La Nature
-
-
- LA NATURE
- REVUE DES SCIENCES
- ET DE LEURS APPLICATIONS A L'ART ET A L'INDUSTRIE
- p.n.n. - vue 1/602
-
-
-
- p.n.n. - vue 2/602
-
-
-
- LA nature
- o
- SOIXANTE-DEUXIÈME ANNÉE 1934 — DEUXIÈME SEMESTRE
- MASSON ET C, ÉDITEURS
- LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE
- PARIS, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN
- Page de titre n.n. - vue 3/602
-
-
-
- SUPPLÉMENT AU N° 2943 (15 Décembre 1934).
- Le géran! : G. Masson. — Imprimerie L,auure, rue de Fleurus, 9, à Paris.
- p.n.n. - vue 4/602
-
-
-
- LA NATURE ",wt
- LE PÉTROLE AU MAROC
- Le jaillissement (le gusher, diraient les Américains) qui s’est produit le 8 mars, au Djebel Tselfat, a eu le don d’attirer l’attention publique sur les possibilités pétrolières du Maroc, bien que la presse quotidienne ne se soit guère occupée de l’événement. Il méritait, cependant, un meilleur sort : n’était-ce pas la première fois que le pétrole jaillissait d’un territoire français ou d’un pays de protectorat après douze ou quinze années de laborieuses recherches, tant dans la France continentale et l’Afrique du Nord que dans diverses de nos colonies d’outremer ?
- Passons brièvement en revue les plus importantes de ces tentatives, en commençant par celles qui ont eu pour théâtre notre territoire métropolitain.
- Le gisement de Gabian (Hérault), connu des Gaulois par sa fontaine qui entraînait à la sur-face de faibles quantités d’huile dont on composait des remèdes contre les maladies de la peau, n’a pas répondu aux espoirs qu’il avait fait naître après la guerre.
- De 2875 tonnes de pétrole fournies en 1929, sa production a baissé rapidement; elle n’était plus que de
- 920 tonnes en 1931, et tout porte à croire que l’épuisement est en vue. Les nombreux forages exécutés dans
- les régions avoisinantes se sont avérés stériles, et les travaux de recherche paraissent avoir été définitivement abandonnés depuis trois ans.
- Le sondage de Mirabel (en Lima-gne), poussé jusqu’à 1300 m, a été remblayé. Une campagne de prospection géophysique, poursuivie pendant deux ans (1927 et 1928), a condamné irrémédiablement cette région.
- D’autres tentatives, entreprises en divers points des départements du Jura et de la Haute-Savoie, n’autorisent encore que de très vagues espoirs.
- La Martinique, où quelques indices pétroliers avaient motivé l’envoi d’une mission géologique, possède bien des dépôts d’asphalte sur plusieurs points de ses rivages ; mais ils proviennent vraisemblablement de suintements sous-marins, et l’on a renoncé à en poursuivre la prospection.
- En 1931 , une autre recherche méthodique s’est développée en Nouvelle-Caledonie; elle y a relevé, croyons-nous, des indications assez encourageantes qui motiveront probablement le forage de puits d’étude.
- flafon/Dour/o/naitoBWre
- I.
- A bric/o moteur
- Fig. 1. — Chantier du Tselfat au Maroc.
- Le forage T. S. 17 voisin de celui qui a donné une éruption de pétrole.
- p.1 - vue 5/602
-
-
-
- 2
- GABON, CONGO, MADAGASCAR
- Les recherches entreprises dans nos possessions africaines par l’Office national des Combustibles liquides ont été moins décevantes puisqu’elles ont révélé, dans diverses régions, plus que des probabilités sur la présence de gisements pétrolifères.
- Sans entrer ici dans des détails qui allongeraient démesurément cet article, constatons que, tant au Gabon que dans le Moyen-Congo, les prospections en surface et les sondages d’étude, poursuivis durant ces quatre dernières années, ont décelé l’existence de strates pétrolifères qui nous donnent le droit d’espérer que notre Afrique équatoriale contribuera tôt ou tard, au ravitaillement de la France en huile minérale.
- Au Cameroun, dans la région de Bambou, on avait relevé, depuis longtemun ‘sd suintement d’une capacité
- de 10 à 12 litres par 24 heures, provenant vraisemblablement d’un anticlinal. Une prospection géophysique, exécutée en 1931, a confirmé cette hypothèse, mais sans donner des indications précises sur l’emplacement du gîte. De nouvelles recherches sont en cours d’exécution.
- Madagascar avait fait naître de très vifs espoirs, avec ses énormes bancs de grès bitumineux, présents sur divers points de l’île. Il a fallu renoncer à leur exploitation : la teneur en huile de la roche eSt trop faible et les difficultés de traitement seraient trop grandes pour assurer de bons résultats commerciaux. Mais on a des raisons d’espérer que ces bancs recouvrent d’importants gisements de pétrole.
- Une nouvelle campagne de prospection s’est amorcée dans deux régions de l’île; on a foré un premier puits en profondeur dans le voisinage d’Andrafravolo ; un second est en voie d’exécution. Souhaitons ardemment que les forages démontrent les possibilités pétrolières de
- la grande île; mais armons-nous de patience, car les travaux seront laborieux et longs, à moins que... Dans la « chasse à l’huile », on peut toujours escompter l’événement imprévu et heureux, comme celui qui vient de se produire au Maroc !
- EN AFRIQUE DU NORD
- D’une façon générale, on peut dire que les indices de pétrole abondent dans une grande partie de l’Afrique septentrionale, notamment en Tunisie, dans le département d’Oran et au Maroc, et qu’ils ont attiré l’attention des prospecteurs depuis le début de ce siècle. Nous passerons rapidement en revue les travaux qu’ils ont motivés.
- En Tunisie, on a pu situer, vaguement d’ailleurs, trois régions supposées pétrolifères : le Kef Bou Debbous, Sloughia et l’Aïn Rhélal. Plusieurs compagnies ou groupements y ont exécuté des sondages qui, sans exception, ont été infructueux. Des prospections géophysiques ont démontré, depuis lors, que l’emplacement des forages avait été mal choisi.
- Une entente est intervenue entre le Gouvernement Tunisien, l’Office national des Combustibles liquides et la Compagnie française des Pétroles qui, constitués en un syndicat d’études, ont foré deux sondages à Sloughia; un troisième est en cours.
- En Oranie, principalement dans la région de Mostaganem et de Relizane, la fréquence et l'importance des indices pétroliers avaient porté plusieurs compagnies étrangères à entreprendre des forages, dès la fin de la guerre. Des légendes locales sont déjà nées à leur sujet : on vous affirmera qu’Anglais et Américains, après avoir atteint le pétrole, rebouchèrent les puits et disparurent, réservant l’exploitation de leurs découvertes... pour des temps meilleurs^!
- En réalité, la plupart abandonnèrent les recherches après avoir foré des puits très coûteux (celui de l’Aïn Zeft était profond de 1200 à 1300 m), qui ne donnaient que des résultats médiocres, sinon nuis. Une seule de ces compagnies survécut : celle de Tliouanet, bientôt transformée en société française par l’apport de capitaux frais.
- Les quelque 90 puits forés sur la structure ont donné, pendant plusieurs années, des rendements rémunérateurs, la production totale s’étant longtemps maintenue à 400 tonnes par mois. Mais elle est tombée progressivement au-dessous de 80 tonnes, et l’exécution de nouveaux puits a été suspendue l’année dernière. Par manque de matériel plus puissant, les sondes n’avaient jamais dépassé une centaine de mètres de profondeur.
- PROSPECTIONS MAROCAINES
- Au Maroc, comme en Algérie, l’abondance des indices pétroliers attira l’attention des spécialistes étrangers dès le début de ce siècle. Les Français ne s’intéressaient
- Fig. 2. — Le camp du Tselfai et le forage T. S. 17.
- p.2 - vue 6/602
-
-
-
- 3
- Fig. 3. — Vue générale du Tselfat.
- pas encore à la question, et ce furent des groupes anglais, hollandais ou allemands qui ébauchèrent les premières campagnes de prospection : ils prirent pour objectifs le massif du Djebel Tselfat et le Gharb.
- Les travaux de recherches, bien que fournissant des indications encourageantes, ne furent pas conduits avec l’activité désirable; les plus puissantes des compagnies qui les avaient entrepris tournèrent leur activité vers d’autres « champs d’huile ». Tardivement, les Français entrèrent en scène par le rachat, en 1926, des droits appartenant aux groupes anglais et hollandais, et constituèrent la société d’études Recherches et Forages.
- Les prospections furent aussitôt reprises dans le Djebel Tselfat. Bientôt, à moins de 200 m, les puits atteignirent un étage d’huile légère, quoique de faible rendement. Mais les ingénieurs en charge ne surent pas lutter contre de massives irruptions d’eau qui noyèrent les sondes.
- Sur l’initiative de M. Erick Labonne, alors secrétaire général du Protectorat, le Bureau d’Etudes et Participations minières prenait naissance à la même époque. Dès sa fondation, il demandait le concours de l’Office national des Combustibles liquides que son directeur, M. Louis Pineau, s’empressait de lui accorder. L’œuvre de prospection reprenait, en 1929, avec une activité accrue, dans le Gharb et sur le Djebel Tselfat.
- Sous l’impulsion de M. Louis Pineau, un nouveau groupe se constituait, en avril 1929, sous le titre social de « Compagnie chérifienne des Pétroles ».
- Il comprenait, outre les deux organismes officiels que nous venons de nommer, la Compagnie française des Pétroles.
- Une compagnie privée (la Financière
- Franco-Belge ou Finança) s’incorporait à la nouvelle société.
- Un plan de recherches, élaboré sous la direction de M. Migaux, directeur technique de la société, entra bientôt en voie d’exécution : il comportait la prospection rationnelle d’une superficie de plus de 400 000 ha, y compris le plissement du Djebel Tselfat, dont la totalité appartenait désormais à la nouvelle compagnie. La perspective de voir tomber, en des mains étrangères, une partie de cette importante structure se trouvait ainsi écartée. ~~
- Grâce à la réception de puissantes foreuses, commandées en Amérique, on put entreprendre simultanément des forages profonds au Djebel Tselfat et au Gharb.
- Fig. 4. — Chantier du Tselfat.
- On extrait à l’air comprimé l’huile d’une sonde.
- p.3 - vue 7/602
-
-
-
- = 4 ==-^......
- Disons tout de suite, en empruntant l’information à notre confrère, le Courrier des Pétroles, que cette seconde région s’est montrée décevante.
- « Les recherches effectuées au Gharb, dans les terrains tertiaires, n’ont pas, jusqu’à présent, donné de résultats. Il semble acquis que des concentrations importantes de pétrole ont peu de chance d’y être rencontrées... »
- LE GISEMENT DU DJEBEL TSELFAT
- Ce nom est celui d’un plissement dont il nous paraît utile de fixer la position géographique : il est situé près de Petitjean, localité comprise dans un triangle démarqué par Fez, Meknès et Port-Lyautey. C’est indiquer là que la distance à la mer n’est que de l’ordre de 100 km.
- De même que dans le Gharb, situé au N.-O. de ce massif, les sondages exécutés au Djebel Tselfat donnèrent des indices encourageants, dès le début des opérations, qui furent poursuivies avec plus d’activité à partir de la visite de M. Louis Pineau, en 1932. On rencontrait partout le pétrole, bien qu’en quantités de médiocre importance. Après quatre années d’études, les ingénieurs et géologues en charge aboutissaient à la conviction que ces dépôts étaient alimentés par une « roche-magasin », placée à une plus grande profondeur.
- Cette déduction allait être brillamment confirmée par la dramatique éruption que la presse a signalée. Le trépan avait atteint la profondeur de 380 m, dans l’un des nombreux puits forés sur la structure, le « T. S. 26 ». Les ingénieurs décidèrent de suspendre les travaux le 7 mars, pour procéder à la vidange de la boue de forage. Il était urgent de prendre des moyens de défense contre une imminente irruption d’eau, car une strate aquifère s’était déjà révélée dans un puits du voisinage, le « T. S.
- 17 », et à peu près à la profondeur que nous venons d’indiquer'.
- Les opérations de vidange se poursuivaient, quand, soudain, un peu avant minuit, le pétrole jaillit du trou de sonde. Malheureusement, la violence du jet arracha presque aussitôt les appareils d’éclairage électrique du derrick, et un court-circuit enflamma instantanément les gaz hydrocarburés qui s’échappaient avec l’huile. Parmi, des tourbillons de fumée noire, une gigantesque torche s’éleva, haute de 80 m, aux dires des témoins.
- On se rendit compte que les moyens généralement employés pour éteindre un puits de pétrole étaient inapplicables. Loin d’être continue, l’éruption se produisait à des intervalles irréguliers, de quatre à dix minutes, si bien que les sauveteurs auraient pu être arrosés, à l’impro-viste, par l’huile enflammée. La chaleur dégagée rendait inabordable le voisinage du puits ; les ouvriers indigènes qui s’en approchaient ne pouvaient le faire que sous les jets d’eau projetés sur eux par une pompe; autrement, leurs vêtements auraient pris feu. Ajoutons que des pluies diluviennes avaient transformé les pistes d’alentour en ornières, infranchissables sauf pour les cavaliers; les secours demandés à Rabat et à Casablanca ne purent atteindre les chantiers que deux semaines plus tard.
- Les ingénieurs s’appliquèrent à régulariser l’éruption. Profitant des moments d’accalmie, ils firent coiffer l’orifice du tube d’un entonnoir de tôle. Le trou de sonde se trouvant à flanc de coteau, il fut désormais facile d’installer un tuyau en plan incliné et de déverser des pierres et du gravier. Les éruptions perdirent de leur intensité, à mesure que l’on réduisait l’issue de l’huile, et le jaillissement devint continu. Mais, pour une cause aussi curieuse qu’imprévue, le feu renaissait sans cesse : la tour de sondage s’était effondrée, dès les premières heures, et les ferrailles, chauffées à blanc, enflammaient les nouvelles émissions de gaz. On se décida finalement à édifier une levée de terre qui recouvrirait peu à peu les fâcheux débris de charpentes métalliques. Entre temps, l’état des routes s’était amélioré; les pompes automobiles de Casablanca purent s’approcher du puits et en terminer avec la besogne d’extinction, le 23 mars.
- COMMENTAIRES ET RACONTARS
- En France, mais surtout au Maroc, l’imagination s’est donné libre jeu au sujet de cet événement. On a cité et imprimé des chiffres très exagérés sur le rendement du « T. S. 26 », et qu’il convient de corriger. Nous tenons de la source la plus autorisée que ce rendement, avant l’obstruction du puits, n’a pas dépassé 140 tonnes par 24 heures. Après l’extinction, c’est-à-dire alors qu’il était presque hermétiquement bouché, il livrait encore 70 tonnes par jour. Même au cours de la période d’incendie, on a pu récupérer une bonne quantité
- Fig. 5. — Chantier du Tselfat.
- Une sonde en production avec aéromoteur.
- p.4 - vue 8/602
-
-
-
- 5
- de pétrole, en profitant des accalmies.
- Assurément, ce chiffre de 140 tonnes apparaît bien médiocre, si nous le comparons à ces puits du gisement de Kirkouk, que nous avons décrits dans La Nature et qui ont un rendement individuel de 10000 tonnes par 24 heures en moyenne. Mais il ne faut pas oublier que c’est la première fois qu’un jaillissement de cette importance se produit dans l’Afrique du Nord. Il n’est donc pas exagéré de dire que les chercheurs de pétrole reçoivent là comme un commencement de récompense, bien accueilli, certes, après tant d’années de prospections et de travaux dont le coût peut être évalué à quelque 100 millions de francs. Au Maroc seul, les opérations entreprises depuis la fin de la guerre, tant par des compagnies privées que par des organismes officiels, ont entraîné une dépense totale de l’ordre de 60 millions. Pour employer ici une expression quelque peu triviale, on s’est beaucoup « excité », depuis l’éruption du 8 mars, en France comme au Maroc, « sur » les possibilités pétrolières du Protectorat. Les demandes de permis de recherches ont afflué à Rabat. Mais voici mieux : un ingénieur qui revient de cette ville m’affirme que, durant les deux semaines qui suivirent le jaillissement, le gouvernement chérifien reçut trente-cinq dépêches, demandant chacune une concession de terrain en vue d’y construire une raffinerie de pétrole! Et allez donc, après cela, reprocher aux Français de manquer d’esprit d’initiative !
- Un pareil établissement devrait pouvoir compter sur une production annuelle de 200 000 tonnes de « brut », au minimum, et l’on a vu que nous sommes loin de ce chiffre. Scientifiquement parlant, on ne possède encore aucune preuve qu’il soit jamais atteint. Hors du fait que nous savons, désormais, que le Maroc recèle de l’huile minérale en profondeur, tout ce que l’on pourrait dire, sur le sujet relèverait du domaine de l’hypothèse. La sonde a touché, au Djebel Tselfat, un rassemblement de pétrole relativement important; mais il faudra poursuivre recherches et travaux pendant longtemps et creuser bien des puits, avant de résoudre ce problème : n’a-t-on découvert là qu’une nappe isolée d’extension purement locale, ou, au contraire, fait-elle partie d’un horizon pétrolifère qui s’étendrait dans la région ?...
- LES BIENFAITS DE LA COOPÉRATION
- Nous ne ferions pas peuve de sagesse en allant plus loin, dans nos conclusions : ce jaillissement du Djebel Tselfat doit être considéré comme un espoir; et c’est déjà beaucoup, puisque, après tant d’années d’infructueuses prospections, on peut maintenant parler des « possibilités » pétrolières du Maroc, et non plus de « probabilités ».
- Ce résultat, où l’on peut voir comme un tournant dans l’histoire « pétrolière » de notre pays, nous le devons en majeure partie, ainsi que nous l’avons indiqué au cours de cette étude, à M. Louis Pineau et à l’organisme qu’il
- Fig. 6. — L’éruption de la sonde Erik Labonne le 8 mai 1934.
- dirige depuis sa fondation, en 1925. Nous sommes certain que nos lecteurs accueilleront avec intérêt quelques détails sur le fonctionnement de l’Office national des Combustibles liquides et sur les services qu’il a déjà rendus au pays.
- Nous lui devons notamment la création d’une flotte de navires-citernes qui totalise aujourd’hui 400 000 tonnes, alors qu’elle n’en comptait que 45 000 au lendemain de la guerre. Nous devons à notre « politique du pétrole », dont M. Louis Pineau fut le premier champion, de posséder désormais des raffineries (telle la Raffinerie de Normandie), que les Américains eux-mêmes peuvent considérer comme des modèles. C’est encore à cet Office que nous devons la création, à Strasbourg, de l’École nationale supérieure du Pétrole, qui produit enfin des ingénieurs spécialisés dans cette industrie. Nous manquions surtout de maîtres-sondeurs : avec le concours de la Société de Pechelbronn, en Alsace, l’Office a comblé cette lacune en organisant un enseignement technique sur le gisement de cette compagnie. Et nous avons montré plus haut de quelle activité il a fait preuve en cherchant des gisements dans plusieurs de nos colonies.
- N’ayons pas crainte de le répéter : c’est en obtenant une entente entre l’initiative privée et l’initiative officielle que le directeur de l’Office national des Combustibles liquides nous a enrichis de cet espoir, que je viens peut-être de formuler trop timidement.
- Il y a du pétrole au Maroc. Jusqu’à plus ample informé, contentons-nous de cette affirmation et des promesses qu’elle comporte. Victor Forbin.
- p.5 - vue 9/602
-
-
-
- LE RAYONNEMENT COSMIQUE
- (Suite et fin, voir nos 2929, 2930 et 2931)
- THÉORIE DE SIR JAMES JEANS
- Sir James Jeans, le célèbre savant anglais, explique la production des constituants les plus durs du rayonnement cosmique en admettant l’existence, dans certaines régions de l’espace, de 'processus d’annihilation partielle ou totale de la matière. Dans certaines conditions de pression et de température, la masse d’un atome se transformerait partiellement en rayonnement.. Certains atomes complexes se dégraderaient, pour ainsi dire, et .donneraient naissance à des atomes de structure plus simple. Le poids atomique d’un atome partiellement annihilé se trouve diminué et l’énergie équivalente à la perte de masse de l’atome se retrouve précisément dans la radiation émise par suite de l’annihilation.
- Des considérations théoriques sur le bilan énergétique de l’univers ont conduit les astrophysiciens à admettre l’existence des processus d’annihilation, ce qui est d’ailleurs compatible avec les conceptions modernes sur la matière et les radiations.
- Nous savons, en effet, que l’énergie rayonnée, sous les différentes formes où nous la rencontrons dans la nature, provient principalement de perturbations atomiques plus ou moins profondes.
- L’atome constitue, en dernière analyse, une sorte de réservoir d’énergie et de masse, masse et énergie formant deux aspects différents d’une même réalité, dont l’essence nous échappe.
- Un atome peut, dans certains cas, libérer une partie de son énergie interne, soit spontanément, comme dans le cas des désintégrations radioactives, soit à la suite d’une intervention puissante venant de l’extérieur [bombardement de l’atome à l’aide de particules corpusculaires ou ondulatoires de très grande énergie]. Selon Jeans, l’atome peut aussi, dans certains cas, libérer une partie de sa masse sous forme de radiations ondulatoires.
- On sait que les radiations ondulatoires possèdent une structure discontinue, granulaire, comme la matière et forment de véritables atomes de lumière, appelés photons.
- Le photon possède une masse, dont la valeur augmente proportionnellement à la fréquence de la radiation donnée.
- Dans le cas de l’annihilation partielle d’un atome, la masse du photon émis est égale à la masse perdue par l’atome décomposé. Nous sommes alors en présence d’une véritable fragmentation de l’atome qui se brise en deux parties : une partie de sa masse se retrouve dans celle du photon formé par l’annihilation et l’autre est celle de l’atome après la fragmentation.
- Or l’étude des courbes d’absorption du rayonnement cosmique dans la haute atmosphère a montré l’existence de bandes de très grande énergie. Si l’on admet la nature ondulatoire du rayonnement cosmique, on trouve par le calcul que les deux types de photons les plus massifs
- que l’on rencontre dans ces bandes de très grande énergie possèdent une masse relativement élevée. Jeans considère qu’il est impossible d’expliquer autrement l’origine de ces photons qu’en admettant une annihilation de la matière. Les autres transformations atomiques ne sont'1 pas capables d’engendrer des photons possédant un quantum si élevé.
- Cette annihilation pourrait par exemple avoir lieu dans des types d’atomes inconnus à la surface de la Terre, peut-être des atomes de poids atomique plus élevé que celui des atomes terrestres. Il est probable que les étoiles jeunes produisent leur rayonnement par annihilation de leur masse. En faveur de cette hypothèse audacieuse militerait le fait que les étoiles qui semblent les plus jeunes [telles les étoiles doubles] sont aussi généralement les plus massives. Au cours de leur vie, un grand nombre de leurs atomes subirait une annihilation accompagnée de radiations extrêmement pénétrantes.
- Jeans à également montré par le calcul que le choc d’un électron contre un proton avec destruction de matière pourrait donner lieu à une émission de photons extrêmement pénétrants [1,3 x 10 12 cm environ]. Ces photons seraient engendrés dans les nébuleuses spirales. Ces rayons ultra-gamma doivent alors être accompagnés d'électrons ultra-rapides et c’est cet ensemble qui formerait la radiation cosmique primaire.
- La radiation cosmique se composerait ainsi principalement de photons dont les masses seraient comparables à celles d’atomes complets [hydrogène et hélium]. L’annihilation qui donne naissance à ces photons est probablement indépendante de la température et de la pression, comme les phénomènes radioactifs observés sur la Terre.
- THÉORIE DE L’ABBÉ LEMAÎTRE
- Le célèbre astronome, l’abbé Lemaître, professeur à l’université de Louvain, a émis sur l’origine et la nature du rayonnement cosmique une théorie extrêmement audacieuse et qui concorde bien avec les vues de Sir James Jeans.
- On sait que l’on doit à l’abbé Lemaître une théorie remarquable sur l’expansion de l’Univers, théorie qui a eu un retentissement considérable et une influence profonde sur nos conceptions relatives à l’origine et à l’âge de l’univers.
- Les observations astronomiques récentes semblent indiquer que l’univers se dilate actuellement [les nébuleuses dont est rempli l’univers s’éloignent avec une vitesse assez grande]. L’univers, loin d’être stable, se gonflerait comme une bulle de savon géante, son rayon variant entre deux limites extrêmes [univers oscillant].
- Cette théorie est en accord avec la théorie de la relativité généralisée qui suggère la possibilité de la dilatation de l’univers.
- La structure actuelle du monde est donc purement éphémère et passagère et notre univers serait infini-
- p.6 - vue 10/602
-
-
-
- 7
- ment moins stable et surtout infiniment plus jeune que nous ne le soupçonnions jusqu’à présent.
- La vie totale de Tunivers ne serait que de quelques centaines de milliards d’années, chiffre qui est ridiculement petit à côté de ceux que les astronomes admettaient jusqu’à présent.
- Les rayons cosmiques seraient « les témoins attardés » de la naissance des étoiles et auraient pris naissance avant l’expansion actuelle.
- Les rayons cosmiques possèdent, en effet, une énergie à laquelle on peut seulement comparer l’énergie équivalente de la matière stellaire.
- Leur intensité est estimée à un dixième environ de l’énergie totale que la Terre reçoit des étoiles. S’ils sont d’origine cosmique, c’est-à-dire uniformément répartis dans l’espace, il faut leur assigner une énergie beaucoup plus grande encore. Leur énergie totale serait, comme le montre le calcul, du même ordre de grandeur que l’énergie globale de la matière.
- Cette énergie considérable a conduit l’abbé Lemaître à admettre que les rayons cosmiques ont dû naître des étoiles. Or, aujourd’hui, les étoiles sont entourées d’une atmosphère épaisse et absorbante qui empêcherait complètement l’évasion des rayons cosmiques hors de celles-ci. Il semble donc que les rayons cosmiques se soient échappé des étoiles lorsque celles-ci étaient encore dépourvues d’atmosphère; leur naissance remonterait donc à une dizaine de milliards d’années : les rayons cosmiques constitueraient des phénomènes secondaires de la formation d'une étoile. La cosmogonie serait, selon l’expression frappante de l’abbé Lemaître, une sorte de physique atomique à très grande échelle de temps et d’espace.
- La naissance d’une étoile proviendrait de la désintégration d’un super-atome d’un poids un peu supérieur au poids actuel de l’étoile. Cette transformation superradioactive serait accompagnée de l’émission d’un rayonnement complexe extrêmement dur, qui serait précisément le rayonnement cosmique.
- Le rayonnement cosmique serait, comme les rayons radioactifs connus sur la Terre, formé de photons, de particules alpha [noyaux d’hélium] et peut-être même de rayons inconnus de masse et de charge plus élevées.
- A l’origine, toute la masse de l’univers était concentrée dans un seul super-atome géant; le rayon de l’univers était alors très petit.
- L’univers actuel résulte de la désintégration de cet atome géant primitif; les rayons cosmiques engendrés au cours de ces désintégrations successives voyagent depuis la naissance des étoiles à travers l’univers qui se dilate et leur énergie diminue au fur et à mesure que le rayon de l’univers augmente.
- La théorie de l’abbé Lemaître montre éloquemment l’importance théorique du rayonnement cosmique, qui a déjà entraîné une révision complète des hypothèses cosmogoniques.
- Un progrès décisif dans cette voie aura certainement des répercussions profondes sur nos idées relatives à l’origine et à la destinée de l’mhvers.
- THÉORIE DE MILLIKAN
- Le grand spécialiste du rayonnement cosmique qu’est le physicien américain Millikan rattache la formation des rayons cosmiques à un processus de construction d'atomes.
- A l’opposé des théoriciens qui expliquent l’origine du rayonnement cosmique par la destruction partielle des atomes complexes, Millikan soutient avec énergie que les rayons cosmiques, ou tout au moins la plus grande partie de ce rayonnement, ne sauraient provenir, comme l’admettent Jeans et Lemaître, de l’annihilation de la matière, mais surtout d’une sorte d'intégration de la matière à partir d'éléments légers.
- Aucune autre transformation atomique n’est capable, selon Millikan, de fournir l’énergie .de la bande des rayons cosmiques qui transporte 90 pour 100 de l’énergie de ces rayons.
- Les rayons cosmiques sont, comme s’exprime Millikan, « les signaux qui nous avertissent, par sans fil, de la construction, dans l’espace intersidéral, des éléments les plus lourds à partir des plus légers ».
- L’étude de la co îrbe d’absorption du rayonnement cosmique dans la haute atmosphère conduit Millikan à admettre que c’est la construction d'hélium à partir d’hydrogène qui correspond à la formation de la composante de la radiation cosmique transportant la plus grande partie de l’énergie cosmique qui pénètre dans l’atmosphère terrestre. L’hydrogène qui entre dans la constitution des nébuleuses et des étoiles jeunes donnerait naissance aux rayons cosmiques lorsqu’il se condense pour former l’hélium.
- La condensation de plusieurs noyaux en un seul et, dans notre cas, la condensation des 4 noyaux d’hydrogène [protons] en un noyau d’hélium correspond, conformément à la théorie d’Einstein, à la disparition d’une partie de la masse des noyaux composants.
- L’énergie correspondant à la masse perdue lors de la condensation est très grande et se retrouve dans le quantum du photon [rayon cosmique] libéré lors de la formation du noyau d’hélium.
- Millikan et Cameron soutiennent, d’autre part, que l’étude de la courbe complète des rayons cosmiques suggère l’existence de trois autres bandes, qui correspondraient à trois autres groupes d’éléments abondants dans l’univers, le groupe de l’oxygène, le groupe du silicium et le groupe du fer. Ces trois bandes proviendraient de la construction de ces éléments à partir des noyaux d’hélium.
- L’hypothèse de la construction d’atomes dans l’espace interstellaire est suggérée par le fait que tous les atomes semblent être construits à partir de l’hydrogène.
- Il est donc naturel de supposer que ce processus de construction existe effectivement quelque part dans l’univers,
- Ces changements atomiques profonds, s’ils existent, doivent être plus faciles dans l’espace intersidéral que partout ailleurs, car la matière y est extrêmement raréfiée, ce v qui permet aux différents corpuscules de très grands parcours libres de tout choc.
- p.7 - vue 11/602
-
-
-
- 8
- Un groupe formé de quatre noyaux d’hydrogène très rapides posséderait dans ces conditions une certaine probabilité de les unir en franchissant les barrières de potentiel très élevées qui existent autour de chaque noyau et en défendent l’accès. Ces quatre noyaux d’hydrogène [protons] s’uniraient alors spontanément pour former un noyau d’hélium avec émission de la radiation principale du rayonnement cosmique.
- Millikan n’exclut pas complètement la possibilité du processus d’annihilation de la matière, tel que l’admet Jeans, mais il lui accorde un rôle secondaire dans la for mation du rayonnement cosmique. Ce processus ne correspondrait, selon Millikan, qu’à la production d’une très faible partie du rayonnement cosmique global et pourrait avoir lieu spontanément, ou bien être provoqué par l’incursion d’un électron très énergique dans le noyau. Ce processus d’annihilation donnerait naissance aux composantes les plus dures du rayonnement cosmique.
- THÉORIE DE DAUVILLIER
- La théorie originale de Dauvillier mérite d’être signalée. Elle diffère beaucoup des théories de Jeans, Lemaître et Millikan. Ce physicien admet, en effet, que le rayonnement cosmique est un phénomène secondaire auquel donnent naissance les électrons ultra-rapides, d’origine solaire, lorsqu’ils frappent les molécules d’azote, très rares, qui subsistent, selon Dauvillier, aux très hautes régions de l’atmosphère.
- Le Soleil, comme tous les corps incandescents, émet des électrons qui sont lancés dans toutes les directions par le champ électrique solaire extrêmement intense [correspondant à 10000000000 de volts!]. Ces électrons ultra-rapides traversent l’espace vide qui sépare la Terre du Soleil et conservent par conséquent toute leur vitesse initiale. Ces électrons, malgré leur vitesse énorme, subissent l’action puissante du champ magnétique de la Terre qui les enroule autour de ses lignes de forces. Les électrons sont ainsi « aspirés » vers les pôles magnétiques de la Terre.
- Dans les très hautes régions de l’atmosphère, les électrons solaires dont la vitesse diffère très peu de celle de la lumière [300 000 km moins 30 cm !] rencontrent les molécules gazeuses qui y sont disséminées.
- Lorsque le choc est central, « de plein fouet », les atomes ainsi frappés sont profondément excités et émettent un rayonnement X ultra-dur par un mécanisme semblable à la production des rayons X. Les rayons cosmiques ne seraient donc que des rayons X ultra-durs produits dans les très hautes régions de l’atmosphère.
- Les électrons solaires, qui frappent les atomes rencontrés avec moins d’efficacité, provoquent seulement une « ionisation », c’est-à-dire arrachent à ces atomes des électrons qui s’en vont animés de vitesses considérables, mais bien plus faibles que celles des électrons solaires. Ces électrons secondaires sont plus facilement incurvés par l’action du champ magnétique de la Terre et produisent, à une hauteur de 100 km environ du sol, les phénomènes divers de l’aurore boréale.
- La théorie de Dauvillier, qui reprend les hypothèses
- de Stoermer, a l’avantage d’expliquer à la fois l’origine des aurores boréales et du rayonnement cosmique. Elle concorde bien avec les récentes expériences effectuées par la mission polaire et avec les résultats des recherches de Clay, Compton, Leprince-Ringuet, P. Auger, etc. La variation sensible de l’intensité du rayonnement cosmique avec la latitude magnétique serait due à l’action du champ magnétique terrestre sur les électrons primaires, chassés par le Soleil.
- Mais par contre l’hypothèse de Dauvillier n’explique pas [si l’on admet que les électrons solaires sont seuls responsables de la formation de la radiation cosmique], l’existence de bandes bien délimitées dans le rayonnement cosmique. Si le rayonnement cosmique est formé uniquement des rayons ultra X engendrés par les électrons solaires, il doit comprendre une bande continue de fréquences, limitée du côté des courtes longueurs d’onde [la longueur d’onde la plus courte correspond aux électrons solaires les plus rapides].
- Or la bande du rayonnement cosmique semble, au contraire, posséder une structure discontinue.
- A la théorie de Dauvillier se rattachent les théories qui admettent l’existence de champs électriques cosmiques intenses, lesquelles accélèrent les particules chargées qui circulent dans les espaces interstellaires et les rendent capables d’engendrer les rayons cosmiques.
- autres théories
- D’autres, comme Heisenberg, assimilent les rayons cosmiques à des électrons très rapides.
- Eddington voit l’origine du rayonnement cosmique dans la poussière cosmique. Une partie du rayonnement cosmique pourrait, par exemple, être formée de radiations corpusculaires qui seraient des phénomènes secondaires du passage de la radiation primaire de nature ondula -toire, à travers la poussière cosmique.
- Les découvertes récentes du neutron et de l’électron positif et les modifications que ces découvertes ont apportées dans nos idées sur la constitution des noyaux atomiques, ont obligé les théoriciens à reviser leurs théories et à reprendre, sur ces nouvelles bases, les calculs sur les processus capables d’engendrer des radiations d’énergie semblables à celles des rayons cosmiques.
- Les recherches théoriques auxquelles les récentes découvertes astronomiques [expansion de l’univers] et les découvertes de nouveaux composants de la matière [neutrons, électrons positifs], ont donné une impulsion vigoureuse, sont loin d’avoir abouti à une explication satisfaisante du rayonnement cosmique.
- Les meilleurs expérimentateurs et les théoriciens du monde entier travaillent avec acharnement pour apporter un peu de lumière sur ce problème difficile et d’importance capitale, qui nous met en présence de la source d’énergie la plus puissante, peut-être, de l’univers.
- Marc Lesage.
- p.8 - vue 12/602
-
-
-
- 9
- : UNE MAIN DE FER ....
- LA PROTHÈSE MÉCANIQUE AU MOYEN AGE
- Les prothèses destinées à remplacer un membre absent ont, depuis la guerre, acquis une extension inconnue jusqu’alors. Mais ne croyons pas que ces mains et pieds articulés soient nés de notre cerveau moderne dont l’activité vise à remplacer l’homme par la machine. Les jambes et bras mécaniques ont pris naissance dans le besoin inné qu’a l’homme de se mouvoir, quand ses membres naturels lui font défaut. Et les accidents et amputations datent de tous les âges.
- L’histoire antique, grecque et romaine, ne nous a pas laissé dans ses archives souterraines le mécanisme savant d’un bras de fer de quelque légionnaire amputé; mais le moyen âge en revanche a eu ses jambes et ses bras de fer articulés qui ont fait l’admiration de tous les artisans et médecins des siècles postérieurs. C’est vers la fin du xve siècle que nous soupçonnons leur existence. En 1552 dans l’ouvrage intitulé « Manière de traicter les playes faictes tant par arcquebuses que par flèches », on voit une curieuse figure de jambe artificielle articulée qui a été exécutée sur les dessins d’Ambroise Paré (fig. 1).
- La jambe ayant été coupée au-dessus du genou, Ambroise Paré encastre le moignon dans un étui de même forme reposant sur un déclic articulé, qui libéré par une ficelle commandée par le sujet fait ployer la jambe de bois se terminant par un pied lui-même mécanique. Ce pied fléchi par le poids du corps projeté en avant revient à sa position première par .un fort ressort de rappel. Cette carcasse mécanique est alors cachée dans une jambe artificielle de forme normale, attachée au corps par trois fortes courroies. Elle ne diffère en
- Fig. 2. —- La main de fer de Balbronn lors de sa découverte.
- On remarque à gauche, le mécanisme des doigts, et à droite, la liaison de l’avant-bras et du coude.
- Cliché Forcer. Musée de Strasbourg.
- Fig. 1. —- Jambe mécanique artificielle du XVIe siècle.
- Le mécanisme exposé en détail à droite, dans la position droite et fléchie, est recouvert à gauche de la cuirasse de parade. (D’après Ambroise Paré.)
- rien extérieurement des jambes des cuirasses des chevaliers du Moyen Age.
- Mais dans les batailles des xve et xvie siècles la perte des membres supérieurs était plus fréquente; aussi les mains et bras de fer qui nous sont restés sont plus nombreux.
- En 1908, dans la partie nord-ouest des premiers contreforts des Vosges, aux environs de Molsheim, à Balbronn (Bas-Rhin) on découvrit dans le chœur de l’église de style gothique une main de fer au milieu d’ossements, (fig. 2). Sur la plaque funéraire on lisait cette inscription en allemand. « En Vannée 1563, le 30e jour du mois de juin, (ont été ensevelis) le défunt Junker Hans de Mitelhausen et sa femme Barbe H if 1er i ».
- Quel est ce noble alsacien ? Un écusson gravé sur la plaque et surmonté
- p.9 - vue 13/602
-
-
-
- 10
- d’un heaume qui porte pour cimier un buste de femme couronnée, fascé d’or et de sable est surmonté de trois petites collines. Or, en 1562 un Adam de Mitelhausen était bailli à Haguenau et le dernier rejeton de la famille s’éteignit en février 1634. Junker Hans appartenait à cette famille de seigneurs. On pense que ce fut
- Fig. 3. -— Reconstitution de la main de fer de Balbronn. ü) Vue de i'ace. Le pouce est étendu, l’index et le majeur recourbés.
- b) Vue du dedans. Tous les doigts sont étendus.
- c) Le coude est ployé et tous les doigts sont contractés.
- Cliché Forrer. Musée de Strasbourg.
- pendant la guerre des paysans (Bauernkrieg), en 1525 qu’il eut le bras gauche emporté par un boulet ou coupé par un coup de faux, lorsqu’il essayait de dominer ses sujets révoltés. Pour comprendre l’usage et le mécanismè de cette prothèse, il faut nous reporter à la main de fer de Goetz von Berlichingen si connue en Allemagne.
- LA MAIN DE FER DE GOETZ VON BERLICHINGEN
- Ce chevalier était né en 1481 à Jagsthausen, en Wurtemberg; alors qu’il bataillait près de Landshut en 1504, il eut la main droite arrachée par un boulet. Alité, il se souvint que dans sa jeunesse un certain Reuter Ilohenlohe s’était fait fabriquer une main artificielle qui lui permettait de tenir son épée pendant la bataille. Ce qui prouve que les prothèses de ce genre étaient connues dès le xve siècle. Goetz von Berlichingen combina alors lui-même les diverses pièces de sa main future et les ht exécuter par un armurier de Olnhausen, village voisin de Jagsthausen. Après la mort de ce courageux chevalier qui survint en 1562, la main de fer qui émerveillait les contemporains fut acquise par un collectionneur de curiosités, le duc de Iîornstein. Ce ne fut qu’en 1788 que la famille de ce dernier la rendit aux Berlichingen. C’est alors qu’un conseiller de la cour, Chr. von Mechel la dessina en grandeur naturelle ainsi que toutes les pièces, et en 1815 un livre la ht connaître au public. Notons enfin qu’elle fut exposée en 1906 au musée de l’Impératrice (Friedrichs-Haus) comme pièce médico-historique. Actuellement elle est au Musée de Berlin.
- D’abord pourvue d’un avant-bras en fer poli, sorte de tube plein qui s’ouvre en longueur sur le côlé par un couvercle en charnière, pour permettre l’introduction de l’avant-bras mutilé, serré alors par des lanières de cuir, la main proprement dite comporte les mouvements suivants : les quatre doigts principaux se meuvent avec toutes les phalanges, pha-langines et phalangettes, soit ensemble, soit séparément. Si la main gauche leur imprime une pression extérieure, ces doigts gardent leur courbure, jusqu’à ce qu’on appuie sur un gros bouton extérieur qui les remet dans leur première position étendue. Un autre bouton faisait de même fonctionner le pouce. Le poignet enhn allait d’avant en arrière et un troisième bouton le ramenait dans son premier état. Cette main mécanique de fer exécutait donc presque tous les mouvements de préhension nécessaires pour un guerrier dont la main droite doit manier le sabre, tenir les rênes du cheval, porter lé drapeau ou la lance.
- Avant que l’armurier dé Olnhausen fut parvenu à ce degré de précision, il en avait fabriqué une, moins artistique et plus simple, en 1505, et quand le chevalier alsacien von Mitelhausen lui en commanda une troisième
- p.10 - vue 14/602
-
-
-
- 11
- en 1526, il se trouva prêt à lui fournir un modèle perfectionné supérieur à celui de Goetz.
- LA MAIN DE FER DU CHEVALIER VON MITELHAUSEN
- Examinons cette main exposée au Musée gallo-romain de Strasbourg, exacte reconstitution de la pièce originale endommagée par la rouille, dont nous devons les clichés à son conservateur M. Forrer que nous remercions chaleureusement ici i1).
- Junker Ilans de Mitelhausen ayant perdu l’avant-bras, il fallut construire un avant-bras artificiel avec un coude articulé. Pour alléger la charge, on l’évida de manière à lui donner l’aspect de bandes métal liques. L’articulation du coude se fait par une roue dentelée de 4 cm de diamètre sur laquelle passe une petite barre de fer qui attire ou éloigne le bras.
- Quand la main droite ramène la main de fer à la poitrine, un ressort comprimé lui fait garder cette position; en appuyant sur un bouton le bras par son propre poids revient droit. Ceci manque à la prothèse de Goetz, qui avait conservé son coude naturel; en revanche le mécanisme des doigts lui est à peu près semblable (fig. 3).
- Par une impulsion plus ou moins forte, tous les doigts se contractent selon le principe des lames de couteau; en pressant sur le bouton dorsal qui commande les quatre doigts et en appuyant sur le bouton latéral du pouce, toutes les phalanges et articulations se détendent.
- Un tel travail de ferronnerie n’était pas à la portée des bourses communes. Aussi les nobles seuls pouvaient s’offrir le luxe d’une telle armure. Deux autres pièces du même genre existent dans les collections Zschille et Gimbel (2). Mais dans cette dernière le coude n’est pas articulé. Le greffier Paulus Jovius rapporte que le pirate turc Horuk, surnommé Barbarossa Ier, qui avait été appelé par le Dey d’Alger en 1510 pour repousser les Espagnols, perdit sa main droite au siège de Bugia et se fit fabriquer une main mécanique pour tenir son épée dans les combats.
- De même le duc Christian de Brunswig, le 18 août 1622, à la bataille de Fleury, vers la fin de la cinquième attaque reçut un coup d’épée à la main gauche. La gangrène s’y étant mise on lui coupa la main. C’est alors qu’un artisan hollandais lui fabriqua un bras de fer qui s’adaptait à son avant-bras droit par des lanières d’or. Il pouvait, dit la chronique, le faire mouvoir et toucher toutes sortes de choses. On alla même plus loin. En 1809, un ingénieur de la cour royale avait construit un meuble curieux pour Sa Majesté. C’était un secrétaire mystérieux qui recélait un coffret secret à chiffre. Si quelqu’un s’avisait de toucher ce meuble, il était brusquement saisi par deux mains de fer tandis que de l’intérieur une trompette appelait à l’aide.
- Notons enfin, qu’à Paris, le fils du fermier général de la Régnière, amputé double, se servait avec succès de
- 1. R. Forrer. Anzeiger für Elsassische Alterlumskunde, août 1918, p. 981.
- 2. Lepkeschen Versteigerungskatalog, n° III, tab. VII.
- Fig. 4. — Main de parade en fibre.
- Par un mouvement de l’épaule sur les courroies, tous les doigts se contractent pour la préhension. (Cliché Streisguth. Strasbourg.)
- deux mains artificielles exécutées en 1772, par le célèbre horloger suisse Henri Louis Jacquet-Droz.
- PROTHÈSES MODERNES
- La grande guerre remit la question des prothèses à l’ordre du jour. Le moyen âge avait inventé des bras de fer d’une lourdeur fatigante à cause de l’emploi de l’armure et de la cuirasse nécessaire dans les combats à blanche, mais notre vie moderne ne peut s’en
- arme
- Fig.
- Le mutilé avec l’habitude se donne Villusion de posséder une main naturelle.
- Il peut prendre tous les menus objets.
- Cliché Streisguth. Strasbourg.
- p.11 - vue 15/602
-
-
-
- 12
- Fig. 6. — Main de plombier.
- La fermeture s’obtient par vissage opéré par la main valide.
- accommoder. Qu’exigent les mutilés ? Une prothèse appropriée à chaque genre de mouvement et de métier. Il y aura la main de parade chargée de rendre, dans la vie quotidienne, les menus services, et de dissimuler au mieux l’infirmité devant la société. Il y aura ensuite la main-outil qui doit travailler utilement dans un métier déterminé.
- La main de parade peut être en bois ou en feutre. Cette dernière matière est aujourd’hui préférée à cause de son élasticité. Cette main devra permettre dans la position verticale la suspension des objets courants : le transport d’un paquet, d’un seau, d’une valise. Les doigts doivent alors être, disposés en crochet et le pouce bien opposé. Evidemment la main prothétique devrait rappeler la forme exacte de la main naturelle. Mais cela n’est pas possible. Elle peut avoir la même largeur, mais non la même forme. Dans l’aspect vertical, elle sera plus courte que l’autre main saine, et fléchie elle s’avancera moins. Ceci pour permettre une meilleure utilisation personnelle.
- L’index et le médius seront de même longueur; car si le médius dépassait, comme il est rigide, il repousserait l’objet que la tenaille pouce-index devrait saisir. A-t-on remarqué que notre main naturelle a des doigts de longueur très différente qui instinctivement se rangent à la même hauteur quand la main se referme ?
- Enfin les ongles devront être bien marqués pour mieux saisir les objets. C’est son second rôle de préhension.
- Il y a tant de menus objets qui passent dans la main durant une journée ! Un couteau, un crayon, une ciga-
- Fig. 7. — Pince Dezavis à mors larges.
- Se referme par excentrique manoeuvré au moyen d’un levier.
- rette, pne boîte d?allumettes,i, un; yerre, un livre, un carnet, un mouchoir... etc. Le mécanisme de préhension sera constitué par Tindex et le médius d’une part et le pouce d’autre pàrt spffjsamment recourbé pour tout saisir à la façon d’üiiè tenaille.
- Les doigts peuvent être articülés à l’aide de ressorts et le pouce monté sur charnière de manière qu’il puisse être déplacé sur le côté ou amené en avant selon le genre de travail que le mutilé demande momentanément ' à sa main.
- Nous donnons ici l’exemple d’une main de parade conçue par la maison Streisguth de Strasbourg, adoptée par le Ministère des Pensions et en usage dans beaucoup de centres d’appareillage, (fig. 4).
- L’armature de chaque doigt est formée par des leviers souples à la hauteur des articulations naturelles. Des ressorts à boudin imitant la forme naturelle des doigts recouvrent ces leviers et les font revenir automatiquement à leur position normale étendue. Un gant en une espèce de peau élastique et souple revêt le tout pour donner aux doigts une consistance naturelle. Leur rétraction s’obtient au moyen de tirants fixés à l’extrémité de chaque doigt, réunis en un seul à l’intérieur du poignet et commandés par un fil métallique qui va chercher sa fixation à l’avant-bras ou à l’épaule. Avec ce bras de 550 gr, tout mutilé peut accomplir les besognes journalières les plus usuelles comme celle de saisir un verre (fig. 5) ou prendre une bouteille.
- Les constructeurs modernes cherchent à éviter l’emploi des engrenages, pignons cliquets, poulies, tendeurs exigeant une surveillance d’entretien et de réglage fréquente et qui s’étaient multipliés à l’envi sitôt la fin de la guerre dans les centres de prothèses mondiaux. On voulait alors une main mécanique qui aurait assuré tous les mouvements de la main perdue.
- Le bras Carnes, d’origine américaine, qui a été très préconisé en Allemagne par des médecins amputés, est constitué par près de 150 pièces. Ceux-ci, adroits et particulièrement énergiques, l’utilisaient d’une manière remarquable. La main Vallée présentait, elle, un pouce articulé qui s’ouvrait et se refermait automatiquement sous l’impulsion de l’air chassé d’une petite vessie en caoutchouc placée sous l’aisselle et que l’articulation de l’épaule comprimait ou dilatait à volonté.
- La main Canet dont tous les doigts sont articulés semble vivre grâce à des tirages de câble dont les commandes agissent d’après les mouvements du thorax que nous pouvons gonfler à volonté. En soulevant la poitrine, la main s’ouvre, en bombant le dos, le coude se fléchit, etc...
- On pourrait encore citer beaucoup de ces ingénieuses productions. Mais l’expérience a montré depuis 15 ans que 50 à 60 pour 100 des pensionnés de guerre ont délaissé ces savants appareils articulés à l’extrême parce qu’ils ne leur donnaient aucune précision du toucher et beaucoup préfèrent alors, dans ce cas, utiliser simplement leur moignon. En effet que de révélations nous indique un simple toucher ! Le froid, le chaud, le dur, le mou, le rugueux, le moelleux, l’élastique sont autant de facteurs qu’une main artificielle ignore et qui en
- p.12 - vue 16/602
-
-
-
- 13
- A -"ns
- Fig. 8 (à gauche). — L'opération musculaire d'un moignon.
- Les tendons sectionnés sont rattachés bout à bout par-dessus le canal d’ivoire.
- Fig. 9 (à droite). — L'action musculaire, s'exerçant dans le sens de la flèche produit l'ascension de la cheville d'ivoire (en pointillé), déterminant par traction sur le lien, un mouvement mécanique de la prothèse.
- quelques secondes nous permettent de juger la nature ou la fabrication d’un objet.
- Sans doute on trouvera toujours dans le nombre des mutilés, des acrobates qui, à force de volonté et d’adresse, vendront des lacets, rendront la monnaie, s’habilleront et se déshabilleront entièrement seuls avec un simple crochet.
- On trouvera même des esprits inventifs qui construiront eux-mêmes leur bras mécanique, nouveaux Goetz du xxe siècle, comme ce Canadien qui, il y a deux ans, avait confectionné avec des morceaux de pneus d’auto tout un bras articulé fort remarquable; mais la généralité des cas préfère un modèle analogue à la figure 3, propre à être utilisé pour tout et partout.
- Autre chose est la main-outil qui doit permettre au journalier de pratiquer son métier. Peu importe que dans ce cas la prothèse ait la forme esthétique de la main naturelle; elle doit être avant tout, robuste, simple et fixe. L’homme qui vit du travail de son bras doit posséder un appareil rationnel adapté à la spécialité de son métier qui exige certains gestes, certains réflexes, toujours les mêmes.
- La main sera dans ces cas un outil.
- Donnons un bref aperçu de quelques modèles. Le plombier sera pourvu d’une sorte de pince universelle formant deux tenailles superposées et dont le champ intérieur sera garni de dents de scie, pour saisir les tuyaux métalliques et pièces cylindriques. Sur le côté, une longue vis garnie d’un écrou et tournée par la main valide assure la fermeture hermétique et constante (fig. 6).
- Le cultivateur, l’artisan en chambre, aura une pince Dezavis à mors larges et concaves saisissant les objets à la manière d’une pince à sucre (fig. 7). La pince universelle Lumière est employée dans l’agriculture pour retourner la charrue, tenir la faux, manier la pelle ou la brouette...
- Enfin chaque profession aura à la place de la pince, son outil propre fixé au bout du bras de bois, de fer ou de fibre.
- Le Docteur Bourreau de Tours, propagandiste du bras de travail, a créé toute une série de mains de facteur, lamelles métalliques qui pincent les lettres, de vigneron qui coupent et arrachent les ceps et les feuilles de vigne, d’emballeur, d’horticulteur, de canneur de chaise, de soudeur... C’est un presse-papier pour le dessinateur, des griffes articulées pour le tourneur sur bois, des godets concaves et convexes qui s’emboîtent mutuellement pour le conducteur d’auto, d’avion, des pinces à brûler pour le peintre...
- Et ainsi chaque profession possède sa machine-outil propre.
- Enfin le dernier progrès réalisé par cette science est depuis la guerre, la plastique cinématique. Jusqu’ici on coupait le bras et un moignon seul subsistait. Les milieux
- chirurgicaux italiens et allemands ont préconisé des interventions chirurgicales qui modèlent les os et les chairs molles suivant une forme déterminée, pour que les muscles et les tendons sectionnés et séparés agissent directement et volontairement sur les leviers du membre artificiel.
- Un des procédés consiste à donner dans le moignon vif deux incisions transversales. La peau séparée est
- Fig. 10. — Opération de Krukenberg.
- Le radius et le cubitus séparés s’écartent volontairement et relèvent le fil de traction qui commande l’ouverture du pouce.
- D’après Villaret, Appareillage et rééducation fonctionnelle.
- main de bois
- p.13 - vue 17/602
-
-
-
- = 14 , 7::zï.:".:.:::::i...:::.:-.::i======== ..=
- rapprochée sur un cylindre d’ivoire, A, perforé en son centre d’un canal. On recherche alors les tendons moteurs, B, on les sectionne et ramenés sur le canal, on en rattache les extrémités (fig. 8). Les bords extrêmes de la plaie retenus par les écarteurs G sont libérés et suturés. L’opération terminée et le tout cicatrisé présente l’aspect de la figure 9. Un lien traversant le canal d’ivoire et rattaché à un levier de la prothèse sera tiré dans le sens de la flèche par la contraction des muscles. Le mutilé commandera ainsi lui-même l’ouverture ou la fermeture de sa main mécanique (fig. 9).
- Une opération plus ingénieuse, mais plus délicate, inaugurée par Krukenberg, consiste à séparer le radius et le cubitus, os de l’avant-bras. Les deux os revêtus de téguments et de muscles s’écartent légèrement l’un de l’autre par un mouvement volontaire, ce qui a pour effet de remonter un levier qui commande l’ouverture du pouce (fig. 10). La fermeture est confiée à un ressort, de rappel. Mais ces opérations sont délicates et cette technique audacieuse n’en est qu’à ses débuts. Du reste, il faut ensuite entraîner les muscles vitalisés pour obtenir
- un rendement maximum et beaucoup de mutilés se sont lassés de cet entraînement qui exige un grand effort de volonté. Il serait trop long, et ce serait hors du sujet de décrire ici les centres de rééducation professionnelle. Mais quel travail philanthropique a été fourni depuis la guerre dans ces écoles ! Alors que les guerriers d’autrefois, contemporains du chevalier alsacien von Mitelhausen étaient devenus des rebuts de la société s’ils perdaient leurs membres, aujourd’hui on arrive à remettre le mutilé dans sa profession ou à lui enseigner un métier connexe.
- C’est le résultat de plusieurs siècles d’études et d’expériences. Inventée au xve siècle, la prothèse mécanique lourde, rigide, spécifiquement créée pour la guerre, s’est transformée à notre époque moderne en un instrument très souple qui fait oublier au mutilé son infirmité et ne l’amoindrit plus aux yeux de ses semblables..
- André Glory.
- Professeur,
- Sociétaire de la Conservation des Monuments historiques d’Alsace
- INFRA-ROUGE ET PHOTOGRAPHIE
- Généralités. — Tout le monde connaît la décomposition de la lumière soit par un prisme, soit par un réseau. On obtient dans l’ordre des longueurs d’onde croissantes les « couleurs » violette, bleue, verte, jaune, orangée, rouge. Mais dans cette suite de radiations simples, il n’y a pas continuité. Ces divisions se sont imposées par l’usage et pour des raisons de commodité. Les radiations colo rées constituent le spectre visible. Elles correspondent à des longueurs d’onde allant de 4100 à 6500 angstroms. La séparation des diverses couleurs est du reste assez confuse. Celle-ci est trouvée à peu près la même par des observateurs à vue normale entre le bleu et le Vert. Il n’en est pas de même entre le bleu et le violet, par exemple.
- Actuellement on admet comme séparation les nombres suivants :
- Entre le rouge et l’orangé : 6200 A0.
- Entre l’orangé et le jaune : 5950 A0.
- Entre le jaune et le vert : 5650 A0.
- Entre le vert et le bleu : 4900 A0.
- Entre le bleu et le violet : 4400 A0.
- Fi g. 1. — Le clavier des radiations.
- 1. radiations visibles ; 2. rayons ultra-violets; 3. rayons infra-rouges. 4. rayons X; 5. rayons y; 6. ondes électriques.
- ' , 3 «
- „ 5 4 , Z ~Lj ’
- <-“ " Le clavier” des radiations
- Echelle: 2mm représentent un-octave
- OI23 4-5
- Le spectre visible est bordé par d’autres radiations
- Celles de longueurs d’ondes inférieures à 4400 A0 sont appelées ultra-violettes.
- Celles de longueurs d’ondes supérieures à 7 600 A0 sont appelées infra-rouges.
- Après les ultra-violets on trouve les rayons X, puis les rayons gamma. Au delà des infra-rouges viennent les ondes électriques. Cette jonction entre les infra-rouges et les ondes électriques a été faite il y a onze ans, en 1923, à la suite des travaux de Nichols et Tear.
- Ce serait une erreur de croire que les radiations visibles constituent la partie la plus importante du rayonnement. 'Pour mieux s’en rendre compte, considérons chaque longueur d’onde comme étant une touche d’un clavier de piano. Avec ces notations nous arrivons au résultat suivant (fig. 1) :
- Le spectre visible occuperait une quinte.
- L’ultra-violet occuperait 5 octaves.
- L’infra-rouge occuperait 10 octaves.
- Infra-rouge et ultra-violet sont invisibles. Deux questions se posent : Comment les a-t-on décelés ? Quelle est leur utilité ? C’est à ces deux questions que nous allons essayer de répondre en nous bornant à l’étude de l’infrarouge.
- Auparavant nous croyons bon de rappeler quelques définitions.
- 1° Détermination d'une radiation simple. —- Il y a trois éléments dans la détermination d’un phénomène pério- . dique :
- 1° La fréquence ou son inverse, la période du phénomène;
- 2° La vitesse de propagation;
- 3° La longueur d’onde.
- p.14 - vue 18/602
-
-
-
- 15
- Si l’on se rappelle que la longueur d’onde est la distance à laquelle se propage le phénomène pendant une période, on trouve entre ces éléments la relation :
- v
- où
- A désigne la longueur d’onde.
- V la vitesse de propagation.
- T la période.
- v la fréquence.
- Chaque radiation peut donc être déterminée par sa fréquence ; mais pour des conditions de commodité on a convenu de déterminer chaque radiation par sa longueur d’onde (À).
- 2° Evaluation d'une longueur d'onde. —- Les fréquences étant très grandes, de l’ordre de 10H les distances parcourues en une période seront très courtes. On a donc créé un système de mesure à leur échelle. L’unité fondamentale est le micron (u.) ou millième de millimètre. On a été amené à utiliser des sous-multiples. Ce sont :
- le millimicron (mu).
- et l’angstrom (A°) qui est la dix-millième partie du micron. On a donc :
- lu. = 1000 mu = 10 000 A0.
- DÉTECTION DANS L’INFRA-ROUGE
- L’œil suffit pour détecter certaines radiations, celles qui, justement à cause de cette propriété, constituent le spectre visible. Mais toute radiation transporte dans l’espace une certaine quantité d’énergie. C’est là un phénomène bien connu. Tout le monde a, en effet, constaté une élévation de température de l’atmosphère lorsque le soleil brille. C’est précisément l’énergie que transporte un faisceau lumineux — et cela quelles qu’en soient les radiations composantes—qui détermine l’intensité du faisceau: Cette intensité due à l’énergie transportée par le faisceau lumineux dans l’unité de temps constitue le flux d’énergie, ou plus brièvement le (lux. On pourra donc l’exprimer par les mêmes unités que l’énergie produite par un travail mécanique, ou par un phénomène électrique : en ergs-seconde, en watts par exemple.
- Pour mesurer cefte énergie, on la recueille sur un corps qui la transforme en chaleur. Les corps utilisés sont des absorbants : une surfacq noire par exemple qui empêchera toute réllexion et toute réfraction du faisceau lumineux. Sans entrer dans les détails, car cela nous entraînerait trop loin, nous appellerons tout appareil thermométrique destiné à cette mesure un « récepteur thermique ».
- En 1800, Herschell étudiait avec un thermomètre très sensible le spectre solaire. Ses travaux le conduisirent à cette conclusion : l’énergie solaire n’est, pas entièrement dans le visible. Plus de la moitié se trouve dans l’« invisible ».
- Vers 1843 Draper, continuant les recherches dans « l’invisible », décèle dans la région du spectre se trouvant au delà du rouge trois larges bandes. Il appelle ces bandes a, jÜ, y. Draper utilisait pour ses expériences le daguerréotype et la phosphorescence. Il conclut, et on remarquera que c’est là une erreur fréquente dans l’histoire de
- Rayons T Rayons x
- Entre Ultra-violet< et Rayons x
- Ultra-violet
- Radiations visibles Infrarouge Ondes électriques
- 0,001 Au 0,05 Au
- 20 Au 100 Au
- 1200AU 1800AU 2900 A u 3500 A u
- Limite demploi de ta Fluorine Limite de transparence de Fair Limite du spectre solaire Limite d emploi du verre
- 4000 Au =0,4 p | 8000 Au =0,8 p. j 200 p. =0,2 mm
- | 400 p. =0,4 mm
- 30 kms
- Classification des radiations
- Fig. 2. — Classification des radiations.
- la science, qu’au delà des bandes a, jj,y, il n’y a plus de radiations.
- A la même époque, de nombreuses recherches ont lieu. On constate que certains corps tels que la fluorine, le soufre, le sel n’absorbent pas les « rayons obscurs ». Des appareils sont perfectionnés, d’autres sont créés. On cherche à obtenir une sensibilité de plus en plus grande. Après des polémiques serrées, on finit par admettre que « les rayons peu réfrangibles seront des rayons lumineux ». La course vers les grandes longueurs d’ondes continue. Langley détermine avec précision la dispersion du Oint jusqu’à 2,7 u. ; du sel gemme jusqu’à 5,3 u.. Paschen monte jusqu’à 9,3 p. en 1894. Rubens atteint 18 u. De 1910 datent les travaux de Rubens et Wood qui utilisaient des lentilles en quartz. Successivement on atteint 110 u, puis 313 p., puis 400 ul. Les recherches commencées vers 1880 continuent encore.
- On avait eu recours, au début des travaux sur l’infrarouge, aux propriétés calorifiques de ces radiations. De là à déduire que l’infra-rouge était un rayonnement calorifique il n’y avait qu’un pas. Encore maintenant on le considère comme étant formé de radiations calorifiques. Nous insistons sur ce point, car c’est là une grave erreur. A quel titre des radiations pourraient-elles être « de la chaleur » ? L’énergie mécanique n’est pas de la chaleur; on peut la transformer accessoirement en chaleur. De même un rayonnement peut, en étant absorbé, être transformé en chaleur, mais ce n’est pas de la chaleur. Toute radiation est calorifique, avons-nous dit, en ce sens que toute radiation peut être absorbée. Une radiation est déterminée par sa coideur quand elle est visible, par sa longueur d’onde dans le cas général. C’est là une qualité de la radiation. La chaleur produite est fonction de la quantité et non de la qualité. Peut-être faut-il tropver l’origine de l’expression que nous critiquons dans le iait que certaines sources lumineuses sont très riches en
- p.15 - vue 19/602
-
-
-
- infra-rouge (*), ce qui leur permet de transporter une grande quantité d’énergie.
- ENREGISTREMENT PHOTOGRAPHIQUE DANS L’INFRA-ROUGE
- Abandonnons maintenant les recherches dans l’infrarouge par la méthode des récepteurs thermiques et examinons la méthode photographique. Etymologiquement, la photographie est l’inscription de la lumière. Photographier l’invisible paraît être un paradoxe, mais nous allons voir comment naquit cette méthode et les perfectionnements qui permirent de l’étendre.
- Les plaques photographiques courantes ne sont pas sensibles même aux infra-rouges les plus proches du spectre visible. En 1843, II. Becquerel avait utilisé le daguerréotype en exposant préalablement les plaques. Abney prépare, la même année, des plaques spéciales, mais la technique en était tellement délicate qu’il fut impossible de les reproduire.
- On peut dire que les progrès dans la photographie des infra-rouges sont fonction de ceux des sensibilisateurs, mais il est bon d’observer que les sensibilisateurs chromatiques ne créent pas la sensibilité. Celle-ci existe déjà à l’état latent. Elle n’est que renforcée. Les sensibilisateurs sont des matières colorantes. On peut dire que toutes les matières colorantes ont été essayées. Mais bien peu ont donné des résultats. Presque tous les colorants qui ont donné des résultats satisfaisants appartiennent au groupe des cyanines ou aux dérivés de la fluorescéine. Signalons tout de suite que la concentration de ces colorants est extrêmement faible. Pour certains d’entre eux l’action sensibilisatrice est extraordinairement marquée pour une concentration de 1 millionième (1/1 000 000).
- La méthode photographique consiste donc à déceler l’énergie des radiations en utilisant leur action chimique. Lorsque nous voudrons photographier des spectres,
- 1. Bec Auer par exemple.
- Fig. 3. — Action des radiations infra-rouges sur la phosphorescence. En abscisses : longueur d’onde en microns ; en ordonnées : intervalle de temps nécessaire à la blende de Sidct pour passer d’un état initial à un état final déterminé exprimé en pour cent.
- comme le pouvoir séparateur d’un spectrographe dépend de la grosseur des grains de la plaque, nous devrons choisir des plaques dont l’émulsion sensible sera constituée par des grains aussi fins que possible. Nous nous heurtons alors à une autre difficulté : la sensibilité varie en fonction inverse de la finesse des grains dont se compose l’émulsion sensible.
- Nous sommes donc amenés à étudier la sensibilisation des plaques. C’est là un terrain très vaste et encore peu connu. Bien que des progrès soient réalisés chaque jour, on ignore encore tout ou presque du phénomène de sensibilisation. Les recherches nombreuses faites par Eder, Vogel et bien d’autres ont conduit à penser que le colorant utilisé n’a de propriétés sensibilisatrices que s’il peut s’unir au sel d’argent. On a alors un composé analogue aux laques. C’est ce composé qui agirait comme absorbant et non le colorant lui-même.
- Au lieu d’un seul colorant, on peut utiliser plusieurs colorants pourvu qu’ils aient tous des propriétés basiques.
- Les divers sensibilisateurs utilisés. — Tous les colorants employés ne conduisent pas au même résultat. Il n’est pas question de faire l’étude de tous les colorants utilisés. Nous ne considérerons que ceux donnant les meilleurs résultats.
- Citons parmi ceux-ci pour : la sensibilisation du rouge jusqu à 0 y,9 : la dicyanine, la cyanine, le bleu d’alizarine bisulfité.
- Les matières colorantes peuvent être introduites dans l’émulsion de la couche sensible avant l’étendage sur le support ou bien encore on peut imprégner une plaque, toute préparée, de la solution des colorants.
- En 1890 Abney avait préparé des plaques sensibles à l’infra-rouge sans avoir recours à aucun colorant. Il préparait une solution bleue — et non rouge comme dans le cas général — de bromure d’argent dans le collodion. Abney avait atteint 0,9867 et même 1,4 p..
- Ritz seul put reproduire des plaques aussi sensibles que celles de Abney et encore utilisait-il de la gélatine.
- Il procédait comme il suit.
- Il préparait une solution de gélatine à 10 pour 100. Il obtenait ensuite le précipité de bromure d’argent en pulvérisant une solution de nitrate d’argent, dans du bromure de zinc en solution. Suivent ensuite le lavage, le chauffage pendant un quart d’heure à 40 degrés et l’étendage. Les proportions utilisées étaient les suivantes :
- 14 gr de gélatine de Winterhur pour 140 gr d’eau.
- Bromure de zinc 1,90 gr.
- Eau 30 cm.
- Nitrate d’argent 3 gr.
- Eau 30 cm.
- Progrès récents. — Actuellement on obtient de bons résultats avec les plaques sensibilisées à la néocyanine (1). La sensibilité maxima se trouve vers 8300 A0. Leui sensibilité cependant s’étend beaucoup plus loin dans l’infra-rouge. On a pu, avec de telles plaques, photographier des objets dans l’obscurité complète avec 48 heures de pose. La source lumineuse était constituée par 3 radiateurs sous-voltés n’émettant aucune radiation
- 1. Mises au point dans les laboratoires Kodak.
- p.16 - vue 20/602
-
-
-
- rouge. (La température des filaments était de 350°). Mais la faible sensibilité de ces plaques dans cette région de l’infra-rouge demande l’absorption de toute radiation de longueur d’onde inférieure à 9000 A0. Nous ne saurions insister sur la question des filtres utilisés. Signalons seulement que dans les meilleures conditions (hypersensibilisation à l’ammoniaque avant le début de la pose) on a pu opérer avec une pose de 5 à 7 heures jusqu’à 11 000 A0. La sensibilisation à la néocyanine date de 1925. Elle est due à H. T. Clarke. Mais peut-être ne serait-il pas inutile, avant de parler des derniers progrès, de suivre rapidement l’évolution des sensibilisateurs. En 1906 la dicyanine est mise dans le commerce. En 1919 Adams et Haller lancent la cryptocyanine. Enfin en 1920 apparaît la néocyanine. Tous ces colorants ou composés de colorants sont caractérisés par la présence d’une bande d’absorption étroite. O. Bloch en 1932 fait remarquer que la sensibilisation chromatique par. les matières colorantes s’effectue au mieux dans des bains dont la concentration est d’autant plus faible que le sensibilisateur est plus actif dans l’infra-rouge.
- Nous avons parlé plus haut du bleu d’alizarine bisulfité. Il fut utilisé pour la première fois en 1891 par Niggs. Bien plus tard en 1920 Cupstaff et Bullock reconnurent que la sensibilisation était due au bisulfite et que la sensibilisation était par trop faible pour que le procédé fût industrialisé.
- Arrivons maintenant aux sensibilisateurs nouvellement employés : les tricarbocyanines. Ces corps ont été trouvés indépendamment par 3 groupes de chercheurs : Wahl; Hamer et Uford ; Jmp. Chemical Industries, en 1930. Etant donné l’emploi de plus en plus grand de ces sensibilisateurs nous croyons devoir insister un peu sur ce point.
- Les tricarbocyaniques sont formés par deux noyaux hétérocycliques réunis par une chaîne de 7 atomes de carbone. Les auteurs n’ont étudié qu’une classe des tricarbocyaniques pour laquelle ils proposent le nom de indotricarbocyanines et qu’ils formulent :
- — CMe2 Mefi
- • C : CH • CH : CH- CH : CH • CH : CH• C
- N Me NMel
- Par des modes opératoires nouveaux les auteurs ont obtenu des dibenzothiotricarbocyanines de formules :
- j—- S
- L J C: CH-GH.: CH-N Et
- S----
- Cil : CH • C
- V"\/
- NEtI
- et
- NEt
- S
- !C-
- : CH -
- ::h c
- IEf N
- 17
- Fig. 4. — Spectre dulSoleil d'après Lamanski.
- En abscisses ), : longueur d’onde; en ordonnées A : énergie reçue. Les lettres G F E D désignent certaines raie3 du spectre. La partie hachurée indique le commencement des radiations intfra-rouges.
- Ces deux corps ont été obtenus respectivement à partir de ;
- 1. Méthyl — a — naphtothiazole. et 2. méthyl — Jj — naphtothiazole.
- A partir des ;
- iodoéthylate de 2 — méthylthiazoline et iodoéthylate de 1 — méthylbenzocyanole
- on a préparé des iodures de :
- 3 — 3 — diéthylthiazolinotricarbocyanine et de : 2 — 2 diéthylselenotricarbocyanine.
- Ces colorants sont très instables. Ils se décomposent très facilement sous l’action de la chaleur, de la lumière. Les points de fusion des tricarbocyanines sont en moyenne de 60° inférieurs aux points de fusion des cyanines. Quand on passe de la carbocyanine à la tricarbocyanine le maximum d’absorption dans l’infra-rouge se déplace d’environ 2 000 A. Nous voudrions pouvoir insister davantage sur la plus grande sensibilisation, vers les grandes longueurs d’onde par l’allongement de la chaîne poly-méthylique mais cela seul mériterait une étude particulière.
- Il ne nous resterait donc plus qu’à parlei des inconvénients de la méthode et de ses applications, mais auparavant nous voudrions donner un aperçu d’une autre méthode qui n’est pas sans intérêt au point de vue recherches et qui se rattache aussi à la photographie : la méthode phosphorographique.
- LA. MÉTHODE PHOSPHOROGRAPHIQUE
- Bien que Ritter et Seebeck paraissent avoir été les premiers à signaler le rôle du rayonnement infra-rouge sur les corps phosphorescents, il semble bien que c’est à Becquerel en 1842 — qui n’avait pas eu connaissance des travaux des auteurs cités précédemment —que revient l’honneur d’avoir trouvé et mis au point la méthode.
- Cette méthode repose sur l’antagonisme entre le radiations ultra-violetteo et les radiations infra-rouges vis-à-vis des corps phosphorescents. Considérons un écran phosphorescent excité par des radiations de courtes
- p.17 - vue 21/602
-
-
-
- = 18 —................................... -
- longueurs d’onde (ultra-violet). Projetons alors sur cet écran un spectre infra-rouge. On constate qu’au bout d’un certain temps la phosphorescence a disparu, mais auparavant la plaque phosphorescente devient de plus en plus lumineuse.
- Fig. 5. — En haut : Vue prise de la terrasse de Sainl-Cloud sur plaque infra-rouge Ilford.
- (Pose 6 secondes. F : 11). Cliché G. Jordi.
- En bas : Le même paysage que ci-dessus.
- Sur plaque Tempoo-Braun, pose 1/25. F : 4,5.
- Cliché G. Jordi, photos communiquées par MM. Wellington et Ward.
- Cet accroissement de l’intensité lumineuse a lieu pendant un temps variable.
- Au point de vue technique expérimental on peut dire ceci : en chaque point du spectre infra-rouge où l’intensité est minima l’écran restera phosphorescent. Inversement aux maxima d’intensité du spectre correspondront sur l’écran des régions à phosphorescence atténuée. Un
- grave inconvénient était la disparition de l’image. Draper y remédia en utilisant une méthode photographique. Il plaçait la plaque phosphorescente contre une plaque photographique ordinaire. Le rayonnement infra-rouge rendu visible par la phosphorescence donnait ainsi un négatif sur lequel les parties éteintes de l’écran — correspondant aux maxima du rayonnement — apparaissaient en clair tandis que les parties illuminées — correspondant aux minima du rayonnement — apparaissaient en noir plus ou moins sombre suivant l’intensité plus ou moins grande de l’infra-rouge.
- Une première technique consistait à exciter d’abord la phosphorescence de la plaque puis à projeter le spectre étudié. Mais le phénomène était trop peu stable.
- Une autre technique qui donne, avec une substance phosphorescente convenablement choisie, des phénomènes durables consiste à illuminer avec un rayonnement ultra-violet la plaque rendue phosphorescente par le spectre infra-rouge à étudier.
- Certaines substances conservent pendant plusieurs jours leur phosphorescence. Le rayonnement infra-rouge augmentant leur luminosité, il est très facile d’impressionner une plaque orthochromatique ordinaire. On conçoit immédiatement qu’il devient possible d’obtenir des positifs. Le corps le plus utilisé est le sulfate de zinc phosphorescent dit blende de Sidot. On obtient avec lui les résultats indiqués par la figure 3.
- LIMITES D’UTILISATION DE CES MÉTHODES.
- COMPARAISON
- Nous n’avons pas l’ambition d’avoir épuisé le sujet, mais nous nous sommes efforcé de montrer le chemin parcouru depuis 1880, et les progrès réalisés dans ce sens. Pour avoir de plus amples détails, nous ne saurions mieux faire que renvoyer le lecteur aux mémoires des différents chercheurs. Nous allons essayer de monti’er tout ce qui reste à faire dans l’étude de l’infra-rouge par les méthodes photographique et phosphorogra-phique.
- Nous avons vu au cours de cette étude que la progression dans l’infra-rouge était liée aux progrès faits dans la recherche des sensibilisateurs. Successivement on a atteint 1500, 9000, 10 000, 12 000 A0. Avec des plaques hypersensibilisées dans l’ammoniaque (de 1 à 2 minutes), puis rincées à l’alcool on a pu aller jusqu’à 12 200 A0 avec des poses allant jusqu’à 24 et même 48 heures. Ce n’est pas — tant s’en faut — la limite de l’infra-rouge. Mais on peut espérer aller plus loin en utilisant de nouveaux sensibilisateurs. Nous croyons bon de faire savoir que Czerny a fait remarquer que la progression serait toutefois limitée à 30 000 A0. Il se base sur ce fait qu’à la température ordinaire un tel rayonnement suffirait pour voiler rapidement les plaques sensibles utilisées. Mais rien ne nous empêche d’espérer en des techniques nouvelles qui nous ouvriront des horizons nouveaux en reculant la zone d’exploration.
- Le fait que, photographiquement, on ne peut pas pratiquement explorer le spectre infra-rouge au delà de 1 [A est le plus grave inconvénient de la méthode
- p.18 - vue 22/602
-
-
-
- Fig. 6. — Photographie des environs de Rouen. — En haut : Sur plaque sensible à l’infra-rouge Ilford (pose 1/25. F : 4,5, août 1933). (Cliché A. Volkart). — En bas : Sur plaque Ilford-Soft, graduation panchromatique, écran Bêta, pose 1/100 F : 4,5. (Cliché A. Volkart, photos communiquées par MM. Wellington et Ward).
- p.19 - vue 23/602
-
-
-
- = 20 .............................. .............. -
- photographique.' En utilisant la méthode phosphoro-graphique on est arrivé à atteindre facilement 1,6 jjl, soit donc 16 000 A0.
- Mais ces avantages sont compensés par d’autres inconvénients. Par la méthode photographique on obtient des spectres plus fins que par la méthode phospho-rographique. Cette seconde méthode présente sur la première l’avantage de nécessiter des temps de pose plus courts. Par contre, comme il faut tenir compte de la vitesse de disparition de la phosphorescence, la méthode phosphorographique ne permet pas de fixer les radiations très faibles, ce que “l’on peut faire photographiquement en augmentant le temps de pose.
- Actuellement, pour les recherches des radiations infrarouges de longueur d’onde supérieures à 1 p., 6, on utilise différents récepteurs thermiques. En parler nous entraînerait trop loin. Disons seulement que l’on obtient avec eux une précision moindre.
- LES APPLICATIONS DE LA PHOTOGRAPHIE DANS L’INFRA-ROUGE
- Nous ne saurions insister sur chacune des applications qui ont été faites. Nous ne pouvons que les passer en revue.
- Une des applications les plus importantes est celle qui a rapport à l’astrophysique. On a étudié la distribution de l’énergie à la surface du disque solaire, sa transmission à travers l’atmosphère et sa composition. Fowle, très ingénieusement, a mesuré l’absorption — au laboratoire — produite par une colonne d’air humide. Langley a déterminé la présence dans le spectre solaire de nombreuses raies (plus de 500) provenant de l’absorption du rayonnement solaire par l’atmosphère terrestre, raies qui ne doivent pas exister dans le spectre primitif.
- Au point de vue astronomique on sait combien est difficile la photographie du ciel nocturne, aux abords d une grande ville très éclairée. L’emploi de plaques sensibilisées pour l’infra-rouge permet cette étude ainsi que celle d’étoiles se profilant sur une nébuleuse. On pourra par la même méthode déterminer avec plus de précision l’index de couleur des étoiles; photographier par clair de lune, des étoiles, la planète Mars, etc.
- Passons à un autre ordre d’idées. Bien que la méthode ne soit pas encore au point, on envisage dans un avenir tout proche l’utilisation de la photographie dans l’infrarouge à l’étude des palimpsestes et des documents lavés.
- De nombreux corps microscopiques opaques n’avaient pu être étudiés micrographiquement, même éclairés avec des rayons ultra-violets. L’étude, grâce à la photographie dans l’infra-rouge, en est devenue possible. On a aussi étudié par exemple les organismes fossiles antésiluriens, la tête d’un coléoptère, etc.
- Ce sont là des exemples pris entre beaucoup d’autres dans le domaine purement scientifique. Mais il y a d’autres domaines d’exploitation de la méthode. Notons-en quelques-uns pour terminer. On sait que l’atmosphère est transparente pour les radiations infra-rouges. Cela
- permet de prendre des photographies à grande distance et par temps très brumeux.
- Précisons en disant que l’on a pu obtenir des photographies de paysage à plus de 400 km de distance. On voit tout de suite l’intérêt que peut présenter cette méthode pour la photographie aérienne. Les progrès en sont chaque jour plus grands et les applications plus nombreuses. La géologie, la cartographie, l’urbanisme utilisent la photographie aérienne avec plaques sensibilisées pour l’infrarouge. Remarquons qu’un paysage photographié, comme on l’a dit plus haut et par temps très pur, donne l’impression d’un paysage pris par clair de lune. Pour remédier à cette apparence on utilise en même temps que des plaques sensibilisées pour l’infra-rouge des écrans dits à infra-rouge qui absorbent toutes les radiations autres que celles de l’infra-rouge. 11 n’y a donc plus de lumière diffuse qui impressionne et voile la plaque et la « pénétration du voile atmosphérique » est beaucoup plus profonde.
- La photographie dans l’infra-rouge est aussi utilisée en botanique. Une plante photographiée dans ces conditions n’a pas l’apparence que l’on est habitué à lui voir. Son feuillage par exemple qui réfléchit les rayons infra-rouges sera noir sur le négatif, donc blanc sur le positif. Un nègre photographié dans les mêmes conditions apparaîtra sur le positif comme ayant une pigmentation gris très clair. C’est là une note gaie sur laquelle nous terminerons cette étude de la photographie dans l’infrarouge mais nous voudrions encore dire ceci. Cette photographie de nègre n’est pas une boutade. La méthode fut employée systématiquement pour étudier les races tant noire que jaune. Elle a conduit à de remarquables résultats au point de vue ethnologique.
- Nous nous excusons auprès du lecteur si notre exposé a parfois été trop didactique et nous le remercions de l’attention qu’il a bien voulu nous porter.
- René Motard.
- Bien que la rédaction de cet article soit récente, les recherches sur la photographie dans l’infra-rouge ont donné de nouveaux résultats. f
- Signalons brièvement qu’elle a été appliquée à la photographie d’un iris devenu opaque et plus récemment encore au contrôle de la navigation par temps de brume.
- Ces essais ont été faits sur le cuirassé Manhattan, commandant : A. B. Randall. Les clichés pris par temps de brume ont donné des résultats qui ont dépassé les espérances. Ils permettaient de reconnaître la route à 9 km en avant. A 7 km par brume intense, les détails étaient nettement perceptibles. ,
- A la fin du mois dernier on a appris que ce dispositif ayait été adopté par la United States Line sur tous ses paquebots. Ce dispositif est dû au capitaine F. M. Williams. Il est construit par la Fog Navigation Caméra C° de New-Jersey.
- On utilise du film sensibilisé qui passe immédiatement après la prise du cliché dans un compartiment-laboratoire, ce qui permet un développement en 30 secondes. Passant dans un autre compartiment, le film est «fixé en 30 nouvelles secondes. On se rend facilement compte de l’utilité que peut présenter un tel dispositif, principalement dans les parages voisins de Terre-Neuve, riches en icebergs.
