La Nature
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- LA NATURE
- REVUE DES SCIENCES
- ET DE LEURS APPLICATIONS A L’ART ET A L’INDUSTRIE
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- LA NATURE
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- E/MPPSTOTl
- SOIXANTE-CINQUIÈME ANNÉE 1937 — PREMIER SEMESTRE
- MASSON ET C*. ÉDITEURS
- LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE
- PARIS, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN
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- SUPPLÉMENT AU No 3008 (15 JUIN 1937).
- Le Gérant : G. Masson.
- Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9, à Paris.
- Published in France.
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- LA NATURE JUsisÆ.
- LES LACS SUISSES
- La Suisse doit incontestablement le charnîe de^^s1 paysages à ses lacs. Ceux-ci, très nombreux étj3irès,<<£|y>ers m d’aspect, posent divers problèmes d’hydrologîç^qqfe^nous ÎZ passerons rapidement en revue. 'Çfys
- CONDITIONS GÉNÉRALES DE FORMATION DES LACS
- Depuis le commencement du siècle, plusieurs classi-
- 4° lacs d’origine tectonique,
- 5° lacs karstiques,
- 6° lacs dans et sur la glace,
- 7° lacs dus à des dépressions coupant une nappe aquifère.
- Les lacs de Genève, Thoune, Brienz, Lucerne, Constance, Wallenstadt, auraient été produits par des glaciers. L’étude approfondie des glaciers actuels a permis à plu-
- Fig. 1. — Le lac d’Oeschinen; type de lac dû à un barrage par éboulemenl (Photo Gyger, Adelboden. Suisse).
- fîcations des lacs ont été données. La plus claire et la plus logique est celle de L. W. Collet (1), qui divise les lacs en :
- 1° lacs dus à l’érosion glaciaire,
- 2° lacs de barrage,
- 3° cratères-lacs,
- 1. L.-W. Collet. Les lacs. G. Doin, édit., Paris.
- sieurs savants de prouver l’action effective de l’érosion glaciaire. Les lacs alpins dus à cette action peuvent se diviser eux-mêmes en : lacs des bassins terminaux, lacs des bassins de surcreusement, lacs de cirques, lacs de vallées suspendues, lacs dans les roches moutonnées.
- A la première catégorie — lacs des bassins terminaux — appartiennent tous les grands lacs subalpins, c’est-à-dire
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- les lacs du versant nord des Alpes occidentales. Il n’est pas rare de trouver plusieurs de ces lacs échelonnés sur le cours d’une même langue glaciaire; dans ce cas, on a observé que « la profondeur des lacs diminue à mesure que l’on s’éloigne du centre d’irradiation des glaciers ». Les chiffres ci-dessous et la carte (üg. 2) permettent de constater l’exactitude de cette loi :
- Profondeur
- maxima
- Glacier. Lac. mètres.
- Rhône Genève......................... 309,7
- Neuchâtel.................. 153
- Bienne......................... 75,1
- Aar Brienz......................... 261,9
- Thoune..................... 217
- Reuss Quatre-Cantons.............. 214
- Zoug....................... 198
- Sempach.................... 87
- Baldegg. .................. 66
- Hallwyl.................... 47
- Les bassins de surcreusement ont, comme plus bel exemple, le chapelet de la llaute-Engadine.
- Les lacs de cirques ne sont pas * dus entièrement à l’érosion glaciaire; les phénomènes karstiques, c’est-à-dire la dissolution des calcaires par l’eau, ont, en effet, également joué un grand rôle dans leur formation, car ce sont généralement des lacs fermés. Le lac de Sewli, par exemple, qui appartient à la catégorie des lacs karstiques, occupe un cirque glaciaire très net au nord de la Grosse Windgâlle, dans le canton d’Uri; les lacs Tom et Cadagno, voisins du lac Ritom, occupent de même le fond de superbes cirques en partie surcreusés dans les roches tendres du Trias.
- Certaines vallées suspendues sont fermées par un verrou derrière lequel se trouve un lac. Un des plus beaux exemples est fourni par le Gelmersee, dans la haute vallée de l’Aar; le lac Ritom appartient également au même type, ainsi que le lac de Lucendro, près du col du Gothard.
- Les cuvettes que l’on rencontre dans les roches mou-
- Fig. 2. — Relations entre l’hydrographie et les phénomènes glaciaires sur le versant nord des Alpes (d’après Penck et Brückner).
- CourrendUn
- y8alde\
- Berthoud
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- ’Marairuis externes (f?iss) Moraines inXernes (Würm)
- >» stadiaires (Biihl) (y^ Lox de barrage comblé
- Echelle
- tonnées sur les cols alpins sont, généralement, occupées par de petits lacs peu profonds, alimentés uniquement par l’eau des pluies ou l’eau de la fonte des neiges au printemps. Les plus beaux exemples de ces lacs se rencontrent aux cols du Gothard, du Simplon et au Bernardin.
- Plusieurs causes peuvent faire qu’un barrage provoque la formation d’un lac : un éboulement, un glacier, la moraine latérale ou la moraine frontale d’un glacier, les alluvions d’un torrent. Nous trouvons, en Suisse, quatre lacs dus à un barrage par éboulement : le lac de Klôntal, le lac de Poschiavo, le lac d’Oeschinen (fîg. 1) et le lac de Cama, dans la vallée de la Moesa, sur le versant sud des Alpes. Les deux premiers sont utilisés pour la production d’énergie électrique.
- Le lac de Miirjelen est peut-être le plus beau des lacs dus au barrage d’une vallée latérale par le glacier de la vallée principale. D’après Lütschg (x), les eaux du petit vallon de Miirjelen sont arrêtées par une paroi de glace du grand glacier d’Aletsch (fig. 3) formant l’extrémité d’une langue divergente. Des lacs du même type ont existé en grand nombre pendant la période glaciaire, sur le bord des glaciers descendant des Alpes.
- Comme type de lacs formés par barrage provoqué par la moraine latérale d’un glacier, nous pouvons citer le lac de Mattmark.
- Plus nombreux sont ceux soutenus en partie ou en totalité par une moraine frontale. On les trouve en particulier derrière les moraines de Zurich. Ce sont les lacs de Zurich, de Greifen, de Pfaeffikon, de Baldegg. Pour le premier, le retrait rapide du glacier n’a pas donné le temps aux alluvions d’effacer l’effet du barrage morai-nique, comme c’est le cas pour les trois autres.
- La formation d’un lac à la suite d’un barrage occasionné par les alluvions d’un affluent sur le cours d’eau principal est chose plutôt rare; cependant, le fait s’est produit en 1903, dans le Tessin : un affluent de la rive gauche de la Bavona, à la suite de hautes eaux, transporta une masse considérable d’alluvions; le nouveau cône de déjection forma barrage avec lac à l’amont; les alluvions de la rivière principale se déposèrent dans le lac, profond de 2 m 50 et en quelques jours il fut comblé. Il est très rare aussi que les alluvions de la rivière principale puissent barrer un affluent et former un lac.
- Parmi les lacs d’origine volcanique on distingue : les Maare, lacs occupant un cratère d’explosion, les lacs occupant un cratère d’effondrement et les lacs situés dans une dépression d’un plateau basaltique. Les Maare seuls sont représentés en Suisse.
- Le Maar est un embryon de volcan, sorte de cheminée découpée à l’emporte-pièce dans les roches sédimentaires ou cristallines par une explosion d’origine volcanique. Le lac qui occupe le Maar est généralement de forme circulaire et ne possède presque jamais d’émissaire superficiel, l’eau s’infiltrant dans les matériaux volcaniques poreux. Les principaux lacs de l’Eifel appartiennent à ce type. Jusqu’à une profondeur de 10 m, l’eau de ces lacs peut être considérée comme normale quant au goût
- 1. O. Lütschg. — Der Miirjelensee und seine Abflussverhâltnisse. Annalen des Schwcizer Landeshydrographie, Bd 1, Bern, 1915.
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- Glacier d'Aletsch
- Lac de Màrjelen
- 17 VII 1878 . 2366,55
- Profil
- et longueurs à la
- Fig. 3. — Profil ù travers le lac de Mürjelen montrant la paroi du glacier d’Aletsch arrêtant les eaux du vallon, les deux bassins du lac séparés par un seuil rocheux et le tunnel de décharge construit en 1889 pour l’écoulement partiel des eaux pendant les crues
- (d’après Lütschg).
- et à l’odeur; ù partir de cette profondeur, elle se colore de plus en plus en jaune, dégage une odeur d’hydrogène sulfuré et est très minéralisée.
- Les lacs d’origine tectonique sont des bassins dus à des dislocations de l’écorce terrestre. Le plus bel exemple est le lac de Fahlen dans le massif de Saentis, conséquence d’un décrochement horizontal dû à une inégale résistance de la molasse à l’avancement de la nappe.
- Les phénomènes karstiques proviennent du pouvoir dissolvant des eaux météoriques contenant de l’anhydride carbonique sur les calcaires et les terrains gypseux. Les lacs karstiques sont, le plus souvent, des bassins fermés, sans écoulement superficiel, beaucoup plus larges que profonds. D’après Lugeon et Jérémine (1), il y a 258 bassins fermés dans les Alpes suisses, presque tous situés dans les Hautes Alpes calcaires et les Préalpes. Les dépressions calcaires qui donnent naissance à ces lacs sont les dolines et les poljés.
- La doline est une dépression fermée de forme plus ou moins elliptique, à fond plat, boueux ou caillouteux, ou aboutissant à un trou plus ou moins profond, parfois à un véritable puits. Dans beaucoup de cas, un glacier a probablement contribué à donner à l’ensemble du vallon sa forme de cuvette et aidé à la formation de la dépression qu’occupe le lac. Les lacs les plus typiques de cette catégorie sont : le Seewlisee, dans le canton d’Uri, qui occupe le fond d’un cirque, à 2000 m d’altitude, à la base septentrionale de la Grosse Windglille, et le Seelisber-gersee, qui occupe le fond d’un bassin au pied nord du Seewlisberg.
- Lorsque les dolines s’approfondissent, puis se joignent par disparition des cloisons intermédiaires, on a ce qu’on appelle les poljés. Les grands bassins fermés des Hautes Alpes calcaires de la Suisse ont été assimilés aux poljés, bien qu’on n’y rencontre pas la forme typique du karst. Parmi ces lacs, citons : le Muttensee, formé par l’eau de fonte des névés, au pied du Mutten, et le Daubensee, poljé simple, sans écoulement superficiel.
- Les lacs dans et sur la glace se divisent en lacs de surface, intraglaciaires et sous-glaciaires. Ceux qui ont parcouru les glaciers, en particulier le grand glacier d’Aletsch et celui de Gorner, connaissent ces lacs de surface qui sont tantôt des sortes de crevasses, tantôt des accumulations d’eau de fonte dans des dépressions de la surface du glacier ou au point de jonction de deux glaciers. Le mode de formation des lacs interglaciaires et sous-glaciaires n’a pas encore été éclairci et on ne réalise leur existence que grâce à leurs débâcles. Ces sortes de lacs sont nombreux en Suisse; citons seulement : le lac de la Scheidfluh, celui au confluent du Gorner-gletscher et du Monte Rosa Gletscher, et le lac de la Crête Sèche, sur le glacier du même nom.
- 1. M. Lugeon et E. Jérémine. Les bassins fermés des Alpes suisses. Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles. Vol. XLVII, n° 174, Lausanne, 1911.
- Les lacs dus à des dépressions coupant une nappe aquifère ont comme caractéristiques des affluents et un émissaire souterrains. On les rencontre dans des formations fluvio-glaciaires superposées à des terrains imperméables dans des régions où des éboulements recouvrent des formations imperméables, enfin dans des territoires désertiques où les dunes reposent sur des assises imperméables. On trouve un grand nombre de ces lacs dans le canton de Zurich; le lac de Cauma, dans les Grisons, est un bel exemple de dépression coupant une nappe aquifère. Il en est de même des lacs de Géronde (Valais).
- L’EAU DES LACS
- 11 est bien évident que le régime d’un lac dépend, en premier lieu, du régime de ses affluents. C’est pourquoi on distingue, parmi les lacs suisses : les lacs à régime alpin tels que le lac de Genève, les lacs de Sils et de Silvaplana (Haute Engadine), dont les caractéristiques sont : des basses eaux en hiver avec minimum en février, des hautes eaux en été, avec maximum en août, une décrue pendant l’automne; les lacs à régime subalpin, qui ont les mêmes caractéristiques que les précédents avec cette différence que la décrue commence souvent en juillet; comme types de ce genre, citons : les lacs de Constance, de Wallenstadt et des Quatre-Cantons ; enfin, les lacs du versant, sud des Alpes, qui ont un régime à caractère alpin modifié par le régime des pluies du versant sud : tels sont les lacs Majeur et de Poschiavo; quant au lac de Lugano, influencé par de fortes précipitations irrégulières, il ne peut être comparé à aucun autre lac.
- Les forêts jouent un grand rôle dans le phénomène du ruissellement. La surface du terrain boisé est, en effet, très perméable; pendant une rapide fonte des neiges, l’écoulement est beaucoup plus faible en terrain très boisé qu’en terrain peu ou non boisé. Au contraire, après une période de sécheresse, dans un terrain faiblement boisé, le lit d’un torrent est rapidement à sec, tandis que dans un bassin très boisé, l’écoulement continue.
- Un autre facteur très important pour le régime d’un lac — en particulier pour les crues — est le rapport de la surface du bassin d’alimentation à la surface du lac;
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- = 4 —............ .......—........—— - -—........-=
- en général, plus ce rapport est grand, plus les crues sont importantes ; cependant, les pluies modifient parfois cette loi. Ainsi dans les lacs Majeur et Morat, pour lesquels ce rapport est sensiblement le même, la variation de niveau, dans les 24 heures, est beaucoup plus grande pour le premier. Le lac Majeur doit les variations brusques et fortes de son niveau au régime des pluies du versant sud des Alpes et au rôle important de certains facteurs géologiques et topographiques (pente très forte des affluents, imperméabilité des roches, etc...).
- Le régime des lacs est également fonction de la cote et du débit des émissaires sous-lacustres; lorsque ceux-ci se trouvent dans les parties profondes du lac et que leur débit est plus grand que celui des affluents en période de basses eaux, il en résulte d’énormes variations de niveau.
- Comme on le sait, l’eau a son maximum de densité à 4°. il en résulte, dans les lacs, deux sortes de stratifications thermiques : la stratification directe, lorsque la température du lac est supérieure à 4°, et la stratification inverse, lorsque la température du lac est inférieure à 4° : dans ce cas, les couches plus froides sont au-dessus des couches plus chaudes; malgré cela l’équilibre est stable puisque l’eau de la couche inférieure est à 4° et par suite plus
- Falaise Grève
- Beine | Seine d'érosion d‘alluvion
- Mont
- Niveau
- Fiij. 4. — Les différentes parties de la cote d’un lac (d’après H. Schardt).
- lourde que celle de la couche supérieure qui est quelquefois à 0°. Ajoutons que les variations thermiques se passent surtout dans la partie supérieure de la masse d’eau et que dans un lac suffisamment profond l’eau du fond est généralement à 4°.
- Au point de vue thermique, on distingue trois sortes de lacs d’après la différence existant entre le maximum d’été et le minimum d’hiver qu’on appelle Y amplitude thermique : les lacs de type tropical, tel le lac de Genève, avec 19° d’amplitude; les lacs de type tempéré, comme le lac de Morat, avec température oscillant au-dessus et au-dessous de 4°; enfin les lacs de type polaire où la température varie à partir et au-dessous de 4°. Un même lac peut du reste appartenir à deux types différents, comme le lac de Genève où la partie profonde du grand lac appartient à la catégorie des lacs tropicaux, tandis que la partie littorale et le petit lac font partie des lacs tempérés.
- Il faut noter enfin l’action du vent provoquant la formation de courants de surface et, par suite, déterminant des écarts considérables de température à la surface de l’eau, ainsi que des courants de retour, de sens opposé à celui de vent; l’eau chaude de surface est entraînée et
- remplacée par de l’eau de couches plus profondes et, par conséquent, plus froide.
- L’étude chimique de l’eau des lacs est une question d’une grande importance au point de vue géologique car elle renseigne etir la valeur de l’érosion chimique à la surface de l’écorce terrestre et permet de déterminer les diverses phases de l’histoire d’un lac. Depuis un certain nombre d’années, déjà, il a été établi que la composition chimique des eaux des lacs alpins suisses est fonction de la nature géologique de leur bassin d’alimentation (*) ; de plus l’eau de ces lacs est diluée lorsque, au moment de la fonte des neiges, les affluents amènent au lac une eau peu minéralisée; elle est concentrée, au contraire, par congélation ou évaporation. On distingue parmi les grands lacs suisses, trois groupes : les lacs calcaires ou carbonatés, les lacs mixtes ou sulfatés et les lacs silicatés. Au premier groupe appartiennent les lacs de Morat, de Bienne, de Neuchâtel, de Lugano, des Quatre-Cantons, de Zoug, de Zurich, tous caractérisés par une forte teneur en CaO et en CO2; les lacs de Thoune, de Genève, de Constance, rentrent dans le deuxième groupe avec leur forte teneur en SO2; enfin les lacs Majeur et Brienz, sont des lacs silicatés.
- La couleur de l’eau n’est pas le résultat du jeu de la lumière solaire dans un milieu plus ou moins trouble. L’eau pure est bleue; les nuances vertes, jaunes, brunes que possèdent souvent les eaux, sont dues à une altération de la couleur propre qui reconnaît plusieurs causes physiques et chimiques : les divers organismes vivants, la diffraction de la lumière sur les particules en suspension, la dissolution des matières humiques, le pouvoir clarifiant des composés calciques en présence de composés ferriques ou humiques, les composés ferriques, qui, en l’absence des composés humiques ou calciques, font virer l’eau au vert, au jaune ou au brun ; les composés humiques à pouvoir colorant d’une grande intensité, etc. Enfin, l’éclairage modifie le ton de l’eau; sous l’ombre d’un nuage, l’eau est plus sombre que dans la partie éclairée par le soleil.
- LE DESTIN DES LACS
- La forme d’un lac n’est pas immuable, elle est fonction des modifications subies par la cote.
- La cote d’érosion est surtout bien caractérisée dans les terrains meubles; sous le choc répété des vagues, le talus est entaillé en falaise au pied de laquelle se formera une terrasse presque horizontale, appelée grève, dont l’extrémité fait partie du domaine du lac; les matériaux arrachés à cette grève forment une autre terrasse immergée se terminant par un talus à forte pente et nommée beine, divisée en une beine d’érosion et une beine d’allu-vion; enfin, le talus qui termine la beine d’alluvion porte le nom de mont; le croquis de la figure 4 donne une idée de cette division.
- La cote d’alluvion est due à la formation d’un delta à l’embouchure d’un affluent. Ce delta est constitué par les matériaux, roulés sur le lit de l’affluent, qui s’accu-
- 1. F. E. Bourcart. Les lacs alpins suisses, étude chimique et physique. Genève, Georg et Cie, 1906.
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- mulent autour de l’embouchure. Ces matériaux se disposent de la même manière que sur la cote d’érosion, en terrasses et en mont. Quant aux alluvions fines entraînées par les courants de fond, bien en avant du delta, elles se déposent sur le plat-fond du lac.
- Il arrive que le cours d’un affluent se continue dans un vaste ravin sous-lacustre, jusqu’à une certaine profondeur. D’après les recherches entreprises, il résulte que le ravin sous-lacustre ne peut se former que lorsque la quantité de limons en suspension dépasse de beaucoup celle des matériaux roulés sur le fond. C’est ce qui se passe au delta du Rhône, dans le lac de Genève.
- Il peut encore arriver que les matériaux entassés sur le bord du talus sous-lacustre — ou mont — prennent une inclinaison trop forte et que des glissements se produisent, entraînant un volume plus ou moins considérable de matériaux dans les parties profondes du lac. Ce phénomène s’observe souvent à l’embouchure de la Veveyse, sur le lac de Genève. Au cours de ces glissements, des couches plus anciennes sont mises à nu, qui seront recouvertes par des sédiments postérieurs aux glissements, troublant ainsi l’ordre stratigraphique des couches. Ces glissements peuvent aussi se produire sous l’effet de pressions artificielles; dans les régions où les rives sont abruptes, l’homme est parfois porté à gagner du terrain sur le lac au moyen de remblais (rive droite du lac de Genève entre Chillon et Corsier), qui s’avancent sur la beine et atteignent même, quelquefois, le bord du mont; on a même construit directement sur le delta de torrents arrivant au lac et des glissements inévitables se sont produits, comme celui du quai du Trait de Baye, à Montreux, en 1891, celui de la ville de Zoug, au bord du lac du même nom en 1887, et celui de Horgen, sur le lac de Zurich, en 1875.
- Les deltas lacustres sont importants à deux points de vue : d’abord, ils permettent d’établir l’altitude atteinte par la nappe d’eau d’un lac disparu; le delta en effet, se forme plus rapidement que les terrasses d’érosion ou d’alluvion et après le retrait des glaciers de la dernière période glaciaire, par exemple, les terrasses n’ont pas eu le temps de se former tandis que les deltas ont eu le temps de se déposer. Deuxièmement, les deltas permettent d’évaluer le pouvoir de transport des affluents par son accroissement mesuré à des intervalles de 10, 20, 50 années et plus, ainsi que le montre le tableau ci-dessous.
- De leur côté, les terrasses d’érosion peuvent rendre de grands services au géologue pour déterminer l’altitude atteinte par un lac en période interglaciaire, car, dans ce cas, les deltas et les terrasses d’alluvions ont été enlevés par le glacier recouvrant le bassin lacustre.
- Certains auteurs se sont occupés des alluvions transportées dans l’eau des affluents; ils ont constaté que la quantité de matières en suspension augmente avec la profondeur et qu’il existe, au voisinage du fond, une couche plus ou moins épaisse chargée de plus ou moins de sable. Pour le calcul de la densité de ces substances, on a été amené à distinguer : la densité réelle de l’alluvion desséchée, c’est-à-dire, le rapport du poids de la matière sèche au volume de l’eau déplacée, et désignée par la
- formule : d = - ; la densité réelle de l’alluvion déposée v
- dans 1 eau, c est-à-dire le rapport de la somme des poids de la matière solide et de l’eau d’imprégnation au volume
- total du dépôt et que l’on désigne par : d' —
- et la
- densité fictive, ou rapport du poids de la matière sèche
- au volume total du dépôt, désignée par : D = —• Dans
- v
- ces trois formules :
- d = la densité réelle de l’alluvion desséchée; p = le poids de l’alluvion sèche; c = son volume à l’état sec;
- d' — la densité réelle de l’alluvion déposée dans l’eau, c’est-à-dire, de la houe;
- p' — le poids total du dépôt (alluvion -f- eau d’imprégnation) ;
- v' = le volume du dépôt ;
- D = la densité fictive.
- En admettant une densité moyenne de 1,5, voici les résultats obtenus pour quelques affluents :
- Cours d’eau Matières en suspension par an et par km2.
- Rhône 568 m3
- Arve 502 — 1214 m3
- Dixence 648 m3
- Massa 499 m3
- Drance 846 m3
- Les énormes variations dans le transport des troubles
- Accroissement du delta de quelques affluents, sur le versant nord des Alpes.
- Aar dans le lac Bienne Linth dans le lac de Wallenstadt Bhin dans le lac de Constance Reuss dans le lac des Quatre- Cantons Kander dans le lac de Thoune Bregenz Ache dans le lac de Constance
- 1878-1897 1897-1913 1860-1910 1860 1863-1883 1911-1921 1851-1878 1714-1866 1861-1885
- Mètres cubes d’alluvions au total . . 6.708.000 2.496.300 3.738.000 941.500 25.110.000 3.947.050 2.097.850
- Mètres cubes par an 335.400 156.000 74.000 60.000 à 80.000 47.700 2.790.000 146.187 373.427 87.410
- Bassin d’alimentation km2 Mètres cubes par an et par km2 du 1391,7 1391,7 621,7 621,7 6591,0 6123,0 832,0 1060,0 . 850
- bassin d’alimentation 241,0 112,1 119,0 96,5 — 128,5 7,14 456,0 176,0 262,0 104,5
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- par l’Arve, indiquent un débit annuel très variable provenant du caractère torrentiel et glaciaire de son régime. La Massa transporte moins que la Dixence parce que les glaciers occupent 72 pour 100 de son bassin d’alimentation contre 42 pour 100 pour la Dixence. La forte teneur de la Drance provient de l’érosion des schistes lustrés de son bassin.
- Il est bon de signaler encore l’influence de la forêt sur le transport des alluvions. Des recherches effectuées dans deux bassins d’alimentation, ayant des conditions météorologiques et géologiques semblables, ont prouvé que le terrain boisé facilite ce transport.
- La sédimentation lacustre dépend surtout de la constitution géologique et des précipitations atmosphériques du bassin d’alimentation du lac. Elle est d’autant plus rapide que les eaux sont plus hautes et plus fortes, au printemps et en été qu’en hiver, par suite de la fonte des neiges et aussi d’une élévation de température de l’eau qui augmente la vitesse de dépôt des troubles. En effet, si une eau saturée de troubles se réchauffe, sa densité diminue et elle se trouve alors sursaturée d’alluvion fine. Le contraire a lieu en hiver où l’eau de surface contient plus de troubles en suspension parce que plus froide. Une variation de 1° dans les températures élevées produit une grosse différence de densité. Le tableau suivant permet de se rendre compte des résultats obtenus jusqu’ici dans quelques lacs suisses :
- Épaisseur Nombre
- Lacs. Périodes. mm. de jours.
- Bassin d’IJri
- 1897-1898 15 360
- Bassin de la Muota
- Lac des Quatre Cantons. . . ( 1897-1898 1898-1899 • ( 1899-1901 80 15 85 360 523 544
- r j w n * aA Lac de Wallenstadtl ^912-1912 9 6 364 159
- ( 1908-1908 20 227
- Lac de Brienz . \ 1908-1909 ' J 1909-1909 2 18 144 195
- f 1909-1910 4 199
- Lac d’Oeschinen ( 1901-1901 ’ / 1904-1904 1,5 10,5 67 158
- D’autre part, les chiffres ci-dessous montrent nettement les relations qui existent entre les sédiments lacustres et la constitution géologique du bassin d’alimentation du lac (Les essais ont porté sur le lac de Brienz):
- Été 1908. Hiver 1908-1909.
- SiO2 43,33 44,77
- CaO 19,09 9,90
- Fe2 O3 3,75 7,77
- TiO2 traces traces
- A1203 13,33 15,49
- P205 0,38 0,74
- MgO 1,72 2,45
- NA20 0,98 1,24
- Iv20 2,59 2,89
- CO2 9,08 7,94
- Perte au feu.... 5,91 7,44
- 100,16 100,61
- Nous voyons que la vase d’été est plus riche en carbonate de chaux que la vase d’hiver; c’est qu’en hiver, l’Aar seul transporte des alluvions dans le lac et comme il prend sa source dans une région cristalline, la vase est assez pauvre en carbonate de chaux; en été, au contraire tous les petits affluents du lac provenant des régions calcaires en charrient beaucoup.
- La faune et la flore influencent aussi la nature des sédiments; on distingue souvent dans les lacs deux zones de dépôt : une zone littorale où la boue est riche en restes de faune et de flore : coquilles de mollusques, frustules de diatomées (ces restes organiques sont oxydés et la vase a une couleur claire uniforme), et une zone profonde, qui se divise elle-même en une couche de surface, vase putride dépourvue d’oxygène, contenant une bonne quantité de substance organique et du sulfure de fer, et une couche inférieure, de couleur claire, pauvre en sulfure de fer et matières organiques. Certains auteurs distinguent encore : le sédiment d’hiver et le sédiment d’été, le premier noir foncé contenant une quantité de détritus organiques et de sulfure de fer; le deuxième gris clair, contenant du carbonate de chaux en petits cristaux ou sous forme de précipité provenant des plantes aquatiques.
- {A suivre).
- Elyane Marancel.
- LE DECLIN DEMOGRAPHIQUE DES CIVILISES EN EUROPE ET HORS D’EUROPE
- La Nature a publié, il y a un an (1er novembre 1935), sous le titre « L’Europe se meurt », une étude où était indiqué l’état de dépopulation latente de la plus grande partie de l’Europe, étudié dans le détail et souligné par un graphique expressif, la décadence démographique extraordinairement rapide des quatre pays les plus peuplés (Russie à part) et pronostiqué l’avenir proche
- des sept plus grandes nations européennes, Russie toujours à part. Il ne faut pas croire — bien que beaucoup ignorent même son existence et que tous les gouvernements sans exception (1) agissent comme si la portion d’humanité
- 1. Même le gouvernement de la France, pays où cependant la dénatalité est connue depuis longtemps, qui vient d’augmenter de plusieurs milliers le nombre des instituteurs pour un nombre d’écoliers chaque année en diminution.
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- qu’ils dirigent devait s’accroître indéfiniment, — que cette décadence soit spéciale à l’Europe :
- Tous les pays de civilisation dite européenne ou occidentale, cest-à-dire industrielle, du monde entier, quelle que soit la couleur de Vépiderme de leurs habitants, sont en déclin démographique plus ou moins avancé.
- Ce fait, démontré plus loin, peut paraître d’autant plus surprenant que, à part le Japon surpeuplé, il s’agit le plus souvent de pays neufs, à très faible densité démographique (celle de l’Australie n’est que le double de celle du Sahara, malgré la présence de deux très grandes villes, Sydney et Melbourne !) et, à part les États-Unis et ce même Japon, non surindustrialisés.
- Ainsi donc les deux grandes raisons qui, en Europe, sont causes de la dénatalité-—la surpopulation, causée elle-même par la surindustrialisation, laquelle n’était justifiée que lorsqu’un petit nombre de pays européens approvisionnaient le monde entier en produits fabriqués — ne jouent pas, à une ou deux exceptions près, hors d’Europe.
- Mais deux autres, au moins aussi puissantes, interviennent : la sururbanisation et la socialisation : en Australie, par exemple, plus du tiers de la population totale est concentré dans les deux seules villes de Melbourne et Sydney, l’Australie encore et la Nouvelle-Zélande sont, tout comme les pays Scandinaves — pays d’Europe les plus touchés par la dénatalité, — des États où le socialisme a été le plus effectivement et le plus généralement mis en pratique.
- Il est superflu d’ajouter que pour ces pays, qui n’y ont que peu ou pas participé et n’en ont souffert que d’une façon négligeable ou nulle, la guerre de 1914-18 n’a été en aucune façon la cause directe ou indirecte de leur déclin démographique, commencé pour beaucoup bien avant.
- Toutefois ce déclin, comme maintenant encore pour la généralité des nations d’Europe, n’est que latent. Il ne s’est pas encore traduit — comme déjà pour deux Etats européens, la France et l’Autriche, depuis 1935 pour tous les deux — par une dépopulation naturelle, c’est-à-dire un excès de la mortalité sur la natalité, compte non tenu des mouvements migratoires qui peuvent agir dans les deux sens, soit pour accroître ce déficit naturel, soit pour le diminuer ou même le supprimer.
- Il faut donc étudier de plus près ce phénomène de déclin afin d’être en mesure de le déceler dès qu’il se produit.
- Qu’est-ce donc que la dénatalité ?
- Dans le jargon du démographe — lequel, mathématicien de profession, est, presque toujours, soucieux d’exactitude tant verbale que de compte — ce terme désigne très précisément la diminution de la natalité. Il faut ajouter immédiatement que, dans l’esprit dudit démo-
- 7 =
- graphe, il s’agit d’une diminution permanente, ou au moins de longue durée, et non pas d’une diminution accidentelle, passagère, comme il s’en produit constamment au cours de la vie d’un groupement humain.
- Mais ce n’est là que déplacer la question : qu’est donc la natalité, au sens démographique de ce terme ? L’interrogation n’est pas, hélas, superflue, certains démographes — appuyés d’ailleurs par le Larousse — donnant à cette expression le sens de « rapport entre le nombre des naissances et le chiffre de la population pendant un temps déterminé ». Cela n’empêche d’ailleurs pas ces mêmes démographes de désigner dans le même temps ce même concept par l’expression, plus longue mais plus exacte de « taux de natalité ».
- Sans insister sur l’incomplet et l’imprécision de la définition précitée, il est cependant permis de regretter que le vocabulaire de cette science, dans la patrie de Descartes et de Deparcieux (1), ne soit pas fixé — nettement et commodément — précisément sur l’objet fondamental de la science démographique.
- Aussi, pour éviter, d’une part une dualité d’expression inutile, de l’autre l’absence d’un vocable court et commode pour désigner un nombre dont il sera souvent question dans cette étude, celui des naissances annuelles, il sera fait ci-après, en attendant qu’un congrès le ratifie ou le modifie, usage des mots définis ainsi : ,
- 1. Créateur, au xvme siècle, de la première table demortalité digne de ce nom.
- .ISLANDE
- U. R.s.S.
- Légende
- Pays en état de dépopulation „ dénatalité „ dénativité
- Fig. 1. — L’Europe en 1935.
- Les renseignements manquent pour l’U. R. S. S. et l’Albanie. Seule, la Grèce n’est ni en dénatalité, ni en
- 177771 „
- dénativité.
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- Natalité. — Nombre de naissances unitaires (x) vivantes (1 2) du groupement humain considéré pendant l’année considérée. Ex. : la natalité de la France métropolitaine (Corse comprise) est en 1935 de 639 000 (aux unités près).
- Dénatalité. —- Diminution de la natalité.
- Nativité. — Quotient, rapporté à 1000, de la natalité par la population moyenne (ou celle au 30 juin) du groupe considéré, en l’année considérée. Ainsi, la nativité française a été de 15,2 pour 1000 en 1935.
- Dénativité. — Diminution de la nativité.
- Dépopulation (naturelle). — Déficit de la natalité par rapport à la mortalité, celle-ci étant le nombre de décès du groupe humain considéré pendant l’année sous revue (3).
- Ainsi un examen un peu plus serré du phénomène de dénatalité révèle trois quantités différentes au lieu d’une seule :
- La dénatalité commence par la dénativité, se continue par la dénatalité proprement dite, et aboutit à la dépopulation.
- Le tableau 1 ci-après illustre l’évolution de plusieurs Etats européens à cet égard, complétant ainsi ce qui a été dit dans l’article précité.
- Tableau I.
- Dénativité — Dénatalité — Dépopulation en Europe.
- Début de la
- Pays. Dénativité. Dénatalité. t i \ Dépopulation. /O \
- France . . 1801 \ 75 1876 59 1935
- Norvège. . 1855 45 1900
- Danemark. 1860 46 1906
- Suède. . . 1860 40 1900
- Hollande . 1875 55 1930
- Allemagne. 1875 33 1908
- Angleterre. 1875 28 1903
- Belgique. . 1875 26 1901
- Suisse. . . 1875 26 1901
- Finlande . 1879 30 1909
- Italie. . . 1881 42 1923
- Autriche. . avant 1920 1935
- N.-B. — (1) nombre d’années écoulées entre le début de la dénà-
- tivité et celui de la dénatalité.
- (2) nombre d’années écoulées entre le début de la dé: celui de a dépopulation.
- ai^alï
- et t
- » L
- Il n’a pas été possible — par suite des modifications territoriales trop importantes — de faire figurer les dates de début de dénativité et dénatalité pour l’Autriche, qui est jusqu’à présent et pour peu de temps, la seule nation avec la France en état de dépopulation naturelle, ce pour quoi on l’a fait figurer au tableau. Il n’est toutefois pas douteux que ces dates sont très
- 1. Quelques pays enregistrent dans leurs statistiques les « accouchements » qu’ils soient simples ou multiples.
- 2. Quelques États enregistrent le nombre total des naissances, qu’elles soient vivantes ou mort-nées.
- 3. Il peut y avoir dépopulation de l'ait pour d’autres causes : guerres, épidémies, émigration.
- voisines de celles correspondantes de ses deux voisins de même race et de mêmes moeurs : l’Allemagne et la Suisse.
- La lecture de ce tableau montre plusieurs faits :
- Le déclin démographique de l’Europe est très ancien, puisqu’il remonte à plus d’un demi-siècle pour un pays qui, comme l’Italie, passe encore pour très prolifique et compte encore — pour peu de temps — des excédents natalitaires annuels de près d’un demi-million d’individus, et à près d’un siècle et demi pour la France;
- Ce déclin a été extrêmement lent en France, puisqu’il a fallu deux générations et demie Q) pour que la dénativité se transforme en dénatalité et deux générations pour que cette dernière devienne de la dépopulation;
- Il a été beaucoup plus rapide pour les pays Scandinaves, où le premier intervalle n’a été que d’une génération et demie, et surtout pour les pays germaniques et anglo-saxons (Hollande exceptée) où il n’a été que d’une génération ou même moins;
- Tous ces pays — ceux du moins qui n’y sont pas déjà — vont se trouver bientôt en état de dépopulation naturelle effective, comme le montre le graphique de la figure 2 (2) des taux de croît — ou croissivités — apparents (différence — positive ou négative — entre la nativité et la mortivité ou taux de mortalité). C’est vers 1940 que les pays nordiques, germaniques et anglo-saxons, c’est-à-dire ceux qui sont riverains de la Baltique et de la mer du Nord (à l’exception de la Lituanie, de la Pologne et de la Hollande, qui ne le feront qu’un peu plus tard) entreront dans la phase de dépopulation.
- Quant aux États civilisés hors d’Europe, ils se trouvent dans les deux zones tempérées boréale et australe, les autres Etats des zones équatoriales et tropicales n’ayant pas encore atteint le stade de civilisation matérielle et économique de caractère industriel (mécanique et non artisanal) caractéristique des peuples dits européens ou occidentaux et étant peuplés d’ailleurs en grande ou en énorme majorité de races — rouge ou noire — pour le moment très en retard à ce sujet.
- ..Ils ne sont pas très nombreux. Hormis l’immense ) empire russe — dont on ne sait plus rien depuis 19^9 au I point de vue démographique (tant il est mauvais)^—t- que
- !la révolution a fait reculer à la primitive civilisation communiste de la tribu ancestrale, aggravée par l’énormité de son étendue, mais qui paraît devoir en sortir rapidement — pour d’ailleurs retomber dans les exagérations de la civilisation de type matériel et industriel — il n’y a que les pays suivants :
- en Amérique :
- en Asie : en Océanie : en Afrique :
- Canada, États-Unis, Argentine, Uruguay, Chili.
- Japon.
- Australie, Nouvelle-Zélande.
- Afrique du Nord française, Égypte, Union Sud-Africaine.
- 1. Une génération, ou plus exactement l’intervalle entre deux générations successives est d’environ 30 ans.
- 2. Ce graphique commence en 1923 parce que c’est à partir de cette année que les oscillations en sens contraire dues à la guerre et à l’après-guerre ont été éliminées et que les chiffres se sont remis sur le prolongement de la courbe d’avant-guerre.
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- Mais, dans certains de ces pays, la présence d’une masse indigène énorme, jusqu’à présent à peu près inévoluée, fausse les résultats démographiques de la seule population de civilisation européenne :
- Dans notre A. N. F. il existe 10 indigènes (blancs) pour un Européen;
- Dans l’U. S. A. il existe 3 indigènes (noirs) pour un Européen ;
- En Egypte il y a à peine un demi-million d’Européens pour 14 millions d’indigènes.
- Et le nombre des indigènes croît très rapidement.
- Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que ce soit dans ces seuls pays que l’élément civilisé semble encore en état d’expansion démographique. D’ailleurs les renseignements statistiques sont moins nombreux — et moins exacts — que dans les pays européens.
- Ce n’est que depuis 192G que le Canada possède des statistiques établies selon les mêmes normes pour toutes les « provinces » et qui soient devenues comparables à elles-mêmes.
- Pis encore : dans le pays légendaire des statistiques les plus inutiles et les plus absurdes — on a reconnu les Etats-Unis — ce n’est qu’en 1933, c’est-à-dire hier, que les deux derniers « Etats » —• que je ne nommerai pas pour ne pas ajouter à leur honte — qui ne les avaient pas jusqu’alors, ont organisé leur service d’état civil !
- Quant aux autres Etats américains susnommés, leurs statistiques n’ont pas encore atteint le degré d’exactitude des statistiques européennes, ou de celles des 3 autres Etats en cause : Japon, Australie, Nouvelle-Zélande.
- C’est donc avec toutes ces réserves qu’il faut lire les chiffres donnés au tableau II ci-dessous.
- Tableau II.
- Dénativité — Dénatalité — Dépopulation hors d’Europe.
- Début de la
- Pays. Dénativité. Dénatalité. Dépopulation, a) (2)
- Canada. avant 1913 1920
- Australie avant 1913 1928
- Argentine avant 1913 1931
- Japon. . 1925 8 1933
- (1), (2), voir tableau I.
- Il permet de constater que des pays qui passent encore pour extrêmement prolifiques, comme l’Argentine ou le Japon, sont depuis très ou relativement longtemps en déclin démographique, et ne sont, de ce point de vue, que peu en retard sur les nations européennes, auxquelles ils n’ont rien à envier.
- Le fait est d’autant plus surprenant, qu’en dehors même — à part le Japon — de leur qualité de pays neufs disposant d’immenses espaces et d’énormes ressources naturelles, qui devraient les inciter à une expansion démographique correspondante, ils ont — jusqu’à ces derniers temps — au rebours des États européens précités qui ont été diminués d’autant, bénéficié d’une abondante
- Années
- 1323 1925 1930 1335 1938
- Fig. 2. — Croissivité de divers pays d’Europe.
- immigration, composée en majorité d’éléments jeunes très prolifiques, qui améliorait leur composition évale (*).
- Mais — entre autres — ils souffrent d’une excessive sururbanisation, bien plus grande qu’en Europe : la capitale de l’Argentine héberge à elle seule plus du sixième (2) de la population totale !
- Les graphiques des figures 3 et 4 illustrent et complètent le tableau précédent.
- Représentant l’un l’évolution des natalités, l’autre celle
- 1. Composition par âges; proportion dans l’ensemble de chacun des groupes d’habitants de même âge : 1 à 5 ans, 5 à 10 ans, etc.
- 2. 2 200 000 habitants sur 12 millions.
- Fig. 3. — Évolution des nalivilés hors d'Europe.
- Australie.
- Années
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- 10
- Années
- 1905 1910 1915 1920 1925 1930 1935
- Fig. 4. — Évolution des natalités hors d'Europe.
- des nativités dans les pays de civilisation européenne industrielle non européens, ils permettent les constatations suivantes :
- Tous ces pays — sauf le Japon — ont depuis plus d’une génération des nativités en décroissance constante, et cela malgré une composition par âges extrêmement favorable, renforcée, jusqu’à ces dernières années, par un intense apport d’éléments jeunes, en âge de reproduction.
- Les États anglo-saxons : Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, sont les plus atteints. Les deux derniers, de race anglo-saxonne pure — à part quelques milliers d’Italiens en Australie occidentale — sont déjà en dépopulation virtuelle, leur nativité étant inférieure au taux d’équilibre (x), nécessaire pour maintenir la population à un chiffre constant. Et ceci n’est d’ailleurs qu’une apparence, car la composition évale étant, comme dit plus haut, bien plus favorable qu’elle ne le serait dans des conditions normales, la situation est encore pire qu’elle ne paraît.
- La situation est un peu moins mauvaise au Canada en raison de la présence d’une forte minorité latine : 30 pour 100 de Canadiens et Acadiens français. Par contre la situation de la majorité anglo-saxonne est tellement mauvaise (2) que les francophones, bien qu’inférieurs en nombre au 1/3 de la population totale, ont à eux seuls 45 pour 100, près de la moitié, des naissances annuelles. Il est tout à fait certain que dans peu d’années ils auront conquis de haute lutte la majorité absolue. Il en sera au Canada comme dans l’Union Sud-Africaine où l’élément d’origine néerlandaise a déjà la prépondérance sur l’élément britannique et l’accroît tous les ans. On assiste ainsi, en deux endroits pourtant bien distants et distincts du monde, au même phénomène qu’en Europe, où seuls les Latins — et les Slaves — et, parmi l’élément anglo-saxon, les Hollandais (bien que touchés aussi par la dénatalité) n’ont pas atteint, et d’assez loin, le degré
- 1. Celui qui résulte de la longévité moyenne : on l’obtient en divisant 1000 par la durée de la vie moyenne dans le pays considéré. Celle-ci étant de 62 ans en Australie et N. Z. ce taux d’équilibre est 16,1.
- 2. En Colombie britannique, purement anglo-saxonne, la nativité est tombée au chiffre extraordinairement bas de 13,5 p. 1000, inférieur mêra-, à celui de la Suède.
- de décadence démographique où sont tombés les nordiques, les germaniques et les britanniques.
- En confirmation de ce qui vient d’être dit la situation de l’Argentine, pays comparable au Canada et par leur situation commune à une extrémité du continent américain et par l’importance de leur population (11 à 12 millions), bien qu’elle aille en empirant, n’est tout de même pas aussi mauvaise que celle du Canada, parce que peuplée uniquement de Latins.
- Quant au Japon, son évolution démographique est très curieuse : elle est, à un quart de siècle de distance, identique à celle suivie par l’Allemagne. Ainsi, à une ressemblance politique accusée, à une similitude d’industrialisme, d’autoritarisme, de militarisme et d’impérialisme, s’ajoute une identité de destins démographiques.
- Comme l’empire allemand, mais 25 ans plus tard, l’empire du Soleil levant, est passé en deux générations, d’une population de 25 millions d’individus à tout près de 70 millions; comme lui, il a vu sa natalité atteindre 2 millions et rester à ce chiffre exactement le même nombre d’années : 8 ans; comme lui, il a connu pendant cette période des excédents natalitaires d’un million d’êtres; comme lui, il subit maintenant un déclin foudroyant qui a fait passer en 10 ans sa nativité de 36 pour 1000 à 29 pour 1000, soit 7 points ou 20 pour 100 de diminution, alors que le nombre des géniteurs est encore croissant.
- Quoi qu’il en soit, la décadence démographique de tous ces pays, masquée pendant longtemps par l’absence d’informations à leur sujet et l’afflux important d’immigrants jeunes, est telle qu'ils en sont déjà, comme en Europe, à la deuxième phase dénatalitaire, celle de la dénatalité proprement dite, les États-Unis depuis longtemps, le Canada depuis 1920, l’Australie depuis 1928 et l’Argentine depuis 1931. Quant au Japon lui-même il y est entré en 1933.
- Ainsi deux États européens déjà ont passé du stade de dépopulation virtuelle qu’est la dénatalité, où ils se trouvent tous — à l’excejotion unique de la Grèce — à celui de la dépopulation effective : l’un, la France, parce qu’il a été le premier à entrer en dénatalité et qu’il s’y trouvait depuis longtemps; l’autre, l’Autriche, à cause de son degré excessif de citadisme, le tiers de sa population résidant dans sa capitale.
- Mais, malgré l’entrée moins ancienne, ou même toute récente, des autres États européens ou extra-européens dans la phase dénatalitaire, la rapidité inouïe de leur déchéance démographique fait qu’ils ne tarderont pas à rejoindre le groupe des deux précurseurs. L’allure de leurs courbes démographiques fait prévoir qu’en effet, commenceront à avoir un excédent de décès sur les naissances, dans les toutes prochaines années (période 1937-1940), les Etats suivants :
- Allemagne, Australie, Belgique, Grande-Bretagne, Norvège, Suède et même un État aux trois quarts slave, la Tchécoslovaquie (x), mais dont le quart allemand est déjà en dépopulation effective.
- Le lustre qui suivra (1940-45) et qui n’est pas bien éloigné, verra l’entrée en dépopulation des nations suivantes:
- 1. Sans compter les petits pays : Luxembourg, Esthonie, Lettonie
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- États-Unis, Finlande, Hongrie, Suisse, et même des pays neufs, susceptibles d’héberger une population très accrue, mais qui n’en sont pas moins en pleine décadence démographique : l’Uruguay et la Nouvelle-Zélande (x).
- Les dernières années de ce demi-siècle (1945-1950) assisteront au début de la dépopulation naturelle (qui sera effective s’il n’y a pas une immigration numériquement supérieure), de pays considérés jusqu’ici unanimement comme extrêmement prolifiques :
- Argentine, Bulgarie, Canada, Espagne, Hollande, Italie et Pologne.
- Enfin, peu après la mi-siècle, fermera cette marche funèbre le Japon qui pourtant à présent a encore des excédents d’un million pour une population de 70 millions d’individus, mais qui, depuis une dizaine d’années, voit sa nativité décroître à vitesse accélérée.
- ]. Où seul l’élément indigène (maori) s’est remis à prospérer.
- ......... ' = 11 ==
- Naturellement, ces prévisions sont d’autant plus précises qu’elles sont plus rapprochées de nous dans le temps. Il est d’ailleurs très probable que les délais ei-des-sus indiqués seront plutôt écourtés qu’allongés, car il n’a pas été tenu compte dans leur établissement, de deux facteurs d’accélération : l’effet de la dénatalité antérieure, assez récente pour beaucoup et qui a commencé à se manifester seulement en 1930 pour la France, et celui de la dépopulation de guerre des belligérants et des non-belligérants... si même d’ici là cette cause ne se double pas des vides causés par de nouvelles guerres en Extrême-Orient et en Europe !
- Et ainsi se vérifiera une fois de plus l’éternelle sinusoïde qui figure l’évolution des nations, plus exactement le profil de certaine scie : dents à pente lente l’un côté, rapide de l’autre, séparées par d’importants vides horizontaux. G. Mesnahd.
- LES AUTOMOBILES A MOTEUR ARRIERE
- Les automobiles actuelles ont leur moteur placé à l’avant et les roues arrière sont seules tractrices; il existe également quelques voitures avec moteur à l’avant et roues avant motrices. Enfin, on voit depuis quelque temps des automobiles avec moteur à l’arrière et roues arrière motrices.
- Cette dernière disposition ne constitue pas, d’ailleurs,
- une nouveauté de principe, puisqu’au début de l’automobile, on avait établi des voitures de ce genre, très différentes, il est vrai, dans leur réalisation pratique.
- Dans les modèles ré-les
- Fig. 1 à 4. — Automobile Mercedes-Benz à moteur arrière à quatre cylindres.
- En haut à gauche, la voiture. En bas à gauche, le châssis tubulaire. Disposition du train avant et des commandes; montage du moteur à l’arrière. A droite, le bloc-moteur vu par
- l’avant et l’arrière.
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- = 12 1 =". =
- sont à suspension indépendante et le centre de gravité est très bas; la tenue de route en est améliorée. D’autre part, le poids porté par les roues arrière donne au véhicule une adhérence constante dans les virages et l’ensemble moteur est moins soumis aux chocs.
- La forme et les dimensions de l’avant peuvent être aréo-dynamiques ; elles dépendent du carrossier et non de l’ingénieur; on peut augmenter la visibilité et disposer les banquettes réservées aux passagers au milieu du châssis, à distance des essieux avant et arrière.
- La position du moteur à l’arrière et son refroidissement intense, comme nous le verrons, par l’air sous pression, suppriment à l’intérieur de la voiture la chaleur et l’odeur désagréables pour les occupants. Dans certains cas, l’air surchauffé envoyé sous pression peut servir au chauffage de la carrosserie.
- L’avantage essentiel du moteur à l’arrière est la centralisation des organes de propulsion : le moteur, la boîte de vitesses, l’embrayage, la transmission forment un seul bloc hermétique, agissant directement sur les roues, avec le minimum de pertes de force.
- Deux voitures de ce type ont été présentées au Salon
- Fig. 5. — Châssis, moteur et organes de transmission de la voilure Taira à moteur arrière.
- de l’Automobile de 1936. La première, de construction allemande, possède un châssis à poutre tubulaire centrale lui conférant une grande rigidité (fîg. 1 et 2).
- Le moteur de 1 1 700 à quatre cylindres, la boîte à quatre vitesses, l’embrayage et la transmission forment un bloc hermétique à transmission directe. Le réservoir à essence est placé sous le capot avant. Tous les organes moteurs et propulseurs, ainsi que le réservoir d’huile, sont facilement accessibles sous le capot arrière. Des volets placés à l’avant de la carrosserie permettent une aération réglable. Le moteur est suspendu élasti-quement sur la fourche arrière du châssis (fig. 3). La boîte de vitesses et de transmission se trouve près du moteur, en travers de la fourche; elle est également suspendue élastiquement en trois points, avec interposition de caoutchouc, et le changement de vitesse est commandé à l’avant au milieu des deux sièges.
- Il était nécessaire de réaliser un refroidissement particulier du moteur, puisque le radiateur ne serait plus traversé par le courant d’air provenant du déplacement. On a donc ajouté au refroidissement par eau avec pompe
- suivant la méthode ordinaire, une soufflerie actionnée par la même courroie que la dynamo ; cette soufflerie peut également envoyer de l’air chaud dans la carrosserie pendant l’hiver. Un sifflet avertisseur est même prévu pour déceler tout excédent de chaleur déterminé par une insuffisance du niveau d’eau dans le radiateur et un régulateur thermostatique règle automatiquement la circulation de l’eau.
- Le deuxième modèle, de construction tchécoslovaque, a une forme non moins aérodynamique et quatre roues indépendantes. Le poids est réparti un tiers sur l’avant et deux tiers sur l’arrière. Le moteur, relié directement au pont, est un 8 cylindres en Y, avec vilebrequins à trois paliers. Le centre de gravité se trouve dans les sièges arrière, en avant des roues motrices et la carrosserie forme bloc châssis. Elle reçoit un renforcement central en caisson et se raccorde avec le bloc en trois points, par l’intermédiaire de manchons en caoutchouc. Les roues avant sont montées sur des parallélogrammes avec ressort de suspension transversal et amortisseurs hydrauliques, elles sont commandées individuellement par le système de direction.
- Le moteur est refroidi par deux turbines latérales entraînées au moyen de courroies en caoutchouc, ce qui n’exige aucune surveillance.
- A l’avant, sous le capot, se trouvent les roues de rechange, le réservoir à essence, la batterie d’accumulateurs et l’outillage, le ressort arrière est assez chargé et amorti par les mouvements relatifs des trompettqs oscillantes. La stabilité dans les virages est grande.
- A l’avant du pare-brise, une petite glace mobile détermine par son ouverture un courant d’aération de la carrosserie, de la ligne centrale de la caisse vers les bords.
- Il devient ainsi possible de donner à la partie antérieure de la carrosserie des dimensions et une forme ne dépendant plus que des données du carrossier et non de l’ingénieur-mécanicien.
- La visibilité du conducteur peut être ainsi plus complète, le confort des passagers amélioré, grâce à la disposition plus rationnelle des banquettes qui leur sont réservées. On peut disposer ces dernières au milieu du châssis, à distance suffisante des essieux avant et arrière.
- *
- * *
- Il y a donc désormais dans la pratique courante, en dehors des modèles classiques, des automobiles à traction avant avec moteur à l’avant, et à traction arrière avec moteur à l’arrière.
- Les unes et les autres ont leurs partisans qui cherchent à en démontrer les avantages, et les premières sont jusqu’à présent plus connues en France; mais ces voitures à moteur arrière paraissent présenter des avantages importants; un avenir prochain permettra de juger de leurs qualités sur route, à l’usage.
- L. Picard.
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- TECHNIQUES ACTUELLES DE RECHERCHES
- EN PHYSIQUE ATOMIQUE
- Le temps n’est plus où, avec des piles et i
- quelques bouts de fil, Ampère pouvait décou- ;
- vrir les lois de l’électro-magaétisme, Faraday j
- celles de l’induction, et où Fresnel aidé seulement d’un forgeron de village construisait
- les appareils nécessaires à ses mémorables ;
- recherches sur les interférences, la diffraction ’
- et la polarisation de la lumière. Lorsqu’on pénètre dans un laboratoire de physique moderne, on est frappé par l’ingéniosité et la délicatesse des appareils qu’il faut mettre en œuvre dans les recherches et par la puissance des moyens d’action souvent nécessaires à la production des phénomènes. Nous avons pensé intéresser nos lecteurs en leur décrivant les belles installations que M. Jean Thibaud, professeur à la Faculté des Sciences de Lyon, est parvenu à réaliser à l’Institut de Physique atomique qu’il a fondé à Lyon (fig. 1).
- Assisté de nombreux collaborateurs, il y pour- Fig’ L — Vue ex,érieure de l’Institut de physique atomique de Lyon.
- suit activement ses admirables recherches sur
- des méthodes lui permettant de déceler des phénomènes individuels n’affectant souvent qu’un seul atome. On conçoit que de telles méthodes doivent être d’une sensibilité extrême.
- Compteurs de Geiger et Müller. — L’un des appareils les plus couramment utilisés à cet effet est le compteur imaginé par Geiger et Müller, dont le principe est extrêmement simple. L’appareil comporte un cylindre métallique et un fil conducteur disposé suivant l’axe du cylindre (fig. 2 et 3) ; entre le fil et le cylindre on établit
- le noyau des atomes et les rayons X, lesquelles, exé-
- ^1
- Amplificateur -A
- Oscillographe
- P
- i
- Fig. 2. — Schéma d’un compteur de Geiger et Müller-
- Fig. 1. — Vue extérieure de VInstitut de physique atomique de Lyon.
- cutées tout d’abord au laboratoire du duc de Broglie, l’ont classé parmi les physiciens les plus en vue de l’heure présente.
- Les recherches les plus intéressantes de physique atomique concernent les phénomènes dont sont le siège les noyaux des atomes que l’on avait cru pendant très longtemps inaccessibles à notre investigation, mais qu’on est parvenu à atteindre aujourd’hui en mettant en œuvre des moyens d’action variés.
- I. — APPAREILS DE DÉTECTION
- Alors que les méthodes d’étude courantes de la physique portent sur des quantités de matière qui, même lorsqu’elles sont extrêmement petites, comprennent toujours des millions ou des milliards d’atomes, le physicien qui étudie les phénomènes dont le noyau de l’atome est le siège, doit mettre en œuvre
- Fig. 3. — Quelques compteurs de Geiger et Müller.
- Le plus grand compteur est destiné à la numération des particules cosmiques; les plus petits possèdent des fenêtres ou des parois minces en aluminium transparentes aux rayons (3.
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- Fig. 4. — Montage complet d'une installation de compteurs de Geiger et Millier. hn arrière, le générateur à haute tension stabilisée par des lampes au néon.
- une différence de potentiel élevée, voisine de celle qui permettrait à la décharge disruptive de se produire. Si un corpuscule ionisant, électron positif ou négatif, proton ou particule a, pénètre dans le cylindre, il détermine la production d’un nombre considérable d’ions des deux signes grâce auxquels la décharge s’amorce aussitôt entre le 111 et le cylindre. Le passage de cette décharge peut être signalé à l’expérimentateur au moyen d’un électro-mètre, d’un oscillographe, d’un téléphone ou d’un compteur mécanique, après amplification par des lampes triodes (fig. 4 et 5). Ainsi la quantité d’électricité libérée lors de l’ionisation par un seul corpuscule, trop faible pour être décelée directement, se trouve amplifiée des centaines de fois par l’effet de cette décharge et devient suffisante pour actionner des appareils d’usage courant dans les laboratoires.
- La différence de potentiel qu’il convient d’appliquer entre le cylindre et le fil coaxial peut être fournie par une batterie d’accumulateurs ou de piles; on peut encore employer un générateur (transformateur, valves, capacités et selfs de régularisation) dont la tension est stabilisée par l’intermédiaire de lampes au néon à prises multiples, désignées souvent sous le nom de stabilivolts, qui permettent de faire varier la tension par bonds réguliers de 70 volts et d’adopter ainsi la différence de potentiel la plus convenable pour le fonctionnement du compteur; la figure 4 représente un générateur de ce type en service à l’Institut de Physique atomique de Lyon.
- Les compteurs du type Geiger et Millier entrent en fonctionnement sous l’influence de toute cause augmentant brusquement l’ionisation du gaz à l’intérieur du cylindre. Ils décèlent ainsi individuellement tous les corpuscules électrisés tels que particules a, protons, électrons positifs et négatifs, mais ils sont également sensibles à l’action des rayons X et des rayons y qui agissent, grâce aux électrons secondaires émis parles atomes du gaz sous l’influence de ces radiations.
- Compteurs proportionnels. — Les compteurs précédents ont rendu et rendent de grands services dans l’étude des rayonnements les plus divers. Cependant les indications qu’ils sont susceptibles de fournir sont assez limitées : ils dénombrent les corpuscules électrisés qui les traversent, mais ne nous renseignent ni sur la nature ni sur l’énergie de ces corpuscules.
- Par quelques modifications heureuses, on a pu augmenter notablement la portée des indications fournies par l’instrument qui devient ainsi ce qu’on appelle un compteur proportionnel (fig. 6). L’électrode collectrice de la chambre d’ionisation est reliée à un dispositif d’amplification très sensible. Chaque corpuscule électrisé traversant la chambre d’ionisation produit, par centimètre de parcours, un nombre d’ions qui dépend de sa masse et de l’énergie qu’il transporte : un électron [3 rapide en fournit de trente à cinquante par centimètre de parcours, tandis qu’une particule a en libère des dizaines de mille. On conçoit ainsi que la grandeur de la charge captée par l’électrode collectrice puisse faire connaître la nature du corpuscule ionisant qui a pénétré dans le compteur. Or il est possible de l’évaluer grâce à un dispositif convenable d’amplification : cette charge est habituellement communiquée à l’électrode d’entrée d’une lampe-électromètre (triode à grand isolement) dont l’électrode de sortie est connectée à un amplificateur à plusieurs lampes de puissance. En réalité, pour obtenir des indications ayant une signification précise, il convient de protéger minutieusement ces appareils contre les effets perturbateurs de toutes sortes auxquels ils sont particulière-
- Fig. 5. — Amplificateur pour compteur de Geiger et Millier.
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- Fig. 6. '—- Compteur proportionnel.
- A gauche, chambre d’ionisation qui reçoit les particules a, puis lampe électromètre dans son blindage et amplilicateur linéaire.
- ment sensibles, tels que les vibrations, les bruits, les inductions électriques. La figure 6 montre l’étage d’amplification d’un tel compteur proportionnel mis au point par M. Jean Thibaud en vue des recherches qu’il poursuit sur les neutrons : le courant amplifié actionne un oscillographe qui enregistre, sur une bande de papier sensible en mouvement, les impulsions individuelles dont les élongations sont proportionnelles aux énergies des corpuscules ionisants dans la chambre (fig. 7). Dans un tel dispositif, l’élongation est d’environ 1 mm pour 1500 à 2000 ions collectés. On voit que le compteur ainsi monté est pratiquement insensible aux électrons individuels mais qu’il convient pour les particules lourdes (protons, particules a, atomes de recul, etc.) (fig. 8).
- Appareil à détente de Wilson. — Il est
- à peine besoin de rappeler aux lecteurs de La Nature le principe mis en œuvre dans l’appareil à détente de G. T. R. Wilson qui s’est montré d’une fécondité rare dans les recherches de physique atomique et dont on a pu dire avec raison qu’il avait permis les expériences les plus belles du monde.
- L’appareil représenté sur la figure 9 est constitué par un cylindre en verre fermé à sa partie supérieure par une glace plane, dans lequel peut se déplacer un piston dans un joint étanche. Un certain volume d’air débarrassé de poussières étant enfermé dans la cage de verre et saturé de vapeur d’eau, une détente brusque du piston, déterminée par exemple par le jeu d’un ressort, devrait entraîner la formation d’un brouillard par suite de l’abaissement de température dû à la détente.
- En fait, s’il n’existe pas dans la masse d’air ainsi refroidie des centres électrisés, c’est-à-dire des ions susceptibles de servir de germe de condensation, le brouillard ne se forme pas. Mais si à ce moment précis un corpuscule électrisé vient à traverser le gaz en transformant en ions, tout le long de sa trajectoire, les molécules de gaz qu’il rencontre sur son passage, chacun des ions ainsi produits devient un important centre de condensation et la trajectoire se trouve matérialisée par le chapelet des gouttelettes d’eau formées autour des ions. Une photographie prise à ce moment précis enregistre sur la plaque la trajectoire ainsi matérialisée. Dans le cas d’un électron, c’est un chemin souvent brisé par les réflexions qui se produisent lors du choc de la particule contre les molécules du gaz. Les trajectoires de particules lourdes comme les protons ou les particules a s’inscrivent en traits plus denses et rectilignes, dont la longueur est proportionnelle à l’énergie du corpuscule.
- Le principal inconvénient de l’appareil de Wilson réside dans la brève durée de son fonctionnement. Pour qu’une trajectoire puisse être perçue et inscrite sur le cliché, il faut qu’elle se produise au cours même de la détente dont la durée ne dépasse guère le centième de seconde. Si on déclenche le fonctionnement de l’appareil au hasard, et si l’événement que l’on veut inscrire
- se produit rarement, on peut être amené à répéter un grand nombre de détentes inutiles avant d’en rencontrer une favorable. Aussi a-t-on beaucoup amélioré l’appareil à détente de Wilson en mettant son fonctionnement sous la dépendance d’un compteur de Geiger. L’appareil est déclenché automatiquement chaque fois que le compteur signale un événement intéressant tel que le passage d’un projectile de désintégration ou d’un rayon cosmique.
- II. — QUELQUES TECHNIQUES SPÉCIALES
- Après le rappel sommaire des méthodes les plus générales de détection utilisées dans toutes les recherches de physique atomique, il convient de mentionner quelques techniques spéciales susceptibles de fournir dans certains cas particuliers des résultats du plus grand intérêt.
- Recherches sur les électrons positifs. — En ce
- qui concerne l’étude des électrons positifs ou négatifs, il convient de faire une place à part à la belle méthode que M. Jean Thibaud a imaginée en vue de concentrer en un point déterminé des particules chargées issues en petit nombre d’une source compacte. Cette méthode
- Fig. 7. — Enregistrement oscillographique des transmutations d'atomes d’azote sous l’action des neutrons.
- Chaque élongation verticale correspond à l’expulsion d’une particule alpha par le noyau d’azote.
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- Fig, 8. — Salle des amplificateurs {compteurs proportionnels, etc.).
- suppose l’emploi d’un électroaimant puissant muni de pièces polaires de grande surface et produisant dans l’entrefer un champ d’une dizaine de mille gauss. La source S de particules électrisées, par exemple d’électrons positifs ou d’électrons négatifs, étant placée dans la région périphérique de l’entrefer, toutes les particules qu’elle émet dans un plan normal à la direction des signes de force (fig. 10) viennent, après avoir décrit des trajectoires en forme de trochoïdes, se. concentrer en une région étroite F diamétralement opposée à S.
- On a là une méthode de concentration des particules électrisées, très supérieure à toutes les autres méthodes proposées jusqu’ici et qui, depuis qu’elle a été mise au point par M. Jean Thibaud, a été largement utilisée par d’autres chercheurs.
- Comme source S d’électrons positifs ou négatifs on peut prendre un tube mince contenant une substance émettrice de rayons gamma (radon, sel de radium ou mieux sel de radiothorium) autour duquel a été enroulée une mince feuille de plomb qui, sous l’influence des rayons gamma, produit une émission d’électrons des deux signes. Après leur concentration sous l’influence du champ magnétique, les électrons sont décelés par un récepteur approprié qui peut être constitué par une pellicule sensible, un compteur de Geiger et Müller ou une chambre d’ionisation; le récepteur doit, bien entendu, être protégé
- contre l’action des rayons gamma issus de la source S par un bloc de plomb de 10 à 15 cm d’épaisseur. En inversant simplement le sens du champ magnétique on peut concentrer sur le récepteur soit les électrons positifs, soit les électrons négatifs.
- La figure 11 représente le puissant électroaimant que M. Thibaud a fait spécialement construire pour ses recherches, dont le
- poids total avec scs bobines, mais sans le chariot de déplacement, est d’environ 2 tonnes et dans lequel les bobines comportent une circulation d’eau disposée comme un écran thermique entre le bobinage et les noyaux polaires, afin d’éviter l’échaulfement de la cuve à vide placée dans l’entrefer, au cours d’expériences de longue durée. Chacun des enroulements comprend 5000 spires, en sorte qu’avec un courant de 10 ampères, on peut obtenir 50000 ampères-tours par bobine. L’appareil permet de produire des champs magnétiques variant de 11 000 à 18 000 gauss pour des distances des pièces polaires comprises entre 7,5 et 2 cm, le diamètre de ces pièces polaires étant de 24 cm.
- La méthode de la trochoïde a déjà fourni à M. Jean Thibaud des résultats de la plus grande importance.
- e
- Elle lui a permis notamment de déterminer le rapport —
- m
- de la charge à la masse pour les positons et de constater que ce rapport a la même valeur que pour les électrons
- Fig. 9. — Appareils à condensation de C. T. R. Wilson.
- Au premier plan, appareil à membrane ; au second plan, appareil à piston.
- négatifs, ce qui établit l’existence d’une symétrie parfaite entre les corpuscules électrisés des deux signes. Elle lui a permis également de mettre en évidence la production d’un rayonnement gamma de 500 000 électrons-volts lors de la disparition par recombinaison mutuelle d’un positon et d’un négaton lorsque les électrons positifs viennent frapper une cible matérielle appropriée. Les recherches faites par M. Jean Thibaud dans ce domaine comptent parmi les plus décisives en faveur de la production d’énergie rayonnante par dématérialisation des corpuscules matériels, qu’on peut regarder comme l’une des conquêtes les plus brillantes de la physique atomique actuelle.
- Recherches sur les neutrons. — Les neutrons, dont la découverte est relativement récente (1932), constituent des corpuscules dépourvus de charge électrique, d’où leur nom de neutrons, et dont la masse est voisine de celle du proton. On a beaucoup discuté la question
- Fig. 10. — Concentration en une région étroite du film des électrons positifs ou négatifs émis par la source S. (méthode dite, de la trochoïde de M. J. Thibaud).
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- de savoir si cette masse est supérieure ou inférieure à celle du proton; des arguments expérimentaux ont été apportés à l’appui de l’une et de l’autre de ces conceptions sans parvenir à faire l’unanimité parmi les physiciens : certains regardent le proton comme formé par l’union d’un neutron et d’un positon tandis que pour d’autres le neutron résulterait de la combinaison entre un proton et un électron négatif.
- L’étude expérimentale des neutrons présente d’assez grandes difficultés. N’étant pas électrisés, ces corpuscules n’exercent aucune action ionisante sur les gaz et l’on sait que l’ionisation produite par les corpuscules électrisés intervient dam la plupart des méthodes expérimentales utilisées pour leur étude. Aussi les neutrons ne peuvent-ils être décelés qu’indirectement en mettant à profit une de leurs actions secondaires. Tout d’abord, lorsque des neutrons rencontrent dans un choc direct, assez comparable à celui de deux billes de billard, des noyaux atomiques, ceux-ci sont vivement projetés et, dans le cas d’éléments légers, cet effet de projection
- Fig. 12. — Cabine (l'élude des radiations cosmiques.
- devient perceptible, grâce à l’ionisation produite par les noyaux électrisés ainsi projetés, soit au moyen de la chambre à détente de Wilson, soit à l’aide d’un compteur proportionnel. D’autre part les neutrons sont de très actifs agents de transmutation : n’étant pas électrisés, ils peuvent atteindre facilement le noyau des atomes et former ainsi de nouveaux noyaux souvent radioactifs et qui peuvent être décelés grâce à la radioactivité artificielle qu’ils manifestent. A son tour la radioactivité artificielle acquise par un corps simple déterminé permet de reconnaître que celui-ci a été soumis à un bombardement de neutrons. Ainsi a-t-on pu constituer un détecteur sensible de neutrons avec un compteur à fil de Geiger et Müller, dont la paroi cylindrique est en argent, métal qui donne naissance à un élément radioactif sous l’in-lluence des neutrons.
- Étude des rayons cosmiques. — Les rayons cosmiques, dont l’étude est activement menée à l’heure actuelle dans de nombreux laboratoires du monde entier, constituent un rayonnement extrêmement pénétrant qui prend naissance dans des régions lointaines de l’univers
- Fig. 11. -— Eleclroaimanl spécialement adapté à la condensation des positons ci l’élude de lu radiation d’annihilation (méthode de la Irochoïde).
- et qui se traduit par l’ionisation résiduelle qu’il développe dans l’atmosphère d’une enceinte close soustraite à toute autre cause connue d’ionisation.
- On peut étudier les rayons cosmiques au moyen d’une
- Fig. 13. — Appareil d'extraction et de purification de l'émanation du radium.
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- Fig. 14. — Appareil d’exlraclion et de purification de l'émanation du radium.
- Fig. 16. — Tube à protons accélérés par le générateur à 250 000 v, monté sur une pompe à diffusion à huile.
- chambre d’ionisation ordinaire reliée à un électroinètre très sensible, d’une chambre à détente de Wilson ou d’un compteur de Geiger et Müller. On emploie souvent deux compteurs disposés à une certaine distance l’un de l’autre (1.5 cm) et reliés à un oscillographe par l’intermédiaire' de lampes triodes, de manière que l’oscillographe fonctionne seulement sous l’influence simultanée des deux compteurs, c’est-à-dire lorsque les deux compteurs sont traversés par le même corpuscule ionisant. 1 /emploi de compteurs fonctionnant ainsi en coïncidence permet d’éliminer les actions ionisantes parasites i radioactivité des parois du compteur, de l’air du laboratoire, etc.), qui influent seulement sur l’un des appareils, et déplus d’étudier le rayonnement provenant d’uni' direction bien déterminée, délinie par la droite joignant, les centres des deux compteurs. En disposant entre les deux compteurs une certaine épaisseur d’une matière absorbable, celle-ci arrête un certain nombre de corpuscules constituant le rayonnement cosmique et diminue le nombre de coïncidences ; la diminution du nombre des
- Fig. 15. — Générateur de tension (250 000 v) pour alimentation des tubes à décharge (ions positifs pour transmutation).
- coïncidences ainsi observées fait connaître le pouvoir absorbant pour les rayons cosmiques de la matière interposée. La figure 12 représente la cabine aménagée sur la terrasse de l’Institut de Physique atomique de Lyon pour l’observation des rayons cosmiques.
- III. — AGENTS DE TRANSMUTATIONS ATOMIQUES
- Rayonnements radioactifs. — Les substances radioactives fournissent spontanément sous forme de rayons a. et de rayons y des agents de transmutations nucléaires de grande énergie. On sait que c’est grâce aux rayons a qu’ont été réalisées par Rutherford les premières désintégrations atomiques et que les rayons y transportant des photons d’énergie suffisante peuvent matérialiser cette énergie sous la forme d’un positon et d’un négaton apparaissant simultanément. D’autre part, les neutrons prennent naissance lors du bombardement du béryllium ou du bore par les particules a et on réalise une excellente source de neutrons en enfermant dans une ampoule
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- Fig. 17. — Tube ù proions accélérés fonctionnant sous 2UU 000 i>.
- sphérique de verre de la poudre de béryllium eu présence de radon, gaz qui, ainsi que ses produits de désintégration radioactifs, émet en abondance des rayons a.
- Tout laboratoire spécialisé dans les recherches de physique atomique doit donc disposer de quantités importantes de corps radioactifs et pouvoir effectuer les manipulations assez délicates que comporte leur emploi. Les figures 13 et 14 représentent l’appareil que M. Jean Thibaud a fait installer pour les manipulations portant sur l’émanation du radium ou radon.
- Le sel de radium qui produit le radon d’une manière continue est contenu sous forme de solution aqueuse dans l’ampoule visible sur la partie gauche de la figure 12 où elle émerge des écrans protecteurs de plomb qui l’entourent. Après avoir réalisé avec une pompe à diffusion un vide de 0,001 mm de mercure dans l’ensemble des canalisations, on fait circuler, par le jeu de pompes à mercure, le radon sur de l’oxyde de cuivre, de la potasse et de l’anhydride phosphorique afin de le débarrasser du gaz tonnant provenant de la décomposition de l’eau par les rayons du radium. Le radon est finalement refoulé dans l’ampoule contenant le béryllium.
- Courants d’ions de grande énergie. On a pu
- augmenter le rendement des transmutations atomiques en remplaçant les particules a des substances radioactives naturelles par un courant d’ions positifs (deutons, protons) de quelques microampères, les ions étant produits dans un tube à décharge, puis accélérés dans un bon vide par l’action d’une différence de potentiel très élevée (quelques centaines de mille à quelques millions de volts).
- Cette différence de potentiel élevée peut être produite par un générateur à tension constante, formé de plusieurs transformateurs à haute tension, de soupapes du type kénotron et de capacités d’égalisation. La figure 15 représente le générateur de 250 000 volts que M. Jean Thibaud a installé à l’Institut de Physique atomique de Lyon. Avec des corpuscules accélérés par cette tension relativement modérée, par exemple des protons (fig. 10 et 17), on peut produire des transmutations intéressantes car la barrière de potentiel qui protège le noyau des atomes n’est peut-être pas aussi difficile à franchir qu’on l’a cru pendant longtemps.
- On a également songé à produire les tensions élevées nécessaires par l’emploi d’une machine électrostatique. La forme la plus moderne de cet antique appareil consiste; en une courroie isolante et sans fin, entraînée, mue par deux poulies, qui reçoit des charges d’un générateur auxiliaire et les accumule sur une sphère conductrice de grand rayon. La figure 18 représente une machine de ce type réalisée par M. Jean Thibaud, laquelle comporte une sphère de laiton, soutenue par quatre colonnes isolantes en pyrex, et dont le potentiel atteint facilement 400 000 volts.
- Mentionnons encore pour mémoire que l’Institut de Physique atomique de Lyon possède un appareillage com-
- plet pour la production et l’utilisation des rayons X qui rendent de si précieux services dans tant de recherches (fig. 19). Cette installation a pu bénéficier de l’expérience
- Fig. 18. — Générateur électrostatique ù courroie.
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- Fig. 19. — Laboratoire d'étude des structures au moyen des rayons X
- Fig. 20. — Spcclrographc magnétique pour l’élude des rayons [3 et y des substances radioactives.
- La source et le film photographique sont disposés dans la cuve à vide placée entre les pôles de l’électroairnant. Les trajectoires des photoélectrons sont recourbées vers le film et séparées en raies distinctes suivant leurs énergies.
- acquise par M. Jean Thibaud qui, dans les belles recherches qu’il a présentées autrefois comme thèse de doctorat, est parvenu à mesurer la longueur d’onde des rayons X par l’emploi de réseaux optiques de diffraction observés sous une incidence rasante, dotant ainsi la technique des rayons X d’une méthode d’étude d’une grande fécondité.
- Les rayons gamma qui, comme on le sait, sont de même nature que les rayons X, mais sont produits par les corps radioactifs, peuvent être étudiés à partir des rayons électroniques bêta naturels ou secondaires dont l’émission accompagne celle des rayons gamma : la figure 20 représente un spectrographe magnétique permettant de produire de véritables spectres de rayons bêta de diverses vitesses, grâce à une méthode dite de focalisation magnétique mise au point notamment par M. Maurice de Broglie.
- Si l’on songe à l’action profonde que les divers rayonnements exercent sur la cellule vivante, on conçoit que la physique atomique puisse fournir des moyens extrêmement précieux pour l’investigation biologique. Aussi l’Institut de Physique atomique de Lyon comporte-t-il une salle renfermant l’outillage nécessaire à l’étude de ces problèmes (fîg. 21).
- La belle installation réalisée à Lyon pour les recherches de physique atomique est l’un des rares exemples de cette décentralisation scientifique souhaitée par tant de bons esprits qui pensent que le calme de la vie provinciale est particulièrement propice à la méditation ainsi qu’au travail méthodique et continu. Il faut donc féliciter M. .Jean Thibaud d’être parvenu, en si peu de temps, à la créer de toutes pièces. Les jeunes chercheurs attirés par les passionnants problèmes que pose l’étude des atomes et de leur transmutation trouveront à l’Institut de Physique atomique de Lyon non seulement les moyens matériels nécessaires à leurs recherches, mais aussi, ce qui est infiniment précieux, les conseils d’un savant enthousiaste et expérimenté. A. Boutaric,
- Professeur à la Faculté des Sciences de Dijon.
- Fig. 21. — Salle de biologie.
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- LES CULBUTEURS DE WAGONS DE LA CIE P. L. M.
- Non loin, et au sud-est de Grenoble, la Compagnie des mines d’anthracite de la Mure — mines remarquables par l’altitude élevée de leurs sièges d’extraction, La Motte-d’Aveillans, 866 m, et le Villaret, près de La Mure, 885 m -— avait commencé son exploitation, vers le milieu du siècle dernier, avec une production annuelle de 50 000 t.
- En 1888 était mis en service le si pittoresque chemin de fer qui va de St-Georges-de-Commiers, — gare du P. L. M. sur la ligne de Grenoble à Veynes, —- à La Mure. La production annuelle à ce moment atteignait 100 000 t, qu’il fallait jusque-là transporter par voitures à Grenoble. Grâce à cette nouvelle ligne, la production put être portée, peu à peu, à 420 000 t, pour retomber à 350 000 environ en raison de la crise.
- Mais, la ligne de La Mure étant à écartement d’un mètre, les wagons houillers utilisés sur cette ligne, et qui sont généralement de 10 et 15 t de charge utile, ne peuvent circuler sur les grands réseaux, dont les voies sont toutes à écartement de 1 m 44. Et ceci, évidemment, nécessite, à St-Georges-de-Commiers, gare de transit entre le P. L. M. et la ligne de La Mure, un changement de voitures pour les voyageurs, et un transbordement pour les marchandises, et notamment pour celles qui sont destinées à la mine, et pour les anthracites qui en proviennent. Cette mine, en effet, est le principal client du chemin de fer de La Mure, son trafic atteignant 90 pour 100 du trafic total.
- Pour faciliter ce trafic, la gai'e de St-Georges-de-Commiers possède sept voies à écartement normal d’environ 420 m de longueur, et six voies de remisage, à écartement de 1 m pour les wagons de la S. G. L. M. (Saint-Georges-La Mure). La différence de niveau existant entre les deux voies parallèles servant au transbordement, et qu’il est impossible d’augmenter, est de 1 m 35.
- Autrefois,--et il en était ainsi encore il y a quelques
- mois à peine, — on effectuait à la main la manutention du charbon des wagons S. G. L. M. aux wagons P. L. M., et l’on utilisait pour cela 8 couloirs de chargement. Ce n’en était pas moins une opération lente, coûteuse, qui grevait d’autant le prix du charbon, et qui répondait difficilement aux nécessités du trafic, celui-ci étant, en moyenne, de 70 wagons par jour, pour dépasser parfois 90, avec un tonnage total pouvant atteindre, à certaines périodes, près de 1500 t.
- C’est alors que la Compagnie P. L. M. chercha un procédé permettant d’accélérer cette manutention, susceptible d’utiliser au mieux un matériel parfois disparate, et n’occasionnant qu’une perte minimum par-bris de charbon.
- Et elle le trouva, après entente avec l’Administi'ation de la S/G. L. M. et la Compagnie des Mines de La Mure, grâce au basculeur — ou culbuteur — de wagons, que construisirent pour elle les établissements Joseph Paris, de Nantes-Chantenay.
- Ce culbuteur, ainsi que le montre le schéma que nous publions, décharge par le côté, dans les wagons de 20 t à voie normale du P. L. M. les wagons S. G. L. M. chargés
- de 10 ou 15 t de charbon, et qui sont munis, de chaque côté, d’une porte latérale, K, oscillant autour du bord supérieur, et qu’un verrouillage maintient fermées en temps normal.
- 11 se compose de deux treuils électriques indépendants, A et B, permettant le levage par câbles et tambours à engrenages, empêchant tout glissement et assurant le synchronisme des manoeuvres; d’une plate-forme mobile C, de construction soudée très rigide, s’encastrant dans un logement à la demande et comportant deux rails qui
- B '( o
- Fig. 1. — Culbuteur de wagons P. L. M.
- AB, treuils électriques indépendants; C, plate-forme mobile; D, galets de guidage de la plate-forme; EE, contrepoids; F, butoir d’arrêt du wagon à décharger; G, griffes de retenue; Ii, couloir sur lequel glisse le charbon; I, tourillon autour duquel tourne le couloir pour laisser passer les wagons; J, verrou du couloir; K, portes latérales oscillant autour du bord supérieur.
- se raccordent à la voie de 1 m de la S. G. L. M. ; de galets de guidage, D, de cette plate-forme mobile; de contrepoids E et E, équilibrant les poids morts; d’un butoir d’arrêt, F, du wagon à décharger; de griffes de retenue, G, empêchant sa chute au moment du basculage; d’un couloir de déversement, H, mobile autour du tourillon, I, et muni d’un verrou, J, permettant son immobilisation.
- Sur une plate-forme située au-dessus de la voie du P. L. M. ont été installés les résistances de démarrage et les équipements à contacteurs, les groupes moteurs-réducteurs et les tambours à câbles, avec leurs engrenages de commande.
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- Fig. 2. — Culbuteur et plateau mobile.
- A droite, le couloir de déversement et son levier à contrepoids ; à e.tuche, les mâchoires d'amarrage latérales et le levier des verrouillages.
- Il ne sullisait pas d’installer ce culbuteur, il fallait encore pouvoir amener facilement en place les wagons à charger ou à décharger, et même les rames de wagons. Aussi la gare de St-Georges-de-Commiers fut-elle dotée de cinq cabestans nouveaux, dont l’un, très puissant, permet de manœuvrer des rames entières sur une courbe accentuée. On compléta également l’éclairage pour permettre les manœuvres de nuit.
- Le wagon P. L. M. de 20 t, qui doit recevoir le charbon, étant en place sur la voie inférieure à écartement normal, et la rame de wagons de 10 ou 15 t, de la S. G. L. M. ayant été amenée sur la voie supérieure parallèle, un premier wagon est détaché de la rame et amené par le cabestan électrique sur la plate-forme, où il est mis en place grâce à un système de calage installé sur cette plate-forme, et composé d’une première cale qui vient se placer sur le rail, en avant de la roue du milieu, afin d’arrêter le ' wagon automatiquement à l’emplacement voulu, et
- Fig. 3. — Au-dessus de la voie du P. L. M., plaie-forme des machines du culbuteur. Résistance de démarrage et équipements à contacteurs', groupes moteurs-réducieurs ; tambours à câbles avec leurs engrenages.
- d’une seconde cale qui prend place, dès que ce wagon est arrêté, en arrière de la même roue, immobilisant ainsi complètement le wagon.
- Celui-ci est maintenant verrouillé solidement à la plate-forme du côté opposé à celui où le charbon sera déversé, à l’aide de deux grilles à vis supportées par un dispositif de verrouillage solidaire du dispositif précédent. A l’état de repos, ces griffes retombent vers le sol. Pour l’emploi, et après les avoir amenées à la position horizontale, l’agent chargé de ce verrouillage tire vers lui, à l’aide d’une poignée, une longue tige qui comprime un ressort et, par l’intermédiaire d’un coulisseau, écarte les deux griffes et permet de les loger dans l’emplacement qui leur est réservé à la partie inférieure du corps du wagon.
- Elles sont alors bloquées dans cet emplacement à Laide d’un volant actionnant une vis, et constituent ainsi une sorte de solide mâchoire qui maintient le wagon de telle façon qu’il semble faire corps avec la plate-forme.
- Du côté opposé au dispositif d’amarrage, un couloir métallique indépendant, maintenu à l’état de repos dans une position verticale, afin de livrer passage au wagon à décharger, peut osciller autour d’un axe horizontal, et est manœuvré à l’aide d’un levier à contre-poids. 11 est ainsi amené à une position telle qu’il s’applique contre le plancher du wagon et semble le prolonger.
- Tout étant ainsi disposé, le charbon va pouvoir être versé d’un wagon dans l’autre. Grâce à un dispositif automatique à contacteurs, il suffit de 3 boutons poussoirs pour effectuer toutes les manœuvres.
- Pour décharger dans un wagon encore vide un wagon S. G. L. M., il suffit d’appuyer sur un premier bouton qui commande la montée du treuil A. La plate-forme bascule, on lui donne une inclinaison d’environ 35°, et le charbon, repoussant par son poids la porte latérale K. déverrouillée au préalable, l’écarte du plancher, et s’écoule dans le wagon.
- Pour décharger dans le même wagon P. L. M. un second wagon S. G. L. M., il suffit d’appuyer sur le second bouton, qui commande la montée simultanée des deux treuils. Grâce aux galets de guidage D, la plateforme s’élève d’abord horizontalement, puis bascule, et déverse le charbon de plus haut dans le wagon P. L. M. déjà à moitié plein.
- Un troisième bouton commande les descentes.
- Le mouvement commence dès qu’on appuie le doigt sur l’un quelconque des boutons, et s’arrête lorsqu’on le retire. Mais, le basculeur étant muni d’un mécanisme qui arrête le mouvement au moment voulu, on le laisse généralement s’arrêter de lui-même, ce qu’il fait automatiquement aux positions hautes et basses, et quand la plate-forme atteint l’inclinaison maximum de 40°.
- Si les câbles se détendaient en fin de descente, il en résulterait évidemment, au début de la montée suivante, un choc susceptible de provoquer des avaries, et préjudiciable au bon fonctionnement de tout cet organisme. Aussi a-t-on assuré la précision des arrêts, facilitée encore par les contre-poids E et E„ qui permettent, d’autre part, d’obtenir un basculement rapide, avec une puissance modérée, et, par suite, une consommation d’énergie
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- électrique si faible qu’elle n’atteint pas un centime par wagon de combustible.
- Alors qu’il fallait, au minimum, 10 minutes pour la vidange à la main d’un wagon de charbon de 10 t, tout ce charbon s’écoule en une minute lorsqu’il est bien sec. Par temps de pluie, et lorsqu’il est humide, l’opération peut demander 2 à 3 mn. Elle ne devient plus longue qu’en hiver, alors que la croûte supérieure du charbon est gelée, ou même lorsque toute la masse est prise, et qu’il est nécessaire de la désagréger pour faciliter son écoulement. Il en serait de même, d’ailleurs, pour la vidange à la main.
- En y comprenant les manœuvres de mise en place au cabestan, d’amarrage et de verrouillage des wagons, trois hommes seulement, un conducteur et deux caleurs, peuvent basculer 17 wagons par heure. C’est là un résultat remarquable, et grâce auquel des wagons chargés à la mine dans la matinée, transbordés à Saint-Georges-de-Commiers, sont amenés vers 22 h à la gare de triage de Grenoble-Buisserate, où ils trouvent des trains qui, dans la même nuit, les acheminent vers leur destination définitive, qui comprend généralement toute la région sud-est
- Fig. 4. —• L’appareil en cours de basculage, la plaie-forme soulevée, le couloir de chargement adapté au wagon à décharger.
- de la France, limitée par Besançon, Lyon, Valence et Toulouse. Georges Lanorvilee.
- LE MECANISME DES NUEES ARDENTES
- Dans une remarquable étude sur l’éruption de la Montagne Pelée à la Martinique, en 1902, M. le Professeur Lacroix (1) a décrit les phases et les différents phénomènes de cette éruption; il parle entre autres des nuées ardentes dont je voudrais ici, autant que possible, expliquer le mécanisme.
- Cette tentative m’est tout spécialement suggérée par les observations de M. IL Arsandaux qui, dans une série d’intéressantes publications, a su mettre bien en évidence les caractères en quelque sorte spectaculaires de ces nuées, en même temps qu’il exposait ses observations scientifiques sur ce phénomène, observations faites parfois dans des conditions semblant être quelque peu dangereuses (2).
- Les nuées ardentes, selon cet auteur, résulteraient de la détente à vitesse variable d’une masse de nature complexe issue du volcan, qui trouverait dans l’atmosphère les conditions favorables à son expansion.
- La densité moyenne de cette masse magmatique serait, lors de son émission, de deux environ et, toujours d’après M. Arsandaux, la température de la vapeur d’eau contenue dans le magma volcanique aurait été « au moins égale à celle de son point critique (365°), ce qui implique une pression de cette vapeur au moins égale à 200 atmosphères ». Ce magma contiendrait environ 2,5 pour 100 de vapeur d’eau.
- 1. La Montagne Pelée et ses éruptions; la Montagne Pelée après ses éruptions. Masson et Cie, 1904 et 1908.
- 2. C. R., 190, 1930, p. 761; 191, 1930, p. 623; 192, 1931, p. 1253; Congrès des Sociétés Savantes, Alger, 1930; C. R., 194, 1932, p. 294; 196, 1933, p. 57; Revue Scientifique, 28 avril 1934; La Nature, 1er juin 1936.
- Certaines de ces données me paraissent au-dessous de la réalité. En effet, la quantité d’eau contenue dans les magmas dépasse en général 2,5 pour 100 et les Américains Day, Shepherd et Allen, ont fait une telle constatation.
- Day et Shepherd (1), en se référant à leur étude sur le Kilauea, prouvent que les conclusions de M. Brun, qui n’admet pas l’existence de l’eau dans les volcans, sont erronées. En effet, l’H2 que M. Brun aurait trouvé ne peut pas être libre à la température d’environ 1000°,
- 1. Water and volcanic activity. Bull. Geol. Soc. of America, XXIV, 1913, p. 573.
- Fig. 1. — Explication du mouvement des nuées ardentes.
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- température d’un grand nombre de magmas, à laquelle il réagirait aussi bien avec CO2 qu’avec SO2.
- On sait aussi que l’eau au-dessous de 1000° ne peut pas se décomposer à la pression atmosphérique, et a fortiori aux pressions très fortes auxquelles elle est soumise à l’intérieur des volcans.
- Day et Allen (x) donnent encore plus de force aux conclusions précédentes et d’après leur étude, l’existence de l’eau dans les magmas profonds ne ferait aucun doute.
- C. W. Morey (2), dans un autre ordre d’idées, considérant l’eutectique K2 Si2 O1 et Si O2, dit que dans un magma en éruption qui se différencie, la quantité d’eau augmente à mesure que ce magma progresse vers ses orifices d’extrusion.
- Les recherches faites par R. W. Gorangson sur la solubilité de l’eau dans les magmas granitiques (3) démontrent aussi que les rhyolites et les ponces contiennent de 5 à 10 pour 100 d’eau.
- De ces travaux et de bien d’autres encore, il résulte que la quantité d’eau contenue dans un magma volcanique peut facilement dépasser 10 pour 100 du poids de ce dernier.
- La température de ce magma est aussi supérieure à celle que M. Arsandaux a prudemment admise comme température minima.
- D’après des mesures effectuées par cet auteur, « pour connaître la proportion existant entre le volume des espaces vacuolaires d’une roche véhiculée et le volume apparent de celle-ci » (4) une telle proportion peut être évaluée à 15 pour 100 environ, ce qui donnerait à peu près 25 kg de vapeur d’eau par tonne de magma.
- La proportion indiquée ne correspond cependant qu’à l’état final du magma quand celui-ci, solidifié, a pris la température de l’atmosphère. Au moment où cette lave, dite d’extrusion, serait émise, la proportion susdite serait nettement supérieure à la proportion indiquée, car la forte pression de la vapeur contenue dans les espaces vacuolaires élargirait ces derniers, en sorte que le rapport du vide au plein se trouverait augmenté en faveur de la quantité d’eau contenue dans le magma.
- Le magma quelque peu spécial des nuées ardentes me paraît d’ailleurs devoir contenir plus d’eau que les laves dites d’extrusion puisqu’il serait en quelque sorte l’écume de ces dernières, écume qui se séparerait de la lave au moment de son éruption.
- Les nuées ardentes, en effet, semblent, dans leur état initial, correspondre à une sorte d’écume boursouflée par la vapeur d’eau; sollicitées par la pesanteur, elles glisseraient le long des flancs du volcan en suivant la
- 1. The volcanic activity and hot Springs of Lassen Peak-Carnegie. Inst. n° 360, Washington, 19251.
- 2. Washington Acad. Sc. Jour., vol. 12, p. 219, 1922.
- 3. The solubility of water in Granité magmas. Am. Jour, of Sc., déc. 1931.
- 4. Cette phrase entre guillemets se rapporte à une partie remaniée du texte concernant les Nuées ardentes {La Nature, 1er juin 1936). M. Arsandaux m’a en effet signalé qu’à la fin du troisième alinéa, colonne de gauche, page 494 de son article, à la partie du texte :
- « la proportion entre le poids de la roche véhiculée, etc. » (correspondant à une erreur de transcription), il convient de substituer : « la proportion existant entre le volume des espaces- vacuolaires d’une roche véhiculée, et le volume apparent de celle-ci ».
- pente la plus favorable, ainsi que le pourrait faire un torrent boueux.
- D’après tout ce que je viens de dire, il me paraît évident que les conditions dynamiques nécessaires à ce phénomène, tel que M. Arsandaux l’a observé, existent.
- Le mécanisme des nuées ardentes pourrait donc se résumer ainsi : l’eau et le magma, qui se trouveraient à l’intérieur du volcan dans une phase liquide, une sorte de solution de la première dans le second, trouveraient, une fois dans l’atmosphère, les conditions physiques nécessaires pour permettre à l’eau de se dégager avec force sous forme de vapeur.
- Le poids même de la nuée emprisonnerait en quelque sorte la vapeur d’eau entre la partie inferieure de la nuée et le sol, ce qui formerait une chambre de détente quasi close (surtout dans un ravin), dont la pression, tout en véhiculant la masse, ne permettrait pas à celle-ci de s’étendre inférieurement avec la même vitesse qu’elle s’étendrait dans les parties supérieures.
- En supposant que cette vapeur se trouve à la pression d’environ 200 atmosphères seulement, ainsi que M. Arsandaux l’a prudemment admis, elle peut cependant soutenir une colonne d’environ 1000 m de magma ayant la densité de deux, ce qui explique très bien les hauteurs des nuées observées pendant leur phase de détente. En effet, une colonne d’environ 5 m de hauteur de ce magma correspond à la pression d’une atmosphère.
- La figure 1 paraît résumer assez bien le phénomène. La vapeur d’eau fuserait de la nuée selon les directions f, fn f,n fur....en haut et f, f, f", f"....... en bas..
- La réaction de cette vapeur contre le sol s’exercerait en direction OD, en opposition avec l’action de la pesanteur, et se décomposerait ainsi : une poussée de translation OB (composante de la pesanteur) qui véhiculerait la nuée, et une poussée OC (force élastique de la vapeur), perpendiculaire à la pente du sol, qui la soutiendrait.
- La vapeur, prisonnière dans l’espace M, formerait une sorte de matelas qui, tout en dégageant la nuée ardente du sol et en en réduisant le frottement sur celui-ci, permettrait à la composante de la pesanteur de la solliciter vers le bas avec une vitesse considérable. Nous aurions en conclusion :
- OB = OD Sin a OC = OD Sin [3.
- Il est donc normal, ainsi que M. Arsandaux l’a observé, de voir ces nuées modifier leur direction dès qu’elles se heurtent à un obstacle placé sur leur trajet.
- Il serait donc extrêmement prudent de tenir compte de la morphologie actuelle de la Montagne Pelée en vue d’éviter les concentrations de population dans les régions volcaniques qui semblent le moins protégées des nuées ardentes, car celles-ci pourraiènt une fois encore ravager le pays au cours d’une forte éruption future de la Montagne Pelée, éruption dont personne ne peut malheureusement exclure la possibilité, sans faire preuve d’un optimisme par trop facile.
- Du reste, l’optimisme est toujours une imprudence quand il porte à atténuer un danger éventuel menaçant des populations entières.
- C.-L. Sagui.
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- L’ESSAI DES ACIERS A LA MEULE =
- Si la métallurgie a lancé dans le commerce une multitude de types et de « nuances » d’aciers, elle a également mis à la disposition des utilisateurs une grande variété de méthodes d’essai et d’analyse. La métallographie, les essais mécaniques permettent à qui dispose d’un laboratoire et des instruments nécessaires, sans parler des connaissances indispensables, d’identifier le genre d’acier qu’on lui présente. 11 n’en est pas de même de l’artisan, du modeste réparateur, dont les soins et les efforts se trouvent bien souvent frustrés par le fait qu’un métal de composition inconnue lui a joué « de sales tours » sous l’effet du chauffage, du soudage, etc.
- Les méthodes d’identification les plus grossières sont bien des fois, dans la pratique courante, extrêmement précieuses, et une abondance de petits « tuyaux » de rien du tout supplée utilement au manque d’indications précises et scientifiques.
- Si, par exemple, l’on prend un lot de petites pièces de fer et d’acier et que, l’une après l’autre, on les mette en léger contact avec une meule d’émeri, on assiste à un feu d’artifice dont les effets sont assez variés. L’observateur a vite fait de noter les différences d’aspect de ces gerbes d’étincelles et, en partant d’échantillons connus, d’établir, ne fût-ce que mentalement, un tableau de classification qui pourra lui être, dans la suite, très utile.
- Les explications qui suivent, jointes au cliché que nous devons à l’obligeance de la Revue de la Soudure Autogène, montreront clairement les principes de cette méthode.
- Un mot, tout d’abord, sur le cliché : ce n’est pas de la photographie et cela n’en vaut que mieux, car un instantané trop lent n’eût donné dans chaque cas qu’une pluie de feu uniforme, tandis qu’un instantané « sportif » ne nous aurait montré qu’une vue figée rendant mal l’impression visuelle. Faute de cinéma, le croquis direct est ici plus vrai que la photo.
- Expliquons maintenant ce qui se passe quand nous présentons la pièce à la meule : le frottement échauffe fortement le métal et de petites particules s’en détachent, incandescentes et animées d’une assez grande vitesse. Filant ainsi à travers l’air, elles sont oxydées par l’oxygène atmosphérique. Il est naturel que l’action de l’oxygène sur ces particules varie suivant leur composition chimique, et c’est ce qui cause la variété d’aspect des étincelles.
- Prenons par exemple du fer doux, c’est-à-dire pratiquement exempt de carbone. Les particules incandescentes qui s’en détachent s’en vont en ligne droite, semblant grossir au fur et à mesure qu’elles s’éloignent de leur point de départ (fig. 1). Puis elles diminuent et s’éteignent, consumées. Telle est l’étincelle caractéristique du fer, révélant une oxydation croissante, atteignant un maximum et décroissant de même jusqu’à ce que le grain de fer soit devenu un grain d’oxyde.
- Une fois notre œil bien habitué à saisir au vol cette apparence fugitive, passons ensuite à de l’acier doux. Nous remarquons immédiatement que les traits continus à amplitude croissante émettent de petits éclairs en fourche, visibles sur la figure 2. La particule qui a quitté
- la pièce contient une petite quantité de carbone; lorsque l’oxydation du fer est à son maximum, le carbone, fortement chauffé, s’oxyde à son tour en formant une petite explosion, d’où la ramification caractéristique du carbone dans les aciers.
- Ce qui nous intéresse, à l’atelier, ce n’est pas l’analyse des aciers, mais un avertissement lorsque nous nous trouvons en présence d’un acier trop carburé ou spécial, impropre, par exemple, à la soudure autogène ou à un traitement analogue. Or si, en dessous de 0,3 pour 100 environ de teneur en carbone, les étincelles sont à peu de choses près celles du fer pur, une différence assez nette apparaît à cette teneur, qui est celle de l’acier ayant donné la gerbe de la figure 2. Cet essai nous aurait donc indiqué que nous étions à la limite des aciers qui se prêtent à la soudure autogène sans précautions spéciales.
- Si maintenant nous prenons des aciers plus carbures.
- Fig. 1. — Aspect des étincelles de divers aciers essayés à la meule.
- nous voyons se multiplier les ramifications caractéristiques du carbone. La figure 3 représente l’aspect donné par un acier de burin d’environ 0,6 pour 100 de carbone, et la figure 4 par un outil de tour plus carburé encore.
- En plus des aciers ordinaires au carbone, l’essai à la meule peut caractériser les aciers spéciaux, tels que les aciers rapides, au chrome, au tungstène, au manganèse. Il va sans dire qu’on ne peut pas déterminer la quantité ou la proportion exacte de ces divers éléments, mais la présence de l’un ou de l’autre se révèle souvent par un aspect caractéristique ou anormal des étincelles, et en tout cas, et c’est là l’important, on est averti qu’on se trouve en présence d’un acier spécial qui a toutes les chances de se comporter d’une façon particulière.
- Les aciers rapides au chrome et au tungstène se reconnaissent à ce que les étincelles forment des lignes brisées ou pointillées. On ne voit pas le faisceau d’épines caractéristiques du carbone, mais quelques gouttes ou virgules plus lumineuses vers la fin de la trajectoire (fig. 5). La
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- couleur de la gerbe est d’ailleurs orangée par comparaison avec le fer et l’acier ordinaire, dont les étincelles sont jaune clair.
- Les aciers au manganèse donnent lieu à des fusées d’artifice facilement reconnaissables : elles éclatent perpendiculairement à la trajectoire, se ramifient et se subdivisent en faisceaux secondaires autour de petits points lumineux (fi g. 6).
- Le chimiste, l’ingénieur, l’homme de laboratoire ne sauraient évidemment se contenter d’indications aussi
- vagues, car on sait que des différences de 1/10° et même 1/100® pour 100 dans la teneur d’un acier en tel ou tel élément se traduisent souvent par d’importantes variations dans les propriétés physiques ou chimiques. Et pourtant, dans certains cas, un rapide essai à la meule suffirait au vérificateur pour déceler immédiatement une erreur de livraison. Ne méprisons donc pas cette méthode simple et modeste, qui a de plus le mérite de développer le sens de l’observation, qui est aussi nécessaire au savant qu’au praticien. P. Hollahd.
- LES FEMMES CAPTIVES ET GARDIENNES
- DU M’ZAB
- Après tant d’autres, je viens aussi parler de ce M’Zab étrange.
- Il est situé en cette région désolée de l’Algérie qu’on appelle la Chebka, sinistre hamada de pierres grises qui semble ne devoir engendrer que la mort. Laghouat est à 200 km au nord-ouest, El Goléa à 300 au sud.
- En l’an 1014, les Abadites, dissidents de l’Islam, après d’infructueux essais d’établissement à Tiaret et Sedrata,
- chassés de partout, vinrent fonder El Ateuf, la première ville de cette Pentapole à laquelle succédèrent rapidement Bou Noura, Béni Isguem, Ghardaïa et Mélilca, petites villes du désert qui subsistent toujours, telles qu’elles furent bâties sur le roc.
- Ils avaient choisi ce pays âpre et déshérité de l’Oued M’Zab pour y vivre une existence austère conforme à la rigidité de leurs principes, loin de ces Mahométans
- Fig. 1 et 2. —-A gauche : Ghardaïa. — A droite : les deux minarets, dont l'ancien, plus petit, sert encore les jours de tempête.
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- Fig. 3. — Les toits de la ville.
- dissolus, leurs persécuteurs, qui, cette fois, ne leur disputeraient pas ces terres misérables.
- Ils purent en effet s’y maintenir, créant palmeraies et jardins, mais obligés, vu la pauvreté du sol, à de fréquents voyages pour gagner ailleurs leur subsistance.
- *
- * *
- Notre conquête date de 1852, époque de l’occupation de Laghouat. Ce n’est que 30 ans plus tard, les M’Zabites ne tenant pas les engagements de payer le tribut et soutenant contre nous les rebelles, que l’assassinat d’un vieux chef fidèle à la France détermina l’envoi d’une colonne. Le 30 novembre 1882 fut proclamée l’annexion du M’Zab.
- Depuis lors, nous avons respecté les traditions des Mozabites au point même de laisser au seuil des villes, les bâtiments administratifs tels que la poste et l’école et s’ils ont perdu l’indépendance, ils ont gagné la sécurité : le calme et l’ordre régnent au M’Zab.
- Uurbanisme de Van 1000. — L’oasis est lointaine et c’est soudainement que dans le désert surgissent ces villes pittoresques.
- Elles ont gardé leur aspect du moyen âge, ceintes de murs et tours de guet, juchées chacune sur son piton défensif, le minaret au sommet, étendard autour duquel se dressent les maisons. Des rues en colimaçon l’encerclent,
- coupées de ruelles à pic et de sombres voûtes constituant un labyrinthe embrouillé. Les voies les plus amples permettent le passage d’un animal chargé mais nombre d’elles ne dépassent pas un mètre de large.
- Sauf El Ateuf où, jadis, au mépris de la loi abadite, la population en discorde construisit une seconde mosquée, elles se ressemblent toutes. Parlons donc de Ghar-daïa, la principale. Une légende est à l’origine de son nom, la voici.
- D’après la tradition, deux saints abadites, Mohammed et Slimane ben Yaya, vinrent en ce pays, espérant convertir à l’Islam orthodoxe ses rares habitants. Campés au pied d’une colline et intrigués par une petite lumière brillant plus haut, ils envoyèrent un serviteur reconnaître cette lueur mystérieuse. Il trouva, seuls dans une grotte, une jeune et jolie fdle et un nouveau-né. Elle lui dit s’appeler Daïa et, son terme étant proche, avoir été abandonnée de ses parents, n’ayant plus la force de suivre la marche des nomades. L’enfant était venu et depuis, ils vivaient de la charité des caravanes de passage.
- Intéressé par la jeune ermite, il la pria de venir voir son maître.
- « C’est facile, répondit-elle, j’irai. »
- Sa beauté conquit le sage Mohammed ben Yaya, il en fit sa femme et la ville groupée autour de sa demeure s’appela Ghardaïa, « caverne de Daïa ».
- On montre encore une excavation et les femmes y viennent pieusement honorer leur belle aïeule.
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- La Mosquée sainte. —- Tout en haut, la Mosquée domine la ville, non seulement austère mais misérable.
- Au centre, le çahn en plein air. Avant d’y pénétrer, d’une voix retentissante, notre guide crie les mots consacrés prévenant les femmes des terrasses de rentrer chez elles pour éviter les regards masculins.
- C’est une cour entourée de galeries où en étrange bric-à-brac sont suspendus les objets trouvés attendant d’être reconnus.
- Terminé de quatre pointes menaçantes, le minaret carré s’effde en pyramide rappelant, au Sud Saharien, ceux d’Agadez et de Tombouctou.
- forteresse. C’est là que se formaient ces sortes de moines guerriers, ancêtres des bons gros commerçants plus avisés que belliqueux y vivant aujourd’hui.
- Outre le Coran et la grammaire, sous le nom de « Science cachée » les Tolba y enseignent la magie; toutefois, les M’Zabites, plus intelligents que les Arabes, y croient peu. mais, le métier de guérisseur qu’elle procure n’est pas à dédaigner.
- Importance féminine. — C’est à la Mosquée que ces chefs spirituels font leurs lois rigoureuses. L’une d’elles interdit à toute fdle du M’Zab d’en sortir jamais, sauf,
- Fig. 4. — La porte de la rue de la Mosquée.
- Ghardaïa en possède deux côte à côte, l’ancien, moins élevé, utilisé par le muezzin pour se faire entendre les jours de tempête. C’est à sa base qu’étaient subies les peines corporelles prononcées par le conseil des tolba. La plus grande pièce est l’obscure salle de prières aux lourds piliers trapus. Celle des ablutions comporte un énorme chaudron pour chauffer l’eau, c’est d’ailleurs le seul établissement de bains de la ville, leur religion exigeant des fidèles la pureté du corps avec celle de l’esprit. Attenantes sont les prisons et une sorte de cachot où prient les femmes.
- Jadis, la Mosquée, lieu de prière et d’étude, était aussi
- Fig. 5. — La porte des forgerons
- et c’est rare, pour le pèlerinage à La Mecque qu’elle peut s’offrir sur sa fortune personnelle, le mari n’assurant que les frais du retour : là où elle naquit, elle mourra. Et il se trouve de la sorte que cette recluse toujours invisible joue dans son effacement un rôle de premier plan, les longues absences du père donnant à la mère l’autorité sur les enfants; c’est elle qui forme son fils et plus tard lui choisira une épouse.
- Le M’Zab et la foi abadite ne subsistent peut-être que par cette loi : si la femme pouvait en quitter, bien des gens s’établiraient dans le nord plus clément où prospère leur négoce.
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- La ville comprend encore la place du marché dont les maisons sont réservées au commerce. Après le coucher du soleil, des chaînes la ferment, empêchant l’entrée et la sortie des caravanes.
- Marabouts et légendes. — Tout autour, s’étalent de nombreux cimetières, les M’Zabites revenant toujours au pays dormir leur ultime sommeil. Les tombes, ainsi qu’à Ouargla, sont ornées de vieux pots cassés provenant de récipients pour la nourriture et la boisson. Serait-ce une survivance des anciens rites égyptiens au cube des défunts ?
- Chaque mort vénéré repose sous une kouba ou marabout et possède une histoire merveilleuse.
- Voici celle du cheik Zakarian :
- Ce cheik était un pieux muezzin qui, cinq fois le jour, montait en haut du minaret appeler les croyants à la prière. Un jour, une crue subite de l’oued emporta un de ses palmiers. Il courut avec son fils pour rattraper son bien et pendant qu’ils s’occupaient à le repêcher, des
- Fig. 7. — Scènes du marché à Ghardaïa : les chameaux.
- Chaambas ennemis vinrent et les tuèrent, leur coupant pieds et mains.
- Sa course l’ayant éloigné de la ville, tous ignoraient le malheur arrivé et l’heure étant venue de son pieux ministère, sa femme fut toute saisie d’entendre, en son logis, du burnous vide de son mari éclater l’appel accoutumé, un miracle ayant permis que la religion ne souffrît pas de la mort du muezzin.
- Et celle-ci d’un autre saint :
- Autrefois, végétait un homme très pauvre nommé Abou Youb Aminoum dit Afellah d’Aglan. Il était puiseur d’eau et gagnait juste de quoi ne pas mourir de faim. Pendant qu’il se désespérait de son triste sort, passa un groupe d’hommes vertueux auxquels il se joignit, louant Dieu tout le jour.
- Ces pieuses occupations ne les nourrissant pas, l’un d’eux se mit à prier avec tant de ferveur que le Seigneur leur envoya une table toute servie de mets succulents qui disparut quand chacun fut repu. Et successivement ces saints hommes obtinrent même faveur. Quand vint le tour d’Abou Yacoub, sa surprise fut grande de voir venir deux tables au lieu d’une.
- Fig. 6. — Au marché de Béni Isguem: une vente aux enchères.
- Ses compagnons l’interrogeant sur son pouvoir : « Dites-moi tout d’abord, comment vous vous y êtes pris vous-même », répondit-il.
- — « Nous prions Dieu par l’intermédiaire de Si Abou Yacoub Aminoum, dit Afellah d’Agan, que nous n’avons, hélas! jamais vu. »
- Se reconnaissant alors, il conserva son incognito et en M’Zabite avisé, garda ce nouveau et précieux métier, en tirant parti jusqu’à la fin de ses jours.
- A Ghardaïa la puritaine, comme en tout l’Islam, les légendes fabuleuses subsistent toujours, vous le voyez.
- Mœurs et coutumes. — De couleur terne, villes et gens sont d’un blanc sale uniforme; seules, les fillettes aux nuances chatoyantes parent ces ruelles d’un sourire. Mais, c’est à peine si on les voit, les mamans auprès de leurs enfants nous faisant jouer les Croquemitaines : « Si tu n’es pas sage, le Frangi va venir ». Epouvantées, les petites filles, dès qu’elles aperçoivent un étranger, dans un envolement de voiles et de jupes, disparaissent derrière une porte, ne se hasardant à sortir le bout de leur museau que lorsqu’il s’éloigne.
- C’est d’ailleurs le seul temps de joyeuse liberté de la
- Fig. 8. — Au marché : le coin des savetiers.
- Ils utilisent les vieux pneumatiques pour le ressemelage.
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- pauvre M’zabite. Aussitôt; mariée, entre l’âge de 9 à 12 ans et jusqu’à celui de 40 oii elle est finie, elle demeure prisonnière souvent enfermée, et ne pourra sortir, accompagnée d’une parente âgée, qu’à la nuit close. Ces sorties seront motivées par des fêtes : mariage, circoncision, naissance, première dent, visites qui se prolongent jusqu’à la nuit suivante. Ces réjouissances s’accompagnent de cadeaux équivalant à ceux qu’on a reçus dans les mêmes circonstances.
- Une femme trop pauvre pour avoir une négresse devra cependant sortir si le mari est absent et les enfants trop jeunes, pour faire elle-même ses courses. Hermétiquement voilée, ne conservant entr’ouvert que le triangle d’un seul œil, il lui faudra, par surplus, détourner la tête vers le mur si elle croise un homme dans la rue.
- Ses emplettes se feront aux magasins de femmes, tenus par une femme. Cependant, de nos jours où les traditions se perdent, on voit certaines effrontées acheter à la
- une robe d’un modèle européen, toilette réservée aux prostituées; de pleurer un mort, les larmes changées en oued, devant au ciel vous séparer de lui.
- Tébria que de mettre trop de bijoux ou d’être parée en l’absence de l’époux, tébria de ne pas déclarer une maladie contagieuse, tébria de causer d’une terrasse à l’autre, de mirer dans une glace un enfant qui n’a pas de dents, les djinns qui y habitent pouvant s’introduire en lui.
- Tébria de se raser la frange ou porter une natte tombante, sortir pieds nus. Amende si deux tresses forment une croix sur le crâne, excommunication si on a mis sa gandoura à l’envers, amende si une fête familiale est trop bruyante.
- Autrefois, pour la naissance d’un enfant illégitime, la terrible pénitence était, sous les yeux curieux de la population, bien entendu informée du scandale, de gravir le rocher Baba Sad, succombant sous le poids de la meule
- Fig. 9 à 11. — A gauclie : Le vieux puits au bas de la rue des escaliers à Beni-Isguem. — Au centre : Une ruelle couverte.
- A droite : Une maison.
- lucarne des boutiques masculines, au grand scandale des vieilles gens.
- Pieuses congrégations M’Zabites. — Un usage particulier au M’Zab est la confrérie des laveuses des morts. Elles sont cinq par localité, choisies parmi les dévotes les plus édifiantes; elles possèdent une énorme influence et honorent de leur présence les moindres fêtes familiales. L’une d’elles, Mamma Sliman, aujourd’hui disparue, tint pendant une trentaine d’années le rôle de supérieure de cette association laïque et, devenue d’une excessive sévérité, punissait durement les « tébria » qu’elle apprenait.
- Fautes vénielles et gros péchés. — La « tébria » c’est la faute, et les lois sont d’une telle minutie qu’elle est facile à commettre.
- En voici quelques exemples : il est défendu de porter
- du moulin, ou bien encore de monter et descendre cette même pente à reculons en répandant des torrents de larmes.
- Comme la délation est recommandée, le témoin d’une faute la partageant s’il la cache, Mamma Sliman était toujours informée des écarts de conduite et la coupable n’avait plus qu’à venir se confesser à elle.
- Tartufes et rebelles. — Le conseil des tolbas fait chaque année la révision des tébria, mais, la rigide laveuse ayant exagéré la sévérité, il se produit maintenant une réaction contraire et la nouvelle présidente n’a pu reprendre l’ascendant de la dernière.
- Le bruit court, également — médisance ou calomnie ?•— que, si la façade est sauve, de dignes M’Zabites s’enivrent chez eux dans le secret des chambres closes. Ils ont, en leurs séjours au Nord, appris à goûter les vins capiteux et vermeils ainsi que les liqueurs interdites et les font
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- pénétrer dans leur domicile, sous l’honnête étiquette de savon de Marseille.
- Les étrangers du M’Zab. — Outre les M’Zabites, il y a au pays, tous également méprisés, des Arabes maho-métans qui ont leur mosquée propre et des juifs frères de ceux de Djerba. A leur venue, on imposa à ces derniers le vêtement noir et un quartier spécial, lequel d’ailleurs tranche par sa saleté.
- Très adroits, ce sont eux seuls qui font les bijoux et, Fig. 12. .................. Lu tonie des moulons.
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- propagande française, respectés et aimés des indigènes; ils ont à leur école 170 élèves qu’ils mènent au certificat d’études dont s’enorgueillissent les parents.
- l..es Soeurs Blanches font aussi beaucoup de bien; elles ont un atelier de tapis où viennent travailler les fillettes et un dispensaire plus fréquenté des femmes Arabes que des recluses M’Zabites que les Sœurs vont plutôt visiter quand elles les savent malades, elles ou leurs enfants.
- Un matin, les ayant accompagnées, j’ai eu la chance Fig. 13. — Le marchand de lait et de légumes sous son vélum.
- Fig. 14. — Un M’zabile en prière à la mosquée.
- à défaut du taleb, les pèsent chaque année pour l’aumône rituelle dont ils sont imposés.
- C’est aussi la gent hébraïque surtout qui s’occupe de sorcellerie, confectionne les amulettes et pratique les envoûtements chers à l’Afrique actuelle autant qu’à l’Europe de jadis.
- Nos chers missionnaires. — Les Pères Blancs sont à Ghardaïa depuis 1884, merveilleux instruments de
- Fig. 15. — Une boutique.
- de n’être nulle part éconduite et d’approcher ces captives mystérieuses.
- Le logis M’Zabite et sa maîtresse. — De façon générale, chez les riches comme chez les pauvres, j’ai été surprise de la propreté des intérieurs M’Zabites, bien supérieure à celle que j’ai rencontrée chez les Arabes et les Touareg.
- Les femmes sont assez instruites pour pouvoir, sans
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- le secours du taleb, correspondre avec le mari absent. Très actives, tout en causant, elles continuaient le travail en train, soit le tissage, apanage des femmes de condition, ou la cuisine qui incombe toujours à la maîtresse de maison, quelques servantes qu’elle possédât.
- De leur soin à récupérer les bouts de laine, j’ai conclu à l’économie de ne rien laisser perdre. La laine est apportée lavée mais non teinte. Elles la classent d’abord par qualité et couleur, blanche, brune, noire, puis s’occupent de la teinture, trop souvent à l’aniline.
- Les hommes préférant pour leurs vêtements les étoffes
- Un escalier descend à la cave gardienne des réserves : pierres d’argile remplaçant ici le savon, crottes de chameau à l’usage de combustible, feuilles sèches pour allumer le feu, silos à grains et à dattes, scellés d’une porte.
- D’autres marches conduisent à la terrasse, de parfois deux étages s’il faut un grand logement.
- Dans les demeures cossues, souvent un couloir voûté passe sous la rue, amenant aux appartements plus luxueux du maître de céans, séparés de la partie de la maison réservée au travail et au service.
- Il faut se souvenir qui* ces villes vêtues de bures
- achetées dans le nord de l’Algérie, elles ne tissent que pour leur vêture et celle de leurs enfants, les tentures, serviettes, tapis, couvertures, suivant les besoins de la maison.
- Le réduit pour cuisiner est minuscule mais commode, l’opératrice, assise entre l’âtre et les denrées, n’ayant pas à se fatiguer comme nos cuisinières.
- J’ai visité l’humble totalité de quelques maisons. Elles comprennent toutes, lâches ou pauvres, une cour à l’air libre, à piliers souvent anciens et cannelés; le berceau du dernier-né, modeste caisse peu douillette, est suspendu entre les colonnes et exposé aux courants d’air de ce patio sur lequel prennent jour les pièces exiguës privées d’air, où l’on dort.
- Fig. 17. — Le sourire de Ghardaïu : une jillelle M’Zabite.
- abritent des négociants fort riches qu’aucun faste ne signale et dont les épouses passent leurs années recluses ainsi que d’humbles nonnes.
- Cette mentalité puritaine nous surprend et vivant près d’eux depuis longtemps, nous n’avons pas encore pénétré ces gens si complètement fermés aux étrangers.
- Il est rare à Ghardaïa de voir un visage s’épanouir en un sourire confiant et il est visible que ces fanatiques ne désirent en aucune façon nous introduire en leur intimité.
- Si nous avons fait la conquête du sol, ferons-nous jamais celle des cœurs M’Zabites?
- M. de Lyée de Belleau.
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- LE MIRACLE DU ZÉRO
- Depuis une liaule antiquité les peuples civilisés ont considéré une pluralité quelconque comme la somme de pluralités simples des divers ordres décimaux, les pluralités simples étant celles qu’ils pouvaient matériellement représenter avec les doigts des deux mains. Ayant donné des noms tels que un, deux, neuf, dix, à l’unité et ces pluralités simples, il leur a sulli de considérer la dernière comme représentant la première pluralité du premier ordre décimal, la dixième de ces nouvelles pluralités comme la première d’un deuxième ordre décimal et ainsi de suite pour être à même de donner un nom à une pluralité quelconque à la simple condition d’imaginer des vocables tels que cent, mille, million, milliard, etc., pour désigner la première des pluralités de chacun des deuxième, troisième, sixième, neuvième, etc., ordres décimaux. Avec treize vocables seulement, il devenait ainsi possible de dénommer par des mots composés jusqu’à un milliard de pluralités différentes et chaque l'ois que l’on imaginait un nouveau vocable on parvenait à dénommer mille fois plus de pluralités qu’auparavant.
- On simplifia encore le langage en adoptant des vocables spéciaux, tels que vingt, trente,... soixante pour désigner les pluralités simples du premier ordre décimal.
- Pour écrire rapidement le nom d’une pluralité quelconque, il a suffi d’imaginer neuf caractères servant à figurer l’unité et les huit premières pluralités et de convenir qu’un tel carac-lère pourvu d’un indice supérieur marquant l’ordre décimal auquel appartient la pluralité qu’il représente, représentera effectivement une pluralité simple de cet ordre.
- Cet ainsi que les Phéniciens, réserve faite de la forme des caractères, eussent écrit 3','5f,2'7 ou 3m5c2d7, le nombre trois mille cinq cent vingt-sept, 4,;3 ou 41'3, le nombre quatre cent trois, etc.
- Une telle écriture était malheureusement incommode, car pour effectuer l’addition ou la soustraction de nombres écrits de la sorte, il fallait avoir soin, en les plaçant les uns sous les autres, de tenir exactement compte de l’indice supérieur de chaque caractère.
- Aussi ne tarda-t-on pas à imaginer le boulier, c’est-à-dire la première machine à calcul. On sait que le boulier est un cadre en bois dont les montants verticaux sont percés de dix trous équidistants dans lesquels s’engagent des tiges de fer horizontales sur chacune desquelles sont enfilées neuf boules, qui sont groupées à gauche de la tige lorsque le boulier ne sert pas. En faisant glisser une ou plusieurs boules vers la droite, on peut représenter sur chaque tringle une pluralité simple et si les tringles ont été numérotées de bas en haut, la seconde portant le numéro 1 et la dernière le numéro 9, la pluralité matérialisée par les boules placées à la droite d’une tringle quelconque sera de l’ordre décimal marqué par le numéro de la tringle.
- Il est donc possible de matérialiser sur le boulier toute pluralité inférieure à dix milliards, comme de lire sur le boulier le nom d’une pluralité quelconque qui s’y trouve matérialisée.
- L’addition et la soustraction deviennent alors des opéra-lions matérielles facilement exécutables. Quant à la multiplication, simple cas particulier de l’addition facilité par la connaissance par cœur de la table de Pythagore, et à la divison qui n’est qu’une soustraction répétée un certain nombre de fois, le boulier permet également d’en venir à bout.
- Le zéro. — C’est à un Hindou dont le nom n’est pas parvenu jusqu’à nous que l’on doit l’idée de marquer par un signe (devenu le zéro), l’absence de toute boule à la droite d’une tige du boulier et cette idée a eu pour première conséquence la mise au rancart du boulier lui-même. L’emploi du zéro,
- en permettant la suppression des indices supérieurs, donnait en elfet au nombre écrit la même figure et les mêmes propriétés qu’au nombre matérialisé sur le boulier. •
- Lors des invasions qu’ils firent dans l’Inde aux premiers siècles de l’hégire, les arabes recueillirent précieusement l’idée de l’Hindou. Ils donnèrent au signe qu’il avait imaginé le nom de zi)fer ou chilîreur parce que son emploi permet à la fois de reconnaître la pluralité représentée par un caractère et l’ordre décimal auquel appartient cette pluralité. Combinés avec le zilfer ou zéro, les caractères servant à désigner les pluralités simples deviennent ainsi des chiffres permettant d’écrire et de lire le nom d’une pluralité quelconque.
- Au cours d’un voyage en Espagne qu’il entreprit vers l’an mille, le moine français Gerbert eut l’occasion d’étudier le système de numération des Arabes et d’en apprécier tous les avantages. Elevé un peu plus tard au pontificat sous le nom de Sylvestre II, il adopta ce système dans ses écrits et contribua ainsi puissamment à le répandre en Europe. Les marchands florentins paraissent avoir été des premiers à s’en servir à l’exclusion de tout autre, car les facilités qu’il offre pour effectuer l’addition et la soustraction leur permirent d’imaginer le registre journal à deux colonnes doit et avoir pour l’inscription sans aucune discontinuité des opérations commerciales dans leur ordre chronologique.
- A la mise au rancart du boulier succéda ainsi l’organisation de la comptabilité moderne.
- L’invention de la virgule, due au Hollandais Stevin, devait bientôt permettre d’écrire les fractions décimales sans le secours d’un dénominateur et par suite d’effectuer les opérations portant sur les grandeurs exprimées en nombres décimaux avec la même facilité que celles portant sur les pluralités qui s’expriment en nombres entiers.
