du poste se trouve un grand auditorium de 8 m sur 12 et de 6 m de hauteur pouvant contenir une douzaine de musiciens (lig. 3). Etant donné le climat, il a fallu assurer un énergique et rapide renouvellement de l’air à chacune des pauses de l’orchestre. Cette opération est effectuée par un puissant ventilateur, un aspirateur assurant l’évacuation de l’air chaud. Au premier étage se trouve également un petit auditorium avec microphone réservé au speaker et aux conférenciers, et la salle des amplificateurs qui comporte des tableaux destinés à l’alimentation directe des machines par un courant de 10.000 volts. Face à ce tableau sont placés quatre meubles : le meuble de commande où se trouve le système de stabilisation de la fréquence par quartz, les deux étages de
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- bannés de 50 m de hauteur et le sol (fig. 4), Pour améliorer la réception, et surtout pour diminuer l’importance de la zone d’affaiblissement des signaux, cette antenne affecte actuellement la forme de deux cadres, analogues aux cadres radiogonométriques, faisant entre eux un angle de 90°, et orientés respectivement nord-sud et est-ouest. La diagonale commune aux angles opposés de chaque cadre est normale au traversier qui les supporte, et dont ils sont isolés.
- Le traversier est constitué par un câble de bronze avec descente spéciale; il constitue l’antenne d’émission pour ondes moyennes. Enfin, une antenne spéciale permet l’emploi des ondes extra-courtes à partir de 25 m.
- Le choix de la longueur d’onde est essentiel pour un poste de radiodiffusion coloniale de ce genre; il faut adopter une longueur d’onde aussi courte que possible pour éviter l’influence des parasites atmosphériques, et, d’autre part, il faut éviter l’apparition des zones de
- Fig. 4.— Vue d’ensemble de « Radio-Saïgon », avec les supports d’antennes de 50 mètres de hauteur.
- grande et de moyenne puissance, le meuble d’amplification à grande puissance reliée à l’antenne, le meuble de modulation, et enfin un meuble permettant d’émettre sur une autre longueur d’onde plus courte en vue d’assurer la réception optimum aux, diverses époques de l’année.
- Enfin, pour permettre une réception régulière dans des zones d’affaiblissement, il a été établi un poste spécial à ondes moyennes qui permet d’émettre simultanément sur 358 mètres.
- La puissance actuelle paraît être de 12 kw-antenne et d’autre part le poste est également relié par deux lignes téléphoniques à un auditorium placé dans la ville.
- L’antenne utilisée pour les premiers essais était constituée par deux prismes de 3 fils (câble de bronze formé de 7 fils de 1 mm de diamètre), de 20 m de longueur, réunis entre eux par un isolateur spécial. Le système émetteur ainsi formé était suspendu verticalement entre le point milieu d’un traversier tendu entre deux pylônes hau-
- silence dues justement à l’adoption des ondes très courtes.
- La longueur d’onde primitivement adoptée était de 49 m, mais des essais se poursuivent actuellement sur 19 m 05, 25 m 466, 31 m et 75 mde manière à déterminer la longueur d’onde la plus favorable pour la réception en Indochine.
- On avait constaté que la zone de silence décroissait nettement quand la longueur d’onde augmentait. Pour des longueurs d’onde de 16, 21, 32 et 40 mètres, les rayons de cette zone de silence étaient de 2400, 1300, 740 et 324 kilomètres. Il semblait donc utile d’adopter une longueur d’onde supérieure à 45 mètres. Malheureusement, l’expérience montra que si la zone de silence était ainsi supprimée, on constatait encore un affaiblissement notable de la réception dans un rayon compris entre 50 et 300 km à partir du poste émetteur. La modification de l’antenne amena une amélioration sensible, sans supprimer complètement cet inconvénient grave.
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- On fut ainsi conduit à émettre simultanément sur ondes courtes et sur ondes moyennes, les émissions sur ondes moyennes étant destinées spécialement' aux auditeurs les moins favorisés.
- La station de Radio-Saïgon transmet un programme quotidien régulier que nous indiquons ci-dessous à l’intention des auditeurs de la métropole, avec heures légales françaises, ces émissions sont transmises sur une longueur d’onde de 49, 5 m pour les amateurs européens.
- 12 h 30 à 14 h, musique annamite.
- 14 heures à 15 h 15, disques et informations.
- 15 h 15 à 16 h 15, orchestre avec une pause de 5 minutes.
- Le mercredi l’horaire est le suivant :
- 12 h 30 à 13 h 30, orchestre.
- 13 h 30 à 14 h 45, disques et informations.
- 14 h 15 à 16 h 15, théâtre indigène.
- QUELQUES STATIONS COLONIALES
- Le réseau radiotélégraphique et radiotéléphonique du Maroc est un des plus importants d’outre-mer et il
- Fig. 5. — La station « Radio-Maroc ».
- est heureusement complété par une station de radiodiffusion. Cette station de radiodiffusion Radio-Maroc est installée sur le même terrain que la station de trafic Maroc-France, à environ 4 km de Rabat où se trouve l’auditorium (fig. 6). L’émetteur proprement dit est un poste S. F. R. à ondes moyennes spécialement établi pour la radiodiffusion. Il est réglé sur une longueur d’onde de 416 mètres, et débite dans l’antenne une puissance de 2 kw, puissance qui doit être portée prochainement à 6 ou même à 8 kw. La hauteur des pylônes existants est de 40 mètres, elle sera portée à 55 mètres. Les émissions de Radio-Maroc sont d’ailleurs retransmises sur ondes courtes de 25 m 39 et 32 m 28 par la station de Maroc- France destinée au trafic régulier, et sont alors entendues dans toutes les parties du monde, tant en Europe qu’en Amérique, en Asie, ou eh Océanie.
- Le problème de la radiodiffusion au Maroc, de même que celui de la radiodiffusion en Algérie qui est assurée par la belle station de Radio-Alger, transmettant sur une longueur d’onde de 364,5 m avec une puissance de 12,5 kw,
- se rapproche des problèmes radiophoniques européens. Il n’en est pas de même dans la plupart des autres colonies françaises, et l’établissement de petits postes d’essais édifiés à Dakar, Tananarive, etc... devra être réalisé suivant les principes déjà adoptés à Radio-Saïgon.
- LES RADIO-RÉCEPTEURS AUX COLONIES ET LEUR ALIMENTATION
- Dans le précédent article déjà cité, nous avons étudié sommairement les conditions de la réception aux colonies, et nous décrivons, d’autre part, dans notre étude de ce même numéro sur les radio-récepteurs de 1931, des modèles récents de postes radiophoniques destinés aux colonies.
- Un poste colonial doit permettre la réception des ondes très courtes, à moins de se trouver dans une zone de silence atteinte seulement par les émissions sur ondes moyennes d’une station locale. De plus, sa construction mécanique doit être réalisée en tenant compte du climat.
- Rappelons seulement qu’il existe deux catégories générales de postes-récepteurs coloniaux, d’une part les appareils munis d’une lampe détectrice à réaction modifiée, suivie d’étages d’amplification basse fréquence, et précédée quelquefois d’un étage d’amplification haute fréquence à lampe à grille écran, d’autre part des postes à changement de fréquence. Tous ces appareils sont généralement contenus dans des boîtes métalliques vernies, et tous les bobinages sont soigneusement imprégnés afin de mettre les enroulements à l’abri de l’humidité.
- Le poste idéal pour les colonies, utilisable non seulement par les colons mais même par les indigènes, simple, robuste, insensible aux agents atmosphériques et de prix très réduit, est sans contredit le poste à galène. Malheureusement, même en employant des ondes de longueur moyenne, comme nous venons de le montrer, pour diminuer l’importance des zones d’affaiblissement, il est bien difficile d’obtenir des réceptions suffisantes à des distances assez grandes, étant donnée la puissance relativement réduite, en général, des stations coloniales.
- Le poste « moyen » le plus employé demeure donc le récepteur à lampe détectrice, mais le montage à changement de fréquence présente des avantages certains. Il est, d’abord, beaucoup plus sensible, ce qui est fort intéressant s’il s’agit également de recevoir les émissions de la métropole dans les meilleures conditions, et surtout, malgré sa complexité, son réglage est, en réalité, beaucoup plus aisé. Un inconvénient important à éviter consiste seulement dans la transmission directe des oscillations parasites à haute fréquence par les circuits moyenne fréquence, c’est pourquoi ces derniers sont blindés et la longueur d’onde intermédiaire adoptée est beaucoup plus courte que pour les appareils ordinaires.
- Dans nombre de colonies, il existe maintenant de nombreux secteurs de distribution électrique. Les sans-filistes coloniaux peuvent ainsi utiliser les appareils alimentés par des batteries facilement rechargeables ou même par des boîtes d’alimentation.
- Il existe même des postes récepteurs à ondes courtes à lampes à chauffage indirect, mais leur emploi n’est peut-être pas toujours très sûr. Quoi qu’il en soit, lorsque l’ama-
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- teur est loin (1e tout secteur, l'accumulateur, même du type fer-nickel, est difficile à entretenir, et la plupart des piles sont rapidement hors d’usage par suite de l’humidité.
- Nous devons signaler qu’il existe des piles spéciales qui permettent d’obtenir des résultats satisfaisants dans ces conditions si défectueuses; leur principe a été expliqué en détail dans La Nature dès novembre 1923. Nous nous contenterons de rappeler leurs caractéristiques (fig. 6).
- Ce sont des piles liquides à solution de chlorure d’ammonium, mais sans aucun dépolarisant chimique. Seul agit l’oxygène de l’air, ce qui assure une grande constance de fonctionnement puisque aucun changement n’intervient dans la composition de l’électrode positive. Le zinc de la pile est entièrement plongé dans l’électrolyte, et il est utilisé en totalité. Pour combattre l’évaporation, intense dans certaines régions, il suffit de maintenir le niveau de l’électrolyte au moyen d’un peu d’eau ou mieux de solution de chlorure d’ammonium. Il existe, d’ailleurs, des modèles de ce type à grande capacité qui sont utilisés pour le chauffage des filaments des lampes à faible consommation, et des batteries à nombreux éléments de capacité plus réduite employées pour l’alimentation des plaques.
- LA. PHONOGRAPHIE COLONIALE
- Les machines parlantes ont maintenant pénétré dans le monde entier, et, si les modèles de phonographes présentés aux populations africaines et indochinoises ne possèdent pas toujours les derniers perfectionnements européens, il est bien rare de trouver encore dans le monde un indigène épouvanté en entendant la parole humaine sortir d’un diffuseur ou plutôt d’un pavillon plus ou moins archaïque !
- Le disque a maintenant un rôle éducateur immense à remplir en faisant connaître aux indigènes de nos colonies les chefs-d’œuvre de notre littérature et de notre musique ; il peut également nous faire entendre les morceaux les plus caractéristiques des musiques indigènes, et, à l’occasion de l’Exposition coloniale, les principaux éditeurs de disques ont pris l’heureuse initiative d’envoyer des opérateurs dans le monde entier pour fixer sur la cire les passages les plus caractéristiques de la poésie ou de l’art musical plus ou moins primitif des indigènes de nos possessions d’Afrique, d’Asie, ou d’Océanie.
- D’ailleurs, les systèmes actuels d’enregistrement direct permettent à toutes les missions scientifiques ou artistiques d’enregistrer facilement tous les documents sonores désirés.
- Nous pouvons ainsi connaître maintenant l’art musical varié et curieux du Maroc, dont la musique purement indigène est souvent âpre et un peu aigre, mais possède aussi le charme nostalgique et mystérieux des mélodies orientales (fig. 8).
- La civilisation moderne règne sans doute en Algérie, mais la vie indigène est dominée par ces sortes de mélopées sans commencement ni fin soutenues par le son aigre de la flûte et scandées par le tambourin. Nous pouvons aujourd’hui apprécier les chants religieux des muezzins, ou l’exotisme attrayant des chansons indigènes, enregistrées sur place.
- Le caractère spécial de la musique de l’Afrique Occiden-
- Fig. 6. — Piles Fénj à dépolarisalion par l’air employées pour le chauffage des filaments et l’alimentation des plaques des lampes, dans les postes coloniaux.
- taie dont la rudesse primitive est atténuée généralement par les qualités vocales des chanteurs au timbre chaud et souple, souvent surprenant, est capable de nous montrer clairement les sources des musiques syncopées actuelles.
- Les éditeurs de disques tels que Pathé,Odéon et Columbia nous offrent encore des chants hindous, des chants populaires tahitiens, des disques indochinois, et, si notre oreille européenne n’est guère habituée aux notes aiguës de la musique indochinoise, du moins est-elle charmée par le rythme berceur des mélopées tahitiennes.
- P. IÏÉ MA RD IN QU ER.
- Fig. 7. — Une audition de phonographe dans un souk. (Photo Columbia.)
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- LA TÉLÉVISION EN FRANCE
- U Angleterre est sans doute le pays européen dans lequel on a le plus étudié les possibilités pratiques de la télévision, et un article de ce même numéro indique les résultats obtenus par les techniciens britanniques. Si les conditions économiques le permettent, il est cependant très probable que des résultats analogues pourront prochainement être réalisés également en France;_ les conditions techniques sont dès à présent satisfaisantes, mais il reste à établir une organisation industrielle assez complexe.
- LES DIFFICULTÉS DE LA TÉLÉVISION PRATIQUE
- Dans un article paru dans le n° 2835 de La Nature nous avons montré sommairement les différences existant entre le problème de la télévision sans fil ou radiovision, celui de la télévision par fil, et enfin la question du télécinématographe.
- Il y a sans doute beaucoup de nos lecteurs qui considèrent le problème général de la télévision comme à peu près complètement résolu, du moins s’ils ont cru les affirmations de certains magazines américains ! Il en est, d’autres au contraire, qui ont pu être plus ou moins déçus par les quelques expériences d’essais auxquelles ils ont
- Fig. 1. — M. Barthélemy devant son récepteur de télévision.
- assisté en France et s’imaginent qu’aucun résultat pratique ne pourra être obtenu avant de longues années.
- Certes le problème de la télévision est complexe, bien plus complexe même que celui du cinématographe sonore qui a exigé pourtant pour sa solution l’alliance de tant de techniques différentes, mais on peut pourtant prévoir que tout sans-filiste pourra bientôt (si les conditions économiques le permettent) recevoir en France des images animées « radiovisées », sinon parfaites, mais du moins d’un intérêt certain, et les applications utilitaires de la télévision par fil et du télécinématographe peuvent être encore plus importantes.
- On sait, d’ailleurs, que dans tous les procédés actuels de télévision on transmet successivement les différentes parties de l’image qui sont ensuite reconstituées dans le récepteur en utilisant, comme pour la projection cinématographique, les propriétés de persistance d’impression rétinienne de l’œil.
- Le problème essentiel consiste donc tout d’abord dans la transmission par fil ou à l’aide des ondes hertziennes des variations lumineuses d’un point de l’image. Ce résultat est obtenu au poste émetteur au moyen d’un système traducteur lumière-courant-électrique, et au poste récepteur à l’aide, inversement, d’un système traducteur courant-électrique-lumière.
- Le premier système est constitué par une cellule photoélectrique ou un ensemble de cellules qui émettent sous l’action de la lumière un courant électrique variable; ce courant est amplifié, et sert en radiovision à moduler les ondes hertziennes envoyées par un poste émetteur de T. S. F. ordinaire.
- Le poste récepteur est, en principe, constitué par un radio-récepteur quelconque, mais présentant, en général, une sélectivité moins accentuée qu’un poste moderne, à changement de fréquence, par exemple, et muni d’un système d’amplification basse fréquence très puissant. L’énergie fournie par la lampe de sortie doit être, semble-t-il, au minimum de 1,5 watt modulé pour les récepteurs d’amateurs et, pour obtenir un résultat satisfaisant, 3 à 6 watts semblent nécessaires. Seuls les amplificateurs phonographiques à grande puissance donnent des effets comparables et presque aucun récepteur d'amateur ne pourrait donc servir sans modification à la réception des émissions de télévision. D’ailleurs, il semble qu’il soit préférable d’utiliser un système d’amplification basse fréquence à liaison par résistance-capacité et non «à transformateurs.
- Voici donc une première difficulté pratique qui cependant peut être surmontée avec assez de facilité. Le courant amplifié agit non pas sur un haut-parleur, mais sur un système traducteur qui est généralement une lampe à incandescence à deux électrodes à atmosphère de néon raréfié, ou de néon et d’hélium. La lumière plus ou moins rougeâtre émise par cette lampe varie en correspondance avec la lumière que reçoit la cellule photoélectrique du poste émetteur, c’est-à-dire suivant l’opacité ou la teinte des parties correspondantes de l’image à téléviser.
- La cellule photoélectrique n’est pas encore un organe
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- Fig, 2. — Un modèle de récepteur d’amateur anglais du type Baird dit « Televisor ». A gauche: Vue en état de fonctionnement; A droite : le capot enlevé.
- très sensible, et sa courbe de sensibilité chromatique est souvent assez différente de celle de l’œil humain. Pour produire un effet suffisant, on est obligé d’éclairer fortement l’objet à téléviser, et, malgré les précautions prises et les dispositifs ingénieux adoptés, cet éclairage est assez gênant lorsqu’il s’agit de téléviser un sujet vivant, et ne permet pas de « balayer » une surface très étendue.
- La lampe au néon utilisée ne donne, d’autre part, le plus souvent qu’une lueur rougeâtre d’une intensité relativement faible, de sorte qu’on ne peut encore obtenir au poste récepteur qu’une image de dimensions réduites, du moins lorsqu’il s’agit d’appareils d’amateurs.
- 11 s’agit pourtant de transmettre avec fidélité les « tonalités lumineuses » des milliers de points constituant une image, et dans un l/16e de seconde environ. Pour avoir une image très détaillée et nette, d’aussi grandes dimensions que possible, il faut augmenter au maximum le nombre des points considérés.
- Or pour pouvoir obtenir ce résultat il faut augmenter en même temps la fréquence de modulation des ondes hertziennes transmises. On sait qu’en radiophonie, le poste émetteur transmet non seulement une onde porteuse dont la fréquence correspond à la longueur d’onde du poste, mais encore une bande de fréquences musicales correspondant à la modulation des courants microphoniques, qui s’étend sur une largeur de 10 000 périodes-sec. environ et permet ainsi de transmettre les courants musicaux dont les fréquences aiguës dépassent rarement 5000 périodes-seconde.
- Pour transmettre en télévision une image détaillée et de grande dimension, il faudrait utiliser des bandes de fréquences beaucoup plus larges de Vordre de 100 000 périodes-seconde. Ce fait soulève deux difficultés différentes; d’abord il faudrait réaliser un système émetteur et récepteur assez sensible et assez fidèle; en particulier, le système récepteur radioélectrique devant être très peu
- sélectif et il faudrait éviter que de telles émissions puissent troubler la réception des émissions radiophoniques et de télévision de longueurs d’onde voisines.
- Si l’on choisissait pour les effectuer les longueurs d’onde ordinaires de radiodiffusion, une seule émission de télévision « tiendrait autant de place dans l’éther » que dix émissions radiophoniques, et toute réception serait impossible dans une zone étendue variant suivant la puissance de l’émetteur.
- Comme il est absolument indispensable d’empêcher ce phénomène, il faut se contenter, comme on l’a fait jusqu’ici, de téléviser des images de dimensions réduites et assez peu détaillées. Dans ces conditions la bande de fréquences à transmettre ne dépasse guère 10 000 périodes-seconde et les conditions sont à peu près les mêmes que pour, une émission radiophonique.
- Lorsqu’on voudra obtenir des résultats pratiques plus satisfaisants, il sera absolument nécessaire pour éviter de troubler les émissions radiophoniques d’adopter des longueurs d’onde très courtes dont les très hautes fréquences permettent seules la transmission de bandes très larges de modulation en nombre assez grand sans risque de troubles. C’est ainsi qu’il est question d’établir en Allemagne des postes émetteurs de télévision fonctionnant sur des longueurs d’onde inférieures à 10 mètres.
- A ce point de vue encore, on ne peut que déplorer le manque d’intérêt témoigné par de trop nombreux usagers de la T. S. F. française pour la réception dès émissions sur ondes très courtes. Espérons que tous les sans-filistes français comprendront bientôt qu’un poste récepteur moderne n’est vraiment complet que s’il permet de recevoir ces émissions.
- LES SYSTÈMES PRATIQUES DE TÉLÉVISION EN FRANCE
- Nous ne verrons sans doute pas encore de postes récep-
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- teurs de télévision exposés au « Salon de la T. S. F. » de 1931, mais il semble bien que deux procédés pratiques, tout au moins, soient dès à présent susceptibles d’être présentés aux amateurs français dans un avenir prochain : le premier est le système français Barthélémy, le deuxième le système anglais Baird qui serait, d’ailleurs, exploité par une société française (fig. 1 et 2).
- Dans ces deux procédés, les systèmes d’analyse et de reconstitution de l’image sont effectués par des procédés mécaniques : disques de Nipkow à l’émission et à la réception dans le procédé Baird, roue de Weiller à l’émission et disque de Nipkow à la réception dans l’appareil Barthélémy. Dans les deux systèmes aussi, une lampe au néon est employée comme traducteur courant-lumière à la réception, et la bande de modulation est relativement resserrée, ce qui permet l’émission des ondes hertziennes à peu près dans les mêmes conditions qu’en radiophonie.
- Cependant dans l’appareil Barthélémy l’image obtenue dans le récepteur d’amateur paraît être déjà de 30 cm X 40 cm, alors qu’elle n’a que quelques centimètres de côté dans les modèles primitifs Baird.
- D’autre part, les procédés de .synchronisation qui permettent de maintenir toujours le système analyseur du poste émetteur et le système de reconstitution de l’émetteur exactement dans la position correspondante sont différents.
- Le moteur d’entraînement du disque dans l’appareil Baird est un moteur universel actionné par un courant auxiliaire et son mouvement est simplement synchronisé
- par une roue dentée en fer montée sur son axe et qui joue le rôle de frein ou d’accélérateur magnétique, sous l’action d’un signal spécial relativement intense envoyé par le poste émetteur plusieurs centaines de fois par seconde.
- Dans l’appareil Barthélémy, le moteur est alimenté non plus par un courant auxiliaire, mais par le courant plaque de la dernière lampe de l’amplificateur basse fréquence du récepteur, et ce courant d’alimentation est maintenu à la fréquence convenable par un signal transmis à chaque tour du disque pendant une durée de 1/10 000e de seconde seulement. Le synchronisme est ainsi maintenu d’une manière beaucoup plus « rigide ».
- Dans un prochain article nous donnerons, d’ailleurs, des détails techniques et pratiques plus précis sur ces deux appareils. Dans l’état actuel de la question il ne semble pas que l’on doive espérer en France dans un avenir prochain autre chose que la radiovision de dessins quelconques, de films cinématographiques, et des bustes d’un ou deux personnages vivants avec une netteté suffisante, mais ce résultat serait vraiment sans doute déjà fort apprécié par un nombre d’amateurs, surtout si les récepteurs mis à leur disposition sont d’une manœuvre facile et d’un prix relativement modique.
- Les dispositifs que nous venons d’indiquer ont, malgré leurs imperfections, l’avantage essentiel d’être presque immédiatement réalisables et de permettre dès à présent d’obtenir des résultats pratiques.
- P. Hémardinquer.
- LA TELEVISION EN ANGLETERRE
- Tandis que, dans d’autres pays, on discute pour savoir si, un jour plus ou moins lointain, la télévision, arrivée à maturité, pourra entrer dans les programmes de T. S. F., on prouve, en Angleterre, par des transmissions de plus en plus intéressantes, qu’elle est, dès maintenant, malgré le faible nombre d’éléments d’images (découlant de l’étroitesse des bandes d’ondes disponibles), susceptible de fasciner le public.
- La «B. B. G.» (British Broadcasting Corporation), naguère opposée aux tendances de l’inventeur Baird, après une période de tolérance neutre, s’est décidée à une collaboration active. Aussi s’est-elle fait construire par M. Baird un transmetteur de télévision transportable, installé dans un des studios de la Maison de T. S. F., à Londres, et qui servira prochainement à rendre visibles les artistes parlant ou chantant devant le microphone.
- Ce nouveau transmetteur est disposé, non seulement pour pouvoir se placer facilement en toute position voulue, mais, le cas échéant, pour suivre, dans une certaine mesure les déplacements de la personne « télévisée ». Il est porté par un trépied léger en tubes métalliques, monté sur de petites roues à bandes de caoutchouc. Le transmetteur proprement dit, tournant sur une paire
- de disques concentriques, se déplace en direction verticale, grâce au fonctionnement d’une manette.
- La lampe à arc, servant comme source de lumière, est à commande automatique. Le disque Nipkow (à trous en spirale) est muni d’une boîte protectrice, empêchant la poussière d’entrer dans les perforations très fines. Aussi l’appareil fonctionne-t-il presque sans bruit et sans déranger, le moins du monde, les enregistrements acoustiques simultanés.
- Le disque perforé est mis en rotation par un moteur universel, tournant constamment à la vitesse de 750 tours par minute. Devant sa boîte protectrice, on a disposé un secteur en fonte métallique, portant deux lentilles de distances focales différentes et qui entrent en fonction à tour de rôle. La lentille à grande distance focale sert aux vues de grand format; elle fait voir la tête et les épaules d’une personne même assez éloignée, tandis que l’autre lentille rend visible la personne tout entière. En maniant une poignée, on passe facilement d’un mode de représentation à l’autre.
- Les cellules photo-électriques et les premiers étages d’amplification sont installés sur un support spécial, qu’on amène dans la position la plus favorable à la mise en lumière de la personne visée.
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- Fig. 1. — Le transmetteur de télévision transportable.
- Un petit chariot spécial porte l’amplificateur principal et la source d’énergie. L’installation est complétée par un récepteur télévisuel normal, système Baird, servant à contrôler les transmissions.
- On ne se contente plus, en Angleterre, des transmissions de studios; de récentes expériences sont, en effet, venues prouver la possibilité de transmissions à la lumière du jour et, par conséquent, celles d’événements sportifs et autres, se passant en plein air.
- Le nouveau. transmetteur construit dans ce but comporte, au lieu d’un disque perforé, une roue à 30 miroirs disposés à son pourtour et inclinés à des angles graduellement croissants.
- Chacun de ces miroirs reflète une bande étroite de l’image à transmettre sur une cellule photoélectrique, en passant par une lentille concentrante. Les impulsions de courant émises par la cellule photo-électrique, et dûment amplifiées, sont transmises à travers une ligne téléphonique, à Long Acre (Londres), où la Société Baird a ses laboratoires et sa cabine de contrôle. De Long Acre, elles passent, à tra-
- Fig. 2. — L’invenleur, M. John Logic Baird, devant le studio transportable installé àEpsom, lors du Derby.
- vers les câbles de la B. B. C., au transmetteur de T. S. F. de Brookman’s Parle, d’où elles seront émises sur l’onde de 261 mètres.
- Ce transmetteur servait, il y a quelques mois déjà, lors d’une démonstration donnée à la presse, à faire voir, dans les laboratoires, ce qui se passait au dehors, dans la rue. Or, encouragé par ce succès, M. Baird décida de rendre visibles les célèbres courses de chevaux du Derby, prouvant ainsi que la télévision, même en l’état actuel, dispose de ressources assez variées pour retenir l’intérêt du public.
- On fit donc transporter le fourgon renfermant la station de télévision aux dunes d’Epsom, où on l’installa en
- Fig. 3. — Le poste de transmission télévisuelle de la course du Derby, sur la pisle d’Epsom.
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- face de la tribune principale et du but. Lors de la répétition générale, on installa, à Long Acre, sept récepteurs normaux, système Baird. Les journalistes conviés à cette première démonstration eurent d’abord l’occasion d’examiner le fourgon avec ses installations ; rentrés à Long Acre, ils purent voir, sur le verre dépoli de leur récepteur, la partie de la piste attenante au fourgon télévisuel, une parade de chevaux, le « finish » d’une course, les gens se promenant partout et échangeant leurs impressions, et les autos parquées à l’entrée. L’impression était d’autant plus frappante qu’on entendait, en même temps, au haut-parleur, le brouhaha caractéristique d’Epsom.
- Etant données les difficultés qu’on aurait éprouvées à tourner le fourgon autour d’un axe horizontal, de façon à amener au champ de vision les différentes parties du terrain attenant, on avait installé, du côté opposé à la piste, une grande glace, montée sur charnières et qui, suivant l’angle d’orientation variable, les reflétait sur
- la roue à miroirs. Au poste récepteur tout était disposé comme à l’ordinaire, avec des « téléviseurs » normaux.
- Après les heureux résultats de la répétition générale, tout était prêt pour la grande journée. Ponctuellement, à 14 h. 45, les scènes de la grande course se dessinèrent sur les écrans en verre dépoli ; tout en n’étant pas uniforme, la précision, pendant une grande partie de la course, fut remarquable. Les bandes d’interférence passant quelquefois à travers les images — sans nuire, pour cela, à l’impression générale — étaient dues à l’interférence des courants téléphoniques et télégraphiques. Chevaux et jockeys étaient parfaitement visibles, malgré la distance de 24 kilomètres; le tout prouvait, à l’évidence, que la télévision, même en dehors du studio et sans recourir à la lumière artificielle, peut donner des résultats fort intéressants.
- Alfred Gradenwitz,
- Docteur ès sciences.
- LE TRAITEMENT DES MALADIES E PAR LES ONDES HERTZIENNES
- Les phénomènes de la propagation des ondes hertziennes et même de leur production sont encore entourés, pour une grande partie du public, d'un tel mystère que l'annonce de l'emploi pratique de ces ondes pour le traitement des maladies a suscité des espérances peut-être un peu prématurées sur l'efficacité et la portée pratiques de ces nouveaux moyens thérapeutiques. L'article ci-dessous montre à la fois l'intérêt certain des recherches entreprises et l'état actuel de la question.
- L’ACTION DES ONDES ÉLECTROMAGNÉTIQUES SUR LE CORPS HUMAIN
- Toutes les radiations électromagnétiques ont une action indéniable plus ou moins accentuée, favorable ou dangereuse, sur le corps humain. Depuis longtemps, les médecins ont songé à utiliser cette action pour obtenir des effets thérapeutiques, et presque toutes les vibrations des différentes longueurs d’onde ont été étudiées par eux en vue de cette utilisation spéciale.
- En partant des longueurs d’onde les plus courtes, nous pouvons ainsi noter les effets thérapeutiques du radium, des rayons X, des rayons ultra-violets, des radiations lumineuses visibles, des rayons infra-rouges, des oscillations électriques de différentes fréquences, des courants électriques continus enfin.
- Sans vouloir formuler d’affirmation très nette sur ce point, il semble pourtant que l’effet produit sur les cellules vivantes soit d’autant plus accentué et plus profond que la longueur d’onde, de la radiation considérée est plus faible; c’est ainsi que les rayons X ont une action plus violente que les rayons ultra-violets, et que ces derniers ont une influence plus marquée que les radiations lumineuses visibles ou les rayons infra-rouges. Il s’agit,
- d’ailleurs, de phénomènes complexes, variables non seulement suivant les fréquences et les intensités des radiations, mais encore suivant le sujet vivant considéré, ce qui complique beaucoup les observations.
- Quoi qu’il en soit, lorsqu’on a étudié seulement les effets des oscillations électriques proprement dites, c’est-à-dire des radiations de longueurs d’onde supérieures à une fraction de millimètre (et, en réalité, supérieures en pratique à quelques mètres, du moins jusqu’à présent) on a pu constater, en général, l’apparition de phénomènes plus simples, et l’on pouvait mieux faire varier les caractéristiques de ces phénomènes en modifiant l’intensité et la fréquence des radiations. Cette étude est, d’ailleurs, encore à ses débuts, et elle nous réserve peut-être des surprises, surtout en ce qui concerne l’action des ondes hertziennes très courtes, l’influence des radiations étant ici encore plus profonde et plus complexe lorsque la longueur d’onde diminue.
- LES PREMIERS APPAREILS D’ÉLECTROTHÉRAPIE A HAUTE FRÉQUENCE
- C’est indiscutablement au professeur d’Arsonval que revient l’honneur d’avoir le premier utilisé en médecine vers 1893 les courants électriques à haute fréquence, et c’est à juste titre que l’on a donné le nom de d’« Arsonvalisation » à l’application thérapeutique de ces courants. La diathermie, en particulier, qui a pour but d’engendrer des effets calorifiques dans la masse même des tissus vivants, et qui est de plus en plus utilisée, est une forme de d’Arsonvalisation.
- Les appareils utilisés, et qui sont encore souvent en service aujourd’hui permettent à l’aide de transformateurs élévateurs de tension, de circuits à condensateurs et
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- d’éclateurs d’obtenir des tensions de l’ordre de 15 000 volts et une fréquence de l’ordre de 100 000 périodes-seconde, les bobines de Ruhmkorff, même à interrupteurs mécaniques, ou les machines statiques d’un fonctionnement plus irrégulier ne permettaient d’obtenir que des fréquences beaucoup moindres.
- Les courants à haute fréquence ainsi produits étaient appliqués sur le sujet, suivant le but à atteindre, par passage direct à travers le corps, par bain électrique, par action du champ électrostatique, ou à l’aide d’effluves.
- On obtenait ainsi non seulement des effets thermiques, mais des phénomènes d’analgésie favorables dans un
- Fig. 2. — Une installation de traitement.
- certain nombre d’affections douloureuses, un accroissement des combustions organiques, une action sur le système vaso-moteur utilisable pour le traitement des maladies de la nutrition et de l’ai’tério-sclérose.
- Ces traitements par les courants à haute fréquence ne sont, d’ailleurs, nullement douloureux pour les malades et produisent même, comme il est indiqué, une diminution de la sensibilité.
- Il était donc rationnel de songer à utiliser en médecine des appareils à lampes à vide permettant d’engendrer des oscillations à haute fréquence très régulières, d’une intensité facilement réglable, dès que l’on a su réaliser des appareils d’émission à ondes courtes d’une puissance suffisante. Il semble pourtant que les actions thérapeutiques des émetteurs à ondes hertziennes courtes aient
- I ôr/i/es
- Filament
- Refais I de porte
- Contacteur
- Redresseur
- zoltmètFedes
- Fig. 1. —Schéma de montage de la machine à donner la fièvre.
- été d’abord observées presque par hasard et d’une manière empirique.
- Leur emploi méthodique ne date, semble-t-il, que de quelques années et on a commencé surtout à mettre en lumière les actions thermiques profondes des ondes hertziennes d’une longueur d’onde de l’ordre de 10 mètres. Lorsqu’on pourra réaliser des émetteurs assez puissants de fréquences encore plus grandes et étudier soigneusement l’action de ces ondes extra-courtes sur les êtres vivants, on constatera sans doute l’apparition de phénomènes encore plus complexes puisque leur nature semble varier avec la fréquence. Il est encore trop tôt pour indiquer sur ce point des faits précis, et nous nous contenterons de noter les applications thermiques réalisées jusqu’à présent
- Fig. 3. — Le chariot thérapeutique portant au-dessous de la caisse destinée au patient les divers appareils électriques.
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- et tout spécialement l’usage des « machines à fièvre artificielle ».
- LA FIÈVRE ET LA PYRÉTOTHÉRAPIE
- La plupart des maladies infectieuses aiguës sont accompagnées de fièvre causée par l’action des agents infectieux sur les centres nerveux thermo-régulateurs de l’organisme. Cette fièvre est un symptôme de la maladie, mais elle révèle aussi la lutte entreprise par notre organisme contre l’infection et même, dans un certain nombre de maladies, il semble qu’elle aide à la guérison du malade en diminuant la vitalité des microbes ou des virus filtrants à une température relativement élevée.
- Dans un grand nombre de maladies, le médecin moderne ne considère donc la lutte contre la fièvre que comme très accessoire, et s’il continue, par exemple, à administrer de la quinine aux sujets atteints de fièvre paludéenne, ce n’est pas, comme on pourrait le croire, pour abaisser seulement leur température, mais bien plutôt parce que la quinine est un poison pour le parasite du paludisme.
- Bien plus, depuis quelques années, de nombreux médecins ont songé à utiliser la fièvre comme agent thérapeutique, et à provoquer chez certains malades des accès de fièvre artificielle, afin de rendre plus vulnérables les germes infectieux qu’ils portent, c’est là le principe de la pyrètothérapie.
- Schamberg et Tseng en 1927, Mehrtens et Pouppirt en 1929 ont ainsi conseillé l’emploi de bains très chauds pour atteindre ce but. Des méthodes diathermiques spéciales ont de même été présentées par Nagelschmidt en 1928 et King et Coche en 1930.
- D’autres médecins préconisèrent l’injection de sels d’or ou de protéine qui peut amener des élévations de température dépassant 40°, mais ce fut cependant Wagner von Jauregg qui proposa dès 1918 une méthode encore plus originale consistant à inoculer au malade une fièvre « thérapeutique » infectieuse, mais relativement bénigne.
- Ce savant autrichien eut, en effet, l’idée de traiter les malades atteints de paralysie générale en leur inoculant volontairement la fièvre paludéenne ou malaria; la malariathêrapie est actuellement tentée dans le monde entier, et il semble qu’elle ait permis d’obtenir de nombreux résultats probants.
- Tous ces moyens divers de provoquer artificiellement des accès de fièvre sont pourtant plus ou moins dangereux pour le malade, on le conçoit facilement, et il est surtout difficile d’obtenir une élévation de température réglable à volonté à la fois en intensité et en durée. Beaucoup de médecins éprouvent d’ailleurs quelque répugnance à inoculer une maladie, même bénigne, à un malade pour le guérir d’une autre ! C’est pourquoi l’apparition de nouveaux dispositifs radioélectriques à ondes courtes permettant de provoquer des accès de fièvre artificielle « réglables » et de durée strictement limitée a été accueillie avec tant d’intérêt.
- LES EFFETS PHYSIOLOGIQUES DES ONDES COURTES
- En général, les. ondes courtes émises par les postes radiophoniques ou radiotélégraphiques ne produisent
- aucun effet sensible sur le corps humain, et cela est, d’ailleurs, fort heureux ! En effet, la valeur du champ électrique pour une réception satisfaisante ne dépasse pas un microvolt par centimètre, ce qui est tout à fait négligeable à ce point de vue.
- Par contre, à proximité d’un poste émetteur à ondes courtes puissant, le champ peut atteindre plusieurs volts centimètres et les phénomènes observés deviennent très marqués.
- A une distance de 8 à 10 m on peut obtenir alors l’illumination d’une lampe à incandescence, ou de tubes au néon ; de l’eau placée dans un récipient métallique solidaire d’une antenne courte entre en ébullition; on peut fondre des métaux à proximité du tube émetteur, et si l’on place de petits animaux, des souris, par exemple sur un panneau métallique, ils sont brûlés en quelques instants.
- Plus curieux encore furent les effets physiologiques constatés sur les opérateurs de ces stations depuis deux ou trois ans, et tout spécialement notés par les ingénieurs de la General Electric Company, par le Dr W. R. Whitney entre autres.
- On constata, en effet, une élévation anormale et générale de température pouvant atteindre un ou deux degrés pour tous les employés des stations séjournant à proximité des appareils émetteurs. De plus, ces employés se plaignaient de lassitude, de maux de tête, de phénomènes nerveux divers, et l’on put même s’apercevoir, par la suite, d’une modification du nombre des globules rouges de leur sang.
- Voilà sans doute des effets plutôt nuisibles qu’utiles, mais ce fut cependant leur étude qui donna l’idée aux techniciens américains de construire des émetteurs spéciaux à ondes courtes destinés à produire sur le corps humain des effets thermiques réglables à volonté pour l’application des traitements pyrétothérapiques.
- LES MACHINES A DONNER LA FIÈVRE
- Ces appareils américains si curieux ont donc été étudiés depuis trois ans environ dans les laboratoires de recherches de la « General Electric Company » et il en existe en France quelques exemplaires construits sur les indications de la Société française Thomson Houston, correspondante française de cette compagnie (fig. 1 et 2).
- Un tel dispositif est formé, en réalité, par un véritable poste émetteur à ondes courtes d’assez grande puissance. Le modèle indiqué par le schéma de la figure 1 peut émettre des ondes de 22 à 30 m de longueur d’onde (fréquence 10 000 à 14 000 kilocycles) ; car on a trouvé que les résultats diathermiques étaient les plus réguliers sur cette gamme.
- L’oscillateur à haute fréquence comporte deux tubes à vide de 500 watts alimentés en courant plaque sous une tension de 3000 volts par deux tubes de redressement agissant sur un courant alternatif de 7000 volts fourni par un transformateur à isolement par huile (fig. 1).
- Cependant ce poste émetteur n’est pas relié à l’antenne et à l’antenne comme dans le cas habituel, mais à deux larges plaques d’aluminium disposées parallèlement, et dont on peut faire varier l’écartement. Il se produit entre
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- ces plaques un champ électrostatique intense, et il suffit de placer le malade dans ce champ pour lui appliquer le traitement nécessaire (fig. 2 et 3).
- Les plaques d’aluminium ont quelque 70 à 80 centimètres de long, 50 à 60 centimètres de hauteur et sont recouvertes de plaques d’ébonite afin d’éviter le contact direct du corps du malade avec le métal.
- Le patient est placé dans une sorte de hamac suspendu à un bâti en bois, il est entouré d’une sorte de caisse en « celotex » dont on connaît les propriétés isolantes au point de vue thermique, et qui forme une enceinte remplie d’air chaud autour de sohVorps, mais des ouvertures sont prévues de manière à assurer une circulation à travers cette masse d’air et à régulariser son état hygrométrique
- (‘ig; 3).
- 11 va sans dire que l’on fait varier à la fois la puissance des ondes émises et la distance des plaques, de manière que l’augmentation de température du malade s’effectue très lentement. En une heure, on peut ainsi amener la température du patient à 41° et l’y maintenir aussi longtemps que l’on veut en agissant sur les différents systèmes de réglage du système. Si l’on arrête complètement la machine, il semble que la fièvre se maintienne pendant une heure environ et décroisse ensuite lentement pendant quelque deux heures avant que la température
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- redevienne normale. On prend évidemment plus ou moins de précautions suivant l’état du sujet, et on le replace sous des couvertures pour lui éviter des refroidissements dangereux. Cette élévation de température est, d’ailleurs, variable suivant les caractéristiques physiques du corps du sujet et même peut-être son état nerveux, elle peut donc être plus ou moins rapide.
- 11 ne semble pas, d’autre part, qu’elle soit accompagnée de phénomènes pathologiques dangereux, et on constate seulement, en général, une forte sudation.
- Voici donc un nouvel instrument de thérapeutique qui semble efficace, et dont l’usage paraît, en tout cas, infiniment préférable à celui de tous les autres procédés proposés pour le traitement des maladies par la pyréto-thérapie.
- Cependant, les ondes hertziennes courtes permettent d’obtenir d’autres effets physiologiques utilisables en médecine avec autant de succès, non seulement en diathermie comme le montre un autre article de ce numéro, mais même en agissant d’une manière plus complexe sur l’organisme. Nous ne sommes qu’au début de l’étude de ces nouvelles et peut-être importantes applications de la radiotechnique ; il nous restera, en tout cas, à indiquer les travaux récents exécutés en France.
- P. Hémardinquer.
- LES ONDES ULTRA-COURTES EN MÉDECINE
- Au dernier Congrès de Radiologie, à Paris, on a présenté un intéressant appareil qui permet d’utiliser, en médecine, les ondes très courtes et qui enrichit singulièrement les ressources de l’électro-thérapeutique. C’est le Prof. Esau, à léna, qui a signalé cette possibilité; un médecin attaché à la clinique universitaire de cette ville, le Dr E. Schliephake, en a fait les premiers emplois pratiques. C’est encore lui qui, au laboratoire et à l’hôpital, a recherché méthodiquement les effets bienfaisants et nuisibles des ondes ultra-courtes.
- Ceux qui se tiennent, par devoir professionnel, à proximité de puissants transmetteurs à ondes courtes en ressentent souvent, comme il a été dit à l’article précédent, les effets nuisibles — maux de tête, congestions, lassitude, somnolence, quelquefois même un léger accroissement de température qui, toutefois, reste toujours inférieure à 1 degré centigrade.
- Le Dr Schliephake a étudié les effets biologiques d’un champ électrique établi entre les deux plaques de condensateurs : les insectes y périssent souvent en une fraction de seconde, toujours en un temps très bref; les souris y meurent après quelques secondes, les animaux de plus grande taille, après un temps plus ou moins prolongé. Les expériences de contrôle faites sur des matières organiques font voir qu’un effet thermique est en jeu : l’herbe et les
- feuilles se carbonisent, la pâte de pain y subit une cuisson parfaite.
- D’autre part, dans l’huile et d’autres matières isolantes, le quartz et la plupart des verres, par exemple, la production de chaleur est beaucoup plus faible et il en est de même pour les métaux. La transformation d’énergie, par contre, est très grande dans les électrolytes, où réchauffement, M. Schliephake vient de le constater, varie suivant la concentration de la solution. Dans le cas du sel de cuisine, l’effet maximum s’observe pour une solution à 0,5 pour 100, d’une concentration égale à celle du sang. Ceci ne s’applique, toutefois, qu’à une longueur d’onde donnée, celle de 3 mètres, tandis que, pour les ondes plus longues ou plus courtes, l’effet maximum se déplace vers d’autres concentrations. L’eau distillée ne s’échauffe que très peu, le sang, au contraire, très fortement.
- Etant médecin, M. Schliephake a étudié particulièrement la façon dont les différents tissus du corps humain se comportent dans le champ électrique d’un transmetteur à ondes courtes. Il a constaté que l’effet thermique est maximum dans les os et le foie, puis viennent les graisses et le cerveau, ensuite la pe.au et les muscles. Ces faits sont d’autant plus intéressants que, pour les traitements diathermiques qui autrement présentent tant
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- d’analogies avec cette nouvelle thérapeutique, l’ordre est précisément inverse.
- En diathermie, comme dans la thérapeutique par ondes courtes, il s’agit essentiellement d’un effet thennique : or, dans le cas des ondes très courtes (au-dessous de 10 m), cet effet pénètre à des profondeurs bien plus grandes et, chose importante, peut s’orienter suivant une direction donnée, de façon à agir, de préférence, sur un organe donné. La diathermie classique utilise les ondes d’environ 600 m.
- L’effet des ondes ultra-courtes diminue quand les élec-
- argenté; des joints sphériques permettent de leur donner toute position voulue. Les électrodes sont constituées par des plaques d’aluminium munies d’une couche protectrice en matière isolante. Des tubes à incandescence s’illuminent dès que le rayonnement voulu a été réalisé.
- Il est évidemment impossible, à l’heure qu’il est, d’esquisser, même approximativement, le domaine d’applications du nouveau traitement. Suivant les expériences de M. Schliephake, on peut toutefois, dès maintenant, parler d’un effet d’arrêt très prononcé sur la croissance des bactéï’ies (par- exemple, celles de la tuberculose),
- Fig. 1. — Une expérience de chauffage de diverses solutions par les ondes ultra-courtes.
- trodes viennent au contact immédiat du corps du malade. Aussi s’attache-t-on à les tenir à une faible distance de la peau, en dosant les effets par l’épaisseur de la couche d’air intermédiaire.
- L’appareil mis au point dans les laboratoires de l’usine Siemens et Halske comporte essentiellement un transmetteur à tubes et le circuit thérapeutique; entre les deux, on a inséré un système de fils parallèles. Les plaques de condensateur sont attachées à des tubes en laiton
- pourvu qu’on choisisse, dans chaque cas donné, la longueur d’onde assurant le meilleur effet. M. Schliephake a également observé un effet curatif direct sur les suppurations; des furoncles ont disparu après une à deux irradiations et certaines maladies chroniques des articulations, réfractaires à tout autre mode de traitement, se sont ainsi améliorées.
- En dehors de l’effet thermique, les ondes ultra-courtes semblent exercer un effet curatif direct, mais que de nouvelles expériences devront élucider.
- Ce nouvel appareil est construit par la maison Siemens Reiniger-Veifa.
- Dr A. Grapenwitz.
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- NOS PROCHAINES ÉTUDES DE RADIOTECHNIQUE
- Les qualités des appareils radiophoniques dépendent essentiellement des caractéristiques des lampes à aide et des haut-parleurs, ainsi que des diverses pièces détachées utilisées par les amateurs-constructeurs ou les fabricants spécialisés.
- L'étude de ces caractéristiques et l'indication des nouveautés qu'on peut remarquer dans leur construction sont donc particulièrement utiles pour tous ceux qui s'intéressent à la radioélectricité.
- Dans ce numéro spécial, nous ne pouvons publier avec des détails suffisamment nombreux toutes ces nouveautés radiotechniques. Nos lecteurs savent que des chroniques décrivant tout ce qui se fait d'intéressant paraissent régulièrement dans La Nature. Ils trouveront dans les prochains numéros des études détaillées sur les sujets qui n'ont pu trouver place aujourd'hui : alimentation des postes-, nouvelles lampes de T. S. F.; appareils de phonographie et de télévision, haut parleurs, pièces détachées, etc.
- NOUVELLES LAMPES DE T. S. F.
- Les nouveautés les plus importantes que l’on a pu noter récemment consistent dans la réalisation de nouvelles lampes à chauffage indirect à écran, de nouvelles lampes détectrices également à chauffage indirect, et de lampes de puissance (pour amplification musicale).
- En général, les modèles récents sont caractérisés essentiellement par Vaugmentation très élevée de la pente de leur caractéristique, donc par leurs qualités amplificatrices ou détectrices extrêmement marquées.
- Sans nous étendre ici sur des notions techniques, nous noterons seulement qu’avec ces nouveaux modèles de lampes on peut établir des postes sensibles comportant un nombre d’étages beaucoup plus réduit, soit en moyenne fréquence, soit en haute fréquence, soit en basse fréquence. Cette diminution du nombre d’étages est fort intéressante, puisqu’elle permet de réaliser des postes moins coûteux et moins complexes. Elle est particulièrement heureuse dans le cas des postes-secteur. Nous montrons, en effet, dans un autre article de ce numéro que la solution du chauffage indirect des lampes est d’autant plus pratique que le poste comporte moins d’étages.
- D’autre part, les principes actuels de l’établissement des étages d’amplification musicale dans les radio-récepteurs amènent de plus en plus les techniciens et les constructeurs à considérer presque exclusivement les caractéristiques de la lampe finale; la première lampe basse fréquence, si elle existe, a simplement pour but d’amener la tension des courants appliqués sur la grille de la lampe de sortie à la valeur minimum nécessaire pour son fonctionnement normal.
- On n’utilise donc plus dans de nombreux postes radiophoniques actuels qu’un seul étage basse fréquence et on adopte pour constituer cet étage soit une lampe trigrille de puissance, soit une lampe triode à forte pente de la caractéristique.
- Ces lampes ne peuvent donner des résultats suffisants que si la tension-plaque est supérieure à quelque 90 ou 100 volts. L’emploi des systèmes d’alimentation totale par le secteur, et, en tout cas, des appareils d’alimentation plaque supprime d’ailleurs toute difficulté sous ce rapport.
- LES HAUT-PAR LEURS
- On emploie toujours pratiquement des haut-parleurs
- électromagnétiques pour les récepteurs de moyenne puissance, des appareils magnéto-dynamiques et surtout électrodynamiques sur les postes à grande puissance et pour les reproducteurs phonographiques.
- De plus en plus, avec les « moteurs » électromagnétiques actuels compensés, on adopte des diffuseurs à bords libres « diffuseurs-cône » de petit diamètre, montés sur des « baffles » acoustiques comparables à ceux des haut-parleurs électrodynamiques.
- Quelques constructeurs présentent, d’autre part, des pavillons exponentiels„qui, connectés à des récepteurs' téléphoniques à grande puissance, du type électromagnétique équilibré, constituent des ensembles à la fois fidèles et très sensibles.
- Enfin, les récents modèles de haut-parleurs électrodynamiques ont reçu de nombreux perfectionnements de détails : modification de la matière et du centrage du cône mobile et de l’alimentation du bobinage inducteur, amélioration du filtrage du courant d’alimentation, etc.
- LES PIÈCES DÉTACHÉES
- Les pièces détachées mises à la disposition des amateurs constructeurs par les fabricants spécialisés'sont de plus en plus faciles à utiliser, et il reste bien peu de bricoleurs qui songent à établir eux-mêmes tous les organes entrant dans la composition d’un montage.
- Ces pièces détachées ont été modifiées à mesure qu’étaient transformées les caractéristiques des mon- ' tages, et surtout des lampes. Nous avons déjà noté, par exemple, dans notre article sur les radio-récepteurs, les principales nouveautés que l’on pouvait signaler dans la construction des transformateurs moyenne fréquence, des transformateurs basse fréquence et aussi des organes de réglage.
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- Nous continuerons ces études dès notre prochain numéro, par l’examen des progrès tout récemment obtenus dans l’alimentation des postes. La question intéresse au premier chef tous les sans-filistes, mais elle a aussi bien d’autres applications plus générales.
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- Paraît le l8r et le 15 de chaque mois (48 pages par numéro)
- LA NATURE
- MASSON et O', Editeur», îao, Boulevard Saint-Germain, PARIS, VI» (7(. C. Seine : 1S.3S4) Tel. Danton 56-js.
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- N' 2865
- LA NATURE
- 15 Septembre 1931
- D’ARSONVAL
- Lors des /êtes du quatrième centenaire du Collège de France, le 19 juin 1931, le Ministre de VInstruction publique, M. Mario Roustan, disait dans son discours, en s’adressant aux maîtres de l'illustre Collège : « Ce sont vos leçons qui ont répandu la vérité à travers le monde. Maison de Claude Bernard, maison de Berlhelot, maison de d'Arsonval, humble laboratoire où la Vérité surgissait par le miracle du Génie. »
- M. d,' Arsonval vient d'être promu Grand-Croix de la Légion d'honneur.
- Nous sommes heureux de publier l'article qu'on va lire, dû au professeur Bor-dier, de Lyon, en hommage d'admiration pour sa belle vie et sa grande œuvre.
- Ce qui caractérise la vie scientifique des grands hommes, pour celui qui va au fond des choses, c’est la continuité dans l’efïort vers la découverte de la vérité : leurs travaux tendent vers un but toujours le même ; les recherches qui viennent après l’amorce des premières découvertes s’enchaînent, se relient entre elles pour qui aboutit à la gloire du savant.
- C’est ainsi que Pasteur, parti de l’étude de la minéralogie, après sa découverte de l’hémiédrie de l’acide tartrique, aboutit à la bactériologie : c’est la formation des moisissures qui se développaient dans certaines solutions d’acide tartrique qui conduisit Pasteur à l’étude des infiniment petits et plus tard des microbes. Les découvertes qui furent la conséquence de ces recherches ont illustré, comme on sait, ce grand homme dans tous les domaines de l’activité humaine.
- Comme Pasteur, d’Arsonval a été guidé dans ses recherches par l’étude d’une question qui servit de point de départ initial à toutes ses découvertes : c’est l’étude des phénomènes physiques, électriques et mécaniques, dont le muscle strié est le siège. De chaque côté et autour de cet axe de direction scientifique, d’Arsonval a fait de nombreuses découvertes qui forment comme un faisceau immense au sommet duquel rayonne la gloire de l’illustre Professeur du Collège de France.
- Mais pour mener à bien l’étude qu’il se proposait de
- Fitj. 1.— M. d’Arsonval règle son 1er galvanomètre à cadre mobile (1881)
- fo rmer un tout
- faire de ces phénomènes toffe |6USwjSj^es, comme tous ceux qui ont pour siège les tïiS'fflP'et les êtres vivants, il fallait non seulement du génie, mais encore des dons spéciaux, et un apprentissage technique à toute épreuve. Cet apprentissage, d’Arsonval l’avait fait auprès d’un autre grand înaître : Claude Bernard, dont il avait été le préparateur, avant de devenir son successeur dans
- la chaire du -Collège de France. Par ses nombreuses découvertes dont nous allons donner un court résumé - d’Arsonval a été un novateur et un animateur dans nombre de questions qui paraissent parfois à première vue étrangères les unes aux autres. Mais quand on fait une revue synthétique de l’œuvre du Maître, on s’aperçoit que toutes les acquisitions qu’il fit faire à la science sont la conséquence de ses recherches initiales.
- La diversité des recherches de d’Arsonval, quoique ayant même origine, fait qu’il apparaît aux gens peu au courant de son œuvre, tantôt comme un physicien, tantôt comme un physiologiste, parfois même comme un ingénieur et même comme un médecin .pur.
- Aussi le voyons-nous successivement président de la Société d’Electrothérapie, président de la Société de Physique, de la Société des Electriciens, président de l’Académie des Sciences, président de la Société de Biologie, membre d’honneur de la Société des Ingénieurs civils..., sans compter les grandes sociétés industrielles qui ont recours à ses lumières et à sa culture générale si éloignée de la spécialisation actuellement en honneur.
- D’Arsonval a été le fondateur de la Physique biologique et de la Thérapeutique par les agents physiques : avant lui, il y a quarante ou cinquante ans, renseignement de la physique dans les facultés de médecine était un peu la réplique de celui donné aux candidats au baccalauréat ès sciences. Grâce à d’Arsonval, cet enseignement fut radicalement transformé. Des livres classiques virent le jour et je suis fier d’avoir publié en 1899 le premier traité classique de Physique biologique (x) qui
- 1. H. Bordier. Physique biologique. 1 vol., 637 pages. Collection Testut. O. Doin. Paris, 1899.'
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- Fitj. 2. — Al. d’Arsonval emmagasine les gaz liquéfiés dans ses vases à double enveloppe.
- reflétait les idées de d’Arsonval, adoptées et enseignées en particulier par Bergonié dont je m'honore d’avoir été l’élève et le préparateur de 1886 à 1895.
- Pour le développement de ses recherches, il était nécessaire que d’Arsonval créât des instruments d’une grande sensibilité, et aussi des méthodes nouvelles sans lesquels rien n’aurait pu être fait. L’appareillage inventé constitue tout un arsenal dans lequel il n’a eu ensuite qu’à puiser pour ses travaux d’électrophysiologie, de thermogénie, de ealorimétrie, et dont nous allons passer en revue les admirables résultats.
- Mare y - qui s’y connaissait — a insisté sur l’œuvre instrumentale de d’Arsonval qui est considérable. Qu’on en juge !
- Pour l’étude des phénomènes éleeti'iqües des tissus vivants et du muscle en particulier, d’Arsonval a inventé des électrodes impolar Isa blés au chlorure d’argent fondu; elles sont devenues classiques.
- Pour apprécier les courants très faibles développés dans le muscle, d’Arsonval construisit un instrument de grande sensibilité, ce qui n’existait pas avant lui. Il eut l’idée géniale de faire un galvanomètre où le circuit, au lieu d’être fixe comme dans les anciens galvanomètres, était mobile et placé dans un champ magnétique intense. Le galvanomètre à cadre mobile a constitué un progrès immense non seulement pour l’électro-physiologie, mais pour les laboratoires de physique pure et les besoins de l’industrie.
- L’appréciation de la température des tissus, superficiels ou profonds, qui ne se faisait qu’avec des thermomètres ordinaires devint, grâce aux. appareils thermo-électriques de d’Arsonval, d’une précision et d’une sensi-
- bilité inconnues jusqu’à lui : on lui doiL des aiguilles et des sondes thermo-électriques, un comparateur thermo-électrique, un thermo-galvanomètre, etc.
- Toujours inspiré par les besoins de ses recherches électro-physiologiques, d’Arsonval inventa des microphones, un téléphone — celui qui sert aujourd’hui de récepteur pour la téléphonie avec ou sans fil — un voltmètre, un coulombmètre, des piles, tout un appareillage indispensable pour l’étude des phénomènes électriques dans les tissus vivants.
- Enfin, pour arriver à connaître les secrets de la ther-mogenèse animale, d’Arsonval a été conduit à imaginer d’ingénieux calorimètres soit pour l’homme, soit pour les animaux, et de précieux thermostats qui rendent de si grands services dans les laboratoires de biologie et de bactériologie.
- Ayant ainsi élaboré toute une série d’instruments fort ingénieux, d’Arsonval était armé pour s’attaquer tout d’abord à un problème physiologique important, celui de la cause du courant électrique propre du muscle, soit pendant le fonctionnement, soit pendant le repos du muscle.
- Si le fonctionnement des tissus dégage, selon les cas, de la chaleur, de l’électricité, de la lumière on sait, depuis les découvertes de d’Arsonval, que les phénomènes de nutrition, c’est-à-dire la vie sans fonctionnement, produisent des courants électriques constants dont la transformation en énergie calorifique pourrait être la principale cause de la chaleur animale. Il faut noter en effet que les courants musculaires qu’on peut dériver dans les électrodes impolarisables ne représentent qu’une partie infime
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- des courants du muscle : ceux-ci sont fermés sur eux-mêmes en court-circuit, et dès lors, pour nous, ils ne sont plus perceptibles que sous forme de chaleur.
- Le muscle serait donc bien plus un transformateur électrique de l’énergie chimique qu’un transformateur thermique; la chose devient évidente quand on considère l’organe électrique de la torpille ou du gymnote, organe qui en réalité est un muscle modifié.
- Dans les phénomènes électriques intérieurs du muscle, la part qui revient à d’Arsonval est grande : il a découvert que si le courant d’un muscle au repos est le résultat d’actions chimiques, le courant produit pendant la période d’activité cinétique et dynamique de ce muscle est dû à une cause physique. On émettait bien des* hypothèses avant lui pour expliquer ce courant d’action du muscle, mais d’Arsonval démontra par des expériences nombreuses et par une analyse très complète des phénomènes constatés, que le courant musculaire s’expliquait très bien par des déformations de surface, et par des variations de la tension superficielle au niveau des éléments du muscle strié, conformément aux lois découvertes par Lippmann dans le monde inorganique.
- Les conditions de l’expérience de Lippmann avec eau et mercure se retrouvent dans le muscle strié, et en général dans tous les corps semi-fluides d’origine organique à surface de séparation déformable mécaniquement.
- L’est ce que d’Arsonval a réalisé avec son muscle schématique : un tube de caoutchouc est, par des disques poreux, séparé en une série de compartiments contenant du mercure surmonté d’une couché d’eau acidulée. Or, si l’on étire ce tube entre les deux mains saisissant les deux extrémités, une secousse est ressentie. La déformation mécanique a modifié la tension électrique. Bien plus, on peut transformer le courant en mouvement mécanique en attachant une des extrémités du muscle schématique au centre d’un diaphragme et en mettant les deux extrémités en rapport avec un téléphone; sous l’influence des courants du téléphone, l’appareil reproduit la parole, autrement dit, les déformations mécaniques, même faibles et rapides, modifient la tension électrique, et réciproquement, les variations de tension électrique s’accompagnent d’une déformation mécanique. Ce sont ces faits d’ordre physique qui ont permis à d’Arsonval d’expliquer l’oscillation négative dans le muscle strié.
- Il y a lieu de rapprocher de ces expériences si ingénieuses celle du muscle téléphonique de d’Arsonval : soit un muscle de grenouille avec son nerf; le nerf est excité par les courants ondulatoires venant d’un téléphone ou d’un microphone devant lequel on parle. Le tendon du muscle est attaché au centre d’une membrane sur laquelle il tire, véritable téléphone à ficelle. Par un tube acoustique on ausculte la membrane et on constate que le muscle reproduit la voix avec une netteté parfaite.
- Les investigations de d’Arsonval ont porté tout naturellement aussi sur la décharge élec-
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- trique de la torpille : ses expériences ont abouti à cette conclusion, c’est que l’organe électrique et le muscle strié fonctionnent de la même manière, c’est-à-dire par variation de la tension superficielle; mais ces variations se traduisent dans le premier cas par un courant électrique et dans le deuxième cas par du travail mécanique. Au point de vue énergétique, courant et. travail sont équivalents. Une expérience célèbre de d’Arsonval, qui confirme la justesse de son raisonnement,' est la suivante: après avoir sectionné les nerfs allant à l’organe électrique de la torpille, si on déforme mécaniquement cet organe, on obtient une décharge électrique. Les mesures de d’Arsonval ont montré que la décharge de la torpille peut fournir un courant allant jusqu’à 7 ampères sous 300 volts, soit une puissance de plus de 2000 watts.
- Disons que la théorie physique de la contraction musculaire de d’Arsonval a été pleinement confirmée, reconnue et adoptée par tous les physiologistes : ils se sont rangés à l’idée si souvent affirmée par le Maître que « le muscle n’est au fond qu’un admirable transformateur d’énergie résumant en lui les lois les plus perfectionnées de la Physique, de la Chimie et de là Mécanique ».
- Mais lès découvertes de d’Arsonval ne se sont pas arrêtées là: celles qui précèdent, et que je viens de résumer, auraient certes suffi à illustrer leur auteur ! Après avoir arraché au muscle le secret du mécanisme de ses courants électriques propres, d’Arsonval a cherché à connaître les effets de Vélectricité appliquée sur le muscle. On savait bien qu’un courant électrique est capable de mettre en jeu la réaction du muscle, mais on ignorait que l’énergie électrique provoquât une activité plus grande des transformations chimiques intra-cellulaires et par conséquent de la nutrition. Ses recherches portèrent sur les phénomènes de l’excitation du muscle, directe ou indirecte, par le courant électrique : cette excitation produit, on le sait, une réaction cinétique différente, suivant que le courant excitant est la décharge d’un condensateur ou le passage
- 3. — Vue extérieure c/c son laboratoire de Nogent-sur-Marne.
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- == 244 —........................:..v:...........:... ==
- d’un courant de pile ou le courant d’une bobine, ou enfin le courant d’un alternateur. Mais il n’y avait, dans l’étude de ces différentes manifestations mécaniques du muscle, aucun ordre, aucune clarté. Aussi, le mérite de d’Arsonval a-t-il été grand en apportant la notion de Y onde électrique et de la caractéristique d? excitation.
- D’Arsonval fut logiquement amené à faire agir sur le muscle une différence dé potentiél de forme sinusoïdale en se servant d’un courant alternatif dont il fit varier la fréquence, et dans ce but il imagina des appareils et des dispositifs tous plus ingénieux les uns que les autres.
- En augmentant progressivement la fréquence, il vit que la tétanisation du muscle a lieu jusqu’à une certaine fréquence : au-dessus de 5000 excitations par seconde, la contraction ffu muscle ne se produit plus. A mesure que la fréquence augmente, l’organisme ne réagit plus. 11 est bon de faire remarquer que cette découverte a été faite 'par d’Arsonval avant Tesla.
- Si les courants de haute fréquence n’affectent ni les nerfs moteurs ni les nerfs sensitifs, en revanche ils activent la nutrition : l’élimination de l’acide carbonique est augmentée dans de grandes proportions et en même temps une grande quantité de chaleur se produit qui ne tarde pas à amener une transpiration plus ou moins abondante. Alors que ces courants avec la même tension et la même intensité auraient des effets foudroyants si la fréquence était abaissée, ils deviennent au contraire inoffensifs et restent même ignorés du sujet qui est traversé par eux.
- Comme d’Arsonval l’a fait remarquer au moment de sa découverte en 1892, il en est pour les vibrations électriques comme pour les vibrations lumineuses ou sonores : en deçà ou au delà de certaines limites, le nerf optique et le nerf acoustique ne sont plus impressionnés.
- Pour atteindre un nombre plus considérable encore d’alternances, d’Arsonval utilisa les ondes provenant de la décharge oscillante d’un condensateur, ce qui lui permit ainsi d’obtenir des fréquences de plusieurs millions à la seconde.
- Une des applications de la découverte des courants de haute fréquence mérite d’être rappelée; elle suivit de près celle d’un autre physicien-médecin, le professeur Brandy. Je veux parler de la production des ondes utilisées en radio-télégraphie et radio-téléphonie. Lorsque le poste d’émission par T. S. F. de la tour Eiffel fut créé, il suffit de prendre le matériel de d’Arsonval tel quel chez le constructeur et de l’apporter au poste d’émission. Sans doute, d’Arsonval n’a rien fourni en ce qui concerne la réception des ondes en dehors du principe du ticker, mais le matériel d’émission est son œuvre. Les sans-filistes doivent - et ils le savent bien — une grande reconnaissance aux physiciens Hertz et Branly, mais ils en doivent une égale à d’Arsonval.
- Les courants de haute fréquence étaient au début composés de trains d’ondes amorties : d’Arsonval eut l’idée de rapprocher les électrodes de l’éclateur, ce qui permit d’obtenir des ondes peu amorties; elles deviennent entretenues, c’est-à-dire d’amplitude constante, si l’on emploie une lampe à trois électrodes pour constituer le circuit oscillant.
- Parmi les propriétés remarquables des courants de haute fréquence, nous citerons la suivante : si l’on place un sujet dans l’axe d’un grand solénoïde, il se crée un courant qui prend naissance dans ses propres tissus.
- Les effets physiologiques et thérapeutiques de ces courants sont des plus intéressants : avec des ondes peu amorties, la chaleur dégagée dans les tissus traversés peut devenir tellement intense que d’Arsonval a vu se produire l’amputation des pattes d’un lapin dont les membres antérieurs et postérieurs plongeaient dans deux cuves reliées à l’appareil de haute fréquence. De mon côté, j’ai pu dès 1901 (x) produire en quelques minutes par hyperthermie, la mort de divers animaux auxquels le courant arrivait par deux électrodes appliquées aux extrémités du tube digestif.
- L’application des courants de haute fréquence dans un but thérapeutique a été appelée avec raison la d’Arsonvalisation-. L’intensité de ces courants est indiquée au moyen d’un milliampèremètre thermique placé dans le circuit d’utilisation, mais la quantité de chaleur qui prend naissance dans les tissus n’est pas en rapport avec l’intensité lue sur le milliampèremètre. D’Arsonval a montré, par des expériences récentes, que si l’on fait passer le courant dans de l’eau distillée très pure rendue de plus en plus riche en sel marin, réchauffement va en augmentant d’abord jusqu’à un certain maximum, puis en diminuant progressivement. Or, d’après la loi de Joule, cet échauffement déviait être d’autant plus grand que la résistance du milieu traversé est elle-même plus grande, à intensité égale. Les applications des courants de haute fréquence en thérapeutique ne peuvent donc pas être guidées par les indications du milliampèremètre : il faudrait pouvoir mesurer en calories la quantité de chaleur développée dans les tissus. Cette question est à l’ordre du jour des physiologistes et des électrothérapeutes.
- Lorsque les courants de haute fréquence sont produits par des ondes peu amorties ou par des ondes entretenues, leur emploi est connu sous le nom de diathermie qui signifie « chaleur pénétrante »; le terme de d’Arsonvalisation diathermique, que j’ai proposé, est plus exact. La * puissance de la diathermie a donné naissance à une branche des plus fécondes et des plus importantes de la thérapeutique, aussi bien en médecine qu’en chirurgie. V. C’est grâce au génie de d’Arsonval que de nombreuses guérisons de malades traités dans le monde entier par la diathermie ou la diathermo-coagulation sont obtenues journellement, qu’il s’agisse du cancer cutané, des lupus, etc... ou qu’il s’agisse des nombreux états pathologiques où la diathermo-thérapie se montre supérieure aux autres méthodes thérapeutiques. Les applications de la découverte de d’Arsonval viennent récemment de se développer encore dans le domaine de la chirurgie : en utilisant le courant de diathermie à ondes entretenues, on a reconnu qu’une simple aiguille servant d’électrode active pouvait couper les tissus aussi bien, sinon mieux, qù’un bistouri ordinaire. Aussi a-t-on donné à cette aiguille, ainsi actionnée, le nom de « bistouri électrique ».
- 1. C. R. de l’Acad. des Sciences, décembre 1901, p. 1295.
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- Toujours dans le domaine de l’excitation électrique du muscle, d’Arsonval a fait d’autres découvertes qu’il est intéressant de rappeler ici; il inventa un chronomètre électrique permettant de mesurer la vitesse de l'excitation indirecte à travers le nerf. Il put ainsi mesurer la durée de l'excitation des muscles ou des nerfs après la mort. Il arriva ensuite à étudier le mécanisme de la mort par l’électricité industrielle : dès sa première communication, il avait vu juste. Comme il le disait, il y a deux façons de périr par la foudre — céleste ou industrielle — 1° par désorganisation des tissus, 2° par action réflexe ou inhibition : dans le premier cas la mort par action directe est définitive, il n’y a rien à faire ; dans le deuxième cas, on peut tenter de ressusciter les électrocutés, et le succès justifie souvent ces tentatives. On a pu sauver, et on sauve tous les jours, nombre de vies humaines « en traitant un foudroyé ou un électrocuté comme un noyé », ainsi que d’Arsonval l’a dit le premier. On voit ici combien l’humanité doit de reconnaissance à ce grand homme.
- L’activité de d’Arsonval s’est exercée dans des domaines se rattachant toujours à ses recherches initiales : il a cherché en particulier à mettre en évidence les modifications produites dans la thermogenèse animale par l’action des courants de haute fréquence, et pour cela il a été amené à inventer des calorimètres très ingénieux soit pour les animaux, soit pour l’homme. Dans ce chapitre encore de la physique biologique, il a créé des méthodes et des techniques précises. La calorimétrie peut seule permettre de connaître les quantités de chaleur produites par un fébricitant et de pénétrer plus avant dans la connaissance du mécanisme de la thermogenèse pathologique. Ce n’est pas en effet la prise de la température d’un malade pendant la? période fébrile qui peut renseigner sur les phénomènes de thermogenèse : un malade peut avoir une température soit cutanée, soit centrale plus
- Fig. 5. — Le champ de haute fréquence induit, à distance, dans le circuit formé par les bras du sujet, un courant non senti qui allume une lampe placée entre ses mains (auto-conduction.)
- Fig. 4. — Le courant de haute fréquence allume une lampe tenue entre 2 sujets.
- élevée que celle d’un autre fébricitant, sans pour cela produire une quantité de chaleur, évaluée en calories, plus grande que chez l’autre. Quoi qu’il en soit, en calorimétrie comme en toute autre chose, d’Arsonval s’est montré d’une ingéniosité rare : il a rendu là aussi d’immenses services à la physiologie en donnant la solution de problèmes jusqu’à lui irrésolus : il a pu montrer, grâce à son calorimètre enregistreur, quelle est l’influence de la taille, du poids, de l’état de la peau, de la pression, de la lumière, de l’état de digestion, du rayonnement, de l’état fébrile. Il a fourni des renseignements précieux sur la topographie calorifique et sur bien d’autres problèmes de la physique et de la biologie. Dans ce même ordre d’idées, d’Arsonval a étudié Y action des basses températures sur le muscle et les tissus vivants en employant comme source de réfrigération l’air liquide, qu’il fabriquait lui-même dans son laboratoire.
- Pour conserver l’air liquide dont il avait besoin pour ses expériences, d’Arsonval inventa la bouteille à double paroi qu’on a appelée depuis la bouteille « Thermos ». Dans sa communication à la Société de Biologie faite en 1888, d’Arsonval s’exprime ainsi : « Cette bouteille se compose de deux vases en verre entrant l’un dans l’autre et soudés de façon à former un vase unique : la cavité intérieure constitue le réservoir proprement dit ; dans l’espace annulaire on a fait le vide à sec. »
- C’est donc à tort qu’on attribue quelquefois la paternité du « Thermos » à J. Dewar; celui-ci s’est borné, 5 ans plus tard, en 1893, à argenter par un dépôt de vapeur de mercure la surface extérieure du récipient interne.
- Les nombreuses conférences et démonstrations que fit d’Arsonval sur l’air liquide et ses applications ont provoqué nombre de vocations. Par extension, l’industrie du froid artificiel doit beaucoup à d’Arsonval qui a été l’un des fondateurs de « l’Institut international du froid »; grâce à lui, justice fut enfin rendue à ce grand inventeur français si longtemps méconnu : Charles Tellier.
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- La somme d’inventions et de découvertes que l’on doit «à d’Arsonval est. on le voit, considérable. Chemin faisant, il a été comme je l’ai montré, tout naturellement conduit à fonder la thérapeutique par les agents physiques à laquelle ses méthodes, ses techniques et ses résultats ont servi de hase. Il a eu la satisfaction de voir justifiée la prédiction qu’il avait faite il y a longtemps (1881) quand il a dit : « Je suis persuadé que la thérapeutique de l’avenir emploiera comme moyens curatifs les modificateurs physiques (chaleur, lumière, électricité et autres agents encore inconnus). Le moyen barbare, qui, sous prétexte de nous guérir, consiste à nous empoisonner avec les drogues les plus vénéneuses de la chimie, devra céder la place à des agents physiques dont l’emploi a au moins l’avantage de n’introduire aucun corps étranger dans l’organisme. »
- Toujours dans le domaine de la pratique médicale, d’Arsonval a jeté les bases, en collaboration, avec Brown-Séquard, d’une autre thérapeutique non moins féconde que celle par les agents physiques; je veux parler de la thérapeutique par les sécrétions internes. Voici, en effet, ce qu’ils disaient en avril 1891 à la Société de Biologie : « La question s’est donc élargie et maintenant nous croyons que tous les tissus, glandulaires ou non, donnent quelque chose de spécial au sang, que tout acte de nutrition s’accompagne d’une sécrétion interne. Nous croyons en conséquence que tous les tissds pourront et devront être employés dans des cas spéciaux comme mode de traitement ; qu’il y a en un mot à créer une thérapeutique nouvelle dont les médicaments seront des produits fabriqués par les différents tissus de l’organisme; que toutes les cellules d.’un organisme sont rendues ainsi solidaires les unes des autres par un mécanisme autre que le système nerveux. » Cette idée émise il y a
- quarante ans est devenue aujourd’hui une vérité scientifiquement démontrée.
- L’œuvre de l’illustre professeur du Collège de France, quoique immense, ne tient pas tout entière dans ses productions scientifiques : son influence morale et intellectuelle a été très grande et en même temps bienfaisante. A son école se sont formés des élèves devenus à leur tour des maîtres, parmi lesquels je citerai son disciple préféré, Georges Claude : le génial inventeur a voué au maître un culte touchant dont on a pu lire souvent les manifestations dans ses sensationnelles publications. Rappelons que c’est à d’Arsonval — ainsi que l’a proclamé Georges Claude lui-même — qu’est due l’idée d’utiliser la tension de vapeur de l’eau prise à deux températures différentes pour produire la rotation de turbines : les expériences de Georges Claude et Paul Boucherot sur Y énergie thermique des mers, et qu’ils viennent de réussir en grand avec le succès que l’on sait, sont en définitive dues aux suggestions de d’Arsonval.
- Les découvertes, les inventions, les succès qui ont conduit ce grand homme à la gloire l’ont laissé indulgent et'accueillant : nul n’est plus modeste. « Autant il a de puissance d’intelligence, autant il a de grâce d’humeur et de caractère », a dit un de ses panégyristes, H. de Varigny. Le caractère et la qualité d’âme à la hauteur d’une grande intelligence, cela est rare!
- Toùs ceux qui connaissent le Maître peuvent répéter le mot que lui adressait Bergonié à l’occasion de sa promotion à la dignité de Grand Officier de la Légion d’honneur : « Quel brave homme vous êtes, et que nous vous
- aimons. »
- Pr H. Bord 1er,
- Membre correspondant de l’Académie de Médecine.
- = LES AUTOMOBILES LÉGÈRES RENAULT =
- DU RÉSEAU DE L’ÉTAT
- Le voyageur qui consulte, dans l’indicateur des chemins de fer, le tableau des relations entre Caen et Laval (Q, y lit depuis le 1er janvier 1931, le renseignement suivant : train automoteur à nombre de places strictement limité ; Caen, 18 h. 20; Laval, 21 h. 27; ce qui correspond, pour la distance de 157 km qui sépare ces. deux villes, à une vitesse moyenne de 50 km-h environ.
- Le même parcours, effectué par les trains omnibus à vapeur, demande au moins deux heures de plus.
- Des indications analogues sont, depuis peu, fournies également par l’indicateur pour les relations entre Vitré et Pontorson (78 km), entre Alençon et la Ferté-Macé (61 km), entre Bagnoles-de-l’Orne et Briouzes.
- Ne nous attardons pas à discuter la propriété de l’expression : train automoteur, et examinons plutôt à quoi elle se rapporte.
- Il s’agit d’une voiture automotrice légère, sorte d’autocar sur voie ferrée, construite par les usines Renault, 1. Réseau de l’État.
- et mise en service en 1931 par le Réseau de l’Etat, après des essais approfondis.
- Cette voiture, établie pour circuler dans un seul sens de marche sur voie normale, peut transporter de 35 à 40 voyageurs assis, suivant le type de carrosserie, à la vitesse maxima en palier de 90 km à l’heure.
- Le châssis, d’une construction très rigide, jrepose sur deux essieux, dont l’un seulement, l’essieu arrière, est moteur, par l’intermédiaire d’une suspension analogue à celle des véhicules de chemins de fer ; il porte des butoirs, composés de lames de ressorts, qui font office de tampons. L’automotrice se déplaçant toujours isolément, ne possède aucun organe de traction ni d’accouplement (Q.
- Les essieux sont construits suivant la pratique des chemins de fer; ils sont munis de boîtes à rouleaux système S. K. F.
- Le châssis peut être équipé soit avec un moteur à
- 1. Toutefois, en cas d’avarie, il est possible de fixer un'dispositif de remorquage à la traverse avant ou arrière du châssis.
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- essence, soit avec un moteur à huile lourde, récemment mis au point par les usines Renault.
- Le bloc-moteur repose sur un berceau indépendant, lui-même fixé au châssis principal. Grâce à cette disposition, le remplacement, en cas d’avarie, du berceau moteur par un nouveau berceau, peut se faire dans un délai très court. Le tableau ci-dessous précise quelques caractéristiques numériques de l’automotrice :
- Longueur du châssis (non compris les pare-
- chocs).................................. . 8 m 720
- Longueur de la carrosserie........; . . 8 m 430
- Hauteur au-dessus du rail........... 3 m 160
- Empattement............................. 4 m 500
- Diamètre des roues au roulement......... 0 m. 800
- Poids à vide, environ.................... 9 tonnes
- Poids en charge, environ................ 12 tonnes
- Le moteur à huile lourde est à six cylindres de 115 X 170, et du type à quatre temps; sa vitesse est comprise entre 1200 et 1500 tours-minute; sa puissance nominale est de 70 ch à 1200 t-m; sa puissance en pointe est de 90 ch. Les moteurs à huile lourde remplaceront progressivement les moteurs à essence sur les automotrices de l’Etat. L’embrayage est du type à disques; le changement de vitesse comporte quatre vitesses et une marche arrière.
- L’arbre de transmission qui relie la boîte de vitesses à l’essieu moteur comporte des joints flexibles.
- L’automotrice est munie de trois dispositifs d’arrêt :
- 1° Un frein à main, à commande par manivelle, agissant sur chaque roue;
- 2° Un frein à pied, conjugué avec le frein à main, et dont la timonerie est commandée par un servo-frein
- Fig. 1 (en haut à gauche). — Vue extérieure; l’avant de la voiture est du côté gauche de la photographie; de gauche à droite, on aperçoit sous
- le châssis : le coffre à bagages, les sablières, le réservoir d’essence. -
- Fig. 2 (à droite). — Châssis monté; on aperçoit les organes du poste de conduite, l'arbre de transmission, les ressorts de suspension,
- les boîtes à rouleaux S. K. F.
- Fig. 3 (en basé gauche). — Compartiment des voyageurs, vu du poste de conduite; au premier plan, les places de première classe. Fig. 4 (à droite). — Poste de conduite-, on aperçoit le pylône, le tableau électrique et l'indicateur de vitesse.
- Le moteur à essence est à six cylindres de 110 X 160 en ligne (cylindrée totale : 9 1,060), et du type à quatre temps. Ses conditions de marche sont les suivantes, lorsqu’il est réglé à 1800 tours-minute, vitesse à laquelle sa puissance est de 90 ch.
- Vitesse à l’heure Rampe limite lre vitesse 15 km 700 140 mm
- 2e » 30 km 700 80 mm
- 3e » 50 km 000 30 mm
- 4e » 80 km 000 9 mm
- mécanique, d’un modèle en usage sur les autocars;
- 3° Un frein à main, ^ ecramande par levier, agissant sur la transmission,,et gervfmt de frein de secours.
- Les trains tenant leur gauche sur les réseaux français (x), le poste de conduite se ihouve à l’avant et à gauche de l’automotrice; il est séparé du compartiment des voyageurs par des panneaux vitrés.
- Il comprend un pylône sur lequel sont groupés les manettes d’air et de gaz et le levier de commande des 1. Sauf sur le réseau d’Alsace et de Lorraine.
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- sablières, et dans lequel passe la vis du frein à main, commandée par une manivelle à sa partie supérieure. Derrière le pylône se trouve un siège pour le conducteur; à droite, le levier de commande du changement de vitesse et les pédales du servo-frein et de l’accélérateur; à gauche la pédale de débrayage, et le bouton de commande du sifflet électrique.
- L’énergie nécessaire à l’appareillage électrique est fournie par une dynamo (tension 24/30 volts), commandée par le moteur; le courant produit charge une batterie d’accumulateurs (capacité 120 A-H sous 6 volts) placée dans un des coffres à bagages.
- Le tableau commandant les appareils électriques, placé dans le poste de conduite, comprend : les fusibles des différentes lignes; une prise de courant pour baladeuse; un interrupteur de l’allumage par batterie ; un .bouton de lancement; un ampèremètre; les interrupteurs pour les lanternes et les feux de position; enfin, un interrupteur général.
- Le chauffage de l’automotrice est assuré par une circulation d’air chaud dont la prise est placée derrière le ventilateur de refroidissement du radiateur; l’air est réchauffé dans une double enveloppe du silencieux et envoyé par des bouches dans le compartiment des voyageurs.
- La carrosserie a été traitée suivant les conceptions en usage dans la construction automobile. Toutes les places (douze de première classe, vingt-quatre de deuxième classe) y sont orientées « face à la route ». Les sièges sont garnis de drap pour la première classe, de simili-cuir pour la deuxième. Outre les filets disposés à l’intérieur de la voiture, de larges coffres sont prévus sous le châssis pour recevoir les bagages à main des voyageurs.
- Le signal d’alarme est constitué par une sonnette électrique. A l’avant et à droite de la voiture, séparé
- seulement par le moteur du poste de conduite, se tro\ive l’emplacement réservé à l’agent, du service de l’exploitation qui accompagne chaque train; une porte le fait communiquer avec le compartiment des voyageurs. L’automotrice Renault atteint en moins de 1500 m en palier, la vitesse de 80 à 90 km-h; elle peut gravir les rampes jusqu’à 10 pour 1000 à la vitesse de 75 km-h. Lancée à 75 km-h, sur une déclivité de 4 pour 1000, elle peut exécuter un arrêt d’urgence sur une longueur de 105 .in.
- La consommation de l’automotrice, équipée avec moteur à essence, est de 35 à 40 litres d’essence et de 1 litre d’huile aux 100 km. Les essais du nouveau moteur Diesel Renault auraient établi que sa dépense est seulement le cinquième de la dépense avec moteur à essence.
- A cet égard, il est intéressant de noter que l’automotrice, se déplaçant sur la voie ferrée, n’est pas astreinte, comme un véhicule quelconque sur la route, à des ralentissements et à des accélérations fréquents et intempestifs, provoqués par les embarras de la circulation; cette particularité ne peut être que favorable à une réduction de la consommation.
- En mettant en service les automotrices légères dont on vient de lire la description, le réseau de l’Etat s’est proposé d’établir :
- d’une part, de nouvelles relations rapides, entre des centres commerciaux importants, à des heures favorables aux affaires;
- d’autre part, des correspondances immédiates à certains rapides, sur des centres d’affaires, des centres touristiques et des stations balnéaires.
- Les trois exemples que nous avons fournis au début de cet article, constituent le début de cet intéressant programme.
- Devant les résultats obtenus, on ne peut qu’en souhaiter le rapide développement. Pu. T.
- . LE FILMCOLOR LUMIERE
- LA PHOTOGRAPHIE EN COULEURS SUR PELLICULE
- Depuis l’invention de la plaque autochrome par MM. Auguste et Louis Lumière, en 1904, aucun progrès notable n’avait été enregistré dans le domaine dé la” photochromie; presque toutes les fabrications basées sur la réalisation, par d’autres moyens, de la mosaïque ou de la trame trichrome propre à la photographie des couleurs par juxtaposition d’éléments colorés ont dû en effet être abandonnées, aucune n’ayant pu atteindre une qualité équivalente à celle de l’Autochrome, ni même permis d’obtenir des résultats constants.'
- La Société Lumière qui, depuis de longues années, se livre à de minutieuses recher^fies en vue d’améliorer les conditions de fabrication des mosaïques trichromes, vient de réaliser un progrès qu’il n’est pas exagéré de qualifier de considérable, eu égard aux conséquences qui en découlent : elle est parvenue à établir sur film sa mosaïque d’éléments colorés qui, jusqu’à ce jour, n’avait
- pu être obtenue que sur du verre, c’est-à-dire sur une matière dure, capable de résister aux très fortes pressions qui étaient nécessaires pour laminer les grains.
- LA CONSTITUTION DU FILMCOLOR
- La nouvelle préparation, qui est désignée sous le nom de de Filmcolor Lumière est établie sur un support de celluloïd recouvert, au recto, d’une couche de gélatine destinée à équilibrer l’action des strates déposées sur l’autre face, et qui reçoit, au verso, un vernis poisseux capable de fixer, par simple adhérence, une couche de grains colorés.
- Les frères Lumière ont conservé, pour constituer la mosaïque du Filmcolor, les grains de fécule. Ceux-ci présentent, pour cette application spéciale, des qualités qui ne se retrouvent dans aucune autre substance; on se l’explique d’ailleürs très bien lorsque l’on constate, en les examinant au microscope, qu’ils consistent en
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- minuscules ovoïdes à la fois transparents et perméables aux matières colorantes. La fécule destinée à la fabrication de la mosaïque trichrome est d’abord tamisée, de façon à éliminer les grains qui auraient un diamètre supérieur à 0 mm, 015 ; elle est ensuite divisée en trois lots qui sont respectivement teints en rouge orangé, en bleu violet et en vert, puis mélangés aussi intimement que possible. On a ainsi une poussière grisâtre que des machines spéciales étendent sur le vernis poisseux; un violent courant d’air emportant les grains qui ne seraient pas fixés par celui-ci, on obtient, sur le film, une couche d’éléments colorés juxtaposés.
- Les interstices subsistant entre les grains de fécule sont obturés par une poussière impalpable de charbon végétal qui se fixe en tous les points où le vernis est resté à découvert, puis la bande de celluloïd est soumise à l’action de cylindres qui laminent les grains et les écrasent sur le support. La mosaïque trichrome ainsi obtenue (fig. 1) est constituée par des éléments colorés juxtaposés, de forme polygonale plus ou moins irrégulière. Elle est recouverte d’un vernis incolore imperméable destiné à la protéger.
- Enfin, une émulsion panchromatique est coulée sur le tout.
- En coupe (fig. 2), le Filmcolor se présente sous une épaisseur totale de 0 mm 27 ; les épaisseurs respectives de la mosaïque trichrome, du vernis protecteur et de l’émulsion étant de l’ordre de 0 mm 01. Ces mesures concernent le Filmcolor en feuilles coupées aux dimensions des plaques qui, pour l’instant, est seul dans le commerce; le Filmcolor en bobines aura un support plus mince encore.
- LE MÉCANISME DE L’IMPRESSION DU FILMCOLOR LUMIÈRE
- Voyons maintenant comment se comporte le Filmcolor lorsqu’il est soumis à l’action de la lumière dans les conditions prévues pour l’emploi, c’est-à-dire de façon telle que les rayons traversent la mosaïque trichrome avant d’atteindre l’émulsion.
- S’il s’agit de rayons d’une couleur primaire, verte par exemple, le gélatino-bromure n’est impressionné que derrière les grains de fécule de même couleur ; au développement, le bromure d’argent sera réduit aux points correspondants (fig. 3) ; en soumettant le Filmcolor à l’action d’une substance capable de dissoudre l’argent réduit, on démasquera les grains verts (fig. 4). Observé par transparence, le film montrera la couleur verte.
- Fig. 2 —- Coupe schématique du Filmcolor Lumière.
- -T.,^...... i., AEmulsion au
- afin o-bromure 1fvernis isolant _> "iGrains colorés — ''Enduit poisseux
- MIIBSWS
- f'Celluloïd
- Fig. 1. •— Mosaïque Irichrome du Filmcolor Lumière.
- Si la lumière frappant le Filmcolor est composée de plusieurs couleurs primaires, elle traverse les grains dont la coloration correspond à celles-ci; si, par exemple, elle est jaune, elle impressionne le gélatino-bromure en arrière des grains rouges et verts. L’impression, derrière chacun des groupes colorés, est proportionnelle à la teneur de la lumière considérée en radiations de la couleur primaire correspondante.
- La mosaïque trichrome qui, lors de la prise de vue, analyse les radiations, permet ensuite de reconstituer les couleurs par synthèse et quand nous disons : les couleurs, nous entendons l’infinie variété des coloris que l’on rencontre dans la nature.
- Ceci suppose que la sensibilité de l’émulsion du Filmcolor est, pour toute l’étendue du spectre, proportionnelle à celle que l’œil humain présente pour les diverses couleurs. C’est là une caractéristique qui ne se rencontre dans aucune émulsion : celles-ci conservent, même lorsqu’elles sont panchromatiques, un excès de sensibilité au bleu et au violet. La correction nécessaire est obtenue très facilement : il suffit d’interposer, sur le trajet des rayons lumineux, un filtre coloré capable de restreindre l’admission de ces radiations; pratiquement, ce filtre se place sur l’objectif de l’appareil.
- MODE D’EMPLOI
- ET DÉVELOPPEMENT DU FILMCOLOR LUMIÈRE
- Le Filmcolor en feuilles s’emploie dans les appareils à plaques; il se met dans des porte-film en tôle vernie, à feuillure étroite, que l’on introduit ensuite comme des plaques ordinaires dans les châssis; dans les porte-plaque des magasins à tiroir, on utilise, au lieu de porte-film, des plaquettes métalliques sans feuillure qui ont l’avantage de ne produire aucun décalage du plan de la surface sensible.
- On peut procéder au chargement, soit à la lumière verte d’une lanterne munie de papiers Virida, soit, ce qui vaut mieux encore, dans l’obscurité complète. A cet effet, chacun des Filmcolor est enveloppé dans une feuille de papier inactinique pliée en deux et portant, sur la face qui correspond au verso du film, une grande flèche qui
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- montre à la fois le côté à mettre au-dessus et l’extrémité à engager la première dans le porte-film; lorsqu’il charge dans l’obscurité, l’opérateur est renseigné par le toucher : un gaufrage, imprimé sur celle des extrémités libres de l’enveloppe qui doit venir au-dessus renseigne l’opérateur par le toucher.
- Bien entendu, le Filmcolor en bobines se chargera en plein jour sans aucune précaution spéciale, absolument comme s’il s’agissait de film ordinaire.
- Le Filmcolor exige des poses relativement longues qui, dans la plupart des cas, atteignent quelques secondes; il ne résulte de cette particularité aucune difficulté spéciale : il suffit de disposer l’appareil sur un pied, accessoire que tout amateur digne de ce nom doit d’ailleurs considérer comme indispensable, même pour la photographie en noir.
- Le développement du Filmcolor se fait dans un révélateur spécial à la métoquinone composé de telle façon qu’il suffit, pour mener l’opération à bonne fin, de lui assigner une durée totale égale au décuple du temps nécessaire à l’apparition des premiers contours. La conduite du développement, qui se fait à la lumière filtrée par des papiers Virida, est grandement facilitée si l’on a eu soin de procéder auparavant à une désensibilisation (1),
- Fig. 4. — Filmcolor Lumière après l’inversion.
- manipulation qui ne demande guère plus de 40 secondes et permet de travailler sans le moindre risque de voile à une lumières beaucoup plus vive. l
- Après, le développement, le Filmcolor est rincé rapidement, puis plongé dans un bain inverseur au permanganate de potassium acide ou mieux aux sels de péroxyde de cérium. Dès qu’il est dans ce bain où se dissout l’argent réduit au cours du développement, le Filmcolor peut être exposé à la lumière du jour. L’inversion est terminée lorsque "l’image positive se laisse voir d’une façon, complète, avec; toutes ses couleurs, sans qu’aucune grisaille subsiste dans les parties les plus claires. On élimine l’inverseur par un lavage sommaire, puis on remet, en pleine lumière, le Filmcolor dans le révélateur et l’y laisse jusqu’à ce que tout, le bromure d’argent restant ait été réduit. Il suffit ensuite de laver durant 2 minutes sous le’ robinet et de laisser sécher.
- Les opérations sont au moins aussi faciles que celles de la photographie ordinaire et demandent beaucoup moins de temps : un Filmcolor peut être terminé, séché et même encadré moins de 15 minutes après la prise de vue.
- 1. Voir La Nafure du 1er Juillet 1930, page 14.
- Fig. 3. — Filmcolor Lumière après le développement.
- L’EXAMEN DES PHOTOCHROMIES SUR FILMCOLOR LUMIÈRE
- De même que celles sur autochromes, les photochromies sur Filmcolor ne peuvent être examinées que par transparence. Ce n’est pas un inconvénient pour les amateurs toujours plus nombreux qui pratiquent la stéréo-scopie, puisque ceux-ci ont aujourd’hui presque tous adopté la plaque diapositive pour la confection des stéréogrammes, même lorsqu’ils font les négatifs sur film ; mais les amateurs qui ne collectionnent que les vues sur papier, destinées à être regardées par réflexion peuvent en éprouver quelque gêne. Afin de permettre à chacun de s’intéresser au Filmcolor, la Société Lumière a fait établir des cadres, extrêmement légers et réduits et pourvus d’un réflecteur, qui rendront l’examen très facile et très agréable dans tous les cas. Ajoutons que le Filmcolor se prête très bien à la projection, mode de présentation incomparablement supérieur à tout autre et que les lampes électriques à faible voltage et forte intensité ont mis à la portée de tout le monde.
- La substitution du celluloïd au verre habituel aura, avons-nous dit, des conséquences particulièrement intéressantes.
- Tout d’abord, elle permet d’éviter à coup sûr les fâcheux points verts qui se produisent si facilement avec les autochromes; on sait que ces points, ces taches plutôt, sont la conséquence de perforations du vernis qui protège la mosaïque, par de minuscules particules de verre provenant de la coupe de la plaque : les grains de fécule verts, les seuls dont le colorant soit très soluble dans l’eau, en abandonnent une partie qui s’étale à l’entour.
- Fig. 5. — Filmcolor après réduction du bromure d’argent résiduel.
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- Il est nécessaire, pour voir le relief des stéréogrammes, de transposer les deux images du couple, autrement dit de les l'aire permuter. Cette opération qui, pour les diapositives monochromes, se fait lors du tirage, à l’aide d’un châssis spécial, exige avec la plaque autochrome ou avec le Filrncolor la coupe du cliché positif obtenu directement, mais alors que la première oblige à employer le diamant de vitrier, le second peut être coupé simplement au moyen de ciseaux.
- LA DUPLICATION DES IMAGES
- Le Filrncolor rend très facile une manipulation qui, avec l’autochrome est délicate : la duplication des images ; la faible épaisseur du Filrncolor permet en effet de faire des tirages par contact, au châssis-presse. Bien entendu, cette opération doit être pratiquée au laboratoire obscur, à une lumière de composition spectrale convenable; le moyen le plus simple consiste à utiliser une lampe électrique demi-watt et à placer un filtre coloré spécial sur le châssis-presse.
- Les essais que nous avons pu faire sur le Filrncolor
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- nous ont permis de constater que la netteté'des duplicata tirés de cette façon est très satisfaisante. On peut envisager, pour les photochromies destinées à être multipliées, un traitement différent de celui auquel on a recours d’ordinaire : on peut, après développement, dissoudre le bromure d’argent résiduel dans un bain d’hyposulfite de sodium et utiliser le négatif ainsi obtenu au tirage d’épreuves qui seront traitées de la même façon.
- Le Filrncolor se prête à l’hypersensibilisation, procédé qui, par trempage préalable dans une solution spéciale, permet de décupler la sensibilité, d’aborder par conséquent la photochromie instantanée; mais c’est là un autre sujet dont nous nous proposons d’ailleurs d’entretenir quelque jour nos lecteurs.
- C’est avec une vive satisfaction que nous constatons l’avance considérable prise par l’industrie française dans le domaine de la photochromie, et nous sommes heureux de rendre une fois de plus hommage à la science et à l’habileté des frères Lumière, qui ont su réussir là où tant d’autres ont échoué.
- André Bourgain.
- . HARICOTS SECS -.'. ~
- DANS UNE BELLE ROBE VERTE
- Qu’elle soit somptueuse ou modeste, c’est toujours avec joie que l’on voit apparaître sur la table le gigot saignant qui fait les délices de tous. Mais, cependant, ce serait une cruelle déception pour les convives si l’on ne servait, en même temps, son accompagnement obligé, le plat de haricots succulents et savoureux, parfumés avec la sauce du gigot et sans lesquels celui-ci ne saurait être complètement apprécié.
- Mais, de même, — si l’on en croit Molière, — qu’il y a fagots et fagots, de même y a-t-il plusieurs sortes de haricots, et celui qui convient tout particulièrement pour accompagner le gigot, c’est ce haricot vert, quoique sec, que Brillat-Savarin eût certainement chanté s’il avait existé à l’époque où il écrivit sa Physiologie du Goût.
- Si cette légumineuse est cultivée, sans doute, depuis un temps immémorial, car il en est fait mention depuis nombre de siècles, le haricot de couleur verte, bien que sec, n’est connu que depuis un peu plus de cinquante ans. Il porta tout d’abord le nom de « Haricot Chevrier», du, nom d’un cultivateur de Brétigny-sur-Orge, Gabriel Chevrier (1824-1894) qui l’obtint le premier. D’autres variétés plus productives, et notamment le Roi des verts hâtif et le Bagnolet vert, ont conquis depuis la faveur du marché, mais le Haricot Chevrier n’en reste pas moins le premier connu et le plus célèbre.
- Brétigny-sur-Orge faisant partie du canton d’Arpajon où, de tout temps, se tint un marché important, c’est là que Gabriel Chevrier vendit les premiers haricots qu’il obtint, par un procédé qu’il gardait secret, tout d’abord à un sou le haricot, puis à cinq sous la cuillerée. Aujourd’hui encore, et bien que ces haricots soient fort répandus,
- leur prix est généralement plus élevé que celui des autres variétés.
- Fig. 1. — Porlrail de Gabriel Chevrier (1824-1894), créateur du haricot qui porte son nom. (Photographie Bougerol, Arpajon.)
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- Fig. 2-. — Semis des haricots au semoir spécial.
- Fig. 3. — Sarclage des haricots à la houe à cheval ou bineuse.
- LA CULTURE DU HARICOT CHEVRIER
- Nous ne décrirons pas par le détail leur mode de culture, mais nous nous proposons simplement d’en donner une idée.
- Ces haricots, pour bien réussir, demandent une bonne terre franche, fraîche, mais non humide. Il nous souvient, à ce sujet, d’une mésaventure arrivée à un cultivateur de l’Yonne qui, ayant voulu les cultiver dans la vallée de l’Armançon, en un terrain plutôt humide, se vit obligé, au moment de la récolte, de faucher cette légumineuse et de la donner comme fourrage à ses bestiaux. Les tiges de haricots, dans ce sol, avaient poussé à l’excès et s’étaient enchevêtrées à tel point qu’il était impossible de reconnaître les pieds. Ceci montre bien que tous les terrains ne conviennent pas à cette culture.
- Ces haricots sont généralement semés sur une terre-ayant porté du blé ou de l’avoine l’année précédente,
- déchaumée, soigneusement travaillée et copieusement fumée avec fumier de ferme et addition d’engrais phosphatés et potassiques, et léger appoint d’engrais azotés.
- La terre ayant été hersée et roulée au préalable, généralement en avril, les semis commencent vers le 10 mai dans la région de Paris. Us se font maintenant partout au semoir mécanique, dont l’emploi date d’environ un demi-siècle, en lignes espacées généralement de 50 cm., avec un intervalle de 35 à 40 cm entre les pieds, à raison de 7 à 8 haricots par pied.
- Le semoir à haricots, traîné par un cheval conduit par un aide, est dirigé au moyen de deux mancherons. Il comprend essentiellement une trémie fermée à la partie inférieure par une glissière. Une tige de fer plate coulisse dans cette glissière et est prolongée jusqu’à la roue située à l’avant du semoir où elle se termine par une extrémité recourbée. Cette roue porte des ergots qui forment cames et qui, lorsqu’elle tourne, entraînent la tige de fer vers
- Fig. 4. — Sarclage à la main, à la binette, entre les pieds.
- Fig. 5. — Arrachage des haricots Fig. 6. —• Commencement de la « Tontine »
- et mise en poignées. de haricots.
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- l’avant, dégageant l’ouverture de la trémie. Les haricots s’échappent et tombent dans une petite tranchée creusée par un butoir fixé à l’avant de la trémie.
- Lorsque la partie recourbée de la tige échappe aux ergots de la roue, deux puissants ressorts ramènent cette tige en arrière, et la trémie est fermée jusqu’à ce qu’un autre ergot entraîne la tige à nouveau. Le tout est évidemment réglable à volonté suivant la grosseur des haricots à semer et le nombre de grains à déposer à chaque pied.
- La tranchée ouverte par le butoir d’avant est refer-
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- Le semis se fait ainsi automatiquement et assez rapidement, bien que le cheval doive être retenu, de façon à ne pas dépasser la vitesse de 3 km à l’heure.
- Quoique le fonctionnement des semoirs modernes soit assez régulier, il est bon, cependant, de le vérifier de temps en temps. Avec un peu d’habitude, d’ailleurs, on s’aperçoit facilement d’un arrêt dans son débit. Lorsque tout marche à souhait, on peut ensemencer environ un hectare par journée de travail, et même plus lorsqu’on emploie le semoir double, d’ailleurs moins répandu.
- Par beau temps, la levée a lieu en quelques jours.
- Fig. 7. — Terminaison de la Tontine par une poignée renversée. Fig. 8. — Recouvrement de la Tontine à l'aide de paille.
- mée par une sorte de fourche robuste située à l’arrière de la trémie, et les haricots sont enterrés dès qu’ils sont semés.
- Une lourde masse de fer, coulissant sur une tige de même métal, traîne sur le sol à distance convenable du semoir, et forme traçoir, indiquant l’emplacement du rang voisin. Il existe un traçoir de chaque côté du semoir, et l’on peut ainsi marquer l’emplacement du nouveau rang soit à droite, soit à gauche de ce semoir, le traçoir non utilisé étant maintenu relevé par une chaînette. Tous deux sont relevés pour le passage d’un champ à un autre, et la roue est abaissée afin de relever le butoir.
- En même temps, malheureusement et quelle que soit la propreté du sol, a lieu la levée des mauvaises herbes. Leur destruction s’effectue assez rapidement, entre les rangs de haricots, à l’aide de la houe à cheval, ou bineuse, munie de quatre socs triangulaires, à lame horizontale, qui coupent ces herbes dans le sol, à une faible profondeur. Mais, pour détruire lés plantes inutiles qui poussent dans les rangs mêmes, il faut encore, de toute nécessité, pratiquer le sarclage ou binage à la main, à l’aide de la binette, pioche très légère dont la lame est souvent faite d’une vieille lame de faux. L’ouvrier qui bine pose un pied de chaque côté du rang et donne un coup de droite à
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- Fig. 9. — Un champ de haricots mis en ionlines.
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- gauche, entre deux pieds de haricots, puis un de gauche à droite dans l’intervalle de deux autres pieds, et ainsi de suite.
- Ces sarclages, à la machine d’abord, puis à la main, doivent être effectués à deux reprises au moins, à environ trois semaines d’intervalle.
- LA RÉCOLTE
- Vers le commencement du mois d’août, le moment est venu de récolter ces haricots. Il s’agit, ne l’oublions pas, d’obtenir des grains conservant, quoique secs, leur couleur verte, car c’est à cette condition que ces légumineuses ont toute leur valeur.
- Pour cette raison, il importe de surveiller de très près la croissance des haricots, surtout lorsqu’approche le moment de la maturité. Dès que les touffes sont dépourvues de leurs feuilles, les gousses étant encore vertes, il faut procéder sans retard à l’arrachage. Si on attend un peu trop, les gousses exposées au soleil blanchissent rapidement, ainsi que les grains qu’elles renferment, et un retard de vingt-quatre heures suffit pour que ces grains n’aient plus la même valeur marchande.
- Si, par contre, on procède à la récolte alors que la plante porte encore de nombreuses feuilles vertes, celles-ci risquent de fermenter et de tacher les gousses et les haricots qu’elles renferment. Le moment de la récolte doit donc être déterminé avec soin, et celle-ci pratiquée dès qu’il est nécessaire.
- Pour cette raison, il est quelquefois indispensable d’interrompre les travaux de la moisson pour arracher un champ de haricots arrivés à leur maturité, et, dans les exploitations importantes, il convient de s’assurer à l’avance la main-d’œuvre nécessaire pour que cet arrachage soit effectué sans aucun retard. C’est là, d’ailleurs, un travail qui convient parfaitement à des femmes, et même à des garçonnets et fillettes.
- Chaque ouvrier, ou ouvrière arrache généralement deux rangs de haricots, et, pour ce faire, se place entre ces deux rangs, courbé vers la terre. De la main droite, il saisit une touffe de haricots, aussi près que possible du sol, afin de ne pas risquer d’écraser les gousses, la secoue pour faire tomber le peu de terre qui adhère aux racines, et la passe dans la main gauche, le coude gauche étant appuyé sur la cuisse du même côté. Il fait de même pour les touffes suivantes, jusqu’à ce que la main gauche ne puisse plus contenir de touffes.
- A ce moment, il interrompt l’arrachage, prend des deux mains la poignée tenue dans la main gauche, l’arrondit autour des deux pouces maintenus à l’intérieur, ceci pour permettre à l’air de circuler plus facilement, afin de sécher les haricots, puis pose cette poignée sur le sol, les racines en l’air.
- Lorsque le champ est de peu de largeur, l’ouvrier le plus habile prend les deux rangs
- du milieu, et ouvre la marche, en posant ses poignées sur l’emplacement de ces deux rangs. Les autres ouvriers prennent les rangs de chaque côté, à raison de deux par arracheur, et le suivent, apportant leurs poignées près des siennes. Si le champ est trop large, on fait plusieurs rangs de poignées, afin que les ouvriers placés aux extrémités n’aient pas à porter leurs poignées trop loin.
- Ce travail demande peu de force musculaire, car les haricots s’arrachent facilement. Il est cependant pénible pour des ouvriers consciencieux, car il faut travailler constamment courbé, et, dans les grandes exploitations, cet arrachage peut durer plusieurs jours consécutifs, malgré le nombre des ouvriers.
- Au début, surtout, il occasionne de vives douleurs dans les reins et dans la partie postérieure des jambes, presque
- Fig. 10. — Les vieilles Halles d’Arpajon (monument historique) où se tient la «Foire aux Haricots ».
- (Photographie Bougerol, Arpajon.)
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- constamment tendues. On s’y fait, cependant, assez rapidement. Ce travail, de plus, est assez lent, un ouvrier moyen n’arrachant guère plus de 15 ares par journée de travail.
- Pour cette raison, on a essayé de construire une machine à arracher les haricots, et, depuis quelques années, un concours d’arracheuses a lieu tous les ans aux environs d’Arpajon. Des appareils fort ingénieux ont été présentés et essayés, mais il faut avouer, cependant, que le problème, très ardu, est loin d’être résolu. Il y a là, pour les inventeurs, de fort intéressantes recherches à faire.
- Les haricots ainsi arrachés et déposés sur le sol, y sont laissés, par temps sec et clair, pendant environ 24 heures, temps suffisant pour un premier séchage. Cette journée écoulée, les poignées de haricots rendent un son sec lorsqu’on les manipule.
- S’il vient à pleuvoir, il faut, au contraire, les abandonner sur le sol jusqu’à siccité complète, mais pas plus longtemps, car, si on les laissait exposés au soleil, les haricots ne tarderaient pas à blanchir.
- LE SÉCHAGE
- Il importe donc, et c’est là, précisément, ce qu’a imaginé Gabriel Chevrier, de faire sécher ces haricots complètement à l’abri du soleil. Ce résultat, pour quelques poignées, peut être obtenu en les suspendant à l’ombre dans un grenier. Dans la grande culture, on y arrive en les entassant en tontines, ou petits tas coniques de poignées.
- La confection de ces tontines demande une certaine habitude et beaucoup de soin. Si l’on déposait les poignées directement sur le sol, l’humidité de la terre, surtout s’il venait à pleuvoir, risquerait de monter jusqu’aux haricots et de les tacher, occasionnant une perte de valeur.
- Aussi a-t-on soin d’isoler les premières poignées du sol. à l’aide d’un matelas protecteur, fait de paille bien sèche, quoique de qualité inférieure, ou même, dans la région d’Arpajon, centre de cette culture, de tiges sèches de betteraves, cultivées pour la graine, lorsque celle-ci en a été extraite par battage.
- Quelques cultivateurs poussent même le scrupule jusqu’à placer la tontine sur un socle de planches soutenu par des pieds. Il y a là, d’ailleurs, une exagération manifeste, un bon lit de paille ou de bois de betteraves étant largement suffisant, et ce procédé serait difficilement applicable dans une culture un peu importante, où il est fait quelquefois un millier de tontines ou plus.
- Le matelas protecteur étant préparé sur le sol, on y dépose tout d’abord quatre poignées en croix, les racines au centre. Puis, toujours les racines au centre, d’autres poignées sur celles-ci, en diminuant le nombre à chaque lit, 4 -j-'3 + 2 -f- 1, la dernière étant posée racines en l’air, les tiges arrondies, de façon que l’ensemble ait la forme d’une cône.
- La tontine restant ainsi à découvert, les haricots seraient exposés à la pluie, qui peut tacher ou pourrir, et au soleil, qui blanchit. Il faut donc la'recouvrir immédiatement, ce qu’on fait avec de la paille, à raison d’une demi-botte environ par tontine. On place celle-ci les pieds en
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- bas, de façon à bien recouvrir toute la tontine, et en ne laissant aucun vide par où pourraient passer la pluie ou les rayons du soleil.
- Un lien fixé à la partie supérieure, près des épis, maintient cette paille. Lorsque la saison est mauvaise, et que de grands vents sont à craindre, ou lorsqu’on prévoit que les tontines devront rester assez longtemps dehors, on peut mettre un second lien vers le bas ou, mieux, ramener un peu de terre tout autour sur la partie inférieure de la paille. Mais cette précaution est inutile par temps calme, sec et beau, lorsqu’on est assuré de pouvoir rentrer les haricots dès qu’ils seront bien secs.
- Par beau temps, il faut compter de douze à quinze jours pour que ce résultat soit obtenu. On peut alors décacher les tontines, à condition d’enlever immédiatement les haricots, et de les rentrer à l’ombre et à l’abri.
- Autrefois, aussitôt la tontine découverte, on liait les haricots en bottes dont on faisait des petits tas de trois ou de six bottes que l’on chargeait le jour même dans une voiture pour les rentrer. Aujourd’hui, on les rentre plutôt sans les lier.
- Pour cela, à l’aide d’une fourche, on les jette dans une voiture garnie de toiles ou bâches pour éviter la perte des grains, car l’ouvrier qui répartit les poignées dans la voiture fait éclater nombre de gousses sous ses pieds, et libère des haricots qui tomberaient dans le champ ou dans le trajet sans cette précaution.
- Ces haricots, maintenant, sont le plus souvent battus mécaniquement à la batteuse à grains, modifiée pour ce travail. Ils sont ensuite passés au tarare, puis au crible, et, enfin, triés un par un, sur une table garnie d’une vieille couverture, — ceci afin d’éviter leur glissement sous les doigts, — pour l’enlèvement des blancs, des tachés et des cassés. On voit, par là, combien de soins sont nécessaires pour l’obtention de ces délicieux haricots qui, quoique secs, sont livrés à la consommation dans une magnifique robe verte. Un arrachage ou une mise en tontines un peu tardifs, — de vingt-quatre heures seulement, — une tontine découverte par le vent, une rentrée trop tardive, suffisent pour faire blanchir une partie de la récolte, alors que les autres variétés peuvent être récoltées ou rentrées impunément quelques jours plus tôt ou plus tard.
- LA FOIRE AUX HARICOTS D’ARPAJON
- Sans prétendre par là que ce haricot ne peut être cultivé ailleurs, il faut reconnaître qu’il prospère plutôt en Seine-et-Oise, et notamment dans la région d’Arpajon, berceau de cette culture.
- Aussi l’y fête-t-on tous les ans.
- L’intelligent et actif directeur de la Gazette de Seine-et-Oise, journal régional imprimé et publié à Arpajon même, M. Albert Lejeune, a pris l’heureuse initiative, en 1922, d’organiser une Foire aux Haricots qui, dès le début, connut le plus brillant succès. Fixée au dernier dimanche de septembre, cette foire, qui dure quatre jours : vendredi, samedi, dimanche et lundi, se tient sous les vieilles Halles, monument historique, sur la place du Marché, qui entoure ces Halles, et dans les rues avoisinantes. Des visites de cultures, des con-
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- cours du plus beau lot de haricots, du plus beau pied, des expositions d’aviculture, de fruits, de produits maraîchers, de machines agricoles, d’automobiles et tracteurs, attirent chaque année une foule de visiteurs, dont le nombre atteint plusieurs dizaines de milliers. Des ministres l’honorent de leur présence, la müsique de la Garde Républicaine se déplace à cette occasion, et une brillànte fête foraine, organisée avec le concours du grand quo-
- tidien Le Journal, retient longuement les petits... et les grands.
- En raison de la réputation mondiale de ce haricot, de son origine curieuse, de son importance aux points de vue économique..., et culinaire, il nous a paru intéressant de le faire connaître aux lecteurs de La Nature.
- Georges Lanorville.
- = L’HÉLICOSTAT ŒHMICHEN =
- ENTRE L’HÉLICOPTÈRE ET LE DIRIGEABLE
- Nous avons eu l’occasion de donner des indications sur les essais intéressants faits par l’ingénieur GEhmi-chen, qui se consacre depuis plusieurs années à l’étude de l’hélicoptère. Des expériences toutes récentes et sensationnelles ont montré l’importance des résultats acquis et tout ce qu’on peut en attendre pour l’avenir; nous sommes heureux de publier des renseignements inédits sur les nouveaux appareils imaginés à Yalentigney.
- Dans le but de stabiliser l’appareil et de l’alléger plus ou moins, et aussi de freiner sa chute verticale, quand la puissance nécessaire au vol vient à faire subitement défaut, Œhmichen utilise un ballonnet allongé. Ce ballonnet surmonte l’appareil, qu’on appelle « hélicostat ».
- L’enveloppe allongée d’un ballonnet offre à l’avancement une résistance transversale beaucoup plus grande que la résistance longitudinale. Avec un appareil d’essai, dont l’enveloppe ne correspond pas au maximum d’écart de traînée, on a mesuré 8,5 kg de résistance à l’avancement dans le sens longitudinal, à une vitesse de 10 m par seconde, alors que la résistance dans le sens transversal est voisine de 800 kg.
- Comme conclusion, on peut dire que la présence du ballonnet n’a que peu d’influence sur la résistance totale de l’appareil à l’avancement; mais, par contre, elle joue le rôle d’un stabilisateur automatique, qui donne un très grand degré de sécurité et restreint dans de grandes proportions la vitesse de chute verticale.
- Les essais ont été conduits avec un appareil dans lequel la puissance du moteur et l’effort sustentateur développé par les hélices ont été réduits intentionnellement par rapport à la force ascensionnelle aérostatique. De cette façon, on a pu étudier plus commodément et sans aucun danger les caractéristiques du nouveau système.
- A pleine puissance du moteur, la sustentation aérodynamique pourrait atteindre 240 kg, mais en pratique elle ne. dépasse jamais 200. Comme la force ascensionnelle du ballonnet (ballonnet n° 1) est en moyenne de 250 kg, il en résulte que l’ensemble est allégé de plus de moitié par l’effet de la poussée aérostatique.
- Les meilleures conditions de marche ont été obtenues, comme on le pensait à priori, par un appareil lourd, avec des hélices sustentatrices travaillant entre 150 et 200 kg.
- La stabilité de route et surtout la maniabilité s’en trouvent fortement accrues et par contre, la vitesse en chute libre avec le moteur arrêté est de cinq mètres par seconde, vitesse à peine tolérée par le train d’atterrissage actuel.
- Ceci dit, donnons une description du nouvel appareil qui a servi aux essais; nous résumerons ensuite la justification des dispositions adoptées, qui sont le fruit de dix années de recherches et d’essais souvent périlleux, faits par l’inventeur lui-même.
- Le châssis de l’appareil (fig. 1) a une section rectangulaire en tubes de duralumin, il comporte deux poutres superposées. Sur ce châssis se monte l’appareillage, le moteur et les hélices au nombre de quatre, groupées par paires et actionnées par des transmissions à cardan. Les deux hélices sustentatrices principales sont à l’arrière et leur axe de rotation fait 13°,5 avec la verticale. Actuellement, elles sont en bois et à pas fixe, mais dans la suite elles seront remplacées par des hélices en duralumin et à pas variable.
- Les hélices avant sont en acier et en duralumin, à pas variable et réversible et l’axe de rotation est incliné de 65° sur la verticale. Le point de rencontre des axes des hélices avant et arrière se fait deux à deux sur une perpendiculaire au plan de symétrie, qui passe au voisinage du centre de gravité de l’appareil.
- On peut faire varier en grandeur et en sens le pas des hélices avant, ce qui donne la possibilité d’obtenir, pour une vitesse égale du moteur, au point de convergence des axes des hélices, une force résultante qui se trouve située dans le plan de symétrie de l’appareil. Par conséquent, en réglant le pas des hélices avant, on conduit l’appareil aussi commodément qu’une voiture automobile sur le terrain. On réalise, en effet, à volonté, par ces simples manœuvres, l’ascension ou la descente suivant la verticale, la marche avant et la marche arrière en translation horizontale ou oblique : c’est là conduite de l’appareil sur toute trajectoire désirée, suivant les trois dimensions.
- Le châssis est équipé aven des patins d’atterrissage sur coupelle à rotulê, semblables à ceux qui ont servi au même ingénieur pour son hélicoptère N° 2, sur lequel ils se sont révélés efficaces et sûrs.
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- Pour obtenir des évolutions „gur place, on utilise une hélice à l’avant du châssis. Cet évolueur, à pas variable et réversible, a son axe de rotation perpendiculaire au plan de symétrie et cet axe passe à 6 m de la verticale du centre de gravité. Un palonnier commande l’incidence de ses pales et il agit en même temps sur le gouvernail du ballonnet.
- Un seul levier règle l’incidence des pales des hélices avant et commande ainsi la marche avant, la mise au point fixe et la marche arrière. Ce levier poussé à fond vers l’avant rend les hélices avant positives, c’est-à-dire fortement tractrices. Ramené en position verticale, il détermine la montée ou la descente de l’appareil selon la verticale, car en ramenant le levier ainsi en arrière depuis la position extrême avant, on a diminué peu à peu l’incidence des pales des hélices avant, donc aussi l’effort tracteur et les hélices sustentatrices agissent pour ainsi dire seules en sustentation.
- Si l’on continue à ramener le levier en arrière, on donne aux hélices avant une incidence de sens contraire qui s’oppose à la translation et si l’on tire le levier complètement en arrière, cette contre-incidence devient assez forte pour que la composante horizontale de traction des hélices arrière soit surpassée par la composante horizontale de sens contraire, donc de recul des hélices avant et l’appareil entre en marche arrière.
- Cette disposition s’est révélée souple et efficace, d’autant plus intéressante qu’elle est tributaire d’une manœuvre très simple. D’ailleurs un système a été imaginé pour agir à la fois sur l’incidence des quatre hélices et il sera monté ultérieurement. Il faut naturellement que les hélices sustentatrices soient également à pas variable, ce qui se fera par la suite.
- Ainsi à tout moment, on pourra régler indépendamment la sustentation et l’effort positif ou négatif de traction, et cela à la volonté absolue du pilote qui pourra suivre une trajectoire quelconque dans l’espace.
- Les essais ont montré victorieusement l’efficacité du dispositif. En effet, sans le secours d’aucun équipier, le pilote peut partir et atterrir à la verticale; il descend moteur arrêté sans avarie, d’une hauteur quelconque, avec une surcharge de 150 kg. La vitesse n’a pas été déterminée avec précision ; ce n’était pas le point délicat du problème, d’autant plus qu’il s’agissait d’un appareil d’essai et de démonstration de maniabilité.
- Fig. 2. —- L’appareil vu par dessous pendant un vol.
- On distingue nettement l’emplacement des hélices sustentatrices.
- Fig. 1. — Le châssis de l'hélicoslat Œhmichen, sur ses patins.
- On voit à gauche le moteur commandant les deux hélices avant, à droite les deux hélices sustentatrices arrière.
- Le châssis, en effet, est nu, offrant à l’air une traînée près de cinq fois plus élevée que celle du ballonnet et il est probable que, dans ces conditions imparfaites quant à la vitesse à atteindre, celle-ci ne pourrait dépasser 70 km à l’heure. D’après des essais à la soufflerie sur des modèles convenablement profilés, il sera possible avec le même moteur de 40 ch d’atteindre 85 km. Bien entendu, on peut installer un moteur plus puissant et en pratique, il faudrait un moteur au moins trois fois plus fort, soit 120 ch, qui sera plus avantageux à tous points de vue : poids utile, maniabilité, etc.
- Les essais actuels se poursuivent avec une enveloppe de cube un peu plus grand, de manière à développer une force ascensionnelle de 330 kg au lieu de 250; cela dans le but d’emporter un matériel d’expériences supplémentaire spécial et de faire subir au châssis certaines modifications, qui doivent l’alourdir d’une centaine de kg.
- La hauteur maximum atteinte a été limitée intentionnellement à 150 m, en raison des dimensions exiguës du terrain d’expériences, coupé de fossés et d’obstacles majeurs. Des descentes avec le moteur à l’extrême ralenti ont été faites à toute hauteur, mais avec reprises en arrivant à proximité du sol.
- D’autres descentes avec moteur coupé ont eu lieu avec des ruptures d’équilibre comprises entre 90 et 160 kg. Ces manœuvres correspondent en pratique à un accident de machine. Leur but a été purement démonstratif, dans le but de prouver la bonne tenue de la machine, mais naturellement cela fatigue le matériel.
- On a prévu un dispositif original pour abandonner l’appareil à lui-même. Pour cela, on amarre l’appareil au sol dans n’importe quel terrain, au moyen de harpons en forme de baïonnette. Ils sont surmontés d’un piston qui se déplace dans des tubes lance-harpons, mus au besoin par gaz comprimé et le harpon projeté sur le sol entraîne un câble enroulé sur un tambour. On dispose du nombre voulu de harpons et un treuil permet de haler l’appareil au besoin, lorsque l’ancrage est réalisé. Cette manœuvre est efficace, même par vent rapide.
- Les résultats qu’ont déjà donnés les expériences récentes prouvent que les dispositions adoptées sont pratiques et efficaces. Elles se justifient en outre scientifiquement et de cela nous ne pouvons donner qu’un résumé, pour
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- indiquer les grandes lignes des principes appliqués, principes qu’il a fallu établir et ensuite étudier expérimentalement.
- Le grand écueil de l’hélicoptère est la nécessité de sa stabilisation. Les solutions de stabilisation dynamique sont à première vue théoriquement valables, mais leur valeur pratique est à peu près nulle, en raison des difficultés qu’on éprouve à les réaliser.
- La moindre inclinaison de l’axe vertical d’un hélicoptère a pour conséquence de faire glisser l’appareil horizontalement et avec rapidité dans une direction quelconque : par essence, l’hélicoptère est un engin instable. Lorsqu’il reste en l’air au point fixe ou quand il se déplace à allure très réduite, il est entièrement flottant, contrairement à l’avion qui est polarisé par la marche.
- On est obligé, pour réaliser le vol mécanique humain, d’admettre pour les voilures tournantes des taux élevés de charge. Par suite, les effets redressants qui se font sentir sur la voilure elle-même ne commencent à se montrer suffisamment efficaces que si l’appàreil possède une vitesse de translation horizontale d’au moins 6 à 7 m, ce qui correspond déjà à une embardée violente.
- Enfin l’hélicoptère, comme tout engin en général, est doué d’une certaine inertie, de sorte que lorsque les effets redressants se font sentir, il continue son embardée dans le sens initial, bien qu’il éprouve une contre-inclinaison. Il arrive donc que lors de l’embardée suivante, l’appareil se présente en général en sens inverse de celui qu’il avait lors de l’embardée précédente et avec une inclinaison de départ plus forte que l’inclinaison initiale.
- Il se produit ainsi une sorte d’oscillation, qui prend le caractère d’une résonance et se termine par le chavirement. Ce phénomène fut observé le 20 juin 1923 avec l’hélicoptère Œhmichen N° 2.
- Pour qu’un hélicoptère puisse être stabilisé dynamiquement, il doit être très peu chargé, ainsi que l’ont montré les essais sur modèles chargés au taux normal. La stabilité ébtenue avec des modèles légers, comme par exemple ceux utilisés comme jouets, n’est donp que trompeuse et il faut y renoncer avec les appareils d'è vol.
- On peut.aussi prévoir une certaine stabilisation par une suspension à cardan qui améliore évidemment l’équilibre. Cette solution exige des renversements d’incidence pour assurer la sécurité. La commande de ces renversements est difficile à réaliser d’une façon simple et solide, et le principe même de la suspension utilisée a pour conséquence une disposition délicate, qui entraîne une sécurité problématique.
- Une autre cause de diminution de la sécurité est aussi la complication du joint cardan qui alourdit la machine.
- Que faut-il pour qu’un stabilisateur d’hélicoptère soit vraiment efficace ?
- Tout d’abord, l’effet stabilisateur ne doit dépendre que de l’inclinaison de l’appareil et non de sa translation horizontale, sous peine d’occasionner obligatoiretnent des embardées latérales. Enfin l’effet stabilisateur ne doit s’opposer en aucune façon à la translation de l’engin.
- Ce sont là deux conditions contradictoires qui inter-
- disent notamment l’emploi d’amortisseurs aérodynamiques. Ceux-ci devraient obligatoirement jouer dans toutes les directions et en particulier, dans la direction de la translation.
- Les deux conditions énoncées ci-dessus ne sont également pas compatibles avec l’emploi de cardans : en effet, l’hélice sustentatrice suspendue de cette façon a tendance à s’incliner en sens inverse de la marche lorsque la translation commence, et à augmenter la traînée dans des proportions considérables. La disposition à cardan, qui s’applique aux voilures inertes en auto-rotation, ne convient pas aux voilures actives, qui sont actionnées par le moteur.
- Un grave inconvénient de l’hélice active à cardan est le suivant :
- Cette hélice s’incline dans une direction opposée à celle de la translation; par conséquent, la composante horizontale qu’elle développe s’oppose à la translation et il faut la vaincre par une hélice tractive ou propulsive. Or, cette composante nuisible a une valeur si élevée, que l’on est tenu pour la vaincre et faire avancer l’engin, d’actionner l’hélice de traction par un moteur sensiblement aussi puissant que celui servant à actionner l’hélice sustentatrice elle-même.
- En premier lieu, le poids de cet engin moteur de puissance exagérée réduit la charge utile dans des proportions inadmissibles, d’autant plus qu’une partie de la puissance est dépensée en pure perte. Avec un bilan des poids aussi défavorable, il n’est plus possible d’établir un appareil capable d’une utilisation pratique. La démonstration de ce qui vient d’être dit a été faite par des essais sur des hélices automatiques, dont nous avons déjà parlé dans La Nature.
- La conclusion de cette revue rapide des moyens de stabiliser l’hélicoptère est que, dans l’état actuel de nos connaissances, le seul système pratique de stabilisateur est celui qui fait appel à la poussée aérostatique de l’air sur une carène surmontant l’appareil.
- Certains penseront qu’une solution approchée de l’hélicoptère est celle des voilures autorotatives, du genre des pales utilisées sur l’Autogire. Mais ces sortes d’engins ne sont pas dés hélicoptères, ils se rapprochent davantage de l’avion. L’inclinaison des pales, de façon que leur axe de rotation soit en sens inverse de la translation, tend à rendre symétriques les efforts sur les pales.
- D’ailleurs, malgré leurs qualités, ces appareils ne sont pas capables de s’élever à la verticale, de stationner au point fixe ou d’entrer en translation à une vitesse ultra-réduite. Ces conditions posent des problèmes plus ardus et spéciaux, qui demandent pour être résolus pratiquement des solutions d’un ordre tout différent.
- Nous pensons avoir donc établi qu’il ne reste plus qu’un moyen de stabiliser l’appareil (tant que des progrès toujours possibles de la science n’auront pas vu le jour), c’est d’utiliser l’appoint que peut offrir la force ascensionnelle obtenue, par exemple, au moyen d’un ballonnet.
- On obtient alors une augmentation notable des conditions pratiques de fonctionnement de la ma-
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- chine, et nous allons indiquer ces améliorations intéressantes :
- Toute embardée est supprimée, car le couple redresseur existe en dehors de tout déplacement horizontal; il ne dépend uniquement que de la seule inclinaison de l’appareil.
- Le ballonnet allongé a une facile pénétration dans l’air et on peut envisager des vitesses de translation très élevées. Si le moteur a une panne et s’arrête, la vitesse de descente est freinée et on peut s’arranger pour qu’elle n’atteigne pas une valeur dangereuse.
- Les hélices bénéficient amplement de l’application
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- insignifiant, on obtient avec le type hélicoptère des résultats pleins de promesses, car l’équilibre de ces jouets est fort acceptable. Ces jouets sont infiniment sensibles à tout courant d’air, car ils sont très peu chargés relativement au diamètre de leurs hélices; la surface freinante de ces appareils étant aussi très importante, vu le poids de ces petits engins, ceux-ci ne sont pas sujets à des embardées appréciables.
- La question change complètement de face, si l’on veut avoir un appareil utilisable par l’homme, car il faut alors charger l’appareil. Or il est impossible actuellement d’établir des voilures aussi peu chargées que celles des
- Fig. 3. •— L'hélicoslal monté par son inventeur l'ingénieur Œhmichen en vol au-dessus du champ d’expériences de Valenligney.
- du système. Leur qualité sustentatrice est accrue, car l’efficacité augmente au fur et à mesure qu’on diminue la charge de ces hélices.
- Comme les déséquilibres et les percussions sont en diminution notable, on peut se servir d’hélices de petit diamètre et tournant rapidement.
- Enfin, si l’on emploie des hélices inclinées, on accroît encore la qualité aéro-dynamique générale : la chasse des hélices inclinées est évacuée librement et sans obstacle puisqu’il n’existe pas de surface située en dessous de ces mêmes hélices. Les qualités aérodynamiques de ces hélices ainsi montées sont spéciales et d’un grand intérêt d’emploi.
- Quand on fait voler des modèles réduits, d’un poids
- appareils jouets. Les dimensions nécessaires seraient inacceptables, impossibles à réaliser en pratique et l’appareil demeurerait infiniment sensible aux moindres agitations de l’atmosphère.
- C’est la raison des échecs subis dans ce domaine par des expérimentateurs insuffisamment avertis. La solution trouvée par l’ingénieur Œhmichen est pour le moment celle qui s’approche le plus de la solution parfaite de l’hélicoptère.
- L’appareil ainsi combiné permet d’envisager par la simplicité de la conduite et l’obéissance aux commandes, des utilisations pratiques nombreuses ie$&pleines d’intérêt.
- E. Weiss. ..
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- LES NOUVELLES APPLICATIONS DU CAOUTCHOUC
- La crise du caoutchouc a précédé la crise économique dont souffre aujourd’hui le inonde entier. A la suite d’une surproduction intense dans les pays où l’on cultive l’Hevea : Malaisie britannique, Indes néerlandaises, le caoutchouc est actuellement surabondant et depuis plusieurs années son prix est tombé à un niveau très bas, ruineux pour la plupart des producteurs. Les stocks, d’autre part, s’accumulent. Le véritable remède à cet
- Fig. 1. -— Un tapis de caoutchouc dans l'antichambre d’une grande société industrielle.
- état de choses serait de trouver de nouveaux emplois à cette matière.
- LES APPLICATIONS ACTUELLES
- Tout le monde sait que le principal usage du caoutchouc se fait dans les enveloppes ..pneumatiques pour automobiles, dans les chambres à air correspondantes et dans les bandages pleins pour camions automobiles.
- Nous prendrons comme base les chiffres officiels de consommation du Ministère du Commerce américain indiquant pour l’année 1928, année prospère qui a précédé le boom suivi de krach de 1929, la consommation mondiale de 599 771 tonnes (dont 404 496 aux Etats-Unis) de caoutchouc neuf : alors qu’il en a été exporté par
- les pays producteurs 653 833 tonnes (1). Ces chiffres démontrent la suprématie américaine en consommation. Celle-ci est intimement liée à l’essor de l’industrie automobile : il faut noter qu’en moyenne il est consommé 3 kg 710 de caoutchouc par pneu et 0 kg 738 par chambre à air. L’industrie des pneumatiques a absorbé aux Etats-Unis en 1928 : 84 pour 100 du total de la consommation de caoutchouc cru (70 pour les pneus et bandages, 14 pour les chambres à air), ce qui ne laisse que 16 pour 100 aux autres usages du caoutchouc. Mais cette proportion n’est pas absolument la même pour les autres pays, et il en est comme l’Allemagne, où les autres emplois du caoutchouc absorbent plus de 20 pour 100 de la consommation totale du caoutchouc neuf. Quoi qu’il en soit, on voit que la part de ces autres applications est bien faible — et il y en a qui sont anciennes et solidement établies (vêtements imperméables, chaussures, tuyaux, articles de chirurgie, ébonite, caoutchouc dilaté, etc.). Si on défalque encore ces applications, on voit que malgré le développement actuel des nouvelles applications du caoutchouc, celles-ci ne sont pas encore bien dévorantes et le taux de leur progression ne laisse pas craindre une insuffisance de production. Pourtant, dans ces nouvelles applications, il y a des sources sinon infinies, mais considérables de consommation. Nos lecteurs le comprendront lorsque nous aurons signalé qu’il s’agit des tapis caoutchouc, des semelles caoutchouc (crêpe et semelle-cuir) et des pavés caoutchouc. Nous allons donc parler de ces trois applications nouvelles, encore quelque peu dans l’enfance, mais qui peuvent (les pavés notamment) amener des utilisa tioijs intensives de caoutchouc neuf.
- LES TAPIS EN CAOUTCHOUC
- Ce n’est guère que depuis une dizaine d’années que les tapis de caoutchouc ont fait leur apparition dans le domaine commercial.
- Leurs qualités leur ont valu une vente sans cesse croissante : l’absorption des bruits, l’augmentation du confort, la facilité de nettoyage, l’absence de poussières, la grande variété des possibilités d’adaptations aux locaux, leur confèrent des avantages précieux. Les propriétés isolantes que possède le caoutchouc en font un revêtement idéal, pour les centrales électriques, les postes d’aiguillage et les salles de radiographie ou de traitement électrique. Par son imperméabilité, le caoutchouc assure en outre une grande propreté aux locaux où ces tapis sont employés.
- Dans les tapis de bonne qualité, la quantité de gomme par mètre carré de surface (pour une épaisseur de 5 mm) est d’environ 3 kg. Il semble donc qu’une baisse de prix de la gomme ne puisse pas influencer beaucoup le prix de ces tapis et, néanmoins, le prix de
- 1. Cette consommation s’est légèrement Eicçrue au cours de 1929 et 1930 surtout pour l’Europe, pour arriver au voisinage de 750 000 tonnes, pour une production de 800 000 tonnes.
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- la gomme est encore un des éléments primordiaux de leur coût assez élevé. Les réductions de prix ne pourront s’obtenir qu’avec des productions massives standardisées, dans des usines où les moyens de production seront concentrés et développés à l’extrême. En outre il faudra standardiser les qualités, les dessins, les épaisseurs et adopter un nombre de couleurs limité.
- Le tapis de caoutchouc, dira-t-on, est un article de luxe, pour lequel il ne convient pas de trop rechercher la stan- dardisation : les dessins, les couleurs doivent être adaptés aux goûts et aux exigences de chaque client.
- Cette conception peut se défendre, elle ne semble pas avoir gêné les premiers développements des comptoirs de tapis en caoutchouc, mais nous la croyons fausse, parce qu’elle se prête mal à l’abaissement nécessaire des prix pour en répandre l’emploi dans la grande masse du public. Il faut surtout éviter de rechercher la diminution de prix par la baisse de la qualité : l’emploi de gommes inférieures, de charges et de colorants bon marché, réduction de l’épaisseur. On n’aboutit, dans cette voie, qu’à jeter le discrédit sur la marchandise.
- Actuellement le prix des tapis en caoutchouc restant assez élevé, ceux-ci n’ont pas encore attiré le grand public, comme l’a fait le linoléum. Leur usage reste limité aux applications suivantes: navires (transatlantiques et paquebots), banques, hôpitaux, théâtres, salles publiques, de spectacles ou autres, chemins de fer, stations électriques, salles de bains et clientèle particulière très riche ou aisée.
- Le caoutchouc se prête à tout, par suite de sa plasticité ; on peut le mélanger à un grand nombre de colorants et obtenir ainsi une gamme de coloris aussi nuancée que la plus belle palette d’un peintre : le caoutchouc non vulcanisé se soudant à lui-même d’une façon immuable par la vulcanisation, il est facile de comprendre que l’on peut ainsi reproduire tous dessins, quelque compliqués qu’ils soient (le prix seul s’en ressentira), dans les couleurs que l’on voudra. On arrive à des effets artistiques de toute beauté. Nous allons maintenant donner quelques détails sur la fabrication des tapis en caoutchouc : il y a 3 sortes principales de tapis en caoutchouc : les carrelages, les tapis mosaïques, les tapis en rouleaux.
- Les carrelages. —- C’est la plus ancienne forme connue. Un carrelage est un assemblage de carreaux (de différentes formes géométriques) susceptibles d’être posés à même le sol et ainsi de s’assembler pour former finalement un tout d’allure fatalement géométrique et périodique. Les carreaux peuvent être de couleur quelconque, ils sont soit confectionnés chacun séparément, moulés et vulcanisés ensemble, ou découpés à l’emporte-pièce dans une feuille de caoutchouc préalablement vulcanisée à l’épaisseur et dans la couleur voulues. On obtient ainsi des dessins absolument réguliers et uniformes susceptibles de bien se raccorder.
- Mais la pose de ces carreaux est très dispendieuse et ne peut être confiée qu’à des spécialistes parfaitement au courant de leur métier. Les carreaux doivent avoir
- La salle de jeux du paquebot « lie de France » a son parquet recouvert d’un lapis en caoutchouc, orné d'un décor amusant.
- strictement les mêmes épaisseurs et les joints doivent être particulièrement soignés. Enfin, l’adhérence au sol doit être absolue, et celle-ci avec certains sols est très diffi-
- .Fig. 3.— Le tapis de caoutchouc de la chapelle de /’ « Ile de France ».
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- cile à obtenir, quel que soit le genre d’adhésifs que l’on emploie et quelle que soit leur qualité. Toutefois si des réparations locales sont à faire, le carreau est très avantageux par suite de sa facilité d’enlèvement et de remplacement. Enfin, pour faciliter le travail de pose, on peut fournir, préparé à l’avance, un assemblage de carreaux adaptés à une sous-couche en ciment d’amiante, cette sous-couche étant elle-même, alors, posée à même le sol, à l’aide d’un adhésif : on obtient ainsi un résultat plus sûr, et aucun, gondolement ou détachement de carreaux élémentaires.
- Les tapis mosaïques. — Ce sont actuellement les plus répandus : leur fabrication part de cette idée qu’il vaut mieux faire l’assemblage avant la vulcanisation, c’est-à-dire en usine, où l’on possède toujours des moyens plus appropriés qu’aux domiciles des particuliers. Les tapis de caoutchouc sont rarement des tapis de teinte uniforme :
- dans ce cas d’ailleurs leur fabrication’ ne saurait se différencier de celle des feuilles de caoutchouc, celle-ci se faisant sous presse ou sur cylindres (appelés tambours) suivant les usines. Dans le cas de tapis à dessin, et afin que ce dessin présente un caractère de plus grande -solidité, on découpe suivant les formes voulues et les teintes désirées, les différentes parties constituant le tapis. On assemble alors ces parties (suivant le dessin de l’archi-teète) l’une contre l’autre et on les colle sur une sous-couche en caoutchouc, d’une teinte uniforme, en général adaptée à la tonalité d’ensemble du tapis. Le travail ressort alors à la technique nouvelle des fabriques de caoutchouc : adhérence des joints et vulcanisation de l’ensemble. L’ensemble constitue une feuille de caoutchouc plus ou moins bariolée (à l’endroit) et se vulcanise suivant les modes habituels (sous presse ou sur tambour). La fabrication sous presse est limitée
- aux dimensions de celle-ci; mais en jumelant de grandes presses à courroies, on peut arriver aisément à faire des tapis d’une seule pièce ayant 2 m 50 sur 10 à 12 m de long, et même la longueur n’intervient pas, puisque avec les presses à courroie on peut faire des bandes sans fin, la seule limite étant, la maniabilité de celles-ci et leur poids.
- En général la sous-couche est de consistance plus ferme que la couche et on comprendra de suite pourquoi : la couche de surface étant élastique et relativement molle, le sol étant dur, il n’est pas mauvais d’avoir entre les deux un intermédiaire de consistance demi-souple.
- Cette sous-couche est souvent d’épaisseur égale à la moitié de celle du tapis fini et une bonne épaisseur pour un tel tapis est de 6 mm.
- Les avantages du tapis mosaïque sont qu’il est d’un niveau parfait, d’une épaisseur régulière, qu’il n’y a pas de joints entre les éléments de dessin. Il est facile et peu coûteux à poser : une équipe de manœuvres avec un seul spécialiste suffira à cette tâche. Le tapis mosaïque se prête à toutes imitations et reproductions : on obtient des imitations de marbrés, de pierre, etc., aussi et même plus belles que celles des originaux. Toutefois le tapis mosaïque n’est pas sans inconvénients : la vulcanisation de grandes nappes de caoutchouc a besoin d’être très surveillée dans son uniformité, et en outre dans le cas de très grandes salles à tapisser, les raccords exacts des dessins sont parfois difficiles à obtenir, ce que l’on peut corriger par l’interposition, dans les raccords, de bandes de teintes uniformes.
- Les tapis en rouleaux. — Ils constituent une innovation assez récente, surtout développée en Amérique. Elle a été créée pour concurrencer le linoléum. On peut ainsi fabriquer (à la presse à courroies) des bandes d’une longueur de 100 m, sur une largeur de 90 cm à 1 m 20 et d’une épaisseur de 3 à 4 mm. Ils sont livrés unis, ou marbrés et en teintes types. On peut également vulcaniser de tels tapis sur tambour, celui-ci étant porté pour la vulcanisation dans de grands autoclaves où l’on admet la vapeur. On arrive ainsi à un prix très bas et à une grande facilité de pose. De tels tapis peuvent concurrencer aisément les linoléums dans les corridors, escaliers, etc.
- Enfin et récemment on a vu l’apparition de tapis de caoutchouc, avec sous-couche spongieuse. Celle-ci est constituée soit par une plaque de caoutchouc éponge, soit par une plaque de caoutchouc mousse. De tels tapis sont particulièrement doux à la marche et absorbent absolument et complètement tous bruits. Ils sont manifestement plus chers que les autres.
- Un avantage des tapis caoutchouc, sur lequel on ne saurait trop insister, est leur grande durée. Nous connaissons personnellement des locaux où de tels tapis sont posés depuis 5 ans et où, malgré une circulation intense (grands hôtels), il n’y a encore aucune trace d’usure appréciable !
- Fig. 4. — Dans l'auditorium de «Radio-Paris », on a fait usage de tapis en caoutchouc, gui absorbent les bruits et évitent les réflexions parasites.
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- En ce qui concerne les détails de fabrication des tapis caoutchouc, en dehors de la partie artistique du travail (choix des dessins et des coloris, tracé des dessins), la partie technique est celle habituelle des usines à caoutchouc. Les opérations sont les suivantes (‘).
- Mélangeage. — On opère d’abord le mélange, opération qui consiste à incorporer au caoutchouc les diverses matières nécessaires pour arriver au but cherché. Il faut d’abord mettre le soufre, indispensable à la vulcanisation, puis comme le caoutchouc vulcanisé est de couleur foncée, il faut le ramener au blanc par des pigments appropriés : ceux-ci sont toujours le blanc de zinc, le blanc de titane, le lithopone, la craie, le sulfate de baryte, le kaolin, chacun de ces pigments ayant d’ailleurs un but bien défini. Le mélange ramené au blanc est ensuite coloré à la teinte voulue par l’addition du colorant minéral ou organique sous forme de poudre ou de pâte. Les colorants les plus usuels sont : les oxydes de fer pour les tons rouges, bruns et violacés; l’oxyde de chrome pour le vert; l’outremer poulie bleu; les ocres; le noir de fumée pour le noir.
- Depuis quelques années, les fabricants de colorants organiques ont fait un gros effort et ont réussi à obtenir des colorants résistant à la fois à la lumière, à la chaleur (de la vulcanisation) et au soufre. Ces colorants ont maintenant une large application dans les tapis de caoutchouc, et, n’était la routine, si difficile à déloger dans les usines, ils auraient conquis de haute lutte l’industrie des tapis. L’impossibilité d’obtenir des teintes vives avec les colorants minéraux (à moins d’en mettre un excès tel que le tapis ne serait plus en « caoutchouc »). a déjà permis l’introduction de certains colorants organiques d’in-danthrène, d’alizarine et de polyazoïques, notamment des bleus, des jaunes, des rouges, des verts, de beaux violets et des roses.
- Le mélangeage se fait sur de fortes machines à cylindres ressemblant à celles que nous avons décrites pour les régénérés.
- Le mélange une fois fait, est mis à reposer, afin que le caoutchouc récupère par ce repos le nerf ou partie du nerf qu’il a perdu lors de l’opération. Après ce repos, le mélange est réchauffé sur des cylindres (analogues aux mélangeurs), puis porté à la calandre. Une calandre est habituellement formée de 3 cylindres horizontaux, superposés verticalement et tournant en sens inverse, mais à des vitesses égales et assez lentes. La calandre livre le mélange sous forme de feuille continue qu’on emmagasine sur des ensouples avec des toiles intercalaires pour éviter le collage du caoutchouc à lui-même. Les feuilles sont débitées à l’épaisseur voulue par le jeu du réglage des cylindres.
- 1. Les diverses illustrations que nous produisons montrent des réalisations effectuées par la Société Electro-Câble de tapis mosaïques, dans divers cas où un tapis caoutchouc était particulièrement indiqué.
- Les effets de marbrés sont obtenus par le tirage de boudins où l’on a superposé des feuilles unies, dans les couleurs qui doivent entrer dans la composition desdits marbrés.
- C’est dans ces feuilles que l’on découpera à l’emporte-pièce ou même au tranchet les dessins destinés à l’assemblage final. Chaque partie de dessin est alors jointoyée à sa voisine par frappe pneumatique, puis rouleautée avec le rouleau chaud, de façon à avoir le joint absolu, et enfin l’ensemble du tapis sera porté à 4a vulcanisation soit sous presse, soit sur tambour en de grands autoclaves où l’on fait arriver de la vapeur à la température et à la pression voulue pendant un temps bien réglé. Après vulcanisation, les tapis sont examinés, nettoyés, fignolés et si nécessaire retouchés.s Ils sont alors prêts à être livrés à la clientèle. La pose des tapis de caoutchouc est une spécialisation où il faut des ouvriers consciencieux, car tout défaut de pose (mauvais collage, mauvaises découpes, mauvais sol, etc.) ne tarde pas
- Fig. 6. — La pose et l'essai du pavage en caoutchouc de New-Bridge Street à
- Londres.
- (Un camion chargé à 15 tonnes circule sur les pavés Gaisman posés depuis 2 heures seulement). Phot. Times of Ceylon.
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- à apparaître et bien souvent le client peut rendre responsable le tapis lui-même, alors que celui-ci est de fabrication parfaite. Nous avons vu de ces cas-là.
- Le cadre de notre article ne nous permet pas d’entrer dans tous les détails de fabrication et de pose, lesquels sont du domaine propre de la technicité.
- LES SEMELLES DE,CAOUTCHOUC
- Nous ne parlerons pas ici des semelles que l’on adapte aux chaussures de cuir, par des pitons ou vis, semelles moulées, mais de qualité médiocre. Nous n’avons en vue que la semelle crêpe et la semelle cuir.
- Les semelles crêpes. — Tout le monde est maintenant familiarisé avec ce genre de chaussures. Elles ont rencontré à leur début quelque résistance, mais il semble bien qu’elles ont fini par se créer une place importante dans la consommation.
- Les avantages de la semelle crêpe sont qu’elle est inusable (c’est-à-dire que le dessus de la chaussure sera usé avant la semelle, ce qui n’est pas le cas du cuir); elle est douce à la marche, moelleuse, silencieuse, imperméable et légère.
- L’introduction de la semelle crêpe date de 1921 en Angleterre et depuis, peu à peu, elle s’est répandue dans les autres pays. On a commencé par la chaussure de. sport, puis par la chaussure d’enfant.
- , Le crêpe destiné à la fabrication des semelles est préparé à. la plantation même 'et sa préparation ne diffère guère de celle des crêpes pâles ou blancs. Des procédés spéciaux avec laminoirs ad hoc permettent d’avoir le grain du crêpe plus ou moins fin.
- Le fabricant de chaussures reçoit donc le caoutchouc sous forme de feuilles ou plaques (crêpes) d’épaisseur uniforme et conforme, et il n’a qu’à découper dans ces
- plaques les semelles dont il a besoin. Les déchets de coupe ont encore la valeur intrinsèque du caoutchouc neuf, ce qui n’est le cas d’aucune autre matière (sauf des métaux précieux).
- La semelle crêpe peut être cousue ou collée ou les deux à la fois. Pour la colle il suffit d’une bonne dissolution de caoutchouc. En outre la semelle crêpe peut être posée en deux fois, sous forme de deux demi-semelles : la pi*e-mière feuille (épaisseur 3 mm), est cousue, et la seconde ne sera que collée sur celle-ci, la piqûre étant ainsi couverte et masquée. Le cuir sur lequel on colle une semelle de caoutchouc doit toujours être du côté chair et être préparé (rugueux, lavé et dégraissé). On a aussi préparé comme première semelle le fibre-crêpe qui est constitué par un amalgame de matières fibreuses et de caoutchouc, l’amalgamation se faisant dans le latex, puis en coagulant celui-ci, et en laminant en feuilles. Les talons en crêpe ont toujours au moins 12 mm d’épaisseur (hauteur).
- Des soins particuliers sont à prendre pour empêcher le décollage des bouts, particulièrement pour les chaussures d’enfants.
- Les feuilles de crêpe à semelle étant d’origine anglaise sont fournies en feuilles aux dimensions anglaises 91 X 33 cm, dans les épaisseurs 1 mm 1/2, 3 mm, 4 1/2, 6, 7 1/2 et 9 mm; les feuilles sont fournies en lisses, rugueuses ou cannelées.
- Les lisses sont destinées au tennis et au sport, les autres servent pour la marche en général. La couleur varie suivant les origines, mais elle n’affecte pas la qualité ni la résistance à l’usure : ce n’est pas un critérium absolu de qualité : la blancheur étant d’ailleurs obtenue artificiellement.
- Les crêpes sont sensibles aux variations de température, durs par le froid, mous à chaud, mais les variations de température de nos climats ne sont pas suffisantes pour être une gêne. Toutefois il ne faut pas avec des semelles en crêpe marcher dans l’huile ou dans l’essence, donc ne pas s’en servir dans un garage. Enfin pour ceux qui ont crainte de glisser, par temps humide sur l’asphalte, il a été créé des dispositifs antidérapants efficaces (incisions en V).
- Les semelles=cuir. — Si la semelle crêpe est d’origine anglaise, la semelle-cuir est d’origine américaine. Constatant les qualités exceptionnelles de résistance à l’usure que communiquent au caoutchouc certains produits d’incorporation comme l’oxyde de zinc, le carbonate de magnésie, le kaolin, les noirs de fumée dits noirs de carbone ou de gaz, observées sur les pneumatiques pour automobiles, il était tout naturel que l’on en vînt à l’idée de travailler le caoutchouc pour en faire un succédané du cuir. Les essais qui ont le mieux réussi à ce jour sont ceux où l’on fait usage de noir de carbone, au maximum possible d’incorporation. Le succès est venu aussitôt combler les espérances.
- Fig. 7. — Essai de pavages en caoutchouc sur le quai de la Râpée à Paris en 1929. Remarquer les deux sortes de pavés employés : l’un tout en caoutchouc, l'autre à bandes.
- (Pavés système Gaisman, licence concédée à la Société Electro-Câble).
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- Depuis plusieurs années déjà, les chaussures à semelles caoutchouc-cuir ont une vogue énorme, ayant sinon remplacé totalement le cuir, tout au moins partiellement pris sa place. Ces semelles n’ont commencé à se répandre en France que voici 2 ou 3 ans. Elles y sont devenues populaires sous le nom de semelle Uslcide ou genre Uskide, du nom d’une marque américaine qui réussit à s’implanter chez nous.
- Ces semelles sont fabriquées en feuilles (pour les réparations) ou à la forme définitive, en moules.
- Le matériel de moules de semelles tennis peut à la rigueur servir, quoique après bien des hésitations on ait trouvé qu’il était inutile de faire sur la semelle des rayures, des simili-clous ou des ventouses, pour soi-disant empêcher les glissades. Nous portons personnellement de telles semelles-cuir depuis 9 mois (unies) et non seulement elles ne sont pas usées, mais nous n’avons jamais glissé.
- Le mélange convenable pour la semelle-cuir a besoin d’être travaillé et étudié spécialement, il contient des produits particuliers en dehors du noir de carbone, permettant l’incorporation aisée de celui-ci (des plastifiants), des accélérateurs (pour avoir des vulcanisations rapides), de l’oxyde de zinc (pour activer les accélérateurs), et parfois aussi de la silice ou de l’amiante pulvérisé.
- Certains régénérés comme ceux des chambres à air noires peuvent être employés sans grand mal. La mise au point d’un mélange de semelle-cuir a besoin de l’intervention des spécialistes, car la semelle doit être suffisamment raide comme le cuir, elle doit pouvoir supporter un ploiement complet, elle ne doit pas être trop nerveuse, et doit jouir d’une bonne conservation en magasin. Nous estimons en effet, qu’une telle semelle doit pouvoir durer 3 ans depuis sa fabrication en magasin et qu’elle ne doit pas avoir perdu de ses qualités pour cela. Il est parfaitement possible de produire des mélanges de caoutchouc jouissant de ces propriétés et cette possibilité a été prouvée par leur existence même.
- Les semelles-cuir sont très résistantes, douces à la marche, légères, imperméables, non glissantes. Un gros avenir leur est réservé, surtout si la fabrication ne cherche pas, comme cela s’est fait hélas pour les talons de caoutchouc, à les cameloter par trop, sous prétexte de diminuer les prix pour en développer la consommation. La désaffection viendrait aussi vite que l’engouement.
- LES PAVÉS DE CAOUTCHOUC
- Parmi les applications nouvelles du caoutchouc, celle des pavés est la plus intéressante et aussi la plus importante. Elle peut devenir une très grosse mangeuse de caoutchouc et sous ses diverses formes : caoutchouc cru (brut), caoutchouc régénéré, déchets. A l’heure actuelle, les pavés de caoutchouc n’ont pas encore conquis droit de cité. Des essais épars ont néanmoins été faits, sinon partout, du moins en Amérique, en Angleterre, en Hollande et en France. C’est en Angleterre que la question a été le plus étudiée et c’est là qu’elle a reçu, à notre avis, ses meilleures solutions.
- Ce qui s’est opposé jusqu’à présent à l’extension de ce mode de pavage, c’est son prix très élevé qui est 'de l’ordre de 600 fr le mètre carré. Mais ce prix est suscep-
- Fig. 8. — Pose du pavage en caoutchouc du quai de la Râpée (damage du sable).
- tible d’être abaissé tôt ou tard, tandis que le prix des autres modes de pavage ne fait que croître par suite de sujétions toujours nouvelles qu’on impose aux pavages des rues en raison de l’augmentation du trafic. Dans les grandes villes, en certaines rues, la circulation en effet dépasse l’imagination et tous les anciens modes de pavage sont défaillants. Avec le bruit des véhicules divers et les vibrations provoquées par leur passage, lès rues principales des grandes villes sont ' devenues positivement des-enfers. En outre, un danger s’est révélé soudain par l’acçentuation des vibrations. Des accidents graves, quii leur -semblent imputables, se sont produits dernièrement en Angleterre (détériorations à-la cathédrale Saint-Paul, affaissements d’édifices à Cornhill, et enfin les explosions du quartier d’Holborn sont encore présentes à. la mémoire). Le caoutchouc se trouve être un absorbant des chocs de premier ordre, aucune autre matière ne peut lui être comparée à cet égard. A la conférence de Londres, tenue en janvier 1929, sous les auspices de la Rubber Grower’s Association, M. W. Pol-lard Digby a rapporté dés détails d’essais de vibration effectués par lui sur des locaux en bordure d’une rue pavée en caoutchouc (la-New-Bridge Street) et sur, des locaux en bordure d’autres rues. Ces essais ont démontré d’une façon irréfutable que l’effet des vibrations est réduit de 50 à 60 pour 100 grâce au pavage en caoutchouc. Quant à la sonorité, elle est nulle, et c’est ainsi qu’en Angleterre des riverains ont offert de contribuer à la
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- dépense du yavage en caoutchouc jusqu’à concurrence de 2 livres sterling par yard carré (environ 280 fr par m2). C’est le cas d’une grande banque de la Cité à Londres et d’une banque de Manchester, mais les rues en question n’ayant pas besoin d’être refaites, les autorités municipales n’ont pas accueilli les propositions.
- Il est donc manifeste que dès maintenant, et en dépit du petit nombre d’essais faits, le pavage en caoutchouc a déjà conquis une partie de l’opinion : les gens qui veulent travailler en silence, et les propriétaires qui ne veulent pas voir leurs maisons s’effondrer. La question de prix reste néanmoins encore une question fondamentale, et du reste difficile à bien poser : en effet on déclare que le pavage en caoutchouc durera plus de vingt ans (et certains pensent 40 ans) ; mais comme les essais méthodiques de tels pavages ne remontent qu’à quelques années, l’argument de durée n’a pas la même force convaincante que les deux autres arguments, du bruit et des trépidations. (Il est vrai pourtant qu’à la gare de Saint-Pancrace à Londres, il y aurait des pavés datant de 1870, mais ce pavage a été plusieurs fois remanié et il n’y a pas de documents probants et irréfutables sur cette longue durée.) Tout ce que l’on peut dire, c’est que, avec l’accroissement rapide de la circulation, tous les modes de pavage autres que celui en caoutchouc vont se trouver progressivement en défaut, et qu’il faudra bien dans certaines artères en venir à ce pavage, si coûteux soit-il de premier établissement.
- Nous allons maintenant donner quelques détails sur les divers systèmes essayés et existants : l’Angleterre ayant fait les essais les plus avancés, il nous paraît tout naturel de relater ce qui s’est fait là-bas, nous terminerons par ce qui se fait en France.
- Les pavés de caoutchouc en Angleterre. — C’est en 1913 que les premières expériences furent faites. Nous passerons sur cette ère de début et viendrons de suite aux cinq types de pavés en caoutchouc qui ont fait leur preuve et ont surmonté les difficultés des débuts.
- Il faut noter tout d’abord que tout pavé de caoutchouc se compose de deux parties : la partie en caoutchouc et le support ou base. La base est destinée à être immédiatement en contact, avec le sol, préparé ou non pour l’emploi des pavés de caoutchouc.
- Les pavés de la North British Rubber C° ont été posés à Glasgow (Buchanan Street) et Edimbourg place, à Shadwick.
- Les pavés Leyland ont été posés à Londres, à proximité du « Fresh Wharf » derrière Adelaide blouse, au London Bridge.
- Les pavés Gaisman ont été essayés et posés surtout à Londres dans la New Bridge Street, dans le quartier des Blackfriars (x).
- Les pavés Cowper ont été placés à Kensington (Londres) sur la Thurloe Place.
- Enfin les Pavés Cresson, sont en place depuis 1922 à Singapour sur un des quais du port, et depuis 1928 dans la Croydon Road à Anerley en face de la Fire-Station.
- Nous dirons quelques mots de chacun de ces types de pavés.
- 1. Et il y a un an à Bristol, et à nouveau à Londres.
- Pavés North British (posés en 1923). — Ils consistent en une assise de surface en caoutchouc de 9" X 4" 1/2 X 2" assujettie à une base en béton de dimensions légèrement plus faibles (en surface). Le caoutchouc est lui-même formé d’une plaque de 1 pouce d’épaisseur en demi-durci, vulcanisée avec l’assise extérieure en caoutchouc souple ayant également 1 pouce d’épaisseur; un système d’ancrage avec crampons en fer permet d’assurer la liaison du béton avec le caoutchouc et aussi avec les pavés environnants. Les dimensions plus faibles de la base en béton permettent d’obtenir un lien solide entre les divers pavés par coulée de béton dans les joints. La surface est légèrement plus élevée que les bords pour assurer une bonne prise au roulement. Le trafic à Glasgow est intense et l’usure est peu appréciable.
- « Pavés Leyland » (posés en 1924). — Ils ont pour dimensions 8x4x3 (en pouces). La couche inférieure de ces pavés a une épaisseur de 2" 1/2, elle est en ébonite sur laquelle l’assise de surface est posée. Les fonds, bouts et côtés de ces pavés sont plongés dans du bitume chaud au moment de la pose. Ils ont été posés sur une fondation en béton. Pour éviter les ondulations, des fers à T ont été interposés de place en place et noyés dans le béton de la fondation. On a constaté que ce pavage avait pratiquement éliminé les bruits et les vibrations, but du placement en cet endroit de ces pavés.
- Les Pavés Gaisman (posés en 1926). — Ils mesurent 10" 3/8 X 8 " 5/8 X 4" 1/2. Ils consistent en une base de brique, surmontée d’une couche de caoutchouc. La brique est d’une matière particulièrement choisie, et cuite pour résister à la compression. Elle porte des logements pour recevoir l’assise de caoutchouc constituée elle-même de deux parties : l’inférieure en une composition de durci et la supérieure ou de surface en un mélange souple. Les pavés sont placés sur une fondation en béton, mais avec interposition d’un lit de sable de 1" d’épaisseur formant matelas. Les pavés sont plongés dans une composition spéciale, le « Rubgrip », chauffée avant la pose, et sont, une fois posés, rejointoyés avec ce même Rubgrip liquide et bouillant. Le trafic de la New Bridge Street, est excessivement fort (266 tonnes par yard et par heure). Les résultats de l’ensemble sont satisfaisants et à l’heure actuelle ce pavage est en très bon état : le pavé de bois adjacent est d’ailleurs déjà usé de 1/4" d’épaisseur.
- Les Pavés Cowper, posés en 1928 à Thurloe Place, dans une rue difficile à maintenir en état, consistent en une plaque de caoutchouc (formée de 3 assises), à redans et saillants sur les quatre côtés. L’épaisseur est de 2" 1/4 et les pavés ont 13" 1/2 de long en deux moitiés s’encastrant sur 4" 1/2, les deux moitiés ayant 9 X 4" 1/2.
- La couche centrale est en durci et les assises extérieures sont plus souples quoique fermes. La surface est rugueuse pour empêcher le glissement. Les pavés sont posés directement sur béton, le joint est très serré et se serre de plus en plus par le trafic. Ces pavés actuellement ne montrent aucun signe de chevauchement, ce qui pourrait être à craindre avec des plaques.
- Les pavés Cresson. — Après avoir été essayés avec succès à Singapour, ils ont été placés sur 150 yards carrés à
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- Anevley. Ces pavés mesurent 9 X 3 X 3" 3/4; ils consistent en une base formée d’une composition de durci (faite de sable, pierre, latex et autres ingrédients) qui est vulcanisée avec l’assise de surface en caoutchouc souple et qui a 3/8" d’épaisseur. Les pavés sont posés sur béton et avant la pose sont plongés sur leurs 5 faces dans un bitume chaud appelé « Invicta ».
- Aux Etats=Unis. — Deux types de pavés ont été essayés, en 1924, sur le pont de la Michigan Avenue à Chicago, en provenance de la Wright Rubber C° et également sur le pont de la Northern Avenue à Boston.
- Un autre type de pavés fabriqués par la Goodyear d’Akron a été essayé sur le pont Eads à Saint-Louis (Missouri) et sur un trottoir d’Akron, près des usines Goodyear. Les pavés Wright sont fixés sur des planchers de bois par des vis, et ils sont à verrouillage (entrelacement). Ils ont des rainures pour faciliter le trafic et éviter les glissements. Il y a interposition d’une couche d’asphalte pour assurer une bonne liaison du pavé avec le bois. Un deuxième essai de pavage (dû à la Boston Woven Hose) a été fait dernièrement à Boston même, avenue Harrison et à l’entrée de l’hôpital de Boston. Les blocs ont 6 X 12" sur 1 1/2 d’épaisseur, les pavés sont placés dans un ciment d’asphalte chaud et placés à force sur la fondation, l’asphalte formant joint.
- Les essais en France. — Ils se sont presque entièrement confinés aux abords du pont d’Austerlitz.
- Les premiers essais sur une surface assez importante remontent à juin 1927 et juin 1928; les pavés avaient la forme de briques ou de dalles. Ils étaient du type à assise caoutchouc souple sur base en béton, avec interposition d’une couche d’ébonite, ou du type à cram-
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- pon de fer pour assurer parfaitement la liaison du caoutchouc et du béton. Ces pavés ont été retirés au début de 1929. En 1927 se place également l’essai de pavés Gaisman sur 1 mètre carré seulement.
- Egalement à la gare du Nord, près du départ des grandes lignes, il y a un essai de pavés (en forme de briques et carreaux) mais là les conditions du trafic sont autrement moins sévères qu’au pont d’Austerlitz, et le pavage, à joints secs, est encore là en bon état.
- Enfin, en mars 1929 un essai plus considérable a été fait au quai de la Râpée en 3 types de pavés Gaisman sur une surface de 100 mètres carrés, à un endroit où le trafic est considérable. Ces pavés sont des types suivants :
- 1° Le pavé original, dont la couche de caoutchouc de surface est couleur crème ;
- 2° Un pavé un peu moins cher avec surface de roulement noirâtre.
- 3° Un pavé particulier, où la surface de roulement, en caoutchouc, ne prend que sur la moitié du pavé : ce sont des pavés à bandes, lesquelles bandes sont d’ailleurs placées dans le sens de la circulation : ces pavés sont meilleur marché que les pavés originaux puisqu’il y entre moins de caoutchouc.
- A l’heure actuelle les trois types de pavage sont toujours en excellent état.
- En mai 1931 de nouveaux essais ont été faits quai de la Râpée par la Société des revêtements et tapis en caoutchouc. Il s’agit de plaques de 8 m X 1 m et 26 mm d’épaisseur environ pesant 40 kg au mètre carré et posés jointivement sur couche de béton avec interposition d’un lit d’asphalte. A l’heure actuelle cet essai est en bon état. F. Jacobs.
- LES HIPPOPOTAMES DANS LA RUE
- Il faut bien -croire que l’anecdote est d’un caractère exceptionnel, puisque les journaux de Durban, la capitale du Natal, lui ont consacré des colonnes entières, pendant plusieurs jours : un hippopotame fit soudain son apparition dans le faubourg-nord de la ville, s’engagea au trot dans la principale rue, bouscula les étalages extérieux-s de nombreuses boutiques, puis, apeuré par les cris des passants, rebroussa chemin et se perdit dans la brousse d’où il était sorti.
- Il n’est pas inutile de noter que Durban, qui compte aujourd’hui plus de 150 000 habitants (dont plus de la moitié sont des indigènes), n’a guère qu’un demi-siècle d’existence. Bien que dotée de toutes les innovations modernes, elle est encore encerclée par la jungle. Des bandes de singes s’aventurent quotidiennement dans les jardins de sa banlieue. Ils gambadent dans les arbres et en descendent pour recevoir les bananes que leur apportent les enfants.
- La seconde anecdote, que nous puisons dans un journal de Nairobi (Protectorat de l’Ouganda, Afrique orientale), est plus dramatique. Elle s’est déroulée près de Jinga, station climatérique fréquentée par les colons, pendant la saison chaude, et qui domine les cataractes de Ripon, déversoir du lac Victoria-Nyanza, dans le Nil.
- Un fonctionnaire du service agricole, M. R. T. Wickham,
- traversait à pied les terrains de golf, une heure avant le coucher du soleil, quand il fut sauvagement attaqué par un hippopotame. Son chien, qui tenta de le défendre, fut tué d’un coup de mâchoires. Grièvement blessé, le fonctionnaire aurait eu certainement le même sort, sans la prompte arrivée de plusieurs personnes, attirées par ses cris.
- Le journal auquel nous empruntons ce trop bref récit l’accompagne d’informations non moins intéressantes. Afin d’ajouter à l’attrait des cataractes de Ripon, que visitent de nombreux touristes, les autorités locales ont interdit, depuis trois ou quatre ans, de chasser ou même de « molester » les hippopotames.
- Malgré leur médiocre intelligence, ces animaux ont fini par comprendre (et par apprécier !) ce changement de régime. On les voit souvent pénétrer dans l’agglomération de Jinga et y faire même leur promenade le long des allées du parc municipal ! Quant au terrain de golf, ils y sont comme chez eux, à tel point que le club sportif qui l’exploite a dû ajouter un article spécial à ses règlements : un joueur n’encourt pas de penalty lorsqu’il déplace à la main une balle tombée dans la profonde empreinte creusée par le pied d’un hippopotame.
- Y. F.
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- LES FÉERIQUES DÉCORATIONS LUMINEUSES
- DE L’EXPOSITION COLONIALE
- Dans le cadre splendide du bois de Vincennes, l’Exposition coloniale attire, durant la journée, une foule nombreuse qui vient admirer l’œuvre civilisatrice accomplie par les explorateurs, les missionnaires, les marins, les soldats et les administrateurs français en Afrique ou en, Asie, en Amérique ou en Océanie, Puis, le soir venu, le spectacle change, mais l’émerveillement continue. Les architectes André Granet et Expert, avec l’aide de techniciens émérites, entre autres le, sculpteur-décorateur Léon Binet, les établissements Paz et Silva, Faille et Reinchardt, Saunier Duval, Frisquet ët la Société Lumi-Or, qui exploite les célèbres procédés Vedovelli, ont réussi à illuminer d’une façon nouvelle et véritablement féerique ces palais algériens ou marocains, ces souks tunisiens, ces pagodes indo-chinoises, ces larges avenues bordées d’édifices imposants et ce charmant lac Daumesnil où se mirent des cités lacustres. .
- Comme directive générale, on a adopté Véclairage indirect. Autrement dit, on emploie uniquement à Vincennes des lumières diffusées par de grandes surfaces pour y obtenir d’originaux effets décoratifs nocturnes. En particulier, on utilise beaucoup pour l’illumination des ensem-
- Fig. 1. — Un avant-goût des illuminations de l’Exposition coloniale : la Place de la Bastille, la nuit, avec sa colonne en éclairage indirect.
- blés, les tubes à,gaz luminescents (néon, hélium et mercure) qui fournissent des coloris variés. Le néon pur donne une teinte jaune orangé, que des traces de vapeur de mercure muent en Couleur lilas et qu’un excès du même métal vaporisé transforme en beau bleu. De son côté, l’hélium produit une luminescence jaune crème.
- Parcourons, en premier lieu, Y Allée des colonies qu’éclairent les 47 pylônes lumineux installés par les établissements Paz et Silva. Ces majestueuses colonnes hexagonales ornées de tubes au néon et au mercure (rouge, blanc ou bleu) ressemblent pendant la nuit, à de flamboyants drapeaux français. En outre, des volutes de vapeur d’eau aux nuances alternativement changeantes, les couronnent. Ainsi se trouve réalisé, dans cette principale artère de l’Exposition coloniale, un éclairage puissant, doux pour la vue et d’une artistique originalité. Le corps principal de ces pylônes a 6 m de haut et, scellé dans le sol, il repose sur un socle de 50 centimètres de hauteur. Il se compose de 6 gorges en tôle, assemblées par leurs bords pour former 6 cloisons de séparation. Une rangée de lampes à incandescence, enfermés dans une moulure métallique creuse à 3 faces, règne sur chaque arête et éclaire indirectement les gorges en leur donnant une teinte blanche. Sur la face extérieure de ces gouttières, se placent les tubes luminescents alternativement rouges et bleus : vu leur fragilité, un second cylindre de verre clair, dur et épais, les protège dans la partie à portée du public. Le socle en tôle et les cornières renferment l’appareillage de chaque pylône.
- Les canalisations électriques aboutissent à une boîte d’amenée du courant basse tension. Une cloison métallique sépare les dispositifs haute et basse tension, et du côté de cette dernière se trouvent deux contacteurs l’un pour les lampes, l’autre pour le néon, les coupe-circuits et une lampe-témoin. La haute tension comporte deux transformateurs et un verrouillage de sûreté qui, fixé sur le panneau d’accès, actionne le contacteur de son circuit. L’enlèvement dudit panneau permet de couper immédiatement le courant. D’autre part, les six coins intérieurs du socle renferment les 6 électrodes inférieures des tubes, raccordées chacune au secteur par leur base. Les 6 autres électrodes, situées à la partie supérieure des pylônes et protégées par des gaines de verre, reçoivent le courant par l’intermédiaire des transformateurs sur lesquels les tubes sont branchés; les deux rouges sur l’un, les trois bleus et l’autre rouge sur le second. La mise à la terre s’opère à la fois par le corps du pylône noyé dans le sol et par le réseau souterrain des conduites de vapeur relié, en outre, à des canalisations d’eau. La C. P. D. E. fournit l’énergie électrique (comme à toute l’Exposition du reste, ainsi que nous le verrons plus loin) sous forme de courant alternatif biphasé de fréquence 50 et les branchements sont établis par pylône en deux ponts de 110 volts chacun. Enfin, de petits jardinets entourent les socles de façon à mieux isoler les colonnes lumineuses, tout en complétant leur décoration artistique. Quant
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- Fig. 2. — L'Allée des colonies, avec sa double rangée de pylônes lumineux (vue la nuit.)
- aux effets de vapeur, ils s’obtiennent au moyen de deux stations de chaudières. Chacune d’elles amène d’abord la vapeur, grâce à des tuyaux en acier, jusqu’à un poste de détente qui abaisse sa pression avant de la distribuer à chacun des 47 pylônes au moyen d’autres conduites en fer disposées souterrainement et ayant une longueur totale de 1500 mètres environ. Enfin 13 installations de purgeurs placés aux extrémités des canalisations permettent d’évacuer l’eau de condensation des conduites de vapeur basse tension. Indépendamment du robinet de réglage, l’équipement hydraulique de chaque pylône comprend un tuyau vertical, disposé dans sa partie médiane et aboutissant vers son extrémité supérieure, à une couronne percée de petits trous par lesquels peuvent s’évaporer 15 à 20 litres d’eau par heure. Une lampe de 500 watts ou de 1000 watts, selon la coloration que l’on désire réaliser, est dissimulée dans l’entonnoir qui lui sert de support et qui surmonte chaque pylône d’où s’échappe, comme nous l’avons déjà noté plus haut, un panache ouaté d’une nuance caractéristique bleue, rouge ou blanche.
- D’autres grands luminaires évoquant par leur forme des lotus déversent abondamment la lumière à travers plusieurs des avenues aboutissant au lac Daumesnil. Chacune de leurs blanches corolles renferme 4 lampes de 200 watts et une cinquième de 300 watts à sa partie inférieure . Au-dessous de celle-ci on a installé un réflecteur, qui renvoie vers les basses branches des arbres environnants des flots d’une lumière aux nuances exquises. De leur côté, les chapelets de liserons stylisés, qu’on appelle sans trop de raisons d’ailleurs, des chenilles, sont suspendus au bout de mâts infléchis et leurs diffuseurs en tôle sont également revêtus d’une peinture blanche. Leur source lumineuse, dissimulée aux regards des passants, jette, par les belles nuits estivales, de jolies
- lueurs translucides qui s’harmonisent très bien avec les feux des rampes électriques ingénieusement coiffées de chaume et qu’on a baptisées plus justement du nom de pagodes, car leur motif principal rappelle les toits des édifices religieux de l’Indo-Chine. La charpente et les parties métalliques de ces appareils d’éclairage indirect ont été conçues par le constructeur Niepce dont les visiteurs des salons de l’automobile et de l’aviation ont pu, maintes fois, du reste, apprécier les artistiques créations.
- Mais les fontaines lumineuses, les ponts d'eau et le théâtre d'eau se distinguent entre toutes les féeries de l’Exposition coloniale qui évoquent aux yeux des spectateurs les songes d’un conte des Mille et une nuits,
- Parmi les premières, admirons d’abord la belle Fontaine de la Porte d'honneur, dessinée par l’architecte Bazin et équipée électriqüèment par la Société Lumi-Or. Son installation hydraulique comprend cinq groupes de motopompes disposées dans une chambre souterraine ; son éclairage comporte également cinq circuits alimentant un nombre variable de projecteurs du type immergé (brevets Vedovelli). Ce chatoyant ensemble brille au centre des colonnades lumineuses qui jalonnent les abords de l’entrée principale.
- Arrêtons-nous ensuite devant le Grand-Signal, scintillante fontaine en staff haute de 50 mètres. Elle dresse, à la pointe extrême du lac Daumesnil, ses 19 étages de fleurs flamboyantes encadrées de chaque côte de 9 grandes palmes de 35 mètres environ de hauteur sortant d’ün parterre de jets d’eau en hémicycle. La tige centrale porte des ajutages d’où s’échappe une couronne de filets liquides dorés de reflets jaunâtres tandis qu’on voit au sommet un panache d’eau ayant 8 mètres de hauteur. De chacun des redents latéraux se déverse en outre, une palme d’eau éclairée en blanc d’argent et dont les retom-
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- bées s’épanouissent largement. Enfin, dans le bassin de base, 4 grandes demi-couronnes percées de 8Ô oxfifices lancent vers le ciel des jets en forme de parabole qui arrosent un demi-cercle de 35 mètres de diamètre au pied du Grand-Signal.
- De son côté, la maison Paz et Silva a fourni l’équipement hydraulique et électrique de trois jolies fontaines lumineuses; deux d’entre elles dites des Cactus et des Totems ornent l’Avenue des colonies et la troisième, surnommée la Belle Fleur, se trouve du côté du lac, devant le pont conduisant aux Iles.
- La Fontaine des Cactus, la plus importante du trio, mesure près de 17 mètres de hauteur; elle offre, le soir, l’as-
- Fig. 3. — Une aile du palais d’Angkor se reflétant dans l’eau pendant la nuit.
- pect d’un énorme bijou translucide et finement ciselé. Ses 12 grosses branches partent de l’extrémité d’un corps central métallique; ressemblant au tronc de cette plante grasse et s’abaissent jusqu’au sol. Une gerbe d’eau jaillit au-dessus de cette armature tandis que par des orifices disposés tout le long des branches, le liquide fuse pour retomber dans un large bassin; au pied de Pédicule une série de . gerbes s’élance à la base des énormes feuilles charnués,. Deux groupes de moto-pompes installés dans un local en maçonnerie règlent ses jets d’eau. L’équipement électrique comprend 4 projecteurs de 1000 watts, placés au-dessus du lac de récupération et dont les fais-
- ceaux se concentrent sur la gerbe supérieure, puis 48 projecteurs de 1000 watts à faisceau très étroit qui illuminent les jets latéraux des douze branches, 48 projecteurs de 250 watts irradiant leur lumière sur les douze gerbes inférieures tandis que 320 mètres environ de rampes de lampes électriques de 24 watts, à filament spiralé à raison de 5 par mètre, assurent l’éclairage des déversoirs de l’intérieur des douze branches. Ces rampes, munies de réflecteurs diffusant en blanc mat, se trouvent disposées à l’intérieur de deux gorges. En outre, 750 lampes, installées par groupe de 2 lampes-tubes de 60 watts chacune, munies d’un réflecteur nickelé, dissimulées dans chaque décrochement du tronc et protégées par un écran en verre clair ou teinté, envoient indirectement leurs rayons blancs ou colorés sur la colonne centrale. Enfin, de la base de cette dernière pai'tent, sous tubes d’acier étanches, les canalisations électriques qui vont aboutir à des boîtes de raccordement destinées à les relier aux câbles sous caoutchouc des divers appareils. Quant aux tableaux de distribution et de protection, on les commande de la chambre des pompes où ils se trouvent logés.
- Dans la coquette Fontaine des Totems s’étendant en largeur, l’eau jaillit d’une série d’orifices, disposés horizontalement sur les deux faces et 48 réflecteurs paraboliques de 250 watts éclairent les différentes veines liquides ainsi que les animaux grimaçants qui ornent la partie supérieure de ce monument imité de l’art» nègre. Située au carrefour de l’Avenue des colonies et de la route menant vers les palais de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie, elle donne un cachet d’exotisme africain à cette place et ne manque pas d’allure. La» gracieuse Belle Fleur est plus modeste; ses 40 réflecteurs paraboliques de 250 watts, disposés à travers les dalles d’une salle inférieure, illuminent les 3 jets centraux encadrant sa corolle, les 25 jets d’eau latéraux disposés sur sa tige et les 9 jets partant de sa base. Ne quittons pas le chapitre des Fontaines sans accorder un coup d’œil au Miroir d'eau de style classique conçu par MM. Granet et Expert et qui agrémente de très heureuse façon la perspective du Palais des Informations. Ses jets d’eau, d’inclinaisons diverses, sont éclairés en blanc d’argent au moyen de 36 projecteurs Vedovelli du type immergé à foyers de 500, 1000 ou 1500 watts.
- Insistons un peu plus sur les trois Ponts d'eau que MM. André Granet et Expert ont encore jetés avec le concours de la Société Lumi-Or. Chaque tronçon de ces voûtes fluides et polychromes se compose d’une nappe formée par 7 à 8 jets d’eau à trajectoire parabolique partant d’une des rives du lac Daumesnil et se croisant en leur milieu. Les arches liquides ainsi réalisées ont chacune 20 m de largeur, 15 m de hauteur et 40 m de portée; les 6 groupes moto-pompes qui les produisent et les organes des 51 projecteurs destinés à leur illumination, occupent six petites cabines souterraines et absorbent ensemble une puissance de 1200 ch. L’une de ces chambres renferme, en outre, l’appareillage de commande générale. Les effets de colorations prévus sont l’argent, l’or, le mauve, le rouge et le vert. Mais un combinateur automatique permet de varier à
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- l’infini les teintes données par les batteries de projecteurs enfouis dans des caissons partiellement immergés et dont une série de cache-feux en forme de roseaux artificiels dissimule les hublots.
- Enfin d’après les plans des mêmes architectes, la Société Lumi-Or a réalisé un Théâtre d’eau d’une somptuosité sans égale. L’ossature de ce chef-d’œuvre hydrolumineux recouvre momentanément le Temple grec de la pointe de l’île de Reuilly, près de la passerelle reliant celle-ci à sa sœur jumelle l’île de Bercy. En ce site du bois de Vincennes, familier à tous les promeneurs parisiens, on a édifié une charpente qui constitue les gradins de ce monumental château d’eau. En avant, sur le lac Daumesnil on a construit, d’autre part, une scène théâtrale qui a pour décor de fond, pendant les séances, la draperie ondulante de la cascade aux reflets multicolores et chatoyants. Les spectateurs, voguant dans de petites barques tout autour de cet original théâtre nautique ou se tenant sur la i‘ive, peuvent jouir des scénarios variés qu’y donnent, chaque nuit, d’émérites électriciens manœuvrant des appareils automatiques.
- Les 12 groupes d’électro-pompes qui alimentent le Théâtre d’eau absorbent en pleine marche 800 ch environ et les 409 projecteurs qui éclairent les flots mouvants de ce déluge polychrome exigent 700 ch. Ces machines et tous les organes généraux de commande sont logés dans une chambre construite sous le niveau du lac et invisible au public. La quantité considérable d’eau cju’exige chaque représentation et qui atteint près de 90 000 mètres cubes provient du lac Daumesnil lui-même où on la déverse après usage, ce qui n’entraîne aucune consommation. Les effets hydraulico-lumineux réalisables, grâce à cet équipement si judicieusement étudié dans tous ses détails, sont des plus divers. Sur le faîte du temple, par exemple, une couronne de 2 m 40 munie d’une série d’ajutages pennet de donner aux jets une forme générale de dôme liquide. A la partie centrale, au droit des marches d’accès, 32 filets paraboliques représentent une grande palme d’eau tandis que des couronnes à jets multiples ou des séries de jets formant pompons fournissent les motifs des décorations centrales ou latérales. Enfin parmi les innombrables aspects que peuvent revêtir les gerbes colorées et ondoyantes du Théâtre d’eau, notons la gracieuse « Queue de paon » servant parfois de rideau liquide, ou la « Mousse » qui, dans les parties basses de chaque côté de l’édifice, forme un pulvérulent tapis bleu. Quant aux projecteurs, quels que soient leurs types et leur emplacement, ils constituent des circuits associables presque sans aucune limite et grâce au combinateur automatique, on « joue », avec leurs 10 changements de coloration, n’importe quel scénario.
- Un mot pour terminer sur la besogne considérable accomplie par la Compagnie parisienne de distribution d’électricité qui fournit le courant à l’Exposition coloniale. Le mérite de ses ingénieurs se trouve rehaussé par le fait qu’ils durent établir en quelques mois un important réseau de canalisations sur un emplacement vierge de toute installation électrique. Huit câbles pour haute tension de 12 000 volts amènent l’électricité dans le bois de Vincennes. Ils partent de la sous-station de la place de
- Fig. 4. — Silhouillc nocturne du pavillon de l’Algérie.
- la Nation que peuvent alimenter soit la centrale de Saint-Ouen,'soit les usines de l’Union d’Electricité ou de l’Electricité de la Seine, afin d’écarter les pannes. Ces câbles transportent chacun 5000 kilowatts dans leur marche à plein et leur longueur totale atteint 45 kilomètres, dont 23 à l’extérieur et 22 à l’intérieur de l’enceinte. Ils alimentent 62 postes de transformation d’une puissance unitaire variant de 120 à 1000 kilowatts. A partir de ceux-ci, des canalisations souterraines amènent l’énergie basse tension soit aux exposants, soit aux appareils d’éclairage ou de décoration lumineuse. La consommation électrique journalière de l’Exposition coloniale dépasse 21 000 kilowatts, c’est-à-dire qu’elle égale à peu près celle d’une aille de 100 000 habitants. Ces chiffres attestent l’effort accompli en l’occurrence parla C. P. D. E. Mais les habiles organisateurs de ces féeries hydro-lumineuses ont droit‘surtout à nos éloges car ils surent utiliser avec une incomparable maestria le courant mis ainsi à leur disposition ! Jacques Boyer.
- Fig. 5. — La chambre souterraine où sont i nslallés les groupes d'électro-pompes et les tableaux de distribution du Théâtre d’eau.
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- Fig. 6 à 12. — Quelques effets d’eaux lumineuses à l’Exposition coloniale.
- En haut, à gauche, le Grand-Signal; Au milieu, la Belle Fleur; A droite, la Fontaine des Cactus; Au milieu, à gauche, la Fontaine des Totems; A droite, le Pont d’eau;
- En bas, à gauche, le Théâtre d’eau; A droite, le Miroir d’eau.
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- COMPARAISON DES ABRIS MÉTÉOROLOGIQUES
- En Egypte, le Service météorologique emploie des abris météorologiques grillagés et à lames de persiennes sur les quatre faces latérales; la face avant est fermée au moyen d’un cadenas. Ces abris sont construits en Angleterre. Ils sont également en usage en Palestine : j’en ai vu à Jéricho, à Caïffa et à Tibériade, sur les bords de la mer de Galilée.
- Dans les colonies françaises, les abris sont du type Mont-souris, c’est-à-dire ouverts sur les quatre faces latérales.
- En 1907, le service météorologique d’Egypte m’avait prié de me charger d’une station qu’il désirait installer dans le centre du Delta, au village de Korachieh où j’habitais, et qui était le siège administratif d’exploitations agricoles très importantes appartenant à l’Administration des Domaines de l’Etat Egyptien.
- J’avais pensé que le gi'illage et les lames de persiennes de l’abri qui m’avait été envoyé formaient écran pour les radiations calorifiques. Les températures diurnes devaient se montrer inférieures à celles observées dans un abri Montsouris et les températures nocturnes devaient leur être supérieures.
- J’avais donc fait établir un abri ouvert, type Montsouris, dans le voisinage de l’abri grillagé. Les deux abris étaient soustraits aux réverbérations, dans la mesure du possible.
- Les thermomètres à ampoule sèche et à ampoule humide, les thermomètres à maxima et à minima étaient de grande précision et avaient été rigoureusement étalonnés. Ces thermomètres étaient, d’ailleurs, changés d’abri chaque semaine.
- Les essais ont été faits pendant les années 1910 et 1911. Us ont donné des résultats similaires. Je me bornerai donc à reproduire ci-après les observations recueillies en 1911 (I).
- La température, du sol a été mesurée d’après des indications reçues de M. Angot.
- La plus haute température de l’air observée en 20 ans à Korachieh a été de 47° 5 (en juin 1915, en abri grillagé).
- Je ne donne pas ici les températures à certaines profondeurs dans le sol qui avaient été observées (II).
- *
- * *
- Les températures diurnes ont été moins élevées dans l’abri grillagé que dans l’abri ouvert, à 8 et 14 heures. Il en a été de même des températures maxima. L’écart le plus grand a été atteint à 14 heures pour les mois d’avril et de mai, où il a été de 1 degré. Mais les températures, minima ont été plus hautes dans l’abri grillagé. L’écart a atteint 1° 1 en juillet. Il en a été
- I. — MOYENNES MENSUELLES DES TEMPÉRATURES A KORACHIEH
- Latitude nord....... 30° 50'24". Longitude est de Greenwich. . . 31° 7/1".
- 8 heures 14 heures 20 heures maxima minima max. + min.. . g 'i S S . 0) CD. O ^
- MOIS 2'; Wt j-1 ' . IJ O O) ~ *0 £ cj. g « “ «H <u m *0) ÛJ CD .s g ~ ë -s S- s «
- Abri grillagé Abri ouvert Abri grillagé Abri ouvert Abri grillagé Abri ouvert < Abri grillagé Abri ouvert Abri grillagé Abri ouvert Abri grillagé Abri ouvert
- Janvier. . Février. . Mars. . . Avril. . . Mai . . . Juin. . . Juillet . . Août. . . Septembre Octobre . Novembre Décembre Moyennes annuelles cent<lus 8,7 8,5 13.2 18.4 22.3 24.5 25.3 25.6 23.8 20.8 16,1 11.4 centdes 9,0 8,7 13,7 19.1 23,0 25.1 26,0 26.1 24,4 21,2 16,2 11,6 cent<!es 16.4 17.1 21.2 26.5 31.1 33,9 33,0 33.8 31.2 28.4 24.8 19.4 centdis 16.9 17,6 21.9 27.5 32.1 34.6 33.7 34,4 31,9. 28.9 25.1 19,6 cent(les 10,6 10,0 12.9 17.3 21.3 23.9 25,0 24.5 22.5 19.4 16,1 12.9 . centdes 10,0 9,6 12.5 17,0 21,2 23.6 24,9 24,0 - 22,3 19,1 15.8 12.8 centde~ 17,9 18.3 22.4 28,1 32,5* 34.8 34,2 34.5 32,0 29.4 25.9 20.5 centdus 18,3 18,6 23,2 28.8 33.1 35,6 34.8 . 34.9 32,5 29.8 26.2 20.9 . centdes ; 5,0 3,9 • 6 8 .10,1 13.3 15.5 17.6 17,9 16.4 14.6 . 11,1 7,8 cent,ics 4,6 3.5 6.5 9,8 12.9 , 15,1 16,5 17,0 15.9 13.9 10,7 7.5 centdPS 11.4 11,1 14,6 19.1 22.9 „ 25,2 25.9 26.2 24,2 22,0 18.5 14,1 centd(iS 11,4 11,0 14,8 19 3 23,0 25,3 ' . 25,6': 26,0 24,-2-21,9' 18,4: 14,2 i.-. * '<£ CO- g œ -S d .g ° x <3 S B £ o 5 S -i ^ ^ w r“i -h> JH 2 % t « .s $ s ^ •c-a e 2 O O* « ^ g « » J g „ ^ 3 , » ïï C a Ct 3 «3 - • S-^T! co. g co e co z § .g S a ? ^ 2 > Ü3 JJ C ‘0> ce a) ej g
- 18,2 18,7 26,4 27,0 18,0 17,7 27,5 28,1 11,7 ’ 11,1 19,6 19,6 m ® » ©'•- O js co-^! 5 O k-, 05 > ,—i 03
- IL — COMPARAISON DES TEMPÉRATURES DE LA SURFACE DU SOL ALLUVIONNAIRE NU,
- de mai à septembre
- Température de l’air en abri grillagé. Température à la surface des terres. ‘ «••*••• • j ’ Température de l’air * en abri grillagé. L Température à la surface des terres.
- au moment du minimum l4o 13°4 21°5 19°9 15°3 , 14°5 Essais de 13°4 mai à < 23° septembre i 23°5 \ 18°5 au moment du maximum 3305 35°0 3705 38°5 40° 42o 59° Essais de ^ 5305 mai à ( 6g0 septembre 1 ^q0 f 71°3
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- de même des températures à 20 heures, mais avec une assez faible différence.
- En adoptant pour température moyenne la somme des
- max. -f- min. . , A
- -----------, on voit que la moyenne annuelle a ete la meme
- pour les deux abris, soit 19°6. Pendant les mois différents l’écart est tantôt positif, tantôt négatif.
- Les essais au thermomètre-fronde de grande précision ont donné des chiffres concordant, à un ou deux dixièmes de degré près, avec ceux de l’abri ouvert, type Montsouris.
- Le climat du centre du Delta d’Egypte est continental. L’amplitude de la température en 24 heures dans un abri grillagé a été pour l’année 1911 de 15° 8, avec extrêmes mensuels moyens de 19° 3 (juin) et de 12° 7 (décembre). En abri ouvert, l’écart est encore plus grand. Plus au nord, le climat devient maritime et l’amplitude d’onde diminue. Dans le sud du Delta, dans la Moyenne et dans la Haute-Egypte, le climat est continental.
- L’évaporation devait nécessairement se montrer plus active dans l’abri ouvert que dans l’abri grillagé. C’est ce que montre le tableau III.
- L’évaporation dans l’appareil de Wild, placé sous abri grillagé, se rapproche le plus de la réalité, pour l’Egypte tout au moins. L’évaporomètre de Piche, placé sous abri ouvert, donne des résultats beaucoup trop grands. Un coefficient notable, comme le montre le tableau en ce qui concerne le centre du Delta, doit donc intervenir pour le Piche placé en abri ouvert.
- Des essais que j’ai faits pendant quelques années à Korachieh et de ceux effectués à Iiélouay, près du Caire, par Keching, il résulte que les chiffres obtenus dans le Wild sont moyennement les 67 % de ceux accusés dans le Piche, en abri grillagé.
- A mon passage à Tombouctou, dans les premiers jours de janvier 1921, j’avais constaté une évaporation très intense au Piche placé dans un abri ouvert et que j’estimais de beaucoup supérieure à celle qui est réellement atteinte, bien que
- III. _ MOYENNES MENSUELLES EN 24 HEURES 0911)
- Abri Abri Abri
- MOIS grillagé ouvert grillagé OBSERVATIONS
- Piche Piche Wild
- Janvier. . 1U/ Ù 2,6 îTi L’évaporation
- Février. . 2,6 3,6 1,5 maximum a été
- Mars. . . 3,9 5,4 2,2 observée le 24 mai
- Avril. . . 5,8 8,2 3,5 12 % 2, dans le Pi-
- Mai . . . 7,3 11,2 4,7 che sous abri gril-
- Juin. . . 8,0 12,1 5,3 lagé et 7 % 6 dans
- Juillet . . 5,9 9,4 4,1 le Wild également
- Août. . . 5,3 8,3 3,4 placé sous le même
- Septembre 4,3 6,7 2,6 abri.
- Octobre . 3,7 5,5 2,1
- Novembre 2,5 3,8 1,4
- Décembre. Moyennes 2,1 3,0 1,2
- 4,3 6,6 2,8
- annuelles.
- la ville soit sur les confins du Sahara, c’est-à-dire dans un climat extrêmement sec.
- A titre de documentation complémentaire, on trouvera ci-après le tableau des moyennes mensuelles de l’humidité relative à 8, 14 et 20 heures, l’humidité absolue à 8 heures, les moyennes mensuelles de la nébulosité en dixièmes de la voûte céleste à 8, 14 et 20 heures et enfin la durée d’insolation pour la station météorologique de Korachieh. (Tableau IV.)
- La même année (1911), M. Rykatschew a publié une note sur des comparaisons d’après des observations faites en Russie, dans des abris météorologiques différents. Ces comparaisons
- TABLEAU IV.
- MOIS MOYENNES MENSUELLES de l’humidité relative. HUMIDITÉ absolue. (Tension de la vapeur). MOYENNES MENSUELLES de la nébulosité en dixièmes de la voûte céleste. TOTAUX mensuels d’insola- tion.
- (Hélio- graphe
- 8 heures 14 heures 20 heures 8 heures 8 heures 14 heures 20 heures
- Abri Abri Abri Abri Abri Abri Abri Abri Camp-
- grillagé ouvert grillagé ouvert grillagé ouvert grillagé ouvert bell).
- 0/ /o 0/ /o o/ /o 0/ /o 0/ /o o/ /o % de ir tercure endixièm. en dixièm. endixièm. heures.
- Janvier . . 88 87 63 62 85 84 7,5 7,4 5,4 6,4 2,6 116,8
- Février . . 88 86 58 57 84 83 7,3 7,2 4,5 6,0 3,3 141,7
- Mars . . . 83 82 57 52 84 86 9,4 9,3 2,5 4,9 1,2 206,4
- Avril . . . 69 69 41 41 ' 71 75 10,9 11,1 2,8 5,6 3,3 234,3
- Mai. . . . 60 63 27 29 57 61 11,7 12,8 2,9 4,1 1,4 323,1
- Juin . . . 68 70 31 35 62 67 15,6 16,7 0,1 0,6 0,0 357,6
- Juillet. . . 71 74 42 44 66 71 17,1 18,4 2,4 0,6 0,1 371,3
- Août . . . 77 81 41 43 76 83 18,8 19,0 3,2 1,2 0,0 359,2
- Septembre 79 81 44 46 77 84 17,3 18,0 1,9 2,7 0,2 292,3
- Octobre. . 83 82 45 43 84 85 15,2 15,3 1,9 4,2 - 1,0 239,3
- Novembre. 88 89 47 47 86 89 11,9 12,1 3,0 4,1 0,7 215,1
- Décembre . Moy. ann. 87 91 55 57 84 85 8,8 9,3 4,7 7,1 5,2 130,8
- et total. . 78 80 46 46 76 79 12,6 13,0 2,9 4,0 1,7 2987,9
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- sont du même ordre que celles qui viennent d’être exposées.
- Il y a donc un certain écart entre les observations de température et d’humidité relative qui se l'ont dans les contrées pourvues d’abris météorologiques différents. L’écart est très important en ce qui a trait à l’évaporation en 24 heures dans les appareils de Piche, qui jouissent d’une grande vogue, à cause de leur simplicité. Des coefficients de réduction sont donc indispensables.
- Comme conclusion, l’abri ouvert, type Montsouris, donne des températures se rapprochant plus de celles qui s’observent
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- avec le thermomètre-fronde, mais l’évaporation y est beaucoup plus grande que dans les abris fermés. L’évaporomètre à balance de Wild, placé en abri fermé, accuse des chiffres se rapprochant plus de ceux obtenus dans les longs essais en tanks que les chilïres recueillis dans l’évaporomètre de Piche d’un abri fermé et, a fortiori, que ceux du même évaporomètre installé en abri ouvert.
- Audebeau Bey,
- Ancien ingénieur en chef de l’Administration des domaines de l’État égyptien.
- LE MOIS METEOROLOGIQUE
- JUILLET 1931, A PARIS
- Mois très pluvieux, avec température légèrement inférieure à la normale, les deux tiers du temps.
- La température moyenne, 17°,9, au Parc Saint-Maur, est un peu plus basse que la moyenne des 50 années 1874-1923 dont elle ne diffère que de — 0°,3, mais l’amplitude de la variation diurne est fortement réduite, les minima présentant
- Fig. 1. — Moyennes de températures.
- un excédent de 0°,6 et les maxima un déficit de 1°,2. Le maximum absolu n’a atteint que 28°,4, le 3 et le minimum absolu, 7°,9, le 22, est l’un des plus bas qui aient été notés à pareille date, depuis le début des observations. Dans la banlieue, le chiffre le plus élevé a été de 32°,2 (Saint-Ouen) et celui le plus bas, de 5°,4 à Villepreux.
- Les pluies ont été très fréquentes et très abondantes. On a enregistré 17 jours de pluie appréciable (normale 12), qui ont fourni une hauteur totale d’eau de 98 mm, 9 (juillet 1930 avait donné 99 mm 8 en 22 jours). Cette hauteur est supérieure de 78 % à la moyenne normale de juillet et classe le mois qui vient de s’écouler au quatrième rang parmi les plus pluvieux observés à Saint-Maur depuis 58 ans. A elle seule, la journée du 3 a fourni 36 mm, 3 d’eau ëoit plus du tiers du total mensuel.
- La durée totale de chute de pluie, 37h 50m, à Montsouris, est supérieure de 30 % à la moyenne des 25 années 1893-1922.
- Le tonnerre a été entendu 9 jours au Parc Saint-Maur et pas moins de 13 dans toute la région, mais, de tous ces orages, ceux de l’après-midi et de la soirée du 3 ont seuls été importants par les quantités d’eau fournies qui ont atteint jusqu’à 45 mm, 5 au Petit-Pantin.
- La pluie a été mêlée de grêle sur quelques points, les 3, 7 et 24.
- Le vent, dont la vitesse moyenne a surpassé notablement la normale, sans jamais avoir été violent, a soufflé deux fois plus souvent que d’ordinaire d’entre sud et ouest et très rarement, au contraire, d’entre nord et est.
- L’atmosphère a été remarquablement claire à Paris et l’on n’a signalé presque aucun brouillard matinal dans les environs.
- 116,8 9a8
- Fig. 2. — Hauteurs de pluie.
- La moyenne de l’humidité relative a été de 76,3 % et celle de la nébulosité, de 69 %.
- La moyenne mensuelle de la pression barométrique, 760 mm, 3 au niveau de la mer, à Saint-Maur, est exactement la même que celle de juillet 1930, avec un déficit de 2 mm, 4.
- Variations, par périodes décennales depuis 1874, à l’Observatoire du Parc Saint-Maur, des moyennes de la température de la pluie, du nombre de jours de pluie, de la nébulosité, de l’humidité de l’air et de la pression barométrique pour le mois de juillet.
- Temp. Pluie Jours Nébul. Hum. Pression en mm de pluie barom.
- __ en mm (q
- 1874-1883 18°,04 55,8 14 54 73,6 758,04
- 1884-1893 17 ,86 55,6 13 53 73,1 758,05
- 1894-1903 18 ,75 45,9 11 48 70,6 758,66
- 1904-1913 18 ,20 56,7 11 54 74,4 758,61
- 1914-1923 17 ,91 63,9 12 58 73,1 758,31
- 1924-1930 18 ,62 74,3 15 59 74,1 757,73
- moy. gén. 18 ,23 58,7 12,6 54,3 73,1 758,23
- 1. A l’altitude de 50 m. Em. Roger, Membre de la Société météorologique.
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- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- LA VOÛTE CÉLESTE EN OCTOBRE 1931 (*)
- Oa trouvera ci-après la liste de tous les phénomènes astronomiques observables en octobre : elle est longue et riche. Signalons, parmi les principaux, et plus spécialement à la portée des amateurs de curiosités célestes : la lumière zodiacale, le matin; l’opposition d’Uranus; de nombreux essaims d’étoiles filantes; des conjonctions de planètes et de la Lune et de nombreux phénomènes du système des satellites de Jupiter, véritable système solaire en miniature; enfin de nombreux minima de l’étoile variable Algol, visibles à l’œil nu.
- I. Soleil. — La déclinaison^du Soleil, en octobre, devient fortement australe. Elle sera de — 2° 55' le 1er et de — 13° 53' le 31. La durée du jour diminuera de llh 42m le 1er à 9» 58m le 31. On remarquera qu’il fait jour à 6h du matin et nuit à 18». Cette différence entre la lumière du matin et celle du soir tient surtout au fait que le Soleil passe au méridien environ 25 minutes avant midi, ainsi les matinées sont plus longues que les soirées.
- Voici pour ce mois le tableau du temps moyen à midi vrai :
- Dates. Heure du passage.
- Dates.
- Octobre 3 + 26°,16 + 6°,62 332o,76
- — 8 + 26 37 + 6 34 266 80
- — 13 + 26 40 + 6 01 200 84
- — 18 + 26 23 + 5 64 134 88
- — 23 + 25 88 + 5 22 68 94
- — 28 + 25 33 + 4 77 3 00
- îtobre 1er 11» 40“ 75»
- — 3 11 39 57
- — 5 11 39 20
- — 7 11 38 44
- — 9 11 38 10
- — 11 11 37 38
- — 13 11 37 8
- — 15 11 36 50
- — 17 11 36 13
- — 19 11 35 50
- — 21 11 35 28
- — 23 11 35 9
- — 25 11 34 53
- — 27 11 34 39
- — 29 11 34 29
- — 31 11 34 22
- L’ombre d’un fil à plomb,
- Fig. 1. — Marche de la planète Neptune à travers la constellation du Lion pendant l’année 1931.
- L’étoile la plus brillante, près du centre de la figure est l’étoile p du Lion.
- aux heures ci-dessus, donnera
- exactement la direction du méridien sur le sol, à Paris. Pour un lieu différent de Paris, tenir compte de la différence de longitude en temps (retrancher cette longitude de l’heure du passage pour les lieux situés à l’Est du méridien de Paris, l’ajouter si le lieu est à l’Ouest).