- p.20 - vue 24/602
-
-
-
- LES NOUVELLES STATIONS FRANÇAISES DE “ DÉSINSECTISATION ” DES VÉGÉTAUX
- SOUS VIDE PARTIEL
- Si depuis la plus haute antiquité, l’homme dut défendre contre les insectes ses champs, ses arbres fruitiers, ses animaux domestiques et ses récoltes, les armes qu’il forgea demeurèrent longtemps peu efficaces contre la maudite engeance. A présent que l’on connaît les mœurs et les métamorphoses de ces minuscules ennemis, on les combat avec plus de succès. Bien que le nombre des produits insecticides utilisés aujourd’hui soit en somme assez restreint, leurs propriétés physiques, chimiques et physiologiques varient beaucoup, et leur emploi sous forme de fumigations ne va pas sans difficultés pratiques. Certaines de ces substances, peu volatiles, comme le paradichlorobenzène (chloryl) agissent lentement; d autres, au contraire, comme le sulfure de carbone, sont immédiatement efficaces, mais s’évaporent et disparaissent très rapidement. Plusieurs, très solubles dans 1 eau, l’acide cyanhydrique, par exemple, sont préférables pour traiter les denrées riches en graisses et peu hydratées, tandis que les produits solubles dans les graisses ont des indications- exactement opposées. L’oxyde d’éthylène ou la chloropicrine tuent à faible dose les œufs, les larves et les insectes adultes, alors qu’il faut employer de grandes concentrations de tétrachlorure de carbone pour obtenir des résultats comparables. Des traces d’oxyde d’éthylène ou de bromure d’éthyle, après avoir plongé les bestioles dans un état de narcose profonde, les font succomber en quelques heures. D’autres composés toxiques tels que le formiate d’éthyle ou le sulfure de carbone s’enflamment très facilement alors que le bromure d’éthyle est un anticomburant. En outre, comme beaucoup de produits peuvent être mélangés deux à deux ou même trois à trois, comme on peut faire varier la durée d’action, la température et la pression pendant les opérations, on juge de la diversité des applications actuelles.
- Fig. 2. — Sortie de cageots de pommes du grand autoclave du Havre.
- Fig. 1. — Les deux autoclaves de 73 et 29 m3 de la station de désinsectisation du Havre, vus du côté de l’entrée.
- L’une des méthodes les plus rationnelles de lutte contre les insectes s’attaquant aux végétaux est la désinsectisation sous vide partiel qui, essayée aux États-Unis peu de temps avant la guerre, pénétra en Europe en 1926-27. Vers cette époque, on monta aussi, en Orient, les premiers appareils de ce genre pour désinfecter les figues. Par la suite, la France et ses colonies entrèrent dans cette voie pour combattre divers parasites d’importation étrangère, entre autres le Doryphore. L’Angleterre interdit, en effet, l’importation des pommes de terre en provenance des régions contaminées. Des négociations en cours tentent de faire accepter par ce pays l’introduction des tubercules de toute provenance préalablement désinfectés. Ce mode de traitement insecticide s’applique également aux fruits frais et secs, aux arbres et aux arbustes expédiés pendant le repos de la végétation, aux denrées agricoles ou industrielles telles que les cotons, les farines, les pâtes alimentaires, les tabacs en feuilles, les cigares, les cigarettes, etc.
- Actuellement notre pays possède une avance marquée dans ce domaine, car indépendamment de la station centrale d’essais de Versailles, le Ministre de l’Agriculture a décidé de pourvoir les principaux ports français d’établissements analogues permettant le contrôle, à leur entrée sur le territoire national, des denrées agricoles suspectes. Trois puissantes stations de désinsectisation des végétaux sous vide partiel viennent d’être installées par les entreprises Mallet dans les ports métropolitains du Havre, de Bordeaux et de Marseille, six autres en Algérie, dont deux à Alger, une à Bougie, Philippeville, Biskra et Oran, une en Tunisie, trois au Maroc et une à la Martinique. Un certain nombre d’autres postes sont en cours d’installation en différents points de la France et de ses colonies. En Algérie, on emploie surtout ce système dé
- p.21 - vue 25/602
-
-
-
- 22
- Fig. 3. — La salle des machines de la station de désinsectisation du Havre. A gauche, les deux moto-pompes rotatives à vide; au fond, le réchauffeur à sulfure de carbone; à droite la pompe envoyant l’eau sous pression dans les joints des portes d’autoclaves.
- désinfection pour lutter contre les parasites des dattes et des figues, notamment contre les papillons du genre Ephestia. On l’a aussi utilisé avec succès contre le Lasio-
- Fig. 4. — La salle des générateurs de produits chimiques et des enregistreurs
- Sous la table, bacs à acide cyanhydrique; sur la table, réservoir à eau pour la préparation de la solution de cyanure et appareils doseurs; en arrière, les enregistreurs dans leurs boîtes.
- derma serricorne, ennemi du tabac très difficile à tuer, puisque la nicotine ne l’incommode pas comme beaucoup d’autres insectes.
- Nous insisterons surtout ici sur la station du Havre, où l’on a déjà traité avec succès par cette méthode des lots considérables de pommes d’importation américaine suspectes de renfermer des poux de San José (Aspidiotus perniciosus), cochenilles redoutables pour les arbres fruitiers.
- Après enquête approfondie sur les divers systèmes de désinfection végétale en usage, une Commission spéciale nommée par le Ministre de l’Agriculture a fixé son choix sur la méthode de fumigation aux gaz ou aux vapeurs toxiques avec emploi du vide partiel qui favorise la pénétration de l’insecticide jusqu’au cœur des marchandises les plus compactes. Ce procédé offre, en effet, le maximum d’efficacité et détermine le minimum d’altérations. En outre, une fois la désinsectisation opérée, on refait le vide, ce qui permet l’élimination à peu près complète des produits nocifs restés inclus dans les denrées.
- Voici la technique suivie actuellement dans les stations françaises de désinsectisation. On enferme les denrées à traiter dans une enceinte close où l’on fait, au moyen d’une pompe, un vide modéré. Puis on laisse pénétrer les vapeurs toxiques dans la chambre de traitement, ce qui entraîne une remontée de la pression proportionnelle au volume gazeux introduit. On rouvre ensuite le robinet à air, de manière à réduire la dépression à celle correspondant à la pression atmosphérique observée vers 1600 m d’altitude; on maintient marchandises et parasites au contact des vapeurs toxiques pendant une durée d’exposition, déterminée expérimentalement et variant, selon les denrées, de 1 heure à 1 h 3/4.
- Visitons maintenant la station du Havre, qui occupe une superficie d’un hectare environ sur le terrain du port autonome sis au quai Rochambeau. Le bâtiment, abritant le matériel de désinsectisation, comprend un vaste hall de 65 m de longueur sur 14 m de largeur, desservi de plain-pied soit par voie ferrée, soit par camionnage et dans lequel se trouvent installés deux autoclaves (système Mallet) l’un de 73 ms, l’autre de 29 m3 de capacité (fig. 1). Ces grandes chambres en tôle forment en quelque sorte des tunnels de 2 m 50 de diamètre munis intérieurement de rails sur lesquels peuvent circuler des wagonnets porteurs de cageots, de paniers ou de sacs renfermant les fleurs, fruits, légumes ou autres denrées agricoles à traiter (fig. 2). On introduit ces véhicules avec leur chargement par une des extrémités du tunnel et ils en ressortent, après traitement, par l’autre bout. Une cloison partage le hall en deux sections (entrée et sortie) complètement séparées. Ce dispositif a pour but d’empêcher la recontamination par contact des stocks désinsectisés avec ceux à traiter. Une installation similaire existe à Bordeaux, mais à Marseille, les autoclaves sont au nombre de trois ayant des capacités respectives de 10, 20 et 50 m5.
- Une porte en tôle emboutie, articulée autour d’une charnière horizontale à sa partie supérieure et munie d’un contrepoids d’équilibrage, ferme chacune des extrémités de ces étuves dont un boudin de caoutchouc
- p.22 - vue 26/602
-
-
-
- 23
- entoilé et gonflé au moyen d’eau sous pression, assure la parfaite étanchéité. Des tuyauteries permettent l’arrivée ainsi que le départ de l’air, des vapeurs et des gaz toxiques. Enfin un système de verrouillage empêche l’ouverture simultanée des portes d’entrée et de sortie de ces autoclaves et, par suite, le personnel ne peut les utiliser comme passages.
- Dans des salles voisines du même bâtiment se trouvent, à la station du Havre, les moteurs et les générateurs des produits insecticides. La machinerie se compose de deux pompes rotatives à vide sec d’une puissance unitaire de 17,5 ch environ. Actionnées chacune par un moteur électrique triphasé de 220 v 50 périodes avec démarreur centrifuge, elles marchent à volonté, jumelées ou séparées, aspirent 700 m3 de gaz à l’heure et produisent ainsi un vide de 635 mm dans le grand autoclave en 10 ou 15 minutes (fig. 3).
- Les générateurs comprennent divers appareils à effectuer le dosage, la vaporisation ou la production à l’aide de réactions chimiques des substances toxiques ainsi que le contrôle et l’enregistrement des conditions opératoires ; ils varient selon l’insecticide employé, comme nous allons l’indiquer plus loin. En outre, chaque autoclave est muni d’un ventilateur, d’une soupape, d’un manomètre à vide et d’un enregistreur spécial fournissant les diagrammes opératoires. Chacun de ceux-ci comporte trois courbes : une correspond aux variations de pression, la seconde aux variations de température au cours du traitement et la dernière indique les quantités d’insecticides ou de réactifs liquides utilisés.
- Pour opérer une désinsectisation, on introduit donc les marchandises dans l’autoclave, après quoi on fait le vide au moyen des deux puissantes pompes rotatives, puis, à la faveur du vide ainsi créé, on insuffle les vapeurs actives mélangées en proportion rigoureusement contrôlée avec un certain volume d’air. Ces insecticides diffèrent selon la nature des denrées traitées et la résistance du parasite à détruire. Nous allons examiner successivement chacun de ces produits en indiquant ses principales caractéristiques et l’appareillage que nécessite son emploi.
- Le sulfure de carbone est utilisé depuis longtemps pour tuer les bestioles qui infestent les grains de céréales, mais son inflammabilité extrême a jeté sur lui quelque défaveur. M. Vayssière cependant, a obtenu d’excellents résultats en traitant des œillets avec cet insecticide qui sans altérer les fleurs tue les chenilles (Tortrix pronubana) que certaines d’entre elles renferment parfois. Quand on opère avec le sulfure de carbone, entre l’autoclave et le fût ou la bonbonne contenant le liquide, il faut mettre des appareils capables de doser et de vaporiser convenablement l’insecticide. Ce dispositif permet de carburer, à un taux constant, l’air envoyé dans le tunnel quelle que soit la vitesse du courant gazeux. Un vaporisateur fournit les calories nécessaires à la volatilisation du sulfure de carbone, volatilisation qui, en raison de l’intensité de l’évaporation, provoquerait sans cela un abaissement intense de la température fort préjudiciable à l’efficacité du traitement.
- Avec Y acide cyanhydrique (fig. 4), indépendamment des réservoirs à acide sulfurique, à eau et à solution de
- Fig. 5. — Les cylindres métalliques el les gazomètres à oxyde d'éthylène et acide carbonique.
- cyanure de sodium, munis de leurs appareils doseurs, on doit ajouter un bac pour la réaction, un autre récipient pour la neutralisatioh des vapeurs et un troisième rempli de laine de verre afin d’arrêter les gouttelettes de liquide entraînées par le courant gazeux. L’acide cyanhydrique s’emploie couramment pour la désinsectisation des pommes, des oranges, des citrons, des raisins et des tomates. Pour certains fruits plus sensibles comme la poire et les bananes, on ne doit se servir de cet insecticide qu’à faibles doses, sinon ils noircissent rapidement. Les spécialistes même le déconseillent pour désinfecter les melons. Ajoutons cependant, qu’après quelques heures de ventilation, les denrées ainsi traitées peuvent être consommées sans inconvénients car elles ne retiennent que des traces infimes d’acide cyanhydrique.
- Depuis peu de temps, on se sert également, dans les stations françaises de désinsectisation, soit de bromure de méthyle, soit d’un mélange d'oxyde d'éthylène et de gaz carbonique. Les produits actifs sont reçus comprimés
- Fig. 6. — La station expérimentale de désinsectisation d’Alger, installée cette année.
- p.23 - vue 27/602
-
-
-
- = 24 " .. —.............=
- dans des bouteilles métalliques. On les détend et les envoie dans un gazomètre; ils passent ensuite dans un mélangeur où ils se rencontrent en proportion déterminée avec l’air ou l’anhydride carbonique provenant d’un autre cylindre métallique et détendus à part dans un petit gazomètre spécial. Des diaphragmes permettent le dosage exact des différents mélanges.
- Entre autres avantages, l’oxyde d’éthylène se détruit spontanément au bout d’un certain temps pour se transformer en glycol, substance inoffensive dont l’ingestion ne présente aucun danger pour le consommateur. L’emploi de ce produit permettrait donc d’être moins exigeant pour l’élimination, après traitement, des traces du désinfectant retenues par les denrées végétales. Son application aux masses énormes de céréales emmagasinées en silos et que menacent les Charançons, serait avantageuse, malheureusement son prix actuel est beaucoup trop élevé. En outre, la désinsectisation éthvlénique n’est pas à recommander pour les légumes et les fruits frais, car si on n’accompagne pas l’oxyde d’éthylène d’un grand excès d’acide carbonique, ce traitement les déprécie tant sous le rapport de leur qualité que de leur présentation.
- Quant au Zyklon B, succédané d’acide cyanhydrique liquide imprégnant de la terre d’infusoire, stabilisé par une addition de chloroformiates ou de bromacétates de méthyle ou d’éthyle, il possède une action extrêmement nocive sur les tissus végétaux. Aussi on n’a essayé en France ce produit d’origine allemande que pour la désinfection des graines de semence et les résultats n’ont pas été très encourageants.
- Les nouvelles stations françaises de désinsectisation rendent donc d’incontestables services à nos producteurs agricoles, à nos importateurs et à nos exportateurs de
- produits végétaux, ainsi qu’aux consommateurs de légumes ou de fruits, car le domaine des procédés de fumigation sous vide partiel s’étend chaque jour. Cette méthode peut, en effet, s’appliquer à toutes les denrées végétales ou même animales, non stockées dans des récipients rigoureusement étanches comme des boîtes ou des fûts en fer-blanc soudé qu’on doit conserver pendant un certain temps entre leur production et leur consommation. Par de rigoureuses expériences, les techniciens ont, du reste, démontré que l’insecticide universel n’existe pas, qu’il faut éliminer le tétrachlorure de carbone, le bichlorure d’éthylène seul ou mélangé avec le tétrachlorure de carbone, l’acétate d’éthyle, les formiates d’éthyle ou de méthyle, ces composés toxiques étant d’une efficacité trop aléatoire. On doit délaisser également certaines autres substances comme la chloropicrine qui donnent aux marchandises traitées une odeur persistante ou un mauvais goût. Pratiquement on ne retient maintenant comme insecticides que le sulfure de carbone, l’acide cyanhydrique, l’oxyde d’éthylène, le bromure d’éthyle et leurs mélanges capables de détruire infailliblement les parasites sans altérer les produits sortant des autoclaves.
- Enfin les stations de désinsectisation sont appelées à défendre nos cultures contre les risques de contamination. On ne tardera sans doute pas à créer dans chacune d’elles des inspecteurs officiels chargés d’examiner les importations de végétaux, de délivrer des certificats phytosanitaires, d’ordonner, après visites, le refoulement hors du territoire, la destruction ou l’admission de denrées étrangères et de faciliter, grâce à d’authentiques visas, les exportations de nos meilleures productions agricoles ou maraîchères.
- Jacques Boyer.
- LES HORLOGES PARLANTES de L’OBSERVATOIRE
- Depuis le début de 1933, les habitants de Paris peuvent connaître immédiatement l’heure exacte de l’Observatoire, en appelant simplement à l’aide de leur appareil
- téléphonique, le numéro spécial Odéon 84-00. L’intérêt de ce système de distribution de l’heure par téléphone, constamment perfectionné, est très important au point de vue technique, et il est non moins appréciable au point de vue pratique.
- La détermination de l’heure est effectuée à l’Observatoire de Paris, par des méthodes astronomiques au centième de seconde près, et l’heure est conservée par un ensemble d’horloges placées dans les caves, et enfermées dans des cages de verre hermétiques, mais il faut ensuite diffuser dans le public les indications de ces horloges.
- Nous avons décrit dans un récent article de cette Revue les progrès et la simplification des horfoges électriques, mais, quels que soient les perfectionnements des montres et des horloges, il est toujours nécessaire, à un moment donné, de les remettre à l’heure exacte.
- Les annonces horaires émises par les postes
- Fig. 1. — Schéma du fonctionnement de l’horloge parlante Brillié.
- Horloge envoyant les tops
- Lampe des heures v-
- Transfo des heures
- Ruban
- Lampe
- Réseau
- tètèphon.
- vers la *-cellule des
- minutes
- -----------' '-O—4 .minutes
- vers la cellule des secondes( H.T.
- Jcansftfl
- secondes
- Ampli commun
- p.24 - vue 28/602
-
-
-
- de radiodiffusion et les signaux horaires internationaux de T. S. F. permettent sans doute, en principe, de régler exactement les montres et les horloges, mais les indications parlées sont, en réalité, assez peu précises ; les signaux spéciaux sont émis à des heures incommodes et peu fréquentes. Ils exigent la connaissance et l’interprétation d’un code de signaux d’ailleurs simple, mais ne peuvent, la plupart du temps, être reçus par les récepteurs actuels de radiodiffusion.
- Les signaux horaires de T. S. F. sont donc complétés d’une heureuse façon par un service public de diffusion de l’heure. Pour qu’il soit utile, un tel service doit, d’ailleurs, être permanent, et les indications horaires doivent être comprises partout. Il est donc indispensable d’arriver à une énonciation parlée de l’heure exacte.
- Le téléphone est un mode de liaison qui reste nuit et jour à la disposition du public; il doit permettre mieux que tout autre système d’information la diffusion immédiate de l’heure. Des systèmes de diffusion de ce genre sont, d’ailleurs, en service dans quelques villes d’Allemagne, et, à New-York, l’heure est annoncée par une téléphoniste, le « top » horaire étant donné par une horloge.
- Le système employé à l’Observatoire de Paris, sur l’initiative de son directeur M. Esclangon, est complètement automatique, et il comporte essentiellement une horloge parlante à fonctionnement continu.
- Pour quelques emplois du téléphone, on a été amené à utiliser des disques phonographiques, sur lesquels les paroles étaient enregistrées. On pourrait penser, en principe, qu’il suffirait de même d’utiliser une série du disques phonographiques tournant d’une manière continue, en synchronisme avec une horloge directrice. L’horloge parlante jouerait ainsi le rôle d’un téléphoniste donnant l’heure sans arrêt.
- On ne peut pourtant employer le disque dans ce cas, parce qu’il serait alors trop difficile d’obtenir un fonc-
- tionnement continu, et les disques s’usent trop vite.
- Le système de fil d’acier aimanté de Poulsen est séduisant au premier abord, mais les résultats qu’il permet d’obtenir ne paraissent pas suffisamment sûrs. On a donc eu recours au système d’enregistrement photographique des sons sur film, utilisé, on le sait, en cinématographie sonore.
- Pour éviter complètement l’usure possible du film enregistré, la bande sonore ne passe plus sur des glissières, comme dans l’appareil cinématographique, mais elle est placée sur un cylindre ou sur un disque tournant, et elle est balayée par le faisceau lumineux qui sert à la reproduction, sans aucun contact matériel pouvant amener une usure quelconque. Le procédé d’éclairage consiste simplement à projeter sur la piste sonore l’image du filament rectiligne d’une lampe à incandescence.
- Deux modèles d’horloges parlantes sont employés à l’Observatoire de Paris. La première a été réalisée par les Ateliers Brillié frères, la deuxième par les Établissements Belin.
- L’HORLOGE BRILLIÉ
- Dans le premier système, les paroles à reproduire sont enregistrées par le procédé à densité photographique constante sur des bandes de papier enroulées autour d’un cylindre en aluminium (fig. 2 et 3).
- Ce cylindre porte 90 gorges divisées en trois séries. Dans ces gorges, on a collé un tirage sur papier photographique de la piste sonore d’un film parlant réalisé au préalable. Le cylindre est entraîné à raison d’un tour en deux secondes par un moteur électrique alimenté par une batterie d’accumulateurs.
- Le moteur est synchronisé par un régulateur à entretien électrique muni de contacts fermés toutes les demi-secondes par le balancier d’une horloge régulatrice. La vitesse de rotation du cylindre est ainsi maintenue constante et l’horloge indique toujours la même heure que
- Fig. 2. — L'horloge parlante Brillié; vue d’ensemble.
- Fig. 3. — L’horloge parlante Brillié vue d’en haut, on voit nettement les chariots qui se déplacent latéralement pour « lire » la piste sonore. Fig. 4. — L’horloge parlante Brillié, vue arrière.
- p.25 - vue 29/602
-
-
-
- 26
- Fig. 5 et 6.— Vue d'ensemble el mécanisme de l’horloge parlante Belin à disques tournants sur lesquels sont inscrits des enregistrements photographiques à densité fixe.
- D„ Dt
- Fig. 7. — Disposition du mécanisme de l'horloge parlante Belin.
- D5, D4 disques explorateurs. C, cellule photoélectrique commune
- sur laquelle agissent les rayons réfléchis par des prismes et des miroirs
- le système de régulation synchronisant (fig. 1, 2, 3).
- La reproduction sonore est effectuée au moyen de trois systèmes reproducteurs qui comportent chacun une lampe à fdament rectiligne, un objectif, et une cellule photo-électrique recueillant l’image réfléchie par le film, puisqu’il s’agit ici d’une bande de papier opaque et non d’une bande transparente.
- Ces reproducteurs se déplacent parallèlement à l’axe du cylindre, et sont commandés par un jeu de cames et de leviers, de sorte que chacun d’eux se trouve à chaque instant placé en face de l’enregistrement à reproduire.
- Un distributeur tournant met en service chaque reproducteur, correspondant ainsi aux heures, minutes et secondes.
- L’horloge annonce de cette manière l’heure toutes les dix secondes; elle indique par exemple « Dix heures, vingt-six minutes, trente secondes » puis un top musical est émis à l’heure exacte par le régulateur de synchronisme. Chaque minute ronde est indiquée de la manière suivante : « Au troisième point, il sera exactement, dix heures vingt-sept minutes » et trois tops musicaux sont émis par le régulateur aux secondes 58, 59 et 60.
- L’HORLOGE BELIN
- Dans le deuxième système inventé par M. Belin, on a adopté des disques transparents impressionnés photographiquement comme des films. Ces disques pratiquement inusables tournent sans interruption et d’un mouvement uniforme (fig. 5 et 6).
- L’ensemble des textes est réparti sur quatre disques différents A , A„, A , A , et on a admis que l’on devait pouvoir répondre 4 fois par minute, soit toutes les 15 secondes, à une demande d’abonné.
- Les disques sont entraînés continuellement par un moteur synchrone M, ; ils tournent donc sans interruption, et d’un mouvement uniforme.
- Le premier disque porte sur une spire l’enregistrement de la phrase indiquant les heures et les minutes, mais sans les chiffres des heures et des minutes. Par exemple : « il est ... heures ... minutes, dix secondes, douze, treize, quatorze, quinze ».
- « Quand vous entendrez le troisième top, il sera ... heures ... minutes, trente secondes. »
- Le deuxième disque, ou disque des heures, porte sur 24 cercles concentriques l’enregistrement sonore de la numération 0 à 24.
- Le troisième dis.que, ainsi que le quatrième ou disque des minutes, porte l’un, la numération de 0 à 29, l’autre de 30 à 59, toujours suivant des cercles concentriques.
- Si la lumière traversait en même temps tous les disques, et venait frapper des cellules photoélectriques correspondantes, les quatre disques parleraient en même temps, et les cercles concentriques
- p.26 - vue 30/602
-
-
-
- 27
- des quatre disques donneraient des sons dans l’écouteur; le résultat obtenu serait inutilisable. Il faut donc prendre, dans chaque disque, la partie utile au moment où l'on écoute, et reproduire les sons enregistrés sur chaque disque suivant un ordre déterminé pour former une phrase complète.
- Ce résultat est obtenu au moyen de quatre disques de Nipkow, Dt, D,, D5, etD4, percés de fenêtres réparties en spirale; dans leur rotation ils viennent présenter successivement les fenêtres qui les ajourent devant le faisceau lumineux ayant traversé les plateaux de verre impressionnés photographiquement, et réfléchis au moyen de prismes (fig. 7).
- La seule partie du faisceau utile sélectionnée est rejetée vers l’axe du système optique, et projetée par l’intermédiaire de miroirs sur la cellule photoélectrique C, qui permet enfin d’obtenir l’audition désirée.
- Le calage des plateaux de verre et des disques de Nipkow. est tel que les impressions photographiques circulaires représentant le texte sur les plateaux apparais-
- sent sous les fenêtres des disques au moment voulu.
- La modulation du courant de la cellule est assurée dès la mise en circuit du système répétiteur. La pendule directrice est chargée de régulariser le système, et le système régulateur comprend un différentiel, un servomoteur, et la pendule directrice H. La machine ne peut se décaler par rapport à la pendule.
- Le courant est lancé dans la cellule automatiquement par la demande même de l’abonné, ou bien l’émission s’effectue à des moments déterminés à l’avance.
- Ce système de diffusion automatique de l’heure fonctionne dans des conditions de régularité absolues, et a rencontré le plus grand succès à Paris. Il semble qu’il puisse être étendu facilement aux villes de province* et, en tous cas, pourrait être utilisé pour le plus grand profit des auditeurs de T. S. F. pour l’indication exacte et automatique de renseignements horaires au cours des radio-concerts, à l’aide d’une simple liaison téléphonique avec le poste émetteur correspondant.
- P. H.
- I VÉRIFICATION OPTIQUE E D’UN TIR CONTRE AVIONS
- Fig. 1. — Renversement des images dans une lunette astronomique.
- La guerre a fait de l’aviation, dès sa naissance, une arme nouvelle, devenue rapidement redoutable et contre laquelle il fallut bien vite organiser une défense efficace.
- Ainsi naquirent l’aviation de chasse et l’artillerie contre avions.
- Mais un canon doit, pour être utile, être servi par un peloton de pièce instruit et entraîné; ces qualités ne s’acquièrent que par de nombreuses manœuvres et des tirs d’entraînement.
- Le tir de l’artillerie terrestre nécessite déjà une longue préparation. Avant de tirer un seul obus il faut avoir tenu compte non seulement de la distance et de l’altitude relative du but, mais encore de bien d’autres facteurs : vent, vivacité de la poudre, dispersion du tir. Disons quelques mots de ce dernier facteur.
- Même quand le tir d’une pièce est parfaitement réglé, tous les coups ne vont pas tomber au même point. Les obus arroseront une certaine surface assimilable à un rectangle et dit rectangle de dispersion. A l’intérieur même de ce rectangle les coups ne seront pas répartis uniformément.
- Leur répartition obéit aux lois du hasard. Le réglage d’un tir consiste en général à amener le centre du rectangle de dispersion sur l’objectif. Ceci est relativement aisé dans le cas d’un tir terrestre surtout si l’objectif est fixe. Le problème se complique déjà lorsque l’objectif se meut. (Exemple : tir sur un char de combat.) Dans le premier cas on peut dire — par analogie avec la géométrie
- — que l’on fait du tir à une dimension : la direction. Dans le second cas on fait du tir à deux dimensions : la direction initiale et le sens de déplacement.
- Considérons maintenant un tir contre avions. Le problème se complique encore. Les deux variables : direction et mouvement subsistent. Et cette fois le mouvement n’est plus uniforme ou sensiblement tel. L’avion peut être animé de mouvements absolument différents d’un moment à l’autre, tant au point de vue sens qu’au point de vue vitesse. Mais la plus grande difficulté provient d’une troisième et nouvelle variable : la hauteur, Et comme seul le tir fusant peut être effectif dans un tir
- p.27 - vue 31/602
-
-
-
- 28
- Fig. 2. — Système redresseur.
- aérien on voit tout de suite l’importance de ce facteur. 11 s’agit maintenant d’exécuter un tir à « trois dimensions ».
- On conçoit immédiatement la difficulté de la tâche de l’artillerie contre avions.
- Cette artillerie doit avant tout être bien entraînée. Mais cet entraînement facile pour l’artillerie terrestre, par suite de l’existence de buts à terre dans les camps, devient beaucoup plus difficile pour l’artillerie anti-aérienne. Il s’agit, en effet, de créer des buts fictifs ou réels qui possèdent la même mobilité qu’un avion.
- Cette nécessité était apparue depuis longtemps et plusieurs méthodes existaient. L’une d’elles consiste à tirer sur un avion en réglant la fusée sur un temps plus court que le temps réel. Mais on ne sait pas apprécier exactement le trajet qu’aurait suivi l’avion pendant la différence de temps séparant l’explosion dans le réglage court et l’explosion dans le réglage exact de la fusée.
- Une autre méthode consistait à faire traîner par un avion, au bout d’un long câble, une manche. La règle du jeu était d’abattre la manche. Afin que l’avion fût en sécurité on était conduit à donner au câble une grande longueur et à faire évoluer l’avion dans un plan perpendiculaire à la ligne de tir. C’est là, on le reconnaîtra, un cas bien particulier et assez peu fréquent en réalité. La longueur du câble, d’autre part, rendait certains déplacements impossibles.
- Chaque méthode avait son inconvénient, on en créa d’autres. Nous ne voulons pas nous attarder sur des considérations presque... historiques, et nous voudrions exposer dès maintenant une méthode optique adoptée il y a peu de temps en France.
- LA MÉTHODE OPTIQUE. SON PRINCIPE
- La méthode est excessivement simple. Si paradoxal que cela puisse paraître, elle consiste à faire décaler les
- Fig. 3. — a) Prisme triangulaire Fig. 4. — Aspect réel d’un prisme rectangle isocèle ou à 45°. b) Toit. en toit.
- appareils de pointage de 180°, c’est-à-dire à faire tirer les pièces d’artillerie dans la direction opposée au but. On vérifie le tir à l’aide d’un instrument d’optique tel qu’à un point de site donné et situé dans un plan vertical bien déterminé il corresponde, dans un plan vertical situé à 180° du précédent, un point ayant même site que le premier.
- L’appareil primitif, construit par la Société H. Kol-bei’g et Cie, à Varsovie, pour appliquer cette méthode, permet d’observer directement l’avion pris à partie et d’observer sur son image, évidemment animée des mêmes mouvements que l’objet, les résultats du tir. Cet appareil était formé de deux lunettes dont les axes optiques étaient perpendiculaires à un axe commun. L’une des lunettes visait constamment l’avion-cible, l’autre l’avion fictif. L’appareil fut simplifié.
- Puisqu’il s’agit de viser un avion, la lunette utilisée est évidemment du type astronomique. F.lle renverse les images (fig. 1). Ceci n’a certes aucun inconvénient dans l’observation astronomique. Dans le cas du tir qui nous occupe, il vaut mieux redresser les images, ce qui permettra de lire directement, dans le champ de l’appareil, les résultats de l’observation des coups et de transmettre directement les corrections à apporter au tir.
- Il faudra donc à la lunette astronomique ajouter un système redresseur. On a recours à un prisme du type Wollaston. C’est un prisme triangulaire isocèle (fig. 2). Le rayon incident IJ se réfracte suivant J K à l’intérieur du pi'isme, puis ressort symétriquement après que le rayon JK a subi une réflexion totale sur la face CD, Ce système, donnant d’un objet une image renversée, redressera donc l’image donnée par la lunette astronomique.
- Notre image est redressée mais nous ne visons avec cet appareil que dans une direction. Nous voulons viser dans deux directions situées à 180° l’une de l’autre. Pour cela on ajoute au système lunette-prisme de Wollaston un système formé de deux prismes :
- 1° Un prisme en toit spécial;
- 2° Un prisme droit.
- Cherchons l’action de chacun de ces prismes.
- D’une façon générale, un prisme en toit s’obtient par collage de deux prismes, le deuxième prisme étant collé par sa face hypoténuse (fig. 3). Un tel prisme fait tourner l’image de 180° et en outre évite une argenture sur la face du prisme primitif. Il est nécessaire que l’angle du toit soit bien de 90°, sinon on obtiendrait d’un point lumineux deux images. En pratique, un prisme en toit s’obtient non pas par collage mais par usinage direct (fig. 4). Dans l’appareil, objet du présent article, le prisme en toit a son axe incliné à 45°, sur l’axe de la lunette et à sa suite est collée une autre partie optique taillée de telle sorte que pour les rayons lumineux se propageant dans le sens de l’axe de la lunette le prisme en toit se comporte comme une lame à face parallèle.
- Quant au prisme droit la réflexion se produit sur la face hypoténuse. Son rôle est de donner avec le prisme de Wollaston une image qui se superpose avec celle donnée par le prisme en toit.
- p.28 - vue 32/602
-
-
-
- 29
- Fig. 5. — Montage optique de l’appareil de vérification de tirs contre avions : A. Lunette astronomique. B. Prisme en toit. C. Prisme de Wollaston.
- D. Prisme droit, a. Angle de site.
- DESCRIPTION DE L’APPAREIL.
- SES CARACTÉRISTIQUES
- Ce qui précède nous permet maintenant de comprendre le fonctionnement et le montage de l’appareil. Il ne nous reste plus qu’à préciser un point. Nous avons dit que l’on fait correspondre dans deux plans inclinés de 180° l’un sur l’autre deux points ayant même site. Le prisme en toit est mobile autour de l’axe de la lunette. Ceci permet de faire tourner l’axe de visée de l’avion, donc de viser l’avion quel que soit son site. Le prisme droit est lié mécaniquement au prisme en toit, de façon que les axes de visée : axe objet et axe image, fassent constamment le même angle avec le plan vertical passant par l’axe de la lunette.
- Le montage optique de l’appareil est donné par la figure 5. Nous n’insisterons pas davantage sur la marche des rayons lumineux pour passer directement au mode d’emploi de l’appareil.
- Considérons dans l’espace deux objets situés dans deux directions écartées de 180° et vus sous des sites égaux a. Soit — pour fixer les idées — l’avion pris comme premier objet et soit le nuage d’éclatement de l’obus, le second objet. D’après ce que nous avons vu précédemment, les deux images des deux objets se formeront dans le plan local de la lunette d’observation, autrement dit les deux images seront superposées exactement. Supposons maintenant que le tir ne soit pas rigoureusement réglé. Il peut y avoir deux erreurs : une en direction et l’autre en hauteur. On adjoindra alors à la lunette un micromètre divisé angulairement. La ligne horizontale du micromètre correspondra aux angles en direction. La ligne verticale sera relative aux sites.
- Amenons l’image de l’avion au centre du micromètre. L’image du nuage d’éclatement de l’obus se formera dans le champ du micromètre et ses coordonnées seront déterminées par rapport à celles de l’avion. L’abscisse de l’image indiquera de suite la correction à faire en direction. L’ordonnée indiquera la correction à faire subir aux sites.
- L’avion, nous l’avons constaté, se meut très rapidement. Le nuage d’éclatement peut être fugitif. Il importe, en outre, que les corrections à faire parviennent très rapidement au pointeur et au tireur de la pièce. C’est pour satisfaire à toutes ces conditions que l’appareil fut disposé de la façon suivante.
- L’appareil est, en réalité, formé de trois appareils semblables à celui que nous venons d’étudier. L’ensemble de ces trois appareils est fixé rigidement par une poutre métallique. Les appareils sont solidaires les uns des autres. Les axes des trois lunettes sont rigoureusement parallèles. Les résultats lus dans chacun des trois oculaires sont rigoureusement les mêmes. L’appareil central est réservé à l’observation de l’avion. Les «appareils latéraux sont destinés à l’observation du tir : l’un en direction, l’autre en hau-
- teur. L’observateur central amène donc constamment l’image de l’avion au centre du champ de sa lunette, donc des trois lunettes, tandis que les deux autres observateurs dès l’apparition du nuage de fumée lisent et annoncent les corrections à faire, en direction et en hauteur.
- Les données optiques de la lunette sont les suivantes :
- 1° Grossissement : 2,5; 2° champ pour l’image vue à travers le prisme en toit : 20°; 3° champ pour l’image vue à travers le prisme droit : 8°.
- Les caractéristiques d’utilisation de l’appareil sont les suivantes :
- Champ d’observation pour les azimuths : 360°;
- Champ d’observation des sites : 70° (de 10° à 80°).
- Une autre qualité requise pour tout pointage est la précision. Celle-ci ne saurait être mieux atteinte qu’avec un appareil optique. Dans le cas de l’appareil, objet de cet article, la précision en direction est telle que les erreurs sont toujours inférieures à 1 millième (x).
- Nous ne croyons pas devoir insister sur l’élégance de la méthode, qui permet d’entraîner un peloton de pièce dans des conditions presque identiques aux conditions normales d’un tir contre avions (2). René Motard.
- 1. Un millième est l’angle sous lequel est vu 1 m à 1 km.
- 2. Nous remercions la Revue d’Oplique qui nous a permis de reproduire les figures 5 et 6.
- Fig. 6. — Coupe de l’appareil de vérification de tir contre avions.
- T. Pignon actionnant la double roue dentée U. U. Double roue dentée. V.-W. Pièces tournant d’angles égaux, mais en sens inverse et portant les montures des pièces B et D de la ligure 5.
- immmmmm
- p.29 - vue 33/602
-
-
-
- LE PARC ZOOLOGIQUE DU BOIS DE VINCENNES
- VIENT D’ÊTRE INAUGURÉ
- Fig. 1. — L’entrée du parc zoologique du bois de Vincennes. (Porte de Paris).
- Quand l’Exposition coloniale française de 1931 ferma ses portes, les derniers visiteurs ne quittèrent pas ses palais rutilants, ses magnifiques temples exotiques, ses curieuses huttes africaines ou asiatiques, ses esthétiques
- Fig. 2. — La « montagne » haute de 68 m, masquant deux grands réservoirs d'eau et contenant un ascenseur aboutissant à un belvédère.
- monuments hindous ou américains sans regretter la disparition de sa plus originale annexe, le petit « Zoo », qui avait connu un très légitime succès pendant plusieurs mois. Aussi dès cette époque, le Muséum national d’His-toire naturelle engagea-t-il des pourparlers avec la Ville de Paris en vue de construire un grand parc zoologique sur les terrains qu’une loi de 1860 lui avait réservés dans le Bois de Vincennes. Après de nombreuses tractations, dans le détail desquelles il serait oiseux d’entrer ici, ces négociations aboutirent heureusement. On adopta le plan de M. Letrosne, architecte en chef du gouvernement et grâce aux conseils techniques du professeur Bourdelle, joints à l’aide pécuniaire de l’artiste Lhoste (qui avant de mourir demanda à sa mère de léguer sa fortune pour créer une « fauverie »), on put organiser un parc zoologique « digne de la France et de la Capitale », selon les paroles justifiées de M. Paul Lemoine, directeur du Muséum et animateur du nouvel établissement.
- Le Parc zoologique du Bois de Vincennes, inauguré récemment par le Président de la République, occupe un triangle d’environ 14 ha de superficie, dont le plus grand côté borde le lac Daumesnil. Près d’une des portes principales, se dresse une montagne haute de 68 m. Un ascenseur intérieur et des escaliers extérieurs permettent d’accéder à la plate-forme, sise près du sommet de ces pittoresques rochers qui masquent ingénieusement deux grands réservoirs renfermant l’eau nécessaire à l’alimentation des bassins, disséminés de-ci, de-là.
- L’idée générale qui a présidé à l’organisation du parc est de présenter tous les animaux non dans des geôles comme jadis, mais en semi-liberté. Les enclos extérieurs où se trouvent les Éléphants d’Asie, les Lions, les Macaques, les Geladas et autres Singes, les Emeus et les Nandous blancs, les Lamas ou les Damalisques, par exemple, ne sont plus séparés du public par des grilles gênant le champ visuel. De simples fossés suffisent à isoler toutes les bêtes, groupées autant que possible par habitats géographiques et qui peuvent s’abriter dans des cavernes dissimulées à l’intérieur de rochers artistement dessinés.
- S’inspirant des idées émises et des expériences effectuées par Hagenbeck, à Hambourg, on a adopté, en effet, pour les fauves, le système suivant, appliqué du reste, auparavant dans les jardins zoologiques de Londres, de Munich, de Nuremberg, de Rome, de Budapest et de plusieurs grandes villes des États-Unis. Une nappe d’eau d’environ 1 m s’étale au fond de chaque fossé, large d’environ 7 m et profond de 4 m. Cette couche liquide a pour but d’amortir les chutes occasionnelles des pensionnaires batailleurs, qui tombent parfois de leur parc au cours de rixes avec leurs congénères. Sur les parois des fosses revêtues de ciment lisse, les griffes des Lions ou des Ours n’ont pas de prise. Pour les Éléphants, on s’est contenté de garnir la crête des murs d’enclos de pointes de fer, qui empêchent les placides Pachydermes, aux pieds sensibles, de les franchir.
- p.30 - vue 34/602
-
-
-
- Mais si tous les animaux ainsi présentés presque librement au public peuvent prendre leurs ébats, bondir ou jouer à leur aise dans d’assez vastes espaces à ciel ouvert, on a eu soin, comme nous le notions ci-dessus, de leur ménager, à l’intérieur des rochers, des tanières aérées et chauffées où ils pourront se réfugier la nuit, s’abriter en toute saison, se garantir contre les rigueurs du froid ou les trop fortes températures estivales.
- D’autre part, dans les bassins, creusés en bas des collines rocailleuses s’élevant en certains endroits du
- ............' .. = 31 =
- entièrement privés de leur liberté et que les visiteurs aperçoivent derrière des grillages.
- Cette originale « cité des bêtes », aux destinées de laquelle préside le professeur Achille Urbain, comporte, en outre, des laboratoires, une infirmerie vétérinaire, des docks, des installations pour le chauffage central et l’éclairage, un réseau de canalisations et d’égouts. Grâce à son parfait outillage, à son esthétique aspect, à sa collection de plus de 1500 sujets venus des quatre coins du monde, le nouveau Parc zoologique de Vincennes peut
- Fig. 3 à 6. — Scènes aquatiques.
- En haut, à gauche, les ours blancs polaires; à droite, les otaries de Californie.
- En bas, à gauche, le lac des cygnes et des canards siffleurs; à droite, les flammants roses.
- parc, des Hippopotames ou des Rhinocéros prennent leurs bains, des Otaries de Californie plongent avec grâce tandis qu’au milieu d’un petit lac artificiel nagent des Canards siffleurs d’Amérique ou du Chili, des Sarcelles et des Poules d’eau. Là, se promènent également des bandes de Flammants roses, d’ibis, de Cigognes et de Marabouts. A côté de ces Échassiers ayant à leur disposition des îles rocailleuses et de minuscules plages leur rappelant plus ou moins leur pays natal, on a construit une immense volière englobant de beaux arbres. De nombreux oiseaux y volant de branche en branche, sont les seuls hôtes du nouveau parc de Vincennes, qui soient
- soutenir la comparaison avec les autres jardins zoologiques d’Europe. Ce n’est pas, d’ailleurs, sans peine que M. Urbain put organiser une telle ménagerie. Il lui a fallu effectuer de nombreux voyages au Havre ou à Bordeaux, à Marseille ou à Anvers, à Londres ou à Hambourg afin d’assister aux débarquements de convois d’animaux parmi lesquels il sut faire d’intelligentes sélections en dépit d’une âpre concurrence étrangère. M. Jean Delacour, associé du Muséum, aida également dans sa tâche cet actif zoologiste, en ramenant de l’Inde un lot de sujets rares, entre autres un jeune Rhinocéros unicorne. Les savants viendront donc poursuivre dans
- p.31 - vue 35/602
-
-
-
- 32
- Fig. 7 à 12. — Quelques habitants du Zoo.
- En haut, à gauche, les éléphants d’Asie, près du bord de leur enclos garni de pointes de fer; à droite, lamas et nandous blancs. Au milieu, à gauche, la singerie des Hamadryas d’Afrique ; à droite, le rhinocéros bicorne d’Afrique.
- En bas, à gauche, le coin des Antilopes, des Gazelles et des Oryx d’Afrique; à droite, les Girafes.
- le nouvel établissement des travaux qu’ils pouvaient difficilement entreprendre sur les animaux enfermés dans les prisons grillagées de notre vénérable Muséum; les artistes auront toutes facilités pour étudier les attitudes et les mouvements de ces êtres vivant presque sans
- contrainte, dans une ambiance quasi naturelle. Enfin le public ne se lassera sans doute pas de contempler, avec plaisir et profit, toutes ces espèces de Vertébrés évoluant dans un cadre vaste, rationnel, pittoresque et d’un goût bien français. Jean de la Cerisaie.
- p.32 - vue 36/602
-
-
-
- L’AGNEAU MYSTIQUE DE VAN EYCKE33
- A PROPOS DU VOL D'UN PANNEAU DE RETABLE
- La disparition constatée, le 11 avril, d’un des panneaux du retable dit de l’Agneau Mystique, conservé dans la cathédrale de Saint-Bavon, à Gand, outre l’émotion qu’elle a suscitée, a été l’occasion de soulever à nouveau des points d’histoire, d’attribution, de technique picturale, dès longtemps controversés et de retracer la vie mouvementée de ce vaste ensemble. Cette disparition de l’un de ses éléments a de plus posé un problème de muséographie de la plus haute importance.
- L’Office international des Musées vient de rappeler les données qu’on possède sur ces divers problèmes.
- On sait que la technique aussi bien que la valeur artistique des œuvres de van Eyck assignent à celles-ci une place toute particulière dans l’évolution de la peinture au début de la Renaissance. C’est, après le procédé à la détrempe, l’apparition de l’huile (déjà codifiée au xie siècle par le moine Théophile), qui donne des possibilités nouvelles à l’expression artistique, tributaire des moyens matériels mis à la disposition des artistes. Les panneaux de van Eyck ont attiré l’attention des techniciens en raison de la qualité des couleurs et surtout de leur état de conservation que des peintures à l’huile, bien postérieures, n’olîrent en aucune manière. On pourrait consulter, sur ce point précis de doctrine picturale, l’étude consacrée à la technique de van Eyck dans le volume 19 de Mouseion.
- L’histoire même du retable, qui selon les études récentes d’un spécialiste, M. Renders, de Bruges, doit être attribué au seul Jean van Eyck, est fort compliquée, car on ne dispose pas d’attestations précises quant à la vie de l’auteur. Toutefois, les historiens mêmes, qui admettent la collaboration d’un frère de Jean, ne manquent pas de relever les difficultés qu’on éprouve à découvrir, dans les textes, la confirmation certaine de l’existence de Hubert van Eyck. Ajoutons, en ce qui concerne plus spécialement le polyptyque de l’Agneau Mystique, que le professeur Friedlander, l’éminent historien de l’art flamand, estimait qu’il n’y avait là que l’œuvre d’un même artiste et d’une seule inspiration. Sans revenir sur la question des commanditaires présumés du retable, le fait certain est que l’ensemble fut acquis en 1432 par Jodocus Veydt, bourgmestre de Gand. En 1794, les panneaux centraux furent transportés à Paris pour revenir à Saint-Bavon en 1816. Six volets mobiles arrivèrent, à la suite de plusieurs ventes, au Musée de Berlin. En 1861, le Conseil de fabrique de l’église avait cédé au gouvernement belge les panneaux d’Adam et d’Eve. Sur les douze panneaux que comportait le tout, disposés sur deux rangées superposées, il ne restait donc à Gand, jusqu’après la guerre, que quatre panneaux authentiques, ceux du centre : l’Adoration, le Père Eternel, la Vierge et le Précurseur. La fabrique de la chapelle où se trouvait le retable possédait, en outre, deux copies anciennes des panneaux de Berlin, dues à Michel van Cocxie et deux copies modernes de Y Adam et de Y Eve (du Musée de Bruxelles), mais drapés. Le chef-d’œuvre avait subi, avant son morcellement, plusieurs restaurations : en 1550, en 1633 (à la suite de plusieurs déplacements et d’un incendie), en. 1822 (à la suite d’autres déplacements et d’un nouvel incendie). Les panneaux du Musée de Berlin avaient été parquetés.
- C’est en vertu de l’article 247 du Traité de Versailles que les six panneaux de Berlin furent remis à la Belgique. Cet article stipulait : l’Allemagne s’engage à remettre à la Belgique par l’intermédiaire de la Commission des Réparations, dans les six mois qui suivront la mise en vigueur du présent traité, et afin de lui permettre de reconstituer deux grandes œuvres d’art, les volets du triptyque de l’Agneau Mystique, peint par
- les frères van Eyck, autrefois dans l’église de Saint-Bavon, à Gand, et actuellement au Musée de Berlin.
- Le gouvernement belge décida de replacer l’œuvre là où son donateur avait voulu qu’elle fût et confia à la fabrique de la cathédrale les six panneaux restitués et les deux volets du musée de Bruxelles.
- Le polyptyque enfin reconstitué se composait de douze panneaux placés sur deux rangs superposés.
- Le verso des volets mobiles est traité en grisaille. L’argument de l’œuvre, qu’on a qualifiée « une illustration du poème de la Rédemption », est tiré de l’Apocalypse de saint Jean. Toutes les étapes de ce poème sont retracées sur les différents volets : la faute originelle, représentée par Adam et Eve (volets extrêmes de la rangée supérieure) ; l’Annonciation (verso d’un des volets de la même rangée) ; le Mystère de la Rédemption, représenté par le sacrifice de l’Agneau Mystique faisant jaillir par sa mort la fontaine d’eau vive et que les justes viennent adorer (panneau central de la rangée inférieure) ; au-dessus de ce grand panneau, le paradis où le Père Eternel (panneau central de la rangée supérieure) bénit les hommes rachetés; il a à ses côtés le Précurseur (à droite) et la Vierge (à gauche) ; de part et d’autre de ces deux volets sont représentés les Anges musiciens. Le grand panneau central, l’Adoration, offre la vue d’une vaste prairie émaillée de fleurs, encadrée de collines boisées où se profilent des clochers. Au centre, un autel rouge, drapé de blanc, porte l’agneau sauveur; des quatre points cardinaux, quatre groupes de fidèles s’avancent : au fond, à gauche, des évêques en chapes bleues, et, à droite, la procession des vierges martyres en robes blanches, tenant des palmes; au premier plan, deux autres cortèges se sont avancés jusqu’au bord de la fontaine mystique : à gauche, des prophètes, des docteurs de la loi, personnages largement drapés et portant les coiffures les plus diverses; à droite, des apôtres sont agenouillés, suivis de dignitaires de l’Eglise et de moines en surplis. Deux paires de panneaux étroits encadrent le panneau central; ils représentent, à gauche, les Juges intègres (volet extrême, qui a été dérobé) et les Soldats du Christ-, à droite, les saints ermites et les saints pèlerins.
- Le volet dérobé, qui se situe à l’extrémité gauche de la rangée inférieure, mesure 1 m 50 de haut et 0 m 60 de large. Il présente, au verso, un saint Jean-Baptiste, traité en grisaille, et au recto,neuf personnages à cheval — les Juges intègres -— se détachant sur un fond de rochers; à l’arrière-plan, se développe un paysage, dominé par la haute tour d’une église. Ce volet avait, pendant son séjour à Berlin, fait l’objet d’une restauration, après celles mentionnées plus haut, consistant en un parquetage destiné à éviter la déformation du panneau.
- La disparition du panneau des Juges intègres pose, une fois de plus, la très grave question de la sécurité des œuvres d’art conservées dans les lieux de culte public. Le souci de maintenir, dans le cadre auquel ils avaient été destinés, des chefs-d’œuvre de grande valeur, peut se heurter à certains inconvénients qui ont été fréquemment signalés. L’ambiance historique n’est pas toujours favorable à la saine conservation, l’éclairage n’est pas souvent propice, sans parler des méfaits produits par la fumée des cierges, problème sur lequel des recherches ont déjà été entreprises par l’Office international des Musées. Enfin, la surveillance ne s’exerce pas aussi aisément que dans les salles d’un musée. Mais, dans le cas du polyptyque de Gand, les raisons de l’emplacement choisi étaient péremptoires et tout indique que rien n’avait été négligé pour assurer une surveillance constante.
- p.33 - vue 37/602
-
-
-
- = 34 =::................... .......................................=
- Divers systèmes ont été proposés, pour prévenir le vol des œuvres d’art : accrochage spécial des tableaux qui doit tenir compte de la nécessité d’un déplacement rapide en cas d’incendie; avertisseurs mus par contact ou par rayons invisibles. L’Office international des Musées a déjà entrepris à ce propos des études et des enquêtes dont rien n’a été révélé. En plus, il vient de faire approuver par la Société des Nations un
- projet de convention internationale par laquelle les Etats contractants s’engagent à se prêter leurs bons offices pour faire restituer ou rapatrier dans le plus bref délai les objets d’intérêt artistique, historique ou scientifique perdus, volés, ou ayant donné lieu à aliénation ou exportation illicites.
- Andhi; Bekcv.
- UN SYSTÈME DE SCULPTURE CINÉMATOGRAPHIQUE
- Plateau tournant à f tour en 4 secondes
- pondant la rotation du plateau et « l’exploration » du personnage par le faisceau lumineux. Elle permet d’obtenir sur un film sensible 454 images successives, qui reproduisent le contour du buste sous 454 angles différents.
- Ces photographies sont agrandies et permettent de découper des bandes métalliques, au nombre également de 454, dont chacune correspond à un profil (fig. 2).
- Ces bandes sont assemblées au moyen de tiges métalliques, et on coule de la paraffine dans les intervalles, de manière à obtenir une surface continue. L’ensemble est retouché par un praticien, et on obtient ainsi un « buste photographique », qui peut évidemment être reproduit par la suite en une matière quelconque.
- P. 11.
- Fig. 2. — Exéculion de buste au moyen des profils métalliques.
- Chaque plaque correspond à une des 454 photographies de profil.
- Fig. 1.— Prise des photographies nécessaires pour la « sculptographie ».
- L’idée d’employer la photographie pour faciliter la sculpture remonte aux origines mêmes de la photographie. Nous ne rappellerons pas ici les nombreux procédés proposés dans ce but. Signalons un nouveau procédé, appliqué pour la première fois au Japon, récemment introduit aux Etats-Unis et qui fait appel à la cinématographie. Il a reçu le nom de « sculpto-grapbie ».
- Le personnage dont on veut exécuter le buste est assis sur un fauteuil porté par un plateau tournant. Ce plateau est entraîné à l’aide d’un moteur électrique d’un mouvement absolument régulier, à raison d’un tour par quatre secondes (%• 1)-
- Le sujet et l’opérateur sont placés dans une chambre obscure, et un système optique pourvu d’une source lumineuse puissante projette sur le premier un faisceau lumineux rectiligne au moyen d’une fente mécanique.
- Ce faisceau lumineux détermine, en quelque sorte, la formation d’une ligne lumineuse brisée qui représente le profil du buste du personnage, sous un certain angle. Comme le sujet tourne d’une, manière régulière au fur et à mesure de la rotation, la ligne lumineuse se déplace et va tracer ainsi 1’ « enveloppe » du buste à obtenir.
- Une « caméra » cinématographique à grande vitesse, montée selon un angle de 30° avec le projecteur, est mise en action
- plaques profilées assemblées et séparées par des rondelles
- \ intervalles remplis
- p.34 - vue 38/602
-
-
-
- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- 35
- LA VOÛTE CÉLESTE EN AOUT 1934 (lNy
- Mois très chargé, astronomiquement parlant : occultation des Pléiades par la Lune, le 31 ; plus grande élongation de Mercure le 1er; opposition de Saturne, le 18; pluie des Per-séides, du 9 au 11 août; lumière cendrée de la Lune, du 5 au 8; éclipse annulaire de Soleil, le 10 (réservée à l’Afrique australe); nombreuses occultations d’étoiles par la Lune; enfin, touristiquement parlant cette fois, le coucher du Soleil sous l’Arc de Triomphe et la production du mascaret et de fortes marées.
- Est-ce bien là un mois de « vacances » ?
- I. Soleil. La déclinaison du Soleil, en août, décroît rapidement.
- De + 18° 8' le 1er, elle ne sera que de + 8° 48', le 31.
- La durée du jour diminue beaucoup en ce mois, elle sera de 15h6m le 1er août et de 13h31m le 31. Cette durée est celle do la présence du centre du Soleil au-dessus de l’horizon de Paris : pratiquement, elle est plus longue, car il faut y ajouter les temps de lever et de coucher du demi-diamètre solaire et du crépuscule civil.
- Voici le temps moyen à midi vrai, c’est-à-dire l’heure exacte du passage du centre du Soleil au méridien de Paris :
- Dates. P. B0 L„
- Août 1 + 10°, 61 + 5°,80 19°,08
- — 2 + 11°, 01 + 5»,87 5»,96
- -- 6 + 12°,57 + 6»,14 312»,96
- — 11 _i- i4o)44 + 6°,44 246»,85
- — 16 + 16°,20 + 6°,70 180»,76
- — 21 4- 17»,84 + 6°, 91 114»,68
- — 26 + 19.,36 + 7°,07 48»,61
- — 29 + 20°,20 + 7°,14 8»,97
- Date.
- Heure de passage.
- Août 1er 11“ 56“ 52
- — 3 11 56 44
- — 5 11 56 34
- — 7 11 56 21
- — 9 11 56 7
- — 11 11 55 49
- — 13 11 55 30
- — 15 11 55 8
- — 17 11 54 44
- — 19 11 54 18
- — 21 11 53 50
- — 23 11 53 21
- — 25 11 52 49
- — 27 11 52 15
- — 29 11 51 41
- -- 31 11 51 4
- Fig. 1. — Carte du groupe des Pléiades, dressée d’après un cliché pris par M. L. Rudaux, à l’Observatoire de Donville {Manche).
- Le groupe des Pléiades va être occulté par la Lune le 31 août 1934 (Voir ci-après). Observation importante à faire.
- Observations physiques. — M. H. Mémery, dans le Bulletin de l’Observatoire de Talence (n° du 15 mai 1934), dit que le minimum solaire actuel peut être fixé à 1933.
- Il importe donc de continuer l’observation régulière du Soleil, car il est vraisemblable que des taches vont maintenant apparaître plus nombreuses, à des latitudes élevées.
- Les éphémérides ci-après permettront d’orienter convenablement les dessins et les photographies du Soleil.
- 1. Toutes les heures indiquées ici sont exprimées en temps universel (T. U.), compté de 0 h. à 24 h. à partir de 0 h. (minuit). Pendant la mise en service de l’heure d’été, ajouter 1 heure à toutes les heures mentionnées dans ce « Bulletin astronomique ».
- Lumière zodiacale ; lueur anti-solaire. •— La lumière zodiacale peut être recherchée le matin, avant l’aurore, mais c est surtout dans les mois qui vont suivre qu’elle sera très intense.
- La lueur anti-solaire est encore fort basse sur l’horizon
- pour être recherchée.
- Coucher du Soleil sous l’Arc de Triomphe de l’Etoile.— L'Annuaire astronomique Flammarion recommande l’observation, très curieuse, du coucher du Soleil entre les piliers de l’Arc de Triomphe de l’Etoile. Cett observation est évidemment réservée à nos lecteurs de Paris et à ceux qui profiteraient des vacances pour visiter la capitale.
- Pour la réaliser, il convient de se placer au centre de la place de la Concorde, au pied de l’Obélisque. Mais à cette distance, le diamètre du Soleil déborde largement l’ouverture de l’Arc. Si l’on veut voir le disque solaire remplir complètement l’ouverture de l’Arc, il faut se placer plus près, à une distance de 1500 m. de la place de l’Etoile, à la hauteur de l’avenue Marigny.
- C’est le 9 août que l’on pourra faire cette curieuse observation, alors la déclinaison du Soleil sera d’un peu moins -j-16°. (On peut également la faire le 4 mai de chaque année.)
- Il y a là une occasion fort opportune pour les photographes. Utiliser des appareils à foyer aussi long que possible, pour avoir une image un peu grande du monument et du Soleil, et, naturellement, des plaques anti-halo. On se rappellera que l’image du Soleil est d’environ 1 mm de diamètre par 0 m 10 de distance focale, elle est donc fort petite. Si de très bonnes photographies nous parviennent, nous serons heureux de publier la meilleure ici-même.
- Eclipse annulaire de Soleil. — Le 10 août, belle éclipse annulaire de Soleil, invisible à Paris. Le commencement de l’éclipse générale aura lieu à 5“50m,8; le maximum de l’éclipse à 9“37m,2 et la fin de l’éclipse générale à 11“ 23m,6.
- Cette éclipse sera visible dans la partie orientale de l’Océan Atlantique, d’une très grande partie de l’Afrique, de l’île de
- p.35 - vue 39/602
-
-
-
- 36
- Madagascar et d’une partie de l’Océan Indien. La ligne de centralité traversera la pointe sud de l’Afrique et la phase annulaire atteindra une durée maxima de 6 minutes 34 secondes. La grandeur maxima de l’éclipse sera de 0,972, le diamètre du Soleil étant pris pour unité.
- IL Lune. — Les phases de la Lune, pendant le mois d’août, seront les suivantes :
- D. Q. le 2, à 6" 27 » I P. L. le 24, à 19* 37“
- N. L. le 10, à 8* 46“ D. Q. le 31, à 19“ 40“
- P. Q. le 18, à 4“ 33“ |
- Age de la Lune : le 1er août, à 8“ (T. U.) = 201,3 ; le 11 août, même heure = 016.
- Plus grandes déclinaisons de la Lune, en août: le 5, à 18“ = + 27°5'; le 20, à 6“ = — 27° 8'. On remarquera la faible hauteur de la Lune au-dessus de l’horizon, le 20 août, vers 20“, au moment de son passage au méridien.
- Apogée de la Lune (plus grande distance à la Terre), le 8 août, à 21“. Parallaxe = 53' 58". Distance = 406 322 km.
- Périgée de la Lune (plus petite distance à la Terre), le 23 août, à 20“. Parallaxe — 61'7". Distance =358 790 km.
- Occultations d’étoiles par la Lune. — Le 7 août, occultation de s Gémeaux (3m 2) ; émersion à 2“ 39“ 0.
- Le 21, occultation del/ Sagittaire (4“8) : immersion àl9“27“,5.
- Le 31, occultation des Pléiades : les étoiles 17 Taureau, q Taureau, 20 Taureau, 16 Taureau, 21 Taureau et 22 Taureau seront occultées. Voici les heures de ces phénomènes.
- Etoile Magnitude Immersion Emersion
- 17 Taureau 3“,8 0“ 59“,5 1“ 38“,5
- 9 — 4 3 1 13 ,0 2 18 ,0
- 20 — 4 1 1 24 ,0 2 34 ,0
- 16 — 5 4 — 1 59 ,5
- 21 — 5 8 — 2 42 ,0
- 22 — 6 5 — 2 47 ,0
- La Lune sera presque à son dernier quartier. Les étoiles disparaîtront donc au bord éclairé pour réapparaître au bord obscur. Toutefois ce bord sera visible, éclairé qu’il est par la Terre (lumière cendrée).
- Phénomène très important, à observer à l’aide d’une petite
- lunette. La carte (fig. 1) permettra de suivre facilement la marche de notre satellite devant le groupe des Pléiades. Celles-ci seront encore occultées deux fois cette année, le 24 octobre et le 21 novembre.
- Lumière cendrée de la Lune. — A observer le matin, du 5 au 8 août.
- Marées; Mascaret. —- Les plus grandes marées du mois se produiront surtout à l’époque de la Pleine Lune du 24. Elles seront très importantes. Voici quelques-unes de ces grandes marées pour Brest et Le Havre :
- Marée du Matin. Marée du Soir.
- Dates A Brest. Au Havre Coefiïc. A Brest. Au Havre Coeffic.
- Août 24 3 t» y Ul 8“ 28“ 0,93 15“ 41“ 20 “ 4 9“ 1,00
- — 25 4 4 9 9 1,05 16 25 21 28 1,10
- — 26 4 47 9 49 1,12 17 7 22 9 1,13
- — 27 5 28 10 30 1,12 17 47 22 50 1,08
- — 28 6 7 11 12 1,03 18 25 23 32 0,97
- — 29 6 44 11 53 0,90 19 3 — 0,81
- En raison de la grande amplitude des marées, le Mascaret se produira fréquemment en août (beau phénomène naturel dont l’observation est particulièrement recommandée en cette période de vacances. Le maximum aura lieu le dimanche 26, ce qui pourra constituer un but d’excursion pour de nombreux automobilistes).
- Dates. Coefficient de la marée. Arrivée du Mascaret à :
- Quillebeuf. Villequier. Caudebec.
- Août 24 1,00 19“ 19“ 19“ 56“ 20“ 5“
- — 25 1,05 7 39 8 16 8 25
- — 25 1,10 19 58 20 35 20 44
- — 26 1,12 8 19 8 56 9 5
- — 26 1,13 20 39 21 16 21 25
- — 27 1,12 9 0 9 37 9 46
- — 27 1,08 21 20 21 57 22 6
- — 28 1,03 9 42 10 19 10 28
- III. Planètes. — Le tableau ci-dessous, que nous avons
- ASTRE Dates : Août. Lever à Paris. Passage au méridien de Paris. Coucher à Paris. Ascen- sion droite. Déclinai- son. Diamètre apparent. Constellation et étoile voisine. VISIBILITÉ.
- i 6 4“ 30“ 11“ 56“ 28' 19“ 22“ 9“ 3“ + 16° 50' 31'35",4 Cancer
- Soleil . . . j 16 4 44 11 54 57 19 5 9 41 i ~r 13 53 31 38 ,6 Lion > »
- ( 26 4 58 11 52 32 18 46 10 18 + 10 34 31 42 ,6 Lion
- 1 6 2 57 10 42 18 27 7 45 + 20 40 6,6 X Gémeaux Le matin, au début du
- Mercure . . 16 3 44 11 16 18 49 8 59 + 18 2£F 5,4 Cancer mois. Plus grande élonga-
- 26 4 56 11 56 18 57 10 18 + 12 29 5,0 a Lion tion le Ie' .
- 6 2 10 10 5 17 59 7 9 + 22 13 11,6 0 Gémeaux ,
- Vénus. . . 16 2 31 10 17 18 2 8 0 + 20 45 6,6 Gémeaux / Etoile du matin,
- 26 2 57 10 28 18 0 8 51 + 18 17 10,8 0 Cancer se lève, le 16, à 2“ 31“.
- 6 1 54 9 56 17 58 7 1 + 23 26 4,0 0 Gémeaux. ^
- Mars .... 16 1 48 9 45 17 42 7 30 + 22 41 4,0 X Gémeaux Le matin, dans l’aurore.
- i 26 1 42 9 33 17 24 7 57 + 21 40 4,0 Gémeaux ^
- Jupiter. . . 16 9 53 15 26 20 59 13 12 — 6 26 31,0 a Vierge Devient peu visible le soir.
- Saturne . . 16 19 13 0 7 5 1 21 51 — 14 34 1,7 Verseau Toute la nuit. Opp. le 18.
- Uranus . . 16 21 17 4 13 11 9 1 58 + 11 27 3,6 Bélier Se lève vers 9“ du soir.
- Neptune . . 16 6 26 13 6 19 46 10 53 + 8 7 2,4 Z. Lion Inobservable.
- p.36 - vue 40/602
-
-
-
- 37
- établi d’après les renseignements contenus dans VAnnuaire astronomique Flammarion, donne les indications nécessaires pour rechercher et observer les principales planètes pendant le mois d’août 1934.
- Mercure atteindra sa plus grande élongation du matin le 1er août, à 19° 26' à l’ouest du Soleil. En raison de sa forte déclinaison boréale, cette élongation sera favorable pour observer Mercure. Voici le tableau de la phase de Mercure :
- Dates. Fraction du disque illuminée. Diamètre. Magnitude stellaire.
- — — — —
- Août 4 0,500 7",0 0,0
- — 9 0,685 6 ,2 — 0,6
- — 14 0,847 5 ,6 — 1,1
- — 19 0,952 5 ,2 -1,4
- — 24 0,994 5 ,0 — 1,5
- — 29 0,994 4 ,9 — 1,3
- Mercure se trouvera en conjonction supérieure avec le Soleil le 26 août, à 7“.
- Vénus est encore bien visible le matin, mais elle se rapproche, peu à peu, de sa conjonction supérieure. Elle présente, au milieu du mois, une phase analogue au dessin n° 7 de la figure du « Bulletin astronomique » du n° 2928. Voici le tableau de la phase de Vénus :
- Dates. Élongation. Heure.
- Août 5 Orientale 17" 2
- — 13 Occidentale 22 1
- — 21 Orientale 14 7
- — 29 Occidentale 19 6
- Uranus sera bientôt en opposition avec le Soleil. On le trou-
- vera à l’aide d’une bonne jumelle et de la petite carte que
- nous avons donnée au « Bulletin astronomique » du n° 2930.
- Neptune est inobservable. Il sera Soleil au début du mois prochain. en conjonction avec le
- IV. Phénomènes divers. •— Conjonctions :
- Le 1er, à 20», Uranus en conjonction avec la Lune, à 6° 12' S.
- Le 2, à 21h, Vénus — la Lune, à 1° 8' S.
- Le 7, à 10“, Vénus — o Gémeaux (3m2), à 0° 2' S.
- Le 7, à 16“, Mars — la Lune, à 1° 32' S.
- Le 7, à 21h, Vénus — à 2° 14' S.
- Le 8, à 19h, Mercure —- à 1° 2' S.
- Le 12, à 13h, Neptune — à 4° 2'N.
- Le 16, à 16h, Jupiter — à 6° 38'N.
- Le 24, à 1111, Saturne — à 3° l'S.
- Le 29, à 4“, Uranus — à 6° 9' S.
- Le 31, à 3h, Mercure — à 0° 44' N.
- Dates. Fraction du disque illuminée. Diamètre. Magnitude stellaire.
- — — — —
- Août 4 0,881 11",6 — 2,3
- — 9 0,892 11 ,4 — 3,3
- — 14 0,902 11 ,2 — 3,3
- — 19 0,912 11 ,1 — 3,3
- — 24 0,922 11 ,0 — 3,3
- — 29 0,931 10 ,8 — 3,3
- Mars devient visible le matin, avant l’aurore, mais son diamètre de 4",0 ne permet aucune observation utile.
- Jupiter est encore un peu visible le soir, dès l’arrivée du crépuscule. On pourra encore observer quelques-uns des phénomènes du système des satellites. En voici la liste :
- Phénomènes du système des satellites de Jupiter.
- Date : Août. Heure. Satel- lite. Phéno- mène. Da’te : Août. Heure. Satel- lite. Phéno- mène.
- 4 20h38m II O. c. 7 20 17 I E. f.
- 4 20 45 II P. î. 15 19* 29 I O. f.
- 6 19 49 I P. c. 22 19 14 I O. c.
- Saturne se trouvera en opposition avec le Soleil le 18 août, à llh. Il est visible toute la nuit. Voici les éléments de l’anneau à la date du 13 août :
- Grand axe extérieur 42",55
- Petit axe extérieur + 8",89
- Hauteur de la Terre au-dessus du plan
- de l’anneau. . . , + 12°,06
- Hauteur du Soleil au-dessus du plan
- de l’anneau. . . + 12»,19
- Élongations de Titan, le plus lumineux des satellites de Saturne :
- Etoile Polaire; Temps sidéral. •— Voici quelques passages de l’Étoile Polaire au méridien de Paris :
- Temps sidéra
- Dates. Passage. Heure (T. U.). à 0h (T. U.) (l).
- Août 9 Supérieur 4* 22m 24 21“ 7- 12
- — 19 — 3 43 16 21 46 37
- -- 29 — 2 4 7 22 26 3
- Etoiles variables. — Minima de l'étoile Algol (|3 Persée), variable de 2m,2 à 3m,5 en 2‘ 20“ 48m : le 11 août, à 0h53m; le 13, à 21h 41™ ; le 31, à 2» 33m.
- Maximum d’éclat de T Grande Ourse, variable de 5m,5 à 13m, 5, en 225 jours : le 12 août.
- Maximum d’éclat de R Cassiopée, variable de 4m,8 à 13m, 6, en 426 jours : le 26 août.
- Etoiles filantes. •— Le mois d’août est caractérisé par une forte recrudescence du nombre des étoiles filantes. L’essaim le plus important est celui des Persèides. Il commence à devenir actif en juillet. Le maximum de la chute se produit du 9 au 11 août. Le radiant est alors voisin de l’étoile r, Persée; les météores sont rapides, avec traînées jaunâtres. La pluie cesse vers le 21, le radiant se trouvant alors dans la constellation de la Girafe.
- Pour les autres radiants actifs en août, consulter le tableau donné au numéro 2909, page 85.
- V. Constellations. — L’aspect de la Voûte Céleste le l«r août, à 2111 ; ou le 15 août, à 20\ est le suivant :
- Au Zénith : le Dragon, la Lyre, Hercule.
- Au Nord : la Petite Ourse, Cassiopée, Andromède, le Cocher (à l’horizon).
- A l’Est : le Cygne, l’Aigle, le Dauphin, Pégase, le Verseau, les Poissons.
- Au Sud : le Sagittaire, le Scorpion, Ophiuchus.
- A l’Ouest : la Couronne boréale, le Bouvier, la Grande Ourse.
- Em. Touchet.
- 1. Pour le méridien de Greenwich.
- p.37 - vue 41/602
-
-
-
- 38
- LA RADIOPHONIE PRATIQUE
- CONSEILS PRATIQUES - NOUVEAUTÉS RADIOTECHNIQUES CONSTRUCTION D'APPAREILS SIMPLES
- UNE NOUVELLE FORME DE RÉSISTANCE
- Le nombre des résistances fixes et variables qui figurent dans les récepteurs de T. S. F. a beaucoup augmenté depuis l’apparition même des postes-secteur. Ces résistances sont constituées par des matières possédant une conductibilité spécifique assez faible, telles que le carbone, le graphite et les alliages nickel-chrome.
- Le carbone et ,1e graphite s’emploient généralement sous forme de poudre agglomérée par des matières liantes convenables; les alliages sont étirés sous forme de fil fin, enroulé en bobinages. On utilise donc aujourd’hui, soit des résistances fixes généralement au charbon, soit des résistances bobinées.
- La courbe d’une résistance variable en fonction de la longueur est généralement une ligne droite, mais on a quelquefois à utiliser des résistances à prises dont la conductibilité varie de point en point. La construction de ces résistances est plus délicate.
- Il est cependant essentiel que le curseur ne vienne pas frotter à la surface du film de graphite, ce qui ferait varier rapidement les caractéristiques de la résistance. Le dispositif le plus simple pour obtenir ce résultat consiste à sertir des œillets métalliques dans la bande de papier imprégné. Les œillets sont placés très près les uns des autres pour permettre le glissement continu du curseur (fig. 1 A.).
- Dans un autre modèle, la bande enduite de graphite peut reposer sur son arête au lieu d’être à plat. Un fil résistant est enroulé autour de la bande, et il est coupé suivant une ligne parallèle à l’arête comme le montre la figure 1 B.
- On a ainsi une combinaison des modèles à charbon et à bobine. Le graphite joue le rôle d’élément résistant au point de section du fil, et ce dernier établit le contact entre le curseur et l’élément résistant.
- Enfin, on pourrait songer à employer une sorte de disque mét allique intermédiaire servant à assurer le contact et flottant, en quelque sorte au-dessus de l’élément résistant (fig. 1 C).
- Fig. 1. — Résistances au graphite colloïdal.
- A. Résistance variable avec prises de courant à œillets; B. Résistance variable avec bobinage métallique intermédiaire; C. Résistance variable à disque intermédiaire; D. Préparation de la bande résistante au graphite.
- Pour constituer ces résistances, au lieu d’utiliser de la poudre de graphite ou de la poudre de carbone, on peut employer une matière moins connue jusqu’à présent et sous une autre forme, le graphite colloïdal dans l’eau connu sous le nom d’Aquadag. On connaît les propriétés des suspensions colloïdales qui se distinguent nettement des solutions ordinaires. Nos lecteurs ont, d’autre part, pu lire dans nos chroniques d’automobile pratique une étude sur les emplois du graphite colloïdal dans l’huile, adopté à l’heure actuelle, en particulier; pour le graissage des moteurs d’automobiles, parce qu’il forme un film de graphite adhérent au métal.
- Le graphite colloïdal dans l’eau forme de même des enduits solides de graphite, sur le papier, la fibre, le verre, etc... et la résistance des enduits ainsi formés dépend de la densité et de l’épaisseur de la pellicule.
- Il est possible, par ce procédé, d’établir des résistances pouvant servir en T. S. F. pour diverses applications, telles que réglage de la tonalité, la polarisation de grille, etc...
- On peut constituer de cette manière assez facilement une résistance à prises comme le montre la figure 1. Ces dispositifs comportent généralement une bande circulaire de papier épais et poreux imprégné ou recouvei*t de graphite colloïdal dans l’eau.
- La rotation du bras mobile exerce une pression sur le disque sans provoquer de mouvement de glissement et d’arrachement.
- La bande résistante, qui constitue la partie essentielle de ces dispositifs, peut être préparée très facilement, même par un amateur.
- En principe, on la plonge dans un bain d’eau à base d’Aquadag à une dilution convenable. Après séchage à température élevée, on l’expose à l’atmosphère libre, pour lui permettre de prendre son degré hygrométrique normal.
- On améliore l’adhérence du graphite en faisant passer la bande entre les rouleaux qui exercent une pression, mais cette opération augmente évidemment la conductibilité de la bande et il faut en tenir compte.
- Pour préparer une résistance à prises, on applique à la brosse une solution de graphite colloïdal de différentes concentrations de façon à obtenir la courbe de variation désirée.
- Par exemple, on immergera toute la bande A E dans une solution calculée pour donner la résistance la plus élevée que l’on désire dans chaque segment, tel que D E. Après séchage de la bande, on pourra peindre le segment C D avec une solution plus riche en graphite, et appliquer une nouvelle solution encore plus riche sur le segment B C, et sur le segment A B (fig. 1 D).
- p.38 - vue 42/602
-
-
-
- 39
- Les résistances variables de ce type peuvent être utilisées, en particulier, pour le réglage de la tonalité des haulrparleurs, ainsi que pour faire varier l’intensité sonore dans un récepteur radiophonique ou un phonographe électrique.
- On peut également constituer des résistances de grille de plusieurs mégohms en enduisant de graphite colloïdal une baguette de verre ou de porcelaine, en portant cette dernière à une température élevée, et, enfin, en vernissant ou en laquant l’élément, ou bien encore en le scellant dans un tube de verre.
- L’eau à base de graphite colloïdal que l’on peut désormais trouver dans le commerce, sous le nom d’Aquadag, peut être employée facilement, ce qui semble intéressant pour les professionnels aussi bien que pour les amateurs constructeurs.
- LES NOUVEAUX APPAREILS RADIOTECHNIQUES CONTRE LA SURDITÉ
- Un assez grand nombre, malheureusement, d’auditeurs de T. S. F. sont durs d’oreille ou ont des déficients de l’ouï ; dans
- Lampe amplificatrice ' tri grille 25 -4-3
- vers le récepteur au le vibrateur
- Microphone
- Condensateurs ë/ectro chimiques _de filtrage
- Fusibles
- nfl&tLGGr—
- ~~ Bobine de S filtrage
- Valve double ~~~ 25-1-5
- Résistance du cordon
- Fig. 3. •— Schéma de principe d’un amplificateur « tous secteurs » pour appareil contre la surdité.
- (En réalité le microphone est alimenté également par courant redressé
- et filtré.)
- leur entourage. Nous avons déjà eu l’occasion de noter à leur intent ion les dispositifs d’amplification à lampes à vide de T. S. F. que l’on peut employer comme systèmes de prothèse auditive.
- Un appareil de ce genre comporte simplement un microphone sensible, du type à charbon, et un amplificateur à fréquence musicale à une ou deux lampes avec ses organes d’alimentation.
- Le microphone est relié à la première lampe de l’amplificateur à l’aide d’un transformateur de rapport convenable, et la lampe de sortie est connectée à un écouteur ordinaire, mais de type réduit, ou à un vibrateur à transmission osseuse qui permet l’écoute par contact avec les os du crâne du sujet (fig. 2).
- Avec ce système, on peut obtenir une grande profondeur de champ, c’est-à-dire que la distance à laquelle la source sonore peut être éloignée du microphone devient considérable ; d’un autre côté, la tonalité naturelle générale de l’audition est conservée, et le timbre particulier des voix o\i des instruments de musique n’est pas altéré.
- La construction d’un appareil de ce genre peut paraître simple, puisque l’aïhplification à obtenir est peu considérable, mais en fait il faut que le microphone soit particulièrement
- ___ Poste de T.S.F ( vu par derrière )
- Sortie haut-parleur auxiliaire
- Prise de.
- pick -up
- . Transformateur de liaison micro-phonique
- Vibrateur à conduction osseuse ou écouteur téléphonique
- -Microphone
- Fig. 2. — Le plus simple des appareils de fortune à amplification radiolechnique contre la surdité.
- bien choisi et l’amplificateur de puissance étudié avec un grand soin. Il faut surtout craindre l’apparition d’un bruit de fond dû à un effet microphonique, déjà gênant pour un auditeur normal, et encore plus désagréable ou même dangereux pour un auditeur dont l’ouïe est déficiente.
- On peut, en principe, se contenter d’employer une seule lampe triode à chauffage direct alimentée par batteries, et sur laquelle agit le microphone par l’intermédiaire du transformateur de liaison à grand rapport. La batterie de chauffage peut être utilisée également pour l’alimentation du microphone.
- On peut également utiliser dans ce but le ou les étages d’amplification basse fréquence d’un récepteur radiophonique, mais, dans ce cas. évidemment, le système n’est plus portatif. Le microphone agit sur les étages basse fréquence à la place du pick-up électromagnétique servant pour la reproduction électrique des disques.
- 11 suffit d intercaler Fig. 4. — Appareil portatif à ampli fica-le transformateur de lion radiotechnique établi suivant le schéma liaison habituel qui de la figure 3 (type Sonotone).
- n’est pas indispensable dans le cas du pick-up (fig. 2).
- Si l’écouteur de sortie a une impédance suffisante, il peut être monté directement sur la dernière lampe, sinon il vaut mieux employer un transformateur de liaison, et, d’ailleurs, on peut le monter en parallèle sur le haut-parleur habituel.
- Il est certain que l’emploi de ces appareils à amplification radiotechnique est surtout intéressant dans un appartement, dans un laboratoire,
- p.39 - vue 43/602
-
-
-
- 40
- Fig. 5. — Appareil de bureau contre la surdité avec amplificateur « tous secteurs ».
- En avant du microphone double à gauche, on voit un vibrateur à conduction osseuse muni d’un manche.
- dans un bureau, ou pour un usage professionnel particulier. Un appareil de ce genre sera particulièrement précieux pour un médecin, un avocat, un architecte, etc., pour tous ceux qui, par leur profession, sont amenés à donner des consultations verbales.
- On peut donc, presque toujours, le relier à un réseau d’alimentation électrique continu ou alternatif et éviter l’emploi des piles et des batteries d’accumulateurs toujours assez onéreuses.
- On pourrait, tout d’abord, utiliser l’alimentation par courant redressé, à la fois en courant de chauffage et en courant de plaque, ce courant redressé servant également à l’alimentation du microphone; de cette manière, on a la certitude d’obtenir de bons résultats avec le minimum de ronflements ou de bruits parasites.
- On établit maintenant des postes de T. S. F. tous courants qui peuvent être à volonté alimentés par le courant d’un secteur continu ou alternatif d’une tension quelconque. La réalisation de ces postes a été rendue possible grâce à l’emploi de lampes à chauffage indirect fonctionnant souvent avec une tension de chauffage de l’ordre de 12 à 25 volts, avec éléments montés en série, et pouvant donner de bons résultats, même en basse fréquence, avec une tension plaque relativement réduite, de l’ordre d’une centaine de volts.
- Les plus récents appareils contre la surdité à amplification radiotechnique établis en Amérique sont réalisés suivant ce principe. Ils comportent un étage d’amplification à une lampe amplificatrice basse fréquence pentode à chauffage indirect. Le chauffage de la cathode de cette lampe s’effectue à l’aide du courant continu ou alternatif ramené simplement à la tension convenable au moyen d’une résistance de l’ordre de 200 ohms disposée tout le long du cordon d’alimentation (fig. 5).
- L’alimentation plaque de cette lampe est réalisée à l’aide d’une lampe redresseuse à chauffage indirect biplaque comme le montre le schéma de la figure 3. Les éléments chauffants de cette lampe, de même que l’élément de la lampe amplificatrice, sont alimentés sous une tension de 25 volts, et montés en série, de sorte que la perte de tension dans la résistance est réduite au minimum.
- Le courant de plaque est redressé par la valve dans le cas de l’alimentation par le courant alternatif, mais cette valve laisse passage au courant continu lorsque le système est alimenté par courant continu. Il ne résulte évidemment de ce changement aucune modification pour le chauffage des cathodes chauffées indirectement.
- Le microphone agit sur la lampe d’entrée par l’intermédiaire du transformateur habituel à grand rapport et il est alimenté par du courant redressé et filtré. La lampe de sortie actionne, d’ailleurs, directement un écouteur téléphonique ou un vibra-tcur à conduction osseuse d’impédance suffisante.
- Pour mettre en fonctionnement l’appareil, il suffit de le relier à une prise de courant quelconque, en respectant la polarité s’il s’agit de courant continu.