- Du coup, il devint possible au mathématicien écossais Neper (de la famille française des Napier) de réaliser un rêve d’Archimède et d’établir la première table de logarithmes. L’emploi des nombres décimaux permit en effet de calculer les termes d’une progression géométrique lentement crois-
- sante à partir de l’unité, de raison 1 -f- —— très voisine de
- 10k
- l’unité et embrassant sensiblement tous les nombres. Les termes correspondants de la progression arithmétique
- 0, —-, —-, etc., appelés logarithmes de ceux de la pro-
- 10k 10k 11 to 1
- gression géométrique jouissent alors de la fameuse propriété signalée déjà par Archimède, savoir :
- log (a X b) = log a -j- log b
- de sorte que la possession de la table de Neper ramenait la multiplication et la division à l’addition et à la soustraction, l’élévation aux puissances et l’extraction des racines à la multiplication et à la division. Dès qu’il fut mis en possession de la table de Neper, son contemporain Kepler parvint à effectuer les calculs jusqu’alors inextricables qui lui permirent de déduire des observations de son maître Tyclio-Brahé et des siennes propres les lois du mouvement des planètes autour du soleil, lois fameuses dans lesquelles Newton devait trouver, deux siècles plus tard, la plus éclatante confirmation du principe de l’inertie sur lequel repose la mécanique moderne.
- Et voilà ce que nous devons à l’invention d’un obscur Hindou, aux Arabes qui s’en sont emparés, au pape Sylvestre II qui les a suivis, aux Florentins qui ont fondé sur elle la comptabilité commerciale, au Hollandais Stevin qui l’a complétée par l’invention de la virgule, à l’Ecossais Neper enfin qui en a fait le génial emploi que l’on sait.
- N’est-ce pas là une belle occasion de méditer l’adage « petite
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- cause, grands effets» mais aussi, hélas! le proverbe «nul n’est prophète dans son pays » puisque les propres compatriotes de Neper en sont encore à faire usage de nombres complexes, autrement dit de fractions non décimales, pour dénommer les grandeurs des quantités usuelles : longueur, surface, volume, poids, prix, etc.
- Que les Anglo-Saxons en aient ou non conscience, leur obstination en pareille matière tient essentiellement à l’esprit de lucre qui anime tout bon commerçant. En effet, plus un système de mesures est compliqué, plus souvent apparaît la nécessité de simplifier un nombre exprimant une mesure, faute de quoi on serait conduit à des calculs inextricables. Or, pour simplifier de tels nombres, on ne peut que les arron-
- dir à l’échelon supérieur et cette pratique entraîne automatiquement un accroissement du bénéfice et un accroissement de consommation, conséquence du gaspillage des marchandises achetées en excédent des besoins réels.
- Quand le consommateur anglo-saxon aura compris (realised) qu’il est le vrai dindon de la farce, le zéro (et avec lui le système décimal) aura remporté son ultime victoire et le système métrique lui-même achèvera de conquérir le monde, le consensus omnium réalisé depuis la plus haute antiquité pour le choix du jour (durée de révolution de la terre sur elle-même) comme étalon des durées ne pouvant manquer de s’étendre au choix de la longueur du méridien comme étalon des longueurs. J. Nette h.
- LES OMBRES VIVANTES
- Les ombres chinoises jouissent de plus en plus de la faveur qu’on leur accordait il y a quelques années et qu’elles avaient un peu perdue à cause du cinéma. Leur facilité d’exécution qui
- Fig. 1. — Ombres découpées : Napoléon et le grenadier.
- permet presque sans frais, avec un peu d’ingéniosité, de réaliser les fantaisies les plus variées sur tous les sujets, comiques, tragiques, poétiques, les fait adopter par de nombreux amateurs (x).
- Les « ombres vivantes », combinaison dans laquelle les ombres sont produites par les opérateurs eux-mêmes, font une agréable diversion aux ombres chinoises et en outre on vient de leur apporter un attrait de plus au moyen d’une heureuse association avec les ombres projetées. On sait qu’elles exigent simplement un assez grand cadre avec toile transparente, touchant le plancher et suffisamment grand pour encadrer les personnages vivants. Aucune complication n’est nécessaire et il suffit aux personnes actrices dans le sujet représenté de passer et de se tenir assez près de la toile pour que leur ombre soit bien nette. Pour les transformations des personnages, toutes les étoffes peuvent être utilisées puisque la couleur n’est pas en ligne de compte et les cartonnages peuvent jouer un grand rôle dans les silhouettes.
- Les scènes les plus comiques sont faciles à composer et à réaliser puisque les personnages sont mobiles par eux-mêmes. On peut y appliquer par le cartonnage quelques trucs amu-
- 1. La Nature, n°“ 2905, 2964, 2980.
- sants de féerie tels que :1a bougie qui grandit ; le chat qui sort de la soupière ; l’énorme araignée qui descend du plafond sur la tête d’un convive ; le pêcheur à la ligne ramenant les objets
- Fig. 2. — Ombres découpées : Le scieur de pierre.
- les plus hétéroclites et finissant par glisser, du haut du talus où il est assis, dans la rivière ; le charlatan dentiste annoncé par le tambour de ville et extirpant une énorme molaire, etc. Je ne parle ici que des sujets comiques. Une attaque nocturne peut donner un exemple de sujet dramatique.
- On peut présenter des tableaux religieux, historiques, poétiques.
- Les ombres de grandeur nature se différencient complètement comme effet des ombres dites chinoises. Comme dans ces dernières, il est possible avec la lanterne de projection de donner des décors, mais le mieux est de projeter en noir simplement, s’il y a lieu, des coulisses ou des accessoires qui seraient trop encombrants à présenter en grandeur s’accordant avec les personnages tels que : le talus du pêcheur, un détail d’architecture situant une époque, un meuble de style, etc.
- Je disais plus haut qu’une adjonction intéressante pouvait être faite aux ombres vivantes; je l’ai vu appliquer chez un de nos meilleurs amateurs. Dans un spectacle d’ombres vivantes, il intercale, grâce à la lanterne de projection, des ombres découpées, mouvementées et projetées avec les accessoires de décor telles que celles ci-dessus, à grandeur humaine. Il suffit que la lanterne d’éclairage soit placée avec un recul suffisant pour
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- que les projections remplissent la toile et que la base des personnages vienne affleurer le bas du cadre.
- Je donne ici quelques types de ces vues qui mesurent environ 8 cm sur 8.
- Elles ne sont donc pas d’un découpage trop minutieux, soit en métal mince, paillon ou zinc, soit en carton. Le mécanisme toujours très simple consiste en tirettes donnant le mouvement : 1° L’empereur et la sentinelle : l’empereur s’avance, le grenadier présente l’arme; 2° les enfants à la balançoire; 3° le scieur de pierre; 4° le paysan sur son âne : la bête rue à la vue d’un chardon. Pour faciliter le maniement, chaque sujet est monté sur un cadre de bois de 11 cm de
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- haut, mesure habituelle des châssis passe-vues des appareils de projection.
- Bien d’autres scènes sont faciles à réaliser pour l’amateur d’ombres, par exemple : le forgeron tirant le soufflet de la forge, avec éclairage rouge du foyer ; le chien emportant un gigot, poursuivi par toute une série de personnages, etc.
- Ces sujets alternés avec des ombres véritablement vivantes sont d’un heureux effet et souvent intriguent le spectateur.
- Il est bien entendu qu’entre chaque sujet vivant ou projeté il faut soit baisser le rideau s’il y en a un, soit faire l’obscurité si le rideau n’existe pas.
- Le prestidigitateur Ai.ber.
- LES RHINOCÉROS D’AFRIQUE
- Les rhinocéros d’Afrique sont représentés à l’heure actuelle par deux espèces : le rhinocéros noir (Diceros bicornis) et le rhinocéros blanc ou rhinocéros camus (Ceratotherium simum). Ce sont après les éléphants les plus puissants mammifères terrestres, puisque le rhino camus peut atteindre jusqu’à cinq mètres de longueur.
- Le rhinocéros noir est de beaucoup le plus commun, bien qu’aujourd’hui en forte régression. On le rencontre pour ainsi dire sans solution de continuité sur tous les territoires qui vont de l’Afrique du sud jusqu’en Abyssinie et au Soudan à l’Est et jusqu’à l’Angola à l’Ouest, sans compter qu’il s’élève dans le Nord, dans le bassin du Chari-Niger. Cependant, au Congo belge on ne le trouve qu’au Katanga et non dans la zone de la grande forêt équatoriale.
- Quant au rhinocéros blanc, s’il a jadis occupé peut-être la même aire géographique, on ne le rencontre plus guère qu’au Zululand où il est sous la protection étroite des autorités et dans le Soudan sur la rive gauche du Nil avec une légère extension dans le Nord du Congo Belge.
- Ces deux espèces, contrairement à celles qui existent en Asie, possèdent deux cornes au lieu d’une seule.
- Le rhino blanc (Ceratotherium simum) se distingue du rhino noir (Diceros bicornis) par une taille en règle générale plus élevée que celle de ce dernier. Et, selon M. le Dr Schoute-den les caractères morphologiques distinctifs les plus saillants seraient :
- a) La tête plus allongée chez le rhino blanc que chez le noir.
- b) Le museau du second est rétréci en avant et la lèvre supérieure à saillie médiane prononcée est préhensile, tandis que chez le blanc le museau est comme tronqué en avant, la lèvre supérieure non saillante, l’inférieure ayant un bord corné.
- c) Les cornes sont différentes : chez le noir à section elliptique, tandis que pour le blanc, étant aplatie à sa face antérieure, la corne est à section triangulaire, parfois trapézoïdale.
- d) Les molaires présentent également de grandes différences; celles du noir sont à replis d’ivoire bien marqués, tandis que le blanc a ses molaires à surface peu accentuée.
- Le rhinocéros noir habite toutes les régions de savanes, parfois très arides. Sa nourriture, assez variée, est constituée de plantes diverses, et même d’arbustes dont il cueille les branchages à l’aide de sa lèvre mobile.
- Quant au rhino blanc, il ne ramasse que des herbes, broutant à la façon de nos Bovidés et sélectionnant sa nourriture au point qu’il dédaigne toute plante herbacée qui ne serait pas une graminée.
- Il y a aussi dans le comportement des deux bêtes quelques particularités qui leur sont spéciales; ainsi le rhino blanc
- marche la tête baissée, le nez au sol, tandis que le noir se déplace le nez au vent. Le rhino blanc a la singulière habitude de revenir déposer ses excréments au même endroit où ils s’accumulent en tas parfois fort volumineux. Le noir au contraire défèque là où il se trouve. Cette habitude doit vraisemblablement être en corrélation avec le mode de nourriture particulier à chacune des deux bêtes. Lorsque les femelles se déplacent, on constate que les petits précèdent toujours leur mère lorsqu’il s’agit du blanc, tandis qu’ils la suivent chez le noir.
- D’une façon générale les rhinocéros blancs sont des bêtes pacifiques, vivant en petites troupes de quelques individus, dormant à l’abri des buissons aux heures les plus chaudes de la journée et broutant surtout le matin et le soir. Aimant beaucoup l’eau, où ils prennent des bains de boue, on les rencontre toujours au voisinage des marécages et des rivières. Ils suivent pour se rendre à l’eau des voies tracées à travers les broussailles qui sont de véritables chemins fort utiles à l’homme dans la brousse souvent inextricable. Le rhinocéros noir n’a pas ces habitudes, étant plutôt solitaire et assez vagabond.
- Ajoutons aussi que le rhinocéros blanc, malgré son nom, n’est pas blanc du tout. C’est l’habitude de se rouler dans la vase qui séchée au soleil sur sa peau prend un aspect grisâtre qui lui a valu ce nom, sous lequel le désignaient jadis les Boers en Afrique du Sud. Le corps débarrassé de tout revêtement salissant a la même teinte, allant de l’olivâtre clair au gris cendré ou noir, que le rhinocéros ordinaire. Ces bêtes sont souvent accompagnées d’oiseaux que les Anglais ont baptisés du nom de « rhino birds », que nous avons traduit un peu librement en « pique-bœufs » ou « sentinelles ». Ils constituent pour l’animal un sérieux avantage en le débarrassant de ses parasites tout en lui assurant une protection bénévole, ces oiseaux s’envolant en poussant de grands cris dès qu’on essaye d’approcher des rhinocéros, même avec d’infinies précautions. D’ailleurs le rhinocéros est méfiant par nature, l’ouïe et l’odorat fort développés le prévenant rapidement de tout danger.
- D’une façon générale, le rhinocéros noir est agressif, fonçant sur l’adversaire au moindre danger, tandis que le blanc, d’humeur plus douce, s’efforce toujours d’éviter l’homme plutôt que de l’attaquer.
- Si le rhinocéros noir ne paraît pas menacé d’extinction pour l’instant, il n’en est pas de même du blanc. Aussi a-t-il été l’objet d’une protection très sévère tant sur les territoires anglais qu’au Congo belge où la chasse en est formellement interdite. G. R.
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- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- LA VOUTE CÉLESTE EN FÉVRIER 1937 (*)
- Les phénomènes sur lesquels l’attention des observateurs va être appelée en février sont assez nombreux : tout d’abord, le nouveau passage de la Terre par le plan des anneaux de Saturne va amener la disparition momentanée de ceux-ci. A partir du 20 février, c’est la face australe de l’anneau que nous verrons, pour une quinzaine d’années.
- Vénus atteindra sa plus grande élongation le 5 février, elle brillera comme un phare éclatant dans le crépuscule. Mercure sera visible le matin, en des conditions assez défavorables, sa plus grande élongation ayant lieu le 7.
- Très belle conjonction de Vénus avec 3 Poissons, le 15 février (à suivre du 14 au 16).
- A signaler de nombreuses occultations d’étoiles par la Lune, la visibilité de la lumière cendrée de la Lune du 13 au 16, de la lumière zodiacale, puis la série habituelle des conjonctions planétaires. Enfin, les maxima ou minima d’éclat de quelques étoiles variables remarquables.
- I. Soleil. —- La déclinaison du Soleil, en février, varie fortement, et passe de — 17° 8' le 1er à — 8° 1' le 28. Aussi, la durée du jour, (présence du centre du Soleil au-dessus de l’horizon) croît-elle de 9» 23m le 1er à 10*’ 54m le 28.
- Le tableau ci-après donne, de deux en deux jours, le temps
- Lumière zodiacale; lueur anti-solaire. — La lumière zodiacale sera bien visible ce mois-ci, après le crépuscule. Les observations pourront être aisément faites du 1er au 13 février, période pendant laquelle la Lune ne gênera pas.
- La lueur anti-solaire pourra être recherchée à partir du 4 jusqu’au 15 février. Le 10, vers minuit, elle se trouvera entre le Cancer et le Lion; le 17 dans le Lion.
- Elle est toujours centrée sur le point du ciel diamétralement opposé au Soleil.
- IL Lune. — Les phases de la Lune pendant le mois de février se produiront comme il suit :
- D.Q.lc 3, à 12» 4m N. L. le 11, à 7“ 34m
- P. Q. le 18, à 3“ 50» P. L. le 25, à 7“ 43»
- moyen à midi vrai ou l’heure
- du passage du centre d u Soleil
- au méridien de Paris
- Date. Heure de passage.
- Février 1er 12h 4-m 21»
- .— 3 12 4 36
- — 5 12 4 47
- — 7 12 4 55
- — 9 12 5 0
- — 11 12 5 2
- — 13 12 5 1
- — 15 12 4 57
- — 17 12 4 49
- — 19 12 4 39
- — 21 12 4 26
- — 23 12 4 11
- — 25 12 3 53
- — 27 12 3 33
- Fig. 1.—•Marche delà planète U ranus sur le ciel au cours de Vannée 1937 (D’après l'Annuaire astronomique Flammarion).
- Les chiffres de 1 à 13, portés sur la trajectoire, indiquent la position d’Uranus le 1er de chaque mois.
- Observations physiques. — Ne pas manquer d’observer le Soleil chaque jour de beau temps. Prendre des dessins d’ensemble des taches, par projection, et de détail par observation à l’oculaire muni du verre protecteur.
- Le tableau ci-dessous donne les divers éléments permettant d’orienter les dessins et les photographies du Soleil. Dans ce tableau : P désigne l’angle de position de l’axe de rotation du Soleil, compté vers l’Est à partir du point Nord du disque;
- B0 et L0 sont respectivement la latitude et la longitude héliographiques du centre du disque, c’est-à-dire du centre de la Terre vu du centre du Soleil.
- Voici donc ces éléments pour le mois de février 1937 :
- Date (0») P IL L0
- F évrier 4 — 13»,33 O — 6°,27 144°, 51
- — 9 — 15»,26 0 — 6», 5 6 78°,67
- — 14 — 17°,05 O — 6°,81 12°, 84
- — 19 — 18°,70 O — 7°,00 307°,00
- — 24 — 20°,21 O — 7°,14 241°,15
- Age de la Lune le 1er février, à 0" (T. U.) = 19J, 3; le 12, même heure = CP,7. Pour avoir l’âge de la Lune à une autre date du mois, ajouter aux nombres ci-dessus 1 jour par jour écoulé depuis le 1er ou le 12.
- Plus grandes déclinaisons de la Lune en février : le 6, à 9" = — 23° 21'; le 19, à 12“ = + 23» 15'
- On remarquera la grande hauteur de la Lune dans le Ciel, les 19 et 20 février, entre 19» et 20», au moment du passage au
- méridien.
- Apogée de la Lune (plus grande distance à la Terre), le 3 février, à 12“. Parallaxe = 54' 15". Distance = 404 200
- km .
- Périgée de la Lune (plus petite distance à la Terre), le 15 février, à 20h. Parallaxe = 59' 26". Distance = 368 952 km.
- Occultations d’étoiles par la Lune. — Le 1er, occultation de 370 B. Vierge (6m,0) ; émersion à 3“ 3m,6. — Occultation de 3398 BD —11»; (6m,5) ; émersion à 5U 19m,l.
- Le 2, occultation de 83 Vierge (5m,7) ; émersion à 5» 40m,9.
- Le 18, occultation de x Taureau (4m,4) ; immersion à 17» 31“,5. — Occultation de 712 BD + 22° (6m,8); immersion à 22» 20m, 2.
- Le 21, occultation de 1549 BD + 20» (7m,0); immersion à 2»18m2. — Occultation de 1734 BD + 19° (7m,2); immersion à 1811 34m,3.
- Le 28, occultation de q Vierge (5m,4) ; émersion à 0» 31™,7.
- Lumière cendrée de la Lune. — A observer du 13 au 16 février. Elle sera très intense les 13 et 14. Employer une jumelle pour cette observation.
- Marées. — Les plus grandes marées du mois se produiront du 10 au 16 février, à l’époque de la nouvelle Lune (le 11) et à la fin du mois, du 24 au 28, au moment de la pleine Lune (le 25). Les marées du milieu du mois seront importantes, atteignant le coefficient 1,03, et même 1,04 le 14 et le 15.
- 1. Toutes les heures figurant dans le présent Bulletin astronomique sont exprimées en temps universel (T. U.), compté de 0» à 24» à partir de 0» (minuit). Le Temps universel est le temps légal en France.
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- ASTKE Date : F év. Lever à Paris. Passage au méridien de Paris. Coucher à Paris. Ascen- sion droite. Déclinai- son. Diamètre apparent. Constellation et étoile voisine. VISIBILITÉ
- ier 71.23» 12“ 4“ 21“ 16“ 46m 20“ 59“ 17“ 8' 32'30",7 Capricorne
- Soleil . . . 6 7 16 12 4 51 16 55 21 19 •— 15 39 32 29,1 Capricorne
- 18 6 56 12 4 45 17 15 22 6 •— 11 40 32 24,6 Verseau
- 28 6 37 12 3 22 17 31 22 44 — 8 1 32 20,2 Verseau
- Mercure . . 6 5 58 10 19 14 40 19 31 — 20 53 7,0 a Sagittaire Le matin, plus grande
- 18 6 5 10 32 15 0 20 31 — 19 52 5,8 Capricorne élongation le 7.
- Vénus . . . 6 8 44 15 59 21 16 0 12 + 2 21 24,4 Verseau Magnifique le soir.
- 18 8 10 14 53 21 35 0 52 + 8 9 28,0 'j Poissons Plus gr. élong. le 5.
- Mars. . . . G 0 51 5 43 10 34 14 56 — 15 9 7,2 y. Balance Seconde partie de la nuit.
- ) 18 0 34 5 17 10 0 15 17 •— 16 51 8,0 y Balance
- Jupiter. . . 6 5 41 9 51 14 1 19 4 22 36 30,6 TC Sagittaire 1 Presque inobservable.
- 18 5 2 9 14 13 26 19 15 — 22 20 31,2 Sagittaire S
- Saturne . . \ 6 8 37 14 15 19 52 23 29 — 5 32 14,4 Verseau ) Le soir, dès l’arrivée de la
- ) 18 7 52 13 32 19 13 23 34 — 4 59 14,2 Verseau i nuit.
- Uranus . . 15 9 21 16 25 23 30 2 16 + 13 8 3,4 u Bélier / Première partie de la nuit.
- Neptune. 15 9 2 1 30 7 59 11 18 + 5 40 2,4 Lion Presque toute la nuit.
- Pour Jupiter et Saturne, le diamètre apparent se rapporte au diamètre polaire.
- III. Planètes. — L e tableau ci-dessus a été dressé à l’aide des éléments publiés par VAnnuaire astronomique Flammarion. 11 contient les renseignements nécessaires, quoique succincts, pour rechercher et observer les principales planètes pendant le mois de février 1937.
- Mercure atteindra sa plus grande élongation du matin Je 7 février, à 16“, à 25° 41' à l’Ouest du Soleil. Il sera donc visible le matin, mais en des conditions assez difficiles en raison •de sa forte déclinaison australe. Voici la phase et la magnitude stellaire de Mercure :
- Date. Phase. Diamètre. Magnitude stellaire.
- Février 5 0,564 7",0 + 0,2
- •— 10 0,653 6",6 + 0,2
- — 15 0,722 6",0 + 0,1
- — 20 0,777 5",8 0,0
- — 25 0,823 5",4 — 0,1
- Vénus brille d’un éclat splendide dès le coucher du Soleil. Elle va atteindre sa plus grande élongation du soir le 5 février, à 3“. à 46° 50' à l’Est du Soleil. On pourra l’observer en plein jour et même la voir à l’œil nu bien avant le coucher du Soleil. Voici la phase et la magnitude stellaire de Vénus :
- Phase. Diamètre. Magnitude stellaire.
- — — —
- 5 0,516 24",2 — 4,0
- 10 0,489 25,"4 — 4,1
- 15 0,460 27",0 — 4,1
- 20 0,429 28"8 — 4,2
- 25 0,396 30",6 — 4,2
- Mars devient de mieux en mieux visible et son diamètre augmente. Il se trouvera en quadrature occidentale avec le Soleil, le 4 février, à 8".
- Voici quelques éléments permettant l’observation physique de Mars :
- Angle Angle Magni-
- de posi- Latitude de posi- tude
- Date tion du Dia- tion de stel-
- (0“ (T. U.). de l’axe. centre. mètre. Phase. la phase. laire.
- Février 2 36°,6 + 15°,1 7",0 0,7 287“,2 + i,o
- — 12 36°,6 + 13»,6 7",6 0,8 285“,7 + 0,8
- 22 36°,2 + 12»,0 8",3 0,8 284“,2 + 0,6
- Au cours de la période de l’opposition actuelle, Mars sera encore bien éloigné de la Terre et au moment même de l’opposition, son diamètre atteindra seulement 18",4. Au cours des oppositions très favorables, il peut atteindre plus de 25 secondes d’arc.
- Jupiter commence à se dégager du rayonnement solaire. Il sera difficilement observable le matin au début du mois.
- On pourra essayer de voir, avec bien du mal, quelques phénomènes du Système des Satellites de cette planète. En voici la liste pour février :
- Février 19, à 611 34m. Satellite I. Commencement du passage de l’ombre.
- Février 19, à 6“ 34m. Satellite III. Fin du passage de l’ombre.
- Février 28, à 5" 44m. Satellite I. Fin du passage sur le disque.
- Saturne se couche de plus en plus tôt et il faut se hâter de l’observer : cette planète sera en effet en conjonction avec le Soleil le 16 du mois prochain.
- Voici les éléments de l’anneau pour le 18 et le 26 février :
- 18 février. 26 février.
- Grand axe extérieur 35",81 35",66
- Petit axe extérieur + 0",10 00 © 1
- Hauteur de la Terre au-dessus du plan de l’anneau + 0“,158 — 0“,293
- Hauteur du Soleil au-dessus du plan de l’anneau — 0°,765 — 0°,284
- Le signe + se rapporte à la face nord de l’anneau, le signe — à la face Sud. En examinant le tableau ci-dessus, on voit qu’entre le 18 et le 26 février, la Terre traversera une nou-
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- velle fois le plan de l’anneau, passant du côté nord de l’anneau au côté sud. Ce phénomène se produira du 20 au 21 février. On devra donc, à partir du 15, suivre cette nouvelle disparition des anneaux de Saturne.
- Uranus est encore bien visible dès l’arrivée de la nuit. Il s’achemine vers sa conjonction avec le Soleil, qui aura lieu fin avril.
- Pour le trouver, on utilisera la petite carte de la figure 1 et une bonne jumelle. Uranus brille de l’éclat d’une étoile de 6e magnitude, et des observateurs doués d’une bonne vue arrivent à le suivre à l’œil nu. Dans une bonne lunette, cette planète présente un petit disque elliptique bleuâtre de 4" de diamètre.
- Neptune est visible presque toute la nuit. Il va arriver en opposition avec le Soleil le 8 mars prochain. Pour le trouver, utiliser la petite carte de son mouvement sur le ciel, parue au n° 2970 du 1er février 1936, sur laquelle on reportera les positions ci-après de cette lointaine planète :
- Date. Ascension droite. Déclinaison. Diamètre apparent.
- — — — —
- F évrier 5 11»19“ + 5°35' 2" 4
- — 15 11 18 + 5 40 9" 4
- — 25 11 17 + 5 47 2",4
- IV. Phénomènes divers. —- Conjonctions :
- Le 3, à 16", Le 8, à 13», Le 9, à 7», Le 13, à 15», Le 14, à 23», Le 15, à 23», (Suivre ce Le 16, à 15», Le 26, à 10“
- Mars en conjonct. avec la Lune, à 4°49' N. Jupiter — — à 1° 59' S.
- Mercure — — à 2° 24' S.
- Saturne — — à 7° 41' S.
- Vénus — — à 2° 56' S.
- Vénus — o Poissons (4m6)., à 0° 3' S.
- beau phénomène les 14, 15 et 16 février). Uranus en conjonct. avec la Lune, à 4° 13' S. Neptune — — à 6° 38' N.
- Temps sidéral. — Voici quelques valeurs du temps sidéral pour 0" (T. U.) pour le méridien de Greenwich.
- Date. Temps sidéral.
- Date. Temps sidéral.
- Février 1 — 6 — 13
- 8“ 43m 8S 9 2 50
- 9 30 26
- Février 18
- — 23
- — 28
- 9“ 50“ 98 10 9 52
- 10 29 35
- Etoiles variables.— Minima d’éclat, visibles à l’œil nu, de l’étoile Algol (8 Persée), variable de 2m,2 à 3m,5 en 2J 20h48m : le 2 février, à 2“ 50“; le 4, à 23» 40“; le 7, à 20» 29“; le 25, à 1» 25“; le 27 à 22» 14“.
- Minima d’éclat de p Lyre, variable de 3“,4 à 4“,3 en 12J,91 : le 5,8 février (5 février vers 19» 12“) et le 18,7 février (18 février, vers 16» 48“).
- Maximum d’éclat de R Verseau, variable de 5“,8 à 10“,8, en 358 jours, le 27 février.
- Etoiles filantes. — Le 16 février, un essaim d’étoiles filantes donne des météores dont le radiant, voisin de a Cocher, a pour coordonnées : Æ —74°; ])=-)- 48° (d’après Y Annuaire du Bureau des Longitudes).
- V. Constellations. — L’aspect de la voûte céleste le 1or février, à 21», ou le 15 février, à 20» est celui-ci :
- Au zénith de Paris, presque exactement, se trouve l’étoile (î du Cocher. Autour du zénith, les Gémeaux; le Taureau; Persée.
- A l’Est : Le Lion; la Vierge; le Bouvier.
- Au Sud : Orion; le Grand Chien (Sirius, l’étoile la plus brillante du ciel) ; le Petit Chien.
- A l’Ouest : Le Bélier; la Baleine; Pégase.
- Au Nord : Le Dragon; le Cygne (Deneh, a de cette constellation, frôle l’horizon.)
- Em. Toucjiet.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- LES ÉPONGES DE VISCOSE
- On sait que les éponges courantes dont nous nous servons proviennent d’animaux inférieurs cœlentérés, qui vivent sur les fonds marins et que Ton pêche principalement sur les côtes de Syrie, de Grèce, d’Algérie et dans l’Adriatique; mais cette pêche se fait si peu judicieusement que la production des éponges s’en trouve compromise et que, malgré l’établissement de parcs d’élevage, il est prudent d’envisager leur remplacement éventuel.
- Dans ce but fort heureusement, l’industrie vient à notre secours; dès maintenant, elle est à même de mettre à notre disposition des éponges d’origine végétale, ayant comme matière première l’abondante pâte à papier obtenue par traitement convenable du bois, amenée à l’état de sirop de xanthate de cellulose, première étape de la préparation de la soie artificielle.
- La caractéristique de la fabrication des nouvelles éponges est de prendre ledit sirop au moment où il est prêt à être filé pour donner la soie viscose, et de le mélanger avec un sel pris à l’état solide, auquel on ne demande que d’être inerte et soluble, autrement dit de « tenir de la place », puis de libérer la cellulose, ainsi que cela a lieu dans la fabrication de la soie artificielle, par immersion dans de l’eau acidulée; le sel inerte se dissout peu après et la cellulose régénérée présente alors toutes les qualités de porosité et d’imbibition qu’ont les éponges ordinaires.
- On se sert habituellement d’un sirop à 10 pour 100 environ de xanthate de cellulose, alcalinisé par un peu de soude caustique, on ajoute environ 10 pour 100 de fibres textiles (coton, lin ou chanvre) finement divisées, qui serviront d’armature, enfin on incorpore le sel soluble, généralement le sulfate de soude (sel de Glauber), cela en volume à peu près égal à celui de la masse cellulosique dont on dispose.
- Après mélange intime, la pâte épaisse est moulée, puis on l’immerge dans le bain coagulant acidulé (acide sulfurique dilué, ou acide organique).
- On peut prendre comme type d’une fabrication de ce genre le mélange de 250 à 300 gr de sirop concentré de xanthate contenant de 7 à 25 gr de cellulose, avec 15 à 25 gr de fibres végétales, coton divisé par exemple; on ajoute de 200 à 250 gr de sel ordinaire ou de sulfate de soude, on moule et chauffe sous pression ou en solution saturée pour stabiliser le mélange, ce qui améliore la liaison et on termine par passage dans un bain d’acide acétique à 10 pour 100 qui est suivi d’un lavage à fond, éliminant les dernières portions salines.
- Après séchage à l’air libre, les éponges se contractent et ne représentent plus que 30 à 40 pour 100 du volume primitif, mais elles sont susceptibles de réabsorber l’eau en grande quantité, puisque Ton estime qu’une éponge sèche de 25 à 30 gr absorbe environ un litre d’eau.
- Pour mémoire, nous rappelons que le sirop de xanthate de cellulose s’obtient facilement en partant de la pâte à papier dite pâte de bois au bisulfite que Ton fait gonfler dans la soude caustique à 17,5 pour 100 ce qui donne l’alcali cellulose CtiH10Os, NaOH qui, traité par le sulfure de carbone donne l’alcali cellulose xanthique.
- OCTDO4
- C6Hl0O5 Na OH + OS2 = CS < + h20
- SNa ^
- Xanthate de cellulose
- C’est ce sirop qui, après maturation convenable, est filé et coagulé en bain acide, soit pour donner la soie artificielle viscose, soit pour entrer dans la fabrication des éponges végétales que nous venons de décrire..
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- PRATIQUE DE LA TELEVISION CATHODIQUE 1
- LES APPAREILS RÉCEPTEURS INDUSTRIELS
- Les récepteurs construits par M. R. Barthélemy, un des pionniers de la télévision en France, permettent:, soit de recevoir uniquement les images, soit, en même temps, les images et leur accompagnement sonore pour les émissions françaises.
- Le récepteur de T. S. F. proprement dit est un appareil simple, superhétérodyne, comportant une lampe octode à changement de fréquence, des lampes pent.odes haute fréquence pour l’amplification moyenne fréquence, une double diode-triode pour la détection et une lampe pentode basse fréquence et amplificatrice, ainsi qu’une valve d’alimentation plaque. La gamme de réception s’étend de 6 à 9 m de longueur d’onde, et la bande passante moyenne fréquence est de l’ordre de 1000 kilocycles (fig. 1).
- Les bobinages sont très aérés et montés sur des isolants de haute qualité; le couplage entre la détectrice et l’amplifi-
- Fig. 2. — Poste récepteur de télévision Emyradio petit modèle. (sans réception radiophonique).
- catrice est obtenu au moyen d’une liaison résistance-capacité.
- Le cadran de réglage a un diamètre de 90 mm et il est gradué en divisions arbitraires de 0 à 100. Le dispositif comporte simplement des boutons de réglage de la sensibilité, de l’intensité lumineuse de l’image, un système de rectification du cadrage latéral et un interrupteur. La manœuvre est ainsi à la portée de tout amateur non technicien.
- L’oscillographe cathodique a un diamètre de 95 mm, et la teinte de l’image est verdâtre. La surface virtuelle de cette dernière est agrandie jusqu’à concurrence de 18 cm de côté environ au moyen d’une simple lentille convexe placée devant l’écran dans le modèle simplifié.
- L’oscillographe fonctionne avec une tension de filament de 4 v et une intensité de 1,5 A. La tension appliquée sur la première anode est de 800 à 1400 v et sur la deuxième de 230 à 400 v (fig. 1, 12 et 3).
- La sensibilité de déviation électrostatique varie pour la
- 1. Suite du n° 2991, p. 575.
- Amplificateur Amplificateur moyenne fréquence base fréquence P.Thyratron ?eThyratron \ Détection I Séparatrice (ligne) (image)
- Oscillation et modulation (changé de fréquence)
- Modulation —
- Plaque de déviation verticales de ligne
- Plaqués de déviation horizontales d'image
- Oscillographe
- cathodique
- Fig. 1. — Princ(pe du montage des récepteurs Emyradio.
- première paire de plaques entre 0,41 et 0,235 mm par volt et pour la deuxième entre 0,44 et 0,25 mm par volt. .
- La haute tension nécessaire à l’alimentation est obtenue au moyen de deux kénotrons avec un circuit de filtrage particulièrement soigné. Les balayages, horizontal et vertical, sont commandés par deux thyratrons.
- La synchronisation est ainsi complètement automatique, tant en fréquence qu’en phase, et obtenue en moins d’une demi-seconde, sans intervention de l’opérateur. Nous avons indiqué précédemment comment on obtient la synchronisation dans le système de M. Barthélemy à l’aide d’un seul signal très court et intense pour déclencher le thyratron de ligne, et la suppression du signal correspondant à la fin de la dernière ligne. L’inventeur a mis au point des dispositifs permettant de compenser le défaut de proportionnalité de déplacement du balayage vertical en fonction du temps et la vitesse plus rapide du spot au commencement de la charge du condensateur, qu’à la fin.
- Le récepteur Radio L. L. est également destiné spécialement à la réception des émissions françaises. Le récepteur d’images proprement dit et le dispositif de balayage sont enfermés dans un petit meuble, à la partie supérieure duquel se trouve un dispositif de redressement et d’agrandissement de l’image.
- Le récepteur de T. S. F. couvre la gamme de 6 à 12 m et il est à réglage unique. Il comporte un étage de changement de fréquence par lampe octode, trois étages moyenne fréquence, un détecteur double-diode, une lampe séparatrice des signaux,
- Fig. 3. — L’intérieur du poste récepteur Emyradio petit modèle.
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- Fig. 4. — Récepteur de télévision Radio L.L. à tube cathodique vertical.
- deux étages d'amplification basse fréquence, amplifiant les signaux de l’image servant à la modulation, et, enfin, une valve qui assure la haute tension d’alimentation (fig. 4).
- La bande passante est; de l’ordre de 1500 kilocycles-sec pour un affaiblissement de 6 décibels, et la partie basse fréquence permet de transmettre avec un affaiblissement inférieur à 6 décibels toutes les fréquences comprises entre 25 et 1 000 000 de per/sec.
- Le système de synchronisation comprend le dispositif à thyratrons habituels, mais le thyratron de ligne est suivi de deux lampes amplificatrices alimentant; les plaques horizontales suivant un montage symétrique dans le but indiqué précédemment. Le thyratron d’image est également suivi de deux lampes amplificatrices, dont chacune alimente les plaques verticales.
- On obtient ainsi un balayage absolument linéaire et on supprime la perte de netteté sur les bords de l’image. L’alimentation des lampes amplificatrices est assurée par une valve biplaque, et celle du tube par une valve monoplaque.
- Les châssis de réception de balayage sont installés côte à côte et disposés sur la paroi verticale avant d’un meuble, en haut duquel sont placés les boutons de mise en route et de réglage, et les cadrans de repère.
- L’oscillographe a un diamètre de 95 mm; il est vertical et sa paroi extrême est disposée au ras de la partie supérieure du meuble.
- Pour redresser l’image horizontale, un miroir incliné â 45° est monté dans la partie inférieure du couvercle. Une loupe d’un grossissement de l’ordre de 2 est fixée sur une pièce de bois qui peut s’incliner et coulisser, de manière à permettre l’escamotage après l’arrêt de l’émission; elle assure ainsi un agrandissement suffisant; dix à quinze spectateurs peuvent suivre la projection.
- Signalons également les travaux de MM. De France et Roger Cahen. En association avec la société Radio-Industrie, ils ont mis au point une série de récepteurs destinés spécialement aux émissions télécinématographiques (fig. 5).
- Leur particularité réside surtout dans l’amplificateur moyenne fréquence, permettant, malgré l’emploi de plusieurs transformateurs accordés, la transmission d’une handc passante très large, sans distorsion. L’image de 24x21 cm est blanche et noire.
- LES APPAREILS D’AMATEURS
- Nous désignons sous ce nom, les récepteurs, étudiés de façon que l’amateur puisse en faire le montage lui-même, après acquisition des pièces détachées construites à cet effet.
- Parmi eux, le modèle « l 'isiodyne Baby », imaginé par M. Chauvière, paraît spécialement bien combiné (fig. G).
- En dehors de l’oscillographe de 95 mm il ne comporte que huit lampes au total.
- Le tube cathodique est alimenté sous tension de 1000 v. L’image est observée à travers une loupe de 16 cm de diamètre, et a ainsi les dimensions d’une carte postale; ce qui est déjà fort bien, si l’on considère la simplicité des moyens employés.
- Le récepteur d’ondes ne comporte, en effet, que quatre lampes : une oclode pour le changement de fréquence, deux pentodes haute fréquence à forte pente spéciales pour amplification moyenne fréquence, et une lampe double diode-triode pour la détection et la séparation des signaux (fig. 7).
- Cet ensemble est complété par deux valves de redressement,
- Fig. 5. — Récepteur de télévision de France.
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- J'une haute tension, l’autre basse tension; la première pour l’alimentation de l’oscillographe, la deuxième pour celle du récepteur d’ondes ; deux thyratrons assurent le balayage de lignes et d’images.
- L’alimentation de tout le récepteur s'effectue à l’aide d’un unique transformateur à neuf secondaires; la source haute tension est commune pour le récepteur proprement dit et pour les bases de temps.
- Malgré le nombre réduit des lampes, et grâce à la très grande pente des pentodes haute fréquence, environ trois fois plus élevée que celle utilisée sur les postes radiophoniques ordinaires, la sensibilité est suffisante.
- L’étage à changement de fréquence est établi suivant le montage dit « Colpits », caractérisé par une double diode-triode jouant simultanément le rôle de deuxième détectrice du récepteur superhétérodyne, d’amplificatrice pourles signaux de l’image de modulation et de déphaseuse des signaux de synchronisme destinés à actionner les thyratrons (fig. 7).
- Comme on le voit sur la photographie, le châssis comporte deux étages; l’étage supérieur est formé par le récepteur radioélectrique proprement dit, et le support de l’oscillographe cathodique avec sa loupe d’observation; l’étage inférieur porte le transformateur d’alimentation, les valves, et les thyratrons (fig. 6).
- Sur le châssis de la base de temps, huit boutons de réglage sont prévus, la plupart d’entre eux correspondent à des potentiomètres que l’on règle une fois pour toutes; ils n’ont pas à être manœuvres en cours de réception.
- Deux de ces potentiomètres servent, l’un au réglage de la concentration du spot luminescent, l’autre au réglage de l’intensité lumineuse. On peut ainsi régler la finesse de la trame et la lumière moyenne de l’image, d’abord avant la réception, puis au cours de l’émission.
- Deux autres potentiomètres servent au centrage de l’image, en faisant varier sa position de haut en bas, ou de droite à gauche, et vice versa.
- Les quatre derniers potentiomètres agissent sur les thyratrons de ligne et les thyratrons de l’image. Ils règlent la largeur et la hauteur de l’image, ainsi que le nombre des lignes, et permettent de réaliser exactement le synchronisme au cours de l’émission.
- Le réglage du récepteur de radiovision proprement dit s’effectue exactement comme pour un récepteur radiophonique; on peut même contrôler son fonctionnement « par le son », en lui ajoutant une lampe de basse fréquence et un haut-parleur.
- La recherche initiale de l’émission s’effectue au moyen du condensateur d’accord et de celui d’hétérodyne; le réglage de l’intensité de réception, à l’aide du potentiomètre déjà indiqué.
- Les réglages de cadrage et de synchronisation sont, en principe effectués une fois pour toutes; il n’y a donc plus en général qu’à rechercher l’émission au moyen de deux condensateurs, et à faire varier l’intensité de la lumière au moyen d’un potentiomètre; on peut seulement de temps en temps revenir sur le réglage de concentration du spot et de la lumière moyenne.
- L’INSTALLATION DU RÉCEPTEUR DE RADIOVISION
- Un récepteur de radiovision s’installe aussi aisément qu’un récepteur radiophonique; quelques précautions seulement sont à observer dans le choix de l’antenne.
- Bien souvent, celle qui sert à la réception radiophonique peut parfaitement convenir, qu’elle soit intérieure ou extérieure. Avant de monter une antenne spéciale, on essayera donc les collecteurs d’ondes ordinaires qu’on peut avoir à sa dispo-
- Fig. 6. •— Le récepteur d’amateur « Visiodune Baby » de M.Cliauvière.
- sition, et, bien entendu, cette antenne ne sera pas accordée ! A petite distance de l’émetteur, il suffit, d’ailleurs, généralement d’une antenne intérieure d’une longueur de l’ordre de
- Fig. 7. — Montage de la délectrice dans le récepteur Chauvière. Au-dessus : forme des courants obtenus aux différents étages.
- Porteuse
- B/anc
- hy ratnon
- /Tube cathodique
- f +HT
- -Pot J
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- 50 micro
- micro farads
- 50 micro
- .microfarads
- Récepteur
- Formes d’antennes pour&ondes très courtes.
- Fig. 8.
- 3 m 50 formée par un simple câble isolé au caoutchouc, dont on accroche l’extrémité libre au mur par un isolateur, et l’autre au récepteur; de même, un simple fil métallique vertical isolé de 3 m 50 à 4 m de hauteur peut parfaitement convenir et, naturellement, la plupart du temps, on n’emploie pas de prise de terre.
- Il y a souvent intérêt à disposer en série dans l’antenne un condensateur d’une capacité de l’ordre de 1/100 000 à 2/100 000 de microfarad.
- Lorsqu’on veut recevoir les émissions à une distance relativement grande, le mieux est de recourir à un dipôle ou doublet avec deux brins horizontaux d’une longueur de l’ordre de 1 m 85, et une descente double à brins parallèles ou transposés distants d’environ 0 m 05, comme le montre la figure 8. La descente d’antenne agira sur le système d’accord par l’intermédiaire d’un bobinage de l’ordre de 1 à 2 spires, en fil de
- Fig. 9. — Stéréophone Lakhowsky pour améliorer l’audition obtenue avec un haut-parleur.
- L’appareil est monté sur un récepteur de T, S. F.
- 16/10, avec deux condensateurs de réglage d’une capacité de l’ordre de 0,05 millièmes de microfarad.
- Un dispositif encore plus simple est constitué par un brin vertical d’une hauteur de l’ordre de 4 m, avec une descente double ou un conducteur spécial blindé aussi court que possible. Entre l’antenne et le conducteur, est alors intercalé un petit condensateur fixe; le système peut être complété par un contrepoids qu’on réalise en Allemagne, par exemple, par un cercle de 3 m de rayon, en fer, relié au blindage de la descente, ce qui diminue l’influence des parasites industriels.
- LES DÉFAUTS DE LA RÉCEPTION
- Les défauts que l’on peut constater dans l’image reçue proviennent, soit de perturbations extérieures à l’appareil, soit de particularités défectueuses du montage, ou d’un réglage mal étudié.
- Il y a, tout d’abord, comme nous l’avons indiqué, les variations de concentration du spot sur les bords de l’image; celle-ci ne présente donc pas le même aspect sur les bords et au centre. On peut avoir aussi des déformations, se traduisant par un changement de la forme générale de l’image (distorsion trapézoïdale) ou par un manque de symétrie. Ces défauts sont dus, comme nous l’avons déjà expliqué, aux défectuosités du système de balayage; le seul remède est de recourir à un montage plus perfectionné; de même, il peut se produire des retours du spot luminescent à sa position initiale, à travers l’image, et sous une forme tellement visible qu’elle est très gênante; c’est là aussi un défaut du montage.
- On constatera souvent une image beaucoup trop grise et qui manque de contrastes; la cause en est à l’insuffisance de sensibilité du récepteur; on peut, en effet, faire varier l’éclairement moyen, mais il est plus difficile de faire varier le contraste; il faut améliorer la sensibilité par un meilleur réglage de l’amplification moyenne fréquence, ou changer le collecteur d’ondes utilisé.
- Par contre, si le contraste est trop intense, il est plus facile de réduire l’inténsité à l’aide du potentiomètre de réglage.
- Le manque de détails est dû à une coupure de la bande de transmission du côté des fréquences aiguës, on y remédie par un réglage des étages moyenne fréquence.
- Les parasites se traduisent par des taches lumineuses sur la projection; ils peuvent même arriver à « décrocher » le système de synchronisation pendant un temps plus ou moins long; sur ces longueurs d’onde, d’ailleurs, ce sont des parasites un peu spéciaux tels que ceux produits par les bougies d’allumage des automobiles qui sont surtout à craindre.
- Les interférences dues au secteur ou à des signaux de télégraphie, font apparaître des lignes verticales sur l’écran; on peut essayer d’y remédier par un blindage plus soigné.
- Un filtrage insuffisant cause une déformation sinusoïdale sur les bords de l’image; dans ce cas, en effet, la variation de tension sur l’anode provoque des variations de sensibilité du tube.
- Les défauts du thyratron d’image ou de lignes peuvent provoquer une répartition inégale des lignes de balayage.
- L’accentuation des hautes fréquences dans le récepteur détermine, au contraire, une sorte d’effet « plastique », de contour double des éléments de l’image, cela est dû à un mauvais réglage des circuits d’accord ou de l’hétérodyne.
- De même un réglage défectueux de la fréquence d’hétérodyne locale crée un aspect très particulier de l’image.
- Le cadrage est automatique, mais, si la fréquence de lignes n’est pas bien réglée, si elle est, par exemple., égale à la moitié de celle émise, on obtient deux images sur l’écran; c’est là, du reste, un défaut très rare.
- P. IIémardinquer.
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- LIVRES NOUVEAUX
- Couche double. Électrocapillarité. Surtension, par
- A. Froumkine, 1 broch. 30 p., 14 flg. Hermann et Cle, Paris,
- 1936. Prix : 10 fr.
- Le savant russe montre dans cette conférence que l’étude des problèmes concernant la couche double et les phénomènes électrocapillaires peut trouver en électrochimie d’intéressantes applications, notamment en ce qui concerne les réactions aux électrodes.
- Annuaire de la houille blanche française et des forces naturelles mondiales pour 1936=1937, 1 vol. 154 p. En vente : 112, bd Rochechouart, Paris. Prix : 30 fr.
- Outre ses 300 notices industrielles, ses renseignements administratifs, les cartes des grands réseaux électriques et le tableau des concessions accordées d’octobre 1935 à octobre 1936, cette édition comporte les études suivantes :
- L’irrigation et la conquête du Niger, par M. Jules Brevie, ancien gouverneur général de l’Afrique Occidentale Française; les entreprises de production, de transport et de distribution de l’énergie électrique en 1935 par M. G. Tochon ; les réseaux de transport d'énergie en France, par M. Marcel Clément; les progrès de l’électrochimie et de l’électro-métallurgie par M. G. Flusin; les décrets-lois de 1935 concernant l’électricité, par M. Lucien Chalmey; le laboratoire hydroélectrique marin de Biarritz, par M. Paul Grasset; l’électrification du Japon par le Gouvernement du Japon, etc.
- Séchage des produits hygroscopiques. Adsorption de la vapeur d’eau, par Édouard Ledoux. 1 vol. in-8, 93 p., 51 flg. Béranger, Paris, 1937. Prix : 32 fr.
- Les matières hygroscopiques sont difficiles à sécher. Cela est dû à leur affinité pour la vapeur d’eau qui s’y fixe par adsorption; leur désorption dépend de la température et de l’humidité du milieu et aussi, quand un déséquilibre est produit, de la vitesse d’homogénéisation du produit. Tout le problème du séchage industriel est conditionné par ces trois facteurs que l’auteur analyse, puis combine pour aboutir aux abaques essentielles de tout chauffage industriel.
- Agenda Béranger 1937, 1 vol. in-16, 384 p. Béranger, Paris,
- 1937. Prix : relié, 18 fr.
- Agenda et formulaire, on y trouve sous un petit volume les renseignements essentiels sur les postes, les poids et mesures, les calculs bancaires, les formules mathématiques, les travaux publics, le bâtiment, la mécanique, la thermodynamique, l’électricité, et pour la première fois cette année un chapitre sur les combustibles liquides. C’est un précieux aide-mémoire.
- Brkennen, Nachweis und Kultur der holzverfârbenden und hotzzersetzenden Pilze, par Werner Bavendamm. 1 vol. in-8, 208 p., 47 flg. Lieferung 457. Handbuch der biolo-gischen Arbeitsmethoden d’ABDERHALDEN. Urban und Schwar-zenberg, Berlin et Vienne, 1936. Prix : 11,50 R. mark.
- Le manuel des méthodes techniques de biologie, dirigé par le Prof. Abderhalden, est un monument de la science allemande, qui en est à sa 457° livraison. C’est la somme de toute la documentation, de toutes les techniques rassemblées jusqu’à ce jour. Le dernier fascicule paru est consacré aux champignons destructeurs des bois. Il commence par des tableaux de reconnaissance et de détermination des nombreuses espèces, suivis de l’étude des caractères des bois attaqués : couleur, odeur, sonorité, densité, hygroscopicité, résistance mécanique, phosphorescence (cas de l'Armillaria mellea). Viennent ensuite les caractères microscopiques des mycéliums et une longue étude des méthodes de culture, des facteurs de croissance (température, pH, aération, lumière, etc.), et enfin les indices microscopiques de l’infection. Une bibliographie très abondante et fort complète termine l’ouvrage.
- Der experimentelle Nachweis der Beziehungen zwischen Wasserverbrauch und Ernâhrung bei Qetreide, par
- Arland. 1 vol. in-8, 125 p., 5 flg. Paul Parcy, Berlin, 1936. Prix : 5 R. mark.
- Après de très nombreuses expériences sur les rapports entre le développement des céréales et leur consommation d’eau, l’auteur a pu grouper en tableaux les données sur la nutrition azotée et potassique des plantes à différents âges. De ces mesures très précises se dégage la nqtion que la croissance des plantes augmente quand leur transpiration diminue. Cela explique les divergences constatées sur l’effet des engrais, dont une partie peut ne pas être utilisable pour la plante; cela intervient dans la production et la force de la paille, etc. Ces données présentent donc un très grand intérêt agronomique.
- Élevage et maladies du chien, par R. Moussu. 3» édition.
- 1 vol. in-16, 264 p., 34 flg. Librairie Agricole de la Maison Rustique, Paris, 1936. Prix : 15 fr.
- L’auteur, chef de clinique de l’École d’Alfort, a une compétence, une expérience qui ont fait le succès de ce livre très clair et simple. Celui-ci débute par un chapitre d’hygiène sur la reproduction et l’élevage, puis les diverses maladies sont groupées par appareils : locomoteur, digestif, respiratoire, etc. Chaque syndrome est nettement décrit et suivi des indications de traitement. Les maladies infectieuses et notamment la maladie du jeune âge, sont groupées dans un dernier chapitre. Tous ceux qui ont des chiens et les aiment, voudront posséder ce livre pour le consulter fréquemment.
- La vie des noirs d’Afrique, par André Demaison. l vol. in-8, 131 p., flg. Collection : « La Joie de connaître ». Bourrelier, Paris, 1936.
- L’auteur a longuement vécu parmi les noirs d’Afrique; il les connaît bien et a déjà témoigné de sa sympathie pour eux. Dans cette collection pour la jeunesse, il explique leur vie privée, leurs moyens d’existence, leur vie sociale, avec une rare compréhension et tout le charme d’une belle langue, en illustrant ses dires d’observations, d’anecdotes personnelles qui donnent un grand charme à ses récits.
- L’appel de l’Afrique. Séjour et méditations parmi les éléphants et les montagnes du Kenya, par Vivienne de Watteville. 1 vol. in-8, 335 p., 2 cartes, 10 flg. hors texte. Bibliothèque géographique. Payot, Paris, 1936. Prix : 25 fr.
- L’auteur, fille d’un explorateur de l’Afrique qui fut tué par un lion dans le Kenya, au cours d’une expédition à laquelle elle participait, est retournée seule dans cette région, et accompagnée de deux jeunes porteurs indigènes, elle a vécu près d’une année à observer la faune et la flore. Elle a rapporté de son séjour parmi les éléphants, les rhinocéros, les zèbres, les cobs, et de ses ascensions dans les extraordinaires montagnes du Kenya, un livre remarquable.
- Femme, douce, patiente, elle a osé approcher les fauves, elle les a vus vivre en liberté; pour un peu, elle jouerait avec eux. Et elle conte avec fraîcheur et simplicité sa vie dans la montagne, ses rencontres avec les animaux les plus sauvages et avec les indigènes.
- Géographie de l'Europe, par Raoul Blanchard. 1 vol. in-8, 483 p., 36 flg., 17 pl. Félix Alcan, Paris, 1936. Prix : 50 fr.
- Professeur à l’Université de Grenoble et à l’Université d’Harvard, l’auteur est un de nos meilleurs géographes, à qui l’on doit d’excellentes études sur les Alpes. Chaque année il peut juger l’Europe telle qu’on la voit de l’Amérique et cela lui fournit une vue d’ensemble plus distante et plus globale qu’il a remarquablement rendue dans cet ouvrage de synthèse. La première partie définit les facteurs physiques : montagnes et plaines, mers et côtes, climats, rivières, végétation, peuplement. La deuxième est une monographie des différents Etats groupés par régions; chacune débute par un tableau physique, suivi de considérations sur les productions, l’économie, le gouvernement, les avantages et les difficultés actuels. La troisième partie traite des traits économiques et humains : les populations, les ressources, les dépendances et colonies, pour finir par un tableau magistral de ce qui unit et de ce qui divise l’Europe. On n’avait pas encore d’étude aussi nourrie et aussi large, tenant compte de tous les facteurs et de toutes les tendances, même les plus récentes. C’est un livre de chevet, à lire, à consulter maintes fois et à méditer.
- La civilisation du renne, par André Leroi-Gourhan. l vol. in-8, 178 p., 26 flg., 32 pl. Gallimard, Paris, 1936. Prix : 30 fr.
- Ce livre de M. Leroi-Gourhan, d’une lecture facile, témoigne de conceptions nouvelles en anthropogéographie : il traite, en effet, simultanément des questions de préhistoire et des thèmes qui ont trait aux populations actuelles. M. Leroi-Gourhan voit, dans la « civilisation du renne », un processus de culture humaine, qui, marqué d’une unité profonde, revêt néanmoins trois aspects : 1° la première culture du renne caractéristique des Esquimoïdes d’Europe, chasseurs d’âge paléolithique; 2° la seconde culture du renne (culture de Thule), encore dominée par la chasse, mais demeurée d’essence nord-américaine jusqu’à nos jours; 3° la troisième culture du renne, marquée par la domestication moderne de cet animal chez les Paléoarctiques eurasiafiques (Lapons, Toungouses, Tchoutches). L’intime liaison, dans le temps et dans l’espace, de ces trois stades de civilisation est pour la première fois bien mis en évidence : elle permet à l’auteur de proposer des interprétations fort intéressantes de nombreuses données recueillies par les préhistoriens. Les spécialistes seront fort intéressés par la lecture de cet ouvrage.
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- NOTES ET INFORMATIONS
- NÉCROLOGIE Gustave Binger.
- Gustave Binger, l’un des principaux créateurs de notre empire africain, vient de mourir dans sa 81e année.
- Sa carrière a été éloquemment résumée par M. J. Tilho dans l’éloge qu’il a prononcé à l’Académie des Sciences, le 30 novembre 1936 et dont nous extrayons les lignes qui suivent :
- « Cet Alsacien, né à Strasbourg le 14 octobre 1856, avait quitté sa chère Alsace, devenue allemande, pour consacrer sa vie à la France : nul ne l’a mieux servie, comme soldat, explorateur, administrateur et diplomate; il est l’un des pionniers à qui notre pays est redevable de la création de son empire africain au sud du Sahara.
- En pleine jeunesse, la gloire l’avait marqué pour l’immortalité, lorsqu’au printemps de 1889, il rentra de cette mémorable expédition à travers les territoires inconnus de la boucle du Niger, qui l’égala aux plus fameux explorateurs du continent noir, Caillié, Denham, Barth et Nachtigal...
- Parti du Sénégal au début de 1887, le lieutenant d’infanterie de marine Binger s’était, en elïet, aventuré, en simple commerçant, à travers les Etats ravagés par la famine et surtout par les guerres incessantes des potentats nègres Samory et Tiéba. Seul Européen, sans escorte, il transportait, sur une vingtaine de bourricots conduits par neuf indigènes, des échantillons de marchandises françaises susceptibles de plaire aux populations soudanaises; pour tout armement défensif, il avait deux fusils Gras, un fusil de chasse, et quatre vieux pistolets à pierre. Son sang-froid, son courage, sa persévérance et surtout son inaltérable bonté lui firent surmonter toutes les épreuves et lui permirent de faire connaître, respecter et apprécier la France par tous les chefs et toutes les tribus avec lesquels il fut en contact.
- Son programme politique et économique était d’assurer une liaison terrestre continue entre nos derniers postes du Haut-Niger et nos modestes établissements d’Assinie et de Grand Bassam, sur les rives inhospitalières du Golfe de Guinée. Son programme géographique était de remplir les blancs de la carte d’Afrique dans la mystérieuse boucle du Niger et dans les forêts qui séparent son bassin de ce que l’on appelait alors les Rivières du Sud.
- Au prix de quels efforts et de quelles tribulations il parvint à les réaliser, il l’a conté avec la plus charmante bonhomie et la plus grande modestie dans son livre, couronné par l’Académie française, Du Niger au Golfe de Guinée, par le pays de Kong et le Mossi.
- A son retour en France, il fut accueilli par une explosion d’enthousiasme que justifiaient amplement les résultats de son expédition. Par des traités de commerce et d’amitié, il avait réussi à placer sous l’influence française les multiples Etats indépendants, grands et petits, qui s’échelonnaient le long de ses itinéraires, préparant notre emprise sur un vaste domaine, de façon à réduire à de simples enclaves les possessions anglaises du Golfe de Guinée.
- Il rapportait de précieux renseignements sur la densité de leur population, leurs ressources agricoles et industrielles, les grandes voies des caravanes, les principaux centres commerciaux, la navigabilité des cours d’eau.
- Au point de vue géographique, il apportait une carte générale, construite à l’aide de 50 000 km de levés par renseignements, soigneusement recoupés et contrôlés, s’appuyant sur 4000 km d’itinéraires topographiques méthodiquement levés et solidement étayés par 18 positions astronomiques. Cette carte permettait désormais de délimiter correctement les divers bassins hydrographiques, et donnait ainsi une première phy-
- sionomie ressemblante de l’ensemble de ces vastes régions.
- Deux ans plus tard, à l’occasion de la délimitation des frontières entre la Côte d’ivoire et la Côte de l’ür anglaise, Binger, au cours d’une nouvelle exploration revenait à Kong, ayant largement étendu au Sud de cette cité le cercle de ses découvertes géographiques.
- En 1893, le gouvernement lui confiait le soin de constituer en colonie autonome l’ensemble des territoires qu’il avait donnés à la France : ainsi naquit notre colonie de la Côte d’ivoire, une des plus prospères de notre empire africain, dont il fut le créateur, l’organisateur, et le premier gouverneur.
- A partir de 1896, Binger fut appelé à exercer, au ministère des Colonies, les hautes fonctions de directeur des Affaires d’Afrique. Dans ce poste important, qu’il occupa sans interruption jusqu’en 1907, sa grande expérience des hommes et des choses du continent noir lui conférait auprès des ministres une autorité morale indiscutée. 11 fut l’inspirateur de toute notre politique africaine et l’actif organisateur des missions d’exploration qui eurent à réaliser, à l’intérieur du continent, la jonction des hinterlands de nos colonies échelonnées le long des côtes de l’Atlantique : Sénégal, Guinée, Côte d’ivoire, Dahomey, Gabon et Congo français, ce qui permit de les grouper, au début du siècle, en deux gouvernements généraux, et d’entreprendre les grands travaux destinés à accélérer leur mise en valeur.
- Mais le rôle de Binger ne se borna point à cette grande œuvre de l’organisation politique et économique de l’Afrique française. Il prit une part prépondérante à l’élaboration des traités qui devaient mettre fin aux rivalités africaines entre la France et l’Angleterre, et préparer l’Entente cordiale...
- Entre temps il publiait deux importantes études géographiques; l’une, consacrée à la priorité des découvertes maritimes sur la côte occidentale d’Afrique, au xive et au xv° siècle, témoignait de l’ampleur de son érudition; l’autre, traitant des questions islamiques, montrait les possibilités et les avantages de l’utilisation des grandes confréries musulmanes pour la pacification et le développement de nos possessions africaines.
- En 1907, nommé gouverneur général honoraire, il quittait prématurément le service actif afin de se consacrer à l’éducation de ses enfants et s’adonner à l’agriculture pour laquelle il avait toujours eu une prédilection très marquée. Mais il n’en oubliait pas pour cela l’Afrique.
- En 1928, il retournait en Côte d’ivoire dont il admirait les remarquables transformations, en parcourant avec Mme Binger en chemin de fer et en automobile les contrées qu’il avait eu la gloire de faire connaître au monde civilisé. En 1934, étant au nombre des délégués chargés de représenter le gouvernement à l’inauguration des statues des généraux Borgnis-Desbordes et Archinard, il en profitait pour effectuer la traversée du Sahara en automobile. »
- G. Binger était correspondant de l’Académie des Sciences pour la section de géographie et de navigation.
- MÉTÉOROLOGIE La météorologie du pilote.
- Il vient de paraître sous ce titre, un ouvrage j1) qui mérite beaucoup mieux qu’une brève notice bibliographique; il comble, en effet, une lacune grave dans la bibliothèque de l’aviation française; son objet est de fournir aux pilotes un ouvrage pratique où chaque paragraphe soit conçu pour faciliter leur travail, pour éviter les accidents, sans digression qui puisse disperser leur attention. Les auteurs sont d’ailleurs
- 1. Manuel de météorologie du pilote, par G. Dedebant et A. Viaut.
- 1 vol. 208 p., 90 fig., 25 planches, 2 cartes hors texte. E. Blondel-La Rougery, Paris, 1936.
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- particulièrement qualifiés à la fois par leurs connaissances théoriques et par leur expérience pratique. M. Dedebant est chef du service scientifique de l’Office national météorologique; M. Viaut, chef de la section des prévisions, tous deux sont quotidiennement en rapport dans leur service et dans leur enseignement avec les pilotes de toute espèce depuis les élèves préparant le brevet d’indicateur aérien jusqu’aux plus illustres champions, en passant par les pilotes des lignes commerciales. L'un des champions célèbres de l’aviation française, le capitaine Rossi et M. Welirlé, directeur de l’O. N. M., ont préfacé l’ouvrage et dit tout le bien qu’ils en pensaient.
- L’ouvrage comporte quatre chapitres principaux et des annexes. Ils sont consacrés le premier à l’atmosphère, le deuxième aux nuages, le troisième aux vents, le quatrième à la prévision du temps et à la protection de la navigation aérienne. Dans chacun des chapitres, le souci de l’aviation domine toujours ; dans l’étude de l’atmosphère, on passe successivement en revue la pression, la température et l’humidité; on a soin de consacrer un chapitre aux altimètres, à leur étalonnage et à leurs erreurs. Les sondages si importants pour l’aviation sont décrits en détail, y compris leurs formes les plus modernes comme le radio-sonde de M. Bureau.
- Le chapitre consacré aux nuages représente à lui seul plus du quart de l’ouvrage; les conceptions les plus modernes, comme celle des systèmes nuageux y sont exposées dans leur rapport avec l’aviation. Deux paragraphes décrivent avec précision les météores dangereux pour l’aviation et donnent «les conseils pour les vols à travers les différents types de nuages, au-dessous ou au-dessus d’eux.
- Le troisième chapitre, qui est consacré aux vents, s’étend d’une manière intéressante sur la structure fine du vent, c’est-à-dire sur les phénomènes de turbulence qui agissent d’une manière très importante sur le pilotage et qui jouent également un grand rôle dans le vol à voile.
- Il se termine par une étude pratique des vents locaux et régionaux : mistral, fœhn, tramontane, autan.
- Le chapitre IV et dernier est intitulé : « La prévision du temps et la protection de la navigation aérienne »; il donne eu une cinquantaine de pages, des notions d’un caractère à la fois pratique et scientifique sur la lecture des cartes synoptiques que les aviateurs peuvent recevoir et sur les méthodes de prévision des temps modernes : courants de perturbation, isallobares, noyaux de variations, méthodes norvégiennes; le tout est éclairé par des cartes se rapportant à des cas réels. Citons la phrase suivante (page 174), qui est à méditer :
- « Si donc une instruction météorologique est indispensable à l’aviateur, ce n’est pas pour qu’il fasse lui-même sa prévision, c’est pour un tout autre but : lui permettre de comprendre et d’interpréter les renseignements qui lui sont donnés par les météorologistes, lui apprendre à reconnaître et à éviter les dangers de l’atmosphère, le mettre à même de prendre, en connaissance de cause, les décisions qui s’imposent pour assurer la sécurité et la régularité de sa navigation.)
- Le dernier paragraphe met au point, d’une manière aussi précise que possible, les rôles respectifs du météorologiste et du pilote dans la préparation météorologique d’un voyage et la manière dont le pilote doit procéder et aussi dont il ne doit pas procéder avant de s’envoler; nous conclurons comme les auteurs :
- « Qu’on se dise que chaque fois que la protection météorologique a pu s’exercer dans des conditions matérielles satisfaisantes, elle a presque toujours été couronnée d’un succès complet. »
- L’ouvrage est complété par un certain nombre d’annexes offrant un caractère pratique; ce sont des fac-similés, des documents qui sont remis aux pilotes et des listes des stations météorologiques auxquelles ils peuvent s’adresser.
- RADIOPHONIE
- Les projets de la radiodiffusion française pour 1937.
- M. Jardillier, ministre des P. T. T., a communiqué récemment à la presse les projets mis à l’étude par ses services pour 1937 et 1938.
- Le projet de construction d’un grand poste colonial dans le centre de la France, est désormais abandonné. Ce poste, destiné spécialement à transmettre sur des longueurs d’ondes courtes, serait simplement transféré aux Essarts-le-Roi, solution qui aurait l’avantage de rendre plus facile la liaison avec les studios de la capitale. En même temps, on continuerait les travaux d’installation du grand Poste national près de Bourges. On nous promet la mise en fonctionnement de cette dernière station, vers la fin de l’année; quant au poste colonial, il ne semble pas que l’on puisse espérer son entrée en service avant le milieu ou la fin de 1937.
- Il n’est plus question, pour le moment, de créer une véritable Maison de la Radio à l’occasion de l’Exposition de 1937. Il y aura seulement à cette exposition, un Pavillon de la Radio, dont nous avons décrit les caractéristiques et qui contiendra, en particulier, un très grand studio. On songera plus tard à l’installation d’un véritable centre radiophonique à Paris, ainsi qu’à l’organisation de centres régionaux.
- Les radiotransmissions théâtrales seront améliorées et, en particulier, la salle de l’Opéra sera dotée d’un nouvel équipement microphonique. Les services de radio-reportage seront également perfectionnés, grâce à l’installation de cars plus nombreux et de postes mobiles à ondes ultra-courtes permettant une liaison plus souple entre le radio-reporter et la station de retransmission.
- Pour rendre plus aisées les rediffusions et les liaisons entre les stations, de nouveaux câbles spéciaux seront établis, en particulier entre Paris-Bordeaux-Toulouse et Paris-Calais. Ces câbles du type concentrique permettront la transmission de fréquences élevées, et même de courants porteurs de télévision.
- Les villes de province seront munies d’installations de diffusion publique avec haut-parleurs de grande puissance, sans doute pour développer l’usage politique de la radiophonie.
- Pour la même raison, le centre d’enregistrement de la rue François-Ier à Paris, destiné surtout à l’enregistrement des discours, sera encore agrandi. Le centre d’écoute sera modifié, et il lui sera adjoint un office de contrôle technique et de mesure, destiné à vérifier la qualité et la stabilité des émissions nationales.
- Malgré l’opposition de la majorité des constructeurs de matériel radio-électrique français, le ministre semble décidé à faire entreprendre des essais publics de télédiffusion, consistant à transmettre des radio-concerts à l’intention des abonnés au téléphone, qui auront souscrit un abonnement spécial.
- Les émissions de télévision, elles-mêmes, seraient améliorées. Après quelques mois d’essais entrepris par l’Administration avec le concours de différents constructeurs agréés par elle, le procédé ayant donné les meilleurs résultats serait définitivement adopté. Suivant les vœux de la majorité des techniciens, les sons accompagnant les images seraient, d’ailleurs, transmis, non plus sur ondes moyennes ou courtes, mais également sur ondes ultra-courtes, ce qui permettrait une simplification des récepteurs.
- En ce qui concerne les radio-programmes enfin, les émissions destinées à l’enseignement seraient plus nombreuses et plus spécialisées, mais diffusées à des heures qui ne gêneraient pas l’auditeur moyen. Les radio-programmes des différents postes émetteurs seraient, d’ailleurs, beaucoup plus spécialisés, et une part plus grande serait réservée à la musique, au théâtre lyrique et au théâtre dramatique, en tenant beaucoup moins compte de la prépondérance des théâtres subventionnés. P. H.
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- INVENTIONS ET NOUVEAUTÉS
- Fig. ]. — Lunettes invisibles.
- OPTIQUE Lunettes invisibles.
- D’Amérique nous vint après la guerre la mode de ces énormes lunettes à large monture d’écaille, et qui donnent à la physionomie une apparence si particulière. Est-ce d’Amérique encore que nous viendra la mode inverse : celle des lunettes invisibles ? Grâce aux perfectionnements dans le travail des surfaces concaves en verre, il est en effet possible de tailler maintenant des lentilles que l’on peut appliquer directement au contact de l’œil avec une précision de l'ordre de 5 centièmes de millimètre. Ces lentilles qui n’ont que 5 à 6 mm de diamètre, de façon à recouvrir juste la pupille, sont montées sur une cupule en verre que l’on ajuste par retouches successives jusqu’à ce qu’elle épouse les irrégularités de forme de l’œil. En soulevant les paupières on introduit la cupule entre les paupières et l’œil. Celui-ci, paraît-il, supporte très bien ce corps étranger. Ces lentilles permettent de corriger radicalement les défauts d’astigmatismes dus à l’irrégularité de la forme de la cornée; elles sont si petites qu’elles sont pratiquement invisibles lorsqu’on les porte; elles ne se couvrent jamais de buée et ne donnent pas d’images par réflexion, si dangereuses pour la conduite des automobiles ; on peut les porter commodément dans la pratique de sports dans lesquels les lunettes ordinaires étaient proscrites : natation, ski, polo, etc.... Plus de 3000 personnes en Amérique se servent régulièrement de ces lentilles et peut-être un jour prochain, pourvu qu’une célébrité quelconque de la mode ou du cinéma en porte, les verrons-nous s’implanter aussi en F rance.
- DESSIN
- L’appareil à dessiner « Reflex ».
- Une des principales difficultés du dessin est la mise en place sur le papier. On a donc imaginé divers systèmes optiques, de glaces ou de lentilles, qui permettent de voir l’image de
- Fig. 2. — L’appareil à dessiner « Reflex ».
- l’objet, de la ligure, du paysage qu’on veut reproduire. Peu à peu, ces viseurs se sont perfectionnés et sont devenus moins encombrants. Aujourd’hui ils se réduisent à une tige fixée au bord de la table, supportant l’appareil à dessiner. Ce dernier doit être aussi peu encombrant et aussi souple que possible, et cependant il doit permettre les agrandissements, les réductions, les réglages des éclairages du modèle et du papier.
- L’appareil « Reflex » paraît une des plus heureuses solutions auxquelles on peut aboutir. 11 se compose d’une tête métallique réglable A qui renferme un prisme à réflexion triangulaire, argenté et très lumineux B (son angle de visée est double : 90° au lieu de 45°, ce qui permet de dessiner en très grandes surfaces, depuis les premiers plans jusqu’à l’horizon).
- La tête est fixée sur une tige C par un bouton D; une gorge E y est pratiquée dans laquelle on place au choix une lentille F qui est maintenue en toute inclinaison par deux ressorts G et H; une plaque teintée I interchangeable, se glisse à volonté sous les deux ressorts qui maintiennent la lentille.
- L’appareil se fixe par une vis de blocage, sur un support métallique très solide et réglable, pouvant être haussé jusqu’à 55 cm au-dessus du papier.
- La plaque teintée transparente 1 est prévue en six degrés différents qui forment écrans de luminosité; chacune se glisse en face du prisme clair en le rendant ainsi plus ou moins sombre, ee qui permet d’obtenir et d’apercevoir dans le prisme le sujet placé devant l’appareil, avec la même clarté que le papier sur lequel on dessine. En supprimant ainsi toute différence d’éclairage entre sujet et papier, on obtient une bonne visibilité du crayon.
- Pour dessiner un objet à sa grandeur, il suffit de disposer le prisme à égale distance du sujet et du papier où Ton veut le reproduire. Pour agrandir ou réduire, on fait varier les distances au prisme de l’objet et de son image. Un jeu de dix lentilles F à foyers différents sert à la mise au point, en supprimant la parallaxe, selon les agrandissements ou les réductions désirés; par elles, l’image du sujet sur le papier reste fixe quels que soient les déplacements de l’œil.
- L’appareil à dessiner « Reflex » est donc l’accessoire indispensable à tous ceux qui dessinent, amateurs comme professionnels.
- Constructeurs : Fuchs-Lirnberger, Thann (Haut-Rhin).
- MÉCANIQUE L’ auto=moteur.
- Un mécanicien de Troyes vient de construire un appareil intéressant et économique, permettant de faire marcher n’importe quelle machine avec n’importe quelle auto.
- L’auto sert de moteur par ses roues; son prix est de 1000 à 1500 fr.
- Il est combiné pour être actionné par les deux roues arrière d’une voiture de tourisme de 6 à 20 ch : camionnette, camion, etc., peu importe le diamètre des pneus.
- On fait reculer l’auto sur un plan incliné mobile jusqu’à ce que les deux pneus arrière tombent entre les deux arbres. En mettant l’auto en marche, en lre, 2e ou 3e vitesse, on obtient des vitesses différentes qui actionnent les arbres ou poulies de transmission par le frottement des pneus.
- Il est ainsi possible de commander une pompe à incendie, une pompe élévatrice, une scie, une batteuse, un coupe-racines.
- Cet appareil est d’une construction robuste et d’un emploi facile; il se compose d’un bâti de deux fers à U reliés ensemble par deux tubes pour obtenir une rigidité parfaite; quatre cous-
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- sinets à roulement à billes supportent deux arbres de transmission. Ces deux arbres, d’un écartement bien étudié, transmettent la force par poulies ou couplage direct; les deux roues d’une automobile, par simples frictions que leur impulsent les pneus, mettent les poulies et l’appareil en marche.
- Cet appareil ne pèse que 70 à 80 kg. et n’a comme encombrement que 160 X 80 X 20 cm.
- Constructeur : M. Schmodl, boulevard Jules-Guesde, Troyes.
- OBJETS UTILES Lettres ou factures adresses.
- Les chercheurs ont bien souvent tenté de simplifier le travail des commerçants et industriels qui ont beaucoup de lettres à envoyer, d’adresses à mettre sur les enveloppes. Les enveloppes à fenêtre transparente rapportée résolvaient le problème, mais elles ont été supprimées pour leur peu de solidité. On a alors vu paraître des enveloppes avec une fenêtre vitrifiée rendue translucide au moyen d’un vernis spécial.
- La pose et le séchage lent de ce vernis ont l’inconvénient
- Fig. 3. — L’auto-moteur installé pour actionner une pompe.
- d’être coûteux. Il rend le papier cassant et il s’abîme après quelques années.
- On a ensuite réalisé une enveloppe avec une ou deux parties rendues, translucides, grâce à un produit gras qui n’est pas du vernis, sèche vite, n’est pas cassant et qui a l’avantage d’être bien meilleur marché que les enveloppes vitrifiées au vernis.
- La « Miralettre », la « Lettre enveloppe » avec une fenêtre vitrifiée permettent d’envoyer des lettres et factures sans enveloppes, laissant paraître par transparence l’adresse qui est au verso, mais ces modèles sont encore assez coûteux.
- Autrefois on envoyait les lettres sans enveloppes, scellées avec un pain à cacheter mais on était obligé d’écrire l’adresse au verso. '
- I^a « lettre adresse » qui vient d’être imaginée résout le problème : l’adresse de l’expéditeur imprimée sur la tête de lettre ou facture et l’adresse du destinataire qui existent au recto sont visibles par la manière de plier la lettre ou facture en 4, en 6 ou en 8. On économise ainsi l’enveloppe vitrifiée et son impression. Les adresses étant visibles, la partie occupée
- IMPRIMERIE
- Nouvelle
- NOUVILLIÈRE
- a.QuüüQüctf,v
- SAINTILLE5 (AUDE1)
- n ;'k nouuivmSit
- Fig. 6.
- La lettre-adresse.
- par la correspondance est cachée par le pliage en 6 ou 8. L’adresse du destinataire est toujours dans le sens le plus large imposé par les P. T. T.
- Après ouverture, les timbres et cachets de la poste apparaissent dans l’angle supérieur droit, donnant une date et une authentification de départ et d’arrivée.
- La fermeture des lettres se fait par deux pattes gommées, en haut, à droite. Les factures peuvent être pliées sans être closes au moyen d’une fente et d’une languette prévues également sur les bords du papier. Les modèles, brevetés et déposés, sont fabriqués par MM. Montgolfier fils et Cie, à Troyes.
- Plaque porte=clefs.
- Rien n’est, plus facile que d’accrocher à un clou, coudé à angle droit, les clefs qu’on ne conserve pas en poche. Rien, d’ailleurs, n’est moins décoratif que ces clous à crochet, qu'ils soient plantés directement dans le mur ou sur une planchette interposée.
- Et, lorsque ces clefs sont nombreuses, on peut être embarrassé pour les reconnaître.
- La plaque porte-clefs ci-dessous, d’un prix minime, est tout de même plus élégante qu’une rangée de clous, et elle comporte, au-dessus de chaque crochet, une ouverture dans laquelle on peut glisser une bande de papier ou de carton mince permettant la désignation des clefs.
- Enfin, un crochet du même modèle, qu’on peut fixer au mur à l’aide de ces pointes d’acier, fines comme des aiguilles, si employées aujourd’hui, permet de suspendre aussi bien des tableaux que des outils ou des ustensiles de ménage.
- Voilà un objet très utile.
- En vente chez H. Wegdert, 17, rue Jean-Jaurès, Puteaux (Seine).
- Fig. 4 et 5. — A gauche : Plaque porte-clefs; à droite : Croche à tableaux.
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- BOITE AUX LETTRES
- COMMUNICATIONS
- Les dépôts de poussières sur les murs au-dessus des radiateurs.
- M. E. Boyer, à Saint-Afïrique, nous écrit à ce sujet :
- « En réponse à la question posée par M. le Dr Bonnet, président de la Commission de circulation de l’Automobile-Club du Rhône dans le n° 2990 de La Nature à propos du dépôt des poussières dues au chauffage, je crois que cette inégalité de répartition des poussières doit être expliquée par l’inégalité de température du plafond.
- La température d’un plafond au-dessus d’un foyer n’est en effet pas uniforme, les parties du plafond au-dessous des solives sont plus chaudes que le restant du plafond, tout au moins dans le cas envisagé des solives bois.
- Cela est dû pour une faible part à ce que ce matériau est mauvais conducteur de la chaleur, mais surtout à la circulation d’air existant dans les espaces entre solives. Ces espaces sont d’ailleurs rarement clos, ils ne peuvent l’être absolument dans le cas d’un plancher à l’étage supérieur.
- Dans ces conditions les filets d'air ascendants évitent les parties
- QUESTIONS
- De tout un peu :
- M. le Dr Beurois, à Bordeaux.— Vous obtiendrez facilement le détachement de votre scellement à l’oxyphosphate de zinc en utilisant la propriété des sels de zinc de se dissoudre dans l’ammoniaquê (alcali volatil) ou les sels ammoniacaux (sel ammoniac), les produits résultants, phosphate double de zinc et d’ammonium P04Zn Nil4 et l’oxyde de zinc ammoniacal Zn0NH33H20 étant tous deux très solubles à froid.
- N. -B. — Il ne faudrait pas opérer à chaud, car les combinaisons ammoniacales seraient dissociées et redonneraient des sels de zinc insolubles.
- M. Sausseau , à Verrières. — L'encaustique à l’état solide qui vous intéresse est très probablement constituée par de la cire minérale ou cire de lignite désignée commercialement sous le nom de Montan-Waclis, elle s’extrait des schistes bitumineux au moyen de solvants appropriés, sa coloration naturelle est brune, l’aspect mat et ferreux, mais en couche mince elle est transparente.
- Complètement soluble dans l’essence de pétrole, elle fond entre 76° et 7S° C et contient environ 30 pour 100 d’insaponifiable; cette cire est constituée par un acide gras à poids moléculaire élevé, l’acide montanique Ci!) H50 O* et une autre combinaison facilement détruite par l’acide sulfurique, probablement un alcool; les deux éléments ci-dessus se rencontrent dans la cire de lignite à peu près en quantités égales. L’alcool peut être séparé de l’acide montanique par dissolution fractionnée dans la benzine et ensuite reprécipité par addition d’eau.
- M. Duperrey, à Rennes. —Nous ne connaissons pas même de nom, la spécialité étrangère en question et regrettons vivement de ne pouvoir vous renseigner.
- M. le Dr Vaurs, à Parignè-l’Evêque (Sarthe). — A notre avis le moyen le plus simple pour protéger de la rouille votre tôle ondulée galvanisée est d’appliquer à la surface la composition suivante :
- Vaseline blonde.....................100 grammes
- Paraffine........................... 15 —
- Faire fondre au bain-marie puis incorporer une quantité de plombagine (mine de plomb) suffisante pour donner la couleur de l’acier.
- Pour l’emploi, appliquer une couche de la pâte sur le métal à protéger, cela par temps sec de façon que l’humidité n’empêche pas l’obtention d’un contact intime, avec l’enduit protecteur.
- M. Charmet, à St-Maur.— Vous pouvez prendre comme type de pâte à polycopier, la formule suivante qui a été recommandée par le ministère des Travaux publics :
- chaudes du plafond sous les solives et se refroidissent au contact des espaces entre solives en y déposant des poussières; dans certains cas même, si la pièce supérieure est froide et parquetée il peut se produire une légère condensation de vapeur d’eau facilitant le dépôt des poussières. »
- A ces considérations qui nous paraissent très judicieuses, il convient d’ajouter, pour expliquer le dépôt des poussières, que la viscosité des gaz, de l’air en particulier, très élevée quand la température est haute, diminue quand la température s’abaisse. Les particules téhues, qui ont pu rester en suspension dans l’air quand il est chaud, ne lé peuvent plus quand celui-ci se refroidit.
- Erratum. —• La découverte de la petite planète Adonis:
- Une erreur s’est glissée dans cet article, paru le 15 novembre. On notera (page 439) que la magnitude absolue d’un astre du système solaire est, non pas la magnitude qu’il aurait, vu â une distance de 10 parsees (cas des étoiles), mais celle qu’il aurait, ramené â la distance moyenne Terre-Soleil. Nos lecteurs voudront bien excuser cette erreur.
- ET RÉPONSES
- Colle forte.............................100 grammes
- Glycérine.............................. 500 —
- Kaolin pulvérisé....................... 25 —
- Eau ordinaire.......................... 375 —
- Faire gonfler la gélatine dans l’eau froide pendant douze heures, liquéfier ensuite au bain-marie, ajouter la glycérine, puis le kaolin, rendre homogène et couler encore chaud, dans les moules en fer-blanc aux dimensions des feuilles que l’on veut imprimer.
- M. Dejouany, à Boufarik. — 1° Les timbres en caoutchouc doivent se nettoyer à l'alcool, ne jamais employer d’essence ou de benzine, ce qui amènerait le ramollissement et l’écrasement des caractères, à l’usage;
- 2° La formule suivante d’encre pour tampons en caoutchouc, vous donnera très probablement satisfaction :
- Violet de Paris........................ 10 grammes
- Alcool à 90°............................100 cm3
- Glycérine à 30°.........................100 —
- Faire dissoudre d’abord le violet dans l’alcool à froid, ajouter ensuite la glycérine, rendre homogène et passer au linge fin pour retenir les impuretés.
- Quand le tampon est desséché, il n’y a qu’à verser une petite quantité de la solution sur ledit tampon et à l’étendre avec le bouchon, quelques instants après l’imbibition est suffisante pour que l’on puisse mettre en service.
- M. Van Quickenborne, à Uccle-Calvoet.— La composition de la pâte à souder qui vous intéresse doit être voisine de la suivante :
- Vaseline blonde........................90 grammes
- Chlorure de zinc liquide à 45° B .... 10
- Faire fondre la vaseline au bain-marie puis y incorporer en remuant sous forme de filet la solution de chlorure de zinc, continuer à remuer jusqu’à refroidissement et épaississement de la vaseline, pour éviter la séparation du chlorure de zinc.
- M. L. E., à Sées (Orne). — Vous pourrez facilement protéger les pages de journal que vous désirez exposer au dehors en appliquant à la surface le vernis suivant :
- Alcool à 92°.......................... 400 cm3
- Gomme laque blanche................... 65 grammes
- Essence de lavande.................... 5 —
- Ce vernis peut être coloré à volonté par toute couleur d’aniline, par exemple jaune métanile — chrysoïdine — safranine — rhoda-mine — fuchsine—violet de Paris — vert malachite—vert brillant, etc.
- N. -B. — Au cas où le vernis vous semblerait trop épais il vous sera facile de l’amener à fluidité convenable par dilution à l’alcool.
- Le Gérant : G. Masson.
- 9095. — lmp. Lahure, 9, rue de Fleurus, à Paris. — 1-1-1937. —Published in France.
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- N° 2993
- LA NATURE
- 15 Janvier 1937.
- LE SALON DE L AÉRONAUTIQUE 1936
- A cette même place nous donnions, il y a six ans, le compte rendu du Salon de 1930 ; Salon né sous le signe de la prospérité et de l’espérance, Salon de la politique des prototypes, Salon où l’Aviation française était encore la première du monde...
- En cheminant à travers les stands de l’exposition 1936, nous aurions souhaité y rencontrer une évolution
- naître que notre industrie soutient allègrement la comparaison avec les réalisations étrangères.
- Au point de vue psychologique, triste signe des temps troublés que nous vivons, où les menaces de guerre sourdent de tous côtés, on note que d’une part, la nef du Grand Palais contient surtout des appareils militaires et que d’autre part de nombreux pays voisins, Italie et
- Fig. 1. — Avion de chasse Loire 250.
- Train d’atterrissage escamotable; le raccordement de l’aile au fuselage et l’habitacle sont profilés. Hélice à pas variable.
- Fig. 2. — Avion de chasse Nieuport 161. ano 800 ch. Hélice à p Béquille escamotable.
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- Moteur Hispano 800 ch. Hélice à pas variable.'.'!‘3
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- plus marquée; l’application plus générale de solutions d’avenir mises à la disposition des avionneurs par les inventeurs ou les laboratoires spécialisés. S’il est vrai que la construction en série doit s’étayer sur des résultats précis ét longuement éprouvés il ne faut pas oublier que la mise au point des matériels militaires, de complexité sans cesse accrue, demande plusieurs années. Il serait donc sage d’étudier dès aujourd’hui les progrès susceptibles d’intéresser la technique constructive de 1940.
- A part cette légère nuance de routine qui persiste dans la construction française, il faut rendre hommage au fini et à l’élégance de ses productions.
- Qu’il s’agisse d’appareils en bois ou en métal, il faut recon-
- Allemagne, se sont abstenus de participer à cette quinzième exposition.
- Nous allons examiner impartialement les matériels exposés, ou absents du Salon, mais en cours de construction ou de mise au point, de façon à dégager les caractéristiques principales de la technique actuelle. Nous diviserons notre exposé en deux parties : la première relative aux forces aériennes de combat, d’observation et de bombardement, l’autre intéressant Ta via t ion de paix et ses différentes formes d’activité, lignes commerciales et postales, grand tourisme, école et entraînement.
- AVIATION
- MILITAIRE
- Dans ce domaine, la recherche des per-
- Fig. 3. — Avion de chasse léger Les Mureaux, 190 C.
- Moteur Salmson, 12 cylindres' à refroidissement par air, disposés en V inversé, 500 ch. Vitesse voisine de 500 km-li.
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- Fig. 4. — Avion de chasse hollandais Koolhoven F. li. 55.
- Deux hélices coaxiales tournant en sens inverse; moteur au droit de l’aile; le pilote est placé entre le moteur et le train d’engrenages attaquant, les hélices.
- formances à tout prix a quelque peu modifié les conceptions classiques exigeant que chaque type d’appareil
- chasse et des bombardiers légers difficilement approchables. On peut penser que si le gibier va aussi vite, sinon plus vite que le chasseur, les combats aériens nous réserveront de curieuses surprises.
- Dans la famille des monoplaces de chasse modernes deux classes se précisent : l’une suivant l’augmentation des qualités et de la puissance des moteurs spéciaux d’environ 800 à 1100 ch à refroidissement par air ou liquide, permettant l’emploi de canons, et l’autre s’inspirant des enseignements des courses de vitesse telles que la Coupe Deutsch; avions de faibles dimensions, maniables et légers, munis de moteurs en Y inversé, à refroidissement par air, ne dépassant pas 500 ch.
- Dans les premiers on distingue le Morane 405 qui, monté par Détroyat, fit une remarquable exhibition à la Fête de l’Air de juillet dernier, les Loire 46 et Loire 250 particulièrement robustes et le Dewoitine 510 en service dans nos formations.
- Dans les seconds nous citerons l’avion Les Mureaux 190 de construction très soignée et possédant le nouveau moteur Salmson de 500 ch, dont on dit le plus grand bien,
- Fig. 5. — Avion Pote:, type 03, îriplace léger de défense. Bimoteur I-Iispano-Suiza. Remarquer le dièdre aux ailes et aux empennages assurant une excellente stabilité latérale. Le V d’empennage dégage le champ de tir à l’arrière.
- Fig. 6. •— Avion Uanriot-220 vu de l’arrière.
- C’est un avion à utilisations multiples. On remarque les bonnes formes-de pénétration du fuselage et des capots moteurs. Vitesse maxima : environ 500 km-h.
- rentre dans une catégorie bien définie. Ce Salon révèle des multiplaces plus rapides que des monoplaces de
- le Morane 430 d’entraînement à la chasse, descendant d’une famille d’appareils remarquables par leurs qualités de pilotage et de sécurité, et le Cau-dron-Renault Rafale susceptible de contribuer efficacement à la défense de points vitaux.
- Dans la participation étrangère, l’avion de chasse Koolhoven, de naissance hollandaise, est un des seuls qui rompent nettement avec les traditions. Il comprend, en effet, deux hélices coaxiales, tournant en sens inverse, dont l’emploi fut innové par les Italiens pour la construction de l’hydravion Macchi Castoldi, détenteur du record du monde de vitesse; solution qui porte le rendement du propulseur à près de 90 pour 100, confirmée par des recherches en cours, à l’Institut Aérotechnique de Saint-Cyr. Entre
- Fig. 7. — Triplace d’observation Les Mureaux, 200 A3.
- Moteur 860 ch Ilispano. Tubes d’échappement pare-flamme Bronzavia. Vitesse : 350 km-h.
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- Fig. 8. — Hydravion Laiécoère 302, dérivé de la Croix-du-Sud. Appareil de croisière quadrimoteur.
- autres caractéristiques on note le parfait dégagement des vues du pilote, placé entre le moteur et les hélices et l’heureuse disposition des radiateurs faisant corps avec le fuselage triangulaire. Si l’on en croit la vitesse maxima annoncée de 545 km-h, atteinte avec un moteur Lorraine de 860 ch, cet avion est certes un des plus rapides du moment.
- Parmi les avions de combat apparaît une nouveauté : « l’avion à utilisation multiple » susceptible d’effectuer des missions de chasse, de reconnaissance et de bombardement à hautes performances; les triplaees Potez 63 et llanriot 220 sont les plus représentatifs de cette formule.
- Le Potez 63, résultat d’études très poussées sur la stabilité, présente d’excellentes qualités de vol et sa construction est simple et robuste; muni de deux moteurs liispano-Suiza en étoile double de 680 ch, dont le maître
- couple est réduit à un diamètre de 1 m 04, et d’hélices à pas variable Ratier, il bénéficie d’une heureuse association assurant le succès de l’ensemble de la machine.
- Le Hanriot 220 est lui aussi remarquable ; plus ramasse que le précédent avec ses deux moteurs Renault en V inversé, à refroidissement par air, il donne une forte impression de puissance. 11 possède, en outre, un système d’ailerons constitué par volets d’intrados et d’extrados, qui assure une excellente défense latérale sans diminuer la sustentation de l’aile aux grands angles.
- Dans la classe des appareils d’observation nous citerons le triplace Les Mureaux 200 A-3, évolution d’un type éprouvé qui avec son moteur Hispano de 860 ch atteint 350 km à l’heure. Dans le stand polonais nous remarquons un monoplan de reconnaissance et bombardement muni de fentes avant automatiques, qui égale sensiblement les mêmes performances.
- Le bombardement est représenté par le Bloch de lignes très affinées, de construction fort simple et dont la tourelle avant, munie de nombreuses vitres, assure une excellente visibilité pour effectuer les visées.
- Dans le stand Bréguet, le Fulgur, commandé par l’aéronautique japonaise, profile sa silhouette menaçante.
- Enfin il serait injuste d’oublier l’aéronautique maritime qui est en pleine rénovation; parmi les appareils du moment nous citerons l’hydravion de chasse Loire 21 à flotteur central et ballonnets, le Latéeoère 302, hydravion de croisière quadrimoteur, dérivé de la Croix-du-Sud, et diverses productions Lioré-Olivier, Bréguet , Levasseur, Loire.
- Mais assez de tourelles, de canons, de lance-bombes; détournons notre esprit des visions tragiques des cieux de guerre où pourraient évoluer ces terribles machines, pour nous réconforter par les possibilités bienfaisantes des formes de l’aviation de paix.
- A viation commerciale, invitation aux beaux voyages dans les contrées lointaines d’Afrique, ou d’Asie; aviation de sport, manifestation ultra-moderne du plaisir de vaincre les éléments ou les concurrents; aviation légère évocatrice du bel enthousiasme des jeunes, des beaux dimanches passés au grand air sur les terrains, à découvrir des paysages ou flotter sur les cumulus.
- Fig. 10. — Hydravion de chasse Loire 21. Flotteur central et ballonnets de stabilisation.
- Fig. 9. — Hydravion I.é.0-46.
- Bimoteur Gnome et Rhône 870 ch. Construction métallique et flotteurs. Appareil de combat et d’utilisations diverses.
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- Fig. 11. —• Le Centaure, Furman 224.
- Appareil de transport pour 40 passagers. Poids : 16 t. Puissance : 3200 ch. Vitesse : 310 km-h.
- AVIATION CIVILE
- Tout d’abord, notre première visite sera pour le Centaure, quadrimoteur Gnome-Rhône pour 40 passagers, qui se dresse à la place d’honneur. Cet appareil, qui possède de solides qualités de robustesse et de confort, est dû à la collaboration de la maison Farman et du personnel de la Compagnie Air-France, ingénieurs et pilotes qui assument la tâche formidable de faire parcourir près d’un milliard de kilomètres par an, sur les plus longues lignes aériennes du monde, aux avions portant nos couleurs. La sécurité des transports aériens étant maintenant très encourageante, il serait nécessaire de songer à l’économie de façon à réduire les subventions, abaisser les tarifs et augmenter le volume des échanges.
- Parmi les plus beaux titres de gloire de notre aviation commerciale il convient de citer l’exploitation de notre ligne Toulouse-Buenos-Ayres ; malgré la concurrence allemande par avion et zeppelin, notre pays se maintient encore à la première place. Afin de prendre la suite des Arc-en-Ciel, des Santos-Dumont, des Croix-du-Sud, qui s’illustrèrent sur les 3500 km
- Fig. 12. — Avion Polez type 62.
- Bimoteur Ilispano-Suiza. Avion de transport actuellement en servcie sur les lignes d’Air-France.
- Fig. 13. — Hydravion transatlantique Loire 102. Quadrimoteur Hispano-Suiza.
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- Fig. 14. —• Hydravion transatlantique sud LéO-11.-4.7. Quadrimoteur 3500 ch, 18 t.
- de Dakar à Natal, de nouvelles machines vont bientôt entrer en service
- Le Loire 102 Bretagne, bel appareil à coque et ballonnets longs, qui, sous la direction de l’ingénieur-pilote Nadot, vient d’effectuer des essais très réussis. D’autre part, la maison Lioré et Olivier met la dernière main au LéO H. 47 quadrimoteur de 3500 ch, qui au poids de 18 t, possède un rayon d’action de 4000 km, à une vitesse moyenne d’environ 300 km-h. Cette même firme construit actuellement un autre appareil LéO-H. 246, pour le programme méditerranéen, destiné à transporter 26 passagers, avec un confort qui ne le cède en rien à celui des courriers terrestres. Enfin n’oublions pas que nos services officiels pensent à la traversée de l’Atlantique Nord : le Latécoère 521 Lieute-nant-de-V aisseau-Paris, bientôt réparé, pourra se mettre sur les rangs au printemps prochain ; de plus la maison Bréguet prépare un hydravion de croisière à grand rayon d’action, qui pourrait fort bien prouver sa valeur entre Cherbourg et New-York.
- En outre, dans la famille des géants de l’air, signalons le projet très intéressant Wibault-Arsandeaux, d’un quadrimoteur pour 40 passagers répartis en deux étages, qui entre actuellement dans sa phase de réalisation.
- Pour la poste et les liaisons rapides, admirons l’Amiot 341, aux lignes très affinées, qui doit participer, conduit par un équipage du Ministère, à la course New-York-Paris, en mai prochain.
- Laissons maintenant le domaine commercial, pour aborder celui de l’aviation privée. Nous découvrons au stand Caudron-Renault toute une gamme d’appareils et de moteurs pouvant satisfaire, par l’achat d’un Typhon, d’un Goéland, d’un Simoun, le riche client le plus difficile et permettant à l’amateur moins fortuné
- de trouver dans Y Aiglon et le Ramier des avions dont l’élégance et l’économie lui prodigueront facilement les joies du tourisme aérien. Le merveilleux palmarès qui
- orne le piédestal supportant l’avion type Coupe Deutsch, le tableau de marche de notre énergique Japy, sont suffisamment éloquents pour faire apprécier le
- Fig. 16. — Un géant de l’air : le Latécoère 521. (Lieutenant-de-Vaisseau-Paris.) Hexamoteur 37 t. Coque et nageoires.
- Fig. 15. — Détail d’aménagement de l’hydravion LéO-II. 246. Appareil pour 26 passagers, programme méditerranéen.
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- Fig. 17. — L’Amiol 341, un des plus beaux appareils du Salon.
- Appareil bimoteur qui doit participer à la course New-York-Paris, en mai prochain.
- degré de perfection atteint par cette grande firme.
- Pour mettre l’aviation à la portée de tous, et particulièrement de la jeunesse, on doit reconnaître qu’un gros effort a été fait à ce Salon. L’aviation légère que l’on a dénommée « aviation populaire », suivant le goût du jour, marque une période de pleine activité. Il est même symptomatique, pour le technicien, de remarquer que toutes les solutions aérodynamiques actuelles : aile volante, tandem, monoplans en porte à faux, monoplans haubannés, biplans droits ou décalés, etc., lui sont appliquées. Sans préjuger des solutions qui s’imposeront dans l’avenir nous distinguons dans le lot d’appareils exposés : le Basson S. C. A. L., biplace en tandem à poutres arrière, le Trébucien et le Taupin-Peyret dans les monoplaces. Mention particulière doit être faite de Y Aile volante Fauvel-Coltel dans ses nouvelles réalisations et de l’appareil à aile double à fente Kellner-Béchereau, détenteur du record de vitesse de sa catégorie.
- Dans cette citation générale englobant l’aviation sportive, il serait injuste d’omettre l’appareil soviétique ANT-25, vainqueur de plusieurs raids à longue distance, qui étend ses ailes rouges à l’extrême nord de la nef. La visite de ce stand montre que les Russes possèdent d’excellents théoriciens, ingénieurs et pilotes, mais il semble que les exécutants n’ont pas encore acquis cette adresse
- et cette sûreté d’exécution remarquées sur diverses productions françaises ou étrangères, comme Bristol et Fokker.
- LES MOTEURS
- En ce qui concerne les moteurs on note une progression toujours croissante de la puissance nominale pour un maître-couple quelquefois plus réduit : Idispano-Suiza, Gnome-Rhône, Rolls-Royce, Bristol, Wright, exposent des ensembles mécaniques qui sont de véritables œuvres d’art tant la précision et la présentation sont soignées.
- Le cap des 1000 ch par unité motrice est maintenant franchi, qu’elle soit à refroidissement par air ou par liquide. Dans les moteurs à refroidissement par air dont la puissance oscille autour de 500 ch, deux nouveautés sont à signaler, les moteurs à deux rangées de six cylindres en V inversé Salmson et Renault, et le douze cylindres plat, en deux rangées opposées Potez-
- Lorraine dont l’heureuse disposition permettra d’améliorer encore la finesse des avants de fuselage et leur raccordement avec les ailes. A noter également le retour de la distribution sans soupapes dans le type Pegasus, en étoile, de Bristol, qui a fait ses preuves d’endurance sur les lignes « Impérial Airways ».
- En moteurs de la puissance d’une cinquantaine de chevaux, éclosion de nombreux types dont certains, comme : Train, Mengin, Ava, équipent avec succès de nombreux motopla-neurs et avions légers.
- Pour les Diesel, on enregistre malheureusement moins de progrès : le « Junker-Société Lilloise » est toujours en essai; M. Clerget continue ses recherches sur les groupes en étoile, et le Coatalen, très intéressant d’ailleurs, n’a pas encore franchi la période expérimentale.
- Devant les résultats obtenus par les Allemands sur l’Atlantique, il serait souhaitable que la question des moteurs à huile lourde soit activement poussée chez nous.
- Fig. 19. —• Le Simoun, Caudron-Renault.
- Cet appareil conduit par Génin, par Japy, a sillonné les grandes routes aériennes
- d’Afrique et d’Asie.
- Fig. 18. — Le Typhon, Caudron-Renault. Appareil de raid.
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- TRAVAUX DES CENTRES DE RECHERCHES
- Comme toujours, l’exposition du Ministère de l’Air, organisée par l’ingénieur en chef Pitois, a suscité un réel intérêt. Les travaux de M. Valensi sur la visualisation des tourbillons s’échappant d’une hélice en rotation, de M. Riabouchinsky et de ses élèves sur divers phénomènes relatifs aux vitesses supersoniques, les essais d’ailes en vibration, les recherches aérologiques de la commission de turbulence atmosphérique, sont parmi les plus représentatifs. En pensant que le budget des recherches atteint à peine 0,5 pour 100 du budget général de l’Air, on peut s’estimer satisfait des résultats obtenus, mais on peut regretter que la recherche scientifique n’ait pas encore chez nous un développement comparable à celui que lui ont donné de nombreux pays étrangers.
- A l’occasion du Salon, la Chambre syndicale des Indus-
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- Fig. 20. — I.'Aiglon, biplace de tourisme.
- Parmi les matériels exposés, nos productions de cellules et moteurs, se détachent par l’évolution logique de leurs
- Fig. 21. — Le biplace léger Bassou S. C. .4. L. Moteur arrière 40 ch Salmson.
- Fig. 22. •—- L'aile volante Fauvel-Collel en vol. Appareil sans queue, d’une maniabilité remarquable.
- tries aéronautiques avait organisé un cycle de conférences réunissant l’élite des techniciens spécialisés. Présidées par MM. de l’Escaille, Dumanois, Grard, Fortant et Caquot, ces conférences, divisées en plusieurs sections : moteurs et combustibles, vol à haute altitude, corrosion, aérodynamique, situèrent l’état actuel de diverses questions à l’ordre du jour. Dans la section aérodynamique, à côté des exposés instructifs de MM. Lapresle et Toussaint, nous ne pouvons nous empêcher de citer les remarquables comptes rendus de M. Hauss sur une méthode de mesure de la stabilité en vol, du Prof. Kampé de Feriet, sur la turbulence atmosphérique, de M. Bréguet sur l’avenir du gyroplane. Par les idées échangées, par les discussions qu’elles amorcent, ces conférences ont eu un rôle bienfaisant dont il faut féliciter hautement conférenciers et organisateurs.
- CONCLUSION
- Pour terminer cet aperçu sur le XVe Salon de l’Aéronautique, nous devons conclure sur une note optimiste.
- Fig. 23. — Moteur 220 ch Renault. Six cylindres en ligne et compresseur.
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- formes, la qualité de leur présentation et leurs performances.
- Dans les années qui vont suivre, la renaissance à laquelle nous assistons doit se trouver confirmée, si certaines conditions sont remplies.
- On peut, en effet, formuler les vœux suivants : Meilleure répartition des crédits, notamment en ce qui concerne les recherches : laboratoires et prototypes; Organisation rationnelle de la production en série,
- dans des usines pouvues d’un outillage moderne à grand rendement, capables, en cas de conflit, de tendre vers une cadence de 100 avions et 200 moteurs par jour;
- Entente parfaite et coordination des moyens, du haut, en bas de la hiérarchie, du ministre à l’humble mécano, en vue de réaliser par le prestige et la puissance de notre aviation, une des meilleures garanties de la paix du monde.
- Jean Lacaine.
- LES ABEILLES ET LA RÉSISTANCE DES MATÉRIAUX
- Parmi les insectes dont l'étude a le plus passionné les entomologistes et même les poètes, les abeilles occupent certainement le premier rang; on sait que Maeterlinck leur a consacré un remarquable ouvrage. Leurs mœurs, leur instinct, leur organisation sociale ont suscité l’admiration et ont longuement été décrits. MM. Paul Woog et Yannaquis ont ajouté un nouveau chapitre à la littérature si riche déjà qui les concerne, en étudiant le matériau constitutif des ruches : la cire d’abeille, au point de vue structural et physico-chimique.
- Les abeilles sécrètent de petites écailles isolées, transparentes, qui sourdent entre certains anneaux de l’abdomen et sont constituées de substances formées de molécules à longue chaîne (acides, alcools, esters cérotique, mélissique, palmitique, etc.). Ces molécules sont orientées, probablement par suite de leur élaboration par une membrane dont la mosaïque cellulaire est très régulière et également par suite de l’action mécanique du laminage que subit la plaquette de cire, forcée sur la pièce chitineuse inférieure de l’appareil cirier de l’insecte avant d’apparaître au dehors.
- Cette orientation native est d’ailleurs partiellement détruite ensuite par l’abeille qui, avant de les utiliser, mastique les lamelles en les mélangeant de salive mousseuse et blanchâtre.
- L’étude de la cire montre qu’elle est très sensible à l’action de la température, en particulier qu’il existe un point de transformation entre 29 et 38° et que sous l’influence prolongée de la température, l’orientation primitive assez lâche s’accentue en fonction du temps.
- Or, dans les ruches, il règne une température qui, assez élevée en été, ne descend guère en hiver en dessous de 25°, là où se cantonne la colonie.
- De plus, la régularité de l’orientation moléculaire s’accompagne d’une augmentation très marquée de la résistance à la traction.
- MM. Woog et Yannaquis ont montré que, dans l’organisation de la ruche, les ouvrières effectuent certains travaux et réalisent certaines dispositions qui ont précisément pour but de favoriser l’orientation moléculaire, condition de solidité de tout l’édifice.
- Le rayon qui vient d’être construit, avec des écailles malaxées translucides, forme un gâteau blanc fragile, et dès ce moment, les abeilles s’efforcent d’améliorer sa résistance : la cloison mitoyenne est faite plus épaisse dans le haut du rayon où la charge est plus grande; la suspension du gâteau
- est modifiée et s’effectue non plus par des cellules ordinaires hexagonales mais par de robustes cellules pentagonales consolidées et raccordées au plafond de la ruche par un plus grand nombre de piliers. Enfin les bords des cellules sont renforcés par un cordon sensiblement plus épais que les parois.
- Ensuite, les parois et les fonds des cellules sont teints en jaune jonquille, à l’aide d’un vernis de chrysine (1-3 dioxy-flavone) qui a pour rôle d’accélérer l’orientation des molécules de la cire et par voie indirecte de hâter la consolidation des rayons.
- On a toujours observé que les rayons brunissent en vieillissant. Cette variation de la couleur est duc à l’introduction sous forme de fils de renforcement, dans les angles des cellules, d’une substance résineuse particulière, la propolis, déjà signalée par Iluber en 1814. Le mélange plastique et résistant de cire et de propolis est utilisé également pour soutenir certains bords de gâteaux et pour réaliser les constructions défensives que les abeilles placent souvent à l’entrée des ruches.
- A côté de ce mode de renforcement de la cire et de l’accélération des arrangements moléculaires, les abeilles doublent les cellules des résidus membraneux des nymphes partout où a été élevé du couvain et transforment ainsi les fragiles gâteaux en véritables poutres armées et cloisonnées, remarquablement résistantes à la traction, à la flexion, à la torsion et aux chocs.
- Ce renforcement est d’ailleurs contrôlé par les abeilles, car le volume des alvéoles ne varie guère au cours du temps et l’épaisseur des parois n’augmente pas au delà d’une certaine limite. L’insecte rejette donc les enveloppes à partir du moment qui coïncide avec l’obtention d’une résistance mécanique accrue des cellules.
- Le revêtement membraneux est formé, au cours des sept mues de la larve avant la nymphose, au détriment du cocon, partiellement liquéfié par un liquide chitineux. La solution mouille les parois des cellules, puis s’évapore, se concentre et finalement se coagule et donne la pellicule continue de renforcement.
- Ainsi les abeilles, véritables ingénieurs en construction, peuvent bâtir rapidement, à l’époque de la grande miellée et surtout après l’essaimage, de vastes magasins, capables de durer pendant 25 ou 30 ans et même plus, pour mettre en sûreté leurs récoltes et assurer ainsi l’existence de leurs colonies.
- H. Vigneron:.
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- GRANDE ROTATIVE A JOURNAUX FRANÇAIS
- Groupes imprimeurs
- Sous-sol
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- Fig. 1. — Coupe générale de la super-rotative Winkler-Lamberl.
- Cette coupe montre les trois étages techniques : sous-sol du parc à bobines de papier et deux étages de groupes imprimeurs, au nombre de six, travaillant recto-verso, en noir ou avec addition d’une couleur supplémentaire (à l’étage supérieur).
- On se plaît, nos compatriotes les premiers, à discréditer la production de notre pays. Mais il suffit d’évoquer les progrès apportés par la technique française aux grandes centrales électriques, aux barrages hydrauliques, aux avions bolides ou gros porteurs, par exemple, pour montrer l’injustice de cette opinion.
- Voici, dans un autre domaine, une réalisation qui fait honneur à l’industrie française.
- Le journal Les Dernières Nouvelles de Strasbourg, lief de notre confrère Aristide Quillet, sous la poussée des exigences du public en matière d’information rapide, vient de mettre en service l’une des plus grandes et plus rapides rotatives à journaux de France.
- Avant d’en aborder l’étude technique, donnons quelques indications sur l’évolution de la rotative d’imprimerie depuis le début du siècle dernier.
- QUELQUES MOTS DE L’HISTOIRE DES ROTATIVES D’IMPRIMERIE
- Le mouvement rotatif continu a séduit tous les précurseurs des machines à imprimer sur papier ou sur tissu.
- Citons Chaumette, en 1805, puis Sartorius, de Cologne, prenant, lui aussi, l’un des premiers brevets en 1808.
- Plus tard, Jacob Worrns, imprimeur d’Argenteuil, ayant un bureau à Paris, passage du Saumon, s’associe au constructeur Philippe et, le 28 novembre 1845, prend le brevet n° 2579, complété par un additif du 27 décembre 1847, pour une rotative typographique. Les circonstances politiques l’empêchent d’utiliser son invention.
- Plus heureux, Marinoni, réussit à faire admettre la construction de presses rotatives malgré ce véritable boulet qu’était l’apposition du timbre officiel sur chaque exemplaire de journal publié régulièrement.
- Derriey et Alauzet, en France, le suivent dans cette voie et construisent eux aussi de belles rotatives dont quelques exemplaires sont encore en service.
- Au point de vue lithographique, c’est Kocher qui, il y a une centaine d’années, eut l’idée de construire une rotative à cylindres de pierre. L’idée fut reprise vers
- 1908-1910, par la Société la Rotolith, à Clichy, dont les deux presses, uniques au monde, sont encore en fonctionnement aux impressions Rotary à Montrouge (Seine).
- Dans le domaine de l’impression roto-taille-douce, il faut remonter à Oberkampf pour trouver la première rotative installée à la Manufacture de toiles imprimées de Jouy-en-Josas, dès 1800. Puis, vers 1840, Zuber, de Rixheim, en fait l’application au papier peint. Vers 1868, Godchaux, de Paris, l’applique aux impressions
- Fig. 2. •— La super-rotative W inkler-Lamberl.
- Coupe schématique de l’un des éléments imprimeurs : A, sous-sol avec les bobines de papier B et B'; — E, groupe imprimeur du recto; — E', groupe imprimeur du verso; — I, groupe imprimeur pour une couleur supplémentaire disposé à la partie supérieure de la rotative.
- Sous-sol
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- de ses célèbres cahiers d’écriture. Enfin, vers 1900, Karl lvlietsch et Ernst Rollfs font intervenir la photomécanique pour graver les cylindres en creux et créent la rotogravure en creux, si en faveur actuellement.
- Les grandes vitesses imposées à ces machines posent de difficiles problèmes mécaniques ; elles exigent tout d’abord des matériaux de choix : fonte de première qualité, très homogène et à grain fin, aciers nitrurés, engrenages ou profils étudiés avec grand soin, roulements à billes et à aiguilles, etc.; elles exigent aussi un
- boration des ingénieurs Winkler et Lambert frères. Elle est mue par des moteurs électriques Asea, synchronisés, de conception très moderne.
- Pour une telle niasse mécanique se développant sur près de 30 m de longueur, on ne peut plus songer à entraîner les divers organes à partir d’un moteur unique ou central dont la force est transmise par une suite de relais d’engrenages.
- L’emploi de moteurs séparés, parfaitement synchronisés télémécaniquement, supprime ces longs trains
- Fig. 3. — Vue générale de la super-rotative des Dernières Nouvelles de Strasbourg.
- Vitesse : 38 000 à 40 000 tours-h par cylindre. Longueur : 26 m. Hauteur totale : 9 m. Poids total: 350 t. (Cette machine contient environ
- 2000 roulements à billes ou aiguilles.)
- usinage de haute précision. La sécurité de marche est, on le comprend, une condition indispensable. A partir de la mise en route, rien ne doit arrêter la marche des rotatives dont les exemplaires sont attendus par les vendeurs à la criée, par les automobiles de livraison, les trains en partance, voire les avions de transport. Le lecteur est à ce point exigeant qu’il ne sait plus attendre son journal, surtout dans les époques fiévreuses actuelles.
- Commande électrique d’une super=rotative. —
- La super-rotative de Strasbourg est due à la colla-
- d’engrenages si coûteux et d’entretien si délicat encore en faveur il y a une quinzaine d’années.
- Les moteurs Asea à vitesse variable, ont une gamme de vitesse très étendue, depuis 20 tours-mn jusqu’à 1250 tours-mn. Cette souplesse est obtenue en faisant varier l’angle des balais multiples autour du collecteur. Trois moteurs de 75-80 ch chacun fournissent la puissance nécessaire aux six groupes imprimeurs de la rotative.
- Bien entendu, la commande de ces moteurs et de leurs annexes est obtenue télémécaniquement par la manœuvre
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- (le boutons-poussoirs judicieusement répartis aux divers postes de la rotative, savoir :
- Poste dit des fonctions pour la préparation du travail. Trois boutons y permettent les positions : mise en place des clichés au demi-tour; Lentement-, Arrêt.
- Poste de tirage comprenant cinq boutons correspondant à : Lentement-, Accéléré-, Ralentir-, Arrêt; Sécurité.
- Poste des bobines à papier, avec les quatre boutons des positions : Prêt; Changement; Montée; Descente.
- Des servo-moteurs très sensibles assurent avec une sécurité totale ces diverses manœuvres. On conçoit combien doit être poussée l’étude de tels dispositifs tant pour la sécurité du personnel que du matériel quand toute la rotative tourne à plein rendement fournissant près de 200 000 exemplaires à l’heure.
- L’encrage. — La pratique a permis de déterminer qu’il faut environ 1 gr d’encre pour imprimer un quotidien français de 6 à 8 pages. C’est donc, par machine, environ 150 à 200 kg d’encre par heure qu’il faut débiter, et environ 1000 à 1500 kg par jour. Pour éviter la manutention fastidieuse de récipients encombrants, on a recours à des tonnes-réservoirs pouvant recevoir la provision de plusieurs journées de travail. Des pompes spéciales reprennent l’encre fluide de ces réservoirs et la dirigent, par tuyauteries, vers les encriers des rotatives.
- A la vitesse de 30 000 à 35 000 tours à l’heure, tous les rouleaux de l’encrage atteignent une température de plusieurs dizaines de degrés. Alors qu’autrefois, ces rouleaux étaient à base de gélatine glycérinée, qui devient trop facilement fusible vers 25-30° C., ils sont maintenant en caoutchouc moulé et tourné avec une précision qui atteint facilement le dixième de millimètre.
- Les clichés d’impression. — Ceux-ci sont naturellement du type cylindrique et sont fondus, démoulés et rectifiés automatiquement dans des machines spéciales qui peuvent les produire à la cadence régulière de deux à trois clichés par minute.
- Le métal (plomb, antimoine, étain) est maintenant chauffé au mazout que le réglage électro-mécanique permet de maintenir à une température constante à quelques degrés près. Les fours à métal d’imprimerie ont une capacité de 7000 à 8000 kg chacun.
- La rotative Lambert-Winkler comporte, tout équipée, 96 clichés de 13 kg chacun, soit environ 1 t de métal. Comme Les Dernières Nouvelles de Strasbourg sont à éditions multiples successives, en comptant les clichés d’essai, ceux de tirage et ceux de réserve ou sécurité, c’est une masse de métal d’environ 10 000 kg qu’il faut fondre, manipuler, régénérer, épurer chaque jour.
- Le papier. — Sur une rotative, le papier doit être régulièrement tendu pour ne pas plisser ni se casser en marche. C’est pourquoi on lui assure une tension qui est d’environ 55 à 60 kg par mètre de largeur. De plus, le changement des bobines de papier doit être réalisé en marche grâce a d’ingénieux mécanismes que les bobiniers manient avec une dextérité exemplaire.
- Pour rester dans le domaine des chiffres, signalons que sur cette super-rotative, le papier, en pleine marche, file à la vitesse d’environ 30 km-h.
- Cela représente une masse de plusieurs dizaines de
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- tonnes par jour. En une heure seulement, le long ruban de papier ainsi avalé par le monstre, atteint environ 200 km pour les six postes imprimeurs, soit la distance de Paris au Havre.
- La partie mécanique. — La fonte, du type Mechanite, a été largement utilisée pour les bâtis-blocs. Plus de 2000 roulements à billes et à aiguilles permettent d’assurer une marche sans échaufîements et un parallélisme rigoureux entre les centaines d’arbres, rouleaux, tringles, qui se développent sur les 26 m de longueur de cette super-rotative.
- Comme le transport par voie ferrée eût été trop dispen-
- Fig. 4. — Vue du sous-sol de la super-rolatiue renfermant les bobines
- à papier.
- Au milieu de la photo on aperçoit l’encrier et à la partie supérieure l’un des cylindres porte-clichés. De chaque côté de ce cylindre sont disposées des boîtes à boutons-poussoirs permettant trois manœuvres : « Clichage au derni-lour, lentement, arrêt ».
- dieux par suite des chargements et déchargements successifs, c’est au transport sur route, par camions gros porteurs, que l’on a eu recours. Au total, environ 40 de ces camions ont été utilisés entre Saint-Denis, centre de construction de la super-rotative, et Strasbourg, ville où elle va fonctionner. C’est un réel succès pour la mécanique française d’imprimerie qui a toujours su, par ses initiatives heureuses, conserver un rôle de tout premier
- P^an- ,, Georges D egaast,
- Professeur de technique du livre.
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- LES LACS
- SUISSES {suite) Ç)
- Le lac de Genève ou Léman rentre, en principe, dans la catégorie des lacs des bassins terminaux, subdivision des lacs dus à l’érosion glaciaire. Cependant, si on en examine la carte avec attention, on n’est pas tenté d’y voir un exemple de ce type de lac. Sa forme arquée ne s’explique pas, même en tenant compte de l’écoulement du glacier du Rhône vers le nord-est et vers le sud - ouest. Comment expliquer
- aussi le seuil qui sépare le « grand-lac » du « petit-lac »? Bien que la question ne soit pas encors résolue, voici les conclusions que l’on peut tirer des diverses recherches entreprises; tout le territoire du « petit-lac » est taillé dans des matériaux récemment déposés, ayant comblé un réseau de vallées préwurmien, taillé lui-même dans la molasse. Le socle molassique de La Côte, sur la rive droite, se raccorde à celui de Boisy, sur la rive gauche, par le seuil qui sépare le « grand-lac » du « petit-lac », fait morphologique de première importance. Certains auteurs ont admis l’existence d’un « haut-lac » préwurmien, mais ils n’ont pas trouvé de traces de cette nappe d’eau dans le bassin du « petit-lae ». Le bassin fluvial de ce dernier devait donc être séparé du « haut-lac »
- Fig. 1. —- Cout'S d'e.au pré-glaciaires de la région du lac de Genève.
- 1. Ancien cours du lihône; 2. Drance du Chablais; 3. Barre molassique séparant le «grand-lac» du «petit-lac >< ; 4. Cours de l’Arve.
- 1. Voir La Nature, n° *2992, du 1er janvier 1937.
- préwurmien par une crête molassique; il appartenait donc au bassin d’alimentation de l’Arve, ainsi que le montre la figure 1, et la croupe molassique La Côte-Boisy formait la ligne de partage des eaux entre le bassin du Rhône et celui de l’Arve. l)e plus, on suppose que le « haut-lac » a dû abaisser son niveau de 150 m environ à la lin de la période interglaciaire Riss-YVurm.
- De ce qui précède, il résulte que seul le bassin du « haut-lac » est dû au surcreusement glaciaire; le bassin du « petit-lac » est un ancien tronçon fluvial dans lequel différentes fosses apparaissent, qui proviennent du dépôt de moraines frontales dans des stades de retrait du glacier néowurmien et la forme en arc du bassin du lac actuel est la conséquence d’un phénomène de capture du « haut-lac » préwurmien par un affluent de l’Arve.
- Le lac de Genève a 80 km de long sur la rive nord, et 69 km sur la rive sud. Sa largeur est de 14 km entre Marges et Amphion et seulement de 2 km entre la pointe de Bellerive et Genthod. Il a une profondeur de 80 m au château de Chillon, de 285 m près de Meillerie, de 310 m entre Ouchy et Evian et de 75 m à peine entre? Nyon et Genève. Sa superficie couvre 57 780 ha, c’est-à-dire, I l 000 ha de plus que le lac de Constance. Comme nous venons de le dire, il a la forme d’un croissant (fig. 2), dont les cornes sont tournées vers le sud; la corne' de l’est s’avançait autrefois jusqu’à Bex, qui se trouve* aujourd’hui à 3 lieues de la rive actuelle où les dépôts du Rhône et les terrains d’alluvion de son embouchure l’ont refoulé. La couleur de son eau est bleu d’azur, ce cpii le différencie des autres lacs suisses qui sont généralement bleu-verdâtre ou verts. *
- Des cygnes introduits, il y a près d’un siècle, et devenus aujourd’hui une espèce sauvage, des mouettes, des hirondelles de mer, une vingtaine de palmipèdes de passage : canards, grèbes, harles, plongeons, etc., constituent une faune particulièrement variée. Dans son eau, on trouve plus de vingt espèces de poissons, dont les plus estimés sont : la truite, l'omble-chevalier, la ferra, la perche. Les naturalistes suisses ont divisé les animaux inférieurs qui l’habitent en trois groupes : la faune litto-
- Fig. 2. ----- Panorama du lac de Genève montrant la forme en croissant du lac et les Alpes françaises.
- Fig. 3. — Panorama du lac des Qualre-Canlons montrant la forme en croix cl loutes les montagnes environnantes jusqu'aux Alpes bernoises*
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- Fig. 4. — Le lac des Qualre-Canlons (photo Eidenbenz).
- raie, sur les bords du lac, la faune pélagique, en plein lac, mais dans l’eau de surface, composée essentiellement de petits crustacés transparents comme du cristal, et la l’aune profonde, sur le sol du lac, jusqu’aux plus grandes profondeurs.
- C’est sur le lac de Genève que l’on a étudié, pour la première fois, le phénomène des seiches, qui se traduisent par des variations rythmiques du niveau de l’eau; celle-ci s’élève et s’abaisse périodiquement, en quelques minutes, de plusieurs centimètres ou même décimètres, au-dessus et au-dessous du niveau moyen. Des études ont prouvé que ces élévation et abaissement successifs étaient dus à l’oscillation de l’eau d’une côte à l’autre, consécutives à des variations locales brusques dans la pression atmosphérique; elles sont particulièrement fortes après les orages. On distingue : les seiches longitudinales, qui oscillent dans le sens du grand axe du lac, de Villeneuve à Genève, et les seiches transversales, qui vont de la côte suisse à la côte savoyarde. Les premières ont une durée moyenne de 73 mn environ, les deuxièmes de 10 mn seulement. En 1841, elles ont atteint respectivement et exceptionnellement, 1 m 90 et 20 cm. Les seiches se produisent du reste, à peu près constamment et peuvent s’observer sur tous les lacs. Le Léman, comme toute autre masse d’eau, est sujet à des courants
- locaux et généraux, ordinairement faibles et irréguliers.
- Le niveau du lac atteint son maximum en été par suite de la fonte des neiges et son minimum en hiver; il varie de 1 m 54 en moyenne. Comme nous l’avons vu dans le chapitre de la thermique des lacs, le lac de Genève appartient au type tropical; son eau de surface a une température de 5 à 6° C. en hiver, et de 20 à 25° en été. Le « grand-lac » n’a jamais gelé mais, au cours d’hivers particulièrement rigoureux, on a vu quelques glaçons dans le « petit-lac ».