- Observations physiques. — La vie terrestre est intimement liée à l’activité solaire. Donc ce qui se passe dans le Soleil est bien fait pour nous intéresser. Ainsi, tout naturellement, nous sommes amenés à observer, chaque jour, la surface solaire. Et, à cet effet, les plus petites lunettes conviennent. On prendra donc chaque jour des dessins des taches et des facules, avec l’espoir de voir parfois un phénomène curieux et imprévu.
- Pour orienter les dessins ou les photographies du Soleil, on utilisera les renseignements que voici (consulter à cet effet la Notice très détaillée concernant le Soleil parue dans VAnnuaire astronomique Flammarion pour 1931, p. 88 et suivantes).
- 1. Toutes les heures données dans le « Bulletin Astronomique » sont exprimées en temps universel (T. U.) compté de 0h à 24» à partir de minuit (0h). L’heure d’été sera en vigueur pendant quelques jours au début du mois. Ajouter, pendant cettepériode, 1 heure à toutes les heures mentionnées ici.
- Lumière zodiacale; lueur anti-solaire. — La lumière zodiacale est bien visible le matin, en octobre, avant l’apparition de l’aube. La période de visibilité la plus favorable sera celle de la nouvelle lune et du premier quartier, c’est-à-dire du 9 au 21 octobre environ.
- La lueur anti-solaire, qui se présente sous l’aspect d’une tache de 10 à 16 degrés environ de diamètre, plus ou moins lumineuse, vaguement allongée dans le sens de l’écliptique, est exactement opposée au Soleil dans le ciel. On pourra la rechercher notamment le 9 octobre, vers minuit, autour de
- s Poissons, se déplaçant peu à peu, jusqu’au 14, où elle sera entre 7] et o des Poissons. Ensuite, la Lune gênera les observations de cette lueur excessivement faible.
- Eclipse partielle de Soleil. — Une éclipse partielle de Soleil, invisible à Paris, se produira le 11 octobre. Cette éclipse sera assez importante puisque la grandeur maximum atteindra 0,901, le diamètre du Soleil étant pris pour unité.
- Malheureusement pour les observateurs, les régions les plus favorisées se trouveront au sud de l’Océan Atlantique, au sud de l’Océan Pacifique et dans l’Océan glacial antarctique. La partie sud de l’Amérique du Sud sera la seule région continentale d’où l’éclipse pourra être observée. Commençant le 11 octobre à 11» lm, la plus grande phase se produira à 12“ 55m et la fin de l’éclipse à 14» 49m (temps universel).
- II. Lune. — Les phases de la Lune, en octobre, se présenteront comme suit :
- D. Q. le 4, à 20“ 15“ N. L. le 11, à 13» 6”
- P. Q. le 18, à 9» 20" P. L. le 26, à 13» 34“
- Age de la Lune le 1er octobre, à 0» = 181,8; le 12 octobre, à 0» = 01,5. Pour une autre date du mois, ajouter aux valeurs ci-dessus 1 jour par jour écoulé depuis le 1er ou le 12.
- Nous avons montré que le renseignement fourni par l’âge de la Lune est très insuffisant pour la comparaison des observations lunaires. Il est préférable d’y substituer la longitude du terminateur, qui est un document bien plus précis. On trouvera ce renseignement dans VAnnuaire astronomique Flammarion, p. 233 et suivantes.
- Plus grandes déclinaisons de la Lune : le 4 octobre à 2» — + 28° 44'; le 16 octobre, à 14» = — 28° 42'; le 31 octobre, à 8» = + 28° 38'.
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-
- 277
- ASTRE Dates : Octobre Lever à Paris. Passage au Méridien de Paris (’). Coucher à Paris. Ascen- sion droite.
- ( 5 5“ 55“ 11» 39“ 208 17» 23“ 12» 41“
- Soleil . . . 15 6 10 11 36 50 17 3 13 18
- 25 6 26 11 34 53 16 44 13 56
- 5 4 58 11 5 17 13 12 4
- Mercure . . 15 5 56 11 30 17 3 13 8
- 25 6 52 11 52 16 52 14 10
- V 5 6 35 12 8 17 42 13 8
- Vénus . . .' 15 7 4 12 15 17 26 13 54
- 25 7 35 12 24 17 13 14 42
- \ 5 8 50 13 37 18 24 14 38
- Mars. ... 15 8 49 13 25 18 2 15 6
- 25 8 49 13 15 17 41 15 34
- Jupiter. . . 15 0 23 7 42 15 1 9 23
- Saturne . . 15 13 20 17 32 21 43 19 14
- Uranus. . . 15 16 51 23 21 5 52 1 5
- Neptune : . 15 2 8 8 55 15 42 10 36
- Déclinai- Diamètre Constellation VISIBILITÉ
- et
- son. apparent étoile voisine.
- — 4° 28' 32' 2,6 Vierge
- — 8 16 32 8,0 Vierge > ))
- — 11 52 32 13,6 Balance
- + 1 33 5,2 Vierge
- — 5 58 4,8 0 Vierge / Inobservable.
- — 12 59 4,6 } Vierge
- — 6 10 15 3 54 20 9,8 10,0 10,0 0 Vierge x Vierge ( a Balance Un peu, le soir, à la fin du mois.
- — 15 42 4,2 À Vierge /
- — 17 50 4,0 i Vierge Le soir, dans le crépuscule.
- — 19 44 4,0 Scorpion
- + 15 59 32,4 Cancer Le matin, avant l’aube.
- — 22 21 15,0 7i Sagittaire Dès l’arrivée de la nuit.
- + 6 9 3,6 88 Poissons En opposit. Toute la nuit
- + 9 35 2,4 49 Lion Le matin, avant l’aube.
- 1. Cette colonne donne l’heure, en temps universel, du passage au méridien dé Paris.
- Le dimanche, 4 octobre, à 5h 14m du matin, on sera frappé de la très grande hauteur sur le ciel du croissant lunaire, au dernier quartier.
- Périgée de la Lune (plus petite distance à la Terre), le 11 octobre, à 5». Parallaxe = 61' 22". Distance = 357 320 km.
- Apogée de la Lune (plus grande distance à la Terre), le 24 octobre, à 5». Parallaxe = 54' 11". Distance = 405 950 km.
- Occultations d’étoiles par la Lune. — Le 23 octobre, occultation de 80 B. Poissons (gr. 6,3). Immersion à 20» 23m,5.
- Le 28, occultation de 104 B. Taureau (gr. 5,5). Emersion à 1811 36m,5.
- Le31,occult. de406 B. Taureau (gr. 5,6). Emersion àO» 24m,5.
- Marées, Mascaret. — Les plus grandes marées du mois se produiront à l’époque de la nouvelle Lune du 11 octobre. Elles seront très importantes. En voici quelques-unes, pour Brest :
- Dates. Marées du matin. Heure. Coefficient. Marées du soir. Heure. Coefficient.
- Octobre 10 2» 42“ 94 15» 2“ 102
- — 11 3 23 109 15 43 113
- — 12 4 3 116 16 22 117
- - 13 4 43 115 17 4 112
- — 14 5 24 106 17 45 99
- — 15 6 6 91 18 26 82
- Le mascaret, en raison de l’importance de ces marées, se produira à diverses reprises aux dates précédentes. Voici quelques passages à Quillebeuf, Villequier et Caudebec.
- Coefficient Arrivée du Mascaret à :
- Dates. de la marée. Quillebeuf Villequier Caudebec
- Octobre 11 109 7» 3“ 7» 40“ 7» 49“
- — 11 113 19 20 19 57 20 6
- — 12 116 7 38 8 15 8 24
- — 12 117 19 56 20 33 20 42
- — 13 115 8 15 8 52 . 9 1
- — 13 112 20 36 21 13 21 22
- — 14 106 8 56 9 33 9 42
- III. Planètes. —Le tableau ci-dessus, établi à l’aide des données contenues dans VAnnuaire astronomique Flammarion, renferme les renseignements pour rechercher et observer les planètes principales pendant le mois d’octobre 1931.
- Mercure, dont la visibilité s’est produite à la fin de septembre lors de sa plus grande élongation occidentale, sera inobservable ce mois-ci.
- • Il sera en conjonction supérieure avec le Soleil le 18 octobre, à 17h.
- Vénus devient un peu visible le soir, à la fin du mois. Elle s’écarte peu à peu du Soleil et son diamètre augmente un peu ce mois-ci.
- Voici la phase et la grandeur stellaire de Vénus en octobre :
- Disque Grandeur
- Dates. illuminé. Diamètre. stellaire.
- Octobre 3 0,99 9",9 — 3,4
- — 8 0,99 9 9 — 3,4
- — 13 0,99 10 o‘ — 3,4
- — 18 0,98 10 0 — 3,4
- — 23 0,98 10 1 — 3,4
- — 28 0,98 10 2 — 3,4
- Mars est encore visible le soir, dès le coucher du Soleil, dans de très mauvaises conditions : très près de l’horizon et diamètre réduit à 4" environ.
- Jupiter se lève maintenant peu après minuit, et on peut commencer les observations avant l’aube dans d’assez bonnes conditions.
- Les satellites de la planète donneront lieu aux phénomènes indiqués dans le tableau de la page suivante, résultant de leur mouvement autour de Jupiter :
- A remarquer, le 2 octobre, de 5»1“ à 5» 52“, la disparition simultanée des satellites I, II et III de Jupiter.
- Saturne est un peu visible, le soir, dès l’arrivée de la nuit, très bas sur l’horizon.
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-
-
- 278 =
- Phénomènes du système des satellites de Jupiter.
- Date Oct. Heure. Satel- lite. Phéno mène.
- 1 5“ 21m I O. c.
- 2 2 34 I E. c.
- 2 3 3 II O. c.
- 2 4 5 III E. c.
- 2 5 1 II P. c.
- 3 2 7 I O. f.
- 3 3 8 I P. f.
- 4 2 43 II Em.
- 6 2 7 III P. f.
- 8 2 29 IV P. c.
- 9 4 28 I E. c.
- 9 5 36 II O. c.
- 10 1 44 I O. c.
- 10 2 49 I P. c.
- 10 4 1 I O. f.
- 10 5 6 I P. f.
- 11 2 19 I Em.
- 11 5 28 II Em.
- 13 1 50 III O. f.
- 13 2 33 III P. c.
- 16 1 37 IV E. c.
- 17 3 38 I O. c.
- Date Oct. Heure. Satel- lite. Phéno mène.
- 17 4“ 46ra I P. c.
- 17 5 55 I O. f.
- 18 2 53 II E. c.
- 18 4 16 I Em,
- 19 1 33 I P. f.
- 20 2 12 III O. c.
- 20 2 34 II P. f.
- 20 5 49 III O. f.
- 24 5 31 I O. c.
- 25 2 25 IV P. f.
- 25 2 42 I E. c.
- 25 5 30 II E. c.
- 26 1 12 I P. c.
- 26 2 17 I O. f.
- 26 3 29 I P. f.
- 27 0 40 I Em.
- 27 2 24 II P. c.
- 27 2 50 II O. f.
- 27 5 13 II P. f.
- 27 6 10 III O. c.
- 31 0 56 III Im.
- 31 4 36 III Em.
- Voici les éléments de l’anneau de Saturne, le 16 octobre :
- Grand axe extérieur............... 37”,39
- Petit axe extérieur................. + 15”,45
- Hauteur de la Terre au-dessus du
- plan de l’anneau................. + 24°25'
- Hauteur du Soleil au-dessus du
- plan de l’anneau................. + 22°53'
- Saturne se trouvera en quadrature orientale avec le Soleil le 11 octobre, à 6“.
- Titan, le plus lumineux des satellites de Saturne, pourra être recherché au moment de ses élongations (une lunette de 0m050 suffit pour le voir, son éclat est celui d’une étoile de 8e,5 grandeur). Voici ces élongations pour octobre :
- Dates. Elongation. Heure.
- Octobre 2 Orientale 12“,5
- — 10 Occidentale 19,0
- — 18 Orientale 11,8
- — 26 Occidentale 18,6
- Uranus arrivera en opposition avec le Soleil le 11 octobre, à 16“. Il est donc visible toute la nuit. Uranus est visible à l’œil nu — pour les très bonnes vues — et en tous cas avec une simple jumelle. Avec une bonne lunette, Uranus apparaît avec un petit disque bleuâtre de 4” de diamètre environ.
- Pour le trouver, s’aider de la petite carte spéciale de son mouvement sur le ciel, que nous avons publiée au n° 2856.
- Neptune devient visible le matin, avant l’aube, non loin des étoiles o et 49 du Lion. Il brille comme une étoile télescopique de 80 à 90 grandeur et, avec une bonne lunette, présente un petit disque de 2”,3 de diamètre, sur lequel, bien entendu, on ne peut distinguer aucun détail.
- Pour trouver Neptune, on utilisera la petite carte spéciale que reproduit la figure 1.
- Pluton, la planète la plus éloignée du Soleil et qui en marque actuellement les limites connues, ne peut être vue qu’avec les instruments géants.
- IV. Phénomènes divers. — Conjonctions :
- Le 7, à 10", Jupiter en conjonction avec la Lune, à 3° 39' S
- Le 8, à 20“, Neptune Le 11, à 5“, Mercure Le 12, à 6\ Vénus Le 13, à 16“, Mars Le 17, à 19h, Saturne Le 19, à 10“, Vénus
- Le 25, à 8“, Uranus
- — à 2° 0' S.
- — à 2° 21' S.
- — à 3° 7' N.
- — à 3° 25' N.
- — à 5° 13' N.
- a Vierge (gr. 4,7),
- à 0° 8' N. la Lune, à 1° 56' S.
- FAoiles variables. — Minima d’éclat de l’étoile variable Algol (fi Persée), visibles à l’œil nu : le 5 octobre, à 4“ 19m; le 8, à 1“ 7»; le 10, à 21“ 56“; le 13, à 18“ 45“; le 28, à 2“ 48“; le 30, à 23“ 57'".
- Etoile Polaire-, temps sidéral. — Voici quelques passages de
- l’Etoile Polaire au méridien de Paris : Temps sidéral
- Date. Passage. Heure. à 0“.
- Octobre 8 Supérieur 0“ 26“ 218 1“ 2“ 39“
- — 14 — 0 2 21 —
- — 14 — 23 48 52 —
- — 18 •— 23 43 9 1 42 5
- — 28 .— 23 3 50 2 21 30
- On remarquera que, le 14 octobre, par suite de la longueur du jour sidéral, plus court (23“ 56m 4S) que le jour moyen, il se produira deux passages supérieurs de l’Etoile Polaire au méridien de Paris.
- Etoiles filantes. — Parmi les essaims météoriques d’octobre, celui des Orionides (radiant vers v Orion) donne, du 16 au 22, des étoiles filantes rapides, avec traînées.
- Voici, d’après Y Annuaire du Bureau des Longitudes, la liste des radiants actifs ce mois-ci :
- Epoque. Ascension Déclinaison Etoile
- droite. voisine.
- Octobre 1er au 9 24° + 17° Y Bélier
- — 7 31 + 18 a Bélier
- — 8 43 + 56 Y Persée
- — 15 108 + 23 0 Gémeaux
- — 18 au 20 90 + 15 V Orion
- — 18 au 27 108 + 12 P Petit Chien
- — 20 au 27 328 + 62 a. Céphée
- — 21 au 25 112 + 30 P' Gémeaux
- — 29 108 + 23 0 Gémeaux
- — 31 43 + 22 £ Bélier
- mois 29 + 8 Baleine
- V. Constellations. — L’aspect de la voûte céleste, le 1er octobre, à 21“, ou le 15 octobre à 20“, est le suivant :
- Au Zénith : Le Cygne; autour du zénith: Andromède,Cassiopée, Cephée.
- Au Nord : La Grande Ourse; la Petite Ourse; le Cocher.
- A l’Est : le Bélier; le Taureau; Persée.
- Au Sud : Pégase; le Verseau; le Capricorne; le Poisson austral, avec Fomalhaut (l’étoile de première grandeur la plus australe visible à Paris).
- A l’Ouest : La Lyre; l’Aigle; Hercule; le Serpent.
- Em. Touchet.
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- == LA RADIOPHONIE PRATIQUE =
- L’ALIMENTATION DES POSTES RADIOTECHNIQUES
- LES SOLUTIONS ACTUELLES
- La question de l’alimentation par le courant d’un secteur a été étudiée presque dès le début de l’emploi des appareils à lampes à vide et nous avons noté maintes fois dans nos « Chroniques de Radiophonie pratique » les différents systèmes utilisés et leurs avantages respectifs.
- A l’heure actuelle, tout radio-récepteur fonctionnant normalement à l’aide de batteries d’accumulateurs ou même de piles servant au chauffage des filaments de ses lampes ou à l’alimentation des plaques de ces dernières peut être très facilement alimenté entièrement par le secteur alternatif, en remplaçant ces batteries par un dispositif d’alimentation fournissant du courant redressé et filtré, d’une part pour le chauffage des filaments, d’autre part pour l’alimentation des plaques.
- Rappelons qu’en général, on peut choisir entre trois systèmes, si l’on dispose du courant alternatif d’un sec teur.
- 1° L’adoption d’un montage du type secteur comportant l’emploi de lampes à chauffage indirect dont la cathode est alimentée indirectement par le courant non redressé du secteur, et dont l’anode est alimentée par le courant du secteur redressé et filtré. Ces postes-secteur, dont l’emploi se répand de plus en plus, ont été modifiés et améliorés constamment, et ils constituent, par excellence, les postes types des usagers.
- 2° L’emploi d’un dispositif d’alimentation fournissant du courant redressé et filtré de chauffage et de tension plaque.
- 3° Le maintien en service de batteries d’accumulateurs convenablement choisies, rechargées automatiquement à intervalles réguliers par un chargeur à valve électronique ou à redresseur oxymétal (simplement à résistances s’il s’agit du courant continu) avec une intensité normale qui dépend de la capacité de ces batteries, ou encore rechargées continuellement avec une très faible intensité.
- Ces trois solutions sont employées sans qu’il y ait prépondérance d’un des systèmes. Les postes-secteur à lampes à chauffage indirect sont particulièrement intéressants lorsqu’ils sont présentés sous forme d’appareils du type local, comportant une lampe détectrice suivie d’un ou deux étages basse fréquence, et précédée ou non d’un étage haute fréquence muni généralement d’une lampe à grille écran, ils constituent alors vraiment \es postes-types de l’usager. On établit également des postes-secteur à changement de fréquence, comportant une lampe changeuse de fréquence, une lampe moyenne fréquence à grille écran, une lampe détectrice et un étage basse fréquence, généralement équipé avec une lampe trigrille de puissance, et même des postes à changement de fréquence à deux ou trois étages moyenne fréquence. La réalisation de ces derniers appareils est plus complexe.
- Ce même montage secteur avec chauffage des filaments par courant alternatif brut, et alimentation des plaques par courant redressé permet de constituer des ampli-
- licateurs de puissance microphoniques, phonographiques et radiophoniques pouvant donner des auditions d’une intensité très grande et de très bonne tonalité à l’aide d une lampe de puissance à forte tension plaque. C’est donc le montage qui est uniquement employé pour les amplificateurs phonographiques, que ces derniers soient utilisés pour la reproduction des disques, pour l’enregistrement, ou en cinématographie sonore. Il est également intéressant de faire suivre un poste récepteur de T. S. F. ordinaire d’un amplificateur de puissance alimenté entièrement par le secteur, et qui permettra d’actionner dans les meilleures conditions un haut-parleur électrodynamique.
- Les dispositifs d’alimentation par courant redressé et filtré pour le chauffage et la tension plaque sont employés absolument comme des batteries d’accumulateurs ordinaires.
- Ils sont utilisés très fréquemment sur les modèles
- Fig. 1. — Types normaux de batteries de chauffage en bac verre et en bac en matière moulée.
- les plus récents, par exemple pour l’alimentation des postes à changement de fréquence à étages multiples très sensibles et très sélectifs.
- On emploie également des appareils de ce genre pour l’alimentation des amplificateurs de modulation en cinématographie sonore, et dans de nombreux appareils radiotechniques lorsqu’on veut alimenter des lampes de T. S. F. ordinaires sans employer de batteries d’accumulateurs.
- Il ne faudrait pas croire, enfin, que l’emploi des batteries d’accumulateurs ou même de piles soit complètement abandonné. Il y a peut-être même encore en France, surtout en province, une majorité de radio-récepteurs qui fonctionnent à l’aide de batterie, mais ces types de batteries ont été modifiés, et leurs systèmes de recharge améliorés.
- Nous n’avons pas l’intention d’étudier en détail le problème complet de l’alimentation qui a déjà été si souvent considéré dans cette revue, et nous nous contenterons d’attirer l’attention de nos lecteurs sur des points particuliers assez nouveaux, ou du moins, qui ont été présentés plus spécialement, il y a peu de temps.
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- 280
- Fig. 2.— Batterie de chauffage avec couvercle de protection, munie d'un contrôleur de charge (type Tudor).
- LES TYPES ACTUELS D’ACCUMULATEURS
- Tous les appareils récepteurs sont munis à l’heure actuelle de lampes à filaments à oxyde ou à la rigueur à filaments thoriés, mais toujours à faible consommation. L’intensité du courant de chauffage nécessaire par lampe est normalement de 0,06 à 0,1 ampère, et elle ne dépasse guère 0,2 ou 0,3 ampère pour les lampes de puissance. Dans ces conditions, elle est donc très faible, et, pour l’appareil le plus puissant, elle demeure généralement inférieure à 1 ampère. Le plus souvent, pour un poste moyen, elle est de l’ordre de 0,5 ampère. Il devient parfaitement inutile d’utiliser une batterie de chauffage à forte capacité, et les batteries de 60 ou même de 100 ampères-heure adoptées avec les anciens appareils munis de lampes à filaments de tungstène ont complètement disparu. On n’utilise plus que des accumulateurs dont la capacité est au maximum d’une quarantaine d’ampères-heure.
- On trouve dans le commerce une grande variété de ces batteries en bacs verre ou en bacs en matière moulée, et leur entretien est réduit au minimum.
- De petits perfectionnements permettent de réduire le nombre et la complexité de ces soins d’entretien. C’est ainsi que certains modèles à deux éléments sont munis de bornes portant des petites cuvettes métalliques que l’on remplit de graisse ou de vaseline afin d’éviter la formation de sels grimpants pouvant amener une détérioration des contacts (fig. 1). Toute la partie supérieure de la batterie portant la barre de connexion, les bouchons de remplissage, et les bornes peut être recouverte par un couvercle en matière moulée qui protège les connexions.
- Fig. 4. — Courbes obtenues en observant la décharge continue d’une batterie à plaques
- épaisses sur une résistance de 10 ohms.
- En A, courbe pleine 3e décharge; courbe poiniillée 4° décharge après un repos de 10 semaines. En B, courbe pleine 3e décharge, courbe poiniillée 4e décharge après une mise en court-circuit de l'accumulateur pendant 3 jours.
- Il reste seulement nécessaire de vérifier de temps en temps le niveau de l’électrolyte dans les bacs, de verser un peu d’eau distillée s’il y a lieu, et de recharger régulièrement la batterie sans attendre une décharge trop complète qui exposerait les plaques à une sulfatation dangereuse.
- Cet état de la batterie peut être vérifié, non seulement au moyen d’un voltmètre pendant que la batterie est en
- service, mais encore en vérifiant la densité de l’électrolyte contenu dans le bac.
- Cette densité doit être comprise entre 13° et 15° Baumé, lorsque la batterie est déchargée et 24-28° Baumé en fin de charge. La charge doit être effectuée avec un des appareils que nous avons indiqué, de fonctionnement plus ou moins automatique, avec une intensité égale o.u inférieure au l/10e de la capacité de la batterie, en dix heures. A ce propos, il faut remarquer que trop d’amateurs n’effectuent jamais que des recharges incomplètes et n’attendent pas l’apparition des indices de fin de charge : bouillonnement abondant sur les plaques et tension constante de 2,5 à 2,7 volts par élément.
- Pour faciliter à l’amateur la vérification de la densité de l’électrolyte, vérification qui peut, d’ailleurs, être effectuée au moyen d’une pipette avec pèse-acide d’un modèle déjà décrit dans nos chroniques, un constructeur a eu l’ingénieuse idée d’accoler à la paroi du bac, et faisant corps avec elle, une sorte d’éprouvette transparente, remplie par l’électrolyte et contenant des boules lestées de couleurs différentes. Il suffit de regarder leur position pour connaître la densité de l’électrolyte
- (fig. 2).
- Lorsque la boule rouge tombe au fond de l’éprouvette, par exemple, on voit qu’il est nécessaire de recharger sans délai, et lorsque la boule blanche flotte, cela indique que T on approche de la fin de la charge.
- Ces batteries, nous l’avons indiqué, peuvent être combinées avec un type quelconque de chargeur automatique à valve thermionique ou à éléments oxymétal, mais on peut également constituer des blocs complets renfermant dans un même boîtier l’ensemble de la batterie et de son système de charge, ce qui forme un appareil particulièrement pratique.
- Si l’on veut employer un système de charge continue fonctionnant avec un très faible débit, on peut d’autre part adopter un système d’accumulateurs très particulier dont la capacité est relativement faible, spécialement étudié pour la décharge lente et intermittente. Ce type d’accumulateur se différencie de l’accumulateur ordinaire par la construction et la constitution de ses lames actives qui sont rebelles à la sulfatation, supportent un court-circuit accidentel sans se détériorer et conservent la charge au repos. Ces modèles d’accumulateurs possèdent donc des caractéristiques comparables à celles des piles, tout en étant rechargeables à volonté.
- Dans un de ces modèles, la matière active est extrêmement poreuse, car elle ne contient pas d’agglutinants, et n’est soumise à aucune compression. Elle entre dans l’électrode à l’état de poudre.
- Fig.3.— Batterie d’accumulateurs à plaques spéciales très épaisses pour décharges lentes et intermittentes (type Hydra).
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- Les électrodes sont des boîtes indéformables dont le pourtour est un cadre blindé et dont les faces sont des feuilles, l’une en plomb, l’autre en matière isolante linement perforée. Le plomb utilisé est absolument pur et ne contient pas d’antimoine (fig. 3). Les courbes de la figure 4 montrent que ces types d’accumulateurs gardent leur charge pendant très longtemps au repos, et ne sont pas sensibles aux courts-circuits.
- L’intensité maximum du courant fourni par une telle batterie est de l’ordre de 1 ampère; elle est normalement de l’ordre de 0,5 ampère, suffisante, dans la plupart des cas, pour assurer l’alimentation d’un poste.
- Dans un autre modèle de la même catégorie, le bac est en verre moulé à parois si épaisses qu’un danger de rupture n’est pas à craindre; il est muni de rainures pour le logement des deux plaques et celles-ci sont particulièrement épaisses (fig. 5). Le très grand écartement des plaques évite toute possibilité de dérivation par détachement de matières actives. Sur le fond du bae se trouve, d’ailleurs, une épaisse cloison de verre séparant le bas des plaques dans toute leur largeur, et empêchant les dérivations par dépôt de matière active.
- Le bac est fermé hermétiquement par un couvercle sur lequel on a coulé une composition spéciale qui n’est
- traversée que par les bornes de prises de courant et par un bouchon de remplissage et de dégagement gazeux. Fig. 6.— Une batterie à plaques épaisses perd Jjes dispositions de très lentement sa charge. détail ont été étu-
- AB, décharge immédiatement après la charge; diées TDOUroue l’élé-A'B', décharge un an après la charge. 1 , ,
- ment ne demande
- aucun soin d’entretien. On a prévu une réserve suffisante d’électrolyte au-dessus des plaques et les bornes sont inoxydables.
- Ces éléments perdent normalement moins de 15 pourlOO de leur capacité pendant trois mois et environ 30 pour 100 en six mois, alors que, dans les accumulateurs ordinaires au plomb, une perte de capacité de 1 pour 100 par jour est considérée comme presque normale (fig. 6). 11 semble donc que ces batteries d’un modèle spécial puissent rendre des services aux amateurs qui n’utilisent pas quotidiennement leur poste et font des voyages fréquents. Ils peuvent ainsi abandonner leurs batteries sans risque de les trouver sulfatées à leur retour, comme il arrive trop fréquemment. La seule précaution à prendre consiste à les charger avec une intensité relativement faible et pendant longtemps. Cette charge peut être effectuée, en quelque sorte, automatiquement au moyen d’un chargeur à faible débit à fonctionnement continu d’un modèle quelconque.
- Jusqu’à présent, la question de la construction des batteries d’accumulateurs pour tension plaque était complexe et délicate, parce qu’il fallait réaliser des ensembles assez réduits et relativement peu coûteux, mais cependant robustes et durables. Or, il était difficile d’établir des électrodes de petite surface assemblées dans des bacs de volume réduit, et présentant les qualités nécessaires. Les constructeurs se sont efforcés de résoudre ce problème
- devenu, d’ailleurs, de plus en plus difficile par suite de l’emploi des fortes tensions et des intensités plus grandes dans les lampes de puissance. En effet, si l’intensité du courant de charge a constamment diminué, la tension et l’intensité du courant de plaque ont augmenté. A l’heure actuelle, beaucoup d’amateurs emploient un courant d’au moins 120 volts de tension et d’une intensité de 30 à 40 milliampères.
- On n’utilise plus guère les batteries constituées par des lames en plomb en forme de cavaliers placées dans des sortes de Fig‘ 5- Accumulateur à plaques , épaisses, modèle Tudor.
- grosses eprouvettes en
- verre remplies d’électrolyte. Sans doute, ces modèles de batteries étaient simples, le remplacement des électrodes était presque instantané, mais l’ensemble était peu transportable et d’un maniement assez peu pratique.
- On emploie plutôt maintenant des bacs entièrement fermés, comme ceux des batteries de chauffage. Les connexions sont noyées dans le brai et seules des ouvertures munies de bouchons en caoutchouc permettent le remplissage facile des bacs à l’aide d’une pipette (fig. 7).
- Ces batteries sont généralement présentées sous forme de blocs d’une dizaine d’éléments qu’il suffit d’assembler en série pour obtenir les tensions nécessaires de 80, 120, ou 160 volts. Les modèles à bacs de verre à couvercle de brai ne peuvent évidemment être démontés que par les spécialistes, dans le cas où, au bout d’un certain temps, il deviendrait nécessaire de changer un élément. Dans un nouveau modèle, on a prévu un autre système de couvercle et d’attache de plaques qui procure la même
- Fig. 7. — Une batterie de tension plaque moderne (type Isolair Tudor).
- Durée delà déchargé
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- Corxnc*/amortîtes . (hBUtt-dt tIWHtÿvmifit . Q*J
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- réduits
- Sa es ni u î tipt* s en- verre pru&i /grande visibilité)
- Borne* à bain de vaseitns ( inoxydables}
- Fig. 8. •— Batterie de plaque perfectionnée à couvercle démontable.
- Au-dessous à droite, détail d’une borne à bain de vaseline.
- étanchéité, tout en rendant possible le remplacement d’une électrode par un ouvrier non spécialisé, ou même par l’amateur lui-même (fig. 8).
- Les électrodes sont fixées directement au couvercle isolant mais peuvent en être facilement détachées. Ce
- Fig. 10. — Bloc d’alimentation 4 c-80 v. ou 4 u-120-160 volts comportant des batteries et des chargeurs permanents (blocs Tudor).
- couvercle couvre normalement le bac d’une manière étanche, mais on peut le soulever aisément, et, en effectuant cette opération, on soulève également toutes les électrodes qui y sont attachées.
- Lorsqu’il est besoin d’employer des tensions intermédiaires, par exemple pour l’alimentation plaque d’une lampe changeuse de fréquence bigrille, l’alimentation de la grille de protection d’une lampe à écran, la polarisation de grille d’une lampe basse fréquence, etc..., il peut être intéressant d’obtenir une variation de tension de deux volts en deux volts. Pour cela, on peut employer une prise de courant constituée par une tige en plomb surmontée d’une borne à bain de vaseline ; le corps de la prise rainuré s’introduit dans la tubulure servant normalement au remplissage du bac et s’appuie sur celle-ci à l’aide de quatre épaulements, laissant des orifices pour le dégagement gazeux; la partie effilée baigne dans la réserve supérieure de l’électrolyte et assure le contact avec la batterie (fig. 9).
- Tous les modèles de batteries de plaque peuvent être rechargés, soit à l’aide d’un appareil à fonctionnement intermittent fournissant un courant d’une intensité de l’ordre du dixième d’ampère, soit à l’aide d’un chargeur continu fournissant un courant de l’ordre d’une vins;-taine de milliampères au minimum. Il existe des ensembles constitués par des batteries combinées avec des chargeurs, assemblés en un bloc solidaire. Pour l’utilisation de ces blocs, il suffit de manœuvrer un seul interrupteur pouvant prendre à volonté les positions « écoute » ou « charge » (fig. 10). Cette charge est généralement continue et à faible régime ; un réglage simple permet d’accélérer la charge soit pour la mise en route, soit en service. Un tel bloc d’alimentation que nous avons, d’ailleurs, déjà signalé dans nos chroniques, peut comporter également la batterie de chauffage avec son système de charge, et constituer un système d’alimentation complet, d’un prix relativement modique et qui offre tous les avantages des batteries d’accumulateurs sans en présenter la plupart des inconvénients.
- (A suivre.) P. Hémakdinquiîr.
- Adresses relatives aux appareils décrits :
- Accumulateurs de chauffage et de tension plaque, Tudor, 16, rue de la Baume, Paris (8e).
- Accumulateurs à décharge lente, Établissements Hydra, 165, rue du Président-Wilson, à Levallois-Perret.
- Fig. 9. — Prise de courant électro-lytique permellant d’obtenir des variations de tension de 2 volts en 2 volts avec une batterie de plaque.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- RESTAURATION D’ANCIENNES ÉPREUVES PHOTOGRAPHIQUES JAUNIES
- Dans son n° 4 du 15 février 1924, l’excellent journal L~a Photo-Bevue indique d’opérer ainsi :
- Plonger l’épreuve préalablement décollée dans :
- Eau distillée, 1000 cent, cubes.
- Solution saturée de sublimé dans :
- L’acide chlorhydrique : un cent. cube.
- Quand l’épreuve devient pourpre la laver et la virer ensuite dans: Eau distillée : 1000 cent, cubes Chlorure d’or et de potassium : 8 grammes, qui lui restitue ses tons primitifs.
- Rincer ensuite à fond comme d’habitude.
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- NOTES ET INFORMATIONS
- MARINE
- Le nouveau paquebot « U Atlantique ».
- L’Atlantique, le nouveau paquebot de grand luxe de la Compagnie de Navigation Sud-Atlantique, entrera en service le 29 septembre sur la ligne de l’Amérique du Sud.
- Construit par les Chantiers et Ateliers de Saint-Nazaire (Penlioët), l'Atlantique se classe par ses caractéristiques au nombre des plus grands paquebots mis en ligne depuis la guerre : longueur 227 m 10, largeur 30 m, déplacement 40 000 tonnes.
- La propulsion est assurée par des turbines Parsons à engrenage alimentées par des chaudières chauffant au mazout. L’armement du navire comprend les appareils les plus modernes : compas gyroscopique et répétiteurs, sondeur ultra-sonore; le gouvernail compensé est à commandes hydroélectriques.
- Une puissante station de T. S. F. assure les communications au départ de France à destination de l’Amérique du Sud et vice versa. En outre, un poste de téléphonie sans fil a une portée de 1000 à 1500 milles.
- Fig. 1. — Le paquebot « L’Atlantique ».
- La décoration intérieure de l’Atlantique a été exécutée sous la haute direction d’Albert Besnard.
- Les vastes salons, unis par un escalier monumental à la salle à manger, immense pièce de.35 m de longueur, 20 m de largeur, 9 m 50 de hauteur, forment un ensemble d’une tenue artistique remarquable. La variété de leur décoration où dominent les marbres, les bois précieux et les laques se retrouve dans les appartements de luxe et les chambres de première classe qui diffèrent toutes par le détail de leur décoration.
- Ces chambres s’ouvrent non plus sur deux coursives longitudinales séparées par les tambours des cheminées des chaufferies, mais sur une « rue centrale » qui traverse tous les aménagements sur une longueur de 140 m. Cette rue qui sera bordée de nombreux magasins (magasins de nouveautés, de modes, fleuriste, librairie, magasin de vente d’automobiles, etc.), exercera, sans aucun doute, un attrait tout particulier auprès des passagers qui pourront y admirer une sélection des dernières créations du commerce français de luxe.
- Pour distraire les passagers pendant la traversée, on a installé à bord : piscine, salle d’armes, salle de mécanothérapie, tir, tennis, golf, cinéma sonore et parlant, etc...
- CHIMIE INDUSTRIELLE La fabrication des laques.
- Une laque est composée d’une matière solide blanche, teintée par une matière colorée. La matière solide se nomme la base de la laque.
- La fabrication des laques est très importante, car la peinture d’art en emploie dé grandes quantités.
- La base la plus employée dans la fabrication des laques est l’alumine soit pure, soit en combinaison; et on l’utilise sous forme de gelée en la précipitant de ses sels par une solution d’ammoniaque.
- L’alumine en gelée absorbe énergiquement toutes les matières colorées, elle se teint directement dans une solution de cochenille.
- Cependant, le plus souvent, les laques ainsi obtenues sont dures et sans éclat.
- Pour obtenir les laques, on part surtout du sulfate d’alumine basique obtenu en saturant une solution de sulfate d’alumine (SO4)3 AP, ou d’alun de potasse avec du carbonate de soude en ayant soin d’agiter constamment pendant l’opération pour permettre au gaz carbonique de s’échapper sans produire trop de mousse.
- La réaction se produit suivant la formule :
- (So*)s AP + CO3 Na2 = 2C02 + 2SOl Na2 + S04A1*0*.
- Le sulfate basique d’alumine précipite, on le lave et lui adjoint le colorant désiré.
- On emploie aussi comme base des laques différents sels d’aluminium insolubles, les phosphates et borates d’alumine par exemple.
- Fabrication de la laque de Gaude. — C’est une laque jaune obtenue à partir de la gaude qui est une plante indigène que l’on coupe en menus morceaux et que l’on épuise à l’eau froide d’abord, bouillante ensuite.
- La liqueur obtenue est filtrée, puis on y ajoute un poids d’alun équivalent à celui de la gaude, et du carbonate de soude destiné à précipiter le sulfate basique d’alumine. La matière colorante de la gaude, la lutéoline, est entraînée avec le précipité qu’on lave et sèche.
- La laque de gaude est la plus solide des laques jaunes.
- Laques de garance ou d’alizarine. — Ce sont des laques dont la couleur varie du rose au noir suivant la concentration de la matière colorante.
- On épuise la garance à l’eau froide pour dissoudre les sucres et les gommes nuisibles à la production de la laque, puis on dissout l’alizarine contenue dans la garance au moyen d’une solution chaude d’alun. On laisse ensuite refroidir jusqu’à 35 à 40° et ajoute le carbonate de soude par petites portions en agitant constamment.
- La liqueur qui était jaune au début devient peu à peu rouge foncé. A ce moment on la porte à l’ébullition pour précipiter la laque.
- Laques de cochenille. — On fait bouillir de la cochenille broyée avec de l’eau contenant du bitartrate de potasse.
- On filtre et ajoute de l’alun en poudre; la dissolution de l’alun étant terminée, on verse goutte à goutte du protochlorure d’étain en quantité convenable.
- Après quelques heures, il se dépose une laque de belle qualité. Les laques de cochenille sont des laques rosées, souvent falsifiées au moyen de craie ou d’amidon.
- H. Soyer,
- Ingénieur-Chimiste E. C. I. L.
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- LIVRES NOUVEAUX
- Premières communications de la Nouvelle Association internationale pour l'essai des maté-' riaux (groupe A )— (Métaux). 1 vol. illustré 368, pages. Éditions Naiem, 27, Leonhardstrasse, Zurich, 1930.
- Ce volume contient une série de mémoires traitant des problèmes relatifs aux essais des métaux. Les sujets ont été choisis par un comité appartenant à la Nouvelle Association internationale pour l’essai des matériaux. Le comité des métaux est présidé par le savant anglais bien connu Rosenhain. Le choix a été guidé par le désir d’exposer l’état actuel des connaissances des diverses questions rentrant dans le cadre de ce groupe. Les études publiées ont été rédigées par des spécialistes de divers pays. Elles forment la base des discussions du Congrès International qui vient de se tenir à Zurich. Ce volume présente donc un très vif intérêt pour tous les techniciens. Citons quelques-uns des travaux qu’il contient : méthode d’essai de la fonte en Angleterre, par Pearce: les méthodes d’essai de la fonte par le Dr Dübi; les fontes à haute résistance aux États-Unis par Coyle; les fontes de qualité par les frères Sulzer; essais de résistance de la fonte à l’usure par R. Spazier; les matériaux aux hautes températures par Batson; études sur la résistance mécanique à chaud des aciers et alliages par A. Michel; les métaux aux hautes températures par sir Robert Iladfield; les phénomènes de fatigue par Ludwik; les phénomènes de fatigue dans les cristaux uniques de métaux purs par Gough, etc., etc.
- Premières communications de la Nouvelle Association internationale pour l'essai des matériaux (groupe B). — (Matières inorganiques non métalliques).
- 1 vol. illustré, 284 pages. Éditions Naiem, 27, Leonhardstrasse, Zurich, 1930.
- Ce volume, qui contient une série de rapports préparés en vue du Congrès de Zurich de 1931, traite de questions relatives à la résistance et aux essais des pierres, du sable, du ciment, du béton. Les auteurs en sont : MM. Niggli de Zurich, Mandle, Emperger, Grengg, Romanowicz, Hasch, Spindel, Saliger de Vienne, Tinckh, Burchartz de Berlin, Rôs, Kessler, Goldbeck, Bâtes de Washington, Stradling de Garston, Janousek de Copenhague, Poulsen, Suenson, E. V. Meyer, Lowenthal, de Copenhague, Graf de Stuttgart, Kreuger, Roos Af. Hjelmsâter, E Kwall, de Stockholm, Young de Toronto, Slater de Bethlehem (U. S. A.), Loman de la Haye, Feret de Boulogne-sur-Seine, Dutron de Bruxelles, Ferrari de Pise, Bentkowski, Drujinin de Leningrad, Richard de Urbana (U. S. A.), Kallauner de Brünn, Barta de Prague.
- Premières communications de la Nouvelle Association internationale pour l'essai des matériaux (groupe C). — (Matériaux organiques.) 1 vol. illustré, 224 pages. Editions Naiem, 27, Leonhardstrasse, Zurich, 1930.
- Ce volume contient, en préface aux travaux du Congrès de Zurich, divers rapports avant trait surtout à la résistance et aux essais des bois.
- Premières communications de la Nouvelle Association internationale pour l'essai des matériaux (groupe D). — (Questions d’intérêt général). 1 vol. illustré, 248 pages. Editions Naiem, 27, Leonhardstr., Zurich, 1930.
- Les questions traitées dans ce volume, en vue des discussions du Congrès de Zurich en 1931, se rapportent à l’étude générale des méthodes d’essai des matériaux, notamment aux rapports qui existent entre les propriétés des matériaux et les caractéristiques diverses, et en apparence conventionnelles que mesurent les divers appareils d’essais. Ces questions sont traitées de divers points de vue, par MM. Kuntze, Herold, Ros et Eichinger, Cook, Bartel, Grengg, Schob, Ludwik. D’autres auteurs abordent des questions de terminologie; l’essai d’usure est étudié dans plusieurs rapports; il en est de même de la détermination de la grandeur des particules de grande finesse; enfin un certain nombre d’études sont consacrées à l’étalonnage des machines d’essais.
- Second report of the Committee on Photoche-mistry, par Hugh. S. Taylor. 1 brochure, 45 pages. National Research Council, Washington. Prix : 50 cents.
- Cette brochure reproduit une étude publiée en 1930 dans le Journal of physical Chemistry. L’auteur analyse, d’après les travaux récents, le mécanisme intime des réactions photochimiques : étude spectrale de l’absorption de la lumière par les atomes et les molécules; étude des réactions chimiques sous l’influence de la lumière d’après les connaissances acquises sur le mécanisme d’absorption de celle-ci.
- Chemisette Bindung als electrostatische Erschei-nung. von A.-E. van Arkel und J.-H. de Boer, traduit du hollandais en allemand, par Li Klemm et Wilhelm Klemm. — 1 vol. XX-302 pages, 71 üg. S. Hirzel, Leipzig, 1931. Prix : broché : 15 Reichsmark.
- Le problème de l’affinité chimique, que Berzélius, comme bien des savants du début duxix0 siècle, avait tenté sans succès de ramener à la mécanique newtonienne, a été ensuite longtemps délaissé par les chimistes. Ceux-ci se sont contentés de développer la notion de valence des atomes; celle-ci s’est montrée très féconde dans la chimie du carbone, mais elle est surtout un moyen d’expression commode; elle ne se rattache à aucune propriété fondamentale de la matière, et conduit, quand on la pousse trop loin, à des conclusions arbitraires ou à des contradictions. Ces imperfections ont été vivement ressenties surtout par les physiciens. Les théories modernes sur la constitution électrique de l’atome ont ouvert une voie nouvelle pour aborder le problème de l’affinité chimique: elle a été frayée notamment par Kossel; selon ce physicien, les atomes de tous les éléments tendant, par capture d’électrons, à prendre la configuration du gaz noble qui les suit dans la classification de Mendeleel'. Cette capture transforme l’atome en ion positif ou négatif et la liaison chimique devient alors un phénomène d’attraction électrique. Ainsi dans la molécule de chlorure de sodium, le chlore et le sodium sont des ions à charges simples et de sens contraire, liés par leur attraction électrique réciproque. Partant de là on peut calculer théoriquement les énergies de combinaison et de dissociation, les chaleurs de formation et soumettre la théorie au contrôle de l’expérience.
- MM. Van Arkel et de Boer ont développé largement la théorie de Kossel; ils montrent que celle-ci explique d’une façon remarquablement simple nombre de résultats de l’ancienne théorie purement géométrique de la valence ; s’aidant de nombreux travaux effectués sur la molécule chimique en ces dernières années, ils dégagent les principales conséquences chimiques de la théorie de Kossel et en mettent en évidence la fécondité. Celle-ci n’est cependant pas à l’abri des critiques. Les auteurs exposent également avec beaucoup de clarté les objections qui limitent cette séduisante théorie, et n’en font qu’une première approximation, très satisfaisante du reste dans nombre de cas. C’est à la mécanique ondulatoire qu’il appartient, semble-t-il, de serrer de plus près encore l’interprétation électrique des phénomènes chimiques.
- Chimie des Protoplasmas, par Alexander Kiesel. l vol. in-8, 302 p. Protoplasma Monograpliien. Gebrüder Borntraeger, Berlin, 1931. Prix : cartonné toile, 20 marks.
- La matière vivante a toujours retenu l’intérêt des chercheurs et l’on a appliqué à son analyse successivement toutes les ressources de la chimie, puis de l’observation microscopique et enfin, en ces dernières années, des mesures physico-chimiques. Nos conceptions du protoplasma s’en sont trouvées progressivement modifiées, sans aboutir toutefois à une compréhension définitive. La collection des monographies sur le protoplasma a demandé au professeur de l’université de Moscou de faire le point de nos connaissances chimiques Ce livre en est l’exposé. Le protoplasma est un mélange de substances ayant une structure, des réactions chimiques et colorantes, dans lequel on distingue un noyau, un cytoplasme, des lipoïdes, une membrane, un chondriome, un appareil de Golgi; chaque partie a ses propriétés, ses caractéristiques, et l’on y connaît certains corps spéciaux : protéines, acides nucléaires, diastases, etc. Les cellules sans noyau, en dégénérescence, les plasmodes des myxomycètes posent les mêmes problèmes sous des jours différents. C’est cet ensemble de questions que l’auteur examine en l’accompagnant d’une ample bibliographie récente.
- A text-book of experimental cytology, par James Gray. 1 vol. in-8, 516 p., 205 fig. Cambridge University Press, Cambridge, 1931. Prix : relié, 25 sh.
- De plus en plus, l’observation morphologique fait place à l’expérimentation physiologique sur le vivant et même aux mesures physicochimiques; en ces dernières années, l’étude des cellules s’en est trouvée complètement transformée. L’auteur en a donné un exposé d’ensemble à l’université de Cambridge; il présente les problèmes cytologiques sous un jour tout nouveau. En une série de chapitres, il montre la cellule comme une unité vivante et physique, il décrit sa dynamique, la considère comme un système colloïdal dont il examine l’état physique et la surface. De ce point de vue, les rapports du protoplasma et du noyau et ceux de la cellule avec le milieu apparaissent régis par des lois physiques et conditionnent la taille, la croissance, la division. Quelques courts chapitres indiquent les propriétés particulières des cellules germinales et contractiles et esquissent les problèmes de phagocytose. Une riche bibliographie fait de cet exposé un excellent instrument de connaissance des idées les plus récentes sur ces importantes questions.
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- PETITES INVENTIONS
- PÊCHE
- Mallette de pêche.
- Voici un nécessaire pour la pêche, à multiples usages, qui contient tout l’attirail nécessaire au pêcheur, même des provisions, et qui peut également servir de siège.
- Cette mallette a une hauteur de 35 cm, elle comporte à l’intérieur trois compartiments. Le premier est destiné à une bouteille thermos d’un demi-litre, à une boîte aux provisions, à un filet bourriche et à trois cercles. Le compartiment du milieu contient le seau de zinc pour les vifs, avec des trous en
- reste placé parallèlement au courant, c’est-à-dire en position normale. La plupart du temps, en effet, le pêcheur est placé perpendiculairement; il en résulte une position désagréable et fatigante, quand il ne s’ensuit pas un torticolis douloureux.
- En vente chez Postel, 86, rue de la Folie-Méricourt, Paris.
- OBJETS UTILES
- La préparation domestique du yaourt.
- Dans un article paru dans La Nature du 1er mai 1929, notre collaborateur, M. Marc Fouassier,* de l’Institut Pasteur,
- chicane rendant la sortie de l’eau impossible pendant le transport tout en maintenant l’aération.
- Le troisième compartiment contient deux boîtes à esches, la boîte à lignes et _ accessoires; des pitons à l’intérieur de la boîtéi ' reçoivent les bas des lignes métalliques qui ne doivent pas être pliées.
- Il reste dé la place disponible pour une boîte à moulinets et des boîtes à amorces.
- Sur le devant se trouve une boîte établie sur le principe de la tapette à rats; elle peut basculer de 90° environ, la
- partie supérieure eollée contre le cadre est alors ouverte et le pêcheur peut saisir l’asticot avec l’esche dont il veut se servir. Un petit toit protège de la pluie et du soleil.
- Lorsqu’on a ouvert les verrous de fermeture, le cadre mobile supérieur s’enlève et libère le couvercle. On retourne celui-ci et on le remet en place en recoiffant avec le cadre et en fermant les verrous; l’appareil est alors prêt à servir de siège.
- C’est un siège commode qui ne s’enfonce dans aucun terrain, car il porte sur toute la surface de la boîte, il ne bascule donc pas comme le fait un pliant dont les pieds s’enfoncent inégalement.
- Pour la pêche en bateau, assis de cette façon, le pêcheur
- .Fig. 3.
- Le couvercle el le cadre servant à transformer la malle en siège.
- rappelait les caractères et l’origine des produits lactés les plus connus, notamment du yaourt, et l’action bienfaisante des ferments lactiques vivants et actifs sur l’organisme. Il concluait en souhaitant de voir adjoindre aux qualités du yaourt des facilités de préparation domestique.
- C’est qu’en effet, si les avantages de l’emploi du yaourt sont aujourd’hui universellement reconnus (sa consommation atteint pour Paris seulement» le chiffre de 300000 pots par jour), il faut bien reconnaître que sa fabrication industrielle et sa distribution commerciale se trouvent grevées de frais considérables qui en majorent le prix au point d’en faire presque un produit de luxe. Et encore ce produit, qui ne supporte pas le transport, ne peut-il se trouver que dans quelques grandes villes alors qu’il serait au plus haut point désirable d’en voir la consommation mise à la portée de tous, et partout.
- Un appareil, le Yalacta, breveté en France et à l’étranger, vient d’être mis sur le marché, qui répond entièrement au vœu exprimé dans l’article de notre collaborateur. Cet appareil, résultat d’une longue expérience dans la fabrication des yaourts d’Orient, reproduit fidèlement le processus de
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- Fig. 2. — L!appareil « Yalacla » à 7 pots, ouvert.
- fabrication du yaourt bulgare dans son pays d’origine, dans des conditions cependant plus hygiéniques et plus modernes.
- Il se compose essentiellement d’un plateau isolant sur lequel reposent trois ou sept pots en verre spécial « Sibor » résistant à la chaleur et d’une cloche isolante et réfléchissante. Les pots, de forme hexagonale, sont assemblés en « nid d’abeilles.
- Cette disposition assure leur contact réciproque et, partant, un excellent équilibre de leur température.
- L’intérieur de la cloche est constitué par une surface métallique polie, de forme spéciale, qui a pour effet de concentrer la chaleur et de la réfléchir uniformément
- sur les pots.
- Le procédé de fabrication du yaourt à l’aide du Yalacla est des plus simples. 11 suffit de distribuer dans les pots du lait préalablement bouilli, sans qu’il ait été nécessaire de le faire réduire.
- Dès que la température de ce lait est descendue entre 42° et 55°, ce que l’on vérifie à l’aide d’un thermomètre supporté par un petit étrier et fourni avec l’appareil, on introduit dans chaque pot une dose de ferment au moyen d’un petit injecteur.
- L’appareil est ensuite recouvert de sa cloche, que l’on relire au bout de trois heures.
- A ce moment le yaourt est fait et bon à être consommé aussitôt refroidi.
- L’ensemencement des pots se fait, poui la première fois, avec du ferment bulgare livré avec l’appareil. On se sert ensuite comme ferment d’une petite quantité de yaourt de la dernière préparation.
- Le produit obtenu possède un aspect des plus appétissants et un goût exquis, qui sera doux ou acide à volonté selon la température à laquelle le lait aura été ensemencé. Abandonnée à elle-même, même pendant plusieurs jours, la pâte en demeure onctueuse et parfaitement homogène.
- Sa qualité provient de ce que le Yalacta a été établi non seulement pour conserver et répartir d’une manière aussi parfaite que possible la chaleur des pots à partir du moment de l’ensemencement, mais encore pour utiliser la chaleur dégagée par la fermeMation elle-même.
- On évite ainsi d’avoir à
- Fig. 3. — L’appareil « Yalacta » fermé.
- faire appel à une source extérieure de chaleur.
- Le Yalacta est construit en matières et métaux polis inoxydables ; la présentation en est des plus élégantes.
- Pour la fabrication du yaourt dans les hôtels, communautés , pensions de famille, il peut être livré avec des rallonges superposables, chacune d’elles permettant
- d’augmenter de 7 pots la production de l’appareil.
- En résumé, on voit que le Yalacta permet d’obtenir très facilement chez soi un yaourt excellent, dans les meilleures conditions de fraîcheur et de propreté. Il donne le yaourt au prix du lait, soit plus de sept pots pour le prix d’un seul pot de yaourt du commerce. L’économie considérable qu’il fait réaliser en amortit le prix d’achat en un nombre de jours très réduit.,, ce que l’on souhaiterait pour tous les appareils ménagers.
- Yalacta: 4 et 6, Galerie Montpensier (Palais-Royal), Paris (1°' .
- Pétrisseuse de ménage.
- Cet appareil permet d’obtenir des pâles de ménage, qui en général sont toujours insuffisamment travaillées, car l’emploi du rouleau à main ne donne généralement pas une pâte aussi légère que celle obtenue par les professionnels.
- Pour cela on emploie l’appareil qui comporte des cylindres à rainures et des cylindres lisses, actionnés par manivelle.
- On prépare le pétrissage avec de la farine et des œufs, de la farine et de l’eau, etc., de manière à obtenir d’abord une masse consistante et dure; cette première opération se fait à la main.
- Fig. 4. — Une pétrisseuse de ménage.
- On place ensuite la pâte directement sur la trémie de la machine, trémie que l’on peut déplacer comme on le voit sur la figure. On fixe le levier au point voulu pour actionner d’abord les rouleaux lisses. La pâte est passée ensuite jusqu’à ce qu’elle soit complètement homogène.
- Pour découper la pâte on la passe sous les cylindres du haut qui sont cannelés.
- En mettant le levier des cylindres cannelés au n° 1, on coupera des « lasagnes » : en le mettant sur le n° 2, on aura des « tagliatelle » ou des « spaghetti ».
- Aussitôt la feuille de pâte achevée, on peut confectionner des « ravioli », des « caneloni », etc.
- La machine s’emploie également pour préjjarer des petits gâteaux, des tartes, des pâtes feuilletées, etc. Naturellement, dans ce cas, il est nécessaire de mettre dans le pétrissage, avec la farine, du beurre, des œufs, du sucre.
- Grâce à cet appareil, la ménagère gagnera beaucoup de temps, car toutes les opérations ci-dessus décrites se font très rapidement.
- Constructeur : Omnium coopératif, 85 bis, rue Réaumur, Paris.
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- BOITE AUX LETTRES
- COMMUNICATIONS
- A propos des insectes perceurs du plomb (n°2859).
- M. Ivrest, du Péage (Isère) nous écrit :
- « Je vous signale qu’en 1917 j’ai observé le perçage du plomb par l’insecte qui contamine souvent, en France, le sapin. Des bâches à acide sull'urique parallélipipédiques, constituées par une armature en plateaux de sapin de 5 cm, doublées de plomb de 5 mm, ont été mises rapidement hors de service. Les trous dans le plomb, débouchant à l’air libre, étaient bordés de limaille de plomb extrêmement One, et telle qu’avec ce métal il aurait fallu un outil spécial pour faire de la poudre de plomb aussi fine. J’avais pensé immédiatement que des insectes pourraient être les auteurs de ces dégâts et j’eus assez de chance pour recueillir vivants deux des insectes qui n’avaient pas été tués par l’acide sulfurique, en coiffant simplement avec des tubes à essai les trous qui étaient visibles sur la tranche des cuves.
- Dans le cas que je vous signale, ces insectes ailés avaient une longueur d’environ 25 mm et portaient sur leur tête une sorte de pointe, de 6 à 7 mm. de long. Avec cette pointe, l’insecte avait circulé dans les plateaux en sapin et lorsqu’il avait rencontré le plomb, il avait continué son travail pour s’échapper. L’un de ceux que je recueillis portait encore de la limaille de plomb au bout de son appendice. A l’époque, ayant cherché à me renseigner sur le nom de cet insecte, on m’indiqua que c’était un insecte appelé Sphex et que le perçage du plomb avait été observé déjà au Prytanée militaire de La Flèche, où des balles de la campagne de Crimée, conservées dans des boîtes, avaient été percées de part en part, par des insectes venant du bois. »
- A propos de la protection des lignes électriques contre la foudre (n° 2862).
- M. Dauzère, directeur de l’Institut et Observatoire du Pic-du-Midi, nous écrit :
- « J’ai lu avec beaucoup d’intérêt le numéro du l'1' août de La Nature, dans lequel se trouve un article signé A. B., qui a pour titre : « La protection des lignes électriques contre la foudre; paral'oudres ionisants ». Cet article est destiné à rendre compte des travaux de AL Franck. 11 signale en excellents termes les résultats des recherches sur la foudre, que j’ai effectuées en collaboration avec M. Bouget. Toutefois, il y ligure une expression, qui n’est point la mienne, et qui dénature ma pensée et mes conclusions. Ce sont les mots « nids d’orages », employés par M. Franck pour désigner ce que j’ai appelé les régions dangereuses. J’ai protesté dans la Revue générale de Vélectricité, où les travaux de M. Franck ont été d’abord publiés; voici les termes de ma protestation :
- QUESTIONS
- Sachons remettre en. état le cuir de nos chaises.
- Lorsque le cuir est éraflé, si on veut appliquer directement un vernis, on constate que celui-ci fait des taches plus foncées aux endroits que les éraflures ont rendu poreux.
- Pour éviter cet inconvénient, il suffit, avant de vernir, de faire un encollage léger, avec de la gélatine ou plus simplement de la colle forte un peu épaisse.
- Après séchage, on polit légèrement avec du papier de verre fin, puis on vernit finalement, si la teinte du cuir ne doit pas être changée.
- Au cas où celle-ci devrait être modifiée, on pourrait se servir utilement d’une couleur au stéarate dissoute dans la benzine dans la proportion de :
- Couleur au stéarate............15 grammes.
- Benzine lourde.................85 grammes.
- Préparation qui a l’avantage de prendre sur le cuir qui aurait pu recevoir accidentellement de la graisse.
- Quant au vernissage il peut être réalisé par l’emploi d’un vernis cellulosique tel que le commerce le met aujourd’hui d’une façon courante à notre disposition et que l’on pourrait préparer sans grandes difficultés en prenant :
- « M. Franck donne de l’existence des régions dangereuses pour la « foudre une interprétation qui dépasse notre pensée. Nous ne croyons « pas que ces régions sont de véritables « nids d’orages »,: c’est-à-dire « que les orages se forment habituellement au-dessus d’elles; nous « disons simplement qu’elles attirent la foudre et que la grêle y prend « naissance. L’orage couvre généralement une vaste surface, dans « laquelle la foudre et la grêle se manifestent sur des plages relative-« ment fort restreintes; c’est à ces plages seules que s’est bornée notre étude. » (Revue générale de l'Electricité, tome 29, page 1036, 27 juin 1931.) Et plus loin :
- « Les termes « nids d’orages » contiennent une idée que je n’ai jamais « eue, ni exprimée; il ne s’agit pas des lieux de naissance des orages « que l’on pourrait appeler des « nids » mais simplement des points de « chute de la foudre, qui constituent plutôt la terminaison du phé-« nomène. » (R. G. E., tome 29, page 1041.)
- « Au reste, pour la discussion des idées de M. Franck, je renvoie les lecteurs de La Nature aux notes de M. Ledoux et de moi-même, publiées dans la R. G. E. et dont les lignes précédentes sont extraites. »
- A propos de pendule à remontage automatique (n° 2862).
- M. Pou-Dubois nous écrit :
- Je possède depuis plus de 25 ans un cartel de salle à manger à poids dont le remontage automatique est assuré par le faible courant d’air qui existe dans tout corps de cheminée de nos appartements.
- « A cet effet, une ouverture de 12 cm de diamètre est ménagée dans le mur du corps de cheminée. Dans l’axe de cette ouverture est placée une légère hélice en tôle calée sur un arbre qui, par une série d’engrenages démultiplicateurs, agit sur la noix du poids moteur du mécanisme. Quand ledit poids est au haut de sa course, il agit sur un léger frein qui a pour effet d’arrêter le mouvement de rotation de l’hélice, et dès que ce poids commence à redescendre, le frein est libéré et le mouvement de rotation de l’hélice recommence pour quelques tours... et ainsi de suite.
- « En fait, le poids est toujours au haut de sa course et est pour ainsi dire équilibré par le tirage de l’hélice. En cas de manque absolu de tirage momentané, le poids continue à descendre et il est remonté dès que le tirage reprend. Le mouvement d’horlogerie est donc ininterrompu, et depuis plus de 20 ans que ce cartel est installé chez moi, il ne s’est jamais arrêté de lui-même.
- « J’ignore le nom du fabricant de ce cartel, mais d’après le style de l’ébénisterie, je le crois provenant de la Forêt Noire ou de Bavière.
- ET RÉPONSES
- Acétate de cellulose................. 75 grammes.
- Triacétine............................ g _
- Tétrachloréthane.................... 900 c:i.
- Alcool dénaturé à 95°................100 —
- Laisser digérer jusqu’à dissolution en agitant fréquemment, décanter le liquide clair après repos suffisant.
- N. B. — Ce vernis est transparent et ne modifie pas par conséquent la coloration initiale du cuir.
- Réponse au Cercle des Beaux-Arts à Nantes.
- P--S. — Pour rendre une cloison insonore, il suffit le plus souvent de procéder à un marouflage, c’est-à-dire d’y appliquer un cadre en bois sur lequel on tend une toile grossière (toile à maroufler), celle-ci reçoit ensuite le papier de tenture et toutes vibrations sont ainsi amorties.
- Ce que sont les cirages dits « Polish ».
- Lv.
- Les cirages noirs pour chaussures qui donnent du brillant sans brossage sont tous à base de gomme laque; leur préparation qui ne présente pas de difficultés, peut s’effectuer ainsi :
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- On commence par préparer une solution mère en prenant : Gomme laque en écailles. . , . . 100 grammes.
- Borax pulvérisé....................... 50
- Eau ordinaire........................500
- Laisser gonfler la gomme laque pendant une journée, puis terminer la dissolution en portant à l’ébullition et maintenant le volume primitif par addition d’eau à mesure de l’évaporation.
- Passer au travers d’une mousseline pour enlever les impuretés.
- Faire ensuite le mélange de :
- Noir diamine..................... 20 grammes.
- Alcool à brûler.................... 250 —
- Glycérine...........................100 —
- Solution mère.................... 500 —
- Eau ordinaire...................... 200 —
- Pour cela, dissoudre préalablement le noir dans l’alcool, puis ajouter successivement la glycérine, la solution mère, enfin l’eau; bien mélanger et.mettre en flacons.
- Ce vernis s’emploie avec un pinceau doux ou un blaireau pour ne pas produire de stries à la surface du cuir. M. F. du Fonskeanes.
- De tout un peu.
- B. TS., à Belfort. — L’huilage des parquets qui a pour but de conserver aux libres du bois leur souplesse et les met en môme temps à l'abri des vrillettes se pratique ainsi :
- Le parquet étant bien nettoyé à la paille de fer, on applique avec un pinceau large une couche d’huile de lin très chaude (l’huile peut aussi être employée froide, mais avec un moins bon résultat, la pénétration étant moins parfaite; dans ce cas l’huile doit être additionnée de 10 pour 100 de siccatif liquide).
- Ensuite, au moins 24 heures après, on donne deux couches de siccatif brillant incolore et on laisse bien sécher.
- Pour l’entretien il suffit d’encaustiquer avec une encaustique à l’essence de térébenthine du type courant.
- M. Duncombe à Lisieux. —- Le platinage ou dépôt du platine sur autres métaux est une opération courante dans la pratique des dépôts galvaniques; la Maison Oudin, 40, rue de la Folie-Méricourt, est particulièrement spécialisée dans ce genre de travail.
- ML Humbert à Vernon. — Le patinage des pièces en laiton, telles que celles qui garnissent les meubles, et auxquelles on veut donner un caractère de vétusté, ne présente aucune difficulté.
- 11 suffit de passer à la surface, au moyen d’un pinceau, une solution de sulfure de potassium (sel de Barèges pour bains) que l’on trouve chez tous les pharmaciens, ce qui donne naissance à du sulfure de cuivre noir.
- Avoir soin d’employer une solution faible à 1 pour 100 environ pour débuter et répéter au besoin l’opération, car en se servant d’une solution trop forte on risquerait de dépasser la mesure, ce qui ferait perdre le cachet d’ancienneté.
- M. Cartier à Villers-sur-Mer. — 1° Nous doutons que la transformation de tuyaux de grès en récipients pour développements photographiques par obturation du fond, au moyen de ciment, puisse vous donner un résultat bien satisfaisant; sous cette réserve, vous pourriez essayer de l’enduit protecteur suivant :
- Faire dissoudre 10 grammes de gomme laque dans la moindre quantité possible d’alcool concentré à 95° en chauffant au besoin au bain marie, le ballon étant surmonté d’un tube condenseur pour éviter la perte de l’alcool.
- D’autre part faire gonfler 2 à 3 grammes de caoutchouc pur, gomme Para, pendant trois à quatre jours dans dix fois son poids d’essence de térébenthine vraie, chauffer alors également au bain-marie en prenant les mêmes précautions, puis verser dans la solution de gomme laque chaude, rendre homogène en se servant d’un agitateur. Verser enfin sur le fond de ciment à protéger.
- 2° Il est préférable d’employer des pinces en celluloïd pour soutenir les épreuves pendant le développement lent.
- IV1. Rolland à Paris. — A notre avis, il y avait une trop grande ditïérence de densité entre l’huile minérale dont vous vous êtes servi et l’huile de ricin.
- Comme la gamme des huiles minérales que le commerce met à notre disposition est très étendue, en ayant soin de prendre des éléments de même densité, vous n’aurez très probablement pas de séparation.
- N. B. — La densité de l’huile de ricin est de 0,960 à 0,964.
- M. Magnillat à Tassin, Rhône. — D’après les renseignements
- qui nous ont été fournis, la Maison Baignol et Farjon de Boulogne-sur-Mer serait en mesure de vous fournir des plumes en acier inoxydable.
- Consulter également la Société de l’Acier austénique, 7 et 9, boulevard Haussmann.
- M. Burillon, à Courbevoie. — Le mélange de sciure de bois et de colle au sang nous paraît effectivement devoir répondre à votre attente pour constituer une matière plastique convenable.
- Prendre :
- Albumine du sang................... 120 grammes.
- Eau ordinaire...................... 220 —
- Ammoniaque........................... 5 —
- Chaux éteinte en poudre.......... 2,5 —
- Faire macérer l’albumine dans une partie de l’eau froide pendant quelques heures, sans remuer, délayer ensuite pour rendre homogène.
- D’autre part ajouter le reste de l’eau à la chaux en poudre, de façon a former une crème épaisse, que l’on incorpore peu à peu au mélange précédent, puis enfin l’ammoniaque. On doit ainsi obtenir une colle de bonne consistance, utilisable pendant plusieurs heures’sans modification. (Bien observer les proportions et éviter surtout, un excès de chaux qui durcirait le mélange et formerait une masse compacte)
- Mélanger alors à la sciure et comprimer fortement.
- Pour terminer, passer à l’étuve à 100°-105° C. afin de coaguler l’albumine, quelques minutes suffisent si l'intérieur de la pièce est bien porté à celte température.
- N. B. — Si la coloration de l’article ne présente pas d’importance, on peut employer à la place d’albumine incolore, le sang cristallisé donnant une coloration brune, mais aussi une adhérence encore plus grande.
- M. Quellier à Paris. •— Ce que les praticiens du raccommodage de la faïence et de la porcelaine se sont bien gardés de vous dire, c’est qu’ils trempent de temps à autre l’extrémité de leur foret toujours très court dans une mixture spéciale ci base d'ail destinée à le faire mordre facilement sur la couverte qui est la partie la plus dure.
- La composition en est la suivante :
- Essence de térébenthine...............25 c'1.
- Sel d’oseille pulv....................15 grammes.
- Ail broyé.............................une gousse.
- Grâce à cet artifice, la taille du foret étant faite convenablement, l’attaque se fait sans difficultés.
- IVI. Clèmot à Paris. — Un des moyens les plus efficaces pour la conservation des œufs est l’emploi du silicate de potasse liquide du commerce. On y trempe les œufs que l’on met à sécher sur une feuille de papier sans se toucher; ensuite on les range en caisses dans du son ou de la sciure de bois.
- Si on omettait de se servir d’une feuille de papier, ou si les œufs se touchaient, il y aurait adhérence au point de contact et on ne pourrait les séparer sans les briser.
- Le silicate bouche les pores de la coquille, e.n vitrifie la surface, empêche par conséquent l’intervention de l’air et permet de conserver les œufs une année entière si on place les caisses dans un endroit sec et frais à une température voisine de 10° C., à l’abri de la lumière.
- Si vous désirez un produit spécialisé, vous pourrez employer les combinés Barrai, excellente préparation mais dont la formule n’a pas été publiée. Société des Comprimés Barrai, M. Rivier, 8, villa d’Alésia), Paris, XIV®.
- Ml. Langrin, à Paris. — Malheureusement, lorsque le caoutchouc manufacturé s’est durci, il n’y a pas grand’cliose à faire; tout au plus pouvez-vous essayer, pour assouplir un peu votre vêtement, de le placer dans une caisse pouvant se bien fermer, dans laquelle se trouvera un tampon de coton hydrophile imbibé d’ammoniaque liquide (alcali volatil) puis, après un séjour assez prolongé, de l’exposer à une douce chaleur.
- Mlle Horiot à Luxeuil. — Pour reboucher les fentes qui se produisent dans l’ivoire, il vous suffira de préparer au moyen d’une lame de couteau légèrement chauffée une pâte de cire blanche, teintée par-un peu d’ocre jaune, la seule difficulté est de réaliser la même teinte, mais un peu d’habileté permet d’y arriver facilement par comparaison avec la coloration de l’objet à. réparer. Ce mastic s’applique à chaud, puis après refroidissement on polit à la flanelle de laine.
- N, b.___Certains ivoires ayant une coloration rosée, l’addition d’une
- pointe d’ocre rouge est parfois utile; si l’ivoire est grisâtre joindre une trace de noir de fumée.
- Le Gérant : G. Masson.
- i3i;i. — Paris, lmp. Lahure — i5 9-iç3i.
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- Tarif spécial pour la Belgique et le Luxembourg : 12 mois (24 n0*), 85 fr. ; — 6 mois (12 n"*), 43 fr.
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- Tarif extérieur n° 1
- Un an..................... 90 fr.
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- Un an. . Six mois.
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- Albanie, Allemagne, Argentine, Autriche, Brésil, Bulgarie, Canada, Chili, Colombie, Costa-Rica, Cuba, Egypte, Equateur, Espagne, Esthonie, Ethiopie, Finlande, Grèce, Guatemala, Haïti, Honduras Hongrie. Lettonie, Liberia, Lithuanie, Mexique, Nicaragua, Panama Paraguay, Pays-Bas, Perse, Pologne, Portugal et ses Colonies, République Dominicaine, Roumanie, Russie (U. R. S. S.), San Salvador, Serbie, Suisse, Tchécoslovaquie, Turquie, Union d’Afrique du Sud Uruguay, Venezuela.
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- N° 2866.
- LA NATURE
- Ier Octobre 1931.
- L’EFFORT COLONIAL FRANÇAIS
- STATISTIQUES COMMENTÉES
- Les visiteurs de l’Exposition Coloniale de Paris sont sans doute frappés de l’importance accordée aux statistiques dans les divers pavillons. Alors que tant de dio-ramas et d’échantillons de produits coloniaux composent une immense leçon de choses, les chiffres parlent à l’esprit. Rien de plus facile à comprendre, en apparence, que cet enseignement des nombres. Rien de plus délicat, en réalité, à apprécier. D’ailleurs, ces informations chiffrées sont fragmentaires, disjjersées. Elles laissent à la longue une impression d’ensemble, mais, pour donner une idée précise de l’effort colonial de la France, elles ont besoin d’être rapprochées, confrontées, analysées. On a donc choisi, dans la masse documentaire offerte au public, les éléments nécessaires à l’établissement d’une vingtaine graphiques caractéristiques permettant de mesur tant que possible et en toute objectivité, quelcuq^ des résultats de la colonisation française.
- *
- * *
- Leur superficie donne une idée approximative l’importance de nos possessions (fig. 1) : 11 050 000
- soit 20 fois l’étendue de la métropole. L’Algérie est 4 fois et l’A. O. F. 9 fois plus grande que notre pays. Si l’empire britannique atteint 33 millions de km2, les autres puissances ne nous suivent que de loin : Belgique, 2444000 km2; Italie, 2 463 000 km2; Portugal, 2 083000 km2; Hollande, 2 030 000 km2. Mais dans ces évaluations globales sont
- Fig. 1.
- La France d’oulre-mer est 20 fois plus grande que la France d'Europe et moitié plus peuplée.
- Fig. 2.
- Densité de la population au kilomètre carré dans les colonies, protectorats et pays sous mandai français.
- compris de vastes territoires à peu près vides (centre australien, nord canadien, Sahara, désert lybique), d’autres qui ne sont pas vraiment des colonies : dominions anglais, protectorats et mandats français. Au point de vue colonial tout au moins, il serait absurde de croire qu’un km2 égale un autre km2.
- Le chiffre de la population permet une première rectification de ce que la superficie peut avoir de décevant : notre empire colonial est peuplé de 59 500 000 habitants, soit moitié plus que la France. En additionnant les deux nombres, on obtient un bloc de 100 millions d’habitants, modeste auprès de la communauté britannique (450 millions), important auprès des autres grandes puissances mondiales. Pour avoir une idée plus nette des possibilités économiques qu’offrent nos possessions, il faut étudier la densité de la population au km2 (fig. 2). La mise en valeur est fonction, en effet, du nombre et de la qualité des occupants. C’est la rareté de la main-d’œuvre qui paralyse l’essor de l’A. E. F. et du Soudan par exemple, c’est son abondance qui facilite le développement des régions basses de l’Indo-Chine. Les quatre colonies qui ont plus de 100 habitants au km2 ont une faible étendue : la plus vaste, la Guadeloupe, ne mesure que 1780 km2. Donc, rien de comparable aux énormes fourmilières hu-
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- JS 1000
- 1836 1301 1906 1911
- 1866 187? 1876
- Fig. 3. — La population indigène de l'Algérie depuis 60 ans.
- inaines des Indes britanniques ou néerlandaises. Un deuxième groupe, de densité moyenne, englobe, avec quelques îles tropicales, les parties les plus vivantes de l’lndo-Chine. L’Afrique du Nord, la Haute Volta, les Etats du Levant, le Togo suivent d’assez loin. Le reste de nos territoires compte moins de 10 habitants au km2 et certains, très vastes, comme le Niger ou le Tchad, n’ont qu’un habitant au km2. Il en est de plus vides encore. Dans l’ensemble, c’est une densité moyenne si on la compare aux pays neufs comme le Canada (1 habitant au km2), l’Australie (0,9), le Brésil (4,5). N’oublions pas, d ailleurs, qu’à l’intérieur de chaque colonie, le peuplement présente, suivant les régions, des différences considérables.
- On aimerait connaître les mouvements de cette population dans le temps, surtout depuis l’occupation française. Augmente-t-elle ? Oui, dans l’ensemble, sauf en ce qui concerne les indigènes de nos îles d’Océanie1. Mais cette réponse ne peut avoir partout la même netteté : ici, notre installation récente n’a permis que des dénom-
- 1. Toutefois, la population des Établissements français d’Océanie est passée de 29 600 hab. en 1921, à 35 800 hab. en 1926, avec une augmentation de 4500 hab. pour l’élément indigène.
- Fig. 6. — Effectifs de l'armée coloniale.
- 38.000 h.
- g 30000
- brements peu nombreux (Maroc) ; là (Mauritanie-Sahara) les recensements ne sont qu’une évaluation approximative. En Algérie, où, depuis 1856, ces opérations s’effectuent régulièrement, le nombre des indigènes a doublé depuis 60 ans (fîg. 3). La progression n’est interrompue que de 1866 à 1872 par une famine tristement célèbre. On remarque des progrès analogues en lndo-Chine, où la population passe de 16 millions en 1901 à 20 millions et demi en 1926.
- Cette augmenta lion est une conséquence de l’é lat de paix que nous avons introduit et maintenu. Elle est aussi, pour une part, le résultat de l’effort sanitaire qui s’intensifie surtout depuis 20 ans (fig. 4). Jusqu’en 1900, les créations intéressaient surtout l’Algérie et Madagascar, vers 1910 l’lndo-Chine et le Soudan, depuis 1920 toute l’A. O. F. et TA. E. F. En A. O. F., le budget de l’assistance médicale s’élève de 5 millions en 1905 à 43 millions en 1930, et le personnel médical de 57 à 173 pra-
- cC 170
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- S ioo
- Fig. 4. — Progression des dépenses Fig. 5. — Nombre d'élèves
- (en millions de francs) des services dans les écoles de l’A, O. F.
- sanitaires aux colonies.
- ticiens. Dans TA. E. F., les progrès sont indiqués dans le tableau ci-dessous :
- 1924 1929
- Hôpitaux 3 5
- Ambulances . 12 31
- Médecins 40 129
- La lutte contre la fièvre jaune, la lèpre, la peste, la syphilis, la maladie du sommeil, se poursuit dans les Instituts Pasteur d’Alger, de Dakar, de Kindia, de Brazzaville, d’Hanoi, etc. Dans les seuls territoires relevant du Ministère des Colonies, 1400 médecins ou aides-médecins ont donné en 1928 plus de 13 millions de consultations. Pour T lndo-Chine, le nombre des consultations est passé de 280 000 en 1906 à 2 900 000 en 1929. De tels chiffres montrent que la colonisation n’est plus seulement une affaire d’outillage et de matières premières.
- L’enseignement officiel et privé accroît la valeur humaine et économique des indigènes. L’exemple de TA. O. F montre l’accroissement rapide des effectifs scolaires
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- 291
- A ra c h i d e s
- 'Autrespléag
- [mandea et/huile
- de palme/
- (rité/Coprah
- Réduction agricole de l'A.O.F 7millions de tonnes
- Exportations de l'A.O. F : 1328 millions en 1329
- Fig. 7. — Les rapports de la production et de l’exportation : exemple de VA. O. F.
- A gauche, production agricole : 7 millions de tonnes.
- A droite, exportations en 1929 : 1.328 millions de francs.
- (fig. 5). En Tunisie, le nombre des écoles est passé de 23 en 1883 à 501 et le nombre des élèves de 8700 en 1889 à 71000 en 1930. Au Maroc, le seul enseignement indigène a vu ses effectifs passer de 2684 en 1911 à 11 100 aujourd’hui. L’Algérie prévoit 121 millions de francs de dépenses pour l’instruction publique dans son budget de 1931. Cette œuvre de civilisation a pour buts de développer les qualités professionnelles de la population, de lui permettre d’être progressivement associée à la vie politique, de créer une élite intellectuelle indigène. De récents événements, ceux de l’Indo-Chine par exemple, montrent que cette organisation demande une mise au point délicate. Dans le même ordre d’idées, les colonies tirent de plus en plus de leurs propres territoires les soldats nécessaires à leur protection (fig. 6). Tout d’abord composée uniquement de contingents européens à l’époque des conquêtes, l’armée coloniale est maintenant formée en majorité d’éléments indigènes.
- Aux occupants autochtones s’est jointe une proportion parfois notable d’Européens. Mais, si l’on met à part ce qu’on désigne encore sous le nom de « vieilles colonies » : Antilles, Réunion, etc.,nulle part la population européenne ne forme la majorité. En Algérie, où les colons sont proportionnellement les plus nombreux, ils ne représentent que l/7e de l’ensemble (870 000 habitants sur 6 603 000 habitants). Sous les tropiques, ils ne forment qu’un état-major : 35 000 en Ïndo-Chine, 29 000 à Madagascar, 15 400 en A. O. F., 3500 en A. E. F. Généralement, et
- Fig. 9. — Exportation des phosphates de l’Afrique du Nord depuis 10 ans.
- £ 2000
- 1.779.0001
- .e i8oo
- oj 1800
- 1880
- 22 24 26 28
- Fig. S. — Progrès de la production du vin en Algérie.
- si l’on met à part les Chinois de l’Indo-Chine, les Français sont les plus nombreux parmi ces non-indigènes. Il y a trois fois plus de Français dans nos colonies que dans les pays étrangers : le contraste est grand avec l’Italie qui a envoyé des millions d’émigrants sur le continent américain et n’a encore que quelques milliers de colons en Tripolitaine et en Erythrée. Dans l’Afrique du Nord, cependant, les étrangers sont relativement nombreux. S’ils ne sont que 30 000 au Maroc à côté de 66 000 Français, ils sont 93 000, dont 80 000 Italiens, en Tunisie, pour 70 000 Français. Et cette situation pose des problèmes politiques.
- La méthode statistique est peu efficace quand il s’agit de mesurer les qualités de la population. Cette étude serait indispensable, cependant, à celui qui voudrait déterminer les aptitudes économiques de nos possessions.
- *
- * *
- L’exportation d’une colonie n’esl pas toujours le rellet de sa production. L’exemple de l’A. O. F. montre le contraste entre les deux éléments (fig. 7). L’exportation ne représente, en poids, que le l/10e de la production. D’autre part, le mil, les tubercules, le riz et le maïs, qui sont les cultures fondamentales, ne font pas l’objet d’un grand commerce. Au contraire, les oléagineux '— arachides et palmistes — relativement peu cultivés, totalisent 63 pour 100 de Texpor-
- Figv 10. — Production et exportation
- de houille d’Indochine depuis 1905,
- 1905 ISiO 1315 m 1925
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- A.O.F.: moo km.
- Indo-Chine : 29.132Km.
- Algérie : 29.000km.
- AU : 8.000 km.
- Maroc : 8000 km.
- Tunisie : A.850 km.
- Cameroun : k.SOO km.
- Coi, de TOc. Indien : 3612 km. Togo : 3500 Km Etts du Levant : 2095 Km. Col. d'Amérique : 1648 Km. Col. de l’Qc. Pacifiq ue : 1129 Km
- Fig. 11. — Longueur approximative du réseau routier actuellement en
- service.
- tation en valeur et 75 pour 100 en poids. Si les cultures vivrières, grâce auxquelles l’indigène se nourrit, ne trouvent pas toujours place dans les statistiques, elles sont néanmoins la condition première de toute mise en valeur. On ne « fait » pas du nègre, suivant l’expression du gouverneur Carde, avec du coton ou du caoutchouc. L’argent même ne suffit pas dans des pays où les communications sont difficiles. Chaque fois qu’on a négligé ces truismes, on a éprouvé de graves mécomptes.
- L’effort français a surtout multiplié la surface des terres cultivées, augmenté les rendements et amorcé l’exploitation des ressources minières. Hier, c’était l’Afrique du Nord et l’Indo-Chine : en Tunisie, près de 400 000 ha d’olivettes ont été aménagés et comptent 16 millions d’arbres ; en Algérie, les rendements du blé à l’ha sont passés de 5 à 13 qx; en Indo-Chine, les travaux d’hydraulique agricole ont permis la mise en valeur d’un million et demi d’ha, dont 1 250 000 ha pour la Coehinehine. Demain ce sera le tour de l’A. O. F., où le canal de Sotubaest l’amorce d’un gigantesque plan d’irrigation du Moyen Niger.
- Sans dresser la liste de nos richesses d’outre-mer,
- appelons l’attention sur trois d’entre elles, qui permettent de caractériser les aspects essentiels de l’activité de nos possessions.
- Le vin peut servir de type aux produits coloniaux capables de concurrencer ceux de la métropole. L’Algérie occupe de loin le 1er rang et a vu sa production passer de 500 000 hl en 1880 à 13 millions d’hl en 1928 (fig. 8). Les surfaces plantées sont
- Fig. 13. — Commerce extérieur des colonies françaises en 1929 : 33,5 milliards de francs.
- Tunisie 3.6 M. „
- Algérie 9,8 milliards
- Maroc 3.7 M.
- Indo-Chine
- 6,3 M.
- Marseille :
- Rouen:
- 20.960.000 **•
- [16.397.000 **
- 30millions de t? 9.486.1
- tonnes
- 3.713.000 ‘
- 8.559.000 Ù
- 6.527.000 *.*
- Casablanca j f
- 3.258.000
- 1.041.0001
- Fig. 12.
- Mouvement maritime (en tonneaux) et trafic commercial
- (en tonnes) des principaux ports coloniaux, par rapport au premier
- port métropolitain de chaque catégorie.
- passées de 23 000 à 221 000 ha. L’exportation, qui a suivi une marche parallèle, se dirige surtout vers la France. • Lorsque notre récolte est abondante, les vins algériens font concurrence à nos propres vins. Les vignerons du Midi protestent. Mais l’idée du contingentement des exportations algériennes suscite de vives réactions chez les colons. Il y a là un problème assez grave, puisqu’il pose dans son entier la question du lien commercial avec la métropole.
- Au contraire, les phosphates sont une des richesses qui nous manquent et le développement de l’extraction nord-africaine apporte ses bienfaits à notre agriculture (fîg. 9). Si l’accroissement est assez lent pour l’Algérie, il est plus rapide pour la Tunisie qui vient en tête avec 3 millions de tonnes. Le dernier venu, le Maroc, s’est taillé en 9 ans une place de premier plan grâce "aux gisements de Kouri'gha. De-“ puis la guerre, le marché des phosphates s’est trouvé bouleversé par l’appoint du Maghreb qui fournit aujourd’hui les 3/5PS de la production mondiale, et un boom aussi rapide a fait craindre une surproduction.
- La houille indo-chinoise (fîg. 10) est fournie par les charbonnages de Hongay, du Dong-Trieu, de Kebao.
- La consommation, d’abord faible, dépasse 600 000 t et elle est liée au développement de l’industrie tonkinoise. L’exportation trouve des débouchés vers Hong-Kong, la Chine, le Japon, mais pas encore vers la France trop éloignée. Le charbon de l’Indo-Chine appartient donc au groupe
- Fig. 14. — Progrès du commerce des colonies françaises avec la métropole et avec l’étranger (en valeur).
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- . -I Etats-Unis 523 millions
- J Grande-Bretagne 452 millions J Hong-Kong 405/73.
- Colonies françaises 282 Allemagne 211m.
- Indes Néerlandaises 186 m. Chine 188/77.
- B Canada 137/7?.
- Belgique 135 m.
- \Hong-Kong 839millions
- JSingapour 271/7?.
- IIndes Néerlandaises 256/77. TAIIemagne 241 m J Grande Bretagne 225/??.
- TChine 187 m.
- \Japon 150 m
- J Colonies françaises 127 m.
- JPays-Bas 106/7?.
- Fig. 15. — Principaux fournisseurs et clients des territoires relevant du Ministère des Colonies (année 1929).
- des richesses coloniales qui n’intéressent pas directement la Métropole, mais n’en sont pas inutiles pour autant. La rémunération de nos capitaux investis dans ces entreprises contribue, comme pour l’Angleterre, à rétablir l’équilibre de notre balance commerciale. Nous exportons, en quelque sorte, par Vintermédiairt de nos colonies.
- *
- * *
- Afin de hâter la mise en valeur de la France d’outremer, un effort considérable a été fait pour lui donner l’outillage indispensable. On évalue à quelque 25 milliards de francs actuels les capitaux qu’on a employés. Plus de 130 000 km de routes, 17 000 km de voies ferrées, 3000 km de canaux, 150 ports, 112 phares et 500 feux secondaires, tel est le bilan actuel. Les emprunts coloniaux votés cette année permettent, entre autres, la construction de 5000 km de chemins de fer et de 15 000 1cm de routes.
- Depuis 20 ans, le réseau routier s’est beaucoup déve-loppé (fig. 11). Facile à établir, la route précède souvent le rail et
- Fig. 17. — Le commerce extérieur „ parfois le rem-
- place. Près de 100 000 automobiles l’animent, disent les statistiques.
- N’oublions pas cependant, que pour l’A. O. F. et l’A. E. F. par exemple, les pistes aménagées sont comprises dans le total et dépassent sensiblement la longueur des voies empierrées.
- 293
- On sait quels travaux importants ont été entrepris pour équiper les ports, condition essentielle du développement du trafic ('). Oran, Alger, Dakar, Casablanca et Saïgon (fig. 12) occupent respectivement les 3e, 5e, 10e,
- 11e et 12e places dans la statistique générale du mouvement maritime français, et les 6e, 7e, 15e, 8e et 11e places dans celle du mouvement des marchandises. Tandis que la navigation d’escale enfle le tonnage de jauge d’Oran, d’Alger et de Dakar, qui jouissent d’une situation avantageuse sur les grandes routes commerciales du globe, Casablanca et Saïgon sont surtout des ports de marchandises (phos phates et riz).
- *
- * * *
- Le tableau du commerce des colonies françaises en 1929 reflète l’activité des échanges avant que la crise économique actuelle ait apporté une profonde perturbation (fig. 13). Au total, la valeur des importations et des exportations atteint 33 milliards et demi de francs, soit presque un tiers de notre commerce métropolitain. Le bloc économique de l’Afrique du Nord détient la moitié de ce trafic et l’Indo-Chine près du cinquième. Il ne s’agit là que d’un classement provisoire, car les ressources potentielles de l’A. O. F., par exemple, sont immenses. En 1910, le commerce de nos possessions actuelles ne s’élevait qu’à 13 milliards et demi de francs stabilisés l’accroissement est donc très net et d’autant plus significatif qu’il a été entravé par la guerre.
- En gros, la France et l’étranger se partagent à peu près par moitié ce commerce (fig. 14) :
- 17 500 millions à la métropole contre 16 800 aux autres puissances. Notons toutefois que la part de l’étranger grandit plus vite que la
- 1. Voir La Nature du 15 déc. 1929 et du 15 février 1930 sur Oran et Alger.
- Fig. 18. — Exportations des colonies vers la métropole : 6719 millions de francs en 1929.
- Col, d Amérit
- des co 'onies
- Expo/ tation s de 4 Fren. s
- vers ses colonies
- Fig. 16. — Le commerce entre-ta France et ses colonies depuis 30 ans en millions de tonnes
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- nôtre : elle n’était, en 1900, que de 3 milliards de francs stabilisés contre 4 milliards et demi ; la montée est particulièrement sensible pour les exportations, qui l’emportent nettement sur les envois à destination de la France. On peut donc dire que les colonies expédient plus à l’étranger, mais reçoivent davantage de la mère patrie.
- Il est intéressant de connaître quels sont les pays fournisseurs et clients de notre empire. Malheureusement, le graphique 15 ne concerne que les territoires relevant du ministère des Colonies, c’est-à-dire laisse en dehors des évaluations le Maroc, la Tunisie et les Etats du Levant, qui dépendent du Ministère des Affaires étrangères, et l’Algérie rattachée au Ministère de l’Intérieur. Ainsi en est-il de la plupart des statistiques que publie notre administration. On ne peut que déplorer, en ce qui concerne le service des informations, un pareil découpage. Parmi les fournisseurs étrangers, les Etats-Unis se placent au 1er rang, devançant la Grande-Bretagne. Il est vrai qu’une partie des envois de Hong-Kong sont des produits anglais qui devraient s’ajouter aux chiffres de l’Angleterre. Parmi les clients, IIong-Kong occupe la première place et sert cette fois d’intermédiaire entre l’In do-Chine et la Chine. Dans les deux tableaux, on ’• observe un courant
- Fig. 20. — Éléments d'économie coloniale de trafic entre les à Madagascar. diverses colonies
- françaises. C’est un heureux indice et il est vraisemblable que ces échanges intercoloniaux entre régions complémentaires verront leur importance grandir.
- Au point de vue métropolitain, les progrès des échan-ges mesurés en tonnes entre la France et son domaine colonial depuis 30 ans sont rassurants (fig. 16). On a vu précédemment qu’en valeur nous expédions
- plus que nous ne recevons; mais, en poids, la proportion est inverse : c’est que nous envoyons des produits manufacturés, coûteux, tandis que nous faisons venir les oléagineux, le bois, les peaux, les minciais, matières lourdes et d’un prix relativement bas.
- Les chiffres du commerce extérieur de notre pays en 1929 soulignent l’importance prise par le marché colonial (fig. 17) : sur 108 milliards de francs, notre empire d’outre-mer s’inscrit pour 16 milliards et demi, soit 15 pour 100 du total de nos échanges. C’est autant que la Grande-Bretagne et l’Espagne réunies. Parmi nos fournisseurs et clients (fig. 18 et 19), l’Algérie mérite une place à part : elle nous demande 4 milliards et demi de produits et nous en envoie pour 2923 millions, soit en tout 7 milliards et demi de francs, presque la moitié du trafic avec nos colonies. Les vins, les céréales, les moutons, les fruits et légumes, les minerais de fer et les phosphates viennent dans nos ports, tandis que l’alfa alimente les papeteries... anglaises. Tunisie et Maroc, avec des produits analogues, suivent assez loin derrière. L’Indo-Chiné reçoit beaucoup plus qu’elle ne nous expédie. Pour l’A. O. F. les chiffres s’équilibrent. Au contraire, les rhums, sucres et cafés que nous envoient la Martinique et la Réunion ont une valeur double de ce que nous leur fournissons. Mettons à part le Maghreb tout proche, les autres possessions françaises sont en relations suivies avec la métropole. C’est le cas de Madagascar, que plusieurs semaines de navigation séparent de nous (fig. 20). Grâce au statut douanier, sur un trafic de 1247 millions de fr, les échanges avec la France atteignent près de 800 millions. Sur 43 000 t de manioc produites dans F Ile rouge, 37 800 nous sont destinées et subviennent à la presque totalité de notre consommation. Dans le même groupe des colonies lointaines, l’Indo-Chine offre au contraire l’exemple d’une possession qui ne fait que les 2/7cs de son commerce avec la métropole (1800 millions sur 6300 millions).
- Il est possible que ces échanges extra-métropolitains se développent dans l’avenir plus vite qu’avec la France, que des courants commerciaux actifs naissent avec des pays voisins. L’essentiel est qu’ils soient le témoignage d’un développement économique vigoureux et qu’ils ne nous fassent pas concurrence. Pour nous, la tâche est loin d’être terminée : nos colonies n’entrent que pour une trop faible part dans notre ravitaillement en denrées et en matières industrielles. Récemment, l’Institut colonial français publiait le tableau suggestif suivant :
- lmp. tôt. Imp. col. Part des imp.
- en 1929. en 1929. colon, en 1929.
- Céréales.......... 2.516.000 t. 704.000t. 27,9 %
- Coton.............. 376.000 t. 5.600t. 1,5 %
- Sucres.............. 527.000 t. 57.000t. 10,8 %
- Café................. 170.000 t. 4.600 t. 2,7 %
- Bois............... 2.440.000t. 213.000 t. 8,7 %
- Caoutchouc....... 72.000 t. 5.700t. 7,9 %
- Laines ............. 325.000 t. 12.600t. 3,8 %
- Oléagineux ........ 1.184.000t. 341.000t. 28,8 %
- Riz................. 267.000 t. 227.000 t. 85,1 %
- Peaux................ 65.000 t. 15.800 t. 24,1 %
- Minerais........ 2.224.000 t. 229.000 t. 10,2 %
- Fig. 19. — Exportations de la Franc vers ses colonies :
- 10827 millions de francs en 1929.
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- '«-g a-
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- Le bilan que l’on vient d’esquisser montre quels liens unissent notre pays et ses possessions extérieures. Au point de vue économique, notre empire colonial est, en temps normal, un facteur de prospérité, car il offre à notre industrie ses matières premières et un vaste débouché; en temps de crise, il est un facteur d’équilibre et de sécurité en atténuant les effets du ralentisse-
- ..-.......... 295 =
- ment des échanges. En même temps, on a aperçu, chemin faisant, quelques-uns des problèmes complexes que pose la colonisation dans tous les domaines. Ces difficultés, parfois très graves, sont l’honneur et la raison de notre politique d’outre-mer et, pour reprendre • l’heureuse formule d’A. Sarraut, opposent la grandeur et la servitude coloniales. Maurice Drbkssf.
- QUELQUES ECHASSIERS AU NID ^
- PRÉSENTATION DE CLICHÉS PRIS DANS LA NATURE
- PAR M. AD. BURDET
- Précédemment, nous avons montré quelques Rapaces diurnes au nid (Voir n° 2859 de La Nature). Aujourd’hui, nous présentons des nids d’Oiseaux appartenant au groupe des Echassiers.
- Voici d’abord un Héron cendré auprès de ses deux petits. Tout le monde connaît la belle robe gris cendré de Ardea cinerea L., sa tête gris foncé en dessus, blanche en dessous, sa gracieuse aigrette de plumes noires retombantes. Le mâle et la femelle ont le même plumage.
- Le Héron cendré habite l’Europe et une grande partie de l’Asie. En France, il est sédentaire dans le Sud et migrateur dans les autres régions. Il fréquente les marécages, le bord des eaux. Il niche habituellement dans le haut des arbres, et en colonies; mais parfois il niche dans les roseaux. Autrefois, les héronnières étaient très nombreuses en France; il n’en reste plus que quelques-unes qui se sont développées en ces dernières années grâce à la protection de la Ligue française pour la Protection des Oiseaux, sous-section de la Société nationale d’Ac-climatation. L’une de ces héronnières est située dans le parc du château de Saint-Georges, à Champigneul, par-Jâlons-les-Vignes (Marne); une autre est dans la forêt de Rihoult-Clairmarais, près de Saint-Omer (Pas-de-Calais).
- Le cliché de M. Burdet a été pris en Hollande où les Hérons sont nombreux.
- Le nid est volumineux, fait de branchages, de brindilles, de radicelles. La femelle pond trois ou quatre œufs, subelliptiques, d’un bleu verdâtre plus ou moins accentué.
- Le poussin a le bec brun olivâtre, les pattes gris foncé ; il a la face, la gorge, le derrière du cou, la face inférieure de la cuisse et de l’aile nus et jaunes; le reste du corps est couvert d’un duvet clairsemé, gris pâle en dessus, blanchâtre en dessous.
- Le jeune a le bonnet noir ou noirâtre. Le devant du cou porte des taches longitudinales, noirâtres. Les plumes occipitales et les plumes du jabot sont peu allongées.
- Des observations faites dans les héronnières de France ont démontré que les Hérons détruisent des animaux nuisibles : Reptiles, petits Rongeurs, Insectes, Mollusques.
- Ils consomment principalement des Poissons et des Batraciens.
- Lorsque les Hérons cendrés voyagent, ils se placent sur
- Fig. I. — Héron cendré auprès de ses petits.
- une longue ligne oblique, ou bien ils décrivent dans le ciel un grand V.
- *
- * *
- Beaucoup plus rare que le cendré, le Héron pourpré, au plumage d’un brun ardoisé relevé de roux ou de pourpre, est une espèce méridionale que l’on trouve dans le centre et dans le sud de l’Europe, et dans le nord de l’Afrique. En France, le Héron, pourpré niche en Camargue, notamment dans la vaste réserve qu’y a créée la Société nationale d’Acclimatation.
- Tandis que le Héron cendré mesure de 95 à 110 centimètres de longueur, Ardea purpuréa L. n’a que 82 à 95 cm.
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- Fig. 2. — Héron pourpré, Fig. 3. — Héron pourpré, Fig. 4. — Poussins
- poussins de 10 à 12 jours. poussins de 10 à 15 jours. de Héron blongios de 8 à 10 jours.
- L’espèce niche dans les roselières. Le nid est semblable à celui du IL cendré. Les œufs, au nombre de trois ou quatre, sont pareillement teintés de bleu verdâtre clair, mais de forme plus elliptique.
- Le poussin a le bec jaunâtre, les pattes jaunes. Les parties dénudées sont jaunes, les autres sont couvertes d’un duvet brun en dessus et blanc en dessous; le duvet de la tête a la pointe blanche.
- Le jeune n’a pas les longues plumes ornementales de la nuque, des scapulaires et du jabot. Il est roux en dessus, taché de gris noirâtre, avec la gorge blanche et le ventre gris roussâtre.
- *
- * *
- Voici maintenant deux nids d’un autre Ardéidé : le Héron blongios (Ixobnjchus minutus L.) ou Blongios nain. L’Oiseau mesure de 36 cm à 38 cm, 5 de longueur. Il a le dessus de la tête et le dos noir à reflets verdâtres; le dessous et les couvertures des ailes fauve clair, les rémiges noires, les sus-alaires blanches et teintées de jaune et de gris. La femelle est moins brillante. Le plumage du jeune est brun et roux. Le poussin a le bec et les pattes jaune verdâtre, les parties dénudées sont de cette
- Fig. 5. — Héron blongios (mâle) abritant ses petits. (Cliché Ad. Burdet.)
- même teinte et tout le reste est couvert d’un duvet fauve qui devient très roux sur le dos. L’œil est foncé.
- Dans le cliché du premier nid de Blongios (fig. 4), nous voyons cinq de ces jolis poussins, âgés de huit à dix jours. Trois se dressent, dans leur attente impatiente des parents.
- Le second cliché (fig. 5) montre un autre nid sur lequel le mâle s’est gracieusement posé pour abriter ses petits.
- Le nid est composé de brindilles et d’herbes sèches; il est construit dans les roseaux, les grandes herbes ou sur des broussailles, près de l’eau.
- Les œufs, au nombre de 4 à 6, parfois 7, ont une forme subelliptique; ils sont d’un blanc mat, rarement taché de brun roux.
- Le Héron blongios se trouve un peu partout en France et il y est assez commun, de mai à octobre. Il est estival dans le centre et le sud de l’Europe, dans le centre de l’Asie. Il hiverne dans le nord de l’Afrique et aux Indes.
- Fig. 6. — Trois poussins -de Courlis venant d’éclore. (Cliché Ad. Burdet.)
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- 297
- *
- * *
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- * *
- La figure. 7 montre encore un nid d’Ardéidé : il contient trois poussins de Héron butor, roux comme des Ecureuils et d’aspect fort amusant.
- Ces poussins ont le bec jaune, les pattes fauve roussâtre. La face, le devant et le derrière du cou sont nus et jaunes et tout le reste porte un long et léger duvet d’un beau roux mai'ron clair.
- Le nid, assez grossier, est volumineux et fait d’herbes sèches, de roseaux; il est placé dans un massif de roseaux.
- Les œufs, subelliptiques, sont jaune brunâtre, pâle, gris roussâtre ou isabelle.
- Le Héron butor (Botaurus stellaris L.) est ainsi nommé botaurus parce que son cri rappelle le beuglement du Bœuf et du Taureau, et stellaris : étoilé, à cause des plumes en forme d’étoiles qui garnissent son cou.
- Le Butor mesure de 65 à 76 centimètres de longueur. 11 est fauve, avec des séries longitudinales de petites taches noires, la
- Les figures 8 et 10 représentent deux nids de Spatules; dans l’un reposent deux poussins d’une dizaine de jours, couverts d’un duvet court et laineux, tout blanc; ils ont le bec, les pattes et les parties nues de la face jaunes. Dans le second nid, quatre jeunes Spatules, de quatre semaines, se dressent, toutes blanches également.
- Nous avons consacré un article à la Spatule (voir n° 2635 de La Nature). Nous rappellerons sommairement que la Spatule blanche (Platalea leucorodia L.) a le bec large, aplati et élargi au bout en forme de spatule; le pied est largement palmé. Cet oiseau magnifique, qui a de 72 à 87 centimètres de longueur, est blanc avec une tache jaune roussâtre à la base du cou, une belle huppe roussâtre tombe sur la nuque. Le bec est noir, rayé transversalement de jaune chez la Spatule jaune. La femelle a le plumage du mâle, mais elle est un peu moins grande et sa huppe est moins longue.
- Le jeune est blanc, sans tache à la poi-
- Fig. 7 à 10. — En haut, 3 poussins de Héron butor et 2 œufs non éclos. — En bas, à gauche, poussins de Spatule blanche de 10 jours. A droite, quatre Spatules de 4 semaines. — Au milieu, Foulque noire sur son nid.
- calotte noire forme un peu la huppe. Tout le long de la ligne médio-dorsale du cou, une étroite zone est seulement couverte de duvet que cachent les plumes voisines, recourbées sur elles. Le mâle et la femelle sont semblables. Le jeune est de couleurs plus ternes et plus claires; son bonnet et ses moustaches sont brun foncé au lieu de noir. .
- Le Héron butor se nourrit comme les autres Ardéidés, de Poissons, de Batraciens, de Reptiles, de Mollusques, et il va chercher dans les champs de petits Rongeurs dont il est friand et qu’il avale d’un trait.
- Çette espèce se voit, chez nous, surtout de passage en automne ; mais elle niche dans le Midi, au sein des rose-lières. Elle hiverne dans l’Afrique du Nord.
- Ainsi que le Héron blongios, le H. butor n’est pas sociable; il ne niche pas en colonie.
- trine, sans huppe; les grandes rémiges ont un peu de noirâtre.
- La Spatule blanche construit un gros nid, de brindilles et d’herbes sèches, sur un arbre ou dans des roseaux. Les œufs, au. nombre de trois ou quatre, sont ovales, blancs ou tachetés de brun roux.
- Cette espèce est sociable, elle niche en colonie, au bord de l’eau. Elle niche, notamment, en Hollande, dans la réserve de Naarden.
- En France, la Spatule est de passage, et plutôt sur les côtes et à l'embouchure des fleuves; On la voit dans une grande partie de l’Europe, dans le nord et l’est de l’Afrique, dans le centre et ,1’ouest de l’Asie. En hiver, elle va jusqu’aux Indes. .
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- La figure 9 montre un Rallidé : une Foulque noire couvant sur son nid de roseaux établi sur l’eau.
- Fulica atra L. est souvent appelée « macroule » ou « judelle. » Cette espèce de Poule d’eau est généralement sédentaire en France, dans les lacs et les étangs; mais elle est parfois migratrice. On connaît son plumage noir cendré sur lequel tranche la blancheur du bec et de la plaque frontale. Les pattes sont vert sombre. La base de la jambe est ornée d’une jarretière orange. L’oiseau mesure de 36 à 45 centimètres. Les deux sexes ont le même plumage. Le jeune est brun en dessus, blanchâtre en dessous; la callosité frontale est petite et grisâtre. Le poussin a le bec blanc, à base rouge, les pattes noirâtres. Le duvet qui le couvre est filamenteux et noirâtre, avec la tête et le haut du cou d’un rouge orangé.
- La Foulque noire se voit dans toute l’Europe, sauf dans les régions de l’extrême nord, dans le nord de l’Afrique, en Asie jusqu’au Japon, et en hiver elle va jusqu’aux Philippines.
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- La figure 6 nous montre trois poussins de Courlis qui viennent d’éclore, et dont l’un se met déjà à trottiner.
- Le Courlis cendré est appelé Numenius arquatus L. à cause de son bec arqué. Numenius signifie : nouvelle lune et rappelle la forme en croissant du bec...
- Ce Charadriidé est plus ou moins commun en France, où il est de passage, au voisinage des eaux douces et
- marines. On dit que, par son cri, il prédit le mauvais temps.
- Par bandes nombreuses, les Courlis émigrent sur une file disposée en ligne droite.
- Leur régime, exclusivement animal, se compose surtout de Mollusques, d’insectes et de Vers.
- Le Courlis cendré a de 60 à 70 cm. Il a la calotte et le dos gris clair, taché de brun; les rémiges noirâtres; le dessous blanc avec de longues taches brunes, plus grandes en arrière. La femelle est semblable au mâle et le jeune diffère peu de l’adulte ; mais il a le bec plus court et moins arqué.
- Le poussin a le bec presque droit, ainsi qu’on le voit sur la figure 6. La base du bec est jaunâtre, le reste noirâtre. Les pattes sont brun olivâtre. En dessus, le poussin est d’un roux pâle taché de brun; en dessous, il est roussâtre clair.
- Le Courlis cendré niche à terre. Composé de quelques débris végétaux, le nid est simplement établi dans une légère dépression d’un sol marécageux. Il reçoit trois ou quatre œufs, piriformes, verdâtres ou bruns, tachés de gris ou de brun foncé.
- Il nous reste à remercier l’habile photographe, M. Ad. Burdet, qui a bien voulu nous autoriser à publier des clichés inédits. Le talent de l’ornithologiste distingué qu’est notre collègue, nous a donné, une fois de plus, la joie de pénétrer dans l’intimité charmante et curieuse des Oiseaux.
- A. Feuillée-Billot.
- LE SPATH-FLUOR
- Tout le monde a vu dans nos musées les beaux cristaux cubiques, atteignant parfois 30 cm de côté, agréablement teintés de vert, de jaune ou de violet qu’on désigne sous le nom de « fluorine » : c’est l’appellation minéralogique du fluorure de calcium ou spath fluor.
- L’antiquité a largement utilisé cette roche, à cause de la richesse et de la diversité de ses coloris, pour l’ornementation. Les vases «murrhins » dont parle Pline et dont un seul atteignit, sous l’Empire de Néron, le prix de 300 talents, ce qui correspond à près d’un million et demi de francs-or, étaient en fluorine. La décoration moderne n’en a usé que modérément; nous citerons cependant les balustrades des balcons, au premier étage du foyer de l’Opéra de Paris, qui sont en spath-fluor de Voltenne (Saône-et-Loire). Par contre, cette roche a pris rang dans les minerais industriels et son rôle grandit journellement.
- Deux mots sur ses caractères physiques et chimiques. Le fluorure de chaux ou chaux fluatée cristallise toujours en cube; il a une densité comprise entre 3 et 3,25 et sa dureté constitue le terme 4 de l’échelle de Mohr; il est rayé par le verre. Quand il est pur, il est incolore et transparent; le plus souvent il est teinté par des matières étrangères : fer, manganèse, carbures d’hydrogène, etc.; la chaleur le rend phosphorescent; il fond facilement en colorant la flamme en rouge et en donnant un émail blanc.
- Cette substance est souvent subordonnée aux gîtes métallifères où elle joue le rôle de gangue; elle semble accompagner de préférence le plomb, le zinc et l’étain, mais cependant constitue à elle seule de très importants filons.
- Applications. — La première utilisation industrielle du spath-fluor fut la préparation de l’acide fluorhydrique dont on connaît les nombreux emplois, en particulier la gravure sur verre. Elle remonte aux environs de 1870 et eut lieu à Clermont-Ferrand qui reste toujours un gros centre producteur.
- L’extrême facilité avec laquelle cette roche se liquéfie, propriété qui lui a donné son nom (fluo veut dire je coule), l’a fait employer au siècle dernier dans les verreries et aussi quelque peu en céramique; mais ce n’est que vers 1900 que l’industrie métallurgique s’en empara : son introduction dans les hauts fourneaux comme fondant en remplacement de la castine amenait une économie considérable de combustible. De nos jours, les mêmes raisons font incorporer la fluorine aux farines à ciment, leur vitrification par cette adjonction est abaissée de 1400° à 1000°.
- La métallurgie de l’aluminium demande un double concours au spath-fluor; elle s’en sert pour la préparation de la cryolithe (fluorure double d’aluminium et de sodium) dont elle ne peut se passer (procédé Héroult) et aussi pour la fusion plus économique. Ce dernier point est en outre en honneur dans la métallurgie du nickel, du cuivre et des métaux précieux.
- L’industrie chimique a besoin de la fluorine pour l’obtention des divers fluates et fluorures, pour la fabrication de l’eau oxygénée, pour celle du carbure de calcium et de la cyanamide et pour une foule de préparations que nous ne pouvons énumérer dans cette courte note.
- Nous ajouterons que l’optique, se basant sur la grande facilité qu’ont les rayons ultra-violets du spectre de traverser le spath-fluor, l’utilise, dans ses cristaux d’une pureté complète,
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- pour la construction de divers appareils. La même propriété a fait attribuer à cette roche des propriétés thérapeutiques sur lesquelles les spécialistes sont loin d’être d’accord.
- Avec la multitude d’usages dont nous venons de signaler les principaux, il est évident que le degré de pureté demandé au minerai sera des plus variables. Disons tout de suite que les impuretés le plus fréquemment rencontrées seront la silice, le carbonate de chaux, la barytine et aussi tous les minerais métallifères et que ces derniers ne doivent en aucun cas dépasser des teneurs infimes. Nous donnons ci-après les conditions de composition le plus généralement admises.
- Minimum Maximum Minimum
- Métallurgie. . . 85% de Ca Fl2 5% de SiO2
- Céramique . . . 92% de Ca Fl2 4% de SiO2 5% de Co’Ca
- Industr. cliimiq . 97% de Ca Fl2 2% de SiO2 2% de CcdCa
- Nous dirons en outre que pour le moment les pourcentages des diverses utilisations sont les suivants : métallurgie 85 pour 100 de la production totale, industries chimiques et diverses 10 pour 100; industries céramiques et verreries 5 pour 100.
- Gisements. — Les emplois métallurgiques de la fluorine ont fait croître rapidement son extraction dans le monde entier; elle doit atteindre actuellement 300 000 tonnes annuelles; les Etats-Unis à eux seuls y participent pourprés de la moitié. Les autres pays producteurs sont par importance décroissante : l’Angleterre, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Mexique, etc. La France s’inscrit pour 50 000 tonnes par an dont une partie destinée à l’exportation.
- D’origine essentiellement filonienne, la fluorine existe principalement dans les terrains anciens; on la connaît dans les Pyrénées, les Alpes, les Vosges, l’Esterel et le Massif Central, mais, dans ces deux dernières zones seules, elle est pratiquement
- exploitée. Elle n’a en principe aucune valeur, du moins en l’état actuel des choses, quand elle sert de gangue aux minerais métalliques, comme dans les Vosges, les Maures ou le Beaujolais et sa séparation serait d’un coût trop élevé; aussi ne tra-vaille-t-on que les filons d’un degré suffisant de pureté et à condition encore qu’ils soient assez puissants. D’autre part, l’exploitation se complique encore du régime même qui place cette roche dans la catégorie des carrières et qui la lie à la propriété superficielle, quelle qu’en soit la profondeur.
- Dans le Plateau Central les exploitations les plus actives sont celles de Voltenne et Grury (Saône-et-Loire) où de magnifiques filons de 1 m 50 à 2 m 50 de puissance sont connus sur de vastes étendues ; celles du Puy-de-Dôme, vers Saint-Jacques-d’Ambur et le Massif de l’Herment; celles des riches régions de Langeac et de Paulhaguet (Haute-Loire) et enfin celles plus méridionales de Barjac (Lozère) et de Saint-Laurent-les-Bains (Ardèche). Nous pourrions encore mentionner le filon du Kaymar (Aveyron) qui depuis longtemps alimente la région métallurgique de Decazeville et diverses petites mines des Monts du Lyonnais (Pollionnay, Vaugneray).
- Les montagnes de l’Esterel renferment un important réseau filonien de spath-fluor, aux environs des Adrets de Fréjus, qui a motivé des installations qu’on peut citer comme modèle. L’extraction qui à certains moments a dépassé 100 tonnes journalières est traitée dans de vastes ateliers analogues à ceux des mines métalliques qui permettent d’obtenir tous les produits depuis ceux à 98 pour 100 de fluorure de calcium jusqu’aux fondants métallurgiques.
- D’ailleurs seule la législation persiste à voir des carrières dans les exploitations de spath-fluor : en réalité ce sont de vraies mines, toutes souterraines (certains puits aux Etats-Unis atteignent 300 m et plus) avec les conséquences qui s’ensuivent.
- On peut regretter en France le manque de méthode de la plupart d’entre elles, empêchant ainsi la possibilité de retirer tous les avantages de gîtes aussi nombreux et aussi bien pourvus que ceux de notre pays. V. Charrin.
- : L’EMPLOI DES MATÉRIAUX DANS LES HAUTS-BARRAGES
- AUX ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE
- Nulle part ailleurs, peut-être, autant de recherches méthodiques n’ont été poursuivies sur la construction des grands barrages de retenue d’eau qu’en Amérique du Nord.
- Ces investigations pour lesquelles des crédits considérables ont été accordés aux services publics et aux universités, particulièrement aux laboratoires, ont porté leur fruit, c’est-à-dire ont « payé » en économies de diverses natures beaucoup plus qu’elles n’ont dépensé.
- Elles ont porté sur trois objets principaux :
- Forme et profil de l’ouvrage;
- Préparation des bétons;
- Exécution des travaux.
- Les formes de l’ouvrage ont été, comme partout en Europe, l’occasion de calculs mathématiques ardus, dont les exemples abondent dans tous les numéros des Pro-
- ceedings des ingénieurs civils américains. Nous ne pouvons nous engager ici dans cette voie; nous signalerons seulement que les premières formules rationnelles des barrages en arc (sorte de voûtes renversées dans le lit du torrent, la clef à l’amont) ont été établies par M. le professeur Timoshenlo de l’Université de Michigan.
- D’ailleurs, le tempérament américain ne pouvait se contenter de spéculations théoriques; on a donc songé immédiatement, aux Etats-Unis, à procéder à des expériences.
- Celles-ci ont été poursuivies, d’abord sur des barrages réels. Un barrage de plus de 60 pieds a été établi et ses épreuves ont été intentionnellement poussées jusqu’à la rupture, bel exemple de l’énergie qu’apportent les Américains aux recherches scientifiques ; les fonds importants indispensables à ces expériences à grande échelle ont
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- été recueillis, en partie, par une souscription publique.
- Cependant, les frais étaient de telle importance que cette méthode —• qui avait d’ailleurs fourni d’intéressants résultats — a dû être abandonnée. Des modèles en celluloïd de l’ouvrage ayant été chargés (au mercure pour réduire les dimensions en multipliant les pressions hydrostatiques), on constate que les déformations de ces modèles étaient à une certaine échelle les déformations réellement
- réduits. M. Camichel, notamment, de l’Université de Toulouse, a fait d’utiles expériences sur l’écouleinent des eaux.
- M. A. Mesnager a fait exécuter, le premier, au laboi'a-toire de l’Ecole des Ponts et Chaussées, des essais de résistance sur modèles réduits en plâtre chargés au mercure. C’est ainsi que fut essayé un premier modèle du dispositif de barrage étagé en voûtes minces qu’il inventa
- Vue générale du barrage en construction de la New-Kanawha Power C° (avril 1931).
- Fig. réenregistrées sur l’ouvrage en vraie grandeur avant la rupture.
- Les questions de solidité ne sont pas les seules à considérer dans ces ouvrages qui comportent des déversoirs, des vannes, des tubes et des évasements pour l’écoulement de l’eau.
- Ici; encore, l’emploi de modèles à échelle réduite se révéla utile à l’étude des phénomènes d’écoulement et ces modèles ont permis le meilleur dessin des profils des organes assurant la récupération de l’énergie hydraulique et la décharge des crues.
- Ce serait être injuste envers les ingénieurs des différents pays d’Europe, notamment envers les ingénieurs français, de ne pas mentionner aussi leurs recherches sur modèles
- avec M. Veyrier. Des essais plus complets se poursuivent actuellement à l’Office national des Recherches et Inventions à Bellevue. Mais nous n’avons pas pour but actuellement de parler des recherches en Europe, mais seulement de donner une idée des travaux américains.
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- Quel que soit d’ailleurs l’intérêt des études sur modèles réduits, soit pour la solidité de l’ouvrage, soit pour l’écoulement des eaux, on ne peut négliger dans le système, une partie importante : la vallée.
- Le barrage, en effet, est fondé dans le lit d’un cours d’eau plus ou moins important ou torrentiel; il s’ancre toujours, qu’il soit en forme de digue ou de voûte, dans
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- les flancs de la vallée. Les roches de celle-ci font ainsi partie intégrante de l’ouvrage. Une étude des sols, géologique, physique et chimique s’imposait donc et les Américains ont élucidé la tenue des fondations et des ancrages en perfectionnant les moyens de barrer les infiltrations sous-jacentes des roches, soit à l’aide d’injections de ciment, soit même à l’aide de bitume réchauffé par des enroulements électriques entourant les tubes d’injection.
- Aucune règle générale de construction ne peut être donnée dans des circonstances aussi diverses que sont celles qui existent en divers lieux, mais on sait mieux maintenant, après étude complète des situations, établir en chacune d’elles l’ouvrage le plus sûr avec tine dépense aussi réduite que possible.
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- Quoique les barrages en terre soient économiques pour des retenues d’eau de hauteur modeste, il faut, dès que l’on dépasse une quinzaine de mètres, établir en maçonnerie les ouvrages.
- Dans l’état actuel de la technique, les maçonneries en béton de ciment portland sont celles qui assuraient, aux moindres frais, la sécurité indispensable. Dans certains cas, ce béton doit être armé d’acier, mais c’est toujours la résistance mécanique des bétons, leur imperméabilité et, dans certains cas, leur aptitude à recevoir, sans se décomposer chimiquement, l’action d’eaux ou trop pures, ou séléniteuses, qui constituent finalement le problème le plus délicat.
- Le béton est composé d’agrégats inertes (sables et graviers de diverses natures et dimensions), de ciment et d’eau de gâchage. Après durcissement, l’ensemble est d’autant plus satisfaisant qu’il comprend moins de vides, tous les matériaux inertes devant en outre être collés les uns aux autres par une pâte de ciment. Compacité du bloc artificiel et valeur de la colle qui en réunit les éléments sont donc également indispensables.
- Un béton sera compact si les éléments fins du mélange garnissent parfaitement les vides formés par les éléments jdIus gros.
- Des recherches portant sur la manière dont s’ajustent les éléments de diverses grosseurs ont abouti à des lois simples sur la granulométrie des agrégats. Il a été vérifié que plusieurs combinaisons granulométriques peuvent aboutir à la confection d’un béton compact. Ayant passé à des tamis, dont les mailles sont en progression géométrique, différents agrégats naturels, il est donc possible, par un mélange convenable de ces sables et graviers, en procédant si cela est nécessaire à des corrections, de réaliser un béton compact. L’analyse granulométrique d’un agrégat donné se traduit d’ailleurs par un simple coefficient numérique dit module de finesse, fonction de la somme des pourcentages retenus sur les différents tamis en progression géométrique (x).
- 1. C’est surtout le principe de la granulométrie désirable que nous posons ici; les lecteurs qui s’intéresseraient à l'utilisation pratique de ces notions, en trouveraient les développements utiles dans Les Matériaux des constructions civiles et des travaux publics, t. III, Gau-thier-Villars éditeurs.
- Fig. 2. —• Essais hydrodynamiques de l'écoulement dans diverses sortes de conduites.
- Quant à la colle, pâte de ciment de portland et d’eau, elle exige évidemment une certaine quantité d’eau, faute de quoi les réactions de durcissement ne pourraient se faire, une partie du ciment demeurant en poudre. Mais, dès que cette proportion d’eau est assurée, tout excès diminue l’énergie de la colle. Une longue série d’expé riences, notamment celles de M. le professeur Abrams, du Lewis Institute, ont abouti à cette loi simple, assez approchée pour les besoins de la pratique : que la résistance du béton n’est fonction que du rapport entre le volume de l’eau et le volume du ciment entrant dans le mélange.
- 11 faut, bien entendu, que le béton soit compact et que la pâte de ciment entoure tous les agrégats inertes.
- Si l’on veut mettre dans le mélange la moindre quantité d’eau possible, cela pour épargner le ciment, il faut pilon-
- Fig. 3. — Vue du tunnel qui sera la plus importante conduite d’eau du monde.
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- ner énergiquement des bétons, préalablement bien gâchés. On préfère généralement abréger les opérations en mettant un excès d’eau qui favorise le malaxage dans les bétonnières et permet le coulage dans les moules, mais il faut alors prendre un plus grand volume de ciment pour ramener le rapport à la même valeür optimum.
- Même avec cette précaution, on ne réalise pas tout à fait un béton aussi solide que le béton pilonné, car le béton coulé est un mélange où les agrégats flottent dans la pâte de ciment; le pilonnage, au contraire, serre les agrégats les uns contre les autres, ce qui économise en même temps du ciment, car le collage mutuel ne dépend pas de l’épaisseur de la colle; au contraire il vaut mieux que celle-ci soit en aussi mince couche que possible pour éviter le retrait et les fissures qui sont la conséquence à peu près inévitable du phénomène.
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- Un moyen d’assurer automatiquement le serrage des bétons consiste à faire vibrer leur masse, ce procédé est dit : de la vibration, si l’on fait vibrer seulement les moules ou coffrages, de la pervibration, si l’on introduit dans la . masse un corps vibrant.
- Ces derniers procédés sont encore peu employés en Amérique, la pervibration telle qu’on la pratique en France y étant à peu près inconnue.
- Quant aux dosages rationnels du mélange, au contraire, ils y sont scrupuleusement suivis et c’est peut-être la raison qui retarde la généralisation des vibrations dans la mise en œuvre des bétons.
- Ajoutons que si la granulométrie des bétons est mieux observée en Amérique que nulle part ailleurs dans le monde, ici, encore, l’étude originale a été faite en France; il y a 40 ans environ que M. Féret, chef du Laboratoire des Ponts et Chaussées de Boulogne-sur-Mer, signala, le premier, l’influence de la granulométrie, et formula les règles précises qui permettent d’obtenir des mortiers compacts.
- Fig. 4. — Vue des organes distribuant Veau à la turbine n° 3 (mai 1931).
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- L’ouvrage étant bien dessiné, les matériaux étant bien préparés, il s’agit maintenant de l’exécuter.
- Il ne peut être question de donner une formule d’exécution convenant à tous les cas, les seuls appareils qu’on rencontre presque partout sont : les excavateurs mécaniques, les camions automobiles pour le transport, les bétonnières et divers organes de manutention mécanique en tous points où la distribution ne peut se faire par gravité.
- Au lieu de nous égarer dans des généralités nous préférons donner un exemple qui nous permettra d’éclairer les notions précédentes en montrant aussi des vues inté ressantes.
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- La région des hauts-barrages hydrauliques aux Etats-Unis c’est évidemment celle des comtés de la région des montagnes Rocheuses, mais les monts Alleganhys, quoique de moindre altitude, se prêtent aussi, dans les hautes vallées, aux récupérations d’énergie; ils ont l’avantage, d’ailleurs, de se trouver dans la contrée la plus rapprochée des grands centres industriels existants.
- Une des vallées les plus industrielles des Etats-Unis, et du monde, c’est assurément la vallée de la Kanawha, la seconde pour l’industrie chimique. La Kanawha coule de l’est à l’ouest, des Alleganhys à l’Ohio en arrosant notamment Charleston, capitale de l’Ouest-Virginie.
- Vu le grand trafic possible en charbons et dérivés de la houille, on est en train d’améliorer la navigation de cette rivière importante en créant 5 barrages de navigation qui vont porter le mouillage de 6 à 9 pieds. Quoique la construction de ces barrages de 10 pieds de retenue et des longues écluses correspondantes soit fort intéressante, c’est sur le grand. barrage en construction dans la haute vallée, dite New-Kanawha, que nous allons nous arrêter.
- La figure 1 représente l’ensemble du chantier de la digue qui va barrer la haute rivière. On y voit le caractère de ces montagnes qui ressemblent un peu aux Vosges. Vers la droite les maçonneries commencent à s’élever. A gauche,.du côté où s’ouvre le tunnel ou conduite forcée qui amènera les eaux retenues à l’usine hydroélectrique, il a été établi des piles et un pont provisoire. Les agrégats venant de la rive droite (à gauche sur la figure) passent sur l’autre rive à l’aide de transporteurs aériens. Les remous, visibles entre le pont provisoire et une passerelle légère tendue à l’aval, montrent le caractère torrentiel de cette rivière et la pente de son lit à cet endroit. A cause de cette pente et des boucles successives du lit, on peut réaliser ainsi, partant de l’amont de la retenue, une conduite forcée de quelques milles dont la chute totale est de plusieurs centaines de mètres.
- Le débit disponible étant considérable, on fait une conduite à grand diamètre, 10 pieds, soit 3 mètres, qui sera sans doute la plus grande conduite forcée du monde (fig. 3) surtout en ce qui concerne le diamètre qui est de 10 pieds, soit 3 mètres.
- La figure 3 représente l’un des débouchés et l’on y
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- voit des armatures. Celles-ci ne sont utiles que tout près des têtes, car la roche est remarquablement homogène sans fissures, de sorte qu’on peut laisser telles quelles les parois mêmes du tunnel.
- Plus remarquables encore sont les travaux d’installation de l’usine hydroélectrique dont la puissance doit être de l’ordre de 1000000 de ch.
- Les conditions d’écoulement de l’eau dans les différents canaux ont été étudiées à l’aide de modèles réduits et d’une installation représentée figure 2. Un réservoir s’écoule dans un tunnel en réduction aboutissant à la décharge. Le tuyau d’alimentation du réservoir est vu à droite et le débit est mesuré à gauche.
- Voici maintenant (fig. 4) l’une des 5 coquilles d’acier qui recevront le débit de la conduite forcée pour le distribuer aux turbines. Cette coquille a été montée et assemblée à la place qu’elle doit occuper.
- La figure 5 nous montre quatre unités à divers états d’avancement. L’unité n° 1, la plus éloignée, est entièrement bétonnée tandis que les coffrages de l’unité n° 3 viennent seulement d’être installés, le béton y sera arasé au même niveau que celui de l’unité n° 1. Le coffrage en forme de cône de l’unité n° 4 est très visible ainsi que le dispositif qui servira au coulage du béton de cette unité.
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- Le béton mis en œuvre dans cet ouvrage est préparé sur place à l’aide de ciment portland artificiel et de matériaux inertes provenant du voisinage. Leur granulométrie est vérifiée et l’on fait soigneusement le calcul des vides, ce qui détermine le dosage dans chaque cas.
- Nous avons vérifié, par exemple, deux dosages :
- 1° Ciment.........................10
- Sable..........................22
- Pierre.........................51
- 2° Ciment.........................10
- Sable..........................19
- Pierre.........................51
- Ces deux dosages sont équivalents parce que les vides des agrégats ne sont pas identiques dans les deux cas.
- Le module de finesse du sable est 3,18; celui de l’agrégat 8,5.
- La préparation se fait dans des bétonnières de 2 yards cubiques en 2 minutes. On y introduit la quantité d’eau suffisante au bon malaxage, quantité qui ne doit jamais dépasser celle pour laquelle l’affaissement au cône d’Abrams (slump test) serait supérieur à 2 pouces. Le slump doit être de 1,5 à 2 pouces^ Le rapport entre les volumes d’eau et de ciment ne dépasse pas 1. Nous avons vérifié au moment de notre inspection que ce rapport était 0,867.
- Le slump est un essai facile qu’on peut faire à chaque instant pour avoir toujours un béton équivalent malgré les modifications inévitables de la composition granulo-métrique des matériaux et de la température ambiante, mais il faut, en outre, procéder à des vérifications plus complètes et plus précises.
- Un laboratoire a donc été installé près du chantier avec la série des appareils standards utilisés pour les essais de ciments. Ceux-ci sont extrêmement importants
- Fig. 5. — Etat d’avancement du bétonnage de 4 unités hydrauliques.
- car, de la qualité du liant hydraulique dépendent, au premier chef, la solidité et la conservation de l’ouvrage. Nous avons décrit ces essais ailleurs (').
- L’on ne se fie pas cependant à la seule qualité du ciment, au dosage des agrégats et de l’eau et aux bétonnières perfectionnées ; on mesure encore les résistances des bétons obtenus à l’aide de cylindres en béton moulés avec le même béton que l’on emploie dans l’ouvrage. On confectionne au moins. 2 cylindres pour 100 yards cubiques de maçonnerie; ces cylindres sont essayés, l’un à 23 jours, l’autre à 90 jours à l’aide d’une presse à levier très précise. Voici les résistances que nous avons contrôlées :
- 28 jours : 2575 ou 2490 livres par pouce carré.
- 90 jours : 2310 livres par pouce carré.
- Ces résistances correspondent sensiblement à 175 et à 200 hectopièzes ou kg par cm2.
- Nous devons insister encore sur les soins apportés dans la conservation préalable du ciment sur le chantier et, surtout, aux bétons après coulage dans les moules pendant la période qui suit la prise. Grâce à ces soins attentifs, les maçonneries ne souffrent pas du retrait. Des joints de dilatation (qui sont aussi des joints de contraction) sont d’ailleurs ingénieusement disposés dans l’ouvrage.
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- En présentant quelques vues d’un important ouvrage hydraulique en construction dans l’Ouest-Virginie, nous n’avons pas voulu tout expliquer, ce qui nous aurait entraîné beaucoup trop loin, mais nous nous proposions seulement de préciser pour des lecteurs français certains points de la technique américaine, où des savants français pourraient retrouver, certes, leurs enfants, mais sous la forme d’enfants bien élevés en parfaite santé. En cette matière, l’Amérique nous a rendu nos bienfaits.
- Nous ne voudrions pas terminer cet article sans rendre hommage, non seulement au talent mais encore à l’extrême amabilité des ingénieurs .américains ;qui ont bien voulu nous montrer tous les détails de leurs chantiers.
- y Edmond Marcotte.
- 1. Tome II de l’ouvrage précité.
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- LE ROLE DU CINEMA EN ETHNOGRAPHIE
- Grâce à l’Exposition coloniale, l’ethnographe, qui étudie les comportements des peuples est l’homme du jour. Nous sommes avides de connaître cette science qui révèle les multiples façons de penser des humains.
- Jusqu’à la fin du dernier siècle, l’ethnographie se contentait des récits des voyageurs, des industriels, des militaires, des missionnaires, etc. Si intime et si prolongé qu’eût été leur contact avec les peuples qu’ils décrivent,
- nos sens qui ne peuvent analyser des sons trop brefs ou des mouvements trop rapides.
- Or, grâce à deux merveilleux instruments, le phonographe et le cinéma, l’ethnographie devient une science ( positive qui dispose désormais de documents objectifs.
- Le phonographe reproduit exactement les langues, les musiques, les chants des peuples. Critiques d’art, linguistes, musiciens doivent désormais préférer des disques
- si dépourvus de préjugés et d’idées préconçues qu’ils fussent, — et à ce point de vue il convient de se défier surtout des amateurs ethnographes qui ne voient les faits qu’à travers leurs théories, — tous ces collecteurs de documents n’en peuvent prendre que do subjectifs : car ils les perçoivent et les apprécient avant de les exprimer et on sait à quel point leur cerveau peut les déformer. Déformations qui proviennent : de l’exagération de l’oubli, du mépris de détails qu’ils jugent insignifiants alors que d’autres, placés à un point de vue différent, jugent leur valeur grande, enfin de l’imperfection de
- qui transmettent intégralement les sons émis, à des écrits qui les altèrent forcément : car il est impossible d’obtenir au moyen de notre alphabet une transcription homopho-nique exacte des langues étrangères, surtout de celles non apparentées à la nôtre. Depuis longtemps, les savants ont réalisé des collections de phonogrammes.
- Déjà, à l’exposition de 1900, le docteur Léon Azoulay en avait réuni une qu’il donna à la Société d’Anthropo-logie où elle existe encore.
- De même que le phonogramme conserve et livre à volonté les comportements sonores des peuples, de même
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- le film conserve et livre à volonté leurs comportements moteurs.
- J’insisterai sur ces derniers, car, dès 1893, étant élève de Marey qui inventa le cinéma, je m’attachai à en montrer l’importance dans les études ethnographiques \ Je reproduis ici quelques films que je pris à cette époque, avec mon ami le docteur Charles Comte, dans une exhibition dé nègres au Champ de Mars 2. Ces films, conservés à l’Institut Marey à Boulogne-sur-Seine, présentent un intérêt à la fois historique et documentaire. Nous n’avons reproduit ici qu’une image sur quatre fournies par le film, ce nombre suffisant à les faire comprendre. Notez enfin qu’un chronomètre fonctionne en même temps que l’acte s’accomplit, ce qui en mesure la durée.
- Voulons-nous étudier les manières de porter un fardeau? Voici (fig. 2) ùne femme ouolove (Sénégal) qui. avec un
- 1. Voir Bulletins de la Soc. d’anthropologie, 1895, p. 737 et 1800, p. 421.
- 2. On trouvera dans La Nature, en 1895. 1er semestre, p. 183, un article que j’écrivis sur l’Exposition ethnographique de l’Al’rique occidentale au Champ de Mars de. Paris. Cette étude me donna l'idée d’utiliser les films en ethnographie, et j’en pris plusieurs quelques semaines après.
- Fig. 4. •— Ouoloue pilant son millel.
- couffin sur la tête, a une démarche souple et élégante, son corps en rectitude, son regard droit. Nous pouvons mesurer sur ces images la longueur du pas, l’amplitude des angles articulaires formés par les mouvements des çegments de membres, etc.
- Par opposition, une'négresse déambule en portant son enfant sur le dos. Elle fléchit la tête, arrondit sa colonne vertébrale. Les mensurations permettent une comparaison exacte de ces deux modes de porter.
- Quatre Malgaches (fig. 1) portent votre serviteur en palanquin, en courant à une allure vive et rythmée. Même étude est encore ici réalisable.
- Après les manières de porter, considérons celles de se
- Fig. 5 ('à gauche). — Négresse portant son enfant sur le dos. ; -
- Fig. 6 (au milieu). — Trois nègres s'accroupissant : un Ouolof, un Pcuhl et un Diola. Eig. 7 (à droite). — Le salam.
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- reposer. La chaise est une invention de civilisé. Les sauvages se croisent les jambes en tailleur ou s’accroupissent. Examinons (lig. 7), chez trois nègres de races différentes, un Ouolof, un Peuhl, un Diola du pays des Rivières, la prise de cette dernière attitude obtenue en leur commandant de s’accroupir en même temps au signal donné. Il existe des variantes dans leur accroupissement. L’Ouolof a des jambes obliques, proches de la verticale, le Diola les a très fléchies, presque horizontales, le Peuhl tient le milieu entre les deux précédents.
- Nous pourrions donner d’autres exemples. Nous avons précisé par le film plusieurs manières de marcher : les deux plus importantes sont les marches en extension et en flexion. Nous avons encore distingué plusieurs manières de grimper aux arbres chez les sauvages.
- Le film permet donc d’étudier la physiologie propre à chaque ethnie. Grâce à lui, nous pouvons encore étudier la technique spéciale à chaque métier, ce qui permet de savoir comment les sauvages se servent des objets conservés dans nos musées d’ethnographie. -
- Voici une Ouolove (fig. 4) en train dé piler du millet, exercice pratiqué couramment, durant de longues heures, dans tous les villages nègres, qui se décèlent au voyâgéür par le bruit des pilons. Ces images permettent de mesurer la hauteur d’ascension du pilon, la durée de l’acte, l’amplitude des mouvements des bras.
- Un autre film indique la fabrication de la poterie sans tour (fig. 3). Une femme ^ouolove est accroupie devant une tournette, qui fut l’origine du tour. Cette simple écuelle de vingt-cinq centimètres de diamètre touche par son centre le sol. La potière y met une poudre de sable noir, puis une boule d’argile qu’elle a creusée au préalable. Une de ses mains fait alors tourner l’écuelle, tandis que de l’autre, les doigts pliés, elle creuse la pâte et arrondit le vase.
- Le film nous fournit des documents complexes qui reproduisent les cérémonies, les guerres, les palabres, les fêtes, etc. Il fixe à jamais pour les besoins de nos études tous les comportements humains.
- Prenons un acte religieux simple : trois nègres musulmans exécutent le salam dans leur prière à Allah (fig. 7). D’abord debout, ils s’inclinent, se fléchissent, enfin se prosternent.
- Tous ces exemples feront comprendre aux lecteurs comment le physiologiste et l’ethnographe peuvent en tirer profit. 11 leur faut tenir le film entre les mains pour
- , analyser, décomposer et mesurer tous les mouvements qui forment l’acte. C’est ainsi que Marey, le premier, utilisa le film pour étudier le vol des oiseaux. Puis on pensa qu’il y aurait avantage et profit à projeter le filin dans une salle de spectacle. Les frères Lumière les pre-Jtqers réalisèrent cette projection. Il faut distinguer ces deux découvertes; la première, de Marey, lui permit, par l’examen direct des images, d’étudier le mouvement. La seconde, des Lumière, utilisa le cinéma comme spectacle et comme enseignement, et leur succès prodigieux fit oublier l’importance du film pour les recherches scientifiques.
- En ethnographie l’étude des films aussi bien que celle des phonogrammes est une nécessité.
- Les musées d’ethnographie devraient posséder des cinémathèques et des phonothèques au même titre que des bibliothèques et des vitrines pour conserver les objets.
- Déjà les nations étrangères entrent dans cette voie : le Musée de Police en Tchécoslovaquie conserve ainsi les films de son folklore. Et nous, qui avons découvert le cinéma, restons en retard.
- Ce retard est manifeste dans notre Exposition coloniale : on y a multiplié des dioramas qui amusent le public mais sont insignifiants pour l’ethnographe. Phonogrammes et cinémas, trop rares à mon avis, n’y: ont pas la place qu’ils devraient tenir.
- C’est qu’il faut à l’humanité un long temps avant qu’elle arrive à tirer tout le profit des instruments scientifiques que les hommes de génie ont mis à sa disposition. ;
- Films et phonogrammes sont les matériaux qu’œuvreront, dans un avenir proche, tous les savants qui s’occupent de sciences mentales ou « noologiques », pour employer l’expression d’Ampère dans son livre fameux sur la Classification des sciences ; grâce à eux, le psychologue, l’ethnographe, le sociologue, le linguiste, le folkloriste, collectionneront dans leurs laboratoires tous les comportements des nombreuses ethnies et pourront en évoquer à leur gré la vie. En analysant, en mesurant ces documents objectifs, en les comparant, en les sériant, ils arriveront à fixer les méthodes qui conviennent à leur science et à connaître les lois de la mentalité humaine. Le musée d’ethnographie avec ses collections d’objets, de films et de phonogrammes deviendra leur laboratoire et leur centre d’enseignement.
- D1’ Félix Regnaut.
- = LE PLATINE ET LE PALLADIUM =
- Le: platine, métal précieux, a connu au cours de sa économique ; après avoir atteint aux environs de 1936 des
- carrière industrielle qui remonte à moins de 2 siècles, les prix astronomiques, le platine après une baisse lente et
- plus singulières vicissitudes. Il a passé par des alternatives continue, est redescendu brusquement ces mois derniers
- nombreuses de rareté et d’abondance relatives; en consé- jusqu’à 22 francs le gramme, niveau où il ne s’est du
- quence son prix subissait des variations plus ou moins reste maintenu que quelques jours.
- brusques, mais profondes, qui modifiaient complètement Le platine a été découvert tout d’abord qiar les Espa-
- ses possibilités d’applications industrielles. L’époque gnols dans les sables aurifères de l’Amérique du Sud. Son
- actuelle est pour lui une de ces périodes de révolution nom dérivé du mot espagnol plata (argent) indique que
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- l’on voyait alors en lui une espèce d’argent de qualité inférieure. Cette substance, dont on a longtemps ignoré la nature chimique exacte et dans laquelle Bufïon voyait encore un alliage d’or, semble avoir été signalée avec précision pour la première fois en 1748 par le mathématicien espagnol A. de lllloa qui accompagnait en 1736 au Pérou les académiciens français La Condamine et Bouguer chargés de la mesure d’une méridienne. Un essayeur de la Jamaïque, .1. Wood, l’aurait découvert dès 1741, mais n’a publié sa découverte qu’en 1749. Le chimiste allemand Bergmann en 1777 montra que le platine est un corps simple. Dès la fin du xviu0 siècle, on lui avait trouvé quelques emplois, en horlogerie, en bijouterie, pour la fabrication des médailles. Lu 1788 on offrait à Louis XVI une montre dont les axes et les palettes de la roue de rencontre étaient en platine. Les chimistes du début du xixu siècle perfectionnèrent la métallurgie du platine, et celui-ci qui, à l’origine, provenait exclusivement de la Colombie équatoriale, cessa d’être une curiosité scientifique lorsque furent découverts en 1817 les gisements russes de l’Oural.
- Ceux-ci jusqu’à la révolution russe furent la principale source de platine dans le monde; on estimait que depuis le début de leur exploitation jusqu’à 1916 ils avaient fourni] environ 200.0000 kg de ce métal, à raison d’une
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- Fig. 1.— Un ouvrier au travail dans la raffinerie d’Aclun. Cette photographie a été prise le jour de l’inauguration des agrandissements : à droite Lord Melchett, président de la Mond C°.
- (Ph. International Graphie Press.)
- production annuelle moyenne de 5000 à 7000 kg dans les années qui précédèrent immédiatement la guerre
- Fig.Z.— Vue générale du bâtiment des lavages acides à l'usine d'Aclon. (Ph. International Graphie Press.)
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- On sait que,, de 1828 à 1845, le platine a servren Russie de métal monétaire. La démonétisation de la monnaie russe de platine en 1845 provoqua sur le marché du métal une crise violente et brutale.
- Le içjpveloppemenl de l’industrie des lampes élec-triquesjpuis des ampoules radiographiques et des lampes à vide eu général, semble avoir donné une vive impulsion au2ç!'emplois du platine : son prix passe de 487 fr. le kg en 1880, à 2300 francs en 1900 ; 5500 francs en 1906, pour retomber à 3250 francs en 1907 et remonter à 5200 francs en 1912.
- : La guerre survient : la production russe commence à diminuer; mais les usages du platine diminuent aussi, dans les premiers mois de la guerre : le prix du kilogramme tombe de 7150 francs en juillet 1914 à 4000 francs. Mais la situation allait bientôt changer : les fabrications de guerre des belligérants exigent du platine, notamment pour faire les catalyseurs nécessaires à la fabrication de l’acide sulfurique concentré, l’oléum qui prend une importance capitale : la Russie ne fournit plus que péniblement le platine nécessaire à ses propres besoins et à ceux des alliés; en 1917, après la révolution russe, elle cesse même toute fourniture et sera absente du marché plusieurs années; en 1916 on compte le platine à 16 000 fr. le kg; en 1924, il vaut 78 000 francs.
- . La carence de la Russie a provoqué un peu partout la recherche du platine. Les exploitations de Colombie se sont développées et en 1924 fournissaient près de 1400 kg alors que la Russie revenue péniblement à une exploitation modeste en fournissait 12 000 kg.
- De nouveaux gisements sont découverts dans l’Afrique du Sud anglaise, et sont exploités, mais ne contribuent que pour une petite part à la production mondiale. Enfin, en ces dernières années, un producteur nouveau et important apparaît sur le marché : le Canada. Les gisements de nickel de la région de Sudbury (Ontario) se sont révélés comme contenant également du platine et les métaux associés à celui-ci : 1’exploitation de ces minerais a été entreprise par une puissante société, l’International Nickel C°, constituée sous l’égide de feu lord
- Fig. 3. — Sel de plaline précipité recueilli par filtralion sur un filtre à vide. (Ph. International Graphie Press.)
- Melehett (autrefois sir Alfred Münd, le roi du nickel et l’un des principaux dirigeants • de l’industrie chimique anglaise). Le platine est là un véritable sous-produit de l’exploitation du nickel. Le Canada, en 1929, a fourni déjà 390 kg de platine, en 1930 il en a donné 1054 kg, et d’ici peu en fournira bien davantage et le prix de revient du platine canadien est probablement plus bas que celui de tous les autres pays producteurs. De son côté, la Russie semble être revenue à des chiffres comparables à ceux d’avant-guerre. Ce surcroît mondial de production, coïncidant, avec une crise économique mondiale, sévissant avec acuité depuis plusieurs années sur la bijouterie, a provoqué manifestement la chute des cours du platine qui cotait en mai à Paris 27 000 francs le kg et à Londres, 5 £ 3/4 l’once de 31,101 gr contre 13 £ en 1930. On peut s’attendre, par un retour constamment observé dans les crises économiques, à voir se développer en conséquence les usages d’un métal qui offre de précieuses qualités.
- Avant d’examiner les emplois dont il esl susceptible, nous jetterons un coup d’œil rapide sur sa métallurgie.
- LA MÉTALLURGIE DU PLATINE
- Le platine se rencontre à l’état natif, dans certaines alluvions, où les altérations et transformations superficielles ainsi que l’action des eaux ont opéré dans la suite des temps géologiques, une sorte de concentration naturelle. Celle-ci est, du reste, toujours faible : la teneur moyenne des gisements de l’Oural était de l’ordre de 3 gr par m3. Le platine natif se trouve toujours associé à d’autres métaux rares que l’on recueille en même temps que lui et qui sont le palladium, l’iridium, le rhodium, le ruthénium et l’osmium. Le minerai contient aussi du fer et du cuivre, parfois de l’or.
- Sur place, on se contente de préparer, par une série de lavages qui entraînent les sables un concentré que l’on appelle mine de platine : boue lourde que l’on fait sécher, et que l’on envoie telle quelle à l’affinerie, parfois après en avoir séparé l’or par amalgamation.
- Le traitement appliqué à la mine de platine dans l’usine d’affinage est, en fait, un traitement de laboratoire : les quantités de substance en cours de transformation y sont toujours relativement faibles. Les photographies ci-contre ont été prises dans le plus grand établissement de ce genre existant au monde : l’usine d’Acton près de Londres, créée en 1924 pour produire annuellement 1250 kg de platine; agrandie en 1930, elle a aujourd’hui une capacité de traitement de plus de 9000 kg par an. Ce sont précisément les perspectives offertes par les gisements du Canada, et peut-être un jour ceux du Cap qui ont poussé les dirigeants de l’industrie anglaise à ces agrandissements impressionnants qui rendront l’Angleterre maîtresse du marché mondial du platine.
- A l’usine, la mine de platine est attaquée par l’acide nitrique qui dissout le fer et le cuivre. La liqueur est filtrée : le résidu solide placé dans des cuves en terre vernissée, chauffées à 80°, est repris par l’eau régale qui dissout le platine, le palladium et l’iridium à l’état de chlorures : sur le filtre restent le ruthénium, le rhodium et la plus grande partie de l’osmium; la liqueur restante
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- Fi(j. 4. — Chargement du sel de platine dans un four à moufle pour
- préparation de la mousse de platine. (Ph. International Graphie Press.)
- est concentrée doucement, puis traitée par une solution de chlorure d’ammonium : le palladium seul reste en solution et sera séparé ultérieurement à l’état de cyanure : le platine et l’iridium précipitent sous forme de chlorures doubles (Pt CP *AzH4Cl). Lavé à l’alcool, ce mélange est séché, puis calciné légèrement dans des fours à moufles : de ceux-ci sort une masse grise et spongieuse, la mousse de platine, mélange de platine et d’iridium.
- On le fond au chalumeau oxhydrique dans un creuset de chaux et on coule en lingotière de terre : on obtient ainsi l’alliage de platine et d’iridium très souvent employé tel quel.
- Si on veut obtenir le platine pur, on introduit la mousse de platine dans du plomb fondu; l’iridium se sépare solide et l’on recueille un alliage liquide de plomb et de platine. Après refroidissement celui-ci est traité par l’eau régale qui transforme les deux métaux en chlorures : si on étend la liqueur chaude, le sel de plomb cristallise en partie et l’on précipite le restant par addition d’acide sulfurique. On filtre; le liquide recueilli est additionné de chlorure d’ammonium : le platine précipite à l’état de chlorure double que l’on sèche et calcine comme précédemment.
- LES PROPRIÉTÉS ET LES USAGES DU PLATINE ET DES MÉTAUX DE SA FAMILLE
- Le platine. — C’est un métal d’un blanc grisâtre, très mou, très ductile, très malléable %t très tenace. Sa densité de 21,45 fait de lui le plus lourd des corps connus après l’iridium. Il ne fond qu’à la température très élevée de 1775°. Très peu attaquable par la plupart des réactifs chimiques, il est pratiquement inaltérable à toutes températures par l’oxygène ou l’air.
- Ces propriétés expliquent ses usages dans les laboratoires de chimie sous forme de creusets et de capsules; emploi très réduit aujourd’hui en raison de son prix.
- Le platine a été également employé autrefois pour le revêtement des cornues destinées à concentrer l’acide sulfurique; mais cet usage a aujourd’hui disparu.
- De même a cessé la fabrication des filaments en platine
- Fig. 5. — Une écuelle de mousse de platine sortanl du four à moufle.
- (Pli. International Graphie Press.)
- pour lampes électriques, ainsi que l’emploi du platine pour le scellement dans le verre des conducteurs destinés aux lampes à incandescence, ou aux ampoules radiologiques; emploi justifié par le fait que le coefficient de dilatation du platine est le même que celui du verre. On a trouvé en ces dernières années des aciers spéciaux offrant la même propriété à un prix beaucoup plus abordable.
- Les débouchés les plus importants du platine sont aujourd’hui la bijouterie qui l’utilise soit pur, soit allié à l’or (or gris), surtout pour le montage des brillants, l’industrie de la soie artificielle qui l’emploie pour la fabrication des têtes de filières, et l’industrie chimique qui 1 ’utilise comme catalyseur dans la préparation de l’oléum, et dans la fabrication des composés nitrés par oxydation de l’ammoniac. Dans cette dernière industrie, on a amélioré les propriétés du catalyseur au platine en y incorporant le rhodium.
- Enfin l’industrie électrique consomme encore une certaine quantité de ce métal pour la fabrication de filaments de thermocouples (platine, rhodium), de rhéostats pour fours électriques de laboratoire, de contacts (en platine iridié).
- La photographie, l’industrie céramique, la dentisterie utilisent également une petite quantité de platine.
- Le palladium. — C’est un métal blanc, de densité 11,14. C’est après le platine celui qui domine dans la « mine de1 platine ». Aussi inaltérable que le platine, il n’a trouvé que peu d’emplois jusqu’ici en raison de sa rareté et de son prix. Cette situation paraît en voie de se modifier : d’intéressants débouchés semblent s’ouvrir devant ce métal, maintenant qu’il est produit plus abondamment que par le passé. • • •
- C’est surtout dans la ‘ dentisterie qu’il trouvera des emplois pour les alliages ^ dentaires, ^beaucoup plus léger que le platine, il sera moins cher à surface égale : grâce à son pouvoir réflecteur,. il ne s’aperçoit pas dans la bouche et c’est un avantage sérieux sur l’or et le jda-r tine. ,
- Gn envisage également son emploi pour remplacer l’o-
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- gris, alliage d’or et de platine, utilisé en bijouterie, mais lourd, difficile ^travailler ét coûteux.
- On étudie en outre actuellement son emploi sous forme de revêtement sur l’or gris et sur l’argent : il rend ces métgux internissables ; propriété très intéressante en particulier pour les réflecteurs de phares. On envisage également l’emploi du palladium pour la fabrication de montures de lunettes ou lorgnons, plus légères et aussi inaltérables que les montures en or.
- Uiridium. — Ce métal a une densité de 22,5 et fond à 2200°. C’est le plus dur des métaux. Aussi l’emploie-t-on pour la fabrication des pointes de plumes de stylographes.
- Il est surtout employé en alliage avec le platine notam-
- ment pour la fabrication des contacts électriques.
- Le rhodium. — De densité 12, le rhodium fond à 2700°. Il est employé dans la fabrication de filaments de couples thermpélectriques, et allié au platine pour faire des filaments catalyseurs destinés à l’oxydation de l’ammoniac.
- L’osmium. — Ce métal n’est guère employé qu’à l’état d’anhydride osmique (Os O4), substance extrêmement toxique, utilisée en histologie comme colorant des libres nerveuses.
- Le ruthénium est jusqu’ici sans emploi industriel.
- R. VlLLFRS.
- LE PERFECTIONNEMENT SCIENTIFIQUE
- DU BÉTAIL HOLLANDAIS
- Les races bovines des Pays-Bas se sont fait, de tout temps, remarquer par leur abondante production du lait.
- Fig. 1. •— Un type remarquable de vache laitière hollandaise.
- Mais on leur reprochait la faible teneur de ce lait en matière grasse, ainsi qu’une conformation parfois incorrecte.
- Les éleveurs néerlandais se sont appliqués à résoudre ce double problème avec une intelligence avisée et une persévérance digne d’éloges.
- Afin de développer la richesse du lait en beurre, les Hollandais instituèrent le contrôle laitier. Des équipes volantes, surveillées par des syndicats agricoles, se rendent dans les fermes des adhérents, évaluent le rendement et la composition du lait ainsi que la valeur nutritive des ratiohs.
- On posséda ainsi les éléments constitutifs d’une vaste enquête qui permit d’éliminer les sujets à mauvais rendement, consommant beaucoup et produisant peu, pour garder les meilleures laitières et propager leur descendance par une sélection attentive.
- Le résultat de ces tentatives heureuses ne s’est pas fait
- attendre. Les premières vaches contrôlées en 1895 avaient un rendement moyen de 4209 kg de lait à 2,99 pour 100 de matière grasse donnant 135 kg de beurre. En 1931, pour la généralité du troupeau néerlandas, ces chiffres sont devenus 4936 kg de lait à 3,38 de matière grasse donnant 149 kg de beurre.
- Mais les éleveurs hollandais, pour appuyer l’action du contrôle laitier, examinèrent l’autre facteur du problème : l’action du taureau. Ils n’avaient pas été sans remarquer que certains producteurs se révélaient comme améliorant le taux du beurre dans leur descendance.
- On citait, par exemple, comme taureau bon-beurrier Jan II dont la moyenne de matière grasse était pour les mères de son ascendance 3,2 pour 100 alors qu’il atteignait pour les filles de sa descendance 3.68 pour 100. Fritz, autre taureau hollandais, révélait 3,08 pour 100 de matière grasse dans les mères ascendantes et 3,44 pour 100 parmi les filles descendantes.
- Afin d’étudier plus attentivement et plus rapidement le rôle des taureaux, les Hollandais ont imaginé une méthode graphique très curieuse.
- Considérons deux axes coordonnés OA et OB, on porte sur l’axe vertical OA les taux butyreux des mères accouplées au taureau examiné et sur l’axe OB le taux des filles produites par lui. A l’origine figure le taux le plus bas relevé, soit chez les mères, soit chez les filles, 2,8 par exemple. Si une mère de taux butyrique 3,30 donne une fille d’un taux butyrique 3,7 et si l’on mène des points ainsi déterminés sur les axes, des parallèles qui se coupent en un point P, ce point sera la représentation graphique du couple « mère-fille » envisagé.
- Si la fille et la mère ont le même taux butyreux, la rencontre des deux parallèles se fera, par raison de symétrie, sur la bissectrice à 45 degrés de deux axes.
- Si la fille révèle un taux butyreux plus grand que celui de la mère, le point représentatif obtenu sera à droite de la bissectrice. Si au contraire, ce taux butyreux était plus faible, le point serait à gauche de la bissectrice. Les points représentant les couples améliorées sont donc situés à
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- droite de la bissectrice, ceux qui indiquent une diminution sont à gauche.
- • On aura donc sur le graphique d’un taureau, un ensemble de points dont le groupement montrera à première vue si le taureau a amélioré ou non sa descendance au point de vue de la richesse en beurre.
- Lorsque cet assemblage de points, cette sorte de nuée, se trouve répartie dans la partie inférieure du graphique, le taureau est améliora-teur. Il a un rôle négatif et défavorable si tous les points sont rassemblés dans la seconde moitié supérieure.
- Il est facile d’apprécier tout de suite l’intérêt de cette méthode et sa portée pratique.
- Chaque taureau célèbre possède donc sa fiche personnelle, où, àu-dessus de sa photographie, est représenté son « graphique buty-r'eux ».
- Mais, ce point de vue, pour essentiel qu’il soit, n’a pas écarté les éleveurs hollandais de la recherche d’une conformation parfaite.
- Pour estimer mathématiquement la valeur du sujet, ils utilisent les « échelles de points ». Chaque caractère particulier, qu’il soit ethnique ou utilitaire : finésse de la peau, répartition du pigment, conformation générale, réduction des membres, forme de la mamelle pour les femelles, etc., a reçu un coefficient particulier d’autant plus élevé que son importance est primordiale.
- Chaque caractère est évalué suivant une échelle de points allant de 0 à 10, mais les points obtenus sont multipliés par leur coefficient propre, ce qui conserve toute leur importance dans l’estimation numérique de la valeur du type.
- On pouvait craindre que les meilleures vaches laitières présentent un total de points inférieur. Or il n’en est rien, les sujets qui réalisent des productions record, donnant 5000 et même 6000 kg de lait par lactation, sont toutes des vaches à haut pointage et ont généralement plus de 80 points sur 100.
- Ainsi se révélait cette loi d’une importance essentielle : on peut réaliser par sélection un type de vache bien conformée assurant des rendements élevés en lait et en beurre. Les six vaches record du Herd-Book frison donnent toutes ces points suivants : Irak je VII : 80 points ; Aaltje VIII : 86 points ; Van der Meer DV : 85 points.
- Les Néerlandais tout en cherchant à améliorer sans cesse la production du lait s’efforcent de réaliser ce qu’ils appellent le Gewenscht type, le « type désiré », pouvant atteindre 89 ét même 90 points, la plus haute quotation qui puisse être pratiquement obtenue.
- Les éleveurs recherchent comme particularités une tête courte et expressive, un œil gros et bien éveillé, un mufle large avec des narines bien ouvertes, la mâchoire forte, ce qui indique une bonne mangeuse. ;
- Le cou sera moyennement long. Un cou trop court chez une vache laitière manque de noblesse. Un cou trop long révèle un animal délicat.
- En Frise, on attache une grande importance au profil de la ligne supérieure du cou, celle-ci sera parfaitement
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- Fig. 2. — Un beau taureau landais.
- Il porte sur une ceinture les médailles obtenues à divers concours.
- horizontale lorsque la tête est à la hauteur voulue pour que la nuque soit au niveau du garrot. Toute incurvation de cette ligne, comme note M. Mercier dans la Revue de Tjootechnie, concourt à l’étranglement de l’encolure et est considérée comme un signe de débilité.
- La poitrine sera large et profonde, le passage des sangles en arrière des coudes peu accusé.
- Epaules fortes mais non saillantes. Garrot soutenu. On redoute nettement les épaules plates. Côtes rondes et longues. Dos fort et droit sans incurvation au niveau des reins. Abdomen ample mais sans excès. Flancs plutôt fermés. Bassin large, rectangulaire et plat. Cuisses bien fournies. Croupe assez effacée. Membres forts, jarret large, aplombs réguliers.
- Une particularité assez curieuse, c’est le soin des éleveurs hollandais à l’echercher un ensemble bien homogène
- Fig. 3. —- Graphique d'amélioration des qualités beurrières descendantes du taureau Jan 3265.
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- par la cohésion des diverses régions du corps, par le fini des soudures. On s’efforce d’obtenir ce que l’on appelle 1’ « animal fermé » ou rien n’apparaît comme décousu, comme détaché, précieuse qualité'qui. d’après les Hollandais, révèle un tempérament solide et un animal s’entretenant facilement.
- Telles sont les particularités qui dirigent la sélection du bétail hollandais. On voit, par la minutie de l’observation et la vigueur du raisonnement, quelles précisions scientifiques révèlent ces méthodes.
- ; - Prof. Paul Diffloth.
- .. OFFICE CENTRAL ET INSTITUT
- D’ACÉTYLÈNE ET DE SOUDURE AUTOGÈNE
- L’attention des ingénieurs a été attirée par la presse technique, au commencement de cette année, sur une installation remarquable qui vient d’être réalisée par l’Office central de l’Acétylène, dans un immeuble spécialement construit et aménagé pour assurer le développement des besoins'de ses'divers services; Cet "office abrite aujourd’hui de nombreux organismes se rapportant à la soudure autogène, filiales actives et fécondes dont les progrès auraient été entravés si on les eût laissé cloîtrés dans les locaux exigus dont elles se contentaient précédemment.
- Les professionnels l’ont déjà baptisé, en raccourci : la Maison de la Soudure.
- Il n’est pas superflu de rappeler en quelques mots que
- Fig. 1. — Les nouveaux bâtiments de l’Office et de l’Institut d’Acétylène et de Soudure autogène.
- la soudure est un procédé d’assemblage dont l’origine se perd dans la brume des premières civilisations; toutefois, la soudure autogène, réunissant des pièces métalliques de même nature par fusion de leurs bords, ne se faisait alors que pour le fer (soudure à la forge) et le plomb (soudure au chalumeau à bouche), où n’intervenait aucun autre métal complémentaire (dit d’apport).
- A notre époque, la soudure autogène a dû répondre aux demandes de plus en plus intenses des différentes branches de l’industrie, car le procédé s’est étendu à une allure insoupçonnée à tous les métaux et à la plupart de lëurs alliages; résultat : obligation formelle de constituer un personnel idoine de main-d’œuvre, de maîtrise et d’enseignement, apte à satisfaire aussi bien les groupements industriels que les simples artisans.
- En effet, la routine et l’empirisme ne suffisent plus aujourd’hui dans les ateliers; en raison de l’évolution universelle des conditions du machinisme et de ses exigences, les usines doivent adapter des hommes à une technique nouvelle et, trop souvent même, les spécialiser dans des détails de plus en plus restreints; voilà pourquoi vient à son heure cette organisation de la Maison de la Soudure qui pourvoit aux nécessités : de l’apprentissage, du perfectionnement des opérateurs, de la formation des états-majors industriels, enfin de toutes les recherches susceptibles de guider les initiatives de demain pour que la culture générale acquise ne périclite pas.
- Avant de décrire les dispositions principales et le but de cet établissement, conçu dans un esprit moderne et très large, il faut signaler que l’Office et l’Institut constituent ün groupement plutôt scientifique que commercial,. avec des ramifications nettement grandissantes vers la plupart de nos industries, puisqu’il en existe peu aujourd’hui qui n’aient pas l’emploi de la soudure au chalumeau ou de la soudure électrique; c’est, en bref, un faisceau indépendant de services déterminés et d’enseignement, comparable à l’autonomie de l’École Centrale que l’État encourage mais n’entretient pas.
- ' Une telle participation est d’ailleurs l’élément fondamental de la prospérité de l’Office central de l’Acétylène et de la Soudure autogène qui, fondé en 1905, contribua toujours puissamment aux progrès de notre époque, grâce à ses laboratoires, à ses salles d’essais, à ses inspections gratuites chez les industriels, à ses publications pratiques, à ses cours et ateliers d’apprentissage, à ^l’élaboration des règles garantissant l’hygiène et la
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- sécurité, etc., etc...; ce modèle d’organisme professionnel a donc ainsi, depuis 25 ans, toujours veillé à la mise en œuvre rationnelle des moyens et appareils de soudure se rattachant aux très nombreuses branches dont il s’occupe et dont il permet l’essor.
- C’est ainsi que, dans les locaux récemment construits, un cours-école permanent est à la disposition gratuite des soudeurs et des soudeuses pour leur apprendre les premiers exercices du métier; le stage est d’une semaine; les élèves en sont recrutés non seulement parmi des ouvriers, mais encore de grands établissements industriels y envoient des délégations pour former des contremaîtres ou des ouvriers qualifiés.
- En outre, des cours et des séances de perfectionnement dites samedis du soudeur ont lieu soit à Paris, soit dans les centres industriels de province pour les soudeurs professionnels ou pour ceux que la soudure et l’oxy-coupage intéressent ou doivent intéresser; la direction de l’Enseignement technique demande également le concours de l’Institut de Soudure autogène pour la création d’écoles de métiers ou de cours techniques et pratiques dans les écoles industrielles, ou simplement pour des tournées de conférences là où il est reconnu avantageux.
- Des certificats d’aptitude peuvent être obtenus par ceux qui se sont suffisamment initiés aux applications de la soudure autogène.
- L’origine plus récente de l’Institut de Soudure autogène (I. S. A.) dérive de l’urgent intérêt, constaté au fur et à mesure de la diffusion des procédés nouveaux, d’un enseignement méthodique à tous les degrés : Ecole supérieure de Soudure autogène, organisation au dehors de programmes appropriés pour les industriels, les ingénieurs et le personnel de maîtrise, exercices pratiques complétés par des causeries que font des techniciens, stages, démonstrations et séances sitôt qu’il est jugé utile, etc.; un groupe exercé dé professeurs chargés de cours et conférenciers est attaché à cet Institut, lequel fait d’autre part appel à l’expérience d’usagers, de spécialistes et de toutes autres compétences pour l’aider dans la tâche poursuivie.
- Avec l’appui de la direction de l’Enseignement technique, les éléments professés sur la soudure autogène dans les écoles techniques professionnelles et de métiers, déjà partiellement réalisés, font l’objet de toute l’attention de l’Institut, qui prodigue son concours le plus dévoué aux établissements qui le sollicitent pour la mise au point des cours, des programmes, des travaux pratiques, pour la documentation du personnel enseignant, etc...
- On peut conclure de cet exposé qu’on a dorénavant affaire à tout autre chose qu’à de la soudure et à du. découpage pour l’usage brutal des démolisseurs ou qu’à des « trucs «réservés
- à des réparations et travaux grossiers; on arrive à des précisions de 2 millimètres pour des rotors ou des pièces de turbines hydrauliques de 6 à 7 m de diamètre; mais longtemps une défaveur tenace, quoique aux motifs sans consistance, s’est attachée à cette expression « la soudure autogène », qu’il serait fâcheux et mensonger de laisser se perpétuer en regard des résultats acquis à l’heure actuelle.
- Au contraire, toute installation de soudure autogène, bien étudiée et montée par un spécialiste compétent, peut et doit être garantie comme fonctionnement, comme économie et comme durée; cela est dû aux efforts avertis d’une pléiade de collaborateurs'qui, durant des années
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- de recherches successives, ont fixé définitivement la technique applicable à la soudure de tous les métaux, tant au chalumeau que par l’arc électrique.
- Un exemple, tiré du programme des cours et exercices de l’Ecole supérieure de Soudure autogène, peut être donné comme témoignage, car ce programme constitue un document capital pour les intéressés à un degré quelconque; on y voit que l’Ecole, tout en donnant à ses élèves un enseignement technique et hautement scientifique, les dirige invariablement vers la spécialisation et les réalisations industrielles; en voici un court extrait :
- « Les cours et conférences sont quotidiens, de sorte que les assistants sont nantis progressivement d’un ensemble de connaissances nécessaires ainsi que de notions exactes, nettes et précises qu’ils utiliseront et appliqueront plus tard avec la même exactitude, la même netteté et la même précision, en apportant à la fois, dans l’exercice de leur charge, une haute technicité dans leur spécialité et une pratique déjà solide. »
- Outre, les 250 leçons fondamentales cjui sont professées, il existe quelques cours, accessoires si l’on veut mais indispensables : hygiène, organisation, réglementation, prévention des accidents et autres ; les travaux pratiques occupent tous les après-midi pour que l’on se familiarise promptement et que l’on soit complètement rompu aux opérations de contrôle, d’analyse et d’essais.
- La Maison de la Soudure (') comporte 82 salles réparties entre le rez-de-chaussée,' l’entresol et les quatre étages ; la chaufferie est au sous-sol, lequel comporte en outre, une vaste salle aménagée en atelier et très claire, la différence de niveau des rues ayant permis cette disposition commode; la chaudière du chauffage central, au mazout, alimente 140 radiateurs en tôle d’acier de différents modèles, mais tous soudés à l’autogène, de même que la canalisation, devenue ainsi monobloc et évitant absolument les fuites.
- Des applications nombreuses ont été faites de la menuiserie métallique: châssis, fenêtres et balcons, cages et portes d’ascenseurs, rampes d’escalier, portes pleines, estrades ou tribunes, sont assemblés par soudure; on a prêché d’exemple et mis en relief ce nouveau moyen en l’appliquant surtout à la serrurerie courante.
- A tous les étages, on voit de nombreux réseaux de tuyauteries peints en couleurs différentes et entièrement
- 1. 3?, boulevard de la Chapelle.
- Fig. 4. — Un soudeur au travail en plein air.
- soudéjs, naturellement : acétylène à basse et moyenne pression, oxygène, air comprimé, gaz de ville, eau, huile à haute pression pour les presses d’essais des soudures; outre l’éclairage, l’installation électrique fournit la force motrice et satisfait aux besoins des postes de soudure électrique.
- Au premier étage, sont installés les services administratifs des filiales siégeant clans l’immeuble : ,
- L’Office central de l’Acétylène et de la Soudure autoT gène, considérablement développé; l’institut de Soudure autogène; la Chambre syndicale de l’Acétylène et de la Soudure autogène ; le secrétariat de la Commission perr manente internationale de l’Acétylène et de la Soudure autogène; le comité de direction de la Société dés Ingénieurs soudeurs ; tous ont pour buts communs de perfectionner les conditions du travail, d’en améliorer le rendement, d’assurer la sécurité complète et de résoudre quantité de problèmes variés et souvent difficiles à traiter que posent les fabricants à chaque instant, au fur et à mesure, du reste, de l’élargissement du cadre de cette industrie.
- Le second étage est presque exclusivement réservé à l’Ecole supérieure de Soudure autogène: salle de cours, bibliothèque, bureau d’études, laboratoires, locaux d’exercices pratiques et dépendances obligatoires; là s’initient à fond, à toutes les difficultés comme à toutes les ressources de la soudure, ceux qui seront appelés à enseigner, à diriger ou à participer à ces procédés à un titre quel qu’il soit.
- Fréquemment, des cours spéciaux répondant à la qualité des assistants sont suivis par tel ou tel groupement pendant une ou deux semaines ou davantage ; à ces élèves, désireux d’acquérir assez vite et sommairement une importante documentation sur la technique des assemblages soudés et sur les nombreuses applications du procédé dans des constructions mécaniques quelconques, il est réservé dans le programme un temps relativement long à l’exposé de cette technique, les travaux pratiques étant surtout destinés à appuyer, par des faits expérimentaux, la technique du procédé et à familiariser, en outre, les élèves dans la manipulation du chalumeau. ,
- Par contre, en d’autres cas, des ingénieurs ou des contremaîtres effectueront un stage de plus longue durée et seront alors astreints à des séances pratiques plus nombreuses, de façon à posséder une plus grande habilité manuelle.
- A cet étage, aussi bien que dans le reste de la maison, une observation s’impose, laissant soupçonner, par un simple détail, quels vastes champs peut exploiter la soudure autogène : toutes les chaises, la plupart des meubles et armoires de bureau, les tables de cours ou de dessin, quantité d’agencements en ferronnerie, etc..., sont de construction métallique soudée et n’ont nullement l’aspect rigide et utilitaire que le métal semblerait devoir entraîner.
- Au troisième, sont installés les laboratoires de physique, de chimie et l’ensemble des services techniques relatifs aux recherches sur les métaux, les alliages, les baguettes d’apport ou toutes autres expériences
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- requises, de façon à ne toujours aboutir qu’à des consultations précises et à des résultats indiscutables ; au quatrième, on trouve la bibliothèque générale, le service très suivi de la documentation internationale, quelques salles annexes, la centrale d’acétylène distribué dans tout l’immeuble et, enfin, la cantine et le réfectoire.
- Dans les salles de travaux pratiques, pour l’enseignement en nature s’étendant des ouvriers jusqu’aux ingénieurs, lesquelles salles peuvent recevoir en même temps environ 60 élèves, existent une série de machines-outils permettant de préparer, d’usiner et de contrôler les constructions soudées.
- La création de cet établissement modèle et l’adaptation de son enseignement aux besoins urgents de l’heure passe, paraît-il, pour un événement mondial, car un tel institut n’existe encore qu’en France, trait d’union heureux entre l’école et l’atelier; on peut donc attendre, de cette belle manifestation de l’initiative privée, de fructueux résultats dans bien des domaines : orientation professionnelle, influence de la culture industrielle qu’on y reçoit sans compter, expériences bénévoles indispensables à la marche sans risques des applications du procédé, etc. f ce noble effort devait être divulgué et placé
- CHALUTIER DANS LES GLACES ===
- doit-on pas s’étonner que, dès sa sortie, elle trouve de nombreux champs de glaces entre lesquels elle s’efforce de manœuvrer cap au Sud.
- En dépit des difficultés croissantes, elle continue sa route, en cherchant à utiliser les clairières. Mais les glaces se resserrent autour d’elle. Souvent arrêtée, il lui faut travailler à se dégager avant de reprendre sa marche. Dans une de ses opérations, le 20, elle casse deux pales d’hélice. Toutefois elle réussit encore à empêcher de se fermer le cercle blanc qui tente de l’enserrer. Vains efforts! qui reculent, à peine, de deux jours l’échéance fatale de l’encerclement. Sa coque n’est pas faite pour résister à la pression inexorable de cet étau, car les tôles rigides ne possèdent pas l’élasticité du bois.
- Le lendemain, le capitaine informe de sa situation son camarade de Y Uran us, qui appartient à la même maison, par ce message radiotélégraphique :
- — Bonjour mon vieux Job. Sommes toujours échoués à environ 130 milles dans le sud de Saint-Pierre. Pour comble avons de la brume. Matho.
- Dans la nuit du 23 au 24, nouveau message Provence à Uranus :
- :— Nous franchissons les glaces pour trouver le clair. Reste 10 tonnes de charbon à bord. Si nous pouvons franchir il ne restera plus de charbon. Nous aurons besoin d’un remorqueur. Je te demande de stopper pour nous remorquer ou poiir nous donner du charbon. Je te tiendrai au courant toutes les deux heures. Amitiés. Ledun.
- Ce radiotélégramme, bien qu’il indique l’éloignement de tout danger immédiat d’écrasement, est plus alarmant quant à la situation générale.
- Informé, ;au Havre de Grâce, par la même voie, l’armateur enjoint à .1 ’ Uranus de cesser la j>êche pour se porter, si possible, au secours de son camarade, bien qu’il ignore la position exacte de celui-ci. L'échange dè correspondances 'aériennes' continue
- Bien des amateurs de bonne morue conservent, sans doute, en mémoire les pages poétiques, et mélancoliques, que consacra Pierre Loti aux pêcheurs d’Islande. Combien peu d’entre eux, cependant, se rendent un compte exact de la rude vie de ces hommes, pour lesquels il n’est jamais de printemps ni d’été. Combien peu se doutent de la multiplicité des dangers qu’ils affrontent.
- En plus des tempêtes qui les secouent et de la brume qui les recouvre, il leur arrive d’avoir à lutter contre les glaces qui, brusquement, les emprisonnent. Tel fut le cas de l’équipage de la Provence.
- Bien que les services rendus par la T. S. F. à nos pêcheurs de morue soient indiscutables, trop d’armateurs hésitent encore à en pourvoir leurs navit'es pour que nous ne saisissions pas, avec empressement, l’occasion, qui nous est offerte, de mettre ces services en lumière. Bénie soit la bonne fortune qui nous valut de consulter le cahier de correspondance du chalutier en question. Elle va nous permettre de suivre, pas à pas, les péripéties du drame.
- La Provence est un chalutier à vapeur appartenant à la Société havraise de pêche. Elle est montée par 33 hommes. Mesurant 46 m 30 de long, sur 7 m 37 de large, elle a un tirant d’eau, de 4-m30. Sa machine développe une force de 630 ch.
- Alors que, de tout temps, la morue était pêchée à la ligne, sur les bancs de Terre-Neuve comme en Islande, les grands chalutiers à vapeur viennent, aujourd’hui, y jeter leur filet, entre deux campagnes de pêche ordinaires. Voilà pourquoi, le 17 avril 1923, à dix heures du matin, la Provence quittait Saint-Pierre pour se rendre sur les bancs.
- Comme elle doit, auparavant, relâcher à Louisbourg, afin d’y faire son plein de charbon, elle a embarqué plusieurs passagers américains du Nord.
- Déjà les passes sont presque obstruées par de gros blocs d’un blanc étincelant, qu’il lui faut éviter avec soin.. Aussi , ne
- Fig. 5. — Le laboratoire de chimie.
- sous son véritable jour pour mieux mettre au courant et instruire tous ceux qui n’ont qü’une assez vague connaissance de la soudure autogène, du découpage des. métaux et de leur avenir. G. Franche.
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- donc, entre les deux navires, auxquels ne tarde pas à se mêler un troisième interlocuteur.
- Après avoir signalé son point, Uranus répond h.Provence :
- — Je veux bien te remorquer où tu voudras. Mais pour te donner du charbon c’est impossible. Job.
- Le Régulus, aviso de la Marine militaire française, chargé de la surveillance de la pêche sur les bancs, rôdait dans ces parages. Il a capté, au passage, l’appel de la nuit, puis les messages qui s’ensuivirent. Son commandant attaque Uranus.
- — D’après mon estime passerai près de vous vers 14 heures. Puis-je vous être utile, à vous ou à Provence ?
- Ce à quoi l’autre répond, à 13 heures 27 :
- — Fais route sur position suivante 44°55 N et 60°S Paris. Vous remercie. Vais attendre en ce lieu éclaircie à seule fin sortir Provence de sa situation.
- Il a d’autant plus de motifs de prendre cette décision que son camarade vient de lui télégraphier :
- —-Je fais mon possible pour me rendre à ton point. Mais c’est très dur. Entendu. Attends-nous.
- Se figure-t-on tout ce qui se cache d’efforts surhumains, de tension nerveuse, d’énergie désespérée sous ce laconique c’est très dur ?
- Tout en continuant sa route, le Régulus a également attaqué le chalutier désemparé, qui lui répond :
- — Bonjour, Commandant. Je suis pris dans les glaces, à environ 90 milles dans le Sud 10 Ouest vrai de Saint-Pierre. Avez-vous un Gonio ? Si oui, ayez complaisance donner relèvement. Pouvez-vous me retirer de cette situation ? Salutations empressées.
- Ainsi, bien que croyant connaître sa position exacte, le capitaine Ledun ne serait past fâché de contrôler son point. Sans cesse occupé à la manoeuvre, l’équipage fatigue beaucoup. De plus, un des passagers yankee vient detomber malade, et il ne possède pas de quoi lui donner les soins que réclame son état.
- La réponse du Régulus n’est guère encourageante.
- — Primo je n’ai pas de Gonio. Secundo je ne puis me risquer, avec-mon navire, à entrer dans la banquise. Tertio j’ai demandé ce matin à Uranus si je pouvais vous être utile ? Il m’a remercié, et m’a dit qu’il se portait à votre aide. Regrette de ne pouvoir .vous rendre service.
- La mer est dure. Une brume épaisse la recouvre. La navigation n’en est que plus dangereuse, et la situation plus triste. Les positions des trois navires sont assez incertaines. Le commandant du Régulus, tout en continuant à capter les messages échangés par les deux chalutiers, prend donc la résolution de poursuivre la route qu’il faisait, à destination du Plantier où il mouille le lendemain.
- La Provence lance des appels de détresse, répétés aussi bien par les postes côtiers que par la Tampa, qui est un « Ice Patrol Ship ». En présence de cette aggravation de la situation, le commandant de la station, à peine a-t-il mouillé, décide d’appareiller pour tenter de se porter, quand même, à son secours.
- Sans se décourager, l’équipage du chalutier redouble d’efforts, pour se dégager, et rejoindre Y Uranus à l’endroit indiqué. De 3 à 8 heures du matin il réussit à couvrir à peine 5 milles de route.
- — Ça ne va pas comme sur des roulettes, avoue le capitaine Ledun. Les champs de glace sont très gros. Je me demande quand nous verrons la mer ?
- Voilà cinq jours que l’équipage se débat contre cette angoissante situation, sans même entrevoir la perspective d’un allégement à ses tribulations. Aussi le capitaine estime-t-il que, faute d’un changement, avant la fin de la journée, il lui faudra prendre une autre décision, dont il ne se dissimule pas la gravité.
- Par tous les moyens possibles il cherche à protéger son hélice contre les choc réitérés des blocs de glace, dans lesquels elle ne
- pénétrerait qu’à son plus grand dam. Qu’adviendrait-il si le chalutier se trouvait immobilisé, faute de pouvoir utiliser son appareil moteur ? Par malheur les bouts de bois, les avirons, qu’il fait placer comme défenses, sont brisés ainsi que fétus de paille. En attendant il télégraphie à son collègue.
- — Nos quatre pales d’hélice sont cassées. Impossible continuer, le bateau ne marche plus. Continues-tu à faire route sur nous ? Attendons. Reste quatre tonnes de charbon à bord. Donne de tes nouvelles ce soir, que nous prenions une décision.
- Et Uranus de répondre, par ce message, qu’il s’efforce de rendre réconfortant.
- — Vous savez bien que je suis près de vous. A trois heures j’ai stoppé, car je ne pouvais plus avancer par les gros morceaux. Mais je reste pour vous porter secours. Donc n’ayez aucune crainte.
- A huit heures du soir la Provence allume, successivement, cinq feux Coston, dans l’espoir qu’Uranus les apercevra. Prévenu du fait, celui-ci signale qu’il n’a rien vu. Pour être plus certain de leur situation réciproque, son capitaine propose que, le lendemain matin à cinq heures, ils prennent chacun deux relèvements de Cap Race et de Canso, par l’intermédiaire de Saint-Pierre comme relais, ce qui est exécuté à l’heure convenue.
- Le 26 avril le dialogue, par T.S.F., se poursuit.
- Uranus. — J’ai votre point. Je fais route sur vous.
- Provence. — Avançons lentement.
- Uranus. — Alors les quatre pales ne sont pas cassées ?
- Provence. — Il ne nous reste plus que quatre moignons.
- Depuis six heures du matin le vaillant chalutier multiplie les efforts afin de rejoindre, enfin, son camarade qu’il sait tout proche. Ainsi qu’il le dit, c’est à peine s’il avance, dans le froid et dans la brume. Une hélice intacte ne lui serait guère plus utile que le moignon qui reste, car la grosseur des blocs de glace va toujours en augmentant. Malgré tout, ni le capitaine, ni son équipage ne renoncent à parvenir à leurs fins. Poignant, dans sa simplicité, l’échange de leurs messages ne cesse pas.
- Uranus. — Mes chers copains, je suis obligé de stopper. Les morceaux fantastiques sont trop près l’un de l’autre. J'attends.
- Provence. — Nous avançons difficilement. Je compte 6 milles parcourus depuis six heures. Merci de ton message. Attends. Je franchis coûte que coûte pour sauver la situation jusqu’à bout de charbon. Je te tiendrai au courant.
- Le manque de combustible ne tarde pas à se faire sentir, immobilisant le brave Ledun dans une attente pénible à son énergie. D’où ce télégramme.
- — Mon vieux Job impossible continuer. Plus de charbon. Nous veillons pour voir si on t’aperçoit.
- Hélas ! Ce rôle de sœur Anne, si exaspérant quand l’impatience vous ronge, et qu’une chape de brume limite la visibilité à quelques mètres, ne se prolonge pas longtemps. Voici que lui parvient un désolant télégramme à’Uranus.
- — Mes chers amis, je ne peux aller plus loin pour le moment, au risque d’y rester avec mon navire. Je vais rester attendre. Mais vous pouvez compter sur moi pour le mieux.
- En même temps Uranus avise son armateur que l’épaisseur des glaces le met dans l’impossibilité de pousser plus avant. Or les deux chalutiers ne sont plus séparés, l’un de l’autre, que par une distance de 15 milles, soit près de 28 kilomètres. On comprend que leurs capitaines passent une nuit terrible à maudire l’impossibilité, où ils sont, de se rejoindre, et à tirer des plans successivement rejetés comme impraticables.
- C’est dans cette situation angoissante que le trouve l’aurore, si l’on peut ainsi parler, du 27. Le dialogue télégraphique reprend de plus belle. Il nous fait assister à toutes les péripéties de l’aventure, à laquelle chaque jour ajoute un désolant tableau de plus.
- Uranus. -—Je mets en avant lentement.
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- Provence. — Avons confiance en toi. Je constate que nous montons dans le Nord tous les deux.
- Cependant le capitaine Ledun a été informé que le Régùlus tentait, également, de les joindre. Il fait part, à son camarade, de cette chance nouvelle, qui remonte les courages. Mais, en même temps, il lui demande de télégraphier le moins possible, car son charbon diminue beaucoup. A midi, néanmoins, se place ce rapide échange de messages.
- Uranus. — Es-tu réellement enclavé dans les glaces sans mer ? Que je me pousse un peu par le Nord pour voir si c’est possible de passer.
- Provence. — Je suis entièrement enclavé entre les morceaux sans mer. Depuis cinq jours je n’ai pas encore vu la couleur de la mer.
- Puis tout retombe dans un silence polaire, que troublent seuls les craquements des blocs de glace environnants. En gens conscients du danger, les hommes de l’équipage poursuivent, avec calme, leurs efforts. C’est encore le meilleur moyen de se réchauffer. Car, dans cette aventure, qui menace de se prolonger, il importe de tout ménager, aussi bien le combustible que les vivres.
- Les passagers yankees pestent contre le retard qui leur est imposé, surtout celui qui souffre, loin de tous soins médicaux.
- Pendant ce temps le Rêgulus a continué sa route.
- Dans la nuit, à 21 heures, il aperçoit un « Ice Blink » dans le Nord-Ouest, et met résolument le cap sur la banquise. A 22 heures 5, il voit les premiers glaçons.
- A 23 heures il entre en contact avec de gros blocs, ce qui l’oblige à manœuvrer pour se dégager. Pendant toute la nuit, il longe la banquise, à la recherche d’une clairière où il puisse s’engager, pour passer.
- A 0 heure 30, à 55 m, à 1 heure 10 puis à 4 heures 30, il tente la chance sans aucun succès. Faute de trouver une issue à l’Est, le commandant se décide à faire route par le Sud. Cette manœuvre l’amène à longer la rive ouest du champ de glaces, à petite distance, pendant toute la matinée du lendemain.
- Dès avant huit heures il signale à la Provence :
- — Je fais route de façon à vous approcher, par le Sud, et, dans une heure environ, je tirerai trois coups de canon. Veillez et signalez-moi dans quel relèvement vous les aurez entendus.
- A bord du chalutier un nouvel espoir soulève les cœurs. Toutes les oreilles demeurent tendues pendant une grande demi-heure. Vaine attente ! qui oblige à poser cette question.
- Provence. — Commandant, avez-vous tiré vos trois coups de canon ? Nous sommes tout le monde sur le pont, depuis vingt minutes. Avons rien entendu.
- Régulus. — J’ai tiré trois coups de canon à 9 heures moins un quart. Je remonte le plus que je peux dans le Nord, mais la glace est très épaisse.
- Comme pour augmenter l’espoir des malheureux, la brume, qui limitait leur horizon aux objets proches, s’est enfin dissipée. Le temps est très clair. Donc le son doit porter plus loin. A 11 heures 25 le Régulus recommence son expérience sans plus de succès. À midi il peut faire son point, qui le place par 45°27' Nord et 56°55/ Ouest.
- La Provence signale le sien, qui est 45°30' de latitude Nord et 56°40' de longitude Ouest.- Donc tous deux sont à petite distance l’un de l’autre. Mais les glaces viennent d’emprisonner l’aviso. Par suite il se trouve dans l’obligation de signaler.
- — Je suis complètement bloqué. Impossible avancer.
- Quelques minutes plus tard il capte ce radio, de Provence à Uranus, qui en dit long sur la détresse croissante du chalutier.
- — Je demande brise-glace. Il me reste à bord une tonne de charbon. Demain soir nous ne pourrons plus télégraphier. Nous serons obligés de brûler barriques, parcs, diabolos, pour faire la cuisine. Ainsi vois la situation. Régulus est complètement bloqué. Que faire ?
- C’est alors que le commandant de la station prend la résolution d’entrer, bon gré mal gré, dans la banquise. Tandis qu’il y travaille la conversation continue entre les deux chalutiers.
- Uranus. — Prends patience. Je comprends comme vous que cela est long. Si tu crois que le brise-glace te sorte de là vois toi-même. J’en doute. En tous cas je suis aussi malade que vous. Je ne sais où donner de la tête. Je viens du Sud-Est. C’est pire qu’au Nord-Ouest où je fais route.
- Provence. — Je te comprends. Je sais que tu fais tout pour nous. Mais la situation s’aggrave. 11 va arriver que nous ne pourrons plus donner notre position et nous serons complètement en dérive sans charbon ni bois.
- Dans l’intervalle le Régulus a lentement parcouru deux milles
- Fig. I. — La « Provence s dans le port du Havre.
- au milieu des glaces pour s’y retrouver, en fin de compte, immobilisé. De chaque côté, à tribord comme à bâbord, se dressent des blocs hauts de quatre mètres. Déjà le chenal, qu’il vient de parcourir, s’est refermé derrière lui. La coque commence à fatiguer énormément. Des secousses, analogues à celles qui'éprouvent un navire échoué, l’ébranlent à chaque instant.
- Une clairière se distingue, sur la hanche par tribord. C’est en vain qu’il tente de l’atteindre. Pour donner plus d’action à la barre, le commandant fait hisser les voiles. La blanche ceinture de glace se desserre. Confiant dans la solidité de l’étrave de son Régulus, il s’en sert, comme d’un bélier, pour frapper et fendre les gros blocs.
- Successivement sont essayés les jets d’eau chaude et les tirs au canon. Aucun de ces procédés ne donne de résultats sensibles. Dans la crainte de casser son hélice, le commandant n’ose ni stopper, ni battre en arrière. Enfin, au bout de trois heures de pénibles efforts, le Régulus finit par s’éviter, cap pour cap, ce qui lui permet de revenir en mer libre. Pendant cette dernière opération il a télégraphié.
- — Je crois que la seule chose à faire est d’appeler le brise-glace. Je ne crois pas qu’un autre bâtiment puisse vous dégager.
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- Voici deux heures que j’essaie de virer de bord pour me sortir Ne comptez plus sur moi.
- En conséquence de quoi la Provence adresse, à la Croix North Sydney, ce message pressant.
- — Envoyez brise-glace pour Provence le plus vite possible. Position latitude 45°30, Nord, longitude 59°02, Ouest de Paris.
- Ainsi s’achève cette neuvième journée d’épreuves, sur une déception d’autant plus cruelle qu’elle avait commencé dans l’espérance d’une délivrance prochaine. Si le secours du brise-glace venait à manquer, à son tour, il ne resterait plus que l’hypothèse, très aléatoire, d’une débâcle naturelle des glaces.
- Le 29 s’écoule dans une morne attente, que vient rompre cette seule interrogation lancée par le paquebot Canada.
- — Quelqu’un ne vient-il à votre secours s’il vous plait ?
- Le lendemain matin, dès 9 heures 45’, le même navire télégraphie.
- — Je suis en route pour Halifax. Essaierai de venir à votre secours, si possible sans risque à mon navire et passagers. Mon intention est de sauver des vies seulement. Pas de remorquage ni d’arrêt dans aucune circonstance.
- Ce message impose, à la conscience du capitaine Ledun, une délibération de la plus haute gravité. Accepter c’est le salut certain pour tous. Mais c’est aussi l’abandon du navire, et des intérêts qui lui ont été confiés par son armateur. Refuser c’est courir le risque de périr, sans profit pour personne. Mais c’est, aussi, justifier la confiance de l’armement en conservant jusqu’à la dernière chance de sauver le bateau.
- Son parti est bientôt pris. 11 refusera. Seuls les quatre passagers yanlcees se hasarderont, à travers le champ de glaces, pour rejoindre le Canada.par leurs propres moyens. Ce n’est pas sans une certaine émotion qu’ils disent adieu à l’équipage, avec lequel ils échangent des souhaits de bonne chance.
- Le mardi, 1U1' mai, la situation de la Provence demeure sans changement. C’est ce qu’elle indique, par T.S.F., à son armateur. Elle ajoute que, n’ayant plus de pression, à partir de ce même soir elle ne pourra plus télégraphier. Elle attend toujours du secours, et continue à dériver vers le Nord. Que pourrait-elle faire d’autre ?
- Il ne lui est même pas permis de tenter ce que le Régulus n’est pas arrivé à réussir, c’est-à-dire de briser, avec sôn étrave, le cercle de glace. Car le Régulus est un navire de 1.600 tonnes, dont la vitesse est de 17 nœuds et qui cale 0 m. 20 de moins que lui. Il appartient à une série construite spécialement, pendant la guerre, en vue de la lutte contre les sous-marins. C’est pourquoi en dépit de sa qualification d’aviso, il se rapproche beaucoup du type commercial.
- Comment réaliser ce à quoi un bateau, d’échantillon beaucoup plus fort, n’a pu parvenir ? Il est inutile de risquer, en l’essayant, un éventrement du chalutier. Pour le coup ce serait jeter sur la glace, à l’état de fantômes errants, tous les hommes de son équipage. La crainte de voir les tôles gémissantes de la coque céder sous la pression que les blocs blancs ne cessent d’exercer sur elle, est déjà suffisante.
- Du Havre, l’armateur confirme, à Uranus ses ordres de rester sur les lieux — en dépit de l’impossibilité de se rapprocher — et de continuer la veille. Il demande, en outre, au ministre de la Marine du Canada, d’envoyer, d’urgence, un navire brise-glaces à la recherche de la Provence.
- A la suite de ces démarches, le 2, Uranus est avisé que le Stanley, enclavé lui-même dans les Bras-d’ür, partira le lendemain soir, aussitôt après avoir achevé de faire son charbon. Pour donner du courage à la Provence il lui télégraphie.
- — Bonjour à tous. Un peu de patience. Je crois que jeudi vous serez hors des glaces. Je vais m’entendre avec le brise-glaces pour vous prendre, soit par l’Est soit par l’Ouest. Je suis à environ 45 milles de vous.
- De la patience ? Force est bien d’en avoir qùand on ne peut faire autrement ! M’ais comment ne pas s’inquiéter en constatant que, grâce à la dérive, au lieu de diminuer, la distance, entre les deux chalutiers, est passée de 15 à 45 milles ?
- Le lendemain, à 13 heures 35, la Provence se voit contrainte de mander à Uranus.
- —- Nous ne pouvons plus .télégraphier. Voici le dernier télégramme. Dernière position latitude 46°02' Nord, longitude 59°21 Ouest de Paris. Sondé le banc de Saint-Pierre par 60 mètres. Plus de pression. Nous comptons sur toi et sur le brise-glaces.
- Saisissez-vous ce que ces simples mots « nous ne pourrons plus télégraphier » renferment d’aggravation de la sensation d’isolement ? Tout plutôt que cela ! Aussi, dès 19 heures le capitaine Ledun mande à Saint-Pierre.
- — Attendons toujours brise-glaces. Brûlons parc à morues pour télégraphier.
- Peu à peu, pour entretenir la pression de la dynamo, tout ce qui, à bord, peut être transformé en bois à brûler, y passera. Sont ainsi sacrifiés, non seulement les parcs à morues, mais le vaigrage des cales, le soufflage du pont, les avirons, les bailles et les seaux !
- Faute de feu les hommes sont obligés de ramasser la glace pour obtenir de l’eau. A l’intérieur du navire la température n’arrive plus à s’élever au-dessus de — 10°. Ils souffrent du froid, comme aussi de la privation de nourriture chaude. Autant pour se réchauffer que comme distraction, de temps à autre, un marin descend sur la glace. Armé du fusil du capitaine il chasse ce genre de phoque appelé lion-marin. Dans leur cœur l’espérance domine, tenace, au point que ce qu’ils regrettent le plus c’est le temps perdu pour la pêche, qui diminuera leur gain de la saison.
- Désormais chaque jour, par trois fois, Saint-Pierre passera un appel à tous les navires susceptibles de se trouver dans les parages de la Provence. Le 4 mai il signale à Uranus que le Stanley a quitté Louisbourg, dès huit heures du matin. Le 5 il l’avertit que ce brise-glaces à dû relâcher en avaries. La journée du 6 se passe dans la même attente vaine que les précédentes. Le 7 parvient, à la Provence, cet appel d'Uranus, répété à midi, et à 14 heures.
- — Faites sacrifice pour donner votre position. Ici brise-glaces et Uranus.
- Le Stanley exécute une tentative. Mais il trouve la brume trop épaisse, et la glace trop solide.
- Le 8 se place un incident qui, une fois de plus, dans la vie, mêle le comique au dramatique. Le Stanley est rappelé par son gouvernement. Il doit aller à Saint-Paul chercher un médecin chargé de faire un accouchement critique. Force lui est donc d’abandonner la partie.
- D’où pourrait bien, maintenant, venir le secours attendu avec tant d’impatience ? Les malheureux se le demandent, en proie à une anxiété bien compréhensible. Qu’elles doivent être sombres les pensées de ces hommes qui se débattent dans l’humidité glaciale de ces brouillards dont l’opacité fait des voiles de deuil ? Ne plus rien voir, ne plus rien entendre. Cruel supplice ajouté aux autres qui, pourtant, suffiraient à amollir les volontés les mieux trempées.
- Sans se laisser gagner par le découragement, ils n’en sentent pas moins leur cerveau s’engourdir. Ils commencent à ne plus agir que comme des machines. Leur principal soutien c’est encore ce fatalisme qui fait le fond du caractère de tous les marins.
- Le 9 une brise âpre, qui leur coupe la figure, se met à souffler avec une force croissante. Peu à peu elle accélère le mouvement de dérive des glaces. Bientôt on voit la mer proche. De temps à autre un vapeur est aperçu, passant dans le voisinage. Signaux
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- de détresse, appels de tout genre restent également sans elïet.
- Cependant le cercle s’élargit au point que, le lendemain, la Provence se trouve soudain délivrée de la blanche ceinture qui la retenait captive. C’est là un pas décisif dans la voie du salut. Encore faudrait-il le compléter, en se procurant les moyens de regagner un port ! Le capitaine Ledun se décide à télégraphier à Saint-Pierre.
- — Je viens de sacrilier tout pour donner position. Latitude 46°28' Nord, longitude 57°20'. Ouest de Greenwich. Aperçu cinq vapeurs depuis trois jours. Aucun vient nous prêter secours. Sommes en mer libre. Envoyez secours immédiatement, télégraphiez.
- A quoi le représentant de l’armateur, à Saint-Pierre, répond ;
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- . — Uranus part immédiatement sur votre position. Y sera vers 8 heures du soir.
- Et voici qu’à l’horizon paraît un vapeur français. C’est le Romanitza. Ayant aperçu les signaux de la Provence il s’en approche, entame la conversation, puis lui donne la remorque pour la ramener à Saint-Pierre.
- C’est le salut ! C’est la fin de leur martyre pour les 30 marins transformés, bien malgré eux, en explorateurs polaires. N’étant, eux, que de vulgaires pêcheurs de morues, ils ne connaîtront ni le trépas des uns, ni la gloire de certains autres. Mais ils savent, maintenant, mieux que par ouï dire, quelles peuvent être leurs inquiétudes et leurs tribulations.
- G. de Raulin.
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- E UN NOUVEL ISOLANT DES CÂBLES
- LA PARAGUTTA
- Depuis qu’on a réalisé la télégraphie sous-marine, on a cherché le meilleur isolant pour les câbles immergés. Depuis 75 ans et plus, on s’en tenait à la gutta-percha et au balata. Un progrès vient d’être accompli sur le câble téléphonique récemment posé entre les Etats-Unis et Cuba pour répondre à l’extension rapide du nombre des communications. On y a remplacé, dit le Bell Laboratories Record l’ancien enduit par un nouveau, la paragutta, composée d’environ 50 p. 100 de gutta-percha, 40 p. 100 de caoutchouc et 10 p. 100 de paraffine. Ce mélange s’est montré égal à l’isolante classique
- au point de vue mécanique et à celui de îa conservation dans l’eau de mer; en plus, ses propriétés électriques sont très supérieures. M. A. R. Kemp, des laboratoires Dell, explique qu’on le dépose sur les fils en conches successives concentriques qui résistent bien à la torsion et à la traction. La conductivité spécifique de la paragutta est seulement un trentième de celle de la gutta et sa constante d'électrique est de 20 p. 100 plus faible. Les câbles ainsi préparés permettent donc un trafic aussi régulier et plus intense.
- LE BÉTON ARMÉ A LA PLAGE
- Les possibilités qu’offre le béton armé sont intéressantes pour tous les usages ; la facilité d’avoir des formes adaptées au service qu’on demande aux édifices, la réalisation de pièces en porte-à-faux, grâce aux armatures noyées, donnent des constructions simples, élégantes et pratiques.
- L’un des plus beaux exemples de cette adaptation du béton armé à des usages particuliers est l’emploi qu’on en a fait sur une plage, créée pour ainsi dire de toutes pièces, à Vevey, sur les bords du lac Léman.
- Le terrain en pente douce qui borde le lac, sur environ 150 mètres, est naturellement encadré de sites merveilleux.
- Le projet de M. Zollinger fut étudié dans le but de donner à cette plage toutes les commodités possibles : D’abord au premier plan, s’allonge une aire de sable située à 1 m 80 au-dessus du lac, auquel on accède par des gradins. A chaque extrémité, s’élèvent des bassins-douches en ciment armé; au fond, les cabines surmontées d’un promenoir-tribunes derrière lequel s’étendent des pelouses de jeux.
- La. villa de la propriété, acquise pour créer la plage, a été transformée en un bâtiment de style plus moderne, avec une terrasse qui domine les cabines et qui s’avance en forme de rotonde, surmontée d’un parasol construit également en ciment armé.
- Ce "champignon, qui forme tonnelle, a 5 mètres de dia-
- mètre : il repose sur un fût cylindro-conique. Pour le jury qui doit présider aux compétitions nautiques, une terrasse est établie par une dalle en porte-à-faux sur les quatre côtés. On y monte par un escalier dont les marches constituent un seul bloc.
- La construction la plus curieuse est celle du plongeoir, constitué par un fût trapézoïdal de 11 m 20 de haut ancré sur une base cylindrique de 4 m de hauteur et de 2 m 70 de diamètre sur 1 m de profondeur, enfouie au fond du lac. |
- On accède au plongeoir par deux consoles donjt les extrémités se rejoignent en rampes d’escalier, et par une série de plates-formes et d’escaliers, la dernière plate-forme s’élançant dans le vide derrière le plongeoir, juste au sommet. Il se produit évidemment des efforts de torsion qu’il a fallu équilibrer au moyen d’armatures spéciales. On a dû tenir compte également de la force du vent et de l’important porte-à-faux.
- On arrive au plongeoir, depuis la plage, par une passerelle dont l’ouverture est de 25 m. Elle est naturellement en béton armé, et comme il n’y avait pas de butées suffisantes, elle travaille comme une poutre libre posée sur deux appuis. Les barres qui constituent l’armature des poutres maîtresses, sont assemblées au moyen de manchons filetés, de manière à obtenir des barres résistant en tous points aux efforts de traction, sans nécessiter de
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- liaisons plus ou moins précaires, comme en construction courante.
- Telles sont les grandes lignes de cette installation tout à fait curieuse et dont l’aspect décoratif et original est souligné par les contrastes d’ombre et de lumière que l’on accentue, comme dans tous les ouvrages en ciment, en traitant la surface apparente par un revêtement avec un gravillon spécial.
- Cela démontre une fois de plus tout ce qu’on peut obtenir avec le béton armé, à condition naturellement de l’utiliser, comme cela a été fait à Vevey, dans les conditions de sécurité la plus absolu^ E. Weiss.
- Fig. 1 (à gauche). Fig. 2 (en haut).
- Le plongeoir. Un parasol.
- Fig. 3 (au milieu)
- La terrasse du jury, les cabines et les escaliers.
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- LES CANADIENS FRANÇAIS ET LEUR PARLER
- Si l’élite canadienne s’exprime correctement en notre langue commune, celle du peuple abonde en archaïsmes, anglicismes et néologismes qui auraient bientôt fait de nous la rendre incompréhensible, si des savants, doublés d’hommes d’action, ne s’efforçaient de la purifier. Ce furent eux qui fondèrent, en 1901, la « Société du Parler français au Canada »; elle vient de donner corps à ses travaux en publiant le Glossaire du Parler français au Canada, volume de 710 pages que nos lecteurs nous sauront gré de leur présenter ici (*).
- Selon l’expression des auteurs, l’ouvrage contient :
- 1° Les mots et locutions en usage dans le parler de la province de Québec et qui ne sont pas admis dans le français d’école;
- 2° La définition de leurs différents sens, avec des exemples;
- 3° Des notes sur leur provenance;
- 4° La prononciation figurée des mots étudiés.
- Dans leur préface, les auteurs nous révèlent leur double but : « l’étude scientifique du langage de notre peuple, et la correction des fautes qui s’y trouvent ». Pour nous, Français de France, un autre sentiment se dégage de cette magistrale étude : une vibrante sympathie envers ce rameau de notre race qui, séparé de la mère patrie, séquestré pendant deux siècles au milieu d’éléments hostiles, dut poursuivre, par ses propres moyens, l’évolution de son parler.
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- Pour que le lecteur se rende compte de la valeur scientifique et de l’intérêt pittoresque de l’ouvrage, nous commencerons par analyser quelques pages; puis, nous choisirons sur les autres les mots qui nous paraîtront les plus typiques. Nous ne pourrons transcrire tous les détails que comporte le Glossaire qui ne manque pas d’indiquer, pour chaque archaïsme, l’équivalent en vieux français ou en patois provinciaux. Nous ne tiendrons pas compte des changements de genre, si fréquents (une bol de lait, de l’argent blanche) en cette langue populaire, non plus que des épellations erronées (argot pour ergot, héreng pour hareng).