- Le microphone, généralement du type à double pastille, peut être placé dans un coffret contenant également l’amplificateur avec son système d’alimentation complètement blindé, et un dispositif de contrôle de l’intensité sonore intercalé sur le câble reliant le microphone à l’amplificateur.
- Le microphone de modèle ordinaire portatif peut d’ailleurs être remplacé par un modèle de bureau et on voit que ces appareils à amplification radiotechnique sont dès à présent d’un usage pratique et ne nécessitent aucun entretien. Leurs avantages acoustiques particuliers les feront donc apprécier sans doute par de très nombreux déficients de l’ouïe (fig. 4 et 5).
- / UN POSTE TOUS SECTEURS RÉDUIT ET SENSIBLE
- La construction des appareils tous secteurs utilisables à volonté sur le courant alternatif ou continu d’un secteur de distribution a fait depuis quelque temps de sérieux progrès. Tout d’abord, les modèles présentés sont de plus en plus sensibles et, le plus souvent, de type superhétérodyne. Ils possèdent souvent des perfectionnements comparables à ceux des postes sur alternatif : cadran de réglage lumineux, prise pick-up, prise pour haut-parleur séparé, dispositif anti-fading, etc...
- On peut répartir ces appareils en deux catégories plus ou moins tranchées. Tout d’abord les modèles très réduits pouvant être portés à la main sans inconvénient, munis d’un haut-parleur éleetrodynamique d’un diamètre qui n’excède pas une douzaine de centimètres, et qui demeurent, par excellence, des postes ultra-portatifs servant en particulier pour le voyage.
- D’un autre côté, on trouve des appareils encore réduits, mais de dimensions un peu plus grandes cependant et dont la forme générale se rapproche plus ou moins de celle des appareils midget.
- Grâce aux perfectionnements qui leur ont été apportés, les petits modèles actuels, essentiellement portatifs, possèdent déjà des qualités de sensibilité et de musicalité améliorées, malgré leurs très faibles dimensions.
- C’est ainsi que le modèle récent à 5 lampes représenté par la figure 6 n’a qu’une hauteur de 196 mm, une longueur de 300 mm et une profondeur de 180 mm, tout en étant équipé avec un châssis superhétérodyne muni des lampes américaines les plus récentes.
- Il comporte en effet une lampe 6 A 7, détectrice oscillatrice assurant le changement de fré-
- Fig. 6. — Châssis superhélérodgne de poste « tous secteurs » à 5 ou 6 lampes (type Commodore-Radio).
- p.40 - vue 44/602
-
-
-
- quence; une lampe 77 pentode haute fréquence en amplificatrice moyenne fréquence, une lampe détectrice 78, une pentode de sortie 43 pouvant assurer une énergie modulée de plus d’un watt sans distorsion, et enfin une valve double 25 Z 5.
- Un cordon résistant permet l’adaptation sur les secteurs de différentes tensions, et l’antenne est constituée simplement par un fil isolé de 6 m de long. Le haut-parleur est muni d’un bobinage séparé supplémentaire « anti-bruit ». c’est-à-dire destiné à éviter les ronflements.
- Comme on le voit sur la figure 6, le réglage se fait à l’aide d’un cadran lumineux à repère précis et la sélectivité est d’ailleurs assez accentuée. Il est présenté dans une ébénisterie de forme élégante.
- Un autre modèle analogue comporte de plus une lampe
- =" .......................:.---== 41 =
- détectrice 75 duo diode montée en anti-fading avec réglage silencieux; un filtre de bande à présélecteur permet en outre d’obtenir une sélectivité de l’ordre de 8 kilocycles, aussi accentuée qu’avec un appareil midget ordinaire.
- P. Hémahdinquer.
- Adresses relatives aux appareils décrits.
- Résistances au graphite colloïdal, Etablissements Paul Maury, 7, rue de Normandie, à Asnières (Seine).
- Appareils contre la surdité à amplification radiotechnique. Etablissements Meyrowitz, 18, bd Haussmann, Paris.
- Postes tous secteurs perfectionnés. Etablissements Radiofirm, 14, rue Drouot, Paris.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- LE CARBURE DE CALCIUM INSECTICIDE AGRICOLE
- Dans la lutte contre les insectes ennemis des cultures, un produit bien connu commence à recevoir de multiples applications à cause des résultats que son emploi a permis d’obtenir; ce produit est le carbure de calcium en morceaux, que l’on se procure partout sans la moindre difficulté puisqu’il est à la base de beaucoup d’activités industrielles dérivées de l’acétylène ou l’utilisant : soudure autogène, éclairage domestique ou par bouées et signaux lumineux, chauffage.
- Les premiers essais remontent à 1898, quand F. Vassilière, professeur départemental d’agriculture à Bordeaux, utilisa le carbure de calcium pour la destruction du phylloxéra; on estimait déjà annuellement, à près de 10 milliards de francs-or, les préjudices causés par les insectes aux agriculteurs, horticulteurs et viticulteurs.
- La question a été méthodiquement étudiée depuis et de nombreuses expériences ont été réalisées en des exploitations de tous genres, petites ou grandes, tant en France qu’à l’étranger; en Belgique, notamment, elles ont abouti à la conclusion suivante :
- L’emploi du carbure de calcium donne d’excellents résultats dans la lutte contre les larves d’insectes nuisibles séjournant dans le sol, parmi lesquelles les larves des hannetons et des taupins.
- Rappelons que le carbure de calcium inerte réagit vivement avec l’eau ouïes corps qui en contiennent en dégageant de l’acétylène (gaz) et se transformant en chaux; la réaction est lente lorsqu’elle est produite par l’humidité de l’air ou du sol; ainsi, lorsqu’un morceau de carbure est enfoui dans une terre humide, la libération du gaz est progressive et réchauffement dû à la réaction reste dans la masse. Puis les gaz formés, acétylène et succédanés, se répandent petit à petit dans le terrain et c’est à eux que l’on doit attribuer, semble-t-il, l’effet insecticide puissant provoqué par le carbure enterré, sans que, par ailleurs, les-dits gaz aient une action néfaste sur le développement des plantes.
- A la suite d’observations et d’expériences poursuivies en diverses propriétés ou domaines d’Algérie, par un syndicat agricole que guidait un professeur départemental du Gouvernement général, on a préconisé le mod-e d’emploi suivant : utiliser de préférence le oarbure dénommé dans le commerce concassé spécial 20/40, c’est-à-dire dont la grosseur des morceaux est approximativement comprise entre 20 et 40 millimètres; en Belgique cependant on a utilisé du 15/25, avec les mêmes résultats. Les carbures de la qualité « granulés » tels que le 4/7 par exemple, sont en trop petits fragments; leur rendement en gaz est inférieur et leur action affaiblie.
- Enfouir avec un plantoir ordinaire, à une profondeur de 20 à 25 cm, en lignes espacées de 0 m 50 environ; recouvrir immédiatement de terre le morceau placé au fond du trou, afin d’éviter son altération à l’air libre, ce qui rendrait évidemment le traitement sans effet.
- En général, il peut être utile d’irriguer, mais cette irrigation ne paraît pas toujours indispensable et il convient même de ne pas arroser trop abondamment ni trop fréquemment; il y a là une question de mesure à déterminer à l’usage : un arrosage excessif aurait pour résultat de hâter la réaction du carbure qui doit se décomposer lentement dans le sol.
- Dans les terrains particulièrement humides, en Belgique par exemple, où une décomposition rapide du carbure serait à craindre, on a obtenu de bons résultats en imbibant, au préalable, les morceaux avec de
- l’huile minérale provenant de la vidange de moteurs et dont le coût peut être pratiquement considéré comme négligeable.
- Lors des constatations expérimentales sur terrains meubles : prairies, pommes de terre, céréales, betteraves, cultures potagères, vignobles, etc., l’efficacité du carbure de calcium s’est maintenue, tout spécialement au voisinage des parties boisées, contre les vers blancs, les courtilières, les vers jaunes dits « fils de fer », les piérides du chou et les larves ou œufs de nombreuses variétés de papillons.
- Il est enfin utile d’attirer l’attention sur les bons offices de l’acétylène dégagé par le carbure, dans le but de se protéger contre les déprédations de rongeurs tels que rats, mulots ou campagnols; ces rongeurs peuvent être asphyxiés dans leurs galeries; il suffit, quand on découvre celles-ci, d’y glisser quelques fragments de carbure, d’y verser de l’eau et de boucher sans retard les orifices au moyen d’un tampon de terre glaise; d’autres usagers du procédé, sitôt déposé le carbure de calcium dans les trous habités, se contentent d’v appliquer un bon coup de talon vengeur : l’opération est dès lors simple et radicale, prétendent-ils. G. Franche.
- PRÉPARATION DU CRÉSYLOL SODIQUE
- Le crésylol officinal ou crésol est un mélange des trois crésylols isomères que l’on retire des goudrons de houille.
- C’est un liquide bouillant entre 185 et 200° C, il se dissout dans environ 50 parties d’eau froide et s’y mélange en toutes proportions lorsqu’elle est alcalinisée.
- On utilise cette propriété pour préparer le crésylol sodique beaucoup plus maniable que le crésylol pur. Il suffit pour l’obtenir de mélanger parties égales de crésylol de houille et de lessive de soude à 36° B.
- Comme la réaction dégage beaucoup de chaleur, il est prudent de plonger le récipient où se fait la réaction dans l’eau froide que l’on renouvelle quand elle s’est échauflée.
- Le crésylol sodique s’emploie habituellement en solution à 10 pour 100 comme désinfectant des locaux et des salles.
- PRÉPARATION D’EAU DE JAVEL
- On peut préparer une eau de Javel au titre courant de 2° chloro-
- métriques en prenant :
- Chlorure de chaux sec............... 100 grammes.
- Carbonate de soude cristallisé .... 200 —
- Eau commune......................... 4500 —
- Délayer le chlorure de chaux dans les deux tiers de l’eau et dissoudre le carbonate de soude dans le tiers restant.
- Mélanger les deux solutions, bien agiter, laisser se sédimenter le dépôt qui se forme, puis décanter le liquide clair.
- N. B.— Il s’agit bien entendu d’eau de Javel ordinaire et non d’extrait de Javel.
- POLISSAGE DU MARBRE
- Le polissage du marbre se pratique au moyen de la potée d’étain, puis on termine en frottant avec un tampon sur lequel on dépose de la raclure de plomb.
- p.41 - vue 45/602
-
-
-
- 42
- LIVRES NOUVEAUX
- Récepteurs modernes de T. S. F., par P. hémar-dinquer, 1 vol. 384 p., 308 fîg. E. Chiron, Paris, 1934. Prix : 30 fr.
- Les premiers fascicules de cet important ouvrage constituant une véritable anthologie des radio-récepteurs ont déjà paru séparément. Il forme une étude très complète des meilleurs procédés de réception actuels, choisis avec soin dans chaque catégorie d’appareils types les plus récents, et de modèles classiques ou modifiés en correspondance avec les progrès continuels de la radiotechnique.
- Ce livre est destiné surtout aux amateurs-constructeurs qui montent eux-mêmes leurs récepteurs, mais sa lecture rendra aussi de grands services aux auditeurs de T. S. F. qui y apprendront à mieux connaître le fonctionnement de leurs récepteurs, à les mettre au point, à améliorer les résultats obtenus.
- L’auteur ne s’est pas contenté d’ailleurs d’indiquer les caractéristiques de chaque récepteur avec tous les schémas de principe, plans de connexion et dessins ou photographies nécessaires pour la réalisation sûre et rapide des modèles décrits; il a consacré plusieurs chapitres à l’exposé du problème du choix et de la construction des récepteurs ainsi qu’à l’étude des différents accessoires de l’installation en vue d’améliorer les résultats obtenus avec n’importe quel poste.
- Les propos de lu cabine, par G. Grognard (2® édition). 1 vol. 187 pages, 49 fîg. Édition Film et Technique, 17, rue des Acacias, Paris. Prix : 28 fr.
- C’est de la cabine de l’opérateur cinématographique qu’il s’agit ici. Avec l’avènement du cinéma sonore, la projection est devenue un art qui exige des spécialistes armésd’un sérieux bagage technique : l’opérateur doit pouvoir se reconnaître au milieu du matériel scientifique et délicat qu’il doit mettre en action : moteurs électriques, accumulateurs, cellules photoélectriques, amplificateurs, lecteurs de sons, etc. L’auteur, qui est à la fois un ingénieur et un praticien donne ici, dans un langage à la portée de tous, des explications, des conseils pratiques qui seront d’un grand secours pour les opérateurs et les directeurs de salle; ceux-ci y trouveront réponse à la plupart des questions qu’ils ont à se poser pour comprendre le fonctionnement et l’installation et en assurer le service d’une façon impeccable.
- Manuel de lithographie, par R. Chelet, 1 vol., 334 p. 94 fîg. J.-B. Baillière. Paris, 1933. Prix : 22 fr.
- Ce manuel expose avec précision toute la technique de la lithographie ou gravure sur pierre et de la métallographie, qui est la forme moderne de la lithographie, substituant le zinc à la pierre. L’auteur prend la pierre au sortir de la carrière et la fait suivre dans les différentes phases du travail lithographique; il procède de même pour la métallographie. Une partie du volume est réservée à l’étude de la lithographie artistique. L’ouvrage décrit chemin faisant les plus récents modèles de machines, notamment les machines Rotocalco et Offset. Il s’adresse, non seulement aux débutants, mais encore aux maîtres imprimeurs.
- La technique moderne et les grands travaux,
- par E. Marcotte. 1 vol. 215 p. F. Alcan, Paris. Prix : 15 fr.
- L’auteur expose ici l’aspect moderne d’un certain nombre de problèmes de travaux publics, et les solutions qui leur ont été apportées : routes, ports maritimes, signalisations lumineuses, progrès de la métallurgie des rails, application de la photoélasticimétrie à la détermination de la résistance des constructions, applications des colloïdes dans les travaux publics. Ce livre, d’une lecture aisée, met clairement en évidence le rôle chaque jour plus grand de la science pure dans cette branche de la technique.
- Institut géophysique et météorologique de LwOW. Vol. 6. Communications 67 à 79. 1^ vol. illustré 312 pages, Lwôw, 1933.
- Ce volume contient un certain nombre de communications sur des sujets variés dus à M. Arctowski et à ses collaborateurs Deisenberg, Gottlieb, Kochanski, Orkisz, Stenz, Tèsla, Wiersbicki et Wiszniewski : variation diurne de la pression et transport des masses atmosphériques en Europe, études sur les huiles minérales de Pologne, notes sur l’anneau péricyclonal des typhons, sur les courants ascendants du terrain de vol à voile de Bezmiechowo, etc.
- On the Phytoplankton of the south-west Atlantic and the Bellinghausen sea, 1929-31, par T. John Hart. Discovery Reports, vol. VIII. 1 vol. in-4, 268 p., 84 flg. Cambridge University Press, London, 1934. Prix : 37 sh. 6 d.
- Au cours des croisières de la Discovery dans l’Atlantique sud, une attention particulière fut portée au plancton végétal, tant à cause de son abondance et de son importance comme nourriture pour les baleines qu’en raison des essais d’explication développés en ces dernières
- années pour les eaux européennes, des causes et des rythmes de production. Après avoir rappelé les conditions hydrographiques, l’auteur trace un tableau d’ensemble des principaux types de phytoplancton vivant en surface, dans les eaux tropicales et subtropicales, subantarctiques et antarctiques. Puis il examine en détail les variations en Géorgie du sud où les observations furent les plus nombreuses et aussi dans d’autres eaux allant jusqu’à la mer de Weddell, le détroit de Bransfleld, la mer de Bellingshausen. Il aboutit ainsi à lîxer la distribution géographique d’espèces caractéristiques, des principales masses marines, à suivre les successions saisonnières des associations, à r' connaître l’inégale répartition de l’énorme quantité de plancton des mers du sud, qui semble se concentrer particulièrement dans les régions où les eaux de profondeur remontent en surface en troublant la stratification. L’étude des divers facteurs limitant la productivité de ces mers donne une importance capitale à la lumière, tandis que ceux chimiques invoqués pour la Manche et la Mer du Nord ne paraissent pas jouer un rôle si marqué.
- Le recueil des rapports de la Discovery, dont celui-ci commence le 8e volume, devient ainsi un élément fondamental de la connaissance des mers australes.
- Traité de 'zoologie, par Edmond Perrier. Index alphabétiques de l’ouvrage complet (10 fascicules), par Rémy Perrier.
- I vol. in-8, 163 p. Masson et Cie, Paris, 1934. Prix : 40 fr.
- A la fin du siècle dernier, trois traités entreprirent de fixer l’état des sciences naturelles : la géologie de Lapparent, la botanique de van Tieghem, la zoologie de Perrier. Tous trois devinrent rapidement classiques et servirent à l’enseignement supérieur. En zoologie, aucun autre ouvrage aussi étendu n’a paru plus récemment en français. La mort d’Edmond Perrier interrompit la publication du traité de zoologie au moment où il venait d’aborder les poissons; en ces dernières années, son frère Remy Perrier, professeur à la Sorbonne, a terminé l’œuvre en traitant des autres vertébrés. L’ouvrage est aujourd’hui complet en dix fascicules et il contient une somme de faits et d’espèces qu’on ne saurait trouver ailleurs. Pour en rendre plus aisée la consultation, ce onzième fascicule lui adjoint deux tables alphabétiques, une des termes techniques, l’autre de tous les genres, tribus, familles, ordres, etc., énumérés, décrits, figurés dans le traité. Sa longueur suffît à montrer toute l’étendue du traité.
- Précis de microscopie, parM. Langeron. 5e édition entièrement refondue. 1 vol. 1205 p., 365 fig. Collection des précis médicaux. Masson et Cie, 1934. Prix : cartonné toile, 100 fr.
- II y a vingt ans, la collection des précis médicaux s’enrichissait d’un précis de microscopie si bien conçu qu’il ne tarda pas à devenir classique et qu’il étendit sa réputation bien au delà des facultés de médecine, dans tous les laboratoires et jusque chez les amateurs, 11 n’a fait que se compléter et se perfectionner depuis et on le trouve maintenant sur toutes les tables, il est aujoui’d’hui le guide parfait, indispensable, tant pour choisir son microscope et conduire ses obser vations de bactériologie, d’histologie, de botanique, de zoologie, que pour les préparer par des fixations, des coupes, des colorations appropriées et même les compléter par des microréactions physiologiques ou chimiques.
- La 5e édition vient de paraître. Elle débute par un bilan des acquisitions récentes et en tient compte dans le texte par de nombreux remaniements : microspectroscopes, micromanipulateurs, ultropaks, microphotographie en infra-rouge, pli et rH2 intracellulaire, micro-chimie, culture des amibes, examen des spirochètes, technique coprologique, etc., pour n’en citer que quelques-unes. Le précis du Dr Langeron reste ainsi le vade-mecum de tous les médecins et naturalistes.
- Les amines biologiques, par M. Guggenheim. Édition française, par A. Berthelot, A. Prévôt et G. Karl. I vol. in-S,731 p. Baillière et fils, Paris, 1934. Prix : 130 fr.
- Les amines sont des substances azotées, plus ou moins basiques, dérivant de l’ammoniac, par substitution aux atomes d’hydrogène de radicaux d’hydrocarbures. On imagine toute leur variété. On en trouve chez tous les êtres vivants et certaines ont pu être préparées à l’état pur ou même synthétiquement. Le professeur de Bâle leur a consacré d’importants travaux et elles commencent à être largement étudiées en France. Ce traité, mis à jour par les traducteurs, contribuera à attirer l’attention sur leur extrême diversité. Il donne pour chacune la constitution, les propriétés, les moyens de dosage et d’isolement. Une vaste bibliographie contient les références aux recherches originales. L’ouvrage étudie un grand nombre de corps, classés par groupes chimiques, dont certains sont les constituants mêmes du protoplasma, tels les acides aminés, dont d’autres sont des produits de déchet de l’organisme, parfois extrêmement toxiques, dont d’autres encore ont des actions physiologiques puissantes, telle l’adrénaline, et conduisent aux hormones et aux vitamines, i
- p.42 - vue 46/602
-
-
-
- NOTES ET INFORMATIONS
- BIOGRAPHIE
- Gaston Planté, génial inventeur de Vaccumulateur électrique.
- Dans notre pays de mandarinat, Gaston Planté, l’illustre électricien dont on vient de célébrer le centenaire, fut une remarquable exception. Durant sa vie entière, consacrée aux spéculations scientifiques, il ne sollicita aucune place officielle, il ne brigua aucun honneur. Né de parents fortunés à Orthez (Basses-Pyrénées), le 22 avril 1834, il se fixa à Paris vers la cinquantième année, rue de la Cerisaie dans le quartier de Ja Bastille; prit ses grades universitaires en mathématiques et en physique à la Sorbonne et attaché peu après au Conservatoire national des Arts et Métiers comme préparateur d’Edmond Becquerel, il commença ses premières recherches sur la polarisation voltaïque qui le conduisirent à sa géniale découverte de Y accumulateur électrique (1860).
- Dès 1842, le physicien anglais William Robert Grove avait constaté l’instabilité de la décomposition électrolytique de l’eau. L’oxygène et l’hydrogène, qüi se dégagent à chacun des deux pôles de l’appareil, se recombinent lentement, en effet, si on les abandonne en présence des électrodes de platine ayant servi à les 'obtenir. Or la recomposition de ces deux éléments gazeux s’opère en restituant aux dites électrodes du courant que celles-ci ont dépensé pour la produire. Gaston Planté reprit la question en substituant divers métaux au platine et en remplaçant l’eau par des solutions acides. Il observa alors qu’en employant des électrodes en plomb et de l’acide sulfurique très dilué, on obtenait un courant beaucoup plus intense que celui fourni par l’engin de Grove.
- Cette « pile secondaire », comme il la surnommait, était, en définitive, une machine réversible, qui se déchargeait en produisant du courant absorbé ultérieurement au cours de sa régénération. Durant la période de charge de cet « accumulateur » l’oxygène se fixait sur l’électrode positive sous forme d’oxydes, tandis que le plomb, dissous dans l’électrolyte, se déposait sur l’électrode négative qui prenait un aspect spongieux. Pendant la décharge, ce plomb pulvérulent retournait à la solution électrolytique avec une partie de l’oxygène de la plaque positive. Puis, continuant à étudier les phénomènes qui se produisaient dans ce précieux « réservoir » énergétique, le sagace inventeur vit qu’en augmentant l’épaisseur de la « couche active » des lames de plomb, on améliore la capacité électrique. La fabrication actuelle des accumulateurs s’inspire encore de cette constatation faite naguère par Planté. D’un côté, on prépare des pastilles d’oxyde de plomb, qu’on loge dans les alvéoles des plaques positives et qui 8e peroxyde à l’usage. D’autre part, on réalise des plaques négatives qu’on recouvre de plomb spongieux avant leur montage définitif.
- Ainsi, dès l’origine, l’illustre électricien avait su tirer de son invention le maximum d’efficacité. En vain, depuis trois quarts de siècle, ses successeurs ont cherché à perfectionner son œuvre. Edison lui-même n’y a guère réussi : son accumulateur a électrodes de fer et de nickel avec électrolyte alcalin n’est pas plus résistant que celui au plomb. Quant aux tentatives faites pour utiliser l’iode ou autres corps halogènes, elles n’ont eu que des éphémères succès. Si ces types d’accumulateurs allégés semblent très pratiques, les réactions chimiques qui s’y opèrent ultérieurement les déprécient assez vite et leur réversibilité s’avère bien inférieure à celle de l’accumulateur Planté.
- Du reste, le sagace chercheur ne se contentait pas d’avoir construit un engin presque imperfectible, il s’en servit pour faire de nouvelles conquêtes scientifiques. Dans son appartement de la rue de la Cerisaie transformé en laboratoire, il réalisa sa fameuse machine rhéostatique, association d’une
- batterie d’accumulateurs de 800 couples avec des condensateurs à lame de mica, lui permettant d’imposantes manifestations électriques (1877). Il put ainsi reproduire artificiellement divers phénomènes atmosphériques, entre autres les aurores boréales et la foudre en boule. « Je me rappelle, écrivait Gaston Tissandier, avoir souvent assisté jadis aux expériences grandioses de Gaston Planté; elles n’étaient pas sans péril, car les électrodes qu’il maniait eussent pu frapper de mort l'expérimentateur inhabile » avec ses 100 000 v de tension ! Ce dispositif, quelque peu modifié et considérablement amplifié sans doute, a permis d’obtenir récemment, dans des laboratoires français et américains, des étincelles de 3 millions de v. En réunissant par un fil les deux armatures de tels éclateurs, on arrive à produire des éclairs de 25 mètres de longueur, imitations réduites des décharges atmosphériques par temps d’orage.
- Quoi qu’il en soit, avec cette machine rhéostatique et ses diverses Recherches sur l’électricité (1879), Gaston Planté ouvrait de nouveaux horizons et la Société française des Electriciens se propose non sans raison, de rééditer ce livre, devenu aujourd’hui d’une extrême rareté. Aux découvertes des Volta, des Franklin, des Ampère et autres initiateurs, Planté avait su ajouter le fécond principe de la réversibilité des phénomènes électriques.
- A côté de cette géniale « trouvaille », et de ses utiles applications, les autres travaux que Planté entreprit au cours de sa trop courte carrière comptent peu. Retenons néanmoins la découverte qu’il fit dans le conglomérat du Bas-Meudon, d’un oiseau éocène auquel Constant Prévôt donna le nom de Gastornis. Ce gigantesque fossile, plus remarquable par sa stature que le célèbre oiseau trouvé par Cuvier dans les plâtrières de Montmartre, étonna beaucoup les paléontologues.
- Le savant électricien possédait, d’ailleurs, une vaste érudi-
- p.43 - vue 47/602
-
-
-
- 44
- tion. S’il « vécut modestement sur cette terre, s’il n’y fit pas de bruit... contrairement à ceux qui y passent avec fracas et ne laissent après eux rien de durable » selon les paroles d’un de ses biographes, il y sema « le germe d’une moisson féconde pour l’avenir ». Poursuivant son patient labeur jusqu’à sa mort, survenue le 21 mai 1889, dans sa maison de campagne de Bellevue, près de Paris, il passait ses journées, soit dans son cabinet de physique, soit dans sa bibliothèque, à lire non seulement les publications scientifiques, mais encore les oeuvres des philosophes et des grands littérateurs grecs, latins ou français, soit en compagnie de son frère le célèbre musicien Francis Planté, soit en compagnie de parents ou intimes triés sur le volet. Causeur aimable, gai et sprituel, il était également d’une bienveillance extrême, ne demandant jamais rien pour lui-même, mais toujours prêt à obliger un ami et à lutter contre les abus du favoritisme. De tels hommes méritent qu’on rappelle leur sympathique mémoire.
- MÉCANIQUE
- Une super ^centrifuge à I 200 000 tours par minute.
- A une récente exposition de New-York, la Société Sharples présentait une supercentrifugeuse qui sans aucun doute
- Üfl) Air sous-pression
- Fig. 1. — Coupe de la super-centrifuge.
- parmi toutes les machines rotatives existant dans le monde, détient le record de la vitesse angulaire.
- En effet, son rotor de 1 cm de diamètre maximum tourne à la vitesse de 20 000 tours par seconde, soit 1 200 000 tours à la minute; ce qui représente une vitesse linéaire périphérique de 2280 km, heure et une force centrifuge équivalant à 7 600 000 fois la pesanteur.
- Cette machine utilise, pour atteindre de pareilles vitesses, un dispositif dû à un savant inventeur français, M. Huguenard.
- On comprend qu’à de pareilles vitesses les systèmes ordinaires de liaison mécanique ne se prêtent plus aux transmissions de mouvement. Les problèmes de lubrification des surfaces métalliques en contact deviennent également insolubles. M. Huguenard avait ingénieusement supprimé toutes ces difficultés.
- Le rotor, une toupie de forme conique, est monté sur un support également conique, mais d’angle un peu différent, de façon qu’il ne puisse prendre contact avec son support que suivant sa section de plus grand diamètre. La toupie porte des rainures convenablement orientées, tandis que le support est percé d’orifices permettant l’arrivée d’un jet d’air ou de gaz sous pression. Sous l’action de ce jet, la toupie se met à tourner, tout en se soulevant légèrement; elle n’a plus alors aucun contact solide avec son support; elle tourne et flotte littéralement sur un palier d’air.
- La plus grande vitesse réalisée avec ce curieux outil l’a
- été en employant un jet d’hydrogène comme agent moteur. L’hydrogène a sur l’air l’avantage que pour une même chute de pression la vitesse du jet gazeux est plus grande; en outre, le coefficient de viscosité n’est que la moitié environ de celui de l’air, ce qui réduit le frottement. C’est avec l’hydrogène que l’on a réalisé la vitesse de 20 000 tours par seconde, tandis qu’avec l’air on n’a pu dépasser 12 000.
- PROPRIÉTÉ INDUSTRIELLE Les brevets d’invention en France en 1933.
- 11 a été délivré en France, dans le courant de l’année 1933, un total de 20 000 brevets d’invention et certificats d’addition. Ce nombre est en régression sensible sur celui de l’année 1932 qui s’élevait à 21 650, et marquait lui-même un recul notable par rapport aux années record 1929, 1930 et 1931 au cours de chacune desquelles il a été délivré 24 000 brevets ou certificats d’addition. La crise économique a donc un effet très net sur le nombre, sinon sur la qualité des inventions. Rappelons toutefois que l’année 1910, la plus féconde d’avant guerre, n’a vu délivrer que 16 064 brevets ou additions.
- L’électricité vient en tête parmi les domaines qui attirent les inventeurs; on .relève en 1933 à son actif 1868 brevets et 228 additions; viennent ensuite les arts chimiques avec 1466 brevets et 112 additions, les moteurs divers avec 952 brevets et 55 additions, les organes de machines avec 801 brevets et 63 additions. Sur les 20 000 brevets ou additions délivrés en 1933, on constate que 10 755 proviennent de France, les autres de l’étranger : l’Allemagne en a fourni 3497, les Etats-Unis 1237, la Grande-Bretagne 1153, la Suisse 997.
- En France le département le plus inventif est, bien entendu, la Seine avec 6393 brevets et additions; vient ensuite la Seine-et-Oise 399; puis le Rhône 365 ; le Nord 329 ; les Bouches-du-Rhône 209; la Loire 193; le Bas-Rhin 188; la Gironde 176; les Alpes-Maritimes 119; la Seine-Inférieure 110; l’Isère 105.
- Les départements les moins inventifs sont la Creuse : 1 brevet; Le Lot : 1, la Lozère : 1, les Basses-Alpes : 2, les Hautes-Alpes : 2, la Corse : 4, le Morbihan : 4.
- TRAVAUX PUBLICS [Le tunnel des Apennins.
- On vient d’inaugurer, en Italie, entre Florence et Bologne, une nouvelle voie ferrée qui raccourcit de plus de 33 km le trajet entre ces deux villes. Cette nouvelle ligne, longue de 98 km est remarquable par ses travaux d’art; elle comporte notamment plus de 37 km de tunnels. Le plus remarquable d’entre eux, le tunnel des Apennins, détient aujourd’hui le record du monde de longueur parmi les tunnels à double voie; il mesure 18 508 m de long. Il est un peu moins long que le Simplon; mais celui-ci, comme on le sait, est formé de deux galeries indépendantes à voie unique. La ligne est équipée électriquement en courant continu 3000 volts.
- BOTANIQUE
- Croissance des arbres et fructification.
- En Suisse, M. Naegeli a observé que l’accroissement des sapins et épicéas en hauteur est faible durant les années où ils fructifient, c’est-à-dire donnent des cônes.
- La même année, la longueur de la pousse des arbres les plus riches en cônes fut de moitié seulement de celle des arbres dépourvus de cônes et on a observé les cas intermédiaires. Par conséquent, si on observe sur un vieux sapin des entre-nœuds courts, on peut les attribuer soit au manque de pluie cette année-là (comme on le pensait auparavant), soit a la fructification. D’ailleurs, l’arbre fructifie de préférence quand il souffre un peu de la sécheresse.
- p.44 - vue 48/602
-
-
-
- INVENTIONS ET NOUVEAUTÉS
- ASTRONOMIE
- Une impressionnante reproduction du système planétaire.
- Nous avons pensé qu’il pouvait être intéressant d’établir un diminutif du système solaire, mais un diminutif proportionné.
- Et cela serait un ornement d’un genre tout particulier, sur une grande pelouse ou le long d’une allée droite un peu longue, par exemple.
- La chose serait également bien placée dans la cour d’un lycée, d’un collège ou d’une école sans qu’il soit nécessaire de disposer d’un vaste espace.
- On fera donc autant de légers supports en bois qu’il y a d’astres dans le système planétaire jusqu’à Neptune inclus, et en ne tenant nul compte des petites planètes situées entre Mars et Jupiter.
- Chaque support aura un astre à sa partie supérieure. On en voit sur nos dessins en A, B, C.
- On" met ces supports les uns à côté des autres en une ligne droite dans une cour, sur une pelouse ou le long d’une allée, endroits déjà désignés ci-dessus.
- Ils sont éloignés les uns des autres proportionnellement aux éloignements vrais des pla -nètes dans l’espace.
- La moitié du moyen diamètre du système solaire jusqu’à Neptune sera ainsi représenté, car on peut imaginer toutes les planètes vues du même côté du Soleil; mais si la cour, l’allée droite, la pelouse sont assez grandes, on pourra mettre le système double en longueur, avec un certain nombre de planètes à droite et le reste à gauche.
- Tout compte fait et en arrondissant sans se gêner les chiffres, et le support du Soleil étant mis au point de départ, le support de Mercure sera à 0 m 38 de celui du Soleil (de centre à centre), Vénus à 0 m 72 du Soleil, la Terre à 1 m, Mars à 1 m 52, Jupiter à 5 m 20. Saturne à 9 m 53, Uranus à 19 m 20, Neptune à 30 m.
- Pour les diamètres : Le Soleil aura 35 mm,
- Mercure 1/30 de mm,
- Vénus 1/10 de mm,
- La Terre 1/10 de mm,
- Mars 1/20 de mm,
- Jupiter 1 mm, 1,
- Saturne 2/3 de mm,
- Uranus 1/3 de mm,
- Neptune 1/3 de mm.
- Les figures A, B, C, D nous montrent : A, l’élévation d’un des piliers; B, le dessus d’un pilier en plan; C, le dessus d’un pilier vu en perspective; D, le plan du pied et la coupe de la colonne d’un des piliers, et montrant, comme A, les détails du montage en bois d’une des colonnes, à la base.
- Sur le dessus, la boîte carrée est couverte d’une plaque de verre, et les planètes sont dessinées à l’aide d’un point d’encre de Chine sur une pastille de bois (3) peinte en blanc. Le Soleil est une bille dorée collée.
- On dessine les points noirs infimes en s’aidant d’un double décimètre et d’une loupe.
- Remarquer que les supports ont quatre fers plats (2) vissés sur les pieds (fig. A, où ces fers plats sont amorcés seulement comme dessin, et fig. D, où ils sont vus par-dessus).
- Ces fers s’enfoncent en terre et maintiennent le support.
- Pour chaque astre, une boîte en bois (5) est placée sur la
- planche supérieure du support, tenue par quatre équerres (4) vissées.
- La pastille de bois (3) est dans cette boîte, collée au centre.
- La boîte est couverte d’une plaque de verre coupée aux angles et tenue par quatre vis dont la pression est amortie sur le bord du verre par quatre rondelles de drap.
- Inscrire le nom de l’astre sur chaque pied (fig. C).
- Cette reproduction de notre système plané -taire, incomplète cependant, donne une idée nette de l’immensité et du vide presque complet des cieux. Marius Monnif.r.
- PHOTOGRAPHIE
- Vobjectif le plus lumineux du monde.
- Les temps de pose, en photographie et en cinématographie, ont été réduits, ces temps derniers, en augmentant, d’une part, considérablement la sensibilité des plaques et des pellicules, en portant, d’autre part, la luminosité de^ objectifs à des limites naguère inaccessibles.
- Il n’y a pas encore bien longtemps qu’une ouverture relative de F : 6,3 était considérée comme fortement lumineuse. Or les appareils d’amateurs de constuction récente comportent, dans bien des cas, des objectifs de F : 4,5, voire F : 3,5, les appareils à petit format (24 X 36 mm ou 30 X 40 mm), même de F : 2,7. En cinématographie, on va encore bien plus loin, car non seulement les professionnels, mais encore les amateurs se servent parfois de systèmes optiques de F :
- Fig. 1. — Construction du système planétaire.
- p.45 - vue 49/602
-
-
-
- 1,8 et F : 1,4, qu’on regarde couramment comme le nec plus ultra de la construction optique.
- Une usine optique de Berlin vient de mettre au point un objectif de l’ouverture énorme de F : 0,95, luminosité vraiment merveilleuse.
- Pour se faire une idée de ce que veut dire F : 0,95, on n’a qu’à constater, par un simple calcul mental, que ceci correspond à une luminosité environ 22 fois supérieure à celle de F : 4,5, qui, pour les formats moyens, est déjà respectable, et 4 fois supérieure à la luminosité déjà exceptionnelle de F : 1,9, dont quelques cinéastes et photographes-publicistes se servent dans certains cas. En fait, la réalisation de l’ouverture F : 0,95 ouvre à la photographie de nouveaux domaines d’activité.
- Sans insister ici sur la grande importance de cette construction pour la cinématographie professionnelle, voyons un peu ce que le photographe et le cinéaste amateurs pourront faire avec le nouveau système optique. -Il permet les instantanés, et les prises de vues cinématographiques dans les salles éclairées par les lampes ordinaires, sans le secours des lampes de 500 w jusqu’ici indispensables ou, avec une lampe pareille la prise de vues de grands groupes et de scènes pour lesquelles
- Fig. 2. — L'objectif le plus lumineux du monde, monté dans un appareil à très-petit format (13 X 18 mm).
- il était jusqu’ici impossible d’emprunter aux secteurs domestiques, aux fusibles de 6 ampères, une intensité de courant suffisante. On peut ainsi, sans autres préparatifs, photographier et cinématographier au théâtre, au café-concert, dans les salles de réunion; on peut même, au café-concert, faire de la cinématographie à grande vitesse. Quant aux prises de vues domestiques (sur film « Kodak SS » ou « Afga-Novoplan »), l’objectif de F : 0,95, avec une pose de 1/30 seconde et une lampe ordinaire de 100 w (avec verre opale, sans réflecteur), ou une lampe de 60 w combinée à une de 40 w, à 1 m de distance, permettra d’obtenir un cliché parfaitement éclairé.
- Les nouveaux objectifs Astro, désignés sous le nom de « tachones », n’ont été jusqu’ici construits que pour les distances focales de 25, 35, 52 et 75 millimètres, convenant parfaitement aux films étroits et les deux derniers aux films de cinéma normaux. Ils peuvent aussi s’employer pour les appareils photographiques utilisant ces mêmes formats, par exemple, les formats de 13 X 18 mm, et les formats de 18 X 24 mm. La distance focale de 75, mieux encore celle de 100 mm, pour laquelle l’objectif devra également être construit, conviendront parfaitement au format « Leica » (24 X 36 mm). Dans tous ces cas, le champ de vision nette
- Fig. 3. — Cinq objectifs de 75 mm de distance focale et d’ouverture: 0,95, 1,5; 1,8; 2,3 et 2,7 et un objectif de 90 mm de distance focale
- et d'ouverture 4.
- est donc plus petit, relativement parlant, que pour d’autres objectifs, son diamètre n’est que la moitié environ de la distance focale. Comme on le voit facilement par l’ouverture relative, ces objectifs sont d’un diamètre et, par conséquent d’un poids, considérables, ce qui conjointement au prix de ces systèmes optiques, mettra des limites à la réalisation pratique des grandes distances focales. 11 va sans dire aussi que le travail avec ces objectifs nécessite des soins méticuleux dans la mise au point focale et une connaissance exacte de la netteté en profondeur.
- OBJETS UTILES Serre=jardinière « Prima=FIora ».
- La mode a toujours été aux cultures d’appartement car c’est une joie de pouvoir suivre jour par jour, à la ville, la croissance et la Iloraison de plantes qui évoquent la campagne et donnent l’illusion du jardin. Aux plantes en pots dont la floraison ne dure qu’un moment, s’ajoutent depuis quelques années les cactus aux formes géométriques.
- Pour ces derniers, voici des serres miniatures qui peuvent d’ailleurs servir aussi aux autres plantes. A un angle se trouve un puits qu’on emplit d’eau et qui humidifie par capillarité toute la jardinière.
- Contre le froid, un châssis vitré donnant l’aspect d’une petite maison; on y place les graines dans un lit de terreau et l’on assiste à leur éclosion.
- Autour, des terre-pleins remplis de terreau où l’on repique les jeunes plants. C’est, inspiré des jardins de table chinois ou japonais, un ensemble décoratif heureusement composé et qui assure aux petites plantes l’optimum d’humidité, d’aération et de chaleur.
- En vente chez G. Seigle, 9, rue de l’Hôtel-Colbert, Paris (V° .
- Fig. 4. — Serre-jardinière « Prima-Flora ».
- p.46 - vue 50/602
-
-
-
- 47
- BOITE AUX LETTRES
- COMMUNICATIONS
- La mitrailleuse centrifuge.
- M. Pannetier nous écrit de Commentry :
- « J’ai lu avec intérêt dans le numéro du 15 mai l’arlicle deM. Bourgeois sur la mitrailleuse centrifuge japonaise. Comme le dit très bien l’auteur, l’idée de cette mitrailleuse n’est pas nouvelle. Sans parler du principe de la force centrifuge utilisée, depuis des siècles par la fronde, je me rappelle très bien qu’un de mes amis, M. Paul Fayol, ingénieur des Mines (frère de M. Henri Fayol, père du Fayolisme) avait imaginé un engin similaire pour lancer les grenades pendant la grande guerre. Cette machine ne fut pas acceptée par la Commission des Inventions de l’armée, probablement ù cause des difficultés de pourvoir extem-poranément à la force motrice sur le champ de bataille ».
- La consommation du poisson à la campagne.
- Nous recevons d’un lecteur de la Beauce la lettre suivante :
- « Je viens de lire un intéressant article de La Nature du 1er juin sur la conservation du poisson. J’y ai noté la phrase suivante :
- « Nos populations terriennes forment une masse assez rebelle à la consommation du poisson ». C’est exact, mais ce n’est pas une question de principe. Dans certaines fermes, on offre aux ouvriers qui le désirent un excellent repas de poisson le vendredi. Généralement les ouvriers sont heureux d'accepter ce repas qui les change de la nourriture habituelle. Si on mange si peu de poisson à la campagne dans nos régionsi
- c’est que son prix est trop élevé et en fait presque une denrée de luxe. Certains articles de journaux et revues vantent le bon marché du poisson et s’étonnent qu’on n’utilise pas davantage une nourriture si saine. Evidemment les auteurs ne sont pas allés sur place comparer le prix du poisson avec celui des autres denrées. On peut avoir une douzaine d’œufs en campagne pour 2 fr. 50 et pour le même prix on a à peine une assiette de poisson. Les légumes, les fruits et les produits du sol ne coûtent à peu près rien. La viande de porc chez nous et parfois aussi celle du mouton, animaux élevés dans le pays à peu de frais, sont très bon marché. Dans ces conditions le cultivateur, obligé d’équilibrer s >n budget et d’économiser pour ses vieux jours, hésitera à acheter du poisson.
- D’où vient cette cherté du poisson ? Sans doute de bien des causes : prix au port même, intermédiaires, transports, etc. Certains vendeurs des ports de mer nous offrent de nous envoyer régulièrement et directement des colis de poissons, en payant un abonnement. Ce système semble assez pratique; mais l’expérience montre qu’il se heurte encore à deux obstacles. D’abord les prix proposés sont encore bien élevés. Ensuite, l'expéditeur, pour telle ou telle raison, ne compose pas ses colis toujours de la même façon. Certains envois sont très acceptables, mais d’autres ne le sont guère comme qualité et quantité à consommer. Peut-être cependant que le mode de conservation décrit dans La Nature du 1er juin remédierait à ce dernier inconvénient en permettant de régulariser la nature des colis. »
- QUESTIONS ET RÉPONSES
- Disques employés pour Venregistrement d’amateur.
- On emploie pour l’enregistrement direct pour amateur ou même professionnel, des disques d’aluminium, en composition à bas 5 de gélatine ou bien à âme en carton ou en métal recouverte d’acétate ou do nitrate de cellulose.
- Vous pouvez vous adresser â ce sujet aux fabricants suivants :
- établissements Max Braun, 31, rue de Tlemcen, Paris.
- Établissements Marchât, 25, avenue Malakoff, Paris.
- établissements S. E. S., 9, rue de Ponthieu, Paris (8e).
- On peut, pour des essais, se contenter, par exemple, de pulvériser de la peinture cellulosique, genre Duco, d’une manière aussi homogène que possible sur un disque métallique, mais les résultats obtînus sont généralement assez peu satisfaisants. Il faut, en effet, que la matière présente juste l’épaisseur et la résistance convenables. IJ ne s'agit pas seulement d’obtenir des sillons tracés avec précision et comportant des ondulations très nettes, exécutées sous l’action de l’outil raboteur en acier ou en diamant, il faut encore que le bruit de fond au moment de la reproduction soit aussi atténué que possible. Celui-ci dépend essentiellement des sinuosités qui se trouvent au fond des sillons, et qui déterminent des vibrations parasites de l’aiguille reproductrice. Pour les atténuer, il faut que la matière dont est formée la surface du disque soit extrêmement homogène, et d’un grain très fin. La fabrication de ces disques est donc très difficile.
- Il existe maintenant des disques en composition relativement molle au moment de l’enregistrement et qui peuvent être durcis par la suite sous l’action de la chaleur lorsqu’on les place dans un four électrique spécial. Ces disques ont été présentés en Allemagne.
- Un ingénieur français a préconisé récemment une composition de résines synthétiques relativement molle au moment de l’enregistrement et qui se durcirait d’elle-même par la suite sous l’action de l’air.
- Vous pourriez obtenir des renseignements sur cette question, en vous adressant à la revue : Machines parlantes et Radio, 15, rue de Madrid, à Paris (8e).
- Réponse à M. Robert Dupont, à Villeurbanne (Rhône), et à M. L. T., Paris.
- Batterie de chauffage pour poste de T. S. F.
- Les batteries d’accumulateurs au plomb pour le chauffage des lampes de- poste de T. S. F. doivent être régulièrement rechargées, si l’on veut les maintenir en bon état pendant plusieurs années.
- Nous vous conseillons de ne plus employer de batteries ordinaires, si vous devez les abandonner pendant plusieurs mois sans entretien.
- Le moyen le plus sûr serait de supprimer complètement les batteries, et d’utiliser un chauffage à courant redressé et filtré, comportant un dispositif de redressement « Cuproxyde » et un circuit de filtrage avec bobine de choix et deux condensateurs électrochimiques de 2500 microfarads. Ce système n’est applicable évidemment que si vous avez le courant d’un secteur alternatif, ce qui nous semble probable, bien que vous ne nous l’indiquiez pas.
- Si vous voulez avoir des batteries pouvant être abandonnées plusieurs mois sans entretien, sans inconvénient, nous vous conseillons une batterie d’accumulateurs au plomb, d’un type spécial à plaques épaisses qui donne généralement de bons résultats.
- Vous pouvez vous adresser, par exemple, à ce sujet aux établissements Tudor, 16, rue de La Baume, Paris.
- Réponse à M. Robinet, à Cagnes-sur-Mer (A.-M.).
- De tout un peu.
- M. Van Geertruyden, à St-Gilles, Bruxelles. — Vous trouverez tous les renseignements demandés dans l’ouvrage Coloration des métaux, par Michel. Editeur Desforges, 29, quai des Grands-Augustins, â Paris.
- Wl. L. Evin à Sêes, Orne. — 1° L'acide sulfurique à 28° Baume contient :
- Pour 100 parties en poids 32,2 % d’acide concentré à 66° B ou 48,1 % d’acide à 53° B.
- Par litre 0 k, 400 d’acide à 66° B ou 0 k, 597 d’acide à 53° B.
- 2° Vous trouverez tous renseignements sur le chromage électroly-iique dans l’article paru le 15 avril 1930, n° 2831, page 359.
- A. M. B., à Belfort. — Le sulfate de fer du commerce ou « vitriol vert » en poudre constitue un excellent désinfectant des fosses d’aisances, par sa propriété de fixer simultanément les produits sulfhydriques (formation de sulfure de fer) et les vapeurs ammoniacales, en donnant un sulfate double de fer et d’ammonium.
- Wl. Le Dr Roulland, à Béziers. — 1° La formule de la glu à appliquer sur le tronc des arbres fruitiers, pour empêcher la montée des insectes, a été donnée dans le n° 2874, page 143. Veuillez bien vous y reporter.
- 2° Vous obtiendrez de meilleurs résultats pour émulsionner vos
- p.47 - vue 51/602
-
-
-
- 48
- huiles usagées d'autos en vous servant de savon suivant la formule
- de Langlois :
- Prendre :
- Huile lourde...................................... 5000 grammes
- Savon noir (savon mou de potasse)................. 1000 —
- Eau ordinaire..................................... 94 litres.
- Dissoudre d’abord le savon noir dans 5 litres d’eau bouillante, puis ajouter peu à peu les 5 kg d’huile, conserver ainsi pour l’usage et n’étendre avec le r^e de l’eau, que sur le lieu du traitement.
- A. F., à Roman; La pâte des fromages de Hollande est généralement colorée en jaune orangé à l’aide du Raucou (Bixi orellana); quant à la croûte, elle doit sa teinte à une application de tournesol (Rocella tincloria) que l’acidité du fromage fait virer au rouge violacé.
- J. L., à Bruxelles. — Nous pensons que vous pourriez réaliser Vimperméabilisation du bois que vous avez en vue, par immersion de celui-ci pendant quelques hzwes dans une solution alcoolique de gomme laque, ou peut-être plus économiquement encore de résine courante (colophane) dans le même solvant ou dans la benzine.
- Quelques essais préalables avec des concentrations connues vous fixeront rapidement sur les proportions à adopter.
- Q. Q. D., à Burgos. —-A notre grand regret, nous ne pouvons entreprendre de mettre au point des spécialités commerciales; en ce qui concerne votre demande, veuillez vous inspirer des formules d’encaustiques à l’eau que nous avons publiées à plusieurs reprises, en particulier dans le n° 2892, page 431, qui pourraient être ajustées dans le sens qui vous intéresse.
- M. IVlajoli, à Ravennes. — La recharge des tampons et rubans de machines à écrire s 'effectue avec la mixture suivante :
- Fuchsine ou violet de Paris......................... 1 gramme
- Alcool à 95°........................................10 cent. cub.
- Glycérine à 30°.....................................19 »
- Faire dissoudre d’abord la matière colorante dans l’alcool, ajouter ensuite la glycérine et rendre homogène.
- Quand le tampon ou la bande ne cède plus de couleur, verser un peu de la solution sur une petite brosse, brosse à dents par exemple, puis l’étendre uniformément, sans exagération; attendre ensuite que l’imbibition soit complète avant de remettre en service, pour éviter les bavures à l’impression.
- M. Lanckmans, à Bruxelles. — Voici d’après Cerbelaud, comment on peut facilement préparer une embrocation pour sportifs :
- Prendre :
- Jaunes d’œufs.............. 10
- Blancs d’œufs.................. 10
- Vinaigre fort................. 400 cent, cubes
- Essence de térébenthine. . 1000 »
- Eau distillée.............. 3500 »
- Gomme adragante. . . . 100 grammes
- Battre d’abord les dix jaunes d’œufs avec l’essence de térébenthine.
- Ensuite battre également les dix blancs avec l’eau distillée.
- Mettre de côté un demi-litre de cette eau albumineuse et le mélanger avec le vinaigre.
- Ajouter peu à peu au mélange de jaunes d’œufs et d’essence de térébenthine les trois litres restants d’eau albumineuse, puis le mélange vinaigré en battant longuement après chaque addition.
- Enfin émulsionner avec la gomme adragante puis passer au travers d’une fine mousseline pour éliminer les grumeaux, mettre en flacons bien bouchés et conserver au frais jusqu’au moment de l’emploi.
- M. Labruyère, à Maçon. — Veuillez vous reporter, pour la préparation des savons liquides, aux formules que nous avons données dans le n° 2897, page 95.
- M. Port, à Brest. — Le sol sur lequel reposent les carreaux est salpêtré, très probablement parce que le sous-sol est imprégné de matières organiques, qui après transformation ammoniacale subissent une nitrification : ce sont ces sels qui par capillarité remontent constamment à la surface.
- A notre avis, le seul moyen d'entraver la nitrification serait de pratiquer des lavages fréquents à l’eau javélisée.
- Robinet, à Montigny-sur-Loing.— 1° Votre baromètre est gradué en pouces anglais, un pouce valant 25 mm 4, de sorte que les correspondances avec la graduation française sont les suivantes :
- 2S1’,, = 730 mm (tempête) —- 29I>,Q = 760 mm (variable)
- Sir,, = 790 mm (très sec).
- 2° Les cadrans de baromètres anéroïdes, protégés qu’ils sont par un verre, ne présentent généralement à leur surface que des grains de
- poussière, il suffit pour les nettoyer d’y passer doucement une peau de chamois; en tout cas nous ne vous conseillons pas d’essayer une réargenture, car la graduation pourrait avoir à en souffrir.
- 3° Nous ne pensons pas qu’il ait été publié d’ouvrages spéciaux sur la question.
- 4° La mixture suivante vous permettra de protéger utilement le fer forgé des attaques de l’air marin.
- Brai stéarique....................................... 100 grammes
- Bitume ordinaire....................................... 35 —
- Huile de lin cuite..................................... 65 —-
- White spirit...........................................100 —
- Pour obtenir le ton gris, ajouter une quantité suffisante de plombagine (mine de plomb) et pour le noir franc remplacer la plombagine par le noir de fumée.
- M. Saugeron, à Marseille. — L’ouvrage « Le Pétrole » de Riche et Halphen, éditeur Baillière, 19, rue Ilautefeuille, vous fournira la majeure partie des renseignements que vous désirez. Pour une documentation complète sur toutes les publications récentes, le mieux est de vous adresser à l’Association de Documentation, 82, rue Tait-bout dont les bureaux sont ouverts de 9 h. à midi et de 2 h. à 5 h.
- M. Morin, à Château-Qontier. — L’acide monoéthylorthophos-phorique appelé aussi acide phosphoêthylique ou phosphovinique PO4 H2 C3 H3, est un liquide ’ épais, incolore, inodore, rougissant fortement le tournesol, de saveur amère et aigrelette à l’ébullition, il commence à se décomposer en libérant de l’alcool, de l’oxyde d’éthyle, de l’éthylène, puis finalement laisse comme résidu de l’acide phos-phorique et du carbone .
- L’acide êthylphosphorique est miscible en toutes proportions à l’eau, à l’alcool et à l’éther, il est bibasique et donne des sels pour la plupart solubles à l’exception du sel de plomb.
- Pour préparer, on chauffe un mélange de 100 gr d’alcool à 95° et de 100 gr d’acide phosphorique vitreux de manière à produire un sirop épais qu’on laisse au repos pendant 24 heures; puis on étend de sept à huit fois son volume d’eau, on sature l’acidité par du carbonate de baryum et lait bouillir pour chasser l’excès d’alcool. On laisse la température descendre à 70°C et liltre. Le liquide en se refroidissant laisse déposer le sel barytique que l’on sépare et décompose par l’acide sulfurique après l’avoir redissous dans l’eau. Pour 100 parties de sel, il faut 25 parties d’acide A 66° B.
- On filtre à nouveau pour éliminer le sulfate de baryum et il ne reste qu’à concentrer le liquide d’abord au bain de sable, puis dans le vide.
- Nous n’avons pas connaissance d’une application thérapeutique courante du produit; pour vous le procurer, il faudra très probablement en faire une commande spéciale chez un marchand de produits chimiques, par exemple. Neveu, 20, rue Gay-Lussac.
- M. Eparvier, à St-Victor-sur-Loire.— La formule à laquelle vous faites allusion, pour V imprégnât ion des balais à franges, est la suivante:
- Huile de vaseline.................................150 cent, cubes
- Pétrole lampant................................... 850 —
- M. Sébastien, à Béziers. — 1° Les fissures qui se sont produites dans votre crépis sont dues au retrait, conséquence de l’évaporation d’un excès d’eau employée dans la confection du mortier ou le gâchage du plâtre.
- 2° L’ouvrage « Manipulations de physique élémentaire», édité par Vuibert, 63, boulevard Saint-Germain, vous donnera très probablement satisfaction.
- Bibliothèque des Aciéries d’Unieux. — La composition que l’on applique sur les skis pour en favoriser le glissement est un mélange de paraffine et cire d’abeilles, qui a pour but d’empêcher le gonflement du bois par l’humidité de la neige, c’est pourquoi on doit l’appliquer sur le bois sec, en favorisant sa pénétration par passage d’un fer à repasser modérément chaud, pour amener à liquéfaction.
- Association post-scolaire, Grenoble. — Pratiquement, l’enlèvement total des caractères tracés aux encres grasses, n’est pas possible parce que le pigment est constitué par du carbone sous forme de noir de fumée qui est complètement inattaquable par tous les réactifs.
- La seule chose que l’on puisse faire est d’enlever le véhicule gras par la benzine ou le tétrachlorure de carbone, puis après séchage complet de gommer avec une gomme à crayon; mais le plus souvent, il restera encore dans les pores du papier, une quantité de carbone assez grande pour que les caractères restent légèrement visibles.
- M. Weydert, à Puteaux. — Nous ne connaissons pas la composition de cette spécialité et regrettons de ne pouvoir vous renseigner.
- Le Gérant : G. Masson.
- 5oç8. — lmp. Lahure, g, rue de Fleurus, Paris. — i-p-nykp — Publishedin France.
- p.48 - vue 52/602
-
-
-
- N° 2933.
- LA NATURE
- 15 Juillet 1934.
- LE JARDIN D’ESSAI DE GUINÉE
- C’est à la fin du xix1' siècle que les indigènes de Guinée subirent l’influence française. Ce n’est que le 17 décembre 1891 qu’un décret réorganisa le statut de nos possessions du golfe de Guinée. Le territoire de la Guinée française comprit alors la région actuelle dénommée ainsi, plus les comptoirs de la Côte d’ivoire et du Dahomey. Bal-lay fut nommé gouverneur de la nouvelle colonie. Cet homme était vraiment un chef, un créateur, et ce serait justice qu’en enseignant l’histoire de la colonisation française on parlât de « Ballay, le père de la Guinée ». Gouverneur intelligent, comprenant très bien que l’omniscience est de moins en moins du domaine humain, il s’entoura de compétences remarquables pour fonder le Service des Travaux Publics, l’hôpital de Konakry, le chemin de fer Konakry-Kanlcan, et, en collaboration avec un agronome, Teissonnier, il créa le Jardin d’essai de Camayenne en 1897.
- Un Jardin d’essai est un organisme complexe comprenant un jardin botanique, une station expérimentale agricole, un centre de vulgarisation rurale, des pépinières destinées à fournir des variétés améliorées aux planteurs européens et aux indigènes.
- Un tel établissement joue non seulement un rôle scientifique incontestable, et devient le « Bagatelle » des Européens de la Colonie, mais a surtout pour but de transformer l’économie d’un pays grand comme la moitié de la France.
- L’organisation administrative fut l’œuvre propre de Ballay, alors que l’ingénieur Teissonnier fut chargé de sa création effective. Ce dernier, arrivé à la Colonie en avril 1897, choisit un sol relativement riche, à proximité du chef-lieu de la Colonie, dans la presqu’île du Kaloum,
- au village de Kama-Yen, que l’on a francisé en Camayenne. 11 est bon de noter l’étymologie du nom du village côtier : Kama, dérivé de Kana, signifiant « lieu d’abatage ou de destruction »; Yen veut dire « village »,
- comme « Ya ». L’origine de ce nom est due aux tornades orageuses s’abattant en ce lieu, les plus fortes de toute cette région. Notre prédécesseur, ignorant la linguistique locale, ainsi que les inconvénients de cette particularité climatologique, arrivé en avril, en saison sèche, se hâta de commencer les travaux de débrous-sement dans la seconde quinzaine de mai, afin d’avoir suffisamment de sol défriché aux premières pluies.
- Le terrain n’avait alors que 8 hectares. Aujourd’hui, le Jardin d’essai comprend 32 ha clos sur 165 ha en totalité.
- A la fondation, le Jardin avait un personnel suffisant : un directeur, un jardinier européen, un surveillant indigène et 20 manœuvres.
- En 1931, on estimait que le personnel européen réduit à une unité était largement suffisant pour diriger la totalité des cultures (essais et pépinières) et s’occuper des expériences. Nous avions tout de même obtenu une centaine d’hommes, y compris une trentaine de prisonniers.
- Dès les premiers travaux, Teissonnier s’attacha à la culture des caféiers et songeait à la combiner à celle des Landolphia florida dont il estimait l’avenir brillant. Depuis, les cours des caoutchoucs africains sont tombés à rien, et le caféier de Guinée n’a pas encore fourni ses preuves sur le marché. Pourtant on doit à Teissonnier de belles caféières de C. arabica, stenophylla, liberica, robusta, et d’intéressantes expériences culturales dont, naturellement, ont profité nos concurrents étrangers, nos compatriotes faisant fi par principe de la science fran-
- Fig. 1. — L’auteur dans une allée du Jardin d’essai de Camayenne.
- p.49 - vue 53/602
-
-
-
- = 50 =................. -.. .. ----
- çaise tant qu’elle n’est pas consacrée à l’extérieur (1).
- Le Professeur Max. Cornu, venu en mission botanique, laissa au Jardin quelques exemplaires d’espèces différentes, en particulier des Hevea brasiliensis, importés en Afrique pour la première fois et qui ont fait l’objet de recherches; seulement, l’Afrique ne semble pas être économiquement la terre des caoutchoucs, quoiqu’elle en produise spontanément plusieurs espèces.
- Mais ce qui est surtout intéressant à signaler dans les plantes importées par M. Cornu, c’est l’introduction de quelques souches de Musa sinensis (Bananier nain), vraisemblablement les premiers qui aient poussé sur le sol guinéen. Malgré l’absence de moyens de communication, Teissonnier ne désespérait pas de l’avenir économique de la Guinée et, malgré, les doutes de quelques autres, il entra résolument dans l’expérimentation de la « bananiculture ».
- Il créa une race nouvelle, dite de « Camayenne », qui
- constitue encore aujourd’hui la quasi-totalité des plantations actuelles, les bananiers se reproduisant par éclats de souche. Cette race améliorée, bien acclimatée au pays, fournit des fruits de première qualité, fort nourrissants, et d’un goût au moins égal aux bananes des Canaries (2).
- Après trois ans d’essais, Teissonnier conseillait résolument la culture du Bananier nain et celle de l’Ananas (Ana-nassa.sativa), (dont il créa la variété « Soussouée ») ; comme exploitations de colonisation, il fondait une bananeraie modèle de 2 ha au Jardin, ainsi qu’une pépinière de souches sélectionnées.
- Les événements lui ont donné raison. Aujourd’hui, la Guinée est surtout riche par ses bananes. Un coup d’œil
- 1. Voir à ce sujet nos articles sur « Le rôle des jardins d’essais coloniaux dans la pharmacologie française » dont le 1er, « Quinquinas » paru dans le n° du 6 septembre 1933 de La Presse Médicale, montre le rôle de la France dans cette culture d’intérêt international.
- 2. « La valeur hygiénique des fruits tropicaux » in C.I.B. de septembre 1933, 8, rue de Richelieu, Paris.
- jeté sur ce tableau montre les progrès réalisés dans cette exploitation dont l’avenir est encore plus magnifique qu’on ne peut se le figurer. Que de progrès depuis les 219 régimes exportés en 1902 !
- Année 1919 119 tonnes
- » 1925 1 395 »
- » 1926 2 320 »
- )) 1927 3 041 »
- )) 1928 , 3 995 »
- )) 1929 6 580 »
- » 1930 9133 »
- )) 1931 11 926 »
- )) 1932 17 508 ))
- )) 1933 25 000 » environ.
- En 1931, l’ensemble Guinée-Antilles produisait 17 437 t.
- en 1932. , on comptait 33 773 t. La France n’utilise
- dans l’ensemble de ses importations que 15,5 pour 100 de provenance coloniale. La Métropole augmente chaque année sa consommation de ce fruit recommandable à tous points de vue :
- Année 1921 .... 6 500 tonnes
- » 1922 .... 15 000 »
- » 1928 .... 88000 »
- » 1932 .... 227 767 »
- II y a encore un bel avenir pour les plantations déjà exploitées et en projet (x).
- La production bananière représente la quasitotalité de la valeur des produits agricoles de Guinée et englobe les 90 pour 100 des exportations de ce pays.
- Vous voyez déjà l’importance d’un Jardin d’essai pour l’économie d’un pays, non seulement dans la colonie, mais aussi dans la Métropole. Dans tous les pays chauds, les cultures prospères ont été créées par des stations expérimentales, et c’est là naturellement leur principal rôle.
- Teissonnier conseillait aussi la culture du Cannellier (Cinnamomum zeilanicum) qui n’a pas encore été entreprise par les colons, malgré la bonne acclimatation de cette espèce. Serons-nous plus heureux, ainsi que pour celle du Kola-tier (Sterculia kola)? Le fondateur signalait déjà l’importance vivrière de la riziculture.
- Les autres cultures alimentaires (2) attirèrent son attention. Certes, le Jardin d’essai de Camayenne n’a pas introduit toutes les espèces utiles en Guinée. C’est ainsi que le Manguier (Mangifora indica), arbre fruitier de la famille des Térébenthacées, originaire des Indes, fut importé depuis environ 350 ans par les Portugais au Rio-Pongo, sur une concession cédée par les Soussoués qui s’étaient établis dans le pays depuis peu. Les Portugais voulant garder pour eux la totalité des fruits avaient interdit aux indigènes d’emporter des mangues sous peine de mort. Un jour, un soussoué cacha un noyau dans
- 1. « État actuel des cultures fruitières coloniales. » (Rapport de la lre Conf. Int. du Fruit-Aliment.) Compte rendu publié par l'Office général des Fruits, 147, boulevard Saint-Germain, Paris.
- 2. Notre série de communications 1933-34, à la Société de Méd. et Hyg. trop., éditées par Vigot, 2<5, rue de l’École de Médecine, Paris.
- Fig. 2. — Le parc du Jardin d’essai de Camayenne.
- p.50 - vue 54/602
-
-
-
- 51
- sa sandale et le planta dans son village.
- Depuis, les Manguiers se sont répandus dans presque tous les villages guinéens.
- Le Jardin d’essai avait un rôle à remplir dans ce cas : l’amélioration du produit. C’est ainsi que furent créés des pépinières des meilleures variétés : Sabot, Cherry, Divine, etc...
- Les indigènes, reconnaissant la supériorité des mangues de la Station, la baptisèrent : Mangua-Ya, ce qui signifie « Village de la Bonne Mangue ».
- En 1910, Teissonnier préconisait la culture de Carica papaya (Papayer) (x) comme plante médicinale, hélas, sans être écouté. Notre campagne en faveur de cette production aura-t-elle plus de succès ? Espérons-le dans l’intérêt des planteurs et du pays, car il est inadmissible que nous achetions la totalité de produits indispensables à l’étranger alors que nos colonies peuvent fournir la métropole en quantités suffisantes (quinine, papaïne, bananes, etc...).
- Dès 1900, le Muséum d’Histoire naturelle avait envoyé des graines d’Hymenæ Courbaril.
- Dix ans après, 3 arbres fournirent 125 gr de gomme.
- Toujours sans être écouté, Teissonnier conseilla dès 1910 la culture du tabac, conseils que nous avons repris, mais il faudra sans doute que des planteurs étrangers commencent ces cultures pour que les colons français se décident à ne plus courir les risques de la monoculture. Le 8 juin 1911, des semis de tabac, variétés Cuba (acclimaté en Floride), Maryland, Tabacco Send, Sumatra (acclimaté en Floride), étaient faits à la suite d’envois de graines effectué par le Jardin colonial de Paris (1 2) et donnaient de bons résultats.
- La même année, Teissonnier montant en grade (il devint Inspecteur de l’Agriculture en Guinée), c’est son second, Portai, qui s’occupa seul des travaux du Jardin. Il créa une pépinière modèle de 36 planches de 2 m X 22 m 50. Portai suivait toujours les conseils de son chef. Il en résulta une continuité dans les essais qui augmenta la valeur technique et scientifique du Jardin de Camayenne et lui attira de nombreux visiteurs étrangers.
- Le nouveau directeur des travaux signala pour la première fois la maladie « du noircissement » du bananier. Si les colons avaient alors suivi son conseil de brûler toutes les souches atteintes, il est certain que cette affection serait rarissime aujourd’hui.
- Toujours en 1911, Portai fit des essais intéressants sur les variétés locales de maïs, comme plante fourragère et féculente.
- En 1912, le sous-inspecteur de l’Agriculture Nicolas prenait la direction des travaux, en remplacement de Portai qui changeait de poste. Nicolas se lit remarquer au début de
- 1. Carica papaya en Guinée. « Rôle des jardins d’essais
- coloniaux dans la pharmacologie française. » Presse médicale, 7 mars 1934. r
- 2. Une visite au Jardin colonial de Paris, Grand Magazine français, n° 2. >
- Fig. 3. — L’installation du potager expérimental au Jardin d’essai de Camayenne.
- son installation à Camayenne par des expériences sur le Palmier à huile (Elæïs guineensis)
- Teissonnier tenait à garder la haute direction du Jardin d’essai, sa création. En 1913, il put consacrer davantage de temps à sa station. Il créa les cultures d’eucalyptus, arbres poussant très bien en Guinée et qui devraient être plantés dans tous les lieux habités humides en raison de leurs propriétés d’assécher le terrain et d’éloigner les moustiques (‘).
- L’Institut colonial de Bordeaux ayant envoyé quatre exemplaires de Camphriers (Cinnamomum camphrum) en 1910, ils produisirent dès 1913. Teissonnier comptait sur l’avenir de cet essai, le premier de la côte occidentale d’Afrique avec celui du Jardin d’Aburi, en Gold Coast.
- 1. Le parasitisme en Guinée et son enrayement par l’agriculture. Communie, à la Société des Techniciens sanitaires, en 1931.
- Fig. 4. — Le labourage après débroussement au Jardin d’essai.
- p.51 - vue 55/602
-
-
-
- = 52 ——-....................... ............... =
- Le Jardin colonial de Paris envoya cette même année une collection d’Auranthiacées. Le Jardin de Camayenne produit encore de belles pépinières d’Orangers doux (Citrus auranthium), Bigaradiers (C. bigaradia), Pamplemoussiers (C. decumena), Mandariniers (C. deli-ciosa), Citronniers (C. limonum) qu’il est intéressant de suivre en raison de la grande valeur économique que doivent prendre ces cultures pour l’alimentation (,l) et la parfumerie (2).
- En 1914, l’Administration, toujours économe lorsqu’il s’agit d’établissements scientifiques, refusait à Teissonnier les crédits nécessaires aux achats d’engrais chimiques, non seulement pour ses expériences, mais pour l’entretien des cultures modèles et des pépinières. L’Administration méconnaissait donc le rôle important qu’avait déjà joué le Jardin depuis sa fondation.
- En janvier, des graines de Styrax bcnzoin (Benjoin) (2) originaires de Malaisie furent expédiées par le Jardin colonial de Paris. Aujourd’hui, les essais sont concluants.
- En juin, Teissonnier recevait de son confrère de Buitenzorg (Java) des graines de Sapotillier (Achras
- 1. Aliments sucrés. Communie, à la Société de Médecine et d’Ilygiène tropicales, décembre 1933.
- 2. La parfumerie en Guinée française. Revue C. A. M., juillet 1933.
- Fig. 5. — Arbre du voyageur. (Ravenala madagascariensis).
- sapota\ arbre aux fruits comestibles (sapotilles). Les semis eurent lieu dès la réception. Aujourd’hui, le Jardin d’essai a sa plantation modèle et des pépinières pour fournir tous les planteurs qui voudraient tirer un parti certain de cet arbre.
- En octobre 1914, le Jardin colonial de Paris envoya des graines de Camphriers. Ce second essai de cette essence prouva le bien-fondé du premier. Nous avons établi une pépinière de camphriers lorsque nous étions au Jardin, car cette espèce a un débouché national et la colonie devrait faire de la propagande dans ce sens auprès des planteurs.
- Toujours en octobre 1914, le Jardin de Buitenzorg (Java) faisait parvenir à Camayenne des graines sélectionnées de Caféiers (Coffea arabica).
- Puis la grande tourmente fit ressentir ses effets jusqu’en Afrique. Certains autres Etats doublaient les crédits de leurs Jardins d’essais afin d’expérimenter sur les végétaux alimentaires, combustibles, médicinaux, etc... L’Afrique Occidentale française ferma ses Jardins...
- Quelques années après la guerre, la maison d’habitation servit de résidence de passage à des agronomes de l’administration attendant la date de leur congé. L’absence de main-d’œuvre ne permettant aucun travail,
- Fig. G. — Cycas revolula.
- p.52 - vue 56/602
-
-
-
- 53
- Fig. 7 (en haut, à gauche). — Cime de Cijcas circinalis. Fig. 8 (à droite). — Cacaoijère expérimentale. Fig. 9 (eu bas, à gauche). — Labourage d'une cocoleraie expérimentale. Fig. 10 (à droite). —- Culture expérimentale de vétiver (Andropogon).
- les ingénieurs Brossât, Saunion, Scordel en furent réduits à voir la brousse empiéter sur les belles cultures d’autrefois.
- Enfin, notre tour arriva. En cinq mois nous avons pu remettre 45 ha en cultures expérimentales, reconstituer la collection botanique après avoir classé plus de 200 phanérogames utiles, spontanées ou introduites. Les crédits alloués ne permettant pas de grands frais de la part du gouvernement local, le budget passait en paiements de main-d’œuvre, en engrais; nous avions mis
- notre modeste matériel de laboratoire à la disposition du Jardin.
- Mais la crise budgétaire dont souffrent les Colonies plus que la Métropole (ne vient-on pas de réduire de 43 pour 100 le budget de l’Indochine) a fait arrêter les expériences et les essais du Jardin de Camayenne. Que deviendront les pépinières reconstituées ?
- Jean Schunck de Goldfiem, Ex-directeur du Jardin d’essai de Guinée, Professeur à l’École pratique dés Colonies.
- = QU’EST-CE QUE LE TEMPS? =
- LA POSITION MÉTAPHYSIQUE ET LA POSITION SCIENTIFIQUE DU PROBLÈME
- Le but de cet article est l’étude d’un problème de philosophie scientifique : Quelle est l’origine des concepts fondamentaux de la science ? Comment peut-on les définir ? Sont-ils figés, immuables, ou évoluent-ils en même temps que la connaissance scientifique du monde ?
- Lorsqu’on veut étudier un problème aussi vaste et aussi important, il est imprudent de se livrer à des géné-
- ralités; il est beaucoup plus sûr et plus instructif d’étudier à fond un exemple. Aussi avons-nous tenu à traiter cette question en développant l’exemple de la notion de temps.
- Nous allons chercher ce que c’est que le temps, comment il est défini.
- La position métaphysique. — Commençons par
- p.53 - vue 57/602
-
-
-
- = 54 -----------:—:----- --------------..........=
- exposer brièvement la solution dite métaphysique du problème.
- Pour le métaphysicien, pour Platon et pour les scolastiques par exemple, chaque concept, chaque chose et sa copie dans la pensée, a sa nature propre, rigide, c’est-à-dire fixée une fois pour toutes et indépendante de notre expérience. De plus les concepts sont isolés, c’est-à-dire à considérer les uns après les autres, indépendamment les uns des autres.
- L’Espace et le Temps, par exemple, sont des formes a priori, présentes dans la nature et dans notre esprit avant toute expérience et dans lesquelles viennent se placer tout ce que nous connaissons de sensible ; telle est la position de Kant pour qui un concept comme celui de temps est un cadre imposé à notre représentation de l’univers; l’expérience ne saurait remplacer ce cadre par un autre, puisque, pour le métaphysicien, le concept de temps se trouve préexistant à toute connaissance. Le temps est une « chose en soi » que nous ne saurions mieux atteindre qu’en l’admettant comme une base naturelle de l’explication du monde, et on se contente de
- constater que ce concept, présent dans notre esprit, n’est pas en désaccord avec ce que l’expérience nous apprend de la nature. Certains vont jusqu’à s’étonner de cet accord de la « chose en soi » avec l’esprit.
- Limitation corrélative de la science. —
- Lorsqu’on adopte la position métaphysique, on se trouve conduit tout naturellement à limiter le pouvoir de la science et à laisser deviner un domaine mystérieux où celle-ci ne peut aller; j’ajouterai même que le but secret de beaucoup de théories métaphysiques n’est autre que d’écarter les esprits des méthodes scientifiques: elles y parviennent parfois assez facilement, car, d’une part on a plus vite fait de juger la science insuffisante à expliquer l’univers que d’étudier les diverses sciences et de les comprendre, et, d’autre part, la position métaphysique est souvent nécessaire à la poursuite d’un but social.
- L’attitude métaphysique conduit même parfois jusqu’à une négation de la science et à ces affirmations : « La science ne nous permet pas de saisir la nature intime des choses, elle n’atteint pas leur essence, mais se limite à l’étude de l’aspect superficiel et des rapports mutuels des phénomènes. »
- Que de fois ai-je entendu dire : « Nous ne savons pas ce que c’est que l’espace, ni le temps, nous ne pouvons en connaître que les propriétés et non la nature intime »; ou d’autres fois : « Nous ne savons pas ce que c’est que l’infini, nous ne pouvons le comprendre, et pourtant il existe ! »
- En ce qui concerne la notion d’infini, j’ai exposé ici même en quoi cette notion était aussi simple et aussi peu mystérieuse que celle de nombre entier. Je vais tenter une étude analogue de la notion de temps.
- J’ajouterai que pour le métaphysicien, la mesure du temps est chose secondaire et ne peut nous renseigner sur son essence; c’est pour lui l’affaire du technicien et toutes les recherches scientifiques et toutes les mesures, aussi précises soient-elles, ne sauraient modifier l’idée du temps dans l’esprit de l’homme.
- Nous verrons que l’expérience a infirmé ce point de vue.
- Position scientifique. — Je ne saurais adopter la position métaphysique, car j’avoue ne pouvoir comprendre les mots « essence » et « nature intime ». Les mots que nous employons pour parler des choses ne peuvent avoir directement ou indirectement qu’un sens expérimental, et je ne vois pas quel sens de cette nature on peut donner à l’expression « la nature intime du temps ».
- Par habitude aussi, peut-être, j’adopterai dans cette étude la méthode scientifique appelée parfois méthode rationaliste. Ce mot me paraît impropre car rationalisme évoque invinciblement l’idée de raison, et pourrait faire croire que le rationalisme consiste à faire appel à la raison. Je pense au contraire que le rationalisme n’est autre que la tendance à appliquer en toutes circonstances la méthode scientifique, c’est-à-dire la méthode expérimentale.
- Qu’entendons-nous par « savoir ce que c’est que le temps » ? — J’ai dit tout à l’heure que les mots que l’on emploie doivent avoir un sens expérimental. Comme je me propose de tenter de répondre à cette question : Qu’est-ce que le temps ? je dois d’abord donner un sens à cette expression.
- Je dirai que nous savons ce que c’est que le temps si nous sommes capables de le mesurer expérimentalement. De cette définition résultent immédiatement quelques conséquences.
- Une notion scientifique n’est qu’approchée. —
- D’abord la connaissance d’un concept quelconque ne peut être qu’approchée puisque l’expérience elle-même n’est qu’approximative. On sait fort bien que nos mesures ne sont jamais parfaites, mais comportent des erreurs accidentelles dues à l’imperfection de nos instruments et par conséquent inévitables. Un intervalle de temps peut être mesuré seulement avec une certaine approximation dépendant de la qualité des instruments employés et de la précision des méthodes utilisées. Une notion scientifique n’est donc toujours qu’approchée.
- Une notion scientifique est en évolution cons= tante. — De ce qui précède, il découle immédiatement qu’une notion comme celle de temps est en évolution constante. Le matériel dont nous disposons pour mesurer, et par conséquent définir le temps se perfectionne constamment sous l’influence des besoins économiques croissants de l’homme, de sa soif de connaître toujours plus de choses, et de pénétrer de plus en plus la connaissance de l’univers; il en résulte donc à coup sûr que la précision de notre connaissance va varier en augmentant constamment.
- Fig. 1. — La première horloge mécanique : le sablier.
- p.54 - vue 58/602
-
-
-
- i 55
- Nous verrons que, non seulement notre connaissance du temps s’est précisée, mais que la notion de temps elle-même s’est modifiée au cours des âges, car la précision croissante des procédés de mesure a permis de découvrir des lois nouvelles et de modifier la notion de temps à la lueur de ces lois nouvelles; ces modifications se font généralement brusquement.
- La position métaphysique conduit à proclamer périodiquement la faillite de la science; il arrive parfois, comme nous venons de le dire, que, par suite des progrès de la science, l’un de ses concepts se modifie en se perfectionnant; à ce moment le métaphysicien, qui considère ce concept comme inné dans l’esprit humain et fixé une fois pour toutes dans la nature et dans notre esprit, est obligé de conclure que la science s’était trompée puisqu’elle est obligée de modifier ses concepts. Ainsi la position métaphysique conduit à appeler faillite ce qui n’est qu’un progrès; ce n’est pas là un de ses moindres défauts.
- Les cinq stades de la notion de temps. — Ainsi nous allons étudier l’histoire de la notion de temps; dans cette histoire nous distinguerons cinq stades :
- Le temps biologique;
- Le temps des horloges ;
- Le temps sidéral;
- Le temps mécanique;
- Le temps électromagnétique.
- Cette classification est peut-être un peu trop schématique, de plus elle ne suit pas très exactement l’ordre historique et, en plaçant le temps des horloges avant le temps sidéral, nous cherchons surtout à simplifier les choses dans un but de clarté.
- TEMPS BIOLOGIQUE
- Sa définition. — L’homme a été obligé de très bonne heure de classer les phénomènes qui se déroulent devant lui au cours de son existence, c’était pour lui une nécessité matérielle qui est à l’origine de la première notion de temps. Les événements qui se déroulent devant un homme forment, à première vue, une suite à une dimension, c’est-à-dire dans laquelle un événement est fixé par un seul nombre.
- Le temps biologique est ce nombre, ou pour employer le terme mathématique, cette variable que l’homme adopte pour fixer la place d’un événement dans le cours de sa vie.
- Son caractère qualitatif. — Une telle notion de temps se prête mal, ou même ne se prête pas du tout à la mesure, plus exactement elle ne permet qu’une estimation. En effet, d’après la définition que nous donnons du temps biologique, cette variable n’est pas définie en grandeur. Notre définition nous permet de dire, par exemple, qu’un événement 2 s’est produit après un événement 1 et avant un événement 3, c’est-à-dire que les époques tt, tp et t3, de ces événements vérifient les inégalités :
- mais elle nous nous donne aucun moyen de comparer entre eux les intervalles f2 - t{, et tz - tt, de dire par exemple que l’un est plus , grand que l’autre.
- Possibilité de mesure.
- — Cependant une estimation des intervalles de temps biologique est possible.
- L’homme est, en effet, un être vivant et son corps même présente des phénomènes observables par l’homme d’une manière précise ou confuse et susceptibles d’être classés dans le temps : battements du cœur, cadence de la respiration, durée nécessaire à un effort musculaire, par-exemple au parcours d’un certain chemin, temps au bout duquel un même effort amène une fatigue, temps nécessaire à l’écoulement de certaines pensées...
- Si on admet que ces phénomènes biologiques se produisent dans des intervalles de temps à peu près égaux, lorsque les conditions ont peu changé, l’homme dispose d’un moyen de mesurer le temps qui n’est autre que son jîropre corps.
- Je sais que pour écrire une page je mets moins de temps que pour traverser Paris à pied, parce que le nombre des battements de mon cœur, le nombre de mes inspirations pulmonaires, le nombre des pensées qui
- Fig. 3. — Pnrlrnil de Galilée, par Sustermans [Galerie des Offices, Florence, Ilalie). (Ph. J. Boyer.)
- Fig. 2. — Principe de la clepsydre.
- p.55 - vue 59/602
-
-
-
- == 56 —t::,............... —................... =
- ont traversé mon esprit est inférieur pour le premier intervalle de temps.
- C’est pour cette raison que la première notion de temps est appelée biologique.
- Imprécision de cette mesure. — Il est superflu de faire ressortir combien la mesure de ce temps est imprécise et c’est pourquoi nous n’avons parlé que d’estimation. Un même intervalle de temps sera estimé avec des durées différentes par deux hommes suivant les circonstances de leur existence pendant cet intervalle.
- A cette raison d’imprécision due aux modifications de notre organisme provenant des causes extérieures
- Fig. 4. — I.c lampadaire dit de Galilée, dans la cathédrale de Pise. C’est sur ce lampaaaire que Galilée aurait observé l’isochronisme des petites oscillations du pendule. (Ph. J. Boyer.)
- s’ajoute ce fait qu’en réalité nous ne comptons jamais les battements de notre cœur, ni le nombre de nos inspirations, nous nous contentons de garder un souvenir plus ou moins vague des événements qui se sont produits et d’évaluer ainsi confusément l’ordre de grandeur des divers intervalles de temps. C’est pourquoi on pourrait appeler cette notion de temps : temps confus.