- Le lac des Quatre-Cantons (Vierwaldstattersee), appartient lui aussi à la catégorie des lacs des bassins terminaux. Mais, plus éloigné que le lac de Genève du centre d’irradiation des glaciers, sa profondeur rnaxima ne dépasse pas 214 m. 11 tire son nom des cantons d’lJri, d’Unterwalden, de Schwyz et de Lucerne, qui l’entourent et sa forme est à peu près celle d’une croix dont la baie de Lucerne serait le sommet, les golfes de Küssnacht et d’Alpnach les bras, et les lacs de Buoehs et d’Uri le pied et la base (fig. 3). Sa superficie est de 11 336 ha. La beauté grandiose de ses rives en fait le plus beau lac de Suisse et peut-être même d’Europe (fig. 4). Il suffit de le parcourir en bateau, dans toute sa longueur, pour être émerveillé par les paysages qu’il offre. Dès le départ, la ville même de Lucerne présente un aspect très pitto-
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- Fig. 5. — Coupe au travers d’un marais sur les bords du lac de Constance, montrant te mode de comblement des petits lacs post-glaciaires. 1. Moraine de tond; 2. Argiles rubanées; 3. Craie lacustre; 4. Tourbe.
- resque; puis, lorsqu’on se retourne, on aperçoit, à gauche, le Rigi, à droite, le Pilate et en face le Bürgenstock, le Buochserhorn et le Stauserhorn; à gauche du Pilate se montrent, par-dessus les montagnes du Saxelen, les Alpes bernoises : Jungfrau, Eich, Mœnscli, Wetterhorn, Sehreckhorn; le petit cap, à gauche, s’appelle le Meggen-horn et la petite île plantée de peupliers, qui en est proche, Altstad, c’est-à-dire ancien rivage, parce que la rive du lac s’étendait autrefois jusque-là et que les deux rives de la Reuss, affluent du lac, n’étaient, jusqu’à Lucerne, qu’un simple marécage; on voit encore sur l’île des restes d’un ancien entrepôt. Plus loin, du milieu de la croix que forme le lac, le Pilate, avec scs pics nus et déchirés, presque toujours à demi noyés dans les brouillards, forme un vif contraste avec la sérénité du paysage, surtout avec le Rigi, sur lequel s’étagent, de la base au sommet, maisons, jardins, arbres fruitiers, bois et verts pâturages. Après Yitznau, deux caps semblent vouloir fermer le lac : ce sont des prolongements du Rigi et du Bürgenstock que l’on appelle les Nasen (Nez) et qui ont peut-être été réunis autrefois. La baie du lac qui vient ensuite, à l’ouest, s’appelle lac de Buochs; vis-à-vis, sur une bande de terre étroite mais fertile, c’est le village de Gersau à l’est duquel on aperçoit la chapelle Kindli-mord (l’Infanticide), construite, dit-on, en souvenir du crime d’un pauvre ménétrier qui, en revenant d’une noce de Treib, brisa sur le rocher, le crâne de son enfant, affamé. Un peu plus loin, toujours sur la rive est, voici Brünnen, l’endroit le plus pittoresque du lac et à partir duquel commence le bras sud du lac, appelé lac d’Uri; le rives se resserrent, les montagnes deviennent plus abruptes ; les gorges laissent entrevoir des cimes neigeuses voilées de nuages. A l’ouest, dans une petite prairie jaillissent, d’un rocher couvert de verdure, les trois
- sources légendaires de Rütli, lieu de rassemblement (en 1307) d’une trentaine de patriotes suisses d’Uri, de Sehwyz et d’Unterwalden, désireux de délivrer leur patrie de la tyrannie autrichienne. Plus loin, mais sur la rive opposée, à la Tellsplate, la tradition veut encore que Guillaume Tell ait sauté du bateau de Gessler, pendant la tempête. Enfin, à côté, Fluelen marque l’extrémité sud du lac.
- La carte sous-lacustre du lac est encore plus intéressante pour le géologue que celle de ses rives, car elle a permis, en se basant sur la vitesse de formation des deltas de la Reuss et de la Muota, affluents du lac, de calculer l’âge absolu de la période postglaciaire. Nous ne pouvons pas entrer ici dans le détail des études qui ont pei’mis de mener, à bien ce calcul; nous en dirons seulement quelques mots. Dans sa partie supérieure, en effet, le lac possède, un peu en amont de Gersau, une moraine au stade de retrait de Biihl, dont la crête se trouve à 70 m de profondeur. A 3 km en amont de la moraine, le delta de la Muota forme barrière sous-lacustre et limite à l’aval la zone de dépôt des alluvions de la Reuss. Le plat-fond du lac, en aval de la moraine, atteint en moyenne une profondeur de 200 m tandis qu’à l’amont de la moraine il se trouve déjà à 110-112 m. Donc, tous les dépôts qui se trouvent actuellement au-dessus de l’ancien fond représentent les alluvions de la Muota et de la Reuss transportées dans le lac à partir du stade de retrait de Bühl jusqu’à nos jours. 11 a donc suffi de calculer d’abord la surface du bassin d’alimentation de ces deux affluents, ensuite les sédiments déposés annuellement par eux dans le lac, pour obtenir le chiffre cherché; chiffre tout approximatif, cependant, car il est certain que l’alluvionnement a dû passer par un maximum au moment où, après le retrait des glaciers, les matériaux morainiques ont été intensément et rapidement délavés; sans compter les éboulements et les glissements qui se sont produits à cette époque et ont ainsi fourni des matériaux aux cours d’eau.
- Le lac de Constance (Bodensee), le lacus Brigantinus des Romains, est dû, lui aussi, à l’érosion glaciaire. C’est un immense réservoir — où le Rhin purifie ses eaux — de 150 km de circonférence, 64 km de long à l’embouchure
- Fig. 6 et 7. — A gauche, la ville cl le lac de Zurich. A droite, la Liminal à sa sortie de Zurich; dans le fond, la chaîne des Alpes.
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- de la Stockach, 12 km de large. Sa plus grande profondeur est de 276 m entre Friedrichshafen et Arbon. Les eaux sont vert pâle. Parmi les meilleurs poissons qui y vivent, citons la ferra ou lavaret, comme dans le lac de Genève, et la truite saumonée.
- C’est dans un lagot, au bord de ce lac, que des travaux de drainage furent entrepris et qu’une coupe stratigra-pliique fut relevée, permettant de se faire une idée du mode de disparition des petits lacs. En effet, après la dernière phase de retrait des glaciers, de nombreux petits lacs occupaient la surface irrégulière du terrain morainique; presque tous sont aujourd’hui transformés en tourbières. La succession des terrains trouvés dans le lagot, au cours des travaux (fig. 5), a permis de reconstituer son histoire : de la tourbe au sommet, au-dessous de la craie lacustre reposant sur des argiles rubanées, enfin de la moraine de fond formant le soubassement du lac. V oici ce qui s’est passé : les alluvions fines provenant de la fonte du glacier se sont déposées dans l’eau qui remplissait une dépression de la moraine de fond, de très fines couches de sables se sont intercalées dans l’argile, lui donnant son aspect rubané —elles correspondaient à des périodes de hautes eaux de courte durée; elles deviennent de moins en moins distinctes dans la partie supérieure et finalement disparaissent; l’eau du lac devenue plus claire, les plantes et les animaux sont apparus qui ont occasionné un dépôt de craie lacustre d’abord, de la tourbe ensuite.
- Le lac de Zurich appartient au type de lacs formés par barrage. Il a 40 km de longueur, à peine 4 km de largeur et une superficie de 8 780 ha (fig. 6). Il est alimenté par la Linth qui prend le nom de Limmat à sa sortie (fig. 7). Il n’offre pas les sites grandioses de beaucoup d’autres lacs suisses; cependant, ses rives aux pentes douces, qui atteignent à peine 800 m d’altitude, ne sont pas sans charmes et le fond du paysage est formé par la longue chaîne des Alpes.
- Les sédiments de ce lac ont été étudiés surtout au point de vue chimique et organique et ils ont permis de distinguer plusieurs zones. Les résultats obtenus intéressent au plus haut point les hydro-géologues, car la sédimentation lacustre est surtout fonction des dépôts des matières organiques, en particulier dans les lacs qui n’ont pas une grande profondeur.
- Le lac de Thoune, dû à l’érosion glaciaire, a 18 km de long sur 3 km de large, 4 790 ha de superficie et jusqu’à 216 m de profondeur. Sa rive nord seule est assez escarpée (fig. 8). Ce lac n’est séparé que par 3/4 de lieue d’un pays plat que l’on appelle Biedeli (fig. 9), du lac de Brienz. On suppose que ces deux lacs n’en formaient jadis qu’un seul et que l’isthme aurait été constitué par les atterrissements de la Lütschine et du Lombach, deux affluents qui se jettent, le premier dans le lac de Brienz, le second dans le lac de Thoune. Les alluvions venues d’abord du sud, par la vallée de Lauterbriinnen, puis du nord par celle de Habkern, expliquent la courbe de l’Aar à cet endroit.
- Le lac de Brienz, de même origine que le lac de Thoune, a 14 km de longueur sur 2 km à 2 km 1/2 de largeur, 150 m de profondeur près de Giessbach et 262 m près
- Fig. S. — Lac de Thoune et le Niesen (Photo A. Brüm, Hilter Fingen. Suisse).
- d’Oberried (fig. 10). 11 couvre une superficie de 2 990 ha et il est de 8 m plus élevé que le lac de Thoune. Ses rives sont hautes et boisées; au sud, le lac se rétrécit et finit par n’être plus que la rivière de l’Aar, qui va se jeter dans le lac de Thoune.
- Le lac Ritom est un bassin rocheux; bien qu’il occupe une vallée suspendue (Val Piora) où les marques d’érosion glaciaire sont nombreuses, certains géologues n’ont voulu y voir que le résultat de l’action dissolvante de l’eau sur les roches dolomitiques et gypsifères du trias; d’autres, cependant, font intervenir dans sa formation l’érosion glaciaire. Ce lac est surtout intéressant parce qu’il présente une anomalie thermique. En effet, d’après la température de ses eaux en hiver (minimum 0°) et en été (maximum 13°5), il devrait appartenir à la catégorie des lacs tempérés avec stratification thermique directe en été, inverse en hiver. Or, on y rencontre, en été, une couche d’eau froide intercalée entre des eaux de surface et de fond plus chaudes. L’explication de ce paradoxe thermique est donnée par la composition chimique des eaux du lac. On a trouvé, en effet, deux nappes d’eau superposées de minéralisation très differente : une nappe de surface contenant une eau aérée, faiblement minéralisée et non sulfurée, puis une nappe de fond stagnante, très minéralisée et sulfurée. La distribution des températures et la présence d’hydrogène sulfuré, à partir de 13 m seulement, ont permis de fixer cette profondeur comme le niveau de séparation de deux volumes d’eau. Vers 13 m se trouve donc une zone de transition dans laquelle se produit une diffusion des sels dissous; l’hydrogène sulfuré est détruit à partir de cette profondeur, par oxydation au contact des eaux aérées et par les algues sulfurées ; il ne peut donc pas diffuser dans les couches supérieures. Etant donnée la forte minéralisation de la nappe profonde, la température n’y varie pas, ou y varie peu, durant toute l’année. C’est donc dans la nappe superficielle que se fait le jeu des températures; c’est cette nappe aérée, qui, seule, représente un lac du type tempéré.
- Le lac de Mârjelen, en 1878, lors de sa plus grande extension, affectait une forme triangulaire et mesurait
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- Fig. 9 et 10. — A gauche, Le liiedeli et Jnlerlaken entre ica lacs de Thoune et de Brienz; dans le fond, le lac de Thoune. A droite, le lac de llrienz avec le Brienzer-liolhorn qui s’avance dans le lac.
- 1600 m de longueur sur 600 ni environ de largeur. Sa profondeur est fonction de la hauteur de la paroi du glacier d’Aletsch. Celle-ci peut varier de 60 à 80 m. Dans la période actuelle de retrait des glaciers on trouve au lieu d’un seul lac, deux bassins séparés par un seuil rocheux. La thermique du lac postérieur, qui touche à la barrière de la glace, est différente de celle du lac anté-tieur. Le premier appartient à la catégorie des lacs polaires avec température abyssale inférieure à 4°; le lac antérieur représente, par contre, le type des lacs tempérés dont la température abyssale est normalement 4° et quelquefois davantage.
- L’écoulement d\r lac peut se faire de trois manières : par débordement par-dessus la partie la plus basse de la barrière de glace, à travers le glacier par une crevasse formée dans la barrière, ou enfin sous la barrière de glace par une crevasse de fond. Les deux derniers modes d’écoulement peuvent donner lieu à des débâcles, les crevasses s’agrandissant très rapidement; par contre, lorsque le lac se vide par-dessus le glacier, il se produit simplement un abaissement du niveau du lac. Le lac de Marjelen est bien connu pour l’importance de ses débâcles qui ont provoqué des inondations inévitables au siècle dernier et en 1913. Dès 1829 cependant, des travaux
- Fig. 11. —- Le lac de Mdrjelen et le glacier d’Aletsch. (Photo Gyger, AdeJboden, Suisse).
- avaient été ellectués pour les atténuer; deux canaux de décharge à ciel ouvert avaient été construits; ils furent rapidement fermés par des avalanches et des éboule-ments des rives; un tunnel fut construit en 1889, pour permettre à l’eau du lac de s’y écouler en partie. Depuis 1896, le recul du glacier d’Aletsch ayant toujours augmenté, le lac n’a jamais atteint la hauteur du radier du tunnel (fig. 11).
- Le lac de Mattmark, dû primitivement aux dépôts des matériaux morainiques du glacier d’Alladin, dans le thalweg primitif de la Viège, s’est trouvé déplacé par suite du déplacement du torrent qui se creusa un nouveau lit. Une nouvelle avancée du glacier amena le comblement de ce nouveau lit; la Viège fut barrée à nouveau, le niveau du lac s’éleva; puis le glacier d’Alladin se retirant, la Viège se déplaça, mais cette fois sur l’espace laissé libre par le retrait du glacier. C’est son cours actuel. Le lac de Mattmark s’étant partiellement vidé, il en est résulté deux lacs; avec le temps le bassin supérieur s’est transformé en une plaine d’alluvions et le bassin inférieur a été en majeure partie colmaté par des matériaux charriés par la Viège. Il semble que cette transformation soit due au fait qu’un lobe de glace divergent a pénétré dans la vallée de Mattmark et que, lors du retrait du glacier, le lac se soit simplement vidé par l’ouverture laissée libre.
- Le bassin d’alimentation du lac occupe une surface dépassant 37 km2; les glaciers en couvrent un peu plus de 37 pour 100; le débit minimum de la Viège est de 0 m3 073 par seconde, son débit maximum 16 m3 745 : il est par conséquent sujet à de très grandes variations.
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- L’étude de l’histoire des lacs offre un intérêt puissant pour le géologue puisqu’elle lui permet de calculer les périodes géologiques, calcul bien approximatif car la supputation en nombre d’années de la durée des temps préhistoriques est encore bien incertaine; il semble, cependant, que l’on connaisse l’ordre de grandeur de cette durée et qu’il faille compter par dizaines de millénaires, c’est-à-dire par centaines de siècles. Les transfor-
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- mations dans la nature sont si lentes que l’aspect de la terre paraît immuable à qui passe vite. Et pourtant, quand on sait regarder, l’œuvre du temps, destructrice et démolisseuse, s’impose à l’attention et invite à la rêverie. « L’histoire du genre humain s’est écoulée jusqu’ici et semble devoir jusqu’à la fin s’écouler dans un cadre à peu près invariable dans le périodique et monotone retour des mêmes phénomènes physiques, sous un ciel qui 11e change pas, sous des astres impassibles, au sein d’une nature indilï'érente dont le visage paraît fixé à jamais » (1).
- Cependant, le temps est passé où l’humanité abandonnait à la nature le soin et le travail de se transformer elle-
- 1. P. Termier. A la gloire de la Terre. Desclée, de Brouwer et Cie, éditeurs.
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- même par une lente évolution; surtout depuis l’apparition de l’électricité dont elle s’est emparée pour transformer, presque à son gré, ces paysages dont nos ancêtres de la préhistoire se contentaient sans doute d’admirer la beauté tout en sentant confusément et profondément leur impuissance et le contraste entre la brièveté de leur propre vie et l’apparente éternité des choses inanimées devant lesquelles ils se trouvaient désarmés. Aujourd’hui, les hommes se penchent sur l’œuvre de la nature, non plus uniquement pleins d’admiration et de crainte, mais pour l’imiter et faire mieux ou du moins plus vite qu’elle. Une des plus belles preuves de cette imitation intelligente ne nous est-elle pas donnée par l’existence des lacs artificiels, dont la création semble parfois tenir du prodige ? Elyane Marancel.
- LA PHYSICO-CHIMIE AU SECOURS DES ROUTES
- LE CHLORURE DE CALCIUM, PRODUIT D’ENTRETIEN POUR ROUTES SECONDAIRES ET ESPACES POUSSIÉREUX
- I. — LE GOUDRON N’EST PAS UN REMÈDE UNIQUE POUR L’ENTRETIEN DES ROUTES
- On ne se doute guère, en France, que pour entretenir les routes de circulation moyenne et pour lutter contre la poussière des chemins ou des grands espaces publics, il existe des remèdes fort efficaces autres que l’application de produits goudronneux ou bitumineux.
- L’intensité de la circulation automobile a en effet posé, il y a quelques années, des problèmes angoissants concernant l’entretien des grandes routes et auxquels notre éminent corps des Ponts et Chaussées a pu faire face en mettant rapidement sur pied des méthodes nouvelles basées sur l’utilisation de ces produits.
- Cependant, l’emploi du goudron n’est pas dénué de tout inconvénient : les sommes de première mise qu’il exige sont élevées, sa mise en œuvre, pour conduire à de bons résultats, exige une technique soignée et un matériel spécial; l’aspect noir qu’il confère à la route est peu agréable à l’œil.
- Dans d’autres pays où l’automobile est moins développée, on emploie déjà depuis de longues années un procédé d’entretien et de lutte contre la poussière des routes qui, sans rivaliser avec le goudron, se distingue par son extrême simplicité tout en conduisant à des résultats dignes d’intérêt, et qui s’applique aux chaussées en macadam (de préférence argileuses), aux chaussées en gravier, ou en cendrées, aux aires en terre battue, en un mot à toutes les surfaces qui, non encore imperméabilisées, sont cependant assez compactes. Ce système, qui n’altère pas l’aspect naturel des routes, consiste simplement à épandre des paillettes (fig. 1) de chlorure de calcium, à la surface de l’espace à dépoussiérer ou à améliorer. Il a fait ses preuves aux Etats-Unis d’Amé-
- Fig. 1. — Paillettes de chlorure de calcium Le jeton de 50 centimes donne l’échelle de la photographie.
- rique, au Canada, en Belgique, en Suède et en Norvège, dans les Pays Baltes; il vient d’être définitivement adopté par la Direction des Travaux Publics de Tunisie et l’on en a fait au printemps dernier des essais fort intéressants aux portes d’Alger. Les pays du nouveau monde consomment chaque année plus de 100.000 tonnes de chlorure de calcium pour les usages routiers, ce qui correspond à plus de 20.000 km de routes; dans les pays Scandinaves et baltes, c’est par dizaines de milliers que se comptent maintenant les kilomètres de routes traitées au chlorure de calcium.
- Dans nos régions, la première démonstration importante a été faite à l’Exposition de Bruxelles de 1935
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- (fig. 2) dont la tenue et la propreté ont frappé à l’époque tous les visiteurs ; les fleurs, dont on se rappelle la profusion, ont conservé tout l’été leur éclat et leur fraîcheur, toute poussière ayant disparu des terre-pleins, trottoirs et chaussées à la suite du traitement au chlorure de calcium. Ce résultat mérite d’être particulièrement rappelé, parce que les organisateurs de l’Exposition n’avaient fait subir aux terrains aucune préparation préalable, et c’est seulement après l’ouverture de l’Exposition que, le vent aidant, la poussière devenant un fléau et risquant de nuire gravement au succès de la manifestation, l’emploi du chlorure de calcium fut décidé; la simplicité de la mise en œuvre permit de remédier en quelques jours, sans apporter aucune entrave à la circulation, à une situation intenable, et l’effet sur l’entretien des chaussées à été fort remarqué.
- II. — NATURE ET PROVENANCE DU CHLORURE DE CALCIUM; SON POUVOIR HYGROSCOPIQUE
- Il ne faut pas confondre le chlorure de calcium avec le carbure de calcium, ni avec le chlorure de sodium, le
- Fig. 2. — Exposition universelle de Bruxelles 1935.
- Le chlorure de calcium vient d’être épandu devant le Pavillon de la Ville de Paris.
- chlorure de chaux, ou le sdicate de sodium. Le chlorure de calcium qu’on emploie pour traiter les chaussées est le même produit que celui qu’on utilise dans les laboratoires de physico-chimie pour sécher les gaz, mais au lieu d’être fourni en petits blocs, il est délivré à l’état de fines paillettes blanchâtres, grandes comme la moitié d’un jeton de 50 centimes (fig. 1).
- Aux États-Unis le chlorure de calcium, extrait pour une large part de saumures naturelles, constitue un des sous-produits de l’industrie du brome. En Europe, on le retire exclusivement de la fabrication de la soude à l’ammoniaque; il est obtenu à l’état de solution aqueuse très diluée (10 pour 100), comme résidu des colonnes distillatoires où se fait la récupération de l’ammoniaque par action de la chaux sur le chlorure d’ammonium. Il faut donc, pour fabriquer le produit commercial qui nous intéresse, soumettre cette solution à une évaporation et à
- une épuration suivies d’une concentration dans des poêles. Pour beaucoup d’usages, on emploie le chlorure de calcium coulé en gros blocs, mais, pour les usages antipoussiéreux, on le prépare en petites paillettes à l’aide d’un appareil spécial.
- Chimiquement, le chlorure de calcium du commerce est un sel hydraté, répondant à peu près à la formule CaCl2 21 PO, de sorte qu’il titre seulement 75 pour 100 de CaCl2 pur, le reste étant de l’eau de cristallisation.
- Les paillettes de chlorure de calcium sont très hygro-scopiques, c’est-à-dire qu’elles sont douées de la propriété d’attirer la vapeur d’eau de tout mélange gazeux avec lequel elles entrent en contact; elles sont très solubles dans l’eau, et d’autant plus que la température est plus élevée. Comme l’air atmosphérique est toujours fortement chargé d’humidité, des paillettes de chlorure de calcium qu’on jette sur le sol appellent avidement cette humidité, puis se dissolvent dans l’eau qu’elles oui attirée; la concentration de la solution formée dépend de la teneur de l’air en humidité, et à l’équilibre, elle est d’autant plus faible que l’humidité relative de l’air (*) est plus élevée. Comme, dans nos pays, l’humidité relative est toujours forte, la solution de chlorure de calcium ne peut pas s’évaporer et sa concentration n’est, pas bien élevée.
- III. - COMMENT LE CHLORURE DE CALCIUM AGIT SUR LE SOL; LA COHÉSION D’HUMIDITÉ
- L’action du chlorure de calcium sur les matériaux terreux est donc d’ordre physico-chimique, elle se manifeste par une humectation permanente du sol, dont la couche supérieure se trouve soustraite aux alternatives de forte humidification par la pluie et de dessiccation sous l’action du soleil, si mauvaises pour la conservation des chaussées : la teneur du sol en humidité se trouve stabilisée, de sorte que la poussière ne peut plus se formel1 sur la route. La stabilisation de cette humectation entraîne pour l’entretien de la couche d’usure une conséquence intéressante et importante : par suite de l’existence permanente d’une mince pellicule de solution à leur surface, les grains d’argile adhèrent fortement entre eux. à la manière de deux plaques de verre qu’on appuierait fortement l’une contre l’autre après avoir passé à leur surface un chiffon humide; la force d’attraction ainsi créée par l’humectation permanente a reçu le nom de « cohésion d’humidité ». De même que ces deux plaques, si elles sont difficiles à séparer l’une de l’autre, peuvent néanmoins glisser l’une contre l’autre sous un effort modéré, de même les grains d’argile d’une chaussée imprégnés de la solution de chlorure de calcium se trouvent en quelque sorte lubrifiés, si bien qu’une faible compression, le passage des véhicules par exemple, assure un bon tassement. Dès lors, l’humidification permanente de la route obtenue par le chlorure de calcium aboutit à un double résultat : assouplissement et consolidation de
- 1. L’humidité relative, ou degré hygrométrique, de l’air est le rapport de la quantité d’humidité existant dans l’air, a la quantité d’humidité que contiendrait cet air s’il en était saturé à la même température.
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- Fig. 3. — Épandage de chlorure de calcium à la pelle sur une roule de Normandie.
- la chaussée, avec, comme terme final, la réalisation d’une plus grande compacité, c’est-à-dire d’une amélioration sensible dans la tenue de la chaussée.
- Aux Etats-Unis et dans les pays Scandinaves, le chlorure de calcium est très répandu pour le traitement des routes en gravier-sable-argile, dont la couche d’usure pourrait être qualifiée de « béton d’argile » : outre que le mélange des matériaux est constitué sur le même principe granulométrique que le béton de ciment, mais en substituant l’argile imprégnée de chlorure de calcium au ciment, les chaussées acquièrent une grande dureté et leur aspect rappelle tout à fait celui du béton.
- Il paraît difficile d’attribuer ce durcissement à la seule stabilisation de l’humidité dans le sol, mais on en est encore réduit aux hypothèses sur la source véritable. Elle réside probablement dans le concours de divers phénomènes : adsorption du chlorure de calcium par certains matériaux, floculation de l’argile en présence de solutions d’électrolytes, phénomènes électrolytiques, etc...
- IV. — COMMENT MET-ON EN ŒUVRE LE CHLORURE DE CALCIUM?
- La mise en œuvre est d’une simplicité élémentaire, à la portée d’un simple particulier; on n’a qu’à épandre les paillettes à la pelle, en surface du sol; si l’aire à couvrir est très grande, on peut employer des épandeuses à engrais ou des appareils spéciaux (fîg. 3 et 4).
- V. — DANS QUELS PAYS PEUT-ON EMPLOYER
- AVEC SUCCÈS LE CHLORURE DE CALCIUM?
- Puisque l’action du chlorure de calcium est basée sur son hygroscopicité, elle pourra se développer dans les régions où l’air est suffisamment chargé d’humidité. En
- Fig. 4. — Épandage de chlorure de calcium au moyen d’une épandeuse à engrais sur une route de Belgique.
- Europe, il n’y a guère de pays où le chlorure de calcium risquerait de ne pas devenir déliquescent. Pour montrer
- Fig. 5. —• Degrés hygrométriques des solutions saturées de chlorure de calcium.
- Si le degré hygrométrique de l’atmosphère est plus élevé que le degré de la courbe ABCD correspondant à la température de l’air, la solution condense de l’eau et se dilue; s’il était moins élevé, la solution perdrait de l’eau par évaporation et laisserait déposer du chlorure de calcium.
- Les points portés sur le graphique correspondent aux degrés hygrométriques mensuels moyens à Touggourt en 1934.
- déliquescence
- Juillet
- déliquescence
- Température en °C
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- Fig. 6. .— Mosaïque du chemin V. C. 2 de Bouzaréa (Algérie)
- avant traitement.
- le champ d’action du produit, disons que théoriquement et à titre d’exemple, il faut atteindre les confins du Sahara pour pénétrer dans une zone où cette matière n’agisse plus : en Afrique du Nord, la limite méridionale d’emploi du chlorure de calcium serait à peu près marquée par la ligne de faîte de l’Atlas Saharien, exception faite pour les régions chotteuses comme celle de Biskra et de Toug-gourt, déjà à 200 km. à l’intérieur du Sahara.
- La courbe ABCD de la figure 5 fait connaître, en fonction de la température, le degré hygrométrique de l’air pour lequel le chlorure de calcium cesserait d’être déliquescent. Plus la température est élevée, plus le degré hygrométrique d’équilibre est faible, propriété due à ce que la solubilité du chlorure de calcium croît en même temps que la température, jusqu’à 45°,3 C. A titre de
- Fig. S. — Aéro-Club du Maroc à Casablanca.
- L’aire carrée qui se distingue des terrains contigus en formant une tache humide a été traitée au chlorure de calcium.
- Fig. 7. — Mosaïque du même chemin après traitement au chlorure de calcium à la dose de 400 gr/m2.
- curiosité, on a reporté sur la figure 5, les degrés hygrométriques mensuels moyens à Touggourt pour les mois les plus secs de 1934. On voit que, théoriquement, la déliquescence du produit est nettement assurée dans ce pays. Par comparaison, il est rare qu’en France le degré hygrométrique s’abaisse au-dessous de 50.
- VI. — QUELLES SONT LES NATURES DE SOLS QUI SE PRÊTENT AVANTAGEUSEMENT A L’EMPLOI DU CHLORURE DE CALCIUM ?
- Les résultats les plus remarquables pour l’entretien des routes s’obtiennent sur des chaussées en macadam comportant une matière de remplissage en sable argileux ou en terre argileuse légèrement plastique. Les photographies des figure 6 et 7 montrent comment, aux portes d’Alger, un empierrement s’est réparé spontanément à la suite d’un simple traitement au chlorure de calcium, à la dose de 400 grammes par m2. Des expériences aussi réussies ont été réalisées sur une autre route d’Algérie, où un virage en très mauvais état s’est réparé sans aucun autre travail que l’épandage du chlorure de calcium et le passage des véhicules; en Belgique, des constatations analogues ont été faites sur différentes routes du Limbourg, etc...
- En tant qu’antipoussière, le chlorure de calcium agit encore ellicacement sur des surfaces non imperméables telles que mâchefer pulvérisé, terre battue, brique pilée un peu grasse, en un mot, sur tous les terrains compacts (fig. 8).
- Les photographies des figures 9 et 10 ont été prises simultanément sur deux aires contiguës du terrain d’aviation de Casablanca, dont l’une est à l’état naturel et l’autre a reçu une application de chlorure de calcium.
- Le chlorure de calcium n’est pas à employer pour des
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- Fig. 9. — Aéro-Club du Maroc à Casablanca.
- Nuage de poussière soulevé par l’hélice d’un avion à l’essai, sur terrain naturel.
- chaussées imperméables en béton ou goudronnées; d’autre part, son action n’est pas durable sur les surfaces très perméables, comme le sable lavé, parce qu’il est dissous et emporté par les eaux d’infiltration.
- VII. — LE CHLORURE DE CALCIUM N’EST PAS DANGEREUX
- Outre son extrême simplicité de mise en oeuvre, le chlorure de calcium présente l’avantage d’être sans action sur le caoutchouc (donc sur les pneumatiques), sur le cuir, sur les pieds d’animaux. Aussi commence-t-on à l’employer dans les manèges, hippodromes, champs de courses. Son emploi pour les tennis est répandu depuis longtemps. Il entraîne parfois des constatations plus inattendues que surprenantes : à Marseille, par exemple, ce sont ses qualités d’anti-gel qui ont fait apprécier le chlorure de calcium par un club de tennis. Dans cette ville, en effet, il se produit en hiver une succession de petites gelées et de dégels qui rendaient le terrain spongieux et mou, inutilisable pendant 3 mois. A la suite du traitement au chlorure de calcium, on a constaté que le terrain ne gelait plus, de sorte qu’il peut maintenant être utilisé tout l’hiver sans aucune interruption, pour la plus grande satisfaction des joueurs. Ce phénomène provient de ce que la présence de chlorure de calcium dans l’eau en abaisse le point de congélation.
- Fig. 10. — Aéro-Club du Maroc à Casablanca.
- Après traitement au chlorure de calcium, le nuage de poussière soulevé par l’hélice de l’avion est insensible.
- VIII. — CONCLUSION
- Comme on le voit d’après ce qui précède, le chlorure de calcium est appelé à rendre des services, même en France, car il reste encore bien des chemins ruraux ou vicinaux, et même des chemins de grande communication, qui ne sont pas goudronnés. Il y a quelques mois, par exemple, on comptait encore 3000 km. de chemins G. C. non goudronnés en Seine-Inférieure, et 7400 dans l’Indre-et-Loire. Dans les communes trop peu riches pour supporter les grosses dépenses initiales du goudronnage, ou bien dans les régions où l’on doit protéger les routes contre la dessiccation par des terrages répétés, générateurs de poussière, le chlorure de calcium serait tout indiqué. Son emploi se justifierait encore pour la construction des pistes cyclables. Enfin, comme il peut être répandu par un simple manœuvre, sans aucune formation préalable, il pourrait être fort apprécié par les hôteliers qui ont à souffrir de la poussière, par les propriétaires de tennis en terre battue ou en brique pilée, par les directeurs d’hippodromes ou de terrains de sports, par les organisateurs d’expositions, de réjouissances en plein air (terrains de pelote basque), de garages d’autos improvisés, etc... La simplicité de la mise en œuvre du chlorure de calcium mérite assurément de lui attirer beaucoup de sympathies.
- Marcel Thuilleaux.
- NOUVEAU FERRY-BOAT DUNKERQUE-DOUVRES
- Si, dès 1800, M. Mathieu, ingénieur français, avait proposé, sans succès d’ailleurs, la construction d’un tunnel routier sous la Manche, il fallut attendre jusqu’en 1867 la présentation d’un projet de tunnel ferroviaire qui, en 1875, fut en France l’objet d’une concession, mais ne fut jamais réalisé, le Parlement britannique n’ayant pas suivi le Parlement français.
- Et, cependant, en raison des relations commerciales, si importantes, entre la France et la Grande-Bretagne, il était urgent d’assurer à ces relations, outre une grande
- rapidité, le maximum de confort pour les voyageurs, de conservation et de sécurité pour les marchandises.
- De là est venue, pour la Compagnie du Nord, l’idée d’un service direct avec la Grande-Bretagne par ferry-boat, de Dunkerque à Douvres (fig. 1), et, grâce à un accord entre cette Compagnie, la Chambre de Commerce de Dunkerque, la Compagnie anglaise du Southern-Railway et la Compagnie internationale des Wagons-Lits, ce service a commencé à fonctionner le 15 octobre dernier.
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- LONDRES
- Douvres
- Dunk'èrq
- Calais 3Boulogne
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- Dunkerque Douvres
- Fig. 1. — Le trajet maritime du fernj-boat Dunkerque-Douvres.
- D’autres ferry-boats existent depuis longtemps déjà, non seulement en Amérique et au Japon, mais encore en Europe, notamment sur la Baltique. Un service Harwich-Dunkerque fut même créé, pendant la guerre, pour des besoins militaires, et fonctionne encore entre Harwich et Calais ou Zeebrugge. Ce ferry-boat n’est donc pas une nouveauté. Il mérite néanmoins d’être signalé en raison et de son importance, et des travaux qu’il a nécessités.
- DIFFICULTÉS A VAINCRE
- L’établissement d’un service régulier de ferry-boats sur la Mer du Nord présente, en effet, de sérieuses difficultés en raison des conditions atmosphériques, de l’état de la mer, souvent défavorable, et des considérables différences de niveau de cette mer suivant l’état, de la marée.
- Dans la Manche et la Mer du Nord, en effet, ces différences atteignent, 8 m 50 à Boulogne, 6 m 60 à Calais et 5 m 50 à Dunkerque, ce qui, avec une seconde différence d’environ un mètre entre l’enfoncement du navire à lège et à charge, porte ces variations extrêmes à 9 m 50 à Boulogne, 7 m 60 à Calais, 6 m 50 à Dunkerque.
- Si nous considérons uniquement Dunkerque, port où la différence de niveau est minimum, et en tenant compte des variations accidentelles du plan d’eau, le pont des
- wagons étant à 6 m 10 au-dessus de la quille, et la déclivité maximum admissible pour le matériel roulant n’étant que,de 35 à 43 mm par mètre, il faudrait une passerelle de 120 m pour assurer, à toutes les heures de la marée, la liaison entre les voies de terre et les voies du navire.
- UTILISATION DU PORT DE DUNKERQUE
- Il eût été extrêmement difficile d’établir une passerelle de cette longueur, et non moins difficile de l’utiliser. Aussi était-il indispensable de réduire les écarts du plan d’eau, en amenant le navire à l’intérieur d’un bassin où la marée se fait moins sentir.
- Et il existe précisément à Dunkerque, dans le bassin d’évolution de la darse n° 5 (fig. 2 et 3), un emplacement où l’eau, parfaitement calme, a permis l’établissement d’un poste d’accostage pour ferry-boat. On y accède facilement, à toute heure de la marée, par l’écluse Trystram, le bassin d’évolution des darses 3 et 4 et le pertuis 4-5 fermé par pont tournant.
- Amené à l’intérieur du bassin par un remorqueur, le ferry-boat, suivi d’un autre remorqueur, est ensuite entraîné par eux parallèlement à un quai en palplanches métalliques, lui-même parallèle à la nouvelle gare maritime, tribord à ce quai, puis vient se placer en marche arrière, poupe debout au quai de Panama, entre les esta-cades d’embecquetage en charpentes sur pieux (fig. 4) qui l’engainent et le dirigent automatiquement à l’emplacement voulu pour que ses voies ferrées se raccordent aux voies de quai par l’intermédiaire d’une passerelle.
- Ces estaeades, en bois d’azobé, mesurent 40 X 40 cm d’équarrissage. Les pieux employés, ainsi que les défenses placées en avant du quai en palplanches métalliques, ont une hauteur supérieure de 9 m 50 avec une longueur totale de 17 m 50, dont une fiche de deux mètres dans le terrain naturel. Une fourrure en orme protège les faces d’appui des pieux de rive et des défenses sur la ceinture. Des remblayages successifs laissent disponible une profondeur minimum de 5 m en morte-eau, le tirant d’eau du navire chargé étant de 3 m 81.
- La passerelle est divisée en deux travées égales de 27 m chacune (fig. 5). La première, ou travée de terre, est à une seule voie. La seconde, travée du large, de forme trapézoïdale, porte une aiguille de dédoublement des voies qui se raccordent à celles du ferry-boat. Un premier portique, intermédiaire, aux piédroits scellés dans un massif de béton fondé sur pieux, supporte les deux travées et permet de leur donner l’inclinaison voulue pour que la déclivité maximum ne dépasse jamais 35 mm par mètre pour les voitures-lits, et 43 mm pour les wagons de marchandises.
- CALCUL DE LA LONGUEUR DES PASSERELLES
- Les pleines mers, dans ce bassin, varient de 4 m 25 en morte-eau à 6 m 15 en vive-eau. D’autre part, l’enfoncement, du navire pouvant varier de 4 m 35 à 3 m 30, on a pu fixer à 1 m 75 et 2 m 80 les cotes minimum et maximum des rails au-dessus de la flottaison du navire^
- Fig. 2. — Ensemble des installations ferrg-boal dans le port de Dunkerque.
- Passerelle pour autos et voyageurs
- Plate-forme d'embarquement
- Estaeades ' d'accostage
- Bassin d'évolution
- de la Darse
- Quai de Suez
- Bassin d'évolution des Darses
- 3 et 4
- Pont tournant
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- Les variations possibles du niveau des rails au cours des embarquements ou débarquements peuvent donc être arrêtées comme suit.
- 4 m 25 + 1 m 75 = (+ 6,00)
- 6 m 15 + 2 m 80 = (+ 8,95)
- Pour plus de sûreté, et afin de tenir compte de toutes les variations accidentelles du plan d’eau, on a admis que le niveau des rails à l’arrière du navire pourrait varier entre 9 m 60 et 5 m 70.
- Le niveau des rails de la voie de terre étant à la cote 7 m 70, la différence maximum entre les rails du navire et ceux des quais ne dépassera jamais :
- 9 m. 60 — 7 m 70 = 1 m 90 en rampe vers le navire, ou 7 m 70 — 5 m 70 = 2 m 00 en pente vers le navire. Les insuffisances d’eau étant plus rares que les poussées,
- .—--------— ' :..... _,-^zr 71 =
- sont fixées sur des montants verticaux terminant des extrémités de ces poutres. ?j
- Les pièces de pont, assemblées sur les membrures inférieures, sont distantes de 2 m. 70, et les longerons sont rivés sur les entretoises, de telle sorte que ‘cette travée de terre est en somme un pont normal de chemin de fer.
- Du poids d’environ 70 t, elle est suspendue au portique intermédiaire, qui pèse 30 t, et dont la traverse supérieure, formant cabine, renferme les appareils de manœuvre, par deux vis à filet carré, en acier forgé, capables d’une charge de 180 t. Un moteur de 20 ch fournit la force nécessaire à ces manœuvres. Les dispositifs les plus ingénieux assurent l’équilibrage des travées suspendues à ce portique, au moyen de contre-
- Fig. 3. — Le Sliepperton-Ferry dans le bassin d'évolution de la darse n° 5, avec les eslacades, passerelles, portiques. En arrière, le phare de Dunkerque.
- on a admis une dénivellation maximum de 1 m 90, ce qui i j lm90
- a nécessite une longueur de passerelle de = 54 m,
- 0,0^5
- soit les deux travées précitées de 27 m, permettant de faire face aux cas les plus exceptionnels, et même alors que le niveau du plan d’eau sera inférieur ou supérieur aux cotes extrêmes de l’annuaire des marées.
- TRAVÉE DE TERRE ET PORTIQUE INTERMEDIAIRE
- La travée de terre de ces deux passerelles a surtout pour but de compenser les variations du plan d’eau, la travée du large suivant les mouvements du navire pour un niveau donné (fig. 6 et 7).
- Toutes deux sont construites en acier à haute résistance, les poutres principales, à treillis en V avec membrures parallèles écartées de 5 m 50 d’axe en axe, étant placées au-dessus de la voie, ne peuvent plonger dans l’eau de mer et échappent ainsi à son action corrosive. Au droit du portique intermédiaire, des vis de levage
- poids, et rendent extrêmement économique l’exploitation de l’ouvrage. Des interrupteurs automatiques de fin de course coupent le courant pour les déclivités prescrites.
- TRAVÉE DU LARGE ET PORTIQUE D’EXTRÉMITÉ
- La travée du large, dont le poids est d’environ 125 t, est manœuvrée, côté bassin, c’est-à-dire au portique d’extrémité, d’un poids lui-même de 26 t, grâce à des câbles roulant sur des poulies à deux gorges de 1000 mm de diamètre et à des contrepoids en galettes de fonte pesant chacun 17 t environ, et qui laissent à cette travée du large un excédent de poids de 6 t.
- Un moteur électrique de 30 ch entraîne par trairis d’engrenages le, tambour sur lequel s’enroulent, les|£âbles fixés à une de leurs extrémités sur le tambour d\i treuil placé au pied du portique dans une cabine, l’autre extrémité étant fixée au contrepoids par T intermédiaire d’un dispositif élastique. *
- Pour éviter tous à-coups dans le fonctionnement, le treuil est muni d’un frein automatique et d’un limiteue d’efforts assurant la sécurité des manœuvres.
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- ARTICULATIONS DE LA TRAVÉE DU LARGE
- Dès que la liaison est réalisée, des fragments de rails, en acier forgé, articulés aux abouts de cette travée du large, sont rabattus sur l’arrière du navire, où leur emplacement est réservé à l’about des rails du navire. Il en est de même pour de petites passerelles articulées qui suppriment toute solution de continuité entre l’extrémité libre de la travée du large et le navire.
- L’articulation des deux travées au droit du portique intermédiaire, et leur support par câbles, leur permettent de suivre l’enfoncement du bateau au fur et à mesure du charge -
- Des supports à pivot sphérique et des axes horizon- ment. L’angle que font entre elles ces deux travées ne
- taux, à l’extrémité de la travée de terre, et au droit du doit cependant pas dépasser 5°. Aussi le courant est-il
- portique intermédiaire, supportent l’extrémité de cette coupé dès que cet angle atteint 4° 30'.
- travée du large qui, suspendue à ses câbles d’acier en temps ordinaire, repose en service, sur l’arrière du ferry-boat, par deux sommiers cylindriques, et y est fixée par une cheville carrée de 18 cm de côté (fîg. 8), qui fait corps avec le navire et pénètre dans un logement ménagé dans l’entretoise extrême de la travée du large.
- Afin d’assurer une parfaite sécurité aux manœuvres, ce dispositif est enclenché, par serrure Bouré, avec l’aiguille qui, sur le quai, donne accès à la voie aboutissant sur la passerelle.
- Si, pour dégager la cheville et par suite le navire, il est indispensable de pouvoir dépasser, pour cette travée, la déclivité de 43 mm, toutes En cas de panne de courant, et lorsqu’il faut utiliser
- dispositions ont été prises pour éviter des accidents. la commande de secours à essence ou à bras, des index
- de position se déplacent au fur et à mesure des manœuvres, et, aussi bien pour les déclivités des travées que pour l’angle entre ces deux travées, montrent le point à ne pas dépasser.
- Il fallait également tenir compte de la « gîte » qui se produit, en cours de chargement, lorsque les charges ne sont pas encore régulièrement réparties, et qui peut atteindre une amplitude maximum de 7°. La passerelle du large doit donc pouvoir se déformer également dans le sens transversal, et suivre ainsi tous les mouvements du bateau, pour reprendre ensuite sa position normale. Ceci a été obtenu pour cette travée du large en articulant les pièces de pont sur les membrures inférieures, et les longerons sur les pièces de pont.
- LA NOUVELLE GARE MARITIME
- Une nouvelle gare maritime, de 50 m de long et 15 m de large, a été édifiée parallèlement art quai d’accostage, et comporte, avec une salle des pas perdus, les bureaux du chemin
- Fig. 6. —• Travée de terre, à l'extrémité des voies terrestres, avec le portique intermediaire surmonté de sa cabine de manœuvre.
- Cabine de
- Portique intermédiaire
- Travée de terre
- Portique d’extrémité
- Fig. 5. — Plan schématique des passerelles des voies ferrées.
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- de fer, de la compagnie de navigation et la halle des douanes.
- Sa toiture en terrasse sert de plate-forme d’embarquement et de débarquement pour les passagers et pour les automobiles. Les passagers parviennent à cette terrasse par un escalier partant de la salle des douanes, les automobiles, par une rampe d’accès (fig. 2), en béton armé, de 50 m de longueur, de 3 m de largeur, et de 8 pour 100 de pente, bordée de chaque côté de trottoirs de 1 m, et qui conduit également sur cette terrasse.
- PASSERELLE POUR VOYAGEURS ET AUTOS
- De là, passagers et automobiles se rendent Fid- 7-
- sur le navire en empruntant une passerelle mobile de 13 m 50 de long, faite de poutres maîtresses à treillis en V de 1 m 50 de hauteur, au tablier articulé, alin de suivre les mouvements de tangage
- Passerelle
- WMWWMW/M
- Arrière du ferry- boat
- Fig. 8. — Schéma du logement de la cheville du ferrg-boat dans l’entretoise d’about de la travée du large.
- du navire, et munie de butées en bois de chêne destinées à absorber les poussées de ce navire (fig. 9).
- Un avant-bec mobile de 1 m 70 de longueur compense la différence de niveau entre le pont du navire et le tablier de la passerelle, et peut se relever et s’appuyer sur les poutres maîtresses. A l’autre extrémité, une culée métallique ayant, en plan, une forme trapézoïdale, s’élargit sur la terrasse d’embarquement, et mesure 3 m de hauteur.
- Un treuil de 2 t 5, commandé par un moteur de 4 ch 5, permet de lever ou d’abaisser cette passerelle, équilibrée par deux contrepoids de 4700 kg, en moins de 2 mn. L’avant-bec se relève à l’aide d’une manœuvre à bras. L’amplitude maximum des mouvements de l’extrémité de cette passerelle, côté navire, va de 10 m 50 à 18 m 50, soit 8 m.
- Travée du large, entre les deux portiques, cl cabine de manœuvre du portique d’extrémité.
- VOIES FERRÉES
- Il a fallu évidemment établir une voie ferrée nouvelle desservant le ferry-boat. Indépendamment de celle-ci la Compagnie du Nord a dû aménager tout un faisceau d’autres voies (fig. 2) en bordure de la nouvelle gare maritime. Par une voie franchissant le pont de l’écluse Trystram, ces voies ont été branchées sur la voie de circulation de la gare maritime ancienne, et de là, par le pont du môle n° 2, atteignent la gare de Dunkerque-Ville. Une autre voie ferrée qui longe le quai d’accostage, est enjambée par une grue de 5 t qui, en cas de besoin, sera ainsi à pied d’œuvre.
- Ces travaux, dont la dépense totale est évaluée à 3 millions 400 000 francs, ont été exécutés aux frais de la Chambre de Commerce de Dunkerque, sauf les travaux de superstructure des voies ferrées effectués par la Compagnie du Chemin de fer du Nord.
- A DOUVRES
- Si l’établissement de ce ferry-boat a donné lieu, à Dunkerque, à de multiples et considérables travaux, il
- Fig. 9. — Schéma de la passerelle pour vogageurs et automobiles.
- Passerelle
- Culée
- trapézoïdale
- manœuvre
- Cabine de
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- = 74 1 1 ...: 1 : 1 —
- en fut de même à Douvres. Bien que la différence entre le niveau des plus hautes et des plus basses mers y soit de 7 m 60, aucun autre port d’Angleterre ne présentait autant d’avantages.
- Mais une telle différence de niveau aurait nécessité une passerelle, capable de porter une rame de wagons-lits, de 150 m de longueur. La houle, de plus, aurait souvent empêché l’arrimage du bateau.
- On décida donc de construire un bassin qui pourrait être ouvert ou fermé à volonté, et dans lequel de puissantes pompes régulariseraient le niveau de l’eau, l’abaissant ou l’élevant à volonté, de façon à permettre à toute heure l’embarquement ou le débarquement des trains.
- On avait pensé, tout d’abord, à construire un coffre au moyen d’une double rangée de palplanches métalliques renforcée par des murs intermédiaires et des entretoises, et remplie de terre. Mais les tempêtes de l’hiver démolirent l’ouvrage qui avait été commencé sur ces bases.
- OUVRAGE DÉFINITIF
- On décida alors de construire un bassin avec murs de 7 m 60 d’épaisseur reposant sur des fondations en blocs de ciment pesant chacun 7 t et construites sous l’eau par des scaphandriers. Une ouverture réservée pour l’entrée du bassin fut fermée provisoirement par un caisson en acier de 34 m de long, 18 m de large, 8 m 50 d’épaisseur, pesant 525 t.
- On voulait terminer les murs et les fondations du caisson, le mettre en place, et pomper l’eau pour achever le travail à sec. Mais, dès qu’on pompa, et en raison de la surprëssion de l’eau extérieure, l’eau arriva par des fissures, et toutes les tentatives faites pour les obstruer furent inutiles.
- Il fallut alors, sur ce terrain complètement immergé, construire un bassin de 126 m de long, 21 m de large, et d’une profondeur d’eau au-dessus du seuil de 5 m 20 aux plus basses eaux, et fermer l’entrée de ce bassin à l’aide de deux portes basculantes, sur charnières horizontales, et pesant chacune 300 t.
- Les fondations du seuil sur lequel devaient tourner ces portes étaient à 15 m sous l’eau, et on immergea un ponton en acier en forme de U, les deux portes devant osciller de chaque côté sur la partie horizontale de F U, reposer sur le fond du bassin dans leur position horizontale et fermer l’espace compris entre les deux branches de F U dans leur position verticale. Construit en acier et solidement entretoisé, ce ponton, qui pesait 400 t avant d’être rempli de ciment, fut posé avec une précision remarquable.
- POMPES ET LEUR BATIMENT
- Pour utiliser pleinement les pompes prévues : 3 pompes centrifuges à axe vertical nécessitant une force motrice de 200 ch, et pouvant évacuer 55 000 1 d’eau à la minute, il fallait les placer bien au-dessous du niveau des plus
- Fig. 10. — Le ferry-boat dans son bassin, à Douvres.
- Au premier plan, travaux d’aménagement dans la gare maritime. Au dernier plan, les falaises crayeuses de Douvres.
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- Fig. 11. — L es wagons, sur le ferry-boat, sent solidement amarrés à l’aide de chaînes
- munies de tendeurs.
- liasses eaux. Mais, la poussée d’une hauteur d’eau de 15 m étant égale à 1500 kg par dm2, il fallut, pour y résister, constituer le sol de la chambre des pompes à l’aide de 21 poutrelles en acier pesant chacune 5 t, mises en place par des scaphandriers, et déposées sur des fondations nivelées au moyen d’un grillage fait de vieux rails. On coula ensuite, entre ces poutrelles, du ciment descendu par bennes spéciales dont le fond s’ouvrait lorsqu’elles arrivaient à la profondeur du travail.
- Le ciment fut appliqué sur les murs du bassin au moyen d’un tuyau-trémie permettant de l’amener à l’endroit voulu sans qu’il entrât en contact avec l’eau.
- CONSTRUCTION DES MURS ET DU SOL
- Les murs du bassin, d’une épaisseur de 8 m 50, furent construits grâce à deux rangées de pilotis d’acier formant un logement destiné à recevoir le ciment; les murs furent ainsi bâtis par longueur de 12 m, à l’aide du tuyau-trémie employé déjà pour la chambre des pompes. Le sol du bassin fut constitué, sur une épaisseur de 1 m 50, par du ciment entièrement posé et nivelé sous l’eau par les scaphandriers.
- Ces travaux se poursuivirent sans interruption, jour et nuit, pendant trois ans, sans que rien ne fût visible à la surface, tout se passant au fond de la mer. La construction du seuil du bassin et de la chambre des pompes, dont les fondations étaient à 15 m sous l’eau, présenta des difficultés inouïes. Aussi est-il permis de dire qu’aucune construction au monde n’avait encore été faite dans des conditions semblables.
- MANŒUVRE A DOUVRES
- Ce fut pour nous une surprise, à notre arrivée à Douvres (fig. 10), après l’accostage au long de la jetée d’approche construite spécialement, et qui, en blocs de ciment contenus entre pilot s d’acier, mesure 120 m de long sur 9 m de large, que de voir les portes du bassin s’ouvrir devant nous en se rabattant dans l’eau, jusqu’à reposer sur le fond, afin de nous livrer passage, et de les voir se relever ensuite pour fermer le bassin. Grâce aux trois puissantes pompes, l’eau de ce bassin, ensuite, est rapidement amenée au niveau voulu, et comme à Dunkerque, la passerelle qui, en raison du niveau constant, ne mesure que 21 m et porte deux voies est abaissée sur l’arrière du navire. La broche que porte celui-ci pénètre, là encore, dans l’évidement de cette passerelle, complètement articulée, elle aussi, pour suivre les inclinaisons longitudinales et transversales du bateau, pendant son chargement ou son déchargement.
- Les mêmes manœuvres, en sens contraires, sont effectuées évidemment lors du départ du navire.
- Ces travaux, à Douvres, ont nécessité l’enlèvement de 165 000 m3 de déblais, et ont utilisé 90 000 m3 de ciment et 7 000 t d’acier.
- LES NAVIRES
- Trois navires construits en Ecosse, dans les chantiers de la Tyne, ont été affectés à ce service : le Hampton-Ferry et le Shepperton-Ferry naviguant sous pavillon anglais, et le Twickenham-Ferry, naviguant sous pavillon français, sur lequel nous avons fait la traversée. Chacun d’eux mesure 109 m 50 de long, 19 m 50 de large et 3 m 81 de tirant d’eau en charge. Leur vitesse pour les services normaux est d’environ 15 nœuds (27 km), et peut atteindre environ 18 nœuds 1/2 (30 km).
- Le pont pour wagons, à 6 m 10 au-dessus de la quille, qui comporte quatre voies réunies à la poupe en deux voies écartées de 3 m 50 d’axe en axe, et peut recevoir douze voitures-lits ou 40 wagons de marchandises, a les apparences d’une gare de chemin de fer. Les voitures de voyageurs et les wagons y sont amarrés solidement à l’aide de chaînes fixées à l’une de leurs extrémités à ce pont, accrochées à l’autre extrémité aux voitures, et munies de tendeurs qui permettent d’assujettir solidement ces véhicules calés sur les rails à l’aide de sabots (fig. 11).
- Le pont supérieur, à 10 m 85 au-dessus de la quille, comporte en son centre des salons, salles à manger, salons-bars et cabines luxueuses pour les passagers qui, au nombre de 500, peuvent prendre place à bord.
- En arrière de ce pont, au-dessus des voies, un garage pour automobiles peut recevoir 25 voitures. Son sol cimenté, ses parois entièrement en acier, l’isolent complètement du reste du navire, utile précaution contre l’incendie, et évitent ainsi l’obligation de vidanger les réservoirs (fig. 12).
- Vingt et un compartiments étanches forment une ceinture continue au navire. Huit chaloupes accrochées à des chariots glissant sur rails courbes, et dégageant entièrement le pont-promenade, peuvent être mises à l’eau très rapidement. Les moyens les plus modernes de préven-
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- == 76 .....' ;=
- tion et d’intervention contre l’incendie sont mis en œuvre sur ces navires.
- Bien que l’écartement des rails anglais soit le même qu’en France, — 1 m 44, — l’étroitesse du gabarit anglais, et la différence des dispositifs d’accouplement, de freinage et d’intercirculation, ont exigé, aussi bien pour les voitures-lits que pour les wagons de marchandises, la construction d’un matériel spécialisé. Mais toutes dispositions ont été prises pour assurer aux voyageurs les agréments que leur offre le matériel continental.
- AVANTAGES DE CE SERVICE Quiconque a dû, par temps froid ou pluvieux, et même
- Fig. 12. — Le Twickenham-Ferry, vu de l’arrière.
- de jour, quitter le compartiment de chemin de fer bien chauffé, bien clos, où il était confortablement installé, pour s’en aller, bousculé par le grand souffle du large, prendre place sur un navire, comprendra les avantages de ce ferry-boat. Le voyageur, s’étant couché vers 10 h du soir, au départ de Paris, — ou de Londres, — et après avoir dîné, ne se lèvera que le lendemain matin, vers 8 h, aux approches de Londres, — ou de Paris, et se trouvera ainsi frais et dispos pour sa journée de travail ou de plaisir.
- Mais il n’est pas que les gens à profiter de ce service. Les marchandises périssables : fleurs, fruits, primeurs, produits exotiques ou du Midi de la France, n’ayant plus à subir aucun transbordement, non plus que les objets fragiles : verreries, porcelaines, appareils sanitaires, etc., arriveront en Angleterre plus rapidement, sans pertes de temps, sans heurts brutaux, et par conséquent en de meilleures conditions et à moindres frais, en raison de la suppression du double transbordement de part et d’autre du détroit.
- Les voyageurs ordinaires de toutes classes, venant non seulement de France, mais de l’Europe centrale et méridionale, et que la Compagnie de Navigation « Angleterre, Lorraine, Alsace » (A. L. A.) transportait autrefois de Dunkerque à Folkestone, emprunteront maintenant cette relation nouvelle, assurée également par l’A. L. A., et qui se substituera à l’ancienne, entre Dunkerque et Douvres, et vice versa.
- Ce nouveau service, bi-journalier, régulier et à heures fixes, n’avait jamais été réalisé entre le Continent et la Grande-Bretagne. Il constitue donc un indéniable progrès qui aura sa répercussion sur les relations d’affaires aussi bien que touristiques entre les deux pays amis, et ne pourra que contribuer à leur rapprochement économique. ,
- Georges Lanorville.
- 1. Nous ne saurions trop remeçcier ici M. Delattre, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, chef d’exploitation du Port de Dunkerque, auteur d’une étude très complète sur le nouveau ferry-boat, ainsi que la Direction des Annales des Ponts-et-Chaussées, qui ont mis à notre disposition une documentation technique et illustrée particulièrement intéressante, et nous ont bienveillamment autorisé à y faire les plus larges emprunts. G. L.
- LA DÉCOUVERTE DE L’ACÉTYLÈNE DISSOUS
- Dans une conférence faite à Londres en juin, au Congrès international de l’acétylène et de la soudure autogène, M. G. Claude a exposé, de la façon volontiers humoristique qui le caractérise, comment, en 1896, il fut amené avec M. A. Hesse à inventer l’acétylène dissous.
- Ce gaz, sorti du laboratoire de Moissan, attirait une foule d’inventeurs excités par la simplicité de sa préparation, sa vive lumière et les applications qu’on entrevoyait déjà. Mais les difficultés à vaincre étaient nombreuses; la plus importante découlait justement d’un des avantages les plus séduisants du nouveau gaz : la simplicité de préparation par action de l’eau
- sur le carbure de calcium. Chaque appareil d’utilisation comportait un générateur de gaz, mais c’était une réelle sujétion, sa préparation était sale, les résidus malodorants, difficiles à éliminer, les explosions, les fuites causaient des accidents nombreux. Il fallait revenir à la conception normale : produire le gaz dans des usines spécialisées, en laissant au consommateur le seul rôle qui lui convienne : celui de consommer.
- L’acétylène étant liquéfiable par simple compression, la première idée, émise par Raoul Pictet, fut de le mettre à l’état liquide dans des bouteilles d’acier. Mais par suite de son énergie endothermique considérable, l’acétylène sous cet
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- état, est un violent explosif et bientôt des bouteilles, sautant comme des obus, firent renoncer à cette simple mais dangereuse solution.
- « Un jour de 1896, raconte G. Claude, je vis quelque part un siphon d’eau de Seltz... je fus polarisé et, de ce siphon, un trait de lumière jaillit. »
- 11 suffisait, en effet, de trouver un solvant dans lequel le coefficient de solubilité de l’acétylène lut le plus élevé possible. G. Claude entreprit une série de recherches et trouva que l’acétone et l’acétate de méthyle étaient deux merveilleux dissolvants portant le coefficient de solubilité jusqu’à 25, de sorte que, avec seulement 10 à 12 atmosphères de pression, on arrivait à une efficacité d’emmagasinage du même ordre que celle produite parla liquéfaction. C’est l’acétone que choisit M. G. Claude et, actuellement encore, c’est, le seul solvant commercialement utilisé.
- La dilution de l’acétylène dans le liquide inerte annihile ses propriétés explosives, mais alors une autre diffieulté se présente. Si l’expérience montre bien qu’un fil de platine chauffé au rouge dans le sein du liquide saturé d’acétylène sous pression ne provoque pas d’explosion, si ce fil est placé dans l’atmosphère au-dessus du liquide, l’acétylène sous pression qui constitue cette atmosphère se décompose violemment, entraînant en même temps l’explosion du liquide lui-même. Ce fut M. H. Le Chatelier qui trouva la solution élégante en remplissant, le récipient d’une matière poreuse : l’acétone imbibe alors toute la matière, il n’y a plus de chambre gazeuse pour éclater. Depuis lors, la sécurité est totale et souvent des bouteilles d’acétylène dissous sont retirées intactes des ruines d'incendies.
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- A partir de ce moment, l’industrie de l’acétylène pouvait progresser, mais c’est d’une façon tout à fait inattendue qu’elle a trouvé le succès, car le domaine de l’éclairage, primitivement apparu comme riche de possibilités, a dû cesser d’être exploité devant les commodités et les progrès de l’éclairage électrique. C’est l’apparition de deux industries nouvelles : la soudure et le découpage et leur énorme développement, qui assura la fortune de l’acétylène.
- G. Claude cherchant à abaisser le prix du carbure, qui à cette époque était assez élevé, pensa à produire la haute température nécessaire à sa fabrication en faisant brûler le charbon dans l’oxygène au lieu de s’adresser à l’énergie électrique alors très chère. L’atmosphère constituant un réservoir immense dans lequel l’oxygène est simplement mélangé à d’autres gaz, si son extraction était possible à bas prix, le problème serait résolu.
- C’est cette conception qui amena G. Claude à s’occuper du grand problème de la séparation des éléments de l’air, puis à l’extraction des gaz rares, puis à l’extraction de l’hydrogène du gaz des fours à coke et à son application à la synthèse de l’ammoniaque, etc.
- Comme le dit G. Claude, en terminant sa conférence : « Cela montre une fois de plus, que dans la recherche scienti-« fique, on est fréquemment amené à des résultats entièrement « différents de ceux attendus et que c’est souvent le hasard « qui joue le plus grand rôle dans la destinée des chercheurs. « Supprimez le siphon d’eau de Seltz aperçu par hasard un « jour d’agitation cérébrale, et probablement rien de ce que « j’ai fait n’eût été fait par moi. »
- IT. Vigneron.
- LES MINES DE SEL DE TAOUDENI
- Chaque année, au commencement du mois de novembre, l’administration soudanaise fait publier dans tout le pays du sud saharien, de Kidal à Oualata, la note suivante :
- « Salut à tous !
- « Le colonel commandant tout le pays veut que tous les nomades Bérabichs, Kountas, Borradas, les Kel-« Araouan, les indigènes de Bou-Djebeha, les Tadjakants « et tous ceux qui sont dans la nécessité d’aller chercher « du sel, partent avec l’Azalaï avec confiance et soient « tranquillisés. Il fera partir beaucoup de tirailleurs à « Taoudeni (fig. 2). Que tous sachent que l’on a produit « beaucoup de sel. Il y en aura autant que les pierres « répandues sur le sol, et chacun gagnera de l’argent ».
- Aussitôt les peuplades de toutes les régions qui entourent Tombouctou s’affairent et préparent leurs chameaux de bât aux pattes hautes et fortement nouées. Les femmes rangent dans les sacs en cuir (mezoueds) les réserves en vivres pour les caravaniers, la viande boucanée, les boulettes d’arachides pilées avec du piment, du miel, et de la farine de baobab, dénommées communément « bassi », du thé et des petits pains de sucre.
- Les marchands usent de tous les artifices du langage oriental pour obtenir à bas prix les marchandises qui
- vont être troquées à Taoudeni contre les barres de sel des mines d’Agorgott. Le mil, le riz, les cotonnades, la viande fumée, le thé, et le sucre sont entassés dans des sacs que l’on hisse sur le dos des bêtes.
- Puis, dans la réjouissance générale, les fdes de chameaux quittent Gao, Bourem, Tombouctou pour se concentrer à Araouan, le dernier point d’eau d’où partira l’Azalaï, la grande caravane annuelle du sel. Par petites étapes, pendant lesquelles les animaux pourront encore pâturer et s’engraisser, les Kabars Q) qui pendant deux mois vont endurer la soif, la faim, la chaleur torride et le froid, qui vont peut être risquer les embuscades des Draoua et des R’Gueibat qui rôdent en quête de rezzous, franchissent en quinze jours les quelque 300 km. qui les séparent'd’Araouan.
- C’est là qu’ils rencontrent l’escorte militaire composée d’un capitaine, de 80 tirailleurs méharistes, de 20 gou-miers et de 50 auxiliaires, tous munis d’excellents fusils. Si le caravanier n’avait pas peur des rezzous (2) qui le ruinent il se passerait bien d’eux, car il doit leur fournir 40 chameaux qui transportent leurs tonnelets d’eau dont six litres tous les soirs sont versés dans leurs guerbas.
- 1. Les caravaniers.
- 2. Rezzou. Association de détrousseurs et de bandits comprenant de 20 à 300 membres.
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- C’est là aussi que les 3000 chameaux maintenant rassemblés (fig. 3) vont faire leur plein d’eau. Chaque animal a peut-être absorbé une centaine de litres, car pendant les quinze jours que durera la traversée du Djouf, soit 500 km en plein désert aride, l’Azalaï ne rencontrera aucun point d’eau avant Telig, puits situé à 25 km de Taoudeni.
- Mais on ne peut encore trop s’y fier, car il est déjà arrivé que ces puits aient été infectés par le cadavre d’un homme ou d’une biche que les rôdeurs des rezzous avaient jeté, et il faut attendre le retour à Araouan pour s’abreuver, soit plus d’un mois sans boire d’eau potable.
- Puis on moissonne le sbot, espèce d’alfa qui sert de foin aux bêtes. Une partie leur est remise et l’autre est mise en réserve dans le sable. Pour reconnaître la place, on dresse au centre de la dune un redjem, monument de pierres qui sera détruit au retour.
- Enfin la longue caravane de 3000 chameaux prend lentement la route du Nord; les dromadaires se suivent docilement les uns derrière les autres pendant dix à douze heures par jour, du lever au coucher du soleil. Puis le soir, avant la tombée de la nuit, l’Azalaï s’arrête. Les Kabars déchargent les bêtes tandis que l’escorte choisit son terrain de combat. Personne ne fait de feu, car la flamme attire le rôdeur. Les longues théories roussâtres se rapprochent des tirailleurs ; le maître s’enroule dans son burnous et s’endort sur le sable.
- Mais souvent à l’approche du but, l’immense caravane stationne quelques jours aux endroits où poussent de bien maigres pâturages; car depuis plus d’un mois que les dromadaires sont partis de Tombouctou, l’effort, fourni a été considérable. Ils s’éparpillent sur les grandes taches vertes des plantes épineuses qui colorent l’immense plaine rocailleuse. Après quelques jours de détente on lève le camp ; les 3000 chameaux reprennent leurs files silencieuses et pendant qu’un chef de l’escorte va s’entendre avec le caïd de Taoudeni pour la préparation des barres de sel, l’Azalaï se rend au puits de Telig pour refaire sa provision d’eau. Souvent le commandant militaire envoie un méhariste en éclaireur pour s’assurer qu’aucun djich (embuscade de quatre à vingt bandits) n’est à redouter entre les deux énormes gours où s’élève la colline que gardait autrefois un poste militaire.
- Les hommes creusent et désensablent les puits. Pour faire boire les chameaux, on garnit les cuvettes ménagées dans le sable de morceaux de hockhoum, la tente de cuir imperméable des nomades. Les guerbas et les tonnelets des tirailleurs sont remplis. Ce puits de Telig évoque le triste souvenir du djich du 23 mai 1912 à El-Guet-tara (1).
- L’Azalaï annuel se rendait à Taoudeni, mais un rezzou de cent R’Gueïbat avait occupé le puits d’El-Guettara, amenant un nombre important de chameaux razziés chez les Ouled-Djerir.
- A la vue des premiers éclaireurs du lieutenant Lelor-rain, les Maures se retranchèrent. Il leur fallait défendre le puits ou mourir de soif avec leur butin. L’Azalaï,
- 1. Rapport du lieutenant Galet-Lalande.
- épuisé, ne pouvait revenir en arrière; de toute nécessité il lui fallait se ravitailler en eau ou périr. Le combat s’annonçait donc âpre et terrible. Vers le soir, le lieutenant Lelorrain fit décharger les bêtes et le dernier quart d’eau des tonnelets fut distribué à chaque homme. Lelorrain avait tracé son plan; à la tête de ses trente Sénégalais il irait à l’attaque, tandis que l’adjudant Rossi a\ec ses cinquante Kountas progresserait par un mouvement de flanc. Mais les Kountas, terrifiés, se laissèrent gagner par la peur; aux premiers coups de feu ils se sauvèrent et l’adjudant fut tué. Le combat dura trois heures. L’assaut des tirailleurs échoua devant la fusillade nourrie des adversaires et, dans une dernière charge le lieutenant tomba, la gorge traversée d’une balle.
- Les rezzous R’Gueïbat s’emparèrent des mille chameaux de l’Azalaï et poignardèrent Noumouki Taravré, l’unique goumier survivant. Quant aux cinquantes fuyards, ils moururent tous de soif dans le désert, égarés à quelques kilomètres du puits profond de Telig.
- TAOUDENI, CITÉ DU TROC DU SEL
- Taoudeni est enfin atteinte; pourvue d’un ksar, fortin formé d’un quadrilatère d’une centaine de mètres de côté, flanquée de tours, la ville faite de cases en ruines abrite le caïd et ses notables. Dans la cour de sa demeure un appentis protégé par une meurtrière recèle les réserves de vivres qui doivent pendant une année entière nourrir ses gens.
- A chaque Azalaï en dehors duquel il ne reçoit rien, il renouvelle pour douze mois son stock de mil, de viande boucanée, de thé, de sucre... Mais lorsque la caravane libératrice est détruite par un rezzou et que les secours manquent, c’est la famine et la mort. Les indigènes sacrifient les quelques chèvres et moutons qu’ils élèvent; on fait bouillir leur peau, on découpe et on mange les mezoueds, sacs de cuir, artistement décorés; les bois tendres des toitures sont même apprêtés comme nourriture.
- C’est dans ce ksar que s’enferma, le 30 novembre 1927, le caïd Moktar et ses partisans, qui s’étaient révoltés contre les traitants de l’Azalaï. Le prix de vente des barres de sel était l’enjeu.
- Le lieutenant Aurélien de Sèze qui commandait les méharistes soudanais entendait que les conditions antérieures fussent tenues et que les barres de sel fussent chargées au plus vite afin que ses hommes et les chameaux n’eussent pas à souffrir de la faim.
- Malgré ses sommations, la porte de Taoudeni resta fermée. Le 2 décembre elle fut enfoncée, mais par l’étroite meurtrière, Sidi el Moktar tira ; de Sèze eut le côté droit traversé par une balle et mourut sur la route du retour, à treize heures de marche d’Araouan, le 11 décembre 1927.
- L’adjudant Pigeon fit édifier avec des bâts de chameaux une tour de sable qui s’éleva à la hauteur de la tour Sud-Ouest où se tenaient les révoltés. Sur la terrasse de cette dernière on fit un feu de bois qui se communiqua à la tour entière faite de bois et de peaux séchées. En peu d’instants la citadelle n’était plus qu’un brasier. Postés sur leur édifice de sable les méharistes mirent en joue
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- l’unique issue de la demeure du caïd. La porte ouverte, Sidi el Moktar tomba sous les balles des Soudanais qui vengeaient leur chef.
- Et ceci s’est passé il y a neuf ans !
- A 3 km à peine se creusent les mines de sel. La plaine de sable est ampoulée de petits monticules blancs provenant des fosses profondes où l’on extrait le sel à l’air libre.
- Au pied de ces déblais, s’allongent les longues fdes de barres cristallisées. Rectangulaires et empilées les unes sur les autres, elles ont l’aspect d’épaisses glaces dépolies. Le vent à certains endroits les a presque recouvertes de sable et leur champ, étincelant au soleil, marque le sol d’une série parallèle de traits blancs (fig. 4).
- Une curieuse photographie (fig. 5) montre d’ailleurs la puissante force d’érosion du sable entraîné par le vent; les roches sont limées, déchiquetées par cet émeri qui use et effrite la roche la plus dure; c’est la seule curiosité de cette mer de sable.
- Un peu partout, de larges fosses carrées de 8 à 10 m de côté et autant en profondeur recèlent les Hartani qui y descendent par un étroit escalier aux marches hautes et poissantes.
- Une odeur humide de saumure avancée saisit à la gorge. Les pieds nus dans la vase, un captif emplit sans arrêt d’eau salée, qui suinte de partout, une outre sombre, couverte de poils de bouc et la remonte à la surface. Une équipe de trois autres travaillent à côté.
- L’un fouille le sol pour l’approfondir, le deuxième muni d’un pic détache des couches alternées aux nuances blanches et sombres, les blocs de gemme déposés aux temps préhistoriques et le troisième découpe à la dimension courante les plaques diaphanes et brillantes comme du cristal, après les avoir longtemps raclées.
- D’où viennent ces captifs à la peau craquelée gercée, encroûtée de sel, travaillant nus sous l’ardeur des rayons sahariens ?
- Les uns se sont engagés à Tombouctou ou ailleurs dans le Soudan, en signant un contrat de travail contre quelques pièces blanches au chargé d’affaires des mines; les autres sont des razziés des R’Gueïbat, du Rio de Oro, de la Mauritanie ou des serfs de toujours qui sont rivés depuis des générations à la tente du maître qui les emploie et les nourrit. Si même il leur était possible de s’évader, ils ne recouvreraient pas la liberté. Les Bérabichs, les Kountas, les Tadjakants qui se razzient entre eux craindraient de bénéficier d’un Hartani ayant fui la case d’un homme de sa tribu.
- Peut-être leur reste-t-il les villages libres fondés par une administration désireuse de faire disparaître ces restes amoindris d’un esclavage antique ? Mais l’implacable solitude du désert les enserre plus sûrement que les chaînes dont ils pourraient être chargés. Et lorsque l’Azalaï est là, le caïd les surveille.
- Ces 70 captifs, c’est ainsi qu’on les appelle, travaillent six jours pour le maître et deux jours pour payer la chétive nourriture qu’ils reçoivent en bloc une fois par an. Le soir ils gagnent leur gîte creusé à côté de la mine dans les couches alternées de sel et de sable. Là, sur un bloc de sel, ils réparent leurs outils, préparent le mil que par-
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- tagent les dix femmes qui peuplent la colonie. Les enfants anonymes sont beaux, forts et gais.
- L’équipe extrait en moyenne 10 plaques de sel par 24 h, soit 20 barres, que les quatre hommes se partagent pour obtenir au prochain Azalaï annuel, aliments, cotonnades et outils. Les chameaux ont été déchargés et le troc commence.
- Cinquante barres de sel valent un kg de thé; dix barres, un pain de sucre; deux barres, une coudée (50 cm) d’étoffe bleue.
- Deux à trois jours suffisent pour prendre la livraison du gemme. Les plaques, estampillées au bleu ou à l’ocre de Taoudeni, sont chargées par quatre sur le bât des dromadaires, et la longue file des 3000 chameaux escortés des tirailleurs, goumiers et partisans reprend la route du Sud.
- Le Kahar est soucieux car si l’Azalaï n’a pas encore été attaqué et pillé par un rezzou il faut compter sur un
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- Fig. 1. — Carte de VAfrique occidentale française indiquant Vitinéraire habituel de VAzalaï.
- déchet d’un quart des bêtes. Quelques-unes meurent et les autres trop exténuées ne peuvent plus rendre service. Si l’animal faiblit il faut le décharger d’une des quatre barres dont le poids est de 120 kg et l’abandonner. C’est la part de bénéfice du caravanier qui en sera grevée; aussi s’adjuge-t-il généralement les cinq sixièmes de la charge.
- Après un mois de transport, les plaques sont vendues sur le marché de Tombouctou après avoir été taxées de l’achour (impôt du sel).
- Les populations du Niger et du Tchad en sont fort friandes et les sels de Wielicza en Galicie, de Car-doua (Espagne) vendus moins cher ne les intéressent guère.
- Elles réclament ce sel de Taoudeni qui possède de merveilleuses vertus médicinales; il est le sel rituel et sacré des océans du Nord que les sables ont remplacés comme le rapportent les deux courageux enquêteurs, Léo Gerville-Réache et Roger Mathieu qui, à bord de deux Renault, ont violé ces lieux arides (fig. 7).
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- Il faudrait citer aussi les caravanes de sel des Touareg qui puisent à la sebkha d’Amadior (Hoggar). Le même procédé d’échange y est en usage; une charge de sel se troque contre plusieurs charges de bechna, étoffes et
- l’idée de ce que furent dans le monde antique les interminables convois de marchands montés qui transportaient d’un bout de l’Asie à l’autre, les produits aborigènes comme l’astragale, le baume et le laudanum
- Quelques vues de Taoudeni.
- Fig. 2 à 7. — Eu haut, à gauche : L’escorte militaire de Soudanais chargée de protéger les marchands contre les rezzous ; à droite : La concentration des 3000 chameaux prêts à partir. — Au centre, à gauche : Aux mines d’Argorgoit les plaques de sel sont presque ensevelies dans le sable; à droite : Le sable entraîné par le vent use comme de l’émeri les rochers les plus durs. — En bas, à gauche : Les barres de sel alignées et marquées sont troquées contre des vivres et des outils; à droite : Les deux automobiles des enquêteurs qui ont traversé le désert par Colomb-Béchar et Reggan.
- (Photos A.
- accessoires usuels dans l’Aïr et le Damerghou [La Nature, n° 2817, 15 septembre 1929).
- *
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- Cette immense caravane annuelle peut nous donner
- arlingue).
- (Genèse XXXVII-25) et dont l’histoire de Joseph ne fut qu’un petit épisode(1). André Glory.
- 1. P-our ceux de nos lecteurs que ce besoin de sel intriguerait, nous signalons les observations des ethnographes sur les primitifs qui en étaient encore récemment privés : Veddas de l’Inde (Sarasin), Somalis (Lapicque), Papous du nord de la Nouvelle-Guinée (Mosz-kowski) et les problèmes physiologiques posés à ce sujet par Bringe.
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- EN FLANANT A TRAVERS LES SCIENCES 81
- HISTOIRE DU BAROMÈTRE
- II n’est guère d’étude présentant plus d’intérêt que l’historique de la découverte du baromètre. Nous nous proposons dans les pages qui suivent, de vulgariser notions et faits se rapportant à cet appareil. Nous n’avons pas craint de parler des longs tâtonnements qui présidèrent à l’élaboration de cet instrument d’un emploi désormais si courant. L’histoire « populaire », qui a conservé le nom de tant d’engins meurtriers et aussi de tant de gens inutiles ou criminels, passe sous silence les recherches des savants comme si le public ne pouvait s’y intéresser.
- A nos lecteurs de nous dire si l’histoire de l’un des appareils qui ont le plus contribué au progrès de la science les laisse indifférents.
- LA NATURE A HORREUR DU VIDE
- « La nature a horreur du vide », telle était l’opinion professée par Aristote, célèbre philosophe grec de l’antiquité (384-322 av. J.-G.), longtemps considéré comme un oracle et dont, au début du xvne siècle, l’autorité s’exerçait encore tyranniquement sur les esprits, au point que le grand Pascal lui-même ne se décida à rejeter Vhorror vacui que quand il lui devint impossible de nier l’évidence. Tiraillé en sens contraires par la voix de la raison et le respect des anciens, l’illustre physicien écrit en effet, en 1648 : « Ce n’est pas sans regret que je me dépars de ces opinions si généralement reçues; je ne le fais qu’en cédant à la force de la vérité qui m’y contraint. J’ai résisté à ces sentiments nouveaux tant que j’ai eu quelques prétextes pour suivre les anciens; mais, enfin, l’évidence des expériences me force à quitter les opinions où le respect de l’antiquité m’avait retenu ».
- Ailleurs il écrit encore : « Je n’estime pas qu’il nous soit permis de nous départir légèrement des maximes que nous tenons de l’antiquité si nous n’y sommes obligés par des preuves indubitables et invincibles... ». Il est vrai qu’il ajoute aussitôt : « Mais, en ce cas, je liens que ce serait une extrême faiblesse d’en faire le moindre scrupule et qu’enfin nous devons avoir plus de vénération pour les vérités évidentes que d’obstination pour ces opinions reçues... » (lettre de Pascal à son beau-frère Périer, 15 novembre 1647.)
- Par ces quelques lignes nous pouvons juger facilement de l’autorité d’Aristote au moment où l’une de ses maximes les plus connues allait recevoir de l’expérience un démenti, formel semble-t-il, et nous ne nous étonnerons pas si les disciples du célèbre philosophe grec ne reconnurent leur erreur qu’avec peine. Encore eussent-ils probablement essayé de tourner la difficulté si, comme de nos jours, ils avaient su que le vide rigoureux est impossible (ne suppose-t-on pas actuellement qu’un corps quelconque peut émettre des vapeurs à toute température ?) de telle sorte que nous pourrions admettre que la nature a vraiment horreur du vide si la théorie de Torricelli-Pascal ne permettait d’expliquer un plus grand nombre de phénomènes que ne le fait la maxime d’Aristote avec laquelle elle est en opposition. On juge de la valeur d’un arbre à ses fruits; de même, en physique, la fécondité d’une hypothèse est le critérium de sa valeur...
- Mais, comment a-t-on pu supposer que la nature pouvait être douée de sentiments, de sympathie et d’antipathie ? Sur quels faits expérimentaux reposait la prétendue horreur de la nature pour le vide, professée pendant deux mille ans par les philosophes les plus sagaces de l’antiquité et du moyen âge ?
- Pour répondre à la première question il est bon de se rappeler que longtemps, des esprits cependant éclairés (tels que le grand Képler, par exemple) ont considéré la terre comme dotée d’une âme... Quoi d’extraordinaire dans ces conditions que la nature fût un être doué de sympathie ou d’antipathie, et doit-on rabaisser la valeur intellectuelle de ceux qui l’ont cru quand, de nos jours, des gens instruits et intelligents croient aux prédictions astrologiques et ne craignent pas de parer de vertus occultes certains morceaux d’os ou de bois, voire des chiffons !... Et je ne parle pas des explications que l’on donne de l’admirable sensibilité des sourciers !
- QUELQUES EFFETS QU’ON ATTRIBUAIT A L’HORREUR DU VIDE
- Quant aux faits expérimentaux qui semblent étayer l’opinion d’Aristote, ils sont nombreux. Contentons-nous ici d’en citer quelques-uns.
- « Quand une seringue, écrit Pascal, trempe dans l’eau,
- B
- Fig. 1. — En soulevant les Fig. 2. — Lorsqu’on débouche
- pistons on n’aspire l’eau que la bouteille sous l’eau le liquide
- dans la seringue de gauche. ne tombe pas. Il n'en serait pas de
- même si on enlevait les bouchons B.
- en tirant le piston l’eau suit et monte, comme si elle lui adhérait.
- « Ainsi l’eau monte dans une pompe aspirante qui n’est proprement qu’une longue seringue, et suit son piston, quand on l’élève, comme si elle lui adhérait.
- « On prétend que celte élévation de Veau vient de Vliorreur que la nature a du vide qui arriverait à la place que le piston quitte, si Veau n’y montait pas, parce que l’air n’y peut entrer : ce qui se confirme, parce que, si Von fait des fentes par où l’air puisse entrer, Veau ne s’élève plus (fig. 1).
- « ... Si l’on met une bouteille pleine d’eau et renversée, le goulot en bas, dans un récipient plein d’eau, l’eau de la bouteille demeure suspendue sans tomber (fig. 2).
- « On prétend que cette suspension vient de l’horreur que la nature a du vide qui arriverait à la place que Veau quitterait en tombant, parce que l’air n’y pourrait succéder ; et on le confirme parce que si on fait une fente par où l’air puisse s’insinuer, toute Veau tombe incontinent... »
- Les expériences auxquelles Pascal fait allusion sont, comme on le voit, des expériences simples, faciles à réaliser; la seconde même ne fait que décrire le principe sur lequel repose la construction de certains abreuvoirs utilisés dans les basses-cours.
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- Nous pourrions citer encore bien des exemples venant à l’appui de la thèse d’Aristote. En ell'et, n’est-ce pas, semble-t-il, parce que la nature abhorre le vide qui se produirait dans la partie supérieure d’un tonneau plein de vin que le liquide ne s’écoule par le robinet qu’à la condition que la bonde soit enlevée ?
- N’est-ce pas aussi pour neutraliser le vide que doit engendrer le refroidissement de l’air raréfié à l’intérieur d’une ventouse que la peau se soulève ? N’est-ce pas encore par horreur du vide que le lait jaillit du sein maternel sucé par l’enfant ? etc.
- GALILÉE ET LES FONTAINIERS DE FLORENCE
- Cette horreur du vide semblait donc, comme on vient de le voir, confirmée par l’expérience, quand des fontainiers de Florence firent savoir à Galilée que l’eau s’était refusée à monter dans le tuyau d’une pompe aspirante à plus de 32 pieds (10 m 30) au-dessus de la nappe où on la puisait. Cette fois l’expérience apportait un démenti à la maxime d’Aristote; la nature supportait le vide puisque celui-ci existait sans nul doute au-dessus de la colonne d’eau soulevée. En tout cas Uhorror vacui était limitée et Galilée, dissimulant sa surprise, se contenta de répondre aux fontainiers que la nature n’avait le vide en exécration que jusqu’à 32 pieds, ce qui ne l’empêcha
- Fig. 3. — Le principe du baromètre, d’après l'expérience de Torricelli.
- Fig. 4. — Une autre expérience de Torricelli.
- comme on le verra, conformes à l’expérience et celles-ci devaient conduire à la vérité le physicien italien Evangelista Torricelli Q).
- TORRICELLI ET VIVIANI
- Torricelli vit dans les conclusions de Galilée un moyen de faire le vide avec une colonne de liquide moins longue que celle de l’eau, à condition d’utiliser un liquide suffisamment lourd, du mercure, par exemple. Il imagina l’expérience qui porte son nom, mais qu’il ne réalisa pas immédiatement. C’est son élève Viviani qui, le premier, en 1643, un an donc après la mort de Galilée, soumit les idées de son maître au contrôle de l’expérience. Si nous désirons répéter l’expérience de Viviani, imaginée par Torricelli, voici comment nous pouvons procéder.
- On prend un tube de verre de 1 m de long environ, de la grosseur du doigt et fermé à une extrémité. On le nettoie si c’est nécessaire, puis on le flambe sur toute sa longueur pour en chasser toute trace d’humidité à l’intérieur. On remplit ensuite le tube avec du mercure bien sec et bien propre; pour dessécher le mercure il suffira de l’éponger soigneusement avec du papier-filtre. On bouche le tube avec le doigt et on le renverse sur une cuve à mercure. Dès qu’on retire le doigt, on voit le mercure descendre dans le tube et s’arrêter bientôt à une hauteur H au-dessus du mercure de la cuvette (%-3).
- Si on incline le tube pour l’amener de la position (1) à la position (2), le mercure se déplace dans le tube de façon que le niveau supérieur de la colonne reste toujours à une hauteur H au-dessus du mercure de la cuvette. Dans les conditions normales, Il vaut environ 760 mm.
- Signalons en passant qu’en réalisant l’expérience que nous venons de décrire, Viviani avait construit le premier baromètre.
- Mis au courant des faits qu’il avait prévus, Torricelli refit « l’expérience du vide », la publia et c’est le motif pour lequel à juste titre d’ailleurs, elle porte son nom. Les résultats de cette expérience furent connus en France par une lettre de Michel-Ange Ricci, disciple de Torricelli, au Père Mersenne, savant religieux de l’ordre des Minimes, ami et correspondant de Descartes. Le P. Mersenne en fit part à Petit, intendant des fortifications, qui, à son tour les communiqua à Pascal.
- PASCAL - EXPÉRIENCE DE ROUEN
- pas de réfléchir mûrement au problème qu’on lui soumettait. Son attention fut attirée par le poids de la colonne liquide soulevée; il crut trouver la solution.
- « ... Et moi, écrit-il dans ses Dialogues des Sciences nouvelles, parus en 1638, et moi qui sais qu’une corde, une masse de bois, une verge de fer peut s’allonger tant et tant qu’à la fin elle se brise par son propre poids, quand elle est attachée par l’extrémité supérieure, j’ai été jusqu’ici assez peu avisé pour n’avoir pas pensé qu’il en serait de même, à plus forte raison, pour une corde ou verge d’eau. Qu’est-ce qui est attiré dans la pompe, si ce n’est un cylindre d’eau qui, at taché par en haut et de plus en plus allongé, arrive enfin à une limite au delà de laquelle, tiré par son propre poids devenu excessif, il se casse tout comme si c’était une corde ?
- « 11 en arriverait de même, à mon avis, pour d’autres liquides, comme le mercure, le vin, 1’hui'le, etc. Ils se briseraient à une hauteur plus ou moins grande que 32 pieds, en proportion inverse de leur pesanteur spécifique comparée à celle de l’eau, en mesurant ces hauteurs toujours verticalement. »
- Malgré sa vraisemblance, l’explication fournie par Galilée était erronée, mais les conséquences qu’il en déduisait étaient,
- A cette époque Pascal vivait à Rouen. Frappé par l’expérience de Torricelli qui allait à l’encontre des idées reçues jusqu’à ce jour, il entreprit de la répéter avec des liquides de nature différente, avec du vin en particulier, et il acquit ainsi la certitude que les liquides s’élevaient dans les tubes où on les aspirait en raison inverse de leur densité, quelle que fût l’inclinaison ou la forme de ces tubes et il conclut que « s’il était vrai que la nature abhorre le vide, il n’était pas exact de dire qu’elle ne souffrait pas le vide; qu’au contraire cette horreur du vide avait des limites ; enfin que la nature ne fuyait pas le vide avec autant d’horreur que plusieurs se l’imaginent ». Cette constatation déchaîna aussitôt une violente polémique. Les disciples d’Aristote, ayant le P. Noël à leur tête, ne voulurent pas admettre que ce que Pascal considérait comme le vide absolu au-dessus de la colonne de l’expérience de Torricelli, l’était véritablement. Ils soutinrent que l’espace en question était occupé par « l’élément lumineux de l’air subtil qui a traversé les pores du verre pour prendre la place du
- 1. Evangelista Torricelli, né en 1608, mort en 1647; succéda à Galilée dans la chaire de mathématiques à Florence. Son élève Vincent Viviani, né en 1622, mort en 1703, fut également professeur de mathématiques à Florence.
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- mercure ». Par élément lumineux le P. Noël désignait sans doute la lueur (x) que présente souvent le vide barométrique et que plus tard, en 1708, Hawkesbec devait expliquer par un phénomène électrique dû au frottement du mercure contre les parois du verre. Rappelons en outre, qu’à cette époque la lumière était généralement considérée comme l’un des constituants de Pair.
- La réponse de Pascal fut simple et sans réplique. « Puisque, dit-il, la nature de la lumière est inconnue, à vous et à moi, et qu’elle nous demeurera peut-être éternellement inconnue, je vois que cet argument sera longtemps sans recevoir la force qui lui serait nécessaire pour devenir convaincant ».
- En 1647, Pascal apprit que, dès 1644, Torricelli, réfléchissant à l’expérience qui l’a rendu célèbre, était déjà convaincu que c’est à l’air extérieur que le mercure devait d’être refoulé dans le tube. Le 11 juin 1644, le savant italien écrivait, en ofl'et : « Nous vivons submergés au fond d’un océan d’air, et nous savons par des expériences indubitables que l’air est pesant...
- « ... Nous avons fait beaucoup de tubes de verre comme ceux qui sont désignés par les lettres A et B (11g. 4), gros et longs de deux brasses (1 m 20). Ces tubes étant remplis de vif-argent (mercure), se vidaient sans que rien n’y entrât; et pourtant le tube AC restait plein jusqu’à la hauteur d’une brasse et un quart avec un doigt en sus. Pour montrer que le tube était parfaitement vide, on remplissait d’eau jusqu’en I ) le bassin inférieur et, en élevant petit à petit le tube, quand l’extrémité inférieure arrivait à l’eau, on voyait le vif-argent descendre du tube et l’eau la remplir avec une impétuosité elfrayante jusqu’en E.
- « Quand la partie AE du tube AC était vide et que le vif-argent se soutenait, bien que fort lourd, dans AC, voici comment on raisonnait : jusqu’ici on a cru que la force qui empêche le vif-argent de retomber est intérieure à AE et provient du vide, mais je prétends que la force oient du dehors. Sur la
- 1. Ceci est contraire à l’opinion courante qui attribue à l’abbé Picard (1620-1682) la découverte de ce phénomène vers 1675. C’est ainsi qu’on peut lire dans le « Traité des baromètres, thermomètres et notiomètres ou hygromètres par M. D..., publié à Amsterdam chez Henry Wetstein en 1688, pages 50, 51 et 52 : « On ne peut mieux finir ce petit traité qu’en rapportant un phénomène extraordinaire qui arriva en 1675 au baromètre de leu M. Picard, l’un des messieurs de l’Académie Royale des Sciences de France. Il avait depuis plusieurs années, dans l’Observatoire de Paris, parmi ses machines, un baromètre simple, c’est-à-dire un tuyau de verre, bouché par un bout, recourbé et rempli de vil’ argent, comme il est ci-devant décrit. Comme il transportait le baromètre d’un lieu à un autre dans une grande obscurité, il s’aperçut que dans le mouvement du vil argent, il sortait de cette machine de temps en temps des éclairs, comme il en sort du phosphore d’Angleterre lorsqu’il est exposé à l’air. Ayant réitéré ce transport dans une pareille obscurité, il reconnut que toute la partie du tuyau qui est au-dessus du vil argent, et que l’on dit communément être vide, se remplissait d’une certaine lumière entrecoupée qui, à chaque foisque le vil argent balançait dans le tuyau, jetait comme des éclairs; mais cela n’arrivait, dans chaque balancement, que lorsque le vide se taisait et dans la seule descente du vil argent. On a éprouvé plusieurs autres baromètres pour voir si la même chose arriverait, mais on n’en a trouvé qu’un qui approchât de celui de M. Picard, soit que les autres ne lussent pas assez épurés d’air, ou que le vil argent n’en lût pas assez pur, ou qu’il n’y eût pas assez longtemps qu’ils lussent en expérience. On invite les curieux à perfectionner cette petite découverte ». Jean Bernouilli et quelques autres physiciens de l’époque supposèrent que ce phénomène était provoqué par une espèce de phosphore. Quoi qu’il en soit, l’assertion du P. Noël, bien antérieure à l’observation de l’abbé Picard, est difficilement explicable si le célèbre astronome ne lait pas précisément allusion au phénomène que nous venons de décrire; que pouvait-il désigner sans cela par « élément lumineux » ?...
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- surface du liquide qui est dans le bassin pèse une quantité d’air qui a 50 milles de hauteur. Est-il étonnant que le vif-argent qui n’a ni inclination, ni répugnance pour le tube AC, y entre et s’y élève jusqu’à ce qu’il fasse équilibre au poids de l’air qui le pousse ? L’eau dans un tube semblable, mais beaucoup plus long, s’élèvera jusqu’à près de 18 brasses (10 m 30), c’est-à-dire d’autant plus haut que le vif-argent est plus lourd que l’eau, pour faire équilibre à la même cause qui agit sur l’un et sur l’autre. Ce raisonnement a été confirmé par l’expérience faite en même temps du tube A et du tube B, où le vif-argent s’arrêtait toujours à la même ligne horizontale AB, signe presque certain que la force n’est pas intérieure, car il y aurait une force d’attraction plus grande dans le tube AE...
- « ... Je n’ai pu réussir dans ce qui était mon but principal, • à savoir de connaître au moyen de l’instrument EC quand l’air est plus épais et plus lourd, et quand il est plus subtil et plus léger... » En elïet, Torricelli se proposait déjà dès cette époque d’utiliser son appareil pour se rendre compte des variations de la pesanteur de l’air.
- On nous pardonnera cette longue citation dont l’intérêt historique ne saurait échapper à personne. Pascal trouva l’hypothèse de Torricelli des plus séduisantes car, lui aussi, comme il l’écrivit plus tard à son beaurfrère, le 15 novembre 1647, avait peine à croire « que la nature qui n’est point animée ni sensible, soit susceptible d’horreur, puisque les passions présupposent une âme capable de les ressentir». Fig. 5.-—Le mercure du baromètre Il résolut donc de soumettre équilibre le poids de l’air atmosphé-l'hypothèse de Torricelli au rique.
- contrôle de l’expérience.
- La colonne d’air qui surmonte le pied d’une montagne étant plus lourde que celle qui domine son sommet, il s’ensuit que la colonne de mercure qui l’équilibre doit être plus petite au sommet qu’au pied de cette montagne. Si l’expérience confirme ces déductions, la preuve est concluante car on ne saurait dire raisonnablement que la nature exècre plus le vide au pied d’une montagne qu’à son sommet. Et Pascal d’imaginer, probablement sur les conseils de Descartes (*), ce qu’il appelle « la grande expérience ».
- LA GRANDE EXPÉRIENCE
- Pascal chargea son beau-frère Périer qui habitait Clermont-Ferrand, de refaire l’expérience de Torricelli au pied, puis au sommet du Puy de Dôme. Celle-ci fut exécutée un an après la mort de Torricelli, le 19 septembre 1648. Les résultats furent conformes aux prévîsinns_de Torricelli et de Pascal, de telle sorte que l’illustre physicien français pouvait désormais s’écrier, triomphant : « Que tous les disciples d’Aristote assemblent tout ce qu’il y a de plus fort dans les écrits de leur maître et de ses commentateurs pour rendre, s’ils le peuvent, raison de ces choses par l’horreur du vide; sinon qu’ils recon-
- 1. Lettre de Descartes à Carcavi (juin 1649). Descartes prétend en effet avoir conseillé cette expérience à Pascal et se plaint, dans cette lettre, que celui-ci ne l’ait pas tenu au courant des faits. Rappelons que l’expérience de Torricelli a été connue en France par l’intermédiaire du P. Mersenne, ami de Descartes.
- Vide interstellaire
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- naissent que les expériences sont les véritables maîtres qu’il faut suivre en physique. »
- Périer commença par faire l’expérience du vide dans le jardin des Minimes, à Clermont, l’un des lieux les plus bas de la ville. Il s’était muni de deux tubes identiques. Après avoir fait le vide dans ces tubes et noté le niveau du mercure qui se trouva être le même pour les deux tubes, il laissa l’un de ces tubes en observation dans la cour des Minimes tandis qu’avec l’autre tube, il répétait l’expérience de Torricelli à diverses altitudes. C’est ainsi que la colonne de mercure se montra plus courte au sommet du Puy de Dôme que dans la cour des Minimes et que la dilïérenec accusée fut de 3 pouces et une ligne 1/2 (un pouce = 2 cm 707; 1 ligne = 0 cm 226).
- Au reçu de ces résultats, Pascal voulut contrôler par lui-même les variations de longueur de la colonne mercurielle avec l’altitude et il refit l’expérience de Torricelli au haut et au bas de la Tour Saint-Jacques de la Boucherie, à Paris, puis d’une maison haute de 90 marches. Les observations personnelles de Pascal ne firent que confirmer les conclusions de « la grande expérience ». Donc l’ascension d’un liquide dans un tube où on fait le vide est bien due à la pression de l’air extérieur.
- Par la pensée isolons dans l’atmosphère une colonne cylindrique verticale de 1 cm2 de section et allant du sol au vide interstellaire (fig. 5) ; cette colonne pèse le môme poids qu’une colonne cylindrique de mercure de 1 cm2 de section et dont la hauteur est égale à celle donnée par Vexpérience de Torricelli.
- On peut, en somme, considérer l’appareil de Torricelli comme un système de deux vases communicants, l’un d’eux contenant uniquement du mercure et l’autre la colonne d’air dont nous venons de parler.
- Avec un admirable esprit de généralisation, Pascal étendait la statique des gaz à celle des liquides, imputant à la pesanteur et à la pression de l’air, comme il l’avait écrit à son
- beau-frère, en novembre 1647, tous les effets réputés dus à l’horreur du vide parce qu’il ne les considérait déjà que comme des cas particuliers d’une proposition universelle de l’équilibre des liqueurs ».
- Et maintenant, quelle meilleure conclusion pourrions-nous donner à cette étude historique que celle que Pascal lui-même donna au récit de ses recherches ?
- « La nature, écrit-il, n’a aucune répugnance pour le vide; elle ne fait aucun elïort pour l’éviter; tous les effets qu’on a attribués à cette horreur procèdent de la pesanteur de l’air; elle en est la seule et véritable cause et, manque de la connaître, on a inventé exprès cette horreur imaginaire du vide pour en rendre raison. Ce n’est pas en cette seule rencontre que, quand la faiblesse des hommes n’a pu trouver les véritables causes, leur subtilité en a substitué d’imaginaires qu’ils ont exprimées par des noms spécieux (pii remplissent les oreilles et non pas l’esprit. C’est ainsi que l’on dit que la sympathie et antipathie des corps naturels sont les causes efficientes et univoques de plusieurs elïets, comme si des corps inanimés étaient capables de sympathie et antipathie !... Et il en est de même de l’antipéristase (x) et de plusieurs autres causes chimériques qui n’apportent qu’un vain soulagement à l’avidité qu’ont les hommes de connaître les vérités cachées et qui, loin de les découvrir, ne servent qu’à couvrir l’ignorance de ceux qui les inventent et à nourrir celle de leurs sectateurs...»
- Henri Daridon, Professeur de physique.
- 1. Antipérislase (de anti = contre, et péristasis = circonstance) : ancienne théorie d’après laquelle le chaud et le l'roid se combattaient mutuellement, les effets de l’un accroissant la force de l’autre. C’est ainsi qu’on disait que l’hiver augmente la chaleur du corps par unti-péristase, c’est-à-dire par esprit de contradiction, ou, comme disait Paré « par contrariété de l’air voisin ». C’est encore à l’antipéristase qu’on attribuait la grande ardeur du feu pendant l’hiver. De nos jours on sait que ces combustions plus actives sont dues tout simplement à la plus grande densité de l'air froid et par conséquent à une quantité d’oxygène plus grande par litre d’air.
- LE CHIEN MANGEUR D’INSECTES
- Le chien à longues oreilles du centre et du sud africain, ou otocyon, est un animal du groupe des canidés.
- C’est une jolie bête à la fourrure brun grisâtre tirant sur le noir, caractérisée par de grandes oreilles et une queue touffue assez semblable à celle des renards. De taille voisine de celle du chat sauvage, il rappelle par son port celui d’un petit renard gracieux, timide et, tout compte fait, parfaitement inolîensif.
- Mais c’est surtout par son adaptation à une nourriture tout à fait insectivore qu’il est intéressant. Les fourmis, les criquets et les termites constituent le fond de sa nourriture, à laquelle viennent s’ajouter des œufs d’oiseaux, des souris et parfois des bulbes et des baies. Les colons qui l’ont tenu en captivité affirment que l’otocyon vit en bonne intelligence avec la volaille, fût-elle représentée par des poussins.
- C’est sans conteste un animal utile que l’on devrait respecter plus qu’on ne le fait généralement, surtout dans certaines zones du Damaraland et du Namaqualand où les indigènes en tuent chaque année des milliers pour s’emparer de leur fourrure qu’ils estiment beaucoup.
- L’adaptation au régime insectivore de cet animal a modifié profondément certains de ses caractères anatomiques. La dentition, tout particulièrement, a subi chez lui une transformation radicale; le nombre de dents est passé à 46, à 48, ce qui fait plus que chez n’importe quel carnassier, toutes étant pourvues de tubercules pointus propres à dilacérer les
- proies. La dent carnassière si spéciale aux carnivores n’est nullement différenciée des autres molaires, ce qui est encore un caractère d’insectivore. Les mâchoires se sont considérablement allongées, donnant au museau un aspect pointu tout spécial, tandis que les muscles masticateurs temporaux et masséters sont beaucoup plus faibles que chez les carnassiers véritables.
- Ces chiens, aujourd’hui répandus depuis la colonie du Cap jusqu’en Abyssinie, vivent surtout dans les parties sèches et sablonneuses des savanes et des brousses, s’abritant dans les buissons d’épines par paires et bien souvent seuls. Là où l’homme s’est installé, l’otocyon très craintif a adopté des mœurs complètement nocturnes, d’ailleurs fort mal connues. On prétend que la femelle a des portées de quatre à six petits.
- Au sujet de la position des otocyons dans la classification zoologique, M. le Dr Derscbeid prétend, avec beaucoup de raison semble-t-il, que « bien que l’on ne soit pas encore parfaitement renseigné sur l’origine des chiens, il est bien évident que les ressemblances entre l’otocyon et les Mammifères insectivores sont purement superficielles, causées par adaptation à un même régime entomophage, ce régime étant secondairement acquis par l’otocyon, descendant de Carnivores, bien carnassiers. L’augmentation du nombre des molaires, la perte de la dent carnassière, etc... sont autant de cas de « réversibilité » dans l’évolution des organes. La paléontologie ne fait que confirmer cette manière de voir. » G. B.
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- LE MOIS MÉTÉOROLOGIQUE
- NOVEMBRE 1936, A PARIS
- Mois doux dans son ensemble, peu ensoleillé et normal quant à la pluie.
- La moyenne mensuelle barométrique, ramenée au niveau de la mer, 761 mm 6, au Parc Saint-Maur, est en déficit de U mm 5 à la normale.
- La moyenne thermométrique du mois, 6°,7, est en excédent de 0°,6 à la normale. Très douce jusqu’au 19, la température s’est alors brusquement refroidie et est restée ensuite relativement basse jusqu’au 29 inclus, elle ne s’est radoucie que le 30. Le minimum absolu, —0°,8, le 29, est supérieur de 3°,0 au minimum absolu moyen ; par contre, le maximum absolu, 14°,0, le 12, est inférieur de 2°,2 au maximum absolu moyen.
- Par suite de la nébulosité, qui a été très forte, le refroidissement nocturne et réchauffement diurne ont été sensiblement réduits et l’amplitude de la variation diurne a été inférieure d’un tiers à la normale.
- Le thermomètre n’est descendu à 0° ou au-dessous que trois fois (normale 8) et on n’a noté que quatre jours de gelée blanche (normale 9).
- Dans la région, le minimum le plus bas s’est produit entre le 25 et le 30; les chilïres extrêmes ont été pour Paris : — 1°,5 à Montmartre le 26 et le 27, et, pour les environs : — 2°,8 à Bagatelle le 29. Le maximum le plus élevé, enregistré généralement le 12, a atteint 15°,0 en ville (le 1er, à Montmartre et le 2 au Jardin des Plantes) et 14°,4 en banlieue (le 12, à Bagatelle).
- Le total mensuel de la pluie tombée au Parc Saint-Maur, 51 mm 6 a été fourni par 16 jours de pluie appréciable (normale 50 mm 3 en 15 jours). On n’a remarqué aucune chute de neige.
- A l’Observatoire de Montsouris, la durée totale de chute, 49 h 40 m, est inférieure de 20 pour 100 à la moyenne des 25 années 1898-1922 et le nombre de jours de pluie est de 17. Hauteurs maxima en 24 h : pour Paris, 10 mm 8 à l’Hôpital Saint-Louis, du 11 au 12 et, pour les environs, 13 mm à Bry-sur-Marne, du 17 au 18. On a signalé un peu de neige fondue dans la région le 25 et le 27 et quelques flocons épars sur quelques points seulement, le 26 et le 28. 11 est tombé de la grêle mélangée à la pluie le 10, à Levallois-Perret.
- On a noté tous les jours, dans la région, des brouillards exclusivement matinaux et généralement localisés. Visibilités les plus faibles : le 29 à 9 h 20 m à Brévannes et 40 m à Aubervilliers.
- On a enregistré à l’Observatoire de la Tour Saint-Jacques, 44 h 30 m de soleil, durée inférieure de 29 pour 100 à la normale. Il y a eu 15 jours sans soleil dont 7 consécutifs, au cours de la troisième décade.
- A l’Observatoire du Parc Saint-Maur, la moyenne de l’humidité relative a été de 85 pour 100 et celle de la nébulosité de 84 pour 100. On y a constaté : 3 jours de gouttes; 3 jours de gelée; 4 jours de gelée blanche; 6 jours de rosée; 10 jours de brouillard; 15 jours de brume et un jour de tempête.
- Le 19, floraison de la Bose de Noël.
- LES EXTRÊMES MÉTÉOROLOGIQUES POUR LE MOIS DE NOVEMBRE
- Mois le plus froid : 1782, moyenne 2°,3.
- chaud : 1852, — 10°,5.
- Écart : 70 ans et 8°,2.
- La plus basse température observée : 1890, - 15°,0.
- — haute — : 1899, 21°,7.
- Écart : 9 ans et 36°,7.
- Le plus grand nombre de jours de gelée : 1921, 23.
- — petit — — : 1877, 1892 )
- et 1926 $
- Mois le plus pluvieux : 1872, 128 mm 1.
- et en 1800, 129 mm 1 ? (*).
- — sec. : 1752, 1 mm 5 ?
- et en 1714, 0 mm 9 ?
- Le plus grand nombre de jours de pluie : 1878, 25.
- — petit — : 1752, 1 ?
- Mois le plus couvert : 1841, nébulosité : 90 à 92 p. 100 (2).
- — clair : 1788, •— : 32 pour 100.
- Moyenne barom. la pi. basse : 1838, 746,8 (niv. mer : 753,2).. —- la ph haute : 1899, 765,0 (niv. mer : 769,6)
- RÉSUMÉ DE L’ANNÉE MÉTÉOROLOGIQUE 1936
- (Observations du Parc Saint-Maur)
- Année plutôt un peu chaude, avec une moyenne de température de 10°,88, contre 10°,23 moyenne normale des 60 années 1874-1933. Les extrêmes absolus de température ont été de — 4°,9 le 14 décembre 1935 et le 11 février 1936, et 31°4 le 20 juin. Les mois les plus froids ont été ceux de décembre 1935 et février 1936, moyennes 3°,8 et 3°,9; celui le plus chaud, août, moyenne, 18°,2.
- La hauteur totale de pluie tombée s’est élevée à 832 mm 7, répartie sur 189 jours de chutes appréciables, contre 165 chiffre normal, et classe cette année parmi les plus pluvieuses observées au Parc Saint-Maur, la moyenne de la hauteur d’eau annuelle étant de 593 mm 6, elle vient immédiatement après celle de 1930 (884 mm). Quatre mois ont offert des hauteurs d’eau supérieures à 100 mm : décembre 1935, 102 mm5; janvier 1936, 115 mm 2; juin, 103 mm 7, et juillet, 160 mm 4; les mois de mai et d’octobre ont été les plus secs avec respectivement : 17 mm 9 et 19 mm 9.
- La moyenne barométrique de l’année, ramenée au niveau de la mer, a été de 760 mm 21. Le mois de janvier a pré-
- senté une moyenne plus basse de 10 mm 7 que la normale.
- Les moyennes annuelles de l’humidité relative de l’air et de la nébulosité du ciel ont été respectivement : 78 pour 100 et 71 pour 100.
- L’été, à son début, de la mi-juin à la mi-juillet, a été exceptionnellement orageux; septembre l’a.été également, car il a présenté 7 jours de tonnerre.
- On a observé : 45 jours de gelée dont 3 de gelée totale; 54 jours de gelée blanche; 132 jours de rosée; 10 jours de neige; 2 jours de verglas; 4 jours de grêle; 7 jours de grésil; 33 jours d’orage, plus 3 jours d’éclairs seuls; 128 jours de brouillard et 136 jours de brume.
- Em. Roger.
- 1. A Montmorency, d’après Cotte.
- 2. D’après M. Renou, le ciel, en ce mois, a été complètement couvert pendant 29 jours consécutifs.
- Les nombres en regard desquels figure un point d’interrogation (?) signifient qu’ils sont douteux ou au moins fort incertains.
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- CAUSERIE PHOTOGRAPHIQUE11
- CHOIX D'UN APPAREIL
- Choisir un appareil semble, pour beaucoup de personnes, une opération bien facile. Elle ne l’est pas du tout pour celui qui a mission de conseiller ce choix : son devoir sera, tout d’abord, de présenter au lecteur, au futur amateur, les diverses considérations, très nombreuses, qui interviennent dans la décision à prendre. Cet appareil va être pour nous un ami, un confident même, qui nous suivra partout, dans nos excursions et dans nos voyages. S’il nous arrive parfois d’être séparé de lui, nous ne tarderons pas à le regretter car juste, ce jour-là, s’offrira une occasion inespérée de prendre une vue intéressante. Nous lui confierons bien souvent le soin de recueillir des scènes qui seront plus tard, pour nous, des souvenirs précieux et chers. De même qu’il convient de choisir ses amis avec prudence, de même nous ne fixerons notre choix qu’avec circonspection.
- Un observateur non averti, ignorant des choses de la Physique et de la Photographie, pourrait croire qu’il suffit d’adopter un très petit appareil, muni de toutes petites plaques ou d’infimes pellicules qu’il suffirait ensuite d’agrandir à volonté en n’importe quel format. Cet observateur serait en droit d’étayer sa conviction sur les apparences suivantes.
- Tout d’abord, s’il ne considère que l’objectif, il constatera que cet instrument donne, sur le verre dépoli, une image semblant contenir tout ce qui se trouve dans le champ embrassé. Cela paraît si vrai que s’il regarde cette image directement, avec une forte loupe (en enlevant le verre dépoli), de nombreux et fins détails, jusque-là inaperçus, deviennent visibles. Et si la loupe grossit plus encore, si on la remplace par un oculaire ou un petit microscope, d’autres détails plus petits sont révélés à leur tour.
- Substituons au verre dépoli une surface sensible à l’action de la lumière. Cette surface recevra tout ce qui est donné par l’objectif. Donc, pense notre observateur, en la grossissant ensuite fortement, il va retrouver tous les détails que lui montrait la loupe. Et il sera conduit à conclure que plus il grossira, plus il fera apparaître de nouveaux détails comme le fait se réalise à nos yeux quand nous nous rapprochons, de plus en plus, des objets eux-mêmes. Malheureusement, il n’en est pas ainsi, comme nous allons le voir, et contrairement à ce qui semblait résulter d’un examen d’ailleurs très superficiel.
- 1. Voir les n°» 2967, 2972, 2974, 2979, 2981, 2983, 2985, 2987 et 2989.
- Fig. 1. — Images d'un « point » lumineux données par un objectif parfait.
- A gauche : Image fournie par une étoile artificielle simple. A droite : image fournie par une étoile artificielle double. (Les résultats seraient identiques avec une véritable étoile, mais plus difficiles à obtenir en raison des perturbations produites par l’agitation de l’atmosphère.) On voit qu’au lieu de donner un « point » pour image d’un point lumineux, l’objectif donne un « disque » entouré d’anneaux de diffraction. (Dessin effectué d’après des photographies prises au laboratoire.)
- Objectifs. — T oui; d’abord, du fait de la nature ondulatoire de la lumière, la définition des images fournies par les objectifs — quelle que soit leur perfection optique — est limitée : d’un point lumineux ils donnent un disque (et non un point; mathématique). Considérons, parmi tous les objectifs, ceux qui sont spécialement corrigés, et dont la perfection optique est bien supérieure à celle des meilleurs objectifs photographiques : nous voulons parler ici des objectifs astronomiques. Lorsqu’on examine, au moyen de ceux-ci, une étoile avec un grossissement très élevé, l’image obtenue n’est pas un point lumineux, mais un petit disque circulaire, à bords dégradés, entouré d’anneaux lumineux colorés concentriques. Ce « disque central ne doit pas être interprété comme étant « l’image du disque véritable de l’étoile, lequel est tout à fait « insensible » (x).
- La figure 1 montre l’aspect, au foyer d’un objectif parfait, d’une étoile artificielle simple et d’une étoile double artificielle. Le rayon angulaire de ces faux disques stellaires dépend uniquement de l’ouverture réelle de l’objectif et varie en raison inverse du diamètre de celui-ci. Ainsi, pour un objectif de 0m,14 de diamètre (ou plus exactement, comme l’a montré Foucault, de 0m, 137), le rayon du faux disque est de ou, si l’on préfère, son diamètre angulaire est de 2".
- La limite de résolution d’un objectif de 0ra,05 de diamètre est de 2^,4 (dans le cas le plus favorable de l’observation de deux étoiles de même éclat). Sur une mire, dans des conditions atmosphériques optima, un tel objectif montrera donc séparés deux traits angulairement distants de 2",4.
- Transportons ces indications dans le domaine photographique. Considérons l’objectif de 0,n,05 ci-dessus. Si nous le munissons d’un oculaire suffisant, nous verrons séparés deux points lumineux égaux en éclat (les composantes d’une étoile double, par exemple) distants de 2",4.
- Plaçons maintenant une plaque photographique au foyer de cet objectif et supposons, pour un moment, que nous avons affaire à une plaque photographique idéale, dont la sensibilité soit continue, avec laquelle donc on pourrait enregistrer les détails les plus fins, quelle que soit leur petitesse. Sur cette plaque merveilleuse, les deux points lumineux, juste séparés par l’objectif, vont donc s’inscrire et, vus avec un grossissement approprié, ils paraîtront différenciés.
- Nous pouvons calculer quelle sera la distance sur la plaque, séparant réellement les images des deux points. Si l’objectif est ouvert à f/4,5, comme il a 0m,05 de diamètre, sa longueur focale sera de 0m225 et les deux points écartés angulairement de 2^,4 seront séparés au foyer par une distance de 0mm,0026, soit 2,6 microns ou 2^,6 (2).
- Plaques. — Mais ce sont là des conditions toutes théoriques et la « plaque merveilleuse » n’existe pas. Les surfaces sensibles ne sont pas continues — comme nous le verrons plus tard —, elles sont composées de petits éléments qui noircissent après exposition à la lumière et traitement par des réactifs appropriés. Les images sont donc constituées par des assemblages de grains de dimensions diverses. La figure 2 est une microphotographie d’une plaque sensible montrant bien la structure intime de cette plaque.
- Les grains qui forment l’image ont des dimensions varia-
- 1. Lunettes et télescopes, par A. Danjon et A. Couder, page 20. Éditions de la Revue d'Optique, 1, boulevard Pasteur, Paris.
- 2. 1 micron = 1/1000 de millimètre et se désigne par la lettre grecque u. (mu).
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- blés suivant les émulsions et suivant le mode de développement : ces dimensions varient de 0^,5 à 4 A
- On pourrait croire que la limite de résolution des surfaces sensibles est de l’ordre de grandeur des « grains ». 11 n’en est rien, notamment en raison du phénomène de dijfusion photographique (*) qui agrandit considérablement l’image d’un point lumineux et atteint une valeur d’autant plus importante que l’exposition a été plus grande. « La plaque photo-« graphique, écrivent MM. A. Danjon et A. Couder (1 2), est « donc loin de montrer tous les détails qu’un oculaire permet-« trait de voir dans l’image focale avec les mêmes radiations. « On photographie, avec un objectif astrographique donné, « ouvert à f/15, les détails que l’on peut séparer dans une « lunette de diamètre quatre fois plus petit, mais rien de « plus...
- « La photographie ne permet pas d’utiliser à plein rende-« ment le pouvoir de résolution d’un objectif, à moins de lui « donner une distance focale notablement supérieure à 60 fois « son diamètre. »
- Mais alors, l’allongement du temps de pose devient un obstacle très sérieux et l’on doit se résoudre, en définitive, à perdre une bonne partie du pouvoir de résolution de l’objectif si l’on veut avoir une luminosité suffisante (3 4).
- Limite de résolution des surfaces sensibles. - Considérons maintenant la plaque photographique, telle qu’elle existe. « On appelle limite de résolution d’une image photo-« graphique, écrit L.-P. Clerc ('•), la plus petite distance entre « les images de deux points ou de deux traits parallèles qui « peuvent être vues séparément avec un grossissement tel « que les grains individuels de l’image ne soient pas plus « apparents que l’image elle-même. »
- Cette limite varie avec la durée de l’exposition, avec le révélateur employé et, naturellement, avec la composition de l’émulsion, mais elle est sans relation directe avec la grosseur du grain. M. L.-P. Clerc donne un tableau indiquant le nombre de lignes par millimètre qui peuvent être enregistrées par diverses préparations sensibles et que l’on peut séparer avec un grossissement convenable. Voici ce tableau :
- Type Plaques Plaques Plaque
- de à l’albu- posi- Film ciné Plaque ultra
- préparation. mine. tives. positif. rapide. rapide.
- Sensibilité relative Nombre de 0,01 6 10 150 400
- traits séparés par millimètre. 125 62 42 35 29
- L’écartement de deux traits consécutifs nettement séparés est donc de 8 p. pour la plaque à l’albumine et de 34 p. pour la plaque ultra-rapide.
- Si nous reprenons l’exemple, cité plus haut, d’un objectif de 0m,05 ouvert à f/4,5 et qui donnait, au foyer, deux traits séparés de 2"c’est-à-dire écartés réellement de 2^,6, on
- 1. Appelé encore diffusion latérale ou irradiation.
- 2. Lunettes et Télescopes, p. 60.
- 3. Le phénomène de la diffusion photographique offre, nous venons de le voir, un sérieux inconvénient puisqu’il contribue à la perte d’une grande partie des très petits détails fournis par l’objectif. Par contre, sans lui, la photographie astronomique serait tout autre. En effet, sur la plaque sensible, toutes les étoiles, quel que soit leur éclat, ont le même diamètre effectif, qui est pratiquement nul. Sans ce phénomène de diffusion, toutes les étoiles auraient sur le cliché le même diamètre linéaire, ou encore ne seraient pas enregistrées pour celles dont l’image tomberait en dehors d’un grain sensible.
- 4. La technique photographique, 2° édition, p. 221.
- Fig. 2. — Photomicrographic montrant les « grains » constituant l'image photographique.
- Plaque « Lumichrome » Lumière, développée au génol-liydroquinone, grossie 400 fois.
- (Document communiqué par la Société Lumière.)
- voit qu’il faudra grossir cette image 3 fois environ pour l’enregistrer complète sur la plaque à l’albumine et 13 fois pour l’obtenir, complète aussi, sur plaque ultra-rapide.
- Mais alors, cet agrandissement de 13 fois correspond à une longueur focale de 0m,225 X 13 = 2m,92, soit bien près de 60 fois l’ouverture réelle de l’objectif (0m,05 X 60 = 3ra), comme l’indiquent MM. Danjon et Couder.
- Cet exposé aride nous montre qu’il faut abandonner actuellement l’idée d’employer des formats extrêmement petits. Il existe une sorte d’incompatibilité entre les objectifs et les surfaces sensibles. On doit souhaiter de voir progresser ces dernières dans le sens d’une augmentation de la sensibilité et surtout du pouvoir de résolution.
- Nous sommes limités par un format minimum au-dessous duquel nous ne pouvons plus descendre sous risque d’une définition par trop insuffisante, donc d’un manque de netteté et surtout d’un manque de détails qui donnerait des images inacceptables.
- Comment faut=il regarder une photographie ? —
- On peut heureusement sortir de cette impasse en considérant le problème sous un autre aspect.
- En général, on ne sait pas regarder les photographies ! Pour nous en convaincre, il suffit de montrer à un groupe de personnes, prises au hasard, ces petites épreuves issues des appareils à pellicules et tirées avec de petites marges blanches par des spécialistes. Les épreuves passent rapidement de main en main, on y jette un coup d’œil, les dames se contentent de voir si elles font bien dans les groupes, et... c’est tout. Que ces épreuves soient excellentes, artistiques, magnifiques, en quelques instants tout le lot est liquidé. Pourquoi ?
- Parce que ces épreuves ne donnent en aucune manière V impression de la réalité. On les regarde, naturellement, à la distance où elles nous paraissent nettes, c’est-à-dire à la distance de la vision normale. Comme elles sont petites, tout y est rapetissé, ramassé, les détails disparaissent — ces détails qui jouent tant d’importance dans l’existence — on n’éprouve
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- qu’une vision d’ensemble qui ne nous satisfait aucunement parce qu’elle est fausse.
- Transportons-nous devant un des sujets représentés dans une de ces épreuves. Changement complet ! Site magnifique, admirables lointains; ce monument présente des détails de sculpture que nous n’avions pas remarqués, etc., etc.
- L’épreuve ne rend en rien ces aspects. Pour quelle raison P Celle-ci est bien simple. Le minimum de distance pour la vision normale est de 30cm environ. C’est à 30,m que nous regardons un dessin, que nous lisons notre journal. Or, l’objectif photographique donne une perspective conique, à la manière d’un simple trou dans une paroi. Si nous plaçons l’œil à l’endroit même où se trouve l’ohjectif (en admettant naturellement que l’image persiste sur le verre dépoli, et que nous la voyions nette), cette image sur le verre dépoli nous apparaîtrait en vraie grandeur, la perspective serait restituée. Si nous nous trouvons en présence d’une épreuve prise avec un objectif de 0m,30 de longueur focale, nous la regarderons en la plaçant à 0m,30 et alors nous aurons l’impression de nous trouver devant le sujet même qui a été photographié. Tout le secret de la bonne photographie est là : donner au spectateur l’impression qu’il se trouve devant le modèle lui-même, restituer les angles pour obtenir une perspective correcte.
- On admet généralement que l’œil embrasse un angle de 50°. Il s’agit de l’angle de vision pratique, dans lequel on perçoit, sans efforts, les détails du tableau que l’on a devant soi. Or, si nous regardons une épreuve 6 X 9 à 30cm, nous voyons sa plus grande longueur seulement sous un angle de 17°. On comprend à présent que, vue ainsi en raccourci, toute* la perspective enregistrée sur cette petite épreuve nous paraît fausse.
- La conclusion est celle-ci : il nous faut donc toujours regarder nos épreuves de telle manière qu’elles nous paraissent prises avec un objectif de 0m,30 de distance focale (x).
- 1. La Nature publie souvent, sur la couverture, des photographies agrandies que l’on retrouve, en petit format, dans le texte. Les premières donnent toujours une sensation de vérité que l’on n’éprouve pas devant les épreuves réduites. Les lecteurs qui feront la compa-
- Or, un objectif de 0m,30 de foyer couvre le format 18 X 24, il est d’un emploi coûteux et malaisé, et je suppose que mes lecteurs auraient quelques doutes sur la valeur de mon conseil si je les engageais à faire l’acquisition d’une chambre 18 X 24 !
- Cherchons les divers moyens qui nous permettent d’obtenir un résultat sinon identique, mais du moins comparable à ce que donne un appareil de ce format.
- 1° Tout d’abord, employer un très bon appareil de format plus petit et agrandir les clichés de manière à retrouver la focale de 0m,30 ;
- 2° Regarder les petites épreuves, tirées de préférence sur papier brillant, au moyen d’une loupe de grossissement approprié (on peut, pour faciliter les choses, imaginer une loupe fixée sur un support recevant les épreuves, avec une source de lumière dissimulée éclairant l’épreuve);
- 3° Tirer des épreuves sur verre par contact ou à l’agrandisseur et les projeter sur un écran au moyen d’une lanterne. Cette façon est incontestablement la meilleure pour montrer les photographies. Tenir compte, dans une certaine mesure, dans l’examen de la projection, de la position des spectateurs pour qu’ils voient la partie éclairée de l’écran sous un angle voisin de celui sous lequel la prise de vues a été faite;
- 4° Utiliser un appareil stéréoscopique et examiner les stéréogrammes avec des lentilles de même longueur focale que celle des objectifs ayant servi à prendre les clichés.