- La page 3 nous offre déjà deux curiosités linguistiques. Citons intégralement :
- Abâsir, v. pron.
- Disparaître, se perdre. Ex. : La vache s’est abâsie dans le bois = la vache s’est perdue dans le bois.
- (Une note renvoie au mot basir, qui a cette même signification. Ex. : La moutonne à Pierre est basie = la brebis de Pierre est morte. Ce verbe s’est conservé dans les dialectes de l’Aunis, du Poitou et de la Saintonge.)
- Abeaudir, v. pron.
- Embellir, s’embellir, devenir beau, se mettre au beau. Ex. : Le temps s’abeaudit = le temps se met au beau.
- Vx fr. (vieux français). — Abaudit, s’esbaudir = commencer à briller (en parlant du jour).
- Fr. (français moderne). — S’abeausir (terme de marine) = se mettre au beau.
- 1. L’Action Sociale (limitée), 103, rue Sainte-Anne, Québec. Prix : 250 fr.
- La page 4 abonde en curieuses créations. Clioisissons-en quelques-unes :
- Abîmage : 1° Action de confondre quelqu’un dans une discussion. Ex. : Ç’a été un abîmage en règle; 2° dégât. Ex. : les vaches ont passé la nuit dans le jardin : c’est pas un petit abîmage.
- Abîmalion : injure, juron. Ex. : Quand il parle, c’est rien que des sacres et des abîmations — dès qu’il parle, on n’entend que des jurons.
- Abîmer, v. intr. et pron. Ex. : l’arbre a abîmé (s’est abattu) ; le canot abîme d’eau (s’emplit d’eau) ; cet homme s’abîme à travailler (il ruine sa santé).
- Abominable : merveilleux, extraordinaire. Ex. : Il y a des pommes, cette année, c’est abominable !
- Abord : 1° multitude. Ex. : 11 y avait un abord de monde (une grande foule) ; 2° Averse. Ex. : Ça sera qu’un abord = ce ne sera qu’une ondée; 3° Courte durée. Ex. : C’est un malheur, mais ç’a n’aura qu’un abord (ça ne durera pas).
- La page 5 nous rappelle que beaucoup de termes de marine sont passés dans cette langue populaire : excusez mon abordage (excusez mon sans-gêne) ; sa voiture a abordé la mienne (l’a heurtée).
- Le verbe abrier, disparu en France depuis trois siècles, se prête au Canada à de multiples significations. Ex. : abrier le feu (le couvrir de cendre) ; abrier quelqu’un (le défendre, l’excuser) ; se faire abrier en grand (se faire couvrir d’injures) ; s’abrier bien (s’habiller chaudement).
- La page 8 abonde en archaïsmes et néologismes :
- Accablation = tribulation. Ex. : c’est effrayant d’avoir des accablations pareilles !
- Accalmie — arrêt. Ex. : Il a travaillé toute la journée sans accalmie. (Le verbe correspondant donne : la douleur commence à accalmir; le vent s’accalmit.) '
- Accent = 1° prestance. Ex. : c’est un beau danseux : il a un bel accent; 2° ardeur Ex. : ce cheval a une belle accent; 3° lubie, caprice. Ex. : quel accent qui vous prend ? = quelle idée bizarre vous avez là !
- Accolade — 1° galanterie. Ex. : ce garçon-là est d’une accolade qui plaît à tout le monde. 2° croc-en-jambe. Ex. : donner un croc-en-jambe réel à quelqu’un ou lui préparer un piège pour le supplanter.
- Accomblé — rempli jusque par-dessus les bords. Ex. : un panier accomblé de pommes.
- Accommodation — 1° commodités. Ex. une maison qui a beaucoup d’accommodations ; 2° train s’arrêtant à toutes les stations du parcours et comprenant des voitures de toutes classes; 3° confort, espace. Ex. : II y a de 1 ’accommodation pour vingt personnes; 4° obligeance. Ex. : Ce marchand-là est à’accommodation; 5° complaisance. Ex. : un billet ou une traite à’accommodation.
- Les pages suivantes nous fournissent toute une série de néologismes :
- Accrapoutir — écraser, se blottir. Ex. : Je Fai accrapouti comme une punaise. Il s’est accrapouti dans un coin.
- Accrochât = portemanteau.
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- Acertener ou açartainer = certifier.
- Achalage = 1° ennui. Ex. : c’est un achalage de répondre à tous les demandeurs de places; 2° foule. Ex. : il y avait un achalage de monde; 3° flatterie obséquieuse. Ex. : Pas d’acha-lagel ça prend pas! (')
- Ce même néologisme a donné naissance aux mots suivants :
- Achalant = agaçant, ennuyeux. Ex. : Cet homme est achalant. — C’est achalant de voyager la nuit; 2° accablant. Ex. : le temps est achalant ; 3° qui est un rude jouteur dans la discussion. Ex. : il est achalant sur les hustings = il brille par son éloquence sur les tribunes d’assemblées électorales.
- Achalanterie ou achalerie, ennui, embarras.
- Achalement, fatigue causée par la grande chaleur.
- Achaler = 1° incommoder, en parlant de la chaleur; 2° agacer. Ex. : Tu m’achales avec tes histoires! 3° tromper. Ex. : Viens donc pas m’achalerl (N’essaie pas de m’attraper!) ; 4° faire honte. Ex. : Cela t’achale, hein! 5° attiser. Ex. : Un poêle bien achalé.
- Plus loin, nous relevons ce curieux adverbe :
- Achefé ou rajevé = tout à fait, parfaitement. Ex. : C’te peinture-là est belle achefé (il ne manque rien à sa beauté.)
- Acheter prend cette signification inattendue : devenir père ou accoucher. Ex. : Il a acheté (un enfant lui est né). — Sa femme a acheté à six heures, à matin. — De même, faire achat est le synonyme de devenir père ou mère.
- Une surprise analogue nous attend avec :
- Achever = 1° avoir soin de quelqu’un jusqu’à sa mort. Ex. : C’est un bon garçon : il a pas voulu qu’un autre achève son vieux père; 2° être à l’agonie. Ex. : Il passera pas la nuit : il achève.
- Acter (représenter une pièce, tenir un rôle) nous paraît être un anglicisme (to act, qui a la même signification), bien que le Glossaire le fasse dériver d’acteur, en donnant cet exemple : ce jeune homme acte bien.
- Moins discutable est ce canadianisme :
- Actuer == se donner beaucoup de peine. Ex. : Elle s’est actuèe pour boucaner ces jambons.
- Le vieux français a déposé dans le parler canadien ces deux mots dont nous n’avons plus les équivalents :
- Adon — 1° heureux hasard. Ex. : Je l’ai pas fait exprès : c’est un adon; 2° habileté naturelle, savoir-faire. Ex. : Il a l’adon pour mener les chevaux. — Il a de Y adon sans bon sens (il est très habile) ; 3° apparence favorable. Ex. : Temps d'adon. — Un morceau de bois d'adon (une parcelle de forêt qui est d’exploitation facile).
- Adonner — 1° Convenir, s’ajuster. Ex. : La pendule adonne ben sur ce meuble; 2° coïncider, se prêter. Ex. : Vous voulez de l’argent? Ça s’adonne mal, j’en ai pas. 3° se convenir, s’entendre. Ex. : Je m’adonne ben avec lui. 4° s’ajuster. Ex. : Ce manche s’adonnerait ben à ma faux. 5° forme adverbiale. Ex. : Vas-tu aux courses ? — Ça s’adonne ! (Certainement!)
- Pudibond, le parler canadien a écarté le mot de concubinage en le remplaçant par un verbe d’allure inofîensive, tel qu’il est employé dans l’exemple cité : il y a longtemps qu’ils se sont adoptés (qu’ils vivent ensemble).
- Autre canadianisme fort pittoresque :
- Afficolant — inutile, nuisible, importun; et le substantif correspondant : des afficolants = ornements féminins superflus.
- 1. Les exemples sont toujours donnés en parler populaire.
- Dire à quelque fermier qu’il a « un troupeau affreux » est un compliment : c’est constater qu’il possède un grand nombre de vaches. « Il y avait du monde affreusement se traduit de même façon.
- Renonçant à suivre le Glossaire de page en page, nous grouperons d’abord quelques canadianismes qui nous ont paru particulièrement pittoresques, en citant de temps à autre des exemples.
- Agoincher — affubler. Agoinchure — affublement.
- Aguir — haïr. Ex. : Il m’aguit en plein (il me déteste beaucoup).
- Ahl ahl = beaucoup. Ex. : C’est pas beau ah ! ah\ (ce n’est pas très beau). — Ce vin n’est pas dans les ah ! ahl (n’est pas extraordinaire).
- Aminoucher = enjôler.
- Emmiauler = faire la cour.
- Anfiferouâper — tromper; semoncer. Ex. : Tu as fait un mauvais coup; ta mère va t’anfiferouâper.
- S’annuiter = se faire surprendre par la nuit.
- Apala = friandise.
- Apichouner = éternuer.
- Apiquer = mettre d’aplomb.
- Arcanser — tirer sur le mors d’un cheval.
- Ardévirer = retourner. Ex. : Ardèvirer un habit. — Ardévirer en route (retourner sur ses pas).
- Barivauder = aller de côté et d’autre. Ex. : la traîne bari-vaudait (le traîneau glissait tantôt à droite, tantôt à gauche).
- Bicouille, pigouille = vilain cheval.
- Corporé, corporence = corpulent, corpulence.
- Couenne = terrain couvert de gazon .— Couenner — poser du gazon. (Ces deux mots font image, comme aussi celui de tignasse appliqué à une prairie couverte de mauvaises herbes).
- Crasse = vaurien, malhonnête homme.
- Vacher = paresser. Ex. : Il a vachè toute sa vie. — Vagno-ler a le même sens. Ex. : Penses-tu de passer ta vie à vagnoler ?
- Nombreux sont les termes que l’on peut rattacher directement au vieux français et aux dialectes provinciaux. Nous citerons :
- Afets = Les douze jours qui suivent Noël. D’après la croyance populaire, le temps qui règne pendant cette période permet de savoir le temps qu’il fera durant tel ou tel autre mois. Le mot est devenu le synonyme de présage. Ex. : Cet enfant donne de bons afets (sa conduite fait bien augurer de son avenir).
- Allabe = praticable. Ex. : Après la pluie, les chemins ne sont pas allabes.
- Ariéter = disputer.
- Aveindre — aller prendre un objet à la place où il est rangé. Ex. : Aveins-moi donc mon butin! (Donne-moi donc mes habits du dimanche!) — La forme pronominale de ce joli verbe signifie « se tirer de ». Ex. : Ma jument a calé dans un trou; a s’est aveindue, mais ç’a forcé = Ma jument a enfoncé dans une ornière; elle s’en est tirée, mais non sans effort.
- Bâdrer — ennuyer, importuner. Ex. : Je suis bâdré par cette affaire. La forme pronominale a le sens de « s’occuper », « se charger ». Ex. : Se bâdrer d’un parapluie. Bâdrant, bâdreux — ennuyeux. Ex. : c’est un bon garçon, mais il est bâdreux.
- Berletter = flâner, dire des balivernes.
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- Se berner = se salir. Ex. : Passe pas là ! tu vas te berner !
- Bicler = loucher légèrement. Au figuré, regarder du coin de l’œil. Ex. : Bicler les femmes.
- Eanser = briser l’anse. Ex. : Une tasse éansée.
- Ebarouir = étonner. Ex. : Il est resté ébaroui comme une vache qu’on change de clos.
- Faraud — galant. Ex. : Elle est sortie avec son faraud. — Farauder = faire la cour. Ex. : Il faraude la petite Lapensée depuis quelque temps.
- Hargner — taquiner. Ex. : Il est toujours après hargner son petit frère (il le taquine continuellement).
- Je glane çà et là dans le Glossaire des expressions divertissantes; les unes sont de curieuses corruptions; les autres, de pittoresques canadianismes :
- De bique-en-coin = de biais, en diagonale. Ex. : Le chemin passe sur ma propriété de bique-en-coin.
- Coq-nigaud ou coquelicot = incognito. Ex. : Un personnage qui voyage en coq-nigaud.
- Homme de cour = valet d’écui’ie.
- Couper son eau = boire à petites gorgées, lentement.
- Couper épais = avoir l’esprit lourd.
- Embrasser sa grand’mère = prendre un verre.
- Sorcière — tourbillon de vent. Ex. : Il a passé une sorcière qui a reviré les vailloches à l’envers (qui a retourné les tas de foin sens dessus-dessous).
- Traîne-fesse = cul-de-jatte.
- Se fermer la trappe — se taire.
- Trousse-mêle = gâte-sauce, importun.
- S’habiller comme une trouvâille — s’habiller très mal.
- Asiatique — sciatique. Ex. : Avoir un rhumatisme asiatique.
- Baise-la-piastre — avare. Ex. : C’est un baise-la-piastre dépareillé (un avare sans pareil).
- Bal à gueule = réunion où l’on danse au son de la voix, sans musique instrumentale.
- Barre à tonnerre = paratonnerre.
- Barre du four = aube.
- Bébelleries — joujoux; babioles.
- Trou du bédeau = fosse de cimetière.
- Bedocher — exercer la profession de bedeau.
- Bénissoir = goupillon.
- Les jurons ou sacres forment une ample collection, et des plus curieuses.
- Citons-en quelques-uns, non sans noter que beaucoup sont, si on peut dire, d’ordre religieux :
- Baptêmel (d’où cette expression : cet homme ne peut ouvrir la bouche sans baptêmer, sans blasphémer). — Viarge (Vierge!) — Sapré ! — Batiscan d’inguenne ! — Batache ! — Batoche ! — Crabel — Ma fri (ma foi!) — Maudit! — Massacrel
- On relève quelques mots empruntés aux dialectes des Peaux-Rouges : Apècia = chevreuil. — Babiche = lanière de cuir. — Micouenne = louche, grande cuiller en bois ou en écorcé.
- Il va de soi que le Glossaire s’acharne après les trop nombreux anglicismes qui ont envahi la langue. N’oublions pas qu’il est l’œuvre de cette « Société du parler français au Canada » fondée précisément pour lutter contre cette invasion. Nous citerons les plus curieux de ces anglicismes :
- Adidouce = bonjour, corruption de how do you do? — Une mère dira à ses enfants de faire des adidouces au visiteur.
- 1 ' .... — 323 =
- Averager = avoir une moyenne de. Ex. : les recettes des trois dernières années avéragent plus d’un demi-million.
- Bad-luck = malchance. Ex. : Il est dans la bad-luck (il est dans la déveine).
- Best = ami intime.
- Beans — haricots blancs.
- Beaver = chapeau à haute forme, jadis fabriqué avec du castor (beaver en anglais).
- Recevoir un black-eye (avoir l’œil poché).
- Boomer = faire hausser.
- Boss = patron. Ex. : Dans le village, c’est lui qui est le boss au jeu de dames. — Bosser = diriger. Ex. : Sa femme le bosse = le mène par le bout du nez.
- Botcher — gâcher, saveter.
- Cope — sou. Ex. : N’avoir pas une cope.
- Pouvoir = courant électrique. Ex. : Le pouvoir est parti = le courant électrique manque.
- Pouvoir d’eau = cataracte.
- Stacker = larguer, lâcher. Ex. : Le boss a slacké une dizaine d’employés cette semaine.
- Goddamer = dire des injures.
- Runner = courir, conduire. Ex. : Je runne un type = j’écris à la machine. — Il runne pour un marchand de gros = il va prendre les commandes.
- Wérer = poser du fil de fer.
- Watcher = surveiller. Ex. : C’est lui qui watche la nuit au magasin.
- Match, matcher, matchable, termes qui prennent de multiples significations. Ex. : Un beau match (un couple bien assorti). — Si cette demoiselle était matchable (si l’on pouvait l’aborder), j’irais lui parler. — Pouvez-vous matcher c’te laine-là? (pouvez-vous l’assortir). — Leurs mères ont fait leur possible pour les matcher (pour les amener à s’épouser), mais ça n’a pas pris.
- *
- * *
- On comprend, par ces quelques exemples, combien s’imposait la création d’une « Société du parler français au Canada », et pourquoi elle poursuit avec tant d’énergie l’expulsion d’anglicismes dont la plupart ne répondent pas à la nécessité. La campagne que mène vaillamment cette association marche de succès en succès, et ce sont maintenant les Canadiens qui nous reprochent d’adopter trop d’expressions anglaises, telles que club et smoking.
- Alors que je traversais l’autre année le Canada, le chef de train, qui était de la province de Québec, me demanda l’équivalent français de ail on boardl (tout le monde à bord!) Il accueillit mon renseignement avec une telle joie que, à partir de cette découverte, il s’égosilla à crier plusieurs fois, après chaque arrêt :
- « En voiture! en voiture! »
- Anecdote qui montre pittoresquement combien nos cousins du Nouveau-Monde sont anxieux d’épurer leur langue.
- Le Glossaire que nous avons présenté à nos lecteurs contribuera puissamment à cette tâche. Les citations que je viens d’en faire ne pourront, je l’espère, qu’attirer sur cet ouvrage l’attention des nombreux Français qui s’intéressent aux choses canadiennes et à la linguistique.
- Victor Forbin.
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- PLIAGES DE PAPIERS E
- LE SACHET A FOULARDS
- La fabrication des boîtes a toujours excité l’imagination des chercheurs et, après les modèles que nous avons déjà donnés ('), en voici un autre très original. Fermée, la boîte présente l’aspect d’une rosace ornementale d’un tracé curieux; ouverte, les deux demi-rosaces forment des anses ou prises pour la boîte (fig. 1). De plus, franchement creuse et d’ouverture régulière, elle peut véritablement servir de récipient et devenir un sachet à foulards ou à mouchoir.
- Au lieu de commencer comme pour tous les pliages, ou presque* par un carré, il faut ici prendre un papier rectangulaire deux fois plus long que large (fig. 2) et y marquer tous les
- Fig. 1.
- plis que j’ai indiqués. Ceci fait relevez BB vers BB, les lignes 00, 00 formant charnière. Dans cette situation, amenez par l’extérieur les extrémités CB des parties relevées, l’une vers l’autre, la charnière étant sur le trait fort. Les petits plis marqués en pointillé sur la figure se placeront d’eux-mêmes dans le mouvement. La figure 3 sur laquelle les plis ont été
- Fig. 2.
- dessinés peu serrés, pour une plus facile compréhension, fera mieux comprendre qu’une longue description.
- Rabattez alors RR en chapeau de gendarme et vous aurez la figure 4.
- Jusqu’ici rien que de très facile mais la rosace est d’un travail plus minutieux. Elle se forme en quatre fois car c’est toute une petite construction : mettez le pouce de la main
- 1. Voir La Nature, n° 2847 du 15 décembre 1930.
- gauche en X avec l’index en dessous. Puis, avec la main droite menez B au milieu M.
- Vous aurez ainsi (fig. 5) un carré que nous allons considé-
- Fig. 3.
- rer seul et qui est représenté à une échelle plus grande que les tracés précédents.
- Marquez bien le pli en VT, en plaçant B sur N. Remettez en place et amenez NV et NT à se toucher vers le centre BN. Les plis étant marqués, remettez en place, puis amenez de même BV et BT vers le centre puis remettez en place.
- Fig. 4.
- A ce moment, tous ces plis ayant été faits bien régulièrement, si, pinçant entre le pouce et l’index de chaque main les pointes V et T, vous pliez N en arrière au moyen des deux grands doigts, vous obtiendrez automatiquement un quart de la rosace. Vous n’aurez plus qu’à répéter la même opération pour les trois autres points B.
- Fig. 5.
- Comme ce pliage de rosace est minutieux j’engage, pour commencer, à opérer sur une feuille de papier assez grande afin de bien saisir les mouvements. Alber.
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- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- 325
- LA VOUTE CELESTE EN NOVEMBRE 1931
- L’occultation du groupe des Pléiades par la pleine Lune est certainement le phénomène qui retiendra le plus l’attention des observateurs ce mois-ci.
- Nous donnons plus loin tous les renseignements nécessaires pour observer ce curieux passage de notre satellite devant le célèbre groupe stellaire.
- I. Soleil. — Le Soleil, en novembre, descend de plus en plus dans l’hémisphère austral.
- Sa déclinaison, qui sera de — 14°15', le 1er novembre, atteindra — 21°33/ le 30.
- La durée du jour diminue de l'^O” pendant ce mois : elle passera de 9h55m le lor à 8“35m le 30.
- Cette durée est celle de la présence du centre du Soleil au-dessus de l’horizon de Paris.
- Voici le temps moyen à midi vrai, c’est-à-dire l’heure du passage du centre du Soleil au
- méridien de Paris. Heure
- Dates. du passage.
- Novembre 1 er Tll. 34m 19s
- 3 11 34 16
- 5 11 34 17
- 7 11 34 21
- 9 11 34 29
- — 11 11 34 40
- — 13 11 34 54
- 15 11 35 11
- -- 17 11 35 32
- — 19 11 35 56
- - 21 11 36 24
- 23 11 36 54
- -- 25 11 37 28
- — 27 11 38 5
- — 29 11 38 45
- Observations physiques. —
- est encore bien visible le matin, en novembre (nous l’avons bien observée à l’époque de la chute des Léonides du 10 au 13 novembre).
- La période de la nouvelle Lune de novembre sera la plus favorable pour observer la lumière zodiacale", on pourra poursuivre les observations du 7 au 15 novembre.
- La lueur anti-solaire pourra être recherchée vers minuit, également à l’époque de la nouvelle Lune. Le 7, elle sera centrée au Sud de o Bélier; le 10, elle se trouvera vers o Bélier-le 12, son centre sera à l’Est de o Bélier; le 16, on l’observera
- au Sud des Pléiades. Ensuite, la Lune gênera les observations.
- IL Lune. — Les phases de la Lune, pendant le mois de novembre, se produiront comme suit :
- D. Q. N. L. P. Q. P. L.
- 3, a 9, à 17, à 25, à
- 7“ 18m 22» 55m 2h 13“ 7“ 10“
- Fig. 1.
- La Lune passant devant le groupe des Pléiades, te 25 novembre 1931.
- Pour orienter les dessins et photographies du Soleil, on se servira des éléments du tableau suivant :
- Le dessin figure la position de la Lune à lhlm,5, au moment où l’étoile Mérope va être occultée.
- Alcyone sera cachée à La Lune avançant occultera
- Atlas à 21‘38ra,5 et, quelques minutes après, à 2I,45", découvrira l’étoile Alcyone.
- Suivre attentivement à la lunette l’occultation de toutes les petites étoiles, nombreuses en cette région. Toutefois, l’éclat de la pleine Lune gênera beaucoup l’observation de ces occultations d’étoiles faibles.
- Dates. P B0 L0
- Novembre 2 + 24°,59 + 4-o,28 2970,06
- — 7 + 23°,65 + 3°,75 23lo,14
- — 12 + 22°,51 + 3o,19 1650,22
- — 17 + 21°,18 + 2°,61 99o,30
- — 22 + 19°,66 + 2°, 00 330,40
- 27 + 17°,97 + 1°,38 3270,49
- Voir au « Bulletin astronomique » du n° 2852 l’explication des termes P, B0, Ln,
- Lumière zodiacale, lueur anti-solaire. — La lumière zodiacale
- 1. Toutes les heures indiquées dans le présent « Bulletin astronomique » sont exprimées en temps universel (T. U.), compté de 0h a, 24h, à partir de minuit (0h).
- Age de la Lune, le 1er novembre, à 0“ = 201,5; le 10 novembre, à 0h — 01,0. Pour une autre date du mois, ajouter 1 jour par jour écoulé depuis le 1 er ou le 10. Et pour une heure déterminée ajouter 01,0417 par heure écoulée depuis 0h précédent.
- Plus grandes déclinaisons de la Lune, en novembre : le 13, à 0“ - — 28°35'; le 27, à 14“ = -f- 28° 30'. On remarquera la très grande hauteur de la Lune dans le ciel le 27 novembre, au surlendemain de la pleine Lune.
- Périgée de la Lune (plus petite distance à la Terre), le 8 novembre, à 15“. Parallaxe = 60'55". Distance =--359 960 km. Apogée de la Lune (plus grande distance à la Terre), le 20 novembre, à 17\ Parallaxe =54'7". Distance = 405 200 km.
- Occultations d’étoiles par la Lune. — Le 1er novembre, occultation de e Gémeaux (gr. 5,5). Emersion à 23h 3m,5. Le 17, occultation de 50 Verseau (gr. 5,9). Immersion à 18h 45m0.
- Le 25, occultation des Pléiades. Mérope (23 Taureau), Alcyone (•>} Taureau) et Atlas (27 Taureau) seront occultées. La Lune sera pleine ce jour-là et sera très haut dans le ciel. Elle aura un diamètre de 30'4". La figure 1, dessinée par M. L. Rudaux à l’aide des données de 1 ’Annuaire astronomique Flammarion, montre l’aspect de ce beau phénomène au moment où l’étoile Mérope va être occultée. Nous conseillons, pour suivre cette série d’occultations, l’emploi d’un oculaire à grand champ. Voici les phénomènes que l’on pourra observer :
- 1° Immersion de 23 Taureau [Mérope] (gr. 4,3), à lh lm,5 derrière le bord nord-est de la Lune.
- 2° Immersion de 7] Taureau [Alcyone] (gr. 2,9), à 1“ 57m,5
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-
-
- = 326 ===:..... .
- derrière le bord nord-nord-est de la Lune. Quelques secondes avant on pourra observer la disparition de groupe des trois petites étoiles qui précèdent Alcyone.
- 3° Immersion de 27 Taureau [Atlas] (gr. 3,7), à 2“ 38“,5, derrière le bord est-nord-est de la Lune.
- 4° Emersion de iq Taureau [Alcyone] (gr. 2,9), à 2h45m derrière le bord ouest-nord-ouest.
- Enfin, on pourra observer pendant la même nuit, un certain nombre d’autres.occultations de petites étoiles du groupe des Pléiades (voir la figure).
- Le 28, occultation de 49 Cocher (gr. 5,1). Emersion à 0“ 57»,5.
- Le 29, occultation de c Gemeaux (gr. 5,5). Emersion à
- 6h 22m,0.
- Marées, Mascaret. — Les plus grandes marées du mois se produiront à l’époque de la nouvelle Lune du 9. En voici quelques-unes, pour Brest, parmi les plus importantes.
- Marées du matin Marées du soir.
- Dates. Heure. Coefficient.. Heure. Coefficient.
- Novembre : 8 2h 10“ 93 14“ 32“ 99
- — 9 2 53 103 15 16 105
- — 10 3 37 106 15 58 106
- — 11 4 20 104 16 41 101
- — 12 5 4 96 17 26 90
- Le mascaret se produira aux époques des plus fortes marées :
- Coefficient Arrivée du Mascaret à
- Dates. de la marée. Quillebeuf Villequier Caudebec.
- Novembre 10 106 7“15“ 7-52“ 8h lm
- —. 10 106 19 34 20 11 20 20
- III. Planètes. — Le tableau ci-après, établi à l’aide des données de VAnnuaire astronomique Flammarion pour 1931, contient les renseignements nécessaires pour rechercher et observer les planètes principales pendant le mois de novembre 1931.
- Mercure arrivera à sa plus grande élongation le 3 décembre. Il sera donc visible le soir, à la fin de novembre, mais en des conditions assez défectueuses, en raison de sa forte déclinaison australe.
- Voici la phase et la vembre : grandeur stellaire de Mercure en no-
- Dates. Disque illuminé. Diamètre. Grandeur.
- Novembre 2 0,97 4",7 — 0,5
- — 7 0,95 4 ,8 — 0,4
- — 12 0,92 4 ,9 -- 0,4
- — 17 0,89 5 ,2 — 0,3
- — 22 0,84 5 ,4 — 0,3
- — 27 0,77 5 ,9 — 0,3
- Vénus devient un peu visible, le soir, dès le coucher du Soleil. Voici également la phase et la grandeur stellaire de Vénus en novembre :
- Dates. Disque illuminé. Diamètre. Grandeur
- Novembre 2 0,97 10",2 — 3,4
- — 7 0,97 10 ,3 — 3,3
- — 12 0,96 10 ,4 — 3,3
- — 17 0,95 10 ,5 — 3,3
- . — 22 0,95 10 ,6 — 3,3
- —- 27 0,94 10 ,7 — 3,3
- Mars, très près de l’horizon sud-ouest, se couche peu après le Soleil : il est pratiquement inobservable.
- Jupiter devient visible dans d’excellentes conditions. Une petite lunette est suffisante pour observer les bandes nuageuses et les phénomènes produits par la révolution des satellites principaux. Nous donnons, à la page suivante, la liste de ces phénomènes pour novembre.
- Jupiter se trouvera en quadrature occidentale avec le Soleil ; le 15 novembre.
- Saturne est encore un peu visible à la fin du crépuscule.
- ASTRE Dates : Novem -bre Lever à Paris Passage au Méridien de Paris (1) Coucher à Paris Ascen- sion droite Déclinai- son. Diamètre apparent Constellation et étoile voisine. VISIBILITÉ.
- 6 6“ 45“ 11“ 34“ 19» 16“ 24“ 14“ 43“ 15° 47' 32'19" Vierge ,
- Soleil. . . . 16 7 1 11 35 21 16 10 15 23 — 18 34 32 24, 2 Vierge [ ))
- 26 7 16 11 37 46 15 59 16 5 — 20 49 32 28, 0 Scorpion
- 1 6 7 54 12 19 16 43 15 24 — 19 50 4, 8 Balance ,
- Mercure . . 16 8 40 12 42 16 43 16 26 — 23 47 5, 2 o) Scorpion > Le soir, à la fin du mois.
- 26 9 13 13 3 16 53 17 27 — 25 43 5, 8 fj Scorpion
- 6 8 11 12 37 17 2 15 42 — 19 46 10, 2 6 Balance
- Vénus . . . J 16 8 40 12 50 16 59 16 35 — 22 30 10, 4 (o Scorpion Un peu visible, le soir.
- [ 26 9 4 13 4 17 4 17 29 — 24 9 10, 8 0 Scorpion
- ( 6 8 49 13 4 17 19 16 10 — 21 39 4, 0 P Scorpion
- Mars.... < 16 8 48 12 55 17 3 16 41 — 22 54 4,0 co Scorpion Peu visible, le soir.
- 26 8 46 12 48 16 50 17 14 — 23 47 4, 0 6 Scorpion
- Jupiter. . . 16 22 37 5 51 13 4 9 37 — 14 55 35, 4 x Cancer Seconde partie de la nuit.
- Saturne. .. 16 11 22 15 34 19 47 19 22 — 22 8 14, 2 Sagittaire Le soir, au crépuscule.
- Uranus. . . 16 14 52 21 11 3 40 1 0 — 5 43 3, 6 73 Poissons Une grande partie delà nuit.
- Neptune. 16 0 6 6 52 13 38 10 39 | + 9 20 2, 4 49 Lion Seconde partie de la nuit.
- 1. Cette colonne donne l’heure, en temps universel, du passage au méridien de Paris.
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- Phénomènes du système des satellites de Jupiter.
- Dates No v. Heure. Satel- lite. Phéno- mène. Dates No v. Heure. Satel- lite. Phéno- mène.
- 1 41 35m III E. c. 18 1‘ 24“ I P. c.
- 2 2 26 IV E. f. 18 2 26 I O. f.
- 2' 1 54 I O. c. 18 2 46 III P, f-
- 2 3 8 I P. c. 18 3 41 I P. f.
- 2 4 11 I O. f. 19 0 51 I Em.
- 2 5 25 I P. f. 19 1 41 IV Im.
- 3 2 32 II O. c. 19 2 35 II E. c.
- 3 2 35 I Em. 19 6 35 IV Em.
- 3 5 1 II P. c. 20 23 24 II P. c,
- 3 5 23 II O. f. 20 23 47 II O. f.
- 5 2 52 II Em. 21 2 14 II P. f.
- 7 3 33 III E. f. 24 4 42 1 E. c.
- 7 5 0 III Im. 25 1 39 III O. f.
- 8 6 28 I E. c. 25 2 3 I O. c.
- 9 3 47 I O. c. 25 3 4 III P. c.
- 9 5 2 I P. c. 25 3 16 I P. c.
- 9 6 4 I O. f. 25 4 20 I O. f.
- 10 0 56 I E. c. 25 5 33 I P. f.
- 10 4 29 I Em. 25 6 40 III P. f.
- 10 4 29 IV O. c. 25 23 11 I E. c.
- 10 5 6 II O. c. 26 2 43 I Im.
- 11 0 33 I O. f. 26 5 11 II E. c.
- 11 1 48 I P. f. 27 0 1 I P. f.
- 12 5 29 II Em. 27 3 6 IV O. f.
- 13 23 42 II P. f. 27 23 29 II O. c.
- 14 3 52 III E. c. 28 1 55 II P. c.
- 16 5 41 I O. c. 28 2 20 II O. f-
- 17 2 49 I F. c. 28 4 45 II P. f.
- 17 6 23 I Em. 29 23 51 II Em.
- 18 0 9 I O. c.
- Voici les éléments de l’anneau pour le 17 novembre :
- Grand axe extérieur............................... 35"63
- Petit axe extérieur............................. -f 14,46
- Hauteur de la Terre au-dessus du plan de l’anneau + 23056, Hauteur du Soleil au-dessus du plan de l’anneau. . + 22°38'
- Voie- quelques élongations de Titan, le plus lumineux des satellites de Saturne :
- Date. Elongation. Heure.
- Novembre 3 orientale 11“,5
- — 11 occidentale 18h,5
- Uranus s’est trouvé en opposition le mois dernier. Il est visible encore presque toute la nuit. Pour le trouver, on utilisera la petite carte que nous avons donnée au « Bulletin astronomique » du n° 2856. Une bonne jumelle permet de voir Uranus, et même certaines personnes, douées d’une bonne vue, parviennent à la suivre à l’œil nu.
- Neptune se lève vers minuit et devient mieux visible. Nous avons publié, le mois dernier, la carte de son mouvement parmi les étoiles. Cette carte sera suffisante pour le trouver sur le ciel.
- IV. Phénomènes divers. — Conjonctions :
- Le 4, à 0h, Jupiter en conjonction avec la J/une, à 3°13'S. Le 5, à 3h, Vénus — x Balance (gr. 5,0) à 0°2' S.
- 327
- Le 5, à 6\ Le 11, à 0“, Le 11, à 5h, Le 11, à 5h, Le 11, à 12\ Le 14, à 7», Le 19, à 3h, Le 21, à lh, Le 21, à 13\
- Neptune en conjonction avec la Lune, à lo50' S.
- Mercure
- Mercure
- Vénus
- Mars
- Saturne
- Vénus
- Mercure
- TTï'aivnc
- — à 2°44' N. 6 Scorpion (gr. 2,4) à 0°18/ N.
- la Lune à 4°16' S.
- — à 4° 4' N.
- — à 5° l'N. Mars, à 0° 5' N. Mars, à 1°39' S.
- Etoiles variables. — Minima d’éclat de l’étoile variable Algol (|3 de Persée), visibles à l’œil nu : le 2 novembre, à 20“ 26m ; le 17, à 4“ 30“ ; le 20, à 1“ 19“; le 22, à 22“ 8m; le 25, à 18“ 57m.
- Etoile Polaire; temps sidéral. -— Voici quelques passages de l’étoile Polaire au méridien de Paris :
- Date.
- Novembre 7
- — 17
- — 27
- [Passage.
- Supérieur
- Temps sidéral. Heure. à 0“ (T. U.)
- 22“ 24“ 308 3“ 0m 56e
- 21 45 8 3 40 22
- 21 5 45 4 19 47
- Etoiles filantes. — Le mois de novembre a été marqué, dans le passé, par des chutes mémorables d’étoiles fdantes provenant surtout des essaims des Léonides et des Andro-médides.
- Ces essaims donnent encore aujourd’hui des météores assez nombreux et nous ne saurions trop encourager les amateurs à les observer avec la plus grande attention. Voici la liste des essaims actifs en novembre (d’après l’Annuaire du Bureau des Longitudes) :
- Ascension Déclinai- Étoile
- Époque. droite son. voisine.
- Novembre 1 au 4 43° + 22° s Bélier.
- — 1 au 8 58 + 20 A Taureau.
- — 13 et 14 53 -f 32 0 Persée.
- — 13 au 18 149 + 23 C Lion.
- — 13 et 14 279 -f 56 2348 Bradley.
- — 16 154 + 40 F- Grande Ourse.
- — 17 au 23 25 -f 43 T Andromède.
- — 20 62 -f 22 (O2 Taureau.
- 25 au 28 154 + 40 \x Grande Ourse.
- — 27 62 + 22 ü.)2 Taureau.
- — 28 328 + 62 a Céphée.
- L’essaim des Léonides est caractérisé par des météores rapides, avec traînées. Celui des Andromédides par des météores lents, à traînées.
- V. Constellations. — L’aspect de la voûte céleste le 1er novembre, à 21“, ou le 15 novembre, à 20“, est le suivant :
- Au Zénith : Cassiopée; Andromède; Persée.
- Au Nord : La Petite Ourse; Céphée; le Dragon; la Grande, Ourse.
- A l’Est : Les Gémeaux; le Cocher; le Taureau; Orion.
- Au Sud : Pégase; le Bélier; le Verseau; les Poissons; la Baleine. — A l’extrême Sud, le Poisson austral avec Fomal-haut.
- A l’Ouest : Le Cygne; l’Aigle; la Lyre.
- Au Sud-Ouest : Le Capricorne.
- Em. Touchet.
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- LA RADIOPHONIE PRATIQUE
- L’ALIMENTATION DES POSTES RADIOTECHNIQUES
- LES BLOCS D’ALIMENTATION ACTUELS
- L’amateur qui veut supprimer complètement ses batteries d’accumulateurs sans pour cela utiliser un
- Fig. h. — Un bloc d'alimenlalion totale à courant redressé dit « Transformer » (type Ariane).
- poste-secteur à lampes à chauffage indirect, peut adopter un système d’alimentation totale à courant redressé.
- Il est essentiel, avant tout, lorsqu’on veut ainsi remplacer ses batteries d’alimentation par un système à courant redressé, non seulement de choisir un modèle de bonne fabrication, mais encore un appareil de puissance suffisante, car les modèles réduits ne sont pas destinés à alimenter des postes à multiples étages, dont l’intensité du courant plaque peut atteindre 40 milliampères, au
- Fig. 12. — Un appareil de tension anodique très complet {type 3003 Philips). On peut obtenir simultanément 6 tensions anodiques différentes, et 3 tensions de polarisation de grille pouvant être réglées indépendaniment les unes des autres à 12 valeurs différentes.
- moins. Si un dispositif d’alimentation très puissant peut alimenter un poste récepteur de modèle réduit, en prévision de l’achat possible d’un appareil plus puissant, il est indispensable de choisir un dispositif puissant pour alimenter un poste sensible à multiples étages.
- De grands progrès ont été faits dans la construction de ces appareils, et les fabricants français spécialisés peuvent fournir à des prix relativement modiques des ensembles très complets dont le courant haute tension est redressé par une valve biplaque ou des éléments cuivre-oxyde; l’intensité est généralement de 30 à 40 milliampères sous 160 volts; on peut en outre utiliser un courant de polarisation d’une tension variable de 2 à 24 volts. Le courant de basse tension est souvent obtenu à l’aide d’un élément de redressement cuivre-oxyde et d’un circuit de filtrage comportant deux condensateurs électrolytiques d’une capacité de 2000 à 3000 microfarads et un bobinage à fer. L’intensité de ce courant est de l’ordre de 0,5 ampère (fig. 11).
- 11 existe même des appareils encore plus puissants pour des postes récepteurs spéciaux pouvant fournir facilement un courant de chauffage d’une intensité de plus d’un ampère, et des courants de plaque de l’ordre de 300 volts avec une intensité de 70 milliampères.
- La facilité avec laquelle on peut chauffer les filaments dès lampes à l’aide d’une petite batterie d’accumulateurs d’un dés modèles indiqués plus haut combinée avec un rechargeur continu, et les avantagés indiscutables de l’alimentation des plaques par alternatif redressé, lorsqu’il s’agit d’obtenir des courants de tensions élevées et d’intensités relativement grandes, font apprécier les qualités du système d’alimentation mixte comportant une batterie de chauffage et un appareil de tension anodique.
- Sous une forme très réduite, un dispositif de tension anodique séparé à valves électroniques peut fournir un courant de plaque d’une tension maximum d’au moins 150 volts avec une intensité d’une trentaine de milliampères. La tension du courant fourni est facilement réglable au moyen de contacts assez nombreux, et les tensions de jpolarisation de grille peuvent être réglées facilement suivant les caractéristiques des lampes utilisées (fig. 12).
- Un constructeur a eu, d’autre part, l’ingénieuse idée d’établir des ensembles constitués par un transformateur d’alimentation et un système de redressement, par exemple une valve électronique biplaque, permettant à un amateur de constituer lui-même un système d’alimentation plaque, ou même un système d’alimentation totale en adaptant simplement à ce bloc des circuits-filtre convenables.
- L’un de ces systèmes est constitué par un ensemble donnant un courant de plaque de 160 volts maximum et d’une intensité de 50 milliampères et un courant de chauffage de 4 volts, d’une intensité maximum de 0 ampère 6 (fig. 13). Cet appareil comporte, d’une part, les bornes de connexion au secteur, et, d’autre part, trois
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- bornes qui sont reliées au condensateur et aux résistances du filtre haute tension, la bobine de filtrage correspondante étant contenue également dans le bloc (fig. 14).
- Un autre modèle comporte deux bornes supplémentaires auxquelles on peut adapter un redresseur oxy-métal, et un circuit de filtrage avec un condensateur électrochimique de 2 fois 5000 microfarads pour avoir un système d’alimentation complet (fig. 14 B).
- LES BLOCS D’ALIMENTATION POUR POSTES-SECTEUR
- Les postes-secteur munis de lampes à chauffage indirect sont, par excellence, des postes d’usagers. Pourtant, leur construction par un amateur-constructeur ou même par un auditeur de T. S. F. ayant quelques connaissances en radiotechnique est une opération intéressante. C’est pour faciliter cette construction que plusieurs constructeurs ont établi récemment plusieurs modèles de blocs d’alimentation totale destinés à être connectés rapidement à un poste-secteur quelconque.
- Un de ces appareils comporte un transformateur branché directement sur une lampe de redressement biplaque, destiné à fournir du courant continu à haute tension pour l’alimentation des plaques et du courant alternatif brut à faible tension pour le chauffage des cathodes des lampes. i
- Le groupe comporte le transformateur et les supports de la valve assemblés sur un socle en aluminium, ainsi qu’un fusible de protection. Le circuit primaire est interrompu et envoyé sur deux cosses de prise de courant, sur lesquelles on établit l’interrupteur de mise en fonction et d’arrêt du poste.
- Le transformateur et la valve sont protégés chacun par un boîtier en aluminium; les connexions sont à l’intérieur du poste et entièrement protégées, les sorties de chauffage sont d’un côté et les sorties haute et basse tension de l’autre, prêtes à être connectées à un circuit filtre (fig. 15).
- La lampe de redressement est chauffée par un courant alternatif de 4 volts pouvant atteindre deux ampères et ses plaques peuvent supporter un potentiel alternatif de 350 volts.
- En plus des deux secondaires de 4 et de 700 volts d’alimentation de cette lampe redresseuse, il est prévu 3 secondaires de chauffage donnant chacun du courant alternatif brut d’une tension de 4 volts. Le premier est destiné, en principe, au chauffage des lampes haute et moyenne fréquence avec une intensité de 2 à 6 ampères; le second est prévu pour une lampe basse fréquence et peut fournir un courant de l’ordre de 2 ampères; le troisième ne doit servir que pour les schémas très spéciaux, il peut fournir jusqu’à 1 ampère (fig. 16). .
- Le point milieu du premier enroulement est relié au point milieu de l’enroulement
- appliquant la tension plaque sur la lampe redresseuse, qui constitue le pôle négatif de haute tension.
- Il y a intérêt à réunir ce point à la masse des blindages.
- Le potentiel moyen du courant fourni par le deuxième en r o u 1 e m e n t est déterminé par une résistance de deux fois 20 ohms, qui agit comme une résistance de 10 ohms dans le calcul de la polarisation de la basse fréquence.
- Un tel système simplifie la tâche de l’amateur constructeur qui veut établir un poste* secteur, et son faible encombrement ainsi que son blindage rendent pratique son emploi et
- diminuent les dangers dus à l’adoption de courants de tension élevée. Il est possible d’alimenter ainsi différents postes-secteur avec le même bloc d’alimentation, puisque la connexion de ce bloc à un appareil quelconque est immédiate.
- Il existe également des blocs de modèle plus réduit, qui permettent de la même manière de réaliser très rapidement des postes-secteur à deux ou trois lampes, comme le montre la figure 17.
- »Fig. 14.-— Comment on monte le bloc d’alimentation précédent pour constituer un dispositif d’alimentation plaque en A, ou un système d’alimentation totale (en B).
- Fig, 13. — Dispositif dit Valvabloc M. S. V. permettant de monter facilement et à peu de frais un appareil d'alimentation plaque ou d’alimenla-iion totale par courant redressé. Sur un même carter sont placés un transformateur d'alimentation, la valve du redressement et une bobine de filtrage haute tension.
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- Fig. 15. •— Groupe d’alimentation totale pour poste-secteur à lampes à chauffage indirect (tgpe Gamma). A gauche, photographie montrant le transformateur, la valve biplaque et le fusible assemblés sur un socle métallique. A droite, le dispositif recouvert de ses blindages protecteurs.
- L’emploi de ces blocs sera surtout apprécié par bon nombre de débutants qui veulent réaliser un appareil simple, muni de lampes à chauffage indirect, et aussi par les amateurs constructeurs avertis qui ont l’habitude de modifier souvent leurs montages et qui pourront ainsi conserver le même bloc d’alimentation.
- LE CAS DU SECTEUR CONTINU
- Malgré les apparences, l’amateur qui dispose du courant continu d’un secteur est, en réalité, moins bien partagé que s’il pouvait employer du courant alternatif, malgré la nécessité de redresser ce dernier, en tout cas pour l’alimentation des plaques.
- Les batteries sont aisées à recharger en abaissant la . tension au moyen de résistances, mais cette re-
- Fig. 16. — Schéma de principe du bloc d'alimentation Gamma.
- Branchement de /interrupteur du | courant lprimaire
- Haute tension
- re dresseur §'
- Fusible il Ampère
- Haute tension
- —Arrivée du secteur 110 V“=40à 60 p:s.
- charge est un peu plus coûteuse qu’avec l’alternatif.
- L’adoption de lampes de réception spéciales dont la consommation de filament est exactement de 100 milliampères et qu’on peut se procurer depuis peu en France, fournit une bonne solution de la question aux amateurs constructeurs.
- Les filaments de ces lampes sont montés en série, une résistance A peut être constituée par une lampe à incandescence de 40 bougies pour un secteur de 220 volts et de 10 bougies pour un secteur de 110 volts; un tube régulateur fer-hydrogène B maintient constante
- Fig. 17. — Etablissement d’un poste-secteur simple à deux lampes comportant un détecteur à chauffage indirect et une basse fréquence à l’aide d’un bloc d’alimentation type Soucat (à gauche).
- Bloc d’accord et C VI de réaction ^
- \ Réaction
- Accord
- Antenne
- Polarisation
- > orne pour
- Chauffage en ^alternatif brut
- "Valve support de lampe W douilles TM
- Basse frécji
- Déteçtrioe
- luence
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- l’intensité du courant de chauffage qui est exactement de 100 milliampères (fig. 17).
- L’alimentation d’un appareil quelconque muni de lampes ordinaires peut être effectuée à l’aide d’un bloc filtre comportant une résistance convenable et des circuits-filtre efficaces pour la haute et la basse tension; le débit anodique doit être également voisin de 50 milliampères (fig. 18).
- Lorsque l’amateur désire employer un poste-secteur à lampes à chauffage indirect, ou un radio-phonographe, un phonographe électrique fonctionnant avec une tension plaque très élevée, il devient nécessaire d’utiliser une commutatrice qui transforme le courant continu en courant alternatif 110 volts 60 périodes pouvant être utilisé
- Fig. 19. — Commutatrice type Jouelle pour la transformation du courant continu de. 32 à 220 volts en courant alternatif de 110 volts 60 périodes.
- (Melodium.)
- comme le courant ordinaire d’un secteur.
- Ou trouve actuellement des machines de ce genre robustes et bien établies, dont nous avons déjà indiqué quelques modèles, mais leur prix est assez élevé (fig. 19).
- P. IlÉMARDINQUER.
- ADRESSES RELATIVES AUX
- APPAREILS DÉCRITS :
- Blocs d’alimentation totale, Établissements Ariane, rue de Montreuil, Paris (12e).
- Blocs d’alimentation pour amateurs, à plusieurs combinaisons : Le Matériel radioélectrique MSV, 31, avenue Trudaine, Paris (9°).
- Dispositifs de tension anodique, Philips, 5, cité Paradis, Paris.
- Blocs d’alimentation totale pour postes-secteur : Établissements Gamma,
- 21, rue Dautancourt, Paris.
- Établissements Lancat,
- 22, rue du Château, à Ba-gnolet (Seine).
- L L,
- Fig. 18.— Montage comportant une lampe haute fréquence à résonance à grille-écran, une lampe déteclrice, et une lampe trigrille de puissance du type spécial Philips pour-courant continu; ce poste est alimenté entièrement par le courant continu du secteur avec emploi d’un circuit de filtrage.
- C4 = 500 mmf.
- c. = 500 —
- C., = 200 —
- C* = 1.000 •—
- = 1 mf. PHILIPS 4221
- C« = 1 — •— 4221
- c7 = 3 — — 4223
- Cs = 3 •— — 4223
- C9 = 3 — — 4223
- Cto = 4 •— — 4224
- Cji = 5.000 mmf.
- Ci 2 = 4.000 —
- L,, Lo, = bobines d’accord.
- U = 5 Henrys.
- L» = 5 Henrys.
- = 0,1 mégohm.
- IL = 70 ohms.
- R-, = 400 ohms.
- R* = 1 mégohm.
- R» = 400 ohms.
- Rc = 0,1 mégohm.
- R. = 10.000 ohms.
- R« = 35.000 ohms.
- r9 = 1 .000 ohms.
- A = lampe à incandescence
- B = lampe régulatrice.
- Filtres pour courant continu, Établissements Joignet. Commulalrices, Établissements Melodium, 296, rue Lecourbe Paris (15e).
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- DISPOSITIF BON MARCHÉ POUR ÉTUVER LES TISSUS
- L’Industrie textile de mai 1930, p. 275, indique un dispositif simple et ne coûtant presque rien, pour développer à la vapeur les couleurs imprimées sur tissus, ce qui exigeait jusqu’ici des étuves spéciales et coûteuses.
- L’origine de cette étuve est curieuse et mérite d’être rapportée :
- L’I. G. Farben Industrie, vendant en Chine et en Extrême-Orient, des couleurs à la cuve, employant la méthyl-cellulose comme épaississant, avait de grandes difficultés à vendre ses produits, car aucun des tout petits teinturiers de ces pays, ne possédait de générateur de la vapeur d’eau exempte d’air nécessaire au développement des leu-cobases.
- Aussi imagina-t-elle le très simple appareil représenté ici.
- A est un tonneau pétrolier sur un trépied B.
- En C se trouvent trois tasseaux soudés sur les parois du tonneau.
- Sur ces tasseaux on pose une toile métallique grossière C’,puis en D, un feutre grossier, sur lequel on place les pièces à traiter enveloppées dans un linge grossier.
- L’espace entre les pièces et le- tonneau est rempli de sable.
- Quand l’eau entre en ébullition (il y en a seulement quelques centimètres), la vapeur exempte d’air traverse la toile métallique, le feutre et le sable,
- La fixation de la couleur a lieu, en même temps que la production des leucodérivés et l’impression est parfaite, à frais nuis ou presque. A. Hutin.
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- LIVRES NOUVEAUX
- Les progrès réalisés depuis cent ans dans les travaux publics, 1831-1931 (publication consacrée à la célébration des Annales des Ponts et Chaussées). 1 vol. illustré, 376 pages. A. Dumas, éditeur, 5, rue Jules-Lefebvre, Paris, 1931. Prix : 30 fr.
- Les Annales des Ponts et Chaussées, fondées en 1831 par l’illustre de Prony, fêtent leur centenaire par la publication d’un numéro spécial où sont exposés, outre l’histoire de l’Ecole des Ponts et Chaussées depuis 1931, les progrès réalisés depuis cent ans dans les travaux publics, c’est-à-dire dans les différentes branches d’activité du Corps des Ponts et Chaussées. Cette revue d’ensemble a été confiée à plusieurs rédacteurs éminents et a été l’occasion d’un certain nombre d’études réellement magistrales qui relèvent, bien entendu, la part considérable due aux ingénieurs français dans les progrès réalisés, mais sans négliger celle qui revient aux étrangers. Voici la liste des sujets traités : la résistance des matériaux et l’élasticité au cours du dernier siècle par P. Pigeaud; aperçu de quelques progrès de l’hydraulique générale par G. Mouret; liants hydrauliques, mortiers et bétons par R. Feret; les routes par Le Gavrian ; les voies ferrées par G. Colson ; la navigation intérieure par Natier et Parmentier; les travaux maritimes par Laroche; l’éclairage et le balisage des côtes par de Rouville; l’équipement électrique de la France par D. Eydoux; les grandes voûtes en maçonnerie par P. Séjourné ; les ponts métalliques, par G. Pigeaud; le béton armé et ses applications par A. Caquot; les grands barrages par G. Mercier.
- Mechanism of the Atomization of liquids , par R. A.
- Castelman. 1 brochure, 8 pages, 5 flg. U. S. Department of Commerce. Bureau of Standards, Washington, 1931. Prix: 5 cents.
- L’auteur, physicien de Bureau of Standards, entreprend ici une étude théorique du problème, si important aujourd’hui au point de vue industriel, de la pulvérisation des liquides par un jet d’air. Reprenant l’analyse de Lord Rayleigh, il en pousse plus loin les calculs en s’appuyant sur les observations de Sauter relatives à la dimension des gouttelettes, et il aboutit à des résultats concordant bien avec les constatations expérimentales.
- Eight Report of the Committee on contact cata-
- iy sis, par J. C. W. Frazer. National Research Council, Washington. Prix : 50 cents.
- Dans ce rapport, déjà publié en 1930 par le Journal of Physical Chemistry, l’auteur groupe et analyse les travaux les plus importants effectués en 1929 sur la catalyse par contact, l’adsorption, l’activation et les synthèses industrielles de composés organiques.
- La concentration des ions hydrogène, par A. Bou-taric. Fascicule XVI du Mémorial des Sciences physiques. 1 broch. in-8, 70 p., 10 flg. Gauthier-Villars, Paris, 1931. Prix : 15 fr.
- Nos lecteurs connaissent bien le talent d’exposition du professeur de la Faculté des Sciences de Dijon et ils ont pu le goûter à propos de cette question même. Ils la trouveront, ici tout aussi claire mais plus développée.
- Faune de France. 22, Mollusques terrestres et fluviatiles (2e partie), par Louis Germain. 1 vol. in-8, 425 p., 390 flg., 13 pl. Lechevalier, Paris, 1931. Prix : 150 fr.
- Nous avons dit maintes fois les qualités et l’utilité de la Faune de France. Nous avons dit aussi les mérites du travail de M. Germain à l’apparition, l’an dernier, du 1er volume des Mollusques terrestres et fluviatiles. C’est un groupe qui a beaucoup attiré l’attention des amateurs collectionneurs et a fourni nombre de listes locales. Mais la minutie des examens, et aussi le désir trop fréquent de créer des espèces nouvelles, ont abouti à multiplier les noms pour désigner les moindres variations, et il en est résulté une confusion croissante. M. Germain a su remettre l’ordre dans ce chaos, revoir toutes les observations antérieures, grouper les espèces en synonymie, revenir à une classification possible. La 2e partie qui paraît maintenant est consacrée aux Basommatophores, aux Monotocardes, Diotocardes et aux Pélécypodes.
- Problèmes de l'instinct et de l’intelliqence chez les insectes (insectes des tropiques), par le Major R. W. G. Hingston. Traduit de l’anglais par le Dr S. Jankélé-vitcii, 1. vol. in-8, 302 p., 37 fig. Bibliothèque scientifique. Payot, Paris, 1931. Prix : 25 francs.
- L’auteur a passé 17 ans dans les pays tropicaux; il fut le médecin et le naturaliste de l’expédition du Mont Everest. Partout, il observa les insectes et les araignées dans leur milieu et mérita d’être appelé « le
- Fabre des tropiques ». Voici sa moisson de découvertes, contée plus brièvement que par Fabre, mais tout aussi passionnante. 11 groupe un très grand nombre de faits nouveaux qui montrent la perfection, l’inflexibilité, le rythme de l’instinct, mais aussi ses limitations, ses erreurs, et encore les signes de l’intelligence, de la mémoire qu’on voit notamment chez les fourmis, les guêpes, et bien d’autres. Il pose ainsi les problèmes du psychisme chez les animaux inférieurs avec une précision, une netteté qui font de ce livre une très belle œuvre, vivante et sage.
- Elektroschutz in 132 Bildern, par le D1 Prof. Stefan Jellineck. 1 vol. in-4, 32 p., 132 pl. hors texte. Dcutscher Verlag fur Jugend und Volk, Vienne et Leipzig, 1931.
- Sous ce titre : protection contre l’électricité en 132 figures, le professeur de l’université de Vienne, à qui l’on doit tant de remarquables travaux sur les accidents d’électrocution, met en garde le public contre les multiples causes de courts-circuits dangereux à travers le corps humain, et aussi contre les causes de catastrophes imprévisibles pour ceux qui ne savent pas. Plutôt qu’un texte long et peu parlant, l’auteur a choisi une série de dessins, magnifiquement exécutés par des maîtres artistes; sur chacun, des flèches, des traits rouges montrent les contacts dangereux et les trajets à travers le corps. Ces dessins sont tellement vivants qu’ils se passent de commentaires et peuvent servir à l’instruction en tous pays. Ils représentent d’ailleurs tous des cas concrets, réels, observés. On y voit la longue série des accidents domestiques, des imprudences les plus fréquentes des enfants, des défauts d’installation à la ferme, aux champs, dans les rues, dans les usines, les courts-circuits causés par les animaux; les incendies et les explosions qu’ils provoquent complètent ce tableau qui devrait être montré partout, enseigné à tous, pour éviter tant d’électrocutions dont le nombre augmente à mesure que se multiplient les distributions et les emplois de l’électricité.
- Europe Centrale (Généralités — Allemagne), par Emm. de Martonne, Paris, A. Colin, 1931, collection « Géographie univer-. selle » gr. in-8, 379 p., 90 cartes et cartons dans le texte, 134 photos hors texte et deux cartes en couleur hors texte. Broché : 110 fr.
- Ouvrage de premier ordre, le meilleur sans doute de cette belle collection. Il débute par une synthèse de l’Europe Centrale; les chapitres consacrés à l’orographie (Alpes, Carpathes, Massif hercynien) sont particulièrement remarquables dans leur concision, ainsi que ceux qui traitent du peuplement et des nationalités. — L’Allemagne est étudiée par régions, avec un chapitre liminaire fort suggestif sur l’Etat et le peuple : travail très poussé, très complet et personnel, au courant des dernières recherches et des plus récentes' transformations. Une illustration originale met en relief les aspects les plus caractéristiques de la géographie physique et humaine. A signaler la carte géologique de l’Europe Centrale, d’un type nouveau, qui indique, outre les terrains, les failles, plis, gradins d’érosion, nappes de charriage, etc.
- L’évolution des idées et des mœurs américaines,
- par Firmin Roz. 1 vol. in-16, 291 p. Bibliothèque de philosophie scientifique. Flammarion, Paris, 1931. Prix : 12 fr.
- Bien documenté sur la vie et l’esprit des Etats-Unis, l’auteur analyse en quelques chapitres leurs manifestations actuelles : l’idéologie avec son idéalisme pratique, son romantisme spécial, son esprit national et démocratique; la prospérité industrielle et la paix sociale, avec les grandes organisations capitalistes, la philosophie du succès, le faible attrait du socialisme, les réactions religieuses et leur forme dans l’éducation; enfin les caractères du temps présent et les nouvelles tendances de l’organisation gouvernementale, de la politique, des mœurs, de la littérature. Cette enquête très sûre contribuera à nous faire comprendre la mentalité américaine et ses actuelles transformations.
- Essai de psychologie matérialiste, par René Guyon.
- 1 vol. in-16, 472 p. Alfred Costes, Paris, 1931. Prix : 20 fr.
- La matière étant donnée, tout le monde organique en peut sortir : et les lois qui la régissent, relevant de la physique et de la chimie, gouvernent, dominent et suffisent à expliquer tout le développement végétal et animal, y compris la psychologie, la volonté, l’intelligence. C’est un thème connu, sinon prouvé.
- Que faut-il penser des sourciers? par Ch. Jbbaru.s. j.
- 1 broch. in-8°, 31 p. Editions Spes, Paris, 1931. Prix : 2 francs.
- L’auteur se montre sévère, mais juste; il déblaie impitoyablement le terrain; il écarte tout ce qu’il y a de factice — voire d’un peu puéril — dans les procédés habituels. — Reste-t-il quelque chose après cette mise au net ? L’auteur indique toute une série d’expériences possibles — et souhaitables — qui seraient probantes si elles réussissaient.
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- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séances de min et de juillet 1931.
- PHYSIQUE
- Un four électrique en fluorine (MM. A. Damiens et L. Domange). — Un tel appareil permet d’opérer, en présence du fluor ou de l’acide fluorliydrique, à des températures supérieures à 1000°. Il comprend un tube de fluorine pure, creux, portant sur sa surface extérieure des sillons en spirale, pour recevoir les fils métalliques chauffant. Long de 30 cm, pour un diamètre extérieur de 21 mm et une épaisseur des parois de 10 mm, il demande une cuisson préalable d’une durée de 8 heures, à 1300°. Il est ensuite garni d’un fil de nichromc présentant une résistance de 3,2 ohms par mètre, pour un diamètre de 0,64 mm. Les soixante spires sont maintenues par une pâte de fluorine. Ainsi préparé, le tube est centré dans un tube de fer, d’un rayon intérieur de 15 mm; les espaces vides sont garnis avec de la poudre de spath-fluor, tassée régulièrement et, par deux tubulures latérales, aux ouvertures fermées par des joints de mastic, sortent les extrémités de la spirale de chauffage.
- Les extrémités du tube de fer sont raccordées par simple soudure à deux tubes de cuivre dont le diamètre se réduit progressivement sur une longueur de 10 mm. pour reprendre une forme cylindrique : l’une des extrémités est reliée avec, les divers appareils, qui varient d’une expérience à l’autre suivant les produits à recueillir; l’autre, aux bords soigneusement dressés pour le collage d’une plaque de fluorine transparente •— pour l’observation de l’intérieur du four et la détermination de la température par la mesure du rayonnement — porte un raccord latéral, avec pas de vis, s’adaptant par exemple sur l’appareil producteur de fluor. La partie centrale du four est enfin calorifugée par un épais revêtement d’amiante et, en cours d’opération, les deux soudures extrêmes sont arrosées par un courant continu d’eau froide.
- CHIMIE MINÉRALE
- Une nouvelle méthode de solubilisation du phosphate tricalcique (MM. P. Jolibois et G. Chaudron).'— L’emploi des superphosphates, obtenus par l’action de l’acide sulfurique sur les phosphates naturels, a été souvent discuté, car il augmente la dilution du principe fertilisant—P203— dans le produit fabriqué et entraîne le transport d’une substance acide. Les auteurs de la note soumise à l’Académie ont imaginé délibérer l’acide pliospliorique sous la forme d’un mélange de phosphate et de nitrate d’ammonium, le « sous-produit » constituant lui aussi un engrais de haute valeur, le nitrate de potassium.
- Le phosphate tricalcique, moulu, est traité en milieu légèrement acide, par du chlorure de plomb. Un précipité répondant à la formule Cl2Pb, 3 (P205,3Pb0) se sépare d’une liqueur de chlorure ClsCa qui peut tenir, à la fin de la réaction, 250 gr de ce sel au litre. Le chlorophosphate est alors repris par de l’acide nitrique assez concentré qui déplace l’acide P04H3, la solution pouvant arriver au titre de 300 gr d’anhydride P2Os au litre et le plomb passant à l’état de nitrate insoluble dans le milieu. Ce sel est alors traité par du chlorure alcalin, suivant la réaction: (NO5) “Pb + 2 C1K 2 NOsK -f CPPb.
- Le chlorure CPPb revient dans le cycle d’opérations, la solution de nitrate étant amenée à cristallisation. La solution d’acide phosphorique, qui contient un peu de nitrate, est neutralisée par l’ammoniaque, puis filtrée.
- C’est ainsi qu’en prenant comme matière première : Phosphate marocain 3 k'— acide chlorhydrique 0 k 5— Eau, 50 litres
- — chlorure de plomb (dont la récupération est totale) 6 1c
- — ac. azotique (d =1,32) 6 k.— Ammoniaque (à l’état NH3) 0,33 kg. on obtient : nitrate de potassium : 4 kg. — mélange de phosphate d’ammonium (1 kg 6) et de nitrate (0,1) : 1,7 kg.
- CHIMIE PHYSIQUE
- Uhydratation du sulfate de quinine (MM. Curie et M. Prost). — Cette opération s’accompagne d’un rayonnement, qui a été signalé par différents auteurs : Le Bon, Miss Gates, Mlle Chamié, de Broglie, Brizard, G. Schmidt... et dont l’étude est rendue difficile par son extrême facilité d’absorption.
- Les auteurs ont modifié le processus habituel — le sel placé sur une électrode de la chambre d’ionisation — et opéré dans une enceinte vide d’air qui pouvait être mise en communication avec une source de vapeur d’eau à basse pression (glace maintenue à —15°). Une faible couche de sulfate était disposée en un disque de 4 cm de diamètre (densité 12 mg par cm2) au-dessous d’une paire d’électrodes distantes de 2 cm. L’une de ces électrodes était une grille permettant l’accès du rayonnement et reliée à un dispositif de mesures (électromètre et quartz piézoélectrique) ; l’autre était portée à un potentiel de 200 volts.
- A la pression de vapeur de 1 mm, les auteurs ont observé un parcours de rayonnement supérieur à 1 mm, et cela semble indiquer que, dans l’air, à la pression atmosphérique, le parcours est de l’ordre du millième de millimètre. Un tel dispositif, suivant MM. Curie et Prost, doit permettre l’étude du rayonnement, en particulier par l’action d’un champ magnétique. On peut admettre l’existence d’un rayon ultraviolet ionisant très absorbable, ou même le départ simultané de charges positives et négatives, sans projection de matière, comme pour l’oxydation du phosphore. On pourra sans doute préciser aussi le rapport de la quantité d’électricité dégagée pendant l’hydratation au nombre de molécules hydratées, rapport que les expériences de Mlle Chamié présentent comme très faible.
- GÉOLOGIE
- L’évolution du littoral et la formation des tombolos dans la région de Paimpol (C.-du-N.) (M. Y. Milon). —
- On sait que E. de Martonne a pris une telle région comme type des côtes à rias bretonnes et décrit l’œuvre de l’érosion marine qui, dans les roches cristallines, travaillerait en formant, outre des péninsules rocheuses, des criques arrondies. Les géologues ont en général exagéré l’action érosive de la mer sur les granits, et M. Cayeux a mis en évidence la faible valeur de son taux séculaire. C’est la répartition des dépôts quaternaires superficiels : head-limon, boue, qui entraîne la formation des anses arrondies, en colmatant et en masquant ainsi les irrégularités du substratum rocheux. Or ce n’est pas dans le granité que les anses sont creusées. La répartition des galets dans ces criques s’attribue, non seulement à l’action des courants actuels, mais aussi à la présence ou à l’absence, en falaise, d’amas plus ou moins abondants de head ou de galets quaternaires. L’affoùillement du revêtement des dépôts sur les pointes rocheuses dégage fréquemment des îlots ou écueils, reliés aux falaises par des coulées de blocaux de solifluxions. Parfois, des blocs de head, s’éboulant, viennent relier les îlots au littoral et certains, usés et polis par la mer, s’y transforment en galets. Sous leur placage, on peut retrouver cependant les blocs de la coulée pierreuse primitive. C’est là l’origine d’un grand nombre de petits tombolos, de la côte de l’Arcouet, et la mer a simplement poli des matériaux que des coulées de boue ont transportés au temps monastérien.
- En résumé, M. Yves Milon estime que les mêmes matériaux sont fréquemment repris, le long du littoral, dans plusieurs cycles successifs et que, pour expliquer l’évolution récente du littoral breton, il faut retrouver les grandes lignes de l’histoire quaternaire, sans l’expliquer par l’érosion marine et le seul jeu des causes actuelles. Paul Baud.
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- NOTES ET INFORMATIONS
- TRAVAUX PUBLICS
- L’hygiène des travailleurs indigènes dans les mines, du Katanga (Congo belge).
- L’Union Minière du Iiaut-Katanga, pour l’ensemble de ses
- Fig. 1. — Un camp indigène de Prince-Léopold.
- entreprises, occupe près de 20 000 travailleurs, dont 17 000 noirs.
- Le recrutement et l’organisation de cette énorme main-d’œuvre noire sont des questions de la plus haute importance dans un pays aussi peu peuplé que le Katanga. Le recrutement a lieu dans d’autres parties du Congo ou dans les tei’ritoires limitrophes de la Rhodésie et d’Angola.
- Pour économiser cette main-d’œuvre, la société s attache à développer de plus en plus l’emploi de tous les moyens mécaniques remplaçant le travail manuel. Le portage, grand gaspilleur de main-d’œuvre dans toute l’Afrique, a été complètement supprimé.
- Les mines éloignées sont reliées au rail par des voies car-
- Fig. 3. — Le bain journalier des nourrissons à l’hôpital indigène de Panda.
- rossables où les transports se font par automobiles et celles de création récente sont équipées suivant les derniers progrès de la technique, de façon à n’utiliser qu’un nombre minimum d’indigènes.
- Pour assurer l’hygiène et le confort de cette population noire, la société n’a reculé devant aucune dépense; des camps modèles ont été construits, avec hôpitaux, et de façon à avoir en tous temps des vivres frais, des plantations ont été faites aux alentours des camps.
- Cette politique a déjà porté ses fruits; plus du tiers de l’effectif total est constitué par des travailleurs fixés à demeure, qui dans les camps retrouvent ainsi le milieu familial du village natal; et pour stabiliser encore davantage cette population et l’entraîner à ce qu’on attend d’elle, des écoles ont été créées. L’une d’elles, établie à Ponda, principal centre industriel de la Société, est une véritable école professionnelle pour former des artisans dans toutes branches.
- De grands efforts sont faits pour faire régner la moralité dans les camps, ceci avec le concours des missions catholiques, et de façon à développer la natalité; outre de nombreux avantages pour les travailleurs mariés, l’Œuvre de la Protection de l’Enfance noire fonctionne comme les Œuvres de la Goutte de Lait en Europe.
- Fig. 2. — Hôpital indigène à Lubumbushi. (Goutte de lait, pesée des enfants.)
- C’est là un bel exemple de colonisation bien organisée et réfléchie.
- Partout, il faudrait s’en inspirer, si l’on veut conserver la main-d’œuvre indigène disponible actuellement et l’augmenter dans l’avenir.
- Ne pas séparer le travailleur nègre de sa. femme et de ses enfants et les installer tous ensemble au point où on veut les utiliser;
- Leur assurer une alimentation rationnelle, un minimum de viande et de légumes frais, et pour cela organiser dans chaque exploitation les cultures vivrières et l’élevage;
- Faire disparaître les grandes endémies tropicales : maladie du sommeil, pneumonie, fièvre jaune, trachome, etc. et assurer aux enfants une hygiène suffisante pour favoriser leur développement.
- Telles sont les règles dont on ne devrait plus pouvoir s’écarter dans aucune des colonies en pays noir.
- V. Charrin.
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- PETITES INVENTIONS
- CHAUFFAGE L’eau chaude partout.
- Depuis quelques années, on a réalisé de nombreux réservoirs d’eau chaude qui permettent d’accumuler de la chaleur, soit pour se chauffer, soit pour les nettoyages du corps comme de la vaisselle, il y fallait seulement une source de chaleur : gaz ou électricité. Pour la campagne, les colonies, on vient d’imaginer un nouveau type d’accumulateur d’eau chaude qui ne nécessite aucune canalisation. Le chauffage y est réalisé par un brûleur à essence à 4 becs, du système Tito-Landi à flamme bleue, placé au-dessous d’un réservoir d’eau de 120 litres, soigneusement calorifugé. Un litre et quart d’essence suffit pour porter la masse d’eau vers 75°. L’opération dure un peu plus de 4 heures.
- Dans le type colonial, le plus simple, on remplit le réservoir par un bouchon placé à la partie supérieure; l’eau chauffée s’écoule par un robinet qui permet de remplir une baignoire; un thermomètre indique la température. C’est un grand progrès
- Fig. 1. — L’« Otermal » colonial el l\ Otermal » rural.
- sur les chauffe-bains à bois ou à charbon, beaucoup plus encombrants et qui doivent être allumés au moment même du besoin.
- Le modèle rural, un peu plus complexe, peut être branché sur une canalisation d’eau courante et donner à volonté, par mélange, de l’eau plus ou moins chaude ou tiède à une baignoire, des lavabos, un évier, etc.
- L’Otermal-colonial et l’Otermal rural sont vendus par la Société Crystal, 15, rue Hégésippe-Moreau, Paris, 18e.
- OBJETS UTILES
- Boutons de sûreté pour vêtements.
- Il peut être utile de garantir les poches intérieures, celle où l’on met le portefeuille, par exemple, des méfaits des pickpockets. Il existe des systèmes plus ou moins compliqués avec pattes supplémentaires, chaînes, etc., dont l’application n’est pas toujours pratique sur des vêtements ordinaires.
- Un modèle de bouton, imaginé récemment, permet de résoudre simplement ce problème.
- Ce bouton s’applique sur le vêtement comme un bouton ordinaire et se combine avec une boutonnière qui est prévue sur la poche elle-même ou sur sa patte suivant le cas.
- Le patin et la tête du bouton sont reliés par deux tiges
- Fig. 2. — Mécanisme du bouton de sûreté pour vêtements.
- parallèles ou par une tige plate perforée. On a ainsi un écart suffisant pour passer l’organe verrouilleur, qui retient la tête du bouton sur la boutonnière après que le système de verrouillage est placé.
- Un modèle simple d’organe verrouilleur est un anneau brisé de forme particulière, dont une extrémité est en retour d’équerre avec une entrée et une chape.
- On boutonne la poche comme à l’habitude, puis on présente l’entrée de l’anneau sur la tige supérieure du bouton et, par une petite traction, on écarte les branches de l’anneau de manière qu’elles puissent franchir la première tige et se refermer alors entre les deux tiges. Cela fait, on tourne l’anneau pour que la chape s’engage sur la tige inférieure du bouton qui se trouve ainsi verrouillé.
- Pour enlever ultérieurement l’anneau, on amène son entrée contre la tige inférieure du bouton et on tire de haut en bas l’anneau que l’on tient entre deux doigts.
- Dans un autre système, qui utilise toujours le bouton, on emploie une pince élastique en fil d’acier qui présente deux branches courbes avec un intervalle, comme l’indique le croquis. On peut appliquer ce système de sûreté à toute fermeture et on pourrait même à la rigueur remplacer l’organe de verrouillage par un petit cadenas, qui donnerait alors une sécurité plus grande encore, puisqu’il faudrait disposer de la clé pour libérer le bouton et déboutonner la fermeture, sans l’arracher.
- Inventeur : M. Rodrigo, 57, avenue Marceau, à Paris.
- Couvercle amovible « Paramount ».
- Ce type de couvercle n’est pas seulement adopté par les consommateurs de moutarde, confiture, etc., pour son élégance seule, bien qu’il soit un agréable ornement de table, mais aussi parce que c’est un ustensile pratique. Par son usage, en effet, il supprime un transvasement fastidieux et parfois malpropre, puisqu’il permet d’utiliser sur la table la plus élégante les flacons d’origine sans avoir l’obligation de retirer et replacer des bouchons souvent souillés; en outre, il évite de se servir d’un couteau, étant livré avec une pelle très pratique.
- Son entretien ne nécessite que l’emploi d’un linge humecté d’eau tiède puré pour les parties en galalithe et additionnée d’un peu de blanc d’Espagne pour le collier et le boulon d’assemblage qui sont d’un métal blanc de facile entretien. Sa pose et sa dépose n’offrent aucune difficulté, qu’il s’agisse de flacons ronds ou carrés.
- Fabricants : Klingelhoffer et Cio, 29 rue Chaptal, Paris (IXe).
- Fig. 3. — Couvercle amovible « Paramount ».
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- BOITE AUX LETTRES
- QUESTIONS ET RÉPONSES
- Choix d’un poste récepteur.
- Vous pouvez trouver dans nos chroniques de « Radiophonie pratique », et dans de nombreux manuels de T. S. F., en particulier dans La Pratique radio-électrique (Masson, éditeur), des détails nombreux sur le choix d’un poste récepteur radiophonique. A l’heure actuelle, le modèle-type de poste qui convient le mieux à un usager est sans doute le poste-secteur à lampe à chauffage indirect, alimenté entièrement par le courant d’un secteur alternatif. Ce type d’appareil convient dans la majorité des cas, à moins que 1 installation ne soit située trop près d’une source intense de parasites industriels et à condition surtout que l’usager veuille bien se contenter d’un poste de sensibilité moyenne. Notre numéro spécial de T. S. F de septembre contenait, d’ailleurs, des renseignements utiles sur l’emploi actuel des postes-secteur.
- Étant donné pourtant que vous ne voulez consacrer à l’achat de cet appareil qu’une somme relativement minime de l’ordre de 1200 à 1500 fr au maximum, nous ne pensons pas qu’il y ait intérêt pour vous à essayer de vous procurer pour ce prix un poste sensible à multiples étages à haute fréquence ou même à moyenne fréquence, et il serait bien préférable què vous vous contentiez d’un poste du type local comportant, par exemple, une lampe détectrice à chauffage indirect, une lampe de puissance, et une valve de redressement. Nous avons décrit dans le numéro déjà cité plusieurs modèles de ce genre qui permettent d’obtenir de bons résultats, et surtout assurent une réception de qualité musicale satisfaisante, ce qui est déjà un avantage essentiel, à l’heure actuelle. Sans doute, un tel appareil n’est-il pas très sélectif, et ne peut permettre la réception des émissions européennes qu’à condition d’utiliser une antenne extérieure, ou, tout au moins, un fil du secteur comme collecteur d’ondes, dispositif dont on ne peut indiquer a priori les qualités radio-électriques; en particulier, un tel poste ne permet pas la réception sur cadre. Nous pensons pourtant qu’il ne faut pas être trop exigeant et ne pas espérer obtenir un poste de prix très modique possédant à la fois tous les avantages d’un poste moderne. C’est pourquoi nous conseillons, en général, aux usagers qui veulent consacrer à l’achat d’un poste une somme relativement mo tique de se contenter d’un appareil d’un type local. Remarquez, d’ailleurs, que les dispositifs d’alimentation par le courant d’un secteur, quels que soient leurs principes, sont nécessairement plus coûteux que les systèmes d’alimentation par batteries.
- S’il vous était donc indifférent d’utiliser des batteries d’accumulateurs pour le chauffage, et des piles ou des accumulateurs pour l’alimentation plaque, vous pourriez obtenir pour une somme équivalente un poste à changement de fréquence, à cinq lampes par exemple, fonctionnant sur cadre, et permettant la réception de toutes les émissions européennes avec une sélectivité plus « poussée ».
- Réponse à M. Martin, à Bruxelles (Belgique).
- Le bruit d’aiguille dans les récepteurs.
- Nous avons déjà donné des indications sur les causes du bruit de surface dans les phonographes à disques, dans nos « Chroniques de Phonographie » et dans Le phonographe et ses merveilleux progrès (Masson, éditeur). Ce « bruit d’aiguille » est produit par les vibrations parasites de la pointe de l’aiguille actionnée par des irrégularités de la surface du fond du sillon. Ces irrégularités proviennent d’un « grain » trop gros de la matière constituant la surface du disque, ou de défauts correspondants de la matrice métallique qui a servi au pressage des disques-épreuves. L’intensité de ce bruit dépend donc de la nature du disque (et, en particulier, elle est beaucoup moins sensible dans les disques souples en acétate de cellulose), du type d’aiguille employée et aussi du montage de l’armature vibrante du diaphragme ou du pick-up. En effet, ces vibrations parasites sont surtout verticales et non transversales; un montage très précis du pivot de l’armature permet donc de les atténuer.
- Pour un disque déterminé, on peut donc essayer de diminuer l’intensité du bruit de surface en changeant le type d’aiguille et en particulier en réduisant la pression exercée par la pointe, c’est-à-dire en choisissant une aiguille de diamètre plus grand, non métallique, s’il
- y a lieu, par exemple, cylindro-conique en corne, et en amortissant, s’il est possible, les vibrations de l’armature vibrante.
- Si le système de reproduction phonographique est électrique, on peut, en outre, essayer de monter soit entre le pick-up et l’amplificateur phonographique, soit à la sortie de l’amplificateur phonographique lui-même, un filtre qui s’oppose au passage des courants musicaux de fréquence correspondant à ces vibrations parasites. Un tel filtre est composé généralement très simplement par un bobinage avec ou sans fer, et par une capacité de quelques millièmes de microfarad. Remarquons, d’ailleurs, que l’emploi d’un transformateur de couplage entre le pick-up et la première lampe de l’amplificateur est intéressant, non seulement pour adapter au mieux les caractéristiques du pick-up aux caractéristiques de la lampe, mais encore parce qu’un choix et un emploi raisonné de ce transformateur permettent de produire un effet de filtrage assez marqué des bruits de surface. Vous pouvez trouver quelques détails dans le livre déjà cité, et nous aurons l’occasion de revenir sur cette question importante dans nos chroniques de phonographie. Réponse à M. Pujol, à Toulouse.
- De tout un peu.
- M. Laplace à Challes-les-Eaux, Savoie. — Vous trouverez tous renseignements dans les ouvrages suivants : Insecticides et para-siticides agricoles par Larbaletrier. — Entomologie et parasitologie agricole de l’Encyclopédie Wery, éditeur Baillière, 19, rue Haute-feuille.
- M. Dalet à Toulouse. — La mixture suivante vous donnera très probablement satisfaction pour le brillantage des métaux.
- Oléine du commerce.............. 220 grammes
- Ammoniaque liquide à 22°. ... 55 —
- Essence minérale................ 525 —
- Kaolin pulvérisé................ 200 —
- Verser peu à peu en remuant l’ammoniaque dans l’oléine, incorporer ensuite le kaolin, finalement amener à consistance voulue par l’essence dont la quantité peut varier à volonté sans modifier sensiblement l’aptitude au brillantage.
- M. Le Dr Ménager, à Jurançon. — Vous pourrez facilement préparer une bonne colle à la caséine en prenant :
- Chaux éteinte tamisée................30 grammes
- Carbonate de soude crist. pulvérisé 20 —
- Caséine..............................50 —
- Mélanger et délayer au moment de l'emploi dans une quantité d’eau tiède suffisante pour obtenir après malaxage la consistance voulue.
- Cercle des officiers de Marrakech. — La galalithe étant à base de caséine, le recollage des objets cassés s’effectue facilement en se servant d’une colle ayant la caséine comme liant. La formule ci-dessus convient parfaitement dans ce cas.
- M. Marcotte à Mèzières. -— Pour réaliser une peinture résistant à la chaleur, il suffit d’employer comme liant le silicate de soude; dans cet ordre d’idées, vous pouvez prendre comme type de préparation, la formule suivante :
- Blanc de zinc...................... 300 grammes.
- Sulfate de baryte.................. 300 —
- Silicate de soude à 40 %........... 200 —
- Eau ordinaire . .................. 200 —
- Le blanc de zinc et le sulfate de baryte servent de « fond » on peut ensuite le teinter avec une couleur minérale, par exemple le vert Guignol, l’ocre jaune ou rouge, le noir, etc., voire même l’aluminium en poudre si on désire une peinture d’aspect métallique.
- Bien entendu, si on force la dose pour augmenter l’intensité du coloris, il faut diminuer d’autant les blancs de fond.
- M. Favraisse à Bellenglise. ;— Nous avons donné toutes les indications utiles dans les noS 2838, page 144 et 2856, page 421; il n’est nullement besoin de tracer les petits carreaux à la pointe sèche, puisque ce doivent être les fils chaîne et trame de la toile à voile qui produisent les reliefs cherchés.
- 2° La gomme Kauri est d’un usage, courant dans la fabrication des vernis; vous en trouverez chez la plupart des marchands de couleurs de grandes villes.
- i38i. — Paris. Imp. Lahure — 1-10-1931.
- Le Gérant : G. Masson.
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- LA NATURE
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- Un an . Six mois
- 90 fr. 45 fr.
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- N° 2867
- LA NATURE
- 15 Octobre 1931
- LES CIVILISATIONS ÉTEINTES EN INDOCHINE
- LES CHAMS
- L’Indochine française est une énigme ethnographique que nos savants de l’école française d’Extrême-Orient s’efforcent de résoudre, labeur écrasant que compliquent
- dans la partie de cette .péni Parmi les tribus primitives fi2i ret que nous englobons sou^.^t®n^5
- ous administrons, nées à la barbarie) Mois, il en est chez
- Fig. 1. — La pagode de la Montagne de Marbre, près Tourane, ancien sanctuaire Chain.
- le nombre et la diversité des races autochtones. Il suffit de jeter le regard sur une carte pour comprendre que la vaste péninsule, arrosée par de puissants fleuves dont les cours remontent jusqu’au cœur du continent asiatique, fut jadis sillonnée par les grandes routes de migration qu’empruntèrent les allées et venues des peuplades, entre l’Inde, la Chine et la Malaisie, ces trois réservoirs d’humanité.
- Nombreuses furent les civilisations qui s’épanouirent
- lesquelles nous retrouvons aujourd’hui les résidus de cultures qui furent peut-être brillantes. Mais ces foyers étaient déjà éteints, quand s’allumèrent deux civilisations qui allaient jouer un rôle considérable dans l’histoire de l’Extrême-Orient : celle des Chams et celle des Khmers. Nous ne nous occuperons ici que de la première, un peu plus ancienne que, la seconde, bien qu’elles semblent s’être développées parallèlement.
- Une futilité orthographique fait que les ethnographes
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- Fig. 2. -— La petite pagode de la Montagne de Marbre.
- ne se sont pas mis d’accord sur le nom de ce peuple, que l’on écrit Cham, Tsiam, Chiam, Tjame, Tchame, Tscham, mais qu’il faut prononcer dame, d’après la phonétique des survivants de ce même peuple. Adoptant la première de ces formes, voyons d’abord quelle est l’origine des Chams.
- Leur langue appartient à la famille linguistique malaise. M. J. Deniker précise dans Les Races et les Peuples de la Terre (*) qu’elle rappelle certains idiomes des Philippines. Dans son très intéressant ouvrage, les Chams et leur Art (s), Mme Jeanne Leuba, qui les a étudiés sur le vif, résume ainsi l’opinion des philologues qui se sont occupés de cette langue, telle qu’elle est parlée de nos jours :
- «... Elle est constituée d’un fond malais, d’une quantité de termes étrangers, et d’éléments pris aux dialectes des peuplades dites.« sauvages » d’Indochine; on y trouve du polynésien, du khmer, de l’annamite, du sanscrit et de l’arabe... »
- A quelle époque les Chams émigrèrent-ils de Malaisie
- 1. Librairie Masson et Cie.
- 2. G. Van Oest et Cie, éditeurs, Paris.
- Fig. 3.— Ruines de temples Chams à Qui Nhon (Annam).
- pour se fixer dans le sud de l’Annam ? Sur ce point, nous en sommes réduits à des conjectures. Il est probable que la migration s’effectua par vagues successives et que les premières doivent dater au moins, de six siècles de l’ère ancienne. Les annales chinoises (auxquelles il faut avoir constamment recours pour obtenir quelques informations sur la préhistoire indochinoise) nous révèlent pour la première fois, en l’an 214 av. J.-C., l’existence de ce peuple, quand un empereur de Chine voulut se débarrasser de ses sujets «indésirables » en les envoyant conquérir les territoires que nous appelons aujourd’hui le Tonldn et l’Annam.
- Vers la même époque, des aventuriers venus de l’Inde, probablement par la voie de mer, s’établirent dans le sud de l’Annam et y fondèrent un royaume, qui reçut le nom sanscrit de Kauthara. Ils apportaient aux Chams tous les avantages de la civilisation hindoue; et ce fut grâce à elle, comme aussi au rapide mélange entre les deux éléments ethniques, que se fonda, vers le xie siècle de notre ère, le Champa (ou royaume des Chams), qui entra aussitôt en lutte avec les Chinois.
- Nous n’avons pas la prétention d’exposer ici l’histoire de ce peuple, qui passa la majeure partie de son existence à guerroyer, tout en trouvant le temps d’édifier des villes, des palais et des temples dont les ruines provoquent notre admiration.
- Ce fut d’abord une guerre de près de huit siècles entre Chams et Chinois, avec des alternatives de victoires et de défaites pour les deux adversaires. Elle prend fin au cours du xe siècle, quand le Champa, délivré de la tutelle des Célestes, qui en occupaient la partie septentrionale, recouvre ses frontières naturelles vers le nord.
- Mais de nouveaux dangers surgissent presque aussitôt. Secouant le joug chinois, le Tonldn s’est donné une dynastie nationale. Des querelles éclatent entre les deux voisins. Vainqueurs, les Tonkinois dévastent le Champa, détruisent sa capitale, ramènent chez eux 50 000 prisonniers. Les Khmers (Cambodgiens) attaquent bientôt les Chams par derrière ; heureusement, ceux-ci trouvent en leur roi Harivarman un homme de génie qui triomphe de tous leurs ennemis, et sous le règne duquel refleurissent les arts.
- En 1260, la Chine, tombée sous le joug des Mongols, veut tenter de nouveau de conquérir toute l’Indochine. Après une occupation de quelques années, les troupes chinoises sont défaites par les Chams et regagnent leur pays. Ce fut à cette époque que Marco Polo visita le Champa, auquel il consacre une brève description dans ses écrits : il note, entre autres détails, que le roi avait 326 enfants, tant fds que fdles.
- Cependant, les Tonkinois (ou Annamites) ont continué à grignoter, par le nord, le malheureux royaume, qui a parfois de beaux sursauts de résistance : vers la fin du xive siècle, sous la conduite d’un roi guerrier, les Chams portent la guerre chez leurs ennemis et les battent jusque sous les murs de Hanoï, leur capitale.
- Mais la fortune des armes les abandonne finalement. En 1471, les Annamites s’emparent de Chaban, la capitale du Champa, y commettent d’horribles massacres, démembrent le royaume. En 1509, nouvelles hécatombes,
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- à la suite d’un soulèvement. Et l’histoire du Champa n’est plus qu’une suite de rébellions cruellement réprimées. En 1822, le dernier roi des Chams, ne pouvant plus supporter les persécutions des Annamites, s’exile au Cambodge, avec plusieurs milliers de ses sujets. C’en est fait du Champa : le nom même d’un royaume qui eut ses siècles de gloire disparaît de la mémoire des hommes...
- Que reste-t-il de ce peuple ? 11 en reste des « ruines » humaines, dont je parlerai tout à l’heure; mais il en reste aussi tout un ensemble de monuments qui, certes, ne peuvent soutenir la concurrence d’Angkor, mais dont on ne saurait trop vanter la beauté grandiose.
- Le groupe le plus important est celui de My-Son, dans la province de Quang-Nam, au sud-ouest de Tourane. M. H. Parmentier, le savant archéologue de l’école française d’Extrême-Orient, lui a consacré de laborieuses études et a pu déterminer l’âge des 68 édifices disséminés dans ce cirque naturel, survivance d’une ville sainte que les Chams fondèrent au ive siècle de notre ère.
- Ces ruines comportent huit temples, aux salles de dimensions grandioses, et dont les bas-reliefs, assez bien conservés, sont d’une richesse et d’une finesse exceptionnelles. Mme Jeanne Leuba, archéologue très averti, parle avec enthousiasme de certaines de ces miniatures, l'véritables petits bijoux d’art, bien supérieurs à tout ce que le Champa et le Cambodge ont produit... ».
- C’est à My-Son que l’on trouve les plus belles tours, monuments dont la hauteur varie entre 10 et 40 mètres et qui sont l’une des caractéristiques de l’art architectural des Chams. Construites d’énormes briques cuites, elles abritaient des idoles brahmaniques; parmi celles que l’on a retrouvées, plusieurs sont de véritables chefs-d’œuvre de la statuaire.
- Beaucoup de ces temples, qui parsèment l’Annam depuis Hué jusqu’à la frontière de Cochinchine, ont été profanés au cours des cinq ou six derniers siècles, par des Annamites en quête de trésors cachés. Nos archéologues ont eu plusieurs fois la chance de découvrir, dans les fondations de tours que n’avaient pu fouiller ces détrousseurs, des cachettes habilement dissimulées contenant des objets du culte brahmanique et des bijoux d’une facture exquise. Les Chams s’entendaient admirablement à travailler les métaux précieux. Ils n’étaient pas moins habiles à couler des statues de bronze et à tisser des étoffes, dont quelques échantillons nous sont parvenus.
- Le Musée de Hanoï a recueilli de nombreux et fort beaux spécimens des arts Chams. Tourane possède, de son côté, un musée Cham que l’on avait enrichi d’un grand nombre de statuettes et bas-reliefs trouvés dans les ruines de My-Son et de Tra-Khiêu. Le Guide de VAnnam, excellent ouvrage de M. P. Eberhardt (*), nous apprend que ce musée de Tourane, « n’étant ni clôturé ni surveillé, et ayant été, à diverses reprises, l’objet d’actes de vandalisme que l’on ne sut ni empêcher ni réprimer, tend à offrir de moins en moins d’intérêt... ».
- Que sont devenus les Chams ? Et, d’abord, quel est leur nombre ? Sur ce dernier point, les statistiques et recensements nous promènent entre ces deux extrêmes :
- 1. Chez A. Challamel, éditeur, Paris.
- Fig. 4. — Les Tours Chams de Qui Nixon, sur les ruines desquelles les troupeaux paissexxl.
- 150 000 et 50 000. L’ouvrage de Mme Jeanne Leuba nous apprend qu’ils sont disséminés par villages dans quatre pays : en Annam méridional, dans les vallées de
- Fig. 5. — Jeune fille Cham.
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- Fig. 6. — Vieille femme Chams.
- Phanri et de Phanrang, ainsi que dans la plaine de Phan-tiêt; en Cochinchine, dans les deux localités de Tây-ninh et de Châu-doc; au Cambodge, près de Kampot et de Battambang; au Siam, dans les environs de Bangkok et sur les rives du golfe de Siam.
- Malgré cette dispersion géographique, qui a rompu toutes relations suivies entre les divers contingents, les Chams, qui ont toujours refusé de se mélanger par des mariages avec leurs vainqueurs, conservent partout les caractéristiques physiques qui permettent de les identifier d’un coup d’œil dans une foule indochinoise.
- En dépit de leur origine malaise, on dit d’eux que, par leurs traits, ils se rapprochent beaucoup plus de l’Européen que les Cambodgiens et les Annamites.
- Mme Jeanne Leuba, qui a vécu quelque temps parmi eux, et qui leur témoigne une sympathie profonde en raison de leurs malheurs, nous décrit l’existence de cette race déchue, vraisemblablement condamnée à s’éteindre avant peu, malgré la protection dont l’entourent les autorités françaises.
- Les Chams ont conservé beaucoup de leurs coutumes ancestrales. A l’encontre de ce que l’on voit chez les autres populations indochinoises, la femme est la maîtresse du logis et son autorité s’exerce sur le village. Ce sont les jeunes filles qui choisissent leur époux : la demande en mariage leur incombe. La première femme accorde ou refuse au mari le droit de pratiquer la polygamie. Ce sont généralement les femmes qui demandent le divorce; et c’est encore par elles que se transmettent les héritages, droits de filiation et culte des ancêtres.
- Ce peuple, dont l’histoire n’est qu’une longue série de guerres, est le moins batailleur au monde. Une paix absolue règne dans leurs villages, que ne troublent nuis bruits de querelles ou de rixes. Le vol est inconnu : paillotes et greniers se passent de serrures. Si les femmes se cachent à la vue d’un étranger, les hommes l’accueillent avec politesse : de leur gxandeur passée, les Chams ont conservé une humeur fière qui, semble-t-il, s’est accentuée, depuis que notre protection les a soustraits aux persécutions des Annamites.
- Hélas ! Cette fierté ne les empêche pas d’être d’une saleté parfois repoussante. Ils ignorent les exigences de l’hygiène et les bienfaits des ablutions corporelles : et la mortalité infantile est considérable chez ces civilisés retombés à un état voisin de la barbarie. Le fait est d’autant plus navrant que la stérilité des femmes Chams est aussi stupéfiante, selon l’expression de Mme Jeanne Leuba, que la fécondité des femmes Annamites :
- « Le chiffre de huit, dix, douze, et parfois quatorze rejetons, que compte un ménage annamite, suffirait souvent à exprimer le nombre de tous les enfants d’un village de Chams...'
- Deux religions sont pratiquées chez les Chams : ceux de l’Annam sont restés fidèles au brahmanisme, tandis que ceux du Cambodge professent l’islamisme. Dans un cas comme dans l’autre, le culte s’entoure de pratiques et de superstitions qui le rendent quasi méconnaissable.
- Les Chams brahmanistes ont leurs prêtres et leurs prêtresses, leurs sorciers et leurs sorcières. Leurs temples sont ces tours de briques (ou halans) dont nous avons parlé, qui furent édifiées par leurs ancêtres. Les divinités du panthéon brahmaniste (Civa, Brahma, Vich-nou, etc.) ont cédé la place à un grand nombre de dieux et de déesses, dont quelques-uns portent les noms des anciens rois de la période glorieuse, tandis que d’autres ont été empruntés aux Mois, leurs voisins et alliés.
- Garderaient-ils rancune à leurs anciennes idoles pour avoir assisté, impuissantes, à leurs
- Fig. 7. — Musiciens Chams.
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- malheurs nationaux ? On serait tenté de le croire en les voyant négliger celles qui ont survécu dans les temples et adorer de préférence des jnerres rondes ou triangulaires, qu’ils posent sur de primitifs autels édifiés d’éclats de roche.
- Une décadence non moins profonde s’observe dans l’islamisme. La mosquée Cham n’est plus qu’une paillote, entourée d’une enceinte de pieux et pourvue de grandes jarres d’eau et de pierres plates servant aux ablutions des prêtres et des fidèles. Le jeûne du Rama-dhan, réduit à trois jours, n’est plus observé que par les imans (prêtres) qui, n’ayant aucune connaissance de la langue arabe, récitent de mémoire les formules coraniques, transmises de génération en génération, et qu’ils écorchent d’une façon effroyable. La circoncision se borne à une
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- cérémonie purement symbolique. Seule, la défense de manger de la viande de porc s’est maintenue, ce que l’on ne saurait dire de celle qui interdit de boire de l’alcool.
- Après avoir arraché les Chams au rude joug des Annamites, la France s’est noblement efforcée de régénérer cette malheureuse race. Elle leur a rendu leur autonomie administrative : hameaux et villages sont groupés en cantons qui élisent leurs maires et leurs notables, et les cantons à leur tour forment des huyêns (ou départements), régis chacun par un mandarin Cham.
- Mais quelles forces humaines pourraient arrêter la décadence d’un peuple que la rareté de ses naissances condamne à disparaître avant longtemps ?..
- Victor Forbin.
- LES MÉTHODES GÉOPHYSIQUES
- DE PROSPECTION DU SOUS-SOL
- L’écorce terrestre, qui flotte sur un magma central igné, a une épaisseur qui ne doit pas dépasser 30 km. C’est dire qu’elle constitue une pellicule extrêmement mince dont on peut avoir une représentation approchée en imaginant une sphère de 10 cm de rayon recouverte d’une couche d’un demi-millimètre d’épaisseur. Aussi est-il véritablement miraculeux que cette pellicule ne se fendille pas, ne crève pas plus fréquemment sous l’influence des déformations du noyau central plastique en voie de solidification lente. Les failles, les plissements géologiques, témoins des dislocations anciennes, n’ont été, malgré leur grandeur à notre échelle humaine, que d’imperceptibles frissons de la croûte terrestre.
- Si peu épais que soit le sol que nous foulons, nous en connaissons mal la structure profonde. La géologie, par l’observation des affleurements superficiels des terrains, leur succession, le pendage des couches, etc., peut prévoir une structure probable du sous-sol. Parfois les sondages permettent de vérifier, expérimentalement pourrait-on dire, les conclusions géologiques. C’est ainsi, par exemple, que la structure du bassin de Paris est si bien connue géologiquement que, lors du creusement des puits artésiens, dont les profondeurs au centre du bassin atteignent 500 à 700 m, on peut fixer, à quelques mètres près, les cotes de rencontre de la nappe aquifère dite des sables verts du gault. Par contre, au-dessous de cet étage, les renseignements manquent presque complètement. Bien rares d’ailleurs sont les sondages qui dépassent 2000 m, de sorte que notre connaissance exacte de la configuration du sous-sol est limitée à la pellicule superficielle.
- Scientifiquement, cette ignorance est regrettable, mais au point de vue pratique, comme l’exploitation des ressources minérales qui peuvent se trouver à grande profondeur est actuellement impossible, elle n’a pas grande importance.
- La géologie, si elle arrive à donner une idée assez
- précise de la constitution de l’écorce terrestre, ne peut par contre, sauf en de rares cas, fournir d’indications nettes sur les « accidents » de constitution, les hétéro-
- /Gisement
- Gisement
- Fig. 1. — Variations de la pesanteur g au voisinage d’un gisement de densité supérieure à celle du terrain environnant.
- a) Courbe indiquant les variations de g dans un plan vertical.
- b) Lignes de niveau de la pesanteur autour du gisement. . . . ;
- généités qui peuvent exister et dont la connaissance est cependant du plus haut intérêt. En effet, ces « accidents », concentration de constituants particuliers en certains points, lentilles minéralisées intercalées dans des formations homogènes, failles entre les lèvres desquelles les roches métalliques profondes ont pu remonter vers la surface, etc., constituent les « mines » desquelles on retire les matières premières indispensables à la vie industrielle moderne.
- Lorsque l’on a des présomptions d’existence de filons carbonifères, métalliques ou pétrolifères, dans certaines formations, il faut, par des travaux directs, des sondages, reconnaître leur réalité, leur étendue et leur richesse d’où dépend leur valeur d’exploitation. Pour faire une prospection complète de reconnaissance d’un bassin, minier, il faut une longue campagne de sondages nom-
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- PROPRIÉTÉ ÉTUDIÉE APPAREIL EMPLOYÉ GRANDEUR MESURÉE VARIATION ENREGISTRÉE APPLICATIONS
- Champ de gravitation. Pendule. Balance de torsion. Intensité de la gravité. Variation du champ de force. Valeur maxima de g au-dessus des gisements. Gradient et son maximum au voisinage des limites du gisement. Gisements, dômes de sels, relief souterrain.
- Champ magnétique. Magnétomètres portatifs. Variomètres. Intensité de la déclinaison. Intensité verticale. Déclinaison, intensité horizontale et inclinaison maximum et minimum au voisinage des limites du gisement. Maxima et minima de l’intensité verticale au-dessus du gisement, suivant ses propriétés magnétiques. Magnétite, hématite, dépôts salins, gisements aurifères.
- Courants électriques naturels (actions électrochimiques). Electrodes avec galvanomètre ou potentiomètre. Lignes équipotentielles. Perturbation des lignes équipotentielles. Minerais sulfureux.
- Résistance électrique. Circuit et galvanomètre Résistance du circuit. Variation de la résistance dans diverses directions. Accumulation de saumures, niveaux aqueux salins, veines métalliques.
- Champ électrique produit artificiellement. Générateur de courant continu ou alternatif, électrodes, téléphones ou galvanomètres. Lignes équipotentielles dans le cas du courant continu, ou direction, intensité et décalage de phase des champs électromagnétiques primaire et secondaire dans le cas du courant alternatif. Perturbation des lignes de force par les gisements. Minerais sulfureux, charbon. Solutions salines, stratifications.
- Action thermique. Thermomètres enregistreurs. Gradient de température. Augmentation du gradient au voisinage du foyer de chaleur. Pétrole, certains minerais.
- Radioactivité. Électroscope et chambre d’ionisation. Ionisation relative. Augmentation de la radioactivité au voisinage des failles. Failles et horizons argileux ou pétrolifères.
- Elasticité. Microphones. Sismographes. Temps de propagation des ondes directes et réfléchies. Etude du diagramme de propagation. Minerais, dômes salins.
- Oscillations électriques magnétiques. 1 Transmetteur et récepteur de T. S. F. Nature de la réception. Réception nulle si un conducteur est interposé. Accumulation de saumure dans les mines de sel.
- Chemin et direction des ondes. Réflexion par les conducteurs. Dans les terrains secs : minerais sulfureux, eau. Dans les terrains humides, accumulation de saumure.
- Variation de l’intensité de réception. Interférence des ondes primaires et des ondes induites dans les gisements.
- Variations de la fréquence et de l’amortissement. Les gisements de substances bonnes conductrices augmentent la capacité et l’amortissement. |
- breux, effectués et surveillés par un personnel expérimenté. Tous ces travaux prennent des années et sont extrêmement coûteux (on arrive facilement à des prix
- de 600 à 700 fr par mètre de sondage pour des profondeurs de l’ordre de 1000 m).
- Aussi a-t-on cherché des méthodes permettant de
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- réduire la durée et le coût des prospections. Ces méthodes sont à l’heure actuelle assez nombreuses et certaines d’entre elles ont à leur actif des succès qui montrent leur valeur et ouvrent des perspectives nouvelles à l’activité des prospecteurs.
- Toutes ces méthodes partent du même principe : dans un sous-sol de constitution géologiquement connue et homogène, toute accumulation d'un minerai, toute anomalie tectonique, toute hétérogénéité dans une certaine région se traduira, au voisinage de cette région par une perturbation des propriétés physiques du sous-sol dont on observe les manifestations superficielles.
- Les propriétés physiques auxquelles on peut s’adresser sont nombreuses et variées et à chacune d’elles correspondent une méthode et des appareils d’observation particuliers. Avant de les examiner, nous en donnerons d’abord une classification générale. On peut l’établir suivant le tableau ci-contre.
- Insistons tout d’abord sur le fait que les méthodes
- précédentes ne doivent être utilisées qu’en liaison étroite avec la géographie physique et la géologie de la région considérée.
- En effet, s’il est possible de déterminer mathématiquement la répercussion, à la surface du sol, sur une propriété physique donnée, gravité, champ magnétique, etc., d’une certaine configuration des couches profondes, connaissant la nature, la densité, la répartition de celles-ci, le problème inverse, le seul qui soit intéressant pratiquement, est beaucoup plus difficile à résoudre.
- Il présente effectivement une grande indétermination, car une répartition constatée des anomalies d’une certaine propriété physique peut être produite par une infinité de distributions possibles de masses de nature, de densité et de formes diverses. Heureusement on peut restreindre le nombre des cas possibles; on connaît souvent de façon générale, par la géologie et des sondages antérieurs, les roches dont on peut escompter la présence ainsi que leur distribution générale. Dans d’autres cas on cherche à préciser les limites d’un gisement déjà exploité ou à suivre le prolongement d’un filon dont une portion est connue, ce qui élimine une partie des incertitudes sur la profondeur, la densité et la nature des couches les plus voisines.
- D’autre part on a déterminé par le calcul les variations à la surface du sol de la propriété physique considérée, produites par les types les plus fréquents de configuration
- Gisement
- Fig. 3. — Emploi de la balance d’Eoivos pour déterminer les variations de la pesanteur au voisinage d’une zone de densité différente de celle du terrain environnant.
- souterraine : failles, anticlinal, synclinal, masses incluses de forme lenticulaire, prismatique, dylce, etc.
- Si alors dans une prospection, on trouve une variation se rapprochant plus ou moins comme allure de l’une des distributions calculées, on est en droit d’en déduire la probabilité de la distribution correspondante. De plus, en combinant plusieurs des méthodes indiquées plus
- haut, on peut obtenir des recoupements qui augmentent la probabilité des conclusions. Enfin, les résultats des expériences antérieures fournissent également de précieuses indications; à mesure que les applications se multiplient, on a une documentation de plus en plus précise sur les différents cas qui peuvent se présenter.
- Nous allons maintenant passer rapidement en revue les diverses méthodes géophysiques.
- Fig. 2. — Principe de la balance d’Eoivos.
- MÉTHODE GRAVIMÉTRIQUE
- Elle repose sur les considérations suivantes. La pesanteur est la force d’attraction exercée par la masse de la Terre sur les corps situés à sa surface. Elle est un cas particulier de l’attraction universelle et suit la loi de gravitation de Newton. Connaissant la forme de la Terre, sphéroïde aplati aux pôles, on peut calculer la répartition de la pesanteur par une expression fonction de la latitude. C’est la formule de Clairaut qui suppose que la Terre est un sphéroïde homogène de densité uniforme en tous les points de sa masse.
- Les anomalies, c’est-à-dire les différences existant entre les valeurs calculées de la pesanteur et les valeurs réellement observées, correspondent en principe à des singularités dans la distribution des masses souterraines et par conséquent doivent pouvoir permettre de déceler ces singularités.
- On a proposé tout d’abord l’emploi du pendule, sous la forme réversible de Katers, qui fournit la valeur de g au lieu où il oscille. Il est évident qu’en s’approchant au-dessus d’une masse minéralisée de densité supérieure à celle des couches environnantes, la valeur de g augmente, passe par un maximum au-dessus du centre du gisement, puis décroît lorsqu’on s’en éloigne (fig. 1 a). En traçant les isogrammes, ou lignes de niveau de la pesan-
- Fig. 4. — Variations du gradient de la pesanteur au voisinage d’une masse allongée, de densité inférieure à c?lle du terrain encaissant.
- (Gradient de g
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- teur, qui réunissent tous les points pour lesquels g a la même valeur, on obtient des courbes fermées qui enserrent le gisement (fig. 1 b).
- Mais les mesures de g par la méthode du pendule sont trop longues et trop délicates pour être effectuées sur le terrain. De plus, ce qu’il importe de connaître, c’est non pas la valeur absolue de g, mais bien sa variation, son gradient en chaque point. C’est ce que donne la balance d’Eotvos. Son principe est le suivant : deux petites masses égales, m, ni, d’or ou de platine (30 gr), sont disposées aux deux extrémités d’un fléau léger (de 45 cm de longueur). L’une des masses est attachée directement au fléau, l’autre est fixée à l’extrémité de celui-ci à l’aide d’un fil d’argent (de 60 cm). L’ensemble est suspendu à un fil de platine iridié (de 0,04 mm de diamètre) qui porte un petit miroir M, réfléchissant sur une échelle graduée ou une plaque photographique un rayon lumineux issu d’une lampe fixe. On peut ainsi mesurer la rotation du fil de suspension et par suite celle du fléau (fig. 2.)
- Supposons qu’un tel appareil soit placé au voisinage d un gisement de forte densité (fig. 3). Les deux masses m et m' seront soumises à des attractions F et F' légèrement différentes et comme direction et comme intensité. Ces deux forces peuvent être décomposées en leurs deux composantes verticales (V, Y') et horizontales (H, H'). Les composantes verticales n’ont aucune action sur le système mobile suspendu, tandis que sous l’influence de la petite différence H' — H des valeurs des composantes horizontales, l’équipage mobile est soumis à un couple et tourne d’un certain angle que l’on mesure et qui permet de calculer H' — H ainsi que l’inclinaison de ce gradient.
- Remarquons immédiatement que la sensibilité de l’appareil doit être extrême, car les variations de la pesanteur qu il s’agit de mesurer sont infimes et de l’ordre du millionième (10~9). On n’y arrive que par une construction soignée et l’emploi de fils de suspension parfaitement recuits et ayant été pendant plusieurs années
- soumis à un effort de traction constant.
- Les mesures sont, on le comprend, très délicates, surtout qu’elles durent plusieurs heures chacune et qu’il est nécessaire d’en effectuer cinq à chaque station dans des azimuts différents. Par l’emploi d’une balance d’Eotvos à deux fléaux inverses on peut réduire de moitié la durée des opérations, mais il faut encore se garantir contre les
- variations de température ^courants d’air, vent, soleil) et les éliminer autant que possible. En possession des cinq résultats d’observation corrigés, on peut calculer le gradient horizontal de la pesanteur au lieu d’expérience. Mais il faut encore les corriger pour tenir compte de l’influence des inégalités de terrain, des montagnes, proches ou éloignées et de la forme de la Terre qui n’est pas le géoïde parfait supposé dans les calculs. Ayant ainsi rectifié les résultats, on reporte sur la carte, en chaque point représentant une station de mesures, la valeur et l’inclinaison du gradient de potentiel.
- Avant de parler des résultats pratiques obtenus, nous examinerons quelques cas théoriques simples, correspondant à des dispositions souterraines fréquentes, et pour lesquels le calcul théorique a pu être mené jusqu’au bout.
- S’il s’agit d’une masse souterraine, analogue à celle représentée figure 4, masse allongée dont un des bords est plus jDrès du sol que l’autre et dont la densité est inferieure à celle des roches encaissantes, on obtient la forme générale de courbe de variation du gradient indiquée. Celle-ci passe par un maximum lorsque l’on se trouve au-dessus des limites extrêmes de la masse, et la pesanteur diminue au fur et à mesure qu’on se rapproche de la masse. La variation passe également par un minimum au voisinage du point M, au-dessus du milieu de la masse. Si l’on suppose que celle-ci a une densité supérieure à celle des roches environnantes, on constate des variations inverses.
- La figure 5 est relative à la recherche d’un anticlinal M caché par des terrains morts. La pesanteur augmente lorsqu’on s’approche de M, atteint un maximum pour lequel le gradient est nul, puis diminue quand on s’éloigne de M. La courbe du gradient a l’allure représentée sur la figure 5.
- La figure 6 correspond au cas d’une faille F produisant un décrochement brusque des surfaces terminales de la couche. La figure 8 correspond au cas où la rupture n’a pas été si abrupte. Les figures 7 et 9 sont relatives à des distributions prismatiques (dykes) dont les sections droites sont représentées sur les figures.
- Enfin la figure 10 donne les résultats trouvés dans l’étude d’un anticlinal affectant deux couches de terrain At et A2, les densités d, d^ d9 des morts terrains et des deux couches plissées allant en croissant vers le bas. Dans le cas concret étudié, ces densités croissaient respectivement de 0,23 entre d et di et de 0,16 entre dl et d%, la partie supérieure des anticlinaux étant à 30 m de profondeur pour la première surface de séparation et à 450 m pour la seconde.
- Un cas relativement simple, mais très important dans la pratique, est celui des dômes de sels, protubérances d’un dépôt salin situé parfois à 1000 m de profondeur et qui peuvent s’élever jusqu’à n’être plus qu’à une centaine de mètres du sol. Leur densité est en général plus faible que celle des terrains environnants et leur présence est décelée par une anomalie caractéristique de l’intensité de la pesanteur. L’intérêt de ces formations réside dans le fait que, dans les terrains pétrolifères, les dômes de sels correspondent en général aux points
- Gradient de.<
- Fig. 5. — Variations du gradient de la pesanteur
- au voisinage d’un anticlina M.
- Fig. 6. — Variations du gradient de la pesanteur au voisinage d’une faille F à décrochement brusque.
- Gradient
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- d’accumulation du pétrole et fixent par conséquent l’emplacement des sondages.
- Les résultats de l’application de la méthode gravi-métrique sont assez nombreux et montrent sa valeur. Signalons simplement la détermination d’un important gisement de minerai de fer dans la région de Koursk (Russie centrale), la découverte d’un champ pétrolifère en Transylvanie, le long de la rivière Malos, la prospection des champs pétrolifères du Texas et de la Louisiane (7 dômes découverts en 2 ans), la délimitation du gisement de potasse d’Alsace, etc.
- MÉTHODE MAGNÉTIQUE
- Elle est très analogue à la précédente, bien que s’appuyant sur un phénomène différent. C’est d’ailleurs la plus ancienne. On sait que la Terre peut être assimilée à un gros aimant, avec deux pôles magnétiques situés au voisinage des pôles géographiques, entre lesquels existe, à la surface du globe, un champ magnétique dont on peut mesurer en chaque point la grandeur et la direction. Si la Terre était composée d’une matière homogène, les lignes de force de ce champ magnétique seraient réparties uniformément. Mais la croûte terrestre est composée de matériaux divers et de perméabilités
- Gradient
- Gradient
- Fig. 8 et 9. — Variations du gradient de la pesanteur au voisinage d’une rupture moins brusque que celle de la figure 6 et à droite, au voisinage d’un « dyke » incliné.
- magnétiques différentes, qui provoquent dans le champ magnétique terrestre des perturbations analogues à celles que produit, par exemple, l’introduction d’une barre d’acier dans le champ d’un aimant ordinaire.
- On sait, d’autre part, que les corps se comportent de façons très diverses par rapport au champ magnétique. Les uns, comme le fer ou les minerais en renfermant, sont paramagnétiques, c’est-à-dire qu’ils tendent à se placer dans la direction des lignes de force; les autres, comme le bismuth ou corps diamagnétiques, tendent à s’orienter perpendiculairement aux lignes de force. Les corps paramagnétiques sont caractérisés par leur perméabilité magnétique jjl, les corps diamagnétiques par leur susceptibilité magnétique Ces coefficients sont très variables suivant les roches, comme l’indique le tableau suivant qui donne un ordre de grandeur moyen pour
- chacune d’elles.
- Sel gemme (diamagnétique) environ . 4 10~7
- Blende avec 1,95 % de fer................ 9 10~6
- Fer spathique............................ 350 10~6
- Hématite................................ 3000 10 0
- Gravier à magnétite..................... 5000 1CT8
- Magnétite........................... 70 000 10 c
- Minerai de fer jaune................ 100 000 10-8
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- On conçoit facilement que la présence dans le sous-sol de masses dont les propriétés magnétiques diffèrent de celles du milieu environnant se traduira à la surface du sol par des anomalies, des sinuosités, des courbes d’égale inclinaison ou d’égale déclinaison de l’aiguille aimantée (lignes isocliniques ou lignes isogones).
- En opérant comme par la méthode gravimétrique, c’est-à-dire en étudiant mathématiquement les distributions à la surface du sol correspondant à certaines configurations souterraines types de gisements magnétiques, on peut arriver, par comparaison avec les distributions constatées expérimentalement, à prévoir 1 existence dans le sous-sol de certains gisements.
- Signalons que le problème est compliqué par le fait que le champ magnétique terrestre est soumis à des variations perpétuelles d’amplitudes parfois assez importantes (orages magnétiques) et dont il faut tenir compte dans l’interprétation des résultats. On y arrive en particulier en enregistrant, à une station centrale, les variations pendant la période de la prospection.
- Les appareils employés sont nombreux. Certains sont des perfectionnements des boussoles d’inclinaison et de déclinaison bien connues et utilisées dans l’étude du champ magnétique terrestre. Mais les observations sont assez longues. Aussi se sert-on de plus en plus de vario-mètrCs qui permettent d’opérer plus rapidement. Pour la détermination de l’intensité horizontale, l’aiguille aimantée est suspendue à un fil fin de platine iridié, les lectures effectuées à 1 aide d’un télescope, un miroir et une échelle graduée. On règle l’appareil en un endroit central, dépourvu de toute anomalie locale. On place 1 aiguille aimantée dans le méridien magnétique et, à 1 aide d aimants auxiliaires, on lui fait prendre la direction est-ouest. L’influence de la composante horizontale du champ terrestre est ainsi annulée. Si l’appareil est alors placé à une station où existe une anomalie, celle-ci est mesurée par les déplacements plus ou moins importants de l’aiguille par rapport à la direction est-ouest.
- Si l’on désire mesurer l’intensité verticale, on se sert d’une aiguille aimantée légère, libre d’osciller dans un plan vertical, attachée à un fil maintenu horizontal avec une égale tension. L’observation s’effectue au télescope comme précédemment, et le réglage est obtenu à l’aide d’un contrepoids
- Fig. 10. — Gradient de la pesanteur au voisinage d’un anticlinal dont les couches plissées successives ont des densités allant en croissant vers le bas.
- Gradient de g
- Gradient
- Fig. 7. — Gradient de la pesanteur au voisinage d’un « dyke » vertical.
- * *
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- Fig. 11. — Petite balance de torsion de Eutvds-Schwegdar. (Construction Askania-Werke.)
- placé sur l’aiguille et dont le moment de rotation est opposé à celui de la force magnétique.
- Les résultats obtenus par la méthode magnétique sont des plus remarquables. Malgré la complexité du problème général, ici encore, comme dans le cas de la méthode gravimétri-que, on peut arriver à des simplifications en s’appuyant sur les résultats des études géologiques et la considération de distributions théoriques se rencontrant fréquemment dans la nature.
- La prospection magnétique est évidemment tout indiquée pour la recherche des minerais de fer, en particulier la
- magnetite et en Suède, depuis déjà longtemps, on a utilisé cette méthode, mais elle peut être aussi appliquée pour la recherche de minerais faiblement magnétiques ou même diamagnétiques si les roches encaissantes sont magnétiques par suite de leur teneur en fer.
- L’emploi simultané des deux méthodes gra-vimétrique et magnétique est très avantageux, car elles se contrôlent mutuellement, bien que fournissant des renseignements différents. La recherche des minerais de fer est particulièrement favorable puisque non seulement ils sont fortement magnétiques, mais ils ont une densité très supérieure à la densité moyenne des roches de l’écorce terrestre (2,7 environ) et qui dans le cas de la magnétite atteint 5,15. Ces gisements correspondent donc à des anomalies importantes du champ de gravitation et du champ magnétique.
- La méthode magnétique a permis de reconnaître la plupart des gisements de fer de la région du lac Supérieur dans le Wisconsin, gisements qui étaient cachés par un épais revêtement d’éboulis glaciaires (drift), et même de déterminer ceux ayant une puissance suffisante pour justifier leur exploitation.
- Le pétrole se trouve fréquemment dans des régions caractérisées par des anomalies de la
- déclinaison (région des Appalaches, aux États-Unis), les anticlinaux dans ces régions étant en rapport avec des intrusions magmatiques. De même les failles qui ont permis aux roches profondes ignées (granit, basalte...), imprégnées de particules de magnétite de remonter vers la surface au travers de terrains peu magnétiques (calcaire, par exemple), sont facilement décelées.
- Les dômes de sel peuvent aussi être mis en évidence par des mesures magnétiques, le sel étant légèrement diamagnétique alors que les roches environnantes sont à susceptibilité magnétique positive. Bien que les anomalies soient assez faibles, elles fournissent une précieuse indication que la méthode gravimétrique permet de confirmer plus nettement.
- L’or lui-même peut être décelé dans les alluvions de rivières. En effet, l’or, corps lourd, a été entraîné par les alluvions en même temps que d’autres matières denses, en particulier la magnétite qui existe presque dans toutes les roches. Les endroits où la méthode magnétique décéléra une forte concentration en magnétite seront aussi ceux où l’on aura le plus de chances de rencontrer le précieux métal.
- MÉTHODES ÉLECTRIQUES
- Les méthodes électriques sont nombreuses, mais reposent toutes sur la grande diversité des valeurs de la conductibilité électrique des différents minerais ou terrains, dont le tableau suivant, qui donne quelques résistances spécifiques moyennes en ohms, par mètre cube, permet de se rendre compte.
- Quarztite, calcaire, grès............
- Schistes.............................
- Grès verts...........................
- Hématite et fer spathique............
- Sel gemme . .........................
- Quartz...............................
- Mica.................................
- Mareassite . . . . •.................
- 109 107 10° 10ü 1015 5. 10'2 15- 108 0,1
- Fig.
- 12. — Cabane d'observation avec tente-abri pour balance d’Eulvus. (Matériel Askania-Werke.)
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- Magnétite................................ 0,006
- Graphite................................. 0,003
- Galène...................................... 0,00003
- Sable jaune de rivière à 1 % d’humidité 400
- — 10 % — . . 95
- Argile à 10 % d’humidité........................ 50
- - 60 % -- 14
- On conçoit facilement que lorsqu’un courant électrique, continu ou alternatif, spontané ou créé artificiellement, circule dans des formations souterraines aussi différentes au point de vue électrique, ses propriétés ou manifestations de son existence (champ électrique, champ magnétique) soient très nettement influencées.
- Nous ne ferons que citer la méthode géophysique reposant sur l’étude des courants électriques naturels, car elle ne peut s’appliquer que dans certains cas assez rares. Si un terrain perméable à l’eau recouvre un gisement sulfureux (fig. 15), celle-ci peut oxyder plus intensément la partie supérieure du gisement, de sorte qu’il se créera une sorte de pile électrique et un courant circulera dans les gisements du sommet vers les profondeurs. L’existence d’un tel courant peut être mise en évidence à la surface du sol à l’aide d’un galvanomètre sensible G relié à deux électrodes de façon à déterminer les intersections des surfaces équipotentielles du sous-sol avec la surface libre du terrain, qui seront des courbes fermées
- entourant le sommet du gisement
- (fig- .16).
- Une méthode plus générale consiste à placer dans le sol, à une certaine distance l’une de l’autre, deux électrodes reliées aux deux pôles d’un générateur de courant continu, de façon à fermer par la terre le circuit électrique ainsi constitué (fig. 17) et à étudier la distribution du potentiel ainsi réalisée. On n’observe évidemment que les « affleurements » des surfaces équipoten-tielles.
- Si le terrain est plat et homogèiie, la carte des potentiels est connue a priori, puisque l’on peut calculer le potentiel en chaque point.
- Elle aura une forme analogue à celle de la figure 18,
- Fig. 14. -— Instrument pour la prospection magnétique :
- appareil de campagne pour la mesure de la composante magnétique horizontale. (Modèle Askania-Werke.)
- les lignes de courant (en traits pointillés), étant orthogonales aux courbes équipotentielles. S’il existe dans le sous-sol des roches de conductibilité différente, la distribution est perturbée, comme l’indique, par exemple, la figure 19. On peut dire, d’une façon générale, que si une masse conductrice se trouve placée à l’endroit où les surfaces équipotentielles sont généralement planes et verticales,la masse étant tout entière au même potentiel sera enveloppée par les surfaces équipotentielles qui seront ainsi refoulées vers l’extérieur. Si la masse est isolante, ce sera l’inverse. Cette méthode, développée en France par M.
- Schlumberger, utilise une dynamo d on-nant une différence
- de potentiel de 100 à 200 v, correspondant à un courant de 2 à 5 ampères. Les observations se font à l’aide d’un galvanomètre donnant le microampère, intercalé dans une ligne amovible de 50 m de longueur environ. En dessus du galvanomètre, un potentiomètre peut donner ICO millivolts par fractions de 10 millivolts. On peut ainsi déceler des différences de potentiel de un millivolt La précision est telle que dans un terrain argileux on a pu fermer, avec une erreur de quelques mètres seulement, des courbes équipotentielles de 500 m de développement.
- Une des difficultés de la méthode est la polarisation des électrodes mobiles qui forment, avec le sol humide jouant le rôle d’électrolyte, une pile dont la force électromotrice, qui peut atteindre plusieurs centaines de millivolts, fausse notablement les mesures. On y remédie en utilisant des électrodes impolarisables constituées par un tube de cuivre rouge enfermé dans un vase poreux renfermant une solution concentrée de sulfate de cuivre.
- Un autre moyen d’éliminer cette difficulté consiste à utiliser du courant alternatif au lieu de courant continu. C’est la méthode de Lundberg. Dans ce cas, 1e. galvanomètre est remplacé par un téléphone, avec amplificateur, s’il est nécessaire. Une des électrodes du champ est fixe et on déplace l’autre jusqu’au moment où le
- Fig. 13. — Instrument pour la prospection magnétique :
- Appareil de campagne pour la mesure de la composante magnétique verticale. (Modèle Askania-Werke.)
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- téléphone rend le son minimum. A ce moment, les deux électrodes sont sur une même ligne équipoten-tielle. M. Lundberg utilise, d’autre part, pour envoyer le courant alternatif dans le sol, non plus des électrodes ponctuelles, comme dans la méthode Schlumberger, mais des électrodes linéaires, de 100 m et plus de longueur, ce qui, paraît-il, augmente la profondeur de prospection possible et en même temps simplifie l’interprétation des déformations produites dans les courbes.
- La méthode de M. Schlumberger a été appliquée avec succès à l’étude des gisements de fer du Calvados, à celle d’un gisement de lignite dans les Landes, une de ses modifications à la prospection du gisement pyriteux de Saint-Bel. En Amérique et au Canada, on a recherché de la même façon des gisements de fer, de cuivre et de nickel. La méthode Lundberg et ses modifications ont été utilisées en Suède et ont amené la découverte de deux districts miniers nouveaux. Les dômes de sels sont également décelés par les méthodes électriques, grâce à l’accroissement de la conductibilité du terrain provenant à la fois de la diminution de l’épaisseur des morts terrains peu conducteurs qui les surmontent et de la salure des eaux rendues ainsi plus conductrices.
- MÉTHODE SÉISMIQUE
- Les méthodes précédentes sont à l’heure actuelle entrées dans la pratique de la prospection. Elles sont suffisamment au point et, au fur et à mesure de leur emploi, la précision de leurs conclusions deviendra de plus en plus grande, en même temps que leur application sera de plus en plus simple et rapide. Nous allons maintenant dire quelques mots de méthodes qui, bien que théoriquement susceptibles de fournir des indications précises sur la constitution souterraine des terrains, en sont encore au stade purement expérimental.
- La plus connue, qui a déjà fait l’objet de nombreuses recherches, est la méthode séismique. On sait que, lors des tremblements de terre, l’onde élastique qui les accompagne se propage à de grandes distances du centre du séisme et est capable d’impressionner des appareils enregistreurs, les séismographes, dont le principe est bien connu : ils sont constitués essentiellement par un système mécanique possédant une grande
- Fig. 17. —- Détermination des lignes équipolentielles d’un terrain prospecté.
- Générateur
- Electrodt
- Galvanomètre
- Fig. 15. — Formation de courants électriques autour d’un gisement sulfureux s’oxydant à sa partie supérieure.
- le sol au voisinage du gisement de la figure 15.
- dans le terrain qui
- inertie, par exemple un pendule formé d’une masse très lourde suspendue au bout d’un fil très long (ou tout autre dispositif équivalent). Lorsque l’ébranlement sismique arrive au lieu où est installé l’instrument, la terre se déplace, les supports et l’appareil d’observation également; quant au pendule, grâce à son inertie, il ne suit le mouvement qu’avec un certain retard. On réalise ainsi un repère fixe qui permet de déceler l’ébranlement du sol.
- Si l’on note, à deux stations séparées par une distance connue, le temps de passage de la même onde, on peut en déduire la vitesse de propagation de l’onde sépare les stations.
- Supposons maintenant qu’en un point A, on provoque artificiellement un ébranlement du sol, par une explosion par exemple, et que des séismographes soient disposés en divers lieux situés à la même distance de A. Si le temps d’arrivée de l’onde en une des stations diffère de celui observé aux autres stations, on en déduit qu’entre cette station et le point A se trouve une hétérogénéité, gisement, faille, etc.
- La vitesse de propagation dépend de l’élasticité et de la densité du milieu. Une faible densité et une grande élasticité augmentent la vitesse. C’est pourquoi lorsqu’il s’agit de rechercher les dômes de sel recouverts par des dépôts d’argile, la méthode séismique fournit des indications très rapides. En effet, la vitesse de propagation est plus grande dans le sel gemme (4400 m par seconde environ) que dans l’argile sédimentaire (environ 2000 m par seconde). La figure 20 montre immédiatement comment on peut opérer. En A on produira une explosion que l’on enregistrera en deux stations B et B' équidistantes de A. S’il existe un dôme de sel entre A et B' par exemple, l’onde suivra le chemin ACDB plus court, élastiquement parlant, que le chemin géométrique AB' ou AB. On recevra donc l’onde en B' avant qu’elle atteigne B, ce qui permettra de conclure à la présence du dôme entre A et B'.
- Si les phénomènes étaient aussi simples que ceux que nous avons supposés, la
- méthode séismique serait aussi couramment employée que les méthodes précédentes. Malheureusement, il n’en est rien et les phénomènes sont en réalité beaucoup plus complexes. Tout d’abord un ébranlement donne naissance à deux séries d’ondes : les unes longitudinales, analogues aux ondes de compression
- Fig. 18.
- Carte des lignes équipotentielles d'un terrain homogène.
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- acoustique, les autres transversales comparables aux ondes liquides. Leurs vitesses de propagation sont différentes. De plus, à chaque rencontre d’une surface de séparation de deux couches géologiques différentes, ces ondes se réfléchissent et se réfractent, donnant naissance à de nouveaux trains d’ondes. Enfin les formations géologiques même homogènes ne sont pas anisotropes et les vitesses de propagation ne sont pas égales dans tous les azimuts. Si nous ajoutons encore que les surfaces de séparation des couches peuvent ne pas être nettes, le passage s’effectuant graduellement de l’une à l’autre, ce qui occasionne des phénomènes de diffusion des ondes, et que les résultats expérimentaux concernant les vitesses de propagation dans les différents milieux sont peu nombreux, on aura une idée du travail énorme, théorique et pratique, qui reste à effectuer avant que la méthode séismique puisse devenir susceptible d’un emploi général.
- MÉTHODES DIVERSES
- Un certain nombre d’autres méthodes ont été proposées pour révéler la constitution du sous-sol. Nous n’en dirons
- que quelques mots, soit que leur application n’en soit possible que dans des cas très particuliers, soit que les renseignements manquent sur elles et ne permettent pas de se rendre compte de leur valeur.
- On sait que dans certaines régions le degré géothermique, c’est-à-dire l’accroissement de profondeur pour une élévation de température de 1°, varie en divers points. Cette variation est due soit à l’ascension de courants d’eau chaude, par suite du métamorphisme chimique des minéraux tels que le charbon, les sulfures, etc., soit à l’inégale conductibilité des roches ou à leur saturation plus ou moins grande en eau ou en pétrole. On peut ainsi, au cours du sondage, déterminer en particulier si on approche de la couche pétrolifère.
- La radioactivité des roches permet également de déterminer les lignes de contact et les failles dans lesquelles
- les matières radioactives sont souvent concentrées. Pour la prospection pétrolifère et au cours des forages, ces indications sont précieuses, les gisements pétrolifères étant souvent en relation avec des zones radioactives.
- La télégraphie sans fil a également été proposée pour déceler les gisements métalliques (Lowy et Leimbach). Dans le cas d’une montagne, par exemple, en plaçant de part et d’autre les stations émettrice et réceptrice, on détermine le cône d’ombre produit par une masse métallique se trouvant dans la montagne. Pour les régions non accidentées on place les stations dans des trous de sonde. Pour les couches conductrices horizontales, nappes d’eau souterraines par exemple, on se sert d’antennes inclinées en sens inverse aux deux stations, les ondes hertziennes étant réfléchies par la couche horizontale. Les ondes extra-courtes que l’on sait produire maintenant pourront peut-être ouvrir un champ nouveau et très intéressant pour les recherches.
- CONCLUSIONS
- En résumé, parmi les nombreuses méthodes possibles, seules les méthodes gravimétriques, magnétiques et électriques sont actuellement d’une application générale.
- La méthode séismique paraît susceptible de donner d’utiles indications lorsqu’elle aura été perfectionnée et que des Fig. 20. — Prospection d’un dôme de. sel
- expériences par la méthode des explosions
- suffisamment nombreuses auront fourni les données indispensables qui manquent encore. L’emploi des ondes extra-courtes semble également pouvoir être le point, de départ d’une méthode d’avenir. Quoi qu’il en soit, et à condition de s’appuyer tout d’abord sur une étude géologique approfondie du territoire à explorer, on dispose dès maintenant d au moins trois méthodes, de principe entièrement différent, dont les indications se contrôlant et se complétant mutuellement accroissent les chances de succès de la prospection du sous-sol et de la découverte des nouveaux gisements que réclame impérieusement le développement de l’industrie moderne. A. Vigneron.
- Gatvirn
- Fig. 19. — Déformation des lignes équipotentielles par la présence d'un gisement de conductibilité différente de celle du terrain environnant.
- L’AMBRE, “ OR DU NORD
- C’est le nom sous lequel, de toute antiquité, on a désigné l’ambre, précieuse matière, ni métal, ni pierre, ni sel, ni charbon, que nous nommons aussi succin, et qui se trouve principalement sur les rivages de la mer Baltique et des lagunes immenses la bordant au sud, les Haffs.
- L’ambre est une pétrification de résines fossiles, provenant surtout de deux espèces de conifères, le Pinus succinifera et Y Epicéa anglasi. Sa formule chimique est
- C40Hfi4O4. Insoluble dans l’eau et dans les acides, il brûle dans l’huile en produisant une forte fumée. Sa densité, légèrement supérieure à celle de l’eau, varie, suivant les qualités, de 1,065 à 1,077.
- Comme toutes les pétrifications, l’ambre est très fragile. Sensible à la chaleur, il peut parfois être ramolli par l’action du soleil. De là viennent les différentes teintes de l’ambre qui, suivant la force des rayons solaires aux-
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- Fig. 1. — La côle de la Baltique entre Patanga et Klaipéda. On g trouve des fragments d’ambre, après les tempêtes.
- quels il fut exposé, et les divers degrés de chaleur subis au cours des âges, connaît toute une gamme de nuances.
- On distingue : l’ambre brun plus ou moins foncé, le moins recherché, malgré sa rareté; l’ambre laiteux, opaque, son nom l’indique; l’ambre doré, transparent comme la topaze, et qui semble un rayon de soleil solidifié. Chacune de ces catégories se diversifie en nuances d’une infinie variété. Mentionnons enfin l’ambre noirâtre, peu flatteur à l’œil, et dû à la chaleur extrême éprouvée par la résine avant sa pétrification.
- Nous ne rappellerons pas ici la propriété, dont jouit l’ambre, de s’électriser superficiellement par frottement, et d’attirer les menus objets. On sait que les Grecs, qui avaient remarqué ce phénomène, appelaient l’ambre électron. Les Allemands le nomment Bernstein, les Lithuaniens gintaras et les Suédois raf, du verbe anglais to rap, employé parfois pour « attirer ».
- Si l’on demande l’origine de l’ambre à une Lithuanienne, passionnée pour les belles légendes dont son pays est si riche, elle répondra :
- Il y a des siècles et des siècles, la Baltique était gouvernée par Juraté, déesse de la mer, qui vivait au fond des eaux, dans un magnifique palais d’ambre pur. Ses sujets
- Fig. 2. — Un canot de pêcheur d’ambre sur la côte du Kurisches Haff.
- à nageoires étaient sacrés, nul être humain n’aurait osé les attaquer. Cependant un jour l’un de ses messagers, sire Brochet, vint lui annoncer qu’un jeune pêcheur, Kastytis, capturait et tuait des poissons par centaines.
- Irritée, Juraté appela autour d’elle cent sirènes de sa garde. Chevauchant cent chevaux-marins blancs, celles-ci se portèrent à sa suite vers l’embouchure de la rivière Sventoji. Sur la plage, elles trouvèrent Kastytis appliqué à remmailler ses filets.
- Par leurs chansons, par leur beauté, les cent sirènes charmèrent si bien le pêcheur qu’elles l’entraînèrent jusqu’au fond de la mer. Il s’y serait noyé si Juraté, adoucie par sa jeunesse, ne l’eût sauvé. Tous deux jurèrent de s’aimer éternellement; chaque soir, au coucher du soleil, Juraté venait visiter Kastytis, et aux bras l’un de l’autre ils connurent le parfait bonheur.
- Mais Perkunas, maître des dieux et père de la déesse, ayant appris que sa fille aimait un mortel, en conçut une terrible fureur. Il déchaîna la foudre, tua Juraté, puis réduisit son palais en pièces. Le dieu attacha ensuite Kastytis à un rocher, au plus profond de la mer, et jeta à ses pieds le corps livide de sa bien-aimée.
- Quand les vents d’ouest mugissent, et que les vagues s’élèvent, hautes comme des montagnes, vous entendez, sans trêve, une rauque lamentation : c’est Kastytis pleurant Juraté. Quand les vents s’apaisent, et que les vagues ont retrouvé leur calme, la grève est jonchée d’éclats d’ambre : ce sont les fragments du palais de Juraté...
- La légende n’est-elle pas exquise ? Pourtant elle ne saurait suffire à nos lecteurs. Force nous est d’appeler en consultation, quant à l’origine de l’ambre, des savants à lunettes, ces géologues allemands qui ont particulièrement étudié la question, comme il est naturel, puisque la côte de la Prusse orientale — le Samland — est, nous le verrons plus loin, un véritable gisement d’ambre.
- Ces graves personnages professent qu’au commencement de la période tertiaire le bassin actuel de la Baltique était un continent uni à la Scandinavie, tandis que la moitié occidentale de l’Allemagne du Nord et la France septentrionale formaient une mer, dont les rivages pourraient être partiellement déterminés par une ligne approximative Paris-Londres-Copenhague.
- Le continent primitif, jouissant d’une température moyenne de 20°, alors que celle de la Suède actuelle est de 3°, et celle de la Lithuanie de 6, cette région vit naître et se développer une forêt puissante. Des conifères surtout la composaient, mêlés à des arbres à feuilles caduques auxquels vinrent se joindre quelques palmiers, des laurinées diverses, des magnolias, et autres représentants de la flore tropicale et sub-tropicale.
- La plupart de ces arbres étaient riches en sève, puisqu’on a trouvé des blocs d’ambre pesant jusqu’à 1 kg. Cette résine devait sécher très vite, d’après le nombre relativement restreint de débris organiques, parcelles végétales, moustiques, et autres petits animaux, qu’elle contient. On peut penser qu’elle coulait pendant les journées chaudes, puis durcissait durant la nuit. On trouve, auprès des terres contenant l’ambre, ou dans ces terres èllès-mêmes, des ossements d’animaux et des
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- restes de bambous prouvant assez la chaleur qu’alors connut cette région.
- Vers une époque évidemment ignorée, mais située par la science à un ou deux millions d’années avant les temps historiques, un flot irrésistible recouvrit cette forêt, le sol qui la portait s’étant brusquement affaissé. D’après l’Allemand Richard Krips, sur les troncs des arbres, sur le terrain englouti, des dépôts calcaires se fixèrent à la longue, formant un sable verdâtre désigné par les géologues sous le nom de glauconie. Plus tard, ces lits de terrain décomposés s’allièrent avec les matières du fond de la nouvelle mer, avec le bois des arbres et les masses de résine que ceux-ci renfermaient, pour composer une argile sablo-calcaire de couleur gris verdâtre qui à l’état humide paraît bleu noir, et qu’on appelle terre bleue,
- La période de cette terre bleue fut très tourmentée : des volcans surgirent, le sol monta, s’effondra, les tremblements de terre furent fréquents. La couche renfermant la forêt primitive se trouva ultérieurement recouverte par d’autres couches de terrain, épaisses de plusieurs mètres. Un lit de glaise, un de sable se déposèrent ainsi.
- Dans ces couches supérieures se trouvent seulement des fossiles marins, prouvant qu’elles se sont formées sous la mer. Dans les nombreuses couches sédimentaires inferieures constituant le lit de l’Europe centrale se trouve aussi — rarement — de l’ambre, apporté sans doute par accident.
- Diverses opinions s’affrontent, concernant la terre bleue. Le géologue lithuanien Matulionis estime que toutes les couches de cette matière étaient formées dès avant la période glaciaire. Alors la mer, dans cette région, gela jusqu’au fond. A cette époque, le glacier descendit de la Scandinavie vers le Sud, apportant la terre bleue jusqu’à la côte lithuanienne. C’était le temps où les glaces s’étendaient des monts Scandinaves à la chaîne centrale de l’Allemagne. Puis la température se réchauffa, la Baltique apparut, liquide, à peu près dans la forme que nous lui voyons. Il y a quelque douze siècles, le soulèvement du Jutland la sépara de la mer du Nord.
- Une antiquité très reculée a connu et ajjprécié l’ambre. Pline dit que les Scythes l’appelaient sacrium, les Borusses, ancêtres des Lithuaniens, sackis, les Egyptiens, sakal. Dès les âges les plus anciens, les habitants de la côte balte, trouvant de l’ambre sur leurs grèves, le recherchaient, le vénéraient comme un présent des dieux et le pêchaient parfois pour s’en faire des parures.
- Le travail du joaillier, en ces époques lointaines, consistait tout bonnement à percer d’un trou, pour les enfiler en collier, les palets inégaux aux arêtes émoussées que livre la mer, et qui ressemblent assez à des fragments de sucre candi. On laissait au temps et au frottement le soin d’arrondir les aspérités et de polir la surface de ces cailloux bruts. Tels quels, ces bijoux rustiques tentèrent les marins phéniciens qui, quelques siècles avant
- l’ère chrétienne, faisant le tour de l’Europe, abordèrent sur la côte de la Baltique.
- Séduits par l’or du Nord, ils en emportèrent à Baby-lone et en Grèce, où chacun regardait l’ambre avec curiosité et respect. Bientôt les femmes d’Orient s’en parèrent, pour le fauve reflet que ces gouttes transparentes apportaient à leur chair.
- Puis le commerce de l’ambre s’intensifia. On l’offrit comme de l’encens sur les autels des dieux. Ce fut, vers 950 avant notre ère, le temps que les rois d’Assyrie faisaient rechercher et pêcher « dans la mer que domine l’étoile polaire, le safran qui attire ». Les Phéniciens emportèrent alors tant d’ambre de la Baltique, que cette matière fut bientôt connue et prisée à Rome, à Byzance et jusque dans les Indes. Chacun sait la place d’honneur que lui a réservée la bijouterie à travers les âges, et jusqu’à nos jours. Mais on ignore- généralement le travail de l’ambre, long et minutieux entre tous.
- La mer ne jette à la côte que de menus fragments, ternes et généralement non utilisables en raison de leur manque d’épaisseur. Recueillis néanmoins sur les côtes lithuaniennes, ils sont portés dans les usines qui les
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- soumettent à une température de 300°; leur masse fondue passe sous la presse. Dans le... lingot ainsi obtenu on taille des objets divers : porte-cigarettes, boutons de manchettes ou grains de colliers. C’est ce que l’on nomme l’ambre artificiel.
- Les gros morceaux de 20 à 50 grammes (les poids plus élevés sont très rares), arrachés au sol par l’action des courants, demeurent au fond de la mer. Jamais les vagues ne les portent au rivage, en raison de leur poids. Pour les pêcher, plusieurs méthodes sont employées.
- 1. Sur les hauts-fonds du Kurisches Hafî, là où se trouvent des herbes ou des bancs de sable, des pêcheurs nus les recueillent à la main, parmi les pierres où ils
- Fig. 5. — Paysannes lithuaniennes parées de colliers et de parures d’ambre.
- sont échoués. C’est le procédé ancien très comparable, avec le péril des requins en moins, à celui que pratiquent les pêcheurs de perles dans le golfe Persique.
- 2. Sur les côtes de la Baltique, munis de bottes et de pantalons en cuir graissé, ils entrent pendant les tempêtes dans les vagues jusqu’à la ceinture, poussant devant eux des blets très analogues à ceux de nos pêcheurs de crevettes. Inutile d’insister sur le danger que présente ce travail auquel on ne peut se livrer que par gros temps, le mouvement des vagues facilitant le décollement des blocs d’ambre sertis dans le sable du fond.
- 3. Un peu plus au large on utilise des hlets-dragues, traînés sur le fond par deux barques. Ce mode de pêche est difficile, la Baltique, souvent mouvementée, retournant parfois les blets qui se déchirent alors aux aspérités du fond.
- 4. Actuellement des bennes-piocheuses sont utilisées par temps calme; elles ramènent au jour des déblais
- où des trieurs recherchent les morceaux d’ambre. Ce procédé fort coûteux est d’un rendement très important. Avant la guerre, à Juodkranté, 2000 ouvriers travaillant aux pêcheries d’ambre remontaient, avec 26 dragueuses, 75 tonnes d’ambre par an. Le gouvernement lithuanien, à qui ces régions ont été cédées par l’Allemagne en 1923, a repris cette exploitation et se propose de l’inten-siber.
- 5. Sur la terre ferme, aux points où existent des couches de terre bleue suffisamment importantes et assez riches en ambre, l’extraction de la précieuse résine se poursuit selon la méthode en usage dans les mines de charbon. Le Samland, en Prusse orientale, près de Palmnicken, exploite ainsi de véritables mines d’ambre.
- La taille et la monture du succin sont assez dispendieuses en raison de la fragilité de la matière à tailler et à polir. Jadis ce travail s;accomplissait dans des ateliers familiaux; les récents progrès techniques et les exigences de la clientèle le font exécuter maintenant dans des usines d’importance diverse qui fonctionnent surtout en automne, à l’époque où les tempêtes favorisent la récolte de l’ambre.
- Le plus joli bijou d’ambre est le collier de grains assortis par teinte et par grosseur. C’est par le travail au tour que s’obtiennent ces boules et ces olives dont la taille varie de celle d’une perle à celle d’une mirabelle.
- En ce moment la mode est à l’ambre doré, taillé à facettes miroitantes, dont chacune accroche un rayon de soleil.
- L’ambre laiteux, très en vogue autrefois, est plus spécialement réservé actuellement aux bijoux masculins. L’ambre grenat atteint, en raison de son extrême rareté, un prix fort élevé, sans avoir, à notre avis, l’élégance des grains fauves où se joue si joliment la lumière.
- Les magasins baltes présentent aux passants des étalages éblouissants : c’est une débauche de bijoux et de fantaisies de toutes sortes, où se révèle le talent des artistes spécialisés dans la taille des grains sans forme rejetés par la mer.
- Travail délicat s’il en est, cette taille ! Que la main soit un peu lourde et l’ambre éclate, ne laissant sur l’établi que des fragments où la lumière est morte. De même le forage de chaque grain exige autant de précision que de douceur. Enfin, l’ouvrier munit les grains terminaux d’un pas de vis, et le collier est prêt, lumineux comme une aurore, léger autant qu’un flocon écumeux de cette mer d’où il sort.
- En Lithuanie, c’est le joyau national. Certains de ces colliers atteignent une grande valeur, non seulement par la qualité des grains qui les composent, mais parce qu’ils se sont transmis de mère en fille, depuis deux, trois siècles ou davantage. Pour beaucoup, sur les bords du Niémen, il n’existe pas de plus cher trésor que les grains de résine roulés par les flots durant des millénaires, avant que d’avoir tiédi sur le sein des aïeules.
- Jean Mauclère.
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- = A PROPOS DU CENTENAIRE =
- DE L’APPLICATION PAR FRÉDÉRIC SAUVAGE DE L’HÉLICE A LA NAVIGATION
- La ville de Boulogne vient de rendre un nouvel hommage (*) à la mémoire d’un de ses enfants, l’ingénieur Frédéric Sauvage, dont le nom restera attaché à l’emploi de la vis d’Archimède, ou hélice, dans la propulsion des navires.
- A cette occasion, le génie de Sauvage, ses malheurs aussi, ont reçu le tribut d’honneurs et de pitié qui leur était dû.
- Peut-être, cependant, va-t-on trop loin quand on lui attribue tout le mérite d’une invention qui a été, en réalité, la résultante de recherches et de travaux extrêmement étendus, et auxquels ont participé des savants et des inventeurs venus de tous les points de l’horizon.
- En fait, l’idée de se servir de la vis pour faire avancer un navire a vu le jour, pour la première fois, semble-t-il, en 1731, et c’est, nous apprend la Revue maritime, à qui nous empruntons cet historique (2), un Français, du Quet, qui l’a émise.
- Un autre Français, Paneton, l’a reprise en 1768, mais c’est à l’Américain Bushnell que revient le mérite de l’avoir appliquée, en 1776, à son curieux sous-marin.
- En 1752, on voit le Bâlois Bernouilli essayer d’obtenir la propulsion par une roue à plusieurs pales planes et obliques, complètement immergée. Fulton, en 1798, utilise à son tour ce système à bord de son sous-marin.
- Mais aucun de ces engins ne donne de résultats sérieux, le soin de produire la force motrice indispensable étant, par nécessité, remis aux bras de l’équipage.
- Il faut attendre la grande révolution produite par l’apparition de la vapeur à bord d’un navire pour voir le système de la vis entrer dans l’ère de la réalisation pratique.
- Il semble qu’un premier essai en ait été fait en 1796, par Filch, aux États-Unis, sans résultats connus.
- De 1802 à 1806, le colonel américain John Stevens fait manœuvrer sur F Hudson un canot à vapeur muni de deux roues à 4 pales incurvées, placées de chaque côté du gouvernail, sous l’eau.
- C’est le premier pas sérieux vers le succès, à la suite duquel les recherches se multiplient.
- En 1827, un Autrichien, cette, fois, Ressel, loge son hélice, une vis à un fdet, longue d’un pas, dans un vide ménagé dans la partie arrière de la quille de son embarcation, dans l’axe et sur l’avant du gouvernail. C’est la première cage d’étambot. Des essais, couronnés par des résultats très intéressants, eurent lieu à Paris en 1829, puis en rade de Trieste. L’explosion de la chaudière y mit fin. Ressel est considéré en Autriche et en Allemagne comme l’inventeur de la propulsion par hélice, et, à ce titre, s’est vu élever deux monuments.
- C’est alors que parut Sauvage. Né à Boulogne en 1785, doué d’un esprit ingénieux et orienté vers les inventions,
- 1. Une statue lui a déjà été élevée à Boulogne, en 1881.
- 2. Revue maritime, août 1931. La genèse de l’hélice propulsive.
- il établit un chantier de constructions navales dans sa ville natale.
- Après beaucoup d’autres, comme nous venons de le voir, il prit un brevet pour la construction d’un propulseur formé d’une vis à un filet, décrivant une spire entière.
- Vue de coté.
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- /fasrut owîaic » au Brevet d'Invention N? prxj lr- 28 Mai. jS$2, par .Honsirur Fr'édrf’w Savvagt
- «de côte.
- Fig. 1. — Dessin du brevet de Sauvage, déposé en 1832.
- De plus, le diamètre et le pas de la vis devaient se trouver dans un rapport déterminé.
- Malgré l’erreur, démontrée par maints essais, de cette conception, Sauvage n’en voulut jamais démordre, et il faut, sans doute, trouver, dans cet entêtement à ne point consentir à la modifier, la source des déboires et des rancœurs que le pauvre inventeur éprouva jusqu’à la fin de ses jours.
- En fait, le résultat de ses expériences ne fut pas considéré comme concluant et la Commission de la Marine émit, sur la valeur de la vis de Sauvage, une opinion défavorable.
- Voici, à titre documentaire, le mémoire descriptif du brevet pris par Sauvage le 28 mai 1832 et le certificat d’,addition du 17 janvier 1839.
- On trouvera sans doute que le moins curieux de ces documents n’est pas celui qui s’applique à la propulsion par une hélice aérienne (fig. 1). ........
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- Fig. 2. — Première hélice de Smith, après l'accident qui en réduisit la
- langueur.
- Brevet d'invention de quinze ans, pris le 28 mai 1832,
- sous le n° 4974, par Monsieur Sauvage {Frédéric), demeurant à Paris [Seine], pour :
- Un appareil nouveau destiné à remplacer les roues des bâtiments à vajieur.
- Mémoire descriptif.
- Ce mécanisme consiste dans un appareil composé d’une aube, placée en spirale plus ou moins prolongée, sur un arbre qui tourne sur deux pivots pratiqués à ses extrémités.
- Cette aube est montée de manière à former avec l’arbre, et à tous les points de l’étendue qu’elle occupe sur cet arbre, un angle droit.
- Fig. 3. — Première hélice de V « Archimède », similaire à l’hélice de
- Sauvage.
- Cette aube, ainsi que l’arbre, peuvent être exécutés en bois ou en métaux.
- L’appareil peut être placé à tous les points immergés du navire, mais la place préférable est la coulée.
- Les bateaux de rivière ou de plaisance pourront n’avoir qu’un seul appareil.
- Dans les petites embarcations, on pourra substituer # une manivelle à bras à la machine à vapeur.
- Quel que soit le moteur, l’appareil recevra son mouvement, directement ou indirectement, au moyen de chaînes de Vaucanson ou d’engrenages.
- Paris,- le 5 avril 1832.
- Frédéric Sauvage.
- Certificat d'addition au brevet n° 4974, pris le 28 mai 1832, par Monsieur Frédéric Sauvage, constructeur de navires, demeurant rue Saint-Nicaise, n° 2, à Paris [Seine], pour :
- LJn appareil nouveau destiné à remplacer les roues des bâtiments à vapeur.
- Mémoire descriptif.
- Le perfectionnement au système spécilié dans le brevet d’invention consiste à agir sur l’air d’après le même principe, au moyen de voiles établies conformément à l’appareil décrit au brevet, soit en spirale, soit en partie de spirale formant des ailes.
- Paris, le 17 janvier 1839.
- Frédéric Sauvage.
- En 1836, la question de l’hélice propulsive fait un progrès décisif avec l’Anglais Smith, qui reprend l’idée de la vis à un seul blet faisant autour de l’axe deux révolutions complètes et logée dans une cage d’étambot (fig. 2). En février 1837, son embarcation, circulant sur le canal de Padington, heurta un obstacle et la vis fut coupée d’une partie de sa longueur.
- A la grande stupéfaction de l’inventeur, la vitesse se trouva sensiblement améliorée par cet accident.
- Les essais furent poursuivis, en tenant compte de cette indication providentielle, en rivière, puis sur mer, et l’Amirauté, qui les suivait avec intérêt, demanda à les voir compléter sur un bâtiment de 200 tonnes.
- Ce fut Y Archimède, que Smith munit d’une machine de 80 ch et d’une vis à un filet décrivant une spire entière (fig. 3), remplacée en 1840 par un autre propulseur comprenant deux filets ne décrivant plus qu’une demi-spire (fig. 4).
- Le voyage heureux de Y Archimède autour de la Grande-Bretagne produisit une grande sensation, si bien qu’en 1841 trois autres navires semblables furent mis en chantier.
- En même temps, en 1836, un ingénieur suédois, Ericsson, fixé en Angleterre, imaginait et essayait un propulseur hélicoïdal, constitué par de nombreuses ailes d’une faible fraction de pas, évidées dans la partie centrale (fig. 5). Les résultats obtenus furent des plus intéressants, mais l’Amirauté ne voulut pas les prendre en considération, et Ericsson, découragé, passa aux Etats-Unis, où son invention reçut le meilleur accueil.
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- Revenons maintenant en France.
- Les essais de Smith et d’Ericsson, ceux aussi de Sauvage, avaient retenu l’attention du constructeur naval, Augustin Normand, du Havre, dont la compétence dans les choses de sa profession était, d’ores et déjà, indiscutée.
- S’étant associé à un mécanicien anglais très expérimenté. M. Barnes, Augustin Normand proposa à Sauvage, en 1841, de faire, sur une grande échelle, l’épreuve de son invention, afin d’en démontrer la valeur. Le traité passé avec celui-ci stipulait une autorisation gratuite au constructeur d’appiiquer l’hélice pour un seul bâtiment, sans aucun privilège pour les applications ultérieures, avec le droit d’en faire l’application dans les conditions qu il jugerait convenable.
- Le bâtiment construit dans ce but fut baptisé le Napoléon. Le gouvernement promettait son intervention financière, si le navire donnait une vitesse de 8 nœuds. Au-dessous de ce chiffre, il resterait pour compte au constructeur. Le risque encouru par Normand était, on le voit, considérable.
- Des essais étendus de propulseurs devaient être effectués. il n’en fut pas construit et essayé moins de 8. sans qu’aucun obtînt 1’approbation de Sauvage, toujours buté à sa conception première.
- La 8e hélice expérimentée était à 4 ailes, à faible fraction de pas, et à pas constant, les ailes s’élargissant vers la périphérie (hg. 6).
- Le succès fut complet. Les 8 nœuds du contrat furent largement dépassés.
- Le Napoléon, après avoir pendant plusieurs années effectué le service postal entre Marseille et la Corse, entra, en 1851, dans les rangs de la flotte française. 11 prit le nom de Corse lorsque apparut le vaisseau à 3 ponts, le Napoléon, chef-d’œuvre de l’illustre Dupuy de Lomé, et termina sa carrière seulement en 1890.
- Pendant toute la période de sa construction et de ses essais, les rapports d’Augustin Normand avec Sauvage furent rendus très difficiles par le caractère emporté et entier de l’inventeur. Ses malheurs lui attirèrent des sympathies, dont la valeur aurait gagné à s’exprimer sur un ton plus modéré, et moins injuste envers Normand. A plusieurs reprises, l’attitude du grand constructeur du Havre envers l’inventeur a été représentée de la façon la plus contraire à la vérité.
- Cette attitude est définie nettement par les lettres qui suivent.
- Elles démontrent quel sentiment de probité et d’équité animait Augustin Normand envers son collaborateur.
- Le Havre, 25 mai 1843.
- Messieurs Sauvage frères, à Paris.
- j’ai appris avec beaucoup de peine et de surprise que les créanciers de Monsieur votre père, regardant son brevet, pour les hélices, comme une affaire à peu près perdue, voulaient faire vendre, à quelque prix que ce fût, sa machine à réduire.
- Il est extrêmement fâcheux de voir perdre ainsi,
- Fig. 4. — Deuxième hélice de l'Archimède. (C’est en réalité l’hélice de Bushnell, 1776).
- par une précipitation et une crainte mal fondées, une affaire excellente en elle-même, et cela d’autant plus que Sauvage n’a jamais été aussi près qu’il l’est maintenant de recueillir le fruit des peines qu’il s’est données pour faire adopter les hélices.
- Plusieurs personnes très influentes dans la marine, auxquelles j’ai fait connaître toute la part que M. Sauvage avait dans le succès de cette importante innovation, ont pris cette affaire fort à cœur.
- Il n’y a pas de doute que, avec l’appui de ces personnes et la sanction des faits et des succès acquis maintenant, le Gouvernement récompensera M. Sauvage des services qu’il a rendus à son pays: seulement, il faut un peu de patience, à cause de la longueur des formes administratives.
- Je m’estimerai aussi heureux d’avoir eontiâbué à
- Fig. 5. — Hélice d’Ericsson.
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- Fig. 6. — Huitième et définitive hélice du « Napoléon ».
- faire rendre justice à Monsieur votre père que d’avoir appliqué avec succès l’hélice à la navigation.
- Recevez, etc.
- Augustin Normand.
- Enfin, Augustin Normand avait écrit, le 15 mai 1843, à l’amiral Baudin :
- « La Commission nommée par le Gouvernement pour suivre les expériences du Napoléon conclut son rapport en disant que le dernier essai de ce bâtiment met lio’rs de toute discussion la supériorité des bâtiments à hélice sur les bâtiments à roues, pour la navigation en mer.
- « Ces résultats importants sont dus à M. Sauvage, de Boulogne, dont la persistance à faire des expériences de son invention, sur l’application des hélices à la navigation à vapeur, a mis l’Anglais M. Smith sur la voie d’expériences semblables et lui a donné l’idée de faire construire Y Archimède. Il y a lieu de penser que, sans M. Sauvage, il n’y aurait pas encore de bateaux à hélice. Eh bien ! ce brave homme, qui fait et fera certainement honneur à son pays, est maintenant détenu pour dettes dans la maison d’arrêt de cette ville. Il ne s’agit que d’une faible somme. Je ne crois pas qu’il doive plus de 10 000 à 12 000 francs. Il me semble que le Gouvernement, qui va jouir du fruit des veilles de M. Sauvage, lui doit une récompense, soit en achetant son brevet, pour s’en servir pour sa marine, soit, mieux encore, en l’achetant pour le mettre dans le domaine public.
- « Il s’agit d’un homme qui a rendu véritablement service à son pays, en perfectionnant la navigation; il est malheureux ; à ces deux titres, il m’a paru digne de toute votre bienveillance.
- « Agréez, etc.
- « Augustin Normand. »
- D’autre part, M. Tresca, membre de l’Académie des Sciences, chargé de parler au nom de l’illustre Compagnie à l’inauguration de la statue de Sauvage à Boulogne, disait :
- « Quant à nous, loin de consentir à restreindre les mérites de ceux qui l’ont suivi dans cette voie féconde,
- nous n’hésitons pas à revendiquer pour Normand la gloire incontestable d’avoir construit en France, avec le consentement de Sauvage, le premier navire à hélice mû par la vapeur; nous lui savons un gré infini d’avoir consacré toutes ises ressources de grand constructeur à la réalisation d’une idée qu’il reconnaissait bonne, mais sur laquelle il avajt bien le droit, ne fût-ce que pour sauvegarder ses graves responsabilités, de greffer ses propres inspirations. Normand aussi était un mécanicien hors ligne, qui a acquis plus d’honneur que de profits dans le développement qu’il a su donner à ses importants chantiers du Havre. Ne trouvez-vous pas que ces grandes figures se définissent mieux les unes par les autres, et qu’elles grandissent à n’être pas isolées ? »
- En résumé, Sauvage, qui n’avait certainement connu aucune des recherches effectuées jusqu’à lui au sujet du propulseur à vis, a repris, sans le savoir, l’idée de Ressel, de Dallery et bien d’autres, et a préconisé une vis à un seul filet décrivant une spire entière. Normand et son associé Barnes, en divergence formelle de conception avec Sauvage, ont placé à bord du Napoléon un propulseur formé de vis à 3 ou 4 filets, limité à de très courtes fractions de spires (fig. 6). Ce système multipliait l’action propulsive tout en réduisant les résistances de frottement. C’est lui qui a été définitivement adopté sous le nom d’hélice propulsive et a révolutionné, comme on le sait, les conditions de la navigation.
- # *î:
- La lice est d’ailleurs restée ouverte, et la question de la meilleure hélice n’est pas encore résolue, en dépit d’études théoriques, d’expériences méthodiques, s’étendant sur près d’un siècle.
- Il semble, en effet, qu’à chaque navire convienne une hélice spéciale, seule capable de lui faire donner la meilleure vitesse, hélice dont les proportions ne peuvent être déterminées que d’après des expériences effectuées sur. des modèles réduits, mais qui a toujours, comme celle du Napoléon, 3 ou 4 ailes d’une faible fraction de pas.
- Quant au point de savoir à qui revient l’honneur de la découverte du propulseur hélicoïdal, nous dirons qu’il est impossible et, par ailleurs, tout à fait vain de le fixer.
- Le principe de toutes les grandes inventions a été à maintes reprises inventé et réinventé.
- Il convient donc d’unir dans un sentiment de gratitude les noms des inventeurs qui, en France, et en dehors de la France, ont, par des efforts communs qui, presque toujours s’ignoraient, doté l’humanité de l’admirable instrument, l’hélice propulsive, qui donna à la navigation son prodigieux essor.
- Tous ceux-là ont droit à la reconnaissance du genre humain.
- Et c’est ainsi que le nom de Sauvage doit être conservé à côté de ceux de Stevens, Ressel, Smith, Ericsson, et aussi de ceux d’Augustin Normand et de John Barnes.
- Ct Sauvaire-Jourdan.
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- S POUR ÉVITER LA RUPTURE DES RAILS =
- UN NOUVEAU TRAITEMENT THERMIQUE
- Nous avons déjà signalé ici l’importante question des ruptures de rails avec quelques moyens préventifs, mais il nous paraît intéressant de décrire une innovation très simple, qui a déjà servi en Angleterre à traiter depuis peu de temps plus de dix mille tonnes de rails. Cette invention mérite l’éloge, car elle améliore les rails sans augmenter le prix de revient. Elle consiste, en effet, essentiellement, à faire passer les rails dans un four où ils se refroidissent lentement au-dessous des points critiques de transformation jusqu’à 370° C environ (ce four n’a besoin d’être chauffé qu’au début d’une séance de travail, la chaleur mutuelle des rails suffit ensuite), après quoi ils sortent droits, évitant ainsi la coûteuse opération du planage des rails cintrés, laquelle n’est pas sans danger pour la sécurité. En outre, les rails ainsi traités sont exempts de fissures internes.
- Quoique ce traitement s’applique à tous les rails et qu’il devrait — en raison de ses avantages — être rendu réglementaire, il présente un intérêt particulier pour les rails durcis superficiellement par l’un quelconque des. procédés propres à leur donner la texture sorbitique, notamment par le procédé C. P. Sandberg, le plus ancien, qui compte, principalement en Angleterre et en Amérique, des références portant sur des tonnages considérables.
- Les pays anglo-saxons, très pratiques, n’avaient adopté, d’ailleurs, ce procédé que pour l’économie qu’il procurait en prolongeant la durée de la voie : le rail sorbitisé durant deux fois comme le rail non traité provenant du même lingot.
- En France, où le souci de la vie humaine l’emporte sur l’économie, les ingénieurs des chemins de fer craignaient que la texture sorbitique, en durcissant le rail, le rendît fragile. A la vérité, ces craintes — qui font honneur à ceux qui les exprimaient — étaient excessives puisque le traitement n’augmentait pas seulement la dureté exprimée à la bille de Brinell, mais, parallèlement, la limite élastique, la ténacité ou résistance à la traction et la résilience ou résistance au choc. Une seule caractéristique diminuait un peu : l’allongement pour cent avant rupture, mais non dans des conditions inquiétantes puisque la limite élastique et la ténacité étaient augmentées.
- La commission mixte des rails, organisme technique qui centralise toutes les études et toutes les recherches pour le compte des grands réseaux de chemins de fer, sous la direction de M. Cambournac, le distingué ingénieur en chef du Chemin de fer du Nord, voulut cependant vérifier la non-fragilité dans des circonstances se rapprochant de la pratique, mais encore plus dures. Ces essais furent poursuivis, d’abord à l’aide de rails de Neuves-Maisons sorbitisés par trempes successives modérées sur une voie où l’on faisait patiner une locomotive attelée à un lourd convoi, en projetant de l’huile sur le rail. Des
- essais analogues, de durée au moins égale, ont été effectués sur les rails traités par le procédé Sandberg à Hagondange. Là, un mécanicien habile arrivait à des patinages sévères et prolongés en forçant la vapeur; le rail et le bandage des roues de la locomotive devenaient rouges et lançaient des étincelles. Ces essais ont montré l’aptitude particulière des rails sorbitisés à résister à des sollicitations qui n’atteignent jamais, en service normal, une telle intensité, surtout pendant une si longue durée d’application.
- Ces essais ont montré, en outre, la tenue remarquable de rails en chrome-nickel électro-fondus, dont le prix malheureusement semble prohibitif pour les chemins de fer.
- En dehors de cet acier spécial et peut-être de quelques autres également coûteux, les seuls moyens dont l’ingénieur dispose pour renforcer la bonne tenue des rails sont, avec le renforcement des sections et le rapprochement des appuis :
- a) L’emploi d’acier à teneurs élevées en carbone;
- b) Le traitement thermique de l’acier ordinaire.
- Parmi les traitements thermiques, il faut écarter la
- trempe, qui donne de la martensite avec un maximum de dureté, mais aussi de fragilité. Au contraire, la texture sorbitique allie heureusement la résistance à l’usui'e et la
- Fig. 1. — Contraction des couches intérieures et extérieures en fonction du temps.
- Contraction intérieure plus rapide
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- = 358 ..., . 1 '.=
- résistance au choc. Les essais que nous venons de citer le prouveraient si cela était nécessaire, c’est-à-dire si tlon n’avait pas — surtout en ce qui concerne les rails traités par le procédé Sandberg —- la sanction indiscutable d’une longue pratique.
- Par conséquent, pour obtenir une certaine dureté, une certaine ténacité avec une limite élastique donnée, l’ingénieur peut :
- Ou demander des rails à plus haute teneur en carbone ;
- Ou prendre des rails ordinaires en demandant le traitement; sorbitique.
- Et le problème revient à demander s’il est préférable d’agir sur la composition chimique ou de traiter l’acier convenablement. 11 n’est pas possible d’hésiter si l’on a le souci de la vie des voyageurs : le traitement thermique (nous ne parlons ici que du traitement sorbitique) est de beaucoup préférable, car, en forçant la teneur en carbone, on durcit bien l’acier, mais on le rend fragile.
- Fig. 2, 3, 4, 5. — Microphotographies comparatives sur deux rails, l’un traité par le procédé Sandberg sorbitique et le four Sandberg,
- l’autre non traité.
- En haut : échantillon non traité (à gauche grossi 400 fois, à droite grossi 1000 l'ois).
- En bas : échantillon traité (à gauche grossi 400 l'ois à droite grossi 1000 fois).
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- Le problème serait depuis longtemps résolu par la généralisation des rails sorbitisés, si l’on n’avait pas voulu pousser plus loin encore la sécurité, pour laquelle certains ingénieurs n’hésitaient pas à souhaiter des rails aussi doux que possible, sacrifiant l’économie à la sauvegarde.
- Si les accidents dus à la rupture des rails sont heureusement relativement rares, ils causent parfois de véritables catastrophes faisant de nombreuses victimes et il est bien certain qu’un nouveau pas devait être fait pour éviter ces événements dramatiques.
- *
- * 4c
- Quand on regarde de près la question, on s’aperçoitj qu’en dehors des défauts apparents qu’un contrôle attentif et éclairé permet de dépister, les ruptures ont souvent pour origine des fissures internes et par conséquent invisibles, qui Unissent par former, au centre de la section, ce qu’on appelle « la tache ovale ».
- Ainsi le rail ne tenant plus qu’aux bords de la section peut se rompre soudainement.
- Il faut donc éviter la tache ovale et toute fissuration interne.
- Examinons comment peuvent naître ces fissures internes.
- Le rail laminé et scié est généralement abandonné au refroidissement à l’air sur les étendoirs où il arrive rouge. Lorsque le rail a subi le traitement sorbitique, il arrive de même sur ces étendoirs, mais déjà à une température au-dessous des points critiques de transformation du métal. En raison des échanges calorifiques inégaux qui se font entre la masse du métal et la surface du patin et du champignon, le rail se courbe d’un côté, puis de l’autre. Il faut le redresser. Pendant cette opération les fissures amorcées peuvent s’ouvrir.
- Or, pendant le refroidissement du rail, ces fissures ont beaucoup de chances pour naître, cela pour deux raisons :
- a) Les caractéristiques mécaniques du métal sont plus faibles à l’intérieur qu’à l’extérieur;
- b) La contraction du métal à un certain moment se fait plus vite à l’intérieur qu’à l’extérieur.
- Il suffit de considérer les caractéristiques mécaniques de l’acier en fonction de la température pour être convaincu de l’impossibilité d’éviter la cause (a) dans le refroidissement de toute masse d’acier entre la température critique et 370° C environ (').
- La même chute de température va-t-elle entraîner nécessairement la condition (b)? — On ne peut l’affirmer avec autant de certitude que pour la condition (a), mais il y a certaines raisons de le redouter :
- 1° Il est incontestable que — pendant tout Je cours du refroidissement — le métal intérieur reste plus chaud que la « peau » du rail et que la différence entre les températures des couches internes et externes est d’autant plus forte évidemment que le refroidissement extérieur est plus rapide ;
- 2° Au passage à certaines températures, le refroidisse-
- 1. Cf. Ed. Marcotte, Les Matériaux, t. III, Gauthier-Villars, édit.
- ment se ralentit, on constate même un certain réchauffage; ce phénomène, dit de récalescence, est bien connu ;
- 3° Ce passage est aussi caractérisé par une dilatation ou expansion soudaine de la couche de métal en question.
- *
- * *
- Ces modifications thermiques et volumétriques sont suivies d’une double accélération du refroidissement et de la contraction du métal.
- Et si la différence entre les températures extérieures et intérieures est telle que cette accélération du mouvement de contraction intérieure — qui se produit nécessairement alors que-les couches intérieures présentent leur plus faible résistance mécanique — se manifeste aussi au moment où l’extérieur est assez refroidi pour avoir acquis une ténacité supérieure, toutes les conditions qui donnent lieu à fissuration intérieure se trouvent rassemblées.
- Le diagramme ci-contre (fig. 1 ) est l’exemple approximatif des contractions intérieure et extérieure en fonction du temps.
- Par exemple, en A, peu après l’expansion singulière du métal à l’intérieur, la vitesse de contraction passe par un maximum et peut être représentée graphiquement par la tangente AM à la courbe du retrait intérieur, tandis que la vitesse de retrait extérieur au même moment est représentée par la tangente A'M dont la pente est beaucoup moins rapide. On peut estimer que la vitesse de retrait est, à ce moment, près de trois fois plus élevée à l’intérieur qu’à l’extérieur.
- *
- * *
- Une série d’expériences à l’échelle industrielle montrent que pour supprimer radicalement toutes fissures internes dans les rails, il suffit d’introduire ceux-ci dans le four avant que l’extérieur, côté champignon, soit au-dessous de 550° C et de prolonger suffisamment leur séjour. Cela, bien entendu, n’est qu’une indication approximative, car il est bien difficile de mesurer avec précision la température des rails sur les étendoirs, mais ce n’est pas une question de quelques degrés près.
- Tous les rails devraient être refroidis au four très simple qui a été imaginé par MM. Sandberg et qui fonctionne d’ores et déjà depuis un certain temps : à Cargo Fleet Works; à la.de Dorrnan Long, anx usines de Cleveland et à celles de la Cie Workington Iron and Steel,. en Angleterre. :
- Le passage au four s’impose particulièrement, pour compléter le traitement sorbitique.
- Nous ne reviendrons pas sur la « sorbitisation » et ses avantages, mais nous voulons mettre sous les yeux des lecteurs quatre microphotographies montrant les difîé-
- Fig. 6. — Emplacement des empreintes faites à la bille Brinell pour les mesures de dureté relatées sur le tableau ci-conirc.
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- = 360 -................ ..............................-
- rences de texture entre un rail non traité et un rail « sorbitisé » ayant passé au four.
- Sur les ligures 2 et 4 qui représentent la texture avec un grossissement 400, on peut vérifier déjà combien celle du rail traité est plus homogène avec un grain plus serré. Le grossissement 1000 accuse d’une manière plus sensible les différences. La figure 3, rail non traité, montre nettement les plages alternées de ferrite et de cémentite, caractéristiques de l’hétérogénéité des aciers refroidis à l’air, structure dite perlitique. Sur la figure 5, structure du rail traité, également grossie 1000 fois, on ne peut retrouver ces lignes caractéristiques qui font ressembler la ligure 3 à une carte topographique avec courbes de niveau; l’aspect de la figure 5 est, au contraire, frisé ou nuageux, apparence due à l’extrême rapprochement des constituants assurant une dureté, une ténacité, une élasticité bien supérieures.
- Le tableau ci-dessous résume, d’ailleurs, les caractéristiques chimiques, physiques et mécaniques de deux rails, l’un traité par le procédé Sandberg sorbitique et le four Sandberg, l’autre non traité, provenant de coulées voisines et essayés le 13 août 1930 aux usines de la Cargo Fléet Iron C°, Middlesborough (Angleterre). La figure 6
- indique l’emplacement des empreintes faites à la bille de Brinell pour la mesure de la dureté.
- Ce tableau, plus encore que les microphotographies, illustre les avantages du procédé.
- Conclusion. — En faisant passer les rails dans un four très simple et très économique entre 550 et 375° C environ, on réalise le refroidissement de sorte qu’il n’engendre aucune contrainte intérieure susceptible d’entraîner la fissuration. L’absence de contrainte est prouvée par le fait que les rails sortent droits et qu’on évite ainsi la coûteuse opération du planage ou redressement, qui n’est pas sans danger pour la sécurité.
- Si l’on sépare le rail en trois tronçons, patin, âme et champignon, on n’observe pas non plus de courbure sensible, expérience qui vient confirmer, d’une manière encore plus rigoureuse, l’absence de contraintes intérieures.
- La suppression du planage contre-balance à peu près les frais du passage au four. L’hésitation n’est donc plus permise ; il faut passer tous les rails au four, lequel est particulièrement indiqué pour compléter la sorbitisation qui renforce le rail de toutes manières.
- Edmond Marcotte.
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- Traité. 0,609 0,16 0,040 0,030 0,77 74.94 m/m flèche. 94.34 12,5 30,0 2,9 m/m 262 269 262 262 262 241 255 235 229 223 830"> C. 6001 c. 118 sec.
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- MICHEL FARADAY
- L’Angleterre vient de célébrer solennellement le centenaire de Faraday, ou plus exactement le centenaire de la plus importante, au point de vue pratique, des nombreuses découvertes de l’illustre savant : l’induction électromagnétique.
- Il est peu de savants qui aient eu une carrière aussi bien remplie et aussi féconde que celle de Faraday, consacrée exclusivement, dès la sortie de l’enfance, à la recherche scientifique. Il n’en est pas dont les découvertes aient eu plus de portée, aussi bien dans le domaine théorique que dans celui des applications. Toute l’industrie électrique est née de la découverte de l’induction. Aux mérites éclatants du savant, Faraday a su joindre le charme du caractère, la sûreté des relations, qualités qui lui ont valu, de son vivant, l’amitié de tous ses pairs; il reste aujourd’hui une des plus belles et des plus sympathiques figures de la science.
- Tous les pays civilisés ont tenu à s’associer à l’hommage rendu par l’Angleterre à son illustre enfant : il n’est pas une nation, en effet, qui ne doive une bonne part de sa prospérité aux découvertes de Faraday, mises en œuvre depuis un siècle par une armée d’inventeurs et d’ingénieurs.
- L’histoire romanesque des débuts de Faraday est bien
- connue : né en 1791, fils d’un forgeron, il fut à l’âge de 13 ans placé en apprentissage chez un relieur; il lisait les livres qu’il était chargé de relier ; la lecture des Conversations sur la Chimie, d’un écrivain suisse, Mme Marcet, lui révéla sa propre vocation : il se passionna pour la chimie, assista à des cours populaires, s’évertua à en reproduire par ses propres moyens les appareils et les expériences. Un savant, client de son patron, lui donna un jour des billets d’entrée à des conférences que donnait, à la Royal Institution, Humphrey Davy, alors dans tout l’éclat de sa gloire. Ces conférences décidèrent de la carrière de Faraday; à la fin de son apprentissage, dégoûté de son nouveau patron, il écrivit à Davy pour le prier de lui faciliter l’accès d’une carrière scientifique, en joignant à sa lettre un résumé des conférences auxquelles il avait assisté. Davy, frappé des qualités de mémoire et d’intelligence que révélait cette lettre, entra en correspondance avec le jeune apprenti et, le 1er mars 1813, il engageait Faraday comme assistant, ou plutôt comme simple garçon, à son Laboratoire, à la Royal Institution, aux minces appointements de 25 shillings par semaine, mais avec un logement de deux pièces. Depuis, on a dit avec raison que Faraday était la plus grande découverte de Davy.
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- Davy distingua-t-il immédiatement les dons exceptionnels de son jeune collaborateur ? On ne sait. Ce grand chimiste était un hautain et orgueilleux personnage, et Faraday, à ses débuts, était un peu traité comme un valet. 11 était cependant, en octobre 1813, admis à accompagner son maître dans le grand voyage que celui-ci entreprit sur le continent, pour visiter les principaux savants d’Europe. La France, maîtresse de la plus grande partie de l’Europe, était alors en guerre avec l’Angleterre; mais Napoléon avait accordé toutes les autorisations nécessaires. Les voyageurs, de 1813 à 1815, séjournèrent en France, en Suisse, en Italie, au Tyrol. Faraday fait encore figure de domestique; mais il est en contact avec l’élite des savants de l’époque : l’un d’entre eux, le physicien genevois de la Rive, sait apercevoir, dans ce jeune homme modeste et sympathique, l’étincelle du génie et il doit partager avec Davy l’honneur de la découverte de Faraday.
- Dès son retour en Angleterre, Faraday, tout en continuant à seconder Davy, commence des travaux personnels qui font rapidement de cet autodidacte un des premiers chimistes du temps. Il liquéfie le chlore et de nombreux gaz. Il découvre le benzol, fabrique des qualités nouvelles de verre. C’est un travailleur infatigable, un expérimentateur de la plus grande ingéniosité, un esprit à la curiosité toujours en éveil.
- En 1820, le savant danois CFrsted observe l’action déviatrice du courant électrique sur l’aiguille aimantée; phénomène d’apparence paradoxale, révélant une action à distance entre l’électricité et le magnétisme. Le mémoire d’Œrsted provoque immédiatement un immense intérêt dans tous les milieux scientifiques alors imprégnés des théories newtoniennes et déclenche un mouvement qui ne s’arrêtera plus pendant tout un siècle.
- On sait comment il donna naissance, en septembre 1820, aux mémorables expériences d’Ampère qui permirent à celui-ci d’établir les lois fondamentales de l’action d’un courant sur une masse magnétique et d’un courant sur un courant.
- Au laboratoire de Davy, l’intérêt provoqué par les publications d’Œrsted et d’Ampère est également très vif. Faraday prend part à des discussions qui s’engagent entre Davy et Wollaston; en 1821 il réussit à faire tourner d’un mouvement continu une aiguille aimantée autour d’un courant électrique. Désormais, pendant de longues années, il va appliquer son génie d’observation et d’expérimentation à ces phénomènes électrodynamiques, si mystérieux encore pour ses contemporains les plus perspicaces.
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- Alors qu’Ampère s’est laissé guider, dans ses recherches, par la notion newtonienne d’action à distance, Faraday, au contraire, qui croit à la continuité dans la nature, entrevoit une propagation par un milieu interposé et se représente les courants comme entourés d’un cortège de lignes de forces magnétiques : notions fécondes qu’il devait formuler avec précision en 1837 et qui, développées plus tard par Maxwell et ses continuateurs, feront de l’électromagnétisme le fondement de la physique et de la mécanique modernes.
- En novembre 1831, Faraday annonce à la Royal Society dont il est membre depuis quelques années la découverte de l’induction électromagnétique : il a constaté que, dans un conducteur placé dans un champ électromagnétique variable, un courant électrique prend naissance et il formule les lois essentielles de ce remarquable phénomène.
- Date mémorable, à coup sûr; car c’est sur les lois de Faraday complétant celles d’Ampère que reposent toutes les machines électriques modernes : génératrices ou moteurs, et l’effort des inventeurs n’allait pas tarder à suivre la publication du mémoire de Faraday.
- Chose curieuse, c’est en France, en mai 1832, dans les Annales de Physique et Chimie, que fut publié, traduit en français, le mémoire détaillé, faisant suite à la communication verbale à la Royal Society.
- Là ne s’arrête pas la contribution de Faraday aux progrès de la science de l’électricité. Qui saurait oublier qu’on lui doit également la connaissance des lois fondamentales de l’électrolyse, ainsi que celles de l’action du magnétisme sur la lumière ? C’est lui aussi qui découvrit l’existence des corps diamagnétiques. Il étudia le passage de l’électricité dans les tubes à atmosphère raréfiée.
- Ses travaux réunis en trois volumes peuvent aujourd’hui encore servir de guide et de modèle aux observateurs et aux expérimentateurs.
- Faraday mourut en 1867; au cours de sa longue existence il avait pu assister au vaste développement du domaine théorique et pratique qu’il avait si généreusement labouré et ensemencé. Toute sa vie il s’était dérobé aux honneurs et aux charges officielles qui auraient pu l’accabler : il avait simplement accepté, en 1858, le don d’une maison offerte par la reine Victoria. Il s’y retira, abandonnant l’appartement de la Royal Institution où, depuis 1813, s’était écoulée sa paisible et studieuse existence. A. T.
- — LES CELLULES AU SELENIUM
- LEURS PERFECTIONNEMENTS ET LEURS APPLICATIONS
- RÉCENTES
- Les différents modèles de cellules photoélectriques se classent en deux catégories, au point de vue de leurs applications pratiques : d’une part, les cellules photorésistantes, sur lesquelles l’action de la lumière provoque une variation de résistance électrique; d’autre part, les cellules photo-émettrices dans lesquelles les rayons lumineux déterminent un courant électrique.
- Les cellules photo-émettrices étaient connues bien avant l’apparition des premières cellules photorésistantes, grâce aux travaux d’Edmond Becquerel; ce sont pour-
- tant ces dernières qui ont été utilisées tout d’abord et pendant de nombreuses années.
- La résistance électrique du sélénium s’abaisse lorsque ce corps est éclairé. On dit quelquefois que le chimiste Berzélius se rendit compte dès 1818 des propriétés photorésistantes de ce corps, mais on a sans doute attendu jusqu’en 1873 pour constater des phénomènes probants. A cette époque, l’ingénieur anglais May, préparateur de Willoughby Smith, ingénieur des télégraphes, effectuait des mesures de résistance sur des câbles transatlantiques
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- à la station de Yalencia. May remarqua que les mesures différaient suivant qu’on était ou non au soleil, ou même quand l’ombre d’un opérateur se projetait sur les appareils à résistances au sélénium; les variations pouvaient atteindre 15 à 30 pour 100. L’adoption de boîtiers opaques mit fin à ces écarts, mais il était ainsi prouvé que la résistivité du sélénium variait en fonction de son éclairement.
- Le rapport de M. Willoughby Smith à la Société anglaise des Ingénieurs des Télégraphes excita l’intérêt de tous les physiciens du monde. A partir de ce moment, on allait tenter pendant près de 50 ans d’utiliser la cellule au sélénium, avec plus ou moins de succès, d’ailleurs, pour des applications nombreuses et très diverses.
- LE SÉLÉNIUM
- Ce corps est un métalloïde de la famille du soufre et du tellure, découvert en 1817 par le célèbre chimiste suédois Berzélius, dans les boues des chambres de plomb (dans lesquelles on fabrique l’acide sulfurique), à Christ-
- holin. Il présente trois variétés allotropiques différentes.
- Le sélénium vitreux prend naissance par solidification lente du sélénium fondu; de couleur noire normalement, il est rouge par transparence, si on le réalise en lames minces. Il est à peu près insoluble dans le sulfure de carbone.
- Le sélénium rouge se dépose en flocons cjuand on expose au contact de l’air une solution d’acide sélénhydrique. Il est légèrement soluble dans le sulfure de carbone.
- Enfin, le sélénium cristallisé se produit quand on porte le sélénium vitreux à 125 degrés. Il fond à 217°, et bout à 690°. Il est de couleur grise ou noire, et complètement insoluble.
- Seule cette dernière variété allotropique est utilisée pour la réalisation des cellules photorésistantes. Mais cette forme cristalloïde est instable, elle tend à s’oxyder lentement sous l’action de l’air, aussi a-t-on été obligé d’avoir recours à des procédés de protection que nous indiquerons plus loin.
- LES CELLULES AU SÉLÉNIUM
- Pour remédier à l’instabilité du sélénium cristallisé, le physicien allemand Ruhmer avait préconisé vers 1906 le montage deo cellules dans une ampoule vide d’air.
- Le regretté physicien français Louis Ancel a montré beaucoup plus tard, vers 1912-1914, que le sélénium
- chimiquement pur n’a pas de propriétés électrolumineuses, et il chercha à stabiliser le sélénium gris en le combinant à d’autres métalloïdes.
- Les combinaisons les plus généralement employées sont des mélanges sélénium-tellure et sélénium-soufre, mais ces mélanges doivent être soigneusement dosés.
- D’après des mesures effectuées par les physiciens Amaduzzi et Padoa, une incorporation de 0,5 pour 100 de tellure provoque un rapport de 2 environ entre la conductibilité de la cellule dans l’obscurité et celle qu’elle présente sous un éclairement de 81 lux; mais si cette proportion de tellure est portée à 6,5 pour 100, l’écart disparaît.
- Avec le soufre, et toujours en considérant le même éclairement, on a un rapport de 3,5 pour une incorporation de 4 pour 100 et de 1,2 seulement si l’on porte la proportion à 11 pour 100. Ainsi il faut ajouter une faible proportion de soufre ou de tellure pour avoir un rendement optimum.
- Un des premiers modèles, construit par Graliam Bell, l’inventeur du téléphone, était constitué par un empilage de disques de laiton séparés les uns des autres par une feuille de mica; ces disques étaient percés d’ouvertures circulaires et portaient aussi de petits cônes dont les sommets pénétraient dans les ouvertures correspondantes du disque voisin, mais sans en toucher les bords.
- On remplissait de sélénium les ouvertures annulaires ainsi réalisées. D’après M. Piraux, la résistance totale d’une telle cellule était d’environ 1200 ohms dans l’obscurité, et cette, valeur diminuait de moitié lorsque l’élément était exposé à la lumière solaire.
- On constata qu’on obtient une plus grande variation de résistance en augmentant la surface du sélénium exposé à la lumière, et en diminuant au contraire le trajet du courant à travers la matière. La couche active doit d’ailleurs être peu épaisse puisque les couches profondes ne subissent pas d’action lumineuse directe dans le cas contraire, et la partie active serait ainsi shuntée, en quelque sorte, par une résistance fixe diminuant la sensibilité du dispositif (fig. 1).
- Dans ce but, on utilise de préférence le type dit bobiné. Ruhmer utilisait, par exemple, un support en porcelaine dépolie portant deux filetages parallèles. Dans chacun de ces filetages un fil métallique rond constituait une armature ; les deux conducteurs étaient réunis par une mince couche de sélénium (fig. 2 A).
- Louis Ancel construisit des cellules sur des supports méplats de dimensions n’excédant pas 2 à 3 cm, autour desquels étaient bobinés à très peu de distance l’un de l’autre les deux fils de cuivre reliés à la source électrique. Entre l’espace séparant les spires était déposé le sélénium^ vitreux qui était ensuite transformé en sélénium sensible par catalyse en présence de la substance stabilisatrice, en se rapprochant le plus possible du point de transformation vers 273° centigrades (fig. 2 B).
- Dans la cellule de Fritts, le sélénium est coulé sur une plaquette de cuivre, puis recouvert d’une feuille d’or tellement mince qu’elle est transparente; on peut ainsi augmenter au maximum la surface sensible (fig. 2 C).
- On emjDloie beaucoup, aujourd’hui, des modèles dits
- Conducteurs
- Couche
- sensible
- iunducteur
- Couche sensible
- Fig. 1. — Disposition du sélénium pour réaliser un élément photoélectrique. Le sélénium doit être 'disposé en couche très mince et il faut diminuer le trajet du courant à travers la matière : la disposition A est défectueuse. La disposition B est la meilleure; la surface sensible est la même dans les deux cas.
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- Sélénium
- du type à condensateur comportant un assemblage de bandes étroites, longues et très minces, de sélénium couchées sur un isolant (mica par exemple) et placées en « sandwich » entre des lames de cuivre avec lesquelles elles forment ainsi un pont (fig. 2 E).
- Le sélénium adhère ainsi très fortement au cuivre.
- Un modèle tout récent comprend des plaques conductrices placées de champ et isolées les unes des autres par des feuilles de mica; ces plaques sont constituées par deux types de métaux dont l’un est mouillé par le sélénium fondu, tandis que l’autre ne l’est pas. Les plaques non mouillables sont connectées au lil d’amenée du courant et constituent les électrodes, tandis que les plaques mouillables sont placées entre les premières, et n’ont aucune connexion électrique avec les lils d’amenée du courant.
- Dans la cellule du technicien autrichien Thirring, pour le phonographe à film, dit sélénophone, la minceur de la couche sensible qui donne au système son principal avantage serait assurée par un procédé spécial (fig. 2 ü).
- Un spécialiste français de ces questions, M. André Rio, a récemment perfectionné les modèles de cellules d’Ancel en modifiant l’espace ou le pas du bobinage des spires, en les écartant régulièrement au moyen de bobineuses micrométriques spéciales, et en supprimant le fil émaillé adopté primitivement qui nuisait à la durée de la cellule (fig. 3).
- Ce technicien a également réalisé des cellules à mon tage différentiel, qui peuvent servir facilement «à la comparaison de deux intensités lumineuses.
- LEURS CARACTÉRISTIQUES
- Ce sont les rayons visibles du spectre, et plus particulièrement les rayons oranges, qui produisent sur les cellules au sélénium les effets les plus marqués, mais ces cellules réagissent encore pour les rayons ultra-violets, même de très courte longueur d’onde, et l’on retrouve la sensibilité du sélénium dans les rayons X pour des longueurs d’onde de 0,2 à 0,3 angstrüms. Cependant, les effets obtenus alors ne sont -généralement pas utilisables, par suite de l’apparition d’autres phénomènes empêchant toute mesure précise.
- La température influe, d’autre part, sur les propriétés de la cellule ; en général, la conductibilité de cette dernière augmente linéairement en même temps que la température. Ainsi, Fournier d’Albe a trouvé que, pour une cellule déterminée, une résistance de 800 000 ohms à 10° était abaissée à 700 000 ohms pour une température de 40°. A la température de l’air liquide, la cellule se comporte comme un isolant parfait, et, d’ailleurs, aux très basses températures les variations de résistance se manifestent bien plus lentement.
- Les variations hygrométriques influent également sur les propriétés du système ; sa sensibilité diminue si l’humi-clité augmente. On a supposé simplement, pour expliquer
- Sélénium déposé sur bobinage
- Feuille d'or transparente
- Cylindre support isolant
- Fils de connexion reliés au circuit tilisation.
- Selênium-
- K
- Bornes d utilisation
- Isolant
- Selênii
- Circuit d'utilisation
- Conducteur
- Sélénium
- Couche
- sensible
- Fig. 2. — Dispositions schématiques de quelques cellules photoélectriques au sélénium. A, cellule à bobinage cylindrique ; B, cellule d’Ancel (vue générale et coupe agrandie); C, cellule de Fritts ; D, coupe de la cellule Thirring ; F, cellule en condensateur.
- ce phénomène, qu’une mince pellicule aqueuse se déjmse entre les électrodes, diminuant la résistance totale.
- Enfin, les cellules au sélénium semblent être altérées facilement par toutes les vapeurs oxydantes et même par celles du tabac, ainsi que par les gaz délétères.
- C’est pourquoi on place les éléments dans des boîtiers protecteurs ; on recouvre la couche sensible d’une feuille transparente aux radiations considérées (cellophane, par exemple) ; il semble pourtant inutile, en général, de les placer dans le vide comme le proposait Ruhmer.
- D’autre part, il peut se produire une fatigue de la cellule, c’est-à-dire une diminution de sensibilité au bout d’un certain temps; l’application d’un courant trop intense ou d’un éclairage trop violent détermine le même phénomène.
- Fig. 3. •— Quelques modèles français de cellules au sélénium à bobinages ou en condensateurs (modèles Lévy et Rio).
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- En construisant convenablement le système, et en prenant les précautions nécessaires, on peut éviter ces inconvénients, mais il en est deux autres plus graves, du moins pour certaines applications, ce sont l’inertie et la rémanence ou hystérésis de la cellule.
- Si nous examinons une cellule au sélénium, intercalée dans un circuit électrique avec interposition d’un galvanomètre, nous constatons en général les phénomènes suivants :
- La surface de la cellule étant placée dans l’obscurité, le galvanomètre indique le passage d’un faible courant électrique qui correspond à la résistance dite « d’obscuration » de la cellule (fig. 4).
- Si nous faisons tomber alors sur la surface sensible un faisceau lumineux, l’aiguille du galvanomètre dévie, mais avec un léger retard de l’ordre de quelques centièmes de seconde. Lorsque nous supprimons brusquement le faisceau lumineux, le phénomène inverse se reproduit, c’est-à-dire que l’aiguille du galvanomètre ne commence à descendre que quelques centièmes de seconde après l’obscuration de la cellule; là réside 1 ’effet d’inertie.
- Outre cette inertie, nous constaterons qu’au moment de l’éclairement, l’ascension de l’aiguille du galvanomètre continue quelquefois plusieurs minutes alors que l’intensité lumineuse maximum est atteinte, et,qu’in-versement,à l’obscuration, l’aiguille après une brusque chute ne revient à sa position première que quelques instants, et quelquefois même quelques heures, après que tout phénomène optique a cessé. Suivant l’expression heureuse de M. André Rio, le spécialiste que nous avons déjà cité, il semble que « le sélénium reste imprégné de lumière ». On a donné à ce phénomène le nom de rémanence.
- Si nous répétons plusieurs fois cette expérience, et que nous en représentions les résultats par un graphique, nous obtiendrons une courbe semblable à celle de la figure 4, comparable à celle que l’on obtient sous l’effet de l’hysté-résis magnétique bien connu de tous ceux qui étudient les dynamos et les transformateurs de tous genres.
- , On peut arriver, par une préparation convenable, à modifier la structure cristalline du sélénium gris, de ' manière à transformer aussi ses propriétés photoélec-' triques.
- 1 II n’existe, d’ailleurs, que peu de spécialistes ayant : l’habitude de cette préparation. M. André Rio semble ainsi être parvenu à réaliser soit des cellules dites molles, sensibles, mais présentant des phénomènes de rémanence et d’inertie très accentués, soit des cellules dures peu sen-
- sibles, mais pour lesquelles les phénomènes de rémanence et d’inertie sont beaucoup moins marqués.
- A QUOI EST DÛ
- LE PHÉNOMÈNE PHOTORÉSISTANT?
- On a présenté plusieurs théories pour expliquer la transformation des effets lumineux en effets électriques.
- L’une d’elles suppose que le sélénium serait composé d’une très grande quantité de petits cristaux; le flux lumineux avec sa projection de « photons » relierait entre eux ces cristaux et augmenterait la conductance. Dans une autre hypothèse, on suppose qu’il y aurait variation de pression, parce que l’observation a montré qu’une pression mécanique même très faible fait varier la sensibilité du sélénium.
- Des savants, comme Louis Ancel, ont attribué la propriété du sélénium à un véritable pouvoir de détection comparable à celui utilisé en T.S.F. dans le cohéreur de Branly. Cependant le cohéreur était sensible à une gamme assez étendue de longueurs d’onde, tandis que la sensibilité du sélénium est localisée dans une gamme restreinte du spectre. D’autre part, le sélénium est insensible aux excitations radioélectriques de toutes longueurs d’onde.
- On est donc plutôt enclin à considérer la réaction photoélectrique de ce métalloïde comme dépendant de sa structure électronique, et cette théorie a été spécialement développée par M. André Rio.
- D’après les théories actuelles sur la conductibilité électrique des métaux et des corps conducteurs, ceux-ci seraient formés, d’une part d’atomes stables, dont le système, dépendant de la nature de l’atome, comporte un groupe d’électrons gravitant autour d’un centre positif, et, d’autre part, d’électrons libres servant à transporter les charges électriques d’un point à l’autre du conducteur; ainsi toute variation de la conductance correspond à la fixation ou à la libération d’un nombre déterminé d’électrons libres.
- Si la résistance du sélénium varie sous l’influence de la lumière, c’est que le phénomène lumineux libère un plus grand nombre d’électrons, et ce serait l’excitation [produite par certaines radiations qui amènerait une sorte de bouleversement intime de l’atome sélénique.
- Lorsqu’on étudie l’effet des radiations, on trouve trois zones spectrales bien distinctes.
- D’une part, la lumière visible-, surtout dans la région orangée et rouge du spectre dans laquelle se manifestent les effets les plus sensibles, et où l’inertie et la rémanence de la cellule sont le moins marquées. Ensuite, la lumière ultra-violette, où la réaction du sélénium est beaucoup moins intense, mais où l’inertie et le phénomène de rémanence se manifestent beaucoup plus. Enfin, on retrouve la sensibilité du sélénium dans les rayons X, avec une inertie et une rémanence énormes.
- On peut admettre que les réactions du sélénium dans les trois gammes considérées correspondent à trois modes d’action différents des radiations excitatrices. Les radiations dë grande longueur d’onde libèrent les électrons de la périphérie de faible inertie électromagnétique, les radiations de plus courte longueur d’onde détruisent
- J' obscuration après 2k h
- Flux lumineux
- Fig. 4. — Comment se manifeste le phénomène de rémanence du sélénium.
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- l’équilibre des électrons de deuxième couche à inertie plus grande; enfin, les radiations de très courte longueur d’onde libéreraient les électrons du centre à grande inertie.
- L’EMPLOI DES CELLULES AU SÉLÉNIUM
- On peut utiliser les cellules au sélénium pour traduire électriquement des variations lumineuses de fréquence plus ou moins grande, et surtout de fréquence musicale. Mais, pour cet emploi, on adopte beaucoup plus souvent aujourd’hui des cellules photoémettrices. Les usages les plus intéressants des cellules au sélénium se trouvent en télémécanique et en photométrie. 11 est, en effet, rare de pouvoir obtenir avec ces cellules des variations de courant fidèles pour des variations lumineuses dont la fréquence dépasse mille périodes-seconde; cela réduit le champ des applications.
- Leur usage en télémécanique, en photométrie, et même pour la reproduction des sons enregistrés photographiquement est intéressant, en raison de leur sensibilité, puisqu’elles peuvent livrer passage à un courant de l’ordre du milliampère.
- On emploie une source de courant auxiliaire constituée par une simple batterie de piles sèches de petite capacité, ou une petite batterie d’accumulateurs. La tension, qui ne pouvait dépasser 6 volts avec les cellules d’ancien modèle, peut maintenant être portée à 12 et même à 20 volts. Il semble, d’ailleurs, qu’il n’y ait pas très grand intérêt à augmenter cette tension au-dessus d’une certaine valeur critique.
- La résistance de ces cellules dans l’obscurité ne dépasse pas un mégohm; nous possédons, par exemple, une. cellule d’Ancel dont la résistance dans l’obscurité est de 170 000 ohms et s’abaisse à 17 000 ohms en la plaçant à 10 cm d’une ampoule à incandescence de 16 bougies sous une température de 20° centigrades.
- On peut facilement trouver des cellules dites « molles », dont la résistance sous l’action de l’éclairement d’une ampoule de 50 bougies disposée à une distance de 30 cm s’abaisse de 2000 ohms. Dans ces conditions, si le courant permanent qui traverse le circuit au repos est de 200 microampères (c’est-à-dire 2(10e de milliampère), il est facilement porté à près de 1 milliampère sous l’action de la lumière.
- Ainsi, une cellule au sélénium permet de déceler des éclairements cent fois plus faibles que n’en peut déceler l’œil humain : une fraction infinitésimale de microlumen.
- Une cellule molle permet d’actionner directement un relais sensible dit primaire, par exemple un relais à cadre mobile, et sensible suivant les cas à 50,100, 200 ou même 600 microampères (fig. 5).
- Si l’on veut obtenir une sensibilité plus grande, ou utiliser un relais moins sensible, on associe la cellule à une. lampe amplificatrice de T. S. F. ; on peut alors se contenter d’utiliser la cellule comme résistance de grille (fig. 6). Lorsque la résistance varie sous l’action de la lumière, il en résulte des variations correspondantes du potentiel de grille, et des variations amplifiées du courant de plaque. La variation du courant plaque peut dans ces conditions atteindre plusieurs milliampères.
- Fig. 5. — Relais primaire sensible pouvant être actionné directement* par une cellule au sélénium.
- A l’aide d’une résistance du même ordre que celle de la cellule, on réalise un montage équilibré plus parfait, mais qui ne semble pas présenter de grands avantages, tout au moins pour la télémécanique.
- La plupart de ces montages ont l’inconvénient de ne pas permettre d’obtenir au repos un zéro expérimental ou zéro d’obscuration, puisque le courant qui circule dans le circuit a déjà une certaine valeur, et, si l’on polarise directement la grille d’une lampe triode même dans l’obscurité, on ne peut parfois éviter la saturation du courant plaque-filament à l’état de repos. M. André Rio a eu l’idée d’employer pour éviter ces inconvénients un montage en pont de Wheatstone qui a l’avantage d’être très sensible et de permettre d’annuler au repos ce courant d’utilisation (fig. 7). Dans un tel montage, deux éléments de pile A et B et deux résistances R et r, dont l’une r est constituée par la cellule de sélénium elle-même, sont montés dans les branches du pont.
- La branche diagonale est constituée entre un point d’équilibre O réunissant les deux batteries et le point de liaison commun à la résistance R et à la cellule. Si l’on appelle E la force électro-motrice de la batterie A et e la force électro-motrice de la batterie B, l’équilibre de la branche
- Fig. 6. — Montage simple d’une cellule au sélénium associée à une lampe triode.
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- diagonale est alors réalisé lorsque la formule
- E _ e R “ r
- est satisfaite.
- L’espace grille filament d’une lampe triode est connecté d’une part au point O (par l’intermédiaire du curseur du potentiomètre P), d’autre part, au point 0\ Dans les conditions d’équilibre, le courant est nul dans la branche diagonale et le potentiel de la grille de la lampe est égal à zéro. A cet état d’équilibre correspond également un certain courant plaque-filament, fonction des caractéristiques de la lampe.
- Si la résistance r de la cellule varie, il en résulte une variation de potentiel entre la grille et le filament de la lampe. A cette variation de potentiel correspond une variation du courant plaque qui est lue à l’aide d’un milliampèremètre, et à de faibles variations de tension grille correspondent d’assez grandes variations de courant plaque.
- En faisant varier la résistance R, dite de compensation, il est toujours possible d’équilibrer le pont par un certain état électrique de la cellule.
- Dans ce montage, on pourrait employer plusieurs lampes triodes en cascade, et le système a été simplifié à l’extrême de façon à pouvoir réaliser un ensemble d’usage et de maniement faciles. Cet appareil appelé sêlénomètre se compose d’un support isolant sur la couronne supérieure duquel est placé le galvanomètre de lecture ; à la base de ce support, est fixée la douille destinée à recevoir la lampe triode amplificatrice (fig. 8).
- Le support est monté sur une ébénisterie octogonale qui contient la résistance potentiométrique de grille, la résistance variable de compensation pouvant être commandée de l’extérieur par un bouton moletté; un interrupteur permet de fermer le circuit de chauffage de la lampe et du circuit d’alimentation de la pile. De plus, un inverseur permet de changer la polarité des deux groupes différentiels de la pile, de façon à obtenir un effet maximum, soit pour une variation d’obscuration vers la lumière de la cellule, soit pour une variation de lumière vers l’obscurité. Cette disposition permet d’utiliser la
- Fig. 7. — Montage amplificateur en pont de Whealstone de M. A. Rio.
- Cellule
- Résistance de
- compensât!c
- Mwwvvvwvwv
- Galvanomètre
- cellule au sélénium soit pour une augmentation de l’éclairement incident, soit pour une diminution de cet éclairement ou une obscuration complète de la cellule. Des bornes de connexion relient l’appareil aux batteries d’alimentation et à la cellule de sélénium.