- Exempte de mesure de ce temps. — Dans la vie couranté nous mesurons tous le temps biologique, lorsque nous n’avons pas de montre ni d’horloge. Mais on a au moins un exemple de- mesure officielle de—eë temps :
- au moyen âge, dans les cloîtres, un moine, appelé pour cette raison significator horarurn, comptait les prières qu’il récitait et fixait ainsi d’une manière suffisamment précise l’heure des services.
- LE TEMPS DES HORLOGES
- Identité de durée des phénomènes identiques. —
- Armé de cette première notion de temps, le temps biologique, l’homme a étudié les phénomènes qui se déroulaient sous ses yeux; le premier pas à faire dans une telle étude consiste à isoler un phénomène de tous les autres : par exemple étudier la chute d’une pierre à l’abri du vent et en diminuant le plus possible la résistance de l’air, ou étudier les oscillations d’un pendule dont la suspension est fixe et présente le frottement minimum. Parmi les phénomènes qui se déroulaient sous nos yeux, c’est le mouvement des astres qui se trouvait être débarrassé au maximum des causes perturbatrices extérieures imprévisibles, et c’est l’une des raisons pour lesquelles l’astronomie a longtemps précédé la physique.
- L’homme s’est tout d’abord attaché aux phénomènes périodiques tels que les oscillations d’un pendule et les révolutions des astres. Pour simplifier, nous considérerons tout d’abord seulement un phénomène comme les oscillations d’un pendule, bien qu’historiquement l’homme ait d’abord fait appel au mouvement des astres pour mesurer le temps.
- Lorsqu’on observe les oscillations d’un pendule et qu’on évalue en temps biologique fa durée de chacune d’elles, on constate que cette durée est constante. D’une manière plus générale l’homme a constaté, en utilisant le temps biologique, que deux phénomènes produits par des corps identiques duraient le même temps.
- Une telle constatation ne peut être faite que d’une manière approchée, et souvent très grossière, étant donnée l’imprécision de la mesure du temps biologique; malgré cela l’homme a érigé en loi précise ce qu’il avait constaté d’une manière seulement approximative et a dit par exemple : les oscillations de même amplitude d’un même pendule durent le même temps.
- En fait, l’opération que nous signalons ici se fait encore de nos jours. Dans l’enseignement de la physique qui est donné dans les classes de nos lycées, on établit le principe d’inertie et les lois delà chute des corps au moyen de la machine d’Atwood et en utilisant le temps biologique. De plus une tradition veut que Galilée ait constaté l’identité de durée des oscillations d’un pendule en regardant se balancer un lampadaire dans la cathédrale de Pise et en comptant en même temps les battements de son pouls; la loi d’isochronisme des petites oscillations du pendule aurait donc bien été établie en utilisant le temps biologique.
- Il importe de noter que, lorsqu’on utilise le temps biologique de cette manière, on se place dans les conditions où sa mesure est la plus précise, par exemple en comptant delà 10, et en énonçant un nombre à intervalles réguliers.
- Contradictions. — Cependant on ne peut en rester là, car, une fois établie et admise la loi de l’identité de durée des oscillations d’un pendule, on se heurte à des contradictions. On constate en effet, souvent, que cette
- p.56 - vue 60/602
-
-
-
- 57
- loi n’est pas vérifiée. Par exemple, certaines journées nous paraissent se dérouler plus vite que d’autres en temps biologique, alors que, si on mesure leurs durées avec les oscillations d’un pendule ou la rotation des astres, on s’aperçoit qu’en vertu de la loi énoncée ces durées sont égales.
- Solution des contradictions. — On se trouve alors en présence de deux alternatives :
- Ou rejeter la loi énoncée;
- Ou rejeter la notion de temps biologique.
- Dans la réalité, l’homme a adopté la seconde solution. Il a rejeté la notion de temps biologique et conservé la loi de l’identité de durée des phénomènes matériellement identiques. Il y a à cette manière d’opérer une grosse difficulté apparente :
- La loi énoncée a été établie au moyen du temps biologique, or nous rejetons le temps biologique comme n’ayant pas de signification, il semble donc que la loi doive être rejetée aussi.
- On échappe à cette contradiction en conservant la loi et en donnant une nouvelle définition du temps basée sur la loi elle-même, et qui, par conséquent, sera en accord avec celle-ci.
- Définition du temps des horloges. — Le temps des horloges est une variable t, telle que, si on mesure les durées des diverses oscillations d’un pendule, ou d’une série de phénomènes quelconques se produisant dans des conditions matérielles identiques, toutes les durées obtenues sont égales.
- On voit qu’il a été possible de définir le temps des horloges parce qu’on avait trouvé auparavant une loi faisant intervenir le temps. Cette loi avait été établie d’une manière approchée avec le temps biologique, nous l’érigeons en loi absolue et elle nous permet de substituer au temps biologique un temps plus précis qui Je supplante : le temps des horloges.
- Nous retrouverons constamment ce processus d’évolution : le temps des horloges est issu du temps biologique et il a tué celui à qui il devait le jour.
- RÉALISATION DU TEMPS DES HORLOGES
- Les réalisations pratiques que l’on peut classer parmi celles qui donnent un temps répondant à la définition du temps des horloges sont très nombreuses.
- Rappelons d’abord les instruments mécaniques de mesure de ce temps, nous examinerons ensuite les moyens astronomiques de le déterminer.
- Sablier. — Le premier instrument mécanique de mesure du temps basé sur le fait qu’un système restant identique à lui-même met toujours le même temps à parcourir le même cycle est le sablier. Une masse de sable fin s’écoule lentement d’un récipient dans un autre par un orifice étroit; lorsque le premier récipient est vide, on renverse le rôle des deux récipients et l’opération recommence. On a une unité de temps en considérant la durée de vidage des récipients.
- Le sablier était connu des Grecs qui le tenaient sans doute des Chinois par l’intermédiaire des Égyptiens. Aujourd’hui encore cet instrument est utilisé, il donne la mesure d’un intervalle de temps unique, mais il a l’avantage de ne pas nécessiter de lecture,Ani d’effort
- de mémoire pour se rappeler l’heure du dé-hut de l’intervalle de temps à fixer.
- Clepsydre. — La clepsydre est basée sur le même principe que le sablier, mais cette fois c’est de l’eau qui s’écoule et non du sable; en repérant le niveau de l’eau dans le récipient d’arrivée, on peut même obtenir une mesure du temps. Les Grecs et les Romains utilisaient couramment la clepsydre pour les usages publics et en l’an — 100, l’une d’elles, placée près de l’Agora, donnait constamment l’heure aux Athéniens.
- D’après la tradition,
- Haroun-al-Rachid, calife abbasside, le héros de beaucoup de Contes des Mille et Une Nuits, envoya à Charlemagne une clepsydre perfectionnée qui comportait douze portes; toutes les heures, une de ces
- Fig. G. — Christian Hugghens (1629-1695). l'inventeur des pendules à échappement.
- Fig. 5. — Principe de l’échappement.
- p.57 - vue 61/602
-
-
-
- = 58 = =
- portes s’ouvrait et laissait tomber une bille sur un timbre : la clepsydre sonnait donc les heures.
- Horloges à poids. — L’horloge à poids date du moyen âge; la première fut construite au xe siècle par Gerbert; en principe, elle se composait d’un poids suspendu à une corde entourée autour d’une roue à axe horizontal, la chute du poids faisant tourner la roue; à celle-ci on fixait un index qui, en se déplaçant sur un cadran, donnait l’angle dont la roue avait tourné. Divers systèmes auxquels nous ne nous attarderons pas, avaient
- été imaginés pour rendre lente et uniforme la vitesse de chute du poids. De nombreuses horloges de ce type, comme celle du Palais de Justice de Paris, furent construites aux xme, xive et xve siècles.
- Horloges à échappement. — Les deux grands progrès dans la construction des horloges sont dus à Galilée (1649) et à Huyghens (1656).
- Le premier remarqua l’égalité de durée des oscillations d’un pendule, même lorsque son amplitude varie; le second imagina l’échappement qui permettait à la fois au pendule de ralentir et d’uniformiser la chute du poids
- moteur et au poids du moteur d’entretenir l’oscillation du pendule et de l’empêcher de s’amortir.
- L’horloge ainsi constituée comprend deux parties : le poids moteur et l’échappement.
- Le poids moteur tirant un câble enroulé sur un axe horizontal tend à faire tourner cet axe; par un système de roues dentées, on amplifie 10 000 fois par exemple, la rotation de cet axe; la dernière roue dentée, entraînée par le poids fera donc 10 000 tours quand le premier axe en fait un seul. L’échappement est une pièce qui oscille sous l’action d’un pendule; il comprend deux dents qui viennent se placer dans les creux de la dernière roue dentée, et ne lui permettent d’avancer que d’une dent à chaque oscillation du pendule lorsque celui-ci se trouve dans une certaine position. L’échappement oblige donc la dernière roue à avancer d’une dent par seconde par exemple, si le pendule bat la seconde, il rend ainsi uniformes les rotations de toutes les roues de l’horloge.
- L’échappement a un second rôle : le pendule s’amortirait assez vite par suite du frottement, mais les dents de l’échappement et celles de la dernière roue dentée sont taillées de telle manière qu’à chaque oscillation cette roue donne une légère impulsion à l’échappement et par conséquent au pendule qui se trouve relancé.
- Les horloges modernes sont basées sur ces principes, mais depuis le xvne siècle de très nombreux perfectionnements de détail ont été apportés.
- Les montres et chronomètres sont basés sur un principe analogue à celui des horloges : le phénomène périodique utilisé est la flexion d’un ressort spirale au lieu d’être l’oscillation d’un pendule, et le poids moteur est remplacé par le déroulement d’un ressort.
- On peut citer également d’autres procédés de mesure du temps basés sur cette loi que tout système qui reste identique à lui-même effectue le même cycle dans des temps égaux.
- Oscillations d’un système électrique. — Au lieu de compter les oscillations d’un système mécanique comme un pendule, on peut compter les oscillations d’un système électrique; si le système reste identique à lui-même au cours de l’opération, on considérera que ses oscillations ont même durée, le principe de la mesure du temps est donc toujours le même.
- La mesure du temps au moyen des oscillations d’un système électrique s’applique surtout aux intervalles de temps très courts. On sait en effet, réaliser des courants oscillants dont la période peut être inférieure à 1 millionième de seconde, on peut calculer cette période au moyen des éléments (résistances, selfs, capacités, caractéristiques des lampes...) du circuit, ou la déterminer par un procédé stroboscopique.
- Montrons une application toute récente de ce procédé de mesure du temps.
- Une des constantes les plus importantes de la physique
- FIGI.
- figiv:
- FIG. III.
- Fig. 7. — L’horloge à pendule inventée par Huyghens (figure extraite de son ouvrage I-Iorologium oseillatorium. Paris, 1673).
- p.58 - vue 62/602
-
-
-
- 59
- e '
- est le rapport — de la charge électrique a la masse pour
- les électrons. Un des moyens les plus simples de déterminer ce rapport consiste à lancer des électrons par une différence de potentiel Y et à mesurer leur vitesse v, on a alors, aux faibles vitesses tout au moins, la relation :
- V est connu, il suffit de mesurer la vitesse des électrons e
- pour déduire — de la formule précédente. Or les vitesses 1 m
- des électrons produits par décharge cathodique, effet photoélectrique, effet thermionique ou émission radioactive, varient de 10 000 à plus de 200 000 km à la seconde; si on veut évaluer e en mesurant le temps mis par un électron à parcourir une longueur de quelques mètres, on est amené à évaluer un temps qui peut être de l’ordre de quelques millionièmes de seconde. Voici comment Perry et Chaffee d’une part, et Kirchner d’autre part, ont résolu tout récemment ce problème (fig. 9).
- Un faisceau très mince d’électrons se propage suivant une droite x'x et traverse deux trous percés dans deux écrans Dt, et D2. Derrière Di5etD2, on place deux condensateurs C(, et C2, alimentés par le même circuit oscillant, de telle manière que le faisceau d’électrons passe entre les armatures. Un champ électrique alternatif se trouve ainsi créé entre les armatures de Cf et de C2 et les deux champs en C, et en C2 sont en phase. Soit P la période du circuit oscillant, considérons les électrons qui passent entre les armatures de Cp au moment où le champ est nul, ils continueront leur chemin en ligne droite puisqu’ils ne seront déviés par aucun champ électrique. Ils traverseront donc l’écran D2 et passeront entre les armatures du condensateur C2. Si le temps T mis par les électrons pour aller de Ct à C, est un nombre entier de demi-1
- périodes - P, le champ sera nul entre les armatures de A *
- C2 et les électrons continueront leur chemin en ligne droite suivant x'x.
- Au contraire, si le temps T est un nombre entier de
- demi-périodes P,
- augmenté
- d’une petite quantité, le
- champ électrique ne sera pas nul lorsque les électrons passeront entre les armatures de C2, et les électrons seront déviés alternativement par ce champ suivant les directions y et y'.
- Quant aux électrons qui passent entre les armatures du C,, au moment où le champ n’est pas nul, ils sont déviés par C4, frappent l’écran D2, en dehors de l’ouverture et ne peuvent traverser cet écran.
- En observant la trace laissée par les électrons sur un écran fluorescent E, on peut modifier la période P, ou la distance D2, ou la vitesse des électrons, de manière à n’observer qu’une trace sur l’écran E, on sait alors que le temps mis par les électrons pour aller de D4 à D2, est un nombre entier de deux périodes ; on en déduit f.
- Mesure du temps au moyen des phénomènes astronomiques. — Parmi les phénomènes périodiques
- Fig. 8. — Une des plus anciennes horloges à pendule : ' l’horloge du palais de Justice à Paris.
- qui se sont présentés aux hommes, les révolutions des corps célestes sont les premiers. D’abord on n’a pas à construire d’instruments pour les produire, et ces phénomènes sont purs, c’est-à-dire exempts de petites perturbations imprévisibles. C’est pourquoi l’homme fit appel tout naturellement aux astres lorsqu'il fut nécessaire de fixer le calendrier.
- J’ai dit au début de cet article que je ne suivais pas
- Fig. 9. — Mesure électrique de temps.
- oscillateur
- électrique
- p.59 - vue 63/602
-
-
-
- = 60
- l’ordre historique dans cette revue des moyens pratiques de détermination du temps des horloges; ceci me permet d’exposer comme dernier moyen de mesurer le temps des horloges l’observation des astres, alors qu’il fut le premier.
- L’homme observa, en effet, très vite que le Soleil, la Lune, les étoiles et les planètes qui semblent tourner autour de lui, mettent à effectuer ces révolutions des temps qui, exprimés au moyen du temps biologiques paraît être toujours le même. Aussi les hommes ont-ils, dès la plus haute antiquité, mesuré le temps au moyen des révolutions célestes.
- En fait la première division du temps a été le jour solaire, parce que la vie quotidienne de l’homme ramène les phénomènes biologiques chez lui : sommeil, nourriture... On n’imagine pas une humanité adoptant comme unité de temps 100 000 battements d’un pendule de 1 ni de longueur. Par contre, le lever du Soleil et son retour au méridien ramènent notre activité de telle sorte que nous sommes naturellement portés à prendre la durée de sa révolution comme unité de temps. Aussi le jour est-il une unité de temps universellement adoptée par l’homme.
- Cette unité peut être délinie comme l’intervalle de temps qui sépare deux levers de soleil successifs, ou deux passages du soleil au point le plus élevé de sa course diurne. A première vue cet intervalle de temps, mesuré en temps biologique, est constant, le mouvement apparent du soleil peut donc servir comme les oscillations d’un pendule pour mesurer le temps. Le jour présente en outre cet avantage sur les procédés de mesure du temps faisant appel à des phénomènes mécaniques produits sur la surface terrestre d’être à longue période et de pouvoir se dénombrer sans difficultés ni erreur possible.
- La révolution diurne du soleil était une unité commode pour mesurer les intervalles de temps de quelques jours; mais, pour mesurer des durées plus longues, il fallut faire appel à des rotations plus lentes comme la rotation de la Lune autour de la Terre, appelée lunaison, et 1 intervalle de temps qui sépare deux mêmes saisons, appelé année tropique ou année tout court.
- La combinaison de ces trois périodes (et aussi quelquefois de celle de Vénus), permet de construire tous les calendriers, mais l’étude des divers calendriers nous entraînerait trop loin.
- Rappelons seulement la définition précise de l’année tropique : C’est l’intervalle de temps qui sépare deux passages du Soleil au point r.
- Caractère empirique de ces mesures du temps.
- Nous avons classé ces procédés de mesure dans le temps des horloges, car lorsqu’on emploie pour mesurer le temps le jour solaire ou l’année tropique, on utilise simplement le fait que ces phénomènes sont périodiques sans essayer de les rattacher à une théorie générale comme la mécanique newtonienne, en d’autres termes on procède empiriquement comme lorsqu’on utilise les oscillations d’un pendule.
- Caractère séculaire du temps défiai par les phénomènes astronomiques. — Nous allons parler plus loin du jour sidéral qui, au contraire des précédents, est constant.
- Signalons auparavant un caractère des phénomènes astronomiques et des horloges concernant le problème de la mesure du temps.
- Les révolutions célestes, même celles qui ne sont pas tout à fait constantes, donnent une bonne mesure séculaire du temps; nous voulons dire par là que le jour solaire, par exemple, ne subit que des variations périodiques, mais que, d’une année sur l’autre, et même d’un siècle sur l’autre, sa valeur moyenne au cours de l’année paraît constante.
- Aussi les phénomènes astronomiques permettent-ils la mesure des très grands intervalles de temps.
- Poux mesurer un intervalle de plusieurs milliers d’années par exemple, le jour solaire convient très bien car on ne risque de commettre d’erreur qu’au début et à la fin de l’intervalle; on sait que, par suite de l’absence de perturbations imprévisibles dans le mouvement apparent du Soleil, les variations de durée du jour solaire sont périodiques, parfaitement régulières et ne se superposent pas au hasard les unes aux autres, elles n’entraînent donc pas d’erreurs s’accumulant avec le temps, mais simplement, comme nous l’avons dit, une petite erreur toujours du même ordre de grandeur au début et à la fin de l’intervalle mesuré; sur un très long irtervalle l’erreur relative se trouve très faible.
- Ce caractère des phénomènes astronomiques dans leur utilisation à la mesure du temps peut être qualifié de séculaire.
- Au contraire, les instruments terrestres comme les horloges donneront une bonne mesure des petits intervalles de temps, mais une très mauvaise mesùre des grands intervalles, car les perturbations qu’ils subissent étant souvent imprévisibles et irrégulières, les inégalités de leur mouvement s’ajouteront au hasard, et le décalage mutuel des horloges augmentera assez rapidement avec le temps.
- C’est pourquoi, de tous temps, les astres ont servi à fixer le calendrier et un point fixe dans le jour, et les horloges ont servi à diviser ce temps défini par les astres.
- Ainsi à Paris, jusqu’à il y a quelques centaines d’années, on appelait midi l’heure du passage du Soleil au méridien et on déterminait l’heure et la minute pendant la journée et la nuit, au moyen d’horloges qu’on mettait à l’heure tous les jours à midi sur le Soleil.
- La mise à l’heure tous les midis sur le Soleil assurait que l’heure ne contenait pas d’erreur séculaire, et l’emploi des horloges assurait une bonne division du jour.
- L’humanité s’est accommodée très longtemps de cet état de choses, car cette mesure du temps contentait ses besoins matériels.
- Ce n’est que peu à peu que l’on s’est aperçu de l’imprécision d’une définition du temps au moyen de phénomènes périodiques choisis au hasard.
- Ce n’est que peu à peu aussi que l’on a standardisé le temps en fixant le phénomène qui servait à le définir : le jour sidéral.
- (A suivre.) Henri Mineur,
- Astronome à l’Observatoire de Paris.
- p.60 - vue 64/602
-
-
-
- E HYDROGÉNATION CATALYTIQUE :
- SOUS PRESSION
- DES CHARBONS, DES GOUDRONS, DES HUILES
- Le progrès rapide de la motorisation des moyens de locomotion a imprimé à la consommation des combustibles liquides un accroissement bien plus rapide que celle du charbon. Les gisements naturels de pétrole se localisent dans des régions relativement peu nombreuses; bien des pays se trouvent donc être, sous ce rapport, presque dans l’entière dépendance de leurs fournisseurs étrangers. Aussi la production nationale de combustibles liquides est-elle devenue un problème d’une importance mondiale.
- Les travaux de Bergius ont prouvé qu’en principe, il est possible, sous une pression élevée, d’associer l’hydrogène au charbon. Les laboratoires de 1’/. G. Farben-Industrie A. G., à Ludwigshafen, dès 1924, se sont ingéniés à perfectionner les procédés d’hydrogénation. Bergius travaillait sans catalyseurs; il en résultait une vitesse insuffisante et peu réglable de la réaction. Dans les laboratoires de Ludwigshafen, au contraire, on s’est, dès le début, servi de catalyseurs; aussi y a-t-on réalisé, dans le domaine de l’hydrogénation sous pression, un progrès important, que les expériences faites, en 1927, dans la première installation d’essais à grande échelle, construite à Leuna, sont venues confirmer intégralement. Après avoir, à Leuna, hydrogéné le lignite, on y a, en 1929, abordé l’hydrogénation du goudron de lignite distillé, et en même temps, celle du pétrole allemand; enfin, en 1932, de nouveaux progrès dans Je domaine de l’hydrogénation directe du lignite ont donné lieu à une reprise de la liquéfaction du lignite, opération dont on est en train de multiplier le rendement actuel.
- C’est le choix et l’application des catalyseurs qui, lors du développement des différents procédés, ont présenté les plus grandes difficultés. La construction d’appareils
- Fig. 2. — Petite installation d’essais pour l’étude des catalyseurs et des matières premières.
- Réservoir
- \Matière initiale
- hydrogéné
- Regard
- Contact
- Chauffage^électrique
- des gaz
- Séparateui
- Essence
- Fig. 1. — Pétrole synthétique.
- Série de compartiments à haute pression aux usines Leuna.
- appropriés, l’apport et l’absorption de la chaleur constituaient également des problèmes assez compliqués. Il s’agissait, en premier lieu, d’imaginer de nouveaux catalyseurs sulfurés, doués d’une activité accrue; d’autre part, de subdiviser l’opération en deux phases : phase liquide et phase gazeuse et enfin, lors de la liquéfaction proprement dite du charbon, ou de l’hydrogénation des résidus de pétrole, d’employer des quantités de catalyseurs minimes.
- Dans la phase gazeuse, on fait passer la matière brute (huile moyenne, gaz oil), à l’état gazeux, mélangée à l’hydrogène sur un catalyseur solide, sous une pression de 200 à 250 atmosphères, et à la température de réaction. Même les huiles lourdes, bouillant au-dessus de 325° et qui, par conséquent, réagissent essentiellement dans la phase liquide, peuvent, grâce à l’emploi de catalyseurs solides, se convertir en huiles d’une haute valeur. La Standard Oil C° convertit, sur une grande échelle, les huiles de graissage inférieures en huiles supérieures. La
- p.61 - vue 65/602
-
-
-
- 62
- àchaud
- vers ta distillation
- Décharge des boues
- Produit
- frais
- gazeux
- Gaz-Frais
- Fig. 3. — Schéma de Vhydrogénation à haute pression.
- fabrication d’huile moyenne ou de « gaz oil », a lieu avec des catalyseurs finement subdivisés, en partant de matières à forte teneur asphaltique (résidus de pétrole, résidus de craquage, goudrons et charbons) (fig. 3).
- La réalisation technique de l'hydrogénation (fig. 4), s’effectue en subdivisant le produit en une fraction gazeuse et en faibles quantités de fractions liquides à point d’ébullition élevé, séparées, à leur tour, en huiles moyenne et lourde. L’huile lourde pourra être transformée en huile moyenne ; l’huile moyenne, grâce à une hydrogénation dans la phase gazeuse, en essence. A l’inverse du craquage, l’hydrogénation, dans ce cas, permet une réduction importante des quantités d’huile de chauffage; et ainsi les matières premières sont transformées avec un rendement maximum.
- L’hydrogénation sous jaression dans la phase liquide peut aussi s’appliquer au charbon (qu’il convient de considérer comme huile à molécule lourde) ; elle s’accompagne, dans ce cas, d’une décomposition d’environ 95 pour 100 de la substance. En hydrogénant le lignite, on obtient, à partir d’une tonne de substance carbonacée, environ 560 kg d’huile à gaz et d’essence, soit 600 kg d’essence dans la phase gazeuse. L’hydrogénation du lignite ne se limite pas à la production d’essence. On
- pig 4. —. Représentation schématique de l’hydrogénation du charbon.
- À Moulin à a charbon
- g Séparateur ^
- Pompe à huile
- bouillie-^v— Pompe de circu^ !at?desgaz
- Gaz frais
- des] gaz
- Traitent
- I Refroidisseur
- i Refroidisseur
- résidu
- I Séparateur
- jSéparateur
- Essence raffinée
- Distillation
- peut, en effet, modifier à volonté l’hydrogénation, en donnant naissance, par exemple, à des huiles à point d’ébullition élevé, qu’on convertit en huiles de graissage supérieures par une hydrogénation renouvelée; la liquéfaction du lignite donne ainsi le même rendement d’huile de graissage que le raffinage du pétrole.
- En dehors de l’hydrogénation du lignite, réalisée à Leuna, sur une grande échelle, on a perfectionné l’hydrogénation de la houille au point d’en permettre la réalisation technique.
- Incidemment, on a développé des procédés de production d’hydrogène, procédés basés sur la conversion du lignite et sur celle de gaz d’échappement de l’hydrogénation, ainsi que des gaz de fours à coke, etc. Cette réaction s’effectue dans de grands fours à haute pression, qui, à Leuna, ont 800 mm de diamètre, 18 m de longueur et 5 nC de volume libre; leur poids est d’environ 50 t. Pour les nouvelles installations, on se servira de fours encore plus grands : de 1,5 m de diamètre par exemple. La construction de ces fours n’a pas présenté de difficultés, car l’emploi d’isolants intérieurs, pratiqué lors de la synthèse de l’ammoniaque, a déjà permis de réduire suffisamment la température de la garniture du four pour en empêcher toute usure excessive.
- La principale difficulté qu’il a fallu vaincre était, d’une part, l’apport, d’autre part, l’absorption des quantités de chaleur mises en jeu à divers moments des réactions. Il a fallu chauffer avec beaucoup de précautions les matières premières soumises à l’hydrogénation, de façon à éviter toute surchauffe. A cet effet, on leur fait emprunter la chaleur nécessaire aux produits de réaction chauds, sortant du four, au moyen d’échangeurs thermiques et on les porte ainsi à une température voisine de celle de réaction. Ces échangeurs, soumis à une pression de 200-250 atmosphères, comportent, à Leuna, 100 m2 de surface d’échange; ils transmettent aux produits initiaux environ 80 pour 100 de la chaleur nécessaire pour mettre le four en marche. L’emploi de revêtements protecteurs, de préférence en alliage zinc-fer, préparés d’après un procédé particulier, a permis d’éviter la formation des croûtes de sulfure de fer, entravant de plus en plus, à mesure que le service se prolonge, le passage de la chaleur. Afin d’apporter aux matières le reste de chaleur (20 pour 100) requis pour atteindre la température de réaction, les matières, au sortir de l’échangeur, traversent un radiateur en tubes d’acier spécial, chauffés au gaz.
- *
- * *
- Pour produire un million de tonnes d’essence, par exemple, à partir de goudron de pétrole, il faut, y compris la production de l’hydrogène, environ 3,5 millions de tonnes de houille, soit 2,5 pour 100 seulement de la production de houille allemande tout entière. Pour produire l’essence à partir du lignite, il ne faudrait pas non plus une fraction considérable de la production totale de ce combustible.
- On voit que les pays déshérités au point de vue des combustibles liquides peuvent se créer des compensations à partir des combustibles minéraux.
- Dr Alfred Gradenwitz.
- p.62 - vue 66/602
-
-
-
- = MESURE ET ÉTUDE DES VARIATIONS 63 DE L’INDICE LUCIMÉTRIQUE
- PAR UN HÉLIO CHROMOMÈTRE
- Pour les expériences dont le détail va suivre, je me suis servi d’une méthode dont j’ai indiqué le principe au Congrès de la Lumière tenu à Copenhague (J) en août 1932, et qui est le suivant : on sait que l’iodoforme dissous dans un liquide approprié, tel que le chloroforme, s’altère à la lumière : de l’iode est mis en liberté qui colore le solvant en rose-violacé.
- Description de Vappareil de mesure. — Cette méthode (2) se met en pratique au moyen d’un appareil que j’ai appelé hélio-chromomètre, ou simplement héliomètre: il est construit par les établissements Gallois, de Lyon.
- Il se compose de douze tubes en verre scellés à la lampe et contenant des solutions titrées d’iode, depuis 1 cgr pour 100 de chloroforme jusqu’à 20 cgr pour 100. Sur chaque tube est gravé le poids d’iode dissous dans 100 cm-’ de chloroforme : par exemple, le tube qui porte le n° 5 contient 5 cgr d’iode pour 100.
- La solution-réactif d’iodoforme est au l/500e; à ce titre elle est incolore. Au moment d’une expérience, on verse un peu de cette solution dans le tube de quartz annexé à l’appareil et qui a le même diamètre intérieur que les tubes-étalons d’iode.
- Précautions à prendre. — Une précaution indispensable à prendre c’est de se placer, quand on verse la solution-réactif dans le tube de quartz, dans une pièce sombre à peine éclairée par une lampe rouge. Si cette opération était faite à la lumière, même peu intense, toute la solution titrée d’iodoforme rougirait par la suite, ainsi qu’on en verra plus loin l’explication. Pour conserver cette solution intacte et incolore, il faut recouvrir le flacon qui la contient avec du papier opaque, noir ou rouge, et collé; en outre, ce flacon doit être conservé dans un placard noir ou une boîte obscure.
- Une autre précaution doit être prise quand on prépare la solution d’iodoforme au l/500e : l’introduction de l’iodoforme dans le flacon contenant le chloroforme ne doit pas être faite en plein jour, mais dans Vobscurité ou dans une pièce éclairée par une lampe rouge. Pour diminuer autant que possible le risque d’altération, il est indiqué de ne préparer que 50 cm3 à la fois (0,10 cgr d’iodoforme).
- Technique héliométrique. — Le tube de quartz où l’on a versé de la solution d’iodoforme sur une hauteur de 3 ou 4 cm est alors exposé à la lumière dont on veut mesurer l’intensité pendant un temps relevé sur un chro-nographe ou sur une montre à trotteuse. Au bout d’un temps T on procède à la comparaison de la teinte prise par la liqueur-réactif avec celle des tubes-étalons d’iode : cette comparaison qui ne demande que quelques secondes est facilitée par l’intervalle qui sépare dans l’héliomètre les tubes gradués les uns des autres et dans lequel on
- 1. Comptes rendus du Congrès, p. 440.
- 2. C. R. de l’Acad, des Sciences, 1.198, p. 1810, séance du 14 mai 1934.
- présente verticalement le tube de quartz. L’évaluation colorimétrique doit se faire en cherchant d’abord celui des tubes d’iode qui a la teinte un peu moins foncée que celle du tube de quartz; autrement dit, la comparaison doit se faire en remontant les numéros des tubes et non en descendant.
- Unité héliométrique. — Les solutions titrées d’iode ayant été établies par la balance, on peut prendre pour unité héliométrique la quantité de lumière qui, agissant sur une solution chloroformique d’iodoforme à 1 pour 500, est capable de libérer un poids d’iode communiquant au chloroforme la même coloration que 1 cgr d’iode dissous
- Fig. 1. •— Iiélio-chromomètre de Bordier.
- On voit les 12 tubes des solutions titrées d’iode. — Le tube de quartz est couché en avant.
- dans 100 cm3 de chloroforme. Par conséquent, lorsque la solution d’iodoforme du tube de quartz a pris, sous l’influence de la lumière, la même teinte que celle du tube-étalon n° 1 de l’héliomètre, la quantité de lumière qui a produit ce résultat représente l’unité héliométrique que, pour abréger, j’appellerai Y unité hélio.
- Indice lucimétrique. — L’emploi de mon héliomètre m’a permis de déterminer quelle est l’influence de différents facteurs sur la quantité de lumière qui arrive en un point donné. Cette quantité est très variable. Pour cette étude, ainsi que pour celles qui vont suivre, j’ai trouvé commode d’utiliser un nouvel élément d’appréciation, c’est Yindice lucimétrique : cet indice est caractérisé par le poids d’iode libéré par l’action de la lumière au bout d’une minute. Il suffit pour le déterminer d’exposer le tube de quartz contenant la solution iodoformique pendant une minute et de chercher quel est le numéro du tube-étalon qui a la même coloration que celle du tube de quartz : si c’est, par exemple, le tube n° 6, l’indice lucimétrique est égal à 6 unités héliométriques ou unités hélio.
- p.63 - vue 67/602
-
-
-
- 64
- Mesure du poids d’iode libéré. — Une première question, qu’il m’a paru intéressant de résoudre, est celle de la variation des quantités d’iode libérées après des temps dexposition croissants : j’ai pu déterminer la loi de cette mise en liberté d’iode et cela à des époques différentes de l’année.
- Plusieurs expériences ont été faites soit en hiver, soit en été; soit à la lumière solaire directe, soit à la lumière diffuse (temps couvert). Dans toutes ces expériences la coloration de la solution d’iodoforme était comparée à celle des tubes-étalons de l’héliomètre après chaque minute : cette comparaison était facilitée en procédant comme il a été dit.
- Parmi les nombreuses expériences faites, je citerai les chiffres trouvés entre onze heures et midi, par une belle journée et un beau soleil.
- Durée de l’exposition. Coloration du tube de quartz.
- 1 minute
- 2 —
- 3 --
- 4
- 5 —
- 6 —
- 7 -
- 8 —
- 9 —
- 10 —
- Teinte 4
- — 6
- — entre 7 et 8
- — entre 8 et 9
- — 9
- — entre 9 et 10 — Id.
- 10
- — 10 — 10
- Ces nombres permettent de construire une courbe en portant les minutes en abscisses et les unités héliométriques en ordonnées. Cette courbe n° I tend à devenir tangente à la ligne correspondant à 10 unités héliométriques (fig. 1).
- Dans une expérience faite également par un jour ensoleillé, mais en hiver où l’intensité des rayons lumineux est bien moins grande j’ai obtenu les chiffres suivants :
- Durée de l’exposition. Coloration du tube de quartz.
- 1 minute
- 2 __
- 3 —
- 4 —
- 5 —
- 6 —
- 7 —
- 8 —
- 9 —
- 10 —
- Teinte 2
- — 3
- — 4
- — entre 4 et 5
- — entre 4 et 5
- — 5
- — 5
- — entre 5 et 6
- — Id.
- — Id.
- Fig. 2. — Poids d'iode libéré après des temps croissants.
- La courbe n° II construite avec ces nombres est, comme on le voit, bien en dessous de la précédente, mais la loi de la variation des quantités d’iode libérée par l’action de la lumière est la même, c’est-à-dire qu’a-
- près quatre à cinq minutes, la proportion d’iode libéré e va en s’affaiblissant peu à peu, quoique la solution d’iodoforme continue à être exposée à la lumière.
- Il résulte de ces constatations que le temps pendant lequel le tube de quartz est exposé à la lumière pour la mesure de l’indice lucimétrique ne doit pas dépasser 1 ou 2 minutes, quand ce sont les rayons solaires directs que reçoit le liquide-réactif. En effet, dans la région de la courbe correspondant aux deux premières minutes, la proportionnalité existe très sensiblement entre le poids d’iode libéré et le temps d’exposition.
- Par temps couvert, au contraire, où il faut faire agir la lumière diffuse pendant plusieurs minutes, quelquefois jusqu’à 20 minutes pour obtenir la teinte n° 1, la remarque précédente ne s’applique pas.
- La réaction une fois amorcée continue dans l’obscurité. — Pendant l’étude de mon héliomètre, j’avais remarqué que la solution d’iodoforme, ayant viré au rose après une première exposition à la lumière, prenait une coloration plus foncée dans les heures suivantes, quoique le tube de quartz soit conservé dans une obscurité complète.
- J’ai étudié systématiquement le phénomène en déterminant toutes les heures, après l’exposition à la lu i ière, la quantité d’iode libérée dans le tube de quartz placé dans l’obscurité. L’exposition à la lumière solaire, diffuse ou directe, a été arrêtée, dans une expérience, quand la solution d’iodoforme avait pris la teinte du tube n° 1 de l’héliomètre, correspondant à la libération de 1. egr pour 100 d’iode. Ce virage étant obtenu, je plaçais le tube de quartz dans une boîte bien fermée et où ne pénétrait aucun rayon lumineux. Dans ces conditions, voici les nombres trouvés :
- A onze heures, la solution d’iodoforme exposée à la lumière a pris la coloration de la teinte n° 1 après 2 minutes 30 secondes; l’indice lucimétrique est donc ici égal à 1
- — = 0,4 unités. Le tube de quartz est alors placé aussitôt 2,5
- à l’obscurité.
- Une heure après, le tube de quartz retiré de la boîte obscure, avait atteint une coloration voisine de celle du tube n° 2. Toutes les heures, cette comparaison colori-métrique étant faite, on a obtenu le tableau suivant :
- Après :
- 1 heure, coloration voisine du tube n° 2 (2 unités, faible),
- teinte 2 (2 unités hélio),
- entre 2 et 3 unités hélio (2,5),
- 3 (3 unités),
- entre 3 et 4 (3,5 unités),
- 4 (4 unités), entre 4 et 5 (4,5 unités)
- 9 — 10 — 20 —
- — 5 (5 unités),
- — 9 (9 unités).
- Toutes les expériences faites dans les mêmes conditions, c’est-à-dire après l’obtention de la teinte I, ont donné un résultat de même ordre.
- Comme on le voit, la proportion d’iode libérée va en
- p.64 - vue 68/602
-
-
-
- 65
- augmentant dans Vobscurité, puis elle tend à devenir constante après une vingtaine d’heures.
- Comment expliquer ce phénomène à allure un peu paradoxale ?
- Une première explication consisterait à attribuer la continuation de la mise en liberté d’iode de la solution d’iodoforme à l’emmagasinement de l’énergie lumineuse pendant l’exposition à la lumière; cette énergie continuerait son action, quoique la solution d’iodoforme soit soustraite aux rayons lumineux.
- Mais il nous paraît préférable d’invoquer ici une conséquence de la catalyse : les atomes d’iode mis en liberté par l’action de la lumière sur la solution iodoformique serviraient de catalyseur pour provoquer dans l’obscurité la décomposition de l’iodoforme et pour libérer de nouvelles quantités d’iode communiquant au liquide une teinte de plus en plus foncée. L’exposition préalable de la solution d’iodoforme à la lumière aurait pour premier effet de mettre en liberté le catalyseur iode dont l’action se continue ensuite même dans l’obscurité.
- Quoique l’on sache encore peu de chose sur le mécanisme des actions catalytiques, l’explication que nous venons d’esquisser nous paraît des plus vraisemblables.
- Variations de Vindice lucimétrique. — J’ai étudié les différentes influences qui font varier l’indice lucimétrique.
- 1° Influence de Vétat du ciel. — L’indice lucimétrique est, toutes choses égales d’ailleurs, plus petit quand le ciel est couvert que par un beau soleil. Dans des expériences faites dans le centre de Lyon, à la même heure, entre onze heures et midi, j’ai trouvé les nombres suivants :
- 6 janvier : ciel clair et soleil ... i unité liélio
- 18 — ciel couvert...........0,25 —
- 19 - temps pluvieux .... 0,05 — (l)
- Ces quelques nombres suffisent pour montrer combien est grande l’influence de l’état du ciel sur l’indice lucimétrique d’un lieu.
- 2° Influence de V époque de Vannée. — If influence du moment de l’année est très marquée sur la quantité de lumière qui nous arrive, comme nous l’ont prouvé les valeurs de l’indice lucimétrique trouvées à différentes saisons par temps clair et par temps couvert.
- 3° Influence de la position du soleil. — Des expériences déjà anciennes, faites avec du papier photographique au citrate, m’avaient prouvé que la quantité de lumière solaire qui est reçue en un lieu donné varie avec le moment de la journée.
- J’ai repris cette question en me servant de l’hélio-mètre et en déterminant l’indice lucimétrique à différentes heures du four. J’ai choisi pour cela des journées ensoleillées, car les variations héliométriques dépendent de la position du soleil dans le ciel.
- Il faut en outre remarquer que lorsque le soleil est bas, que ce soit le matin, à son lever, ou le soir, avant
- 1. La valeur de l’indice lucimétrique s’obtient, répétons-le, en déterminant le temps nécessaire pour que la solution-réactif du tube de quartz prenne la teinte 1. Si ce temps est de 20 minutes, l’indice a pour valeur 0,05.
- son coucher, les rayons solaires ont à traverser presque horizontalement une couche d’air contenant des éléments qui nuisent à la transparence de l’atmosphère: poussières, particules de charbon des fumées, vapeur d’eau, etc.
- J’ai trouvé, en effet, que le matin et le soir l’indice lucimétrique est bien plus faible, surtout le soir un peu avant le coucher du soleil. C’est ce que montre le tableau suivant provenant de mesures faites au centre de l’agglomération lyonnaise, par un beau soleil.
- Heures Indice lucimétrique.
- 7 0,5 (1 unité en 2 minutes)
- 8 0,5 —
- 8.30 1 unité hélio
- 9.30 .................2 —
- 10.30 3 fort
- 11 .................3,5 (entre 3 et 4)
- Midi .....................4 —
- 13 4 faible
- 14 .................3,5 (entre 3 et 4)
- 15 3 fort
- 16 2,5 (entre 2 et 3)
- 16.30 1,5 (entre 1 et 2)
- 17 0,5 (1 unité en 2 minutes)
- L’indice lucimétrique, comme on le voit, va en croissant à mesure que le soleil s’élève au-dessus de l’horizon, jusqu’à un maximum qui a lieu aux environs de midi, quand les rayons solaires tombent verticalement. À mesure que les rayons se rapprochent de l’incidence rasante, l’indice lucimétrique va en diminuant pour atteindre sa valeur minima au moment où le soleil va disparaître.
- Les nombres relevés permettent de construire la courbe des variations des quantités de lumière reçue aux différentes heures de fa journée. L’explication de la forte baisse de l’indice lucimétrique au moment où le soleil se rapproche de l’horizon, du côté de l’ouest, est facile à donner : le nombre de particules solides en suspension dans l’air va en augmentant à mesure qu’on approche du soir, surtout dans les grandes agglomérations; les poussières provenant de l’agitation des rues, les particules de charbon déversées par les fumées, aussi bien des maisons d’habitation que des usines, ne cessent d’augmenter depuis le matin, si bien qu’au moment où le soleil va disparaître, la couche formée par les impuretés de l’air atteint une épaisseur bien plus considérable que le matin. En outre, il y a lieu de remarquer que les rayons solaires ont à traverser une épaisseur de plus en plus grande de cette couche, plutôt translucide que transparente, à
- Minutes
- Fig. 3. — Variations de l’indice lucimé-irique avec le moment de la journée. Mesures faites au centre de Lyon et en Savoie.
- ** *
- p.65 - vue 69/602
-
-
-
- = 66 -..........................................:...."=
- mesure qu’ils ont une direction se rapprochant de l’horizontale.
- On se rend facilement compte de la grande absorption que subissent les rayons lumineux quand on observe le soleil d’un point situé au Levant d’une grande agglomération, comme Lyon, par exemple, de la «place d’Arsonval», située devant l’Hôpital de Grange-Blanche : à mesure que le soleil descend sur l’horizon, la coloration du disque solaire se modifie profondément; sa partie inférieure commence par apparaître rouge-orangé pendant que la partie supérieure est encore blanche, puis, un moment après, tout le disque solaire prend cette coloration rouge pour disparaître à la vue de l’observateur, quoique ce ne soit pas encore l’heure du coucher du soleil. Pour un point situé de l’autre côté de l’agglomération, vers le couchant, le soleil est encore visible au même moment, comme je l’ai constaté moi-même plusieurs fois.
- C’est pour cette raison que la comète de Halley de 1910 qui s’observait dans la région occidentale du ciel était complètement invisible d’un point situé à l’est de Lyon, alors qu’on la voyait très bien en se transportant du côté de Fourvières, c’est-à-dire à l’ouest.
- 4° Influence de la transparence de Vatmosphère. — Cette influence est d’une grande importance sur la valeur de l’indice lucimétrique, comme on le comprend aisément. J’ai pu la mettre en évidence dans plusieurs occasions : ainsi les variations de l’indice lucimétrique aux différentes heures de la journée sont loin d’être les mêmes en pleine campagne ou dans un pays de montagnes que celles qui se rapportent au centre d’une grande agglomération comme Lyon.
- Pendant les vacances de Pâques 1934, entre le 1er et le 5 avril, j’ai pu faire quelques mesures de l’indice lucimétrique en Savoie, par un ciel bleu et un beau soleil, loin de tout village et dans une région où la ligne du chemin de fer est électrifiée. Les nombres trouvés, depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, sont très différents de ceux relevés à Lyon deux jours avant. Ainsi, quand le soleil a commencé à poindre au-dessus de la montagne, à 7 heures, l’indice lucimétrique était de 3 unités hélio, alors qu’à Lyon à la même heure, il n’était que de 0,5 unités (1 unité en 2 minutes). Cet indice est allé en augmentant lentement pour devenir égal à un peu plus de 4 unités hélio à midi; il s’est maintenu ensuite sensiblement à cette valeur pendant 2 ou 3 heures. A 16 heures, l’indice lucimétrique était égal à 3,5 unités hélio, et quand le soleil a disparu derrière la montagne située à l’ouest du lieu d’observation, vers 5 heures, l’indice lucimétrique était de 2,5 unités, alors qu’à Lyon, à cette même heure, il était tombé à une demi-unité.
- La courbe construite avec les nombres relevés dans ces expériences (fig. 3) est très différente de celle obtenue avec les résultats de Lyon : elle règne constamment au-dessus de cette dernière et ne présente pas une grande variation entre les valeurs de l’indice de midi et celles du matin et du soir. Cependant, la courbe s’incline, même dans un pays où l’air est très pur et exempt de fumées, dans l’après-midi à mesure que le soleil se rapproche de l’horizon. Ce résultat tient évidemment à une diminution relative de la transparence de l’air par suite des poussières
- provenant des travaux des champs, de la circulation des véhicules sur les routes, de la vapeur d’eau atmosphérique, etc. (fig. 3).
- J’ai pu de même me rendre compte de l’influence de la transparence de l’air sur l’indice lucimétrique pendant un séjour au Cap d’Antibes, au mois de février dernier : des mesures y ont été faites par temps ensoleillé et par temps couvert; les mêmes déterminations ont été faites 4 jours après à Lyon dans les mêmes conditions.
- Voici quelques résultats trouvés à midi et en plein soleil.
- 23 février 1934 : Cap d’Antibes . . 4 unités hélio
- 27 — Lyon-Centre. . . 1,5 —
- Oxa voit combien la quantité de lumière reçue dans une grande agglomération comme Lyon est inférieure à celle qui éclaire les régions de la Côte d’Azur.
- Par temps couvert, j’ai fait des déterminations analogues et les chiffres trouvés sont également très convaincants :
- Indice lucimétrique.
- 20 février 1934 : Cap d’Antibes . . 1,5 unité hélio
- 28 — Lyoxx-C.entre. . . 0,25 (1 unité en
- 4 ininutes)
- La grande différence qui existe entre les indices luci-métriques mesurés au Cap d’Antibes et à Lyon, tient évidemment à la grande transparence de l’atmosphère dans la première station et à la mauvaise transparence dans la deuxième.
- J’ai fait enfin des mesures de l’indice lucimétrique en même temps, au centre de Lyon, par temps calme, et à côté de l’Hôpital de Grange-Blanche, à 6 km du centre. Les nombres trouvés sont très différents :
- Soleil. Temps nuageux.
- Grange-Blanche 2 unités. . 0,50 (1 unité en 2 min) Lyon........... 0,75 — . . 0,05 (1 unité en 20 min)
- Ces quelques chiffres montrent clairement que la quantité de lumière qui arrive au centre de Lyon par temps calme est bien moins grande qu’eix dehors de l’agglomération lyonnaise. Par un temps nuageux, la différence est encore bien plus marquée, c’est une quantité de lumière 10 fois moindre qui arrive au centi’e de la ville. Ce résultat, répétons-le, est dû à l’absorption de la lumière par les particules de charbon proveixant des fumées; cette absorption est d’autant plus marquée évidemment que l’énergie lumineuse incidente et ayant à traverser ce qu’on a appelé avec juste raison le « ciel de suie », est plus faible.
- On se rend facilement compte de l’importance qu’il y aurait au point de vue sanitaire pour les habitants des grandes agglomérations, surtout dans celles qui produisent beaucoup de fumées, comme c’est le cas de Lyon, de Paris, de Londres, etc., à ce que des mesures administratives réglementent la diminution des fumées de toutes sortes et de toutes origines.
- 5° Influence du vent. — Dans les grandes agglomérations, l’indice lucimétrique a une valeur variable, toutes choses égales d’ailleurs, suivant l’état cinétique de l’atmosphère : quand il règne un vent violent, qu’il soit
- p.66 - vue 70/602
-
-
-
- du nord ou du midi, l’indice lucimétrique est plus élevé que par temps calme. Voici quelques chiffres obtenus entre onze heures et midi, par un beau soleil :
- Temps calme. Avec vent.
- Janvier. . . 0,75 1,5
- Mars .... 2 3
- Avril. ... 2,5 3,5
- Cette influence du vent s’explique facilement : les poussières et particules de charbon provenant des fumées sont balayées par un grand vent si bien que l’atmosphère se trouve ainsi nettoyée. Quand le temps est calme, au contraire, ces particules solides restent en suspension dans l’air, dont la transparence se trouve ainsi très diminuée.
- La situation topographique de la ville de Lyon fait que ces inconvénients sont très atténués par les vents qui régnent souvent dans le couloir formé par le confluent de la Saône et du Rhône. Les déterminations que j’ai faites par un violent mistral en même temps au centre de la ville et en dehors de l’aggloméiation, à 6 km, montrent l’heureuse influence du vent sur la valeur de l’indice lucimétrique. Par exemple, le 4 mars par un fort vent du nord, j’ai trouvé, vers 2 heures de l’après-midi :
- Au centre de la ville..............1,5 unité hélio
- A 6 km du centre...................1,5 —
- Un autre jour, pendant un grand vent du midi, l’indice lucimétrique, dans les mêmes conditions, était de 2 unités hélio dans les deux stations.
- Ces jours-là, comme on le voit, la quantité de lumière était donc la même au centre de la ville et en dehors de l’agglomération : c’est là un résultat digne d’être noté.
- 11 est probable que dans les agglomérations qui n’ont pas la situation privilégiée de Lyon, l’indice lucimétrique est toujours moins élevé au centre qu’en dehors de la ville.
- 6° Absorption par la vapeur d'eau. — Il n’y a pas que les fumées et les poussières en suspension dans l’air qui interviennent pour diminuer la valeur de l’indice lucimétrique d’un lieu.
- Ltant au Cap d’Antibes, je me suis aperçu que l’indice lucimétrique n’était pas exactement le même, les mesures étant faites au même moment de la journée, au bord de la mer et en un point élevé, comme l’esplanade du phare de la Garoupe. Voici les nombres trouvés le 17 février 1934 :
- A midi, au bord de la mer, par un beau soleil, l’indice lucimétrique était de 3,5 unités hélio ; à midi 10, au pied du phare, cet indice était de 4 unités.
- Cette différence tient très probablement à l’absorption
- 67 =
- des rayons lumineux par la vapeur d’eau s’élevant au-dessus de la Méditerranée.
- APPLICATIONS A LA MÉTÉOROLOGIE ET A LA CLIMATOLOGIE
- Les considérations techniques qui viennent d’être exposées nous amènent naturellement à envisager les applications pratiques qu’on peut faire avec l’hélio-cliromomètre. Rien n’est plus facile que de déterminer l’indice lucimétrique. d’un lieu à une heure donnée de la journée.
- L’Office national météorologique reçoit déjà des différentes stations météorologiques de France des renseignements qui sont publiés tous les jours : on connaît ainsi les indices barométrique, thermométrique, hygrométrique, pluviométrique, anémoscopique, etc. Il serait juste d’y ajouter Vindice lucimétrique, mesuré à une heure convenue d’avance et qui serait partout la même, par exemple, à midi.
- Cet indice lucimétrique est loin d’être le même dans toutes les régions, comme on l’a vu précédemment : il servirait à caractériser les différentes stations et renseignerait, par les mesures faites quotidiennement,sur les quantités de lumière qui arrivent à chacun de ces points.
- Ce n’est pas seulement dans les stations météorologiques qu’il serait utile de connaître la valeur de l’indice lucimétrique. Au point de vue climatologique, la connaissance de cet indice serait de grande importance pour caractériser les nombreuses stations climatiques, les sanatoria, les centres héliothérapiques, etc. Rien ne serait plus facile que d’habituer un employé, dans chaque station, à faire une mesure de l’indice lucimétrique une fois par jour au moment où le soleil passe au zénith,, c’est-à-dire à midi. Cette détermination ne demanderait pas un gros effort, puisqu’elle n’exige que quelques minutes; un très court apprentissage serait nécessaire pour obtenir de l’employé, spécialement chargé de cette mesure, la plus grande précision possible.
- De cette façon, les stations climatiques pourraient être classées suivant leur indice lucimétrique moyen pendant les différentes saisons, ce qui permettrait aux médecins d’envoyer leurs malades pour les cures héliothérapiques, dans telle ou telle station ou sanatorium, suivant les effets à obtenir par l’action des rayons solaires. A certains maiades seraient réservées les stations où l’indice lucimétrique est très élevé, à certains autres conviendraient, au contraire, les stations où l’indice est plus bas, etc.
- Prof. H. Bordier,
- Membre correspondant de l’Académie de Médecine.
- LES ULTRA-PRESSIONS : 28000 ATMOSPHÈRES
- L’augmentation des pressions utilisées dans l’industrie applications envisagées, en faveur de cet accroissement et au laboratoire, tout comme 1 augmentation des ten- des pressions.
- sions électriques, est un trait technique caractéristique Dans les moteurs thermiques, on recherche un accroisse-
- de notre époque. ment concomitant de la température qui se traduit par
- Deux avantages principaux militent, suivant les une amélioration du rendement en vertu du principe de
- p.67 - vue 71/602
-
-
-
- 68
- Fig. 1. — Vue du laboratoire A ultra-pressions, à Passy, montrant quatre presses à chambres verticales.
- A gauche, une presse à chambre horizontale; à droite au premier plan, un précompresseur à 1000 atm (Photos James Basset).
- Carnot. De là le succès des moteurs Diesel et des machines à vapeur à haute pression : chaudières du paquebot Normandie, 35 atmosphères, locomotives allemandes à chaudière monobloc, 150 atmosphères, nouvelle centrale de Berlin-Est 100 atmosphères.
- Dans les industries de synthèse, on fait appel à une propriété physico-chimique des hautes pressions qui est de favoriser et d’accélérer certaines réactions, selon les lois du déplacement de Véquilibre. Les exemples abondent. Rappelons seulement que dans l’industrie de la synthèse
- Fig. 2. —- Volumes comparés des cylindres nécessaires pour des compressions étagées.
- Les cinq cylindres de gauche permettent do comprimer jusqu’à 230 atm; le petit cylindre de droite suffit ensuite pour porter cette « haute pression », employée par I-Iaber, à l’« hyperpression » de 900 atm utilisée dans le procédé Georges Claude pour la synthèse de l’ammoniaque. Un cylindre minuscule suffirait ensuite pour passer d’un seul coup aux « ultra-pressions » de 28 000 atm (Document Georges Claude).
- de Vammoniaque par union directe de l’azote et de l’hydrogène, M. Georges Claude a pu transformer la technique des opérations en substituant des hy per pressions de 800 et 1000 atmosphères à la pression modeste de 200 atmosphères utilisée en Allemagne dans le procédé 11a ber.
- LES TRÈS HAUTES PRESSIONS SONT PEU COUTEUSES
- Ici, une remarque assez paradoxale s’impose. M. Georges Claude a fait observer que les très hautes pressions %e coûtent pas cher, ni par les dimensions des machines nécessaires, ni par l’énergie absorbée.
- Notre figure 2 montre la disproportion entre le groupe de quatre cylindres précompresseurs destinés à. porter un gaz parfait à 230 atmosphères et du minuscule cylindre hypercom-presseur qui permet de pousser cette pression jusqu’à 900 atmosphères.
- En ce qui concerne les quantités d’énergie à fournir pour les hypercompressions, voici quelques chiffres fournis par M. James Basset ; il s’agit de la compression de l’azote. Si l’on désigne par 1 l’énergie nécessaire pour comprimer à 20 atmosphères une certaine masse de gaz prise à 1 atmosphère (pression atmosphérique), il faudra 1,78 d’énergie pour comprimer cette même masse de 1 à 200 atmosphères, puis 2,19 de 1 à 1000 atmosphères et 2,72 de 1 à 5000 atmosphères.
- Ce sont là des chiffres remarquablement faibles et il n’est nullement exagéré de dire qu’au point de vue de l’énergie nécessaire, les hautes pressions ne coûtent pratiquement lien. Nous verrons que la construction des compresseurs pose au contraire des problèmes techniques assez ardus.
- L’ÉCHELLE DES PRESSIONS A CTUELLES
- Pour nous faire une idée des ultra-pressions, récemment réalisées, il est nécessaire de placer quelques jalons dans le domaine général des très hautes pressions.
- Dans les tubes en acier ou « bouteilles » contenant des gaz comprimés industriels, la pression de 250 atmosphères est couramment utilisée; c’est aussi la pression employée dans certaines usines à ammoniaque pour le procédé de IJaber. Les « crushers » ou tampons à écrasement, en cuivre, révèlent dans de modestes fusils de chasse des pressions de 400 à 450 atmosphères; en doublant ce chiffre nous arrivons aux hyperpressions de M. Georges Claude.
- Ici, les difficultés pratiques ne sont pas encore très grandes; la robinetterie, très ajustée, n’a donné lieu à aucune fuite; les joints des tiges de pistons ont été réalisés d’abord en cuir embouti, qui a la propriété de serrer d’autant plus que la pression est plus forte, puis à l’aide de garnitures métalliques spéciales de grande longueur agissant par perte de charge pour atténuer les fuites.
- Un bond considérable nous porte ensuite aux 2500 atmosphères des fusils de guerre, puis aux 4000 atmo-
- p.68 - vue 72/602
-
-
-
- 69
- sphères des pièces d’artillerie. Nous arrivons là à l’extrême limite de ce qui, naguère encore, était industriellement réalisable... et encore pendant des instants très courts, de l’ordre du centième de seconde : ce qui a permis de dire que la « vie » utile d’un canon qui avait tiré 400 coups était de 4 secondes! Cailletet, Andrews et surtout Amagat, avaient, il est vrai, réalisé des pressions durables et très élevées, atteignant 3000 atmosphères, mais dans des cavités extrêmement petites.
- On estimait, du reste, que 10 000 atmosphères, soit 100 kg par mm2, constituaient la limite des possibilités, car on avait observé à ces pressions, des cas où l’acier, même très dur, fluait peu à pern comme de la cire. Les progrès de la métallurgie ont conditionné ici de la façon la plus étroite l’augmentation des pressions obtenues et il existe actuellement dans les presses à « ultra-pressions » des organes qui résistent à des efforts unitaires de 400 kg par mm2.
- COMMENT NAQUIRENT LES ULTRA-PRESSIONS
- C’est, en 1925 que M. James Basset entreprit de construire un appareillage permettant d’atteindre des pressions incomparablement plus élevées et limitées uniquement par la résistance des métaux les plus modernes. La voie avait été inaugurée par Spring et Tammann ainsi que par Amagat, mais surtout par le grand physicien américain Bridgmann qui avait pu atteindre des pressions de plusieurs dizaines de milliers d’atmosphères... il est vrai en milieu liquide.
- L’adaptation de ces méthodes aux milieux liquides ou gazeux indifféremment, fut très délicate ; elle demanda deux ans. C’est en effet, en 1927, que fut faite par M.Basset, une première communication à l’Académie des Sciences (C. H., 1927, p. 344). L’année suivante, la Compagnie de Saint-Gobain accorda une importante subvention au laboratoire des ultra-pressions qui put ainsi se développer sur un plan industriel.
- L’équipement actuel (fîg. 1) permet d’expérimenter en milieu liquide jusqu’aux chiffres formidables de 25 000 et même éventuellement de 30 000 atmosphères ; pour l’expérimentation sur les gaz les appareils peuvent rester pendant 24 heures sous une pression de 15 000 atmosphères sans présenter de fuite et certains modèles ont été équipés pour des réactions en marche continue. Il s’agit donc là d’une réalisation qui dépasse le cadre du laboratoire et devient véritablement industrielle.
- PRINCIPES DES PRESSES A RELAIS HYDRAULIQUE
- Le principe des presses à ultra-pressions permet d'éviter la transmission des efforts par des liaisons mécaniques. Elles dérivent directement du multiplicateur de pression qui a été appliqué pour certains injecteurs graisseurs d’automobile.
- Une pompe à bras A (fig. 3 et 4) refoule un liquide quelconque, généralement de la glycérine, dans un réservoir auxiliaire B et de là dans un large cylindre ou pot de presse C. Le liquide soulève un piston G sur lequel vient s’appuyer un piston plongeur beaucoup plus mince J qui pénètre dans l’âme K du bloc de presse F. Cette
- Fig. 3. — Presse à ultra-pressions à chambre d’expériences verticale.
- Le fonctionnement de cette presse est décrit fig. 4. On distingue à droite la pompe à main avec une douille oblique destinée à recevoir un levier; les tuyauteries apportent le gaz précomprimé mécaniquement à 1000 atm. La chambre a été équipée avec le dispositif de visibilité intérieure (Voir fig. 8 et 9) et un appareil photographique.
- âme communique par un raccord O avec une chambre d’expériences L dont des parois sont extrêmement épaisses.
- Fig. 4. — Principe des presses à ultra-pressions.
- La pompe à main A refoule de la glycérine dans le réservoir intermédiaire ti (qui n’est du reste pas indispensable) et de là dans le « pot de presse » C. où elle soulève le large piston G. Ce dernier soulève à son tour le piston mince J qui pénètre dans l’âme il du corps de presse F et refoule le liquide à étudier, par le raccord O, dans la « chambre » d’expériences » L..
- Quand on a affaire à un gaz, celui-ci est fourni à 1000 atm par un précompresseur et le raccord O est remplacé par un robinet à trois voies (fig. 6 et 7), ce qui permet d’introduire en plusieurs fois de grandes masses de gaz.
- p.69 - vue 73/602
-
-
-
- 70
- Fig. 5. — Disposition d’un groupe double pour production continue de gaz à 5000 alm.
- R, précompresseur à 1000 atm; C, presses avec leurs pompes à main A et leur corps de compression F ; I', robinets de distribution ; L, chambre de réaction; M, pot d’échappement.
- Le piston J et le bloc F sont réalisés en acier spécial extra-dur et les deux blocs F et L sont construits suivant le principe de l’auto-frettage.
- On voit immédiatement que le rapport des pressions
- Fig. 6. •— Voici un nouveau type de presse avec chambre verticale séparée, alimentée par robinets.
- Au fond, deux « bouteilles » de gaz à 250 atm.
- sur les deux pistons G et J sera l’inverse des rapports des sections. Pratiquement, la pression de la glycérine est de l’ordre de 1000 atmosphères, celle du fluide étudié dans la chambre d’expérience, étant alors de 20000 atmosphères.
- Mesurer directement cette dernière pression n’est du reste pas facile, mais on y arrive indirectement en mesurant la pression de la glycérine et en multipliant par l’inverse du rapport des sections. Pour tenir compte des frottements, qui peuvent causer une erreur de 2 à 5 pour 100, on fait la moyenne des valeurs trouvées en période d’augmentation de pression (piston inférieur moteur) et de diminution de pression (piston inférieur résistant).
- Les pressions très élevées peuvent également être mesurées à l’aide de manomètres absolus, autrement dit au moyen d’un piston lesté par un contrepoids à levier, analogue à une classique soupape de sûreté. Pour éviter des frottements qui ôteraient toute précision aux mesures, on est conduit à faire pivoter le piston autour de son axe par un mouvement alternatif d’oscillation. C’est là une application de ce principe des mouvements louvoyants qui est susceptible de tant d’applications mécaniques curieuses.
- MATÉRIEL INDUSTRIEL
- Pour des applications industrielles ou semi-industrielles, exigeant un débit relativement considérable, l’installation comporte un précom.presseur à 1000 atmosphères qui fournit à lui seul, d’après les chiffres que nous avons cités plus haut, la quasi-totalité de l’énergie absorbée par la compression totale.
- 5 Le second stade de compression s’effectue à la presse à bras avec relais multiplicateur à glycérine; on utilise deux presses permettant un remplissage continu de la chambre à expériences, qui devient ici la chambre à réactions (fig. 5); la distribution s’opère au moyen de robinets spéciaux manœuvrés à la main (fig. 7). Un « pot de condensation », avec ou sans réfrigération, peut être prévu pour retirer les produits élaborés, par un système d’éclusages (fig. 5).
- Les aménagements intérieurs de la chambre de réactions varient d’après la nature des opérations envisagées. Un bouchon porte-électrode permet d’alimenter une spirale chauffante donnant une température de 1200°. Pour l’appréciation de cette température, le plus simple est de la déduire de la résistance électrique de la spirale que l’on obtient par lecture comparée du voltmètre et de l’ampèremètre. L’épaisseur de la paroi de la chambre est refroidie par circulation d’eau.
- L’âme des chambres à réactions actuellement réalisées mesure 40 mm de diamètre sur 200 mm de longueur, le diamètre extérieur étant de l’ordre de 20 cm (fig. 3 et 6). Le volume des gaz comprimés, en une seule charge à 5000 atmosphères, est de l’ordre de 150 à 200 litres; en marche continue, on peut débiter plus de 100 litres à l’heure.
- Le principe des joints est tenu secret; on sait qu’ils consistent en pièces métalliques multiples dont le prix est insignifiant et. qui assurent une étanchéité permanente avec l’hydrogène à 500 atmosphères.
- p.70 - vue 74/602
-
-
-
- 71
- LA CINÉMATOGRAPHIE A 28 000 ATMOSPHÈRES
- Une des plus curieuse^ réalisations du laboratoire des ultra-pressions a consisté à rendre visible l’intérieur des chambres à haute pression (lig. 3 et 8).
- Notre ligure 9 montre la disposition qui a permis d’obtenir ce résultat paradoxal. Un bloc en verre dur spécial, D, fixé à l’aide d’un serrage élastique et solidement l'retté, obture une petite fenêtre de quelques mm2, donnant dans la chambre d’expériences. Ce bloc de verre fait partie d’un véritable système microscopique comportant des lentilles échelonnées, un prisme à réflexion totale M et un oculaire ou un appareil photographique N. Grâce à cet artifice, on obtient en L, au centre de la chambre, un champ de l’ordre du centimètre carré, beaucoup plus étendu que la fenêtre. L’éclairement est fourni par un système analogue OP.
- A l’aide de ce dispositif, il est possible de photogra-
- Fig. S. — Chambre à ultra-pressions équipée avec un dispositif optique pour la visibilité intérieure.
- Voir la coupe de ce dispositif, flg. 9.
- phier et même de cinématographier, si on le désire, les substances soumises aux ultra-pressions. On peut également, ce qui est très intéressant, étudier leurs spectres, tout au moins le spectre d’absorption, qui n’exige aucune élévation de température; dans cette voie, on peut escompter d’intéressantes constatations concernant l’architecture des atomes.
- ACTIONS PHYSICO-CHIMIQUES DES ULTRA-PRESSIONS
- Dans le domaine de la physique pure les ultra-pressions permettent l’étude de certaines propriétés des corps : compressibilité, solubilité, résistivité, température d’ébullition et de congélation, caractéristiques mécaniques, bien en dehors des domaines permis à l’expérimentation habituelle. Dans certains cas, les courbes obtenues diffèrent sensiblement de celles que l’on croyait pouvoir tracer par extrapolation, ce qui implique une variation
- Fig. 7. — Robinet spécial à trois voies et à volant pour ultra-pressions.
- des constantes habituellement utilisées dans les formules.
- Indiquons notamment, qu’au point de vue purement mécanique, les surfaces des substances soumises aux utra-pressions acquièrent des propriétés permanentes remarquables, et que la courbe de compression de l’azote s’est révélée un peu différente de celle qu’Amagat avait établie jusqu’à 3000 atmosphères.
- Fig. 9. — Schéma d'une chambre d’expériences comportant un dispositif optique pour Vobservation oculaire de l’enceinte sous pression.
- La chambre A reçoit le fluide sous pression de la presse B; elle possède trois orilices C, D,E, qui peuvent être obturés soit par des bouchons porte-électrodes tels que E, soit par des blocs en verre dur tels que U, maintenus par un montage élastique tel que F et par des frettes. Un dispositif à lentilles échelonnées et à prisme M, réglable par crémaillère, permet d’obtenir la vision oculaire et l’enregistrement photographique ou cinématographique en N ; le grossissement varie de 2 à 12 et le champ en L a un diamètre d’environ 12 mm. L’éclairage est assuré par un dispositif à prisme O renvoyant par un canal P la lumière d’une source Q. Les frettes G,ll,.l, portent des canaux de refroidissement K.
- p.71 - vue 75/602
-
-
-
- = 72 .
- Dans le domaine de la minéralogie, des possibilités nouvelles ont été apportées pour la synthèse artificielle des roches et l’obtention de formes cristallines par voie sèche ou humide.
- De nombreuses réactions chimiques, impossibles ou très difficiles à la pression ordinaire, s’effectuent plus ou moins rapidement sous l’influence des ultra-pressions; telles sont les réactions d’oxydation lente du carbone en présence de l’eau, l’hydrogénation directe du carbone et des composés organiques, diverses condensations et polymérisations, ainsi que l’oxydation de l’ammoniaque.
- L’étude des équilibres chimiques, en liaison avec celles des catalyseurs s’est révélée particulièrement féconde. On sait que pour réaliser industriellement la synthèse de l’ammoniaque par union directe de l’azote et de l’hydrogène, on est conduit à faire passer ces gaz sur une masse de fer pulvérulent qui joue un rôle de catalyse en s’échauffant fortement; malheureusement, ce fer divisé est extrêmement délicat et peut se trouver mis hors d’usage par des traces d’impuretés gazeuses, telles que de l’oxyde de carbone. Cette fragilité des catalyseurs se retrouve dans la plupart des industries de synthèse et oblige, pour la préparation des gaz, à des épurations coûteuses.
- Or, avec les gaz soumis aux ultra-pressions, il devient possible d’employer des catalyseurs de moindre surface et extrêmement rustiques, tels que des poignées de clous ou de riblons. Moins sensibles à l’empoisonnement, ces catalyseurs élémentaires procurent cependant une réaction rapide, permettant un débit important.
- Fig. 10. — Grande presse avec chambre de réactions horizontale.
- LES ULTRA-PRESSIONS ET LA VIE
- Des phénomènes très intéressants ont été mis en évidence par Mme Georgette Lévy et M. Machebœuf, qui ont étudié l’influence des ultra-pressions sur les phénomènes de la vie.
- La technique des expériences consiste à utiliser un récipient hermétique mais à parois malléables, capable de transmettre, sans se déchirer, la pression ambiante au liquide intérieur. On peut utiliser un tube en étain que l’on ferme en écrasant puis en soudant l’extrémité; mais il semble préférable d’utiliser un tube en caoutchouc translucide (feuille anglaise), qu’on ligature fortement à chaque extrémité après remplissage aseptique (fig. 11). La transparence de la gomme permet de vérifier qu’il ne reste aucune bulle d’air.
- Les tubes ainsi préparés sont placés dans la chambre à expériences de la presse et entourés de liquide, tandis que des tubes-témoins, identiques, sont conservés à la pression ordinaire, afin de fournir un élément de comparaison. La décompression est toujours assez rapide, effectuée en cinq minutes.
- DIASTASES ET TOXINES MICROBIENNES
- Les essais ont porté tout d’abord sur diverses diastases : saccharose, laccases, tryptase pancréatique.
- Les solutions conservent leur activité tant que la pression appliquée ne dépasse pas 6000 atmosphères; certaines « ases » sont détruites à 8000 atmosphères, d’autres résistent à 13 000, et d’autres ne sont que partiellement détruites à 15 000. Les vitesses de mise en pression et de décompression sont sans influence.
- En ce qui concerne la sucrase de levure de boulangerie, dont l’étude a été particulièrement poussée, on a trouvé que le temps jouait un rôle important : à 9000 atmosphères une solution a perdu 50 pour 100 de son activité en 30 minutes, et 66 pour 100 en 60 minutes. Le pH a une action difficile à mettre en évidence mais certaine, l’acidité favorisant la résistance de la diastase aux ultra-pressions.
- Des expériences répétées ont montré que l’influence destructive ne provenait en rien des parois des récipients.
- Les toxines microbiennes et les diastases se comportent d’une manière très comparable; les toxines résistent à des pressions de 6 à 8000 atmosphères puis s’atténuent et perdent toute activité pour des pressions supérieures à 12 000 atmosphères.
- La toxine tétanique perd 98,8 pour 100 de son activité à 13 500 atmosphères en 45 minutes ; la toxine diphtérique ne perd, dans les mêmes conditions que 80 pour 100 de son activité, mais elle est inactivée complètement à 17 500 atmosphères.
- La toxine tétanique, inactivée par ultra-pression, n’acquiert pas, comme on l’avait tout d’abord espéré, de pouvoir immunisant; il n’est donc pas possible, en l’état actuel des recherches, de préparer des « anatoxines » destinées à des vaccinations.
- p.72 - vue 76/602
-
-
-
- ACTION SUR LES MICRO ORGANISMES
- 73
- Les bactéries non spoiulées ne résistent pas au delà de 5000 atmosphères. Par contre, les spores et en particulier le Bacülus subtilis, ont résisté aux pressions les plus élevées que l’on ait expérimentées, soit 17 500 atmosphères, pendant 45 minutes. On retrouve donc ici ce fâcheux moyen de protection que les bactéries savent opposer, parfois avec une extrême rapidité, aux procédés de stérilisation, notamment à l’ébullition.
- Les virus invisibles (x) se sont révélés très sensibles à l’action des ultra-pressions. Dès 1800 atmosphères, l’influence est sensible et à 4500 atmosphères, l’inactivation est complète, ce qui semble interdire tout rapprochement entre ces virus et les diastases.
- On peut ainsi prévoir un usage de la presse à ultra-pressions pour différencier, dans une solution biologique, ce qui est le fait des virus et ce qui provient des diastases.
- Les bactériophages sont totalement inactivés par une pression variant de 2000 à 7000 atmosphères. Certains protéides, tels que les globulines du sérum et du blanc d’œuf, sont coagulés par les ultra-pressions, mais le sérum-albumine ne l’est pas.
- Tels sont les premiers et remarquables résultats, fournis par l’application des ultra-pressions aux substances
- 1. Mme Vollmarm et M. Bar lad).
- Chambre d'expéri\
- Solution à étudier
- Sac en caoutchouc
- Liquide de. la presse '
- '-'"Arrivée du liquide
- Fig. 11. — Disposition adoptée pour étudier l'influence des ultra-pressions sur des solutions biologiques.
- constituant les êtres vivants. Toute une série de recherches du plus haut intérêt peut être désormais envisagée, au premier rang desquelles il faut placer l’étude de la coagulation des milieux colloïdaux dans les cellules cancéreuses. Nous indiquons cette voie aux'chercheurs.
- Pierre Devaux,
- Ancien élève de l’École Polytechnique.
- L’EPURATION DU CHARBON
- SA REMARQUABLE ÉVOLUTION
- I. — EXPOSÉ
- Signe caractéristique de la dureté des temps, le marché du charbon n’est plus basé sur le principe : « Take il or leave it », c’est-à-dire : « Prenez-le ou laissez-le ». Aujourd’hui, le consommateur impose ses exigences aux compagnies minières pour le charbon qu’il leur achète.
- Ce charbon doit posséder des caractéristiques définies de calibre, teneur en humidité et en cendres, pouvoir agglutinant, point de fusion des cendres.
- L’épuration du charbon correspond à une opération de concentration ou de triage destinée à débarrasser la houille de ses cendres et à le « conditionner » aux exigences de la clientèle, suivant les données générales que nous venons d’énumérer.
- En 1932, les compagnies minières du Pas-de-Calais ont dû, à cause des exigences de la clientèle, soumettre à l’épuration 50 pour 100 de leur extraction, laquelle s’est alors élevée à 21 millions de tonnes, contre 30 pour 100 seulement en 1913. Ce mouvement n’est point particulier à la France. La houillère britannique qui épurait seulement 505 millions de tonnes en 1927, soumet aujourd’hui à cette opération près de 72 millions de tonnes de
- charbon ou un peu plus du tiers de son extraction égale à 207 millions de tonnes en 1932.
- L’importance croissante dévolue à la technique de l’épuration du charbon tient aussi aux difficultés que rencontrent, depuis quelque temps, les compagnies minières pour écouler leur production de fines. Sous ce terme, on désigne toutes les particules de charbon ayant un calibre compris entre 0 et 15 mm, ou 0 et 20 mm, suivant les arrondissements minéralogiques.
- Cette situation incombe, pour une part, au développement des moyens mécaniques pour l’abatage du charbon. Néanmoins, la raison principale tient à la désaffection de la clientèle pour les charbons tout venants.
- En tout cas, cette opération est onéreuse pour les compagnies minières. En dehors des frais de traitement généralement évalués à 1 fr 50 environ par tonne de houille mise en œuvre, la perte pondérale, sous forme de déchets sans valeur, appelés schistes ou stériles, est élevée. Elle représente généralement 10 pour 100 en Angleterre et près de 20 pour 100 dans le Pas-de-Calais, du poids de charbon brut traité.
- Avant la guerre, la majeure partie des fines, c’est-à-dire les morceaux de charbon du calibre inférieur à 20 ou plutôt à 15 mm partaient sous la forme de trois qualités
- p.73 - vue 77/602
-
-
-
- 74
- Fig. 1. —• Schéma du fonctionnement de la table de nettoyage à sec, système Birlley (vue par-dessus).
- de tout-venant : le 50 pour 100, le 30-35 pour 100 et le 20-25 pour 100.
- Ces taux représentent la proportion de fragments du calibre supérieur à 50 mm contenue dans cette marchandise. Néanmoins, il restait encore à utiliser d’importants tonnages des fines. On les vendait sous la forme soit d’agglomérés : boulets ou briquettes, soit de coke métallurgique, suivant leur teneur en matières volatiles.
- La caractéristique de la situation actuelle consiste en ce que les demandes de tout-venant se restreignent de plus en plus.
- Il en résulte une situation tout à fait désavantageuse pour les compagnies minières qui se trouvent astreintes à chercher des débouchés nouveaux pour les fines du calibre 0-20.
- Quant aux grains et noisettes, catégories du calibre compris entre 20 et 50 mm, ils se placent aisément et à des prix avantageux pour les besoins domestiques ou industriels, d’après leur teneur en matières volatiles.
- Pour cette raison même, la technique de la semi-carbonisation qui permet de transformer les charbons fins et de nature bitumineuse en morceaux analogues, par leur calibre et leurs conditions d’utilisation, aux grains et aux noisettes est appelée à un large avenir, spéciale* ment en Angleterre. On estime couramment que la quantité de semi-coke produite passera, d’ici un petit nombre d’années, de 0,3, chiffre actuel, à 20 millions de tonnes en Grande-Bretagne et de 0,3, valeur présente, à
- Fig. 2. — Table Birlley.
- 3 millions de tonnes en France. Ce développement est subordonné cependant à la mise en œuvre de charbons très purs.
- Il faudra épurer les fines brutes, qui contiennent généralement 20 à 25 pour 100 de cendres en France et 12 pour 100 en Grande-Bretagne, jusqu’au taux de 4 à 5 pour 100 seulement, afin que le semi-coke contienne un maximum de 6 à 7 pour 100 de cendres.
- L’hydrogénation du charbon représente un autre exutoire pour les fines. Là aussi, il faudra mettre en œuvre un charbon très pur contenant au maximum de 3 à 4 pour 100 de cendres de manière qu’il ne subsiste qu’un minimum de résidus dans la bombe de réaction où la pulpe, c’est-à-dire le mélange de charbon, et d’huile servant d’agent de peptisation , qui rentre eu contact avec l’hydrogène sous pression.
- Au total, en raison des exigences de la clientèle et de la nécessité d’utiliser sous la forme de produits purs les disponibilités actuelles de fines, la technique du lavage du charbon est certainement appelée à un large développement. Les lavoirs figurent parmi les plus importantes annexes des compagnies minières.
- II. — CARACTÈRES GÉNÉRAUX DES PROCÉDÉS D’ÉPURATION DU CHARBON
- Pour trier le charbon brut, afin d’en tirer les portions les plus riches en cendres, on met invariablement à profit la différence de densité qui s’établit entre les divers constituants de la houille.
- Par exemple, les portions les plus pures ayant une densité égale à 1,35 contiennent de 0,5 à 2,5 pour 100 de cendres. Les parties les plus cendreuses, qui s’immergent dans une solution de densité 1,8, renferment un minimum de 75 pour 100 de cendres.
- Aujourd’hui, pour concentrer la houille, on emploie concurremment deux classes d’appareils. La première englobe les bacs à piston et les rhéolaveurs, tous bien connus, dans lesquels l’eau intervient comme médium en tant qu’agent de séparation des divers constituants de la houille brute. La seconde comprend les appareils d’épuration pneumatique : Birtley, Raw, Peale-Davis, Mines de Bruay-Soulary, Bamag.
- Retenons une caractéristique tranchée de l’industrie houillère de notre temps : les procédés d’épuration du charbon par voie sèche, appelés aussi méthode pneumatique, se développent avec rapidité.
- Une concurrence redoutable est ainsi faite aux procédés d’épuration par courant d’eau : bacs à piston, rhéolaveurs, qui fonctionnent, comme on le sait, d’une manière vraiment satisfaisante. Leur part reste prépondérante, d’ailleurs.
- Le succès commercial des procédés d’épuration pneumatique du charbon tient, pour une bonne part, à l’idée heureuse qu’ont eue les constructeurs de ces appareils de présenter les fines, au public, sous un calibrage plus serré.
- Au lieu de 0-10 courant, on livre à la clientèle les catégories 3-6, 6-10, 10-15, par exemple. En outre, ce charbon purifié est pratiquement exempt d’humidité.
- p.74 - vue 78/602
-
-
-
- 75
- Fig. 3e/4. — Coupe longitudinale et plan schématique de l’épurateur Soulary. Mines de Bruay.
- III. - LES DIVERS TYPES D’APPAREILS D’ÉPURATION
- PNEUMATIQUE DES CHARBONS
- Les appareils d’épuration pneumatique du charbon se divisent en deux grandes classes.
- La première comprend les tables dites « à rilles » (fig. 1), comportant essentiellement une table à secousses, d’inclinaison longitudinale et transversale réglable, dont le fond est un tamis perméable à l’air. Sur sa face supérieure sont fixées des barrettes d’orientation variable, appelées « rifles ».
- Leur hauteur va en décroissant de gauche à droite. Les particules légères (charbon) surnagent le lit et franchissent les rifles sous l’influence de la pente transversale. Les schistes riches en cendres, plus lourds, restent en contact avec le tamis et progressent au contraire entre les « rifles ». Comme ceux-ci ont des hauteurs décroissantes vers la sortie, on conçoit que les grains chemi-nent d autant plus longtemps entre les « rifles » qu’ils sont plus lourds.
- En définitive, le long du bord inférieur de la table, il se déverse des produits dont la teneur en cendres va en croissant de gauche a droite. Des couteaux, de position réglable, prélèvent les différentes qualités de charboms aux endroits voulus.
- La seconde catégorie d’appareils correspond aux tables « sans rifles ». Le prototype, que représente la figure 3, comporte une table à secousses, à bords parallèles, à pente longitudinale réglable, dont le fond est un tamis de soufflage lisse sur lequel les constituants du charbon se déplacent parallèlement à l’axe du mouvement d’oscillation. A l’aval de la table, des couteaux pivotant autour d un axe horizontal, séparent les différentes couches stratifiées et les évacuent dans les goulottes.
- Généralement, ces tables comportent plusieurs compartiments fonctionnant en série. A l’aval de chacun d eux, on prélève les produits finis. Quant au solde, qui est insuffisamment stratifié, il progresse vers les compartiments suivants où s’achève son triage.
- Les appareils de la première classe, qui sont le plus souvent du modèle Birtley (fig. 1 et 2), ont reçu des applications nombreuses dans les mines anglaises des bassins du Durham et du York-shire. Les appareils de la seconde classe appliquent les brevets Mines de Bruay-Soularv (fig. 3 et 4).
- Les tables Birtley se différencient des tables Bruay-Soulary non seulement par la présence ou l’absence de « rifles » mais encore par le mode de distribution du vent.
- Sur la table Birtley, l’épaisseur de la couche de combustible en cours de traitement varie d’un point à un autre. Elle demeure uniforme par contre, sur la table Bruay.