- En résumé, au point où nous en sommes arrivés, nous savons que le format carré est celui utilisant le mieux le champ utile de l’objectif; nous avons vu que nous ne devions pas espérer utiliser des formats minuscules en raison du pouvoir de résolution des surfaces sensibles, lequel est inférieur à celui des objectifs; et nous savons à présent que nous devons nous outiller en vue de réaliser, par un des moyens indiqués ci-dessus, la focale de 0m,30 sans laquelle nous voyons les photographies sous une perspective incorrecte.
- Nous étudierons, dans la prochaine Causerie, les appareils qui nous permettront d’atteindre ce but. Em. Touchet.
- raison seront certainement d’accord avec nous sur ce point. La plupart des photographies publiées dans le texte devraient être regardées avec une forte loupe.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- LE CYANURE CONTRE LES FOURMIS ET LES GUÊPES
- Un de nos lecteurs nous écrit :
- « J’habite depuis un an une maison neuve, je devrais même ajouter qu’elle n’est pas entièrement terminée, vu que les peintures des portes et fenêtres ne sont pas toutes terminées.
- Cela n’empêche pas que nous avons subi pendant six mois des invasions de fourmis, si obsédantes que ma femme envisageait de changer de domicile. Après avoir essayé de tous les moyens, j’eus recours au cyanure de potassium et cette fois le résultat fut excellent. Voici comment je disposais le poison : à l’angle des murs ou des cloisons avec le sol, je plaçais des morceaux de cyanure de la grosseur d’un petit pois, que j’avais soin de recouvrir d’un morceau de carton pour former un couloir sur le chemin parcouru par les insectes. Le lendemain, les morceaux de cyanure étaient ensevelis sous les cadavres des fourmis. Chaque fois que d’autres fourmis faisaient leur apparition, je recommençais l’installation. Le cyanure se révéla toujours semblable à lui-même.
- J’eus à l’utiliser également contre les guêpes. Ces dangereux hyménoptères avaient construit un nid de la grosseur d’un double décalitre sur l’évier d’une cuisine, dans une maison inhabitée. L’entrée et la sortie des guêpes se faisaient par un trou qui traversait le mur.
- J’étais assez inquiet du mode de destruction à employer.
- J’eus l’idée de disposer des morceaux de cyanure de la grosseur d’une noix, dont trois à la base du nid touchant à l’évier, et trois autres à la jonction du nid et du mur de la cuisine. Le lendemain matin, les six morceaux de cyanure étaient enrobés par les cadavres de guêpes, pas une seule n'était vivante; celles qui étaient dans le nid, autour du nid et à quelque distance dans la cuisine, étaient venues mourir sur les morceaux de cyanure.
- Dans le cas des fourmis, comme dans celui des guêpes, il est curieux de constater, que les insectes sont venus mourir sur le poison même. Existe-t-il une raison explicative ?
- Bien entendu, le cyanure étant un poison très dangereux pour l’homme et les animaux domestiques, doit être manipulé avec précaution et ne peut être abandonné sans surveillance. »
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- COMMUNICATIONS a l ACADEMIE DES SCIENCES
- Séance du 16 novembre 1936.
- Un nouveau moteur, — M. Sklenah présente un moteur rotatif dans lequel le vilebrequin central tourne en sens inverse des cylindres et à une vitesse supérieure. Les cylindres sont dépourvus de culasse et portent intérieurement une couronne fixe munie des organes de distribution et d’allumage. L’inventeur est parvenu à assurer l’étanchéité très difficile des cylindres mobiles sur la culasse fixe par interposition de champignons appliqués par la force centrifuge. Chaque champignon tourne lentement autour de l’axe de son cylindre par 1’eiïet des irrégularités des frottements entre sa surface externe et la culasse; ils réalisent ainsi un rodage qui aboutit rapidement à l’étanchéité. Les avantages de ce moteur proviennent de l’absence de soupapes et du très court contact des bougies avec les gaz chauds; ils ont été mis en évidence par les essais de deux modèles, prolongés pendant plusieurs centaines d’heures. M. Esnault-Pelterie signale à ce sujet que l’ovalisation des joints de piston souvent constatée dans les moteurs rotatifs, par suite de l’importance de la force centrifuge, a été évitée par M. Sklenar en multipliant le nombre de pulsations des pistons et non la vitesse angulaire du moteur.
- Verre phosphorescent. — Les verres peuvent se présenter sous des formes vitreuses et cristallines qui sont séparables par l’attaque dans HCl concentré. M. Pierre Curie, en opérant avec le borate de zinc contenant un peu de manganèse, montre que seul l’état cristallin est susceptible de devenir phosphorescent sous l’excitation ultra-violette, propriété qui n’avait d’ailleurs jamais été encore signalée dans un verre. La fluorescence elle-même est beaucoup plus nette dans les échantillons cristallins.
- Les oxydations dans les cellules vivantes. — En
- utilisant des sels cobalteux (chlorure et sulfate) qui pénètrent facilement et sans dommage dans les cellules vivantes et décèlent leur oxydation par des changements nets de couleur, M. Joyet-Lavergne constate que la coloration verte caractéristique de l’oxydation apparaît au niveau des chon-driosomes et parfois dans les nucléoles, la cellule restant parfaitement vivante. C’est donc à ce niveau que se réalise l’étape fondamentale de la respiration cellulaire.
- Séance du 23 novembre 1936.
- Vitesse de réaction des gaz. — Les réactions chimiques ont en général une vitesse très variable avec la température. Si c’est un gaz qui entre en réaction avec un adsorbant, la vitesse propre de réaction croît avec la température alors que la vitesse d’adsorption décroît, mais relativement lentement. M. Emschwiller montre que la vitesse apparente de réaction qui résulte de leur superposition est, en général, croissante mais passe par un maximum pour une température optima. En opérant sur le gaz carbonique (fonction chlorophyllienne) et sur l’éthylène (polymérisation), ces températures optima sont voisines de 31° et de 9°,5 qui sont précisément les points critiques de ces gaz. Il semble donc que la température critique corresponde à une variation brusque des aptitudes réactionnelles des gaz.
- La mesure des pressions artérielles. — M. Ménard expose les multiples causes d’erreurs et l’influence de l’opérateur dans les méthodes actuelles de mesùre de la pression artérielle. Pour y remédier il a construit un manomètre inver-sable à oscillations amorties en ajoutant dans les réservoirs terminaux du tube à mercure des crochets de verre à orifices rétrécis. Il a aussi établi un oscillomètre à oscillations libres
- où le freinage des oscillations se trouve supprimé par de grandes chambres de détente communiquant avec le boîtier. L’opérateur utilise deux brassards : l’un de compression sur le bras, l’autre de détection sur l’artère humorale au pli du coude. On les laisse communiquer jusqu’à ce que la pression atteigne 4 ou 5 cm de mercure puis on les isole. La quantité et la pression de l’air contenu dans le petit brassard et l’oscillomètre restent alors sensiblement constantes. Au cours de la décompression de l’autre brassard, la première oscillation se produit lorsque la pression atteint la valeur maxima de celle du sang et la plus grande oscillation correspond à la pression moyenne dynamique. L’équation personnelle de l’opérateur est ainsi supprimée et la technique de la mesure devient à la portée de tout opérateur instruit.
- Séance du 30 novembre 1936.
- Nouvel instrument à cordes. — [M. Raisicy a réussi à construire un instrument de musique à cordes ayant à peu près les dimensions de l’alto et sonnant au diapason du violoncelle. Les cordes ont le diamètre maximum compatible avec la musicalité, leur tension est diminuée dans les mêmes limites. L’auteur a surtout eu recours à un accroissement considérable de leur densité en les fabriquant avec une âme résistante supportant la tension et entourée de métaux lourds (platine, or et tungstène).
- Densité optique des vins. — Au moyen d’une cuve à faces parallèles à lame variable et d’un spectrophotomètre, Mme Roy et MM. Boutaric et Ferré ont déterminé la densité optique des vins pour de nombreuses radiations du spectre visible. Pour tous les vins cette densité passe par un maximum pour une longueur d’onde voisine de 52Ü mo, pas très éloignée du maximum de sensibilité de l’œil. La valeur de la densité optique pour cette radiation donne une mesure satisfaisante de l’opacité des échantillons. Le rapport des densités optiques pour les radiations bleues et rouges (p. = 480 mX et p, = 640 mX) donne, d’autre part, une indication suffisante de la coloration; il varie de 3,43 pour F H ermitage à 6,89 pour un bon teinturier.
- L'écèrébration de lépidoptères. — Poursuivant les travaux de lvopec, M. Bounhiol étudie l’influence de l’écéré-bration sur la mue nymphale chez les lépidoptères et en particulier chez le ver à soie. Il constate que dans cette dernière espèce l’opération peut être pratiquée, beaucoup plus tôt après la dernière mue qu’il n’était prévu. Si on considère le seul intervalle entre la dernière mue et la mue nymphale, il existe une certaine période critique à partir de laquelle l’écé-rébration ne supprime pas la nymphose. Pour le ver à soie le seuil critique est placé vers les 55/100 de ce dernier âge de la vie larvaire alors qu’il se situe vers les 70 à 90/100 pour les autres espèces étudiées.
- Le vol des lépidoptères. •— Certaines espèces de lépidoptères diurnes ne peuvent voler qu’au soleil. M. Guignon a mis au point une méthode de mesure de la circulation sanguine dans les ailes, en notant les temps de pénétration jusqu’aux ganglions ventraux d’une goutte de solution de nicotine au 1/10 placée sur l’extrémité de l’aile. En plaçant des papillons soit au soleil, soit dans une étuve, l’auteur a pu ainsi montrer que la vitesse de circulation est manifestement très accrue par la chaleur lumineuse et peu modifiée par les radiations obscures ou la température du milieu. Il est probable que l’inégal pouvoir absorbant des écailles crée des « points de chauffe », conditionnant ainsi la double circulation sanguine et gazeuse dans les ailes. L. Bertrand.
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- NOTES ET INFORMATIONS
- MÉCANIQUE Blindages en verre.
- Les verres et glaces triplex sont aujourd’hui universellement connus. Ce sont des vitrages de sécurité du type « sandwich » composés d’une armature plastique et transparente d’acétate de cellulose emprisonnée entre deux lames de verre mince.
- L’idée directrice qui semble avoir initialement conduit à leur réalisation était de supprimer, lors du bris de la glace, la formation de ces longues lamelles de verre coupantes et pointues, qui déterminent des blessures aussi graves que celles de véritables poignards. L’expérience a vérifié que lorsque la glace est brisée, les éclats de verre restent bien adhérents à l’armature plastique et limitent ainsi les conséquences de l’accident. Aussi l’emploi de ces verres s’est-il généralisé dans la carrosserie automobile, où il devrait être rendu absolument obligatoire. On constata également, ce qui sans doute fut une agréable surprise, que le sandwichage augmente considérablement la résistance mécanique de la glace, tellement que pour certaines c’est au contraire un inconvénient très sérieux : lors d’un accident d’automobile, on n’est pas blessé par les éclats de verre, mais on risque d’être assommé en heurtant la vitre qui ne se brise pas et si une carrosserie est déformée de telle sorte que les portes ne puissent plus s’ouvrir, il devient impossible de briser les carreaux pour sortir de la voiture. On étudia alors un autre genre de verre, dont les propriétés sont analogues à celles des larmes bataviques, un verre trempé qui sous l’influence d’un choc tombe en poussière, sans donner d’éclats pointus, c’est le veri'e « sécurit ».
- La résistance mécanique que confère le sandwichage a ouvert un nouveau domaine d’applications au verre triplex. Les verres triplex simples offrent déjà une résistance remarquable à la pénétration des projectiles : des plombs de chasse tirés à 25 mètres les fêlent sans les traverser.
- Pour certaines applications particulières, il était intéressant d’aller plus loin dans cette voie et de réaliser un vitrage transparent pouvant constituer un véritable blindage : protection des guichets et des caisses des banques et des maisons de commerce, vitrage de wagons spéciaux ou de voitures automobiles destinés aux chefs d’Etat ou à la police, vitrage des postes de pilotage des automotrices exposés à des chocs de plein fouet au passage des ponts ou lors du croisement des trains, équipement des avions rapides dont les surfaces vitrées sont de plus en plus importantes dans les appareils modernes (2 m2 environ pour les avions de chasse, 5 à 8 m2 pour les avions de bombardement), etc., etc...
- Partant de la combinaison simple du triplex, on a été amener à superposer en les alternant plusieurs feuillets vitrifiés et plusieurs feuillets de matière plastique qu’on assemble par le procédé habituel. On obtient ainsi des verres multitriplex; bitriplex (3 feuilles de verre, 2 feuilles de matières plastiques); tritriplex (quatre et trois), etc., dont la résistance est absolument remarquable et bien supérieure à celle des produits qu’emploient les Américains surtout si l’on considère que le multitriplex a une épaisseur très minime, par suite une grande légèreté, tandis que les produits jusqu’ici utilisés devaient, pour la même résistance, atteindre plusieurs centimètres d’épaisseur.
- Des essais récents dont la revue « Glaces et Verres » donne un compte rendu détaillé ont montré que le tritriplex par exemple n’est pas traversé par des balles blindées de revolver calibre 7,65 tirées à une distance de 8 m à raison de 12 pour un carreau de 30 X 30 cm.
- La propriété curieuse, et jusqu’à présent difficilement explicable, que confère le sandwichage : l’augmentation considérable de la résistance à la pénétration des projectiles semble être une propriété générale. C’est ainsi, paraît-il, qu’en Allemagne on construit actuellement des chars dont le blindage, formé d’un certain nombre de feuillets métalliques sandwi-chés, est non seulement beaucoup plus léger, mais encore plus résistant aux balles anti-tanks que les blindages épais monoblocs que l’on utilisait jusqu’à présent. Si cette information est exacte, nous nous trouvons en présence d’une nouvelle conception de la cuirasse dont les conséquences peuvent bouleverser non seulement l’armement défensif et offensif terrestre, mais aussi la construction et la protection des navires de guerre.' H. Vigneron.
- MÉTALLURGIE
- L’emploi du carbonate de soude en sidérurgie.
- La Nature a déjà signalé (x) l’emploi du carbonate de soude pour l’épuration des fontes et des aciers. Ce procédé présente un autre avantage et contribue largement à l’évolution qui se dessine dans certains pays, de la mise en exploitation de nouveaux gisements jusqu’alors négligés.
- En Angleterre, par exemple, un des développements récents les plus intéressants de l’industrie métallurgique est l’utilisation dans les opérations de haut fourneau et en aciérie Thomas des minerais carbonatés du Northamptonsliire pour la production de l’acier.
- Ces minerais contiennent environ 30 pour 100 de fer métallique et de 0,05 à 1 pour 100 de soufre; lors de la fusion ils forment des scories de haut fourneau renfermant de 24 à 27 pour 100 d’alumine. La production à partir de tels minerais de fonte à très faible teneur en silicium requise par le procédé Thomas était considérée comme irréalisable avec les procédés de la pratique ancienne du haut fourneau.
- Pour cette raison, et également parce que la teneur en phosphate était trop élevée pour le procédé Siemens-Martin, les seuls emplois du minerai se limitaient à la production de fonte de moulage et à l’expédition du minerai pour être utilisé mélangé à d’autres.
- Cependant les gisements sont très importants et particulièrement bien situés, à 150 km de Londres, Birmingham et Manchester, c’est-à-dire de grands centres métallurgiques.
- En 1930, l’Angleterre importait de 2 à 3 millions de tonnes d’acier, principalement de l’acier Martin, tandis qu’au même moment, sa propre industrie souffrait des conditions de crise et d’un chômage sérieux. Aussi, en 1934, la Société Stewarts et Lloyds Ltd mit-elle au point, à Corby, un procédé permettant d’utiliser directement les gisements malgré leur forte teneur en soufre et en alumine par rapport à la silice. Le principe de la méthode consiste à ne pas chercher à éliminer le soufre dans le haut fourneau mais par un traitement ultérieur à la coulée, par l’addition de carbonate de soude.
- En Allemagne, par suite de la politique économique du gouvernement, il a fallu chercher à utiliser les gisements de minerais nationaux. Or, le grand développement de la sidérurgie allemande au siècle dernier reposait sur l’emploi des minettes lorraines, gisement extrêmement intéressant puisque, étant très riche en chaux et phosphoreux, il donnait directement au haut fourneau une fonte brute dont la teneur en soufre se maintenait dans des limites admissibles par l’affinage au convertisseur Thomas, après addition de minerai de manganèse pour diminuer la teneur en silicium.
- 1. La Nature, n° 2980.
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- Pendant la guerre, les importations de minerais de manganèse n’ayant pu continuer, on essaya de les remplacer par les fers spathiques autrichiens de l’Erzberg de Styrie, près de Donawitz, et par des scories riches en manganèse, qui y gisaient.
- Après la guerre et la perte des mines de Lorraine, les Allemands ont cherché sur leur propre territoire des gisements de minerais de fer. C’est ainsi que l’on trouva dans la chaîne de collines de Salzgitter, dans la partie antérieure du Harz, des quantités énormes (évaluées à 500 millions de t de fer) de minerai de fer contenant environ 30 pour 100 de fer et ayant une haute teneur en silice, ce qui les faisait considérer comme peu intéressants; dans la Bade méridionale on a trouvé de très importants gisements d’un minerai ressemblant aux minettes lorraines ou luxembourgeoises, beaucoup plus pauvres en fer et en chaux, mais plus riches en silice. Les gisements à l’est et au sud-est de Donaueschingen sont évalués à 1 milliard de t, renfermant 200 millions de t de fer.
- L’utilisation de ces minerais pauvres en fer et riches en silice impose au haut fourneau une allure siliceuse et froide d’où résultent des fontes particulièrement sulfureuses. Il faut donc substituer au procédé ordinaire de désulfuration au haut fourneau qui donnerait alors des scories d’un point de fusion extrêmement élevé (supérieur à 1450°) et par suite, difficiles à éliminer, un procédé plus efficace et plus économique.
- Le traitement par le carbonate de soude, ou la soude, permet de résoudre la question. Ainsi se trouve rendue possible l’exploitation de gisements que leur faible teneur en fer ou leur forte teneur en silice avait jusqu’à présent fait négliger. En France, de nombreux gisements deviennent ainsi utilisables et permettraient la création de nouveaux centres sidérurgiques. H. Vigneron.
- RADIOÉLECTRICITÉ
- L’organisation des émissions de télévision en Angleterre.
- Les transmissions régulières de télévision effectuées par la British Broadcasting Corporation ont commencé dès le 1 er octobre, depuis l’Alexandra Palace à Londres. Les émissions ont lieu trois fois par jour, et pendant 1/2 heure; leur réception est ainsi possible pour de très nombreux sans-filistes.
- Depuis les premiers essais de transmission à basse définition effectués avec les appareils Baird, les amateurs anglais semblent s’intéresser, beaucoup plus que leurs émules français à la transmission des images animées. En dehors des installations de réception d’amateurs, des appareils destinés aux démonstrations publiques ont été placés dans des salles de cinéma, des gares, des hôtels, etc..
- Des essais fort intéressants ont même été entrepris à bord d’avions survolant la région londonienne.
- Les émissions à haute définition sont effectuées par deux groupes en compétition. Le procédé Baird comporte une analyse à 240 lignes par lignes horizontales contiguës, et le procédé Marconi E. M. I. une analyse de 405 lignes entrelacées (2 fois 202 lignes 1/2).
- Les transmissions radio-électriques sont effectuées évidemment sur des ondes très courtes, tant pour les images que pour les sons synchronisés qui les accompagnent. Les signaux d’images sont envoyés sur une longueur d’onde de 6 m 67 et ceux des sons sur une longueur d’onde de 7 m 23. Le décalage est ainsi relativement réduit, et il est possible d’utiliser des récepteurs présentant une partie radio-électrique commune pour les sons et les images.
- Il faut, en principe, que le poste émetteur et le récepteur soient disposés à des hauteurs aussi grandes que possible, de manière à demeurer toujours en visibilité optique.
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- L’Alexandra Palace situé dans le centre nord de Londres est placé dans une position élevée dominant la plus grande partie de la ville. L’antenne d’émission est à une hauteur de l’ordre de 200 m au-dessus du niveau de la mer. Le pylône surmontant la tour de l’édifice porte les antennes d’images au-dessus, et, en dessous, les antennes de transmission des sons.
- La réception régulière est ainsi possible dans la région londonienne, et avec une puissance de l’ordre de 3 kw seulement, dans un rayon d’une soixantaine de kilomètres.
- Il est extrêmement curieux de constater pourtant des réceptions obtenues à des distances infiniment plus grandes surtout évidemment pour les ondes de sons. Des réceptions multiples, et relativement régulières, ont pu en effet être constatées à Johannesburg dans l’Afrique du Sud, la transmission s’effectuant toujours sur 6,67 m (41,5 mégacycles).
- En raison de la faible longueur des émissions, il semble que ces réceptions ne soient possibles qu’à de très grandes distances de l’émetteur, et dans des conditions particulières. Il y a là néanmoins un fait extrêmement intéressant, tant en ce qui concerne l’étude de la propagation des ondes très courtes, que les résultats pratiques possibles, même plus ou moins lointains.
- Nous noterons encore l’emploi dans les studios de télévision londoniens des systèmes d’analyse électro-mécaniques, ou purement électroniques. La Compagnie Baird emploie un dispositif à télévision directe à 240 lignes à analyse électro-mécanique, ainsi qu’une caméra électronique de Farnsworth.
- Cette société utilise également un dispositif de transmission intermédiaire, qui permet de remplacer la télévision directe par la télécinématographie; enfin, on a prévu l’emploi d’un émetteur télécinématographique pour la transmission des films ordinaires.
- Les appareils de transmission Marconi pour la télécinématographie, la télévision directe, et même la transmission en plein air comportent des dispositifs électro-mécaniques ou une caméra électronique construite suivant une licence de l’Iconoscope de Zworykin.
- La particularité essentielle du système réside dans l’emploi de l’analyse à lignes entrelacées, dont nous avons déjà expliqué le principe; elle a pour résultat d’atténuer ou d’éviter le scintillement, d’autant plus à craindre que les appareils récepteurs sont plus perfectionnés et l’image mieux éclairée.
- P. H.
- PHOTOGRAPHIE
- Une photographie curieuse.
- Le R. P. Desreumaux, à Lille, nous communique une très belle épreuve photographique, prise à contre-jour et représentant un sous-bois. Pour éviter d’avoir l’image du soleil sur la pellicule, il a pris soin de placer l’objectif dans l’ombre d’un arbre. Diaphragme : f/22; pose : 1. seconde, sur pellicule « superlumichrome » Lumière.
- La photographie révèle le phénomène suivant : le soleil a débordé un peu l’arbre qui le cachait et forme sur la plaque une tache lumineuse. Mais l’irradiation autour de cet infime segment du soleil n’a pas pris, comme on aurait pu s’y attendre, l’aspect d’un halo circulaire, mais celui de rayons rectilignes disposés en étoile et très régulièrement espacés : il y en a 10 en tout. L’aspect est tout à fait celui d’étoiles avec rayons lumineux comme on a l’habitude de représenter ces astres. L’examen attentif à la loupe montre même un autre système de 10 rayons lumineux aussi régulièrement espacés, ce second système se trouvant décalé un peu au-dessus du premier. Il est vraisemblable que ce second système, beaucoup plus
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- = 92 1
- léger que le premier, est produit par un tout petit segment du soleil, visible en raison des irrégularités de l’écorce de l’arbre. Ce que nous devons retenir de ces apparences, c’est qu’avec l’objectif utilisé, un point lumineux intense donne une image composée de 10 rayons très régulièrement équidistants. Pourquoi ?
- Cette apparence est fréquente dans les images stellaires des étoiles brillantes obtenues avec les télescopes à miroirs, elle résulte de la diffraction de la lumière au bord des tringles qui maintiennent le petit miroir en place. Mais elle ne se produit pas avec les objectifs astronomiques parfaits. Dans le cas actuel, on doit tenir compte que les parties du soleil
- Fig. 1. — Photographie curieuse.
- photographiées ne sont pas partielles mais, en réalité, par diffraction de la lumière, une certaine longueur du bord de l’artère forme une ligne lumineuse d’un éclat extrêmement intense, comme on peut le constater directement à l’œil nu. L’objectif peut présenter deux genres de défauts, qui sont à la base du phénomène constaté : 1° les lentilles qui le composent manifestent de la « trempe » résultant d’un refroidissement irrégulier du verre lors de sa fabrication. 2° les lentilles peuvent être trop serrées dans leur barillet; c’est vraisemblablement la cause des apparences observées. Nous conseillons, pour s’en assurer, d’observer, au foyer même de l’objectif (en se servant comme oculaire d’une très forte loupe, ou mieux d’un petit microscope), un point lumineux intense de très petit diamètre, par exemple une étoile brillante. Nous pensons que son image montrera les rayons que la photographie a révélés. En tout cas, l’objectif donne d’excellentes images et nous conseillons de ne pas y toucher. La diffraction sur le bord des lamelles de l’obturateur pourrait aussi intervenir.
- STATISTIQUE Production du caoutchouc.
- Jusque vers 1914, beaucoup de personnes croyaient que la production du caoutchouc des plantations resterait faible
- pendant très longtemps, comparée à celle des exploitation des arbres des forêts de l’Amérique du Sud, en particulier.
- Les nombres ci-des^ous extraits d’une très intéressante étude de M. P. Tissot dans la Revue de Botanique appliquée, du mois de juin 1936, montrent au contraire, que la production des plantations a été rapidement considérable.
- Surface plantée en 1904 20 000 hectares.
- .. 1910 600 000
- 1923 1 500 000
- — 1929 3 000 000
- 1934 3 500 000
- Voici les principaux pays producteurs, avec leur pourcen-
- tage dans la production totale :
- Malaisie britannique................40 à 50 pour 100
- Indes Néerlandaises................. 30 —
- Ceylan.............................. 6 à 7
- Sarawak et Indochine française . . . 2,5
- Inde anglaise............................ »
- Birmanie................................. »
- Bornéo................................... »
- Siam..................................... »
- La moitié de la production est absorbée parles États-Unis : 433 000 t en 1934, sur un total d’environ 1 000 000.
- D’après l’étude de M. Tissot les production et consommation mondiales ont été les suivantes :
- Production. Consommation.
- Moyenne 1921-1925 . 407 600 tonnes 430 700 tonnes
- 1926-1930 . 711 000 — 650 680 —
- — 1931 . . . 800 000 — 673 000 —
- 1932 . . . 710 000 — 670 000 —
- 1933 . . . 845 000 — 815 000 -
- 1934 . . . 1 000 000 — 939 000 —
- — 1935 .. . 865 000 — 944 000 —-
- La production de caoutchouc de l’Indochine a été : Moyenne 1921-1925.................... 5 750 tonnes
- — 1926-1930.............. 9 800 —
- 1931 .................. 11 900 —
- — 1932 ................. 14 600 —
- — 1933 ................. 17 190 —
- — 1934 ................. 24 050 —
- 1935 27 200 —
- On sait que devant l’accroissement extraordinaire de la production, le prix du caoutchouc s’était avili vers 1920. Un plan de restriction a été appliqué de novembre 1922 à novembre 1928, mais dans les colonies anglaises seulement, le plan Stevenson. Cette diminution de production des producteurs anglais fit hausser un peu les prix ce qui entraîna un accroissement des plantations dans les autres pays. Lorsque le plan fut abandonné les cours retombèrent. De 9 pence par livre en 1928 le caoutchouc est tombé à 6 en 1930, puis à 2 4/5 en 1932. Il fallait chercher un remède à cette situation. Le gouvernement des Indes néerlandaises envisagea alors des restrictions de production puis une entente avec l’Angleterre se montra indispensable. Les pourparlers furent longs et difficiles. Enfin en 1934 un accord fut conclu entre la France, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, le Sarawak et le Siam. Cette convention stabilise la production jusqu’au 31 décembre 1938. Elle interdit toute plantation pendant cette période. Les contingents de production des divers pays donnent un total progressif de 1 000 000 de tonnes en 1934 à 1 250 000 en 1938. Les bons effets de cette convention sur la stabilité du marché sont manifestes.
- L. R.
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- INVENTIONS ET NOUVEAUTÉS
- AUTOMOBILISME
- Le moteur Diesel sur l’automobile de tourisme.
- Les moteur Diesel à combustion interne, dont le fonctionnement diffère notablement de celui du moteur à explosion, est désormais très répandu sur les poids lourds, et permet d’obtenir des résultats économiques réguliers. Les derniers salons de l’automobile de Berlin, de Genève et de Paris, ont montré qu’on pouvait désormais également appliquer de petits moteurs de ce type à l’automobile de tourisme, et dans des conditions pratiques.
- Au Salon de Berlin on a pu voir des modèles à 4 cylindres, de cylindrée inférieure à 2 1 ; au Salon de Genève la Société Saurer exposait un moteur 6 cylindres, de 3 1 600 de cylindrée, et des constructeurs de divers pays s’intéressent désormais à ce problème. Nous pouvons citer ainsi spécialement : Gardncr et Perkins en Angleterre, et Citroën en France.
- Au Salon de l’Automobile de Paris, les modèles Diesel de petite cylindrée du type Mercédès-Benz, pour voitures de tourisme, et Berliet-Ricardo, pour poids lourds, ont été particulièrement remarqués.
- Le moteur Mercédès-Benz à 4 cylindres, d’alésage de 90 et de course de 100 mm, a une cylindrée de 2 1 545; son régime maximum est de 3000 tours-mn ; la puissance au frein est de 15 ch, et la consommation de gas oil au 100 1cm de 9 à 11 1.
- il s’agit, d’ailleurs, là, d’un modèle déjà construit en grande série et présenté avec un châssis tout à fait analogue à celui des automobiles ordinaires à moteur à essence. Le poids du châssis est de l’ordre de 1600 kg et la vitesse maxima de 90 km à l’heure. Grâce à l’excellent rendement thermique des moteurs Diesel, la consommation de carburant est nettement inférieure à celle des moteurs à essence de puissance équivalente, et comme le gas oil est vendu à un prix inférieur de plus de moitié à celui de l’essence, la dépense en carburant est de 1 ordre du tiers ou du quart de celle d’un moteur ordinaire.
- Le prix de vente d’une voiture équipée avec un moteur à combustion interne paraît cependant devoir être très supérieur à celui d’une voiture ordinaire, et, même si la conduite et l’entretien d’une telle voiture deviennent aussi agréables que ceux d’une automobile à essence, les dépenses d'entretien paraissent pour le moment constituer encore un sérieux inconvénient. Les perfectionnements constants apportés à ces petits moteurs atténueront peut-être ces difficultés dans un avenir prochain; en tout cas, les premières réalisations sont déjà fort intéressantes.
- ÉLECTRICITÉ Microphone à tube cathodique.
- L’oscillographe cathodique est décidément un appareil universel. En voici une nouvelle application : le microphone cathodique.
- Le faisceau cathodique, engendré à la façon usuelle, passe entre quatre plaques conductrices parallèles deux à deux, et disposées comme on le voit sur la figure 2. Sur deux de ces plaques fixes, disposées perpendiculairement à la direction du faisceau, et formant les anodes, on applique une lension positive normale. Les deux autres plaques métalliques, parallèles au faisceau, laissent entre ( lies un intervalle supérieur à l’épaisseur du faisceau; l’une de ces plaqués est fixe et épaisse, l’autre au contraire est très mobile (fig. 3).
- On règle le potentiel de la plaque fixe pour que le faisceau passe dans l’intervalle des deux anodes, et, dans ces conditions, tout déplacement de la
- Fig. 1. — Automobile de tourisme équipée avec moteur Diesel à gas-oil. L’aspect général et l’encombrement diffèrent peu de ceux d’un moteur à essence; on voit à droite les systèmes d’alimentation (type Mercédès-
- Benz 45 CV)
- plaque souple entraînera une déviation correspondante du faisceau cathodique, qui viendra frapper une des anodes. On pourra alors recueillir un courant dans un circuit d’utilisation.
- On peut réaliser ainsi un circuit microphonique, dans lequel le système d’anodes avec le faisceau cathodique joue le rôle de la résistance variable d’un microphone à contact.
- La sensibilité dépend uniquement de la position des plaques et de l’intensité du faisceau, le seul élément mécanique de l’appareil étant la plaque mobile dont la construction au point de vue acoustique doit être soigneusement étudiée.
- Nous ne savons si ce dispositif, étudié dans les laboratoires « Standard », a reçu la consécration de la pratique; il montre, en tout cas, l’étendue du domaine d’application du tube cathodique.
- Fig. 3. •— Trajet du faisceau cathodique.
- Plaque fine
- Utilisation
- Cathode
- \ 7Inodes
- Plaque
- microphonique
- mobile
- ' Etage d'amplification fush -pull
- *+H.P
- l/ers circuit d'alimentation et circuit cathodique
- Electrodes
- concentration
- Fig. 2. — Schéma du montage d’un microphone cathodique.
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- Fig. 4. — Adaptateur stéréoscopique « Sléréoly » disposé sur un appareil photographique ordinaire de petit format (Leica).
- PHOTOGRAPHIE
- La stéréoscopie avec un appareil petit format à un seul objectif.
- La stéréoscopie conserve un grand nombre d’adeptes; ses avantages demeurent très grands, puisqu’elle permet d’obtenir des vues photographiques avec tout le naturel et le relief normal, tels que nos deux yeux les perçoivent.
- On ne peut reprocher aux appareils stéréoscopiques que leur complexité, leur encombrement, surtout si l’on utilise des magasins à plaques, la nécessité d’un développement plus compliqué et d’un tirage avec transposition des clichés.
- Les appareils de petits formats utilisant des bobines de pellicules 4x61/2, ou le film cinématographique standard de 35 mm, sont de plus en plus en faveur, en raison de leur faible encombrement, et de leur facilité d’emploi, peut-être quelque peu aux dépens des appareils de stéréoscopie.
- On peut, pourtant, à l’aide de nouveaux dispositifs photographiques ingénieux, conserver les avantages des systèmes stéréoscopiques, et en même temps, ceux des appareils de petits formats, en utilisant un dispositif additionnel se plaçant en avant d’un appareil bien connu pour films standard utilisé désormais par de nombreux amateurs avec grand succès.
- Ce dispositif se compose d’un ensemble de deux prismes qu’on dispose devant l’objectif de l’appareil ordinaire, à l’aide d’une attache métallique facile à poser, et qui donne naissance sur le film à deux images distinctes et indépendantes de l’ouverture du diaphragme de l’objectif.
- Le format normal de l’image sur le film avec cet appareil utilisé de la manière ordinaire est de 24 X 36 mm; avec l’adaptateur on obtient deux vues stéréoscopiques de 24 X 18 mm.
- On utilise, en effet, pour examiner les positifs, un stéréoscope
- spécial à oculaires de grossissement 5 à écartement variable, et à mise au point séparée, qui détermine automatiquement l’inversion optique nécessaire, sans qu’il soit besoin ainsi d’aucune opération photographique complexe.
- Grâce à la qualité optique du système, la présence de l’adap-
- tateur ne nuit pas à la qualité de l’objectif, dont la luminosité et la profondeur de champ permettent encore d’obtenir de bonnes images, même dans des conditions d’éclairage défavorables.
- La bande impressionnée est développée suivant la méthode ordinaire et on en tire un positif par simple contact, sans qu’il soit besoin de transposition.
- Avec du film pour la photographie en couleurs, on peut, de même, obtenir directement avec cet appareil des vues stéréoscopiques en couleurs, sans difficulté.
- lie système est donc de nature à séduire les amateurs de stéréoscopie qui ont abandonné leur passe-temps favori, lorsque sont apparus les nouveaux appareils photographiques do petits formats, si séduisants par leurs avantages.
- Ets Tirantij, 103, rue balayette, Paris.
- MICROSCOPIE
- Pour repérer les préparations : le microviseur Kazeeff.
- Il arrive fréquemment que sur une lame de verre où ont été collées des coupes en séries, ou bien encore où l’on a étalé un frottis de bactéries ou de cellules, un point apparaisse particulièrement intéressant. Le retrouver après qu’on aura déplacé la lame est un travail de bénédictin; on peut y passer plusieurs heures. On a donc cherché divers moyens de marquage ou de repérage dont on pourra trouver la description dans le Précis de microscopie de Langeron.
- A première vue, avec les platines ayant un chariot mobile à mouvements rectangulaires, les plus fréquentes aujourd’hui, il semblerait suffisant de noter sur les deux verniers la position de la lame laissant apparaître le détail voulu dans le cliamp de l’oculaire. En replaçant les deux axes rectangulaires aux points notés, on retombe, approximativement, sur l’endroit désiré; mais ce repérage est quelque peu incertain et ne peut plus servir dès qu’on change de microscope.
- On a réalisé des objectifs marqueurs, terminés par une pointe de diamant, qui permettent de graver un cercle sur le verre de la lamelle. On peut encore cerner le point intéressant d’un anneau marqué à l’encre, au crayon gras, à la peinture, à la gomme laque.
- Bien d’autres solutions ont été proposées, notamment le tracé de lignes croisées sur la platine et la marque de leur emplacement sur la lame ou sur une réglette de carton posée contre. De Yescovi, Curreri, ont ainsi résolu le problème pour diverses formes des platines de microscopes.
- Notre collaborateur, M. W. N. Kazeeff, vient de proposer un autre moyen qui a le mérite de la plus grande précision. Sur une lame ordinaire, aux dimensions normalisées de 76 sur 26 mm, il a tracé 3750 carrés qu’il a tous numérotés de quatre chiffres, de 1001 à 4750, par rangées de 50 carrés. De «ette façon, un déplacement d’avant en arrière fait défiler dans le champ oculaire les numéros successifs 1001, 1002, 1003, etc.; un déplacement de gauche à droite fait apparaître les numéros terminés par le même chiffre, de 50 en 50 : 1001, 1051, 1101, 1151, etc. Supposons qu’on veuille repérer sur une préparation un point intéressant. Sans bouger le chariot, on enlève la lame, on la remplace par le microviseur Kazeeff, on lit le nombre qui apparaît au centre du champ. Au besoin, on le note sur la lame même. Tous ceux qui disposent du même microviseur, quelle que soit la marque du microscope, pourront amener dans le champ le même numéro par le jeu des deux boutons de la platine mobile. A ce moment, il leur suffira d’enlever la lame chiffrée et de la remplacer par la préparation pour avoir sous les yeux rigoureusement le même point qui avait été repéré. On imagine l’économie de temps que procure une telle technique pour les dessinateurs micrographes et pour tous les histologistes et bactériologistes qui veulent montrer les détails de leurs préparations.
- Fig. 5. — Stéréoscope spécial à dispositif optique inverseur destiné à l’examen des vues positives sur film obtenues avec le système de la figure 4.
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- BOITE AUX LETTRES
- COMMUNICATIONS
- A propos de la fabrication du crin de Florence
- {n° du 1er février 193G).
- M. le Dr Cordier, de Bègles, nous écrit :
- « Je crois devoir attirer votre attention sur une « Contribution à l’éLude de la fabrication du crin de Florence », par MM. E. et R. Pus-sard, publiée dans la Revue de Zoologie agricole et appliquée, n06 8 , 9, et 10 (août, septembre et octobre de l’année 1935).
- « Cette étude, faite en vue de l’extension possible, et très désirable de cette industrie en France, dans les laboratoires de la Station de zoologie agricole d’Antibes, envisage l’amélioration des méthodes, l’influence du sexe, du climat, le rendement en crin des diverses races, leur sélection, la conservation et l’hygiène des vers nécessaires pour un bon étirage.
- « Nul doute qu’elle ne fournisse des renseignements fort utiles à ceux que cette question peut intéresser.
- « Au siège de la Société d’étude et de vulgarisation de la Zoologie agricole, Institut de Zoologie de la Faculté des Sciences, 149, cours de la Marne, Bordeaux, il est possible de se procurer les numéros en question. »
- A propos du dépôt des poussières dues au chauffage, en particulier sur les plafonds en plâtre des planchers en bois (n° 2990 du 1er décembre 1936).
- En réponse à ia question posée par M. le Dr Bonnet, M. Louis Charonnat, architecte, nous écrit :
- « Les taches noires, qui laissent apparaître en clair les solives, sont dues à la porosité du plâtre.
- « Les poussières, entraînées dans les courants d’air chaud, viennent, avec la couche d’air, s’amasser dans la partie haute de la pièce.
- « Cet air exerce une pression sur les parois et s’échappe par tous les trous, fissures et calfeutrements des portes, croisées, etc., qui permettent son expansion et en particulier pour la question qui nous intéresse, traverse les pores du plâtre où il est filtré. Les parois du plafond sont composées de parties pleines en bois (solives) et de parties de remplissage (lattis avec augets en plâtre). Ces parties de remplissage étant plus facilement pénétrées par l’air chaud, le filtrage a lieu d’une façon plus active et le dépôt de poussières est plus important. »
- QUESTIONS ET REPONSES
- Disques de phonographe pour enregistrement direct.
- Les disques phonographiques, utilisés pratiquement pour l’enregistrement direct des sons, comportent généralement une âme métallique recouverte d’une couche très homogène de nitrate de cellulose. A l’étranger, en Angleterre surtout, on utilise pourtant encore quelquefois des disques métalliques exigeant l’emploi d'aiguilles spéciales non métalliques pour la reproduction des sons enregistrés.
- Ainsi qu’il a été indiqué dans le numéro 2988 de La Nature, du 1er novembre 1936, des études ont été entreprises aux États-Unis, en Allemagne, et en France, pour la réalisation de disques d’un genre nouveau à surface transformable, de consistance assez molle au moment de l’enregistrement, et pouvant être durcis par un procédé peu complexe avant la reproduction.
- Vous trouverez dans l’article indiqué plus haut des indications sur un nouveau modèle américain de ce genre. Les disques allemands analogues étaient, croyons-nous, du type « Dralowid ». Enfin, en Krance, M. Brémond avait effectué des études sur la môme question, il y a déjà plusieurs mois.
- Nous ne savons pas si le modèle américain est déjà dans le commerce, et nous croyons que le procédé est encore en étude dans les laboratoires. Pour avoir des indications sur les procédés allemands, vous pourriez utilement avoir recours aux constructeurs suivants :
- Établissements Gautrat, 24, rue de Vintimille, Paris.
- Établissements Reisz, 16, square du Bois-de-Boulogne, Paris.
- Pour avoir, de même, des indications sur le procédé français, vous pourriez vous adresser à la revue Machines parlantes et Radio, 15, rue de Madrid, à Paris. Réponse à M. Moreau-Febvre, à Paris.
- Disques pour enregistrements phonographiques.
- Les disques phonographiques pour enregistrement direct, à surface relativement molle au moment de l’enregistrement, puis durcie avant la reproduction, soit simplement sous l’action de la chaleur ou de l’air, soit par un procédé très simple, qui ont été décrits dans la revue ne sont pas encore employés pratiquement en France.
- Vous pouvez consulter, sur cette question, les indications qui ont été données dans la réponse précédente a M. Moreau-Febvre. Il n’existe pas, d’ailleurs, de documentation très générale sur la question. Nous pouvons seulement vous conseiller la lecture des articles qui ont paru à ce sujet dans la revue Machines parlantes et Radio, 15, rue de Madrid, Paris (8e). Réponse à Dr Fauvel, à Paris.
- Précautions dans la circulation automobile.
- Nous vous remercions de votre communication. Il est certain qu’un bon conducteur d’automobile ne doit jamais passer devant un piéton
- qui traverse la route, et doit faire tous ses efforts pour le croiser normalement dans le dos. Même si le piéton est distrait et n’a pas vu ou entendu la voiture, le danger est le moins grand, le passant ne songeant pas heureusement à retourner en arrière, sauf par un hasard malheureux et exceptionnel. Votre indication est évidente, mais il est toujours bon de la rappeler aux automobilistes.
- Peut-être pourrait-on seulement faire une exception en ce qui concerne la traversée des passages cloutés dans les villes. Avant de s’engager sur le passage, le piéton doit regarder à sa droite ou à sa gauche, et, à ce moment, l’automobiliste peut passer sans danger, puisque son arrivée a été aperçue, si le piéton ne se trouve pas encore engagé sur le passage. Réponse à M. D. L. à Liège (Belgique).
- Projection en relief en lumière polarisée.
- Les travaux entrepris pour la réalisation de projections animées en relief, au moyen de lunettes et de filtres à lumière polarisée, ont été surtout effectués ces derniers temps en Allemagne, et ils ont été signalés dans La Nature.
- Le Dr Ilaase d’Iéna, de la Sté Zeiss Ikon, a employé dans ce but des filtres de polarisation du type Hérotar établi par cette maison. Les écrans de projection utilisés ne sont pas du type ordinaire qui pourrait dépolariser la lumière, mais des verres dépolis ou des surfaces métalliques argentées par exemple. Des systèmes de ce genre possèdent un pouvoir de dispersion relativement faible et un angle visuel limité; on remédie à cet inconvénient en munissant leur surface de cannelures de formes diverses déjà proposées depuis longtemps.
- Des projections satisfaisantes ont été obtenues au moyen de film normal de 35 mm, avec images partielles disposées l’une à côté de l’autre, en partageant la surface en deux moitiés suivant la largeur; on a également utilisé du film gaufré étroit de 16 mm, avec des images partielles emboîtées l’une à l’autre, suivant le procédé des réseaux.
- Pour avoir des renseignements d’ordre commercial sur ces systèmes, vous pouvez vous adresser aux constructeurs suivants :
- Société Ikonta (Zeiss Ikon), 18, faubourg du Temple, Paris (10e). M. Von Ardenne, 19, Jungfernstieg, Berlin Lichterfelde (Allemagne).
- Réponse à M. Baudin, à Paris.
- Appareil d’émission pour ondes u!tra=courtes.
- Avec les systèmes émetteurs transmettant des micro-ondes de l’ordre du mètre, on peut effectuer toutes les expériences de physique de démonstration avec un pont de Lecher, un couple thermo-électrique et un micro-ampèremètre, ou même un système à ampoule à incandescence ou à luminescence.
- On peut effectuer ainsi les expériences de réflexion, de réfraction, etc.
- On utilise maintenant, également, des magnétrons, tubes très sim-
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- plifiés, comportant seulement un filament à une anode scindée en deux parties au moyen de deux fentes opposées.
- On applique une tension positive sur l’anode et les électrons émis par le filament sont attirés par elle. La propagation est effectuée dans un champ magnétique produit par un électro-aimant, de sorte que la trajectoire est modifiée autour des lignes de force du champ créé.
- Si les deux anodes élémentaires ne sont pas en équilibre électrique, la trajectoire est modifiée, et des oscillations à haute fréquence prennent naissance dans le tube, le circuit oscillant est relié directement aux deux anodes. L’énergie produite peut être alors relativement considérable.
- Vous pouvez trouver des indications sur ces questions dans l’ouvrage « Les ondes courtes et ultra-courtes », par P. Hémardinquer et H. Piraux (Dunod, éditeur). Pour des renseignements pratiques d’ordre commercial, vous pouvez, d’autre part, vous adresser aux constructeurs suivants :
- Société Philips, 2, cité Paradis, Paris.
- Société française radio-électrique, 79, bd Haussmann, Paris.
- Réponse à M. Doucet, à Marseille (B.-du-Rhône).
- Emploi de cellules photo=é!ectriques pour la télémé= canique.
- U n’est indispensable d’utiliser des cellules photo-électriques proprement dites à vide ou môme à gaz, que lorsqu’il s’agit de traduire des variations de lumière à fréquence élevée : haute fréquence ou fréquence musicale.
- Pour la télémécanique, on peut fort bien se contenter de dispositifs d’action moins rapide, mais plus sensibles, tels que les cellules au sélénium, et surtout les cellules à couche d’arrêt, qui trouvent tant d’usages industriels, en particulier pour la photométrie. Ces cellules sont sensibles à des zones particulières de radiations visibles ou invisibles; on en trouve qui sont plus particulièrement sensibles aux radiations infra-rouges.
- Parmi les fournisseurs de cellules de ce genre, vous pouvez consulter les constructeurs suivants :
- Etablissements Gautrat, 24, rue de Vintimille, Paris (9e).
- Le Matériel téléphonique, 44, quai de Boulogne, Boulogne-Billancourt;
- Etablissements Cerna, 236, avenue d’Argenteuil, Asnières.
- Réponse à M. M..., à Alger.
- De tout un peu:
- M. H. Le Roy, àChaville.—• Vous pouvez préparer vous-même une très bonne peinture verte pour chaises et bancs de jardin en prenant :
- Huile de lin.............................. 100 grammes
- Essence de térébenthine................... 140 —
- Siccatif en poudre......................... 30 —
- Blanc de zinc broyé à l’huile............ 1000 —
- A ce mélange ajouter une quantité suffisante de vert de chrome pour obtenir le ton voulu.
- Avoir soin de faire « infuser » pendant douze heures le vert dans une partie de l’huile pour le couvrir, de façon qu’il soit bien mouillé et qu’après délayage final, il ne reste pas de grains, ce qui donnerait des trainées au pinceau.
- N.-B. — La quantité de vert est variable suivant l’intensité de la teinte cherchée, on peut également y ajouter un peu de jaune de chrome, si on désire un vert du type vert irlandais.
- M. Rochet, à Châteauneuf (Charente). — Le meta ou charbon blanc est fabriqué par la Société suisse de produits chimiques La Lonza, qui lui a donné ce nom par abréviation de son nom scientifique métaldéhyde, c’est un isomère de l’aldéhyde éthylique, lequel possède encore un autre isomère, le paraldéhyde.
- Ces produits prennent simultanément naissance par polymérisation de l’acétaldéhyde, en présence d’un catalyseur : acide sulfurique ou sels; dans la pratique, on réalise des conditions de température telles que ce soit le métaldéhyde qui prédomine.
- Le métaldéhyde ne fond pas à la pression ordinaire ; vers 112°-113° C, il commence à se sublimer, son poids moléculaire correspond, d’après les dernières recherches, à la formule (CH3COH)3; son pouvoir calorifique est d’environ 6000 calories par kg.
- Le métaldéhyde insoluble dans l’eau est peu soluble dans la plupart
- des solvants : sulfure de carbone, acétone, acide acétique. L’acétaldéhyde à 19° C en dissout 0,25 pour 100, le paraldéhyde à 12° C, 0,06 pour 100, l’alcool bouillant 1,8 pour 100, l’éther 0,5 pour 100, le benzol 13,5 pour 100.
- Si on approche une allumette, il s’enflamme aisément, sa flamme bleue est analogue à celle de l’alcool, il brûle sans odeur, sans fumée, sans se désagréger et ne laisse aucun résidu. Quand on souffle, il s’éteint facilement en dégageant une odeur de pomme.
- IVI. Poîliottijà Paris. — 1° Les abrasifs légers employés pour le polissage des verres d'optique sont la potée d’étain et le rouge d’Angleterre, ils peuvent également servir pour le spath fluor, mais dans ce cas ils doivent être extrêmement fins, ce qu’on réalise en les délayant dans l’eau, puis en décantant le liquide trouble après un repos de quelques minutes; abandonné ensuite à lui-même ce liquide donne alors un produit d’autant plus fin que le repos avant décantation
- aura été plus prolongé.
- 2° Le mastic Golaz est ainsi constitué :
- Résine ordinaire....................... 300 grammes
- Cire d’abeilles.........................100
- Suif de mouton..........................100 —
- Brique pilée et tamisée.................400
- 3° La formule du vernis pour instruments de physique est la suivante :
- Sandaraque pulvérisée...................140 grammes
- Gomme sang dragon....................... 15
- Curcuma en poudre........................ 3 —
- Gomme gutte.............................. 2 —
- Essence de térébenthine.................420
- Essence d’aspic.........................420
- M. I. Roland, à Libourne. — Les émulsions de paraffine se réalisent
- par l’intermédiaire des savons, en particulier de celui de résine, généralement on les associe de la façon suivante :
- Prendre :
- Savon blanc............................150 grammes
- Résine du commerce.....................100 —
- Carbonate de soude sec................. 70 —
- Paraffine.............................. 50 —
- Eau ordinaire........................ 5000
- Faire dissoudre dans l’eau bouillante le savon et le carbonate de soude, ajouter progressivement d’abord la résine, puis la paraffine et continuer à agiter le mélange jusqu’à refroidissement complet.
- Conserver en vase clos jusqu’au moment de l’emploi.
- B. H. B., à Beyrouth. — D’après le Bulletin de la Chambre de Commerce de Paris, les articles suivants sont demandés à l’importation dans votre région et seraient par conséquent susceptibles d’être fabriqués sur place, avec profit : parfumerie — produits d’entretien — tresses de chapeaux de paille — passementerie — tricotage — jouets — fleurs artificielles — balais — boutons — articles en caoutchouc — produits d’alimentation.
- Vous trouverez à la Librairie Baillière, 19, rue Hautefeuille et à la Librairie Desforges 29, quai des Grands-Augustins, toute une série de petits ouvrages qui vous permettront éventuellement de vous fixer sur les possibilités de semblables fabrications.
- IVI. Autrique, à Bruges. — 1° Le sirop de miel ou mellile simple se prépare de la façon suivante :
- Prendre :
- Miel blanc.............................. 4000 grammes
- Eau distillée.......................... 1000 —
- Faire fondre le mélange puis évaporer jusqu’à ce que la mellite marque 31° B, c’est-à-dire ait une densité de 1,270.
- Enlever pendant ce temps les écumes, clarifier à la pâte à papier, puis passer à la flanelle.
- 2° Le sirop de sucre ou sirop simple s’obtient d’une façon analogue en prenant :
- Sucre blanc.............................. 1700 grammes
- Eau distillée.......................... 1000 —
- Chauffer jusqu’au premier bouillon, ou concentrer au besoin de manière que le sirop bouillant ait une densité de 1250 et terminer comme ci-dessus. i
- Le Gérant : G. Masson'.
- 9156. — lmp. Lahure, 9, rue de Fleurus, à Paris. — 15-1-1937. —Publishedin France,
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- = LES COMPTEURS PHOTOÉLECTRIQUES 103
- ET LEURS APPLICATIONS A L’ÉTUDE DES RAYONNEMENTS EMIS AU COURS DES RÉACTIONS CHIMIQUES ET DES PROCESSUS BIOLOGIQUES
- Les cellules photoélectriques de types très différents sont aujourd’hui d’un usage courant dans les laboratoires et dans l’industrie. Recevant un rayonnement lumineux ou ultra-violet, elles manifestent la présence de ce rayonnement par la production ou la variation d’un courant électrique. On est parvenu à augmenter beaucoup la sensibilité de ces cellules, ce qui explique qu’elles peuvent s’adapter aux usages les plus divers.
- Laissant de côté, dans cet article, les modèles courants de cellules photoélectriques, nous nous proposons d’attirer l’attention sur des dispositifs d’une sensibilité extrême, appelés plus spécialement compteurs photoélectriques, grâce auxquels on a pu déceler et mesurer des rayonnements extrêmement faibles qui avaient échappé jusqu’ici à l’investigation directe, et établir notamment la production d’un rayonnement ultra-violet par un grand nombre de réactions chimiques et par divers processus biologiques.
- I. — DESCRIPTION ET PROPRIÉTÉS DES COMPTEURS PHOTOÉLECTRIQUES
- Principe. — Les compteurs photoélectriques les plus sensibles ne diffèrent pas, par leur principe, des cellules de modèle courant basées sur l’émission photoélectrique des métaux. Ils sont constitués par une ampoule renfermant un gaz et dans les parois de laquelle sont fixées deux électrodes dont l’une, la cathode, est photosensible, c’est-à-dire possède la propriété d’émettre des électrons lorsqu’elle reçoit un rayonnement approprié. Entre les deux électrodes, on établit une différence de potentiel voisine de celle pour laquelle une décharge se produirait. Une très grande résistance R de l’ordre de 10 milliards (ÎO10) d’ohms est insérée dans le circuit (fig. 1 et 2). Si un rayonnement convenable vient frapper la cathode, les électrons émis sous cette influence sont accélérés par le champ électrique et déterminent une ionisation intense du gaz de l’ampoule sous l’influence de laquelle s’établit une décharge.
- Toutefois, même en l’absence de tout rayonnement excitateur, il se produit toujours des décharges spontanées dont le mécanisme est encore mal connu, mais qu’il semble naturel d’attribuer aux nombreuses causes d’ionisation qu’il est impossible d’éliminer complètement, telles que la présence de substances radioactives dans les matières utilisées à la construction du tube ou se trouvant dans le voisinage de la cellule, l’action des rayons cosmiques, etc. Il y a, bien entendu, intérêt à réduire au minimum ces décharges spontanées.
- Les physiciens qui ont étudié les compteurs photoélectriques ont essayé diverses formes de montage afin de rechercher le modèle dont le fonctionnement donnerait
- les meilleurs résultats. Rajewsky a utilisé d’abord une cathode cylindrique présentant, suivant deux génératrices, une fenêtre destinée au passage du rayonnement, l’anode étant constituée par un fil de tungstène tendu suivant l’axe du cylindre. Une telle disposition exige que les électrodes soient rigoureusement centrées et que la surface intérieure de la cathode soit parfaitement régulière. Frank et Radionov ont préconisé un dispositif plus simple dans lequel la cathode est un disque et l’anode un fil de tungstène. M. René Audubert, après avoir minutieusement étudié les divers modèles qui ont été proposés ainsi que d’autres comportant une cathode rectangulaire et une anode en forme de fil ou de grille, a été amené
- Haut-parleur
- Compteur
- Ampli-
- ficateur
- Relais
- Fig. L — Schéma de montige d’un compteur photoélectrique destiné à déceler un très faible rayonnement.
- à conclure que tous ces dispositifs donnent des résultats sensiblement équivalents. Il semble donc naturel, comme il l’a fait, d’adopter les plus simples, dans lesquels la cathode a la forme d’une plaque, l’anode étant constituée par une grille ou un fil (fig. 3). Cependant, le même auteur a constaté que le rayon de courbure des électrodes exerce une influence notable, d’une part sur la sensibilité, d’autre part sur le nombre des déchargés spontanées, celui-ci étant particulièrement réduit lorsqu’on emploie une cathode convexe et une anode en forme de pointe dirigée vers la cathode. La figure 1 donne le schéma d’un montage utilisé par M. René Audubert au cours de belles recherches qu’on lui doit dans ce domaine. Les décharges peuvent être décelées par un électromètre, mais il est beaucoup plus simple de les enregistrer au moyen d’un amplificateur, d’un relais sensible et d’un compteur téléphonique, un haut-parleur permettant de contrôler .le fonctionnement du compteur téléphonique.
- En ce qui concerne la nature du gaz contenu dans l’ampoule et sa pression, M. René Audubert a constaté que ces deux facteurs ne semblent pas exercer une influence appréciable sur la sensibilité. Il a obtenu des résultats
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- analogues avec le néon, l’azote, l’oxygène, l’hydrogène, pour des pressions comprises entre 1 mm et plusieurs centimètres de mercure.
- Cependant, la nature du gaz intervient d’une manière importante dans la durée d’utilisation du compteur. Au bout d’un temps qui varie de quelques heures à quelques jours, suivant la nature de la cathode et celle du gaz, les cellules durcissent en même temps que diminue leur sensibilité. Le vieillissement se produit rapidement dans le cas de cathodes oxydables d’aluminium, de magnésium, etc., fonctionnant en présence d’oxygène; il est beaucoup plus lent lorsque la cellule est remplie d’hydrogène ou d’azote. Les électrodes métalliques recouvertes d’une substance photosensible obtenue par altération du métal sous-jacent (iodure, sulfure et oxyde de cuivre; oxyde d’étain; sulfure de cadmium), sont beaucoup moins sensibles au vieillissement.
- Courbe caractéristique. — Le nombre moyen de décharges n qu’éprouve pendant un temps donné un compteur soumis à une action constante dépend, d’une manière étroite, de la différence de potentiel V appliquée entre les électrodes. La courbe (fig. 4) qui représente cette variation constitue ce qu’on peut appeler la caractéristique du compteur. Le nombre de décharges augmente d’abord lentement en fonction de la tension, ce qui correspond pour la cellule à un régime de grande stabilité, mais de sensibilité médiocre, puis il croît très rapidement avec la différence de potentiel : la stabilité du fonctionnement diminue, mais la sensibilité augmente.
- M. René Audubert a constaté que cette caractéristique dépend essentiellement de la valeur de la résistance R intercalée sur le circuit de décharge. Il est commode d’utiliser à cet effet des résistances liquides constituées par des mélanges en proportions variées de xylol et d’alcool enfermés dans des tubes scellés.
- Pour déterminer la sensibilité absolue d’un compteur, on le soumet au rayonnement d’une lampe à résonance à
- Fig. 2. — Vue d’ensemble du montage d’un compteur photoélectrique. A, haut-parleur; B, amplificateur; C, compteur photoélectrique; D, grande résistance; E, voltmètre; F, transformateur et lampes permettant d’assurer une tension-plaque de 500 à 2000 v.
- vapeur de mercure, préalablement évaluée à l’aide d’une pile thermoélectrique sensible. Dans le cas des intensités lumineuses relativement faibles, l’expérience montre que le nombre de décharges par unité de temps croît d’une manière sensiblement proportionnelle à l’intensité, ce qui permet, à partir du nombre des décharges produites par un rayonnement, de connaître approximativement l’intensité de ce rayonnement.
- La sensibilité varie avec la longueur d’onde du rayonnement d’une manière très différente suivant la nature de la cathode. Ainsi les photocathodes en aluminium présentent-elles le maximum de sensibilité pour des longueurs d’onde voisines de 2400 unités angstroms, tandis qu’avec les électrodes en cuivre ioduré, la sensibilité croît depuis 2600 A jusqu’à 2000 A, mais est, en réalité, particulièrement élevée entre 2200 et 2000 A. En utilisant des compteurs de types différents, on peut ainsi avoir quelques renseignements sur la longueur d’onde d’un rayonnement excitateur. La sensibilité limite pour des compteurs d’un même type varie beaucoup d’une cellule à l’autre sans qu’on puisse souvent se rendre compte de la cause de la variation. Ainsi, pour des cellules à cathodes d’aluminium, les valeurs limites extrêmes des rayonnements susceptibles d’être décelés s’échelonnent-elles, suivant les modèles, entre 5.10~l0 et 5.10-11 ergs par seconde et par centimètre carré. Il est souvent nécessaire de monter de nombreuses cellules avant d’en obtenir qui aient une sensibilité convenable. Les plus sensibles de ces cellules permettent de déceler des rayonnements dont l’énergie ne dépasse pas celle de quelques centaines de photons; d’où le nom de compte-photons sous lequel on les désigne parfois.
- Malgré la quasi-impossibilité où l’on est jusqu’ici de pouvoir préparer des compteurs de qualités bien déterminées, ces compteurs ont permis, grâce à leur extrême sensibilité, de découvrir des phénomènes nouveaux que nous allons maintenant mentionner brièvement.
- IL - EMISSION DE RAYONNEMENTS PAR LES RÉACTIONS CHIMIQUES
- Généralités des phénomènes de chimie=lumi= nescence. — L’énergie libérée au cours des réactions chimiques peut, dans de nombreux cas, se manifester sous forme de lumière. Il en est ainsi notamment dans l’oxydation lente du phosphore qui est sans doute le plus ancien phénomène de chimie-luminescence qui ait été signalé. Mais on connaît aujourd’hui de nombreuses réactions donnant lieu à un dégagement de lumière suffisamment intense pour pouvoir être perçu directement et même étudié spectroscopiquement : ainsi l’action de l’iodure de phénylmagnésium sur la chloropicrine s’accompagne d’une émission de lumière verte, celle de la formaldéhyde sur le pyrogallol donne lieu à une luminescence de teinte rouge orangé, celle du chlore et des vapeurs d’iode sur le sodium se fait avec émission des raies jaunes caractéristiques du sodium.
- Ces divers phénomènes de chimie-luminescence peuvent être aisément étudiés soit au moyen de la plaque photographique, soit par des cellules photoélectriques ordi-
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- naires. Mais l’emploi des compteurs photoélectriques a permis de constater qu’un très grand nombre de réactions courantes, comme la neutralisation d’un acide fort par une base forte, s’accompagnent de l’émission d’un rayonnement ultra-violet s’étendant jusqu’à des longueurs d’onde de l’ordre de 2000 unités angstroms, l’intensité étant d’ailleurs incomparablement plus faible que pour les phénomènes de chimie-luminescence ordinaire.
- Réactions chimiques envisagées. — Par l’emploi des compteurs photoélectriques, M. René Audubert a constaté l’émission d’un rayonnement ultra-violet au cours de phénomènes chimiques très variés tels que : l’oxydation de l’hydrosulfite et du pyrogallol par l’oxygène, l’oxydation des alcools par l’acide chromique, la neutralisation des acides forts par des bases fortes, la décomposition de l’eau par les amalgames de sodium, de potassium, d’ammonium, de magnésium, l’oxydation à l’air de l’aluminium, du magnésium, du tantale, du silicium, etc. Chacun de ces rayonnements est caractérisé par sa fréquence v et par l’énergie hv des photons qui le constituent.
- Sans doute les résultats ne peuvent être reproduits qu’à condition de prendre certaines précautions sur lesquelles M. René Audubert a insisté comme il convenait. Il est tout d’abord indispensable de n’utiliser que des compteurs dont la sensibilité a été préalablement éprouvée. D’autre part, comme ces compteurs présentent en fonction du temps des phénomènes de fatigue, la sensibilité doit être fréquemment contrôlée au cours des expériences. Enfin il est nécessaire d’étudier le régime de fonctionnement de la cellule en l’absence de tout rayonnement, afin de déterminer la fréquence moyenne des décharges spontanées et de porter l’attention sur l’accroissement du nombre de décharges produites par le phénomène étudié. Au cours de mesures directes, M. René Audubert a été amené à reconnaître l’existence d’un lien étroit entre la vitesse de la réaction et l’intensité du rayonnement émis.
- Intérêt des résultats obtenus. — Les phénomènes découverts par M. René Audubert mettent en évidence un rayonnement dont la longueur d’onde peut descendre jusqu’à 2000 unités angstroms, c’est-à-dire révèlent l’existence de processus réactionnels susceptibles de libérer des quanta d’énergie considérable. La fréquence v correspondant à une longueur d’onde X a pour valeur :
- c
- À
- où c désigne la vitesse de la lumière égale à 3.1010 cm par seconde; comme l’unité angstrom vaut 10-8 cm on voit que pour X = 2000 A, on a :
- v
- 3 x 1010 2000. KD9
- l,5.10ir'
- La constante de Planck h ayant pour valeur en unités C. G. S. 6,55.10-27, le quantum d’énergie correspondant est :
- hv = 6,55.10~27x 1,5.1015 = 9,8.10~12.
- Fig. 3. — Quelques modèles de cellules étudiés par M. René Audubert I. Compteur dont l’anode est constituée par un fil de tungstène et la cathode par un cylindre muni d’une l'ente.
- IL Compteur dont l’anode est constituée par une boucle de tungstène et la cathode par un disque.
- Si l’on admet que le quantum d’énergie précédent soit libéré au cours d’une transformation portant sur une molécule élémentaire, la réaction relative à une molécule-gramme libérerait une énergie égale à la valeur précédente multipliée par le nombre d’Avogadro : N = 6,06.1028, soit en ergs :
- W = Nhv = 6.1012
- et en calories :
- 6.1012 4,18.107
- = 140 000
- « Aucun processus chimique simple, écrit à ce propos M. René Audubert, ne peut rendre compte d’une telle libération d’énergie; au surplus, cette valeur n’est pas une limite supérieure : en effet, en raison de difficultés techniques évidentes, la mesure de la sensibilité spectrale des cellules n’a pu être effectuée au delà de 2000 A, aussi ne peut-on savoir si le rayonnement des réactions chimiques n’existe pas au delà de cette longueur d’onde. Il serait important de déterminer le spectre d’émission des réactions; cette donnée apporterait des renseignements précieux pour la connaissance de la nature des différents processus dont l’ensemble constitue la réaction chimique. Malheureusement, dans l’état actuel de la technique des compteurs photoélectriques, il n’est pas encore possible d’explorer avec précision le champ de l’émission. »
- III. — ÉMISSION DE RAYONNEMENTS PAR LES PHÉNOMÈNES BIOLOGIQUES
- MM. René Audubert et Robert Lévy ont étudié l’émission de lumière par les phénomènes biologiques et obtenu des résultats très nets en ce qui concerne l’excitation nerveuse et le développement des œufs.
- Excitation des nerfs. — Un nerf sciatique de grenouille, après avoir été dénudé et isolé des tissus sous-jacents par une feuille de caoutchouc, était excité au moyen d’électrodes en argent chloruré reliées aux deux bornes du circuit secondaire d’une bobine d’induction
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- vehariot de Du Bois-Reymond). L’excitation était produite peu au-dessus du seuil par la fermeture puis l’ouverture du circuit primaire au rythme de 40 interruptions par minute, les essais durant 5 ou 10 minutes.
- La préparation était exposée à une distance de 1 à 2 cm du compteur photoélectrique. On comparait le nombre des décharges observées dans ces conditions à celui que l’on obtenait soit en arrêtant l’excitation du nerf, soit en couvrant toute la préparation d’une lame de verre.
- Avec les compteurs à électrodes d’aluminium, sensibles à des rayonnements compris entre 10~8 et 10-10 ergs par seconde et par centimètre carré, MM. René Audubert et Robert Lévy ont obtenu des résultats positifs, quel qu’ait été le montage.
- Un certain nombre d’expériences faites avec une cellule munie d’une cathode à iodure de cuivre extrêmement
- o à l'obscurité
- û sous l'influence du rayon-nemf d'une lampe à vapeur de mercure à résonance >
- E 50 -
- Différence de potentiel en volts
- Fig. 4. •— Courbes caractéristiques d’un compteur photoélectrique.
- sensible, susceptible de déceler des rayonnements de l’ordre de ÎO-10 et 10-11 ergs par seconde et par centimètre carré, ont au contraire toutes donné des résultats négatifs.
- MM. René Audubert et Robert Lévy ont également étudié du même point de vue les nerfs excités mécaniquement : le nerf placé sur un support élastique était soumis à des chocs brusques et répétés produits par une lame de paraffine. Dans les essais témoins, on supprimait les chocs ou on interposait une feuille de papier entre le nerf et le compteur. Dans ces conditions les cellules à cathode d’aluminium ont encore fourni des résultats positifs et celles à cathode de cuivre ioduré des résultats négatifs.
- Les expériences faites établissent ainsi que le nerf
- sciatique de grenouille, excité électriquement ou mécaniquement, émet un rayonnement dont la longueur d’onde est probablement située entre 2300 et 2400 angstrüms.
- Œufs en cours de développement. — Les œufs en cours de développement étant le siège de processus vitaux intenses, MM. Robert Lévy et René Audubert ont tout naturellement été incités à rechercher s’ils ne constitueraient pas eux aussi une source de rayonnement. Leurs recherches ont porté sur des œufs de grenouille dont le dégangage est aisé. Dans les essais destinés à servir de témoins, une lame de verre était interposée entre le compteur photoélectrique et le récipient contenant les œufs, ce qui avait pour effet d’arrêter tout rayonnement ultra-violet.
- Sans insister sur le détail des mesures, signalons simplement qu’elles ont permis de constater l’émission d’un rayonnement par les œufs de grenouille en cours de développement, aux stades de gastrule jeune et de gastrule avancée. Le rayonnement peut être détecté au moyen d’un compteur à photocathode en aluminium ou en cuivre ioduré, en sorte que sa longueur d’onde apparaît comme comprise entre 2000 et 2500 unités angstrëms.
- IV. — CONCLUSION
- Les compteurs photoélectriques de grande sensibilité, si minutieusement étudiés par M. René Audubert, ont permis de constater que les transformations moléculaires liées à de nombreux phénomènes chimiques ou biologiques, s’accompagnent de l’émission d’un rayonnement ultra-violet. On ne saurait trop insister sur l’importance d’un phénomène aussi général dont l’étude permettrait peut-être d’approfondir le mécanisme des échanges d’énergie dans les transformations moléculaires et de fournir des indications d’un grand intérêt sur le destin même des molécules. Il serait souhaitable qu’un nombre de plus en plus grand de phénomènes chimiques ou biologiques soit examiné du point de vue si fécond suggéré par les importants travaux de M. René Audubert. Sans doute les compteurs photoélectriques sont-ils encore des instruments capricieux ne pouvant fournir des résultats précis qu’entre les mains d’expérimentateurs particulièrement habiles, mais il faut espérer que les recherches dont ils sont l’objet permettront prochainement d’améliorer leur constitution et d’en faire des instruments aussi commodes à manier que les cellules photoélectriques ordinaires. A. Boutaric.
- LE BI-CENTENAIRE DE GUYTON DE MORVEAU
- Né le 4 janvier 1737, à Dijon, où son père était professeur de droit, Louis-Bernard Guyton, qui se fit connaître sous le nom de Guyton de Morveau, devait être l’un des premiers chimistes de son temps et même, avec Lavoisier, l’un des pères de la chimie moderne.
- Rien ne semblait cependant le prédisposer à la prestigieuse carrière qu’il devait fournir. Inscrit en 1755, à
- dix-huit ans et sur dispense d’âge, comme avocat au Parlement de Dijon, il fut pourvu, le 9 décembre 1761, de la charge d’avocat général à ce Parlement, charge qu’il devait remplir pendant plus de vingt ans.
- Ses premières œuvres furent toutes littéraires : en 1763, ce fut un poème héroï-comique en six chants, Le rat iconoclaste ou le jésuite croqué, puis, en 1764, un
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- Mémoire sur Véducation publique et Y Eloge du président Jeannin, prononcé aux séances publiques de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon.
- Il avait cependant marqué dès 1762 l’intérêt qu’il portait à la chimie en publiant, en un volume in-8° de 418 pages, ses Digressions académiques, ou essais sur quelques sujets de physique, de chimie et d'histoire naturelle. Sa vocation pour la chimie s’affirma peu après, et la publication en 1772 de la Défense de la volatilité du phlogistique en fut la première manifestation.
- LA MÉTALLURGIE DU FER
- Sa renommée à cette époque s’étendait déjà à toute la Bourgogne. C’est d’ailleurs cette réputation de chimiste qualifié qui lui valut de s’attribuer, dans l’histoire de la grande industrie, une place de choix entre les deux fondateurs de la sidérurgie moderne : Gabriel Jars, qui fut l’initiateur, et Ignace de Wendel, qui fut le réalisateur.
- Pour transformer l’industrie du fer, de petite industrie saisonnière qu’elle était au xvme siècle, en industrie lourde à production continue qu’elle est devenue, il fallut libérer le haut fourneau des sujétions que lui imposait la nature : d’abord substituer au charbon de bois un combustible minéral qui, suivant l’expression même de Guyton de Morveau, « pût ménager ou remplacer celui qui ne peut croître à la surface de la terre aussi promptement que notre luxe le détruit »; en second lieu substituer une force artificielle — celle de la vapeur — à l’énergie des cours d’eau, qui ne fournissaient que pendant les trois ou quatre mois de la saison des pluies une puissance suffisante pour actionner les énormes soufflets des hauts fourneaux.
- A cette œuvre s’attachent les noms de Gabriel Jars, qui introduisit en France la fabrication du fer par le coke, de Guyton de Morveau qui, après la mort de Jars, démontra que la fabrication de la fonte avec le charbon du Creusot était chose facilement réalisable, d’Ignace de Wendel qui, en fondant Le Creusot, créa la première grande usine de l’âge du fer. Dans la crise que traverse le capitalisme en ce moment, il n’est peut-être pas inutile de rappeler que c’est ce dernier, Ignace de Wendel, qui fonda en France la première de ces grandes entreprises qui devaient multiplier les moyens de production et répandre les richesses par le monde, entreprise où se trouvaient réalisés simultanément les quatre grands phénomènes caractéristiques de l’économie moderne :
- 1° Nouveaux modes de fabrication du fer, par l’application du coke et de la machine à vapeur au haut fourneau, permettant la production en quantités illimitées;
- 2° Remplacement des forces naturelles (celles des animaux ou des cours d’eau) par une force artificielle (la vapeur) dans la conduite des machines;
- 3° Concentration économique rassemblant dans la même entreprise toute une série de moyens de production : la mine de houille, la mine de fer, les hauts fourneaux et les forges ;
- 4° Agglomération d’une multitude d’ouvriers dans la même usine, réalisant une meilleure division du travail.
- Dans son numéro du 15 décembre 1935 (« La fabrication du fer par le coke et la naissance de la grande industrie en France »), La Nature a montré par quels concours
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- de circonstances le mémoire sur la réduction de la mine de fer par le charbon de pierre de Montcenis, que Guyton de Morveau lut à l’Académie de Dijon le 15 février 1771, amena le capitaine Ignace de Wendel au Creusot.
- LE CHIMISTE
- A partir de ce moment l’activité de Guyton de Morveau se partagea entre la chimie et les devoirs de sa charge d’avocat général au Parlement de Dijon. « Le temps ne manque jamais pour les choses que l’on aime assez pour leur sacrifier les heures de délassement et les plaisirs de la société », put-il écrire.
- L’hiver de 1773 ayant été très rude, la terre des cime-
- Guijlon de Morveau.
- tières de Dijon avait été gelée longtemps sans que l’on pût creuser de fosses pour les inhumations et l’on avait été obligé de déposer les cercueils dans les caveaux de la cathédrale. Quand on les ouvrit, une horrible puanteur se répandit et chassa de l’église quiconque osait s’y risquer.
- Tous les procédés de désinfection connus avaient été employés sans succès : détonation du nitre, fumigations de vinaigre, combustion de parfums, arrosages au vinaigre antipestilentiel connu sous le nom de vinaigre des Quatre Voleurs, etc. Ce fut Guyton qui assainit l’air en inventant cette méthode des fumigations guytoniennes, qui devait être pratiquée pendant près d’un siècle pour la désinfection des hôpitaux et des prisons. Elle consistait à neutraliser le gaz ammoniac, engendré par la putréfaction, au moyen des vapeurs d’acide chlorhydrique dégagées par la réaction de l’acide sulfurique sur le sel marin.
- Chancelier de l’Académie de Dijon, il obtint des États de Bourgogne, l’année suivante, la création de cours publics de chimie, de minéralogie et de matière médicale. Il se chargea de la chaire de chimie et l’occupa jusqu’à la veille de la Révolution.
- Il avait déjà publié en trois volumes ses Éléments de chymie théorique et pratique (1778), et vulgarisé les
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- ouvrages des grands chimistes étrangers, quand il lui vint à l’idée de proposer la nomenclature méthodique qui est la seule en usage dans la chimie moderne.
- Le Journal de Physique de Rozier la publia dans son numéro de mai 1782. Dans une lettre du 24 juillet suivant, le chimiste Macquer le prévenait amicalement que ce ne serait qu’avec le temps qu’on se familiariserait « avec des noms dont la plupart paraîtront d’abord fort étranges et fort sauvages ».
- De fait, Guyton proposait de remplacer, par des noms barbares comme oxygène et azote, les noms, beaucoup plus doux à l’oi'eille, d’air déphlogistiqué et d’air phlogis-tiqué ! L’air solide de Males devenait le gaz carbonique, l’esprit de Vénus recevait le nom d’acide acétique et la laine philosophique celui d’oxyde de zinc sublimé. 11 allait même jusqu’à confondre, sous le même nom d’oxyde d’antimoine, la neige d’antimoine, la poudre d’Algaroth et la matière perlée de Kerkringius !
- Il fallut que Lavoisier, Berthollet et de Fourcroy se joignissent à lui pour proposer, à la séance du 2 mai 1787, cette audacieuse nomenclature chimique h l’Académie des sciences. L’un des membres les plus écoutés de l’Académie, le chimiste Sage, qui ne dissimulait pas son dédain pour les travaux de Lavoisier et de Guyton, justifia en 1788 l’hostilité des chimistes classiques : « Si je n’adopte pas la nouvelle nomenclature, c’est qu’elle est barbare, insignifiante et sans étymologie; c’est que je regarde la technique d’une science comme un fonds public et sacré auquel on ne doit pas toucher ».
- Guyton de Morveau passait à cette époque pour l’un des premiers chimistes de son temps, avec Lavoisier et Priestley. Il s’était illustré avec les deux ascensions qu’il avait faites à Dijon, en 1784, dans un ballon de 27 pieds de diamètre, au gonflage duquel il avait employé l’hydrogène produit par la réaction de 4600 livres d’acide vitrio-lique sur 247 livres de zinc. Il avait publié, en 1786, le Dictionnaire de chimie de l’Encyclopédie méthodique, dont l’article « Acide », qui tenait 400 pages, passait pour un chef-d’œuvre. Mais l’Académie des sciences se jugea bien mal récompensée, par la nomenclature, du prix qu’elle lui avait décerné pour le Dictionnaire de chimie. Elle ne lui pardonna pas d’avoir réussi à faire prévaloir ses noms « fort étranges et fort sauvages ». Malgré l’éloge de Lavoisier, elle lui préféra Bougainville à l’élection du 31 janvier 1789.
- Les ennuis que lui suscitait la jalousie de ses confrères du Parlement, qui avaient pourtant accouru en foule à ses premiers cours de chimie, l’avaient amené à se démettre en 1782 de sa charge d’avocat général. Ce nouveau déboire,
- sans l’affecter outre mesure, l’inclina davantage vers les réformes dont la nécessité se faisait sentir dans tous les domaines.
- LE CONVENTIONNEL
- Dès les premiers mois de la Révolution, les envieux le présentèrent comme cherchant à se faire nommer généralissime des milices nationales de Bourgogne. Il ne fut pas général, mais les électeurs de la Côte-d’Or le désignèrent, le 3 septembre 1791, pour les représenter à l’Assemblée législative, qu’il présida du 4 au 18 mars 1792. Réélu le 4 septembre 1792 à la Convention, il siégea sur les bancs de la Montagne, vota la mort de Louis XVI, fut président du Comité de Sûreté générale, puis membre du Comité de Salut public jusqu’à l’arrivée de Robespierre.
- Membre du Comité de l’Instruction publique, il s’occupa surtout de questions d’ordre scientifique : poids et mesures, désinfection, fabrication des poudres et salpêtres, direction de l’école d’aérostation de Meudon, etc.
- C’est sur son initiative que fut décrétée la création de l’École Centrale des travaux publics, devenue depuis l’Ecole Polytechnique, où il professa la chimie et dont il devint directeur le 23 floréal an XL
- En mission à l’armée de la Moselle, il monta le ballon qui servit d’observatoire à la bataille de Fleurus. Pendant ce temps, on envoyait à l’échafaud son ami Lavoisier, compris dans la fournée des fermiers généraux. Guyton ne put rien pour le sauver.
- Après le 9 thermidor, il entra de nouveau au Comité de Salut public, où il remplaça Prieur dans la direction des armements.
- Le département de l’Ille-et-Vilaine l’envoya siéger au Conseil des Cinq-Cents. Le 18 brumaire termina sa carrière politique. Le Premier Consul le nomma administrateur de la Monnaie le 11 nivôse an VIII; il conserva ce poste jusqu’à la fin de l’Empire.
- Il était entré à l’Académie des sciences à la création de l’Institut. Napoléon le lit officier de la Légion d’honneur, chevalier de l’Empire en 1809 et baron en 1811.
- La gloire qu’il s’était acquise par ses travaux sur la chimie, par ses recherches sur les ciments hydrauliques, et surtout par ses fumigations guytonienes, ne fit pas oublier, au retour des Bourbons, qu’il avait voté la mort de Louis XVI. Il fut rayé de l’Académie des Sciences en même temps que Monge et Carnot. A deux jours de son 79e anniversaire, le 2 janvier 1816, la mort vint le soustraire au bannissement qui allait le frapper comme régicide. Jean Chevalier.
- LES CAPRICES DE LA ROTATION TERRESTRE
- COMMENT ON LES A DÉCOUVERTS COMMENT ON LES ÉTUDIE
- « C’est par le ciel que nous connaissons la terre », a dit Jean Brunhes. Qui pourrait le contester ? N’a-t-on pas nommé l’astronomie la mère de toutes les sciences, et n’est-ce pas à elle que nous devons la conquête de
- notre petit globe, grâce à la cartographie et à la notion de l’heure qu’elle a permis d’édifier ? Il est vrai que, par un singulier retour des choses, la science du ciel vient d’assener à cette dernière un coup assez rude dont elle sera probablement fort longue à se remettre. En tout cas, si le commun des mortels n’a point à se préoccuper
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- d’un changement d’échelle du temps et de ses variations intempestives, le savant doit faire son deuil du temps qu’il pliait docilement à ses calculs : la sorte de dévaluation que les récentes recherches lui ont fait subir enlève tout espoir de retrouver un jour le temps sidéral simple et de bon aloi que l’astronome découvrait dans sa lunette méridienne et faisait marquer à ses horloges.
- LES TRAVAUX ANCIENS :
- LE RALENTISSEMENT DE LA TERRE
- L’histoire débuta au temps de Laplace, et c’est ce fin limier des choses célestes qui mit le doigt sur l’extrémité de la piste qui devait mener, un siècle plus tard, à la découverte des fluctuations de la rotation terrestre. On savait déjà, en effet, que la Lune manifestait une fâcheuse indépendance de conduite : elle paraissait accroître insensiblement sa vitesse; son moyen mouvement (x) augmentait légèrement, de sorte que sa longitude, laquelle, rappelons-le, est comptée sur l’écliptique à partir du point idéal marquant l’équinoxe de printemps, montrait une notable accélération(2). L’observation ne donnait-elle pas pour celle-ci une valeur supérieure de plusieurs secondes d’arc à celle que fournissait la mécanique ? Mais Laplace ne tarda pas à expliquer cette anomalie en l’indiquant comme une conséquence de la diminution de l’excentricité de l’orbite terrestre. Cette diminution va d’ailleurs persister pendant 24 000 ans, après quoi elle fera place à une augmentation, et la Lune, toujours contrariante, prendra progressivement du retard sur le calcul.
- Mais cet astre qui, suivant la formule consacrée, « fait le désespoir des astronomes », n’allait pas moins continuer à justifier sa mauvaise réputation en mettant Laplace en défaut. Cinquante ans plus tard, Adams révélait que la cause invoquée par l’illustre savant n’expliquait qu’une partie de l’accélération observée et que le résidu posait encore un vaste point d’interrogation. C’est alors que Delaunay lava notre satellite des reproches qui lui étaient adressés en rejetant sur notre Terre elle-même la responsabilité de ces troublants écarts. « Si, pensa-t-il, la Lune parcourt en un jour sidéral des arcs de plus en plus longs, c’est simplement parce que la durée du jour sidéral augmente peu à peu, donc que la rotation de la Terre se ralentit. » L’explication était ingénieuse et l’avenir devait en vérifier l’exactitude, mais elle ne plut point à Le Verrier, qui était aussi grand mathématicien qu’exécrable caractère et qui jeta ses équations à la tête de Delaunay.
- Cependant, la théorie de la Lune se perfectionnait, ce qui n’était pas une petite affaire, la science n’ayant là qu’une application du problème des trois corps, qu’on ne sait encore résoudre que par approximations successives. La théorie purement algébrique de Delaunay, qui représente une tâche énorme et qui épuisa des générations de calculateurs, était remaniée et améliorée. Aussi,
- 2 TC
- 1. Le moyen mouvement angulaire n est le quotient T étant la durée de la révolution lunaire.
- 2. Comme on le verra plus loin, cette accélération, dite séculaire, est le coefficient n' du terme en f2 (f étant le temps exprimé en siècles), dans l’expression de la longitude lunaire.
- Fig. 1. — Fluctuations de la longitude moyenne de la Lune, d'après Brown.
- l’Américain Brown put-il présenter en 1927 une théorie quasi parfaite de la Lune. On aura quelque idée du travail qu’elle coûta en apprenant qu’elle exigea dix ans de labeur et que l’auteur tint compte de 1500 exceptions ou modifications aux lois classiques du mouvement képlérien !
- Le mouvement de la Lune en longitude s’y trouve défini par une expression de la forme :
- A = Aq d- -j- n11~ -f- P
- A0, n, n1 désignant des constantes — n moyen mouvement et n1 accélération séculaire — et P une somme de nombreuses inégalités périodiques comme l’évection, la variation, l’équation du centre...
- Le premier fait qui se dégagea de cette analyse rigoureuse fut la réalité de l’écart entre la théorie et l’obser-
- Fig. 2. •— Fluctuations des longitudes de la Lune, du Soleil, de Mercure et de Vénus, d’après de Sitter.
- 1700 1800 1800
- Mercure
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- Fig. 3. — Le grand cadre récepteur du B. I. H.
- vation. La première n’admettait que l’accélération séculaire de 7",12, prévue par Laplace, tandis que la seconde ne constatait pas moins de 11",91. Pour éclairer ce mystère, il fallait, soit croire à une défaillance de la loi de Newton et à l’intervention d’autres forces de nature inconnue, soit laisser s’effondrer la foi en la constance de la rotation terrestre. Bien entendu, les astronomes n’hésitèrent pas et, plutôt que de sacrifier la base newtonienne de tout leur ouvrage, ils préférèrent opter pour l’autre terme de l’alternative.
- Le mérite, il est vrai, n’était pas mince : toucher au dogme de l’infaillible régularité de la rotation de la Terre, c’était donner à penser que le jour sidéral est lui-même altéré, puisqu’il est réglé sur cette rotation; c’était donc
- obliger l’astronome à rechercher un étalon de temps plus sûr que cette singulière unité qui se dilatait de plus en plus. Ainsi, abandonnant le temps sidéral désormais contaminé par la contingence à laquelle est soumis tout produit de l’humanité, dut-on se rabattre sur le temps newtonien, déduit des équations de la mécanique, et ce fut là une autre histoire, dont Henri Mineur a dit ici même, en d’autres temps, les curieuses péripéties (x).
- Il nous suffira donc, avant de clore ce raccourci d’une première série de déboires, de rappeler que l’écart de longitude incriminé, dû à un ralentissement de la rotation terrestre, est imputé, après les travaux décisifs de Jeffreys, au freinage provoqué par les marées dans les mers étroites et peu profondes, et s’élève à 17 51 par siècle. Mais la Lune n’avait pas dit son dernier mot.
- BROWN ET DE SITTER ÉTUDIENT LES FLUCTUATIONS PÉRIODIQUES
- ... Et les astronomes n’étaient pas au bout de leurs peines. Newcomb, le premier, s’en aperçut. Il était à l’Observatoire de Paris pendant la Commune et y rassemblait paisiblement les observations d’occultations et d’éclipses depuis 1627, les révolutions des astres étant plus pacifiques que celles des hommes. Au cours de cet examen sévère, il lui sembla percevoir quelque trouble dans la marche de la Lune. Ce n’était pas l’effet du ralentissement terrestre, dont la régularité était déjà, dans l’esprit de Newcomb, bien établie, mais une série de fluctuations irrégulières, de véritables soubresauts, qui mettaient les tables calculées à l’avance en violent désaccord avec l’observation. Ce désaccord provenait-il de l’insuffisance de la théorie qui, nous l’avons dit, ne s’élève que par approximations ? Ou bien était-il dû réellement à des à-coups dans la rotation de la Terre, produisant, par suite, des à-coups dans l’unité de temps ? C’est la question que se posa le mathématicien américain en 1878, et c’est pourquoi il proposa, pour guider le choix de ses confrères, d’étudier aussi la marche du Soleil, des planètes inférieures et des satellites de Jupiter : il était clair, en effet, que si la rotation de la Terre était troublée, la répercussion devait s’en faire sentir sur tous les astres à dépla-cernent apparent sensible aussi bien que sur la Lune, ce qui n’était point le cas si c’était la seule théorie qui fût sujette à caution.
- Newcomb, mort en 1909, n’eut pas la satisfaction de voir aboutir le programme qu’il avait ainsi tracé. C’est seulement en 1927 que, mis en possession de la belle théorie de Brown, le monde astronomique put se prononcer à bon escient et cons-
- Fig. 4. — La réception des signaux horaires au B. I. H.
- 1. La Nature, nos 2933 à 2936 (année 1934).
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- tater l’existence réelle des variations soupçonnées.
- Brown accumula donc un énorme matériel expérimental, éclipses, occultations et surtout observations méridiennes, auxquelles l’Observatoire de Greenwich fournit la plus large contribution, et qui mettent en lumière l’importance fondamentale de ce travail quotidien, peut-être obscur mais nécessaire. Ainsi prouva-t-il, d’une manière irréfutable, la présence de ces fluctuations qui dérangent si fâcheusement l’horloge naturelle qu’est notre globe. Il essaya bien de les expliquer par la gravitation et, à cet effet, calcula scrupuleusement 1500 sources de perturbations, infligeant à la théorie 1500 corrections. II n’en fut pas moins obligé d’en introduire une 1501e, qui ne devait rien à la loi newtonienne et qu’en désespoir de cause, il avait demandée à l’empirisme (1). Avec cet invité supplémentaire et inattendu, la longitude lunaire paraissait affectée d’une variation périodique, à période voisine de 260 ans, les écarts pouvant dépasser 16" d’arc. Brown dressa le tableau de cette fluctuation F, dont voici quelques valeurs caractéristiques :
- Dates Théorie moins observation
- 1751 — 5",85
- 1792 — 15",94
- 1865 0",00
- 1895 + 15",44
- 1925 + 11",14
- Tant que F garde un signe constant, le moyen mouvement apparent de la Lune varie uniformément (2), la longitude croissant chaque année, par exemple, de la même quantité; au changement de signe, le moyen mouvement change brusquement de valeur et notre satellite se met à retarder au lieu d’avancer. On verra tout à l’heure ce qu’il est permis d’en conclure sur la rotation de la Terre, et ce que Brown en déduisit effectivement; mais peut-être le lecteur pensera-t-il avec nous qu’il est prudent, auparavant, de suivre le conseil de Newcomb et de s’assurer que le Soleil, Mercure, Vénus et les satellites de Jupiter présentent bien les mêmes phénomènes. C’est ce que fît notamment W. de Sitter.
- Naturellement, l’éminent astronome hollandais ne pouvait espérer que ces divers astres suivissent fidèlement les caprices de la Lune et que, si, par exemple, celle-ci manifestait une avance de 5" en longitude, Soleil, planètes et satellites, emboîtant le pas, prissent aussi une avance dè 5" : il fallait tenir compte de ce que les astres n’ont pas tous la même vitesse apparente; tandis que la Lune se déplace en un jour de 13° 11/, le Soleil ne parcourt que 59' 8", et Vénus et Mercure, à leurs passages sur le disque solaire, respectivement 4° 1' et 2° 17/ Pour rendre les fluctuations solaires ou planétaires éventuelles comparables aux fluctuations lunaires, il fallait donc les réduire dans le rapport des moyens mouvements. Mais, avant de s’attaquer à cette réduction, de Sitter se fit une objection terriblement embarrassante : « Si, se dit-il, ce sont
- 1. Cette correction empirique qui affecte la longitude lunaire est la suivante, t étant le temps en siècles : 13",60 sin (104°,2 + 139° l).
- 2. On remarquera que c’est la vitesse, et non la longueur de l’arc parcouru qui est ici proportionnelle au temps.
- Fig. 5. — Le chronographe.
- les irrégularités de la rotation de la Terre qui causent ces avances ou ces retards apparents de la Lune, rien de plus facile : les autres astres, toutes choses égales d’ailleurs, me montreront les mêmes écarts. Mais si ces troubles lunaires sont réels, en partie au moins ? Si le frottement des marées, non content de ralentir le mouvement terrestre, agit aussi sur la Lune ?... » De Sitter ne se laissa d’ailleurs pas embourber dans ce marais mathématique, et il en sortit victorieusement pour proclamer que, pour rendre comparables les fluctuations lunaires et celles du Soleil et des planètes, il fallait, après les avoir réduites dans le rapport des moyens mouvements, les multiplier par 1 si elles n’étaient qu’une apparence due aux fantaisies de la rotation terrestre, par 4,4 si la Terre troublait effectivement le mouvement de son fidèle satellite.
- Laquelle de ces deux hypothèses l’observation allait-elle confirmer ? Hélas ! 11 était dit que l’astre des nuits décevrait jusqu’au bout les savants acharnés car, entre les deux faces de ce dilemme, il fallut choisir... la troisième. Ce ne fut ni 1 ni 4,4 que dut adopter de Sitter, mais 1,25, admettant ainsi la coexistence des deux causes précitées. Cet obstacle vaincu, le reste du travail fut une éclatante justification des vues de Newcomb; il
- Fig. G. — Le déroulement de la bande du chronographe.
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- Fig. 7. — Enregistrement, sur la bande du chronographe, des signaux horaires de Saigon, le 6 novembre 1936, à 19 h. L’inscription inférieure provient de la pendule directrice et marque les dixièmes de seconde.
- démontra que la marche du Soleil, de Mercure, de Vénus était troublée comme celle de la Lune, de sorte qu’avec le petit coup de pouce donné par Brown à la loi de Newton, on sait maintenant calculer, à une seconde d’arc près, la longitude des astres.
- La morale à tirer des études laborieuses de Brown, de de Sitter et de celles de Innés, s’imposait alors, comme de Sitter la formula à la lin de son mémoire : « Le parallélisme frappant entre les fluctuations des différents astres... rend très difficile d’échapper à la conclusion que leur origine, aussi bien que celle de l’accélération séculaire, se trouve dans la rotation de la Terre ».
- PETITES ET GRANDES FLUCTUATIONS
- Et pourtant, le problème lunaire était loin d’être éclairé dans tous ses recoins ! Newcomb, en effet, avait cru apercevoir et la formule de Brown montrait nettement qu’en plus du grand ternie empirique à période de 260 ans, la courbe figurant l’écart des longitudes lunaires calculées et observées présentait une foule de petites sinuosités secondaires, de la même façon que, sur la courbe qui résulte de la précession, courent les petits festons réguliers de la nutation. Ces petites fluctuations ne dépassent pas 2, et il sembla aux premiers chercheurs qu’elles offraient une certaine périodicité, de l’ordre de quelques mois. Il est vrai que l’accord ne fut pas parfait et que de Sitter et Andoyer se trouvèrent contre Brown pour penser qu’il n’était pas légitime de séparer ces écarts mineurs de la grande fluctuation et que seul, le désir de faciliter son exposé, pouvait excuser un auteur de partager aussi arbitrairement cet ensemble d’inégalités.
- Fig. 8. — Observation de l’heure à la lunette méridienne.
- Ainsi se trouvait révélée une nouvelle sorte d'irrégularités dans la rotation de notre planète, et, de prime abord, leur étude s’avérait singulièrement délicate. Il ne pouvait être question de s’adresser aux astres du système solaire pour en obtenir la description détaillée : si, en effet, ceux-ci constituent l’horloge par excellence pour les phénomènes séculaires, ils ne peuvent servir à chronométrer un événement s’étageant sur quelques mois seulement. Force est, dans ce cas, de recourir à l’industrie humaine. Ainsi procéda-t-on. Du reste, l’étude particulière entreprise, avec les horloges de précision, par M. Sloyko à l’Observatoire de Paris et par quelques-uns de ses confrères en Angleterre et en Allemagne, allait, non seulement élucider la question litigieuse, mais encore ouvrir la voie à des recherches capitales sur la géophysique, le déplacement des continents et maintes théories annexes.
- Nous allons donc maintenant visiter le Bureau international de l’Heure, là où M. Stoyko poursuit ses travaux, visite qui reposera nos lecteurs des considérations fin peu abstraites que nous leur avons fait subir.
- LE BUREAU INTERNATIONAL DE L’HEURE ET LES DERNIERS TRAVAUX
- Le B. 1. IL, à la tête duquel se trouve M. Esclangon, et qui siège dans notre Observatoire national, a pour mission principale de calculer une heure précise et de la distribuer par T. S. F. Il fait appel, pour cela, au service méridien, dirigé par M. Lambert, qui détermine l’heure sidérale et en déduit la correction à apporter aux pendules directrices. Après, donc, que l’astronome a demandé le temps au vaste cadran du ciel, il le transporte dans les caves, à 28 m de profondeur, afin de soustraire les pendules qui le reçoivent à toutes les influences atmosphériques et à toutes les perturbations que pourrait leur infliger notre remuante humanité. C’est ce temps, conservé avec les soins les plus minutieux, qui retourne ensuite au ciel sous forme de signaux horaires radio-télégraphiques.
- Mais — et voilà qui caractérise le B. I. H. — celui-ci reçoit également les signaux horaires des autres observatoires, et un impressionnant cadre récepteur lui permet de recueillir l’heure calculée par Saigon, Idonolulu, Tachkent, Buenos-Ayres et bien d’autres stations. Cette heure s’inscrit, au moyen d’un chronographe, en petites encoches, sur une bande de papier enfumé. On peut alors confectionner, à l’aide de cette bande, et pour chaque observatoire, un graphique reflétant la marche plus ou moins exacte de ses horloges. C’est la considération de
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- la moyenne de ces courbes qui donne l’heure définitive, expédiée dans le monde entier.
- Depuis la création de ce grand organisme, en 1919, la centralisation d’une grande quantité de documents lui a permis d’étendre considérablement son importance et c’est pourquoi, outre la radiodiffusion d’une heure seien-lilique et précis*;, il a donné naissance à des travaux féconds sur la variation des longitudes, la propagation des ondes de T. S. F. et la marche des horloges astronomiques. C’est même l’exploration de ce dernier domaine qui a ouvert à M. Stoyko la possibilité de scruter les fluctuations à courte période de la rotation terrestre. Avant de s’attaquer à cette question, il fallait, en effet, savoir quel degré de confiance on pouvait accorder aux horloges et s'il en existait qui fussent capables de conserver l’heure pendant un an ou plus, à une fraction de seconde près. Or, aujourd’hui, la construction de ces instruments est parvenue à un très haut degré de perfection, à tel point que la précision de leur marche dépasse celle des phénomènes astronomiques ! De plus, les études de M. Stoyko ont tiré au clair diverses sources d’erreur qui entachent la détermination du temps, les unes saisonnières ou journalières, les autres provenant de la réception par T. S. F., d’autres enfin venant des astres eux-mêmes. Ainsi, une pendule Leroy, à pression et à température constantes, étudiée du 1er mai 1934 au 20 avril 1936 a montré une variation mensuelle de marche de 0,00356, et une pendule Short, 0,00148 (1). Les horloges à quartz donnent des indications comparables. Celles de l’Institut physico-technique de Charlottenbourg ont montré, pour une année, à Scheihe et Adelsherger, une Aariation mensuelle d’un millième de seconde. D’autre part, la réception des signaux horaires ne laisse guère à désirer, puisque l'erreur moyenne de 20 signaux est de 5 dix-millièmes de seconde !
- Le B. I. M. dressant la courbe de marche de toutes les horloges qui lui envoient des signaux horaires, on conçoit que, si cette marche était rigoureusement parfaite, chacune de ces courbes serait une ligne droite. Il est non moins évident que deux horloges éloignées, l’une à Paris par exemple et l’autre à Moscou, ne peuvent guère posséder la même erreur de marche, qui doit donc se traduire, sur chacune des courbes, par des sinuosités différentes et quelconques. 11 est clair, enfin, que si une cause générale, comme la variation de l’étalon de temps, agit, elle aussi, comme source d’erreur, elle doit se manifester sur les courbes de tontes les horloges par des sinuosités semblables. Tel est le moyen employé pour distinguer les fluctuations dues à la fabrication même des garde-temps et celles qui proviennent des soubresauts du mouvement terrestre. L’étude de leurs horloges à quartz permit ainsi à Scheihe •cl Adelsherger d’écrire le 20 mai dernier : « Les horloges à quartz ont apporté la preuve que le temps astronomique, en 1935, n’est pas resté constant, mais a présenté un changement, d’apparence périodique » (2). Et M. Stoyko, se livrant à une étude d’ensemble, put, le 6 juillet, «communiquer à l’Académie des sciences le résultat de
- 1. Bulletin horaire, t. VI, n° 91.
- 2. Physikalische Zeitschrift, 1936.
- Fig. 9. •— L'une des pendules directrices de l'Observatoire de Paris.
- ses investigations, portant sur la comparaison des horloges de Charlottenbourg et de Paris.
- « On remarque, dit-il, que les deux courbes, pour la période de 18 mois (de janvier 1934 à juin 1935) sont presque parallèles. Dans la dernière partie (de juillet 193;» à janvier 1936) il existe une faible discordance qui peut provenir du fait qu’on n’a pas réussi à éliminer avec quelque certitude les variations dues à la marche des garde-temps. Chaque courbe représente la somme des erreurs qu’il est possible d’attribuer, selon toute vraisemblance, aux irrégularités de la rotation de la Terre et des horloges. La différence des deux courbes dépend seulement des irrégularités des horloges des deux services » (1). L’analyse des graphiques permit ensuite au savant astronome de calculer la part d’irrégularité moyenne journalière qui revient aux horloges, soit 0,0008, et celle dont notre planète est responsable,
- 1. C. R. Ac. des Se., 6 juillet 1936.
- Fig. 10. — Le mécanisme d'émission automatique des signaux horaires.
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- 0,0010. Ainsi, d’octobre 1934 à août 1935, la Terre a-t-elle retardé de 0,37. Il semble bien, par ailleurs, que ees sursauts du temps sidéral soient périodiques, sans qu’on puisse encore l’assurer : « L’intervalle entre les deux maxima de retard dans la rotation de la Terre, ajoute M. Stoyko, est de 10 mois pour les deux courbes. L’intervalle entre les deux maxima d’accélération est de IG mois (Paris) et de 13 mois (Institut physico-technique) ».
- PERSPECTIVES D’AVENIR DE LA TERRE
- En possession de ees curieux renseignements, nous pouvons alors nous tourner vers la rotation de la Terre, maîtresse du jour sidéral, et nous demander ce qu’il advient de celui-ci. Sans doute ce monarque, jadis absolu, doit-il être fort humilié de tomber au rang-modeste de roi constitutionnel, soumis aux plus imprévisibles caprices de notre planète. Du reste, une variation de 4/1000 de sec, si elle ne produit pas d’elfet sensible sur l’heure du dernier métro, n’en témoigne pas moins d’inquiétantes révolutions dans le sein même du globe. Notre anxiété peut légitimement s’accroître quand nous songeons aux brusques changements de signe de la grande fluctuation, vers 1780, 1898 et 1918, modifiant brutalement le mouvement de la Terre. Nous dirons peut-être ici un jour quelles hypothèses tentent d’interpréter ces cataclysmes soudains, mais, pour qu’on ne nous accuse pas d’en exagérer délibérément l’importance, disons tout de suite que, suivant Andoyer, F effondrement, au niveau de la mer, de tout le haut plateau de l’Asie centrale y compris l’Himalaya, serait à peine suffisant pour
- Fig. 12. — M. Stoyko.
- en expliquer l’ampleur ! Et si nous réfléchissons à l’extrême minceur de l’écorce terrestre, et aux réactions qui brassent sous nos pieds des milliards de kilomètres cubes de magma, nous en arrivons à croire qu’une microscopique modification de quelques millièmes de seconde dans la durée du jour a, pour l’humanité, autrement d'importance qu’un changement de régime ou qu’une dévaluation...
- L’œuvre de M. Stoyko montre que l’étude de ees inégalités n’est pas achevée mais que nous serons probablement bientôt fixés sur leur éventuelle périodicité et leur amplitude moyenne. La science est plus avancée en ce qui concerne le ralentissement, autre maladie chronique incurable qui affecte notre machine ronde. Ses conclusions ne sont pas, du reste, très rassurantes pour l’avenir du genre humain. A vrai dire, le péril n’est pas pour demain, ni même pour après-demain, puisque la Terre ne retarde que de 17,51 par siècle. Mais ce retard est proportionnel au carré du temps, de sorte qu’en l’an 3937 il atteindra 1 h 50 mu 32 sec; notre satellite sera, du coup, en avance d’un demi-degré, c’est-à-dire de son diamètre apparent, sur son horaire, ce qui ne laissera pas d’embarrasser les savants futurs si, dans l’intervalle, quelque catastrophe générale a détruit les mémoires explicatifs des astronomes actuels. Puis, le retard s’accumulant toujours, il sera d’un jour entier dans 76 siècles, ce qui obligera peut-être les gouvernements à procéder à une réévaluation du temps.
- 11 ne faut pas que ces chiffres effraient nos intelligences-timides et limitées car, si grands qu’ils soient, ils sont,, après tout, de l’ordre de grandeur de l’âge de l’humanité et restent négligeables vis-à-vis des nombres exprimant les temps astronomiques. Il n’est donc pas interdit de suivre Jeffrey s dans son extrapolation hardie et de prévoir que, dans 500 millions de siècles, la rotation de la Terre sera tellement ralentie que le jour sidéral vaudra 47 de-nos jours actuels; les 365 jours de l’année seront réduits à huit environ, et chaque saison durera deux jours î S’il y a encore des hommes à ces époques fort lointaines, nul doute que leur division du temps ne prenne un aspect assez pittoresque, dont le moindre ne sera pas de voir des personnages d’un an et demi, aux vénérables cheveux, blancs, présider aux destinées des Etats.
- La Terre, d’ailleurs, ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Le freinage des marées deviendra tel qu’elle finira sans doute par s’arrêter de tourner sur elle-même, mais on ne peut guère savoir ce qui se passera alors, sinon, qu’à en croire Jeans, la Lune, rapprochée en deçà de la limite de Roche, éclatera en morceaux et fera de notre obscure planète un nouveau Saturne. On nous pardonnera donc de ne pas pousser plus loin ces anticipations, que d’aucuns jugeront peut-être, non sans raison, un peu risquées.
- Il est donc aisé de comprendre l’intérêt des recherches entreprises au B. I. II. et des vues qu’elles découvrent sur l’avenir de notre globe. On aurait tort, pourtant, de penser que seul, le charme des spéculations théoriques a guidé les ouvriers de cette grande œuvre. La navigation maritime et aérienne, la cartographie, ne sont-elles pas à l’affût des méthodes astronomiques propres à préciser le
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- point, et ne sont-elles pas intéressées à ce que la position îles astres et surtout de la Lune soit définie avec le minimum d’ambiguïté ?
- Nous ne savons pas ce que sera la science dans 500 millions de siècles ni même dans 7000 ans, mais nous pouvons apprécier le sommet où est parvenue maintenant l’astronomie. S’il faut la louer d’avoir pu mesurer la distance des nébuleuses spirales et d’avoir allongé la portée de ses appareils jusqu’à l’inliniment grand, n’est-il pas également admirable que, par un effort, collectif et patient, elle
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- soit arrivée à séparer des intervalles de temps de quelques millièmes de seconde et à mettre ainsi en évidence les variations infiniment petites du mouvement du monde qui nous emporte (*)
- P no h a K Rousskau.
- I. Nos remerciements vont à AI. Stoyko qui a bien voulu guider notre travail, à M. Lambert, qui nous a autorisé à extraire des photographies du tilni sur le IL 1, II. tourné sous sa direction, et au Service cinématographique de l'Armée qui nous les a communiqués.
- I>. R.
- ACTINIES EN AQUARIUM
- Le sous-ordre des Aetiniaires, vulgairement anémones de mer, comprend, dans nos mers, plus de vingt genres et près de quarante espèces. 11 faut, de plus, tenir compte que chaque espèce se présente avec des colorations parfois très différentes, qui multiplient les variétés presque à l'infini.
- Un grand nombre de ces êtres vivent dans la zone des marées. 11 est, ainsi, aisé de les observer dans leurs conditions naturelles; et, mieux, de les recueillir pour pouvoir tout à loisir lies étudier, heureusement disposés dans des bacs appropriés où ils vivent de longues années, et d’autant plus longtemps que le milieu réalisé se trouve être à leur convenance.
- De très belles collections de ces animaux sont visibles dans les aquariums d’eau de mer, universellement réputés, notamment celui de .Monaco, et aussi à Paris, au Musée de la France d’outre-mer. Elles y forment de superbes bouquets vivants qui font l’admiration d’un publie nombreux et intéressé.
- Il n’est pas dans mon intention d’aborder ici le sujet complexe et controversé de la conservation des animaux marins. Disons seulement que la chose est assez aisément réalisable, même à Paris, et qu’elle n’offre guère de difficultés.
- Dès lors, on peut s’étonner que cette partie de l’innombrable vie marine, l’une des plus séduisantes, n’ait pas encore tenté des amateurs, tout comme l’a été l’aquariophilie au cours de ces dernières années. Par crainte de difficultés ou même par ignorance de tels animaux on perd une source de satisfactions fort esthétiques.
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- L’actinie commune, Actinia equina, est répandue partout. Elle abonde en certains points de façon incroyable et jusqu’à la plus haute zone des marées. L’est assez dire qu’elle est peu sensible aux variations de salinité et de température, comme tous les animaux qui habitent ces mêmes lieux et supportent des conditions extrêmes : tantôt baignés par la mer vivifiante, puis mis au sec, souvent lavés par l’eau douce des averses; soumis au froid de l’hiver, comme à l’ardeur de l’été.
- Fig. ]. Actinia equina, [orme méditerranéenne, photographiée en aquarium. (Photo J. Gurnaud.)
- Nous avons choisi, pour notre aquarium, Actinia equina, originaire de la Méditerranée, habituée à l’immersion constante et non soumise aux variations brusques de température et de salinité.
- Cette actinie, à l’état naturel, est rouge carmin très vif et uniforme, avec un liséré bleu violacé à la base et des tubercules marginaux d’un bleu intense. (Le principe caractéristique de coloration reste le même dans l’Atlantique et la Manche, mais la couleur générale est brune ou vert plus ou moins lavé.) C’est une bête superbe, volumineuse, tout indiquée parce qu’elle est peu exigeante, facile à se procurer et à observer.
- Par malheur, sa coloration s’atténue rapidement en aquarium, et une série d’expériences devrait semble-t-il être faite pour déterminer si, outre ses pigments propres, l’animal ne renferme pas certaines algues monocellulaires qui ajouteraient peut-être à sa respiration et à sa nourriture; ou si l’assimilation du carotène des crustacés ne joue pas un rôle.
- Pendant la première année de captivité, la bête se développe considérablement et atteint jusqu’à 10 cm de diamètre, dimension de beaucoup supérieure à celles
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- qu'on observe dans la nature. Par la suite, sa vigueur semble diminuer, et l’actinie, toujours pleinement épanouie, comme le montre notre photographie (lig. 1), ne réagit plus, ou peu, au contact. Les meilleures proies elles-mêmes ne sont pas saisies par les tentacules; la bouche seule consent à se déplacer lentement pour saisir et avaler la nourriture qui doit être maintenue à portée tout le temps necessaire. 11 est très vraisemblable (pie cet état provient d’une insuffisance des conditions réalisées et ne se produit pas à l’état naturel; sans quoi, la bête affaiblie, ne pouvant plus se nourrir ni se fixer assez intimement, viendrait à disparaître. Peut-être aussi est-ce là un effet de la vieillesse, qui serait d’autant plus avancée que la bête aurait été abondamment nourrie, et avec une nourriture somme toute uniforme et différente de celle offerte à l’état naturel.
- Un bon nombre de sujets, de taille moyenne, plus ou moins longtemps après leur capture, émettent des jeunes conformés à l’image des parents mais dont les tentacules sont très peu nombreux.
- Tantôt les jeunes naissent déjà très gros : près de I cm de base ; tantôt très petits : à peine une tête d’épingle. Tantôt ils sont expulsés tous à la fois, tantôt à intervalles de un à trois jours. Leur nombre paraît être en moyenne de 15 à 25. Ils sont toujours verts, avec frange de la base bleue, et demeurent de cette même couleur, quelle que soit la coloration de la mère.
- 11 convient de remarquer que ces jeunes ne se fixent pas immédiatement et qu’ils se laissent transporter par les courants.
- Cette période quasi pélagique, plus ou moins longue selon l’abondance de la nourriture, permettrait de trouver des jeunes actinies dans le plancton côtier, jusqu’au moment où, trouvant les conditions favorables de nourriture et d’abri, elles se fixent et demeurent sans beaucoup s’éloigner.
- Tenue en aquarium, on constate que Actinia equina sécrète, comme toutes les autres actinies, un mucus
- glaireux, opaque; un léger voile blanchâtre, constamment enlevé par les courants. A sa base, sous elle, elle laisse une trace brune, très adhérente, qui peut prendre' l’aspect d’une pellicule cornée. Ce dépôt, sans doute impropre à la fixation, ou gênant, l’incite à se déplacer légèrement pour adhérer sur une surface plus nette.
- Contrairement à ce qui a été dit, l’actinie rejette par intervalles un long ruban brun ou olive qui Hotte longtemps au grc des remous avant d’être entièrement expidsé. Cet excrément tombe alors au fond où il se décompose très vite.
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- Enfin, l’une des principales caractéristiques de l’espèce : en examinant d’un peu près les individus jeunes récoltés, on remarque une série de gros points bleu foncé, insérés dans le pli extérieur du disque. Ces bourgeons marginaux grossissent énormément en même temps que la bête se développe. Ils finissent par atteindre et dépasser, en un an environ, la grosseur d’un grain de riz. Au delà de ce laps de temps, ils présentent un développement souvent considérable et ressemblent, lorsque Actinia, equina est mi-fermée, à un petit tas de pois chiches : ils sont plus ou moins ridés, plissés, tourmentés; et, suivant en cela la règle fréquente de décoloration en captivité, ils sont devenus bleu ciel avec tendance au violet pale. Ce sont les bourses chromatophores, riches en néma-toeystes.
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- Nous verrons, dans un prochain article, les autres espèces littorales qu’on peut aussi bien conserver en aquarium.
- J 1. A N (ÎARNAID.
- Fit/. 2 ci 3. — l)cu.r autres espèces d'actinies en aquarium.
- (ja uclie, Anemonia salent a. variété verte. (Pliolo J. Garnaud.) — A droite, Jiunodes yeinmaceus. (Photo 10. Henioheti.)
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- LA SOUDURE DES RAILS DE CHEMINS DE FER
- Une voie de chemin de 1er constitue, en quelque sorte, une route idéale qui non seulement olîre aux roues du véhicule qui la parcourt une surface lisse, régulière et propre, mais encore se charge (h* guider tracteurs et remorques. Permettre à de lourds convois de circuler à plus de 100 km à l'heure en utilisant des bandages en acier, n’est pas à la portée de la plus belle route nationale, du plus moderne autostrade.
- LES JOINTS DE RAILS
- Mais ne nous hâtons pas trop d'appliquer à la voie terrée le qualificatif d’idéal : car elle est discontinue, formée de tronçons séparés par des interstices que le premier voyageur venu ne manquera pas de trouver assez désagréables, bien que le rythme des secousses puisse parfois inspirer le musicien.
- Point n’est, besoin d'être grand technicien pour connaître la raison d’être de ees interstices. N ni n’ignore i(ue, sous l'effet des variations de température, les rails s'allongent, ou se raccourcissent, et que la dilatation et le retrait sont incoercibles. Essayer d’empêcher une barre métallique de s'allonger sous l'elfet de. la chaleur, c'est l'obliger à la torsion. Si on contrarie tous ses mouvements, les obstacles qu’on lui oppose cassent. Si on parvient à l'immobiliser entièrement, on provoquera à l’intérieur de la barri' des tensions internes fort dangereuses. De même si l'on s'oppose au retrait, résultant du refroidissemen t.
- Les techniciens du rail ont donc du se résoudre, bien à contre-cœur, à laisser à la voie ferrée une certaine liberté en ménageant, de loin en loin des solutions de continuité qui sont plus larges aux basses températures pour se trouver presque, comblées quand la chaleur se fait sentir.
- Le « joint » n’est donc qu’un pis aller, un mal nécessaire, car l’on se doute bien que le confort du voyageur n’est pas seul en jeu. Le matériel roulant, les bandages en particulier, en soulîrent également. De plus, l’usure de la voie se réduit en pratique à l’usure des joints.
- Bien entendu, les compagnies de chemins de fer, dans le monde entier, se préoccupent, sinon de réaliser la voie continue, du moins de réduire au minimum le nombre de joints, autrement dit d’augmenter au maximum la longueur des tronçons de rails.
- l)e telles études, ainsi que les essais multiples qui en découlent, sont du plus haut intérêt, ne serait-ce qu’au point de vue pécuniaire : on estime en effet, que la suppression des joints, but ultime de ces efforts, ferait réaliser aux réseaux une économie de plus de 3000 fr par kilomètre et par an, et il y a, à l’heure actuelle, environ 64000 km de voies installées en France.
- La tendance actuelle, dans les compagnies de chemins de fer, est de ne pas se contenter des longueurs de rails, pourtant respectables, que livrent les aciéries, mais de réunir ces tronçons, tant à l’atelier que sur place, pour former des sections de plus en plus longues, en tenant compte des conditions locales et du genre de service de chaque voie particulière.
- Fuj. 1. — Joini aluminolhermique, exécuté en I90G, sur le réseau du Nord, ci la gare de Saint-Ouen-les-Dacks.
- I.a surépaisseur de métal avait été éliminée pour permettre l'éclissage.
- Citons, par exemple, le programme dont la Compagnie du Chemin de fer du Nord poursuit activement la réalisation :
- 1° Sur les voies principales de tonies catégories :
- u) Les rails posés sur les ouvrages métalliques sont soudés sur toute la longueur de l’ouvrage (si donc la ligne Paris-Lille était, entièrement sur viaduc, nous aurions une voie continue. !);
- b) Dans les tunnels, les rails sont soudés en barres ch' 288 ni ;
- o Partout ailleurs, emploi du rail de 24 m.
- 2° Sur les voies de deuxième catégorie, on utilise d'anciens rails ch' 12 m soudés après recoupe des extrémités en tronçons de 22 m, ou même de 100 m, pour les voies de garage.
- Nous entrevoyons maintenant, que l’acheminement vers la voie continue, de même que la modification de voies anciennes et, si l’on peut dire, l’utilisation des restes, se réalisent, et se réaliseront de (dus en plus, par soudure.
- Mais de quels procédés de soudure se servira-t-on .’ De pas moins de quatre, qui comportent d’ailleurs chacun diverses méthodes d’application, mais qui ont ceci de commun, qu’ils permettent, l’assemblage des rails par fusion de leurs extrémités.
- LA SOUDURE ALUMINOTHERMIÇUE
- La soudure aluminothermique paraît être la doyenne de ces procédés, tout au moins en matière de soudure de rails. 11 est assez curieux, en effet, de rappeler que dès 1906, la Compagnie du Nord avait fait exécuter 28 joints aluminothermiques à titre d’essai, et 6 nouveaux joints en 1912. Puis vint la guerre, puis la reprise, en 1921, des essais de soudure de rails. On retrouva alors les vieux joints de 1906, qui avaient vaillamment supporté cette période d’épreuves, ainsi qu’en témoigne la photographie que l’on voit à la figure 1. La soudure n’y est guère visible, pas plus que la trace des ans. Mais avant de parler technique, exposons brièvement les caractéristiques du procédé en question.
- L’aluminothermie repose sur le pouvoir réducteur de l’aluminium qui, mis en présence d’oxyde de fer, s’unit h l’oxygène pour produire de l’alumine ou corindon d’une part, et du fer de l’autre, cette réaction étant accompagnée d’un très grand dégagement de chaleur.
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- Si donc nous plaçons, au-dessus des deux extrémités à souder, un creuset dans lequel nous amorcerons cette réaction, nous pourrons faire couler à l’endroit du joint une quantité suffisante de fer fondu pour porter à fusion les bouts de rails et fournir en même temps le métal d’apport.
- En pratique, deux méthodes sont utilisées, suivant que la soudure est faite sur rails dont l’un au moins peut être déplacé, ou au contraire sur rails immobilisés sur place. Dans le premier cas, le fer liquide produit par la réaction sert à souder le patin et l’âme du rail, alors que le champignon est simplement porté au blanc soudant. A cette température, le métal est dans un état tel qu’en exécutant une forte compression des têtes de rails l une sur l’autre, on obtient une soudure directe et résistante sans aucune interposition étrangère. C’est le procédé dit « avec appareil de serrage ». Par mesure d’économie, l'opération est généralement précédée d’un préchauffage à l’aide d’un chalumeau à essence.
- La figure 2, qui est une coupe longitudinale du joint de rails obtenu par cette méthode, montre bien, en haut, le raboutage pur et simple du champignon et, en bas, l’interposition du métal provenant de la réaction aluminothermique.
- Fig. 2. — Coupe longitudinale de joint aluminolhermique avec appareil de serrage.
- Le second procédé, qui s’applique aux rails en place, est appelé « soudure intercalaire avec préchauiïage ».
- On laisse entre les abouts des rails un intervalle de 10 mm environ et on place autour du joint un moule en sable. On chauffe ensuite l’intérieur du moule et les extrémités à souder, puis l’on coule dans le moule le produit d’une réaction aluminothermique en débouchant par le fond le creuset placé au-dessus. Le fer pénètre dans l’intervalle ménagé entre les abouts et les soude.
- La figure 3 montre l’aspect caractéristique, en coupe longitudinale, de ce genre de soudure. Bien entendu la surface de roulement, en haut, a été rabotée. On remarquera qu’il existe là une zone assez large de métal d’apport, dont on peut certes régler la composition et améliorer les qualités mécaniques par un traitement ultérieur, mais qu’il est difficile de rendre identique au métal du rail au point de vue de la résistance à l’usure.
- Les deux méthodes que nous venons de décrire sont utilisées par presque toutes les grandes compagnies de chemins de fer. D’une façon générale, on paraît donner la préférence à la méthode avec serrage partout où elle est applicable, la seconde étant réservée aux autres cas : soudure sur place, raboutage de rails sur voies secondaires, etc.
- LA SOUDURE ÉLECTRIQUE PAR RAPPROCHEMENT
- Passons maintenant au second procédé de soudure des rails. Dans l’ordre chronologique d’application, nous aurions dû le placer en queue de la liste, car il est plus récent, mais, comme on va le voir, il s’apparente un peu au procédé aluminothermique avec serrage en ce qu’il nécessite un raboutage sous pression des extrémités à assembler. Nous voulons parler de la soudure électrique par rapprochement.
- La source de chaleur utilisée ici est la résistance opposée au passage d’un courant électrique de haute intensité et de faible voltage par les pièces à souder. Soient deux rails disposés en prolongement l’un de l’autre et reliés à une source de courant. On les amène en contact, puis on donne le courant et, une fois la température nécessaire obtenue, on exerce une forte pression longitudinale qui parfait le contact, chasse les scories et produit un bourrelet renforçant la soudure.
- On conçoit que ce n’est pas là un procédé à la portée du moindre bricoleur. Il exige un matériel puissant et de haute précision ainsi qu’une mise au point méticuleuse, le travail à l’atelier et une manutention bien organisée. La plus ancienne installation de ce genre ne date guère que de cinq ou six ans. Les résultats ont d’ailleurs été si encourageants que, l’une après l’autre, toutes nos grandes compagnies se sont équipées pour l’application de ce procédé. Citons, par exemple, la très belle installation que vient de réaliser la Compagnie du Nord, dans son parc à rails de Moulin-Neuf.
- Décrire cette installation nous entraînerait trop loin et nous laissons au lecteur le soin d’imaginer la manutention méthodique des rails, leur alignement parfait sur le bâti de la machine, la gerbe d’étincelles que
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- pi'oduisent le passage du courant et la soudure, puis le iinissage et l’évacuation, le tout surveillé par un personnel réduit au minimum ; quiconque a visité une usine moderne sait à quel point la machine domine en grandeur et en nombre l'élément humain.
- Nous allons maintenant quitter le domaine du travail quasi mécanique en atelier, pour aborder les deux autres procédés de soudure de rails, qui sont plus « manuels » et plus souples, beaucoup plus universels aussi dans toutes les branches de l’industrie : la soudure électrique à l'arc et la soudure oxyacétylénique.
- LA SOUDURE ÉLECTRIQUE A L’ARC
- La soudure des rails à l’arc électrique a été mise au point sur les voies de tramways, qui ont servi en quelque sorte de laboratoire et de banc d’essai en plein air. C’est ainsi qu’on a commencé par immobiliser les éclisses par un cordon de soudure, puis on s’est risqué à souder les rails bout à bout, pour aboutir enfin à une combinaison — nous devrions plutôt dire de multiples combinaisons dont chaque auteur se montre fier — de raboutage par soudure et de plaques ou semelles de renforcement.
- Nous n’entrerons pas ici dans la technique de la soudure à l’arc, dont les principes généraux sont trop connus. Nous rappellerons seulement que ses caractéristiques principales sont la production d’une chaleur intense et très localisée à l’endroit où l’arc électrique jaillit entre l’électrode et la pièce à souder. Rappelons aussi que l’application de ce procédé est devenue beaucoup plus scientifique qu’au début : on n’emploie plus du « fil de clôture » mais des électrodes de composition étudiée, pourvues d’enrobages savants. L’appareillage électrique a atteint un haut point de perfection.
- Quant aux types de joints de rails soudés à l’arc, ils sont légion et nous nous bornerons à en montrer un spécimen choisi au hasard parmi ceux qui ont fait leurs preuves (fig. 4). Comme on le voit, le raboutage soudé n’intéresse ici que le boudin et l’on s’est surtout attaché à assurer un renforcement efficace, dont la pose n’offre pas de difficultés. La figure est assez claire pour nous dispenser de toute explication complémentaire.