- QUELQUES APPLICATIONS NOUVELLES
- Le nombre et la diversité des applications des cellules au sélénium, comme d’ailleurs de toutes les cellules plioto-électriques, ont augmenté dans de très grandes proportions au cours de ces dernières années. Cependant, pour toutes les transformations rapides d’effets lumineux en effets électriques, on a tendance à utiliser plutôt des cellules photoémettrices, lorsqu’une sensibilité assez grande n’est pas indispensable.
- Télémécanique. — La cellule au sélénium se prête admirablement tout d’abord à toutes les expériences de télémécanique d'amateur, en raison de sa sensibilité relativement grande, et il est possible ainsi de commander à distance le circuit d’un appareil quelconque, d’un moteur, d’une lampe d’éclairage ou même d’un poste de T.S.F. à l’aide d’un relais primaire à cadre mobile qui agit sur un deuxième relais secondaire polarisé, du type Baudot par exemple.
- Rien de plus facile que d’adapter la cellule à une seule lampe triode. On dispose cette cellule dans une petite boîte en ébénisterie avec une fenêtre laissant passage aux rayons lumineux, et, dans cette même boîte, on place la lampe avec ses batteries d’alimentation et même le relais primaire. Si l’on ne veut obtenir que des effets très simples d’ouverture ou de fermeture d’un circuit, on peut se contenter d’employer le montage en résistance de grille
- (fig- 9)-
- Un amateur pourra ainsi, en dirigeant le faisceau d’une forte lampe électrique, par exemple d’une « lampe torche » sur la fenêtre d’un tel appareil, déclencher à quelques mètres de distance, et sans se lever de son fauteuil, le courant actionnant un poste de T.S.F. ou un phonographe à reproduction électrique !
- Pour toutes les applications de la télémécanique par la lumière, les cellules au sélénium modifiées qui possèdent une sensibilité assez grande et en même temps une durée de service suffisante sont utilisées aisément. On les a essayées pour actionner des signaux de chemin de fer au moyen du faisceau lumineux projeté par une lanterne sjDéciale disposée sur les locomotives.
- Parmi les applications récentes de- ce genre tentées en France nous pouvons en citer deux particulièrement importantes.
- La Compagnie Parisienne de Distribution d’Electri-cité (C. P. D. E.) a adopté des cellules au sélénium sans amplification pour l’allumage et l’extinction automatiques des candélabres de la Ville de Paris, à la suite d’essais qui ont duré .un an. L’ensemble cellule-relais est monté sur un « pont » simple (dont nous avons expliqué plus haut le principe) alimenté sous une tension de 20 volts.
- On connaît, d’autre part, les délicats problèmes divers qu’a soulevés la construction du grand passage souterrain pour automobiles construit récemment à
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- Fig. 8. — Le sélénomèlre Rio.
- A gauche : l’appareil de mesure ; à droite : cellule avec monture à rotule.
- Paris à la porte Dauphine. L’éclairage artificiel de ce souterrain devait, en particulier, être réglé en fonction de l’éclairage diurne extérieur, afin d’éviter les troubles visuels chez les conducteurs de voitures. Ces troubles, en effet, peuvent avoir de dangereuses conséquences, et la sécurité du passage eût pu être gravement compromise soit par un excès, soit par une insuffisance d’éclairage par rapport à l’intensité de la lumière extérieure. Deux cellules au sélénium A. Rio ont permis de régler qualitativement d’une manière entièrement automatique cet éclairage artificiel.
- On sait, d’autre part, qu’il existe des films cinématographiques d’un modèle tout particulier sans perforations, entraînés simplement par des rouleaux lisses. Le cadrage des images est extrêmement difficile, et l’opérateur est obligé de le rectifier à chaque instant; grâce aux cellules au sélénium et à des repères disposés le long du film à travers lequel on fait passer des rayons de lumière, on a p>i obtenir des systèmes de cadrage automatiques fort intéressants dont la réalisation est due à M. André Rio.
- Le comptage des objets peut être effectué de la même manière, et l’action d’un faisceau lumineux peut aussi déterminer, par exemple, l’allumage d’un réseau d’éclairage lorsque la lumière baisse, la mise en marche de systèmes anti-vol, etc.
- Photométrie. — Pour certains usages de photométrie également, la cellule au sélénium donne d’excellents résultats. Nous citerons, à ce propos, les appareils automatiques qui enregistrent les variations d’éclairement au cours de l’année.
- En utilisant des cellules dures, à sensibilité un peu moindre, mais à inertie également plus faible, on peut réaliser des effets photophoniques; c’est ainsi qu’on a employé des cellules au sélénium dans les appareils de reproduction sonore et dans les phonographes à film, en particulier, dans le sélénophone que nous avons décrit récemment. Certains fabricants de disques phonographiques avaient même tenté de réaliser d’abord ün enregistrement photophonique des sons et de retranscrire ensuite les sons enregistrés sur des disques phonographiques ordinaires à l’aide d’une cellule au sélénium.
- Nous avons vu plus haut que le sélénium était surtout sensible aux rayons visibles du spectre, et que les effets étaient beaucoup moins marqués dans l’ultra-violet. Pourtant, op retrouve la fluorescence du sélénium cristallisé exposé aux radiations ultra-violettes jusque dans la région de la raie 2650 angstrôms du spectre.
- Ce sont l’inertie et. la rémanence du sélénium et l’effet de viscosité électrique qui rendent très délicate la mesure des radiations dans cette région du spectre, même en employant le montage en pont de Wheatstone dont nous avons déjà parlé, et en faisant usage de galvanomètres très sensibles.
- Pourtant, la mesure automatique et précise du rayonnement ultra-violet est indispensable dans les traitements médicaux si en vogue aujourd’hui. L’érythème constaté sur la peau des mains, par exemple, ne fournit
- que des indications insuffisantes. On a eu recours, soit à des méthodes chimiques telles que la réduction de certains oxydes métalliques en solution concentrée, soit à la méthode photo-spectrographique pour les rayons jusqu’à 2200 angstrôms; la mesure photoélectrique par une cellule au sélénium insérée simplement dans un circuit comportant un galvanomètre offre évidemment des avantages.
- On a réalisé en 1926 un appareil destiné à la mesure du rayonnement ultra-violet à l’aide d’une cellule au sélénium, qui a reçu le nom de sêléno-uviomètre.
- Dans ce montage, on ne fait usage que d’une faible partie de la courbe de sensibilité de la cellule, et, par cela même, les effets de rémanence et de viscosité électrique sont très atténués; cependant, la cellule de sélénium ne peut, être employée directement à la mesure des radiations ultra-violettes, puisque son point de sensibilité optimum se trouve reporté dans le jaune, l’orangé, ou le rouge suivant l’état de cristallisation du sélénium sensibilisé, et qu’exposée à une source ultra-violette émettant un spectre hétérogène s’étendant jusqu’au rouge, les déviations du galvanomètre seraient alors surtout fonction de l’énergie contenue dans la partie visible de ce spectre, et non de celle apportée par les rayons ultraviolets qui est seule intéressante.
- On filtre donc le rayonnement arrivant sur la cellule à l’aide d’un filtre de Wood qui le localise vers la raie 3750 et intercepte la lumière visible; on rend ainsi l’appareil sensible pour la bande s’étendant entre 3200 et 3900 angstrôms seulement. De plus, dans le but d’augmenter la sensibilité de la cellule de sélénium dans la zone de l’ultraviolet, on recouvre le sélénium sensibilisé d’un vernis transparent à l’ultra-violet et fluorescent en rouge sous l’action de ce rayonnement. Cette fluorescence excite par luminescence directe l’effet électro-lumineux de la cellule.
- Un tel appareil se compose comme le montre la figure 10, d’une cellule exploratrice contenue dans un boîtier d’alu-
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- Cellule
- Hélais sensible Relais polarisé second Ie
- a cadçe
- Circuit
- d'utilisation
- Lumière
- Anode
- Relais
- Fenêtre
- d‘éclairement delà cellule
- Bornes de sortie
- Batteries
- Fig. 9. — Emploi d’une cellule au sélénium pour la télémécanique d’amateur.
- minium monté sur un trépied à l’aide d’une rotule permettant son inclinaison en tous sens. Le boîtier d’aluminium contenant la cellule est recouvert d’un filtre en verre de Wood fixé convenablement.
- Le dispositif amplificateur avec appareil de mesure est monté sur un support en isolant moulé; à la base de ce support est fixée la lampe amplificatrice dont on peut faire varier la sensibilité à l’aide d’un potentiomètre monté sur son embase. Un interrupteur de fonctionnement et la résistance variable dite de compensation sont également montés sur l’appareil d’amplification.
- Pour effectuer une lecture avec l’appareil, il suffit d’amener l’aiguille de mesure sur le zéro de sa graduation en manœuvrant le bouton de la résistance de compensation.
- A ce moment, tout rayonnement ultra-violet venant frapper la cellule à travers le filtre produit une déviation de l’aiguille de l’appareil de mesure proportionnelle à ce rayonnement. Cette proportionnalité est, d’ailleurs, réalisée grâce au fait que les variations de potentiel sur la grille de la triode modifient le courant plaque dans la partie rectiligne de sa caractéristique, grâce aux précautions radioélectriques observées pour le montage de l’appareil.
- Pour un même appareil, et pour un même rayonnement, les déviations de l’aiguille de l’appareil de mesure dépen* dent évidemment de la sensibilité électrique de la cellule de sélénium utilisée; malheureusement, il n'est pas possible pratiquement de réaliser des cellules ayant des caractéristiques électriques rigoureusement semblables.
- M. André Rio a donc cherché à définir un étalon de mesure permettant la dosimétrie dans le domaine de l’ultra-violet employé en thérapeutique. Il s’est adressé à des phénomènes purement physiques pour la détermination d'un étalon de base pouvant être ramené au système C. G. S., et a suggéré d’utiliser, dans la définition de l’étalon dit uvion, l’effet de Hertz, c’est-à-dire la perte d’électricité négative que subit tout métal sous l’action des rayons ultra-violets. Dans des conditions expérimentales pratiquement déterminées, la quantité d’électricité négative perdue par un métal sous l’influence de rayons ultra-violets est fonction .directe de ce rayonnement.
- Il a donc proposé comme définition de Vuvion la formule suivante : « L’intensité d’un rayonnement ultraviolet à spectre hétérogène dissipant en une seconde à la surface de 1 cm* de mercure une unité électrostatique C.G.S. à la pression atmosphérique de 760 mm ».
- On peut déterminer cet étalon au laboratoire à l’aide d’un électromètre; les quantités d’électricité négative Q libérées en un temps T étant fonction, d’une part, de la tension appliquée à l’électromètre, et, d’autre part, de la capacité absolue de cet appareil.
- Parallèlement à cet étalonnage, on peut mesurer les déviations de l’aiguille du milliampèremètre de l’appareil de mesure indiqué, et graduer ainsi l’appareil d’après ces nouvelles unités.
- Les cellules au sélénium, les doyennes des éléments photoélectriques, ont reçu, on le voit, au cours de ces dernières années, bien des perfectionnements qui leur assurent un beau domaine d’applications.
- Pour terminer, signalons l’existence de substances photorésistantes, différentes du sélénium, mais possédant des propriétés analogues. C’est ainsi que T. W. Case, aux Etats-Unis, construit depuis longtemps une cellule dite thalofide, dont l’élément actif est l’oxysulfure de thallium, très sensible au rouge et à l’infra-rouge avec un maximum de sensibilité pour 10 000 angstroms. En France, Fournier a construit également des cellules sensibles à l’infra-rouge et utilisant une autre substance que le sélénium, mais il a jusqu’ici gardé le secret sur la composition de cette cellule, employée notamment par Fichet, pour la création de barrages de lumière invisible, autour des colîres-forts.
- Il existe, d’ailleurs, maintenant d’autres cellules photorésistantes présentant des particularités de fonctionnement assez différentes. Nous aurons l’occasion de les étudier prochainement.
- P. Hémardinquer.
- Fig. 10. — Le séléno-uviomètre.
- A droite, la cellule de sélénium dans son boîtier muni d’un liltre de Wood; à gauche : l’ensemble d’ampliflcation et de mesure.
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- RÉCRÉATIONS MATHÉMATIQUES
- Reprenons l’énoncé des problèmes proposés dans La Nature du lor juillet dernier n° 2860 :
- Jean-Pierre dans une autre division a une mésaventure semblable.
- Le 3 6 chiffre du quotient seul de toute l’opération est visible, c’est 8, et J.-P. se souvient que le chiffre des unités du dividende était le même que celui des millions : peut-il arriver à reconstituer l’opération ?
- Un artiste a peint sur sa toile un petit oiseau. Il disposait d’un petit tube de peinture jaune pesant x grammes, d’un tube, de volume égal, de peinture bleue pesant le double de la jaunCj et enfin d’un tube de peinture rouge pesant à volume égal le double de la bleue.
- Il a employé le contenu entier d’un tube qui pesait autant de grammes que le produit de x par son carré moins la racine carrée de son double, diminué encore de x grammes.
- De quelle couleur a-t-il peint son oiseau ?
- Solutions. — Premier problème. — Ce problème se résout absolument comme le précédent et on obtient sans difficulté les chiffres suivants :
- Dividende : 109.069.139.
- Diviseur : 12.
- Quotient : 9 089 094
- Reste : 11.
- Deuxième problème. — La traduction algébrique du poids du tube employé est :
- x X a:2 — \]2x — x.
- Or, ce poids sera x, ou 2x ou 4.x, suivant le tube employé, d’où les 3 égalités :
- x — xr> — 2x — x ou .r5 — 2x — \/2x = 0.
- 2x = a:3 — sj2x — x ou a;5 — 3a; — \j2x — 0.
- 4 x — a;5 — \J2 x — x ou .r’ — 5 a; — \J 2x = 0.
- x est un nombre entier de grammes, il faut aussi que \J2x soit entier : donc il faut que 2a; soit un carré parfait : x devra être 2, 8, 18, etc.
- Or, si on remplace x par 2 dans les 3 équations, on constate que ce nombre est racine de la 2e équation exclusivement.
- Donc, c’est la couleur bleue qui a été employée et le tube pesait 4 gr.
- Ont résolu les deux problèmes. — MM. Ed. Serra, lieutenant de cavalerie, à Lisbonne (Portugal) ; Dr Pekoslawslti, à Varsovie (Pologne) ; M. Tomasini, à Kounigra (Maroc) ; Maurice Mulard, à Lille (Nord) ; G. Thiebaud, à Porrentruy (Suisse) ; Goubeyran, à Paris; Kerneis Michel, à Chamalières; Abbé Lhorrier, à Huy (Relgique).
- Ont résolu le premier problème. — MM. J. X..., à Paris; Le Brun, étudiant, à Toulon; Eugène Xavier, à Salon (Bouches-du-Rhône) ; Nordon, à Nancy; Monique Descamps, à Lin-seller (Nord) ; Martin, ingénieur, à Bruges (Belgique) ; M. Pouset, Dellys (Algérie); Arnaud, de Marseille; Lavergne, ingénieur T. P. E., Casablanca (Maroc) ; Pepito Jackle, Fribourg (Suisse) ; Tiard, ingénieur de la Ville de Paris, Conflans-fm-d’Oise; Penon, à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure) ; E. Abat, professeur à Notre-Dame-des-Aydes, Blois; J. Claverie, Samatan (Gers); Viallaner, à Dijon (Côte-d’Or); Lods, à Montrouge (Seine); Descorier, à Saint-Yriex (Haute-Vienne) ; R. de Vathaire, à Caudéran (Gironde) ; Wergifosse, à Bruxelles (Belgique) ; Lieutenant Lecar, à Châlons-sur-Marne; Mlle Sourisseau, Cliâteau-Guibert (Vendée); Anne-Marie Saint-Gai, à Nantes; Klein, élève de première, à Strasbourg; Gervot, à Dakar (Sénégal); Junger, Nancy.
- Ont résolu le deuxième problème. — MM. Doussot, ingénieur à Paris; Pouzol, à Bourg-Argental (Loire); capitaine Moyen, à Amiens; Hoorick, à Bruxelles; Grouard, Ingénieur à Sochaux (Doubs).
- En présence du succès de ces problèmes et de la satisfaction exprimée par nombre de nos aimables lecteurs, de les voir continuer, nous proposons le problème ci-après, que nous a communiqué le Dr Cornet, directeur du Bureau d’Hygiène, à Amiens :
- Déterminer le nom d’un oiseau composé de 5 lettres, sachant que si on attribue à chacune d’elles une valeur numérique égale au rang qu’elle occupe dans l’alphabet, on trouve que :
- La somme des 2 premières est égale à 17 ;
- La somme de la 3e et de la 4 e est égale à 17;
- L’excès de la somme des deux dernières sur la somme des 3 premières est égale à 17;
- Le produit de la seconde par son complément à 17 est égal aux 12/5 du produit de la 30 par son complément à 17.
- Virgile Brandicourt.
- LE TABAC
- EFFETS SUR LA MÉMOIRE ET ACCOUTUMANCE
- DÉMONTRÉS PAR DES EXPÉRIENCES PHYSIOLOGIQUES SIMPLES
- Quel est le fumeur qui ne se souvienne de sa première cigarette et du désastre que représenta ce premier contact avec le tabac ?
- Résumons l’ensemble bien connu des symptômes éprouvés au cours de cette fâcheuse initiation : pâleur, sueurs froides, faiblesse des membres inférieurs, nausées, vomissements, diarrhée, migraine.
- En somme tous les signes très nets d’une intoxication dont, chacun le sait, la nicotine a fait les frais.
- Et cela est si vrai qu’il suffit de débarrasser le tabac de cette
- nicotine pour enlever à cette première expérience du fumeur en herbe — celle à Nicot — tout ce qu’elle présente de désagréable.
- On sait que le tabac peut être « dénicotinisé » soit par un épuisement avec une solution chaude et légère de tanin (ce qui donne un produit analogue au tabac vert de la Régie française), soit encore par le procédé qui consiste à injecter dans la cigarette une substance détruisant la nicotine.
- Une solution obtenue en versant dans un litre d’eau 3 cncV de perchlorure de fer officinal des pharmacies donne un
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- liquide absolument inofîensi! qui, injecté à la dose d’une à deux gouttes à 1 cm de profondeur à chacune des extrémités d’une cigarette ou d’un cigare, forme un barrage filtrant détruisant la majeure partie de la nicotine sans trop modifier la saveur du tabac.
- Ainsi traité, ce tabac ne provoque plus les malaises précités. La nicotine est donc bien « le poison nocif du tabac » (').
- Mais pourquoi le tabac cesse-t-il d’être un poison dès que l’apprenti fumeur a « grillé » quelques cigarettes ? Tout simplement parce qu’il s’est habitué au toxique, parce qu’il y a eu accoutumance.
- Cette accoutumance est d’ailleurs un fait d’ordre général, car l’organisme des êtres vivants arrive, par une augmentation progressive des doses, à supporter sans trop en pâtir des quantités élevées de poisons.
- Citons pour mémoire le cas des morphinomanes qui peuvent supporter des doses de morphine souvent dix fois supérieures à celles capables de tuer un sujet non accoutumé, et aussi le cas des montagnards tyroliens qui absorbaient, pour se garder le souffle nécessaire aux bons ascensionnistes, des doses d’acide arsénieux atteignant progressivement quinze et vingt fois la dose maxima permise aux sujets normaux
- On a voulu prouver par des expériences physiologiques que cette accoutumance existait pour le tabac et n’était pas uniquement dévolue à l’homme.
- Deux savants, MM. Binet et Zampfir, ont expérimenté sur les poissons, matériel d’étude très pratique, car si l’on dilue le produit à expérimenter dans l’eau où vivent ceux-ci, on assure de cette manière un contact parfait et toujours renouvelé avec les branchies de l’animal en expérience, lesquelles par leur très grande richesse en vaisseaux sanguins permettent l’accès rapide dans le sang du poisson du produit étudié. De plus, les effets nocifs sont faciles à constater, car dès qu’il est malade, le poisson se déséquilibre et flotte en se couchant sur le côté.
- L’expérience a été conduite ainsi que nous allons le décrire.
- Les auteurs ayant fait infuser deux grammes de tabac Maryland dans un litre d’eau pendant 24 heures et ont employé cette macération filtrée pour en introduire dans l’eau d’un aquarium des proportions variables.
- Des cyprins dorés introduits dans de l’eau contenant 225 grammes par litre de cette macération de tabac sont tués en quelques heures, ce qui démontre bien que le tabac est toxique pour ces poissons, preuve qu’il n’était pas négligeable de faire afin de donner à l’expérience qui suit sa valeur probante.
- Des cyprins analogues aux précédents sont, pendant sept semaines, placés un jour sur deux dans un aquarium auquel on ajoute, à chaque immersion de ces poissons, des doses progressivement croissantes.de la macération de tabac sus-indiquée, de façon qu’ayant débuté à la dose de 75 grammes par litre on arrive, aux derniers jours, à la dose de 225 grammes par litre. Les autres jours, les poissons sont remis dans un grand bac d’eau pure.
- L’expérience terminée, au bout des cinquante jours, les poissons ne semblent nullement incommodés, ce qui prouve bien que pour eux il y a eu accoutumance vis-à-vis des poisons du tabac puisque cette dose de 225 grammes par litre qui les tue si on les y plonge d’emblée, ne les gêne plus s’ils y ont été amenés progressivement.
- Mais il y a plus : prenons 3 de ces cyprins accoutumés au
- 1. A vrai dire, bien d’autres substances interviennent au même titre dans la fumée de tabac : pyridine, aldéhyde formique, oxyde de carbone, etc... mais cela à une dose négligeable. Le perchlorure de fer détruit d’ailleurs toutes ces substances éminemment oxydables et les rend inoffensives.
- tabac par un séjour de 50 jours dans l’eau additionnée de macération de tabac et, en même temps que 3 cyprins neufs, plongeons-les dans l’eau ayant reçu 350 grammes par litre de macération de tabac.
- Au bout de 2 heures les trois cyprins non accoutumés sont morts alors que les 3 autres vivent, tout en étant plus ou moins incommodés, ainsi qu’en témoigne leur équilibration un peu compromise.
- Mais remis alors dans l’eau pure ils se remettent vite et, contrairement aux 3 autres, survivent.
- A la dose de 400 grammes par litre, la même expérience montre au bout de 3 heures tous les poissons le ventre en l’air. Mais remis aussitôt dans l’eau pure, et alors que les cyprins neufs sont bien morts, on voit les cyprins accoutumés se rétablir et survivre.
- Les expériences répétées avec des dilutions de nicotine pure ont conduit à des résultats identiques.
- Il est donc bien prouvé par ces expériences que l’accoutumance aux effets nocifs du tabac est un fait réel.
- Et c’est cette accoutumance qui chez l’homme permet au fumeur de tolérer sans inconvénients apparents (*) des quantités quotidiennes de tabac parfois déconcertantes.
- *
- * *
- Le tabac, a-t-on dit, altère la mémoire, mais ce fait est très discuté et ne semblait pas jusqu’ici avoir reçu de preuve formelle.
- Il semble bien que les auteurs précités soient parvenus à administrer cette preuve, comme l’on dit au Palais.
- Le principe de la méthode utilisée par ces habiles expérimentateurs est bien connu. Il consiste à habituer l’animal en expérience à associer deux faits dans sa mémoire en vue de l’accomplissement d’un acte bien déterminé; puis, l’ayant soumis à l’action de la substance expérimentée, à voir s’il est encore capable de procéder à cette association mnémotechnique, la perte de la mémoire devant l’en empêcher.
- Ce sont, cette fois, des épinoches qui ont fait les frais de ces expériences. L’épinoche qui aime beaucoup les vers rouges et se jette avidement sur ceux-ci dès qu’on les projette dans l’aquarium où elle vit se laisse abuser par leur ressemblance avec un fil rouge sur lequel elle saute également dès qu’il lui est jeté. Par contre, elle dédaigne le fil jaune.
- Elle garde donc la mémoire du rouge auquel elle associe une idée alimentaire : rouge et comestible vont pour elle de pair !
- Nous pourrons plonger dans l’eau de son aquarium une pince jaune. Celle-ci sera complètement dédaignée de notre épinoche qui ne donnera pas un coup de nageoire pour s’en approcher.
- Mais présentons chaque jour à cette épinoche les vers rouges, dont no,iis l’alimenterons, au moyen de la pince jaune. Progressivement l’idée de ver rouge associée à celle de pince jaune prendra corps; la mémoire du poisson jouera au point qu’à la fin de la semaine la présentation de la pince jaune seule et sans ver suffit à attirer l’épinoche.
- Continuons l’alimentation ah ver rouge au moyen de la pince jaune pendant trois semaines pour bien assurer l’accoutumance visuelle et être ainsi sûr que, même après trois jours de disparition de la pince jaune, celle-ci représentée seule attirera quand même le poisson.
- 1. La tolérance n’est en effet qu’apparente, car sans compter les sujets nombreux qui tout de même deviennent malades après avoir fumé deux ou trois cigares de suite, il faut tenir compte du tabagisme et des troubles pathologiques qu’il engendre : angine de poitrine, troubles de vision, inflammations pharyngées, action favorisante sur certaines affections néoplasiques de la bouche.
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- Nous aurons ainsi établi la notion de mémoire, persistant au moins trois jours.
- A ce moment, introduisons dans l’eau de notre épinoche de la nicotine et 24 heures après reprenons l’expérience : notre épinoche se jette bien sur les vers rouges présentés seuls, mais la pince jaune présentée isolément la laisse indifférente : elle a donc, sous l’influence de la nicotine, perdu la mémoire relativement au rapport existant entre la pince jaune et le ver.
- EtQa preuve qu’il s’agit bien de mémoire perdue, c’est que cette même épinoche replacée ensuite dans l’eau pure récupère après 24 heures sa mémoire, puisque si on lui présente à ce moment la pince jaune seule elle accourt de nouveau comme avant.
- COMMENT ON
- Juin! Le soleil triomphe enfin des nuages, autour de nous tout n’est que chant, fleurs, verdure, autour de nous il semble qu’une sève plus puissante chaque jour développe dans les êtres la joie de vivre qui chez quelques-uns se traduit par la joie de produire, de travailler, de créer du bonheur.
- Sous nos fenêtres une toiture de zinc sert de forum aux moineaux des alentours. Adultes, ils y viennent gravement et en discours brefs et peu variés discuter des affaires de la tribu, puis sans s’éterniser à de stériles débats ils y dirigent les premiers pas de leur descendance. Le père joue un rôle très analogue à celui de la mère ; comme elle il guide les muscles hésitants, comme elle il nourrit ses petits, comme elle il morigène.
- Et voici que grâce à la lumière éclatante que crée le soleil, j’ai pu suivre dans ses phases diverses la leçon d’alimentation. Oui, vraiment, une leçon sur la manière de cueillir la miette de pain, de l’introduire dans le bec, de l’insaliver, enfin de l’avaler. Et selon l’âge des petits l’insalivation est faite par les parents ou par eux-mêmes.
- L’âge des petits? Comment le connaître? Rien n’est plus aisé et s’ils étaient au nombre des êtres qui utilisent les voies ferrées toute tricherie serait impossible. Vous connaissez la belle couleur marron, du dos et des ailes du moineau adulte ? Le petit moinillon est loin d’en atteindre le ton mordoré, ses ailes, son dos, sont d’un beige cendré, mais à mesure qu’il grandit, la teinte se fonce jusqu’au jour où, ayant atteint sa taille définitive, il aura également acquis la couleur paternelle.
- Aujourd’hui les familles réunies sur le toit de zinc — pardon, je voulais dire le forum — sont peu nombreuses : C’est un père et son fils d’assez grande taille déjà, une mère et ses
- *
- * *
- Voilà une série d’expériences fort simples et très élégantes qui nous semblent démontrer très péttement :
- 1° Que le tabac est un poison;
- 2° Que c’est surtout à la nicotine qu’est due cette toxicité; 3° Que l’organisme s’accoutume aisément à ce poison; 4° Que la mémoire semble bien exister chez les poissons; 5° Et qu’enfin le tabac, par sa nicotine, influe défavorablement sur la mémoire.
- Georges Rodillon, Docteur en Pharmacie.
- DOIT MANGER
- deux filles, un peu moins âgées que le mbinillon déjà nommé, enfin un père et une mère avec un tout petit moineau, trébuchant, hésitant; sans doute un fils unique que la constante sollicitude de ses parents empêtre et rendr^ moins débrouillard que les enfants de familles nombreuses entre lesquelles se répartissent, à dose mesurée, les soins de'leurs parents.
- Le père, famille un, s’impatiente, voici trois fois quTl a lui-même ramassé, mastiqué la miette de pain destinée à son garçon et celui-ci est aussi maladroit, aussi godiche, dirai-je, que par le passé. Agacé, il s’envole, mais il n’a pas oublié sa progéniture, le voici qui revient et de son bec paternel fait passer au petit une chenille moelleuse, rôti du festin du jour.
- Mais voici que l’une des fdles de dame moineau se trompe d’adresse et picore dans le champ du premier moineau; d’un coup de bec celui-ci chasse l’indiscrète qui va se réfugier près de sa mère qui lui tend une becquée.
- Quant au fils unique, il trébuche sur les boulons qui réunissent les feuilles de zinc et sans doute est-il myope, car il ne paraît pas distinguer les miettes qui, à ses pieds, devraient solliciter son appétit, mais sa mère s’occupe de lui, vite elle introduit dans le jeune bec la bouchée bien insalivée, tandis que son père s’envole vers un rosier voisin, sans doute pour y cueillir quelque bestiole qui complétera le repas du petit chouchou.
- Telles sont les familles de moineaux, plus libres que les familles humaines; le ciel se chargé de cuisiner leurs aliments, il renouvelle leur garde-robe à chaque changement de saison et la nature leur offre la plus belle des demeures.
- Augusta et Maurice Moll-Weiss.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- BRUNISSEMENT ET VIEILLISSEMENT APPARENT
- DES BOIS
- On cherche parfois des procédés pour transformer certains bois ordinaires peu colorés, et même des bois blancs, en bois plus colorés et plus solides.
- La Chemical Society vient de publier dans The Industrial Chemist, un rapport sur ce sujet dont nous résumerons les principaux points. L’imprégnation des bois par la paraffine est obtenue soit à l’état fondu, soit à l’étàt de solution dans le pétrole ou le xylène. La paraffine ou la vaseline semblent, sans qu’on puisse bien l’affirmer, gonfler les bois. A côté de la paraffine, on a essayé l’huile de lin crue, ou même cuite, soit seule, soit en dissolution dans le pétrole ou l’essence de térébenthine. C’est seulement en appliquant l’huile de lin par couches successives, qu’on arrive à éviter le « collant ». Non seulement le bois blanc, mais encore l’acajou, le chêne d’Amérique, le noyer d’Afrique,
- le pitchpin, ont été traités de cette façon, sans parler du teck. En ce qui concerne l’orme anglais, on commence à le laver, avec une bouillie de plâtre avant de lui appliquer le traitement à la paraffine chaude ou à l’huile de lin. On obtient ainsi une surface dure et lisse. A. Hutin.
- RECETTE CONTRE LE HALE DE LA MER
- Miel...........
- .Savon en poudre Glycérine . . .
- F arine de lin. .
- Talc...........
- Poudre d’iris. .
- Mélanger, puis doucement faire fondre au bain-marie; ensuite mettre en pots à fermeture aussi hermétique que possible.
- Une application matin et soir.
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- LE MOIS METEOROLOGIQUE
- a)
- AOUT 1931, A PARIS
- Mois froid, exceptionnellement pluvieux, remarquable surtout par la fréquence et l’abondance des précipitations, humide et très orageux, le moins ensoleillé que l’on ait eu depuis 50 ans.
- La moyenne mensuelle de la température au Parc Saint-Maur, 16°7, accuse un déficit de 1°0, et classe le mois qui vient de s’écouler parmi les mois d’août froids. Le déficit de la température moyenne est attribuable uniquement aux températures diurnes. La moyenne des minima, 12°9, est en effet notablement supérieure à la normale (écart + 0°6), tandis que celle des maxima 21°4 est trop basse de 2°5 et l’amplitude de la variation diurne, qui est en moyenne de 11°5 en août, s’est trouvée réduite à 8°5. Le maximum absolu, observé le 5, s’est élevé à 28°4 et le minimum absolu 7°6 a été noté le 26.
- A Trappes on a eu 5°5 le 26 et à Ivry, 31°0 le 5.
- Fig. 1. — Moyennes de températures.
- Au parc Saint-Maur la durée d’insolation, 107 h 3, est la plus faible que l’on ait enregistrée en août depuis 51 ans, elle est égale aux 24 céntièmes de la durée possible et atteint à peine les 47 centièmes de la moyenne. Il y a eu 23 jours de pluie appréciable, plus 3 autres jours de gouttes (normale: 12 jours) qui ont donné une hauteur d’eau de 114 mm 6, nombre qui dépasse la moyenne des 50 années 1874-1923 de 117 pour 100. Du 1er au 25, on n’a noté que trois jours sans pluie. Aussi le mois d’août 1931 se classe-t-il parmi les mois d’août les plus pluvieux observés à Saint-Maur depuis 1874, au 3e rang pour la hauteur et au 2e rang pour le nombre de jours.
- A Montsouris, la hauteur d’eau recueillie a été de 161 mm 5 et est supérieure à la normale de 228 pour 100. Une telle quantité n’avait jamais été égalée en août depuis la création de l’Observatoire (1872) et dans la série de l’Observatoire astronomique, depuis 1806; le mois d’août 1850 est celui qui s’en rapproche le plus avec 158 mm 3.
- Certaines chutes de pluie sont remarquables, surtout par leur intensité. C’est ainsi que l’averse orageuse du 19 a été jusqu’à atteindre un débit de 3 mm 5 en une minute, 13 mm 2 en
- 5 minutes et 22 mm 7 en 10 minutes de 15 h 29 à 15 h 39, à l’Observatoire de Montsouris.
- La durée totale de chute, 50 h 2, est supérieure de 83 pour 100 à la normale. On a compté au Parc Saint-Maur, 9 jours d’orage, 8 jours de brouillard. *
- Plusieurs orages ont été extrêmement violents et ont occasionné des dégâts assez importants, notamment ceux des 5, 19 et 30.
- La pluie a été mêlée de grêle, le 1er à Sevran et à Marly, le 5 dans l’Ouest, les 19, 21 et 30 de divers côtés.
- Les vents d’Ouest ont soufflé normalement; ceux du courant polaire ont été en déficit, tandis que le courant continental (entre Est et Sud) a présenté un excès de fréquence très notable.
- L’humidité relative moyenne de l’air, à Saint-Maur, a été de 84,2 pour 100 et la nébulosité moyenne de 79 pour 100.
- 100 mm
- 75 mrn 50 mm 25<mn Qmm
- I , •
- -H,fi74 1878 . 1883 1888 1893 1838 1303 1308 1313 1318 c*) CM 2 119,5 1328 1331
- Fig. 2. — Hauteurs de pluie.
- La pression barométrique, 759 mm 9, au niveau de la mer, a été en déficit de 2 mm 7 par rapport à sa valeur normale.
- Variations, par périodes décennales depuis 1874, à l’Observatoire du Parc Saint-Maur, des moyennes de la température, de la pluie, du nombre de jours de pluie, de la nébulosité, de l’humidité de l’air et de la pression barométrique pour le mois d’août :
- Tempéra- Pluie Jours Nébu- Humi- Pression
- ture en mm de pluie losité dité barométrique en mm (')
- 1874-1883 17°,76 61,4 13 54 76,2 757,46
- 1884-1893 17°,51 51,3 11 47 73,3 758,10
- 1894-1903 17°,92 50,4 12 48 73,4 758,32
- 1904-1913 17°,63 48,2 12 51 74,2 758,20
- 1914-1923 17°,64 52,2 11 52 75,1 758,13
- 1924-1930 17°,72 66,3 13 57 76,2 758,18
- moy. génle. 17°,69 54,9 12 51,5 74,7 758,06
- Em. Roger,
- Membre de la Société météorologique de France.
- 1. A l’altitude de 50 m.
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- PHONOGRAPHES ET RADIOPHONOGRAPHES
- MODERNES
- QUELQUES GÉNÉRALITÉS
- DISQUES ET AIGUILLES DE REPRODUCTION
- Les procédés électromécaniques de reproduction des sons sur disques ne se modifient plus guère, et seuls des perfectionnements de détail y ont été apportés, par exemple dans les systèmes microphoniques.
- Nous noterons, d’ailleurs, qu’on emploie encore en Allemagne un double système d’enregistrement. Les sons recueillis par un microphone dans le studio d’enregistrement modulent une lampe spéciale à gaz rare dont l’intensité lumineuse subit les variations du courant microphonique et qui impressionne avec plus ou moins d’intensité une bande négative sensible suivant le procédé de cinématographie sonore bien connu, à surface constante et à opacité variable.
- Mais, au lieu de retraduire immédiatement les sons ainsi enregistrés, on utilise les courants électriques produits par un système de traduction phonique pour actionner après amplification un stylet électromécanique. Ce stylet grave la courbe extrêmement complexe de l’enregistrement sur un disque de cire; ce dernier travail s’effectue très lentement et dure environ sept heures pour un disque de 25 cm.
- D’après le fabricant, la photographie du son permettrait d’obtenir une bonne fidélité d’enregistrement et le report très lent sur disque permettrait la réalisation parfaite de la courbe acoustique.
- Ce système assez complexe semble surtout présenter des avantages pour les éditeurs de films sonores, puisqu’il leur permettra de reporter sur disques les sons enregistrés sur films.
- La fabrication proprement dite des disques à l’aide d’une matrice de pressage n’a guère varié, et les fabricants se sont seulement efforcés d’obtenir des matières à grain de plus en plus fin pour constituer les surfaces dans lesquelles sont imprimés les sillons, de façon à diminuer « le bruit de surface ».
- Pourtant, on peut dire qu’il existe maintenant des disques en acétate de cellulose parfaitement au point, qui permettent une reproduction acoustique satisfaisante, tout en possédant des qualités mécaniques suffisantes.
- C’est à tort que l’on donne à ces disques en acétate de cellulose, le nom de disques souples ; on devrait plutôt dire disques incassables. En effet, s’ils présentent une souplesse suffisante pour être facilement tordus à la main sans risque de rupture, il ne s’ensuit pas qu’une torsion prolongée et assez grande ne nuise pas à leur planéité. Il faut donc prendre soin de maintenir toujours ces disques aussi plans que possible et de les poser « à plat », malgré leur souplesse.
- Alors que le poids d’un disque ordinaire est de 250 à 300 gr suivant le diamètre, le poids d’un disque en acétate de cellulose, par exemple d’un « cellodisc » Pathé, n’est que de 28 à 30 gr, et son épaisseur est très faible.
- Ces disques sont incassables; ils présentent l’avantage
- de produire un bruit de surface beaucoup moins grand pendant la reproduction, et de pouvoir être joués pendant très longtemps, sans qu’il soit besoin de changer d’aiguille.
- Il suffit d’utiliser une aiguille en acier cylindroconique ou d’un type spécial, recourbé en forme de bêche (fig. 1). Si l’on emploie une aiguille ordinaire, il faut simplement prendre la précaution de la polir au préalable sur un disque ordinaire en gomme-laque.
- La mise au point de la fabrication des disques souples a été très délicate parce que l’acétate de cellulose n’est pas une matière plastique et se présente, avant le pressage, sous la forme de rondelles plates mates. Si la pression imprimée aux matrices de pressage n’est pas rigoureusement uniforme, il se produit des manques d’impression, et il a fallu employer des plateaux presseurs rigoureusement plans fonctionnant sous une pression beaucoup plus forte que pour les disques ordinaires, pression qui est alors de l’ordre de 100 kg par centimètre carré.
- L’expérience ayant montré que le collage d’une étiquette sur un disque souple amenait très vite un gauchissement de la surface, parce que la colle en séchant produisait des tractions, il a fallu imprimer directement les titres sur les disques.
- Les « Cellodisc » Pathé dont la fabrication est d’ailleurs momentanément arrêtée, sont en acétate de cellulose et leur couleur noire les fait ressembler aux disques ordinaires, du moins quant à l’apparence. D’autres genres de disques souples, qui sont généralement en acétate de cellulose, mais pourraient être en celluloïd ou même en composition à base de gélatine sont transparents ou colorés diversement.
- Les diamètres des disques actuels varient entre 18 et 30 cm environ, et la durée d’audition maximum ne dépasse guère 3 minutes 1/2. Pourtant, nous avons déjà signalé dans La Nature, qu’on emploie en cinématographie sonore des disques d’une quarantaine de centimètres de diamètre tournant à la vitesse réduite de 33 1/3 tours par minute, et permettant d’obtenir une audition continue d’environ 11 minutes.
- Les amateurs discophiles seraient sans doute fort heureux de pouvoir utiliser ces disques, malgré les inconvénients dus à leur grande dimension. On nous signale que, dès à présent, des maisons d’éditions cinématographiques, par exemple la maison Kodak, mettent en vente des disques de grand diamètre avec film correspondants de 16 mm de large synchronisés. Il n’y a aucune raison technique pour que les éditeurs de disques ne puissent
- Fig. 1.— Quelques modèles d'aiguilles de reproduction récents.
- A, aiguille cylindro-conique en corne; B, aiguille en acier en forme de bêche pourla reproduction des disques doubles; C, aiguille Milodi à corps en graphite et pointe en acier; D,aiguille en acier à corps de diamètre constant; E, aiguille longue pour pick-up.
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- fournir au public les disques de grand diamètre de ce genre. Pour les utiliser, il suffirait d’avoir un plateau de grand diamètre, un mouvement tourne-disques avec démultiplication à Fig. 2. — Modèle simple de moteur 33 tours 1/3 par minute et à induction : marque Bodine Sidi unpras acoustique OU
- Leon' porte-pick-up un peu plus
- long qu’à l’ordinaire.
- Nous avons déjà signalé dans ces chroniques que la diversité des modèles d’aiguilles de reproduction s’était accentuée depuis quelque temps.
- Le discophile peut trouver à l’heure actuelle, non seulement tous les diamètres et toutes les formes classiques d’aiguilles en acier cylindro-coniques, en lancette, etc... suivant le modèle de son diaphragme ou de son pick-up et l’intensité, la tonalité, de l’audition qu’il veut obtenir; mais encore, nous avons vu présenter récemment de nouveaux modèles plus ou moins originaux.
- Le choix de l’aiguille demeure, d’ailleurs, essentiel à la fois pour la qualité de l’audition et la durée de service efficace du disque.
- Parmi les nouveautés récentes, on peut citer l’aiguille cylindro-conique en corne (hérative) possédant à peu près les mêmes qualités acoustiques que l’aiguille prismatique de section triangulaire à extrémité taillée en biseau en fibre de bambou. Comme cette dernière, elle use très peu le disque, donne une audition très douce et nuancée, en permettant toutefois de reproduire un peu mieux les notes aiguës; elle a l’avantage de pouvoir être plus facilement polie à l’aide d’un simple morceau de papier de verre, au lieu d’exiger une retaille fréquente comme l’aiguille en bois. Elle peut servir à la reproduction de tous les disques ordinaires, mais non des disques souples. Elle est également utilisée pour la reproduction des disques métalliques employés pour l’enregistrement direct (fig. 1 a).
- L’aiguille en acier, recourbée en forme de « bêche », est employée pour la reproduction des disques souples. Elle permet d’obtenir un grand nombre de reproductions, une vingtaine au minimum. Pour assurer une lubrification constante à la surface du disque, tout en réali-
- sant un modèle d’aiguille pouvant servir à un très grand nombre de reproductions, un constructeur ingénieux a établi un modèle comportant une pointe métallique enrobée dans une petite gaine conique en graphite placée à l’extrémité d’un corps métallique. Le diaphragme ou le pick-up ne repose plus ainsi sur le sillon par la pointe reproductrice, mais uniquement par la masse du graphite qui s’adapte à la forme des sillons, et la mèche en acier suit simplement le tracé transversal des courbes acoustiques. Le poids du reproducteur de sons est supporté par la gaine de graphite, le diamètre de la mèche métallique restant constant.
- Comme aiguille entièrement en acier, signalons l’aiguille à corps de section constante et à extrémité de flexibilité et de diamètre variables (fig. In). Elle permet d’obtenir une reproduction plus ou moins intense tout en assurant un serrage constant dans le mandrin du pick-up ou du diaphragme acoustique. D’autre part, les aiguilles ordinaires cylindro-coniques sont généralement trop courtes pour être placées dans les mandrins des pick-up, et il y a intérêt, pour ne pas trop augmenter le rapport de transformation mécanique, à utiliser des aiguilles assez longues . Plusieurs fabricants ont établi des aiguilles spéciales pour pick-up, longues et de formes assez effilées.
- La fabrication et le rôle des aiguilles sont, d’ailleurs, très complexes, nous aurons l’occasion d’y revenir.
- Il y a enfin longtemps qu’on a cherché à lubrifier la surface des disques de manière à diminuer l’usure des sillons et à atténuer le « bruit de surface », en facilitant le glissement de l’aiguille. Jusqu’à présent, les produits employés, à base d’huile de vaseline, par exemple, étaient assez peu pratiques ; on a présenté récemment des compositions à base de poudre de graphite qui paraissent donner des résultats plus intéressants.
- LES MOTEURS DE PHONOGRAPHES
- Malgré la nécessité de son remontage, opération assez ennuyeuse, le moteur mécanique demeure employé, par suite de son faible coût, sur la plupart des appareils à reproduction acoustique. Au point de vue technique, les résultats obtenus sont suffisants et la régularité de la rotation est généralement assurée dans des conditions convenables. Les fabricants s’efforcent surtout d’obtenir des moteurs à durée de fonctionnement assez longue, et non des moteurs puissants. Il y a même des modèles comportant un système de remontage à grande multiplication, donc à manœuvre très rapide.
- Ce manque de puissance du moteur à ressort n’est pas un inconvénient dans le cas ordinaire. Il en constitue un lorsqu’on veut utiliser un. phonographe à moteur mécanique pour l’enregistrement, car l’effort demandé au moteur est
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- bien plus considérable. On emploie encore, lorsqu’on dispose du courant continu ou même du courant alternatif, des moteurs d’entraînement du type « universel » à balais.
- Ces moteurs ont été notablement perfectionnés, ils sont généralement blindés et peuvent comporter un système automatique de graissage à bain d’huile, diminuant l’usure, assurant la régularité et le silence du fonctionnement.
- Mais on emploie de plus en plus, sur courant alternatif, des moteurs à induction-, ils ont l’avantage de n’émettre aucune étincelle en raison de l’absence de balais, et ne provoquent aucune réaction électrique ou magnétique sur les appareils d’amplification.
- Ces modèles sont le plus souvent montés sur billes et ne nécessitent aucune surveillance.
- Leur fonctionnement est parfaitement silencieux; la régularité de la rotation est assurée par un régulateur centrifuge à frein à double contact facilement réglable (fig. 2, 3 et 4).
- Il existe depuis peu, toujours pour courant alternatif, des moteurs synchrones qui fonctionnent non seulement
- Fig. 5. — Moteur de phonographe synchrone à vitesse de rotation rigoureusement constante, sans régulateur mécanique (type Sidi Léon).
- sans balais et sans collecteurs, mais encore sans régulateur. Le plateau tourne-disques est actionné directement, et la régularité de la marche à 80 tours-minute est obtenue par l’effet constant du nombre des alternances du courant alternatif du réseau. La fréquence de celui-ci est réglée, presque toujours, avec une précision suffisante et se maintient sensiblement constante. Il n’y a aucun réglage ni aucun soin d’entretien pour le moteur synchrone; il suffit de le lancer à la main ou à l’aide d’un petit dispositif à levier (fig. 5). Le silence est absolu, la simplicité de construction très grande et le prix de revient assez abaissé.
- Le moteur d’induction ou asynchrone peut être attaqué directement, c’est-à-dire sans transmission, le plateau porte-disques étant monté directement sur l’arbre du moteur (fig. 3). On obtient ainsi une marche silencieuse et régulière et une durée de fonctionnement très grande sans usure.
- En employant un arbre en acier extra-dur rectifié, des vis sans fin rectifiées également, et des coussinets en bronze anti-friction, l’appareil n’exige qu’un minimum d’entretien.
- Pour l’enregistrement, comme il est bon d’avoir une
- réserve d’énergie suffisante, on utilise des moteurs plus puissants ou même des nouveaux modèles spéciaux à deux systèmes moteurs accouplés (fig. 4).
- A l’heure actuelle, le moteur électrique peut servir à constituer des phonographes portatifs à reproduction électrique ou même mécanique grâce à ses dimensions réduites, et il existe même des modèles mixtes constitués par la réunion sous un volume extrêmement réduit de deux moteurs, l’un électrique et l’autre à ressort, fonctionnant indépendamment. Le passage de l’entraînement électrique à celui à ressort se fait par le simple jeu de la manivelle (fig. 3). L’emploi de ces modèles semble présenter quelques avantages pour monter des phonographes portatifs destinés aux discophiles qui se déplacent souvent. Lorsqu’ils disposent du courant d’un secteur, ils emploient le moteur électrique, et, dans le cas contraire, le moteur mécanique.
- Enfin, ponr ceux qui veulent réaliser un phonographe à reproduction électrique à l’aide d’organes séparés, et, en particulier, avec les étages basse fréquence d’un radio récepteur, il peut être intéressant d’employer un bloc moteur pick-up de dimensions réduites (fig. 6).
- Ce bloc est constitué par un moteur à induction avec un pick-up monté sur le même bâti en fonte. Un régulateur de vitesse, un arrêt automatique et un « volume-contrôle » du pick-up très progressif sont également placés sur le plateau du système.
- L’impédance des enroulements du pick-up étant assez élevée, il n’est pas nécessaire d’employer de trans> formateur de liaison, et on peut ainsi utiliser immédiatement l’appareil en connectant d’une part le moteur au secteur, et, d’autre part,le pick-up à l’amplificateur ou au radio-récepteur.
- Fia.Q.— Ensemble standard phonopick-up (type Braun). '
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- Fig. 7. — Ensemble de l’appareil à changement automatique de disques Cosmos.
- LES PHONOGRAPHES AUTOMATIQUES
- La manœuvre du changement de disque dans les phonographes ordinaires est assez ennuyeuse, et le phonographe à mouvement continu, dont nous avons annoncé les premiers essais est encore un appareil de laboratoire. Il y a déjà longtemps que les constructeurs de phonographes ont tenté d’établir des dispositifs mécaniques, assurant automatiquement le changement des disques sans intervention de la part de l’opérateur.
- Dans ces machines, si perfectionnées soient-elles, l’audition ne peut pourtant être rigoureusement continue, à moins d’employer un appareil à double plateau.
- Malgré tout, ces dispositifs sont fort intérssants, et quelques-uns ont déjà été décrits dans La Nature, mais leur complexité et leurs grandes dimensions, et surtout leur prix très élevé empêchaient leur adoption par le « disco-phile moyen ».
- Un modèle simplifié, réalisé aux Etats-Unis et qui est en vente actuellement en France, d’une conception ingénieuse et originale, paraît présenter des avantages pratiques indiscutables.
- Cet appareil, fixé sur un plateau métallique carré de 36 cm de côté, n’est guère plus encombrant qu’un moteur
- Fig. 9. — Phonographe mécanique portatif jouant dans toutes les positions (type Phonia).
- électrique de phonographe ordinaire, et peut être placé sur n’importe quel meuble phonographique.
- Le système mécanique, actionné par un moteur à courant alternatif de petites dimensions, assure très simplement au moyen de cames et de leviers, la reproduction automatique de dix disques, les uns après les autres, qu’ils soient de 25 ou de 30 cm de diamètre (lig. 7 et 8).
- Pour faire fonctionner l’appareil, il suffit de placer un disque sur le plateau prêt à jouer, et les neuf autres sur l’arbre supérieur, en les enfilant par leur ouverture centrale.
- En rabattant la partie supérieure de haut en bas, on place les neuf disques dans la position convenable pour être joués l’un après l’autre. Un simple interrupteur met l’appareil en marche, assure le remplacement des disques, et le placement du pick-up dans la position convenable, sans aucun danger de rayer les sillons. Le système permet, d’autre part, de répéter à volonté n’importe quel disque en soulevant l’arbre sur lequel se trouvent les disques à jouer, son montage sur un meuble quelconque est aussi simple que celui d’un moteur ordinaire et n’exige aucune modification.
- Le même constructeur établit un appareil un peu plus complexe qui permet de jouer sans interruption les deux faces de dix à quatorze disques, non seulement par un changement automatique des disques, mais par des retournements successifs de leurs faces.
- LES
- PERFECTIONNEMENTS
- DU PHONOGRAPHE MÉCANIQUE
- L’emploi de plus en plus
- fréquent du phonographe à reproduction électrique et les progrès de la reproduction électrique des sons en général, n’ont pas diminué, du moins en France, l’intérêt que présente la construction du phonographe ordinaire qui demeure la machine parlante la plus simple et la plus économique.
- Dans la reproduction purement acoustique, il faut obtenir une audition aussi intense et aussi fidèle que jDOSsible, en utilisant uniquement l’énergie recueillie par la pointe de l’aiguille vibrante qui suit les sillons du disque et sans possibilité d’aucune amplification ultérieure. Le problème de la construction d’un bon phonographe mécanique est donc complexe et délicat. Les difficultés sont peut-être rendues encore plus grandes par le fait que la majorité de la clientèle désire des modèles portatifs de petites dimensions. Si ces phonographes portatifs peuvent être munis des mêmes diaphragmes, et, à la rigueur, des mêmes bras acoustiques que les modèles-coffrets ou même que les modèles-meubles, il est bien évident qu’ils doivent comporter des pavillons diffuseurs de sons de dimensions réduites.
- Fig. 8. — L’appareil précédent.
- Le magasin à disques chargé, mais relevé et le pick-up jouant un disque de 25 cm de diamètre.
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- C’est là que réside sans doute leur plus grand défaut.
- La construction du phonographe mécanique peut donc être encore grandement améliorée, et les efforts des constructeurs sont dirigés dans ce sens. La plupart des modifications que nous pouvons remarquer sur les plus récents modèles s’appliquent presque uniquement à la forme du pavillon diffuseur de sons.
- Voici également une modification de détail originale qui s’applique surtout aux appareils à utiliser en voyage. Elle consiste à munir le bras acoustique d’un contrepoids ou d’un ressort qui applique le diaphragme et, par conséquent, la pointe vibrante d’une façon convenable sur la surface du disque, quelle que soit la position de l’appareil. Avec ce système, il n’est donc plus nécessaire de maintenir horizontal le plateau porte-disques et ce dernier peut être placé obliquement, ou même verticalement
- (fig. 9).
- (A suivre.) P. Hémardinquer.
- LES GOUDRONS
- Il s’agit ici d’un produit, dont il existe des quantités énormes, qui non seulement ne sont pas utilisées, mais encore constituent une gêne, en immobilisant des terrains qui pourraient être mieux employés puisqu’ils sont souvent à proximité des villes. Nous voulons parler des goudrons sulfuriques de la purification des pétroles bruts ou de leurs distillats, constitués grosso modo par les produits appelés acides naphténiques.
- Rappelons en quelques mots, comment on traite actuellement les pétroles et leurs distillats pour en faire des produits commerciaux.
- On désigne sous le nom de distillats, les produits partiellement distillés qui proviennent des pays de production. En vertu de la législation douanière en cette matière, les industriels de France ont aujourd’hui avantage à recevoir des « demi-produits » appelés distillats, payant peu de droits, et-d’une distillation rapide et aisée. Demain, la législation nous velle des pétroles amènera les industriels à raffiner non seulement les distillats, mais à traiter entièrement les produits bruts. Mais cette question nous éloignerait trop de notre sujet. Les distillats produisent, soit des essences pour l’auto, pour les poids lourds, soit des pétroles lampants, soit des produits intermédiaires appelés « white spirit », soit des huiles demi-lourdes appelées huiles solaires, soit finalement des huiles tout à fait lourdes (mazout), et enfin des brais proprement dits de pétrole. Certains de ces produits doivent encore, avant usage, être purifiés et décolorés.
- La décoloration s’opère parfois par un battage avec des terres à foulon, suivi d’une décantation et elle a été décrite ailleurs. Quant à la décoloration, elle est aussi obtenue par la purification sulfurique suivie d’une neutralisation par la ^oude caustique (*). Et à la fin, parfois, par un traitement à la terre à foulon. Ici ne nous occupons donc que du traitement sulfurique. Il consiste à battre, dans d’immenses tours en maçonnerie doublées de plomb, les produits (essentiels, lampants ou autres), avec de 2 à 3 pour 100 d’acide sulfurique concentré à 66° Baumé, en agitant, au moyen de l’air comprimé sec ou tout autre moyen mécanique. L’acide sulfurique a
- 1. Production de produits appelés « asphaltes de soude » utilisables aussi.
- ADRESSES RELATIVES AUX APPAREILS DÉCRITS I
- Nouveaux modèles d’aiguilles :
- Aiguilles en corne, Electrocolor, Burmese Porc épie, boulevard de Strasbourg, Paris.
- Aiguilles en acier :
- Marshall, faubourg Saint-Denis, Paris; Herold,51,rue Greneta, Paris. . Samok, 6, rue Marc-Seguin.
- Aiguille en graphite Milodi.
- Moteur phonographique synchrone :
- Établissements Sidi Léon, 86, rue de Grenelle, Paris.
- Etablissements Samok-Paillard, 6, rue Marc-Séguin, Paris.
- Ensemble phono-pick-up, Établissements Braun, 82, rue de la Folie-Méricourt, Paris.
- Disques souples, Pathé, 79, avenue de la Grande-Armée et boulevard des Italiens, Paris.
- Accessoires phonographiques, Thorens, Établissements Diedrichs 13, rue Bleue, Paris.
- Pick-up à aiguille à fixation automatique, Henri Lœbel, 28, rue Saint-Lazare, Paris.
- Appareil à changement automatique de disques, Cosmos, 3, rue de Gramont, Paris (2e).
- Phonographe Purophon, Vanner, 2, rue Hippolyte-Lebas, Paris.
- DE PÉTROLE
- l’avantage de déshydrater le distillât, s’il est tant soit peu humide.
- Mais son rôle principal, consiste à mordre les composés naphténiques ou aromatiques, qui colorent et salissent le produit et que la distillation n’a pas pu enlever, et cela en formant des naphténates. Ensuite, on laisse reposer un certain temps, et l’on décante. Le produit surnageant est clair A la partie inférieure on recueille une boue horriblement visqueuse qui, actuellement, est sans aucun emploi. Elle encombre les environs des raffineries de pétrole. Que faire de ces impedimenta ?
- Actuellement, on les brûle sous les chaudières de distillation. On a essayé d’attaquer ce produit par des craies phosphatées, de manière à en constituer de « petits superphosphates ». Mais la teneur de ces derniers en acide phosplio-rique est beaucoup trop faible pour valoir le transport; de plus ils ne peuvent sécher convenablement : ils restent poisseux et difficiles à semer mécaniquement. Mais le véritable emploi de ces produits malodorants et dangereux, serait, à notre avis, le suivant. Un calcul très simple, après analyse de l’acidité complète d’un tel produit, donnerait la quantité de chaux tout juste éteinte, sans excès d’eau ou presque, nécessaire à la saturation de l’acidité libre.
- Ceci posé, à la sortie de la batteuse, sans frais, on ferait couler le goudron acide, qui, étant tiède, est assez peu visqueux, dans un gros malaxeur vertical à palettes puissantes, en même temps que l’on ferait automatiquement l’addition de la quantité calculée de chaux toufijuste éteinte, introduction faite par petites portions, pour la saturation de l’acide. Il faudrait, bien. entendu, maintenir la chaleur, bien que la réaction soit suffisamment exothermique. La masse chaude serait à la sortie du malaxeur, coulée dans des tonneaux de fer bon marché; un tel produit reviendrait à un très bas prix. Quant à ses utilisations, elles pourraient être nombreuses. En voici quelques-unes : bitumes épaissis pour succédanés des asphaltes; charge organique des caoutchoucs et matières du genre ivorine et gummite, vernis grossiers et mastics isolants, matières pour câbles, chattertons et autres rubans isolants, etc.
- A. H.
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- LIVRES NOUVEAUX
- Volcanology, par K. Sapper, I. Friedlaender et T. A. Jaggar. 1 volume, 78 pages, published by the National Research. Council of the National Academy of Sciences. Washington, D. C. Prix : 75 cents.
- Cette brochure appartient à une collection de mises au point de l’état actuel des questions relatives à la physique du globe entreprises par la National Research Council des États-Unis avec la collaboration des spécialistes les plus qualifiés. M. Sapper analyse ici les diverses formes d’activité connues des volcans et résume les différentes et, du reste, nombreuses théories émises pour expliquer ces phénomènes. M. Friedlænder fait un tableau d’ensemble de l’état actuel de la science volcanologique, indiquant les principales directions dans lesquelles elle s’exerce et les méthodes qu’elle applique. Enfin M. Jaggar, directeur de l’Observatoire volcanologique d’Hawaï expose sa théorie personnelle du mécanisme des volcans et les faits d’observation qui la justifiaient.
- Pétroles naturels et artipciels, par Jean-J. Chartrou. 1 vol. 206 p., 52 üg. Armand Colin. Paris, 1931. Prix : broché, 10 fr. 50.
- Ouvrage d’actualité, au moment où se crée en France une grande industrie de raffinage du pétrole. L’auteur passe ën revue, dans un exposé très clair et bien ordonné, les phases essentielles de l’industrie du pétrole. Après un exposé succinct de la composition et des propriétés des pétroles naturels, du mode de prospection et d’exploitation de gisements, il étudie le raffinage et décrit les procédés modernes les plus perfectionnés; il indique les méthodes de contrôle et d’analyse pratiquées industriellement et énumère les emplois des divers produits issus du raffinage. Il termine cette étude par un substantiel résumé géographique et statistique. Dans une deuxième partie, il passe brièvement, en revue sous le titre général de produits de remplacement, les autres combustibles liquides : les uns, produits de synthèse (procédé Bergius, produits d’hydrogénation); les autres produits de la distillation de la houille, du lignite ou de la tourbe ou enfin provenant de végétaux (huiles végétales, alcools).
- Les mines coloniales, par Ch. Berthelot. 1 vol., 284 p., 77 fig. J.-B. Baillière. Paris 1931. Prix : 50 fr.
- Cet ouvrage, d’une lecture attachante, vient à son heure au moment de l’Exposition Coloniale. L’auteur s’efforce d’établir le bilan de la production minérale de notre empire colonial, et le compare à celui de l’Empire britannique et du Congo belge. Il rappelle d’abord brièvement comment s’effectuent la prospection et l’exploitation minières ; il met en lumière les difficultés du problème de la main-d’œuvre et de celui des voies de communication. Il passe alors en revue les produits minéraux de nos colonies : phosphates et minerais de fer. en Afrique du Nord, houille au Tonkin, en Algérie, au Maroc, à Madagascar, plomb et zinc en Afrique du Nord, zinc, étain et tungstène en Indo-Chine, graphite, mica, pierres précieuses à Madagascar, or à Madagascar, en Guyane, au Congo, nickel et chrome en Nouvelle-Calédonie, manganèse au Maroc, sel en Tunisie, etc. De cet exposé résulte que dans l’ensemble l’exploitation des ressources minérales de notre empire colonial est encore modeste. En regard, celle du Congo Belge, avec le cuivre du Katanga, l’or de Kilo Moto, le diamant du Kasaï, celle des colonies et dominions anglais où abondent le cuivre, l’or, le diamant, le pétrole apparaissent formidables.
- Métallisation, par J. Michel. 1 vol., 200 p. Desforges, Girardot et Cie, Paris, 1931. Prix : 18 fr.
- Les méthodes électrolytiques de nickelage, dorure, argenture, chromage et autres dépôts galvaniques, tiennent dans ce volume une assez large place, mais les procédés pratiquement si importants de métallisation à chaud employés pour le zingage et l’étamage n’y sont pas négligés, pas plus que les procédés de métallisation au pistolet, les méthodes pour le cuivrage et l’argenture au trempé et les procédés de métallisation antirouille par les poudres de zinc.
- Les formules sont indiquées avec des dosages très précis, des instructions générales précèdent chaque groupe de recettes, un index facilite les recherches.
- La betterave à sucre. Recueil de notes pratiques à l’usage des agriculteurs, par D. Sidersky. 1 vol. in-16, 136 p., fig. Presses universitaires de France, Paris, 1931. Prix : 15 fr.
- Ce travail est divisé en six chapitres traitant de l’historique de la betterave et des industries qui en tirent du sucre et de l’alcool, de la constitution de la betterave et de son développement, des diverses phases de la culture de cette plante, des ennemis et maladies qui l’envahissent, ainsi que de la production des graines. Dans un dernier char pitre est exposé brièvement ce que l’agriculteur a intérêt à connaître su-
- ies matières fertilisantes employées dans une exploitation rurale, la manière de les conserver et de les préparer.
- Traité complet d'apiculture, par E. Alphandéry. 1 vol. in-4, 573 p., 900 fig., 10 planches. Berger-Levrault, Paris, 1931.
- Apiculteur à Montfavet (Vaucluse), l’auteur a consacré sa vie à l’étude des abeilles et il en écrit ici une véritable encyclopédie. Histoire tout court et histoire naturelle, construction de la ruche, opérations du rucher, maladies et ennemis, flore apicole, récolte et préparation du miel et de la cire, législation, statistiques, tout y est, jusqu’à un recueil de pièces littéraires consacrées à l’abeille, et cela fait un recueil fort agréable à lire, plein d’enseignements, bourré d’images.
- Die Tierwelt der Nord-und Ostsee, par G. Grimpe et E. Wagler. Fascicule XIX, 1 vol. in-8, 136 p., 168 fig. Akade-misclie Verlagsgesellschaft. Leipzig, 1930. Prix : 12 fr. 80 M.
- Dans la forme habituelle à cette publication, c’est-à-dire en groupant les données faunistiques et celles écologiques, voici le 19° fascicule qui présente trois nouveaux groupes d’animaux de la Mer du Nord et de la Baltique : les Péridiniens parasites, par Eduard Reichenow, les Bryozoaires eutoproctes, par Cari J. Cori, les Diptères brachycères vivant au bord de la mer, par O. Karl. On ne peut que répéter ce qui a déjà été dit de la documentation précise de cet ouvrage.
- Hérédité et races, parle groupe lyonnais d’études médicales, philosophiques et biologiques. 1 vol. in-12, 278 p. Editions du Cerf, Juvisy, 1931. Prix : 15 fr.
- La mode est aux essais de synthèses collectives. Et c’est ainsi qu’un groupe, surtout lyonnais, a essayé de mettre au point un des grands et difficiles problèmes biologiques et de le mener jusqu’à la sociologie et la philosophie. M. Létard expose le mécanisme de l’hérédité mendélienne, M. Cuénot le problème des caractères acquis et, sur ces bases, M. Mac-Auliffe entreprend de regarder la pathologie, M. Léonet la psychologie, M. Petit la sociologie, le R. P. Valensin la morale; dans d’autres voies M. Mayet examine les races humaines, M. Constantin le problème biologique et psychologique des races, M. Philip leur aspect social et notamment le racisme dérivé du gobinisme. Enfin, M. l’abbé Monchanin s’essaie à une synthèse de l’espèce humaine, et tout cela fait un ensemble intéressant.
- Histoire politique et sociale du peuple américain, par D. Pasquet. Tome II : de 1825 à nos jours. 2 vol. illustrés avec 53 fig. et cartes hors texte. Édition A. Picard, Paris. 1931.
- Beaucoup d’écrivains et de romanciers refont aujourd’hui la découverte de l’Amérique. Mais trop souvent ils se contentent de vues superficielles, qui tournent à la caricature. A qui veut comprendre les États-Unis modernes, les intérêts et les idées qui les dirigent, les problèmes économiques et sociaux qui les agitent, on ne saurait trop recommander la lecture du consciencieux et vivant ouvrage de M. Pasquet. Limpide exposé, appuyé sur une documentation que l’on sent profonde, complète, et de première main, il nous montre comment s’est formé le territoire des États-Unis au cours du xixe siècle; il nous fait assister aux phases de la poussée vers l’Ouest; il décrit les tempêtes politiques et économiques qui ont si souvent secoué le pays et nous en fait comprendre les causes profondes; il analyse les éléments matériels qui constituent la fortune du pays, et les éléments humains qui composent sa population; il s’attache à en dégager les caractères et comme conclusion prononce un jugement assez sévère sur le caractère exagérément matérialiste de la civilisation américaine actuelle.
- Cope : master naturalist, par Henry Fairfield Osborn, 1 vol. in-8, 740 p., 30 fig. Princeton University Press, N. J., 1931. Prix : cartonné toile, 5 $.
- Cope fut un des pionniers des recherches paléontologiques aux États-Unis. De 1864 à 1885, il parcourut tout le pays et y découvrit de magnifiques gisements, notamment ceux des très grands reptiles de l’époque secondaire. L’auteur fut son élève et son ami, avant d’être son continuateur. Ce livre est un monument biographique à la gloire du maître naturaliste. Il conte sa vie, publie ses lettres, énumère ses publications, dégage les idées essentielles qui en ressortent. De nombreuses figures rappellent les plus célèbres reconstitutions des étrange-formes fossiles. C’est une lecture attachante à bien des titres, et notams ment un document sur la formation scientifique en Amérique, les voyages en Europe, les aspects du Colorado et des états du MiddleWest il y a une cinquantaine d’années.
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- NOTES ET INFORMATIONS
- MÉCANIQUE Un moteur à six temps.
- On sait que la combustion d’un mélange, dans les moteurs ne transforme qu’une partie de la chaleur en force motrice. Le rendement total, dans les moteurs à explosion, n’est que de 20 à 25%, et dans les moteurs Diesel (à huile lourde), que de 30 à 35% de la chaleur de combustion. Les pertes d’énergie sont dues, surtout, à l’absorption de chaleur dans l’eau de refroidissement et dans les gaz d’échappement, au rayonnement et à la conduction à l’intérieur du moteur et, surtout, à la combustion incomplète.
- M. E. Terras, professeur à l’Ecole Polytechnique de Berlin, et directeur de l’Institut techno-chimique, s’est, depuis des années, ingénié à approfondir les phénomènes de combustion à l’intérieur des moteurs. C’est au cours de ces recherches qu’il eut l’idée de subdiviser le processus delà combustion en
- Fig. 1. — Un moteur à six temps.
- deux stades successifs : lors d’une première explosion, il réalise une combustion intentionnellement incomplète et ce n’est que la deuxième qui provoque une combustion définitive, après une nouvelle compression et l’addition de nouvelles quantités d’air. L’ensemble du cycle comprend donc, en trois tours, six phases successives, à savoir :
- 1. Aspiration et production d’un mélange combustible pauvre en air; 2. Compression et allumage; 3. Combustion incomplète et détente; 4. Seconde compression s’accompagnant de l’addition d’air comprimé; 5. Seconde combustion et détente (expansion) ; 6. Expulsion des gaz de combustion.
- D’après ce nouveau principe de travail, il est possible de doser la teneur en carburant du premier mélange de façon à éviter ou à réaliser la formation de suie : dans la première alternative, on produira, par la première combustion, un gaz carburant, brûlé pendant la cinquième phase; dans la seconde alternative, on brûlera définitivement la suie intentionnellement produite, avec les gaz non brûlés, tout en four-
- nissant de la force motrice. C’est dire qu’on réalisera, en quelque sorte, un moteur à charbon pulvérisé où la poudre combustible serait produite dans le cylindre lui-même, sous une forme extrêmement fine, presque moléculaire.
- Un moteur de ce genre, étudié surtout pour les huiles lourdes, présente, par rapport au moteur à quatre temps, l’avautage d’une forte économie de carburant. La première machine à six temps, réalisée en transformant un moteur Diesel d’environ 9 ch, donna un rendement de 15,2 ch au maximum, tandis que cette même machine, fonctionnant à quatre temps, n’atteignait qu’un maximum de 10,4 ch. Le rendement effectif, c’est-à-dire le rapport du rendement à la chaleur fournie, est, pour le fonctionnement à quatre temps, de 24 %, pour celui à six temps, de 37 % au maximum.
- INDUSTRIE
- Les déchets d’amiante : « la microamiante ».
- Dans la fabrication des « packings » ('), des tresses et objets de belle qualité en amiante, on emploie uniquement les belles parties du minerai d’amiante, tandis qu’au contraire pour les cartons ordinaires, pour les calorifuges, on se contente des déchets qui trouvent ainsi un débouché. La proportion de belle fibre à celle des déchets est très faible. C’est pourquoi on cherche à trouver des emplois nouveaux pour cette « microamiante », puisque tel est le nom que l’on donne à ces déchets, jusqu’ici presque sans valeur.
- Entre les chaudières, réchauffeurs des fours à recuire, etc., et leur maçonnerie, on fait des bourrages bon marché, à base de « microamiante ». Le calorifugage des tuyaux de vapeur en emploie également beaucoup. On l’incorpore généralement avec du plâtre et une colle commune. Dans les parquets sans joints à base de magnésie et de chlorure de magnésium dont il a été souvent question ici, on ajoute aussi de la « microamiante », comme charge bon marché. La résistance à la traction et à l’écrasement est ainsi augmentée, en même temps que le prix de revient est sensiblement diminué. On ajoute même que l’usure est moindre de ce fait. L’application et le travail à la truelle sont aussi facilités. La densité est augmentée ainsi que les qualités ignifuges et calorifuges.
- Mais ce sont encore les industries du caoutchouc, souple ou durci, qui emploient le plus de déchets d’amiante ténue ou « microamiante ». Citons certains roulements d’autos, les bandages de toutes sortes, les articles de caoutchouc dit « industriel », les joints, les rondelles, les semelles et talons, les tubes à fleurs, les gommes à effacer, les bandes pour glaces d’auto, et surtout les câbles. On en met aussi dans les pâtes pour papiei's buvards, car on dit que ledit papier absorbe ainsi mieux l’encre.
- Dans les matières isolantes moulées, la finesse de la « microamiante » fait que la surface est plus lisse et plus facile à décoller du moule. Ces articles deviennent aussi plus résistants à la chaleur.
- Les mélanges employés pour divers emplois avec des asphaltes et brais rendent ces produits moins cassants ; le point de ramollissement se trouve élevé d’autant.
- Les industries des résines synthétiques emploient aussi de la « microamiante » dans les poudres à mouler, concurremment avec la farine de bois.
- Certaines amiantes à courtes fibres, telles que l’amphibole asbestoïde, ont des fibres infiniment trop courtes pour être employées aux usages de l’amiante; par contre, elles peuvent
- 1. Nous rappelons que les « packings » remplacent l’antique étoupe dans le presse-étoupe.
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- servir ainsi que leurs déchets comme « microamiante », pour les usages ci-dessus. On s’en est même servi aux Etats-Unis comme addition aux sols trop riches en acide liumique. Comme matière filtrante bon marché, pour de grands volumes de liquides dont le précipité est sans valeur, on se trouve bien de son emploi.
- Par un chauffage convenable, la « microamiante » voit sa dureté qui est seulement de 1 dans l’échelle de Mohr (*), passer au coefficient 9, ce qui est énorme.
- Elle est une charge des savons, des cires à cacheter, des cires à modeler. On en fait aussi, par agglomération, des blocs-buvards, des pâtes à mouler les palais dans l’art dentaire, des erayons de couleurs. Traitée par l’eau régale, son point de fusion se trouve considérablement rehaussé. En cet état on en fait des creusets réfractaires par une forte compression en présence d’un lien alcalin. A. H.
- CHIMIE INDUSTRIELLE
- Le phosphate trisodique dans l’industrie moderne.
- L’industrie moderne commence à faire un large emploi du phosphate trisodique dans deux applications spécialement importantes, savoir : 1° le décapage des métaux; 2° la purification des eaux de chaudières.
- Etudions le premier problème.
- Pour l’émaillage ou le nickelage des métaux, aussi bien que pour le dégraissage-décapage des pièces de la grosse industrie métallurgique, les pièces arrivent des presses à emboutissage, des laminoirs ou des autres machines, couvertes de graisses sales et oxydées, de cambouis pour mieux dire. Ces graisses plus ou moins visqueuses se polymérisent et s’épaississent quand on passe à un traitement thermique. La surface des pièces devient crasseuse. Il faut donc procéder préalablement au décapage. L’action de la chaleur seule, si elle est trop forte, produit une oxydation indésirable. Si l’on chauffe trop peu, l’huile reste. En général, on emploie des brosses en fils d’acier ou de laiton, trempées dans des acides faibles. Quelquefois même, on emploie des solutions de savon et des jets de vapeur. Ces temps derniers, on a employé des solvants tels que pétrole, benzine, tétrachlorure de carbone et trichloréthylène. Les deux premiers sont dangereux à cause de leur inflammabilité, et les deux derniers, le dernier surtout, sont très toxiques pour les ouvriers. Les alcalis caustiques sont intéressants, mais dangereux pour la peau des ouvriers. Henkel et Cie, de Dusseldorf, vendent depuis quelques années, sous le nom de P3, des mélanges de phosphate trisodique et de silicate de soude, sous la forme d’une poudre d’emploi facile. On savait depuis la guerre que le silicate, à la fois par sa silice et surtout par son alcalinité, est un bon agent de décapage, et que, mélangé aux alcalis caustiques, son action est encore plus efficace. Mais l’inconvénient de ce mélange était son état liquide. Le produit P3 de Henkel et Cie, étant solide, ne présente aucun de ces inconvénients. Le phosphate trisodique forme une émulsion avec les graisses, sans être corrosif comme tous les produits à base d’alcalis caustiques. Dans le P3, le silicate alcalin, employé en addition avec le phosphate trisodique, est d’une faible alcalinité, sans action nocive comme les alcalis libres sur la peau et les yeux, sans vapeurs délétères durant son évaporation, et sans aucun risque d’incendie. La concentration en PCPNa3 est de 3 à 4 pour 100 et la température du décapage est de 80° à 90°. Dans ces conditions, toutes les pellicules sales, huileuses ou graisseuses, sont totalement éliminées. On est même arrivé à abaisser la concentration en phosphate à 1 à 2 pour 100. Les pièces à
- 1. Rappelons que l’échelle de dureté de Mohr a 1 comme plus bas point, c’est-à-dire le talc, pour aboutir à 10, le diamant.
- décaper sont mises dans de vastes récipients, tenus en une agitation énergique, nécessaire à l’efficacité de l’émulsion.
- Ce produit est très actif pour le décapage sans danger des pièces d’aluminium et de ses alliages, ainsi que des pièces étamées, des pièces de zinc et de laiton, sans en excepter le bois, le cuir et les textiles. Finalement le métal traité est recouvert d’une légère couche qui résiste à l’oxydation. Le Dr Stadlinger a observé que l’élimination des diverses graisses et huiles exige les temps suivants :
- Huile minérale...........................12 minutes
- Huile des trains de laminage.............13
- Huile de soja............................23
- Huile d’olive............................25
- Huile de colza...........................25 —
- Graisse animale..........................35 —
- Huile de graisseurs Stauffer............120
- En somme l’action du P3, d’après le Dr Stadlinger, dépendrait plutôt d’une bonne émulsion que d’une saponification.
- Passons maintenant à la purification et à l’adoucissement des eaux destinées aux chaudières par le phosphate trisodique. Ce sujet a été résumé par M. Paul Kœppel dans le Chemiker Zeitung du 31 janvier 1931.
- L’emploi de chaudières soumises à des pressions de plus en plus élevées amène à envisager des procédés de purification plus efficaces que l’addition du mélange chaux et carbonate de soude, qui demeure cependant le meilleur marché. Le phosphate trisodique serait plus efficace même que le procédé aux zéolithes qui a été déjà examiné et expliqué ici-même. Il est meilleur marché et n’exige aucune installation spéciale. L’auteur va même jusqu’à affirmer l’élimination du chlorure de sodium, ce qui paraît extraordinaire (Chemical Trade, 30 janvier 1931), car il n’existe à notre connaissance aucun moyen de réaliser un tel tour de force.
- En réalité, le phosphate trisodique agit en précipitant la totalité des sels de calcium et de magnésium à l’état de phosphates totalement insolubles.
- Si l’on emploie le procédé habituel, chaux-carbonate de sodium, on peut le parfaire, s’il y a lieu, avec du phosphate trisodique, dans l'intérieur même de la chaudière. De cette façon, malgré la cherté relative du phosphate trisodique, la dépense supplémentaire est des plus minimes. Le précipité de phosphates de chaux et de magnésie est excessivement floculent, et ne s’attache pas aux parois. Bien plus, il aiderait, dit-on, au détachage des écailles déjà fixées. S’il arrivait qu’il existât de la silice, soit libre, soit sous forme de silicates alcalino-terreux, le phosphate trisodique aiderait à la transformation de la silice en silicate de sodium qui n’est pas nocif. Le fer, s’il y en avait, serait transformé en phosphate de fer totalement insoluble.
- Quelque excès de pression que la chaudière puisse être amenée à supporter, le phosphate trisodique ne peut subir aucune décomposition. Toutes les matières en suspension dans l’eau sont, pour ainsi dire, collées par le précipité des phosphates. La formation du précipité de phosphates est complète en une heure, là où les précipités habituels exigent, pour leur dépôt, le triple de ce temps.
- Pour terminer, disons que le phosphate trisodique est un agent énergique d’émulsion des graisses, de telle sorte que, si l’on employait des eaux plus ou moins graisseuses provenant des condenseurs, cela ne présenterait aucun inconvénient, et même l’ébullition serait facilitée.
- Evidemment, ce procédé a encore à faire ses preuves avant de détrôner le presque centenaire mélange chaux-carbonate de sodium, mais il valait la peine d’être signalé ici.
- Albert Hutin.
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- PETITES INVENTIONS
- MÉCANIQUE
- Aéro=>sécheur pour tuyaux d’eau.
- Les tuyaux de toile qui servent aux pompiers dans la lutte contre l’incendie n’ont trop souvent qu’une existence éphémère.
- Quand le feu est éteint, les tuyaux sont rapidement enroulés sur les tambours des voitures de secours, ou même pliés et rentrés ainsi au dépôt des pompes.
- On prescrit bien de les étendre ensuite ou de les pendre à une tour de séchage et d’attendre leur complète sic-cité pour les enrouler à nouveau, mais ce sont là manœuvres lentes que n’elïectuent guère les pompiers volontaires, si bien que, rapidement, les tuyaux se piquent, moisissent, se perforent et deviennent inutilisables le jour où l’on en a de nouveau besoin.
- A la récente Exposition internationale du feu, on voyait un aéro-sécheur composé d’un ventilateur électrique soufflant, de
- Fig. 1. — L’aéro-sécheur pour tuyaux d’eau.
- l’air cbaufïé par une résistance dans une boîte sur laquelle peuvent être fixés simultanément 3 tuyaux de 30 à 40 mètres chacun.
- L’air chaud circulant à l’intérieur des tuyaux les sèche rapidement et complètement. C’est donc une économie et une sécurité.
- Constructeurs : SAMDI, 4, boulevard Gaston-Dumesnil, Angers.
- OBJETS UTILES Pince=agrafe à multiples usages.
- Le petit objet que nous allons décrire est remarquable par son extrême simplicité.Dans tous les domaines, la simplicité est souvent le caractère de la perfection; dans son genre, l’agrafe Aiglon a réalisé, on peut le dire, la perfection.
- Elle se prête en effet à mille usages et peut rendre, dans une foule de cas, de grands services, pour un prix extrêmement modique.
- Elle se compose simplement de deux branches métalliques repliées A et B dont les parties supérieures sont normalement maintenues en contact par le ressort R rivé sur elles. Si on
- presse avec deux doigts de la main les deux demi-branches a, b. le ressort s’incurve et les branches supérieures s’écartent, pour
- Fig. 2. — La pince-agrafe « L’Aiglon » et son fonctionnement.
- revenir ensuite à leur position normale quand la pression cesse.
- On comprend de suite qu’on puisse avec cet appareil saisir, serrer et maintenir les objets les plus divers, mais ce n’est pas son seul avantage : les branches recourbées a, b, forment des crochets qui peuvent servir à suspendre ou à accrocher. Elles constituent aussi un pied et permettent par exemple de maintenir vertical un menu, une carte postale, etc.
- Voici quelques-uns des emplois de l’Aiglon : accrocher au mur des objets de toilette, des outils ou des objets quelconques, brosses, peignes, limes, pipes, etc. ; remplacer dans de nombreux cas les épingles ou les clous avec l’avantage de ne pas piquer et de ne pas faire de trous ; suspendre, sans clou ni vis, dans des armoires ou des étagères, des montres, des clés ou des bibelots, au théâtre ou en promenade accrocher à un siège le sac de Madame ou le chapeau de Monsieur; à table maintenir la serviette de bébé; fixé sur le bord du saladier ou du plat il maintiendra les cuillers et les empêchera de tomber au fond, etc. Il y a ainsi mille applications variées, auxquelles suffit un petit objet de quelques grammes tenant sans peine dans une poche de gilet.
- L’Aiglon, inventé par M. Lehmann, est en vente à la Manufacture française de l’Aiglon, 62, avenue Gambetta, Paris, 20e.
- Fig. 3. — La pince-agrafe « L’Aiglon » el ses multiples usages.
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- BOITE AUX LETTRES
- COMMUNICATIONS
- A propos du haricot Tépary (n° 2856).
- M. R. Decary, administrateur des colonies, correspondant du Muséum national d’Histoire naturelle, nous écrit d’Ambovombe, district de Fort-Dauphin (Madagascar) :
- « C’est avec le plus vif intérêt que j’ai lu, dans le n° 2856 de La Nature, l’article de M. R. de Noter sur le Haricot Tépary.
- « Je viens moi-même d’introduire ce Phaseolus dans l’extrême sud de Madagascar. L’Androy, qui constitue la partie australe de la Grande Ile, est une pénéplaine sableuse au climat subdésertique, dans laquelle les chutes d’eau sont rares et irrégulières. En 1930, il est tombé seulement 391 mm d’eau. Les habitants, pourtant nombreux, n’ont parfois, en raison du manque d’eau qui fait souffrir et même peut détruire les cultures, qu’une nourriture insuffisante, et
- QUESTIONS
- Disques et pointes graveuses pour T enregistrement direct.
- Nous avons expliqué, dans nos articles sur l’enregistrement phonographique d’amateur parus dans La Nature, qu’on pouvait employer, soit les disques en métal généralement en alliage d’aluminium, soit des disques en composition à base de gélatine.
- La gravure du sillon phonographique ne s’effectue pas de la même manière sur le disque en métal et sur le disque plastique. Dans le premier cas, la pointe graveuse agit simplement à la façon d’un burin, sans enlever de particules métalliques, et en repoussant le métal de chaque côté du sillon. Dans le deuxième le stylet enlève à la surface du disque un ruban très mince de matière plastique qui, sous l’effet de la force centrifuge, vient s’enrouler autour de l’axe du plateau porte-disque. La forme de la pointe graveuse n’est donc pas la même dans les deux cas, mais, en théorie, on pourrait employer dans un cas comme dans l’autre une pointe en acier ou en saphir. Il est bien préférable pourtant de choisir une pointe en diamant, qui permet d’obtenir un sillon plus profond et plus net et a l’avantage d’avoir une durée efficace beaucoup plus longue.
- Vous pouvez vous procurer des disques et des pointes graveuses pour l’enregistrement aux deux adresses suivantes :
- Établissements Galliavox, 37, avenue Victor-Hugo, Paris (16e);
- L’Électro-Acoustique, 36, avenue Hoche, Paris.
- Réponse à M. Lande, au Havre (Seine-Inférieure).
- Poste pour la réception des ondes très courtes.
- Nous avons indiqué dans notre numéro spécial du 1er septembre des dispositifs adaptateurs se plaçant en avant d’un poste récepteur à amplification à haute fréquence directe ou à changement de fréquence, et permettant, sans autre modification du montage radioélectrique du poste, la réception des émissions de longueurs d’onde très courtes sur la gamme de 15 à 100 m environ.
- Votre appareil étant, d’après vos indications, un poste à étages d’amplification haute fréquence directe et à lampes à chauffage indirect, c’est-à-dire alimenté complètement par le courant d’un secteur alternatif, nous ne pensons pas que vous puissiez utiliser pour la réception des ondes très courtes les étages d’amplification haute fréquence, ni même la lampe détectrice de votre poste.
- Dans votre cas, nous pensons donc que vous pourrez placer en avant de votre appareil un adaptateur avec son système d’accord spécial comportant une lampe détectrice montée suivant le schéma Reinartz ou Schnell, et qui sera reliée à la douille de plaque de votre lampe détectrice (qui sera pour plus de sûreté enlevée de son support à moins que vous n’utilisiez un bouchon coupe-grille). Seuls, donc, les étages d’amplification basse fréquence continueront à être employés et, en réalité, le système pour la réception des ondes courtes comportera donc, d’une part la lampe détectrice de votre adaptateur spécial, d’autre part les étages basse fréquence de votre appareil primitif.
- Il existe des systèmes adaptateurs pour ondes courtes à lampes
- toute nouvelle plante alimentaire adaptée aux climats secs présente pour l’avenir du pays un intérêt primordial et même vital.
- « M.Swingle, assistant au Département de l’Agriculture de Washington (U. S. A.), qui avait parcouru en mission les régions du sud de Madagascar, avait été frappé par les analogies qu’elles présentent avec certaines zones désertiques d’Amérique. Il y a quelques mois, il a bien voulu me faire envoyer une importante quantité de haricots Tépary destinés à des essais de culture. Les semis faits aussitôt ont prospéré d’une façon remarquable, et bien que les gousses ne doivent arriver à maturité que dans deux ou trois semaines, il est certain que la réussite de cette culture est dès maintenant assurée dans l’extrême sud de Madagascar. L’introduction du Phaseolus acuiifolius peut être considérée comme une chose faite. »
- ET RÉPONSES
- à chauffage indirect et nous vous conseillons de vous adresser, pour en obtenir les descriptions, à la Société Philips Radio, 5, cité Paradis, à Paris.
- Les résultats paraissent être pourtant plus réguliers en utilisant un dispositif alimenté par des batteries d’accumulateurs, ce qui n’exige nullement d’ailleurs, évidemment, la modification de l’alimentation de votre poste primitif. Étant donné que l’adaptateur ne comporte qu’une seule lampe, la capacité des batteries d’alimentation peut être évidemment fort réduite.
- Nous avons décrit également dans le numéro spécial cité, les systèmes de postes récepteurs dits « toutes ondes », permettant la réception de toutes les émissions de 15 à 2000 m environ. Jusqu’à présent, la plupart de ces postes sont alimentés à l’aide de batteries d’accumulateurs ou de dispositifs d’alimentation à courant redressé et filtré. Parmi les dispositifs de ce type à amplification directe, nous pouvons noter, par exemple, les systèmes Philips, Gody et Dyna. Parmi les appareils à changement de fréquence « toutes ondes », nous pouvons vous indiquer les types Radio LL et Lemouzy. En particulier, ce dernier poste, très complet, et d’un prix assez élevé, est muni de lampes ordinaires à faible consommation, mais comporte dans son ébénisterie tout le dispositif d’alimentation par courants redressés et filtrés. Réponse à M. Fenec, à Sousse (Tunisie).
- Construction d’un poste à changement de fréquence.
- Le type d’appareil à changement de fréquence comportant une bigrille changeuse de fréquence, une lampe moyenne fréquence à grille-écran, une détectrice et une lampe basse fréquence de puissance, constitue le modèle le plus récent et à la fois le plus réduit, des postes à changement de fréquence. Comme il ne comporte qu’un seul étage moyenne fréquence, il peut être employé sur une antenne de courte longueur, mais il est également assez sensible pour permettre, en général, la réception sur cadre convenablement établi de la plupart des émissions radiophoniques européennes.
- Il est évident que le montage de ce poste diffère assez sensiblement de celui d’un appareil à quatre lampes, dont un étage haute fréquence à résonance, du type dit C 119, et, si vous voulez utiliser le plus possible les pièces qui proviennent d’un montage primitif de ce genre, vous pourriez peut-être monter, non pas cet appareil à quatre lampes, mais un modèle du même genre comportant deux étages d’amplification basse fréquence établi comme ceux de votre appareil primitif. Votre poste de nouveau modèle comprendrait donc ainsi une bigrille changeuse de fréquence, une lampe haute fréquence à grille-écran, une lampe détectrice et deux étages basse fréquence à transformateurs, et il faudrait simplement que vous vous procuriez comme nouvelles lampes une lampe bigrille changeuse de fréquence, et une lampe moyenne fréquence à grille-écran.
- En principe, les condensateurs rhéostats et potentiomètres de votre montage primitif peuvent encore servir et les pièces principales à acheter seraient donc : un bloc oscillateur pour lampe bigrille et un
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- transformateur moyenne fréquence spécialement accordé pour lampe à grille-écran. Vous pouvez vous procurer des pièces de ce modèle chez la plupart des fabricants de pièces détachées pour T. S. F. et en particulier, aux établissements :
- Ribet et Desjardins, 10, rue Violet, à Paris.
- Gamma, 21, rue Dautancourt, à Paris.
- Brunet, 5, rue Sextius-Michel, à Paris.
- Bardon, 61, boulevard Jean-Jaurès, à Clicliy (Seine), etc.
- Ces fabricants peuvent également vous fournir quelques schémas de montage, et vous pouvez trouver des renseignements détaillés sur la construction des appareils de ce genre dans le livre Les récepteurs modernes (Chiron, éditeur, 40, rue de Seine, Paris, en préparation), ou dans d’autres ouvrages similaires du même éditeur.
- Réponse à M. Galton, à Labuissière (Pas-de-Calais).
- Projecteur de cinématographie sonore.
- Comme nous l’avons expliqué dans différents articles parus dans La Nature, les projecteurs actuels de cinématographie sonore sont, en général, disposés à la fois pour la reproduction des sons enregistrés sur disques et pour la reproduction des sons enregistrés sur films, et synchronisés avec les images. Il existe des appareils permettant uniquement la reproduction des sons enregistrés sur disques, et qui peuvent être assez facilement adaptés à un projecteur ordinaire pour films muets. Il est bien évident que le prix de ces appareils est beaucoup moins élevé; cependant, le dispositif ainsi réalisé est beaucoup moins complet et il semble, en tout cas, qu’il soit nécessaire d’en utiliser deux accouplés, afin de permettre une projection continue des films, au delà d’une durée de 10 à 11 minutes.
- L’adaptation que vous devez faire dépend donc de la nature des films sonores que vous voulez projeter, et aussi de l’importance de votre salle; vous pouvez trouver des renseignements à ce sujet dans le livre : Le cinématographe sonore (Librairie de l’Enseignement technique, éditeur)ou dans la publication La Technique cinématographique (24, rue Pétrelle, Paris).
- .Réponse à M. Lecomte, à Alger.
- Emploi d'une lampe à grille=écran en détectrice.
- Ainsi que vous nous l’indiquez, une lampe à écran peut parfaitement être utilisée en détectrice, et nous avons d’ailleurs plusieurs fois montré dans nos articles, et, en particulier, dans le numéro spécial de septembre, comment cette lampe peut être employée comme détectrice de puissance à la suite de plusieurs étages d’amplification haute fréquence ou moyenne fréquence, ou même comme simple détectrice suivie d’un étage d’amplification de puissance.
- Il est simplement indispensable de remarquer, qu’en raison de sa résistance interne extrêmement élevée, la seule liaison basse fréquence convenable entre la détectrice et la lampe de puissance est la liaison résistance-capacité, et non la liaison à transformateur; il serait cependant possible d’avoir recours également à une liaison impédance-capacité. Lorsqu’on utilise une résistance de plaque, il se produit une chute de tension dans cette résistance, et il est alors indispensable d’employer une tension plaque assez élevée de l’ordre de 200 volts, en général. Ce montage convient particulièrement bien dans le cas d’emploi d’une lampe à écran à chauffage indirect.
- Réponse à M. André, à Paris.
- Irrégularités de fonctionnement d'un poste à réso= nance.
- Votre appareil comportant une lampe haute fréquence à résonance à écran, une lampe électrique et une trigrille de puissance est établi ainsi suivant un schéma très moderne, dont nous avons indiqué plusieurs fois les avantages dans la revue. Nous espérons que sa construction est réalisée avec soin, en particulier que les organes du circuit haute fréquence ne sont pas trop rapprochés les uns des autres, et que vous avez monté un blindage convenable sur la lampe à écran. Dans ces conditions, il ne devrait pas se produire d’effets d’accrochages irréguliers et brutaux sans manœuvre du système de réaction. Pour les atténuer, il est bon de monter près du tube un condensateur fixe d’un microfarad, relié d’une part à la grille écran, de l’autre à la terre, ou même de disposer une résistance axe de quelques milliers d’ohms entre la grille écran et la borne d’alimentation de cette grille. Remarquez, d’ailleurs, qu’en général, il est bon de pouvoir faire varier à volonté la tension appliquée sur cette grille pour obtenir un fonctionnement optimum du poste. Réponse à M. A. B. à Reims.
- Irrégularités d'audition.
- Il est très vraisemblable que les craquements entendus dans votre haut-parleur et qui se font entendre surtout lorsque vous utilisez la dernière lampe de sortie sont dus, soit à un défaut de connexion, soit à une détérioration de la pile de polarisation de grille. Cette grille ne peut plus se décharger normalement, et il en résulte des bruits parasites. Il convient donc de vérifier tout spécialement le fil ou le câble qui relie le circuit de grille de la lampe de sortie à la batterie de polarisation, ainsi que l’état de cette batterie que vous pourriez, d’ailleurs, shunter au moyen d’un condensateur de quelques millièmes de microfarad.
- Il y a un moyen bien simple de se rendre compte immédiatement si les craquements proviennent de cette batterie de piles. Il suffit pour cela de relier directement le circuit de grille à l’extrémité négative du filament. Sans doute, l’audition est alors déformée, puisqu’on n’applique plus sur la grille la tension négative nécessaire, mais on ne doit plus entendre de craquements si ces derniers proviennent simplement de la pile. Réponse à M. Renoult, à Rouen.
- Alimentation d'un poste=récepteur par le courant alternatif à 25 périodes.
- Comme vous le savez sans doute, le courant alternatif utilisé en France a, le plus souvent, une fréquence de 50 périodes, alors que le courant dont vous disposez a seulement une fréquence de 25 périodes.
- Ce fait rend plus complexe le problème de l’alimentation par le courant alternatif du secteur, et même un appareil destiné simplement à la recharge des accumulateurs doit être établi en conséquence.
- Les postes-secteur à lampes à chauffage indirect sont construits pour fonctionner sur un courant à 50 périodes, et si l’on voulait utiliser un poste-secteur à lampes à chauffage indirect sur un courant de 25 périodes, il faudrait adopter des transformateurs d’alimentation spéciaux et des circuits de filtrage du courant de plaque comportant des bobinages à fer avec un noyau de plus gros diamètre, et un nombre de spires plus élevé. L’appareil devient ainsi plus coûteux et les résultats sont souvent même encore moins satisfaisants que dans le cas ordinaire.
- Vous voulez seulement, d’ailleurs, alimenter un poste à lampes ordinaires à filaments à faible consommation de la manière la plus pratique possible. Vous pouvez donc adopter des batteries d’accumulateurs de chauffage et de tension plaque rechargées continuellement par un dispositif fournissant du courant de faible intensité, ou par intermittence par un appareil à débit normal.
- Nous n’avons pas fait nous-mêmes d’essais d’alimentation par du courant alternatif à 25 périodes. D’après les spécialistes, il serait fort difficile d’alimenter un poste dans des conditions satisfaisantes en employant à la fois du courant redressé et filtré pour le chauffage des filaments et pour l’alimentation des plaques. On pourrait donc adopter un accumulateur servant au chauffage des filaments combiné avec une boîte d’alimentation fournissant du courant redressé et filtré pour l’alimentation des plaques, soit une batterie d’accumulateur de tension plaque et un dispositif d’alimentation fournissant du courant redressé et filtré pour l’alimentation des filaments.
- Au point de vue technique, ces deux solutions sont à peu près équivalentes, mais au point de vue pratique, la première est sans doute plus intécessante, puisque la batterie de tension plaque est en général plus coûteuse et moins robuste que la batterie de chauffage.
- D’ailleurs, un dispositif d’alimentation plaque sur courant alternatif de 25 périodes peut être formé de la manière ordinaire à l’aide d’une valve électronique biplaque de redressement, d’un circuit de filtrage et des différentes résistances et capacités permettant d’obtenir les diverses tensions plaque et les diverses polarisations négatives de grilles. Le transformateur et les bobinages de filtrage sont simplement établis comme nous l’avons indiqué plus haut.
- Cette solution est donc relativement coûteuse et la plus simple demeure sans contredit l’emploi d’une batterie d’accumulateurs de 4 volts pour le chauffage des filaments, et d’une batterie de 80 à 120 volts pour la tension plaque. On réalise la recharge de ces batteries à l’aide d’un ensemble unique à faible débit continu ou à débit intermittent normal dont plusieurs modèles ont été décrits dans la revue, en particulier dans le numéro du 1er septembre et du 1er octobre 1931. Il faut simplement indiquer spécialement au constructeur du redresseur que l’appareil doit fonctionner sur courant de 25 périodes.
- Réponse à M. J. D. à Isle (Haute-Vienne).
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- Mise en marche d'un poste à distance.
- Il est parfaitement possible de provoquer à distance la mise en fonctionnement d’un récepteur radiophonique, et nous avons donné à ce sujet quelques indications dans nos chroniques.
- Le moyen le plus simple consiste sans doute à ouvrir ou à fermer à distance le circuit de chauffage des lampes, et ce procédé est applicable pour l’alimentation par batteries, comme pour l’alimentation par le secteur.
- Cependant, même pour l’alimentation par batteries, il ne faudrait pas croire qu’il suffise de placer à distance un interrupteur intercalé dans le circuit de chauffage. Ce montage produirait une chute de tension considérable et aurait l’inconvénient de créer une voie d’adduction possible de parasites haute fréquence vers le poste récepteur. Quel que soit le dispositif d’alimentation, il semble donc indispensable d’utiliser un relais actionné par une batterie auxiliaire de petite capacité, ou même par la batterie de chauffage du poste. Ce relais est commandé à distance par un interrupteur, et ouvre ou ferme le circuit d’alimentation. Le dispositif est simple et peu coûteux, et on peut trouver dans le commerce des modèles spécialement destinés à cet usage.
- Il serait sans doute également possible, lorsqu’il s’agit de commander l’appareil à une distance relativement réduite, d’employer un système de commande mécanique à câble souple, par exemple, mais il ne semble pas que ce procédé offre beaucoup d’avantages.
- Réponse à M. C. R., à Lille.
- De tout un peu.
- MM. Tessandier à Ste-Adresse et Gouaze à Leysses. — Le
- sel qui se forme par l’action de la chaux vive sur le soufre est le bisulfure de calcium CaS-, lequel a l’inconvénient d’être peu soluble, c’est ce qui explique sa cristallisation, si on ne prend pas soin d’ajouter une quantité d’eau suffisante pour le dissoudre aussitôt que la réaction a eu lieu.
- On peut éviter le dit inconvénient en remplaçant dans les mêmes proportions la chaux par de la lessive de soude concentrée du commerce; il se forme ainsi du sulfure de sodium beaucoup plus soluble et qui agit d’une façon identique sur les mauvaises herbes.
- N.-B. — Gomme la fleur de soufre ne se mouille parfois que difficilement, on peut obvier à ce défaut en l’imbibant au préalable d’alcool à brûler.
- M. Beuvry à Béthune et Arts graphiques à Nancy. — La formule suivante vous permettra de préparer facilement des figurines hygrométriques dont la couleur change suivant le degré d’humidité de l’air :
- Gélatine blanche.................. 10 grammes.
- Eau ordinaire.....................100 —
- Chlorure de cobalt................. 1 —
- Faire gonfler la gélatine pendant 12 heures dans la quantité indiquée d’eau froide, liquéfier ensuite au bain-marie, ajouter le chlorure de cobalt et appliquer la solution tiède sur le papier poreux au moyen d’un pinceau.
- La gélatine blanche se trouve chez tous les épiciers sous le nom de blanc-manger ou grenétine; quant au chlorure de cobalt, on peut se le procurer chez les marchands de produits chimiques sans difficultés.
- M. Soler à Prades (Pyrénées-Orientales). — Vous trouverez toute une documentation sur les parquets sans joints dans les nos 2752, p. 6, et 2850, p. 141 Ces enduits s’appliquent sur forme de maçonnerie non sur vieux planchers en bois qui au mouillage s’empresseraient de donner lieu aux gondolements les plus fâcheux.
- M. Sabaté à Brunoy. — Il doit y avoir dans votre citerne des algues sulfuraires (type Beggiatoacées) qui libèrent du soufre et de l’hydrogène sulfuré lorsqu’elles sont laissées au repos. Quand survient une chute de pluie, celle-ci étant chargée d’oxygène, ce dernier fait disparaître l’hydrogène sulfuré dont la production ne reprend qu’au bout de quelques jours.
- Le seul moyen efficace d’éviter cet inconvénient est de nettoyer à fond la citerne, avec brossage des parois, qui seront finalement passées au lait de chaux léger, après quoi, la citerne sera remise en service, le chaulage étant séché quelques jours bien entendu.
- M. Jourdey à Meulan. — Le prix que nous avons indiqué pour le chlorate de soude était emprunté au prix courant de la maison Henri Pelliot, 24, place des Vosges, Paris-3e, compté par 100 kgs pris à Paris, port et emballage en plus.
- Mlle Mazet à Courbevoie. — Dans le paragraphe C de l’instruction parue le 1ermai 1927, n°2760, concernant l’argenture des miroirs, le chiffre de la troisième ligne a été échoppé à la composition : il faut donc lire :
- Acide tartrique : un gramme.
- M. P. Lecomte à Paris. — La recette pour le débouchage des tuyaux de lavabos a paru dans le n° 2842, page 336, vous le retrouverez facilement dans votre collection d’abonné.
- M. Parisot, à Bartow. Floride. — Pour conserver aux moules en gélatine leur souplesse, éviter leur racornissement et leur altération par développements microbiens, il suffit d’ajouter à la préparation de la glycérine et du formol. Les proportions ne peuvent être fixées d’avance, car elles dépendent de la réalisation que l’on a en vue, ainsi que des conditions climatériques, mais quelques essais systématiques en faisant varier régulièrement les constituants vous fixeront très rapidement à ce sujet.
- Clinique maritime à Bordeaux. — 1® Le mieux est d’imprimer vous-même vos circulaires au moyen d’une petite presse d’amateur, vous trouverez des appareils de ce genre, ainsi que le matériel typographique complémentaire à la Manufacture française d’armes et cycles de Saint-Etienne, 42, rue du Louvre, à Paris.
- 2° Si l’édition de l’ouvrage doit se faire à vos frais il vous suffira de vous adresser à une importante maison d’impression, par exemple Delmas et Gounouilhou, 6, place Saint-Christoly, à Bordeaux; si l’éditeur doit en courir les risques, la prise de contact ne peut se faire utilement que par relations.
- 3° Nous vous remercions très sincèrement de vos aimables propositions.
- M. Joly à Paris. — La fixation des fibres et dessins dorés sur la reliure des livres résulte d’une coagulation de l’albumine qui de ce fait est devenue insoluble; la réparation d’une erreur ou la reprise d’une exécution laissant à désirer est à cause de cela fort problématique, peut-être réussiriez-vous, dans une certaine mesure en frottant légèrement, aussitôt après l’opération manquée, avec un morceau de flanelle imbibée d’ammoniaque, mais l’empreinte en creux produite par le fer persistera très probablement d’une façon assez sensible pour gâter le travail subséquent.
- M. Le Dr H. à Sallaumines, Pas-de-Calais. — La formule de savon économique à laquelle vous faites allusion est la suivante :
- Suif de bœuf............................50 kilos.
- Huile de palme..........................10 —
- Résine en poudre........................20 —
- Lessive de soude caustique à 25 B. ... 70 —
- Faire fondre les corps gras à douce chaleur, y verser leur poids de soude caustique, faire bouillir quelque temps, ajouter le complément de lessive, puis la résine par petites portions.
- Cuire jusqu’au moment où la masse devient homogène et transparente.
- Couler dans des formes, brasser jusqu’à consistance pâteuse, puis laisser refroidir.
- Bien entendu, il s’agit d’un savon « de fortune » contenant encore la glycérine et toutes les impuretés des corps gras, on ne peut donc attendre de lui les qualités d’ün savon de relargage tel que le produit la savonnerie classique.
- M. Klein à Amiens. — Le sang commercial en fragments noirs brillants est constitué par le coagulum ou caillot que l’on a desséché, il est essentiellement formé de fibrine et de globuline, tandis que l’albumine jaune claire, en écailles, résulte de l’évaporation du sérum dans lequel est restée la sérine.
- Ces constatations expliquent les différences de résultats que l’on observe dans les collages, suivant que l’on a eu recours à l’une ou l’autre des matières albuminoïdes que contient le sang entier, au sortir des vaisseaux, il faut donc prendre chacun des éléments adhésifs que nous offre le commerce avec les aptitudes qui lui sont propres.
- M. P. Cartier à Montréal. — 1° l!|e^toupille^sont constituées par deux tubes concentriques dont le central renferme la composition fulminante formée d’un tiers de chlorate de potasse et de deux tiers de sulfure d’antimoine. Au milieu se trouve le rugueux au fil de laiton dentelé.
- Quant au revêtement extérieur, on l’obtient par de la poudre noire bien tassée.
- 2° A notre connaissance, vous ne trouverez pas cet article dans le commerce.
- Le Gérant : G. Masson.
- iq35 — Paris. Imp. Lahure — i5-io-ig3i.
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- J". Novembre 193t.
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- LE HARRAR (ABYSSINIË)~^=
- Il a été beaucoup écrit sur l’Abyssinie ou Ethiopie en ces derniers temps, à propos du couronnement du Ras Tafîari comme roi des rois de l’Empire éthiopien sous le nom de Haïlé Sélas-sié. Nous nous proposons ici, non de répéter ce qui fut dit des fêtes du couronnement, de l’histoire ou de la situation politique du pays — sujet beaucoup trop vaste et complexe pour être traité en un article, si l’on veut éviter une redite des banalités et des erreurs qui ont été publiées un peu partout — mais de donner quelques indications sur une province qui intéresse tout particulièrement la France et qui est le fief de celui qui gouverne aujourd’hui l’Ethiopie (x), le Harrar.
- Le Harrar, autrefois dépendant de l’Egypte et dans la population duquel il n’entrait aucun élément de race abyssine, fut conquis, il y a près d’un demi-siècle, par les guerriers abyssins, et donné en fief, comme récompense de ses services, par le Négus Ménélick au ras Makonnen, le vainqueur d’Adoua,
- 1. Nous employons à dessein le terme d’Ethiopie, de préférence à celui d’Abyssinie : ce dernier, en effet, ne désigne à proprement parler qu’une portion restreinte du territoire éthiopien actuel, portion dont ne fait précisément pas partie le Harrar; distinction d’autant plus nécessaire que les Abyssins eux-mêmes, quoique maîtres du pays, emploient officiellement, pour désigner l’ensemble de leur territoire, le nom d’Ethiopie.
- père du ras Tafîari. Une telle donation ne doit pas surprendre: l’Empire éthiopien se trouve, en effet, au stade
- féodal : le geste de Ménélick est en tous points comparable à celui d’un roi de France dotant un de ses meilleurs soldats et le faisant seigneur d’une terre récemment conquise. Mais, à l’heure actuelle, F Ethiopie souffre profondément de ce régime, et le Négus se trouve dans une situation analogue à celle de Louis XI: il lui faut unifier son pays, ou périr avec lui; concentrer le pouvoiren ses propres mains, et rétablir l’ordre et la prospérité, ou bien se voir submerger par l’anarchie que déchaînent des vassaux ambitieux et révoltés.
- De ces vassaux trop indépendants, il est impossible, pour qui connaît tant soit peu l’Ethiopie, de dire le moindre bien. Vaniteux, ignorants, avares et cupides sans limite, ils sont prêts à tout pour conserver leurs privilèges exorbitants et entraver l’œuvre civilisatrice du Négus. Malheureusement, soutenus par le clergé abyssin, lequel redoute, en Haïlé Sélassié, un homme éclairé qui fut l’élève des Missionnaires français et demeure leur ami, ces vassaux se soulèvent trop souvent contre le pouvoir central et, tout récemment, faillirent réûssir en leurs entreprises et empêcher le couronnement du Négus. Par bonheur, une bombe lancée
- LEGENDE
- le Caire
- Falaise bordiêce des Hauts Plateaux
- Sectew's ùtfondrds
- Ligne du Chemin de fer France Ethiopie
- E G Y P
- Médine
- o la Mecque
- NUBIE
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- | PLATEAU ILYÉMÉNITE ifüifc «Sanaa
- S O U D (A N
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- SOMALILAND ANGL?
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- fAROUSSI
- O U G A D E N
- Rodolphe J-
- A FRI Q U E Nlg ORIENTALE .ANGLAISE
- Fig. 1.
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- = 38é —..... ... ..........—........... —
- par l’aviateur Maillet, un de nos compatriotes au service du Gouvernement éthiopien, atteignit le principal chef des rebelles, le Ras Gouksa, et par là même mit fin à la révolte. On peut donc espérer que le Ras Taffari, maintenant assis sur le trône de ses pères, parviendra à ses fins et réalisera les réformes indispensables.
- Elles sont, en fait, ces réformes, non seulement nécessaires, mais urgentes. L’avidité stupide des Ras et de leur entourage est en train de ruiner le pays. Dans une province conquise comme le Harra-r, les réquisitions, ou impôts en nature, des autorités abyssines sont tellement exorbitantes — elles dépassent parfois 90 pour 100 du total des réco tes — que les paysans, lesquels appartiennent pour la plupart à la race galla, abandonnent, découragés, le travail de la terre, préférant la misère au labeur rendu stérile par ces véritables spoliations.
- *
- Pour comprendre le rôle politique et la situation éco nomique d’une région naturelle, devenue province comme le Harrar, il est nécessaire de se bien représenter la configuration, ou plus exactement l’architecture de l’ensemble du pays et de connaître ses éléments caractéristiques.
- L’Ethiopie est à ce point de vue très nettement divisée — et les groupements ethniques sont liés ici comme partout aux conditions géologiques — en haut et bas pays, hauts-plateaux d’une part, et d’autre part dépressions (fossés).
- La carte ci-contre est dessinée de manière à permettre de saisir cette structure. Le Harrar peut être défini comme le secteur médian du bord septentrional du haut-plateau somali. Ce dernier, vaste unité tectonique tabulaire offrant une inclinaison très faible, mais constante, vers le Sud, est construit de telle façon que sa bordure — on dit en géologie sa lèvre — en constitue l’arête culminante. Et, au nord de cette lèvre, nous trouvons une région déprimée triangulaire, que le grand géologue Suess appela Afar (1). L’Afar nous apparaît tout de suite, sur la carte, comme le point de convergence des trois grands fossés qui scindent le bloc Arabie-Afrique Orientale, fossés qui ne sont autres que la mer Rouge, le golfe d’Aden, et la dépression de l’Aouache, laquelle devient, plus au S.-W., la dépression des grands lacs africains. Sur les bords opposés de ces dépressions, deux autres unités tectoniques fort étendues font face au haut-plateau somali : ce sont aussi des hauts-plateaux, lesquels par leur constitution géologique se révèlent les homologues du haut-plateau somali. Dans l’angle N.-W., c’est-à-dire à l’intersection du fossé de l’Aouache et du fossé de la Mer Rouge, nous trouvons le haut-plateau abyssin, qui comprend le Choa et le Tigré et dont la faible pente est tournée vers le Soudan. Dans l’angle N.-E. enfin, entre mer Rouge et golfe d’Aden, vient s’emboîter l’Arabie .méridionale, c’est-à-dire le haut-plateau yéménite, dont nous avons parlé dans un précédent article (n° 2844 du 1er novembre 1930, pp. 394-
- 1. Nom indigène des Danukils; le terme dunkuli (pluriel interne danakil), d’origine arabe, désigne les populations occupant le N. du golfe de Tadjourah, la région du cours inférieur de l’Aouache et la partie méridionale de l’Erythrée.
- 399), et dont la pente se montre orientée vers les déserts de l’Arabie centrale. Or — et ici la géographie humaine va venir se mouler sur la géographie physique, — dans un pays ainsi constitué, le peuplement s’effectuera de toute autre façon que chez nous.
- Chez nous, la plaine, fertile et riche, offrant une vie douce et aisée, sera toujours occupée de préférence à la montagne. Celle-ci même ne le sera qu’en ses vallées principales et à mesure qu’on s’éloigne d’elles, la densité de la population diminue rapidement. Mais, chez nous, la montagne appartient à des chaînes plissées, tandis qu’en Ethiopie elle appartient à des hauts-plateaux dont la suri ace peut atteindre une altitude de 4000 mètres sans qu’intervienne aucun véritable plissement (x) : c’est, hypsométriquement, de la montagne, tandis que, morphologiquement, les petits accidents de la bordure étant mis à part, c’est une plaine, plus ou moins accidentée par l’érosion (2). Une telle plaine correspond à une structure géologique tabulaire, à un socle granito-gneissique ancien recouvert par une série horizontale de calcaires jui'assiques auxquels se superposent des coulées de lave.
- On pourrait dire en quelque sorte que ce type de relief est un relief négatif, où les dislocations apparaissent en creux comme les parties encrées d’une planche de graveur, tandis qu’en régime normal les zones de .dislocations se détachent en relief comme le font les parties encrées des caractères d’imprimerie (3).
- Aussi ne devrons-nous pas nous montrer surpris qu’à l’inverse de ce à quoi nous sommes accoutumés, ce soit, tant au Yémen qu’en Ethiopie, les hauts-plateaux qui constituent les principaux noyaux de peuplement. Ils jouissent d’un climat beaucoup plus agréable et plus sain que le bas-pays, et sont en outre beaucoup plus favorisés par les pluies, donc plus fertiles. Nous y trouvons une population assez dense de sédentaires, cultivateurs aux mœurs paisibles, vivant du produit de leurs terres en même temps que d’élevage. Les dépressions, au contraire, ne nourrissent — et ceux qui ont vu de quelle misère physiologique souffrent les indigènes savent ce que peut être cette nourriture — qu’une population clairsemée de nomades ou semi-nomades issas ou danakil. Encore s’étonne-t-on, en traversant un désert tellement inhospitalier, de le trouver relativement aussi peuplé qu’il l’est. Ces populations sont à la fois pasteurs de rares et maigres
- 1. Il peut sembler surprenant, à première vue, que l’écorce terrestre se soulève à de si grandes hauteurs, et sur des aires considérables, sans qu’interviennent les plissements et accidents qui caractérisent la surrection des chaînes de montagne. Mais on doit se représenter qu’une dénivellation de 4000 m affectant un cercle de plus de 1000 km de diamètre n’est au fond que bien peu de chose : une légère accentuation de la sphéricité de la terre, un bombement à peine sensible, où les grands effondrements, les fossés, dessinent un sillon presque imperceptible.
- 2. Le réseau hydrographique entame parfois assez profondément . les plaines, et y dessine une multitude de sillons aux pentes accentuées, faisant paraître le haut-plateau très montagneux. (Voir fig. 5.)
- 3. En opposant ainsi la structure de l’Ethiopie à celle de nos p.ays d’Europe, nous n’entendons pas dire que la structure en « fossé » n’existe pas en Europe. Il nous suffira de rappeler quelques exemples classiques, comme ceux de la Limagne et du fossé rhénan. Seulement, dans nos pays, de telles structures ne se généralisent pas et restent l’exception, s’effaçant plus ou moins dans un cadre de plissements grandioses.
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- Fig. 2. — Au pied de la côle qui donne accès au haul-plaleau, sur la piste
- de Diré-Daoua à Harrar.
- A cette altitude (1400 m), la végétation arborescente est essentiellement formée de mimosées épineuses, dont la frondaison s’étale en parasol. Les hauteurs environnantes appartiennent à la zone des compartiments effondrés et basculés de la bordure du liaut-plateau.
- Fig. 3.
- Le col de Balla [ou Djalo), à 2200 m, par lequel la piste de Harrar
- accède au haul-plaleau : vue prise vers le N., c'est-à-dire
- vers la zone déprimée.
- On notera le changement caractéristique
- de la végétation arborescente, et la prédominance des conifères (genévriers).
- Fig. 4 (au milieu). — Lac d’Haramaya, sur les granités formant le socle du haut-plateau. (Un petit hôtel, coquet et confortable, a été installé, dans ce site fort joli, au milieu de la plantation d’eucalyptus que l’on voit au premier plan.)
- Fig. 5 (en bas à gauche). — Vue de la vallée de VErrer, à VE. de Harrar. (L’Errer est une des rivières qui naissent près de la lèvre du haut-plateau, et coule vers la Somalie italienne; elle surcreuse d’environ 300 m le socle granitique du haut-plateau.
- On distingue au fond une gorge que traverse la rivière plus en amont; derrière se dresse la silhouette du Koundoucm. Fig. G (en bas à droite). — Cultures en terrasse de café et de céréales. (Au fond, le sommet tabulaire du Koundoudo, témoin de laves anciennes, qui atteint environ 3000 m et constitue une des plus hautes montagnes de la région.)
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- Fig. 7. — La grande mosquée de Ilarrar.
- La religion musulmane l’emporte de beaucoup à Harrar, où le christianisme abyssin est d'importation récente.
- troupeaux et guerriers se livrant au pillage lorsque la faim les y pousse et que l’occasion s’en présente; Elles demeurent farouchement indépendantes et hostiles à toute pénétration.
- Si nous nous sommes fait comprendre, nos lecteurs peuvent se représenter cet assemblage de peuples qu’est l’Ethiopie actuelle : au N., le haut-plateau abyssin, où s’est en principe fixée la race abyssine (x), et où se trouvent toutes les grandes villes de l’empire abyssin : Ankober, Magdala, Gondar, Adoua et l’antique Aksoum, comme la capitale actuelle, Addis-Ababa.
- Au S., le haut-plateau somali, conquis en partie par
- 1. Il y aurait beaucoup à dire, au point de vue ethnographique,.sur les peuplades anciennes de ces régions soumises par les Abyssins, en général beaucoup moins travailleurs, mais plus courageux et essentiellement guerriers. Nous ne saurions aborder ici l’étude d’un problème ussi vaste et complexe.
- Fig. S. — Une des portes de Ilarrar (à g.), et une place où se lient un marché.
- les Abyssins, mais où se trouvent en grande majorité des races différentes ; Somalie, galla, etc. Entre les deux, une steppe plus ou moins désertique où s’entretuent sans cesse de misérables tribus que les Abyssins n’ont jamais pu soumettre (’).
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- Le haut-plateau somali, en territoire éthiopien, comprend, de l’E. à l’O., le Haoud, en bordure du Somaliland anglais, le Ilarrar, le Tehertcher, et se termine en pays Aroussi. Au S. s’étend entre le Ilarrar et la Somalie italienne une contrée encore peu connue, l’Ougaden.
- D’une façon générale, on peut dire que la fertilité va croissant de l’E. à l’O.; le Haoud est assez pauvre et désertique en bien des points. Le Ilarrar se montre déjà beaucoup plus favorisé, grâce à un niveau de sources se trouvant à la limite des roches du socle ancien, imperméables, et des calcaires jurassiques. La surface de ces derniers, très perméable, ne forme qu’un causse inculte; mais sur les pentes, avec les granités et les gneiss, apparaissent brusquement les cultures, lesquelles sont à peu près les mêmes que celles des hauts-plateaux du Yémen : le café tout d’abord, ainsi que le qat, cette plante dont les feuilles sont très recherchées par les indigènes pour le pi'incipe actif, voisin de la cocaïne, qu’elles renferment et qu’on extrait par mastication. Puis des céréales ; le blé, le dourrah, etc. Enfin, lorsque le site est suffisamment abrité, des cultures de bananiers et autres plantes tropicales.
- L’industrie est encore, en dehors des petits métiers manuels exercés par les indigènes, rudimentaire. Il faut toutefois signaler l’effort de deux - Français, effort qui mérite d’être couronné de succès et dont les premiers
- 1. Il en va exactement de même pour l’Erythrée. Dans le secteur effondré, sur les bords de la Mer Rouge, steppe désex-tique presque partout très pauvre, en majeure partie peuplée de nomades ou semi-nomades. Sur le haut-plateau, terres beaucoup plus fertiles et population sédentaire.
- Fig. 9.
- Marché au bois et à la paille, à Harrar.
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- résultats sont loin d’être décourageants. L’un de nos compatriotes a installé une tannerie près de la ville d’Harrar, tannerie où les cuirs indigènes sont préparés par des procédés modernes. L’autre dirige à Diré-Daoua, station de chemin de fer desservant Harrar, une usine qui est à la fois centrale électrique, minoterie et fabrique de pâtes alimentaires. Il vient de monter une autre centrale à 1Iarrar.
- Harrar, agglomération qui a donné son nom à la province, est une ville assez pittoresque, commerçante et pleine d’animation, qui apparaît plus arabe qu’abyssine, bille demeure loin cependant, en dépit de son importance,, d’être aussi élégante que les villes du Yémen. Les maisons y sont- très quelconques, et beaucoup offrent des allures de cases plutôt que de véritables édifices. Des souks où grouille une population très mélangée, des magasins où pullulent des Grecs, des Arméniens, des Italiens et des Banians, une mosquée sans rien de bien notable et une église abyssine de construction récente, octogonale selon l’usage, complètent ce tableau. La ville est entourée de murs et ses cinq portes sont fermées du coucher au lever du soleil.
- La population comprend, outre les paysans gallas et les fonctionnaires ou soldats abyssins, une race particulière, dite harrari, qui ne se rencontre que là et qui apparaît comme d’origine arabe, ou au moins très métissée de sang arabe : sa peau est sensiblement plus claire que celle des autres races, et son costume, le costume féminin notamment, très voisin de celui des Zeïdites du Yémen.
- Harrar est un centre d’influence française très important, principalement grâce à l’œuvre des Missionnaires qui y sont installés depuis fort longtemps, et qui, sans aide ni argent, ont fait beaucoup plus pour faire aimer notre pays que cerains officiels qui récemment encore, et, à l’occasion du couronnement du Négus, s’attribuaient un rôle bien différent de celui qu’ils ont réellement tenu.
- Les Missionnaires français, à la tête desquels se trouve Mgr Jarosseau, vicaire apostolique des Gallas, qui fut le professeur de français du Négus et est demeuré son ami, possèdent à Harrar non seulement une église et une école, mais une léproserie et un hôpital dirigé par un médecin français entouré de religieuses. Ils jouissent de l’estime et du respect de tous, à tel point qu’ils se voient fort jalousés par le clergé abyssin. Leurs élèves indigènes, sachant tous le français, sont choisis de préférence comme fonctionnaires, le français étant en même temps que l’abyssin langue officielle de l’Ethiopie. Tous, en s’attachant à leurs maîtres, se sont mis à aimer la France, et forment un noyau de gens instruits et éclairés à la tête duquel est le Négus, et qui, seul, peut sauver T Empire éthiopien s’il en est encore temps. Réserve, hélas, nécessaire, si l’on songe que ce pays n’est pas moins menacé à l’extérieur qu’à l’intérieur : à l’intérieur, par les ras égoïstes dont nous avons parlé déjà. A l’extérieur, par deux voisins aux appétits aiguisés, qui tous deux seraient enchantés dé s’approprier des territoires fertiles et renfermant des gisements de métaux précieux. Aussi ces voisins ne voien t-ils pas sans quelque plaisir les querelles et guerres intestines des Abyssins, et espèrent en tirer profit quelque jour. Et l’un
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- Fi(l. 10. — Une termitière dans la brousse, pendant la saison sèche.. La hauteur du fond est formée de rochers granitiques.
- d’eux — celui qui claironne ses visées sur la Savoie, Nice, la Corse et la Tunisie — ne s’arrête pas à ces prétentions modestes, et a découvert que ses « droits » sur notre Côte française des Somalis et sa voie ferrée n’étaient pas moindres. Peut-être espère-t-il, en entrant en Ethiopie de ce côté-là, être plus heureux que jadis...
- La voie ferrée, que nous venons de citer, cette pauvre petite voie de 1 mètre qui relie Addis-Ababa à Djibouti, avec son tortillard lent et poussif, que ne ferait-on pas, aujourd’hui, pour se l’approprier. C’est qu’ici encore, une compagnie française a pris les devants. Patiemment, elle a vaincu des difficultés de tous ordres, techniques, financières et morales. Il lui fallait lutter contre le mauvais vouloir des indigènes, distribuer des backchich pour le
- Fig. 11. — Un chemin aux environs de Harrar, au milieu des planlations de caféiers, bananiers, etc.
- L’arbre qui se dresse en bordure du chemin est une Euphorbiacée cactiforme (Euphorbia arborea, Forskal).
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- Fig. 12. •— Pointcmenl de rochers granitiques dans le désert somali, aux environs de Ddidjiga, entre Harrar et le Somaliland anglais.
- moindre travail, en même temps que faire monter sa ligne jusqu’à 2400 mètres ! Les débuts ont été peu encourageants. On devait garder la voie contre des surprises toujours à craindre, ne faire circuler les trains que le jour et à petite vitesse; la traction était coûteuse et les capitaux investis ne rapportaient guère. Puis, peu à peu, les indigènes se sont rendu compte que la ligne était non pas une ennemie, mais une amie ; d’assaillants et pillards éventuels, ils sont devenus clients. Les chefs abyssins l’utilisent eux-
- Fig. 13. — Station de Daouenleh, où le chemin de fer franco-éthiopien pénètre en territoire éthiopien.
- Paysage caractéristique du désert issa-somali. Les indigènes se sont groupés autour de la voie ferrée, où ils peuvent se livrer à leur principale industrie : la mendicité. Celle-ci, jointe aux très maigres ressources tirées de misérables troupeaux, suffit aux besoins réduits de la population, que l’ingratitude du sol, le manque d’eau, et l’habitude de la misère détournent de tout travail. 'On voit ici les enfants indigènes, d’une maigreur squelettique, implorant une aumône.
- mêmes fréquemment; des colons européens s’installent à peu de distance des stations, heureux de pouvoir par son canal écouler facilement leurs produits. Le trafic marchandises et voyageurs s’intensifie chaque année. Grâce à elle, l’influence française va grandissant.
- Nos voisins anglais et italiens ne voient naturellement pas sans quelque inquiétude Djibouti drainer ainsi le commerce d’Ethiopie. Ils construisent des routes. L’Italie a même donné un port franc au Négus, Assab, qui se trouve au S. de l’Erythrée. Mais en dépit de ses imperfections, le pauvre C.F.E. (chemin de fer franco-éthiopien) prime tous les autres moyens de transports, du fait qu’il met la capitale de l’Empire éthiopien à 36 heures d’un port ! Et nous ne croyons pas qu’aucun de ceux qui ont connu avant l’établissement de la voie ferrée les rudes étapes de caravanes à travers le désert dankali, les 40 jours de marche exténuante dans un pays sans ressources, pauvre en eau, chaud et passablement dangereux, nous ne croyons pas qu’ils se plaindront jamais de la lenteur des convois, du confort assez relatif des wagons, ou des retards qui se produisent de temps en temps. Et aux personnes qui, accoutumées aux voyages modernes, se montreraient tentées de récriminer, nous conseillerions de jeter les yeux sur la triste odyssée de Rimbaud. Le malheureux poète raconte les mille maux qu’il eut à endurer pour gagner Addis, où il espérait vendre avantageusement des armes et de la pacotille. Le sort ne l’y favorisa pas plus qu’ailleurs, et il revint à la côte aussi ruiné que désabusé.
- Sans doute beaucoup moins confortable et rapide que les chemins de fer d’Egypte ou d’Afrique australe, la ligne du C.F.E. n’en est pas moins correctement organisée. Tous les trains, certes, sont omnibus, mais s’ils ne peuvent sauter des stations, c’est parce que celles-ci, passablement éloignées, sont nécessaires pour le ravitaillement en eau, lequel, par parenthèses, fut parfois un problème difficile à résoudre. Il existe un train circulant de nuit par semaine, dans chaque sens. Ce train comporte des couchettes. Les autres trains de voyageurs ne marchent que du lever au coucher du soleil. Il faut alors 3 jours pour gagner Addis, dont la distance à Djibouti est de presque 800 km. Le voyage est d’ailleurs, dans ces conditions, en dépit de sa lenteur, beaucoup plus agréable que par le train direct. Des buffets-hôtels bien organisés attendent les voyageurs, qui trouvent à la descente du wagon leur repas et leur lit préparés. L’un et l’autre sont très convenables et d’un bon marché inattendu (12 francs pour le repas). Ces étapes se font aux stations de Diré-Daoua et de l’Aouache. Le lendemain matin, les voyageurs remontent dans le convoi qui les attend presque à leur porte et ne part pas sans eux — ce qui permet de dormir sans la préoccupation de « manquer le train » — et ne perdent rien du spectacle souvent intéressant que leur offre la voie.
- Il y a aussi les incidents de voyage, accueillis avec bonne humeur parce qu’ils rompent la monotonie, inévitable même en face des paysages si curieux qui se déroulent 'pendant le trajet. Un jour, c’est une troupe de chameaux stupides qui entreprennent une course effrénée avec la locomotive. Au lieu de se sauver sur l’un des. côtés de la voie, ils galopent éperdument sur le rail, affolés par les coups de sifflet. Le mécanicien nègre, piqué dans son
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- amour-propre, pousse ses feux et fait donner à la machine son maximum, le chasse-bœufs atteint les chameaux par leur arrière-train et les culbute, tout ahuris, sur les bas-côtés. Un autre jour, c’est la panne d’eau à quelques mètres du col vers lequel haletait la locomotive, ou bien le train qui déraille (Q... Incident fréquent, mais d’habitude peu grave aux vitesses réalisées. Cette fois-là, c’est à la nuit seulement, quelquefois au milieu de la nuit, qu’on parvient à l’étape. Et à l’arrivée, pendant que les nouveaux accablent la Compagnie de reproches et de sarcasmes, quelque vieux broussard silencieux, qui a derrière lui quarante ans de prospection en ces pays ingrats, évoque les temps héroïques de la pénétration de l'Ethiopie; il pense aux camarades disparus jadis en jalonnant l’itinéraire devenu si facile, ou morts à la peine en construisant la voie ferrée, ce pauvre petit chemin de fer de rien du tout que maintenant l’étranger nous envie.
- Dans un cas comme dans l’autre, les voyageurs en profitent pour se dérouiller les jambes, tout en émettant des avis sur les remèdes à apporter. Des chasseurs impénitents veulent déjà abattre quelque gazelle pour assurer la subsistance de tout le monde. Mais les vieux habitués montrent plus de confiance dans le téléphone de secours, lequel donne des résultats moins aléatoires, encore qu’il se refuse souvent à fonctionner. Et tandis que des environs accourent des pasteurs armés de lances pour offrir des tas de choses inutiles contre une petite rémunération, la station enfin alertée chauffe une machine pour l’envoyer à la rescousse. Alors les gens, rassurés, s’étendent à l’ombre des wagons, maugréant contre la Compagnie, ou discutant de la faune et de la llore du pays, quoique cet arrêt imprévu en pleine brousse constitue souvent leur premier contact avec celle-ci. Quelle joie, si, par exemple, aux bords du lac de Méta-hara, un crocodile apparaît. Comme un sous-marin en demi-plongée qui guette un adversaire, le saurien, immobile, presque complètement immergé, paraît dormir : mais deux
- 1. Il y a aussi des causes de panne assez inattendues. On a vu, par exemple, un nuage de sauterelles, en s’abattant sur le sol, immobiliser le convoi. Les insectes écrasés sur le rail forment une bouillie qui fait patiner les roues motrices et, surtout dans les rampes, empêche complètement le train d’avancer.
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- yeux vigilants sous leurs paupières abaissées montrent que c’est là sommeil de gendarme ; l’animal préfère ne pas attirer l’attention des innombrables oiseaux qui hantent le lac...
- Ou bien c’est la coulée de lave du Fantalé, à travers laquelle la tranchée fut si difficile à ouvrir, qui attire les conversations : au bout de quelques minutes, il se trouvera bien quelqu’un qui aura vu l’éruption, en esquissera un tableau effrayant. Et voici les histoires de brousse et de chasse aux fauves qui commencent et se font redoutables, surtout si un jeune ménage européen, fraîchement débarqué et avide de voir du pays, «monte» pour la première fois. C’est à qui provoquera ces petits cris de frayeur qui marquent l’intérêt que Madame prend au récit. Mais au moment où l’inévitable éléphant furieux allait se retourner contre ses adversaires, un panache de fumée détourne l’attention, annonçant la venue du train de secours : on ne pense plus qu’au départ, tandis que le
- Fig. 14. — Quartier indigène de Diré-Daoua.
- Les indigènes, hommes et femmes, groupés à l’ombre d’un arbre, à droite de la figure, se livrent à d’interminables palabres.
- narrateur essaie, par des « je vous disais » ou « pour vous continuer mon histoire », d’enchaîner et rattraper son auditoire. M. Lamare.
- LE PORT DE MARSEILLE
- Si l’importance d’un port dépend de son outillage, son activité est subordonnée à la situation économique du pays auquel il appartient. Cette vérité, évidente, ne suffit cependant pas à justifier la fortune de certains grands ports, comme Anvers et Rotterdam, par exemple, dont la plus grande partie du trafic provient, non de la Belgique, ni de la Hollande, mais surtout du drainage effectué par le Rhin, la Meuse, l’Escaut dans tous les pays voisins, essentiellement industriels.
- La situation géographique d’un port est donc, pour lui, de tout premier ordre. Ce sont les lignes de navigation mondiales qui l’ont fait naître et qui le font prospérer.
- Ainsi en un siècle et grâce à l’Amérique, les ports de Londres, d’Anvers, de Rotterdam, de Hambourg, du Havre ont vu leur trafic décupler; Marseille est de ceux-là bien qu’il n’ait ambitionné, jusqu’ici, que la situation d’intermédiaire entre les pays du nord de l’Europe et le bassin méditerranéen, celui de l’océan Indien et de l’Extrême-Orient.
- Situation d’ailleurs fortement privilégiée; renforcée par le fait que Marseille est placée à quelque cinq cents kilomètres de la « Boucle du Monde », de ce grand courant commercial jalonné par les ports de Changhaï, Singapour, Calcutta, Suez, Gibraltar et le canal de
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- 'remisage
- Bassin
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- Travaux en projet ou en cours
- Fig. 1. — Plan du porl de Marseille
- indiquant l’état en 1930 et les travaux nouveaux projetés (en pointillé).
- Panama qui doit lui attirer une grosse part du trafic circulant sur cette ligne, dans les deux sens. Aussi les travaux « perpétuels » que s’impose le port de Marseille ne doivent-ils pas nous surprendre. Chaque décade inscrit à son livre d’or une conquête sur la mer pour accroître son plein d’eau, une emprise sur les terres pour étendre sondomaine industriel.
- LES TRAVAUX DU PORT DE MARSEILLE
- Le port de Marseille, créé par les Phocéens il y a plus de 2500 ans, n’a possédé en tout et pour tout, jusqu’en 1844, qu’un bassin unique aménagé dans une crique naturelle que l’on désigne aujourd’hui sous le nom de « Port Vieux » ; ses 6 m de profondeur ne lui permettent plus de recevoir que les voiliers, les remorqueurs et ies petits caboteurs.
- Le port moderne est une emprise hardie sur la mer, fermée en 1844 par une digue de 4143 m de longueur qui s’allonge, parallèlement à la côte, à environ 400 m. A l’abri de cette digue fut construite toute une série de bassins auxquels donne accès l’avant-port sud : bassin de la •loliette, de 22 hectares de surface d’eau limitée par 2180 m de quais; bassins du Lazaret, d’Arenc, de la
- Gare maritime dont les quais, d’un développement de 2 kilomètres, encadrent une superficie de 18 hectares; bassin National, de 41 hectares et 3700 m de quais; bassin de la Pinède, de 2786 m de quai.
- En 1912, le port de Marseille s’arrêtait là, fermé par la Traverse de la Madrague. Il comportait environ 200 hectares de surface d’eau et 21 km de quais dont 13 utilisables. Les manutentions annuelles se chiffraient par 900 t par mètre de quai au bassin de la Joliette, 700 t aux bassins d’Arenc et du Lazaret et 510 t en moyenne pour les autres bassins.
- Tous ces bassins, séparés les uns des autres par des traverses avec passes d’une centaine de mètres, comportent des môles de longueurs variables ménageant des darses où viennent se ranger les navires. Tous ces môles sont perpendiculaires au quai, disposition qui présente l’inconvénient que nous avons déjà signalé d’obliger les wagons à recourir aux plaques tournantes pour passer des voies de quai aux voies de môle et vice versa. Mais la construction du bassin de la Madrague, devenu bassin du Président Wilson, poursuivie pendant la guerre, avait inauguré les môles et traverses obliques que l’on trouve partout actuellement.
- Fig. 2. — Le projet du canal Port de Bouc-Martigues, pour gros cargos, actuellement en cours d’exécution.
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- —-----Gare de
- ~Port-de-Bouc —Ateliers de
- Uroix-S>aint?
- Etablissements ezi Verminck
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- mt tournant
- BOUC
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- * Gare de Martigues (.B.D.R.)
- d e—Fo s-
- Gare de Martigues
- Marseille /
- Anse de Cgn,
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- Fig. 3. — L'entrée du vieux porl de Marseille.
- Le pont transbordeur, à droite le Fort Nicolas (1660); à gauche la Tour Saint-Jean (1446) et le Fort Saint-Jean (1669).
- Le port, desservi par les deux gares de la Jolielte et d’Arene, comportait en outre un bassin de radoub avec 7 formes débouchant dans le bassin National, un bassin à pétrole et en liaison avec le bassin de la Madrague, un bassin provisoire destiné au remisage du matériel flottant. Mais, déjà avant la guerre, l’insuffisance du projet en lin d’exécution était apparue à la Chambre de Commerce de Marseille et la création du bassin Mirabeau, à la suite du bassin de la Madrague, ainsi que l’agrandissement du bassin de la Joliette avaient été proposés. Les travaux relatifs au premier de ces bassins commencèrent en 1919, et en 1927 seulement ceux du bassin delà Joliette.
- Ce dernier sera complètement transformé par la démolition de la traverse de la Major qui sépare le bassin de l’avant-port sud. Cette traverse sera remplacée par une digue de 300 m de longueur prenant son point d’appui à la pointe du Fort Saint-Jean en incorporant dans le bassin de la Joliette une partie de l’avant-port sud. A l’intérieur du bassin seront disposés trois môles obliques de 305 m de longueur et 60 m de largeur laissant entre eux des darses de 80 m de largeur. Sur les quais,
- 10 000 m carrés de hangars seront aménagés spécialement pour le transbordement des voyageurs et des primeurs venant des ports de l’Afrique du Nord.
- Cet agrandissement du bassin de la Joliette ne constitue qu’un élément du programme beaucoup plus vaste qui intéresse la partie sud du port et qui comporte en premier lieu la création d’un nouveau bassin, dit bassin
- du Pharo, s’appuyant d’une part sur la digue extérieure du bassin de la Joliette et limité du côté du large par une nouvelle digue à parements verticaux de 2370 m de longueur totale établie par des fonds de 25 à 30 m. De la digue de la Joliette, fortement élargie par la construction d’un mur de quai desservant le bassin du Pharo, se détacheront, à l’intérieur de ce bassin, trois môles obliques de 140 m de largeur et de 365 et 600 m de longueur. De plus, l’ancienne passe entre les bassins de la Joliette et du Lazaret sera comblée pour permettre la liaison par voies ferrées entre les nouveaux quais et la gare d’Arene. Les darses intérieures auront 135 m de large et la dernière, extérieure au 3e môle, qui permettra aux navires de se rendre au bassin du Lazaret après démolition d’une partie de la jetée actuelle, aura 190 m de largeur. Sur les môles on a prévu l’édification de 14 hangars de 6000 à 8000 m2 de superficie desservis par une centaine de grues.
- Fig. 4.
- Coupe de la digue du bassin de la Madrague.
- X2 mJ^'Promeno/n Blocs artificiels de lé-™3 _Mur abri
- Mur du Quai basse
- * *
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- Dallage en ciment
- Côté du langi
- Couronnement I Côté du port
- Puits de prise
- ™ _ Bloc de
- yr protection
- en béton
- Enrochements ordinaires
- Fig, 5. — Coupe de la digue du large.
- La nouvelle digue, au lieu de s’arrêter à l’entrée du bassin du Pharo, sera prolongée vers le sud, en pleine nier, pour constituer le nouvel avant-port sud avec une seconde digue qui viendra se souder a la pointe sud du Pharo. La passe réservée entre l’origine des digues aura 120 m de largeur.
- Par la suite, la nouvelle digue du large pourra être prolongée suivant une direction à peu près parallèle a la digue actuelle pour abriter deux nouveaux bassins a construire plus tard.
- Ce premier projet d’extension du port vers le sud est complété par un autre qui intéresse le côté nord borde par la partie maritime du canal de Marseille au Rhône jusqu’à l’entrée du souterrain du Rove. Les travaux comportent le prolongement de l’ancienne digue extérieure, a construction du bassin Mirabeau et celle d’un avant-port nord, le remblaiement, du terrain de Mourepiane, l’approfondissement du bassin de remisage qui permettra d’effectuer les réparations de navires à flot.
- Fig. g. — Coupe transversale, d’un mur du quai du bassin du Pharo.
- Niveau de la mer
- Hni Remblai
- / Remblai
- yffc&ÿôsfm,, pierreux,
- Enrochements
- ordinaires
- La digue du large, actuellement em construction, se prolonge sur 350 m avec inflexion vers le rivage pour mieux protéger le bassin du Président Wilson contre les vents du sud. Cette protection sera complétée par une digue transversale amorcée à la digue actuelle du canal maritime dans l’alignement du premier môle du futur bassin Mirabeau.
- Quant aux terre-pleins de Mourepiane, ils sont déjà remblayés sur 020 m de longueur. Lorsque l’ensemble du travail sera terminé, ils représenteront une surface de 47 hectares gagnée sur la mer. 38 de ces hectares seront attribués à la Chambre de Commerce de Marseille.
- LES ANNEXES DU PORT DE MARSEILLE
- La Chambre de Commerce de Marseille, soucieuse d’attirer vers son port la plus grande partie possible du trafic du nord de l’Europe par le Rhin, le canal du Rhin à la Saône, la Saône et le Rhône, ainsi que celui du Nord de la France, a obtenu, par la loi du 24 octobre 1919, que tous les établissements maritimes actuels ou futurs appartenant au Golfe de Fos, aux étangs de Caronte et de Rerre, fussent rattachés au port de Marseille.
- De très grands travaux ont été entrepris dans ce sens et le souterrain du Rove assure déjà la liaison entre l’étang de Berre et Marseille. 11 se prolonge jusqu’à Port-de-Bouc à travers l’étang de Caronte, à partir de Martigues par un canal maritime de 50 m de largeur au plafond, lequel doit descendre à 10 m au-dessous du zéro de l’échelle de la mer. La largeur est de 120 m entre les crêtes des talus. C’est là d’ailleurs la section minimum du canal qui atteindra 300 m au droit des darses aux abords de Port-de-Bouc, de telle sorte que l’étang de Caronte et Port-de-Bouc ne constitueront plus qu’un port unique débouchant sur le golfe de Fos. Des darses, dont la plus importante a 110 m de long, des formes de radoub, permettront aux navires jaugeant 9 m 50 de pénétrer dans le nouveau port pour y charger ou décharger leurs marchandises et effectuer leurs réparations. Le canal de Caronte, avec l’aménagement qu’on lui prépare, disposera de 12 km de quais, contre 24 à Marseille et de 250 hectares de terre-pleins contre 108 à Marseille actuellement.
- L’étang de Berre a une superficie de 15 000 hectares dont près de 6000 hectares présentent des profondeurs de 9 m et plus. Son aménagement ne nécessitera pas de travaux maritimes très coûteux.
- De plus, les flottes de la marine ainsi que les flottes commerciales y trouveront, en cas de guerre, un abri très sûr.
- Dans l’esprit de la Chambre de Commerce de Marseille, tous ces travaux ne constituent qu’un aboutissement à une entreprise de plus vaste envergure encore, représentée par l’aménagement du Rhône que l’on désire réaliser depuis longtemps pour permettre la navigation des chalands du Rhin de 1000 et 1200 t qui viendraient directement à Marseille pour approvisionner en charbon et en minerais les ports de l’Afrique du Nord.
- Ce serait là une très importante voie nouvelle de navigation intérieure, capable de contrebalancer celle de la mer du Nord et la mer Noire, par le Rhin et le Danube, à laquelle l’Allemagne attache un si grand prix.
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- A première vue, on souhaite la réalisation de l'aménagement du Rhône, capable, en outre, de fournir une grosse quantité de courant électrique dont useraient largement les usines futures de l’étang de Berre. Mais les dépenses nécessaires seraient-elles engagées à bon escient ? Dans une remarquable étude publiée par la Revue des Deux Mondes, M. Lucien Romier en fait ressortir sinon l’inutilité, du moins le maigre intérêt. Il nous paraît nécessaire de présenter ici quelques-uns des arguments formulés par l’auteur.
- Observons que, au cours du xixe siècle qui a vu se développer d’une manière considérable les industries chimiques, métallurgiques, mécaniques, toutes tributaires de la houille, le centre de l’activité économique est passé de la Méditerranée à la mer du Nord et à la Manche. La raison en est dans ce fait que l’origine de toutes les matières premières est située près des rives des grands fleuves se déversant dans ces deux mers. Or, c’est du charbon que dépend l’activité économique, c’est-à-dire que la grande loi formulée par M. Romier :
- « Le trafic va toujours vers son équilibre », trouve sa confirmation dans ce fait que, pour ce qui concerne, par exemple, l’Afrique du Nord, les navires anglais apportant les charbons de soute aux ports de l’Algérie, de la Tunisie et du Maroc, emportent, comme fret, des vins et des phosphates qu’ils déchargent aussi près que possible des mines où ils s’alimentent en charbon. C’est ainsi que le port de Rouen reçoit les quatre cinquièmes des v ins expédiés en France par l’Algérie.
- Marseille, qui reçoit par mer plus d’un million de tonnes de charbon anglais, verrait son trafic et celui de l’Algérie baisser fortement s’il recevait son charbon par la voie du Rhône, les charbonniers n’étant plus là pour charger les phosphates et les vins au retour. D’ailleurs le même phénomène se reproduirait si le mazout ou quelque autre carburant liquide alimentait les chaudières des cargos.
- Il paraît bien improbable d’obtenir une compensation par le trafic, du Rhône au Rhin en essayant de faire du premier de ces fleuves une voie navigable comparable à celle que représente le second. Et les chalands de 600 t qui naviguent sur le Rhône semblent suffisants pour assurer le trafic des régions intéressées.
- Par contre, le canal de Caronte va constituer un ensemble plein d’avenir en raison de l’importance de toutes les industries régionales, en particulier des industries chimiques favorisées par la situation géographique du port de Marseille qui se trouve à la porte des gisements de phosphates et de l’alfa de l’Afrique du Nord, qui reçoit directement les graines oléagineuses d’Orient. De plus, la proximité des usines hydroélectriques des Alpes, les bauxites et surtout le lignite de Fuveau constituent des exploitations de premier ordre dont le port est le premier à tirer prolit.
- Il nous reste à dire quelques mots de la concurrence possible que peut faire le Rhône aménagé à la grande voie navigable mer du Nord, mer Noire. C’est là, il faut en convenir, une artère économique de grande valeur puisque les matières premières comme la houille et les marchandises lourdes pourront aller d’une extrémité à l’autre sans transbordement.
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- Retenons d’ores et déjà ce fait que la navigation sur les voies fluviales n’est jamais régulière à cause de la sécheresse, des crues, des glaces. De plus, elle n’existe que pendant le jour et la présence d’écluses retarde encore les chalands.
- D’autre part, le trafic paraît toujours plus avantageusement assuré par des cargos de 10 000 ou 12 000 t que l’on commence à construire avec moteurs Diesel que par des chalands de 1000 ou 1200 t. C’est pourquoi les 5294 km de la voie Rhin-Danube, comptes à partir de Dusseldorf, qui est le centre de l’industrie rhénane, jusqu’à Suez ne seront certainement pas préférés aux
- Fig. 7. — Le plan incliné de la carrière de l'Estaque d’oh Von lire le.s matériaux d’enrochement pour les travaux des quais et. des digues.
- 6543 km de la grande boucle maritime Dusseldorf-Rotterdam-Gibraltar-Suez qui restera la voie normale, même si l’on tient compte de la réduction à 4320 km Dusseldorf-Marseille-Suez, en supposant le Rhône aménagé pour recevoir des cargos de 1000 à 1200 t.
- Quant au débouché offert parle transsaharien, quia été également invoqué en faveur de l’aménagement du Rhône, il importe de remarquer que cette voie ne peut être avantageuse que pour le transport des marchandises d’une valeur élevée. Le coton du Niger, seul, pourrait promettre un tonnage important. Mais le coton, d'où qu’il vienne, néglige et vraisemblablement négligera tou-
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- jours les ports méditerranéens. Les cotons africains continueront à suivre la voie du Niger pour être débarqués, comme ceux de provenance américaine, à Anvers, au Havre, à Rotterdam, à Liverpool, ports situés à proximité des régions d’utilisation.
- Nous avons tenu à résumer l’argumentation de M. Lucien Romier qui apporte une thèse d’opposition à l’aménagement du Rhône et vient renforcer l’argument tiré du c-out. très élevé des travaux à exécuter.
- EXÉCUTION DES TRAVAUX
- La plus récente digue construite auparavant dans ces parages est celle de la Madrague, exécutée par 30 m sur un fond solide. Dans de telles conditions, il est inutile de procéder à un dragage préalable du mauvais terrain ; les matériaux sont versés directement à remplacement de la future digue.
- En principe, on donne à la digue une très grande lar-
- neries de chaux hydraulique jetées sans art les unes sur les autres et présentant leurs arêtes vives à l’arrivée des lames. Au-dessus de cet abri s’élève un mur dit de ris-berne d’une hauteur suffisante pour assurer, en temps normal, la protection du quai de débarquement contre les vagues. Enfin le mur abri s’élève à côté du précédent; il est fondé sur de gros blocs artificiels assis sur une épaisseur de moellons et constitué par une maçonnerie faite de moellons de poudingue, sorte de béton naturel assez commun dans la région de Marseille. Le couronnement de la digue, auquel on a donné deux mètres de largeur, sert de promenade; il a été exécuté en pierres de taille (fig. 4).
- Le quai est accolé au mur abri et repose sur le même soubassement que la digue, arasée à la hauteur voulue par des scaphandriers (à la cote— 12), puis des caissons en béton de ciment de 24 m 20 de longueur et 13 m de hauteur, amenés sur place par des remorqueurs, ont été
- Fig. 8. — Les travaux de construction d’une digue dans le port de Marseille. Portique pour déverser dans les chalands les matériaux d’enrochement.
- gour à la base constituée par des matériaux de carrière de plus en plus massifs au fur et à mesure que l’on se rapproche du niveau de la mer. Ce sont d’abord des pierrailles ou détritus de carrière faits de pierres dont le poids est inférieur à 3 kilogrammes par unité. Les moellons, dont le poids est compris entre 3 et 100 kg, permettent de surélever la base et souvent de l’élargir en constituant une protection des. premiers matériaux. Interviennent ensuite les blocs de première catégorie, pesant de 100 à 1300 kg, ceux de deuxième catégorie pesant de 1300-à 3900 kg et enfin ceux de troisième catégorie pesant plus de 3900 kg. Ces blocs encadrent ou surélèvent, suivant les cas, les enrochements précédents et constituent le support de la digue proprement dite.
- A la Madrague, près du niveau de la mer et du côté de la pleine mer, plus exposé à l’action des vagues du large, une protection est constituée par des blocs artificiels de 14 m'’ pesant plus de 30 t. Ce sont des maçon-
- échoués les uns à la suite des autres, remplis de*béton de chaux hydraulique et enfin reliés les uns aux autres par des sacs de ciment qui font prise au contact de l’eau de mer. Le mur de quai, en maçonnerie de pierre de taille, est élevé sur l’avant des caissons.
- Nous avons tenu à donner ces détails de construction de la digue de la Madrague pour permettre à nos lecteurs de suivre plus facilement les explications qui suivent sur les travaux actuels.
- La nouvelle digue du large (fig. 5) se présente sous une forme quelque peu différente de la précédente. La base en est toujours constituée par des matériaux de carrière tels que nous les connaissons sur 72 m de largeur, à la cote — 31.50, la petite base du trapèze étant de 28 m. Sur cette dernière s’élève la digue maçonnée faite de trois énormes blocs de béton de ciment superposés mesurant 11 m de longueur, 4 m de largeur et 4 m 50 de hauteur; leur volume est de 182 m3 et ils pèsent 420 t. Des grues puis-
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- sautes permettent la mise en place de ces blocs qui comportent, pour faciliter les manœuvres, des puits dits de prise ménagés dans chacun d’eux pendant la construction. De plus, un tenon central supérieur s’engage dans une mortaise ménagée à la base du bloc afin d’assurer une certaine liaison de l’ensemble.
- La face supérieure du 3e bloc dépasse de 0 m 75 le niveau normal de la mer; elle est recouverte d’un dernier bloc de béton, en gradins, dont la partie la plus élevée, du côté du large, est à la cote -1- G tandis que du côté du bassin le parement est à la cote -j- 3.20 seulement.
- Enfin la base même de la digue, qui est située à 12 m 75 au-dessous du niveau de la mer, est protégée, sur chaque face par une ligne de blocs de béton pesant 4G t pour ceux du côté du large et 35 t pour ceux du côté opposé.
- Cette digue du large limite le bassin du Pliaro du côté de la mer ainsi que l’avant-port sud. Quant aux nouvelles digues du Fort Saint-Jean et du Phare Sainte-Marie, beaucoup moins exposées que les précédentes, elles sont constituées par des caissons semblables à ceux dont nous avons parlé plus haut, mais de dimensions moindres. Elles reposent d’ailleurs sur des fonds plus relevés que la précédente : la cote de la première n’atteint pas — 10 et celle de la seconde ne dépassera pas —• 15 à son extrémité libre.
- La digue du Fort Saint-Jean aura 317 m 60 de longueur et 7 m 40 de largeur à partir des enrochements naturels. Les caissons, de 7 m 50 de hauteur, seront surmontés d’un massif en gradins dont le point culminant sera à 4 m au-dessus du zéro de la mer.
- Ceux de la digue du Phare Sainte-Marie auront 12 m 50 de largeur à la base et 12 m 40 au sommet, cette base reposant également sur des enrochements protégés par des blocs de 1er et 2e catégorie.
- Foncés à la cote — 12, ils seront surmontés d’un parement également en gradins qui s’élèvera à 5 m 50 au-dessus du niveau de la mer. La digu« servira de quai au premier môle du bassin du Pharo.
- Quant aux murs de quai du bassin du Pharo, qui prendront appui sur la digue actuelle du bassin de la Joliette, ils seront établis suivant le même principe que la nouvelle digue du large, c’est-à-dire avec des blocs de ciment superposés reposant sur des enrochements ordinaires protégés par des blocs de première catégorie. Un massif en ciment surmontera l’ensemble jusqu’à la côte -f- 3 m et l’espace compris entre ce mur et la digue actuelle sera comblé avec du remblai (fig. 6).
- Dans la partie nord du port, de profondes modifications seront apportées au projet primitif et il n’est pas encore possible de donner une physionomie exacte du bassin Mirabeau.
- On procède actuellement au prolongement
- Fig. 9. — Le port de Marseille.
- Les hangars à étages de la Chambre de Commerce de Marseille.
- de l’ancienne digue du large sur 750 m de longueur et à la construction d’une digue transversale de 500 m de longueur rattachée à la digue du canal maritime de Marseille au Rhône.
- Les enrochements sont tirés de diverses carrières ouvertes à l’Estaque, de part et d’autre du tunnel du Ilove; les matériaux sont descendus aux petits ports d’embarquement par voies ferrées, câbles ou. plans inclinés. Des portiques déversent les wagons d’enrochements dans des chalands plats ou pourvus de clapets de fond qui sont conduits par des remorqueurs sur les lieux d’immersion. Les clapets sont ouverts par l’air comprimé et les matériaux tombent à la mer. Les cha-
- Fig. 10. — Déchargement de grains au pari de Marseille.
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- j1 1. .- Le bassin du Lazaret cl ses grues à portiques.
- Jamls j dais sont inclinés par surcharge d’eau cl les -gros blues glissent à remplacement de la digue sur le plan incliné.
- L’OUTILLAGE DU FORT DE MARSEILLE
- Il n’est pas inutile, après avoir montré les buts poursuivis par la Chambre de Commerce de Marseille et des travaux d'extension du port, de dire quelques mots de l’outillage qui comporte, non seulement le matériel lixe et mobile destiné au chargement et au déchargement des navires, mais aussi les entrepôts qui s’élèvent sur les quais, les gares, etc., dont le développement suit celui des surfaces d’eau utilisables.
- lands ou sur wagons aussitôt. De là la nécessité, pour un port, d’être pourvu, sur les quais, d’abris passagers, de hangars, de magasins, de silos, de pares, où les marchandises sont entreposées pendant quelque temps avant leur réexpédition.
- A Marseille, cel aménagement spécial d’entrepôts appartient en grande partie à la Compagnie' des Docks et Entrepôts de Marseille qui possède 285 298 m2 de hangars et magasins couverts. La Chambre de Commerce de Marseille est également propriétaire de 112 337 nr de hangars qui ne sont que des abris passagers dans lesquels les marchandises ne sont admises sans aucune taxe que pour un délai de cinq ou dix jours suivant les quantités.
- Ces organismes mettent également à la disposition des navires un certain nombre de grues hydrauliques ou électriques : 78 appartiennent à la Compagnie des Docks et Entrepôts; 90 à la Chambre de Commerce et 4 à l’Etal. Il convient d’ajouter à cel équipement mécanique une Ingue oscillante île 120 L, 9 pontons-màtures à vapeur, 5 à bras et 39 grues llotlantes soit au Lolal 220 engins de manutention. 20 nouvelles grues sont encore en construction. Un ponton-grue de 150 t, venu d’Allemagne au titre des réparations, va être incessamment mis en service.
- Des élévateurs de grains à godets, des transporteurs à
- Fig. 12.— U ne grue-ponton pour l'exécution des travaux du port de Marseille.
- Cet énorme engin, capable de soulever des blocs de béton de 1400 t, avec une volée de 9 ni, porte un treuil de levage double pour les charges de 400 t, un autre pour les charges de 65 t et 4 treuils de halage. 11 a été construit par les chantiers Gusto de Scliiedam (Hollande).
- Actuellement le port de Marseille est représenté par une surface d’eau de 212,5 hectares dont 177,2 sont utilisables par les navires, 24 km 2 de quais dont 17,4 utilisables,. 108,1 hectares de surface de quais dont 43,7 utilisables pour les dépôts de marchandises, le restant étant affecté à la circulation.
- 138 navires de mer de moins de 6 m de tirant d’eau et 136 de plus de 6 m peuvent y prendre place.
- Près de la jetée du large des bassins National et de la Pinède, on trouve des profondeurs de 20 m et même de plus de 30 m près de la jetée du bassin du Président Wilson.
- Un pont mobile sur la passe de la Pinède va être prochainement construit et celui qui franchit la passe de l’abattoir fera l’objet d’une reconstruction.
- Tout navire qui accoste peut décharger sa cargaison par ses propres moyens ou à l’aide des appareils mis à sa disposition par des sociétés particulières ou par la Chambre de Commerce; mais, le plus souvent, les marchandises ne peuvent être réembarquées sur cha-
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- courroie, des bennes pour le charbon, complètent cet outillage.
- On a prévu également, pour le bassin du Président Wilson, 6 hangars en béton armé, 30 grues électriques à portique et flèche relevable de 1500 à 3000 kg de puissance ainsi que la construction d’une sous-station transformatrice fournissant le courant continu nécessaire à la manœuvre des grues et à l’éclairage. La Chambre de Commerce construit également deux sous-stations transformatrices et elle vient d’acquérir, pour remplacer la bigue de 120 t, un ponton-grue de 150 t.
- Le bassin du Pharo sera pourvu de 14 hangars couvrant 90 000 nr, de 100 grues de 1500 à 300 kg et de quelques grues de 5 t. Celui de la Juliette agrandi recevra, en plus de son équipement actuel, des hangars couvrant sur chaque môle environ 8000 nr.
- Plus que par le nombre et l’étendue de ses bassins, l’importance d’un port apparaît clairement à la suite d’une telle nomenclature, forcément incomplète puisque nous n’avons pas encore mentionné les 78 remorqueurs à hélice, les 704 chalands, les 17 bateaux-citernes à vapeur pour l’eau douce et les 10 citernes pour le mazout qui approvisionnent les navires à quai.
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- Ajoutons encore un parc à bestiaux en provenance d’Algérie et du Maroc; un bassin à pétrole que l’on améliore actuellement, avec postes de déchargement et de ravitaillement, canalisations et postes de pompage; des entrepôts frigorifiques d’une contenance de 7000 t; sept formes de radoub, les silos à sable de la Chambre de Commerce, trois silos à grains, d’une capacité totale de plus de 50 000 t qui appartiennent à la Compagnie des Docks et à la Société des Transbordeurs Maritimes; les silos à graines oléagineuses de la Chambre de Commerce, deux auto-pompes et deux bateaux-pompes ; un service météorologique; un poste de T. S. F., sans compter les phares et feux divers qui jalonnent les passes.
- Ne soyons pas surpris d’une telle grandeur, d’un tel développement. Marseille est le seul port méditerranéen susceptible d’assurer une liaison rapide entre les pays du Nord de l’Europe- et les bassins de la Méditerranée, de l’Océan Indien et des mers de Chine, entre l’Amérique et la Méditerranée. La Chambre de Commerce voit très grand et juste. Nous ne pouvons qué T approuver, car en travaillant pour son port, elle assure en même temps le développement de la richesse nationale.
- L. Fou UNIE R.
- LA CONSERVATION DES FLEURS COUPEES
- Les tiges des fleurs sont composées très généralement d’un faisceau de tubes capillaires parallèles. Par tubes capillaires, nous entendons ceux dont le diamètre est inférieur à 1/1.0 de millimètre.
- Le procédé de conservation des fleurs coupées que nous allons exposer repose sur l’étude de la capillarité et sur le moyen de tourner la difficulté qu’éprouvent les bulles d’air à vaincre les résistances énormes opposées à leur ascension par les parois des tubes capillaires.
- Nous exclurons de notre étude les tiges formées d’un seul ou de plusieurs gros canaux, car l’eau peut y monter librement. (La tige du nénuphar, par exemple, présente un seul canal d’un centimètre et plus de diamètre, où l’eau monte très facilement.)
- Pour faciliter l’explication du procédé, nous supposerons que la tige que nous allons étudier est formée d’un seul tube capillaire, très grossi.
- Lorsque la tige a été coupée sur la plante, ou rafraîchie avant d’avoir été mise dans l’eau, il se produit une légère rentrée d’air, puis une bulle d’air, qui ne peut monter dans la tige capillaire qu’à une certaine hauteur. Si maintenant, nous portons cette tige coupée dans un vase plein d’eau, nous aurons une bulle d’air, qui ne montera pas dans la tige, à cause de la résistance considérable opposée à son ascension par les parois du tube capillaire; et notre fleur « mourra de soif dans l’eau » (fig. 1, 2 et 3.)
- Pour y remédier, et c’est en cela que consiste exactement le procédé, armons-nous d’une paire de ciseaux et coupons la tige un peu au-dessus de la bulle d’air et au-dessous du niveau de l’eau.
- L’extrémité de la tige avec sa bulle d’air tombera au
- lond du vase ou viendra flotter à la surface de l’eau (fig. 4 et 5).
- A ce propos, signalons une observation qu’a bien voulu
- J
- G
- — '
- —
- Fig. 1. Fig. 2. Fig. 3.
- Le mouvement de l’eau paralysé par une bulle d’air dans la lige fraîchement coupée.
- nous faire M. le professeur Le Chatelier. Cette observation complète notre procédé de conservation des fleurs et nous la citons d’après la lettre qu’il nous a fait l’honneur de nous écrire.
- Fig. 5.
- Fig. 4.
- Comment il faut sectionner les tiges.
- « Quand une fleur est coupée depuis longtemps, les « feuilles se fanent par évaporation de l’eau et en même
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- « temps l’air remonte très haut dans la tige. Pour que la « méthode de coupage sous l’eau soit efficace, il faut que « le coupage soit fait au-dessus du point où l’air est « remonté par les canaux.
- « Or on peut savoir si on a fait au bon endroit la « section. Toutes les tiges d’arbustes ou de fleurs, quand « elles sont imbibées d’eau sans ren-« trée d’air, sont plus lourdes que l’eau « et coulent à fond. Pour savoir si « l’on a bien fait la section, il suffit « donc, après l’avoir faite, de couper « un nouveau bout de 1 centimètre, « par exemple, et de voir s’il tombe « immédiatement au fond de l’eau.
- Fig. o. « Cela n’est pas bien compliqué. Dans
- L'eau des vases doit « tous les cas, les premiers morceaux
- être changée par » coupés flottent, ce qui prouve la
- débordement, tous (( rentrée rapide d’air dans les ea-les jours. r
- « naux. »
- Résultat : maintenant que l’eau monte librement dans les tubes capillaires, nous aurons des fleurs qui vivront exactement comme dans la nature ; aussi longtemps et pas plus longtemps. Et nous pourrons faire, à coup sûr, une foule d’observations intéressantes sur la vie des fleurs.
- Pour pratiquer ce procédé, il faut :
- 1° avoir de la patience.
- 2° se servir de préférence de vases à larges goulots.
- 3° avoir un peu d’habileté; on arrive à couper plusieurs tiges à là', fois, en rapprochant les extrémités inferieures des tiges de la surface de l’eau. Par de petits tours de main, on parvient à couper sans danger et facilement les tiges ligneuses les plus dures.
- 4° avoir une bonne paire de ciseaux, en acier inoxydable, si possible.
- 5° changer l’eau des vases par débordement pour éviter de rogner les tiges à chaque changement d’eau (fîg. 6).
- 6° faire ce changement d’eau tous les jours pour éviter les moisissures et prendre la précaution d’enlever les rameaux adjacents et les feuilles sur les parties de tige qui seront immergées.
- Nous voici armés pour conserver nos fleurs et les faire vivre comme dans la nature. Quantité d’expériences amusantes et instructives et d’études de fleurs peuvent être faites maintenant.
- a) Nous voulons un beau bouquet de Coquelicots pour garnir notre table et nous le voulons pour une date donnée.
- Fig. 7. Fig. 8. Fig. 9. Fig. 10. Expériences sur la fleur de coquelicot.
- Cueillons dans un champ à partir de fin mai des boutons de Coquelicots de préférence un peu jaunes, ce qui montre qu’ils ne vont pas tarder à éclore, ou même présentant
- une petite pointe de rouge à l’extrémité ou un léger éclatement latéral du bouton.
- Appliquons le procédé: 1er jour : les coques du bouton tombent sur le sol ou dans l’eau du vase ; 2e jour : les pétales tout fripés se défripent; 3e jour : les pétales se défripent complètement: 4e jour : nous avons un magnifique bouquet.
- Remarquons en passant qu’il est impossible de rapporter des champs un bouquet de Coquelicots épanouis. Les pétales tombent pendant le transport.
- Observons les mouvements très curieux de redressement des tiges. D’abord complètement inclinées sous le poids du bouton, elles se redressent peu à peu avec des inclinaisons bizarres puis se dressent complètement au moment où les fleurs commencent à s’ouvrir (fig. 7, 8, 9 et 10).
- En étudiant le Coquelicot, nous verrons qu’il y a des variétés grandes et petites, suivant les terrains, suivant aussi la hauteur des plantes utiles au niveau desquelles elles doivent atteindre pour avoir leur part de soleil.
- Il existe, sur le bord des routes, de tout petits Coquelicots aussi beaux que les grands. Ils ne trouvent pas une nourriture suffisante et restent des nains.
- Nous trouvons des variétés rouge pur plus ou moins loncé, rouge avec croix noire de Saint-André ou marques noires symétriques sur deux pétales seulement. Nous trouvons aussi la couleur rose tendre pure (rose de la rose France). Variété rare.
- Remarquons en passant cpie notre procédé de coupage sous l’eau empêche en grande partie le latex de se coaguler. Cette coagulation est très gênante, si la coupe est faite hors de l’eau. L’adjonction d’un peu de carbonate de soude empêche totalement la coagulation du latex.
- b) Beaucoup de fleurs, parmi lesquelles la Pâquerette, le Bouton d’or, etc..., se ferment le soir. Grâce à notre procédé, nous verrons la fleur se fermer chaque soir et s’ouvrir chaque matin, dormir et s’éveiller jusqu’au moment où la fructification se produit. La veille du jour où la fleur doit se flétrir, elle ne se fermera plus le soir. Si nous étudions la Camomille des champs, nous verrons qu’elle dort en rabattant tous ses pétales vers la terre.
- Si nous sommes curieux, nous pourrons nous amuser à véi’ifier les observations de Gaston Bonnier sur l’ouverture et la fermeture des fleurs. La lumière, contrairement à une opinion très répandue, n’a pas d’action sur les mouvements de la fleur. L’état hygrométrique de l’air n’agit que peu. Tout se ramène à l’action de la température, qui règle en maîtresse « l’horloge de Flore » (expression de Linné).
- En.nous aidant d’une glacière et d’une étuve obscures, nous obligerons à s’ouvrir la nuit une fleur qui n’a jamais connu que le travail de jour.
- c) Si nous étudions les fleurs très avides d’eau comme la Parnassie des marais, ou mieux encore la Reine des prés, nous constaterons que, si après avoir laissé la plante coupée souffrir de la soif pendant quelques heures, nous la plaçons à demi fanée dans l’eau, efle se ranime avec vigueur après coupe au-dessous du niveau de l’eau. Il se produit une véritable résurrection. La- plante se redresse avec des mouvements saccadés, visibles très nettement pour l’œil le moins exercé. Successivement
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- tous les rameaux, toutes les fleurs, tous les boutons reprennent leur position normale de bas en haut de la plante. Ultérieurement, d’ailleurs, nous montrerons, à l’aide du cinéma, comment l’eau monte dans les tiges capillaires débarrassées de leurs bulles d’air.
- Faisons ici une remarque sur la façon dont se comportent les feuillages qui accompagnent les fleurs coupées.
- On voit souvent les feuilles dépérir alors que les fleurs sont en pleine vigueur (exemple : les Chrysanthèmes). Cela tient à ce que les feuilles évaporent l’eau par leur surface plus vite qu’elle ne peut monter par les tubes capillaires.
- Pour remédier à cet inconvénient, nous n’avons qu’à faciliter la montée de l’eau en la rendant légèrement alcaline par un peu de carbonate de soude sec ou de carbonate de soude hydraté (les « cristaux» des cuisinières). L’eau alcaline circule mieux dans un tube capillaire que l’eau pure dont nous nous servons habituellement pour conserver les fleurs. Attention de ne pas donner trop de carbonate de soude à nos fleurs, les tissus s’altéreraient rapidement. Au maximum, une demi-cuiller à café de carbonate de soude cristallisé pour un litre d’eau, moitié seulement si nous employons le carbonate de soude sec.
- De même que nous faisons des injections de camphre à une personne très malade, de même nous pouvons ranimer d’une façon merveilleuse des fleurs très malades et partant presque flétries.
- Dans de l’eau chaude à 50-60° (pas plus chaude, car nous détruirions les tissus de la plante et surtout ceux très fragiles de la fleur; la température critique est 70°; température à laquelle l’albumine se coagule et à laquelle l’amidon forme de l’empois) jetons un morceau de camphre de la grosseur d’une noisette pour un litre d’eau. 11 va se dissoudre en partie. A froid, au contraire, il serait insoluble. Coupons la tige sous l’eau et nous assisterons à une résurrection très rapide (d’après Léonard Bastin. The Lady’s Realm, june 1915, vol. XXXVII.)
- Nous ne savons pas quelle est l’action du camphre, mais, toujours d’après la capillarité, nous savons que l’eau chaude monte mieux dans les tubes capillaires que l’eau froide.
- Examinons maintenant à fond le cas des tiges ligneuses : branches de Lilas et d’Aubépine, Rhododendron sauvage de la montagne.
- Il est assez difficile et surtout assez dangereux de couper le bois au-dessous de l’eau avec un rasoir ou un couteau très coupant.
- Voici de petits trucs pratiques pour réaliser facilement et sans danger cette coupe difficile : 1° Après avoir enlevé l’écorce sur quelques centimètres de longueur, on écrase avec un marteau ou de fortes pinces à gaz l’extrémité de la tige. Il est ensuite facile de couper la tige sous l’eau dans la partie broyée ; 2° On peut aussi pratiquer facilement des trous à travers la tige et sous l’eau. On se sert pour cela d’un perce-cigare, tube dans lequel se meut un tube creux plus petit, terminé en biseau coupant. Le petit tube est poussé par un ressort sur lequel on fait pression. Pour avoir un bon point d’appui sur la tige, on pratique avec une lime, à l’extrémité du perce-cigare, deux encoches qui permettront d’entourer la tige (fig. 11
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- et 12) ; 3° Le meilleur outil est encore une pointe à tracer en acier dur; on protège la pointe très dangereuse par un bouchon de liège. Emmancher cette pointe.
- Pour les tiges ligneuses, qui portent des feuilles, il faut toujours alcaliniser l’eau.
- Cette année, nous avons cueilli le matin une branche
- Fig. 11. Fig. 12.
- La coupe sous Veau de fortes liges ligneuses.
- en fleurs d’Aubépine blanche. Nous n’avons pu la mettre dans l’eau et pratiquer coupage et alcalinisation que 24 heures après. Elle était presque complètement flétrie et est redevenue magnifique en trois heures. Toutes les fleurs et toutes les feuilles avaient repris leur aspect normal.
- Nous rappelons ici quelques précautions élémentaires à prendre par l’amateur de fleurs coupées. Evitez à vos fleurs le grand soleil, la forte chaleur, les courants d’air et surtout la sécheresse. En hiver, dans une pièce où existe le chauffage central, il y a danger mortel pour les fleurs coupées et pour toutes les plantes. Il faut produire de la vapeur d’eau par n’importe quel moyen pour rendre l’atmosphère de la pièce suffisamment humide.
- En Suisse et en Allemagne, nous avons vu souvent disposer des bacs en métal très plats sur les radiateurs. L’idéal serait de faire comme dans les serres bien entretenues. Avoir un appareil mesurant le degré hygrométrique de l’enceinte et s’arranger pour avoir toujours le degré voulu d’humidité dans la pièce où l’on conserve les fleurs coupées.
- Il est très bon jiour conserver les fleurs et surLout les feuillages de pulvériser de l’eau à leur surface. Se méfier des taches produites par l’eau sur les fleurs de teinte très claire ou blanche. Le Muguet se tache très facilement.
- On peut se servir, pour vaporiser l’eau, d’un petit appareil très simple et très peu coûteux, que les artistes emploient pour fixer les dessins au crayon. Deux tubes de verre maintenus à angle droit par une armature métallique à charnière. Un tube effilé vers le haut plongé dans un flacon d’eau pure pas trop froide.
- L’autre tube sert à souffler et à pulvériser l’eau (fig. 13).
- Si la tige est très longue et la fleur volumineuse, la section utile de montée d’eau peut devenir insuffisante par rapport à la longueur. Fleurs et feuilles se dessèchent. Aider la montée de l’eau en alcalinisant, en raccourcissant la tige, en faisant des incisions ou en perçant de loin en loin la tige.
- Il faut toujours chercher à immerger le plus de longueur possible de tige. La mode est actuellement de faire flotter des fleurs dont les tiges ont été rognées
- Fig. 13. — Un pulvérisateur facile, à construire.
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- au maximum. Les fleurs dont on diminue les tiges de cette façon avec coupe sous l’eau sont dans les meilleures conditions pour bien se conserver.
- Les tiges et les fleurs ne doivent pas être trop serrées dans les vases, de façon que l’air puisse circuler librement entre elles.
- ÉTUDES BOTANIQUES
- 1) Cueillir un Liseron des champs en enlevant une grande longueur de tige avec une fleur blanche ouverte et la plus grande série possible de boutons fermés.
- Etendre la plante sur une table ou enrouler sur une baguette verticale ou une autre plante. Couper la tige sous l’eau et observer (lig. 14).
- La première fleur va durer environ deux heures et se
- Fig. 14. — Expériences sur le Liseron des haies.
- faner. Le lendemain, le premier bouton s’ouvrira, vivra ses deux heures et se fanera. Le troisième jour, le deuxième bouton s’ouvrira à la même heure que le premier, se fanera, etc. Remarquons que les fleurs successives, quoique aussi belles les unes que les autres, seront de plus en plus petites.
- Nous donnons, en effet, à boire à notre plante, mais nous ne lui donnons pas de nourriture en quantité suffisante.
- 11 serait intéressant d’étudier quels sels il faudrait mettre en solution dans l’eau pour nourrir chaque espèce de plante traitée et assurer le développement parfait de la fleur.
- On pourrait procéder comme on l’a fait pour les microbes avec la liqueur de Raulin, qui contient tout ce qui est nécessaire et suffisant pour entretenir leur existence.
- Puisque nous ne donnons aucune nourriture à nos fleurs, il y a grand intérêt à ne cueillir pour nos bouquets que des fleurs fraîchement écloses ou des boutons prêts à éclore. Si nous cueillons des boutons à peine formés, nous ne pourrons pas les faire éclore faute de leur avoir donné la nourriture appropriée et suffisante.
- 2) Etude de la loi de croissance et de floraison d’une plante.
- Cueillir une grande tige de Chicorée sauvage avec
- beaucoup de rameaux. Faire la préparation habituelle de la tige. Les boutons floraux sont placés aux extrémités des rameaux et aux aisselles des rameaux.
- Dans quel ordre vont fleurir les boutons ?
- ils fleuriront alternativement aux aisselles et aux extrémités des rameaux suivant une loi dont vous pourrez tracer le diagramme.
- 3) Avec de petits ciseaux très fins, vous pourrez conserver dans des vases minuscules de très petites fleurs comme le Mourron rouge, le Myosotis sauvage, les petits Œillets de montagne. Vous les trouverez aussi belles que
- les grandes et merveilleuses, si vous les regardez à la loupe ou avec un microscope de poche. Vous serez obligés de dire avec Alfred de Musset :
- O mon Dieu! Dans si peu de chose Que de grâce et que de beauté.
- 4) Au mois de mai, on trouve en montagne de petites Gentianes du bleu le plus pur et le plus profond. Les tiges sont très courtes. Cueillir avec la racine, enlever lé mieux possible les petites feuilles allongées contre la tige, mettre dans un vase proportionné et couper sous l’eau l’extrême pointe de la racine. Très bonne conservation. Faire cette expérience sur quelques Gentianes seulement, car la loi française protège la' Gentiane, le Rhododendron et l’Edelweiss.
- 5) Amusez-vous à vérifier ee que les auteurs et les poètes ont écrit au sujet des fleurs.
- Ronsard a dit en parlant de la rose :
- Car ainsi qu’elle défleurit,
- Fanée en une matinée,
- O vraiment marâtre Nature,
- Puis qu’une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir!
- Malherbe a écrit :
- Et rose elle a vécu ce que vivent les roses L’espace d’un matin.
- Vérifiez si une rose convenablement traitée dure l’espace d’un matin.
- Lisez le chef-d’œuvre d’Alphonse Karr « Voyage autour de mon jardin ». Vous vérifierez l’exactitude de tout ce que l’auteur a dit sur l’ouverture et la fermeture des fleurs, sur les Belles de Jour et sur les Belles de Nuit, sur la durée d’existence des fleurs et sur leurs amours, etc.
- Lorsque les pétales de la fleur seront tombés, vous continuerez à soigner votre fleur, car notre procédé de conservation le permet, et vous étudierez la fructification. Vous pourrez remarquer ainsi que les Pois de senteur au coloris rose si frais et si tendre, deviennent d’un bleu pâle charmant en se fanant.
- Résumons, pour conclure, les avantages du procédé de coupage sous l’eau. Très bon moyen d’études botaniques, moyen d’orner joliment nos maisons. Procédé particulièrement utile aux peintres, qui peuvent conserver au mieux des fleurs, parfois rares et chères.
- Certains nous objecteront que l’on n’a pas attendu ce procédé pour bien conserver les fleurs coupées et qu’en coupant seulement les tiges avant de les mettre dans l’eau on obtient de bons résultats. C’est exact : mais avec la coupe sous l’eau, on réussit à coup sûr la conservation de toutes les fleurs.
- Certaines expériences, comme celle de la longue tige de Liseron des haies et comme celle de la détermination de la loi de croissance de la Chicorée sauvage, ne pourraient être réalisées par aucun autre procédé.
- Le procédé de coupage a le défaut de demander beaucoup de temps et, par suite n’est pas très pratique pour les fleuristes. Ceux-ci ont à leur disposition des glacières, des caves très fraîches, des moyens d’arrosage abondants. Ils doivent travailler vile, mais trouveraient quand même avantage à employer notre procédé pour la conservation de certaines fleurs rares comme les Orchidées. E. Barbou.
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- E LES MOTEURS POLYCYLINDRES E
- ET LES VOITURES AUTOMOBILES MODERNES
- Tous ceux qui ont suivi, même d’assez loin, l’évolution de la voiture automobile depuis quelques années ont été frappés de constater que de plus en plus le nombre des cylindres des moteurs augmente.
- Autrefois, le moteur à quatre cylindres était la règle, tout au moins dans la construction française. Sous l’influence de la concurrence américaine qui elle, était allée nettement vers le moteur à six cylindres, nos constructeurs se sont mis eux aussi à faire des polycylindres (il est entendu qu’on appelle, improprement d’ailleurs, polycylindres, des moteurs à plus de quatre cylindres).
- Le polycylindre commercial n’est d’ailleurs pas d’origine étrangère : qu’on se rappelle l’Exposition automobile de 1907 : la plupart des constructeurs français exposaient dans leurs stands des moteurs à six cylindres, tous de cylindrée assez importante et il semblait à cette époque que le six cylindres devait connaître un développement important et rapide. 11 n’en fut rien cependant, et les années qui suivirent, coïncidant d’ailleurs avec une sérieuse crise dans l’industrie automobile, revirent les moteurs quatre cylindres.
- Pourquoi la France, qui a été longtemps à la tête de l’industrie automobile, s’est-elle laissé devancer dans la voie des polycylindres par la construction américaine ? 11 y a à cela de nombreuses raisons, dont la plus importante est certainement la stagnation de notre industrie pendant les cinq années de guerre.
- La guerre finie, on s’est trouvé devant ce fait : les Américains ne construisaient pratiquement plus de quatre cylindres, sauf pour les voitures bon marché : la Ford et la Chevrolet. Encore, celle-ci devait-elle, quelques années plus tard, abandonner son moteur classique pour un six cylindres.
- En France, n’oublions pas que le régime fiscal auquel est soumise l’automobile a eu une influence fort importante sur l’orientation de la construction. Depuis toujours, les moteurs d’automobiles ont été imposés d’après leur cylindrée. D’où tendance très nette de nos constructeurs à doter leurs voitures de petits moteurs. Or, il est bien certain que plus le moteur est petit, et moins la multiplicité des cylindres s’impose.
- En Amérique, il n’en est pas de même, puisque là-bas, la plus petite voiture a généralement un moteur d’environ trois litres, et même un peu plus. Ford et Chevrolet par exemple, qui représentent incontestablement les deux marques les plus répandues, les meilleur marché et les plus populaires, ont des moteurs qui, en France seraient considérés comme relativement gros. La Ford n’est-elle pas imposée en France pour 19 ch, alors qu’une statistique récente montre que chez nous la puissance fiscale moyenne des moteurs d’automobiles est d’environ 11 ch.
- ' Suivant en cela l’exemple donné par l’étranger, les constructeurs français se sont mis depuis quelques années eux aussi à construire des moteurs à plus de quatre cylindres et, à l’heure actuelle, on peut dire que toutes les voitures dont la cylindrée atteint ou dépasse deux litres
- sont, à de bien rares exceptions près, munies de moteurs à six cylindres au moins.
- Pourquoi six oti huit cylindres et non plus quatre ? Ces moteurs auraient-ils des propriétés spéciales que ne possèdent pas les quatre cylindres ? C’est cette question que nous nous proposons d’élucider au cours de cet article.
- LES PROPRIÉTÉS DES MULTICYLINDRES
- On peut considérer les avantages et inconvénients des polycylindres à plusieurs points de vue : le point de vue thermo-dynamique, le point de vue mécanique, dans lequel nous ferons entrer les questions intéressant la construction et, enfin, le point de vue de l’utilisation.
- LE POINT DE VUE THERMO-DYNAMIQUE
- Ce qu’on se donne généralement dans un projét de voiture automobile, c’est la puissance qu’il est désirable d’obtenir du moteur, et par suite sa cylindrée : la puis-
- lug. ,1. Comparaison fuisanl ressortir la différence de régularité du couple d’un moteur à 4 cylindres et d’un moteur à 8 cylindres.
- La trajectoire du centre de la roue représenterait approximativement les variations du couple.
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- Fig. 2. —• Vilebrequin de 4 cylindres équilibré.
- sauce est en effet conséquence de la cylindrée, et on peut admettre qu’à l’heure actuelle, un bon moteur de tourisme donne de 20 à 30 ch par litre, ceci à sa vitesse de rotation maximum.
- La cylindrée étant fixée, il est bien évident que la grosseur de chaque cylindre sera d’autant moins grande que le nombre des cylindres sera lui-même plus élevé. Le moteur polycylindrc est en somme un moteur à petits cylindres, et c’est sous ce jour qu’il convient de l’examiner sur le point qui nous intéresse actuellement.
- Lorsqu’on cherche à tirer d’un moteur de cylindrée donnée la puissance maximum compatible avec les conditions d’utilisation (problème général pour tous moteurs), on constate qu’on a intérêt à utiliser le rapport volumétrique le plus élevé possible et les grandes vitesses de rotation.
- Rappelons qu’on appelle rapport volumétrique le rapport entre le volume qui se trouve compris entre le fond de piston et le cylindre, d’une part quand le piston est à son point mort inférieur, et d’autre part quand il se trouve à son point mort supérieur. C’est ce rapport qu’on désigne par la fraction
- V + -v
- v
- Par abréviation et improprement, on désigne souvent le rapport volumétrique par le terme de compression.-
- La compression possible d’un moteur donné dépend essentiellement de la nature du combustible employé. Or, ce combustible nous est pratiquement imposé : c’est l’essence.
- L’expérience prouve qu’avec l’essence ordinaire, il est difficile de dépasser les rapports volumétriques de l’ordre de six. Mais, on constate que le rapport volumétrique limite dépend essentiellement du volume de chacun des cylindres. C’est ainsi que dans un moteur de cylindrée unitaire d’un litre par cylindre, le rapport volumétrique, pour une utilisation de tourisme, devra être inférieur à 5.
- Fig. 3. — Vilebrequin de G cylindres équilibré.
- Il pourra par contre atteindre 6, et parfois un peu plus si le volume de chaque cylindre descend au quart de litre par exemple. La raison en est que, dans un petit cylindre, l’influence de paroi joue un rôle plus important que dans les gros cylindres et aussi et surtout peut-être que l’étendue de la masse des gaz qui s’enflamme au contact de l’étincelle de la bougie est beaucoup plus faible dans un petit cylindre que dans un gros.
- Or, les phénomènes de détonation se produisent surtout quand l’inflammation de la masse gazeuse doit durer un certain temps en raison de la longue distance qui peut séparer la bougie, origine de l’inflammation, des parties les plus éloignées de la culasse.
- Nous n’avons pas à examiner ici les causes de la détonation. Aussi bien, d’ailleurs serions-nous assez embarrassé de le faire, car, à l’heure actuelle, cette question est encore assez mal connue. Ricardo qui l’a étudiée non pas le premier, mais l’un des premiers, a attribué la détonation au fait que les couches successives de gaz combustible non encore brûlées se trouvent comprimées par la portion de gaz qui a déjà pris feu, et peuvent être portées, par suite de cette compression adiabatique, à une température telle que l’inflammation se produise simultanément dans toute leur masse : d’où élévation brusque de pression, choc et bruit.
- M. Dumanois, qui a étudié particulièrement ces phénomènes, estime après de longs et minutieux essais, qu’il doit se former dans certaines conditions et au sein de la masse gazeuse non encore enflammée, des peroxydes éminemment détonants qui, par leur décomposition subite, donnent lieu au phénomène incriminé; la détonation serait donc un phénomène d’origine chimique et non plus d’origine physique comme le pensait Ricardo.
- Si l’on ne connaît pas exactement le mécanisme de la détonation, on a au moins quelques notions sur la conduite qu’il y a lieu de suivre pour l’éviter autant que possible. Les études expérimentales ont conduit à adopter certaines formes pour la culasse des moteurs qui sont plus favorables que d’autres pour obtenir un fonctionnement doux et régulier. Mais, ce qui est incontestable, c’est que toutes choses étant égales d’ailleurs, la détonation se produira moins facilement dans un petit cylindre que dans un gros : d’où un premier avantage certain pour des moteurs ayant des cylindres de petite dimension.
- La détonation n’est pas le seul phénomène à craindre au point de vue régularité de fonctionnement du moteur à explosions. Il peut se produire aussi pendant le temps de la compression, des allumages prématurés par suite du contact intempestif des gaz avec un point chaud de la culasse. Ce phénomène dit allumage par point chaud dépend essentiellement du bon refroidissement de la culasse et aussi de la perfection de son usinage intérieur. Or il est évident qu’il est plus facile de refroidir la culasse d’un cylindre de faible dimension que celle d’un gros cylindre.
- L’allumage par point chaud peut se produire aussi par suite de réchauffement exagéré du fond de piston. Or, le piston ne peut se refroidir que par conductibilité en cédant sa chaleur aux parois du cylindre. Ce refroidissement sera d’autant plus effectif que la chaleur aura moins d’espace
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- Fig. 4. — Vilebrequin de R cglindres dit 4-i (non équilibré).
- à parcourir pour aller du centre du piston jusqu’à la paroi du cylindre : autre avantage pour les cylindres de petit alésage.
- La puissance du moteur dépend également de l’importance de la masse de gaz combustible qui sera admise dans les cylindres à la fin du temps de l’aspiration. Le rapport du poids des gaz réellement admis au poids des gaz occupant le même espace à la pression atmosphérique s’appelle le rendement volumétrique du a/lindre. Ce rendement volumétrique est naturellement fonction de la grandeur des orifices qui sont olferts aux gaz pour pénétrer dans le cylindre et également de la vitesse linéaire du piston. Le rendement volumétrique sera d’autant meilleur que l’ouverture des soupapes sera plus grande, comparée à la section droite du cylindre et que la vitesse du piston sera moins élevée. Or, il est difficile de faire de grandes soupapes qui ne se déforment pas sous l’effet de la température et des chocs répétés qu’elles subissent quand le moteur tourne à grande vitesse. Un cylindre de faible dimension pourra donc être mieux alimenté qu’un gros
- cylindre : autre argument en faveur des moteurs à cylindres nombreux.
- La supériorité au point de vue puissance maximum des moteurs à petits cylindres n’a pas échappé aux constructeurs de voitures de course, qui, depuis de longues années, utilisent des moteurs à six, huit, ou même seize cylindres.
- A cet égard, on ne se trouve pas, il est vrai, dans les mêmes conditions pour les moteurs de voitures de tourisme : il est rare en effet qu’on cherche à tirer de ces moteurs toute la puissance possible. Mais, néanmoins, on s’efforce qu’ils donnent une puissance élevée dans des conditions compatibles avec le fonctionnement qu’on en exige. Dans une certaine mesure par conséquent, les moteurs de tourisme eux aussi sont des moteurs dont on cherche à lirer le maximum de puissance. Maximum relatif bien entendu, puisque si dans un moteur de course, on tolère un fonctionnement bruyant, nécessitant des conditions spéciales de graissage et de refroidissement, il faudra de toute nécessité, pour un moteur de tourisme qu’il fonctionne sans bruit, sans vibrations excessives, et dans des conditions de graissage et de refroidissement qui ne sont pas toujours les conditions optimum.
- Comme conclusion, nous voyons qu’au point de vue thermo-dynamique, le moteur à petits cylindres jouit d’avantages certains sur le moteur à gros cylindres.
- POINT DE VUE MÉCANIQUE
- Au point de vue mécanique, nous avons un certain nombre de phénomènes à prendre successivement en considération.
- Tout d’abord, vient la question régularité du couple.
- Le moteur à explosion fournit son travail dans des conditions qui diffèrent nettement de celles où fonctionne une turbine par exemple, ou même un moteur alternatif à vapeur. L’énergie mécanique produite par le moteur à explosions résulte d’une succession d’impulsions violentes, mais de courte durée, que les gaz fortement comprimés par l’explosion impriment à chacun des pistons. Ces impulsions sont naturellement d’autant plus fortes pour une cylindrée totale du moteur donné, que chacun des cylindres sera plus gros. Et, elles seront également d’autant moins nombreuses. Dans un moteur à quatre cylindres de quatre litres de cylindrée par exemple, nous aurons pour chaque tour du moteur, deux impulsions dont nous chiffrons arbitrairement l’importance par l’unité. Pour un moteur d’égale cylindrée, mais à huit cylindres, chacun des cylindres n’aura qu’un volume d’un demi-litre. En gros, chaque impulsion n’aura donc que la moitié de l’importance de celle que nous constatons dans un moteur à quatre cylindres et par contre, ces impulsions seront deux fois
- Fig. 6. — Moteur G cglindres Benaull-Vivasix 15 ch.
- Fig. 5. — Vilebrequin de 8 cylindres dil 2-4-2 (équilibré).
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- plus nombreuses : nous en aurons quatre pour chaque tour de vilebrequin. Le résultat, c’est un entraînement moins saccadé et plus progressif de l’arbre moteur.
- Pour donner une idée de l’impression produite par le fonctionnement du moteur à explosions, on a utilisé la comparaison suivante : celle d’une roue roulant sur un sol recouvert de rouleaux en bois de même diamètre (fig. 1) ; si chacun de ces rouleaux a des dimensions telles que quatre d’entre eux occupent un mètre de longueur sur le sol, il est incontestable que le roulement de la roue sera beaucoup plus dur et saccadé que si les rouleaux sont deux fois plus petits et deux fois plus nombreux : c’est là évidemment une manière frappante de faire comprendre l’avantage au point de vue douceur de fonctionnement du moteur polycylindre. À vrai dire, le couple fourni sur l’arbre du moteur est régularisé avant d’être utilisé sur la voiture par un volant qui emmagasine l’énergie au moment de l’explosion et la restitue dans les intervalles morts. Les saccades sont donc moins importantes qu’on ne l’imagine et aux grandes vitesses de rotation, il est parfois
- Fig. 7. — Moteur 6 cylindres Alfa-Roméo.
- difficile, même à des gens avertis, de distinguer si le moteur qui entraîne la voiture a quatre, six ou huit cylindres.
- La différence n’est sensible qu’aux petites vitesses, mais elle a néanmoins une importance considérable en raison de l’habitude qu’on a prise d’utiliser les voitures automobiles en ne faisant usage que le moins possible du changement de vitesse.
- On exige d’une voiture moderne qu’elle puisse rouler en prise directe aussi bien aux allures réduites de l’ordre de 6 ou 10 kilomètres à l’heure, qu’aux vitesses les plus élevées. Or, il est bien certain qu’aux régimes extrêmement lents du,..moteur, qui correspondent à ces allures réduites, les'saccades des explosions se feront nettement sentir.
- Au point de vue possibilité de ralenti par conséquent, le( polycylindre est incontestablement très supérieur au moteur à quatre cylindres.
- Nous verrons plus loin d’ailleurs que cette supériorité
- dépend d’autres facteurs et que la question carburation joue notammenL un rôle fort important.
- L’équilibrage. — Les trépidations ressenties par les occupants d’une voiture, et provenant du moteur, ne dépendent pas uniquement des impulsions motrices. Une autre source est constituée par les forces d’inertie des pièces à mouvement alternatif et en particulier des pistons.
- En établissant un moteur, on cherche que les forces d’inertie qu’il est impossible d’éviter lorsqu’une masse est animée d’un mouvement alternatif soient d’une part individuellement aussi réduites que possible, et d’autre part, soient équilibrées les unes par les autres.
- Dans un moteur monocylindre, l’équilibrage est aussi mauvais que possible, puisque quand le piston monte par exemple, en augmentant de vitesse, toute la masse du châssis tend à descendre et inversement.
- Dans le moteur à deux cylindres avec manetons calés à 180 degrés l’un de l’autre, un piston monte tandis que l’autre descend. Si l’on admet, ce qui n’est pas rigoui’euse-ment exact, que la vitesse de chacun des pistons est à chaque instant égale et opposée à celle de l’autre, les deux forces d’inertie des pistons se trouvent toujours équilibrées l’une par l’autre. Mais, les pistons n’étant pas dans le même plan, ces deux forces toujours égales et opposées constituent un couple qui tend à faire basculer le moteur alternativement d’avant en arrière et d’arrière en avant.
- Dans le moteur à quatre cylindres verticaux, deux pistons montent tandis que deux pistons descendent, et l’ensemble se trouve parfaitement symétrique par rapport à un plan perpendiculaire au vilebrequin et passant par son milieu : forces et couples d’inertie se trouvent donc équilibrées — ou plutôt se trouveraient équilibrées si les vitesses des pistons montants étaient à chaque instant égales à celles des pistons descendants : il ne pourrait en être ainsi que si la vitesse des pistons suivait une loi sinusoïdale. Or, en raison de l’obliquité des bielles sur l’axe des cylindres il en est autrement, et aux forces d’inertie que nous venons de considérer et qu’on appelle forces du premier ordre, viennent s’ajouter des forces dites du second ordre qui proviennent des différences de vitesses des pistons montants et des pistons descendants. Dans un quatre cylindres, le calcul montre que les forces d’inertie du premier ordre sont équilibrées, les couples d’ineitie du premier et du second ordre sont également équilibrées, mais les forces d’inertie du second ordre ne le sont pas.
- Le plus petit nombre de cylindres qu’il est nécessaire de donner à un moteur vertical pour que forces et couples du premier et du second ordre puissent être complètement équilibrés est six. Le moteur à six cylindres est donc le moteur vertical le plus simple qui puisse être complètement équilibré (on néglige dans les calculs d’équilibrage les forces et couples d’inertie d’un ordre supérieur au second).
- Est-ce à dire que tous les moteurs verticaux ayant un nombre de cylindres supérieur à six sont équilibrés ? Non évidemment.
- Une des conditions essentielles pour qu’il en soit ainsi, c’est en effet que ces moteurs soient symétriques par rapport au plan passant par le milieu du vilebrequin et perpendiculaire à l’axe général du moteur.
- Les moteurs à huit cylindres par exemple, dont le vile-
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- brequin est constitué par deux vilebrequins de quatre cylindres mis bout à bout et décalés l’un par rapport à l’autre de 90 degrés, ne sont pas équilibrés complètement. Ces moteurs sont dits : 4— 4. Au contraire, le huit cylindres dit 2 — 4 — 2, dont le vilebrequin peut être considéré comme composé d’un vilebrequin de quatre cylindres à
- quel on a disposé les deux moitiés d’un vilebrequin identique, mais décalé de 90 degrés, est équilibré.
- Au début des huit cylindres, on a construit un assez grand nombre de moteurs du type 4 — 4 : leurs constructeurs estimaient que c’était vouloir couper les cheveux en quatre que de tenir compte de ces calculs d’équilibrage auxquels' beaucoup d’entre eux n’attachaient aucune importance. L’expérience leur a donné tort, si bien que la plupart sont revenus maintenant de leur erreur et ont transformé leurs moteurs pour en faire des 2 — 4 •— 2.
- Compenser l’une par l’autre les forces d’inertie de chacun des pistons est certes un perfectionnement important dans la construction des moteurs. Mais, il est intéressant aussi de chercher à réduire autant que possible l’importance individuelle de chacune de ces forces. Les forces d’inertie alternatives ne s’équilibrent en effet que par l’intermédiaire du vilebrequin lequel est supposé parfaitement rigide. Or, dans la réalité, aucun corps n’est parfaitement rigide. Le vilebrequin du moteur en particulier subit des deformations qui ne sont nullement négligeables. Ces considérations ont amené certains constructeurs à compenser en partie les forces d’inertie de chacun des pistons par une force d’inertie centrifuge provenant d’une masse additionnelle montée sur les mane-tons : mais, c’est là un point qui nous éloigne un peu de la question des polycylindres. Revenons-y, nous allons voir d’ailleurs que nous l’avons à peine quittée.
- La force d’inertie du piston est proportionnelle à sa masse et au carré de la vitesse de son déplacement.
- Plus le piston sera petit, moins sa masse sera considérable, et moins par conséquent la force d’inertie engendrée sera grande : d’où un avantage évident pour les moteurs à cylindres nombreux et petits.
- La vitesse de déplacement des pistons sera, à régime de rotation égal, d’autant plus grande que leur course est plus longue; un polycylindre pour lequel on aura' observé, par rapport au quatre cylindres de même cylindrée, les lois de proportionnalité, aura une course de piston plus petite, et par conséquent une vitesse de piston plus faible que le quatre cylindres, autre raison pour laquelle les forces d’inertie individuelles seront moindres. Au point de vue équilibrage, par conséquent, avantage incontestable pour les moteurs à cylindres nombreux, à condition bien entendu qu’ils soient convenablement établis.
- La vibration de torsion. — Jusqu’ici nous n’avons vu, par conséquent, que des avantages pour les moteurs à nombreux cylindres. Il serait étonnant que ces avantages
- ne fussent pas accompagnés par certains inconvénients. Le premier qui se révèle au cours de notre examen, c’est en matière de la vibration de torsion. Le vilebrequin du moteur peut être considéré pour le point qui nous occupe comme s’il était fixé à une de ses extrémités côté volant et s’il recevait successivement sur chacun de ses manetons les impulsions provenant des explosions de chacun des cylindres.
- Il est évident que, à chaque effort brusque d’une bielle sur son maneton, le vilebrequin se tord dans le sens du mouvement; l’impulsion cessant, le vilebrequin tend à reprendre sa forme d’équilibre, et, en vertu de son élasticité, franchit la position moyenne à laquelle il ne retourne qu’après quelques oscillations. Ces oscillations vont se reproduire à chaque explosion de chaque cylindre, à un rythme qui dépend par conséquent à la fois du nombre des cylindres et de la vitesse de rotation.
- Si, maintenant, nous considérons le vilebrequin comme un solide, encastré du côté du volant, libre de vibrer au point de vue torsion sans aucune autre liaison extérieure,
- Fig. 9. — Moteur 8 cylindres Talbot.
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- nous constatons qu’il présente une période propre de vibrations. Si le rythme des impulsions qu’il reçoit des bielles coïncide avec le rythme de sa vibration propre, il y a résonance entre les deux phénomènes périodiques et les vibrations tendent à s’ampliher au delà de toute limite.
- La fréquence propre des vibrations du vilebrequin sera d’autant plus basse qué le vilebrequin sera moins gros et plus long. Un vilebreqtiin de 8 cylindres aura par conséquent une fréquence propre de vibration plus basse que celui du quatre cylindres, à dimensions transversales égales. D’autre part, dans le huit cylindres, les explosions se succéderont deux fois plus vite que dans le quatre cylindres.
- Nous aurons donc toutes chances pour que dans la limite des régimes d’utilisation du moteur, la fréquence
- Fig. 10.
- Moteur à 8 cylindres en V Lancia, vu par dessus, cylindres enlevés.
- des explosions arrive à coïncider avec celle des vibrations propres ou l’un de ses sous-multiples simples : cette coïncidence se traduira par une vibration excessive du vilebrequin qui imprimera des mouvements parfois importants à l’ensemble du moteur et produira un bruit intense : c’est le phénomène connu depuis longtemps déjà sous le nom de thrash.
- Le thrash, au début, a fort étonné ceux qui le constataient pour la première fois. Ses causes n’ont été en effet déterminées que plus tard.
- Ce phénomène a été étudié très minutieusement par le constructeur anglais Lanchester, homme d un esprit inventif extrêmement fertile, lequel a imaginé un dispositif destiné, non pas à empêcher le thrash, phénomène naturel qu’il est impossible de supprimer,* mais tout au moins, à diminuer ses conséquences.
- Le système de Lanchester a été appelé par lui étei-gneur de vibrations, en anglais Damper.
- Il consiste en- un petit volant, monté à l’avant du vilebrequin, volant entraîné dans le mouvement de rotation de l’arbre par un embrayage.
- Cet embrayage est assez serré pour que, quand le
- vilebrequin tourne régulièrement, le tout fasse bloc.
- Mais, quand le vilebrequin commence à osciller, l’embrayage patine. Il y a frottement intense entre les deux parties du Damper, frottement qui absorbe l’énergie de la vibration de torsion et l’amortit rapidement.
- Grâce au Damper, un moteur peut franchir aisément le régime du thrash, laissant se produire simplement une sorte de frémissement qui n’est pas dangereux pour la conservation des organes.
- Le Damper a été considéré longtemps comme une simple curiosité de laboratoire. Peu à peu, cependant, quand on a construit les moteurs à cylindres nombreux et tournant vite, on s’est aperçu que les conséquences du thrash pouvaient être désastreuses.
- C’est sur des moteurs de course que ces constatations ont été faites en premier lieu : malgré tous les renforcements qu’on pouvait réaliser, les vilebrequins de certains moteurs cassaient au bout de fort peu de temps en raison des déformations importantes qu’ils subissaient par suite des phénomènes de thrash. On a adjoint à ces vilebrequins des Damper et les ruptures ont cessé.
- Sur les moteurs actuels à six et huit cylindres, l’emploi du Damper est devenu de règle. Le Damper de Lanchester est souvent utilisé sous sa forme originelle. On a imaginé depuis d’autres dispositifs qui en dérivent directement ou qui reposent sur des principes différents, mais on peut dire que les dispositifs contre les vibrations de torsion sont d’un usage tout à fait général.
- Fabrication. — Au point de vue fabrication, certaines difficultés rencontrées dans l’établissement des moteurs se trouvent atténuées lorsqu’on utilise des cylindres de petit diamètre. Au premier rang vient l’angoissant problème du piston.
- Pour diminuer les forces d’inertie, on cherche, ainsi que nous l’avons vu plus haut, à réduire au minimum la masse des pistons. On a eu l’idée pour cela de remplacer la fonte qu’on utilisait uniquement autrefois, par des alliages légers à base d’aluminium ou de magnésium.