- A cause de cette différence, pour assurer une
- répartition correcte du vent soufflé, la table Birtley doit être divisée en un nombre aussi grand que possible de surfaces unitaires.
- Par contre, comme les figurés 3 et 4 permettent de le comprendre, avec la table des Mines de Bruay, on se borne à régler le débit d’air sous chaque compartiment de manière qu’il possède la valeur la plus appropriée à un traitement efficace.
- Nous présentons, d’ailleurs, ces remarques sans avoir aucunement l’intention de faire ressortir la supériorité d’une méthode sur une autre. On ne sera fixé à ce sujet qu’à l’époque prochaine, où les deux lavoirs, d’une puissance unitaire de 170 tonnes de fines brutes par heure, en montage aux Mines de Courrières, auront été mis en service.
- L’un appliquera le procédé Birtley et l’autre le procédé Mines de Bruay.
- Fig. 5. — Table Birtley installée à Thorne ( Yorkshire).
- p.75 - vue 79/602
-
-
-
- 76
- IV. — CONDITIONS GÉNÉRALES D’ÉPURATION DU CHARBON PAR VOIE PNEUMATIQUE
- Pour qu’une installation d’épuration du charbon par voie pneumatique donne de bons résultats, on commence par classer le charbon mis en œuvre en différentes catégories se différenciant les unes des autres par le calibre de leurs constituants. Il faut obtenir, en effet, un milieu bien fluide, suffisamment sec et dense dans lequel la séparation des éléments de différentes densités puisse s’effectuer lentement et par ordre de densité (fig. 5).
- A Mariemont-Bascoup (Belgique), on traite, par exemple, des fines 0-8 que l’on dépoussière jusqu’à 0,5 mm et que l’on décompose en 0,5-2 eten2-8 (fig. 6). Les Mines
- Fig. 6. — Appareil Hummer pour procéder au classement du charbon avant lavage.
- de Bruay recommandent pour une épuration poussée une classification telle que la suivante : 0,5-3; 3-7; 7-15.
- A la lecture de ces données pratiques, on remarque que le charbon traité sur les tables ne comprend pas de particules du calibre inférieur à 0,5 mm que l’on dénomme poussier.
- Deux raisons majeures militent en faveur du dépoussiérage du charbon avant de le soumettre à une épuration pneumatique, à savoir :
- 1° Les particules pulvérulentes, maintenues entre elles par une force d’adhésion inversement proportion-
- nelle à leur grosseur, rendent le lit d’épuration trop compact et trop peu perméable à l’air;
- 2° Le charbon très pulvérulent ne peut s’épurer que par des procédés spéciaux. Par conséquent, il convient d’éliminer le plus complètement possible le pulvérulent,, en pratique le 0-0,5, afin que sa présence n’entraîne pas un accroissement de la teneur en cendres du charbon épuré s’écoulant de la table. Ultérieurement, on traitera à part ce charbon pulvérulent par flottage, comme nous le verrons au chapitre suivant.
- Il n’existe pas d’opinion tranchée sur l’appareil le mieux approprié au dépoussiérage du charbon. Néanmoins on admet que les tamis vibrants à grande vitesse et faible amplitude donnent les meilleurs résultats parce qu’ils assurent mieux la désagrégation de la masse de charbon. Ils permettent d’aboutir à des rendements de criblage supérieurs à 90 pour 100. On arrive à des résultats moins satisfaisants avec les dépoussiéreurs utilisant l’action du vent.
- Dans toutes les installations d’épuration du charbon par voie sèche, on doit prendre des précautions spéciales pour récolter les poussières qui se dégagent des tables d’épuration du charbon.
- Les meilleurs résultats ont été obtenus en se servant d’un turbo-capteur. Par ailleurs, comme des poussières risquent de se former en tous les points de son parcours, à cause de sa rencontre brusque avec l’atmosphère, il convient de prohiber la descente en chute libre. Le plus souvent, on utilise des transporteurs clos : vis sans fin ou chaîne traînante à faible vitesse.
- Il reste à se préoccuper de l’épuration des charbons pulvérulents qui ne sont pas susceptibles d’une épuration soignée par les moyens que nous venons de décrire.
- Dans l’état actuel de nos connaissances, seule la technique du flottage permet de tirer parti utilement de ces charbons pulvérulents dont les disponibilités prochaines, en France seulement, semblent devoir être de l’ordre de 4 millions de tonnes par an, après avoir satisfait aux besoins des chaufferies utilisant le charbon sous la forme pulvérisée. Sur notre territoire, celles-ci consomment approximativement 2 millions de tonnes de houille.
- V. - ÉPURATION DES CHARBONS FINS.
- LA TECHNIQUE DU FLOTTAGE
- Cette technique est en faveur croissante pour le traitement des minerais, en particulier ceux qui contiennent de l’or.
- En 1931, année de crise, elle a été appliquée aux États-Unis pour la concentration d’environ 36 millions de tonnes de minerais, spécialement de cuivre, de zinc et de plomb. On y recourt en Europe non seulement pour la concentration des minerais, mais aussi pour celle des charbons pulvérulents. Les principaux ateliers qui appliquent cette technique sont ceux des Mines fiscales de Hollande, des Mines de Courrières et des Mines d’Aniche. Il existe également d’importantes installations en Allemagne, en Angleterre, et en Silésie.
- Dans le flottage, on applique le principe suivant lequel une particule charbonneuse mise en pi'ésence de l’eau est
- p.76 - vue 80/602
-
-
-
- 77
- .-,Z
- Cellule
- d’aération
- y Zone depurification ' ' de lecume
- Zone
- d’aération
- Zone de séparation et de purification de l’écume
- Conduite d’air
- Fig. 7. — Appareil de la « Minerais Séparation « pour Vépuralion du charbon par flollage.
- soumise à deux actions antagonistes :
- 1° Son poids, proportionnel au cube de son diamètre, qui tend à l’immerger ;
- 2° La tension superficielle de l’eau se traduisant, pour les particules non mouillées, par une résistance à se laisser pénétrer, proportionnelle au carré du diamètre.
- En d’autres termes, eu égard à cette loi des cubes, au fur et à mesure que le diamètre d’une particule non mouillée décroît, l’effet dû à la pensanteur s’atténue beaucoup plus vite que celui résultant de la tension superficielle. H arrive donc un point où celle-ci devient prépondérante et empêche l’immersion.
- On applique ce principe pour séparer d’avec les gangues les particules de charbons. Dans ce but, on enrobe d’huile de goudron de bois ou de houille, les particules de houille. On les rend ainsi non mouillables par l’eau. Inversement, les parties cendreuses ne subissent pas cette action de l’huile. Elles restent donc mouillables par l’eau.
- En définitive, les particules de charbons enduites d’une pellicule d’huile, subissent seules l’effet de la tension superficielle. Elles flottent donc. Par contre, les gangues mouillées par l’eau échappent à cette influence et tombent au fond de l’appareil de traitement.
- A l’action de l’huile s’ajoute, d’autre part, celle de l’air injecté dans la masse en cours de traitement, qui est aspiré par le mouvement de rotation de l’organe de malaxage, comme le montre la figure 7.
- Au total, on obtient :
- A la surface du liquide, un ensemble de charbon purifié, d’eau, d’huile qui forme une mousse, grâce à la réunion d’un grand nombre de bulles d’air;
- Au fond de la masse liquide, des stériles ou déchets.
- A titre d’exemple, le schéma de la figure 8 montre la liaison entre un lavoir et un atelier de flottage.
- Toutes les eaux provenant du lavage des charbons de toutes catégories sont collectées dans des « spitzka-sten » munis de purges aboutissant à un puisard en charge sur une pompe qui les amène, par l’intermédiaire d’un cône, sur un tamis vibrant muni de toiles en bronze à mailles écartées de 1 mm.
- Après leur passage sur un tamis, dénommé « zimmer » qui sert à séparer les plus gros grains de charbon, les eaux, chargées de fines particules de houille, rentrent dans un cône
- de concentration puis dans la machine de flottage.
- Ce dernier appareil est constitué par des caisses placées en série. Le réactif du flottage est constitué par du crésol employé à raison de 0,6 kg par tonne de charbon brut (fig. 9 et 10).
- La mousse à base de charbon purifié et d’eau passe ensuite sur un filtre sécheur. Cet appareil rotatif comprend des cellules dont les compartiments sont soumis à l’action du vide produit par une pompe ; la périphérie est garnie d’une toile en bronze à mailles de 0,16 mm. Le filtrat est renvoyé, par l’intermédiaire d’un réservoir et d’une
- Fig. 8. •—• Schéma d’une, installation de flottage aux Mines de Beeringen (Belgique).
- 7^-Déca nteur genre Cuve Baum
- Fbrge unique
- yRinçage a l'eau claire 'ou à l’eau de circulation ^ Refus vers fines la imes
- % Zimmer
- Appareil réglant automatiquement la densité de ta pulpe
- / Machine de
- M ----------h. flottation
- Réservoir
- mélangeur
- Tours d egouttaqi des fines °ho
- Tours de chargetnent
- ’—Schlamms
- flottés
- Filtre
- Sch/amms // filtrés /
- de pesage
- vers les fines égouttées
- p.77 - vue 81/602
-
-
-
- 78
- Bref, le flottage fournit le moyen pratique et économique de transformer les bas produits du lavage de la houille, notamment le poussier ainsi que celle masse boueuse et cendreuse que l’on dénommeschlamms, en véritables charbons commerciaux.
- Sur la base de ces données, on s’explique pourquoi les compagnies minières suivent avec vigilance tout ce qui concerne l’épuration du charbon. La mise au point de la technique du flottage est un fait pratique de grande importance pour elles. Par contre, de la circonspection s’impose encore pour l’épuration de la houille au moyen d’appareils pneumatiques.
- Ch. Berthelot.
- Fig. 10. — Vue de l'installation des Mines fiscales de Hollande, au puils Mauritz.
- Fig. 9. — Installation de flottage des schlamms. Débit 36/40 par heure. (Charbonnage de Zollverein, Gelsenkirchen, Allemagne) .
- colonne barométrique qui lui fait suite, dans le puisard d’une pompe qui le relève dans les spitzkasten où il rentre dans la circulation générale.
- Enfin, les schlamms séchés sont envoyés dans une vis d’Archimède qui reçoit également les fines 0-10 relevées par la chaîne.
- La vis, mélangeant les deux produits, débite dans la chaîne à raclette à la partie supérieure des tours d’égouttage.
- Dès ce moment l’ensemble dn charbon épuré au moyen des appareils classiques d’une part, et des machines de flottage d’autre part, peut être utilisé dans les conditions habituelles et inhérentes aux fines lavées.
- LA SUPERIORITE DES PNEUMATIQUES
- SUR LES BANDAGES METALLIQUES
- POUR LES CHARIOTS AGRICOLES
- Le pneumatique n a jusqu’ici pénétré que timidement dans le domaine des véhicules agricoles. Il y pourrait rendre cependant de grands services.
- C’est ce qui résulte des essais comparatifs effectués par M. Bouckaert et C. Dricot, l’un professeur de Génie rural,
- l’autre assistant à la station de Génie rural de Gembloux (Belgique). Le Bulletin de l’Institut agronomique de Gembloux publie le compte rendu détaillé de ces essais. Ils ont consisté dans la mesure du coefficient de traction d’un chariot à 4 roues, sur des terrains divers, le chariot étant équipé suc-
- p.78 - vue 82/602
-
-
-
- cessivement avec des roues à bandage ferré et des roues à pneumatiques. On sait qu’on appelle coefficient de traction le rapport entre l’elïort de Lraction et la charge remorquée. On l’exprime en kg par tonne remorquée. Plus il est faible, plus le mode de traction est avantageux.
- Les conclusions sont les suivantes :
- Sur une route pavée en très bon état (pavés de petites dimensions sur fondation en ciment), les bandages ferrés apparaissant légèrement plus avantageux que les pneumatiques gonflés à faible pression (2,25 kg à l’avant et 2,5 kg à l’arrière). Par contre, dès que le pavage devient défectueux, les pneumatiques à faible pression améliorent le coefficient de traction, et cela d’autant plus que les aspérités du pavage s’accentuent.
- Sur une route paV’ée, le coefficient de traction de la roue à pneumatiques s’améliore assez sensiblement, toutes choses égales d’ailleurs, quand on augmente la pression de gonfle-
- : ..................- 79 =
- ment du pneumatique. Ces constatations n’ont, du reste, rien d’inattendu.
- C’est sur les chemins de terre ou dans les champs que la roue à pneumatiques révèle son éclatante supériorité, et celle-ci s’affirme surtout pour les pneumatiques peu gonflés (2,25 kg à l’avant et 2,5 kg àd’arrière). Sur un chemin de terre en bon état, l’amélioration du coefficient de traction a été de 35,31 pour 100, sur un chemin de terre en mauvais état de 53,61 pour 100.
- Dans les champs, les expérimentateurs de Gembloux ont constaté une amélioration de 37,60 pour 100 sur un chaume d’avoine, de 47,83 pour 100 sur une jeune luzernière, de 32 à 64 pour 100 en octobre et novembre sur une terre à betteraves plus ou moins arrosée par les pluies.
- On voit que le pneumatique peut assurer aux exploitants agricoles de très sérieuses économies.
- NOUVELLE RUCHE-TOURNIQUET VITRÉE
- POUR L’OBSERVATION DES ABEILLES
- Vers la fin du xviue siècle, le naturaliste hollandais Swammerdam, afin de mieux observer les Abeilles pendant leur travail, imagina de remplacer, par des carreaux de papier transparent, une des parois de la ruche dans laquelle il logeait ses essaims. Par la suite, divers apiculteurs, Maraldi, de Rezcns et Moufet entre autres, eurent l’idée d’enfermer les « Mouches à miel » dans de petites tours vitrées, de section rectangulaire et surmontées d’un couvercle plat.
- De son côté, Réaumur réalisa plusieurs types de ruches vitrées dont il donne la description dans le tome 5 de ses célèbres Mémoires pour VHistoire des Insectes (1740).
- Le modèle le plus simple, qui lui permit « de faire les observations les plus délicates », -— comme le savant entomologiste l’écrit dans ce dernier ouvrage, — ressemblait à une boîte à peu près carrée et plate, posée verticalement sur un de ses côtés.
- La grande face verticale de cette sorte de châssis formait une fenêtre à quatre grands carreaux de verre, encadrés par une menuiserie maintenue elle-même en place par des taquets chevillés. Vers le bas d’un des montants, tourné vers le midi, se trouvaient peicés plusieurs trous par où entraient et sortaient les industrieuses habitantes de la lilliputienne cité. Plus près de nous, divers spécialistes, entre autres Langstroth et Charles Dadant, apportèrent des perfectionnements de détails aux ruches d'observations, mais tous les modèles réalisés jusqu’ici se composaient d’un seul rayon, clos des deux côtés par une vitre.
- De la sorte, on voit bien les diligentes bestioles venir de la campagne toutes chargées de matériaux et de provisions ; on assiste, par exemple, à l’élevage des reines et on se rend compte de la façon dont les ouvrières construisent des cellules en appliquant une irréprochable technique.
- Cependant, un apiculteur très averti, M. Ileury, a
- voulu aller plus loin et sa récente invention facilitera la tâche de ses confrères. La ruche-tourniquet, qu’il vient
- Fig. 1.— Un apiculteur observant les abeilles dans la ruche-tourniquet Ileunj, installée dans un abri, après avoir enlevé deux des panneaux et un volet mobile pour voir les abeilles à travers la. vitre d'un cadre.
- p.79 - vue 83/602
-
-
-
- 80
- Fia. 2. — Les principaux organes de la ruche démontés. Les quaire traverses, le cercle métallique de roulement et les deux cadres en croix qui se trouvent posés sur un établi.
- d’installer dans sa propriété, se compose de quatre grands cadres vitrés, disposés en croix, et protégés de l’extérieur par des volets mobiles. En outre, une hausse d’hivernage et une hausse de rapport se trouvent placées sur le dessus de cette menuiserie dont tout l’ensemble peut tourner autour d’un axe central. Afin d’obtenir aisément ce mouvement de pivotage, des roulettes, encastrées au milieu de la face inférieure des croisillons de support des cadres, se déplacent sur un cercle métallique fixé sur les bras de deux traverses cruciales servant d’assises au système.
- Enfin M. Ideury abrite sa ruche-tourniquet dans une sorte de petite hutte en bois dent les panneaux s’enlèvent à volonté.
- L’intérêt de son originale installation réside dans le fait que, grâce aux hausses annexées, les abeilles engrangent sans peine leur nouriiture hivernale tandis que, dans les ruches d’études à un seul cadre, les sagaces Hyménoptères ne peuvent vivre durant les froids, faute de provisions accumulées pendant la belle saison. Aussi un observateur, confortablement assis près de cette minuscule « maisonnette » ingénieusement agencée, se documentera à son gré, sans difficultés, sur les faits et gestes qu’accomplit pendant toute Vannée, l’industrieuse population qui l’habite. L’apiculteur n’aura qu’à enlever
- les volets mobiles, au fur et à mesure qu’il tournera la ruche, pour découvrir successivement et de chaque côté des cadres, les abeilles employées à leurs diverses besognes.
- Si au printemps la Reine n’effectue pas sa ponte dans la partie vitrée, il lui faudra la chasser de la hausse d’hivernage par les procédés habituels et fermer derrière elle les clapets d’obturation. Quelques jours plus tard, il pourra suivre le travail de la ponte et du nourrisse-ment.
- Il lui sera même facile de photographier les bestioles affairées et à n’importe quel moment, en amenant en pleine lumière le coin de la « rue » qu’il voudra saisir dans son actif grouillement. Puis, à l’approche de l’hiver, il devra ouvrir de nouveau les clapets pour permettre à la « souveraine » de remonter dans la hausse où elle se reposera, pendant la saison hivernale, du fardeau de sa lourde charge.
- En résumé, la ruche-tourniquet Heury facilite les observations sans déranger les abeilles et sans risques de piqûres pour l’apiculteur; elle permet l’hivernage de la colonie et, grâce à ses deux hausses, elle peut servir aussi bien pour la production du miel que pour les études entomologiques.
- Jacques Boyer.
- Fig. 3. — Les abeilles à l’intérieur de la ruche. Au-dessus des cadres on voit les hausses d’hivernage et de rapport.
- p.80 - vue 84/602
-
-
-
- NAISSANCE CURIEUSE DE CERTAINES INDUSTRIES
- Que Limoges soit la ville de la porcelaine et Lyon celle de la soie, personne ne s’en étonne; que Marseille soit la ville du savon, l’explication est immédiate, le savon étant une combinaison de substance grasse ou oléagineuse et d’alcali (soude). Nulle place n’est mieux située que Marseille pour le produire à bon compte : elle est le premier marché de France pour les huiles, les graisses et les suifs; de plus les salines qui s’étendent à perte de vue dans les plaines du Bas Rhône permettent de fabriquer les sels de soude dans des conditions d’exceptionnel bon marché. D’ailleurs c’est l’olivier de Provence qui a créé le savon de Marseille.
- Mais pourquoi travaille-t-on l’ivoire à Dieppe, fabrique-t-on des boutons à Méru, du caoutchouc à Clermont-Ferrand et des matières plastiques à Oyonnax ? A priori aucune raison n’est apparente. Comment ont pris naissance certaines industries dans des villes où rien ne justifie leur présence ?
- Le plus souvent la création d’une industrie nouvelle dans une région est due à l’initiative individuelle.
- Un homme décide de fabriquer dans son pays un produit jadis d’importation. S’il réussit, immédiatement autour de lui viennent se grouper des imitateurs qui lui font concurrence.
- Laigle est la ville des aiguilles parce qu’un industriel fonda à Menorval, faubourg de Laigle, en 1765, une manufacture d’aiguilles en acier poli, sur le' modèle des fabriques anglaises. Encouragées par son exemple, d’autres industries s’établirent à Laigle, et bientôt cette petite ville industrieuse devint le centre d’une fabrication nouvelle à laquelle se joignirent plus tard celle des épingles, alênes, clous, etc.
- Clermont-Ferrand est devenue la ville du caoutchouc grâce d’une part aux frères Michelin, de l’autre à l’invention de la bicyclette.
- Les frères Michelin qui dirigeaient à Clermont une petite usine, eurent l’idée du pneu, d’où développement considérable d’abord de la bicyclette, ensuite de l’automobile, essor incroyable de l’industrie du caoutchouc.
- C’est encore à un industriel, Alphonse Dupont, qu’est due l’importance de la brosserie dans l’Oise.
- Dieppe est devenue la ville de l’ivoire parce qu’en 1364, les Dieppois équipèrent deux vaisseaux qui s’en allèrent à la côte d’Afrique, où il se chargèrent d’ivoire, et en ramenèrent tant qu’il prit l’idée aux Dieppois de le mettre en œuvre. L’ivoirerie de Dieppe fut très florissante jusqu’en 1694, époque où les Anglais bombardèrent cette ville. Ce n’est qu’à partir de 1816 qu’elle reprit un peu d’activité.
- L’industrie des plumes métalliques s’est implantée à Boulogne parce que toutes les livraisons faites en France de plumes fabriquées à Birmingham passaient par Boulogne.
- Des négociants pensèrent que la fabrication à Boulogne même donnerait de gros bénéfices. En 1846, Pierre Blanzy alla étudier à Birmingham le fonctionnement des fabriques anglaises et revint en créer une. dans cette ville. La fabrication des plumes a eu pour conséquence celle de la fabrication des porte-plume et des crayons.
- C’est parce que les paysannes du Pas-de-Calais filaient adroitement la quenouille que l’industrie du tulle et de la dentelle mécanique est florissante à Calais.
- C’est tout à fait par hasard que Morez est devenue la ville de l’horlogerie, de la lunetterie et de l’émaillerie.
- Vers l’an 1660, le gardien du couvent des capucins de Saint-Claude,étant à Morbier, demanda au curé si, parmi les ouvriers du pays, il n’en serait pas un capable de réparer l’horloge de son couvent qui était dérangée. Le curé le conduisit chez un forgeron, nommé Mayet, qui passait pour un ouvrier très
- habile. Celui-ci répondit qu’il fallait voir la pièce. Construite en bois, vieille et usée, elle ne pouvait plus se réparer. Mayet la copia parfaitement et en fît une semblable en fer qui réussit. Ce succès l’enhardit pour faire d’autres horloges sur ce modèle. Secondé par ses frères, il livra bientôt au public un grand nombre de pièces de sa fabrication et créa dans son pays l’industrie qui n’a cessé depuis de l’enrichir.
- De même, c’est un homme, Hyacinthe Cazeau qui établit au hameau des Rivières le premier atelier de lunetterie. D’autres ateliers ne tardèrent pas à s’établir aux Arcets et à Morez : la lunetterie morézienne était née.
- Une industrie a souvent pour conséquence la naissance d’une autre industrie avec laquelle elle a des points communs. C’est ainsi qu’est née en 1755 l’émaillerie morézienne parce que les négociants de Morez trouvaient trop chers les cadrans venus du Locle et de la Chaux-de-Fonds. Ils décidèrent un fabricant du Locle, David Henri Huguenin, à venir se fixer au milieu d’eux pour y faire des adeptes.
- Une autre conséquence de la fabrication de l’horlogerie, c’est l’implantation de l’industrie lapidaire à Saint-Claude.
- Les horlogers du Jura fabriquaient de minuscules pierres dures, percées d’un trou, comme contre-pivots. Vers 1735, Michaud, du hameau de Thoramy, eut l’idée de façonner ces pierres, au moyen d’un petit tour de son invention, puis il tailla des facettes sur des boules de verre. Les bijoutiers s’intéressèrent à ces pierres brillantes, et l’industrie de la lapidairerie se développa autour de Septmoncel, puis à Saint-Claude.
- Quelquefois la relation de cause à effet est plus compliquée à établir. Qui irait penser que c’est parce que les moines de l’abbaye de St-Claude tournaient des grains de chapelet en buis, que St-Claude a une manufacture de tabac et d’ébonite ? Et pourtant la chaîne est facile à établir. Autour de cette abbaye de nombreux artisans vinrent travailler le bois et fabriquer des robinets, des jeux de quilles, etc. Lorsque le tabac fit son apparition, tous ces tourneurs sur bois essayèrent de faire des foyers pour le tabac avec du bois de merisier, d’alisier, qui furent peu appréciés. En 1854, un négociant du Midi suggéra l’emploi de la bruyère. Exécuté dans les débuts sur le tour au marchepied et à la main, le travail devint bien vite mécanique grâce aux usines hydrauliques.
- En 1878 une maison anglaise utilisa l’ébonite : les Allemands s’emparèrent de cette idée. Saint-Claude devint tributaire de l’Allemagne pour l’ébonite jusqu’au jour où se créa dans cette ville une manufacture d’ébonite.
- Comment Oyonnax est-elle devenue la ville de la matière plastique? C’est parce qu’elle fabriquait le peigne. Le peu de fertilité du sol de la vallée incita de bonne heure le paysan de ce coin du Jura à tirer parti du bois de ses forêts. Comme à Saint-Claude, ilcréades scieries et s’orienta vers la boissellerie, la fabrication de la pipe, du robinet et de la cabine d’horloge, mais il eut l’idée d’ajouter à ces diverses fabrications celle du peigne. Dès le xiv® siècle, on vit apparaître le travail du peigne, en buis, puis en orme. Vers le xviii' siècle, on fabriqua le peigne en corne. En 1896, les frères Hiatt inventèrent le celluloïd. Oyonnax en fabriqua pour ses peignes et les ateliers se développèrent. Puis apparut la caséine formolée : galalithe, lactolithe etc... nouvel essor. La découverte de ces produits développa de nouvelles industries : barrettes, épingles, faux cols en celluloïd. Conséquence : on se mit à fabriquer du linge, des boutons, fermoirs de sac, poignées d’ombrelles, de parapluies, de cannes, des porte-plume à réservoir, etc...
- Entre les vallées de la Somme et de la Bresle est le centre métallurgique du Vimeu et' de sa serrurerie.
- p.81 - vue 85/602
-
-
-
- L’origine de cette industrie est dans une horlogerie, qui était jadis très florissante au delà de la Bresle, dans le gros bourg normand de Saint-Nicolas-d’Abermont. Ces horlogers du xvie siècle qui adjoignirent à leur fabrication celle des serrures venaient des Flandres, amenés par l’immigration espagnole.
- Dans la première moitié du xxxe siècle, il se créa dans le Vimeu de petites fabriques spécialisées dans les cylindres cannelés pour filatures.
- Cette industrie disparut vers 1860 et sa main-d’œuvre se répartit sur la serrurerie, dont l’évolution devint rapide vers la fin du siècle.
- A côté des usines de serrurerie, s’en créèrent d’autres qui avaient pour objet la construction des pièces accessoires dont elle avait besoin : fonderies de cuivre pour les pièces en laiton ou en bronze, telles que fouillots, canons et caches centrées entrant dans la composition des serrures; fonderies de fonte malléable pour la fabrication des clefs et pièces intérieures; usines de décolletage pour la fabrication des vis, filières et autres petites pièces. Avec le temps, de nouvelles usines de petite mécanique cessèrent d’être tributaires de la serrurerie et portèrent leur activité sur d’autres branches : cuivrerie de bâtiment, robinetterie d’eau et de gaz, fonte malléable, décolletage de précision pour toutes les industries, fabrication de cadenas, paumelles, cofl'res-forts et coffrets, moufles, sécateurs, petit outillage, telle est l’industrie si particulière de Vimeu.
- A quelque chose malheur est bon. Le phylloxéra est la cause indirecte de la création de l’industrie de la caséine dans les Charentes. A la suite de l’envahissement des vignes par le phylloxéra, les Charentes se consacrèrent à la beurrerie et à la fromagerie. Entre 1900 et 1905 la caséine du lait a pris grande importance industrielle par son emploi dans la fabrication de différentes matières plastiques nommées galalithes.
- C’est à la guerre de 1870 et au traité de Francfort que Metz doit son industrie des confitures. Un célèbre restaurateur
- messin, Moitier, digne émule de Vatel, vit avec désespoir qu’il allait être privé des conserves de légumes qu’il recevait régulièrement de France. Il décida de mettre en conserves les primeurs exquises de la banlieue messine; des primeurs il s’attaqua aux fruits des coteaux de Moselle, aux mirabelles dorées, aux quetsches savoureuses, puis ce fut le tour des viandes et du gibier : une importante industrie était créée.
- C’est une brouille entre un évêque et une corporation qui provoqua l’exode des couteliers de Langres à Nogent-en-Bassigny qui est, avec Thiers, la véritable ville de la coutellerie.
- Dès 1328, il y eut des couteliers à Langres. Au xve siècle 24 maîtres couteliers y étaient réunis en une corporation dont les statuts avaient été approuvés par Charles VIL A la suite d’un différend entre la corporation et l’évêque, les artisans vinrent s’établir à Nogent sous la tutelle du seigneur du pays. Au xvin8 siècle, àla suite d’un litige survenu entre les habitants de Langres et les couteliers restés à Langres, ceux-ci allèrent rejoindre les descendants de ceux qui avaient fait le premier exode. Il y a donc depuis le xvm8 siècle à Nogent-en-Bassigny une coutellerie qui est toute la coutellerie de la Haute-Marne. Seule, une vieille habitude fait croire que la coutellerie est à Langres. Il reste à Langres deux maisons qui ont leur centre d’achat à Nogent. C’est cette survivance qui est la cause de l’erreur.
- Nogent est spécialisé en article fini de demi-luxe; Thiers, dans l’article populaire : couteaux, instruments de chirurgie, outils de manucure, lames de rasoir.
- Il est certainement d’autres exemples curieux d’industries nées en des endroits particuliers : fabriques de chapelets à Saumur, de parchemin à Saint-Front, de cannes à Entre-deux-Guiers, de queues de billard à Hormes, de filières à Trévoux, travail de la corne à la Bastide d’Iiers. Quelle en est la cause? Mystère apparent, presque toujours éclairci par des raisons historiques. Jean Hesse.
- PRESTIDIGITATION
- LE KIOSQUE DU MYSTÈRE
- Voici un joli truc d’illusion bien présenté et qui repose sur une idée assez nouvelle. Au lever du rideau, on aperçoit sur la scène un très élégant kiosque peint et décoré de nuances légères. Ce kiosque est élevé de 1 m 50 au-dessus du sol au moyen d’une tige centrale.
- L’opérateur entre en scène et montrant le kiosque, il explique que ce petit monument très joli comme décoration est surtout curieux par le pouvoir créateur et annulateur qu’il possède. Avant de rendre ses spectateurs témoins de ce curieux phénomène, il désire prouver qu’il ne s’agit pas d’un truc de glace, de trappe quelconque et pour cela, il va don- Fig_ 2. _ Pian du kiosque ner toutes les garanties néces- toutes portes ouvertes.
- Fig. 1. — Plan du kiosque pivotant toutes portes fermées.
- saires. A cet effet, Fig.3. —Vued'ensemble, les douze portes ouvertes. poussant un ressort, il fait s’ouvrir les portes qui ferment le kiosque. Ce dernier étant à six pans, ce sont douze portes qui s’ouvrent entre les six colonnes légères marquant les six pans. De cette façon le kiosque est entièrement à jour isolé sur sa tige.
- Les portes sont refermées et l’opérateur, poussant légèrement l’appareil, lui fait faire plusieurs tours sur la tige centrale qui le supporte; au moyen d’un bâton, il soulève 1 ’un après l’autre les six pan-
- p.82 - vue 86/602
-
-
-
- neaux du toit qui sont très légers et indépendants les uns des autres.
- Toutes ces vérifications étant opérées, le présentateur fait encore tourner l’appareil, l’ouvre pour constater qu’il est vide, referme les portes et les rouvre aussitôt : on voit à l’intérieur une jolie danseuse. Un escalier élégant se déplie devant elle, ce qui lui permet de descendre à l’avant-scène et de faire un numéro de danse.
- Grâce à l’escalier qui se replie ensuite derrière elle, elle remonte dans le kiosque : les portes sont fermées puis ouvertes aussitôt : la danseuse a disparu. Nouvelle fermeture des portes; de nouveau un tour complet à l’appareil et la danseuse apparaît danslefonddelasalle derrière les spectateurs alors que les portes sont ouvertes de nouveau pour montrer le vide de l’appareil.
- ~.-..... 83 =
- Le truc est simple et s’explique par l’examen des figures 1 et 2. Sur les douze demi-portes qui ferment le kiosque; celle du fond à droite est un petit réduit qui tourne avec la colon-nette. Lorsque le kiosque pivote fermé, le petit réduit A est à l’intérieur du kiosque (fig. 1), lorsque ce dernier est ouvert (fig. 2) le petit réduit est à l’extérieur et il serait impossible de le prendre pour autre chose qu’une porte si on avait le temps d’examiner en détail. Les ouvertures, fermetures, rotations décrites ci-dessus empêchent toute réflexion suivie qui permettrait de deviner la vérité.
- Quant à la danseuse qui apparaît dans la salle après la disparition finale dans le kiosque qui paraît vide, c’est naturellement un « double ».
- Le prestidigitateur Alber.
- LE MOIS MÉTÉOROLOGIQUE
- MAI 1934, A PARIS
- Mois très chaud, très sec et très ensoleillé.
- La moyenne mensuelle de la pression barométrique au Parc Saint-Maur, ramenée au niveau de la mer, 764 mm 5, est supérieure de 2 mm 7 à la normale. La moyenne mensuelle de la température, 14°,7 est supérieure de 1°,2 à la normale. Ce mois se classe donc parmi les mois de mai franchement chauds. Dix journées seulement ont présenté des températures égales ou un peu inférieures à la normale. La seule période de refroidissement qui est à signaler est celle qui s’est produite entre le 14 et le 18 et qui a donné lieu au minimum absolu mensuel, 2°,6 le 18, supérieur de 0°,6 au minimum absolu moyen. Cette période de refroidissement a paru d’autant plus accentuée qu’elle a succédé à une période de trois journées très chaudes coïncidant exactement avec les Saints de Glace (11, 12 et 13 mai) pendant lesquelles s’est produit le maximum absolu mensuel, 29°,5 le 12, supérieur de 1°,5 au maximum absolu moyen de mai. On n’a remarqué aucune trace de gelée blanche au Parc St-Maur. Les chiffres extrêmes de la température, dans la région, ont été compris entre — 0°,4 à Vaucluse, le 18, et 34°,0 à lvry, le 12.
- Les 8, 15, 16, 18 et 19, on a noté un peu de gelée blanche sur divers points.
- La hauteur totale de pluie à Saint-Maur, 12 mm 8, en 8 jours de pluie appréciable au lieu de 13, nombre normal, classe mai 1934 au 3 rang parmi les plus secs observés depuis 61 ans. Le déficit pluviométrique atteint 76 pour 100. La journée la plus pluvieuse qui correspond à la date du 3 ne compte, dans le total, que pour 4 mm 9. Il n’y a pas eu une seule chute d’eau du 17 au 29. Celle du 30 n’a apporté qu’une quantité non mesurable et l’orage du 31, le seul du mois au lieu des 4 que l’on observe en moyenne, n’a donné en tout que 0 mm 8 d’eau.
- On a signalé dans la région, tous les jours, des brouillards, soit 31 jours au lieu de 14, nombre moyen. L’excès porte surtout sur les brouillards faibles, observés 24 jours au lieu de 10. Un obscurcissement s’est produit le 3 au Champ-de-Mars à partir de 8 h. 30.
- De faibles orages locaux ont été signalés les 1er, 3, 12, 23 et 31.
- On a enregistré à l’Observatoire de la Tour St-Jacques, 285 h. d’insolation, durée supérieure de 34 pour 100 à la moyenne des 40 années 1894-1933. Il n’y a eu qu’un seul jour sans soleil, au lieu de 2, nombre moyen.
- A l’Observatoire du Parc Saint-Maur, la moyenne mensuelle de l’humidité relative a été de 65,2 pour 100 et celle de la nébulosité de 50 pour 100. On y a constaté : 3 jours de brouil-
- lard, 21 jours de brume lointaine, 23 jours de rosée. Le vent y a été dominant de N.-N.-E.
- La végétation a conservé à la fin de mai la légère avance qu’elle avait prise dans les derniers jours d’avril.
- LA TEMPÉRATURE EN MAI depuis 1757 jusqu’à nos jours.
- MOIS FROIDS. Mois chauds.
- Moyennes Minima Moyennes Maxima
- mensuelles . absolus mensuelles absolus
- inférieures inférieurs supérieures supérieurs
- Années. à 1 L°5. à — 1»,0. Années. à 16°5. à 30°,0.
- 1782 10°,8 — 0o,5
- 86 0o,0 1758 18°,5
- 93 11°,2 62 17°,3 31o,2
- 1802 0o,3 66 16°,6
- 09 0°,5 71 17°,5
- 37 11°,0 80 30o,5
- 45 10°,6 81 17o,0 30o,5
- 51 llo,3 1806 17°, 1
- 74 11°, 3 — 1°,3 08 17°,5 310,7
- 76 11°,3 11 17o,l
- 77 110,0 — 0o,2 22 16°,7
- 79 10°,0 0o,2 33 17°,7
- 80 0o,5 41 16°,9 33°,3
- 83 0°,5 47 3lo,7
- 85 11°,2 — 0o,3 68 17°,9 3lo,7
- 87 11°,4 70 3lo,9
- 92 1°,3 74 31°,6
- 97 0o,0 80 32o,2
- 1902 10o,4 — lo,3 85 30°,4
- 06 0o,8 92 32o,0
- 09 —1°,4 1909 30o,2
- 10 0°,7 12 32o,5
- 12 0o,6 17 16°,5
- 22 — 0o,2 22 33o,4
- 26 0o,5
- Comme mois froids : en 55 ans, de 1782 à 1836, deux; en
- 51 ans, de 1837 à 1887, neuf, dont quatre en 6 ans de 1874
- à 1879; en 47 ans, de 1888 à 1934, un seul; comme mois chauds : en 24 ans, de 1758 à 1781, cinq, dont trois en lff ans, de 1762 à 1771; en 36 ans, de 1806 à 1841, six; en 26 ans, de 1842 à 1867, aucun; en 67 ans, de 1868 à 1834, deux seulement, mais un assez grand nombre dont la température dépassa 30°.
- Em. Roger.
- p.83 - vue 87/602
-
-
-
- CONSTRUCTION D’UN PLANEUR
- A LA PORTÉE DE TOUS
- Le vol sans moteur qui, à juste titre, prend de plus en plus d’extension, comporte deux grandes catégories : d’abord les glissades planées le long des pentes, puis le vol en altitude en utilisant les ascendances, soit nuageuses soit thermiques. Pour ce dernier genre de vol à voile, il est nécessaire de disposer d’un matériel perfectionné, coûteux et dont la construction ne peut être menée à bien que par des spécialistes expérimentés; ce n’est donc pas là le sujet du présent article.
- Bien au contraire, les descentes planées peuvent être effectuées avec des appareils de la plus grande simplicité dont l’exécution est à la portée de toute personne soigneuse. Nous allons donc essayer, dans cette courte étude, de donner les indications générales de la construction d’un planeur de ce type qui rentre dans la catégorie des biplans sans gouvernes, genre Chanute.
- Les caractéristiques d’un tel biplan que nous avons nous-même réalisé et fait voler sont les suivantes : Envergure 4 m 60; longueur 2 m 90; hauteur 1 m 20; profondeur de l’aile 0 m 95; surface 8 m210; poids 17 kg.
- Pour le construire nous nous sommes inspiré directement des plans contenus dans 1 q Manuel de construction des planeurs de l’ingénieur Sablier (d); mais nous avons fait subir à ces plans de profondes modifications, tant aux ailes qu’à l’empennage.
- CONSTRUCTION DE LA VOILURE
- Elle se compose de quatre ailes assemblées par des mâts, des croisillons et des ferrures, ainsi qu’on peut le voir sur la
- — Détails de l'aile.
- Fig. 1.
- figure 5. Chaque aile (fig. 1) est constituée de deux longerons en peuplier sec et de droit fil, maintenus rigides par trois barres de compression et deux croisillons. Les sept nervures sont de simples lattes courbées et clouées à pleine colle dans des encoches ménagées sur le longeron. Mais comme les nervures forment ressort, elles tendent à faire fléchir les longerons dans la partie centrale; c’est pourquoi il est indispensable de mettre, entre la troisième et la quatrième nervure, une corde à piano munie d’un tendeur. Ceci a le double avantage : d’abord d’éviter toute flexion du longeron et ensuite d’avoir la courbure variable au sol, ce qui permet de régler à volonté la portance de chaque aile en serrant ou desserrant plus ou moins le tendeur.
- L’entoilage se fera en toile de coton légère; le shirting est particulièrement recommandable.
- CONSTRUCTION DE L’EMPENNAGE
- L’empennage (fig. 2 et 3) est entièrement de notre conception. Il se compose d’un plan faisant avec l’horizontale un angle positif de 3°, et d’un plan de dérive. Tous ces plans sont fixes en vol et ne comportent aucune gouverne. Ils sont
- 1. Vivien, éditeur, 48, rue des Ecoles, Paris, Ve.
- reliés au fuselage par la poutre d’empennage. Cette dernière comprend trois longerons de peuplier : deux à la partie infé-
- Fig. 2. — Plan de l’empennage.
- rieure, qui sont de section circulaire et un à la partie supérieure qui, lui, est de section rectangulaire (fig. 4).
- Le système de croisillonnage confère la rigidité indispensable à cette faible ossature.
- De plus, les croisillons inférieurs permettent de modifier l’incidence médiane du plan horizontal, ce qui est très précieux pour la mise au point de l’appareil, lors des essais en vol.
- Tous les assemblages, sauf ceux des nervures, sont constitués par des équerres de contreplaqué d’okoumé d’une épaisseur de 3 milli 3. — Profil de l empennage.
- mètres, collées et
- clouées sur les deux faces des longerons et traverses.
- Fig. 4. — Sections des diverses parties.
- RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES
- La qualité des matériaux employés dans la construction a une grande importance : c’est ainsi qu’aucune pièce de bois ne devra avoir de nœuds, car il y a beaucoup de chances pour que cette partie faible se trouve juste en un endroit où l’effort est important.
- De plus, le bois devra être très sec pour éviter les déformations naturelles au séchage. La colle que l’on achète en poudre sous le nom de colle cerlus sera pré-
- Lonjj<
- A aile
- M AUpcsituf d'empannage
- »i inferieur dempennage Nervure
- p.84 - vue 88/602
-
-
-
- 85
- parée au fur et à mesure des besoins, et l’on ne devra pas utiliser une colle ayant plus de vingt-quatre heures de préparation.
- Durant toute la construction, il faudra porter la plus grande attention sur la question du poids. L’appareil que nous avons réalisé pesait 17 kilogrammes, mais il est certain que, sans nuire à la solidité, l’on peut aisément ramener ce poids à 15, voire 14 kg. Dans cet ordre de grandeur, la question du poids n’a pas grande inlluence sur les capacités de vol de la machine, mais elle agit considérablement sur la maniabilité au sol, tant au décollage qu’à l’atterrissage.
- Enfin nous recommandons tout particulièrement de soigner la question du centrage de l’appareil : il est indispensable que l’empennage soit de la plus grande légèreté; et, pour fixer les idées, il ne devra en aucun cas dépasser le poids de 4 kg. Les tendeurs seront placés vers l’avant, car il serait nuisible de multiplier leur poids par le bras de levier.
- Bien que ce genre de planeur n’ait pas de grandes capacités, pour ne pas employer le terme de performances, il faut lui reconnaître de sérieuses qualités : d’abord il est très solide, il est ensuite bon marché, et, surtout, ne nécessitant aucun
- Fig. 5. —• Le planeur vu de dessus.
- dispositif de lancement, il peut être utilisé par un amateur isolé. Jacques Face.
- LE CINÉMATOGRAPHE D AMATEUR
- Bien que de création relativement récente, le matériel cinémato graphique d’amateur n’évolue que lentement, et cela s’explique parfaitement si l’on considère que les appareils de prise de vues et de projection mettent en œuvre des principes mécaniques et optiques étudiés depuis longtemps déjà et fonctionnent d’une façon irréprochable. Les appareils de prise de vues peuvent être classés en deux catégories : ceux à chargeurs et ceux à bobines.
- Le chargeur consiste en une boîte plate en matière moulée (fig. 1) qui comporte deux alvéoles cylindriques disposés côte à côte et communiquant chacun avec l’extérieur par un couloir courbe capable de laisser passer la bande pelliculaire, mais non la lumière. Le rouleau de film est placé dans un premier alvéole, l’extrémité libre franchit le couloir, décrit une boucle extérieure, pénètre dans le second alvéole et est fixée par une bague-ressort sur un petit cylindre pouvant recevoir de l’extérieur un mouvement de rotation; c’est sur ce cylindre que le film vient s’enrouler au fur et à mesure qu’il est impressionné. Le chargeur est fermé par un couvercle métallique qui constitue l’une des faces latérales.
- La bobine est en métal et comporte de larges joues. Le film qu’elle contient est pourvu, à chacune de ses extrémités, d’une bande de papier noir de même largeur, qui est perforée de la même façon; lorsque le tout est enroulé sur une bobine, le film est parfaitement à l’abri de la lumière, ce qui permet de charger et de décharger en plein jour; par ailleurs, la bande de papier permet d’amorcer, c’est-à-dire d’attacher le film
- à la bobine réceptrice, sans aucune perte de surface sensible.
- Le chargeur a l’avantage de faciliter le chargement : avec lui, il suffit d’engager la boucle présentée antérieurement par le film entre la fenêtre d’impression et un presseur à ressort; on l’emploie dans la plupart des cinégraphes à film de 9,5 mm.
- La bobine complique légèrement le chargement : elle est néanmoins aujourd’hui très en faveur.
- Avec elle, il est possible de limiter à la section de film se trouvant dans le canal d’impression le mouvement saccadé communiqué par les griffes, la progression étant assurée, pour les autres parties, par un tambour débiteur qui agit à vitesse constante : il en résulte une plus grande fixité du film pendant la prise de vues et, par voie de conséquence, une meilleure qualité d’image. Par ailleurs, la bobine est moins encombrante que le chargeur et se prête mieux à l’emmagasinement de métrages relativement longs.
- LE MATÉRIEL POUR FILM DE 8 MILLIMÈTRES
- L’exposition de la Photographie et de la Cinématographie de 1934 a donné l’occasion de
- constater l’avance importante Fig. 2. —Ciné Kodak * Huit ». marquée par la bobine : uniquement employée, à l’origine, dans les appareils pour bandes de 16 mm, elle est maintenant utilisée dans certains modèles à film de 9,5 mm; c’est elle qui a permis à la Société Kodak d’établir un nouveau matériel, le Ciné-Kodak-Huit, qui utilise le film de 16 mm dans des conditions particulièrement économiques.
- Dans le Ciné Kodak-Huit (fig. 2), le film, enroulé sur la bobine supérieure ou débitrice, décrit une boucle à l’en-
- Fig. 1. — Chargeur pour cinéma d'amaleur.
- p.85 - vue 89/602
-
-
-
- = 86 1 = ' =
- trée et à la sortie de laquelle il est maintenu par des presseurs contre un tambour d’entraînement dont les dents engrènent la perforation. La partie médiane de la boucle passe dans un couloir où le film reçoit, de griffes latérales, un mouvement saccadé : 16 fois par seconde, la bande pelliculaire avance de la hauteur d’une image.
- Le Ciné-Kodak-Huit est pourvu d’un objectif anastigmat dont l’ouverture maximum atteint 1 : 3,5. La netteté, qui à toute ouverture s’étend de 1 m 80 à l’infini, commence à 1 m 05 à 1 : 8 et à 0 m 60 à 1 : 16. Bien entendu, l’opérateur, qui ne peut régler l’éclairement du film qu’en agissant sur le diaphragme doit, avant de manœuvrer celui-ci, consulter un tableau-guide qui lui indique si l’opération est compatible avec l’éclairage dont il peut disposer. Un compteur automatique indique à tout instant la quantité de film disponible.
- Le Ciné-Kodak-Huit est muni d’un viseur comportant une lentille carrée concave et un œilleton; pour mettre ce viseur en position de service, il suffit de relever la poignée de transport. L’appareil, très plat, est très maniable et très transportable; on le loge aisément dans une poche de pardessus.
- L’originalité du Ciné-Kodak-Huit consiste en ce que le
- Fig. 3. — Kodascope pour film de 8 mm.
- film, lorsqu’il passe pour la première fois de la bobine débitrice à la bobine réceptrice, n’est impressionné que sur la moitié de sa largeur. Lorsqu’il est entièrement enroulé, ainsi que le papier qui le prolonge, sur la bobine réceptrice, on permute les deux bobines et on travaille sur l’autre moitié de la largeur. Finalement, toute la partie utilisable du film est impressionnée, les images de chacune des deux séries se trouvant côte à côte et tête-bêche. Ce film, qui a une longueur de 7 m 50, est pourvu d’une perforation dont le pas est exactement la moitié de celui de la perforation adoptée pour le film ordinaire de 16 mm; de la sorte on peut, lors du traitement chimique et du séchage, le faire passer dans les machines spécialement créées pour développer et inverser le film de 16 mm.
- Après séchage, le film spécial de 16 mm est fendu en deux parties égales sur toute sa longueur et les deux fragments sont raccordés bout à bout, dans le sens convenable; finalement, on a donc un film de 8 mm de large et de 15 m de long, pourvu d’une perforation unilatérale, sur lequel sont enregistrées près de 4000 cinégraphies ayant 3,8 mm X 5. Grâce à une nouvelle émulsion panchromatique d’une finesse extrême, rendue anti-halo par application d’une couche
- manivelle
- Fig. 4. — Ciné Nizo 9 1/2 K.
- dorsale noire, les images sont à la fois claires et brillantes en même-temps que d’une netteté remarquable.
- La Société Kodak a créé, pour la projection de ce film, de nouveaux Kodascopes capables de recevoir des bobines de 60 m, correspondant à une durée de projection de l’ordre de 20 minutes. Dans ces projecteurs comme dans ceux pour film de 16 mm, le passage de la bande est assuré par deux tambours débiteurs qui lui impriment un mouvement continu, le déplacement par saccades de la section qui traverse le couloir de projection étant provoqué par des griffes ainsi qu’il est d’usage.
- Les Kodascopes pour film de 8 mm fonctionnent au moyen d’un moteur électrique et peuvent, par un réglage très simple, être adaptés à tout courant dont la tension est comprise entre 110 et 250 volts.
- Il existe deux Kodascopes pour film de 8 mm : l’un (fig. 3) est pourvu d’urxe lampe de 100 w alimentée sous 100 v; l’autre possède une lampe dont la consommation est la même, mais dont le filament, très court, chauffé sous 32 v, donne une lumière beaucoup plus vive, suffisante pour éclairer convenablement un écran de 1 m 50 de large.
- LE MATÉRIEL POUR FILM DE 9,5 MILLIMÈTRES
- Nizo présente un nouvel appareil de prise de vues, le 9 1/2 K (fig. 4) dans lequel l’entraînement est assuré par un mécanisme analogue à celui que l’on rencontre dans les ciné-graphes de 16 mm; ce système, basé sur l’emploi de bobines évite pratiquement tout risque de « bourrage » du film.
- Le 9 1/2 K utilise des bobines de 15 et de 30 m; le ressort moteur peut entraîner 7 m 50 de film lorsqu’il a été remonté à fond. Le mécanisme du ciné Nizo 9 1/2 K peut fonctionner à toute allure comprise entre 8 et 64 images par seconde; il permet donc de prendre à volonté des vues accélérées, normales ou ralenties. Une manivelle amovible donne la faculté de faire des prises vue par vue, ce qui facilite l’exécution des titres.
- Il existe de ce modèle une
- Fig. 5.
- Ciné Kinecam pour film de 16 mm.
- p.86 - vue 90/602
-
-
-
- 87
- variété pourvue d’un revolver à trois objectifs permettant de changer instantanément la distance focale, d’adapter l’angle de champ à l’étendue de la scène à cinématographier sans avoir à déplacer l’appareil.
- Nizo a également présenté un nouveau projecteur très bien conçu dont le mécanisme est rendu silencieux par l’application d’engrenages hélicoïdaux, et qui comporte un système d’entraînement interchangeable permettant de projeter à volonté des films de 8 mm, de 9,5 mm ou de 16 mm. Ce projecteur peut, suivant la surface de l’écran à éclairer, être équipé avec une lampe de 250, 375 ou 400 w. Bien entendu, il ne faut pas lui demander de projeter des films de 8 mm avec la même luminosité que des bandes à images plus grandes.
- Le Filo s’est légèrement perfectionné; il est maintenant muni d’un nouveau condensateur dont l’une des lentilles, en verre très légèrement bleuté arrête la plupart des radiations calorifiques.
- Nous rappelons que cet appareil particulièrement intéressant admet les films de 9,5 mm et de 16 mm; un adapteur pour film de 8 mm est d’ailleurs en préparation.
- Fig. 6. — Ciné Super-Kinecam (16 mm.)
- LE MATÉRIEL POUR FILM DE 16 MILLIMÈTRES
- Lorsque l’on est à même de faire passer au second plan la question du prix de revient, le film de 16 mm est préférable.
- Nous citerons, parmi les appareils de prise de vues permettant l’emploi de ce film YEnsign Kinecam (fig. 5) qui admet les bobines de 15 m et peut en dérouler 7 m avec un seul remontage du ressort moteur. Ce cinégraphe peut travailler à volonté à la cadence de 16 ou de 8 images par seconde; on obtient, à cette dernière allure un effet d’accélération qui, en certains cas, est des plus curieux.
- Un autre modèle, beaucoup plus complet, le Super-Kinecam (fig. 6) admet les bobines de 15 et de 30 m, possède cinq vitesses : 8, 12, 16, 32 et 64 images par seconde et est pourvu d’un revolver sur lequel peuvent prendre place trois objectifs de distances focales variées. Ce cinégraphe est également muni d’un viseur spécial comportant trois optiques à substitution instantanée, de sorte que l’on peut toujours délimiter très
- Fig. 7. — Projecteur Ensign. 100 B. pour film de 16 mm.
- exactement le champ couvert, quel que soit l’objectif utilisé; signalons qu’un dispositif prismatique spécial corrige exactement le parallaxe entre l’objectif et le viseur, ce qui présente un intérêt certain sur un appareil dont l’échelle de mise au point descend jusqu’à 30 cm.
- Les objectifs ont diverses distances focales comprises entre 20 et 100 mm; il existe également des télé-objectifs; certains de ces derniers ont une distance focale de 305 mm. Si l’on considère comme normal le foyer de 25 mm, ceux de 10 et de 305 mm procurent respectivement des amplifications de 4 et de 12 fois.
- Le projecteur Ensign 100 B (fig. 7) est caractérisé par une présentation originale : il fait corps avec son coffret, ce qui facilite le transport et réduit au Fjgr. S. — Projecteur à grande puissance minimum les opé- Ampro.
- rations accessoires.
- Lorsqu’il est fermé, cet appareil a l’aspect d’un phonographe portatif. Il suffit d’un seul mouvement pour mettre les deux bras porte-bobine en position de travail; ils se rentrent, après usage, avec la même facilité. Une soufflerie puissante et silencieuse assure, dans d’excellentes conditions le refroi-dissement de la lampe, du moteur et du film; on peut, sans le moindre risque, arrêter le film pendant la projection.
- Signalons enfin un
- p.87 - vue 91/602
-
-
-
- 88
- projecteur à grande puissance, VAinpro (fig. 8) ; son mécanisme, silencieux, est combiné de façon à assurer automatiquement le rebobinage : il suffit d’appuyer sur un bouton pour provoquer le retour rapide du film à sa bobine de départ.
- L’Ampro est équipé d’une lampe spéciale de 400 \v à deux rangs de filaments qui permet d’obtenir, aux plus grands rapports, une projection d’une intensité incomparable, totalement exempte de scintillement, même lorsque le mécanisme tourne au ralenti.
- LE MATÉRIEL POUR FILM DE 17,5 MILLIMÈTRES
- Le film de 17,5 ne fait pas, comme on pourrait le croire, double emploi avec celui de 16 mm. Grâce à une heureuse disposition des perforations, la surface sensible est beaucoup mieux utilisée; sur la bande de 16 mm, les images ne mesurent que 7,5 X 10; sur celle de 17,5, elles atteignent 9 X 13: l’augmentation, si elle n’est que de 10 pour 100 sur la largeur du film est de 50 pour 100 sur la surface de l’image.
- Le film de 17,5 est, aussi bien en ce qui concerne la dimension de l’image que le pas de la perforation et la largeur de la
- bande, un sous-multiple du film normal de 35 mm; on peut par conséquent utiliser pour le développement et, le cas échéant, pour le tirage des bandes positives, les machines spécialement établies pour le traitement du fi 1 m de 35 mm.
- C’est là une facilité qui a une très heureuse influence sur le prix de revient.
- Le format de 17,5 a été créé par la maison Pathé, surtout pour permettre au ciné de pénétrer dans les localités où l’exploitation du film normal ne serait pas rémunératrice.
- Fi y. U. — Soufflet Parasol-Ci néatn. La chambre de prise de
- vues est, à peu de chose près, semblable à la « mo-tocamera » Pathé-Baby. Au projecteur muet Pathé-rural du début, vient de succéder un modèle tout différent : le Pathé-Natan 175, qui est parlant. Avec les moyens actuels, l’enregistrement du son sur le film n’est pas à la portée de l’amateur, mais on trouve en location des réductions en largeur de 17,5 d’un grand nombre de films parlant de 35 mm.
- Le Pathé-Natan 175 comporte deux parties essentielles : d’une part le projecteur proprement dit comprenant le dispositif d’éclairage et le mécanisme d’entraînement ; d’autre part le bloc de lecture et d’amplification du son.
- L’éclairage est fourni par une lampe tubulaire de 140 w à axe horizontal ; une turbine assure une énergique ventilation de la lampe.
- Le mécanisme d’entraînement présente une intéressante particularité : la griffe pousse le film au lieu de le tirer, ce qui
- a permis de faire fonctionner les divers organes de transmission dans un bain d’huile.
- Le film de 17,5 comporte, lorsqu’il est muet, une perforation bilatérale; lorsqu’il est parlant, une perforation unilatérale. La masse à entraîner étant quatre fois moindre que dans le cas du film de 35 mm et la vitesse linéaire étant deux fois moins grande, aucun inconvénient ne résulte de cette disposition qui, par ailleurs, a permis de ménager une piste sonore de 1,8 mm. A capacité égale, cette piste est moitié moins longue que celle du film normal : elle se prête à l’enregistrement de toutes les fréquences inférieures à 6000 périodes par seconde; c’est dire qu’elle est bien supérieure à la piste sonore du film de 16 mm. Autre avantage : elle est aussi large que la piste du film normal, ce qui lui permet de donner la même intensité sonore avec la même amplification, sans que l’on risque, par conséquent, de produire un bruit de fond gênant.
- On sait que la lecture du son est faite par une cellule photoélectrique recevant, à travers les dents ou les stries de la piste, la lumière d’une lampe excitatrice réduite par un système optique et une fente à une ligne extrêmement fine. Ici, c’est la lampe de projection qui joue le rôle d’excitatrice. La lumière est projetée par un objectif dont le foyer est de 6 mm sur une fente très étroite dont l’image réduite atteint la piste sonore; la lumière est ensuite réfléchie par un miroir concave sur une cellule au cæsium. Il importe que le film reste, devant la fente, toujours'rigoureusement à la même cote; ce résultat est obtenu grâce à un dispositif qui rétrécit le passage du film, oblige celui-ci à s’incurver de part et d’autre de son axe et le met en état d’adhérer parfaitement, malgré le débord de la piste, à un galet régulateur monté sur pointes et pourvu d’un volant.
- LES ACCESSOIRES
- Comme accessoire utile à la prise de vues, nous signalerons lé soufflet-parasoleil Cinéam (fig. 9) qui rappelle ceux utilisés par les professionnels et permet de réussir les contre-jours les plus hardis. Ce dispositif peut d’ailleurs recevoir des filtres colorés, de grands caches, un iris réglable pour réalisation de fondus, en somme tout ce qui est nécessaire pour pratiquer des truquages.
- L’écran pour projection s’est notablement amélioré; jadis on n’utilisait guère que l’écran de tuile blanche, par la suite on a eu recours aux écrans métallisés et- à ceux de papier blanc, on en est maintenant à l’écran « diamanté » Atlanta. Il s’agit d’une surface blanche recouverte d’une couche de verre pilé; cet écran est nettement supérieur aux autres.
- Par ailleurs, l’écran se présente aujourd’hui sous une forme beaucoup plus pratique que par le passé : la surface tendue entre deux rouleaux dont l’un devait être suspendu fait place à l’écran en coffret prismatique que l’on met simplement sur un support quelconque, sur une table par exemple, au moment de l’emploi. Il suffit de tirer de bas en haut le couvercle qui forme l’un des côtés du prisme et aussitôt l’écran se dresse, vertical et bien tendu. Lorsque la séance est terminée, on roule l’écran dans son coffret, simplement en ramenant le couvercle de haut en bas jusqu’à fermeture. Il semble difficile de concevoir un écran plus pratique. Ce type d’écran se fait en toile blanche, en toile métallisée et en toile diamantée.
- André Bourgain.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- ENTRETENONS NOS GOMMES A EFFACER
- L’emploi des gommes à effacer se justifie par leur aptitude à fixer toutes les impuretés qu’elles rencontrent, en particulier le graphite des crayons, il est donc tout naturel qu’elles fixent également
- toutes les poussières, de sorte qu’au lieu de nettoyer la feuille de papier, elles la salissent malencontreusement.
- Le remède heureusement est très simple, puisqu’il suffit de savonner quelques minutes, puis de bien rincer la gomme souillée; immédiatement, elle recouvre ses propriétés primitives et peut faire un nouvel usage jusqu’à usure complète.
- p.88 - vue 92/602
-
-
-
- LIVRES NOUVEAUX
- L’univers en expansion, par Sir 4rthur Eddington, traduit de l’anglais par J. Rossignol. 1 vol., 166 pages. Hermann et Cie, éditeurs. Paris, 1934. Prix : 15 fr.
- Nous avons signalé l’apparition de l’édition originale. Le célèbre professeur de Cambridge y montre comment les observations de Ilubble sur les nébuleuses éloignées, interprétées à la lumière de la théorie de la relativité, ont fait naître la nouvelle conception de l'univers en expansion. Chemin faisant, il aborde quelques-unes des questions les plus profondes et les plus difficiles que la science moderne pose à la métaphysique. Ce sujet d’apparence si ardue est traité avec un extraordinaire brio, et d’une façon si lumineuse que le lecteur le moins préparé a l’impression de comprendre. 11 faut remercier M. Rossignol d’avoir rendu la lecture de ce beau livre accessible au public français; sa traduction n’a pu conserver tout l’éclat du style de l’original, mais elle est élégante et fidèle.
- Rayons cosmiques ; aspect des phénomènes et méthodes expérimentales, par L. Leprince-Ringuet. préface de Maurice de Broglie. 1 broch., 46 pages, 16 fig., 4 pl. hors texte. Hermann et Cie. Paris, 1934. Prix : 15 fr.
- De découverte récente, ces rayons cosmiques d’une prodigieuse énergie dans lesquels nous sommes plongés constituent l’un des plus extraordinaires phénomènes révélés par la physique contemporaine. Les mystères de leur origine et môme de leur nature ne sont pas encore élucidés. L’auteur à qui l’on doit de beaux travaux sur la question expose ici, avec une parfaite clarté, les théories proposées ainsi que le principe des méthodes d’investigation aujourd’hui employées et il résume les faits essentiels actuellement acquis.
- La notion de corpuscules et d’atomes, par P. Lan-gevin. 1 brochure, 48 pages. Hermann et Cie. Paris, 1934. Prix : 12 fr.
- Cette brochure reproduit une brillante conférence prononcée le l(i octobre 1933 à la séance d’ouverture de la réunion internationale de chimie physique. L’auteur montre tout d’abord comment l’expérience de ces dernières années a imposé la notion corpusculaire pour représenter la constitution de la matière, de la lumière et de l’électricité ; il donne un aperçu des découvertes récentes de constituants nouveaux dans le domaine intra-atomique : neutrons, électrons positifs. Mais le mode de représentation des phénomènes par cette image de corpuscules ne va pas sans présenter de redoutables difficultés théoriques; l’auteur montre que celles-ci touchent aux conditions mêmes de la connaissance; jetant un coup d’œil sur les mécaniques nouvelles, créées pour concilier les notions d’ondes, de corpuscules, de cpianta, il s’arrête au fameux principe d’indétermination de Iieisenberg, sur lequel certains s’appuient aujourd’hui pour proclamer la faillite du déterminisme scientifique. M. Langevin garde au contraire une foi ardente dans le déterminisme; il en proclame ici les raisons.
- Le « pipe line » sous les murs de Ninive, par Victor Forbin, 1 vol., 286 pages. Editions Baudinière, Paris. Prix : 12 fr.
- Nos lecteurs n’ont pas oublié les beaux articles de M. Forbin, parus ici même, sur le pétrole de l’Irak. Notre collaborateur y résumait une documentation recueillie sur place, pendant un voyage au cours duquel, tantôt en avion, tantôt en automobile, il suivit à l’aller comme au retour tout le trajet du pipe line, au Nord à travers les montagnes de Syrie et le désert de sable, au sud après un crochet sur Bagdad, à travers le désert de laves et la Palestine. Voici le récit complet de ce voyage : narration animée et pittoresque, souvent relevée d’une pointe d’humour, elle fait défiler devant nous de sauvages et grandioses paysages, des ruines classiques et majestueuses comme Pal-myre et Balbeck, et d’autres moins connues comme Djerasa, ou mystérieuses comme cet Oum el Djemmal, cité morte en plein désert (le Tranjordanie. Sur ces terres chargées de souvenirs et de vestiges de civilisations successives s’écrit aujourd’hui un nouveau chapitre d’histoire : la pose de près de 4000 kilomètres de tubes d’acier entre le Tigre et la Méditerranée est une épopée industrielle dont l’auteur, avec beaucoup de talent, fait ressortir l’audace et la grandeur.
- La lutte contre le bruit. (Études entreprises sur les matériaux dits insonores, sous les auspices du Touring Club de France, avec la collaboration du Laboratoire d’Essais du Conservatoire national des Arts et Métiers.) 1 brochure, 102p., 15 fig., 9 tableaux et 1 plan hors texte. Édité par la « Revue mensuelle de la Chambre syndicale des Entrepreneurs de Maçonnerie, ciment et béton armé delà Ville de Paris et du Département de la Seine ».
- En 1930, le Touring Club constituait une commission chargée d’étudier les moyens propres à enrayer ou à supprimer les causes de bruits inutiles. Une sous-commission, composée de MM. Cellerier,
- Guillaume et Poirier entreprit l’étude des matériaux insonores; ses investigations conduites suivant une méthode expérimentale et avec des appareils dont on trouvera ici la description détaillée ont fourni des chiffres comparatifs intéressants qui sont réunis dans des tableaux annexes, et qui constituent de précieuses données pour les constructeurs. On lira en outre avec intérêt le judicieux rapport de M. Guillaume sur la lutte contre le bruit dans les hôtels.
- Petit traité pratique et théorique du tannage au Chrome, par le Dr G. Grasser, traduit par G. Marmiesse et M. Dietz. 1 vol., 246 pî.,43 fig. Gauthier-Villars, 1934. Prix : 40 1T.
- Le tannage au chrome a pris en ces dernières années une place prépondérante dans l’industrie des cuirs; aussi a-t-il fait l’objet de nombreuses recherches aussi bien théoriques que pratiques. Le présent ouvrage a le mérite d’exposer l’état actuel de cette importante question en tenant compte des travaux récents. 11 comporte deux parties bien distinctes : la première est consacrée aux questions théoriques, la seconde aux applications pratiques. Dans la première partie sont étudiés : l’action des composés du chrome sur la gélatine et la peau en tripes, I es facteurs ayant une influence sur l’action tannante des sels de chrome; la chimie des sels de chrome y est résumée; on y trouve enfin un intéressant historique du tannage au chrome. La seconde partie expose la technique du tannage au chrome et constitue pour le praticien un guide parfaitement documenté.
- Comptes rendus des journées d’agronomie coloniale, tenues à Bruxelles les 23-24 juin 1933. 1 vol. in-8, 538 p., fig. Duculot, Gembloux, 1933. Prix : 50 fr belges.
- Le merveilleux développement agricole du Congo belge est ici traité sous ses divers aspects et forme une leçon magistrale concernant les cultures coloniales et les problèmes économiques tropicaux. 58 rapports ont été présentés et discutés touchant à toutes les questions : développement et évolution de l’agriculture et des stations de recherches au Congo belge, activité de la régie des plantations, bilan scientifique, avenir des entreprises agricoles, introduction des engrais, etc.; main-d’œuvre et outillage; amélioration des plantes économiques tropicales (sélection du palmier à huile, du coton, du caféier, de la canne à sucre); le sol et les cultures (café, elaeis, plantes à parfum, plantes médicinales, cacaoyer, coton, canne à sucre); les forêts (rapports entre la forêt et l’agriculture; la forêt du Ruanda-Urundi; étude anatomique des essences; étude chimique de quelques produits forestiers); la zootechnie coloniale (amélioration du cheptel bovin; le mouton à laine et le contrôle lainier; laiterie tropicale); la phytopathologie et l’entomologie coloniales; la météorologie (formule climatique du Katanga, organisation du service météorologique au Ruanda-Urundi, bioclimats et microclimats de la haute montagne en Afrique centrale), etc.
- The souther n sea-lion. Otaria byronia (de Blain-ville), par J. E. Hamilton. 50 p., 7 fig., 13 pl. Prix : 12 sh.
- On a new species of mite of the family Halara-chnidae from the souther n sea lion, par Susan Finnegan. 10 p., 12 fig. Prix : 2 sh. 6 d.
- Scqphomedusae, par G. Stiasny. 68 p., 11 fig., 2 pl. Prix: Il sh.
- Discovery Reports,. Vol. VIII, in-4. Cambridge Univeisity Press, 1934.
- Le lion de mer de l’océan austral est bien connu des zoologistes et des anatomistes, mais il a été bien peu observé vivant. Les expéditions de la Discovery ont permis de noter son habitat, ses mœurs, son comportement, sa reproduction, ses migrations, la durée de sa vie, ses parasites, ses causes de mort, sa vitesse' de croissance et c’est ainsi que le mémoire de M. Hamilton apporte nombre de faits biologiques nouveaux qui constituent une vraie histoire naturelle de la plus grande des Otaries.
- M. Finnegan décrit spécialement un parasite nouveau de ce lion de mer qui s’accroche sur la peau.
- La très riche collection de Scyphoméduses des mers du Sud recueillie par les expéditions anglaises a permis au conservateur du musée de Leyde de reprendre l’étude de certaines espèces peu connues, de discuter leur systématique et leur répartition en surface et en profondeur et de rectifier certaines conclusions des travaux antérieurs récents.
- Guide de l’Harmas de J.-H. Fabre à Sérignan.
- 1 broch. in-8, 16 p., fig. En vente au Muséum national d’Histoire naturelle et à l’Harmas de Sérignan.
- On sait que la demeure de Fabre est devenue propriété nationale et a été attribuée au Muséum qui conserve la maison, les souvenirs, le jardin du grand naturaliste. Pour les visiteurs, M. Berland vient d’écrire ce guide; ils y trouveront leur route depuis Orange et ce qu’il faut savoir de Fabre pour évoquer pleinement son génie.
- p.89 - vue 93/602
-
-
-
- NOTES ET INFORMATIONS
- PHYSIQUE INDUSTRIELLE Préparation industrielle du krypton et du xénon et applications à l’éclairage électrique par incandescence.
- M. Georges Claude vient de présenter à l’Académie des Sciences (séance de 4 juin) une intéressante communication dans laquelle il expose l’état actuel de ses travaux sur cette question. Nous la reproduisons ci-dessous :
- « J’ai la satisfaction d’annoncer à l’Académie l’aboutissement prochain, grâce à mes collaborateurs, d’idées longtemps exprimées et poursuivies par moi, touchant la possibilité de substituer le krypton et le xénon à l’argon dans les lampes à incandescence.
- Pour arriver à ce résultat, deux ordres de travaux ont dû être poursuivis depuis de longues années : d’une part, il a fallu mettre au point peu à peu des procédés capables de produire ces gaz en quantité suffisante, malgré leur extrême rareté dans l’air, seule source actuellement utilisable; d’autre part, on a dû déterminer les conditions convenables pour la meilleure utilisation de ces gaz dans les lampes à incandescence.
- Sur le premier point, mes travaux personnels, attristés en 1926 par la mort de mon jeune collaborateur Ribaud, ont été poursuivis dans la voie que je m’étais tracée dès 1907 et qui a tout d’abord abouti à l’extraction du néon et de l’hélium. Cette voie tendait, comme on le sait, à obtenir ces corps comme simples sous-produits de l’industrie de l’oxygène et de l’azote. Après de nombreux échecs dus à des anomalies de vaporisation du krypton et du xénon liquides, j’ai dit (') comment, aidé par les travaux de M. Lepape, j’ai pu arriver à extraire couramment de nos appareils 30 à 40 pour 100 du krypton et du xénon de l’air traité.
- Avec des appareils à oxygène comme ceux de nos usines de Boulogne, traitant 3000 m~’ d’air par heure, c’est la possibilité de retirer de chacun 20 à 30 1 de krypton et 3 ou 4 1 de xénon par jour. Depuis lors, les appareils ont été améliorés : on peut compter sur des rendements de 50 à 60 pour 100.
- Ces résultats faisaient déjà entrevoir la possibilité d’un commencement de réalisation pour une suggestion formulée pour la première fois en 1918 à la Société des Ingénieurs civils (Comptes rendus de la Société des Ingénieurs civils, 1918, p. 68).
- « Si l’argon, avais-je dit, doit sa supériorité dans les lampes à incandescence à sa densité, de combien doit-il être distancé par ces autres gaz énigmatiques de l’air, ce krypton, deux fois plus dense que l’argon, et cet invraisemblable xénon qui, lui, est une fois et demie plus dense que le krypton, et à quels rendements prestigieux ne pourrait-on atteindre avec eux, si leur proportion infinitésimale dans l’air ne laissait guère d’espoir d’en fabriquer jamais de suffisantes quantités... »
- Revenant sur ce sujet dans une conférence à la Sorbonne sur la Recherche scientifique (2), je m’exprimais ainsi :
- « ... On sait qu’au lieu de s’évertuer à faire dans les lampes à incandescence le vide le plus parfait possible, on les remplit maintenant d’argon : en retardant ainsi la volatilisation du filament, on peut le pousser à une température où l’augmentation énorme du rendement lumineux compense, et bien au delà, une perte par conductibilité remarquablement faible, que l’argon semble devoir à la grosseur de ses molécules. Aussi court-il le risque d’être un jour détrôné, sinon par le xénon, trois fois plus dense ( ') mais déplorablement rare, sauf la réserve ci-dessus, du moins par le krypton, encore deux fois plus dense et autre sous-produit possible de l’air liquide. »
- Cette fois, on le voit, la possibilité pratique d’employer le
- 1. Comptes rendus, 187, 1928, p. 581.
- 2. 10 octobre 1921.
- 3. J’avais dit par erreur six fois : c’était par rapport à l’air.
- krypton est nettement admise, et je n’élimine le xénon pour cause de rareté, que sous bénéfice d’une réserve formulée ci-dessus et qui est la suivante :
- « Remarquons que la rareté actuelle d’un corps n’est pas une raison suffisante pour abandonner une conception rationnelle permise par ce corps. Un corps, généralement, n’est rare que tant qu’il ne sert à rien. Le besoin démontré, l’organe suit. Le thorium et le cérium étaient des corps rares par excellence : une des anomalies les plus étonnantes de la matière, l’aptitude merveilleuse à l’incandescence du mélange de thorine avec 1 pour 100 de cérine est découverte par Auer : bientôt, les sables monazités les fourniront à profusion. Ainsi du vanadium, du tungstène, du molybdène, réclamés par la métallurgie; ainsi de l’argon et du néon, tirés de l’air liquide; ainsi de l’hélium, tiré des gaz naturels des Etats-Unis dès que les besoins de l’aéronautique en montrent l’intérêt. »
- Ainsi l’emploi du xénon m’apparaît toujours improbable en raison de son extrême rareté, mais je fais la réserve d’une de ces surprises, toujours possibles du fait des innombrables ressources de la science.
- Or cette voie prudente s’est trouvée récemment justifiée d’une manière remarquable, grâce à cet état d’esprit conservé avec ténacité et transmis à mes collaborateurs. Non seulement le krypton sera désormais accessible dans des conditions économiques qui rendront possible son emploi dans la fabrication des lampes à incandescence, mais le xénon pourra participer à cette application dans une mesure qui rendra décisive l’amélioration obtenue.
- C’est une idée très hardie de M. Gomonet qui l’a rendue possible. Tout le xénon et tout le krypton qu’on pourrait obtenir comme sous-produits de l’industrie de l’oxygène et de l’azote sont à peu près inexistants devant l’application possible aux lampes à incandescence : le principe qui m’avait guidé doit donc être abandonné. Il faut traiter d’énormes quantités d’air spécialement pour en tirer le millionième de krypton et le dix-millionième de xénon qu’il renferme,
- Or, considérant les grands progrès que l’industrie de l’air liquide a réalisés par le perfectionnement des dispositifs de rectification (') et par l’emploi de ces régénérateurs si habilement conçus et réalisés par Frankl (2), M. Gomonet a envisagé d’amener l’air traité pour ce but, apparemment si mince, jusqu’à la température de l’air liquide. Son procédé consiste, en gros, à laver des volumes d’air considérables, amenés exactement à la température nécessaire et dans des conditions convenables, par de toutes petites quantités d’air liquide, 3 à 5 pour 100 de la masse d’air gazeux à laver. Le krypton et le xénon, très peu volatils, sont retenus.
- Des essais déjà effectués sur un petit appareil traitant 800 m'1 d’air à l’heure ont permis de recueillir plus des 2/3 du krypton et du xénon. On peut envisager comme prochaine la réalisation d’appareils traitant 100 ou 200 000 m’ d’air à l’heure, et je reviendrai ultérieurement sur cette question.
- Reste à utiliser ces gaz.
- Les premiers essais d’application aux lampes remontent à ma première réalisation de la synthèse de l’ammoniaque par les hyperpressions, aux fours à coke des mines de Béthune. C’est à cette occasion que j’ai suggéré à la Société des Applications électriques d’Arras, filiale des mines de Béthune, d’entreprendre des essais en remplissant les lampes de mines de sa fabrication à l’aide du krypton qu’à cette époque, M. Lepape était déjà en mesure de fabriquer en petites quantités par l’élégant procédé qu’il a imaginé.
- 1. Comptes rendus, 182, 1926, p. 1194.
- 2. Comptes rendus, 195, 1932, p.919.
- p.90 - vue 94/602
-
-
-
- Ces essais furent mis en route de suite.
- Le 11 juin 1923, le directeur de cette Société m’écrivait à ce propos :
- « Nous avons fait de nouveaux essais sur deux ampoules au krypton. L’une n’a rien donné de bien saillant, l’autre a confirmé les résultats de la semaine précédente, c’est-à-dire survoltage 100 pour 100 et durée de plusieurs heures sans cchaulïement appréciable, tandis que les ampoules identiques à vide, azote ou argon, survoltées dans les mêmes conditions, n’ont duré que quelques secondes. »
- Cette lettre montre que, dès cette époque, cette question avait été nettement posée par moi sur le terrain expérimental et industriel.
- Continués par M. Lepape et M. Gomonet depuis cette date, ces essais sur les lampes ont été amenés récemment à la phase décisive par André-N. Claude, dont j’ai déjà signalé les
- Fig. 1. — La plus grande photographie transparente.
- remarquables travaux sur les tubes luminescents. Habilement secondé, en particulier, par M. Gomonet fils, il a pu préciser les conditions très spéciales dans lesquelles l’usage du krypton et du xénon donne tous ses avantages, l’augmentation de rendement pour les lampes du type de 25 watts n’étant alors pas moindre de 33 pour 100.
- L’étendue de cette Note ne me permet pas plus d’entrer dans les détails sur cette question que sur le procédé de M. Gomonet. » Georges Claude.
- PHOTOGRAPHIE
- La plus grande photographie transparente.
- Le Touring Club de France possède actuellement la plus grande photographie transparente.
- Cette photographie, exécutée par M. P. Dubu e, en joli ton sépia, représente une vue de La Meije, elle mesure 3 m 35
- ............. t..............-.= 91 =
- de hauteur, sur 2 m 68 de largeur, et donne une superficie de 9 m2 de surface sensible.
- MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION Nouveaux matériaux ligneux : le Permali et le Permig.
- Le bois, l’un des plus anciens matériaux de construction, reste encore un des plus employés, et c’est justice, car il offre des qualités précieuses : sa résistance mécanique, rapportée à son poids, est très satisfaisante; de plus il est facile à travailler et se prête à toutes décorations; il est mauvais conducteur de la chaleur et du son; il offre enfin un avantage fort appréciable en beaucoup de cas : il ne se brise pas brusquement; même lorsqu’on dépasse la charge de rupture, les tronçons restent enchevêtrés et la résistance de la pièce ne tombe pas brusquement à zéro. Par contre, très sensible aux variations d’humidité, il a le défaut de changer notablement de dimensions quand le degré hygrométrique de l’atmosphère varie; enfin, autre défaut grave, il est combustible. Cependant, on ne consomme pas moins, chaque année de 739 millions de m3 de bois de construction dans le monde. La chimie moderne offre, du reste, des moyens de remédier à ces défauts du bois, tout en en conservant ou améliorant ses qualités essentielles.
- L’imprégnation du bois par les résines synthétiques connues sous le nom de Bakélite donne à cet égard des ressources précieuses qui commencent à être exploitées d’une façon industrielle.
- Nous en avons, comme exemple, les bois imprégnés fabriqués par une société industrielle de l’Est et qui, sous le nom de Permali et de Permig, reçoivent dans l’industrie des applications nombreuses et variées Ce sont des bois imprégnés en autoclave.
- Le Permali est un bois imprégné, offrant une grande résistance mécanique et de très hautes qualités d’isolement électrique, tandis que le Permig est un bois ignifugé à très grande résistance à la flamme et à la température. Tous deux sont insensibles à l’attaque de la plupart des produits chimiques, notamment des acides.
- Le Permali, offre les caractéristiques mécaniques suivantes : résistance à la rupture par flexion 1800 kg/cm2; par compression 1500 kg/cm2. C’est un excellent diélectrique : une plaque de 5 mm d’épaisseur tient, sans être perforée, plus de 40 000 v; une tige de 300 mm de longueur résiste indéfiniment à 100 000 v. En atmosphère saturée d’humidité l’isolement entre bornes distantes de 10 mm. est supérieur à 1000 mégohms.
- On emploie le Permali dans l’industriç électromécanique pour les pièces isolantes des dynamos, des transformateurs et de l’appareillage, pour fabriquer des perches et tabourets isolants, des planches de salles d’accumulateurs, etc.
- En mécanique, on l’emploie à fabriquer des engrenages silencieux, des cales amortisseuses pour moteurs à explosion, des sabres et fouets de chasse pour l’industrie textile, etc.
- Quant au Permig, il a été réalisé surtout pour constituer un matériau difficilement inflammable; voici à cet égard des chiffres éloquents : une plaque de 20 mm d’épaisseur est perforée par la flamme en plus de 20 minutes; un barreau de 20 x 20 mm de section est sectionné par la flamme en plus de 45 min. Une planche est découpée au chalumeau sans propagation de la flamme et sans point d’ignition.
- Ajoutons que le matériau garde les propriétés de résistance mécanique du bois naturel, mais ne perd pas ses qualités avec le temps, et que, de plus, il se peint et se vernit comme le bois naturel. Pour la construction des navires, des salles de spectacles, des bureaux téléphoniques, le Permig offre donc une ressource nouvelle, que doit connaître quiconque est soucieux de la sécurité publique.
- p.91 - vue 95/602
-
-
-
- INVENTIONS ET NOUVEAUTÉS
- AGRICULTURE
- Semis en lignes à profondeur variable.
- «**
- Ceux qui vantaient le semis au semoir mécanique invoquaient l’économie de semence qui est réelle, la régularité de l’épandage indépendante de l’habileté de l’homme qui est avantageuse surtout quand on n’opère pas soi-même.
- Ils vantaient aussi l’avantage de placer les graines à la profondeur idéale pour une bonne levée.
- Ce à quoi nous étions presque seul à répondre : « Vous ne savez pas d’avance quelle est la profondeur idéale. Cela dépend de la nature de votre sol au moment de semis, cela dépend de la température et des pluies qui suivront. Cela dépend un peu aussi de la vitalité de votre graine, laquelle est subordonnée à la récolte précédente, etc...
- « Donc, il y a intérêt, a priori, à ce que vos graines soient à des profondeurs variables. En fait, les semoirs sur avant-train de charrue donnent un semis en lignes assez bien réussi parce que la graine tombe sur le talus frais du sillon et s’y trouve recouverte d’épaisseur variable de terre. Toutefois un certain nombre sont perdues parce que trop profondes, ce qui n’arrive pas avec un semoir régulier.
- « A la suite d’un automne humide ou d’un hiver gélif, on s’aperçoit que les « pointes » semées à la volée dans les angles des champs préparés au semoir sont souvent plus opulentes en récolte que le semis régulier. »
- Protestation énergique des amis du semoir !