- LA SOUDURE OXYACÉTYLÉNIQUE
- Il est assez curieux de constater que, parmi les divers procédés de soudure par fusion, la soudure autogène oxy-acétylénique, qui bénéficiait d’une avance considérable dans la plupart des industries, n’a cependant pas été adoptée d’emblée pour l’assemblage des rails de chemins de fer. 1 -ies essais se sont, jusqu’à une époque récente, montrés fort timides, bien que le perfectionnement technique du procédé ait marché de pair avec, la progression de ses applications.
- La raison de ce retard est sans doute que l’on a longtemps laissé au soudeur, à l’ouvrier, la bride sur le cou et que les ingénieurs, les bureaux d’études, insuffisamment avertis des choses de la soudure autogène, ont tardé à rationaliser la préparation, l’exécution et le contrôle des travaux accomplis à l’aide du chalumeau.
- Fig. 3. — Coupe longitudinale de joint aluminothermique, par le procédé « intercalaire avec préchauffage ».
- On paraît enfin se rendre compte, dans les compagnies de chemins de fer, où la soudure oxyacétylénique est utilisée sur une grande échelle pour la réparation du matériel roulant, que la voie peut à son tour bénéficier des progrès réalisés et de l’expérience acquise à l’atelier, et l’on se hâte de rattraper le temps perdu.
- Pour les travaux de raboutage de rails, comme pour le rechargement de parties usées, l’emploi du chalumeau s’est révélé extrêmement pratique et les très nombreux essais mécaniques exécutés sur les soudures oxyacétv-léniques ont démontré les hautes qualités des joints au point de vue de la résistance aux efforts et à l’usure.
- Depuis quelques années, de nombreux joints ont été réalisés en France ainsi qu’à l’étranger et, comme dans le cas de la soudure électrique à l’arc, divers types ont été expérimentés avec succès, puis standardisés. Nous en décrirons un à titre d’exemple (fig. 5). Cela nous permettra, d’ailleurs, de donner une idée de la rationalisation du travail qui impose l’exécution des diverses opérations dans un ordre prédéterminé et l’emploi d’une équipe de deux soudeurs.
- La préparation des parties à souder s’effectue de la façon suivante : on chanfreine les deux extrémités de rails sur toute leur épaisseur : chanfrein en V pour les patins et au champignon, chanfrein en X, c’est-à-dire des deux côtés, le long de l’âme.
- Deux soudeurs soudent d’abord les deux ailes des patins en se dirigeant chacun du centre au bord, puis, travaillant toujours simultanément, ils exécutent une soudure montante sur chaque face de l’âme.
- Puis vient une opération, non plus identique de part et
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- frette posée à chaud
- Edisse en equerre
- Fig. 4. — Joint de rail exécuté par soudure électrique à l'arc, avec frelies et éclisse en équerre.
- d’autre, mais complémentaire : un des soudeurs effectue la soudure du champignon, tandis que l’autre utilise son chalumeau pour apporter un supplément de chaleur dans cette zone, qui est évidemment de plus forte section que les autres parties.
- On procède alors, toujours au chalumeau, à un recuit des patins et de l’âme, sur une longueur de 60 cm environ, à une température voisine de 950° C.
- Après refroidissement, on procède au renforcement du joint à l’aide d’une semelle, préparée en atelier et dont le profil et l’épaisseur ont été calculés avec soin, car, comme nous l’avons laissé prévoir plus haut, l’étude, et souvent même la standardisation, prennent une place de plus en plus grande dans ce domaine. On voit à la ligure 5 comment cette semelle est réunie au corps du rail par un cordon de soudure le long de l’âme.
- 11 existe naturellement plusieurs variantes de ce type de joint : tantôt on choisit différents angles de chanfreins, tantôt on omet de souder l’âme ou une partie des ailes, sans parler des variations apportées à la semelle de renforcement. Quant au choix des baguettes d’apport, il y a là toute une branche de la métallurgie, que l’on a qualifiée de « métallurgie en petit », mais qui ne le cède guère, en ampleur et en minutie, à celle qui s’occupe de hauts fourneaux, de convertisseurs et du traitement ther-
- Fig. 5. — Joint de rail exécuté par soudure au chalumeau oxijacétylénique avec semelle de renforcement.
- inique et mécanique des aciers. L’ingénieur-soudeur sert d’agent de liaison entre le laboratoire de recherches et l’opérateur. La souplesse du procédé, qui donnait trop de latitude au soudeur et à son « tour de main », devient inestimable si elle est au service de la science qui guide et de l’habileté professionnelle qui exécute.
- On nous pardonnera ces généralisations, qui n'ont nullement pour but d’ouvrir une polémique en faveur de tel ou tel procédé de soudure des rails. Nous nous sommes efforcé, au contraire, de présenter les quatre modes d’assemblage ci-dessus en toute impartialité mais en tâchant de faire ressortir les traits caractéristiques de chacun. Si nous avons insisté sur les progrès techniques des méthodes communément appliquées « à la main », comme la soudure à l’arc et la soudure au chalumeau, c’est qu’au premier abord, l’observateur non averti a tendance à juger plus favorablement un mode d’exécution qui met en œuvre un puissant outillage, une installation aussi importante que celles dont nous parlions plus haut, où d’énormes tronçons de rails s’avancent l’un vers l’autre, se rencontrent et se soudent au milieu d’une gerbe d’étincelles.
- En résumé, les procédés « portatifs », au chalumeau, à l’are électrique, aluminothermiques, ainsi que h* procédé d’atelier qu’est la soudure électrique par rapprochement, progressent tous parallèlement. Chacun d’eux prend possession de son domaine particulier et, là où ils se rencontrent, leur émulation ne peut être que féconde.
- Les considérations qui guident l’ingénieur dans le choix de tel ou tel procédé, ou de telle ou telle variante d’un même procédé, sont multiples : facilités d’application, outillage nécessaire, qualité du joint obtenu — l’idéal étant l’identité parfaite, au point de vue des propriétés mécaniques, de la soudure et des rails —- et enfin prix de revient. Dans ces conditions, on ne saurait, à la légère, attribuer tous les avantages à l'un plutôt qu’aux autres.
- Quant à la question de savoir si, oui ou non, la voie continue, entièrement soudée, est réalisable, nous nous garderons bien de la trancher catégoriquement, puisque, aussi bien, de mieux qualifiés que nous s’y sont refusés. Nous nous bornerons à constater, comme nous l’avons fait au début de cet article, que la tendance est à l’allongement progressif des tronçons et nous ajouterons que, jusqu’à ce jour, les seules voies continues sont celles de certains ports, Dunkerque par exemple, voies ferrées qui, de même que celles des tramways, sont enterrées et à circulation relativement lente.
- En terminant, nous tenons à remercier l’Institut de Soudure Autogène, qui a bien voulu mettre à notre disposition les documents photographiques et autres que nous avons reproduits et qui sont extraits de conférences faites sur les divers procédés dont nous avons parlé par MM. Jean Nègre et André Delanoy, ingénieurs des Arts et Manufactures, et Maurice Michaud, ingénieur de la Société l’Air Liquide. Nous rendons également hommage aux compagnies de chemins de fer qui nous ont indirectement fait bénéficier de leur documentation.
- Pierre Hollard.
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- QUEL OISEAU FUT LE “WALDRAPP” de GESNER?
- En 1555, paraissait à Zurich le tome 111 de Y Histoire des animaux de Gesner, sous le titre : Historiæ anima-lium Liber 111 qui est de Avium nalura. C’était un énorme in-folio, de 779 pages, illustré de gravures sur bois, dont le texte en latin fut traduit en allemand deux années plus tard, en 1557. L’auteur, Conrad Gesner, était né à Zurich en 1516, avait voyagé à Strasbourg, Bourges, Paiis, Montpellier, Bâle, puis s’était fixé dans sa ville natale où il pratiquait la médecine, enseignait le grec et la philosophie, en même temps qu’il écrivait maints gros ouvrages, dont cinq sur la zoologie où il joint ses observations personnelles aux abondantes citations des auteurs anciens les plus divers.
- A la page 357 du tome 111, consacré aux oiseaux, on trouve sous le titre De coroo syloatico la ligure et la description d’un oiseau gros comme une poule, au bec, long et rouge, aux pattes longues et rouges également. Vu de loin, son plumage semble noir de charbon, mais de près il apparaît gris verdâtre, 11 a quelques longues plumes à l’arrière de la tête, mais devient chauve en vieillissant , comme je l’ai vu, ajoute Gesner. Ayant, ouvert l’estomac, Gesner y trouva des insectes et des vers nuisibles aux racines des plantes. Enfin l’oiseau est migrateur et les jeunes sont estimes comme un mets délicieux.
- En 1603, Ulysse Aldrovandi, de Bologne, fait ligurer le corbeau des bois suisse dans son Ornithologie et l’appelle Phalacrocorax ex llhjri.omissum. En 1.(178, Bay, de Cambridge, l’introduit dans l'Ornithologie de son ami Willughby sous le nom de corbeau des bois de Gesner. En 1738, Albin le cite encore sous le nom de corbeau des bois de Suisse et le dessine en couleurs d’après un individu conservé dans la collection de sir Thomas Lowther.
- 11 est possible qu’Aldrovandi ait vu l’oiseau vivant, mais Bay et Albin n’en parlent que d’après le texte de Gesner.
- En 1758, Linné introduit l’oiseau dans son Sijstema naturæ et lui donne le nom d’Upupa erernita, songeant sans doute à la vie solitaire indiquée par Gesner. Quelques années après, il préfère Corons syloaticus.
- En 1791, Bechstein ne fait que le mentionner dans sa Cemeinnützliche Naturgeschichte der Vogel Deulschlands, mais, à la deuxième édition, en 1805, il suppose que Gesner n’a vu qu’un animal empaillé, mutilé ou déformé. Et l’oiseau disparaît des livres ultérieurs; il est « éteint ».
- D’autre part, vers 1833, le naturaliste Wageler revient d’Egypte avec un oiseau d’espèce nouvelle qu’il y a découvert. C’est un ibis qu’il dénomme Ibis comata ou Geron-ticus comatus. Dresser, quand il fait le bilan de toutes
- les espèces européennes et paléoarctiques dans son H istory of the Birds oj Europe, y introduit (1880) Ylbis comata, bien qu’il soit africain. Et cela amène, 17 ans plus tard, trois ornithologistes de réputation mondiale, llartert, Kleinschmidt et W. Bothschild, réunis à Londres, à rapjirocher les dessins de Gesner et de Bechstein avec celui de Dresser représentant l’ibis égyptien de Wageler. Ils leur trouvent de telles ressemblances qu’ils concluent que c’est le même oiseau, d’autant plus que les observations de Gesner indiquent un mode de vie concordant.
- Depuis, on a relevé dans le tome X de l’Histoire naturelle de Pline un passage où l’auteur cite un rapport d’un gouverneur romain des Alpes, Egnatius Calvinus, disant qu’on a souvent signalé dans les Aljtes des oiseaux ressemblant à des ibis, mais que l’ibis est africain et non alj3in.
- Si bien qu’il est vraisemblable que Gesner ne s’est pas trompé, que son Corons syloaticus existe, qu’il l’a bien
- Fig. 1.
- Corvus syluatieus de Gesner.
- observé, mais que c’est un ibis, probablement migrateur et de passage seulement en Suisse.
- Et cela est un bel exemple des difficultés de l’histoire naturelle, quand elle s’occupe d’animaux rarement rencontrés.
- Ajoutons qu’un autre ibis, l’ibis l'alcinelle, fréquente aussi nos régions. On en a vu quelques individus en baie de Somme, sur les côtes de Belgique et de Hollande. Mais il ne peut ici s’agir de lui, car il n’a pas de grandes plumes derrière la tête. Willy Ley.
- LES TERRES RARES
- Sous le nom de terres rares, on comprend toute une série d’oxydes basiques qui se distinguent extrêmement peu entre eux au point de vue des propriétés chimiques et physiques. On les trouve dans des minerais ou des sables spéciaux : la gadolinite, la cérite, la sarmarskite, l’yttrotitanite, la
- thorite, la monazite, etc. Bien que leur découverte remonte à plus de cent ans, ces éléments n’ont constitué, assez longtemps, qu’une curiosité chimique qui ne présentait d’intérêt qu’au point de vue théorique. Leur préparation à l’état pur présentait et présente d’ailleurs encore de très grandes dilTi-
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- cultes; on manque de méthodes exactes de séparation. D’autre part, leur nombre s’est accru dans des proportions inattendues et Crookes a pu comparer ce groupe à une nébuleuse d’atomes. Cependant, la découverte do nouveaux gisements a montré que ces métaux rares se trouvent répartis sur la surface du globe en quantités plus importantes qu’on ne le supposait, et l’attention des chercheurs s’est portée sur ce domaine encore peu exploré. De très subtils travaux ont élucidé nombre de mystères et l’étude des terres rares a constitué peu à peu un chapitre important de la chimie minérale, d’une grande complexité, mais étayé sur des bases qui paraissent stables, sinon définitives. De toute la masse des corps théoriquement prévus, on est parvenu à identifier très exactement une quinzaine d’éléments d’uneindividualitéindiscutable.
- Les applications pratiques des terres rares deviennent de jour en jour plus nombreuses et présentent, dans certaines industries, un très grand intérêt technique en ce sens que des quantités extrêmement faibles de ces corps sont susceptibles d’exercer une action réactionnelle considérable, et de permettre des réalisations particulièrement curieuses.
- Déjà en 1794, Gadolin découvrait à Ytterby, en Suède, dans un minerai qu’il dénomma gadolinite, une terre nouvelle qui reçut le nom d’yttrium. Peu d’années après on rencontrait dans un autre minerai suédois, un métal inconnu, le cérium. Ni la terre d’yttrium, ni la terre de cérium ne sont <ies substances homogènes; on trouva bientôt qu’elles forment des mélanges complexes composés de toute une série d’oxydes rares dont on arriva peu à peu à effectuer la séparation et la purification. En 1802, on identifie le béryllium, dans la terre d’yttrium. En 1814, le célèbre chimiste suédois Berzelius parvient à préparer le cérium à l’état presque pur. Un de ses élèves, Mosander, découvre dans la cérite deux nouveaux éléments, le lanthane et le didyme, et en 1843, établit que la terre d’yttrium contient, outre l’oxyde incolore, l’oxyde jaune d’erbium et l’oxyde rose de terbium.
- La grande découverte en 1860, par Kirchhofï et Bunsen, des lois de l’analyse spectrale apporte à l’étude des terres rares une précieuse méthode générale d’analyse qui va permettre d’en identifier les éléments avec certitude. De la terre d’erbium on isole, en 1875, l’ytterbium, en 1879 le scandium. Chose remarquable, la plupart de ces éléments nouveaux trouvent leur place dans les vides du tableau périodique des éléments de Mendeleeff. Dans les résidus d’erbium, on découvre le néoerbium, le holmium et le thullium. En 1879, Lecoq de Boisaudran trouve le samarium dans un minerai de Sibérie, la samarskite. Auer de Welsbach et Urbain, travaillant isolément, dédoublent l’ytterbium en lutécium et néo-ytterbium. La séparation de ces deux éléments n’a pas demandé moins de vingt ans de travail et a nécessité plus de deux cent mille cristallisations successives.
- Les terres rares se rencontrent toujours sous forme de mélanges isomoi'phes, sauf le scandium que l’on a pu identifier, par spectroscopie, dans le soleil et certaines étoiles. Ces terres se trouvent généralement dans les roches sédimen-laires, les schistes cristallins ou dans les sables d’alluvion, comme les sables monazités. Elles sont répandues sur toute la surface du globe, mais on les rencontre en quantités plus importantes dans certaines régions, dans les minerais de la Suède, des monts Ourals, de la forêt bavaroise, dans les sables aux États-Unis, dans la Caroline du Sud, la Virginie, le Colorado, le Texas et au Brésil.
- Les propriétés chimiques et physiques de toutes les terres rares sont très voisines. Ainsi, les indices de solubilité des sulfates et des oxalates, dans l’eau ou les acides, sont à peu près du même ordre de grandeur. Il en est de même des constantes thermo-chimiques, comme la chaleur de formation des oxydes.
- On divise ces terres en deux groupes principaux : les terres cériques comprenant le lanthane, le cérium, le néodyme, le praséodyme, le samarium, et les terres yttriques : yttrium, europium, gadolinium, terbium, dysprosium, holmium, erbium, thullium, ytterbium, lutécium. La distinction entre ces groupes est basée sur les caractères de solubilité des sels, mais en réalité, ces solubilités varient toujours graduellement d’un terme au suivant.
- Ces terres appartiennent aux bases relativement fortes. Elles se rapprochent des éléments basiques du deuxième groupe, les terres alcalines, et se placent, au point de vue do l’affinité électrique, entre ces éléments et l’aluminium. On effectue les séparations en appliquant les différences de solubilité des sulfates doubles ou des carbonates; on utilise surtout les méthodes de cristallisation fractionnée des sels les plus divers : nitrates, sulfates, nitrates doubles avec l’ammonium et le magnésium, en solution neutre ou acide, oxalates, éthyl-sulfates, bromates.
- Mais c’est surtout le perfectionnement des méthodes physiques de contrôle qui a permis d’identifier et de définir ces nouveaux éléments. On a fait appel d’abord aux spectres d’absorption, puis aux spectres d’émission ou de phosphorescence cathodique, enfin aux propriétés magnétiques des sels. Plus récemment, s’est ajoutée l’analyse par les spectres d’émission et d’absorption à l’aide des rayons X. Ces caractères, étant spécifiques de l’élément, ont permis une identification absolument précise.
- La principale et presque exclusive application industrielle des terres rares a été d’abord la préparation des manchons à incandescence. En 1891, Auer de Welsbach découvrait que le mélange de 99 pour 100 de nitrate de thorium et 1 pour 100 de nitrate de cérium possédait la propriété de donner à la flamme incolore du bec Bunsen une luminosité vive et économique. Ce procédé, qui constituait pour l’éclairage ordinaire au gaz un progrès considérable, prit rapidement une grande extension, si bien que la consommation annuelle du nitrate de thorium dépassa bientôt 300 t, extraites entièrement des sables monazités. Pour préparer les manchons, on plonge les carcasses en fils de coton, de ramie ou de rayonne dans une solution convenable du mélange des nitrates de thorium et de cérium, auquel on ajoute souvent de petites quantités d’alumine, de glucine ou d’acide borique qui donnent plus de résistance. Après dessiccation, on incinère les manchons dans la flamme d’un bec Mecker qui brûle la matière organique, décompose les nitrates et laisse un tissu uniquement formé des oxydes des métaux rares. Les manchons sont enfin plongés dans du collodion qui facilite le transport. Le collodion est d’ailleurs détruit au premier allumage. La cause de l’augmentation de l’intensité lumineuse due à cette faible quantité de cérium n’est pas encore bien définie. Elle dépendrait, semble-t-il, d’une répartition inégale du pouvoir émissif qui serait augmenté dans la partie visible du spectre, aux dépens de l’infra-rouge et de l’ultra-violet.
- Le développement de l’éclairage électrique a diminué sensiblement la consommation des manchons Auer. Ce recul et, d’autre part, la grande quantité de ces éléments découverts dans les sables monazités ont provoqué la recherche d’autres jjossibilités d’emploi.
- Auer de Welsbach de nouveau a trouvé le premier une autre application du cérium dans la préparation des alliages pyroplioriques. D’une manière générale, les substances du groupe de la cérite, cérium, lanthane, néodyme, praséodyme, samarium, se mélangent facilement aux autres métaux. Ils possèdent une structure et une couleur analogues à celle du fer. En raison de la difficulté de leur épuration, on utilise directement les mélanges de terres en alliage avec le fer. Les pyrophores, au sens exact du mot, c’est-à-dire s’enflammant
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- spontanément, sont essentiellement des amalgames. Les alliages de mercure et de terres rares du groupe cérique ont trouvé de néfastes applications dans la fabrication d’engins de guerre.
- Les autres alliages, et particulièrement le ferro-cérium, ont la propriété de produire des étincelles par frottement sur un corps dur et tranchant. Ils contiennent généralement, à côté du fer, de petites quantités d’aluminium, de zinc, de magnésium et de cuivre. Des alliages de fer et de cérium, contenant au moins 35 pour 100 de cérium sont utilisés comme allumeurs automatiques pour le gaz d’éclairage ou l’acétylène, notamment dans les lampes de sûreté des mineurs.
- L’addition de quantités de cérium, de l’ordre de 0,2 pourlOO, aux alliages d’aluminium facilite la fusion du mélange et augmente ses qualités de résistance. Cet apport semble dû à un phénomène d’oxydation par le cérium. La solution de sel de cérium se comporte d’ailleurs comme si ce corps était saturé d’oxygène. Le potentiel d’oxydation de l’ion cérium dépasse celui de Lion oxygène. On a trouvé de nombreux emplois de cette propriété dans l’oxydation des produits organiques.
- D’après Witt, les sels cériques peuvent servir de mordants pour les couleurs d’alizarine, en donnant des teintes très solides au lavage. Si on fait bouillir des tissus dans une solution de terre de cérium et qu’on les traite, après séchage, par une solution ammoniacale d’eau oxygénée, on obtient des tons jaunes; avec les sels de lanthane et de didyme, des tons bruns clairs et foncés. Les sels de lanthane peuvent servir à la charge de la soie.
- A. et L. Lumière ont utilisé la sensibilité des sels de cérium à la lumière dans la technique photographique. Les solutions de sulfite de cérium peuvent être employées comme affaiblissants des négatifs. D’autre part, l’addition à la poudre de magnésium de nitrate anhydre de cérium ou de thorium améliore considérablement la luminosité de l’éclair.
- Le fluorure eL le tungstate de cérium servent pour la fabrication des bâtonnets de lampes Nernst.
- Citons encore les propriétés insecticides des sels d’acides gras à haute molécule, à hase de cérium ou de thorium.
- En thérapeutique, les combinaisons de cérium, et particulièrement les oxalates, constituent un spécifique contre les vomissements gravidaires. On avait fait à ce propos une remarque assez curieuse. Comme des quantités relativement importantes de ces produits étaient exportées dans ce but en Asie Orientale, on avait cru pouvoir conclure à l’existence de propriétés particulièrement adaptées à la race jaune. C’était une erreur et l'emploi du remède s’est généralisé. Le salicylate et les combinaisons de la série grasse du cérium ont donné des résultats favorables dans le traitement de la tuberculose pulmonaire. Le praséodyme paraît devoir rendre des services dans le traitement des affections de la thyroïde. Le fait que ces sels ont trouvé des applications thérapeutiques a
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- fait apparaître la nécessité d’obtenir des combinaisons très pures, et on a dû les soumettre naturellement à des analyses minutieuses.
- Dans la fabrication des couleurs vitrifiables pour porcelaine, les sels des terres mres présentent une très grande résistance au feu vif. Le molybdate de cérium mélangé aux fondants usuels donne un bleu clair; le titanate, un jaune brillant; le phosphate de praséodyme produit un ton vert; le phosphate de néodyme, un rose frais.
- Mais c’est dans le domaine de la verrerie que les terres rares semblent trouver leurs applications les plus générales. L’oxyde de cérium mélangé à d’autres oxydes terreux agit comme décolorant de la pâte de verre en ce sens qu’il permet de faire passer le fer, qui peut s’y trouver comme impureté, sous la forme ferrique. On sait que le pouvoir colorant des sels ferriques est infiniment plus faible que celui des sels ferreux. Ces terres rares jouent surtout un rôle considérable dans la coloration du cristal. Le néodyme pur donne une teinte variant du rouge au lilas, le praséodyme une teinte évoluant du vert au jaune. Les possibilités d’emploi de ces deux oxydes dans ce domaine se sont même montrées si importantes qu’elles ont influencé la production de ces oxydes à un point tel que les prix astronomiques primitivement pratiqués ont pu s'abaisser en moins de dix ans jusqu’à des taux industriellement abordables. On sait réaliser, à l’aide du néodyme et du praséodyme, des pierres cristallines colorées, à facettes chatoyantes qui peuvent être mises en parallèle avec les pierres précieuses véritables. L’addition de ces terres au cristal fondu permet d’en modifier à volonté la transparence et l’éclat. 11 ne s’agit pas ici de pierres synthétiques, mais de véritables pierres artificielles qui sont absolument différentes des pierres naturelles au point de vue de la composition chimique et de la structure. Dans les mêmes conditions, le cérium donne des cristaux jaune d’or d’un éclat très vif et d’une transparence remarquable.
- On a utilisé les propriétés physiques particulières du néodyme dans la fabrication de certains verres à lunettes. On a montré que ce métal présente des caractéristiques spectrales qui corrigent les troubles de l’œil. Les verres réalisés sous le nom de verres néophan se sont introduits dans le domaine des sports et de la marine. Ils permettent, par temps clair ou brumeux, de discerner les lignes extérieures des bateaux, même à des distances où elles sont très difficilement appréciables. Ils facilitent également la reconnaissance des signaux et des lignes de côtes dans le soleil.
- Enfin, dans le sable monazite, à côté du thorium, on a découvert un élément nouveau, le mésothorium. Cet élément possède les propriétés radioactives du radium, mais à un degré moins durable. Ses sels peuvent être utilisés dans les applications thérapeutiques du radium cju’ils remplacent avantageusement au point de vue du prix. Ern. Schmidt.
- LES FOUILLES DE DOURA-EUROPOS
- LA POMPÉI DE L'ORIENT
- La mission franco-américaine de l’Université de Yale et de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres a terminé en 1935 sa huitième campagne de fouilles sur le site de Doura-Europos, ville fantôme, autrefois vivante et peuplée, sur les bords de l’Euphrate.
- La France était représentée officiellement par M. le Comte du Mesnil du Buisson qui a bien voulu nous faire
- part de ses importantes découvertes et nous confier ses projets.
- DE CURIEUSES SAPES MILITAIRES
- Dès l’époque parthe, Doura-Europos possédait un très beau rempart. Lorsqu’au me siècle la menace perse se fît pressante, ses habitants édifièrent entre le
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- Fig. 1. — Stuc peint au plafond de la synagogue archaïque.
- H,bleu; üi,bistre; G,gris; M,mauve ombré de gris; N, noir; O, doré; R, rose; RR, rouge ombré de gris.
- Fig. 2. — Plafond si tiqué peint dans une calacombe juive de Home.
- mur et les maisons de la ville, un énorme remblai de terre destiné à soutenir le rempart contre les sapes ennemies. Lors du siège de 256 de notre ère, les Perses minèrent les remparts pour faire tomber murailles et tours; mais
- ces dernières s’alîaissèrent sans se renverser, soutenues
- ce gigantesque contrefort.
- M. du Mesnil du Buisson, ayant retrouvé la galerie souterraine conduisant du ravin sud de la ville jusque sous la tour 14, nous sommes excellemment renseignés
- sur cette sape.
- C’est un boyau sinueux, étroit, non boisé, de la hauteur d’un homme, taillé dans une roche tendre superposée à une roche très dure. Ces mineurs connaissaient parfaitement leur métier. Bien que la galerie ait plus de 40 m de long, elle aboutit exactement au milieu de la tour 14, et par deux fois la mine rencontra d’anciennes chambres sépulcrales que les ouvriers de Sapor évitèrent.
- Puis arrivés sous les murailles, dans le plus grand secret, les mineurs remplacèrent toutes les fondations par des pièces de bois formant boisement ou coffrage de sorte que les blocs énormes du mur reposaient directement sur
- Fig. 3. — Tête de femme ornant un des carreaux du plafond
- de la synagogue.
- de fortes planches, tenues sur les côtés par des rondins. Ce couloir boisé, qui suivait de près les murs d’enceinte et même la courtine, débordait légèrement vers l’extérieur pour produire par porte-à-faux un mouvement de bascule au moment de l’écroulement. On a retrouvé leurs lampes : de simples pierres creusées au milieu contenaient de l’huile et une mèche. Leurs amulettes ont été ramassées parmi quelques pièces de monnaie abandonnées au moment de l’allumage.
- La sape fonctionnait de la façon suivante : on incendiait les boisages à l’aide de fascines, de paille, de soufre ou de goudron dont une jarre fut retrouvée. On ouvrait des ouvertures créant un fort courant d’air et les supports de bois brûlaient si activement qu’au bout d’un moment tout l’appareil de pierre s’écroulait, démantelant entièrement les murs. La tour 14 fut ainsi mise hors de combat. Les Perses purent, en sécurité, construire une rampe accédant jusqu’au sommet du rempart et prendre ainsi la ville.
- D’après le professeur Rostovtzeff, les Perses avaient cherché à supprimer les tirs venant de droite, étant protégés à gauche par leurs boucliers. La multitude de boulets recueillis évoque la puissance du dernier barrage d'artillerie soutenant l'ultime assaut, tandis que la défense était privée de son principal organe de flanque-
- ment, la tour
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- ,is les assiégés employaient des contre-mines. La sape dos auxiliaires romains qui défendaient la ville rencontra la sape perse près de la tour 19. Un combat s’ensuivit et les Romains, au nombre de quinze, refoulés dans la contre-sape viennent d’être découverts revêtus de leur cotte de mailles, armés de leurs boucliers de bronze et d’épées de fer. Trois même avaient dans leur poche leur solde militaire, poignée de pièces de monnaie
- à l’elligie de Yalérien.
- Rien de plus saisissant que ces découvertes qui placent tout d’un coup l’archéologue devant un drame poignant ayant arrêté brusquement la vie d’un peuple.
- Dans la mine ennemie, en face de ce groupe romain, gisait le corps d’un soldat sassanide tué dans le même combat. Ce géant de 1 m 87 de haut était tombé en arrière et il avait encore la main levée comme pour frapper ses adversaires. Son visage aux dents serrées avait encore une expression si menaçante que les ouvriers en furent impressionnés.
- A ses côtés, son épée de fer était garnie d’un pommeau de jade de provenance chinoise. Son casque qui pesait plus de 4 kg avait la forme d’une énorme tiare bordée d’une visière en cotte de mailles...
- L’abondance des objets appartenant aux habitants est telle qu’il faudrait une longue étude pour les nommer. Les trésors de monnaies sont nombreux; un seul renfermait 2300 pièces d’argent, un autre des_ bijoux d’or. Les vases vernissés vert, bleu, ou rouge à décors à relief proviennent de trois fabriques dont on a retrouvé les fours. Dans une cuisine, on avait inscrit le menu du jour suivi du prix des aliments.
- Au milieu de mille vestiges de la vie courante parfaitement conservés, notons un yo-yo, de magnifiques collections de tapis et d’étoffes dont les plus récentes sont du
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- n,: siècle, aux teintes et dessins les plus recherchés, des contrats de mariage, actes de divorce, et prêts d’argent; un testament daté de 28 après J.-G., etc...
- LA GRANDE SYNAGOGUE DE 244
- Ge qui étonna le plus les archéologues, c’est la profusion des cultes qui coexistaient dans l’ancienne Doura. Outre l’église chrétienne de 220 de notre ère, mise au jour il y a deux ans, et les neuf temples païens garnis de dieux et de déesses des cultes grec, palmyrénien, syrien, mésopotamien, assyrien, iranien, une grande synagogue aux murs couverts de peintures de l’an 244 a livré des scènes bibliques inconnues jusqu’alors. Ge fait nouveau dans la religion hébraïque pose chez les Juifs la question des ligures du ier au 111e siècle.
- La loi de Moïse est formelle sur les images religieuses. Küe défend de faire « des images sculptées, ni aucune représentation de ce qui est en haut dans le ciel, ici-bas sur la terre ou dans les eaux au-dessous de la terre ». i Ex. xx. 4). 11 est défendu de couler des dieux d’or, d’argent (Ex. xx. 23), de « se prosterner devant les images et de les servir » (Ex. xx. 5). « Gardez-vous, dit le législateur, de vous laisser corrompre en vous fabriquant quelque image taillée représentant un objet quelconque, la figure d’un homme, d’une femme, celle de quelque animal marchant sur la terre, d’un être ailé volant dans les cieux, d’un reptile rampant sur le sol ou d’un poisson vivant dans les eaux au-dessous de la terre » (Deut. IV, 16, 23, 25).
- Or, dans la Synagogue de Doura les représentations d’hommes et d’animaux abondent. En pratique l’attitude des Juifs a beaucoup varié selon les époques. Dans la haute antiquité Moïse fit sculpter des chérubins sur l’Arche d’Alliance et en lit broder sur le voile de pourpre du Saint des Saints. A l’époque des Rois, le Temple, le Saint des Saints, la Mer d’Airain, le trône de Salomon comportaient beaucoup de sculptures. Au ier siècle de notre ère, la défense de Moïse fut remise en vigueur comme moyen de lutte contre les Romains.
- Josèphe, alors gouverneur de Galilée, invita le peuple de Tibériade a démolir le palais d’Hérode le Tétrarque parce qu’il était orné de figures d’animaux. A Doura une première synagogue des ier et ne siècles, enfoncée à 0 m 70 dans le sol sous celle de 244, reflète cet état d’esprit. Le décor du plafond et du mur sud, quoique riche, ne comprend que des ornementations florales; grenades et oranges, des losanges rouges sur fond jaune et des motifs géométriques (lig. 1 et 2). Toute figure humaine ou animale est bannie.
- Vers la fin du 11e siècle ou le début du me, la tendance libérale de l’art hellénistique détendit le rigorisme du Deutéronome. Le Talmud rapporte qu’au temps du Rabbin Yokhanan (me siècle), les peintures murales apparaissent dans les synagogues sans que les rabbins le défendent Q).
- Au moment de la construction de la Grande Synagogue, en 244-245, époque où les peintures décoratives abondent dans les temples des autres cultes nombreux à Doura, l’artiste araméen, imprégné des nouvelles con-
- 1. Abada Zara, 3, 1-3.
- > ' / //y
- Fig. 4. — Carreaux de plafond à Doura.
- a) Le mauvais œil brûlé sur un coussin en l'eu entouré de lampes sur chandeliers, et surmonté d’une chenille. — b) Le mauvais œil assailli par des serpents et insectes et percé de trois clous.
- ceptions, fait entrer dans la structure du plafond des carreaux achetés « tout faits » portant chacun un sujet différent. Le motif prédominant est la végétation : grappes de raisin, oranges ou cédrats, pommes de pin, fruits à crème, grenades, épis de blé disposés par trois; les oiseaux, gazelles, dauphins côtoient des êtres fantastiques inspirés des signes du zodiaque : capricorne à queue de dauphin, centaure happant un poisson, serpent à tête de canard. Quelques carreaux sont ornés de têtes féminines et d’images du mauvais œil (fig. 3 et 4).
- Le mauvais œil, si redouté aujourd’hui en Orient, en Egypte et dans le Sud de l’Europe effrayait beaucoup les anciens. « Ceux qui en souffrent, dit Saint Basile, sont tenus plus gravement atteints que ceux qui ont été mordus par quelque bête venimeuse. Les corps les mieux portants des gens dans la fleur de l’âge et de la force se fondent, dit-on, sous l’effet de la fascination; leur embonpoint disparaît entièrement comme si quelque fluide de destruction, de corruption et d’anéantissement était sorti des yeux du fascinateur... » Pour s’en préserver, ils attachaient à leur bras un bijou taillé dans une pierre précieuse représentant 1 ’ouza ou l’œil mystique. Si l’on excepte les carreaux à inscription et ce dernier, cette décoration de sujets ornementaux communs n’avait aucune signification religieuse aux yeux des Juifs. Elle est fréquente dans les synagogues du me et du ive siècle, par exemple dans celle d’Hammam-Lif près de Carthage, à Arbèles, à Umm-el-Amad, etc.
- La construction terminée, on songea à couvrir la surface considérable des murs revêtus de plâtre. Le premier essai fut tenté au-dessus de la niche de la Tôrâh. Une lionne de profil est entourée d’une vigne touffue tandis que
- Fig. 5. — Objets du culte de Dagon gisant épars sur la peinture de Doura.
- 1, pelle à encens; 2, brûle-parfums; 3, lampadaire; 4, coupe d’offrandes; 5, vase d’eau lustrale; 6, burettes à libation; 7, instrument de
- musique (?).
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- Fig. 6. — La vision d’Ezéchicl. La résurrection des morts.
- A gaucho, on rassemble les membres, à droite les corps sont animes. Au-dessus, la puissance de Jahwé, sous forme de mains.
- deux lionceaux dressés sur leurs pattes de derrière s’apprêtent à dévorer une proie. C’est l’interprétation de l’élégie d’Ezéchiel (Ez. xix.); la nation juive est comparée à une lionne élevant deux lionceaux et à une vigne portant de vigoureux rameaux.
- Au-dessus de la niche on essaya pour la première l'ois de traiter une scène biblique : le sacrifice d’Abraham. Pour éviter de peindre la figure humaine, le timide artiste représenta les personnages de dos.
- L’étape décisive fut franchie lorsqu’on décida d’orner les murs de la synagogue de scènes bibliques disposées en trois registres, les fresques supérieures ayant été commencées les premières. Trois artistes marquent bien l’évolution décidée : le maître araméen, le maître grec et le maître iranien.
- La peinture du maître araméen, israélite, est surtout religieuse. Il copie mal la nature. La mer Rouge dressée comme une carte de géographie exclut toute perspective. Il puise toute son inspiration dans la Bible et campe ses personnages d’une façon pittoresque et personnelle comme par exemple dans son groupe « Juifs émigrants » dont l’un tire un enfant par la main et porte une lourde besace sur son épaule.
- Son successeur, plus artiste, équilibra ses tableaux et les composa harmonieusement comme la scène de Moïse faisant jaillir l’eau du rocher. S’il emprunte les grandes lignes au texte sacré, il se souvient volontiers du paganisme mésopotamien. Dans la scène de l’Arche d’Al-
- Fig. 7. — Peinture de Job sur son fumier.
- ban ce, il reproduit le mobilier cultuel des affiliés à Dagon (lig. 5).
- Le maître iranien ouvre une place considérable aux modèles païens dont il possède les croquis. La fiancée du Cantique des Cantiques (vm, 8-9) est une Tyché grecque. Dans la scène des ossements desséchés, vision d’Ezéchiel (lig. G), il arrange une peinture païenne qu’on a retrouvée sur un sarcophage du Musée Pio-Clémentin. Ses collègues avaient évité de représenter des femmes ; lui en a laissé plus d’une douzaine dont une sans voile. Il ne craint pas de dessiner des objets impurs comme les cadavres de la vision d’Ezéchiel et un énorme reptile dans le tableau des prêtres de Baal.
- Enfin lorsque les trois registres de la synagogue furent terminés, on s’aperçut que l’ensemble avait besoin d’être complété. La lionne et la vigne détonnaient. Le maître iranien se chargea du travail. Dans le haut, il plaça un personnage enseignant, sans doute Moïse, puis au-dessus de la niche de Torâh, il composa le panneau de Jacob malade bénissant Manassé et Ephraïm conduits par Joseph (Gen. xi.viii. 1, 2) et à gauche, le même Jacob mourant entouré de ses douze fils qu’il vient de bénir.
- Mais ce qui est surprenant, et montre bien que l’esprit des rabbins était empreint du libéralisme le plus grand, l’artiste ajouta la figure d’Orphée, sous l’apparence d’un Syrien efféminé. A-t-on voulu associer Orphée aux prophètes du Judaïsme comme Alexandre Sévère l’avait réuni dans son laraire au Christ et à Abraham ?
- L’explication de M. du Mesnil du Buisson semble plus juste. Le maître iranien copiait des modèles païens. Il ne pouvait mieux faire pour peindre David jouant de la lyre que de recopier une figure alors en vogue retrouvée dans les catacombes de Rome : Orphée charmant de sa lyre les oiseaux comme les bêtes féroces.
- Cette évolution de la conception juive concernant les « images taillées » et les figures d’êtres animés ne se retrouve pas seulement à Doura, mais ailleurs. Le paganisme envahit la synagogue à partir du me siècle. Deux zodiaques signalés par le Prof. Sukenik et le Prof. Vincent figurent en Palestine; à Beth Alpha se trouve un grand tableau du sacrifice d’Abraham. Cette nouvelle tradition artistique semble s’être infiltrée jusqu’en Pologne, où dans les vieilles synagogues du xive et du xviie siècle, en plus des animaux, palmiers et fleurs, on voit des zodiaques, une scène du temple de Jérusalem en flammes (Mohilew) et les scènes bibliques du Déluge, de Jonas et la Baleine..., etc.
- Examinons quelques scènes typiques de cette synagogue de 244.
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- QUELQUES FRESQUES BIBLIQUES
- L’œuvre du maître iranien, auteur du troisième registre, comprend un tableau qui n’avait pas encore pu être expliqué. M. du Mesnil du Buisson y a reconnu l’histoire qui serait peut-être celle de Job disposée en diptyque (fig. 7).
- Job est étendu à gauche sur un tas jaunâtre qui représente le traditionnel fumier. Au second plan deux enfants assis à terre le regardent en se bouchant le nez, allusion picturale aux ulcères pestilentiels. « Les enfants eux-
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- mêmes, dit job, me méprisent. » Enfin trois personnages se détachent sur le fond de la scène.
- Deux s’avancent vers le malade, le premier tenant un bâton, le second une bourse. Le troisième s’éloigne vers la droite. Ce sont les trois amis de Job, Eliphaz, Baldad et Sophar qui finissent par l’abandonner. Le triomphe de Job est figuré sur la partie gauche du tableau. Monté sur un cheval blanc, il est vêtu en costume royal perse comme Mardochée dans le tableau d’Esther que l’artiste avait peint précédemment sur le mur opposé. Pour un iranien et un oriental, parader à cheval avec un riche costume, escorté de cavaliers, sorte de gardes du corps, signifie la richesse et la prospérité.
- Les tableaux sont traités dans la note perse et la facture de Job à cheval est une réplique du célèbre bas-relief rupestre de Darabgerd. Ses couleurs sont harmonieuses et son originalité consiste à donner des reflets roses à ses chevaux blancs pour imiter la peau vue à travers un poil très fin. Une autre scène fort bien interprétée est le miracle de l’eau dans le désert. On comprend que les gens de Doura vivant du commerce des caravanes qui traversaient journellement leur ville connaissaient leurs difficultés de s’approvisionner en eau lorsqu’en plein désert les puits manquent et que les vents de sable ont fait perdre les pistes. La scène de Moïse faisant jaillir l’eau pour les douze tribus est peinte en deux tableaux. Pour le peintre araméen le peuple apparaît comme une armée en marche s’abritant derrière leur clipei.
- En arrière les chefs portent les oexilla des douze tribus. Moïse est figuré en vêtements blancs à bordures bleues, ornés de franges aux angles.
- Pour le maître grec, nous sommes devant le camp au repos. Le tabernacle avec ses colonnes mobiles a été dressé et le chandelier (fig. 8), du type n° 1, à côté de l’autel, a été placé vis-à-vis de l’entrée.
- Le premier épisode du manque d’eau dans le désert se produisit à Mara. L’eau était amère et « Jahvé montra un bois à Moïse et il le jeta dans les eaux et elles furent adoucies». (Ex. xv, 25). Moïse ouvre les doigts et laisse tomber son bâton dans une petite mare. Sur la rive, 1e peintre a parsemé la manne représentée sous forme de cercles blancs, cernés de noir.
- Le second épisode est situé à Elim : « Il y avait là douze fontaines d’eau... [Les Israélites] campèrent près des eaux ». Douze ruisseaux jaillissent des pieds du prophète et coulent vers les douze tribus massées. La troisième scène se place à l’Horeb : Moïse fait jaillir l’eau du rocher en le frappant de sa baguette.
- En regardant de près, on s’aperçoit que les peintres ont combiné les récits de la Bible, du Coran, du Talmud, empruntant à chacun des détails pittoresques.
- Un des plus beaux tableaux est celui qui traite de Y Arche d’Alliance sortant du Temple de Dagon. Evoquons l’histoire. Au début de l’âge du fer, les Philistins dominent les Juifs. L’Arche est prise et les ennemis, en manière de trophée, la placent dans le temple de leur dieu, Dagon, à Ashddôdâ.
- Le matin suivant, la statue de Dagon fut trouvée renversée la face contre terre. L’idole fut remise en place. Mais le lendemain elle gisait au sol, brisée en pièces. En
- Fig. 8. — Le chandelier à sept branches, d’après les peintures de la synagogue.
- même temps, Yahvé exerçait sa vengeance par des épidémies. Partout où les Philistins transportèrent l’Arche, partout elle semait les maladies et l’épouvante. Enfin sur le Conseil des devins, les chefs des villes philistines décidèrent de la renvoyer aux Juifs. Ils la placèrent sur un char attelé de deux vaches qui d’elles-mêmes se dirigèrent vers les pays des Hébreux.
- Pour représenter les deux chutes successives, le peintre figure l’idole deux fois couchée à terre (fîg. 10). Dans la première chute le dieu a perdu le pied gauche, dans la deuxième la tête s’est détachée du tronc. Il est représenté sous la forme d’un personnage juvénile, en costume perse ou syrien, coiffé à la syrienne. Sa main droite levée tient une mince baguette, son sceptre, tandis que la gauche serre une massue. Tout le matériel du culte est parsemé sur le. sol. Un grand vase tenait la réserve d’eau
- Fig. 9. — Tableau de l'Arche d’Alliance sortant du temple de Dagon.
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- Fig. 10. —• Deux aspects inédits de la statue de Dagon, d’après la peinture de Doura.
- lustrale (fig. 5), un plus petit devait contenir des parfums.
- Il y a les burettes de libation, les plats d’offrandes prémices de la terre, puisque Dagon est le dieu de la végétation, trois lampadaires de même style que le chandelier à sept branches, quatre brûle-parfums, une pelle à encens, peut-être un instrument de musique et deux petits autels à encêhs.
- L’Arche est figurée en une sorte d’armoire arrondie à la partie supérieure et surmontée d’un baldaquin rose, le
- Fig. 12. — Peinture de Doura. Jérémie ou le prophète au rouleau.
- tout placé sur un chariot (üg. 9). [Le coffre contenant les Tables de la Loi, la Verge d’Aaron, l’urne d’or renfermant la manne n’est pas visible ici; peut-être a-t-on compris que ce coffret avait été enfermé à l’intérieur de l’arche. Il est vrai qu’il y a bien longtemps qu’elle est à jamais disparue ! C’est Jérémie (650-590 av. J.-C.) qui, à l’approche des jours mauvais, la plaça, ainsi que le Tabernacle, dans une caverne creusée dans la montagne sur laquelle Moïse était monté. Il en cacha l’entrée et depuis ce temps personne n’en a découvert la trace. Les Rabbins pensent qu’elle sera retrouvée à la lin du monde.
- Le chariot, par une faiblesse de technique du peintre, a des éléments vus de face, d’autres de profil. Mais il est évident qu’il est copié sur les chars funéraires de l’époque, chars à fond plat et recouverts d’un épais matelas (fig. 11). L’artiste a pris son modèle dans le temple d’Adonis, voisin de la synagogue. Ce dieu de la végétation avait annuellement pour cérémonie cultuelle ses funérailles qui se déroulaient dans la longue Cour de son Temple.
- Fig. 11. — L’Arche d’Alliance de Doura n’est qu’un char funéraire de la procession d’Adonis.
- Comme son culte est intimement lié à celui du soleil, il n’est pas étonnant que les rayons des roues de ce char funèbre imitent, le fleuron solaire souvent noté dans les fresques de Doura et d’ailleurs.
- Sur un vase de Dipylon à Athènes, un char semblable, à deux roues, porte un lit de parade surmonté d’un baldaquin.
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- En résumé, ce tableau qui devrait nous montrer une scène biblique de pur style nous renseigne plus encore sur les coutumes et croyances païennes de l’époque.
- Une découverte de première importance a aussi été faite. Il s’agit d’un temple de Mithra dont nous parlerons dans un autre article.
- On voit combien, au cours de ces campagnes, les découvertes furent riches et variées. Ce résultat est dû à la méthode et à la ténacité de nos amis américains. En associant l’Académie et la France à ces grandioses travaux, ils ont montré une très heureuse initiative de collaboration internationale dont on leur saura gré.
- André Glory.
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- CONTRÔLE DE L’ALIMENTATION au MOYEN AGE
- Nous trouvons dans un numéro assez récent de la Chemiker 'Aeitung, de très intéressants et très pittoresques détails sur le contrôle de l’alimentation, au xme et au xive siècle dans la ville libre de Nuremberg. Les archives de cette cité conservent les plus anciennes ordonnances connues sur la répression des fraudes alimentaires.
- Ces prescriptions s’étendirent d’ailleurs rapidement à tout l’empire germanique puisqu’un édit impérial de l’année 1532 est publié en ces termes :
- « Ordonnance pénale de Sa Majesté Sérénissime, toute-puissante et invincible, l’empereur Charles V et du Saint-Empire Romain. Art. CX1IL Châtiment des falsificateurs de mesures, de balances et de marchandises.
- « Celui qui, dans une intention criminelle et constituant un danger public, falsifie les mesures, les balances, les poids, les épices ou autres marchandises, et les utilise ou les vend comme étant de bon aloi, devin subir un châtiment exemplaire : être banni du pays ou avoir le corps frappé de verges. Si la fraude est renouvelée, considérable ou préméditée, le coupable sera puni de mort. »
- Au xme siècle, le conseil de la ville libre de Nuremberg instituait des contrôleurs des produits alimentaires et des contrôleurs du vin, chargés de veiller à l’exécution de ces dilïérenls édits. A vrai dire, il manquait à ces fonctionnaires municipaux, pour dépister les fraudes, les ressources modernes île la physique et de la chimie, et ils devaient en grande partie se fier au seul témoignage de leurs sens. Ce moyen rudimentaire semble cependant avoir possédé une certaine efficacité, puisque les documents de l’époque font foi de l’activité de cet, organisme de contrôle. Un grand nombre de falsificateurs furent convaincus de tromperie et cruellement châtiés dans leur corps et dans leurs biens.
- Les règlements de la police des victuailles aux xme et xive siècles, à Nuremberg, étaient très précis. Ils délimitent les emplacements du marché où la vente des produits alimentaires est permise; ils règlent les poids et mesures; ils établissent des prix maxima, afin que les bourses médiocres ne soient pas exploitées; ils fixent même des poids miniina pour certaines sortes de saucisses (c’était déjà le plat national). Les contraventions sont durement réprimées. Un ne se contente pas de confisquer les marchandises litigieuses. Les fraudeurs, non seulement sont frappés d’amendes considérables, mais encore sont bannis de la ville pour plusieurs années, ou même exposés au pilori et fouettés. Souvent, pour des contraventions relativement peu importantes, on leur coupe les oreilles. Le châtiment des femmes convaincues de fraude, de tromperie ou de vol, était particulièrement cruel. On les enterrait vives. Plus tard, on adoucit la peine, et on se contenta de les noyer, comme on peut voir sur un des registres du conseil de la ville, daté du Sabbat après la Quasimodo, 21 avril 1515. En 1415, un certain Gramleib eut les deux yeux crevés pour avoir vendu comme or authentique des bagues en cuivre doré.
- Les boulangers étaient soumis à un contrôle très sévère de l’administration. Quatre contrôleurs officiels, auxquels sont adjoints quatre maîtres-boulangers doivent veiller à l’exécution des prescriptions édictées par le conseil, pour la cuisson et la vente du pain. On n’avait le droit d’employer pour les différentes qualités de pain que des farines déterminées. Le pain de froment pur et le pain de son devaient être marqués de telle manière qu’on pût facilement les distinguer. La fabrication de pain mélangé n’était pas autorisée. Si l’on avait cuit des pains de différentes qualités on devait les conserver dans des endroits différents. Le pain dont le poids était trop faible devait être coupé en deux pour éviter qu’il ne fût vendu comme pain complet. Le boulanger, chez qui l’on
- avait dû couper un pain à deux reprises dans le courant de la semaine était privé du droit de cuisson pendant tout un mois. Si la faute incombait au compagnon, celui-ci devait rester assis, sans bouger, deux jours durant, à côté de la pelle à enfourner. Une prescription curieuse défend au boulanger de vendre son pain dans sa propre maison : tout le pain fabriqué devait être porté à la maison communale du pain. On s’inquiétait déjà, à l’époque, de la question d’hygiène : des ordonnances de police enjoignent au boulanger de toujours déposer son pain sur un linge. Le service de contrôle a pour mission de surveiller journellement la vente du pain et de le goûter. Déjà, au xive siècle, il existait un tarif imposé.
- La même sévérité s’exerçait sur les commerces des charcutiers et des bouchers. En 1340, les contrôleurs de la viande devaient prêter serment de « veiller à la loyauté de la vente de la viande avec zèle et fidélité, de s’assurer que tous les règlements municipaux étaient observés, de faire en sorte qu’aucune viande ne soit vendue sans être vérifiée, de qualité jrrstifiée et conforme à la loi... et qu’elle soit pesée loyalement. »
- , Au xve siècle, l’examen des viandes était pratiqué par au , moins deux contrôleurs assermentés en présence du directeur / du marché. Pour le bœuf, ce contrôle était pratiqué sur la | viande fraîchement abattue. Les porcs étaient examinés j vivants sur le point de savoir s’ils étaient sains ou ladres, i La vente de viande non vérifiée était punie d’une forte amende.
- \ On n’avait pas le droit d’abattre un porc ladre. Si la chair ( cependant était reconnue telle après abatage, on ne pouvait ' la détailler ni la vendre sur l’étal même. D’ailleurs, il était, interdit de vendre la viande de qualité inférieure dans les boucheries proprement dites. On ne devait pas abattre les veaux en dessous de dix semaines ou au-dessus de quatre mois. La viande fraîchement abattue devait être débitée dans les deux jours. La chair d’animaux femelles ne pouvait être mise dans le commerce que sous une désignation spéciale. Enfin on contrôlait soigneusement les poids. v_^."'Ces prescriptions furent encore renforcées. On supprima tout commerce intermédiaire susceptible d’augmenter indûment le prix de la viande. Le boucher devait se fournir directement chez l’éleveur. 11 était formellement interdit de faire passer la viande de vache pour du bœuf. Ces deux sortes de chair devaient être conservées à part. Une ancienne ordonnance de police défend de faire gonfler la viande ou les viscères par trempage à l’eau. Comme on le voit, les règlements appliqués autrefois au commerce de la boucherie étaient plus détaillés et plus sévères qu’à l’époque actuelle. Les contraventions étaient punies de fortes amendes, sans préjudice des châtiments corporels.
- Les ordonnances au sujet de la préparation des saucisses; qui faisaient la renommée de Nuremberg, étaient particulièrement précises. Elles en fixaient très exactement le poids et la longueur, interdisaient d’utiliser autre chose que de la chair de porc pure, ou même le foie seul, pour les saucisses dites « de foie ». Les boyaux devaient être strictement dessalés.
- On se montrait particulièrement sévère à l’égard de ceux qui vendaient à faux poids ou faisaient pencher la balance en leur faveur. Les noms des fraudeurs étaient affichés publiquement. Si c’était un bourgeois, il devait payer une amende de cinq livres. Si c’était un valet, il était exposé au pilori pendant une demi-heure, recevait cinquante coups de bâton et était souvent banni de la ville pour un certain temps.
- Les ordonnances de police de Nuremberg organisaient également le contrôle du lait, car au moyen âge comme aujourd’hui, on avait la déplorable habitude de baptiser le lait, et même de tricher sur la mesure. Pour masquer l’aspect fluide et bleuté du lait allongé d’eau, les falsificateurs y ajoutaient
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- de la farine. La répression était extrêmement dure. On rapporte qu’à un fraudeur de cette catégorie, on enfonça dans la gorge un entonnoir par lequel on fit passer son lait falsifié jusqu’à ce qu’il en étouffât.
- La fabrication et la vente du vin étaient très florissantes dans l’empire germanique et particulièrement dans la ville de Nuremberg, au moyen âge. Aussi, l’ingéniosité des producteurs s’exerçait-elle fortement dans ce domaine, non seulement en vue d’augmenter frauduleusement la quantité, mais encore d’améliorer les produits de qualité médiocre, à l’aide de procédés ou d’additions de nature douteuse.
- 11 semble que la culture de la vigne et la préparation du vin aient été importées là-bas par les Romains qui y auraient introduit en même temps les méthodes de falsification. Il est remarquable, en effet, que les produits utilisés par les fraudeurs de vin du moyen âge se trouvent déjà cités par Pline dans son Histoire naturelle. Les contraventions étaient punies du bannissement pour un an s’il s’agissait d’un citoyen de la ville, du bannissement à vie si le délinquant était étranger. Afin que nul n’ignorât ces prescriptions, elles étaient fréquemment répétées à haute voix par le crieur municipal.
- Mais en dépit de toutes ces ordonnances, la fraude du vin ne cessait de prendre de l’extension. Aussi, dans une diète tenue en 1487, l’empereur Frédéric III dut-il prendre de nouvelles mesures très sévères et défendi’e d’additionner le jus naturel obtenu par pression du raisin, d’aucune matière étrangère. Il était interdit en outre de soufrer le vin. Pour assurer l’exécution de ses édits, l’empereur ordonna la création d’un organisme de contrôle sous la haute direction d’un contrôleur impérial.
- L’activité de ces fonctionnaires ne paraît pas cependant avoir découragé les fraudeurs, puisque, en 1497, à la diète de Brisgau, l’empereur Maximilien dut renouveler et renforcer les mesures de répression et que, la même année, le conseil de la ville de Nuremberg édictait de nouvelles ordonnances.
- On organisait à ce sujet toute une armée de contrôleurs, de vérificateurs, de dégustateurs. Les registres de la ville libre font mention de nombreuses contraventions relevées par ces fonctionnaires. Comme ils manquaient de toute connaissance chimique relative à la constitution du vin, les contrôleurs ne pouvaient se fier qu’à leur goût et à leur odorat.
- Les infractions aux ordonnances étaient punies sévèrement. Les fûts incriminés étaient brisés et le vin versé dans la rivière. Les délinquants « qu’ils soient jeunes ou vieux », devaient être châtiés dans leur corps et dans leurs biens, suivant l’importance du délit.
- Ce contrôle dura jusqu’à la guerre de Trente Ans. Une gravure sur cuivre du début du xvme siècle reproduit l’exécution de la dernière pénalité exercée pour fraude du vin en 1615. On y voit un camion chargé de fûts de vin falsifié, surmonté d’un drapeau et accompagné de cymbales dont le î-etentissemeixt devait attirer l’attention du peuple sur le bien-fondé du jugement et la rigueur du châtiment.
- La bière, naturellement, fut l’objet de réglementations précises. La période du brassage était fixée entre le dimanche des Rameaux et le 1er septembre. L’orge seule est autorisée pour la fabrication de cette précieuse boisson. Quand le houblon est cher, on peut le remplacer par le fiel de bœuf ou l’absinthe. On neutralisait déjà la bière devenue acide avec de la potasse ou de la craie. La bière trouble était traitée par du sel dans des boyaux de mouton. Les brasseurs connaissaient des procédés susceptibles de faire mousser et de renforcer la bière sans le secours de bicarbonate de soude, d’acide sali-cylique ou de glycérine.
- Les méthodes officielles de vérification étaient rudimen-
- taires. Le contrôleur versait la bière sur un tabouret en bois, et s’y asseyait, revêtu d’un pantalon de cuir. Au bout d’un certain temps, il évaluait sur le fond de son pantalon la force adhésive de la bière desséchée. C’est ainsi qu’il dosait l’extrait sec. La fabrication elle-même était surveillée par un maître-brasseur assermenté.
- Si l’on trouvait de la bière de mauvaise qualité, on lui fixait un prix dérisoire et les valets de la ville, en costume d’apparat, se tenaient devant la cave, aux frais du brasseur, jusqu’à ce que toute la bière défectueuse eût été liquidée. Si la bière était impropre à la consommation et nuisible à la santé, on envoyait le valet du bourreau avec le camion des poids et mesures pour charger les fûts et les conduire au « pont de la viande » d’où on les vidait solennellement dans la rivière, à la grande joie des assistants. La dernière exécution de ce genre eut lieu en 1627.
- Les villes de Nuremberg et d’Augsbourg tiraient la plus grande partie de leur fortune de la vente des épices qui leur parvenaient de Venise et qu’elles répandaient ensuite dans toute l’Europe septentrionale. Pour conserver le bon renom des épices de Nuremberg, le conseil veillait jalousement à ce qu’aucune tromperie ne pût porter sur leur qualité.
- Le commerce le plus important à l’époque était celui du safran. On falsifiait le safran avec des étamines de souci. On n’autorisait cette addition que dans la proportion maxima de 8 livres par quintal. On alourdissait également le safran par addition de miel ou d’huile, ou même de spath d’Islande ou de chaux. Les falsificateurs subirent de durs châtiments. Dans les archives de la ville libre, on trouve plusieurs rapports d’exécutions de fraudeurs de safran. Les coupables, dont on cite les noms, furent tout simplement brûlés vifs sur la place du « Beau Puits » avec leur marchandise. Une femme qui avait participé à la fraude fut enterrée vivante. Ceux qui, sans commettre directement la fraude, vendaient sciemment une marchandise falsifiée, étaient passibles d’une très forte amende, et la denrée était brûlée sur la place publique par le bourreau.
- La surveillance exercée par les contrôleurs de la ville libre s’étendait aux autres épices, notamment à la girofle, à la cannelle, au poivre et surtout au gingembre. Cette dernière denrée, délaissée aujourd’hui, jouait un très grand rôle dans l’alimentation de cette époque. Pour la falsifier avec plus de facilité, on la colorait artificiellement. L’empereur Charles V interdit cette opération et n’autorisa que la vente du gingembre blanc, non coloré.
- La pureté du saindoux était également l’objet des préoccupations de l’administration. Un tonnelier officiel était chargé de prélever des échantillons. Il perçait tous les fûts de saixrdoux avec un foret, et retirait à l’aide d’une sorte de sonde des fragments de marchandise à différentes hauteurs. La recherche de la lraude, à vrai dire, était plutôt difficile, car les vérificateurs ne possédaient aucune méthode d’analyse, et îxe pouvaient émettre qu’un jugemeixt superficiel. Des documeixts rapportent cependant qu’en 1553, sept fûts de saindoux furent brûlés en place publique pour avoir contenu du suif, de la graisse non comestible et autres matières analogues.
- La lutte contre les falsificateurs de produits alimentaires fut interrompue par la guerre de Trente Ans. La plupart des ordonnances tombèrent peu à peu en désuétude.
- Il est intéressant de constater qu’à une époque où les mœurs étaient plus rudes et les connaissances scientifiques moins développées, on considérait comme un crime le fait d’attenter à la santé publique par la falsification des produits alimentaires.
- Ern. Schmidt.
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- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- LA VOUTE CÉLESTE EN MARS 1937 (*)
- Parmi les phénomènes les plus importants à signaler ee mois-ci à l’attention des observateurs, nous devons citer ceux-ci :
- Plus grand éclat de Vénus le 16 mars; opposition de Neptune le 8; très belle conjonction de la Lune et de Vénus le 15; conjonction de Mars avec Scorpion le 21 ; lumière cendrée de la Lune du 14 au 17; lumière zodiacale (tous les soirs sans clair de Lune); un grand nombre de conjonctions de planètes avec la Lune ou de planètes entre elles; plusieurs occultations d’étoiles par la lame, etc.
- Lumière zodiacale; lueur anti-solaire. -— La lumière zodia~ cale en mars est très lavorablement placée pour l’observation a la latitude de la France. On la trouvera aisément, à l’Ouest, s élevant haut dans le ciel, a condition d’être placé loin des lieux éclairés, et en l’absence de la Lune, bien entendu. La période la plus favorable sera celle du 1er au 13 mars, pendant laquelle la Lune ne gênera pas.
- On pourra rechercher la lueur anti-solaire du 4 au 16 mars, dans la Vierge (non loin de (ï le 16). Observation difficile à faire. <
- 1. Soleil. — Le Soleil traversera l’écliptique le 21 mars, à l'1. Ce moment marquera le début du printemps astronomique. La déclinaison du Soleil croît fortement en mars : de —7° 38' le 1er elle atteindra -j- 4° 6' le 31. La durée du jour augmentera fortement pendant ce mois : elle sera de 10h 57m le l°r mars et de 12» 45m le 31. 11 s’agit ici de la durée de présence du centre du Soleil au-dessus de l’horizon de Paris.
- Voici, de deux en deux jours, le temps moyen à midi vrai, ou l’heure du passage du Soleil au méridien de Paris :
- IL Lune. — Les phases de la Lune, pendant le mois de mars, se produiront aux dates suivantes :
- D. Q. le 5, à 9» 17" N. L. le 12, à 19" 32"
- P. Q. le 19, à 11L 46» P. L. le 26, à 23" 12»
- Date.
- Heure de passage.
- Mars 1er 12» 3 ,u
- — 3 12 2 46
- — 5 12 2 20
- - 7 12 1 52
- - 9 12 1 22
- — 11 12 0 51
- — 13 12 0 19
- — 15 11 59 46
- — 17 11 59 12
- — 19 11 58 37
- — 21 11 58 1
- — 23 11 57 24
- — 25 11 56 48
- -- 27 11 56 11
- — 29 11 55 34
- — 31 11 54 58
- Observations physiques - Oi
- Fig. 1. — Marche apparente de la planète Neptune parmi les étoiles de la constellation du Lion au cours de l’année 1937.
- Les chiffres placés sur la trajectoire donnent la position de la planète le l°r de chaque mois.
- (D’après l'Annuaire astronomique Flammarion).
- Age de la Lune le 1« mars, à 0" (T. U.) = 18',7; le 12 mars, à O1 = (P,2. Pour obtenir l’âge de la Lune à une autre date du mois, ajouter aux valeurs ci-dessus 1 jour par jour écoulé
- depuis le 1er ou le 12.
- Plus grandes déclinaisons de la Lune en mars : le 5, à 18» = —23° 0'; le 18, à 18» = + 22° 59'. On remarquera la faible hauteur de la Lune dans le ciel, les 5 et 6 mars, vers 6» du matin. Par contre, elle sera très élevée dans le ciel les 18 et 19 vers 18", lors du passage au méridien.
- Apogée de la Lune (plus grande distance à la Terre) le 3 mars, à 8". Parallaxe = 54' 12". Distance = 404 572 km.
- Périgée de la Lune (plus petite distance à la Terre), le 15 mars, à 3». Parallaxe = 60' 18". Distance = 363 652 km.
- Apogée de la Lune le 31 mars, à 1». Parallaxe = 54' 5". Distance -404 200 km.
- beau temps, l’observation de la surface solaire, soit directement à la lunette, l’oculaire muni d’un verre protecteur; soit par projection sur un écran; soit à l’aide de la photographie. L’observation directe est celle qui permet le mieux de voir les très petits détails.
- Le Tableau suivant donne les renseignements principaux pour orienter les dessins et les photographies du Soleil (voir pour la définition des termes P, B0, L0, le précédent Bulletin
- astronomique.
- Date (()») P Do Lu
- Mars 1er — 21»,56 O — 7»,22 175»,29
- — 6 — 22»,75 O — 7»,25 109»,41
- — 11 — 23»,78 O — 7»,22 43»,53
- — 16 — 24»,65 O — 7»,14 337»,64
- — 21 — 25»,35 O — 7»,00 271».72
- -- 26 — 25»,87 O 6»,81 205»,79
- — 31 — 26»,21 O — 6»,59 139»,84
- 1. Toutes les heures indiquées dans le présent « Bulletin astrono-
- inique o sont exprimées en temps universel (T.U.) compté de 0» à
- Occultations d'étoiles par la Lune. — Le 2 mars, occultation de 43 II. Vierge (5m,6) : émersion à 5» 42m,7.
- Le 19, occultation de 1203 BD -f- 21° (7m,l) : immersion à 22» 24m,7.
- Le 21, occultation de 1657 BD -j- 16° (7m,4) : immersion à 20» 13m,6.
- Le 22, occultation de 1805 BD -j- 15° (7m,5) : immersion à 2» 14»,0.
- Le 25, occultation de e Lion (5m,l) : immersion à 21» 58m,9.
- Croissant lunaire ; lumière cendrée de la Lune. — On essaiera de voir le croissant lunaire le 13 mars au soir. Le Soleil se couchera ce jour-là, à 17» 51m; la Lune à 19» 12m. Au moment de son coucher, la Lune, qui aura été Nouvelle le 12, à 19» 32m, sera donc âgée d’un peu moins de 24 heures. Cette observation sera assez difficile; il faudra la faire d’un lieu dans lequel l’horizon ouest est bien dégagé. Un ciel très pur est nécessaire.
- La lumière cendrée de la Lune pourra être observée tous les
- 24» (minuit). Le temps universel est le temps de Greenwich, c’est également le temps légal en France.
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- = 132 ——--------------------: 1 .. . ' .==
- soirs du 14 au 17. Elle sera très intense du 15 au 17. Observation à faire, de préférence, avec une jumelle.
- Marées. —- Les plus grandes marées du mois se produiront surtout du 11 au 17, à l’époque de la Nouvelle Lune (du 12) puis du 24 au 29, au moment de la Pleine Lune (du 26). Les marées des 13, 14, 15 et 16 mars seront très fortes, leur coefficient atteignant 105, 109 et 112 centièmes.
- de sa conjonction inférieure avec le Soleil cpii aura lieu vers le milieu du mois prochain, donc sa disl ance à la Terre diminue.
- Mars également s’approche de la Terre et son diamètre augmente, il atteindra 12" à la fin du mois. En même temps la planète se lève de plus en plus tôt, el la période des observations, avec de petits instruments est maintenant ouverte pour la présente opposition.
- ASTRE Date : Mars. Lever à Paris. Passage au méridien de Paris. Coucher à Paris. Ascen- sion droite. Déclinai- son. Diamètre apparent. Constellation et étoile voisine. VISIBILITÉ
- » 2 6» 33» '[O'1 2m 58s 17» 34“ 22» 5 21,1 7» 15' 32'19",2 Verseau ,
- Soleil . . . ) 14 6 9 12 0 3 17 53 23 36 .— 2 35 32 12,9 Verseau / ))
- ) 26 5 43 11 56 29 18 11 0 20 + 2 9 32 6,5 Poissons '
- 2 6 7 10 57 15 47 21 43 — 15 51 5,2 0 Capricorne
- Mercure . . 14 6 ’2 11 27 16 53 23 0 — 8 45 5,0 * Verseau ( Inobservable.
- 26 5 52 12 3 18 16 0 23 + 1 12 5,0 Poissons ^
- ' o 7 32 14 39 21 47 1 27 + 13 19 32,8 h Poissons Splendide le soir,
- Vénus . . . 14 6 49 14 17 21 46 1 53 + 17 27 39,2 y Bélier i plus grand éclat le 16.
- 26 5 59 13 40 21 22 o 4 + 19 55 47,4 a Bélier \
- 0 0 13 4 49 9 26 15 37 — 17 57 9,0 y Balance )
- M ars.... 14 23 45 4 19 8 50 15 54 — 18 58 10,0 y. Balance ( Seconde partie de la nuit.
- 26 23 15 3 44 8 11 16 0 — 19 45 11,4 P Scorpion \
- Jupiter. . . 14 3 43 7 59 12 14 19 34 — 21 44 32,8 £ Sagittaire Le matin, dans l’aube.
- Saturne . . 14 6 23 12 9 17 54 23 45 — 3 50 14,2 27 Baleine Inobservable.
- Uranus. . . 15 7 33 14 39 21 45 2 20 _r 13 29 3,4 29 Bélier Dès l’arrivée de la nuit.
- Neptune . . 15 17 3 23 33 6 3 11 15 + 5 59 2,4 17 Lion 1 Toute la nuit. Opp. le 8.
- Pour Jupiter et Saturne, le diamètre apparent se rapporte au diamèti e polaire.
- III. Planètes. — Le Tableau ci-dessus a été établi à l’aide des données de l’Annuaire astronomique Flammarion. Il contient tous les renseignements utiles pour rechercher et observer les planètes principales pendant le mois de mars 1937.
- Mercure arrivera en conjonction supérieure avec le Soleil le 25 mars, à 611. Il sera inobservable ce mois-ci.
- Vénus brille d’un éclat éblouissant dans le ciel du soir, après le crépuscule. Elle atteindra son plus grand éclat le 16 mars. On pourra l’observer facilement, même à l’œil nu, en plein jour (par ciel pur bien entendu). Une occasion exceptionnelle va s’olïrir de la trouver en plein jour : c’est sa conjonction avec la Lune, qui aura lieu le 15 mars, à 14h, à 2° 11' de distance, Vénus se trouvant au Nord de notre satellite. Au crépuscule, avec la lumière cendrée de la Lune, ce sera un magnifique spectacle céleste à contempler.
- * Voici le Tableau de la phase et de la magnitude stellaire de
- Vénus pour le mois de mars : Magnitude
- Date. Phase. Diamètre. stellaire.
- Mars 2 0,361 3 2 "8 — 4,3
- — 7 0,323 35, 4 — 4,3
- — 12 0,282 38, 0 — 4,3
- — 17 0,239 41, 2 — 4,3
- 22 0,193 44, 3 — 4,3
- — 27 0,146 48, 2 — 4,2
- On remarquera que le croissant devient de plus en plus étroit en s’approchant de la fin du mois, en même temps qu’il augmente beaucoup de dimension. En effet, Vénus s’approche
- Voici quelques valeurs des éléments concernant la présentation actuelle du globe de Mars :
- Angle Angle Magni-
- de posi- Latitude de posi- tude
- Date tion du Dia- tion de stel-
- (0» (T. U.) de l’axe. centre. mètre. Piiase la phase. laire.
- Mars 2 35°,9 -f 10°, 9 8 "9 0"9 283°,1 + 0,4
- — 12 35, 3 + 9, 6 9, 8 0, 9 281, 8 + 0,2
- 22 34, 8 + 8, 6 10, 9 0, 9 280, 6 + 0,1
- Il est utile de connaître l’heure du passage du méridien zéro de Mars par le centre de la planète. Voici quelques passages de ce méridien zéro :
- Date. Heure (T. U.)
- Mars 2 10» 7m
- —6 12 42
- — 10 15 17
- — 14 17 51
- Date. Heure (T. U.)
- Mars 18 20h 24m
- — 22 22 58
- — 26 0 52
- — 30 3 25
- Mars tourne sur son axe en 24” 37m 22»,65. En 1 minute, il tourne de 0°,24; en 1 heure de 14°,62. On peut donc, avec ces renseignements, et le tableau précédent, calculer quel méridien de Mars est tourné vers la Terre à un moment donné.
- Jupiter se lève, au milieu du mois, vers 4» du matin. Il n’est encore observable que tai’d dans la nuit, à l’aube. Il se déplace actuellement entre le Sagittaire et le Capricorne. Dès à présent, on pourra observer quelques-uns des phénomènes auxquels donnent lieu les principaux satellites dans leur déplacement autour de la planète. En voici la liste pour 1937.
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- Phénomènes du système des satellites de Jupiter.
- Date : Mars. Heure. Satel- lite. Phéno- mène. Date : Mars. Heure. Satel- lite. Phéno- mène.
- 6 5" 34 m IV O. f. 23 4" 40m il E. c.
- 7 5 27 I P. c. 23 4 53 I O. f.
- 9 5 44 III Im. 25 4 49 11 P. f.
- 16 5 22 111 E. c. 27 4 10 111 P. c.
- 22 5 26 I E. c. 30 4 33 1 O. c.
- Saturne va se trouver en conjonction avec le Soleil, le 16 mars, à 6". Il sera inobservable ce mois-ci.
- Pour la continuité nous donnons ci-dessous les éléments de
- l’anneau pour le 14 mars :
- Grand axe extérieur..........................35",52
- Petit axe extérieur.....................- 0",75
- Hauteur de la Terre au-dessus du plan de
- l’anneau..............................— 1°,211
- Hauteur du Soleil au-dessus du plan de
- l’anneau................................... 1°,123
- Le signe — correspond à la face australe de l’anneau, qui va maintenant s’ouvrir progressivement jusqu’en juillet prochain.
- Uranus se couche à présent de bonne heure. Il faudra se bâter de l’observer, dès l’arrivée de la nuit. Utiliser pour cela la petite carte du dernier « Bulletin astronomique » (n° 2992, du 1er janvier 1937).
- Neptune, à plus de quatre milliards de kilomètres de la Terre, se trouvera, en mars, dans d’excellentes conditions d’observation, dans le Lion. Son opposition avec le Soleil aura lieu le 8 mars, à 14h. 11 a l’éclat d’une étoile de 8e à 9e magnitude et dans les bons instruments présente un petit disque de 2",4 de diamètre.
- La petite carte (fig. 1) permettra de rechercher Neptune à moins de 1° au-dessous de l’étoile a du Lion.
- IV. Phénomènes divers. — Conjonctions :
- Le 3, à 23\ Mars en conjonction avec la Lune, à 3° 24' N. Le 5, à 6", Mercure — i Verseau (4m,3),
- Le 8, à 9", Jupiter Le 12, à 4", Mercure Le 13, à 5h, Saturne Le 15, à 14\ Vénus
- à 0° 3' S. la Lune, à 2° 40' S. —- à 7“ 43' S.
- à 7° 34' S. — à 2» 11' N.
- 133
- Très beau phénomène offrant mie occasion de voir Vénus à l’œil nu, en plein jour : il suffira de la chercher près de la Lune, au Nord, vers 14". A ce moment, la Lune sera près du méridien, qu’elle traversera, à Paris, à 14“ 16“. Au crépuscule, le voisinage de la Lune en croissant, à son 3e jour et de la brillante planète constituera un beau spectacle céleste.
- Le 16, à 0“, Uranus en conjonction avec la Lune, à 3° 54' S. Le 21, à 2", Mercure — Saturne, à 0° 19' N.
- Le 21, à 8", Mars — [1, Scorpion (2m,9),
- à 0° 10' N.
- Curieux rapprochement à suivre dès le 19 mars.
- Le 25, à 16h, Neptune en conjonction avec la Lune, à 6° 38' N. Le 31, à 21», Mars -- — à 2° 7'N.
- Temps sidéral. — Voici quelques valeurs du temps sidéral pour 0“ (T. U.), pour le méridien de Greenwich :
- Date. Temps sidéral. | Date.
- Temps sidéral.
- Mars 1er — 6 — 11 — 16
- 10“ 33m 31
- 10 53 14
- 11 12 57 11 32 39
- Mars 21 11“ 52w 22s
- — 26 12 12 5
- — 31 12 31 48
- Etoiles variables. —- Minima d’éclat, visibles à l’œil nu, de l’étoile Algol (\i Persée), variable de 2m,2 à 3,n,5 en 2J 20" 48m : le 3 mars, à 19" 4m; le 20, à 0" 0™; le 22, à 20" 49m.
- Minima d’éclat de p Lyre, variable de 3m,4 à 4m,3 en 12J,91 : le 3,6 mars (3 mars, vers 14" 24,n) ; le 16,6 mars (16 mars, vers 14" 24m) ; le 29,5 mars (29 mars, vers 12").
- Etoiles filantes. — Peu de radiants sont actifs en mars. L’Annuaire du Bureau des Longitudes indique les deux sui-
- vants : Ascension
- Époque. droite. Déclinaison. Étoile voisine.
- 7 mars 233° — 18° p Scorpion
- 7 — 244° -f 15° y Hercule i
- V. Constellations. — L’aspect de la Voûte céleste le 1er mars à 21", ou le 15 mars, à 20", est le suivant :
- Au Zénith : La Grande Ourse; les Gémeaux; le Cocher.
- Au Nord : La Petite Ourse; Céphée; Cassiopée.
- A l'Est : Le Bouvier; la Vierge; la Chevelure de Bérénice. Au Sud : L’Hydre; le Corbeau; la Coupe; le Petit Chien.
- A l’Ouest : Le Taureau; le Bélier; Orion. La Baleine va disparaître.
- Em. Touchet.
- .... L’AUTOMOBILE PRATIQUE -
- NOUVEAUTÉS TECHNIQUES - CONSEILS PRATIQUES
- LA TECHNIQUE AUTOMOBILE AU SALON
- DE 1936
- Le Salon de l’Automobile n’a pas offert de nouveautés sensationnelles.
- Malgré l’annonce de la dévaluation monétaire avant son ouverture, il a cependant réservé aux acheteurs l’heureuse surprise du maintien à peu près général des prix antérieurs, avec une très faible majoration par rapport aux taux de 1935.
- Ce résultat est dû tout d’abord à une meilleure organisation des ventes. Depuis quelque temps, le client était habitué à obtenir des remises plus ou moins déguisées et plus
- ou moins importantes sur les prix de vente officiels dits « de catalogue ». La « reprise » des voitures usagées par les revendeurs, à des prix supérieurs au tarif, constituait aussi une véritable remise déguisée.
- Ces pratiques favorables aux clients, mais incompatibles avec les données d’un commerce normal, sont à peu près abandonnées. Le taux de la remise accordée à l’agent est réduit; il ne peut encore en abandonner une partie à son client, ni reprendre une voiture d’occasion à un prix supérieur à celui auquel il la vendra.
- Au point de vue technique, la nécessité de réduire le prix
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- = 134 ............=—......—..... =. . =....................=
- de revient a conduit à diminuer les frais d’études des nouveaux modèles, à renoncer à toutes modifications profondes des fabrications, à réduire le nombre des modèles différents dans une même usine. On est donc momentanément parvenu à un palier de stabilisation.
- Aussi, retrouvons-nous sur les modèles des séries 1936-37 les caractéristiques des types de 1935-36, tant en ce qui concerne les moteurs et le châssis que la carrosserie. Seuls les nombreux détails nouveaux des moteurs ou de la carrosserie continuent à séduire une clientèle avertie.
- Avant tout, pour des raisons économiques faciles à comprendre, l’attention se porte de plus en plus à nouveau sur les petits moteurs ménagers de carburant; les modèles à sur-
- Fig. 1. —• Formes de voitures du Salon 1936 (Modèles Renault).
- puissance sont désormais réservés à une clientèle de privilégiés.
- L’attention se porte spécialement sur les moteurs de faible cylindrée, à vitesse de régime élevée, permettant d’entraîner une voiture légère à quatre places avec une consommation horaire d’essence relativement faible.
- Un petit moteur à quatre cylindres de 1200 à 1500 cm3 de cylindrée, d’une consommation de l’ordre de 9 1 aux 100 1cm, et à compression élevée, permet de transporter quatre personnes à la vitesse moyenne de 70 km à l’heure.
- Les progrès du moteur à petite cylindrée ont permis d’envisager le problème de la voiture économique à quatre places, voiture type du Français moyen. Pour cette voiture moyenne, le moteur à 6 cylindres, et à plus forte raison à 8 cylindres, est désormais complètement abandonné; ce dernier équipe seulement les excellents modèles de grand tourisme, bien que les constructeurs aient réussi également à réaliser des modèles relativement économiques malgré leur puissance et leur souplesse.
- La voiture économique à deux places présente elle aussi, en France, un grand intérêt. Le concours organisé par la Société des Ingénieurs de l’Automobile, que nous avons déjà eu l’occasion de signaler, a fait éclore de très intéressants projets. Le succès qu’a rencontré auprès d’une vaste clien-
- tèle la première voiture de ce genre établie en France, décrite dans cette revue, montre bien l’avenir réservé aux fabrications de ce genre.
- La suspension à roues avant indépendantes, en particulier, avec ressorts en spirales, réservée auparavant aux modèles de luxe, se développe sur les voitures de série, et même sur les modèles populaires.
- De même, la commande hydraulique des freins, qui assure un équilibrage automatique de l’effort exercé sur les quatre roues, au contraire des procédés à câbles ou à tringles, a été mise au point peu à peu, et peut être appliquée avec sécurité sur les modèles de voitures populaires.
- La carrosserie métallique, forme « coque », augmente la rigidité de l’ensemble formé par le châssis et la carrosserie, et permet de diminuer le poids inutile et, par conséquent, la consommation.
- La forme des carrosseries est toujours aérodynamique, mais les exagérations du début ont été corrigées; en particulier, on se préoccupe de conserver au conducteur, et même aux passagers, un champ de vision indispensable pour la sécurité et le confort. La hauteur intérieure de ces carrosseries a été forcément diminuée malgré la diminution relative de hauteur du châssis; par contre, la largeur intérieure va en croissant, en particulier grâce à la suppression des marchepieds. L’espace réservé aux passagers, pour les mêmes dimensions du châssis, est donc plus grand, d’autant plus que le moteur est généralement décalé vers l’avant.
- Cet élargissement des carrosseries permet de placer trois personnes sur la banquette arrière, et même quelquefois sur la banquette avant; dans certains modèles de grand tourisme le volant de direction est disposé, non plus à gauche, ni à droite, mais au centre de la voiture !
- Des améliorations de détail nullement négligeables augmentent la facilité de conduite et le confort et diminuent la difficulté des soins d’entretien et de réparation.
- Il est devenu très rare de crever un pneu, mais la fatalité veut souvent que cet ennui se produise la nuit, lorsque la pluie tombe à verse.
- Dans ces conditions, le remplacement de la roue de secours devient un problème d’autant plus désagréable à résoudre qu’il doit être précédé par le placement du cric sous le châssis, ce qui exige des manœuvres plus ou moins malaisées suivant, en particulier, la forme des ailes et des ressorts.
- Beaucoup de voitures ont maintenant à poste fixe des glissières facilitant le placement du cric. Sur d’autres, le point d’appui du cric est extérieur à la carrosserie, et constitué par le support de pare-choc; on emploie alors en correspondance un cric spécial à très longue course.
- Le transport des bagages est plus facile grâce à des malles spécialement aménagées, et dont l’accès est souvent possible, aussi bien par l’intérieur que par l’extérieur (fig. 2).
- L’emploi des changements de vitesse automatiques ou semi-automatiques est agréable pour le débutant, qui n’a plus guère à se soucier des difficultés de cette manœuvre.
- Si l’indépendance des roues avant est désormais une solution qui s’est imposée pratiquement, il n’en est pas de même de la « roue libre », de moins en moins employée. Ses avantages théoriques étaient pourtant sérieux, mais ne pouvaient être mis en valeur que par un conducteur habile.
- L’apparition des moteurs Diesel, de cylindrée relativement faible, sur les voitures de tourisme, est un événement intéressant.
- La traction par les roues avant ne semble pas, cette année, avoir conquis de nouveaux adeptes; par contre, le nombre des voitures à moteur arrière est un peu plus élevé, du moins en ce qui concerne les modèles étrangers.
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- UN CARBURATEUR A GAS-OIL
- 135
- Le gas-oil est un carburant économique, puisqu’il coûte environ moitié moins que l’essence et n’ofïre aucun danger d’incendie. Il existe deux solutions pour son emploi dans les moteurs à explosion.
- Le carburant lourd peut subir une préparation préliminaire dans des carburateurs spéciaux, ou bien la marche à l’essence est obligatoire au départ à froid du moteur au ralenti, et dans les reprises; le fonctionnement au gas-oil n’est possible que dans la marche normale sur route.
- Un modèle de carburateur de ce type particulièrement simple peut être, dès à présent, adapté sur tous les moteurs à essence de voitures de tourisme, et surtout de camions, sans nécessiter aucune transformation.
- Le réservoir ordinaire de la voiture reçoit le gas-oil qui est amené au carburateur spécial par les mêmes procédés que ceux employés pour l’essence. Le carburateur à essence primitif reste fixé à son emplacement ordinaire, mais il n’a aucune relation avec le carburateur spécial.
- Une pédale d’accélération est ajoutée sur le tablier de la voiture pour la commande de ce carburateur, et un réservoir de petite capacité est placé sous le capot du moteur pour contenir l’essence nécessaire à l’alimentation du carburateur primitif, spécialement pour le départ à froid.
- L’installation d’alimentation au gas-oil comporte deux parties essentielles : le carburateur proprement dit et le réchaulïeur diffuseur.
- Le carburateur se compose d’un corps vertical muni à chaque extrémité d’un conduit horizontal formant une sorte d’U. Une branche sert au passage de l’air, l’autre au passage <lu gaz, le corps contient le gicleur (fig. 3).
- Chaque conduit est muni d’un obturateur à papillon. Un petit arbre commun tournant, passant par le centre de ces deux papillons, permet d’effectuer simultanément l’ouverture ou la fermeture des deux orifices des conduits du carburateur.
- Dans le conduit du carburateur compris entre ces deux papillons, on obtient une dépression continue accélérant la vitesse de l’air et favorisant la gazéification du gas-oil.
- Le gicleur se trouve dans le bas du corps du carburateur; dans le haut et en face de ce dernier est placé un pointeau mobile destiné à l’obturation. Ce pointeau est mécaniquement solidaire de l’arbre de commande des papillons, de sorte qu’en manœuvrant ces derniers on actionne également le gicleur.
- Cette manœuvre simultanée est déterminée par le déplacement d’une rampe ou came appuyant sur le sommet, du pointeau, dont le profil est minutieusement étudié.
- Un réchauffeur diffuseur est placé à l’intérieur d’un collec-leur d’échappement et le carburateur est monté sur la chambre de cet appareil. L’air pénètre par une des branches de l’U précédemment indiqué. Le gaz produit ressort par l’autre branche, et se rend dans le réchauffeur diffuseur, puis dans les cylindres.
- Pour lancer le moteur à froid, on utilise le carburateur à essence et, dès que le moteur est chaud, on agit exclusivement sur l’accélérateur du carburateur à huile lourde. Après des arrêts de courte durée, on met aisément le moteur en marche directement avec l’huile lourde.
- Lorsqu’on lâche la pédale de l’accélérateur à huile lourde, le pointeau ferme le gicleur, grâce au dispositif précédemment indiqué; l’aspiration de l’huile par le moteur est donc impossible, et on peut ainsi descendre de longues pentes sans risque d’aspirer du gas-oil dans les cylindres.
- Le réchauffeur diffuseur assure une gazéification convenable du gas-oil; le réchauffement rationnel du gaz produit et sa diffusion permettent une combustion satisfaisante, évitant ainsi l’encrassement et réchauffement du moteur.
- Avec ce carburateur à huile lourde, on utilise, d’ailleurs, des
- Fig. 2. — Disposition pratique de la malle arrière dans un modèle 1937
- (Renault)
- gicleurs beaucoup plus petits que pour le carburateur ordinaire à essence, et l’huile ne passe que par un très mince filet, favorisant la gazéification.
- L’économie totale obtenue peut atteindre jusqu’à 70 pour 100 et les frais d’entretien ne sont pas plus élevés que pour l’essence, mais à la condition absolue de n’employer que du carburant d’excellente qualité, et non des huiles combustibles telles que le fuel-oil.
- UN DISPOSITIF DE CONTROLE D’ÉCONOMIE D’ESSENCE
- L’admission des gaz dans le carburateur est commandée, dans la plupart des modèles, par la pédale d’accélérateur, et non plus par une manette à main. La consommation d’essence dépend alors essentiellement de la position de la pédale d’accélérateur correspondant à l’ouverture du papillon du carburateur; le conducteur a intérêt à réduire l’ouverture de ce papillon dans toute la mesure compatible avec la marche normale de la voilure. U peut ainsi économiser de l’essence, obtenir un meilleur graissage des pistons et soupapes, par la suppression de l’excès d’essence, éviter la calamine par une meilleure combustion du mélange gazeux, et assurer un rendement normal sans fatigue du moteur.
- Fig. 3. — Carburateur à huile lourde Jeroga.
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- 136
- De soutien
- Fa i b I e
- De progression
- Abus
- ? 77777-//////////// ^wxsxrog;
- N
- m a
- I
- A éviter
- Inutile
- Fig. 4. — Appareil de contrôle de l'accélération. Disposition du cadran de repère.
- En général, le conducteur ne possède pas de point de repère bien net pour déterminer la valeur nécessaire de l’accélération; quelques chaulïeurs conduisent « à l’oreille » en se basant sur le sifflement du carburateur, d’ailleurs, supprimé par l’emploi du filtre à air; d’autres se basent sur la tonalité des bruits produits à la sortie du silencieux par les gaz brûlés. Mais ces bruits indicateurs font défaut sur les voitures modernes, aussi se contente-t-on d’appuyer le moins possible sur l’accélérateur, et sa manœuvre demande un peu d’habileté.
- Un constructeur a eu l’idée d’établir un appareil très simple permettant au conducteur, par un repère visuel, de se rendre compte immédiatement de l’importance de l’accélération.
- Le système, placé sur le tube de la direction ou sur le tableau de bord est un simple manomètre à dépression relié au moteur par un tuyau en caoutchouc.
- Dans la conduite d’une voiture, on peut distinguer deux sortes d’accélérations : l’accélération de soutien, nécessaire au moteur pour maintenir la vitesse de la voiture, et l’accélé-
- Fig. 6. — Pompe d'alimentation électromagnétique à membrane
- (Técalémit).
- ration de progression qui permet de gagner de la vitesse. Toute accélération supérieure à ces deux valeurs est inutile ou nuisible.
- Sur le cadran de l’appareil, se trouventtrois zones de repère, l’une indiquée par l’inscription « normale », l’autre « à éviter » la troisième « inutile ». Le secteur normal est divisé en deux parties, par un trait, et ce repère indique, quelle que soit la vitesse du véhicule, l’accélération de soutien au point économique d’accélération (flg. 4).
- L’appareil indique ainsi la valeur de l’effort fourni par le moteur-, plus le moteur fatigue, plus l’aiguille sc dirige vers le secteur « inutile », quel que soit le degré d’enfoncement de l’accélérateur. Au point mort, l’aiguille ne dévie pas, même en emballant le moteur, puisque celui-ci ne fournit aucun effort pour augmenter son régime; au contraire, dans une côte, l’aiguille se dirige vers le secteur « inutile ». Avant que cette zone soit atteinte, il y a intérêt à changer de vitesse.
- (La courbe en pointillé indique la manœuvre habituelle, la courbe pleine la manœuvre corrigée).
- Lorsqu’on veut augmenter la vitesse de la voiture, l’aiguille se déplace dans le secteur « normal », avec tendance à revenir sur sa gauche, au fur et à mesure que la voiture prend de la vitesse, et que l’effort demandé au moteur est moins grand. Lorsque la vitesse désirée est atteinte, on fait revenir l’aiguille sur le repère correspondant au fonctionnement économique.
- On peut ainsi contrôler efficacement la valeur des accélérations et l’on est certain de ne jamais fournir au moteur plus de gaz qu’il en peut absorber utilement ; on peut donc augmenter l’avance à l’allumage. On voit sur le schéma de la figure 5 comment peut s’effectuer la correction des manœuvres d’accélération exagérées en service normal.
- Cet appareil très simple, dont la pose est rapide, paraît devoir rendre service, même à un automobiliste averti.
- UNE POMPE A ESSENCE ÉLECTRO-MAGNÉTIQUE
- L’alimentation du carburateur par réservoir à essence, à l’arrière de la voiture, est de plus en plus employée, et avec raison, car elle donne toute sécurité. Les pompes à membranes d’alimentation universellement adoptées, et qui sont alors nécessaires, sont généralement actionnées par le moteur. Il est pourtant impossible de songer à un entraînement mécanique, lorsqu’il s’agit d’adapter une pompe de ce genre à une voiture d’ancien modèle; il faut, bien souvent, aussi prévoir une pompe de secours, pouvant être utilisée en cas de défaillance de la pompe mécanique et d’assèchement du carburateur au départ, ou de « vapor-lock », grave inconvénient dû à l’évaporation de l’essence. Un modèle électro-mécanique récent paraît à cet égard particulièrement bien établi (flg. 6).
- La pompe comporte un clapet d’aspiration A et un clapet de refoulement R. L’essence est aspirée à travers un tamis-filtre F, grâce au déplacement d’une membrane souple M, solidaire d’un noyau magnétique N. Lorsqu’un courant élec-
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- trique passe dans une bobine d’électro-aimant 13, l’ensemble noyau-membrane est attiré vers le bas et produit une aspiration. A la fin de la course, le courant est coupé et l’ensemble est repoussé vers le haut par un ressort taré S, ce qui provoque le refoulement; une poche à gaz C régularise le refoulement de l’essence. La partie essentielle du dispositif, en dehors dn dispositif hydraulique, est le contacteur.
- Une couronne 1), en forme de double cône, est placée sur une tige T, solidaire du noyau magnétique et se déplace en même Lemps que lui. Sur cette couronne, vient s’appuyer un levier L, terminé par le V du même angle d’inclinaison.
- Ce levier, tiré par un ressort. E, tend ainsi, selon qu’il s’appuie sur la face supérieure ou inférieure du double cône, à glisser vers le haut ou vers le bas. Il commande, par l’intermédiaire de l’axe O, et d’une équerre porte-contact Q oscillant autour d’un axe, un contact H. Ce contact sera donc assuré ou coupé suivant la position du levier.
- La cadence normale de fonctionnement de la pompe est de 60 à 80 coups à la minute; elle permet d’alimenter les voitures consommant jusqu’à 18 ou 20 1 aux 100 km. Ce fonctionnement est relativement lent, alors que pour les pompes mécaniques commandées par arbre à cames, le nombre de coups-minute atteint parfois plus de 2000. L’amorçage se fait seul, dès que le contact est mis ; le fonctionnement est indépendant du moteur, et le débit se règle de lui-même suivant les besoins du carburateur. La pompe peut être placée n’importe où et même en dehors du capot, ce qui évite réchauffement. La consommation électrique est de 1 A-h, avec une tension de 6 v, et de 1/2 A-h, avec une tension de 12 v.
- UN DISPOSITIF SIMPLE POUR ÉVITER LES BRUITS DE PORTIÈRE
- Les carrosseries entièrement métalliques, ou même mixtes, sont plus robustes qu’autrefois, et plus silencieuses; le ce jeu » des portières, en particulier est moins à craindre. Rien n’est parfait pourtant et, d’ailleurs, il existe encore en usage un grand nombre de voitures de modèles anciens.
- Supprimer le jeu des portières est donc une opération essentielle pour éviter les bruits gênants sur les carrosseries usagées. Pour éviter de recourir pour cette opération à un spécialiste, on peut très bien se contenter de poser sur les montants de carrosserie comme le montre la figure 7, de petits tampons de caoutchouc spéciaux avec partie centrale formant ventouse, appliqués à l’aide de deux vis. Ces tampons anti-bruits, de prix extrêmement modique, suffisent pour appliquer la portière sur la serrure, et éviter les trépidations et les bruits.
- LA CONSOMMATION DES DIFFÉRENTS ACCESSOIRES ELECTRIQUES
- La batterie d’accumulateurs de la voiture joue un rôle essentie ; de son bon état, dépend le fonctionnement des appareils de démarrage et d’allumage, ainsi que des multiples accessoires électriques de plus en plus utilisés. Il est donc nécessaire de prévoir des batteries d’une capacité de plus en plus grande et des dynamos de plus en plus puissantes. On ne se rend pas toujours compte ainsi de la consommation exigée par les différentes parties de l’installation électrique et les accessoires électriques de la voiture; rappelons à ce sujet quelques chiffres particulièrement intéressants. La tension étant de 6 v (et pour une tension de 12 v, les valeurs seraient moitié moindres) le courant moyen d’un dispositif d’allumage est de l’ordre de 1,5 à 3 A, le système à avertisseur électrique exige de 5 à 10 A; pour le démarrage, il faut, heureusement pendant un temps très court, de 200 à 400 A au minimum.
- Les ampoules d’éclairage des lanternes, du tableau de bord,
- Fig. 1. —• Tampons de caoutchouc antibruils Roléo.
- du plafonnier, du signal arrière, etc., exigent 1 A par lampe, tandis que les ampoules des phares rendent nécessaire un courant de 10 à 15 A. Pour un appareil de radiophonie, il faut de 6 à 20 A, pour un changement de vitesse électro-magnétique 3 A seulement; 2 à 3 A pour l’essuie-glace, 10 à 20 pour un allume-cigare, et 30 A enfin, pour un appareil de chauffage.
- POUR EVITER LES BRUITS DANS LES ARTICULATIONS A TUBES DE CAOUTCHOUC
- Les articulations à tubes de caoutchouc, genre « silent-blocs », « oscillit », etc., n’exigent, en principe, aucun graissage; cependant elles peuvent, dans certains cas, produire des craquements plus ou moins gênants.
- On fait disparaître ces bruits par un graissage, mais l’action de l’huile est très rapidement désastreuse pour le caoutchouc. On pourrait remplacer l’huile par un mélange de deux tiers d’alcool et d’un tiers de glycérine très pure, qu’on dépose également avec une simple burette.
- L’action du mélange n’est sans doute pas non plus favorable pour le caoutchouc, tout en étant moins nocive; on peut donc l’utiliser lorsqu’on ne peut s’en passer.
- UN USAGE INATTENDU DES VIEUX GANTS Pour les petites réparations urgentes, il est bon d’avoir toujours sous la main les outils nécessaires : tourne-vis, bougie, petite clé à tube, etc.
- Au lieu de disposer simplement ces outils dans le sac habituel, il est plus commode de les ranger dans un sac de cuir, improvisé, à séparations, formé d’un vieux gant de cuir, dont on a enlevé la partie supérieure, comme le montre la figure 8; dans chacun des doigts du gant, on peut placer un petit outil différent, et on fixe le tout, soit dans la malle arrière, soit même sous le capot.
- Adresses relatives
- AUX APPAREILS DÉ' RITS :
- Accéléromètres Protais,
- 14, rue Montbrun,
- Paris (14e).
- Pompe Têcalémit,
- 18,rueBrunel,Paris (17e).
- Tampons amortisseurs Roléo, Ets Rollet,
- 64, rue de la Folie-Méri-court, Paris.
- Carburateur à huile ourde. Jeroga, 26, rue de la Pépinière, Paris (8e).
- L. Picard.
- Fig. 8. — Emploi d’un vieux gant pour faire une petite trousse d'outillage.
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- LIVRES NOUVEAUX
- Propriétés générales des fluides moteurs, par Jean Villey-(Mémorial des Sciences physiques, Case. XXXIII.) 1 brochure) 64 p., 7 fig. Gauthier-Villars, Paris, 1936, Prix : 15 fr.
- Ce fascicule est consacré 5 présenter d’une façon à la fois très claire et très ramassée, les propriétés physiques fondamentales des fluides homogènes utilisés dans les moteurs et la thermodynamique de leurs évolutions. Les formules et les diagrammes classiques se trouvent ici groupés dans un ordre logique que n’alourdit pas le développement des démonstrations; le but de hauteur est d’expliquer, non de démontrer; aussi se borne-t-il, à cet égard, à éclairer les notions classiques au moyen d’interprétations cinétiques.
- Blàtter für Geschichte der Technik, publié par l’institut autrichien pour l’histoire de la technique. 3e cahier. 1 brochure illustrée, 102 p. Julius Springer, éditeur, Vienne (Autriche). Prix : R. M. 3,60.
- L’histoire des sciences est assez cultivée, l’histoire des techniques fort peu. On doit le regretter. La tâche, il est vrai, est difficile, à en juger par l’obscurité qui règne sur la genèse et la paternité d’inventions même contemporaines. Un immense domaine reste à défricher.
- Des instituts se sont fondés dans ce but, en ces dernières années, en France et à l’étranger. Us auront à créer des méthodes et à dresser des historiens spécialisés. En l’absence d’une documentation suffisante, souhaitons qu'ils sachent provisoirement s’abstenir des synthèses trop ambitieuses. Chaque institut pourra, dès maintenant, faire œuvre utile en s’attachant à dégager l’apport de son propre pays à îa technique moderne. Les documents sont à pied d’œuvre; il faut les exploiter avant leur dispersion ou leur ensevelissement dans des archives inconsultables. On ne peut donc quclouer le journal de l’Institut autrichien, qui consacre une grande partie de son dernier numéro à une excellente biographie de l’ingénieur autrichien Kaplan, le créateur de la forme la plus moderne de turbine hydraulique, la turbine axiale. Nous y suivons la formation de l’inventeur, la genèse de ses idées, la succession de ses travaux; nous y trouvons la liste de ses travaux et de ses brevets avec leurs dates; nous assistons à ses combats contre ses détracteurs, ses concurrents et ses contrefacteurs. Récit fort instructif qui permet de préciser des dates importantes dans l’histoire de la turbine hydraulique.
- Le rail, la route et Veau, par J. Antonini. 1 vol. illustré, 165 p. J. de Gigord, Editeur, Paris, 1936.
- Les chemins de fer traversent une crise redoutable; la crise économique générale n’en est pas la seule cause: il en existe une autre plus durable et plus profonde, l’apparition de moyens de transport concurrents. Dans un livre de lecture fort agréable, M. Antonini, après avoir décrit l’évolution des moyens de transport à notre époque, fait l'inventaire des forces en présence et montre qu'au lieu de se combattre elles doivent être coordonnées pour concourir à la prospérité publique; il en explique fort clairement les raisons impérieuses et il expose sur quelles bases cette coordination s’établit dans notre pays.
- Applied chemistry for Bngineers, par A. F. il. Ward. l vol.
- in-16, 127 p., 6 fig. Longmans, Green and Co, London, 1936. Prix : cartonné toile, 5 sh.
- Cours pratique professé à Manchester pour les étudiants des collèges techniques d’universités en mécanique, électricité et technique municipale et pour les étudiants en chimie, désirant acquérir les fondements de la chimie appliquée. Une grande place est donnée â l’analyse de l’eau, tant pour l'alimentation des chaudières que pour les services municipaux d’eau potable, y compris les méthodes récentes de pH, de traitement des carbonates, sulfates et phosphates. Une partie traite des essais de corrosion, une autre des charbons et des huiles. Un grand nombre d’expériences démonstratives et d’essais fondamentaux sont décrits avec précision.
- La faune de Guinée, par le Dr Emile Gromier. I vol. in-8, 232 p., 1 carte, 46 fig. hors texte. Bibliothèque géographique. Payot, Paris, 1936. Prix : 24 fr.
- L’auteur a passé 25 ans entre le Soudan, le Tchad, le Congo et le Kenya, observant, notant, photographiant tous les animaux qu’il apercevait. Cela nous a déjà valu La vie des animaux sauvages de VAfrique où les plus grosses bêtes sont évoquées dans leur paysage familier, leur vie de tous les jours avec une précision, un réalisme, une compréhension qui en font un maître livre. Mais il n’y a pas que les seigneurs de la forêt, de la savane et de la brousse; il est bien d’autres mammifères plus petits et tous les oiseaux, aux plumages si divers, aux chants parfois si aigus ou si tristes. Leurs mœurs ne le cèdent en rien comme intérêt à celles du gros gibier, et elles sont beaucoup moins
- connues. Aussi ce livre d’observations patientes, appuyées de nombreuses photographies est-il une digne suite au précédent et qui donne des impressions plus neuves encore.
- Hormone, par II. Gtersberg. 1 vol. in-16, 169 p., 36 fig. Collection Verstandliche Wissenschaft. Bd XXXII. Julius Springer, Berlin, 1936. Prix : cartonné toile, 4,80 mark.
- Les hormones, que nombre de glandes déversent dans l’organisme, vont agir à distance, d’une manière considérable que révèlent les troubles de fonctionnement et de croissance; elles ont donné lieu à un nombre considérable de travaux. Ce petit livre du professeur de l’université de Francfort en présente un exposé ordonné et bien à jour. Successivement sont étudiés : thyroïde, dont la pathologie crée le myxœdôme et la maladie deBasedow; parathyroïdes et vitamine 1); surrénales; pancréas et diabète ; épiphyse ; thymus; hypophyse; ovaire; glande interstitielle du testicule. Le peu qu’on sait des invertébrés et des plantes suit et il s’en dégage quelques vues d’ensemble sur la nature des hormones et leur rôle dans la vie de l’homme.
- Vom Bau und Leben des Gehirns, par E. Scharrer. I. vol. in-16, 169 p., 81 lig. Collection Versliindliche Wissenschaft. Bd XXXI. Julius Springer, Berlin, 1936. Prix : cartonné toile, 4,80 mark.
- Quel plus beau et plus vaste sujet pour une collection d’instruction générale que la structure et la vie du cerveau ? L’auteur commence par le développement et l’histologie : cellules, fibres, névroelie, puis passe rapidement en revue le système nerveux des invertébrés et des vertébrés, pour aborder l’homme qui occupera presque tout le volume. Cerveau, cervelet, bulbe, moelle, nerfs, sympathique et parasympathique, voies sensitives, organes des sens, centres de la parole, réflexes sont tour à tour examinés dans leurs formes et leurs fonctions pour aboutir à une synthèse où le système nerveux est considéré comme un tout par rapport à l’individu et au monde extérieur.
- Esquisse d9une étude de l'habitation annamite, par Pierre Gourou. 1vol. in-4, 82 p., 35 fig., 15 pl. Editions d’Art et d’Histoirc, Paris, 1936. Prix : 60 fr.
- La maison annamite typique commence à s’abâtardir et il était grand temps d’en noter les caractéristiques. L’auteur, après avoir rappelé les conditions historiques et géographiques, décrit avec soin les divers modèles de construction de l’Annam du nord et du centre : distribution générale, charpente, toits, etc. Partout, il trouve l’uniformité de plan et l’identité des principes généraux de structure : autel , des ancêtres au centre; salle des hommes devant, gynécée à gauche (avec le trésor et les provisions); cuisine, moulin, etc., à part, autel dans la cour. Sans fondations, formée d’une charpente sur piliers, sans que les murs servent à appuyer l’édifice, la maison est toujours démontable et transportable. Les toits de chaume à quatre pentes, l’agencement intérieur montrent une évolution nette du nord vers le sud dans le sens de la migration annamite et posent des problèmes d’histoire encore non éclaircis.
- Les paysans du delta tonkinois, par Pierre Gourou. 1 vol.
- in-4, 666 p., 125 fig., 48 pl., 9 cartes hors texte. Publications de l’École française d’Extrême-Orient. Éditions d’Art et d’Histoire, Paris, 1936. Prix : 200 fr.
- Le delta du Tonkin couvre 15 000 km3 et compte 6,5 millions d’habitants. C’est une région homogène où depuis longtemps n’arrive aucun apport étranger. Cette splendide monographie de géographie humaine, richement illustrée, débute comme il convient par l’étude du milieu physique : cadre montagneux et collines du delta, relief alluvial, rivages; climat et pluies qui conditionnent toute l’activité du pays; régime des eaux, marées, digues, drainage et irrigation. Ce paysage fortement modifié par l’homme est abondamment peuplé; la population paysanne est en partie stable et occupe des villages assez étendus et souvent denses; ces villages ont des éléments communs : haies, portes, mares et puits, édifices publics et religieux; ils sont des centres de vie politique et sociale; les maisons, souvent bien construites, ont une bonne partie occupée par les objets magiques et religieux. Les paysans vivent surtout du riz et de l’élevage, accessoirement de quelques autres cultures et de la pêche; les industries villageoises ne dépassent guère l’habile artisanat. Les échanges se font aux marchés campagnards, par de petits commerçants professionnels. On assiste à une économie fermée, à une civilisation traditionnelle, dans un milieu surpeuplé qui limite le niveau de vie.
- Ce bref résumé ne donne qu’une idée très sommaire de la pénétration des observations de l’auteur qui font grand honneur à l’École française d’Extrême-Orient.
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- LA NATURE JJÆssÆ
- AU PAYS DES TULIPES
- Quand nous pensons à la Hollande, quelles images se présentent aussitôt à notre esprit ? Des moulins, des tulipes, des canaux, des hommes en pantalon de zouave et en sabots, des femmes à la tête casquée d’un capulet de dentelle aux fines pointes retroussées : visions d’autrefois, visions d’aujourd’hui, car la Hollande traditionnelle n’a pas disparu bien qu’elle ait suivi, comme les autres pays du monde, toutes les étapes du progrès. En elle, son passé, son grand passé historique et artistique se mêle harmonieusement au présent. C’est ce qui donne à ses paysages, à ses villes, à ses monuments et à ses musées une séduction à laquelle il est d i ffi c i 1 e d’échapper (fig. 1,
- 2, 3, 4, 5).
- Mais en dehors du calme, de la joie paisible que font naître en nous l’atmosphère de sa campagne et celle de ses villes, la Hollande nous offre au printemps la joie visuelle de ses champs de fleurs.
- C’est vers la fin du xvie siècle que la culture des fleurs fit son apparition, quand les tulipes et les jacinthes furent importées d’Orient. La culture des tulipes, avant celle des autres plantes bulbeuses, donna d’excellents résultats. Au commencement du xvne siècle, il y avait en Hollande des amateurs passionnés qui faisaient collection de tulipes et une concurrence ardente s’établit entre les collections; chaque amateur prétendait posséder l’oignon le plus cher et le plus rare. Certains oignons atteignaient des prix à peine croyables. On raconte même qu’un riche marchand cultivait dans son jardin une espèce qu’il croyait unique; il apprit un jour qu’un amateur parisien — la mode avait déjà franchi la frontière — possédait un bulbe identique et le marchand hollandais se rendit à Paris et réussit à acquérir la merveille pour la somme de 1000 ducats.
- Ce goût se transforma bientôt en industrie; la spéculation se fit sur une grande échelle. On échangeait des maisons, des terrains, contre des oignons de tulipes, puis on en vint à spéculer sur des quantités plus grandes que
- la Hollande ne pouvait en fournir et la débâcle, fatalement, s’ensuivit. Les États de Hollande, en 1637, durent réglementer la vente des bulbes et ceux-ci, qui avaient atteint jusqu’à 3000 florins, revinrent à des prix plus raisonnables. A cette époque, on cultivait surtout les oignons de tulipes, d’anémones, de renoncules. Les jacinthes connurent, au milieu du xvne siècle, une vogue extraordinaire qui rappela la tulipomanie du siècle précédent. En somme, ce ne fut qu’après 1750 que la culture des oignons à fleurs fut pratiquement et définitivement stabilisée en Hollande.
- L’exportation méthodique et sensée ne s’organisa qu’à la fin du xvne siècle, grâce à l’esprit d’entreprise de quelques horticulteurs d’Harlem. Cette culture a pris une telle extension qu’elle couvre aujourd’hui
- une surface de 8000 ha. Tous les bulbes sont destinés à l’exportation qui a atteint, avant la crise économique actuelle, 40 millions de kilogrammes par an, représentant autant de millions en florins.
- La région horticole de la Hollande s’étend d’Harlem, centre le plus important, à Leydc. Entre ces deux villes, on parcourt une campagne féerique en passant par des villages dont les noms ressemblent souvent à des fleurs : Jlillegom, Lisse... De cette route, fleurie presque sans interruption, à droite et à gauche, les regards se promènent avec ravissement sur une gamme de couleurs exquises : des roses tendres et changeants, des bleus pâles et azurés, des mauves, des violets délicats, des jaunes ensoleillés, des rouges éclatants. C’est un jardin enchanté où la terre disparaît sous les fleurs et pour ajouter encore à cette fête des yeux, jeunes gens et jeunes filles garnissent leur bicyclette de couronnes, de bou quets, de tresses de fleurs joliment assemblés et se transforment ainsi en de véritables guirlandes mouvantes.
- Sur cette terre, prodigieusement riche, grasse et généreuse, sous un soleil vivifiant, jacinthes, narcisses, tulipes éclosent à foison. Dès le mois de mars, on voit le sol se
- Fig. 1, 2, 3. •— Trois différents types de moulins hollandais.
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- Fig. 4. — Costumes hollandais (lie de Waechercn).
- couvrir d’une teinte grisâtre : ce sont les crocus, précurseurs des narcisses, qui vont changer l’aspect de la terre (fig. 6). Longtemps, ces jolies fleurs furent considérées
- Fig. 5. — Un coin tranquille d’Amsterdam.
- avec dédain : on les jugeait vulgaires; mais leur culture soignée donna des résultats surprenants et grâce à des nouveautés obtenues par hybridation, on en vint à reconnaître le charme de ces fleurs, aux couleurs délicates et variées, portées par des tiges longues et souples. On dit que certains oignons de narcisses se paient 1300 florins !
- Puis, viennent les jacinthes, embaumant l’air : jacinthes simples, jacinthes doubles; leurs champs sont coupés en deux par un sentier de 30 cm environ et divisés en carrés réguliers séparés entre eux par d’étroits couloirs; chaque carré est lui-même subdivisé en plants, d’environ un mètre de largeur (fig. 7). Les gros oignons sont généralement plantés à raison de huit par rangée, mais, plus ils sont petits, plus ils sont rapprochés les uns des autres. On sème rarement la graine de jacinthe; on n’y a recours que lorsqu’on veut obtenir des variétés nouvelles. La culture d’une jacinthe par le semis exige cinq ou six ans avant l’obtention de l’oignon et la fleur qui en résulte n’a pas les qualités de la fleur-mère.
- Fig. 6. — Les narcisses.
- On reproduit généralement la jacinthe par la coupe ou par l’excavation : on prend un gros oignon et on le coupe trois fois en croix; à l’extrémité supérieure de l’oignon, en bordure de la coupe, apparaissent bientôt de jeunes oignons qui, soigneusement cultivés, atteignent leur plein épanouissement en peu d’années.
- Les jacinthes aiment les terrains sablonneux, au contraire des narcisses et des tulipes qui se plaisent sur les sols argileux et tourbeux. Ces dernières, fleur de Hollande par excellence, dessinent de vastes rectangles unicolores et par le rapprochement des couleurs créent une symphonie éblouissante de tons harmonisés (fig. 8). Elles comprennent plusieurs espèces : les tulipes hâtives, faciles à cultiver et qui ont toujours été le plus en faveur, les tulipes tardives, plus délicates, mais très demandées par l’Amérique et l’Angleterre et dans lesquelles se range la célèbre « Darwin », à la tige haute et élégante. De nouvelles variétés se créent constamment soit par hybridation, soit par croisement, soit enfin par origine spontanée. Certains carrés d’une nouveauté appréciée se paient jusqu’à 10 000 florins. La culture des oignons nécessite,
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- bien entendu, beaucoup de soins : les fleurs ne poussent et ne se développent heureusement qu’à condition de ne pas les perdre de vue, de leur appliquer de saines méthodes, et de mettre tout en œuvre pour leur perfectionnement. Cette culture n’est pas de tout repos et les horticulteurs sont esclaves des variations du temps. Ils essaient de pallier les effets des mauvaises saisons : quand la température n’est pas celle qu’exigent les jeunes oignons, ceux-ci sont transportés dans des bâtiments spéciaux où ils trouvent la chaleur nécessaire à leur développement; et c’est ici qu’intervient la science du bulbiculteur : il doit savoir apprécier le degré de chaleur qui convient à chaque espèce de bulbe et souvent à chaque série de l’année; pour cela, il lui faut doser son chauffage et le régler avec habileté; c’est le doigté du métier et il est facile de comprendre que cette connaissance spéciale ne s’acquiert qu’après une longue expérience. Les oignons sont séchés, nettoyés, assortis et emballés dans de grands bâtiments chauffés et bien aérés. En hiver, les champs sont recouverts de paille pour les préserver des fortes gelées et des grands vents; les jacinthes et les narcisses surtout doivent être abondamment recouvertes ; les tulipes exigent moins de précautions. Au printemps, tout ce matériel est mis de côté, en tas.
- Quand on passe entre tous ces champs de Heurs et que l’on s’abandonne à l’enchantement du spectacle qu’ils offrent, on ne se doute pas de la longue série d’efforts méthodiques et constants qui ont fait naître toutes ces merveilles; mais, lorsqu’on les a vus, on en garde un souvenir impérissable.
- Douceur et richesse de la campagne, calme et propreté des villes, beauté des fleurs et des couleurs, tout cela donne l’impression que la vie est facile en Hollande, pour un peuple qui se contente du
- Fi y. 7. —• Les jacinthes.
- Fig. 8. — Les tulipes.
- bonheur doux et tranquille qu’apporte une réalité gracieuse et ornée. Marcelle Bonnevialle.
- LES TRÈS HAUTES TENSIONS ÉLECTRIQUES PAR LES POUSSIÈRES CHARGÉES
- LE GÉNÉRATEUR IONIQUE DE M. PAUTHENIER ET DE MME MOREAU-HANOT
- Le grand intérêt scientifique et technique qui s’attache à la création des très hautes tensions électriques n’échappe certainement pas aux lecteurs de cette revue. Les très hautes tensions ont, en effet, rendu, depuis longtemps, de grands services à l’électrotechnique : étude des isolants pour lignes à haute tension, étude de l’effet corono,, reproduction des phénomènes de la foudre, etc. Les récents
- et foudroyants progrès de la physique nucléaire ont, d’autre part, ouvert un domaine nouveau et magnifique à l’utilisation de très hautes tensions. Dans cette branche si captivante de la physique moderne, à chaque progrès dans la technique des très hautes tensions correspond un pas important en avant dans la connaissance de la structure la plus intime de la matière, un progrès aussi
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- dans l’asservissement à la volonté de l’homme de ces forces encore mystérieuses mais formidables qui se manifestent à l’intérieur des noyaux atomiques.
- Plusieurs principes tirés soit de l’électrostatique, soit de l’électrodynamique ont été mis à contribution pour la production de très hautes tensions. Une véritable course aux hautes tensions est engagée depuis quelques années et différents systèmes, plus ou moins pratiques et surtout plus ou moins économiques, ont été mis ainsi au point. Les physiciens ou les techniciens qui s’attaquent à ce problème se heurtent à un grand nombre de difficultés : isolement, régularité de fonctionnement, sécurité, encombrement. et prix de revient. Ce dernier point a son importance, surtout pour les physiciens....
- M. Pauthenier, professeur à la Faculté des Sciences de Paris et sa collaboratrice, Mme Moreau-Hanoi, appliquant à ce domaine très spécial, où la physique
- et la technique se rejoignent, la grande expérience qu’ils ont acquise dans l’étude du comportement des poussières chargées dans un champ électrique, viennent de créer une remarquable machine électrostatique.
- LE PRINCIPE DES MACHINES ÉLECTROSTATIQUES
- Le principe de l’appareil de M. Pauthenier et de Mme Moreau-Ha-not, comme d’ailleurs de la plupart des générateurs électrostatiques et en particulier de celui de Van de Graaf, est des plus simples et un très léger effort de mémoire permettra à tous de saisir d’emblée l’essentiel de la méthode.
- Tous les appareils électrostatiques pour la production de très hautes tensions ne sont, en dernière analyse, qu’une répétition sur une très grande échelle de classiques et faciles expériences auxquelles on fait si souvent appel dans l’enseignement. Ce n’est, en somme, que la vieille expérience de Faraday, qui consiste à introduire des charges électriques à l’intérieur d’une cavité limitée par une surface conductrice fermée, qui se trouve reprise ici. Cette charge apportée à la surface conductrice se répartit sur celle-ci et le potentiel que prend la surface conductrice est donné par la formule :
- Q
- v = £ 'l!
- dans laquelle V est le potentiel; Q, la charge électrique; C, la capacité du conducteur.
- Cette simple expérience représentée clairement par la formule (1), nous montre que, pour un conducteur donné, le potentiel croît au fur et à mesure que la charge apportée augmente.
- Il y a donc là, théoriquement au moins, un moyen simple et élégant pour obtenir, par ce mécanisme d’accumulation de charges électriques, des potentiels aussi élevés qu’on le désire. Dans le cas d’une sphère conductrice, par exemple (rappelons ici que la capacité d’une sphère est numériquement égale à son rayon), il suffira de lui apporter, par un moyen quelconque, des charges électriques de même signe et tout le problème technique consiste à prévoir un dispositif pratique permettant d’apporter assez rapidement des charges suffisantes pour élever le potentiel de la sphère à une valeur aussi grande que possible. Il s’agit également, bien entendu, d’obtenir cette très haute tension par l’apport d’une charge suffisante pour avoir des décharges mettant en jeu une énergie convenable. De plus, l’ensemble doit être conçu de manière à présenter un isolement suffisant pour ne pas avoir d’effluves parasites, et assurer un fonctionnement régulier et sûr.
- Reprenons cette question de plus près, car elle nous servira d’introduction générale à la description d’autres générateurs électrostatiques que nous nous proposons de donner plus tard dans cette revue.
- Pour une sphère de rayon donné, le potentiel est proportionnel à la charge apportée à la sphère, mais l’énergie que représente cette charge portée au potentiel donné est proportionnelle au carré de la charge. Doubler la tension limite que peut donner un générateur électrostatique revient donc, en plus de cette augmentation du potentiel qui est déjà très importante, à quadrupler l’énergie qu’il mettra en jeu dans chaque décharge. La puissance d’un générateur électrostatique, c’est-à-dire l’énergie dépensée dans l’ensemble des décharges produites par seconde, dépend de la vitesse de l’apport des charges à la sphère, puisque nous supposons, et c’est le cas général, que le générateur est réglé de manière que la décharge s’amorce dès que le potentiel atteint la valeur limite que l’on s’est fixée.
- Les caractéristiques électriques d’un générateur électrostatique dépendent donc à la fois de ses dimensions géométriques et du fonctionnement du dispositif de charge.
- Dans la pratique, on est arrêté dans cette course aux très hautes tensions, à laquelle la théorie ne pose pas de limites, par les fuites électriques qui se manifestent dès que la charge apportée à une sphère de dimensions données dépasse une certaine valeur.
- Pour une tension donnée, ces fuites diminuent lorsque le rayon de la sphère augmente. On est ainsi conduit à choisir des sphères métalliques de très grand diamètre. On augmente de la sorte la capacité de la sphère et il faut par conséquent un apport plus important de charges pour porter la sphère à la tension voulue. Mais c’est loin d’être un inconvénient, car, à tension égale, l’énergie de chaque décharge croît avec le carré de la
- FU central forint électrode /négn.ti
- Terre
- ve
- Cylindre relié à la terre
- Sens de déplacement des poussières
- Fiq. 1. — Tube ioniseur unicellulaire.
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- quantité d’électricité apportée à la sphère et l’on cherche naturellement, non seulement à avoir un potentiel aussi élevé que possible, mais aussi à avoir des décharges très puissantes, mettant en jeu une quantité importante d’énergie.
- Dans l’appareil de Van de Graaf, les charges obtenues par le frottement d’une courroie isolante en mouvement sont cédées par celle-ci à un système de collecteurs à peignes qui communique électriquement avec la sphère. Dans l’appareil Pauthenier-Hanot, l’apport des charges est réalisé d’une façon très originale et simple : des poussières sont ionisées à la traversée d’un tube ioniseur spécial ; ainsi chargées électriquement et entraînées par un courant d’air convenablement réglé, elles cèdent leur charge à la sphère au moment où elles la louchent; après avoir cédé leur charge, elles continuent à être entraînées par le courant d’air porteur et repassent de nouveau par le tube ioniseur et le cycle recommence. Ce principe de charge est d’une simplicité extrême : il ne fait appel à aucune pièce mécanique en mouvement, ce qui présente de grands avantages au point de vue de la régularité du fonctionnement, de l’absence presque complète d’usure et de la simplicité de l’installation. Le dispositif d’électrisation des poussières constitue la principale originalité du « générateur ionique », — c’est ainsi que M. Pauthenier et Mme Moreau-Hanot ont baptisé leur appareil —, et c’est pourquoi il est indispensable de donner quelques renseignements sur ce système ingénieux.
- DISPOSITIF D’ÉLECTRISATION DES POUSSIÈRES
- Les poussières s’électrisent en traversant un espace où se trouvent des ions électriques libres. Les grains de poussière fixent à leur surface les ions libres qu’ils rencontrent et se trouvent ainsi chargés électriquement. Il est évident que dans le cas qui nous occupe, les ions rencontrés par les poussières doivent être tous, ou en grande majorité, d’un signe déterminé. Or, lorsqu’on produit une décharge électrique dans un espace donné, des molécules neutres sont ionisées, ce qui provoque l’apparition d’une quantité égale d’ions positifs et d’ions négatifs. Toutefois, d’une manière générale, à l’intérieur de cet espace traversé par la décharge électrique, existent des régions où les ions d’un même signe s’accumulent. On peut d’ailleurs favoriser l’apparition de ces régions et agir sur l’importance de la charge de même signe ainsi localisée, en produisant des champs électriques dissymétriques. Ainsi, lorsqu’on établit un champ électrique radial entre un fil et un cylindre dont il forme l’axe, le lîl étant porté à un potentiel négatif par rapport au cylindre, presque tout l’espace de décharge se trouvera occupé par les ions négatifs. Le champ électrique est, en effet, dans ce cas, confiné au voisinage immédiat du fil et c’est là que se forment, par chocs, tous les ions positifs et négatifs auxquels la décharge donne naissance. Les ions positifs se précipitent immédiatement sur le fil (électrode négative), les ions négatifs, par contre, s’en éloignent et se dirigent vers la paroi du cylindre. Les ions négatifs occupent ainsi, pratiquement, tout l’espace entre le fil et le cylindre. Un tel dispotitif, qui est celui
- Cal/ecteurlcen trifuge
- Tubes
- isolants
- Fil fin 2/io
- ° js
- Terne
- Fig. 2. — Schéma de principe du générateur ionique (générateur de 12 kv).
- Te, transformateur de chauffage du filament du kénotron ; T, transformateur éleveur de tension; L, capacité; A, sphère; B, B’, tubes de circulation des poussières électrifiées; C, collecteur centrifuge; D, fil ioniseur chargé par le kénotron.
- qu’ont adopté M. Pauthenier et Mme Moreau-Hanot, fournit donc un espace de charges négatives et peut utilement servir à l’électrisation des grains de poussière
- (fig- 1). .