- Les pistons d’aluminium, en entendant sous cette désignation les pistons en alliage où entre principalement l’aluminium, présentent en outre un autre avantage. Ils sont meilleurs conducteurs de la chaleur que les pistons en fonte, et il est par suite plus facile d’obtenir un refroidissement correct du piston lorsque celui-ci est constitué par un alliage d’aluminium.
- Malheureusement l’aluminium et, en général, les alliages légers ont un coefficient de dilatation plus élevé que celui de la fonte. Comme le piston, pendant le régime normal de fonctionnement du moteur, est porté à une température supérieure à celle du cylindre, on est amené à prévoir entre le piston et le cylindre froids, un jeu assez considérable. A cause de ce jeu, il y a choc entre le piston et le cylindre au moment de l’explosion, choc qui se traduit par un bruit bien caractéristique quand le moteur fonctionne. Ce bruit s’atténue, il est vrai, quand le moteur est chaud, disparaît même complètement sur un moteur neuf, mais n’en est pas moins désagréable et il est considéré comme inadmissible sur une voiture de luxe.
- D’ailleurs, il suffit d’une usure très faible du piston (quelques centièmes de millimètre en plus du jeu normal)
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- pour que les claquements de piston se fassent entendre d’une façon constante.
- Maints dispositifs ont été imaginés pour supprimer ou au moins atténuer ces bruits de piston : piston bi-métal en aluminium à sa partie supérieure, en fonte à la jupe, piston fendu de façon à être élastique; piston d’aluminium dans le corps duquel on incorpore des plaquettes d’acier au nickel à dilatation nulle, dit invar, etc.
- Des résultats intéressants ont certes été obtenus de cette façon, mais le problème est difficile et il ne peut pas être considéré encore comme complètement résolu.
- 11 saute aux yeux que le jeu qu’on est obligé de laisser entre le piston et le cylindre froid doit être d’aulant plus grand en valeur absolue que le diamètre du piston est lui-même plus grand. Il sera donc d’autant plus difficile d’avoir des pistons silencieux que les cylindres du moteur auront des dimensions individuelles plus grandes. A cet égard, les moteurs à cylindres nombreux et petits sont moins difficiles à rendre silencieux que les moteurs à gros cylindres.
- L’étanchéité des pistons qui est assurée, on le sait, par des segments est également assez difficile à réaliser quand le piston a un gros diamètre.
- Nous n’avons pas à entrer dans le détail de la fabrication des moteurs, alésage et rectification des cylindres, alignement des paliers, ajustage des bielles, etc... ces questions de détail nous entraîneraient bien loin.
- Néanmoins, nous pouvons remarquer que si certains problèmes, comme celui du piston, sont simplifiés pour des moteurs à cylindres petits, et par conséquent nombreux, d’autres, au contraire, vont se trouver compliqués : l’alignement des paliers de la ligne d’arbre du moteur à huit cylindres et à neuf paliers sera certainement plus difficile à obtenir de façon correcte que dans un moteur à quatre cylindres et trois paliers.
- CARBURATION, ALLUMAGE, ETC...
- D’autres difficultés se présentent pour les moteurs polycylindres, en matière de carburation et d’allumage.
- La carburation en particulier a fait l’objet de longues recherches et on peut dire, sans être pessimiste, que le problème n’est pas encore résolu.
- La carburation du moteur comprend en effet deux stades distincts :
- 1° La préparation, dans le carburateur, du mélange combustible d’air et d’essence, dont les proportions doivent rester convenables à toutes les allures du moteur.
- 2° La distribution de ce mélange dans les différents cylindres, distribution au cours de laquelle air et combustible doivent arriver dans les mêmes proportions qu’ils se trouvaient à la sortie du carburateur.
- Or, un mélange formé de gaz comme l’air, de vapeur d’essence, elle aussi à l’état gazeux et d’un liquide réduit à l’état de gouttelettes plus ou moins, fines ne peut être considéré comme homogène. En réalité, à la sortie du carburateur, l’essence se dépose plus ou moins sur les parois intérieures de la tuyauterie, et une portion importante de carburant arrive dans les cylindres à l’état liquide.
- La distribution égale du combustible dans tous les cylindres du moteur est un des problèmes les plus ardus
- Fig. 11. — Moteur 12 cylindres en F Voisin. (Ph. Meurisse.)
- qui se posent devant l’ingénieur en moteurs. Elle est d’autant plus difficile que le moteur comporte plus de cylindres.
- Pour un quatre cylindres, le problème de la répartition n’a pas encore de solution parfaite. Moins encore pour un six cylindres, et bien entendu pour un huit cylindres.
- On a cherché à tourner la difficulté en alimentant les polycylindres au moyen de plusieurs carburateurs. 11 est courant de voir des six et huit cylindres possédant deux carburateurs, ou ce qui revient au même un carburateur à double corps.
- Malgré tout, la question reste entière.
- L’alimentation inégale des cylindres en combustible a des conséquences fâcheuses à divers points de vue. D’abord, il y a évidemment gaspillage de combustible, chose sur laquelle on passerait à la rigueur pour des moteurs de luxe, mais ce qu’on considère comme plus grave, il y a inégalité dans la force des explosions dans chacun des cylindres, ce qui produit parfois des vibrations ou des cognements désagréables à certains régimes.
- La tuyauterie d’admission dans laquelle réside la principale difficulté de la répartition a fait l’objet déjà de bien
- Fig. 12. — Moteur 16 cylindres Bucciali. (Ph. Meurisse.)
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- nombreuses études. La solution à laquelle on s’est arrêté provisoirement consiste à réchauffer assez fortement la partie de la tuyauterie dans laquelle arrive l’essence en gouttelettes à la sortie du carburateur, de façon à vaporiser le plus complètement possible le liquide. C’est la tuyauterie dite à points chauds.
- Depuis quelques mois, un nouveau type de carburateur, dit inversé, qui commence à se répandre sur le marché, est venu fournir un élément nouveau au problème si ardu de la distribution d’essence et de la carburation. L’inversé ou downdraft présente certes des possibilités intéressantes lesquelles ne sont encore qu’à l’état embryonnaire, mais qui se développeront encore certainement par la suite.
- Pour l’allumage, le problème a été résolu en substituant à la magnéto un système d’allumage par batterie. Avec ces dispositifs il n’y a pas de difficulté de principe à obtenir plusieurs étincelles par tour du moteur avec des appareils fonctionnant correctement.
- On a cependant été obligé dans bien des cas, par exemple pour les huit cylindres, d’avoir des distributeurs à deux rupteurs pour donner au courant primaire le temps de prendre, dans l’enroulement de la bobine, une intensité suffisante.
- Avec les magnétos anciennes qui ne pouvaient donner que deux étincelles par tour de l’induit, on a éprouvé de graves déboires lorsqu’on les a utilisées sur les moteurs à six cylindres à des régimes quelque peu rapides : les magnétos ne tenaient pas à la vitesse élevée à laquelle on était obligé de les faire tourner. Depuis, la construction des magnétos s’est perfectionnée; les machines modernes donnent quatre ou six étincelles par tour d’induit, voire huit, et peuvent par conséquent convenir pour l’allumage des polycylindres. On ne les emploie plus sur les moteurs d’automobiles, mais elles sont encore utilisées
- sur tous les moteurs d’aviation, et assurent sans contredit la sécurité maximum.
- LE POLYCYLINDRE EST-IL LE MOTEUR DE L’AVENIR?
- Que conclure de l’examen que nous venons de faire des avantages et inconvénients des moteurs multicylindres ?
- Nous voyons d’une part qu’ils permettent un fonctionnement plus doux, un roulement plus silencieux, parfois une puissance plus élevée; que d’autre part, certaines difficultés soulevées par leur fabrication entraînent une certaine complexité, et par conséquent une augmentation inévitable du prix. On peut en conclure que le multiey-lindre est incontestablement l’apanage de la voiture de luxe, le quatre cylindres restant pour quelques années encore le moteur de la voiture dite utilitaire ou tout simplement de la petite voiture.
- Autre question : le polycylindre aura-t-il six ou huit cylindres ou davantage ?
- Le six cylindres a eu une forte faveur il y a quelques années. Mais le moteur à huit cylindres paraît en ce moment prendre nettement l’avantage. Pas beaucoup plus cher que le six cylindres, plutôt plus facile à faire, il donne quelques avantages supplémentaires en raison de sa plus grande régularité de couple et d’autres avantages subsidiaires. Nous devons constater son succès actuel et signaler en même temps qu’on commence à voir sur certaines voitures de tourisme des moteurs à 12 et 16 cylindres. Pour ceux-là* cependant, toute réserve doit être faite, car la nécessité inéluctable de disposer leurs cylindres en forme de V complique fortement la construction. Elle rend enfin l’accessibilité des organes tout à fait illusoire.
- Henri Petit.
- UN VAISSEAU FRANÇAIS - -—-
- QUI PRIT PART A LA BATAILLE DE TRAFALGAR
- EST ENCORE A FLOT
- Les reliques du passé sont toujours choses précieuses. Quand elles sont du domaine de la mer, elles méritent une particulière attention parce que souvent, mieux que d’autres, et en dehors de leur mérite propre, aux points de vue historique et artistique, elles nous renseignent, de la façon la plus intéressante, sur la marche du progrès à travers les siècles, et aussi sur les ressources et les procédés techniques employés par nos devanciers.
- En effet l’art de la construction du navire en bois est, c’est le cas de le dire, vieux comme le monde, et les perfectionnements qu’il a vu réaliser au cours des siècles, l’ont amené, avec les derniers spécimens de ce type, à un point sans doute voisin de la perfection.
- Cette perfection est démontrée par les âges inattendus auxquels ont atteint un certain nombre de navires en
- bois et on conçoit très bien que par le côté professionnel de l’art du constructeur et du charpentier, aussi bien que par la beauté de leur silhouette, ceux qui existent encore excitent à un haut degré l’intérêt et la curiosité.
- C’est à ce titre que les rares vaisseaux en bois encore existants sont très judicieusement les objets de soins pieux tendant à prolonger leur existence le plus longtemps possible.
- C’est à peu près uniquement parmi les navires de guerre qu’on trouve encore quelques représentants de l’art compliqué de la construction navale ancienne.
- Il faut penser aux difficultés extrêmes que les constructeurs de navires en bois trouvaient dressées devant eux, lorsqu’il s’agissait de tailler, d’assembler et de maintenir cohérentes les membrures qui constituaient
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- les coques des vaisseaux, et, dont les formes, surtout' pour les parties avant et arrière, étaient extraordinairement contournées.
- Suivant la place occupée dans l’ensemble par telle ou telle pièce de bois, quille, couple, étambot ou étrave, celle-ci devait se lier à sa voisine par une série d’assemblages à tracés variables, mais presque toujours fort compliqués, sur la solidité desquels reposaient en somme la rigidité de la coque et, par conséquent, la séjcurité du navire.
- De plus, avant de tailler et d’assembler ces bois, il fallait les choisir et c’était là encore une part importante du travail de ces maîtres charpentiers dont quelques-uns sont très justement restés célèbres.
- Le bois employé pour les membrures importantes était uniquement le chêne. Jusqu’à la lin du xvme siècle, le roi avait le droit de faire réserver pour sa marine dans les forêts, même celles appartenant à des particuliers, les arbres dont le tronc ou les branches présentaient des formes qui les rendaient particulièrement propres à constituer telle ou telle pièce du navire.
- On appelait ces arbres « chênes du roi » et ils ne pouvaient être abattus que pour les besoins de la marine et par ses agents, moyennant naturellement un prix convenable. A la Révolution, cette sorte de privilège royal disparut comme tant d’autres, et les propriétaires de chênes du roi s’empressèrent de monnayer ces beaux arbres. Pas tous cependant, car il nous a été donné d’en voir encore quelques-uns, sur les bords d’une petite rivière de Provence, lTIuvcaune dans des propriétés appartenant aux descendants de l’abbé Barthélemy, qui ont su respecter ces géants vénérables. Un bel exemple de la longévité à laquelle peuvent atteindre des navires en bois, grâce au soin apporté à leur construction, nous est donné, par un vaisseau de ligne français à deux ponts,
- Fig. 1. — Un groupe de beaux « chênes du roi » sur les bords de VHuveaune, dans la propriété du marquis de Barthélemy, près d’Aubagne•
- qui sous le nom de Duguay-Trouin prit part le 21 octobre 1805 à la célèbre bataille de Trafalgar.
- Sa construction commença à Rochel'ort en 1797. En 1801, avec l’escadre de Villaret de Joyeuse, il portait à Saint-Domingue les troupes commandées par le général Leclerc, chargé de réprimer l’insurrection des noirs. En juillet 1803, le Duguay-Trouin et son similaire le Duquesne prenaient la route du retour, avec des équipages décimés et épuisés par la fièvre jaune. En outre le Duguay-Trouin avait dû jeter à la mer 20 de ses 78 canons pour se délester lors d’un grave échouage sur la côte d’Haïti.
- Dès le départ, les deux vaisseaux français furent attaqués par toute une escadre anglaise. Le Duquesne dont l’équipage était réduit de plus de moitié et ne pouvait plus armer que 12 pièces de sa batterie basse dut se rendre. Le Duguay-Trouin réussit à percer et échappa à la chaude poursuite du vaisseau anglais Eléphant. A 130 lieues du Cap Finistère, une autre division ennemie le prit en chasse, et, à grand’peine il atteignit la Corogne, le refuge le plus rapproché. „
- De 1803 à la fin de 1804, le vaisseau subit un blocus sévère à la Corogne. Il y fut complètement réparé, reçut un équipage frais envoyé de France et vit ses canons usés remplacés.
- En aoiit 1805, le Duguay-Trouin passait avec la division du contre-amiral G ourdou, dont il faisait alors partie, sous le pavillon du vice-amiral de Villeneuve et était ainsi incorporé à la grande flotte franco-espagnole qui allait connaître le sombre jour de Trafalgar.
- Notre vaisseau, un des premiers, engagea le Victory que montait Nelson. Il échappait à la destruction ce jour-là, mais deux semaines après, avec 3 autres vaisseaux de ligne français, il était attaqué pàr toute une escadre anglaise.
- Après une défense énergique son capitaine et 150 hommes de l’équipage étant tués ou blessés,' il fallut se rendre.
- Le Duguay-Trouin, amené en Angleterre et reconnu comme un excellent navire, fut incorporé dans la flotte britannique sous le nom d’/m-
- Fig. 2. — Le vaisseau Implacable, de 78 canons, qui fut français, sous le nom de Duguay-Trouin, et qui combattit à Trafalgar, en 1805, flotte actuellement en rade
- de Falmoulh.
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- Fig. 3. — L’avant de (’Implacable.
- placable et servit activement en Baltique, en Méditerranée, en Syrie. En 1842 il revint enfin désarmer à Plymouth.
- Depuis cette époque et jusqu’aujourd’hui, car le vieux Duguay-Trouin français flotte toujours, il a été utilisé comme bâtiment école pour les apprentis marins. Mais, en 1908, le centenaire ayant atteint l’âge limite fixé par les règlements, on décida de le vendre pour la démolition.
- C’est alors qu’intervint un gentleman à la grande âme, M. G. Wheatly Cobb, qui voulut sauver cette relique au glorieux passé.
- Il ne put obtenir que les travaux nécessaires pour prolonger la vie du vaisseau fussent exécutés aux frais de l’amirauté. Ses fonds étaient encore en excellent état, mais les parties au-dessus de l’eau étaient à reprendre. M. Wheatly Cobb demanda alors que le vieux navire lui fût prêté à charge par lui de l’entretenir. Ceci lui fut accordé.
- En 1912 Y Implacable, conduit à Falmouth, se vit par ses soins partiellement remis en état, mais la guerre vint suspendre tout travail, et lorsqu’elle se termina, le coût des réparations et de l’entretien du vieux vaisseau s’élevait à des sommes qui dépassaient les possibilités d’un simple particulier, si bien renté fût-il.
- Alors intervint Lord Beatty, le glorieux amiral. En réponse au chaleureux appel qu’il adressa à l’Angleterre, 19 000 livres sterling furent versées, qui permirent une refonte presque complète, et ultérieurement, sur de nouveaux dons, M. Wheatly Cobb put entreprendre l’aménagement de Y Implacable pour en faire un navire où tous les jeunes gens pourraient se préparer au métier de la mer.
- On trouve, à bord de Y Implacable ainsi radoubé, un pont supérieur, réservé aux jeux
- de plein air. Le pont principal, placé immédiatement au-dessous sert aux conférences, séances d’instruction, concerts, etc.
- L’avant en est réservé aux cuisines et à la boulangerie installées, bien entendu, à la moderne.
- Le pont inférieur ou batterie basse est dégagé de bout en bout. 11 sert de dortoir à 250 jeunes gens. On pense pouvoir y replacer les canons de 32 qui l’armaient à l’époque où il courait les mers et qui ont été conservés.
- La cale, très vaste, se prête à l’installation d’un beau gymnase.
- A l’avant et à l’arrière, on a placé les magasins, les caisses à eau douce, les appareils de production d’électricité et de pompage en cas de voie d’eau ou d’incendie.
- Les logements des officiers et sous-officiers occupent les extrémités du pont inférieur.
- Les efforts de M. Wheatly Cobb, secondés par les appels de l’amiral Lord Beatty et de la puissante Navy League, ont provoqué dans le public anglais un intérêt qui s’est traduit par la constitution d’un fonds important, grâce auquel la conservation et l’entretien de la relique que représente Y Implacable, semblent être assurés.
- Associé à un autre vieux vaisseau anglais, le Foudroyant aménagé depuis quelques années dans ce but, il servira d’école préparatoire aux jeunes gens, et ils sont nombreux, qui se destinent aux carrières maritimes, tant dans l’ordre militaire que dans la flotte de commerce.
- Ils y recevront cette préparation navale, dans des conditions matérielles et hygiéniques évidemment excellentes.
- Pendant les périodes de vacances, les associations qui s’occupent de la jeunesse ont pris l’habitude d’envoyer leurs jeunes clients passer quelques semaines à bord des deux vaisseaux où ils trouvent à pratiquer activement tous les sports maritimes.
- Et c’est ainsi que grâce à M. Wheatly Cobb et à sa religion et son amour des trésors du passé, la mer après 134 ans porte et portera longtemps encore un monument remarquable de l’art de la construction navale française au xvme siècle.
- Ct Sauvaire-Jourdan.
- Fig. 4. — Le côté tribord de la batterie basse de /'Implacable. On ij voit 16 des 32 canons qui l'armaient.
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- LE CENTENAIRE DE MAXWELL (1831-1879)
- L’Angleterre vient de célébrer simultanément deux de ses plus illusti'es savants : Faraday, le grand expérimentateur, à qui l’on doit la découverte de l’induction électromagnétique, celle des lois de l’électrolyse et Maxwell, le grand théoricien de l’électricité. Cette coïncidence n’est pas absolument fortuite : s’il est vrai que Maxwell naquit en 1831, l’année de la découverte de l’induction, on a voulu rendre hommage, en même temps qu’à l’auteur de celte découverte, à celui qui sut en dégager les conséquences les plus profondes pour démontrer l’identité de la lumière et de l’électricité.
- James Clerk Maxwell est né à Edimbourg, d’une bonne famille écossaise. Son père était avocat, mais avait, paraît-il, plus le goût du bricolage et de l’invention que de la plaidoirie. 11 poussait ce goût, nous dit J. J. Thomson dans une intéressante biographie (‘), jusqu’à imaginer des vêtements de conception nouvelle pour lui et son fils, ce qui eut des résultats désastreux pour l’enfant, lorsqu’il commença ses études et dut se rendre au collège ainsi affublé. Celui-ci avait, dès l’âge de 10 ans, une autre particularité qui achevait d’en faire un élève bien différent de ses camarades : aux jeux de son âge il préférait la lecture de vieilles ballades, et il s’absorbait dans l’exécution de curieux croquis et de grossiers modèles mécaniques. 11 fut du reste, bientôt, un très brillant élève, non seulement en mathématiques où ses dons s’affirmèrent de bonne heure, mais aussi en lettres. 11 composait de jolies poésies et pratiqua cet art pendant toute son existence.
- J. J. Thomson conte que, au cours de ces années de collège, Maxwell s’intéressa vivement à deux jeux : le diabolo et le zootrope, ancêtre du cinéma. C’est le diabolo qui lui aurait donné plus tard l’idée de construire la « toupie dynamique » avec laquelle il démontra les propriétés des corps en rotation. Ue meme, il utilisa un jour le zootrope pour représenter les mouvements de deux tourbillons circulaires.
- A l’université de Cambridge, où il entrait comme élève en 1850, il se distingua rapidement comme mathématicien; il y conquit ses grades universitaires et se consacra au professorat.
- En 1856, il est nommé professeur de « philosophie naturelle », terme qui correspond à peu près à physique générale, au Marischal College d’Aberdeen. 11 avait déjà publié à ce moment un élégant mémoire sur l’optique géométrique. Mais avant de reprendre ses travaux personnels, il s’attache à sa besogne de professeur, dont il s’acquitte d’impeccable façon, apportant en particulier tous ses soins à la préparation d’expériences saisissantes.
- Puis il attire sur lui l’attention du monde savant par un mémoire mathématique sur les anneaux de Saturne, il y démontre qu’ils sont formés de particules non cohérentes, seule hypothèse compatible avec la stabilité des anneaux.
- Ce mémoire, rédigé pour le Prix « Adams », a sans doute orienté Maxwell vers la théorie cinétique des gaz à laquelle il apporte, dès cette époque, une importante contribution qu’il devait compléter quelques années plus tard par deux mémoires de la plus haute valeur, non plus seulement théoriques, mais expérimentaux. Nous devons à Maxwell nos premières connaissances précises sûr la viscosité des gaz.
- Il était alors depuis 1860 professeur de philosophie naturelle au Iving’s College de Londres où il resta jusqu’en 1865.
- Dans cette période, il publie encore sa théorie de la couleur et surtout scs mémoires sur les lignes de forée physiques et la
- 1. Clerk Maxwell (1831-1931), Cambridge University Press.
- dynamique du champ électromagnétique qui contiennent sa théorie de l’électricité et du magnétisme.
- Dans le premier de ces mémoires, il reprend la conception des lignes de force magnétique dues à Faraday et jusqu’alors peu goûtée des théoriciens. Suivant une tendance bien anglaise, il imagine pour représenter les phénomènes électromagnétiques un ingénieux modèle mécanique qui rend bien compte des phénomènes connus.
- Ce modèle qui explique, par une image concrète, mais arbitraire, comment une variation de champ électromagnétique fait naître un courant électrique, il se trouve qu’il suggère à Maxwell une idée d’une importance capitale : en effet la représentation qu’il a choisie donne à présumer qu’une variation de la force électrique entraîne un déplacement de charges électriques, même si celles-ci sont à demi paralysées dans un milieu isolant, en créant de ce fait un champ magnétique : Maxwell est ainsi amené à préciser et à introduire dans la physique la notion des courants de déplacement, et celle des rapports entre la force électrique et la force magnétique.
- Ce sont ces idées qu’il reprend et développe d’une façon purement analytique dans ses mémoires sur la dynamique du champ électromagnétique, et qui l’amènent à formuler les célèbres équations de Maxwell.
- Enfin dans son traité d’électricité et de magnétisme publié en 1873, il formule d’une façon plus abstraite encore et plus dogmatique sa théorie qui condense en quelques équations mathématiques toutes les lois connues de l’élec-tromagnétisme et exprime en outre que les actions électromagnétiques se propagent à distance, par ondulations, à travers un milieu interposé. Ces ondulations sont transversales et leur vitesse de propagation est la même que celle de la lumière. Ce qui amène tout naturellement à penser qu’il y a identité de nature entre les ondes lumineuses et les ondes électriques : ébranlements analogues d’un même milieu. L’exposé abstrait de Maxwell est difficile à comprendre et ses idées, si neuves à l’époque, eurent d’abord peu de répercussion. C’est à H. Hertz que revient l’honneur d’avoir pénétré la pensée profonde de Maxwell et d’avoir le premier apporté à la théorie des preuves expérimentales irréfutables, en découvrant en 1882 l’existence des ondes, dites aujourd’hui hertziennes.
- Avec la publication de son traité s’achève l’œuvre originale de Maxwell.
- En 1871, il revient à l’enseignement qu’il avait abandonné en 1865 et occupe la chaire de physique expérimentale créée pour lui à Cambridge, il s’adonne en même temps à l’équipement et à l’organisation du laboratoire Cavendish, ouvert à Cambridge en 1876 et auquel il allait donner une première et vivante impulsion ; c’était une grande innovation dans l’enseignement supérieur anglais que la création d’un enseignement expérimental pour les étudiants physiciens. Maxwell s’employa de toute son activité à faire réussir cette tentative : dans ce laboratoire se formèrent de nombreux et éminents savants.
- En même temps qu’il consacrait à ses élèves le meilleur de son temps, il entreprit la publication des œuvres de Henry Cavendish; les « Electrical Researches », jusqu’alors inédites de cet illustre chimiste, révélèrent en lui un étonnant précurseur des pionniers de l’électricité.
- Maxwell dont la santé délicate avait été surmenée par les soins donnés à sa femme malade mourut prématurément en novembre 1879.
- A. T.
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- LA FABRICATION DE L’ESSENCE DE ROSES
- A toute époque l’homme a cherché à utiliser les magnifiques trésors que la nature a accumulés pour lui sur la terre. Parmi ceux-ci, les fleurs surtout ont toujours exercé sur lui un charme tout particulier. Elles lui apportent, avec leur beauté et leurs parfums, la promesse mystérieuse d’un renouveau dans sa vie comme dans son âme et nous ne devons pas nous étonner, si, de tout temps, l’homme ' glorifiant les fleurs, a essayé d’en capter les plus subtiles richesses.
- Dans cette voie, la France s’est mise de suite au premier rang. Notre parfumerie est à l’heure actuelle recherchée sur tous les marchés de l’étranger et, comme on vient en France choisir les pierres les plus précieuses et les plus belles, on vient acheter dans les maisons françaises, les parfums les plus délicats et les plus chers.
- Cette vogue a provoqué le développement de riches industries dans les régions où la douceur du climat favorise la culture intensive des fleurs. C’est ainsi que Grasse se consacre depuis deux siècles à l’extraction des essences fines végétales parmi lesquelles nous devons une mention toute spéciale à l’essence de roses d’une finesse remarquable, et d’un arôme plus délicat même cpie celui des essences bulgares de réputation mondiale. C’est pourquoi nous croyons intéressant d’exposer ici la manière dont on opère pour capter le subtil parfum des roses épanouies dans les champs ensoleillés.
- On pratique la cueillette le matin avant le lever du soleil, au moment où toute l’essence s’accumule dans les fleurs, prête à s’évaporer, et presque aussitôt après, on procède à l’extraction, pour éviter que les fermentations ne s’établissent dans la masse et ne viennent altérer la délicatesse de leur arôme.
- L’EXTRACTION
- L’extraction se fait par trois méthodes principales : par distillation à la vapeur, par macération dans les corps gras, méthodes appliquées depuis des siècles, et par l’épuisement des roses au moyen d’un dissolvant volatil, mé thode plus récente qui a pris rapidement une extension considérable, grâce à ses multiples avantages.
- Le procédé par distillation. — Le procédé par distillation est des plus simples et des plus faciles à utiliser.
- Dans un alambic de cuivre, on chauffe les fleurs convenablement divisées, en présence d’une grande quantité d’eau. La vapeur d’eau entraîne mécaniquement l’huile essentielle qui, chez la rose, est solide et se distille avec elle. L’opération terminée, il ne reste plus qu’à séparer la couche huileuse de la couche aqueuse.
- Ce procédé d’extraction est devenu une industrie importante, surtout en Bulgarie, où elle a débuté vers le commencement du xvne siècle, pour acquérir son extension actuelle.
- Les appareils primitivement employés par les paysans distillateurs et dont ils se servent encore actuellement, concurremment avec les alambics très modernes, consistent ainsi que le montre l’une de nos photographies (lig. 2), en un alambic de cuivre en forme de cône tronqué, sur lequel vient se placer le chapiteau « tête de Maure », plus large que l’orifice de jonction, portant un orifice de dégagement droit et incliné à 45°. Ce tube, long de 1 m 50 environ pour un alambic de 120 à 150 litres de capacité, sert de réfrigérant et traverse obliquement un tonneau en bois rempli d’eau qui n’est pas renouvelée d’une façon continue.
- L’alambic est placé sur un foyer de briques et chauffé par un feu de bois soigneusement surveillé.
- L’opération est conduite de la manière suivante : on met dans le récipient 75 litres d’eau et 10 kg de roses, que l’on introduit au moyen d’une sorte d’entonnoir en osier. On ajuste les diverses pièces de l’appareil et on lute les joints avec un ruban de toile enduit de colle de pâte.
- On chauffe assez vivement dès le début, puis on laisse tomber le feu ou bien on l’éteint tout à fait en retirant les pièces de bois poussées dans le fourneau, dès que l’on a recueilli la contenance de deux flacons de 5 litres chacun d’eau de roses.
- On remplace les roses par des fleurs fraîches et on recharge, en partie, avec l’eau restant de la distillation précédente et en partie, avec de l’eau tiède du réfrigérant.
- renferme mais à
- l’état de solution ou d’émulsion (environ 1 gr
- Fig. 1 —La cueillelie dans un champ de roses aux environs de Grasse. (Ph. Et8 A. Cliiris. Grasse).
- L’eau de roses ainsi oblenue ne pour ainsi dire pas d’essence visibli
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- Fig. 2. — Fabrication de l’essence de roses. j
- Ancienne distillerie à la vapeur en Bulgarie. j
- par litre) en raison de la solubilité assez élevée de l’essence dans l’eau, et pour obtenir l’huile essentielle, il est nécessaire de procéder à une seconde distillation des eaux parfumées.
- Dans ce but, lorsqu’on a une quantité d’eau de roses suffisante, on recharge les alambics et on distille lentement et en évitant toute surchauffe, de façon à recueillir 10 à 15 pour 100 eu poids de la charge.
- Comme l’eau distillée retient une certaine quantité de principes odorants, on l’utilise pour les distillations suivantes ou bien on la vend comme eau de roses.
- Le premier distillât recueilli, fortement trouble, laisse décanter l’essence au repos et on enlève la couche huileuse, au moyen d’une cuiller spéciale en forme d’entonnoir portant au fond un trou fin par lequel s’échappent les dernières traces d’eau, tandis que l’essence mi-solide reste.
- Depuis quelques années, on a monté des usines munies d’alambics de grande contenance, tout à fait modernes, permettant un travail plus économique et produisant une essence de qualité plus régulière, grâce au chauffage par la vapeur, réalisé suivant le principe en usage à Grasse.
- On peut compter sur un rendement moyen de 0,20 à 0,25 pour 100.
- Le procédé par macération dans les corps gras.
- — Quant au procédé par macération dans les corps gras, il repose sur la propriété que possèdent certaines matières, telles que les corps gras, d’ahsorber les principes odorants des fleurs. En effet, les corps gras animaux et végétaux contiennent des éthers, de la glycérine, à poids moléculaire élevé, relativement riches en oxygène, qui sont particulièrement aptes à dissoudre les constituants aromatiques. La volatilité pratiquement nulle des corps gras entraîne une excellente fixation et une bonne conservation du parfum, qui, englobés entre des molécules très lourdes ne s’échappent que très lentement, ce qui explique l’énorme ténacité du parfum des pommades.
- Grâce à "la"facilité ''^approvisionnement et au prix relativement has des corps gras, ce procédé d’extraction est à la portée des artisans même sommairement outillés.
- Pour faire la macération, on utilise un mélange de graisse de porc et de graisse de bœuf purifiées. Les fabricants soucieux de la bonne qualité de leurs produits préparent eux-mêmes ce mélange en fondant et en purifiant minutieusement les tissus adipeux des bêtes fraîchement abattues.
- Cette purification comprend une série de broyages, lavages à l’eau, fusions, filtrations et décantations. La légère odeur spécifique qui persiste après ces diverses opérations est neutralisée en infusant une minime quantité de fleurs d’oranger dans la graisse achevée.
- Au moment de la récolte des roses, on fait fondre ce « corps préparé » dans des cuves étamées, disposées sur des bains-marie portés vers fi0°. Un immerge les roses soigneusement triées dans le liquide, en ayant soin de
- les agiter doucement, pendant un temps variable, suivant les usines, mais n’excédant pas 12 heures.
- Une fois les fleurs épuisées, on les sépare et on les débarrasse de la graisse adhérenle, soit par forte pression, soit par centrifugation, puis l’on remet la graisse en macération avec des roses fraîches. Cette opération est répétée autant de fois qu’il est nécessaire pour que la même graisse reçoive 5 à 10 fois son poids de roses, étant admis qu’une saturation supérieure n’est pas compatible avec l’épuisement complet des fleurs. j
- Ensuite, on filtre encore une fois à chaud la pommade parfumée, puis on la coule dans des récipients conservés dans un endroit frais, à l’abri de l’air. Elle est colorée en vert pâle et si elle est fabriquée avec soin, elle garde longtemps intact un parfum de rose onctueux et suave, spécialement indiqué pour les produits de beauté.
- L’extraction par dissolvants. — Il nous reste à parler du troisième procédé : l’extraction par des Mssol-vants organiques volatils qui, ces dernières années surtout)' a pris,, chez nous, une extension considérable.
- Appliqué industriellement pour la première fois, vers la fin du dernier siècle, par les établissements A. Chiris de Grasse, ce procédé consiste à faire macérer les fleurs, à froid, dans trois ou quatre fois leur poids d’éther de pétrole spécialement purifié. On renouvelle plusieurs fois ce traitement, soit d’une manière intermittente, soit en réalisant un épuisement méthodique en faisant circuler le solvant dans des diffuseurs disposés en série. On débarrasse les fleurs épuisées du solvant qu’elles ont absorbé, au moyen d’un courant de vapeur. Quant aux solutions pétroliques dé parfum, décantées de l’eau apportée parles fleurs, on les évapore, soit sous pression atmosphérique, soit, mieux encore, à température très basse, sous pression réduite, jusqu’à obtention d’un produit très concentré. Ou,achève de purifier ce produit, sous pression réduite, dans de petits appareils distillateurs.
- Tant qu’il est chaud le produit est liquide; il prend en
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- refroidissant une consistance cireuse. Il renferme outre les cires végétales la totalité des principes aromatiques des fleurs qui conservent toute leur fraîcheur, car ils n’ont pas été soumis à l’action de la chaleur qui les modifie sensiblement.
- Les roses donnent ainsi une « essence concrète w répondant le mieux à l’odeur des fleurs fraîches et servant à la préparation de presque tous les extraits de la parfumerie de luxe.
- mais ici la science s’arrête pour faire place à l’art dont les multiples secrets sont jalousement et soigneusement cachés.
- Ajoutons en terminant qu’il ne faut se faire aucune illusion sur le rendement des différents procédés employés pour la captation du parfum merveilleux de la rose. Des quantités considérables de fleurs sont nécessaires pour obtenir une minime quantité d’essence pure : 4800 à 5000 kg de roses pour 1 kg d’essence !
- Fig. 3. — Fabrication de l’essence de roses.
- Le procédé moderne d’extraction par l’éther de pétrole.
- La salle des diffuseurs dans l’usine modèle des établissements A. Chiris à Grasse.
- (Ph. Et8 A. Chiris).
- Du reste, on transforme habituellement l’essence concrète en essence liquide ou absolue, par élimination des cires végétales insolubles dans l’alcool, au moyen de divers procédés dont le plus connu consiste dans l’épuisement de l’essence concrète par de l’alcool et la concentration alcoolique filtrée à basse température.
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- Une fois retirée des fleurs, celle essence a une odeur extrêmement vive qui ne permet pas de l’utiliser telle quelle; il est nécessaire de la diluer et de la mélanger;
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- Heureusement, le géraniol est là pour suppléer l’essence de roses, dans les parfums moins coûteux.
- Extrait surtout de l’essence de citronnelle, cet alcool de formule C1('HlsO a lui aussi une odeur de rose très prononcée et on l’emploie en parfumerie et en savonnerie, seul ou mélangé à l’csscnce de vraie rose dont il renforce le parfum.
- L. Kuentz.
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- LES VIEUX SAVANTS QUAND ILS ÉTAIENT JEUNES
- X — DU ROLE DE LA LECTURE
- Il est fréquent de voir la curiosité des choses de l’esprit et, entre autres, de l’esprit scientifique, se développer chez des jeunes gens qui ne se signalaient jusque-là par aucune autre aptitude particulière que le plaisir qu’ils éprouvaient à lire, un peu à tort et à travers, tous les livres, journaux, revues ou cartes géographiques qui leur tombaient sous la main; les uns deviennent des littérateurs ou des philosophes et, les autres, des savants ou des techniciens, sans cependant qu’il y ait toujours un rapport étroit.entre la nature de leurs lectures et leur future activité intellectuelle. Dans cet ordre d’idées, nous nous contenterons, de citer, parmi les savants, Leibniz, de VHôpital, de Lacépède, Beaulemps-Beaupré, Cuvier, Poisson, Faraday, Lamé, de Quairefages, Bornet, exemples auxquels il faudrait ajouter celui de Darwin, que nous connaissons déjà.
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- lîien que célèbre, surtout, comme philosophe et mathématicien, Leibniz (1649-1719) a, on peut le dire, abordé triomphalement toutes les connaissances humaines. Dans un de ses « Eloges », Fontenelle (1 2) a consacré quelques lignes aux premières années de cet esprit extraordinaire :
- « Godefroy-Guillaume Leibniz naquit en Saxe, de Frédéric Leibniz, professeur de morale et greffier à l’Université de Leipsick; et de Catherine Schmuclc, sa troisième femme, fille d’un docteur et professeur de droit.
- « Paul Leibniz, son grand-oncle, avait été capitaine en Hongrie et anobli pour ses services, en 1600, par l’empereur Rodolphe II, qui lui donna les armes que Leibniz portait. Celui-ci perdit son père à l’âge de six ans; sa mère, qui était une femme de mérite, eut soin de son éducation. Il ne marqua aucune inclination particulière pour un genre d’études plutôt que pour un autre. Il se porta à tout avec une égale vivacité; et, comme son père lui avait laissé une assez ample bibliothèque de livres bien choisis, il entreprit, dès qu’il sut assez de latin et de grec, de les lire tous avec ordre : poètes, orateurs, historiens, jurisconsultes, philosophes, mathématiciens, théologiens. Il sentit bientôt qu’il avait besoin de secours ; il en alla chercher chez tous les habiles gens de son temps, et, même, quand il le fallait, assez loin de Leipsick. Cette lecture universelle et très assidue, jointe à un grand génie naturel, le fit devenir tout ce qu’il avait lu. Pareil, en quelque sorte, aux anciens qui avaient l’adresse de mener jusqu’à huit chevaux attelés de front, il mena de front toutes les sciences. »
- Son génie mathématique semble s’être développé en 1672, alors qu’il était à Paris, où il connut Huyghens. Il découvrit, peut-on dire, le calcul infinitésimal en même temps que Newton et sans que ces deux illustres savants eussent, entre eux, les moindres relations.
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- Bien qu’appartenant à la noblesse, qui, à cette époque, se souciait en général assez peu des questions scientifiques, le marquis de l’Hôpital (1661-1704) fut amené, par des lectures, à s’occuper de mathématiques et, en cette qualité, fit partie de l’Académie des sciences. Il était le fils d’Anne de l’Hôpital, lieutenant général des armées du roi, premier écuyer du duc Gaston d’Orléans, et d’Elisabeth Gobelin, fille d’un intendant des armées du roi et Conseiller d’état ordinaire. Etant enfant,
- 1. Voir La Nature depuis le n° 2808.
- 2. Œuvres de Fontenelle, tome I, lre partie, p. 226. Paris, 1818.
- il eut un précepteur qui, pour charmer ses loisirs, voulut apprendre les mathématiques. Le jeune écolier qui, par ailleurs, paraissait avoir des dispositions pour le latin, eut, un jour, J a curiosité de jeter un coup d’œil sur les Eléments de géométrie de son précepteur; la vue des cercles et des triangles le fascina et il s’y plongea avec ardeur jusqu’à ce qu’il eût compris.
- « 11 eut, ensuite, un autre précepteur, qui fut obligé, par son exemple, de se mettre dans la géométrie; mais, quoiqu’il fût homme d’esprit et appliqué, son élève le laissait toujours bien loin derrière lui. Un jour, le marquis de l’Hôpital, n’ayant encore que quinze ans, se trouva chez le duc de Roannès, où d’habiles géomètres, et, entre autres, Arnaud, parlèrent d’un problème de Pascal sur la roulette, qui. paraissait fort difficile. Le jeune mathématicien dit qu’il ne désespérait pas de le pouvoir résoudre. A peine trouva-t-on que cette présomption et cette témérité pussent être pardonnées à son âge. Cependant, peu de jours après, il leur envoya le problème résolu. Il entra dans le service (militaire), mais sans renoncer à sa plus chère passion. Il, étudiait la géométrie dans sa tente. Ce n’était pas seulement pour étudier qu’il s’y retirait, c’était aussi pour cacher son application à l’étude. Car il faut avouer que la nation française, aussi polie qu’aucune nation, est encore dans une espèce de barbarie, qu’elle doute si les sciences poussées à une certaine perfection ne dérogent point, et s’il n’est point plus noble de ne rien savoir. Il eut si bien l’art de renfermer ses talens et d’être ignorant par bienséance, que, tant qu’il fut dans le métier de la guerre, les gens les plus pénétrans sûr les défauts d’autrui ne le soupçonnèrent jamais d’être un grand géomètre. Il fut capitaine de cavalerie dans le régiment colonel-général ; mais la faiblesse de sa vue, qui était si courte, qu’il n’y voyait pas à dix pas, lui causait dans le service des inconvénients perpétuels, il fut enfin obligé de se rendre et de quitter un métier où il pouvait espérer d’égaler ses ancêtres. Il jugea, par le livre de la Recherche de la Vérité, que son auteur devait être un excellent guide dans les sciences; il prit ses conseils, s’en servit utilement, et se lia avec lui d’une amitié qui a duré jusqu’à la mort. Bientôt son savoir vint au point de ne pouvoir plus être caché. 11 n’avait que 32 ans lorsque des problèmes tirés de la plus sublime géométrie, choisis avec grand soin pour leur difficulté et proposés à tous les géomètres dans les actes de Leipzick, lui arrachèrent son secret et le forcèrent d’avouer au public qu’il était capable de les résoudre. » (Fontenelle). . .
- Curieuse époque où l’on devait cacher l’amour des mathématiques comme un vice honteux !
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- Le zoologiste si connu sous le nom de de Lacépède (1756-1825) s’appelait, en réalité, Bernard-Germain-Etienne de Laville-, il était né à Agen et avait pour père Jean-Joseph-Médard de Laville. Sa famille avait de nobles origines dont il ne songea jamais à se prévaloir et qu’il ne chercha à rappeler que par une politesse exquise, que certains trouvaient même un peu « précieuse ». Son père, veuf de bonne heure, veilla avec tendresse sur son éducation.
- « M. de Chabannes, évêque d’Agen et ami de M. de Laville, le secondait dans ces attentions recherchées : il recevait le jeune Lacépède, l’encourageait dans ses études, et lui permettait de se servir de sa bibliothèque. Mais, tout en ayant l’air de ne par le gêner dans le choix de ses lectures, M. de Chabannes et M. de Laville s’arrangeaient pour qu’il ne mît la main que sur des livres excellents. C’est ainsi que, pendant toute sa jeunesse, il n’avait eu l’occasion de se faire l’idée d’un
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- méchant homme ni d’un mauvais auteur. A douze et à treize ans, selon ce qu’il dit, lui-même, dans ses Mémoires, il se figurait encore que tous les poètes ressemblaient à Corneille ou à Racine, tous les historiens à Bossuet, tous les moralistes à Fénelon; et, sans doute, il s’imaginait aussi que l’ambition et le désir de la gloire ne produisaient pas sur les hommes d’autres effets que ceux que l’émulation avait fait naître parmi ses jeunes camarades. Les occasions de se désabuser ne lui manquèrent probablement pas pendant sa longue vie et dans ses diverses carrières; mais elles ne parvinrent pas à effacer tout à fait les douces illusions de son enfance. Son premier mouvement a toujours été celui d’un optimiste qui ne pouvait croire ni à de mauvais sentiments ni à de mauvaises intentions ; à peine se permettait-il de supposer que l’on pût se tromper...
- « Buffon était du nombre des auteurs que, de bonne heure, on lui avait laissé lire ; il le portait avec lui dans ses promenades; c’était au milieu du plus beau pays du monde, sur les bords de cette vallée si féconde de la Garonne, en face de ses collines si riches, de cette vue que les cimes des Pyrénées terminent si majestueusement, qu’il se pénétrait des tableaux éloquents de ce grand écrivain; sa passion pour les beautés de la nature naquit donc en même temps que son admiration pour le grand peintre à qui il devait d’en avoir plus vivement éprouvé les jouissances, et ces deux sentiments demeurèrent toujours unis dans son âme. Il prit Buffon pour maître et pour modèle : il le lut et le relut au point de le savoir par cœur » (Cuvier) (').
- Entre temps il se passionna pour la musique, art que, d’ailleurs, cultivait presque toute sa famille; il composait même des airs qui eurent des succès locaux et tenta même de remettre Armide en musique, projet qu’il abandonna quand il eut appris que Gluck travaillait aussi à cet opéra (il lui communiqua ce qu’il avait fait et Gluck voulut bien reconnaître qu’il s’était, plus d’une fois, rencontré avec lui dans ses idées).
- A la même époque, il s’occupa aussi de physique et, avec des camarades, fit des expériences sur l’électricité et l’aimantation.
- « M. de Lacépède, ayant tiré de ces expériences quelques conclusions qui lui semblaient nouvelles, le choix de celui à qui il devait les soumettre ne fut pas douteux : il les adressa dans un Mémoire au grand naturaliste dont il admirait tant le génie et il en reçut une réponse flatteuse. Buffon le cita même, en termes honorables, dans quelques endroits de ses Suppléments. C’était, on le croira volontiers, plus d’encouragement qu’il n’en fallait pour exalter un jeune homme de vingt ans. Plein d’espérance et de feu, il accourt à Paris avec ses partitions et ses registres d’expériences; il y arrive dans la nuit et, le matin, de bonne heure, il est au Jardin du Roi. Buffon, le voyant si jeune, fait semblant de croire qu’il est le fils de celui qui lui avait écrit; il le comble d’éloges. Une heure après, chez Gluck, il est embrassé avec tendresse (1 2) ; il s’entend dire qu’il a mieux réussi que Gluck lui-même dans le récitatif : il est enfin dans ma puissance, que Jean-Jacques Rousseau a rendu célèbre. Le même jour, M. de Montazet, archevêque de Lyon, son parent, membre de l’Académie française, le garde à un dîner où il devait trouver l’élite des académiciens. On y lit des morceaux de poésie et d’éloquence : il prend part à une de ces conversations vives et nourries, si rares ailleurs que dans une grande capitale. Enfin il passe le soir dans la loge de Gluck à entendre une représentation d’ Alceste. Cette journée ressemble à un enchantement continuel; il était transporté, et ce fut au milieu de ce bonheur qu’il fit le vœu de se consacrer
- 1. Mém. de l'Acad. royale des sciences de VInstitut de France. Tome VIII, Paris, 1829.
- 2. A cette époque, on s’embrassait à toutes occasions et on « fondait en larmes » pour peu de chose. C’était un prélude au romantisme...
- désormais à la double carrière de la science et de l’art musical » (Cuvier).
- Mais cette détermination ne plut que médiocrement à sa famille qui le jroussa à chercher une situation plus honorable — pour eux — dans la robe, l’armée ou la diplomatie. Un hasard le mit en relation, à Paris, avec un prince allemand qui se chargea de lui procurer un brevet de « colonel au service des Cercles », situation presque théorique qu’il accepta. Il fit deux voyages en Allemagne et... ne vit même pas son régiment. Sa famille, cependant, fut satisfaite de cette nomination qui procurait à leur parent un titre, un uniforme et des épaulettes. Lui-même l’apprécia parce qu’elle lui permettait de se livrer à ses goûts. Chose amusante, il détermina son père lui-même à quitter la robe et à accepter le titre de « conseiller d’épée » du Landgrave de Hesse-Hombourg et à paraître dans le monde vêtu en « cavalier ». Ce bon vieillard se proposait de venir s’établir à Paris, avec son fils, lorsque, après une maladie douloureuse, il mourut en 1783.
- De Lacépède chercha, dès lors, à suivre la double voie qu’il s’était tracée. En musique il eut quelques déboires, — du fait d’une actrice fantasque qui fit arrêter, au dernier moment, une répétition qui s’annonçait sous les meilleurs présages — et n’insista pas. Il ne réussit pas plus en physique et n’y persista pas. Heureusement, alors, Buffon, qui s’était attaché à son jeune disciple, lui tendit une perche qui devait le faire définitivement entrer dans la carrière scientifique, par la petite porte, il est vrai.
- « Il (Buffon) lui proposa de continuer la partie de son Histoire naturelle qui traite des animaux; et jjour qu’il pût se livrer plus constamment aux études qu’exigeait un pareil travail, il lui offrit la place de garde et sous-démonstrateur du Cabinet du Roi, dont Daubenton (le jeune) venait (1785) de se démettre. L’héritage était trop beau pour que M. de Lacépède ne l’occupât pas avec une vive reconnaissance et avec toutes scs charges, car cette place en était une et une grande. Fort assu-jétissante et un peu subalterne, elle correspondait mal à sa fortune et au rang qu’il s’était donné dans le monde; et, toutefois, il lui suffit de l’avoir acceptée pour en remplir les devoirs avec autant de ponctualité qu’aurait pu le faire le moindre gagiste. Tout le temps qu’elle resta sur le même pied, il se tenait, les jours publics, dans les galeries, prêt à répondre, avec sa politesse accoutumée, à toutes les questions des curieux et ne montrant pas moins d’égards aux plus pauvres personnes du peuple qu’aux hommes les plus considérables ou aux savants les plus distingués. C’était ce que peu d’hommes dans sa position aurait voulu faire; mais il le faisait pour plaire à un maître chéri; pour se rendre digne de lui succéder et cette idée ennoblissait tout à ses yeux. Dès 1788, quelques mois encore avant la mort de Buffon, il publia le premier volume de son Histoire des reptiles... A cette époque un changement se préparait dans l’existence jusque-là si douce de notre jeune naturaliste » (Cuvier).
- On était alors, en 1789, et, pour soustraire de Lacépède à la tourmente révolutionnaire, ses amis durent, presque de force, l’emmener à la campagne, ce qui ne l’empêcha pas de revenir, de temps à autre, au lieu chéri de ses études. Robespierre, lui-même ferma les yeux, mais lui conseilla, par prudence, de rester à la campagne, car son retour à Paris aurait été son arrêt de mort. Ce ne fut qu’après le 9 thermidor qu’il put revenir dans la Capitale, mais avec le titre singulier d’« élève de l’Ecole normale ». La Convention, en effet, s’était mis en tête de rétablir l’instruction publique et, pour cela, cherchait à se procurer des professeurs. C’est ainsi qu’à cette école normale, on put voir de Lacépède travailler, comme un étudiant, à côté d’autres élèves, dont certains étaient septuagénaires, comme, par exemple, de Bougainville, Wailly, Fourier, mélange véritablement extraordinaire.
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- Heureusement, quand la bourrasque fut un peu calmée, les anciens collègues de De Laeépède au Muséum le firent rentrer dans cet établissement, où l’on créa même, pour lui, une chaire spéciale, consacrée à l’histoire des Reptiles et des Poissons.
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- Si Beautemps=Beaupré (1766-1854) est devenu un de nos plus savants voyageurs-hydrographes, il faut avouer que ce n’est pas par hérédité —.du moins par hérédité directe — ni par l’instruction de ses toutes premières années.
- 11 était né à La Neuville-au-Pont, situé à une lieue au nord de Sainte-Menehould. Son père était un modeste cultivateur. Lui-même, de constitution robuste, passa sa jeunesse à jouer, avec des camarades, dans les champs. Un jour, jouant avec la cloche paroissiale, il fut projeté sur le sol si violemment qu’il dut être trépané, ce dont il se remit si bien que, toujours solide et de forte carrure, il vécut jusqu’à 98 ans. Cependant, il ne resta aux champs que durant les années de son enfance et dut bientôt abandonner l’agriculture, à laquelle sa naissance semblait devoir l’enchaîner.
- Un de ses cousins, Nicolas Buache, avait pris la direction à Paris, d’un fonds de commerce relatif à tout ce qui concerne la géographie, qui provenait de sa famille collatérale, laquelle, depuis un siècle, avait acquis une haute considération dans la géographie, la marine et l’astronomie. Ce Nicolas Buache, étant allé faire un séjour à La Neuville, qui était, aussi, le lieu de sa naissance, y rencontra son jeune cousin et fut frappé par sa ligure intelligente.
- Désirant avoir près de lui un commis docile qu’il put former pour tenir, dans la rue des Noyers, le magasin patrimonial, il ramena à Paris le petit Beaupré. Celui-ci se trouva donc implanté, à dix ans, au milieu des traditions séculaires d’une maison devenue pour ainsi dire le foyer des études géographiques. Il fut chargé de ranger et de tenir en ordre ces cartes, ces atlas, ces globes sur lesquels nous avons presque tous étudié. 11 s’attacha, avec un zèle passionné à ce travail qui aurait fait fuir la plupart des compagnons de son enfance. M. Nicolas Buache, heureux de trouver dans l’enfant et bientôt le jeune homme de si heureuses dispositions, les favorisa de tout son pouvoir et lui facilita les moyens de perfectionner son éducation. Le commerce dont le savant géographe avait accepté la direction était loin de l’absorber tout entier. Il avait concouru, avec son oncle, à l’éducation de trois princes qui furent successivement Louis XVI, Louis XVIII et Charles X. On sait que Louis XVI était, lui-même, un géographe distingué et on est fondé à présumer que Nicolas Buache, étant resté, pour scs études favorites, en rapports habituels avec lui, contribua à faire germer, dans l’esprit du roi, la pensée de l’expédition de La Pérouse. Les instructions que MM . de Fleurieu et Buache avaient préparées pour être remises à M. de La Pérouse étaient accompagnées d’une nombreuse série de cartes que M. Buache avait dû dresser dans le court espace de trois mois. 11 se ht aider dans ce travail par le surnuméraire dont l’aptitude pour ce genre de dessin l’avait déjà charmé. Le jeune Beaupré dévora des yeux les précieux documents qu’il aidait à raccorder entre eux, et, comme il y avait en lui beaucoup plus que l’étoffe d’un dessinateur, il se passionna non seulement pour les cartes, mais aussi pour l’expédition et il demanda avec insistance à être embarqué sur l’une des frégates de M. de La Pérouse. Heureusement pour lui et pour la science, M. Buache trouva qu’à 18 ans il lui restait encore trop à apprendre pour qu’il fût raisonnable de le lancer dans une telle entreprise et il l’empêcha de prendre part à cette fatale expédition d’où personne ne devait revenir. Mais le jeune Beaupré avait été remarqué dans cette circonstance par M. de Fleurieu. Déjà employé dans la marine sous les oi’dres de M. Nicolas Buache,
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- depuis le commencement de 1783, il fut, à partir du 1er septembre 17»5, porté sur les contrôles, avec le seul nom de Beaupré, comme ingénieur à 1200 livres, attaché à M. de Fleurieu, pour concourir à l’exécution du Neptune de la mer Baltique (').
- Comme on était sans nouvelles de l’expédition de La Pérouse, l’Assemblée nationale, en 1791, décida de faire armer deux bâtiments pour aller à sa recherche. Cette fois, Beautemps-Beaupré obtint la faveur de faire partie de l’expédition et fut désigné pour être embarqué, avec le titre de premier ingénieur hydrographe, sur la frégate la Recherche, montée par l’amiral Bruny d’Entrecasteaux. Ce fut, pour lui, une magnifique occasion pour appliquer ses talents de cartographe, car l’amiral d’Entrecasteaux devait explorer, en grand détail, toutes les côtes où l’on pouvait chercher des traces de la Pérouse et en relever, en même temps, l’hydrographie.
- Au bout de cinq ans, la mission revint sans avoir abouti dans son dessein de retrouver l’infortunée expédition. Beau-temps-Beaupré fut, alors, nommé Ingénieur hydrographe de première classe et Conservateur du dépôt général de la marine.
- •1:
- 'f- X
- Noire grand zoologiste, Georges Cuvier (1769-1832), le créateur de l’anatomie comparée, né à Montbéliard (Jura), a eu, dans ses débuts, une existence fort simple, sur laquelle il est probable que nous n’aurions que peu de documents si lui-même n’avait eu l’excellente idée de l’exposer, succinctement, dans des Notes, vrai régal, comme on va le voir, pour ceux qui aiment la clarté du style, qu’il remit à Flourens, lequel les utilisa, plus tard, dans l’Eloge qu’il eut à prononcer, à l’Académie des sciences, sur le célèbre savant.
- « Ma famille, écrivait-il dans ces très intéressantes Notes, est originaire d’un village du Jura qui porte encore notre nom. Elle s’établit à l’époque de la réformation dans la petite principauté de Montbéliard, où quelques-uns de mes parents ont occupé des charges distinguées. Mon grand-père était d’une branche pauvre; il fut greffier de la ville. De ses deux fils, l’aîné est devenu un ministre très savant qui a pris quelque part à mon éducation; le plus jeune, fort étourdi dans sa jeunesse, se sauva de la maison paternelle (en 1716) et s’engagea dans un régiment suisse au service de la France ; cependant, à force de bravoure et de bonne conduite, devenu officier et chevalier de l’ordre du mérite, il épousa, à cinquante ans, une femme encore assez jeune, dont il eut trois fils. Je suis le second; l’aîné mourut pendant que ma mère était grosse de-moi, ce qui la plongea dans une affliction dont son fils se ressentit. Je naquis très faible. Ma mère avait beaucoup d’esprit et de sensibilité; sa fortune et celle de mon père s’étant petit à petit réduite à peu près à rien, une pension de huit cents francs suffisant à peine aux premiers besoins, elle vivait fort retirée et ne s’occupait que de mon instruction. Bien qu’elle ne sût pas le latin, elle prenait la peine de me faire répéter mes leçons, et, de cette manière, j’étais presque toujours le meilleur écolier de ma classe; mais elle me rendit un service encore plus grand en me faisant souvent dessiner sous ses yeux, et en me faisant lire beaucoup de livres d’histoire et de littérature. Je pris ainsi une passion pour la lecture et une curiosité de toutes choses qui ont fait le ressort principal de ma vie.... Le goût de l’histoire naturelle me vint chez un de mes parents,’ ministre à la campagne, qui avait une jolie bibliothèque et qui possédait, entre autres, un exemplaire complet de Buffon. Tout mon plaisir d’enfant était d’en copier les figures et de les enluminer
- 1. Éloge historique de Charles-François Bcaulemps-Beaupré, par M. Élie de Beaumont, secrétaire perpétuel, lu à la séance publique annuelle du 14 mars 1859 (Mém. de l’Ac. des sc. de l’Inst. de France, t. XXX).
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- d’après les descriptions. J’ose dire que cet exercice m’avait rendu les quadrupèdes et les oiseaux tellement familiers, que peu de naturalistes en ont eu des idées aussi nettes que je les avais dès l’âge de douze à treize ans.
- « Cependant mes pauvres parents se ruinaient de plus en plus. Ils ne savaient comment me faire continuer mes études. Le pays de Montbéliard avait depuis longtemps des bourses à l’université de Tubingen pour des jeunes gens qui-se destinaient à l’état ecclésiastique, et l’ordre clans lequel on les obtenait était réglé par celui qu’on avait dans les classes au collège. Au moment décisif, un régent qui m’avait pris en aversion parce que, dans mon orgueil enfantin, je lui avais laissé trop voir que je le jugeais fort ignorant, donna la préférence sur moi à deux de mes proches parents; il fut ainsi, sans le vouloir, la cause de toute ma fortune. Sans son injustice, je serais peut-être devenu, comme mes deux pauvres cousins, ministre de campagne, et j’aurais traîné une vie obscure : au lieu de cela j’entrai dans une autre carrière où j’ai pu même rendre service à eux et à leurs enfants, mais ce fut encore une longue suite de hasards qui m’y introduisit et qui m’a conduit aux postes éminents que j’ai occupés. Le duc Charles de Wurtemberg, souverain du pays de Montbéliard, y venait de temps à autre visiter le prince Frédérik qui en était le gouverneur; un de ses voyages eut lieu précisément à l’époque dont je parle. La princesse, sa belle-sœur, nièce du grand roi de Prusse, avait vu mes petits dessins et m’avait pris en amitié; elle parla de moi au duc qui, aussitôt, m’accorda une place gratuite dans son Académie de Stuttgard. Apprendre cette nomination et m’embarquer à sa suite dans la voiture de son chambellan ne fut que l’affaire d’une heure. C’est ainsi que je quittai Montbéliard à quatorze ans et demi, sans me faire la moindre idée de l’établissement où l’on me conduisait. Je songe encore avec une sorte d’effroi à ce voyage qüe je lis dans une petite voiture entre le chambellan et le secrétaire du duc que je gênais beaucoup, parce qu’il y avait à peine de la place pour eux, et qui, pendant toute la route, ne se parlèrent qu’en allemand, dont je n’entendais pas un mot, et m’adressèrent à peine deux paroles d’encouragement. et de consolation. .»
- Dans cette académie, on s’occupait de droit, de médecine, de commerce, d’administration, etc. Cuvier, après un an de philosophie, choisit cette dernière parce qu’on s’y occupait beaucoup d’histoire naturelle. Il en profita pour dessiner plus de mille insectes et acquérir quelques rares ouvrages de zoologie ou de botanique, science qu’il abandonna, d’ailleurs, assez vite pour se consacrer à la première. 11 se lia, particulièrement, avec M. Kielmayer qui lui apprit à disséquer et qui lui donna quelque idée de l’histoire naturelle philosophique. « Je suivais ces études, note Cuvier, aux heures de récréation et pendant que les autres étudiants allaient en ville : n’ayant ni correspondant ni connaissances dans ce pays, les vacances de huit jours, les seules qu’on eût, étant trop courtes pour que je puisse aller voir mes parents, n’ayant jamais même eu l’argent nécessaire pour cela, il ne me restait d’autre amusement que l’étude. A cette circonstance se joignait ma curiosité naturelle : aussi ne puis-je dire ce que je n’ai pas lu, ce que je n’ai pas essayé d’apprendre. Je dévorais tous les livres de mes camarades et ceux de la bibliothèque de l’Académie, que l’on prêtait fort libéralement aux étudiants. »
- Après avoir rendu hommage aux Maîtres qui lui procurèrent des notions extrêmement étendues, Cuvier revient à son propre cas : « Malgré mes instructions sur tant de sujets, je me distinguai dans les études prescrites, et j’obtins des prix et l’ordre de chevalerie qui ne s’accordait qu’à cinq ou six des jeunes gens sur la totalité ('). Naturellement je devais être promptement placé et, avec un an ou deux de patience, j’aurais eu un emploi sortable; mais la pauvreté toujours croissante de mes parents
- 1. Environ 400 boursiers ou pensionnaires.
- ne me permit pas d’attendre. Le désordre des finances de France faisait que l’on ne payait pas même la petite pension de mon père. Il fallait prendre un parti pour ma famille et pour moi, et j’en pris un qui parut désespéré à tous mes camarades, et qui cependant a été l’origine de ma fortune subséquente. Ce fut d’entrer dans une maison particulière comme précepteur. »
- Cuvier pense, alors, aller en Russie, mais y renonce en raison de « sa poitrine naturellement faible et de plus en plus délabrée », puis trouve une place dans une famille protestante de Normandie (il avait alors un peu moins de 19 ans), où il fait connaissance avec plusieurs esprits distingués. « Toutefois, dit-il, je ne négligeai pas les anciens et principaux objets de mes études. 11 n’y avait point à Caen de personnes réellement instruites en histoire naturelle, mais l’Université y possédait un jardin de botanique assez bien fourni de plantes; plusieurs propriétaires en avaient dans leurs parcs et dans leurs serres, ainsi je ne manquais pas de facilités pour me perfectionner en botanique. Un certain M. Comte, épicier, qui logeait sur le marché aux poissons, s’était fait un cabinet d’ichthyologie préparé par lui-même, et où je fis mes premières études dans cette partie. Le marché même, très abondant à cause du voisinage de la mer, m’offrit beaucoup d’espèces à disséquer, et j’y fis mes premières recherches sur l’anatomie comparée de cette classe.... Ces travaux prirent une nouvelle vigueur les années suivantes lorsque la famille d’IIéricy, dans laquelle j’étais, alla résider dans une campagne du pays de Caux, à une petite lieue de Fécamp, où la mer et la terre m’offrirent à l’envi leurs productions... C’est alors que la vue de quelques lérébratules déterrées près de Fécamp, me donna l’idée de comparer les fossiles aux espèces vivantes, et qu’un calmar, qui me fut apporté et que je disséquai me suggéra celle de m’occuper de l’anatomie des mollusques, d’où j’ai tiré ensuite mes vues sur la classification du règne animal, en sorte que je .puis assurer que le germe de mes deux plus importants travaux .remonte à 1792. »
- Cuvier revint à Caen avec la famille où il était précepteur, fonction dont il commençait à se lasser; il y fit heureusement connaissance avec l’abbé Tessier qui, au plus fort de la Terreur, était venu s’y réfugier, avec l’emploi de médecin en chef de l’hôpital militaire de Fécamp. Ce fait et un enchaînement de circonstances devaient alors modifier son existence. « L’abbé Tessier m’avait prié de faire un cours de botanique aux jeunes médecins de son hôpital. II parla de moi dans ses lettres à MM. de Jussieu et Geoffroy. Par suite de ce qu’on lui répondit, j’envoyai à M. Geoffroy quelques vues sur la classification des quadrupèdes et des mémoires sur l’anatomie du poulpe et de • Yescargot, ornés de belles figures. On redoutait alors beaucoup au Jardin des plantes d’être obligé d’y admettre Richard, dont le caractère avait déplu à tous les membres de l’établissement, et qui, depuis la mort de Vicq d’Azir, était presque le seul naturaliste à Paris qui cultivât un peu l’anatomie comparée, science dont l’enseignement était confié à Mertrud, mais qu’il ne voulait ni ne pouvait enseigner avec l’étendue et la méthode qu’exigeait la nouvelle constitution du Muséum. On me destina donc à lui servir de suppléant, et ce fut par l’espérance qu’il y consentirait qu’on me détermina à venir à Paris. »
- Cuvier, dès lors, avait le pied à l’étrier, mais il n’en était pas plus riche pouf cela car ses fonctions étaient à peu près gratuites; il fut forcé d’accepter une situation dans une sorte d’école normale fondée par la Convention. En 1795, cependant, il parvint à obtenir la moitié du traitement de Mertrud et à occuper un logement gratuit au Muséum où, bon fils, il fit venir son père, devenu veuf et âgé de 80 ans. Il était là, dans son élément et le fit bien voir.
- (.A suivre.)
- Henri Coupïn.
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- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- 421
- LA VOUTE CÉLESTE EN DÉCEMBRE 1931 (*)
- Le dernier mois de l’année est chargé en phénomènes célestes. Il est vrai que les nuits sont bien longues. A signaler la très lionne visibilité de la planète Jupiter et les curieux phénomènes produits par la révolution de ses principaux satellites; les minima d’éclat, visibles à l’œil nu, de l’étoile variable Algol; de nombreuses occultations; des conjonctions de planètes avec la Lune ou avec d’autres planètes et quelques essaims actifs d’étoiles filantes. Le Soleil entrera dans le signe du Capricorne le 22 décembre, à 19", marquant ainsi le début de l’hiver astronomique.
- I. Soleil.— Le Soleil, en décembre, atteindra sa plus grande déclinaison australe et, en même temps, sa plus faible élévation sur notre horizon.
- La déclinaison du Soleil sera de - 21°42' le 1er décembre, de —23°27' le 22 et de — 23°9' le 31.
- La durée du jour, de 8“33m le 1er décembre, atteindra son minimum 8"l1.m du 21 au 25. Elle sera de 8"15m le 31. Cette durée est celle de la présence du centre du Soleil au-dessus de l’horizon de Paris.
- Voici le temps moyen à midi vrai, c’est-à-dire à l’heure du passage du centre du Soleil au méridien de Paris.
- Lumière zodiacale, lueur anti-solaire. — La lumière zodiacale, en décembre, est très inclinée sur l’horizon et pratiquement inobservable dans nos régions.
- La lueur anti-solaire se projette, ce mois-ci, sur la Voie lactée et son observation en est à peu près impossible.
- IL Lune. — I jes phases de la Lune, en décembre, seront les suivanl.es.
- D. Q. le 2, à 16"51m N. L. le 9 à 10"16“
- P. Q. le 16, à 22"43" P. L. le 24, à 23"24»
- Heure
- Dates. du passage
- Décembre 1er 11 "39 m273
- — 3 11 40 13
- — 5 11 41 1
- — 7 11 41 51
- — 9 11 42 43
- —- 11 11 43 37
- 13 •11 44 33
- — 15 11 45 30
- —• 17 11 46 28
- —- 19 11 47 27
- — 21 11 48 27
- — 23 11 49 26
- —- 25 11 50 26
- —- 27 11 51 25
- — 29 11 52 24
- .— 31 11 53 23
- Fig. 1. — Marche de la petite planète Hébé sur le ciel, du 27 Novembre au 29 Décembre 1931.
- Cette planète sera en opposition le 8 Décembre et brillera comme une étoile de magnitude 7,7.
- Observations physiques. — On utilisera les données suivantes
- pour l’orientation des dessins ou des photogr aphies du Soleil
- Dates. P B0 L0
- Décembre 2 + 16°, 11 + 0°,75 261°,60
- — 7- + 14 10 + 0 11 195 71
- — 12 + 11 96 ^0 53 129 83
- — 17 + 9 72 — 1 17 63 95
- — 21 + 7 86 — 1 67 11 26
- — 22 + 7 39 — 1 80 358 08
- — 27 + 4 99 — 2 41 292 22
- Age de la Lune, le 1c r décembre, à 0" = 211,0 ; le 10 décembre, à 0" = 01, 6. Pour une autre date du mois, ajouter 1 jour par jour écoulé depuis le 1er ou le 10.
- Plus grandes déclinaisons de la Lune, en décembre : le 10, à 10" = — 28°28'; le 24, à 20" = + 28°27'.
- On remarquera la très grande hauteur de la Lune sur l’horizon, le 24 décembre, à son passage au méridien, vers minuit. Périgée de la Lune (plus petite distance à la Terre), le
- 6 décembre, à 18". Parallaxe = 60'5". Dist. =364 965km.
- Apogée de la Lune (plus grande distance à la Terre) le 18 décembre, à 12". Parallaxe = 54'13". Distance = 404 450 km.
- Occultations d'Etoiles par la Lune. — Le 13, occultation de o Capricorne (gr. 5,3). Immersion à 16"31m.
- Le 17, occultation de 98 B. Poissons (gr. 6,3). Immersion à l,8"49m.
- Le 18, occultation de s Poissons (gr. 4,4). Immersion à 21"18m,5.
- Le 20, occultation de 27 Bélier (gr. 6,4). Immersion à 19"31m,5.
- Le 21, occultation de £ Bé-iler (gr. 4,8). Immersion à 16"30m,5.
- Le 22, occult. de 66 Bélier (gr. 6,1). Immersion à l"5m. Taureau (gr. 5,3). Immersion à
- X
- Le 23, occultation de
- ^hQQm
- Le 29, occultation de 34 Lion (gr. 6,4). Émersion à 4"33m,5.
- Marées, mascaret. — Les plus grandes marées du mois se produiront surtout à l’époque de la nouvelle Lune du 9.
- Voici pour Brest, quelques-unes de ces plus grandes marées :
- Marées du matin. Marées du soir.
- Ne pas manquer d’observer le Soleil chaque fois que le temps est favorable dans l’espoir de saisir un phénomène soudain. Dessiner les taches et les facules.
- 1. Toutes les heures mentionnées dans le présent « Bulletin astronomique » sont exprimées en temps universel (T. U.), compté de 0" à 24" à partir de 0" (minuit).
- Dates. Heure Coefficient Heure Coefficie
- Décembre 7 ln44m 81 14" 6m 84
- — 8 2 31 87 14 56 89
- — 9 3 19 90 15 42 91
- — 10 4 7 90 . 16 30 89
- — 11 4 54 87 17 16 84
- — l‘2 5 38 80 18 1 76
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- = 422 .....................—......................
- Le phénomène du mascaret n’est pas annoncé ce mois-ci en raison de la faible amplitude des marées.
- III. Planètes. — Le tableau suivant, dressé d’après les données de VAnnuaire astronomique Flammarion pour 1931, renferme tous les renseignements nécessaires pour trouver et observer les planètes principales pendant le mois de décembre 1931.
- Mercure arrivera à sa plus grande élongation du soir, le
- Date. Disque illuminé. Diamètre Grandeur stellaire.
- Décembre 0 0,93 10",9 3,3
- 7 0,93 11 0 - 3,3
- — 12 0,92 11 2 3,3
- — 17 0,91 11 3 — 3,3
- — 22 0,90 11,5 3,4
- — 27 0,89 11 7 — 3,4
- ASTRE Dates : Décembre Lever à Paris. Passage au Méridien de Paris (') Coucher à Paris Ascen- sion droite. Déclinai- son. Diamètre apparent, Constellation et étoile voisine. VISIBILITÉ
- 6 7h29m 11*'41“25“ 15»54® 16ll48m — 22°25' 32'31",2 Scorpion
- Soleil . . . < 16 7 39 11 46 59 15 53 17 32 — 23 18 32 33 ,4 Sagittaire > »
- 26 7 45 11 50 56 15 57 18 16 — 23 24 32 34 ,8 S agit taire
- G 9 19 13 12 17 5 18 17 — 25 21 7,0 À Sagittaire j
- Mercure . . 16 8 25 12 33 16 41 18 21 — 22 59 9,2 à Sagittaire / Le soir, au début du mois
- 26 6 39 11 2 15 26 17 29 — 20 17 9,4 Ç Scorpion
- 6 9 22 13 20 17 17 18 23 — 24 35 11,0 X Sagit taire )
- Vénus . . . 16 9 32 13 35 17 38 19 18 - 23 46 11,2 7i Sagittaire Le soir, au crépuscule.
- 26 9 33 13 48 18 4 20 11 --21 46 11,6 Capricorne
- [ 6 8 42 12 41 16 41 17 46 — 24 14 4,0 Sagittaire
- Mai’s. . . . ) 16 8 36 12 35 16 35 18 20 — 24 16 4,0 X Sagit taire Inobservable.
- ( 26 8 27 12 29 16 32 18 53 — 23 50 4,0 o Sagittaire
- Jupiter. . . 16 20 43 3 56 11 9 9 41 + 14 46 38,8 Cancer Bien visible après 21“.
- Saturne . . 16 9 34 13 49 18 4 19 35 — 21 43 13,8 Sagittaire Inobservable.
- Uranus. . . 16 12 43 19 11 1 38 0 58 + 5 30 3,6 73 Poissons Première partie de la nuit
- Neptune . . 16 22 9 4 55 11 40 • 10 40 + 9 17 2,4 49 Lion Seconde partie de la nuit
- 1. Cette colonne donne l’heure, en temps universel, du passage au méridien de Paris.
- 3 décembre, à 21°13' à l’Est du Soleil. Son observation sera toutefois fort difficile en raison de sa forte déclinaison australe. D’après M. Rudaux (Annuaire astronomique Flammarion, p. 142), la visibilité de Mercure — dans les circonstances favorables — peut commencer de 11 à 12 jours avant l’élongation maximum et se terminer 6 jours après. Mais dans le cas d’une élongation comme celle du 3 décembre, il nous semble qu’une visibilité de 5 à 6 jours avant et après l’élongation est tout ce que l’on peut espérer.
- Voici la phase et la grandeur stellaire de Mercure :
- Date. Disque illuminé Diamètre Grandeur stellaire.
- Décembre 2 0,66 6",4 — 0,2
- — 7 0,50 7 2 0,0
- — 12 0,29 8 3 + 0,5
- — 17 0,08 9 4 + i,o
- — 22 0,01 9 9 + 2,7
- — 27 0,13 9 3 + 1,3
- Mercure sera en conjonction inférieure avec le Soleil,
- 21 décembre à 9h.
- Vénus devient de mieux en mieux visible le soir, et s’écarte progressivement du Soleil. Sa visibilité sera très remarquable en 1932. A la fin de décembre, Vénus se couchera plus de deux heures après le Soleil. Voici la phase et la grandeur stellaire de Vénus en décembre :
- Il faut toutefois attendre plusieurs mois pour pouvoir faire des observations utiles de cette planète.
- Mars est maintenant inobservable, se couchant quelques minutes après le Soleil.
- IJéhé, petite planète découverte par Encke le 1er juillet 1847, fait partie du groupe des petites planètes circulant entre Mars et Jupiter. Elle passera en opposition le 8 décembre et atteindra la grandeur 7,7. Elle sera donc visible avec les plus petites lunettes.
- La figure 1 montre son mouvement, sur le ciel, entre les constellations d’Orion et de l’Eridan. Voici d’ailleurs quelques positions d’après les éphémérides du Rechen-Institute de Berlin, que reproduit Y Annuaire astronomique Flammarion :
- Ascension
- Date. droite. Déclinaison
- Décembre 5, à 011 4“59m,3 — 2°36'
- 13, à 0“ 4 51, 2 —- 2 2
- — 21, à 011 4 43, 9 — 1 9
- — 29, à 011 4 37, 8 — 0 1
- Il y a lieu de signaler les fluctuations d’éclat que présente cette petite planète et il est utile de l’observer fréquemment.
- Jupiter devient visible une très grande partie de la nuit et dans d’excellentes conditions de visibilité. Rappelons que cette
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-
- planète est accessible aux plus petits instruments. Il suffit d’une lunette grossissant 40 fois environ pour la voir sous un angle qui est celui sous lequel la Lune nous apparaît à l’œil nu. De même, les plus petits instruments permettent de voir les bandes nuageuses qui traversent le disque, de constater (pie ce disque est aplati, de se rendre compte de la rotation de la planète et de suivre les satellites principaux dans leur révolution autour de Jupiter. Ci-après nous donnons la liste des principaux phénomènes de système des satellites de Jupiter.
- La place nous manque pour publier les divers éléments nécessaires à l’observation physique du globe : on les trouvera dans VAnnuaire astronomique Flammarion pour 1931.
- Phénomènes du système des satellites de Jupiter.
- Dates. Déco rnbr. Heure Satel- lite. Phéno mène
- 1 6" 35'" 1 E. c.
- 3 22 24 I O. c.
- 3 23 35 I P. c.
- 5 23 48 IV Em.
- 6 0 11 III Em.
- 7 2 20 II Em.
- 12 22 10 I P. f.
- 12 23 22 111 E. f.
- 13 0 15 111 1m.
- 13 3 53 111 Em.
- 13 23 39 II E. c.
- 15 22 53 H P. f.
- 17 4 50 1 E. c.
- 18 23 18 I E. c.
- 19 21 41 J P. c.
- 19 22 57 1 O. f.
- 19 23 41 III E. c.
- 19 23 58 I P. f.
- 20 3 20 III E. f.
- 20 3 52 111 lm.
- 21 2 14 11 E. c.
- 21 7 10 II Em.
- 22 1 35 IV E. c.
- 22 6 26 IV E. f.
- 22 22 25 II P. c.
- 22 23 19 II O. f.
- 23 1 16 II P. f.
- Dates. Dé- cembr. Heure Satel- lite. Phéno mène
- 23 12" 28'" HT P. f.
- 24 6 43 I E. c.
- 25 4 5 I O. c.
- 25 5 2 1 P. c.
- 25 6 22 I O. f.
- 25 7 19 1 P f.
- 26 1 12 I E. c.
- 26 4 26 I Em.
- 26 22 33 I O. c.
- 26 23 28 I P. c.
- 27 0 51 I O. f.
- 27 1 46 I P. f.
- 27 3 39 III E. c.
- 27 7 18 III E. f.
- 27 7 24 III Im.
- 27 22 53 I Em.
- 28 4 49 II E. c.
- 29 23 1 II O. c.
- 30 0 46 II P. c.
- 30 1 53 II O. f.
- 30 3 37 II P. f.
- 30 21 22 III P. c.
- 30 21 30 III O. f.
- 30 23 6 IV P. f.
- 31 0 58 III P. f.
- 31 22 42 II Em.
- Saturne devient inobservable, noyé dans le rayonnement solaire.
- Voici les éléments de l’anneau à la date du 19 décembre :
- Grand axe extérieur...................... 34",51
- Petit axe extérieur. . .................. + 13, 55
- Hauteur de la Terre au-dessus du plan
- de l’anneau............................ + 23° 7'
- Hauteur du Soleil au-dessus du plan
- de l’anneau......................... + 22°24'
- Uranus est encore bien visible pendant toute la première partie de la nuit, près de l’étoile 78 de la constallation des Poissons. On le trouvera aisément à l’aide de la petite carte de son mouvement sur le ciel que nous avons donnée au « Bulletin astronomique » du n° 2856.
- 423
- Uranus brille comme une étoile de 6 e grandeur, il est juste à la limite de la visibilité à l’œil nu. Dans une bonne lunette, il présente un petit disque bleuâtre de 4" de diamètre environ.
- Neptune sera en quadrature occidentale avec le Soleil le 1 er décembre, à 3". Il est maintenant visible pendant toute la seconde partie de la nuit, à environ 2 degrés et demi à l’Est des étoiles p et 49 Lion. D’ailleurs, pour le trouver, la petite carte spéciale publiée au « Bulletin astronomique » du n° 2865 sera particulièrement utile.
- Avec une lunette assez puissante, Neptune présente un petit disque de 2' ,3 de diamètre environ. Il brille comme une étoile de 8° à 9° grandeur.
- IV. Phénomènes divers. — Conjonctions :
- Le 1er, à 10", Jupiter en conjonction avec la Lune, à 2°45'S
- Le 2, à 13", Neptune
- Le 11, à 5", Vénus
- Le 11, à 21", Saturne
- Le 16, à 5", Mercure
- Le 18, à 20", Uranus
- Le 19, à 11", Vénus
- Le 28, à 15", Jupiter
- Le 29, à 19", Neptune
- — — à 1°33' S.
- —- — à 3°32' N.
- — à 4°45' N.
- — avec Mars, à 1°20' N.
- — avec la Lune, à 2° 6' S.
- — avec Saturne, à 1°32' S.
- — avec la Lune, à 2°25' S.
- — — à 1°15' S.
- Etoiles variables. — Minima d’éclat •— visibles à l’œil nu, — de l’étoile variable Algol (3 Persée) : le 7 décembre, à 6'T3m; le 10, à 3h2m ; le 12, à 23“51m; le 15, à 20"41“; le 18, à 17"30»>; le 30, à 4“46m.
- Etoile Polaire : temps sidéral. — Voici quelques passages de l’étoile Polaire au méridien de Paris :
- Temps sidéral
- Date. Passage. Heure à 0" (T. U.)
- Décembre 7 Supérieur 20"26m198 4"59ra13s
- 17 — 19 46 51 5 38 38
- 27 — 19 7 23 6 18 4
- 31 — 18 47 37 6 33 50
- Etoiles filantes. — - Voici d’après l’Annuaire du Bureau des
- Longitudes, la liste de quelques radiants actifs en décembre :
- Epoque Ascension
- droite Déclinaison Etoile voisine
- Décembre 1er 43° -f 56° 7] Persée
- — 1er au 14 117° + 32° oc-3 Gémeaux
- 6 80° + 23° £ Taureau
- 6 au 13 149° + 41° Piazzi IX", 254
- 9 au 12 107° + 33° oc Gémeaux
- — 10 au 12 130° + 46° c Grande Ourse
- Le radiant des Géminides (radiant oc Gémeaux) donne du 1er au 14, et notamment du 8 au 14, des météores rapides, à trajectoires courtes.
- V. Constellations. — L’aspect de la Voûte céleste le 1er décembre à 2111, ou le 15, à 20", est le suivant :
- Au zénith : Persée; Andromède; Cassiopée.
- Au Nord : La Petite Ourse; Cépliée; le Dragon; la Grande Ourse.
- : A l’Est : le Cocher; le Lion; le Cancer; les Gémeaux; le Petit Chien; le Taureau; Orion.
- Au Sud : Les Poissons; le Bélier; la Baleine; l’Eridan.
- Au Sud-Ouest : le Verseau.
- A l’Ouest : Pégase; le Cygne; la Lyre.
- Em. Touchet.
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- PHONOGRAPHES ET RADIOPHONOGRAPHES
- MODERNES
- LES CLASSEURS
- Le classement des disques est une opération-essentielle, non seulement pour permettre une recherche rapide dans
- la discothèque, mais encore pour assurer la bonne conservation des disques.
- Que les disques soient du type ordinaire ou du type souple, il est indispensable qu’ils soient posés bien à plat, ou maintenus verticalement sur toute leur surface, de manière à empêcher tout gauchissement.
- Au point de vue théorique, le classement horizontal des disques est sans doute le meilleur, mais peut-être, au point de vue pratique, le classement vertical est-il préférable, puisqu’il diminue l’encombrement et facilite la recherche.
- S’il y a de très bons modèles de classeurs horizontaux pour disques, il en existe aussi de verticaux qui donnent des résultats satisfaisants. Parmi les modèles récents, on
- Fig. 2. — Ensemble enregistreur portatif complet {type Galliavox).
- peut en citer quelques-uns qui comportent simplement des supports triangulaires basculants, serrés les uns contre les autres dans un coffret ou dans un meuble, et assurant le maintien correct de toute la surface. En face de chaque pochette est indiqué un numéro correspondant à un autre numéro tracé sur un répertoire. Pour prendre le disque correspondant, il suffit de faire basculer immédiatement la pochette en carton portant le chiffre repère. De tels systèmes classeurs peuvent être évidemment disposés dans un meuble quelconque.
- L’ENREGISTREMENT PHONOGRAPHIQUE DIRECT
- La mise à la portée des amateurs des procédés d’enregistrement électrique des disques constitue une nouveauté dont nous avons déjà indiqué les différents avantages.
- Depuis la réalisation des premiers phonographes, il était certes possible, en théorie, à n’importe quel amateur d’enregistrer des paroles sur un rouleau ou un disque en cire; mais, en réalité, l’opération était peu pratique, les résultats acoustiques défectueux, et surtout l’enregistrement peu durable.
- Grâce aux nouveaux procédés, chacun peut désormais enregistrer les sons comme les images et conserver dans son album de famille des portraits phonographiques comme il conserve les portraits photographiques.
- Mais, sans parler de cet emploi sentimental, l’enregistrement direct peut servir au mélomane, à l’artiste, à l’ingénieur, au directeur d’une entreprise, à l’orateur politique ou religieux, au commerçant, réalisant lui-même, à peu de frais, une allocution publicitaire, et même au savant qui peut utiliser des appareils portatifs pour enregistrer sur place un idiome exotique ou noter une musique inconnue.
- Les appareils que l’on peut trouver actuellement en France sont, comme nous l’avons indiqué, munis soit de disques en métal, soit de disques en composition à base de gélatine.
- Il faut remarquer à ce propos que, dès 1903, MM. Auguste et Louis Lumière, les inventeurs du cinématographe, avaient découvert une composition à base de gélatine, de gomme, de dextrine, combinée avec un sel d’acide gras, tel que l’oléate, le margarate, le stéarate, le palmitate de sodium, de potassium, etc... pouvant servir à l’enregistrement phonographique, à la place de la composition utilisée à cette époque.
- La substance mucilagineuse, gélatine ou autre, était dissoute dans l’eau et le sel d’acide gras, s’il était insoluble était émulsionné dans la solution mucilagineuse.
- Cette composition pouvait être étendue sur des cylindres ou sur des disques, et les inventeurs avaient même prévu qu’elle pouvait être employée sur des rubans ou sur des bandes de grande longueur, de façon à constituer des machines parlantes à longue audition.
- Les résultats obtenus à ce moment ne furent pas con-
- Fig. 1. — Un ensemble d’enregistrement électrique'direct sur disques d'aluminium.
- A, microphone. B, transformateur microphonique. C, batterie microphonique. D, système de guidage du pick-up graveur et reproducteur. E-F, amplificateur type Per-mavox.
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- cluants, parce qu’on ne disposait pas encore des procédés d’enregistrement électrique. Au contraire, an peut établir maintenant des appareils permettant de graver électriquement la surface de disques en gélatine à l’aide d’une pointe en ac>er, ou mieux en diamant.
- Les disques employés sont des disques souples extrêmement légers et en matière transparente. Ils peuvent être envoyés facilement par la poste et ne nécessitent aucun traitement spécial avant ou après l’enregistrement. Il suffit simplement de les enduire très légèrement d’une pommade spéciale après la gravure, afin de durcir leur surface et de permettre une bonne reproduction.
- Ces disques présentent l’avantage de pouvoir être reproduits très facilement, comme les disques souples en acétate de cellulose, au moyen d’une aiguille en acier cylindro-conique préalablement polie sur un disque ordinaire, ou d’une aiguille spéciale recourbée en forme de bêche.
- Cette solution de l’enregistrement direct est donc fort intéressante et s’applique aussi bien à l’appareil d’amateur proprement dit constitué par un phonographe électrique sur lequel est adapté un système graveur avec son dispositif d’entraînement, qu’à un appareil semi-professionnel destiné à un but commercial ou scientifique (fi g. 1 et 3).
- Un système d’enregistrement électrique de ce genre peut être présenté sous une forme portative, le système graveur étant placé dans une valise et l’amplificateur alimenté par des batteries ou par le courant d’un secteur étant monté dans une autre valise ou dans la même.
- IJn tel système graveur peut être également à la rigueur reproducteur, à condition de choisir un pick-up possédant des caractéristiques moyennes; il peut également, en principe, être employé pour l’enregistrement des disques de métal, et, en particulier, aux colonies, il est préférable d’adopter des disques d’aluminium ou même de cuivre, dont la planéité demeure plus constante sous l’action des agents atmosphériques. Nous avons déjà noté dans de récentes chroniques les caractéristiques des appareils utilisés pour l’enregistrement électrique de ces disques métalliques. Il en existe à l’heure actuelle différents modèles, et l’amplificateur servant à l’enregistrement soit radiophonique, soit phonographique, peut être constitué, à la rigueur, par les étages basse fréquence d’un radiorécepteur (fig. 2).
- Les systèmes de ce genre se prêtent également à l’enregistrement des communications téléphoniques, et nous aurons l’occasion de revenir sur la pratique de leur emploi.
- LES PICK-UP REPRODUCTEURS ET LES PHONOGRAPHES ÉLECTRIQUES
- On n’emploie pratiquement que des traducteurs électromagnétiques pour la reproduction des sons enregistrés sur disques, et les progrès réalisés depuis quelque temps portent surtout sur les détails de construction.
- Il existe des modèles à grande impédance pouvant être reliés directement à un amplificateur et des modèles à faible impédance qui doivent être employés avec un système de liaison convenable, afin d’appliquer sur la grille de la lampe d’entrée des tensions suffisantes.
- Fig. 3. — Machine à enregistrer de précision (type Galliavox).
- La question du poids effectif reposant sur le disque a une grande importance, et, si l’armature est trop amortie, le poids effectif avec lequel il est nécessaire d’appuyer le bras sur le disque devra être aussi plus grand, d’où une usure plus rapide des sillons. Un modèle de pick-up récent est constitué avec un aimant en acier à 35 pour 100 de cobalt. La pièce vibrante est très libre autour de son point de pivotement afin d’éviter l’usure trop rapide des disques; le circuit magnétique est du type à armature équilibrée, constituée en tôle assurant le minimum de pertes et le maximum d’induction, le bobinage est à capacité répartie minimum afin d’éviter l’amortissement dans les hautes fréquences, et la courbe caractéristique indiquée par la figure 4 montre que les qualités acoustiques du système entre 30 et 3500 périodes par seconde sont très satisfaisantes.
- De plus, un ressort de compensation, dissimulé dans le bras permet de régler à sa valeur convenable le poids effectif du pick-up sur le disque; la résistance ohmique des enroulements peut être de 2000 ohms, de 1200 ohms, ou de 250 ohms seulement, suivant le modèle choisi en correspondance avec l’amplificateur adopté.
- On peut trouver à l’heure actuelle un très grand nombre de pick-up de bonne qualité, tant au point de vue mécanique qu’électro-acoustique. Remarquons seulement que l’adaptation du pick-up à l’amplificateur doit toujours être soigneusement effectuée, suivant des règles déterminées, à la fois par l’impédance des bobinages et le type de la lampe d’entrée de l’amplificateur. Ce système de liaison a, d’autre part, une influence très marquée sur l’importance des bruits de surface.
- Nous pouvons remarquer sur certains pick-up récents,
- Fig. 4.— Courbe schématique caractéristique du pick-up Paillard.
- 1500 2000 2500 3000 3500
- Périodes
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- l’adoption de dispositifs de détail ingénieux, par exemple, l’emploi de mandrins à serrage automatique, obtenu simplement en rabattant le corps du pick-up vers le bas, après l’avoir relevé vers le haut pour enlever l’aiguille après une audition.
- AMPLIFICATEURS PHONOGRAPHIQUES ET PHONOGRAPHES ÉLECTRIQUES
- On n’emploie aujourd’hui que des amplificateurs pho-nographiques munis Au centre, le haut-parleur électrodynamique. lampes d’entrée
- à chauffage indirect, et alimentés entièrement par le secteur alternatif. La plupart de ces appareils sont munis de transformateurs du type ordinaire ou push-pulï, et l’utilisation de couplages directs à résistance du type « Loflin-White » demeure encore assez restreinte.
- Ces appareils peuvent servir non seulement pour amplifier une reproduction phonographique, mais encore une audition radiophonique, et on trouve des modèles pour amateurs, de 1 à 4 watts modulés, qui sont établis sous
- Fig. 5. —• Vue arrière de l'électrophone Thomson, modèle Rameau.
- Fig. 7. — Schéma d’amplificateur phonographique à une lampe trigrille de sortie (type Philips),
- Caractéristiques : S1=3S0à420v. Selon résistance S2 = 380 à 420 v. de L Ss = 4 v.
- S4 = 4 v.
- Ru Ra, R5, = 0,6 mégolims.
- R<- = 660 ohms.
- R s = 140 —
- RG = 25.000 ohms.
- R7 = 20.000 ohms.
- Rs = 47.000 —
- Clt C2 = 4 mF.
- C5, c4, C5, Cc, = 1 ml1.
- Lj = 30-50 henrys 40 mA. P| = 50.000 ohms. p2 = 400 —
- PU = pick-up.
- E443N
- une forme pratique et réduite. Les progrès proviennent des perfectionnements du transformateur de couplage et surtout de ceux des lampes de puissance. Nous pouvons citer à ce propos les récents modèles Fotos, Philips, GécoValve, etc....
- On peut trouver maintenant toutes les pièces détachées nécessaires à la construction de ces amplificateurs, et tout amateur peut établir facilement un phonographe électrique avec haut-parleur électro-dynamique.
- Les phonographes électriques réalisés actuellement sont établis suivant .les principes que nous venons d’indiquer lorsque nous avons considéré leurs différents organes. La plupart comportent des haut-parleurs électrodynamiques (üg. 5) et, seuls, les modèles simples, bon marché, sont encore munis de haut-parleurs électromagnétiques.
- Les progrès réalisés dans la construction de ces machines parlantes en font, à l’heure actuelle, de véritables appareils de musique, aussi appréciés des amateurs que des professionnels.
- Il existe également des modèles de phonographes électriques avec leurs différents organes séparés, et même des appareils portatifs comportant dans une même valise le moteur tourne-disques, le pick-up avec son bras-support , l’amplifica -teur et le haut-parleur (fi g. Ci). Le haut-parleur est alors généralement électro-magnétique, et la puissance sonore un peu faible; ces dispositifs sont pourtant pratiques pour qui se déplace souvent.
- Pour exécuter des reproductions sonores dans de grandes salles, par exemple dans des salles de concert ou de danse, ou même pour accompagner la projection de films, on utilise généralement des appareils coffrets avec deux mouvements tourne-disques et deux pick-up, de manière à avoir une audition continue, l’amplificateur ou les amplificateurs étant placés dans le même coffret ou séparés, et reliés à un ou plusieurs haut-parleurs électrodynamiques.
- LES RADIOPHONOGRAPHES
- Les combinaisons formées par un phonographe électrique et un radiorécepteur, qui peuvent, d’ailleurs, être également utilisées pour l’enregistrement électrique des disques, constituent des ensembles modernes complexes et coûteux, mais fort pratiques. Dans ces appareils, les étages basse fréquence du radio-récepteur sont utilisés pour la reproduction phonographique, et, maintenant, presque tous les radio-phonographes sont alimentés entièrement par le courant d’un secteur, le radiorécep-
- Fig. 6. — Phonographe électrique Panatonal Pathê, forme portative.
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- Fig. S. — Vue de la table de manipulation du combiné Radio-Panalonal Pallié.
- leur proprement dit étant muni de lampes à chauffage indirect.
- Presque tous les modèles comportent simplement des étages d’amplilication haute fréquence à lampes à grille écran et quelques modèles simples sont spécialement destinés à la réception des émissions locales qu’ils permettent d’obtenir dans les meilleures conditions musicales (fig. 7 et 8).
- La manoeuvre de ces appareils est simplifiée à l’extrême : le réglage du radiorécepteur s’effectue à l’aide d’un bouton de réglage unique et le simple jeu d’un inverseur permet de passer de la réception radiophonique à la reproduction phonographique des disques.
- Quelques constructeurs ont établi des radiophonogra-phes plus simples, permettant d’obtenir une audition de puissance moindre, mais cependant de bonne qualité musicale; leurs prix plus réduits permettent leur acquisition par l’amateur moyen (appareils Rexinette).
- P. Hémardinquer.
- ADRESSES RELATIVES AUX APRAREILS DÉCRITS :
- Appareils enregistreurs pour amateurs :
- Galliavox, 37, avenue Victor-Hugo, Paris.
- Electro-Acoustique, 36, avenue Hoche, Paris.
- Permavox, 51, rue de Paradis, Paris.
- Radiophonographe combiné, Duophone, Sté pour la fabrication de Conducteurs électriques, 33, rue du Mont-Blanc, Aubervilliers.
- ...."......... =r:r —-r-..........................: 427 s=
- Classeurs pour disques, Classophone, 54, rue Louis-Blanc, Courbevoie. Amplificateurs phonographiques, Gesco, 131, avenue de Neuilly, Neuilly-sur-Seine.
- Brunet, 5, rue Sextius-Michel, Paris.
- Cie du Gramophone, 9, boulevard Haussmann, Paris. Etablissements Hervor, 13, passage des Tourelles, Paris. Etablissements Ragonot, 11, rue dé Milan, Paris.
- Sté Thomson-Il ouslon, 173, boulevard Haussmann, Paris. Etablissements Columbia, 94, rue d’Angoulême, Paris.
- Sté Philips, 2, Cité Paradis, Paris.
- Appareils Rexinelte, Popelard, 76, rue de Turenne, Paris (3e).
- Fig. 9. — Le radio-phonographe Philips 2811.
- Vue d’ensemble par derrière. A gauche et en bas, le récepteur radiophonique; à droite, amplificateur de puissance et valve de redressement.
- : RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- NOIR POUR TABLES DE LABORATOIRE
- L’emploi de céramiques pour les tables de laboratoire étant devenu assez coûteux, surtout lorsqu’il s’agit de laboratoire d’enseignement ayant une certaine étendue, on peut utiliser de simples tables de bois blanc dont on noircit la surface par le procédé suivant. Les tables ainsi traitées sont à peu près inaltérées par la plupart des produits chimiques comme j’ai pu le constater et dans un laboratoire pérsonnel que j’ai eu durant nombre d’années et aux laboratoires du P. C. N. de la Faculté des sciences de Paris, où, sur mes indications, on a employé le même procédé.On prépare les deux solutions suivantes :
- ! Chlorure cuivrique....................... 75 gr.
- Chlorate de potassium.................... 65 gr.
- Eau. ... O- S- pour faire................ 1000 gr.
- B ( Chlorhydrate d’aniline. ................. 150 gr.
- } Eau. . . . O. S. pour faire.............. 1000 gr.
- On applique au pinceau une couche de la solution A, de manière que le bois soit bien mouillé. Lorsque la plus grande partie du liquide a été absorbée, et, avant dessiccation complète, on donne, de la, même manière, une couche de la solution B.
- Le lendemain, on lave à grande eau et on fait de nouvelles applications successives des solutions A et B, en lavant ensuite abondamment.
- Ces opérations sont renouvelées trois à quatre fois. Le bois prend alors une teinte d’un noir un peu verdâtre qui passe au beau noir franc par l’huile de lin.
- On applique l’huile de lin au tampon, en frottant énergiquement, afin qu’il ne reste que très peu d’huile sur le bois.
- Dr G.-H. Niewenglowski.
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- LIVRES NOUVEAUX
- Le paratonnerre et ses progrès récents, par
- V. Schaffers. 1 vol., 88 p. Secrétariat de la Société scientifique, Louvain et les Presses Universitaires de France, Paris 1931. Prix : en France et en Belgique 12 fr; dans les autres pays : 4 belgas.
- M. Schaffers se plaint à juste titre que la question des paratonnerres" si importante au point de vue pratique, reste plus que négligée dans les pays de langue française. En France notamment, on en est resté à 'Instruction de l’Académie des Sciences de 1867; depuis lors on reconnaîtra que nos connaissances sur l’électricité ont évolué et progressé. L’excellent travail de documentation critique et de mise au point de M. Schaffers, publié tout d’abord dans la Revue des Questions scientifiques de Louvain, doit donc rendre de signalés services : il tient compte, en effet, des importants travaux effectués en Allemagne et aux Etats-Unis, ainsi que des idées modernes sur l’électricité atmosphérique. Il combat un certain nombre de préjugés qui ont encore cours sans raison valable, comme la soudure des joints des conducteurs, l’action préventive des pointes, la croyance â la bonne conductibilité du sol pour les décharges instantanées; des expériences personnelles lui ont permis de préciser ce dernier point en montrant que, à cet égard, il y a peu de différence entre un sol sec et un sol humide : il n’existe pas de bonne terre pour la foudre. Pratiquement, pour les paratonnerres genre Franklin, l’auteur préconise les multiples descentes, en matériaux conducteurs du reste quelconques, convenablement reliées par un conducteur horizontal sur le toit, aboutissant à un réseau de canalisations métalliques souterraines. Au système à verges, l’auteur préfère la protection par cage de Faraday, ou mieux encore par double cage de Faraday, qui n’exige pas de mise à la terre, mais demande aussi l’observation de certaines précautions dans l’exécution; il ne faut pas oublier de donner à la cage un fond conducteur et des mailles verticales suffisamment serrées.
- Les cellules photoélectriques et leurs applications, par V. K. Zworykin et E. D. Wilson, traduit de l’anglais par G. Malgorn. 1 vol. 178 pages. — Dunod, Paris, 1931. Les auteurs de ce précis sont deux ingénieurs américains qui ont fait d’importants travaux comportant l’emploi de la cellule photoélectrique. Leur ouvrage, d’un caractère pratique, sera fort apprécié par tous les chercheurs qui, aujourd’hui, dans les domaines les plus variés, recourent à cet appareil. Après une introduction historique résumant les étapes de nos connaissances sur l’effet photoélectrique de Hertz, et un clair exposé des lois fondamentales du phénomène, les auteurs montrent comment sont construites et préparées les photocellules modernes ; ils analysent les phénomènes qui interviennent dans les cellules à vide et dans les cellules à remplissage de gaz; ils donnent également de brèves notions sur les cellules au sélénium et les éléments photovoltaïques; puis ils étudient l’association de la photocellule au tube thermionique, et notamment l’important problème de l’amplification qui déroute si souvent les débutants. Ils passent enfin aux principales applications actuelles de la photoélectricité : cinéma sonore, transmission des images, télévision, photométrie, contrôles automatiques, etc., et déterminent pour chacune d’elles les caractéristiques à imposer aux cellules.
- Carnet des travaux publics et du bâtiment,
- par E. Massotte. 2 vol. Tome I, 507 p., 380 fig., 2 planches hors texte. Prix relié : 105 fr. Tome II, 619 p., 363 fig. Prix, relié; 120 fr. Ch. Béranger, Paris, 1931.
- Dans ces deux volumes l’auteur a réuni une abondante documentation, présentée avec clarté, et qui constitue un véritable aide-mémoire fort complet à l’usage des praticiens et ingénieurs. Le premier volume contient un formulaire des poutres droites et des poutres en arcs avec de nombreux exemples des calculs et des tableaux permettant d’abréger ceux-ci dans bien des cas. Le chapitre des maçonneries contient de nombreux renseignements numériques sur les pierres, sur les mortiers et les bétons, et résume les divers modes d’emploi de ces matériaux. Pour le béton armé, il reproduit les instructions officielles, puis donne les formules qui permettent de faire le calcul de diverses pièces et ouvrages en béton armé. La charpente et la couverture sont ensuite traitées avec le même souci de fournir sous un petit volume le maximum de renseignements et données utiles.
- Le second volume traite des fondations, puis résume les premières notions de mécanique (nous y relevons une regrettable définition du cheval-vapeur et du kilowatt, représentés comme unités de travail au lieu d’unités de puissance); suit un résumé d’hydraulique avec des tableaux numériques pour la formule de Darcy relative à l’écoulement dans les tuyaux, et pour celle de Bazin relative à l’écoulement dans les canaux. L’ouvrage se termine par des chapitres relatifs à la construction des routes, voies ferrées, aux terrassements, aux ouvrages d’art et aux murs de soutènement, et enfin par le rappel de formules mathématiques et de coefficients physiques souvent utiles à l’ingénieur.
- Les armes de chasse et leur tir, par J. Conrally, i vol. in-8, 344 p., 319 fig. Emile Nourry, Paris, 1919. Prix : 60 francs.
- Voici un très bon livre, fait de main d’ouvrier, que tous les armuriers et les chasseurs devront posséder. L’auteur, expert armurier réputé, décrit d’abord la fabrication du canon, les types en usage, le choix des poudres et les qualités du tir, le contrôle des pressions et l’étude des éclatements; puis il passe aux munitions, au mécanisme, à la crosse et aux accessoires. Il examine ainsi tous les modèles de fusils en usage, même les armes spéciales ; canardières, fusils rayés, carabines et fusils à répétition et automatiques. C’est dire que sa lecture doit précéder tout choix d’un fusil, et ensuite qu’il doit être consulté en toutes circonstances, pour l’utilisation et l’entretien de l’arme.
- Meteorology. 1 vol. illustré, 289 p., publié par The National Research Council of the National Academy of Sciences. Washington D. C. 1931. Prix ; 3,5 dollars.
- Ce volume, comme ceux de la même collection que nous avons déjà signalés, a pour but de donner à des savants non spécialistes des vues d’ensemble sur l’état actuel des principales questions à l’ordre du jour dans une branche déterminée. C’est dans cet esprit que sont traités les sujets suivants : l’origine et la composition de l’atmosphère par W. J. Ilumphreys ; les données météorologiques et les variations météorologiques par A. J. Henry; la radiation solaire et son rôle par II. H. Kimball; la météorologie de la haute atmosphère par W. Ray Gregg, L. T. Samuels et N. R. Stebens; la météorologie dynamique par H. C. Willett; les bases physiques de la prévision du temps par 1L IL Weightman.
- Leçons de chimie, par A. Travers, 2 vol. in-8. Tome I, Chimie générale, 176 p.,fig. ; tome II, Métalloïdes, 213 p., fig. Vui-bert, Paris, 1931. Prix ; 20 et 22 francs.
- Le directeur de l’Institut chimique de Nancy a rassemblé dans ces deux volumes, sous une forme remarquablement didactique les notions indispensables à connaître, non seulement pour les élèves de mathématiques spéciales et les étudiants des facultés des sciences auxquels ces leçons sont destinées, mais encore pour tous ceux qui veulent se mettre au courant des idées de la chimie moderne. L’auteur a en effet ajouté aux programmes universitaires et développé largement certaines questions fondamentales comme les principes d’analyse immédiate, les notions d’éléments, l’équilibre chimique et ses facteurs, les applications de la théorie des ions à la neutralisation des acides, leur force, l’hydrolyse, les lois des solutions « idéales », etc. Il en résulte une clarté, une homogénéité, une cohésion entre les notions anciennes de la chimie pure et celles plus récentes de la chimie physique qu’on trouve trop rarement dans les manuels.
- Dans la 2e partie consacrée aux métalloïdes, on retrouve les mêmes qualités : l’étude de chaque corps est très vivante; les préparations et les applications industrielles ne sont pas négligées et sont bien à jour.
- On peut prédire aux leçons de M. Travers un grand succès, bien mérité.
- La chimie du bois, par L. F. Hawley et L. E. Wise. Traduit de l’anglais par J. Barry. 1 vol. in-8, 362 p., 19 fig. Dunod, Paris, 1931. Prix : broché, 88 francs; relié, 98 francs.
- Bibliographie très complète et très didactique, d’autant plus précieuse que bien peu de travaux sur la cellulose, la lignine et les autres constituants du bois ont été effectués en France. Après un exposé des constituants chimiques, les auteurs donnent de nombreuses méthodes d’analyse et examinent les procédés de décomposition qui sont à la base des industries de la pâte à papier, de la carbonisation, des extraits tannants, pour ne citer que les plus importantes. L’ouvrage est écrit avec beaucoup de compétence et attirera certainement l’attention des chimistes et des industriels français.
- Les abrasifs (corindon et diamant) par W. L.
- Eardley-Wilmot. 1 brochure, 54 p., publiée par le ministère des Mines du Canada. Ottawa, 1931. Prix : 15 cents.
- Cette brochure fait partie d’une série consacrée à la description et ô la technologie des produits minéraux du Canada.
- Le corindon, le plus dur des minéraux connus après le diamant, se trouve au Canada sous forme de cristaux de diverses colorations et sous forme de grains. Le principal emploi industriel de ce minéral, pour les variétés non utilisables en joaillerie, est la fabrication d’abrasifs. L’auteur résume l’historique de l’exploitation du corindon au Canada, décrit les gisements pour constater du reste qu’ils ont cessé d’être exploités depuis 1918, devant la concurrence du corindon artificiel, fabriqué au four électrique. L’auteur jette également un coup d’œil sur les autres gisements connus; l’Afrique du Sud reste seule productrice, mais est également en vive régression.
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- CHRONIQUE D’AVIATION
- La coupe Schneider des hydravions.
- Le record de vitesse.
- L'Angleterre seule a pris part cette année à la compétition de la coupe Schneider, la France et l’Italie ayant du déclarer forfait au dernier moment. On sait que cette épreuve réservée aux hydravions consiste en une course de vitesse sur un circuit fermé de 350 km. Elle a été courue le 13 septembre dernier au voisinage de File de Wight, un seul concurrent était en ligne , le lieutenant anglais Boothrnan, sur un hydravion supermarine muni d’un moteur Rolls-Royce à la vitesse de 547,255 km à l’heure. L’an dernier la coupe Schneider avait été gagnée également par un hydravion anglais à la vitesse de 528,830 km à l’heure.
- L’Angleterre ayant, 3 années consécutives, gagné la coupe, celle-ci lui est définitivement acquise et l’épreuve est désormais définitivement close. Il est intéressant de rappeler que celle-ci a été gagnée pour la première fois en 1913 par un avion français Deperdussin à la vitesse d’environ 115 km à l’heure. L’année suivante, un hydravion anglais Sopwith s’assurait la victoire avec une vitesse de 139,5 km à l’heure. On mesure ainsi les progrès accomplis depuis lors. La coupe a été gagnée successivement par l’Italie en 1920 et 1921, l’Angleterre en 1922, les États-Unis en 1923 et 1925, l’Italie en 1926, l’Angleterre en 1927, 1929, 1931.
- Biplace de tourisme stout « Sky=car ».
- La « Stout Métal Airplane Company » a présenté, dernièrement, un biplace de tourisme de construction entièrement métallique, le Sky-Car.
- Cet appareil, étudié pour assurer à son équipage le maximum de confort et de sécurité, présente néanmoins l’avantage d’être très léger : il ne pèse, en effet, que 430 kg, à vide (tout équipé).
- La voilure du Sky-Car est monoplane et en porte-à-faux (allongement 11). Elle comporte une partie centrale rectangulaire et deux parties latérales trapézoïdales, terminées par des ailerons flottants. La structure de l’aile comprend un seul longeron et des nervures très espacées supportant des lisses. Sur ces lisses est fixée la tôle de recouvrement (lisse au bord d’attaque, ondulée en arrière).
- Le fuselage, placé directement sous le plan, est formé, à l’avant, d’une nacelle servant d’habitacle à l’équipage, et d’une poutre rigide, de section triangulaire, portant l’empennage. La nacelle, construite entièrement en duralumin (tôle et profilés), est composée d’une poutre inférieure en forme de caisson, et de couples transversaux fixés à cette poutre: le recouvrement est en tôle, lisse sur le dos et le ventre de la cabine, en tôle ondulée sur les parois latérales.
- Les deux places sont installées en tandem, le pilote étant à l’avant; à l’arrière est fixé le moteur, un « Royer » de 75 ch, moteur inversé à quatre cylindres, en ligne, à refroidissement par l’air. Le carénage de ce moteur, facilement démontable pour l’endre facile tout travail d’entretien, est percé de fenêtres d’ouverture réglable, assurant le refoidissement forcé des cylindres.
- Le moteur actionne directement une hélice bipale propulsive; il est muni d’un démarreur électrique.
- La poutre supportant les empennages, de section triangulaire, est en tube d’acier soudé (acier au chrome-molybdène) ; elle est fixée en trois points, à la pointe arrière de la nacelle et à la partie centrale de l’aile.
- Les empennages, haubanés rigidement, comportent des volets non compensés; ils sont d’une construction analogue à celle de l’aile.. Le plan horizontal est réglable en vol, au moyen d’un bouton moleté placé à l’extrémité du manche à balai. , Le train d’atterrissage, à roues indépendantes, est composé pour chaque roue de deux barres en V articulées à la poutre inférieure de la nacelle, et d’un mât vertical, s’appuyant sur la partie centrale de la voilure. Les roues sont munies de freins indépendants; elles sont garnies de pneumatiques à très basse pression.
- Une roue de faible diamètre placée à l’arrière de la cabine remplace la béquille classique ; enfin une quatrième roue
- Biplan de tourisme stout « Sky-car ».
- fixée dans un carénage à l’avant du fuselage, réduit les possibilités de capotage de l’appareil.
- Les principales caractéristiques du Sky-Car sont les suivantes :
- Envergure. . . .
- Longueur ....
- Surface portante .
- Poids vide. . . .
- Poids total chargé Rayon d’action. .
- 13 m 10 7 m 31 15 m360 430 kg 465 kg 4 h
- La partie inférieure du fuselage est étanche, ce qui permet de transformer facilement l’appareil terrestre en amphibie.
- Etudié pour pouvoir être construit facilement en série, indéréglable dans toutes ses parties, de conduite facile grâce à ses ailerons flottants, assurant enfin à son équipage le confort maximum et une parfaite visibilité, le Sky-Car apparaît comme l’un des avions les mieux adaptés au tourisme aérien.
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- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séances d’août et de septembre 1931.
- CHIMIE ORGANIQUE
- Nouvelles recherches sur les oxydes organiques disso= ciables (MM. Charles Dufraisse et M. Badociie). — Quand on soumet, à la température ordinaire et pendant plusieurs semaines, à l’agitation continue, des tubes scellés contenant du dioxyde de rubrène C42IT’802 et du réactif de Grignard CHr,MgI, G HsMgBr, C°HsMgBr), la liqueur, d’abord violet intense, devient jaune brun et l’examen du produit au spectroseope fournit un spectre comparable à celui du rubrène, mais déplacé d’un seul bloc vers le violet. Il apparaît ainsi que le réactif magnésien n’agit pas à la façon d’un réducteur, pour reproduire le carbure C4 H2*.
- Le nouveau corps, retenant une molécule de solvant, indique au bloc Maquenne un point de fusion, 236-237°, qui s’abaisse à 178-178° après purification dans l’éther. La détermination de sa constitution a été rendue particulièrement difficile, car l’enlèvement d’un radical phényle C6II3 et son remplacement par un atome d’hydrogène reviennent au départ d’un groupement CÜH4. Or la formule du carbure C42H28 présente des coefficients multiples, l’un de 6 (6 X 7), l’autre de 4 (4 X 7) : l’analyse élémentaire restait ainsi sans utilité, comme la cryoscopie. Mais une étude de la réaction de formation a tout d’abord montré la production de phénol, CGH OH, environ une molécule par molécule d’oxyde mis en œuvre; on en pouvait déduire que la valence libérée par l’arrachement d’un phényle devait être saturée par un équivalent de magnésium et que le nouveau carbure se présentait d’abord sous la orme d’un composé magnésien. Or, l’examen au spectroseope du tube, avant ouverture, ne donne nullement le spectre de l’hydrocarbure, et quand on traite la masse par l’iode, on sépare un dérivé iodé, en beaux cristaux rouge rubis fondant à 270°; enfin le passage d’un courant de gaz CO2 dans le liquide initial conduit à un acide. L’analyse et la cryoscopie du corps iodé lui assignant la formule C’GH2 I, le nouveau carbure, le déphénylorubrène, se produit par la suite des transformations : rubrène —X dioxyde de rubrène —x isooxyrubrène —x composé magnésien -X diphénylorubrène.
- Le rendement de l’opération est voisin de 40 pour 100. Il est donc facile d’enlever au rubrène un radical phényle sans en modifier le caractère essentiel, et les auteurs se demandent s’il ne serait pas possible, en éliminant successivement les trois autres, d’obtenir une série d’hydrocarbures, analogues au rubrène mais de poids moléculaires décroissants, pour arriver au genre de groupement des atomes qui confèrent l’oxydabi-lité réversible aux molécules organiques.
- HYDROLOGIE SOUTERRAINE
- Le Trou du Toro et la source de la Garonne (M. Norbert Casteret). — En août 1787, Ramond de Carbonnières découvrait le Trou du Toro où viennent s’engloutir les eaux des glaciers de la Maladetta orientale, en indiquant sa communication avec les Goueils du Jouéou (Yal d’Aran), principale source de la Garonne. Adoptée par Russel, Schrader, E.-A. Martel, Trutat, cette opinion fut combattue, de 1896 à 1900, par È. Belloc, à la suite d’expériences que E.-A. Marte], allait toujours discuter.
- A une altitude de 2000 m, le trou du Toro se trouve à quatre kilomètres environ à l’ouest de la cascade résurgente du Jouéou, dont le sépare une crête de 2600 m, longeant l’Aragon et la Catalogne, et ligne de partage des eaux Garonne Atlantique — Esera, Ebre, Méditerranée. 60 kg de fluorescéine furent jetés par M, Casteret à 150 m en amont du Trou du Toro, le 29 juillet; le bassin, le lendemain à 4 h 45, avait retrouvé toute sa limpidité, mais dès six heures, à 2 km en aval
- de la résurgence, la Garonne était colorée à l’Artiga de Lin et le restait pendant 27 heures, des traces de couleur se montrant jusqu’au confluent delà Pique. Le vendredi 24, par contraste les résurgences du rio Esera, où M. Belloc plaçait la réapparition du Trou du Toro, ne présentaient encore aucune coloration.
- Il est ainsi clairement démontré qu’une communication souterraine relie le Trou du Toro et les Goueils de Jouéou et que les eaux englouties dans le premier ne revoient pas la lumière dans la vallée de l’Esera. La source principale de la Garonne n’est donc pas dans le Val d’Aran, mais aux grands glaciers —- le Nétliou, les Barrancs, les Tempêtes, les Salenques, les Moulières — de la Maladetta. Le fleuve est d’origine aragonaise et l’engouffrement des eaux glaciaires constitue un soutirage actuel dans le méat du torrent qui fut jadis l’Esera et qui, par ce phénomène de capture, est devenu l’amorce de notre rivière. Cette capture est due à des calcaires dévoniens fissurés, dont le banc est resserré dans les schistes de la Tusse blanche, et qui se perdent avec métabolisme dans les granits de la Maladetta, tandis qu’ils s’élargissent vers le Val d’Aran dans le cirque d’Artiga de Lin.
- OPTIQUE
- L’effet Raman dans un cristal de nitrate de sodium. —
- (MM. J. Cabannes et E. Canals). — Les auteurs, voyant ainsi un désaccord entre les expériences faites par l’un d’eux en 1929 et les résultats publiés par Schæfer et ses collaborateurs, ont préparé des cristaux purs et non maclés, par la fusion d’un sel chimiquement pur dans un creuset de platine, suivie d’un refroidissement lent, d’après la méthode de Stôber. L’un de ces cristaux, parfaitement limpide, sans fluorescence, atteignait un volume d’une dizaine de centimètres cubes.
- Mesurant les raies négatives de l’azotate N05Na, puis étudiant l’effet de polarisation des raies Raman, les auteurs ont remarqué que les radiations provenant des oscillations internes sont à peu près complètement polarisées, mais non pas suivant la même direction. A la fréquence inactive et à la fréquence de combinaison coi'respond une vibration lumineuse perpendiculaire au plan des deux rayons (incident et polarisé diffusé), tandis que les fréquences actives donnent une raie à polarisation anormale, pour laquelle l’intensité de la vibration parallèle est notablement plus élevée que celle de la vibration perpendiculaire aux deux rayons. Ces résultats sont exactement ceux qu’avait fournis l’étude de la calcite.
- METEOROLOGIE
- Un curieux phénomène (M. H. Douvillé). — Le 23 août dernier, un violent orage, accompagné d’une pluie diluvienne, s’abattait sur Paris, et, rentrant chez lui, boulevard Saint-Germain, l’auteur constatait, la cour de son habitation étant jonchée de débris de plâtras, qu’une cheminée avait été atteinte, les dégâts se réduisant pour elle à la souche écornée et à une fente dans la lame de zinc qui la recouvre. De l’avis de plusieurs témoins, à 15 h 40, le soleil étant dans tout son éclat, une boule de feu rouge, d’une trentaine de centimètres de diamètre, avait traversé l’espace, dans la direction nord-est, pour s’abattre sur le toit en explosant. Aucun corps étranger n’étant retrouvé dans la cour et certains ayant perçu une forte odeur de gaz SO2, il semble qu’un tel phénomène est analogue, bien qu’aucune action électrique n’ait été observée, à celui qu’on a appelé la foudre en boule. Un des habitants de la maison se rappelle d'ailleurs avoir vu, au temps de sa jeunesse, une boule de feu de la même grosseur, entrer par une fenêtre ouverte, faire le tour d’une table et ressortir sans éclater.
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- NOTES ET INFORMATIONS
- ASTRONOMIE
- L’éclipse de Lune à Donville.
- L’éclipse totale de lune du 26 septembre 1931.
- Ainsi que nos lecteurs l’ont appris, une éclipse de lune analogue à celle du 2 avril dernier s’est’ produite le 26 septembre. ,
- Nous lûmes plus favorisés! qu’au mois d’avril, car nous eûmes un ciel très pur qui nous permit d’observer distinctement
- Fig. 2. — L’éclipse de lune Fig. 3. —- L’éclipse
- à 22 h. 05 m. à 22 h. 10 m.
- les plus belles phases de l’éclipse. Sa grandeur fut 1.326 (le diamètre de la lune étant 1). Sa totalité dura 1 h. 25. L’entrée dans 1 ombre eut lieu 15 minutes après le lever de la lune et 12 minutes après le coucher du soleil. L’éclipse totale ne commenta réellement qu’à 19 h. 6 (temps universel).
- La couleur de notre satellite pendant la durée de l’éclipse totale a varié du gris vert au rouge foncé presque brun; elle
- ne fut pas très claire; les mers lunaires furent presque toujours visibles, mais les cratères peu nombreux.
- Tycho était peu apparent et ses rayonnements presque invisibles.
- Les préparatifs les plus minutieux avaient été pris à l’Observatoire de la Société astronomique de France, en vue de suivre les aspects successifs du phénomène.
- A l’aide de la lunette équatoriale (0 m. 108 d’ouverture, grossissent.. 25 fois) nous pûmes photographier quelques phases de la fin de l’éclipse, notamment celles qui sont reproduites ci-dessus (^g. 1 et fig. 2) obtenues respectivement à 21 h. 45 et 22 h. 05 alors que le disque lunaire était encore obscurci par la pénombre .
- Nous devons ajouter ci-dessous qu’une permanence était organisée et qu’un public particulièrement choisi s’est présenté pour contempler cette merveille céleste.
- René Büdky et André Lambert.
- A 1 Observatoire de Donville, les conditions atmosphériques ont été peu favorables, le ciel lourdement chargé n’ayant permis de suivre le phénomène que partiellement, à travers des éclaircies, vers la fin de la totalité. A cet instant, comme le montre la figure 2, la Lune, dans l’ombre de la Terre, se voyait en entier, avec les colorations cuivrées habituelles en pareil cas, mais qui semblaient peut-être moins accusées qu’on ne s’y attendait; l’effet en était cependant admirable, et notre satellite vu dans les éclaircies de la chevauchée des nuées présentait un aspect dont le dessin ne peut donner qu’une pâle idée. Le disque lunaire, en raison , _. . . • ,
- de sa clarté, a pu etre à la fln de la tolaliié.
- photographié presque
- dans son entier avec un temps de pose relativement court; la partie qui allait sortir de l’ombre était alors très brillante, et s’est traduite sur le cliché par un excès de luminosité donnant l’impression de la Lune déjà partiellement dégagée du - cône d’ombre (fig. 1).
- Ainsi, au cours de c ette belle éclipse, la visibilité de la Lune est restée complète, avec un notoire éclat.
- L. Rudaux.
- Fig. 2. — La Lune totalement éclipsée, vue à la jumelle à travers les nuages.
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- BOITE AUX LETTRES ----------------—=
- COMMUNICATIONS
- v;
- Les turbines hydrauliques.
- Dans notre numéro du 15 août 1931, nous avons publié une étude de notre collaborateur, M. Jean Arnoux sur l’évolution des turbines hydrauliques. Nous savons que cet article a vivement intéressé nos lecteurs et il nous a valu plusieurs communications qui nous permettent de préciser les deux points suivants :
- 1° Les turbines de l’usine de Brommat dont nous avons reproduit les roues soit sur notre couverture, soit page 53, ont été construites en collaboration par les Ateliers Neyret-Beylier, et Piccard-Pictet à
- Grenoble et par la maison J. M. Voith à lleidenheim, cette dernièr au titre des prestations en nature.
- 2° Notre collaborateur a cité fréquemment le nom du professeur Kaplan, nom qui devient générique comme le sont ceux de Fourneyron, Jonval, Girard, Francis, Pelton, etc. et il a appliqué de lui-même ce mot « Kaplan» comme une désignation scientifique à des. machines issues d’un principe désormais classique et non, comme une désignation commerciale : c’est le cas, en particulier, des photographies pu b liées page 156.
- QUESTIONS ET RÉPONSES
- Errata.
- Dans le n° du 1er Septembre dernier, nous avons publié, sous le titre «-Le-traitement des maladies par les ondes hertziennes », un article dont la figure 3 représentant le chariot thérapeutique était inspirée par le dessin illustrant la couverture du n° de février 1931 de la revue américaine Radio-Craft, dirigée par M. H. Gernsback, de New-York.
- A propos du centenaire de l’application par Frédéric Sauvage de l’hélice à la navigation (n° 2867, 15 oct. 1931). — Dans cet article, il s’est glissé une inversion des légendes de deux figures, p. 355 et 356.
- L’hélice représentée sur la figure 6 est l’hélice d’Ericsson et non celle de Napoléon. Celle-ci, l’hélice de Normand, du reste bien supérieure, est représentée sur la figure 5.
- La description des deux hélices, l’une à 3 pales, l’autre à 4 pales, donnée dans le texte aura permis à nos lecteurs de rectifier eux-mêmes cette erreur.
- Thermocompresseurs pour vapeur d'eau.
- La Société Rateau, 47, rue du Colisée, Paris, a réalisé des thermocompresseurs rotatifs permettant de porter la vapeur d’eau à des températures supérieures à 100° C. Ce sont des compresseurs centrifuges mus par moteur électrique.
- Réponàe à M. Ëscovar,- à Medeilin.
- Emploi d’une composition antidétonante.
- Nous avons déjà répondu indirectement à votre question dans une chronique automobile de La Nature. Dans certains moteurs d’automobiles à forte compression, il se produit, en effet, des phénomènes de « cognement » qui semblent dus, non pas à des effets réels d’autoallumage provoqués par réchauffement brutal de la masse de gaz mais bien plutôt par réchauffement de la bougie elle-même ou par une onde de choc se propageant à travers la masse gazeuse. On remédie à cet inconvénient en mélangeant généralement à l’essence du benzol dans une proportion qui peut être assez grande, et atteindre environ 20 pour 100. Les corps anti-détonants comme le plomb tétraéthyle sont encore beaucoup plus efficaces, mais ils sont extrêmement toxiques. La tendance au cognement varie avec la nature des carburants présents dans le cylindre. Les huiles lourdes y sont plus sujettes. Le superhuilage qui consiste à mélanger de l’huile très fluide avec l’essence pour réaliser un graissage efficace des pistons peut; semble-t-il, suivant l’huile employée, favoriser le cognement.
- Réponse à M. le Docteur H. H... à Nantes (Loire-Inférieure).
- Réception des ondes courtes avec un poste ordinaire.
- Nous avons indiqué dans le numéro spécial du 1er septembre, à propos de la modernisation des radiorécepteurs, qu’on pouvait recevoir les émissions sur ondes courtes sur la gamme de 15-100 mètres environ à l’aide d’un poste récepteur quelconque destiné normalement à la réception des émissions de radiodiffusion sur la gamme 200-2000 m.
- Pour obtenir ce résultat, il suffit d’utiliser soit une antenne courte, soit l’antenne ordinaire déjà employée lorsqu’on utilise un tel collecteur d’ondes, et de placer en avant du poste un adaptateur spécial qui comporte le plus souvent une lampe bigrille çhangeuse de fréquence ou une lampe détectrice à réaction d’un type particulier avec
- des bobinages d’accord et de réaction à faibles pertes et à faible capacité répartie bobinée avec du 111 de gros diamètre soit en hélice, sans aucun isolant, soit en gabion avec comme isolant de la soie ou du coton, mais sans enduit d’aucune sorte à la gomme laque ou à la résine.
- Bien que vous n’indiquiez pas le montage exact de votre appareil américain à 7 lampes, nous pensons qu’il comporte plusieurs étages d’amplification haute fréquence directe avec circuit de résonance accordé sans doute sur la gamme de 200 à 600 mètres environ.
- Il n’est pas possible de modifier des circuits de résonance pour la réception des émissions sur ondes très courtes et, dans ces conditions, il paraît nécessaire de ne pas les utiliser au moment où vous désirerez considérer la gamme 15-100 mètres. Vous pourrez alors placer en avant de votre poste un adaptateur comme nous l’avons indiqué plus haut, et cet adaptateur jouera le rôle d’une lampe détectriçe à réaction modifiée pour la réception des ondes très courtes. Elle agira donc simplement sur le premier étage basse fréquence de votre poste, dont seuls, dans ces conditions, les deux étages d’amplification basse fréquence seront utilisés.
- Ce système vous donnera sans doute des résultats absolument sûrs, et, si vous disposez d’une antenne suffisante, la sensibilité sera assez grande. Le réglage est relativement facile avec un peu d’habitude.
- Si vous désirez obtenir une sensibilité plus grande, il est pourtant; une autre solution peut-être un peu plus complexe, mais aussi plus élégante. Elle consiste à utiliser les étages d’amplification haute fréquence de votre appareil, comme s’il s’agissait d’étages moyenne fréquence. Vous réglerez donc dans ce cas le circuit de résonance sur la longueur- d’ondes la plus élevée possible, et vous utiliserez votre adaptateur comme un changeur de fréquence. Pour faciliter l’adaptation, il serait alors préférable d’intercaler entre cet adaptateur et la première lampe haute fréquence de votre poste un transformateur haute fréquence à circuit accordé de modèle analogue à celui qui est employé dans votre appareil, et qui jouera le rôle de tesla de liaison comme dans un appareil à changement de fréquence ordinaire. Ainsi, ce montage vous offre l’avantage d’utiliser entièrement tous les étages de votre poste, mais il est sans doute plus difficile à mettre au point. Nous vous conseillons, d’ailleurs, dans ce cas d’alimenter votre adaptateur avec des batteries d’accumulateurs séparées.
- Voici d’autre part des adresses de fabricants de dispositifs adapta- , teurs :
- Etablissements Gody, Amboise (Indre-et-Loire).
- Etablissements Bouchet et Aubignat, 30 his, rue Cauchy, Paris. Vous pouvez également trouver dans le journal Le Micro des schémas d’adaptateurs de ce genre.
- Réponse à M. le Docteur S. N. O. à Athènes (Grèce).
- De tout un peu.
- M. Flamand à Paris. — Nous avons traité la question des gravures piquées dans le n° 2885, page 384, veuillez bien vous y reporter.
- M. F. G. à Sevran-Livry. — Nous avons maintes fois traité la question des liquides insecticides à vaporiser, en particulier dans le n° 2837, page 96, veuillez bien vous y reporter.
- M. Canal à Bois-Colombes. — Nous avons répondu à la question posée dans le n° 2855, page 372, vous y trouverez tous les renseignements voulus.
- Le Gérant : G. Masson.
- i568 — Paris. Imp. Lahure — i-ii-
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- LA NATURE
- N°2869.—-15 Novembre 1931 ^ Prix du Numéro: 3 francs 5(
- Paraît leu? et le i5 de chaque mois. pour la vente en France.
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- Paraît le 1er et le 15 de chaque mois (48 pages par numéro)
- LA NATURE
- MASSON et Cie, Editeurs, 120, Boulevard Saint-Germain, PARIS, VI' (T{. C. Seine : 15.234) Tél. Danton 5b-n,
- PRIX DE L’ABONNEMENT
- Tarif intérieur, France et Colonies : 12 mois (24 n0’), 90 fr. ; — 6 mois (12 nos), 45 fr.
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- Tarif spécial pour la Belgique et le Luxembourg : 12 mois -24 nos), 105 fr. ; — 6 mois (12 n°‘) 53 fr.
- Tarif pour l’étranger
- Tarif n" 1
- Un an . Six mois
- 110 fr. 55 fr.
- Tarif n° 2
- Un an. Six mois
- 130 fr. 65 fr.
- Tarif extérieur n" 1 valable pour tous les pays ayant accepté une réduction de 50 pour 100 sur les affranchissements des périodiques : Albanie, Allemagne, Argentine, Autriche, Brésil, Bulgarie, Canada, Chilie, Colombie, Congo belge, Costa-Rica, Cuba, Egypte, Equateur, Espagne, Esthonie, Ethiopie, Finlande, Grèce. Guatemala, Haïti, Hedjaz, Honduras, Hongrie, Lettonie, Liberia, Lilhuanie, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pays-Bas, Perse, Pologne, Portugal et ses Colonies, République Dominicaine, Roumanie, Russie ( U. R. S. S.), San Salvador, Serbie, Suisse, Tchécoslovaquie, Turquie, Union d’Afrique du Sud, Uruguay, Venezuela. Tarif extérieur n° 2 valable pour les autres pays.
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- LA NATURE 15 No,mb,‘-^
- EDISON
- Le 18 octobre s’est éteint à West Orange, aux Etats-Unis, un des plus grands inventeurs de notre époque : Thomas Alva Edison. Né en 1847, il commença de très bonne heure sa carrière d’inventeur,presque tout entière consacrée au domaine de l’électricité, du moins dans sa partie la plus heureuse : travailleur inlassable, il la poursuivit avec des succès divers presque jusqu’à l’heure de la mort. Sa gloire était universelle ; partie des États-Unis où depuis longtemps elle était indiscutée, elle avait peu à peu conquis le monde certaines
- il était si bien regardé comme l’inventeur par excellence qu’on lui attribuait volontiers la paternité de bien des inventions qui n’étaient pas siennes.On ne prête qu’aux riches : le bilan d’Edison, avec l’éclairage par incandescence, le phonographe, l’accumulateur alcalin, est suffisamment brillant pour qu’il soit inutile de le surcharger.
- Edison |ut cru inventeur heureux; il put voir le plein développement de nombre de ses créations; pas toujours de celles qui exigèrent de lui le plus grand effort. Le hasard toutefois n’est pour rien dans ce bonheur. Edison devait à ses origines un esprit pratique très aiguisé qui le guidait dans le choix des problèmes à résoudre et l’écartait des utopies : que l’on y ajoute, outre des dons d’imagination, une énergie et une puissance de travail'à toute épreuve, une solide méthode toute scientifique, un esprit d’observation très aiguisé, des connaissances très développées, sans cesse accrues par une curiosité toujours en éveil et emmagasinées par une. vaste mémoire, l’on aura le secret du bonheur d’Edison; éclatant contraste
- avec les déboires de tant d’inventeurs de tous les pays et de tous les temps.
- Ce bonheur, qui ne fut pourtant pas sans accidents, a
- suscité bien des jalousies, et si certains ont attribué à Edison des inventions d’autrui, plus nombreux encore ont été ceux qui lui ont contesté inventions. Sans doute, et c’est le cas pour toutes les inventions, même les plus originales, à chacune des siennes, il s’est trouvé des antériorités plus ou moins vagues, manifestations de tentatives en général avortées. Mais quel inventeur peut prétendre aborder un domaine réellement vierge? A la plupart des problèmes qu’il s’est posé Edison a su donner des solutions neuves et pratiques, capables, au sortir immédiat du laboratoire, d’insuffler la vie à de puissantes industries. *
- * *
- Edison est né le 11 février 1847, à Milan, dans l’Ohio; cette petite ville située sur un canal relié au fleuve Huron, affluent du lac Erié, était alors un port important. Samuel Edison, le père de l’inventeur, y possédait une importante fabrique de tuiles de bois et était en outre marchand de grains. Il descendait d’une famille émigrée de Hollande en 1730, et dans sa lignée on compte plusieurs.centenaires. Mme Edison, de descendance écossaise, était une femme fort instruite, elle avait été professeur dans une école publique. Elle sut discerner de bonne heure les dispositions naturelles de son plus jeune fils, et fort ambitieuse elle lui donna une éducation et une instruction très poussées, bien supérieures à celles que distribuaient les écoles de l’époque. Il prit auprès
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- d’elle le goût de la leeture ;de très bonne heure il manifesta un vif intérêt pour la chimie et la physique ; à onze ans il se montait un laboratoire de chimie dans la cave paternelle.
- La famille Edison possédait une honnête aisance mais l’argent liquide n’y abondait pas et ee n’était pas l’usage alors de d o n n e r aux enfants beaucoup d’argent de poche.
- Les subventions paternelles ne permettant pas au jeune Edison de continuer ses achats de produits jet d’appareils, celui-ci décida de se procurer lui-même les moyens nécessaires. Agé de douze ans, il sollicita et obtint le privilège de vendre des journaux dans les trains de la ligne Grand Trunk, réunissant Port 1 luron à Detroit. Au commerce des journaux, le jeune homme ajouta du reste celui des denrées agricoles qu’il achetait dans les campagnes sur le parcours, poulies revendre à la ville à l’arrivée. Pendant le voyage, il disposait d’un compartiment où il plaçait ses marchandises, mais qui lui servait aussi de bibliothèque et de laboratoire. Il y travaillait sans relâche, complétant ses connaissances générales, développant ses aptitudes pratiques. Deux ans plus tard, le compartiment devenait une imprimerie ambulante où Edison rédigeait, composait et imprimait un journal, vendu aux passagers du train. C’était l’époque de la guerre de Sécession; les voyageurs étaient avides de nouvelles, le journal réussit fort bien. Son rédacteur sut lui faire une habile publicité en télégraphiant
- Fig. 2. — Le molographe, ou téléphone êledrochimique d’Edison. (Figure extraite de La Nature, 17 mai 1879).
- A. cylindre de chaux et de potasse hydratée. 13. Axe de cylindre .mis en mouvement par la manivelle W. G. lame de platine reliée à la membrane de mica. D. Fil de ligne. S. Ressort pour exercer une pression convenable sur la lame C. T. Réservoir contenant une dissolution de potasse. G. Levier servant à la manœuvre du rouleau humecteur.
- Fig. 3. — La plume électrique d’Edison avec sa pile. (Extrait de La Nature, 20 avril 1878.)
- à l’avance aux gares du parcours les nouvelles importantes qu’il avait apprises en tête de ligne : à l’arrivée du train les acheteurs affluaient pour avoir des détails complets.
- Tout en exerçant ainsi son génie commercial, le futur inventeur s’appliquait à répéter les manipulations chimiques dont il lisait le détail dans Y Analyse quantitative de Fresenius, un des livres qu’il avait achetés sur ses bénéfices.
- L’électricité était alors au début de sa carrière industrielle; sa première application, presque la seule, était le télégraphe qui se développait rapidement; ceux qui se souviennent de l’enthousiasme que provoqua, chez les enfants et les jeunes gens, l’apparition de la télégraphie sans lil comprendront sans peine l’intérêt que le jeune Edison manifesta pour le télégraphe électrique, rendu pratique par son compatriote Morse.
- Dans son wagon-laboratoire, il se construisit lui-même un appareil télégraphique, et chez lui le soir s’entraînait, avec l’aide d’un camarade, à la réception et à la manipulation. Quelque temps plus tard, en 1862, un chef de gare dont il venait de sauver l’enfant qui jouait imprudemment sur la voie, par reconnaissance, offrit de lui apprendre complètement le métier de télégraphiste de chemin de fer, proposition acceptée d’enthousiasme... Le jeune apprenti n’allait pas tarder à devenir un maître.
- Ces épisodes de l’enfance et de la jeunesse d’Edison font partie de la légende de l’inventeur; ils sont bien connus, et ont été souvent reproduits, plus souvent encore déformés. Nous y avons insisté parce que l’on y voit se dessiner, dès l’origine, dans tous leurs traits l’esprit et le caractère de l’homme, et apparaître l’explication de ses futurs succès.
- Peu d’inventeurs ont reçu ou se sont donné dans leurs premières années une si complète préparation théorique et pratique.
- Pendant quelques années, le jeune homme se consacra entièrement à son métier de télégraphiste, alors métier nomade en raison de la guerre civile : il voyagea beaucoup, fit partout apprécier sa virtuosité d’exécutant, son application au travail, son ingéniosité et son talent de débrouillard. Ses pérégrinations finissent par l’amener à Boston, où il découvre et lit avec passion les œuvres de Faraday. Dans cette grande ville il se lie avec d’autres jeunes gens passionnés comme lui de science et d’inventions et, en 1868, il prend son premier brevet pour une machine à voter qui n’eut, il faut l’avouer, aucun succès* Il se retourna alors définitivement vers l’électricité.
- LES PREMIÈRES INVENTIONS
- La première invention heureuse d’Edison lui fut inspirée par son métier de télégraphiste; il réalisa un appareil télégraphique imprimant automatiquement les cours des valeurs ou des changes. Cet appareil essayé à Boston, puis installé à New York où Edison alla se fixer en 1869, fit connaître le jeune homme, et le tira de la gêne. Il vendit en effet l’invention pour 40 000 dollars et avec cette somme ouvrit un atelier pour construire les appareils. Il eut bientôt une cinquantaine d’ouvriers; certains de ses collaborateurs du début lui restèrent attachés toute
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- leur vie et prirent une part importante au développement pratique de ses affaires.
- En 1873, Edison invente les méthodes de télégraphie dites « duplex » et « quadruplex » qui permettent d’expédier simultanément 2 ou 4 messages sur un seul lil. Une société est montée pour exploiter l’invention : ranima-teur en est le célèbre financier Jay Gould; le jeune inventeur en reçoit 30 000 dollars, mais est floué de tous les autres avantages promis au contrat.
- Dans cette période il faut encore citer l’invention du miméographe, appareil pour multiplier les copies de lettres. Le papier suffisamment résistant est placé sur une plaque d’acier finement striée; et l’on écrit à l’aide d’un stylet métallique. Sous la pression du stylet, les caractères se gravent sur la feuille en une série de minuscules perforations, et l’on a ainsi un patron qui permet de tirer plusieurs centaines d’exemplaires. 11 imagina aussi pour cet appareil un stylet électrique dont la pointe était mue par un minuscule moteur (fig. 3).
- LE MICROPHONE, LE RELAIS A CRAIE
- En 1873, Graliam Bell inventait le téléphone : il avait réussi à transmettre à distance la voix humaine à l’aide d’un dispositif électrique en somme très simple : le récepteur était l’appareil à diaphragme métallique mû par électro-aimant, encore universellement employé aujourd’hui, la transmission s’opérait à l’aide d’un appareil identique : c’était la voix humaine qui produisait elle-même par les mouvements imprimés au diaphragme devant l’électro-aimant les courants à transmettre sur la ligne; la portée de la transmission ainsi effectuée était très faible. L’expérience de Bell avait provoqué, on le conçoit, la plus vive sensation et de toutes paris on s’efforçait de commercialiser son invention : Edison se met à la tâche sans tarder et introduit un progrès important en réalisant le microphone au charbon, utilisant les variations de conductibilité du carbone sous l’influence de la pression.
- Bell de son côté perfectionnait son système et les deux grands inventeurs entraient en lutte : mais le transmetteur d’Edison et le récepteur de Bell étaient chacun des appareils presque parfaits en leur genre, et malgré leurs efforts, aucun des deux ne réussit à tourner l’invention de l’autre. Cette concurrence se termina par une fusion d’où est issue la Bell Téléphoné C°, aujourd’hui la plus puissante société de téléphones qui soit au monde. Les recherches d’Edison l’avaient conduit à réaliser nombre de dispositifs qui tombèrent dans l’oubli. L’un d’eux, cependant, le relais à craie ou motographe, mérite d’être rappelé pour son originalité. Edison avait observé le fait suivant : si un morceau de craie humide est relié à l’un des pôles d’une pile et que sur cette craie on fasse frotter un balai métallique relié à l’autre pôle de la pile, on constate que le frottement est beaucoup moindre lorsque le courant passe que lorsqu’il est interrompu. Il utilisa le phénomène pour réaliser d’abord un relais, puis un téléphone haut-parleur qui n’empruntait rien aux brevets de Bell (fig. 2).
- Le même phénomène a été retrouvé et utilisé dans le
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- Fiy. 4. — La lampe à incandescence de De Gliahgij- (-1858.)
- même but il y a quelques années par deux Danois Johnson et Rahbeck. - •
- LE PHONOGRAPHE
- On a contesté à Edison l’invention du microphone'; les Anglais l’attribuent généralement à llughes, bien que la priorité en revienne sans conteste à l’A.méricâirï.
- En France, on attribue volontiers l’invention du phonographe à Ch. Cros. Et il est bien vrai que le 3 décembre 1877, exactement 15 jours avant le dépôt du prentier brevet d’Edison, on recevait à l’Académie des Sciences-de Paris, un pli cacheté où Ch. Cros décrivait un appareil de reproduction mécanique de la voix, qui offre de singulières ressemblances avec le premier phonographe d’Edison. Mais il semble bien impossible que celui-ci ait eu connaissance de la communication faite à l’Académie des Sciences.
- Ajoutons que jamais Ch. Cros ne tenta de réaliser l’idée exprimée dans sa note, et lorsque quelques mois plus tard, le 11 mars 1878, on présenta Cn France, et en particulier à l’Académie, le phonographe d’Edison il y avait encore beaucoup de sceptiques qui ne voulaient y voir qu’une supercherie de ventriloque !
- Fig. 5. •— La première lampe d’Edison. (Extrait de La Nature, 31 janvier 1880.)
- 1. Charbon de papier en fer à cheval. 2. Ensemble du système.
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- Edison a raconté lui-même la genèse de son invention : il avait déjà, d’une part, réalisé et expérimenté un appareil enregistrant automatiquement des messages télégraphiques sur un disque de papier appliqué sur un plateau tournant. Les signaux étaient enregistrés en relief. Inversement le même disque, une fois enregistré, et exploré par une pointe formant contact répétait les signaux primitifs.
- D’autre part l’inventeur avait, au cours de ses recherches téléphoniques, étudié les diaphragmes et constaté leur obéissance aux vibrations sonores. L’idée lui est venue de combiner les deux dispositifs pour enregistrer et reproduire la voix humaine. L’expérience, aussitôt tentée que conçue, réussit, à la grande surprise de l’inventeur lui-même et de tout son entourage. Le premier phonographe était né. Il avait coûté 18 dollars.
- Edison qui commençait alors ses travaux sur la lumière électrique délaissa bientôt le phonographe pour ne le reprendre qu’en 1887. 11 s’appliqua alors à perfectionner et à exploiter lui-même son invention. On sait quel développement elle a pris en ces dernières années.
- L’ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE A INCANDESCENCE
- Nous arrivons à l’œuvre capitale d'Edison : ses travaux et ses découvertes sur l’éclairage électrique par lampes à incandescence ont amené dans le monde une véritable révolution industrielle.
- Ici encore on a découvert à Edison une foule de précurseurs, et on lui a passionnément contesté la paternité de l’invention de la lampe à incandescence. Un Français, de Changy, 20 ans plus tôt en 1858, avait construit une lampe à filament rendu incandescent par passage de courant électrique, et dans laquelle régnait le vide. Il y a, du reste des antériorités même à de Changy. En même temps que par Edison, et à son insu, la question était travaillée par Swan en Angleterre, et il
- Fig. 7. — La distribution du courant électrique pour l'éclairage.
- En haut : distribution à intensité constante, le seul système connu en 1878.
- En bas : distribution à voltage constant, par dynamo excitée en dérivation, système d’Edison en 1879.
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- est fort possible que celui-ci, avant Edison, ait déposé certains brevets ou fait certaines démonstrations publiques de lampes à incandescence dans le vide. Mais aucun des précurseurs ou des concurrents d’Edison ne peut lui contester le mérite d’avoir le premier conçu tout un système d’éclairage économique à partir d’une station centrale produisant l’énergie électrique pour la distribuer, à travers un réseau complexe, à une multitude de lampes, et d’avoir de toutes pièces créé tous les organes nécessaires pour résoudre du premier coup et d’une façon quasi définitive ce problème jugé insoluble par tous les spécialistes de l’époque. Faut-il rappeler que l’on professait alors, chez les techniciens les plus réputés, le dogme que la lumière électrique était indivisible ? A chaque lampe, il fallait associer un générateur spécial d’électricité. La nouvelle des premières réalisations d’Edison à New York lut accueillie en Europe avec un scepticisme général assez malveillant; un éminent électricien français, II. Fontaine, prétendait démontrer que la subdivision de la lumière électrique était une utopie, et que la désintégration du carbone incandescent rendait impossible l’emploi de cette substance dans de petites lampes, l'in Angleterre, même condamnation de la part d’électriciens faisant autorité comme sir William Preece, le professeur Sylvanus Thompson ou l’ingénieur Sprague qui accusait le système Edison d’aller contre les lois de la nature. L’étonnement des contemporains.nous étonne à notre tour, aujourd’hui, mais il met en relief le progrès accompli d’un seul coup par l’inventeur américain.
- 11 ne fut acquis qu’au prix d’un labeur acharné poursuivi de 1876 à 1880, jour et nuit, au laboratoire de Menlo Parle par Edison et un groupe de collaborateurs, animés par son exemple d’une fièvre enthousiaste. Tout fut étudié et calculé dans le plus grand détail : lampe, dyna-, mos, régulateurs, système de distribution.
- Edison mit en œuvre les méthodes d’investigation les plus rigoureusemen t scientifiques ; en voici un exemple frappant. Pour pouvoir, comme on disait alors, subdiviser la lumière électrique, ou plutôt subdiviser le circuit électrique, il fallait disposer d’une lampe à incandescence de haute résistance électrique, de faible surface rayonnante, et d’une longévité pratiquement suffisante. Edison était ainsi logiquement amené à la lampe à incandescence dans le vide. Pour trouver une substance convenant à la confection du filament, il n’étudia et carbonisa pas moins de 6060 végétaux, essaya un grand nombre de filaments métalliques, pour s’arrêter finalement au bambou du Japon.
- il lui fallut aussi créer toute la technique du vide industriel; car, faute d’un vide suffisant, le carbone brûlait et la lampe était hors de service en peu de temps. Mille problèmes de fabrication durent aussi être résolus et le furent, après expérimentation méthodique.
- Pendant une longue partie de son existence, l’auteur ne cessa, du reste, de perfectionner le système, et on peut mesurer la grandeur de son effort au nombre de ses brevets relatifs à l’éclairage : de 1880 à 1908 le chiffre s’en élève à 375; 149 relatifs aux lampes à incandescence et leur construction, 77 aux systèmes de distributions, 106 aux dynamos et à leurs accessoires, 43 au petit appareil-
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- lage. Le système de distribution à 3 fils, que l’on utilise encore aujourd'hui comme Kdison l'avait conçu, a permis de réduire au minimum le poids de cuivre à immobiliser dans les canalisations.
- Au cours de ces études sur la lampe à incandescence qui ont exigé tant de connaissances variées, tant d’habileté expérimentale, les dons d’observation d’Edison ont été mis en relief par une découverte de la plus haute importance. Pour étudier le noircissement des ampoules en service, il y introduisait une plaque métallique connectée en série à un galvanomètre et au pôle positif de la lampe. L’est ainsi qu’il découvrit en 1884 l’effet Edison : passage de courant, à travers le vide, entre une cathode chauffée et une anode. Le phénomène, vingt ans plus tard, devait être'mis à prolit par Fleming, puis par de Forest pour construire les premières lampes thermioniques dont les merveilleuses propriétés ont révolutionné la T. S. F.
- Il n’est pas besoin d’insister sur toutes les conséquences des créations d’Edison dans le domaine de l’éclairage électrique : le succès en fut immédiat et universel; avec lui commença l’ère de l’électricité industrielle : les puissants réseaux de distribution qui apparaissent aujourd’hui comme des organes essentiels de l’activité d’un pays lui doivent l’existence. L’est à juste titre que lès Etats-Unis ont solennellement commémoré en 1929 le cinquantenaire de l’apparition de la lampe à filament de carbone.
- Une œuvre aussi imposante suffirait à assurer à son auteur une gloire inépuisable. Mais lorsqu’elle fut achevée Edison était jeune encore, et son activité exigeait de nouveaux aliments.
- LE CINÉMATOGRAPHE
- En 1887, les problèmes d’éclairage résolus, Edison s’était remis au perfectionnement du phonographe. L’idée lui vint tout naturellement de faire la synthèse du mouvement, comme il avait fait celle de la voix. Il construisit un appareil enregistreur de photographies sur pellicules, le kinétographe, prenant de 20 à 40 vues par seconde, et un appareil reproducteur à déroulement continu, le kinétoscope, permettant à un spectateur unique de voir se reconstituer la scène enregistrée. Aux Etats-Unis on regarde ces appareils comme les ancêtres du cinéma; l’équité oblige de les placer simplement, à leur rang de date, dans la longue liste des précurseurs du cinéma qui va de Plateau aux frères Lumière en passant par Muybridge, Marey, Reynaud, Demény, etc.
- L’ACCUMULATEUR ALCALIN
- Vers 1898 Edison entreprit la recherche et la mise au point d’un accumulateur qui ne contînt ni plomb ni acide sulfurique. Il venait d’engloutir sa fortune dans une entreprise d’enrichissement et briquetage de minerai de fer; il lui fallait une nouvelle invention pour payer ses dettes. Il mit alors en œuvre la même ardeur, la même méthode de travail que pour la lampe à incandescence. Après des milliers et des milliers d’expériences, il s’arrêtait à un accumulateur comportant une anode recouverte d’hydrate de nickel, une cathode recouverte d’oxyde de
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- Fig. 8. — Le système de distribution à 3 fils d’Edison en 1881.
- fer et un électrolyte alcalin. Les problèmes de fabrication se révélèrent des plus ardus; il fallut plusieurs années pour les résoudre. L’accumulateur alcalin ne fut au point qu’en 1909. 11 a depuis lors trouvé un large débouché notamment dans le matériel de traction.
- INVENTIONS DIVERSES
- Nous ne pouvons énumérer ici tous les domaines dans lesquels s’est exercée l’activité créatrice du grand Américain.
- 11 faut rappeler cependant qu’il a rénové l’industrie du ciment en créant le four à long cylindre tournant.
- Aussitôt après la découverte des rayons X par Rontgen, il constata la propriété du tungstate de calcium de devenir fluorescent sous l’action de ces rayons et appliqua cette découverte à la construction d’un fluoroscope
- Poursuivant à fond, comme toujours, ses investigations dans la voie où il s’était engagé, il étudia la fluorescence aux rayons X de plus de 400 minéraux et 5000 sels ou mélanges cristallisés. Il constata que tous les cristaux de sels organiques contenant le noyau benzène possèdent cette propriété.
- Pendant la guerre, Edison rendit de signalés services à son pays en improvisant des fabrications de produits chimiques, fournis jusqu’alors par l’Allemagne, et indispensables soit à l’industrie privée américaine, soit aux fabrications de guerre : phénol, benzol, toluol, sels d’aniline, etc. Il proposa aussi des systèmes de défense contre les sous-marins.
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- Edison est resté au travail presque jusqu’à son dernier jour : depuis 1887, il vivait à Orange où il avait créé et où il dirigeait un grand laboratoire de recherches : c’est là que la mort est venue le chercher. Elle l’a trouvé fidèle encore au précepte que dans son âge mûr il formulait ainsi devant Eiffel : le génie est fait de un centième d’inspiration et de quatre-vingt-dix-neuf centièmes de transpiration.
- A. Troller.
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- 435 = LA VIE LARVAIRE DES CICINDÈLES
- Chacun connaît les Cicinclèles champêtres, jolis petits coléoptères aux élytres d’un beau vert, parsemés de taches ivoire de formes bizarres, à l’abdomen et aux pattes d’un rouge cuivreux magnifique qui, suivant l’incidence, prennent des teintes pourpres et violettes.
- Tout le mondé connaît également leur course rapide, sur les, sentiers sablonneux en plein soleil; leur envol aussi prompt que, celui de mouches, lorsqu’on veut les saisir.
- Mais seules, lés personnes ayant déjà une petite initiation entomologique connaissent les curiosités de leur vie larvaire.
- Je les rappelle donc rapidement ici.
- La larve de Cicindèle a comme particularité d’avoir la tête ornée d’une plaque cornée circulaire, au-dessus de laquelle les ^mandibules, longues et acérées, peuvent se refermer comme une paire de ciseaux. D’autre part, elle jDorte au milieu, du dos une sorte de crochet articulé.
- - :A quoi ,serv|ent; ces appendices bizarres ?
- Voici.
- La larve habite un terrier, généralement vertical, dont la profondeur^ variable suivant les obstacles rencontrés est en moyenfiéMe 20 à 25 centimètres.
- Le terrier est le plus souvent creusé dans du sable 'argileux lé long d’un talus en pente. La larve se tient à la partie haute de ce terrier, la plaque cornée obstruant complètement l’ouverture. Qu’un insecte ait le malheur de poser une patte sur ce piège à loup vivant, aussitôt Qs mandibules se referment, et l’imprudent est rapidement descendu, au fond du terrier. Pour cette opération la larve ëe ^ert de son crochet articulé qui, planté dans les parois du terrier, sert de solide point d’appui pour vaincre les résistances de la proie.
- Ces mœurs sont connues depuis fort longtemps. Comme je l’ai dit, elles sont rappelées pour mémoire et pour permettre d’exposer plus clairement les faits suivants, que je crois au contraire nouveaux. Je n’en ai, en effet, trouvé aucune trace dans la bibliographie consultée à ce sujet.
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- Par un beau jour d’avril, au cours d’une chasse entomologique dans le parc de Versailles, mon fils me fit remar-
- Fig. 1 (à gauche). — La Cicindèle champêtre (Cicindella campestris).
- Fig. 2 (à droitè).
- Larve de Cicindèle (Cincidela biramose), d’après Houlbert.
- quer l’abondance de terriers de Cicindèles au lieu dit la Sablonnière (derrière le Grand Trianon).
- J’eus la curiosité de tenter l’élevage de quelques larves à domicile. J’en extirpai trois avec grandes précaution?, et pris du sable en quantité suffisante pour leur constituer un habitat convenable.
- Ce sable, convenablement tassé dans une boîte en bois à couvercle grillagé, reçut la triple empreinte d’une aiguille à tricoter; j’eus ainsi trois terriers artificiels, dans lesquels mes pensionnaires ne firent aucune difficulté pour s’introduire.
- Jusqu’au mois de juin, leur appétit ne se démentit pas. Mon fils les nourrissait de mouches, dont les ailes étaient coupées avant introduction dans la boîte. Au cours de leurs pérégrinations sur le sable, elles mettaient fatalement, à un moment ou à l’autre, une patte sur l’un des pièges à loup, et crac ! elles étaient aussitôt happées.
- De plus, tous les matins, petit arrosage superficiel, pour remplacer la rosée nocturne qui, en forêt, maintient toujours le sable humide.
- Vers le milieu de juin, les mouches purent rôder en toute liberté ! les plaques cornées ne se montraient plus à la surface, et les trous des terriers restaient obstinément béants.
- Je crus à l’insuccès complet de l’élevage, et pensai que les larves, soumises à un régime différent de leur régime naturel, avaient fini par mourir lamentablement au fond de leur trou.
- Fort heureusement le dieu hasard me servit. Une nuit, vers la fin de juin, je dus me rendre au chevet de l’un de mes enfants qui était souffrant.
- Avant de regagner ma chambre j’eus l’occasion de passer devant les boîtes à élevage, et de jeter un coup d’œil machinal sur celle où se trouvaient les larves de Cicindèles.
- Quelle ne fut pas ma surprise en apercevant l’une d’elles à la surface, hors de son terrier !
- C’était le premier exemple d’une pareille audace.
- Presque aussitôt, d’ailleurs, je remarquai l’existence, en dehors des trois terriers auxquels j’étais habitué, d’un trou entouré d’une bordure de sable fraîchement remué. Aucun doute possible : la larve venait d’en sortir. Aucune des hypothèses que je fis alors sur le but de cette sortie nocturne par un chemin nouveau ne s’est révélée par la suite exacte.
- L’immobilité de la bestiole, surprise par l’éclairage intempestif de la pièce, eut raison de ma patience, et je . dus retourner me coucher sans avoir vu la suite de l’opération mystérieuse.
- Dès le lendemain matin, revenu près de la boîte à élevage, j’eus la stupéfaction de constater que non seulement la larve avait disparu, ce qui était après tout normal, mais que le même phénomène s’était également produit pour le quatrième trou.
- Jusqu’au 13 juillet, date à laquelle je partis en vacances avec ma famille, je n’eus plus l’occasion d’observer aucune activité dans la boîte. J’étais convaincu, plus que jamais, que l’élevage avait avorté.
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- Le 1er septembre, date de notre retour, alors que les grandes personnes s’occupaient des bagages et autres nécessités ménagères j’entendis mon fils m’appeler à grands cris.
- Très excité, il me fit voir, dans la boîte à élevage, trois superbes Cicindèles, qui semblaient fort agiles et vigoureuses.
- Dès que j’en eus le loisir, je les capturai, et commençai l’examen de la boîte, qui était maintenant la seule chose intéressante.
- Malheureusement, la chaleur avait complètement desséché le sable qui s’effritait avec une facilité désespérante.
- Malgré tous mes efforts je ne pus mettre à nu d’une manière pai’faite qu’un seul terrier sur trois. Pour les deux autres, mon travail put cependant être poussé assez avant pour me permettre de constater l’identité des travaux de sape des trois insectes. ,
- Voici les constatations faites.
- Le terrier de chasse se terminait à sa partie inférieure par une chambrette elliptique très exiguë, dans laquelle je retrouvai de nombreux téguments de mouches.
- De cette chambrette, partait un deuxième terrier qui montait à 30° de la verticale. Il était très sensiblement rectiligne. La partie supérieure en était obstruée par un bouchon de sable qui offrait une résistance très nettement supérieure à celle du sable environnant.
- Enfin, les débris résultant de la métamorphose se trouvaient à quelques centimètres (2 ou 3) en dessous du bouchon.
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- Dès lors, tout s’éclairait pour moi. Il est possible que la solution que je propose, et qui m’a satisfait l’esprit, ne soit pas exacte; en tout cas il m’a été impossible d’imaginer une autre explication.
- Les sables argileux dans lesquels les larves creusent leurs terriers naturels sont pratiquement imperméables.
- Les terriers, remplis d’eau par les pluies, ne se vidangent donc point. En temps normal, les larves de Cicindèles, que la nature a décidément bien douées, ont la ressource de se servir de leur plaque cornée comme d’un parapluie, pour obstruer complètement l’ouverture supérieure et empêcher l’accès de l’eau.
- Mais pendant la métamorphose, cette ressource leur est enlevée. Une nymphe plongée dans l’eau périrait infailliblement pendant sa transformation. Il faut donc disposer d’un moyen de sauvegarde.
- Boucher le terrier de chasse ? Evidemment, mais comment le faire de l’intérieur, alors que la larve a strictement l’espace suffisant pour se déplacer dans le sens de sa longueur. Et si elle bouche l’orifice de l’extérieur, comment rentrera-t-elle ?
- 11 n’y a donc qu’une solution, c’est de creuser un terrier auxiliaire, de le boucher de l’extérieur et de rentrer au logis par le terrier de chasse.
- Fig. 3.
- Terrier de chasse T ei terrier auxiliaire avec la nymphe L el le bouchon B.
- Avant de terminer, je désire signaler aux lecteurs que ce genre d’étude pourrait intéresser trois problèmes qui restent encore insolubles à mes yeux.
- Le premier est de savoir comment les larves creusent ce terrier. Je n’ai trouvé trace d’aucun déblai hormis le bourrelet dont j’ai signalé l’existence près du trou de sortie.
- Peut-être agissent-elles en force, par tassement de sable autour d’elles, et en utilisant, pour se hisser, le fameux crochet articulé.
- Le deuxième problème est de savoir comment ces bestioles, qui ne sont jamais sorties de chez elles, s’orientent pour retrouver l’orifice d’entrée de leur terrier de chasse.
- Enfin, comment procèdent-elles pour obstruer l’orifice supérieur du terrier auxiliaire ? Par quel moyen le bouchon acquiert-il une consistance plus ferme que celle du sable environnant ? Emploi de salive, comme les hyménoptères maçons ?
- Je laisse là ces hypothèses, pour reprendre celle qui fait l’objet de cet article, à savoir le pourquoi du terrier auxiliaire.
- Les lecteurs ont déjà, j’en suis certain, deviné qu’il s’agissait de la confection d’une poche à air, suffisante pour la durée de la métamorphose.
- Les pluies d’orage, fréquentes au mois d’août, peuvent remplir le terrier de chasse jusqu’au bord : l’eau ne montera pas au-dessus d’un certain niveau dans la branche du terrier auxiliaire, dont l’orifice supérieur est bouché d’une manière parfaitement étanche. Et la nymphe ne risquera pas la noyade !
- Si l’explication des faits est conforme à la réalité, elle constitue un exemple de plus de l’infinie diversité des moyens qu’emploient les êtres vivants pour se protéger des forces naturelles susceptibles de contrecarrer leur développement.
- A. Denielou.
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- LE RÔLE DE L’ÉTANG DE BERRE ==
- DANS LE DÉVELOPPEMENT DU PORT DE MARSEILLE
- Depuis 80 ans environ, le port de Marseille souffre d’une maladie, à tout prendre des plus flatteuses, d’un encombrement chronique dû à sa prospérité croissante. En dépit d’agrandissements incessants, le port reste trop étroit; à peine terminés les nouveaux bassins se révèlent insuffisants pour faire face aux besoins du trafic qui grandit plus vite que le port. Qu’il suffise de dire par exemple que dè 1904 à la veille de la guerre, le tonnage entré ou sorti augmentait de 90 pour 100 alors que la longueur des quais ne s’accroissait que de 17 pour 100.
- L’antique Lacvdon qui abrita jusque vers 1850 les
- Fig. 1. —• L’élang de Berre.
- navires phocéens est bien peu de chose aujourd’hui avec ses 25 hectares de surface d’eau que l’on réserve aux yachts et aux navires côtiers. Le port de la Joliette qui compte 213 hectares de surface d’eau et 117 hectares de surface de quais, d’un développement de 24 kilomètres depuis l’achèvement du bassin Wilson est déjà insuffisant et, dans certains bassins, les navires doivent être amarrés en pointe faute de postes à quai. Des travaux d’extension vers le Nord sont en cours d’exécution. Ils ont fait l’objet ici même d’un récent article de M. L. Fournier (voir n° 2868 du 1er Nov. 1931).
- Nous ne nous étendrons donc pas davantage sur ce sujet, nous bornant à signaler que ces agrandissements se heurtent à des difficultés particulières du fait qu’il s’agit
- d’un port entièrement construit sur la mer, sans aucune aide naturelle.
- Les plus grands ports du monde sont, d’une manière à peu près générale, construits sur des fleuves et à proximité de leur embouchure. Qu’ils se nomment Tamise, Hudson, Elbe, Rhin, Escaut, Mersey, Clyde ou Weser, ils offrent des possibilités d’extension considérables pour le port établi sur leurs rives. Il suffit de les approfondir au fur et à mesure qu’on les remonte. Les usines peuvent s’échelonner sur de longues distances de chaque côté du fleuve ; les matières premières peuvent arriver à la fabrique et les produits finis en repartir sans transbordement. Le port côtier, souvent bordé de falaises et doué d’emplacements d’autant plus exigus qu’il • est de fondation plus ancienne, ne connaît pas cet avantage. Le camionnage à travers la ville des graines oléagineuses ou du coprah jusqu’aux huileries de La Viste, de la Capelette ou de la Corderie et leur retour sur le quai sous formes de savons, d’huiles ou de tourteaux sont une des caractéristiques du port de Marseille. Et cela est aussi vrai pour la minoterie, la se-moulerie, la niaiserie, la sucrerie, le raffinage des soufres, la stéarinerie, etc..., autres industries locales. Le moins qu’on en puisse dire est que ce double camionnage et ces manutentions successives ne répondent en rien aux exigences d’une époque de rationalisation et ne facilitent pas le développement de la fonction industrielle du port.
- D’autre part, le port de rivière bénéficie de ce moyen de pénétration puissant que constitue la navigation fluviale; il est le point de démarcation logique entre le trafic fluvial en provenance ou à destination de l’hinter-land et le. commerce maritime. Ce facteur, jadis d’une importance considérable à l’époque où l’absence de moyens de transport mécaniques donnait tant d’importance à la batellerie est aujourd’hui encore fort appréciable. Il est des ports qui doivent la plus grande partie de leur activité au trafic fluvial qui y aboutit. C’est encore là un avantage que ne connaît pas Marseille, éloigné d’un fleuve qui, par surcroît, est assez difficile à naviguer.
- Toutes ces difficultés loin de rebuter ceux qui ont la charge des destinées du port semblent avoir encore stimulé leur ambition. Ils rêvent de faire de Marseille le grand port de pénétration vers l’Europe centrale, d’attirer le courant de trafic qui lui échappe actuellement, celui qui entre et sort par Suez en provenance ou à destination
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- de l’Europe centrale, via Gibraltar. Ce trafic s’est élevé en 1929 à 34 millions de tonnes, soit à pe\i près 4 fois celui du port de Marseille.
- L’aménagement du Rhône ou, comme le proposent des esprits plus audacieux, la création d’un canal latéral, relié au Rhin par la Saône, contribuerait plus que toute autre chose à la prospérité de notre port en le dotant d’un instrument de pénétration magnifique et attirerait à Marseille une partie du trafic qui s’en écarte actuellement.
- Mais il ne suffit pas d’appeler le trafic, il faut le satisfaire et, à cet égard, le port ne peut guère s’étendre au delà des limites tracées par les programmes en cours d’exécution. Un nouveau port s’impose.
- Ces deux désirs sont, à des degrés différents, en passe de devenir des réalités. Si l’aménagement du Rhône entre à peine dans la phase d’exécution, le port de Marseille est très en avance dans la tâche qui lui incombe. Le canal de Marseille au Rhône est à peu près achevé dans la partie qui présentait le plus de difficultés, de Marseille aux
- Fig. 2. — Le pori de la Lave et l’entrée du souterrain du Rove.
- cette partie, au port de la Lave, à Marignane, dans l’Etang de Bolmon et à la Mède.
- L’ÉTANG DE BERRE
- Le port futur, on l’a trouvé dans l’Étang de Berre, magnifique bassin naturel à une quinzaine de km de la banlieue et qui offre des possibilités d’extension quasi illimitées grâce à ses 15 000 hectares de surface d’eau dont 6000 avec des fonds de 9 m dans la partie Sud.
- L’Etang de Berre mesure 22 km dans sa plus grande longueur; sa largeur varie de 6 à 14 km et son développement atteint
- Fig. 4. — Le Canal deMarseille au Rhône à Marignane.
- Fig. 3. — Le Canal de Marseille au Rhône, tranchée de Gignac.
- Étangs. R permettra aux chalands rhodaniens, et plus tard aux chalands rhénans, si, comme on l’espère, le commerce emprunte cette voie, de parvenir à Marseille sans courir les risques d’une navigation maritime aux Bouches du Rhône. L’ouvrage cyclopéen que constitue le souterrain du Rove avec ses 7 km 400 de tunnel à grande section est trop connu pour qu’il y ait lieu d’en parler. Le canal dont nous donnons une vue dans sa partie achevée mesure 22 m de largeur pour une profondeur de 4 m. Il peut recevoir des chalands de 1500 tonnes de portée mesurant hors-tout 60 m de longueur et 6 m de largeur." Quatre bassins de stationnement sont préparés dans
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- 72 km. Il sc présente comme une cuvette naturelle bordée de collines de toutes parts sauf dans la partie Ouest qui longe la Crau et par où il devait communiquer jadis avec la mer. Les dépôts alluvionnaires ont comblé une partie de l’Etang; En particulier ils forment au Nord une pointe triangulaire terminée par une longue bande de terre. A l’Est, un bras sablonneux, le « Jai », le sépare de l’Etang de Bolmon. Les fonds varient de 3 à 10 m.
- Au Sud-Ouest, il est relié à l’Etang de Caronte par un étroit chenal bordé de chaque côté par la ville de Martigues. Une autre passe de faible largeur met l’Etang de Caronte en communication avec la mer à Port-de-Bouc de sorte que l’Etang de Berre peut être considéré comme un bassin bien fermé.
- Il est relié au Rhône par le petit canal d’Arles à Bouc, d’une longueur de 47 km, mais cette voie d’eau, en raison de sa faible section, 5 m 50 de largeur pour 2 m de profondeur, ne peut recevoir que des péniches
- Fig. 6. — Le port de Martigues.
- d’une portée maximum de 300 tonnes. Il sera doublé plus tard par le grand canal de Marseille au Rhône dont nous parlons plus haut.
- L’Etang est entouré de voies ferrées de tous les côtés. La grande ligne de Paris à Marseille le longe sur le bord Nord-Est et sur une grande partie du bord Est. La ligne de Miramas à Port-de-Bouc suit à une faible distance le rivage Ouest et la ligne départementale de Martigues à Pas-des-Lancicrs dessert le bord Sud ainsi que la partie Est négligée par la Cie P.-L.-M.
- La ligne de Marseille à Port-de-Bouc ouverte au trafic depuis le 1er octobre 1915 double la grande ligne grâce à sa jonction avec celle de Miramas. Elle traverse l’Etang de Caronte à 23 m de hauteur au moyen d’un viaduc de 943 m de longueur muni d’un pont tournant qui est un ouvrage d’art à juste titre admiré.
- La prise de possession de ce bassin s’est faite par étapes. On a occupé tout d’abord Port-de-Bouc qui en est, en quelque sorte, la clef. Ce port situé à 33 km de Marseille possède un quai dit de « La Lèque » d’une longueur de 125 m, qu’on porte à 200 m muni d’appareils de levage électriques, hangars, etc. Il est concédé à la Chambre de commerce de Marseille qui assure son exploitation. La profondeur actuelle de 8 m pourra être portée ultérieurement à 10» m.
- , La rade, le bassin d’évolution et le chenal d’accès à Caronte ont été dragués à des cotes variant de 8 à 9 m et admettent des cargos de 8000 tonnes. Il existe en outre un quai privé qui a été placé sous le régime des outillages privés avec obligation de service public.
- Si nous poussons plus loin, nous trouvons le port de Caronte équipé d’une façon très rationnelle par une Société privée en vue de la manutention rapide des combustibles et des matières pondéreuses, minerais, sable, etc.; et diverses installations privées telles que le quai Verminck desservant les usines du même nom.
- Martigues, elle-même, la Venise provençale si riche en ' couleurs, a bien perdu de son pittoresque. La silhouette moderne d’un pont métallique barre son canal bien connu des peintres... et le long duquel les hauts pylônes des lignes électriques jalonnent l’avance du progrès. Dans quelques mois, le chenal d’accès à la mer sera terminé (’) et l’Etang de Berre pourra recevoir les navires de charge. La mise en service de ce chenal qui est dragué à la cote—- 8 marquera la première phase de l’aménagement de l’Etang, car, jusqu’à présent, le trafic s’était arrêté à ses portes.
- Pour donner une idée des travaux déjà accomplis ou en cours d’exécution, indiquons que les quais de Port-de-Bouc et de Martigues-Caronte, une fois terminé le programme projeté, pourront offrir un développement égal à la moitié de ceux de Marseille. Quant aux terre-
- 1. Ce travail est aujourd’hui terminé.
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- pleins, en raison de la situation des lieux, ils atteindront plus du double de la surface de ceux de Marseille. Le trafic des annexes de Port-de-Bouc et Martigues-Caronte a atteint en 1928 un total de 978 000 tonnes dont 787 000 à l’entrée et 191 000 tonnes à la sortie.
- En vue de la desserte de ces annexes, la Cic P.-L.-M. a établi en 1924 un programme général de travaux dont l’exécution est subordonnée à l’aménagement des diverses parties de l’Etang et au développement du trafic. Il doit s’exécuter par tranches et la première étape a consisté dans l’établissement d’une double voie de Port-de-Bouc à Caronte avec faisceaux de réception et de manœuvre, voie mère d’embranchement, dépôt de machines, cité ouvrière, etc. Cette voie a été prolongée jusqu’au quai Verminck. Le développement du nouveau port entraînera la création d’une gare de triage déjà amorcée à Miramas où se fera la centralisation du trafic à destination ou en provenance des étangs.
- Il convient de remarquer que le rôle des annexes sera, au début tout au moins, sensiblement différent de celui de Marseille. Avant tout ces annexes sont destinées à recevoir des usines de transformation en raison des vastes surfaces offertes sur les bords des étangs et l’on doit s’attendre, dans un avenir assez rapproché, au déplacement de l’activité industrielle du port vers l’Ouest.
- Cette activité est déjà importante dans la région que nous étudions. Dans la zone de Port-de-Bouc et Martigues-Caronte, on trouve d’importantes usines fabriquant des produits chimiques (acide sulfurique, superphosphates, etc.), des huileries, une verrerie, une fonderie de métaux, des raffineries et entrepôts de pétrole, des chantiers de constructions navales et aéronautiques, des sécheries de morues, sans parler des marais salants exploités depuis fort longtemps.
- Dans l’Etang de Berre lui-même, l’activité est surtout localisée sur les bords Est et Nord, entre l’Étang de Bolmon et la ville de Berre. Outre un port aérien (à Marignane) et deux bases d’hydravions, une civile et une militaire, nous y trouvons une importante fabrique de zinc, diverses usines de produits chimiques, une tuilerie et briqueterie, des ateliers de constructions aéronautiques et l’on poursuit actuellement l’installation d’une raffinerie
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- de pétrole, de proportions imposantes. Diverses sociétés ont acquis des terrains et il est certain qu’une fois la liaison à la mer effectuée — et ce n’est que l’affaire de quelques mois — nous y verrons un redoublement d’activité manifesté par la création de nouvelles usines.
- La conclusion à tirer de cet aperçu rapide sera brève. En dépit de son développement prodigieux, le port de Marseille semble appelé à jouer dans l’avenir un rôle plus important encore que par le passé.
- Ceux qui ont la charge de ses destinées l’ont bien compris. En perçant le canal de jonction au Rhône, en poursuivant sans arrêt l’aménagement de ses annexes portuaires, ils montrent leur confiance dans l’avenir à une époque marquée du signe du pessimisme. Ils ont doté le port d’instruments de travail magnifiques afin qu’il
- Fig. 7. — Réservoirs à mazout sur les bords de Vétang de Berre.
- puisse mieux encore que par le passé répondre à ce qu’on attend de lui et contribuer à la prospérité du pays.
- A. F. Pellat.
- HENRI MOIS SAN
- L’œuvre si diverse du Chimiste français dont l’effigie se dresse aujourd’hui sur l’une des places de Meaux, sa ville d’élection, a été brièvement rappelée, le 4 cctobre dernier, devant les membres du onzième Congrès de Chimie Industrielle. Près d’un quart de siècle après la mort du savant,’ il convenait, en effet, de souligner, en public, la répercussion de ses recherches sur l’évolution de la chimie appliquée en France, en fixant les étapes d’une carrière scientifique qui, pour nous, comprennent surtout l’isolement du fiucr, la reproduction du diamant, enfin la préparation des métaux réfractaires et des composés de la série des carbures.
- Déjà signalé à l’estime de ses pairs, d’abord par un travail
- sur l’absorption de l’oxygène et l’émission du gaz carbonique par les plantes maintenues dans l’obscurité — travail publié en 1874 en collaboration avec Henri Deliérain—, puis par une thèse de doctorat sur les oxydes de fer qui marquait ses débuts dans la chimie minérale à laquelle il devait s’adonner par la suite tout entier, Henri Moiscan revenait, en 1885, sur les travaux de Davy, do Gore et de Frémy. Ce dernier, son maître au Muséum, avait constaté, dans Félectrolysc du fluorure de calcium fondu, le: dégagement d’une substance volatile à l’anode, promptement hors d’usage, mais il n’avait pu recueillir la moindre trace du métalloïde entrevu. Reprenant l’étude des composés fluorés, qui allait d’ailleurs le conduire à la découverte du fluorure et de l’oxyfluorure de phosphore,
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- et malgré certains échecs retentissants, notamment en présence d’une Commission de contrôle nommée par l’Institut, Moissan réussissait, le 26 juin 1886, à isoler le fluor, dans l’électrolyse de l’acide fluorhydrique anhydre, rendu conducteur par une légère, addition de dlqorure alcalin. La première famille des métalloïdes s’enrichissait ainsi d’un nouvel élément dont il convenait — et Moissan s’y attacha — de fixer les constantes physiques et les affinités. Jusqu’ici le fluor est resté sans application : le chlore qui possède, à un degré moins élevé, quelques-unes .de ses propriétés chimiques, est, en effet, un corps de préparation .facile, de maniement relativement commode, et la « bonbonne » de chlore est devenue presque aussi familière aux chimistes que le « tube » de gaz carbonique ou d’oxygène. Cependant, les travaux de Poulenc et Meslans, de Gino Gallo, d’Argo, de Sandow et surtout les essais de Lebeau et Damiens sur l’électrolyse du fluorure acide F K, 3 FH, ont abouti, récemment, à la construction d’un appareil simple et de grand rendement, qui peut connaître demain quelque emploi hors du laboratoire, la décomposition de l’eau, au contact du fluor, se traduisant par la mise en liberté de cet oxydant énergique qu’est l’ozone. Ainsi, sommes-nous peut-être à la veille de voir passer sur la scène industrielle un mode de préparation, bientôt vieux d’un demi-siècle et qui pourrait offrir un débouché aux sous-produits fluorés d’une fabrication — celle des superphosphates — particulièrement importante en France, car elle porte, bon an mal an, sur près de deux millions de tonnes.
- Jusqu’en 1890-91, l’étude des principales variétés de carbone, du charbon de bois au diamant, avait été limitée par l’impossibilité, pour les chimistes, d’obtenir une température supérieure à celle du chalumeau oxhydrique, soit 1750-1800°. Reprenant une hypothèse de Daubrée, Moissan poursuivait alors ses recherches sur les divers facteurs d’ordre physique qui ont pu jouer quelque rôle au cours des âges géologiques, estimant que la pression a dû intervenir au moment de la solidification du carbone en solution dans le fer liquide. 11 imaginait alors le four électrique, qui sépare Faction électrochimique de l’action électrothermique, simple bloc de chaux muni de deux électrodes, mais source de chaleur dont la température dépasse 3000 degrés et qui lui permettait de saturer de cai’bone une masse de fer et, par la projection brusque du creuset dans l’eau froide, de provoquer, autour d’un noyau resté liquide, la formation d’une enveloppe solide résistant à la formidable pression qu’exerce en se refroidissant un culot de fer carburé dont le volume tend à augmenter. Cet artifice ingénieux aboutissait à la production de diamant noir et transparent, en parcelles infimes certes, mais en quantité suffisante pour une identification avec les divers types de diamants naturels. Simple expérience qui ne dépassait pas les portes du laboratoire et ne troublait pas dans la marche de leurs affaires les prospecteurs du Transvaal, mais qui démontrait à son auteur qu’à la température do l’arc le carbone se volatilise et peut acquérir une extraordinaire activité chimique. C’était encore la mise au point d’un appareil de grande souplesse qui rendait facile la production de certains métaux : chrome, tungstène, molybdène, titane, et de leurs alliages ferreux. C’était enfin la voie ouverte sur un des chapitres inconnus de la chimie minérale, celui des carbures dont l’un, décomposable par l’eau en libérant un gaz combustible, l’acétylène, peut fixer, à 900°, l’azote. L’industrie électrothermique était née : le carbure de calcium allait prendre une importance industrielle de premier plan, comme source d’acétylène, et sa préparation constituer le pre- . mier stade de la production d’un engrais azoté, la cyanamide calcique.
- L’année 1892 avait marqué ainsi le point de départ d’une série de recherches, coïncidant avec l’aménagement de quelques chutes d’eau alpestres et les premières applications de l’électrochimie. Dès 1894, Moissan fixait les conditions de formation du carbure de calcium, par simple réduction de la chaux à la température de l’arc, après avoir montré que Faction du carbone sur certains oxydes peut aboutir à la préparation de fontes « spéciales » — ferrochrome, ferromolybdène, ferrotungstène... —, susceptibles de subir un affinage et d’entrer dans la fabrication de nombreux aciers.
- Rappelons ici que les premiers essais industriels pour la mise au point des «fours à i'erros » ont été faits dans une petite usine, utilisant à Rochefort, un peu au nord de Laval, une chute de la Mayenne, et dépendant de la « Néo-métallurgie ». De 1890 à 1902, on verra se monter, dans les Alpes françaises, les ateliers de Prémont, La Praz, La Rathie, Saint-Béron, Chedde, N.-D. de Briançon, Saint-Jeoire-en-Faucigny, Vil-lard du Planay..., types d’usines «collées à la chute», car le transport de l’énergie sous haute tension reste encore à l’étude. La ligne Paris-Chambéry-Turin remonte, on le sait, le cours de l’Arc et dessert Calypso, Prémont, La Praz, et les vallées de l’Isère et du Giffre permettent à la fois l’approvisionnement en matières premières : chaux, anthracite, minerais..., et l’écoulement i*apide des produits fabriqués : carbure et ferros. Pays d’agriculture et d’élevage, Tarentaise, Maurienne et Grésivaudan perdront bientôt leur caractère pastoral et le développement des nouvelles industries sera fort rapide, car, le traitement de la chaux par le charbon se réalisant dans des fours qui peuvent servir à la fusion des ferros-alliages, Pélectrothermie se caractérise par des fabrications « associées » qui plient les exigences de la production aux caprices du « moteur », torrent ou rivière, dont le débit est irrégulier... Et ce n’est pas diminuer l’œuvre de Moissan que de saluer la mémoire de Minet et de Paul Héroult en rappelant que l’aluminium s’élabore à Froges depuis 1889 et que l’installation de Calypso n’est que l’aboutissement des essais conduits à Creil par Lorbin et les frères Bernard.
- On a défini Henri Moissan un expérimentateur habile et d’une rare ingéniosité, mais certains donnent à ces mots un sens quelque peu désobligeant. Qu’on replace dans le temps ce Chimiste : il est l’un des derniers représentants d’une école sortie du tablier de Sainte-Claire-Deville ou de J.-B. Dumas. Ses contemporains sont Troost, Debray, Joly, Hautefeuille... ; son maître Frémy. L’art du chimiste s’exerce alors sur un champ encore mal exploité : les faits sont bientôt si nomr breux, les corps nouveaux apparaissent en telle quantité que les. matériaux s’accumulent sans qu’il soit possible de poursuivre certaines conceptions, d’ordre théorique, qui ne semblent pas d’ailleurs d’une utilité immédiate. Les diverses sciences paraissent séparées par des cloisons solides, et la chimie ignore l’appui que peut lui porter la physique avec la rigueur de ses mesures...
- La chimie-physique en est à son premier matin; les principes de la stéréochimie sont discutés; on voit mal les curieux rapprochements des composés purement minéraux avec les molécules complexes de la chimie organique...
- Mais rien dans l’œuvre de Moissan n’a été infirmé par de nouvelles expériences ; son Traité de Chimie minérale a rendu de signalés services aux générations de techniciens et de chercheurs qui se sont succédé depuis 1905; il a contribué à doter son pays d’une industrie toujours prospère...
- Un chercheur « heureux » eût dit Mazarin, soit, et cependant l’un des plus grands noms de la chimie française au cours du dernier siècle.
- Paul Baud.
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- LES PEINTURES DE CARÈNES
- LE POINT DE VUE BIOLOGIQUE DE LA PROTECTION DES MÉTAUX DANS LEAU DE MER"’
- Fig. i, — Le nettoyage de la coque d'un navire en cale sèche. Le navire « Uwl » de la marine américaine, d’après Visscher.
- L’eau de mer agit puissamment sur les métaux communs qui se trouvent à son contact.
- Non seulement, elle les attaque et les corrode beaucoup plus que les eaux douces, du fait de sa richesse en ions qui augmente sa conductibilité, mais encore elle les salit, elle les encrasse par les spores d’algues et les larves d’animaux qu’elle tient en suspension, lesquelles se fixent et croissent sur les surfaces immergées.
- Certains métaux tels que les alliages ferreux et plus encore les alliages légers d’aluminium ne peuvent rester longtemps dans l’eau de mer sans s’oxyder et présenter des altérations qui vont jusqu’à la perforation des tôles. Ces actions physico-chimiques ont été abondamment étudiées et si l’on n’a pas encore acquis une connaissance complète de leurs mécanismes, on est tout au moins parvenu à les retarder ou à les empêcher par divers revêtements protecteurs : peintures, vernis, émaux, laques, matières grasses, par la formation de couples électrolytiques, et aussi par des perfectionnements métallurgiques aboutissant à la création d’alliages moins attaquables et plus homogènes. Depuis quelques années, en France, la Commission de corrosion du Ministère de l’Air a suscité de nombreuses recherches dans ce sens; l’Office national des Recherches et Inventions poursuit systéma-
- 1. Communication au Congrès international d'Aviation coloniale, octobre 1931.
- Fig. 2. — Balanes fixées sur une colonie de Bryozoaires, sur la coque du navire « Texas », d’après Visscher.
- tiquement l’étude des peintures; partout, à l’étranger, les mêmes questions pratiques sont abordées.
- Il est un autre aspect du problème de la protection des surfaces métalliques au contact de l’eau de mer qui a été moins longuement examiné d’une manière scientifique, c’est le mécanisme de fixation et de développement des organismes vivants qui encrassent et encroûtent les corps immergés. Seul le choix des revêtements protecteurs qui peuvent empêcher cette salissure, ce « fouling », a donné lieu depuis longtemps à nombre d’essais empiriques.
- Le problème est d’importance; il occupe les marines militaires et commerciales du monde entier.
- On sait que tous les navires doivent passer périodiquement en cale sèche pour que leur coque soit grattée et repeinte. Cette opération se renouvelle généralement tous les six, huit ou dix mois. Elle constitue chaque fois une immobilisation de plusieurs jours pendant lesquels le capital énorme que représente un grand vaisseau ou un grand paquebot est inutilisé. L’opération elle-même nécessite une abondante main-d’œuvre et une grande quantité de peinture ; les Américains estiment à 100 000 dollars le coût du nettoyage de la coque d’un transatlantique tel que le « Léviathan » ou le « Majestic ».
- Entre deux passages en cale sèche, la salissure progressive, augmentant la résistance, diminue la vitesse, ou, si l’on veut maintenir celle-ci, exige une dépense croissante de combustible. On a noté, sur des navires couverts d’algues et encroûtés d’animaux, des ralentissements atteignant 50 pour 100 de la vitesse, des augmentations de consommation de charbon ou de mazout de 40 pour 100. En général, un bateau navigant brûle 10 pour 100 de plus un'mois après qu’il est sorti du port.
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- Les conséquences de l’encrassement des coques, purement pécuniaires quand il s’agit de marine de commerce, peuvent être beaucoup plus graves pour la marine de guerre. Au moment de l’action, la vitesse d’un convoi est réglée sur celle de l’unité la plus lente; une division de navires homogènes ne pourra dépasser celle du navire le plus encrassé. Bien plus, il faudra toujours compter sur l’immobilisation de certaines unités en carénage, ce qui diminuera la puissance de la flotte.
- L’étude biologique de la salissure des coques doit donc compléter celle physico-chimique de la corrosion et la recherche de la protection doit tenir compte des deux facteurs.
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- Les anciens bateaux de bois étaient enduits de bitume ou de graisse, recouverts de cuivre ou de plomb, en particulier pour éviter les perforations des tarets. Les flottes en bois n’existent plus et la question des tarets n’intéressé aujourd’hui que les barques de pêche et surtout les travaux
- publics au bord de la mer : pilotis, passerelles, etc. Elle a d’ailleurs donné lieu récemment, aux Etats-Unis, à une longue étude du National Research Council (*).
- L’étude systématique de la « crasse » des navires en fer ne fait que commencer. On s’était borné jusqu’ici aux essais pratiques de peinture, à la brosse, puis par pulvérisation, des mélanges les plus divers et parfois les plus inattendus, entre lesquels peu à peu une sélection s’est faite que la tradition a fixée.
- Déjà, en 1867, Young (?) signalait plus de 300 brevets déposés en Angleterre pour des formules de peintures de carène et en 1922, Gardner (") en comptait 166 aux États-Unis.
- On a proposé pour protéger les coques en fer toutes
- 1. Atwood (William G.) and Johnson (A. A.). — Marine structures their détérioration and préservation. Report of the Committee on marine piling investigations, 1 vol. in-8, 354 p., Washington, 1924.
- 2. Young (Charles F. T.). — The l'ouling and corrosion oi' iron ships ; their causes and means of prévention, with the mode of application to the existing ironclads. 1 vol. in-8, 212 p., Londres, 1867.
- 3. Gardner (H. A.). — Modem research on antifouling points. Cir-cular n° 157, Paint Manufacturers’ Association of the U. S., Washing-
- ton, 1922.
- sortes de produits : peintures à l’huile, au silicate, au caoutchouc, asphalte, vernis, résines, coaltar, etc., auxquels on a ajouté toutes les substances connues comme toxiques; mercure, cuivre, zinc, baryte, arsenic, cyanures, et jusqu’à des alcaloïdes. On a imaginé des peintures exfoliantes se détachant progressivement par couches en entraînant les êtres vivants fixés.
- Beaucoup de compositions ont été éliminées en raison de leur prix, de la lenteur du séchage ou de leur inefficacité et il n’est finalement resté que peu de formules et de marques, assez protectrices contre la rouille ou contre la crasse quand elles sont bien préparées et appliquées, entre lesquelles les intéressés font un choix empirique, en l’absence de données scientifiques précises.
- Depuis quelques années, de même qu’on a commencé d’étudier théoriquement la corrosion par les méthodes physico-chimiques, on a fait appel aux sciences naturelles, à la systématique et à la biologie, pour connaître le mécanisme de la salissure des coques immergées. Déjà quelques travaux ont vu le jour à l’étranger, dont j’indiquerai ici les résultats et les aperçus nouveaux, pour orienter les recherches qui débutent en France.
- En Allemagne, Hentschel, en 1923, a rendu compte (') de l’examen qu’il avait fait de 48 navires passés en cale sèche à Hambourg et, en 1924, il a noté (') l’encrassement progressif de la coque d’un navire sur lequel il voyageait de Hambourg en Amérique centrale. Le premier, il a signalé des variations saisonnières des organismes qui en sont cause.
- Aux États-Unis, Visscher a publié en 1927 un important mémoire (1 2 3) basé sur l’examen, poursuivi depuis 1922, de plus de 250 navires et sur des recherches expérimentales entreprises aux laboratoires maritimes de Woods Hole et de Beaufort.
- En Angleterre, Orton a donné, en 1930, les résultats (4) des observations faites depuis 1919, au laboratoire maritime de Plymouth, sur des surfaces différemment peintes et immergées en plusieurs points de la côte. Il a aussi examiné quelques coques de navires rentrant de voyages.
- A cela se bornent, je crois, nos connaissances actuelles. Il s’en dégage déjà diverses indications pour des recherches futures. Un laboratoire maritime français, Concarneau, vient de les aborder.
- * ’ *
- La salissure des coques dépend d’un très grand nombre de facteurs. La composition de la peinture intervient et
- 1. Hentschel (Ernst). — Der Bewuclis an Seeschiffen. Inlern. Rev. Gcs. Hydro-biol. u. Hydrographie, XI, 1923, p. 238-264.
- 2. Hentschel (Ernst). — Das Werden und Vergehen des Bewuchses an Schilïen. MM. Zool. Staatinsiitut u. Zool. Mus. Hamburg, XLI, 1924, p. 1-51.
- 3. Visscher (J. Paul). — Nature and extent of l'ouling of ships’bot-toms. Bull. Bur. of Fish. XLI1I, 1927, p. 191-252.
- 4. Orton (J. H.). — Experiments in the sea of the growth-inhibitive and preservative value of poisonous paints and ôther substances. Journ. mar. biol. Ass., XVI, 1930, p. 373-452.
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- aussi la qualité des produits qui y entrent. Sa couleur n’est peut-être pas non plus indifférente. Le mode d’application a son importance parce qu’il forme une pellicule plus ou moins adhérente et lisse, favorable ou non à la fixation des organismes qui se développent surtout dans les anfractuosités et sur les surfaces rugueuses telles que celles provoquées par la corrosion. Le temps écoulé depuis le dernier nettoyage et aussi les mers traversées ont un rôle de premier ordre. La crasse est beaucoup plus abondante et rapide en été qu’en hiver, dans les eaux chaudes que dans les froides. La différence est déjà très sensible entre divers ports français tels que Dunkerque, Cherbourg, Lorient et Toulon. Les écarts de salinité de l’eau ont une action quand ils sont extrêmes; le séjour dans un port fluvial ou dans certains bassins pollués de produits chimiques par des égouts suffit pour tuer la plupart des êtres vivants lixés à la coque et retarder d’autant l’encrassement; on sait que le séjour en eau douce est une pratique connue depuis longtemps et utilisée par certains capitaines. D’autres éléments interviennent encore : peut être la vitesse du navire, la teneur en oxygène de l’eau, et certainement l’abondance du plancton, notamment des spores, des œufs et des larves des espèces qui vivent fixées sur les carènes.
- On imagine le nombre d’observations et d’expériences qu’il faudra pour connaître l’importance relative de tous ces facteurs.
- *
- * *
- Une première question qui se pose est celle de la nature des êtres qu’on rencontre le plus communément lixés sur les navires.
- Leur récolte et leur détermination ne sont pas des plus aisées parce que beaucoup meurent et se décomposent pendant le séjour dans les bassins ou lors de la mise à sec; quelques-uns se détachent alors, d’autres sont envasés, d’autres encore tués par les lavages ou brisés par les raclages.
- De plus, les listes qu’on peut dresser n’ont d’intérêt que si l’on connaît toutes les conditions du milieu : nature de la peinture, date du précédent carénage, itinéraires du bâtiment, durées de ses traversées et de ses séjours dans des ports.
- Le mémoire de Visscher fournit de précieux renseignements à ce sujet. Basé sur l’examen de 250 navires américains, presque tous peints selon les mêmes formules officielles de la Marine des Etats-Unis, à base d’oxydes de zinc, de fer, de mercure, additionnés ou non d’oxyde de cuivre, il note pour chacun la date d’examen, le temps passé à la mer et dans les ports depuis le précédent carénage, les eaux fréquentées, le degré de salissure et la nature des organismes dominants.
- Ceux-ci correspondent aux trois types de « crasses » que distinguent les marins et. les ouvriers des ports : « l’herbe », constituée par des colonies d’Hydroïdes ; « la mousse », formée par des algues vertes, abondante surtout près de la ligne de flottaison ; « les coraux », plus durs et plus encroûtés, où l’on trouve surtout des Cirri-pèdes, des Mollusques et des Bryozoaires.
- Sur 250 navires vus en cale sèche, 217 étaient encrassés ;
- Fig. 4. — Balanes, bryozoaires et hydroïdes encroûtant le dessous d'une coque, d’après Visscher.
- 152 portaient des Cirripèdes (Balanes), 105 des Algues, 91 des Hydroïdes, 87 des Bryozoaires, 37 des Mollusques, 22 des Tuniciers, 17 des Protozoaires.
- En ajoutant quelques Annélides, particulièrement des Serpuliens tubieoles, on peut se faire une idée du peuplement des coques de navires.
- Visscher y a reconnu 48 espèces animales et 13 végétales. A Plymouth sur des objets (bois, coquilles) peints et immergés, Ortori a compté 62 espèces animales (dont 6 Eponges) et 4 espèces d’Algues, dont beaucoup sont les mêmes que celles signalées par Visscher.
- Tous ces êtres vivants sont des formes côtières, banales, qu’on trouve ailleurs un peu partout, dans les eaux littorales peu profondes. 11 semblerait donc que la pollution des navires ait lieu surtout au voisinage des côtes.
- Beaucoup peuvent supporter un passage en eau saumâtre, par exemple les Cirripèdes, les Mollusques et certaines Algues.
- Tous se servent du substrat uniquement comme moyen de fixation. Notamment, les Cirripèdes, les Hydroïdes, les Bryozoaires, les Mollusques, les Tuniciers qui vivent isolés de leur base d’attache par une enveloppe de calcaire ou de chitine ; ils prennent leur nourriture et assurent leurs échanges respiratoires dans l’eau libre, souvent au pôle opposé. Cela explique pourquoi beaucoup de pein-
- Fig. 5. -— Encrassement par des hydroïdes, d’après Visscher.
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- tures toxiques sont sans effet et n’empêchent nullement, le ^développement des organismes une fois que ceux-ci sont fixés. Le seul moyen décisif paraît être quand les œufs ou les larves flottant dans le plancton viennent se poser.
- L’encrassement des coques est très inégal sur un même bateau et sur des unités différentes placées dans les mêmes conditions sans qu’on ait encore analysé tous les facteurs qui interviennent.
- Sur une coque l’éncrassement n’est généralement pas continu et permet de distinguer plusieurs zones. Les algues du genre Entéromorphe sont fixées près de la ligne de flottaison où elles forment souvent une « barbe » verte ; elles sont parfois^mêlées à certaines espèces de Balanes. Quand leurs touffes sont suffisamment longues, elles donnent asile à des Amphipodes, des Annélides. Sur les coques peu atteintes, cette « barbe » existe seule; on peut admettre qu’elle est liée au plus grand éclairement en surface. Hentschel a constaté sa plus grande abondance en été, ce que Visscher n’a pu vérifier, mais ce qui est probable d’après ce qu’on voit dans nos ports.
- Fig. 6. — Tuniciers, hydroïdes et bryozoaires encroûtant une coque d’après Visscher.
- Plus bas, vivent d’autres Balanes, souvent fixées sur des colonies de Bryozoaires, qui forment des taches éparses. Parfois, les Serpuliens abondent.
- Plus bas encore, sous la coque, surtout quand elle est plate, vivent en abondance des colonies d’Hydroïdes et de Bryozoaires, des Moules, des Ascidies, mêlées à des Balanes, qui arrivent'à former des croûtes anfractueuses continues. . . -
- Sur les navires à grande vitesse, l’étrave et les flancs verticaux fortement frottés, par l’eau restent nets, comme si aucun être -vivant ne pouvait s’y fixer et s’y maintenir» Les Bryozoaires et les Balanes forment de petites traînées le long des lignes de rivetage, soit que le courant d’eau y soit troublé et moins violent, soit que les actions électrolytiques des rivets créent un milieu favorable. Les Hydroïdes et les Tuniciers, plus fragiles, ne se montrent que sur les parties des navires rapides abritées des courants après une traversée; ils gagnent tout le bas de la.coque dans les ports.
- Sur 250 bâtiments observés en cale sèche, Visscher en à vu 33 (soit A3 pour 100) non encrassés, 98 (soit 39'poujr
- 100) qui l’étaient modérément, 67 (soit 27 pour 100 moyennement, 52 (soit 21 pour 100) fortement.
- Sur ces navires convenablement entretenus, Visscher a noté à plusieurs reprises des surcharges dues à l’encrassement de l’ordre de 10 tonnes, mais il rappelle que celles de 50 à 100 tonnes ne sont pas très rares et qu’on en a signalé de 300 à 500 tonnes. )
- Le degré d’encrassement dépend naturellement du temps d’immersion depuis le précédent nettoyage, et aussi du service accompli pendant ce temps, de la vitesse de marche, des eaux traversées, des séjours dans des ports, de la forme de la coque, etc.
- ) Cette inégalité appai’aît dans les statistiques de Visscher établies par catégories de navires. Le pourcentage dans chaque catégorie est le suivant :
- Degré d’encrassement.
- Nul Faible Moyen F ort
- Bateaux à passagers. 20 65 15 0
- Torpilleurs .... 0 60 30 10
- Cargos 15 50 25 10
- Croiseurs 10 10 60 20
- Charbonniers . . . 8 12 35 45
- Non commissionnés. 5 20 35 40
- Cuirassés 0 20 40 40
- Bateaux-phares . . 0 0 50 50
- Les grands navires à passagers, rapides, séjournant peu dans les ports et les eaux littorales, sont les moins atteints. En outre, ils passent en cale sèche tous les 7 mois en moyenne.
- Les cargos séjournant souvent dans des bassins pendant une à trois semaines. Ils passent généralement en cale sèche tous les 8 mois. Leur crasse est tuée et se détache en grande partie quand ils restent plus de 10 jours à quai ou lorsqu’ils tiennent la mer assez longtemps entre deux escales.
- Les navires de guerre, les charbonniers, qui restent plus longtemps dans un port, et qui ne sont nettoyés que tous les 9 mois, se salissent beaucoup plus.
- Enfin, les bateaux-phares, ancrés près de la côte et dont la coque n’est visitée que tous les 11 mois, sont de tous les plus encrassés.
- Les transatlantiques naviguent 60 pour 100 du temps ; les cargos,. 40; les torpilleurs, 30 ; les croiseurs, 20; les cuirassés, 15; les charbonniers, 10; les bateaux non commissionnés et les bateaux-feux ne naviguent pas.
- La salissure dépend du temps passé dans les ports, comme le montre le tableau suivant de Visscher :
- Séjours au port de Degré d’encrassement.
- Nul Faible Moyen Fort
- 1 - - 2 i/2 mois 28. 60 13 2
- 3 - - 5 » 25 13 40 22
- 6 - - 10 » 3 13 49 35
- 11 - - 15 » 0 . 10 38 52
- 16 - - 20 » 0 0 17 83
- Elle dépend aussi du temps écoulé depuis le précédent nettoyage (Visscher).
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- 0 — 3 mois. . . 41 34 25 0
- 4 — 0 » . . 20 42 27 11
- 7 — 9 » . . 14 57 22 6
- 10 — 12 » . . 0 36 28 36
- 13 — 15 » . . 0 29 35 35
- 10 — 18 » . . 0 0 30 64
- 19 • 21 « . . 0 0 0 100
- Elle diminue piand le navire passe une ]> lus grand
- partie du temps en haute 1 — 4 % du temps 10 mer. 10 22 58
- 5 — 29 )) 3 22 38 37
- 30 — 59 )> 3 24 36 37
- 00' — 79 » 10 52 27 11
- 80 — 89 » 17 00 20 3
- 90 — 94 » 19 61 17 3
- 95 — 98 » 29 54 14 3
- 99 —100 « 32 58 10 0
- Visseher a comparé des transatlantiques faisant un service régulier, les uns avec l'Europe, les autres avec l’Amérique du Sud et des cargos des lignes de l’Afrique occidentale, de la Méditerranée, du Pacifique, des Indes Orientales. Les transatlantiques traversant les zones tropicales ne sont guère plus encrassés que ceux des lignes d’Europe, les êtres vivants lixés dans les eaux chaudes mourant à l’arrivée dans un port septentrional. Les cargos venant de la côte occidentale d’Afrique sont toujours fortement salis; Visseher l’explique par les escales répétées dans les multiples ports du golfe de Guinée. Par contre, ceux rentrant d’Amérique du Sud ont toujours une coque nette. En général, le « fouling » est plus rapide et plus intense dans les mers bordières tropicales que dans la zone tempérée. Dans certains cas, on peut reconnaître les dernières escales du navire à la nature des organismes fixés; ceux des mers de Chine sont différents de tous les autres; à Cuba, on remarque l’abondance de deux Balanes et d’un Bryozoaire, etc.
- L’encrassement varie selon les saisons, chaque espèce ne pouvant se fixer qu’au momen t où elle émet des'spores, des œufs ou des larves, ce qu’elle ne fait qu’une partie de l’année, plus ou moins longue selon les localités. Dans les ports atlantiques des Etats-Unis, les Algues se multiplient à la fin de l’hiver et au début du printemps les Tuniciers, les Bryozoaires, les Huîtres à la fin du printemps et au début de l’été, les Balanes encore plus longtemps, les Hydroïdes au printemps et en automne, etc.
- L’encrassement dépend aussi de la composition de la peinture et de l’état de surface. Visseher, tout en rappelant les longues discussions soulevées en Amérique et ailleurs à propos de la valeur protectrice des peintures toxiques, ne se prononce pas, presque, tous les navires observés par lui étant couverts de peintures du même type, à base d’oxydes de cuivre et de mercure. Il signale la plus grande propreté des surfaces lisses, soit que les larves ne viennent pas s’y fixer, soit que le glissement de l’eau, pendant la marche, les détache plus aisément.
- L’enquête, remarquablement précise et étendue de Visseher, fait apparaître le problème de la protection des coques immergées sous un jour tout nouveau. Elle en
- Fig. 7. — Influence de Vêlai de surface. A gauche, surface rugueuse; à droite, surface lisse, toutes deux couvertes de peintures toxiques et immergées pendant le même temps, d’après Visseher.