- Or on y arrive.
- Cela commence pour la betterave. Les agriculteurs beaucerons demandent aujourd’hui des profondeurs variables de 1 à 4 cm dans le même sillon.
- Pour les satisfaire, M. Doret a inventé de supporter la botte-coutre d’arrivée de la graine par une roue étoilée.
- La botte se soulève donc au passage d’une dent de l’étoile au contact du sol pour retomber ensuite. On obtient ainsi un fond de sillon ondulé dont les amplitudes sont de 1 à 4 cm. La longueur des ondes peut varier de 15 à 30 cm suivant le nombre de dents de l’étoile (4 à 6).
- M. Gougis a créé un autre dispositif où l’ondulation est obtenue par une came appliquée au rouleau fermant le petit sillon. La courbe n’est plus ici symétrique ou sinusoïdale.
- Fig. 1, — Semoir en lignes à profondeur variable.
- 1. Coutre creux recevantla graine. 2 et 3. Disque avec bêches en étoile à enfoncement limité.
- Elle forme des crochets avec enfoncement brusque. Mais peu importe.
- L’essentiel est d’avoir au moins une bonne graine placée dans les conditions optima pour l’année tous les 15 cm environ.
- Pierre Larue.
- OBJETS UTILES Le « Stop »
- Appareil pour éviter le vol des lampes électriques.
- Que faut-il pour sortir une ampoule électrique de sa douille ? Bien peu de chose. La repousser vers le fond de cette douille, la tourner à gauche, pour sortir ses ergots des encoches de la douille, et c’est tout.
- Rien donc n’est plus simple; et c’est pourquoi, dans les grands ateliers, chantiers, magasins, couloirs d’immeubles, où les lampes sont souvent à portée de la main, elles disparaissent parfois avec une rapidité, une fréquence déconcertantes, ce qui constitue, à la longue, une perte sérieuse et un grave préjudice pour le propriétaire de ces lampes.
- Il en résulte, souvent, qu’on se détermine à supprimer toutes celles dont le vol est trop facile, ce qui est par ailleurs une cause de gêne dans le travail.
- Que faut-il pour éviter ces vols? Un appareil simple, léger, d’une pose facile et rapide, d’une inviolabilité absolue, d’une durée illimitée, et... d’un prix minime.
- On a pensé à des appareils à secret ou à clé, effectivement ^0- *-Les différentes pièces
- .... . , ,, ou « Stop ».
- inviolables pour qui n a pas de-
- couvert le secret ou ne possède
- pas la clé; mais il suffit au voleur d’acheter l’un de ces appareils pour connaître le secret ou se procurer une clé, et, alors, l’inviolabilité n’existe plus pour lui.
- Le « Stop », appareil nouveau, est réellement inviolable, même pour le propriétaire des lampes qui l’a posé lui-même, et, lorsque cette lampe est usée et hors de service, il est impossible de l’enlever sans briser l’ampoule.
- Cet appareil, de plus, est d’un bon marché qui rend son emploi très avantageux.
- Il se compose de trois pièces : A, B et C, chacune de ces pièces ayant la forme d’un cylindre creux ouvert à ses deux extrémités, ou « manchon ». La pièce A est garnie de rayures circulaires intérieures en dents de scie. La pièce B, sur une longueur de 14 mm, porte 12 encoches formant des ailettes dont l’extrémité est largement évasée. La pièce C enfin, qui porte le nom de chargeur, est un simple cylindre creux.
- La pièce B — pièce à ailettes — étant complètement rentrée à l’intérieur de C ou chargeur, celui-ci est introduit à fond à l’intérieur de la pièce A. A ce moment, l’opérateur pousse la pièce B jusqu’à ce qu’elle bute sur le fond de la pièce A, puis sort le chargeur qui, à ce moment, est libéré. Le « stop » est prêt à être employé.
- Il ne reste plus qu’à l’introduire d’un côté sur la douille, à introduire la lampe à l’autre extrémité; et à fixer celle-ci comme à l’ordinaire, après quoi l’on écarte la pièce B de la pièce A.
- Les ailettes de l’extrémité de la pièce B, comprimées à l’intérieur du chargeur, ont tendance évidemment à reprendre
- p.92 - vue 96/602
-
-
-
- 93
- leur forme évasée. En sortant la pièce B de la pièce A, le plus possible, et jusqu’à ce que la partie inférieure de cette pièce vienne appuyer sur la partie renflée du verre de la lampe, la cartie évasée des ailettes glisse facilement sur les rainures circulaires intérieures en dents de scie de la pièce A, mais, en raison de la forme de ces dents, le mouvement contraire est impossible.
- Lors donc que les pièces sont écartées au maximum, de manière que l’unè repose sur la bague de la douille, l’autre sur la partie renflée du verre de la lampe, il n’est plus possible à qui que ce soit de remonter celle-ci, en comprimanl le? ressorts de la douille, pour sortir les ergots de la lampe des encoches de cette douille.
- Et l’on ne pourra le faire, la lampe usée, ou le filament rompu accidentellement, qu’en brisant l’ampoule, après quoi l’appareil pourra servir de nouveau pour une autre lampe, en le remontant, après avoir sorti la pièce B de la pièce A, à l’aide du chargeur, qui sert indéfiniment et permet de placer un nombre illimité de « stop ».
- Voilà donc l’appareil inviolable qui permettra d’éclairer sans crainte de vol les endroits plus ou moins déserts.
- d’amener les pointes 4 de ces branches dans la rainure glissière 2 et de pousser les branches jusqu’aux extrémités de la bande.
- ' A ce moment, sur chaque côté et en arrière, les pointes 4 pénètrent dans leurs logements 3, et le pare-boue est fixé.
- On l’enlève facilement en écartant les deux branches à l’aide des boutons (4, 5) et en le tirant en arrière, les pointes des branches glissant dans la rainure.
- En vente chez l’inventeur, M. Michon, 19, rue du Canada, Le Creusot (Saône-et-Loire).
- HYDRAULIQUE
- Fig. 4. — Le pare-boue.
- 4. Les trois pointes qui le fixent au talon. — 5. Boutons aidant au décrochage du pare-boue.
- En vente chez M. Louis Messaz, 4, Grande-Rue de la Guiliotière,
- à Lyon (Rhône).
- Pare-boue pour chaussures.
- Il n’est guère possible, par t emps de pluie, et surtout à la campagne, de sortir pour une course sans rentrer ci'ot-té « comme un barbet », suivant l’expression consacrée.
- Et, non seulement les chaussures sont couvertes de boue, mais encore les vêtements, pantalons, pour les hommes, jupes ou bas pour les femmes, ont pris leur bonne part de la distribution.
- D’autre part, avec des les petits graviers, en été, sont projetés par la marche à l’intérieur de la chaussure où leur présence est plus qu’indésirable.
- Ces multiples inconvénients ont vivement frappé un inventeur qui a trouvé un remède à tous ces maux : le « Pare-boue pour chaussures », qui n’est ni plus ridicule, ni plus embarrassant que les éperons des cavaliers, tout en étant, d’autre part, beaucoup moins dangereux.
- Ce pare-boue peut être, à volonté, fabriqué en n’importe quel métal : acier bruni, bronze, nickel, aluminium, métal argenté.
- Il peut être, en outre, pour homme, fait d’une simple lame de métal, et, pour femme, décoré avec motifs en relief.
- Chaque pare-boue s’adapte exactement sur une bande de métal dont il existe différents modèles pour les différentes formes de talons. Cette bande métallique (1, fig. 1) qui se fixe sur le talon, à ses extrémités et en arrière, à l’aide de pointes, est pourvue d’une rainure-glissière (2, fig. 1 jet de cavités (3, fig. 1) dans lesquelles viennent se loger les 3 pointes (4, fig. 4) fixées à l’intérieur du pare-boue.
- La bande de métal étant clouée sur le talon, il suffit, pour adapter le pare-boue, d’écarter légèrement ces deux branches,
- Fig. 3.
- Talon équipé pour recevoir un pare-boue.
- 1. Bande de métal clouée. — 2. Rainure glissière pour faciliter la pose. — 3. Trous de fixation pour les pointes du pare-boue.
- souliers bas, la boue, en hiver,
- Pompes bouées.
- La Nature a déjà signalé (n° 2860), une pompe flottante Slawig à moteur électrique, qui était construite en Allemagne. On fabrique maintenant en France une pompe-bouée électrique que nous tenons à signaler à son tour.
- C’est une sorte d’étouffoir en tôle jouant le rôle de « bouchon » flotteur. A la partie supérieure, il porte une poignée pour le porter, un trou d’aération, et une autre trou étanche pour le passage des fils souples. A la partie inférieure, une pompe rotative horizontale présente à sa périphérie des trous d’appel de l’eau « grille crépine» et un départ fileté qu’on peut raccorder à un tuyau de refoulement. L’axe vertical de la pompe se prolonge à l’intérieur du flotteur par celui du rotor d’un moteur électrique de 1/2 ch et d’une petite hélice ventilant l’intérieur du flotteur.
- Il n’y a donc aucune tuyauterie d’aspiration. L’ensemble pèse une quinzaine de kilogrammes. Il plonge dans l’eau sur les deux tiers de sa hauteur environ.
- Le constructeur indique une consommation de 6 hecto-watts-heure, mais sans indiquer la hauteur de refoulement.
- Si on ne branche pas d’autre moteur électrique, il faut pour l’actionner un compteur de 4 ampères sur 220 v ou de 10 ampères pour courant de 110 à 130 volts.
- Ces pompes flottantes permettent d’étendre les cultures maraîchères au bord des rivières. Par exemple, en Syrie et sur le Niger, on a intensifié les cultures, notamment celle du coton grâce aux moto-pompes, ce qui rend moins urgent l’établissement des canaux d’irrigation toujours onéreux de construction et d’entretien.
- P. Larue.
- Po mp e-boué e électrique Mors,
- 11, rue Petit, Cli-chy (Seine).
- p.93 - vue 97/602
-
-
-
- 94
- BOITE AUX LETTRES
- QUESTIONS ET RÉPONSES
- Enregistrement des sons sur fil aimanté.
- Le principe de l’enregistrement des sons sur fil métallique aimanté a été exposé dès 1900, et appliqué au télégraphone de Poulsen.
- Dans cet appareil, un microphone placé dans le circuit d une batterie agissait simplement sur un électro-aimant entre les pôles duquel on faisait passer un fil ou un ruban animé d’un mouvement de translation parfaitement constant; on obtenait ainsi des variations d’aimantation sur le ruban ou le fil correspondant aux vibrations acoustiques de la plaque du microphone. En choisissant convenablement la nature de l’acier employé, le magnétisme rémanent du ruban ou du fil demeurait assez intense pendant assez longtemps.
- En effectuant l’opération inverse, c’est-à-dire en faisant dérouler le ruban ou le fil enregistré entre les pôles d’un électro-aimant relié à un écouteur téléphonique, il se produisait des courants variables qui actionnaient l’écouteur et permettaient d’entendre les sons précédemment enregistrés, la vitesse de déroulement étant, bien entendu, rigoureusement la même qu’au moment de l’enregistrement.
- De plus, en envoyant le courant continu dans l’électro-aimant, et en faisant de nouveau dérouler la bande ou le fil enregistré à une vitesse quelconque, on effaçait, en quelque sorte, l’enregistrement précédent et la bande ou le fil pouvait alors servir à nouveau.
- Ces systèmes présentaient des inconvénients mécaniques, électriques et acoustiques dus à la fragilité du ruban ou du fil, à la faiblesse et quelquefois au peu de durée de l’enregistrement. L’emploi de nouveaux alliages et de dispositifs d’amplification à lampes de T. S. F. a permis d’améliorer beaucoup les résultats obtenus, bien que des appareils de ce genre ne soient pas encore très répandus.
- Nous en avons décrit des modèles dans la revue et, en particulier, dans le n° 2803.
- Vous pouvez également trouver des indications à ce sujet dans l’ouvrage Le Phonographe et ses merveilleux progrès, par P. Ilémar-dinquer (Masson, éditeur), ainsi que dans la revue Machines parlantes et Radio, 15, rue de Madrid, Paris.
- Il y a déjà quelques constructeurs d’appareils de ce genre. Nous vous signalons en particulier la Société des machines de bureau, 24, rue de l’Arcade, Paris. Réponse à M. Jacquet, à Lyon (Rhône).
- Montage d’un poste=récepteur.
- 1° L’avantage de la lampe bigrille utilisée comme détectrice à réaction consiste surtout dans la faible tension qu’on peut appliquer sur sa plaque pour obtenir un fonctionnement suffisant. Du moment que vous disposez d’une batterie d’accumulateurs de 200 volts, nous ne comprenons pas quel avantage vous pouvez trouver dans l’emploi d’une bigrille comme détectrice.
- En tout cas, ainsi que vous nous l’indiquez d’ailleurs, la lampe amplificatrice basse fréquence faisant suite à la bigrille doit être nécessairement une triode, en raison du faible pouvoir amplificateur d’une bigrille en basse fréquence. Il serait même encore préférable d’employer une pentode.
- Nous ne comprenons pas non plus pourquoi vous voulez faire suivre votre lampe bigrille montée en détectrice d’une lampe triode basse fréquence avec liaison par résistance-capacité. Ce système de liaison peut avoir un intérêt dans certains cas, mais dans celui que vous considérez il réduirait encore l’amplification. Il vaudrait donc mieux que vous utilisiez une liaison du type classique par transformateur.
- 2° Il y a des formules qui donnent tout au moins d’une manière plus ou moins approximative le coefficient de self-induction de bobinages en fond de panier et en nid d’abeilles, dont on connaît le nombre de spires et le diamètre moyen. Vous pouvez consulter à ce sujet l’ouvrage La Pratique radioélectrique, par P. Hémardinquer (Masson, éditeur).
- Pour calculer, en particulier, le coefficient de self-induction L de bobines en fond de panier comportant un nombre de spires n, R étant le rayon de la spire moyenne, on peut utiliser la formule suivante :
- 2 n2 R
- L =:------- en microhenrvs.
- 100
- Pour les bobines en nid d abeilles, si n est le nombre total des spires, R le rayon de la spire moyenne, L la longueur d’enroulement de la
- bobine et h son épaisseur parallèlement à l’axe, on peut adopter la formule suivante :
- , 0,315 R2 n2
- l- — •,——--------—des longueurs étant en cm.
- 0 P, + 9 1 + 10 h
- Réponse à M. Henri IIendriex, à Louvain (Belgique).
- De tout uu peu.
- M. Bloch-Laffon. — Pour les cultures des champignons, voir La Nature, n° 2837, 15 juillet 1930. — On peut acheter du blanc aux adresses suivantes : Service des blancs, 84, rue de Crimée; Quart de Lune, 8, rue de la Cossonnerie, Paris.
- IVI. Bordier, à Paris. — On peut donner aux moulages en plâlre plus de dureté en se servant pour le gâchage d’une solution de sulfate de zinc neutre à 8 ou 10° Baumé.
- Une addition de colle forte légère et tiède améliore encore la résistance, mais la prise est tant soit peu retardée.
- M. Bacchiana, à Tonnerre. — Pour enlever les taches d'huile de vaseline sur vos plans, il vous suffira de les baigner dans de l’essence de pétrole de bonne qualité ou mieux encore dans de la gazoline (éther de pétrole) en vous servant d’une grande cuvette photographique que vous couvrirez d’un carton pour empêcher l’évaporation, puis après égouttage faire sécher librement à l’air .
- N. B. — Eviter soigneusement pendant ces manipulations d’avoir à proximité une lampe allumée ou un foyer quelconque à cause de l’extrême inflammabilité des solvants, autrement dit faire de préférence ce travail pendant le jour et au dehors.
- IVI. Arabi-Verdera, à Hiza. — 1° Nous avons donné des formules de colles pour reliure dans les noS 2882, page 519 et 2896, page 46, veuillez bien vous y reporter.
- 2° Les toiles dent, vous parlez sont préparées avec de l'huile de lin rêsinifiêe, l’étendage régulier nécessite tout un appareillage industriel, c’est dire qu’une semblable fabrication n’est pas à la portée de l’amateur.
- 3° Vous recollerez facilement les morceaux d'un objet en bakélite, en vous servant tout simplement de la cire à cacheter.
- 4° L’addition de glycérine à la colle forte n’est pas à recommander, car son pouvoir hygrométrique empêcherait la colle de sécher.
- M. Laborde, à Peau. — A notre grand regret nous ne pouvons entreprendre de mettre au point des fabrications commerciales, tout ce que nous pouvons faire est d’orienter les chercheurs en leur laissant effectuer le travail personnel que nécessitent leurs réalisations.
- M. Wuilliamier, à Pontarlier. — 1° Les inscriptions sur carions ardoisés s’enlèvent simplement au moyen d’une petite éponge mouillée.
- 2° Vous trouverez toutes les fournitures nécessaires pour construction des piles sèches dans les maisons suivantes : Établissements Bac, 23, rue aux Ours. Baudé, 79, rue du Temple. Vitry et Cie, 9, rue de Madrid. Broulin, 27, rue des Ardennes. Lévy, 14, passage des Soupirs, à Ménilmontant. Grangé, 115, rue Oberkampf.
- 3° Fournisseurs de miroiterie métallique : Goujon, 70, rue d’Angou-lême. Voillot et Cie, 1, Impasse des Orteaux (20e). Établissements Festa, 73, rue Pascal. Verdun, 18, rue du Goulet, à Aubervilliers. Sauvage, 114, rue de Montmorency, à Soisy-sous-Montmorency.
- M. Servier, à Orléans. — 1° Vous éviterez très facilement que les gouttelettes d’eau ne ternissent les vitres de votre auto, en les frottant légèrement avec un morceau de savon transparent du commerce désigné sous le nom de savon à la glycérine, ce qui permet aux gouttes de se réunir et de couler à la partie inférieure de la vitre où elles ne gênent plus la visibilité.
- 2° Les cônes platinés des appareils formolateurs sont constitués par de la terre de pipe cuite après moulage, que l’on trempe dans une solution de chlorure de platine concentrée, sèche puis porte au rouge pour mettre le platine en liberté.
- M. Le Dr Quénot, à Laignes, Côte-d’Or. — La cellophane se colle habituellement sans précaution préalable, avec de la colle ordinaire, toutefois si vous éprouviez quelque difficulté, elle serait facilement surmontée en passant d’abord sur la partie qui doit être encollée, ainsi que sur sa contre-partie, un pinceau imbibé d’alcool concentré à 90°-95°, ce qui assurera un mouillage immédiat par la colle.
- p.94 - vue 98/602
-
-
-
- (VI. Dehove, au Cateau. — Pour effectuer le tannage au chrome, on utilise l’alun de chrome, qui est un sulfate double de chrome et de potassium se présentant sous la forme de beaux cristaux de couleur améthyste.
- Dans un bain de ce sel additionné de sel marin (chlorure de sodium ) on immerge les peaux de manière qu’elles en soient bien imprégnées, puis on ajoute de la lessive de soude caustique, en quantité telle, qu’il se forme d’abord un sulfate basique de chrome, lequel cède ensuite à la peau de l’oxyde de chrome et forme avec la fibre un composé stable insoluble, qui donne des cuirs épais convenant particulièrement à l’emploi comme courroies et fortes semelles.
- (VI. Gysin, à Genève. — L'entreposage de vos filins dans une pièce régulièrement chauffée est certainement la cause du durcissement de vos films; nous pensons qu’il vous suffira pour leur redonner de la souplesse de les tremper dans une eau légèrement glycérinée.
- N. B. — Bien entendu n’employer que de la Gltjcérine neutre, exempte par conséquent de toute acidité.
- A. P., aux Rousses, Jura. — Si on constitue un circuit électrique au moyen de deux fils de métaux différents soudés en deux points et si un galvanomètre est intercalé dans le circuit, il indique la présence d’un courant dès qu’il y a une différence de température entre les soudures.
- M. Le Châtelier a utilisé ce phénomène thermoélectrique pour constituer un pyromètre dont les couples à soudure autogène, sont formés de platine et de platine rhodium; la graduation du galvanomètre est faite expérimentalement au moyen d’alliages ayant un point de fusion connu, déterminé par la méthode de Violle ou méthode calorimétrique.
- M. Gabay, à Stamboul. — Vous pourrez préparer une crème à
- raser, en opérant ainsi :
- Prendre :
- Acide stéarique......................................100 grammes
- Eau distillée........................................ 800 —
- Glycérine............................................ 60 —
- Lessive de soude caustique à 15° B................... 30 —
- Faire fondre au bain-marie, l’acide stéarique, puis y ajouter la lessive de soude, laisser quelques minutes en contact. Verser ensuite la glycérine et l’eau.
- Abandonner au repos jusqu’à solidification et chauffer à nouveau, pour obtenir une nouvelle fluidité faire refroidir, en battant constamment, ajouter pendant cette opération .le parfum choisi, par exemple :
- Héliotropine cristallisée porphyrisée......................4 grammes
- Musc artificiel............................................2 —
- Glycérine pour homogénéiser................................5 —
- Mettre en pot, recouvrir d’une feuille d’étain ou d’aluminium, fermer hermétiquement, conserver en lieu frais.
- N. B. — Le second chauffage est indispensable à une bonne réussite, le battage pendant le refroidissement doit être de préférence effectué mécaniquement (malaxeur Savy).
- M. de Moissac, à Lavoux. — Le meilleur produit à employer pour l'entretien des cuirs est le « moellon » qui provient des peaux cha-moisées et foulées à la presse hydraulique; il renferme avec l’huile de poissons servant au chamoisage, des matières organiques provenant des peaux, qui constituent une véritable « nourriture » du cuir et maintiennent sa souplesse. Il vous suffira de vous adresser à un chamoiseur de votre région pour vous procurer ce produit d’obtention courante.
- M. Le Dr Wilhem, à Oran. — Pour dessécher l’atmosphère de vos vitrines de collection, vous disposez d’abord des moyens classiques qui sont de placer dans des soucoupes, soit de l’acide sulfurique concentré à 66° B, soit des morceaux de chlorure de calcium fondu, mais ces procédés ont l’inconvénient de donner des liquides facilement renversables qui sont la cause des dégâts surtout avec l’acide sulfurique.
- Aussi nous vous conseillerons plutôt d’avoir recours au gel de silice beaucoup plus maniable, puisqu’il reste toujours solide et qui est aujourd’hui fabriqué industriellement en particulier par la Silica Gel Corporation, d’après les principes suivants:
- On traite entre 45° et 50° C une solution de silicate de soude SiG3 Na* de densité 1 200 par de l’acide chrlorhydrique au l/10e, ce qui donne une précipité de silice qu’on lave soigneusement, puis sèche à 100° C après l’avoir soumis à une pression de 200 à 250 atmosphères; on pousse enfin lentement la température jusqu’à 350° C, ce qui donne un gel granulé en globules de 1,5 à 2 millimètres de diamètre, que l’on peut
- 95
- alors utiliser comme absorbant de l’humidité, des gaz et des couleurs.
- Nous pensons que vous pourrez vous procurer ce produit chez Neveu-Fontaine, 20 rue Gay-Lussac, qui livre de petites boîtes, toutes garnies pour mettre dans la cage des balances de précision afin d’en assécher l’air.
- IVI. Gasser-Coze, à Toulon. — 1° Les fragments d’écaille véritable se recollent au moyen de la préparation suivante :
- Gomme laque blonde..................................15 grammes
- Résine mastic.......................................io __
- Térébenthine de Venise.............................. 2 ___
- Alcool à 95° @o cent. cub.
- N. B. — La Résine mastic est la résine de Lentisque (Pistacca den-ttscus).
- 2° Les crèmes à raser du commerce sont des produits savonneux, vous en trouverez une formule dans la réponse précédente faite à M. Gabay à Stamboul.
- 3° Le vernis dont vous parlez est un vernis à l’acétate de cellulose voisin du type suivant :
- Acétate de cellulose...................................... 30 grammes
- Tétraclilorethane........................................ 360 —
- Triacétine................................................. 3 __
- Alcool à 95°.............................................. 40 __
- 4° La colle servant à rejoindre les bandes de films est composée de :
- Acétate d’amyle.....................................100 cent, cubes
- Acétone............................................. 50 __
- Acide acétique cristallisable ...................... 10 —
- Faire dissoudre dans ce mélange une quantité de celluloïd transparent, en quantité suffisante pour obtenir une consistance sirupeuse.
- La bande ayant été grattée sur une largeur de deux centimètres environ, on applique cette mixture avec un pinceau sur la partie grattée qui devient visqueuse, il ne reste plus qu’à réunir et à maintenir le contact par pression quelques instants.
- IVI. Cousin, à Nîmes. — Pour peindre sur verre, on se sert d’un excipient constitué par :
- Gomme laque blanche............................. 10 grammes
- Alcool à 95°....................................100 cent, cubes
- Dans celui-ci on fait dissoudre la couleur d’aniline choisie et on réalise ainsi, en petits flacons, la gamme des teintes que l’on a prévu d’employer. Ces flacons devront bien entendu être bouchés au liège, car avec le bouchage à l’émeri, un collage serait inévitable.
- L’application des teintes demande un peu d’habileté. Si on veut éviter les empiétements, mais avec de l’habitude, ou y parvient sans difficulté, le modèle étant placé sous la vitre.
- M. Guilloteau,à Romorantin.—Les petites piles sèches se réalisent en agglomérant autour d’un charbon cylindrique un mélange de coke et de bioxyde de manganèse en grains, le tout est enveloppé d’un tissu à large mailles et glissé dans un cylindre de zinc qui contient une pâte épaisse à base de sel ammoniac.
- On ferme alors le tube au moyen d’une couche de goudron, en ayant soin de ménager la sortie des gaz par un tube capillaire emprisonné dans la masse.
- La tête du crayon de charbon dépasse seule, on la coiffe d’un petit culot de laiton qui consistuera le pôle positif, l’enveloppe de zinc formant le pôle négatif.
- La solution immobilisée est formée de :
- Eau ordinaire................................... 1000 cent, cubes
- Chlorhydrate d’ammoniaque....................... 200 grammes
- Agar-agar....................................... 20 »
- Faire gonfler préalablement l’agar-agar dans l’eau froide, liquéfier en chauffant doucement et faire dissoudre en dernier le sel ammoniac.
- Mme de Fontenay, à Suzy, Nièvre. — Pour répondre utilement à votre question, il serait nécessaire que nous connaissions la nature du support qui doit recevoir votre plaque de verre.
- Gomme dans la plupart des cas, le silicate de potasse du commerce réussit à donner une adhérence; nous vous conseillons d’en faire l’essai.
- M. Le Dr Leray, à Genevilliers. — Le liquide employé dans les formolateurs à cône platiné est simplement de l’alcool méthylique parfumé, et coloré, vous pouvez prendre comme type de préparation :
- Solution de carmin d’indigo......................‘ 5 centî cubes
- Teinture de safran du Codex........................... 5 —
- Esseripe de Verveine (Lemon-grass)................... 40 —
- Alcool méthylique.................................. 1000 —
- Tout autre parfum peut, bien entendu, être substitué à l’essence de verveine suivant les préférences de chacun.
- p.95 - vue 99/602
-
-
-
- INAUGURATION DU MUSÉE DE LA VOITURE, A COMPÏEGNE
- <h>
- Fig. i
- Un spécimen des véhicules qui ‘assuraient le service Madeleine-Bastille aux environs' de 1900.
- Fig. 2. — Une voilure de la présidence : le landau Élysée.
- Fig. 3. — Coupé voyage du Maréchal Maison, du début du XIX0 siècle.
- Fig. 4. — Une calèche-vasislas 1820.
- Fig. 5.— Voiture automobile Amédèe Bollée 1878.
- -Rmes
- djHr *jjrar A w
- Fig. 6. — Le coupé Fould.
- Fig. 7. — Berline coupé Louis XVI, remorquée par une auto, et emmenée au musée de Compiègne.
- Photos Roi.
- Le Gérant : G. Masson.
- 5?3[. — lmp. Laiiure, 9, rue de Fleuras, Paris. — i57-19^4. — Publishedin France.
- p.96 - vue 100/602
-
-
-
- *r?ïr
- LA NATURE
- Paraît le Ier et le i5 de chaque mois.
- Prix du Numéro : 4 fran
- pour la vente en France.
- p.n.n. - vue 101/602
-
-
-
- Paraît le 1er et le 15 de chaque mois (48 pages par numéro)
- LA NATURE
- MASSON et Cie, Editeurs, 120, Boulevard Saint-Germain, PARIS, VI* (J{. C. Sein*: tS.tij) Tel. Danton 56,11.
- PRIX DE L’ABONNEMENT
- Tarif intérieur, France et Colonies : 12 mois (24 n"), 90 fr. ; — 6 mois (12 n*‘), 45 fr.
- Prix du numéro vendu en France : 4 fr.
- Tarif spécial pour la Belgique et le Luxembourg : 12 mois (24 n*'), 105 fr. ; — 6 mois (12 n*') 53 fr.
- Tarif pour l’étranger : Tarif n* 4 j '
- f OIX MOIS
- 110 fr. 55 fr.
- Tarif n* 2
- Un an. Six mois
- 130 fr. 65 fr.
- Tarif extérieur n" 1 valable pour tous les pays ayant accepté une réduction de 50 pour 100 sur les affranchissements des périodiques : Albanie, Allemagne, Argentine, Autriche, Brésil, Bulgarie, Canada, Chili, Colombie, Congo belge,' Costa-Bica, Cuba, Egypte, Equateur, Espagne, Esthonie, Ethiopie, Finlande, Grèce. Guatemala, Haïti, Hedjaz, Honduras, Hongrie, Lettonie, Liberia, Lilhuanie, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pays-Bas, Perse, Pologne, Portugal et ses Colonies, République Dominicaine, Roumanie, Russie (U.R.S. S.), San Salvador, Serbie, Suisse, Tchécoslovaquie, Turquie, Union d'Afrique du Sud, Uruguay, Venezuela. Tarif extérieur n° 2 valable pour les autres pays.
- Réglement par mandat, chèques postaux (compte n° 599, Paris) ou chèque à l’ordre de Masson et C'*, sur une banque de Paris.
- Les abonnements sont payables d’avance et partent du l“r de chaque mois.
- Pour tout changement d’adresse, joindre la bande et un franc.
- Dans le cas de majoration des tarifs postaux, la différence des frais de poste serait demandée aux abonnés.
- Adresser ce qui concerne la rédactions. MM. les rédacteurs en chef de La Nature, 120, boulevard Saint-Germain. Paris VI*. Les abonnements et les ordres de Publicité sont reçus à la Librairie MASSON et G1*, 120, boulevard Saint-Germain, Paris-VI*
- La reproduction des illustrations de « La Nature » est interdite.
- La reprodu:tion des articles sans leurs figures est soumise à l’obligation de l’indication d’origine.
- B R E
- P. AUDY
- Ancien Avocat à la Cour d'Appel de Paris
- VETS D’INVENTION
- CABINET J. BONNET-THIRION
- FONDÉ EN 1852
- 95, Boulevard Beaumarchais — PARIS (MI°)
- MMMMBMHM Télé?. : Thirion-Brevets-Paris. Téléph. : Archives 35-19. 01-13 HÜUJMHMwgwniwM
- A. VERGÉ#
- Ingénieur Arts et Métiers
- r",re MALLIÉ
- PORCELAINE D’AMIANTE
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- 1er PRIX MOIMTHYON
- DANS TOUTES LES MAISONS D'ARTICLES DE MÉNAGE et
- IBS,r.du Faubourg-Poissonnière, PARIS
- ÉPURATION DES EAUX USÉES
- FOSSE SEPTIQUE A CAISSE SIPHOIDE
- DEVREZ
- BREVETÉ S. G, D. G.
- 146, AVENUE DE LA TRANCMÉIt Boîte postale 83 — TOURS
- Appareils conformes à la nouvelle réglementation
- Plus de 30.000 installations en servi ce
- MOTOGODILLE
- PROPULSEUR AMOVIBLE (comme un AVIRON) se monte sur tous BATEAUX
- --------------------- DÉPOSÉ ET BREVETÉ--------——------------------------------------------
- 2 CV 1/2 — 6CV - 8CV Conception et Construction françaises — INSTRUMENT DE TRAVAIL 25 ANNÉES DE PRATIQUE Montée sur pirogues, sampangs, bacs ou quatre planches assemblées passe-partout Catalogue gratuit. G. TROUCHE, 62, quai du Président-Carnot — SAINT-CLOUD (S.-et-0.)
- LA RAPIDE-LIME
- s'adapte instantanément aux ÉTAUX Travaille avec précision T Acier, le Fer, la Fonte le Bronze et autres matières PLUS DE LIMES ! PLUS DE BURINST Tout le monde Ajusteur-Mécanicien. — Tarif franco.
- JflSQUOT l TflïEROON, 56-60, r. Régnault. Paris
- Voir descr. dans « La Nature », n‘ isbo. ——————————
- p.n.n. - vue 102/602
-
-
-
- N” 2934
- 1“ Août 1934,
- LA NATURE
- LE GOUVERNAIL A PIVOT EN BOIS
- A TRAVERS LES AGES
- Ainsi que nous l’avons déjà proposé (1), on pourrait diviser l’histoire de la navigation en deux périodes bien distinctes, celle du gouvernail-rame (fig. 1, 2, 3, 4, 5), qui embrasse l’antiquité tout entière et celle du gouvernail à charnière ou période moderne.
- La figure 12 fera comprendre toute leur différence.
- dont les dimensions sont, en conséquence, proportionnées à la force d’un homme. La rame-gouvernail est parfois munie d’une manette, sorte de petite barre, qui permet de la faire pivoter'dans son estrope en cuir, ou bien, peut être et par exception, dans un trou de la coque à l’arrière. La manœuvre de l’engin était donc
- Fig. 1. — Couuernail-rame axial. Égypte, Ancien Empire. (Cl. Fried Moll.
- Au cours de la première période, l’emploi exclusif du gouvernail-rame impose à la marine la pratique, du cabotage pendant l’été, et le chômage pendant l’hiver. Au cours de la seconde, l’avènement au xme siècle du gouvernail d’étambot à charnière donne l’essor à la marine hauturière qui s’élance délibérément à la conquête des océans.
- En dehors des deux appareils de gouverne en question, dont le rôle fut prépondérant, l’homme en imagina un troisième, qui, s’il ne joua pas au cours des siècles un rôle de premier plan, mérite néanmoins une étude spéciale.
- Il s’agit du gouvernail à pivot en bois, qui fait son apparition en Égypte, sur les documents figurés du Moyen Empire.
- A cette époque la gouverne s’opère habituellement, en Égypte comme partout ailleurs, à la rame-gouvernail, jouant librement dans une estrope en cuir, et manœuvrée par un seul timonier (2), rame
- 1. La Nature, n° 2885, 15 juillet 1932.
- 2. Parce que son action gagne en efficacité lorsqu’elle avoisine la verticale.
- soit évolutive en tous sens, soit pivotante, soit un mélange des deux procédés^
- Mais, à partir de la XIIe dynastie, certains documents laissent voir, en contraste avec ces engins usuels, des rames de gouverne dont les dimensions et le poids sont tels que le timonier, ne pourrait, comme d’habitude, les manœuvrer à la seule force de ses poignets.
- Telles sont par exemple les grandes rames de poupe des figures 6, 7 et 8. Ce ne sont évidemment pas des rames-gouvernails ordinaires jouant dans leur estrope et
- dont l’action est à la fois statique et évolutive.
- Le gigantesque engin, en dessous duquel le timonier se tient debout ou accroupi, est incliné à 45°. Il est maintenu dans cette position par des ligatures qui le fixent d’une part à la poupe et d’autre part à des mâtereaux plantés sur la plage arrière, ou parfois même aux drisses de la mâture. Il est en outre suspendu au bordage par une lanière qui le maintient dans ses ligatures. Une 'tringle en bois, tenant lieu de barre, est fixée au manche, et pend verticalement en dessous.
- p.97 - vue 103/602
-
-
-
- 98
- Fig. 3. — Gouuernail-rame. Éggple, Ancien Empire. (Cl. Fried Moll.)
- Ainsi disposée, cette grande rame ne peut faire qu’un seul mouvement, pivoter dans ses ligatures, mouvement qui lui était imprimé au moyen de la barre, par le timonier placé en dessous. C’est un véritable gouvernail à pivot en bois dont l’action purement statique dépend de l’angle d’attaque de la pale sur l’eau, de la manœuvre de la barre, alors que la manœuvre évolutive de la rame-gouvernail ordinaire n’était qu’une variété de nage.
- La conception de l’appareil est remarquable, car elle comprend en germe les trois éléments essentiels du gouvernail moderne à charnière : la pale, la charnière (formée ici par les ligatures) et la barre.
- Mais si ingénieuse qu’elle fût, l’invention était prématurée au point de vue technique. Les Egyptiens ne connaissaient pas en effet la charnière, et l’eussent-ils connue, que leur industrie métallurgique, encore à l’état
- Fig. 4. — Gouvernail-rame, Grèce. (Cl. Ernst Pfuhl.)
- d’enfance, ne leur eût pas permis d’établir de fortes charnières en fer.
- Les liens du pivot n’offraient pas assez de résistance à l’usure, et il en était de même du pivot lui-même. En outre la position verticale ou oblique à 45 degrés de la barre ne permettait pas de l’allonger à volonté pour accroître sa puissance comme la barre horizontale du gouvernail moderne.
- En raison même de ces défauts, l’engin ne pouvait pas donner des résultats meilleurs que la rame-gouvernail usuelle. On essaya de le doubler, de le tripler (fîg. 3), mais en vain; la grande rame à pivot d’Egypte ne détermina nul progrès dans l’art de la gouverne. Les autres peuples du monde antique ne l’adoptèrent pas, ainsi que le démontrent les documents figurés.
- Née en Égypte plus de vingt siècles avant notre ère, l’idée du gouvernail à charnière ne devait reparaître et entrer dans le domaine pratique qu’au moyen âge en Occident.
- Fig. 5.— Gouvernail-rame vers 1130. Tapisserie de Bayeux.
- p.98 - vue 104/602
-
-
-
- 99
- Fig. 8. — Gouvernail triple à pivot en bois. Égypte, Moyen Empire. (Cl. Giraudon.)
- Fig. 6.'— Gouvernail à pivot en bois. Égypte, Moyen Empire.
- (Cl. Fried Moll.)
- Si le gouvernail à pivot égyptien demeura étranger aux marines du monde antique, en Méditerranée aussi bien qu’en Extrême-Orient, d’autres essais se succédèrent en vue de perfectionner la rame-gouvernail classique. On la multiplia, on lui fît traverser la coque, on accrut sa longueur en perchant le timonier sur une échelle, mais tous ces essais furent vains. C’est au moyen âge qu’on reprit l’idée du gouvernail à pivot en bois. Parfois il affecte alors l’aspect d’une rame coudée dont le manche traverse la poupe, et que le timonier maintient entre ses cuisses (fîg. 9). Parfois c’est une pale à pivot comprise entre deux rames-gouvernail s antiques. C’est aussi l’appareil compliqué de la figure 10, témoignage tardif des essais tentés au cours des millénaires pour améliorer le système de gouverne. C’est une grande rame dont le manche forme pivot et traverse deux tenons en bois. Sur cette rame sont fixés deux palans à poulies qui partent du hordage. A l’extrémité du manche figure une manette. Le timonier gouvernait en faisant tourner la manette, mais celle-ci était trop courte et n’avait qu’une faible action; en outre le pivot en bois, détrempé, coinçait dans ses tenons, il s’usait et bientôt présentait des gorges de rupture. C’est, sans doute pour parer à ces inconvénients "qu’on fixait à la pale de ce gouver-
- Fig. 7.— Gouvernail à pivot en bois. Égypte, Moyen Empire. (Cl. Giraudon.
- nail, un système de palans à poulies qui permettait de changer les points de frottement avec les tenons. Très compliqué et peu efficace, le système ne constituait en rien un perfectionnement, et fut abandonné.
- C’est au xme siècle que l’invention du gouvernail axial à charnières devait clore l’ère des essais, en apportant au monde un système définitif de gouverne. Devant cet admirable engin, le gouvernail à pivot en bois disparut peu à peu, du moins en Occident, avec tous les autres systèmes sans charnière (1).
- Transportons-nous maintenant en Extrême-Orient, et nous y retrouverons le gouvernail à pivot en bois. Il n’apparaît que tardivement sur les documents figurés asiatiques. Antérieurement au xvne siècle, ceux-ci ne représentent jamais, en effet, que des embarcations gouvernées à la rame, exactement comme les navires grecs ou romains. Telles sont les barques représentées sur les bas-reliefs chinois d’époque Han (200 ans avant à 200 ans après notre ère), celles qu’on aperçoit sur d’anciens bas-reliefs en pierre noire récemment découverts au Tonkin, les vaisseaux en relief du temple de Boro Boudour à Java, les embarcations figurées sur les monnaies, sculptures et peintures hindoues, celles
- 1. La Nature, 15 juillet 1932.
- Fig. 9. — Essai de gouvernail-rame à pivot. Occident, xivc siècle. Berlin und germ. (Cl. Fried Moll.)
- p.99 - vue 105/602
-
-
-
- 100
- Fig. 10. •— Essai d'un gouvernail à pivot en bois, manette et palans. Basilique St-Eustargio, Milan, xv' siècle. (Cl. Giraudon.)
- enfin qu’ont représentées les voyageurs européens et les géographes sur les portulans.
- Gouvernée exclusivement à la rame, la marine d’Extrême-Orient était impérieusement vouée à la pratique du cabotage, sauf pendant les moussons périodiques, qui poussaient les embarcations vent en poupe, dans les mers des Indes et de Chine.
- Quand Vasco de Gama et ses émules eurent établi la navette entre l’Europe et l’Asie en contournant l’Afrique, les navigateurs extrême-orientaux connurent le puissant gouvernail à charnière qui seul rendait possibles ces traversées immenses et régulières. Ils cherchèrent à imiter cet engin, de même qu’ils imitaient le système
- Fig. 12.-—Avec le gouvernail-rame antique, le timonier tient un levier de même longueur ou plus court que celui qui plonge dans Veau, et se trouve ainsi désavantagé. Avec le gouvernail moderne à charnière, il tient
- , BC
- au contraire un levier multiplicateur de sa force dans la proportion —— •
- AB = BC
- ABCBC
- d’attelage moderne, venu également d’Occident. C’est de là, vraisemblablement, que naquit le gouvernail des jonques. Nul document ne le représente avant le xvne siècle, mais à partir de cette époque, on le rencontre partout en Extrême-Orient (Indes, Malaisie, Chine et Japon).
- L’engin comprend, comme le gouvernail d’Occident, une large pale et une barre horizontale, mais il ne possède, au lieu de charnière, qu’un pivot en bois. Celui-ci traverse la poupe, dans une tubulure, ou des tenons en bois (fig. 11).
- Il est aisé de se rendre compte que le pivot, lorsqu’il est détrempé, est sujet à coincer dans ses tubulures ou tenons, que le frottement bois sur bois produit une usure rapide, des gorges de rupture, en sorte que le pivot en question est beaucoup plus fragile que la charnière en fer ou acier du gouvernail occidental. C’est pour parer à ces inconvénients que le gouvernail des jonques est souvent consolidé par des lienk qui le relient à la quille, ou à la poupe. Mais en dépit de ces palliatifs, la
- Fig. 11. — Gouvernail à pivot en bois. Jonque de guerre, Japon.
- (Coll. Paris-Louvre.)
- copie est loin de valoir l’original, et c’est pourquoi les jonques ne sont encore de nos jours que des barques de cabotage, sauf exception pendant la mousson. C’est encore pourquoi ces vaisseaux indigènes abandonnent à ceux d’Occident le monopole du commerce hauturier entre l’Asie, l’Afrique, l’Europe et l’Amérique.
- On se demandera peut-être pour quelle raison les peuples d’Extrême-Orient n’adoptèrent pas tel quel le gouvernail à charnière en fer des Européens, au lieu de se contenter d’un à peu près à pivot en bois. La cause, à notre avis, gît dans les conditions techniques du milieu. De même qu’en Occident au cours de la période antique, la métallurgie asiatique ne fut en effet jusqu’au xixe siècle (*) qu’une industrie au compte-gouttes, justiciable du marteau à main, et par conséquent incapable de forger en série de puissantes charnières en fer.
- Il ressort à nos yeux de ces quelques données, qu’en Extrême-Orient, ainsi que dans le monde méditerra-1. Antérieurement à l’essor industriel du Japon.
- p.100 - vue 106/602
-
-
-
- néen, les progrès de la navigation, ceux des rapports entre peuples, et par conséquent ceux de la civilisation générale, furent entravés pendant des millénaires par ce même fait insignifiant en apparence : l’absence de charnière en fer reliant le gouvernail à l’étambot. Cela permet de mesurer l’influence d’un détail purement technique sur l’évolution économique et sociale.
- Si quelque lecteur s’inquiète, à nous voir ainsi mettre en relief la puissance des facteurs matériels dans l’histoire, nous le prions de considérer que notre étude est strictement objective. Nous constatons des faits, nous cherchons à dégager, dans leur nudité, les conséquences qu’ils entraînent, sans méconnaître, pour autant, la beauté, la grandeur, et la souhaitable influence des fac-
- . =======- : :. ; = 101 =====
- teurs spirituels et moraux. Nous ne prétendons pas réduire à l’unité d’un système la complex itédéconcer-tante de la vie.
- Ainsi que l’écrivait à ce sujet un délicat et savant lettré (1), la technique sans la conscience « est ruine de l’âme », mais la conscience sans la technique est trop souvent impuissance. L’outil créé par l’homme appartient à l’homme, est de l’homme même; l’humanisme doit intégrer l’histoire des techniques... Prométhée n’est pas le moins émouvant des héros et ses conquêtes sont pour nous des victoires.
- C1 Lefebvre des Noettes.
- 1. Georges Moulinier. Bulletin Guillaume Budé, avril 1933.
- : MARCHE DÉMOGRAPHIQUE ï DES POPULATIONS MONDIALES
- Rien n’est plus instructif (et plus douloureux parfois) que de comparer le croît des différentes populations humaines. En connaissant la progression suivie depuis dix ans (de 1922 à 1932), on peut (par un simple calcul) savoir quels seront à peu près les accroissements des susdites populations dans dix ans, en 1942.
- Certes, de multiples et graves événements peuvent survenir, qui changeront notablement les choses : guerres, révolutions, cataclysmes, famines, épidémies. Pourtant, de tous les nombres qu’on présentera le plus probable (et même le seul probable) est celui qui suppose un croît futur (pendant dix ans) égal à l’ancien croît observé depuis dix ans.
- Cette extrapolation est donc parfaitement légitime, à condition toutefois q’uon ne la prolonge pas trop. Elle serait tout à fait absurde si l’on prétendait aller jusqu’à un avenir de deux siècles.
- Le croît d’une nation dépend de quatre éléments, d’inégale importance :
- Fig. 1. — Natalité des peuples américains du Centre et du Sud (métis).
- La natalité du Brésil n’a pas été indiquée par les statistiques. En Argentine il n’y a que des blancs. Combien de naissances actuelles par mille habitants ?
- 1° L’immigration.
- 2° L’émigration.
- 3° La natalité.
- 4° La mortalité.
- I. - IMMIGRATION ET ÉMIGRATION
- Il y a des pays, — et des époques —• où immigration
- 'gj fi -g Moyenne
- 18 «C cg ^ -g. ^
- 17 17 17 rk
- 17 17 17 ta ï? ^
- 16 16 16 â>
- Fig. 2. —Natalité des peuples européens de l'Europe Occidentale. Comparer à la figure 1.
- et émigration jouent un rôle prépondérant. Pour toutes les nations américaines, la prospérité et le croît sont dus exclusivement aux immigrations allemandes, espagnoles, italiennes, hollandaises, Scandinaves, irlandaises.
- Les populations de l’Amérique sont des colonies européennes.
- Mais aujourd’hui, pour des raisons qui ne me paraissent pas très judicieuses : crainte des chômages et protection
- p.101 - vue 107/602
-
-
-
- 102
- du travail national, il y a interdiction de l’immigration dans presque tous les pays d’Amérique.
- Les Républiques américaines ont oublié qu’elles doivent tout à l’immigration européenne.
- Pour les peuples de la vieille Europe, il se fait actuellement peu de changements par des immigrations et des émigrations. Il n’y a pas d’exception, même pour les Italiens. Pourtant, le nombre des Italiens vivant à l’étranger est considérable (neuf millions six cent mille en 1932).
- Mais beaucoup de ces Italiens se rapatrient. En 1932, pour une émigration de 83 000, il y eut' rapatriement de 73 000.
- Quant au Japon, on aurait pu croire, vu la surpopulation, que l’émigration serait considérable, mais il n’en est pas ainsi. Peut-être les Japonais auraient-ils voulu émigrer en masse aux États-Unis, mais l’entrée des travailleurs Japonais aux États-Unis est aujourd’hui presque totalement interdite.
- De fait, si de grands mouvements démographiques ont été dans le cours du xixe siècle, déterminés par des immigrations et émigrations continuelles et prolongées, ils ne le sont plus aujourd’hui et (sauf exception), c’est le rapport entre la mortalité et la natalité qui, presque seul, détermine le croît plus ou moins rapide des populations européennes.
- Fig. 3. — Natalité de l'Europe orientale (slaves et balkaniques).
- Comparer aux figures 1 et 2.
- II. - LA NATALITÉ (')
- La natalité est, selon les divers pays, variable (plus que du simple au double). Malheureusement les chiffres manquent pour l’indiquer, d’une manière même approximative, dans certains pays. Pour la Chine, par exemple, nous n’avons absolument rien. Pour le Brésil et les Indes, les statistiques de la natalité font défaut. Pour la Russie, il ne faut accepter qu’avec quelque réserve les nombres donnés par le gouvernement bolcheviste.
- Voici la natalité annuelle (pour mille habitants) dans les j dernières années (1930 ou 1931, ou 1932). Nous donnons les chiffres ronds, car en pareille matière les décimales n’ont pas d’importance :
- Guatemala.........................46
- Costa Rica........................46
- 1. Nous empruntons tous nos chiffres à l’admirable Almanach du Gotha (J, Perthes, 1934.)
- Russie................................45
- Mexique...............................44
- Salvador..............................41
- Indes Anglaises.......................36
- Yougoslavie...........................35
- Philippines...........................35
- Égypte................................34
- Chili.................................34
- Roumanie..............................33
- Japon................................ 32
- Bulgarie..............................31
- Colombie..............................30
- Portugal..............................30
- Venezuela............................ 30
- Pologne...............................29
- Grèce.................................28
- Pérou.................................28
- Lithuanie.............................27
- Espagne...............................24
- Italie................................24
- Canada................................23
- Hongrie...............................23
- Pays-Bas..............................22
- Tchécoslovaquie.......................21
- États-Unis............................19
- Finlande..............................19
- Lettonie..............................19
- Belgique..............................18
- Australie.............................17
- France................................17
- Suisse................................17
- Norvège...............................17
- Grande-Bretagne.......................16
- Allemagne.............................16
- Autriche................*..........16
- Suède.................................15 Q)
- Malgré des graves lacunes (Chine, Brésil, Indes Hollandaises), on peut déjà formuler quelques conclusions générales.
- Alors, pour synthétiser, faisons les divisions suivantes :
- 1° Les peuples de l’Europe occidentale.
- 2° Les peuples slaves et balkaniques.
- 3° Les peuples asiatiques.
- 4° Les peuples de l’Amérique anglaise et de l’Australie où il n’y a que des populations de race blanche.
- 5° Les peuples de l’Amérique espagnole où la race blanche pure de tout métissage est en minorité (en moyenne 30 pour 100, sauf en Argentine où la population est presque complètement blanche).
- A. Peuples de VAmérique Espagnole. (Métis nombreux).
- Natalité en 1932 (pour 1 000 habitants).
- Guatemala. ..........................46
- Costa Rica...........................46
- Mexique..............................44
- Salvador.............................41
- 1. La natalité de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne était assez forte il y a douze ans, mais, depuis la crise économique, elle a baissé rapidement.
- p.102 - vue 108/602
-
-
-
- Chili..................................34
- Venezuela..............................30
- Colombie...............................30
- Pérou..................................28
- La moyenne (schématique et imparfaite) est de 38.
- A ce coefficient de natalité comparons celui que donnent les peuples de l’Europe occidentale (la plus cultivée assurément).
- B. Europe Occidentale.
- Natalité en 1932 (pour mille habitants).
- Portugal 30
- Espagne 24
- Italie 24
- Pays-Bas 22
- Finlande 19
- Belgique 18
- France 17
- Suisse 17
- Norvège ....'. 17
- Grande-Bretagne 16
- Allemagne 16
- Autriche 16
- Suède 15
- La moyenne (encore plus arbitraire que la précédente, car le chiffre de la population est très différent) est de 20; c’est-à-dire sensiblement la moitié de la natalité des peuples de races mixtes métissés d’indiens et de nègres (Amérique espagnole).
- Cherchons la cause de cette différenciation profonde.
- Ce n’est pas une question de races, ni de langages. Car, si nous prenons la natalité des races blanches (balkanique et slave) de l’Europe orientale, nous trouvons :
- Europe Orientale et Slave :
- Russie................................46
- Yougoslavie...........................35
- Roumanie..............................33
- Bulgarie..............................31
- Pologne...............................29
- Grèce............................... 28
- Lithuanie.............................27
- Hongrie.............................. 23
- Tchécoslovaquie.......................21
- Lettonie............................ 19
- Moyenne 35.
- Les Tchécoslovaques sont des Slaves, et des blancs, tout comme les Russes. Mais, les Russes, ayant une bien moindre culture, ont une natalité double.
- La moyenne de natalité pour ces peuples de race blanche (slave et balkanique) est à peu près de 30; mais, par suite de l’importance énorme de la Russie, on peut la porter à 35 environ, assez arbitrairement.
- Populations Asiatiques :
- (Jaunes et Malais).
- Indes Anglaises.........................36
- Philippines.............................35
- Japon...................................32
- Moyenne : 35.
- Il nous manque la connaissance de la natalité en Chine. Et cependant l’importance de la population chinoise est
- 103
- énorme par son nombre. En tout cas nous pouvons supposer que la natalité chinoise moyenne est de 32, probablement à peu près la même que la natalité japonaise.
- Pour l’Amérique du Nord et l’Australie, c’est-à-dire des populations de race blanche pure (quoiqu’il y ait aux États-Unis un peu plus de onze millions de nègres)
- nous avons :
- États-Unis............................23
- Canada................................19
- Australie.............................17
- De sorte que la moyenne est à peu près de 20 comme celle de l’Europe, ce qui n’est pas surprenant, puisque la civilisation est la même.
- L’examen de ces chiffres nous autorise à établir quelques conclusions.
- 1° L’influence du climat ne peut être invoquée, puisque sur le même plan on voit la Russie glacée et le Mexique torride.
- 2° On ne peut pas supposer quelque influence à la race. Il semble bien que toutes les races humaines (pures ou métissées) sont à peu près également fécondes et que les croisements le sont aussi.
- La fécondité des races blanches, notamment des Canadiens français, a été jadis considérable. Actuellement, en Europe, le Portugal, la Roumanie, la Pologne, ont une natalité qui est à peu près deux fois plus forte que dans l’Europe occidentale. Cependant il s’agit toujours, pour le Portugal, la Roumanie, la Pologne, de races blanches très pures.
- 3° Ce n’est pas non plus la densité qui joue un rôle. Le Japon a une
- densité grande Fig. 4. — Croît absolu en dix ans (en (169 habitants par millions d’hommes) pour les peuples de plus
- i. pe 40 millions d’âmes.
- km2), et pourtant sa
- natalité est forte (32 pour 100). La France, dont la densité est faible, comparée à celle du Japon (76 habitants par km2) a une natalité très faible (17 pour 100).
- Il faut donc, pour expliquer ces grandes différences de natalité, trouver une explication autre que le climat,la race et la densité des populations.
- En vérité, l’explication est très simple. Je crois bien que tout le monde la connaît sans vouloir la proclamer.
- Mais je n’aurai pas cette timidité et
- p.103 - vue 109/602
-
-
-
- = 104 . 1 " 1 1 ..::=
- j’oserai dire ceci : c’est qu’il y a des populations qui ne réfléchissent pas (ne savent peut-être pas ?) ne calculent pas, et alors les époux ont des enfants autant qu’ils peuvent et comme ils peuvent.
- Mais tel n’est jamais le cas des Européens occidentaux. Il h’est pas de ménage en France, en Angleterre, en Allemagne, en Italie, qui ignore les moyens de n’avoir pas d’enfants.
- Et cela entraîne une conséquence grave : la natalité dans nos pays à civilisation raffinée, cesse d’être un phénomène physiologique, cest un phénomène psychologique. On a le nombre d’enfants qu’on veut avoir.
- Théoriquement, en admettant pour la femme, après la naissance d’un enfant, une période d’allaitement de neuf mois, six mois de repos, et neuf mois d’une nouvelle grossesse, il y a le chiffre physiologique — moyen — d’un enfant tous les deux ans. Or, comme en général les femmes se marient à vingt ans, si l’on admet qu’à quarante ans elles ne peuvent plus avoir d’enfants, la moyenne physiologique normale est de dix enfants par ménage, chiffre qui a été au xvme siècle dépassé, et souvent largement dépassé.
- Nous voilà bien loin du chiffre misérable de trois enfants par ménage, qui n’est pas atteint par les familles actuelles de l’Europe occidentale ! ! Si donc la natalité par 1000 habitants y est seulement de 15, 16, 18, c’est parce que la volonté formelle des ménages a été de ne pas avoir plus de trois enfants.
- Il est bien entendu (encore que j’aie là-dessus une opinion arrêtée) que je ne discute pas ici la question de savoir si c’est un bien, ou si c’est un mal.
- Les religions chrétiennes interdisent la limitation volontaire du nombre des enfants, mais les préceptes qu’elles
- prêchent ne sont guère suivis que par un nombre minuscule de familles très scrupuleusement religieuses.
- Donc, pas plus que la race, ou le climat, ou la densité, la religion n’influe d’une manière efficace sur la natalité d’un peuple.
- Elle est exclusive -ment fonction de la volonté de ce peuple.
- Voilà ce qui donne aux chiffres que nous présentons ici toute leur valeur. Ils révèlent la mentalité des différents habitants de la terre. Nous pénétrons ainsi dans l'intimité de l'âme populaire.
- Remarquons bien que la natalité physiologique moyenne ne peut être que supérieure
- à la natalité effective. Car, même pour les populations incultes de la Russie, il y a sans doute, par ci par là, quelques restrictions à la natalité physiologique normale.
- Donc, cette natalité physiologique normale (moyenne), nous pouvons très schématiquement l’évaluer à 50 pour mille. Certes, ce n’est qu’un nombre assez arbitraire, mais il se rapproche beaucoup de la réalité.
- D’ailleurs, pour bien juger de la vraie natalité, il faudrait prendre non pas le rapport des naissances avec la population totale, mais le rapport du nombre des naissances avec le nombre des femmes nubiles de 15 à 45 ans ou même de 20 à 40 ans. On aurait alors un chilfre de natalité vraie. Mais si à la rigueur nous pouvons dresser cette statistique pour quelques pays à statistiques détaillées et correctes, nous ne le pourrions certainement pas faire pour beaucoup d’autres, de sorte qu’il faut se contenter des chiffres que nous présentons ici si l’on veut faire des comparaisons très étendues.
- III. - MORTALITÉ
- La mortalité (plus ou moins forte) dans telle ou telle nation, dépend de bien des causes. Mais il en est une dont il faut tenir grand compte : c’est la proportion relative des vieillards.
- Mettons les choses à l’extrême. Supposons un pays où il n’y aurait que des gens âgés de plus de 80 ans, la mortalité serait énorme par rapport à la mortalité d’un pays où il n’y aurait que des jeunes gens de 25 ans.
- Cette supposition d’un pays composé uniquement de vieillards et d’un pays composé uniquement de jeunes gens est tout à fait absurde, mais elle montre que dans les pays, comme la France, par exemple, où le nombre des vieillards est plus grand qu’ailleurs (parce qu’il y a peu d’enfants) la mortalité (pour cette seule raison) doit être forte, même si les conditions d’hygiène sont excellentes. Il faudrait comparer dans chaque pays la mortalité suivant les âges. Mais, pour établir partout cette statistique, les chiffres comparatifs nous font défaut.
- Quoi qu’il en soit, nous pouvons dresser le tableau suivant de la mortalité (mortalité au-dessus de 20 pour 100) par mille habitants :
- Indes Anglaises........................27
- Égypte.................................26
- Mexique................................26
- Chili .................................23
- Salvador...............................22
- Philippines ...........................21
- On voit que les mortalités maximales seraient chez les peuples non européens, car en Europe assurément les lois de l’hygiène sont plus respectées. Pour ne pas multiplier trop les chiffres, je ne donnerai que les pays à mortalité inférieure ou égale à 10 :
- Canada.............................10
- Pays-Bas...........................9,2
- Australie......................... . 8,2
- Quoi qu’il en soit, voici (pour 1000 habitants) l’excédent des naissances sur les décès, en 1932 :
- Fig. 5. — Comparaison des peuples slaves et asiatiques (sauf la Chine) el des peuples de l’Europe occidentale.
- La largeur indique le rapport numérique entre les deux groupes de populations; la hauteur indique le croît.
- 800.000.000
- Europe Occidentale et Nord Amérique 4-00.000.000
- p.104 - vue 110/602
-
-
-
- 105
- Russie..............................26
- Mexique.............................19
- Salvador............................19
- Venezuela...........................18
- Colombie............................16
- Argentine ..........................16
- Yougoslavie.........................16
- Pérou...............................15
- Bulgarie............................15
- Pologne.............................14
- Portugal............................13
- Japon.......................... 13
- Canada..............................13
- Pays-Bas ...........................13
- Roumanie............................13
- Uruguay.............................12
- Lithuanie...........................12
- Chili...............................11
- Grèce...............................10
- Indes Anglaises..................... 9
- Italie.............................. 9
- Espagne............................. 8
- États-Unis.......................... 8
- Egypte.............................. 8
- Australie........................... 8
- Danemark............................ 7
- Finlande............................ 6
- Hongrie............................. 5,5
- Norvège............................. 5,5
- Suisse.............................. 4,5
- Belgique............................ 4,5
- Allemagne........................... 4
- Grande-Bretagne..................... 3,5
- Suède............................... 3
- France................................ 2,5
- Autriche............................ 1,5
- Ici nous ferons une remarque importante.
- II ne me paraît pas que (pour les populations européennes tout au moins) la diminution de la mortalité, grâce aux progrès de l’hygiène privée et publique, doive exercer une grande influence pour déterminer l’excédent des naissances sur les décès.
- En effet, ainsi que nous l’avons démontré plus haut, la proportion des naissances est un phénomène de volonté. Par conséquent les ménages vont conformer exactement le nombre de leurs enfants vivants à la natalité consentie. S’ils veulent n’avoir que trois enfants, ils n’en auront pas plus de trois, mais, si un de leurs enfants vient à mourir en bas âge, ils en auront un quatrième.
- Qu’on me comprenne bien. Ce n’est pas une raison du tout pour ne pas donner tous ses soins à l’hygiène de la première enfance. Il est honteux, pour un pays civilisé, que les enfants de moins d’un an aient une mortalité forte.
- Mais ne nous faisons pas d’illusions. Au cas où la mortalité actuelle des jeunes enfants, laquelle, grâce à de sages mesures, a baissé partout énormément, baisserait encore, on verrait parallèlement baisser la natalité, car les parents n’auraient, en fait d’enfants vivants, que le nombre par eux résolument voulu. „
- Ainsi que nous l’avons vu pour la natalité, nous constatons, au point de vue de l’excédent des naissances sur les décès, la triste déficience de l’Europe occidentale et civilisée.
- Il n’y a que le Portugal et les Pays-Bas où l’excédent soit supérieur à 10 ; le Portugal par sa natalité forte, la Hollande par sa mortalité faible.
- La France tient toujours le dernier rang. Il est évident qu’elle ne veut pas croître. C’est comme si, au milieu des populations croissantes, elle ne voulait pas vivre (!!).
- CROIT ABSOLU DES PEUPLES DEPUIS DIX ANS ET DANS DIX ANS
- Fig. 6. — Comparaison Donnons le tableau du croît de l'Europe el de l’Asie. absolu des divers peuples car Croît total en dix ans. nous pouvons avoir les chiffres
- complets à peu près exacts pour la Chine (?) très exacts pour le Brésil et les Indes hollandaises.
- Résumons ces chiffres en ne prenant que les nations ayant plus de 40 millions d’habitants.
- En millions d'habitants :
- 1922 1932 1942 (extrapolation) croît en 10 ans.
- Chine 430 480 530 50
- Indes Anglaises . . 325 350 375 25
- Russie 130 160 190 30
- États-Unis 115 123 131 8
- Japon 77 91 105 14
- Indes Hollandaises. 50 61 72 11
- Allemagne 62 65 68 3
- Brésil 28 44 60 16
- Grande-Bretagne. . 44 46 48 2
- Italie 38 41 44 3
- France . . . .'. . 39 41 43 2
- Ces chiffres probables sont vraiment effarants.
- En effet, si nous prenons la totalité des Asiatiques et des Russes, nous arrivons à un chiffre (en 1942) d’environ 1 300 millions, alors que les nations occidentales avec les États-Unis compteront à peine 300 millions d’habitants.
- Voilà ce dont, au lieu de fomenter d’absurdes et infâmes guerres, les Européens devraient tous être convaincus (je parle de ceux qui ont le respect de la civilisation). Dans un siècle, s’il n’y a pas quelque réforme profonde dans nos mœurs, l’Europe ne sera plus qu’une colonie asiatique.
- Et même dans moins d’un siècle, si les Européens s’entretuent.
- Charles Richet, v Membre de l’Institut.
- p.105 - vue 111/602
-
-
-
- 106
- = QU’EST-CE QUE LE TEMPS? =
- LA POSITION MÉTAPHYSIQUE ET LA POSITION SCIENTIFIQUE DU PROBLÈME
- (Suite du N° 2933)
- LE TEMPS SIDÉRAL
- Contradictions dans la mesure du temps des horloges. —- La définition du temps des horloges se résume en ceci : exprimés au moyen de ce temps, les phénomènes qui se reproduisent toujours dans les mêmes
- Fig. 10. — Régularité du mouvement apparent des étoiles.
- Sur la plaque photographique d’un appareil orienté de telle façon que l’objectif soit dirigé vers le pôle céleste, les étoiles décrivent des arcs de cercle concentriques, tous de même ouverture.
- conditions ont une période constante. Nous avons cité quelques-uns des moyens de réaliser effectivement la mesure de ce temps : les horloges et les révolutions célestes.
- Très vite l’homme s’aperçut que cette définition du temps comportait des contradictions.
- Deux horloges marchant à la même allure et synchronisées à un certain moment ne marquent pas tout à fait la même heure au bout de plusieurs jours. Cela tient au fait qu’il est difficile de vérifier si le phénomène pério-
- dique utilisé pour mesurer le temps se reproduit toujours dans des conditions identiques.
- Limitons-nous aux horloges modernes pour simplifier; on sait que ia température agit sur la longueur du balancier, et qu’une horloge non compensée va d’autant plus lentement que la température moyenne est plus élevée.
- Ce fait avait été remarqué déjà par Wendelin au xvne siècle; un pendule à tige de fer de 1 m de long, battant la seconde en hiver à une température moyenne de 4°, fera 10 oscillations de moins par jour en été par une température moyenne de 24°. Même un pendule en invar fait environ une oscillation de moins dans les conditions précédentes.
- On sait maintenant que les variations de pression modifient la marche des pendules ainsi qu’un grand nombre de causes plus ou moins prévisibles. Cette influence de la pression est inférieure à celle de la température. Une augmentation de pression de 2 à 3 cm de mercure, c’est-à-dire de l’ordre des variations possibles en un lieu, provoque un retard d’un pendule à seconde d’environ 0,1 seconde par jour.
- On est parvenu, par comparaison avec d’autres phénomènes qui ne subissent pas les mêmes influences, comme les révolutions des astres, à étudier ces perturbations et à démêler leurs lois. On a pu atténuer les effets de la température et de la pression sur une horloge et on peut généralement calculer d’une manière approchée la grandeur de cet effet; on peut ainsi perfectionner le temps défini par une horloge, mais les horloges les plus parfaites dont nous parlerons tout à l’heure ne peuvent donner une précision de plus d’un centième de seconde en quelques jours, et surtout ne permettent pas de mesurer avec précision des intervalles de temps longs de plusieurs centaines d’années.
- Irrégularité de certains mouvements astrono= miques. — Les phénomènes astronomiques paraissent plus réguliers que les phénomènes terrestres, et le vent, la pression, la température, le frottement ne paraissent pas les influencer. Nul doute que la vue des mouvements célestes a donné à l’homme l’idée de déterminisme et que pour mesurer le temps les astres n’aient été préférés aux horloges, surtout, comme nous l’avons montré plus haut, pour mesurer de grands intervalles de temps.
- Cependant l’homme s’est aperçu assez tôt que les périodes de révolution de quelques astres n’étaient pas constantes.
- On peut avec une bonne horloge, munie d’ùn pendule battant la seconde, mesurer les durées de quelques révolutions pouvant servir à mesurer le temps, et voici ce que l’on trouve.
- La durée du jour solaire, c’est-à-dire de l’intervalle de temps qui sépare deux passages du Soleil au méridien
- p.106 - vue 112/602
-
-
-
- 107
- n’est pas constante, elle varie au cours de l’année d’une manière presque identique tous les ans, la figure 12 montre la variation de durée du jour solaire au cours de l’année. Celle-ci est minimum fin mars (23ll59m41s) et mi-septembre (23h 59m 38s) et maximum fin juin (24h 0m 13s) et fin décembre (24h0"'30s). Elle n’est exactement de 24 heures que vers le 11 février, le 13 mai, le 27 juillet et le 3 novembre.
- L’amplitude de variation de la durée du jour est de près de une minute, elle n’est pas perceptible en temps biologique, mais elle est parfaitement mesurable au moyen d’une horloge, et cela depuis longtemps.
- Nous savons donc que l’heure mesurée au moyen du mouvement diurne du Soleil, ou, si on préfère, au moyen d’un cadran solaire, ne s’accordera pas avec l’heure lue sur une bonne horloge.
- Quant au jour qu.e l’on pourrait appeler lunaire, c’est-à-dire l’intervalle de temps qui sépare deux passages de la Lune au méridien, il varie encore plus ; son minimum est de 22'1 50"1 environ et son maximum de 23h30'“ environ, soit une amplitude de variation de 40 minutes. Cette variation du jour lunaire est beaucoup plus complexe que celle du jour solaire, elle dépend principalement du jour de la lunaison, de la date de l’année et d’une période de 18 ans.
- Constance de la rotation terrestre. — Nous venons de signaler que l’étude comparée des phénomènes périodiques qui se présentent naturellement à nous révèle des divergences entre les temps définis par ces divers phénomènes.
- Cependant un phénomène, la rotation diurne apparente des étoiles, paraît se produire toujours dans le même temps lorsqu’on le mesure par exemple au moyen du temps défini par les oscillations d’un très grand nombre de pendules compensés aussi exactement que possible.
- A ceci s’ajoute cette constatation que le mouvement apparent des étoiles est dû à la rotation de la Terre sur elle-même, et que celle-ci nous paraît être un des phénomènes de la nature le plus simple et le moins troublé qui se puisse trouver; alors que, par exemple, le mouvement apparent du Soleil sur la sphère céleste paraît être lié à son éloignement qui est variable.
- La constatation de constance de vitesse de la rotation de la Terre sur elle-même par rapport aux étoiles étant faite d’une manière approchée au moyen du temps des horloges a été érigée en loi absolue :
- Le jour sidéral, intervalle de deux passages d’une même étoile au méridien, est constant.
- Définition du temps sidéral. — Une fois cette loi admise, nous disposons d’un étalon de mesure du temps; sa division est chose facile puisque, comme nous l’avons dit, les horloges nous donnent un moyen simple et suffisant pour le faire, et sa multiplication se fait automatiquement par la rotation de la Terre.
- Le temps sidéral est celui qui est défini de cette manière :
- La Terre tourne sur elle-même par rapport aux étoiles d’un mouvement uniforme.
- A vrai dire, on définit le temps sidéral, non pas par les passages d’une étoile au méridien, mais par ceux d’un
- Fig. 11. — Variation des heures de passage du Soleil au méridien (équation du Temps).
- point fictif. Ce point est le point y ou point vernal, intersection de l’équateur et de l’écliptique; il n’est pas tout à fait fixe par rapport aux étoiles, mais est animé par rapport à celles-ci d’un lent mouvement uniforme et rétrograde de 50" 26 par an. Comme ce mouvement est uniforme, le temps défini par le point vernal est proportionnel à celui défini au moyen des étoiles et cela revient donc au même de dire que le temps sidéral est défini par la rotation de la Terre par rapport au point y ou par rapport aux étoiles.
- On appelle plan horaire d’une étoile ou d’un point de la sphère céleste, le plan qui passe par la ligne des pôles et cette étoile. L’angle horaire de l’étoile est l’angle de son plan horaire avec le méridien, cet angle augmente constamment par suite de la rotation apparente de la sphère céleste. En tout lieu, à tout instant, le temps sidéral est une quantité proportionnelle à l’angle horaire du point y. Si le coefficient de proportionnalité est choisi de telle sorte qu’un angle de 360° corresponde à 24 heures, le temps est exprimé en heures, minutes et secondes sidérales.
- En pratique, on définit bien ainsi la variable temps, mais on la mesure en temps moyen en multipliant le temps sidéral par le facteur :
- 0,9972695 -
- 231’ 56‘" 4S 091 24r~
- Fig. 12. — Variation de la durée du jour solaire.
- p.107 - vue 113/602
-
-
-
- == 108 .................= ............-.....=-=
- choisi de telle manière que le jour solaire moyen, c’est-à-dire la moyenne des durées des jours solaires au cours d’une année soit de 24 heures. De plus on ajoute à ce temps une constante choisie de telle sorte que le Soleil passe en moyenne au méridien à midi.
- On a ainsi une définition précise du temps par les étoiles, et une mesure commode pour la vie courante.
- Remarque sur l’origine du temps sidéra1. — Pourquoi la définition adoptée pour le temps est-elle celle du temps sidéral? C’est parce que, en utilisant le temps des horloges, on a constaté d’une manière approchée la constance du jour sidéral. Une fois cette constatation faite approximativement, on l’a érigée en loi absolue et elle permet de définir le temps d’une manière beaucoup plus précise que les mesures du temps qui
- Pôle N
- Pô/e S.
- Fig. 13. — La sphère céleste: l’écliptique, le point y et Vangle horaire h d’une étoile E
- avaient permis de l’établir. Elle supplante même le temps des horloges dont elle est issue.
- Nous retrouvons le même processus que pour passer du temps biologique au temps des horloges.
- Détermination pratique du temps sidéral. — Le temps sidéral est encore celui qui sert de base à ce que l’on appelle le temps civil, c’est-à-dire le temps officiellement adopté.
- Les anciens déterminaient les heures de la nuit au moyen des positions et particulièrement au moyen des levers et couchers des étoiles, mais c’étaient là des évaluations assez imprécises.
- Au xvne siècle, l’heure utilisée dans les observations astronomiques était l’heure sidérale. Ainsi Gassendi et Bouillaud, qui firent de nombreuses observations d’occultations d’étoiles de 1621 à 1652, parla Lune, déterminaient
- l’heure de l’occultation par le procédé suivant : au moment de l’occultation l’observateur faisait un signe à un aide qui déterminait immédiatement la hauteur d’une belle étoile au-dessus de l’horizon ; comme la position de l’étoile sur la sphère céleste était bien connue, de sa hauteur on pouvait déduire son angle horaire, d’où l’heure sidérale. La précision obtenue était d’une trentaine de secondes.
- Un peu plus tard, Hévélius, qui fit des observations de la Lune, de 1639 à 1683, déterminait l’heure enlisant une pendule, mais il mettait plusieurs fois sa pendule à l’heure au cours de la nuit, ou plus exactement déterminait la correction à apporter à la pendule, en observant des hauteurs d’étoiles. La précision obtenue était d’une vingtaine de secondes.
- Mais à partir de 1680 on commence à utiliser des instruments méridiens et depuis cette époque, c’est par l’observation méridienne des étoiles qu’on détermine l’heure.
- Rappelons rapidement en quoi consiste l’observation méridienne des étoiles.
- Un instrument méridien se compose d’une lunette mobile autour d’un axe horizontal de direction est-ouest, et d’une pendule.
- En tournant autour de son axe la lunette vise successivement tous les points du méridien. Un fil placé dans le plan focal de la lunette fixe le méridien.
- L’observation méridienne d’un astre consiste à déterminer l’heure de la pendule à laquelle l’astre passe derrière le fil.
- Les nombreuses observations méridiennes des étoiles et du Soleil faites depuis deux siècles ont permis de connaître exactement les positions de toutes les étoiles par rapport au point y; en sorte que lorsqu’une étoile passe au méridien on sait exactement quelle est la position du point y par rapport à celui-ci, et par conséquent l’heure sidérale conforme à la définition que nous avons donnée.
- Comme on a observé l’heure du passage de l’étoile à la pendule adjointe à la lunette méridienne, on a la correction qu’il faut apporter à cette pendule pour obtenir l’heure sidérale.
- En déterminant aussi souvent que possible cette correction, on peut connaître l’heure à chaque instant en apportant à l’heure de la pendule la correction interpolée.
- C’est Picard qui, en 1669, proposa le premier de déterminer les positions des étoiles et l’heure sidérale au moyen d’un instrument placé dans le méridien, et d’une pendule. Cet instrument fut réalisé dans les observations de Paris et Greenwich quelques années après, sous la forme du quart de cercle mural, il fut perfectionné par Rœmer en 1691. Dès le début du xvme siècle, l’emploi de la lunette méridienne donne l’heure avec une précision de 2 secondes.
- Depuis cette époque la lunette méridienne a constamment reçu des perfectionnements.
- Instruments méridiens modernes. — Actuellement, on emploie comme instruments méridiens des lunettes de 1 à 2 m de foyer et d’une quinzaine de centimètres d’ouverture, le corps de la lunette est en fonte
- p.108 - vue 114/602
-
-
-
- 109
- et porte deux tourillons cylindriques en acier, parfaitement travaillés, Taxe des tourillons est perpendiculaire
- La vis du micromètre porte des dents qui à chaque tour viennent toucher un contact électrique et ainsi, lorsque le fil du micromètre se trouve dans certaines positions connues une fois pour toutes, un courant est lancé dans un fil électrique.
- Le chronographe imprimant inscrit automatiquement les instants où ces courants se sont établis. Il se compose de plusieurs roues mues par un mouvement d’horlogerie et tournant la première en 1 seconde, la seconde en 1 minute, la troisième en 1 heure; elles portent sur le pourtour, la première cent caractères d’imprimerie de 0 à 99 et les deux autres chacune 60 caractères de 0 à 59. Lorsqu’un courant électrique est établi par la vis du micromètre, une bande de papier imprimant se trouve violemment appliquée en un point de
- à celui de la lunette. Les tourillons reposent dans deux coussinets orientés est-ouest.
- On place dans le plan focal de la lunette un fil vertical, passant par l’axe optique ; la ligne de visée définie par ce fil décrit presque exactement le méridien.
- Pour déterminer l’heure du passage d’une étoile à ce fil, on emploie aujourd’hui le procédé très perfectionné du micromètre à fil entraîné, branché sur un chronographe imprimant.
- Au lieu de placer dans le plan focal de la lunette un fil fixe, on y place un fil mobile monté sur un cadre de micromètre, ce cadre se déplace horizontalement sous l’action d’un moteur; lorsqu’on observe une étoile au méridien, on voit celle-ci traverser le champ par suite du mouvement diurne.
- On règle le moteur de manière que la vitesse du fil entraîné soit presque exactement la même que celle de l’étoile dans le plan focal.
- Le fil et l’étoile restent donc voisins au cours de l’observation; le rôle de l’observateur consiste à les faire coïncider en donnant au fil de petits déplacements au moyen d’un différentiel monté sur le mouvement d’entraînement du fil.
- ces roues par l’intermédiaire d’un électro-aimant, et l’instant de l’établissement du courant est inscrit au centième de seconde.
- p.109 - vue 115/602
-
-
-
- 110
- Pour comparer le chronographe à une pendule quelconque, on emploie un procédé analogue en faisant envoyer un courant électrique dans le chronographe par la pendule, au moment où celle-ci marque une certaine heure.
- Il importe de signaler qu’en pratique l’axe optique de la lunette n’est pas exactement perpendiculaire à l’axe des tourillons, que celui-ci n’est pas exactement horizontal ni dirigé est-ouest, d’où un certain nombre de corrections qu’on détermine en observant des étoiles voisines de l’équateur et d’autres voisines du pôle et en reprenant les observations après avoir retourné les tourillons et tout l’instrument bout pour bout.
- Service de Vheure à P Observatoire de Paris. — A l’Observatoire de Paris, un service assure la détermination, la conservation et l’émission ra-diotélégraphique de l’heure.
- Décrivons succintement les rouages de ce service, qui, depuis le 23 mai 1910, émet l’heure plusieurs fois par jour, par l’intermédiaire de la Tour Eiffel.
- Ce service comprend trois parties :
- Les pendules garde-temps;
- Les instruments méridiens;
- Une salle des pendules et une salle d’enregistrement.
- Les pendules garde-temps, au nombre de quatre, sont placées dans les caves de l’Observatoire, à 27 m de profondeur, où règne une température constante (11°,86), au cours non seulement d’une journée, mais de l’année. Ces pendules oscillent
- dans l’air dont la pression est maintenue constante; on modifie la marche des pendules à volonté, en changeant cette pression.
- On ne s’approche qu’exceptionnellement de ces pendules qui sont remontées électriquement à distance. A chaque seconde la pendule agit sur un contact électrique qui envoie un bref signal dans un circuit téléphonique; de la salle des pendules, pour « lire » l’heure sur les pendules de la cave, on écoute les signaux électriques avec écouteur téléphonique; la seconde zéro de chaque minute ne comportant pas de signal, on ne saurait se tromper sur le numéro des secondes.
- La salle des pendules est le lieu d’où on écoute les pendules de la cave et d’où l’on émet des signaux journaliers de T. S. F. d’envoi de l’heure. C’est une grande salle octogonale, tout le long des murs sont placées des pendules auxiliaires et des appareils d’émission reliés au poste de T. S. F. de la Tour Eiffel. L’opérateur est dans un blockhaus central d’où il peut lire toutes les pendules de la salle et écouter à la fois les pendules de la salle et celles des caves. Il peut avancer ou retarder électriquement les pendules de la salle à distance. La salle d’enregistrement contient des appareils qui permettent de contrôler par des procédés automatiques les observations faites dans la salle des pendules. De plus elle reçoit par T. S. F. les signaux émis par la Tour Eiffel et les envoie à la salle des pendules qui contrôle l’exactitude de l’heure d’émission.
- Fig. 16. — Le service de l'heure à l’Observatoire de Paris Au fond les pendules sidérales. Au premier plan le poste d’observation d’où la marche des pendules est suivie à la lunette.
- p.110 - vue 116/602
-
-
-
- Les instruments méridiens dont les pendules sont en liaison avec la salle des pendules et la salle d’enregistrement, ont pour rôle la détermination de l’heure au moyen des étoiles.
- Voici comment fonctionne ce service :
- Plaçons-nous pendant une période de beau temps. L’observation des étoiles aux instruments méridiens fournit la correction à apporter aux pendules de la cave, pour que celles-ci donnent l’heure juste. Une fois cette correction connue, un observateur écoute les pendules de la cave et celles de la salle des pendules et met les pendules d’émission de la salle des pendules à l’heure exacte. Automatiquement celles-ci envoient à diverses heures des signaux de T. S. F. par l’intermédiaire de la
- .....—......-.------------r-— 111 =
- tour Eiffel. Ces signaux reçus par la salle d’enregistrement sont écoutés en même temps que les pendules de la cave et on peut vérifier s’il n’y a pas eu d’erreur dans l’émission. f.
- Pendant les périodes de mauvais temps on ne peut déterminer les corrections des pendules de la cave au moyen des étoiles. On se contente alors d’étudier la marche de ces pendules pendant la période précédente et d’extrapoler la courbe obtenue.
- L’heure sidérale est ainsi connue avec une précision d’un centième de seconde.
- (A suivre.) Henri Mineur,
- Astronome à l'Obseivatoire de Paris
- = LE TRANSPORT ET LA CONSERVATION =
- DU POISSON DE MER
- EN DEHORS DU SÉCHAGE, DU SALAGE ET DU FUMAGE
- La 2e commission du Conseil municipal de Paris vient d’effectuer dans les ports de pêche de la Manche un voyage d’étude dont les bonnes intentions sont certaines. Son programme consistait dans la recherche des moyens à employer pour augmenter l’approvisionnement de la capitale en poissons de mer.
- Etant donné l’attitude nettement ichtyophobe, qu’avait prise, il y a peu d’années, ce même Conseil municipal, quand il ne renouvela pas l’autorisation d’établir temporairement des friteries sur les places et chaussées de Paris, on ne peut que féliciter nos édiles, d’être revenus, vis-à-vis du poisson, à des meilleurs sentiments. Cette 2e commission, qui s’occupe des halles et marchés, est présidée par M. Maurice Quentin, ancien président du Conseil municipal, qui est élu par le quartier des Halles. Nos édiles, venant de Dieppe, arrivèrent à Boulogne à 8 h 1/4, le 17 avril dernier.