- Le point délicat de l’utilisation du tube ioniseur réside dans la détermination de la vitesse d’entraînement des poussières (vitesse
- Fig. 3. — Ioniseur multicellulaire en nid d’abeilles.
- du courant d’air-porteur) en fonction de la hauteur et du rayon du cylindre ioniseur. Il s’agit, pour un rayon du cylindre et pour une différence de potentiel entre le fil et le cylindre donnés, de choisir pour la vitesse d’entraînement et pour la hauteur du cylindre des valeurs telles que les grains de poussière
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- Fig. 4. — Le générateur ionique de 1 200 000 v:. Ils installé à la Faculté des Sciences de Paris.
- séjournent dans le tube un temps suffisant pour fixer, pendant leur passage à travers le tube, la plus grande partie des ions libres disponibles, mais en évitant que leur précipitation sur la paroi du cylindre ne devienne
- gênante. La précipitation d’une poussière chargée sur la paroi du cylindre fait, en effet, perdre à celle-ci la charge électrique qu’elle véhicule.
- La théorie montre, d’autre part, que le diamètre des grains de poussière utilisés a aussi une grande importance. Des poussières trop fines n’entraînent pas suffisamment d’ions, des grains trop grands conduisent à un étouffement de la décharge ionique.
- Fig. 5. — Mesure du potentiel d’une sphère par déformation d’une très petite région M de celle-ci sous l’effet de la pression électrostatique.
- M, petite région de la sphère rendue élastique; m, petit miroir commandé par les déformations de M.
- LE GÉNÉRATEUR IONIQUE
- Le générateur de très hauts potentiels de M. Pauthe-nier et de Mme Moreau-Hanot utilise, comme nous venons de le voir, une méthode très simple : un courant d’air chargé de poussières circule à grande vitesse dans un circuit fermé qui comprend : un tube ioniseur où les poussières se chargent à leur passage, un tube isolant par lequel les poussières chargées gagnent un collecteur centrifuge intérieur à une sphère métallique de grand diamètre, isolée soigneusement du sol, et un tube de retour isolant, par lequel les poussières déchargées reviennent à leur point de départ. L’installation comprend, en plus, une soufflerie et un petit générateur qui porte le potentiel du 111 central de l’ioniseur au potentiel de 12 000 v. La sphère à charger est supportée par deux tubes de verre B et B'. Les poussières que le courant d’air amène à l’intérieur de la sphère frappent les cloisons planes du collecteur centrifuge C qui est relié électriquement à la sphère et abandonnent ainsi leurs charges à celle-ci; les poussières redescendent ensuite par le tube B' (lig. 2)..
- La sphère du générateur représentée sur la photographie (fig. 4) a 75 cm. de diamètre et permet de porter le potentiel limite à 1 200 000 volts environ. Les tubes isolants qui la supportent ont 2 m 10 de longueur utile. L’ioniseur a un diamètre total de 10 cm et se compose de sept tubes parallèles. La vitesse du courant d’air est de l’ordre de 60 m par seconde. Ce générateur ionique a un débit de 30 microampères environ, ce qui est un bon résultat étant donné que le tube contenant l’ioniseur n’a que 10 cm de diamètre. Or, le débit d’un tel appareil est, toutes choses égales d’ailleurs, proportionnel à la section de l’ioniseur et rien ne s’oppose à l’augmentation de celle-ci.
- Les poussières utilisées sont en matière isolante; ce sont, dans le générateur décrit, des billes de verre de quelques microns de diamètre, en moyenne. Elles ne sauraient être conductrices, car elles pourraient compromettre le bon isolement des tubes-supports. On ne peut pas augmenter indéfiniment le nombre de poussières traversant l’ioniseur en une seconde; on provoquerait ainsi l’étouffement de la décharge. Pour augmenter le débit, c’est-à-dire le nombre de décharges par seconde, on est donc obligé de recourir à des ioniseurs multicellulaires, en nid d’abeilles par exemple (fig. 3).
- Le débit total de l’ioniseur multicellulaire est évidemment égal à la somme des débits des ioniseurs qui le composent, lesquels travaillent pour ainsi dire en parallèle. Rien ne s’oppose donc à augmenter le débit du générateur ionique. Rappelons, toutefois, que, par contre, le potentiel limite du générateur ionique ne dépend que des dimensions de la sphère collectrice, des conditions d’isolement et aussi de l’état de la surface sphérique.
- Des générateurs de plusieurs kilowatts sont, d’ailleurs, à l’étude et étant donnée la simplicité des moyens utilisés, ces générateurs seront d’un prix de revient relativement réduit, ce qui n’est pas sans importance si l’on songe que les générateurs de très hauts potentiels sont appelés, depuis les progrès récents de la physique nucléaire (transmutations artificielles, radioactivité artificielle) à devenir les instruments de travail courants du physicien.
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- Disons aussi quelques mots sur une méthode simple et ingénieuse de mesure de hauts potentiels continus, utilisée par M. Pauthenier. Le principe est connu depuis très longtemps et est à la hase de l’électromètre classique d’Abraham, par exemple. La méthode de M. Pauthenier consiste à déposer, exactement au pôle supérieur de la sphère, un petit disque de platine, de même courbure que celle-ci. La sphère étant portée au potentiel qu’il s’agit de mesurer, le petit disque de platine se trouve soumis à la pression électrostatique et est soulevé dès que cette pression l’emporte sur le poids du disque. On peut ainsi constituer une sorte de boîte de poids pour hauts potentiels. A chaque potentiel correspond un disque donné et dès que ce potentiel est atteint le disque se soulève brusquement, glisse sur la sphère et tombe à terre. C’est une méthode commode pour l’usage courant et il est facile de concevoir un appareil à lecture directe, basé sur cette méthode de pesée.
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- Une variante de la méthode, suggérée également par M. Pauthenier, consiste à rendre élastique une très petite région M de la surface sphérique. La pression électrostatique agissant sur cette région élastique déforme celle-ci et cette déformation commande la rotation d’un petit miroir; il ne reste qu’à rendre cette rotation lisible à distance par le déplacement d’un spot de lumière sur une échelle et on peut mesurer ainsi facilement le potentiel de la sphère (fig. 5).
- Le générateur ionique, d’une conception si ingénieuse, et dont la première idéalisation a déjà donné des résultats remarquables, permet d’espérer que bientôt peut-être, grâce à des perfectionnements de détail et au recours à des ioniseurs multicellulaires plus importants, les physiciens disposeront d’un nouvel outil puissant pour s’attaquer victorieusement aux noyaux atomiques.
- Bernard Kwal et Marc Lesage.
- LES TRIDACNES OU BÉNITIERS
- Tout le monde connaît les Tridacnes sous la forme de bénitiers aux bords ondulés qu’on voit à l’entrée de certaines églises. Il en est de fort beaux et de fort grands; on cite particulièrement à Paris, les deux coquilles de Saint-Sulpice pesant 550 livres; quelques églises d’Italie en auraient de plus vastes encore.
- Les Grecs furent probablement les premiers à signaler ces énormes animaux qu’ils virent dans l’océan Indien, lors de l’expédition en Perse d’Alexandre le Grand, et qu’ils prirent pour des « huîtres » de plus d’un pied de long.
- En 1865, Vaillant a rassemblé (x) toutes les observations anciennes sur les Tridacnes dont les valves, recherchées pour les églises, intriguaient les conchologistes.
- Les premières connaissances sur l’animal vivant et son anatomie sont dues à Quoy et Gaimard; elles parurent en 1834, dans le récit du voyage de « L’Astrolabe ». Depuis, quelques mémoires seulement y ont été consacrés.
- L’espèce la plus grande, Tridacna gigas, devenue T. derasa, atteint 1 m 20 de diamètre et pèse jusqu’à 300 kg.
- Un animal aussi volumineux est difficile à conserver et à transporter et cela explique la rareté dans les collections des animaux entiers et le peu de renseignements dont les zoologistes disposaient jusqu’à ces derniers temps. Heureusement, il n’en est plus ainsi.
- Les coraux sont les plus grands bâtisseurs du monde; ils construisent des îles, des récifs, des barrières dans toutes les mers tropicales du globe, particulièrement dans les eaux de l’Océanie. En 1836, le « Beagle », ayant à son bord Charles Darwin, traversant l’océan Paci-
- 1. L. Vaillant. — Recherches sur la famille des Tri-dacnidea. Annales des Sciences naturelles, Zoologie, 5 (IV),
- 1865, p. 65-172.
- fique et l’océan Indien, débarquait le grand naturaliste sur l’île de Cocos, au sud de Sumatra, et cela nous valut un livre immortel : The structure and distribution of coral reefs où l’on trouve la première théorie des formations coralliennes. Depuis d’autres ont vu le jour et le sujet est resté à l’ordre du jour des curiosités anglaises.
- Le plus grand récif du monde est celui qui, sous le nom de Grande Barrière, borde la côte nord-ouest de l’Australie, du détroit de Torrès jusqu’au nord de Bris-bane, sur une longueur de 2000 km. L’État de Queensland, qu’il cerne vers la mer, avait créé en 1922 un comité pour l’étudier. En 1927, la « British Association for the Advancement of Science » s’intéressa à ses travaux et un
- Fig. 1. — Un Tridacne géant (Tridacna derasa) long de plus de 1 m, en partie émergé à mer basse.
- Les lobes du manteau empêchent les valves de se fermer complètement. Photo M. J. Yonge.)
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- Fig. 2. — Un Tridacna derasa en expansion, photographié verticalement dans l'eau qui vient de le recouvrir.
- L’orifice inhalant (à gauche) est clos et l’exhalant (à droite) largement ouvert. (Photo M. J. Yonge.)
- groupe de naturalistes et de géographes fut envoyé sur place pour observer les coraux vivants et les autres habitants des récifs. Ce fut la Great Barrier Reef Expédition, conduite par M. C. M. Yonge, physiologiste du Laboratoire maritime de Plymouth. Après un peu plus d’un an passé sur la Grande Barrière, l’expédition revint, ayant accumulé un nombre considérable d’observations, de photographies et de documents de toutes sortes.
- Fig. 3. •— Un Tridacne d’espèce plus petite et perforante :
- Tridacna crocea.
- On compte douze individus dans ce bloc de corail photographié à mer basse. (Photo M. J. Yonge.)
- M. Yonge a conté ce merveilleux voyage et présenté l’ensemble de ses résultats dans un volume paru en 1930 (x). Depuis, les détails des observations scientifiques ont fait l’objet de rapports scientifiques publiés par le « British Muséum ».
- Le dernier sorti est justement consacré par M. Yonge à la biologie des Tridacnes (2) et c’est ainsi que nous somipes amené à parler de ces animaux.
- Les Tridacnes sont parmi les plus abondants et les plus remarquables habitants des récifs de la Grande Barrière. Le plus extraordinaire est l’espèce géante, Tridacna derasa; les plus nombreux sont le « sabot de cheval », Hippopus hippopus et l’espèce perforante Tridacna crocea.
- La famille des Tridacnidés, voisine de celle des Cardiidés qui comprend les « coques » de nos côtes, se divise naturellement en deux groupes : les petites formes munies d’un byssus et logées dans la roche corallienne, telle T. crocea, et les grandes non fixées, reposant par leur poids sur la surface des récifs, telle T. derasa ou sur le sable calcaire, tel H. hippopus.
- T. derasa est de beaucoup le plus grand lamellibranche connu, de toutes les espèces vivantes ou fossiles. Sa taille n’est dépassée, dans la classe des Mollusques, que par quelques céphalopodes géants. On en connaît de 1 m. 35 de long et de 75 cm. d’épaisseur qui pesaient probablement plus de 200 kg. Le plus grand individu vu par Yonge est celui représenté figure 1 et dont la taille dépassait légèrement un mètre; il était si lourd que deux hommes n’arrivaient pas à le soulever.
- L’animal vit normalement posé sur sa charnière, les deux valves de la coquille dirigées vers le haut. Cette position, exceptionnelle chez les lamellibranches, modifie les rapports des organes habituels chez les Cardium. A mer basse, l’animal est rétracté dans sa coquille, sans que les valves se ferment complètement (fig. 1). Quand il est recouvert par l’eau, les valves s’écartent et le manteau s’étale largement (fig. 2). Celui-ci est épais, coriace, lobé et présente les plus vives couleurs, du brun au vert olive, avec des zones plus claires et des taches vert émeraude.
- Les grands bénitiers ont très mauvaise réputation. Ils bâillent par l’effet d’un ligament placé dans la région de la charnière quand le muscle adducteur, fixé au milieu de chaque valve, se relâche; mais celui-ci a près de 15 cm de diamètre et quand il se contracte brusquement, les deux valves se rapprochent avec une force irrésistible. On ne compte pas les pêcheurs et les plongeurs indigènes — sans parler de quelques Européens — saisis dans ces mâchoires alors qu’ils mettaient imprudemment un bras
- 1. C. M. Yonge. A year on the Great Barrier Reef. Putnam, London and New York, 1930.
- 2. C. M. Yonge. Mode of life, feeding, digestion and symbiosis with Zooxanthellae in the Tridacnidae. Great Barrier Reef Expédition 1928-1929. Scientific Reports. Vol. I, n° 11. British Muséum (Natural History), London, 1936. Prix : 5 sh.
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- Fig. 4. — Le récif de Dali Reef photographié à mer basse, habitat typique d’Hippopus hippopus, dont plusieurs individus sont visibles en premier plan, de Tridacna derasa et des autres espèces de surface. (Photo G. W. Otter.)
- ou un pied sur le manteau, entre les valves, et maintenus prisonniers tandis que la mer montait. On peut cependant faire lâcher prise au mollusque en glissant une barre de fer entre le manteau et la coquille, vers le milieu de celle-ci, et en frappant jusqu’à ce que le muscle adducteur soit déchiré.
- Les formes fouisseuses, plus petites, ont un manteau qui s’étale plus largement encore.
- T. crocea n’atteint que 15 cm. et a un manteau bleu foncé; T. elongata et T. maxima, deux fois plus grandes, ont les plus belles couleurs du récif : bleu, pourpre, orange, brun, jaune, vert, toutes sauf le rouge. Les jeunes se logent dans une fente du corail mort ou une carapace vide de balane; ils sont solidement fixés par un byssus, comme les moules sur un rocher. En grandissant, ils commencent à forer avec la région de la charnière et s’installent peu à peu dans le trou qu’ils façonnent et agrandissent, en présentant le manteau vers le haut.
- La coquille-est la seule défense des Tridacnes.
- Malgré sa taille formidable, T. derasa n’a aucune moyen d’attaque et ne se nourrit que des fines particules en suspension dans l’eau, dont beaucoup sont microscopiques. Sur le manteau étalé (fig. 2), on distingue deux orifices : l’un long et mince, inhalant; l’autre rond et proéminent, exhalant. L’eau entre par le premier dans une cavité où se trouvent les branchies couvertes de cils; les particules sont ainsi filtrées et conduites vers la bouche munie de palpes ciliés tandis que l’eau est éjectée par l’orifice exhalant. De temps à autre, une contraction du muscle adducteur expulse les parcelles trop grosses et les excreta. Quand la mer recouvre tout juste les Tridacnes, on les reconnaît de loin aux jets d’eau qu’ils lancent ainsi.
- Le manteau richement coloré, largement étalé au soleil, n’est pas qu’un ornement. Quand on le blesse, il en sort une spume brunâtre dans laquelle on reconnaît, sous le microscope, une multitude de cellules sphériques, brunes, qui sont des zooxanthelles. On en trouve partout, dans les tissus et aussi dans le tube digestif où les phagocytes sont bourrés de ces algues en cours de digestion (fig. 5) ; mais elles sont extraordinairement nombreuses dans les bords du manteau où elles forment des amas autour d’organes hyalins que Vaillant avait pris pour des yeux.
- La présence d’algues unicellulaires dans les tissus des mollusques est rare et a les caractères d’une infection. Chez les Tridacnes, elle est constante et constitue une véritable symbiose; les zooxanthelles sont logées, protégées, exposées à la lumière dans le manteau du lamelli-branche; elles ne peuvent vivre librement, en dehors de leur hôte; elles trouvent en lui l’acide carbonique, les nitrates, les phosphates dont elles ont besoin. Mais il en transporte constamment, probablement par voie sanguine, dans la masse viscérale où les phagocytes s’en emparent, les digèrent et les déposent en réserve de
- nourriture, sans détruire l’énorme source qui se multiplie dans le manteau.
- 11 est possible que cette association explique la taille énorme qu’atteignent les Tridacna derasa, tout à fait exceptionnelle chez un herbivore uniquement mangeur de plancton.
- Comme on le voit, les « bénitiers » méritaient, bien d’être observés vivants, dans leur habitat. On doit féliciter la Great Barrier Reef Expédition et son chef M. Yonge de nous en avoir tant appris (1).
- René Merle.
- 1. Nous remercions vivement le Brilish Muséum (Natural History) de nous avoir aimablement autorisé à reproduire quelques illustrations du mémoire de M. Yonge.
- Fig. 5. — Un phagocyte de l’estomac de Tridacna crocea, bourré de zooxanthelles à divers stades de digestion.
- Grossissement : 2000. (D’après C. M. Yonge.)
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- L’ÉLECTRONIQUE A L’AIDE DE L’ASTRONOMIE
- LA LUNETTE A ÉLECTRONS
- Vers la pompe
- l/ers la pompe
- Bobine magnétique
- Lumière
- Electrons
- Photo
- cathode
- Schéma de la limette à électrons de M. André Lallemand.
- Fig. 1.
- On sait le progrès qui, depuis quelques années, emporte la technique astronomique à une vitesse accélérée. Le grand public même a été mis au courant des péripéties qui ont entouré la fabrication du grand miroir de 5 m destiné au télescope géant du Mont-Palomar, et personne n’ignore qu’après les études entreprises de longue date par M. Ernest Esclangon et grâce à M. Jean Perrin, un observatoire doté de moyens puissants va prochainement être édifié en liaute-Provence. Mais il est plus curieux encore de constater l’appui imprévu que l’électronique se prépare à apporter à l’astronomie. La lunette à électrons, tel semble être, en effet, le dernier mot du progrès dans cette branche de la science.
- Les électrons émis par une cathode électrisée — ou plutôt les ondes qui, selon la mécanique ondulatoire, leur sont associées — peuvent être assujettis, rappelons-le, aux lois d’une optique analogue à celles de l’optique ordinaire. Soit que l’on force le faisceau électronique à franchir le champ magnétique d’une bobine, soit qu’on lui fasse traverser le champ électrique d’un condensateur, on imprime ainsi au rayonnement une déviation comparable à celle qu’inflige une lentille de verre à un
- rayon lumineux. Ainsi réalise-t-on des lentilles électroniques. De cette ingénieuse technique, les applications les plus récentes sont sans doute Y oscillographe cathodique — qui fait appel, il est vrai, à un véritable prisme électronique à indice variable —- et le microscope électronique, déjà décrit dans cette revue (*).
- On se souvient que le dispositif utilisé comporte un llux d’électrons provenant d’une cathode et traversant une bobine-condenseur, un porte-objet, puis les deux bobines objectif et oculaire, avant d’aller finalement former l’image sur un écran fluorescent. Les lentilles sont, dans l’appareil de M. Marton, électromagnétiques, et électrostatiques dans celui de MM. Knoll et Hess. Ce genre de microscope a déjà donné des résultats intéressants et ses créateurs ont le ferme espoir d’obtenir des grossissements supérieurs à ceux du microscope à lumière, dont l’essor est fâcheusement brisé par les phénomènes de diffraction.
- En présence d’un instrument plongeant aussi audacieusement dans l’infiniment petit, les astronomes devaient fatalement se demander s’il n’était pas possible d’employer le même procédé pour explorer l’infiniment grand, en perfectionnant les télescopes. Comme prélude à cette invention, Zworykin imagina le télescope électronique (2), qui permet d’agrandir, en lumière infra-rouge, l’image des préparations microscopiques, mais il était réservé à un astronome français, M. André Lallemand, de l’Observatoire de Strasbourg, de concevoir et de réaliser la première adaptation de l’optique électronique à l’astronomie.
- De cette adaptation, le principe est aisé à comprendre : l’image formée au foyer de la lunette est projetée sur une cellule photoélectrique qui, ainsi impressionnée, envoie un jet d’électrons. Ces électrons sont accélérés, puis leur faisceau, réfracté par une lentille ad hoc, est dirigé sur un écran fluorescent ou sur une plaque photographique qui recueille l’image définitive.
- La cathode photosensible de la cellule est circulaire et d’un diamètre de 8 cm. Les électrons qu’elle émet sont accélérés par leur passage à travers une lentille électro-statique constituée par les armatures d’un condensateur, et réfractés par une lentille magnétique, qui n’est autre qu’une bobine plate, d’un diamètre de 10 cm, que parcourt un courant de 0,5 ampère environ. C’est le réglage de celle-ci qui permet la mise au point précise de l’image. Cette image est reçue par un écran au sulfure de zinc, placé à 35 cm de la cathode, et destiné à la vision directe. Il est inutile de souligner que, dans la généralité des cas, l’astronome le remplacera par la plaque photographique.
- 1. Article de M. A. Boutaric dans La Nature du 15 mai 1935.
- 1. Article de M. P. Hémardiaouer dans La Nature du 15 mai 1936.
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- La figure 2 montre l’ensemble de l’installation créée par M. Lallemand. Au milieu de la table se trouve l’appareil amplificateur à tensions élevées. Remarquons d’ailleurs que l’emploi de celles-ci n’est pas seul à conduire au but désiré : il est possible de faire usage des couches multiplicatrices d'électrons. Toutefois, nous dit M. Lallemand, « avant d’en faire une application pratique à l’astronomie, il faut en étudier la technique, travail qui demandera un temps assez long. » A droite de la table, on voit la pompe à vide très poussé. N’oublions pas, en effet, que les rayons cathodiques ne sauraient se propager dans l’air et que tout le système d’optique électronique est logé dans un tube de verre où l’on a fait le vide. On note, à gauche, le générateur à hautes tensions. Enfin, la figure 4 montre plus spécialement la cellule, dont la photocathode reçoit l’image lumineuse, et la bobine servant de lentille magnétique.
- La caractéristique de cet appareil, c’est donc de « tirer parti de l’énergie des photoélectrons pour produire des effets dont les photons eux-mêmes seraient incapables ». Comme la brillance du sulfure de zinc augmente très rapidement avec la vitesse des photoélectrons, comme elle est du même ordre que celle de la cathode pour une différence de potentiel de 6000 v, comme, de plus, la science sait aujourd’hui produire des tensions de plusieurs millions de volts, on conçoit que le rendement possible soit incomparablement supérieur à celui d’un télescope à lumière, et que la sensibilité en soit extraordinaire. « D’après les données de Kluge et de Rajewsky, dit M. Lallemand, on peut espérer obtenir ainsi une sensibilité dix fois supérieure à celle de l’œil mesurée dans le jaune-vert. Cette augmentation de sensibilité se chiffre en astronomie par un gain de dix magnitudes par rapport à l’observation visuelle... Remarquons qu’avec des plaques extra-rapides, il faut actuellement une demi-heure pour photographier, au foyer d’une lunette, toutes les étoiles que l’œil peut déceler; avec les plus longues poses réalisables en pratique (une douzaine d’heures), on gagne trois magnitudes, alors que, dans les expériences de Rajewsky, le dénombrement des photons ne s’effectuait que pendant dix à douze minutes ».
- M. Ernest Esclangon n’a pas manqué de faire ressortir l’extrême intérêt d’une telle technique. « Il est clair, remarque-t-il, que si l’on peut obtenir, par accélération électronique, des amplifications d’activité photographique de l’ordre de mille, par exemple, cela revient à multiplier par trente l’ouverture d’une lunette ou télescope astronomique. » Ce qui signifie qu’un instrument d’un mètre d’ouverture équivaut, ainsi équipé, à un télescope de 30 m ! Six fois l’ouverture du gigantesque télescope en construction à Pasadena !
- On pourrait craindre que la précision et la finesse des images ne se ressentent d’une amplification poussée aussi loin. Or, elles sont au moins aussi grandes que dans les lunettes ordinaires, à tel point qu’il peut être encore envisagé d’agrandir, par le même moyen, les images fournies !
- Est-ce à dire que toutes les difficultés soient d’ores et déjà vaincues ? Certes non, et la préparation des couches sensibles de la photocathode, celle des couches multipli-
- Fig. ;S. — L’oculaire du grand équatorial coudé où pourrait être aisément installé le dispositif.
- calriees d’électrons posent encore des problèmes qui seront, n’en doutons pas, prochainement résolus, de même que la difficulté opposée par l’éclairement du fond du ciel à l’amplification des astres très faibles. Quant à l’installation même, il paraît logique de la disposer à l’oculaire d’un équatorial coudé, que sa fixité et sa puissance désignent tout particulièrement pour cet usage.
- Ces quelques obstacles étant réservés, on conçoit que l’invention de M. Lallemand ouvre aux astronomes une voie nouvelle et les perspectives les plus p r ometteuses.
- Après avoir montré le chemin, espérons donc que l’astronomie française sera la première à donner, par cette ingénieuse découverte, les photographies célestes attendues.
- Pierre
- Rousseau.
- Fig. 4.— La cellule qui reçoit l'image à amplifier.
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- -----LE BOTULISME -------------
- DANGEREUSE INTOXICATION ALIMENTAIRE
- De temps en temps, on peut lire dans les faits divers de la presse d’information le récit d’empoisonnements alimentaires collectifs.
- Certains, causés par de la charcuterie, du poisson fumé, salé et saumuré, des conserves, sont dus au bacille botuli-nique.
- HISTORIQUE
- Le bacille botuliniqne étant très répandu dans la nature, il est probable que les intoxications qu’il provoque ont existé de tout temps. Cependant, ce n’est qu’au xvnxe siècle qu’on commença à en parler. L’empoisonnement de 13 personnes, dont 6 moururent, survenu en 1793 à Baden après consommation de saucisson, attira l’attention des médecins et des autorités. D’autres cas analogues furent ensuite observés, et le public fut mis en garde contre la consommation de saucisson suspect ou avarié. Au début du xixe siècle on nota, encore en Allemagne, l’empoisonnement massif de 124 personnes, dont 48 morts.
- En 1817, le Dr Kdrner, du Gandeldorf (Wurtemberg), écrivit un ouvrage sur les empoisonnements par le « poison du saucisson », auxquels il donna le nom de botulisme (de botula, saucisse en latin).
- En Russie, le Dr Tchougine décrivit, en 1883, un cas d’empoisonnement par des harengs saumurés survenu en novembre 1881 à Rostov-sur-Don. En 1885, le Dr Von Anrep en observa un autre par l’esturgeon salé, qui entraîna 5 morts. Les accidents dus à la consommation du poisson conservé : salé, saumuré, fumé ou séché, devinrent si nombreux et provoquèrent une telle méûance que le syndicat des pêcheurs fonda un prix en espèces de plusieurs centaines de milliers de francs, déposé à la Banque de l’Etat et destiné avec ses intérêts composés à récompenser le savant qui découvrirait un antidote actif contre ce mystérieux « poison du poisson ».
- On accusa d’abord la viande ou le poisson avarié, en état de décomposition avancée, mais cette hypothèse fut vite abandonnée, puisque les Kalmouks (tribus nomades d’origine mongole) consomment impunément de la viande chevaline très faisandée et que certains indigènes demi-sauvages de l’extrême nord de la Sibérie mangent du poisson non moins avarié.
- Wunderlich avait même émis une hypothèse plus fantaisiste : selon lui, ce poison mystérieux ne serait autre que le venin salivaire de l’animal, diffusé dans son corps sous l’influence de l’effroi, au moment de sa mort !
- On admettait deux poisons et deux affections distinctes : l’empoisonnement par le poison du saucisson ou botulisme; l’empoisonnement par le poison du poisson ou ichtyosisme. Cependant certains auteurs russes avaient déjà supposé une origine microbienne; par exemple, le Dr Tchougine écrivait « qu’il faut admettre la présence d’un poison spécial sécrété par des organismes inférieurs, nuisibles, inconnus », et le Dr Von Anrep que. le « poison du poisson » « serait un produit organique sécrété par des microbes spéciaux ».
- En 1895, le Dr belge Van Ermengem découvrit l’unique agent de ces deux intoxications : le Bacillus botulinus, dans les circonstances pittoresques suivantes.
- En août 1895, au village d’Ellezelles (Belgique), douze sur trente-quatre des membres d’une union de musiciens avaient manifesté des symptômes d’empoisonnement après avoir assisté aux funérailles d’un de leurs collègues et participé au repas funèbre. Trois moururent peu après.
- Parmi les nombreux mets consommés, un jambon attira l’attention : vingt-deux musiciens qui n’avaient pas mangé de ce jambon cru étaient indemnes; les douze malades en avaient mangé.
- L’enquête menée par le Dr Van Ermengem découvrit que deux jambons provenant d’un même porc avaient été mis, en même temps, dans la saumure. L’un placé au fond du tonneau était entièrement recouvert par la saumure et par une couche de graisse; l’autre placé au-dessus n’était pas recouvert complètement et s’était légèrement avarié. Seul le jambon du fond, apparemment sain, avait été servi aux musiciens; l’autre apparemment suspect avait été consommé deux jours plus tard sans causer de nouveaux accidents.
- Van Ermengem, ayant fait des prélèvements et les ayant ensemencés en milieu anaérobie obtint, à partir du seul jambon du fond, des colonies de bâtonnets, d’un aspect jusque-là inconnu, qu’il appela Bacillus botulinus. Par contre, les ensemencements à partir de l’autre jambon ne donnèrent que des colonies de saprophytes aérobies vulgaires tels que B. coli, B. proteus, etc...
- Les bacilles botuliniques découverts par Van Ermengem, inoculés par lui au lapin, au cobaye, au singe, au chat et à la souris, déclanchèrent les mêmes symptômes que chez l’homme. L’inoculation des cultures isolées du deuxième jambon ne provoquèrent pas d’accidents.
- Malgré la découverte du Dr Van Ermengem, malgré l’isolement du bacille botulinique à partir de l’esturgeon et du saumon blanc, en 1914 par le Dr Constantinov, les médecins russes continuèrent à croire à l’existence d’un « poison du poisson » jusqu’en 1930, quand Baranova, Glotova et Welikanow prouvèrent qu’il s’agit, dans tous les cas, du même agent, le Bacillus botulinus.
- On a retrouvé le bacille botulinique, en dehors de la charcuterie et du poisson, dans des conserves de légumes et même dans le fromage (Mary Nevin, 1914). Cependant la plupart des bactériologistes considéraient ces cas isolés comme dus à des contaminations occasionnelles. Ils attribuaient, par exemple, la contamination du fromage à son contact avec un saucisson; la contamination des conserves de haricots au fait de leur cuisson avec de la viande infectée par le bacille.
- En 1915, les travaux du docteur américain Dickson démontrèrent indiscutablement que le B. botulinus peut se développer aussi bien sur des protéines végétales que sur les milieux animaux.
- Les pays où le botulisme s’observe le plus souvent sont : l’Allemagne, à cause de la grande consommation
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- de charcuterie; l’U. R. S. S., où il est dû au poisson salé, saumuré, fumé; surtout l’Amérique du Nord, où les conserves en boîtes tiennent une si grande place dans l’alimentation.
- En France, en plus des cas très rares indiscutablement diagnostiqués, il est probable que d’autres passent inaperçus sous"» le nom d’empoisonnements alimentaires. Malheureusement, il est à craindre que par suite des changements des conditions de vie — alors que beaucoup de ménages sont privés de domestiques, que tous leurs membres, obligés de travailler, se contentent de repas vite cuits et faciles à confectionner, c’est-à-dire comprenant surtout des aliments préparés d’avance et des conserves en boîtes — le botulisme ne prenne une plus grande extension.
- L’AGENT
- Le Bacillus botulinus est un gros bâtonnet rectiligne, de 4 à 9 p. de long sur 0 p. 9 à 1 p. 2 de large, aux extrémités mousses. Dans les cultures, il se présente soit en bâtonnets isolés, soit par paires, soit en chaînettes. 11 est peu mobile, et les colorations spéciales mettent en évidence des cils péritriches. Le nombre de ces cils était jusqu’à ces temps derniers évalué de 4 à 9 par les maîtres de la bactériologie. Or, en réalité le B. botulinique possède un nombre de cils très supérieur, comme le montre notre microphotographie (fig. 1). L’erreur provenait de mauvaises techniques de coloration et surtout de la centrifugation entraînant la cassure des cils qui sont extrêmement fragiles. Un procédé relativement simple, mis récemment au point par M. S. Levenson au laboratoire du Dr M. Weinberg, à l’Institut Pasteur de Paris, permet maintenant d’obtenir de magnifiques colorations de microbes ciliés.
- Le bacille botulinique se développe sur tous les milieux ordinaires (bouillon, gélatine, gélose, etc.) et la température optima de son développement est de 18° à 25°. Cependant, il peut se développer tout aussi bien à 37°, température courante de l’étuve bactériologique. Il est strictement anaérobie, c’est-à-dire qu’il ne se développe qu’en absence d’oxygène.
- Le B. botulinus se reproduit par scissiparité et par spores (fig. 2). Ces spores sont extrêmement résistantes à tous les agents extérieurs. La température de 100° ne les tue qu’au bout de six heures. Elles sont détruites à la température de 120° après 4 à 10 minutes. Elles conservent leur vitalité et leur virulence pendant 14 mois à la température de — 16°, et pendant 2 mois à la température de — 79° ! Quant aux agents chimiques, il faut une solution d’acide chlorhydrique à 10 pour 100 pour les tuer au bout d’une heure, et une solution de formol à 50 pour 100 ne les atteint qu’après 24 heures !
- Ces résistances exceptionnelles expliquent les dangers de propagation de ce bacille.
- Mayer et Long ont démontré que la résistance à la chaleur de la spore botulinique est nettement renforcée par la présence d’un microbe (non pathogène) qu’ils ont trouvé dans les boîtes de conserves et auquel ils ont donné le nom de B. caloritolerans. Les spores de ce dernier ne sont pas détruites par 8 heures et demie d’ébulli-
- .. ..— ............ — 157 =
- tion. Lorsque le bacille botulinique se trouve en symbiose avec lui, les spores botuliniques acquièrent la faculté de résister à 100° pendant 8 heures, au lieu de 6, considérées généralement comme un maximum.
- LA TOXINE BOTULINIQUE
- Le bacille botulinique excrète une toxine soluble qui résiste à l’action du suc gastrique. C’est elle qui crée les troubles morbides et provoque parfois la mort. Le bacille est inofï'ensif, car il ne se multiplie pas dans l’organisme vivant. En conséquence le botulisme, malgré son origine microbienne, est exclusivement une intoxication.
- Les nombreuses recherches effectuées, surtout en ces dernières années, en Allemagne, en Amérique, en France et en U. R. S. S., laissent encore bien des points mal
- Fig. 1. — Bacille bolulinique variété B (Bacillus botulinus B), avec ses cils.
- Coloration par la méthode de S. Levenson.
- éclaircis concernant la toxine botulinique et notamment les causes des variations de sa toxicité. On rencontre des souches atoxiques qui n’engendrent aucun trouble perceptible. D’autres ont une toxicité si redoutable qu’un cinq-millionième de centimètre cube suffit pour tuer deux souris (Brieger et Kempner).
- Les bactériologistes distinguent actuellement quatre variétés du B. botulinus, indiquées par les lettres A et B (deux variétés établies par M. Burlce), C (variété établie par Bengtson) et D (variété établie par Meyer et Gunnison). Ces variétés diffèrent par quelques propriétés biologiques et morphologiques et par leur degré de toxicité; chacune n’est neutralisée que par l’anatoxine provenant de la même variété.
- La variété A sécrète la toxine la plus virulente; elle s’observe ordinairement dans les intoxications botuliniques en Amérique du Nord et en U. R. S. S. La variété B
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- sécrète une toxine moins active; on la rencontre dans le reste)de l’Europe.
- Cependant certains pensent que la virulence est due surtout aux conditions de développement : les protéines végétales en milieu strictement anaérobie, telles qu’on les trouve dans les boîtes de conserves hermétiquement closes, seraient particulièrement favorables à la formation de toxines redoutables; par contre, un milieu compact représenté, par exemple, par le saucisson ou la viande, serait moins dangereux. Cependant, la toxine botulinique développée sur des viandes peut se concentrer dans ce milieu compact et relativement sec (lîg. 3). La dose ingérée se trouvera ainsi notablement augmentée.
- FRÉQUENCE DU BACILLE BOTULINIQUE
- Dans son travail réunissant plus de 6000 examens du sol, de divers produits végétaux, de fourrages, d’excréments d’homme et d’animaux, etc., M. Burke arrive à la conclusion suivante : « Il est démontré que le bacille botulinique se rencontre partout dans la nature comme un microbe anaérobie du sol ». 11 se trouve sur tous les fruits, surtout sur les taches des fruits en apparence sains (30 pour 100), les baies, les légumes, les fourrages, etc. On a pu le déceler sur des insectes et sur des haricots piqués par eux. Pourtant l’ingestion de tels végétaux frais ou fraîchement cuits est sans aucun danger; elle ne provoque ni infection, ni intoxication botuliniques. Il faut au bacille l’intermédiaire d’une conserve, d’un milieu anaérobie de culture pour que la toxine prenne naissance.
- Si le bacille botulinique fut aussi isolé parfois des excréments d’animaux (10 pour 100), du foie des coqs de bruyère et du canard, des intestins de gros poissons (de 5 poiir 100 à 12,5 pour 100), cela ne signifie pas que des êtres vivants peuvent être considérés comme réservoirs de ce bacille. En réalité, les bacilles isolés provenaient de la noui-riture sohiillée de terre renfermant le bacille. Les bacilles botuliniques ne provoquent chez les animaux qui les ont ainsi avalés aucun symptôme morbide. Mais la chair de ces animaux mise en conserve et mal stérilisée peut conserver le bacille vivant qui se multipliera en anaérobiose et sécrétera sa néfaste toxine.
- Les travaux récents des missions de l’Institut Metchni-ltofï de Kharkov (U. R. S. S.), effectués sur les lieux de
- pêches et dans les usines de conserves, permettent de conclure que la contamination de conserves se produit d’ordinaire occasionnellement lors de leur préparation, par les mains, les outils ou l’eau souillés de terre renfermant le bacille ou ses spores.
- MODE
- D’INTOXICATION
- L’intoxication se produit exclusivement par-ingestion d’aliments pré-
- parés d’avance et conservés. C’est la toxine répandue dans les aliments contaminés par le bacille botulinique qui provoque tous les troubles morbides.
- Exceptionnellement, l’intoxication peut se faire par d’autres voies, sauf celle intra-rectale qui est absolument inofl'ensive, quelle que soit la dose employée. Récemment, à l’Institut Pasteur de Paris, le Dr P. Marie paya de sa vie ses études du botulisme, à la suite de la projection d’une parcelle de toxine dans l’œil.
- La gravité des intoxications varie avec le degré de toxicité et la quantité absorbée. On peut ingérer impunément des aliments manifestement contaminés par un bacille botulinique dont la toxine est inactive. On peut s’en tirer avec des troubles plus ou moins intenses, quand la toxine est peu active. Enfin on peut mourir d’avoir absorbé un aliment apparemment sain, contenant une toxine extrêmement violente. La toxicité ne peut être déterminée que par une inoculation expérimentale à l’animal réceptif de laboratoire.
- Voici d’ailleurs les résultats des examens bactériologiques de 529 échantillons d’aliments les plus susceptibles d’être contaminés par le bacille botulinique, effectués, dans le courant de 1935, par l’Institut Metchni-koff de Kharkov (U. R. S. S.) :
- Poisson congelé 17,5 % contaminations
- — salé 14,3 % —
- — séché 18,3 % —
- Conserves de poisson 8,3 % —
- — de légumes 2,7 % —
- — de viande 15,0 % —
- Malgré les taux élevés d’aliments contaminés par le bacille botulinique, disons que la plupart ne contenaient que des bacilles atoxiques. De même Thompson et Tanner, sur 174 boîtes de conserves d’épinards provenant de différentes fabrications et manifestement contaminées par le B. botulinique, n’ont trouvé que 6 boîtes contenant une toxine active. Cependant tous ces auteurs font des réserves sur la durée de l’atoxicité : ils n’excluent pas la possibilité de la formation de toxine active pendant le séjour en boîte prolongé de conserves contenant le bacille botulinique atoxique.
- INTOXICATION
- Les premiers symptômes du botulisme commencent à se manifester 18 à 30 heures après l’ingestion de l’aliment contaminé. L’incubation, absolument silencieuse, peut durer jusqu’à 4 jours. On pense que sa durée est généralement inverse de la quantité de toxine ingérée.
- Ces premiers symptômes se manifestent le plus souvent sous la forme de troubles visuels : l’intoxiqué voit les objets voilés et même doubles. Cette particularité entraîne parfois une erreur : dans bien des cas le malade s’adresse, en premier lieu, à un opticien ou à un ophtalmologiste.
- Un malaise indéfinissable, avec sensation de fatigue et de faiblesse musculaire, vient ensuite. Cette dernière se manifeste surtout dans les muscles du cou : le malade a la sensation que le poids de sa tête est si augmenté qu’il lui devient difficile de la remuer.
- On n’observe presque jamais de diarrhée, mais au
- Fig., 2. — Trois bacilles botuliniques apec leurs spores formées el trois sans leurs cils.
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- contraire, de la constipation. Les nausées et les vomissements, transitoires et passagers, ne s’observent que très exceptionnellement et seulement dans les cas d’intoxications à début rapide.
- La rétention d’urine commence aussi dès le début.
- Tous ces symptômes sont les conséquences des paralysies progressives des nerfs qui commandent la vue, les mouvements, les sécrétions, etc...
- Bientôt l’intoxiqué s’alite. Les paralysies silencieuses et profondes s’installent dans la plupart des parties du corps.
- Les pupilles du malade sont dilatées, comme lors d’un empoisonnement par l’atropine et elles réagissent mal à la lumière. Les paupières sont tombantes et les yeux étant fixes et figés dans leurs orbites, à cause de leurs mouvements paralysés, expriment une expression de torpeur. L’intoxiqué ne reconnaît plus les personnes de son entourage, bien que sa connaissance reste complète.
- Malgré une grande soif, qu’il accuse, il ne peut, à cause des spasmes dans la gorge, avaler même de liquide; il le rejette par les narines.
- Sous l’influence de la paralysie du larynx, sa voix et la toux deviennent rauques. Sous la même influence, la plupart des sécrétions se ralentissent puis cessent : la peau et les muqueuses deviennent d’une sécheresse extrême.
- Puis la respiration devient difficile et superficielle : la thorax se gonfle avec peine et les ailes du nez palpitent. La cyanose s’installe et l’intoxiqué succombe, dans une angoisse terrifiante, à la suite d’une asphyxie progressive, généralement, ou à la suite d’une bronchopneumonie de déglutition exceptionnellement.
- On n’observe jamais de fièvre.
- Il paraît que la toxine botulinique n’a aucune action sur le cœur; effectivement ce dernier continue de battre quelques minutes après que la respiration a cessé.
- C’est aussi la paralysie qui arrête toutes les sécrétions digestives, si complètement que les autopsies ont permis d’extraire de l’estomac d’intoxiqués le repas incriminé, presque intact, cinq jours après.
- Lorsque l’intoxication est moins grave, les symptômes morbides, après avoir atteint leur maximum vers le dixième jour, commencent à s’atténuer. La rétention d’urine cède en premier lieu, puis, à la suite de la régression des paralysies, la difficulté de la déglutition s’amende et la sécrétion salivaire se rétablit. La faiblesse musculaire et la constipation disparaissent ensuite. C’est le premier symptôme apparu sous forme de troubles visuels qui est le plus tenace; sa complète disparition demande plusieurs semaines ou même plusieurs mois.
- Selon les statistiques, la mortalité due aux intoxications botuliniques fut. jusqu’à ces temps derniers, de 57 pour 100 à 90 pour 100 aux États-Unis; de 9 pour 100 à 31 pour 100, en Allemagne; et de 67 pour 100 à 93 pour 100 en U. R. S, S.
- Ces statistiques se rapportent seulement aux cas graves. Ceux plus légers, qui se traduisent par un léger malaise, sans nécessiter l’appel d’un médecin, ont échappé sûrement aux statistiques, surtout sur les grands territoires de l’Amérique du Nord et de l’U. R. S. S.; ils sont probablement bien plus nombreux.
- Fig. 3. — Toxine botulinique précipitée, desséchée et pulvérisée. Cette quantité (1 gr environ) suffirait pour intoxiquer un millier de personnes.
- SÉROTHÉRAPIE
- Il n’existait, jusqu’à ces derniers temps aucun remède efficace contre l’intoxication botulinique. Mais le Dr M. Weinberg, de l’Institut Pasteur de Paris, avec son collaborateur Goy, a préparé, le premier, une anatoxine botulinique. Ces auteurs ont montré qu’il est possible de vacciner les animaux avec cette anatoxine et même de préparer un sérum antibotulinique contre les deux types (A et B) les plus toxiques de l’espèce botulinique (x).
- Ce sérum est beaucoup plus actif vis-à-vis de la toxine A que de la toxine B. Ils ont donc conseillé de suivre la même technique que pour la préparation du sérum antigangreneux polyvalent : préparer des sérums monovalents très actifs anti-A et anti-B, et les mélanger.
- C’est la technique qui a été suivie par le bactériologiste russe Welikanov. Ce dernier a eu la possibilité d’appliquer au traitement d’un grand nombre de cas de botulisme, le sérum antibotulinique A et B. Il a observé, en ces cinq dernières années, 194 cas de botulisme causés par l’ingestion de poisson, de charcuterie ou de conserves. 119 cas ont été traités par le sérum, les 75 autres ont servi de témoins. Sur 119 malades traités, 24 seulement, c’est-à-dire 20 pour 100, sont morts (succès 80 pour 100), tandis que sur 75 intoxiqués non traités, on a compté 70 morts, c’est-à-dire une mortalité de 93 pour 100 des cas.
- * *
- On voit donc que, grâce aux recherches de Weinberg et Goy et à celles de Welikanov, le problème de la sérothérapie antibotulinique peut être considéré comme résolu.
- W. N. Kazeeff.
- (1) Weinberg, Nativelle et Prévôt. Les microbes anaérobies. Masson et Cie, éditeurs, Paris, 1937.
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- LA TÉLÉVISION PAR LE SYSTÈME SCOPHONY
- Les amateurs de télévision ont recours, pour la réception, dans la majorité des cas, au système cathodique; les caméra électroniques d’émission sont de plus en plus en faveur pour la télévision à haute définition.
- Les dispositifs électro-mécaniques et les modulateurs de lumière correspondants sont-ils définitivement condamnés? Rien de moins certain. Témoin l’originale méthode créée par la Société Scophony, et dans laquelle on a recours à un analyseur électro-mécanique.
- Le récepteur qui l’utilise permettrait de recevoir des images de 1 m 50 X 1 m 20 avec une trame à 240 lignes et une cadence de 25 images par seconde; la brillance serait très satisfaisante. Un récepteur normal d’amateur permettrait avec une lampe à incandescence d’obtenir des images de 0 m 40 X 0 m 30; enfin, avec des appareils de laboratoire, on aurait pu réaliser des projections sur écran de près de 4 m de large et de 3 m de haut !
- Le procédé Scophony dans son ensemble est caracté-
- Source ^ lumineuse
- Source
- lumineuse
- Système à échelon
- 2? lentille cylindrique , croisée
- 1e:elentille cylindrique
- Elément actif à un moment donné
- Image finale obtenue
- Fig. 1. — L’effet optique produit par une lentille cylindrique.
- Au dessous : schéma du système analyseur d’intégration à lentilles croisées du procédé Scophony.
- risé par l’emploi de trois dispositifs très particuliers. Le premier, uniquement optique, assure la transformation de l’image à téléviser; afin de faciliter son analyse et son intégration, il a été transformé par la suite; le deuxième, électro-optique, est constitué par un modulateur de lumière très particulier. Le troisième, enfin, est un dispositif analyseur électromécanique.
- LE PRINCIPE
- Le principe du procédé optique, dû à l’ingénieur G. W. Walton avait initialement pour but de modifier les dimensions de l’image à téléviser, de manière à réduire sa hauteur et à augmenter sa largeur, en constituant, au lieu d’une surface rectangulaire, une sorte de bande à une seule dimension, longue mais de faible hauteur. L’analyse de l’image, de cette manière, était effectuée par un faisceau se déplaçant suivant une seule direction.
- Cet effet peut être obtenu par des lentilles cylindriques
- produisant une concentration lumineuse dans une seule direction suivant le sens de l’axe, et dans un plan parallèle à la base. Mais ce principe est appliqué maintenant à une modification plus restreinte, mais très intéressante du système d’analyse et d’intégration.
- L’image d’un élément devient une ligne, ayant une dimension définie dans sa hauteur, mais non dans sa longueur; les images de plusieurs éléments déterminent des lignes parallèles à l’axe de la lentille. En combinant deux lentilles cylindriques croisées, on obtient ainsi une image carrée à deux dimension déterminées.
- Dans un modèle primitif, G. W. Walton utilisait deux groupes de lentilles cylindriques séparés l’un de l’autre, avec leurs axes placés perpendiculairement. La première lentille donne une image suivant une seule dimension horizontale, et la deuxième lentille croisée n’a pas d’effet sur le faisceau lumineux produit. Un effet analogue est produit par la première lentille du 2e groupe; l’image finale est délimitée dans deux directions différentes suivant des bandes de faible largeur (fig. 1).
- Pour la télévision, on remplace la source lumineuse par une source de lumière modulée, et on dispose un système analyseur ou intégrateur convenable entre lés deux lentilles.
- Dans les systèmes primitifs, on employait un appareil tournant à échelons avec des prismes et des éléments lenticulaires; par la rotation du système, seule une lame de l’ensemble est traversée par la lumière, à un moment déterminé. Grâce au système à échelons, le spot obtenu se déplace sur l’écran, et on obtient successivement toutes les lignes permettant l’analyse de l’image; la source lumineuse peut ainsi être étendue énormément en longueur sans inconvénient, de manière à augmenter la quantité de lumière, qui pénètre dans la première lentille.
- En pratique, il faut au moins quatre ou cinq lentilles pour éviter les aberrations, et on donne aux lames du système à échelons une forme cylindrique.
- Quel est l’avantage de ce système complexe ? Il consiste à comprimer en quelque sorte le faisceau lumineux d’exploration, suivant une seule direction parallèle au sens de l’analyse, et avec le minimum de perte de lumière.
- Dans le système de transmission, de télécinématographie, par exemple, un premier groupe de quatre lentilles cylindriques est utilisé en pratique pour la compression de la lumière, la cinquième lentille agit comme un condensateur pour le faisceau lumineux qui se déplace dans la direction horizontale (fîg. 3).
- La source lumineuse, dans le cas de la transmission à 120 lignes, est constituée par exemple par une petite lampe à incandescence de 70 w à filament fin dont la brillance est de l’ordre de 2000 bougies par centimètre carré, alimentée par courant alternatif redressé et filtré.
- Un tambour à lentilles intermédiaire remplace le système à échelons primitif, il est entraîné par un moteur qui tourne à 6000 tours-mn, et il n’y a pas de difficulté, en raison de son faible diamètre, à employer des moteurs tournant à 9000 tours.
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- LES PLANÉTAIRES
- HISTORIQUE
- Reproduire le mécanisme de l’Univers pour en vulgariser la connaissance, fut une des plus anciennes préoccupations des savants. Déjà au temps d’Archimède on a essayé de réaliser des appareils donnant les mouvements des astres tels qu’on se les représentait à cette lointaine époque. Mais il faut attendre les découvertes de Copernic, né en 1473, pour que des essais de réalisations de planétaires apparaissent avec, comme base, l’héliocentrisme.
- Un des premiers planétaires mécaniques fut construit en 1682, par l’horloger Van Ceulen de La Haye, sur les indications du célèbre physicien Huygens. Cet appareil primitif est aujourd’hui conservé à l’Observatoire de Leyde.
- Par la suite, de nombreux perfectionnements furent apportés aux instruments dérivant de la conception de Huygens, et l’on en vint à représenter facilement le jour et la nuit, la succession des saisons, les différentes phases lunaires, les éclipses, le mouvement des étoiles, avec leurs positions relatives dans le ciel, etc.
- C’est ainsi qu’au début du xvme siècle, Georges Graharn, l’inventeur du pendule compensateur, construisit, pour le prince Eugène, féru d’astronomie, un appareil qui représentait le mécanisme d’un assez grand nombre de phénomènes célestes.
- A peu près à la même époque John Rowley confectionna pour le comte d’Orrery un instrument qui présentait sur celui de Graharn de nombreux perfectionnements de détail en faisant un planétaire assez pratique. La réputation de cet appareil fut telle, que pendant nombre d’années on ne désigna plus ce genre de mécanisme que sous le nom d’ « Orrery ».
- Parmi les quelques douzaines d’appareils construits durant le xvme et le xixe siècle, retenons celui de Roger Long, professeur d’astronomie à Cambridge, datant de 1758; celui d’Eisinga (1780) qui fut célèbre à son époque, et enfin les planétaires américains dont les plus renommés furent sans conteste ceux de David Rittenhouse. L’un des appareils de ce dernier constructeur est encore visible à Philadelphie, tandis que Lexington est fière de détenir celui de Barlow (1851).
- Plus près de nous, en 1912, le Dr Wallace W. Atwood, directeur du Musée de l’Académie des Sciences de Chicago, réalisa un planétaire qui est considéré comme le précurseur des appareils de la maison Cari Zeiss d’Iéna. C’est une sphère creuse de 4 m 60 de diamètre, portant des ouvertures de diamètres variables d’après la grandeur des étoiles représentées. Cette sphère, éclairée de l’extérieur, donne aux spectateurs l’illusion de contempler le ciel de l’hémisphère septentrional. Une rotation de la sphère autour de son axe figure la rotation de la Terre sur elle-même. Un semblable planétaire avait déjà été réalisé par le Pr Long qui s’en servait aux environs de 1760 pour illustrer les cours qu’il donnait à Cambridge.
- LE PLANÉTAIRE “ ZEISS ”
- Ce planétaire, conçu par le Dr François Meyer et construit par la maison Zeiss d’Iéna, pour le « Deutsches Muséum» de Munich, diffère des systèmes précédents par ce qu’il permet de représenter l’aspect de la voûte céleste observée de n’importe quel point de la terre à toute époque. Cet appareil (fig. 1) fut ensuite perfectionné pour en arriver aux instruments Zeiss actuels. Ces derniers ont été créés par le Prof. W. Bauersfeld, un des directeurs de la maison Zeiss. Ils sont l’œuvre d’une nombreuse équipe d’astronomes, de mathématiciens, de chimistes et d’ingénieurs. «Il a fallu», dit François Fieseler dans une notice sur le planétaire Zeiss, « de longues années de travail acharné, pour que l’instrument atteigne le degré de perfection que représente le plus récent planétaire. Ces appareils sont indépendants de l’espace et du temps, car
- Fig. 1. — L’appareil Zeiss de VAlberleum de Bruxelles.
- ils simulent le ciel et tous les phénomènes qui s’y passent sous toutes les latitudes, du Pôle Nord au Pôle Sud, et à n’importe quel moment des années écoulées et à venir. »
- Notons, en passant, que le planétaire primitif du « Deutsches Muséum » ne représentait que le ciel observé de nos jours, dans l’hémisphère boréal. Pour donner une idée de la délicatesse de la confection d’un planétaire, signalons qu’il faut environ un an pour le mettre au point.
- Mais, alors, ce véritable «théâtre stellaire», ainsi qu’on l’a nommé, permet de réaliser ce que les astronomes de jadis n’auraient jamais osé rêver : « faire passer devant les yeux
- Fig. 2. — Principe du planétaire.
- Le système univers est réglé sur un point de latitude boréale moyenne. Son axe principal a continuellement la direction E normale à l’orbite
- de la Terre.
- Automne
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- CONSTRUCTION DE L’APPAREIL
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- Mercure
- Vénus
- Mars
- Jupiter
- Fig. 3. — Dans le planétaire Zeiss les mécanismes et les projecteurs relatifs au sysl&me solaire sont superposés par étages.
- des spectateurs les phénomènes du ciel au cours d’une journée, d’une année, d’un siècle, et même au cours de milliers d’années, en déclencher le cours et les arrêter, en un mot en disposer à son gré ».
- N’est-ce pas qu’il y a là quelque chose de merveilleux, qui tient du prodige et dont nous sommes redevables à la sûreté des déductions des astronomes et des mathématiciens ?
- Fig. 4. — Mécanisme du planétaire Zeiss.
- Pour la projection des planètes, une orbite terrestre et une orbite planétaire sont représentées à chaque étage. La Terre et la planète sont marquées sur ces orbites chacune par une goupille. Ces deux goupilles sont reliées par une tige coulissante, qui porte à son extrémité libre un petit projecteur lequel projette toujours sur la coupole en toile l’image de la planète dans la direction allant de la Terre vers la planète. La ligure montre la Terre et la planète dans deux positiors différentes sur les orbites qu’elles parcourent autour du soleil.
- P/ànèfe
- Nous empruntons à la brochure de la maison Zeiss les quelques détails qui suivent sur la construction de l’appareil. Partant de ce que dans le courant d’une, année, la Terre exécute sa révolution autour du Soleil dans un plan dont la position est invariable par rapport aux étoiles üxes éloignées, la direction normale à l’orbite terrestre (E, üg. 2) est toujours dirigée vers les mêmes étoiles. Cette direction E constitue l’axe principal de l’appareil. Le système Univers est orienté alors par rapport au Soleil. Les orbites des planètes s’étagent les unes au-dessus des autres, les planètes étant figurées par de petites goupilles, placées suivant les directions dans lesquelles celles-ci sont censées vues du Soleil. Autour des planètes ainsi étagées (fig. 3) sont fixés des corps hémisphériques destinés à reproduire les deux moitiés de la voûte infiniment éloignée des étoiles fixes, de part et d’autre du plan de l’orbite de la Terre. Au milieu de ces deux corps, une puissante lampe sert de source lumineuse pour les appareils de projection des hémisphères, contenant des diapositives sur lesquelles toutes les étoiles fixes, visibles à l’œil nu, sont figurées par de petits trous. Ce système Univers est pourvu de moteurs électriques donnant aux goupilles correspondant aux planètes un mouvement tel qu’à tout moment celles-ci se trouvent, par rapport au projecteur Soleil, dans la direction allant vers les planètes réelles.
- Dans les étages relatifs aux planètes, des projecteurs sont disposés de façon que dans n’importe quelle position du projecteur Terre ou du projecteur planète, ceux-ci sont toujours dirigés suivant la ligne allant de la Terre aux planètes (fig. 4).
- La rotation de la Terre sur elle-même s’accomplit à l’aide de moteurs électriques qui font dérouler une journée en quatre minutes exactement, comme nous l’avons dit plus haut, et parfois, si c’est nécessaire en une minute!
- Le troisième mouvement de la Terre, celui d’une toupie, tournant autour de son axe, en engendrant une surface conique est également représenté, ce qui fait que cette révolution de notre globe sur lui-même, qui dure en réalité 26 000 ans, peut s’effectuer ici en quelques minutes.
- Bref, cet appareil comportant 104 projecteurs est une sorte de cinématographe stellaire, comprimant fortement le temps et permettant d’assister en peu de minutes aux événements qui dans la réalité demandent des jours, des mois, des années, et même des siècles.
- L’écran est constitué par une toile blanche hémisphérique, représentant la voûte céleste sur laquelle la projection de tous les astres visibles à l’œil nu se fait au point précis où nous sommes habitués de les voir dans la réalité.
- Tout ce que l’œil humain peut percevoir au firmament, par ciel clair, est ainsi rendu visible : 9000 étoiles fixes, jusqu’à la 6,5e grandeur, toutes les constellations connues, avec leurs noms projetés sur l’écran où elles se détachent en lettres lumineuses, la Voie Lactée, les nébuleuses, les amas d’étoiles sont ainsi rendus tangibles en quelque sorte.
- On réalise également le mouvement apparent du Soleil de l’est à l’ouest, les dilïérentes phases de la Lune, les mouvements étranges des planètes telles que Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne. Le spectateur assiste aux mouvements des étoiles variables Mira, Céphée, etc. On montre la lumière zodiacale, les éclipses de Lune et de Soleil, les comètes, les astéroïdes, etc. Pour montrer l’aspect du ciel aux dilïérentes latitudes, il suffit de faire tourner l’appareil autour d’un axe horizontal; cette opération demande 3,5 mn.
- L’orientation des spectateurs est facilitée par la projection sur le ciel du réseau des longitudes et des latitudes avec l’équateur et l’écliptique.
- Les projections sur l’écran doivent être accompagnées
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- d’explications données par un conférencier. Placé devant un tableau de distribution, ce dernier par un jeu de touches commande à distance les manœuvres, déclenchant le mouvement des astres et leur allumage. Pour signaler les astres, il possède un index lumineux, flèche faiblement éclairée qu’il peut projeter, et déplacer à son gré en n’importe quel point de la voûte étoilée.
- LES PLANÉTAIRES DANS LE MONDE
- Depuisl a construction du planétaire du«Deutsches Muséum » en 1924, de nombreux établissements ont été créés pour la vulgarisation de l’étude de la voûte céleste. Onze villes allemandes possèdent aujourd’hui leur planétaire. Citons un peu au hasard, ceux d’iéna, de Barmen, de Berlin, de Dresde, de Dusseldorf, de Leipzig, de Mannheim, de Nuremberg, etc.
- Le planétaire de Barmen, édifice majestueux, est situé dans le cadre admirable delà «Verschonerungs-verein » (Société d’embellissement). Trois entrées y donnent accès dans le vestibule de 11 m sur 4.
- La salle de la coupole du planétaire a 25 m de diamètre, la coupole-écran ayant 24m 85 de diamètre.
- Fig. 6. — Le planétaire de Moscou.
- La coupole de projection est formée d’une armature de fer sur laquelle, est tendue l’étoffe de l’écran. Pour améliorer l’acoustique, des tôles ont été placées entre l’écran et le toit.
- A Dusseldorf, le planétaire sert, en outre, de salle de réunion et de projection. Le bâtiment majestueux, tout en béton, est entouré d’une magnifique terrasse de laquelle on jouit, comme d’une promenade circulaire aménagé au sommet de l’édifice, d’une vue splendide sur le Rhin. La salle de projection, de 30 m de diamètre, est entourée d’une galerie d’accès facile de 4 m de largeur. L’armature de fer recouverte d’étoffe, sur laquelle se font les projections stellaires, peut être relevée de 4 m lorsque la salle sert à d’autres buts, l'êtes, banquets, etc. On libère ainsi la galerie qui peut contenir plusieurs milliers de personnes.
- Enfin à Mannheim l’établissement est placé au centre d’un parc public. Le dôme . extérieur est construit en béton armé. La coupole intérieure comporte l’armature Zeiss, l’étoffe et, derrière elle, les tôles destinées à donner une bonne acoustique. La coupole a 24 m 5 de diamètre. Ici, la voûte
- extérieure est garnie d’une couche isolante de liège et recouverte en rubéroïd.
- En dehors d’Allemagne il existe des planétaires à Moscou, à Milan, à Rome, à Stockholm; en Amérique, à Los Angeles, à Chicago, etc. L’un des plus récents, celui de l’Exposition de Bruxelles 1935, fut pourvu des derniers perfectionnements.
- Le planétaire de Moscou, construit en 1929, sur le terrain (lu parc zoologique de la ville, est un des plus grands planétaires du monde, placé sous la direction d’un comité de savants. A l'extérieur, autour de la coupole, se trouve une large terrasse qui permet l’observation directe des étoiles, complétant ainsi fort heureusement les démonstrations du planétaire.
- A Rome, le planétaire a été logé dans l’Aula Minerva, salle des thermes de Dioclétien, parfaitement conservée. Dans ce bâtiment du me siècle, la coupole hémisphérique n’a que 19 m de diamètre. La salle peut cependant contenir 370 personnes.
- Signalons enfin le superbe planétarium de Los Angeles, couronnant majestueusement de ses trois coupoles une colline spécialement aménagée pour sa destination nouvelle.
- CONCLUSION
- Et maintenant, quelle est la valeur éducative des plané-
- Fig. 7. — Le planétaire de Los Angeles.
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- taires ? Nous ne croyons pouvoir mieux faire que de citer à ce propos l’avis du Prof. Nÿland d’Utrecht : « Il est à peine nécessaire de dire quel précieux auxiliaire le planétaire constitue pour l’enseignement par l’aspect. Tout professeur de cosmographie voudrait sortir avec ses élèves pour leur faire connaître le ciel étoilé par leurs propres observations. Mais
- que de difficultés : temps pluvieux, heure tardive, etc. Le plané' taire ne connaît pas ces ennuis. Quoique l’on soit assis dans une salle, il donne à tel point l’impression de la réalité, que le désir d’étudier la nature elle-même ne peut qu’augmenter. »
- G. Remacle.
- LE MOIS METEOROLOGIQUE
- DÉCEMBRE 1936, A PARIS
- Mois à périodes tantôt chaudes et tantôt froides, dont la température a été dans l’ensemble un peu supérieure à la normale, très sec et avec insolation légèrement déficitaire.
- La moyenne mensuelle de la pression barométrique, au Parc Saint-Maur, ramenée au niveau de la mer, 768 mm 2, est très élevée et supérieure de 5 mm 5 à la normale ; en décembre 1879 elle avait été de 771 mm 8.
- La température moyenne sous l’abri, 3°,96, est en excédent de 0°,60 à la normale. La moyenne des minima, 0°,66, est un peu plus faible que la moyenne normale (0°,82), celle des maxima, 6°,47, un peu plus forte (normale 6°,07). Les extrêmes absolus, —3°,1 le 10 et 15°,1 le 18, sont tous deux notablement supérieurs à leurs normales respectives (— 6°,7 et 12°,9). La période froide la plus longue a duré du 5 au 13 avec maximum de froid le 10, jour où la moyenne diurne, —2°,26, a été en déficit de 6°,0. La période chaude qui lui a succédé a amené, le 18, la journée la plus chaude du mois (moyenne journalière, 11°,38, en excès de 8°,1). Depuis 1874, au parc Saint-Maur, on n’avait pas observé à pareille date une moyenne diurne aussi élevée : elle correspond à la normale du 1er mai.
- On a noté 14 jours de gelée blanche (moyenne 8) et 18 jours de gelée à glace (moyenne 13). Cependant à la fin du mois on pouvait voir, dans le parc de l’Observatoire, de nombreuses pâquerettes épanouies et quelques roses ouvertes.
- Les valeurs extrêmes de la température dans la région ont été comprises entre — 5°,4 à Villepreux le 12 et 15°,7 à Montesson et à Bagatelle le 18.
- Le total pluviométrique, 17 mm 5, recueilli en 13 jours de précipitation appréciable (normale 16), est exceptionnellement faible. Il classe le mois qui vient de s’écouler au 3e rang parmi les plus secs observés à Saint-Maur depuis 1874. La chute la plus importante observée a été celle de la journée du 6:6 mm 4 d’eau. La seule chute de neige ayant fourni une quantité d’eau de fusion appréciable a été notée le 9; elle a recouvert le sol d’une couche dépassant légèrement le centimètre.
- A l’Observatoire de Montsouris, la quantité de pluie tombée pendant le mois a été de 17 mm 8, inférieure de 66 pour 100 à la normale et la durée totale de chute, 18 h 30 mn, est en déficit de 72 pour 100.
- Hauteurs maxima en 24 h : pour Paris, 7 mm à la Villette et, pour les environs, 12 mm 7 à Marly, du 6 au 7.
- On a signalé assez souvent de très faibles chutes de neige. Le sol
- a été blanchi les 6, 8 et 12 mais sur quelques points seulement.
- On a noté tous les jours des brouillards moyens ou épais et le plus souvent étendus. La visibilité, très fréquemment inférieure à 20 m, s’est abaissée à 5 m à Belleville, le 24 à 8 b 45.
- On a enregistré à l’Observatoire de la Tour Saint-Jacques, 48 b 10 mn de soleil, durée supérieure de 13 pour 100 seulement à la normale; 16 jours sans soleil, nombre normal.
- A l’Observatoire du Parc Saint-Maur, la moyenne mensuelle de l’humidité relative de l’air a été de 87,5 pour 100 et celle de la nébulosité de 75 pour 100. On y a constaté : 3 jours de neige; 3 jours de gouttes ou flocons de neige; 22 jours de brouillard; 6 jours de brume; 1 jour de givre; 3 jours de rosée; 1 jour de gelée totale et 1 jour de sol couvert de neige.
- Les extrêmes météorologiques pour le mois de Décembre.
- Mois le plus froid : 1879; moyenne : — 7°,9 — le plus chaud : 1868; — : 8°,7 (en 1806, moy.
- 8o,6)
- Ecart : 11 ans et 16°,6.
- La plus basse température observée en 1879 : — 25°,6
- — haute — 1876 : 17°,8
- Écart : 3 ans et 43°,4
- Le plus grand nombre de jours de gelée : 29 1879
- petit — 0 1806
- Mois le plus pluvieux : 1740 (?) 136 mm 8 (?)
- en 1915 133 mm 5 (certain).
- Mois le plus sec : 1780 (?) 0 mm 0 (?)
- en 1829 2 mm 6 (certain).
- Le plus grand nombre de jours de pluie :
- 26 : 1803, 1854, 1868, 1886, 1929. Le plus petit nombre de jours de pluie : 0 (?) 1762 (?)
- et 1 1829 (cert.)
- Mois le plus couvert: 1843, 1934. 90 pour 100 de nébulosité.
- — clair : 1762 46 pour 100 —
- Moyenne barométrique la plus basse :
- 748 mm 8 (niv. mer : 753 mm 4) en 1876. Moyenne barométrique la plus haute :
- 768 mm 1 (niv. mer : 774 mm 5) en 1843.
- Em. Roger.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- L’HEXACHLORÉTHANE COMME INSECTICIDE
- Pour détruire les moustiques, il faut supprimer les larves et les nymphes qui se développent dans les eaux stagnantes. On peut y arriver soit en recouvrant la surface d’huiles diverses, soit en la saupoudrant de produits insecticides (trioxyméthylène, composés arsenicaux, etc.). Mais les huiles souillent l’eau qui devient inutilisable pour certains usages et incommodent les poissons, et les produits insecticides sont toxiques; de plus, ni les uns ni les autres n’ont d’action sur les larves vivant en profondeur.
- M. R. May propose l’emploi de l’hexachloréthane C2C1°, plus écono-
- mique et permettant d’agir dans la masse de l’eau, mélangé à un corps inerte, flottant sur l’eau et se répandant facilement à sa surface : le talc.
- Par évaporation d’une solution d’hexachloréthane dans le trichloréthylène (CH Cl = CCI2) on obtient une poudre impalpable que l’on mélange avec son poids de talc finement pulvérisé. On répand ce mélange à la surface de l’eau à l’aide d’un soufflet, à la dose moyenne de 5 kg par 100 m3 d’eau à traiter, et par temps calme, la poudre étant très mobile s’étale sur la surface. En quelques heures les larves et les nymphes sont tuées; les plantes aquatiques et les poissons qui mangent les larves ne sont pas incommodés.
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- - LA RADIOPHONIE PRATIQUE =EfL . 18
- CONSEILS PRATIQUES - NOUVEAUTÉS RA DIOTECHNIQUES CONSTRUCTION D’APPAREILS SIMPLES
- les nouveaux systèmes de réglage
- AUTOMATIQUE
- Nous avons déjà eu l’occasion dans ces chroniques de décrire des simplifications de réglage des récepteurs, par la centralisation des organes de commande, ou par l’automatisme plus ou moins prononcé des opérations d’accord exact des circuits.
- L’ingéniosité des inventeurs et des constructeurs s’est donné carrière dans cette voie.
- Voici un appareil construit en grande série, qui comprend un système de centralisation automatique du réglage très simple et, pour cette raison, îort intéressant.
- Le dispositif de commande (fig. 1) est à un seul bouton monté sur rotule; par la rotation de ce bouton, on commande par un joint élastique l’arbre commun du bloc des condensateurs d’accord et d’hétérodyne du poste.
- De plus, le montage sur rotule, à l’instar du « manche à balai » des avions, ou du levier de changement de vitesse des automobiles modernes, permet d’assurer d’autres commandes par le déplacement horizontal ou vertical de la calotte hémisphérique centrale. Ces réglages s’effectuent à distance par l’intermédiaire de câbles souples, comme on le voit sur la coupe de l’appareil.
- Un combinateur concentrique annulaire combiné avec le mono-bouton comporte un interrupteur de mise en marche du réseau, le commutateur permettant de choisir la gamme des longueurs d’onde que l’on veut recevoir et, enfin, le combinateur assurant le fonctionnement de l’appareil comme phonographe électrique.
- Ainsi, lors de la recherche d’une émission et une fois la gamme de longueur d’ondes choisie, tout le réglage peut être effectué en laissant la main appuyée sur le bouton central. La rotation du bouton permet l’accord sur l’émission cherchée, d’après les indications de l’aiguille de repère; en déplaçant la calotte hémisphérique vers le haut ou vers le bas, on commande le potentiomètre de volume-contrôle, et on règle ainsi l’intensité sonore.
- Enfin, en déplaçant cette calotte vers la droite ou vers la gauche, on agit sur le système de fidélité variable de l’appareil; on augmente ou on réduit la largeur de la bande de fréquence reçue et, par conséquent, on modifie la sélectivité et la tonalité. Dans la position centrale, l’intensité sonore, la sélectivité et la tonalité ont une valeur moyenne qui assure une audition agréable dans des conditions normales.
- Lors de la manipulation de l’appareil, il est préférable de commencer le réglage en maintenant le bouton unique dans la position centrale, ce qui diminue encore la difficulté de manœuvre; une fois l’accord obtenu sur l’émission désirée, on peut modifier les conditions de réception, s’il est nécessaire, en déplaçant le bouton dans une des positions possibles.
- Le réglage silencieux sur l’émission désirée, d’après les indications visuelles de l’indicateur d’accord, qui est ici un système cathodique, s’obtient, de même, en déplaçant le bouton vers le bas, et une fois l’accord exact obtenu, on peut ramener l’intensité sonore à la valeur désirée, en poussant le bouton vers le haut et à la sélectivité désirée en le tournant vers la droite ou vers la gauche.
- Ce système très simple, en réalité, a exigé une mise au point mécanique très étudiée pour assurer un long service sans incident; il ne change rien au système d’accord proprement dit,
- Commande par flecteur de l'arbre des condensateurs
- Anneau de mise — en marche et du combinateur
- Bouton molleté de réglage
- Fig. 1. — Coupe du mécanisme de réglage centralisé « Philips-Monobouton ».
- mais il rend les manœuvres plus aisées. En même temps, il évite toute fausse manœuvre, en particulier par le couplage mécanique de la sélectivité variable et du contrôle de la tonalité.
- Il est ainsi impossible de régler, en même temps, le récepteur pour une faible sélectivité et pour une tonalité grave, ce qui donnerait lieu aux déformations les plus accentuées de l’audition. Notons enfin qu’une double démultiplication de la commande d’accord facilite le réglage pour la réception des émissions sur ondes très courtes. L’appareil étant du type toutes ondes de 15 à 2000 m de longueur d’onde, comme la plupart des modèles récents de qualité.
- Dans le même ordre d’idées, des dispositifs électromécaniques également fort ingénieux ont été réalisés récemment et, en particulier, un modèle très original, comportant pour l’accord, non plus un bloc de condensateurs variables à lames mobiles, mais un ensemble de condensateurs fixes.
- Si l’on pouvait, en effet, déterminer exactement pour la réception de chaque émission les valeurs de condensateurs fixes employés dans chaque circuit et mettre en circuit ces condensateurs au moment nécessaire à l’aide de commuta-
- Fig. 2. — Dans l’appareil « Monobouton » les différentes positions de la rolule correspondent à la commande d’organes de réglage différents.
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- Fig. 3. — Aspect extérieur du poste Philips « Monoboulon ».
- leurs automatiques, il serait possible d’obtenir l’accord exact, à condition que les condensateurs possèdent une valeur parfaitement déterminée et absolument constante.
- Cette solution a été appliquée dans un appareil récent à 10 lampes à changement de fréquence, précédé d’un étage de préamplification, et comportant sept circuits accordés, dont trois variables.
- Le dispositif d’accord automatique comporte un clavier à touches avec deux rangées de chiffres de 1 à 9 et 4 touches correspondant aux quatre lettres A, B, C, D.
- Les touches munies de chiiïrcs permettent de mettre en service les capacités nécessaires à l’accord; celles qui sont, munies de lettres correspondent à la connexion des bobinages, suivant le choix des différentes gammes d’ondes.
- Fig. 4. — Poste de T. S. F. à réglage automatique par louches (Coppelia-Elcosa).
- Lorsqu’on appuie sur une touche d’un groupe, celle-ci reste automatiquement bloquée; en même temps, celle qui a été poussée auparavant dans le même groupe est automatiquement libérée. Le zéro, c’est-à-dire la libération de toutes les touches d’un groupe, est obtenu en exerçant une légère pression sur n’importe quelle touche de ce groupe.
- Pour obtenir la réception d’une émission déterminée, il faut donc former une combinaison avec une touche du groupe des lettres, et deux touches du groupe des chiffres, par exemple A 54, B 99, D GG, etc.; les vingt-deux touches permettent d’obtenir cinq cents réglages différents.
- Tout le système d’accord est monté dans un bloc compact entièrement blindé, renfermant les condensateurs d’accord, les bobinages du filtre présélecteur de haute fréquence et d’oseillatrice pour les différentes gammes d’ondes. L’appareil est du type « toutes ondes »; il y a cinq gammes d’ondes correspondant aux lettres A, B, C, U, et à la position de toutes les lettres sorties, soit 16 à 35 m, 30 à 82 m, 150 à 325 m, 300 à 600 m et 1000 à 2000 m.
- Les capacités fixes nécessaires sont, en réalité, en très petit nombre. Un calcul simple montre qu’on peut obtenir avec quatre capacités fixes correspondant à chacune des séries de chiffres de 0 à 9, cent valeurs différentes de un à cent, sans qu’il soit nécessaire d’utiliser dans chaque rangée plus de deux capacités en parallèle, les capacités mises en service par la rangée de touches qui correspond au chiffre des dizaines ayant, d’ailleurs, une valeur dix fois plus élevée que celle correspondant à la rangée des unités.
- Avec huit capacités fixes, on peut ainsi obtenir un nombre très élevé de valeurs différentes régulièrement échelonnées avec des décalages très faibles, la variation étant de l’ordre de 3 micro-microfarads. Une capacité variable d’appoint, peut cependant être utilisée, mais uniquement pour la réception des émissions sur ondes très courtes, lorsqu’il peut se produire des variations éventuelles de la longueur d’onde de l’émetteur (lig. 4).
- Avec ce système, il faut évidemment utiliser des tableaux-répertoires des différents émetteurs et de leurs longueurs d’onde afin de trouver rapidement la correspondance avec toutes les combinaisons des touches. Sur ces tableaux, les émetteurs sont classés par pays et par ordre alphabétique; à côté du nom de chaque émetteur, se trouve un chiffre correspondant au réglage précis du poste. Un tableau inverse permet de déterminer à quelle longueur d’onde et à quel poste correspond une combinaison de réglage quelconque de l’appareil.
- Un tel système ne peut avoir de valeur que si les capacités des condensateurs fixes restent rigoureusement invariables. Les condensateurs employés ici comportent un diélectrique en matière céramique à très faibles pertes en haute fréquence, les armatures sont formées de couches d’argent appliquées à haute température sur des diélectriques, le réglage précis sur la valeur nécessaire est obtenu par meulage de la couche d’argent. Le coefficient de température positif des bobinages est compensé par un coefficient de température négatif dosé des capacités.
- Pour permettre, enfin, de compenser un déréglage possible, en cas de remplacement de la lampe oscillatrice, un petit condensateur réglable de compensation trimmer est prévu; l’emploi des lampes métalliques évite, d’ailleurs, cette sujétion.
- Pour assurer le silence pendant le choix d’une émission, le poste comporte un dispositif coupant toute audition, dès qu’on actionne une quelconque des touches. Une fois la combinaison formée, on presse le bouton qui commande, en même temps, le condensateur d’appoint.
- Ce système est monté sur un ensemble récepteur haute fréquence et amplificateur basse fréquence de qualité; il
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- paraît à la fois ingénieux et d’une application pratique séduisante pour l’usager, avec des détails de construction originaux pour le technicien.
- UN APPAREIL D’ENREGISTREMENT DIRECT RADIOPHONOGRAPHIQUE DE HAUTE QUALITÉ MUSICALE
- L’enregistrement phonographique direct assure des inscriptions phonographiques permettant la reproduction immédiate des sons enregistrés, sans opérations intermédiaires. A l’étranger, en Angleterre surtout, on continue à utiliser dans ce but. des disques métalliques, malgré les inconvénients du bruit, de fond et la nécessité d’utiliser des aiguilles spéciales en bois ou en fibre pour la reproduction.
- Le procédé le plus employé en France consiste à utiliser des disques à âme métallique recouverte de couches très homogènes de nitrate de cellulose; l’inscription sonore est effectuée au moyen d’une aiguille burin en acier, et la reproduction simplement au moyen d’une aiguille en acier, à peu près comme pour un disque ordinaire.
- La fabrication de ces disques a été très perfectionnée; l’homogénéité de leur surface permet la réalisation de bons enregistrements sans bruit de fond accentué. Encore faut-il un système enregistreur bien étudié, de puissance, de poids, de caractéristiques électriques et mécaniques convenables, avec de préférence un outil graveur distinct du pick-up reproducteur ordinaire.
- L’outil enregistreur est entraîné latéralement par un pont, le plus souvent à vis sans fin, actionné par l’axe du plateau porte-disques. Le moteur d’entraînement, muni d’un plateau assez lourd, doit être assez puissant pour assurer une rotation parfaitement régulière de ce plateau avec une vitesse exactement déterminée.
- Enfin, les étages d’amplification basse fréquence reliés au pick-up enregistreur, de même que le système microphonique, doivent être étudiés avec soin, si l’on veut obtenir des résultats vraiment artistiques.
- Un technicien français, qui est en même temps un musicien remarquable, premier prix du Conservatoire, a voulu établir une machine parlante complète, permettant à l’amateur de T. S. F. des enregistrements radiophoniques ou microphoniques de disques.
- L’enregistrement phonographique direct peut rendre les plus grands services dans la pédagogie musicale. Il permet à l’élève de se rendre compte des qualités et des défauts de ses interprétations, de comparer son exécution à celle des maîtres; il laisse une trace durable des résultats obtenus.
- La nouvelle machine présente des particularités originales.
- L’ensemble enregistreur et reproducteur est généralement combiné avec un récepteur radiophonique du type « toutes ondes », dont les étages basse fréquence sont spécialement étudiés, afin de servir pour l’enregistrement et la reproduction phonographique.
- Le système enregistreur et reproducteur phonographique, comportant le moteur tourne-disques, le pont d’enregistrement portant l’outil graveur et l’axe de pivotement du pick-up reproducteur est disposé sur le dessus de l’appareil, sur une platine de bronze (fig. 5 et 6).
- Un bouton de combinateur permet d’obtenir immédiatement l’enregistrement des réceptions radiophoniques, la reproduction des enregistrements directs ou du commerce, l’enregistrement des courants microphoniques par un microphone extérieur et, enfin, le fonctionnement normal en récepteur de T. S. F.
- Les disques employés pour l’enregistrement direct ont un diamètre de 30 cm, avec espacement de 0,28 mm entre le
- Fig. 5. — Enregistreur direct « Voxia ».
- (Le pont avec l’outil graveur disposé sur la platine supérieure; à droite, le pick-up reproducteur.)
- sillons. La reproduction est effectuée à l’aide d’un pick-up séparé à impédance variable, soit avec une aiguille en bambou à pointe triangulaire, soit avec une aiguille métallique.
- Le moteur à induction de 30 w à vitesse réglable actionne vin plateau de porte-disques suffisamment lourd; la platine de montage en bronze évite la transmission des vibrations. Le pont d’enregistrement est constitué par un bras supporté à ses extrémités par deux tiges. Ce bras porte la vis de guidage de l’enregistreur, avec pignon en fibre engrenant avec une vis tangente disposée sur l’axe du plateau porte-disques. Pour augmenter la régularité de la coupe et permettre l’élimination immédiate des copeaux au fur et à mesure de l’inscription des sillons, un balai frotteur est fixé au pont; il assure l’enroulement régulier des copeaux de gravure autour de l’axe du plateau.
- Ce système avec amplificateur séparé ou monté dans le radiorécepteur est également adapté à la sonorisation des films d’amateurs, et spécialement de 8 mm ou 9 mm 5. Les disques utilisés sur la machine ont alors un diamètre de 33 cm, et tournent à une vitesse de 60 tours-mn; la durée de l’audition
- Fig. 6. — Sonoriseur Voxia pour film d’amateurs.
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- Fig. 7. — Récepteur Barrière à commande à distance par bloc centralisé. Sur la figure l’appareil fonctionne avec son bloc haute fréquence
- séparé.
- pour une face est ainsi de 8 mn. Un film normal de 16 mm est ainsi accompagné par un enregistrement effectué sur les deux
- Fig. 8. — Le récepteur Barrière à commande à distance, fonctionnant à la façon usuelle avec le bloc haute fréquence incorporé à l'appareil.
- faces du disque, avec arrêt de 30 sec entre les deux faces.
- Le projecteur correspondant se place aisément sur la tablette supérieure d’un coffret supportant le tourne-disques et qui renferme également les étages d’amplification à deux lampes à liaison par résistance et une valve d’alimentation.
- La synchronisation des images et des sons est obtenue à l’aide d’un câble flexible courbe, guidé par une gouttière, relié d’un côté au projecteur, de l’autre au plateau tourne-disques, les moteurs du projecteur et du phonographe fonctionnent ainsi simultanément (fig. 6).
- Avec cet appareil, l’enregistrement et la reproduction deviennent extrêmement faciles. A l’aide d’un dispositif potentiométrique mélangeur et d’un deuxième plateau, il est même possible d’enregistrer, en même temps, la parole, la musique et les bruits.
- UN SYSTÈME DE COMMANDE A DISTANCE POUR RÉCEPTEUR DE T. S. F.
- Le radio-récepteur n’est pas toujours à portée de la main de l’auditeur; il arrive que celui-ci désire pouvoir faire le réglage sans quitter son fauteuil ou son bureau.
- Pour résoudre ce problème, on a proposé une solution simple : la commande mécanique au moyen de câbles élastiques ; c’est celle qui est adoptée pour les postes sur automobile dont le châssis récepteur est souvent éloigné des organes de réglage.
- Cette solution mécanique est délicate et incomplète; d’ailleurs, elle ne permet pas d’augmenter beaucoup la longueur de la commande, si l’on veut être sûr d’un fonctionnement régulier. C’est pourquoi un constructeur français a eu recours à un autre procédé radio-électrique plus ingénieux, présentant en même temps des avantages radio-électriques et surtout acoustiques, très particuliers.
- L’appareil récepteur comporte une ébénisterie de grandes dimensions renfermant, outre les étages d’amplification basse fréquence de sortie et les organes d’alimentation et de redressement, un triple écran acoustique de 40 X 40 cm avec grand haut-parleur électrodynamique disposé obliquement, assurant une excellente reproduction musicale (fig. 7).
- A la partie supérieure de cette ébénisterie, peut être placé, dans un casier distinct, mais non fixé, un boîtier spécial de réglage contenant tous les organes et lampes des circuits haute fréquence et moyenne fréquence, la détection, et la première lampe basse fréquence d’un montage superhétérodyne sensible.
- Ce boîtier de réglage, de 135 X 135 mm seulement, est relié aux étages basse fréquence de sortie placés dans l’ébénisterie précédente à l’aide d’un cordon de liaison souple, dont la longueur peut atteindre 10 m, à cinq conducteurs reliant les circuits de basse fréquence, d’alimentation haute tension et basse tension.
- Sur la face avant de ce boîtier, de très petites dimensions, sont disposés un grand cadran lumineux de repère et les boutons de réglage normaux pour l’arrêt et la mise en marche du poste, la recherche des émissions, le contrôle de l’intensité sonore et de la tonalité d’audition.
- L’appareil peut ainsi servir de deux manières différentes. Avec le bloc de réglage placé dans son casier dans l’ébénis-terie, il est utilisé comme un appareil ordinaire de grandes dimensions; avec le bloc séparé et relié à l’ébénisterie par son câble de liaison, on obtient le réglage à distance et l’auditeur peut toujours placer à portée de sa main ce petit boîtier. Notons, à ce propos, que la réduction des dimensions a pu être assurée sans inconvénient par l’emploi des nouvelles lampes entièrement métalliques dont nous avons noté les caractéristiques.
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- Cette disposition offre, en outre, des avantages techniques. Elle permet de supprimer dans l’ébénisterie la présence des pièces nuisibles à une bonne reproduction musicale, telles que bobinages, blindages, condensateur variable, etc., pouvant provoquer des vibrations ou, en tout cas, restreignant la place réservée aux étages d’amplification de sortie, et surtout au haut-parleur.
- On peut alors utiliser dans une ébénisterie de dimensions normales, un haut-parleur de grandes dimensions appliqué sur un éeran acoustique de surface vraiment suffisante, ce qui répond beaucoup mieux à l’utilisation rationnelle du haut-parleur électrodynamique (fig. 8).
- Le montage de la lampe de sortie peut être amélioré grâce à l’emploi de ce grand haut-parleur, et il suffit d’adapter une lampe de 2 w modulée, ce qui réduit, en même temps, la consommation de courant.
- Enfin, il n’y a plus d’effets Larsen à craindre, puisqu’on peut écarter complètement les étages haute fréquence des étages de sortie et du haut-parleur. Un tel système, de grand intérêt pratique, présente donc en même temps des avantages techniques suffisants; son emploi et son installation sont aussi aisés que ceux d’un appareil ordinaire, et son prix n’est guère plus élevé.
- COMMENT METTRE EN MARCHE UN RÉCEPTEUR A UNE HEURE DÉTERMINÉE
- La mise en marche d’un récepteur à une heure déterminée à l’avance peut servir à entendre une émission choisie ou à transformer un appareil de T. S. F. en un « réveil musical » plus agréable.
- 11 n’est pas nécessaire, pour cela, d’employer une coûteuse horloge à contact électrique de précision; ’on peut se servir d’un simple « réveil » bon marché, en adaptant au remontoir tournant dès que le réveil « mouvement » est mis en action, un système de contact. Ce système peut être constitué par une simple lame qui vient s’appuyer sur une plaque métallique mais, pour un appareil secteur, à moins d’avoir recours à un relais, il vaut mieux employer un contact plus robuste.
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- Voici un système très simple de ce genre comportant un flexible avec une pince qu’on adapte sur le remontoir du réveil; d’un côté du bloc de montage se trouvent des douilles auxquelles on relie l’appareil qu’on veut mettre en fonctionnement : récepteur de T. S. F., par exemple, et de, l’autre, une prise de courant (fig. 9).
- Unbouton-poussoirpermetd’armerl’appareil et de supprimer Ainsi le contact entre le secteur et le câble de liaison au poste.
- Dès que le système de réveil est déclenché, le remontoir tourne, le poussoir est libéré et la liaison assurée entre le secteur et le radio-récepteur.
- Ce système de contact fonctionne sur tous les courants, et peut sei'vir à assurer une liaison jusqu’à 10 A.
- P.. Hémardinquer.
- Adresses relatives aux appareils décrits :
- Monobouton Philips, 2 cité Paradis, Paris.
- Récepteur de T. S. F. iélédijnamique Barrière, 33, avenue Philippe-Auguste, Paris (11e).
- Poste Coppelia Elcosa, 3, rue Scherls, Strasbourg.
- Contact-réveil. Comptoir d’achats économiques, 142, rue Montmartre, Paris.
- Enregistreur Voxia, Hurm et Duprat, 14, rue Jean-Jacques-Rousseau, Paris (1er).
- Secteur
- Fig. 9. — Contact automatique pour mise en marche d’un récepteur à une heure déterminée.
- L’AIMANTATION DE L’ACIER
- PAR UNE DÉCHARGE RAPIDE
- Si l’on décharge un condensateur dans un tube à gaz sous basse pression, connaissant la capacité du condensateur, le potentiel de charge et le temps de la décharge (mesuré à l’aide du miroir tournant par exemple), on peut en déduire par le calcul l’intensit'é moyenne du courant de décharge.
- C’est ainsi que pour un condensateur de 46 mf, chargé à 1400 v se déchargeant dans le tube à gaz en 28 10“a sec, l’intensité moyenne du courant (compte tenu de la charge résiduelle du condensateur) est de 2050 A. Comme l’intensité en réalité part de zéro, croît, passe par un maximum, puis s’annule, il est intéressant d’essayer de connaître la valeur maxima atteinte par l’intensité du courant. C’est ce qu’ont cherché MM. Chevalier et Laporte; si leurs expériences n’ont pas fourni le renseignement cherché, elles ont mis en évidence un phénomène curieux déjà signalé par Savary en 1827 et qui reste encore inexpliqué.
- Les expérimentateurs avaient songé en effet, pour déterminer la valeur maxima du courant, à utiliser les phénomènes d’aimantation. Si la décharge se produit le long d’un fil, le champ magnétique qui sera créé sera, à une distance d, proportionnel à 2i, i étant l’intensité et inversement proportionnel à d. Si le courant passe par une valeur
- maxima I, il en sera de même du champ h, qui passera par une valeur maxima H et une petite aiguille aimantée placée à d du fil prendra une aimantation rémanente qui sera liée à celle du champ maximum H. En produisant ensuite, à l’aide d’un champ magnétique d’intensité mesurable, la même aimantation rémanente, quand on atteint cette valeur, on peut admettre que le champ magnétisant était égal au champ H.
- Mais les faits sont tout autres et présentent des aspects inexplicables que l’on peut résumer ainsi : à petite distance, l’aimantation est inversée, c’est-à-dire que la direction sud-nord des aiguilles est en sens inverse de la direction du champ magnétique, puis l’aimantation s’annule à une distance que l’on peut appeler « point neutre »; elle prend ensuite un sens normal, croît, passe par un maximum et décroît à grande distance.
- Dans les expériences relatées au début de cette note, l’intensité d’aimantation assez forte à 10 mm du fil s’annule à environ 25 mm, l’aimantation change de sens, passe par un maximum aux environs de 100 mm puis décroît.
- Nous sommes loin des résultats que fournissent la règle du bonhomme d’Ampère et des formules simples du champ produit par les courants ! H. Vigneron.
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- COMMUNICATIONS a l ACADEMIE DES SCIENCES
- Séance du 28 décembre 1936.
- Le soufre dans le céleri. — MM. Gabriel Bertrand et Silberstein, en poursuivant leurs mesures des teneurs relatives des végétaux en soufre, phosphore et azote, ont remarqué l’abondance exceptionnelle du soufre dans les tissus du céleri. Le rapport soufre-azote y atteint 0,62, correspondant à la présence de 1,8 pour 100 de soufre dans la matière sèche. Toutes les crucifères sont particulièrement riches en soufre, mais le céleri en contient une proportion beaucoup plus élevée que celles observées jusqu’à maintenant, sans que les auteurs aient encore pu préciser sous quelle forme.
- Conductibilité thermique des gaz sous faible pres= sion. — M. Delaplace a étudié la conductibilité thermique des gaz à des pressions variant entre l/1000e et 0 mm 3 de Hg en les plaçant dans un récipient métallique dont les parois sont reliées aux soudures froides d’un couple formé d’un filament nichrome-constantan parcouru par un courant alternatif; les soudures chaudes demeurent au sein du gaz à étudier. A chauffage constant, la température du filament est fonction de la conductibilité thermique du gaz, si on admet qu’à ces basses pressions les échanges par convection sont négligeables et en ne tenant pas compte des pertes par radiation, qui doivent cependant être sensibles. Dans ces conditions l’auteur a vérifié, sur les carbures saturés, qu’à partir d’une pression de 0 mm 15, les conductibilités gazeuses ne dépendent, ni de la pression, ni du poids moléculaire du gaz. Au-dessous de cette limite la conductibilité varie dans le même sens que le poids moléculaire et est modifiée par la structure moléculaire des isomères. Aux très basses pressions, la conductibilité des carbures reste supérieure à celle de l’hydrogène.
- Détonation du nitrate d’ammonium. — Le nitrate d’ammonium très pur ne détone que partiellement quel que soit l’amorçage. MM. Laffitte et Parisot montrent que la détonation complète peut être obtenue en ajoutant soit de l’aluminium ou du magnésium, soit 1,5 à 2 pour 100 de dérivés aromatiques nitrés. En mesurant les vitesses de détonation de ces mélanges et en extrapolant les résultats, on trouve que la vitesse de détonation du nitrate pur varie avec le diamètre du tube chargé et reste cependant voisine de 1400 m./sec. celle de ses mélanges avec les composés nitrés varie beaucoup avec la densité de chargement, l’explosion devenant même impossible si celle-ci dépasse 1,2.
- La tremblante du mouton. — La maladie dite « tremblante » du mouton est très mal connue; jusqu’à ce jour les essais de transmission par cohabitation ou inoculation avaient été vains. MM. Cuillé et CHELLEont présumé que les insuccès provenaient d’une très longue incubation de la maladie dépassant les périodes d’observation des animaux inoculés. Ayant inoculé neuf animaux par diverses méthodes, les auteurs ont constaté que les animaux sacrifiés pour diverses causes dans les mois qui ont suivi ne présentaient aucun signe de tremblante; par contre deux animaux conservés périrent par cette maladie l’un après 14 mois, l’autre après 22 mois. Les auteurs peuvent donc affirmer que la tremblante du mouton est une maladie infectieuse et inoculable dont le virus existe dans les centres nerveux et a une très longue durée d’évolution.
- Séance du 4 janvier 1937.
- Conductibilité électrique de l’air. — Le potassium, constituant important des roches granitiques, possède une
- faible radioactivité qui passait cependant pour suffisante pour ioniser notablement l’air voisin et, en particulier, pour provoquer de fréquentes chutes de la foudre en certains lieux. M. Dauzère a mesuré la conductibilité de l’air dans les mines de Sallent (Catalogne) riches en sylvinite et carnallite. Ces mesures révèlent une ionisation importante dans les entrepôts, mais donnent des résultats ne différant pas sensiblement de la normale dans des galeries aérées. Le simple renouvellement de l’air dans la mine étant suffisant pour ramener son ionisation à la normale, il paraît a fortiori évident que l’action du potassium du sol est incapable de provoquer une conductibilité particulière de l’atmosphère voisine avec ses conséquences. Il faut donc rechercher dans d’autres domaines la cause de la fréquence des chutes de la foudre sur certains points.
- Durée de la vie de l’homme fossile. —M.Vallois admet que le seul critère de l’âge des squelettes humains fossiles réside dans l’état des sutures crâniennes. Résumant le résultat de ses recherches sur des gisements d’époques différentes, l’auteur constate que l’homme fossile avait une vie très brève, n’atteignant probablement jamais la vieillesse marquée par la synostose des sutures. La mort survenait donc en général avant 50 ans, avec le déclin des forces physiques. A l’appui de sa thèse, M. Vallois montre que la synostose crânienne a une nette tendance à se produire de plus en plus tôt au fur et à mesure que l’on remonte dans l’évolution de l’homme. Il est donc très peu vraisemblable que son absence dans les squelettes fossiles soit due à une apparition tardive chez les premiers hommes. L’auteur remarque enfin que dans les gisements étudiés, la durée de la vie paraît plus courte chez la femme que chez l’homme.
- Hémaphrorrhée.—M. Grasse désigne par liémaphrorrhée la propriété qu’il a reconnue chez un criquet de la Côte d’ivoire d’expulser par des pores ou des fentes disposés un peu sur tout son corps (pronotum, cou, hanches, bords inférieurs des fémurs, saillie médiane de l’abdomen) une écume brunâtre formée de sang et d’air. Cette émission a lieu par quantités très importantes sous l’influence d’une excitation telle qu’une pression sur l’abdomen, le pincement d’une patte. Localisée tout d’abord aux orifices voisins, elle gagne rapidement tout le corps. Ce phénomène s’apparente à la saignée réflexe, mais est compliqué par l’intervention de l’appareil trachéen; l’auteur l’a retrouvé chez d’autres espèces.
- Séance du 11 janvier 1937.
- Nouvelle cellule photoémissive. — Pour parer à divers phénomènes empêchant la proportionnalité de l’émission des cellules au flux reçu par leurs cathodes (ionisation due aux tensions élevées, influence des parois, distorsion du champ près d’une anode filiforme, etc.), M. Boutry présente une nouvelle cellule. Celle-ci est contenue dans une ampoule de très grandes dimensions où les sorties d’électrodes peuvent se faire par de longs pieds de verre chauffés vers 250°. La cathode est constituée par une plaque d’argent guilloché, entourée d’un anneau de garde recouvert comme elle d’un dépôt émissif. L’anode, formant condensateur avec eux, est constituée par une grille plane et ténue de fils de tungstène. L’influence des parois est pratiquement supprimée et la saturation, survenant pour des tensions accélératrices de l’ordre de 3 à 4 v, l’ionisation par chocs est extrêmement faible. De telles cellules doivent permettre de réduire beaucoup le bruit de fond dans les émetteurs de télévision. L. Bertrand.
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- NOTES ET INFORMATIONS
- PHYSIQUE
- Manomètre pour faibles pressions.
- Lorsqu’on veut mesurer la pression dans une enceinte où l’on a eü'ectué un vide très poussé, on se trouve en général arrêté par le manque de sensibilité des appareils.
- Une note de M. Bonet-Maury, présentée le 12 octobre dernier à l’Académie des Sciences, décrit un appareil très ingénieux et très sensible.
- Son principe repose sur la mesure des déplacements de l’extrémité d’une lame métallique mince, placée dans un milieu où règne la pression à mesurer entre deux parois portées à des températures diiïérentes. Le déplacement est proportionnel à la pression et à l’écart des températures; la variation de sensibilité s’obtiendra donc aisément en jouant sur les températures des parois.
- L’appareil représenté par le schéma de la ligure 1 consiste en un vase en pyrex à axe vertical, argenté intérieurement et portant à la base une fenêtre munie d’un prisme qui renvoie l’image de l’extrémité de la lame sur un microscope à axe horizontal; une tubulure latérale à rodage permet de le raccorder à la pression à mesurer.
- Les parois sont constituées par deux manchons ayant une section en forme de croissant pour laisser entre eux une cheminée cylindrique où se déplace la feuille. Les deux manchons sont argentés de façon à constituer avec l’enveloppe un véritable vase Dewar du fait des faibles pressions.
- L’un des manchons, Mt, est soudé à l’enveloppe et fait corps avec elle. L’autre manchon, M2, porte la feuille métallique en aluminium battu, au moyen d’un fil de tungstène noyé dans la paroi. Le montage de Mt sur M2 par un rodage permet d’orienter et de centrer convenablement la lame entre les parois.
- Pour les mesures, après avoir soigneusement mis à la terre le fil de tungstène, on peut remplir le manchon M2 d’air liquide, ce qui donne un écart de température supérieur à 200°, le manchon M, étant rempli d’eau à la température de la pièce.
- Dans ces conditions les variations de température sont très faibles (1/2 degré en 2 h) ce qui rend les mesures aisées et les corrections faciles.
- La grande sensibilité ainsi obtenue permet de lire 5 X 10~4 baryes avec une feuille de 10 cm de longueur sur 0,5 cm de large et un grossissement de 40 du microscope.
- L’appareil est très fidèle et revient au zéro dès qu’on égalise les températures; il est très peu sensible à la nature du gaz dont on mesure la pression; enfin la forme des parois ainsi que leurs distances à la lame n’agissent pas sur les résultats obtenus, ce qui rend sa construction très facile.
- Mannevy-Tassy.
- Vers le zéro absolu.
- Les procédés classiques de réalisation des très basses températures à l’aide des gaz liquéfiés : air, azote, hélium, sont bien connus et ont permis d’atteindre des températures de quelques degrés absolus seulement. Pour descendre encore plus bas, les difficultés paraissent insurmontables, car l’hélium,le dernier gaz restant liquide, ne permet guère de dépasser 1° absolu.
- Pour aller plus près du zéro absolu, il faut s’adresser à d’autres phénomènes. Ce sont des propriétés magnétiques curieuses de certains corps qui ont fourni la solution.
- Quelques substances, comme certains aluns, contiennent des molécules ayant une polarité magnétique. A l’état normal, ces molécules sont orientées au hasard à l’intérieur du corps, mais, sous l’action d’un champ magnétique, elles s’orientent parallèlement les unes aux autres. Cette orientation s’accompagne d’un dégagement de chaleur. Inversement, au moment
- de la suppression de la contrainte exercée par le champ magnétique, les molécules reprennent leur liberté et s’orientent à nouveau au hasard. Cette modification absorbe de la chaleur.
- Voici comment on utilise cette propriété. Un morceau d’alun est refroidi dans l’hélium liquide jusqu’à une température de 1° absolu environ et on applique le champ magnétique. Le dégagement de chaleur qui se produit est absorbé par l’hélium liquide et la température ramenée à 1° absolu. A ce moment on retire l’hélium gazeux qui dans l’appareil assure la liaison calorifique entre l’alun et la circulation réfrigérante d’hélium liquide, de façon à isoler au maximum l’alun du milieu environnant. Si on supprime alors le champ
- /? la terre
- _ Manchon
- Pression a mesurer
- X----
- Manchon M,
- Lame - "
- Prisme-----
- COUPE XY
- Manchon
- Manchon Mt
- -Lame </ 'aluminium
- Fig. 1. — Coupe du manomètre pour faibles pressions.
- magnétique, l’alun absorbe de la chaleur, c’est-à-dire que la température s’abaisse. On a pu par ce procédé refroidir les corps en expérience jusqu’à moins de 0,01 degré absolu.
- H. Y.
- PHYSIQUE INDUSTRIELLE
- Production de la lumière blanche par un tube luminescent unique.
- L’emploi des tubes luminescents n’a pu se généraliser; en fait, ils sont presque uniquement utilisés pour les enseignes ou les décorations lumineuses, parce que la lumière qu’ils émettent est fortement colorée : violette dans les tubes à vapeur de mercure, rouge dans les tubes à néon, etc. La solu-
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- lion qui consiste à associer plusieurs tubes donnant des lumières colorées différentes pour obtenir un éclairage résultant, rappelant celui de la lumière solaire naturelle, est assez peu satisfaisante, bien que la combinaison tube à néon (lumière rouge), tube à vapeur de mercure recouvert intérieurement de silicate de zinc (lumière verte) soit fréquemment employée.
- MM. André Claude, Besson et Servigne ont résolu le problème de l’obtention économique de la lumière blanche à l’aide d’un tube unique.
- M. Besson a remarqué que si un tube à vapeur de mercure est recouvert intérieurement de tungstate de calcium, son rayonnement contient non seulement les radiations ultra-violettes émises par la colonne gazeuse, mais également des radiations ultra-violettes produites par la luminescence du revêtement, qui provoquent la vive phosphorescence rougeâtre d’un mélange de sulfure de zinc et de cadmium disposé à l’extérieur du tube. Dans ces conditions, la lumière totale résultante est sensiblement blanche. La séparation des deux couches luminescentes est obligée, car le sulfure mixte serait attaqué par la colonne excitatrice.
- M. Servigne a modifié la lumière bleue fournie par le tungstate de calcium en lui incorporant dans des conditions spéciales de petites quantités de samarium, qui provoque une diminution du bleu dans le rayonnement, du tungstate et une exaltation du rouge, de sorte que, pour arriver à une lumière comparable à la lumière du jour, il suffit d’ajouter un peu de silicate de zinc pour combler un léger manque dans le vert. La résistance de ce mélange à la température est telle que la couche de tungstate samarifère peut être fixée intérieurement à la paroi par ramollissement du tube, même s’il est constitué par du verre boro-silicaté ou du quartz. On peut donc travailler le tube après coup pour lui donner toutes les formes désirées.
- En modifiant la proportion ou la nature des corps ajoutés, on peut obtenir toutes les teintes désirées, les differentes terres rares'fournissant à cet égard des ressources très variées.
- H. V.
- MÉTÉOROLOGIE
- La radioactivité de Pair en montagne pendant l’hiver.
- M. H. Garrigue a découvert que les émanations radioactives, et en particulier le radon, qui existent en quantités plus ou moins importantes aussi bien dans les plaines que dans les montagnes, s’accumulent sous l’enneigement des pentes montagneuses, la couche de neige jouant alors le rôle d’écran semi-imperméable. Ces émanations se dégagent naturellement du sol, particulièrement à l’émergence des sources et la teneur de l’atmosphère est variable et dépend de l’orientation des vents. C’est ainsi que, dans les Indes, la teneur est maxima en radon pendant le mois le plus froid et lorsque les vents soufflent de l’Himalaya : le vent apporte le radon accumulé dans la montagne sous la couche de neige. De même, sur mer, la teneur augmente lorsque les vents soufflent de la terre.
- L’accumulation de radon semble donc ne dépendre que du vent local; elle est maximum sur la face couverte de neige de la montagne lorsque le vent souffle sur la face la plus abrupte et par conséquent la moins enneigée. La teneur en radon peut atteindre 10'“° curie par litre à la pression normale, alors que la valeur moyenne à Paris est de 1,18 KL"'3 curie par litre. Voilà sans doute un argument imprévu en faveur des sports d’hiver que ne manqueront pas de faire valoir les fervents de la neige ! H. V.
- RADIOPHONIE L’école par la T. S. F.
- A partir du 1er janvier 1937, la station de la Tour Eiffel se trouve en principe complètement consacrée à la diffusion
- des programmes éducatifs et sociaux. Il est regrettable que les émissions de cette station aient lieu sur 206 m de longueur d’onde et ne puissent être perçues avec facilité dans toute la France; des relais régionaux sont prévus.
- Des crédits spéciaux sont prévus pour doter les écoles des appareils récepteurs nécessaires à l’audition de ces émissions.
- Seuls seront admis des modèles agréés par une commission pédagogique spéciale; une première liste des prototypes agréés sera dressée avant le mois de mars.
- Les premières indications données par la commission sur les conditions générales auxquelles doivent satisfaire les récepteurs sont, d’ailleurs, assez vagues.
- Ils doivent fonctionner sur la gamme de 195 à 1000 m, avec une sélectivité de 8 kilocyeles, sur courant alternatif, et sans antenne extérieure; ils doivent se prêter à l’emploi d’un pick-up indépendant et d’un haut-parleur supplémentaire.
- Du poids maximum de 15 à 18 kg, ils doivent être peu encombrants et facilement transportables.
- Il n’est pas donné d’indications exactes sur leurs qualités acoustiques qui sont pourtant essentielles, si l’on veut permettre une compréhension parfaite et sans fatigue de la parole, ainsi qu’un résultat didactique utile pour l’enseignement de la musique et du chant. La sensibilité devrait, d’autre part, être définie, si l’on veut assurer une réception suffisante dans toutes les régions.
- Les programmes de ces émissions sont élaborés par une commission divisée elle-même en quatre sous-commissions; enseignement supérieur, enseignement du second degré (secondaire, primaire supérieur, technique), enseignement primaire, enseignement post-scolaire.
- La durée des causeries ne dépasse pas en général dix minutes; les directeurs d’établissement et les professeurs auront communication chaque semaine des sujets traités, pour effectuer un choix rationnel. 11 ne s’agit, d’ailleurs, que d’apporter un complément à l’enseignement direct du maître et non de le remplacer.
- L’horaire actuel des émissions est le suivant : causeries d’enseignement primaire, mercredi et samedi de 15 heures à 15 h 45; conférences d’enseignement post-scolaire, lundi, mercredi, jeudi, samedi, de 19 h à 19 h 50. Les deux premières seront plutôt destinées aux jeunes gens et jeunes filles des villes, les deux autres aux jeunes gens et jeunes filles des campagnes. P. H.
- RADIO-ÉLECTRICITÉ
- L’installation radio=électrique du Parlement belge.
- La seule langue officielle de la Belgique était autrefois le français et les discours prononcés au Parlement belge l’étaient toujours en français. Il n’en est plus de même depuis 1935, et surtout depuis les élections de juin 1936; tous les députés et même les ministres flamands ne s’expriment plus qu’en cette langue alors que des députés ou ministres wallons continuent à employer le français. Les deux langues n’étant pas familières à tous les auditeurs, ce bilinguisme crée une gêne sérieuse pour les discussions législatives.
- Pour atténuer cet inconvénient, on a installé à la Chambre des députés et au Sénat un système de diffusion téléphonique analogue à celui qui est adopté depuis déjà longtemps à la Société des Nations.
- Les députés ou les sénateurs ont chacun à portée de la main un casque avec des écouteurs téléphoniques, reliés à un réseau correspondant avec un microphone placé devant le bureau des sténographes.
- Pendant que l’orateur parle, un interprète au micro traduit immédiatement son discours, au fur et à mesure, qu’il est prononcé.
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- INVENTIONS ET NOUVEAUTÉS
- ÉLECTRICITÉ
- Les tubes démarreurs.
- Au moment de la mise en marche des moteurs électriques, il se produit en général de brusques accroissements de courant. Lorsque le rotor ne tourne pas encore, il n’y a pas de i'orce contre-électromotrice créée, et l’intensité du courant peut atteindre plusieurs fois la valeur du courant de régime. Sauf pour les très petites puissances et les moteurs spécialement construits, le démarrage en court-circuit nécessite la protection des bobinages du rotor pour éviter un échaulîe-inent excessif. A cet effet, on met un rhéostat dit « de démarrage » en série, dont on diminue automatiquement, ou à la main, la résistance durant la mise en route du moteur.
- Quand le moteur a atteint son régime, on peut court-cir-euiter cette résistance dont la valeur initiale doit être importante.
- — Une autre solution, réalisée par la Société Philips sous le nom de « tubes starto », consiste a utiliser les propriétés de certains corps semi-conducteurs (métalloïdes, combinaisons de métaux, etc...) dont le coefficient de résistivité électrique diminue lorsque la température croît. A la fermeture du circuit, avec un tel corps semi-conducteur en série, le courant est limité par la résistance à froid. Remarquons que ces tubes démarreurs fonctionnent exactement à 1 inverse des « tubes régulateurs » que l’on utilise dans l’industrie.
- Ces tubes régulateurs, constitués par des filaments métalliques dans une atmosphère d’hydrogène, ont une résistivité positive du filament, c’est-à-dire que la résistivité croit avec la température et, entre certaines limites, pour une variation de tension sur le tube, le courant qui le traverse reste constant.
- Dans les tubes « starto » dont la figure 1 montre une série d’exemplaires établis pour des courants de 17, 25, 35, 70 et 100 A, le semi-conducteur est un mélange de silicium et d’un produit liant céramique. L élément silicium ne présente pas par lui-même un coefficient de résistivité négatif en fonction de la température, mais en le diluant dans le liant, ce coefficient acquiert des valeurs très élevées qui permettent d’atteindre des différences très importantes entre la résistance à froid et la résistance à chaud.
- La résistance est disposée sous forme de tige dans une ampoule en verre à atmosphère d’argon (le silicium, à la température de 800° à laquelle il est porté, en pleine charge, réagirait sur l’oxygène ou l’azote).
- La résistance à froid peut être réglée à volonté, en agissant sur la composition de la pâte de silicium. Les caractéristiques des modèles de série sont les suivantes pour deux tubes fonctionnant sous 220 v et dont les intensités de régime sont respectivement 17 et 100 A. :
- Résistance à froid . . .
- Résistance en service . . Chute de tension . . . .
- Poids..................
- Encombrement...........
- Durée de refroidissement,
- 100 ohms et 15 ohms 1,2 ohm 0,15 ohm 20 v 14 v
- 15 gr 80 gr
- 2,5 X 6 20 X 30
- 20 mn 40 mn
- Cette dernière caractéristique correspond au temps nécessaire pour que, par suite de la capacité thermique assez grande de la résistance, celle-ci revienne à la température ambiante et puisse de nouveau jouer son rôle lors d’une nouvelle mise en circuit. On remédie à cet inconvénient, lorsqu’il est nécessaire de prévoir des mises en circuit rapprochées, en court-circuitant
- Fig. 1. — Quelques tubes « Slarlo » de 17 à 100 ampères.
- le tube automatiquement par un relais électro-magnétique sitôt que la période de démarrage est terminée et le régime normal réalisé.
- PHOTOGRAPHIE
- Un dispositif simplifié de microphotographie.
- La microphotographie est de plus en plus employée pour l’enseignement et la recherche scientifique; en biologie et en microbiologie, en particulier lorsqu’on veut pouvoir représenter d’une manière intéressante des résultats de recherches,
- Fig. 2. — Oculaire micropholographique Nachel simplifié.
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- Fig. 3. — La lampe ponctuelle servant à l’éclairage de l’appareil microphologra-phique Nachet et son bloc d'alimentation sur secteur.
- il est préférable de donner des clichés exacts plutôt que des dessins exécutés suivant la méthode ordinaire de la chambre claire.
- Les techniciens et les praticiens de l’industrie ou des laboratoires, eux aussi, ont très souvent recours aux clichés microphoto g r a p h i-ques pour la métal-lographie ; l’étude des matières premières, les enregistrements sono r es, etc...
- Pour l’amateur enfin les prises de vues microphotographiques présentent un intérêt scientifique ou pratique, ou même un véritable caractère artistique.
- Les appareils à adapter au microscope pour les prises de vues microphotographiques sont, en principe, très simples, puisqu’on utilise généralement l’objectif, et même quelquefois l’oculaire ordinaire du microscope, en adaptant simplement sur le tube à tirage de l’appareil une chambre noire fixe ou pliante.
- Certains de ces appareils sont pourtant encore relativement compliqués et coûteux, encombrants, et de maniement difficile.
- Des dispositifs simplifiés et réduits peuvent donner de bons résultats; encore faut-il que leurs disposition soit soigneusement étudiée et leur construction précise de manière à réaliser exactement la mise au point.
- La chambre représentée sur la photographie de la figure 2 est de format très réduit, puisque sa longueur n’est que d’une dizaine de centimètres.
- De forme conique, elle s’emboîte comme un oculaire dans le tube à tirage du microscope, et elle rend de très bons services pour les photographies à grossissement faible ou moyen.
- Fig. 4. — Support « Burostgl » pour shjlographe.
- Alors que dans la plupart des dispositifs, on se contente d’utiliser l’oculaire ordinaire du microscope, dans cet appareil on adopte un oculaire spécial projecteur achromatique, spécialement étudié pour donner des images sans courbure de champ et pourvu du diaphragme correspondant.
- Les épreuves obtenues, du format 4,5 X 6, sont ainsi très fines, et peuvent être facilement agrandies; le système est pourvu, en outre, d’un obturateur pour la pose en un ou deux temps, ou l’instantané.
- La mise au point sur le verre dépoli s’elïectue exactement à l’aide de la vis micrométrique du microscope, et il suffit ensuite de remplacer le verre dépoli par un châssis métallique portant une plaque.
- Pour obtenir de bons résultats, il est simplement nécessaire d’avoir un éclairage suffisant, d’autant plus intense que le grossissement est plus grand.
- Cet éclairage sera obtenu, de préférence, à l’aide d’un système à ampoule à incandescence ponctuelle alimentée généralement sous une faible tension de l’ordre de 12 v, mais avec une intensité de l’ordre de 5 A; on voit, sur la figure 3 une lampe de ce genre avec un bloc réglable d’alimentation sur le secteur 110 ou 220 v.
- Microscopes Nachet, 17, rue St-Séverin, Paris (5°).
- OBJETS UTILES
- Nouveau support de bureau pour stylographe.
- On utilise très souvent des supports mobiles pour maintenir les stylographes servant au travail de bureau, pendant les intervalles de repos.
- Ces supports, maintenus généralement obliquement, la pointe vers le bas, comportent simplement un embout conique à rotule dans lequel on place l’extrémité du stylo-graphe, la plume en avant.
- Ces dispositifs, pourvus d’un socle en bois, en cuir, en marbre, en métal, etc., sont généralement pratiques et élégants; ils préservent, en tout cas, la plume du stylographe et assurent l’emploi facile de ce dernier en le maintenant à une position déterminée du bureau.
- Mais cette disposition oblique du support qui maintient la plume du stylographe vers le bas n’est pas rationnelle ;
- en réalité, quelles que soient les qualités de système d’écoulement de l’encre, cette dernière tend, en effet, à s’échapper dans cette position par simple gravité, et l’inconvénient est donc notable : on arrive à épuiser rapidement la provision d’encre, à obstruer les canalisations, etc...
- Un constructeur français a établi un support de stylographe de bureau, également élégant et pratique, mais beaucoup plus rationnel.
- Comme le montre la photographie de la figure 4, le système comporte un embout-support conique pouvant tourner autour d’un axe horizontal et un berceau métallique courbé, sur lequel vient s’appliquer la tige du stylographe.
- Au repos, le support reste vertical par son propre poids; lorsqu’on place le stylographe, l’embout est entraîné en arrière et la tige réservoir d’encre vient s’appliquer sur le berceau métallique.
- Le stylographe prend ainsi une position oblique, mais la plume vers le haut, de sorte que l’encre ne peut s’écouler, et le système offre ainsi toute sécurité.
- Établissements Stylomine, 2, rue de Nice, Paris.
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- BOITE AUX LETTRES
- COMMUNICATIONS
- Rectification. — Les caprices de la rolalion terrestre. — Nos lecteurs voudront bien excuser la coquille qui, dans l’article « Les caprices de la rotation terrestre », paru le l“r février, a fait sauter la lettre s indiquant les secondes de temps dans les valeurs numériques des pages 110 (col. 2, ligne 19), 113 (col. 1, ligne 28; co\2, ligne 17); 114 (col. 1, ligne 1; col. 2, ligne 19).
- A propos des poussières au plafond (n° 2990), m. Ch. Gon-non, de Lyon, nous écrit :
- « Le dépôt de poussières au plafond se produit aussi bien dans les pièces pourvues de radiateurs que dans celles chauffées par phares, cheminées, il est donc indépendant du mode de chauffage.
- « Dans une pièce chauffée par un moyen quelconque (chauffage central, phare, etc.) il se produit un perpétuel courant d’air gagnant le plafond. Ce courant d’air chaud entraîne avec lui toutes les poussières rencontrées et les répartit d’après leur densité respective. La plupart d’entre elles devraient se fixer uniformément sur le plafond, grâce aux aspérités de ce dernier.
- « Tout plafond, qu’il soit en plâtre ou en toute autre matière, revêtue ou non d’un enduit, est plus ou moins poreux. Par suite de cette porosité et de la pression exercée par le courant d’air chaud, cet air chaud chargé de poussières s’infiltre peu à peu à travers l’épaisseur du matériau et, au passage, se débarrasse des poussières véhiculées, comme s’il traversait un filtre en terre. Dès lors, il n’y a pas lieu de s'étonner que les solives et les lattes (le tout en bois) apparaissent en clair sur un fond d’ensemble d’un gris plus uniforme; car ce bois diminue, â l'endroit même où il se trouve, la porosité du constituant du plafond et les poussières s’accumulent beaucoup moins à cet endroit qu’entre les solives et les lattis. C’est sans doute pour cette raison que l’ossature (en bois) d’un plafond se trouve ainsi nettement dessinée au bout d’un laps de temps, variable selon les poussières de l’air ambiant, le genre, la fréquence et l’intensité du chauffage.
- « Les considérations de M. E. Boyer, à St-Affrique, exposées dans le n° 22 de La Nature, combinées aux précédentes, fourniraient, à coup sûr, une explication assez complète du phénomène. »
- Uheure exacte par T. S. P. — De nombreux lecteurs nous ont écrit à plusieurs reprises pour nous demander comment on peut connaître l’heure exacte grâce aux signaux des émissions de T. S. F.
- Ces signaux ont été modifiés à plusieurs reprises; désormais, en France, grâce à la pendule parlante de l’Observatoire de Paris, l’indication de l’heure est envoyée par radiophonie d’une manière absolument exacte.
- Voici quelques-uns des signaux les plus faciles à recevoir, provenant des stations d’émissions françaises et étrangères, et permettant de déterminer l’heure exacte aux divers moments de la journée.
- 7 h. Paris P. T. T. (431,70 m) et les stations d’État. Signaux de l’horloge parlante.
- 7 h 15. — Radio-Paris (1648 m). Transmission de l’heure.
- 8 h. — Paris P. T. T. et Stations d’État. Horloge parlante.
- 9 h. -— Paris-P. T. T. et Stations d’État. Horloge parlante.
- 10 h 15. — Stations anglaises, en particulier, Londres National (261,1 m) — Nord National (296,2) —• Droitwich (1500 m) — Londres Régional (342,1 m) — Nord Régional (449,1 m) etc. Signal de cloches de Westminster (Big-Ben).
- 11 h 29. — Suisse Romande (443,1 m). Signal de l’observatoire de Neuchâtel.
- 12 h. — Paris P. T. T. et Stations d’État. Signaux de l’horloge parlante.
- 12 h. •— Stations anglaises, comme précédemment. Signal de cloches (Big-Ben).
- 12 h 15. — Radio-Paris. Heure par l’horloge parlante de l’Observatoire.
- 13 h. — Bruxelles (483,9 m). Émission de six points musicaux.
- 13 h. — Rtune (420,8 m). Florence (491,8 m). Signaux horaires.
- 13. — Rome (420,8 m). Florence (491,8 m). Signaux horaires.
- 15 h 50. •— Suisse Romande (443,1 m). Signal de l’observatoire de Neuchâtel.
- 16 h. 45. •—• Stations anglaises, comme précédemment. Signal horaire de l’observatoire de Greenwich.
- 17 h 15. •— Stations anglaises comme précédemment. Signal de cloches (Big-Ben).
- 1S h. — Stations anglaises, comme précédemment. Même signal.
- 18 h 30. — Paris P. T. T. et stations d’État. Heure de l’observatoire.
- 20 h 30. — Rome et Florence, comme précédemment. Signaux
- horaires italiens.
- 20 h 45. — Radio-Paris. Heure de l’Observatoire.
- 20 h. 55. — Moscou (1724 m). Carillon du Kremlin.
- 21 h. — Stations anglaises comme précédemment. Signal horaire de Greenwich.
- 22 h 50. — Hambourg (331,9 m). Signal Morse. Trois traits suivis de trois points.
- 23 h 30. •— Stations anglaises, comme précédemment. Signal de l’observatoire de Greenwich.
- 24 h. — Stations anglaises. Signal de cloches (Big-Ben).
- QUESTIONS ET RÉPONSES
- Appareils de mesures.
- Pour les mesures d’intensité de courants faibles, continus ou même alternatifs, on utilise des appareils apériodiques à cadre mobile.
- La déviation de l’aiguille de mesure est commandée par un cadre comprenant un petit nombre de spires de fils parcourues par le courant à mesurer, et placées dans le champ d’un aimant permanent. Le cadre mobile est suspendu suivant son axe sur deux pivots; deux ressorts spiraux montés en opposition permettent de régler et de fixer la position initiale, ils prennent appui sur un point fixe du bâti porte-pivots.
- Ces appareils sont dits apériodiques, parce que leur aiguille s’arrête sans oscillations sur la graduation cherchée.
- Avec un seul galvanomètre de ce type, et en faisant varier la valeur d’une résistance en shunt, on peut mesurer des intensités de valeurs très différentes. On peut également mesurer les tensions, soit par augmentation de la résistance de la bobine mobile, soit par mise en série d’une résistance disposée dans le boîtier de l’appareil; en combinaison avec un circuit comportant une pile, on peut mesurer des résistances, et, en employant un courant alternatif de fréquence connue, mesurer les capacités.
- D’ailleurs, les mesures en courant alternatif sont désormais possibles pratiquement en combinant l’appareil avec un redresseur à éléments à oxyde de cuivre.
- Voÿez l’ouvrage : Entretien, mise au point, dépannage des appareils
- radio-électriques, par P. Hémardinquer (Librairie de l’Enseignement technique, éditeur, 61, bd St-Germain, Paris).
- Réponse à M. Pascaud, à Troyes (Aube).
- Récepteur fonctionnant avec écouteurs téléphoniques.
- Pour recevoir au casque téléphonique uniquement les émissions radiophoniques de radiodiffusion, provenant des principales stations européennes, et les émissions sur ondes courtes sur la gamme de 15 à 80 m, on peut utiliser des postes-secteur alimentés par le courant alternatif, et même par le courant continu, mais il n’est pas nécessaire d’employer des étages d’amplification basse fréquence puissants, il faut des circuits de filtrage particulièrement étudiés, afin d’éviter tous ronflements. Puisque vous possédez des batteries d’accumulateurs, haute et basse tension, vous pouvez utiliser un montage très simple, ne comportant qu’un étage d’amplification basse fréquence, au maximum, avec une lampe trigrilie.
- Les caractéristiques de ce montage varient évidemment suivant les conditions locales et la possibilité d’employer ou non une antenne extérieure suffisante.