- montre toute la complexité. Elle révèle, à côté de la question physico-chimique de corrosion, un aspect biologique inattendu et de première importance.
- Il est à souhaiter qu’une enquête de pareille ampleur soit bientôt faite dans la même forme sur les navires passant en radoub dans nos ports français. Rien ne pourrait mieux préciser les données nécessaires au futur établissement, si désirable, d’une formule de peinture de carènes protégeant à la fois contre la corrosion et l'encrassement.
- *
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- Déjà, à ces observations statistiques sont venues s’ajouter quelques recherches expérimentales.
- Puisque les Balanes forment le plus fort contingent des
- Fig. 8. — Influence de la couleur. Panneaux peints immergés le même temps, d’après Visseher.
- A blanc de /.inc E noir
- 15 jaune F blanc de titane
- G vert clair G vert sombre
- I) chocolat H rouge -
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- êtres vivants encrassant les coques, c’est surtout sur leurs larves que les Américains ont fait porter leurs essais.
- En 1923, Bray (x) a essayé sur les premiers stades larvaires (Nauplins) l’effet de nombreux composés toxiques à différentes concentrations dans l’eau et observé des actions très inégales, mais les Balanes ne se fixent qu’au stade suivant (Cypris).
- Holzapfel (1 2) a cherché l’action des couleurs sur l’encrassement et n’a rien vu de net.
- Parker (3) a immergé des plaques de divers métaux non protégées et les a toutes vues s’encrasser sauf celles de cuivre et à un moindre degré celles de zinc. Il a supposé une action électrolytique et, en créant des couples où le cuivre est attaqué, celui-ci a perdu son effet protecteur.
- L’American Society for testing materials a entrepris des expériences réelles sur des coques peintes par bandes avec diverses compositions toxiques. Les résultats ont manqué de netteté; ils ont seulement attiré l’attention sur le véhicule (huile, résine, vernis) dont l’adhérence et l’état de surface semblent avoir autant d’importance que la nature du pigment.
- Vissclier a repris la question de clarté et de couleurs en immergeant des plaques d’acier peintes et des tuiles diversement colorées. Les Algues se développent en abondance seulement sur les plaques blanches ; les tubes de vers sont rares sur le blanc et le noir, fréquents sur les autres couleurs, abondants sur le jaune; les Bryozoaires ne sont nombreux que sur le rouge, le vert, le bleu et le noir, ils manquent sur le blanc et le jaune; les Hydroïdes ne pullulent que sur le noir; les Balanes sur le bleu et
- 1. Bray (A. W.). — A preliminary investigation into the I'ouling ot ships’ bottoms by marine growtlis. Report, Bureau ot Construction and Repair, U. S. Navy Department. 40 pp., Washington, 1923.
- 2. Holzapfel (A. C.). •— The effect of light on the i'ouling of ships. Bull. Am. Bur. of Shipping, III, 1923, p. 9-10.
- 3. Parker (G. H.). — The growth of marine animais on submerged metals. Biol. Bull., XLVII, 1924, p. 127-142.
- :------:— LA MORT DU
- Il y a peu de spectacles plus charmants que celui de ces aquariums tropicaux, qui commencent à être à la mode, et dans lesquels évoluent, parmi des plantes vertes et des rochers aux formes capricieuses, dans une lumière dorée, d’admirables petits poissons de toutes les couleurs, qui nous viennent des pays chauds.
- C’est une joie perpétuelle pour les yeux que de les voir parcourir en tous sens leur petite prison transparente, avec une rapidité, avec une agilité prodigieuses, promenant de tous les côtés, à travers les rochers et les herbes marines, leurs robes éclatantes d’une richesse et d’une variété merveilleuses !
- Mais c’est aussi parfois une joie pour l’esprit. Et il m’a été donné récemment d’assister à un spectacle extraordinaire, que je n’aurais pas cru possible, si je ne l’avais vu de mes yeux, et qui montre à quel degré d’élévation jteuvent atteindre, devant la mort, les facultés affectives
- surtout sur ,1e noir. Les tuiles colorées fixent d’autant plus de Balanes qu’elles sont plus sombres.
- Avec Luoe, Visscher a cherché l’effet des diverses radiations du spectre sur les larves Cypris et a trouvé une action maxima dans le bleu et surtout le vert.
- En Angleterre, à Plymouth, Orton a fait de longues observations sur des pièces de bois et des coquilles de Pecten couvertes de deux couches de diverses peintures commerciales et immergées en trois points différents de la côte. Il a reconnu l’influence des saisons et celle de la pollution de l’eau (eau pure, eau du port, eau voisine d’un égout). Certaines peintures ont perdu leur propriété « anti-fouling » en quelques semaines, tandis que d’autres ont arrêté toute croissance pendant 9 mois et d’autres pendant 20 à 42 mois; les premières étaient seulement anticorrosives, les autres toxiques. Quelques-unes s’altéraient rapidement et mettaient à nu la surface non protégée; d’autres perdaient leurs propriétés toxiques avant de s’éroder. L’exposition à une lumière intense provoque un abondant développement d’algues et il est probable que les couleurs claires empêchent la fixation des larves de Balanes, d’Ascidies, d’Hydroïdes. Les bactéries semblent jouer un rôle important dans l’altération de certaines peintures.
- Les constatations d’Orton confirment et complètent sur certains points celles de Visscher; elles les contredisent sur d’autres.
- Il reste un long travail d’expérimentation à poursuivre pour déterminer l’importance relative de tous les facteurs qui interviennent dans ces essais. Seul il permettra d’aboutir à des conclusions précises sur la valeur des peintures de carènes, de fixer leur composition et leur mode d’application au mieux des besoins de la marine et de l’aéronautique navale. C’est un nouveau chapitre de biologie appliquée qui s’ouvre et qu’écriront les laboratoires maritimes.
- R. Legendre.
- POISSON BLEU ....................
- et sentimentales de certains de ces admirables joyaux vivants, qui ne semblent créés que pour le plaisir de ceux qui les contemplent ! C’est d’ailleurs chez eux une rare exception, car ils voient, au contraire, disparaître avec l’indifférence la plus évidente leurs camarades de captivité, même lorsqu’ils sont de la même espèce. Beaucoup de ces petits poissons sont d’une grande fragilité, et on en voit mourir assez souvent, avec une rapidité déconcertante. Leurs compagnons n’attendent pas toujours la mort pour se précipiter sur eux. Dès qu’ils sont malades, on voit les autres les mordre aux nageoires, les secouer pour en arracher des lambeaux, et, en somme, les dévorer vivants. Dès qu’ils sont morts, le festin continue. Ces petits monstres ont une prédilection pour les yeux, et si on ne s’empresse pas de retirer le cadavre, on assiste à des scènes de cannibalisme assez répugnantes.. Tel est'le spectacle normal, et c’est parce que je le connais bien que j’ai été
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- Fig. 1. — « Combattants » et leur nid.
- profondément surpris d’assister à une scène d’un ordre tout différent, qui m’a véritablement ému, et dont je voudrais essayer de retracer ici les péripéties surprenantes. Peut-être me sera-t-il impossible de rendre toute l’émotion qui s’en dégage. Mais j’affirme, en tout cas, de la façon la plus formelle, la réalité littérale de cette scène de psychologie presque humaine.
- J’avais dans mon aquarium un couple d’admirables « combattants » de Sumatra, longs de G à 8 centimètres environ, au corps arrondi, effilé aux deux extrémités, comme un sous-marin minuscule, mais d’une admirable souplesse, et capable de s’infléchir dans les courbes les plus gracieuses. La femelle est très élégante, avec sa nageoire caudale arrondie, aux reflets bleutés, et sa petite tête line que termine un museau pointu. Mais le mâle est splendide. De même forme générale et d’une souplesse identique, il porte une magnifique nageoire dorsale, qui se dresse comme une épée.
- Mais la nageoire de son ventre est une draperie somptueuse, d’un bleu profond, qu’il aime à déployer sous la lumière en ondulations éclatantes.
- Ils ne faisaient pas toujours bon ménage, et j’ai vu, à maintes reprises, le mâle poursuivre assez rudement sa compagne, qui se réfugiait aussitôt dans les herbes et dans les rochers. D’ailleurs, sous l’influence de cette crainte, ou pour toute autre raison, elle se tenait presque toujours cachée parmi les plantes vertes, où il était souvent assez difficile de l’apercevoir. Mais il faut croire que cette mésentente n’était pas profonde, ou qu’en tout cas elle n’avait éveillé dans le cœur de la femelle que des sentiments passagers, car voici la scène funèbre qu’il m’a été donné de voir :
- Le mâle est mort, à la suite d’un accident. Un jour, au moment où on renouvelait l’eau, avec un long tube en
- Fig. 2. — Aquarium d’appartement et son couple de a Combattants ”•
- caoutchouc formant siphon, il fut aspiré tout à coup, et passa tout le long du tube, à frottement dur. Il sortit assez meurtri de cette aventure, et trois jours plus tard, après quelques alternatives, qui m’avaient permis d’espérer sa guérison, il succomba. Le hasard lit qu’il vint mourir sur le sable, dans un petit espace encerclé de rochers, au milieu même de l’aquarium, derrière la vitre antérieure. J’étais désolé de cette mort, dont l’imminence m’était apparue à la vue de quelques poissons qui, comme à l’ordinaire, s’étaient précipités sur le mourant afin de dévorer ses nageoires, ces nageoires magnifiques dont la belle couleur se ternissait avec l’approche de la mort.
- Comme je contemplais le petit cadavre, je vis tout à coup arriver la femelle qui commença par mettre en fuite quelques-uns des agresseurs, en se précipitant sur eux. Et puis, elle revint vers son mâle immobile, se demandant sans doute pourquoi cette immobilité. Savait-elle ce qu’est la mort ? Elle s’approcha de lui, et de son fin petit museau qu elle promenait, au contact meme du corps, de la tête à la queue, elle semblait flairer ce corps inerte qui ne répondait pas à son appel. A deux ou trois reprises, je la vis s’éloigner de quelques centimètres .et se livrer devant lui, comme l’aimée devant son seigneur, à des démonstrations d’une parfaite élégance, à des évolutions d’une souplesse singulière, comme pour le provoquer et le réveiller enfin en lui faisant admirer la grâce infinie de ses formes. Puis elle revenait flairer d’un bout A l’autre le pauvre corps toujours inerte et, qui sait, le baiser
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- peut-être! De temps en temps elle s’élançait de nouveau et mettait en fuite quelque rôdeur en quête de sa proie, puis revenait vers son mâle toujours sans mouvements. Plusieurs fois elle le heurta rudement, avec assez de force pour le déplacer, comme pour le sortir de ce sommeil profond, qu’elle ne comprenait pas. Au bout de trois ou quatre minutes de ce manège merveilleux, elle s’éloigna pour aller se perdre dans les plantes et dans les rochers. Et puis, elle revint auprès de celui qui demeurait toujours insensible à ses appels et aux évidentes manifestations de sa tendresse. Je l’observai ainsi pendant une demi-heure environ, au cours de laquelle la même scène se renouvela quatre ou cinq fois dans des conditions identiques.
- J’enlevai alors le petit cadavre, au moment où sa femelle venait de s’éloigner.
- Elle revint bientôt, tournant longtemps à la place maintenant vide, cherchant celui qui n’y était plus, et pendant les heures, et même les jours qui suivirent, la pauvre femelle éplorée, qui restait autrefois obstinément cachée dans les herbes et les rochers, venait sans cesse en pleine lumière, au point le plus central et le plus visible, attirée par le souvenir de celui qu’elle avait perdu.
- Un autre mâle a:pris la place du premier. 11 a été fort mal reçu. 11 y a eu des batailles, toujours provoquées, au début, par la femelle, lidèle au souvenir du disparu. Les belles nageoires du nouveau venu ont été fort endommagées, mais tout a une lin, et le mâle, outré de cet accueil malveillant, et sans doute conscient de sa force, a passé à la contre-attaque. Il a à son tour fortement maltraité les nageoires de sa compagne. Mais, aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre, et la paix semble revenue dans le ménage, sur lequel plane encore peut-être, en s’effaçant de plus en plus, l’ombre chère du disparu.
- Telles sont les observations qu’il m’a été donné de faire. Je n’ai dit que ce que j’ai vu.
- Je ne pense pas qu’il soit possible d’interpréter ces laits autrement que comme la manifestation de sentiments affectifs d’un ordre très élevé, véritablement émouvants, et qui ne paraissent pas toujours aussi profonds, ni aussi sincères, chez cet animal cependant bien plus haut dans l’échelle des êtres que le beau petit poisson bleu de Sumatra, et qui s’appelle l’Homme !
- Juan-Louis Faune.
- LA STERILISATION DES EAUX DE BOISSON
- PAR L’APPAREIL “ CARBOCHLORE ”
- C’est un gros souci que celui de la stérilisation de l’eau de boisson. A la ville, l’eau potable est en général livrée saine, parce qu’elle est traitée au préalable dans de grandes installations : le traitement comporte le plus souvent filtrage sur lit de sable et stérilisation automatique par l’eau de Javel.
- A la campagne, où chaque particulier doit s’assurer lui-même son eau potable, le problème est plus difficile. 11 existe bien des filtres stériliseurs ; mais ce sont des appareils délicats et leurs défaillances sont redoutables. Le plus sage est donc de recourir, tout comme à la ville, au filtrage mécanique préalable s’il en est besoin, et à la stérilisation par l’eau de Javel.
- Celle-ci, depuis- la \guerre, a fait ses preuves et n’est plus: discutée. Mais il existe plusieurs écoles pour son mode d’emploi : les uns préconisent des doses très faibles : quelques dixièmes de milligrammes par litre d’eau; dose suffisante en effet pour faire disparaître dans la plupart des cas les microbes pathogènes. Mais il arrivera parfois, et du reste à l’improviste, que l’eau sera polluée à l'excès; la dose précédente 'sera insuffisante; mais comme il n’existe pas d’appareil pouvant doser le débit de la solution d’eau de Javel en fonction de la teneur en microbes, les hygiénistes prudents préconisent d’employer toujours des doses fortes, de l’ordre de 1 mg 5 de chlore réel par litre d’eau et même davantage.
- On est sûr, alors, d’avoir-détruit tout microbe. Mais oi se heurte à un autre écueil! l’eau prend un goût de chlore fort désagréable, et rien ne prouve, du reste, que
- l’ingestion d’hypochlorite de soude à pareille dose ne soit pas sans danger pour l’organisme.
- Le Dr Cambier, directeur du laboratoire d’hygiène de la Ville de Paris, a eu l’idée de remédier à cet inconvénient, en débarrassant de son excès de chloré l’eau stérilisée à forte dose. 11 concilie ainsi la prudence et les exigences du palais.
- De là est né le procédé « Carbochlore ». L’eau brute, préalablement clarifiée, est traitée par l’eau de Javel (hypochlorite de soude), dans la proportion de 1,5 milligramme de chlore réel par litre d’eau, soit 1 goutte d’eau de Javel à 10° du commerce. L’auteur a constaté que cette dose suffît pratiquement à stériliser les eaux les plus contaminées. Ce procédé qui garantit donc une stérilisation et une désodorisation absolues de l’eau a reçu l’approbation du Conseil supérieur d’Hygiène publique de France.
- Il n’y a, du reste, pas à craindre de donner un débit trop fort à l’eau de Javel. Une dose double de la précédente n’aurait pas d’inconvénient, puisque le chlore va être éliminé.
- Cette opération est assurée au moyen du charbon actif. L’eau javellisée passe dans un récipient contenant un charbon actif spécialement préparé. Celui-ci agit sur l’hypochlorite en excès, ainsi que sur le chlore libre en catalysant l’une ou l’autre des réactions suivantes :
- 2 Cl 0 Na = 2 Cl Na + O2 \
- hypochlorite = Chlorure de sodium -j- oxygène. '
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- 453
- cp + ppo = 2 cm + o.
- Chlore + eau = acide chlorhydrique.
- L’oxygène dégagé oxyde les matières organiques restées en suspension; l’acide chlorhydrique immédiatement neutralisé par le bicarbonate de chaux toujours présent donne des traces de sel marin, qui s’ajoutent purement et simplement à celles toujours présentes dans les eaux naturelles.
- Le charbon absorbe, en outre, toute autre odeur dont l’eau pourrait être affectée et supprime tout goût désagréable.
- La combinaison : eau de Javel-charbon actif assure donc au sortir de l’appareil de traitement, une eau limpide, aérée, sans odeur ni saveur, et débarrassée de tout agent microbien nocif, donc agréable et sûre.
- Sur ce principe, M. Cambier a combiné divers types
- d’appareils fort intéressante, Signalons d’abord l’appareil carbochlore automatique pour le traitement de volumes d’eau considérables : c’est celui qui convient aux grandes ou moyennes installations.
- La figure i représente schématiquement l’essentiel du dispositif : il comprend un javel-lisateur ajoutant automatiquement à l’eau brute une dose déterminée d’hypoohlorite et assurant aussitôt un vigoureux brassage du mélange. L’eau javellisée tombe dans un réservoir où elle reste un temps suffisant pour (pie le contact mélange de l’eau brute et de l’eau de Javel soit intime, que l’action mierobicide de celle-ci s’exerce entièrement. L’eau arrive ensuite dans le récipient à charbon actif, Fig. 2. — Appareil Le javellisateur se compose
- « C.arbochloi e » de ménage. d>un jaugeur oscillant à deux
- compartiments, alimenté en eau brute par un robinet à flotteur A. A chaque oscillation du jaugeur un des compartiments vient se placer sous le robinet et s’emplit. En même temps un petit plongeur B, dont le mouvement est commandé par celui du jaugeur oscillant laisse tomber dans le compartiment la dose d’eau de Javel prélevée dans le godet G.
- Lorsque le compartiment est plein le jaugeur bascule, et verse l’eau javellisée dans le réservoir ; elle subit de ce fait un brassage énergique. L’autre compartiment vient se placer sous le robinet, et l’opération se poursuit jusqu’à ce que le réservoir soit plein. Le flotteur ferme alors le robinet d’alimentation et tout s’arrête.
- La réserve d’eau de Javel est contenue dans une bouteille bouchée hermétiquement à sa partie supérieure par un bouchon de caoutchouc et reliée au godet C par un tube de verre. Ce dispositif crée un niveau constant dans le godet.
- D’autres appareils, de petites dimensions, ont été établis pour les usages domestiques ou pour le tourisme. Ils réalisent à la fois la clariücal ion, la stérilisation et la désodorisation.
- La figure 2 représente un appa-re i 1 domestique ; il comprend un réservoir supérieur de 20 litres. On y place l’eau dont on dispose après l'avoir préalablement additionnée d’eau de Javel, à raison de 1 goutte par litre, par exemple.
- On fait cette opération dans un seau que l’on vide ensuite dans le réservoir.
- On y verse d’abord 20 g o uIles d’eau de Javel, on ajoute ensuite
- 20 litres de l’eau dont on dispose, le remplissage assure le brassage nécessaire. Au fond du réservoir est placé un filtre destiné à retenir les particules solides cpie l’eau pourrait contenir. De celui-ci, l’eau s’écoule, au fur et à mesure de la demande, dans le cylindre inférieur rempli de charbon actif.
- L’appareil représenté sur la figure 3 est particulièrement simple, c’est un appareil portatif; très léger et peu coûteux, il peut trouver place dans le bagage de l’explorateur ou du touriste; il les assure à peu de frais contre les infections d’origine hydrique.
- Le matériel se réduit à un tube contenant un filtre clarifi-cateur à cellulose et le charbon actif, à un trépied pour le maintenir vertical et à un flacon d’eau de Javel muni d’un compte-gouttes. Il faut en outre disposer de deux bouteilles ordinaires quelconques ; dans l’une on place l’eau à purifier, après y avoir versé au compte-gouttes une ou
- Fig. I. -— Schéma d'une installation de purification automatique Carbochlore. A) robinet à flotleur] amenant l’eau brute. H) plongeur distribuant l’eau de Javel à chaque mouvement du jaugeur. C) Godet annulaire contenant l’eau de Javel sous niveau constant.
- Fig. J. — Appareil «Carbochlore» de tourisme.
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- deux gouttes d’eau de Javel. On secoue pour bien opérer le mélange; on renverse brusquement la bouteille et on en engage le goulot dans l’orifice supérieur de l’appareil. L’eau s’écoule, traverse les deux fdtres, et on la recueille, rendue potable en quatre minutes, dans la deuxième bouteille placée sous l’ajutage de sortie.
- Il va sans dire que dans les villes, où l’on reçoit de l’eau javellisée, on peut opérer la désodorisation par
- simple passage sur du charbon actif. A cet effet, la société qui exploite le filtre « Carbochlore » Cambier construit des cylindres remplis de charbon actif, qui peuvent s’adapter sur n’importe quelle canalisation d’eau. L’appareil enlève à l’eau distribuée non seulement le goût de chlore, mais aussi le goût de phénol ou de chloro-phénol présenté par les eaux javellisées ayant circulé dans des canalisations goudronnées.
- R. Villers.
- = LA MAGNÉTOSTRICTION DU BISMUTH
- Lorsque l’on place une substance magnétique dans un champ magnétique, on observe un changement de volume. Ce phénomène découvert par Magnus a reçu le nom de magnétostriction : sous l’influence du champ magnétique, des pôles aimantés apparaissent sur la surface du corps; ces pôles exercent entre eux des attractions ou des répulsions suivant le signe de leur polarité d’où résultent des tensions internes se traduisant finalement par une variation du volume total.
- P. Kapitza donne au phénomène de Magnus le nom de magnétostriction classique pour le distinguer de la magnétostriction atomique qui a fait l’objet de ses recherches ([uc nous allons résumer d’après une conférence à la Société française de physique.
- Les expériences de Laue et de ses successeurs sur la diffraction des rayons X par les cristaux ont montré que dans un cristal de chlorure de sodium par exemple, la molécule chimique NaCl perd son individualité, les atomes de chlore et ceux de sodium étant disposés aux nœuds d’un réseau dont on a pu même mesurer l’écartement des mailles (lig. 1). Ces atomes, chargés électriquement, sont maintenus en position parles forces électromagnétiques qu’ils exercent entre eux. Par conséquent, si on place un cristal dans un champ magnétique, on
- peut espérer modifier ces forces de liaison et observer une variation de volume. C’est ce que Kapitza appelle la magnétostriction atomique.
- Il a en particulier étudié les corps diamagnétiques pour lesquels on n’avait pu déceler de magnétostriction classique, bismuth, antimoine, graphite, etc... Lorsqu’on prend la précaution d’opérer sur des cristaux, c’est-à-dire
- lorsqu’on agit sur un ensemble de molécules ordonnées, disposées régulièrement, le phénomène apparaît et est même beaucoup plus marqué que sur les substances ferro-magnétiques. Nous en verrons plus loin la raison.
- Nous allons préalablement étudier les méthodes et appareils mis en œuvre : remarquable exemple d’ingéniosité, de patience et d’habileté expérimentale.
- 11 faut, pour que le phénomène observé soit net, utiliser des champs magnétiques puissants, de l’ordre de 200 à 300 000 gauss. La première question à résoudre est donc la suivante : produire des champs magnétiques intenses sans faire appel, bien entendu, à des installations aussi importantes et aussi dispendieuses que celle, par exemple, du gros électro-aimant de l’Office des Inventions à Bellevue. Voici comment Kapitza a tourné la difficulté. Si on réalise un champ magnétique permanent très intense par le passage d’un fort courant électrique dans une bobine, il faut réfrigérer énergiquement pour éviter la fusion des isolants et du métal conducteur. De plus, il faut une source permanente de courant de plusieurs centaines de kilowatts. i
- Si au contraire on se contente de créer un champ magnétique instantané, ne durant qu’un ou deux centièmes de seconde, ces difficultés disparaissent : réchauffement n’est pas suffisant pour endommager l’électro-aimant, et la source d’énergie électrique peut être constituée par une batterie d’accumulateurs débitant toute sa charge presque en court-circuit. En ce qui concerne le phénomène étudié, comme il n’existe pas d’inertie électromagnét ique atomique, il se produira et atteindra instantanément sa pleine valeur.
- Le problème se ramène donc à réaliser une batterie pouvant subir sans détérioration des à-coups répétés et d’autre part à imaginer un dispositif d’observation du phénomène pouvant l’enregistrer instantané-
- jFig. 1.—Répartition des atomes de chlore o cl de sodium 9 dans un cristal de chlorure de sodium.
- Fig. 2. — Courbes de décharge à divers régimes de la batterie de Kapitza.
- 0,0115 0,01 0,01£
- Temps en secondes
- Fig. 3, — Dispositif- d'observation et d'enregistrement de la magnétostriction> atomique.
- I
- Efedro aimant
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- ment. La batterie que P. Kapitza et II. F. lieath ont construite est constituée par 71 plaques de plomb pur de 35 centimètres de côté et 1,5 millimètre d’épaisseur ou de fer plaqué de nickel. Les plaques sont maintenues séparées tout autour, sauf au bord supérieur, par des rebords de caoutchouc en forme d’IJ. Entre leurs arêtes, les plaques sont maintenues à distance par 30 disques de caoutchouc collés sur les plaques et ayant 1,5 centimètre de diamètre et 1,7 millimètre d’épaisseur. L’ensemble est serré par des boulons entre deux plaques épaisses d’ardoise.
- La résistance intérieure initiale de la batterie après charge pendant un temps très court est de 0,02 ohm. En chargeant en parallèle 4 batteries semblables, sous 220 volts avec un courant de 2 à 3 ampères, puis groupant les batteries par deux en série et montant les 2 groupes en parallèle, on obtient les courbes de décharge de la ligure 2, relevées à l’oscillographe. Avec 0,02 ohm on arrive à 1000 kilowatts environ ; le courant atteint près de 7000 ampères et, en court-circuit s’élève à 13 000 à 14 000 ampères.
- Grâce à cette énorme intensité, qui ne dure d’ailleurs qu’un centième de seconde environ, on peut, dans un électro-aimant ou un solénoïde, créer des champs magnétiques de même durée, atteignant 200 à 300 000 gauss.
- Le second problème à résoudre est la mesure et l’enregistrement des variations de longueur de la substance étudiée. Elles sont extrêmement petites et durent un centième de seconde environ. Cette brièveté est avantageuse, car elle permet de ne pas prendre de précautions spéciales pour assurer pendant la mesure la constance de la température.
- Kapitza a imaginé le dispositif suivant (fig. 3). La substance S à étudier est suspendue par un fil métallique A à une membrane métallique élastique B formant le fond d’une cuve métallique C remplie d’huile. Un couvercle hémisphérique D repose sur le fond de la cuve. Il est percé d’un petit trou E. Un petit miroir M de quelques mm2 monté sur un axe horizontal, très près de l’orifice E, permet, par la réflexion d’un rayon lumineux sur une échelle translucide N, de réaliser une amplification optique de ses rotations.La cuve C a 3 centimètres de diamètre ; l’échelle N est à 90 centimètres du miroir M.
- Fig. 4. — Forme générale des diagrammes enregistrés sur la plaque photographique de l’appareil de Kapitza.
- Fig. C. — Allure des courbes d’extension du nickel.
- Le fonctionnement est le suivant. L’objet S soumis au champ magnétique est attaché d’une part au fil A, et
- d’autre part à un flotteur P reposant sur un bain d’huile visqueux R. Lorsque la température ambiante varie, provoquant l’allongement ou la contraction du fil A et de la substance S qui est mise sous forme d’une baguette d’environ 3 centimètres de large, le piston P suit le mouvement. Au contraire lorsque
- 455
- l’on établit le champ magnétique instantané, l’inertie du piston P, dans l’huile de viscosité convenablement choisie, est telle qu’il ne se déplace pas pendant le temps très court que dure l’expérience et tout se passe comme si S était attaché à un point fixé à sa partie inferieure. Fig. 5. — Variations de la magnétostriction
- Les variations de en f0,iclion du champ et de la lempéralure longueur de S dues pour fdiredi°"s parallèles cl perpendicu-
- a la magnétostriction se transmettront donc intégralement à la membrane B ; elle se déformera, provoquant une variation du volume de la calotte D qui se traduira par un écoulement d’huile à travers l’orifice E. Cet écoulement déterminera une rotation du miroir M que l’on observera sur l’échelle graduée par le déplacement du spot lumineux.
- Avec un de ces appareils, une variation de longueur A l est amplifiée 50 fois par l’écoulement à travers E, puis 2000 fois à l’aide du dispositif optique, de sorte que l’amplification totale est de 10° A l. Comme on peut apprécier le demi-millimètre sur la plaque photographique qui enregistre le déplacement du spot, pour une baguette de 3 centimètres de longueur on peut mesurer des variations de longueur de l’ordre de 10~7 centimètre, soit un dixième de micron. C’est, de beaucoup, l’instrument métrologique le plus sensible.
- Les diagrammes photographiques obtenus ont l’allure générale représentée sur la figure 4. La courbe supérieure (1) est celle de l’extensiomètre, mesurant la variation de longueur de la substance en expérience. La courbe inférieure (2) est la courbe de l’intensité du courant dans la bobine relevée grâce à un oscillographe. Elle permet, par le calcul, de déterminer en chaque point de la courbe la valeur du champ magnétique H.
- Grâce à ces deux courbes, on a pu vérifier la formule générale :
- H en gauss
- 1ÜO.OUO
- Xaxe
- M 1 rr, 7 = 2
- m étant la magnétostriction ato-
- mique.
- En opérant avec une baguette de bismuth constituée par un seul cristal, comme toutes les molécules sont orientées régulièrement, Kapitza a trouvé une magnétostriction atomique 50 fois plus grande que la magnétostriction classique.
- Suivant que l’on opère avec l’axe cristallographique du cristal perpendiculaire ou parallèle
- Fig. 7. — Anomalies des courbes de magnétostriction dans le cas de certaines substances ferromagnétiques.
- Courbe delèxtensiomètre
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- 456 ~...............-............... ................
- au champ magnétique, on constate que la variation de longueur change de sens, lorsque l’axe cristallographique est perpendiculaire au champ, il y a contraction du cristal, 1
- la valeur de - m figurant dans la formule précédente est Â
- alors de — 4,4 10~1G. Quand l’axe cristallographique est parallèle' au champ magnétique H, le cristal s’allonge; 1
- - m a pour valeur 3,3 10 10.
- U
- On comprend alors pourquoi, en opérant sur un morceau de bismuth quelconque, c’est-à-dire sur un assemblage chaotique de cristaux, on n’observe aucune magnétostriction classique : les allongements et les contractions arrivant à se compenser.
- Kapitza a également cherché l’inlluencc de la température sur les phénomènes. A la température de l’azote
- 1
- liquide (—: 185) les coefficients - m deviennent, pour la
- Ji
- direction parallèle à l’axe 4,1.10 “’ et pour la direction
- perpendiculaire, — 22 10 "16. L’allure des courbes est représentée sur la ligure 5.
- Un voit que, par la contraction perpendiculaire, la courbe à basse température présente un point d’inflexion correspondant au champ de 100 000 gauss environ et qu’il reste à interpréter.
- Dans le graphite,-les phénomènes sont analogues, mais environ 4 fois plus petits que dans le bismuth.
- En opérant sur des substances ferro-magnétiques, comme le nickel, on obtient des courbes d’allures différentes.
- Dans certains cas elles sont dissymétriques (lig. 5). Dans d’autres au contraire la variation de longueur se produit brusquement et reste ensuite 'indépendante du champ (fig. 7).
- L’étude des divers résultats trouvés pourra sans doute fournir de précieuses indications en ce qui concerne les forces de liaison intérieures des molécules et la structure des édifices atomiques.
- IL Vigneron.
- LES TRAINS RÉVERSIBLES
- D’ordinaire il faut, pour faire repartir en sens contraire un train à vapeur qui vient d’arriver à une gare terminus, atteler à la queue du convoi, qui va en devenir la tête, une nouvelle locomotive; après le départ du convoi il fait évacuer la machine qui a amené le train. Toute arrivée suivie d’un départ exige donc, dans ces conditions, quatre mouvements. La suppression*des évolutions de locomotives réduit de moitié le temps d’occupation des accès au faisceau de voies considéré; elle en double la capacité, ce qui est extrêmement intéressant lorsqu’il s’agit de gares terminus qui, comme celles de Paris, ne disposent que d’un espace très restreint par rapport à l’importance du trafic. Telles sont les considérations qui ont amené les Chemins de fer de l’Etat et la Compagnie du Nord à créer des trains réversibles, c’est-à-dire capables de circuler indifféremment dans l’un ou l’autre sens, la locomotive restant toujours à la même extrémité de la rame.
- 11 ne pouvait être question de laisser sur la machine le mécanicien d’un train poussé. Ainsi placé, il ne lui eût pas été possible d’observer les signaux dans de bonnes conditions, ni d’obtenir aisément l’arrêt de la tête du train exactement au point voulu; par ailleurs, se contenter de le faire renseigner par un pilote posté sur le premier véhicule eut été introduire entre le signal et l’agent d’exécution un intermédiaire susceptible d’augmenter les risques. De toute nécessité il fallait, pour rendre réversible une rame de voitures, la munir d’un poste de conduite à chacune de ses extrémités, ce qui impliquait l’installation d’une commande à distance.
- LE SYSTÈME A COMMANDE PNEUMATIQUE
- Les Chemins de fer de l’Etat ont eu recours à une transmission à air comprimé, idée qui venait tout natu-
- rellement à l’esprit, puisque presque toutes les locomotives sont aujourd’hui munies d’un compresseur d’air pour le service du frein Westinghouse.
- Dans chacune des cabines d’une rame réversible on trouve, d’une part, des organes de conduite : commande de l’admission de vapeur et manette de frein Westinghouse, d’autre part des instruments de contrôle de la marche, chronotachymètre Flaman et répétiteur de signaux Augereau. Les divers organes sont répartis entre trois tubulures par l’intermédiaire desquels- ils sont branchés sur trois canalisations qui courent tout le long du train : la conduite générale du frein-Westinghouse, la conduite de commande à distance du régulateur et la conduite principale'; cette dernière assure l’alimentation en air comprimé de trois réservoirs principaux respectivement disposés sur chacun des véhicules pourvus d’appareils de conduite soit directs, soit à distance.
- Chacune des tubulures connectant les organes de commande ou de contrôle aux conduites du train est pourvue cl’un robinet d’isolement; dans chaque poste de commande ces robinets sont solidarisés par des engrenages et placés sous la dépendance d’une serrure disposée de façon telle que le mécanicien est obligé de la fermer pour libérer la clé grâce à laquelle il pourra ouvrir ultérieurement la serrure d’un autre poste. L’enclenchement ainsi obtenu procure la certitude que les organes de conduite ne peuvent, à un instant donné, être normalement manœuvrés que d’un seul point. Le poste de la locomotive ne comporte naturellement pas d’organe de commande à distance du régulateur; il n’est donc relié qu’à la conduite générale et à la conduite principale.
- Le régulateur au moyen duquel le mécanicien règle l’admission de la vapeur dans les cylindres de la locomo-
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- tive peut être manœuvré directement, au moyen de la poignée, habituelle, ou par l’intermédiaire d’un servomoteur à air comprimé.
- Le servo-moteur (lig. 1) comporte deux cylindres, un grand et un petit, dans chacun desquels un piston peut se déplacer sous l'influence, soit de l’air comprimé arrivant par une tubulure vissée vers la culasse, soit par des ressorts antagonistes. Le piston du grand cylindre est articulé sur une tige terminée extérieurement par une coulisse présentant une encoche; cette tige peut osciller autour de son attache au piston et glisse entre deux galets portés par un étrier, fixé sur le grand
- ........................ ...........= 457 =
- On a estimé qu’il était prudent de mettre le chauffeur à même de fermer lui-même le régulateur, en cas d’urgence, sans rencontrer de difficultés spéciales du fait de la présence du mécanisme de commande à distance. Le chauffeur peut, sans le concours du mécanicien placé en un autre point du train, fermer le régulateur, soit en ouvrant un robinet X, qui isole le servo-moteur et crée une fuite d’air, soit en manœuvrant un levier de secours, normalement maintenu par un esse, ce qui permet de placer à la position haute la tige du piston du servo-moteur : le maneton du levier coudé se trouve, dégagé de l’encoche de la coulisse et l’on peut im
- Ser i/o -com ma n de du régulateur
- FOURGON D'EXTRÉMITÉ
- LOCOM OTIVE
- Bloqueur delà manœuvre du régulateur
- Répétiteur "Augereau "
- / Ch ronotachymètre rhirz^ï\ Flaman
- Manomètre
- Duplex
- Levier du _ régulateur
- Manomètre
- Duplex
- Débrayage automatique du chronoiachymètre
- Robinet de manœuvre du frein en cas d’urgence par le chauffeur
- Robinet de mécanicien
- ~nobinet de manœuvre
- Serrure /Chambrey
- Robinet d'envoi d’air au servo-moteur de commande du régulai eu
- Serrure d'enclenchement
- Conduite générale
- Conduite décommandé a distance
- Conduite principale
- Fig. 1. — Commande pneumatique de trains réversibles des chemins de fer de l’Etat.
- cylindre et commandé par le piston du petit cylindre : lorsque celui-ci est sous pression, l’étrier est en position haute et maintient la tige du grand piston sensiblement dans l’axe du cylindre; lorsque le petit cylindre n’est pas sous pression, un ressort antagoniste repousse le piston vers la culasse, l’étrier s’abaisse et entraîné avec lui la tige du grand piston. Le maneton terminal du levier coudé relié au régulateur, qui, à la première position peut se déplacer librement dans la coulisse, se trouve, à la seconde, engagé dans l’encoche de la coulisse : le régulateur est alors enclenché avec le servo-moteur, sa position est désormais fonction de la pression régnant dans la conduite de commande à distance.
- médiatement manœuvrer directement le régulateur.
- Voyons maintenant comment fonctionne la commande pneumatique à distance.
- Le mécanicien, lorsqu’il quitte la locomotive pour aller se poster dans la cabine de conduite située à l’autre extrémité de la rame, ferme la serrure d’enclenchement de la machine, ce qui a pour effet d’isoler, d’une part, le robinet de commande du frein Westinghouse, d’autre part, le petit cylindre bloqueur. La tige du piston de ce dernier, sollicitée par un ressort, abaisse celle du servomoteur et l’encoche de la glissière entre en prise avec le maneton du levier coudé : le régulateur est en prise avec le servo-moteur.
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- ===== 458 = .......... — ............
- Dès qu’il arrive à l’autre poste de conduite, le mécanicien ouvre, à l’aide de la clé extraite de la serrure d’enclenchement de la locomotive, la serrure de la cabine : les appareils de contrôle et de commande installés dans celle-ci entrant en service. Le mécanicien peut alimenter en air comprimé la conduite aboutissant au servo-motèur soit lentement, au moyen d’un robinet à volant commandant l’admission par l’intermédiaire d’un mano-déten-deur, soit rapidement par un robinet à manette établissant une communication directe entre la conduite principale et celle de commande à distance. Ce dernier robinet peut d’ailleurs être tourné en deçà du point où il isole la conduite de commande du régulateur; il permet alors à l’air comprimé contenu dans cette dernière de s’échapper dans l’atmosphère, ce qui provoque une dépression et la fermeture rapide du régulateur.
- Le frein Westinghouse est commandé, comme d’habitude par un robinet permettant, suivant la position, soit d’alimenter la conduite générale, soit de l’isoler, soit enfin d’y créer une dépression ; on sait que cette dernière position est celle de freinage.
- Le mécanicien, lorsqu’il est posté dans une cabine de la rame, reste en communication avec son chauffeur par l’intermédiaire d’un téléphone haut-parleur, dont l’alimentation est assurée par une batterie d’accumulateurs au fer-nickel. Le mécanicien se sert du téléphone, en service normal lorsqu’il y a lieu de faire changer le sens de la marche, manœuvre qui nécessite ici l’intervention du chauffeur; il l’utilise aussi en cas d’incident, lorsqu’il y a lieu de faire assurer l’arrêt directement par le chauffeur. Un interrupteur multipolaire, commandé par la serrure Chambrey, rompt toute communication entre la dérivation et la ligne lorsque le mécanicien extrait la clé pour mettre un autre poste en service.
- Ce système de commande pneumatique offre toutes garanties quant à la sécurité : tel qu’il est disposé, la rupture d’une conduite à air comprimé ne pourrait avoir d’autre conséquence que l’arrêt du train.
- Une vingtaine de rames, assurant le service de ban= lieue de Paris Saint-Lazare à Conflans-Sainte-Honorine, de Paris-Saint-Lazare à Poissy et de Paris-Montparnasse à Clamart, sont d’ores et déjà pourvues de ce dispositif.
- Fig. 2..'— Commande éleclropneumaiiquc des chemins de fer du Nord. Schéma de la commande du changement de marche.
- LE SYSTÈME A COMMANDE ÉLECTRIQUE PNEUMATIQUE
- La Compagnie des Chemins de fer du Nord a réalisé la commande à distance des organes de la locomotive par un procédé électro-pneumatique plus complexe, mais cpii présente quelques avantages intéressants.
- La transmission, du poste de commande à la locomotive, est purement électrique; le régulateur est mû par un servo-moteur à air comprimé commandé par deux valves électriques; l’admission d’air se fait, pour la valve d’ouverture lorsqu’il y a du courant, alors que la valve de fermeture se met en position d’admission lorsqu’elle cesse d’être alimentée.
- La commande à distance du Nord permet d’agir, non seulement sur le régulateur, mais aussi sur le sens de marche; chacun de ces mouvements est commandé par une poignée spéciale.
- Au moment de quitter la locomotive, le méeanisien place le changement de marche au point mort et extrait la clé d’une serrure Chambrey, ce qui a pour effet de mettre hors de cause le robinet de commande du frein placé sur la locomotive.
- Dès qu’il arrive à la cabine de conduite située à l’autre extrémité du train, il ouvre la serrure Chambrey et tourne vers l’indication du sens désiré la poignée (lig. 2), commandant le changement de marche. Celui-ci est sous la dépendance d’un moteur série de 750 watts qui comporte deux inducteurs correspondant chacun à un sens de marche. Si, par exemple, il pousse la poignée vers l’indication « Marche avant », il établit des contacts qui permettent au courant d’exciter un contacteur B d’une part, d’entraîner dans le sens convenable un moteur pilote m, capable d’entraîner une aiguille dont les mouvements sont limités par une ancre. Celle-ci est commandée par iun électro-aimant recevant un courant de contrôle dont l’émission est réglée par un interrupteur rotatif relié mécaniquement à la vis de changement de marche, de façon à permettre le repérage de la position de cet organe. Dès que le contacteur B a fermé la circuit d’alimentation du moteur M, celui-ci se trouve entraîné dans le sens convenable. Ce mouvement continue jusqu’à ce que le mécanicien, renseigné par l’aiguille indicatrice sur la position du changement de marche, laisse la poignée de manœuvre revenir d’elle-même à la position médiane, ou encore, lorsque le mécanisme, arrivant à fin de course, dégage l’interrupteur C de son contact.
- La mise en marche arrière se fait tout aussi facilement en poussant la poignée dans le sens contraire : le courant de commande passe alors par l’enroulement du contacteur B', le courant de manœuvre par l’inducteur 1" et le courant d’alimentation du moteur de contrôle par l’inducteur ï.
- Le mécanicien peut, dès que le changement de marche n’est plus au point mort, agir sur le régulateur par l’intermédiaire de l’autre poignée de manœuvre.
- Cette dernière peut occuper les positions I, II ou III (fig. 3), çorrespandant respectivement à régulateur fermé, régulateur ouvert et régulateur Couvrant; la poignée ne,
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- peut rester à cette dernière position qu’à la condition d’y être maintenue.
- A la position 1, tous les circuits sont ouverts, le régulateur est fermé.
- . A Ja .position JJ, le courant peut alimenter, j[électrovalve de fermeture D et la maintenir fermée,autrement dit, rompre la communication entré la conduite d’air comprimé et le cylindre de fermeture du servo-moteur et mettre ce dernier à l’échappement.
- A la position III, le courant peut en outre, par le contact 3, exciter l’électro-valve d’ouverture E et la maintenir ouverte, position qui correspond à l’ouverture graduelle du régulateur, par le contact 4, alimenter un moteur pilote à deux inducteurs qui sollicite une aiguille dont les déplacements sont limités par une ancre agissant sur une roue dentée. Les oscillations de l’ancre sont déterminées par des courants que transmet un interrupteur rotatif de repérage solidaire du régulateur, et par un ressort de rappel qui agit dès que le courant de contrôle est interrompu. Les déplacements angulaires de l’aiguille sont proportionnels à ceux de l’arbre du régulateur; le mécanicien peut suivre, sur le cadran , la progression du mouvement d’ouverture.
- La vitesse d’ouverture du régulateur est limitée par un frein à huile qui, par ailleurs, se trouve mis hors de cause lors de la fermeture.
- Dès que le régûlateur a atteint la position désirée, le mécanicien lâche la poignée de manœuvre; celle-ci revient d’elle-même à la position II, les contacts 3 et 4 sont rompus : l’électro-valve E intercepte l’arrivée de l’air comprimé et laisse échapper celui qui avait pénétré dans le cylindre d’ouverture du servo-moteur, le moteur pilote cesse d’être alimenté, tous les organes de commande ou de contrôle restent immobiles, ils sont en position de marche.
- Pour fermer le régulateur, il suffit de ramener la poignée de manœuvre à la position I; les contacts 1 et 2 sont rompus : l’électro-valve de fermeture D, cessant d’être alimenté, admet l’air comprimé dans le cylindre de fermeture, le régulateur se ferme brusquement, le commutateur C passe de la position o à la position / et laisse passer, par l’armature du relais B, laquelle vient de choir, un courant qui d’une part allume une lampe rouge de contrôle, d’autre part alimente l’inducteur ï du moteur pilote. L’induit de ce dernier tend à ramener au repère de fermeture l’aiguille indicatrice; l’ancre laissant la roue dentée absolument libre de tourner dans ce sens, l’aiguille obéit immédiatement à l’impulsion du moteur.
- La fermeture du régulateur se produit d’ailleurs automatiquement si, pour une raison quelconque, le changement de marche arrive au point mort : à ce moment il se produit en M, pendant un instant très bref, un contact qui permet à un courant passant par le contact o du commutateur C, d’exciter un relais N à auto-collage qui soulève son armature, ce qui a pour conséquence la rupture du circuit d’alimentation des électro-valves et la fermeture immédiate du régulateur. , ,
- Enfin le chauffeur peut, en cas d’urgence ou même simplement si la machine patine, provoquer la fermeture du
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- Fig. 3. — Commande êleclropneumaliguc des chemins de fer du Nord. Schéma de la commande du régulateur.
- régulateur en appuyant sur un bouton qui rompt en P le circuit d’alimentation des électro-valves.
- Quelle que soit la cause de la fermeture du régulateur, le mécanicien est averti de l’exécution de ce mouvement par l’aiguille de repérage et la lampe rouge.
- Afin de prévenir d’une façon certaine toute ouverture intempestive du régulateur, on a réalisé, par le moyen des contacts 5 et 6, en enclenchement électrique empêchant d’alimenter l’électro-valve de fermeture avant que celle d’ouverture l’ait été elle-même, ce qui a, entre autres conséquences, celle de provoquer la fermeture du circuit en 6, puis en 5, Grâce à cette disposition, l’air reste admis dans le servo-moteur, dans le sens de la fermeture, tant que l’on n’a pas mis la poignée de manœuvre à la position III.
- Le mécanicien posté dans une cabine peut toujours, entrer en conversation avec le chauffeur resté sur la locomotive : il dispose en effet d’un téléphone Brown pourvu de haut-parleurs.
- La commande électro-pneumatique de la Compagnie du Nord résoud le problème de la commande à distance d’une façon plus complète que le système purement pneumatique décrit en premier lieu; contrairement à celui-ci elle permet d’agir instantanément, d’actionner à distance le changement de marche et de contrôler à tout instant la position du régulateur et du changement de marche. Cette supériorité cependant, est plus apparente que réelle : le système plutôt « rustique » adopté par les Chemins de fer de l’Etat et qui a déjà été appliqué d’une façon assez étendue pour que l’on puisse juger de ses qualités donne, répétons-le, entière satisfaction.
- Le train réversible à vapeur est un expédient capable d’améliorer le rendement des gares terminus, mais non de résoudre dans les meilleures conditions le problème de l’exploitation des lignes de banlieue : rien ne saurait, dans ce cas, être comparé à la traction électrique qui permet, non seulement de faire circuler les trains indifféremment dans l’un ou l’autre sens, mais aussi d’obtenir des démarrages rapides et de proportionner, sans aucune manœuvre, la capacité de la rame et la puissance mise en jeu à l’importance du trafic.
- André Bourgain.
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- AU MOIS D’AOÛT 1931
- Chacun l’a expérimenté à ses dépens... L’été 1931, et pendant le mois d’août spécialement, a été franchement
- mais qui ne constituent pas des exceptions, la majeure partie de la France ayant subi un régime analogue.
- Fig. 1 à 5.
- anormal. Des notations précises à cet égard se trouvent dans le compte rendu météorologique mensuel publié ici. Complétons ces éléments statistiques par des documents photographiques pris dans le département de la Manche,
- • Comme note dominante, c’est le ciel presque obstinément couvert, chargé de lourds nuages pluvieux, avec coups de vent et bourrasques répétés (fig. 1). Le soleil ne s’est guère montré qu’à travers l’ouate —?. lorsqu’elle
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- s’cllüochait —- du « crachin » classique au bord de la mer (lig. 4) ou bien voilé dans des nappes de cirro-stratus (fig. 5), ou enfin dans les éclaircies de grains orageux, qui fournissaient l’occasion d:; contempler de formi-
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- Mais et1 dont on gardera le plus fâcheux souvenir, c’est de la pluie quotidienne. Précipitations interminables ou T:javerses violentes et exceptionnellement copieuses (lig. b) ont entraîné un peu partout de véritables désastres.
- Fig. 6 à 10.
- bous le ciel gris et sombre, la campagne, avec les chemins changés en bourbiers, laissait volontiers une impression hivernale (fig. 7) et l’on s’étonnait presque de voir les arbres encore parés de leurs feuilles ! Mais par cela même, l’aspect des régions inondées, à là suite du débordement de rivières (lig. 8, la Vire), offrait un caractère inattendu, avec la végétation touffue émergeant des eaux (fig. 9, bord de la Sélune) ; sur quelques points, des tas de
- dables cumula - nimbus (fig 2). Parmi les nombreux orages, celui du 28 août fut particulièrement violent et intéressant par les multiples coups de foudre se 'répétant, aux mêmes points, et dont on peut apprécier la fréquence sur la figure,') ; cette photographie a été prise de l’Observatoire de Donville, au-dessus de l’horizon marin, avec une durée d’exposition de 10 minutes. L’effet du rideau lumineux formé par les éclairs, enregistrés aisin successivement sur la même plaque, se trouve malheureusement atténué par l’éloignement: 30 km environ), qui réduisait trop la dimension apparente des décharges, en même temps que les troubles atmosphériques les rendaient peu photogéniques.
- foin pourri simulaient au mieux des villages dé castors (fig. 10). Ces quelques images conserveront le souvenir de l’état du ciel au cours de cet été déplorable, dont l’allure hivernale aura gâté la période si chère à tous des vacances... - Lucien Rudaux.
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- POLLUTION DES HUILES DE GRAISSAGE
- COMMENT Y REMÉDIER
- Tous les automobilistes ont constaté la rapidité extrême avec laquelle les huiles de graissage des moteurs se chargent, à l’usage, de particules noires provenant principalement des déchets de la combustion de l’essence. Ces particules se maintiennent en suspension dans l’huile, parce qu’elles se fixent aux minuscules gouttelettes d’eau de condensation qui flottent dans l’huile à l’état d’émulsion, ce que l’on vérifie facilement au microscope,
- S’il n’y avait pas d’émulsion^ quand on laisse reposer ces deux liquides réunis, leur différence de densité devrait les séparer; et cependant tout le monde sait qu’il n’en est rien.
- Cette tendance à former une émulsion stable semble résulter de la présence, plus ou moins abondante, dans les huiles minérales, même neutres, de napliténate de soude qui s’y est formé quand, après le traitement de l’huile par l’acide sulfurique, on a neutralisé le restant de cet acide par la soude.
- Ce naphténate de soude est un savon- qui, tout comme le savon de toilette, a la propriété de permettre par sa présence le mélange intime de particules d’eau et de l’huile, mélange que l’on désigne sous le nom d’émulsion. Tout le monde a constaté, en se lavant les mains, que l’émulsion que permet l’eau savonneuse se charge de toutes les matières qui les avaient polluées, sans jamais les déposer. Ainsi fait dans le moteur, l’émulsion de l’huile avec l’eau chargée de ce savon particulier qu’est le naphténate de soude.
- Il y en encore d’autres agents émulsifs qui peuvent se former dans l’huile, ce sont des acides et oxyacides du pétrole, résultant du brassage à chaud de l’huile avec l’oxygène de l’air et la vapeur d’eau. Eux aussi contribuent en permettant l’émulsion de l’eau dans l’huile à tenir en suspension dans celle-ci les déchets de toute nature.
- Mais si dans ces huiles si faciles à polluer, on introduit, avant l’usage, des complexes organo-métalliques de métaux lourds, notamment des complexes mercuriels dus à la combinaison du mercure avec des acides gras appropriés, on constate que ces huiles, après un usage même prolongé, puis laissées au repos pendant quelques heures, se clarifient complètement et que toutes les matières en suspension (grains de carbone, poussières métalliques, etc.) se sont déposées au fond du carter ou mieux au fond du récipient dans lequel on a fait la vidange à chaud de l’huile du moteur.
- Ce fait, d’une constatation facile, peut s’expliquer, pensons-nous, de la façon suivante :
- 1° Le naphténate de soude qui, nous l’avons vu, provoque l’émulsion de l’huile minérale et de l’eau, s’il est mis en présence des complexes mercuriels d’acides gras d’origine animale ou végétale, donne lieu à une double décomposition. Il se forme, d’une part, du naphténate de mercure, extrêmement soluble dans les huiles minérales complètement insoluble dans l’eau et qui par conséquent n’est pas un agent émulsif, et, d’autre part, des savons de sodium, tous corps insolubles dans les huiles minérales mais très solubles dans l’eau et qui se précipitent en entraînant l’eau et les impuretés.
- Cette théorie parait confirmée par les faits suivants; si l’on prend une huile minérale ayant été utilisée dans une tur-
- bine à vapeur et nettement trouble par émulsion d’eau, il suffit de l’agiter pendant quelques minutes avec les complexes mercuriels, d’acides gras, d’origine animale ou végétale, pour la voir s’éclaircir complètement et, par conséquent, on en peut conclure que l’émulsion a été brisée.
- D’autre part, lorsqu’un peintre, ayant les mains souillées par des corps gras contenant de la céruse, veut se laver à l’aide d’un savon sodique ou potassique, il se forme un savon de plomb qui empêche l’émulsion des corps gras et de l’eau de lavage, ce qui rend illusoire et sans effet le lavage des mains dans ces conditions. C’est là, la principale cause, pour 11e pas dire l’unique, du saturnisme des peintres, car, pendant les repas, les mains souillées du savon de plomb, entrent en contact avec des aliments gras qui redissolvent ces savons de plomb si nocifs.
- 2° Nous avons vu que le brassage de l’huile à chaud donnait naissance à des acides et oxyacides du pétrole. Mais la présence des complexes mercuriels semble empêcher complètement ces autoxydations, ce qui est conforme aux théories de MM. Moureu et Dufraisse.
- Du reste, M. Callendar, dans ses essais effectués à l’Air Minislry Laboratory d’Angleterre a démontré d’une façon incontestable l’action antioxygene des composés de métaux lourds en général et du plomb en particulier, vis-à-vis des huiles de graissage. Enfin M. Dufraisse, dans son travail seules antioxygènes, a démontré que le mercure diéthyle, aux basses températures, avait des propriétés comparables à celles du plomb tétraéthyle.
- L’expérience pratique a confirmé les résultats de ces études théoriques : ainsi une huile compound chargée des complexes mercuriels dont nous avons parlé, qui avait un indice d’acidité de 3,04 avant usage, n’avait plus que 1,1 après avoir fait plus de 5000 km dans le moteur d’une Peugeot 201.
- On peut donc certifier qu’il n’y a pas eu oxydation.
- Les phénomènes que nous venons d’étudier ont déjà trouvé d’intéressantes applications pratiques.
- En effet l’usage dans un moteur d’une huile-*1201116118111 des complexes mercuriels d’acides gras permet deux résultats intéressants qui se traduisent par une sensible économie : d’abord on peut augmenter largement le nombre de kilomètres parcourus avant de vidanger. Puis, quand on procède à cette opération, de préférence à chaud, l’huile que l’on retire se clarifie d’elle-même après un certain nombre d’heures, dans le récipient où on l’a déposée. Il n’y a plus alors qu’à la décanter pour la retrouver aussi bonne pour l’usage que lorsqu’elle était neuve.
- Si de plus on a soin de ne faire usage que d’huile contenant très peu d’asphalte (') et en y joignant des complexes mercuriels d’acides gras, on sera certain d’avoir toujours un graissage parfait avec toutes ses conséquences: économie de dépense d’huile et d’essence, abaissement de la température de l’eau de circulation et de l’huile, bonne conservation-des moteurs, etc. - '
- . ; 7 r. l. l>. ;
- L Voir Nature du 15 août 1931, page 179.
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- UN GISEMENT
- D’ALBATRE EN FRANCE
- Jusqu’à ces dernières années l’industrie ornementale de l’albâtre gypseux était localisée à ]’Italie où les importantes carrières de Volterra (Toscane) jouissent d’une réputation mondiale. On connaissait bien dans notre pays les albâtres blancs de la cathédrale de Saint-Jean-de-Maurienne, provenant de gîtes voisins et aussi ceux jadis réputés de Lagny, en Seine-et-Marne ; ils ne pouvaient [ni les uns ni les autres soutenir la lutte contre les produits toscans.
- Il n’en est plus de même aujourd’hui avec une exploitation du Var qui tend chaque jour à une plus grande importance; celle de Campredon,
- Campredon se trouve à 5 km au sud de la petite ville de Carcès placée elle-même à la jonction, de l’Argens et du Caramy à 15 km nord-est de Urignoles ; c’est en même temps le voisinage immédiat du grand synclinal à bauxite brignolais. Depuis fort longtemps la présence du gypse y est connue puisque des fours à plâtre y sont très anciennement en marche, mais ce ne sont que les travaux relativement récents qui ont décelé l’existence d’une véritable pierre d’ornementation.
- En effet le gypse compact se présente en bancs suffisamment puissants pour y extraire des blocs volumineux et se prête admirablement bien à la taille et au polissage. De plus, tandis que l’albâtre italien est uniformément
- Fig. 2.
- Motif architectural de l’abbaye de Thoroncl. Réduction en albâtre,
- Fig. 1. — Carie géologique des environs de Campredon (Var).
- blanc veiné de gris, celui de Campredon présente les plus grandes variétés dans le coloris : blanc, rose, rouge vif, gris, acajou, violet, etc. ; en outre de fréquentes veines claires capricieusement disposées sont susceptibles de fournir des effets originaux et imprévus.
- Gisement et exploitation. — Le gisement est constitué par un pointement triasique, amené en surface par un de ces nombreux plis couchés qui caractérisent la géologie varoise, il affecte donc la forme anticlinale entre les assises rompues du calcaire jurassique. Si on ne connaît encore que les dimensions suivantes : longueur 250 m, largeur 80 m ; profondeur 20 m, on a vu que la totalité du trias était formée de gypse et que dans ce dernier les variétés saccharoïdes et bariolées dominaient de beaucoup. Ce sont des bancs, d’une parfaite régularité, inclinés d’au moins 80° sur l’horizontale et allant de quelques décimètres à 2 m de puissance; ils sont séparés par de petites veinules argileuses qui en favorisent l’abatage.
- Une étude géologique des lieux a permis de croire à une origine Jagunaire avec mouvements orogéniques postérieurs de compression et de redressements : elle a permis de croire à l’existence d’une lentille gypseuse beaucoup plus vaste dans chacune des dimensions ci-dessus. On vient d’ailleurs tout récemment de reconnaître en surface une longueur d’ensemble qui dépasse 1000 m.
- Or’en se basant seulement sur les travaux visibles et les piliers d’albâtre qu’ils laissent entre eux, on peut calculer que plusieurs centaines de mille tonnes sont disponibles.d’une façon, absolument certaine. Ces chiffres ont paru suffisants pour jeter les bâses d’une mise en valeur industrielle.
- L’exploitation a lieu souterrainement, en creusant des galeries de 5 et 0 m de largeur sur 4 à 5 m de hauteur laissant entre elles des piliers de dimensions au moins égales. La roche qui est compacte ne demande jamais dé
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- soutènement et ces vastes fronts de taille permettent à la fois un bas prix de revient et l’obtention de blocs assez gros. Tout le mécanisme est mû électriquement depuis les perforatrices qui tranchent dans la masse jusqu’au treuil d’extraction qui par un plan incliné remontent les produits au jour.
- Ces produits subissent sur une sorte de plate-forme de triage une séparation pour trois destinations différentes.
- Certains blocs vendus à l’état brut sont conduits directement sur la gare de Brignoles pour être expédiés, les centres destinés à être travaillés sur place sont dégrossis et suivant les cas équarris ou sciés en bandes, puis conduits aux ateliers qui présentement se trouvent à Carcès même.
- Les déchets de cette préparation joints aux blocs cassés par les manipulations ou à ceux imparfaits vont directement au four de l’usine à plâtre située a proximité. En principe il n’y a rien d’inutilisé.
- Ajoutons qu’une galerie souterraine d’écoulement des eaux, de 500 mètres de développement, assure une exploitation facile et que le peu de morts-terrains qui recouvrent le gypse permettra peut-être un jour, s’il y a réellement avantage, de faire de l’extraction en carrière à ciel ouvert.
- Objets fabriqués. — L’atelier dépendant de la carrière de Compredon comprend une tournerie et une section de sculpture. Il en sort un immense choix d’objets, les uns se rattachant à l’éclairage électrique (coupes, abat-jour), les autres à l’art religieux (statuettes, tableaux), d’autres enfin variés à l’infini, ayant trait à la décoration intérieure de l’habitation.
- Nous donnons quelques photographies de ces objets attiran t particulièrement l’attention sur le vase dont la hauteur totale est de 1 m 80. Nous ajouterons que ces photographies ne donnent qu’une idée imparfaite des résultats obtenus à cause de l’absence des couleurs.
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- En résumé, l’albâtre de Campreclon est un matériau nouveau qui s’ajoute à la gamme des substances minérales que le sous-soLde la France met à la disposition de l’industrie et de l’art. Mais il en est encore à la période de début; il se fait connaître lentement; le goût du public ne s’adapte à son emploi que peu à peu. Mais la faveur lui vient progressivement, et l’avenir de l’exploitation de Gampredon semble aujourd’hui bien assuré. Elle s’est
- du reste gardée de toute imprudence, et n’a développé ses moyens et sa production qu’avec de sages ménagements.
- 11 aurait été peu raisonnable d’agir autrement et de vouloir d’un seul coup transformer une plâlrière en une fabrique d’objets d’art.
- 11 subsiste, du reste, une ombre dans le tableau : nous ne croyons pas inutile de la signaler, pour bien montrer les difficultés pratiques que rencontrent toutes les tentatives de mise en valeur du sol, même dans un pays d’étendue relativement fa’ble comme la France. L’exploitation et les ateliers de Gampredon ne disposent pas de voie .ferrée : la distance à la gare la plus proche, Brignoles, est de 15 km (nous tenons pour nul le petit chemin de fer de Provence).
- Cet éloignement ne permet pas au plâtre ordinaire de trouver son écoulement dans un rayon normal.
- On a bien abordé, il est vrai, les plâtres spéciaux pour chirurgiens, pour dentistes que permet l’extrême pureté des sulfates de chaux, extraits à Gampredon, mais ce n’est pas une compensation, car l’un n’empêcherait pas l’autre.
- La situation changera quand sera mise en service la ligne projetée par la Compagnie des Chemins de Fer P.-L.-M. entre Avignon et les Arcs. Cette ligne aura une gare à Carcès; dès lors la mise en valeur du gisement de Gampredon sera aisée. La nouvelle voie ferrée ne tardera pas sans doute à être créée et à vivifier toute une région qui n’attend que son passage pour prendre un vif essor.
- Fig. 4. •
- Oiseaux variés taillés dans une pierre d'albâtre où le rouge vif alterne avec le blanc.
- Fig. 3.
- Vase décoratif en albâtre de Campreclon
- (hauteur totale 1 m 80).
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- CE QUE J’AI VU EN AFRIQUE DU NORD EE465
- Je viens de rentrer d’un assez long voyage en Afrique du Nord : Maroc, Algérie, Tunisie et j’ai parcouru un peu en tous sens ces trois pays en passant par Tanger, Casablanca, Marrakech, Rabat, Meknès, Fez, Taza, Oudjda, Tlemcen, Oran, Orléansville, Alger, Tizi-Ouzou, Bougie, Sétif, Constantine, Guelma, Bône, Tunis, Kairouan.
- Je voudrais dire rapidement ce qui m’a le plus frappé durant cette longue course.
- L’eau facteur de prospérité. — La question principale dans toute l’Afrique du Nord — et l’on pourrait presque dire la seule question — est celle de l’eau. Elle se pose partout, du Maroc à la Tunisie, malgré la différence très nette des climats entre le Maroc et toute la partie orientale de notre zone d’influence.
- On se trouve, en effet, en présence de terres suffisamment riches en beaucoup d’endroits sinon partout, mais le soleil implacable brûle toute végétation qui ne reçoit pas la quantité d’eau indispensable.
- Cette constatation est particulièrement frappante lorsque, comme moi, l’on traverse le pays après la saison sèche et avant la période des pluies. On ne rencontre alors aucune végétation, que ce soit sur les terres cultivables ou sur les friches.
- Et par opposition on est frappé de la vigueur des plantes de toute sorte qui poussent d’une façon merveilleuse dans les fonds où l’eau peut être maintenue soit naturellement soit artificiellement. On a d’ailleurs des exemples de végétations luxuriantes de ce genre dans les oasis.
- De grands travaux d’irrigations sont entrepris. — La constatation des résultats qu’il est ainsi possible d’obtenir en associant les bienfaits du soleil et de l’eau a déterminé les pouvoirs publics à entreprendre de grands travaux de génie civil dans le but de créer des réserves importantes d’eau pendant la saison des pluies.
- Cette eau ainsi accumulée est restituée à la terre pendant les mois de sécheresse.
- On a donc construit de grands barrages créant des lacs artificiels de retenue d’eau et un vaste programme du même genre est encore- en voie d’exécution. L’eau est distribuée par un ensemble de canaux d’amenée étanches et par des rigoles secondaires d’irrigation en terre.
- L’étanchéité des canaux principaux est obtenue soit en les constituant par une masse de. béton si le sous-sol est peu consistant, soit par un pavage jointoyé si la fondation est meilleure.
- Dans ce dernier cas on préfère maintenant, après avoir façonné le canal au gabarit, disposer une couche d’un grillage spécial, le métal déployé, que l’on enrobe dans une couche peu épaisse de béton fiche en ciment. Cette couche de béton est mise en œuvre à la taloche, mais de plus en plus on se sert du canon à ciment ou « cement-gun », sorte de pistolet à air comprimé pour projection du ciment. ,
- L’exécution du travail est alors extrêmement rapide et les résultats obtenus sont excellents. - ' . v . .
- L’irrigation ne peut être appliquée partout. —- Malheureusement on ne peut songer à irriguer toutes lés régions plus ou moins désertiques de la partie Nord de nos possessions d’Afrique. Ceci ën raison des trop longues distances à parcourir: l’eau risquerait de s’évaporer avant d’arriver à destination!
- D’autre part, il n’y aurait souvent pas possibilité d’obtenir la pente suffisante ou il faudrait construire des travaux d’art énormes.
- Les moulins à vent se répandent de plus en plus. — Mais il existe souvent" unè nappe aquifère à une profondeur plus
- ou moins grande et on creuse partout dès puits équipés à l’aide de moulins à vent ou éoliennes.
- On connaît ces appareils constitués par une grande roue à aubes métalliques que porte un pylône également en fer, de hauteur plus ou moins grande suivant la dimension dès obstacles voisins.
- La roue actionne une pompe foulante placée au fond du puits.
- On a pu ainsi pratiquer l’irrigation dans des régions ou il était difficile, sinon impossible d’amener l’eau des contrées montagneuses.
- Certains oueds peuvent fournir l'eau indispensable. — IA où les barrages-réservoirs ne peuvent être établis en raison des frais d’établissement trop importants, on a parfois établi des stations de pompage. A ce point de vue l’électrification des campagnes, quand elle sera chose faite, pourra rendre de très appréciables services.
- Mais ces « oueds » —qui sont les rivières nord-africaines.— ont fréquemment des berges sans consistance, leurs niveaux extrêmes sont très différents l’un de l’autre, leürs crûes sont subites et brutales, enfin leurs eaux sont souvent très fortement chargées de limon.
- Etant donné ces diverses circonstances il est extrêmement difficile d’établir des stations fixes de pompage.
- On a expérimenté avec succès sur l’oued Sebou un poste mobile de pompage constitué de la façon suivante : un groupe motopompe muni d’une tuyauterie d’aspiration est monté sur une plate-forme mobile. Cette plate-forme est portée par quatre galets roulant sur deux rails parallèles fixés le long du talus. Le groupe peut aussi être plus ou moins surélevé au moyen d’un petit treuil auxiliaire à bras : on peut donc facilement suivre le niveau de l’eau, mettre le tout à l’abri des crues et puiser dans la tranche d’eau la moins chargée en matières terreuses.
- Il faudrait obliger la pluie à se former. — Malheureusement, comme nous venons de le voir, les barrages-réservoirs et les diverses stations de pompage ne permettront de mettre en cultures normales qu’à peu près le. dixième des terres défrichables.
- Il faudrait donc obliger la pluie à se former... et à tomber! Voilà qui semble une utopie.
- Pourtant des savants prétendent pouvoir arriver au résultat désiré. Le problème de la création de la pluie consiste, en somme, à obliger de grandes masses d’air humide à monter haut dans le ciel où la vapeur d’eau se condensera et tombera de nouveau sur la terre.
- On a imaginé pour cela de créer des zones de formation de courants ascendants au milieu des nappes d’eau (chotts, sebka, lacs, etc...) en bâtissant des toux-s d’une dizaine de mètres de haut surmontées de coupole blanches.
- Théoriquement le système se tient, mais pour se prononcer il faut attendre le résultat d’expériences que nous souhaitons voir effectuer.
- Il est certain que, une fois le programme général d’amenée d’eau (quel qu’en soit le moyen) mis à exécution, une grande partie des terres qui ne sont incultes qu’à cause de la sécheresse deviendront des terres de premier ordre.
- En attendant, les colons sont à la merci de des chutes de pluies et des sécheresses.
- Les habitations sont merveilleusement adaptées au climat. — Il faut noter combien les indigènes ont su adapter intelligemment leur architecture aux nécessités d’un climat particulièrement chaud en été.
- D’une façon générale il faut se défendre du soleil, la saison froide n’existant pas et étant remplacée par une période de
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- 2 à 3 mois de pluies assez abondantes. Les maisons, construites en matériaux trouvés sur place, sont parfois en pierres, mais le plus souvent en briques cuites normalement, parfois en agglomérés.
- Les murs sont épais et ne présentent aucune ouverture sur l’extérieur, ces ouvertures étant toutes ménagées sur une cour intérieure ou « patio » très souvent entourée, elle-même, d’arcades. Les portes et les fenêtres sont de petites dimensions, toujours pour empêcher la chaleur de pénétrer.
- Enfin le sol est recouvert de carreaux céramiques qui servent aussi à lambrisser les murs dont la partie haute est blanchie à la chaux. Des sculptures sur plâtre d’une finesse admirable complètent l’ornementation sous la corniche du plafond.
- Ce dernier est généralement fait de p.outres de cèdre qui restent apparentes et sont souvent peintes de couleurs vives formant de curieux dessins.
- Les toits sont des toitures-terrasses, plates, la pente étant inutile en raison des faibles chutes de pluies.
- Enfin les maisons sont entièrement peintes au lait de chaux pour éviter l’absorption de la chaleur.
- Le vêtement est aussi adapté au climat. — Comme pour leurs habitations les indigènes ont su d’instinct se vêtir de façon à résister à la chaleur. Leurs vêtements sont amples, légers quoique en laine et ils sont complétés par le grand burnous — sorte de pèlerine à capuchon pour les préserver de la fraîcheur du soir et de la nuit.
- Les indigènes marchent pieds nus ou chaussés de babouches
- L’outillage agricole est très divers. — Au point de vue outillage, l’Arabe ne connaît que l’araire en bois extrêmement primitif. Il attelle chevaux, boeufs ou chameaux au moyen d’un collier souple en sangles ayant plutôt l’allure d’une bricole. De ce collier partent deux cordes qui s’attachent sous le poitrail des animaux à une barre transversale, attachée elle-même à l’âge de l’araire.
- A côté de ces dispositifs extrêmement simples nous voyons l’outillage moderne le plus perfectionné chez les colons français. Là nous trouvons des tracteurs, des matériels de labourage à double treuil, des charrues à disques, etc., etc...
- On protège les meules avec de la terre. — La protection des meules contre la pluie se fait en les recouvrant d’une mince couche d’argile mélangée à de la menue paille qui forme une carapace absolument parfaite. Le bas de la meule est défendu des animaux par des broussailles ou des épines sèches.
- Pour me résumer, nous trouvons en Afrique du Nord un immense territoire plein de ressources et dont les richesses sont chaque jour mieux aménagées. Enfin la diversité des cultures est un facteur de prospérité de plus, nous y rencontrons en effet toute une gamme de végétaux comme les céréales dans la Chaouïa et le Maroc occidental par exemple, la vigne dans l’Oranais, les oliviers et les dattiers un peu par tout, mais surtout dans les oasis du Sud.
- S. B.
- = LES TERRES VERTES =
- ET LEURS EMPLOIS INDUSTRIELS
- On désigne sous ce nom et egalement sous celui de terres serpentines, des produits employés dans l’industrie des laques, et qui sont susceptibles do nombreuses applications, en raison de leur bas prix et de leurs qualités. En Allemagne, on les appelle Grünerde. On les nomme aussi terre de Vérone, terre de Chypre. D’aucuns les confondent avec la glauconie.
- Ces terres proviennent de la décomposition des pyroxènes et de certaines argiles du genre diopside.
- Il est vraisemblable que l’on confond, sous le même nom de terres vertes, des produits tout à fait différents, les uns provenant de la décomposition de roches éruptives, et les autres qui sont des produits sédimentaires du genre de notre glauconie du bassin de Paris.
- Leur composition est du reste variable. Ce sont des silicates complexes et variables de magnésium, d’aluminium, de calcium, de potassium et de sodium, contenant du fer, parfois à l’état ferreux, et d’autres fois à l’état ferrique.
- La Revue des Produits chimiques, d’où nous extrayons les analyses suivantes, donne ces moyennes :
- SiO2, 46-57 pour 100; A1203, 2 à 15 pour 100; Fe202, 3 à 19 pour cent.
- Fe203, 7 à 27 pour 100; MgO, 0,5 à 8 pour cent; CaO, 0,2 à 3 pour cent.
- K20, 2 à 9 pour 100; Na2 O, 0,2 à 1,5 pour 100; H20, 4 à 12 pour cent.
- Dans ces terres, le fer est parfois à l’état ferreux, et d’autres fois à l’état ferrique. Ainsi dans la terre dite de Vérone, il y a 21 pour 100 de Fe202 et pas du tout de Fe2Os. alors que dans d’autres terres vertes il y a prédominance de Fe203.
- Ces terres se trouvent répandues un peu partout en Europe. Il y en a en Allemagne, dans le Tyrol, en Bohême, en France, dans le Var (Alpilles), en Nouvelle-Zélande, en Nouvelle-:!
- Calédonie, et dans certaines parties des Etats-Unis. La coloration en est vert grisâtre, assez vilaine d’ailleurs. Quand l’élément ferreux domine, le silicate ferreux existant en augmente la coloration vert-bouteille foncé, mais celle-ci n’est jamais assez claire pour que ce produit puisse réellement être appelé une base de vert.
- Sur place, ces terres sont triées pour en éliminer autant que possible l’élément oxydé dû au silicate ferrique.
- On élimine aussi les ocres, puis on broie finement et on procède par lévigation. On arrive ainsi finalement à une poudre grasse au toucher et impalpable qui, par elle-même, est un pigment plutôt inférieur. La qualité qui fait rechercher ces terres vertes, malgré leur vilaine couleur, est la suivante : contenant de la silice à un état particulier indéfinissable, ou bien pour toute autre raison inconnue, elles fixent les colorants basiques.
- Les couleurs laquées qui en sont constituées résistent donc à la chaux. La silice libre donne peut-être une adsorption de matière colorante. On donne le nom de couleurs à la chaux à ces laques, parce qu’elles résistent aux alcalis, dans la coloration du ciment et des bétons.
- On dit que, traitées par l’acide chlorhydrique étendu, les terres vertes acquièrent plus d’éclat, et fixent mieux les couleurs basiques. Mais nous ne comprenons pas bien la raison de ce fait.
- Personnellement nous avons essayé les terres vertes dans la coloration des mélanges de caoutchouc, pour tissus à nuance vert olive foncé, assez répandus actuellement pour imperméables, dans la vulcanisation aux vapeurs de chlorure de soufre. Nous en avons été satisfait. Mais, pour toutes autres Vulcanisations à l’étuve, le fer contenu faisait brunir le ïf2_ mélange. A. H.
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- LE MOIS MÉTÉOROLOGIQUE
- SEPTEMBRE 1931, A PARIS
- Mois très froid, sec, à pression barométrique élevée, et normalement ensoleillé dans son ensemble.
- La moyenne mensuelle de la température, au Parc Saint-Maur, 12°,3 égale à la normale des premiers jours d’octobre, est en déficit de 2°,4. Si l’on excepte les trois premières journées pendant lesquelles a été noté le maximum absolu du mois, 24°,2, le 2, et celle du 19, les moyennes journalières sont restées constamment inférieures à leurs normales respectives. Aussi septembre 1931 se classe-t-il au 3e rang parmi les mois de septembre les plus froids observés depuis 58 ans, après ceux de 1912 (11°,5) et 1877 (11°,9). Le 24, journée la plus froide, correspond le minimum absolu, 1°,7, et la première gelée blanche, de l’automne; la moyenne journalière de cette journée n’a pas atteint 8°,1, qui est la normale du 29 octobre. Au Parc Saint-Maur on n’avait pas encore noté de températures moyennes diurnes aussi basses à pareille date depuis le début de la série des observations (1874).
- Quoique le nombre des jours de pluie appréciable (10) ne diffère que d’une unité du nombre moyen (11), le total pluvio-métrique, 33 mm 8 d’eau, est en déficit de 30 pour 100. Les précipitations ont été fréquentes au cours des 7 premiers jours (5 jours de pluie consécutifs, du 3 au 7 inclus). Le temps est devenu plus sec à partir du 8 et, au cours de la seconde quinzaine, on n’a observé que 3 journées pluvieuses dont l’apport d’eau total n’a pas dépassé 2 mm 6.
- A Montsouris, où la hauteur totale de pluie recueillie (18 mm 9) a été trop faible de 61 pour 100, la durée totale de chute, 19 h. 0 m est inférieure de 36 pour 100 à la moyenne des 25 années (1898-1922).
- La moyenne mensuelle de la pression barométrique, au Parc Saint-Maur, au niveau de la mer, 765 mm 9, est en excédent de 2 mm 5, et on y a constaté : 1 jour d’orage, 20 jours de brouillard, 24 jours de rosée et 1 jour de gelée blanche.
- La moyenne mensuelle de l’humidité relative de l’air a été de 83,9 pour 100 et celle de la nébulosité de 55 pour 100.
- Les vents d’entre N. et N.-E. ont été très lorédominants et ceux des régions Sud très rares.
- Les brouillards ont été fréquents, mais localisés et peu durables.
- Les orages se sont réduits à quelques couj:>s de tonnerre,
- Hauteurs de pluie.
- Fig. 1
- le 3 et le 4, et les chutes de grêle ont été rares et sans importance.
- Variations par périodes décennales depuis 1874, à l’Observatoire de Parc Saint-Maur, des moyennes de la température, de la pluie, du nombre de jours de pluie, de la nébulosité, de l’humidité de l’air et de la pression barométrique pour le mois de septembre.
- Tempé- Pluie Jours Nébu- Humi- Pression
- rature mm de losité dité de baromé-
- pluie l’air trique (')
- 1874-1883 14°, 41 60,1 14 55 83,5 757,83
- 1884-1893 14°, 7 5 36,5 11 48 79,7 759,34
- 1894-1903 Cn o CO 53,0 10 46 78,3 759,05
- 1904-1913 14°,35 40,6 10 51 80,0 759,73
- 1914-1923 14°,82 52,6 11 52 80,0 758,44
- 1924-1930 15°,44 39,5 12 56 79,0 758,56
- moy. générale 14°,84 47,0 11 j 3 51,3 80,1 758,82
- Em. Roger.
- 1. A l’altitude de 50 m.
- EPAISSEUR DE LA COUCHE GLACIAIRE
- DU GROENLAND
- L’expédition allemande au Groenland, dont le chef, le regretté Dr Wegener, a péri tragiquement voici quelques mois, avait inscrit à son programme de recherches la détermination de l’épaisseur de la couche de glace qui recouvre ce pays. Les explorateurs ont pu récemment exécuter ces mesures, et notre confrère de Londres Nature en résume les résultats d’après un télégramme publié par le Times le 13 août dernier.
- Le procédé employé a été un système de sondage sonore : on a fait exploser successivement 25 charges de dynamite placées à la surface; la plus forte de ces charges était le 74 kg et l’on a chaque fois mesuré le temps séparant la détonation et le retour de l’écho réfléchi par le sol sous la glace. L’opération a été effectuée à la latitude de 72° N à mi-chemin entre les côtes Est et Ouest, à l’altitude de 2940 m au-dessus du niveau de la mer. Le résultat trouvé comme moyenne des différents sondages donne une épaisseur de glace de 2640
- mètres. Le sol rocheux n’est donc qu’à l’altitude de 300 m au-dessus du niveau de la mer. Non loin des côtes, à 60 km environ dans l’intérieur, on a trouvé, par contre, à l’altitude de 1800 m, une épaisseur de glace de 700 à 900 m; ce qui place l’altitude du sol rocheux à 600 m, au moins, au-dessus de l’altitude du centre de l’entrée.
- Ce résultat a l’intérêt de départager deux théories géographiques : l’une fait du sol réel du Groenland un haut plateau recouvert de glace, et attribue l’écoulement rapide des glaciers à leur pente raide; l’autre théorie au contraire donne au sol du Groenland la forme d’une soucoupe, avec une bande de montagnes côtières, tandis que l’intérieur, creux, est rempli de glace, débordant par-dessus les hauteurs environnantes.
- C’est cette seconde théorie que semblent vérifier les mesures des explorateurs allemands.
- A. T.
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- L’AUTOMOBILE PRATIQUE
- TOUJOURS LA QUESTION DU GRAISSAGE DES PISTONS
- Le piston est sans doute la partie du moteur qui doit être graissée avec le plus de soin, et pourtant son graissage est très
- Fig. 1. — Coin graisseur à pression pour ressorts.
- A. Le coin prêt à l’emploi. — B. Un enfonce le coin entre les lames. G. On injecte la graisse dans les lames.
- délicat. Au moment de la mise en route, lorsque l’huile est froide, sa viscocité est très faible et sa vitesse de circulation sous l’action de la pompe de graissage à travers les canalisations est également faible. Or, les parois des cylindres sont graissées en réalité par une sorte de brouillard d’huile formé par l’huile qui est projetée dans toutes les directions sous l’action de la pression et de la force centrifuge. A froid, cette pulvérisation d’huile ne se produit pas, et il n’y a pour ainsi dire pas de projection d’huile dans les cylindres.
- C’est pourquoi nous avons déjà recommandé plusieurs fois dans nos chroniques de ne jamais emballer un moteur d’automobile à froid, parce que le graissage des pistons ne se produit pas dans ces conditions et que leur mouvement accéléré dans les cylindres produit parfois une usure très marquée. Les précautions à prendre sont, d’ailleurs, d’autant plus grandes que le mouvement du piston dans le cylindre s’effectue moins librement avec plus de frottement, ce qui se produit par exemple pendant la période de rodage.
- Plusieurs lecteurs nous ont écrit pour nous demander si, dans ces conditions, il est toujours recommandable de mélanger dans l’essence une faible proportion d’huile qui vient se déposer sur les parois des cylindres, et facilite le graissage des pistons, même à froid. Il ne semble pas, en effet, que ce procédé puisse présenter des inconvénients sérieux.
- D’abord, la quantité d’huile mélangée à l’essence paraît insuffisante pour provoquer des encrassements. Cette proportion d’huile n’est jamais supérieure à 2 ou 3 pour 100 et normalement n’est que de 0,5 pour 100 lorsque la voiture est déjà
- rodée. La quantité d’huile ainsi introduite dans le moteur aux 100 kilomètres est de l’ordre d’une cinquantaine de grammes, ce qui est infime par rapport à la quantité totale d’huile généralement utilisée. D’autre part, cette
- addition d’huile ne semble guère augmenter la viscosité de l’essence et elle ne gêne donc pas la carburation. Le mélange ne peut boucher le gicleur, ce qui rendrait les départs du moteur difficiles, si l’on prend la précaution d’employer des huiles spéciales se dissolvant complètement dans le carburant.
- Ainsi, l’emploi de l’huile dans l’essence paraît recommandable surtout en période de rodage, pour les moteurs « poussés » tournant à grande vitesse, et également par temps froid. Il convient de choisir une huile très fluide d’excellente qualité, et la plupart des raffineurs d’huiles de graissage présentent maintenant une qualité d’huile spéciale pour cet usage. Comme nous l’avons indiqué, la proportion est d’environ 2 à 3 pour 100 lorsque la voiture est neuve, et de 0,5 pour 100 environ ensuite. Sur certains bidons d’huile de ce genre, il existe d’ailleurs une capsule spéciale fixée au bouchon qui sert de mesure pour effectuer le dosage.
- DEUX ACCESSOIRES PRATIQUES DE GRAISSAGE
- La lubrification des ressorts de suspension est toujours nécessaire lorsqu’on n’utilise pas une gaine de ressort assurant automatiquement cette opération.
- Pour que les ressorts conservent leur souplesse, il faut que les lames puissent subir au cours des débattements de l’essieu de légers déplacements les unes par rapport aux autres. Ces déplacements ne sont possibles que si les lames sont séparées par une couche lubrifiante qui facilite leur glissement. Dans le cas contraire, leur surface s’oxyde, la couche de rouille qui se forme empêche le glissement, fait du ressort une sorte de bloc à peu près rigide, et rend la suspension très dure en augmentant également le risque de rupture des lames.
- Il est, en général, nécessaire pour graisser complètement les ressorts de les démonter en desserrant les étriers qui maintiennent les lames, mais cette opération peut également être effectuée plus rapidement à l’aide d’un coin graisseur établi comme le montre la figure 1 A.
- Pour effectuer le graissage avec cet accessoire, on monte la voiture sur cric, et on chasse le coin graisseur entre les lames à l’aide d’un maillet (fig. 1 B). Il est alors facile d’injecter de l’huile épaisse ou de la graisse graphitée au moyen d’une pompe genre « Técalémit » ou autre; puis on étale la graisse sur toute la longueur du ressort au moyen d’une^lamelle. La graisse pénètre fort bien par la canalisation intérieure du système dans la partie plate du coin et sur la surface médiane du ressort.
- D’un autre côté, malgré l’emploi des dispositifs de graissage central à huile, le système de graissage le plus sûr des articulations demeure encore le dispositif à pression à graisse consistante; mais, malgré l’emploi de graisse de bonne qualité, les axes graisseurs peuvent se boucher de temps en temps, ce qui les empêche évidemment de jouer réellement leur rôle.
- On peut essayer de les déboucher à l’aida d’une pompe de garage à très forte pression, mais l’emploi du pétrole pour le nettoyage permet d’obtenir un effet encore plus certain, parce qu’on dissout ainsi la graisse séchée, et qu’en même temps on chasse la limaille et on dérouille, s’il y a lieu, les articulations.
- On peut effectuer cette opération très rapidement à l’aide d’un petit piston purgeur d’un modèle indiqué sur la figure 2.
- Ce petit accessoire comprend essentiellement un piston logé dans le corps de l’appareil qui contient une petite quantité de pétrole. On agit sur ce piston en vissant un manchon intérieur à six pans au moyen d’une clef, qui actionne le piston, et on injecte ainsi le pétrole dans l’articulation à déboucher, ou bien on donne un coup de marteau sur la tête du piston, selon que le modèle est à écrou ou à frottement.
- Fig. 2. — Piston purgeur pour déboucher les axes graisseurs.
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- Pour utiliser l’appareil, il suffit de visser sur le corps du cylindre un raccord fileté correspondant au pas de vis du graisseur à déboucher. On remplit ensuite l’appareil de pétrole que l’on aspire en tournant à gauche le manchon à six pans extérieur, puis on le visse à la place du graisseur normal.
- La pression nécessaire pour déboucher et nettoyer l’axe est simplement obtenue ainsi en vissant à droite le manchon à six pans de l’appareil au moyen d’une clef. Si le débouchage ne s’effectuait pas immédiatement, on secouerait légèrement la voiture pour faire fonctionner l’articulation.
- UN MODÈLE DE PARE-CHOC EN CAOUTCHOUC
- Il n’y a presque plus de voitures à l’heure actuelle qui ne soient pas munies d’un pare-clioc, mais les principes de construction de cet accessoire sont assez variables. 11 y a des pare-chocs extrêmement flexibles qui plient au moindre choc, et même souvent restent faussés lorsqu’ils ne sont pas assez élastiques. Il y en a, au contraire, de très rigides, qui transmettent presque intégralement au châssis les chocs qu’ils reçoivent!
- L’automobiliste doit, semble-t-il, choisir un modèle possédant des qualités moyennes.
- La première qualité d’un pare-choc consiste sans doute à protéger la voiture et à ne pas constituer une cause de dangers supplémentaire.
- Beaucoup de modèles de pare-chocs, établis il y a quelques années, présentaient à l’avant une forme trop allongée et trop recourbée, de sorte que leur présence pouvait être cause d’accrochage par des véhicules arrivant parallèlement ou obliquement.
- Si un pare - choc doit être élastique, puisque son rôle consiste à amortir les chocs, il ne doit pourtant pas être trop souple, parce que la protection qu’il fournirait serait illusoire et son élasticité doit lui permettre de revenir à la position primitive après un choc léger sans être faussé.
- D’un autre côté, un pare-choc rigide qui transmet intégralement tous les heurts au châssis ne remplit pas le rôle auquel il est destiné.
- Aussi, parmi les pare-chocs les plus employés actuellement, se trouvent surtout des modèles constitués par un ou plusieurs tubes ou des lames relativement rigides qui sont reliées au châssis par des lames de ressort plus souples amortissant les chocs.
- La forme du pare-choc avant est, d’autre part, déterminée de telle façon qu’elle ne produise pas de danger d’accrochage.
- Parmi les modèles récents de pare-chocs, on peut en signaler un assez curieux et, semble-t-il, efficace. Ce modèle original est constitué essentiellement par un tube non métallique entièrement en caoutchouc épais, mais supporté par des lames en acier chromé.
- Pour faciliter le démontage et, s’il y a lieu, la réparation ou le remplacement de pièces détériorées, le pare-chocs est constitué par 4 éléments en caoutchouc, 2 tubes et 2 embouts simplement enfilés sur une lame maîtresse de support. Les
- Fig. 3. — Pare-choc en caoutchouc.
- Vue d’ensemble et coupe partielle : en avant, lame de support, en arrière, lame maîtresse sur laquelle sont enfilés les tubes en caoutchouc, colliers de jonction et boulons de fixation.
- embouts en caoutchouc qui ne sont pas soutenus par une pièce en acier cèdent à l’accrochage à l’envers, si dangereux, et reviennent immédiatement à leur position initiale.
- Quant aux chocs de front, ils sont absorbés complètement par le caoutchouc, s’ils sont très faibles, et sont transmis aux lames de- ressorts intérieurs et extérieurs s’ils sont de plus grande importance. L’accessoire est donc bien étudié et paraît efficace (fig. 3).
- ASPIRATEUR POUR L’ENTRETIEN DES VOITURES
- L’emploi de l’aspirateur électrique s’impose de plus en plus pour l’entretien des tapis et des rideaux d’un appartement. L’intérieur d’une carrosserie, les coussins, dossiers, drap de garniture, tapis, moquette, etc., absorbent sans doute encore plus la poussière que les tapis ou les rideaux, aussi serait-il encore plus intéressant d’employer pour leur entretien, à la place de la brosse primitive et insuffisante, un aspirateur perfectionné.
- Il ne saurait être question, sauf dans les garages importants, d’utiliser un modèle d’aspirateur aussi volumineux et aussi puissant que ceux qui sont employés pour les appartements, mais on a réalisé des dispositifs réduits spécialement adaptés à ce but (fig. 4).
- Un aspirateur à main de ce genre se manie aussi facilement qu’une brosse à habits et, le tube d’aspiration à brosse étant très rapproché du ventilateur d’aspiration, cette aspiration s’effectue dans de bonnes conditions. Un tel appareil peut d’ailleurs servir aussi pour des usages domestiques.
- UN DISPOSITIF PERFECTIONNÉ POUR LA MISE EN MARCHE DES MOTEURS
- Nous avons plusieurs fois indiqué, dans nos chroniques, les inconvénients que présentait l’injection d’essence dans les cylindres et même la fermeture trop longue du volet d’air au moment de la mise en marche.
- Cette opération, produit, en effet, l’absorption d’un excès d’essence dans les cylindres, empêche le graissage des pistons,
- Fig. 5. — Dispositif de mise en marche dit « Parvit » sur châssis à réservoir arrière.
- A, Robinet de réglage. — B, Pièce adaptée sur la tubulure d’admission. — C, Tube d’arrivée du mélange gazeux. •—D, Tuyau d’arrivée du moteur. — E, Tube-plongeur d’amenée d’air dans le réservoir.
- Fig. 4. — Aspirateur électrique portati f pour automobiles.
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- et enfin dilue dans l’huile une certaine quantité d’essence, ce qui diminue le pouvoir lubrifiant de l’huile.
- La plupart des moteurs pourtant, surtout par temps froid, ne peuvent démarrer facilement sans utiliser l’un ou l’autre de ces procédés. C’est pourquoi un constructeur a eu l’idée d’établir un système spécial permettant d’envoyer dans le moteur, au moment de la mise en marche, un mélange gazeux spécialement composé et indépendant du mélange amené par le carburateur.
- Dans ce système, l’air atmosphéi'ique pénètre dans le réservoir à essence par un ou plusieurs tubes de faible diamètre, il barbote dans l’essence, et se dégage ensuite, une fois chargé de vapeur, à la partie supérieure du réservoir.
- Une fois ce mélange gazeux effectué, on doit l’additionner d’une certaine quantité d’air auxiliaire avant de l’envoyer dans les cylindres du moteur (fig. b et 6). A cet effet, une manette ou un dispositif gradué du genre d’un robinet à trois voies est installé sur le tableau et permet de produire des additions d’air réglables.
- On peut ainsi envoyer aux cylindres, en manœuvrant cette manette, soit le mélange riche en essence qui est formé par l’air ayant barboté dans le réservoir d’essence, soit ce mélange additionné d’air en quantité convenable, soit de l’air pur.
- Par temps froid on peut ainsi mettre en route assez facilement un moteur, et, une fois la mise en marche normale
- obtenue, on ferme l’appareil, le moteur continue à tourner avec son carburateur normal, l’appareil fermé n’ayant plus d’action.
- Pour la pose, on place simplement un raccord d’aspiration sur la tubulure d’admis s ion ; lorsqu’on ouvre le robinet il se produit ainsi une aspiration dans le tube auxiliaire et un appel d’air dans le réservoir d’essence.
- UN RADIATEUR ÉLECTRIQUE POUR AUTOMOBILE
- Nous avons déjà décrit différents modèles de radiateurs pour automobile alimentes par les gaz chauds provenant de l’échappement. L’emploi d’un radiateur est, en général, utile non seulement pour chauffer l’intérieur de la carrosserie pendant l’hiver mais encore pour faciliter le démarrage par temps froid, pour éviter la vidange du radiateur en cas de gelée, pour défiger l’huile de la boîte de vitesse ou du pont-arrière en cas de vidange, etc...
- Signalons à ce propos un nouveau type de radiateur électrique perfectionné. Ce radiateur présente la particularité de comporter deux enroulements chauffants, l’un pouvant être parcouru par du courant du secteur de 110 ou 220 volts, l’autre par le courant de circuit d’allumage ou de démarrage de la voiture de 6 ou de 12 volts (fig. 7). La consommation est d’environ 2 hcctowatts heure pour 110 ou 220 volts; pour 6 volts le débit est 11 ampères et sur 12 volts de 7 ampères.
- De plus, l’appareil est muni d’un noyau qui sert d’accumulateur de chaleur, ainsi le système est très-complet et peut servir à différents usages. En particulier, pour chauffer l’intérieur d’une voiture, on peut d’abord le chauffer assez fortement
- à l’aide du courant du secteur et s’en servir comme chaufferette grâce à l’ac-cumulationde chaleur obtenue.
- On maintient la chaleur à un degré constant en utilisant, s’il y a lieu, le courant de la voiture pour chauffer l’autre enroulement.
- D’autre part, l’appareil peut servir de chaufferette dans un appartement. Connecté pendant une vingtaine de minutes au réseau de distribution, il suffit de l’enrouler dans une couverture pour qu’il garde longtemps sa chaleur.
- STABILISATEUR DE DIRECTION
- En marche normale, le plan vertical des roues avant d’une automobile n’est pas fixe, et ces roues subissent des déplacements angulaires incessants qui provoquent une flexion latérale des pneus. Ces vibrations latérales, lorsqu’elles sont importantes, peuvent provoquer, par correspondance, des déplacements de l’arrière de la voiture. On dit à ce moment que la voiture « chasse », et « ne tient pas la route ».
- Avec les pneus à basse pression, peu gonflés, et sur certaines voitures rapides mais légères, ce mouvement d’oscillation latéral des roues peut augmenter à tel point qu’il devient dangereux, et, en tout cas, fort désagréable pour le conducteur, et capable d’augmenter rapidement l’usure des organes de direction et des pneus. D’autre part, les ressorts avant d’une voiture ne servent pas seulement à soutenir le châssis; avec les systèmes actuels de freinage sur les quatre roues, ils sont employés également pour retenir la voiture pendant le freinage, de sorte que la rupture d’un ressort avant peut devenir dangereuse.
- Ce phénomène d’oscillation, auquel on a donné le nom de shimmy, a d’ailleurs été fort heureusement atténué sur les modèles actuels par une étude plus approfondie des systèmes de suspension avant et de la boîte de direction. D’autre part, le durcissement des ressorts avant, l’emploi d’amortisseurs de direction, de doubles jumelles à l’avant, le gonflage plus élevé des pneus, sont des remèdes plus ou moins efficaces, et surtout on a remarqué que l’on évitait la synchronisation des oscillations en permettant des déplacements légers de l’essieu avant dans le sens de l’axe de la voiture.
- Pariant de ces données, on a pu établir un appareil additionnel qui empêche la naissance d’oscillations dangereuses, et, en même temps, donne toute sécurité pour le freinage avant en évitant la rupture du ressort. Cet appareil est simplement constitué par une sorte de bielle télescopique qui relie l’essieu au châssis, et assure tout le travail d’entraînement et de freinage en laissant aux ressorts leur travail de suspension. Dans ce système, le ressort fixé à l’essieu n’est plus attaché d’une façon fixe à la main avant du châssis, tan-
- Durite d'admission
- Raccord daspira- £ tion sur tubulure d’admission
- Fig. 6. — Le « Parvit ». Montage du tugau d'arrivée du mélange gazeux sur la tubulure d’admission dans le cas d’un carburateur vertical.
- Fig. 7.— Chaufferette électrique à 2 enroulements et accumulateur de chaleur.
- Fig. 8. — Principe du stabilisateur de direction « Shimex ».
- h1a in avant du châssis \
- Ressort
- Bielle de Shimex Essieu
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- dis qu’à l’arrière il est toujours monté sur des jumelles qui lui donnent toute liberté de se mouvoir. La main avant du châssis est prolongée en dessous du point de coulissement du ressort jusqu’à un point B, et, en dessous de l’étrier de fixation, on monte un patin pourvu d’un œil A. Une bielle l'éunit alors les deux points A et B.
- Dans ces conditions, le système formé par le ressort et la bielle, d’une part, par la main avant et le patin, d’autre part, constitue une sorte de parallélogramme articulé. Le ressort pourra glisser librement et les efforts de poussée et de pression seront transmis à l’essieu par l’intermédiaire de cette bielle A B (fig. 8).
- Ainsi, par ce système, on obtiendra, grâce au déplacement de l’essieu avant correspondant au déplacement de la bielle elle-même sur des butées élastiques, l’atténuation des phénomènes d’oscillation, et en même temps on assurera la sécurité du freinage.
- Pratiquement, ce dispositif est constitué par une tige rigide qui porte à peu près en son milieu une butée T fixée sur elle. Cette tige s’engage dans un tube C dans lequel peut coulisser cette butée et deux forts ressorts R et R' sont disposés de part et d’autre de la butée. Ces ressorts s’appuient par leur extrémité fixe sur le couvercle et le fond du tube tandis que l’extrémité arrière du tube porte un œil A qui est monté sur le patin fixé à l’essieu (fig. 9). Ainsi la longueur de la bielle peut varier puisqvie la butée se déplace dans l’intérieur du tube en comprimant; l’un ou l’autre des ressorts, mais, en pratique, la course totale n’est que de 4 à 8 millimètres.
- Le montage de l’appareil est très simple et on utilise deux appareils identiques au-dessous de chaque longeron.
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- Grâce à ce système, la direction devient également très stable et on évite les réactions si fatigantes pour le conducteur.
- L. Picard.
- Adresses relatives aux appareils décrits :
- Accessoires de graissage, Arthur Wovner, 7, quai Tilsitt, Lyon.
- Parc-chocs en caoutchouc, Établissements Gianoli, 7, passage Marty, Paris (17e).
- Aspirateur électrique, Tecalemit, 18, rue Brunei, Paris.
- Dispositif de mise en marche, Le Parvit, 4, rue des Poissonniers, Neuilly-sur-Seine.
- Chaufferette électrique, Becker, 58, rue Denfert-Rochereau, Boulogne-sur-Seine.
- Stabilisateur de direction Shimcx, Mertens, 75, boulevard Gouvion-Saint-Cyr, Paris.
- Fig. 9. — I.e « Shimer » vu en coupe cl en perspective.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- PHOTOGRAPHIE : CLICHÉS BRISÉS
- Quelque soin que l’on prenne dans la manipulation des clichés photographiques, on est toujours à la merci d’un accident, soit que la plaque vous échappe des mains, soit qu’elle se trouve pressée en porte-à-faux dans le châssis-presse sur une autre plaque de format différent. On peut remédier assez simplement à cet accident qui, de prime abord, pourrait cependant sembler irréparable.
- La première précaution à prendre en pareil cas est d’éviter toute aggravation de l’accident; souvent il arrive, en effet, que, seul le verre est fêlé ou brisé, sans que la pellicule portant l’image soit elle-même rompue. On glissera donc sous le cliché une feuille de papier fort ou de bristol mise de façon à le relever bien à plat.
- De toute façon on séparera la pellicule du verre, en suivant le procédé c assique du pelliculage, dont nous ne ferons que rappeler le principe :
- « Un négatif au gélatinobromure est plongé quelques minutes dans un bain d’eau et de formol du commerce, séché, incisé sur les bords et porté ensuite dans une solution de carbonate de sodium, puis sans lavage, dans une cuvette contenant de l’eau acidulée par de l’acide chlorhydrique. Aussitôt la pellicule se détache du verre et il ne reste plus qu’à la recueillir et à la doubler par les procédés connus. »
- Au point de vue des précautions opératoires, nous distinguerons rois cas :
- 1° Le verre du cliché est seulement fêlé;
- 2° Le verre du cliché est brisé; la pellicule est encore intacte;
- 3° La rupture du verre a entraîné la rupture de la pellicule.
- 1° Dans le cas où le verre n’est que fêlé, il arrive souvent que les liquides, s’introduisant par la fente du verre, pénètrent jusqu’à la couche de gélatine et s’y accrochent en laissant l’impression d’une ligne blanche qui peut nécessiter une retouche délicate. Pour éviter cet inconvénient on emploie le mode opératoire préconisé par M. Roy : on pose avec précaution le cliché, couché en dessous, sur une feuille de papier buvard propre et on badigeonne le côté verre, sur une zone de 3 ou 4 centimètres, de chaque côté de la fêlure, avec une solution de caoutchouc dans la benzine; une solution à 2 ou 3 pour 100 convient bien; par-dessus le caoutchouc, on applique une bande de papier diop-trique de largeur suffisante et, sur le tout, au moyen d’un pinceau,
- on étend une bonne couche de collodion à l’acétate d’amyle, qu’on laisse sécher complètement. Ces deux couches — caoutchouc et collodion — forment un protecteur suffisant qui empêche les divers liquides de s’introduire dans la fêlure du verre; on peut dès lors procéder aux diverses opérations du pelliculage comme si le verre était intact.
- 2° Si, la pellicule étant encore intacte, le verre est brisé, la précaution ci-dessus indiquée ne suffit plus et on doit immobiliser complètement les morceaux si l’on ne veut pas qu’un faux mouvement au cours d’une des opérations n’entraîne une déchirure de la pellicule par l’arête coupante d’un des fragments. On retourne donc encore, couché en dessous, le cliché brisé, mais on applique, cette fois sur les fragments du verre une plaque du même format, enduite soit d’une couche mince de baume de Canada chaud, soit d’un vernis très épais dont la dessiccation ne soit pas trop rapide. Après refroidissement du baume ou dessiccation du vernis, l’ensemble du cliché et du verre de doublure forme un tout rigide que l’on peut manier sans risques et dont on pellicule l’image par le procédé habituel.
- 3° Si la pellicule elle-même s’est rompue, on assemble les divers fragments sur une plaque de verre enduite de baume chaud ou d’un vernis épais; on presse fortement ces fragments sur les côtés, pour les amener en contact aussi parfaitement que possible. Cela fait, on enlève l’excès du baume ou du vernis qui a pu venir sur la gélatine en lavant la couche avec un peu d’alcool. Cet ensemble est alors immergé dans la solution de formol, puis recouvert d’une feuille mince de gélatine, elle-même formolisée et bien distendue par longue immersion.
- On peut, si l’on préfère, couler sur l’image une couche d’une solution chaude de gélatine; puis, après refroidissement, replonger l’ensemble dans le formol; mais il est plus simple d’utiliser une feuille de gélatine.
- Après dessiccation de cet ensemble, les divers fragments de la pellicule qui désormais font corps avec la feuille de gélatine dont on les a recouverts peuvent être séparés de leur' support de verre par pelliculage.
- On peut, avec un peu d’habileté manuelle, arriver à faire ainsi disparaître toute trace des déchirures. Si on avait effectué le tirage des épreuves sous les divers morceaux, si bien recollés fussent-ils, les cassures du verre eussent porté ombre sur le papier sensible.
- Dr G.-H. Niewenglowski.
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- LIVRES NOUVEAUX
- Clerk Maxwell (1831-1931). (A commémoration volume.) 1 vol., 146 p., 2 fig. The University Press, Cambridge, 1931. Prix : 6 sh. net.
- On vient de célébrer en Angleterre, en même temps que le centenaire de la découverte de l’induction par Faraday, celui de la naissance de James Clerk Maxwell. Profond théoricien, il sut tirer toutes les conséquences des travaux expérimentaux de Faraday, et on lui doit la théorie électromagnétique de la lumière qui révolutionna la physique moderne. On lui doit encore de très importantes contributions à la théorie cinétique dès gaz. Dans le volume publié par la Cambridge University, un certain nombre de grands savants contemporains rendent hommage à l’illustre physicien anglais. Sir J. J. Thomson expose d’une façon attachante sa vie et ses travaux. Max Planck dit quelle fut son influence en Allemagne où elle suscita les travaux de Boltzmann et ceux de Hertz. Sir James Jeans étudie la méthode d’investigation de Maxwell. Sir Joseph Lannor fait une intéressante reconstitution des idées et des hommes qui formaient l’ambiance scientifique au temps de Maxwell. A. Einstein, Sir Ambrose Fleming, Sir Oliver Lodge, H. T. Glazebrook, Sir Horace Lamb, et W. Garnett apportent également leur contribution à cet hommage si mérité.
- Text Book on Spherical Astronomy, byW.M. Smart. 1 vol. 414 p., 146 fig. The University Press. Cambridge, 1931. Prix : 21 sh. net.
- Ce livre réunit des leçons d’astronomie élémentaire et pratique, professées à l’Université de Cambridge. C’est un ouvrage scolaire, fort bien présenté.
- On y retrouve d’abord un certain nombre de chapitres classiques en tous pays : le rappel des formules fondamentales de la trigonométrie sphérique, l’exposé des différents systèmes de coordonnées employés pour repérer la position d’un astre, la définition du temps, le cercle méridien; l’étude de la réfraction atmosphérique, pour déterminer son effet sur les mesures; les lois du mouvement des planètes, l’étude de l’aberration, la mesure des parallaxes d’étoiles, des notions d’astronomie nautique, etc. Mais à côté de ces chapitres obligés, on en trouve d’autres consacrés à des sujets plus nouveaux : comme l’étude des mouvements propres des étoiles, l’emploi de la photographie pour les mesures astronomiques de précision, la détermination des orbites des étoiles doubles. Toutes ces questions sont traitées avec un appareil mathématique relativement élémentaire; chaque chapitre est accompagné d’une série de problèmes ou d’exercices proposés au lecteur. Cet ouvrage d'enseignement pourra rendre service aux étudiants et professeurs français, en leur présentant des questions classiques, sous une forme un peu différente de celle qui est traditionnelle chez nous.
- Annales de VInstitut de physique du globe de l’Université de Paris (tome IX), publiées par Ch. Mau-rain. 1 vol., 216 p., 4 cartes hors texte. Les Presses Universitaires de France, Paris, 1931.
- Comme les précédents volumes, celui-ci contient le résumé des observations magnétiques, météorologiques, actinométriques, séismo-logiques, faites pendant un an (année 1929) dans les observatoires dépendant de l’Institut de Physique du Globe : Val Joyeux, Parc Saint-Maur, Nantes, et M. Mathias donne les résultats de ses campagnes de mesures magnétiques de 1923, 1924, 1925, 1926, dans les Hautes-Pyrénées, le Gers, la Haute-Garonne, la Haute-Marne, la Côte-d’Or, l’Aube, l’Ailier, le Puy-de-Dôme, la Creuse, la Dordogne et la Haute-Vienne.
- A ce recueil d’observations sont jointes : une note de M. Eblé sur la variation séculaire de la distribution des éléments magnétiques, une étude de Mlle Homery sur la variation de la déclinaison en France depuis 1681, des études actinométriques de M. Brazier, une note de M. Salles sur la charge magnétique portée par l’air, une étude théorique de M. Coulomb sur les ondes sismiques transversales (ondes de Love), etc.
- The âge Of the Earth. By the Subsidiary Committee on the Age of the Earth. 1 vol., 488 p., publié par « The National Research Council of the National Academy of Sciences ». Washington, D. C., 1931. Prix : 4,5 dollars.
- Quel est l’âge de la Terre ? C’est un problème auquel se sont attaqués à maintes reprises astronomes, physiciens et géologues, sans toujours pouvoir mettre d’accord leurs conclusions. Le présent ouvrage a pour objet de présenter les différentes thèses, avec leurs arguments et d’en comparer les conclusions. M. Schuchert expose les évaluations tirées de l’étude des sédiments et de la paléontologie : on arrive ainsi à des évaluations assez arbitraires de l’ordre du milliard d’années. M. Knopf montre comment, d’après la salinité, on a cherché à évaluer l’âge de l’océan. Moyennant de nombreuses hypothèses, on arrive à 100 millions
- d’années. Les évaluations les plus sûres, c’est-à-dire celles qui con tiennent le moins d’hypothèses arbitraires sont celles qui donnent l’âge des roches d’après les données radioactives. M. A. F. Kovarik résume les méthodes par lesquelles s’effectue le calcul de l’âge des minerais radioactifs et M. Holmes donne un exposé très étendu et très complet de nos connaissances sur la radioactivité et les rapports entre les phénomènes radioactifs et la géologie : les halos pléochroïques, la proportion des produits de désintégration des substances radioactives sont des moyens de mesure des temps géologiques. M. Holmes rassemble, à cet égard, dans son travail, toutes les données provenant des études faites jusqu’ici sur les minéraux et les gîtes radioactifs du monde entier, il confronte et soupèse les réponses que chacun d’entre eux donne à la question posée. La conclusion de cet important travail est que l’âge de la Terre est compris entre un maximum de 3 milliards d’années et un minimum de 1460 millions. Dans la dernière partie de l’ouvrage, M. E. W. Brown montre que la conclusion de M. Holmes est d’accord avec les données astronomiques.
- Le climat de l’Indochine et les typhons de la mer de Chine, par E. Bruzon et P. Carton. 1 vol., 310 p., nombreux graphiques et cartes. Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï, 1930.
- Voici la 2° édition, revue et largement augmentée, de l’excellent ouvrage dû au Directeur de l’Observatoire Central Météorologique d’Indochine et au chef du bureau de Climatologie au même observatoire. Grâce à l’extension du réseau des stations d’observation, il est possible aujourd’hui de donner une description climatologique de l’Indochine.
- Un tel travail ne peut que rendre d’inappréciables services aux administrations publiques, aux ingénieurs et aux colons; il groupe une ample moisson de données sur le régime barométrique, le régime des vents, la température, le régime pluviométrique, l’insolation, la nébulosité, etc., qui régnent sur les différentes régions de l’Indochine. Des cartes très claires, de nombreux graphiques condensent les résultats des observations. Dans la seconde partie relative aux typhons des mers de Chine, les auteurs résument le mécanisme du phénomène et font état des observations recueillies en Indochine depuis plus de vingt ans.
- Note sur la perméabilité des verres aux radiations ultra-violettes, par P. Gilard, P. Swings etA.IJAU-tot. 1 brochure, 80 pages, 36 fig. Extrait de la Revue Belge des Industries Verrières. 1931.
- Les radiations ultra-violettes ont de nombreux usages scientifiques, industriels ou médicaux; il importe donc de posséder des verres transparents pour ces radiations et d’être fixé exactement sur la transparence de ceux que l’on emploie. Cette brochure, due à la collaboration de deux physiciens et d’un spécialiste du verre, indique d’abord la composition des principaux verres connus perméables à l’ultra-violet, et les zones de longueurs d’onde pour lesquelles ils sont transparents; elle étudie l’influence de la solarisation sur cette transparence. Puis elle expose une méthode préconisée par les auteurs pour la mesure de l’absorption des verres dans l’ultra-violet; ils l’ont appliquée à l’étude de l’influence à cet égard de divers composants du verre : silice, oxydes de baryum, de calcium, alumine, oxyde de zinc, alcalis, bore, arsenic, antimoine, oxydes de nickel, de chrome, de cobalt, de fer, de cuivre; manganèse, et ils font connaître les résultats de ces mesures. Cette étude systématique rendra de grands services aux savants et aux industriels dans le choix des verres ultra-violets.
- Le Livre de la Chasse de Gaston Phœbus, transcrit en français moderne, avec une introduction et des notes par Robert et André Bossuat. 1 vol. de xxn-256 p., 87 reproductions des miniatures du manuscrit 616, de la Bibliothèque Nationale. Librairie Cynégétique Emile Nourry, Paris, 1931. Prix : 100 fr.
- Le Livre de la Chasse, de Gaston Phœbus, a joui parmi les contempo-tains de l’auteur et jusqu’aux temps modernes, d’une réputation universelle.
- C’est le lor mai 1387 que Gaston Phœbus commença d’écrire son livre, dans lequel il étudie toutes les espèces de chasse : la vénerie, qui occupe tout naturellement la place d’honneur, est précédée de deux livres fort copieux sur les animaux de chasse, leurs mœurs, leur genre de vie, leurs nourritures préférées. Les derniers livres traitent des chasses aux pièges et engins, à l’arbalète, à l’arc et aux réseaux.
- Gaston Phœbus a beaucoup lu, mais c’est bien de son expérience personnelle qu’il tire l’essentiel de sa matière. Cette présence continuelle de l’auteur donne au livre son plus grand charme,- et l’attention n’est jamais lassée.
- La reproduction des 87 miniatures du manuscrit 616 forme une galerie admirable; c’est le plus copieux et le plus vivant document iconographique que nous possédions sur les chasses de cette époque
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- NOTES ET INFORMATIONS
- TRAVAUX PUBLICS Les autoroutes.
- L’Italie est le premier pays dans lequel on ait créé des routes spéciales pour automobiles. C’est aussi le pays où elles se sont le plus rapidement développées : la plus ancienne de ces voies est celle de Milan à Sesto Calende avec embranchement sur Côme et Varese, Elle a été ouverte en 1925. C’est une route à péages. Depuis lors ont été ouvertes, ou vont l’être, les autoroutes de Turin à Milan, de Milan à Venise, de Rome à Ostie, de Naples à Pompéi. D’autres voies sont en projet.
- Aucun autre pays n’est aussi avancé que l’Italie dans la création d’autoroutes. C’est sans doute que la circulation automobile y est moins dense, ou que le réseau routier, plus développé, suffit aux besoins. Mais partout l’automobilisme se développe et exige des voies adéquates.
- Aussi voit-on naître un peu partout des projets d’autoroutes, et des sociétés pour les réaliser. 11 vient même de se tenir à Genève un congrès international des autoroutes où s’est fait en quelque sorte le bilan actuel des autoroutes : réalisations et projets étudiés.
- En dehors de l’Italie, il existe une autoroute en Allemagne entre Cologne et Bonn ainsi qu’une piste d’essai de 20 km entre Berlin et Potsdam. On en construit une au Pérou entre Lima et lluacha. On peut encore ranger dans cette classe la rouLe construite à la place d’un ancien chemin de 1er à crémaillère et qui conduit de Clermont-Ferrand au sommet du mont Dore. Là s’arrête l’énumération des autoroutes en service ou en construction.
- ' Par contre les projets sont nombreux. Nous nous bornerons à signaler celui que M. Pigelet, ingénieur des Ponts et Chaussées, a dressé pour relier Paris au Nord de la France : le tracé part du Bourget et se dirige vers Lille, avec une bifurcation à la hauteur de Breteuil se dirigeant vers Calais; l’autoroute serait l’amorce d’une voie internationale reliant la France d’une part à l’Angleterre, d’autre part à la Belgique, la Hollande et l’Allemagne.
- Le tracé comporte de grands alignements droits, raccordés par des courbes de 1000 m de rayon au moins. La chaussée, se prêtant à une circulation dans les deux sens, aurait 12 m de large; tous les 300 mètres seraient ménagés, alternativement à droite et à gauche, des accotements empierrés pour les voitures en panne. La route serait signalisée, gardée, éclairée, équipée de nombreuses autogares et de postes de cantonniers munis du téléphone.
- La dépense pour le tronçon Paris-Lille (210 km) est évaluée à 330 millions de francs.
- Le déplacement d’un immeuble téléphonique.
- Les techniciens des Etats-Unis sont passés maîtres dans l’art de déplacer des immeubles d’un seul bloc. Nous avons souvent relaté des opérations de ce genre : rarement, sans doute, il en a été effectué de plus importante que celle relatée par les Annales des Postes et Télégraphes, d’après le Bell Téléphoné Quarterly.
- L’immeuble principal que possède à Indianapolis, la Indiana Bell Téléphoné C° et qui abrite les services administratifs de cette société, ainsi que l’équipement du central téléphonique interurbain, a été, l’an dernier, transporté en bloc sur un nouveau terrain.
- Cet immeuble, fait d’une carcasse d’acier et de briques, pèse 11 000 tonnés et couvre une superficie de 41 m sur 30 m 5. Il est haut de 8 étages. Le déplacement comportait
- une translation de 15 m 85 suivie d’une rotation de 90°. Après avoir préparé le nouveau terrain, il fallut dégager la hase de l’immeuble pour mettre à nu son armature métallique, la séparer des fondations, faire reposer l’immeuble sur des rouleaux, enfin le déplacer dans les directions requises en se servant comme chemin de roulement d’un système de voies ferrées posées sur plate-forme de béton.
- Pendant tout le cours de ces opérations, l’immeuble resta occupé par tout son personnel ; le gaz, l’eau, le tout-à-l’égout, le chauffage central par la vapeur furent maintenus sans interruption à l’aide de tuyaux flexibles. L’énergie électrique lut amenée par des conducteurs aériens provisoires. Les ascenseurs continuèrent à fonctionner. Les employés du central téléjffionique n’eurent jamais à interrompre le service.
- La translation de l’édifice s’opéra à l’aide de 18 vérins d une puissance nominale de 100 tonnes, mais ne développant en réalité que 10 tonnes, manœuvres chacun par un ouvrier et convenablement calés. Elle fut effectuée en 4 jours, du 14 au 18 octobre.
- La rotation, opération plus délicate, s’exécuta à l’aide de 10 vérins poussant le côté sud de la base de l’édifice, et de deux jeux de palans tirant le côté nord au moyen de câbles en torons d’acier enroulés sur des treuils à vapeur. L’effort de traction était de 72 tonnes; l’effort de poussée exercé par les vérins était de 140 tonnes. Après 5 jours de travaux préparatoires, la rotation s’exécuta en 17 jours de travail, du 23 octobre au 12 novembre.
- Le déplacement se trouva alors terminé, avec plein succès, sans que le bâtiment en ait souffert.
- AÉRONAUTIQUE
- Essais de moulins à vent système Flettner à axe vertical pour la production d’énergie électrique.
- Des essais à grande échelle sont sur le point d’être entrepris aux Etats-Unis dans le but de déterminer dans quelles conditions il est possible de produire de l’énergie électrique au moyen de moulins à vent à axe vertical comportant des rotors Flettner analogues à ceux qui étaient montés sur le navire qui effectua il y a quelques années la traversée de l’Atlantique, dé l’Allemagne aux Etats-Unis. Six importantes compagnies productrices d’électricité, Middle. West Utilities, Detroit Edison, Standard Gas and Electric, United Gas Impro-vement, United Light and Power, et Public Service Electric and Gas C° s’intéressent à la réalisation de l’installation d’essai qui sera montée en un lieu bien exposé près de la centrale de West Burlington (N-Y) de cette dernière Société.
- La conception actuelle d’une centrale basée sur ce principe envisage l’emploi de 15 à 40 rotors verticaux du poids de 50 t montés sur des wagons roulant sur une voie circulaire de 10 m (30 pieds) d’écartement et d’environ 1 1cm (3000 pieds) de diamètre. Chaque rotor est constitué par une feuille d’aluminium frettée et supportée par une armature en duralumin. Le mouvement de rotation initial est fourni à chaque rotor au moyen d’un moteur électrique. Le vent exerce alors sur chaque rotor une poussée qui entraîne le déplacement du wagon qui le supporte sur la voie circulaire. Les roues de chaque wagon entraînent une génératrice électrique, tandis que le mouvement de rotation de chaque rotor autour de son axe continue à être assuré au moyen d’une commande à engrenages. Les génératrices de tous les wagons fonctionnent en parallèle et transmettent leur énergie au réseau au moyen de trolleys et d’une ligne circulaire. Pour produire une puissance continue, c’est-à-dire une rotation continue, il est nécessaire
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- d’inverser le sens de rotation de chaque rotor deux fois par tour des wagons sur la voie circulaire, sinon les couples produits par les rotors se trouvant sur chaque moitié de la voie se neutraliseraient. On prévoit que chaque rotor serait susceptible de produire une puissance de 1000 kw aux vitesses de vent les plus favorables.
- Un rotor en grandeur naturelle va être monté à West-Bur-lington sur des fondations fixes dans le but de confirmer les résultats obtenus au tunnel aérodynamique sur un modèle réduit. Les essais qui seront entrepris sur ce rotor permettront non seulement de déterminer la puissance utile probable, mais aussi d’étudier les dispositifs qui devront être utilisés pour inverser périodiquement le sens de rotation des rotors et pour maintenir la vitesse et la fréquence constantes. Ils fourniront également d’utiles données sur la vitesse maxima du vent compatible avec un bon fonctionnement de l’installation, le nombre d’heures de marche par an et le prix d’une installation industrielle. On estime actuellement qu’une pareille installation reviendrait à 40 dollars par kw pour une puissance installée de 40 000 kw\ Darhieus.
- d’itinéraire, l’aménagement de 354 terrains d’atterrissage intermédiaires, en créant des radiopbares et en assurant par tous les moyens une large diffusion des informations météorologiques, rendues accessibles au pilote même en vol grâce à la téléphonie sans fil. R, V.
- ACOUSTIQUE
- 35 Haut-Parleurs puissants sur une piste de courses d’autos
- L’Avus, célèbre route et piste de courses d’automobiles, aux portes de Berlin, s’est vu, ces' jours derniers, doter d’un groupe de haut-parleurs d’une puissance extraordinaire, à savoir 35 parleurs du type Siemens ultra-puissant, installés en différents points le long de la route, près des tribunes de la presse, dans la boucle sud, etc., de façon à tenir les spectateurs, postés même aux endroits les moins intéressants, au courant de toutes les péripéties de la course. Ainsi renseignés, tous les spectateurs vivent les phases les plus passionnantes de la course, surtout le finish dans la courbe nord.
- La piste de Berlin et ses haut-parleurs.
- La sécurité en avion aux États=Unis.
- La Société des Actuaires aux Etats-Unis a établi la statistique des accidents de l’aviation commerciale. En voici les résultats; d’après Scienlific American, en 1929 on a relevé un accident mortel pour environ 3 000 000 de miles-passagers (le mile vaut 1,666 km).
- Pour 1930, cet indice s’améliore et s’établit à 1 mort pour pour 4 300 000 miles-passagers ; enfin pour l’année se terminant au 31 mars 1931 il s’améliore très sensiblement : un mort pour 9 000 000 miles-passagers.
- Il est intéressant de comparer ces chiffres aux chiffres correspondants pour d’autres modes de transport.
- Pour les chemins de fer des Etats-Unis, l’indice est de 1 mort pour 40 millions de miles-passagers, po\ir les tramways de 1 mort pour 455 millions de miles-passagers, pour l’automobile de 1 mort pour 20 840 000 miles-passagers.
- Ce rapprochement montre que la sécurité en avion n’est plus très éloignée de celle de l’automobile. Le Département du Commerce attribue ces résultats à plusieurs raisons : stricte observation’des règlements par les pilotes, notamment de l’interdiction de voler à moins de 150 m, qualité des appareils et des pilotes, et aussi aide apportée par les pouvoirs publics en réalisant le balisage de plus de 24 000 km
- C’est dans cette courbe nord que le speaker s'installe devant un microphone communiquant en permanence, au moyen de câbles téléphoniques, avec tous les points.de la piste; un poste central, comportant six amplificateurs de 200 w chacun, à savoir deux camions à haut-parleurs et quatre amplificateurs fixes, sert à donner à sa voix toute l’ampleur voulue.
- Pour faire comprendre ce que peut être une puissance acoustique pareille, rappelons qu’un haut-parleur de salon ordinaire n’absorbe qu’environ 0,5 w.
- Les câbles reliant les haut-parleurs au poste central ont une longueur totale d’environ 15 kilomètres.
- D. A. Gradenwitz.
- PHYSIQUE DU GLOBE L’année polaire.
- Dans divers pays, on pousse activement la préparation des expéditions qui doivent se rendre l’été prochain dans les régions polaires pour y séjourner une année entière et s’y livrer à des observations scientifiques de toutes sortes, aussi variées et continues que possible.
- Cette idée d’une collaboration internationale pour l’étude simultanée de nombreux problèmes de physique du globe qui attendent leur solution d’une étude attentive des calottes glaciaires arctique et antarctique date de 1873. Elle fut
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- suggérée par l'autrichien Weyprecht, admise en 1879 au congrès international de météorologie de Rome et mise au point par l’organisation météorologique internationale dans ses sessions de Hambourg (1879), Berne (1880) et Saint-Pétersbourg (1881).
- La première année polaire eut lien en 1882, il y a cinquante ans; elle permit l’exécution d’importants travaux de météorologie et de magnétisme terrestre qui éclaircirent plusieurs questions de géophysique. Mais les progrès ont été tels depuis que l’idée de recommencer fut émise par l’amiral hollandais Dominik, président de la Deutsche Seewart et M. Simpson, directeur de I’ofïice météorologique de Grande-Bretagne. Un programme fut établi par l’Union géodésique et géophysique internationale qui comporte cette fois des travaux dans la région antarctique. C’est cette deuxième année polaire qui se prépare actuellement.
- Récemment, M. le Dr Charcot a rendu compte des préparatifs qu’il a faits cet été au Groenland, dans le Scoresby Sound, pour la mission française qui s’y installera l’été prochain.
- L’emplacement de. la maison d’habitation et de la station basse a été choisi, les matériaux portés à pied d’œuvre, la construction commencée.
- M. Gain, qui accompagnait le Dr Charcot, après avoir exploré les sommets du voisinage, a trouvé l’emplacement idéal de la station d’altitude, qui pourra communiquer par signaux avec la station principale. Un charpentier danois, spécialiste de ce travail, terminera la construction des deux stations, de telle sorte que les membres de la mission de l’annce polaire pourront commencer leurs observations dès leur arrivée.
- Une automobile foudroyée.
- Un de nos lecteurs demandait récemment un exemple d’automobile foudroyée. Les cas sont rares. Mais il en existe.
- Un de nos lecteurs du Mexique, M. G. Bessette, ingénieur, nous en signale un survenu le 11 août 1931, à Puebla (Mexique).
- Ce jour-là, à 15 h. 30, un formidable orage s’est abattu sur la ville ; la tourmente a surpris ùne famille venue, eir excursion, de Mexico et qui se trouvait à ce moment dans une auto en haut de la colline de Guadalupe, aux environs de Puebla, colline célèbre par le tort qui y est construit et que l’armée française tenta vainement d’emporter d’assaut le 5 mai 1863. La foudre tomba sur la voiture, tuant un enfant de 12 ans et aveuglant momentanément les autres occupants. L’enfant foudroyé a été projeté à une assez grande distance de la voiture et son corps fut retrouvé entièrement carbonisé.
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- Le plus grand paquebot français.
- Le plus grand paquebot français sera le bâtiment actuellement en construction, pour la Compagnie Transatlantique, aux chantiers de Penhoet à Saint-Nazaire. On le désigne provisoirement sous le nom de Super-Ile-de-France. R sera de dimensions bien plus impressionnantes, en effet, que VIle-de-France, actuellement le plus, grand et l’un des plus beaux navires de la flotte marchande française. Ce dernier déplace 44 000 tonnes et la puissance de sa machinerie est de 58 000 ch.
- Le Super-Ile-de-France déplacera 70 000 tonnes environ, ce qui sera, sans doute, un record, au moment de son lancement escompté pour 1932, à moins que sa construction ne soit gagnée de vitesse par celle du nouveau paquebot anglais de la Cunard qui déplacera 73 000 tonnes. Une des plus remarquables caractéristiques du navire français est l’emploi de la transmission électrique pour transmettre aux quatre hélices la puissance des turbines à vapeur; celle-ci s’élèvera à 160 000 chevaux-vapeur. La Nature a déjà expliqué les avantages attribués au système de la transmission électrique : il existe
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- plusieurs cargos et paquebots qui en sont pourvus actuellement; mais encore en petit nombre, et de bien moindre tonnage. Le Super-Ile-de-France constitue donc à cet égard une expérience audacieuse, mais qui n’est entreprise, bien entendu’, que parce que les ingénieurs qui en sont chargés se sont entourés de toutes les garanties de succès.
- Le navire aura 310 m de longueur, 35 m de largeur; il aura 12 ponts dont 7 complets. R transportera plus de 2000 passagers dont 800 de première classe. L’équipage sera de 1400 personnes dont 1000 pour le service « civil ».
- Cette ville flottante sera dotée de tout le confort et le luxe imaginables et marquera un nouveau progrès sur les aménagements déjà si remarquables de Y Ile-de-France et du tout récent Atlantique. Signalons qu’elle possédera le plus grand fourneau du monde : un fourneau électrique servant à la cuisine des passagers de toutes classes et qui mesurera 17 m de long sur 2 de large. A. T.
- CHIMIE INDUSTRIELLE Les huiles pour transformateurs électriques.
- Les huiles pour transformateurs ont jmur principal rôle de refroidir les spires des transformateurs et d’éviter que leur température ne dépasse 80 à 100 degrés; elles doivent en outre être isolantes de manière à créer un milieu diélectrique excellent car certains transformateurs ont leurs enroulements à nu. Dans le cas d’ailleurs le plus fréquent où l’eni'oulement est pourvu d’un guipage verni, il faut que l’huile n’attaque pas ce dernier. Une huile en service peut donc être mise en contact et à chaud avec des métaux qui en présence d’air peuvent jouer le rôle de catalyseurs et amener l’oxydation de l’huile et même sa polymérisation.
- L’oxydation de l’huile se traduit par la formation d’acides qui attaquent les métaux en formant des sels qui se déposent en formant des boues dans le fond du transformateur, qui se déposent aussi sur les enroulements en gênant l’échange calorifique et peuvent amener le grillage de l’appareil. R se forme aussi des oxydes qui brûlent le guipage de coton et amènent la mise à nu des fils en provoquant des arcs entre les spires, ce qui détériore le transformateur.
- Une bonne huile pour transformateur doit être bonne conductrice de la chaleur et doit résister à l’oxydation dans certaines proportions.
- Les rafîineurs ont eu là un gros problème à résoudre et certaines maisons ont réalisé de véritables tours de force en créant des huiles possédant des qualités étonnantes. R y a de très nombreuses méthodes pour apprécier la qualité d’une huile pour transformateurs, toutes sont basées sur l’oxydation de l’huile à chaud en présence de cuivre qui s’est révélé comme un bon catalyseur. H. Soyer.
- STATISTIQUE La population du Japon.
- D’après le dernier recensement, la population du Japon proprement dit s’élève en 1930 à 64 448 000 habitants. Elle a presque doublé depuis 1872, date du premier recensement précis; elle était alors de 34 806 000 habitants. Elle a donc presque doublé en moins de 60 ans. En 1925, elle s’élevait à 59 058 000 habitants.
- La mortalité est élevée au Japon, mais la natalité y est très forte : 334 pour 10 000 habitants en 1928.
- Au Japon proprement dit, il faut adjoindi'è ses colonies : Corée (21 058 000 hab.), Formose (4 595 000), Karafuio (295 000 hab.) ; ce qui donne à l’empire japonais une population totale de 90 395 000 habitants.
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- PETITES INVENTIONS
- AUTOMOBILISME
- Pédale=confort.
- Point besoin d’une longue description pour expliquer cet accessoire de l’automobile, dont nous reproduisons les vues
- ci-contre.
- La pédale-confort — c’est le nom adopté par ses inventeurs -— est destinée à compléter la pédale habituelle d’accélération, dont la commande devient ainsi plus facile, tout en donnant au pied une assurance d’action et un repos qu’il ne possédait pas avant cette ingénieuse addition.
- Au lieu d’être crispé lorsqu’il fallait le maintenir sur le champignon, parfois assez étroit de l’accélérateur, le voici reposant bien à plat sur la grille légère et unie établie à la forme du pied humain. En même temps, la chaussure profite de cette amélioration; elle s’use moins vite.
- Donc, plus de crampes, plus de talons éculés, meilleure action sur l’accélérateur.
- Constructeurs ; MM. Dupré et Perrin, 15, rue Louis-Blanc, à Le-vallois-Perret (Seine).
- Lunettes lumineuses « Robot » pour automobilistes.
- Le principe de ces lunettes se retrouve dans celles utilisées en certaines circonstances par les médecins. Appliquées à l’automobilisme, elles permettent, la nuit, d’éclairer une partie quelconque du véhicule, en cas de panne ou de réparation, de lire aisément à l’intérieur un journal ou la carte, sans que le conducteur soit gêné, pour suivre la route, par l’auto complètement éclairée, de remplir le réservoir à essence sans aucun danger d’incendie.
- Ces lunettes consistent en ceci, qu’au lieu de verres ordinaires, la monture comporte des plaques formant réflecteurs et sur lesquelles sont montés des supports portant des lampes à incandescence, protégées par des verres; en outre les plaques présentent une ouverture circulaire permettant d’examiner exactement l’objet à éclairer; dans ce but, les ouvertures visuelles sont munies de diaphragmes, qui empêchent la lumière des lampes à incandescence d’incommoder l’œil. LTn cordon de la longueur désirée part des lunettes et les relie à la source de courant, celle-ci pouvant être une pile sèche (pile de
- lampe de poche ou autre), un accumulateur ou une canalisation de haut voltage pourvue alors d’un transformateur de réduction.
- Le champ éclairé atteint plusieurs mètres de profondeur et de largeur ; l’avantage de cet appareil est qu’il laisse au porteur de
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- Fig. 1. — La pêdale-confori.
- ces lunettes les deux mains libres pour le travail, cependant que, en raison même de la direction donnée au regard, la lumière se concentre toujours sur l’objet en travail ou à examiner.
- Fabricant: M. Pertuisot, 23, rue des Acacias, Paris (17").
- ÉLECTRICITÉ
- Chauife=eau basculant.
- Ce nouveau système de récipient chaulîe-eau est prévu pour couper automatiquement le courant, lorsque par inadvertance l’opérateur a laissé bouillir l’eau et que celle-ci s’est complètement évaporée. On sait que, dans ces conditions, si on continue à laisser le courant circuler dans l’appareil, on risque de le détériorer pour toujours.
- Le récipient repose sur une table par deux pieds en alignement, établis de façon que, lorsque la casserole est pleine d’eau, elle bascule d’un côté en mettant la poignée en l’air (sur le dessin, la pente est exagérée), et, au contraire, lorsque la casserole est vide ou presque, elle bascule de l’autre côté, jusqu’à ce que la poignée vienne buter sur la table.
- Dans cette poignée, on a agencé un interrupteur à mercure qui dans un sens (cas où la casserole est pleine d’eau), donne le contact, pour que le courant circule dans la résistance chauffante, et dans l’autre sens (cas où la casserole est vide), coupe au contraire le courant.
- On ne risque donc pas de détériorer l’ustensile, mais il faut avoir soin, bien entendu, de le poser sur une surface plane.
- Pour relier l’appareil à une distribution électrique, on a prévu deux douilles, dans lesquelles rentrent les broches d’un bouchon, reliées par un cordon souple à un bouchon de prise de courant ordinaire, que'l’on enfonce également dans un socle.
- Ce petit ustensile est notamment applicable à la préparation d’eau chaude pour se faire la barbe.
- Constructeur : Société Alsthom, 173, boulevard Haussmann, Paris.
- HYDRAULIQUE * Décanteur-séparateur « Argus ».
- Les règlements de police et d’hygiène interdisent actuellement et d’une façon absolue, l’écoulement direct à l’égout des eaux de lavage provenant des garages d’automobiles qui renferment presque toujours des liquides inflammables : benzol, essence, huile, graisse, etc., et exigent leur séparation préalable pour n’admettre que des liquides inofïensifs à tous points de vue. De nombreuses explosions se sont, en effet, produites au voisinage des déversements de liquides non décantés et ont provoqué des accidents mortels.
- C’est pour répondre à cette condition de séparation qu’a été établi le décanteur « Argus » ; son principe est de laisser surnager les liquides inflammables par différence de densité et de façon que tout nouvel apport d’eau ne risque pas d’entraîner ceux-ci; les eaux de lavage épurées s’écoulent directement vers la vidange, tandis que la couche d’essence captée par le séparateur se rassemble dans la zone du haut au fur et à mesure des arrivées d’eau brute. En voici d’ailleurs le fonctionnement qu’il est aisé de suivre sur la figure ci-contre.
- « L’Argus » se composé d(un récipient quadrangulaire en
- Fig. 3.— Fonctionnement du chauffe-eau basculant.
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- fonte, divisé en deux parties principales par une cloison incomplète; dans le compartiment d’amont se déverse le tout-venant — eaux et impuretés —• qui s’y sépare vite par ordre de densités, c’est-à-dire que les sables et les boues tombent au fond dans un récipient amovible, tandis que les parties plus légères que l’eau gagnent la surface; ainsi en suivant le fond, les eaux exemptes de liquides plus légers pourront seules s’évacuer à l’égout en raison du principe des vases communicants.
- Dans le compartiment d’aval, on remarque une cloche cylindrique dont le rebord supérieur se trouve au-dessus du niveau normal de l’eau dans l’appareil ; c’est, par l’intérieur de ce cylindre que l’eau monte et est évacuée par l’orifice du tuyau central. Un flotteur en laiton entoure la cloche, dont le poids est calculé pour suivre le mouvement de l’eau dans tous ses déplacements. Mais, si, à un moment donné, le flotteur baigne dans un liquide plus léger que l’eau, en réalité dans de l’essence, il devient plus dense, peut-on dire, par l'apport à cette dernière et, par suite, il s’enfonce et s’immerge; et ce mouvement de plongée ne s’arrête (pic quand le couvercle, qui en couronne la partie centrale et constitue en somme une soupape, viendra s’adapter au tuyau d’écoulement formant siège, obstruant ainsi totalement l’orifice d’évacuation.
- En cette position qu’on peut qualifier de sûreté, tout départ à l’égout, quel qu’il soit, est rendu absolument impossible; évident m e n t, à l’amont, le niveau de l’eau risquant de s’e-lever en cas d’afflux de liquide, débordera par la grille d’entrée du fait même que le séparateur est h e r m étique-ment clos et que son fonctionnement ne peut automatiquement se reproduire que si on intervient pour débarrasser l’appareil des hydrocarbures légers qu’il a captés. Le flotteur revient ensuite tout naturellement à sa position normale : tout danger d’incendie ou autre trouble est ainsi écarté; au surplus, même si le capuchon était enlevé par inadvertance ou par sabotage, le cylindre protecteur empêcherait l’écoulement des hydrocarbures, car c’est là une question de niveaux. L’essence est bel et bien emprisonnée; sa valeur marchande vaut qu’on signale cet avantage et cette récupération.
- On voit que ce décanteur-sépàrateur justifie son utilisation dans les garages d’automobiles et tous locaux industriels où l’on envoie à l’égout des liquides inflammables.
- Constructeur : Société Française d’épuration biologique, 44, rue de Lisbonne, Paris (8°).
- OBJETS UTILES Moutardier automatique.
- Il existe déjà des modèles de moutardiers comportant rn piston à l’intérieur d’un cylindre de verre, de manière à faire sortir la moutarde par un trou placé dans le haut.
- Voici un nouveau système de moutardier qui semble présenter des avantages sur les modèles à pistons.
- C’est toujours'un récipient cylindrique, mais les ouvertures de sortie de la moutarde sont placées dans le haut sur le côté,
- Fig. 4.— Coupe du décanleur-séparaleur « Argus
- et à la partie supérieure du moutardier se trouve simplement un bouton de manœuvre. Ce boulon est fixé à l’extrémité d’un axe vertical qui traverse entièrement le moutardier en son centre.
- Dans l’intérieur du moutardier se trouve un volet ou cloison fixe, à côté des ouvertures de sortie de la moutarde. Lorsque le moutardier est rempli de moutarde, un volet mobile fixé à l’axe vertical est bloqué contre la cloison.
- Si donc au moyen du bouton supérieur on fait effort sur le volet mobile pour lui faire abandonner sa position et le faire tourner, la moutarde se trouve comprimée et sort par les trous prévus dans le haut.
- Bien entendu, on fait effort
- Bouchon
- ±Cloison moitié
- Fig. 5.-—Coûte du moutardier automatique.
- obtenu la sortie de la mou-
- sur le volet jusqu’à ce qu’on ait tarde nécessaire, et le moutardier se trouvera vidé, lorsque le volet mobile aura fait un tour complet et sera revenu se plaquer
- de l’autre côté de la cloison.
- Quand on ne se sert pas du moutardier, il vaut mieux obturer les trous de sortie, afin que la moutarde ne sèche pas et n’y forme pas des tampons. Un utilise pour cela une petite pièce à deux broches ressemblant à un bouchon de prise de courant, mais les broches ici s’enfoncent dans les deux trous pleins de moutarde.
- Constructeur : M. Ribot, 21, rue Bergère, Paris.
- Pierre à aiguiser les lames de rasoirs mécaniques.
- On a imaginé bien des machines pour aiguiser les lames de rasoirs mécaniques, mais voici un dispositif qui est remarquable par sa simplicité et son efficacité. Il est constitue tout simplement d’une pierre dont la partie supérieure a une forme concave, surface cylindrique en rapport avec le biseau que l’on veut obtenir sur les lames.
- La composition employée est formée d’abrasifs très fins, combinés avec de la lave durcie, afin d’obtenir une matière susceptible d’aiguiser parfaitement les lames.
- On pose tout simplement la lame sur la surface concave de la pierre et, avec une petite pression du doigt, on imprime un mouvement rotatif de va-et-vient. On retourne la lame plusieurs fois.
- Le biseau s’obtient automatiquement en raison de la forme de la concavité sur laquelle la lame repose.
- Bien entendu, chaque semaine, il faudra mettre une goutte d’huile fluide sur la surface de la pierre, pour l’entretenir.
- De temps en temps, on devra procéder à un petit nettoyage
- avec de la benzine ou de l’ai- Fig. 6.-Pierre à aiguiser , les lames de rasoirs mécaniques.
- cool.
- Comme on le voit, cette pierre à affûter n’exige aucun montage, n’offre aucune complication dans le repassage; elle donne, en outre, des résultats excellents.
- Constructeur : M. Seigle, 22, square Vergennes, Paris.
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- BOITE AUX LETTRES
- COMMUNICATIONS
- Pour arrêter les moteurs à explosion.
- M. Vélut nous communique l’intéressante note suivante :
- « Si, durant ces dernières années, il a été publié de nombreuses informations concernant des rayonnements hertziens permettant l’arrêt des moteurs d’avions ou d’autos, il ne nous apparaît pas que ces relations aient une base expérimentale ferme et surtout une expérience probante à leur appui. D’autre part, outre que le trouble serait passager et ne mettrait pas définitivement l’appareil hors d’usage, la constatation du fonctionnement régulier des moteurs d’autos et d’avions au voisinage des puissantes stations de T. S. F. suggère des doutes sur l’efficacité d’un tel procédé.
- 11 est assez curieux de constater que tous ceux qui ont voulu s’occuper de l’arrêt des moteurs à explosions se soient adressés à des phénomènes électriques, ceci ayant certainement son origine dans les ennuis d’allumage constatés fréquemment sur tous les moteurs; il venait donc à l’esprit qu’un système sujet à de nombreux dérèglements serait plus facile que tout autre à perturber volontairement.
- Mais une autre voie nous paraît plus féconde. C'est celle des troubles de la carburation autres que ceux de l’alimentation défectueuse. Inconnus ou presque pour l’excellente raison que les moteurs sont toujours à l’air libre, deux cependant sont connus : la congélation du carhurant et l’auto-allumage par compression exagérée, celui-ci ayant son remède dans l’emploi d’anti-détonants : plomb tétraéthyl ou benzol, mais systématiquement on a ignoré et on ne pense pas que le mélange air-essence dans les chambres de compression puisse être perturbé dangereusement par quantité de « toxiques », ceci parce que les toxiques en question ne sont jamais sortis des laboratoires de chimie où leur présence est considérée même comme indésirable, d’où l’impossibilité de constater leur effet désastreux sur les moteurs. Seuls les récents travaux sur l’action anti-oxygène permettent d’ouvrir une voie féconde
- QUESTIONS
- Adresses relatives aux appareils décrits :
- La stérilisation des eaux de boisson par l’appareil Carbochlore. — Constructeur de l’appareil : Cie des Produits Chimiques et Charbons Actifs Urbain, 134, boulevard Haussmann. Paris.
- Choix d'un poste radiophonique et de ses acces= soires.
- 1° Nous avons indiqué, dans notre numéro spécial du 15 septembre 1930, les avantages comparés des différents systèmes de haut-parleurs. A l’heure actuelle, il est indéniable qu’au point de vue technique le haut-parleur électro-dynamique constitue le meilleur système, et que c’est lui qui permet d’obtenir les réceptions les plus agréables avec le maximum de fidélité. Il existe, d’ailleurs, maintenant, de très nombreux types de haut-parleurs électrodynamiques, dont la puissance et, par conséquent, les prix, varient avec l’intensité de l’audition que l’on veut obtenir. 11 y a même des appareils à aimant permanent fonctionnant donc sans aucun système d’excitation séparé, et aussi facilement que des haut-parleurs électromagnétiques ordinaires. Parmi les fabricants de haut-parleurs électrodynamiques nous pouvons vous indiquer les adresses suivantes :
- Etablissements Brunet, 5, rue Sextius-Michel. Paris (15e).
- Etablissements Melodium, 296, rue Lecourbe, Paris (15e).
- Etablissements Chauchat, 39, avenue Victor-Hugo, Paris (16e).
- Le journal Le Micro a publié aussi quelques articles sur les différents modèles de haut-parleurs électro-dynamiques.
- 2° Ce qui importe surtout pour obtenir une audition de bonne qualité musicale avec un haut-parleur électrodynamique, c’est le type de lampe basse fréquence de sortie utilisé, le système de liaison basse fréquence adopté, la tension plaque et la polarisation grille appliquées sur cette lampe, ainsi que le système de liaison entre ce poste et le haut-parleur.
- Il ne faut pas confondre, d’ailleurs, la sensibilité et la puissance d’audition. Un poste très sensible ne produit pas forcément des audi-
- à ce sujet, mais jusqu’ici elle n’a guère été soupçonnée pour les fins qui nous occupent ici. Les mécaniciens de l’époque préhistorique de l’automobile ont pourtant eu des démêlés avec un produit fort indigeste pour les moteurs, même à faible compression et régime lent. A ces moteurs lymphatiques, une injection d’éther ramenait quelquefois une certaine vivacité, parfois même, et j’insiste pour faire ressortir l’existence du phénomène, une congestion suivie de mort violente.
- Actuellement, l’éther est inemployé pour faciliter les démarrages, car son effet est souvent mortel dans nos moteurs à forte compression, particulièrement nerveux.
- Il apparaît donc qu’ajouté à l’air, un produit peut troubler la carburation et déclencher une explosion prématurée qui amène une « salade de bielles », selon l’expression des mécaniciens.
- Si 1 éther demande ù être ajouté dans une proportion relativement élevée pour provoquer cet effet, il ne saurait en être de même pour les produits évoqués plus haut et pour les nommer, je citerai le peroxyde, le chlorure et l’iodure d’azote, et, produits de choix, le peroxyde de chlore et l’anhydride chloreux. (l).
- Ces corps peuvent, ajoutés à l’air même en faible proportion et amenés dans la chambre de compression qui réunit les meilleures conditions nécessaires à leur décomposition, déterminer par leur explosion des-auto-allumages désastreux et réduire à l’état de loques des moteurs d’avions ou d’autos.
- Le mode d’épandage ou de distribution au sol ou dans l’atmosphère peut suivre la technique actuelle des nuages artificiels créés à terre ou dans l’atmosphère. Quant à protéger de l’action nocive de ces corps les moteurs à explosion, il ne paraît pas possible d’ÿ songer par suite de la rapidité de circulation et de la quantité d’air consommée par les moteurs ».
- 1. En règle générale, tous les composés forlemené exothermiques dont la température de décomposition est inférieure à 100-110°.
- ' RÉPONSES
- lions très intenses en haut-parleur; pour augmenter la puissance d’un poste, on modifie ses étages d’amplification basse fréquence, tandis que la sensibilité ne dépend que des étages d’amplification moyenne fréquence ou haute fréquence.
- De même, la sélectivité d’un appareil ne dépend pas évidemment du montage de ses étages d’amplification basse fréquence, mais uniquement de ses circuits haute fréquence ou moyenne fréquence.
- Comme vous ne désirez pas utiliser un poste très sensible, permettant de recevoir les émissions des postes très faibles et éloignés, nous pensons qu’un appareil du type local fonctionnant sur antenne courte, et dont les étages basse fréquence sont montés soigneusement avec une lampe de sortie de puissance, peut parfaitement vous convenir, mais si, en principe, vous pouvez fort bien adopter ainsi un appareil secteur à lampes à chauffage indirect comportant une lampe haute fréquence à écran, une lampe détectrice, et un ou deux étages basse fréquence, ou bien un petit poste à changement de fréquence comportant upe lampe bigrille, une lampe moyenne fréquence, une détectrice et une basse fréquence, soit également 4 lampes au total, il serait bon avant tout évidemment que vous nous indiquiez les caractéristiques du courant d’alimentation de votre secteur, que nous ne connaissons pas, ainsi que les conditions locales d’installation: possibilité d’établir une bonne antenne, troubles possibles causés par des installations industrielles voisines, etc.
- Nous avons donné, dans notre numéro spécial du 1er septembre 1931, en même temps que des indications très complètes sur des nouveautés présentées au Salon de la T. S. F. de 1931, des indications générales sur les appareils les plus récents. Vous pourrez donc vous reporter à ces articles pour trouver tous les détails que vous demandez.
- Voici, d’autre part, quelques adresses relatives aux constructeurs pouvant vous fournir un bon poste du genre de celui que vous désirez :
- Etablissements Lemouzy, 121, boulevard Saint-Michel, Paris.
- Etablissements Gody, Amboise (Indre-et-Loire).
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- Etablissements Bouchet et Aubignat, 30 bis, rue Cauchy, Paris.
- Etablissements Radiola, 79, boulevard Haùssmann, Paris.
- Etablissements Hervor, 13, passage des Tourelles, Paris.
- Etablissements Radio L. L., 5, rue du Cirque, Paris.
- Réponse à M. Ruault à Saint-Servan (I.-et-V.).
- Electrolyte spécial pour accumulateurs.
- Plusieurs lecteurs nous ont demandé à différentes reprises notre avis au sujet des électrolytes soi-disant spéciaux vendus dans le commerce et destinés à remplacer i’eau acidulée des accumulateurs en améliorant de layon très marquée, du moins d’après leur fabricant, les résultats obtenus par les batteries.
- D’après nos propres essais, les résultats obtenus à l’aide des compo sitions qui nous ont été présentées ont toujours malheureusement été absolument décevants. Non seulement on n’obtenait aucune amélioration réelle du rendement de la batterie, mais encore l’usure des plaques ôtait beaucoup plus rapide qu’avec l'électrolyte ordinaire, et la batterie était rapidement hors d’usage.
- Il faut pourtant remarquer que, généralement, lorsqu’on verse l’électrolyte spécial ainsi présenté dans la batterie à examiner, on constate immédiatement que cette batterie fournit un courant de tension plus élevée. Cela s’explique, en général, par le seul fait que la densité de l’électrolyte en acide est bien supérieure à celle de l’électrolyte normal, d’où, avec une batterie plus ou moins déchargée, une augmentation de la tension qui est malheureusement très peu durable, car lesnneonvénients d’un tel procédé apparaissent bientôt, trop tard d’ailleurs, le plus souvent, pour remettre les .plaques en état.
- Nous ^conseillons donc de s’abstenir absolument de remplacer l'électrolyte normal par des compositions de ce genre.
- Réponse à M. le docteur Tuscher, à Leysin (Suisse). -
- Ds tout un peu.
- M. Chevalerias, à CelIes-sur-DuroHe. — 1° La formule suivante est recommandée dans les administrations de l’Etat pour préparer une' pâte à polycopier.
- Colle forte de choix .................100 grammes.
- Glycérine. . . !...................... 500 —
- t Kaolin.................................. 25 —j.
- Eau ordinaire..................... . . 375 — j;\,
- Faire gonfler la colle dans l’eau froide pendant douze heures, liquéfier ensuite au bain-marie, écume,r avec une carte pour enlever la mousse, ajouter la glycérine, puis le kaolin; rendre bien homogène et couler chaud dans les moules en fer-blanc aux dimensions appropriées. •
- Laisser refroidir en couvrant, jusqu’à durcissement complet.
- N. B. —“Les proportions des constituants peuvent être légèrement modifiées à volonté, suivant les conditions climatériques.
- 2° Comme type d’encre hectographique, on peut prendre :
- Violet de Paris..........................10 grammes.
- Alcool à 95°.............................io __
- Eau distillée............................70 __
- Glycérine................................10 __
- Cercle de l’industrie à Montauban.— D’après les renseignements qui nous ont été fournis, le liquide qui sert à imprégner les balais à mèches de coton utilisés pour fixer la poussière, serait constitué simplement par de l’huile de vaseline diluée dans du pétrole lampant le tout coloré par un peu de jaune au stéarate. ’
- M. Hermano José à Palma de Majorque. — Nous ne vous conseillons pas de graver vos billes de billard, la facilité de roulement en serait compromise et il y aurait déplacement du centre de gravité.
- Le mieux à notre avis serait de les marquer par coloration à votre choix au moyen de solution de couleurs d’aniline telles que les couleurs directes qui prennent sans mordançage sur l’ivoire dégraissé à l’essence minérale.
- M. Duval, à Saïgon. — 1» Nous ne savons à quel terme de jus d’oignon vous faites allusion. Pourriez-vous nous donner communication de l’article qui a motivé votre demande.
- 2° La composition des spécialités dont vous parlez n’a pas été publiée.
- M. Gabachkine, à Saint-Pierre-et-Miquelon. __________ Dans la
- formule du n° 2850, 1er février 1931 relative aux planchers magnésiens, il faut lire pour la concentration du chlorure de magnésium 22° Baumé et non 22 pour 100; notre but n’a été du reste que d’attirer l’attention
- sur les limites assez étroites d’application, en montrant que ce travail ^ ne pouvait être entrepris directement avec les produits du commerce, magnésie et chlorure sans que ceux-ci aient des qualités reconnues et des concentrations déterminées, faute de quoi on s’exposerait à des mécomptes, que les spécialistes ne sont parvenus à éviter, que par des tâtonnements successifs.
- M. Despouey, à Montevideo. — La formule que vous nous avez soumise en vue d’une préparation de teinture inoffensive en blond pour les cheveux, nous paraît très judicieuse puisqu’elle utilise les tanins contenus dans la noix de galle les feuilles de noyer et celles du troène.
- Ces dernières feuilles du Ligustrum vulgare, famille des Jasminées font partie de la pharmacopée en application de leur propriété astringentes, vous pourrez donc vous les procurer chez tous les pharmaciens.
- On peut également préparer une teinture inoffensive pour obtenir le blond en prenant :
- Camomille commune dite d’Allemagne ... 30 grammes.
- Matricaire (Pyretlirum parthenium) .... 30 —
- Cachou en poudre.......................... 5 —
- Faire bouillir dans un litre d’eau jusqu’à réduction de moitié, filtrer au papier.
- Dégraisser d’abord les cheveux avec de l’eau de savon tiède contenant une cuillerée à café de carbonate de soude par cuvette; rincer soigneusement, laisser sécher et appliquer la teinture au moyen d’une petite éponge.
- Un abonné S M D. — Nous avons traité la question assouplissement des peaux racornies dans le n° 2799, page 575, réponse à M. Moreau, veuillez bien vous y reporter.
- M. Renaud, à Paris. —• 1° Vous pourrez facilement préparer une solution analogue à celle vendue pour ozoniseurs (lormolateurs serait plus exact) en prenant :
- Alcool méthylique...................100 cent, cubes.
- ‘ Essence de verveine................... 40 —
- Cette essence peut être remplacée au gré de chacun, par toute autre essence au choix.
- 2° Voir dans une des réponses précédentes, celle traitant de la composition du liquide pour balais à mèches de coton (Cercle de l’Industrie à Montauban).
- ,^ivM. Jouassin, à Auxerre. — 1“ L’huile de lin que vous avez employée ôtait très probablement de l’huile crue, c’est-à-dire non siccative, ce qui explique la difficulté du séchage; vous réussirez très probablement à pallier ce défaut en passant à la surface de la peinture du siccatif liquide tel qu’on le trouve dans le commerce, étendu d’une quantité d’essence de térébenthine suffisante pour lui donner la fluidité convenable.
- Laisser ensuite sécher en aérant largement de façon à permettre l’oxydation de l’huile par l’oxygène de l’air dont l’intervention est indispensable.
- 2° Les taches grasses que vous observez sur vos volumes ayant été en contact avec la peinture sont constituées d’abord par de l’huile non résinifiêe, c’est la seule que peuvent dissoudre la benzine ou l’essence de térébenthine et par de l'huile oxydée non soluble dans les solvants des corps gras.
- Pour enlever cette dernière, vous pouvez essayer de passer sur le papier, déjà soumis à la benzine, un tampon imbibé d’ammoniaque en vue de saponifier l’huile oxydée par un contact de quelques heures.
- Traiter ensuite par de l’alcool fort à 95° qui dissoudra le savon formé.
- Répéter au besoin les opérations dans le même ordre.
- - S M R, au Havre. — Lorsque les encrivores laissent après emploi, une trace jaunâtre sur le papier, cela provient des sels de fer apportés par l’encre et qui sont au maximum d’oxydation.
- On peut faire disparaître ces traces, en passant un tampon de cotqn hydrophile imbibé d’une solution d’acide chlorhydrique pur à ]5 pour 100.
- Bien rincer ensuite en opérant de même à l’eau seule pour enleyèr le fer solubilisé, ainsi que l’acide chlorhydrique dont il ne doit rester aucune trace, sous peine de compromettre la solidité du papier.
- Quant à la décoloration du papier qui a été azuré dans la pâte même par une couleur d’aniline, il n’y a rien à faire, à moins d’essayer de faire « un raccord au pinceau » avec une teinte légère d’aquarelle, mais alors ce ne serait plus du travail courant.
- M. Guypn, à Janville. — Nous ne connaissons pas la spécialité dont vous parlez et regrettons de ne pouvoir vous donner une appréciation à son sujet.
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- DOCUMENTS PHOTOGRAPHIQUES
- Fig. 1. — L'emplacement du futur poste de T. S. F. de New York.
- Ce poste offert par M. Rockefeller coûtera 250 millions de dollars.
- (Ph. Wide World.)
- Fig.3. — Essais du modèle du futur paquebot anglais géant de la Cunard. Il jaugera 73 000 tonnes.
- (Pli. Keÿstone.)
- 5
- i,A..
- Fig. 4. — Un nouveau dirigeable français à vedette, Zodiac 27.
- (3400 m'1; 2 moteurs de 120 cli; vitesse : 110 km à l’heure.) (Ph. Wide World.)
- Fig. 5. — La vedette Zodiac en plein vol.
- (Ph. Wide World.)
- Fig. 6.— « Broadcasting House ». Le nouveau siège de- la Cie anglaise qui possède le monopole de la radiodiffusion.
- (Ph. Keÿstone.)
- 1653. — Paris. lmp. Lahure — i5 it 3t.
- Le Gérant : G. Masson.
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- Paraît le 1er et le 15 de chaque mois (48 papes par numéro)
- LA NATURE
- MASSON et Cie, Editeurs, no, Boulevard Saint-Germain, PARIS, VI* (J{. C. Seine : i5.*$4) Tél. Danton 5b-jj
- PRIX DE L’ABONNEMENT
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- Tarif extérieur n1 1 valable pour tous les pars ayant accepté une réduction de 50 pour 100 sur les affranchissements des périodiques : Albanie, Allemagne, Argentine, Autriche, Brésil, Bulgarie, Canada, Chilie, Colombie, Congo belge, Costa-IÜca, Cuba, Egypte, Equateur, Espagne, Esthonie, Ethiopie, Finlande, Grèce. Guatemala, Haïti, Hedjaz, Honduras, Hongrie, Lettonie, Liberia, Lithuanie, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pays-Bas, Perse, Pologne, Portugal et ses Colonies, République Dominicaine, Roumanie, Russie [U. R. S. S.), San Salvador, Serbie, Suisse, Tchécoslovaquie, Turquie, Union d’Afrique du Sud, Uruguay, Venezuela. Tarif extérieur n° 2 valable pour les autres pays.
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- N° 2870
- LA NATURE
- Jer Décembre 1931.
- LE CHARDONNERET
- Fig. 1 (à gauche). Le chardonneret est continuellement en mouvement. Il grimpe sur les arbustes à la façon des mésaiytfes et sait se suspendre la tête en bas. En voici un dans cette position sur un «hélianthe » ou « Grand Soleil ».
- Fig. 2 (au milieu). Le nid du chardonneret est charmant. L’intérieur en est capitonné de substances cotonneus particulièrement d'aigrettes de chardon qui forment une couche compacte et moelleuse.
- Fig. 3 (à droite). — La femelle pond généralement cinq œufs d’un blanc légèrement azuré avec quelques points isolés d’un rougtjdrïque.
- Beau petit oiseau — il mesure 15 cm — heureux, folâtre, le chardonneret, très commun dans toute la France, fait partie de l’ordre des Passereaux.
- Le mâle a la face rouge cramoisi, les joues et la gorge blanches, le dessus et la partie postérieure de la tête noirs, le dos d’un brun-roux, la poitrine et le ventre blancs, nuancés de fauve sur les côtés, les ailes d’un noir velouté avec une large bande transversale d’un jaune vif; la queue est également noire, le bec couleur de chair à la base, bleuâtre à la pointe, l’iris et les pieds sont bruns.
- La femelle a la même livrée, mais le rouge Cte-aau3È€rtre est moins étendu; le noir de la tête et des ailes est plus terne ; les parties inférieures sont nuancées de roux.
- Les jeunes, avant la première mue, sont d’un gris jaune varié de brunâtre, puis le rouge de la tête apparaît et la deuxième année seulement leur plumage revêt l’éclat de celui des adultes.
- A la beauté du plumage, le chardonneret joint d’incomparables qualités de gentillesse et de douceur bien dignes de notre admiration. Gai, vif, agile, prudent, il est eon-
- Fig. 4 (à gauche). — La femelle couve seule, mais elle est nourrie par le mâle.
- Fig. 5 (au milieu). — Quand les petits sont éclos, les parents leur apportent des vers, des insectes, puis des graines, spécialement des semences de chardon.
- Fig. 6 (à droite). •— Jeunes chardonnerets sur le point de quitter leur nid.
- Les parents continuent leurs soins longtemps après que les petits ont quitté leur berceau.
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- LA NATURE
- N°2870. — Ier Décembre 1931 ^ Prix du Numéro : 3 francs 50
- Paraît le ier et le i5 de chaque mois. pour la vente en France
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- tinuellement en mouvement. 11 grimpe sur les branches à la façon des mésanges et peut se suspendre la tête en bas. Son vol est léger, rapide, ondulé, légèrement vacillant au moment où l’oiseau va se poser.
- Son chant est clair, agréablement varié. 11 détache les notes, dit Lescuyer, les saccade avec ardeur et coquetterie, les divise en deux périodes en donnant à la seconde beaucoup plus de relief. 11 en résulte des accents joyeux, enjoués, éclatants et brillants avec lesquels il anime, l’automne, les plaines dépouillées de leur verdure, et, l’hiver, les bosquets, les promenades publiques, les jardins.
- Le chardonneret se nourrit de graines de toutes espèces, mais surtout de graines de chardon, ce qui lui vaut, du reste, son nom. « Rien n’est plus beau, dit Bolle, qu’une troupe de ces oiseaux se balançant sur les tiges épineuses des chardons, plongeant leurs têtes au milieu des blanches aigrettes de ces plantes. On dirait que celles-ci ont fleuri de nouveau et ont donné de bien plus belles fleurs que la première fois. Perché sur une tige de chardon, le chardonneret, de son bec long et pointu, travaille activement à s’emparer des graines. Les plumes dures et fermes qui garnissent sa tête lui sont très utiles, elles résistent, en effet, à l’usure que produirait ce mouvement souvent répété. »
- Au printemps et pendant l’été, le chardonneret vit par couples dans les bosquets, jardins, vergers et parcs.
- Son nid est bâti suivant le même type que celui du pinson, mais l’extérieur en est moins coquettement décoré; sa forme est celle d’une coupe peu profonde; il est placé sur un arbre élevé, chêne vert, tilleul, poirier, pommier et très soigneusement dissimulé dans le feuillage.
- Les matériaux qui le composent sont, pour la charpente, des brins d’herbe et des racines; l’extérieur est revêtu de mousses, de lichens reliés par des fils d’araignées ; l’intérieur est garni de crins, de coton de saule et surtout d’aigrettes de chardon, qui forment une concile compacte et moelleuse.
- La femelle est seule à construire ce nid : le mâle, durant ce temps, la distrait par ses chansons.
- La ponte qui a lieu vers le milieu du printemps est, généralement, de cinq œufs, un peu oblongs, d’un blanc légèrement azuré ou verdâtre avec quelques points isolés d’un rouge brique rapprochés vers le gros bout.
- La durée de l’incubation est de douze à quatorze jours. La femelle couve seule, mais elle est nourrie par le mâle. Quand les petits sont éclos, les deux parents leur apportent
- des larves, des vers, des insectes, puis des graines, particulièrement des semences de chardon. Ils avalent ces dernières et en garnissent leurs jabots.
- A vrai dire, ils n’ont pas de jabots, comme les poulets ou les pigeons, mais leurs gosiers étant très élastiques leur permettent de rapporter à chaque tournée assez de semences pour satisfaire toute leur petite famille à la fois. Chaque tournée leur demande une bonne demi-heure au moins, car ils ont soin de casser l’enveloppe dure dont sont revêtues ces semences.
- Les parents continuent leurs soins longtemps après que les petits ont quitté le nid. Si même on enlève le nid avec les jeunes pour les placer dans une cage, le père et la mère n’abandonnent pas pour cela leur chère petite famille et viennent passer la nourriture habituelle à travers les barreaux de la cage.
- La beauté de son plumage, la douceur de sa voix, son instinct de sociabilité, ont valu au chardonneret une réputation bien méritée auprès des amateurs, mais, il faut le dire, la cage ne convient guère à ces oiseaux; ils s’y montrent inquiets, agités et malheureux. Le seul moyen de les conserver sans demander trop de sacrifices à leurs instincts est de les placer dans une chambre ou dans une volière, où ils peuvent se livrer à leur activité.
- Les pauvres bêtes deviennent aveugles dans un âge avancé et perdent leurs belles couleurs; mais, avec des soins, on peut les conserver dix à quinze ans. Leur plumage, au lieu de prendre une nuance foncée, comme cela se produit communément chez les oiseaux, devient tout blanc.
- A l’automne, les chardonnerets, jeunes et vieux, se réunissent en bandes nombreuses et voyagent d’un canton à un autre, visitant les landes et les jachères où abondent les chardons et la chicorée sauvage. Lorsque le froid est très rigoureux, ils se cachent dans les buissons touffus et les endroits abrités, mais ils n’émigrent jamais.
- Bien que ces oiseaux soient de grands mangeurs de graines, ils ne s’attaquent, la plupart du temps, qu’aux graines des mauvaises herbes, notamment celles des chardons et ils rendent ainsi grandement service aux agriculteurs. Du reste, il est un moyen très simple de protéger de leurs visites les vergers et les jardins : il consiste à suspendre quelques chiffons fouges dont la vue suffit à les effrayer (Ç. L. Kuentz.
- 1. Les photographies qui illustrent cet article sont dues à l’obligeance de M. A. A. Allen, Ph. 1)., Cornell University.
- LA BAUXITE .=
- ET SES DÉRIVÉS INDUSTRIELS
- matières premières les plus employées et qui donne aujourd’hui naissance à une foule de produits.
- Le plus important est l’aluminium, à tel point que dans la terminologie courante, le mot de bauxite est synonyme de « minerai, d’aluminium ». Ce n’est cependant pas le plus ancien usage. Bien avant la découverte
- banni les substances minérales dont l’industrie moderne a su tirer parti, il en est peu dont l’ascension ait été aussi rapide que celle de la bauxite.
- Simple curiosité minéralogique, il y a un siècle, après avoir été ignorée jusque-là, la bauxite devenait au début du xxe siècle, grâce aux progrès de la science, une des
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- du métal léger dont la diffusion dans le public est relativement récente, la bauxite a été essayée et employée avec plus ou moins de succès dans une foule d’usages. Aujourd’hui, la fabrication de l’aluminium croît moins vite que la production mondiale en bauxite, signe certain du développement que prennent les autres branches, et il est à prévoir que, dans un avenir prochain, ces industrb s dépasseront, quant à la quantité totale de minerais consommés, la fabrication du métal léger.
- Si nous jetons un coup d’œil sur la bauxite et sur les principaux produits qui en dérivent, nous ferons des constatations qui déroutent au premier abord. L’aluminium, substance extrêmement avide d'oxygène et qui se combine avec les autres corps avec une telle facilité qu’on ne le trouve jamais dans la nature à l’état natif, est un métal pratiquement inaltérable pour la plupart des usages courants. C’est aussi le plus léger des métaux usuels bien qu’on le tire d’une roche de densité relativement élevée. Une des principales qualités de l’aluminium réside, comme on le sait, dans sa facilité de travail qu’il tient de son point de fusion peu élevé (658° C.), de sa malléabilité et de sa ductilité; or l’oxyde d’aluminium pur, qu’il soit naturel ou produit de synthèse, est une roche presque infusible et d’une dureté qui la place immédiatement après le diamant ! La bauxite est aussi bien la matière première de l’aluminium, métal bon conducteur de l’électricité, que de certaines porcelaines électriques isolantes...
- L’élément qui domine dans la bauxite est l’oxyde d’aluminium ou alumine hydratée libre (A PCP). L’extraction de cet oxyde par un procédé chimique et électro-chimique, tel est le point de départ de l’industrie de l’aluminium. Traitée par des procédés purement chimiques, l’industrie en tire les sulfates d’alumine, les aluns et une grande variété de produits chimiques et pharmaceutiques.
- Les propriétés d’infusibilité et de dureté de l’alumine pure seront utilisées pour la fabrication des produits réfractaires et abrasifs.
- La présence du sesquioxyde de fer (FeaCP) pose la
- Fig..2. — La fabrication des produits réfractaires en bauxite. Concasseur spécial pour bauxite et terres réfractaires.
- (Cliché Brandi.)
- Fig. 1. — Triage de la bauxite.
- question de l’extraction de ce métal et de l’utilisation de l’oxyde comme pigment rouge.
- Enfin la bauxite tire de sa composition et de sa structure moléculaire diverses propriétés qui la font employer aussi bien comme fondant et épurateur en métallurgie que comme matière filtrante pour le raffinage des liquides épais.
- LA BAUXITE DANS L’INDUSTRIE CHIMIQUE
- Nous ne parlerons que pour mémoire de la fabrication de l’aluminium, laquelle mériterait, en raison de son importance, une étude séparée, et nous donnerons un aperçu des principaux produits chimiques dérivés de la bauxite.
- Aluns et sulfates d’alumine. — On range sous le nom d’aluns des sels doubles résultant de la combinaison de l’alumine et d’une base alcaline avec l’acide sulfurique. Les plus communs sont les aluns de potasse, de soude et d’ammoniaque. Le premier, entre autres, est connu depuis la plus haute antiquité. Pline en fait mention comme d’une substance astringente que les Romains appelaient. « alumen ». Nul doute qu’il s’agissait de l’alunite, produit naturel qui est un sulfate double d’aluminium et de potassium combiné avec de l’alumine hydratée, et dont, il existe précisément un gisement à La Tolfa près de Rome.
- L’alun de potasse était employé comme mordant en teinturerie. En outre du gisement romain déjà cité, on l’a extrait à Madriat (dans le Puy-de- Dôme), en Hongrie et en Asie Mineure. Bien plus tard, à partir du xixe siècle, on l’a produit artificiellement par le traitement de certaines argiles et des schistes alumineux ou pvriteux.
- Le sulfate d’alumine, est un produit industriel qui a remplacé dans la plupart des cas les aluns et particulièrement l’alun de soude. Il est en effet plus pur que ce dernier, plus soluble, plus riche en alumine (alun
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- 10 pour 100, sulfate 14 à 10 pour 100) et d’un prix de revient inférieur.
- La bauxite constitue la matière première de la fabrication de ce produit, soit qu’elle soit traitée directement, soit que l’on passe par le stade intermédiaire de l’alumine anhydre.
- Les premiers essais industriels poux’ l’obtention du sulfate d’alumine à partir de la bauxite remontent aux environs de 1875 et furent effectués à l’usine de l’Oseraie, près d’Avignon. Aujourd’hui l’industrie fournit deux types de sulfates : le sulfate pur et le sulfate alumino-ferrique.
- Le procédé de fabrication est relativement simple. On attaque la matière première, bauxite ou alumine, par l’acide sulfurique, dans des cuves ouvertes doublées de plomb ou dans des autoclaves chaudes à la vapeur.
- A la fin de l’opéi-ation, le produit est largement dilué avant d’être envoyé dans les bacs de décantation où il abandonne la plupart des impuretés. La solution clarifiée passe par divers appareils d’épuration et filtres-presses avant d’arriver dans les évaporateurs où le sel cristallisé se dépose en fond de cuve.
- Pour certains emplois dans lesquels la teneur en oxyde de fer est sans importance, l’évaporation est poussée à fond et la liqueur se solidifie entièrement. Le produit obtenu porte le nom de sulfate alumino-ferrique et on l’emploie principalement pour l’épuration des eaux d’égouts. Cependant, dans la plupart des cas, le sulfate doit contenir aussi peu de fer que possible et l’on emploie des bauxites à. faible teneur en Fe?03.- Divers procédés ont été découverts pour éliminér le fer, mais nous ne pouvons les examiner ici et il suffit d’indiquer qu’en ne poussant pas trop loin l’évaporation, les cristaux obtenus
- Fiy. 'S. — La fabrication des produits réfractaires en bauxite. iii'oyeui' préparateur à meules. (Cliché 13randt.)
- • *
- peuvent offrir un degré de pureté su (lisant pour la plupart des usages.
- La proportion d’alumine contenue dans le minerai doit être aussi élevée que possible pour donner un rendement intéressant. La teneur en silice n’a pas grande importance, car cet élément n’est pas affecté par le traitement. et un fort pourcentage en silice lie fait qu’augmenter la quantité de résidus insolubles.
- Préalablement à l’attaque, la bauxite doit être broyée finement, puis calcinée. Cette dernière opération a pour but d’éliminer les matières oiganiques qu’elle peut contenir et d’augmenter la solubilité de l’alumine en combinaison avec la silice sous forme de kaolin.
- Dans certains cas, et particulièrement pour la teinture des étoffes de soie, le sulfate doit être absolument exempt de fer qui risquerait de colorer la solution. On emploie donc comme matière première l’alumine hydratée pure produite par voie sèche ou humide à l’aide d’un des procédés courants.
- A la sor tie des décomposeurs (dans le procédé Bayei ) ou des appareils de précipitation (voie sèche : Péchiney) l’alumine est lavée, mais non séchée, ni calcinée et elle est attaquée par l’acide sulfurique comme expliqué plus haut.
- Le sulfate d’alumine reçoit diverses applications, mais elles se rattachent pour la plupart à la propriété que possède l’alumine colloïdale de retenir les autres colloïdes avec une extrême ténacité. En présence d’eaux polluées, par exemple, l’alumine se précipite entraînant avec elle les matières organiques en suspension. Un filtrage ultérieur arrêtant l’alumine précipitée donnera une eau parfaitement claire.
- On utilise donc fréquemment pour l’épuration des eaux résiduaires (égouts, lavages de laine et filatures, tanneries, stéarineries, brasseries et distilleries, fabriques de colles, de couleurs, etc...) une solution de sulfate d’alumine à laquelle on ajoute certains produits tels que le chlore, quand il s’agit d’aseptiser l’eau, ou la chaux, quand la solution est acide, afin d’amorcer la précipitation.
- Le sulfate d’alumine est employé dans la teinturerie comme mordant. On l’utilise aussi pour le collage du papier, la fabrication des peintures laquées, la tannerie, la pelleterie, etc.
- Les aluns et les principaux sels d’alumine dérivés de la bauxite. — Les aluns qui ont à peu près les mêmes usages que le sulfate d’alumine sont aujourd’hui préparés en ajoutant en proportions voulues du sulfate de potasse, d’ammoniaque, etc... dans une solution de sulfate d’alumine qui est ensuite évaporée jusqu’à siccité, laissant un produit cristallisé.
- On les emploie en teinturerie et pour les impressions sur tissus, la fabrication des peintures laquées, l’encollage de la pâte à papier, la conservation des peaux, des suifs, la fabrication de certains matériaux ignifuges. L’alun de potasse reçoit quelques applications domestiques et est utilisé en pharmacie sous forme d’alun calciné.
- Nous devons citer encore quelques produits chimiques ou pharmaceutiques dérivés de la bauxite :
- Le chlorure d’alumine, employé comme catalyseur
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- dans certaines industries, couleurs, parfums, pour la préservation des bois, le raffinage du pétrole, comme désinfectant, etc...
- L’aluminate de sodium, employé comme mordant et pour le traitement des eaux résiduaires.
- L’acétate d’alumine utilisé comme mordant en teinturerie, ainsi qu’en médecine.
- L’oléate d’alumine qui intervient dans le traitement des huiles de graissage.
- Le stéarate d’alumine qu’emploie l’industrie des peintures.
- Le boral (boro-tari rate d’alumine), le salicylate d’alumine, l’acéto-tartrate d’alumine, le laetate d’alumine, etc... produits pharmaceutiques astringents ou antiseptiques.
- LA. BAUXITE, MATIÈRE RÉFRACTAIRE
- L’industrie emploie pour la garniture des fours, qu’ils soient fixes ou rotatifs, et des creusets de fusion, des matières capables de résister à de très hautes températures. La liste des matières susceptibles de se prêter à cet emploi est assez limitée, car on leur demande un ensemble de qualités difficilement conciliables. Elles doivent, en premier lieu, être réfractaires, c’est-à-dire résister à des températures de l’ordre de 1200 à 2000°, suivant le cas, sans subir de transformations chimiques ou physiques, conserver sous ces températures une résistance à l’écrasement suffisante et ne pas se ramollir, ne pas subir de retrait ou d’expansion, supporter la chaleur et le refroidissement alternés sans se fendiller, être chimiquement inactives pour ne pas être affectées par les émanations du four, ne pas retenir les scories ni se laisser attaquer par elles, etc...
- La bauxite et l’alumine qui en dérivent sont, parmi les matières réfractaires, celles qui se rapprochent le plus de cet idéal.
- En effet, la bauxite possède un point de fusion très élevé, entre 1500° et 1900° C. suivant les qualités. Elle est chimiquement inactive.
- Mais toutes les qualités ne conviennent pas. D’autre part, sous l’influence des températures élevées, la bauxite subit un retrait considérable qui commence vers 800° et se poursuit rapidement jusqu’à une température proche du point de fusion. Ce phénomène, mal connu à l’origine, a causé bien des mécomptes.
- Le point de fusion est d’autant plus élevé que la teneur en alumine est plus forte et celle en sesquioxyde de fer plus basse. Des expériences faites au laboratoire d’essais du Conservatoire des Arts et Métiers ont montré que des bauxites à 69 pour 100 d’alumine et 3 pour 100 de sesquioxyde de fer ne fondent qu’à 1900°. Avec 5 pour 100 de fer, le point de fusion est abaissé à 1750°. 11 atteint 1580 à 1600° avec des minerais rouges titrant 22-25 pour 100 de fer pour 60 pour 100 AEO5.
- La proportion élevée d’un minerai en silice ne paraît pas affecter sensiblement ses propriétés réfractaires.
- Pour remédier aux inconvénients du retrait, la bauxite est soumise à une sorte d’avant-cuisson ou « frittage » au cours de laquelle elle est calcinée à une température plus élevée que celle qui doit être supportée en marche normale.
- Fig. 4. — La fabrication des produits réfractaires en bauxite. Malaxeur vertical à commande par-dessus. (Cliché Brandt.)
- La bauxite frittée est broyée, puis additionnée d’un liant céramique qui est généralement du kaolin dans la proportion de 10 pour 100 au moins, si cela est possible, et on la moule à la presse en briques ou pièces de la forme voulue qui sont séchées et enfin cuites au four. Les photographies (fig. 2, 3 et 4) que nous devons à l’obligeance de la maison Brandt montrent quelques-unes des machines utilisées dans cette fabrication.
- Comme il a été dit plus haut, la bauxite doit avoir une teneur en fer aussi faible que possible et, à cet égard, le chiffre de 6 pour 100 est généralement considéré comme un maximum ; mais cela ne revient pas à dire que les autres qualités ne puissent être employées. Au contraire, nous verrons que les bauxites rouges servent à fabriquer l’alumine pure qui est elle-même une matière réfractaire de tout premier ordre. ; v
- On emploie quelquefois, pour fabriquer des réfractaires acides, les bauxites siliceuses (teneur en silice inférieure à 35 pour 100) dont nous parlons plus haut.
- Î1 est indispensable que le minerai à traiter soit exempt de chaux, élément assez rare, mais qui atteint cependant jusqu’à 2 pour 100 dans certaines qualités. Outre son bas point de fusion, la chaux entraînerait une expansion
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- de la masse. Il faut éviter également la présence de la magnésie, produit fortement basique et du soufre que l’on rencontre quelquefois dans les bauxites de FAriège.
- D’ailleurs la qualité de la matière première est conditionnée avant tout par le degré de résistance du produit que l’on veut obtenir. Des réfractaires de qualité supérieure exigent les bauxites aussi pures que possible ‘et, dans certains cas, il est nécessaire d’employer de l’alumine fondue qui est une matière réfractaire idéale en raison de son point de fusion élevé (plus de 2000°), de sa résistance, de sa parfaite neutralité chimique et de sa haute conductibilité, thermique.
- Le procédé de fabrication consiste à calciner l’alumine obtenue par les procédés courants, puis à la fondre dans un four électrique à arc. Après refroidissement, la « gueuse » d’alumine fondue est brisée, broyée et réduite en poudre, additionnée d’une faible quantité de kaolin, moulée en pièces de forme-requise et cuite au four.
- Par malheur, les produits réfractaires en alumine fondue sont très coûteux. On obtient également un produit doué de propriétés semblables, quoique un peu inférieur au précédent en fondant au four électrique de la manière indiquée ci-dessus, non de l’alumine, mais de la bauxite très pure.
- En somme, la bauxite peut être employée comme matière réfractaire sous trois formes différentes : telle quelle après frittage et cuisson; après fusion au four électrique ; après transformation en alumine qui sera ultérieurement fondue.
- Les briques de bauxite sont employées pour le revêtement des fours métallurgiques ou à ciments de types divers, tandis que l’alumine fondue, beaucoup plus coûteuse, sert principalement à garnir des fours électriques, des fours de laboratoire, à confectionner les étalons de fusion ou « montres » pour l’industrie céramique, etc..
- Une maison française a fait breveter un ciment réfrac-
- taire obtenu par mélange de bauxite calcinée et broyée et de ciment fondu qu’on peut employer pour les réparations des fours, l’obturation des portes, etc...
- LES PRODUITS ABRASIFS ARTIFICIELS A BASE DE BAUXITE
- La bauxite tient une place importante dans l’industrie des produits abrasifs artificiels.
- Ces matières sont classées en deux catégories suivant leur origine : naturelle ou artificielle.
- Dans la première, on range les abrasifs à base de silice (quartz, grès, etc...), à base de carbone (diamant blanc, borts ou carbonados) et à base d’alumine (corindons, émeri). La deuxième comprend des produits industriels plus ou moins complexes tels que le siliciure de carbone (carboründum), le borure de carbone, le corindon synlhé-. tique, l’émeri artificiel, etc...
- En fait, les produits naturels à base de carbone et d’alumine sont les plus intéressants à cause de leur grande dureté.
- Nous ne nous occuperons ici que des deux roches à base d’alumine les plus employées dans l’industrie, le corindon et l’émeri et nous verrons comment on les reproduit artificiellement.
- Le corindon est une roche cristalline formée d’alumine anhydre cristallisée pure (AEC)'') mêlée à un peu de chaux, de silice et divers oxydes métalliques. 11 forme des cristaux se rattachant au système rhomboédrique et qui se px*ésentent en général sous l’aspect de deux pyramides accolées par leurs bases.
- Les principaux pays producteurs sont le Canada, les Etats-Unis, Madagascar et le Transvaal où on le rencontre sous forme d’inclusions dans, diverses roches primitives telles que syénites, anorthosites, granités, basaltes, etc...
- L’émeri est une variété de corindon souillée d’hématite et de magnétite. Le grain est plus serré que le corindon, mais la roche est moins dure. La couleur est variable, brune, rougeâtre, violacée ou bleue. 11 forme, en général, des lentilles intercalées dans les terrains anciens. Les principaux gisements exploités sont situés dans l’île de Naxos (mer Egée) et aux environs de Smyrne.
- En plus de leur dureté, le corindon et l’émeri possèdent des propriétés remarquables qu’ils doivent à l’existence de nombreux plans de séparation (clivage), c’est-à-dire de plans de moindre résistance qui font que la matière conserve .toujours des angles vils et taillants au cours du travail. C’est une qualité très précieuse pour un abrasif, car si la résistance était uniforme, le frottement, entraînant la pulvérisation de la matière, la transformerait assez vite en une masse lisse qui ne mordrait plus sur le corps à user.
- L’émeri naturel, et plus encore le corindon, sont des matières chères et relativement rares., Ceci explique le succès des émeris et corindons artificiels. Leur fabrication utilise comme ma-
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- Fig. 6. — Fours électriques pour la fabrication du corindon artificiel. (Cljché rAchromine.)
- tière première principale la bauxite, soit par traitement direct, soit en passant par le stade intermédiaire de l’alumine anhydre.
- On obtient du corindon d’une pureté aussi grande que l’on veut en fondant dans un four électrique du type à arc, de l’alumine anhydre fabriquée par un des divers procédés courants, mais ce corindon artificiel est relativement cher et on préfère dans la plupart des cas l’émeri artificiel tiré de la fusion directe de la. bauxite. On emploie pour cette fabrication des bauxites grises ou truitées de qualité moyenne dont la teneur varie de 58 à 65 pour 100 pour l’alumine, de 8 à 14 pour 100 pour le sesquioxyde de fer et de 8 à 16 pour 100 pour la silice.
- La préparation de la bauxite est assez simple. 11 suffit de la calciner au four rotatif entre 1000 et 1100° pour, la déshydrater et éliminer les matières organiques qu’elle pourrait contenir. Quant au procédé de fabrication, il consiste à fondre, dans un four à arc monté sur chariot et pourvu d’un système de refroidissement à circulation d’eau, un mélange de bauxite concassée, de coke et de limaille de fer. L’opération est poussée jusqu’à la fusion de la masse au cours de laquelle se produit la réduction du fer et de la silice contenus dans la bauxite et qui forment du ferro-silicium. Des précautions sont prises pour que cette réduction ne soit pas complète, car l’abrasif produit ne serait pas assez résistant.
- Après refroidissement, la masse fondue ou « gueuse » est brisée et broyée; un triage électro-magnétique permet d’éliminer le ferro-silicium. C’est seulement en vue de ce triage qu’on ajoute du fer aux matières à fondre, alin que la teneur en silice ne soit pas supérieure à 15 pour 100, car, au delà de ce chiffre, le l'erro ne sérail pas suffisamment magnétique.
- L’alumine fondue qui reste est réduite en grains du calibre convenant pour l’usage auquel l’abrasif est destiné. Les figures 5 à 8 que nous devons à l’obligeance de la Société l’Achromine de Jarrie (Isère) montrent diverses phases de cette fabrication.
- Quelle que soit leur origine, les produits abrasifs à base d’alumine doivent, avons-nous dit, être réduits en poudre avant de recevoir leur forme définitive. Le commerce connaît 220 numéros ou «grades» de grains. Us sont employés tels quels pour le polissage des métaux, la rectification des petites pièces mécaniques, des soupapes, etc.. On peut les fixer sur du papier ou de la toile au moyen d’une colle forte et l’on obtient ainsi le papier ou la toile émeri. On en fait aussi des pierres d’affûtage, de profils divers.
- Reste un dernier emploi, mais de beaucoup le plus important : la fabrication des meules artificielles-utilisées pour l’ébarbage, le dégrossissage] et la rectification des pièces mécaniques en fer, fonte, acier, etc.., l’affûtage
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- d’outils divers, le polissage des métaux, le creusement des scies à ruban ou circulaires, etc...
- Ces appareils sont de deux sortes : merdes agglomérées à froid,ou à faible température et meules céramiques. Dans les premières, l’abrasif est additionné d’un agglomérant qui est du ciment métallique, de l’oxychlorure de magnésie ou du caoutchouc vulcanisé. Au contraire, les meules céramiques emploient comme liant du kaolin et sont soumises à une cuisson prolongée à haute température. Ce kaolin cimente les particules abrasives et provoque un commencement de fusion de telle sorte que le disque se présente comme un monolithe. Inutile de dire que ces meules sont d’une qualité supérieure et d’un prix plus élevé que les premières.
- Les principaux pays producteurs d’abrasifs en bauxite fondue sont les Etats-Unis, la France et l’Allemagne. Dans notre pays, les usines les plus importantes sont situées 'dans les Pyrénées et les Alpes, à proximité des
- Fig. 7. — La salle des transformateurs à l’Usine de Ponl-de-Claix.
- . (Cliché l’Achromine.)
- chutes d’eau qui leur fournissent l’énergie électrique dont elles font une grande consommation.
- LA BAUXITE EN MÉTALLURGIE
- La plupart des bauxites qui affleurent au sol où elles ont été mises à nu par le travail d’érosion sont très chargées en sesquioxyde de fer, formant ainsi le « chapeau de fer » bien connu des géologues. De là à les prendre pour des minerais ferrugineux, il n’y avait qu’un pas et il apparaît que le. premier usage que l’on ait envisagé pour la bauxite ait été la production de ce métal.
- Sur les expériences qui'ont pu être faites au cours des siècles, nous n’avons que peu de détails, mais il est prouvé que des maîtres de forges de la vallée du Rhône ont cherché à diverses époques à fondre les minerais des Baux au haut fourneau. Ils ne pouvaient aboutir qu’à l’insuccès ainsi que le démontra, bien longtemps après, Berthier dont le nom s’attache à la découverte de la bauxite.
- « Outre sa pauvreté relative, disait Berthier qui, le premier, sut reconnaître le caractère exact de ces roches, la fusion en serait difficile et fort coûteuse, car elle exi-
- gerait l’addition d’une grande quantité de quartz et de castine et entraînerait une consommation de combustible très considérable. »
- Est-ce à dire que la métallurgie du fer doive ignorer ce minerai. Il n’en est rien et nous verrons qu’elle lui a trouvé divers emplois.
- La bauxite rouge est utilisée couramment-pour la correction du laitier, chaque fois qu’il s’agit d’augmenter la teneur en alumine et de faciliter le passage du silicium du lit de fusion dans le métal.
- D’autre part, on préconise depuis quelque temps, pour des raisons d’économie, la substitution de la bauxite au spath-fluor comme fondant dans les aciéries Martin.
- Nous avons vu que la fabrication des abrasifs en bauxite fondue donne comme sous-produit du ferro-silicium à 15 pour 100 maximum de silicium. 11 en est de même de la fabrication de l’alumine suivant le procédé liaglund.
- Ces ferros, outre leurs applications particulières telles que la fabrication des aciers au silicium pour moteurs électriques, ressorts, etc..., sont employés en métallurgie comme épurateurs des lits de fusion.
- Certaines fabrications entraînent la production de fonte plus ou moins impure. Par exemple, le produit issu du « water-jacket » dans la fabrication du ciment fondu contient une proportion importante de fonte. De même le procédé Bayer dont nous avons déjà parlé fournit à la sortie des autoclaves un résidu insoluble qu’on appelle « boue rouge » et qui contient de 35 à 40 pour 100 de fer pour 40 pour 100 d’eau libre. Ces boues ont été employées sur une échelle réduite, après calcination, comme minerai de fer. 11 est cependant douteux que ces sous-produits, eu égard aux difficultés que présente l’élimination des matières combinées et à la faible valeur des minerais de fer habituels, puissent présenter un grand intérêt à l’heure actuelle.
- LES PEINTURES DÉRIVÉES DE LA BAUXITE
- La bauxite et les matières dérivées de ce minerai entrent dans la composition de diverses peintures.
- Le « minium d’aluminium » est une peinture antirouille dans laquelle le pigment est une poudre impalpable de bauxite rouge déshydratée à forte teneur en sesquioxyde de fer et le liant, ou véhicule, de l’huile de lin.
- Le minium d’aluminium est moins rouge que le minium de fer. Sa couleur qui tire sur le rouge-brun est agréable à l’œil et rappelle sensiblement celle de la terre de Sienne. Son pouvoir antirouille est au moins égal, sinon supérieur à celui du minium de plomb et il est bien meilleur marché que ce dernier. Il couvre davantage en raison de sa faible densité et on peut l’appliquer au pistolet aérograpbe. La présence de l’alumine lui confère une stabilité chimique à peu près absolue et une grande dureté de la pellicule de protection. Il résiste à l’action des acides et de l’eau de mer et il est ignifuge en raison de sa faible conductibilité.
- Certains procédés de traitement de la bauxite en poudre permettent d’obtenir des peintures antirouille blanches, grises ou noires dont les propriétés ne diffèrent pas sensiblement des précédentes.
- Un autre pigment tiré de la bauxite est la « boue
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- rouge » dont nous parlions plus haut. Cette matière présente un double intérêt : d’abord parce qu’on peut l’utiliser pour la fabrication du minium de fer, ensuite et surtout en raison de sa teneur élevée en oxyde de titane (TiO*) corps employé dans la fabrication d’un autre genre de peintures, le « blanc de titane ».
- Le blanc de titane est un mélange d’environ 75 pour 100 de barytine (sulfate de baryum) et de 25 pour 100 d’oxvde de titane. Ses qualités lui assureraient un grand débouché s’il n’v avait un obstacle dans son prix élevé dû à la rareté relative des minerais de titane, d’ilménite (fer titané) et de rutile (oxyde de titane presque pur).
- Les bauxites peuvent être considérées, dans certains cas, comme des minerais titanifères, moins riches que les premiers, mais aussi bien plus communs et dans lesquels l’extraction du titane ne doit être regardée que comme la recherche d’un sous-produit négligé jusqu’ici. Les bauxites de l’Inde contiennent un pourcentage élevé d’acide titanique, 8 à 12 pour 100, et l’on cherche actuellement un traitement permettant de l’extraire économiquement.
- La « boue rouge » donnerait après déshydratation 10 à 12 pour 100 de titane. Elle a l’avantage de se trouver dans notre pays et d’être très bon marché.
- Une poudre fine d’aluminium obtenue par bocardage de feuilles très minces de ce métal et mélangée à un support tel que l’huile de lin, les vernis ou les laques cellulosiques donne les peintures à l’aluminium dont l’emploi va en se diffusant. Elles sont caractérisées par leur grand pouvoir de couverture et d’opacité, leur innocuité absolue, leur résistance à l’humidité et aux vapeurs sulfureuses et leur grand pouvoir réfléchissant.
- Nous rappellerons enfin que le sulfate d’alumine et les aluns interviennent dans la fabrication de certaines peintures.
- LA BAUXITE, MATIÈRE FILTRANTE
- qui concerne l’élimination du soufre dans les huiles de pétrole.
- On n’a que peu d’indications relativement à la qualité de bauxite qui convient le mieux pour cet emploi. L’analyse chimique ne donne aucune précision à ce sujet, et seule l’expérience' permet de déterminer le pouvoir filtrant d’une bauxite particulière. Un seul point est acquis : le minerai doit contenir un pourcentage d’eau combinée aussi élevé que possible. ...... ,
- Les bauxites de l’Inde anglaise dont la teneur' en eau de constitution varie de 25 à 28 pour 1Ô0 sont, paraît-il, celles qui ont donné jusqu’à présent les meilleurs résultats.
- Il faut aussi que le minerai ne soit pas trop friable pour éviter la production d’une trop grande quantité de poussières inutilisables, soit au cours de la préparation initiale, soit lors des régénérations successives.
- Pour cet emploi, la roche est réduite en petits grains passant au tamis de 10 mailles par pouce carré. Elle va ensuite dans un four rotatif où elle subit un commence ment de déshydratation à 400° C., puis elle est refroidie à l’abri de l’air pour évite* toute réabsorption d’humidité et envoyée au moyen de conduites ou de transporteurs
- Fig. S. — Trieur électro-magnétique pour la séparation du corindon. (Cliché l’Achromme.)
- Des expériences entreprises aux environs de
- 1910 ont révélé que certaines qualités de bau- Fig. 9. — Le ciment fondu dans les travaux d’urgence.
- xite chauffées à une température suffisante pour produire un commencement de déshydratation, puis refroidies en atmosphère sèche, étaient douées de propriétés filtrantes remarquables qui ont été utilisées, en particulier, pour la clarification et la désulfuration des huiles minérales. Le mécanisme du phénomène est encore imprécis, mais on croit qu’il se rattache à la structure particulière de la roche.
- D’après les expériences faites, la bauxite absorbe toutes les huiles mais retient moins facilement les hydrocarbures légers que les produits lourds, sulfureux ou fortement colorés.
- Aucune réaction n’est constatée au cours du filtrage. La bauxite agit seule, sans l’intervention d’aucun agent extérieur et paraît, à cet égard, posséder à la fois les propriétés décolorantes du charbon de bois ou du noir animal et clarifiantes ou désodorisantes de la terre à foulon, de la fluoridine et de certaines argiles.
- Son action est particulièrement efficace en ce
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- Fig. 10. — Le ciment fondu dans le bâtiment. Construction des. terrasses du Casino de Ludion. (Cliché Société de Lal'arge et du Teil.)
- fermés dans les appareils de filtrage. Ces derniers, du type le plus simple, consistent généralement en réservoirs cylindriques avec lits de filtrage en bauxite disposés dans le fond. Ces filtres fonctionnent isolément ou en série.
- Après usage, la bauxite est reprise et régénérée par un nouveau passage au four. En marche continue, le rôle du four est surtout de régénérer la bauxite et l’on se contente d’ajouter chaque fois un peu de bauxite vierge pour compenser les pertes par effritement.
- Afin d’éviter ces manutentions de la masse filtrante, on a imaginé de la régénérer sur place en injectant de la vapeur surchauffée à 350° C., puis en la refroidissant au moyen cl’un courant d’air sec. Le liquide à filtrer est ensuite admis dans l’appareil et son passage facilité par l’action d’une pompe à vide.
- LA FABRICATION DES GEMMES SYNTHÉTIQUES
- Un grand nombre de pierre précieuses ou semi-précieuses sont à base d’alumine. En particulier,, les « gemmes orientales » telles que l’améthyste orientale (violette), le rubis oriental (rouge), le saphir oriental (bleu), la topaze orientale (jaune) ne sont autre chose que de l’alumine cristallisée pure mélangée à une proportion très faible d’oxydes métalliques.
- L’idée est venue de les reproduire artificiellement et l’industrie fabrique aujourd’hui. des gemmes synthétiques qui possèdent la plupart des propriétés des pierres naturelles.
- On les obtient en fondant à la flamme d’un chalumeau oxhydrique une poudre fine d’alumine très pure que l’on prépare généralement à partir de l’alun ammoniacal. La coloration est obtenue par l’addition d’une matière convenable telle que les oxydes de fer et de titane pour saphir bleu et l’alun ammoniaco-chromique pour le rubis. La matière fondue est recueillie sous formes de v perles » ou « larmes » vitrifiées que l’on brise pour en extraire les gemmes.
- Les pierres précieuses tirant leur valeur de leur grande rareté, cet usage ne présenterait pas beaucoup d’intérêt s’il était limité à la confection des bijoux « de fantaisie >), mais ces gemmes trouvent des emplois dans l’industrie et en particulier dans la fabrication des crapaudines d’appareils de mesure ou de précision : boussoles, horloges, compteurs, etc... dans lesquels le coefficient de frottement des organes mobiles doit être très faible.
- LES CIMENTS FONDUS, OU CIMENTS A BASE DE BAUXITE
- La bauxite constitue la matière première des ciments à. haute teneur d’alumine dits « ciments fondus >> que l’on fabrique industriellement depuis une vingtaine d’années
- seulement.
- La découverte de leurs propriétés et des procédés de fabrication est l’œuvre d’un Français, M. Bied, et les premières usines de ciment fondu ont été créées dans notre pays.
- Ces ciments sont des aluminates de calcium peu siliceux dont la composition moyenne est la suivante :
- Chaux........................40 à 50 %
- Alumine......................35 à 40 %
- Fer et silice................10 à 15 %
- Leur qualité essentielle est une prise extrê-
- mement rapide. Après 48 heures, leur résistance est sensiblement égale à celle du Portland à 28 jours, soit 48 kg par cm* à la rupture et 680 kg à l’écrasement au lieu de 55 et 610 kg respectivement pour le Portland à 28 jours. D’autre part, après une certaine durée de prise, 8 à 10 jours, leur résistance dépasse nettement celle du Portland.
- Ces ciments sont également caractérisés par leur résistance absolue A l’action des eaux salées ou sulfatées qui décomposent rapidement le Portland et par leur indifférence aux écarts de température.
- Fig. 11. — Emploi du ciment fondu dans les terrains ggpseux.
- Blocs d’expérience et bassin d’immersion à la tête du tunnel de Braus. (Cliché Société de Lal'arge et du Teil.)
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- Cet ensemble de qualités leur assure de nombreux débouchés. Ils sont particulièrement recommandés pour les travaux d’uigence, établissement ou réfection des bâtis de machines ou des fondations, réparation de routes ou d’ouvrages d’art et permettent de réduire considérablement la durée d’interruption du travail ou du tra-lic. On en a fait pendant la guerre un usage assez intensif pour la construction d’abris bétonnés, de plates-formes d’artillerie lourde, etc...
- On a pu, sur un pont réparé avec ce ciment, faire passer 48 fleures après la (in des travaux, des convois de ravitaillement. De même, au cours du creusement du canal de Marseille au Rhône, des abaissements critiques dans la tranchée de Cignac ont été arrêtés immédiatement grâce à l’emploi du ciment fondu.
- Dans le bâtiment, il permet, en raison de sa prise rapide, de réduire la. durée d’immobilisation des coffrages qui sont un des principaux éléments du prix de revient.
- On a pu également faire certains travaux au bord de la mer entre deux marées, sans parler des nombreux cas
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- ques précautions. Il demande avant tout beaucoup de soins dans son emploi. 11 faut le tenir à l’abri des matières étrangères et des autres ciments sous peine d’altérer ses propriétés. D’autre part, et c’est là le principal obstacle à sa dilîusion. son prix est relativement élevé, près de deux fois celui du ciment Portland,
- On emploie pour fabriquer le ciment fondu, des bauxites de qualité secondaire titrant de 52 à 55 pour 100 d’alumine avec 8 à 10 pour 100 de silice et 15 à 20 pour 100 d’oxyde de fer. Les procédés de fabrication n’ont pas été publiés, mais on peut indiquer qu’il existe ileux systèmes : la fusion au four électrique et la fusion au « water jacket ». Dans ce dernier, qui est le plus courant, on fond un mélange de coke métallurgique, de chaux et de bauxite dans une sorte de haut fourneau, pourvu autour du foyer d’une double enveloppe à circulation d’eau et de tuyères pour l’admission d’air chaud à la base. La fusion produit une certaine quantité de fonte en même temps que le ciment fondu et des précautions sont prises pour que ces matières ne se
- 7*7.1/; 12 rl i;i. — Le Pont sur l'Oued Mellègue ( Tunisie) dont les poutres principales et tes appareils de dilatation sont en ciment fondu.
- (Cliché Société de Lai'arge et du Teil.)
- où sa résistance à l’eau salée l’a fait adopter pour des travaux maritimes.
- Le creusement du tunnel de Braus (ligne de Nice à Coni) en terrain gypseux a entraîné l’emploi de ce ciment en raison des infiltrations d’eaux séléniteuses qui avaient été constatées (fig. 11).
- L’emploi de ce produit ne va pas cependant sans quel-
- mélangent pas. Le ciment est ensuite finement broyé.
- Il est à prévoir que la liste des applications de la bauxite n’est pas close et ceci est particulièrement intéressant à constater pour notre pays qui possède les plus importants gisements actuellement en exploitation, sans parler des réserves, mal connues, mais à coup sxir considérables, de ses colonies. A. F. Pellat.
- LE DEUTSCHES MUSEUM DE MUNICH
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- Le musée allemand, qui est en cours de réalisation à Münieh depuis plus de 25 ans, correspond à notre Conservatoire des Arts et Métiers. On peut penser qu’il en est en partie inspiré, mais si nous pouvons nous enorgueillir de posséder à Paris une collection de documents historiques authentiques sans aucun doute unique au monde, il est non moins exact que cette collection n’a pas été l’objet de soins de présentation comparables, même de très loin, à la grandiose mise en scène du Deutsches Muséum de Münieh.
- Nous allons nous promener Mans quelques-uns des nombreux compartiments de ce gigantesque raccourci du monde scientifique et industriel, ancien et moderne, où les reconstitutions sont si parfaites que, dans chacune d’elles, à tel point plongé dans un milieu si remarquablement imité, on oublie souvent que l’on visite un « simple » musée, et l’on se croit réellement dans les mines ou dans les ateliers reconstitués.
- C’est en 1903 qu’un homme aux vues lai'ges, Oskar Von Miller, a conçu le Deutsches Muséum et qu’il a exposé
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- Fig. 1. — Vue générale du Deulsches Muséum sur les quais de l’isar à Munich.
- son projet à un petit cercle de savants et de techniciens. Oskar von Miller appartenait à une vieille famille d’industriels; il était déjà célèbre comme ingénieur constructeur. Il avait notamment organisé l’exposition d’électricité de Munich en 1882, c’est-à-dire un an seulement après la célèbre exposition et le congrès d’électricité de Paris où étaient jetées les bases et les conventions internationales qui ont tant facilité l’essor de la science et de la technique électriques.
- Oskar von Miller avait donc fait ses preuves, il n’eut pas de peine à réunir les concours nécessaires et, moins
- de deux mois après l’exposé de son projet, la réalisation commença. Actuellement nous nous trouvons en face de bâtiments considérables, les uns achevés, les autres en voie de construction.
- Ces bâtiments sont placés en bordure de l’isar; ils forment déjà un ensemble imposant, comme on peut le voir sur la vue générale, que le Directeur du Musée a bien voulu nous autoriser à reproduire, ainsi que quelques photographies de l’intérieur.