- Ils assistèrent d’abord à la vente à la criée, qui était moins importante ce jour-là que la veille, où elle avait atteint 600 tonnes.
- On leur fit admirer l’ingéniosité du système de transbordement et de transport par wagonnet, pour cette vente aux enchères, qu’on retrouve en France, dans tous nos ports de pêche, comme premier échelon indispensable de cette cascade d’intermédiaires, qui ne cessent pas de traumatiser cette denrée fragile, dont ils augmentent ainsi progressivement le prix, alors que la valeur de la marchandise devrait logiquement diminuer, puisque la qualité va, au contraire, en diminuant.
- On ne saurait trop insister, sur l’erreur qui est ainsi commise, au point de vue de l’hygiène alimentaire, par cette première vente à la criée, plus ou moins tôt après son débarquement, d’une marchandise périssable entre toutes, dont le départ pour les lieux où elle sera consommée, se trouve ainsi forcément retardé de plusieurs heures, même
- à Boulogne où cependant tout est organisé pour que le temps perdu soit réduit au minimum, par ce premier freinage dans la marche du poisson de mer vers nos tables.
- Il faut reconnaître, d’ailleurs, que les inconvénients que présente cette première vente à la criée initiale, sont, en raison de la bonne organisation de cette première étape, moins grands à Boulogne, que dans la plupart des autres ports de pêche de France.
- C’est donc avec raison que les Boulonnais ont fait admirer à nos conseillers municipaux la façon dont ils avaient résolu le problème de cette vente initiale.
- Mais si nos édiles avaient été au courant de la question, ils auraient beaucoup moins admiré la rapidité avec laquelle sont effectuées ces premières manipulations commerciales, et se seraient demandé avec raison, ce qu’elles peuvent être dans un petit port de pêche comme Le Tréport, par exemple, où elles ont lieu en plein air, sur le sol même d’une place publique, exposées à toutes les intempéries (soleil et pluie) et aussi aux bousculades de la foule, qui ne se prive pas à certains jours d’affluence de piétiner sans scrupules la marchandise qui se trouve à sa portée.
- Nos édiles auraient donc été bien inspirés, dès ce premier contact avec le grand marché de poissons de Boulogne, d’émettre un vœu : c’est que soit supprimée cette première vente à la criée.
- A 11 h 30 M. Quentin et ses collègues furent reçus à l’Hôtel de Ville par le maire, M. Warluzel, puis, après une courte réception à la Chambre de commerce, tout le monde se rendit au buffet de la gare maritime, où était préparé un banquet, offert par la municipalité de Boulogne à la muncipalité de Paris.
- Mais ce n’est qu’au siège du Syndicat des armateurs, de 16 h à 17 h, qu’on travailla véritablement; car la presque totalité des armateurs et mareyeurs boulonnais
- p.111 - vue 117/602
-
-
-
- 112
- étaient présents à l’exposé des questions qui furent ensuite discutées avec animation.
- Cette discussion fut surtout conduite par M. Sarraz, le très distingué président du Syndicat des armateurs, qui insista avec raison, sur le rôle si important qu’avait joué, pour le développement de l’ichtyophagie en France, le Comité Boulonnais de Propagande pour la consommation du poisson. Il déplora que la marée fût grevée d’un prix de transport trop élevé pour assurer à l’heure actuelle la prospérité de l’industrie de la pêche tout au moins avec la technique de conservation actuelle.
- Cette question du transport est capitale, en effet, puisque c’est à elle qu’on se heurte, dès qu’on aborde le problème, qui peut se poser de la façon suivante : le poisson capturé ne doit pas seulement être transporté d’un point à un autre du territoire; mais ce transport doit être effectué dans des conditions telles que cette denrée, essentiellement périssable, arrive au consommateur dans un bon état de fraîcheur.
- Or tout le monde sait, depuis un temps immémorial — et le professeur Armand Gautier l’a bien montré scientifiquement à la fin du siècle dernier — que rien n’est plus putrescible que le poisson.
- Armand Gautier a établi, en effet, qu’en été, en l’absence de toute précaution conservatrice spéciale, la putréfaction commençait, sous forme d’autolyses, deux heures après la mort du poisson et progressait plus ou moins rapidement, suivant l’état atmosphérique et notamment suivant la température et qu’il peut constituer, au bout d’un certain temps, un aliment toxique, dont la consommation peut même devenir dangereuse, par suite de production de phosphures.
- C’est pour cela qu’avant l’ère des chemins de fer le poisson de mer était considéré comme un aliment de luxe à Paris, et dans les villes éloignées de la mer.
- Le poisson de Paris venait de Dieppe, Fécamp, Hon-fleur, le Havre, Boulogne, etc.
- Il y était amené par de légères charrettes à 2 roues,
- auxquelles on donnait le nom de chasse-marée, qui faisaient le trajet en une nuit, grâce à un système de relais. La traction se faisait par 4 ou 6 chevaux. On comprend que ces transports rapides et nocturnes devaient comporter beaucoup d’aléas dans les heures d’arrivée à Paris, le plus souvent dans la matinée du vendredi, d’autant que, parmi 6 chevaux constamment au galop, les chutes ne devaient pas être rares.
- Ces chasse-marée, qui paraissent avoir débuté sous le règne de Saint-Louis, ont continué leurs randonnées nocturnes jusqu’à l’avènement des chemins de fer.
- Mais ce mode de transport rapide n’était utilisé que pour transporter à Paris la marée, des ports de mer peu éloignés de la capitale.
- Grâce à l’obligeance de M. Eugène Altazin, je peux vous montrer (fig. 2), la reproduction d’un de ces attelages, d’après une gravure de date inconnue signée : Dupassage.
- D’après les costumes, il semble bien qu’il s’agisse d’un chasse-marée roulant au xvme siècle.
- Mais, pour les transports de la marée à des points moins éloignés de la côte que Paris, on se servait de chevaux de bât, qui ne nécessitaient pas l’organisation de relais, mais qui ne pouvaient transporter que des charges réduites.
- C’est certainement à ce dernier mode de transport que Vatel eut recours, quand il commanda, pour les réceptions qui avaient lieu au château de Chantilly, en l’honneur de Louis XIV, du poisson de mer pour le vendredi 24 avril 1671. Je dois à l’obligeance de M. de Fleurey, de pouvoir vous montrer (fig. 1) une gravure que j’emprunte au n° du 20 mai 1934, du journal Boulogne-marée, qui représente ce mode de transport de la marée à faible distance.
- On sait que Vatel se donna la mort à Chantilly, ce même vendredi matin, non pas parce que la marée n’était pas arrivée, mais parce que, en raison du retard dans l’arrivée de la plupart des chevaux de bât qui devaient amener cette marée à Chantilly, il a pu croire qu’elle n’arriverait pas, et que cette carence du poisson de mer un vendredi, à la table du roi, porterait à son honneur un coup fatal.
- Voici, en effet, ce qu’on lit à ce sujet, dans les deux lettres que Mme de Sévigné écrivit coup sur coup à sa fdle Mme de Grignan, pour relater ce grand événement : le suicide de Vatel.
- « 24 avril 1671 (le jour même « du drame) chez M. de Laro-« chefoucauld. Voici ce que j’ap-« prends en entrant ici, dont je « ne puis me remettre et qui fait « que je ne sais plus ce que je « vous mande : c’est qu’enfin « Vatel, maître d’hôtel de M. Fou-
- Fig. 1. — Le transport de la marée sur chevaux de bât au xvue siècle.
- p.112 - vue 118/602
-
-
-
- 113
- « quet (l), qui l’était présentement de « M. le Prince (de Condé), cet homme d’une « capacité distinguée de toutes les autres,
- « dont la bonne tête était capable de conte-« nir tout le soin d’un état; cet homme doux,
- « que je connais, voyant que le matin, à « 8 heures, la marée n’était pas arrivée, n’a « pu contenir l’affront qu’il a cru qui allait « l’accabler, et, en un mot, il s’est poignardé.
- « Vous pouvez penser l’horrible désordre « qu’un si funeste accident causa dans cette « fête.
- . « Songez que la marée était peut-être ar-« rivée comme il expirait. Je n’en sais pas « davantage présentement. Je pense que vous « trouverez que c’est assez. C’est une chose « fâcheuse... Je ne sais pas comme j’ai le « courage - de vous parler d’autre chose que - de Vatel. »
- On peut se demander si la charmante marquise n’ironisait pas, quand elle attribuait ainsi une si grande importance au suicide de ce grand cuisinier.
- Car enfin de quelle utilité était cette seconde lettre, que reçut 3 jours après Mme de Grignan, et dans laquelle il n’est encore à peu près question que de ce suicide dramatique, et des circonstances qui l’ont préparé ?
- « A 4 heures du matin Vatel s’en va partout; il trouve « tout le monde endormi; il rencontre un petit pour-« voyeur, qui lui apporte seulement deux charges de « marée; il lui demande : est-ce là tout? Il lui dit : Oui « Monsieur.
- « Il ne savait pas que Vatel avait envoyé à tous les « ports de mer (1). Il attend quelque temps : les autres « pourvoyeurs ne viennent point; sa tête s’échauffait; « il croit qu’il n’aura point d’autre marée; il trouve « Gourville et lui dit : « Monsieur, je ne survivrai pas à « cet affront-ci; j’ai de l’honneur et de la réputation « à perdre...
- « Vatel monte .à sa chambre, met son épée contre la « porte et se la passe au travers du cœur ; mais ce ne fut « qu’au troisième coup, car il s’en donna deux qui « n’étaient pas mortels : il tombé mort.
- « La marée cependant arrive de tout côté; on cherche « Vatel pour la distribuer; on va à sa chambre..., on le « trouve noyé dans son sang. »
- L’avènement des chemins de fer supprima l’industrie des chasse-marée, comme celle des diligences, et permit à des ports de plus en plus éloignés, de participer au ravitaillement de Paris, notamment pendant le carême.
- Mais on peut affirmer que le ravitaillement régulier
- 1. Notons, en passant, que la Royauté avait été moins tendre, pour le Stavisky de l’époque, que ne le tut en 1934, la République pour celui qui joua le même rôle fastueux, en même temps que corrupteur et démoralisateur que Fouquet.
- 1. Cette narration montre bien que le maître d’hôtel du Prince de Condé, recevant le Roi-Soleil, n’avait pas eu recours aux services des chasse-marée venant de Boulogne, qu’il aurait pu arrêter au passage par ordre du Roi. Il avait trouvé qu’il était préférable pour sa réputation, de montrer son savoir-faire, en organisant lui-même son ravitaillement en poisson de mer.
- Aussi comprend-on que cet échec, qu’il croyait complet, l’ait violemment contrarié.
- Fig. 2. — Un chasse-marée au xvme siècle.
- de Paris en poisson de mer frais ne date que de l’emploi de la glace comme procédé de conservation de cet aliment éminemment putrescible.
- C’est la glace qui a permis, en effet, de conserver pendant un certain temps à bord le poisson capturé, et une fois celui-ci ramené à terre, de l’expédier à d’assez grandes distances, dans un état de fraîcheur sinon parfaite, du moins suffisante, surtout depuis qu’on emploie simultanément, pour ces expéditions, les wagons isothermiques lesquels, depuis près de 15 ans, rendent les plus grands services aux mareyeurs.
- Ce n’est qu’en 1873, qu’un armateur de Boulogne, M. Fourny-Cherie, eut l’idée de faire venir de Norvège de la glace naturelle, qui devait servir à la conservation du poisson à bord de ses chalutiers. C’était la première fois qu’un moyen de ce genre était employé en France tout au moins.
- Cette glace était amenée par des voiliers en blocs cubiques qui pesaient près de 150 kg chacun. Or, cette innovation eut le sort de toutes les innovations qui bouleversent forcément les pratiques routinières : elle fut vivement critiquée : on alla jusqu’à prétendre que la glace nuisait à la bonne conservation du poisson, ce qui était absurde.
- D’ailleurs, ce sont surtout les marins qui se faisaient l’écho de ces préjugés stupides, et cela parce que cette nouvelle pratique entraînait, pour eux, un surcroît de travail à bord qu’ils voyaient d’un très mauvais œil, d’autant plus que leurs salaires n’étaient pas élevés à cette époque. La résistance des marins finit cependant par mollir, devant l’insistance des mareyeurs à déclarer qu’on se trouvait vraiment dans la voie d’un progrès général, dont tout le monde devait bénéficier largement : pêcheurs, mareyeurs et acheteurs (en gros aussi bien qu’en détail), sans parler du consommateur, qui se rendit bientôt compte qu’il avait tout de même, pendant les jours dits maigres, moins de chances de ne se trouver en présence que de poissons de fraîcheur discutable, pour ne pas dire plus. On peut donc dire, sans exagération, que la magnifique prospérité de l’industrie de la pêche à
- ** *
- p.113 - vue 119/602
-
-
-
- == 114 ..:..".:................:.i.
- Boulogne date du jour où un armateur avisé modifia heureusement sa technique, en ce qui concernait la conservation de cette denrée périssable entre toutes.
- C’est grâce à l’emploi de la glace naturelle, en effet, que furent considérablement augmentés, dès 1875, sans trop de frais, les périmètres des zones de pêche et des zones d’expédition du poisson de mer.
- Mais les armateurs s’aperçurent bien vite que le développement de leur industrie exigeait qu’ils ne fussent plus tributaires des transports de glace norvégienne.
- Aussi, dès 1880, une usine de glace artificielle fut-elle créée dans les dépendances du château dit impérial, parce que Napoléon III y habita, paraît-il, quelque temps. Cette usine appartient aujourd’hui à la Continental Pure Ice and C° Itd.
- Naturellement cette innovation ne rencontra au début que des adversaires : nos marins, et même un certain nombre d’armateurs, déclarèrent ouvertement que les produits chimiques qui étaient employés pour la fabrication de cette glace, s’incorporaient dans ses cristaux, et avaient pour effet, non pas de retarder, mais bien d’activer la putréfaction du poisson, qui était mis au contact de cette glace artificiellement produite.
- Pour vaincre cette méfiance, les fabricants de glace ne se contentèrent pas de montrer à leurs adversaires, que cette eau congelée n’entrait à aucun moment en contact avec les éléments producteurs de cette congélation, ils firent mieux : ils vendirent leur glace 60 francs, puis 25 francs les 100 kilogrammes (alors que la glace de Norvège valait 150 francs), et enfin, cette glace déjà concassée était embarquée directement sur le bateau par un plan incliné, de la même façon que le charbon (par camion à fond incliné).
- Ce dernier avantage est précieux en tout temps ; mais il est surtout apprécié au moment de la harengaison, quand les drifters sont obligés de se ravitailler rapidement, pour ne pas perdre le contact avec les bancs de poissons. Après la guerre, quand fut passée la période difficile de remise en train de la pêche en France, la pêche boulon-naise prit un nouvel et magnifique essor, qui exigea la production de plus en plus grande de glace, alors que les 3 usines, qui avaient travaillé à force pendant la guerre, voyaient leur rendement baisser, par suite d’usure du matériel, et aussi parce que l’eau de la ville n’arrivait plus qu’irrégulièrement.
- C’est à ce moment qu’une de ces usines n’hésita pas, et fora audacieusement un puits artésien sous son terrain.
- Malgré cela, il fallut recourir de nouveau, dans des conditions particulièrement onéreuses, à l’importation de la glace norvégienne. Mais l’adduction de l’eau municipale s’étant améliorée, on vit se joindre 2 nouvelles usines de production de glace artificielle.
- Et dans le même temps, les usines déjà existantes améliorèrent leur rendement, à un point tel que bientôt on put fabriquer à Boulogne 500 tonnes de glace par jour, alors qu’actuellement, 250 tonnes suffisent au fonctionnement normal de l’industrie de la pêche. Doit-on admirer une telle orgie de production de glace, dont une bonne partie d’ailleurs, est destinée à fondre
- en cours de route, après avoir nécessité le paiement d’un port élevé au moment de l’expédition ?
- La conservation du poisson au moyen de la glace concassée devrait céder le pas au procédé de la réfrigération à l’aide d’un mélange de saumure et de glace, dont le pouvoir réfrigérant — et partant conservateur — est notablement supérieur à celui de la glace seule.
- Depuis 1927, à la suite du concours qui a été ouvert par VInstitut Océanographique, avec le programme suivant : des moyens à employer, pour augmenter la consommation du poisson de mer en France, je me suis constamment intéressé à l’étude de ce problème. Encouragé par le regretté Louis Forest, ce grand remueur d’idées, et par M. Oscar Dabi, armateur à la Rochelle, j’ai écrit, en faveur du développement de l’ichtyophagie en France, une série d’articles dans la Vie Médicale d’abord, puis dans la Presse Médicale ensuite. Ces articles ont eu un certain retentissement. Nos ménagères et cuisinières ayant toujours manifesté de la répugnance — notamment à cause des odeurs dégagées — pour la cuisson du poisson à domicile, j’ai plaidé la cause des friteries, qui existent d’ailleurs dans le monde entier, et qui jouent notamment un rôle considérable en Angleterre, et aussi en Belgique. J’y ai défendu notamment la cause des friteries ambulantes à Paris, que Y Institut Océanographiqueavait patronnées de son mieux. Malgré ce puissant appui moral, cette œuvre de propagande ichtyophagique sombra lamentablement au bout de peu d’années, pour de multiples raisons, parmi lesquelles l’opposition qu’elle rencontra auprès du Conseil Municipal de Paris joua un rôle prépondérant.
- Je tiens, en effet de mon collègue et ami le Dr Félix Lobligeois — qui fut odieusement matraqué le 6 février dernier — que ses collègues de toutes nuances du Conseil municipal s’étaient opposés au maintien des friteries ambulantes, à cause des mauvaises odeurs qu’elles dégageaient dans la Ville Lumière, dont il convenait de respecter la pureté de l’atmosphère. En réalité, ce veto a eu surtout pour origine les réclamations de ceux de leurs électeurs qui s’adonnent aux commerces de bouche.
- J’ai défendu également, dans quelques-uns de ces articles, le principe de la conservation du poisson au moyen de sa réfrigération immédiate, dès sa sortie de l’eau, c’est-à-dire à bord même du chalutier, par le procédé du bain de saumure glacée dont j’ai parlé précédemment, et qui, pour de multiples raisons, remplacera certainement, à un moment donné, le procédé suranné de la glace concassée.
- Il existe 5 ou 6 variantes du procédé du bain de saumure, qui est à l’étude, depuis plusieurs années, dans le monde entier, et plus particulièrement peut-être en Russie, où il paraît être entré dans la pratique courante.
- En France, M. Oscar Dahl a mis sur pied, il y a de cela déjà plusieurs années, une technique qui lui permettait d’obtenir des poissons de longue conservation, auxquels il donnait le nom de poissons givrés, à cause de leur aspect extérieur. Mais le public français ayant fait mauvais accueil à ces produits — qui lui rappelaient les frigos, dont le souvenir était, pour lui, inséparable de celui de
- p.114 - vue 120/602
-
-
-
- 4 années de guerre — M. Dahl s’est remis au travail, en prenant pour objectif, le principe suivant : le poisson ainsi conservé ne doit pas présenter plus de modification dans son aspect extérieur que dans ses qualités gustatives.
- Ce n’est qu’à ce prix, en elfet, que ce procédé de conservation du poisson rendra les Français ichtyophages, surtout s’il a comme conséquence — ce. qui est presque certain — de stabiliser les prix des frutti di mare, d’une façon tout au moins analogue à ce qui se passe pour la viande de boucherie, pour la volaille, et pour les fruits de la terre.
- Je ne saurais mieux terminer cet article, qu’en reproduisant la réponse que je viens de recevoir de M. Oscar Dahl, à une lettre dans laquelle je lui demandais où il en était de ses recherches sur la conservation du poisson par les procédés modernes.
- « Nous comptons apporter à notre procédé de réfri-« gération des modifications importantes. L’opinion « publique, contre laquelle je n’ai pas l’intention de « continuer à lutter, m’ayant démontré surabondam-« ment, la vérité du vieux dicton : le mieux est Vennemi « du bien. Puisque nous pouvons faire autrement, pour-« quoi contrarier le public ?
- « C’est donc sur la base d’une conception nouvelle, « que nous allons repartir, et regagner le temps perdu. »
- 11 me semble qu’on ne saurait trop féliciter M. Dahl de sa ténacité, qui prouve une fois de plus que si la première partie de la pensée qu’on attribue à Guillaume d’Orange, dit le Taciturne, est très discutable, il n’en est plus de même de la seconde partie.
- Qu’il me soit permis de rappeler, pour ceux qui l’ont oubliée, cette phrase mémorable : « 11 n’est pas nécessaire « d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persé-« aérer ».
- 11 semble d’ailleurs — et ce doit être, pour M. Dahl, un encouragement — que le principe même de la conservation du poisson frais, par le seul procédé de la glace concassée, ne soit plus intangible, tout au moins à Paris. .
- Ne voyons-nous pas, en effet, beaucoup de grandes poissonneries mettre en vente, à certains moments, du saumon frigorifié canadien ou soviétique, dont la qualité, au point de vue gastronomique, ne vaut évidemment pas celle du saumon frais, mais dont le prix est tellement inférieur (quelquefois de plus des 3/4) à ce dernier, que beaucoup d’amateurs de cet excellent poisson s’en contentent ?
- Enfin l’Assistance Publique de Paris, à laquelle j’ai eu l’honneur d’appartenir pendant 32 ans, comme externe, interne et chef de service, n’a-t-elle pas renoncé depuis 2 ans, à s’approvisionner aux Halles, pour recourir au poisson frigorifié, qu’elle reçoit directement ?
- M. Sarraz le lui a ironiquement reproché à Boulogne, le 17 avril, par l’intermédiaire de M. Maurice Quentin et de ses collègues de la 2e Commission.
- Quant à moi, je ne peux que féliciter le Dr Mourier, Directeur de l’Assistance Publique de Paris, de l’appui qu’il a donné ainsi à la thèse que je soutiens : que le procédé de conservation du poisson de mer au moyen de la glace concassée n’est réellement plus à la page.
- Dr L. Bouchacourt.
- LA SIGNALISATION DANS LES CHEMINS DE FER
- Le terrible accident de Lagny att’ra encore l’attention sur le problème de la signalisation dans les chemins de fer.
- Et les quotidiens ont publié, à ce sujet, nombre d’articles plus ou moins précis et dont quelques-uns, même, entachés d’erreurs assez grossières.
- Autant qu’il est possible de le faire en une courte étude, nous allons montrer les dispositions adoptées sur les chemins de fer pour assurer la sécurité des voyageurs, et, ne pouvant reproduire tous les signaux utilisés par les differents réseaux, nous figurerons ceux qui sont employés sur le Réseau P.-O., et dont les autres ne diffèrent que par leur forme, le principe restant le même.
- Nous laisserons de côté les signaux des gares et bifurcations (carrés à damier rouge et blanc d’arrêt absolu, disque rouge d’arrêt différé, signaux de ralentissement, etc.), et ne nous occuperons que des signaux du block-system, assurant la protection des trains en circulation.
- LE PRINCIPE DU BLOCK-SYSTEM
- Toutes les grandes lignes à trafic important sont divisées en cantons dont 1^ longueur varie avec la densité de la circulation; d’un maximum de 6 à 8 km, ces cantons
- peuvent descendre, dans la banlieue de Paris, jusqu’à 1000, 800, et même 500 mètres. Toujours, et à l’entré3 de chaque canton est placé un appareil appelé sémaphore (fig. 1). Il consiste en un bras peint en rouge qui peut retomber verticalement le long de son mât, en laissant apparaître la nuit un feu blanc, et indiquant ainsi que la voie est libre, ou occuper une position horizontale, semblant barrer la voie, qu’il ferme, laissant ainsi apparaître, la nuit, un feu rouge et un feu vert.
- Dans cette dernière position, il commande l’arrêt, bloquant le canton devant le train qui arrive pour y pénétrer, d’où le nom de Bloch-System donné à ce mode de protection.
- Il doit rester fermé aussi longtemps que ledit canton est occupé par un train, et, sauf exceptions prévues par les règlements, et dans des conditions minutieusement précisées, il interdit à tout train de poursuivre sa route sur le cantojr^suivant.
- Il est donc impossible, théoriquement, que deux trains se trouvent, en même temps, sur le même canton.
- Mais il est évident qu’un train lancé à grande vitesse ou arrivant, dans une courbe, devant un sémaphore fermé, ne pourrait toujours s’arrêter avant de le franchir, et si le train précédent se trouvait en panne à peu de
- p.115 - vue 121/602
-
-
-
- 116
- Fermé
- Jour Nuit
- (Bras rouge horizontal) ( Feu rouge et feu vert)
- Sémaphore (Réseau P.O) Ouvert
- Jour Nuit
- (Bras rouge vertical) (Feu blanc)
- Fig. 1. — Signaux sémaphoriques placés à l’entrée de chaque canton (réseau du P.-O.). (A gauche fermé, à droite ouvert).
- distance de ce sémaphore, il pourrait encore y avoir collision malgré ce signal d’arrêt.
- Aussi, et toujours, ce sémaphore est précédé d’un autre signal (fig. 2), dit signal d’avertissement, qui, comme son nom l’indique, a pour but d’avertir le mécanicien qu’il- approche d’un sémaphore et de lui faire savoir, dès sa rencontre, si le sémaphore qu’il va trouver plus loin est ouvert ou fermé.
- Ce signal d’avertissement, en principe, est placé à 1000 mètres en avant du sémaphore. Dans ce cas, toujours sur le P.-O., il a la forme d’un carré aux angles abattus, posé sur un côté, partagé, suivant ses médianes, en 4 panneaux, deux verts et deux blancs, opposés par leurs sommets.
- Perpendiculaire à la voie, il montre, le jour, son carré, et, la nuit, deux feux verts sur ligne horizontale. Il indique ainsi que le sémaphore placé à 1000 mètres au delà est fermé, et que le mécanicien doit prendre ses dispositions pour arrêter son train avant d’arriver à ce
- sémaphore. Par contre, lorsque la voie est libre, il s’efface et ne laisse apparaître, la nuit, qu’un feu blanc.
- Si ce signal est placé à moins de 1000 mètres du sémaphore, il a la forme d’un carré régulier aux angles non abattus, divisé comme ci-dessus, mais posé sur un de ces
- angles (fig. 3).
- Ce dernier signal est toujours accompagné d’un chiffre qui indique le nombre d’hectomètres,
- arrondi à l’hectomètre inférieur, qui sépare ce signal du sémaphore. Fermé, la nuit, il laisse
- apparaître deux feux verts sur ligne verticale, ainsi que le chiffre des hectomètres fortement éclairé. Ouvert, comme tous les signaux, il présente un feu blanc.
- Lors donc qu’un train pénètre dans un canton, le garde-sémaphore installé dans son poste, au point de jonction des deux cantons, met immédiatement à l’arrêt signal d’avertissement et sémaphore qu’un enclanchement
- oblige à manoeuvrer dans cet ordre.
- Il est donc impossible qu’un train arrive sur un signal à l’arrêt sans avoir été prévenu, assez longtemps à l’avance pour s’arrêter avant de le franchir, qu’il va le trouver à l’arrêt.
- Et ce signal restera à l’arrêt, et le signal précédent à l’avertissement, aussi longtemps que le train ne sera pas sorti du canton que ferme ce sémaphore. Il ne sera remis à l’ouverture que sur une manœuvre de reddition de voie faite par le poste sémaphorique suivant, manœuvre qui, à ce dernier poste, sera d’ailleurs subordonnée au passage effectif du train et à sa couverture, ou à son garage.
- Fig. 3. — Signaux d’avertissement.
- Fig. 2. — Signaux d’avertissement (réseau du P.-O. placé à 1.000 m du signal annoncé.
- Damier placé à moins de 1000 m du signal annoncé.
- (Le chiffre éclairé la nuit indique le nombre d’hectomètres, arrondi à l’hectomètre inférieur, qui sépare le damier du signal qu’il annonce).
- acé à moins de 1000 T1 du signal annoncé
- Damier
- Ouvert
- 0 u vert
- Nuit Un feu blanc
- Jour Damier parallèle à la voie
- Nuit Deux feux verts sur ligne verticale
- Nuit Jour Deux feux Damier
- verts sur parallèle
- ligne horizontl6 à la vote
- Jour
- Damier perpendiculaire à la voie.
- Damier per-
- Un feu
- pendiculaire
- p.116 - vue 122/602
-
-
-
- Si les gardes-sémaphores et les mécaniciens font exactement leur service, et si tous les appareils fonctionnent de façon parfaite, il est donc impossible, encore une fois, que deux trains se trouvent à la fois sur le même canton, et il doit y avoir entre eux un intervalle au moins égal à la longueur d’un canton. Un accident comme celui de Lagny n’arriverait donc jamais si ni agents, ni signaux, n’avaient de défaillances.
- Nous avons indiqué plus haut que le sémaphore, à de certaines conditions, pouvait cependant être franchi. Alors que certains réseaux, dont le P.-O., ont le bloc absolu, d’autres ont le bloc permissif, dans lequel, sur ordre écrit du garde-sémaphore ou du chef de train, le mécanicien, après un arrêt d’une certaine durée, variable suivant les réseaux, peut franchir le sémaphore fermé et continuer sa route dans le canton bloqué en faisant de la marche « à vue », ou marche prudente, de façon à pouvoir s’arrêter dans la partie de voie qu’il découvre devant lui, et en s’attendant toujours, ainsi qu’il est dit dans les règlements des chemins de fer américains, à trouver dans le canton « un train (x), un rail cassé, — sur les voies où existe le block automatique, — un obstacle ou une aiguille en mauvaise position ».
- LA SIGNALISATION ÉLECTRIQUE
- La signalisation précédente, « block manuel », qui est
- encore en usage sur tous les réseaux, date cependant un peu. L’électricité, certes, y joue un rôle, mais l’intervention de l’homme y est encore indispensable, et l’homme, s’il est intelligent, alors que la machine ne l’est pas, peut être sujet à de plus nombreuses défaillances. Aussi, et tout en conservant la même signalisation, les compagnies ont tendance aujourd’hui à la rendre automatique.
- Sur les lignes électrifiées du P.-O., où le courant alternatif triphasé à 50 périodes, à 150 000 et 90 000 volts, est transformé dans des sous-stations, le courant nécessaire à la signalisation automatique est emprunté à ce courant transformé. Sur les lignes non électrifiées, il
- 1. Lorsqu’un premier train est en panne, entre deux sémaphores, ou arrêté devant un sémaphore fermé pour une raison quelconque, le sémaphore qu’il a franchi en dernier doit prescrire l’arrêt, et il le prescrira aussi longtemps que ce premier train n’aura pu se remettre en marche et pénétrer dans le canton suivant.
- Si, après avoir marqué l’arrêt, le second train franchit le sémaphore et continue en marche lente, ainsi qu’il est prescrit, et de façon à s’arrêter dans la partie de voie visible devant lui, il ne pourra évidemment y avoir collision. Pour plus de sûreté, cependant, dans le block manuel, un train obligé de s’arrêter entre deux sémaphores doit se couvrir, et, pour cela, un agent de ce train doit se porter en arrière, et autant que possible à 1000 mètres environ du train arrêté, porteur, en jour, d’un drapeau rouge déployé, la nuit, d’une lanterne à feux rouges qui, tous deux, commandent l’arrêt immédiat. Il doit, de plus, poser sur les rails des pétards qui détonent au passage du train et avertissent le mécanicien. *
- Rai! Rait
- J 1 / A- p & 1 h*
- Rai! Rai!
- Fig. 5. — Jonction électrique des rails. A, B, connexions aux abouts des rails.
- 117
- Fig. 4.
- Groupe redresseur-accumulateur.
- T, transformateur ayant son primaire en P, son secondaire en S ; R, redresseur, BB’, accumulateurs, CC’, circuit de signalisation.
- peut être emprunté au réseau électrique desservant la région.
- 11 peut même être produit par des piles.
- Dans les deux premiers cas, le courant alternatif peut être utilisé directement, dans les circuits de voie, après abaissement de la tension à la valeur convenable.
- (L’emploi du courant alternatif est obligatoire sur lignes électrifiées). Il peut aussi, sur lignes non électrifiées, être envoyé dans des groupes-redresseurs accumulateurs (fig. 4), qui donnent du courant continu aux tensions désirées. Le secondaire d’un transformateur débite sur le redresseur R, c’est le « Elevating-Systcm ». Une batterie d’accumulateurs est branchée en BB' et le circuit de signalisation connecté en CC'. Le courant débité par le redresseur charge la batterie et alimente le circuit. Avec un seul élément d’accumulateur, la différence de potentiel entre B et B' est d’environ 2 v, avec une puissance de 1
- d’ampère. Si le courant vient à manquer au primaire,
- le redresseur empêche la batterie de se décharger à travers le secondaire et l’oblige à débiter sur le circuit de signalisation, assurant ainsi en tout temps le courant nécessaire à ce circuit, et qui est envoyé dans les deux rails dont les abouts, à cet effet, sont reliés par des connexions que l’on peut apercevoir sur les voies, entre ces deux rails (fig. 5), et qui assurent le passage du courant d’un rail au suivant à l’endroit des éclissages, et sur toute la longueur du circuit, chaque circuit étant séparé du suivant par des joints isolants.
- Un moteur de faible puissance, — une fraction de cheval, — actionné sous 10 v, commande d’autre part la manœuvre des signaux d’arrêt ou d’avertissement.
- Le courant circulant dans les rails, par l’intermédiaire d’un « relais », électro-aimant, pour courant continu — ou petit moteur, pour courant alternatif, — ouvre ou ferme, comme il va être dit ci-dessous, le circuit d’alimentation des signaux, ou circuit de signalisation.
- Lorsque le canton est libre, le courant circule librement dans les rails, les relais sont excités, et leurs contacts hauts envoient le courant aux moteurs du sémaphore et du signal d’avertissement.
- Grâce à ces moteurs, le bras du sémaphore conserve une position verticale et le signal
- Fig. 6. — Panneau du P.-O. pour signalisation automatique lumineuse.
- p.117 - vue 123/602
-
-
-
- 118
- Fig. 7. — Signaux lumineux en gare des Aubrais.
- d’avertissement se maintient parallèle à la voie, tous deux montrant ainsi qu’elle est libre.
- Fig. S. — Jeu de relais produisant l’allumage et l’extinction des lampes dans la signalisation automatique lumineuse (P.-O.). L’occupation de chaque canton 1...4, se traduit par la désexcitation d’un relais de voie R(...R4.
- Chaque relais de voie R,... R4 a un relais répétiteur R',... R'4 près du relais précédent.
- A hauteur de chaque signal, on a ainsi 2 relais matérialisant les conditions d’occupation des 2 cantons suivants. Quand ces deux cantons sont libres, les 2 relais sont excités, et l’on a allumage du feu blanc. (Cas de Sj.) Quand le 1er canton est libre, et le 2e occupé, on a allumage des feux verts (cas de S2). Quand le canton qui suit immédiatement le signal est occupé, on a allumage des feux rouges, (cas de S3, où le train est dans le 3e canton).
- Un train est donc toujours couvert par un premier signal au rouge et un deuxième au vert.
- B ( Feu blanc)
- (Feux rouges)
- Dès qu’un train pénètre dans ce canton, ses essieux court-eircuitent les deux rails. Le relais de voie, privé de courant, est désexcité, les contacts tombent, privant de courant les moteurs des signaux. A ce moment des contre poids entrent en action, le bras du sémaphore prend une position horizontale, et le damier du signal d’avertissement qui le précède se place perpendiculairement à la voie.
- Et il en est ainsi tant que la dernière voiture du train n’est pas sortie du canton.
- Il semble donc, là encore, matériellement impossible que deux trains se rejoignent, et la simplicité du mécanisme, l’étanchéité des coffrets métalliques renfermant relais et moteurs, les précautions prises pour éviter les pertes de courant paraissent donner une sécurité absolue. 11 peut arriver, cependant, que des signaux mécaniques, se coincent ou ne fonctionnent pas par la gelée. C’est pourquoi les compagnies de chemins de fer, dans la mesure où elles le peuvent, ont commencé à substituer à cette signalisation mécanique une signalisation lumineuse qui, basée sur le même principe, présente l’avantage d’être plus visible, même en jour, et de donner mêmes indications de jour que de nuit.
- LA SIGNALISATION LUMINEUSE
- Là encore, la voie est divisée en cantons, divisés eux-mêmes en circuits, et les panneaux lumineux (hg. G), placés à l’entrée de chaque canton, soit horizontalement, soit verticalement, et dont la forme peut différer quelque peu, comportent tous, en principe, les mêmes indications, et peuvent donner un feu blanc, des feux verts et des feux rouges.
- Comme précédemment, le courant, par l’intermédiaire d’un premier transformateur, alimente les rails sous une tension d’environ 2 v. Un second transformateur, sous une tension de 6 à 8 v, alimente des lampes de 15 w qui donnent les signaux lumineux colorés.
- Afin de renforcer la puissance de ces feux, la lumière des lampes est concentrée dans un angle de quelques degrés et les lampes, placées au foyer d’une lentille ou d’un système de deux lentilles, donnent des feux visibles en plein jour, à une distance de 800 à 1000 m.
- Là encore, l’allumage et l’extinction des lampes se font par un jeu de relais (schéma fig. 8), qu’excite le courant circulant dans les rails, et que désexcite le train dans sa marche. Le panneau lumineux, qui porte un feu blanc lorsque la voie est libre, passe au rouge dès qu’un train le franchit. Lorsque la queue du train ou, quelquefois, sur le P.-O., un circuit de 400 à 600 m de longueur placé à l’aval du panneau suivant, appelé « sverlap », ou « chevauchement », et qui n’existe pas sur tous les réseaux, dégage le panneau suivant, lui-même au rouge, le premier passe au vert, et, enfin, revient au blanc lorsque le suivant passe lui-même au vert. Chaque panneau passe donc ainsi du blanc au rouge, du rouge au vert, et, enfin, du vert au blanc.
- En réalité, l’arrêt absolu et infranchissable, aux abords des gares et des bifurcations, est commandé par les deux feux rouges 1 et 1, correspondant'désignai carré rouge et blanc. Ces deux feux rouges, et le feu vert 2,
- p.118 - vue 124/602
-
-
-
- 119
- indiquent l’arrêt sémaphorique, correspondant à l’arrêt du sémaphore. Les feux 3 et 3 sont les feux d’avertissement correspondant au damier vert et blanc, et, enfin, le feu 4, assez exceptionnel, prescrit le ralentissement. Le chiffre 7 indique le nombre d’hectomètres qui séparent ce panneau du suivant. La figure 6 montre les différents aspects donnés par un panneau lumineux sur le P.-O.
- Cette signalisation permet donc de concentrer sur un même panneau différents feux susceptibles de donner des indications en nombre quelconque, et de ne laisser apparaître que la plus impérative, car l’indication d’arrêt absolu, par exemple, rend évidemment toutes les autres inutiles. Il est indispensable, d’autre part, que les quatre signaux soient tous ouverts pour qu’apparaisse le feu blanc.
- On pourrait craindre, avec ce système, soit la panne de courant, soit l’usure prématurée ou le bris du filament d’une lampe. Pour parer au premier danger, le P.-O. dispose d’un circuit de secours qui entre automatiquement en jeu dès que le circuit en service vient à manquer. Il est possible également, ainsi qu’on le fait aux Etats-Unis, d’adopter un dispositif (fig. 9) qui permet d’alimenter le circuit de voie et le circuit d’alimentation des feux du signal, et de charger des batteries d’accumulateurs susceptibles de remplacer le courant défaillant.
- On a adopté, en ce qui concerne les lampes, deux dispositions fort judicieuses. Tout d’abord, on ne les laisse pas vieillir, et l’on a soin de les remplacer avant le moment où, normalement, l’usure les mettrait en péril. (Nous avons vu à ce propos, à la gare de Juvisy, un dispositif très ingénieux qui permet de connaître à chaque instant l’âge des lampes, et qui signale celles qui doivent être renouvelées). On emploie, enfin, partout, des lampes à double filament, le second donnant une indication suffisante, quoique faible, après rupture du premier, tout en signalant cette rupture par sa faiblesse.
- Cette signalisation lumineuse, mise à l’essai sur le P.-O. en 1924, est établie maintenant sur la section à 4 voies Paris-Brétigny, ainsi que dans un certain nombre de gares. Elle l’a été tout dernièrement sur la ligne Orléans-Tours où fonctionne aujourd’hui la traction électrique, et son installation est prévue dans les gares les plus importantes de la ligne Paris-Montauban.
- LE CROCODILE
- Il convient d’ajouter, et bien que la sécurité repose surtout sur l’observation visuelle et directe des signaux optiques, que le signal d’avertissement d’un sémaphore fermé, ainsi que le feu vert d’un panneau lumineux, qui pourraient être parfois difficilement visibles, comportent un dispositif sonore qui les double. Au même niveau que ces signaux, et allongée dans l’axe de la voie, se trouve une longue pièce de fer, « le crocodile », qui est chargée par un courant électrique en même temps que les signaux se mettent à l’avertissement. Un balai conducteur, placé à la partie inférieure de la locomotive, capte au passage le courant qui actionne un sifflet strident placé près du mécanicien. De plus, un sémaphore à l’arrêt est appuyé par des pétards et un panneau lumineux est conjugué avec un détonateur dont une cartouche explose quand un
- P JLQiLQJLQJLdQJULQj P’ J2JLO.OJiM.Qj
- Fig. 9. — Alimentation du circuit de voie et du circuit d’alimentation des feux des signaux avec batteries d’accumulateurs de secours. (Dispositif employé aux États-Unis).
- T. Transformateur à deux secondaires : S. Fournit 8 v; R. redresseur; B. Batterie à un élément; C. circuit de voie (environ 2 v).
- S', deuxième secondaire. Fournit 20 v; R'redresseur ; B', batterie [à 4 éléments; C', circuit de ligne (environ 8 v).
- T', transformateur spécial. Fournit 8 v au circuit C" qui alimente les feux du signal; E, relais.
- Si le courant manque, le relais E se désexcite, les contacts bas D et D' se ferment et la batterie de ligne B' fournit le courant.
- train franchit le signal au rouge. Il semble donc bien que toutes dispositions optiques et acoustiques soient prises pour avertir le mécanicien même le moins vigilant.
- Fig. 10. — Signaux lumineux de block automatique en gare de Juvisy
- p.119 - vue 125/602
-
-
-
- 120
- Fig. 11. — Signaux lumineux en gare de Vierzon.
- Et l’on sait que les mécaniciens, et surtout ceux des rapides, sont choisis parmi une élite.
- Ajoutons encore qu’il a été édicté, pour renforcer la sécurité, des prescriptions sévères concernant les signaux. C’est ainsi qu’un signal dont le mécanicien n’a pu reconnaître nettement la nature doit être considéré comme un signal d’arrêt.
- Si, sa nature ayant été reconnue, l’indication qu’il donne reste douteuse, il doit être considéré comme commandant l’arrêt si c’est un signal d’arrêt, comme fermé s’il s’agit d’un signal d’avertissement, et comme commandant le ralentissement si c’est un signal de ralentissement.
- Une signalisation ainsi comprise, doublée d’aussi sages prescriptions, ne devrait évidemment permettre aucune collision de trains.
- Peut-être un jour, à l’aide des ondes courtes, assurera-t-on une liaison constante entre les trains qui circulent l’un après l’autre sur une même voie.
- Il existe d’ailleurs déjà quelque chose de ce genre, car on a des systèmes donnant une notion continue des circuits de voie sur les machines, « cab signaling américain » qu’on va essayer en France.
- On renforcerait encore ainsi la sécurité. Mais, hélas, le mécanisme le plus parfait, de même que l’homme le plus parfait, sont toujours sujets à des défaillances, et le temps est encore bien loin, sans doute, où la sécurité sur les chemins de fer, déjà très grande, quoi qu’on en dise, et malgré de terribles catastrophes qui semblent prouver le contraire, pourra être assurée de façon vraiment absolue.
- Georges Lanorville.
- UN APPAREIL CAPTEUR D’INSECTES
- « Va-t’en, chétif insecte, excrément de la terre », dit un jour le lion au moucheron qui, furieux, lui déclare immédiatement la guerre.
- Et le chétif insecte se montre, à la fois, si brillant stratège, si sagace tacticien, que, rendu presque fou, le roi des animaux écume, que son œil étincelle, et que, bientôt, le voilà « sur les dents ».
- Ne peut-on, en vérité, transposer cette fable, et nous l’appliquer à nous, humains, rois de la terre, qui nous croyons si puissants, mais que les attaques répétées d’une mouche, d’un moucheron, cousin, moustique ou autre insecte suceur ont tôt fait de mettre, comme le lion, « sur les dents ».
- Indépendamment de ces suceurs de sang, si désagréables pour l’homme, et parfois si dangereux, puisque nombre d’entre eux sont les agents de transmission de maladies, combien, tels les taons, s’attaquent plus spécialement à nos animaux domestiques, chevaux et bœufs. Combien d’autres encore, hannetons, noctuelles, cétoines, cicca-delles, courtilières, pyrales, cochylis, lasiodermes, bruches, charançons, sont les ennemis de nos cultures, ou de nos
- récoltes. Combien, enfin, et notamment les différentes variétés de dermestes et de teignes, s’attaquent à nos vêtements, nos tapisseries, nos fourrures, nos pelleteries.
- Si nous pouvons, assez facilement, contre-attaquer les poux, puces et punaises, qu’on ne trouve pas, d’ailleurs, dans les maisons bien tenues, et qui ne peuvent se soustraire à nous par leur vol, il n’en est pas de même des insectes pourvus d’ailes. Les divers pièges à mouches nous débarrassent bien de quelques-uns de ces insectes diui*nes, mais combien il est difficile de capturer les insectes nocturnes ! Tout au plus pouvions-nous, jusqu’à ce jour, les combattre à l’aide d’insecticides et de fumigations, procédés qui ont, certes, donné des résultats, mais encore très insuffisants, ce qui a conduit à chercher d’autres moyens de lutter contre ces ennemis aussi redoutables qu’ils sont innombrables.
- Chacun de nous a remarqué combien la lumière, en général, attire les insectes, et nous les avons tous vus, autrefois, venir brûler leurs ailes au-dessus des lampes à huile et à pétrole. Et c’est ce qui a donné l’idée de les attirer, afin de les capturer, à l’aide de radiations lumi-
- p.120 - vue 126/602
-
-
-
- neuses puissantes, et notamment des radiations ultraviolettes, beaucoup plus efficaces que les radiations ordinaires, ainsi que l’a constaté, en 1911, et de façon indiscutable, le Professeur von Abrech.
- Il avait installé, dans un parc, où elle attirait nombre d’insectes, une lampe électrique de 3000 bougies. Il alluma alors, à 30 mètres de cette lampe, une lampe à vapeur de mercure, d’une intensité de 800 bougies seulement, mais émettrice, évidemment, de rayons ultra-violets. Or, les insectes qui entouraient la lampe de 3000 bougies la quittèrent immédiatement, et se rassemblèrent autour du tube à vapeur de mercure, d’une puissance lumineuse cependant près de quatre fois moindre.
- Hess a d’ailleurs constaté, chez les mêmes insectes nocturnes, semblable augmentation d’attirance par les lumières plus riches en rayons ultra-violets.
- Est-ce directement, et en raison de la production de ces rayons ultra-violets, que ces lampes attirent ainsi les insectes ? Non. Chez aucun animal, les yeux ne peuvent être impressionnés par cette lumière. Mais ces radiations sont absorbées par les milieux transparents et les membranes internes, qui deviennent fluorescents, et elles donnent naissance à des radiations visibles, parce que de plus grande longueur d’onde que la lumière incidente, et
- Fig. 1. — Le capteur d’insectes, type moyen, monté et prêt à l’emploi.
- ..'...........-= 121 =
- d’une valeur d’autant plus excitante pour la rétine que cette lumière fluorescente est de couleur verdâtre.
- Les insectes, en effet, ont une prédilection pour les radiations jaunes et vert clair, presque de même longueur d’onde, et qui dominent dans les lampes productrices de rayons ultra-violets.
- Les yeux des insectes nocturnes, cantharides, cétoines, hannetons, lucioles, papillons, etc., par exemple, donnent des images par superposition, alors que les yeux des insectes diurnes, guêpes, mouches, papillons diurnes, donnent des images par apposition. Or les yeux avec images par superposition, en raison du nombre de cônes cristallins, environ cinq fois plus grand, sont beaucoup plus lumineux que les yeux avec images par apposition. On en peut même déduire que, chez les insectes nocturnes, l’acuité visuelle est dix fois plus grande que chez les insectes diurnes.
- Des excitations lumineuses, produites sous un certain rythme par des oscillations, occasionnent chez l’insecte une réaction oscillatoire de la rétine qui peut être considérée comme un phénomène de contraction. Et, lorsqu’une lumière est suivie, immédiatement et rapidement de pénombre, les images qui se succèdent si rapidement se superposent. Il en résulte, pour la rétine, un trouble
- Fig. 2. — Le même capteur, démonté, montrant ses divers organes.
- p.121 - vue 127/602
-
-
-
- 122
- Fig. 3. — Le capteur d’insectes employé pour la capture du « Lasioderme du tabac » (Photo Eichacker).
- momentané, et l’insecte n’est plus capable d’apprécier à quelle distance il se trouve du foyer lumineux.
- Le capteur d’insecte « Ciparuv », tenant compte de toutes ces données, attire les insectes par photo-réaction motrice, excitation lumineuse, et contraction, grâce à une lampe de puissante intensité émettant des rayons ultra-violets de grande longueur d’ondes, les plus recherchés par les insectes, et il permet de supprimer le brûleur à vapeur de mercure, dangereux, coûteux, et difficile à manier.
- Il les attire, en outre, par un dispositif permettant d’obtenir des rayons lumineux qui complètent les longueurs d’ondes acquises des rayons ultra-violets, et qui détermine un système d’éclipsage gradué, régulier, chromatique, et
- Fig. 4. — Petit capteur électroculeur de mouches.
- mécanique, produisant sur la rétine ce trouble momentané dont il a été question ci-dessus.
- Enfin cet appareil comporte deux bassins où viennent tomber les insectes non aspirés : a) une coupe en verre cristal placée sur le haut de l’appareil; b) un bassin circulaire placé au-dessous de la lampe et à hauteur de la bouche d’aspiration; c) Un panier en toile métallique, placé dans la cage de l’appareil et qui recueille les insectes capturés; d) Un aspirateur actionné par un moteur électrique produisant une puissante aspiration.
- L’appareil en régime consomme 70 watts, avec une vitesse de ventilateur de 1.200 tours-minute, et un débit de 8 m3 minute.
- Sa hauteur totale est de linSO, son diamètre de 0 m 450.
- Cet appareil a fait merveille à l’usine et à la cité d’El Alia, en Algérie, appartenant à la Société des Lignes Télégraphiques et Téléphoniques, à Port-Saïd et aux environs, où il a été fait des essais, en 1.932, sous les auspices de la Compagnie Universelle du Canal de Suez, essais au cours desquels furent capturés de nombreux insectes identifiés par le Muséum d’Histoire Naturelle, et notamment, en quatre heures, le 15 octobre, 3 kg 500 de phlébotomes, moucherons et autres insectes.
- Enfin des expérimentations officielles ont été effectuées en Algérie sous le contrôle de M. l’Inspecteur de la Défense des Cultures. Elles ont porté sur 30 nuits, du 15 juin au 22 juillet 1933, au cours desquelles furent comparés des pièges à rayons ultra-violets (P.U.-V.), et des pièges à incandescence, à panneaux englués (P.I.P.), et ont fait l’objet d’un rapport extrêmement complet de M. Lepigre, Directeur adjoint de l’Insectarium d’Alger. Il résulte de ce rapport que, pour la capture du « Lasioderma serricor-nis » ou Lasioderme du tabac, adulte, qui cause de grands dégâts dans les balles de tabac, et qui s’attaque également aux petites semences et au foin, ainsi qu’aux farines et pâtes alimentaires, le capteur « Ciparuv » s’est montré de cinq à sept fois plus efficace que les pièges ordinaires.
- A la suite d’expérimentations comparatives faites en plein air, du 12 au 14 juillet 1933, à Bérard, pour la capture du « Galerucella Luteola Mull » il fut constaté que la puissance d’attraction du « Ciparuv » était 23 fois supérieure à celle du piège ordinaire.
- A rendement égal, la dépense, avec Ciparuv, est environ 12 fois moindre qu’avec les pièges ordinaires. Il semble donc que nous sommes, enfin, en possession d’un appareil vraiment efficace, et susceptible de rendre les plus grands services dans la lutte contre les insectes nuisibles, piqueurs-suceurs de sang, et destructeurs de nos récoltes.
- Indépendamment de cet appareil à grand rendement, le même inventeur, afin de nous permettre de lutter contre les insectes ennemis de notre repos, a construit également des appareils domestiques.
- « L’Électrocuteur de Mouches » détruit plus spécialement ces insectes, si désagréables et si dangereux en été, en les attirant par appâts placés à l’intérieur de l’appareil, et en les étourdissant, soit par un premier circuit enveloppant horizontalement l’extérieur du capteur, soit par un circuit vertical placé à l’intérieur. Dans l’un comme dans l’autre cas, elles tombent dans un
- p.122 - vue 128/602
-
-
-
- 123
- bassin contenant un liquide dans lequel elles se noient.
- « L’électrocuteur de moustiques, anophèles et culex est assez semblable au précédent, mais comporte, de plus, un dispositif placé sur le haut de l’appareil, qui capte également des moustiques, et dont on ferme les portes vers 20 ou 21 heures. Le matin, les moustiques enfermés dans cette cage se font électrocuter en voulant s’échapper par les ouvertures du bas. On le place, devant les fenêtres, sur la façade à l’abri du vent pour les anophèles, et, au contraire, sur la façade non abritée pour les culex.
- Eniin, un autre appareil plus complet, à rayons ultraviolets et tous rayons lumineux, permet d’exterminer non seulement ces insectes, mais plusieurs autres encore.
- 11 existe donc toute une gamme de capteurs adaptés à tous les besoins, et le temps viendra où ils feront partie du mobilier domestique au même titre que les réchauds, fers, aspirateurs électriques, et autres appareils dont l’usage se répand de plus en plus.
- G. L.
- Fig. 5. — Petit capteur éledroculeur de moustiques.
- LE CRI DU BUTOR
- Un jour, une nuit plutôt, les ouailles d’un prêtre normand qui vivait en 1864, je crois, sur les bords du marais Vernier en Seiire-Inférieure, vinrent le supplier d’exorciser le marais, car le diable ne cessait de gémir d’une voix menaçante du fond des criques et des roseaux. Le digne homme fut forcé d’obéir, mais, sceptique pour cette fois, il fit passer ses bénédictions sur la tête de ses paroissiens qui en avaient grand besoin, comme en mainte province de France.
- A vrai dire, le diable persista à se faire entendre jusqu’au jour où mon vieux maître, Arcade Noury, tua un magnifique butor et connaissant l’histoire, alla dire au bon curé que le diable était mort; il lui montra, en effet, une superbe naturalisation de ce grand héron fauve flammé de noir et lui dit qu’il pouvait engager ses fidèles à rire de ce démon-là.
- Mais il est une légende sur le dit oiseau dont je puis offrir le témoignage le plus sûr pour essayer de la détruire. Ce cri de bœuf, ce mugissement sourd qui porte à plusieurs kilomètres, doué d’ubiquité comme la voix d’un ventriloque, a été interprété, par des gens qui ne voulaient pas y aller voir, comme un son produit grâce à la précaution que cet échassier prendrait d’enfoncer son bec dans Veau pour crier.
- Lorsque vous êtes, en été, en fin fond de Camargue ou dans quelque grand étang de Sologne ou de Brenne, écoutez dans la nuit ce « boû... hou » « boû-hou » mystérieux ; vous songez à la légende et pensez qu’en effet cet insolite gémissement dans
- l’ombre du soir n’est ni près, ni loin, qu’on pourrait s’en effrayer s’il était poussé brusquement à votre passage, qu’il est fixé en un point du marais d’où il ne
- Fig. 1. —- Attitudes du Butor étoilé.
- Au vol; avalant un poisson; marchant; observant en avant, le cou et le bec verticaux. Il crie au-dessus, de l’eau : après avoir happé l’air 8 ou 10 fois, son cou est gonflé et à bec fermé, contractant ses épaules et ses poignets sur son thorax, il émet deux éructations sourdes : boû-hou, boû-hou, reprend un instant son manège et recommence ce cri une seule fois.
- "7 ...
- p.123 - vue 129/602
-
-
-
- = 124......... . -.•;.—======
- décale des heures de jour ou de nuit durant, reprenant à intervalles lointains et qu’il est si étouffé malgré sa force de portée que c’est bien un enfant de la vase qui s’exprime en un tel vocable si affilié aux bruits des batraciens, des râles et des fauvettes d’eau, si harmonique enfin du milieu; vous seriez presque de l’avis de la légende s’il n’était possible de se convaincre du contraire sur les oiseaux captifs. En effet, c’est en Hollande que j’eus la complète et éclatante vérification, l’éclaircissement bien net de ce mystère.
- Bien des oiseaux, peuvent chanter à bec clos : la Huppe, le Coucou sont du nombre; le Nandou, le Tétras lyre aussi; le roucoulement des Pigeons est de cet ordre. Le son de trompe du Butor aussi. J’ai assisté, crayon en main, au jardin zoologique d’Amsterdam en juin 1930, à la pariade du Butor. Sur une douve pittoresque renfermant foulques, poules d’eau, grèbes, brantes, nyrocas et autres oiseaux d’étang, il y avait un butor mâle et quatre femelles ou j eunes.
- J’avais sous les yeux l’oiseau généralement invisible que j’avais précédemment fait lever dans les roseaux de Camargue où me dirigeant sur son cri, je mis le couple au vol tout près d’un nid en achèvement.
- LA YERBA MATÉ
- L’intéressante étude de M. de Noter sur la yerba ou maté, m’a fait revivre en pensées quelques belles années passées en Argentine au milieu des « yerbateros... »
- 11 y a toutefois cette différence, que le « yerbatero » argentin n’est pas l’ouvrier attaquant la yerba naturelle en forêt à coups de « machette » des provinces du sud brésilien ou du Paraguay, mais le propriétaire de « yer-bales » ou plantations de yerba, qui se sont développées depuis une vingtaine d’années dans le territoire de Misiones.
- Ce territoire, qui doit son nom aux anciennes missions jésuites dont on retrouve encore d’intéressants vestiges, est situé à l’extrême nord de l’Argentine entre les deux fleuves Parana et Uruguay, frontières respectives du Paraguay et du Brésil. C’est là que furent créées de nombreuses plantations de yerba par des colons pour la plupart Européens, dans l’espoir qu’une yerba nationale supplanterait aisément sur le marché argentin les yerba d’importation brésilienne ou paraguayenne* car si l’Argentine consomme énormément de yerba, elle n’en produit pas, sauf dans ce petit territoire de Misiones.
- Il y a lieu de distinguer, le « yerbal de Campo » ou plantation en prairie, et le « yerbal de Monte » ou plantation en forêt. Le premier s’établit sur l’immense prairie qui au sud du territoire s’étend entre les deux fleuves Parana et Uruguay. On commence par ouvrir la prairie par un profond labour au tracteur effectué après la saison des pluies, en octobre et novembre. Ce travail terminé, de nombreuses équipes de « peons » procèdent au piquetage de la future plantation et au creusement
- L’observation se répétait ici dans les conditions mêmes de la nature, mais à découvert.
- U erreur réside en ce qu’on a mal observé. L’oiseau, en effet, abaisse son bec vers V eau ou vers le sol indifféremment, après une vive extension du cou. Aussitôt il happe l’air une huitaine de fois; sa fraise, en même temps, se gonfle, se distend ; il ferme le bec et en une brusque et sonore éructation il dégonfle son œsophage. Il recommence une seconde fois, avalant quelques gorgées d’air et les exhale en un nouveau boû... hou final identique, étouffé, profond et sourd.
- Il s’avançait vers une femelle qui esquivait son avance en progressant à grands pas de ses tarses bas aux doigts allongés et verts comme son bec, verts comme les plantes fraîches qui croissaient dans l’enclos, puis elle reprenait son attitude méfiante, le cou et le bec verticalement alignés dans l’axe du corps, immobile et mimétique.
- Le mâle s’avançait de nouveau, les plumes du dos soulevées, la fraise étalée, projetée en avant et recommençait ce mystérieux manège sans jamais enfoncer son bec dans l’eau. La multiple expérience de la vie reconstituée m’avait livré son secret.
- Roger Reboussin.
- EN PLANTATIONS EEEE
- de trous de 40 cm de profondeur, espacés de 3 m avec interlignes de 3,5 m. Ces travaux doivent être enlevés durant les mois d’été, de décembre à fin mars afin que tout soit prêt avant l’hiver, époque de la plantation.
- Le yerbal de Monte s’établit en forêt, après que celle-ci a été exploitée pour ses bois de valeur. Le travail est différent. La forêt est abattue, en. commençant par le sous-bois, qui sèche, pendant que l’on coupe les grandes futaies. Après cinq ou six semaines, on met le feu et c’est alors un immense incendie dont la fumée voile complètement le ciel. Celui-ci terminé il ne reste sur le sol que quelques gros troncs fumants, qui souvent sont laissés en place et entre lesquels on plante la yerba sans autre préparation que les trous, faits en alignement, aussi droits que le permet ce terrain chaotique, couvert de souches non extirpées qui pourriront rapidement.
- La petite plante de yerba, destinée à être mise en pleine terre, s’obtient par semis en pépinière dite « Alma-ciga ». La graine, semée en février-mars, est longue à germer. Elle passe l’hiver en terre, et ne lève qu’en septembre. Vers la fin d’octobre, les jeunes plants sont repiqués dans une seconde pépinière beaucoup plus grande, espacés de 10 cm et abrités du soleil par une toiture à claire-voie faite de roseaux. C’est le «vivero». Ils y restent l’été durant soigneusement arrosés et sont repris en mai pour la plantation définitive.
- Il est important de choisir pour la mise en pleine terre un temps humide, voire même pluvieux. Les plantations qui réussissent le mieux sont souvent celles qui sont faites par pluie battante.
- Chaque plant est pris au « vivero » avec sa motte
- p.124 - vue 130/602
-
-
-
- 125
- de terre, maintenue au moyen d’un petit appareil analogue à un tuyau de poêle de 30 cm de long que l’on enfonce en terre et que l’on sort avec la jeune plante. Transportée ainsi sur le lieu de la plantation, la yerba est mise en terre et abritée des gelées éventuelles aussi bien que du soleil par un « poncho », petite botte d’herbe sèche fixée à un tuteur.
- Durant quatre ans, il n’y aura d’autres travaux que les labours de printemps et d’été faits dans le but de maintenir la fraîcheur du sol et d’empêcher l’envahissement des mauvaises herbes.
- C’est en moyenne au bout de quatre ans que l’on peut commencer une première petite récolte. Il est à noter que la yerba plantée en forêt sur terrain profond et riche, est beaucoup plus précoce que la yerba de campo. J’ai eu l’occasion de voir une plantation de forêt de trois ans aussi avancée qu’une plantation de campo de 7 ans. Les premières récoltes doivent être très modérées, et plutôt considérées comme tailles destinées à conduire le jeune arbuste, car ce n’est que vers la neuvième année que les plantes sont aptes à produire normalement.
- La récolte ou « cosecha » commence en avril et suivant l’importance de la plantation dure jusqu’en août et septembre. Le peon, au moyen du sécateur, rabat tous les rameaux de l’année, ne laissant à l’arbuste que les feuilles venant à même les grosses branches.
- Il faut toutefois veiller à ne pas trop effeuiller afin de ne pas trop affaiblir la plante qui peut souffrir de gelées hivernales toujours possibles. Les rameaux coupés sont à leur tour effeuillés et seuls ceux ne dépassant
- Fig, 2. — Yerba de 8 ans après la récolte.
- Les rameaux de l’année ont été coupés et sont déjà remplacés par de jeunes pousses qui feront l’objet de la prochaine récolte.
- Fig. 1. — Jeune plante de yerba, un an après sa mise en pleine terre. Dans sa croissance, elle s’est dégagée du a poncho * qui l’abritait contre les gelées ou moment de la plantation.
- pas la grosseur d’un crayon sont conservés avec les feuilles pour la préparation de la yerba séchée. Ce sont les « palitos ».
- Dès lors, les différentes phases de la préparation de la yerba sont à peu près celles décrites par M. de Noter.
- La feuille doit être d’abord flétrie, pour éviter qu’elle ne devienne noire à la dessication. Le flétrissage empêche une décomposition de la chlorophylle et conserve à la feuille séchée et à la poudre une belle couleur verte. Dans ce but, le yerbatero argentin fait passer les feuilles dans un grand cylindre rotatif, légèrement incliné, faisant suite à un foyer dont la flamme vient lécher l’entrée supérieure. Un simple et rapide passage de la feuille dans cette flamme la flétrit suffisamment.
- Les feuilles sont ensuite jetées sur de grands dômes en hois, à claires-voies construits au-dessus de bouches de chaleur, reliées par des cheminées souterraines à de gros foyers situés en contre-bas. Grâce à un violent tirage la fumée de trouve éliminée par une combustion complète Ces dômes ou « barbaena » sont chargés toutes les vingt-quatre heures, avec 2000 kg de feuilles vertes dont il reste 600 kg une fois la dessication complète opérée.
- Enfin, c’est la pulvérisation des feuilles et des palitos séchés par de gros cylindres dentés, tournant dans un manège et la mise en sacs pressés pour l’expédition aux moulins d’où la poudre de yerba sortira très fine, pour être livrée au marché.
- p.125 - vue 131/602
-
-
-
- == 126 ------=i—
- La verba est vraiment la boisson par excellence des Argentins. On prend son maté à toute heure du jour et de la nuit, à trois heures du matin, devant le « raneho », les peons accroupis se passent le maté avant de se mettre en selle pour courir le campo. A midi,, en pleine chaleur, un maté bouillant et amer étanche la soif et fortifie et rien n’est si bon que de passer sa soirée près d’un feu sur lequel chante la « pava » pleine d’eau bouillante et de déguster son maté avant de s’endormir enveloppé dans son poncho. Il semble alors que l’on ne pourra plus jamais se passer
- de son maté, et pourtant... J’ai quitté Buenos-Ayres en compagnie d’un Argentin qui s’en venait en France, emportant son maté, sa bombilla et son petit sac de yerba. Nous avons ensemble pris le maté durant tout le voyage. Mais, à Marseille, son plaisir de voir un Européen rentrer chez lui sans abandonner le maté se trouva bien atténué lorsque je lui dis :
- « Mille regrets, mais maintenant que me voilà revenu au pays du bon vin, je crois qu’une fine bouteille me sera infiniment plus agréable. » Edouard de Coulon.
- L’ÉLEVAGE DES PETITES TORTUES
- TERRESTRES
- Les petites Tortues terrestres, que l’on apporte fréquemment en France appartiennent à deux espèces, originaires du sud de l’Europe : la Tortue grecque et la Tortue mauri-tanique. Ces dei-x espèces peuvent s’acclimater et se reproduire dans notre midi, spécialement dans les départements du littoral de la Méditerranée. Mais en les préservant du froid, pendant l’hiver, il est facile de les conserver longtemps, en toute région.
- La Tortue grecque présente une carapace dorsale se terminant en arrière par deux plaques cornées symétriques. Tandis que chez la Tortue mauritanique, il n’y a qu’une seule plaque terminale impaire. L’une et l’autre atteignent trente centimètres de longueur et un poids de 2 kg.
- C’est la Tortue grecque, importée de l’Italie du sud, qui s’est acclimatée dans notre midi et qui, protégée, pourrait s’y multiplier librement. Je crois que la Tortue mauritanique ne s’est reproduite qu’en captivité.
- î»;
- %' *
- La Tortue mauritanique est la plus communément vendue sur les marchés; c’est elle que l’on élève généralement dans les jardins ou en appartement. Comme la Tortue grecque, elle est originaire du nord de la péninsule balkanique d’où elle a été importée dans le nord de l’Afrique et en Espagne; c’est pourquoi on la nomme Testudo mauritanica ou T. ibera. La plupart de ces petites Tortues vendues en France proviennent d’Algérie.
- La Tortue mauritanique se nourrit principalement de végétaux, d’herbes, de salades, de racines, de certains fruits : dans les jardins, cette jolie petite Tortue recherche la laitue et se régale de fraises. Mais ce n’est pas une végétarienne absolue, loin de là, elle mange les petits mollusques qu’elle rencontre, les limaces, les escargots, ainsi que les insectes, des vers, ce en quoi, elle se rend utile.
- En captivité à la ville, la Tortue mauritanique est nourrie de laitue et autre salade tendre, de petites feuilles de chou, de pain au lait, de fraises. Pour remplacer les invertébrés que la Tortue trouverait dans un jardin, à la campagne, on pourrait lui offrir des vers de farine ou un peu de viande hachée.
- Mais les Tortues, comme tous les Reptiles, ne s’alimentent que pendant la belle saison. Leur période de grande activité est le mois de juin, c’est alors qu’elles sont le plus agiles et qu’elles mangent le plus abondamment.^L’appétit diminue ensuite, jusqu’à disparaître complètement quand arrive la saison d’hivernage.
- *
- * *
- Dans un grand jardin, une Tortue bien adulte et robuste
- pourra se creuser elle-même sa retraite hivernale. Ou bien, dans un endroit abrité, on lui ménagera une épaisse couche de fumier, de feuilles, de paille, qui la protégera de la gelée.
- En ville, la Tortue peut hiverner dans une caisse sablée, mise dans une bonne cave. Elle peut, également, passer l’hiver dans un appartement ou dans un local quelconque chauffé. A la Ménagerie du Muséum, les Tortues terrestres n’hivernent pas. Dans ce cas, les Tortues se conservent très bien, quoique ce régime anormal abrège probablement leur vie.
- De toutes façons, en hiver, la Tortue ne s’alimente plus ou presque plus. Parfois, elle accepte de la laitue, mais toujours elle aime à boire, il faut donc avoir soin de mettre de l’eau pure à sa disposition.
- M. Ch. Mailles a su élever des Lézards et les maintenir en bonne santé, sans les faire hiverner, en leur donnant à boire un peu de bouillon de Liebig 1res léger. Je ne sais si la Tortue accepterait ce breuvage. On doit tenir compte de ce fait que la digestion, chez les Reptiles, est très lente et très défectueuse pendant la saison froide.
- *
- * *
- Lorsqu’on élève de petits animaux en captivité, et surtout quand il s’agit de jeunes sujets, la grande difficulté consiste à leur donner l’humidité nécessaire. La sécheresse leur est funeste, et cependant, l’humidité ne doit pas être trop forte non plus. La mise au point de l’ambiance est délicate, elle s’acquiert par expérience, par tâtonnement. C’est là l’écueil de la plupart des élevages et la cause des insuccès... La chaleur sèche des appartements modernes n’est certainement pas favorable à la santé des petits Reptiles d’agrément.
- Dans les terrariums, cages et petits parcs à Reptiles, il est recommandé de placer un lit de sable, puis au-dessus, une couche de mousse humide et dessus encore une couche de mousse sèche et de sable sec.
- Les Reptiles aiment le soleil, mais tamisé par le feuillage ou l’herbe. Des Reptiles posés sur du sable sec, en plein soleil, s’en trouveraient fort mal.
- Pour en revenir à la Tortue mauritanique, en particulier, quelques soins attentifs suffisent à maintenir en bon état une petite bête douce, familière, douée de mémoire, somme toute sympathique. En général, la Tortue s’habitue rapidement à venir manger dans la main de son maître et à se laisser caresser le cou.
- Les jeunes sujets doivent être mis à l’abri des attaques possibles des Chats. De plus* leur carapace, assez mince, peut s’écraser, elle peut se briser dans une chute.
- A. F.-B.
- p.126 - vue 132/602
-
-
-
- L’ŒUVRE DE MADAME CURIE (1867-1934)
- Etrange et cruelle destinée : Madame Curie qui s’éteignit, le 4 juillet 1934, dans un sanatorium de Sancellemoz près de Sallanches, a été tuée par sa découverte ! Atteinte depuis plusieurs années d’une profonde anémie, causée par les émanations du radium dans l’ambiance desquelles elle vivait, elle était venue demander au tonifiant climat de la Haute-Savoie le rétablissement de sa santé. Mais hélas la mort la guettait comme si les terribles rayons voulaient se venger de la téméraire chercheuse qui avait dévoilé le secret de leur mystérieure nature !
- Nous avions connu l’illustre savante quand elle s appelait encore Marie Sklodowska, jeune Polonaise fraîchement débarquée dans la Capitale pour préparer sa licence ès sciences à l’Université de Paris. Un était alors en 1890 et comme notre future physicienne naquit à Varsovie, le 7 novembre 1867, elle avait donc 23 ans. Dans ces temps déjà lointains, l’élément féminin n’occupait pas la moitié des amphithéâtres de la Sorbonne. Si j’ai bonne mémoire, aux cours du perspicace mais distrait Lippmann, du vénérable Friedel à la barbe blanche et du débonnaire Troost que nous suivions ensemble, se trouvaient seulement deux représentantes du beau sexe : une Française (qui, je crois, abandonna ultérieurement la science pour la musique) et une étrangère Marie Sklodowska. Les deux étudiantes s’asseyaient l’une à côté de l’autre pour se sentir les coudes et comme cette dernière ne saisissait pas encore très bien les nuances de notre langue, elle éprouvait une certaine difficulté pour prendre les leçons des professeurs. Aussi ses camarades lui passaient leurs cahiers afin qu’elle pût corriger les passages incorrects ou mal cQmpris. Mais grâce à sa vive intelligence et à son labeur opiniâtre, elle put passer brillamment son examen à la fin de l’année scolaire. Pourvue de son diplôme de licenciée, elle entra peu de temps après au laboratoire de Pierre Curie, à l’École de physique et de chimie industrielle delà Ville de Paris. L’éminent professeur l’associa alors à ses recherches et l’épousa en 1895.
- Dès l’année suivante, Henri Becquerel découvrait les rayons uraniques et en les considérant comme un « phénomène de l’ordre d’une phosphorescence invisible » de longue durée, il avait ouvert de nouveaux horizons aux physiciens. On sait aujourd’hui que ces rayons accom-
- pagnent une transformation profonde et spontanée des atomes de la substance étudiée. Rutherford démontra, en 1899, la complexité des dits rayons uraniques, qui déchargent les corps électrisés, par l’intermédiaire des ions produits et il les partagea en deux catégories distinctes : les rayons alpha aisément absorbés par la matière et les rayons ht la doués d’une plus grande puissance de pénétration. En 1900 P. Villard reconnut l’existence de rayons gamma encore plus pénétrants que ces derniers. Entre temps, Madame Curie et son mari avaient entrepris une série de recherches afin de se rendre compte si d’autres
- minéraux naturels pouvaient, à l’instar de l’uranium, émettre un rayonnement sans excitation extérieure. Toutefois au lieu d’utiliser le procédé photographique et purement qualitatif de Becquerel, les savants expérimentateurs de la rue Lhomond eurent l’idée de s’adresser à une méthode électrique quantitative en mesurant les courants d’ionisation au moyen du quartz piézoélectrique. Au cours de ces remarquables expériences, Marie Curie découvrit que deux roches : la pechblende (oxyde d’uranium) et la chalcolite (phosphate double de cuivre et d’uranyle) sont beaucoup plus actives que ne saurait le faire supposer leur teneur en uranium. Ils en conclurent que ces substances minérales renfermaient une matière infiniment plus active que l’uranium.
- Cette hypothèse ne devait pas tarder à trouver sa confirmation expérimentale. Le 18 juillet 1899 Pierre et Marie Curie annonçaient, dans une note à l’Académie des Sciences de Paris,l’existence d’une nouvelle substance radioactive : le polonium, qu’à la suite d’un grand nombre de dissolutions et de précipitations fractionnées, ils étaient parvenus à retirer de la pechblende. Ils se guidaient sur l’intensité du rayonnement ionisant ou « activité », qu’ils observaient à l’aide d’un électromètre très sensible.
- G. Bémont, chef de travaux à l’École de Physique et de C himie, prêta ensuite son concours pour les traitements chimiques ultérieurs et, le 26 décembre 1898, une note très courte, signée par les trois savants collaborateurs, annonçait à l’Académie des Sciences de Paris la découverte du radiumLe fractionnement du chlorure de baryum leur avait permis d’aboutir à un nouveau produit 900 fois plus actif que l’uranium bien qu’il ne renfermât qu’une
- Fiy. 1. — Mme Curie en 1932, (Ph. J. Boyer).
- p.127 - vue 133/602
-
-
-
- 128
- Fig. 2. — M. et Mme Curie dans leur laboratoire de l’Ecole de Physique et Chimie, rue Lhomond, au moment de leurs travaux sur le radium (1903).
- trace de radium. Malgré son rayonnement colossal et durable, qui constituait un puissant instrument de travail pour les physiciens, cette découverte ne fit pas grand bruit. Après l’uranium, le thorium et le polonium, les spécialistes eux-mêmes ne virent alors dans le radium qu’un élément radioactif de plus.
- Mais le Gouvernement autrichien ayant mis à la disposition de Pierre Curie et de sa femme des résidus de fabrication des -sels d’uranium extraits de la pechblende des célèbres mines de Joachimstal (Bohême), A. Debierne fut chargé de les traiter et il y décela la présence de l’actinium, nouvelle substance radioactive qui précipitait avec les métaux du groupe du fer. On connaît actuellement 38 radioéléments, qu’on divise en 3 familles rattachées chacune à un radioélément primaire : l’uranium, le thorium et le troisième, encore ignoré, dans la catégorie duquel on range l’actinium.
- Quoi qu’il en soit, M. et Mme Curie au cours de ces mémorables travaux finirent par obtenir, en quantité appréciable, des sels de radium qui leur permirent d’observer que toute matière, séjournant dans le voisinage de ceux-ci, acquiert une radioactivité induite, mais diminuant très rapidement et disparaissant même au bout de quelques heures. La savante physicienne, continuant à approfondir le sujet, détermina le poids atomique du radium, soutint brillamment sa thèse de doctorat, partagea le prix Nobel avec son mari (1904) et à la mort de ce dernier, qui périt écrasé par un camion sur le quai Conti près du Pont-Neuf (1906), elle lui succéda à la Sorbonne d’abord comme « chargée de cours », puis comme professeur titulaire (novembre 1908). Cette chaire fut transformée ultérieurement en Institut du radium qui, installé rue Pierre-Curie, fonctionne depuis avril 1919 et qu’elle sut diriger avec autorité.
- La brusque disparition de Pierre Curie n’arrêta pas, du reste, la production scientifique de sa brillante collaboratrice. Aidée de M. Debierne, elle parvint, en
- 1910, à- isoler le radium par électrolyse de son chlorure,en employant une cathode de mercure. Par une distillation dans le vide, les expérimentateurs chassaient de l’amalgame le prestigieux métal qui blanc, brillant, fondant à 700 degrés et très altérable à l’air, ressemblait au baryum. A cette époque, elle condensa ses travaux et ceux de ses émules sur le sujet dans les deux volumes de son magistral Traité de radioactivité et en 1922 elle fut élue à l’Académie de médecine de Paris en remplacement d’Edmond Perrier. Mais toujours modeste, Marie Curie ne tirait pas vanité de ces honneurs mérités. Elle continuait ses recherches originales, perfectionnant la technique expérimentale, donnant des conférences, guidant ses élèves et en particulier sa hile Irène, mariée à un physicien de talent F. Joliot qui semble vouloir marcher sur les traces de son illustre initiatrice.
- En 1925, elle proposa de substituer au radium lui-même, les émanations des radioéléments : le radon, le thoron et Yactinon dont les propriétés scientifiques ainsi que les applications thérapeutiques paraissent extrêmement importantes. Elle écrivit, en outre, une attachante biographie de son mari, un érudit ouvrage sur Ylsotopie (1924) dans lequel elle indique l’évolution de cette notion fondamentale et résume nos connaissances actuelles sur la structure des atomes.
- L’illustre épouse de Pierre Curie, récemment inhumée dans le calme petit cimetière de Sceaux, le 7 juillet 1934 et qui a voulu, selon les termes mêmes de son testament, « descendre dans la tombe en silence », rendit «d’éminents services à la Science et à l’Humanité » comme le dit fort justement un communiqué du Gouvernement français. Aussi notre pays, qui s’honore d’avoir été sa seconde patrie, ne saurait-il oublier cette physicienne aussi géniale que modeste. Jacques Boyer.
- Fig. 3. — M. et Mme Curie et leur fille Irène en 1906.
- p.128 - vue 134/602
-
-
-
- LES CHAUVES-SOURIS ROUSSETTES VIVANTES
- AU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
- Au Muséum National d’Histoire Naturelle, les collections d’animaux vivants viennent de s’augmenter d’un petit lot de Roussettes; et, à ma connaissance, c’est la première fois que l’on peut y voir des sujets vivants appartenant au groupe des grandes Chauves-Souris frugivores.
- Acquis au mois de mars dernier, six sujets sont logés dans la cage qu’occupaient •— dans la Rotonde des Eléphants — les Makis wari, ceux-ci étant actuellement en plein air, dans la nouvelle pergola.
- Il s’agit de l’espèce dite Chien ou Renard Volant. C’est la Roussette de l’Inde (Pteropus médius Temminck). Elle n’est pas des plus grandes puisqu’elle ne dépasse pas 80 cm d’envergure. Elle se trouve non seulement dans l’Inde, mais aussi en Indochine et à Ceylan, où elle vit en grandes troupes. Elle passe la journée à sommeiller et se réveille le soir pour aller se nourrir de fruits.
- *
- * *
- Les Roussettes du Muséum se tiennent suspendues au sommet de leur cage, la tête en bas, accrochées aux barreaux par les ongles d’une patte.
- Elles replient leurs ailes de manière à envelopper complètement leur poitrine et leur ventre. La tête même est cachée sous l’aile, pour protéger les yeux de la lumière.
- Du pelage, on ne voit que le dos; il est d’une belle couleur : jaune, pour la partie antérieure, les épaules, et brun-roux pour le reste du corps. La face est rousse avec le bout du nez et les oreilles noirs.
- Car les Roussettes ne dorment pas profondément et lorsqu’on cherche à attirer leur attention par un appel — comme on le ferait pour des Oiseaux — les curieuses sortent la tête et montrent leur gentille physionomie, aux grands yeux éveillés. Leur museau allongé et pointu, leurs oreilles sans oreillon, les font ressembler beaucoup plus à des Makis ou à de petits Chiens, qu’aux autres Chauves-Souris.
- Mais, dans le jour, les Roussettes se contentent de regarder leurs visiteurs sans se décider à se déplacer. C’est le soir seulement qu’elles deviennent actives et qu’elles descendent faire honneur aux mets servis sur le plateau de la cage; ces mets comprennent des pommes, des dattes et surtout des bananes épluchées et coupées en morceaux.
- *
- * $
- En somme, les Roussettes sont sympathiques; elles sont volontiers familières : le soir même de leur arrivée au Muséum, elles sont venues prendre des bananes dans la main du Dr E. Dechambre, sous-directeur de la Ménagerie.
- D’ailleurs, nous, savons qu’à la Malmaison l’impéi'atrice Joséphine eut des Roussettes apprivoisées parmi les nombreux animaux qu’elle se plaisait à élever.
- Les Roussettes sont certainement les Chauves-Souris les plus faciles à conserver en captivité, à cause de leur régime frugivore.
- Elles sont mangeuses de fruits et cependant l’examen de leur dentition, qui rappelle singulièrement celle des Makis, semble faire croire qu’elles pourraient se nourrir de proies. Elles doivent manger des insectes, et l’on a nourri de chair des Roussettes captives, pendant leur transport, mais il paraît qu’elles ne touchaient plus à la viande dès qu’elles voyaient des fruits.
- Peut-être sont-elles devenues frugivores par adaptation.
- *
- * *
- Les Cynoptères ou Roussettes appartiennent à l’Ancien Monde, spécialement à l’Indo-Malaisie, à Madagascar, à l’Afrique (Sénégal, Égypte).
- Ces grandes Chauves-Souris peuvent atteindre 1 m 50 et plus d’envergure.
- La Roussette édule, des Iles de la Sonde, par exemple, dépasse 1 m 65.
- On remarque chez les Roussettes, que la queue est petite ou manque totalement, et que la membrane inter-fémorale se réduit à une étroite bordure. A la main, outre le pouce, le doigt indicateur porte une griffe.
- Pendant le jour, en leur pays, les Roussettes aiment à se tenir dans un grand arbre; accrochées par un pied, elles dorment dans l’ombre d’un épais feuillage. Au soir tombant, la société s’anime et part à la recherche de ses aliments favoris. Sans doute, les Roussettes doivent trouver à leur goût les fruits sauvages qui abondent sous leur chaud climat; mais elles s’abattent aussi dans les vergers et, vu leur nombre, elles causent d’importants dégâts dans les exploitations fruitières. A Java, notamment, il paraît qu’on protège les arbres par des filets ou par des sortes de corbeilles tressées en lames de Bambou.