- Si les^troubles dus aux émissions locales puissantes ne sont pas trop à craindre, et que vous puissiez employer une antenne extérieure, même de longueur assez courte, un montage comportant un étage haute fréquence à lampe à écran, une lampe détectrice triode et un étage basse fréquence à lampe pentode peut suffire; on trouve, d’ailleurs,
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- maintenant des lampes-batteries qui donnent de très bons résultats.
- Les bobinages d’accord et de liaison sont interchangeables ou sont commandés par des combinateurs. Vous pouvez trouver des indications sur les pièces détachées à employer ainsi que sur les détails des montages dans l’ouvrage « Les meilleurs récepteurs de T. S. F. » (Dunod, éditeur).
- Réponse à M. Blottiau, à Hénin-Liétard (P.-de-C.).
- De tout un peu.
- M. Berliet, à Lyon. La potée d'étain est un mélange de protoxyde d’étain SnO et de bioxyde d’étain SnOa que l’on obtient très simplement par oxydation à l’air de l’étain fondu et porté au rouge vif.
- Le plus souvent, on facilite] cette oxydation en ajoutant à l’étain un peu de plomb qui sert de vecteur à l’oxygène.
- La potée d’étain est utilisée comme abrasif doux, pour le polissage, principalement celui du verre.
- M. Alabert, à Tanger. — 1° Pour colorer du ciment, vous ne pouvez employer que des couleurs non susceptibles d’être modifiées par les alcalis, en l’espèce des couleurs minérales, Tels sont : le jaune minéral, l’ocre jaune, les cendres bleues, le bleu d’outremer, le minium, le rouge d’Angleterre, le brun Van Dyck, le brun de manganèse, la terre de Vérone, le vert de Cassel, le vert Guignet, le violet minéral, le violet de Mars.
- 2° Vous trouverez du tuyau de plomb de 5 mm chez tous les quincailliers, en demandant de la canalisation pour gaz acétylène.
- M. Le Dr Régnier, à Eclaron. — La solution de permanganate employée pour effacer l’écriture doit être assez concentrée, soit environ à 5 pour 100, en outre elle doit être acide, ce que l’on réalise par addition de 1 à 20 de bisulfate de soude (non bisulfite),
- Quant à la seconde solution,] elle est simplement constituée par le bisulfite liquide du commerce à 35° B.
- IVI. Cueslot-Huet, à Caen. •— Le moyen le plus pratique pour faciliter le séchage du goudron de Norvège est d’assurer sa pénétration dans les cordages par dilution.
- Dans le cas présent le dissolvant par excellence est l’alcool qui peut être le vulgaire alcool dénaturé ou alcool à brûler.
- M. Sausseau, à Verrières (Vienne). — Vous pourrez trouver de la cire Montané (Montan-Wachs ou cire de lignite) en vous adressant aux établissements Pelliot, 53, rue de Châteaudun, à Paris (9 e).
- M. Hosteins, à Anglade. — Le mélange des couleurs dites d’aniline ne peut s’effectuer sans dommage qu’en s’adressant à des couleurs résultant d’une même fonction chimique du principe colorant fonction acide ou fonction basique. Dans les couleurs acides on peut prendre jaune naphtol, jaune métanile, jaune mandarine, tartrazine jaune, éosine, écarlate de crocéine, écarlate brillant, érythrine, bleu soluble, bleu pour laine, bleu carmin, bleu solide.
- Et pour les couleurs basiques, jaune de chrysoïdine, auramine jaune, jaune de quinoléine, fuchsine diamant, fuchsine acétate, rhodamine, bleu de méthylène, bleu Victoria, bleu nil, bleu nouveau.
- Eu égard à l’infinité de nuances des produits du commerce, leur association en couleurs complémentaires ne peut se réaliser que par tâtonnements.
- M. Bignard, à Sens. — 1° La liqueur citro-magnésienne employée pour la précipitation de l’acide phosphorique en milieu ammoniacal est ainsi préparée :
- On pèse 400 gr d’acide citrique ordinaire que l’on dissout dans environ un litre d’eau chaude, puis on y ajoute peu à peu (car il y a dégagement d’acide carbonique), 100 gr de carbonate de magnésie, on porte à l’ébullition, laisse bien refroidir et y verse progressivement en refroidissant le récipient (ballon de préférence mis dans l’eau froide) 600 cm3 d’ammoniaque ordinaire.
- Après refroidissement complet, on amène le volume à 1500 cm3, agite et filtre.
- Prendre environ 20 cm3 de cette solution pour 0 gr 100 d’acide phosphorique supposé devoir précipiter.
- 2° L’oxylithe, par décomposition en présence de l’eau, donne simultanément de l’oxygène et de la soude caustique d’après la réaction :
- 2 NaO2 + H20 = 2 NaOH + 30 la quantité d’acide sulfurique nécessaire pour la neutralisation de la soude caustique ne peut être fixée d’avance, l’oxylithe étant mise dans le commerce à des richesses variables en bioxyde de sodium; en cette occurrence, lorsque l’on a en vue la préparation de l’eau oxy-
- génée médicinale, il est préférable de s’adresser au perborate de soude qui a une présentation commerciale plus constante, car on ignore le plus souvent la richesse de l’oxylithe mise à votre disposition; ce perborate, par simple dissolution dans l’eau, donne de l’eau oxygénée et du borax, on peut ainsi obtenir de l’eau oxygénée à des titres divers.
- L’eau oxygénée à 2 volumes s’obtient par dissolution à saturation du perborate de soude dans l’eau à la température ordinaire, il en faut environ 25 gr par litre.
- L’eau à 10-12 volumes se prépare en dissolvant dans la quantité d’eau suffisante pour faire un litre, 60 gr. d’acide citrique en poudre et 170 gr de perborate de soude. Filtrer s’il est nécessaire.
- L’eau à 18-20 volumes se prépare avec 700 gr d’eau froide, 210 gr de perborate et 105 gr d’acide citrique ou tartrique en poudre.
- On n’a pas à craindre l’acidité du liquide si elle se produit car elle est due à l’acide borique qui devient libre.
- 3° Le méta ou charbon blanc n’est autre chose que le métaldéhyde (CH3COH)3 isomère de l’aldéhyde éthylique; il prend naissance par polymérisation de l’acétaldéhyde en présence d’un catalyseur, acide sulfurique ou sels.
- IVI. Cluzel, à Paris. — lu La dorure au mercure s'effectue en déposant à la surface du métal à dorer un amalgame d’or, puis on chauffe suffisamment pour que le mercure se volatilise, en abandonnant l’or, dont on augmente l’adhérence en le lissant fortement avec un brunissoir-
- Ce procédé est très apprécié parce qu’il implique le dépôt d’une couche assez épaisse d’or, une couche trop mince aurait en effet l’inconvénient de disparaître dans le métal support.
- Aujourd’hui, dans la plupart des cas, on substitue à la dorure au mercure, nocive pour l’opérateur à cause des vapeurs mercurielles, la dorure électrolytique ou galvanoplastie, dans laquelle on utilise la dissociation d’un sel d’or (cyanure), par le courant électrique et le transport du métal libéré sur l’objet à dorer placé à la cathode.
- 2° On peut facilement patiner les dorures « trop neuves » en passant à la surface un pinceau imbibé d’une solution de sulfure de potassium (sel deBarèges) extrêmement faible, au maximum un gramme de sel par litre.
- Opérer toujours par applications successives de la solution, en attendant le résultat après application de chaque couche, sans quoi on s’exposerait à dépasser la mesure et à trop noircir l’objet.
- Mme Fortru, à Bretteville, (Calvados). — Le tannage des peaux au chrome par le procédé de l’Américain Procter a pour base l’emploi de l’alun de chrome, tel qu’on le trouve dans le commerce en beaux cristaux violet améthyste et qui est un sulfate double de chrome et de potasse, comme l’alun ordinaire est un sulfate double de potasse et d’alumine.
- Dans un bain d’alun de chrome additionné d’une certaine quantité de sel marin, on place les peaux à tanner, puis on ajoute peu à peu de la soude caustique. Le sel double est décomposé et le sulfate basique de chrome qui prend naissance cède à la peau de l’oxyde de chrome, corps qui se comporte sur les fibrilles de la peau comme le tanin, en leur formant une sorte de gaine protectrice isolante et insoluble, ce qui en assure la conservation.
- Cette méthode de tannage est surtout pratiquée pour l’obtention de cuirs épais à courroies et à semelles fortes, elle donne d’irréprochables produits en un temps très rapide.
- M. Marjoux, à St-Étïenne. — Nous avons donné dans le n° 2989, p. 480 la manière d’opérer la désodorisation du pétrole, veuillez bien vous y reporter.
- M. M. Clin, à Versailles. — 1° Dans la formule de préparation du bois plastique que nous avons donnée (n° 2981, p. 94), l’acétone constitue le solvant du celluloïd, aucun autre produit commercial jouissant des mêmes propriétés ne serait d’emploi plus économique.
- 2° La préparation sus-indiquée est surtout utilisée pour le rebouchage des trous ou fissures des bois ouvrés, la suppression des fentes de parquets, mais n’a pas sa raison d’être pour la fabrication d’un bois synthétique; toujours employée sous faible épaisseur,elle conserve une certaine souplesse, d’où la désignation de bois plastique sous laquelle elle est présentée.
- M. Courvoisier, à St-Léger-sur-Vevey. — A notre avis le meilleur moyen de remédier à la perméabilité de vos tuiles est d’en opérer la fluatation, la maison Teisset-Kessler, de Clermont-Ferrand, vous fournira le fluate qui convient dans ce cas particulier en lui indiquant dans la demande quel est l’emploi qui doit en être fait.
- Le Gérant : G. Masson.
- 92Ô’i. — lmp. Lahurr, g, rue de Flcurus. à Pari.-. — 1.5-2-1937. —Published in France.
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- N° 2996
- LA NATURE
- I" Mars 1937
- LES TRES HAUTES TENSIONS ET LEUR APPAREILLAGE
- La récente mise en service; de la nouvelle artère à 220 000 v reliant à Paris les centrales hydroélectriques du Khin et des Alpes, attire l’attention sur ces grandes réali-
- tante; grosses consommatrices de courant, elles avaient tout intérêt à une politique d’électricité bon marché, mais la production surabondante de ce courant a permis
- lug. 1. • 2 500 003 ku-A, telle est la gigantesque puissance instantanée que peut couper ce disjoncteur « orlhojecleur » tripolaire, installé au poste
- de Rueyres, sur la grande ligne à 220 000 v (600 A service) qui relie le Massif Central à Paris.
- l.es organes de coupure sont logés à l’intérieur des isolateurs à gradins, dont on remarquera les dimensions réduites; cinquante tonnes d’huile seraient nécessaires pour un disjoncteur ordinaire capable de couper cette même puissance (Ateliers de Delle).
- sations de la technique des hautes tensions. Désormais, avec l’artère initiale qui relie les usines du Massif Central (Brommat, Sarrans) à Paris, notre pays se trouve doté d’un des réseaux à très haute tension les plus vastes et les plus modernes existant dans le monde.
- Dans ce bel ensemble, la part des compagnies de chemins de fer, il est juste de le souligner, a été très impor-
- d’alimenter les grands centres de peuplement et d’industrie et de pousser activement l’électrification des campagnes.
- Notre intention n’est pas d’aborder ici les problèmes grandioses, mais trop techniques, que posent l’exploitation et l’équipement de ces immenses réseaux; nous voudrions décrire trois sortes de réalisations concrètes et particulièrement intéressantes : le nouveau câble 220 000 v à
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- Fig. 2. — Carie de la distribution de l'électricité dans la région de Paris.
- Les rectangles noirs représentent des centrales, les cercles des sous-stations, les lignes minces continues des câbles souterrains â 60 000 v, les lignes épaisses continues des artères aériennes à 220 000 v; les pointillés fins sont des transports aériens à 60 000 v et les pointillés forts sont des câbles à 220 000 v (document
- Génie civil).
- 80 000
- huile qui relie Clichy-sous-Bois à Saint-Denis et qui constitue un record du monde; les récents transformateurs à régulation automatique, et les nouveaux types d’interrupteurs haute tension à air comprimé, à eau, à jet d’huile (fîg. 1) qui apportent des solutions inédites, voire paradoxales.
- 220 000 VOLTS EN SOUTERRAIN
- Les lignes à 200 000 v en direction de Paris ne pénétraient pas, du moins jusqu’à présent, au cœur de la région parisienne (fig. 2); elles aboutissaient à de puissantes stations de transformation qui alimentaient à leur tour le réseau souterrain d’interconnexion de Paris et de sa banlieue, fonctionnant sous 60 000 v.
- Pour la double ligne du Massif Central, qui se présente par la banlieue sud, relativement peu peuplée, il avait été possible d’amener les conducteurs aériens jusqu’à la station de transformation 220 000/60 000 v, en l’espèce
- Fig. 4. — Principe du réglage de la tension à l’aide d’un transformateur à prises multiples.
- Les deux curseurs C et C' avancent successivement du plot 2 au plot 3, par exemple, en sorte que le courant n’est jamais coupé.
- Chevilly/ 11 n’en (était pas de même dans la banlieue nord, où le tracé traversait des agglomérations très denses, sans parler de la proximité de l’aéroport du Bourget, où l’ou ne pouvait envisager d’ériger des pylônes de 30 m. La solution choisie consista à arrêter la ligne aérienne à Clichy-sous-Bois et à la prolonger par un câble souterrain, long de 18 km 5, jusqu’à la station de transformation de Saint-Denis.
- Les précédents manquaient en la matière, car la plus haute tension de service atteinte avec un câble souterrain à huile, au Japon, était seulement de 154 000 v. La société italienne Pirelli, détentrice des brevets de ce type de câble, mit donc en essais un tronçon de 600 m., exposé à l’air libre, au poste de Cislago, près de Milan, et transmettant kv-A sous 220 000 v. Les résultats ayant été satisfaisants, la fabrication fut confiée à quatre maisons françaises de câbles..
- LE CABLE A HUILE
- Chaque câble, unipolaire (fig. 3) comporte un conducteur en cuivre de 350 mm2 de section utile, formé de trois couronnes de fils de 2 mm
- Fig. 3. — Coupe cl’un câble 220 000 v unipolaire et d’un caniveau-contenant trois câbles formant le circuit triphasé.
- de diamètre entourant un tube central de 13 mm de diamètre constitué par un mince ruban de fer enroulé en hélice; c’est ce canal qui sert au passage de l’huile. Le diamètre extérieur du conducteur ainsi constitué est. de 28 mm.
- Autour du conducteur sont enroulées environ 200 couches de papier formant une épaisseur de 24 mm. En cet état, le câble est soigneusement séché par chauffage sous vide, puis passé à la presse hydraulique pour recevoir-une gaine de plomb de 3 mm d’épaisseur. Le tout est ensuite fretté fortement à l’aide de deux rubans en bronze enroulés en sens inverse, séparés par de la toile imprégnée.
- Ainsi armé, le câble est recouvert d’une seconde gaine de plomb de 2 mm 5 d’épaisseur puis de filins en jute asphalté. Le diamètre total est de 97 mm.
- Séché de nouveau à 100° sous vide, ceci en vue d’évacuer les gaz occlus, le câble est soumis à différentes-
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- mesures de contrôle, puis l’huile est injectée sous pression et de nouvelles mesures sont effectuées après refroidissement. Le câble quitte alors l’usine, enroulé par longueurs de 300 m sur de grands tourets et maintenu plein d’huile sous pression par un petit réservoir auxiliaire.
- Un accessoire important du câble après sa mise en place, est constitué précisément par une série de réservoirs sous pression destinés à maintenir une saturation complète malgré les alternatives d’échaufîement et de refroidissement occasionnées par les variations de charge en service. Ces réservoirs ont la forme de cylindres d’environ 0 m 50 de diamètre sur 1 m 35 de hauteur. Le volume intérieur est en grande partie occupé par des cellules closes, plates, remplies d’air; ces cellules se compriment quand la pression de l’huile augmente et se dilatent en refoulant l’huile quand la pression diminue. Trois cents réservoirs ont été disposés sur le parcours. L’établissement des jonctions a donné lieu à des problèmes techniques qui ont été résolus; le câble est réellement reconstitué sur place et séché à chaud sous vide; un écran métallique est interposé autour de la jonction pour régulariser le champ électrique.
- Les trois câbles, disposés en triangle équilatéral dans des caniveaux en ciment (fig. 3), sont enterrés à des profondeurs variant de î m 30 à 4 m; ils empruntent uniquement le sous-sol des voies publiques.
- Les principales traversées sont celle du canal de l’Ourcq, qui s’effectue sur une passerelle métallique spéciale, et celle du canal Saint-Denis, pour laquelle on a utilisé un pont métallique déjà existant. La traversée des faisceaux de voies de la gare de triage du Blanc-Mesnil a été exécutée au moyen d’un tube en fonte visi-table de 1 m de diamètre et de plus de 100 m de longueur. Le franchissement de la ligne de Creil a été fait par le pont de la Révolte.
- TRANSFORMATEURS REGLABLES
- Le d éveloppemen t de Y interconnexion des réseaux, nécessitant la jonction provisoire ou durable de réseaux différents, a mis à l’ordre du jour les problèmes de réglage des tensions.
- Les transformateurs à prises multiples, permettant d’avoir au secondaire un nombre de tours variable, apportent une solution. Mais la permutation des prises, en principe, doit se faire sous charge nulle, ce qui exige que l’on arrête le courant sur le réseau; ceci est inadmissible dans les conditions modernes d’exploitation.
- Réaliser des dispositifs automatiques ou semi-automatiques de permutation permettant le réglage en charge, sans coups de feu et sans que le réseau cesse un seul instant d’être alimenté, tel est le problème qui a pu être résolu à l’aide des nouveaux ajusteurs de tension.
- Considérons un transformateur B,, B.2 (fig. 4) et soient A et A’ les départs du secondaire. Si nous relions la borne A à un curseur C glissant sur une série de plots P, il est clair que le courant sera coupé chaque fois que 1e curseur changera de plot; par contre, si nous utilisons un curseur assez large pour toucher deux plots simulta nément, nous mettrons une section du secondaire en court-circuit franc.
- Le problème est analogue à celui des prises variables sur batteries d’accumulateurs (batteries-tampons) et du pas-
- Fig. 5. — Groupe triphasé de réglage en charge installé au poste de la Martinerie et basé sur le principe du schéma figure 6.
- Pour une tension amont quelconque comprise entre 120 000 et 129 000 v. on peut obtenir toute tension aval désirée entre 108 000 et 129 000 v (Alstlioml.
- sage de « série » en « parallèle » sur les locomotives à plusieurs moteurs. La solution consiste à tolérer une perte momentanée d’énergie à l’instant précis du changement; ici, nous aurions deux curseurs C et ('/ que l’on ferait avancer l’un après l’autre d’un plot sur le suivant
- Fig. G. — Schéma pratique des circuits pour l’application du principe théorique de la figure 4 (Alstliom).
- ---CUVE DU
- TRANSFORMATEUR
- r*-----CUVE
- | DES CONTACTEURS
- AJUSTEURS DE TENSION
- COMPARTIMENT DU MÉCANISME DE COMMANDE
- _ . J
- BOBINE DE RÉACTION
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- Fig. 7. — Disjoncteur lélrapolaire à air comprimé, 15 000 v 500 A pouvant couper un demi-million de kv-A.
- On remarquera les cheminées formant silencieux.
- et qui seraient réunis de façon permanente par une résistance ou mieux une self L.
- Notre figure 6 montre comment ce principe a été appliqué pratiquement. Les manœuvres se suivent auto-
- Fig. 8. — Principe du soufflage à l’air comprimé.
- A gauche, l’arc est déformé par le jet d’air; à droite, il se détache lorsque le courant passe par zéro et il ne peut se réamorcer. 1 et 2, électrodes (document Revue générale d’Électricité).
- Cheminée
- isolante
- matiquement dans l’ordre suivant : ouverture du contae-teur G, ; déplacement de Y ajusteur (ou curseur) A( de la borne 6 à la boriie 7 par exemple ; fermeture du contacteur G1 (à ce moment, la section 6/7 du secondaire débite sur la self R qui modère le courant) ; ouverture du contacteur G2; déplacement de l’ajusteur G2 de la borne 6 à la borne 7 ; fermeture du contacteur C2.
- Sans insister sur ces dispositifs assez spéciaux (fig. 5), indiquons qu’ils peuvent être commandés de façon entièrement automatique grâce à des régulateurs Tirrill à lame vibrante, analogues aux régulateurs de tension utilisés à bord des voitures de luxe pour le contrôle de la dynamo.
- On arrive ainsi à une solution complète, la tension se maintenant quasi constante sur le réseau desservi et cela sans aucune intervention humaine.
- NOUVEAUX INTERRUPTEURS A HAUTE TENSION
- Une évolution extrêmement intéressante se dessine depuis quelques années dans la conception des interrupteurs et disjoncteurs à haute tension, les constructeurs cherchant à s’alfranchir de l’emploi des volumes d’huile considérables (50 t d’huile pour un grand interrupteur à 220 000 v) utilisés dans les appareils actuels (1).
- Le plus sérieux inconvénient des interrupteurs à grand volume d’huile est le danger d’incendie. Des arcs à température très élevée, libérant une quantité d’énergie énorme, éclatent au sein de ce liquide inflammable et si l’un d’eux ne s’éteint pas avec la rapidité prévue, un dégagement gazeux formidable se produit et peut amener une explosion. L’huile enflammée se trouve alors projetée au dehors avec un intense dégagement de fumée.
- Des palliatifs de détail ont permis de remédier en partie à ce danger; citons notamment l’adjonction de « pots d’explosion » formant chambres de détente et la subdivision des postes de transformation en cellules par des cloisons résistantes et incombustibles. Mais il ne faut pas oublier que les tensions en usage sur les réseaux s’accroissent de plus en plus, atteignant 150 000 ou 220 000 volts en France et 380 000 v en Amérique; quant au pouvoir de coupure exigé des interrupteurs et disjoncteurs, il s’élève aujourd’hui couramment à 500000 kv-A de puissance instantanée ! (2).
- Par suite, les dimensions linéaires des interrupteurs doivent être très considérables, le volume de la cuve à huile croissant à peu près comme le cube de la tension. Le transport, le montage et l’entretien de tels appareils, sans parler de l’amortissement du prix d’achat, deviennent des charges très lourdes pour les installations.
- PROBLÈME DE LA cc DÉSIONISATION »
- Le problème des interrupteurs à haute tension est un problème d'extinction d'arc. Théoriquement, deux mé
- 1. Voir : Kloninger, dans Bulletin de la Société française des Électriciens, mai 1934. Revue générale de VÉlectricité, 14 mai 1932 et 30 novembre au 16 décembre 1933. Nous suivons plus particulièrement un article de M. Lacaze dans R. G. E. du 4 janvier 1936.
- 2. Le terme de kilovoltampère, ici, est plus correct que celui de kilowatt qui supposerait le « facteur de puissance » égal à l’unité.
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- thodes peuvent être envisagées pour la suppression de l’arc, dans le cas, aujourd’hui général, où la coupure est opérée dans un circuit à courant alternatif.
- Un premier système consisterait à couper le courant exactement au moment où l’intensité passe par zéro. Ceci est réalisable pour de très faibles voltages, un dispositif de synchronisation intervenant pour garantir avec précision l’instant de la rupture. Mais pour les voltages donnant lieu à des arcs proprement dits et surtout pour les hautes tensions, le procédé est inapplicable parce que les pièces mobiles n’ont pas le temps de s’écarter suffisamment avant que la tension reprenne toute sa valeur. Dans ces conditions, l’arc se réamorce et exerce librement son action destructrice.
- Le second système consisterait à opérer la coupure au sein d’un diélectrique parfait, tel que le vide absolu. On sait, en effet, que l’arc s’établit par ionisation du milieu matériel, qui se trouve ainsi rendu conducteur; la suppression de ce milieu exclut évidemment toute possibilité de formation des ions.
- A cette solution toute théorique, on peut substituer pratiquement des procédés de destruction de la couche gazeuse ionisée, soit en favorisant la recombinaison des ions, soit en les chassant par un balayage énergique. Le réamorçage de l’arc est ainsi rendu impossible.
- SOUFFLAGE MAGNÉTIQUE
- Le premier en date de ces appareils à « nettoyage d’ions » est l’interrupteur à soufflage magnétique.
- On sait que dans l’appareillage à basse tension, l’emploi d’un champ magnétique permet d’obtenir une rupture très rapide de l’arc entre contacts mobiles. A cet eiîet, on dispose ceux-ci entre deux plaques d’acier doux formant les épanouissements polaires d’une bobine à gros fd traversée par le courant même qu’il s’agit de couper. Le champ transversal, très intense, ainsi obtenu, réagit vivement sur l’arc, conducteur mobile, qui s’étire et se casse.
- Dans un arc à haute tension, les choses sont plus compliquées; il faut distinguer une certaine «couche désioni-sante » avoisinant la cathode et qui a la propriété de retourner rapidement à l’état neutre. De là l’idée de fragmenter l’arc total en une série de petits arcs, présentant autant de couches cathodiques et sur lesquels on peut faire agir le champ magnétique.
- Les appareils « Déion », créés vers 1928 par la Westinghouse mfg. C° aux Etats-Unis, font appel à un champ magnétique qui souffle latéralement l’arc primaire et l’envoie se fragmenter sur une pile d’électrodes annulaires en cuivre; un second champ magnétique, produit par des bobines centrées sur ces électrodes, oblige alors ces petits arcs à tourner en cercle autour des électrodes, à une vitesse qui peut atteindre 15 tours pour une alternance du courant. Il en résulte un refroidissement rapide permettant la recombinaison des ions en sorte qu’à l’alternance suivante, l’arc ne peut se réamorcer.
- Ces appareils simples et ne nécessitant l’emploi d’aucun fluide auxiliaire, semblent donner satisfaction jusqu’à 15 000 v. On construit des modèles pour courant normal de 15 000 v 600 A et coupant 500'000 kv-A.
- [CONTACTS F/XËS\ 1 RESISTANCE D INSERTION 1
- | TUYERE D ARRIVEE D AIR
- [PISTON COMPRESSEUR \
- [CYLINDRE |
- 1RESSORT MOTEUR
- DISPOSITIF DE DECLENCHEMENT AUTOMATIQUE
- TIGE DE CONTACT MOBILE
- MANIVELLE DE COMMANDE A MAIN
- 1 MECANISME D ENCLENCH- ET DE DECLENCW
- Fig. 9. — Schéma d’un disjoncteur « auiopneumaliquc »
- Quand le déclenchement se produit, la tige de contact recule, en même temps que le piston refoule un jet d’air qui souffle l’arc
- (Delle).
- Fig. 10. — Disjoncteur « auiopneumaliquc » lia polaire pour 15 000 v 500 A, coupant 200 000 kv-A (Delle).
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- Fig. 11. — Interrupteur iélrapolaire à eau, 10 000 v 600 A (Alsthom).
- INTERRUPTEURS A AIR COMPRIMÉ
- Un jet d’air comprimé exerce sur un arc électrique une triple action : mécanique parce qu’elle allonge l’arc, isolante parce qu’elle balaye les ions et les remplace par un milieu isolant non ionisé et enfin refroidissante, toutes circonstances favorables à l’extinction.
- La société des Ateliers et Constructions électriques de Belle a construit sur ce principe un interrupteur (fig. 7), dont notre figure 8 explique le fonctionnement; dirigée transversalement, une large veine d’air comprimé à pression moyenne allonge fortement la flamme de l’arc qui, à l’instant où le courant passe par zéro, se détache des électrodes; celles-ci se trouvent ainsi séparées par de l’air neutre.
- La disposition pratique est plus compliquée, mais
- Fig. 12. — Schéma de la « chambre élastique », système Siemcns-Schucherl. L’arc, vaporise l’eau; quand la pression est suffisante, la chambre C se soulève et la détente refroidit l’arc, qui s’éteint.
- présente un vif intérêt. Les gaz en ilammes entraînés par l’air viennent amorcer un nouvel arc entre deux électrodes auxiliaires ce qui a pour effet d’éteindre instantanément l’arc primaire. Au milieu de l’arc secondaire se trouve placée une troisième électrode reliée par une résistance à l’une des deux électrodes auxiliaires ; au passage du courant par zéro, la moitié d’arc shuntée par la résistance s’éteint et la résistance se trouve mise en série avec la seconde moitié de l’arc. Cette dernière, ainsi affaiblie, est aisément coupée par le jet d’air tandis que la résistance intervient utilement pour stabiliser le réseau durant la « période troublée », en amortissant les oscillations et en supprimant les surtensions.
- Ces appareils conviennent pour des tensions jusqu’à 50 000 v, des intensités de 2000 A et des pouvoirs de coupure atteignant 500 000 kv-A.
- La même société construit également des interrupteurs qui présentent la particularité d’être autopneumatiques, autrement dit de produire eux-mêmes leur air comprimé (fig. 9 et 10). L’électrode mobile, qui recule longitudinalement, est entourée d’une tuyère; quand la coupure se produit, un piston comprime de l’air qui s’échappe par la tuyère en soufflant l’arc. Ce système donne de bons résultats jusqu’à 15 000 v.
- L’Alsthom construit des interrupteurs à air comprimé fonctionnant jusqu’à 220 000 v. Ils comportent une tige de contact mobile qui s’engage dans une tulipe fixe formant l’autre pièce de contact. Quand on envoie l’air comprimé, cet air agit sur un piston qui provoque le recul de la tige en même temps que l’air s’échappe à grande vitesse entre la tige et la tulipe, balayant l’arc. Jusqu’à 30 000 v et 200 000 kv-A de pouvoir de coupure, la pression de l’air utilisée est de 7 à 9 atmosphères; au delà, on emploie de l’air à 12 atmosphères et même à 20 atmosphères pour les tensions supérieures à 100 000 v.
- La Compagnie électromécanique construit des interrupteurs à air comprimé, système Brown-Boveri, pouvant couper 500 000 Kv-A sous 50 000 v; des appareils de ce type sont utilisés à bord des locomotives électriques.
- Tous les interrupteurs et disjoncteurs à air comprimé de quelque puissance sont munis de cheminées d’échappement ou même de silencieux en vue d’atténuer le bruit du crachement et de refroidir les gaz enflammés (fig. 7 et 10).
- INTERRUPTEURS A EAU
- Le fonctionnement des interrupteurs à eau est basé sur le refroidissement intense produit par la détente d’une vapeur saturée. Le liquide, qui est de l’eau distillée additionnée de substances anticongelantes et isolantes, possède une résistance diélectrique évidemment moindre que les huiles (fig. 11).
- La figure 12 montre le fonctionnement d’un interrupteur à « chambre élastique » de la Sté Siemens-Schuckert ; il convient jusqu’à 12 000 v. Au delà de cette tension et jusqu’à 35 000 v, la même société utilise un appareil à « jet de liquide » comportant une série de plateaux superposés et percés au centre, analogues à ceux de l’interrupteur à huile représenté figure 17. Au moment du déclen-
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- •chôment, le liquide est projeté par un piston le long de la tige de contact; la vaporisation se produit donc au voisinage immédiat de l’arc, ce qui assure une extinction rapide. La vapeur formée et le liquide en excès se trouvent projetés dans un séparateur centrifuge et une sphère de condensation qui réduisent les pertes au minimum.
- La Société Brown-Boveri a créé des interrupteurs à eau à double processus d’extinction, dont le principe est le suivant : quand l’arc éclate au sein du liquide, il provoque une vaporisation intense qui subit généralement pour l’éteindre; sinon, il est souillé par le jet de vapeur au moment où la tige achève de dégager l’orifice de la chambre de vaporisation. Ce système convient pour les disjoncteurs qui ont parfois à couper des courants de court-circuit très élevés ; il est utilisé jusqu’à 37 000 v avec des pouvoirs de coupure de 400 000 kv-A.
- Au delà de ces voltages, l’emploi de l’eau conduit à des dimensions prohibitives à cause de ses propriétés iso-
- CONTACT FIXE
- Fig. 14. — Fonctionnement d’un interrupteur Alslhom à jet d’huile par « arc primaire ».
- L’arc primaire (en bas) chasse violemment l’huile qui vient couper l’arc secondaire.
- lantes imparfaites; nous entrons dans le domaine des interrupteurs modernes « à faible volume d’huile ».
- APPAREILS A JET D’HUILE
- Les interrupteurs à jet d’huile ont été mis au point par M. Prince de la General Electric C° (Etats-Unis) (x).
- Il en existe deux types, suivant que l’huile est projetée par un piston (fig. 18) ou par un « arc primaire ».
- La figure 13 montre le principe d’un appareil à piston. On voit que le jaillissement d’huile est annulaire, fauchant transversalement l’arc qui jaillit entre les électrodes E et E'.
- Dans les interrupteurs à arc primaire, la coupure est double (fig. 14); un premier arc éclate au sein de l’huile dans une première chambi'e dite chambre de compression; l’huile s’échappe violemment par un canal et vient faucher transversalement l’arc secondaire, jailli au point de la seconde coupure. L’arc primaire s’éteint alors faute de courant.
- Cet ingénieux principe peut être appliqué de difîé-
- 1. Revue générale d.'Électricité et de Mécanique (publiée par l’Alslhom), iios 33 et 34.
- rentes façons; il importe que l’arc primaire ne détériore pas les contacts principaux. Les oscillogram-mes relevés sur ces appareils montrent que tant que le jet d’huile n’a pas atteint le contact mobile, autrement dit, tant que l’arc primaire est seul existant, la différence de potentiel aux
- Fig. 13. — Principe d’un interrupteur à jet d’huile par piston.
- bornes de l’appa- EE% électrodes; O, orifices; le courant d’huile reil est faible; ce- coupe l’arc,
- ci prouve précisément que cet arc primaire est peu dangereux, la coupure franche se produisant au jet d’huile.
- L’encombrement des interrupteurs à jet d’huile par arc primaire est très faible : 0 m 54 sur 0 m 73 et 0 m 89 pour un appai'eil coupant 500 000 kv-A sous 15 000 v; le volume d’huile nécessaire est de 60 1 seulement. Des essais sont actuellement en cours pour adapter ce type d’appareil aux tensions de 150 000 à 230 000 v.
- INTERRUPTEURS A VAPEUR D’HUILE
- Ces appareils diffèrent peu des interrupteurs à eau, mais ils permettent de couper des tensions beaucoup plus élevées. L’effet extincteur dû à la détente de la vapeur d’huile est généralement complété par un effet de balayage mécanique produit par cette même vapeur.
- Notre figure 15 montre le principe d’un interrupteur a orthojecteur » de ce type, construit par les ateliers de Delle et convenant de 75 000 à 220000 v.
- Le poste de Rueyres, sur la grande artère à 220 000 v de Brommat-Sarrans à Chevilly-Paris est équipé avec des interrupteurs ortho-jecteurs (fig. 1).
- La Compagnie Électro-Mécanique construit un type d’interrupteur à « convecteur » comportant un certain nombre de plateaux superposés à travers lesquels passe la tige de contact
- Fig. 15. •—• Coupe schématique d’un interrupteur « orthojecteur » à huile.
- 1, chambre de soufflage; 2, réservoir; 3, support isolant; 4, tube mobile; 5, tige; 6, borne; 7, couvercle; S, support; 9, contacts glissants; 10, contacts fixes; 11, support; 12, fond fixe; 13, borne; 14, tube; 15, tuyères; 16, piston fixe; 17, tige; 18, buse.
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- (fig. 17) ; l’arc vaporise une partie de l’huile, la vapeur se formant exclusivement au voisinage de l’are par suite de cette disposition cellulaire; de là un refroidissement intense complété par un balayage mécanique.
- La Société Siemens-Schuckert construit également un appareil à vaporisation d’huile logé dans un grand isolateur fixe et complété par un bras mobile monté sur un isolateur rotatif; dès que le courant est coupé, le bras pivote, formant sectionneur et montrant aux yeux la coupure du circuit.
- 3 600 000 KILOGRAMMÈTRES !
- Quelques chiffres permettront de juger de l’énorme
- terrupteur est descendu de 28 000 à 5000 kg par phase..
- Notons en passant ces quantités d’énergie formidables.. Douze mille kilojouïes par phase représentent, pour l’ensemble des trois interrupteurs, un total de 3 000 000 ki-logrammètres ; appliquée sous un piston, une telle « explosion électrique » subirait pour envoyer 0 autobus de 0 t à 100 mètres de hauteur !
- Cette énergie n’est pas empruntée aux machines, génératrices, qui n’ont pas la puissance nécessaire pour la fournir en un temps si bref, ltlle provient de l'énorme accumulation électromagnétique représentée par l’aimantation des noyaux (alternateurs et transformateurs), et par les champs électriques et magnétiques qui se-forment autour des conducteurs sur tout le réseau.
- Fig. 16. — Poste de Septèmes, de la société Rhône-Provence; disjoncteur orthojecleur tripolaire 150 000 v 500 .A. Remarquer le bras extérieur relevé, formant sectionneur et indicateur d’ouverture (Delle).
- progrès réalisé par les interrupteurs à vapeur d'huile et jet d'huile, pour nous borner à ceux-là, si on les compare aux classiques interrupteurs dans l’huile, où cette huile demeure au repos.
- Nous comparerons un interrupteur ordinaire de 220 000 v avec un interrupteur « orthojecteur » (fig. 15) de même puissance.
- Le volume d’huile par pôle a été ramené de 17 500 kg par phase à 80 kg; l’énergie dissipée à chaque rupture est tombée de 12 000 à 250 kilojouïes, ce qui est fort important pour la conservation de l’huile et de l’appareil (rappelons que le kiloj ouïe vaut à peu près 100 kilo-grammètres); la. durée totale de la coupure s’est abaissée parallèlement de 0,4 à 0,18 sec et le poids total de l’in-
- STABILITÉ DES RÉSEAUX
- On conçoit quel gigantesque « coup de bélier » représente cette brusque disparition d’énergie et quel régime-troublé doit succéder, sur tout le réseau, à une disjonction. D’immenses ondes invisibles parcourent alors toute la longueur des lignes, se réfléchissant d’un bout à l’autre, à des centaines de kilomètres et formant par leur superposition de dangereuses interférences dont les « ventres » font sauter isolateurs et parafoudres.
- Le problème devient ici tellement différent de ceux que pose un court-circuit basse tension, que l’on peut avoir avantage, au lieu de couper le courant, à surexciter-les alternateurs de la centrale génératrice en vue de
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- maîtriser efficacement les oscillations électriques !
- On ne doit du reste pas oublier, dans ces questions de stabilité des réseaux alternatifs à grande puissance, la présence de cette paradoxale puissance réactive, véritables « kilowatts fantômes » qui ne représentent aucune puissance réelle (du fait que l’intensité est décalée de 90° avec la tension), mais qui n’en chargent pas moins les lignes et provoquent une importante chute ohmique à l’extrémité.
- En jouant sur la production et la destruction (théoriquement gratuites) de cette puissance réactive, les ingénieurs sont arrivés à un équilibrage rationnel des réseaux; cet équilibrage a pu être rendu automatique grâce à des tirrills à lame vibrante analogues à ceux que nous avons signalés pour le contrôle des transformateurs.
- Par ailleurs, une véritable « chasse à l’énergie réactive » a été organisée à l’aide de condensateurs statiques, qui ont la propriété bien connue de décaler « en avant » le courant, donc permettent de le remettre en phase avec la tension. On a utilisé également des compensateurs synchrones, qui ne sont autres que des moteurs synchrones tournant à vide et surexcités en continu ; l’elfet produit est le même qu’avec un condensateur.
- L’Alsthom a installé au nœud d’interconnexion de Portets-Saint-Simon, pour la Compagnie du Midi, un compensateur de 40 000 kv-A réactifs qui tourne complètement baigné dans l’hydrogène. On obtient ainsi un excellent refroidissement, dû à la conductibilité calorifique de ce gaz.
- CHOIX D’UN APPAREIL
- Un disjoncteur à rupture extrêmement rapide constitue donc, dans un réseau, un élément primordial, bien qu’insuffisant à lui seul, de sécurité. Nos lecteurs se demanderont peut-être quel est, en l’état actuel, le système à préférer.
- Bien que le problème soit en pleine évolution, ce qui rend difficile une réponse définitive, on peut dire que pour les moyennes tensions, les appareils à air comprimé on fait leurs preuves; ils ont pour eux la simplicité et la sécurité de leur fonctionnement et ne risquent pas d’accident par manque de liquide. L’air comprimé, il est vrai, peut manquer, mais la surveillance est ici plus facile et il semble que le risque soit plus théorique que pratique; les interrupteurs « autopneumatiques » (fig. 9) sont du reste à l’abri de ce reproche.
- Les interrupteurs à eau n’exigent d’autre entretien que la vérification du niveau du liquide. Les appareils à faible volume d’huile sont dans le même cas, mais ne bénéficient pas de l’ininflammabilité absolue des précédents; par contre, ils permettent d’atteindre de très hautes tensions.
- De toutes façons, l’adoption d’un interrupteur ou d’un disjoncteur de type moderne se solde toujours par une économie d’installation. Dans les postes intérieurs, il n’y a aucune précaution à prévoir pour la localisation des incendies, l’évacuation des fumées; et s’il s’agit d’un poste extérieur, formule aujourd’hui très en faveur pour les
- Fig. 17. — Coupe d'un interrupteur à plateaux perforés système Brown-Boveri.
- La vapeur d’huile fournie par l’arc s’échappe en léchant la tige, de perforation en perforation.
- tensions élevées, un bénéfice important subsiste sur le prix d’achat de l’appareil, le prix des charpentes et sur les frais d’entretien et de renouvellement de l’huile.
- Pierre Devaux.
- Ancien élève de l’École Polytechnique.
- Fig. 18. — Interrupteur tripolaire à jet d'huile pour 15 000 v 200 A. (Alsthom.)
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- TENDANCES NOUVELLES DANS L’ETUDE DES PROPRIÉTÉS MÉCANIQUES DES MÉTAUX
- ET ALLIAGES
- Toute construction nécessite, chez l’ingénieur, deux sortes de connaissances :
- 1° Celle des caractéristiques mécaniques des matériaux qu’il peut utiliser.
- 2° Celle des méthodes de calcul qui conduisent à l’exploitation la plus heureuse de ces caractéristiques.
- Toutefois, « l’amélioration de ces caractéristiques nous « permet d’envisager, dans les constructions, des trans-« formations beaucoup plus radicales que les progrès « mêmes qui seront faits dans les méthodes de calcul de « la résistance des matériaux. Si, en effet, nous pouvons « gagner une faible fraction de la masse d’un pont, d’une « automobile, d’un avion, par une technique très com-« plète du milieu mécanique, il est au contraire possible « d’économiser une fraction très considérable de cette « masse par l’emploi d’une matière de qualité supérieure. « C’est pour cette raison que les grandes étapes de nos « réalisations techniques ont toujours été marquées par « des conquêtes de l’homme sur la matière (1) ».
- Cette matière ne nous est connue que par les propriétés particulières qui, à une époque donnée, sont susceptibles d’être étudiées et mesurées.
- Les problèmes sans cesse nouveaux que l’industrie pose à l’ingénieur nous orientent vers l’étude de nouvelles propriétés mécaniques. C’est ainsi que l’accélé-
- 1. L’exploitation, par l’ingénieur, de la résistance de la matière, parM. Caquot. (Mémoires de la Société des Ingénieurs civils de France, 1933, p. 1088.)
- Fig. 1. — Schéma du pendule Le Rolland-Sorin, pour la mesure du module d’élasticité.
- B V ru V
- P A Pr
- ration du rythme des machines a créé les essais d’endurance, de même que l’augmentation des vitesses de coupe a nécessité des outils de haute dureté et la mise au point d’appareils permettant d’étudier la résistance à l’usure, propriété très complexe. C’est ainsi que le développement des turbines à vapeur, des chaudières à haute pression et des opérations de synthèse à rendu impérieuse l’étude de la résistance à chaud des métaux et la connaissance des vitesses d’écoulement déterminées dans les essais de longue durée. De sorte que les propriétés mécaniques reflètent assez exactement les préoccupations et les tendances de l’industrie.
- Dans cet exposé, quelques-unes de ces propriétés sont passées en revue afin de noter les progrès réalisés récemment dans leur étude.
- ESSAIS D’ENDURANCE
- Les machines d’essais statiques permettent de définir un effort limite au-dessous duquel, aux erreurs d’expé rience près, les déformations sont réversibles; cet effort est la limite élastique. On a longtemps pensé que toute construction dont chaque élément travaille dans ce domaine élastique est assurée d’une durée infinie, quelle que soit la nature des efforts auxquels elle est soumise. Mais si ces efforts sont répétés ou alternés, on constate que la rupture se produit pour des contraintes bien inférieures à la limite élastique. Cela tient au fait qu’un écoulement local non réversible n’intéressant qu’une masse très faible de l’éprouvette n’est pas décelé par la machine statique tandis que par répétition le glissement se propage et détermine la rupture.
- Aussi est-il nécessaire d’envisager des expériences spéciales dans lesquelles la matière est soumise à des efforts alternés pour déterminer la limite d’endurance, contrainte pour laquelle la rupture n’a pas lieu au bout d’un certain nombre d’alternances.
- Dans les essais d’endurance par flexion rotative qui sont actuellement les plus employés, l’effort est appliqué à l’extrémité d’une éprouvette qui tourne à la vitesse de 1500 à 3000 tours-mn et qui est encastrée à l’autre extrémité. Cette éprouvette est donc soumise à des efforts alternés de traction et de compression.
- Les types d’éprouvettes sont très divers en tant que forme et dimensions; en général, les formes adoptées actuellement réalisent un taux de contrainte sensiblement constant suivant toute la longueur de l’éprouvette; c’est le cas de l’éprouvette normalisée par les Services techniques de l’Aéronautique, à la suite des travaux de M. Cazaud.
- Tous ces essais ont confirmé qu’il n’y a pas de relation générale entre la limite d’endurance et les autres propriétés mécaniques — comme le montrent les expé-
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- Fig. 2. — Exemple d’une courbe d'allongement en fonction du temps.
- riences de Cazaud, de Gough, de Ludwilc, de Mac Adam et de Moore (1).
- Ils ont permis de mettre en évidence l’influence énorme de la forme des éprouvettes (entailles, trous, congés de raccordement) ainsi que de l’état de surface.
- Ceci nous amène tout naturellement à parler des essais d’endurance sous corrosion qui représentent aujourd’hui la tendance nouvelle. Les expériences de Mac Adam, Mailander et Ludwick ont montré, en effet, l’influence énorme de la corrosion exercée durant l’essai sur la limite d’endurance. Cette influence s’explique par le fait que les efforts alternatifs amènent une rupture continuelle de la pellicule protectrice passive qui se forme à la surface du métal et permettent à la solution corrosive de former des piqûres de corrosion; ces piqûres jouent le rôle d’entailles et créent des fissures locales de fatigue. Par exemple, la corrosion de l’aluminium et de ses alliages par l’eau ordinaire ou l’eau de mer, peut entraîner une diminution de la limite d’endurance d’environ 50 pour 100.
- Cette corrosion peut s’effectuer en arrosant l’éprouvette par le liquide corrosif soit à Pair, soit à l’abri de l’air. Dans ce dernier cas, on trouve généralement des limites de fatigue plus élevées. Cette constatation a amené Gough et Sopwith à comparer les limites de fatigue de différents métaux dans l’air et dans le vide; ces expérimentateurs ont ainsi trouvé pour le duralumin, le cuivre, le laiton, le plomb, des limites de fatigue sensiblement plus élevées dans le vide que dans Pair, de sorte que, pour ces métaux, les essais de fatigue à Pair sont en réalité des essais de fatigue sous corrosion d’un mélange d’azote, d’oxygène et de vapeur d’eau.
- MODULE D’ÉLASTICITÉ
- La limite d’endurance définit le domaine élastique vrai de la matière, mais elle ne donne aucun renseignement sur l’amplitude de la déformation élastique. Or, dans les constructions, cette déformation ne doit généralement pas dépasser une limite raisonnable et s’il s’agit de pièces en mouvement, celles-ci doivent présenter une rigidité convenable pour éviter le fouettement et les résonances. Cette rigidité est caractérisée par le module d’élasticité.
- La mesure directe du module d’élasticité est très délicate, car les déformations élastiques des métaux sont toujours très faibles et il faut les mesurer avec une grande précision. On les amplifie avec des extensomètres à miroir qui permettent de mesurer facilement les déformations de l’ordre du micron.
- Cette question a fait d’ailleurs récemment des progrès considérables grâce aux études de MM. Le Rolland et
- 1. Pour une même catégorie de métaux, on peut trouver cependant un rapport empirique entre la limite d’endurance et la charge de rupture.
- Sorin. La méthode dynamique présentée par ces auteurs met en jeu deux pendules sympathiques qui se transmettent l’un à l’autre leurs mouvements par l’intermédiaire d’un bâti dont la pièce maîtresse est constituée par l’éprouvette à essayer placée verticalement et soumise par le mouvement des pendules à des efforts de flexion répétés de faible amplitude. La figure 1 montre le schéma de l’appareil : A est l’éprouvette faite avec le métal à étudier, encastrée à sa partie inférieure, fixée à sa partie supérieure au plateau rigide B ; P et P' sont deux pendules identiques reposant sur B ; P étant au repos, on lance P' sous une amplitude quelconque; P se met en mouvement sous l’influence des petits déplacements imprimés à l’éprouvette par P' ; P' s’amortit et cède son énergie à P; à un moment P' s’arrête tandis que P oscille avec l’amplitude maximum; l’inverse alors se produit. Si T est le temps qui sépare deux arrêts de l’un des pendules, la théorie et l’expérience montrent que E = AT. La constante A se détermine en faisant une expérience avec une substance dont le module est connu.
- Il est inutile d’insister sur la simplicité et la rapidité de cette nouvelle méthode.
- HAUTES DURETÉS
- Les méthodes ordinaires de mesure par pénétration d’une bille ne conviennent plus quand la dureté dépasse 500° Brinell, la bille se déforme alors sous l’influence de la charge appliquée et donne un chiffre erroné.
- On a recours alors à l’emploi d’une bille en carbure de tungstène ou à la pointe de diamant. Mais les hautes duretés sont souvent accompagnées de grande fragilité. C’est pour cela d’ailleurs qu’on ne peut les mettre à profit qu’en enrobant le constituant dur dans une masse plus malléable. Ainsi avec le carbure de bore fondu, il y a rupture, soit du carbure, soit du diamant avant l’obtention d’une empreinte acceptable.
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- Fig. 3. —• Éprouvette de traction ordinaire, de 13 mm S de. diamètre. Au-dessous une micro-éprouvette de traction de M. Chevenard.
- On peut, dans ce cas, apprécier la dureté par une méthode indirecte employée par Millikan et Ridgway, qui consiste à projeter un jet d’abrasif, à pression constante, sur une surface plane polie de la substance et à mesurer avec précision la profondeur de l’empreinte produite.
- ESSAIS MÉCANIQUES A CHAUD
- Ces essais ont pour but de déterminer quelle température et quel effort le métal peut subir sans risques de rupture ou de déformation exagérée pendant la durée de service imposée. L’essai de traction ordinaire exécuté à chaud se révèle dans ce cas insuffisant en raison de l’importance prise, à température élevée, par certains facteurs :
- 1° Déformation continue sous charge constante;
- 2° Variation de l’état physico-chimique du métal en fonction du temps sous l’influence de la température et des déformations.
- Pour caractériser la résistance à chaud du métal, l’essai le plus employé aujourd’hui est l’essai de viscosité isotherme sous charge constante qui consiste à enregistrer pendant un temps plus ou moins long, la courbe allongement-temps à température et charge constantes. Une telle courbe présente en général les éléments suivants (% 2) :
- a) Tout d’abord, une portion à vitesse d’écoulement rapide, décroissante.
- b) Une portion à vitesse sensiblement constante ou lentement décroissante.
- Fig. 4. — Éprouvette d'endurance normalisée par le ministère de l’Air. Au-dessous : petite éprouvette d’endurance de M. Prot.
- .y;
- % mmm»
- \ i» : ’
- c) Une portion à vitesse accélérée jusqu’à la rupture.
- Ces éléments sont plus ou moins développés suivant la nature du métal, la température et la charge. Toutefois, en général, la charge et la température sont assez faibles pour que seules les deux premières portions apparaissent en un temps d’essai limité, de sorte que les vitesses d’écoulement restent faibles et que leur mesure nécessite des appareils de haute précision.
- S’il est ainsi possible de connaître la vitesse d’écoulement du métal au bout d’un temps limité, il est difficile dans l’état actuel de nos connaissances de prévoir quelle sera cette vitesse au bout d’un temps très long. Jusqu’à présent, ôn n’a pu représenter les courbes allongement-temps par une équation algébrique simple, de sorte que les extrapolations doivent être faites avec une grande prudence. Dans ces conditions, il est indispensable de procéder à des essais de longue durée, les allongements enregistrés au cours des premières heures après la mise en charge variant d’ailleurs beaucoup suivant l’individualité de chaque éprouvette. C’est cette tendance nouvelle que l’on retrouve aujourd’hui dans tous les pays. Malheureusement, des divergences de vues subsistent encore sur la portion (position et étendue) de la courbe qui sert à définir la vitesse d’écoulement admissible.
- Le tableau suivant montre les définitions adoptées dans divers pays.
- En France, le comité pour l’Etude des Métaux à chaud, après les recherches de MM. Chevenard et Galibourg, a préféré s’inspirer des définitions appliquées à l’étranger plutôt que d’introduire de nouveaux paramètres.
- En partant de définitions si différentes, on arrive forcément à des chiffres très écartés qui peuvent varier, pour un même acier, du simple au double. 11 faut espérer que dans un avenir très prochain l’unification des méthodes d’essai sera faite.
- Définition de la résistance à chaud.
- Limiting Creep Stress du N. P. L. (Tapsell) : Charge qui, entre le 35e et le 45e jour, donne une vitesse d’écoulement = 10'3 0/0 Angleterre./ par jour.
- Time Yield (Hatfield) : Charge qui, entre la 24e et la 72e heure, donne une vitesse d’écoulement = 10'4 0/0 par heure.
- Dauerstandfestigkeit du K. W. I. (Pomp) : Charge qui, entre la 25e et la 35e heure, donne une vitesse d’écoulement 15 X 10~4 0/0 par heure.
- Allemagne, "i Limite du Vereinigte Stahlwerlce (Mail-lander) : Charge qui, entre la 25e et la 35e heure, donne une vitesse d’écoulement = 5 X 10_i 0/0 par heure.
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- [ Limite provisoire du Comité pour l’étude \ des métaux à chaud (Bureau Yéritas) :
- France. 7 Charge qui, entre la 25e et la 35e heure, donne ! unejvitesse d’écoulement = 5 X 10 ~4 0/0 ( par heure.
- PRINCIPE DES APPAREILS DE MESURE
- Sans décrire les appareils utilisés pour la mesure des . propriétés mécaniques, on peut noter deux tendances opposées que l’on trouve aujourd’hui dans les méthodes d’essai.
- Le désir de scruter la matière de plu en plus près oriente l’expérimentateur vers les appareils permettant d’explorer un petit volume d’alliages : telles sont la micromachine de M. Chevenard pour les essais de traction, flexion, cisaillement; la machine de M. Prot pour les essais d’endurance; le viscosimètre à fil mis au point par M. Chevenard; les appareils permettant la détermination de la dureté au moyen de pointes de diamants (machines Pomey et Voulet, Rockwell, Vickers, etc...).
- Cet avantage se retourne contre l’expérimentateur lorsque celui-ci veut déterminer la valeur moyenne d’une propriété et éliminer l’influence de l’individualité de l’échantillon. Il est alors ramené vers les appareils employant des éprouvettes dont les dimensions sont beaucoup plus importantes."
- Les figures 3 et 4 montrent, côte à côte, l’éprouvette de traction ordinaire de 13 mm 8 de diamètre et la micro-éprouvette de M. Chevenard, l’éprouvette normalisée par le Ministère de l’Air pour les essais d’endurance et la micro-éprouvette de M. Prot.
- INFLUENCE DES STRUCTURES MICROGRAPHIQUE, CRISTALLINE ET ATOMIQUE SUR LES PROPRIÉTÉS MÉCANIQUES
- Le désir d’améliorer les propriétés mécaniques conduit naturellement à rechercher les causes de ces propriétés et à les relier à la structure des métaux et alliages.
- Si on examine au microscope une coupe polie et attaquée d’un métal ou d’un alliage, il apparaît comme un édifice dont l’architecture est parfois très compliquée. Les propriétés de cet édifice dépendront :
- 1° De la nature et de la proportion des diverses espèces de matériaux ou constituants macrographiques.
- 2° De la forme, de la grosseur et de la répartition de ces matériaux, c’est-à-dire de la structure micrographique.
- Le rôle de la constitution chimique et de la structure micrographique. — L’expérience montre que les constituants macrographiques sont des solutions solides métalliques ou des composés définis. En général, c’est parmi les composés définis que nous chercherons la dureté et c’est en nous adressant aux solutions solides que nous trouverons la malléabilité. Ainsi de hautes duretés sont fournies par des composés définis tels que le nitrure d’aluminium, les siliciures et borures de titane, les carbures de tungstène, de silicium et
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- de tantale. Des applications en découlent sous la forme de la nitruration des aciers à l’aluminium et des outils à base de carbure de tungstène qui permettent de travailler les matières très dures (verres, fontes blanches, aciers trempés, etc...) et d’atteindre des vitesses de coupe de 2 à 7 fois celle des outils en acier au tungstène-chrome les plus rapides.
- Quant à la structure micrographique, on pourrait donner de très nombreux exemples de son influence sur les propriétés mécaniques; il n’en est pas de plus frappant que celui du durcissement des solutions solides résultant de la formation au sein de ces solutions d’un précipité de finesse convenable (Q. Si le précipité est dur et rigide, comme c’est le cas des composés définis, il jouera le rôle de véritables chevilles de cisaillement s’opposant à la déformation.
- C’est ainsi qu’en ajoutant de petites quantités de
- Fig- 5. — Modèle schématisant le réseau cristallin d’un métal à maille cubique, à faces centrées, avec l’atome aux sommets du cube et l’atome au centre de chaque maille.
- magnésium à l’aluminium, on peut obtenir, après traitement thermique, des résistances triples de celle du métal de base, associées à une faible densité. C’est ainsi qu’on peut, par traitement thermique du cuivre contenant 3 pour 100 de glucinium, atteindre 150 kg./mm3" de résistance à la traction sans perte de conductibilité
- 1. Pour comprendre ce phénomène, il suffit de se reporter aux notions élémentaires sur les solutions de sels. Lorsque la concentration d’une solution dépasse une certaine valeur, fonction de la température, cette solution est saturée et ne peut plus dissoudre le sel en excès. En général, la solubilité croît avec la température et on obtient par chauffage une solution plus concentrée. Un refroidissement rapide permet d’éviter la précipitation et d’obtenir une solution sursaturée qui, au bout d’un temps plus ou moins long, pourra donner un précipité très fin de sel pour revenir à la concentration primitive.
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- = 206 ............... "1
- sensible, alors que la résistance du cuivre pur est de 21 kg/mm2; on conçoit l’intérêt de ces alliages pour les conducteurs électriques.
- Ce qu’il est intéressant de souligner, c’est qu’il existe actuellement plus d’une centaine d’alliages constitués d’éléments de base différents dans lesquels ce phénomène a été constaté, en particulier :
- Les alliages d’aluminium avec Cu — Mg2Si — Al2Cu — Si — Be;
- — de magnésium avec Al et Cu et Mn
- — de fer (à l’état a ou à l’état y) avec : B —
- Be — C — Cu — Mo — N — Ta — Ti — Va — Zr;
- — de cuivre avec Be — Cr — Co — Fe —
- NiaSi — Si — Ti;
- — de nickel avec Be — B — Si — Ti;
- — de plomb avec Bi — Ca — Sb — Sn;
- — d’étain avec Pb ;
- — de zinc avec Cd;
- d’argent avec Cd — Cu2Cd — Cu2S — Cu3Mg;
- d’or avec Cu — Fe —• Ni.
- Suivant les alliages et les conditions de trempe, les températures auxquelles s’opère le durcissement par précipitation sont variables. Dans certains cas, ce phénomène a lieu à température élevée, on le met alors à profit pour la réalisation d’alliages résistant aux températures élevées. C’est le cas des austénites au chrome, au molybdène, au tungstène.
- Le rôle de Varchitecture cristalline. — S’il est vrai que la constitution chimique et la structure micrographique justifient souvent les propriétés mécaniques
- Fig. 6. —• Modèle schématisant un réseau cristallin à maille hexagonal.
- des métaux et alliages, elles laissent cependant nombre de faits inexpliqués. Quelles sont les raisons pour lesquelles les métaux purs de structure micrographique semblable ont une résistance, une malléabilité si différentes? Comment expliquer les propriétés mécaniques des solutions solides, la haute dureté des combinaisons métalliques ?
- Pour répondre à ces questions, il nous faut aller plus loin et recourir à la structure cristalline telle que nous la révèle la spectrographie aux rayons X. Nous connaîtrons ainsi les caractéristiques du réseau cristallin des métaux et des constituants des alliages, c’est-à-dire la symétrie, la distribution des atomes et les dimensions de la maille qui s’exprime en dix-millionièmes de millimètre.
- Nous en déduirons la direction des plans de densité atomique maxima, qui sont les plans de clivage suivant lesquels la matière se déforme par glissement.
- Si nous envisageons les métaux industriels, nous pouvons les ranger en trois catégories :
- 1° Ceux dont la maille est cubique à faces centrées avec un atome aux sommets du cube et un atome au centre de chacune des faces du cube (fig. 5). Les métaux appartenant à ce type sont très nombreux, il comprend notamment les métaux très ductiles : l’aluminium, l’argent, l’or, le cuivre, le nickel, le platine;
- 2° Ceux dont la maille est hexagonale (fig. 6), dont le magnésium, le zinc, métaux ayant des propriétés mécaniques moyennes et possédant des clivages parallèles aux bases du prisme hexagonal;
- 3° Ceux dont la maille est cubique centrée avec un atome aux sommets du cube et un atome au centre du cube (fig. 7). Appartiennent à ce type les métaux résistants : le fer a, le chrome, le tungstène, le molybdène, le vanadium.
- Lorsqu’un élément, métallique ou non, entre en solution solide dans un métal pur, les atomes de cet élément peuvent soit prendre la place occupée par les atomes du métal dans le réseau (solutions solides de substitution), soit se loger dans les vides existant entre les atomes de métal du réseau (solutions solides d’insertion). Dans les deux cas le réseau demeure le réseau du métal aux dimensions de la maille près. Les solutions solides de substitution forment l’immense majorité des solutions solides actuellement connues tandis que les solutions solides d’insertion sont très rares en l’état actuel de nos connaissances. Les unes et les autres donnent lieu à des distorsions du réseau (importantes pour les premières, faibles pour les secondes) qui entraînent des changements souvent remarquables dans les propriétés mécaniques (augmentation de la dureté, de la limite élastique, de la limite d’endurance).
- Si nous considérons maintenant les combinaisons métalliques, nous constatons qu’à l’encontre des solutions solides, leur caractéristique est d’avoir un réseau cristallin différent des métaux composants. Par exemple, la combinaison CuZn possède un réseau cubique centré différent de celui du cuivre (cubique à faces centrées) et du zinc (hexagonal compact) et offre une répartition régulière avec un atome de zinc au centre du cube formé par les atomes de cuivre.
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- Ainsi, après avoir considéré l’architecture micrographique formée par la juxtaposition des grains, nous pénétrons dans l’architecture cristalline qui est celle du grain lui-même formé par la distribution spatiale des atomes.
- Le rôle de la structure de l’atome. Ses rapports avec le module d’élasticité. — Nous pourrions aller encore plus loin, essayer de pénétrer la structure de l’atome et expliquer par les rôles liés de la structure cristalline et des électrons de valence la grande dureté de certains composés définis, mais cela sortirait du cadre de cet exposé.
- Nous voyons ainsi apparaître, avec M. Portevin, l’in-fiuence de la structure à trois degrés, à trois ordres de grandeur, chacun d’eux apportant sa contribution à la connaissance totale des propriétés :
- « 1° Une première structure visible soit à l’œil, soit « au microscope : c’est la microstructure ou la macrostruc-« ture parfois confondues, parfois distinctes, dont l’élé-« ment individuel est le grain. Son étude constitue la « métallographie microscopique à laquelle les noms « d’Osmond et de Henri Le Chatelier restent à jamais « attachés. Cette structure est évidente parce que visible « et par suite du domaine de nos sens;
- « 2° Une deuxième structure, d’un degré de finesse « incomparablement plus grand, invisible même aux plus « forts grossissements, accessible à la spectrographie aux « rayons X, qui est la structure cristalline du grain et « dont l’individu, l’élément de structure est l’atome « simple ou complexe. Elle n’est qu’indirectement acces-« sible à l’observation, mais est rigoureusement con-« trôlable; elle est du domaine de l’intelligence;
- « 3° Enfin une dernière structure correspond à l’hypo-« thèse la plus satisfaisante de la physique moderne,
- « inaccessible à l’observation et à l’expérimentation « directe, vérifiable dans nombre de ses conséquences.
- « C’est la structure atomique dont les éléments sont le « noyau et les électrons. Elle appartient encore en partie « au domaine de l’imagination. »
- Et cependant c’est à elle que nous devrons nous adresser pour expliquer les résultats obtenus avec le module d’élasticité.
- Toutes les propriétés mécaniques sont plus ou moins influencées par ces trois structures. Il n’en est qu’une qui ne semble dépendre que de la structure atomique : c’est le module d’élasticité. D’après les études faites sur divers alliages, le module élastique varie linéairement, en condition isotherme, en fonction de la composition chimique, méconnaissant en première approximation les modifications de concentration des solutions solides et celles de structure.
- Le module apparaît donc comme une propriété atomique dont la valeur, ou tout au moins l’ordre de grandeur, peut se déduire, par la règle des mélanges, des valeurs des modules des composants.
- C’est pour cela d’ailleurs qu’il est si difficile d’élever la valeur du module des métaux par des additions en faible proportion alors que, parce moyen joint à l’action des traitements thermiques, on peut obtenir, comme
- Fig. 7. — Modèle de réseau à maille cubique centrée avec un atome aux sommets du cube et un atome au centre du cube.
- nous l’avons vu tout à l’heure, des caractéristiques mécaniques atteignant plusieurs fois la valeur de celles du métal de base.
- Cette loi paraît s’étendre non seulement aux solutions solides et aux mélanges mécaniques, mais encore à certains composés intermétalliques comme nous l’avons montré avec M. Portevin.
- Il ne reste qu’une manière d’y échapper, c’est de s’adresser au dernier ordre de structure envisagée pour voir si les liaisons entre atomes n’ont pas d’influence sur le module.
- En effet, on admet à l’heure actuelle qu’il y a plusieurs sortes de liaisons entre atomes, notamment les liaisons « métalliques » analogues à celles qui existent dans les métaux, et des liaisons plus rigides appelées liaisons « homopolaires », semblables à celles que l’on rencontre dans nombre de composés minéraux. L’expérience nous a apporté le résultat attendu. Dans l’ensemble apparaissent deux catégories de composés définis.
- 1° Ceux dont le module suit approximativement la règle des mélanges, ce sont ceux dont les liaisons atomiques sont à caractère métallique — tels que CuZn Ag3 Sb, Mg Zn2;
- 2° Ceux dont le module, contrairement à ce qui avait été constaté jusqu’à présent, dépasse notablement (20 à 40 pour 100) la valeur assignée par cette règle. Ce sont précisément ceux dont les liaisons sont homopolaires, tels que Cu9 Al4, Cu31 Sn8, Cu Zn6.
- *
- * *
- Par ces divers exemples, on voit que non seulement la considération de la structure à tous ses degrés explique la plupart des propriétés mécaniques, mais qu’elle permet en outre de prévoir des faits que l’expérience vient confirmer.
- Léon Guillet fils, Ingénieur des Arts et Manufactures.
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- 208 LA LUTTE CONTRE LES TRÉPIDATIONS
- A BORD DE “ NORMANDIE ” 1
- Fig. 1. — Vue arrière de « Normandie » dans la forme-écluse de Penhoët, montrant la position
- des hélices.
- Les tubes porte-hélices sont reliés à la coque par un large « aileron » dont la « traînée » dans l’eau a causé les troubles de régime des hélices, principale source des trépidations. Les hélices ci-dessus sont les anciens modèles tripales. (Phot. Desboutin).
- On sait que notre paquebot géant Normandie (fig. 1), dès ses premiers essais à pleine puissance au mois de
- mai 1935, puis au cours de ses traversées régulières, manifesta un défaut désagréable consistant en une forte vibration de toute la partie arrière, jusqu’au tiers environ du bâtiment.
- Il faut reconnaître que si, au cours des études, les questions de vitesse, de solidité, d’endurance à la mer, de confort, de maniabilité avaient retenu l’attention des ingénieurs, le problème des trépidations ne s’était pas posé à eux dans toute son ampleur. On admettait que la disparition des machines alternatives, remplacées par des turbines rotatives, dont le couple est continu, avait pratiquement supprimé la difficulté.
- L’exemple des paquebots Lusitania et Mauretania était assez rassurant sur ce point; des vibrations, malgré un rigoureux équilibrage des parties tournantes, se produisirent, il est vrai, lors de la mise en service; mais ces vibrations étaient peu sensibles et ne portèrent aucun tort à la réputation du navire. Le remplacement d’hélices à trois pales par des hélices à quatre pales suffit du reste pour atténuer fortement les vibrations.
- Par la suite, à bord des paquebots construits avant Normandie, notamment France, Paris et Ile-de-France, aucune vibration gênante ne fut constatée.
- En eût-il été autrement, que les enseignements de l’expérience eussent été bien difficiles à extrapoler légitimement à l’échelle d’un paquebot de 300 m. Le terrain était donc entièrement nouveau.
- En fait, l’étude des formes de carène de Normandie et de ses appendices : étambot, gouvernail, «ailerons» soutenant les tubes des arbres porte-hélices, avait été dominée par le souci d’une moindre résistance à l’avancement et d’une bonne tenue à la mer; pour les hélices, on s’était préoccupé de reculer le plus possible la vitesse où se produit la cavitation et d’accroître le rendement. La charpente arrière du navire avait été calculée en vue
- Fig. 2. — Schéma fictif des différents « sillages » de l'eau derrière un navire.
- Le sillage est le chiffre qui exprime la vitesse longitudinale de l’eau en pourcentage de la vitesse du bâtiment. Celle-ci étant égale à 100 pour 100, l’eau possède une vitesse de 80 pour 100 derrière la poupe, 60 pour 100 à une faible distance en arrière, etc. et 0 pour 100 dans les zones calmes.
- ^5 %-—-20 °/p^60%—80%-
- 1. Consulter le mémoire de MM. Coqueret, directeur des chantiers de Penhoët, et Romano, ingénieur en chef de la Compagnie Transatlantique, présenté en septembre 1936 à la Socielg of Naval Architecis and Marine Engineers de New-York ; une traduction a paru dans le numéro de novembre 1936 du Bulletin technique du Bureau Veritas, à qui nous sommes redevables des diagrammes qui illustrent cet article.
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- 209
- de résister concurremment aux chocs de la mer et aux efforts considérables de quatre propulseurs totalisant 100 000 ch.
- MESURE DES TRÉPIDATIONS
- Lors des essais de mai 1935, on constata que, dès que la vitesse atteignait 25 à 26 nœuds, la partie arrière du navire, principalement dans le haut, vibrait de façon gênante.
- Durant les deux ou trois semaines qui séparèrent les essais de la mise en service, on s’occupa de renforcer l’épontillage (rappelons que les épontilles sont des piliers verticaux) et de raidir les ponts, principalement dans les superstructures, dont la construction était moins rigide que celle de la coque. Ces moyens de fortune se révélèrent insuilisants et prouvèrent la nécessité d’une étude approfondie du phénomène vibratoire.
- Cette étude fut menée à bien durant les neuf voyages aller et retour que Normandie a effectués de mai à octobre 1935 et au cours d’une sortie d’essais exécutée du 15 au 18 novembre. Ce sont les résultats de ces recherches méthodiques et du programme de travaux subséquents que nous exposons aujourd’hui.
- Les trépidations intéressaient la partie arrière du bâtiment sur environ 100 m; dans la tranche comprise entre 100 et 125 m, comptés à partir de l’arrière, en certains points du pont promenade, du pont principal et du pont C (fig. 5), l’enregistreur décelait encore des vibrations fort peu gênantes, de quelques dixièmes de millimètres d’amplitude; au delà de cette limite, le bâtiment était complètement au repos.
- Vers l’arrière, les amplitudes devenaient considérables, atteignant 2 à 3 mm pour la partie arrière du pont située au-dessus du pont B; des amplitudes de 1,5 à 2 mm furent également relevées en certains points des ponts A, B et C, notamment à l’aplomb des hélices latérales.
- 11 va sans dire qu’aucun objet ne peut rester en place, même par une mer calme, sur des surfaces soumises à de pareilles trépidations, dont l’effet physiologique est au surplus fort pénible.
- Dans les bas, à l’extrême arrière, les vibrations se réduisaient à quelques dixièmes de millimètres, mais il s’y ajoutait un grondement des murailles plus pénible que les effets mécaniques.
- ROLE DES PALES D’HÉLICES
- Les diagrammes de l’appareil Geiger avaient révélé ce fait capital, déjà observé à bord de Mauretania, que la période des vibrations coïncidait exactement avec le temps employé par une pale d’hélice pour venir occuper
- Fig. 3. — Courbes d’ » égal sillage » relevées au bassin d'essai de carènes de Hambourg sur un modèle réduit de « Normandie ».
- Le cercle représente le « disque d’hélice » balayé par les pales, le tracé pointillé reproduisant le proiil de « l’aileron » qui soutient le tube de l’arbre porte-hélice. Les vitesses ont été mesurées dans un plan situé à 1 cm des pales, du côté avant, les hélices étant en rotation. Les chiffres indiquent les « sillages » en pour 100; on notera l’accroissement considérable de sillage produit par la « traînée » de l’aileron. A gauche, diagramme des anciennes hélices centrales ; à droite, diagramme
- des anciennes hélices latérales.
- Fig. 4. —• Amélioration des courbes d'égal sillage procurées par le renversement du sens de rotation des hélices latérales.
- La traînée de l’aileron est beaucoup moins marquée que sur les diagrammes précédents; les. diagrammes ont été pris sur l’autre bord du bâtiment.
- dans l’espace la position de la pale précédente. L’amplitude des vibrations variait périodiquement avec le
- Fig. 5. — Coupe de l'arrière du bâtiment montrant l’emplacement des hélices latérales et centrale.
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- Fig. 6. — Rotor de l’un des moteurs synchrones de propulsion.
- Ce rotor, excité en courant continu, comporte 40 pôles; si l’on suppose parfaitement synchronisés les courants triphasés de puissance alimentant les stators, les rotors resteront synchronisés avec une différence de calage inférieure à 9°.
- temps, des moments de calme relatif succédant à des moments de mouvement intense, mais le phénomène, à partir de la vitesse de 25 à 26 nœuds où il s’amorçait, semblait peu influencé par la vitesse. Ce sont là les caractères d’un système de vibrations forcées, sans « résonance » bien nette et qui prenait son origine dans la rotation des pales d’hélices.
- Si les hélices tournaient en eau calme, donc homogène et isotrope ou encore dans un flux d’eau rigoureusement parallèle à leur axe, un tel phénomène serait incompréhensible. Mais il ne faut pas oublier que chaque hélice travaille dans un milieu troublé par le voisinage des autres hélices et surtout par la présence de la coque et des supports de son propre tube d’arbre.
- A mesure qu’une pale balaye le cercle fictif appelé « disque de l’hélice », elle rencontre donc des filets^d’eau dont la vitesse, dans le sens de l’axe du navire, est très variable. Il en résulte des réactions violentes et même de véritables percussions sur les pales, qui se transmettent
- Fig. 7.— Diagrammes fournis par un manomètre enregistreur (manographe pholocalhodique) relié à des cylindres hydrauliques recevant la poussée d'un palier de butée.
- par les arbres, les supports, les paliers de butée et entretiennent la vibration de tout l’arrière du navire.
- La coque, de son côté, reçoit des impacts d’eau irréguliers au passage de chaque pale, ce qui constitue une nouvelle source de vibrations, synchrone avec la première.
- L’élément essentiel étant par suite la distribution des vitesses longitudinales des filets d’eau à leur arrivée au disque d’hélice, on résolut d’étudier expérimentalement cette distribution à l’aide de modèles envoyés au « bassin des carènes » de Hambourg.
- Soulignons au passage la situation regrettable faite aux industries française et britannique par l’absence de « bassins d’essais sur modèles réduits », comparables pour les dimensions et la qualité de l’outillage aux bassins allemands. On sait que les Chantiers de la Loire sont en train, actuellement, de créer un bassin de forte section et de grande longueur en profitant des travaux de construction de leur nouvelle cale horizontale (Q ; il est à souhaiter que ce nouveau bassin nous rende indépendants vis-à-vis de l’étranger.
- Les résultats obtenus à Hambourg sont représentés par les diagrammes de la figure 3. Les chiffres indiquent le « sillage » de l’eau en chaque point, autrement dit la vitesse longitudinale de cette eau, exprimée en « pour cent » de la vitesse du navire ; les courbes sont les courbes d’égal sillage.
- Il saute aux yeux qu’il existe une discontinuité brutale derrière l’aileron (visible en pointillé) qui soutient le tube porte-hélice, ce qui revient à dire que la pale rencontre une veine d’eau fortement entraînée vers l’avant: d’où une poussée momentanée beaucoup plus forte sur le palier de butée, équivalant à un véritable choc.
- Pour supprimer le mal à sa source, il convient donc, lors de la construction de bâtiments neufs, de veiller à l’écoulement des filets d’eau de façon à obtenir, pour les courbes d’égal sillage, une répartition uniforme ou du moins dénuée de discontinuités brusques; on peut aussi agir sur le tracé des hélices.
- Quant à l’impact contre les murailles, on ne voit guère d’autre remède que d’éloigner le plus possible les hélices de la coque; l’amélioration des conditions d’écoulement est du reste de nature à atténuer cette seconde cause de vibrations.
- HÉLICES SYNCHRONISÉES ÉPONTILLES-FREINS
- En ce qui concerne Normandie, une indication intéressante avait été fournie par les essais de Hambourg; c’est que le renversement du sens de rotation des hélices latérales sur le modèle réduit avait conduit à des diagrammes nettement meilleurs (fig. 4).
- Ce renversement pouvait être obtenu assez simplement dans la réalité en échangeant les deux hélices
- [ 1. Voir La Nature, n° 2991 du 15 décembre 1936.
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- Fig. 8. — Courbe représentative des variations périodiques de la poussée.
- Cette courbe a été obtenue en plaçant bout à bout les quatre tracés de la figure 7; elle montre l’allure à peu près périodique du phénomène. Les abscisses représentent le temps, chaque division équivalant à 98 millièmes de seconde, ce qui est précisément le temps employé par une pale pour se substituer à la précédente. Les abscisses sont chiffrées en centaines de grammes d’accroissement de pression dans les
- cylindres hydrauliques.
- latérales, droite et gauche et en croisant les connexions de deux des trois systèmes de pôles sur les moteurs triphasés entraînant ces hélices.
- A la sortie de novembre, le programme d’essais fut établi ainsi.
- — Renversement du sens de rotation des hélices latérales, les hélices tripales étant conservées partout.
- — Création d’une coupure transversale dans les superstructures au-dessus du pont promenade, entre les couples 62 et 63, en vue d’isoler la partie arrière.
- — Synchronisation des hélices.
- — Installation d'épontilles-freins absorbant l’énergie par frottement, suivant le principe classique des amortisseurs d’automobile et des volants anti-trash.
- Simultanément, on devait procéder à l’enregistrement des pressions de l’eau en divers points de la coque ainsi qu’au voisinage des hélices, et des variations périodiques de la poussée sur un des paliers de butée.
- Le renversement de marche des hélices latérales produisit une diminution d’amplitude des vibrations d’environ 20 pour 100, mais n’amena aucune atténuation dans les mouvements des paliers de butée ni des ailerons.
- La coupure des superstructures par un joint glissant procura une réduction de 60 pour 100 sur l’amplitude des vibrations dans la partie avant du pont des embarcations et au « sundeck ».
- La synchronisation des hélices fut tentée en agissant non sur les moteurs d’hélices, mais sur les turbines à vapeur entraînant les alternateurs à 5000 v qui alimentent individuellement ces moteurs ; le résultat était équivalent, puisque la liaison électrique est synchrone et le nombre des pôles des moteurs très élevé, ce qui n’autorise que de faibles balancements angulaires (9° au maximum) tant que « l’accrochage » électrique subsiste (hg. 6).
- On installa, sur chacun des régulateurs de trois des turbines, une commande à différentiel reliée à la commande du régulateur de la turbine tribord-centrale. Ainsi, les trois turbines se synchronisaient automatiquement sur cette dernière. Un dispositif strobosco-pique devait permettre de vérifier le synchro-
- nisme et d’expérimenter avec différents calages relatifs des hélices.
- Cette partie des essais fut manquée. A aucun moment, il ne fut possible de maintenir, durant fin temps appréciable, le calage relatif des hélices avec une approximation égale à une fraction assez faible de 120°, distance angulaire de deux pales consécutives. On crut du reste constater, lors des synchronisations momentanées, un accroissement général des vibrations du navire.
- Les épontilles-jreins étaient formées de deux parties réunies chacune à l’un des ponts entre lesquels elles étaient installées; ces deux parties frottaient l’un contre l’autre par deux surfaces l’une en bois de gaïac, l’autre en métal, appuyées l’une contre l’autre par un ressort réglable. Ces épontilles-freins furent placées depuis les entreponts jusque dans les hauts du navire.
- « Normandie » en cale sèche au cours d’une visite d’entretien; on distingue une des nouvelles hélices à quatre pales.
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- AMÉLIORATION DES « SILLAGES »
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- Fig. 10. — Courbes d'égal sillage, 1res améliorées, obtenues avec les nouvelles hélices
- à quaire pales.
- A gauche, diagramme des hélices centrales; à droite, diagramme des hélices latérales. On notera des courbes de sillage négatif indiquant que l’eau s’écoule spontanément
- vers l’arrière.
- Ici encore, les résultats furent décevants. Quelques atténuations locales des vibrations furent bien obtenues pour certains réglages des ressorts de serrage, mais ces atténuations disparurent quand on procéda au réglage des épontilles-freins placées au-dessus ou au-dessous dans les entreponts.
- L’étude des variations de poussée aux paliers de butée a été faite au moyen de cylindres hydrauliques et d’un manographe photocathodique Labarthe; on a constaté effectivement une variation ondulatoire correspondant à la succession des pales d’hélices (fig. 7 et 8).
- A l’aide du manographe, également, on a mesuré les variations de pression de l’eau en différents points de la coque (fig. il et 12); ces variations peuvent atteindre 2 kg. par cm2, soit 20 t par m2 de surface de coque, ce qui est énorme ; mais leur période ne coïncide nullement avec celle des vibrations incriminées, en sorte que leur rôle semble négligeable.
- Malgré leur intérêt théorique, les résultats ci-dessus étaient à peu près négatifs. Voici comment les ingénieurs réussirent à supprimer pratiquement la trépidation de Normandie.
- Le renversement du sens de rotation des hélices latérales s’étant montré nuisible aux qualités évolutives du batiment, on décida d'y renoncer et de porter tout l’effort sur l’amélioration des formes des ailerons et sur leur renforcement; les « carlingages » des paliers de butée devaient être également renforcés.
- Un nouveau tracé fut établi, présentant des attaches plus fortes à la base et améliorant très largement les courbes d’égal sillage (fig. 1.0). Par ailleurs, on accrut la rigidité de la charpente arrière du navire par l’adjonction de lisses et le renforcement des membrures et barrots des ponts inférieurs.
- Le barrotage et l’épontillage furent également renforcés dans les hauts. La coupure des superstructures par un joint glissant fut conservée.
- Restait la question du tracé des hélices.
- De nouvelles hélices avaient été mises à l’étude, dès les premiers voyages, en vue de remédier à des érosions résultant de la cavitation. Rappelons que les érosions, qui peuvent perforer une pale en quelques semaines sur une hélice rapide, sont dues principalement à de minuscules coups de « marteau d’eau » provenant de la formation et de la disparition de très petites bulles de vapeur dans les régions où la pression, par suite de la cavitation derrière les pales, s’abaisse au-dessous de la tension de vapeur naturelle de l’eau.
- A bord de Lusitania et Mauretania, la substitution d’hélices à quatre pales aux anciennes hélices à trois pales avait amené une diminution des vibrations.
- On dessina donc pour Normandie, de nouvelles hélices à quatre pales (fig. 9), en s’attachant à rejeter le plus possible vers l’arrière les surfaces travaillantes, afin de les éloigner de la région troublée par le passage de l’aileron.
- On adopta pour les pales un nouveau tracé « en lame de sabre » destiné à diminuer le choc à l’entrée dans la zone de fort sillage; la génératrice est inclinée à 15° sur l’arrière, la ligne médiane de la pale présentant la forme d’une spirale infléchie dans le sens de la marche. L’allure correspondant à 28 nœuds était ramenée de 200 à 180 tours/mn, ceci en vue de réduire la cavitation.
- Ces nouvelles hélices firent leurs preuves au « tank de cavitation » de Hambourg.
- RÉSULTATS OBTENUS
- Les travaux ci-dessus furent exécutés sur Normandie de fin novembre 1935 à fin avril 1936. Le 28 avril, on effectua une sortie d’essais qui fut enfin un franc succès.
- Fig. 11. — Variation des pressions de l’eau en un point de la coque.
- En haut, régime relativement calme; en bas, régime tourmenté correspondant à une inclinaison du bâtiment sur bâbord. L’échelle des temps est en centièmes de seconde, celle des pressions en Kg/cm2
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- En tous les points du navire les trépidations étaient réduites à moins de 20 pour 100 de leur amplitude primitive; en de nombreux points, elles avaient entièrement disparu. On ne constata d’amplitudes supérieures à 1 mm en aucun point distant de plus de 25 m de l’arrière, ni d’amplitudes supérieures à 0 mm 5 en aucun point distant de plus de 40 m de l’arrière.
- Les mouvements des paliers de butée n’étaient plus perceptibles et les variations de la poussée ne pouvaient plus être constatés qu’avec des appareils de précision. Les mouvements des ailerons lurent pratiquement réduits à zéro et ceci eut pour avantage accessoire une tenue parfaite des joints et presse-étoupes des arbres d’hélices, qui avaient précédemment donné quelques ennuis d’entretien.
- La contre-épreuve du progrès réalisé fut du reste faite de façon involontaire. Par suite d’un incident, les deux hélices centrales anciennes durent être provisoirement remises en service et l’on constata une recrudescence des vibrations et des mouvements aux paliers de butée.
- Telle fut cette « campagne contre les vibrations de
- Fig. 12. — Enregislremenl des pressions, en un autre point de la coque.
- Normandie » qui se termina par un triomphe méritoire. Ce fâcheux défaut de notre paquebot géant avait suscité à l’étranger de nombreux commentaires et sa suppression à peu près complète en revêt une certaine importance pour le prestige de notre pavillon.
- Pierre Devaux,
- Ancien élève de l’École Polytechnique.
- LES GALLES
- 11 n’est personne qui n’ait remarqué au cours de promenades dans les bois, les bizarres excroissances qui ornent les tiges et les feuilles de certains arbres et particulièrement du chêne. Ces productions curieuses dont l’aspect est très varié ont été nommées « galles » et leur étude « cécidologie ». Malgré l’avancement et la vulgarisation des sciences, beaucoup de personnes se figurent encore que les galles sont des plantes parasites ou des champignons d’une espèce spéciale. 11 en est aussi qui croient qu’il s’agit de maladies des végétaux, de tumeurs comme il s’en produit sur les organes de l’homme et des animaux. Nous allons voir combien la vérité est différente et tout l’intérêt qui s’attache à l’étude de ces singulières productions.
- Les galles ont intrigué au plus haut point les naturalistes des siècles passés. Depuis Réaumur jusqu’à nos jours, les savants botanistes et entomologistes se sont efforcés de connaître la vérité. A force de patience, ils sont parvenus à savoir que les productions gallaires sont dues à la piqûre de petits insectes appartenant surtout aux familles des diptères, des hémiptères et des hyménoptères. Munis d’une tarière appropriée ces insectes piquent un organe de la plante choisie, de préférence des feuilles, puis laissent écouler dans la blessure un liquide spécial, générateur de la galle. En même temps ils pondent, de sorte que les larves issues des œufs doivent normalement vivre à l’intérieur des galles produites. Nous ne saurions mieux expliquer cette œuvre si curieuse qu’en citant les passages ci-après du Dr Nabias, auteur d’un intéressant travail en cette matière : « Quelle est l’action de ce venin sur le végétal ? Elle est toute puissante dans la
- production de la galle, car le venin produit sur le végétal une action analogue à celle que l’abeille produit sur nos tissus quand elle nous pique »; et plus loin, citant une autre observation, il ajoute : « Le Nematns vallisnerii, muni d’une tarière délicatement dentée en scie, entaille les feuilles tendres des bourgeons terminaux du Salix amygdalina et pousse ses œufs dans la blessure ouverte, souvent plusieurs sur la même feuille. Mais en entaillant la feuille, il y fait couler une sécrétion glandulaire particulière. Peu d’heures après la lésion, le limbe de la feuille change d’aspect et il se déclare une abondante formation de nouvelles cellules qui forme bientôt un épaississement nettement circonscrit de la feuille; quinze jours après, la galle en forme de fève, de couleur verte et rouge, est complètement formée. »
- Telle est la théorie déjà ancienne et encore accréditée des formations gallaires. Toujours est-il que la piqûre des insectes gallicoles provoque une réaction chez les végétaux, phénomène cellulaire encore assez mystérieux.
- On trouve des galles sur un grand nombre de végétaux. Leurs couleurs et leurs formes sont très variées, parfois même surprenantes.
- Le chêne compte à lui seul une centaine d’espèces. Les plus connues sont celles produites par le Cynips quercus folii (fig. 1). Elles se présentent sous la forme de boules régulières, vertes et rouges, de la grosseur d’une petite noix. On en trouve parfois plusieurs sur une même feuille. Les autres galles du chêne sont plus exiguës, mais leurs formes sont très curieuses et offrent une symétrie remarquable. Parmi celles que l’on rencontre fréquemment, nous citerons Nemoterus numismalis et N. lenticularis
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- (fig. 2 et 3). A la fin de l’été de 1936, nous avons observé un petit bois qui en était littéralement infesté. Presque toutes les feuilles de chêne portaient un nombre invraisemblable de ces petites excroissances. Sur une même feuille, on pouvait trouver plusieurs espèces mêlées.
- Sur le hêtre, on trouve souvent des galles de teinte rougeâtre en forme de pépin ou de larme. Elles sont causées par le Mikiola fagi (fig. 4).
- Une des galles les plus remarquées est celle qui vient sur les rosiers des jardins. Elle se présente sous la forme d’excroissances assez volumineuses et très chevelues avec des filaments verts et rouges (fig. 5). Au centre on trouve une masse très dure qui abrite en son sein le
- gallaires variées sur les saules et surtout sur Salix nigricans.
- Les plantes herbacées ne sont pas épargnées et l’on remarque aussi des galles sur Centaurea, Ilieraceum, Potentilla, Salvia, Papaver, etc... Celles du Papayer rheas sont parfois de véritables monstruosités qui venant sur les capsules les défigurent complètement. Le paturin des bois (Poa nemoralis) possède aussi des galles très particulières situées aux nœuds des tiges.
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- Nous arrêterons là cette énumération. Cette rapide
- Fig. 1 à 6. — Quelques galles des plus communes (dessins de R. Brossard).
- 1. Galle de Cynips sur feuilles de chêne; 2 et 3. Autres galles du chêne : Nemolerus numismalis et N. lenticularis; 4. Galle du hêtre : Mikiola fagi-, 5. Galle du rosier : Rhodites rosae\ 6. Galle de l’orme: Schizoneura lanuginosa.
- Rhodites rosae, en même temps que divers parasites usant et... abusant de ce refuge hospitalier.
- L’une des galles les plus curieuses est celle de l’ormeau, dont les feuilles portent de grosses boursouflures vertes irrégulières (fig. 6). Si l’on ouvre ces sortes de vessies, on trouve à l’intérieur des colonies de pucerons. C’est le Schizoneura lanuginosa qui est l’auteur de ces galles, dont la grosseur dépasse parfois celle du poing.
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- Presque toutes les espèces d’arbres et d’arbustes sont susceptibles d’héberger des galles. On en trouve sur Crataegus, Corylus, Fagus, Prunus, etc... Sur le peuplier noir (Populus nigra), on peut en découvrir de fort intéressantes (galles du Pemphigus spirothecae et du Pemphigus bursarius). On trouve aussi des formations
- étude n’a d’ailleurs d’autre prétention que d’engager les botanistes et les entomologistes amateurs, surtout ceux s’intéressant à la pathologie végétale, à observer les galles de leur région. En terminant, nous souhaiterons de voir paraître un jour prochain un ouvrage de vulgarisation sur la cécidologie, avec des planches coloriées montrant des galles de France les plus communes et les plus curieuses.
- Cet ouvrage pourrait trouver place, par exemple dans l’« encyclopédie pratique du naturaliste (1) » où a paru déjà une série de volumes rendant les plus signalés services.
- René Brossard,
- Membre de la Société linnéenne de Lyon.
- 1. Paul Lechevalier, 12, rue de Tournon, Paris.
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- UN CURIEUX MOTEUR BI-ROTATIF
- LE MOTEUR SKLENAR
- Un type nouveau de moteur rotatif pour l’aviation, construit sur l’initiative de M. Matins, a fait l’objet à l’Académie des Sciences d’une note de M. Sklenar présentée par M. Esnault-Pelterie (fig. 1 et 3).
- Le moteur comporte un nombre impair de cylindres disposés en étoile, refroidis par ailettes et attaquant un arbre-manivelle central. Cette disposition est classique, mais la nouveauté est que les cylindres sont ouverts du côté extérieur et tournent tous ensemble à l’intérieur d’une culasse unique fixe en forme d’anneau. Dans le modèle à 5 cylindres, par exemple, l’étoile formée par les cylindres tourne d’un tour dans un sens pendant que l’arbre-manivelle tourne de 5 tours dans l’autre sens.
- DISTRIBUTION « ANNULAIRE »
- Fig. 1. •— Ce nouveau moteur bi-roiatif, où les cylindres tournent en sens inverse de l'hélice, ne possède ni soupapes ni tiroirs de distribution; son encombrement est
- très ’aible (Société Mawen).
- Le fonctionnement s’opère à quatre temps; il n’existe ni tiroirs ni soupapes, les fonctions de distribution étant entièrement dévolues à la couronne lixe. A cet effet, celle-ci présente de larges lumières communiquant les unes avec les carburateurs, les autres avec l’échappement; les bougies sont également vissées à poste fixe dans la culasse ; c’est donc la rotation des cylindres qui amène ceux-ci successivement devant les lumières et les bougies.
- La possibilité cinématique d’une telle distribution résulte de formules simples qui découlent de la théorie générale des moteurs en étoile, établie par M. Esnault-Pelterie dès 1907. Si l’on suppose les cylindres immobiles, on a affaire à un distributeur (la culasse annulaire) qui doit tourner dans le même sens que l’arbre-manivelle, mais (n -j- 1) fois moins 1
- vite et présenter - (N -f- 1) séries complètes de
- Z
- lumières et de bougies.
- En France, deux types de moteurs ont été construits et essayés. Dans le modèle à 5 cylindres, la culasse porte trois séries de lumières et de bougies (fig. 2), les cylindres tournant dans un sens et l’arbre-manivelle en sens inverse, à une vitesse quintuple. Le modèle à 9 cylindres (fig. 1 et 3) possède 5 séries de lumières et de bougies et les cylindres effectuent un tour tandis que l’arbre-manivelle exécute 9 tours en sens contraire.
- L’écueil principal d’un tel moteur est évidemment l’étanchéité des extrémités de cylindres qui glissent contre la couronne fixe. La solution adoptée consiste en un boisseau à peu près cylindrique (fig. 4 et 5) pouvant coulisser
- radialement et pivoter sur lui-même dans l’extrémité du cylindre; ce boisseau est fortement appliqué contre la
- Fig. 2. — Principe du moteur bi-rotatif Sklenar.
- La culasse extérieure est fixe : les cylindres tournent d’un bloc vers la droite, l’arbre-manivelle tournant vers la gauche cinq fois plus vite. Les extrémités ouvertes des cylindres viennent se présenter successivement devant des lumières d’admission et d’échappement percées dans la culasse et devant des bougies également fixes. L’intervalle entre deux cylindres consécutifs est occupé par des patins en arc de cercle qui empêchent les lumières de se trouver ouvertes à l’air libre. Les bielles sont articulées sur la tête de la bielle maîtresse, suivant la formule classique des
- moteurs en étoile.
- Culasse a.nnu la i re
- Cyhndne
- Maîtresse
- bielle\
- Arbre '•*-jna nivelle
- k ; 3
- Lumière
- Patins
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- Fig. 3. — Aspect extérieur du moteur 9 cylindres du côté hélice.
- On aperçoit les cylindres mobiles entre les nervures fixes; la culasse annulaire est refroidie par des ailettes.
- culasse annulaire par la force centrifuge. De plus, les deux surfaces en contact appartenant à une même sphère, le boisseau pivote en tous sens au hasard des inégalités de frottement et finit par se roder parfaitement. Des « segments » élastiques ordinaires assurent l’étanchéité entre le cylindre et le boisseau; celui-ci se trouve d’autre part sullisamment graissé par la projection d’huile due à la force centrifuge.
- Pour éviter que les lumières se trouvent ouvertes à l’air libre entre le passage de deux cylindres consécutifs, les espaces entre les cylindres ont été remplis par des patins légers, tournant avec l’ensemble des cylindres, également appliqués contre la couronne par la force centrifuge. On remarquera que toutes ces surfaces sont sphériques ou cylindriques, ce qui est de nature à simplifier l’usinage.
- RÉSULTATS OBTENUS
- La suppression des soupapes et de leurs organes de commande rend ce type de moteur extrêmement robuste.
- Fig. 5. — Coupe d'un haut de cylindre et de la culasse fixe par un plan passant par l’axe du moteur.
- Le boisseau se présente devant une lumière de la culasse; on reconnaît la disposition des segments de la ligure 4.
- Culasse annulaire fixe
- Lum/ère
- Segments
- Boisseau
- Cylindre
- L’un des modèles d’essai a fait du premier coup 300 h de marche en 30 séries de 10 h ! On note également une diminution importante du prix de revient à la construction.
- La surface de refroidissement de la culasse est bien plus grande que dans les moteurs ordinaires ; les bougies ne sont en contact avec les gaz chauds que pendant un temps très court.
- Aucune indication n’a été fournie concernant la liaison mécanique entre l’arbre-manivelle et le bloc des cylindres, destinée à provoquer la rotation de ce dernier. Cette liaison est évidemment assurée par des engrenages et il faut observer que ces engrenages reçoivent la réaction du couple moteur; ils doivent donc être plus robustes que
- Patin
- Boisseau
- Segments
- Cylindre
- Bielle
- !i Maîtresse bielle
- \^^Cerc!e manivelle
- V t —f
- Fig. 4. — Dispositif d'étanchéité.
- L’extrémité du cylindre porte un boisseau cylindrique, mobile dans le sens radial et que la force centrifuge applique contre la culasse lixe; les deux surfaces en contact sont des portions d’une même sphère, ce qui permet aux boisseaux de pivoter et de se roder en tous sens. Des segments sont également interposés entre le cylindre et les « patins » (voir fl g. 2) voisins.
- de simples engrenages d’arbre à cames, ce qui n’est du reste pas un inconvénient.
- Au point de vue de l’effet gyroscopique en vol, il est certain que celui-ci est diminué d’une façon sensible par la contre-rotation du groupe cylindres, plus lent mais plus lourd que l’hélice. Il ne faut pas oublier que l’effet gyroscopique est proportionnel à la vitesse de rotation et non à son carré comme la force centrifuge, en sorte qu’une compensation reste possible malgré l’écart des vitesses.
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- M. Esnault-Pelterie a fait valoir, à l’actif du moteur Sklcnar, un autre avantage qui est la meilleure résistance à rovalisation des segments de pistons. Cette ovalisation par usure est très forte dans les moteurs à cylindres rotatifs à cause des accélérations tangentielles importantes. M. Sklenar, en recherchant la puissance dans le nombre des pulsations des cylindres par tour et non dans l’augmentation du nombre de tours par seconde de ces cylindres, a supprimé cette dilliculté; par suite, il peut utiliser des segments ordinaires tout en obtenant une « puissance volumique » élevée.
- A titre d’indication, voici quelques résultats obtenus avec les deux moteurs essayés en France. Le moteur à 5 cylindres possédait une cylindrée totale de 490 cm3 tandis que le modèle à 9 cylindres avait une cylindrée de
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- 4328 cm3. Le nombre de chevaux développés par litre de cylindrée et par 1000 tours-mn est de 11 ch et une fraction. Au régime nominal de 3300 tours-mn de l’arbre-manivelle, le moteur à 9 cylindres a consommé 217 gr d’essence par cheval-heure. Au régime forcé de 4000 tours-mn, la température au joint d’une bougie a été trouvée égale à 245°, la température ambiante étant de 12°. La température de l’huile à la sortie était de 90° avec un volume de 20 1 en circulation.
- Ce sont là des conditions et des rendements des plus satisfaisants et qui permettent de bien augurer du moteur bi-rotatif quand il aura subi l’épreuve de la pratique.
- Pierre Devaux,
- Ancien élève de l’École Polytechnique.
- UN NOUVEL INSECTICIDE : LA ROTENONE
- (D
- M. Louis Reteaud, directeur de l'Institut des Recherches agronomiques de Saigon, nous écrit :
- Je viens de prendre connaissance à llanoï du très intéressant article sur les Derris qui a paru dans La Nature sous la signature de M. Chevalier. Et je crois utile de vous signaler que sur un point, l’auteur a été inexactement renseigné, car loin en ell'et de négliger cette question, comme il l’écrit, l’Institut des Recherches agronomiques d’Indochine en a poursuivi l’étude depuis plusieurs années, à la l'ois dans ses laboratoires et ses stations expérimentales, sur les cultures d’essais existant chez quelques planteurs européens et, surtout chez les indigènes. On trouve en effet en Indochine de nombreuses espèces spontanées de Derris. Les unes se présentent sous forme de lianes (comme D. Thyrsiflora Benth, D. Scandens, D. Oligenosa, D. Laotica Gagnepain, D. Ferruginea, D. Tonkinensis), les autres sous forme d’arbustes ou d’arbres dont les maraîchers chinois connaissent et utilisent depuis longtemps les propriétés insecticides. Ils ont même introduit dans leurs jardins de l’ouest cochinchinois, bien avant que ces plantes aient fait l’objet d’études en divers pays et que leur emploi ait acquis la vogue dont il jouit actuellement, des Derris elliptica et malaccensis qu’ils utilisent sous les noms de Lao-tinh et de Day thuoc-ca.
- Ces espèces fournissent en Malaisie des racines à fortes teneurs en produits actifs, mais il était impossible de prévoir si les conditions du sol, de climat et de culture très différentes de l’Indochine permettraient d’obtenir des résultats identiques.
- Pour s’en assurer, l’Institut des Recherches agronomiques de l’Indochine a entrepris l’étude des Derris depuis trois ans, en poursuivant une enquête minutieuse sur les Derris indigènes, les méthodes de culture employées par les Chinois, l’étude des sols qui paraissent le plus favorables ; des collections comparatives de ces variétés ont été établies dans les stations expérimentales, mettant ainsi à la disposition de nos laboratoires un matériel d’étude important.
- Parallèlement, l’Institut a suivi les cultures des Derris importés, tentées en terres rouges basaltiques par quelques plantations d’hévéà.
- Les premières observations ont montré que le Derris se
- 1. La Nature, n° 2979, 15 juin 1936.
- Racines de Derris analysées au Laboratoire de chimie de VInstitut des Recherches agronomiques.
- CA K A CT ÉIÎ IS TI Q U E S morphologiques H20. Extrait Extrait à | au l’éther. | CCI1. % de matière Boté- none à l’éther, sèche. Roté- none au CCI1.
- Derris Bacliêu . . 12.80 28.20 0.90
- Elliptica fines. . . 10.80 0.38 0.46
- — moyennes 11.30 0.72 0.92
- fines. . . 15.20 18.67 2.40 2.86
- — moyennes 19.80 19.10 3.20 3.36
- grosses. . 19.60 21.40 3.98 4.30
- Racines moyennes. 2.16 0.06
- Derris.... 12.50 20.11 0.43
- D. Bacliêu grosses. 8.68 26.40 7.40
- •— moyen. 6.05 23.41 7.72
- — fines . 5.63 25.96 8.36
- D. elliptica S. . . 8.61 12.70 1.26
- M. . . 9.88 5.33 traces
- D. malaccensis . . 9.15 18.60 0.57
- Lautinh (Bacliêu) . 9.37 10.10 0.57
- D. ellipt. fraîches. 45.98
- — petites.. 10.20 13.70 3.05
- •— grosses . 9.76 10.00 2.57
- lre récolte-grosses. 20.83 15.40 3 48
- le 23e mois petites . 12.60 6.93 2.00
- D. elliptica. . . . 13.82 1.08 traces
- D. sauvage. . . . 12.70 6.41 0.17
- D. ellip. S fines. . 6.72 15.29 2.45
- •— S grosses. 7.70 9.13 0.99
- — M fines . 7.86 16.39 traces
- — — grosses 7.92 13.03 traces
- D. malacc. fines. . 7.00 24.06 traces
- — grosses. 11.38 13.32 traces
- D. Bacliêu fines. . 6.62 19.06 1.68
- grosses. 6.92 12.22 0.89
- Rac. de Tubaroot. 4.50 17.69 1.14
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- développe avec vigueur en culture intercalaire entre les jeunes hévéas en jouant le rôle d’une légumineuse de couverture. Le rendement en racine est important (575 kg par hectare). Toute-l'ois, les rendements en extrait total et en roténone sont souvent faibles; on descend à 7 pour 100 d’extrait total et 0,3 pour 100 de roténone (déterminé par la méthode Roarck, extraction à l’éther et au tétrachlorure de carbone).
- Parmi les espèces spontanées, certaines atteignent des teneurs en roténone de l’ordre de 7 pour 100. Le tableau ci-contre donnant quelques analyses types effectuées sur ces diverses variétés permettra de se rendre compte de leur valeur.
- Comme on le voit, si cette question n’a pas été négligée, elle est complexe et exige, avant de passer au stade industriel, qu’une sélection méthodique ait permis d’obtenir des races à haute teneur en roténone et que les conditions optima de leur culture soient parfaitement déterminées.
- Ces études sont avancées et nous pouvons espérer que le moment n’est pas éloigné où l’Indochine pourra satisfaire à la totalité des besoins de la Métropole.
- J’ajoute que l’Institut des Recherches ne s’est pas borné à l’étude des Derris, mais a poussé ses recherches vers d’autres plantes telles que Stemona tuberosa spontané en Indochine, utilisé dans la lutte contre les insectes nuisibles au poivrier par les cultivateurs cambodgiens et qui pourra être substitué avantageusement aux insecticides tels que le Derris.
- Je serais heureux qu’il vous paraisse possible d’insérer cette petite rectification. Elle montrera à vos lecteurs que la production dans nos grandes colonies n’est pas dépourvue, comme on le croit trop souvent, de tout guide et que les établissements
- scientifiques s’ils travaillent dans des conditions moins favorables que ceux de la Métropole, n’en apportent pas moins une importante contribution à l’œuvre coloniale française.
- Louis Reteaud, Directeur de l’Institut des Recherches agronomiques.
- Nous avons communiqué la lettre ci-dessus au D1 J. Chevalier qui nous a remis la note suivante :
- En 1924, le Bulletin économique de VIndochine a conseillé la culture des Derris (p. 366). Gagnepain a signalé la présence de diverses espèces de Derris, mais j’ignorais que l’Institut des Recherches agronomiques ait poursuivi des études; en tous cas, elles n’ont pas été publiées et l’Office de Paris les ignore.
- J’ai reçu dans ces dernières années, à diverses reprises, de sources différentes, des racines de Derris de culture ou de récolte, dont la teneur en roténone a toujours été inférieure à 3,50 pour 100. 'J’ai eu en communication des analyses du Rureau de Singapour qui confirmaient mes chiffres et qui avaient été faites à la demande de sociétés de plantations indochinoises avant d’exporter leurs récoltes.
- Je souhaite vivement que l’Indochine arrive à produire des racines titrant de 7 à 8 pour 100 de roténone et qu’on puisse les multiplier d’après les méthodes de culture utilisées en Malaisie qui donnent des résultats satisfaisants.
- Dr J. Chevalier.
- LE PROBLEME DES CARBURANTS ARTIFICIELS
- LE PROCÉDÉ DE M. MICHOT-DUPONT
- L’importance du problème des carburants est angoissante pour tous les pays ne disposant pas de sources de pétrole, non seulement du point de vue purement économique, mais également du point de vue de la défense nationale. Aussi toutes les nations non favorisées par la nature ont-elles été conduites à poursuivre une politique de production des carburants de remplacement à partir des substances qu’elles possèdent en grande quantité et qui sont susceptibles de donner par la voie de la synthèse des liquides utilisables dans les moteurs.
- A ce sujet, il faut noter que le problème n’est pas seulement un problème de tonnage, mais également de qualité; dans les moteurs d’avion par exemple, les conditions imposées au carburant (85° d’octane et parfois plus) sont difficilement réalisables à partir de certains pétroles naturels. De même dans la préparation des explosifs, seuls les pétroles de Bornéo à carbures aromatiques (benzène, toluène et teneur supérieures) permettent la fabrication de concentrés de toluène ni trahies.
- Ainsi donc les carburants de remplacement devront non seulement fournir le tonnage nécessaire, mais aussi la qualité chimique requise pour certaines applications.
- Les produits naturels auxquels on s’est immédiatement adressé (mélanges d’alcool et d’hydrocarbures) ne peuvent donc pas résoudre complètement le problème, puisqu’ils ne donnent pas la qualité chimique.
- La synthèse totale à partir du coke n’apportera sans doute jamais non plus la solution complète du remplacement des
- carburants du pétrole, malgré l’intérêt que présente le procédé Fischer et les perfectionnements récents dont il a été l’objet.
- La synthèse partielle, qui réduit le travail chimique à effectuer, puisque l’on part d’une substance organique naturelle déjà fortement hydrogénée, a été réalisée par divers procédés de valeur inégale.
- Les matières premières sont nombreuses et abondantes en France; ce sont la houille, les lignites, la tourbe, les roches imprégnées, etc.
- L’hydrogénation directe de la houille sous quelques centaines d’atmosphères est directement possible et l’opération peut être industriellement possible si la teneur en cendres est faible (inférieure à 2,5 pour 100) pour éviter l’usure des appareils, ce qui malheureusement se trouve réalisé très rarement dans les lignites et les houilles.
- Aussi s’adresse-t-on plutôt aux goudrons (procédé Bergius), qui ne donnent que peu de cendres et de plus fournissent des carburants à indice d’octane élevé pour l’aviation. Malheureusement les goudrons contiennent une proportion considérable de composés oxygénés à fonctions phénoliques complexes, qui provoquent l’instabilité des distillats et des composés non saturés qui abaissent l’indice d’octane.
- Aux mines de Béthune et à Liévin, MM. Audibert et Yallette ont réalisé des installations semi-industrielles d’hydrogénation de la houille sous pression élevée et agitation à une température de 450° environ.
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- h’hydrogénation modérée saturante d’un produit même sulfuré, aromatique et pauvre en éléments non saturés ou oxygénés, tel que ceux que l’on peut extraire par carbonisation des combustibles inférieurs : lignites, tourbes, cannel-coals, présente beaucoup plus d’intérêt pratique, car elle peut s'effectuer à basse pression et ne consomme qu’une quantité minime d’hydrogène, quelques pour 100 seulement. Mais il faut que la carbonisation soit réalisée dans des conditions telles que les phénols soient remplacés dans le goudron primaire par les carbures méthylés correspondant. C’est ce que M. Michot-Dupont qui a mis au point ce procédé appelle la carbonisation avec réaction ou méthylation des noyaux.
- M. Michot-Dupont a imaginé, pour distiller les lignites, un. four spécial qui consomme peu de calorique et surtout, en ajoutant de l’acétate de calcium (1,5 à 2 pour 100) et du carbonate de sodium (4 pour 100) au lignite à distiller, il a constaté que les huiles formées s’enrichissent en carbures bcnzéniques aux dépens des phénols que l’on obtient abondamment en l’absence de ces ingrédients.
- Par exemple, une tonne de lignite du Midi fournit en matériaux distillant de 0 à 150°, 7 litres de liquide sans réactif et 30 1 avec réactif; de 150 à 250°, 27 1 sans réactif et 17 1 avec réactif; au-dessus de 250°, 65 1 sans réactif et 60,5 1 avec réactif. L’accroissement des produits de tête aux dépens de la fraction médiane 180-250 est extrêmement net.
- Ces produits de tête, à peine sulfurés, contiennent du premier coup du benzène, du toluène et du xylène utilisables pour la fabrication des dérivés nitrés. Le soufre si abondant dans les lignites est mobilisé par la méthylation sous forme
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- d’hydrogène sulfuré qui passe avec les gaz de la distillation et peut être facilement incorporé. On récolte ainsi de 10 à 20 kg par t de lignite brut, ce qui permet de produire de 30 à 60 kg d’acide sulfurique.
- Quant au b rai, il est en général fortement parafïineux et par suite peut être dédoublé en cire de lignite et en brai sec dont les usages sont multiples (vernis, isolants, carton bitumé, revêtement des routes). Le coke peut être utilisé pour le chauffage ou la gazéification (procédé Fischer). Les gaz de lignite peuvent fournir un combustible à 3000 calories environ. ?
- L’intérêt primordial du procédé Michot-Dupont est la disparition des phénols, au profit d’un rendement considérable en carbures aromatiques légers, moyens et lourds et le rendement exceptionnel, supérieur à celui de la houille en toluène et xylène. Au point de vue économique, ne mettant en œuvre que des températures et des pressions peu élevées, l’usure des appareils et les difficultés de marche sont réduites au minimum. Enfin les produits secondaires obtenus ont une valeur marchande intéressante et peuvent même servir de matières premières pour les procédés d’hydrogénation ordinaires.
- Si l’on tient compte d’autre part que les ressources en lignites et tourbes de la France sont considérables, puisque la Commission de carbonisation en 1920 les estimait à 2 milliards de t, on voit que le développement du procédé Michot-Dupont peut devenir la base d’une énorme industrie, essentielle en temps de guerre, et assurée en temps de paix d’un débouché considérable. H. Vigneron.
- L’ÉCRITURE DES ESKIMO
- L’étude des peuples primitifs, de ceux qu’on appelle encore des sauvages, réserve parfois d’étranges découvertes et la science européenne reste souvent confondue devant l’ingéniosité, l’esprit d’observation ou le génie véritable de certaines tribus perdues aux confins des steppes ou des forêts. Il en est ainsi des Noirs d’Afrique qui, avant l’arrivée des Blancs, possédaient déjà des hauts-fournaux rustiques, des Daiak de Bornéo qui utilisent l’élévation de température obtenue par la compression de l’air pour allumer leurs briquets ou des Peaux-rouges qui jouaient au football des centaines d’années avant nous. Lorsqu’on s’aventure dans le domaine de la pensée, il en est exactement de même : ne voit-on pas les Maoris de Nouvelle-Zélande réciter des poésies épiques de plusieurs milliers de vers, ou les Barbares indoehinois observer les règles d’un code civil qui fixe dans les plus petits détails les droits d’héritage, de donation ou de dot des jeunes filles. Dans un autre domaine, celui de l’écriture, le plus inculte en apparence des peuples primitifs nous apporte une nouvelle leçon.
- Au xixe siècle, avant de subir l’invasion des Blancs et de disparaître presque totalement, les Eskimo d’Alaska étaient parvenus au même point que les Chinois ou les Egyptiens de l’antiquité. A l’aide de signes conventionnels, ils pouvaient noter leurs pensées, leurs actes, leurs inten-
- tions et transmettre ces notations à leurs semblables. C’est une écriture très peu connue dont les observations des premiers voyageurs et les essais d’Hoffmann au xix° siècle m’ont permis le déchiffrement régulier.
- Le goût des Eskimo pour la décoration est très grand. Ils ornent leurs armes, leurs outils, leurs vêtements d’animaux sculptés, gravés ou brodés qui ont souvent un sens magique. Certains objets d’ivoire de morse (tabatières, baguettes, pipes) sont recouverts de fines gravures tracées à la pointe. Ces dessins, groupés sur des lignes, ne semblent pas, au premier abord, avoir d’autre prétention que de représenter des scènes de la vie courante, des chasses, des pêches; lorsqu’on en possède la clef, on y découvre un ordre, une signification très précis. Il s’agit véritablement d’une écriture.
- Parmi les objets gravés, les plus riches, les plus remarquables sont de petits arcs d’ivoire, tendus d’une courroie, qui servent à faire tourner les baguettes à produire le feu ou les vilebrequins. Ce sont des archets, semblables à ceux des horlogers ou des tourneurs du siècle dernier, dont la décoration fait de véritables livres. Nous allons entreprendre ici le déchiffrement d’un de ces documents.
- La première préoccupation d’un chasseur devant être de se souvenir du gibier qu’il a tué pour réclamer sa part aux partages ou simplement pour édifier ses amis en visite, l’Eskimo d’Alaska grave soigneusement sur sa
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- Fig. 1. — Petit bloc d’ivoire de morse sculpté et gravé : l’équipage, d’une baleinière du sud de l’Alaska et son tableau de chasse saisonnière.
- baguette d’ivoire une image de chacune des bêtes qu’il a tuées : zibelines, loutres, loups, castors, ours,rennes, etc... C’est là une comptabilité plutôt qu’une écriture et bien des peuples en font autant. C’est ainsi que les Mongols de Sibérie taillent une encoche sur une planchette de bois chaque fois qu’ils tuent une bête à fourrure ou que les Ainou du Nord du Japon marquent d’une entaille le bas de leur carquois chaque fois qu’ils ont abattu un ours.
- Cette comptabilité de chasse revêt parfois le caractère d’un véritable contrat, lorsque plusieurs chasseurs sont associés. Voici un petit bloc d’ivoire comme on peut en
- Fig. 2. — Photographie de trois parties de l’archet d’ivoire déchiffré
- dans cet article.
- En haut : la famine en hiver (4 à 9). — Au milieu : la chasse aux morses (33,34).— En bas : la danse funèbre (39Ù43). (Cliché A.Leroi-Gourhan).
- rencontrer encore chez les Eskimo du détroit de Béring (fig. 1). Les huit hommes d’une équipe de harponneurs sont figurés côte à côte, en buste. Ils ont chassé ensemble pendant une saison, le sort leur a été favorable et sous leurs portraits, on peut voir leur tableau de chasse : trois ours, six baleines (seules les queues sont représentées) et deux orques, cétacés particulièrement féroces qui attaquent les baleines et les morses. C’est en quelque sorte le Livre d’or d’une campagne de chasse, un souvenir de baleiniers heureux.
- Ces documents sur les chasseurs de baleines sont particulièrement intéressants, car le rôle, dans les temps anciens, des équipages spécialisés de l’Alaska est mal connu. On sait que les baleiniers formaient une élite, appréciée à juste titre pour les services qu’elle rendait en fournissant des tonnes de viande et dégraissé et respectée pour sa bravoure et sa maîtrise, car ce n’était pas une opération sans risques que de piquer un eétacé de 20 m de long avec un harpon à pointe de pierre. Aux îles Aléoutiennes, les baleiniers étaient entourés d’un respect religieux. Après leur mort, leur corps était momifié, placé dans une caverne, richement paré et le visage recouvert d’un masque. Lors du lancement d’une barque nouvelle, on les descendait sur le rivage.
- Le tableau sculpté est déjà une forme élémentaire de l’écriture, mais nous allons exposer des procédés plus précis. Les Eskimo, comme un grand nombre de tribus indiennes de l’Amérique du Nord, possèdent un langage par gestes. C’est un code qui comporte plusieurs centaines de mouvements et qui leur donne moyen de tenir à distance, de longues conversations. Ce code est surtout utilisé par les chasseurs auxquels il permet de communiquer sans bruit. Chaque sorte de gibier possède son signalement : l’ours est rendu par le mouvement de grimper à un arbre, le castor par deux doigts placés en crochet devant la bouche, pour imiter les dents de l’animal, la baleine par l’avant-bras qui trace la courbe de son dos, apparaissant au-dessus des flots. Pour désigner un homme, on esquisse la forme des moustaches ; pour une femme, celle des cheveux nattés. « Beaucoup » se mime en agitant les doigts écartés; « Rien » : en étendant les bras en croix.
- Les Eskimo d’Alaska connaissaient très bien les détails de ce code qui leur permettait, sans en connaître les dialectes, de communiquer avec les Indiens qui les entouraient. L’idée leur est venue de fixer ces gestes en les gravant sur l’ivoire (fig. 2). Us réalisaient ainsi, par les mêmes voies que les Egyptiens ou les Chinois, la découverte de l’écriture. Les caractères chinois, comme les hiéroglyphes égyptiens n’étaient en effet, à l’origine, que la représentation d’objets et de gestes. Les signes égyptiens sont devenus des sons qu’on pouvait grouper pour faire des mots; les signes chinois sont restés des mots dont la prononciation varie d’une province à l’autre; les signes eskimo, très près encore de leur origine, sont de petits tableaux successifs qui figurent mieux des idées liées entre elles qu’une suite rigoureuse de mots.
- Nous allons entreprendre maintenant la lecture d’un de ces archets de vilebrequin, d’ivoire de morse. La gravure du présent spécimen remonte au xvme siècle,
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- avant la pénétration des premiers européens. A cette époque les Eskimo n’avaient guère de fer, ils taillaient la baguette d’ivoire avec un couteau à laine de silex, ils la polissaient au sable, puis la gravaient avec un poinçon de pierre très aigu. IJn tel travail exigeait des mois entiers et le chasseur transportait sa baguette d’ivoire à la chasse, à la pêche, grattant et gravant à ses moments perdus. Les belles pièces se transmettaient par héritage, comme les objets les plus précieux; on ne les détruisait pas à la mort du graveur, comme les armes ou les objets familiers, et le cadeau d’un do ces archets était; une marque insigne d’amitié.
- LA VIE D’UN CHASSEUR ESKIMO DE L’ALASKA
- Notre archet (fig. 3) est l’œuvre d’un chasseur de phoques et de haleines. Il raconte les péripéties qui ont marqué la vie de son campement pendant quelques saisons. Les phrases sont réparties sur les quatre faces de l’instrument, le texte commence par quelques traits qui
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- les provisions. Actuellement les greniers sont vides, car s’ils étaient pleins, on verrait, au-dessous, passer les pattes d’un phoque (39, 45). Le narrateur (14) est au bout du village, il regarde le lecteur, comme tous ceux qui font les gestes parlants, il montre sa poitrine et étend le bras vers les habitations : « Moi et tout cela », ce qui veut dire « Mon village ». Sur les toits des huttes, les autres Eskimo agitent les bras, le premier (2) baisse un bras et étend l’autre en agitant la main : « Ici, et tout autour, voyez ce qui se passe ». Plus loin deux hommes ont les bras en croix (8 et 12) ce qui veut dire : « Il n’y a plus rien ». Deux autres Eskimo (10 et 13) lèvent les bras au ciel dans un geste de détresse ou d’appel : « Venez à notre secours. »
- Puis, sans transition, nous trouvons un village de tentes de peau de phoque (15 et 18), ce qui signifie : « C’est l’été ». Le narrateur (17) montre sa poitrine « Moi » et lève un bras dans le geste d’appel : « J’ai fait le geste qui rassemble les hommes ». L’un d’eux accourt (19). L’appel a été lancé pour pêcher les saumons. En effet, on voit,
- Fig. 3. — Développement des quatre faces d'un archet d’ivoire du XVIIIe siècle.
- Faces supérieure, postérieure, antérieure et intérieure. La hauteur des tableaux, sur l’original, est en moyenne de cinq millimètres.
- L’archet, courbe, a été redressé sur ce dessin pour rendre la lecture plus aisée.
- servent de point de repère, les dessins se lisent de gauche à droite, comme notre écriture, dans l’ordre suivant : face supérieure, face postérieure, face antérieure et face inférieure. Un signe semblable au premier termine le récit.
- « C'était. Uhiver, les réserves étaient, vides-, grimpés sur le toit de nos huttes nous faisions les signes de détresse, car nous n avions rien à manger. Mais le printemps est. venu et nous avons pu quitter nos huttes et dresser les tentes d'été près d'une, rivière. Nous avons pêché beaucoup de poissons que nous avons fait sécher au soleil ».
- Voyons comment ces petits dessins qui semblent purement pittoresques peuvent contenir des renseignements aussi précis : de 1 à 14 s’alignent les maisons d’hiver, avec leurs toits ronds, percés d’une cheminée d’où dépassent des piquets et leur couloir d’entrée flanqué de deux poteaux (2, 5, 8, 10, 12) ; cela fixe la saison. Près de chaque maison, il y a un grenier sur pilotis (1, 3, 4, 6, 9, 11) qui reste à l’abri de la neige, des chiens et des renards; une échelle (7), sert à atteindre
- sur des cadres, au-dessus du sol (16), les files pressées de poissons qui sèchent au soleil. La fin de la phrase est marquée par un trait.
- Le récit se poursuit sur un épisode de chasse malheureuse :
- « Ayant sorti trois baleinières, nous avons aperçu une baleine. Mais le harpon était mal planté, il s'est brisé et la baleine s'est enfuie avec tous les engins. Après cela nous avons poursuivi un grand phoque, mais nous n'avons pas pu l'atteindre. »
- Voici comment il faut lire cette histoire de bredouille : Les grands bateaux de cuir, les oumiat (20, 22, 24) sont chargés de rameurs. Les harpons à baleines (22, 24) dépassent à la proue. Sur le premier esquif, il n’y a plus de harpon; le harponneur, les bras ballants, donne tous les signes du découragement; à l’arrière un rameur cherche à frapper quelque chose avec sa pagaie et, dei’rière le bateau (21), on voit la hampe brisée du harpon et le dernier flotteur de peau de phoque qui disparaît dans les flots. La baleine s’est enfuie, légèrement blessée, la
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- pointe d’un harpon piquée dans le lard, entraînant derrière elle la ligne de cuir de morse et les outres de phoque qui devaient épuiser ses efforts et hâter son agonie. Le second bateau fait force de rames vers le lieu de l’accident (22). Le dernier bateau (24) se dirige vers un grand phoque (23), mais celui-ci tourne le dos à la proue, ce qui signifie qu’on n’a pu l’approcher assez pour le capturer.
- La phrase suivante est, au contraire, beaucoup plus optimiste : « Avec mon kayak, j'ai capturé deux phoques et trois morses ». Le narrateur (26) est assis dans son kayak de peau de phoque (cf. La Nature, 1er juin 1935), une ligne va de son harpon au premier phoque, puis au second, et à chacun des trois morses (25), couchés sur le dos, les défenses vers le ciel. Cette ligne indique que le harpon a servi à tuer toutes les bêtes qui sont reliées entre elles.
- Le récit nous transporte ensuite en hiver, le camp est installé sur la banquise, les scènes se déroulent au milieu
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- Fig. 4. — « Caries de visite » de l'Alaska.
- des glaces. La première représente le narrateur qui fait le geste de détresse (27), et qui, assis sur la glace, pêche à la ligne; il est dans la posture du pêcheur, mais il ne tient pas de ligne dans la main (28), ces deux signes doivent se lire : « Je suis allé pêcher dans un trou sur la glace, mais je n’ai rien pris. » Il s’est d’ailleurs rattrapé; en effet, nous le voyons (29), retenant un phoque qu’il a harponné, puis en frappant un autre qui cherche à fuir (30).
- C’est encore une campagne de chasse maritime que raconte la phrase suivante : « Nous sommes sortis une première fois avec Voumiak, nous avons capturé un grand phoque. Nous sommes sortis une seconde fois et nous avons attaqué des morses sur un glaçon. Enfin nous avons tué une baleine ». Le phoque (32) fait face à la proue de l’embarcation ce qui signifie qu’on l’a tué. Plus loin (33) dressé à la proue de l’oumiak, le harponneur s’apprête à frapper une des bêtes du troupeau de morses qui s’entasse
- sur un bloc de glace flottante (34). La haleine qu’on voit ensuite (35) couronnée d’un panache de vapeur, est blessée, la pointe du harpon, solidement fixée dans les chairs, retient la longue ligne de cuir garnie de flotteurs qui freine sa marche et l’épuise. La hampe du harpon est restée fixée à la ligne et flotte devant elle (36).