- Si nous commençons la visite par les sous-sols, nous circulons au milieu de reproductions de mines de toutes natures. Il est vraiment agréable de se promener dans ces souterrains où l’on trouve une rétrospective des mines parfaitement aménagée ; les mines de houille, les mines de sel gemme et les riches mines de potasse sont reproduites avec un soin particulier. Des galeries ont été faites par moulage des parois pour en obtenir une copie fidèle, l’imitation est parfaite. De plus, les appareils sont mis en fonctionnement devant les visiteurs : un marteau perforateur à air comprimé perce des trous de mine dans un bloc de rocher que l’on renouvelle de temps en temps.
- On trouve dans cette section, en sous-sol, la reproduction des procédés anciens de descente dans les mines, tels que la glissoire où le voyageur se laissait entraîner par la pesanteur, tenant une corde d’une main gantée de cuir épais, pour freiner, si possible, en cas de besoin, et de l’aütre une chandelle qui ne devait probablement pas rester allumée bien longtemps si la vitesse de la glissade était trop grande... Il y a aussi la corde terminée par une boucle, dans laquelle on s’asseyait et qu’un treuil permet-
- Fig. 2. —- Salle d’honneur d’Oswald Bieber dans le Deulsches Muséum.
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- tait de descendre eu de monter dans un puits vertical.... Il est probable qu’en ce temps les amateurs étaient moins nombreux qu’aiijour-d’hui pour affronter une visite de mine.
- Au jour, une exposition de géologie comprend des reproductions de tous les phénomènes naturels étudiés par la science de la terre : des coupes, des plans en relief, abondamment pourvus de légendes explicatives, permettent de s’assimiler sans fatigue toutes les notions essentielles de géologie et de géographie physique. Les appareils d’observation, tels que les sismographes, sont exposés dans cette section. Les industries métallurgiques et les industries chimiques ont exposé des reproductions très suggestives des ateliers du moyen âge où les minerais de fer, d’or, d’argent, de zinc étaient traités. A la suite, on voit les méthodes de plus en plus perfectionnées : jusqu’aux traitements éleçtrolytiques et les appareils de la sidérurgie la plus moderne.
- L’industrie de la distillation de la houille, soigneusement expliquée, montre un arbre généalogique des dérivés de la houille qui couvre tout un mur de 3 mètres de hauteur sur 15 mètres de longueur, où des flacons des diverses substances tirées du charbon sont posés sur de petites consoles à la place qui revient à chacune.
- Le travail des métaux, ainsi que les machines d’essai des métaux, figurent à la suite de la métallurgie et de la fonderie.
- Enfin les moteurs : machines à vapeur de tous modèles jusqu’aux moteurs Diesel les plus modernes. Le premier moteur Diesel, dont une photographie est donnée ci-contre (fîg. '5) figure naturellement dans cette exposition.
- Les moteurs à vent ont aussi une place au Deutsches Muséum. On trouve des reproductions de moulins à vent des types les plus divers, le moulin hollandais et le moulin historique de Sans-Souci, que l’on voit encore si bien conservé dans le parc de Potsdam, sont fidèlement représentés.
- L’industrie des transports sur route et sur rails, et aussi l’aviation, occupent les places qui logiquement doivent leur revenir. La navigation sous-marine présente plusieurs modèles et même un sous-marin coupé en deux dans le plan axial vertical.
- La construction, les travaux publics, l’urbanisme, ont une large place au Deutsches Muséum.
- La musique est représentée par une riche collection de pianos et d’instruments divers, par un orgue dont tout le mécanisme est visible et expliqué. Et un musicien est chargé de jouer tour à tour sur divers instruments de la collection rétrospective.
- Les sciences sont l’objet d’une sollicitude particulière : mathématiques, physique, chimie, occupent de nombreuses salles; on y voit des intérieurs de laboratoires d’alchimistes et de chimistes des siècles derniers, la pharmacie
- Fig. 3. — Laboratoire d’alchimie du XVI« siècle.
- ancienne où figure, entre autres raretés, le plus vieil herbier allemand, celui de Hieronymus Harder, de 1574, dont la conservation est frappante. Dans la section de la chimie moderne, les appareils sont en fonctionnement : les alambics distillent et des surveillants sont chargés de la conduite des opérations, de montrer au public des préparations microscopiques en leur expliquant le maniement du microscope.
- Passons sur les techniques du chauffage, du gaz, de l’électricité, des textiles, de la brasserie, au sujet desquelles on imagine facilement ce qui a pu être réalisé, mais arrêtons-nous à l’astronomie, située sur la terrasse et dans
- Fig. 4. — Vue de la salle de l'aviation.
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- Fig. 5. — Le premier moteur Diesel, 1897, exposé au Deutschcs
- Muséum.
- des coupoles d’observatoires qui dominent les bâtiments. Le public est invité à observer les taches solaires dans un réfracteur de grande taille, à regarder dans des lunettes terrestres diverses, dans des télémètres placés sur la terrasse et qui permettent de se faire une idée exacte des services rendus par les divers modèles. Enfin, n’oublions pas un planétarium Zeiss, chambre obscure à coupole sur la voûte de laquelle l’appareil central, muni de nombreux objectifs, projette les étoiles et les planètes qu’un mécanisme permet de faire mouvoir selon les lois qui leur sont propres. Un moniteur placé au centre est chargé de donner toutes les explications utiles aux 150 personnes qui peuvent aisément passer en une seule fois sous la voûte étoilée du planétarium : muni d’une lampe à main qui projette une petite flèche lumineuse sur la voûte, il donne les noms des astres, il explique leur mouvement et règle la marche du système. On sait l’intérêt que manifeste le peuple pour les choses de l’astronomie : Mussolini a fait installer, en Italie, un planétarium semblable en 1928 pour que le peuple italien bénéficie, lui aussi, de la facilité offerte par cet instrument pour comprendre les notions fondamentales de l’astronomie.
- Annexée au Musée est une bibliothèque de 100 000 volumes, riche en autographes des savants allemands.
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- Ce colossal conservatoire des arts et métiers n’est donc pas une collection d’objets qui dorment de leur dernier
- sommeil, comme c’est le cas de notre Conservatoire de Paris,, mais plutôt une exposition permanente, où, dans la mesure du possible, tout fonctionne sous les yeux des visiteurs. Ce musée a donc une valeur éducative très supérieure à celle d’un musée ordinaire, d’un musée mort. D’ailleurs, la puissance éducative est attestée par le nombre considérable de visiteurs que l’on y rencontre.
- Contrairement à la formule qui a eu cours si longtemps en France de la gratuité obligatoire des musées, à Münich, l’entrée est payée, à un taux assez réduit, il est vrai, mais qui permet un entretien convenable que l’on a tant reproché à beaucoup de nos musées nationaux de Paris de ne pas recevoir. Le prix d’entrée est 50 pfennigs, soit 3 francs, au cours actuel du mark. Ce prix est réduit à 25 pf. pour les enfants, et pour tout le monde après 5 heures du soir. Des cartes d’abonnement sont délivrées pour 6 et 3 marks pour une année, 4 et 2 pour un trimestre, 2 et 1 mark pour un mois. Enfin, les écoles bénéficient du prix de mk. 1.50 par groupe de 15 élèves.
- 11 faut signaler encore qu’une salle de brasserie restaurant est ouverte aux visiteurs dans le musée même.
- Comme on voit, il s’agit d’une conception de musée tout à fait vivant, d’une véritable école publique permanente des arts et métiers. Cette formule mérite d’être appliquée ailleurs et il est à espérer que l’exemple donné par la Bavière sera suivi1. Laurent Rigotard.
- 1. Les photographies qui illustrent cet article nous' ont été communiquées par la Direction du Deutsches Muséum.
- Fig. 6. — Lunette astronomique de Fraunhofer au Deutsches Muséum.
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- LE BOIS CONTREPLAQUÉ
- Le mot « plaqué » a eu ébénisterie un sens plutôt péjoratif : il désigne un bois, en général, d’essence ordinaire recouvert d’une couche mince de bois précieux qui lui donne un bel aspect. Le mot évoque donc le faux luxe, le mauvais goût, la construction de basse qualité, en un mot la camelote.
- Le bois contreplaqué, malgré la similitude de nom et quelques analogies d’exécution, est en réalité un matériau tout différent; par ses qualités mécaniques remarquables, il s’est imposé d’abord dans la construction des avions en bois. On l’emploie de plus en plus en carrosserie, et dans le meuble. Chaque jour il trouve de nouveaux emplois.
- Qu’est=ce que le bois contreplaqué?— Le bois contreplaqué est formé de minces feuilles de bois collées les unes sür les autres, en croisant les fils d’üne feuille à l’autre. Grâce à l’association des qualités propres du bois et de celles de la colle, en l’espèce une colle à la caséine
- des plus graves inconvénients du bois; le produit ne joue ni à la chaleur ni à l’humidité.
- Par sa fabrication même, le contreplaqué permet d’éliminer totalement les nœuds et autres défauts du bois : avaiitage manifeste au double.point de..vue de la qualité et de l’aspect.
- Le contreplaqué se présente sous forme de panneaux, formés de la réunion de 3, 5, 7 ou 9.feuilles, suivant l’épaisseur et la résistance que l’on désire. Ces feuilles ont de 0,5 à plusieurs millimètres d’épaisseur; l’épaisseur du panneau contreplaqué varie entre 45 dixièmes de millimètre et 50 millimètres.
- Le bois le plus employé est l’okoumé, bois tendre, de teinte rose, provenant du Gabon; on l’associe souvent avec d’autres bois comme le chêne, le noyer, ou à des essences exotiques comme l’acajou.
- On aura une idée des qualités mécaniques que l’on peut
- Fig. 1. — Dérouleuse- en service à l'usine de Lisieux des établissements Leroy.
- ou à l’albumine, le matériau composite ainsi réalisé, quoique fort léger, offre une résistance et une souplesse bien supérieures à celles du bois massif.
- C’est là un nouvel exemple de l’intérêt que présentent les matériaux formés de composants hérétogènes convenablement choisis ; on rencontre un cas analogue dans le verre dit « triplex », formé de deux couches de verre minces collées à l’aide d’une colle à l’acétate de cellulose. Et, à y regarder de près, le béton et le béton armé nous offrent également l’exemple de matériaux résistants assemblés par une sorte de colle, et qui ainsi associés ont des propriétés mécaniques bien différentes de celles des matériaux composants.
- La densité du bois contreplaqué est à peine la moitié de celle de l’eau. Grâce aux progrès réalisés dans sa fabrication, les feuilles en sont aujourd’hui pratiquement indécollables à l’eau.
- Enfin, grâce au croisement des fibres, on supprime l’un
- obtenir du contreplaqué par l’exemple des épreuves de résistance que l’on fait subir aux contreplaqués utilisés en aviation : ceux-ci résistent à des cisaillements dépassant 50.kg par centimètre carré. Ils résistent plus de 15 heures à 110°. Ils supportent sans décollage un séjour de 10 jours dans l’eau froide' ou de 8 heures dans l’eâu bouillante; séchés après cette immersion, leurs résistances mécaniques ne sont pas diminuées de plus de 25 pour 100.
- Le contreplaqué, enfin, se travaille facilement; matière riche par les aspects variés que l’on peut lui donner, elle prend toutes les formes au gré de l’artiste ou du technicien.
- L’INDUSTRIE DU CONTREPLAQUÉ
- Née en Russie et en Pologne, après la découverte des pronriétés de la colle à la caséine, cette industrie ne s’est implantée en France que peu de temps avant la guerre. En 1913, on ne comptait encore que deux usines, la
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- doyenne était une filiale d’une société russe de Reval (aujourd’hui capitale de l’Esthonie) ; la cadette, les établissements Leroy, venait à peine de s’ouvrir à Lisieux.
- La guerre vint; il fallut fournir à l’aviation des quantités chaque jour croissantes de contreplaqués; les usines se créèrent et se développèrent rapidement, alimentées après la guerre par les applications nouvelles trouvées dans le meuble, la carrosserie, la fabrication des malles et valises, celles des jouets, des boîtes embouties, les constructions navales, la menuiserie d’appartement, etc.
- Les usines se sont créées surtout dans la région parisienne et dans les ports importateurs de bois coloniaux.
- LA FABRICATION DU CONTREPLAQUÉ
- C’est une fabrication fort délicate; elle exige un outillage spécial très puissant, servi par des spécialistes expérimentés.
- Nous allons en suivre les phases essentielles dans les usines des établissements Leroy.
- L’étuvage. — Les bois reçus à l’usine sont d’abord, avant toute autre opération, passés à l’étuve à vapeur. Ce sont de fortes billes, tronçonnées à la longueur voulue, que l’on entasse dans de vastes cuves en maçonnerie, où elles restent soumises plus ou moins longtemps, suivant leur diamètre, à l’action de la vapeur saturée à 100°. L’étuvage dure de 1 à 3 jours. Ce traitement a un double but : d’une part coaguler la sève et de ce fait faciliter le séchage ultérieur des feuilles, d’autre part ramollir le bois pour permettre son débitage qui s’effectuera sur le bois encore chaud, au sortir immédiat de l’étuve.
- Le débitage des panneaux. — C’est l’opération la plus curieuse de la fabrication du contreplaqué. Quand on parle de débiter des plaques minces dans un tronc d’arbre, nous évoquons tout naturellement le souvenir des scieries que nous avons pu apercevoir : nous voyons la scie, pour se frayer passage, hacher, de son mouvement alternatif, la matière même du bois et en transformer un bon quart en sciure, dont les parcelles voltigent autour de la machine.
- Ici, rien de tel : une énorme machine saisit la bille, si forte soit-elle, et la déroule littéralement en un mince et long ruban, qui de lui-même, au fur et à
- Fig. 3. — Presses à chaud des usines de Bonnières des établissements Leroy.
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- mesure qu’il se forme, s’enveloppe en rouleau. On croirait, à voir de loin ces rouleaux amassés autour de la machine, qu’il s’agit de qjapier ou d’étoffe souple et non pas d’une longue bande de bois prête à être découpée en panneaux.
- Qu’est-ce donc que la machine qui exécute cette opération, sans laisser la moindre trace de sciure ? On l’appelle dérouleuse. C’est en réalité un gigantesque couteau, dont la largeur est égale à toute la longueur de la bille, celle-ci tourne devant lui tandis qu’il s’avance lentement, détachant de la masse du bois un copeau unique et continu qui s’enroule sur lui-même au fur et à mesure de sa formation.
- La dérouleuse comporte deux broches en acier placées dans le prolongement l’une de l’autre, et qu’un mouvement mécanique permet d’écarter ou de rapprocher. La bille est saisie et centrée entre ces deux broches munies de griffes, tout comme une pièce placée sur un tour; elle est entraînée par elles dans un mouvement de rotation, devant le couteau. Celui-ci par contre est animé d’un mouvement réglable de translation horizontal, proportionnel à la vitesse de rotation de la bille, grâce auquel il reste constamment appliqué contre celle-ci et y découpe un ruban d’épaisseur constante déterminée à l’avance. Le bois étant encore chaud au centre, mais se refroidissant légèrement à la périphérie, le ruban s’enroule de lui-même, sans gerçures, comme une feuille de papier roulée.
- Des lancettes appelées coupe-fils, cl’écartement variable, peuvent partager le ruban en rubans moins larges.
- Les dérouleuses sont d’énormes machines pourvues de délicats systèmes de réglages. Elles traitent aisément des billes de plus de 3 m de long et 1 m 80 de diamètre, débitant 90 m de ruban à la minute. On a même construit aux Etats-Unis et en Allemagne des dérouleuses de plus de 5 m.
- Pour les placages décoratifs, auxquels on veut conserver l’aspect du bois scié avec ses dessins caractéristiques, on utilise une autre machine, la trancheuse. La dérouleuse en définitive est un tour ; la trancheuse est une sorte de gigantesque rabot dont l’outil est un couteau opérant selon une méthode analogue à celle du couteau de la dérouleuse.
- Le séchage. — Les placages ainsi obtenus sont encore humides; il faut les sécher. Pour les rouleaux très minces, l’opération est des plus simples ; on les étend sur des fils de fer à l’air libre, comme on ferait du linge. En une journée, ils sont débarrassés de leur humidité restante et prêts pour le collage.
- Les placages plus épais sont empilés sur des plates-formes et séchés au tunnel dans un vif courant d’air, naturel en été, légèrement chauffé (de 25 à 30°) en hiver.
- Cette méthode donne un séchage parfait, mais elle est lente. Pour aller plus vite, on utilise les . machines à sécher : les unes sont des séchoirs à . rouleaux et plaques chauffées à la vapeur, les auti’es sont de curieux appareils dits « presses à respiration ».; le placage est placé entre des
- Fig. 4. — Le laboraioire des usines de Lisieux des établissements Leroy.
- séries de plaques chauffées a la vapeur; les plaques de la série supérieure sont animées d’un mouvement respiratoire qui les soulève et les fait retomber à la cadence de 20 à 22 par seconde : pendant la période d’appui le bois se chauffe; pendant le soulèvement l’air pénètre dans l’intervalle de quelques millimètres libéré au-dessus du bois, et en vaporise l’humidité; la plaque en retombant chasse l’air humide et ainsi de suite.
- Ces presses donnent un séchage parfait, avec un rendement excellent, car le passage des feuilles dans la machine a lieu sans interruption.
- La préparation des panneaux. — Au séchage succède le collage. Il est obtenu sur des encolleuses qui enduisent de colle, sur les deux faces, les feuillets pairs de l’assemblage. Les feuilles sont alors superposées en croisant le sens des fils du bois. Les panneaux contrepla-quées sont ensuite introduits entre les plateaux chauffants d’une presse hydraulique qui les soumet à une
- .Fig. 5. •— Le contreplaqué dans l’ameublement.
- (Le stand d’exposition des applications du bois contreplaqué aux établissements G. Leroy.)
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- pression de 6 à 10 kg par cm2. La pression est maintenue quelques minutes; puis les panneaux collés sont renvoyés au séchoir pour éliminer l’eau apportée par la colle. Ce nouveau séchage les ayant légèrement gauchis, on les soumet à un nouveau et bref serrage sous la presse hydraulique à plateaux chauffés.
- Il ne reste plus qu’à les scier pour les mettre à la dimension exacte, à racler et poncer les surfaces pour leur donner l’aspect définitif. Les panneaux sont désormais prêts à la vente.
- Les colles employées sont, nous l’avons dit, à base d’albumine et plus souvent de caséine. Ces produits, d’origine animale, sont de composition variable suivant
- leur origine. 11 est cependant de la plus haute importance que la colle obtenue ait des qualités toujours identiques. C’est au laboratoire, après analyse de la matière première, qu’incombe la tâche de lixer la formule exacte convenant dans chaque cas.
- Au laboratoire aussi revient la mission de prélever des échantillons sur les produits linis, et de les soumettre aux mesures et aux divers essais qui permettent d’en contrôler la qualité.
- Le panneau peut maintenant quitter l’usine, pour aller remplir en toute sûreté l’une des tâches si variées auxquelles il est propre.
- R. Villers.
- = DEUX NOUVEAUX TYPES DE NAVIRES DE GUERRE FRANÇAIS
- “ LE PLUTON ” MOUILLEUR DE MINES LE COMMANDANT-TESTE ” PORTE-HYDRAVIONS
- Parmi les engins de.tous ordres, déjà connus ou nouveaux, dont la dernière guerre a démontré l’utilité, les mines sous-marines se sont distinguées par l’emploi démesuré qui en a été fait, le mot démesuré étant ici bien à sa place, puisque la quantité- de ces engins qui ont été mis en œuvre par les belligérants reste hors de toutes proportions avec ce qu’on en avait préparé.
- On peut compter, en effet, par quelques centaines de mille le nombre de ces engins mouillés pendant la guerre, par champs serrés ou isolément. Un seul de ces champs, situé s.ur les côtes cl’Ecosse, comptait 70 000 mines et occupait un espace de 400 kilomètres de long sur 60 de large.
- On conçoit donc aisément que dans les prévisions que les diverses nations ayant vue sur la mer ont dû établir pour le cas d’une autre guerre, les mines sous-marines, aient occupé une place importante. On a, en conséquence, beaucoup travaillé tant à accroître l’approvisionnement qu’à en améliorer leur fonctionnement.
- Mais l’arme terrible que constitue cet engin exige, pour garder toute son efficacité, que sa présence dans les parages qu’elle doit défendre reste secrète aussi longtemps que possible. Sa mise en place doit donc être exécutée pendant la nuit, et très rapidement, de façon que le barrage entier soit effectué dans l’obscurité afin d’échapper aux vues des navires de surveillance ou des avions.
- Cette condition nécessite que l’opération soit effectuée par des navires rapides, et surtout spécialement conçus et construits en vue de ce genre de missions si particulières.
- Or, avant et pendant toute la guerre, en raison du rôle un peu secondaire qu’on croyait réservé aux mines sous-marines, on avait pensé qu’il suffirait pour les mettre
- en place de confier ce soin à quelques torpilleurs, ou à des navires de tonnage moyen qui joueraient ce rôle en plus de celui qui leur était réservé par leur type particulier. Ces bâtiments reçurent donc les installations nécessaires, mais comme ils n’avaient pas été construits uniquement dans ce but, il se trouva que la plupart du temps, tant par la faible quantité de mines qu’ils pouvaient embarquer que par le médiocre rendement de leur matériel, ils eurent beaucoup de peine à remplir convenablement leurs missions et y coururent les plus graves dangers. De plus, le secret de leurs opérations ne put être toujours sauvegardé, en raison du temps trop considérable qu’ils mettaient à les exécuter, et les champs de mines qu’ils mouillèrent furent trop souvent repérés par l’ennemi qui put les éviter ou y pratiquer des passages. On comprit donc la nécessité, chez nous comme dans les autres marines, de créer un type de navires spécialement destiné au transport et au mouillage des mines.
- LE MOUILLEUR DE MINES PLUTON
- Le premier bâtiment de ce genre vient de prendre rang dans la flotte française. Il porte le nom de Pluton et s’est, après une série d’essais très sévères, révélé comme parfaitement adapté au rôle qui lui est fixé.
- Il déplace 5300 tonnes. Sa longueur est de 144 m. Sa largeur de 15 m 50, son tirant d’eau arrière de 5 m 20. Il est armé de 4 canons de 14 cm et de dix 37 mm antiaériens.
- Deux arbres d’hélices mus par des turbines Breguet ont permis au Pluton d’atteindre, aux essais, la vitesse de 32 nœuds. Il est, en plus, d’une grande facilité de manœuvre, et son approvisionnement de combustible
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- lui permet de se rendre sans arrêt de France en Indo-Chiné. Il est aménagé pour séjourner dans les pays chauds, et peut emmagasiner 300 mines du modèle le plus récent et le plus puissant suspendues sur 4 paires de rails, elles sont traînées vers l’arrière, d’où elles tombent à l’eau, par 2 moteurs électriques permettant plusieurs vitesses et plusieurs combinaisons de mouillage.
- Une série de compartiments latéraux, vides ou utilisés comme soutes à mazout, forment une efficace protection contre les explosions sous-marines.
- En cas d’avarie, et de voie d’eau mettant le bâtiment à la bande (') le redressement peut être opéré en remplis-
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- lisé, les mouilleurs de mines américains sont sensiblement plus petits et moins rapides.
- Le Pluton, pouvant être appelé à séjourner dans les mers tropicales, a reçu les installations propres à soustraire le personnel aux incommodités des grandes chaleurs. Les parois des locaux habités sont recouvertes d’un épais matelas calorifuge et doublées intérieurement d’un lambrissage formant une forte lame d’air.
- Une quinzaine de ventilateurs électriques à grand débit assurent une excellente ventilation artificielle.
- Les salles de bains et douches sont nombreuses et du dernier modèle, tant pour les officiers que pour les ofîi-
- Fig. 1. — Le mouilleur de mines Pluton, de la marine française, faisant des essais.
- sant d’eau certains compartiments étanches commandés à distance.
- Les communications avec l’extérieur à toutes distances sont assurées par 6 postes de T. S. F. émetteurs ou récepteurs, sur toutes les longueurs d’ondes.
- Un sondeur à ultra-sons trace, d’une manière continue, la courbe des fonds. En plus d’un réseau très complet de téléphones desservant toutes les parties du navire un service pneumatique permet d’expédier les ordres écrits aux points particulièrement importants (passerelles, machines, T. S. F., etc.).
- Pour le moment., le Pluton n’a d’égal dans aucune marine. Le similaire anglais Advenlure, bien que d’un tonnage supérieur, est moins rapide et moins armé; la marine allemande n’a pas de mouilleur de mines spécia-
- 1. Un navire est à la bande lorsqu’il est incliné de façon permanente d’un bord ou de l’autre.
- ciers mariniers et l’équipage. On trouve encore à bord plusieurs machines frigorifiques et deux d’entre elles desservent une chambre froide pouvant contenir pour un mois de viande.
- Elles produisent en même temps de la glace en abondance et de l’eau refroidie pour la consommation de l’équipage.
- Des machines spéciales refroidissent les soutes à munitions.
- L’organisation des locaux habités par l’équipage a été étudiée pour simplifier le service et augmenter le confort dans toute la mesure possible.
- Une salle de distractions, de lecture et de correspondance est même à la disposition des marins, ainsi qu’un salon de coiffure très bien agencé. Les plats arrivent chauds aux tables, grâce à des monte-plats reliant' la cuisine aux batteries où se prennent les repas.
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- La cuisine est munie de nombreux appareils automatiques, et la boulangerie où se trouvent un pétrin mécanique et un four électrique fournit en quelques heures un pain excellent.
- Les gamelles, assiettes, verres el plats sont lavés et antiseptisés par une machine spéciale, et un four crématoire brûle tous les déchets produits à bord du navire, au grand dommage et regrets sans doute, du peuple des poissons accoutumés depuis de longs siècles à se régaler de la desserte des vaisseaux. Une buanderie à vapeur et un appareil à repasser électrique entretiennent en bon ordre chemises, tricots et autres lingeries, pendant qu’un atelier de tailleurs assure le bon état des vêtements.
- Le Pluton unit, on le voit, à une très grande puissance militaire toutes les commodités hygiéniques et autres qu’un navire peut offrir à son équipage. Il sera donc tout désigné pour accomplir les missions d’ordre varié qui peuvent échoir, en temps de paix, à un bâtiment de jolie silhouette, très dégagé, rapide et dépensant peu
- LE PORTE-HYDRAVIONS « COMMANDANT-TESTE »
- Le porte-hydravions Commandant-Teste a reçu le nom d’un héroïque olficier de marine. Pendant la guerre, le capitaine de frégate Teste, patrouillant en hydravion dans la mer du Nord, soutint un dur combat contre des appareils allemands. Très grièvement blessé au ventre il dut ammérir. Il échappa à ses ennemis, accourus pour le capturer, en se cachant dans son réservoir à essence, et pût faire connaître sa situation au centre dont il dépendait en lâchant son dernier pigeon-voyageur porteur de ce billet resté justement célèbre dans les annales de l’aviation : Caché dans le réservoir d’essence, suis à la dérive, moral excellent. Appareil fait eau de toutes parts. Vive la Fra nce ! »
- Peu après, cependant, des torpilleurs allemands le recueillaient. Ainsi fait prisonnier, il réussissait à s’évader et, sa blessure guérie, reprenait son poste de combat.
- En juin 1925, alors que hautement apprécié comme un grand espoir de l’aviation, il se préparait à se rendre
- Fig, 2. — La salle à manger du commandant du Pluton.
- de combustible. La construction d’un second mouilleur de mines, mais qui déplacera 5900 tonnes, est prévue à la tranche 1930 du programme naval.
- La marine française possède actuellement outre le Pluton, que nous venons de décrire, deux bâtiments, le Castor de 3200 tonnes et le Pollux de 2500 tonnes, brise-glaces à grande vitesse qui ont été convertis en mouilleurs de mines.
- Le nom de Pluton a déjà figuré quatre fois dans les listes de la flotte française. Il fut d’abord inscrit à la poupe de deux vaisseaux de 74 canons (1778 à 1797) et (1804 à 1808) qui prirent une part glorieuse, le premier à la bataille de la Chesapeake en 1781 avec de Grasse, le second en 1805, sous le commandement de l’indomptable Cos-mao, au combat du cap Finistère et à la bataille de Tra-falgar.
- Un dernier Pluton de 520 tx, construit en 1912 aux chantiers Augustin Normand, au Havre, servit pendant la guerre comme mouilleur de mines sur la côte de Flandre d’abord, puis en Méditerranée orientale et dans la mer Noire..
- Fig. 3. — Lé salon du commandant du Pluton.
- de France aux Indes sans escales, le commandant Teste trouva la mort dans un accident d’avion. Il avait 32 ans !
- Le problème de l’emploi de l’appareil volant à la mer n’a pas été résolu, comme on pourrait le croire, par la création du type de navire porte-avion dont toutes les marines possèdent actuellement un ou plusieurs spécimens, 6 pour l’Angleterre jaugeant au total 115 000 tonnes, 3 pour les Etats-Unis avec 71 000 tonnes, 4 pour le Japon avec 68 890 tonnes, 1 pour la France {Béarn) avec 22 000 tonnes.
- Tous ces navires portent et peuvent conduire au large, à la suite des escadres ou en mission isolée, un nombre plus ou moins important d’avions à roues, qui prennent leur vol du pont même du navire disposé à cet effet, et reviennent s’y poser après avoir accompli leur mission.
- C’est à la base de cette conception que s’accroche une critique troublante.
- Considérons le cas d’un avion à roues s’envolant de son bâtiment caserne pour un raid maritime plus ou moins lointain. Si une panne se produit à une distance telle que l’avion désemparé puisse regagner le pont sauveur en vol
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- plané, le salut sera possible avec, tout de même, certains risques sérieux. Or, on estime que, en vol plané, ces appareils peuvent couvrir une distance égale à 6 fois l’altitude à laquelle ils se trouvent. En évaluant leur plafond à 5000 m, on voit que le rayon de leur aire de sécurité, en cas d’avarie du moteur, reste au maximum de 30 km.
- Si l’accident se produit à une distance supérieure à 6 fois l’altitude, il n’y a pas à dissimuler que l’appareil, incapable de flotter et son équipage forcé d’ammérir sont condamnés, sauf dans le cas bien aléatoire où un navire se trouvera, par chance, à portée de recueillir ceux qui auront survécu à la chute.
- Il est évident qu’en temps de guerre, la mission lointaine, avec son risque, sera acceptée et accomplie sans arrière-pensée par un commandant et un équipage ayant le sentiment du devoir et de l’honneur militaire. Mais en temps de paix ? Se trouvera-t-il un chef pour donner l’ordre qui fera franchir à l’avion la limite au delà de laquelle tout arrêt de moteur entraînera, selon toute vraisemblance, la catastrophe? Et de toutes façons voici l’avion à roues terriblement handicapé dans son emploi en haute mer.
- C’est sous l’empire de ces préoccupations qu’est née l’idée du navire porte-hydravions qui conduira son chargement au large. Ce genre d’appareil échappe évidemment à la critique qui vient d’être exposée, puisque, s’il est obligé d’ammérir, il a de grandes chances de pouvoir se maintenir à Ilots, en attendant que son navire-soutien, informé par T. S. F., vienne le repêcher.
- Il s’en écartera donc, sans arrière-pensée, aussi loin qu’il le faudra. Son utilisation sera évidemment meilleure.
- Fig. 4. — Élévation et plan du porle-hijdravlons Commandant-Teste.
- Depuis plusieurs années, on cherche, il est vrai, à réaliser un avion du type amphibie, lequel, portant des roues pour décoller du pont de l’aéronef, s’en débarrasserait une fois envolé en les laissant tomber à la mer et se transformerait en hydravion, grâce aux flotteurs dont il serait muni. Mais les recherches effectuées dans cette voie n’ont pas encore donné de résultats suffisants.
- Le Commandant-l este répond à la conception nouvelle. C’est un navire de 10 000 tonnes de déplacement avec 167 m de longueur, 27 m de largeur, 7 m 10 de tirant d’eau arrière. Ses machines, turbines Schneider-Zoelly, de 21000 chevaux conduisent 2 hélices, fournissant 20,5 nœuds de vitesse.
- Fig. 5, .— Le Commandant-Teste, porte-hydravions et base flottante de ravitaillement.
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- Son armement, peu développé, car le Commandant-Teste n’est pas destiné à combattre, comporte 12 canons de 10 cm et 8 de 37 mm.
- Sa forme est assez particulière. 11 est très haut sur l’eau, très ventru, pour pouvoir contenir son chargement spécial, ses flancs ont un fort devers, et il ressemble, en somme, assez aux pinasses du bassin d’Arcachon. On lui a donné une grande stabilité de plate-forme pour rendre plus aisées les opérations de repêchage des appareils, toujours délicates. Cette manœuvre s’opérera au moyen de cinq grues de grande portée placées deux sur les lianes de chaque bord du navire, et une sur le couronnement à l’arrière. Les appareils sont sortis des hangars, par ces mêmes grues, posés sur le pont où on procède au montage des ailes et transportés sur des catapultes, dont le Teste possède quatre exemplaires, au moyen desquels l’envol a lieu.
- Ces catapultes sont constituées par des poutres en fer de 20 ni de longueur, munies d’un chariot sur lequel l’appareil volant est fixé. Pour le lancement, ce chariot; est projeté par un palan ou moufle manœuvré à l’air comprimé à une vitesse de 90 km à l’heure. Le chariot, à bout de course, est stoppé par un frein à lames et en même temps les crochets qui retenaient l’avion se rabattent et celui-ci, qui a mis son moteur en marche à toute puissance, se trouve libéré et s’envole.
- Les appareils transportés par le Commandant-Teste appartiennent aux deux types dits de bombardement ou d’exploration. Tous sont logés, ailes repliées, dans un immense hangar qui occupe, sous le pont supérieur, toute la partie du navire, du mât de l’avant jusqu’à une petite plate-forme ménagée à l’extrême arrière. Les deux parties tribord et bâbord du hangar sont séparées par deux cloisons entre lesquelles passent les conduits de
- fumée, et où sont aménagés des locaux divers. L’arrière du hangar est fermé par deux grands rideaux de tôle manœuvrés mécaniquement qui s’ouvrent pour la rentrée des appareils déposés par les grues qui les ont repêchés et déposés sur la plate-forme arrière. La sortie du hangar s’opère par deux grandes ouvertures pratiquées dans le plafond du hangar ou pont supérieur et que ferment deux panneaux à coulisses. C’est par ces ouvertures que les grues viennent tirer les appareils pour les déposer sur le pont, où ils sont mis en ordre de marche avant de gagner la catapulte.
- Les aménagements divers et locaux d’habitation du Commandant-T este ont, bien entendu, été conçus d’après les données les plus modernes et sont semblables à ceux du Pluton.
- Les logements du commandant et des officiers sont placés à l’avant et à hauteur des passerelles. Deux ascenseurs font communiquer les différents ponts du bâtiment. Les officiers et l’équipage ont à leur disposition une buanderie, des salles de bains et de douches, une organisation hygiénique perfectionnée : distribution d’eau chaude et froide, ventilation par air chaud et froid, machines frigorifiques pour vivres, viande congelée et pour les munitions.
- Bien entendu, on trouve à bord du Commandant-T este tous les moyens d’effectuer les réparations, la mise au point de tous les appareils plus ou moins délicats qui entrent dans l’agencement d’un avion ou d’un navire. Des ateliers vastes et bien aménagés, un nombreux personnel spécialisé en assurent le fonctionnement.
- Ainsi muni, ce bâtiment est d’ailleurs considéré et catalogué comme une base flottante de ravitaillement auprès duquel tous les bâtiments d’une flotte peuvent trouver aide et assistance. C* Sauvaire-Jourdan.
- UNE LOCOMOTIVE A GRANDE VITESSE
- Depuis plusieurs mois, la Cie des Chemins de fer d’Orléaus fait circuler à titre d’essais sur la ligne Paris-Bordeaux une locomotive « Pacific » modifiée : cette machine, la machine 3566, a atteint des vitesses remarquables. C’est ainsi qu’en mars dernier elle a pu, remorquant un train de voyageurs, effectuer les 584 km qui séparent Paris de Bordeaux en 5 h 50 m, gagnant 27 minutes sur l’horaire du train le plus rapide.
- C’est là un splendide résultat; il montre, en passant, que la locomotive à vapeur, bien qu’appartenant à la catégorie en apparence désuète des machines à piston, reste l’engin le plus propre aux grandes vitesses sur voie ferrée : jusqu’ici la locomotive électrique n’a pu la battre.
- M. Chapelon, dans la Reçue générale des Chemins de fer, donne une description détaillée des modifications apportées aux anciennes « Pacific » et un exposé complet des résultats des essais effectués depuis fin 1929 avec la locomotive 3566 ainsi transformée.
- Cette machine dont les roues motrices mesurent 1 m 95 de diamètre est une machine compound (2 cylindres HP,
- 2 cylindres BP) à surchauffe. Mais la surchauffe, dans le système primitif, était insuffisante pour assurer une amélioration considérable du rendement; de plus, les cylindres basse ' pression n’en bénéficiaient pour ainsi dire pas. On avait constaté aussi l’utilité d’élargir le diamètre des tuyauteries de vapeur pour diminuer les contre-pressions. Enfin à la distribution par tiroirs a été substituée celle par soupapes. Le rendement de vaporisation de la chaudière timbrée à 16 kg a été amélioré au moyen d’un siphon Nicholson. La surchauffe de la vapeur a été portée à 400°, en substituant à l’ancien surchauffeur Schmitt à 26 éléments un surchauffeur Robinson à 32 éléments.
- La cheminée simple a été remplacée par une cheminée double et les sections de passage des gaz ont été agrandies, il en a été de même pour les sections de passage de vapeur.
- L’alimentation de la chaudière est assurée par un injecteur Friedman et un réchauffeur « Intégral » qui puise la vapeur de réchauffage sur la colonne d’échappe-
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- Fig. 1. — La locomotive 3566 du réseau Paris-Orléans, la plus rapide des locomotives françaises. (Pli. Roi.)
- nient et permet de réchauffer l’eau au delà de 1G0° avant son introduction dans la chaudière. Enfin l’ancien essieu a été remplacé par un essieu à manivelles équilibrées.
- Ces modifications ont permis d’augmenter très sensiblement la charge et la vitesse des trains antérieurement remorqués par les locomotives Pacific du même type; la machine consomme moins d’eau et de combustible que ses sœurs non transformées.
- Elle remorque couramment entre Les Aubrais et Bor-
- Fig. 2. •— La partie avant de la locomotive. (Pli. Roi.)
- deaux (460 km) un train de 450 tonnes à la vitesse nominale de 110 km-h avec un seul arrêt intermédiaire à Poitiers pour prise d’eau. Au cours de l’été 1932, 20 locomotives équipées sur le modèle de la 3566 seront mises en service.
- Fig. 3. — La locomotive vue de face.
- Elle est munie de boucliers empêchant la fumée de se rabattre sur les côtés et de gêner la vue du mécanicien. (Pli. Roi.)
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- LE NOUVEAU POSTE DE RADIODIFFUSION
- RADIO-PARIS
- Sur un vaste plateau en pleins champs, loin, de toute habitation, à 38 kilomètres au sud-ouest de Paris, sur le territoire de la commune dé Saint-Remy-lTIonoré, s’élève un petit bâtiment de modeste apparence et que rien ne signalerait à l’attention du passant, sans les trois minces et immenses pylônes hauts de 210 mètres qui l’entourent. C’est là que se trouvent les appareils d’émission du nouveau poste de radiodiffusion de la
- en projet ou en cours de réalisation des postes plus puissants et que l’on parle même d’un poste de 500 kilowatts en Russie. Les créateurs du poste de Saint-Remy-l’Honoré le savent; mais en France la radiophonie privée n’a que des ressources modestes, dues pour la majeure partie à la publicité en cours d’émission. Elle doit limiter ses ambitions et ne peut viser au « colossal ». Fort heureusement les habiles ingénieurs de la Société française
- Fig. 1. — Les pylônes du posie de Sainl-Remy-VHonoré.
- (Au premier plan : maisons du personnel; à l’arrière-plan: le poste).
- Cie française de Radiophonie, plus connu sous le nom de Radio-Paris; de fà doivent s’envoler désormais à travers l’espace concerts, causeries et conférences, issus du centre même de Paris.
- L’ancien poste d’émission de Radio-Paris à Levallois avait une puissance; de 17 kilowatts dans l’antenne; le nouveau poste a une puissance de 100 kilowatts dans l’antenne. C’est aujourd’hui le plus puissant des postés français et l’un des. plus puissants d’Europe. Il ne conservera du reste pas “longtemps cette suprématie, puisque des pays voisins comme l’Angleterre et l’Allemagne ont
- Radiotechnique qui a construit le poste savent faire « bonne chère avec peu d’argent ». Ils ont visé à améliorer la qualité et le rendement; un nouveau procédé de modulation imaginé par M. Chireix paraît devoir donner à cet égard des résultats remarquables.
- Toutefois les auditeurs de la capitale auront éprouvé une déception : la réception du nouveau poste est faible dans Paris et couverte, dans les récepteurs peu sélectifs, parla Tour Eiffel. Certaines mises au point sont encore indispensables. Aussi, a-t-on décidé de maintenir en activité provisoire le poste de Levallois.
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- Uauditorium. — Rappelons tout d’abord que les manifestations à diffuser émanent le plus souvent de l’un des trois auditoriums de la rue François Ier. Ceux-ci, un grand, un petit et un moyen, sont organisés acoustiquement de façon à éviter l’accès des sons extérieurs et à maintenir aux émissions sonores leur clarté et leur ampleur. Le grand auditorium destiné aux concerts importants offre une curieuse particularité : au lieu d’y étouffer toutes les réflexions sonores, on lui a ménagé un écho moyen qui maintient en quelque sorte le relief de l’orchestre.
- Le câble téléphonique. — Les sons sont recueillis et traduits en courants électriques par-des microphones, puis transmis par câble téléphonique souterrain au centre de Saint-Remy-l’Honoré. Ce câble de'liaison est un câble pupinisé, spécialement établi en vue de la transmission, sans distorsion, de toutes les fréquences comprises entre 30 et 10 000 périodes par seconde, domaine assez large pour amplement satisfaire aux plus rigoureuses exigences de la parole, du chant et de la musique. 11 possède 3 paires de conducteurs affectés à la radiodiffusion et 4 paires de conducteurs téléphoniques ordinaires. 11 est soigneusement soustrait à toute perturbation extérieure. Il lui est adjoint un correcteur d’amplitude et un amplificateur terminal, situé au premier étage du centre d’émission, dans un local entièrement blindé, et par suite soustrait à l’effet de l’antenne. Ce sont les courants issus de cet amplificateur qui moduleront l’onde porteuse produite par le poste.
- L’émission. •— Le poste émetteur est du type classique dit à haute fréquence modulée et lorsqu’il fonctionne suivant le dispositif usuel, il possède une puissance-antenne de 80 kilowatts. Mais l’emploi du système de modulation Chireix permet de porter cette puissance à 120 kilowatts, lorsqu’on le désire.
- Comment est produite l’onde de 1725 mètres de longueur envoyée dans l’antenne ? Pour avoir une émission de qualité aussi parfaite que possible, il faut que cette onde soit pure, stable et puissante. Pureté signifie qu’elle n’a pas d’autres déformations que celles qui lui sont imprimées à dessein par la modulation.
- Voici les moyens employés à cet èffet. -
- Une première onde de très faible puissance, mais rigoureusement pure, et d’une fréquence invariable à 50 périodes près, c’est-à-dire à 1/2000 près, est produitey. par un oscillateur à lampe contrôlé à l’aide d’un cristal de quartz piézo-électrique. Ce quartz, maintenu à température constante, a une fréquence propre invariable qu’il impose au système. L’ensemble constitue ce qu’on appelle le « maître-oscillateur ». Il est alimenté par des sources de courant qui lui sont spécialement affectées et de grande stabilité.
- L’onde issue du maître-oscillateur est ensuite amplifiée en deux étages à quelques dizaines de watts. C’est sur le deuxième étage de cette amplification qu’intervient la modulation par le courant microphonique issu du câble.
- Ainsi modulé, le courant haute fréquence est amplifié une première fois par un amplificateur muni de
- Fiq. 2: .
- Façade du centre d'émission ' de Saint-Rermj-VHonoré.
- deux lampes triodes de quelques centaines de watts.
- Pour arriver aux 80 ou 100 kilowatts dans l’antenne, on recourt à deux nouveaux étages d’amplification : le second étage est constitué par deux ensembles identiques fonctionnant en parallèle, équipés chacun avec deux lampes triodes de 15 kilowatts utiles, mais travaillant à faible puissance, et dont les anodes sont refroidies par une circulation d’eau. Ce second étage est lui-même suivi d’un dernier étage, constitué également par deux ensembles travaillant en parallèle, équipés chacun avec 6 lampes triodes à circulation d’eau, équipées à 20 kilowatts. L’amplification ainsi réalisée à partir des courants téléphoniques issus de l’auditorium est de l’ordre du million. Un circuit d’antenne termine ce dispositif.
- Tous les appareils d’émission sont rassemblés au premier étage de la station de Saint-Remy. Un pupitre général porte tous les organes nécessaires à la mise en marche et à l’arrêt du poste, ainsi que les appareils de signalisation
- Fig. 3.
- La descente d'antenne
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- permettant la localisation immédiate d’un dérangement éventuel. Derrière ce pupitre un meuble d’émission contient au centre le maître oscillateur et les étages d’amplification de petite puissance; puis de part et d’autre de celui-ci les ensembles constituant le 2e étage d’amplification ; les triodes du 3e étage sont montées dans des tourelles spéciales, en dehors du meuble.
- Le courant électiàque nécessaire à l’alimentation des diverses lampes d’émission : courants de chauffage, tensions d’anodes, polarisations de grille, est emprunté à un réseau de distribution extérieur : le courant continu nécessaire à l’alimentation des anodes des lampes à circulation d’eau est fourni, à partir de courant triphasé à 15 000 volts, par un redresseur à vapeur de mercure de 225 kilowatts sous 12 000 volts, placé au premier étage de la station.
- Des dispositions spéciales sont prises pour réduire les harmoniques rayonnés par les circuits d’émission. A cet effet les circuits oscillants de chaque étage d’amplification sont coùplés au suivant par capacité; dispositif qui affaiblit les harmoniques. Le même mode de couplage est employé pour l’antenne.
- La modulation. — Quelques mots sur le système de
- Fig. 4.
- Une des tourelles portant les triodes à circulation d'eau.
- modulation Chireix qui est la nouveauté essentielle du poste.
- Le procédé de modulation classique est le suivant : à la lampe du dernier étage d’un amplificateur haute fréquence, on fait agir les couraxits microphoniques sur le circuit grille; la grille se trouve ainsi soumise, d’une part à xine tension oscillante, à haute fréquence, sinusoïdale si l’onde est pure, et d’autxe part à une tension dont l’amplitude varie à la fréquence des courants téléphoniques. Ces deux tensions se composent, et le ..courant envoyé dans l’antenne est modulé : à l’onde pure de l’émetteur ont été superposées des déformations qui tx-a-duisent les courants mierophoniques. La théoxle montre que le rendement des appareils augmente quand la tension maxima appliquée à la grille est aussi élevée que possible; par contre pour avoir une modulation aussi poussée que possible, il faut qu’en l’absence de modulation, la tension appliquée à la gril,le reste toujours bien au-dessous du maximum admissible, de façon que celui-ci, lors de la nxodulation, ne soit pas dépassé. Finalement le rendement du dernier étage, avec ce svstème, ne peut dépasser 35 à 40 pour 100.
- Dans le procédé Chireix, on xxe module plus l’amplitude de la tension appliquée aux grilles. L’émetteur peut alors fonctionner constamment avec des coxirants d’excitation élevés sur la grille et par suite un rendement excellent. Un ingénieux artifice permet néanmoins de réaliser la modulation profonde du courant dans l’antenne. A cet effet, le dernier étage d’amplification est partagé en 2 groupes, accouplés de telle sorte que les courants envoyés par eux dans l’antenne s’ajoutent ou se retranchent, soit partiellement, soit totalement, cette composition étant réglée suivant le rythme des courants microphoniques qui la commandent. On conçoit qu’on puisse obtenir ainsi dans l’antenne un courant parfaitement modulé, sans avoir modifié le rendement de l’oscillateur-amplificateur. Le moyen pratique employé pour arriver à ce résultat est d’agir sur la phase de la tension appliquée aux grilles des dernièi'es lampes de chaque groupe. C’est leur différence de phase qui varie au rythme des cnui'ants traduisant les sons et qui se retrouve dans les courants envoyés à l’antenne. Ceux-ci s’additionnent plus ou moins complètement suivant la valeur de cette différence de phase. On peut atteindre ainsi pour le dernier étage de l’émetteur un rendement de 60 à 65 pour 100.
- L’antenne. — Quant à l’antenne, elle est supportée par 3 pylônes haubanés de 210 m de, haut au sommet d’un triangle équilatéral de 315 m de côté. La descente d’antenne verticale est au centre de gravité de ce triangle, au voisinage immédiat du bâtiment d’émission. La nappe d’antenne a la forme d’un triangle équilatéral de 160 m de côté et a les caractéristiques suivantes : 8/1000 mfd de capacité, longueur d’onde propre 2000 m, résistance 16 ohms, hauteur effective 140 m. Enfin un réseau de 15 000 m de fils enterrés et de bandes de cuivre servant de collecteurs constitue la prise de terre.
- Le nouveau Radio-Paris rendra, il faut l’espérer, à la radiophonie française un rang honorable parmi ses émules étrangers. A. T.
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- Fig. 5.
- Le premier étaye de la station d'émission : au premier plan: le pupilre de commande; derrière lui: le meuble d'émission ; à gauche : une des tourelles du dernier étage d’amplification ; au fond à droite : meuble contenant le redresseur à vapeur de mercure.
- .... = LA NEOCULTURE
- L'ARROSAGE PAR CANALISATION SOUTERRAINE
- La circulation de l’eau à la surface du sol, pour l’irrigation des terres arables et horticoles, présente des inconvénients plus ou moins marqués, suivant le système adopté.
- Le tassement de la terre et la formation, à la surface du sol, par dessiccation, d’une croûte qui enserre le collet des plantes empêchent l’aération et réchauffement des couches sous-jacentes, favorisent l’ascension de l’humidité par l’action capillaire, et son évaporation, etc.; de nombreux binages sont nécessaires, surtout en terrains argileux.
- 11 peut se produire des ravinements qui déchaussent les racines, alors que la terre est accumulée ailleurs.
- La distribution de l’eau n’est pas toujours uniforme; certaines parties du sol en reçoivent trop, d’autres pas assez. Dans le premier cas, la terre gorgée n’a pas une température suffisante, l’aération se fait mal, la vie des microbes utiles en souffre, les racines des plantes peuvent contracter le pourridié, les arbres à fruits à noyau, la maladie de la gomme. L’excès d’eau entraîne dans les profondeurs une partie des sels-aliments. Il favorise les
- maladies eryptogamiques, en particulier les moisissures sur les jeunes plants, les limaces, les mauvaises herbes, ce qui exige de nombreux sarclages.
- Une certaine quantité de liquide se perd par ruissellement, une autre par évaporation: Son volume doit être exagéré, relativement aux besoins du sol et des plantes.
- La surface réellement cultivée est diminuée de l’étendue occupée par les rigoles et canaux, dont la présence gêne encore le passage des instruments de culture.
- Ajoutons aussi que l’aménagement de la canalisation, la direction à donner à l’eau, demandent du temps et de la main-d’œuvre. ' •
- Le système qui consiste à faire circuler le liquide dans des rigoles profondes (infiltration) est le moins critiquable.
- Mais plus rationnel encore et remédiant à la plupart des inconvénients signalés, est celui qui amène l’eau sous les plantes mêmes, d’où elle remonte par capillarité : c’est l’irrigation interne, ou souterraine, l’arrosage par en dessous.
- La terre n’est plus alors gorgée d’eau, la couche supérieure ne s’encrasse pas, à la surface une épaisseur de
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- 4 à 5 cm reste meuble et sèche, cela au moins dans quelques systèmes.
- Une remarque curieuse : les radis seraient plus facilement exposés aux attaques des mille-pattes.
- On réalise donc une économie d’eau, ce qui est important, surtout dans les régions où elle est rare et coûte cher. On peut aussi faire dissoudre les engrais solubles dans le réservoir d’alimentation.
- Mais il est certain que l’arrosage à l’arrosoir, ou à la rigole, s’impose ici aussi, au moment de la mise en place des jeunes plants.
- Ecartons le procédé par trop simpliste qui consiste à tracer, avec la charrue-taupe, une canalisation souterraine de drains naturels, l’appareil perçant seulement la terre, si l’on peut dire technique appliquée surtout dans un nouveau mode de drainage et qui exige un sol d’une certaine consistance. Il est à craindre, ici, que les parois trop imprégnées d’eau ne se désagrègent.
- Il faut donc établir une conduite résistante, en briques creuses, tuyaux (terre cuite, ciment armé, fer, etc.), laissant sortir le liquide par des trous, ou simplement par les joints restés libres, ou encore par les pores.
- Fig. 1. — Détails d’un conduit souterrain. D, canalisation de surface, p, raccord, C, C,, conduit souterrain.
- On conseille de donner la section elliptique à ces tuyaux, pour augmenter leur surface.
- Un dispositif simple peut être le suivant.
- Drains de 7 à 10 cm de diamètre, disposés bout à bout, sans manchon, ou emboîtés l’un dans l’autre, placés à 30 à 40 cm de profondeur, en lignes distantes de 1 m 50, et suivant la longueur de la planche à irriguer, qui ne doit pas dépasser une quarantaine de mètres.
- La conduite se termine en tête par un tube vertical, dans lequel on verse l’eau.
- S’il s’agit d’une serre, il est possible d’utiliser l’eau de pluie, la gouttière étant en communication avec les tuyaux verticaux.
- La pente des drains ne devant pas dépasser 2 mm par mètre, si la déclivité du sol est trop prononcée, on modifie l’orientation et l’emplacement des conduites, ou bien on les dispose en escalier, de façon qu’elles soient toujours à la même profondeur.
- L’arrosage souterrain n’est pas sans prêter à quelques critiques. Ainsi, les tuyaux ne peuvent-ils pas être obstrués par les racines ? Il faut une certaine expérience pour déterminer la profondeur la plus convenable à laquelle ils doivent être placés, comme aussi pour espacer les lignes, etc., suivant la nature du sol, les plantes cultivées, le climat. La dépense de première installation n’est-elle
- pas exagérée pour le bénéfice escompté, surtout si le système n’est pas facilement déplaçable ?
- Ce système ne convient guère qu’aux récoltes très rémunératrices, cultures maraîchères ou florales, pépinières, serres, etc. On verra, cependant, des résultats intéressants obtenus avec des plantes de grande culture.
- Signalons ici que MM. Munson et Shepard (Etats-Unis) ont noté, dans des expériences comparatives, une augmentation de rendement des radis, de 14,5 pour 100; de plus, la proportion des racines de belle qualité était supérieure de 16 pour 100.
- D’après M. Descours-Desacres, le Syndicat d’irrigation souterraine, propriétaire des brevets pris en la matière, a fait procéder, en 1928 et 1929, à des expériences, à Grasse, Perpignan et au Maroc, qui ont donné de bons résultats.
- Le système d’irrigation par canaux souterrains, étudié depuis quelques années aux Etats-Unis, en Italie, en Russie, en France, etc., n’est cependant pas tout à fait nouveau, et on ne peut affirmer qu’il soit réellement d’origine américaine.
- Il y a longtemps cjue son principe est connu et mis en pratique dans certaines régions viticoles du Midi, où l’on traite le phylloxéra par la submersion hivernale. Là , on a dû, dans quelques situations, faciliter l’expulsion de l’eau qui noyait les vignes, par un système de drainage bien établi. Or, c’est cette canalisation souterraine que l’on met à profit en été, en y refoulant de l’eau, pour irriguer le vignoble.
- Quoi qu’il en soit, on peut ranger les divers dispositifs d’arrosage par en dessous en deux groupes principaux.
- Le premier est celui où le liquide descend dans la canalisation par le seul effet de la gravité, c’est-à-dire naturellement; il comprend les appareils les plus nombreux, comme aussi les plus simples (systèmes Serna-giotto, Lee, Sanford-Monterisi, Samarani, etc.).
- Dans le second, l’alimentation des conduits souterrains s’opère automatiquement, grâce à la force aspirante du sol (système Korneff).
- On imagine aisément que ce dernier est plus compliqué, et demande plus de soins dans l’installation, donc plus de frais. Mais il donne aussi de meilleurs résultats, l’eau arrivant dans le sol sans arrêt, aussi longtemps que ce dernier en a besoin, et à la dose qui lui est nécessaire. Il ne risque donc pas d’être gorgé de liquide, ainsi que cela peut se produire avec les autres systèmes, quand les bouches d’alimentation en reçoivent trop.
- SYSTÈME PAR GRAVITATION
- Parmi ces derniers, l’installation Sernagiotto, expérimentée d’abord à Cagliari (Sicile), est une des pjus simples, ne nécessitant que des matériaux que l’agriculteur peut se procurer facilement, et que l’on peut récupérer en bon état, lorsque la canalisation doit être supprimée ou déplacée.
- Mais elle ne convient pas pour les sols trop perméables, reposant sur un sous-sol lui-même perméable.
- Les conduits souterrains sont en briques creuses à deux trous, alignées à plat bout à bout, sans joints, avec
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- une pente de 2 mm à 2 mm 5 par mètre, au fond de tranchées de 20 cm de profondeur en terrain léger, 30 cm en terrain de consistance moyenne (dans les terres plus compactes, des expériences sont nécessaires pour déterminer la profondeur et la pente qui conviennent le mieux).
- Les lignes sont espacées de 2 m à 2 m 50, suivant la nature du sol et les cultures. Elles se relèvent aux deux extrémités, Tune se raccordant au canal distributeur, l’autre ne sortant de terre que de 20 à 30 cm, pour permettre à l’eau de prendre une certaine charge. Son orifice est muni d’un couvercle, pour empêcher l’introduction de matières solides ou de petits animaux.
- Le liquide est fourni par un canal distributeur à ciel ouvert, en briques ou en ciment, occupant un bord du champ, normalement à la direction, des conduits souterrains, et à. un niveau supérieur à celui de ces derniers.
- 11 y descend à travers autant de bouches percées dans le fond qu’il y a de conduits à alimenter.
- Ces bouches sont raccordées avec chaque conduit par une pipe formée de deux briques creuses assemblées à angle droit avec du ciment. Un raccord semblable est disposé à l’autre extrémité du conduit.
- Un ne donne de l’eau que durant 10, 20, 30 minutes, selon le cas.
- Ainsi qu’il a été dit, ce système, comme tous ceux analogues, exige une certaine surveillance, pour que la terre ne reçoive pas trop d’eau et ne soit pas imprégnée à la surface. 11 réclame plus de liquide que celui de Kornefî, tout en en demandant trois fois moins que ce que l’on emploie avec l’arrosage en surface. Comparativement à ce dernier, la superficie utilisable est un quart et même un tiers plus élevée (maïs, betteraves, tomates, tabac).
- L’inventeur évaluait, en 1928, le coût de l’installation, par hectare, à 8000 lire : 20 000 briques à 200 fr, 4000 fr ; 4000 m de fossés à 0 fr 20, 800 fr ; 100 m de canal de tête à 12 fr, 1200 fr; 80 m de canal à 1 fr, 80 fr; 40 bouches de prise, 80 fr; pose et couverture des briques, 800 fr; frais généraux et imprévus, 520 fr; intérêt à 7 pour 100 des sommes engagées, 520 fr.
- La dépense peut être amortie en deux années, et même une seule, d’après l’auteur, avec la supériorité des rendements obtenus (orge, luzerne, maïs, fèves, haricots).
- SYSTÈME AUTOMATIQUE
- Le système Kornefî' (professeur à l’Université de Leningrad), d’abord expérimenté en Ukraine, présente les caractéristiques suivantes.
- Tuyaux en poterie poreuse reliés par un joint élastique, enterrés à 40 à 50 cm, dans des tranchées ouvertes avec la charrue, espacées de 1 m 75 (pour la culture maraîchère), avec une pente de 2 à 3 mm par mètre.
- S’il y a pénurie d’eau dans la région, et pour des cultures très rémunératrices, cimenter le fond des tranchées.
- Une extrémité se relève verticalement hors du sol,, et porte un ballon de contrôle et un robinet servant à
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- Fig. 2.
- Le système d’irrigation Sernagiolio, par gravitation.
- A, dispositif central de distribution; JS, réservoir,
- C, canalisation principale; Ip, conduits souterrains;
- 6, oriffice terminal,
- évacuer l’air de tout l’appareil, à mesure qu’il se remplit. L’autre extrémité, relevée pareillement, est attelée à la conduite générale, placée à la surface du sol, qui reçoit ainsi, à droite et à gauche, les conduits latéraux qui lui sont perpendiculaires.
- Cette conduite générale d’alimentation plonge dans un petit bassin d’une cinquantaine de litres, placé en contre-bas du sol. Mais avant, elle fait un coude vertical, sur lequel sont intercalées deux ampoules en verre qui permettent de surveiller la marche du liquide.
- Le petit bassin communique avec le réservoir général d’alimentation, et son niveau constant est maintenu au moyen d’une valve commandée par un flotteur.
- Pour l’irrigation des arbres, les tuyaux poreux sont disposés verticalement entre les racines. Us sont fermés en bas, et reliés en haut, à la surface du sol, par des
- ' Fig. 3
- Dispositif Korneff modifié 'par Bordas (coupe et plan).
- (L’eau en charge passe directement du bassin dans les tuyaux poreux souterrains.)
- Valve tarée
- : Collecteur
- V. Tuyau répartiteur
- Conduits simple;
- 3D [
- Bassin
- //////////,77?7'f/r,
- O C
- Emissaire
- / Flotteur Valve tarée
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- tuyaux élastiques, d’une part aux ballons de contrôle, d’autre part à la conduite maîtresse.
- La terre en contact avec les tuyaux humides absorbe l’eau, qui monte dans sa masse par capillarité. Le liquide ainsi soutiré par succion produit, dans la canalisation, une dépression, qui est comblée par l’atmosphère agissant sur le réservoir d’alimentation.
- Ainsi, un courant s’établit jusqu’à ce que l’attraction produite par le sol n’ait plus qu’une force égale à la colonne liquide montante.
- MM. Bordas et Mathieu, de la Station agronomique d’Avignon, ont apporté quelques modifications à cet agencement. Ainsi, la valve du flotteur, dans le petit bassin, est pourvue d’une tige graduée permettant de régler le niveau de l’eau au point désiré. Cela évite notamment le désamorçage des tuyaux poreux et des siphons pneumatiques, du fait de la présence de gaz dissous dans l’eau, et de l’augmentation de la pression interne due à la variation de la température et de la tension saturante de la vapeur d’eau.
- La force de succion du sol, un des facteurs qui permettent d’apprécier la profondeur et la distance auxquelles il faut placer les tuyaux, est mesurée avec un appareil manométrique en relation avec une bougie poreuse enterrée dans le sol.
- Nous rappellerons que M. C. F. Shaw a vérilié que cette force de succion ne peut pas être évaluée à l’aide de tuyaux, ou d’ampoules, en terre cuite ou en porcelaine, parce que ces matières poreuses possèdent elles-mêmes une grande force de succion pour l’eau.
- Le dispositif Korneff, outre les avantages généraux que nous avons déjà indiqués, est celui qui réalise la plus grande économie d’eau (5 à 7 fois moins que pour l’arrosage ordinaire en surface). Malheureusement, le prix de l’installation est élevé, 15 000 à 20 000 fr par
- hectare, dit M. Bordas, qui ajoute, cependant, qu’étant donné l’économie de liquide et d’entretien, et surtout la supériorité des rendements des récoltes, on peut envisager un amortissement assez rapide.
- L’aiiteur cite le cas de la culture comparative du maïs : hauteur moyenne des pieds, 3 m 5 (2 m 5, avec irrigation en surface; 1 m sans irrigation); 97 quintaux de grains à l’hectare (53 quintaux; quantité insignifiante).
- Ajoutons que si la force de succion du sol est en défaut (généralement au-dessous de 40 cm de profondeur pour la Station d’Avignon), on emploie le système d’alimentation par voie libre, ou système Korneff ouvert, en utilisant le principe des vases communicants.
- Le fond des tranchées est construit en caniveaux de 20 à 30 cm de hauteur, en ciment, béton, ou autre matière imperméable. Les tuyaux en place, on comble avec du sable très fin de rivière, puis avec la terre extraite.
- Chaque tuyautage communique par un siphon avec un petit bassin ouvert, à niveau constant.
- *
- * *
- Certes, l’arrosage par canalisations souterraines n’est pas applicable aux grandes cultures.
- Mais en horticulture, et aussi en culture intensive de fleurs, de primeurs, de plantes médicinales, et autres productions de valeur, là où l’eau est rare, il peut être envisagé, après des essais suffisants pour établir un bilan exact de rendement.
- C’est à ce titre que nous avons voulu le signaler aux lecteurs de La Nature.
- Anton in Bolet,
- Ingénieur Agronome
- Professeur à l’Ecole d’Agriculture' d’Antibes.
- LES VÉHICULES A PNEUMATIQUES SUR VOIES FERRÉES
- LES “ MICHELINES ”
- Dans le numéro du 1er juin 1931, La Nature a mentionné les essais effectués sur voie ferrée avec des automotrices aux roues munies de pneumatiques. Depuis ce moment, la question n’a pas cessé de faire l’objet d’études persévérantes chez Michelin; des améliorations importantes ont été réalisées, d’intéressants résultats obtenus, et l’heure des applications pratiques semble avoir sonné.
- Dans les nouveaux modèles, le bandage placé sur la roue de l’automotrice est un véritable pneumatique, c’est-à-dire comporte une chambre à air comme le pneu de nos automobiles, mais on conçoit qu’il ait dû être disposé et construit d’une manière toute différente.
- La première difficulté, en effet, consistait à maintenir la bande de roulement sur le rail, qui offre une largeur utile de roulement de 4 à 5 cm seulement. Les roues des wagons Usuels portent un boudin latéral servant au guidage, il vient frotter contre le rail quand se produit un déplacement latéral pouvant normalement atteindre trois centimètres. Pour assurer la tenue de voie, on compte du reste surtout sur le poids considérable qui presse la roue sur le rail (fig. 1).
- Le problème est tout différent pour l’automobile, la surface de roulement est relativement beaucoup plus grande, et l’emploi des pneumatiques ordinaires ne peut être envisagé.
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- Une autre difficulté provient du poids relativement faible de la « Micheline », puisque tel est le nom déjà populaire du véhicule mis en service par la société Michelin. Grâce au caoutchouc, en effet, l’adhérence est acquise avec un poids du véhicule beaucoup plus faible que dans le cas où celui-ci n’a que des roues en fer.
- Ce poids réduit est manifestement un des principaux avantages du nouveau système de transport, il est de l’ordre de 175 kg seulement par voyageur, c’est-à-dire près de sept fois moins que pour un wagon ordinaire au complet, et il est même inférieur à celui d’un autobus de même capacité. On peut, en effet, réaliser une voiture j'dus légère pour le transport sur rail puisque les chocs sont moins à craindre.
- Ce n’est pas assez de Mire que la voiture à pneus peut être légère, il faut qu’elle le soit. Sur la bande étroite du rail ne peuvent, en effet, rouler que des pneus étroits, tolérant au maximum l’application d’une charge de 1400 kg par essieu.
- D’autre part, la voie ferrée présente des points délicats, des aiguilles difficiles, des affaissements aux joints de rails de l’ordre de plusieurs millimètres, des variations d’écartement entre rails pouvant atteindre jusqu’à trois centimètres et demi. Sous l’influence de ces irrégularités un véhicule léger peut sortir des rails, prendre des mouvements de « galop » ou de lacets.
- Ces difficultés ont pu être surmontées grâce à la forme de la roue et aux caractéristiques spéciales du pneumatique.
- La roue est en tôle emboutie à voile plein, elle a l’aspect général d’une roue de wagon. Elle est munie du côté interne d’un boudin circulaire qui l’empêche de sortir des rails.
- L’enveloppe est du type «à tringle», c’est-à-dire qu’elle est maintenue par chacun de ses bourrelets, à l’aide d’une tringle en métal, qui l’empêche de sortir de sa jante. Un cercle métallique amovible est placé du côté externe de la roue après le montage de l’enveloppe, la jante est, d’ailleurs, plate.
- Le profil de l’enveloppe est dissymétrique en raison de l’inclinaison normale du rail, et dans le but de ramener
- Fig. 2. — Les roues de la Micheline. (Pli. Roi.)
- Roue d'acier
- Joue de la roue
- y Table de (A roulement
- Boudin
- 4- cm.
- Pneumatique
- Patin du rail
- Champignon
- Fig. 1. — Coupe d’une roue de wagon en acier el d'une roue à pneumatique.
- automatiquement la voiture dans l’axe de la voie quand il se produit des déplacements latéraux.
- 11 était nécessaire, de plus, d’éviter tout danger consécutif à une crevaison se traduisant par un affaissement anormal d’une roue. Le pneumatique est donc muni d’un appareil avertisseur de dégonflement qui communique avec un tableau placé sous les yeux du conducteur, et qui siffle lorsque la pression dans la chambre à air a diminué de 1 kg.
- De plus, lorsque la pression, habituellement de 6 kg, tombe au-dessous d’une certaine valeur-limite, une couronne rigide vient en contact avec l’enveloppe, et la soutient sans que l’affaissement de la roue puisse dépasser environ 1 cm.
- Les premiers essais effectués avec les véhicules à pneumatiques ont commencé en 1929. De nombreuses expériences se sont poursuivies sur des lignes de montagne et neuf types ont été successivement établis.
- Le modèle actuel à 24 places comporte à l’avant un bogie-moteur à trois essieux et à l’arrière un bogie-porteur à deux essieux. Le moteur est un 20 ch de fabrication Panhard.
- Le poids à vide de ce véhicule est de 4370 kg, sa charge utile de 2160 kg, soit un poids en charge de 6350 kg. Le rapport de la charge utile au poids total dépasse donc légèrement 33 pour 100. La vitesse normale en palier est de 90 km à l’heure, et elle a pu être poussée à 100 km à l’heure. Toutes les roues sont freinées et le changement de vitesse avec un inverseur permet de marcher aux mêmes allures dans les deux sens. Dans ces conditions, les cinq essieux portent chacun à vide 874 kg et en charge 1306 kg, valeur qui demeure donc suffisamment au-dessous du maximum indiqué plus haut.
- Les nombreux essais tentés jusqu’à présent ont bien montré que grâce à l’excellente adhérence des pneumatiques sur le rail, adhérence qui atteint 0,62, c’est-à-dire le triple de celle de la roue d’acier, les démarrages et les arrêts peuvent s’effectuer très rapidement, malgré le poids réduit de l’automotrice. Alors qu’un train à 80 km à l’heure s’arrête normalement en 1000 mètres, une « Micheline », à la même vitesse, peut s’arrêter en 100 m. De même, alors qu’un train met plus de 1500 m pour arriver à une vitesse de régime de 80 km à l’heure, le même résultat peut être atteint en 600 m avec une automobile sur rails.
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- Ainsi, une vitesse commerciale élevée peut être facilement atteinte, même sur des voies médiocres. Sur un parcours de 50 km, une automotrice transportant 18 personnes et ayant une vitesse maximum de 100 km à l’heure a pu réaliser une vitesse commerciale de 90 km avec une consommation d’essence de 195 litres aux 100 km.
- Sur un parcours de 20 km, avec neuf arrêts de 30 secondes, la vitesse commerciale obtenue a pu être encore de 53 km à l’heure, soit environ le double de celle d’un train à vapeur dans les mêmes conditions.
- La sécurité est demeurée suffisante, même en présence d’eau sur les rails par suite de brouillard ou de légère
- le transport rapide sur plusieurs centaines de kilomètres de centaines de voyageurs ou de milliers de tonnes de marchandises sans ces grands trains à multiples wagons qui restent sans rivaux pour la rapidité et la sécurité ?
- C’est sur les lignes secondaires dont le trafic, comme le montrent les statistiques, est en décroissance continue, que l’automotrice sur rails peut rendre des services importants. La fréquentation moyenne des lignes secondaires n’est, en elfet, que d’un voyageur au kilomètre parcouru, de sorte qu’on est obligé d’utiliser des trains avec mécanicien, chauffeur et deux agents pour transporter quelques dizaines de voyageurs qui pourraient
- Fig. 3. — La Micheline. Ce véhicule de 24 places a été ulilisé au cours, de récents essais. (Ph. Michelin.)
- Fig. 4. — L’avant de la Micheline. (Ph. Roi.) Fig. 5. — Vue arrière de la Micheline. (Ph. Roi.)
- pluie. Les pneus avant chassent l’eau déposée sur la table supérieure des rails, et les pneus suivants conservent leur adhérence normale.
- Enfin il suffit généralement, outre le mécanicien, d’un seul agent sur une automotrice, ou même sur une ligne d’un seul mécanicien contrôleur, et on pourrait prévoir l’emploi d’un assez grand nombre d’automotrices circulant « à vue », comme des automobiles, puisque leur souplesse de marche est presque aussi grande que celle des automobiles ordinaires.
- 11 ne saurait être question de remplacer tous les trains de voyageurs ou de marchandises par des automotrices à pneumatiques ; comment, en effet, concevoir
- facilement trouver place dans une automotrice conduite par un conducteur receveur; en cas de. grande affluence, (jours de marché, fêtes locales, etc...) il serait très facile de mettre en route un convoi d’autôtnotrices au lieu d’une seule.
- Les essais effectués officiellement montrent que cette application particulière, mais importante pourrait être dès à présent réalisée dans l’intérêt des compagnies de transports et des voyageurs. En ce moment où le déficit des chemins de fer est si grave, des économies de ce genre ne sont sans doute pas à dédaigner.
- P. IIémardjnquer.
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- RÉCRÉATIONS MATHÉMATIQUES
- TROUVER UN NOMBRE PENSÉ
- Dans La Nature, n° 2859 du 15 juin 1931, M. Thibout a donné la règle suivante sans la démontrer. Une personne pense un nombre de 5 chiffres. On lui demande d’effectuer les opérations suivantes :
- Ajouter 142.857 au nombre choisi.
- Multiplier par 7.
- Ajouter 1.
- Barrer le premier chiffre à gauche.
- Multiplier par 143.
- Pour avoir le chiffre pensé, on prend les deux premiers chiffres du résultat suivis des trois derniers.
- Voici la démonstration, elle montrera qu’il y a un cas où la règle n’est pas exacte.
- Démonstration. — Divisons le nombre pensé en 2 tranches ; celle de droite ayant 3 chiffres.
- Soient a la tranche de gauche, b celle de droite. Le nombre est 1000 a + n.
- On ajoute 142.857 ce qui donne 1000 a + b + 142.857
- On multiplie par 7,ce qui donne 7000 a + 7 b + 999.999
- On ajoute 1, ce qui donne 7000 a + 7 b + 1.000.000.
- On barre le 1er chiffre à gauche. Or, le nombre pensé est compris entre 10.000 et 99.999 inclus, qui donneraient respectivement :
- 10.000 99.999
- 142.857 142.857
- 152.857 242.857
- X 7 X 7
- 1.069.999 1.699.992
- + 1 + 1
- 1.070.000 1.699.993
- Le dernier chiffre à gauche est donc nécessairement 1, et occupe le 7e rang. Le barrer revient à retrancher 1.000.000. Le résultat obtenu alors est donc 7000 a-f 7 6. (1)
- On le multiplie par 143.
- (7000 a + 7 b) x 143 = 1.001.000 a + 1001 b.
- = 1.000.000 a + 6 + 1000 (a+ 6).
- Le 1er et le 3e termes de cette somme sont terminés par 3 zéros; les 3 derniers chiffres à droite du total forment donc le nombre 6.
- En ce qui concerne le nombre a, 2 cas:
- 1° 1000 {a + 6) <1.000.000, c’est-à-dire a + 6 < 1000, la somme a + 6 représente les mille dans le résultat, et la classe des millions est le nombre a.
- 2° 1000 (a + 6) + 1.000.000, c’est-à-dire a + b 1000, la classe des millions est le nombre a, augmenté des mille de la somme a + 6, c’est-à-dire de 1.
- Pour avoir a, il faut donc diminuer de 1 le nombre formé par les 2 chiffres de gauche du résultat.
- Exemple : 45.976 dans lequel 45 + 976 = 1.021 1000.
- 45.976 + 142.857 = 188.833
- 188.833 X 7 — 1.321.831
- 321.832 x 143 — 46.021.976
- Remarques. — I. Le nombre obtenu avant la multiplication par 143 est égal à (1000 a + 6) X 7, c’est-à-dire au produit par 7 du nombre primitif. Après multiplication par 143, le nombre pensé est multiplié par 7 X 143 = 1.001.
- Représentons le nombre par m n p q r; le résultat final peut s’obtenir par l’opératÿm ci-dessous :
- m n. p q r. 000 + m n. pqr
- Les 3 premiers chiffres à droite de la somme forment bien le nombre pqr.
- La classe des mille de la somme, est la classe des unités de la somme pqr + mn.
- Si cette somme est inférieure à 1000, la tranche de gauche est bien mn; sinon, elle est mit + 1.
- IL Pour que pqr + mrc+>1000,il faut que p, augmenté du report des dizaines soit +* 10. Or le report ne peut être que de 1. II faut donc que p + 1 +- 10; ce qui exige p — 9.
- Donc on évitera le cas gênant, en imposant la condition suivante : dans le nombre pensé, le chiffre des centaines sera différent de 9. Mme Lemoine.
- ~ L’ALCOOL ISOPROPYLIQUE
- SUCCÉDANÉ IMPORTANT DE L’ALCOOL ÉTHYLIQUE
- Découvert dès 1855 par Berthelot, l’alcool isopropylique était, jusqu’à ces dernières années, pn produit de laboratoire. Le « cracking » ou distillation sèche des pétroles américains, ayant fourni des gaz riches en propylène et en carbures olé-finiques faciles à transformer en alcools secondaires et tertiaires, permet actuellement la fabrication industrielle de l’alcool isopropylique, dont les applications et les avantages industriels sont des plus intéressants. De plus, les procédés actuels de préparation de l’acétone de synthèse bon marché permettent aussi l’obtention d’alcool isopropylique comme sous-produit. Enfin, on peut également en obtenir en partant. des glycérines résiduaires
- Voici succinctement les réactions qui donnent naissance à l’alcool isopropylique :
- I. Si l’on fait passer un mélange d’un excès d’hydrogène avec des vapeurs d’acétone, sur un catalyseur à base de nickel, on a :
- CH3.CO.CH3 + H3 = CIUCH (OH) CH3 qui est de l’alcool isopropylique.
- IL Si l’on fait agir l’acétaldéhyde (qui est un produit assez bon marché de l’oxydation de l’acétylène) sur une solution éthérée sèche d’iodure de méthyle magnésium, on a la réaction suivante :
- CIPCOH + CIHMgI = CH*CH (OMgI) + CH3, puis ce composé intermédiaire s’hydrolyse comme il suit :
- CIUCH (OMgI) CH3 + H30 = CH3.CIi.OH.CH3 + Mgl (OH).
- Ce dernier corps rentre en réaction.
- III. La glycérine, agissant sur le phosphore en présence d’acide iodhydrique, produit de l’iodure d’isopropyle qui. par hydrolyse, et secouage avec l’hydrate de plomb, produit finalement de l’alcool isopropylique.
- De ces trois procédés possibles, les deux premiers sont appliqués. Mais la principale préparation est celle qui provient
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- des gaz de « cracking » incondensables des pétroles américains. Il y a actuellement trois sociétés américaines qui s’occupent de cette question. Ce seraient, d’après l'Industrial Chemist, la « Oil Cy of New Jersey », la « Empire Re-lîneries oi‘ Okmulgee » dans l’Oklahoma, et la « Dohertv Research Co ».
- Pour donner une idée de l’importance du rendement d’une seule de ces maisons en alcool isopropylique, nous dirons qu’à une certaine époque 450 000 mètres cubes de gaz étaient traités chaque jour, et que ces gaz contiennent 10 à 12 % d’olélines incondensables.
- Pour expliquer le traitement, rappelons que les olélines (éthylène, propylène, butylène, amylène, etc., etc.), ont pour propriété chimique primordiale, de se combiner à l’acide sulfurique concentré, pour donner des éthers sulfuriques alkylés, dont l’hydrolyse subséquente donne l’alcool secondaire et régénère l’acide sulfurique.
- Prenons pour prototype le propylène :
- Ce que nous en dirons s’applique à tous les termes de la série olélinique contenus dans les gaz incondensables du « cracking » des pétroles américains :
- CH3 — C1I = CIP (propylène) -j- S04H2 = CH3 — CH (0S031I) CH3 qui donne par hydrolyse :
- CIP — CH (OS03H) CIP + IPO = CIP — CH — OH — CIP + SOHP.
- Il se produit donc de l’alcool isopropylique, pour ce cas particulier du propylène. Il y a aussi de l’éthylène dans ces gaz, et rien ne serait plus facile, si le prix de l’alcool éthylique ou vinique faisait cette réaction de quelque rapport, d’en obtenir par ce procédé. Mais, on se contente, à Okmulgee, d’absorber l’éthylène par l’acide sulfurique concentré, en présence d’un sel de mercure comme catalyseur. Ces gaz sont, avant tout, purifiés jusqu’à ne plus contenir de composés sulfurés. Le procédé Garlton Ellis (brevet anglais 14(» 957, de 1920) procède en atomisant de l’acide sulfurique concentré qui est réduit en un brouillard et réagit en contre-courant avec les gaz. La densité de l’acide tombe ainsi de 1,8 à 1,3. La liqueur acide est diluée alors, et on procède à la décantation de certains produits insolubles dans l’eau. Alors ou continue par une distillation fractionnée, qui donne d’abord de l’alcool propylique normal, puis de l’alcool isopropylique, et finalement des alcools secondaires et tertiaires plus élevés. On traite ensuite les alcools bruts par de l’hypochlorite de calcium alcalin, du permanganate de potassium alcalin, puis du gel de silice ou du charbon activé. Finalement, on les déshydrate avec de la soude caustique solide, et l’on fractionne à nouveau.
- Actuellement, l’alcool isopropylique est vendu aux Etats-Unis, sous le nom de « Petrohol ». On prépare en même temps des alcools secondaires- butyliques et amyliques qui trouvent
- un débouché dans les industries des vernis cellulosiques. En Angleterre, on obtient, en partant de la pomme de terre, des algues, du maïs, etc., de l’acétone par voie biologique, produit qui a permis d’abaisser notablement les prix de l’acétone obtenue par l’ancienne méthode de pyrogénation de l’acétate de chaux provenant du bois.
- En partant de ces acétones assez bon marché, on peut effectuer dans d’assez bonnes conditions la réduction catalytique de l’acétone par l’hydrogène en présence du nickel comme catalyseur. Cette réduction est très lente, surtout à la fin de la réaction. Suivant Maxted [Chem, and Ind. Review, 28 mai 1926), cette réaction se produit à 100 atmosphères avec du nickel granulé. L’hydrogène y doit être en excès, et le rendement est alors satisfaisant.
- Passons maintenant aux propriétés physiologiques de l’alcool isopropylique. Il serait deux fois plus actif comme désinfectant que l’alcool éthylique. Il est employé dilué, pour laver les blessures et les mains; il durcit la peau sans danger pour les blessures; il ne produit nullement, sur les yeux, les méfaits de l’alcool méthylique. En injections intraveineuses, au contraire, il est deux fois plus toxique que l’alcool éthylique. Dans le métabolisme vital, il est transformé par oxydation en acétone.
- Les applications industrielles de l’alcool isopropylique deviennent de jour en jour plus étendues. Comme il ne saurait être séparé par distillation fractionnée d’avec l’alcool éthylique, il est autorisé aux Etats-Unis dans la parfumerie, et la régie de ce pays ne s’en occupe pas. Une marque de la firme « Ilowards and Son », qui porte le nom d’ « Avantine », n’est autre que de l’alcool isopropylique parfumé. On l’a recommandé aussi pour empêcher la congélation de l’eau des radiateurs d’autos. Sa rectification est aisée, puisqu’on n’a qu’à l'additionner de soude caustique en petits fragments, et à distiller sans fractionnel1, pour enlever l’eau qui peut y être contenue sans aucune des difficultés du séchage de l’alcool éthylique. On commence à l’employer, au lieu et place de l’alcool éthylique, dans les fabriques de produits chimiques, pour certaines cristallisations et extractions.
- Par lui-même, l’alcool isoju'opylique n’est pas un vrai solvant des éthers cellulosiques, mais en présence de certains éthers-sels il le devient. Les vernis qui l’utilisent « coulent » plus facilement sous la brosse, sans produire aucun effleu-rissement ou « bloom ». C’est un bon dissolvant des résines, aussi bon que l’alcool butylique et sensiblement moins cher. Il dissout le camphre et ses succédanés, ainsi que la gomme laque, le lcauri, la résine mastic, la sandaraque, mais ce n’est qu’un solvant partiel pour l’élémi, le copal et le dammar. Comme il n’est pas toxique, son emploi est tout indiqué dans les vernis pour les fers-blancs devant contenir des matières alimentaires.
- A. II.
- PLIAGES DE PAPIERS E
- L’OISEAU QUI BAT DES AILES
- Tout le monde connaît et sait faire la cocotte en papier. Voici la cocotte ou pour être plus exact, l’oiseau japonais plus compliqué, mais auquel on peut imprimer un léger mouvement .
- Prenez un papier carré. Marquez d’abord les plis AC, BD, puis marquez EF, GH (fig. 2-1). Considérez sur votre feuille l’angle B et amenez le côté BC, puis le côté BA à se rencontrer
- sur la ligne BD, puis repliez la flèche B ainsi formée de façon que B touche N (fig. 2-II). Faites de même pour les trois autres angles de la feuille CDA.
- Pour que les plis soient bien marqués dans le papier1, je vous engage à les faire successivement des deux côtés de la feuille. Vous aurez ainsi beaucoup plus de facilité pour faire obéir le
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- papier dans les dilïérents mouvements que vous voudrez lui donner.
- Lorsque vous avez plié vos quatre angles, dépliez complètement votre feuille; mettez-la sur la table, à plat et levez légèrement les points EGF 11 en les poussant vers le centre. Vous verrez les quatre pointes de flèches BCDA, se dresser et se rejoindre, formant une véritable pyramide (lig. 2-111).
- Ici une petite manœuvre facile à faire, difficile à expliquer.
- Tenez entre le pouce et l’index de la main gauche les extrémités B et D de la pyramide, laissez retomber AC, puis avec un crayon par exemple repoussez le milieu O de la base carrée de la pyramide, les deux pointes AC se creuseront, viendront se placer entre B et C, et vous aurez la ligure 2-IV formée de deux plis plats BD et deux plis creux AC.
- Sur le pli RR rabattez les deux plis BD.
- Fig. 1. — L'oiseau qui bai des ailes.
- La pointe O sera cachée au centre et vous aurez la fig. 2-IV.
- Retournez le phase bout pour bout, de façon à avoir B en haut, et AC en B.
- Votre oiseau est presque fait : B et D sont les ailes, et en suivant le dessin (fig. 2-V) vous refoulez à l’intérieur les pointes A et C qui formeront le cou avec la tête et la queue. Il sera bon de relever un peu plus à l’intérieur la pointe qui formera la tête que celle qui formera la queue, l’oiseau sera plus élégant.
- Pour faire remuer les ailes, pincez l’oiseau au point de rencontre des plis et tirez légèrement la queue, le mouvement se produira.
- Un papier assez fort et résistant doit être choisi de préférence pour exécuter ce pliage. Alber.
- Fig, 2.— Les phases du pliage (de gauche à droite et de haut en bas).
- Remerciements à M. ? au château de Martenet, Mlle Juster, M. de Perrochy, M. Vallée qui m’ont envoyé des oiseaux à peu près semblables avec quelques variantes.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- COMMENT ON ÉVITE LES COLIQUES HÉPATIQUES
- On sait que les coliques hépatiques sont dues à la lithiase biliaire, c’est-à-dire à la formation dans la vésicule biliaire, logée dans le foie, de calculs ou concrétions pierreuses qui, s’engageant dans le canal cholédoque, amènent son obstruction et une rétention fort douloureuse de la bile, laquelle se répandant dans le sang, y révèle sa présence par le phénomène de la jaunisse.
- L’accès hépatique se produit généralement après un repas, la douleur est intense, persiste parfois un jour ou deux et ne cesse qu’au moment où par sa chute dans l’intestin, le calcul libère le canal en permettant à la bile de s’évacuer.
- Pendant l’accès, tout ce que l’on peut faire est d’employer les calmants à base d’opium ou de chloroforme sous forme d’applications de liniments en cataplasmes dans la région du foie.
- Mais, dans l’intervalle des crises, on peut, par quelques précautions
- très simples, en éviter le renouvellement, par excitation de la sécrétion de la bile au moyen de corps gras absorbés par voie buccale, en particulier d’huile d’olives dont l’effet est spécifique, les autres huiles n’ayant pas la même action.
- On procédera ainsi :
- Prendre de deux à six cuillerées d’huile d’olives par jour, associées à un jus de citron.
- Commencer le matin à jeun une demi-heure avant le petit déjeuner, se coucher ensuite sur le côlé droit en appliquant à la place du foie une boule d’eau chaude ou à défaut des serviettes chauffées au moyen d’un fer à repasser.
- Au bout d’une demi-heure, on peut se lever et déjeuner.
- Le soir, manger une purée dans laquelle on aura mis une ou deux cuillerées d’huile.
- Faire ce traitement pendant S à 10 jours de suite, suivant la gravité du cas.
- N.-B. — Une légère purgation le deuxième jour active l’efficacité du traitement.
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- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- LA VOÛTE CÉLESTE EN JANVIER 1932 (')
- Le mois de janvier offrira à l’observateur des curiosités célestes un grand intérêt scientifique. Signalons, parmi les planètes, la plus grande élongation de Mercure, le 11 ; la visibilité, de plus en plus favorable, de Vénus, le soir; celle, excellente, de Jupiter, que l’on pourra suivre presque toute la nuit et celle de Neptune, également visible toute la nuit.
- De nombreuses conjonctions de planètes, de nombreuses occultations d’étoiles par la Lune et notamment l’occultation des Pléiades, le 18, à la fin du jour, dans des conditions astronomiques parfaites, quelques essaims d’étoiles filantes, la lumière zodiacale, la lueur anti-solaire, voilà, n’est-ce pas, un riche programme ?
- I. Soleil. — Le Soleil, en janvier, remonte déjà vers le Nord et les jours rallongent, timidement, au début du mois. La déclinaison du Soleil, le 1er janvier, sera de — 23° 5' et le 31 de — 17° 38'. La durée du jour, de 811 16m le 1er, atteindra 9“ 17m le 31.
- Voici le temps moyen à midi vrai, c’est-à-dire l’heure exacte que doivent marquer les horloges lorsque le centre du Soleil passe au méridien de Paris. A ces heures, l’ombre d’un fil à plomb indique exactement la direction du méridien.
- Dates. Heure du passage. Dates. Heure du passage.
- Janvier 1er 11“ 53“ 518 Janvier 17 12> 0“ 34s
- — 3 11 54 48 — 19 12 1 13
- — 5 11 55 44 — 21 12 1 49
- 7 11 56 51 — 23 12 2 23
- — 9 11 57 29 — 25 12 2 53
- — 11 11 58 19 — 27 12 3 20
- — 13 11 59 6 — 29 12 3 44
- — 15 11 59 51 — 31 12 4 5
- Observations physiques. —- Les lunettes, même de petit
- diamètre, permettent l’étude de la surface solaire (taches, îacules). Le procédé d’observation le plus pratique est celui par projection. Il consiste à recevoir l’image solaire donnée par la lunette sur un écran blanc perpendiculaire à l’axe.
- L’observation directe, à l’oculaire muni d’un verre noir protecteur, permet cependant de mieux suivre les petits détails.
- On prendra des dessins de position de l’ensemble des taches, ainsi que des dessins de détail. L’observation fréquente du Soleil peut permettre de constater certains phénomènes fugitifs comme on en a déjà reconnu à diverses reprises.
- Lumière zodiacale; lueur anti-solaire. — La lumière zodiacale, en janvier, est encore assez basse sur l’horizon. On pourra cependant l’observer, dès le début du mois, au Sud-Ouest, du 5 au 9, et à la fin du mois.
- On pourra rechercher la lueur anti-solaire par les nuits pures et sans clair de Lune, notamment vers le 13 janvier, à minuit, entre les Gémeaux et le Cancer.
- Rappelons que la lueur anti-solaire se présente sous l’apparence d’une tache de 10 à 16 degrés environ de diamètre, plus ou moins lumineuse, vaguement allongée dans le sens de l’écliptique, et dont le centre est situé juste à 180° du Soleil, et sur l’écliptique. C’est de novembre à février, alors qu’elle atteint sa plus grande hauteur au-dessus de l’horizon, qu’on peut le mieux observer cette lueur. Encore faut-il que la
- 1. Toutes les heures données dans le présent « Bulletin astronomique » sont exprimées en temps universel (T. U.), compté de 0“ à 24“ à partir de 0h (minuit).
- nuit soit très noire, très pure et sans, naturellement, clair de Lune.
- II. Lune. — Les phases de la Lune, en janvier, seront les suivantes :
- D. Q. le 1er, à l11 23™ P. L. le 23, à 13“ 44™
- N. L. le 7, à 23“ 29“ I). Q. le 30, à 9“ 32“
- P. Q. le 15, à 20“ 55m
- Age de la Lune, le 1er janvier, à 0“ = 241,0; le 7 janvier, à 0“ = li,0. Pour une autre date du mois, ajouter 1 jour par jour écoulé depuis le 1er ou le 7.
- Plus grandes déclinaisons de la Lune en janvier : le 6, à 18“ = — 28° 28'; le 21, à 3“ = + 28° 32'.
- Périgée de la Lune (plus petite distance à la Terre), le 2 janvier, à 11“. Parallaxe = 59' 16". Distance = 369 986 km.
- Apogée de la Lune (plus grande distance à la Terre), le 15 janvier, à 9“. Parallaxe — 54' 14". Distance = 404 324 km.
- Périgée de la Lune le 27 janvier à 9“. Parallaxe = 59 37". Distance = 367 819 km.
- Occultations d’étoiles par la Lune. — Le 12 janvier, occultation de 317 B. Verseau (gr. 6,3). Immersion à 19“ 39“,0.
- Le 17 janvier, occultation de 47 Verseau (gr. 5,8). Immersion à 18“ 14“,0.
- Le 18 janvier, occultation des Pléiades. Très beau phénomène à observer avec de petites lunettes, à la tombée du jour. On pourra voir les occultations suivantes : 1° ij Taureau (gr. 2,9) : Immersion à 16“ 58“; émersion à 18“ 6m; 2° 27 Taureau (gr. 3,7) : Immersion à 17“ 45m,0; 3° 28 Taureau (gr. 5,2) : Immersion à 17“ 48œ,0.
- Le 20 janvier, occultation de 406 B. Taureau (gr. 5,6). Immersion à 23“ 5“,5.
- Le 27 janvier, occultation de 89 Lion (gr. 5,7). Émersion à 0“ 46“,0.
- Le 28 janvier, occultation de 162 B. Vierge (gr. 6,2). Émersion à 3“ 2“,0. Occulation de 200 B. Vierge (gr. 6,2). Émersion à 4“ 53“,5.
- Marées. — Les plus grandes marées du mois se produiront à l’époque de la nouvelle Lune du 9 et surtout au moment de la pleine Lune du 23. Voici la valeur de quelques-unes de ces plus grandes marées, pour Brest.
- Date. Coefficient de la marée (en centièmes).
- Matin. Soir.
- Janvier 23 75 80
- — 24 84 88
- — 25 91 94
- — 26 95 95
- — 27 95 93
- — 28 89 85
- — 29 80 74
- Le phénomène du mascaret, en raison de la faible importance des marées, n’est pas annoncé ce mois-ci.
- III. Planètes. — Le tableau suivant, établi à l’aide des données de l’Annuaire astronomique Flammarion pour 1932, contient les renseignements principaux pour rechercher et observer les planètes pendant le mois de janvier 1932.
- Mercure, dans le Scorpion, puis le Sagittaire, très bas toutefois sur l’horizon, arrivera à sa plus grande élongation le
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- Dates : Lever Passage Coucher Ascen- Déclinai- Diamètre Constellation
- ASTRE à au à sien et VISIBILITÉ
- J anvier Paris. Méridien de Paris ('). Paris. droite. son apparent étoile voisine.
- i 5 7 n 4 6 m 11” 55“'44» 16” 6“ 19' 1111 — 22° 43' 32' 35" Sagittaire
- Soleil . . . S 15 7 42 11 59 51 16 15 19 44 — 21 17 32 34 Sagittaire »
- ( 25 7 34 12 2 53 16 33 20 27 - 19 11 32 33 Capricorne
- L 5 5 58 10 20 14 41 17 23 — 20 39 7,6 <0 Scorpion Le matin, plus grande
- Mercure . . 15 ; 25 G 10 G 31 10 10 21 38 14 14 31 45 18 18 2 59 . 22 — 23 25 8 6,2 5,4 tj. ç Sagittaire Sagittaire élongation le 11 janvier.
- 5 9 28 14 0 18 32 21 2 — 18 42 12,0 0 Capricorne 1 Étoile du soir.
- Vénus . . . 15 9 17 14 9 19 2 21 51 14 46 12,4 0 Capricorne Se couche, le 15,
- 25 9 2 14 17 19 32 22 38 —- 10 12 13,0 Verseau 1 trois heures après le Soleil
- 5 8 16 12 23 16 31 19 27 - - 22 58 4,0 Sagittaire
- Mars. . . . 1ri ) 10 8 2 12 17 16 36 20 0 -- 21 39 4,0 Sagittaire Inobservable.
- 25 7 47) 12 10 16 36 20 32 19 56 4,0 Capricorne
- Jupiter. . . 5 18 34 1 50 9 7 9 33 + 15 31 41,4 Lion Presque toute la nuit.
- Saturne . . 5 7 47 12 5 16 24 19 50 — 21 10 13,6 Sagittaire Inobservable.
- U i‘anus. . . 5 10 45 17 13 23 41 0 59 5 34 3,4 73 Poissons Première partie de la nuit.
- Neptune . . 5 20 9 2 56 | 9 42 10 39 + 9 25 2,4 49 Lion Presque toute la nuit.
- 1. Cette colonne donne l’heure, en temps universel, du passage au méridien de Paris.
- 11 janvier, à 23° 23' à l’Ouest du Soleil. Il sera donc visible le matin, du 5 au 15 janvier.
- Vénus s’écarte de plus en plus du Soleil et son diamètre augmente. Elle se couche à présent plus de trois heures après le coucher du Soleil, à la lin du mois. Elle va bientôt briller sur nos soirées de printemps, qu’elle illuminera de son radieux éclat.
- Mars est inobservable, plongé dans le rayonnement solaire, avec lequel il va se trouver en conjonction.
- Jupiter est maintenant visible presque toute la nuit dans le Lion. On sait que les plus petites lunettes suffisent pour observer cette planète et voir les bandes nuageuses qui traversent la surface de son disque. Un grossissement dé 40 fois seulement montre Jupiter de la grandeur apparente de la Lune vue à l’œil nu.
- Nous recommandons l’observation des curieux phénomènes auxquels donnent lieu les satellites dans leur révolution autour de Jupiter. Ici, encore, une petite lunette est suffisante pour voir ces éclipses et ces occultations. Mais, en ce moment, Jupiter offre une particularité : la Terre passe dans le plan des orbites des satellites. Il en résulte que l’on va assister à une série d’éclipses et d’occultations des satellites les uns par les autres.
- Ce sont là des phénomènes bien intéressants à suivre, et pour lesquels une bonne lunette devient fort utile.
- Saturne est inobservable ce mois-ci. Il va, en effet, se trouver en conjonction avec le Soleil le 16 janvier.
- Uranus est visible dans la première partie de la nuit, se couchant maintenant (le 15) un peu avant minuit. On le trouvera, en janvier, un peu au Nord de l’étoile 73 des Poissons.
- Uranus est visible à l’œil nu, mais à la limite pour les vues excellentes. Une simple jumelle suffit pour bien le voir se déplacer parmi les étoiles.
- On s’aidera, en outre, d’une carte détaillée (voir notamment la petite carte publiée au Bulletin astronomique du n° 2865), pour le trouver.
- Uranus sera en quadrature orientale avec le Soleil, le 7 janvier, à lh.
- Neptune, non loin de l’étoile 49 du Lion, est visible presque toute la nuit.
- Nous renverrons le lecteur, désireux de chercher cette planète sur le ciel, au Bulletin astronomique du n° 2865, où nous avons donné une petite carte détaillée de son mouvement sur le ciel.
- Pour voir Neptune, une petite lunette est nécessaire (diamètre : 55 millimètres au moins).
- IV. Phénomènes divers. — Conjonctions :
- Le 8, à 7", Mars en conjonction avec la Lune, à 3° 41' N
- Le 8, à 13h, Saturne Le 10, à 11”, Vénus Le 11, à 9”, Mars Le 15, à 5”, Uranus Le 24, à 18”, Jupiter Le 26, à . 1”, Neptune
- — à 4° 32' N.
- — à 1° 36' N.
- Saturne, à 0° 56' S. la Lune, à 2° 24' S.
- — à 2° 22' S.
- — à 1« 4' S.
- Étoile Polaire; temps sidéral. — Voici quelques passages de l’Etoile Polaire au méridien de Paris :
- Date. Passage.
- Heure. Temps sidéral à 0” (T. U.)
- Janvier 6 — 16 — 26
- Supérieur
- 18” 27m 55s 17 48 27 17 8 59
- 6” 57m 30“
- 7 36 55
- 8 16 21
- Étoiles filantes. — Un certain nombre de radiants sont actifs en janvier. En voici la liste d’après l’Annuaire du Bureau des Longitudes :
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- Époque. Ascension droite. Déclinaison. Étoile voisine.
- Janv. 2 119° + 16° Ç Cancer
- — 2-3 232 + 49 (3 Bouvier
- — 4 au Tl 180 + 35 N Chevelure
- — 18 232 + 36 Ç Couronne
- — 28 236 + 25 7. Couronne
- — (mois) 105 + 44 63 Cocher
- L’essaim des Bootides, qui est actif les 2 et 3 janvier, avec (3 Bouvier comme radiant, donne des météores rapides à longues trajectoires.
- V. Constellations. — L’aspect de la voûte céleste le 1er janvier, à 21“30m, ou le 15 janvier, à 20“ 30m, est le sui-
- vant (les lettres et chiffres entre patenthèses indiquent les curiosités visibles avec de petits instruments) :
- Au ZAnith : Persée (Algol, variable visible à l’œil nu; amas; s, y,); le Cocher (14, 4 <o, M. 37); Andromède (y, tc, 5(1, M. 31).
- .1» Nord : La Petite Ourse (Polaire, 5, tc) ; Cephée (o, u, /., ;, |3,o ) ; Cassiopée (r(, t, rs) ; le Dragon.
- A VEut : Le Lion (7., [3, y, Z, 54, t) ; le Cancer (la Crèche) ; les Gémeaux (7, [3, Ç, y,, 0, 61, M. 35).
- Au Nord-Est : La Grande Ourse.
- Au Sud : Orion (0, Al. 42, 0, 42 c, (3, 17); le Taureau (les Pléiades, 7, r, /, 88, c,) ; le Bélier (y, 30, À, tt, 33).
- Au Sud-Est : Le Grand Chien (Sirins, l’étoile la plus brillante du ciel).
- .1 l’Ouest : Les Poissons (7, Ç, •]/*, 35); Pégase (85, 3, 1, s, ") ; la Baleine et le Cygne se couchent.
- Em. Touchet.
- LE KUMARA
- On va dire que je m’évertue à donner des noms étranges à certaines productions de pays peu connus : ces noms proviennent des indigènes des régions, dont les dénominations actuelles ont été données par les navigateurs modernes.
- Le Kumara appartient à la flore économique de la Nouvelle-Zélande.
- Le Kumara est une patate (Batalas edulis, chois, var. ; ou îpomœa chrysorrhiza), mais n’est qu’une simple variété de l’espèce connue et cultivée depuis des temps immémoriaux par les Maoris.
- Le climat de la Nouvelle-Zélande est à peu près analogue à celui du centre de la France et le Kumara y réussirait certainement, attendu que j’en eus en culture sous le climat de Paris où, sans aucun abri, j’ai eu la chance de le voir prospérer. Je me hâte de dire que, depuis longtemps, je ne possède plus aucun tubercule de cette plante, la guerre en est la cause. C’est donc une patate de pleine terre, que je laisse aux soins d’amateurs convaincus d’introduire quand ils le voudront.
- Les variétés de Kumara sont nombreuses — une trentaine — fort différentes les unes des autres, par la teinte de la peau ou la saveur de la chair : il y en a de pourpres, jaunes, rouges, blancs, etc., ayant des formes différentes, mais toutes se reproduisant invariablement; enfin la grosseur des tubercules est aussi très diverse.
- Toutes les variétés sont anciennes; depuis très longtemps aucune nouveauté ne s’est révélée; la plante, ne fleurissant pas, ne peut se multiplier que par bouture, comme la patate.
- Lorsque la saison et le sol sont propices au Kumara, les rendements sont énormes, mais il a un ennemi terrible qui s’attaque aux feuilles des jeunes plantes, avant l’émission des tubercules; c’est un insecte qui pond un œuf, se transformant en une grosse larve et appartenant certainement au genre du Ver blanc.
- La culture du Kumara est exactement la même que celle de la patate, c’est-à-dire qu’on fait germer les boutures qui, ayant atteint la longueur voulue, sont enlevées du tubercule mère, en leur conservant un fragment de celui-ci. On repique ces boutures à 0 m 50 en ligne droite, sur des rigoles d’arrosages, celles-ci étant écartées entre elles de 1 m. Dans les premiers temps, on donne quelques binages, puis la végétation se faisant très serrée, on ne s’en occupe plus que pour donner de temps en temps des irrigations s’il y a lieu.
- La maturité des tubercules de Kumara est très tardive et
- c’est lorsque l’automne est très avancé — toujours avant la gelée — que l’arrachage général se pratique; de grandes précautions sont prises par les Maoris pour recueillir les racines, qui sont classées suivant leur grosseur. Au triage, on enlève toutes les racines blessées, qui sont mises à part pour être consommées au plus tôt. Les choix faits, les Kumara, rangés dans de grands paniers plats, sont exposés un jour au soleil, afin de les faire ressuyer.
- Pour en conserver les tubercules, la méthode en usage est le rua maori. C’est une fosse peu profonde, dont le fond est drainé. Dans cette fosse on range les racines, puis on les couvre d’une sorte de toiture, elle-même recouverte de la terre extraite de la fosse. En somme, c’est le système de notre ensilage moderne que les Maoris utilisent depuis des siècles, et nous depuis des années.
- En Nouvelle-Zélande, la plantation débute en octobre et se poursuit jusqu’en décembre. La récolte se fait comme j’ai dit plus haut, en évitant de laisser les tubercules trop longtemps exposés à l’air, car alors ils sont perdus.
- Le Kumara se consomme comme les patates, principalement cuit dans des fours, quoique les Maoris mangent ce légume bouilli, comme des pommes de terre
- On a fait des essais de culture de Kumara, ailleurs qu’eu Nouvelle-Zélande, notamment en Australie du Sud et à Saharanpur (Indes anglaises) où les résultats acquis prouvèrent la valeur de ce légume. Pourquoi n’en serait-il pas de même chez nous ? O11 m’objectera que la patate est sucrée et qu’elle ne plaît pas à tout le monde; or le Kumara ne l’est pas, il forme un légume à part, d’une saveur toute spéciale, qui doit plaire, du jour où il sera exposé en vente sur les marchés, et qu’on l’aura dégusté.
- Chez nous, la culture sous châssis, à l’instar de la patate bien connue, ne sera pas nécessaire, au cours de l’été; tout au plus, faudra-t-il faire débourrer ou germer à chaud en avril les tubercules, afin d’en obtenir les boutures nécessaires à une plantation. Après quoi, en choisissant un emplacement bien ensoleillé, on pourra, en mai, faire le repiquage, sans se préoccuper même des arrosages, car cette sorte de Patate n’en réclame pas. Les arrosages excitent sa végétation, et les tubercules se forment mal.
- Je ne saurais trop engager les amateurs à s’occuper de l’introduction de cet excellent légume, certain qu’ils en seront satisfaits. R. de Noter.
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- LA RADIOPHONIE PRATIQUE
- LAMPES DE T. S. F., HAUT-PARLEURS & PIÈCES DÉTACHÉES
- LES NOUVEAUTÉS DE 1931-1932
- LA CONSTRUCTION RADIO-ÉLECTRIQUE ET LES LAMPES DE T. S. F.
- On a dit bien souvent qu’en T. S. F. tous les problèmes gravitaient autour de la lampe. C’est; l’évolution des lampes qui a amené celle des récepteurs, et, en particulier, l’établissement des nouvelles lampes à chauffage indirect a bien simplifié la construction des postes-secteur.
- Il n’existe plus de lampes « omnibus » à multiples usages, aussi chaque constructeur présente-t-il un très grand nombre de types, et l’on peut parmi eux choisir celui qui convient le mieux à un usage déterminé. 11 faut avouer, il est vrai, que ce choix devient souvent assez malaisé, pour l’amateur surtout, parce que les dénominations varient arbitrairement suivant les constructeurs. Ces derniers ont établi des tableaux de correspondance, auxquels il suffit de se reporter pour déterminer approximativement les analogies existant entre les caractéristiques de lampes de modèles similaires de différentes marques.
- Mais il serait encore préférable qu’un accord intervînt pour l’établissement d’une « rationalisation », tout au moins dans les dénominations adoptées.
- On sait qu’en Amérique, les fabricants se sont entendus pour adopter une dénomination unique, quelle que soit la marque, pour un type de lampe défini, ce qui rend immédiate la recherche du type qui convient à un cas déterminé.
- On remarque également que les progrès de la fabrication des lampes et leur complexité de plus en plus grande sont accompagnés d’une augmentation de leur prix de vente.
- Beaucoup de ces lampes sont sans doute à chauffage indirect, et moins exposées que des lampes ordinaires à faible consommation aux accidents fortuits causés, par exemple, par une mauvaise connexion des batteries.
- Malgré tout, une surtension accidentelle, un choc, sont toujours possibles, et le remplacement d’un ou plusieurs « tubes » devient vite onéreux. Il y a là un danger sérieux pour la « démocratisation » de la radiophonie, et il est fort heureux sous ce rapport qu’on ait réussi en même temps à établir en France des postes récepteurs sensibles comportant un moins grand nombre d’étages.
- LES NOUVELLES LAMPES A ÉCRAN ET LES DÉTECTRICES
- Les lampes à faible consommation à filament à oxyde, employées en haute fréquence, en moyenne fréquence, ou en détection, n’ont guère été modifiées : depuis longtemps déjà, elles donnent des résultats très satisfaisants. Les nouveautés les plus importantes résident dans la réalisation de nouvelles lampes à chauffage indirect à écran, de nouvelles lampes détectrices, également à chauffage indirect, et de lampes de puissance (pour amplification musicale).
- En général, les modèles récents sont caractérisés essentiellement par Vaugmentation très élevée de la pente de leur carac-
- téristique, donc, par leurs qualités amplificatrices ou détectrices extrêmement marquées. Sans trop nous étendre ici sur les détails techniques, nous notons seulement qu’avec ces nouveaux modèles on peut établir des postes sensibles comportant un nombre d’étages beaucoup plus réduit, soit en moyenne fréquence, soit en haute fréquence, soit en basse fréquence, résultat fort intéressant, puisqu’il entraîne la simplification des postes et la réduction des prix. 11 est particulièrement heureux dans le cas des postes-secteur, le chauffage indirect des lampes étant d’autant plus intéressant que le poste comporte moins d’étages.
- Ces lampes à forte pente comportent une cathode de surface relativement grande à forte émission électronique. Elle a la
- La diversité des types de lampes modernes. Le stand Radiofotos à VExposition de T. S. F. (ph. Keystone View).
- forme d’un véritable ruban métallique creux recouvert d’oxyde, ou bien est composée de deux bâtonnets en quartz placés en parallèle et recouverts d’oxyde également.
- Là réside un avantage essentiel, bien que moins connu du public, pour les lampes à chauffage indirect. Non seulement elles permettent maintenant de supprimer les batteiùes d’alimentation, mais encore elles rendent possibles des combinaisons interdites avec des lampes à courant continu. Pour chauffer ces cathodes de grande surface et appliquer sur les plaques les tensions élevées nécessaires, il faudrait, en effet, des batteries d’accumulateurs de grande capacité pour le chauffage et de forte tension pour l’alimentation plaque, donc de poids et de dimensions prohibitives pour l’amateur.
- Une des lampes à écran les plus intéressantes réalisées récemment est le modèle Philips E 452 T, servant en haute et en moyenne fréquence, ou pour la détection de puissance par utilisation de la caractéristique de plaque.
- La tension de chauffage de cette lampe est de 4 volts, l’intensité du courant de chauffage est de 1,1 ampère, la tension anodique de 200 volts, la tension écran de 100 volts,
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- Cathode
- 0,1 a gg
- °'5mF §§
- +100 Volts >+200 Volts
- Haute
- tension
- 0,5 mF
- +200V
- Fig. 2. — A. Montage de la nouvelle lampe à écran Philips E 452 T. en
- amplificatrice haute fréquence à résonance. B. Système d’accord en Tesla à liaison par capacité fixe C5. (On pourrait aussi employer un filtre d’accord passe-bande à liaison mixte : bobinage-capacité). O. Utilisation de la lampe Philips E-452 en amplificatrice moyenne fréquence, avec transformateur à deux circuits accordés.
- l’inclinaison maxima de la caractéristique de 3 milliampères par volt, la tension régulière de polarisation de 2 volts, le courant anodique normal de 3 milliampères, et la capacité grille-plaque de 0,002 micro-microfarads.
- Cette lampe, dont l’ampoule est métallisée à l’aide d’un enduit extérieur à base de poudre d’aluminium relié électriquement à la cathode, est caractérisée, comme on le voit, par
- Ecran 80 Y
- _10 _8 -6 -h- -2
- Volts grille
- Fig. 3. — Caractéristiques de la nouvelle lampe à écran Futos à chauffage indirect.
- T 4150. (Résistance interne : 150 000 ohms. Coefficient d’amplification : 450. Pente : 3 ma. par volt).
- l’inclinaison extrêmement élevée de sa courbe caractéristique, qui est près de quatre fois plus grande que celle des lampes à écran de modèle antérieur.
- L’amplification correspondante ne peut, d’ailleurs, être atteinte que grâce à la capacité extrêmement réduite obtenue entre les électrodes.
- Pour utiliser une telle lampe, il est nécessaire d’employer un montage qui assure une impédance de liaison maximum, sans quoi l’amplification obtenue serait tout à fait théorique.
- En haute fréquence, on peut utiliser le montage indiqué par la ligure 2 A avec bobinage L présentant un faible amortissement et une faible capacité répartie, exécuté en gros lil à spires espacées.
- On emploie comme système de réaction un couplage électromagnétique fixe et une commande par capacité variable ; des résistances de découplage servent, d’autre part, à « bloquer » la haute fréquence dérivée par les condensateurs.
- Grâce à l’amplification très élevée ainsi réalisée, on peut déjà obtenir une sensibilité suffisante- avec un seul étage d’amplification, et on peut prévoir un couplage- très « lâche » du collecteur d’ondes, ce qui permet d’augmenter la sélectivité, et, en même temps, d’établir des appareils à réglage unique des circuits d’accord et de résonance- On peut, par exemple, adopter le système, d’accord à couplage par capacité, indiqué par la figure 2 B.
- En moyenne fréquence, le montage qui s’impose) presque nécessairement est le montage à liaison par transformateur à deux circuits accordés.
- Gomme nous l’avons expliqué dans le numéro spécial du Salon de la T. S. F., on obtient ainsi une sélectivité très suffisante, tout en conservant la qualité musicale des auditions, puisqu’on ire mutile pas la bande des fréquences acoustiques (fig. 2G). - ,
- Il y a intérêt, dans ce cas, à diminuer la longueur d’onde moyenne adoptée, qui sera choisie entre'2000 et 2500 mètres, au lieu de 4000 à 5000 dans le cas ordinaire. Cette même lampe peut être également utilisée comme détéctrice de puissance, la liaison basse fréquence s’effectuant alors par résistance-capacité.
- En moyenne fréquence, on peut ainsi constituer un seul étage d’amplification donnant une amplification considérable, et l’on établira de cette manière un montage à quatre lampes: une bigrille changeuse de fréquence, une moyenne fréquence de ce type, une détectrice et une seule basse fréquence de puissance qui donneront une audition intense des émissions lointaines, même sur antenne courte ou à la rigueur sur cadre.
- Le même constructeur a réalisé un nouveau type de lampe détectrice à chauffage indirect, la E 424 G, caractérisée également par une pente très élevée de la caractéristique et une très faible capacité grille-plaque, ce qui permet une très grande réduction de l’amortissement du circuit de grille, d’où un gain considérable de la sélectivité, et diminution des tendances à « l’accrochage ».
- Dans cette lampe, la connexion de plaque est effectuée au sommet de l’ampoule comme dans une lampe à écran, et l’adoption de ce type est surtout intéressant dans les récepteurs sans réaction. Les autres constructeurs ont établi depuis peu des types plus ou moins analogues, en s’inspirant des mêmes principes.
- C’est ainsi que la Société Fotos (fig. 3) a réalisé la lampe à écran type T 4150, destinée de préférence aux appareils à changement de fréquence qui ne comportent qu’un seul étage d’amplification.
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- La pente de la caractéristique de cette lampe est près de trois fois plus élevée que celle du modèle ordinaire à écran. On peut signaler, de même, la nouvelle lampe M 11 4 Géco-valve, dé tectrice à chauffage indirect donnant des résultats comparables à ceux de la K 424 G Philips.
- LES LAMPES BASSE FRÉQUENCE DE PUISSANCE TRIODE ET PENTODE
- Dans les étages d’amplification basse fréquence des radiorécepteurs, les techniciens et les constructeurs ne se préoccupent presque exclusivement aujourd’hui que des caractéristiques des lampes de sortie; ils regardent la première lampe basse fréquence simplement comme une lampe de couplage, ayant, pour but d’amener la tension des courants
- appliqués sur la grille de la lampe de sortie à la valeur minimum nécessaire.
- C’est pour cela que dans de nombreux appareils radiophoniques actuels, on n’utilise plus qu’un seul étage basse fréquence au lieu de deux, et constitué soit par une lampe trigrille de puissance, soit par une lampe triode, à caractéristique de forte pente.
- Ces lampes ne peuvent donner des résultats suffisants que si la tension plaque est supérieure à quelque cent volts, ce qui fait dire bien souvent « qu’une bonne audition ne commence qu’au delà de 80 volts ». L’emploi des systèmes d’alimentation par le secteur, et, en tout cas, des appareils d’alimentation plaque par courant redressé et filtré rend aisé l’usage de ces lampes. On peut les employer également avec des batteries d’accumulateurs, mais, par contre, il est bien difficile de les utiliser pratiquement avec des batteries de piles, puisque l’intensité du courant de plaque nécessaire pour leur seule alimentation dépasse facilement 20 à 30 milliampères !
- Parmi les modèles récents de cette catégorie de lampes triodes, on peut citer la F 10 Fotos (fig. 4) ; sa tension plaque varie entre 100 et 250 volts, la pente de sa caractéristique est de 5 à 5,5 milliampères par volt, et sa puissance dissipable sur la plaque à 250 volts est de 8 watts; la tension grille étant comprise entre — 6 et — 15 volts environ.
- La lampe R 80 Radiotechnique (fig. 5) présente des caractéristiques analogues; résistance filament plaque faible : 2300 ohms, pente de la caractéristique 3,5 milliampères par volt, tension plaque maximum : 275 volts; puissance modulée obtenue, 1,2 à 1,5 watt.
- Fig. 5. — La lampe de puissance R-80 de la Radiotechnique.
- "35 "30 "25 “20 "15 "10 “5 0
- Volts grille
- Fig. 4. — La lampe de puissance Radiofolos F. 10 el ses caractéristiques.
- D’un type analogue, est également la lampe de puissance PX 4 Gecovalve, la RO 4410 Visseaux, etc.
- Toutes ces lartipes trouvent leur emploi sur un étage d’amplification basse fréquence unique et on peut ainsi constituer par exemple un poste-secteur à trois lampes comportant une lampe à écran de modèle récent, une lampe détectrice, et une lampe de puissance de ce type qui permettra d’obtenir des réceptions radiophoniques et même des reproductions phonographiques avec une puissance et une pureté très satisfaisantes (fig. 6).
- P. Hémardinquer.
- (A suivre.)
- Adresses relatives aux appareils décrits.
- Lampes Philips, 2, Cité Paradis, Paris.
- Lampes Fotos, 10, rue d’Uzès, Paris.
- Lampes Gecovalve, 10, rue Rodier, Paris.
- Lampes Radiotechnique, 79, Bd Haussmann, Paris. Lampes Visseaux, 66, rue d’Hauteville, Paris.
- filament
- 1000 1000
- £ Volts
- t-15
- " 3/l000 Haut-parleur
- Fig. 6. — Poste secteur à 3 lampes.
- Lampe HF : T 4150, lampe BF : F 10. — Enroulement E, (tension anodique de la valve) : 2 X 250 volts, 50 ma; enroulement E2 (filament de la valve): 2 X 1,9 volt,! a.-— Enroulement E3 (filaments des lampes) : 2x1,9 volts, 4 a.
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- LIVRES NOUVEAUX
- Traité de chimie minérale, publié sous la direction de P. Pascal, tome I, par J. Barbaudy, P. Baud, A. Chrétien, A. Damiens, A. Dansette, J. Guérin, P. Laffitte, P. Pascal, R. Trem-blot. 1 vol. 860 pages, 160 fig. Masson et Cie. Paris 1931. Prix : 150 fr.
- Voici le premier volume d’un vaste ouvrage, qui en comptera 12 et qui ost certainement appelé à prendre une grande place dans la littérature chimique française. Il s’inspire du célèbre traité de chimie minérale de Moissan, depuis longtemps épuisé et qui fut un précieux outil de travail pour toute une génération de chimistes : maîtres ou étudiants. Son ambition est de donner un aspect d’ensemble de la chimie générale dans son état actuel, sous une forme compréhensible à tous; avec des développements suffisants pour donner au lecteur une idée complète de cette science, mais en élaguant tous les détails qui ne seraient utiles qu’à un stade poussé de spécialisation. S’il reste fidèle à l’idéal visé voici 30 ans par Moissan, le nouvel ouvrage en diffère profondément par la rédaction : les méthodes de la chimie ont été renouvelées depuis lors, faisant une place chaque jour plus grande aux enseignements delà mécanique chimique et de la chimie physique, des théories atomistiques et électroniques. Les principes de ces nouvelles disciplines sont constamment invoqués et mis en œuvre par M. Pascal et ses collaborateurs.
- Le premier volume du « Traité » répond parfaitement au programme que s’est tracé M. Pascal. Il comprend une série de monographies toutes composées suivant un plan logique, condensant le maximum de renseignements et de données précises, d’une lecture néanmoins fort attrayante, accompagnées enfin d’une abondante bibliographie, réduite toutefois, et à dessein, aux travaux réellement importants aux yeux du rédacteur. Il débute par une très claire notice de M. Pascal sur les diagrammes utilisés en chimie et sur la représentation graphique de l’évolution thermique d’un système. Les sujets traités ensuite sont l’air, l’eau, l’hydrogène, l’oxygène, la combustion, l’ozone, l’eau oxygénée, les halogènes. Sont exposés non seulement, les diverses propriétés physiques et chimiques des substances ainsi étudiées et les procédés de préparation du laboratoire, mais encore les industries auxquelles elles donnent lieu et qui sont étudiées à grand trait, sous leurs aspects les plus modernes.
- Tous les collaborateurs de M. Pascal ont su s’inspirer des vues de leur chef et éviter deux écueils : le résumé trop sommaire et la compilation touffue sans originalité.
- Ce premier et excellent volume, édité d’une façon parfaite, fait désirer la publication rapide des volumes suivants.
- Molekillstruktur (Leipziger Vortrage 1931), herausgegeben von Pr P. Debye. 1 vol. VIII, 197 p., 44 flg. 5 tableaux. S. Hirzel, Leipzig, 1931. Prix cartonné : 10 Reichsmarlc.
- Chaque année le professeur Debye réunit à Leipzig en une sorte de petit congrès intime quelques-uns de ses élèves et disciples pour étudier les progrès accomplis dans un domaine déterminé de la physique. La réunion de 1931 a été consacrée à la structure des molécules, sujet à l’ordre du jour, longtemps réservé à la seule chimie et qui aujourd’hui est abordé par les physiciens et même les mathématiciens avec des méthodes toutes différentes et très variées. Les mémoires publiés dans le présent ouvrage donnent un aperçu de certaines de ces méthodes et des résultats que l’on en peut attendre : s’appuyant, sur les structures connues de certaines molécules organiques, M. Wolf étudie le problème de la liberté de rotation dans la liaison carbone-carbone. A la lumière d’investigations spectroscopiques, M. Mecke étudie les oscillations des atomes dans la molécule et la résistance élastique de leurs liaisons. M. Rasetti de Rome aborde le même problème à l’aide de l’effet Raman, puis traite de l’effet Raman dans les cristaux. Un sujet analogue est traité d’une façon théorique par G. Placzek. Par l’étude des spectres de bandes, Mlle Spiiner analyse le mécanisme de la dissociation de la molécule sous l’effet des radiations lumineuses. Ces phénomènes sont également étudiés, sous le nom de prédissociation, par M. Victor Henri de Marseille et par R. de L. Kronig de Groningue; enfin G. Herzberg étudie le problème des valences et leur rapport avec la structure électronique.
- Les machines électriques à courant continu
- (caractéristiques, contrôle, application), par R. Langlois-Ber-j-helot, 1 vol., 290 p., 195 fig. Gauthier-Villars, Paris, 1931. Prix: 75 fr.
- L’auteur, un spécialiste de la construction électrique, a réussi à écrire un livre original sur un sujet classique qu’il paraissait impossible de renouveler. Ce n’est ni un livre d’enseignement, ni un traité théorique et complet de construction. C’est une présentation nouvelle et rapide des notions fondamentales qui doivent toujours être présentes à l’esprit de l’ingénieur, constructeur ou praticien, pour lui permettre de résoudre les problèmes de la pratique. Après une étude complète, à l’aide des caractéristiques, dans divers cas de fonctionnement, des machines à courant continu, moteurs ou génératrices, en
- régime permanent, l’auteur aborde, également par les méthodes géométriques simples, l’étude du fonctionnement en régime variable; problème particulièrement important quand il s’agit d’adapter le calcul d’une machine à ses conditions d’emploi. Il étudie ensuite quelques montages complexes, généralement passés sous silence dans les traités élémentaires : machine à 3 enroulements, survolteurs, groupe Ward Léonard, groupe Léonard-llgner, moteur anticompound, et bien d’autres combinaisons qui ont vu le jour ou se sont développées en ces dernières années. Puis il analyse les conditions qui régissent l’emploi de la machine à courant continu dans ses applications les plus importantes : traction, laminoirs, engins de levage, extraction dans les mines. Enfin il indique le principe des appareils modernes à commande automatique. L’ouvrage se termine par une étude mécanique sur les caractéristiques des moteurs en général et une introduction à l’étude des machines à courant alternatif.
- Bibliographg of Acoustics of Buildings, by F. R.
- Watson. 1 brochure, 43 pages. National Research Council Washington 1931. Prix : 50 cents.
- Cette bibliographie des ouvrages et publications relatifs à l’acoustique des bâtiments, colligée par Watson, l’élève de Sabine, a paru d’abord dans le Journalof lhe Acpuslical Society of America (juillet 1931). Sur ce sujet, dont l’importance pratique actuelle est manifeste, elle mentionne un très grand nombre de travaux, la plupart récents. L’immense majorité sont américains, anglais, ou allemands. La contribution française est bien maigre : elle se réduit à 2 brochures, et 4 articles de Revue, dont 3 consacrés du reste à des salles aménagées par M. Lyon (Trocadéro, salle Pleyel). Pourquoi l’acoustique est-elle à ce point délaissée dans notre pays?
- Hydrologie agricole, et alimentation en eau des exploitations rurales, par Frédéric Diénert, 3e édition entièrement refondue, 1 vol. in-16, 464 p., 175 fig. Encyclopédie agricole, J.-B. Baillière et Fils, Paris, 1932. Prix : 24 fr.
- L’auteur montre d’abord de quelle manière les eaux souterraines circulent. Quand il s’agit de source dans un pays quelconque, la spéléologie ne donne pas toujours des indications suffisantes, et c’est pourquoi dans une deuxième partie, intitulée « hydrologie spéciale » il indique les méthodes utilisées pour l’étude de la recherche et de la circulation de ces eaux.
- La troisième partie traite de la qualité des eaux et de leur épuration physique, chimique et biologique.
- Le captage, tant souterrain que superficiel, est traité avec des détails suffisants poiir permettre à l’agriculteur de dresser un projet d’amenée d’eau dans son exploitation.
- L’épuration et l’évacuation des eaux usées forment le complément de cet utile volume, riche de renseignements pratiques et précis.
- Coral Rcefs and Atolls, jfar J. Stajnley Gardiner, i vol-in-8, 181 p., 32 fig., 15 pl., 1 carte. Macmillan et Cie, Londres, 1931. Prix : cartonné toile, 10 sli. 6 d.
- Après 35 ans d’études sur la structure et la formation fies récifs de coraux, l’auteur a présenté ses conclusions eh une série de leçons à l’Institut Lowell de Boston. Il y décrit les diverses formations : récifs frangeants, barrières, atolls, îles, puis aborde l’histoire naturelle des coraux. On sait qu’ils ne sont pas seuls à bâtir,, mais qu’ils vivent en communauté avec des algues calcaires et de nombreux animaux dont les uns aident à la construction des récifs et d’autres à leur destruction et leur broyage. Ces formations ne se rencontrent que dans les mers tropicales, et surtout dans le Pacifique et l’Océan Indien, développés surtout à l’est des terres. Les atolls et leurs lagunes posent une étrange question envisagée de bien des façons depuis Darwin; après l’exainen de toutes les théories, l’auteur avoue notre ignorance. Ce remarquable exposé, joint aux études de la récente expédition anglaise à la Grande Barrière d’Australie, ramène l’attention sur un des plus curieux phénomènes biologiques et géographiques des mers équatoriales.
- Statistique générale de la France. A nnuaire statistique 1930. 1 vol. 446 pages. Imprimerie Nationale, Paris, 1931.
- On ne peut résumer un ouvrage aussi bourré de faits et de chiffres que l’Annuaire statistique de la France. C’est un outil indispensable à l’économiste, à l’homme politique, et aussi à l’homme d’affaires. Il comprend des tableaux annuels pour la France et ses colonies se rapportant aux années 1928, 1929 et parfois 1930. Il contient en outre des tableaux rétrospectifs pour la France et divers pays. On y retrouve les dispositions essentielles des précédents annuaires; les chiffres ont été mis à jour; certains renseignements sont donnés d’une façon plus complète.
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- NOTES ET INFORMATIONS
- NÉCROLOGIE G. Kœnigs.
- M. Kœnigs, qui vient, de mourir, fut un géomètre et un mécanicien éminent. Nous résumons sa carrière d’après l’éloge prononcé le 3 novembre dernier à l’Académie des Sciences par son collègue M. de Launay.
- Né à Toulouse, le 17 janvier 1858, Kœnigs passa par l’Ecole Normale supérieure. Il a professé la mécanique à Paris, à l’Ecole Normale, à la Sorbonne et au Conservatoire des Arts et Métiers. En 1897, il avait obtenu la création d’un laborat oire de mécanique à la Sorbonne qui fut en 1912 transféré dans un local spécialement aménagé pour lui sur le boulevard Raspail. Le 18 mars 1918, il remplaçait Léauté à l’Académie des, Sciences, section de mécanique.
- C’était un géomètre aux vues profondes et originales, pleinement en possession des ressources de l’analyse moderne, qui a su appliquer l’analyse, d’abord à la géométrie, puis à la cinématique et à la haute mécanique.
- Parmi ses premiers travaux, on peut citer : les appareils construits en 1889 pour l’étude des girations, parmi lesquels un planigraplie réalisé d’après un théorème de Darboux permettait, au moyen d’un système articulé gauche, de décrire une zone plane; puis une série de recherches sur les systèmes de tiges articulées montrant qu’à l’aide d’un système articulé, il est possible de satisfaire à toutes conditions algébriques imposées au mouvement d’un point ou d’un corps solide; enfin une interprétation du fait que dans un mouvement déterminé le volume engendré par une portion de surface limitée par un contour fermé quelconque plan ou gauche ne dépend que du contour qui le limite. Signalons encore un beau mémoire sur les courbures des profils conjugués dans les mécanismes et toute une série de notes qui ont enrichi nos Comptes rendus.
- Mais la caractéristique de Gabriel Kœnigs, où il a peut-être donné sa note la plus personnelle, a été la création de son laboratoire de mécanique, qui l’a amené à s’occuper spécialement de la thermodynamique des moteurs et de l’organisation scientifique des méthodes d’essais qui les concernent. Les installations de ce laboratoire comportaient : d’une part, un ensemble de machines pour les essais de résistance mécanique des métaux, et, d’autre part, une série de moteurs à combustion interne. L’inauguration solennelle de cette installation n’avait - pir avoir lieu qu’au mois de mars 1914, quelques mois à peine avant la guerre, pendant laquelle elle a rendu de grands services à la Défense nationale. Kœnigs a consacré à l’installation et à la mise en œuvre de ces appareils des qualités maîtresses d’ingéniosité et de précision, en même temps qu’une remarquable habileté manuelle. Il a pu ainsi réaliser de sérieux progrès dans la construction de divers engins de guerre.
- Dans un ordre d’idées plus théorique, mais où la théorie est toujours intimement associée à là pratique, le cours professé par lui à la Sorbonne renferme un exposé magistral de la mécanique et l’on doit également citer son Introduction à une théorie ' générale- des mécanismes.
- BIOLOGIE
- Le prix Nobel de médecine pour 1931.
- Ce prix vient d’être accordé au professeur Otto Warburg, de l’Institut Kaiser Wilhelm pour la biologie, à Berlin-Dahlem.
- Le professeur Warburg est connu par ses travaux sur la respiration des cellules vivantes. Par d’ingénieuses méthodes,
- il a pu mesurer leurs oxydations et montrer qu’en présence d’oxygène, elles transforment le glucose en acide carbonique.
- Après avoir analysé ces phénomènes dans l’œuf d’oursin et les globules rouges, il a examiné les cellules cancéreuses et trouvé qu’elles ont un métabolisme tout différent. Tandis que la plupart des cellules ne produisent d’acide lactique qu’en l’absence d’oxygène, les cellules cancéreuses forment de cet acide tout en respirant; elles peuvent donc non seulement oxyder le' sucre, mais le faire fermenter en acide lactique; le cancer est caractérisé par une fermentation, une glycolyse aérobie.
- Les travaux du professeur Warburg ont été présentés, il y a trois ans, dans une traduction française, par MM. Aubel et Genevois, sous le titre : « Métabolisme cellulaire et métabolisme des tumeurs ».
- PHYSIQUE
- La découverte d'un nouvel élément chimique, l’élément 87.
- On sait que les corps simples de la chimie se classent, aujourd’hui d’après leur nombre atomique; le plus simple,l’hydrogène a le nombre 1, le plus complexe, l’uranium, a le nombre 92. Le nombre atomique est déterminé d’après l’étude des spectres de rayons X, et à chaque nombre de la série des nombres entiers entre 1 et 92 doit correspondre un élément, chimique. Le classement par nombre atomique coïncide approximativement, mais non intégralement, avec le classement, par ordre de poids atomiques croissants.
- Or l’on connaît aujourd’hui 90 corps simples; dans la liste des nombres entiers compris entre 1 et 92, deux seulement jusqu’ici ne correspondaient à aucun corps isolé ou caractérisé : il nous manquait les éléments 85 et 87. Deux savants américains, Papish et Wainer de l’Université Cornell, aux Etats-Unis, viennent d’annoncer dans le Journal of the American Chemical Society la découverte de l’un de ces derniers, l’élément 87. Ils en ont reconnu la présence dans un minéral nommé Samarshite.
- Les recherches des deux savants ont été guidées par le fait que la classification périodique des éléments classe le 87 parmi les métaux alcalins, et, ils Tout recherché dans des minerais riches en métaux alcalins rares. C’est l’analyse spectrogra-phique par rayons X qui a démontré l’existence de ce corps dans la samarskile, préalablement débarrassé des substances n’appartenant pas au groupe des métaux alcalins. La sainars-lcite employée était riche en uranium et contenait aussi du rubidium et du cæsium.
- Lorsque l’élément 85 aura été découvert à son tour, il n’y aura plus aucune lacune dans la liste des corps simples connus entre l’hydrogène et l’uranium.
- MÉCANIQUE
- Le refroidissement des trains par la vapeur.
- Depuis longtemps déjà on chauffe les trains à la vapeur. 11 paraît, original, et au permier abord, paradoxal, de les refroidir également au moyen de la vapeur.
- C’est cependant, si nous en croyons Scientific American, ce qui va être réalisé sous peu aux Etats-Unis par M. W. H. Carrier. Celui-ci se propose en effet d’adapter, au conditionnement et au refroidissement de l’air des wagons de chemins de fer, la machine frigorifique à vapeur d’eau créée en France, voici
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- Fig. 1. — La volière pergola du Muséum national d'histoire naturelle de Paris.
- plus de 30 ans, par Maurice Leblanc et qui jusqu’ici, malgré tous ses avantages, n’a encore trouvé que des débouchés limités en France et presque aucun à l’étranger.
- M. Carrier, un spécialiste très connu de la ventilation et du conditionnement de l’air, a présenté il y a quelque temps un wagon de voyageurs, placé dans un bâtiment à 41° dont l’atmosphère était rendue très humide. A l’intérieur du wagon, la température était en permanence ramenée à 25° et le degré hygrométrique de l’air abaissé à la valeur convenable.
- Ce résultat est obtenu par un système de ventilation réfrigérée.
- Un évaporateur est placé à une extrémité du wagon. Des éjecteurs à vapeur, alimentés par la vapeur de la locomotive, y créent un vide partiel : sous l’effet de l’évaporation qui en résulte l’eau se refroidit à 10°. On la fait circuler à travers des serpentins placés dans le toit du wagon à l’intérieur desquels circule à son tour, se refroidit et se dessèche partiellement l’air destiné à la ventilation du wagon. L’eau échauffée retourne à l’évaporateur. Les pompes nécessaires à la circulation de l’eau, les ventilateurs nécessaires à celle de l’air sont mus par moteurs électriques.
- L’avantage du système est de n’exiger aucune force motrice spéciale pour la machine frigorifique elle-même; et aucun produit chimique dangereux en cas d’avarie ou d’accident. L’ensemble .du matériel est léger et peu encombrant. Les spécialistes américains du conditionnement de l’air estiment que la machine frigorifique à vapeur d’eau apporte la solution pratique du problème du conditionnement de l’air dans les trains de voyageurs.
- ZOOLOGIE
- La nouvelle volière pergola du Muséum national d’histoire naturelle de Paris.
- A la fin de notre article sur la grande volière du Muséum national d’Histoire naturelle, —1 paru dans le n° 2850 de La Nature, — nous avons dit que M. le professeur Bourdelle, Directeur de la Ménagerie, faisait construire une volière de présentation, en forme de « pergola », destinée à servir d’habitation temporaire à quelques espèces particulièrement belles ou rares.
- Or, pendant l’été de 1931, la pergola a été terminée, parée, et mise en service. ‘ r
- Edifiée sur une pelouse, près de la grande, volière, d’allure
- moderne, la nouvelle construction est vraiment d’un charmant aspect.
- Toute blanche, elle est égayée par une ceinture fleurie, rose et rouge, que lui font de petits Bégonias et de grands Dahlias simples.
- La pergola comprend sept divisions, sept cages spacieuses; celles des deux extrémités sont un peu plus hautes et plus larges que les autres. Le liant de la volière est vitré et chaque loge contient une maisonnette-abri où les oiseaux peuvent se retirer pendant la nuit; ils peuvent aussi se cacher dans les branchages feuillus qui garnissent le fond des volières. Dans chaque loge, un arbuste central sert de perchoir.
- Posés sur la pelouse, des écriteaux illustrés renseignent le public sur le nom et l’habitat des principales espèces présentées.
- Après avoir souvent entendu les réflexions des visiteurs, attirés par la claire pergola fleurie, où chantent et caquettent ses hôtes brillants, nous pouvons dire qu’elle plaît vivement au public.
- Les premiers habitants de ce palais estival ont été des Oiseaux des pays chauds.
- Dans la grande loge de droite s’ébattent des Perruches : telles que la Perruche à tête jaune (Conurus jendaya) du Brésil et le Perroquet Youyou (Percephalus senegalus) du Sénégal, à l’éclatant plumage.
- Dans les deux loges suivantes, ont habité des Toucans d’or et de pourpre, aux yeux bleu tendre, Toukan à bec vert (Rhamphastos discolorus) de l’Amérique du Sud : Brésil et Paraguay. Puis, des Tokos d’Afrique : Toko à bec rouge (.Lophoceros erythrorhynchus) et le Toko à bec jaune (Lopho-ceros jlavirostris), jolis Calaos d’Abyssinie.
- Nous voyons également des Colombes, notamment la Colombe à cravate noire de Cuba, et des Guit-guits (Cyanerpes) .de l’Amérique du Sud, aux belles couleurs bleues.
- Dans la loge du milieu volètent des Cardinaux et des Paddas. Ce sont le Paroare huppé (Paroaria cucullaia), le Paroare dominicain (P. larvata), de l’Amérique du Sud, le Cardinal rouge (Cardinalis cardinalis) du Mexique. Le gris doux des Calfats (Munia oryzivora) s’harmonise à la parure des Cardinaux.
- La cinquième loge contient des Leiothrix, des Veuves, des Tisserins, des Combassous, un Worabée, etc.. Et sur le sol court la Perdrix des bambous de Formose (Bambusicola sono-rivox), à la pimpante robe tachetée.
- La sixième loge est peuplée de Carouges et de Boutons d’or; le Carouge noir soyeux (Molothrus bonariensis), au plumage métallique, habite l’Argentine; quant au Bouton d’or (Sycalis jlaveola) de l’Amérique du Sud, il semble le vivant complément de ses sombres compagnons de volière.
- Enfin, la dernière grande loge abrite des hôtes de marque : Un Tangara bleu (Tanagra cyanopiera) et deux Tangaras rouges (ou scarlates) (Rhamphocelus brasilius) ; puis deux Grives-geais (Garrulax berthemyi) de Chine, et un superbe Meinate religieux (Eulabes religiosus), du sud de l’Inde.
- Cette rapide énumération donne une idée de l’heureux choix dès espèces présentées, dont l’ensemble réalisait le plus bel effet.
- Il est très regrettable que la pergola ne puisse être entièrement vitrée et chauffée : dès les premiers froids, la plupart des Oiseaux doivent être retirés de leur élégante volière, devenue inhospitalière pour eux. Il manque à la Ménagerie du Muséum une confortable volière pour les espèces délicates des climats chauds, nous souhaitons que des dons généreux soient faits au Muséum dans le but de combler,cette lacune. Ainsi, pourrions-nous admirer en toutes saisons les joyaux ailés des tropiques.
- A. Feuïllée-Billot.
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- CONSTRUCTION
- Le plus grand pont suspendu du monde.
- Le pont Georges-Washington sur l’Hudson, à New-York, vient d’être livré à la circulation, le 24 octobre dernier.
- C’est le plus grand des ponts suspendus actuellement en service. Sa portée est en effet de 1050 m; le pont suspendu de la rivière Delaware, qui vient immédiatement après lui, n’a que 525 mètres de portée. Le pont est suspendu à 2 paires de câbles, espacées de 32 m. Chaque câble mesure 90 cm de diamètre et est l'ait de l’assemblage de 26 474 lilins parallèles dont le diamètre est d’environ 5 mm. L’ensemble des 4 câbles pèse plus de 28 000 tonnes. Ils sont supportés par deux grandes tours métalliques de 190 m de haut qui ont exigé environ 40 000 tonnes d’acier. Le tablier est à 77 m au-dessus de la rivière. On escompte une circulation de 30 millions de véhicules par an.
- On envisage déjà de construire des ponts de portée encore plus grande : on étudie un projet de pont suspendu de 1260 m de portée à Golden Gâte (Californie) et un autre sur la baie de New-York qui aurait de 1400 à 1500 m de portée.
- TRAVAUX PUBLICS La plus grande écluse d’Europe.
- L’écluse nord de Bremerhaven, qui, 8 mois avant la date prévue, vient d’être mise en service, permettra aux nouveaux paquebots à grande vitesse, « Bremen » et « Europa », qui,
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- jusqu’ici, devaient jeter l’ancre au dehors, d’entrer au port proprement dit. Elle est dimensionnée de façon à recevoir même des navires bien plus grands dans l’avenir. Sa chambre est un peu moins longue (372 mètres), mais, en revanche, plus large (60 mètres) que l’écluse d’Ymuiden, à la sortie nord du chenal d’Amsterdam. Elle dépasse les dimensions des célèbres écluses de Panama, aussi bien que celles des nouveaux docks de Tilbury au port de Londres. 1000 ouvriers, en moyenne, ont été occupés à sa construction.
- De côté et d’autre de la chambre d’écluse, s’élèvent de gigantesques têtes de portes, entre lesquelles se meuvent les portes à coulisses.
- Plus d’une année de travail a .été nécessaire pour donner aux masses de béton, dans la vase molle, une fondation assez résistante; il a fallu, à cet effet, enfoncer ,25 000 piliers d’une longueur allant jusqu’à 26 mètres, véritable forêt de 40 hectares.
- Les 5788 trains de marchandises, qui ont été nécessaires pour transporter les matériaux de construction et pour enlever les fouilles formeraient, réunis, une file de wagons d’une longueur de près de 3000 kilomètres, soit la distance entre Bordeaux et Moscou.
- La nouvelle écluse comporte aussi un avant-port de 250 m de long, par 130 à 180 m de large, un bassin de virage de 450 m de longueur et de 240 m de largeur, et un canal de jonction de 45 m de large, que franchit un pont tournant de 112 rn de longueur.
- Dr A. Gradenwitz.
- Fig. 1 (en haut, à gauche). •— Vue d’ensemble de l’écluse. Fig. 2 (à droite). — L'inauguration.
- Fig. 3 (en bas, à gauche). — Le montage d’une porte à coulisse. Fig. 4 (à droite). — L'étal des travaux au mois de janvier dernier.
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- PETITES INVENTIONS
- ACOUSTIQUE
- L’ « oreille » électrique, plus sensible que l’oreille humaine.
- Après 1’ « œil » électrique, la cellule photo-électrique dont ou connaît les nombreux emplois, — film sonore, photo-télégraphie, télévision, etc. — voici f « oreille » électrique, dispositif percevant et analysant les sons et les bruits avec une sensibilité dépassant celle de l’oreille humaine. C’est un ingénieur de la société Westinghouse, à East-Pittsburgh, M. J. P. Follz, qui en est l’inventeur. Facilement transportable, ce dispositif s’introduit dans une petite valise.
- L’oreille électrique se compose d’un microphone, d’un amplificateur à plusieurs étages, servant à augmenter l’intensité sonore, d’un circuit-filtre, ne donnant passage qu’à une fréquence donnée, d’un instrument de mesure permettant de lire les amplitudes et de batteries fournissant l’énergie électrique. Indépendante du secteur, elle ne pèse, avec tous les accessoires, qu’cnviron 25 kg.
- Le microphone est soit du type électrodynàmique, soit du
- Fig. 1. — L’oreille électrique.
- type à condensateur; il communique avec l’analyseur acoustique pur des fils conducteurs et des fiches de contact. En ajustant des boutons et des cadrans, on fait varier la sensibilité du filtre dans le rapport de 1 : 10 000; la fréquence peut varier entre 60 et 7000 périodes.
- ( >n sait que, depuis quelque temps, on s’ingénie, dans plusieurs grandes villes d’Europe et d’Amérique, à réduire le bruit de la rue et à soulager, par là, les nerfs des jJassants et des voisins. Or, dans cet ordre d’idées, il convient, tout d’abord, d’analyser soigneusement la composition des bruits, ce qui se fait parfaitement avec F « oreille » électrique.
- Tous les bruits sont complexes : même la pomme qui tombe par terre produit, en frappant le sol, un son d’une composition assez compliquée. On peut même ajuster deux ondes acoustiques d’intensité égale de façon à se compenser l’une l’autre.
- L’une des applications qu’on a l’intention de faire de l’oreille électrique consiste à constater les défauts de matériaux, dans les moteurs d’aViation et les hélices. Attaché au pare-boue d’une automobile, un dispositif de ce genre permettra de
- reconnaître immédiatement tout bruit insolite et sur un avion toute avarie se produisant au cours d’un vol. L’ « oreille » électrique prendra, semble-t-il, une importance comparable à celle de l’œil électrique.
- ÉCONOMIE MÉNAGÈRE Pour éviter les projections de graisse.
- Voici un petit accessoire intéressant pour les cuisinières. Chaque fois que l’on cuit des aliments dans la graisse ou dans
- Fig. 2. — L’évil grains.
- le beurre, il est bien difficile d’éviter des projections du corps gras fondu, ce qui non seulement occasionne des taches de graisse sur les fourneaux, les objets environnants, le plancher ou les vêtements, mais ce qui provoque parfois des brûlures douloureuses.
- L’Evitgraiss est tout simplement une pièce en tôle en forme de couronne légèrement incurvée et munie d’une poignée de manœuvre. Cette couronne porte trois supports qui soutiendront le couvercle que l’on peut mettre sur l’appareil.
- Pour employer ce protecteur annulaire, on le place sur Je récipient, on met les aliments à cuire, et on pose le couvercle sur les trois supports. On laisse ensuite rôtir, puis on peut cuire alors les aliments comme à l’ordinaire, quand les projections de graisse ne sont plus à craindre, en enlevant l’appareil et en le remplaçant simplement par le couvercle de la casserole.
- Constructeur : Lecomte, à Carignan (Ardennes).
- OBJETS UTILES Refroidisseur d’eau.
- M. Ko ut Vlastimil, de Prague, nous indique le très simple procédé suivant pour rafraîchir l’eau de boisson pendant l’été. L’arrangement du verre est représenté sur la figure 3. Il consiste en un morceau de papier buvard coupé aux dimensions voulues, dont on enveloppe le verre et qu’on fait tenir par deux petites bandes de caoutchouc. Le verre étant placé dans une assiette contenant de l’eau, l’eau monte par capillarité dans le papier buvard, s’y évapore, ce qui provoque un refroidissement notable.
- On peut boire avec une paille, ou porter le verre à la bouche, mais alors le papier buvard ne doit pas couvrir le verre jusqu’au bord.
- Fig. 3. — liefroidisscur d'eau.
- le v'erre en coupe
- Deux bandes cl caoutchout
- de. I eau
- Assiette
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- BOITE AUX LETTRES
- COMMUNICATIONS
- Question à nos lecteurs.
- IJu de nos lecteurs, M. G. C. à Rabat (Maroc), cherche à se procurer en France, en Belgique ou en Allemagne du contre-plaqué de grande épaisseur (1 à 2 cm.) constitué non par des feuilles, mais par des morceaux accolés de bois de différentes essences, et demande à quelles portes frapper dans ces différents pays. *
- A propos du mouvement perpétuel.
- C’est un paradoxe très connu que celui du disque dont une moitié est plongée dans un vase rempli d’eau, dont l’autre est dans l’air, le disque tournant autour de son axe horizontal, dans une fente verticale ménagée dans la paroi du vase.
- En appliquant sans attention le principe d’Archimède, on trouve
- qu’une force verticale doit s’exercer au centre de gravité de la partie immergée, c’est-à-dire en un point non situé sur l’axe, d’où naissance d’un couple qui fera tourner le disque, et par suite provoquera un mouvement perpétuel.
- En réalité, on n’a pas le droit d’appliquer le principe d’Archimède à un corps non entièrement entouré de liquide; il suffit pour s’en convaincre de se reporter à la démonstration de ce principe.
- En fait, les pressions exercées par le liquide se réduisent ici aux pressions sur les joues planes latérales, pressions qui s’annulent deux à deux, et aux pressions sur la surface demi-cylindrique immergée. Celles-ci passent toutes par l’axe de rotation, et par suite ne produisent aucun couple. La roue ne bougera pas.
- Réponse à M. Ch. V., Ecole abbatiale de Saint-André, Lopuem-lez-
- Bruges.
- QUESTIONS ET RÉPONSES
- De tout un peu.
- AD.,à Para, Brésil. —Les objets eu écaille uruie se nettoient avec facilité en les faisant tremper pendant quelque temps dans l’un quelconque des solvants de corps gras, essence de pétrole, benzine, tétrachlorure de carbone; brosser après séchage et polir à la flanelle de laine.
- IVI. Descamps, à Anvers. — 1° Voici d’après Rousset (Travail dû cuir. Béranger, éditeur, 15, rue des Saints-Pères, Paris), quelles sont les compositions des différentes poix employées par les selliers
- et les cordonniers. Poix' de sellier : Poix molle Poix semi-dure l’oix dure
- Colophane 50 70 75
- Cire jaune 50 29 23
- 1-1 uile de résine. . . . — 1 2
- Poix de cordonnier : Extra Ordinaire Commune Noire
- Colophane . . . . . 76 72 70 70
- Huile de résine . . . 14 12 9 14
- Eau 10 10 9 4
- Sulfate de baryte . . — 6 12 4
- Noir de lampe . . . — — — 8
- 2° L’évaluation du contenu des bouteilles en acier contenant les gaz liquéfiés, se fait par pesée, en tenant compte de la tare de la bouteille vide généralement inscrite sur celle-ci.
- Bibliothèque centrale d’Etudes à Paris. — 1° Vous trouverez tous renseignements sur les lampes à désodorisation par production de formol dans le n° 2786, page 526, où cette question a été traitée avec détails.
- Quant aux ozoniseurs proprement dits à fonctionnement électrique, nous pensons qu’ils sont surtout assainissants. Dans un cas comme dans l’autre, la dépense journalière est extrêmement minime.
- M. Cl. Wartelle, à Arras. —• 1° La quinidine ca,,Hi4AzaOa -f 211-0 est un alcaloïde qui accompagne la quinine et la cinchonine < dans l’écorce de quinquina, qui s’accumule dans les produits rési- • duaires et n’avait jusqu’ici pas d’utilisation pratique; ce n’est que récemment qu’on a songé à l’employer comme insectifuge. — L’article que nous avons publié dans le n° 2854, page 332 d’après les documents que nous possédons, a exposé l’état de la question.
- 2° La coloration jaunâtre de votre marbre blanc, même après lavage, est due à des sels de fer. Pour la faire disparaître, vous pouvez essayer d’employer une solution de protochlorure d’étain, très faiblement acidulée par l’acide chlorhydrique, mais encore faut-il que la pénétration ne soit pas trop profonde. '
- IVI. Bruneton, à Paris. — Pour débarrasser les fume-cigarettes ou les tuyaux de pipes des goudrons qui les encombrent, il suffit de les relier par un tube de caoutchouc à un petit ballon de verre surmonté
- d’un tube, dans lequel on fait bouillir du l’alcool concentré à ‘J5°.
- Les vapeurs d’alcool ont bientôt fait de solubiliser les produits âcres ainsi accumulés par la combustion du tabac et bientôt on voit les gouttelettes condensées sortir parfaitement incolores, ce qui indique la fin de l’opération.
- Ecole normale d’institutrices de Laval. — A notre avis, le meilleur moyen de protéger vos tables de laboratoire est de les recouvrir de plaques de bois bakelisé que vous trouverez au Bois bakelisé, 1, rue Mondétour, à Paris, ou de les enduire du vernis à la bakélite n° 270 que l’on peut se procurer à la Société « La Bakélite », 14, rue Roquépine, Paris (8e).
- M. P. Giret, à Zéralda. — Un vernis à la bakélite (voir adresse ci-dessus) nous paraît devoir convenir pour raccord sur votre baignoire en fonte émaillée, la Société vous donnera du reste tout renseignement sur les possibilités de réussite dans ce cas.
- w IVI. Revol, à Paris. — La gutta-percha est une gomme qui, ainsi que le caoutchouc, ne reste pas stable, mais passe insensiblement de l’état liquide, représenté par la sève fraîche, à l’état final solide et dur, transformation qui est fonction de la température, de l’action de l’air et d’interventions encore mal déterminées.
- Éventuellement vous pourriez essayer de rendre à votre gutta de moulage unie certaine souplesse en y incorporant lorsqu’elle a été ramollie dans l’eau chaude, mais bien essuyée, une petite quantité d’essence de girofle.
- M. Tholosé, à Paris. — Si la pièce est dallée, il n’y a pas à craindre l'humidité-,, mais seulement la fraîcheur ; dans ce cas le linoléum, sous ses différentes formes commerciales, ne nous paraît pas indiqué, mais plutôt un tapis du genre fibre de coco (cohir) qui sera le meilleur isolant, en même temps que le plus économique.
- M. Chardin, à Pantin. — Les rouleaux encreurs d’imprimerie sont à base de gélatine glycérinée/D'après les renseignements qui nous ont été donnés, on pourrait prendre comme type de préparation la suivante :
- Faire gonfler de la colle forte dans de l’eau froide pendant douze heures jusqu’à saturation, la retirer puis ajouter un poids de glycérine égal à celui de la colle primitive.
- Au dernier moment, incorporer à la masse 5 pour 100 de formol commercial à 40 pour 100 d’aldéhyde formique, verser dans des moules graissés et laisser au moins vingt-quatre heures dans un endroit frais avant de démouler.
- Bien entendu les proportions de constituants peuvent varier suivant le degré de souplesse que l’on désire, on peut également pour durcir y incorporer des matières inertes, kaolin, blanc de Meudon, sulfate de baryte et teinter à volonté par une couleur minérale : ocre jaune ou rouge, etc.
- Ecole Diderot. — Nous n’avons pas connaissance qu’une fabrication spéciale de punaises à dessins en acier inoxydable ait été entreprise; le mieux serait de consulter à ce sujet la Maison Morin, 11, rue Dulong, ou Baignol et Farjon, de Boulogne-sur-Mer.
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- DOCUMENTS PHOTOGRAPHIQUES
- Fig. 1.
- L’usine à hélium d'où l’on tire actuellement tout l'hélium utilisé au gonflement des dirigeables, à Soncg, près Amarillo (Texas),
- Vue de la station centrale (moteurs à gaz), au tond les compresseurs. (Ph. Keystone).
- Fig. 2.
- L’usine à hélium d’Amarillo.
- Les appareils de liquéfaction servant à séparer l'hélium du gaz naturel. (Ph. Keystone).
- Fig. 4. — Le nouveau hangar à zeppelins de Friedrichshafen. (Longueur: 275 m, largeur 58 m, hauteur 53 m), construit en acier spécial. (Ph. Keystone).
- Fig. 5. — Construction d'un nouveau barrage sur la Seine à Suresnes pour améliorer la navigation de la Seine.
- (Exécution d’une touille à 8 m en contre-bas du niveau de la Seine).
- (Ph. Wide World).
- Le Gérant : G. Masson.
- 1726. — Paris. Imp. Lahure — i-i2-3t.
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- N° 287i
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- *-|LA NATURE
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- 15 Décembre 193J*
- L’ENIGME DE L’AURORE BOREALE
- THÉORIES SCANDINAVES ET EXPÉRIENCES ALLEMANDES
- Fig. 1. — Une trajectoire électronique dans un champ magnétique.
- On observe parfois, même sous nos latitudes moyennes, une étrange lueur au ciel du soir, lueur bien plus fréquente et marquée dans les régions polaires : l’horizon, alors, semble émettre des rayons de teinte blanche ou jaunâtre, voire de couleurs plus vives — verdâtres, bleuâtres, rougeâtres ou violettes — rayons formant, dans le ciel, arcs, bandes, draperies, nuages lumineux ou même des couronnes tout entières. C’est un tableau fascinant et qui contribue beaucoup au charme si étrange des nuits polaires. Ce phénomène — le plus magnifique, sans contredit, d’entre tous les phénomènes naturels — s’appelle, dans l’hémisphère nord, aurore boréale, dans l’hémisphère sud, aurore australe.
- Là où cette aurore polaire est le plus fréquente, elle descend souvent à proximité du sol. Son extension, suivant la surface de la terre est, en général, très faible; mais parfois on en a observé qui s’étendaient sur plus de 300 degrés de longitude, des pôles à l’équateur.
- La fréquence de l’aurore boréale est soumise à certaines lois : les observations continuées pendant des dizaines d’années prouvent, par exemple, à l’évidence, ^qu’il existe une corrélation entrç ce phénomène et les variations de l’activité solaire : taches du soleil, etc. Il n’y a pas de .doute que la fréquence et l’intensité des aurores augmentent et décroissent, périodiquement, d’une façon analogue aux taches
- Fig. 3. — Trajectoire électronique circulaire, concentrique à l’équateur magnétique.
- — surtout suivant des périodes de 11 ans, 56 ans et plusieurs siècles. Cette règle, dans le cas des aurores polaires, est même plus marquée encore que pour les taches du soleil.
- • • 'jÿ' '
- Une liàison analogue à celle qui existe ainsi entre les aurores boréales et les taches solaires se . constate entre elles et le magnétisme terrestre : les perturbations
- magnétiques et les aurores coïncident ou se suivent très souvent. D’autre part, l’orientation des aurores boréales correspond essentiellement à la direction de l’aiguille aimantée ; les rayons s’orientent suivant la déclination, et la couronne lumineuse se trouve au zénith magnétique. Enfin, à l’époque des aurores boréales, on obsei’ve bien souvent des courants telluriques particulièrement forts. Bref, toutes ces' circonstances. concomitantes font penser • que les aurores boréales . et australes sont, au fond,, des phénomènes électriques d’autre part, au soleil.
- Un jeune physicien, le D
- Fig. 2. — Trajectoires filiformes d’électrons : l’une d’elles est déviée par le champ magnétique.
- liés, d’une part, à la terre, * Bruech'e, de l’Institut des
- Recherches scientifi- ; ' ; _
- ques de l’À. E. G. à
- Berlin, dans une con- ^ 4- ~ Draperie expérimentale
- », , : imitant-le .phénomène naturel.
- lerence très remarquée, vient de rendre compte des expériences fort suggestives qu’il a faites, à ce propos, en collaboration avec les Des Ende et Engel, et qui, semble^t-il, constituent la solution définitive de l’énigme des aurores boréales.
- Dès 1881, le professeur Goldstein,physicien à Berlin, partant de ses expériences relatives aux rayons cathodiques, avait énoncé l’opinion que l’aurore polaire serait due à la transmission de particules électriques (électrons), à
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- Fig. 5. — Lueur expérimentale et action exercée sur elle 'par un courant annulaire. A gauche : pas de courant annulaire. A droite : avec courant annulaire.
- travers l’espace vide, du soleil à la terre. 11 s’agirait donc de rayons électroniques qui, partant du soleil, seraient captés par le champ de force magnétique de la terre, les orientant vers les régions polaires : c’est au moment d’entrer dans l’atmosphère terrestre raréfiée qu’ils donneraient lieu aux lueurs aurorales, de même que l’air raréfié d’un tube de Geissler émet une luminescence magnifique.
- D’autre part, en 1896, le professeur Birkeland, à Oslo, a été le premier à formuler clairement une théorie analogue des aurores boréales, en même temps qu’il en a démontré la possibilité par des essais sur un petit modèle magnétique du globe terrestre, introduit dans une décharge électrique. Son compatriote, le professeur Stormer, a poussé plus loin cette idée, en lui donnant une forme mathématique. M. Boutaric a récemment exposé ces théories (v. n° du 15 avril 1931) dans cette Revue. Ce sont ces calculs de Stormer, surtout les formes diverses de trajectoires, que M. Brueche a tâché de confirmer expérimentalement. Il a commencé par réaliser — point de départ d’expériences ultérieures — des trajectoires filiformes de particules électriques (électrons) et par les
- soumettre à l’action de champs magnétiques faibles (fig. 1 et 2).
- Les aurores boréales, dans les hautes latitudes, constituent des anneaux entourant l’horizon. Aussi, dans les essais du physicien berlinois, la trajectoire circulaire — proprement orientée — est-elle la plus importante d’entre toutes les trajectoires expérimentales (fig. 3); la trajectoire réelle est plus éloignée de la Terre que celle de la Lune. A mi-chemin environ entre elle et la Terre, on constate la limite d’une région libre de particules électriques et qui constitue un anneau entourant la terre. Dans cette région, il ne saurait exister d’aurore boréale. Or,
- Fig. 6 (à gauche).— Ragon électronique et sa déviation par un aimant. Fig. 7 (à droite).
- Déviation d’un rayon électronique par le champ terrestre.
- venant d’en haut et d’en bas, les électrons, par des trajectoires compliquées (fig. 8), se rapprochent des régions polaires de la terre. Au moment de descendre dans les couches atmosphériques supérieures, les rayons s’étendent, en partie, en suçfaces et c’est ainsi que prennent naissance les arcs et les draperies si caractéristiques des aurores boréales (fig. 4). A l’extérieur de l’espace exempt de particules électriques que nous avons signalé, il existe des trajectoires dites « périodiques », c’est-à-dire qui reviennent à intervalles donnés. Ces trajectoires si nombreuses, qu’on a pu prévoir par le calcul et constater par l’expérience, constitueraient une « paroi » électrique réfléchissant, semble-t-il, certains signaux de T. S. F.
- C’est, en effet, par une réflexion de ce genre que le professeur Stormer explique l’énigmatique phénomène des échos de T. S. F., semblant venir de l’espace cosmique.
- Fig. 8 (à gauche). •— Trajectoire électronique au voisinage des pôles terrestres. Fig. 9 (à droite). — Trajectoire périodique autour de l’équateur.
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- Les particules électriques dont le flux entoure l’équateur de notre terre constituent un courant « annulaire », réagissant sur l’aiguille aimantée et qui déplacerait les aurores boréales vers les latitudes inférieures. Ce résultat a également pu se démontrer à l’aide d’un courant annulaire artificiel (voir fig. 5, sans courant annulaire, à gauche; avec courant annulaire, à droite).
- L’accord entre les expériences et les calculs théoriques a été entier, sur tous les points. Tout ce qu’avait prévu la théorie sur la forme des différentes trajectoires, l’expérience a pu le démontrer, non seulement en grandes lignes, mais jusque dans les détails. C’est ainsi que la trajectoire circulaire, par exemple, était située exactement à la distance déterminée par le calcul. Or, M. Brueche, allant plus loin, a pu déterminer, par des expériences démonstratives, de nouvelles trajectoires qui sans doute doivent exister dans le champ des aurores boréales de notre terre.
- Ces travaux des laboratoires de recherches de A. E. G., purement scientifiques à l’origine, ont conduit cependant à certains résultats pratiques réalisables, prouvant ainsi la haute valeur de tout travail rigoureusement scienti-
- fique, même pour la pratique courante. M; Brueche a, en effet, sur la base de ses investigations, mis au point une boussole d’une sensibilité remarquable, où l’aiguille est remplacée par un rayon d’électrons exempt d’inertie et qui indique la direction. Cette boussole, suivant instantanément la moindre variation de direction, conviendrait surtout à bord des avions.
- Dr A. GRADENWITZ. Boussole à rayons cathodiques.
- LA VISION CHEZ L’INSECTE
- Les Insectes possèdent deux sortes d’yeux : des yeux simples ou ocelles ou stemmates, des yeux composés ou yeux à facettes. Nous ignorons à peu près tout des premiers; nous ne savons même pas s’ils servent à quelque chose; peut-être sont-ils des organes primitifs arrêtés dans leur évolution, ou même des organes régressés. Quoi qu’il en soit, leur type anatomique permet de croire que leur fonctionnement est le même que celui de l’oeil des Vertébrés (fig. 1).
- Les yeux à facettes, au contraire, présentent tous les stades d’un développement qui peut atteindre la plus grande perfection. Le rôle qu’ils jouent dans la vie de relation de l’Insecte semble être considérable.
- La complication très grande de ces yeux, leur anatomie si différente de celle de notre appareil visuel, la difficulté de comprendre leur fonctionnement, font que la vision de l’Insecte a été un problème très ardu de la physiologie comparée des organes des sens.
- Néanmoins, comme nous espérons le montrer, les difficultés de ce problème n’existent que par la méconnaissance ou l’oubli de certains principes généraux, d’un intérêt scientifique et philosophique de première importance. ... . *
- LES DONNÉES DU PROBLÈME
- Anatomie des yeux composés. — Les yeux composés ont la forme de calottes sphériques résultant de la juxtaposition radiaire d’un grand nombre d’éléments visuels appelés ommatidies. Une ommatidie est un tube hexagonal enfermé dans un étui de cellules pigmentaires qui l’isole optiquement des autres ommatidies. Le nombre de ces éléments visuels peut être considérable; il est de
- 20 000 environ chez les Libellules ; il peut même atteindre 25 000. Mais il est parfois de quelques unités seulement; par exemple chez les ouvrières des Fourmis Solénopsis.
- Dans l’étude de tout appareil visuel, il y a deux parties au moins à considérer :
- a) L’appareil dioptrique;
- b) L’appareil sensitif.
- La plupart des types d’yeux possèdent encore un appareil d’accommodation. Cet appareil n’existe pas chez l’Insecte pour des raisons que nous verrons.
- U appareil dioptrique présente une assez grande variété. Cependant on y trouve toujours une cornée lenticulaire de forme hexagonale. En dessous de cette cornée, à distance variable, il y a, soit un milieu liquide amorphe rappelant le corps vitré de l’œil humain, soit un milieu semi-liquide, semi-fibreux, ayant une forme sensiblement conique, soit enfin un véritable cône cristallinien dur, dont les types sont très divers (piriforme, cylindro-ogival, pyramidal, etc.). Les yeux sans cristallins ont été appelés par Grenadier yeux acônes, les yeux à cristallins fluides yeux pseudocônes, les yeux à cristallins solides, yeux eucônes
- (fig-2)..
- Les insectes qui semblent doués de la meilleure vue sont des insectes à yeux eucônes.
- Fig, 1. — Ocelle d’insecte.
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- L'appareil sensitif ou rétinule, situé immédiatement derrière l’appareil dioptrique, se compose de sept bâtonnets ou rhabdomères, six périphériques et un central, soudés ensemble ou simplement réunis en faisceau. De la partie postérieure de chacun des rhabdomères s’échappe un cylindre-axe, fibre du nerf optique qui s’enfonce dans le périopticon, partie externe du volumineux ganglion optique du cerveau.
- La pointe du cristallin est située à très peu de distance du rhabdomère Central et un étranglement des cellules pigmentaires formant iris permet seulement à la rétinule de recevoir l’excitation d’un étroit cône de lumière.
- Fonctionnement du système dioptrique. — L’étude du système dioptrique a été faite de façon très soignée, il y a plus d’un demi-siècle, par S. Exner, sur l’oeil de l’Hydrophile brun.
- Exner trouva :
- 1° Que l’image de l’objet fournie par la cornée est réelle, renversée et beaucoup plus petite que l’objet;
- 2° Que le cristallin déforme complètement cette image. En effet, à partir de l’endroit où le cristallin se rétrécit,
- Fig. 2. — Types d’Ommalidies.
- De gauche à droite : œil acône (Clénophore). Œil pseudocône (Mouche).
- Œil eucône (Abeille). (D’après Grenacher.)
- les rayons peuvent tomber sur ses parois avec des incidences supérieures à l’angle limite de réfraction. 11 y a alors une série de réflexions totales, jusqu’à ce que les rayons sortent du cristallin par sa pointe inférieure en divergeant fortement, à moins qu’ils ne se perdent avant dans les cellules pigmentaires qui les absorbent. Seuls peuvent atteindre la rétinule les rayons lumineux cheminant presque parallèlement à l’axe optique.
- Ces résultats, que nous empruntons au premier mémoire d’Exner, semblent tout d’abord paradoxaux. Ils. sont cependant théoriquement exacts. Pratiquement, il n’en est pas tout à fait de même; car la pointe du cristallin a une surface nullement négligeable et elle permet la conservation de l’image cornéenne dans sa partie centrale, extrêmement réduite il est vrai. C’est ce que l’on voit chez l’Abeille, par exemple. Le cristallin y joue le rôle d’un diaphragme microscopique (fig. 3).
- Il nous faut encore ajouter deux remarques importantes :
- 1° Le rhabdome ou rétinule paraît être une formation fonctionnellement unitaire. Que les rhabdomères soient libres ou non, on ne comprend pas qu’ils puissent analyser utilement une image microscopique.
- 2° IJ évolution a eu une tendance manifeste à réaliser davantage le type eucône, comme si celui-ci était un modèle de perfection, et à s’éloigner du type acône qui reste anatomiquement encore très près de l’œil simple. Cette remarque est due à Grenacher : « Le champ visuel d’une ommatidie, dit-il, est d’autant plus petit que l’œil s’éloigne quant à sa construction de l’œil simple ou stemmate, et que le caractère de l’œil à facettes se montre réalisé plus typiquement et plus parfaitement ».
- LA SOLUTION DU PROBLÈME COMMENT VOIT LTN.SECTE
- Malgré les apparences, le problème de la vision de l’Insecte n’offre pas de difficultés spéciales. 11 suffit de connaître les principes généraux de la sensorialité et de la perception extérieure. Nous allons les exposer simplement.
- Quel est le rôle de l’œil ? Renseigner l’animal sur la direction et la distance des objets qui peuvent lui nuire ou satisfaire ses besoins. Percevoir visuellement, c’est, donc localiser des sources lumineuses dans Vespace, et la perfection de la perception est liée à la finesse de la localisation.
- La localisation en profondeur se fait : 1° primitivement et immédiatement par l’appréciation de l’intensité de l’excitation; 2° secondairement ou d’une manière dérivée et acquise, par l’appréciation des dimensions de l’objet (perspective), c’est-à-dire par le moyen de lignes de visée, ce qui nous ramène à la localisation en direction.
- La localisation en direction est donc le but suprême assigné à l’œil. Aussi l’évolution naturelle s’est-elle ingéniée à perfectionner cet organe pour que cette localisation soit le plus parfaite possible.
- Ces principes généraux, si simples, si évidents, contiennent en germe toute la physiologie de la vision.
- En effet, schématisons l’évolution de l’œil. Nous supposerons un premier stade (d’ailleurs réalisé à peu près comme nous allons le décrire chez certains Vers, les Planaires) : un tégument transparent, ou même translucide, sans propriétés dioptriques, une espèce’de verre de montre si l’on veut, recouvre un faisceau de cellules sensibles à la lumière ((ig. 4). Une source lumineuse punctiforme S affectera indifféremment toutes les cellules. Il sera impossible à l’animal de la distinguer de la source SC Cet œil rudimentaire ne permet donc pas l’établissement de lignes de visée. Mais il permet l’appréciation grossière des distances en profondeur grâce aux différences d’intensité des excitations lumineuses (').
- Pour sortir de ce stade, la nature avait deux voies :
- 1° Epaissir et éclaircir le tégument pour en former une lentille, de façon à concentrer les rayons émanés d’un point extérieur sur une surface sensible aussi réduite que possible;
- 2° Ou bien segmenter le tégument translucide en un certain nombre de tubes ou de prismes isolés par du pigment, de façon à sélectionner les rayons incidents.
- 1. Cependant l’animal aura conscience de la présence de sources lumineuses dans certains secteurs de l’espace. Ces sortes d’yeux étant souvent reproduits à de nombreux exemplaires sur tout son corps lui donneront, si primitifs qu’ils soient, de précieuses indications.
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- Dans un cas comme dans l'autre, le résultat physiologique est le même : l’animal discrimine parfaitement bien toutes les sources lumineuses et peut apprécier avec précision les directions dans lesquelles elles se trouvent par rapport à son œil, ce que nous appelons établir des lignes de visée.
- Dans le premier cas, l’évolution naturelle a abouti à l’œil simple des Mollusques et des Vertébrés; dans le second, à l’œil composé des Arthropodes.
- Ainsi, la perception visuelle s’exerce de la même façon partout, quel que soit le modèle anatomique de l’œil. L'Insecte voit comme nous. Son œil, comme le nôtre, est construit de telle sorte que les sources lumineuses extérieures n’affectent que les éléments sensibles qui se trouvent sur les droites joignant les sources en question et le centre de perspective (c’est-à-dire le point où se rencontrent les lignes de visée). C'est de ce point que la vision s'exerce. Quand nous regardons, tout se passe comme si notre œil était réduit à un point, vers lequel convergent des rayons venant de toutes les directions de l’espace. Nous pouvons même ajouter que le mécanisme de la vision est beaucoup plus facile à saisir dans l’œil composé, où le centre de perspective coïncide avec le centre de la courbure extérieure de l’œil, que dans l’œil simple où le centre de perspective se trouve placé au centre du système dioptrique, et par conséquent en avant de la couche des éléments sensibles. Nous aboutissons alors à cette considération un peu inattendue que l’œil de l’insecte nous est d’une aide précieuse pour comprendre le fonctionnement du nôtre (1).
- A la lumière de ces principes, qui nous donnent d’eux-mêmes la solution d’ensemble, nous pouvons aborder toutes les questions particulières aux yeux à facettes.
- 1° Le fonctionnement de l’ommatidie fait saisir le pourquoi des propriétés dioptriques de la cornéule et du cristallin. Leur rôle est de sélectionner des rayons lumineux, de façon que seuls soient admis à la rétinule les rayons cheminant le long de l’axe optique ou compris
- 1. Nous devons faire ici quelques remarques : a) Pour expliquer le fonctionnement de l’œil composé, nous aurions pu nous y prendre d’autre façon et nous donner pour but de montrer que l’œil simple et l’œil composé réalisent par des moyens différents une projection conique, une image perspective des objets extérieurs. Cette image est recueillie dans les deux cas sur un tapis rétinien, avec cette seule différence que l’une vient se peindre dans le même sens que les objets vus et l’autre en sens inverse. Au point de vue géométrique, cette deuxième manière de s’exprimer est équivalente à celle dont nous nous sommes servi précédemment. Mais au point de vue psychophysiologique, elle n’a pas du tout la même valeur que celle-ci, car elle n’explique pas comment l’on voit dans l’espace. C’est pourtant là toufPle problème de la perception extérieure.
- b) L’expression vision en mosaïque, due à Jean Muller, est tout à fait inadéquate. L’insecte ne voit, pas plus que nous, les taches de lumière juxtaposées d’une image rétinienne composite. L’insecte distingue, comme nous, les sources lumineuses qui peuplent l’espace, avec tous leurs modelés de lumière et d'ombre, sans aucune solution de continuité.
- c) Il est possible que la nature ait pris, dans son évolution, une voie assez différente de celle que nous indiquons : réduction des dimensions de l’ocelle, multiplication des ocelles, juxtaposition. Le résultat est exactement le même. D’ailleurs, reconstruisant in abstracio un processus, nous ne pouvons penser que la nature ait adopté précisément la solution qui pour nous est la plus simple; elle devait tenir compte des potentialités évolutives des organismes. Mais notre seul but est d’expliquer le fonctionnement de l’œil composé.
- Fig. 3. — Rôle du Cristallin.
- En haut : cône théorique.
- En bas : cristallin de l’Abeille. L’ouverture du champ ommatidien dépend de la longueur du système dioptrique et de la surface de
- la pointe.
- dans un cône très étroit. L’objet est ainsi analysé par plages contiguës par les ommatidies que ses rayons peuvent atteindre.
- 2° La perception est d’autant plus parfaite que la sélection est plus poussée.* Ceci suffit à expliquer la remarque de Grenacher citée plus haut.
- 3° Cherchons à définir l’acuité visuelle de l’œil composé. Elle serait infinie si l’animal pouvait distinguer une infinité de points de l’objet, quelle que soit la distance. Il faudrait alors :
- a) Que la surface de l’œil soit plane (ou que son rayon de courbure soit infini) ;
- b) Que les ommatidies soient infiniment ténues;
- c) Qu’elles n’admettent que le rayon lumineux coïncidant avec leur axe.
- Comme dans la réalité ces trois conditions ne sont jamais remplies, il reste que l’acuité visuelle de l’œil composé dépend de trois facteurs :
- Fig. 4. — Évolution schématique de l’Œil.
- De gauche à droite : Œil rudimentaire. Œil simple. Œil composé. (C. Centre de perspective.)
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- Fig. 5 à 7. — Œil de l’Abeille ouvrière.
- Coupes médianes longitudinales. A gauche : Régions supérieure et moyenne de l’œil. Grossissement 50 diamètres. Au milieu : Secteur des ommatidies normales. Grossissement 195. A droite : Région inférieure de l’œil. Ommatidies obliques. Grossissement 190.
- On voit, vers le milieu de la photographie, un cil inséré entre deux ommatidies.
- a) Longueur du rayon de courbure ;
- b) Diamètre des cornéules;
- Fig. 8. — Image rétinienne.
- I. Dans le champ du microscope. L’objet est un trou de 5 mm de diamètre situé à 56 mm et en travers duquel est tenue une aiguille.
- II. Formation de l’image; R, rayons incidents; O, calotte de l’œil coupée au rasoir; G, goutte de glycérine diluée; L, lamelle couvre-
- objet; C, centre de perspective.
- c) Pouvoir sélectif de l’ommatidie, défini par la plus grande incidence sous laquelle peuvent tomber les rayons qui l’impressionnent (notion de champ ommatidien).
- Il ne servirait de rien que ce pouvoir sélectif soit idéalement parfait puisque les deux premières conditions ne sont jamais idéalement réalisées. Par conséquent, il suffit, pour qu’un œil composé fonctionne aussi bien que possible, que le champ de ses ommatidies ait pour valeur l’angle au centre de perspective dont les côtés sont sous-tendus par le diamètre d’une cornéule.
- Corollaire : une source lumineuse, se rapprochant, cesse d’être perçue comme un point dès que son diamètre excède celui de la section du champ ommatidien.
- 4° Enfin, l’œil composé n’a pas d’appareil d’accommodation parce que la sélection des rayons lumineux ne s’y opère pas par les lois de la concentration dioptrique. Toute mise au point est rendue de ce fait complètement inutile.
- S’il n’y a pas d’accommodation, il n’y a pas non plus de punctum proximum. L’insecte peut donc utiliser à plein le pouvoir séparateur de son œil à de très courtes distances, ce que nous ne saurions faire. A quelques millimètres de son œil, il peut travailler comme « à la loupe ». Ceci explique, en partie, la prodigieuse habileté que montrent certaines espèces dans l’édification de leur nid, le maniement de leurs œufs et en général dans tous les modes de leur inlassable activité (‘).
- Mesure expérimentale de Vacuité visuelle d’un insecte. — La méthode que nous avons employée comprend deux opérations distinctes.
- La première donne le rayon de courbure et le diamètre des ommatidies, ce qui permet de calculer l’angle au
- 1. Cette absence de punctum proximum a toutefois un inconvénient. Tout le monde a vu les mouches prendre un très grand soin de débarrasser la surface de leurs yeux de la moindre poussière. Les plus petits grains doivent en effet obturer des secteurs assez importants du champ visuel. Dans les mêmes conditions un grain de poussière posé sur la cornée d’un œil simple serait absolument invisible. De nombreux cils, insérés entre les ommatidies, empêchent d’ailleurs les grains de poussière d’arriver aux cornéules (fig. 7).
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- centre. On procède de la façon suivante : on fait des coupes à la paraffine, en série, pour pouvoir choisir les coupes rigoureusement axiales. On photographie ces coupes sous le microscope. Il est alors très aisé de déterminer graphiquement sur les positifs le centre vers lequel convergent les ommatidies. Nous avons trouvé que l’angle au centre est de i° 5' chez l’Abeille ouvrière (région moyenne de l’œil, fig. 5 et 6).
- La deuxième opération indique si le pouvoir sélectif de l’ommatidie est maximum, c’est-à-dire si son champ est égal à l’angle au centre que fournit la première opération. On coupe un œil frais, tangentiellement, au rasoir, à une distance du sommet suffisante pour couper les exti'émités des rétinules derrière les systèmes diop-triques (l/10e de mm environ). On examine cette coupe en goutte pendante. Avec un grossissement de 100 à 200 diamètres, on voit une grande quantité de points brillants entourés de pigment brun-noir, correspondant chacun à une ommatidie illuminée.
- Disposant une petite chambre noire sous la platine du microscope, on rétrécit le diamètre de l’objet lumineux, figuré par un simple trou, jusqu’à ce qu’une seule ommatidie soit touchée. La mesure de l’angle déterminé par l’objet lumineux et sa distance à la surface de l’œil donne la mesure du champ ommatidien. Il est égal à 1° 5' environ chez l’Abeille ouvrière. Le pouvoir sélectif de son ommatidie est donc aussi bon qu’il est nécessaire.
- Cette expérience permet en même temps de faire une observation curieuse. Si elle a été conduite avec soin, on aperçoit au-dessus des cônes illuminés une image de l’objet, assez nette, et qui se déplace si l’on déplace la chambre noire (fig. 8, I). Cette image est produite par la rencontre avec la lamelle de verre des cônes de lumière émergés des cristallins (fig. 8, II). C’est une image que l’on peut appeler rétinienne. Il serait toutefois absurde de prétendre que l’insecte perçoit cette image ; elle n’existe, en effet, que grâce aux opérations décrites ci-dessus. Son intérêt pour nous est de confirmer nos déductions touchant le fonctionnement des systèmes dioptriques.
- Structure de V oeil de V Abeille ouvrière. — Nous avons fait jusqu’ici comme si la surface extérieure de l’œil composé était une portion de sphère. Mais le plus souvent elle n’est pas sphérique, tant s’en faut : elle admet une développée comme lieu géométrique de ses centres de courbure. Tel est le cas de l’Abeille ouvrière.
- Nous devons nous attendre alors à ce que l’acuité visuelle soit très variable suivant les régions de l’œil. Or, dans toutes les régions que nous avons observées, l’acuité visuelle nous a paru être à peu près constante.
- Si l’on examine des photographies de coupes médianes longitudinales (fig. 5, 6, 7), on s’aperçoit que les ommatidies ne sont normales à la surface extérieure que dans un secteur théoriquement très étroit, et qu’elles s’inclinent de plus en plus sur cette surface à mesure que l’on va vers les parties inférieures de l’œil. Cela suppose évidemment que toutes les ommatidies de tous les secteurs se dirigent vers un centre commun. Il est d’ailleurs nécessaire, pour qu’un œil fonctionne bien et permette à l’animal de juger des positions relatives des objets par
- Fig. 9. — Coupe médiane longitudinale d’un œil d’abeille ouvrière.
- C, centre de perspective.
- leurs angles de visée, qu’il n’y ait qu’un centre de perspective dans l’œil.
- L’œil de l’Abeille doit donc avoir un centre de perspective unique, lequel ne peut se trouver que dans cette partie de la développée dont les tangentes se confondent avec les axes des ommatidies normales à la surface extérieure (fig. 9).
- Ceci étant donné, la constance de l’acuité visuelle est à peu près assurée, si l’on considère que les diamètres des ommatidies subissent une progression constante (de 18 à 24 p. environ) à partir du secteur des éléments normaux. L’acuité est néanmoins légèrement plus grande dans la région inférieure de l’œil que dans la région supérieure, ce qui s’explique assez bien par la spécialisation de l’Abeille ouvrière et le genre de ses travaux (fig. 10).
- Fig. 10. — Tête de l’abeille ouvrière. Sur le front on distingue trois ocelles.
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- L’ŒIL DE L’INSECTE ET L’ŒIL HUMAIN
- — Nous avons dit que l’Insecte voit comme nous. Il faut entendre par là que la vision de l’Insecte ne présente avec la nôtre aucune différence de nature.
- Il y a par contre de notables différences de degré. D’abord, les anciennes et fameuses expériences de Lubbock sur les Fourmis nous autorisent à croire que ces insectes perçoivent les radiations ultra-violettes.
- Ensuite, l’acuité visuelle de l’Insecte esL très faible. Sans doute, il y a des insectes doués d’une vue plus puissante que celle de l’Abeille. Malgré cela, elle n’approche pas de la puissance de l’œil humain.
- Mais tout appareil sensoriel dépend des besoins de l’organisme qui le porte. L’œil de F Insecte est aussi bien adapté à son habitat que notre œil l’est au nôtre. De près, l’Insecte distingue des détails très petits (moins du l/10e de mm). De loin, il voit encore assez bien pour se
- conduire, prévoir les obstacles, fuir les animaux prédateurs. L’Abeille, à un mètre, voit dans une pierre, un homme, un arbre, autant de détails que nous y distinguons à 65 m. Cela lui suffit pour savoir à quoi elle a affaire.
- Enfin, l’œil de l’Insecte est peu lumineux. En effet, il fonctionne par sélection et non par concentration de rayons lumineux. Dans ces conditions, l’angle solide des rayons émanés d’une source punctiforme et atteignant un élément sensible est beaucoup plus étroit chez l’Insecte que chez l’Homme. Il existe entre l’œil composé et l’œil simple la même différence de luminosité qu’entre une chambre noire percée d’un trou très fin et une chambre noire pourvue d’un objectif à lentilles.
- Ce défaut est probablement corrigé chez beaucoup d’insectes par une très grande sensibilité des rétinules. En règle générale, cependant, l’Insecte ne voit bien que des objets vivement éclairés. 11 vit littéralement dans la lumière.
- G. Viaud et L. Dodin.
- LES VIDES ÉLEVÉS
- La technique du vide a fait en ces dernières années de très rapides progrès : l’étude des phénomènes électriques dans le vide est pratiquée aujourd’hui dans tous les laboratoires et a contribué puissamment à la rénovation de la physique moderne. Tout progrès dans l’obtention de vides élevés entraîne de nouvelles découvertes. Mais il faut bien reconnaître que l’impulsion donnée aux perfectionnements des machines et procédés pour faire le vide est surtout d’origine industrielle : le premier pas fut fait par Edison, lorsqu’il se proposa de réaliser rapidement, dans un grand nombre d’ampoules à la fois, le vide le plus parfait que l’on pût concevoir et réaliser vers 1879. Il y employa la trompe à vapeur de mercure, et réussit à faire des vides atteignant le millième de millimètre de mercure ; chiffre qui paraît bien modeste aujourd’hui où l’on réalise aisément le millionième de millimètre. Rappelons que c’est avec des trompes à mercure de type Sprengel complétées par des moyens chimiques que l’on fit les expériences qui conduisirent à la découverte des rayons cathodiques et des rayons X, du rayonnement du radium et des phénomènes thermioniques.
- Jusque 1912, toutes les pompes utilisées pour faire le vide comportaient un entraînement mécanique du gaz à extraire, soit par jets de liquide, soit par des pistons liquides (trompe de Spren-
- gel), soit par des pistons solides (pompes rotatives à palettes ou à engrenages avec étanchéité assurée par un bain d’huile). Ces dernières pompes, ne donnant qu’un vide médiocre, n’étaient et ne sont encore utilisées que pour donner le vide préliminaire nécessaire au fonctionnement des pompes à vide poussé. La pompe rotative à mercure de Gaede, apparue en 1905, est encore du type mécanique : elle a réalisé toutefois un très grand progrès, en permettant d’atteindre rapidement des vides supérieurs au cent-millième de millimètre de mercure. Cette pompe, rapidement répandue dans les laboratoires, est devenue aussi l’auxiliaire indispensable de l’industrie des lampes à incandescence, la seule qui jusqu’alors recourût aux vides élevés.
- Un nouveau progrès essentiel est marqué par l’apparition en 1912 de la pompe moléculaire de Gaede, invention inspirée par les travaux de Knudsen sur l’écoulement des gaz très raréfiés. Au contact d’une paroi solide, tout se passe comme si les molécules du gaz se condensaient sur celle-ci, pour se réévaporer après un petit intervalle de temps, et dans des directions quelconques, régies par les seules lois du hasard. Comme l’explique très clairement M. Dunoyer dans son excellent ouvrage de 1924 sur la « Technique du Vide » (x), si la paroi est animée d’un mouvement de translation dans son plan, toutes les molécules du gaz prendront en moyenne une composante de vitesse égale et parallèle à la vitesse de la paroi.
- On conçoit que ce mécanisme offre le moyen d’extraire des molécules d’une enceinte raréfiée pour les transporter dans une enceinte à pression plus élevée. Tel est le principe des pompes moléculaires dont la pompe Holweclc, réalisée en 1922, est une intéressante variante. La paroi
- 1. La Technique du Vide. Les Presses universitaires de France, Paris, 1924.
- Fig. 1.
- Principe de la pompe de diffusion, Le jet gazeux AB entraîne par diffusion les molécules venant de C, tandis que les molécules diffusant du jet AB se condensent sur la paroi refroidie en D.
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- solide mobile est constituée par un rotor tournant à très grande vitesse.
- Le plus grand avantage de ces pompes est la rapidité avec laquelle elles produisent le vide. Elles doivent toujours être associées avec une pompe préparatoire, assurant un vide partiel plus ou moins poussé dans l’enceinte à vider.
- Avec les pompes moléculaires Holweck on peut atteindre des vides correspondant à des pressions restantes inférieures au millionième de millimètre de mercure.
- Un autre type de pompe reposant sur des phénomènes analogues, et également très intéressant, a fait son apparition en 1916, c’est la pompe de condensation ou de diffusion de Gaede, réalisée en 1916 par Langmuir sous une forme particulièrement simple. Le principe est le suivant : si le récipient à vider est relié à une canalisation où circule constamment un courant gazeux, il y a diffusion réciproque entre les deux enceintes : le gaz provenant du récipient à vider est entraîné par le gaz en mouvement, tandis que ce dernier finit par remplir l’enceinte. Si on choisit pour le gaz en mouvement un gaz susceptible de se condenser au contact d’une paroi refroidie, on voit qu’on pourra ainsi réaliser un vide parfait (fig. 1).
- Dans la pompe Langmuir, le jet gazeux est un jet de mercure gazeux évaporé par un bec de gaz, ou une résistance électrique, et condensé à la température ordinaire. IJn piège à air liquide, au surplus, condense la vapeur de mercure restante, avant qu’elle n’ait pu gagner le récipient à vide (fig. 2).
- Les pompes Langmuir, tout en verre, d’une construction très facile, se sont multipliées dans les laboratoires ; elles ont en outre l’avantage de n’exiger aucun moteur, de ne comporter aucune pièce tournante et aucune partie délicate. On obtient aisément avec elles aussi les pressions de l’ordre du millionième de millimètre de mercure, et cela avec une très grande rapidité.
- C’est grâce à cet arsenal de machines à faire rapidement des vides poussés que l’on a pu préciser l’étude des phénomènes liés au passage de l’électricité dans les gaz raréfiés et réaliser la construction de lampes électroniques douées de caractéristiques précises. On leur doit la naissance de l’industrie des lampes radioélectriques ; celle-ci, dès l’origine, s’est attachée à perfectionner au maximum son outil essentiel : la pompe à xide.
- Dans une récente étude publiée par le Journal of the Franklin Institute, M. Saul Dushman établit le bilan des progrès réalisés en ces dernières années, reprenant la question à peu près au point où il l’avait laissée dans une étude publiée en 1922 et où la laisse M. Dunoyer dans son travail de 1924.
- LE PROGRÈS DES POMPES A CONDENSATION
- M. Dushman, laissant de côté les pompes moléculaires, décrit les nouveaux types de pompes de condensation. Ceux-ci ne donnent pas des vides sensiblement plus élevés qu’autrefois. On en est toujours a\i millionième de millimètre de mercure, obtenu couramment aujourd’hui avec tous les types de pompes ; ce vide qui nous paraît formidable est cependant bien loin du vide parfait ; à cette pression qui est voisine du milliardième
- Récipient à vider
- Trappe à vapeur de mercure re -froidie extérieurement
- Condenseur de mercure
- Chemise d'eau
- Vide préliminaii
- ^Chaudière'
- Retour du mercure condensé
- mercure
- Fig. 2. — Pompe à condensation de Langmuir, en verre.
- d’atmosphère, on compte encore plus de 35 milliards de molécules par cm3 à 0°C.
- Les nouvelles pompes se distinguent surtout par leur vitesse accrue et leur fonctionnement simplifié. Leur caractère industriel s’accentue. Avant de donner des chiffres, il est bon de préciser ce que l’on entend par vitesse d’une pompe à vide : c’est le volume de la masse gazeuse extraite par la pompe en une seconde, mesuré sous la pression moyenne qui règne dans l’enceinte.
- Ainsi quand on dit que la vitesse d’une pompe est de 1000 cm3 à la pression p, cela veut dire que la pompe peut extraire en 1 seconde dans une enceinte où règne la pression p, 1000 cm° mesurés à la pression p. Cela veut dire aussi, à condition que la pression initiale soit faible, que en 1 seconde la pression dans un volume de
- 1
- 1000 cm6 est réduite à la fraction - = 0,3678 de sa
- e
- valeur initiale.
- Ainsi la vitesse de la pompe moléculaire de Gaede est de 1400 cm3 par seconde à la pression de 10 microns, celle de la pompe Holweck est de 2 300 cm', Celle des pompes Langmuir de laboratoire, en verre, varie suivant le diamètre de l’orifice, entre 400 et 1500 cm3/sec.
- Un premier perfectionnement de la pompe Langmuir a été de la construire tout entière en métal. Le modèle le plus récent mis au point par M. Mac Graw (fig. 3) a une vitesse de 5000 à 6000 cm3 et travaille sur une pression préliminaire relativement élevée de 100 microns.
- Pompes à plusieurs étages. Les pompes de condensation, comme les pompes moléculaires, ne peuvent refouler directement à la pression atmosphérique le gaz qu’elles aspirent dans le récipient à vider. Elles ne
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- peuvent que le refouler dans une enceinte où règne une pression encore assez faible, et où ils sont repris par une autre pompe qui les rejette à l’atmosphère. Il faut donc toujours que la pompe à vide élevé soit associée à une pompe, dite à vide préliminaire, qui fait régner dans le condenseur une pression relativement réduite, dite pression du vide préliminaire. Le plus souvent, pour les vides élevés, il faut même mettre en série deux étages de pompes préliminaires. Ainsi, avec les premiers modèles de pompes Langmuir, il fallait un vide préliminaire de l’ordre du 1/10 ou même du 1/100 de mm de mercure; celui-ci était produit par une pompe à huile qu’il fallait à son tour associer à une pompe donnant un premier vide de 2 à 5 cm.
- Jusqu’à ces dernières années, ces pompes préliminaires étaient des pompes rotatives à palettes, baignant dans l’huile, ou bien on utilisait la pompe rotative à mercure de Gaede associée elle-même à une pompe à huile. Toutes ces pompes, et surtout les pompes à huile soumises à un vide relativement élevé, introduisent de désagréables complications de fonctionnement, alors que l’outil principal est d’une idéale simplicité, et qu’il suffit pour le mettre en marche d’ouvrir les robinets et de
- Fig. 3. — Modèle récent de pompe Langmuir à un étage en métal.
- (D’après S. Dushman. Journal of the Franklin Instilute).
- Récipient a vider
- Déflecteur
- métallique
- - Vapeur de mercure
- Chemise
- déau
- préliminait
- chaudière
- électrique
- fermer des connexions électriques. De plus elles sont fort bruyantes, et un laboratoire où elles sont en marche n’ofïre pas le silence propice aux recherches et à la méditation.
- Pour réaliser une pompe préliminaire sans pièces tournantes et aussi simple que la pompe principale, on a eu recours à l’éjecteur à vapeur de mercure, En apparence, c’est le même dispo.sitif de principe que celui de la pompe principale. La vapeur de mercure lancée à travers des ajutages de forme convenable entraîne le gaz à refouler au dehors : apparence seulement, car le mécanisme des phénomènes est entièrement différent : dans l’éjecteur, qui du reste ne fonctionne qu’à des pressions relativement hautes, le gaz à extraire est entraîné par frottement, et c’est la viscosité qui intervient avant tout; dans la pompe de condensation, on a affaire aux phénomènes de diffusion dans les gaz raréfiés, dont le mécanisme et les lois sont essentiellement différents.
- C’est Gaede, encore, qui le premier décrivit en 1923 une pompe de condensation à plusieurs étages, dont deux étages préliminaires constitués par des éjecteurs à vapeur de mercure (fig. 4). Cette pompe, entièrement métallique, donnait à la pression du dix-millième de millimètre et sur refoulement à la pression de 20 mm une vitesse de 15 000 cmJ/sec. avec de l’air.
- La figure 5 représente une pompe à deux étages décrite par Kurth et modifiée par Ruggles. Elle est en pyrex et peut être aisément construite au laboratoire; sa vitesse de 3000-4000 cm3 suffit à tous les besoins des laboratoires.
- La vapeur de mercure sortie de la chaudière chemine par un tube recourbé jusqu’à un rétrécissement sphérique percé de trous ; par ceux-ci s’échappe une partie de la vapeur qui va jouer son rôle de fluide moteur de la pompe de condensation en entraînant par diffusion les molécules venant du récipient à vider, puis en se condensant sur les parois intérieures d’une enveloppe de verre plongée dans la chemise d’eau. Le restant de la vapeur de mercure poursuit sa route et pénètre dans la tuyère d’un petit éjecteur qui aspire le gaz entraîné dans le condenseur, pour le rejeter vers une pompe donnant un vide de quelques millimètres seulement; le mercure condensé est ramené à la chaudière par un tube en U.
- On utilise actuellement à l’usine des lampes à incandescence de Cleveland, qui appartient à la General Electric C°, une pompe métallique à deux étages, du principe ci-dessus, dessinée par M. Paynes, qui donne un vide 0,0003 microns de mercure, dont la vitesse atteint 60 000 cm3/sec et qui consomme 550 watts.
- Il est à noter que l’on n’atteint jamais des vides aussi élevés avec les pompes métalliques qu’avec celles en verre, à cause de la difficulté des joints étanches et aussi en raison des gaz occlus dans les métaux qui se dégagent sous l’action des grands vides.
- En tout cas ces pompes à plusieurs étages fonctionnent en général sur un vide préliminaire de quelques millimètres de mercure. Dans les laboratoires ou les usines, où beau coup de pompes sont en marche simultanée, on les branche toutes sur une canalisation de vide primaire desservie par une pompe à huile rotative que l’on peut
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- placer loin de la pièce où l’on travaille. Le laboratoire et l’atelier restent ainsi parfaitement silencieux.
- Elimination des vapeurs de mercure et d’eau. — Avec les pompes qui utilisent le mercure, tous les volumes en liaison avec la pompe, tendent à s’emplir de vapeur de mercure à une pression correspondant à la tension maximum de vapeur de ce corps au point le plus froid du système.
- Il va sans dire que l’obtention d’un vide élevé serait rigoureusement impossible si l’on n’empêchait cette vapeur de pénétrer dans le récipient à vider. On y parvient du reste assez aisément en interposant entre celui-ci et la pompe, ce que l’on appelle une trappe (fig. 6). C’est une portion recourbée de la canalisation que l’on plonge dans un liquide très froid : l’air liquide le plus souvent, qui donne une température comprise entre — 190° et — 185° C ; la tension de vapeur du mercure à cette température est inférieure à 1,8 X I0~u microns de mercure; c’est-à-dire bien inférieure au vide que peut produire la pompe. On élimine aussi, à cette basse température, les traces de vapeur d’eau et d’acide carbonique subsistant dans le récipient. Pour éliminer le mercure seulement, il suffit d’employer la neige carbonique en évaporation sous la pression atmosphérique ou en suspension dans l’acétone (— 78° C), la tension de vapeur de mercure est alors de 3 X 10“6 microns; mais l’eau n’est plus entièrement éliminée, sa tension de vapeur étant encore de 1 micron à cette température. Il faut se débarrasser de toute trace d’eau adhérente aux parois, sinon le dégagement constant de vapeur ralentira à l’excès l’obtention du vide : si l’on ne peut recourir à l’air liquide, on chauffera tout le système, y compris la pompe, jusqu’à 360° C au moins. Ou bien encore on munira la canalisation d’un piège chimique à vapeur d’eau, contenant de l’anhydride phosphorique. On a proposé dans le même but les per-chlorates anhydres de baryum ou de magnésium.
- Pompes de condensation utilisant des liquides organiques. — Pour éviter la sujétion qu’impose l’élimination de la vapeur de mercure, on a songé à employer, comme agent moteur de la pompe, les vapeurs d’un liquide n’ayant qu’une très faible tension de vapeur à la température ordinaire.
- Burch, en Angleterre, a trouvé en 1928 la solution de ce problème dans l’emploi de certains dérivés du pétrole, à haut point d’ébullition. L’un de ces produits avait une tension de vapeur de 0,75 micron de mercure à 118° C, et pouvait être chauffé sans décomposition jusqu’à une température beaucoup plus élevée.
- Avec ce liquide il a pu réaliser des vides de 10_l microns sans trappe. La Metropolitan Vickers C° construit aujourd’hui des pompés métalliques utilisant ce produit.
- Sur le même principe, MM. Hickman et Sandford des laboratoires Eastman Kodak ont réalisé des pompes en verre doux utilisant, au lieu du pétrole de Burch, soit le n- dibutylphtalate (tension de vapeur à 0° C : 3,5 X 10~<> micron de mercure) ou mieux le butylbenzylphtalate (tension de vapeur à 0° C : 2,6 X 10~7 micron).
- La figure 7 représente une pompe de ce type d’une construction facile dans tout laboratoire. Le refroidissement de la partie servant de condenseur est assuré sim-
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- Vide élevé
- RePou lem t
- Chemise
- d’eau
- le-nèjecteur -à vapeur de mercure
- Chaudière a mercure
- b ig. 4. Pompe de Gaede métallique à 3 étages, dont l’un à condensation, les deux autres à éjecleur à vapeur de mercure.
- (D’après S. Dushman, Journal ofthe Franklin lnstilule).
- plemcnt par des fils de cuivre enroulés autour du verre, avec des boucles formant ailettes, sur lesquelles au besoin on peut diriger le courant d’air d’un ventilateur. La vitesse de ces pompes n’est pas inférieure à celle des pompes à mercure.
- Dans bien des cas ces pompes n’exigent pas de trappes : dans d’autres cas, un bain de glace et de sel, ou d’acide carbonique solide dissous dans l’acétone, suffira.
- COMMENT SE PRATIQUE LE VIDE
- Les laboratoires et l’industrie disposent, on le voit, d’instruments simples, commodes, rapides et sûrs qui permettent d’atteindre les vides les plus élevés. .
- Il ne faudrait pas croire cependant que l’opération du vide, tout au moins dans le cas d’un vide très poussé, soit extrêmement simple. Un grand nombre de précautions sont indispensables : il y a d’abord tout un apprentissage élémentaire des soudures en verre, des raccords, des canalisations, etc.
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- Aspiration sur vide élevé
- Vapeur de mercure'-
- Joint flexible'
- rfcr- Eau
- J—Pompe de \ condensation j - -Chemise d'eau Ejedeur
- Condenseur
- Calorifuqe
- Refoulement
- ’ercure
- Réchaud électrique
- Fig. 5. — Pompe de condensation de Kurlh, en verre, à 2 étages, dont l’un à éjecleur (d’après Dushman}.
- Mais les grandes difficultés- se rencontrent dans l’élimination des gaz occlus par les parois du système, ou des corps vaporisables adsorbés par elles. On trouvera
- un exposé très complet de cette technique dans l’ouvrage de Dunoyer. Il va sans dire qu’il faut débarrasser également de ces gaz ou vapeurs tous les éléments contenus dans le tube à vide : électrodes, supports. Ce résultat s’obtient, pour les parties métalliques, par un bombardement électronique très intense, effectué au cours du pompage. Depuis quelques années, suivant M. Dushman, à ce procédé trop brutal qui risque notamment de détériorer les filaments, on substitue,
- au moins au début du pompage, le chauffage dans un four électrique à haute fréquence. Quand on a atteint un vide suffisamment élevé, et que la lampe est débarrassée déjà de la plus grande partie des gaz occlus, on peut procéder avec moins de danger au nettoyage final par bombardement électronique.
- En tout cas, la lampe, au cours du vidage, aura été soumise à des conditions thermiques plus dures que celles qu’elle aura à supporter au cours de sa vie utile. On peut alors admettre qu’elle tiendra convenablement le vide pendant une durée de fonctionnement suffisante, autrement dit elle sera assurée d’une longévité suffisante pour les besoins pratiques.
- La figure 8 représente d’après Dushman un montage pour faire le vide dans une ampoule triode. On remarquera la largeur des canalisations qui réunissent cette ampoule à la pompe : c’est une nécessité démontrée par la théorie et vérifiée par l’expérience.
- LES AMÉLIORANTS DU VIDE
- Dans l’ampoule vidée, on place souvent un réactif qui a pour mission d’améliorer le vide, après le scellement, au cours de la vie de la lampe. Les Américains donnent à ces substances le nom de « getters ».
- C’est que, même après le vidage le plus soigné, il peut subsister des gaz résiduels susceptibles, dans les tubes à cathode chaude émettrice d’électrons, de donner lieu à des phénomènes d’ionisation d’où résultera la mort rapide de la lampe : soit par suite du bombardement ionique du filament, soit par neutralisation de la charge d’espace négative que les électrons créent autour de la grille, ce qui paralyse le fonctionnement de celle-ci. Les améliorants absorbent ces gaz résiduels, ainsi que ceux qui viendraient à se dégager des parois de verre ou des surfaces métalliques incluses dans la lampe et maintiennent pendant longtemps le vide à la valeur voulue.
- Pour les lampes à filament de tungstène thorié qu’utilise la T. S. F., il faut éviter à tout prix la présence d’oxygène qui empêche l’émission électronique du thorium. Grâce aux améliorants du vide, on arrive à maintenir la pression résiduelle de l’oxygène en dessous de 10”12mm de mercure et à assurer aux lampes une vie de plusieurs milliers d’heure. A la pression de 2.10-6 mm de mercure, l’oxygène empoisonnerait le thorium en moins de 1 seconde.
- Le magnésium, le calcium sont très employés comme améliorants. On fixe une petite parcelle du métal sur le côté extérieur de l’anode ; au cours du chauffage de l’ampoule, effectué dans le four à haute fréquence pour faire disparaître la vapeur d’eau et l’acide carbonique adsorbés par les parois de verre, le métal se volatilise et se répand sur les parois internes de l’ampoule. On maintient le vide quelque temps ensuite pour enlever les gaz dégagés du métal, puis on fait le scellement.