- *
- * *
- A part leur amour des fruits cultivés, les Roussettes n’ont aucun défaut. Quoique leur taille rende leur aspect assez impressionnant, elles sont inoffensives. Elles n’ont aucun rapport avec les Vampires, lesquels, d’ailleurs, sont de dimensions beaucoup moindres, et dont l’habitat est le Nouveau Monde. (Le Vampire spectre de la Guyane, le plus grand de la famille, n’a que 40 cm d’envergure.)
- Par les spécimens montés de Roussettes et de Vampires conservés dans la galerie de Zoologie du Muséum, on peut se rendre compte des différences essentielles qui existent entre ces familles de Chauves-Souris.
- Rappelons en passant, qu’au Musée du duc d’Orléans, dans le panorama de l’Afrique orientale (Kénia, Ouganda), figurent des Roussettes accrochées aux arbres, dans la position du repos diurne.
- Et, avant de quitter le Muséum, je citerai le rôle que l’on fait jouer au grand Papillon Caligo contre les Chéiroptères frugivores. Dans l’admirable collection Frühstorfer, exposée dans la Galerie de Zoologie, le beau Caligo bleu du Brésil montre sa face inférieure d’un brun fauve tacheté de noirâtre, et marquée de deux grandes ocelles foncées; or, la face inférieure retournée, tête en bas, simule parfaitement une tête de Chouette, et les indigènes tirent parti de cette ressemblance pour effrayer certaines Chauves-Souris frugivores : ils accrochent de ces Papillons dans les plantations fruitières. (Ici, il s’agit probablement d’une espèce de Chauve-Souris du groupe des Vampiriens mais volontiers frugivore : le Sténo-derme à lunettes, friand de Sapotilles.)
- *
- * *
- Les Roussettes répandent une forte odeur musquée, qui doit se communiquer à leur chair; mais cette particularité n’empêche point les indigènes de les chasser pour les manger et de les déclarer excellentes...
- D’gutre part, les grandes Chauves-Souris ont de tous temps
- p.129 - vue 135/602
-
-
-
- = 130 :=== , ==
- excité la curiosité de l’Homme. Mille légendes ont été créées à propos de ces étranges animaux.
- De nos jours encore, la Roussette est considérée comme un animal sacré, totémique, très souvent employé dans la symbolique chez les peuples océaniens. En Nouvelle-Calédonie, la Roussette est regardée comme protectrice du foyer.
- A la section d’art mélanésien, au Musée d’Etlinographie du Trocadéro, des ornements rituels sont exposés qui montrent l’emploi fréquent des poils de Roussette. On en fait des cordelettes rituelles, des ceintures, des colliers finement tressés, où s’entremêlent, non sans grâce, de jolis coquillages.
- A. Feuillée-Biolot.
- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- LA VOÛTE CÉLESTE EN SEPTEMBRE 1934 (l)
- En septembre, un peu tard dans la soirée, apparaissent déjà les constellations d’hiver : le Bélier, le Taureau, Andromède. L’arrivée dans notre ciel de ces astérismes nous rappelle que l’année s’avance. On trouvera, ci-après, la physionomie astronomique de ce mois-ci.
- I. Soleil. — En septembre, la déclinaison du Soleil passe de -f- 8° 27 le 1er, à —2°38'le 30. Le moment où elle atteint la valeur 0“,0’ marque l’équinoxe d’automne. Cette année, l’équinoxe se produira le 23 septembre, à 18“, ce sera le commencement de l’automne astronomique.
- La durée du jour est fonction de la déclinaison du Soleil. Celle-ci diminuant beaucoup ce mois-ci, la durée du jour décroît aussi fortement. Elle sera de 13“27“ le 1er septembre et de 11“45“ le 30. La diminution du jour est surtout sensible le soir.
- Voici le temps moyen à midi vrai, c’est-à-dire l’heure marquée par les horloges bien réglées, lorsqu’il est midi vrai, ou si l’on veut, plus précisément, lorsque le Soleil est exactement au méridien de Paris :
- Dates. Heure du passage. Dates Heure du passage
- Septembre 1er 111 50“ 46s Septembre 17 11 “45“ 20s
- — 3 11 50 8 — 19 11 44 37
- — 5 11 49 29 — 21 11 34 55
- — 7 11 48 49 — 23 11 43 13
- — 9 11 48 8 — 25 11 42 31
- — 11 11 47 27 — 27 11 41 50"
- — 13 11 46 45 —. 29 11 41 9
- — 15 11 46 3
- Ce tableau fait bien comprendre la diminution de la durée du jour, surtout sensible le soir. Le Soleil, à la fin du mois se trouvant au méridien vers 11“ 40m, il en résulte qu’il s’écoule encore 20m jusqu’à midi de nos horloges. Ainsi la matinée est plus longue que la soirée de près de 40m. Le 30 septembre, par exemple, le Soleil se lève à 5“ 48m et se couche à 17h 33“. De 5“ 48™ à midi, il s’écoule 6!l 12 “ ; de midi au coucher, il s’écoule 5“33m, la matinée est plus longue que la soirée de 39 minutes.
- Observations physiques. — Continuer chaque jour l’observation du Soleil (dessiner les taches en position sur le disque et en détail, prendre des photographies). L’observation par projection sur un écran blanc est la plus facile à réaliser. Pour le dessin détaillé des taches, l’observation directe à l’oculaire (muni de verre noir) est préférable.
- Ephémérides permettant l’orientation des dessins et des photographies :
- 1. Toutes les heures figurant au présent Bulletin astronomique sont exprimées en temps universel (T. U.) compté de O’1 à 24h à partir de O'1 (minuit). L.'heure d’été étant en vigueur ce mois-ci, ajouter lhà toutes les heures mentionnées ici.
- Dates. P. B0 L„
- Septembre 1er + 21»,00 + 7»,20 329»,34
- — 6 + 22», 23 + 7»,25 263»,30
- — 11 + 23»,30 + 7», 24 197»,28
- — 16 + 24»,23 + 7»,19 131»,26
- — 21 + 25»,00 + 7»,08 65»,26
- — 25 + 25»,50 + 6»,96 12»,16
- — 26 + 25»,61 + 6»,92 359»,27
- Lumière zodiacale ; lueur anti-solaire. •— La lumière zodiacale devient bien visible le matin, avant l’aube. La période la plus favorable pour l’observer sera celle de la nouvelle Lune au premier quartier, c’est-à-dire du 7 au 20 septembre.
- La lueur anti-solaire est encore assez basse sur l’horizon. On essaiera de la rechercher, vers le 10 septembre, dans la région voisine de Verseau.
- IL Lune. — Les phases de la Lune, pendant le mois de septembre, se produiront comme suit :
- N. L. le 9, à 0h 20m P. L. le 23, à 4» 19“
- P. Q. le 16, à 12“ 26“ D. Q. le 30, à 12“ 29“
- Age de la lune, le 1er septembre, à 0“ (T.U.) = 21),6;le 9 septembre = 0j,0. Pour avoir l’âge de la Lune à une autre date du mois, à 0“, ajouter 1 jour par jour écoulé depuis le 1er ou le 9.
- Plus grandes déclinaisons de la Lune en septembre : le 2, à 0“ + 27°6' ; le 6, à 12“ — 27»0'; le 29, à 9“ + 26°55'.
- Apogée de la Lune (plus grande distance à la Terre), le
- 5 septembre, à 6“. Parallaxe = 54'4". Distance = 405 570 km.
- Périgée de la Lune (plus petite distance à la Terre), le
- 21 septembre à 1“. Parallaxe = 60'27". Distance =362 750 km.
- Occultations d’étoiles par la Lune. — Le 17 septembre, belle occultation de l’étoile a du Sagittaire (2“,1). Immersion à 20“13“,0; émersion à 21“11“,5. Ce sera lelendemain du premier quartier; l’étoile disparaîtra derrière le bord obscur de la Lune, rendu légèrement visible par la lumière cendrée. Elle réapparaîtra au bord sud-ouest éclairé. Observation à faire avec une petite lunette.
- Le 19 septembre, occultation de l’étoile 21 du Capricorne (6“,5) ; immersion à 22“ 49“,0.
- Le 20 septembre, orientation de 151 B. Capricorne (6“,1) ; immersion à 18“18“,0.
- Le 26 septembre, occultation de 26 Bélier (6“,2) ; émersion à 3“51“,0.
- Le 28 septembre, occultation de y Taureau (5“,8) ; émersion à 3“35“,0.
- Lumière cendrée de la Lune. — A observer le matin, du 4 au
- 6 septembre, époque où elle sera très intense.
- Marées; Mascaret. — Les plus grandes marées du mois se produiront du 8 au 12 septembre, et sutout du 21 au 27, au moment de la pleine Lune.
- p.130 - vue 136/602
-
-
-
- Voici quelques-unes de ces plus grandes marées, pour Brest et Le Havre :
- Dates. Marée du matin. Marée du soir.
- A Brest. Au Havre. Coeffic. A Brest. Au Havre. Coeffic,
- Sept. 21 . 2“12” 7“34” 0,81 14“36” 19“54m 0,90
- — 22 . 2 59 8 13 0,97 15 21 20 31 1,03
- — 23 . 3 41 9 49 1,08 16 2 21 7 1,11
- — 24 . 4 21 9 25 1,12 16 41 21 44 1,11
- — 25 . 5 0 10 2 1,08 17 19 22 21 1,04
- — 26 . 5 37 10 40 0,99 17 54 22 58 0,92
- — 26 . 5 37 10 40 0,99 17 54 22 58 0,92
- — 27 . 6 13 11 19 0,85 18 32 23 40 0,77
- Par suite de la très grande amplitude de ces marées d’équinoxe, le phénomène du mascaret se produira fréquemment. Voici, d’après VAnnuaire du Bureau des Longitudes, du 22 au 25 septembre les heures approximatives d’arrivée du mascaret :
- Dates. Coefficient Arrivée du Mascaret à :
- de la marée. Quillebeuf. Villequier. Caudebec.
- Sept. 22 . . 1,03 19“ lm i9“38» 19“47”
- — 23 . . 1,08 7 19 7 56 8 5
- — 23 . . 1,11 19 37 20 14 20 23
- — 24 . . 1,12 7 55 8 32 8 41
- — 24 . . 1,11 20 14 20 51 21 0
- — 25 . . 1,08 8 32 9 9 9 18
- — 25 . . 1,04 20,51 21 28 21 37
- Le maximum se produira le lundi 24 septembre, mais le dimanche 23, le phénomène sera déjà important, et nous en recommandons l’observation aux automobilistes, qui auront là un but d’excursion tout indiqué.
- III. Planètes. — Le tableau ci-après, que nous avons dressé à l’aide des données contenues dans Y Annuaire astronomique Flammarion, renferme les renseignements nécessaires pour rechercher et observer les planètes principales pendant le mois de septembre 1934.
- = ....131 =
- Mercure s’est trouvé en conjonction supérieure avec le Soleil le 26 août, et sa plus grande élongation ne se produira que le 10 octobre. Il est donc invisible ce mois-ci.
- Vénus, au début du mois, se lève près de deux heures avant le Soleil. Elle est donc visible, le matin, dans l’aurore. Elle s’achemine vers sa conjonction supérieure •— qui aura lieu en novembre prochain — et son diamètre apparent diminue de plus en plus.
- Elle présente maintenant, au milieu du mois, une phase analogue au dessin n°8 de la figure du Bulletin astronomique du n° 2928.
- Voici d’ailleurs le tableau de la phase de Vénus:
- Dates. Fraction du disque illuminée. Diamètre. Magnitude stellaire.
- Septembre 3 0,940 10",6 — 3,3
- .— 8 0,948 10",5 — 3,3
- .— 13 0,955 10";4 — 3,4
- .— 18 0,962 10",3 — 3,4
- .— 23 0,968 10",2 — 3,4
- — 28 0,973 10",2 — 3,4
- Mars devient bien visible avant l’aurore, mais en raison de son éloignement de la Terre, il présente encore un diamètre très petit (d’un peu plus de 4"), qui ne permet d’effectuer, avec les instruments moyens, aucune observation utile des détails de sa surface.
- Jupiter va se trouver en conjonction avec le Soleil le 27 octobre prochain. On pourra le reconnaître à l’horizon ouest aussitôt l’arrivée du crépuscule. Les observations des détails de sa surface seront bien difficiles.
- Malgré la position très défavorable de cette planète, on pourra encore essayer d’observer, ce mois-ci, près de l’horizon, le commencement de passage du IIe satellite devant Jupiter, le 5 septembre, à 18“44”. Ce sera le dernier phénomène présenté par les satellites que l’on pourra observer pour cette période de visibilité de Jupiter.
- Saturne, dont l’opposition est arrivée le 18 du mois dernier, est encore visible presque toute la nuit. Voici les éléments de l’anneau, pour le 14 septembre :
- ASTRE Dates : Septemb. Lever à Paris. Passage au méridien de Paris. Coucher à Paris. Ascen- sion droite. Déclinai- son. Diamètre apparent. Constellation et étoile voisine. VISIBILITÉ.
- i 5 5“ 12m 11 11 49” 29® 18“ 26” 10“ 54” + 6* 59' 31'47",0 Lion \
- Soleil . . . J 15 5 26 11 46 3 18 5 11 30 + 3 12 31 52 ,0 Lion > »
- ( 25 5 41 11 42 31 17 44 12 6 — 0 41 31 57 ,4 Vierge )
- 5 6 1 12 25 18 50 11 27 + 4 50 4,8 P Vierge
- Mercure . . 15 6' 56 12 46 18 35 12 27 — 2 50 5,0 y Vierge Inobservable.
- 25 7 43 13 0 18 17 13 21 — 9 47 5,4 a Vierge
- 5 3 24 10 38 17 51 9 40 + 14 57 10,6 7] Lion
- Vénus. . .< 15 3 53 10 46 17 40 10 28 + 10 55 10,4 a Lion / Le matin avant l’aube.
- 25 4:; 22 10 53 17 25 11 15 + 6 22 10,2 a Lion
- 5 1 37 9 21 17 4 8 24 + 20 23 4,2 Y Cancer ,
- Mars. . . . 15 1 32 9 7 16 42 8 50 + 18 53 4,2 o Cancer \ Le matin avant l’aube.
- 25 1 27 8 53 16 18 9 15 17 13 4,4 Cancer '
- Jupiter. . . 15 8 25 13 48 19 11 13 33 — 8 32 29,4 a Vierge Presque inobservable.
- Saturne . . 15 17 7 21 57 2 47 21 43 — 15 17 16,8 o Verseau Presque toute la nuit.
- Uranus. . . 15 19 18 2 13 9 8 1 56 + 11 15 3,6 \ Baleine Toute la nuit.
- Neptune . . 15 4 35 11 13 17 50 10 57 + 7 42 2,4 y Lion Inobservable.
- p.131 - vue 137/602
-
-
-
- 132
- Grand axe extérieur................................ 42",08
- Petit axe extérieur................................ 9",53
- Hauteur de la Terre au-dessus du plan de l’anneau. + 15° ,09 Hauteur du Soleil au-dessus du plan de l’anneau. + 11° ,77
- Voici les élongations de Titan, le principal satellite de Saturne. (Visible avec une lunette d’au moins 0m05 de diamètre) :
- Dates. Élongation. Heure.
- Septembre 6 Orientale 12»,2
- — 14 Occidentale 17»,3
- — 22 Orientale 10»,0
- — 30 Occidentale 15»,2
- Dates. Passage. Heure (T. U.). Temps sidéral à 0» (T. U.) (*)
- Septembre 8 Supérieur 2»24“57“ 23» 5“28‘
- •—. 18 — 1 45 46 23 44 54
- .— 28 .— 1 6 33 0 24 19
- Etoiles variables. •— Minima d’éclat de l’étoile Algol ([3 Per-sée), variable de 2“,2 à 3m,5, en 2*20*48“; le 2 septembre, à 23*22'»; le 5, à 20*10“; le 20, à 4*13“; le 23, à 1*2“; le 25, à 21*51“.
- Le 30 septembre, maximum d’éclat de R Lion, variable de 5“,0 à 10“,5, en 315 jours.
- Etoiles filantes. — Voici, d’après l'Annuaire du Bureau des Longitudes le tableau, dû au regretté W.-F. Denning, des radiants actifs en septembre :
- Uranus va se trouver en opposition avec le Soleil le 23 du mois prochain. Il est visible presque toute la nuit. Pour le trouver, employer une bonne jumelle et se servir de la petite carte spéciale que nous avons donnée au Bulletin astronomique du n° 2930.
- Neptune sera en conjonction avec le Soleil, le 5 septembre, à 10*. Il est donc inobservable.
- IV. Phénomènes divers. — Conjonctions :
- Le 5, à 12*, Mars en conjonction avec la Lune, à 0° 29 N.
- Le 7, à 10*, Vénus Le 8, à 5*, Mercure Le 8, à 21», Neptune Le 10, à 8», Mercure Le 12, à 7*, Jupiter Le 20, à 18», Saturne Le 21, à 6», Vénus Le 22, à 3», Vénus Le 25, à 12», Uranus Le 25, à 15», Vénus Le 29, à 13», Mercure
- — à 2» 39' N. p Vierge (3“,7), à 0» 12' N.
- la Lune, à 4° 6' N.
- — à 5° 9' N.
- — à 6° 34' N.
- — à 2» 24' S. Neptune, à 0° 30' N.
- / Lion (4“,8), à 0» 1'N. la Lune, à 6° 2' S. a Lion (4“,2), à 0° 19' S. Jupiter, à 2° 57' S.
- Etoile Polaire; Temps sidéral. — Voici quelques passages de l’étoile Polaire au méridien de Paris :
- Epoque. Ascension droite. Déclinaison. Etoile voisine.
- Septembre 1er 282» + 41” 7. Lyre
- — 3 354“ + 38“ 14 Andromède
- •— 3 au 14 346“ + 3° jâ-y Poissons
- — 6 au 8 62“ + 37“ "s Persée
- — 8 au 10 78“ + 23“ Ç Taureau
- — 13 68“ + 5“ P. IV 236
- •— 15 et 20 10“ -F 35° P Andromède
- — 15 et 22 6“ + 11° y Pégase.
- •— 20 et 21 103“ + 68“ 42 Girafe.
- — 21 et 22 74» + 44° a Cocher
- — 21 et 25 30“ -F 36“ (ü Triangle
- — 21 31“ -F 18“ a Bélier
- — 29 et 30 24“ + 17“ y Bélier
- V. Constellations. — L’aspect de la voûte céleste le 1er septembre, à 23», ou le 15, à 22», est le suivant :
- Au Zénith: le Cygne; Céphée; Cassiopée.
- Au Nord: La Petite Ourse; le Dragon; la Grande Ourse. Au Nord-Est : le Cocher.
- A l’Est: Le Bélier; le Taureau; Andromède; Persée.
- Au Sud: Pégase, le Verseau; le Capricorne, le Poisson Austral, avec Fomalhaut, très basse sur notre horizon sud.
- A l’Ouest : La Lyre; Hercule; la Couronne boréale; l’Aigle; Ophiuchus. Em. Touchet.
- 1. Pour le méridien de Greenwich.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- POUR DONNER AU PLATRE L’ASPECT DE L’IVOIRE
- On peut facilement donner aux objets en plâtre blanc l’aspect de l’ivoire, en répandant à la surface de ceux-ci un peu de talc en poudre très fine, puis frottant doucement avec une petite brosse, neuve autant que possible et ne devant servir qu’à cet usage.
- Au début il faut prendre soin d’humecter légèrement la surface avec l’haleine, pour augmenter l’adhérence de la poudre; on termine par un polissage à sec à la flanelle blanche, ce qui donne bientôt le brillant désiré.
- Si on veut obtenir un ton plus chaud, il suffit d’ajouter au talc avant emploi une pointe d’ocre jaune en rendant bien homogène et on s’assurera par un essai préalable sur un plâtre sacrifié que la teinte cherchée est bien réalisée.
- POUR CONSERVER LA FRAICHEUR AU SAUCISSON D’ARLES
- Lorsque des rondelles de ce saucisson restent exposées à l’air, leur surface se ternit, devient grisâtre et d’un aspect peu engageant.
- Voici, d’après un fabricant de ce produit si réputé, le tour de main
- à employer pour conserver aux rondelles non consommées immédiatement toutes leur fraîcheur.
- Les placer dans une soucoupe assez creuse contenant un peu de bonne huile de table et en imbiber soigneusement les deux faces, de manière qu’elles soient préservées de l’oxydation.
- Un peu avant de servir, on laissera égoutter l’excès d’huile et au besoin, on tamponnera avec un linge propre.
- N. B. —• Le procédé est également applicable au saucisson de Lyon dont la préparation se fait dans des conditions analogues de séchage rapide qui assurent la conservation.
- PATE A NETTOYER LES GANTS
- DES CAMELOTS '
- Cette pâte de composition très élémentaire s’obtient en prenant : Savon blanc de Marseille en copeaux .... 100 grammes
- Eau ordinaire non calcaire.......... 50 —
- Faire fondre au bain-marie, rendre homogène et couler en boîtes de fer-blanc.
- Pour l’emploi mettre un peu de pâte sur un morceau de flanelle propre, frotter la tache et essuyer avec un chiffon de toile également très propre.
- p.132 - vue 138/602
-
-
-
- .. L’AUTOMOBILE PRATIQUE Z.... .
- CONSEILS PRATIQUES - NOUVEAUTÉS TECHNIQUES
- LA CALAMINE ET .SES INCONVÉNIENTS
- En argot d’automobile, on appelle calamine un dépôt en général très dur formé essentiellement de charbon de cornue, qui se produit à l’intérieur des cylindres, et y provoque divers troubles.
- Le mélange d’essence et d’air servant à la carburation ne brûle pas toujours complètement; les produits lourds char-bonnent en produisant du noir de fumée, mais le charbon produit par cette combustion incomplète se présente sous la forme pulvérulente. Il détermine une fumée noire, très caractéristique, et un dépôt sur les bougies; on ne peut considérer pourtant qu’il est la cause essentielle de la calamine.
- Celle-ci provient surtout de l’huile de graissage déposée Je long des parois des cylindres ou des pistons et qui brûle incomplètement en donnant une fumée bleuâtre caractéristique.
- Une grande partie de ces résidus est entraînée par les gaz d’échappement, mais une portion plus ou moins importante se colle contre les parois du cylindre et le fond du piston; elle y forme un dépôt charbonneux, dont l’épaisseur s’accroît par couches successives.
- La remontée d’huile dans les cylindres est donc une cause du calaminage. Mais cette remontée d’huile est, dans des limites déterminées, nécessaire pour la lubrification du piston. On peut donc dire que le calaminage d’un moteur est un phénomène inévitable, l’huile introduite dans la chambre d’explosion ne retournant au carter qu’en faible partie.
- Si les remontées d’huile sont-trop importantes, le calaminage s’accélérera et sera d’autant plus rapide que les segments sont moins étanches, et le graissage plus abondant. La qualité de l’huile et sa fluidité jouent également un rôle important. Il y a enfin certains moteurs qui « brûlent l’huile » plus ou moins complètement. Les systèmes d’allumage utilisés, le taux de compression, le brassage plus ou moins complet du mélange carburant, jouent un rôle à cet égard.
- Enfin les poussières de la route aspirées par le carburateur peuvent s’ajouter aux résidus de la combustion. L’emploi d’un filtre d’air est donc toujours recommandable, bien qu’il ne faille pas s’exagérer l’importance de cette cause accessoire.
- La calamine se dépose surtout sur les parties les plus froides des cylindres; c’est ainsi que la soupape d’aspiration, qui reste toujours beaucoup plus froide, est généralement recouverte d’un dépôt épais de calamine, alors que la tête de la soupape d’échappement est beaucoup moins encrassée.
- L’inconvénient essentiel de la calamine consiste dans la réduction du volume de la chambre de compression. L’élévation du taux de compression qui en résulte rend possible les phénomènes de cognement, de cliquettement, dus à l’auto-allumage. L’auto-allumage se produit d’autant plus aisément que la masse de calamine mauvaise conductrice de la chaleur reste constamment incandescente.
- Le moteur ne rend plus comme à l’habitude, chauffe d’une manière anormale et use plus d’essence pour un même service.
- Le procédé le plus simple et le plus rapide pour décalaminer un moteur est de recourir à l’oxygène. On allume une parcelle de calamine, et on dirige à l’intérieur du moteur un jet d’oxygène provenant d’une bouteille dans laquelle il est comprimé; on assure ainsi la combustion de toute la calamine du cylindre. Il faut d’abord chauffer le moteur en le mettant en marche quelques minutes, et, en prenant les précautions nécessaires, on procède ensuite au nettoyage par l’oxygène.
- On pourrait craindre que ce procédé ne détériore les cylindres ou les pistons. Il n’en est rien, la calamine brûle tellement rapidement qu’elle ne peut échauffer les parois d’une manière dangereuse.
- Le démontage de la culasse du moteur, lorsque cette opération est possible, permet le nettoyage de toutes les parties de la culasse et du bloc dans les meilleures conditions. Il permet aussi d’examiner pistons et soupapes. C’est le procédé le plus complet, et, sans doute, le plus recommandable, mais il esL relativement lent et coûteux et nécessite, en particulier, le remplacement des joints de culasse. Il ne peut évidemment être mis en œuvre que par un mécanicien (fig. 1).
- A côté de ce procédé qu’on pourrait appeler chirurgical, il existe toute une thérapeutique assez variée en vue d’empêcher la calamine de se former ou de la faire disparaître, sans avoir à intervenir sur les organes calaminés. A cet effet on mélange à l’essence certains produits dissolvants.
- Un procédé simple et peu coûteux consiste à mélanger du camphre végétal naturel à l’essence; suivant que l’on veut obtenir un résultat rapide ou simplement une action préventive, on emploie 1 à 6 gr par litre.
- Le camphre se dissout rapidement dans l’essence. Il suffit de faire dissoudre dans un bidon la quantité cor-respondant à la contenance totale du réservoir, et de vider la solution ainsi préparée dans le réservoir. lia richesse en oxygène du camphre permet, en même temps, d’améliorer la combustion Fig- 1. — Comment s’effectue le décalaminage et d’obtenir généra- ® 1 oxygène.
- lement une augmen- Introduction du bec du chalumeau dans un tation du rendetnent cylindre,
- du moteur.
- Les essences actuelles contiennent obligatoirement de l’alcool, depuis quelque temps ; ces mélanges dont la plupart des automobilistes se plaignent auraient des propriétés décala-minantes certaines, grâce surtout, semble-t-il, à la proportion d’eau contenue dans l’alcool, et qui se dissocie en hydrogène et oxygène.
- Pour obtenir un décalaminage plus actif, on peut, d’ailleurs, employer un mélange comportant deux tiers d’alcool et 1/3 de benzol. Ce mélange ne peut être utilisé dans les villes, car la carburation n’est alors possible que lorsque le moteur est chaud, et il faut un gicleur d’un diamètre un peu plus fort que le diamètre normal. Quelques heures de marche avec ce carburant suffiraient à assurer un décalaminage complet.
- Le calaminage dépend, d’ailleurs, non seulement du type de moteur mais encore du service normal de la voiture. Dans les villes, par exemple, il est plus accentué, parce que la marche au ralenti favorise la remontée d’huile.
- Mentionnons le procédé de décalaminage par mélange de vapeur d’eau au gaz carburé, procédé peu coûteux évidemment mais assez délicat à utiliser. On sait, enfin, qu’il existe dans le commerce de nombreux produits assurant un décalaminage lent ou rapide. Nous en avons indiqué déjà quelques-uns dans des chroniques précédentes d’automobile pratique.
- p.133 - vue 139/602
-
-
-
- = 134 =====
- Un produit de ce genre, de création récente, se présente sous la forme de tablettes de petites dimensions. Pour déca-laminer complètement le moteur, il suffit de mettre deux tablettes par 5 litres pendant environ 200 kilomètres, et ensuite 1 tablette par 5 litres. Ce produit évite l’encrassement, fait disparaître généralement le cliquetage, et le cognement, et assure une meilleure combustion du mélange gazeux. Les tablettes contiennent également une huile spéciale graissant la partie haute des cylindres et le siège des soupapes, ce qui permet, en même temps, un super-huilage facile à obtenir.
- LA VENTE DES VOITURES NEUVES DURANT L’ANNÉE 1933
- Malgré la crise économique, le nombre des immatriculations des véhicules neufs de marques françaises en 1933 n’a pas diminué dans des proportions considérables. Il était en effet de 173 394enl931,155661 en 1932, etils’estélevéà 166127 enl933.
- Les statistiques des exportations à l’étranger et aux colonies sont également relativement satisfaisantes. Le nombre des véhicules exportés en 1931 a été en effet de 26 318, de 19 206 en 1932 et de 25 461 en 1933.
- Le Bulletin officiel de la Chambre syndicale des Constructeurs d’automobiles a publié également le relevé des véhicules automobiles ayant fait l’objet d’une déclaration de mise en circulation durant l’année 1933. Voici ce relevé en ce qui concerne les voitures de tourisme :
- MOIS TOURISME
- Français Etrangers Ensemble
- Janvier 10.847 522 11.369
- Février 10.535 530 11.065
- Mars 15.239 801 16.040
- Avril 14.830 1.016 15.846
- Mai 15.847 919 16.766
- Juin 14.903 995 15.898
- Juillet 13.229 942 14.171
- Août 9.135 658 9.793
- Septembre 7.217 476 7.693
- Octobre 8.361 491 8.852
- Novembre 10.708 510 11.218
- Décembre 9.784 469 10.253
- Totaux. . . . 140.635 8.329 148.964
- Une légère diminution des ventes semble s’être manifestée vers la fin de l’année; d’ailleurs en janvier 1934, le total ne s’est élevé qu’à 9484, et en février à 10 703, chiffres inférieurs à ceux de l’an dernier.
- UNE CARROSSERIE CONDUITE INTÉRIEURE PANORAMIQUE
- Les carrosseries les plus répandues aujourd’hui sont à conduite intérieure. On leur demande non seulement le confort, l’élégance, la solidité, le moins possible de résistance à l’avancement dans l’air; mais encore, elles doivent assurer une bonne visibilité au conducteur, condition nécessaire pour éviter les accidents.
- ” Le défaut de visibilité provient souvent de l’écran opaque, en quelque sorte, constitué par les montants de carrosserie reliant à l’avant le toit à l’auvent. Ces montants, plus ou moins larges, peuvent créer de chaque côté de la voiture, pour le conducteur, une véritable zone aveugle. Cette dernière est formée par les rayons visuels tangents aux parois des montants, et divergents vers l’avant de la voiture, c’est-à-dire qu’elle s’élargit de plus en plus avec la distance (fig. 2).
- Pour atténuer cet inconvénient, on a diminué l’épaisseur de ces montants dans les carrosseries modernes, mais il faut néanmoins les placer normalement à l’angle de l’auvent, et leur conserver une rigidité suffisante pour soutenir le toit, fixer solidement le pare-brise, et même servir d’encastrement à la porte. Il est donc bien difficile, sans diminuer la solidité et la durée de service des carrosseries, de réduire dans de grandes proportions l’importance de ces montants, même lorsqu’ils sont métalliques.
- Pour conserver la solidité et la rigidité de la carrosserie, tout en supprimant l’inconvénient optique produit par les montants de la forme ordinaire, un constructeur a eu récemment l’idée de modifier complètement leur forme. Au lieu d’employer un seul montant opaque plus ou moins large, il le remplace par un large panneau transparent formé d’une glace de sécurité arrondie et sertie entre deux montants étroits en acier.
- Chacun de ces montants étroits détermine une zone aveugle limitée par les rayons visuels tangentiels, mais ces rayons convergent derrière les montants au lieu de diverger, de sorte qu’à une certaine distance, la zone aveugle se rétrécit au lieu de s’élargir. Par un curieux phénomène d’optique, à une distance des yeux inférieure à 2 mètres, toute zone noire disparaît, grâce à la vision binoculaire. La visibilité est intégrale, parce que toute partie d’un objet qui n’est pas aperçue par l’un des yeux est aperçue par l’autre.
- La sécurité de conduite y gagne; c’est le point essentiel; les passagers de la voiture ont en outre l’agrément de jouir, eux aussi, d’une visibilité intégrale et d’une luminosité accrue (fig. 3).
- UN SYSTÈME PRATIQUE POUR EFFECTUER LES RACCORDS DE PEINTURE
- Les vernis automobiles sont aujourd’hui presque exclusivement à base de produits cellulosiques; bien appliqués, ils sont de longue durée, ils sont beaucoup plus résistants et plus faciles à appliquer que les anciens vernis. Il arrive pourtant, que par suite de choc, ou d’usure il soit nécessaire d’effectuer quelques raccords. Les ailes, les roues, les bavolets, plus exposés aux chocs et aux intempéries, réclament de temps à
- Fig. 2. — Formation de la zone aveugle pour le conducteur.
- A gauche : carrosserie ordinaire. A droite ; carrosserie panoramique.
- p.134 - vue 140/602
-
-
-
- 135
- autre cette mise à neuf. L’automobiliste peut exécuter lui-même ces opérations.
- Toutefois à l’application au pinceau qui donne des surfaces inégales et d’aspect peu plaisant, on préférera la pulvérisation.
- Un constructeur a établi récemment à cet usage un matériel spécial et peu coûteux pouvant être employé sans connaissances spéciales.
- L’appareil se compose essentiellement d’un bidon de peinture cellulosique sur lequel est placé un pulvérisateurs à raccords qu’il suffit de relier à une poire ou à une simple pompe quelconque, de bicyclette tmu d’automobile, un gonfleur, une bouteille d’air, etc...
- 4).
- Il est nécessaire cependant d’observer quelques précautions si l’on veut obtenir une surface polie et durable. On nettoie d’abord la partie raccordée, soit a. gauche à l’alcool, soit à l’essence; puis, on la ponce soigneusement à l’aide de papier abrasif trempé au préalable dans l’eau légèrement savonneuse. S’il se présente des fissures ou des creux, on les bouche au mastic,
- Fig. 4. — Bidon de vernis cellulosique muni d’un pulvérisateur à raccords type Sprido.)
- de manière à obtenir une surface très plate. Dans ce cas, après séchage, on ponce de nouveau avec du papier abrasif employé humide pour obtenir une surface unie et lisse. On applique ensuite la peinture à l’aide du bidon pulvérisateur, en une ou deux couches, en laissant sécher dix à quinze minutes et on termine en lustrant la surface raccordée au moyen de pâte à polir spéciale.
- SYSTÈME INTÉGRAL DE SIGNALISATION LUMINEUSE DE BORD
- On a déjà proposé un très grand nombre de systèmes lumineux de signalisation, bien peu malheureusement, sont efficaces. Un signalisateur pratique doit, en effet, tout d’abord, assurer les divers signaux avec le minimum de mouvements, libérer les mains et les pieds du conducteur qui peuvent être occupés avant et pendant les virages et fonctionner, en quelque sorte, par simple réflexe. Il faut, en outre, que le dispositif comporte des moyens de contrôle de répétition du signal lumineux sans complexité mécanique ni électrique, et enfin, il doit assurer la sécurité complète aussi bien vis-à-vis du véhicule qui suit que de celui qui dépasse ou de celui qui vient à la rencontre de la voiture.
- Fig. 3. — Carrosserie panoramique Panhard.
- visibilité avec une carrosserie panoramique Panhard. visibilité avec une carrosserie ordinaire.
- A droite
- On emploie souvent des bras sémaphoriques montés sur les montants du pare-brise, mais ce système n’est visible que par le conducteur d’une voiture déjà en dépassement, ou d’une automobile située à grande distance. Il n’est pas visible pour le conducteur placé à petite distance, et, de même, il peut arriver que l’indicateur lumineux arrière placé généralement très bas ne possède pas une visibilité suffisante pour attirer normalement l’attention du conducteur suivant (fig. 5).
- Un constructeur lyonnais a établi un système de signalisation un peu plus complexe, mais qui présente sur les dispositifs actuels l’avantage d’une visibilité intégrale, et d’une commande plus aisée.
- Il comporte un signal lumineux, destiné à avertir le conducteur de la voiture qui suit;.il est placé derrière la glace de custode à l’abri de la poussière et de la boue, donc sa luminosité est toujours égale. Il peut être simplement appliqué contre la glace à l’aide de ventouses, et son contrôle est facile pour le conducteur, car il aperçoit sa lueur dans la glace du rétroviseur réglementaire (fig. 7).
- Un signal avant lumineux à bras mobile est en outre disposé sur l’aile gauche, le plus en avant possible de manière à couvrir le conducteur vis-à-
- vis d’une voiture ayant commencé à le dépasser et dont le conducteur ne peut plus voir le signal arrière (fig. 5).
- Ces signaux lumineux sont mis en action par un contac-teur de commande fonctionnant par réflexe, sans l’action des mains ni des pieds, par un simple déplacement du genou de quelques millimètres d’amplitude, et donnant, en même temps que le signal lumineux de direction avant et arrière, le signal « stop » et le signal sonore (fig. 6.).
- Ce contacteur à charnière prend ap-
- Fig. 5.
- Visibilité du signal de changement de direction.
- A, Avec un simple bras lumineux.
- B, Avec un bras et un signal arrière.
- p.135 - vue 141/602
-
-
-
- 136
- Fig. 6. — Signalisaieur monté derrière la glace de cuslode et sur l’aile avant de la voiture (type F. U. P. .
- pui sur la colonne de direction par un collier de pose facile. Il comporte un boîtier central pivotant avec voyant de rappel, et deux manettes de manœuvre superposées. La manette supérieure met en action l’avertisseur sonore, et la manette inférieure est reliée aux signaux lumineux (fig. 7).
- Si l’on pousse l’ensemble avec le genou de quelques millimètres, on fait seulement fonctionner l’avertisseur; si l’on pousse l’ensemble jusqu’au bout de la course, on met en marche avertisseur et signaux lumineux.
- Le son cesse aussitôt, alors que les signaux lumineux restent en action le temps voulu. Ainsi, avec le genou gauche on peut déterminer le signal sonore, l’allumage de la flèche gauche, du stop et du bras placé à gauche. Avec le genou droit, on peut mettre en action le signal sonore, la flèche droite et le stop. Ce système semble donc donner plus de garanties que les appareils employés jusqu’à présent, et augmenter, en même temps, la facilité de la manoeuvre pour le conducteur.
- UN AMORTISSEUR HYDRAULIQUE A THERMO-RÉGLAGE AUTOMATIQUE
- On emploie depuis longtemps des amortisseurs à friction et des amortisseurs hydrauliques. La vogue s’est manifestée tantôt pour les uns, tantôt pour les autres, l’amortisseur hydraulique semble aujourd’hui préféré. Il permet un freinage souple et efficace, qualité indispensable sur les voitures modernes comportant des ressorts de très grande flexibilité. Pour que le résultat obtenu soit satisfaisant, il faut cependant, tout
- d’abord, que le freinage produit par l’amortisseur soit régulier, et même puisse varier suivant le poids de la voiture chargée, la vitesse à laquelle on roule, les variations du sol, etc. De là, d’ailleurs l’étahlissement d’amortisseurs pouvant être réglés en marche par le conducteur.
- Le fonctionnement des amortisseurs hydrauliques ordinaires repose sur l’écoulement de l’huile à travers un orifice étroit. Il dépend donc de la fluidité de l’huile. En hiver, celle-ci est faible, l’amortisseur est donc très résistant, et la suspension est trop dure. En été, au contraire, l’huile est très fluide, la résistance est peu appréciable, et l’amortissement inefficace.
- D’ailleurs, l’amoi'tisseur ordinaire ne s’adapte évidemment pas aux diverses allures, et à l’état des routes, et il est difficile d’éviter complètement les fuites d’huile.
- Pour atténuer ces inconvénients, un constructeur a établi un appareil hydraulique qui comporte un dispositif de thermoréglage automatique et un compensateur mécanique agissant suivant les variations de l’état de la route.
- La commande thermostatique du système a pour but de faire varier le diamètre de l’orifice de freinage en raison inverse de la température de l’huile, de manière à obtenir toujours la même résistance à l’écoulement, quelle que soit la fluidité. L’amortisseur est réglé pour une température de 20°; un thermostat ferme automatiquement la valve de réglage d’une quantité déterminée correspondant à l’élévation de la température, et, inversement, la valve s’ouvre de façon déterminée suivant l’abaissement de la température.
- D’un autre côté, le système oscillant est muni d’une ailette à grande surface, et de profil étudié de manière à augmenter automatiquement la puissance de freinage, en raison directe de l’augmentation de vitesse de cet organe dans la cuvette de l’amortisseur.
- Sur de bonnes routes et à petite allure, le système se déplace lentement et légèrement, la résistance est faible; sur mauvaise routé et aux grandes allures, les déplacements sont rapides et importants, et le freinage est beaucoup plus accentué.
- On peut comparer ce phénomène à celui qui se produit lorsqu’on tire une rame enfoncée dans l’eau. Si le mouvement est large et lent la résistance est facilement vaincue; si on la tire rapidement, la résistance augmente en même temps que la vitesse.
- La cuvette de l’amortisseur contient au centre un palier dans lequel tourne l’extrémité inférieure de l’arbre à ailettes. La
- Fig. 7, —. Signa F. U. P. Disposition du contacteur au genou et des signaux lumineux.
- Conta et eu r au genou
- Rètrovision du répétiteur arrière
- Ce que voit le conducteur qui va dépasser
- p.136 - vue 142/602
-
-
-
- 137
- Fig. 8. — Amortisseur hydraulique Srtubbers.
- De gauche à droite : la cuvette, le segment et l’arbre à ailettes.
- plaque de palier avec les parois de la chambre de réserve et le segment de la chambre de compression forme un assemblage d’une seule pièce mécanique comme le montrent les figures 8 et 9.
- La plaque de palier principale comporte, en outre, le dispositif thermostatique consistant en une pièce de profil en U
- Fig. 9. — Amortisseur hydraulique Snubbers.
- La commande îhermostatique et l’arbre monté sur le segment.
- en bimétal, à l’extrémité de laquelle est attaché un piston maintenu par un double joint universel. Le métal, sous l’action de la chaleur, fait mouvoir le piston, de telle sorte que l’orifice de passage de l’huile se modifie à chaque degré de variation de température.
- Une rainure disposée autour de l’arbre, et qui correspond avec la chambre de réserve par un canal, ramène l’huile par un dispositif de succion lors de chaque déplacement du levier de l’amortisseur. Un filtre est placé entre les chambres de réserve et de compression; l’huile qui passe de l’une dans l’autre à chaque mouvement des leviers est purifiée constamment et conserve sa viscosité.
- UN VÉRIFICATEUR DE BOUGIES IMPROVISÉ
- Quelle que soit leur marque, les bougies doivent être nettoyées et ajustées de temps en temps, de façon à leur assurer un fonctionnement aussi satisfaisant que si elles sont neuves. Pour s’assurer que le fonctionnement d’une bougie est normal, on peut accélérer légèrement le moteur, et se servir d’un tournevis à manche en bois. On appuie la tige du tournevis sur une partie métallique quelconque du bloc moteur, et l’on rapproche l’extrémité de l’outil de la bougie
- que l’on veut essayer. Si aucune étincelle ne se produit entre l’outil et la bougie, c’est que celle-ci ne fonctionne pas. Cette opération peut également être effectuée au moyen d’un marteau à manche isolant.
- On peut aussi utiliser plus facilement encore un petit appareil à tube luminescent au néon, dont on trouve maintenant des modèles pratiques à des prix très modiques, mais il y a des systèmes vérificateurs d’allumage de fortune plus simples encore qui peuvent rendre de grands services.
- On peut en constituer un, très rapidement, comme le montre la figure 10 à l’aide d’un simple crayon, de préférence d’assez gros diamètre. Le crayon est taillé sur ses deux côtés et on effectue une entaille en biseau vers une extrémité. Le fonctionnement du système est alors facile à comprendre. On applique une des pointes du crayon sur la bougie, et l’autre pointe sur le bloc moteur. L’étincelle jaillit alors dans l’entaille en biseau entre les deux parties conductrices de la mine en graphite qui ont été interrompues, et on peut se rendre compte si l’étincelle produite est normale ou non.
- POUR ÉVITER LES FUITES DES RADIATEURS
- Certains radiateurs peuvent présenter des fuites légères qui ne nécessitent pas une réparation importante. Différents systèmes ont été recommandés pour éviter ces fuites, en particulier l’emploi de graines de lin, ou de produits plus ou moins spéciaux et coûteux.
- On peut, semble-t-il, arriver aux mêmes résultats par un moyen plus simple. Il suffit d’employer un blanc d’œuf battu en neige par la méthode habituelle bien connue des cuisinières, de le mélanger à un litre d’eau, et de verser le tout dans le
- Fig. 10. — Vérificateur d'allumage de fortune établi avec un crayon.
- p.137 - vue 143/602
-
-
-
- POUR PROTÉGER LES COINS DES CAPOTS
- 138
- Tube en caoutchouc
- Fig. 11. — Protection facile des coins de capots.
- radiateur. Lorsque l’eau s’échauffe, la coagulation se produit et suffit, en général, à éviter ces fuites.
- Lorsqu’on relève les capots des moteurs, les coins intérieurs peuvent détériorer la peinture, ou même, dans certains modèles, les phares. On évite cet inconvénient en recouvrant ces coins de dispositifs protecteurs en caoutchouc ou en cuir, plus ou moins complets mais il suffit bien souvent, comme le montre la figure 11, d’entourer seulement ces coins d’un petit bout de tube de caoutchouc fendu que l’on peut faire adhérer, s’il y a lieu, avec un peu de ciment. L. Picard.
- Adresses relatives aux appareils décrits :
- Tablettes Carbohyd, 111, boulevard Magenta, Paris (10e).
- Carrosserie panoramique Panhard, 24, av. des Champs Elysées, Paris-
- Pulvérisateur de peinture Sprido, 64, avenue de la Grande-Armée, Paris.
- Signalisaleur intégral, ateliers F.U.P.,11 6/s, rue de St-Gervais, Lyon.
- Amortisseurs à thermo-réglage automatiqueq Snubbsrs. Établissements Mertens, 75 bd Gouvion-St-Cyr, Paris.
- A PROPOS de la MACHINE A PRODUIRE LES ECHOS
- Nous avons décrit dans le numéro du 15 mai 1934 de La Nature une machine électro-acoustique destinée à produire artificiellement des effets d’échos, et due à M. Hickman, ingénieur des Laboratoires Bell.
- M. Léon .Gaumont a bien voulu nous faire connaître à ce sujet qu’il s’était occupé de questions analogues, et avait pris en juin 1931, en commun avec la Compagnie Radio-Cinéma, un brevet relatif à un dispositif de ce genre.
- Lorsque dans une grande salle, les sons sont renforcés par des hauts-parleurs situés à des distances assez importantes les uns des autres, les sons émis directement par l’orateur ou par l’orchestre sont perçus par les auditeurs éloignés avec un retard qui, en raison de la vitesse de propagation du son, dépend de la distance entre le point d’émission et le point où se trouve l’auditeur. Si cette distance est notable, ce retard peut atteindre plusieurs dixièmes de seconde, ce qui est suffisant pour provoquer des interférences.
- L’invention de M. Léon Gaumont avait principalement pour but de remédier à ce défaut en faisant émettre par les haut-parleurs éloignés les sons musicaux ou les paroles avec un certain retard, fonction de la distance entre le haut-parleur considéré et l’endroit où le son est émis directement. L’invention a, en outre, pour but plus général de mettre en oeuvre la méthode indiquée pour réaliser un enregistrement, même seulement momentané des sons, et reproduire ces derniers au bout d’un laps de temps convenable. Elle se rapproche donc sur ce point de la méthode Hickman décrite précédemment.
- Comme M. Hickman, M. Léon Gaumont a eu l’idée d’utiliser l’enregistrement par un procédé électromagnétique sur fil d’acier doux, ou plutôt sur un cercle ou un anneau d’acier doux. L’intervalle de temps entre l’enregistrement et la reproduction ne variant que d’une fraction de seconde, le cercle peut n’avoir qu’un diamètre très restreint.
- Ce cercle ou anneau passe donc d’abord dans un champ magnétique soumis aux variations du courant microphonique, puis, plus ou moins loin de là, sous le système reproducteur, et enfin dans un champ magnétique puissant et constant permettant de faire disparaître toute trace des ondes sonores enregistrées, sur la partie de l’anneau qui va se représenter sous l’inscripteur.
- La figure 1 montre, à titre d’exemple, le principe de réali-
- sation d’un système de ce genre. Un cercle d’acier doux ou de tout alliage, à propriétés magnétiques bien homogènes, est animé d’un mouvement de rotation uniforme, et soumis à l’action d’un dispositif enregistreur produisant une aimantation de l’anneau, variable suivant les sons émis.
- Un dispositif reproducteur traduit les variations d’aimantation du noyau en un courant musical, susceptible, après amplification convenable, d’actionner un ou plusieurs haut-parleurs éloignés. Un dispositif souffleur permet de ramener le métal à l’état magnétique initial. Un dispositif de guidage constitué, par exemple, par un cercle à crémaillère, permet de caler le reproducteur à la position convenable, soit à la main, soit au moyen d’un moteur commandé à distance.
- P. H.
- Fig. 1. — Schéma du dispositif proposé par M. L. Gaumont.
- Enregistreur
- Jüercie en acier doux
- Système
- souffleur
- Reproducteur
- p.138 - vue 144/602
-
-
-
- LIVRES NOUVEAUX
- L’électron magnétique (théorie de Dirac), par Louis de Broglie, 1 vol., 31G p., 2 pl. hors texte. Hermann et Cie, Paris, 1934. Prix : 100 fr.
- Les théories physiques se succèdent avec une étonnante rapidité : la dernière née, celle de Dirac, a retenu l’attention des physiciens, par le succès avec lequel elle a expliqué des laits importants que les théories plus anciennes des quanta et de la mécanique ondulatoire n’avaient pas réussi à faire entrer dans leurs cadres : comme la structure fine des spectres de rayons X et des spectres optiques en général, ou les anomalies de l’effet Zeemann. Elle a même permis de prévoir l’électron positif, dont la découverte ultérieure peut être considérée comme un brillant succès à son actif.
- La théorie de Dirac dérive de la mécanique ondulatoire, telle que l’ont créée MM. de Broglie et Schordinger, combinée avec les idées, relativistes et quantiques. M. de Broglie en donne ici un brillant exposé mais dont la lecture n’est permise qu’aux lecteurs déjà initiés aux développements des théories qui l’ont précédée.
- Cet exposé est précédé par une introduction du plus haut intérêt qui occupe la moitié de l’ouvrage et qui est consacrée à montrer les succès et les échecs des théories quantiques et de la mécanique ondulatoire primitive; on aperçoit là les raisons profondes qui ont provoqué la naissance et guidé l’évolution de théories nouvelles dont le dernier aboutissement est celle de Dirac.
- Phénomènes photo-électrochimiques. Action de la lumière sur le potentiel métal-solution, par
- R. Audubert. 1 brochure, 34 p., 5 fig., Hermann et Cie, Paris, 1934. Prix : 8 fr.
- Intéressante et originale étude sur l’effet photovoltaïque. L’auteur, s’appuyant sur de nombreuses expériences, propose la théorie suivante : dans la pile photovoltaïque le rayonnement intervient, non pas par un dégagement photoélectrique d’électrons, mais en déplaçant les équilibres d’oxydo-réduction dont les électrodes sont le siège, en agissant sur l’eau de la solution où celles-ci sont plongées, probablement par un processus secondaire dans lequel l’hydrogène et l’oxygène mis en liberté interviennent sur l’électrode.
- La locomotion chez les animaux. — I. Le vol des insectes, par le Dr A. Magnan. 1 vol. in-4, 186 p., 209 fig., 36 pl. Fondation Singer-Polignac. Hermann et Cie, Paris, 1934.
- Si les problèmes de l’avion sont maintenant à peu près connus, il n’en est pas de même à beaucoup près du vol par battements, qu’il s’agisse des machines ou des animaux. Le professeur du Collège de France a consacré de longues et importantes études au vol des oiseaux et des insectes. En naturaliste, il a mensuré les diverses espèces, déterminé leur poids, leur surface, leurs lignes, leurs profils; il a observé leur envol, dans les champs et l’a provoqué au laboratoire; en mécanicien, il a enregistré leurs mouvements et soumis ces données à l’analyse mathématique. Le sujet était neuf, car Marey avait à peine réussi à l’aborder, mais nécessitait un grand effort pour perfectionner l’outillage et se libérer des formules classiques (tel KSV^) qui ne rendent plus compte du réel. L’auteur a su créer de toutes pièces des appareils nouveaux : un cinématographe ultra-rapide donnant jusqu’à 25 000 images par seconde, une balance aérodynamique et une soufflerie minuscules pour ailes d’insectes, un anémomètre à fil chaud, des dispositifs optiques révélant les moindres mouvements de l’air. Et c’est ainsi qu’il a pu analyser les vols de nombreux insectes, compter leurs battements, comprendre leur sustentation, leur propulsion, aboutir à une théorie satisfaisante des mécanismes en jeu. Ce livre expose la méthode suivie et rassemble tous les résultats déjà acquis.
- Le vol ve rtical, par le Lt-Colonel Lamé. 1 vol. illustré, 242 p. Blondel-la-Rougery. Paris, 1934. Prix : 45 fr.
- Le colonel Lamé a toujours été un défenseur de l’hèlicoptère. En 1926, il publiait une excellente étude sur ce sujet. Le présent volume en est une nouvelle édition, complétée par des nouveaux développements théoriques relatifs aux dispositifs conçus et réalisés en ces dernières années, et par la description des appareils expérimentés depuis lors. Après un aperçu rapide de l’histoire de l’aéronautique, l’auteur consacre une large place à la théorie des sustentateurs hélicoïdes, de l’avion hélicoptère, et des voilures tournantes, et il examine rapidement la question des roues à aubes. Il ne s’agit pas ici de théories purement abstraites, mais de déductions fondées avant tout sur les expériences de laboratoire. L’auteur passe ensuite en revue les différents appareils avec lesquels on a tenté, depuis l’origine de réaliser le vol vertical. Les résultats peuvent paraître de faible importance en valeur absolue; on doit constater cependant de très sérieux progrès en ces derniers temps, et ils justifient l’optimisme que l’auteur témoigne à l’égard de l’avenir du vol vertical.
- r
- Eléments de chimie organique biologique, Introduction chimique à l’étude de la biologie générale, par Michel Polo-
- novski et AlbertLESPAGNOL. 1 vol. in-8, 594 p., fig. Masson et C'e Paris, 1934. Prix : 100 fr.
- La chimie biologique marche à pas de géants. Songez qu’il n'y a que 5 ans que la structure des sucres fut bouleversée et que les conceptions de la cellulose viennent de changer tout récemment. 11 est fort heureux que les deux professeurs de l’université de Lille aient eu le courage d’écrire un ouvrage tout à fait à jour à l’usage de, étudiants et des chercheurs qui risquaient de se trouver en retard sur les conceptions actuelles. Entre le traité de chimie organique et celui de chimie biologique, ils jettent un pont. Renonçant à parler des innombrables composés qui forment la matière vivante, ils développent surtout les grands groupes des glucides (sucres), des terpènes et des pigments, des lipides (graisses), des amines et des protides (substances azotées), des alcaloïdes. Chaque chapitre se termine par un appendice décrivant les meilleures techniques analytiques. C’est sur beaucoup de points un rajeunissement et un renouvellement des notions classiques.
- Précis de toxicologie, par E. Kohn-Abrest, 1 vol. in-8, 388 p., 55 fig. Doin et Cie, Paris, 1934. Prix : 50 fr.
- Directeur du laboratoire de toxicologie de la Préfecture de Police, chargé des cours pratiques de toxicologie à l’Institut médico-légal de la Faculté de Médecine, l’auteur est particulièrement qualifié pour donner aux médecins légistes les règles techniques d’expertises. Il le fait, depuis le prélèvement jusqu’au rapport. Les méthodes analytiques qu’il décrit sont celles qu’il emploie parce que les plus sûres et les plus sensibles. Il étudie ainsi successivement les gaz toxiques, les poisons volatils, les poisons métalliques, les acides, les corrosifs, les antiseptiques, les alcaloïdes.
- Les poissons et le monde vivants des eaux, par le
- Dr Louis Roule. Tome VIL L’abîme des grands fonds marins. 1 vol. in-8, 326 p., 83 fig., 16 planches en couleurs. Delagrave, Paris, 1934. Prix : 42 fr.
- Continuant son œuvre, le professeur du Muséum présente le 7° volume consacré aux poissons et au monde vivant des eaux. Cette fois-ci, il explore les profondeurs, où la succession des jours, des saisons, des climats, est inconnue, où régnent éternellement le silence et la nuit. De ses souvenirs de croisières, de ses réflexions de zoologiste, il tire l’image de ces abîmes qu’il trouve plus effrayants que ceux souterrains explorés par Martel. Après les avoir évoqués, il présente leurs étranges habitants, inimaginables sans les nombreuses figures et les belles planches en couleurs qui accompagnent le texte, et, comme toujours, par quelques chapitres de méditations il termine son œuvre.
- r
- A travers V Afrique-Equatoriale sauvage, par Jean Thomas, 1 vol. in-4, 223 p., 17 fig., 36 planches, 1 carte. Larose, Paris, 1934.
- Jean Thomas était un explorateur né. Soit seul, soit avec sa femme et même son tout jeune enfant, il avait déjà traversé plusieurs fois l’Afrique du Nord et l’Afrique-Occidentale, dans les parties les plus difficiles et les moins connues. La Nature a publié plusieurs des études qu’il fit ainsi. En 1929, il repartait dans l’Afrique-Equatoriale sauvage et remontait jusqu’au Tchad, à la fois pour enseigner aux indigènes l’art de la pêche et la préparation du poisson, afin de remédier à leur nourriture insuffisante, et pour recueillir des animaux et des poissons destinés à l’Exposition coloniale. Il fit d’amples récoltes de toutes sortes qu’il put ramener vivantes au prix d’énormes difficultés (dont les dernières, au débarquement à Bordeaux, par la faute des règlements et surtout des hommes, firent quelque bruit). Peu après, il mourait brusquement alors qu’on espérait tant de son intelligence et de son audacieuse activité. In memoriam, voici le récit de son dernier voyage, vivant, alerte, évocateur de la forêt tropicale et de la brousse, et qui montre une dernière fois toutes ses qualités d’homme et de savant.
- Les moûts concentrés de raisins, par R. Brunet, 1 vol., 128 p. 15 fig. J.-B. Baillière. Paris 1934. Prix : 15 fr.
- La concentration des moûts de raisins est une technique très répandue dans certains pays viticoles : Etats-Unis, Italie notamment et elle y rend de signalés services. Elle l’est beaucoup moins chez nous, en raison de la législation qui a longtemps empêché les concentrations de moûts à plus de 10 pour 100. La situation légale est aujourd’hui modifiée et cet obstacle n’existe plus. La concentration des moûts peut donc se développer en France, avec l’avantage non seulement d’améliorer certaines techniques de vinification, mais surtout de créer à la viticulture des débouchés nouveaux : jus de raisins, miel de raisin, etc. Le petit livre de M. Brunet explique très clairement l’état actuel de la législation et de la fiscalité réglant en France la fabrication des moûts concentrés, et il décrit les principaux appareils aujourd’hui en usage pour effectuer cette concentration.
- p.139 - vue 145/602
-
-
-
- NOTES ET INFORMATIONS
- NÉCROLOGIE M. Baillaud.
- L’ancien directeur de l’Observatoire de Paris est mort, le 8 juillet dernier, à Toulouse. Il était né à Chalon-sur-Saône le 14 février 1848. Entré à l’École Normale supérieure en 1866 il fut de 1878 à 1908 professeur à la Faculté des Sciences de Toulouse et directeur de l’Observatoire Astronomique de cette ville. En 1908, il quitte Toulouse pour prendre la direction de l’Observatoire de Paris et est nommé, la même année, membre de l’Académie des Sciences.
- A Toulouse, il organisa une large participation de l’Observatoire à la carte photographique du ciel, ce qui lui donna l’occasion de collaborer étroitement à cette organisation internationale et d’y rendre d’éminents services. Entre temps, il développa l’Observatoire de Toulouse et créa l’Observatoire astronomique du Pic du Midi.
- Cette lourde besogne administrative, qui devait encore s’accroître et s’amplifier lorsqu’il dirigea, avec une autorité particulière, l’Observatoire de Paris, n’empêcha pas Baillaud de poursuivre ses recherches personnelles.
- « Sa Thèse, dit M. Émile Borel, dans l’éloge qu’il a prononcé le 9 juillet à l’Académie des Sciences, avait été consacrée à la méthode de Gyldén pour le développement des perturbations des comètes; il s’était ensuite attaché au calcul numérique des intégrales définies et aux quadratures mécaniques à la théorie des satellites ; il avait publié un excellent Cours d’Astromonie. »
- En outre, on lui doit de nombreuses contributions à l’astronomie d’observation.
- IRRIGATION
- Les « rhétaras » dans la région de Marrakech au Maroc.
- Tout le monde sait que presque toutes les parties de notre empire Nord-Africain présenteraient une fertilité au-dessus de la moyenne si elles recevaient suffisamment d’eau.
- J’ai exposé, ici même, à plusieurs reprises, les grandes lignes de la politique de l’eau dans cette partie de notre domaine colonial et j’ai décrit quelques travaux en cours ou en voie d’achèvement.
- Il y a déjà plusieurs siècles, les Arabes avaient réalisé une installation d’amenée d’eau dans la région de Marrakech extrêmement curieuse et intéressante. Cette installation avait été créée en utilisant comme main-d’œuvre les prisonniers européens faits tant sur les côtes de la Méditerranée que sur l’océan Atlantique.
- Les Arabes avaient établi au bord des oueds, au pied de l’Atlas, des prises d’eau, soit directes, soit par infiltration, puis avaient creusé des galeries souterraines à même la terre dont les déblais furent évacués par des séries de puits verticaux espacés de 50 à 100 m.
- Ces galeries avaient une pente faible mais suffisante pour
- assurer .un cheminement de l’eau jusque dans la plaine. Là les puits d’évacuation de déblais servaient à puiser l’eau au moyen d’outres qui étaient remontées par un animal (âne, bœuf ou chameau) au moyen d’une corde et d’une poulie.
- Lorsque nous avons occupé Marrakech, nous avons trouvé de ces rétharas jusqu’aux portes de la ville, amenant, depuis des centaines d’années, l’eau de l’Atlas sur des longueurs considérables. Mais certaines s’étaient bouchées plus ou moins par suite d’éboulements et n’avaient pas été entretenues. Le service des travaux publics décida, il y a quelques années, de les remettre peu à peu en état et il y arrive fort bien.
- Voici comment s’opère le travail.
- On commence par déblayer les galeries, à bras, en ne remontant à la surface que le déblai absolument indispensable, le reste devant être utilisé comme nous allons le voir.
- Ceci fait, on descend dans la galerie des dalles en béton armé qui ont été moulées d’avance sur des chantiers organisés et fonctionnant à la manière de petites usines.
- Les dalles en question mesurent 1 m 50 à 2 m 50 de long, sur environ 1 m de large. Elles sont armées soit de métal déployé, soit de quadrillages en fers ronds.
- Elles sont de deux formes différentes. Les unes, comme l’indique la figure, portent deux nervures formant épaulement de butée pour les autres : ce sont les dalles de fond. Les autres, s’arc-boutant d’une part sur les nervures, d’autre part entre elles, forment des éléments de voûte.
- Le déblai qui n’a pas été remonté au jour sert à remblayer imparfaitement derrière les voûtes.
- On a, de cette façon, déjà remis en service de nombreux kilomètres de rétharas pour le plus grand bien de vastes terrains aux environs de Marrakech qui sont susceptibles maintenant, grâce à l’arrosage méthodique, de fournir des récoltes rémunératrices.
- Le système des rétharas, quoique coûteux, est souvent à retenir pour amener de l’eau, sans évaporation, sur des parcours assez importants : il pourrait, vraisemblablement, être généralisé. J. Sers.
- LÉGISLATION
- La définition légale des mots « crème, fromages, lait en poudre, Ice Cream ».
- On sait que notre législation s’applique à protéger de plus en plus étroitement les produits naturels du sol et à défendre le public contre les appellations trompeuses.
- Signalons à ce point de vue la loi récente qui donne une définition légale à un certain nombre de produits laitiers.
- Nous en reproduisons ci-dessous l’art. I.
- Il est interdit de fabriquer, d’exposer, de mettre en vente ou de vendre, d’importer, d’exporter ou de transiter :
- 1° Sous la dénomination de « crème » suivie ou non d’un qualificatif, ou sous une dénomination de fantaisie quel-
- Fig. 1 (à gauche). — Coupe longitudinale schématique d’une réthara.
- Fig. 2 (à droite). — Coupe transversale schématique d’une réthara réparée. G. Galerie; V. Dalles de voûte; S. Dalles de sol; R. Remblais.
- p.140 - vue 146/602
-
-
-
- 141
- conque, un produit présentant l’aspect de la crème, destiné aux mêmes usages, ne provenant pas exclusivement du lait, l’addition de matières grasses étrangères étant notamment interdite;
- 2° Sous la dénomination « fromage » suivie ou non d’un qualificatif ou sous une dénomination de fantaisie quelconque, un produit ne provenant pas exclusivement du lait, de la crème ou de fromages fondus, l’addition pour ceux-ci de sels dissolvants et émulsionnants non nocifs nécessaires à cette fonte restant autorisée dans une proportion de 3 pour 100 et l’addition de matières grasses étrangères étant notamment interdite;
- 3° Sous la dénomination « lait en poudre », « lait concentré » suivie ou non d’un qualificatif, ou sous une dénomination de fantaisie quelconque, un produit présentant l’aspect de lait en poudre ou lait concentré destiné aux mêmes usages, et ne provenant pas exclusivement de la concentration ou de la dessication de lait ou de lait écrémé sucré ou non, l’addition de matières grasses étrangères étant notamment interdite;
- 4° Sous la dénomination « crème glacée », « Ice cream », « glace à la crème », ou sous une dénomination de fantaisie quelconque, un produit présentant l’aspect de ces produits, destiné aux mêmes usages et ne provenant pas exclusivement du lait ou de ses dérivés, l’addition de matières grasses étrangères étant notamment interdite.
- L’emploi des mots « beurre », « crème »,
- « lait », est interdit dans toute publicité verbale ou écrite, de quelque forme que ce soit, en faveur de la margarine ou des graisses préparées.
- INDUSTRIE FRIGORIFIQUE
- La conservation des denrées par le froid artificiel.
- Le froid artificiel est de plus en plus employé pour conserver les denrées périssables et notamment les substances alimentaires. Ce mode de conservation remonte aux célèbres expériences de transport de viande réfrigérée effectuées par Tellier, voici plus d’un demi-siècle, à bord d’un navire muni de chambres froides.
- Depuis cette époque, la même méthode a été appliquée à une' foule de produits : poissons, fruits, légumes, œufs, produits laitiers; elle a élargi, aux dimensions du globe terrestre, le domaine ouvert aux échanges de ces denrées entre les pays producteurs et les pays consommateurs; en même temps qu’elle a permis d’en régulariser le débit par des stockages de longue durée.
- Mais il a fallu, pour chacun d’eux, déterminer exactement l’échelle des températures les mieux appropriées à la conservation. A ce travail méthodique se sont consacrés, dans tous les pays, de nombreux expérimentateurs.
- Fig. 3. — Température de stockage et de transports de différentes denrées alimentaires.
- D’après Guide to the Réfrigération Exhibition, avec l’autorisation du i Controller of His Britannic Majesty’s. Stationery Office ».
- La figure ci-dessus résume, d’une façon frappante, ces travaux.
- Elle a été établie par un spécialiste anglais du froid M. J. Piqué, de Cambridge, et publiée dans le guide si intéressant que vient d’éditer Science Muséum à l’occasion de l’exposition du froid, ouverte au Musée de South Kensington à Londres, d’avril à août 1934.
- Nous la reproduisons ci-dessous avec l’aimable autorisation de l’éditeur de cette brochure : His Majesty’s Stationery Office, Adastral House Kingsway-London.
- p.141 - vue 147/602
-
-
-
- INVENTIONS ET NOUVEAUTÉS
- OBJETS UTILES
- Un modèle pratique de laveuse électrique.
- Le problème de la construction des machines à laver pratiques est assez délicat, surtout s’il s’agit de mettre à la dis-dosition du public un appareil économique, pouvant être employé par des particuliers pour le lavage d’une quantité de ling'e réduite, avec la plus grande facilité et la plus grande rapidité.
- Une bonne laveuse électrique ne doit pas simplement être établie suivant les principes anciens des machines à laver à la main; elle doit fonctionner suivant une méthode particulière de lavage.
- Une société française, spécialisée dans la construction des appareils d’électi-icité domestiques vient de réaliser un modèle pratique de machine à laver et préconiser, en même temps, une méthode de lavage, qui l'end vraiment pratique l’emploi de cette nouvelle machine.
- Fig. 1. — Machine à laver Suzg, type Calor.
- Dans les machines ordinaires, on utilise des battoirs, des pilons, des brosses, dont l’action combinée avec celle de la cuisson et des produits chimiques destinés à stériliser et à blanchir, amène plus ou moins rapidement la destruction du linge.
- Pour obtenir un résultat satisfaisant, il n’est cependant pas indispensable d’avoir recours à des méthodes aussi brutales et aussi ruineuses.
- Quel est le résultat à obtenir, en effet ? Il faut faire disparaître les taches et les poussières qui se sont fixées à la surface ou dans la masse même des tissus. La plus grande partie de ces taches est constituée par des albumines et des graisses, autour desquelles se sont agglomérées les multiples poussières dont nous sommes environnés.
- Pour nettoyer le linge, il faut donc, avant tout, dissoudre les albumines et les graisses.
- Les albumines sont dissoutes à l’eau froide ou à l’eau tiède, d’où la nécessité du trempage préalable.
- Les graisses sont ensuite dissoutes dans les alcalis contenus
- dans le savon, grâce à l’eau chaude qui augmente leur pouvoir dissolvant.
- Il est nécessaire, enfin, d’agiler vivement, l’eau par un moyen approprié, afin de provoquer des remous qui permettent la pénétration dans les coins du tissus, désagrègent, et expulsent toutes les matières dissociées.
- La nouvelle machine à laver du type indiqué par la figure 1 comporte tout d’abord une cuve laveuse munie d’un agitateur électromécanique et dans laquelle s’effectuent le lavage et le rinçage.
- D’autre part, la machine comporte, sur le même bâti, une essoreuse dans laquelle on transfère le linge lavé pièce par pièce, le bec tournant de cette dernière étant orienté soit sur l’évier, soit sur la cuve laveuse. Le linge est essoré une minute, et est ensuite prêt à être étendu.
- Les opérations à effectuer avec cette machine sont donc assez différentes de celles auxquelles sont habituées les ménagères. Quelques précisions à cet égard ne seront pas inutiles.
- Un trempage préalable avant le lavage doit d’abord être effectué pendant 5 ou 6 heures dans l’eau froide, ou même dans l’eau tiède.
- Les pièces trempées sont placées dans la cuve laveuse remplie aux trois-quarts d’eau bouillante savonneuse, sauf pour les lainages et les soieries, dont la température ne doit pas dépasser 40°, et l’agitateur est mis en marche.
- En quelques minutes, tout le contenu de la cuve, soit 2 kgs 500 de linge pesé à sec, est nettoyé, et la même eau savonneuse sert généralement pour six masses de linge successives, en ajoutant simplement une poignée de savon chaque fois pour maintenir l’action du bain.
- Le linge est, en réalité, maintenu simplement en suspension dans cette cuve laveuse aux parois procelainées.
- Il ne subit donc aucun frottement et, par conséquent, son usure est réduite au minimum.
- Les pièces de linge sont ensuite transférées dans l’essoreuse; l’eau et le savon sont extraits par la force centrifuge sans frottement et sans comjnession.
- Ce système est particulier, puisque dans d’autres modèles de machines, l’essorage est effectué au moyen de rouleaux de caoutchouc actionnés mécaniquement.
- Après avoir fait évacuer l’eau de la cuve laveuse, et l’avoir remplacée par de l’eau claire, le rinçage est effectué de la même façon que le lavage, mais à l’eau courante. Un dernier essorage final effectué en une minute permet d’obtenir le linge prêt à être étendu pour le séchage.
- La plupart des ménagères s’étonneront qu’on puisse ainsi obtenir un lavage parfait sans porter le linge à l’ébullition. Il faut cependant se rendre compte que la cuisson du linge peut l’altérer peu à peu, et même le détruire prématurément. L’action des produits chimiques est encore plus nuisible. Et cette cuisson n’a même pas l’avantage d’assurer une stérilisation parfaite.
- En réalité, pour obtenir, une aseptie complète, il faudrait une température de plus de 100°, bien rarement réalisée. Il est facile, d’ajouter lors du rinçage quelques gouttes d’eau de Javel ou de formol qui n’ont aucune action nuisible sur le linge, pour réaliser uixe stérilisation absolue.
- Une machine de ce genre paraît donc capable de rendre de grands services dans la plupart des ménages, car elle est d’un emploi très pratique et économique, et évite surtout l’usure prématurée du linge si coûteux à l’époque actuelle.
- L. Picard.
- Constructeur : Établissement Calor, à Lyon (Rhône).
- p.142 - vue 148/602
-
-
-
- BOITE AUX LETTRES
- COMMUNICATIONS
- Vérification d'un tir contre avion. (N° du 1er juillet 1934).
- Nous recevons de M. Guinepied,lieutenant-pharmacien de réserve, la lettre suivante:
- « Je lis dans le n°du 1er juillet du journal La Nature, la description d’un correcteur de tir sur avions. Je ne sais à quelle époque les premiers appareils ont été construits à Varsovie, mais je puis vous
- dire qu’en avril 1915 j’ai présenté à la S. T. A. un correcteur basé sur le même principe : visée sur un écran perpendiculaire à l’axe des lunettes, correction de direction de pointage donnée par la situation du nuage d’éclatement et celle de l’avion à ce même instant, correction de trajectoire pour les angles de site inférieurs à 70°. La correction de hauteur devant être faite par les méthodes ordinaires.
- Cet appareil n’a pas été construit mais il est curieux d’en voir principe appliqué maintenant'
- QUESTIONS ET REPONSES
- Système de liaison d’un microphone.
- 1° Le microphone à charbon de type allemand que vous possédez doit avoir une résistance de l’ordre de 200 ohms, et le courant qui le traverse a une intensité de 20 à 30 milliampères.
- Pour obtenir de bons résultats musicaux, c'est-à-dire éviter une chute rapide des fréquences élevées, il est bon d’adopter un transformateur de liaison d’un rapport de l’ordre de 1/20°.
- La tension alternative fournie par ce microphone, très fidèle mais relativement peu sensible pour un appareil de ce type, est de l’ordre de 1/3 de millivolt seulement, alors qu’elle est normalement de l’ordre du volt pour les pick-up sensibles. Il faut donc utiliser avant l'amplificateur de puissance normal, deux étages de préamplification, de préférence à résistances.
- 2° Si vous voulez faire des essais d’enregistrement phonographique individuels avec un microphone électrodynamique, vous pouvez fort bien essayer d’utiliser très simplement comme microphone un haut-parleur électro-dynamique à aimant permanent. Ce système est en général suffisamment sensible pour permettre un fonctionnement suffisant sans étage d’amplification, et en montant simplement le secondaire du transformateur de liaison de haut-parleur à la place du pick-up ordinaire, si sa liaison est prévue sur l’amplificateur considéré.
- Plusieurs constructeurs français de haut-parleurs livrent déjà, pour un prix relativement modique, des systèmes de haut-parleurs de ce genre spécialement employés comme microphones.
- Réponse à M. Jacobi, à Genève (Suisse).
- Organisation de la radiodiffusion française.
- Nous avons donné des renseignements détaillés sur l’organisation technique et artistique des stations françaises de radio-diffusion dans les numéros spéciaux de T. S. F. de La Nature, de septembre 1932 et septembre 1933. Le numéro spécial de septembre 1934 contiendra les plus récents détails sur les nouvelles stations françaises qui seront mises en service dans le courant de la saison 1934-1935.
- En ce qui concerne les questions de puissance et de longueur d’onde, il est impossible, d’ailleurs, d’indiquer à l’avance les caractéristiques tout à fait définitives, car les décisions finales de l’administration des P. T. T. seront prises évidemment d’après les résultats obtenus qu’on ne peut prévoir à priori de façon absolument précise.
- Réponse à M. Saint-Andrieu, Le Havre Seine-Inférieure).
- Montage d’un poste récepteur tous courants.
- Le poste super-secteur tous courants décrit dans la chronique de Radiophonie Pratique du numéro du 15 avril 1934 est un montage sensible et sélectif qui pourra certainement vous donner satisfaction, si vous le réalisez avec soin, et d'après les indications que nous avons données.
- Ainsi que nous l’avons indiqué, il peut, d’ailleurs, fonctionner avec un haut-parleur séparé, ce qui permet d’accroître encore la qualité musicale de l’audition, et d’éviter un des inconvénients que présentaient les modèles primitifs de postes miniatures tous secteurs.
- Le poste fonctionne, comme nous l’avons montré, à l’aide d’un courant continu ou alternatif de 110 ou de 220 v. Les éléments chauffants des lampes et de la valve sont alimentés respectivement avec des courants d’une tension de 6,3 v et de 25 v, et ils sont
- montés en série de façon à réduire autant que possible la chute de tension qui doit être obtenue au moyen d’une résistance de l’ordre de 120 ohms dans le cas du courant 110 v; cette résistance peut être placée dans le câble d’alimentation.
- Vous semblez croire, malgré les précisions que nous avons données, que l’appareil monté de la façon indiquée pourrait fonctionner à l’aide d’une batterie de chauffage de 12 ou de 25 v. C’est là une erreur. Pour obtenir ce résultat, il faudrait, en effet, que les éléments chauffants des lampes soient montés en parallèle, modification qui n’est, d’ailleurs, pas très difficile à concevoir.
- Vous savez d’ailleurs qu’il existe à l’heure actuelle quelques modèles de postes pouvant servir indifféremment sur le courant d’un secteur continu ou alternatif ou sur une automobile. Le schéma de montage de ces appareils est tout à fait analogue à celui que nous avons signalé, mais les éléments des lampes peuvent être placés en parallèle, et, pour le fonctionnement sur une automobile, l’alimentation plaque peut être fournie au moyen d’un vibrateur alimenté par la batterie d’allumage et d’éclairage de la voiture qui fournit du courant alternatif redressé par la valve du poste. Réponse à M. Allègre, à Oran (Algérie).
- Appareils de T. S. F. de construction anglaise.
- Nous avons signalé plusieurs fois, en effet, que les constructeurs anglais continuent d’étudier avec‘plus de soin que les fabricants français les perfectionnements des récepteurs alimentés par batteries, munis de lampes ordinaires à chauffage direct et à faible consommation.
- Parmi les représentants en France de lampes et de postes-récepteurs de marques anglaises, nous pouvons vous signaler :
- La Cla française du Gramophone, 7. boulevard Haussmann, Paris.
- Les établissements Cattanes (Cossor) 94, rue Saint-Lazare, Paris.
- La « General Electric » de France, 10, rue Rodier, Paris.
- Réponse à M. Fauvel, à Vire (Calvados).
- Transmissions sur ondes courtes.
- 1° Les longueurs d'onde des émissions de Radio-Pontoise sont de 19,68 m pour l’onde de jour, et de 25,20 m pour l’onde de nuit (fréquences 11 905 et 15 244 kilocycles).
- 2° D’assez nombreuses stations transmettent des signaux horaires sur ondes courtes. C’est seulement depuis quelques années, d’ailleurs, que le développement des transmissions sur ondes courtes a déterminé l’extension du service des signaux horaires à ces gammes d’ondes destinées généralement aux communications à grande distance.
- Parmi les stations assez nombreuses qui transmettent quotidiennement des signaux horaires, on, peut citer particulièrement les grands postes suivants : (Heures d’émission G. M. F.)
- La station d’Arlington, aux Etats-Unis émet sur 24,90 m de 2 h 55 à 3 h; de 7 h 55 à 8 h et de 16 h 55 à 17 h.
- Cette même station, sur 37,40 m émet de 7 h 55 à 8 h; de 16h 55 à 17 h et de 2 h 55 à 3 h. Sur 74,50 m, enfin, elle émet de 2 h 55 à 3 h; de 7 h 55 à 8 h et de 16 h 55 à 17 h. Son indication est N. A. A.
- La station de Cavité, aux Iles Philippines (indicatif N. P. O.), transmet sur 22,54 m de 2 h 55 à 3 h, et de 13 h 55 à 14 h. Sur 33,81 elle émet de 13 h 55 à 14 h et de 2 h 55 à 3 h.
- Le poste de Saigon (indicatif H. Z. A.) émet des signaux sur 25 m de longueur d’onde de 19 h à 19 h 05.
- Le poste de Radio-Pontoise transmet sur 28,35 m, de 7 h 56 à
- p.143 - vue 149/602
-
-
-
- 144
- 8 h 06 et de 19 h 56 à 20 h 06, tandis que la station de la Tour Eiffel (F. L. J.) envoie des signaux horaires sur 32,50 m de 7 h 56 à 8 h et de 19 h 56 à 21 h.
- La station de San-Francisco, aux États-Unis (indicatif N. P. G.) émet sur 37,40 m, de 5 h 55 à 6 h et de 19 h 55 à 20 h.
- Le poste de Rio de Janeiro (indicatif P. P. E.) fonctionne sur 34 m 40 et émet de 0 h à 0 h 3, etc...
- Réponse à M. le Dr Tera, Ile de Saint-Barthélemy (Guadeloupe).
- Livres de montage de postes de T. S. F.
- Nous pensons que vous désirez établir un appareil récepteur au moyen de pièces que vous pourrez vous procurer dans le commerce-
- Vous ne nous indiquez pas si vous désirez construire un récepteur alimenté par batterie ou par courant redressé, ou un poste-secteur.
- Parmi les ouvrages dans lesquels vous pourrez trouver des indications complètes sur les récepteurs de types récents, nous pouvons vous indiquer :
- Les récepteurs radiophoniques modernes à la portée de tous, par M. Duroquier (Masson, éditeur).
- Les récepteurs modernes de T. S. F., par P. Hémardinquer (Chiron, éditeur).
- Nous vous signalons que le premier ouvrage contient seulement des montages à batteries ou à courant redressé, tandis que le deuxième contient également la description des récepteurs-secteur, à lampes à chauffage indirect.
- M. Cavalier, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
- De tout un peu.
- Société Philomatique, à Bordeaux. —- 1° L’imperméabilisation des tissus à l'acétate d’alumine se pratique ainsi :
- Prendre :
- Alun pulvérisé..................................... 1000 grammes
- Eau chaude ordinaire................................. 12 litres
- Ajouter à la solution ainsi obtenue, la suivante :
- Carbonate de soude cristallisé....................... 50 grammes
- Eau chaude............................................ 2 litres
- Agiter puis, lorsque l’effervescence a cessé, y verser une troisième solution composée de :
- Acétate de plomb................................... 1000 grammes
- Eau chaude............................................ 8 litres.
- Il se produit un abondant précipité de sulfate de plomb, l’acétate d’alumine restant dissous, après' repos de vingt-quatre heures, on décante le liquide clair qui est prêt pour l’imperméabilisation.
- Le bain étant froid on y plonge les étoffes qu’on y laisse jusqu’à ce qu’elles soient bien imprégnées, on les essore modérément et fait sécher dans une étuve dont la température doit être voisine de 50° à 60° C, condition indispensable à réaliser pour que l’alumine soit fixée sur la fibre.
- A défaut d’étuve on peut se servir d’un fer à repasser convenablement chauffé, mais il est évident que le résultat ne présente pas la même sécurité d’imperméabilisation parfaite et uniforme.
- 2° L'imperméabilisation totale, c’est-à-dire l’obstruction des pores du tissu, ce que ne fait pas le procédé à l’alumine, ne peut s’obtenir que par l’application de caoutchouc dissous dans la benzine, il nécessite l’emploi de machines spéciales et n’est pas à la portée de l’amateur.
- 3° La pierre a frotter sur les étoffes pour les imperméabiliser après passage d’un fer chaud, est un mélange de paraffine et de cire, elle présente l’inconvénient de manquer de régularité et laisse à la surface des traces de fâcheux aspect, ce ne peut être qu’un moyen de fortune.
- M. Desbrière, à Paris. —• Nous avons traité la question de l’extraction de la caféine dans le n° 2770, page 336, réponse à T. V. D. V. à Bruxelles. Celle de la préparation des Extraits de café dans le n° 2878, page 335, réponse à M. Risch à Nantes. Veuillez bien vous y reporter.
- IVllle Rousselet, à Rennes. — Nous ne possédons pas de données autres que celles mentionnées dans notre article sur la guérison du strabisme.
- A notre avis tout opticien est en mesure d’adapter sur une monture les verres rouge et vert qu’il est facile de tailler dans les verres du commerce.
- Quant à l’usage, nous pensons qu’il doit être constant puisqu’il s’agit d’une rééducation de l’œil, l’effort qui lui est demandé doit donc être soutenu.
- IVI. Larue à Enfidaville, Tunisie.—Le développement après fixage
- n’est applicable qu’à des plaques ayant subi une surexposition de Tordre de quatre à cinq fois la pose normale, on opère de la manière suivante :
- Le cliché ayant été fixé dans une solution d’hyposulflte décime de la solution habituelle, soit 2 % environ, on lave à fond et procède au développement en se servant d’un mélange de deux solutions constituées par :
- lre solution :
- Azotate d’argent à 10 %...............................