- MM. Andrews et Bacon, au laboratoire de M. Dushman, ont entrepris récemment des recherches systématiques sur l’action de ces améliorants, en fonction de leur mode d’emploi. Ils ont constaté que les meilleurs résultats sont obtenus en utilisant des métaux complètement dégazés avant leur volatilisation; magné-
- Fig. 6. — Une trappe refroidie extérieurement par l’ai liquide ou la neige carbonique.
- Récipient à vider
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- sium ou calcium enfermés dans une boîte de molybdène.
- Les améliorants se classent, au point de vue de l’efficacité, dans l’ordre de leur activité chimique. Le sodium est un excellent améliorant : on peut le mettre en œuvre soit par volatilisation comme précédemment, soit en le formant sur les parois internes de l’ampoule par électrolyse même du verre. C’est cette dernière méthode qui donne les meilleurs résultats. Cependant le sodium n’est pas pratiquement employé, parce que dès 200° C il a une tension de vapeur sensible. Le caesium, qui serait encore plus actif, a le même défaut, plus accentué encore.
- Le baryum est le plus efficace des métaux alcalino-tèrreux, mais il s’oxyde facilement, ce qui rend son emploi difficile : on peut l’utiliser sous forme d’alliage avec l’aluminium. Le magnésium, très actif vis-à-vis de l’oxygène, est moins efficace que les autres améliorants vis-à-vis de l’hydrogène et de l’azote. C’est néanmoins un des corps les plus employés, en raison de la facilité de son maniement.
- On a aussi recommandé l’emploi du « mischmetal » comme améliorant. C’est un alliage obtenu dans l’industrie des terres rares; il contient 40 pour 100 de cérium, les autres constituants sont le lanthane et d’autres métaux des terres rares. Les terres rares absorbent fortement l’hydrogène dès la température ambiante et à haute température réagissent vivement avec l’oxygène et l’azote. Mais on n’a pas de chiffres sur les résultats exacts donnés en pratique par cette substance.
- L’ABSORPTION DES GAZ PAR LES MÉTAUX
- L’amélioration du vide produite par les métaux provient, en partie sans doute, de leurs affinités chimiques ; mais elle paraît due, avant tout, à une action physique ; elle est de même nature que le mécanisme qui retient les gaz dans les corps solides ; en somme on peut dire que, dans les ampoules à vide, on guérit le mal par le mal en plaçant à côté des corps susceptibles de dégager des gaz, d’autres corps qui les absorbent et les retiennent mieux encore.
- Ces phénomènes ont fait et font encore l’objet de nombreuses recherches. On s’accorde en général à reconnaître que dans le cas des métaux, il y a d’une part adsorption à la surface, et d’autre part dissolution dans la masse.
- Le mécanisme de l’adsorption a été étudié d’abord par Langmuir, à qui l’on doit des travaux remarquables sur ce sujet. Il a montré que dans tous les cas d’adsorption, le gaz condensé forme à la surface une couche monomoléculaire.
- Il a établi d’utiles relations liant la pression à la quantité de gaz adsorbée.
- Reproduisons, en passant, le calcul simple par lequel M. Dushman montre que par le mécanisme de l’adsorp-tion, il est théoriquement possible de réduire la pression dans une. enceinte. En supposant une ampoule sphérique de 5 cm de rayon, et des molécules de 3.10~& cm de diamètre, il faudra 3,49 X1017 molécules pour tapisser la paroi interne d’une couche mono-moléculaire; le nombre de molécules restant dans l’ampoule correspondrait alors à une pression de 93 microns. Ceci suppose,
- Echappement
- Récipient à vider
- Fig. 7. — La pompe de condensation de Hickman à liquide organique.
- bien entendu, que les surfaces aient été parfaitement nettoyées avant que le gaz puisse les approcher.
- L’étude de l’adsorption au moyen du bombar= dement électronique. — L’étude des couches superficielles minces à la surface des métaux ,vient d’être reprise par des méthodes toutes différentes de celles de Langmuir.
- Si l’on tire, comme avec un fusil, un électron sur une sur-
- Fig. 8. — Un montage pour faire le vide dans une ampoule triode, d’après S. Dushman.
- (Remarquer les différentes trappes qui protègent la pompe principale contre les retours d’huile ou autres du côté haute pression, le réservoir de vide préliminaire permet de ne pas faire marcher en permanence les pompes préliminaires et de premier vide).
- Lampe
- d Ionisation
- triode
- Condenseur
- Trappe à
- Premier vide
- U Pompe de condensation
- Restrvoh k de v ;de p në!in inaire
- Pompes à huile <our vide prélimaire
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- face métallique, la façon dont il sera réfléchi donnera des indications sur la nature et la disposition des atomes adsorbés qui constituent la couche externe de ce réflecteur.
- 11 y a quelques années à peine que deux ingénieurs des laboratoires Bell, Davisson et Germer, ont entrepris des expériences dans cette voie. Entre autres résultats, elles leur ont permis de constater que l’électron, que nous avons l’habitude de nous représenter comme un minuscule projectile, est aussi un phénomène périodique et se conforte comme une onde. Cette découverte vint apporter, de la façon la plus imprévue, une confirmation expérimentale aux vues purement théoriques de Louis de Broglie et de Schrodinger, d’où est née une doctrine nouvelle : la mécanique ondulatoire.
- Nouvel exemple, s’il en était besoin, pour prouver avec M. L. Le Châtelier qu’il n’est pas de frontière entre la science pure et la science appliquée.
- Voici le principe de la méthode utilisée pour prospecter une surface à l’aide de jets d’électrons : un faisceau d’électrons de vitesse variable frappe la surface sous une incidence déterminée; l’intensité du faisceau réfléchi est
- mesurée en fonction du voltage appliqué aux électrons. Pour certains voltages déterminés, l’intensité du faisceau réfléchi accuse des maxima ; les valeurs correspondantes du voltage permettent de calculer la distance entre les atomes de la couche superficielle, par des formules analogues à celles de Bragg pour la détermination de la structure des cristaux par les rayons X.
- Davisson et Germer aux Etats-Unis, Rupp en Allemagne, ont examiné par ce moyen les films adsorbés à la surface du nickel et du fer.
- Quant à l’absorption ou dissolution des gaz dans les métaux, elle a fait l’objet d’une récente étude très détaillée de Sieverts, d’Iena, qui a étudié l’absorption de l’hydrogène, de l’oxygène, de l’azote par un très grand nombre de métaux. Il y a lieu d’en retenir en particulier la loi générale suivante : l’absorption à une température donnée est proportionnelle à la racine carrée de la pression.
- Tous ces travaux ont une grande importance, car ils permettent de préciser le choix à faire pour les matériaux destinés aux tubes à vide et ils font progresser encore la technique du vide. A. Troller.
- LES ESSAIS AERODYNAMIQUES
- LA RÉSISTANCE DE L’AIR EXPÉRIENCES ET THÉORIES
- Avant de montrer comment s’effectuent aujourd’hui les essais aérodynamiques, base indispensable de toute construction ou expérience aéronautique, il nous faut rappeler brièvement quelques notions sur la résistance de l’air.
- On sait, de tout temps, que l’air en mouvement, le vent, exerce sur les corps au repos une pression qui croît avec sa vitesse; et, inversement, qu’un corps en mouye-ment rencontre une résistance, croissant avec la vitesse, au sein de l’air où il se déplace.
- Chose curieuse, ce phénomène, si simple en apparence, est resté jusqu’à nos jours sans explication théorique. La dynamique des fluides parfaits, créée au xvme siècle par les Bernouilli, les Euler, les Dalembert, les Lagrange, science qui a rendu et rend encore d’éminents services, aboutit à ce paradoxe qu’un corps en mouvement dans un fluide ne doit subir de la part de celui-ci aucune résistance à l’avancement, conclusion manifestement démentie par l’expérience la plus banale.
- Cela signifie seulement que la notion de fluide parfait, c’est-à-dire au sein duquel toutes les particules ont entière liberté de mouvement, est trop simple pour rendre compte des phénomènes relatifs à la résistance de l’air et pour permettre de les exprimer d’emblée par des formules mathématiques.
- C’est donc à l’empirisme qu’il a fallu tout d’abord, et l’on peut dire, jusqu’à ces dernières années exclusivement, demander de préciser les modalités de la loi fondamentale de la résistance de l’air.
- Les premiers expérimentateurs, Galilée d’abord, puis
- Newton, et ensuite la plupart de ceux qui étudièrent le sujet, reconnurent que cette résistance est proportionnelle au carré de la vitesse, tout au moins pour les vitesses moyennes; qu’elle est proportionnelle à la masse spécifique de l’air et à la surface du corps.
- C’est ce qu’exprime la formule élémentaire généralement employée dans les essais aérodynamiques :
- R = | K S Y2.
- R est la résistance en kg; p la masse spécifique de l’air
- V est la vitesse en m/sec; S, la surface caractéristique en m2, et K le coefficient aérodynamique.
- Il n’y eut jamais discussion sérieuse sur cette formule élémentaire. Mais les difficultés commencent lorsqu’il s’agit d’évaluer le coefficient K. Tout le monde sait, par exemple, que la résistance sur un plan incliné varie suivant l’angle que fait ce plan avec la direction d’avancement, ou angle d’attaque : c’est le fondement même de l’aviation. Mais quelle est la loi de cette variation ? La théorie n’est d’aucun secours pour le prévoir; à plus forte raison sera-t-elle impuissante lorsqu’il s’agira des profils géométriquement plus complexes qu’emploie l’aviation.
- .C’est donc à l’expérimentation qu’il appartient de répondre à cette question d’importance capitale, au point de vue pratique.
- C’est ce qu’a fort bien compris le grand ingénieur qu’était Gustave Eiffel, lorsque au début de l’essor de la navigation aérienne, il a le premier entrepris un travail d’investigation systématique dans cet ordre d’idées, et créé la technique de l’expérimentation aérodynamique
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- actuelle. Ce n’est pas qu’avant lui on ait négligé d’expérimenter sur le sujet; mais les résultats étaient discordants, on ne savait au juste pourquoi. Beaucoup de savants admettaient encore, pour le plan incliné, une loi de résistance en fonction de l’angle d’attaque selon laquelle tout vol d’appareil plus lourd que l’air eût été impossible.
- Fort heureusement, les aviateurs qui commençaient alors leurs premières tentatives, bientôt leurs premiers vols, ne se souciaient guère de théorie. La foi leur suffisait. 11 n’en est plus tout à fait de même aujourd’hui. L’empirisme systématique d’Eiffel ne suffit plus aux constructeurs d’avions. Il est toujours indispensable sans doute de déterminer, pour chaque profil d’aile, la loi propre de variation du coefficient K. Mais l’on aimerait pouvoir passer d’une dimension à une autre, d’un profil à un autre, sans avoir à recourir constamment à la soufflerie. Comment interpréter les essais de laboratoire sur modèle réduit ? L’expérience a maintes fois révélé que les résultats ne peuvent en être transportés au modèle en vraie grandeur par une simple loi de proportionnalité.
- Nous assistons donc aujourd’hui à un vif retour vers la théorie; il y a quelques années il était élégant, parmi les spécialistes de l’air, de lui dénier toute valeur. Aujourd’hui on la sollicite; on lui demande de grouper et classer les résultats accumulés par l’expérience, on lui demande d’aider à prévoir.
- Nous ne pouvons ici aborder, même en résumé, l’exposé des théories qui se sont développées en ces dernières années. Elles ont évolué dans deux voies : la première est purement mathématique; elle modifie les éclations classiques de l’hydrodynamique en tenant compt# de la viscosité du fluide et essaye de les résoudre. C’est une tâche fort ardue; elle a donné lieu à de beaux travaux comme ceux du mathématicien Oseen, mais ceux-ci ne sont pas encore susceptibles d’usages pratiques.
- La seconde voie a un caractère plus physique : la théorie progresse en serrant de plus près l’analyse des
- phénomènes réels, et en apportant, au fur et à mesure, à la théorie classique les correctifs nécessaires.
- Elle détermine les domaines où celle-ci reste valable et lui substitue, dans les domaines où elle ne s’applique plus, des hypothèses nouvelles étayées par les faits observés. C’est cette voie qui a abouti aux travaux de l’école de Prandtl, professeur à Gottingen.
- Quand on considère un fluide en mouvement, on a l’impression intuitive que tous les problèmes qui se posent à ce sujet seraient résolus si l’on pouvait connaître les trajectoires exactes de toutes les partiales du fluide. Quand le mouvement est permanent, c’est-à-dire ar-rivé à un état de régime ^indépendant &u temps, toutes les ^ particules qui passant à un môînent quelconque en un même point suivent lÿie
- même trajectoire. É’est une ligne de courant. La eonsi-
- Fig. 1. — Écoulement d’un fluide autour d'un cylindre en rotation. A courant de rotation; B courant de translation ; C superposition des courants A et B et apparition de la résultante verticale R ou portance.
- Fig. 2. — Les deux régimes d'écoulement.
- A) Image de l’écoulement laminaire d’un courant auxmnbles vitesses en présence d’une plaque plane.
- B) Ecoulement turbulent et régime des tourbillons alternés de Bénard-Karmann, obtenu aux grandes vitesses. (Expérience effectuée à la cuve à eau de l’Institut aérotechnique de Saint-Cvr.)
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- Fig. 3. — Vue du chariot à surfaces à l'Institut aérolechnique de Sainl-Cyr.
- dération de ces lignes de courant au voisinage d’un obstacle dans le fluide en mouvement, mène, en hydrodynamique classique, à des résultats importants.
- Par exemple, pour un obstacle cylindrique, d’axe normal à la direction du courant, si les lignes de courant, supposées régulièrement espacées à l’infini, contournent le cylindre en restant également espacées, la théorie montre que le courant fluide n’exerce aucune pression sur l’obstacle (fig. 1-B) ; si les lignes de courant sont des cercles régulièrement espacés, concentriques à l’obstacle (fig. 1-A), et sur lesquels la vitesse angulaire des particules est uniforme, il n’y a encore aucune action résultante sur l’obstacle. Par contre la combinaison de ces deux mouvements donne, comme Lamb l’a montré, un écoulement représenté par la figure 1-C, et le fluide dans ce cas, exerce sur l’obstacle, en vertu de son mouvement, une résultante verticale dirigée de bas en haut, ce que l’on appelle, en aviation, une portance; mais il n’y a aucune résistance horizontale, aucune traînée, c’est-à-dire qu’aucune énergie n’est dépensée par le fluide sur l’obstacle.
- Ce mode d’écoulement, représenté par les lignes de courant de la figure 1-C, est approximativement réalisé dans la pratique par l’écoulement d’un courant sur un
- cylindre en rotation (rotor de Flettner), mais celui-ci a en outre une résistance à l’avancement.
- Nous voyons apparaître dans l’exemple ci-dessus une notion d’une importance capitale pour l’explication et le calcul des poussées provenant de la résistance de l’air : la circulation. La portance d’un corps est liée à la circulation de filets fluides autour de lui.
- La circulation est une fonction mathématique; dans le cas précédent, elle est nulle pour le mouvement de translation et, pour le mouvement circulaire, elle a pour valeur C = 2 tc r v (r est le rayon du cercle, e la vitesse le long du cercle). Dans le cas le plus général c’est l’intégrale de ligne de la vitesse le long d’un circuit fermé quelconque.
- Lamb a montré, dans le cas précédent, que la résultante verticale a pour valeur p V0 C, où p est la densité du fluide, V0 sa vitesse C, la circulation.
- Cette formule très simple a été étendue par Kutta et Joukowski à un profil de forme quelconque, dans les hypothèses qui en permettent la démonstration pour le cas simple de Lamb ; c’est-à-dire : fluide parfait, sans viscosité, sans discontinuité, et mouvement irrotationnel. (On appelle ainsi un mouvement pour lequel la circulation autour d’un profil tendant vers zéro, en un point quelconque du fluide, tend elle-même vers zéro. La théorie classique prouve que dans un fluide parfait en mouvement irrotationnel aucun tourbillon ne peut ni prendre naissance, ni se détruire.)
- Par l’artifice de la représentation conforme, on peut déduire du profil circulaire des profils fuselés (famille des profils dits de Joukowski), tracer exactement leur contour, et déterminer numériquement les diagrammes représentant la pression en leurs différents points.
- L’expérience a vérifié les résultats de ces calculs. L’hydrodynamique classique explique donc, sous certaines hypothèses, la portance d’une aile en mouvement. Mais il l’este à prévoir et à trouver un moyen de calculer la traînée. C’est ce qu’a fait Prandtl en supposant qu’au voisinage de l’aile il existe une couche tourbillonnaire de très mince épaisseur, due à la viscosité du fluide : c’est la couche-limite de Prandtl, dont il est si souvent question dans les mémoires modernes d’aérodynamique. Ce savant réussit à expliquer par ce moyen la naissance de la traînée ou résistance horizontale au mouvement et à en prévoir sa valeur. En dehors de la couche-limite s’appliquent intégralement les formules de l’hydrodynamique classique. Ici encore ce n’est que par le contrôle de multiples expériences que peut s’affirmer la valeur de la théorie.
- Cette théorie de Prandtl s’accorde bien avec toute une catégorie de phénomènes mis en évidence depuis fort longtemps par le grand physicien anglais Reynolds, mais dont l’importance n’a été comprise que de nos jours.
- Reynolds a reconnu l’existence de deux modes d’écoulement des fluides, l’un dit laminaire, l’autre dit turbulent. Le passage d’un régime à l’autre se fait pour une valeur déterminée, la même pour tous les fluides, du nombre carac-
- Fig. 4. — Vue du manège aérodynamique de l’Institut aérolechnique de Sainl-Cyr.
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- téristique dit de Reynolds, ce nombre N est défini par la formule :
- n=L'
- V
- où V représente la vitesse du courant, l une dimension caractéristique, soit du corps formant obstacle, soit de la canalisation où se fait l’écoulement, enfin v est la viscosité cinématique ou quotient de la viscosité absolue p. par la densité p du fluide.
- Le nombre de Reynolds est également la clef de la loi de similitude applicable en aérodynamique usuelle; chaque régime d’écoulement est caractérisé par son nombre de Reynolds ; c’est-à-dire que chaque grandeur caractéristique de cet écoulement n’est fonction que du nombre de Reynolds correspondant; cette fonction, une fois déterminée par l’expérience pour un cas donné, est immédiatement transposable à tous les systèmes géométriquement semblables au système expérimenté. En aérodynamique usuelle, comme on opère en milieu à température et pression sensiblement constantes, pour que deux systèmes satisfassent à la condition de similitude de Reynolds, il faut que = V^, autrement dit que leurs dimensions varient en raison inverse des vitesses. Ou encore si deux modèles ont leurs dimensions linéaires dans le rapport 10, par exemple, il faudra, pour étudier la résistance de l’air au moyen du petit modèle, soumettre celui-ci à une vitesse dix fois plus grande que celle qui sera imprimée au modèle en vraie grandeur.
- La règle de similitude de Reynolds n’est utilisable que si la compressibilité du fluide n’intervient pas dans le phénomène. On démontre, pour les gaz, qu’il en est ainsi tant qu’on n’approche pas de la vitesse du son, c’est-à-dire, pour l’air, une vitesse supérieure à 1000 km à l’heure. Pour les hélices notamment, lorsqu’elles tournent à grande vitesse, la règle de Reynolds peut cesser d’être applicable.
- Le passage du régime laminaire au régime turbulent se fait pour une valeur du nombre de Reynolds voisine de 2000. Au-dessous, on est en régime laminaire; au-dessus, en régime turbulent.
- La figure 2 montre l’allure des lignes de courant en régime laminaire et l’image des tourbillons alternés de Bénard-Karman, caractéristiques du régime turbulent.
- Les travaux théoriques que nous venons de résumer très brièvement ont permis de mettre de la méthode dans les essais aérodynamiques et de rendre utilisables pour des cas différents les données acquises dans chaque cas particulier.
- Ils laissent néanmoins au premier rang le travail d’expérimentation. On comprend que celui-ci occupe quotidiennement les travailleurs de nombreux laboratoires. Eclairés par les Tconsidéra-
- Fig. 5. — La plus grande soufflerie aéronautique du monde.
- La soufflerie des laboratoires aéronautiques de Langley Field (Etats-Unis) permet d’essayer des avions en vraie grandeur dans un courant d’air de 200 km à l’heure. (Ph. Iveystone View.)
- lions qui précèdent, nous allons examiner comment se fait actuellement ce travail de laboratoire.
- * *
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- Fig. 7. — Plan et coupe d’une soufflerie à retour du type Gôtlingen. (Cette souüerie est installée au Royal Aircraft Establishement d’Angleterre.) Figure reproduite d’après Engineering.
- LES APPAREILS D’EXPÉRIENCES AÉRODYNAMIQUES
- Les méthodes expérimentales que nous pouvons utiliser sont de deux sortes : l’une déplace le corps à étudier par rapport à l’air au repos (chute libre, chariot, manège, essais en vol), l’autre expérimente des modèles immobiles dans l’air en mouvement (essais au portique, souffleries).
- Nous allons examiner rapidement ces divers outils expérimentaux et signaler leurs avantages et leurs inconvénients.
- Nous mentionnerons pour mémoire les premiers essais en chute libre effectués par Eiffel et ceux de Lilienthal exécutés au manège, pour considérer seulement les instruments d’usage courant.
- Dès 1910, grâce au clairvoyant mécène qu’était Henry Deutsch de la Meurthe, l’Institut aérotechnique, offert par lui à l’Université de Paris, fut pourvu d’un chariot à surfaces et d’un chariot à hélices munis d’appareils d’enregistrement et pouvant se déplacer à 70 km-h sur une voie de 1400 m de long. L’intérêt de ces chariots est de pouvoir essayer en vraie grandeur des ailes, des dispositifs nouveaux, des voilures tournantes et de mesurer pour des vitesses correspondant à l’atterrissage, compte tenu de l’interaction due au sol, les efforts appliqués aux appareils dans le vent naturel. Ils permettent également de comparer ces résultats avec ceux obtenus en soufflerie et de vérifier la loi de similitude. L’inconvénient principal est que, dépendant des circonstances atmosphériques, les essais sont relativement plus longs qu’en soufflerie.
- Datait aussi de cette époque le manège, dont le bras mesure 16 m de rayon, permettant d’atteindre une vitesse périphérique de 25 m : sec. Il a servi surtout aux essais d’hélice et est transformé maintenant en manège hydrodynamique pour l’essai des coques et flotteurs.
- La technique des essais en vol, si elle est bien comprise, peut rendre de grands services en confirmant par les
- performances obtenues le bien-fondé de telle solution aérodynamique nouvelle.
- Dans cet ordre d’idées, le vol à voile peut conduire à des vérifications très intéressantes sur la finesse des planeurs essayés en vol plané, en air calme, sans dépenses exagérées.
- Les essais au portique, effectués par les premiers expérimentateurs tels que Ferber, n’ont pas été poursuivis couramment et l’activité principale des laboratoires se porte maintenant sur les souffleries.
- Les souffleries. — Des petites souffleries de quelques centimètres de diamètre à la section d’utilisation, puis leurs permettant de dépasser les 350 m/sec de la vitesse du son, jusqu’à la soufflerie géante de 18 m X 9 m pour l’essai des appareils en vraie grandeur construite au laboratoire du N. A. C. A., aux Etats-Unis (lig. 5), il existe par le monde toute une gamme de tunnels aérodynamiques de formes, de dimensions, de puissances diverses.
- Sans entrer dans le détail nous allons considérer seulement leur classement habituel.
- Suivant le mécanisme d'entraînement de Vair, on distingue les souffleries par refoulement et les souffleries par aspiration; ces dernières presque universellement
- Fig. 8. — Maquette d'avion de chasse montée dans le tunnel sur la balance à fils de M. Toussaint.
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- employées fonctionnent suivant le principe du tube de Venturi suivant lequel une diminution de section produit une augmentation de vitesse.
- Suivant Y état physique du fluide en mouvement, on distingue les souffleries atmosphériques ou à densité constante dans lesquelles l’air est pris à la pression atmosphérique ambiante, et les souffleries à densité variable ou à air comprimé qui permettent de travailler à de grands nombres de Reynolds (*).
- Suivant les conditions d’utilisation, on a les souffleries à veine libre où le tunnel est interrompu à la section d’expérience, et les souffleries à veine guidée ou limitée ; celles-ci ont un meilleur coefficient d’utilisation que les précédentes ; on y dépense moins de chevaux pour obtenir plus de mètres-seconde que dans les souffleries à veine libre.
- Enfin, suivant leur tracé, on a les souffleries droites et les souffleries à retour.
- Les souffleries droites (type Eiffel) se composent d’un collecteur de forme convergente arrondie, souvent muni d’un filtre, d’une section d’utilisation cylindrique, d’un diffuseur à cône divergent à 7° à l’extrémité duquel vient
- Fig. 10. — Schéma d’une girouette aérodynamique.
- (Montage en stabilité longitudinale, les incidences d’équilibre i sont lues sur le tambour gradué t en l'onction des poids P mis dans les plateaux).
- se placer l’hélice-ventilateur.
- Ces souffleries sont relativement simples à construire; leur utilisation est commode, mais la force vive du courant d’air se dissipe à la sortie du diffuseur en frottements et tourbillons sans pouvoir être habituellement récupérée.
- Dans les souffleries à retour (type Gottingen), pour éviter cet inconvénient, on oblige le trstcé de la soufflerie à former un circuit fermé. De cette façon on fait une
- certaine économie de puissance à condition que les aubes de renvoi soient judicieusement disposées (fig. 7).
- Maquettes, balances, girouettes. — Lorsqu’on établit l’avant-pro-jet d’un avion ou d’un dispositif nouveau, il est utile de construire une maquette. Cette maquette est une réduction, à une certaine échelle,de l’avion ou de l’appareil projeté; les résultats d’essais au tunnel permettront de juger les avantages de la solution nouvelle, de comparer l’expérience
- 1. Voir La Nature, n°2730, 31 juillet 1926. Une nouvelle soufflerie aérodynamique, par M. Toussaint.
- Fig. 9. — Vue de la balance Toussaint Aéra avec une maquette d'avion montée sur le système T. R. G. (tangage-roulis-giralion).
- avec la théorie, ou de prédéterminer les performances probables de l’avion.
- Pour connaître, d’une part, les efforts aérodynamiques appliqués aux maquettes et pour vérifier, d’autre part, leur stabilité, l’équipement normal des laboratoires comporte des balances et des girouettes aérodynamiques.
- Balances. — Pour suspendre la maquette dans le courant d’air et transmettre les forces appliquées aux instruments de mesure, on peut utiliser soit des fils d’acier fins et résistants, (corde à piano), soit un support fuselé.
- On distingue donc les balances à fils et les balances à support.
- Il serait trop long d’entrer dans le détail du fonctionnement d’une balance, signalons seulement qu’elle permet de déterminer la résultante aérodynamique R par ses deux composantes (veiri|gale : poussée ou portance P, horizontale : traînée ou résistance T) et par son moment M par rapport à un axe qui est en général le bord d’attaque de l’aile, ceci pour tous les angles d’incidence envisagés.
- Les efforts sont déterminés, soit par lecture directe des poids qui les équilibrent dans les plateaux de poussée et traînée, soit par dépouillement des diagrammes enregistrés au moyen de dynamomètres.
- Girouettes. — Les girouettes servent à vérifier si le
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- WO Cz II3X
- Moments
- 50 Echelle des 100 Cm
- 20 Echelle des 100 CxetCz/Cx Irai nées
- Fig. 11. — Diagrammes représentant les résultats d’essai d’une aile: polaire, courbe des
- moments, courbe de finesse.
- Po + q V02 — /h + | V,* Comme V( = O, on a :
- v * _ P. — Po
- ' O------------------
- O
- L
- 9.
- Si on met en communication une branche d’un micromanomètre à liquide avec la prise de pression statique p0 d’une part, et l’autre branche avec la pression extérieure p, la dénivellation h rapportée à la densité du liquide d donnera :
- h X d = pi — p0
- comme d’autre £>art | =
- 1
- 16
- on aura : Y0 = \/1.6 hd
- Cette formule fait connaître à chaque instant la vitesse V0 du courant général en fonction de la .dénivellation h.
- centrage d’un appareil est correct de façon que celui-ci ait une bonne stabilité statique pour les angles normaux de vol.
- On distingue la stabilité longitudinale ou en tangage et la stabilité de route ou en dérive; pour étudier la première (fig. 10), l’appareil est monté verticalement dans le tunnel, l’axe de la girouette passant par le centre de gravité prévu; pour étudier la seconde, il est maintenu horizontalement par une petite plaquette placée sous le fuselage.
- Mesure de la vitesse. — Comme les forces aérodynamiques sont proportionnelles au carré de la vitesse, il est nécessaire de connaître exactement celle-ci au moment de la mesure.
- Si p0 est la pression statique et V0la vitesse de la veine à la section expérimentale d’une soufflerie à veine fermée, pu la pression atmosphérique à l’extérieur de la soufflerie, la loi de Bernouilli reliant les pressions et les vitesses nous donne la relation bien connue :
- Fig. 12. — Courbes unitaires.
- : eidences i
- Inct'd&nces i°
- Courbes unitaires
- ESSAIS AÉRODYNAMIQUES USUELS
- Le travail normal des souffleries consiste avant tout à déterminer les qualités aérodynamiques d’appareils nouveaux.
- On demande habituellement, d’abord la polaire de P aile (détermination du. moment de la résultante par rapport au bord d’attaque; finesse maximum), puis la polaire de l'appareil complet et parfois le bilan aérodynamique des éléments constructifs, c’est-à-dire le calcul des traînées ou des interactions dues au fuselage, au train d’atterrissage, aux bâtis-moteurs dans le cas d’un multi-moteur, ce qui permet de choisir la solution qui donne la plus faible résistance ou la meilleure finesse.
- A ces déterminations s’ajoute l’étudent de la stabilité longitudinale pour deux ou trois centrages prévus et celle de la stabilité de route pour un centrage donné à deux incidences de vol.
- Polaire d’un profil. — Nous avons vu que les balances aérodynamiques nous donnent les projections de la résultante, somme des actions, pressions et dépressions, de l’air sur la surface, suivant deux axes rectangulaires. Pour matérialiser les variations de cette résultante suivant l’incidence, il est d’usage d’adopter une représentation analogue (fig. il).
- L’axe horizontal Ox sera l’axe des traînées ou résistances, l’axe vertical Oz celui des poussées ou portances.
- 1
- De la foi’mule générale : R = — KSV2, on déduit :
- 1
- pour la traînée : T = Ræ = — Gr SV2
- lo
- 1
- pour la poussée : P = Rz = — Cz SV"
- Les coefficients Gr et Cz s’expriment donc comme suit :
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- 16 T
- SV2
- G z —
- 16 P "SV1
- Les observations sur les balances aérodynamiques donnent pour T, et P, habituellement des valeurs mesurées en grammes. Dans les formules ci-dessus les forces doivent être exprimées en kilogrammes. Pour ne pas traîner dans les calculs des décimales encombrantes, on convient généralement de donner comme résultats d’observation, non pas les nombres Cx et Cz, mais leur centuple : 100 Crr et 100 Cz.
- Si pour chaque angle d’incidence on reporte suivant l’axe des x les valeurs de 100 Gr, et suivant l’axe des z les valeurs de 100 Cz, le lieu géométrique des points représentés par les coordonnées Gr, Cz est ce que l’on appelle la courbe polaire de la surface considérée (fig. 11 et 13).
- D’autre part si nous portons en ordonnées les valeurs de 100 Crc et de 100 Cz en fonction de l’angle d’incidence i, porté en abscisses, nous tracerons deux courbes, dites courbes unitaires de la surface (fig. 12).
- La courbe 100 Cx = f (i) a l’allure d’une parabole; tandis que 100 Cz = / (i) est linéaire sur une grande partie, puis s’infléchit pour les grandes valeurs de 100 Cz correspondant aux sustentations élevées.
- Pour comparer les différents profils d’ailes de dimensions et de forme en plan différentes, il faut choisir une commune mesure : celle-ci est définie par Y allongement; pour une aile rectangulaire, c’est le rapport de l’envergure à la corde et pour une aile quelconque c’est le p
- rapport X — — du carré de l’envergure à la surface.
- O
- Prandtl a établi que la résistance d’une aile à l’avancement ou tramée est la somme de deux résistances : l’une, dite résistance de profil, qui ne dépend que du profil, tandis que l’autre, dite résistance induite, provient des tourbillons marginaux et varie avec l’allongement.
- On peut donc écrire : 100 Cx = Cxp ~j- Cx(
- Cxp étant le coefficient de [résistance de profil, [Gr,- le coefficient de résistance induite ; ce dernier est lié à l’allongement et à Cz par la formule :
- Si pour un allongement X donné, on porte les valeurs de Gr, en fonction de 100 Cz, on obtient la polaire induite de l’aile considérée.
- La formule ci-dessus permet, connaissant la polaire d’une aile d’un certain allongement, de calculer facilement celle qui répond à un allongement différent; en général les catalogues de profils sont relatifs à des ailes rectangulaires d’allongement 5 ou 6.
- Une autre valeur remarquable d’une aile est sa finesse
- définie par le rapport ; la courbe qui représente
- ce rapport en fonction de 100 Cz pour les diverses valeurs de l’incidence est la courbe de finesse; elle a un maximum qui sur la polaire correspond au point de tangence de la tangente menée de O à la polaire (fig. 11).
- Moments. — La polaire détermine en grandeur et
- Fig. 13. — Polaire et courbes unitaires du profil d'une aile rectangulaire pour divers allongements (2, 3, 4, 5, 6,) montrant l’amélioration de la polaire suivant l’allongement.
- direction la résultante des forces aérodynamiques exercées sur une aile en mouvement. Mais il faut connaître également les variations du point d’application de cette force suivant l’incidence. C’est ce que donne la détermination du moment de la force par rapport à un axe fixe. (Le moment d’une force par rapport à un axe est le produit de cette force par la plus courte distance entre la direction de la force et celle de l’axe.)
- L’essai sur la balance nous donne par rapport à un axe voisin du bord d’attaque, ou par rapport à celui-ci, chaque valeur du moment M suivant l’incidence i. Comme précédemment on aura le coefficient du moment :
- 100 CmA
- 16 M
- I(Tsv2
- Fig. 14. — Courbes de stabilité.
- Courbes de stabilité
- 100Cmfi A
- .Stabilité longitudinale
- /ci lier dîndifférem
- i Zone dïnstabilr,
- 100 Cfn j
- Dérives a
- Ü.Stahilité de route Cde GAR
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- = 550 .........: . ....=..........':..........
- qui reporté en fonction de l’incidence donne une courbe sensiblement linéaire analogue à là courbe de 100 Cz.
- Le vecteur OM0 représentant la valeur du moment à l’angle de portance nulle, aussi appelé Cm0, a une grande importance, car il intervient dans les calculs de torsion des ailes et l’équilibre général de l’avion.
- Par l’examen de la polaire et de la courbe des moments d’un profil on peut se. rendre compte de l’intérêt qu’il présente ; les qualités que l’on recherche sont les suivantes : un pouvoir de sustentation élevé obtenu pour une résistance aussi faible que possible : c’est-à-dire une valeur élevée de 100 Cz obtenue pour une valeur aussi faible que possible de 100 Cx, une valeur aussi élevée que possible pour le maximum de la finesse et enfin un faible moment à l’angle de portance nulle.
- Il va sans dire qu’il est difficile de réunir ces qualités dans un même profil puisque certaines d’entre elles varient en sens inverse. Le plus souvent, suivant le but de l’avion à construire : chasse, transport, tourisme, le constructeur établira un compromis entre ces différentes qualités.
- Polaire de l’avion. — La polaire de l’avion s’établit suivant la même méthode que celle de l’aile et, en reportant sur un même graphique ces deux courbes, on aura le coût des résistances passives.
- Au point de vue des moments, il est intéressant de comparer le moment de l’appareil avec et sans empennage pour se rendre compte de l’efficacité de l’empennage.
- Courbes de stabilité. — L’essai en girouette fait connaître l’allure de. la stabilité d’un avion et entre quelles limites il est permis de la modifier.
- On sait qùe, plus un appareil est centré en avant, plus l’appareil est stable, mais un avion trop stable n’est pas toujours maniable à certains régimes, et il faut
- également établir un compromis entre ces deux conditions.
- En général, pour la stabilité longitudinale, les avions sont centrés en profondeur autour du tiers de la corde de l’aile; pour être bien renseigné, on essaiera deux ou trois centres de gravité encadrant le centre prévu.
- Monté verticalement sur la girouette, l’avion est libre d’osciller autour de son centre de gravité; sous l’action du vent il prendra une certaine position d’équilibre i repérée aux graduations du tambour. Si on crée un moment perturbateur, soit par des poids mis dans les plateaux reliés au tambour, soit par des plaquettes placées dans le vent sur un axe perpendiculaire à la tige, l’ensemble va tourner et prendre une nouvelle position d’équilibre (fig. 10).
- Portant en abscisse les incidences d’équilibre i et en ordonnée les moments 100 CmG correspondants, on obtiendra en joignant ces points la courbe de stabilité longitudinale autour du centrage donné.
- Si cette courbe a une pente dans le sens des coefficients angulaires positifs Y appareil sera stable-, si elle présente un palier parallèle à l’axe de i, il sera indifférent et si elle révèle des parties descendantes, il sera instable.
- La figure 14 montre l’allure de ces courbes suivant le centrage essayé.
- Pour se rendre compte de l’efficacité du volet de profondeur il suffira, si celui-ci est mobile sur la maquette, de lui donner un certain braquage et de lire l’incidence obtenue.
- Pour la stabilité de route, on notera les moments de rappel afin de juger si les organes de direction, dérive et volet, ont une action suffisante et on tracera la courbe de stabilité correspondante.
- Jean Lacaine.
- LE LABORATOIRE PARISIEN DES RATS(l)
- Dans la plupart des pays civilisés, on a organisé depuis longtemps une lutte sans merci contre les Rats. Que de moyens divers n’a-t-on pas préconisés pour détruire le Surmulot, le plus redoutable et le plus rusé des Muridés. On utilise contre la vorace engeance des pièges de modèles variés, des chats et des chiens ratiers, le virus Danysz, la chloropicrine, les appâts empoisonnés par le phosphore, l’arsenic ou la strychnine ou bien encore des pâtes auxquelles on incorpore un principe toxique extrait de certaines Liliacées. Mais jusqu’ici toutes ces méthodes paraissent impuissantes pour empêcher la prolification muridienne puisque, d’après les enquêtes menées par plusieurs spécialistes dans différentes régions d’Europe, d’Amérique et d’Australie, le nombre des Rats augmente sans cesse de par le monde. Selon le professeur Calmette, les pertes annuelles causées par les indésirables rongeurs
- 1. Voir La Nature n° 2765 (15-7-1927). Le rat et sa destruction; n° 2793 (15-9-1928). Plaidoyer pour le rat; n» 2823 (15-12-1929). Un nouveau moyen de lutter contre les rats; n° 2847 (15-12-1930). La question du rat.
- atteindraient même aujourd’hui un milliard de francs-or.
- Indépendamment de ses déprédations, le Rat est un réservoir de virus, comme l’ont montré les expériences des Drs F. Bordas, Tanon et Neveu. En particulier, dans les endroits où la peste a régné quelque temps, cet animal conserve durant de longues années, dans son organisme, des bacilles de Yersin et contracte une forme atténuée de l’infection pesteuse qui, sans s’étendre à l’homme, se transmet cependant de Rat à Rat. Lesmicrobes vivent dans le foie et la rate des Muridés, qu’ils n’incommodent guère, mais ils peuvent aussi récupérer leur virulence soi-t par passages sur des puces, soit -sur de plus jeunes membres de ces petits «apaches» aux dents longues. Les réapparitions inopinées de la maladie à des intervalles plus ou moins longs dans des agglomérations urbaines s’expliquent alors fort bien sans apport extérieur de nouveaux germes pesteux.
- Des constatations analogues, faites au cours de diverses épidémies de peste bubonique, entre autres par Uriarte à Tucuman (République Argentine) et par Renaud dans
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- plusieurs cités du Maroc, engagèrent MM. Bordas, Tanon et Neveu à poursuivre leurs recherches afin d’en confirmer les résultats. Avec l’aide et sous l’autorité de l’administration préfectorale, ils organisèrent à Paris le Laboratoire des Bats.
- LA CHASSE AUX RATS
- Pénétrons donc dans le poste de secours désaffecté et transformé, sis sur le bas port du quai de la Conférence où il se trouve installé. Là, ces savants travaillent à préserver la Ville-Lumière du terrible fléau. Le Dr Neveu dirige le service et ses trois collaborateurs ont à leur disposition tout le bagage cynégétique indispensable pour capturer les rongeurs ainsi que les divers appareils et instruments nécessaires pour les tuer en vue d’examens bactériologiques ultérieurs. Un des agents du
- Fig. 2. — Un agent du Laboratoire des Rats tendant une nasse chez un chiffonnier de la banlieue parisienne.
- laboratoire va, chaque jour, poser les pièges en divers endroits. Une camionnette automobile emporte les nasses qu’un des aides du Dr Neveu va tendre, soit au milieu du taudis d’un chiffonnier de Saint-Ouen, soit dans la cave d’une vieille maison parisienne, soit dans les sous-sols d’une épicerie de la banlieue. Chaque matin, le même véhicule rapporte le « gibier » pris pendant la nuit précédente. A'son arrivée au poste du quai de la Conférence, le piégeur dépose les nasses dans une courette située au rez-de-ehaussée du bâtiment. Puis il prend successivement chacune d’elles qu’il plonge dans un caisson étanche en tôle galvanisée après l’avoir entourée d’un sac de toile. Ensuite l’homme enflamme des mèches soufrées qu’il dispose dans la boîte dont il remet le couvercle. Au bout d’une heure environ les rats sont asphyxiés et les puces qui les parasitaient ont abandonné le corps
- Fig. 1. — Le Surmulot (Mus norvegicus).
- (Le plus redoutable des Rats européens et le plus répandu dans la région parisienne.
- de leurs hôtes pour sauter sur les parois du sac de toile où on les recueillera ultérieurement aux fins d’études. Un manipulateur retire alors leurs cadavres qu’il jette dans un bac plein d’eau avant de les étendre, un à un, sur un plateau pour les autopsier dans une salle voisine, sise également au rez-de-chaussée.
- L’AUTOPSIE
- L’autopsie a pour but de rechercher le ganglion s’il y en a, ee qui est rare, puis on fait un frottis avec la rate. Quand l’examen microscopique du frottis révèle la présence de bacilles suspects, on procède à une culture qu’on inocule à une Souris blanche. Comme chaque nasse porte un numéro, le service du laboratoire connaît, de cette manière, les endroits contaminés et les signale à l’administration préfectorale qui peut agir en conséquence. Sitôt qu’un cas de peste éclate, on isole le malade, on désinfecte immédiatement son habitation et on donne des séances de vaccination préventive qui suffisent souvent à conjurer une épidémie.
- LA DÉRATISATION
- Indépendamment de la chasse et de l’autopsie des Rongeurs, le Laboratoire des Rats poursuit des enquêtes,
- Fig. 3.
- La camionnette ramenant au Laboratoire les Rats capturés.
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- Fig. 4.
- Salle de dissection au Laboratoire des Rais.
- dresse des statistiques, distribue de la pâte phosphorée et donne aux propriétaires des immeubles infestés des conseils de protection contre la maudite engeance. Sans nous étendre sur les modes de dératisation mis en œuvre, on peut dire avec les l.)rs Bordas, Tanon et Neveu que « si les boîtes-poubelles étaient fermées, si les locataires ne laissaient pas traîner des déchets de nourriture et tenaient en meilleur état leurs caves et leurs cours, la lutte contre le rat serait beaucoup plus simple et beaucoup plus efficace, quel que soit le procédé employé », car ces gloutons compères n’ayant aucun goût pour l’abstinence et le jeûne, le meilleur moyen de les détruire
- Fig. 5.
- Inoculation d’un frotlis de rate de Surmulot pesteux à une Souris blanche.
- est de les priver de nourriture. 11 faut également continuer très longtemps le combat contre eux et l’entreprendre sur une assez vaste échelle. A la ville comme à la campagne, on ne doit pas se lasser de les pourchasser ; alors ils émigrent très loin; mais si l’on cesse de dératiser les locaux où ils vivaient grassement, ils ne tardent pas à y revenir. Ces constatations montrent donc la nécessité d’engager contre les Muridés une bataille générale dans tous les pays, comme le réclame le Dr Gabriel Petit, professeur à l’Ecole vétérinaire d’Alfort.
- D’autant plus que les enquêtes et les examens bactériologiques du Laboratoire du Rat prouvent que le nombre des Surmulots suspects ou reconnus réellement pesteux se trouve toujours en rapport avec celui des cas de peste humaine. Ainsi en 1928, les statistiques parisiennes indiquent seulement 2 Rats suspects et il n’y eut pas de peste humaine à Paris alors qu’en 1926, année où ce service captura 21 Rats reconnus pesteux, on constata 7 cas de peste parmi les habitants de la zone où les Rats avaient été capturés antérieurement. Le Surmulot constitue donc sans nul doute un réservoir de virus pour le bacille de Yersin. Quant à la population française, elle commence à s’intéresser à la nouvelle institution raticide, qui reçoit aujourd’hui par an plus de 500 plaintes de gens chez lesquels pullulent par trop les encombrants Muridés. Aussi le Laboratoire ne se confine plus dans les recherches, il dératise par-ci, par-là, autant que ses moyens matériels et financiers le lui permettent. Lorsqu’une plainte lui arrive, l’un de ses enquêteurs va visiter l’immeuble, reconnaît les joints d’entrée des Rats et donne aux intéressés les conseils nécessaires soit pour la remise en place du tampon du tout-à-l’égout, soit pour la pose d’un grillage aux soupiraux de la cave, soit surtout pour le nettoyage des courettes, des greniers ou des hangars. En effet, beaucoup d’habitants de la capitale ou de sa banlieue, à l’instar de bien d’autres citadins et campagnards des deux mondes, attirent souvent les avides mammifères par leur manque de propreté et d’hygiène. La première règle à observer consiste à ne rien laisser traîner qui puisse nourrir l’ennemi, car là où les intelligents rongeurs ne trouvent rien à manger ils ne s’aventurent pas. Il faut ensuit^ leur faire la chasse par l’un des moyens indiqués plus haut (nasse ou autres pièges, appâts empoisonnés, etc.). Maintenant si on possède un «fox-terrier» on n’a qu’à laisser ce brave chien opérer lui-même et il ne tarde pas à briser les reins des Surmulots.
- Toutefois si, sous la pioche des démolisseurs, certains quartiers de Paris s’assainissent, si de sordides barraques de chiffonniers disparaissent et si de larges avenues font place aux ruelles étroites où grouillaient bêtes et gens, les Rats ne disparaissent pas. Ils émigrent par milliers dans des maisons voisines de la Ville-Lumière ou de sa banlieue afin de continuer à faire bonne chère. Malgré l’insuffisance de son personnel dévoué, le Laboratoire doit donc surveiller maintenant, dans tout le département de la Seine, les dangereux porteurs de virus afin d’empêcher autant que possible une épidémie de peste d’éclater dans la colossale agglomération parisienne.
- J. de la Cerisaie.
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- ESSAIS DE PISCICULTURE ALIMENTAIRE
- ET LARVAIRE
- La pisciculture alimentaire est bien connue, c’est l’élevage à l’état semi-domestique de certains poissons, truites, carpes, etc., dans un but de consommation ou de vente. La pisciculture antilarvaire est moins connue, c’est l’utilisation des poissons pour la destruction des larves de moustiques. En pays français, jusqu’ici, elle n’a été étudiée que dans une de nos colonies, Madagascar, il y a seize ans; on s’est mis récemment à la pratiquer en Corse et au Maroc.
- Quand on est amené à faire de la pisciculture sanitaire, il est recommandable de « faire d’une pierre deux coups » quand le milieu le comporte, et de confier à des espèces comestibles la suppression des larves. Beaucoup d’espèces ichtyologiques sont insectivores et larvivores (les pêcheurs à la ligne le savent bien), chaque pays en possède. Si, dans une région paludéenne ou infestée de moustiques du genre Culicine dont on veut se débarrasser, on ne trouve pas la ou les espèces correspondant aux besoins locaux, on devra en importer. Si les eaux habitées par les larves de moustiques sont assez étendues et assez profondes pour donner un rendement piscicole intéressant au point de vue économique, il faudra recourir de préférence aux espèces comestibles de grande taille dont les alevins sont larvivores. Cela ne fait aucun doute quand on opère, comme je l’ai fait à Madagascar, dans un pays possédant des dizaines de milliers d’hectares de rizières « paradis des larves d’anophèles », riche par ailleurs en lacs et marais couvrant d’immenses superficies. En agissant ainsi, on court la chance de recruter des partisans à la pisciculture antilarvaire en fournissant aux Européens et aux indigènes propriétaires de pièces d’eau le moyen d’y obtenir sans peine et sans frais une ressource supplémentaire pour la table. Cet aspect de la question est particulièrement intéressant aux colonies où la ration carnée que les indigènes tirent de l’élevage, de la chasse et de la pêche est presque toujours insuffisante et a besoin d’être augmentée. Accessoire peut-être pour l’hygiéniste, cet avantage alimentaire est important pour les colons et pour les indigènes.
- Quand, en 1913, j’ai établi le plan de campagne antipaludique pour les hauts plateaux de Madagascar, j’ai, naturellement, étudié les espèces ichtyologiques de la région de Tananarive; elles n’étaient qu’au nombre de trois, mais abondamment représentées : le cyprin doré (Carassius auratus), la perche malgache, dite « marakelle » ouN< foune » en langue indigène (Paratilapia Pollenï), et un petit poisson appelé à tort goujon par les Européens et qui est en réalité un éléotris (Eleotris Legendrei Pell.).
- Depuis plus de quinze ans, j’ai publié maintes fois ce qu’on pouvait attendre du cyprin et de la perche, comme destructeurs de larves de moustiques; sur le pseudo-goujon il ne faut guère compter malgré ses goûts insectivores, car il est très nomade et s’évade des rizières où on le met, il ne fraie qu’exceptionnellement sur une
- Fig. 1. — Pêcheur à la ligne sur le lac Anosg, au pied de la ville de Tananarive.
- tige de riz dans une rizière en friche (Q tandis que la perche effectue volontiers sa ponte dans la rizière où on l’a enfermée et où elle reste. J’ai indiqué également le rendement en poids du cyprin et de la perche dans mes expériences de rizipisciculture. Aujourd’hui, je vais mentionner brièvement les résultats de mes essais de propagation de l’espèce autochtone, le Paratilapie de Pollen, et de l’acclimatation d’une espèce d’Europe, la carpe-miroir, quinze ans après le début des essais.
- Le Paratilapie était très localisé dans les marais de la banlieue de Tananarive. Même à Mantasoa, ancienne résidence de campagne de la reine, à 40 km de la capitale, il n’existait pas dans les deux pièces d’eau importantes voisines de l’habitation. On avait pourtant introduit le cyprin dans ces marais, mais on avait dû échouer avec le « marakelle ». Ce poisson était absent également des marais de Manjakandriana situés près de la voie ferrée à 30 km de Tananarive et de ceux d’Arivonimamo sur la route automobile vers le lac Itasy. Ce n’est pas que des colons et des Malgaches, appréciant sa chair savoureuse, n’aient tenté à maintes reprises de le transporter chez eux, mais ils n’avaient jamais réussi, car ce poisson est très sensible aux chocs. Malgré toutes sortes de précautions
- 1. J. Legendre. Mœurs et pêche du goujon malgache. La Nature, 21 octobre 1922t
- Fig. 2. —Un des petits étangs où ont été élevées les premières carpes-miroir.
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- Fig. 3. — Déversoir du lac Itasy (18 000 ha), un des lacs qui ont reçu des perches et des carpes.
- dans les manipulations, des perches prises dans des nasses posées la veille au soir, transvasées le matin dans un bidon porté sur la tête aux premières heures du jour, m’arrivaient agonisantes ou mortes après une demi-heure seulement de ce transport. Pour éviter cet obstacle à mes expériences de rizipisciculture et de propagation de la perche, j’imaginai une technique très simple d’amortissement des chocs en plaçant sous les bidons d’épaisses couvertures formant ressort et en interdisant le changement d’eau en cours de transport. Par ce moyen, j’amenai à destination, en excellent état, des lots de marakelles, à Mantasoa, dans les localités précitées et dans beaucoup d’autres situées dans un rayon de 30 à 200 km de la capitale. En particulier, le grand lac Itasy (18 000 ha) en fut pourvu par mes soins; les trois lacs de la station thermale d’Antsirabé, le « Vichy malgache », en reçurent plusieurs envois.
- Ce poisson s’est multiplié partout où je l’ai déposé. C’est qu’il n’abandonne pas sa progéniture au hasard ; il pond presque à fleur d’eau sur les racines des graminées ('); la femelle ou le mâle, à tour de rôle ou de compagnie, font la garde auprès du nid jusqu’à l’éclosion. Plus tard, quand les alevins ont résorbé leur vésicule ombilicale, au neuvième jour après l’éclosion, et commencent à circuler, ils nagent en groupe sous l’œil de leur géniteur, comme des poussins sous la surveillance
- 1. J. Legendre. Mœurs et pêche de la perche malgache. La Nature, 18 novembre 1922.
- Fig. 4. — Marais temporaire provoqué par l’inondation d’un terrain bas au bord d’un cours d’eau. De nombreux poissons passent dans le marais où ils sont plus faciles à prendre.
- de la mère poule. Le marakelle a trouvé, par ailleurs, dans les lacs et marais où il a été introduit, des alevins de cyprin doré dont il fait une grande consommation.
- En somme, dans de nombreuses résidences où les Européens et les indigènes en étaient privés autrefois, ils consomment aujourd’hui la chair excellente de la perche, qui n’a que quelques grosses arêtes costales.
- Pour accroître d’une espèce intéressante la faune ichtyologique très pauvre des hauts plateaux de la Grande-Ile, j’y ai introduit, en avril 1914, la carpe-miroir (Cyprinus carpio specularis), qui acquiert rapidement une grande taille, est un gros fournisseur de chair et est admirablement adaptée par son genre de vie aux eaux faiblement courantes ou stagnantes qui couvrent d’immenses superficies à Madagascar, en cours d’eau, en rizières, en lacs et marais. Les huit carpillons arrivés à Tananarive en avril 1914 furent placés par moi dans un des petits étangs de la station d’aquiculture que j’avais installée dans la banlieue. Devenus carpes, ils effectuèrent leur première ponte vers septembre 1916. Je repris, lin 1917, une soixantaine de ces produits qui se dévelop-
- Fig. 5. •— Banlieue de Tananarive. Clairière dans un marais à cypèrus, type de marais habité par le Paratilapie.
- pèrent très rapidement sous l’influence de la faunule abondante qu’ils trouvaient dans les étangs, nourriture spontanée augmentée chaque jour d’une ration de brisures de riz cuit. Depuis 1919 le Service des Eaux et Forêts (inspecteur Louvel), a la charge des carpes qu’il a transférées dans la station forestière d’Analamasotra et dont il a distribué les alevins dans les eaux du domaine public et privé.
- Les jeunes carpes de première génération (les reproducteurs ayant péri) étaient encore trop rares et trop précieuses pour que j’en sacrifie pour déterminer le contenu de leur estomac. J’ignore donc dans quelle mesure elles assureront la destruction des larves de moustiques. Pour leur faire jouer ce rôle dans les rizières qui sont très malarigènes, on devra y déverser des reproducteurs carpes qui y fraieront; la multitude de leurs alevins se nourrira des larves de moustiques et d’autres insectes et crustacés aquatiques. Aux carpes on ajoutera toujours une certaine proportion de perches, soit à l’hectare 300 perches adultes ayant déjà fait leur ponte annuelle ou des perchettes de dix à douze mois encore
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- impropres à la reproduction ('), cela dans un double but sanitaire et piscicole.
- Au point de vue économique, des renseignements officiels mentionnent les excellents résultats de l’acclimatation de la carpe-miroir. La station forestière en a transporté des alevins dans le lac côtier de Zanabo-rona, « ils s’y sont très rapidement multipliés et les indigènes pêchent de très grosses carpes ». De même dans les lacs d’Antsirabé et de Betafo, dans la Haute Région, la carpe est vendue régulièrement sur le marché de ces villes pendant la période où la pêche est permise.
- A 1400 m d’altitude, à Ambatolona, élevée en étang artificiel, la carpe fraie dans la première quinzaine de novembre (hémisphère austral), elle croît et se multiplie rapidement. De même dans les étangs de Mantasoa.
- Dans la chaîne de l’Ankaratra, où elle est élevée en bassins, la carpe-miroir s’est multipliée à l’altitude de 1700 m, la période de frai est toutefois retardée jusqu’en janvier-février par la fraîcheur des eaux.
- Très bons résultats dans le fleuve Mangoro.
- Dans le lac Alaotra (50 000 ha), où il a été déversé 600 alevins en mai 1923, les indigènes n’auraient pris dans leurs nasses que des carpillons qu’ils auraient rejetés à l’eau ; la pêche de la carpe y étant interdite, « on peut être assuré qu’il existe des carpes de grosses dimensions dans les parties profondes du lac ».
- Jusqu’en 1928 il a été délivré 12 000 alevins sélectionnés à des colons et à des indigènes des provinces de Tananarive, Moramanga, Antsirabé, Fianarantsoa, Anivorano. Des colons d’Ambatolampa, d’Ambatolona, d’Anzorobé ont pêché des carpes qui pesaient, à trois ans, 2 kg 500. Le poids moyen en France, au même âge, est d’un kilogramme. Ce poisson croît plus rapidement dans les eaux de Madagascar parce qu’elles sont plus chaudes, plus riches en nourriture et ne descendent jamais à 9°, température de l’eau à laquelle en Europe la carpe cesse de s’alimenter.
- « La carpe-miroir a fait son apparition sur le marché de Tananarive où elle est très appréciée, tant par l’Européen que par l’indigène. »
- Quand la carpe aura été distribuée et élevée à'Madagascar dans toutes les eaux à sa convenance, elle représentera un revenu minimum annuel de vingt millions, évaluée à 1 fr le kilogramme, ce qui est un prix modeste,
- 1. J. Legendre. La rizipisciculture;— Riz et riziculture, vol. III, n° 2, septembre 1928.
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- même pour Madagascar, et au-dessous de la réalité. L’introduction de la carpe-miroir est donc une excellente acquisition pour la colonie; les indigènes très friands de poisson, et qui se jettent avec avidité sur le petit cyprin doré, trouveront dans sa chair un appoint alimentaire important. Même s’ils ne prennent pas la peine de l’élever dans leurs rizières, elle se développera spontanément dans les rivières, les marais et les lacs.
- « Il n’y a que le premier pas qui coûte. » Après que j’ai, en partant d’un point de vue sanitaire, introduit la pisciculture à Madagascar, elle y a été continuée. Louvel y a introduit, en 1921, la truite arc-en-ciel pour la pêche sportive et la table des Européens. L’habitat de ce sal-monidé sera limité par son exigence sur la qualité des eaux.
- Il est à souhaiter que nos colonies de l’Indochine et
- Fig. 6. — Pirogue de pêche sur le grand lac Alaotra (50 000 ha), un des lacs qui ont reçu des carpes-miroir.
- de l’Afrique tropicale, à l’exemple de Madagascar, réglementent la pêche pour la protection des espèces utiles, fassent de la sélection et, éventuellement, de l’acclimatation. En cette matière, comme en agriculture, sylviculture, transports, industries, les indigènes ont beaucoup à apprendre des Européens.
- Dr J. Legendre.
- = DES APPAREILS ELECTRIQUES =
- POUR LA DÉTERMINATION DES CONSTANTES
- ACOUSTIQUES
- Le développement extraordinaire du phonographe, du cinéma sonore, de la radiophonie, a remis à l’honneur, et souvent aussi à la peine, l’étude de la science acoustique, longtemps négligée par les savants qui la jugeaient arrivée à la perfection. La science ne progresse que lorsqu’elle
- peut-faire des mesures; il en est de même pour la technique. La mise au point des reproductions sonores de tous genres qui nous sont offertes aujourd’hui exige des mesures précises, nombreuses et rapides : qu’il s’agisse d’apprécier la qualité et la puissance de l’amplification d’un ensemble
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- - Relais Réceptei
- Oscillateur
- Microphone AmpUficat ? Redresseur
- •Haut
- parleur
- Fig. 1, — Principe de l'appareil électrique pour la mesure de la période de réverbération.
- reproducteur ou transmetteur, soit celles d’un haut-parleur ou d’un phonographe, soit encore de construire rationnellement une salle de projection sonore, ou de modifier une salle déjà existante, dont les caractéristiques acoustiques sont défectueuses.
- Dans tous les cas, on s’efforce aujourd’hui de rendre les mesures aussi indépendantes que possible de l’oreille de l’opérateur. Notre ouïe est, en effet, un instrument de mesure physique fort imparfait, quoique très sensible. Ses caractéristiques varient dans des proportions marquées suivant la personne, et quelquefois pour une même personne suivant son état physiologique. On sait, d’autre part, que l’oreille est sujette à des illusions d’acoustique nombreuses.
- En particulier, il est fort intéressant de pouvoir mesurer de la manière la plus exacte possible les caractéristiques acoustiques d’une salle, bien que certains spécialistes de la construction des studios sonores et des salles de projection n’attribuent qu’une valeur plus ou moins approximative aux indications données à ce sujet par les physiciens américains, Sabine et Watson, par exemple.
- En acoustique architecturale et, plus spécialement, lorsqu’il s’agit d’une salle de cinématographie sonore dans laquelle s’épandront de grandes intensités sonores, il est une donnée qui a une importance toute particulière; c’est celle qu’on appelle la période de réverbération. Lorsqu’un son est émis, en effet, en un point quelconque d une salle,
- Fig. 3. — Appareil pour la détermination directe de l’intensité sonore.
- les ondes sonores se propagent autour de ce point dans toutes les directions et vont frapper les murs, le plafond et le plancher. Une partie de ces ondes est réfléchie par les surfaces rencontrées, et une autre partie est absorbée par elles.
- Par suite des réflexions multiples, le son peut continuer à se réfléchir dans une pièce après extinction complète de la source sonore initiale, et pourra continuer à être entendu pendant plusieurs secondes. Cette réflexion continue d’une surface à l’autre produit ainsi une sorte de traînée sonore à laquelle on donne le nom de réverbération, mais qui est tout à fait distincte du phénomène de l’écho sonore consistant dans la répétition séparée d’un son, et non dans sa simple continuation.
- La période de réverbération est donc la durée pendant laquelle on continue à entendre un son émis dans une salle, et on a pu prendre cette durée comme une caractéristique
- Fig. 2. — Appareil pour la mesure de la période de réverbération.
- permettant de déterminer la qualité acoustique de la salle.
- Il est facile de se rendre compte, en effet, que si la période de réverbération atteint plusieurs secondes, et que les paroles émises par le haut-parleur comportent plusieurs syllabes par seconde, les auditeurs entendront une quantité de syllabes qui s’enchevêtreront plus ou moins les unes avec les autres ; seule la dernière prononcée parvient distinctement. On n’entend plus alors qu’un mélange de sons inintelligibles.
- Jusqu’à présent, on employait simplement un chrono-graphe pour mesurer la période de réverbération. On produisait un son d’intensité connue, et on mesurait le temps pendant lequel ce son demeurait perceptible à l’oreille.
- Cette méthode n’était praticable qu’en l’absence de tout bruit parasite, et lorsque la décroissance des sons était assez lente. Elle avait l’inconvénient d’introduire un facteur physiologique personnel dont nous venons de rappeler l’irrégularité.
- Lin appareil électrique récemment établi par la Com-
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- pagnie Western Electric, tout en permettant d’effectuer la mesure suivant le principe de Sabine, permet de supprimer complètement le rôle joué par l’oreille de l’opérateur.
- Dans cet appareil (fig. 1), un microphone T transforme l’énergie sonore en énergie électrique qui est amplifiée par un appareil à lampes de T.S.F. à fréquence musicale et redressée ensuite, de manière à agir sur un relais R. Ce relais est construit de telle sorte que, lorsque le courant redressé dépasse une certaine valeur, le contact A est ouvert, et le condensateur C est chargé par la batterie B.
- Lorsque l’énergie sonore ainsi transformée en énergie électrique est, au contraire, inférieure à celle qui correspond à la limite de sensibilité du relais, le contact A est fermé; le condensateur se décharge à travers le bobinage M et produit une impulsion qui déplace le style P sur le tambour D. Ce tambour tourne d’ailleurs à une vitesse connue et constante. Le point de décharge P peut être repéré sur une échelle S. En faisant varier de quantités connues la puissance de l’amplification produite par l’amplificateur, le point P se déplace le long de l’échelle, et on obtient une série de points qui représentent la décroissance de l’énergie sonore, et sont enregistrés sur du papier placé autour du cylindre. Par cette méthode, on peut obtenir un graphique exact de la décroissance du son et une mesure du temps de réverbération, puisque la vitesse de rotation du tambour est connue.
- Comme source sonore à énergie constante, on utilise généralement un oscillateur à fréquence musicale ou un disque phonographique de fréquence associé avec un reproducteur électro-magnétique et un amplificateur et un haut-parleur. La mise en action de la source sonore est obtenue au moyen d’un interrupteur K associé avec l’appareil de mesure, de sorte que le son peut être interrompu régulièrement.
- Un tel appareil permet, non seulement de mesurer le temps de réverbération de manière très précise, et d’étudier plus exactement des phénomènes d’acoustique complexes qui demeurent inobservables par l’oreille, mais encore il permet de mieux mesurer l’absorption acoustique produite par les parois d’une salle, et l’effet obtenu par
- Fig. 4. — Appareil pour la détermination de l'intensité moyenne du bruit de fond.
- l’emploi de différents matériaux de construction sur la période de réverbération. Il est bien évident qu’on ne se contente pas d’émettre un son de fréquence déterminée, mais qu’on peut observer les effets produits pour toute la gamme des fréquences musicales.
- On a de même réalisé des appareils qui permettent de mesurer par lecture directe et aussi d’enregistrer facilement l’intensité des sons en un point d’une salle (fig. 3 et 4). Ces appareils sont utiles non seulement en ce qui concerne l’acoustique architecturale, mais encore pour le réglage de l’amplification sonore produite par un appareil, puisqu’ils permettent aussi de supprimer la nécessité de recourir à l’aide de l’ouïe de l’opéi'ateur pour apprécier l’intensité des sons. Le microphone est peut-être un instrument moins perfectionné et moins intelligent que l’oreille, mais c’est sans nul doute, s’il est bien construit, un instrument plus précis et surtout plus constant.
- P. IIémardinquer.
- LE LABORATOIRE PINACOLOGIQUE
- DU MUSÉE DU LOUVRE
- On a récemment inauguré, au Musée du Louvre, un Laboratoire de IJinacologie, dû à la générosité du Dr Carlos Mainini, professeur à l’Université de Buenos Aires et de son compatriote, M. Fernando Pérez, ambassadeur de la République Argentine à Rome. Dans le nouvel établissement, on se propose, pour ainsi dire, de disséquer les tableaux, d’étudier, grâce aux rayons X, au rayonnement ultra-violet et surtout à la lumière rasante, les factures picturales afin d’authentifier la « manière » de chaque artiste. En un mot, l’objectif de ces « pina-
- cologues )) est de rénover la critique d’art, en l’étavant non plus sur de vagues impressions esthétiques ou sur des idées préconçues mais sur des bases scientifiques réelles.
- Le Dr Pérez, novateur hardi, offre au Louvre le fruit de son imposant labeur : près de 2000 photographies de peintures célèbres prises, à la lumière rasante, dans diverses églises et dans de nombreux musées d’Italie. Dans la pensée de leur habile collectionneur, ces documents doivent constituer l’embryon du répertoire signa-
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- létique des tableaux de toutes les pinacothèques de l’univers. En attendant le lointain achèvement du colossal fichier artistique mondial, examinons les directives que donne M,. Pérez pour l’établir rationnellement, grâce à la pinacologie.
- Sous ce néologisme, le savant argentin embrasse toutes les connaissances nécessaires pour analyser les œuvres des peintres et en faciliter l’intelligence. Un aussi vaste ensemble comprend naturellement plusieurs branches. A côté de la -pinacologie esthétique ou philosophie de l’art, de la pinacologie historique et comparée, qui suit l’évolution de la peinture à travers les âges et s’enquiert des circonstances de la vie des artistes, la pinacologie scientifico-technique a un très vaste champ à défricher. Il lui faut étudier la physique des couleurs et les lois qui président à leur mélange, les supports picturaux, la composition et la transformation des huiles siccatives ou autres substances agglutinatives, la perception physiologique des teintes, les lois de la perspective, l’action du temps sur les matières colorantes, les différentes modalités des peintures et la « patte » individuelle de chaque artiste.
- L’ÉTUDE DE LA STRUCTURE DES EMPÂTEMENTS
- Au nouveau laboratoire du Louvre, on s’occupera presque uniquement de la pinacologie scientifico-tech-nique. Mais avant d’en décrire les originales méthodes, voyons le peintre au travail. Pour réaliser son tableau, il transporte, au moyen d’un pinceau, de sa palette sur le bois ou la toile, une certaine masse de couleur pure ou mélangée à d’autres. Il assemble ces pigments colorés dans un certain ordre afin d’en former des empâtements successifs, accomplissant un acte intellectuel et non
- purement mécanique. Un Philippe de Champaigne, un Raphaël, un Titien, un Tintoretto ou même un artiste de moindre envergure n’agit pas, en effet, à la façon d’un homme de peine qui manœuvre un fardeau. Chacun des coups de son pinceau plus ou moins habile correspond à des idées créatrices. M. Pérez, en examinant des peintures, au moyen d’un simple projecteur les éclairant tangentiellement, a pu observer ainsi leurs reliefs d’une manière très nette et décomposer en trois temps l’établissement d’une œuvre picturale. D’abord, le peintre, recouvrant toute sa toile d’un empâtement primaire, en fixe la tonalité. Distribuant ensuite sur ce fond des ombres et des lumières, il exécute encore ce travail secondaire avec des couleurs simples dites spectrales auxquelles s’ajoutent les différentes gammes de la clarté, noir, gris, blanc, clair ou brillant. Enfin arrive le couronnement de l’œuvre, le « coup de patte » tertiaire donné au moyen du blanc pur, synthèse de toutes les autres couleurs et fournissant uniquement des impressions lumineuses.
- En regardant les tableaux placés dans une chambre noire et éclairés obliquement avec les rayons lumineux de l’arc voltaïque condensés par de puissantes lentilles plan-convexes, M. Pérez a pu rendre très apparente la structure tectonique de l’empâtement. Faisant varier de 10° à 25° ou 30° l’angle des rayons lumineux avec la surface picturale, il a vu les tableaux s’embellir d’une façon imprévue. Certaines de leurs parties émergent et accrochent violemment la lumière; d’autres demeurent complètement dans l’ombre ou dans la pénombre. Sous cet éclairage oblique rasant, l’empâtement se présente avec des aspects extrêmement variés, la technique et la pensée du maître se révèlent beaucoup mieux.
- Du reste, comme l’empâtement constitue véritablemen t la « langue des peintres », il varia selon les époques, il subit d’incessantes transformations, il évolua selon les conceptions esthétiques. Résultat de l’application sur un substratum au moyen du pinceau ou du couteau d’une certaine masse colorante, à différents degrés d’agglutination, on le réalise soit par superposition comme le firent les grands classiques, soit par juxtaposition comme s’y exercèrent les impressionnistes, soit en combinant les deux procédés ainsi que Delacroix.
- Que de différences ne constate-t-on pas, par exemple, entre les empâtements des Primitifs de l’école hollandaise et ceux des écoles bolonaise ou florentine dont les peintures présentent souvent des reflets porcelainiques, entre un vigoureux Jordaens et un fin Tintoretto. Ce polymorphisme superficiel des tableaux traduit, selon Maurice Denis, les efforts continus des peintres pour représenter « cette insaisissable chimère de l’art moderne, l’incomparable vêtement dont la nature s’habille ».
- Les méthodes d’examen de M. Pérez appliquées aux tableaux des maîtres classiques, les Rubens, les Titien ou les Salvator Rosa entre autres, permettent de mieux pénétrer la structure intime des empâtements.
- Fig. 1.
- Une des salles du Laboratoire de Pinacologie jêcemment installé au Musée du Louvre.
- On aperçoit accrochés au mur quelques pinacogrammes obtenus par le procédé du Dr Fernando Pérez.
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- Fig. 2.
- Prise d’un pinacogramme ou photographie exécutée à la lumière rasante parla méthode du D1 Fernando Pérez.
- Sous l’illumination rasante, on aperçoit leur uniformité ou leur inégalité. Sur ces célèbres peintures, les trois couches primaire, secondaire et tertiaire qui répondent aux trois périodes de la pensée créatrice de l’artiste apparaissent dissociées.
- Les endroits moins empâtés correspondent au travail primaire et les plus empâtés appartiennent au tertiaire. Le secondaire recouvre le primaire soit par places, soit complètement dans les régions dépourvues de tertiaire.
- M. Pérez les nomme empâtements dissociés.
- Le Jupiter de Salvator R osa et la Samaritaine du Tintoretto montrent très nettement cette dissociation.
- D’autres fois, la lumière rasante glisse sur l’empâtement : le primaire, le secondaire et le tertiaire semblent se fondre en un seul bloc.
- Comme exemples typiques de tels empâtements fondus, on peut citer la Madeleine de Del Sole qui figure à la Pinacothèque de Bologne.
- Mais le Riberoïde à fausse signature de la Galerie Borghèse, que la pinacographie classe comme tableau ancien à empâtement fondu, apparaît dissocié quand on le regarde aux rayons X; sur sa radiographie se détachent les îlots blancs du tertiaire, tandis que toutes les zones grisâtres ou d’une blancheur terne forment le primaire ou le secondaire. Cette documentation photographique démontre que l’examen scientifique des tableaux exige l’emploi successif de la pinacographie et de la pinacoradiologie.
- Deux spécialistes distingués, le radiologue Couvreux et le Dr Polak appliqueront ces méthodes au Laboratoire du Louvre afin de révéler, d’une manière très précise, la structure des empâtements et la technique des tableaux dont ils constitueront, petit à petit, les fiches signalé-tiques.
- La série des quelques photographies, prises à la lumière rasante par M. Cascianelli, aide actuel de M. Pérez, donne une idée de ce fichier futur dont les documents permettront de pénétrer dans l’intimité de la pensée des peintres, d’analyser leurs techniques et d’authentifier leurs œuvres. Ce dernier point est d’importance. Par leur précision, en effet, les clichés pinacographiques dévoileront les falsificateurs et faciliteront les restaurations des œuvres picturales abîmées par le temps. Sous l’influence néfaste de processus physico-chimiques variés, les surfaces des tableaux commencent par jaunir et s’obscurcissent superficiellement, ensuite apparaissent des craquelures et finalement des desquamations plus ou moins étendues. Dans les musées, les églises et autres monuments publics du monde, combien de chefs-d’œuvre réclament des soins urgents pour ne pas périr définitivement! Mais il ne faut, confier qu’à des mains prudentes et habiles ces restaurations esthétiques.
- LE PINASCOPE
- M. Pérez a facilité la tâche des experts artistiques en inventant un pinascope ou microscope qui possède un
- système d’illumination à lumière oblique. Avec des objectifs et un jeu d’oculaires appropriés, il obtient des agrandissements de 40 à 130 diamètres. Cet appareil, aisément transportable, permet d’examiner la surface des tableaux sans avoir besoin de les décrocher, puis de « guérir » les lésions chromatiques qu’on y voit. En outre, sur divers pinacogrammes, obtenus toujours en lumière rasante, M. Pérez a pu distinguer les empreintes digitales ou palmaires de certains peintres qui complétaient l’œuvre de leur pinceau par l’action de leurs doigts. Mais les dactylogrammes qu’il a pris jusqu’ici sont encore trop peu nombreux pour faciliter la détermination de l’authenticité des tableaux sauf cependant ceux relatifs aux peintures de Giovanni Bellini et de son élève Francesco Bissolo aisément identifiables par ce procédé.
- Enfin le Laboratoire du Louvre a des visées plus révolutionnaires et plus hautes. Il entreprendra, « avec l’appui des données scientifiques nouvelles, un travail d’épuration et de révision pour donner à César ce qui appartient réellement à César ». Au cours des dernières années, en effet, les falsifications des œuvres picturales se multiplièrent tant en Europe qu’en Amérique. Les copies pourvues de fausses signatures ou des tableaux attribués faussement à des peintres célèbres sont trop souvent proposés par des antiquaires à des amateurs fortunés ou à des galeries publiques. Il faut que le scandale cesse au plus 'tôt ot que ces productions délictueuses n’encombrent plus le marché artistique. Les musées, en particulier, sont des instituts d’enseignement d’où il faut bannir l’erreur sans pitié en redressant les fausses attributions. Ainsi se trouvera réalisée une collaboration féconde de la science et de l’art, qui assurera dans l’avenir aux virtuoses du pinceau une utilisation rationnelle de leurs facultés créatrices et la pérennité de leurs œuvres.
- Jacques Boyer.
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- Fig. 3 (en haut, à gauc'he). — Dissociation du primaire, du secondaire et du tertiaire révélée par la pinaeographie sur le Jupiter de Salvator Rosa (1615-1673). Fig. 4 (en haut, à droite). — Empâtement dissocié sur une œuvre du peintre Jordaens (1593-1678). Fig. 5 (en bas, à gauche). — Pinacogramme ou photographie prise à la lumière rasante et montrant sur un tableau de Philippe de Champaigne (1602-1674) des craquelures el des desquamations. Fig. 6 (en bas, à droite). — Tableau du Tintoret conservé à l’Académie de Venise et montrant l’emploi de
- couleurs transparentes superposées à d’autres pigments colorés.
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- L’ÉCLAIRAGE NOCTURNE DES POULAILLERS
- EN HIVER
- Les aviculteurs, ou, comme l’on dit aujourd’hui, les ovo-culteurs, néologisme qui désigne les éleveurs exploitant les poules surtout en vue de la production des œufs, discutent beaucoup sur une méthode, d’importation américaine, qui consiste à éclairer le logement des pondeuses pendant les nuits d’hiver.
- Cette pratique est, paraît-il, très répandue dans les fermes de l’Etat de Washington (E.-U.), ainsi que dans certaines fermes expérimentales du Canada.
- On invoque, avec juste raison, que dans la mauvaise saison, les poules se couchent très tôt et se lèvent très tard, restant ainsi dans une inaction complète, parfois durant 16 heures et plus, fin décembre, quand le temps est pluvieux.
- Ne mangeant pas, elles ne peuvent, évidemment, pondre. Or c’est en hiver que les œufs se vendraient le plus cher.
- Trop souvent, aussi, la basse température vient ajouter son action néfaste à l’absence de nourriture.
- Quelle différence avec la période estivale, où les volatiles ont devant eux une interminable joui'née pour divaguer et picorer à loisir !
- L’idée semble donc heureuse de vouloir créer dans le poulailler, de fin octobre en mars, un jour factice, invitant les oiseaux à descendre des perchoirs pour venir ingurgiter la provende que l’on met à leur disposition sur le parquet.
- Le Dr Kaupp, qui fait autorité chez les aviculteurs américains, a obtenu, avec deux bandes de 31 Rhode Island rouges, en novembre, 253 œufs avec l’éclairage artificiel, et 30 sans éclairage. Pendant les 4 mois de l’éclairage artificiel, les poules ont pondu 1704 œufs, tandis que les poules non éclairées n’en donnaient que 577. En revanche, dans les 4 mois qui suivirent, ce furent celles-ci qui fournirent la ponte la plus abondante. Mais le total de fin d’année fut en faveur des poules qui avaient bénéficié de l’éclairage hivernal, leur ponte reprit abondante, de juillet à octobre, pour donner, finalement, un total de 4410 œufs, contre 3144 aux poules non éclairées.
- On s’est demandé si c’est une vertu propre à la lumière de favoriser la ponte. Certains lui attribuent une action stimulante de la circulation sanguine dans les ovaires.
- Pour justifier cette hypothèse, la Revue des applications électriques cite l’exemple suivant :
- En décembre 1926, et janvier 1927, 29 poules ont pondu 730 œufs dans un poulailler éclairé artificiellement de 4 h et demie à 6 heures le soir, et de 4 heures à 9 heures le matin, cela sans supplément de nourriture, tandis qu’en décembre 1925 et janvier 1926, 41 poules, non éclairées la nuit, n’ont pondu que 132 œufs.
- Mais d’autres expérimentateurs, plus nombreux d’ailleurs, estiment que le bain de lumière artificielle n’a pas d’action particulière sur le fonctionnement de la grappe ovarienne et que l’augmentation de la ponte est uniquement due à une alimentation plus soutenue des volatiles, qui leur fournit les matériaux nécessaires à l’élaboration des œufs, ce qui paraît plus logique.
- Ils ajoutent que l’exercice que prennent les poules, au moment du repas, produit un effet salutaire sur leur organisme.
- D’après les résultats obtenus à la Station expérimentale d’agriculture de l’Université de Californie, l’effet de la suralimentation ne commence à se faire sentir qu’après une semaine à 10 jours, et l’effet complet est obtenu en 3 semaines.
- Certains ont prétendu que la lumière artificielle nocturne altère la santé des bêtes et provoque une mue prématurée. La chose n’a pas encore été complètement démontrée.
- Mais la lumière artificielle est très loin de posséder les propriétés vivifiantes de la lumière solaire. Aussi, dit dans L’Éclaireur agricole M. L. Brechemin, un spécialiste, « il est reconnu que la non-fécondation des œufs s’accroît en raison même de l’éclairage artificiel ».
- Des expériences effectuées en Amérique ont; montré, en effet, qu’il n’est pas indiqué d’employer l’éclairage nocturne pour les couveuses. Celles-ci doivent rassembler des forces pendant l’hiver, afin de pouvoir ensuite pondre une grande quantité d’œufs destinés à être couvés au printemps. On obtient ainsi des œufs mèilleurs et des poussins beaucoup plus forts leur vitalité n’ayant pas été réduite par une production très intense dans la période précédant la saison de couvaison.
- Pour que l’éclairage artificiel puisse donner, tous les résultats que l’on en attend, il faut, au moment où il est mis en application, que les poules soient bien préparéès, en bonne condition de ponte.
- Les poulettqg ne commencent à pondre qu’au moment de leur maturité, soit entre 7 et 9 mois, selon leur race et leurs conditions de vie. On doit donc, si l’on veut des œufs à partir d’octobre, faire naître les poussins artificiellement au moins en mars, et au plus tard en avril.
- Il est évident que l’on peut soumettre à ce régime les sujets dont la maturité arrive en pleine saison.
- Il faut aussi que l’alimentation intensive soit rationnelle, c’est-à-dire composée de produits très nutritifs, de digestion facile, fournissant bien les principes nécessaires à la constitution de l’œuf et encore des vitamines, ces impondérables indispensables pour le bon fonctionnement de l’organisme animal, et qui se trouvent notamment dans la verdure, les racines.
- On cite, comme provende, une pâtée humide et très menue, trempée de préférence dans du lait, à laquelle on ajoute des feuilles fraîches hachées, ou des racines coupées.
- 0 faut maintenir dans le poulailler une température suffisante, ou tout au moins prendre les mesures nécessaires pour empêcher un trop grand refroidissement, sinon une partie des aliments ingérés par les volatiles est employée à combattre ^insuffisance de calorique de l’animal, ce dernier étant obligé de garder l’immobilité, et cela au détriment de la production des œufs.
- Enfin, le local doit être sain.
- La source de lumière peut être quelconque, pourvu que son éclat soit suffisant, lanterne à huile, à acétylène, à gazoline, ampoule électrique, etc.
- La lampe-tempête permet, en n’y mettant que la quantité d’huile voulue, de limiter l’éclairement à la durée désirée. Mais les lampes à huile éclairent peu. Avec les lanternes à gazoline, les trous d’air sont facilement obstrués par des grains de poussière soulevés par les gallinacés.
- Il y a lieu de remarquer que lorsqu’on éteint la lumière, il faut le faire progressivement, pour permettre aux poules de regagner les perchoii’s. Si l’obscurité complète se fait brusquement, elles sont surprises et restent comme hébétées, sur le parquet, où elles passent, toute la nuit.
- C’est là le point délicat. Il faut combiner un double éclairage : le premier assez intense, qui peut être brusquement interrompu, le second, simplement donné par des lampes veilleuses, voilées même, ne laissant filtrer qu’une faible clarté, qui s’éteint tout à fait après que les poules ont pu se percher à nouveau. S’il n’y a qu’une lampe, on doit pouvoir l’établir en veilleuse.
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- Sans conteste, c’est l’électricité qui présente le plus de commodité, et d’ailleurs supprime les risques d’incendie.
- Les lampes électriques doivent être suspendues à 1 m 80 ou 2 m du sol.
- L’abat-jour large et plat distribue la lumière avec beaucoup plus d’efficacité que s’il est étroit et de forme conique. Un réflecteur métallique est d’une grande utilité pour concentrer la lumière sur les perchoirs et l’endroit du parquet où l’on dépose les aliments.
- Au moyen d’un rhéostat, on produit un crépuscule artificiel.
- M. J. Nadot donne, dans le Génie rural, les renseignements suivants, sur l’installation du verger avicole d’Atilly : un tableau de distribution, comprenant un rhéostat, un coupe-circuit, un interrupteur, et des lampes demi-watt de 100 bougies.
- Une lampe suffit pour éclairer une surface de 25 à 30 m-, nécessaire pour 60 à 65 poules. Des résistances de 280 watts, montées sur 230 volts, plongent dans l’eau de boisson, pour l’empêcher de se congeler.
- Voici la consommation de courant, pour un lot de 10 poules éclairées pendant 4 décades (du 11 au 20 de chacun des mois, novembre, décembre, janvier et février) : 610 w. h., soit 61 w. h. par poule, consommation insignifiante, dit l’auteur, par rapport à l’augmentation de production, qui fut de 125 œufs.
- Au début, quand on commence à employer l’éclairage nocturne, il ne faut le faire que progressivement, pour ne pas modifier trop rapidement les habitudes des poules.
- A quel moment de la nuit doit-on éclairer, et quelle est la durée de l’éclairage ?
- N’envisageant la méthode que comme un moyen de faciliter la suralimentation des élèves, il est certain que l’on doit éviter de laisser le poulailler éclairé toute la nuit. Si, par exemple, on distribue un repas le soir, on éteint après une demi-heure, et il ne faut plus ensuite troubler la quiétude des poules, les laisser dormir tranquilles 9 à 10 heures.
- Les expérimentateurs ne s’accordent guère sur l’heure et le nombre des repas. Certains estiment qu’il vaut mieux éclairer vei’s minuit, une heure, plutôt que le soir vers 10 heures.
- D’autres préfèrent distribuer un repas, le soir, à 8 heures ou 9 heures, et un autre le matin à 5 ou 6 heures.
- A l’Université de Californie, on a constaté qu’il n’y a aucun profit à employer l’éclairage avant 4 heures, 4 heures et demie du matin.
- D’autre part, au point de vue pratique, l’éclairage de grand matin est plus approprié, quand on n’a pas la possibilité de réduire progressivement l’intensité de la lumière.
- Quelles sont les possibilités financières, si l’on peut dire, d’une telle entreprise ?
- Les avis sont très partagés; on trouve ici d’ardents défenseurs de l’éclairage nocturne, comme aussi des sceptiques, pour le moins.
- Au Canada, dans un concours comprenant 122 éleveurs, qui soumettaient au contrôle 11 579 oiseaux, les résultats obtenus avec les poulaillers éclairés et ceux avec les poulaillers non éclairés ont été à peu près égaux.
- M. L. Bréchemin, qui rapporte le fait, dit aussi que dans deux « forceries de ponte », une à Crécy, non éclairée, l’autre à Vaires, éclairée, les résultats sont sensiblement les mêmes.
- M. W. Chenevard, auteur d’un traité d’ovoculture (1930), a fait remarquer, dans h’Acclimatation, que l’œuf forcé en ponte d’hiver ne sera pas pondu en saison normale.
- Il s’ensuivrait que lorsqu’on établit le compte d’un élevage, il faut faire entrer dans les frais généraux la valeur des œufs qui ne seront ainsi pas récoltés, ce que l’on ne fait généralement pas.
- L’auteur commente, dans cet ordre d’idées, les résultats d’élevages fournis par le Génie rural et l’Électricité pour, tous.
- A Vienne (Autriche) : 30 poules éclairées 4 heures par jour par une lampe de 60 watts, pendant 92 jours; excédent de ponte, 390 œufs, soit 13 par poule. L’éleveur estime avoir réalisé un bénéfice de 108 fr. 35; mais il n’a pas été tenu compte, dans les frais généraux, des 380 œufs non pondus en saison normale.
- En Italie : 30 poules éclairées 2 heurés par jour avec une lampe de 50 watts, pendant 3 mois; excédent de ponte, 225 œufs, soit en moyenne 7,5 par poule; bénéfice, 22 fr. 45. M. Chenevard pense qu’il y a perte de 97 fr. 70, si l’on tient compte des 220 œufs non récupérés en saison normale.
- Cet auteur estime qu’actuellement le prix de revient moyen de l’œuf forcé d’hiver dépasse 1 franc, et il ajoute :
- « Cette méthode (l’éclairage nocturne) ne paraît présenter un intérêt que dans les pays froids et brumeux, à faible éclairement hivernal, pour la production d’œufs du jour, Là où ils obtiennent un prix très élevé.
- « Au point de vue pratique, il est inutile de tenter l’expérience, à moins de disposer de l’électricité à très bon marché.
- « Même, dans ce cas, le prix de revient de l’œuf sera très élevé.
- « En France, les situations où un prix de vente rémunérateur pourra être trouvé, sont excessivement rares. »
- Antonin Rolet,
- PLIAGES DE PAPIERS E
- LA THÉIÈRE JAPONAISE
- Voici un petit pliage très original comme forme,' et nous verrons tout à l’heure comme résultat, lorsque l’objet sera fabriqué.
- Prenez, comme pour la majeure partie des pliages, un carré de papier (fig. 2). Pliez-le d’abord d’un 'côté suivant ses diagonales AA, puis après, avoir retourné la feuille, pliez suivant les médianes BB.
- Ceci étant fait, prenant la feuille par les coins, faites rentrer BBBB vers le centre et vous aurez un triangle représenté
- à droite à peine aplati pour faire comprendre le mouvement. Mettez bien à plat et rabattez chacune des pointes AA, sur chaque face en suivant le pointillé BP ; elles viendront s’abattre en O et toute votre feuille sera réduite au petit carré BPOP.
- Il vous faut maintenant sur ce petit carré, amener les deux pointes PP vers le centre C pour la face que vous avez devant vous, puis retournant le pliage amener également de l’autre côté les deux pointes PP vers le centre C.
- Jusqu’ici, rien que de très facile et cependant nous avons
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- Fig. 1. — La théière japonaise.
- lait le coffre de la théière. Nous allons maintenant lui donner des anses par un pliage tout aussi simple. Je représente en bas, à gauche le pliage au point où il en est actuellement BPO, mais à une plus grande échelle que précédemment.
- Le point O indique la réunion des pointes A. Ce sont ces pointes qui vont agir maintenant. Prenez-en une et dépliez-la complètement suivant le pointillé SAB, puis ramenez-la suivant SS sur votre pliage, la pointe A viendra se placer en A et vous aurez SSOA'B de la figure IV. A ce moment saisissez la pointe A', rabattez-la vers vous sur le pliage en A", tout en appuyant sur C qui cédera sous la pression et viendra se placer en R. Dressez vers vous R A, ce sera une moitié d’anse.
- Faites de même pour les trois autres pointes A.
- Lorsque vos anses seront dressées, vous prendrez des ciseaux et couperez la pointe du pliage à l’endroit indiqué par un trait noir. Marquez enfin le pli SN et vous n’aurez plus qu’à gon-
- 563
- Fig. 2. — Les phases du pliage (de gauche à droite et de haut en bas).
- fier votre théière en la tenant par les anses. Pour cela vous, soufflerez par l’orifice fait par votre coup de ciseaux et vous vous aiderez d’un crayon que vous plongerez à l’intérieur.
- Il est amusant, ayant fait une théière, d’en faire à côté deux beaucoup plus petites qui représentent les tasses, mais il est aussi très curieux de mettre de l’eau dans la théière et de faire bouillir cette eau au-dessus de la flamme d’une bougie, par exemple. Le papier mouillé ne peut s’enflammer et l’eau s’échauffe rapidement. Une ou deux feuilles de thé placées dans le liquide permettent de faire véritablement du thé dans ce curieux récipient. Ce pliage peu connu m’a été communiqué par M. Schlumberger. Alber.
- ____ LE MOIS METEOROLOGIQUE
- OCTOBRE 1931, A PARIS
- Ce mois a été sec, doux dans la première quinzaine, froid Sa température moyenne, 9°,7, présente par rapport à la
- dans la seconde, à pression barométrique très élevée et il est normale un déficit de 0°,4. Du 1er au 14 inclus, les moyennes un des mois d’octobre les plus clairs observés à Saint-Maur. journalières, sauf celle du 4, ont été supérieures à leurs nor-
- Fig. 1, — Moyennes de températures.
- Fig. 2. — Hauteurs de pluie.
- 100%
- 70%.
- 50%.
- 25%.
- 0%.
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-
-
-
- males respectives. Du 15 au 31, en exceptant le 16, elles ont toutes été en déficit. Le maximum absolu, 22°,2, a été observé le 5 et le 6 et le minimum absolu, —3°,4 le 28. Il y a eu 3 jours de gelée à glace les 27, 28 et 31. Par suite de la clarté du ciel, l’amplitude de la variation diurne de la température a été anormalement élevée. La moyenne des minima, 4°,3, est de 1°,9 plus basse que la moyenne tandis que celle des maxima, 15°,6, est en excédent de 0°,6.
- Le total pluviométrique mensuel, 43 mm 3, est inférieur de 26 pour 100 à la normale et atteint à peine les 3/4 de la moyenne 1874-1923; il a été recueilli en 7 jours de pluie appréciable (moyenne 15), dont deux, les 23 et 24, ont fourni à eux seuls, 26 mm 8 d’eau, soit plus de la moitié du total mensuel.
- La durée d’insolation, 185 h. 9, est l’une des plus élevées que l’on ait enregistrées en octobre à Saint-Maur, depuis le début des observations (1881). Seuls octobre 1908 et octobre 1920 ont présenté des durées d’insolations supérieures.
- La moyenne mensuelle de la pression barométrique, réduite au niveau de la mer, à l’Observatoire du Parc Saint-Maur, 765 mm 9, est très élevée; elle est en excès de 4 mm 0.
- La moyenne de l’humidité relative a été de 83,1 pour 100 et celle de la nébulosité, de 39 pour 100 seulement.
- On a compté dans le mois : 22 jours de brouillard, 15 de rosée et 11 de gelée blanche.
- Les vents de NNE et NE ont été très dominants.
- Les dernières hirondelles ont été vues le 4.
- Variations, par périodes décennales depuis 1874, à l’Observatoire du Parc Saint-Maur, des moyennes de la température, de la pluie, du nombre de jours de pluie, de la nébulosité, de l’humidité de l’air et de la pression barométrique pour le mois d’octobre .
- Tempé- rature Pluie Jours Nébu-de losité Humi- dité Pression baromé-
- 1874-1883 9°, 85 61 mm pluie 8 15 60 86, 6 métrique (’) 757 mm 32
- 1884-1893 9°,40 67 mm 4 17 60 84, 6 756, 89
- 1894-1903 10°,18 52, 4 14 $5 84,3 757, 27
- 1904-1913 10°,82 58, 7 14 60 86, 2 757, 41
- 1914-1923 9°,82 51, 0 13 59 85, 6 758, 09
- 1924-1930 11°,22 80, 4 17 65 84, 8 757, 14
- Moy. g'énér. 10°,21 61, 9 15 59, 8 85,3 757, 35
- Em. Rogek.
- 1. A l’altitude de 50 m.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- LES GRAISSES CONSISTANTES
- Dans de nombreux cas, il est impossible d’utiliser, pour le graissage, des huiles fluides, car les plus visqueuses de ces huiles n’ont pas assez de tenue pour former une masse consistante adhérente.
- C’est le cas, par exemple, pour les paliers de laminoirs, les engrenages et les essieux.
- On emploie alors pour le graissage des composés spéciaux, dénommés graisses consistantes.
- En principe une graisse consistante est formée d’une huile minérale émulsionnée par un savon animal ou végétal.
- L’absorption de l’huile par le savon dépend non seulement de la nature du savon, mais aussi de son degré de siccité, c’est ainsi qu’un savon trop sec donne un produit flasque, car il se dissout simplement dans l’huile sans produire d’émulsion.
- La fabrication des graisses consistantes comprend deux phases, la préparation du savon proprement dite, et la formation de l’émulsion par addition d’huile.
- Pour préparer le savon, on peut utiliser tous les corps gras sapo-nifiables, par exemple du suif, de l’huile de lard, de la graisse de suint, de la graisse de porc, de l’huile de foie de morue, de l’oléine, des huiles de colza, de coton, de maïs, etc.
- On saponifie ces corps gras, soit par la chaux, soit par la soude, suivant la qualité du produit à obtenir. Les graisses obtenues avec de la chaux sont moins « dures » que celles que l’on obtient en saponifiant les corps gras avec de la soude, c’est-à-dire qu’elles ont un point de fusion plus bas que celui de ces dernières.
- Pour cela on place dans une cuve à double enveloppe chauffée à la vapeur et munie d’un agitateur puissant les corps saponifiables avec une partie égale d’huile minérale (cette portion d’huile minérale représente environ le tiers de toute l’huile qui sera ajoutée après la préparation du savon), de manière que le savon en s’émulsionnant avec l’huile au fur et à mesure de sa formation ne colle pas aux parois. On chauffe modérément le mélange, puis on ajoute le lait de chaux ou la soude, suivant le cas. La réaction s’amorce, on arrête le chauffage, car la quantité de chaleur dégagée suffit pour maintenir la masse ,en réaction. L’émulsion se forme dès le début et la masse augmente de volume. On agite durant tout ce temps jusqu’à ce que le savon soit cuit, ce que l’on reconnaît à la dureté d’une épreuve refroidie, puis on ajoute le restant de l’huile minérale en un mince jet.
- La graisse est coulée dans des moules où elle se prend en masse par refroidissement.
- Nous donnons ci-dessous quelques formules de graisses:
- Graisse pour piston :
- Cérésine. ... 10 parties
- Graisse de suint 40 —
- Huile minérale. 25 —
- Graphite. ... 25 —
- Graisse pour engrenages
- Suif.............. 3 parties
- Cire.............. 4 —
- Huile de lin . . 2 —
- Graphite. ... 1 —
- Graisse pour wagons :
- Savon d’oléine . 6 parties
- Eau...............12 —
- Suif.............. 6 —
- Huile minérale. 2 —
- Graisse pour roulements à billes :
- Huile minérale. 85 %
- Acides gras de
- baleine ... 6 %
- Chaux........ 3 %
- Suif......... 6 % H. Soyer.
- POUR REMETTRE EN ÉTAT LES GLACES RAYÉES
- Le verre qui constitue les glaces étant le plus souvent à base de plomb pour lui assurer ses qualités optiques (cristal), sa dureté est relativement faible de sorte qu’un frottage un peu énergique, au moyen d’un chiffon de laine ou d’une étoffe non assouplie par l’usage, produit à la surface une quantité de stries peu visibles, mais qui altèrent la limpidité.
- Pour remédier à cet inconvénient il suffit de toujours faire usage d’une peau dite de chamois, laquelle pratiquement est une peau de mouton.
- Un petit tampon de peau imprégné d’un mélange de rouge d’Angleterre délayé dans l’alcool à brûler servira d’abord à polir la glace, puis, cela fait, on terminera l’essuyage avec une autre peau propre et sèche réservée uniquement à cet emploi.
- LES HORTENSIAS BLEUS
- On a déjà beaucoup écrit sur le bleuissement des fleurs d’horlensia. On sait qu’ils sont blancs ou roses en terre ordinaire, et qu’ils deviennent bleus dans un sol acide. Aujourd’hui, on peut créer des fleurs bleues en modifiant le pH du sol pour l’amener au voisinage de 5. 11 y faut un sol sans calcaire et des arrosages à l’eau de pluie, et aussi un contrôle du sol. Si celui-ci devient trop acide, la couleur bleue se salit; s’il devient trop alcalin, elle vire au rose. M. A. Petit, qui rend compte de ce nouvel aspect du problème dans la Bevue horticole, conseille d’ajouter au compost acide un peu de terre calcaire, de terreau de fumier ou de carbonate de chaux et, si l’on a dépassé le degré convenable, de rectifier par addition de sulfate de fer ou de sulfate d’ali minium.
- Voilà une nouvelle application du pH qui pourra intéresser les amateurs de fleurs.
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-
- LA RADIOPHONIE PRATIQUE
- LAMPES DE T. S. F., HAUT-PARLEURS & PIÈCES DÉTACHÉES
- LES NOUVEAUTÉS DE 1931-1932 (Suite).
- fiadiofoiot
- 7,5 ma
- JRadiofotos
- 4 m F Hp
- -<.-VWWW-------'G0GS6ff—
- 251)00 ^ 50 H. 60 ma
- 10 ma
- 6mF i
- Valve Fotos ~^W.10
- 4mF -t-
- 2mF 5;
- Fig. 1. — Un petit amplificateur phonographique de salon monté avec une lampe P-l 0 Fotos de puissance .
- Enroulement El, plaque de la valve : 2 fois 300 volts. 60 ma. Enroulement Ej, filament de la valve, 2 lois, 1,9 volt, 2 amp. Enroulement E3, filament P-10, 2 fois 1,9 volt, 1,25 amp. Enroulement E4, filament T-425, 2 fois 1,9 volt, 1 amp.
- LES LAMPES TRIGRILLES DE PUISSANCE
- La lampe trigrille de puissance permet d’obtenir une amplification suffisante avec un seul étage basse fréquence et une tension plaque relativement faible de l’ordre de 90 à 120 volts. Pour obtenir une tonalité agréable, il faut soigner tout particulièrement la liaison entre le circuit plaque de cette lampe et le haut-parleur.
- Récemment, les différents constructeurs ont présenté des trigrilles de puissance, de modèle plus puissant encore : la plaque peut être alimentée sous une tension maximum d’environ 250 volts, et la pente de la caractéristique atteint 3 milliampères par volt. On peut citer par exemple les types C 443 Philips, F 100 Fotos, etc. Ces lampes s’emploient en
- étage unique d’amplification, au même titre que les lampes triodes indiquées dans le précédent numéro. Enfin, l’amplification phonographique prenant une importance de plus en plus grande, on peut trouver maintenant en France des lampes destinées à ces amplificateurs , et convenant à tous les cas : amplificateur phonog raphique de salon ou amplificateur. professionnel pour cinématographie sonore. Comme lampes
- Fig. 2. — Caractéristiques de la lampe Radiofotos P-10.
- J75 _150 J25 _100 -75 -50 _25 0
- Volts grille
- 4 K50
- destinées aux amplificateurs de salon, nous pouvons citer la lampe Fotos P10 (fig. 1 et 2), la 4 K 50 Télcadé (fig. 3),
- Le nombre des con structeurs de lampes s’est, d’ailleurs, encore récemment augmenté en France, ou plutôt de nouveaux constructeurs étrangers ont établi des agents en France. On peut citer, par exemple, la lampe Cossor, la lampe Tungsram. On peut maintenant trouver assez facilement les lampes américaines les plus connues. Celles-ci sont surtout intéressantes , du moins pour les amateurs constructeurs, pour l’amplification de puissance; les lampes haute fréquence et moyenne fréquence ne présentant pas les mêmes caractéristiques que les lampes françaises, leur emploi est difficile avec les pièces détachées réalisées par les constructeurs français.
- /
- t
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- J <
- -
- A — — -
- 60 "50 “40 “30 ~20 “10 0
- Fig.
- 3. — La lampe de puissance Tékadé et sa courbe caractéristique.
- LES HAUT-PARLEURS ET LEURS CARACTÉRISTIQUES
- Depuis l’année dernière, pas de changements de principe dans les haut-parleurs. Les appareils électromagnétiques restent employés sur les récepteurs de petite puissance, les magnétodynamiques et électrodynamiques sur les appareils à moyenne et grande puissance et sur les reproducteurs phonographiques.
- Le haut-parleur électrostatique n’a pas encore fait son apparition pratique. Nous avons pourtant assisté récemment aux essais d’un modèle allemand très simple qui paraissait donner des résultats satisfaisants, mais la nécessité d’appliquer une très haute tension sur ses électrodes peut être un sérieux obstacle pratique. D’autre part, la feuille métallique très mince qui forme l’armature vibrante, d’une fabrication très délicate,estpar-ticuli èremenl fragile.
- On emploie de plus en plus, avec les moteurs électro -magnéti ques, des diffuseurs « moving-cone » de petit dia -mètre, montés sur des « baf-
- Fig. 4. — Le moteur du haut-parleur électromagnétique Solor-Ferrix.
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- 566
- Fig. 5. — Schéma du moteur de haut-parleur Solor à 2 aimants et 2 bobines.
- fies » acoustiques comparables à ceux des haut-parleurs électrodynamiques . Sans doute peut-on obtenir d’aussi bons résultats et une audition des notes graves au moins aussi satisfaisante avec des diffuseurs à bords fixes de grand diamètre, mais il faut convenir que ces cernes vibrants sont beaucoup moins encombrants et peuvent être placés facilement dans des coffrets ou des meubles.
- Nous avons assisté aux essais d’un nouveau diffuseur à bords fixes imaginé par M. Louis Lumière, l’inventeur du cinématographe, dont on connaît le fameux diffuseur à bords plissés.
- Le nouveau diffuseur est absolument plan. Il est constitué par une feuille de papier métallisé, plissée suivant une loi particulière et actionnée transversalement par une latte en bois à laquelle est l'eliée l’armature vibrante d’un moteur électromagnétique ou la bobine vibrante d’un moteur électrodynamique.
- En utilisant un diffuseur de ce type, carré ou rectangulaire, de dimensions assez réduites, on obtient une reproduction satisfaisante de la gamme acoustique, et l’effet de diffusion sonore est moins « brutal », plus atténué qu’avec un diffuseur conique.
- Notons également un moteur électromagnétique très simple, mais de principe fort intéressant. Deux aimants puissants ont un pôle commun dans lequel est encastrée l’armature (pôle Nôrd) ; celle-ci peut osciller entre des masses magnétiques feuilletées prolongeant les pôles opposés (pôle Sud). Les bobinages portés par les masses polaires sont disposés de telle sorte que les courants qui les parcourent augmentent l'attraction d’un des aimants tandis qu’ils affaiblissent celle de l’autre. Les flux magnétiques produits par les enroulements étant pour l’une des bobines de même sens que le flux permanent, et de sens inverse pour l’autre, l’armature est au repos dans une position d’équilibre, et le courant téléphonique l’attire d’un côté ou de l’autre suivant les alternances (fig. 4 et 5).
- Cette armature vibrante en alliage magnétique spécial est assez large et assez épaisse (25/10 de mm); elle est ainsi à l’abri de toutes déformations permanentes, assez
- amortie pour ne pas présenter de résonance propre gênante dans la gamme acoustique normale, et assez longue pour que le déplacement de son extrémité s’effectue pratiquement dans un sens à peu près parallèle à l’axe des bobines.
- Un moteur de ce type avec un diffuseur convenable
- Fig. 6. — Moteur électromagnétique Baldwin-Sidi Léon, à gauche, muni d’un diffuseur « moving cône », à droite, d’un diffuseur exponentiel.
- forme un ensemble simple et robuste.
- Il est, de plus, assez sensible pour être actionné par u n poste x'écepteur quelconque, ne comportant même qu’un seul étage basse fréquence à trigrille de puissance ordinaire.
- Quelques constructeurs pi'ésentent des pavillons exponentiels qui, coix -nectés à un récepteur téléphonique à grande puissance du type électromagnétique équilibré, constituent des ensembles à la fois fidèles et très sensibles. Enfermés dans une ébéixisterie, ces pavillons ne sont guère plus encombrants que des modèles à diffuseur (fig. 6).
- Le moteur xnagnétodynamique conserve ses avantages. Il a été présenté récemment dans des meubles ou écrans qui permettent son placement facile et agréable dans un appartement et sous une forme simplifiée peu coûteuse.
- C’est le haut-pai-leur électrodynamique qui est le plus utilisé avec les récepteurs munis de lanxpes de puissance. Faut-il rappeler que le choix et l’adaptation d’un haut-parleur électrodynamique doiveixt être effectués avec le plus grand soin, sous peine de n’obtenir que des résultats fort imparfaits, précisément en raison de la fidélité de ce système de ti-aduction du son qui amplifie aussi bien les défauts que les qualités.
- De récents perfectionnements de détails sont à signaler. Le cône diffuseur de sons à bords mobiles est établi en matière souple, entoilée ou non, revêtue d’un vernis spécial et même quelquefois métallisée et en tout cas beaucoup moins hygrornétiique que le carton des modèles primitifs. Le système de centrage de la bobine mobile a été perfectioxmé et simplifié de sorte que non seulement, il îx’est plus nécessaire d’effectuer souvent des manœuvres de réglage, mais encore celles-ci sont devenues plus aisées. Lorsque l'alimentation
- Excitation
- Ressort de centrage
- 2°<3 fanf°
- — de sortie Filtre
- Cône
- 'Electrolytique JCRedresseur Oxyde de cuivre
- Fig. 7. — Schéma d’un haut-parleur élec-irodgnamique fonctionnant sur courant alternatif, avec alimentation indépendante.
- Fig. 8.— Vue arrière et avant du haut-parleur éleclrodynamique « Melodium ».
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-
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- du bobinage d’induction n’est pas faite par le courant d’alimentation plaque de l’amplificateur de puissance, il est souvent obtenu à l’aide de redresseurs à oxyde de cuivre, et on réalise un liltrage bien supérieur en employant en shunt un condensateur électrolytique de plusieurs centaines de microfarads (ûg. 7). D’autres modèles comportent simplement une excitation par aimant permanent, ce qui supprime tout dispositif d’alimentation séparée.
- Dans quelques types, il existe une bobine supplémentaire, de sens inverse à celui du bobinage normal, et qui a simplement pour but de s’opposer au ronflement parasite produit par le courant d’alimentation.
- Enfin, comme l’an dernier, dans de nombreux modèles de haut-parleurs français et même étrangers, le transformateur de liaison est disposé sur le socle même de l’appareil, et à l’aide d’un dispositif simple, on peut choisir l’enroulement primaire convenant le mieux aux caractéristiques de la lampe de sortie employée dans l’amplificateur phonographique ou le radiorécepteur.
- LES PIÈCES DÉTACHÉES POUR APPAREILS D’AMATEURS
- Malgré l’augmentation immense du nombre des usagers de la T. S. F., le nombre des amateurs constructeurs n’a heureusement guère diminué en France, et seule la proportion de ces derniers a été modifiée dans la grande masse des sans-filistes.
- Les pièces détachées mises à la disposition de ces amateurs-constructeurs par les fabricants spécialisés sont de plus en plus faciles à utiliser, et il reste bien peu de « bricoleurs » qui ne songent à établir eux-mêmes tous les organes entrant dans la composition d’un montage.
- Les pièces détachées ont été modifiées évidemment à mesure qu’étaient modifiées les caractéristiques des montages, et surtout des lampes ; nous avons déjà noté dans notre article sur les radiorécepteurs, les principales nouveautés dans la construction des transformateurs moyenne fréquence, des transformateurs basse fréquence, et aussi des organes de réglage.
- Nous étudierons plus particulièrement les pièces employées pour les postes établis par les amateurs eux-mêmes.
- CADRES DE RÉCEPTION — FILTRES D’ACCORD ET BLOCS D’ACCORD
- Beaucoup de postesfabriqués en série sont, à l’heure actuelle, fournis avec leur cadre, l’enroulement en est généralement disposé de manière à permettre un accord essentiel unique des circuits d’entrée et de modulation, lorsque l’appareil esL du type à changement de fréquence, ce qui est le cas le plus i fréquent.
- Pourtant, on trouve dans le commerce des modèles récents de cadres très pratiques qui peuvent être utilisés avec tout poste récepteur assez sensible à amplification directe, ou à changement de fréquence.
- Signalons un cadre à deux enroulements indépendants . protégés, placés dans deux boîtiers octogonaux en isolant rigide, qui peuvent être mis à angle droit lors de l’emploi; leur diamètre n’est que de 450 mm et l’épaisseur de 40 mm; l’enroulement petites ondes permet l’accord de 200 à 600 m, et l’enroulement « grandes ondes » de 600 à 1900 m de longueur d’onde. Le tourillon du cadre porte 4 bagues par lesquelles le courant est amené à la douille du pied. Le dispositif permet de faire tourner le cadre sans limitation du mouvement et sans risque de changer
- Fig. 9. — Les cadres de réception.
- A. Un cadre à 5 enroulements et compensation automatique de tension. B. détails de construction du cadre. C. cadre Gamma à deux enroulements perpendiculaires protégés.
- l’accord par un déplacement des fils (fig. 9 C). Ce modèle peut être utilisé indépendamment du poste; il peut être fixé directement sur le poste, placé dans un meuble, ou sous un meuble contenant le récepteur.
- Dans notre article sur la « modernisation » des appareils-récepteurs, nous avons indiqué les avantages des circuits filtres pour améliorer la sélectivité d’un poste recevant sur antenne. Notons encore le modèle simple A. C. R. M. qui peut être utilisé sous différentes formes, et servir par exemple à éliminer deux émissions distinctes de longueurs d’onde différentes émises par des postes locaux et gênant l’écoute des émissions étrangères.
- On n’utilise plus guère les bobines interchangeables à broches, soit pour l’accord, soit comme systèmes de liaison. Les avantages techniques de ces bobines subsistent, sans doute, mais leur emploi est ennuyeux. On emploie surtout des blocs d’accord et de liaison extrêmement pratiques qui se fixent sur le panneau frontal du poste récepteur comme un organe de réglage quelconque. Ce bloc d’accord porte un bouton de commutation permettant de mettre immédiatement en circuit les bobinages convenables et très souvent il supporte l’eqroulement de réaction qui réagit soit sur le primaire d’accord, soit sur le circuit de résonance. Dans les modèles récents, le système d’enroulement a été perfectionné de manière à diminuer les pertes en haute fréquence, et les contacts des commutateurs sont plus sûrs et plus simples (fig. 10).
- Pour la réception des ondes très courtes, on continue à employer des bobines interchangeables, mais d’un modèle
- Fig. 10. — Quelques modèles de blocs d’accord el de liaison.
- A et B. Blocs d’accord et de résonance simples « Le Gabion ». C. Bloc automatique Vardex pour accord et résonance avec commutation des bobinages commandée par le même bouton. D. Bloc Jackson pour tous montages d’accord, donnant la réaction avec un seul bobinage rotatif.
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- Fig. 11. — Les condensateurs variables.
- A. Type Vardex avec lames fixes et bâti fondu. B. Montage de condensateurs avec cadrans de repère accolés, translucides ou non-C. Montage avec tambours de repère accolés et éclairés, boutons de commande latéraux ou de face (types Duvivier).
- spécial à broches écartées, à spires en fil de gros diamètre, enroulées en hélice, sans vernis, et maintenues seulement par des bandes d’isolant, afin de diminuer la capacité répartie et les pertes en haute fréquence.
- CONDENSATEURS ET RÉSISTANCES
- La fabrication des condensateurs variables n’a guère été modifiée. Signalons cependant un type intéressant dont les armatures homogènes sont réalisées d’un seul bloc, présentant une résistance mécanique très grande et une résistance électrique très faible. Le bâti et les lames fixes forment un tout obtenu par fusion du métal coulé en moule métallique. Les contacts des lames sont ainsi obtenus par fusion de leurs extrémités dans le bâti du condensateur (fig. 11 A).
- La disposition des condensateurs variables dans le poste a très souvent été modifiée. Au heu de séparer aux deux extrémités du panneau frontal isolant les condensateurs d’accord et de réaction, d’accord et de résonance, d’accord et de modulation, etc... on a pris l’habitude de les grouper, et de placer côte à côte leurs cadrans de réglage, afin de faciliter la lecture des chiffres de repère.
- Très souvent, les cadrans circulaires ou cylindriques sont éclairés soit par transparence, soit directement par une petite ampoule à incandescence sous 4 volts (fig. 11 B et 11 C).
- On utilise en très grand nombre les résistances, non pas sans doute pour servir d’éléments de liaison (car la liaison haute fréquence à résistance est à peu près abandonnée, et on emploie assez peu en basse fréquence la liaison résistance capacité), mais la réalisation des postes-secteur comporte
- toujours l’emploi d’un grand nombre de résistances qui servent à amener les courants redressés à la tension nécessaire, à fournir la chute du courant de polarisation, etc... On emploie encore des bâtonnets en matières homogènes dont la fabrication
- Fig. 12. — Résistance « Givrite », à embouts de cuivre.
- -Wfc-
- S5m!m
- a été perfectionnée, mais on utilise de plus en plus les insistances bobinées, et ces modèles comportent souvent des colliers de réglage qui permettent d’obtenir les effets optima en les déplaçant le long du bobinage (fig. 12).
- On utilise de plus en plus les condensateurs électrolytiques dans les systèmes de filtrage pour courant de chauffage, et aussi pour l’alimentation des haut-parleurs électrodynamiques.
- Enfin, à côté des redresseurs à oxyde de cuivre on emploie les cellules redresseuses sélénium métal qui semblent donner également de bons résultats (fig. 13).
- TRANSFORMATEURS ET BLOCS DE MODULATION
- On utilise de plus en plus, dans les postes à changement de fréquence, des transformateurs moyenne fréquence à deux circuits accordés, qui permettent d’obtenir des effets « passe-bande » précieux, surtout si l’on emploie simultanément des lampes à écran.
- On trouve sur le marché d’assez nombreux modèles de ces transformateurs, quelques-uns sont blindés, et comportent même un système de blindage qui s’adapte à la lampe à écran (fig. 14).
- Les blocs de modulation actuels sont disposés de manière à pouvoir être placés facilement sur le panneau frontal du poste. Ils peuvent être employés avec des lampes bigrilles montées en changeuse de fréquence suivant le schéma ordinaire ou « Hartley », et la plupart des constructeurs établissent maintenant des dispositifs de ce genre pour recevoir les ondes très courtes (fig. 14 A).
- Comme transformateurs, basse fréquence, on voit apparaître de nouveaux types pour l’amplification microphonique, la liai-
- Fig. 13. — Cellule de redressement « Sélénium-Métal » type TKD.
- Fig. 14. — Blocs de modulation pour bigrilles changeuses de fréquence et transformateur moyenne fréquence blindé.
- A. Types Ribet-Desjardins. B. Types Gamma.
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- son des pick-up, des haut-parleurs, la reproduction phonographique, etc... Signalons des modèles à prises multiples destinés à permettre soit la liaison push-pull, soit l’adaptation d’un pick-up, soit la réalisation d’un système de sortie pour haut-parleur et qui donnent les meilleurs résultats (fig. 15).
- L’amateur constructeur se trouvera bien d’adapter convenablement le système de liaison du pick-up ou du haut-parleur suivant le type des lampes adoptées et les caractéristiques de ces organes eux-mêmes. Les types de transformateurs à prises lui permettent d’effectuer correctement ces opérations sans avoir besoin d’un très grand nombre de modèles différents.
- ACCESSOIRES DIVERS
- L’adoption des montages de réaction par capacité ou du type mixte à la fois par capacité et par induction, impose l’emploi de bobines de choc pour s’opposer au passage des courants haute fréquence et de les renvoyer vers les circuits précédents. L’usage de ces bobines de choc est toujours utile, d’ailleurs, dans le circuit- plaque d’une lampe détectrice, elles permettent d’éviter le passage des courants haute fréquence dans les circuits basse fréquence, et s’opposent ainsi à la saturation de ces étages.
- La réalisation de ces bobines est d’autant plus difficile que la longueur d’onde des émissions considérées est plus faible; si la fréquence augmente, il faut éviter avec soin tout effet de capacité répartie. L’amateur constructeur peut se procurer à l’heure actuelle des bobines de choc bien disposées qui sont constituées par des enroulements montés en série et sans aucun vernis, ou bien même par des enroulements en hélice pour les ondes très courtes (fig. 16).
- Quelques constructeurs ont présenté récemment les premiers modèles de modulateurs à fréquence musicale qui s’adaptent entre le récepteur et le haut-parleur et permettent de faire varier la tonalité des sons émis par celui-ci. L’usage de ces accessoires est fort utile pour l’amateur un peu musicien (fig. 16).
- LES APPAREILS DE MESURE
- Tous ceux qui s’intéressent non seulement à l’audition, mais quelque peu à la technique radio-électrique ont besoin d’un appareil de mesure très simple pour contrôler les organes d’alimentation ou le fonctionnement des lampes de leur poste, condition nécessaire de son maintien en bop état.
- Signalons un modèle à usages multiples, dont le prix est sans doute assez élevé, mais qui paraît fort pratique. Cet appareil permet de mesurer, d’une part les intensités, et, d’autre part, les tensions. On obtient facilement cinq sensibilités différentes pour la mesure des intensités : 3 milliampères, 30 milliampères, 300 milliampères, 1,5 ampère et 7,5 ampères. On peut ainsi mesurer facilement les courants plaque des lampes, les courants de chauffage, les courants de charge, d’excitation, etc.
- On peut d’autre part mesurer les tensions de 1,5 volt, 7,5 volts, 30 volts, 150 volts, 400 volts et 750 volts. Grâce à la forte résistance du système et à un dispositif de redressement logé dans le boîtier, on peut mesurer le plus exactement possible les tensions en courant continu ou redressé, ou en courant alternatif, ce qui est fort précieux dans les appareils modernes à alimentation directe. L’appareil comporte seulement 2 boutons poussoirs que l’on enfonce alternativement suivant que les mesures sont à effectuer en courant continu ou en courant alternatif.
- Enfin l’on trouve maintenant des lampemètres pratiques pour l’étude des lampes ordinaires, ou même des lampes
- Fig. 15. — Deux igpes de transformateurs à prises.
- A, Modèle pouvant servir de liaison derrière une détectrice, de transformateur d’entrée pour un pick-up (le tableau indique les rapports de transformations pour les différentes prises du primaire. B. Modèle pouvant servir de transformateur de sortie et spécialement étudié pour le haut-parleur électrodynamique (type Sol), •
- secteur à chauffage indirect. Sans doute, ces lampemètres ne sont pas des appareils d’amateurs, mais ils rendront pourtant les plus grands services aux revendeurs qui pourront s’assurer par eux-mêmes des caractéristiques des lampes qu’ils vendent, ou qu’ils placent sur leurs postes-récepteurs.
- P. Hémardinquer.
- Adresses relatives aux appareils décrits :
- Lampes Cossor, 17, rue Pelleport, Paris.
- Lampes Tungsram, 66, rue de Bondy, Paris.
- Lampes Tekade, 10, rue Pergolèse, Paris.
- Lampes Valvo, R. R. A., 14, rue Beamepaire, Paris. Établissements Solor Ferrix, 5, rue Mazet, Paris.
- Établissements Sidi-Léon, 86, rue de Grenelle, Paris. Établissements Hervor, 13, passage des Tourelles, Paris. Établissements Loebel, 28, rue St-Lazare, Paris.
- Établissements Point-Bleu, 13 et 15, rue Taitbout, Paris. Établissements Powertone, 9, rue du Fg-Poissonnière, Paris. Établissements Cosmos, 3, rue de Grammont, Paris. Établissements A. C. E. R., 4, avenue du Chemin-de-Fer, Rueil-Malmaison.
- Établissements Gamma, 2, rue Dautancourt, Paris. Établissements Intégra, 6, rue Jules-Simon, Boulogne-sur-Seine. Établissements Duvivier, 222, avenue du Maine, Paris. Établissements Buisson, 30, Bd Voltaire, Paris.
- Établissements Sol, 116, rue de Turenne, Paris.
- Établissements Ribet et Desjardins, 10, rue Violet, Paris. Établissements Dyna, 43, rue Richer, Paris.
- Établissements Chauvin et Arnoux, 186, rue Championnet, Paris. Établissements Operado Chauchat, 39, avenue Victor-Hugo, Paris. Établissements Jackson, 166, route de Montrouge, Malakoff (Seine). Établissements Melodium, 296, rue Lecourbe, Paris. Établissements Vardex, 36, boulevard de la Bastille (12e). Établissements Pardessus, 56, rue Monge, Paris.
- Établissements M. C. B. Alter, 28, rue d’Orléans, Neuilly-sur-Seine. Établissements Bayard, 65, rue Gide, Levallois-Perret (Seine). Établissements Triotien-Trio-Voltay, rue Volta, Paris.
- Fig. 16. — A et B : bobines de choc haute fréquence Dyna. C. Modulateur de tonalités pour haut-parleur modèle Max Braun.
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- NOTES ET INFORMATIONS
- NÉCROLOGIE Jv. Lavr. Kondakov.
- Au printemps de 1901, le savant russe Kondakov faisait connaître un nouveau corps, le méthyl-caoutchouc, dont il venait de réaliser la synthèse à son laboratoire de Jouriev, Dorpat ou Tartu (nom esthe, depuis l’indépendance), première ville universitaire des pays baltes.
- Né en Sibérie asiatique, à Yilouisk, ville obscure dans les immensités polaires de la Jalcoutie, le 26 septembre 1857, l’illustre maître de la synthèse chimique avait gardé de ses origines certaines habitudes particulières, comme le goût des plaisirs cynégétiques et de la solitude dans les recherches.
- Aussi a-t-il franchi en solitaire le seuil de l’éternité, dans sa villa d’Elva (Esthonie), le 14 octobre dernier, en préparant son frugal déjeuner.
- Son père Laurent, richissime marchand de fourrures, avait espéré que son fils lui succéderait. Mais celui-ci avait plus de goût pour les études que pour les affaires, et sa carrière devait s’orienter dans une toute autre direction.
- Un jour, il quitta clandestinement la maison paternelle, gagna Saint-Pétersbourg et y trouva asile au laboratoire de Mendeleiev. L’illustre chimiste fit du jeune Kondakov son élève de prédilection; le maître marqua d’une profonde empreinte l’esprit de l’élève.
- Les travaux de Kondakov sur le caoutchouc synthétique, effectués à Dorpat, constituent la partie essentielle de son œuvre chimique.
- En l’été 1918, l’Université iourievienne fut transférée à Voronèje, d’où bientôt une mission ramenait Kondakov à Tartu ou Elva, son ancienne résidence de villégiature.
- Le remous bolcheviste l’avait alors jeté dans la plus noire misère; il s’établit définitivement à Elva, non plus pour continuer des recherches de chimie, mais pour y vivre péniblement en exerçant la médecine vétérinaire.
- En cette période tragique, il trouva une aide précieuse; dans le malheureux vêtu de loques, qui passait sur le marché d’Elva, une femme, Mme feu Oraw, avait su reconnaître le savant. Elle sut aussi lui retrouver des relations scientifiques et lui rendre le goût du travail. Le savant put se refaire quelques ressources. Une mission en France ne donna malheureusement pas les résultats espérés. Mais l’apparition de Kondakov en France, au cours de l’été 1921, le mit pourtant assez en vedette pour lui faire donner une chaire à l’Université de Prague (Praha).
- De ses recherches tchécoslovaques je ne sais rien, mais je suppose que la synthèse du camphre le préoccupait toujours. La mort est venue le frapper à Elva, où il était venu comme chaque année, passer ses vacances. J. Oraw.
- ÉLECTRICITÉ
- La plus puissante lampe de T. S. F. du monde.
- Une lampe métallique de 1500 kilowatts.
- Les lampes de T. S. F. du type usuel, en verre, sont d’une durée fort limitée; d’autre part, à mesure qu’augmente leur puissance, il devient de plus en plus difficile d’y maintenir le vide, enfin, elles se prêtent mal ou pas du tout aux réparations —- le remplacement du filament incandescent par exemple — ne se fait qu’au prix de grandes difficultés, etc. Aussi, s’ingénie-t-on, depuis longtemps, à trouver un type de lampe exempt de ces défauts. On doit rappeler à ce propos les premières lampes d’émission métalliques et démontables réalisées en France par M. Holweclc. Cet exemple a été suivi en Angleterre
- par la société électrique Metropolitan 1 ’irhers de Manchester pour l'équipement de la station de radio-diffusion de Rugby. Cette lampe, outre ses dimensions inusitées, offre une innovation particulièrement intéressante : le vide est entretenu en permanence par une pompe toujours en service; ce système était déjà employé sur les redresseurs à vapeur de mercure où une trompe à mercure sert à maintenir le vide, mais était inapplicable aux lampes à vide poussé, car la vapeur de mercure, étant donnée sa tension élevée, nécessiterait, pour produire un vide très bas, le refroidissement par l’air liquide; le fonctionnement en serait donc trop dispendieux pour entrer dans la pratique courante sur des appareils en service.
- Grâce à un nouveau type de trompes, utilisant des jets de vapeur de certaines huiles, on a pu transposer le dispositif
- L’émetteur de 1500 kilowatts.
- au cas de la lampe thermionique. En distillant certaines huiles, on a, en effet, obtenu des liquides aux propriétés remarquables, bouillant, sans se décomposer, aux pressions très basses, mais ayant, aux températures ordinaires, une tension de vapeur assez faible pour ne pas nuire au vide.
- Le liquide idéal, à substituer au mercure de la trompe à vide, a été découvert aux laboratoires Metropolitan Vickers à l’occasion de recherches tout à fait étrangères à la technique du vide. Il offre en particulier l’avantage qu’on peut en effectuer le refroidissement (étant donnée sa faible volatilité) avec l’eau seulement et qu’il devient inutile de recourir à l’air liquide.
- Les résultats donnés par une première lampe émettrice de 25 lcw furent excellents. Aussi n’hésita-t-on pas, lors de l’installation de Rugby, à adopter la nouvelle méthode. Après
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- des essais, poursuivis, pendant plusieurs mois, on entreprit la construction d’une lampe d’une puissance de 500 ltw. Cette lampe gigantesque est montée aujourd’hui dans la nouvelle station.
- Elle a une hauteur de 3 m et un diamètre de 35 cm; elle est montée sur une base en acier de 2,4 m de long et 0,9 m de large. Son poids n’est pas intérieur à 1000 kg. L’anode en acier, refroidie par l’eau, pèse, à elle seule, environ 150 kilogrammes; elle comporte des chevalets hydrauliques qui en facilitent le montage et le démontage. Le système des filaments se compose de 9 sections dont les jonctions sont refroidies par l’eau; le courant du filament est d’environ 500 ampères, c’est-à-dire de 5000 fois l’intensité de courant d’une lampe de réception ordinaire. Le courant émis par le filament est de 160 ampères, ce qui équivaut à un flux de 300 000 000 000 000 000 d’électrons par seconde. A elle seule, cette lampe assure le service tout entier de Rugby; son rendement équivaut à celui d’un groupe de 50 lampes ordinaires de grande puissance.
- En construisant cette lampe, on a évité l’emploi du verre, en ne se servant que des matières usuelles entrant dans la construction des appareils électriques, acier, porcelaine et cuivre. Le vide — à l’inverse de ce qui se produit dans les lampes ordinaires — devient de plus en plus parfait, au fur et à mesure que le temps s’écoule, grâce à l’entretien continu par la trompe toujours en service. Les gaz produits lors du fonctionnement sont rapidement absorbés par les pompes et c’est ainsi qu’on réalise, même aux régimes les plus élevés, un vide constamment excellent. Les pompes à air — à l’exception de celle, très simple, qui effectue le premier vide — ne comportent pas de pièces mobiles; aussi, les perturbations mécaniques sont-elles, à peu pi'ès complètement éliminées.
- La lampe, toutes les fois que la nécessité se présente de réparer le filament ou toute autre pièce, peut se démonter complètement; les réparations se font rapidement avec les outils ordinaires et après quelques heures, tout est, de nouveau, en état de fonctionner.
- Comme la construction de tubes analogues plus puissants encore ne présenterait aucune difficulté, la technique électrique dispose ainsi d’une méthode toute nouvelle, pour engendrer et distribuer l’énergie. Dr Alfred Gradenwitz.
- TRAVAUX PUBLICS Le pont suspendu sur VHudson à New=York.
- Dans notre dernier numéro, nous avons signalé la mise en service du nouveau pont suspendu sur l’Hudson, à New-York. Le pont George-Washington possède le record mondial de la plus grande portée : 1050 m. Nous publions ci-joint deux photographies qui montrent sous deux aspects différents ce remarquable ouvrage.
- MARINE
- Un stabilisateur gyroscopique anti=roulis à bord d’un navire de guerre.
- La Nature à plusieurs reprises a exposé le principe des appareils gyroscopiques montés à bord des navires pour en réduire, par exemple, le roulis. Un inventeur américain, Elmer Sperry, décédé voici quelques mois, a consacré la fin de sa féconde carrière à la mise au point de ce dispositif et depuis quelque temps les applications en deviennent plus nombreuses. Un grand paquebot qui s’achève actuellement en Italie, le Conte de Savoia, du Lloyd Sabaudo, sera muni d’un stabilisateur antiroulis. On se rend compte immédiatement de ce qu’un navire à passagers peut ainsi gagner en confort. Ce n’est pas du reste le seul gain escompté : la réduction du mouvement de
- Fig. 1. — Le pont George Washington pendant l’achèvement du tablier (ph. Keystone).
- roulis diminue la surface moyenne immergée et la résistance à l’avancement du navire est réduite en conséquence, ce qui en définitive se traduit par un gain de vitesse et une économie de combustible.
- A bord des navires de guerre, on se soucie peu, c’est bien évident, du mal de mer pour les matelots. Cependant le gyroscope stabilisateur présente des avantages même pour le bâtiment militaire : outre la meilleure utilisation de la puissance des machines, la diminution de roulis offre l’intérêt de faciliter le
- Fig. 2. — Le pont vu en avion (ph. Keystone).
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- tir des canons,, et d’en accroître la précision et la rapidité. C’est ce qu’a compris la marine de guerre italienne, qui vient de faire construire par la Sperry Gyroscope C° de-Brooklyn un gyroscope stabilisateur anti-roulis destiné à un contre-torpilleur de 2000 tonnes, le Pigafetta, actuellement en voie d’achèvement à l’arsenal de la Spezia.
- Le rotor en acier de ce gyroscope pèse 18 tonnes, mesure 2 m 30 de diamètre, et 0 m 55 d’épaisseur à la jante. Sa vitesse maxima est de 1350 tours à la minute, correspondant à une vitesse périphérique de plus de 160 m à la seconde. Cet appareil sera monté avec son arbre de rotation vertical; le mouvement de rotation lui sera imprimé par un moteur électrique.
- A. T.
- CHIMIE
- Le prix Nobel de chimie.
- Le prix Nobel de chimie pour 1931 est partagé entre deux savants allemands* le Dr Bosch et le Dr Bergius. Le nom du Dr Bergius est bien connu par ses travaux sur l’hydrogénation de la houille : il a fait breveter un procédé pour transformer celle-ci en combustible liquide par l’action de l’hydrogène sous pression élevée.
- Le nom du Dr Bosch est intimement lié à celui d’un autre chimiste allemand plus connu en France : le Dr Haber. Le Dr Bosch, auteur d’importants travaux sur les poisons des catalyseurs, a pris à la Badisch Anilin und Soda Fabrik, une part éminente à la mise au point du procédé Haber pour la fabrication de l’ammoniac synthétique à partir de l’azote de l’air, procédé généralement désigné comme procédé Haber-Bosch.
- CHIMIE INDUSTRIELLE
- La fabrication de l’huile de paraffine.
- L’huile de paraffine utilisée en pharmacie est un produit visqueux, incolore, inodore et sans saveur.
- Pour la préparer, on part généralement d’huiles de pétrole russe obtenues comme résidus lors de la distillation des parties volatiles telles que les essences, kérosène, et les fuels. Ces huiles possèdent alors une couleur jaune orangé très prononcée, du goût, et de l’odeur. Ces qualités proviennent de la composition même de l’huile qui contient des résines, des asphaltes, des acides naphténiques, des carbures aromatiques, des phénols, etc.
- Le but du raffinage consistera à détruire toutes ces impuretés et à ne laisser subsister que les hydrocarbures saturés, ou carbures paraffiniques, ainsi dénommés à cause de leur peu d’affinités chimiques.
- Pour détruire tous ces éléments on utilise les propriétés oxydantes, sulîonantes et polymérisantes de l’oleum, qui, comme on le sait, est constitué par de l’acide sulfurique contenant de l’anydride sulfurique en solution.
- Pratiquement on remplit avec de l’huile à traiter de vastes cuves pouvant contenir 20 ou 30 tonnes de matières. Cèlles-ci sont munies d’un système de brassage, soit mécanique, soit à l’air comprimé, et l’on fait tomber dans l’huile ainsi énergiquement agitée de l’oleum en quantité convenable.
- Il est préférable d’ajouter l’acide en plusieurs fois, c’est-à-dire de faire sur une même huile plusieurs acidifications successives, une même quantité d’acide produisant un meilleur résultat lorsqu’on la fait agir en plusieurs portions. Après l’action de chacune d’elles on laisse décanter les goudrons ou boues vitrio-liques qui se sont formés.
- D’une manière générale la durée de brassage de l’acide et de l’huile est de 1 heure et la durée de décantation des boues vitrioliques est de 24 heures.
- La température du mélange d’huile et d’acide peut atteindre
- jusqu’à 50° C, dans certaines installations, on combat cette élévation de température en employant des cuves à « water jacket ».
- On obtient ainsi l’huile dite huile acide. Cette huile a un aspect totalement différent de celui de l’huile initiale, elle possède une couleur noire et présente une odeur très prononcée d’anhydride sulfureux.
- On lui fait alors subir la neutralisation. Celle-ci s’effectue dans des cuves de 10 à 15 m3 munies d’un serpentin de chauffe et d’un système d’agitation.
- On fait couler dans l’huile acide de la soude alcoolique obtenue en diluant de son volume d’alcool à 90° Gay-Lussac, un volume déterminé de soude à 18° Baumé.
- La neutralisation est suivie pas à pas au moyen d’un indicateur coloré. Le but de la présence d’alcool dans la soude est d’éviter la formation d’émulsions, car le mélange intime des huiles acides et des lessives alcalines forme toujours des émulsions, liquides laiteux ou crèmes épaisses formés par l’accumulation de nombreuses gouttelettes de lessive de soude dans l’huile.
- Par la neutralisation, et après la décantation de la lessive de soude alcoolique, l’huile prend une belle coloration jaune.
- Pour décolorer cette huile, on utilise des terres décolorantes constituées par des terres à foulon. Ce sont des hydrosilicates d’alumine.
- Pratiquement on introduit dans l’huile neutralisée, environ 10 pour 100 de son poids de terre décolorante, puis on malaxe pendant une heure. Par filtration on sépare l’huile de la terre. En général il faut faire plusieurs fdtrations pour arriver à obtenir une huile incolore et sans goût.
- Aux terres à foulon actuelles, on substitue de plus en plus des terres dites « actives » et qui possèdent un pouvoir décolorant 2 ou 3 fois supérieur à celui des terres à foulon.
- On apprécie la valeur d’une huile de paraffine par l’essai dit « d’acid test » et qui consiste à mesurer l’attaque de l’huile ainsi préparée, au moyen de l’acide sulfurique à 97,5 pour 100. L’épreuve a lieu à 100° et pendant dix minutes. Une bonne huile de paraffine doit avoir un « acid test » couleur paille.
- H. Soyer.
- Pour protéger le magnésium contre la corrosion.
- La protection des métaux contre la corrosion est un problème à l’ordre du jour dans tous les pays, notamment dans les services de la Marine et de l’Aviation où les appareils et les machines sont soumis à des conditions de travail très dures et souvent anormales.
- Les métaux légers, susceptibles de tant d’applications, voient leur domaine limité par les altérations auxquelles ils sont sujets. Tout procédé de protection-efficace entraîne pour eux de nouveaux emplois.
- En Angleterre, à la suite d’essais prolongés, le Royal Air-craft Establishment emploie la méthode suivante pour protéger le magnésium. Le métal est traité avec une solution contenant 11/2 pour 100 de bichromate de potasse et 1/2 pour 100 de sulfate de soude. On crée ainsi à la surface du métal une très mince couche protectrice, assez mince pour ne pas modifier les dimensions de l’objet traité. La marche de l’opération est la suivante : les objets bruts de fonte sont préalablement décapés dans un bain d’acide nitrique, puis lavés à l’eau chaude, et enfin nettoyés dans une solution de soude caustique à 2 pour 100; après ces traitements préliminaires ils sont plongés dans la solution de chromate. Il faut s’abstenir de nettoyage au jet de sable.
- Les résultats obtenüs avec cette méthode de protection ne sont toutefois pas aussi bons que ceux qui sont obtenus pour les alliages d’aluminium par oxydation anodique.
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- PETITES INVENTIONS
- CHIMIE INDUSTRIELLE Les applications du verre Pyrex.
- Nos lecteurs connaissent les propriétés essentielles et les principales applications du verre Pyrex. Nous avons en effet, dès l’apparition de cette substance nouvelle, signalé ses avantages et ses emplois. C’est d’abord dans les laboratoires scientifiques que le verre Pyrex a fait ses premières armes; c’est pour eux qu’il a été créé.
- Sa résistance aux variations brusques de température, son travail aisé, son inaltérabilité en faisaient un verre bien supérieur aux verres jusqu’alors en usage.
- Ces mêmes qualités peuvent rendre bien des services en dehors des usages exclusivement scientifiques, aussi le « Pyrex » fait-il maintenant, sous diverses formes, son apparition dans les ménages et il s’y fait apprécier autant que dans les laboratoires. Avant d’énumérer ces usages, il nous paraît intéressant de rappeler les propriétés physiques et chimiques de ce verre.
- A vrai dire ce n’est pas du verre, au sens usuel du mot; il est comme lui incolore et transparent, mais c’est un borosilicate alumino-sodique dont le coefficient de dilatation linéane par rapport à celui du verre blanc est extrêmement réduit. Son indice de réfraction est très faible : 1,4754, son point de ramollissement est supérieur à 700° et sa densité de 2,25 est très inférieure à celle des autres verres. Les solutions salines, alcalines, ou acides ne l’attaquent pas et le laissent transparent. Sa résistance à l’eau bouillante et plus généralement à toutes les variations soudaines de température (courants d’air, etc...) est plus de vingt fois supérieure à celle du verre blanc. Le compte rendu des essais officiels du Bureau of Standards de Washington s’exprime ainsi : « far superior to any of the other wares » (bien supérieur à tous les autres produits) et enregistre une résistance 142 kg/cm2 à la traction et de 36 à la compression.
- Ces données expliquent, d’elles-mêmes, les emplois du Pyrex dans les laboratoires scientifiques et médicaux, car son faible coefficient de dilatation linéaire permet à la fois des vases résistants à la chaleur, de forte section et n’éclatant pas : ampoules, éprouvettes, seringues dont le nettoyage et la stérilisation sont faciles et sans risques. Dans l’industrie nous trouvons des tubes lumineux à vapeur de mercure et des ballons de 40 à 50 litres sur lesquels viennent se souder des tubulures munies de rodages. Les sociétés électro-chimiques l’emploient pour en faire des récijuents que n’attaquent ni les solutions acides ni les sels,
- Les niveaux de chaudière en Pyrex, réduisant au minimum les ruptures et les éclatements, sont adoptés par de nombreuses compagnies de chemin de fer.
- ' Sa résistance au choc et à la chaleur a enfin permis au Pyrex de s’introduire au foyer, car sa transparence permet non seulement de suivre très exactement la cuisson des aliments, mais d’utiliser pour ceux-ci la chaleur rayonnante et de présenter au consommateur, sous une forme agréable, les mets dans le plat même où ils ont été préparés. La vaisselle en Pyrex, élégante, facile 4 entretenir et à nettoyer, a rapidement séduit les ménagères.
- Rappelops encore les bouteilles de Dewar-d’Arsonval, plus connues sous le nom de bouteilles Thermos, utilisées pour maintenir la température haute ou basse des liquides qu’on lui confie.
- L’emploi du Pyrex évite, pour ces récipients, un accident
- Fig. 1. — Une application inattendue du « Pyrex ». Une casserole transparente.
- trop fréquent avec les bouteilles faites en verre non contrôlé : la rupture, au remplissage ou au nettoyage.
- Enfin le biberon Pyrex qui peut être chauffé directement et rapidement rend de précieux services aux mamans.
- OBJETS UTILES Eplucheur dénoyauteur.
- Voici un petit appareil combiné qui rend des services multiples dans une cuisine.
- Une petite partie A, qui déborde légèrement une fente du milieu de l’appareil, sert à éplucher les légumes, et agit comme une sorte de rabot.
- Une petite partie B formant bec légèrement incurvé enlève facilement les yeux des tubercules que le rabot n’a pu faire sauter.
- Un autre petit rabot C permet de tracer autour des oranges un sillon circulaire, de sorte qu’on peut séparer la peau en deux calottes très facilement; ces calottes sont décollées en passant l’extrémité E du dénoyauteur qui forme cuiller. On sait que si les calottes sont suffisamment détachées, on n’a plus qu’à les tourner complètement de manière à les détacher de l’orange sans abîmer la chair.
- A l’opposé de ces organes dont nous avons précédemment parlé, est une partie dentelée D, pratique pour écailler le poisson.
- Enfin, la cuiller ajourée E, qui est à l’extrémité de l’outil, permet d’enlever les noyaux des fruits, car il suffit d’introduire dans le fruit par l’emplacement de la queue, cette extrémité ajourée, de manière à accrocher le noyau et à l’arracher en retirant l’outil de l’intérieur du fruit.
- Constructeur : Malcuit, 84, faubourg du Temple, Paris.
- Fig. 2. — Éplucheur dénoyauteur.
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- BOITE AUX LETTRES
- COMMUNICATIONS
- Les automobiles foudroyées.
- M. H. Blanchet, place Grenette, Grenoble, nous écrit :
- « Exemple d'auto foudroyée, 5 heures du soir, en été, la voiture stationne au sommet d’une colline, les 4 roues sur les rails d’un tramway. Violent coup de tonnerre à peu de distance. Instantanément les 4
- pneus prennent feu et la voiture entière grille si vite que le conducteur debout devant la portière ouverte n’a pas le temps de saisir une mallette qu’il allait sortir et qui est consumée avec le reste.
- Le conducteur était mon fils et le récit est véridique. La foudre n’était pas tombée sur la voiture, mais à environ 1 km. »
- QUESTIONS ET RÉPONSES
- Qu’est=ce que Véponge végétale?
- L’éponge végétale qui se présente sous forme d’un cylindre vasculaire aux deux extrémités allongées et arrondies, est fréquemment employée dans les cabinets de toilette, après le « tub », pour frictionner l’épiderme et y activer la circulation. Elle provient d’une Cucurbitacée géante, la Luffa egypliaca, plante arborescente de l’Asie (Japon), et de l’Afrique tropicale, on la rencontre aussi à l’Ile Maurice, où elle pousse spontanément et porte le nom vulgaire d’œuf de bourrique (en patois créole Zefs Bourrique); c’est une sorte de liane aux branches de laquelle sont suspendus par milliers des sortes de saucissons gigantesques verdâtres.
- Après récolte, les fruits de la Luffa sont laissés en tas, une fermentation putride se produit, les parties charnues se liquéfient et on les élimine par lavage, il ne reste alors qu’un réseau vasculaire, qui sous e nom d’éponge végétale, est livré au commerce. Sa facile imbibition pari ’eau, ainsi que sa grande solidité en font un auxiliaire précieux, equel une fois usagé se remplace à bas prix et peut rendre de nombreux services dans toutes les opérations de nettoyage.
- Réponse à l’École Normale de Carcassonne.
- Comment sont préparées les pierres à briquets
- Les pierres à briquets sont constituées essentiellement par un alliage de fer et de cérium. Cet alliage, découvert en 1903 par Welsbach, était primitivement à 65 pour 100 de fer et 35 pour 100 de métaux rares, lanthane, didyme, néodyme, praséodyme, thorium, samarium, cérium.
- La matière première est le résidu de la fabrication des manchons à incandescence, après traitement des sables monazites pour 1 extraction du thorium. Le résidu de métaux rares porte le nom de mischmétal (métal de mélange). On transforme ces métaux en chlorures que l’on électrolyse à l’état anhydre.
- Souvent, on ajoute au mischmétal, pour le durcir, 2 pour 100 de bismuth ou d’antimoine; au contraire, si l’on veut obtenir un métal doux, on additionne de 5 pour 100 de cuivre.
- Les produits pyrophoriques renferment en outre, presque toujours, du silicium provenant des creusets.
- Réponse à M. Debazacii, à Java.
- p._S.__io Vous pourrez vous procurer des matières premières à la
- Société des Terres Rares, 67, rue de Prony, Paris (17°).
- 2° Formulaire de Parfumerie et Produits pharmaceutiques par Cerbelaud, 89, avenue de Wagram, Paris (17e).
- Pourquoi certaines confitures se prennent en gelée.
- La gélification des confitures est due à la formation de pectine dont la solution est visqueuse, ce qui a lieu aux dépens de la pectose que contiennent les fruits, sous l’action des acides organiques, malique, citrique, tartrique, etc.
- La condition essentielle de prise en gelée des confitures après refroidissement est donc que le jus soit acide, ce que l’on peut réaliser facilement s’il y a défaut en ajoutant un peu d’acide tartrique au jus de fruit, jusqu’à rougissement net du papier de tournesol, puis en faisant bouillir.
- Par contre, si le jus présentait une certaine alcalinité sous l’influence d’un ferment, la pectase, il se formerait de l’acide pectique et un pectate alcalin qui ne donnerait pas lieu à la formation de gelée.
- Certains fruits sont particulièrement riches en pectose, groseilles, pommes, d’autres n’en contiennent que peu, c’est pourquoi il convient souvent d’ajouter du jus de pommes aux fruits qui en sont dépourvus,
- tels que les cerises et les framboises ; la pomme a en particulier l’avantage de ne pas modifier le goût des fruits auxquels elle est mélangée.
- Réponse à M. Rochet, à Chateauneuf-sur-Charente.
- P.-S. — Lorsqu’on fractionne les produits de distillation des goudrons de houille, on obtient une masse huileuse laquelle exposée à un froid de — 10° C dépose de la naphtaline et de l’anthracène en cristaux, c’est le liquide séparé qui représente l’huile d’anthracène.
- Qu’est=ce que le képhyr ?
- Le képhyr proprement dit (non la boisson au képhyr) est du lait de vache fermenté à l’aide d’un ferment spécial, le Dispora caucasica, qui constitue de petites masses jaunes auxquelles on donne le nom de graines de képhyr. La proportion d’alcool est d’autant plus grande que la fermentation a été plus prolongée (1, 2 ou 3 jours), le képhyr fort contient 2,5 d’alcool pour 100, il est légèrement constipant; le képhyr moyen, 1,60 pour 100, le faible, 1 pour 100 est laxatif, tous renferment de l’acide lactique (5 à 7 gr par litre). Le képhyr moyen est le plus employé.
- Le képhyr maigre est préparé avec du lait écrémé; sa digestibilité est plus facile que celle des autres qui séjournent 4 heures dans l’estomac tandis qu’il passe dans l’intestin au bout de 3 heures au plus.
- La dose de consommation peut varier suivant les cas d’un-verre à trois bouteilles par jour.
- Le képhyr dans les maladies de l’estomac (absence ou insuffisance de pepsine), dans l’entérite chronique, les maladies de foie, les vomissements de la grossesse, la tuberculose.
- La préparation se fait de la façon suivante : on met dans un litre de lait quatre cuillerées de graines de képhyr, que l’on a eu soin de laver avec une solution alcalinisée par une pincée de bicarbonate de soude, puis on maintient le tout dans un vase débouché pendant 8 à 10 heures, en agitant toutes les heures, on sépare ensuite les graines au moyen d’une passoire et remplit de petites bouteilles incomplètement, on ficelle et maintient à une température de 25° à 30° C jusqu’au moment de la consommation suivant qu’il s’agit de képhyr faible, moyen ou fort. Réponse à M. Io, à Lyon.
- Comment se clarifient industriellement les colles de bureau.
- Industriellement, la clarification des colles de bureau, s’effectue en agglomérant par un coagulum d’albumine, les impuretés solides qui sont en suspension.
- Pour cela, on ajoute à la dissolution de gomme du Sénégal, un blanc d’œuf par cinq à six litres de colle; ce blanc d’œuf est d’abord battu en neige avec une portion de la colle, puis incorporé à l’ensemble.
- On porte ensuite à l’ébullition, ce qui produit la coagulation de l’albumine, laquelle englobe les débris divers; on profite de cette ébullition pour écumer, après quoi, on laisse refroidir et on filtre.
- Cette filtration se réalise habituellement au travers d’un tamis n° 90 (90 mailles au pouce de 27 mm 07) en dessous duquel on fait le vide.
- De temps à autre, on débouche les mailles obstruées, en promenant circulairement un pinceau sur la toile métallique.
- Parfois on complète la filtration par passage au travers d’une « chausse » en tissu feutré de forme conique, mais il faut pour cela employer des chausses de coton préparées spécialement pour cet usage, si on veut que la filtration soit possible.
- Il ne reste plus qu’à ajouter l’antiseptique qui assurera la conservation (70 gr d’acide salicylique par hectolitre de colle), puis à parfumer par addition du parfum choisi, préalablement dissous dans quelques
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- centimètres cubes d’alcool, par exemple géranium, violette (ionone), citron, etc. Réponse à M. Dubuffet, à Paris.
- P.-S. — Deux pro dés peuvent être employés pour débarrasser les vieux films cinématographiques de leur émulsion
- 1° Le plus simple consiste à immerger le film dans une solution faible et froide d’hypochlorite de soude (eau de Javel). Par suite de l’alcalinité de la solution, la gélatine est dissoute en même temps que l’argent passe à l’état de chlorure, il suffit de brosser légèrement pour libérer la pellicule.
- 2° Une méthode biologique basée sur l’action des diastases peut également être appliquée. Le film étant plongé dans une dissolution de suc pancréatique maintenue à la température optimum de 37° C, au bout d’un jour ou deux la gélatine est solubilisée et un frottement doux détache l’argent libre ou combiné que l’on recueille par sédimentation.
- Quelle est la signification du numérotage des becs]de lampes à pétrole en lignes.
- La désignation en « lignes » 8, 10, 12, etc., des becs de lampes à pétrole ne correspond plus actuellement à une traduction directe d’une dimension caractéristique du bec.
- Mais au temps des lampes à huile à becs ronds, le diamètre extérieur du passage de la mèche à l’extrémité du bec correspondait en chiffres ronds à sa valeur en lignes.
- En particulier, le bec de l’étalon Carcel était de 10 lignes et avait un diamètre extérieur de 22 mm 6.
- A l’apparition du pétrole, la concordance entre la valeur en lignes du diamètre extérieur du bec et sa dénomination a complètement disparu, l’empirisme a joué et un standard s'est établi par la pratique, la ligne n’intervenant plus directement.
- Arrondies au 1/10° de millimètre, voici quelles sont les dimensions des divers calibres de becs à pétrole :
- Désignation Diamètre extérieur Diamètre intérieur
- en lignes. du bec en millimètres, du bec en millimètres.
- 8 lignes 14,7 8,7
- 10 — 16,7 10,7
- 12 — 20,7 13,7
- 14 — 22,7 15,7
- 15 — 26,3 18,3
- 20 — 29,9 22,0
- On voit, par la comparaison des chiffres, qu’il n’y a plus maintenant de proportionalité entre les dimensions du bec en millimètres et sa désignation conventionnelle en lignes.
- Réponse à M. Perroy, à Saint-Saturnin.
- Composition désignée sous le nom de sels de fruits.
- Voici, d’après Cerbelaud, comment on peut préparer un produit
- analogue :
- Prendre :
- Bicarbonate de soude................. 150 grammes
- Acide citrique pulvérisé............. 600 —
- Acide tartrique — .............. 1000 —
- Mélanger ces produits bien secs et chauffer dans une capsule en nickel ou en porcelaine, agiter la masse avec une spatule, laisser refroidir, puis concasser en petits morceaux le produit spongieux obtenu; passer au tamis de crin à larges mailles de façon à obtenir une poudre semblable à du sable fin.
- Diviser aussitôt en flacons que l’on aura soin de bien boucher.
- Réponse à M. Cattenoz, à Rabat.
- De quelle façon s’argente l’étain.
- L’argenture de l’étain demande un bain spécial qui est composé de:
- Cyanure de potassium..................... 150 grammes
- Potasse caustique en plaques.............. 20 —
- Eau non calcaire........................ 1000 —
- Après dissolution on ajoute:
- Cyanure d’argent.......................... 30 —•
- La pièce à argenter est d’abord soigneusement dégraissée à l’essence minérale, puis brossée dans un lait de chaux pour la décaper; on l’introduit alors dans le bain en prenant comme anode une plaque d’argent.
- Dans le cas où l’argenture prendrait difficilement sur certaines parties de l’objet, il suffirait pour amorcer le dépôt de frotter ces endroits avec un tampon de coton imbibé du même bain, au centre
- duquel on mettrait un morceau d’argent également relié au pôle positif.
- Dès qu’une couche régulière d’argent a été obtenue, on peut abandonner le bain spécial indiqué ci-dessus et terminer l’argenture jusqu’à épaisseur convenable dans un bain de constitution habituelle.
- Réponse à M. Bontemps, à Epinal.
- De tout un peu
- R. P., à Orléans. — Votre idée d’utiliser une émulsion de goudrons d’usines à gaz pour détruire la végétation inopportune dans les allées de jardins est bonne en principe, car les phénols qui y sont contenus auraient une action certainement efficace dans ce sens, mais il est à craindre que l’odeur persistante qui résulterait de cet emploi ne gâte quelque peu le charme d’une promenade dans les allées ainsi traitées et ne plaise pas aux usagers.
- Quoi qu’il en soit, nous nous faisons un plaisir de porter votre utile observation à la connaissance des lecteurs de La Nature.
- M. Richard, à Saint-Cloud. — 1° Pour préparer des verres colorés transparents, il vous suffira d’employer une solution de gélatine à 5 pour 100 environ teintée par la couleur dite d’aniline blanche choisie : bleue, rouge, verte, etc., en ayant soin pour bien assurer l’adhé» rence de passer au préalable sur le verre une couche de solution de silicate de potasse à 10 pour 100.
- 2° Dans le cas d’écrans exposés à l’humidité, il faudrait se servir d’un vernis à la gomme laque en solution alcoolique teinté de la même façon, les dites couleurs étant très solubles dans l’alcool.
- 3° Les déchets d’ébonite ne peuvent être réemployés que comme matière de remplissage.
- Université de Rennes. — Le fer forgé se patine ainsi : on commence par préparer une mixture composée de :
- Huile de lin.............................150 grammes.
- Goudron de Norvège...................... 700 —
- Essence de térébenthine..................150 —
- On porte au rouge naissant la pièce à patiner, puis on l’enduit de la mixture avec un tampon d’étoupe.
- Si la patine n’est pas assez accentuée, on recommence l’opération.
- M. le Dr Sainmont, à Saint-Gobain. — A notre avis, le mieux serait de demander au fournisseur de votre établissement de faire numéroter les verres à boire, avant livraison, moyennant un petit supplément.
- L’opération faite industriellement est en effet peu coûteuse, car elle peut être exécutée soit à la meule, soit au jet de sable avec un cache.
- Si toutefois vous préférez faire le marquage vous-même, le plus simple sera de vous procurer la mixture toute préparée que vend la Maison Teisset-Kessler à Clermont-Ferrand dans de petites bouteilles en gutta, plutôt que d’entreprendre des manipulations d’acide fluor-hydrique toujours un peu délicates.
- M. Lauser, à Bruxelles. — Il nous semble peu probable que les taches se trouvant sur votre linge soient dues au sulfure de plomb, à moins que vous ne sachiez pertinemment qu’un sel de plomb est intervenu.
- Au cas où il en serait bien ainsi, il vous suffira pour faire disparaître les taches de les imbiber d’eau oxygénée; le sulfure de plomb sera ainsi transformé en sulfate de plomb blanc, donc invisible.
- E. B., à Saint-Affrique. — Nous pensons que la préparation suivante vous donnera satisfaction pour imperméabiliser la toile de votre petit bateau.
- Faire dissoudre dans de l’eau chaude d’une part 50 grammes de savon noir et d’autre part même poids de sulfate de fer également dans une quantité suffisante d’eau chaude, mélanger, ce qui donne naissance à un savon de fer qui se précipite; on le lave à plusieurs reprises par décantation et on le dessèche complètement, puis on le dissout dans 1000 grammes d’huile de lin préalablement mélangée à 100 grammes de dissolution commerciale de caoutchouc.
- Ce mélange permet d’imperméabiliser la toile sans qu’elle soit cassante au pliage.
- J. K. au Poiré. — 1° Le moyen le plus simple de faire disparaître les moisissures qui se sont développées sur votre photographie est de tremper celle-ci dans une cuvette contenant de l’eau froide formolée à 5 pour 100, puis pendant l’immersion de frotter légèrement la surface avec un tampon de coton hydrophile.
- 2° Les taches faites sur le marbre par des bouts d’allumettes incomplètement éteintes, sont dues à des goudrons; pour les enlever, appliquer
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- à la surface bien sèche une bouillie préparée en délayant de la magnésie calcinée avec de la benzine.
- Laisser en contact vingt-quatre heures de façon que les goudrons dissous aient le temps de passer dans la magnésie par capillarité.
- Brosser ensuite légèrement et recommencer l’opération, le nombre de fois nécessaire pour que l’échange total ait eu lieu.
- M. Giteau, à Haïphong. — 1° La formule à laquelle vous faites allusion n’a pas dû paraître dans notre Revue, car nous avons pour principe de donner les proportions des constituants. A notre avis la glycérine doit plutôt être gênante pour la recristallisation de l’alun. Le mieux est de vous en tenir au mode de préparation que nous avons indiqué dans le n° 2S54.
- 2° L’eau distillée d’Hamamélis est celle qui est séparée de l’essence après distillation à l’alambic d’un mélange d’eau et de feuilles d’Hamamélis virginica (Noisetier de la Sorcière), arbrisseau qui croît en abondance aux Etats-Unis, en particulier dans les États de Pensyl-vanie et de Virginie. Cette drogue a été introduite en Europe en 1736 par Collinson, elle agit comme vaso-constricteur puissant.
- 3° Pour préserver vos gravures des insectes rongeurs, badigeonner l’envers du papier, au moyen d’une solution alcoolique de sublimé à 1 pour 100.
- 4° Les encrivores que l’on trouve actuellement dans le commerce sont constitués pour le premier flacon, par une solution de permanganate de potasse à 5 pour 100 acidulée par une trace d’acide sulfurique et pour le second flacon par la solution commerciale de bisulfite de soude.
- Bibliothèque du IXe. — Pour rendre imperméable votre vase en céramique, dans les endroits où manque l’émail, il vous suffira de .badigeonner avec du vernis gomme laque que l’on trouve chez tous les marchands de couleurs.
- Condition essentielle de réussite : le récipient doit être absolument sec au moment de l’application.
- 1VI. Lippens,à Gand, -—.Vous trouverez des vernis pour crayons chez Sœhnée frères, 58, rue de Saint-Mandé-Paris, Montreuil-sur-Seine.
- IVÎ. Lucas, à Marseille. — Nous n’avons pas connaissance d’un ouvrage spécial sur la fabrication industrielle de la glycyrrhizine, les renseignements que nous avons donnés sont du reste parfaitement suffisants et sont des données courantes dans la pharmacopée française.
- Quant à la mise sous forme de pastilles ou autres préparations, vous en trouverez le détail dans tous les précis de pharmacie, le « Dorvault » par exemple, vade mecum de toute officine que vous pourrez vous procurer à la Pharmacie centrale de France, 7, rue de Jouy, à Paris.
- M. de Tersant, à Paris. — L’opération que vous désirez effectuer sur la carrosserie de votre voiture est une décalcomanie que l’on pratique au fer chaud.
- La préparation du motif nécessite une installation industrielle spéciale, c’est dire qu’elle n’est pas à la portée de l’amateur, aussi est-il préférable de s’adresser directement aux maisons qui s’occupent de la
- fabrication des décalcomanies pour la décoration et qui possèdent dans leur collection les sujets les plus variés. Par exemple : la Décalcomanie française, Maison Robeit 8ér.écaux,il£5, ire des Pcuhts, 11° Peyrard, 11, rue de la Concorde, à Maison-Alfort, Seine. Foulon» 16, rue des Bergers, Paris, 15e. Société l’Étiquette-transfert, 16, rue Saint-Sauveur, Paris, 2°.
- M. Rozïer, à Lille. — 1° Pour rendre plus résistantes les semelles de cuir, il suffit de les imbiber, au moyen d’un pinceau, du vernis gomme laque du commerce, de façon que le cuir, soit bien imprégné Avoir soin que le cuir soit bien sec au moment de l’application.'
- 2° En ce qui concerne les semelles-crêpes, il est préférable de les laisser en l’état, car on ferait perdre au caoutchouc les qualités qui le font rechercher.
- 3° Nous n’avons pas trouvé mention du journal Les Inventions illustrées, mais il existe Inventions et Nouveautés, 21, rue Bergère, Paris.
- M. Glret, à Zeralda. — Le moyen le plus simple pour réparer votre baignoire dont l’émail a éclaté est d’appliquer, aux endroits mis à nu, un vernis à la Bakélite que vous pourrez vous procurer à la société de ce nom, 14, rue Roquépine, à Paris.
- M. Métrod, à Champagnole. — 1° Les taches de goudron sur carrosserie d’automobiles s’enlèvent facilement avec un tampon de coton hydrophile imbibé de benzine.
- 2° Si les taches de goudron sont sur les vêtements, le même traitement peut aussi être appliqué, ou bien on imbibe la tache d’un peu de beurre, puis on savonne et rince.
- M. Latour, à Beaune. — La désignation commerciale « Porphy-rolithe » est insuffisante pour nous renseigner sur la composition réelle de l’enduit appliqué sur le sol de votre salle, toutefois nous supposons que vous pourriez en obturer les fissures au moyen d’un ciment dit métallique analogue au suivant :
- Oxyde de zinc.................... 55 grammes.
- Alumine........................... 10 —•
- Carbonate de chaux.................35 —
- Le mélange étant rendu bien homogène par broyage, on le délaie avec la quantité suffisante d’une solution de chlorure de zinc à 45° Baumé de façon à former une pâte consistante dont on se sert pour boucher les fentes, après avoir légèrement humecté la partie du sol qui doit recevoir la composition.
- N.-B. — Ne faire la préparation qu’au fur et à mesure des besoins, afin d’obtenir le maximum d’adhérence.
- M. T réveil, à Paris. — Vous pourrez facilement préparer un savon anti-cambouis pour nettoyage des mains après un travail d’atelier en prenant :
- Savon noir .......................... 400 grammes.
- Essence de pétrole. . . ... ... . 100 cent, cubes.
- Alcool à brûler................... 100 —
- Amener au bain-marie le savon à l’état liquide, y incorporer successivement l’essence et l’alcool, puis finalement ajouter en brassant :
- Sciure de bois fine..................100 grammes.
- = NOTRE CONCOURS DE RADIOTECHNIQUE =
- Rappelons à nos abonnés et lecteurs que le concours radiotechnique ouvert dans notre numéro du :!.er septembre dernier sera clos le 31 décembre prochain.
- On sait en quoi il consiste ; La Nature a publié les portraits de 18 personnages connus, inventeurs ou techniciens de la T. S. Felle a aussi donné leurs noms. Il reste à attribuer exactement les noms aux photographies. Pour départager les participants au concours, il leur est demandé d’indiquer en quelques mots les découvertes et les travaux des personnages représentés.
- Enfin, chaque liste suivie des explications complémentaires, doit être accompagnée d’un bon qui figure dans le numéro du 1er septembre de La Nature en haut et'à droite de la page XLV.
- Les réponses doivent être déposées ou envoyées à La Nature, « Concours radiotechnique », 120, boulevard Saint-Germain, Paris, 6e, avant le 31 décembre prochain.
- 260 prix sont attribués à ce concours, dont la liste complète a paru le 1er septembre dernier.
- Le Gérant : G. Masson.
- 1783. — Paris. Imo. Lahure — i5 i2-3i.
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- LA NATURE
- CINQUANTE-NEUVIÈME ANNEE — J93J
- DEUXIÈME SEMESTRE
- INDEX ALPHABÉTIQUE
- A
- Abris météorologiques : comparaison, 273. Abyssinie, 385.
- Académie des Sciences : résumés des communications, 43, 139, 333, 430.
- Acétylène : office central, 312.
- Acoustique : constantes, 555.
- Acoustique : illusions, 217.
- Aérodynamique : essais, 542.
- Aéro-sécheur pour tuyaux, 381.
- Afrique du Nord, 465.
- Albâtre en France, 463.
- Alcool isopropylique, 513.
- Algues marines, 26.
- Allumage par magnéto : difficultés, 190. Altitudes : fusées, 174.
- Altitude : mal, 72.
- Ambre, 349.
- Amiante : déchets, 379.
- Amplificateur phonographique, 142.
- Années chaudes et froides à Paris, 34.
- Année polaire, 474.
- Anthracites : structure et origine, 43. Antidétonants, 13, 432.
- Août 1931, 460.
- Ardoise : déchets, 26.
- Argenture de l’étain, 575.
- Arrosage par canalisation souterraine, 507. Astronomie : bulletin 35, 132, 276, 325, 421, 516.
- Aurore boréale : énigme, 529.
- Aurores polaires, 17.
- Auto-déclencheurs photographiques, 187. Automobile foudroyée, 475, 574. Automobile pratique, 135, 180, 468. Automobiles Renault du réseau de l’État, 246. Autoroutes, 473.
- Aviation : chronique, 138, 429.
- Avion : sécurité aux États-Unis, 474.
- B
- Balles de tennis, 125.
- Barrages : emploi des matériaux, 299. Bauxite : dérivés industriels, 482.
- Becs de lampes : numérotage, 575.
- Belgique : deux grandes œuvres universitaires, 81.
- Bétail hollandais : perfectionnement scientifique, 310.
- Béton armé à la plage, 319.
- Bismuth : magnétostriction, 454.
- Bois : brunissement et vieillissement, 371. Bois contreplaqué, 495.
- Bois des colonies françaises, 145.
- Boîte aux lettres, 48, 95, 142, 190, 287, 336, 382, 432, 478, 527.
- Boutons de sûreté pour vêtements, 335.
- c
- Câbles : nouvel isolant, 319.
- Caisse isolante norvégienne, 42.
- Camouflage animal, 1.
- Camping, 135, 180.
- Canadiens français : leur parler, 321.
- Canne à sucre, 97.
- Caoutchouc : nouvelles applications, 260. Carboclilore, 452.
- Carbure de tungstène : outils, 45.
- Carènes : peintures, 445.
- Carrosserie : remise à neuf, 96.
- Cellules au sélénium, 361.
- Chalutier dans les glaces, 315.
- Chams, 337.
- Chardonneret, 481.
- Chauffage : distribution centrale, 91. Chauffe-eau basculant, 476.
- Chemins de fer : signalisation, 56.
- Cheveux plaqués, 191.
- Chien : maladie, 139.
- Cicindèles : vie lai'vaire, 438.
- Cinéma en ethnographie, 304.
- Cinéma parlant : plus grande salle, 30. Cinéma sonore : projecteur, 383.
- Cirages dits « Polish », 287.
- Clarification des colles de bureau, 574. Clichés photographiques brisés, 471.
- Suppléaient, au nu 2871 de La Nature du la Décembre 1951.
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- Coliques hépatiques : prévention, 515. Collège de France : 4° centenaire, 76. Colonies : effort français, 289.
- Concours radiotechnique, 143, 240, 576. Confitures en gelée, 574.
- Contreplaqué, 495.
- Cornichons : conservation, 89.
- Couvercle amovible Paramount, 335. Crochets de sécurité, 189.
- Cuir des chaises : remise à neuf, 287.
- D
- D’Arsonval, 241.
- Décanteur-séparateur, 476.
- Déchets d’ardoises pour routes, 26. Décorations lumineuses de l’Exposition coloniale, 268.
- Déplacement d’un immeuble téléphonique, 473.
- Deutsches Muséum de Munich, 491.
- Disques pour enregistrer, 382.
- E
- Eau chaude partout, 335.
- Eaux de boisson : stérilisation, 452.
- Eaux industrielles : épuration, 167. Échassiers au nid, 295.
- Éclairage nocturne des poulaillers, 562. Éclipse de lune du 26 septembre, 431.
- Écluse la plus grande d’Europe, 525.
- Écrou indéserrable Sauvageot, 46.
- Edison, 433.
- Effet Raman, 43Q.
- Électrolyte pour accu, 478.
- Élément chimique, 87, 523.
- Engrais complets, 185.
- Éplucheur dénoyauteur, 573.
- Éponge végétale, 574.
- Épuration des eaux indqstrielles, 167. Essence de roses : fabrication, 414.
- Étain : argenture, 575.
- Étang de Berre, 440.
- Ethnographie et cinéma, 304.
- Étuvage des tissus, 331.
- Evitgraiss, 526.
- Exposition coloniale : décorations lumineuses, 268.
- Extincteurs d’incendie PP 330, 93.
- F
- Faraday, 360.
- Ferments de nitrification, 43, Filmcolor Lumière, 24,8,
- Fleurs coupées : conservation, 399. Fortification et architecture, 110.
- Foudre en boule, 430.
- Foudre : protection des lignes électriques, 104, 287.
- Four électrique en fluorine, 333.
- Fusées géantes, 174.
- Japon : population, 475
- G
- Garonne : source, 431,
- Gel de silice : nouvelle application, 45. Géophysique : 341.
- Glaces rayées, 564.
- Gonfleurs automatiques pour autos, 190. Goudrons de pétrole, 377.
- Graissage des moteurs d’auto, 179.
- Graisses consistantes, 564.
- Grenouille à six pattes, 25.
- Groenland : épaisseur de la couche glaciaire, 467.
- H
- Mâle : pour l’éviter, 371.
- Haricots secs, 251.
- Haricot Tépary, 382.
- Ilarrar, 385.
- Haut-parleurs électromagnétiques et électrodynamiques, 48.
- Haut-parleurs sur une piste, 474.
- Hélice : centenaire, 353.
- Hélicostat Œhmichen, 256.
- Hippopotames dans la rue, 267.
- Horloges à mouvement perpétuel, 122. Hortensias bleus, 564.
- Huile dans l’essence, 181.
- Huiles de graissage : pollution, 462.
- Huile de paraffine : préparation, 572-Huiles pour transformateurs, 475,
- Hygiène dans les mines du Kafcanga, 334,
- I
- Icebergs ; disparition, 185. Indochine : civilisations éteintes, 337. Insectes perceurs de plomb, 287.
- — vision, 531.
- K
- Ivaâ-hê-é : sucre des feuilles, 139. Katanga : hygiène des indigènes, 334. Képliyr, 574.
- Kœnigs : nécrologie, 523.
- Kondakov : nécrologie, 570.
- Kudzu, 92.
- Kumara, 518.
- L
- Lampe de T. S. F. de 1500 kilowatts, 570. Lampe détectrice à grille-écran, 383.
- La Plata : université et musée, 163.
- Laques : fabrication, 283.
- Lavoisier a-t-il cru aux météorites? 177. Littoral de Paimpol : évolution, 333,
- Livres nouveaux, 44, 90, 140, 184, 284, 332, 378, 428, 472, 522,
- Locomotive à grande vitesse, 5Q2-Lune : éclipse du 26*septembre, 431.
- Lunettes lumineuses pour auto, 476.
- M
- Magnétostriction du bismuth, 454,
- Mal d’altitude, 72.
- Mallette de pêche, 285.
- Manger : comment on doit, 371, Manufactures de tabacs» 6,
- Marmottes : commensaux, 1Q6,
- Marseille : port, 391.
- Mathématiques : récréations, 33» 129, 399, 513.
- Maxwell : centenaire, 413,
- Météorites et Lavoisier, 177.
- SSSPJR
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- Météorologie : mois à Paris, 83, 177, 275, 372, 467, 563.
- Michelines, 510.
- Mimétisme, 1.
- Moissan, 443.
- Moisson à travers les âges, 49.
- Moteurs à explosion pour les arrêter : 478. Moteur à 6 temps, 379.
- Moteurs polycylindres, 403.
- Motopompe flottante, 47.
- Moulins à vent Flettner, 473.
- Moutardier automatique, 477.
- Mouvement perpétuel, 527.
- Munich : Deutsches Muséum, 491.
- Musée du Louvre : laboratoire, 557.
- Muséum national : pergola, 524.
- N
- Navires de guerre : deux nouveaux types, 498. Nécrologie : Kœnigs, 523.
- Nécrologie : Kondakov, 570.
- Nécrolog e : Wegener, 185.
- Néoculture, 507.
- Niellage, 191.
- Nitrification : ferments, 43.
- Noir pour tables de laboratoire, 427. Noxa-bébé, 46.
- O
- Œufs à la coque cuits sans coquilles, 94. Ondes hertziennes : traitement des maladies, 234.
- Ondes ultra-courtes en médecine, 237. Oreille électrique, 526.
- Oscillateur à basse fréquence, 139.
- Outils en carbure de tungstène, 45.
- Oxydes organiques dissociables, 430.
- P
- Pain chimique au xvn» siècle, 130. Palladium et platine, 306.
- Paquebot français le plus grand, 475. Paquebot l’Atlantique, 283.
- Parafoudre ionisant, 104.
- Pas de Calais : traversée en vol à voile, 84. Pêche électrique, 74.
- Pédale-confort, 476.
- Peinture à l’huile sur soie, 191.
- Peintures de carènes, 445.
- Pergola du Muséum, 524.
- Per mutité, 91.
- Pétrisseuse de ménage, 286.
- Pétrole : goudrons, 377.
- Phonographe : enregistrement d’amateur, 95. Phonographes et radiophonographes 373, 424. Phonographe : modification, 48.
- Phosphate tricalcique : solubilisation, 333. Phosphate trisodique dans l’industrie, 380. Photographies : documents, 480, 528. Photographie et cinématographie d’amateur, 85.
- Photographie intégrale, 160.
- Photographies jaunies : restauration, 282. Pièges à reptiles, 141.
- Pierre à aiguiser les lames de rasoirs, 477. Pierres à briquets, 574.
- Pinacologie : laboratoire, 557.
- Pince-agral'e, 381.
- Pisciculture alimentaire et larvaire, 553. Plantes à une feuille, 124.
- Platine et palladium, 306.
- Pliages de papiers, 324, 514, 562.
- Plomb dans l’organisme, 43.
- Poisson bleu : mort, 450.
- Polaire (Année), 474.
- Pont suspendu : le plus grand, 525, 571. Population du Japon, 475.
- Port de Marseille, 391.
- Poste à changement de fréquence, 382.
- Poste à résonance : irrégularités, 383.
- Poste : mise en marche à distance, 384. Poste récepteur : choix, 336, 478.
- Poste récepteur d’ondes très courtes, 382. Poste récepteur : pannes, 48.
- Poste récepteur : sélectivité, 48.
- Poste-secteur : montage, 95.
- Poulaillers : éclairage nocturne, 561. Prestidigitation, 84, 178.
- Prix Nobel de chimie, 572.
- Prix Nobel de médecine, 523.
- Prospection géophysique, 341.
- Pyréthrines en médecine vétérinaire, 186.
- Q
- Quinine : hydratation du sulfate, 333.
- R
- Radio : cité, 193.
- Radiodiffusion Aposté Radio-Paris, 504. Radiophonie coloniale, 224.
- Radiophonie et surdité, 217.
- Radiophonie : modernisation des récepteurs, 194.
- Radiophonie pratique, 38, 279, 328, 519, 565.
- Radio-récepteurs en 1931, 205. Radiotechnique : concours, 143, 240, 576. Radiotechnique : prochaines études, 239. Radiotéléphonie sur ondes courtes, 22.
- Rails : traitement thermique, 357.
- Rats : laboratoire parisien, 550.
- Rayon vert : photographie en couleurs, 100. Récepteur alimenté à 25 périodes, 383. Récepteur : bruit d’aiguille, 336.
- Récepteur radiophonique alimenté par le secteur, 142.
- Refroidissement des trains par la vapeur, 523. Refroidissement d’eau, 526.
- Russie : équipement nouveau, 61.
- S
- Sauvage : centenaire de l’hélice, 353. Sauvegarde de la vie humaine en mer, 168. Savants quand ils étaient jeunes, 417. Sécurité en avion aux États-Unis, 474.
- Sel de fruits, 575.
- Sélectivité d’un poste récepteur, 48.
- Sélénium : cellules, 361.
- Signalisation des chemins de fer, 56.
- Silice : nouvelle application du gel, 45. Simpliphone pour sourds, 141.
- Soleil : protection, 191.
- Solubilisation du phosphate tricalcique, 333. Soudure autogène : office central, 312.
- Spath fluor, 298.
- Stabilisateur gyroscopique antiroulis, 571. Stations d’émission : identification, 48. Stérilisation des eaux de boisson, 452. Streptocarpus, 124.
- Surdité : appareils radiophoniques, 190. Surdité et radiophonie, 217.
- T
- T. S. F. : détermination des parasites industriels, 190.
- T. S. F. : lampe de 1500 kilowatts, 570. Tabac : effets, 369.
- Tabacs : manufactures, 6.
- Tables de laboratoire : noir, 427.
- Teinture du bois en acajou, 190.
- Télévision : émissions et appareils, 190. Télévision en Angleterre, 232.
- Télévision en France, 230.
- Tennis : balles, 125.
- Tête de pied pour ciné d’amateur, 187. Thermo-compresseurs pour vapeur d’eau, 432. Thermostats sur automobile, 96.
- Trains : refroidissements par la vapeur, 523. Trains réversibles, 456.
- Tungstène : outils, 45.
- Turbines hydrauliques, 432.
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- = 580 ======
- Turbines hydrauliques : évolution, 150. Tuyaux : aérosécheur, 381.
- U
- Ultraiiltre Septina, 188.
- V
- w
- Wegener : nécrologie, 185.
- Vaisseau de Trafalgar à ilôt, 410.
- Verre pyrex : applications, 573.
- Vides élevés, 536.
- Vision chez l’insecte, 531.
- Vol à voile : traversée du Pas de Calais, 84. Volcans abyssaux, 139.
- Y
- Yaclitlog, 93.
- Yaourt : préparation domestique, 285.
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- LISTE DES AUTEURS
- PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE
- A. — Les déchets d’ardoises, 26.
- Alber. — Prestidigitation, 84, 178. — Pliages de papiers, 324, 514, 562.
- Arnoux (Jean). — Les antidétonants, 13. — L’équipement nouveau de la Russie, 61. — L’évolution des turbines hydrauliques, 150.
- Audebeau Bev. — Comparaison des abris météorologiques, 273.
- B (A.). •— Protection des lignes électriques contre la foudre, 104.
- B. (S.). — Ce que j’ai vu en Afrique du Nord, 465.
- Bance (L.). •— Fortification et architecture, 110.
- Barbou (E.). — Conservation des fleurs coupées, 399.
- Baud (Paul). — Résumés des communications à l’Académie des Sciences, 43, 139, 333, 430. — Henri Moissan, 443.
- Blaizot (Jacques). —• Le mal d’altitude, 72.
- Bordier (Pr H.). •— D’Arsonval, 241.
- Bourgain (André). — Le filmcolor Lumière, 248. — Les trains réversibles, 456.
- Boutaric (A.). — Les aurores polaires, 17.
- Boyer (Jacques). — La moisson à travers les âges, 49. — Des plantes qui n’ont qu’une feuille, 124. — Les décorations lumineuses de l’Exposition coloniale, 268. — Le laboratoire pinacologique, 557.
- Brandicourt (Virgile). — Récréations mathématiques, 33, 369.
- Budry (René) et Lambert (André). — L’éclipse totale de lune du 26 septembre, 431.
- C. (L). — Les marmottes et leurs commensaux, 106.
- C. (V.). — Un gisement d’albâtre en France, 463.
- Cerisaie (J. de la). — Le quatrième centenaire du Collège de France, 76. — Le laboratoire parisien des rats, 550.
- Charrin (V.). — Le spath fluor, 298. — L’hygiène des indigènes dans les mines du Katanga, 334.
- Chataing (J.). — Une affaire de pain chimique au xvne siècle, 130.
- CoMBY(Dr Jules). —- L’université et le musée de La Plata, 163.
- Coupin (Henri). — Les bois des colonies françaises, 145. — Les vieux-savants quand ils étaient jeunes.
- D. (R.). — Pollution des huiles de graissage, 462.
- David (Léon). — Les nombres curieux, 129.
- Denielou (R.). — La vie larvaire des Cicindèles, 438.
- Debesse ( Maurice). — L’effort colonial français, 289.
- Diffloth (Prof. Paul). — Le perfectionnement scientifique du bétail hollandais, 310.
- Dodin (L.). — Voir G. Viaud.
- Estanave (E.). — Où en est la photographie intégrale ? 160.
- F. (V.). — Les hippopotames dans la rue, 267.
- Falvard (G. de). •— Une grenouille à six pattes, 25.
- Faure (Jean-Louis). — La mort du poisson bleu, 450.
- Feuillée-Billot (A.). — Quelques échassiers au nid, 295. — La nouvelle volière-pergola du Muséum, 524.
- Forbin (Victor). — La disparition des icebergs, 185. — Les Canadiens français et leur parler, 321. — Les civilisations éteintes en Indochine, 337.
- Fournier (L.). — Le port de Marseille, 391.
- Franche (G.). — Office central et institut d’acétylène et de soudure autogène, 310.
- Gradenwitz (Dr Alfred). — La télévision en Angleterre, 232. — Les ondes ultra-courtes on médecine, 237. — 35 haut-parleurs sur une
- piste de courses d’autos, 474. — La plus grande écluse d’Europe, 525. •— L’énigme de l’aurore boréale, 529. — La plus puissante lampe de T. S. F., 570.
- II. (A.). — Les goudrons de pétrole, 377. — Les déchets d’amiante, 379. — L’alcool isopropylique, 513.
- Hémardinquer (P.).'— La radiophonie pratique, 38,279,328,519,565. — Photographie et cinématographie d’amateur, 85. — Horloges à mouvement perpétuel, 122. •—• La cité de la radio, 193. — Modernisation des récepteurs radiophoniques, 194. — Les radiorécepteurs en 1931, 205. — Les illusions d’acoustique, la radiophonie et la surdité, 217. — Radiophonie et phonographie coloniales, 224. •— La télévision en France, 230. — Le traitement des maladies par les ondes hertziennes, 234. — Les cellules au sélénium, 361. — Phonographes et radiophonographes, 373, 424. — Les véhicules à pneumatiques sur voie ferrée, 510. — Appareils électriques pour constantes acoustiques, 555.
- Hutin (A.). — Dispositif bon marché pour étuver les tissus, 331. — Le phosphate trisodique dans l’industrie moderne, 380.
- Jacobs (F.). — Nouvelles applications du caoutchouc, 260.
- Jaffray (J.). — Lavoisier a-t-il cru aux météorites ? 177.
- Kuentz (L.). — La pèche électrique, 74. — Fabrication de l’essence de roses, 414. — Le chardonneret, 481.
- Lacaine (Jean). •— Les essais aérodynamiques, 542.
- Lamare (M.). — Le Harrar, 385.
- Lambert (André). •— Voir Budry.
- Lanorville (Georges). — Haricots secs, 251.
- Legendre (Dr J.). — Essais de pisciculture alimentaire, 553.
- Legendre (R.). — Peintures de carènes, 445.
- Lemoine (Mme). — Trouver un nombre pensé, 513.
- Marcotte (Edmond). — L’emploi des matériaux dans les hauts barrages, 299. — Pour éviter la rupture des rails, 357.
- Mauclère (Jean). — Aux jardins de la mer, 26. — L’ambre, or du Nord, 349.
- Moll-Weiss (A. et M.). — Comment on doit manger, 371.
- Niewenglowski (DrG.-N.). — Noir pour table de laboratoire, 427. — Clichés photographiques brisés, 471.
- Noter (R. de). — Le Kudzu, plante textile japonaise, 92. — Le Kumara, 518.
- Draw (J.). — Kondakov, 570.
- Pecii (Dr J.-L.). — La nouvelle signalisation des chemins de fer français, 56.
- Pellat (A. F.). — Sauvegarde de la vie humaine en mer, 168. — Le rôle de l’étang de Berre dans le développement du port de Marseille, 440. — Les dérivés industriels de la bauxite, 482.
- Petit (Henri). — Les moteurs polycylindres, 403.
- Picard (L.). —• L’automobile pratique, 135, 468.
- Raulin (G. de). — Un chalutier dans les glaces, 315.
- Régnault (Dr Félix).'—-L’emploi du cinéma en ethnographie, 304.
- Remaele (G.). — Deux grandes œuvres belges, 81.
- Rigotard (Laurent). — Le Deutsches Muséum de Munich, 491.
- Rodillon (G.). —• Le tabac : effets sur la mémoire, 369.
- Roger (Em.). •— Les années chaudes et froides à Paris depuis 1757, 34. — Le mois météorologique, 83, 177, 275, 372, 467, 563.
- Rolet (Antonin). — La néoculture, 507. — L’éclairage nocturne des poulaillers, 561.
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- = 582 .. .1.....................=........................=
- Rudaux (Lucien). — L’éclipse de lune à Donville, 431. — Au mois d’août 1931, 460.
- Sauvaire-Jourdan (Comm*). — Centenaire de l’application par Sauvage de l’hélice à la navigation, 353. — Un vaisseau français qui prit part à la bataille de Tral’algar est encore à flot, 410. — Deux nouveaux types de navires de guerre français, 49S.
- Soyer (H.).'—Nouvelle application du gel de silice, 45.— La fabrication des laques, 283. — Huiles pour transformateurs, 475. —-Les graisses consistantes, 564.
- T. (A.). — La plus grande salle de cinéma parlant, 30. — Michel Faraday, 360. — Le centenaire de Maxwell, 413. — Épaisseur de la couche glaciaire au Groenland, 467. — Le plus grand paquebot français, 475. •— Le nouveau poste de radiodiffusion Radio-Paris, 504. — Les vides élevés, 536. — Stabilisateur gyroscopique anti-roulis, 571.
- T. (Ph.). — Automobiles Renault du réseau de l’État, 246.
- Touchet (Em.). — Bulletin astronomique, 35, 132, 276, 325, 421, 516. — Photographie en couleurs du rayon vert, 100.
- Tréhard (André). — La canne à sucre, 97.
- Troller (A.). — Nouveau procédé de radiotéléphonie sur ondes courtes, 22. — Vers les hautes altitudes, 174. — Edison, 433.
- Verneuil (Max). — Les balles de tennis, 125.
- Viaud (G.) et Dodin (L.). — La vision chez l’insecte, 531.
- Vigneron (A.). — Les méthodes géophysiques, 341. — La magnétostriction du bismuth, 454.
- Vignon (P.). — Le camouflage animal, 1.
- Villers (R.). — Le platine et le palladium, 306. — La stérilisation des eaux de boisson par le carbochlore, 452. — Le bois contreplaqué, 495.
- Weiss (E.). — L’hélicostat Œhmichen, 256. — Le béton armé à la plage, 319.
- X. — L’exploitation industrielle des tabacs, 6.
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- TABLE DES MATIÈRES
- I. — MATHÉMATIQUES ET ASTRONOMIE
- III. — SCIENCES NATURELLES
- L’éclipse totale de lune du 26 septembre, (R. Budry et A. Lambert)......................................................431
- L’éclipse de lune à Donville (L. Rudaux)...................431
- Bulletin astronomique (E. Touchet). . 35,132,276,325,421, 516
- Récréations mathématiques.
- Problèmes (V. Brandicourt)........
- Les nombres curieux (L. David)....
- Trouver un nombre pensé (Mme Lemoine)
- 369
- 129
- 513
- II. — SCIENCES PHYSIQUES
- I. Géologie. — Physique du Globe.
- Les aurores polaires (A. Boutaric)........................ 17
- Structure microscopique et origine des anthracites........ 43
- Photographie en couleurs du rayon vert (E. Touchet).......100
- Volcans abyssaux............................................139
- Lavoisier a-t-il cru aux météorites? (J. Jaffray).........177
- La disparition des icebergs (V. Forbin)...................185
- Évolution du littoral de Paimpol............................333
- Curieux phénomène de foudre en boule........................430
- Épaisseur de la couche glaciaire au Groenland (A. T.).....467
- L’année polaire........................................... 474
- L’énigme de l’aurore boréale (A. Gradenwitz)................529
- 1. Physique.
- Les méthodes géophysiques (A. Vigneron)......................341
- Faraday (A. T.)............................................360
- Les cellules au sélénium (P. Hémardinquer).................361
- Le centenaire de Maxwell (A. T.)...........................413
- Effet Raman dans un cristal de nitrate de sodium...........430
- Edison (A. Troller)...........................................433
- La magnétostriction du bismuth (H. Vigneron)..................454
- Les vides élevés (A. T.). .................................536
- 2. Chimie.
- Les antidétonants (J. Arnoux)................................... 13
- Les déchets d’ardoise (A.)...................................... 26
- Nouvelle application du gel de silice (H. Soyer)............. 45
- Lapermutite...................................................... 91
- Le spath fluor (V. Charrin)......................................298
- Le platine et le palladium (R. Villers)..................* . 306
- Solubilisation du phosphate tricalcique..........................333
- Hydratation du sulfate de quinine................................333
- Les goudrons de pétrole (A. H.). . . ........................377
- Les déchets d’amiante (A. H.)....................................379
- Le phosphate trisodique dans l’industrie moderne (A. Hutin). . . 380
- Oxydes organiques dissociés......................................430
- Henri Moissan (P. Baud). ........................................443
- Les dérivés industriels de la bauxite (A. F. Pellat).........482
- L’alcool isopropylique (A. H.)...................................573
- Découverte d’un nouvel élément chimique.................. 87 523
- Kondakov : nécrologie (J. Oraw).................................570
- Le prix Nobel de chimie. . ......................................572
- Fabrication de l’huile de paraffine..............................572
- 2. Météorologie.
- Les années chaudes et froides à Paris depuis 1757 (E. Roger). . . 34
- Comparaison des abris météorologiques (Audebeau bey). . . . 273
- Au mois d’août 1931 (L. Rudaux)...........................460
- Une automobile foudroyée............................. 475, 574
- Le mois météorologique (E. Roger), 83, 177, 275, 372, 467, 563
- 3. Zoologie. — Physiologie.
- Le camouflage animal (P. Vignon)............................ 1
- Une grenouille à six pattes (G. de Falvard)................. 25
- Le plomb dans l’organisme des animaux....................... 43
- Les marmottes et leurs commensaux (F.-C. )..................106
- Les hippopotames dans la rue (V. F.)........................267
- Quelques échassiers au nid (A. Feuillée-Billot).............295
- Le perfectionnement scientifique du bétail hollandais (P. Dif-
- floth)......................................................310
- Comment on doit manger (A. et M. Moll-Weiss)................371
- La vie larvaire des Cicindèles (R. Denielou)................438
- La mort du poisson bleu ( J.-L. Faure)......................450
- Le chardonneret (L. Kuentz)....................................481
- Nouvelle volière pergola du Muséum (Mme Feuillée-Billot) . . 524
- La vision chez l’insecte (G. Viaud et L. Dodin).............531
- Essais de pisciculture alimentaire (Dr J. Legendre)............553
- Éclairage nocturne des poulaillers (A. Rolet)..................561
- 4. Botanique. — Agriculture.
- Aux jardins de la mer (J. Mauclère)......................... 26
- Les ferments de la nitrification........................ 43
- La moisson à travers les âges (J. Boyer).................... 49
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-
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- 584
- Le Kudzu, plante textile japonaise (R. de Noter)........... 92
- La canne à sucre (A. Tréhard). ............................ 97
- Des plantes qui n’ont qu’une feuille (J. Boyer)............ 124
- Sucre des feuilles de Kao-liê-é............................139
- Les bois des colonies françaises (IL Cou pin)..............145
- Engrais complets..............................................185
- Haricots secs (G. Lanorville)................................ 251
- Conservation des fleurs coupées (E. Barrou)...................399
- Fabrication de l’essence de roses (L. Kuentz)..............414
- La néoculture (A. Rolet).................................... 507
- Le Kumara (R. de Noter).......................................518
- IV. - GÉOGRAPHIE. — ETHNOGRAPHIE
- L’équipement nouveau de la Russie (J. Arnoux)............... 61
- L’université et le musée de La Plata (Dr J. Comby)..........163
- L’efl'ort colonial français (M. Debésse)....................289
- L’emploi du cinéma en ethnographie (Dr F. Régnault). . . . 304
- Les Canadiens français et leur parler (V. Forbin)...........321
- Les civilisations éteintes en Indochine (V. Forbin).........337
- L’ambre, or du Nord (J. Mauclère)...........................349
- Le Harrar (M. Lamarre) ....................................385
- Le Trou du Toro et la source de la Garonne..................430
- Ce que j’ai vu en Afrique du Nord (S. B.)...................465
- La population du Japon......................................475
- V. — HYGIÈNE. — MÉDECINE
- Le mal d’altitude (J. Blaizot)............................... 72
- Une affaire de pain chimique au xvn® siècle (J. Ouata inu) . . . 130
- Maladie des jeunes chiens transmissible à l’homme..............139
- Les pyréthrines en médecine vétérinaire........................ 186
- Les illusions d’acoustique, la radiophonie et la surdité (P. HÉ-
- mardinqukr)..................................................217
- Le traitement des maladies par les ondes hertziennes (P. 11É-
- mardinquer)..................................................234
- Les ondes ultra-courtes en médecine (A. Gradenwitz) .... 237
- D’Arsonval (H. Bordier).........................................241
- L’hygiène des indigènes dans les mines du Katanga (V. Charrin) 334
- Le tabac : effets sur la mémoire (P. Rodillon)...............369
- Stérilisation des eaux de boisson par le carbochlore (R. Villers) 452
- Le prix Nobel de médecine.......................................523
- Le laboratoire parisien des rats (J. de la Cerisaie)............550
- VI. — SCIENCES APPLIQUÉES
- 1. Mécanique. — Industrie. — Outillage.
- L’exploitation industrielle des tabacs (X.). ............... 6
- Outils en carbure de tungstène.............................. 45
- Horloges à mouvement perpétuel (P. Hémardinquer) .... 122
- Les balles de tennis (M. Verneuil)..........................125
- Épuration des eaux industrielles...............................167
- Nouvelles applications du caoutchouc (F. Jacobs)............260
- Fabrication des laques (H. Soyer)............................. 283
- Office central et institut d’acétylène et de soudure autogène
- (G. Franche)................................................310
- Un moteur à 6 temps............................................379
- Les moteurs polycylindres (IL Petit)...........................403
- Pollution des huiles de graissage (R. D.)...................462
- Un gisement d’albâtre en France (V. C.).....................463
- Le bois contreplaqué (R. Villers)..............................495
- 2. Photographie. — Phonographie.
- Où en est la photographie intégrale ? (E. Estanave)...........160
- Le filmcolor Lumière (A. Bourgain)............................248
- Photographie vt einèmalotjraphie d’amalcur (P. Hémardinquer) :
- Généralités.............................................. 85
- Appareils tout petits....................................... 85
- Tendances cinématographiques................................ 87
- Appareils de prises de vues................................. 87
- Appareils de projection..................................... 88
- 3. Électricité.
- Nouveau procédé de radiotéléphonie sur ondes courtes (A. Trol-
- ler). .................................................... 22
- La plus grande salle de cinéma parlant (A. T.)............... 30
- La pêche électrique (L. Kuentz)................................... 74
- Protection des lignes électriques contre la foudre (A. B.). . . . 104
- Oscillateur électrique à basse fréquence stabilisé................139
- Concours radiotechnique.......................... 143, 240, 576
- La cité de la radio (P. Hémardinquer).............................193
- Modernisation des récepteurs radiophoniques (P. Hémardinquer)........................................................194
- Les radiorécepteurs en 1931 (P. Hémardinquer).....................205
- Radiophonie et phonographie coloniales (P. Hémardinquer) . . 224
- La télévision en France (P. Hémardinquer).........................230
- La télévision en Angleterre (A. Gradenwitz).......................232
- Prochaines études de radiotechnique...............................239
- Les décorations lumineuses de l’Exposition coloniale (J. Boyer). 268
- Nouvel isolant de câbles..........................................319
- Four électrique en fluorine.......................................333
- Phonographes et radiophonographes (P. Hémardinquer) 373, 424
- Moulins ù vent Flettner pour la production d’énergie électrique. 473 35 haut-parleurs sur une pis.s de course d’autos (A. Gradkn-
- witz)..........................................................474
- Huiles pour transformateurs (H. Soyer)............................475
- Le nouveau poste de radiodiffusion Radio-Paris (A. T.). . . . 504
- Appareils électriques pour l’étude acoustique (P. Hémardinquer) 555 Lampe de T. S. F. de 1500 kilowatts (A. Gradenwitz)...............570
- La radiophonie pratique (P. Hémardinquer) :
- Appareils d’enregistrement................................... 38
- Enregistrement radioplionographique.......................... 39
- Cinéma sonore d’amateur. .................................... 39
- Projecteurs sonores d’amateurs.......................... 4 1
- Ensembles radio-électriques.................................. 41
- Alimentation des postes......................................279
- Accus actuels.............................................. 280
- Blocs d’alimentation.........................................328
- Cas du secteur continu.......................................330
- Construction et lampes.......................................519
- Lampes à écran et les détectrices............................519
- Lampes de puissance..........................................521
- Lampes trigrilles de puissance...............................565
- Ilaut-parleurs.............................................. 565
- Pièces détachées.............................................567
- Cadres, filtres et blocs.....................................567
- Condensateurs et résistances........'...................568
- Transformateurs et blocs de modulation.......................568
- Accessoires................................................. 569
- Appareils de mesure..........................................569
- 4. Travaux publics. — Art de l’ingénieur.
- La distribution centrale de chauffage à Paris. . . L’évolution des turbines hydrauliques (J. Arnoux)
- 91
- 150
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- L’emploi des matériaux dans les hauts barrages (E/M'arcotte). 299
- Béton armé à la plage (E. Weiss).................... 319
- Le port de Marseille (L. Fournier)............................391
- Le rôle de l’étang de Berre dans le développement du port de
- Marseille (A.-F. Pellat)...................................440
- Déplacement d’un immeuble téléphonique........................473
- Le plus grand pont suspendu.......................... 525, 571
- La plus grande écluse d’Europe (A. Gradenwitz)............525
- 5. Transports.
- La nouvelle signalisation des chemins de 1er français (Dr J.-L.
- Pech)....................................................... 56
- Automobiles Renault du réseau de l’Etat (Ph. T.)...............276
- Pour éviter la rupture des rails (E. Marcotte).................357
- Les trains réversibles (A. Bourgain)......................... 456
- Les auto-routes,...............................................473
- Une locomotive à grande vitesse................................502
- Les véhicules à pneumatiques sur voies ferrées (P. Hémardin-
- Quer).......................................................510
- Refroidissement des trains par la vapeur.......................523
- L’automobile pratique (L. Picard) :
- Auto-camping..............................................135
- Camper....................................................135
- Auto-roulottes............................................136
- Pique-niques..............................................132
- Tentes_et_chalets_démontables.......................... . 180
- Couchage et toilette.....................-............181
- Réchauds et cuisine.......................................182
- Canoës....................................................183
- Confort...................................................183
- Graissage^des pistons.....................................468
- Accessoires de graissage..................................468
- Pare-choc.................................................469
- Aspirateur............................................... 469
- Mise en marche............................................469
- Radiateur électrique......................................470
- Stabilisateur de direction................................470
- 6. Aviation et Aéronautique.
- Traversée du Pas de Calais en vol à voile..................... 84
- Vers les hautes altitudes (A. Troller)........................174
- L’hélicostat Œhmichen (E. Weiss)..............................256
- Sécurité en avion aux États-Unis..............................474
- Les essais aérodynamiques (J. Lacaine)........................542
- Chronique d’auialion.................................... 138, 429
- 7. Guerre et Marine.
- Fortification et architecture (L. Bance)......................110
- Sauvegarde de la vie humaine en mer (A. F. Pellat)..........168
- Le nouveau paquebot Atlantique................................283
- Un chalutier dans les glaces (G. de Raulin).................315
- Centenaire de l’application par Sauvage de l’hélice (Comm* Sau-
- vaire-Jourdan). . i.........................................353
- Un vaisseau français de Trafalgar encore à flot (Comm1 Sau-
- vaire-Jourdan).................................................
- Peintures de carènes (R. Legendre)............................445
- Le plus grand paquebot français (A. T.).......................475
- Deux nouveaux types de navires de guerre français (Comm4
- Sauvaire-Jourdan)......................................... 49S
- Stabilisateur gyroscopique antiroulis (A. T.).................571
- Vn. - HISTOIRE DES SCIENCES
- Le quatrième centenaire du Collège de France (J. de la Ceri-
- saie)......................................................... 76
- Deux grandes œuvres belges (G. Remaele)......................... 81
- Les vieux savants quand ils étaient jeunes (IL Courin). .... 417
- Le Deutsclies Muséum de Munich (L. Rigotard).................491
- Kœnigs : nécrologie.............................................523
- Wegener : nécrologie.............................................185
- VIII. — ACADÉMIE DES SCIENCES
- Résumés des communications (P. Baud). . . . 43, 139, 333, 430
- IX. — VARIA
- Le laboratoire pinacologique du Musée du Louvre (J. Boyer) . . 557
- Prestidigitation (Alber) :
- Changements de couleurs..................................... 84
- Les chiens fantômes.........................................178
- Pliages de papiers (Alber) :
- Le sachet à foulards........................................324
- L’oiseau qui bat des ailes..................................514
- La théière japonaise........................................562
- X. — RENSEIGNEMENTS PRATIQUES 1. Petites inventions.
- Noxa-bébé.................................................. 46
- Écrou indéserrable Sauvageot................................ 46
- Moto-pompe flottante .. .................................... 47
- Yachtlog.................................................... 93
- Extincteurs d’incendie P.-P. 930 ........................... 93
- Œufs à la coque cuits sans coquille......................... 94
- Simpliphone pour sourds.....................................141
- Pièges à reptiles...........................................141
- Autodéclencheurs photographiques........................... 187
- Têtes de pied pour ciné d’amateur.......................18 7
- Ultraflltre Septina.........................................188
- Crochets de sécurité........................................189
- Mallette de pêche...........................................285
- Yaourt : préparation domestique........................... 285
- Pétrisseuse de ménage.......................................286
- Eau chaude partout..........................................335
- Boutons de sûreté pour vêtements............................335
- Couvercle amovible Paramount................................335
- Aérosécheur pour tuyaux.....................................381
- Pince-agrafe................................................381
- Pédale-confort..............................................476
- Lunettes lumineuses pour auto...............................476
- Chauffe-eau basculant.......................................476
- Décanteur-séparateur Argus..................................476
- Moutardier automatique......................................477
- Pierre à aiguiser les lames de rasoirs......................477
- Oreille électrique..........................................526
- Evitgraiss.........................;....................... 526
- Rel'roidisseur d’eau........................................526
- Verre Pyrex : applications................................. 573
- Éplucheur dénoyauteur.......................................573
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- 2. Recettes et procédés utiles.
- Caisse isolante norvégienne................................. 42
- Cornichons : conservation................................... 89
- Huile dans l’essence........................................131
- Graissage des moteurs d’auto................................179
- Restauration de photos jaunies..............................282
- Étuvage bon marché des tissus...............................331
- Bois : brunissement et vieillissement.......................371
- Hâle de la mer : protection.................................371
- Noir pour tables de laboratoire.............................427
- Clichés photographiques brisés..............................471
- Coliques hépatiques : prévention............................515
- Graisses consistantes.......................................564
- Glaces rayées.............................................. 564
- Hortensias bleus............................................564
- 3. Boîte aux Lettres.
- Haut-parleurs.............................................. 48
- Phonographe : modification................................. 48
- Poste-récepteur : sélectivité.............................. 48
- Stations d’émission : identification....................... 48
- Poste récepteur : pannes................................... 48
- Poste secteur : montage.................................... 95
- Enregistrement phonographique.............................. 95
- Thermostat sur automobile.................................. 96
- Peinture de carrosserie.................................... 96
- Amplificateur phonographique.............................. 142
- Récepteur alimenté par le secteur..........................142
- Télévision................................................ 190
- Surdité : appareils........................................190
- Gonfleurs automatiques pour autos..........................190
- Allumage par magnéto.......................................190
- Parasites industriels......................................190
- Teinture du bois en acajou.................................190
- Peinture à l’huile sur soie................................191
- Cheveux plaqués............................................191
- Niellage...................................................191
- Soleil : protection......................................191
- Insectes perceurs de plomb...............................287
- Foudre : protection des lignes électriques...............287
- Cuir des chaises : remise à neuf.........................287
- Cirages « Polish ».......................................287
- Poste-récepteur : choix............................ 336, 478
- Récepteur : bruit d’aiguille.............................336
- Haricot Tépary...........................................382
- Disques et pointes pour enregistrement...................382
- Poste récepteur d’ondes très courtes.....................382
- Poste à changement de fréquence..........................382
- Cinéma sonore : projecteur...............................383
- Lampe détectrice à grille-écran..........................383
- Poste à résonance : irrégularités........................383
- Récepteur alimenté à 25 périodes.........................383
- Poste : mise en marche à distance......................, . 384
- Turbines hydrauliques....................................432
- Thermo-compresseur à vapeur d’eau........................432
- Antidétonant.............................................432
- Réception d’ondes courtes................................432
- Moteurs à explosion : arrêt..............................478
- Electrolyte pour accus...................................479
- Mouvement perpétuel......................................527
- Auto foudroyée...........................................574
- Éponge végétale..........................................574
- Pierres à briquets.......................................574
- Confitures en gelée......................................574
- Képhyr.................................................... • 574
- Colles de bureau : clarification.........................574
- Lampes à pétrole : numérotage des becs...................575
- Sels de fruits...........................................575
- Argenture de l’étain.....................................575
- 4. Livres nouveaux.
- Livres nouveaux. 44,90,140,184,284,332,378,428,472, 522
- 5. Documents photographiques.
- Documents photographiques................... 480, 528
- Le Gérant : G. Masson. Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9, à Paris.
- 1931.
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