- La suite du document est assez triste. Elle comprend trois phrases. Tout d’abord le narrateur déclare : « Un glouton est venu dévorer les poissons qui séchaient ». Puis, sautant plusieurs mois : a Quand on était sur la banquise, un homme est mort, on a invité les parents au festin mortuaire et on s’est livré aux danses rituelles ». Il note ensuite un épisode qui s’est déroulé en hiver sur la terre ferme :
- « Près de la grande colline un autre homme est mort et on a invité les parents ». On voit les cadres où sèchent les saumons (37) et le glouton aux mâchoires énormes qui s’apprête à ravir le produit de la pêche (38). Cet incident est suivi d’une réserve pleine (39) où l’on voit dépasser les deux pattes d’un phoque. Un iglou de neige durcie est surmonté d’un poteau qui porte au sommet un oiseau aux ailes étendues. C’est l’effigie de l’esprit d’un mort (40) ; deux hommes s’agitent (41), l’un lève les bras : « Venez», l’autre les baisse : « Ici », deux hommes coiffés de masques pointus (42) dansent au son d’un tambourin (43).
- On voit ensuite la colline (44), une réserve pleine (45) et couronnée d’une effigie mortuaire, une maison sur laquelle un homme fait le signe d’appel (46).
- Les deux dernières phrases évoquent à nouveau la famine dont les chasseurs souffrent si souvent : « Dans l’iglou sur la glace je n’avais rien à manger, je suis parti en kayak et j’ai ramé pendant cinq jours ». Et il conclut : « Sur la terre ferme quand on ne pouvait pas prendre la mer, moi j’cii crié à l’aide parce qu’on mourait de faim. Dans la grande maison, on se lamentait parce que les gens mouraient les uns après les autres et deux hommes sont morts dans une autre maison. Enfin, moi, j’ai quitté le village, encouragé par les survivants. Sur la glace, j’ai tué un phoque énorme et je l’cd traîné au village ou j’ai été reçu avec enthousiasme. »
- On voit tout d’abord un iglou sur la banquise (47) et le chasseur qui agite les bras horizontalement dans le geste de détresse qui nous est déjà familier (48), puis il part dans son kayak et de ses doigts étalés, il indique les jours de son voyage : cinq (49). La dernière phrase est très claire : un kayak sèche sur son support (50), c’est donc que la mer n’est pas libre et que les chasseurs ne peuvent pas sortir. Le narrateur est figuré d’abord, levant la main (51) pour attirer l’attention sur les hommes du village (52, 53), qui font des signes de détresse en agitant les bras, comptant avec les doigts les victimes de la famine dont le décès est imagé par les poteaux mortuaires. Plus loin le narrateur, montre son village (54) puis les gens qui l’encouragent (55) et enfin on le voit, traînant un phoque (56) auquel un des hommes venus à sa rencontre fait fête (58).
- Pour marquer la fin de son récit, le graveur a incisé quelques signes, quelques entailles, l’une d’elles (57) est une marque de propriété, une véritable signature, comme celles, toujours faites de chevrons ou de lignes brisées, qui se trouvent sur les flèches ou les harpons.
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- « LES CARTES DE VISITE
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- On peut juger de la perfection réelle d’une telle écriture et on peut aussi se demander pourquoi cette invention extraordinaire des Eskimo est passée inaperçue, pourquoi elle est inconnue de la plupart des linguistes qui n’en savent l’existence que par de vagues allusions.
- Nous allons voir maintenant le but pratique de ces notations, leur intérêt social.
- Chaque tribu eskimo est fixée sur un territoire assez vaste, en bordure de la mer, et possède le droit de chasse et de pêche sur tout ce domaine bien délimité. Les frontières sont assez fixes pour que toute violation entraîne une vendetta et pour que ces restrictions aient donné naissance à un véritable commerce.
- Telle tribu possède des gisements de silex ou de la pierre à fabriquer les vases et les lampes (stéatite), une rivière à saumons ou un bon passage annuel d’oies sauvages ou de rennes. La tribu se spécialise alors dans sa richesse et se procure ce qui lui manque par échange avec ses voisins. Dans son territoire, chaque tribu possède un village d’hiver, près de la côte, sur la terre ferme, avec des maisons semi-souterraines de pierre, d’os de baleine, de mousse, de poutres et de terre agglomérés. Elle s’installe en outre, au gré de la chasse : sur la banquise, dans des iglou de glace, pendant le fort de l’hiver; sur la rivière à saumons ou le passage des rennes, dans des tentes de peau, pendant l’été.
- Il advient que des parents ou des étrangers arrivent en visite et trouvent le village vide; pour leur permettre de rejoindre les chasseurs, voici ce qu’on fait : en partant, on laisse sur une éminence, bien en vue, un bâton planté dans la direction à suivre et une plaquette d’ivoire gravée de signes conventionnels, sur laquelle, par exemple, on peut lire (fig. 4, A) : « De notre village d’hiver où vous êtes en ce moment (maison d’hiver), vous escaladez deux collines sur lesquelles nous avons plantés des bâtons repères ; vous traversez un lac (kayak) puis vous franchissez une autre colline repérée et vous arrivez au village d’été où Von pêche des saumons (tente d’été et poissons qui sèchent). »
- Ces « cartes de visite » rendaient parfois de grands services, car les visiteurs étaient bien souvent des parents poussés par la famine ou des voyageurs en quête d’un approvisionnement. Lorsque la disette sévissait dans un camp, on se décidait parfois à lancer un S. O. S.; on gravait plusieurs cartes de visite, on en déposait une sur chaque piste un peu fréquentée et on attendait le secours (voici une de ces plaquettes, fig. 4, B). « Il n’y a rien à manger au village entre les deux collines. »
- Dans d’autres circonstances, les hommes valides quittaient la place, laissant les femmes et les enfants avec les vieux et une plaque (fig. 4, C), au cas où les visiteurs ne trouveraient que des cadavres : « C’était la famine, les chasseurs sont partis en kayak pour tâcher de joindre un autre village ».
- Fig. 5. — Sculpture d’ivoire représentant une femme battant le tambour pour rythmer la danse du chamane. (Cliché A. Leroi-Gourlian.)
- L’UNIVERS SURNATUREL
- Les signes gravés de l’Alaska nous livrent l’activité domestique et sociale des Eskimo; il est un domaine plus secret, plus difficile à saisir : celui de l’activité religieuse et nous allons voir, pour finir, que de choses curieuses on y rencontre.
- Pour les Eskimo, la terre est un étage du monde où vivent les hommes. Au-dessus il y a d’autres hommes qui vivent dans le ciel, la tête en bas, ils prennent souvent
- Fig. 6. •— Scènes de la vie surnaturelle des Eskimo, extraites d'archets gravés d’Alaska : danses masquées, incantations magiques, monstres.
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- leurs vêtements, des peaux d’animaux, descendent sur la terre par une trappe, et deviennent des ours, des rennes, des arbres ou des fruits sauvages.
- A un autre étage, un peu au-dessous du sol et du ciel, il y a l’eau où les hommes vivent dans des villages sous-marins, ils prennent leurs vêtements d’éeailles pour rendre visite à la terre, ce sont les poissons. Sous la terre, il y a encore un autre monde, celui où vivent les rats qui creusent des terriers, et des êtres fantastiques. Certains hommes, en dansant au son du tambour peuvent envoyer leur esprit à travers les mondes : ce sont les chamanes (fig. 5). Leurs voyages sont conduits par un esprit protecteur, un habitant des autres mondes auquel ils se sont associés. Si un homme est malade, c’est qu’il est parti dans un autre monde, en ne laissant sur terre que son vêtement : son corps. Les parents appellent alors le chamane qui se lance à la poursuite de l’esprit, le saisit et le ramène dans le corps du malade. Toutes ces choses, nous les retrouvons gravées dans l’ivoire.
- Ce sont par exemple des personnages costumés en
- Fig. 7.— Monstre mi-homme, mi-ours blanc. Ivoire sculpté du Groenland (Cliché A. Leroi-Gourhan.)
- ours (61) qui, près d’un village d’été (62), dansent au son des trois tambours que frappent avec une baguette des musiciens assis à terre (60), ou bien, dans une maison, un homme qui bat le tambour pour accompagner les chants d’un chamane. Ce chamane (63) officie pour attirer une baleine à proximité du harpon des hommes de son village. Il est accroupi près du mur et regarde par un trou l’esprit protecteur, suspendu dans le ciel et attirant la baleine (64). Une ligne brisée figure le lien qui existe entre le chamane et l’esprit protecteur.
- Parfois le chamane (65), les bras au ciel, invoque des esprits fantastiques, moitié-rennes, moitié-hommes. Celui qu’on voit ici, près de deux tombes de chasseurs, invoque l’esprit protecteur des rennes pour obtenir une chasse favorable. Une autre scène montre un chamane, perché sur une maison, il lève un bras pour invoquer et montre la maison où gît le malade (66); celui-ci est représenté plus loin (67), l’esprit malfaisant jaillit du corps du patient alors que l’esprit protecteur du chamane plane au-dessus du théâtre de la lutte (68).
- Les êtres fantastiques préoccupent vivement les Eskimo, ils en ont une idée anatomique précise. Leur besoin de figurer par la sculpture ou la gravure les êtres qui les entourent les a poussé à donner une forme à tous leurs monstres. Les plus importants sont les Tornit, ou Kelet; les esprits, les êtres des mondes supérieur ou inférieur qui viennent sur la terre des hommes sans avoir pris le corps d’un être terrestre. Il y a, par exemple, le phoque-à-tête humaine ou l’être-à-tête de mort ou cet ours fantastique (Tornarsouk : l’ours-esprit) qui vit dans une caverne et préside à la diffusion des animaux terrestres (fig. 7). Il y a aussi le mille-pattes gigantesque qui peut dévorer les phoques ou l’oiseau géant qui enlève un renne dans ses serres. Il y a encore les oiseaux (69) qui rôdent autour des maisons où le chamane, à quatre pattes, profère ses incantations (71). Enfin les Eskimo du Groenland ont inventé un nombre incalculable de monstres qu’ils sculptent, superposant une tête ou une patte d’ours, un corps de squelette, une queue de phoque, un bras humain, au gré des visions de leur chamane.
- Mais le plus singulier de tous les êtres fantastiques est certainement le mammouth dont je m’efforce peu à peu de dégager l’importance dans la conscience des Eskimo. Les chasseurs de l’Alaska découvrent parfois des cadavres de mammouth, congelés depuis des milliers d’années, dans la terre glacée. Ils trouvent, à certains endroits, des dizaines de milliers de défenses, à fleur de terre, souvent aussi fraîches que sur l’animal vivant. Ces restes devaient s’expliquer suivant la logique impeccable des Eskimo : pour eux le mammouth est une grande baleine qui nage dans la terre glacée en agitant ses défenses. Lorsqu’il meurt, son corps ou son squelette viennent s’échouer à la surface du sol comme viennent s’échouer au rivage les baleines qui meurent en mer.
- Il ne restait plus qu’à le représenter comme on le voyait sortir de terre. Toutes les figurations (72, 73, 74) sont d’accord sur sa forme générale : un grand sac, très long sur quatre gros piliers, ce qui est l’idée la plus précise que les Eskimo peuvent se faire du corps de l’Éléphant fossile. Les défenses sont disposées suivant l’interprétation personnelle du graveur. L’un y voit une paire de ciseaux (73) qui coupent la terre devant l’animal, l’autre préfère les rejeter en arrière comme les cornes d’un bouquetin (72), un troisième (74) les plante au sommet du crâne comme les bois d’un renne (65); tous lui prêtent les mêmes mœurs souterraines et lui donnent le même nom : KiV agbok : la baleine-esprit.
- C’est à ceux qui, depuis toujours, voient dans les Eskimo de pauvres attardés dont la disparition n’ôte rien à la civilisation humaine, d’obscurs sauvages perdus aux confins des glaces et dont les actes se confondent aisément avec ceux des ours et des phoques que je dédie cet article, cette littérature posthume, car, à l’heure présente, il n’est plus un graveur en Alaska qui sache autre chose que les graffiti informes à l’usage des voyageurs ; il n’est peut-être plus un seul chasseur qui puisse correctement déchiffrer ces grimoires par fois à peine vieux d’un demi-siècle.
- André Leroi-Gourhan, Musée d’Ethnographie de Paris.
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- L’INCUBATION ARTIFICIELLE
- L’incubation artificielle, c’est-à-dire l’art de faire éclore les œufs sans le secours d’une poule, d’une dinde ou d’une cane, semble remonter à une époque fort reculée. Au dire de certains érudits, les Chinois l’ont pratiquée depuis un temps immémorial pour l’élevage du canard; ils utilisaient dans ce but la chaleur du fumier de cheval. Mais ce qui est certain, c’est que les Egyptiens, bien avant Jésus-Christ, obtenaient des poussins dans d’immenses fours spéciaux, appelés « mamrnals ». L’historien grec du siècle d’Auguste, Diodorc de Sicile, y fait allusion dans son Encyclopédie, et Pline l’Ancien, dans son « Histoire naturelle » écrit : « ... sed itwenium ut ova in callido loco imposita paleis, igné rnodico foverentur, homine versante pariter die ac nocte, et flatuto die illinc erumpere fœtus... », description, sans aucun doute, des fours égyptiens.
- Au xvne et au xviii0 siècle, rapporte le chevalier de Jau-court, les « mammals » étaient encore d’un usage courant en Egypte. On essaya même d’en établir en Europe, en particulier en Italie, mais on se heurta à de sérieuses difficultés pratiques qui, bientôt, en firent abandonner l’emploi.
- Le « mammal » était en partie souterrain; un couloir central donnait accès à quatre ou cinq locaux à deux étages séparés par un plancher percé d’un orifice que l’on fermait à volonté.
- — Le tonneau incubateur de Réaumur.
- Fig. 2.
- Différentes ouvertures pratiquées dans les parois du four permettaient l’aération et l’évacuation des gaz; on pouvait d’ailleurs les boucher lorsqu’on redoutait un refroidissement trop grand.
- Les œufs, au nombre de 4 ou 5000, étaient d’abord placés dans les chambres inférieures tandis qu’à l’étage supérieur, à raison d’une heure le matin et d’une heure le soir, on brûlait de la bouse de vache ou des excréments d’animaux mêlés à de la paille. On obtenait ainsi une chaleur douce qui se répandait peu à peu dans tout le four; on proscrivait absolument l’usage du bois et du charbon qui auraient pu engendrer une trop forte température. Ces diverses opérations s’effectuaient pendant huit, jours et se désignaient sous les noms de «dîner et souper des poussins». Au bout de ce temps, on détassait les œufs amassés au rez-de-chaussée pour les répartir également dans toutes les chambres et des employés avaient charge de les retourner à la main soir et matin. Dans ces conditions, l’éclosion des deux tiers, au moins, des œufs était assurée.
- La construction et l’entretien des « mammals » étaient réservés aux habitants d’un village du delta du Nil : Bermé, spécialistes de ce genre d’incubation et qui gardaient jalousement leurs secrets, résultat d’observations patientes.
- En hiver et en automne (l’été et le printemps ne pouvant
- convenir parce que trop chauds), les Berméens quittaient leur pays pour assurer l’entretien des « mammals » dont ils avaient la charge et qui se trouvaient répartis à raison de un par vingt ou vingt-cinq villages. Il était d’ailleurs interdit aux habitants de ces villages de porter leurs œufs à un autre four que celui qui leur était assigné, ce qui évidemment facilitait beaucoup l’énorme approvisionnement des « mammals ».
- Le physicien italien Porta voulut construire, à la fin du xvie siècle, une couveuse basée sur le principe des « mammals », mais l’Académie de Borne mit vite fin à ses essais en les lui interdisant parce que, disait-elle, c’était chercher un résultat qui ne pouvait être obtenu sans le secours du diable; il est vrai que Porta lui-même, comme beaucoup d’alchimistes de son époque, croyait à la magie et n’était pas loin de supposer qu’un tel concours lui serait nécessaire.
- C’est à Réaumur, le Pline du xvme siècle, que l’on doit les premières recherches vraiment scientifiques sur les couveuses artificielles. Il utilisa comme source de chaleur le fumier de cheval.
- 11 commença par établir dans des locaux spéciaux des soles qu’on recouvrait d’un épais lit de fumier dans lequel on aménageait de grandes fosses rectangulaires pour y déposer les œufs (fig. 1). Ces fosses étaient munies de couvercles en bois que l’on pouvait enlever à volonté; sur la figure 1, l’une des fosses est fermée tandis que l’autre laisse voir les œufs. Des
- Fig. 3. — Le four incubateur de Réaumur.
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- planches disposées sur le tas de fumier facilitaient l’accès des couveuses et aidaient à la conservation de la chaleur. Malheureusement, les œufs reposant à même le fumier, ceux-ci étaient en contact avec des gaz délétères et les couvées se trouvaient compromises.
- Réaumur construisit alors une couveuse très ingénieuse, le tonneau-incubateur (fig. 2). Ce tonneau était enfoncé aux trois quarts dans un lit de fumier; il contenait trois corbeilles remplies d’œufs et suspendues aux parois par des cordelettes. Le dessus du tonneau était constitué par une série de ronds en bois semblables à ceux qu’on utilise pour les fourneaux. Ces ronds étaient munis de petites ouvertures qu’à volonté on pouvait bouclier avec des bondes spéciales. En enlevant ces bondes, on renouvelait l’air ou on abaissait la température quand celle-ci s’élevait par trop. Lorsqu’au contraire le fumier ne fournissait plus assez de chaleur, non seulement on mettait les bondes en place, mais encore on entourait de matelas la partie supérieure du tonneau. Les résultats obtenus avec cet appareil furent bien supérieurs à ceux qu’avaient donnés les fosses. Cependant le maniement des corbeilles n’était pas des plus aisé et Réaumur abandonna le tonneau incubateur pour une sorte de four de son invention, chauffé toujours au moyen du fumier de cheval.
- Ce four était constitué par une grande caisse en bois dont cinq faces étaient en contact avec le fumier; la sixième face
- était fermée par un panneau A pouvant se mouvoir entre deux glissières (fig. 3). Un chariot porte-œufs C était logé à l’intérieur; il était amené sur une table B que l’on tirait vers l’avant quand on voulait manipuler les œufs; pour rentrer la table, on la faisait glisser sous la face inférieure de la couveuse en poussant le pied
- M. Ces couveuses, comme on C, chaudière; E étagères; Ft, F2, fe- ]e voitj étaient commodes;
- nôtres fermées; U, fenetre ouverte. , . „
- cependant elles ne satisfirent
- pas Réaumur qui pensa utiliser des fours analogues à ceux des boulangers, mais il eut à lutter contre les inégalités de température et c’est à cette occasion qu’il imagina un régulateur qui commandait des soupapes obturant des ouvertures pratiquées dans le corp» du four.
- Dans un mémoire resté célèbre, Réaumur a consigné les résultats de ses observations. C’est ainsi qu’il a noté que :
- 1° Plus les œufs sont frais, plus ils ont de chances d’éclore;
- 2° Les œufs sont encore fécondés au delà même des quinze jours qui suivent la séparation de la poule et du coq quand ces derniers sont jeunes et vigoureux;
- 3° R est nécessaire d’entretenir dans la couveuse une certaine humidité ; le renouvellement de l’air est chose très importante ;
- 4° Les embryons sont d’autant moins sensibles aux variations de température qu’ils sont plus jeunes; c’est ainsi que des embryons de deux ou trois jours peuvent supporter une température s’abaissant à 31° centigrades, ou s’élevant à 50° centigrades, la température normale étant au voisinage de 40° centigrades. Jusqu’au seizième jour, les embryons peuvent résister à une température supérieure à 46° centigrades....
- Toutefois si ces expériences excitèrent vivement la curiosité des contemporains de Réaumur, celui-ci n’eut pour ainsi dire pas d’imitateurs et ce n’est que quelques années plus tard qu’un autre savant, Huzard, construisit à son tour des incubateurs.
- Par certains détails, les couvoirs de Huzard se rapprochaient des mammals égyptiens. C’étaient de grandes chambres pouvant contenir au moins 6000 œufs; ceux-ci étaient disposés sur des étagères circulaires que l’on munissait de fdets au moment de l’éclosion pour empêcher la chute des poussins (fig. 4). Le centre du couvoir était occupé par une énorme chaudière à eau que l’on chauffait au moyen d’un foyer placé sous le couvoir. Des ouvertures pratiquées dans les parois latérales et quatre fenêtres placées au sommet permettaient le renouvellement de l’air tout en enrayant une trop grande élévation de température. Enfin l’appareil était soigneusement calorifugé. Les variations de température étaient d’ailleurs relativement faibles à cause de la grande masse d’eau contenue dans la chaudière. Aussi les résultats furent-ils des plus encourageants; cependant Huzard se heurta à une grosse difficulté qu’il ne put résoudre avant de mourir; il avait à lutter contre l’évaporation trop rapide des liquides contenus dans l’œuf. Il fallait maintenir une certaine humidité dans le local.
- Les recherches de Huzard furent reprises par Bonnemain; après maints tâtonnements, celui-ci vit enfin ses efforts couronnés de succès au point qu’il put se vanter de pouvoir livrer mille poussins par jour. Il se fit, en toutes saisons, le fournisseur de volaille à la cour de Napoléon Ier et inonda les marchés de ses poulets, mais les événements de 1814 devaient amener sa ruine.
- Toutefois les couveuses artificielles d’un usage vraiment facile sont d’invention récente. C’est en 1877 que Roullier et Arnoult d’une part et Voitellier d’autre part présentèrent pour la première fois au public des appareils qui ne diffèrent des couveuses modernes que par quelques détails de construction. Henri Daridon.
- Fig. 4. — Détails du couvoir de Huzard.
- I RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- CHAUFFAGES ÉCONOMIQUES
- Un de nos lecteurs nous donne les recettes suivantes, sur le sujet déjà traité dans le n° 2990 :
- « 1° Je fais un mélange de sciure de bois, de goudron de houille très chaud et de poussier de charbon. Le rôle du coaltar ou goudron de houille, à une température assez élevée, est d’agglutiner les deux autres produits : sciure et poussier. Lorsque le mélange est obtenu, je le verse dans une auge rectangulaire, munie à une extrémité d’une vis solide qui permet de comprimer le mélange après l’avoir divisé en galettes d’une épaisseur convenable par des planchettes mobiles. Les briquettes sont mises ensuite à sécher à l’air.
- 2° J’ai acheté ces jours-ci 550 kg de vieux pneus inutilisables, à 7 l'r les 100 kg. Je les coupe par longueurs de 20 et 30 cm. J’en dispose
- un lit au fond du foyer de la chaudière, ;que je recouvre de coke. En raison de la longueur des flammes je suis obligé de restreindre le tirage au minimum. »
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- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- LA VOUTE CÉLESTE EN AVRIL 1937 (*)
- La physionomie « astronomique » du mois d’avril se présente comme suit : une bonne période de visibilité de la planète Mercure, que tout le monde pourra facilement observer au moment de sa plus grande élongation du 20. Mars, presque en opposition, accessible maintenant aux petits instruments.
- Et Jupiter qui arrive avec son cortège de satellites dont les phénomènes sont si curieux à suivre.
- Période favorable pour observer la lumière zodiacale.
- Après la nouvelle Lune, ne pas manquer de voir la lumière cendrée, du 13 au 16.
- Quelques minima et maxima d’étoiles variables; quelques essaims météoriques •— dont les Lyrides — des occultations d’étoiles par la Lune; toute une série de conjonctions de planètes; enfin — plus près de nous, — des fortes marées et la production du mascaret à plusieurs reprises. Tel est, rapidement énuméré, le programme qui se présente à notre curiosité pour le présent mois d’avril 1937.
- I. Soleil. — La déclinaison du Soleil, en avril, sera de 4° 29' le 1er et de + 14° 44' le 30. S’élevant ainsi de plus en plus dans notre ciel boréal, le Soleil parcourt un arc diurne plus considérable, et la durée de sa présence augmente chaque jour. La durée du jour sera de 12“49” le 1er et de 14h 28m le 30.
- Voici, de deux en deux jours, le temps moyen à midi vrai, ou si l’on préfère l’heure du passage du centre du Soleil au méridien de Paris :
- Date. Heure de passage. Date. Heure de passage.
- Avril 1er 11“ 54” 40 e Avril 17 11“ 50” 18B
- O O 11 54 4 — 19 11 49 50
- — 5 11 53 28 — 21 11 49 24
- — 7 11 52 54 •— 23 11 49 0
- — 9 11 52 20 — 25 11 48 38
- — 11 11 51 48 — 27 11 48 18
- — 13 11 51 16 — 29 11 47 59
- — 15 11 50 46
- Au moment du passage du centre du Soleil au méridien, l’ombre d’un fil à plomb sur le sol indique la direction exacte de la méridienne.
- Observations physiques. — Observer chaque jour, la surface solaire (se reporter au précédent « Bulletin », page 131).
- Voici les valeurs des éléments permettant l’orientation des dessins et des photographies du Soleil.
- Date (0h) P B. L.
- Avril 5 — 26»,38 O — 6»,28 73»,86
- — 10 — 26»,37 O — 5»,95 <1 o OO
- — 15 — 26°,17 O — 5»,57 301°,86
- — 20 — 25°,79 O — 5°,16 235», 83
- — 25 — 25°,22 O — 4°,70 169°,78
- — 30 — 24°,47 O — 4»,22 103»,71
- Lumière zodiacale. — La lumière zodiacale est encore très favorablement placée, en avril, pour être observée des divers points de la France. On la recherchera le soir, à l’Ouest, à la
- 1. Toutes les heures mentionnées dans le présent « Bulletin astronomique » sont exprimées en temps universel (T. U.), compté de 0“ à 24“, à partir de 0“ (minuit). A partir de la mise en vigueur de l’heure d’été, ajouter 1 heure à toutes les heures de ce Bulletin pour qu’il y ait concordance avec les horloges.
- fin du crépuscule, du 1er au 13 avril, période pendant laquelle la Lune ne gênera pas.
- IL Lune. — Les phases de la Lune, pendant le mois d’avril, se produiront aux dates ci-après :
- D. Q. le 4, à 3“ 53” P. Q. le 17, à 20“ 34”
- N. L. le 11, à 5“ 10“ P. L. le 25, à 15“ 24”
- Age de la Lune, le 1er avril, à 0“ (T. U.) = 193,2 ; le 12 avril = 0i,8.
- Si l’on veut connaître l’âge de la Lune pour une autre date du mois, on ajoutera, aux nombres ci-dessus, 1 jour par jour écoulé depuis le 1er ou le 12.
- Plus grandes déclinaisons de la Lune, en avril : le 2, à 0“ = — 22» 50'; le 15, à 0“ = + 22» 45'; le 29, à 6“ = — 22» 40'. La Lune sera très basse sur l’horizon, lors de son passage au méridien, le 2 mars, vers 4“ 1/2 du matin et le 29, vers 2“ 1/2 du matin.
- Périgée de la Lune (plus petite distance à la Terre), le 12 avril, à 8“.
- Parallaxe = 61' 2". Distance = 359 276 km.
- Apogée de la Lune (plus grande distance à la Terre), le 27 avril, à 10“.
- Parallaxe = 54' 0". Distance = 406 07® km.
- Occultation d’étoiles par la Lune. — Le 1er avril, occultation de p Ophiuchus (4m,8) : émersion à 2“55”,5.
- Le 15, occultation de 1072 BD + 21° (6“,7) : immersion à 19“ 57”,0.
- Le 17, occultation de 2 B. Cancer (6”,2) : immersion à 20“ 48”,8. — Occultation de 5 Cancer (5”,9) : immersion à 22“ 30”,3.
- Le 20, occultation de 2379 BD + 3» (6”,6) : immersion à 22» 23”,4.
- Le 21, occultation de 2422 BD •— 0° (6”,8) : immersion à 19“ 23”,8.
- Lumière cendrée de la Lune. — Au crépuscule, c’est toujours une belle observation à faire que celle de la lumière cendrée de la Lune. On utilisera dans ce but une jumelle lumineuse. Les observations pourront être faites du 13 au 16 avril. Le 14, surtout, la lumière cendrée sera très lumineuse.
- Marées-, Mascaret. •— Les plus grandes marées du mois se produiront surtout à l’époque de la nouvelle Lune du 11 avril. A l’époque de la pleine Lune du 25, elles seront peu importantes, leur coefficient maximum atteignant seulement 84 centièmes.
- Voici quelques-unes des plus fortes marées du mois (heure de la pleine mer à Brest) :
- Marée du matin. Marée du soir.
- Date. Heure. Coefficient. Heure. Coefficient.
- Avril 9 2“ 22” 0,81 14“ 43” 0,88
- — 10 3 4 0,95 15 24 1,01
- — 11 3 44 1,06 16 5 1,09
- — 12 4 25 1,11 16 47 1,14
- — 13 5 9 1,10 17 31 1,06
- — 14 5 51 1,01 18 16 0,95
- — 15 6 40 0,88 19 4 0,81
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- Du 11 au 13, les marées seront très importantes.
- Voici l’heure probable d’arrivée du Mascaret dans trois localités où ce phénomène est bien visible :
- Date. Coefficient de la marée. Heure de l’arrivée du mascaret à :
- Quillebeuf. Villequier. Caudebec.
- Avril 11 1,06 7" 21“ 711 58“ 8“ 7“
- — 11 1,09 19 40 20 17 20 26
- — 12 1,11 7 58 8 35 8 44
- — 12 1,11 20 19 20 56 21 5
- — 13 1,10 8 41 9 18 9 27
- — 13 1,06 21 3 21 40 21 49
- — 14 1,01 9 25 10 2 10 11
- III. Planètes. — Le tableau suivant a été dressé à l’aide des données de l'Annuaire astronomique Flammarion. Il contient les renseignements les plus utiles pour rechercher et observer les planètes principales au cours du mois d’avril 1937.
- Voici la phase et la magnitude stellaire de Mercure :
- Date. Fraction du disque illuminée. Diamètre. Magnitude stellaire.
- Avril l“r 0,961 5",2 — lm,5
- — 6 0,863 5, 6 — L 2
- — 11 0,706 6, 2 — 0, 7
- — 16 0,526 7, 0 — 0, 1
- — 21 0,356 8, 0 + 0, 5
- — 26 0,213 9, 2 + 1, 1
- L’Annuaire astronomique Flammarion précise, en ce qui concerne la phase, que la « fraction du disque illuminée » est « le rapport de la surface de la partie éclairée à la surface du disque entier de la planète ».
- Vénus, après avoir brillamment illuminé le début de la nuit depuis trois mois, va devenir inobservable. Elle se trouvera en conjonction inférieure avec le Soleil le 18 avril, à lh. Elle va maintenant être visible le matin.
- Mars se lève de plus en plus tôt et arrivera en opposition le mois prochain. C’est le moment de diriger sur lui les instruments moyens ou même de faible puissance, pour qui veut se conten-
- ASTRE Date : Avril. Lever à Paris. Passage au méridien de Paris. Coucher à Paris. Ascen- sion droite. Déclinai- son. Diamètre .apparent. et Constellation étoile voisine. VISIBILITÉ
- 1 5" 31“ 11' 54“ 40s 18" 20“ 0" 42“ + 4° 29' 32 '3", 2 Poissons J
- Soleil \ 7 5 18 11 52 54 18 29 1 4 + 6 47 31 59, 8 Poissons /
- ) 19 4 55 11 49 50 18 46 1 48 + 11 8 31 53, 4 Bélier
- 26 4 42 11 48 28 18 57 2 14 + 13 28 31 49, 8 Bélier
- Mercure . . 7 5 39 12 43 19 49 1 50 + 12 18 5,6 Poissons Bien visible le soir. dIus
- 19 5 22 13 4 20 48 3 0 + 19 53 7,6 £ délier \ grande élongation le 20.
- Vénus . . . 7 5 4 12 43 20 22 1 55 + 19 44 55,6 P Bélier Inobservable. En conionc-
- 19 4 12 11 32 18 50 1 31 + 16 17 59,0 û Poissons v J tion avec le Soleil le 18.
- Mars.... 7 22 38 3 4 7 28 16 14 —• 20 20 12,8 B Scorpion
- 19 21 53 2 18 6 39 16 14 — 20 43 14,6 P Scorpion Seconde partie de la nuit.
- Jupiter. . . 7 2 20 6 38 10 57 19 48 — 21 13 35,0 Sagittaire
- 19 1 37 5 56 10 15 19 53 — 21 2 36,4 Sagittaire Le matin, avant l’aurore.
- Saturne . i 7 4 54 10 45 16 36 23 55 — 2 41 14,2 27 Baleine
- ) 19 4 10 10 3 15 56 0 1 — 2 9 14,4 29 Baleine inobservable. \
- Uranus. . . 16 5 31 12 40 19 49 2 26 + 14 2 3,4 29 Bélier / Pratiquem. inobservable.
- Neptune . . 16 14 53 21 25 3 56 11 12 + 6 17 2,4 G Lion Presque toute la nuit.
- Pour Jupiter et Saturne, le diamètre apparent se rapporte au diamètre polaire.
- Mercure va se présenter dans d’excellentes conditions pour être facilement trouvé et observé ce mois-ci. Il atteindra sa plus grande élongation du soir le 20 avril, à 0", à 19° 52' à l’Est du Soleil.
- A vrai dire, cette élongation sera loin d’être la plus importante de l’année puisque celle du 18 août atteindra 27° 22', mais en raison de la forte déclinaison boréale de Mercure, la planète se couchera deux heures après le Soleil. On se préparera, à partir du 15 avril, à chercher Mercure chaque soir dans le crépuscule.
- A la lunette, cette planète présentera une phase analogue à celle de la Lune vers le premier quartier.
- ter de voir la planète sans effectuer d’observations très détaillées. Nous continuons ici de donner quelques valeurs des éléments concernant la présentation actuelle du globe de Mars :
- Angle Angle Magni-
- de posi- Latitude de posi- tude
- Date tion du Dia- tion de stel-
- (0" T. U.) de l’axe. centre. mètre. Phase. la phase. laire.
- Avril 1 34°,4 _1_ 1 CO O O 12", 1 0",8 279°, 8 — 0“,1
- — 11 34, 2 + 7, 8 13, 4 0, 7 279, 4 — 0, 7
- — 21 34, 3 + 8, 2 14, 9 0, 5 279, 6 — L 0
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- Nous donnons ci-dessous quelques passages du méridien •zéro de Mars par le centre du disque de la planète, ceci pour reconnaître quelles configurations l’on a devant soi lorsque l'on observe :
- Date. Heure (T. U.) Date. Heure (T. U.)
- Avril 1 tT 4" 40“ Avril 17 14" 42“
- 5 7 12 — 21 17 11
- . 9 9 43 — 25 19 38
- 13 12 13 — 29 22 5
- Mars tourne sur son axe en 24" 37“ 228,65. En lm, il tourne de 0° 24; en 1“ de 14° 62.
- Mars sera stationnaire le 14 avril, à 14".
- Jupiter se lève tard dans la nuit et on ne peut encore l’observer que le matin, avant l’aurore.
- 11 se trouvera en quadrature occidentale avec le Soleil le 16 avril, à 10".
- Rappelons qu’une lunette grossissant environ 40 fois montre Jupiter sous le même diamètre angulaire que la Lune vue à l’œil nu.
- On pourra, ce mois-ci, observer les phénomènes suivants, produits par les satellites dans leur révolution autour de la planète géante.
- Phénomènes du système des satellites de Jupiter.
- Date : Avril. Heure. Satel- lite. Phéno- mène. Date : Avril. Heure. Satel- lite. Phéno-; mène.
- 1 4" 40“ Il P. c. 15 4" 4 ut I P. c.
- 1 4 55 II O. f. 16 3 40 I Em.
- 7 3 42 I E. c. 17 3 50 IV E. f.
- 8 4 25 I P. f. 21 4 34 III E. f.
- 8 4 42 II O. c. 24 2 40 I P. f.
- 9 3 27 IV P. c. 24 4 10 II E. c.
- 10 4 28 II Em. 30 3 52 I E. c.
- Saturne est encore inobservable ce mois-ci.
- Voici, toutefois, pour ne pas interrompre la série, les éléments de l’anneau pour le 15 avril :
- 229
- IV. Phénomènes divers. — Conjonctions
- Le 5, à 2", Jupiter en conjonction avec la Lune, à 3° 18' S Le 7, à 15", Mercure — Vénus, à 6» 49' S
- Le 9, à 22", Saturne —- la Lune, à 7° 34' S
- Le 11, à 20", Vénus — ]a Lune, à 3° 46' N
- Le 12, à 8", Mercure — Uranus, à 2° 25' N
- Le 12, à 11", Uranus — la Lune, à 3° 40' S
- Le 12, à 12", Mercure — la Lune, à 1» 12' S
- Le 21, à 21", Neptune •— la Lune, à 6° 46' N
- Le 28, à 3", Mars — la Lune, à 1° 9 N
- h toile polaue, 1 emps sidéral. Voici quelques passages de l’Etoile Polaire au méridien de Paris et quelques valeurs du temps sidéral :
- Date.
- Passage.
- Heure (T. U.)
- Temps sidéral à 0"
- pour le méridien de Greenwich.
- Avril
- 1
- 11
- 14
- 14
- 21
- Inférieur
- 0" 54“ 51s 0 15 31 0 3 43
- 23 59 48 23 32 17
- 12" 35“ 44" 13 15 10 13 27 0
- 13 27 0
- 13 54 35
- On remarquera que, le 14 avril, il y aura deux passages inférieurs de l’Etoile Polaire au méridien de Paris.
- Etoiles variables. — Minimum d’éclat, visible à l’œil nu, de l’étoile Algol (8 Persée), variable de 2“,2 à 3“,5 en 2' 20" 48“ : le 11, à 22" 34“.
- Minima d’éclat de [i Lyre, variable de 3“,4 à 4“,3 en 12' 9" : 11 avril, à 21" 36“; 24 avril, à 19" 12“.
- Maximum d’éclat de R Grande Ourse (variable de 5“,9 à 13“,6 en 299 jours), le 26 avril.
- Etoiles filantes. — Voici, d’après Y Annuaire du Bureau des Longitudes, la liste — due à M. W.-F. Denning — des radiants présentant une certaine activité dans le courant du mois d’avril :
- Époque. Ascension droite.
- Avril 9 255°
- — 16 au 30 206»
- — 19 au 22 271°
- — 29 et 30 326°
- uecunaison.
- uiuiie voisine.
- + 36° + 13° + 33° — 2°
- 7t Hercule ïj Bouvier 104 Hercule a Verseau
- L’essaim des Lyrides, dont le radiant est situé près de 104, Hercule, donne, du 19 au 22 avril, des météores rapides.
- Grand axe extérieur............................... 35", 89
- Petit axe extérieur...............................— 1", 87
- Hauteur de la Terre au-dessus du plan de l’anneau . — 2°, 985 Hauteur du Soleil au-dessus du plan de l’anneau. . — 1°, 601
- Uranus est pratiquement inobservable ce mois-ci. Si l’on y tient absolument, on pourra essayer de le trouver à l’équatorial, au début du mois, à l’aide de sa position donnée plus haut et de la carte de son mouvement sur le ciel (voir au n° 2992, du 1er janvier 1937). Uranus sera en conjonction avec le Soleil le 30 avril, à 9".
- Neptune est encore visible presque toute la nuit, on le cherchera à l’aide d’une petite lunette et en utilisant la carte parue au précédent « Bulletin astronomique » (n° 2994, du février 1937).
- V. Constellations. — L’aspect de la voûte céleste le 1er avril, à 21", ou le 15 avril, à 20", est celui-ci :
- Au Zénith : La Grande Ourse (l’étoile >. Grande Ourse marque presque exactement le Zénith).
- Au Nord : La Petite Ourse; Céphée; Cassiopée.
- Au Nord-Est : Le Dragon.
- A l’Est : Le Bouvier; la Couronne boréale; le Serpent; la Chevelure de Bérénice; la Balance; la Vierge.
- Au Sud : Le Corbeau; l’Hydre; la Licorne; le Petit Chien. A l’Ouest : Les Gémeaux; Orion; le Taureau (Les Pléiades), Au Sud-Ouest : Le Grand Chien (Sirius) disparaît à l’horizon.
- Em. Touchet.
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- CAUSERIE PHOTOGRAPHIQUE "
- CHOIX D'UN APPAREIL
- A propos des formats. — II nous faut revenir sur la question des formats photographiques et sur le tableau que nous avons donné dans une précédente — et récente — « Causerie » (1 2). Ce tableau était à peine paru que déjà il se révélait incomplet.
- Un nouvel appareil, permettant de prendre 24 vues successives sans que l’œil de l’opérateur quitte le viseur, ou donnant, à volonté, des vues séparées, vient de faire son apparition. Il utilise le fdm cinématographique normal de 35 mm et donne des vues 24 X 24 mm. Ce format carré, comme nous l’avons vu, tire le meilleur parti de l’image donnée par l’objectif.
- Mais quoique bien petit, ce format ne se classe pas, toutefois, en tête de notre tableau; il est largement distancé par le 10 X 15 mm, comme nous l’apprend la belle revue Photo-Illustrations (3), dans laquelle nous lisons, à propos d’une exposition d’agrandissements issus de clichés de petit format : « La suprême élégance consiste, cette fois, à tirer une image d’autant plus grande et d’autant plus complète que le négatif initial est plus restreint en surface. Un 40 X 60 cm, né d’un 10 X 15 mm, est devenu la norme, et l’on ne peut qu’y applaudir, le résultat étant excellent. »
- Constatons tout d’abord que pour tirer un agrandissement 40 X 60 d’un si petit cliché, il faut l’agrandir linéairement 40 fois. Ce n’est plus de l’agrandissement ordinaire, mais déjà de la photomicrographie !
- De tels agrandissements deviennent très difficiles à réaliser et exigent, de la part de leur auteur, une très grande expérience.
- La diagonale d’une vue 10 X 15 mm est de 18 mm. Considérons l’objectif couvrant, normalement, ce format lilliputien. Admettons, ce qui est logique, que sa distance focale, égale à la diagonale de la plaque, soit de 18 mm et qu’il soit ouvert à f/2,8, autrement dit qu’il ait 6mm,5 de diamètre.
- D’après les considérations précédemment exposées (4), un objectif de cette ouverture, supposé parfait, a une limite de résolution de lS'^ô. Au foyer de l’objectif, cet angle correspond à une dimension linéaire de 1^,6 (1 micron 6 dixièmes). D’autre part, nous avons vu que les plaques ultra-rapides ont une limite de résolution de 34^. Elles sont donc loin de pouvoir donner tous les détails que révèle l’objectif. Il est vrai que les révélateurs modernes à grain fin ont bien abaissé cette limite qui, de 34^ est peut-être descendue à 7^ ou 8L En tout cas, dans l’état actuel de la fabrication des surfaces sensibles, il nous semble que le format 10 X 15 mm est un minimum au-dessous duquel on ne peut plus descendre (et encore conviendrait-il, par un examen très serré, de vérifier si vraiment l’on obtient avec ces petits clichés tous les détails du modèle?). Parce que, on peut toujours agrandir un petit cliché, et l’agrandissement peut même être très artistique sans, pour cela, présenter toute la finesse désirable, d’autant plus qu’on le regarde d’assez loin, surtout si l’image est grande.
- Autre question : les révélateurs à grain fin —- qui n’ont peut-être pas dit leur dernier mot — permettent évidemment
- 1. Voir n09 2967, 2972, 2974, 2979, 2981, 2983, 2985, 2987, 2989 et 2993.
- 2. N° 2989, du 15 novembre 1936.
- 3. Photo-Illustrations, n° 24, novembre 1936, p. 69. Paul Montel, éditeur, 189, rue Saint-Jacques, Paris (5 e).
- 4. Voir n° 2993, p. 86.
- d’accroître dans d’assez fortes proportions la finesse des négatifs. Que devons-nous cependant penser d’une nouveauté qui nous arrive de l’autre côté de la Manche ? Il s’agit d’un révélateur extraordinaire à grain fin... si nous en croyons ce que dit l’annonce qui le présente : « Les négatifs obtenus sont d’une finesse de grain telle qu’un agrandissement effectif de plus de quatre cents diamètres (sic J) ne présente aucune trace granuleuse gênante, etc. »
- Remarquons — en nous reportant à la figure 2, page 87, parue dans la précédente Causerie — que précisément cette vue est un agrandissement à 400 diamètres d’une plaque négative développée dans un révélateur normal. Sur une micrographie des mêmes plaques (développées cette fois avec un révélateur à grain fin) et agrandie également à 400 diamètres, le grain est, en moyenne, deux fois plus petit que celui de la figure 2, en question, mais il est gênant au point d’effacer tout détail utile.
- Un révélateur jouissant — effectivement — des propriétés « annoncées » constituerait une découverte d’une utilité incalculable pour les sciences de précision, et nous conduirait, en quelque sorte, à la plaque à sensibilité « continue » à laquelle nous faisions récemment •— et tout hypothétiquement — allusion.
- Malheureusement nous n’en sommes pas encore là; mais on doit espérer de grands progrès dans cette voie.
- Les amateurs et leurs appareils. — Dès le début de ces « Causeries » (voir n° 2972, p. 233), nous avons classé les amateurs photographes en trois catégories bien définies (en laissant à part les professionnels) :
- 1° Ceux qui débutent ou se contentent toujours de prendre des vues qu’ils font ensuite développer et tirer par des commerçants spécialisés; 2° les amateurs qui travaillent par eux-mêmes, en limitant leurs efforts à la prise des clichés, à leur développement et au tirage des épreuves; 3° enfin, les amateurs exercés, relativement peu nombreux, qui, par leur technique, leur habileté, leurs connaissances étendues peuvent entreprendre tous les genres de travaux spéciaux et aiment s’attaquer aux difficultés.
- Nous sommes heureux de nous rencontrer dans ce classement avec un auteur particulièrement compétent, M. Georges Collin, dont le nom a déjà été cité ici-même, et qui, dans une importante étude ayant pour titre : « Petits et grands formats » (x), adopte pour ces trois catégories les désignations suivantes :
- 1° l’Amateur débutant; 2° l’Amateur moyen; 3° l’Amateur intégral. Qu’il nous permette, à l’avenir, d’employer ici ces mêmes appellations.
- Ce rappel des diverses catégories d’usagers de la photographie est d’ailleurs bien à sa place en ce chapitre : le choix d’un appareil dépendant, en moyenne, de la « classe » de l’amateur.
- Cependant, il ne sera pas rare de voir des débutants (nous désignons sous ce vocable les « commençants » et surtout la grande masse des preneurs de vues qui font faire tout le reste du travail par des commerçants), il ne sera pas rare disons-nous de voir ces « débutants » s’offrir les appareils les plus chers, les plus compliqués, les plus perfectionnés. Ce faisant,
- 1. Revue française de Photographie, nos 395, 396 et 399 des 1er juin, 15 juin et 1er août 1936, Paul Montel, éditeur.
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- ils apportent, il est vrai, une aide précieuse au commerce et à l’industrie photographiques.
- Quand on acquiert un appareil, on se préoccupe généralement de son optique, puis de son encombrement et de sa facilité de manœuvre. De nos jours, les ascensions en montagne se sont multipliées eé l’on répugne à s’embarrasser d’un bagage lourd et volumineux. Le temps n’est plus où l’on transportait sur le dos le sac contenant une chambre touriste 13 X 18, les châssis doubles, le voile noir et, par-dessus cet équipement, un solide pied à trois branches. Aujourd’hui l’appareil prend place dans le sac d’alpiniste ou encore il est porté dans un sac « tout prêt » suspendu par une courroie autour du cou. On le place aussi, plus simplement, dans une poche du vêtement.
- La mode actuelle est aux appareils de petit format — car il existe une mode en photographie comme il en existe une en T. S. F. ou en automobile. Nous assistons à une véritable lutte de vitesse... pour les obturateurs (le 1/1250 de seconde étant jugé beaucoup trop long) et à une course aux grandes ouvertures relatives (le f/1,5 étant estimé insuffisamment lumineux !).
- Nous connaissons pas mal d’amateurs, de ceux classés dans la catégorie «débutants», qui, successivement, ont échangé ou « liquidé » leurs appareils pour adopter, chaque fois, le dernier modèle paru. Ces amateurs ne réussissent pas mieux en 24 X 36 mm que précédemment avec leur « folding » 6 1/2 X 9 ou avec le « détective » 9 X 12.
- L’amateur sérieux, l’amateur « intégral » conserve ses vieux appareils dont il sait si bien se servir! S’il lui arrive d’acquérir un des derniers modèles perfectionnés, c’est parce que ce dernier modèle lui permet d’aborder de nouvelles difficultés, de nouveaux sujets qui, précédemment, échappaient à son action. Mais il aura souvent recours, pour certains travaux, à son matériel de réserve dont il tire un si bon parti.
- La mode qui sévit sur les très petits formats offre un très gros avantage pour les amateurs qui veulent s’équiper à bon compte : les listes des « occasions » qui figurent dans les pages d’annonces des revues de photographie contiennent maintenant des appareils excellents, très perfectionnés, qui sont soldés, bien souvent à l’état de neuf, pour un prix très faible. Ils ne sont plus à la mode ! Mais ils donnent des résultats égaux, sinon supérieurs à ceux des modèles qui, par snobisme, ont actuellement la faveur du public.
- Conditions pour voir une image nette. — Revenons à présent à la conclusion de notre dernière Causerie et attachons-nous à réaliser des vues qui correspondent à la focale de 0m,30. Nous avons montré que, seule, cette distance focale permet d’avoir directement, par l’examen des épreuves à la vue simple, la perspective correcte, l’impression de la réalité. L’angle sous lequel l’observateur voit ces épreuves est le même que s’il avait placé l’œil à l’endroit occupé par l’objectif.
- Nous avons encore signalé que si l’on utilise un appareil photographique ayant une longueur focale inférieure à 0m,30, on peut parvenir à un résultat comparable en agrandissant convenablement les clichés, ou encore en regardant les épreuves à l’aide d’un dispositif optique grossissant, comme il a été indiqué précédemment.
- Pour obtenir un résultat comparable à celui donné directement par un objectif de 0m,30 de distance focale, il convient que l’image agrandie semble offrir la même netteté (libre à nous, si, en agrandissant nos petits clichés, nous désirons leur donner une apparence de « flou artistique », de réaliser ce « flou » par un des moyens que nous décrirons plus tard).
- La netteté d’une image dépend de Vacuité visuelle de l’obser-
- 'V1::..... .:=---------:----------= 231 =====
- vateur et aussi de l’intensité lumineuse de cette image. Un œil excellent peut distinguer deux traits noirs parallèles dont la distance correspond à un angle de 1 minute d ’arc, ce qui est sensiblement un intervalle de 1/10 de mm vu à 0m,30 (en réalité, un angle de correspond, à 0m,30, à un intervalle de 0mm,087 tandis que 1/10 de mm vu à 0m,30 représente un angle de 1' 8",4) (*).
- Suivant une habitude adoptée, on dira d’une image photographique qu’elle présente la netteté au 1/10 de mm quand, sur cette image, un point sera représenté par un petit cercle de diffusion de 0mm,l de diamètre. L’épreuve entière aura un «flou » de 1/10 de mm. Mais comme toute tache d’un diamètre de 1/10 de mm vue à la distance de 0m,30 sera assimilée à un point géométrique par un observateur doué d’une excellente vue, notre épreuve nous paraîtra donc aussi nette vue à 0m,30 que si elle provenait d’un cliché pris avec un objectif de 0m,30 de longueur focale et tiré par contact.
- Nous pouvons, à présent, déterminer le degré de netteté que doivent présenter les petits clichés qui seront agrandis ultérieurement en vue de les ramener à la distance focale de 0m,30.
- Format 24 X 36 mm. — Les objectifs de ces petits appareils ont, pour la plupart, une distance focale de 50 mm et une ouverture relative maximum que va de f/1,5 à f/3,5. Il faudra donc agrandir 6 fois les clichés — sensiblement en 15 X 21 — pour retrouver la focale de 0m,30. La netteté des négatifs devrait être au 1/60 de mm (généralement on l’estime au 1/30 de mm). Certains objectifs grands angulaires ont une distance focale de 28 mm, l’agrandissement devra être poussé à près de 11 fois et la netteté au 1/100 de mm.
- (Remarquons, en passant, que ces calculs sont basés sur une conception toute artificielle des rayons lumineux, mais les règles de l’optique géométrique, appliquées ici, sont suffisantes en première approximation, sans faire intervenir les propriétés de la lumière). Nous travaillons à la limite de ce que peuvent donner les émulsions ultra-rapides : en effet il nous faut la netteté au 1/60 de mm, soit 0mm,016 alors que nous avons vu que la limite de résolution des émulsions ultra-rapides est de l’ordre de 0mm,034.
- Nous pouvons nous demander ce qui se passe quand on commet une toute petite erreur de mise au point. On nous objectera que les appareils 24 X 36 mm sont construits d’une façon parfaite, sans aucun jeu, que le télémètre couplé évite toute erreur de mise au point, etc. Mais le film n’a pas la rigidité d’une glace et peut, bien qu’il soit parfaitement guidé et entraîné, se trouver très légèrement incurvé, « gondolé ». Supposons que, pour une cause quelconque, il y ait une erreur de mise au point de 1/10 de mm seulement, ce qui paraît bien peu de chose. On calcule aisément que, pour un objectif de 50 mm de foyer, ouvert à f/1,5, un point lumineux est alors enregistré comme une tache circulaire de 0mm,066, soit 1/15 de mm. Avec un objectif de même longueur focale, ouvert à f/3,5, cette tache aurait 0mm,029 soit 1/34 de mm.
- Ce « flou », qui va de 1/15 à 1/34 de mm, est un sérieux obstacle pour réaliser des agrandissements nets correspondant à la focale de 0m,30 (pour des agrandissements artistiques, il a beaucoup moins d’importance).
- Ces diverses considérations •— que l’on voudra bien excuser mais qu’il était utile de développer — font bien comprendre à présent la nécessité de la perfection totale des appareils de petit format : partie mécanique et partie optique. Tout
- 1. « Pratiquement, écrit L.-P. Clerc, on considère comme moyenne « l’acuité d’un œil qui sépare 1/10 de mm à 20 cm, soit un angle de 1/2000. » (La Technique photographique, 2° édition, p. 29. Paul Montel, éditeur.)
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- doit y être exécuté avec la plus extrême précision. C’est évidemment la raison principale du prix très élevé de ces appareils.
- Format 6x6. — Les objectifs couvrant ce format ont, en général, une distance focale voisine de 80 mm. Les clichés seront agrandis 3,7 fois pour retrouver la focale de 0m,30. La netteté des négatifs devra être de l’ordre de 1/35 à 1/40 de mm.
- Nous sommes ici dans le domaine de la stéréoscopie, les deux éléments 6x6 accolés constituant la plaque 6 X 13.
- Avec un objectif ouvert à f/4,5, une erreur de mise au point de 1/10 de mm introduit un « flou » de 0mm,02, soit 1/50 de mm seulement, donc sans grande importance.
- Formais 6 X 9 et 6,5 X 9. — Objectifs d’environ 105 mm de distance focale. Un agrandissement de 2,9 fois suffit pour réaliser la focale de 0m,30. Netteté nécessaire : 1/30 de mm environ.
- Format 6,5 X 11. — Objectifs de 120 mm de foyer. Agrandis 2,5 fois, les négatifs fourniront des épreuves qui auront la dimension de celles fournies par un objectif de 0m,30 de longueur focale. Netteté nécessaire : 1/25 de mm environ.
- Format 9 X 12. — Objectifs de 135 mm de distance focale. Agrandissement pour retrouver la focale de 0m,30 : 2,2 fois seulement. Netteté nécessaire : 1/20 de mm environ.
- Le tableau ci-dessous résume les diverses valeurs précédentes :
- FORMAT DES NÉGATIFS OB JE Ouver- ture relative. JTIFS Distance focale en millimèt. Agrandissement nécessaire pour amener l’épreuve à la focale de 0m30 Dimensions en centimètres de l’épreuve correspondante. Environ : Netteté nécessaire du négatif pour obtenir la netteté au 1/10 de mm dansl’épr.agrand.
- 10 X 15 mm f/2,8 18 17 fois 17 X 26 1/170
- 24 X 36 mm 1/6,3 28 11 — 26 X 40 1/100
- 24 X 36 mm f/1,5 50 6 — 15 x 21 1/60
- 6x6 cm f/4,5 80 3,7 — 22 X 22 1/35 à 1/40
- 6x9 cm div. 105 2,9 — 17 X 26 1/30
- 6,5 X 9 cm div. 105 2,9 — 19 x 26 1/30
- 6,5 X 11 cm div. 120 2,5 — 16 x 27 1/25
- 9 X 12 cm div. 135 2,2 20 x 26 1/20 de mm
- Rappelons que la netteté exigée pour chaque format est très poussée, puisqu’elle est basée sur l’acuité d’un œil excellent, séparant, à la distance de 0m,30, deux traits noirs distants de 1/10 de mm. Si l’on adopte l’acuité moyenne de 1/2000, comme elle a été définie plus haut, on pourra se contenter d’une netteté un peu moindre et il suffira de multiplier la dernière colonne du tableau par le coefficient 1,5 (voir fig. 1).
- Le résultat sera encore très acceptable.
- Et maintenant, quelles conclusions tirerons-nous des divers renseignements précédents ? C’est M. Georges Collin qui nous les donne dans son étude déjà citée, écoutons-le :
- « Aux rapports 2 et 3, l’agrandissement ne présente pas de « difficultés si le cliché est correct; mais les difficultés cornet mencent au rapport 4 et deviennent souvent très grandes « au rapport 6.
- « Il ne suffît plus que le cliché ait les qualités que l’amateur « de 9 X 12, par exemple, demande à ses négatifs. Il doit être
- « pur, sans voile chimique; le grain d’argent réduit doit « être aussi ténu que possible; la netteté parfaite et, sur-« tout, parfaitement répartie selon l’intérêt de la compo-« sition. »
- Et M. Collin ajoute que pour réunir ces conditions indispensables, il faut que l’opérateur possède une technique et des connaissances suffisantes, que l’appareil soit un instrument de précision, que la pellicule soit rapide et sans grain appréciable, que le révélateur soit judicieusement choisi et le développement soigneusement conduit et arrêté au moment opportun, etc.
- Faute de se soumettre à ces conditions, ajoute-t-il, l’échec est certain.
- Ne terminons pas, toutefois, sur une déclaration aussi pessimiste : l’amateur avisé qui raisonne ce qu’il fait et qui
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- Fig. 1. — Diagramme indiquant l’agrandissement à faire subir aux négatifs pour les ramener à la distance focale de O"1,30 et la netteté, en fraction de millimètre, qu'ils doivent présenter pour que l’agrandissement ait une netteté au 1/10 ou au 1/7 de mm {voir le texte).
- Pour l’emploi de ce diagramme, suivre la ligne horizontale correspondant à la distance locale de l’objectif de prise de vue, jusqu’à la rencontre avec la courbe. La verticale passant par ce point de rencontre donne, en bas, l’agrandissement cherché, et, en haut, la netteté que doit avoir le négatif.
- Exemple. — Soit un objectif de 50 mm de distance focale. Suivons la ligne horizontale passant par 50 jusqu’à la courbe. La ligne verticale du point de rencontre indique, au bas, un agrandissement de 6, et en haut, une netteté de 1/60 à 1/40 de millimètre.
- procède à l’agrandissement progressif de ses clichés est certain de réussir après quelques tâtonnements inévitables.
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- Les considérations exposées au cours de cette Causerie et des deux qui l’ont précédée auront paru parfois quelque peu arides et d’un assez lointain rapport avec la question du choix d’un appareil.
- Les explications qui précèdent auront toutefois convaincu le lecteur de la nécessité d’exiger de l’objectif une définition aussi grande que possible, et, en tout cas, en bon accord avec les valeurs ci-dessus indiquées.
- A cette condition, on obtiendra des résultats parfaits.
- Em.,Todchet.
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- COMMUNICATIONS a l ACADEMIE DES SCIENCES
- Séance du 11 janvier 1937.
- L’intensité de la pesanteur en Afrique du Nord. —
- Les mesures de l’intensité de la pesanteur elïectuées par M. Lagrula en Afrique du Nord marquent une anomalie négative à l’intérieur des terres dont la valeur la plus élevée (—100 milligals) se trouve dans l’Atlas Saharien ; plus au Sud l’anomalie garde le même signe mais présente des valeurs plus faibles. Une anomalie positive existe au voisinage de Touggourt (-]- 41 milligals). Son origine doit sans doute être en relation avec la dépression du ( loi le de Gabès.
- L’activité solaire et les perturbations atmosphériques.
- — M. Petitjean relève d’année en année les variations des moyennes mensuelles de la pression barométrique dans l’hémisphère nord. 11 compare les résultats avec ceux du nombre des taches solaires aux mêmes époques. L’étude, portant malheureusement sur la période trop courte de 1884 à 1892, semble montrer un accroissement, de l’activité de l’air polaire dans la répartition atmosphérique lorsque le nombre des taches est inférieur à celui déduit de la loi de variation solaire et une prédominance de l’air tropical dans le cas contraire.
- Nouveau fluoromètre. — Deux quartz identiques croisés forment un groupe équivalant à une lame isotrope; placés entre deux niçois croisés ils conservent l’extinction du faisceau incident. Si on applique à l’un des quartz une tension alternative de haute fréquence, le système laissera passer à la même fréquence des éclairs de lupiière. M. Brüninghaus a construit un nouveau lluoromètre avec deux pareils systèmes dont les quartz oscillants sont placés entre les armatures de deux condensateurs en parallèle et sont donc synchrones. Le faisceau d’excitation passe à travers le premier groupe et tombe sur l’échantillon à examiner; la lumière fluorescente est examinée à travers le second groupe; elle présente un retard qui, compte tenu de la durée du trajet lumineux, donne la valeur de la persistance de la lluorescence. Ce retard peut être évalué par l’électrobiréfringence résiduelle du second quartz qui se trouve au moment du passage de la lumière dans une phase différente de celui qui l’a admise. Un pareil lluoromètre a, sur celui de Gaviola, l’avantage d’un champ plus étendu et de la suppression de la diffusion de la lumière dans le liquide biréfringent (nitrobenzène).
- Séance du 18 janvier 1937.
- Composition des bois. — MM. Gabriel Bertrand et Brooks ont procédé à de nombreuses analyses de bois. En recherchant et dosant les sucres réducteurs provenant de l’hydrolyse des glucides, ils ont noté des proportions très variables en xylose (angiospermes) ou en mannose (gymnospermes) allant de 14,4 pour 100 (peuplier) à 34,1 pour 100 (aulne). La teneur en cellulose varie dans des limites moins étendues de 42,3 pour 100 (frêne) à 55,1 pour 100 (pin sylvestre). Les branches contiennent plus de glucides et moins de cellulose que les troncs, ce qui s’explique par une lignification moins avancée. Les auteurs ont noté que des espèces appartenant au même genre peuvent présenter des différences de composition très sensibles.
- Aimantation des terres cuites. — M. Thellier montre que l’aimantation permanente d’une terre cuite dépend non seulement du champ au moment de son refroidissement, mais aussi de la température et de l’atmosphère de cuisson et de la composition de la terre. Se proposant de rechercher la valeur du champ terrestre au moment de la cuisson des vieilles poteries, l’auteur remarque que l’aimantation est détruite par chauffage à 670° et se reforme sous l’influence du champ terrestre au cours du refroidissement. L’auteur mesure donc
- la susceptibilité ou mieux, le moment magnétique, de vieilles briques dont l’âge est connu; il les recuit ensuite dans le champ terrestre actuel et détermine le nouveau moment après refroidissement. La proportionnalité des moments aux champs aimantants conduit à une valeur satisfaisante du champ à l’époque de la cuisson. Le recuit doit être effectué en atmosphère neutre (azote).
- Séance du 25 janvier 1937.
- La médication soufrée. — Le glutathion, tripeptide formé d’une molécule de cystéine unie à une molécule de glycocolle et une molécule d’acide glutamique, joue un rôle très important dans les échanges sanguins; le foie en contient des réserves importantes. Ces provisions s’épuisent au cours de nombreuses lésions du foie, des infections et des intoxications; des phénomènes graves surgissent alors. MM. Gosset et Binet montrent, par des exemples précis, que l’on obtient par la médication soufrée (hyposulfites ou allylsulfurée) des guérisons extrêmement rapides de pareils cas paraissant désespérés. D’autres expériences faites sur le lapin montrent que la médication soufrée agit tout justement très largement sur la teneur du foie, du sang et du rein en glutathion qui semble donc être le véhicule du soufre dans l’économie animale.
- L’imitation du hasard. — Un individu peut-il énoncer une suite indéfinie de chiffres, 0 et 1 par exemple, présentant tous les caractères d’une suite résultant de tirages au sort successifs. M. Emile Borel estime qu’il n’en est rien. Il n’est possible d’arriver à un tel résultat que par une sorte de tirage au sort mental. On pourrait par exemple choisir au hasard plusieurs nombres et déduire la décision, 0 ou 1, d’une propriété arithmétique de ces nombres. L’auteur en déduit que l’esprit humain est incapable d’imiter le hasard sans faire intervenir un tirage au sort réel ou mental. Une pétition de principes semble affaiblir cette affirmation puisque dans cet exemple il est admis qu’une personne peut choisir « au hasard » plusieurs nombres.
- Membranes semi=perméables. — MM. Grumbacii et Vidal indiquent une technique pour former des membranes semi-perméables au ferrocyanure de cuivre, relativement résistantes et peu sensibles aux variations de température. Ils utilisent une plaque filtrante en verre de Schott et en garnissent les pores par du gel de silice en aspirant au travers une solution à 10 pour 100 de silicate de sodium qu’ils mouillent ensuite avec de l’acide sulfurique à 25° B ; après plusieurs aspirations et mouillages, la membrane est formée sur ce support en utilisant les solutions indiquées par Tammann et en opérant toujours par succion. Le ferrocyanure de cuivre se forme dans toute l’épaisseur de la cloison; les fissures sont révélées par un amas de ferrocyanure sur une des faces et peuvent être réparées par le procédé de formation. Une telle membrane a pu être utilisée pendant deux mois en résistant à des variations de température de 10°.
- Variations du pouvoir catalytique. — Des théories récentes veulent que certains électrons superficiels soient particulièrement mobiles au voisinage du point de Curie des corps ferromagnétiques. MM. Forestier et Lille ont pensé que ce phénomène pouvait se traduire par une exaltation du pouvoir catalytique. Les vérifications, portant sur la réaction d’équilibre de C02 en présence d’hydrogène, ont pleinement confirmé ces vues en ce qui concerne la magnétite et les ferrites de strontium et de nickel. Ce dernier composé, qui se réduit au cours de l’opération, permet de suivre l’apparition d’un second maximum d’activité correspondant au point de Curie de la magnétite formée. L. Bertrand.
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- LIVRES NOUVEAUX
- Préparation à l’étude des probabilités, par Th. Leconte et H.
- Dkltueil. 1 vol., 168 p. Librairie Vuibert., Paris, 1937. Prix : 20 l'r.
- Après avoir montré comment le calcul des probabilités est né au xvne siècle des réflexions de grands esprits comme Galilée, Pascal, sur les conditions équitables d’un jeu de hasard, les auteurs, d’une façon aussi claire qu’a! trayante, exposent les principales étapes de cette science, et en mettent les notions fondamentales à la portée du lecteur, sans exiger de lui des connaissances mathématiques dépassant le niveau élémentaire. Ils font ressortir notamment les caractères essentiels des applications les plus importantes aujourd’hui des probabilités: statistique, biométrie, lois physiques. Excellente initiation dont l’agréable lecture sera utile, non seulement aux jeunes élèves à qui elle est destinée, mais à tout esprit curieux du progrès scientifique de son époque.
- Le travail des verres d’optique de précision, par le colonel
- Ch. Dévé. 1vol., 372 p., 120 fig. Éditions de la Revue d’Optique,
- 3, boulevard Pasteur, Paris, 1936.
- On doit au colonel Dévé un excellent « Guide de l'ouvrier en verres d’optique de précision », qui s’est rapidement épuisé. Le présent ouvrage en est une réédition très augmentée.
- Il n’est pas de travail plus délicat que celui des verres d’optique de précision; il exige tout d’abord de l’ouvrier la connaissance élémentaire des propriétés essentielles des verres qu’il trouvera très clairement exposées dans l’introduction de ce livre. Il y trouvera ensuite la description précise des diverses opérations que comporte le travail des verres, avec l’explication du pourquoi de bien des tours de mains. l.:n excellent chapitre sur l’optique de lunetterie termine la première partie qui offre surtout un caractère pratique; la seconde partie, plus spécialement destinée aux chefs de fabrication ou aux ouvriers déjà maîtres de leur métier, expose une remarquable théorie mécanique du travail des surfaces optiques; elle donne aussi la technique des vérifications optiques, qui exige des mesures d’une précision insoupçonnée. Elle traite encore de la taille des cristaux, du centrage, débor-dage et collage des verres, de la fabrication des réticules, micromètres et graticules et de la métallisation des miroirs. Ce livre de haute tenue donne à ceux qui l’étudient le moyen non seulement de posséder leur technique, mais encore de la comprendre à fond, condition essentielle du progrès.
- La télévision et ses progrès, par p. hémardinquer. i vol.
- 330 p., 190 fig. 2e édition. Dunod, Paris, 1937.
- Depuis l’apparition de la première édition, les progrès de la télévision directe et du télécinématographe ont été nombreux; la transmission à haute définition est devenue une possibilité industrielle. Deux chapitres entièrement nouveaux ont donc été réservés à l’étude de ces nouveaux problèmes; de même, l’auteur s’est attaché à montrer comment on utilise désormais pratiquement l’oscillographe cathodique, plus ou moins modifié et perfectionné, tant pour la réception professionnelle ou d’amateur, que pour l’émission. Ainsi transformé et complété, ce livre constitue donc un ensemble complet, offrant aux lecteurs toute la documentation la plus récente sur l’état actuel de la technique et de la pratique de la transmission des images, soit par ondes hertziennes, soit par câbles spéciaux.
- L’oxydation du magnésium à l’état liquide, par R. Dela-
- vault. 1 vol., 94 p., 42 fig. Fournier et Constant, 5,- place de la
- Sorbonne, Paris.
- L’auteur a étudié, qualitativement, le mécanisme de l’oxydation de gouttes de métal, porté à son point de fusion ou au-dessus. Il a mis en évidence le rôle important de certains phénomènes superficiels; partant de ces résultats d’observation, il a pu établir une technique de manipulation du magnésium fondu qui permet de le maintenir liquide et de le couler sans intervention d’une atmosphère spéciale ou d’un flux de protection.
- Agenda agricole pour 1937, par G. Wery, revu par m. Varin.
- 1 vol. in-16, 486 p. Baillière et fils, Paris, 1937. Prix : relié, 20 l'r.
- Chaque année, cet agenda agricole et viticole offre aux cultivateurs toute la documentation nécessaire. Le lecteur y trouve des tableaux sur la composition des produits agricoles et des engrais, pour les semailles et le rendement des plantes cultivées, la création des prairies, les données essentielles pour la détermination de l’âge et des tables île rationnement pour les animaux domestiques, l’hygiène et le traitement des maladies du bétail, la législation rurale, les constructions agricoles, la laiterie, la basse-cour, le tarif des transports applicable aux produits agricoles, des tableaux de comptabilité pour les assolements, les engrais, les ensemencements, les récoltes, l’état du bétail, le contrôle des produits, les achats, les ventes, les salaires, etc.
- Cette nouvelle édition, revisée par M. Varin, assemble les récentes méthodes d’exploitation et les derniers renseignements pouvant intéresser les agriculteurs.
- Baum und Wald, par Ludwig Josr. 1 vol. in-16, 149 p., 74 fig., 29e volume de la collection Verstiindliche Wissenschal't. Julius Springer, Berlin, 1936. Prix : cartonné toile, 4,80 marks.
- Cette collection mérite son titre de « verstiindliche » : claire, nette, intelligible, à la portée de tous. Sa présentation, son illustration sont fort heureuses. L’ouvrage du professeur d’Heidelberg sur l’arbre et la forêt est une excellente initiation botanique. L’arbre est étudié dans sa forme, sa structure, ses fonctions. Des expériences simples, des observations bien suggérées montrent tout ce qu'on en peut voir et comprendre. Puis, c’est la forêt, ses conditions de vie, son sol, ses produits, sa distribution .géographique, l’ensemble des faits que l’on lient découvrir rien qu’en regardant et réfléchissant.
- UItra=sons et biologie, par A. Dognon, E. et il. Biancani. 1 vol. in-8, 80 p., 22 fig. Collection des actualités radiologiques. Gauthier-Villars, Paris, 1937. Prix : 25 l'r.
- Après avoir défini les vibrations ultrasonores, indiqué les moyens de leur production, étudié leur propagation et leur amortissement, examiné leurs effets physiques, les auteurs, qui ont eux-mêmes beaucoup expérimenté, abordent les actions biologiques : mouvements tourbillonnaires, remaniements protoplasmiques, réactions des organismes, altérations cellulaires, etc. Ils en cherchent l’explication et disent ce qu’on en peut attendre, en médecine et en biologie. C’est une bonne mise au point d’un aspect surtout étudié à l’étranger des effets d'une invention française.
- Our natural resources and their conservation, sous la direction de A. E. Parkins et J. R. Wiiitaker. 1 vol. in-8, 650 p., lig. Chapmann and Hall, London; John Wiley and sons, New-York, 1936. Prix : relié toile, 25 sh.
- Un large mouvement se dessine aux États-Unis pour la mise en valeur, l’exploitation réglée et aussi la conservation des richesses naturelles du pays. C’est affaire à la fois de gouvernement, d'initiatives privées, de propagande et d’enseignement. Ce livre, œuvre collective de 22 auteurs, est destiné à fournir les thèmes généraux aux professeurs, aux conférenciers et aux élèves. Le premier chapitre expose les progrès de ces idées apparues au milieu du siècle dernier, après le grand gaspillage des périodes de colonisation et d’extension. Naturellement, le déboisement est la première préoccupation : l’arbre évite l’érosion, crée le climat humide, est une précieuse ressource; les terres arides de l’ouest doivent être améliorées; pour cela des mesures sont nécessaires : prévention des incendies, aménagement des forêts, avantages fiscaux, etc. L’eau doit être protégée contre les pollutions, utilisée comme force motrice, employée aux transports, canalisée contre les crues. Les mines s’épuisent et plus vite encore les gisements de pétrole qu’il faut exploiter rationnellement. La vie sauvage, les beaux sites, les lieux de récréation et l’homme môme ont besoin d’être protégés. Tout cela suppose des plans locaux et généraux, toute une politique de conservation dont les grandes lignes terminent ce livre.
- Traité de langue amharique (Abyssinie), par Marcel Cohen. 1 vol. in-8, 444 p., 33 tableaux. Vol. XXIV des Travaux et Mémoires de l’Institut d’Ethnologie, 191, rue Saint-Jacques, Paris. Prix : cartonné toile, 125 l'r.
- L’auteur, professeur à l’École des Langues orientales, est le grand spécialiste en cette question. Depuis 1910, il n’a cessé, en Abyssinie et à Paris, de recueillir des documents auprès d’informateurs de diverses classes et de différentes régions. Il a ainsi fixé la langue du Choa et d’Adis-Abeba vers 1930, celle officielle, celle écrite ou parlée par la bonne compagnie. C’est une langue sémitique, sur fond couchitique, organe d’une société à caractères originaux. Après une carte linguistique sommaire de l’Abyssinie, l’auteur explique l’écriture, la prononciation, puis étudie le nom, l’article, les pronoms, le verbe, la numération, les particules, les adverbes, les interjections, la mimique. Il passe à la phrase au moyen de textes analysés.
- L’instinct, par César Porto. 1 vol. in-8, 28S p. José Corti, Paris, 1936. Prix : 15 fr.
- Le sous-titre porte : causes physiques, bases organiques, psychologie. L’auteur considère l’instinct comme un phénomène déterminant des actes sans le secours des impressions sensorielles; il analyse ses conditions internes, ses causes organiques et extérieures; il passe en revue ses manifestations, son importance dans les diverses espèces, discute ses rapports avec les faits psychologiques, mais il voit tout cela avec des conceptions assez peu démontrées sur les ondes, les vibrations hyperphysiques, la vie métapsychique, etc.
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- NOTES ET INFORMATIONS
- NECROLOGIE Henri Douvillé.
- Né à Toulouse le 16 juin 1846, Douvillé est mort à Paris le 20 janvier dernier. Sorti de l’École polytechnique dans le corps des Mines, il lit presque toute sa carrière dans le service de paléontologie de l’Ecole des Mines où il professa de 1881 à 1911. Les riches collections de cette école lui fournirent les éléments de ses plus importants travaux. 11 entra à l’Académie des Sciences en 1907. M. Leelainche, président de l’Académie des Sciences, en donne le résumé suivant :
- « Ce sont les Invertébrés fossiles qui sollicitent surtout la curiosité du jeune maître, sans doute en raison de leur intérêt plus immédiat pour l’étude de la Géologie. Reprenant les recherches de Bayle sur les Mollusques du groupe des Rudistes, qui ont pullulé dans les mers chaudes à la fin de la période jurassique et pendant les temps crétacés, il en reconstitue la phylogénie et il met en évidence les variations de leur évolution. Cette étude des Rudistes et d’autres genres, celui des llippurit.es notamment, permet de suivre à travers les temps les variations des types et aussi d’en discerner les causes. L’ensemble de ces recherches n’intéresse donc pas seulement l’étude des terrains et la détermination de leur âge : elle autorise aussi de plus vastes synthèses.
- « Le géologue averti qu’était Douvillé ne pouvait manquer de prêter attention à la répar-I ition géographique des espèces étudiées, des Rudistes en particulier. Il observe qu’elles caractérisent, en la délimit ant , une vaste zone marine qui traverse les continents d’aujourd’hui, parallèlement à l’équateur. C’est à cette ancienne Méditerranée, la Téthys de Neumayr, qu’il donne le nom de Mésogée. L’étude des Rudistes n’en racontant l’histoire que jusqu’à la fin des temps secondaires, Douvillé demande de nouveaux témoignages à d’autres groupes, postérieurs dans leur évolution : les Orbitolines et les Nummulites notamment. Il suit leur trace en Afrique, en Asie et jusqu’à la Jamaïque et aux Indes néerlandaises.
- « Ces recherches permettent de retracer l’histoire de la Mésogée jusqu’au moment où la surrection des isthmes de Panama et de Suez, en la divisant en tronçons, réduit le rôle considérable qu’elle a rempli dans l’évolution du globe terrestre et des formes animales primitives. Douvillé montre que les eaux chaudes de la Mésogée séparaient l’Europe de l’Afrique, les recouvrant en partie l’une et l’autre, tandis qu’elle envoyait des prolongements à l’intérieur des terres. C’est ainsi que le bassin de Paris communiquait avec elle par la Basse-Loire, tandis qu’il était baigné, en direction de la Belgique, par les eaux froides des mers boréales.
- « L’étude approfondie des groupes mésogéens est accompagnée de celle de divers Invertébrés : Oursins, Brachiopodes, Lamellibranches, Ammonites. La morphologie des diverses espèces d’animaux fouisseurs permet de discerner des carac-
- tères convergents, liés au genre de vie, et elle apporte une confirmation imprévue de la notion évolutionniste que la fonction crée l’organe.
- Représentant éîninent de la paléontologie et maître incontesté d’une partie de cette science, Douvillé demeure fidèle à la Géologie et il lui consacre nombre de Mémoires ou de Notes. En dehors de sa participation à l’établissement de la Carte géologique de la France, il étudie plusieurs régions, seul ou avec divers collaborateurs. Dès 1871, il précise, par l'analyse stratigraphique, l’âge des calcaires de Château-Landon et du Berry; il étudie avec le même bonheur les assises jurassiques du Berry et du Poitou. En 1900, il donne une explication, vérifiée depuis, de la distribution et de l’aspect des terrains tertiaires de la région d’ïnterlaken. »
- Louis Mangin.
- du Muséum national est mort à Orly, le 27 janvier. M. Leelainche. président de l’Académie des Sciences, a ainsi rappelé sa carrière :
- « Né à Paris le 8 septembre 1852, Mangin est un brillant élève de l’Ecole normale spéciale de Cluny, d’où il sort, en 1873, avec le titre d’agrégé de l’enseignement spécial. Sa formation le destine à l’enseignement secondaire. Professeur de sciences naturelles au lycée de Nancy, il poursuit sa préparation universitaire; agrégé de l’enseignement classique, il est professeur au lycée Louis-le-Grand en 1882 et docteur ès sciences l’année suivante, avec une thèse sur « les racines adventives chez les rnonoco-tylédones ».
- « Ses premiers travaux portent sur l’anatomie et la physiologie végétales. Il paraît avoir conservé de ses études à Cluny une dilection marquée pour la chimie. Cette orientation le sert puissamment dans l’étude des membranes végétales qui constitue une des parties essentielles de son œuvre. Il étudie les substances qui accompagnent la cellulose. Par les procédés de la microchimie et des colorations électives, il distingue dans les membranes, en dehors de la cellulose, des composés pectiques et la callose, rare chez les phanérogames, mais habituelle chez les champignons. Ses travaux sur les Mucorinées et les Péronosporées apportent une contribution définitive à cette question, déjà très discutée et cependant fort peu connue.
- « En physiologie, Mangin entreprend, en collaboration avec Gaston Bonnier, des expériences sur la respiration, la transpiration et l’action chlorophyllienne. Elles aboutissent à cette première conclusion, que l’oxygène dégagé par les organes verts ne procède pas seulement de la décomposition de l’acide carbonique. Les travaux ultérieurs de Théophile Schlœsing et Laurent devaient confirmer ces résultats en révélant que la source complémentaire d’oxygène résulte de la réduction des nitrates. A partir de 1887, il poursuit seul ses recherches sur les échanges gazeux dans les plantes et sur le rôle des stomates.
- L’ancien directeur
- I.OUIS MANGIN
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- Mangin est l’un des fondateurs de la phytopatliologie. Il a étudié les maladies du blé, l’encre des châtaigniers, et, avec Viala, la plrtiriose de la vigne, la production de la gomme, l’intoxication des arbres dans les villes modernes...
- « C’est seulement en 1904 qu’il est appelé au Muséum où la chaire de Physique végétale, créée pour Dehérain, a élé transformée en un enseignement de la Botanique des Cryptogames. Il étudie patiemment la systématique des Champignons, en s’efforçant à substituer dans la diagnose des constatations précises, souvent d’ordre chimique, aux caractères morphologiques peu stables invoqués jusque-là.
- « En 1908, il fait connaître une méthode d’analyse des organismes végétaux du plancton qu’il applique, à la Station maritime de Taliitou, aux pêches de la haie de Saint-Vaasl. Après le transfert de la station à Saint-Servan, il obtient le rattachement au laboratoire du Pourquoi-pas ? de Charcot et il continue les examens des récoltes planetoniques des expéditions de l’Antarclique et du Pacilique.
- « Depuis 1920, Mangin est directeur du Muséum et il conservera cette fonction jusqu’à sa retraite, en 1931. Il obtient du Parlement le vote d’une loi autorisant l’établissement à percevoir une taxe d’entrée qui a permis d’édifier les grands bâtiments destinés à la singerie, à l’orangerie, à la graineterie, tandis que la grande galerie qui groupe les services de la botanique va être construite par l’Etat avec l’aide de la fondation Rockefeller et qu’un vivarium est créé avec les fonds de la Journée Pasteur.
- « Entre temps, la ferme de Chèvreloup, dépendant du domaine de Versailles, est attribuée au Muséum et un Arboretum y est installé; l’Harmas de Fabre, à Sérignan, acheté par l’État, est aussi rattaché au Muséum, ainsi que le Musée d’Ethnographie du Trocadéro. »
- Henri Coupin.
- La Nature vient de perdre un de ses plus anciens et plus fidèles collaborateurs, Henri Coupin, décédé le 21 janvier dernier. Depuis 1892, il avait publié, dans nos colonnes, plusieurs centaines d’articles toujours très exactement documentés et que son alerte plume ne manquait pas d’égayer parfois d’une réflexion humoristique ou d’une amusante image. Voici peu de mois encore, il donnait une suite de piquantes chroniques sur la « jeunesse des vieux savants ».
- Né à Paris le 19 octobre 1868, Henri Coupin fit ses premières études à Bordeaux où son père dirigeait une école commerciale et les termina dans la capitale. Docteur ès sciences naturelles, il devint successivement préparateur au P. C. N., chef de travaux attaché à la chaire de botanique de la Sorbonne et finalement maître de conférences. Une surdité presque complète entrava sa carrière professorale, mais ses maîtres Chatin, Gaston Bonnier et Dangeard le tenaient néanmoins en haute estime. La perte de sa fille Fernande Coupin, aide-naturaliste au laboratoire d’anatomie du Muséum, attrista les dernières années de notre pauvre ami.
- Travailleur infatigable, auteur de plusieurs manuels scientifiques estimés, mais surtout vulgarisateur de talent, Henri Coupin laisse de nombreux ouvrages : d’abord les cinq gros volumes de ses Champignons du globe, où, pour la première fois, se trouvent méthodiquement étudiés, en particulier, les IJrédinées et les Fungi imperfecli, si nuisibles aux plantes ou aux animaux. L’auteur a dessiné lui-même les innombrables planches représentant les cryptogames, qu’il décrit soit d’après nature, soit d’après les mémoires originaux des mycologues français et étrangers. Quant à ses livres de vulgarisation, ils connurent de légitimes succès. Signalons entre autres, Les arts et métiers chez les animaux (1902), Ce qu’on
- ]>eut voir avec un petit microscope, les plantes originales (1904),. les bizarreries des races humaines (1905), les animaux excentriques (1906), les petites idées des grosses bêtes (1922), les récréations botaniques (1923), la fécondation chez les animaux et chez les végétaux (1934).
- RADIOÉLECTRICITÉ Les émissions de télévision françaises.
- Lors de la pose de la première pierre du Pavillon de la Radio de l’Exposition de 1937, le ministre des P. T. T. a fait connaître son intention d’améliorer les transmissions d’images animées et d’organiser pendant l’exposition d'importantes démonstrations destinées à démontrer la qualité des résultats déjà obtenus en France, et qui ne le céderont en rien à ceux de l’étranger.
- En attendant ces heureuses réalisations, une nouvelle, intéressante vient soutenir les efforts des partisans convaincus delà télévision, si souvent déçus depuis plusieurs années.
- Depuis le lundi 4 janvier 1937, les émissions quotidiennes effectuées par le poste de la Tour Eiffel ont lieu en semaine, trois fois par jour, au lieu d’une seule fois dans l’après-midi, précédemment.
- De 10 h 30 à 11 h, a lieu une première émission professionnelle comportant la transmission de tableaux, d’afliehes, de bustes, par exemple, et, en général, d’objets inanimés.
- Celte émission doit servir simplement, en principe, aux constructeurs qui désirent régler et mettre au point leurs appareils.
- Une deuxième émission, de caractère artistique, a lieu de 16 h à 16 h 30; elle comporte la transmission sonore des images animées d’acteurs, de chanteurs, musiciens, danseurs, etc. De
- 16 h 30 à 17 h, nouvelle émission professionnelle, et enfin, de 20 h à 20 h 30, autre émission artistique; le dimanche, il n’y a qu’une seule émission de caractère artistique, de
- 17 h 30 à 19 h 30.
- Depuis plusieurs années, les professionnels, et surtout les amateurs, demandaient l’organisation d’émissions de télévision dans la soirée, seules capables d’attirer l’attention du grand public; nous pouvons donc applaudir à cette première réalisation qui constitue, tout au moins, un début encourageant.
- Il y aurait sans doute beaucoup à dire sur la qualité technique de ces émissions expérimentales; la synchronisation, en particulier, paraît encore laisser à désirer, mais seules des expériences régulières permettront d’amener les perfectionnements nécessaires.
- Nous sommes sans doute encore loin de la qualité des programmes anglais, beaucoup plus variés et comportant, en particulier, la transmission de films.
- A titre d’exemple, voici un programme londonien ordinaire de la semaine (samedi 9 janvier). A 15 h, chanteurs et comédie; à 15 h 25, transmission d’un film; à 15 h 35, deux chanteurs; à 15 h 50, transmission de films d’actualités parlantes; à 21 h, un compositeur au piano; à 21 h 5, danseurs; à 21 h 10, transmission d’un film; à 21 h 20, répétition du programme de 15 h; à 21 h 40, actualités des films parlants; à 21 h 50,. chanteuses.
- Les radio-programmes de télévision ne seront, en effet, vraiment complets qu’au moment où des émissions télécinématographiques seront organisées en France. Ce moment ne semble plus très lointain; en attendant, l’organisation des émissions du soir constitue déjà un événement heureux pour la diffusion des images animées.
- P. H.
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- INVENTIONS ET NOUVEAUTÉS
- CINÉMATOGRAPHIE
- Petit projecteur cinématographique pour dessins
- animés.
- 11 existe, depuis l’avènement des films de formats réduits, de 16 mm, 8 mm, et 9 mm 5, de petits projecteurs cinématographiques à la portée du grand public, et même des enfants. Ces appareils simplifiés peuvent servir de jouets, et toute une série de films ont été édités à leur usage. Mais ils sont encore relativement coûteux.
- Pour un appareil qui doit servir exclusivement de jouet, le mécanisme peut encore être simplifié. Un constructeur vient, de présenter en P rance un appareil très simple, mais original, d’un principe de fonctionnement tout différent du système ordinaire.
- L’appareil est de très petites dimensions, puisqu’il ne mesure que 12 cm dans sa plus grande longueur; il fonctionne simplement avec une pile de lampe de poche, ce qui le rend
- Ampoules a /ncandesc*?6 mises alternativemf en circuit
- Mise en marche du moteur a ressort et contacteur
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- Roue dentée d'entraînement
- Système optique double avec deux oÿectifs et deux condensateurs
- Fig. 1. — Coupe du petit projecteur cinématographique, moteur mécanique Egda. « M. M. ».
- absolument autonome ; il peut également être relié à un secteur alternatif, par l’intermédiaire d’un transformateur abaisseur de tension, les ampoules à incandescence utilisées étant du type pour lampe de poche, de 3 v 5.
- La projection obtenue avec l’appareil à 80 cm d’un écran a une dimension très suffisante (de l’ordre de 0 m 50) et elle est assez lumineuse pour être observée en lumière atténuée.
- Chaque bande de film utilisée est du type 35 mm ordinaire mais n’a que 25 cm de longueur; elle porte deux séries d’images de très petites dimensions correspondant aux dessins animés de la partie supérieure et de la partie inférieure.
- Chaque image de la bande supérieure doit précéder l’image correspondante à la partie inférieure.
- Le déroulement du film n’est pas saccadé, mais continu, et s’effectue très lentement sous l’action d’un petit mouvement d’horlogerie entraînant une roue dentée engrenée dans les per-
- forations; le passage d’une bande dans l’appareil dure ainsi 5 minutes.
- Le système ne comporte pas de dispositif mécanique d’obtura-lion, mais deux ensembles de projection, comportant chacun une ampoule à incandescence, un condensateur, et un petit objectif, comme le montre la coupe de la figure 1. Ces deux ensembles sont établis de manière que les images respectives projetées par eux sur l’écran coïncident.
- Les deux rangées d’images que porte le film se déplacent respectivement en regard des deux systèmes optiques et en avant des condensateurs. Le mouvement, d’horlogerie qui entraîne le film commande, en même temps, un contacteur qui allume alternativement chacune des ampoules.
- On obtient ainsi sur l’écran la projection sans interruption d’une suite d’images animées. La cadence de transmission est très lente, mais, comme il s’agit uniquement de dessins animés, et non de vues photographiques, la sensation du mouvement reste suffisante.
- Cet appareil très simplifié, peu coûteux, est sans aucun danger; il peut donc séduire les enfants, et son ingéniosité plaira en même temps aux grandes personnes; les films sont, évidemment ininflammables et d’un emploi absolument sans danger. Plusieurs séries diverses sont déjà éditées.
- Etablissements G. de Andreis (Jouets « Egda »), 33, rue du Saint-I-isprit, à Marseille.
- JOUETS
- Un nouveau jeu de construction d’architecture.
- Les enfants de notre temps semblent avoir, pour la plupart, des vocations d’ingénieurs ou d’architectes, si l’on en juge par le succès des jeux de construction de toutes sortes, généralement fort ingénieux, mis à leur disposition.
- Voici encore un nouveau jeu de cette catégorie, destiné spécialement aux constructions d’architecture, et qui semble présenter des particularités intéressantes. Il peut même servir à établir des maquettes d’architectes.
- Fig. 3
- Quelques pièces détachées du jeu « Minibrix » et un modèle de construction
- Fig. è. — Lue de l’appareil en fonctionnement.
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- Les éléments de la construction sont en caoutchouc, de différentes formes et de différentes couleurs; ils s’emboîtent simplement les uns dans les autres à l’aide de mortaises et de tenons correspondants de formes spéciales. Etant en caoutchouc, les pièces ne peuvent ni rayer les meubles, ni se casser, ni donner des copeaux ou des échardes; elles sont également lavables. Elles peuvent donc être mises dans les mains des enfants les plus jeunes (fig. 3).
- Rapidement montés, les différents modèles peuvent être transportés d’une pièce à une autre et démontés très rapidement.
- Les différentes pièces permettent de reproduire à l’échelle la plupart des habitations et monuments, anciens et modernes; le nombre de modèles réalisables est presque infini, et les manuels d’instruction peuvent constituer de véritables plans d’architectes.
- Ce nouveau jeu de construction est donc destiné à trouver de nombreux usages ; il convient aux enfants les plus jeunes, comme aux jeunes gens, et même à des spécialistes.
- Construction « Minibrix », Ets Hornstein, 18, rue du Temple, Paris (4°).
- Ecran
- Film double
- Plaque de
- projection
- Contacieur
- èr* Support d écran
- Couvercle
- Fig, 4. — Projecteur-jouet pour dessins animés.
- Projecteur=jouet pour dessins animés.
- Les dessins animés, souvent sonores et même en couleurs, connaissent au cinématographe un grand succès.
- Sans prétendre réaliser des chefs-d’œuvre de ce genre, l’enfant peut fort bien s’exercer à tracer des dessins animés très simples, et même à les projeter, au moyen du jouet peu coûteux et ingénieux, qui vient d’être créé à son intention.
- Cet appareil comporte, comme le montre la figure 4, un petit écran de projection et un boîtier portant à sa partie avant une glissière dans laquelle on insère un film transparent. On trace sur deux rangées les différentes figures du dessin animé, au nombre de quatre pour chaque rangée.
- Dans le boîtier, sont montées quatre ampoules électriques à incandescence, du type de lampe de poche, alimentées par deux éléments de piles de 1,5 v; elles peuvent être allumées successivement au moyen d’une plaque de contact à quatre secteurs, et d’une fiche de contacteur.
- Chaque ampoule correspond à la projection d’un dessin élémentaire et, en commandant successivement l’allumage des quatre ampoules, on détermine la projection successive des dessins sur l’écran, ce qui donne la perception du dessin animé.
- Des dessins amusants de différentes séries sont prévus, et peuvent être projetés avec l’appareil. Des films prêts à être employés avec les indications nécessaires pour tracer les
- dessins dans les positions convenables sont également prévus.
- L’enfant peut ainsi se distraire en projetant les films établis par les professionnels, ou tracer à l’encre de Chine ses propres dessins.
- Ce passe-temps artistique est très peu coûteux, puisque les dessins peuvent être aisément effacés sur le film, avec de l’eau froide légèrement savonneuse.
- L’appareil, très robuste et très simplifié, sans aucun danger, constitue ainsi un jouet scientifique et artistique aux emplois multiples.
- Projecteur Gilbert, Ets Hornstein, 18, rue du Temple, Paris (4e).
- ÉLECTRICITÉ
- Comment actionner des sonneries avec du continu 110 volts.
- Pour actionner des sonneries avec du courant continu 110 v, on peut faire usage d’un transformateur.
- Voici un moyen qui supprime l’achat du transformateur, en le remplaçant par une lampe :
- Ce montage a de plus l’avantage de pouvoir fonctionner indistinctement avec de l’alternatif et avec du continu. Il est basé sur le principe d’une résistance intercalée en série avec la sonnerie. La résistance est ici constituée par une lampe, comme pour la charge d’accumulateurs en petit nombre par l’intermédiaire d’une soupape, etc...
- Ici, pour la sonnerie, il suffira d’intercaler une ou deux lampes de faible intensité, puisque la sonnerie ne demande pour fonctionner qu’un courant peu intense. On placera de préférence une lampe sur chaque fil afin d’éviter le court-circuit par suite d’une mise à la terre accidentelle.
- Naturellement les isolements des fils qui conduisent le circuit d’éclairage jusqu’aux lampes seront particulièrement soignés, et il faut employer du fil lumière.
- L’installation du fil de sonnerie ordinaire pourrait être dangereuse, surtout s’il s’agit d’un endroit particulièrement humide.
- M. Reynaud, un de nos lecteurs, nous a fait remarquer, à juste raison, que les résistances constituées avec des lampes, sont les plus économiques, et qu’il suffit de faire varier le nombre de lampes pour augmenter proportionnellement l’intensité du courant qui circulera dans le circuit.
- Un petit calcul simple permet, d’après le nombre de bougies des lampes, de trouver le nombre de watts nécessaires, et par suite l’intensité du courant qui passera dans le circuit total.
- Néanmoins, l’intensité de ce circuit sera plus faible que celle qui passerait dans les lampes seules, car il est nécessaire de faire intervenir également la valeur de la résistance électrique des appareils qu’on veut actionner.
- AVICULTURE
- Un fond de poulailler sain.
- La plupart des maladies des volailles se propagent par le sol, aussi des aviculteurs du Dakota ont-ils eu l’idée de remplacer le plancher du poulailler par un treillis métallique toujours sec et propre par le frottement des pattes qui chassent les excréments et polissent les fils de fer.
- Il est en outre de désinfection facile.
- Un dispositif analogue peut être employé pour supporter les fumiers afin que les larves de mouches (asticots) tombent dans le purin en dessous.
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- BOITE AUX LETTRES
- COMMUNICATIONS
- A propos du dinitrophénol. — La mélinile de Turpiri. — M. J. Deforge, ingénieur, conseiller technique de l’Association nationale des Poudriers de la Grande Guerre, nous écrit :
- « Voudriez-vous me permettre de vous signaler une petite inexactitude dans le texte de la page 563 de La Nature, n° 2991, 15 décembre 1936, colonne de gauche, avant-dernier alinéa.
- La mélinite de Turpin ne contenait pas 40 pour 100 de dinitrophénol; elle était composée d’acide picrique fondu en grains recouverts de gomme arabique, d’huile ou de nitrocellulose dissoute dans l’éther alcoolisé qu’il laissait évaporer ensuite; tel était le procédé de Turpin en 1885.
- Pendant la guerre 1914-1918, les obus à mélinite ne contenaient que de l’acide picrique fondu et coulé dans les obus préalablement vernis ou étamés.
- On utilisa également un mélange composé de mélinite, tolite, crésy-lite dont les propriétés étaient différentes de la mélinite seule.
- Il y eut bien, en effet, un explosif, composé de 40 pour 100 de dinitrophénol contre 60 pour 100 de mélinite; cet explosif fut mis au point pendant la guerre; il était dénommé officiellement le D. D. 60/40 ou plus simplement le D. D.; il se préparait en fondant les constituants par barbotage de vapeur dans des cuves en pitchpin, en laissant reposer et en décantant les crasses, les eaux de fusions; on granulait le D. D. sur des tables en bois, avant solidification avec des râteaux en bois. Toutes ces opérations ôtaient des plus malsaines. »
- A propos des lunettes invisibles (n° 2992, l°r janvier 1937).
- La Société Optica, 18-20, faubourg du Temple, Paris, nous communique les renseignements complémentaires suivants :
- « L’idée de corriger les anomalies de réfraction des yeux par des coquilles de verre convenablement taillées et introduites dans le sac de la conjonctive n’est pas nouvelle.
- Il y a cent ans déjà qu’Herschel y avait songé, mais les premiers essais pratiques ne furent faits qu’en 1888, par A. Eugène Fick, de Zurich, qui utilisa des verres souillés et des verres taillés remplis d’une solution de glucose à 2 pour 100, placés devant la cornée. Il porta lui-même une de ces coquilles pendant 2 h, mais dut ensuite la retirer à cause de l’irritation ressentie. Sur des sujets présentant un astigmatisme irrégulier dû à des défauts de la cornée, il parvint à réaliser une augmentation d’acuité visuelle qui, dans un cas, passa de 1/30° à 1/6°.
- Le premier qui calcula la courbure d’un verre de contact ou d’une « lentille cornéenne » comme il l'appelait, et corrigea par ce moyen sa propre myopie de 14 dioptries, fut Auguste Müller, jeune étudiant en médecine qui présenta à Kiel une excellente thèse sur ce sujet, en 1889. Muni de ses verres de contact de 10 mm de rayon de courbure pour la partie cornéenne et de 12 mm pour la partie appliquée à la conjonctive, il voyait très bien, mais il ne put supporter l’un de ses verres plus d’une demi-heure à cause des irritations de plus en plus fortes qu’il ressentait.
- Les verres de contact soufflés que l’oculariste Müller de Wiesbaden fut le premier à établir, étaient mieux supportés. Müller avait établi en 1887 les premières coquilles de verre de ce genre, semblables aux œils de verre artificiels, pour un sujet dont l’œil était insuffisamment protégé par les paupières. Le sujet porta la coquille pendant 21 ans sans aucun inconvénient. Ce n’est qu’à partir de 1908 que les verres de contact de Müller furent aussi employés pour la correction des défauts optiques, notamment pour le kératocone.
- En 1916, Pattler de Kônigsberg, présenta un sujet chez lequel l’acuité visuelle réduite par une courbure conique de 1/50®, et peu améliorée par des verres de lunettes, put être portée à 5/8® par des verres de contact dont il était très satisfait, les portant toute la journée sans inconvénient, les mettant et les enlevant lui-même.
- Depuis lors, il a plusieurs fois compensé au moyen des verres de contact de Müller, le kératocone, des astigmatismes assez prononcés et, en outre, au cours de ces dernières années, de fortes myopies.
- Les verres de contact soufflés de Müller sont moins parfaits au point de vue optique que les verres taillés de Zeiss. Comme il n’est pas possible de mesurer objectivement avec précision la puissance des
- coquilles de Müller, c’est une question de chance de trouver une coquille qui s’applique bien uniformément et procure une bonne vision. Tous les essais faits en vue de tailler la partie médiane des coquilles soufflées de Müller ont malheureusement échoué. Dans les verres soufflés de Müller, seule la partie médiane est en verre transparent, alors que la partie extérieure qui s’applique contre la conjonctive est en verre opalin sur lequel sont dessinés des vaisseaux sanguins.
- Depuis 1912 environ, les verres taillés de Zeiss étaient fabriqués en quatre modules, pour compenser le kératocone et l’astigmatisme irrégulier ou en vue d’expériences scientifiques. C’est à l’instigation du Prof. Heine, à Kiel, qu’ils sont taillés actuellement en un bien plus grand nombre de formes pour la compensation de tous genres d’anomalies de réfraction (sauf l’astigmatisme du cristallin, très rare). »
- A propos des abrasifs légers employés pour le polis= sage des verres d'optique (n® 2993).
- M. R. Sergent, de Poissy, nous écrit :
- « Je me permets de vous adresser le résultat d’expériences personnelles, faites dans le sens que vous indiquez et dont les résultats ont été négatifs. Ce point de vue est à peu près celui de MM. Draper, Ritchey et Fabry.
- Le premier et le dernier précisent qu’il est bon d’acquérir des abrasifs de différentes duretés et de les essayer sur des échantillons sacrifiés.
- Les difficultés que j’ai rencontrées (après bien d’autres) présentent peut-être un intérêt d’ordre général, c’est pourquoi je me permets de vous les exposer.
- Considérons d’abord les phénomènes qui se produisent lors de la « lévigation » d’abrasifs beaucoup plus gros (émeris ou carborundum). La qualité de la séparation des différentes grosseurs de grain dépend essentiellement de la nature de l’eau employée. Rien ne permettait a priori de prévoir ce résultat et je n’en ai trouvé l’indication dans aucun ouvrage relatif à la question. Jetez par exemple gros comme un pois d’émeri très fin (mélange de grains divers) dans une éprouvette renfermant une eau calcaire quelconque, autant dans une deuxième éprouvette renfermant de l’eau distillée, puis dans une troisième renfermant de l’eau distillée récemment bouillie, autant dans une quatrième renfermant de l’eau de pluie recueillie dans les meilleures conditions de propreté. Agitez, puis laissez reposer. Les temps de lévigation sont différents dans les quatre éprouvettes. Ce temps est minimum dans l’eau calcaire, maximum dans l’eau de pluie.
- Si les axes des éprouvettes font un angle de quelques degrés avec la verticale, il est très facile de voir, notamment en s’aidant d’une loupe, que dans l’éprouvette où l’eau est calcaire, les grains s’agglomèrent pour former des masses qui descendent rapidement en créant des remous dont l’énergie n’est cependant pas suffisante pour désagréger celles qui se sont formées au-dessus.
- Il est évident que dans de telles conditions les grains ne peuvent être classés par ordre de grosseur.
- Ce phénomène est un peu moins net dans l’eau distillée bouillie, peu visible dans l’eau distillée non bouillie, absolument inexistant dans l’eau de pluie où des grains de quelques p. peuvent rester des heures en suspension (ces grains existent dans les émeris ayant servi à des doucissages prolongés).
- De l’eau de pluie récemment bouillie se comporte à peu près comme de l’eau calcaire.
- Une eau pure, dans laquelle j’ai fait dissoudre d’autres gaz que ceux de l’air, agglomère les grains comme la plus mauvaise eau calcaire.
- Quant à la lévigation des abrasifs fins à base d’oxyde de fer, aucun auteur, à ma connaissance, ne l’indique de manière sérieuse. En fait, je n’ai trouvé aucun liquide dans lequel les agglomérations de grains se désagrègent. On a toujours des masses de plusieurs centaines de ces grains (d’environ 2 u chacun), et la séparation des grains durs qui existent très souvent dans les échantillons commerciaux ne peut se faire par lévigation. Les auteurs précités conseillent simplement de rejeter ces échantillons. Ils n’ont donc pas pu réussir la lévigation. Pour l’amateur, l’oxyde de cérium me paraît l’abrasif de polissage le plus recommandable. »
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- restions ci-après : lro ligne, sous la figure, lire : ponctuelles (au lieu de partielles); 3° ligne, sous la figure, lire : l’arbre (au lieu de l’artère).
- = 240 -:=-^= :======
- Erratum. — Dans l’information relative à « une curieuse photographie », publiée au n° 2993, page 92, on est prié d’apporter les cor-
- QUESTIONS ET RÉPONSES
- Ouvrages sur la photographie intégrale et la projec= tion en relief.
- Il n’existe pas beaucoup d’ouvrages français consacrés aux problèmes de la projection en relief du cinématographe en relief et de la photographie intégrale. Nous pouvons seulement vous signaler les deux ouvrages suivants :
- Le Relief photographique à vision directe, par le Prof. Estanave-Mailler, éditeur, boulevard Lamouroux, à Vitry-sur-Seine.
- Le cinématographe sonore et la projection en relief, par P. Hémah-dinquer. Eyrolles, éditeur, 61, boulevard Saint-Germain, Paris.
- Réponse à M. Voisin, à Clainart (Seine).
- Lampes spéciales pour ondes très courtes.
- On peut trouver aisément de petites lampes dites «lampes boutons », qui permettent des liaisons par T. S. F. pour des longueurs d onde très courtes, jusqu’à 0 m 50, par exemple (GOO mégacycles).
- Ces lampes s’emploient comme détectrices, oscillatric.es, amplificatrices, haute fréquence ou basse fréquence.
- Le chauffage des filaments s’effectue sous une tension de 6,3 v avec une intensité de 0,15 A, la tension plaque varie entre 90 et 180 v; ces lampes ne comportent pas de connexions soudées directement aux sorties; elles exigent donc des supports spéciaux.
- Vous pouvez trouver des lampes de ce genre, en particulier, a la Société Philips, 2, cité Paradis, Paris; leur montage est relativement facile avec quelques précautions. Réponse à M. Busson, à Agen.
- Questions diverses sur des appareils électriques.
- lo Un chargeur d’accumulateurs pour éléments de 4 à 24 v peut être établi, comme vous l’indiquez, avec une valve thermionique; cette valve est, par exemple, remplie d’argon et comporte une ampoule avec plaque et filament en tungstène, ou plaque en charbon et filament en tungstène. Cet appareil très commode n’est pourtant pas d’un grand rendement et ce n’est pas le meilleur au point de vue économique.
- Nous ne comprenons pas, d’ailleurs, ce que vous voulez indiquer « par lampe à filament incassable »; il est bien évident que toute valve comporte un filament qui s’use peu à peu, et ne peut être absolument incassable. Les valves indiquées ont des filaments robustes et durables, mais cependant ils ne sont pas à l’abri de tous les incidents !
- Pour avoir des indications sur des redresseurs de ce genre, vous pouvez vous adresser à la Société Alsthom, 38, avenue Kléber, à Paris, ou à la Société Ilewittic, 1, rue du Pont, à Suresnes (Seine).
- 2° Vous n’indiquez pas l’intensité du courant nécessaire à la charge de vos accumulateurs, variable évidemment suivant la capacité des éléments. Il vous est possible d’utiliser, à cet effet, des modèles de transformateurs, de construction aisée, mais que vous pouvez, d’ailleurs, trouver dans le commerce à des prix modiques. Nous vous signalons, en particulier, les modèles « Solor », des établissements Let'ebure, 5, rue Mazet, Paris (6e).
- Il est inutile avec les appareils de charge de ce genre d’utiliser des disjoncteurs; en cas d’arrêt du secteur, le circuit est automatiquement coupé et l’accumulateur ne peut se décharger dans le redresseur.
- Il est bon, en tout cas, d’employer un ampèremètre en série dans le circuit, afin de ne pas laisser l’intensité de charge atteindre une trop grande valeur, mais nous ne voyons pas l’utilité d’employer un dévol-teur pour la protection de la valve; celle-ci est robuste et peut supporter des variations de tension de peu d’importance.
- 3° Vous ne nous indiquez pas exactement le genre du livre d’électricité que vous désirez consulter. S’il s’agit simplement d’un ouvrage vous donnant des indications sur les systèmes de charge des accumulateurs, nous pouvons vous signaler par exemple, les titres suivants :
- Le problème de l’alimentation par le secteur ou Le poste de l’amateur de T. S. F. (E. Cliiron, éditeur, 40, rue de Seine, Paris.)
- Les appareils domestiques d’électricité, destinés à fonctionner sur le courant 220 v, ont une résistance plus grande que les dispositifs destinés à fonctionner sur le courant HOv; certains modèles possèdent,
- d’ailleurs, des connexions prévues de manière à pouvoir fonctionner indifféremment sur le courant 110 ou 120 v.
- Dans le cas contraire, le moyen le plus simple paraît consister à employer un petit auto-transformateur ou transformateur dévolteur permettant d’abaisser la tension du courant 220 v alternatif à la tension 110 v nécessaire, l’intensité pour ces petits appareils étapt de l’ordre de 5 A au maximum.
- Vous pouvez également trouver un appareil de ce genre chez le constructeur spécialisé déjàindiqué plus haut,établissements Lefebure-Solor, 5, rue Mazet, Paris (6e).
- Réponse à M. Guili.oteai:, à Sandillon (Loiret).
- De tout un peu.
- M. Beauchard, à Malakoff. — Nous ne pensons pas que le reproche d’infériorité en caféine, que présenteraient les cafés de Madagascar, soit justifié; la teneur en caféine des cafés en général est du reste normalement minime, puisqu’elle oscille suivant les conditions de culture et la maturité entre 1 et 2 pour 100.
- M. Mauny, à Poitiers. — 1° Le broyage ménager des amandes ne présente aucune difficulté, il vous suffira pour cela d’employer l’un des petits hachoirs en fonte étamée à couteaux interchangeables, que l’on trouve couramment dans les grands magasins : Louvre, Printemps, Bon Marché, etc., pour un prix modique.
- 2° Le « Lexique technique et commercial des produits chimiques » donnant pour chaque produit chimique tous renseignements techniques industriels et commerciaux, vous donnera certainement satisfaction.
- Cet ouvrage est édité par la librairie Caron frères, 114, rue et place La Fayette, à Paris Xe.
- M. Pascaud, à Troyes. — 1° Effectivement, une ligne a été sautée à la composition, pour la recette d’élixir d’hémoglobine dans le n° 2989, page 480, il faut donc compléter la formule en ajoutant Alcool à 90°..............................175 cm3
- 2° La colle de poissons ou chithyocolle est celle qui donne les meilleurs résultats pour le collage de tous les vins; bien que le prix de revient soit un peu plus élevé, son emploi doit être préféré à tous les moyens habituellement préconisés.
- Cette colle provient de la vessie natatoire de différents poissons cartilagineux : squales, raies, principalement de l’esturgeon commun Acipenser sturio, qui abonde dans la Volga et les autres grands fleuves tributaires de la Caspienne et de la Mer Noire.
- Généralement une dose de 10 gr par hectolitre de vin est parfaitement suffisante, mais pour les vins médicamenteux, on peut la porter à 15 gr.
- On coupe la colle en petits morceaux, que l’on met à tremper douze heures, soit dans un litre de vin blanc, soit dans un litre d’eau distillée additionnée de 5 grammes d'acide iartrique pulvérisé.
- Il se forme une sorte de gelée que l’on agite vivement avant de la verser dans le vin, puis on fouette celui-ci avec une baguette de rotin fendue en deux.
- On laisse une journée en contact, remue à nouveau puis laisse finalement reposer quelques jours, avant de soutirer ou de filtrer, si on a opéré sur une petite quantité.
- Les vins ainsi clarifiés restent limpides pendant plusieurs mois, cette colle ne communique aucun goût étranger, même quand elle a été en contact prolongé avec le vin.
- Secrétariat du Bureau hydrographique international, Monaco. — La préparation à base d’alun, employée pour permettre de réécrire après grattage du papier, est la suivante :
- Eau ordinaire........................... 1000 grammes
- Alun en poudre............................ 20 —
- Colle de poisson.......................... 10 —
- Laisser digérer à froid, pendant quelque temps, en agitant, puis ajouter :
- Alcool à 90°..........................125 cm3
- Rendre homogène, puis passer au linge fin pour éliminer les impuretés.
- q35i. — lmp. Lahure, 9, rue de Flcurus, à Pari.-. — 1-3-1937. —
- Le Gérant : G. Masson.
- Published in France.
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- N° 2997
- LA NATURE
- 15 Mars 1937.
- LE VENTOUX, LABORATOIRE D ALTITUDE
- Ce qui caractérise le Ventoux, c’est son isolement à l’intérieur du pays, c’est le contraste qu’il forme avec la plaine du Rhône, c’est le plan incliné qu’il offre au sud entre les cotes 100 et 1900 sur moins de 20 km de parcours.
- Bien que prolongé vers l’est par la montagne de Lure
- l’observatoire qui est actuellement entièrement consacré à l’aéronautique. Les pentes du flanc nord sont beaucoup plus abruptes que celles du flanc sud; en effet, la vallée du Toulourenc aux environs de la cote 500 ne se trouve qu’à 4000 m, en ligne droite, du sommet, tandis que ce dernier est, pour un même tracé, distant de
- Fig. 1 à 4. —• Vues du sommet du Ventoux.
- 1. Le sommet vu du Dôme des Tempêtes. — 2. Le Dôme des Tempêtes vu du sommet. — 3. Le col des Tempêtes au lever du soleil.
- 4. L’ombre du Ventoux sur la plaine du Comtat au lever du soleil.
- qui se dirige vers le massif alpin, il en est cependant nettement limité par le col d’Aurel qui se trouve aux environs de la cote 800.
- Vu de la colline Saint-Eutrope qui domine Orange, il donne l’impression d’une énorme pyramide bordée vers l’ouest par le curieux massif calcaire des « dentelles » de Montmirail ou Sarrasines qui, avec la montagne de Saint-Amand (cote 734), font au premier plan une collerette qui rompt la monotonie de la masse écrasante.
- Sur son sommet, qui atteint 1912 m, a été construit
- 10 000 m du village de Bédoin (300 m d’altitude au Sud-Ouest).
- Mais l’élément essentiel, indispensable au programme qui nous occupe, est constitué par un système routier de premier ordre, atteignant l’Observatoire par la face nord comme par la face sud. Ces voies d’accès qui favorisent grandement le tourisme d’été et les sports d’hiver, offrent aussi aux recherches scientifiques de grandes facilités.
- Laboratoire de reboisement, la « montagne parfumée »
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- Fig. 5. — Les Alpes dauphinoises unes du sommet du Ventoux.
- offre au botaniste un champ d’étude extrêmement vaste et une flore variée à l’infini. Fortement déboisé surtout à partir du Moyen Age où les troupeaux commencent leur œuvre de dévastation, le massif du Ventoux retrouve actuellement sa merveilleuse et utile « chevelure », grâce aux efforts inlassables et éclairés des Services des Eaux et Forêts que rien ne rebute. Sa forêt de Cèdres de l’Atlas qui s’étend entre les cotes 600 et 1150 au dessus de Bédoin, est déjà légendaire. D’autres essences y croissent vigoureusement, et dans l’ordre des altitudes : le chêne vert, le chêne blanc, le hêtre et le pin à crochet, les pins maritimes et d’Alep s’y développent aussi parfaitement. La ligne des brouillards et des neiges descend jusqu’à 1100 m au-dessus du Plateau des Abeilles (versant sud); elle s’arrête à 1400 m sur l’arête ouest. Sur le versant nord, le hêtre descend jusqu’à 1090 et même exceptionnellement jusqu’à 700 m. La limite avec le chêne rouvre est très nette; le chêne s’arrête à peu près exactement là ou commence le hêtre. Leurs exigences sont différentes, le hêtre ne descend pas en dessous de la limite inférieure qu’atteignent habituellement les nuages (d’après F. Tessier, Inspecteur adjoint des Eaux et Forêts).
- Ce problème de la forêt est extrêmement important pour l’hygiène des habitants; il favorise aussi grandement l’agriculture de la plaine, l’arbre étant le véritable capteur de l’eau et le régulateur des débits.
- Le versant sud du Ventoux constituant un important secteur du bassin alimentant la Fontaine de Vaucluse, la régularisation des débits de celle-ci a une importance considérable aux points de vue agricole et industriel.
- Le débit de la Fontaine varie entre 5 et 150 m3 par seconde pour un bassin d’alimentation en majeure partie calcaire et spongieux de près de 1500 km2 de superficie
- dont les ruisseaux, souvent desséchés, accusent des coefficients de ruissellement inférieurs à 15 pour 100.
- Ce hassin est percé de nombreux avens (79 connus) dont celui de « Jean Nouveau » descend à 190 m de profondeur.
- L’arbre est le complément indispensable de l’altitude pour les cures en montagne dont nous parlerons plus loin.
- Le Ventoux se prête particulièrement aux expériences de physique. La fameuse course annuelle d’automobiles, donne déjà des éléments pratiques au sujet de la carburation sous des pressions atmosphériques variant rapidement.
- Même pour les moteurs d’aviation, ces expériences sont plus faciles à réaliser de façon stable en montagne aisément accessible, que dans les airs.
- En parlant d’aviation, il est probable que l’étude actuelle des vents ascendants, fréquents dans la région, permettra de trouver des zones favorables au vol plané.
- Comme son nom l’indique, la pyramide provençale est balayée par des vents puissants et fréquents dont l’étude n’est pas seulement intéressante au point de vue de la navigation aérienne, mais aussi pour l’usage possible de l’énergie produite.
- STATIONS Altitudes Températures. Nombre de jours pendant lesquels la vitesse du vent a dépassé 5 m/s. Nombre de jours de brouillard.
- Max. abs. Minim. abs. Moyen - nés généra -les.
- Carpentras Observatoire 100 m. 1908 m. 37° 25° —11°,6 —22°’9 13°2 2°3 43 178 12 101
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- STATIONS ALTIT l DKS Nombre de jours de pluie et neige. Hauteur de pluie en m;m.
- a) Versant Sud : Bédoin 309 02 725
- Sa ult 788 86 903
- Observatoire 1908 124 1523
- b) Versant Nord : Malaucène 342 89 761
- Savoillans 533 87 1068
- Station de Bédoin, ait. 309 m.
- SAISONS Jours de pluie. Hauteur de pluie en m m.
- Hiver 13 110
- Printemps 17 215
- Eté 12 160
- Automne 20 240
- Observations : Chiffres des 3 tableaux, d’après F. Tessier.
- Entre la plaine de Carpentras et le sommet, la différence de température dépasse donc constamment 10° C.
- L’utilisation pratique des différences de températures maritimes ou terrestres nécessite des travaux autre-
- Fig. 6 (en haut, à gauche). — Branles, sur le versant nord.
- Fig. 7 (à droite). — La Madclène et la rouie de Bedoin, sur le versant sud. Fig. 8 (en bas, à gauche). — Le versant nord vu de la cabane forestière du Contrat. Fig. 9 (à droite). •— Les forêts de reboisement du versant sud.
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- ment onéreux que ceux qu’exigerait la pose d’une canalisation à flanc de montagne.
- Soleil méridional et vents puissants et de longue durée, sont des éléments complémentaires dont les effets atteignent ici leur maximum d’intensité.
- Mais, ne pouvant examiner en détail toute la gamme des possibilités expérimentales qu’offrirait la montagne, j’aborderai cependant un des problèmes qui me semble être le plus intéressant, le plus directement utile : celui de la cure de santé pour grands et petits. Déjà vers 1900, le Professeur Ch. Flahault attirait l’attention sur les qualités climatiques du Ventoux. On fait de grands efforts actuellement pour améliorer le sort des enfants débilités. La ville de Marseille, qui se trouve à peine à 100 km à vol d’oiseau, envoie, non seulement pendant les vacances mais en tout temps, de nombreux enfants dans des régions éloignées qui n’offrent chacune que des éléments climatiques limités et invariables. Ici, au con-
- Fig. 10. — La région du Ventoux.
- t,
- traire, on peut trouver à une latitude favorable à la lumière et à la chaleur solaires (44° de latitude nord), un nombre infini de possibilités variables, quant à l’altitude, l’orientation, la végétation.
- Le problème financier s’opposerait certes à la création de nombreux postes d’essais, mais il est possible d’établir un centre fixe en un point moyen d’où partiraient les « essaims » nomades dont la technique est déjà inculquée aux enfants par la pratique du scoutisme.
- Le mistral est un vent frais, vivifiant et qui purifie l’air de tous ses miasmes. On peut en faire des cures bienfaisantes au Ventoux, de même que l’on peut s’en défendre dans les forêts ou dans les combes et vallées abritées.
- De même que les effets de la radiation des terrains sur l’être humain, ceux de l’altitude et surtout des variations dosées d’altitude, ne paraissent pas encore
- avoir été étudiés d’une façon scientifique approfondie.
- Si nous exceptons certaines catégories de cardiaques qui ne supportent ni l’altitude ni le vent, il faut remarquer que le pouvoir de désintoxication de la montagne et ses effets sur le dégorgement du foie, sont dus à ces variations d’altitude, donc de pression atmosphérique. La valeur curative de certaines stations est due souvent tout autant à leur altitude et à leurs radiations qu’à la composition chimique de leurs eaux.
- C’est après avoir parcouru la région de Font-Romeu que le Comte Russell déclarait qu’il abandonnait ses soucis à la cote 1800. Et, de fait, une carrière déjà longue en montagne m’a fourni de nombreuses preuves de cet état d’euphorie qui n’est pas uniquement provoqué par la joie des yeux, par l’activité physique ni par la qualité de l’air, mais qui survient aux environs d’une altitude déterminée, pouvant varier suivant les cas et les individus, mais qui marque chaque fois le début d’un état particulier dont l’effet sur le moral peut fort bien provenir d’un meilleur fonctionnement du foie.
- Simple indication que les médecins, par des essais cliniques, mettront facilement au point, en dosant les altitudes, leurs variations, et la durée des séjours, suivant les nécessités.
- Pour les adultes, le Ventoux peut offrir rapidement des possibilités assez variées. Partons par exemple de Beaumes-de-Venise (cote 126) abritée des vents du nord par les crêtes que dominent les ruines du château d’Urban ; petite station d’hiver au climat idéal. Dans la même zone, on peut envisager aussi l’utilisation de l’établissement thermal de Montmirail, actuellement sans emploi. Passons ensuite à la région encore habitée deBédoin-Flassan-Ste-Colombe, comprise entre les cotes 300 et 500 et où un ancien château devait être transformé en maison de retraite. Ce projet fut malheureusement entravé par des éléments locaux prétextant les dangers de contagion !
- A ce propos, l’éducation des masses devrait être faite avec plus de soin, afin d’éviter de pareils errements. Plus haut, et à quelques kilomètres déjà des derniers centres habités, on trouve le moderne hôtel de la forêt, actuellement fermé, mais dont la situation favorisée et l’équipement confortable sont indiqués pour l’organisation d’utiles cures de repos (cote 1150).
- Enfin, l’hôtel du sommet offre, avec une vue splendide, les bienfaits de ses 1900 m d’altitude.
- Autour du Ventoux, sur les pentes ou vers la base, de nombreuses stations apportent toute la gamme des altitudes intermédiaires : Sault à 760 m, Montbrun-les-Bains à 600 m, Buis à 370 m, Malaucène à 350 m, Vaison-la-Romaine à 200 m, etc.
- De bonnes routes permettent d’exécuter le tour de la montagne à différents niveaux, en traversant des sites aussi beaux que variés.
- Mais, revenons aux enfants. L’étude et la pratique des organisations tendant à améliorer la santé et le sort des
- l'Ouvèze
- luis-les -Baronnies
- lollans
- Col de Fontaube,
- \Sablet
- Braudel
- Ventoux
- yMalaucène
- Bédom
- >Hôtel delà Forêt
- Hassan
- Mormairon'
- Carpentr.
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- jeunes générations m’ont fait observer bien des essais qui ne sont pas tous heureux au point de vue du climat.
- Un air pur et sec, de la lumière, de vastes forêts, une flore embaumée, de grandes étendues de neige... ni industrie, ni chemins de fer, ni rivières profondes; toutes
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- les altitudes et orientations... quel magnifique champ d’expérience et quel rassemblement unique de conditions variées pour réaliser des colonies de jeunesses saines et heureuses !
- Paul Basiaux.
- LES APPLICATIONS TECHNIQUES DE LA LUMIÈRE POLARISÉE
- En 1669, Érasme Bartholin découvrit la propriété de la double réfraction du spath d’Islande, et Iiuyghens, quelques années après, montra les caractéristiques différentes des deux faisceaux lumineux transmis, mais il n’en tira aucune conclusion et scs observations restèrent un fait isolé pendant plus d’un siècle. Ce n’est en effet qu’en 1808 que Malus ramena l’attention sur le phénomène en observant, accidentellement d’ailleurs, que la lumière réfléchie par les vitres du Luxembourg se comportait comme la lumière transmise à travers le spath d’Islande. La polarisation de la lumière était trouvée et fut depuis lors l’objet de l’étude d’un grand nombre de physiciens, surtout après que Nicol, en 1828, eut trouvé, à l’aide de son fameux prisme, le moyen pratique d’obtenir des faisceaux intenses de lumière entièrement polarisée.
- Malheureusement, jusqu’en ces dernières années, les applications pratiques de la lumière polarisée furent limitées par suite de l’impossibilité d’en produire des faisceaux importants. Le spath d’Islande, cristallisé en gros cristaux optiquement parfaits, est extrêmement rare, par suite fort coûteux, et même les cristaux de taille moyenne deviennent de plus en plus difficiles à se procurer. Un prisme de Nicol de 10 cm d’ouverture est une exception. Aussi lorsqu’il fallait un long faisceau, s’adressait-on, en désespoir de cause, au polariscope de Biot, utilisant le phénomène découvert par Malus, mais la lumière polarisée par réflexion ne l’est qu’incomplètement, et le rendement lumineux est très faible. Un autre moyen d’obtenir de la lumière polarisée est fourni par les substances biréfringentes dichroïques, c’est-à-dire qui absorbent inégalement les deux rayons qu’elles transmettent. Le plus anciennement connu de ces cristaux est la tourmaline. Une lame à faces parallèles, taillée de façon que l’axe soit parallèle à la face d’entrée, absorbe complètement l’un des faisceaux (le faisceau ordinaire) sous une épaisseur de 1 mm seulement et ne laisse passer que le faisceau extraordinaire de lumière polarisée. Mais les tourmalines sont toujours de petites dimensions et fortement colorées de sorte que si l’intensité du faisceau incident n’est pas très grande, la lumière polarisée transmise est extrêmement faible.
- Aussi les applications ont-elles jusqu’à présent été surtout du domaine du laboratoire. Signalons cependant, comme emploi « industriel » la détermination et la mesure des efforts et des tensions dans des modèles réduits d’ouvrages d’art (poutres, armes, ponts, etc...) réalisés en verre (soigneusement recuit) ou en celluloïd.
- Pourtant, dès 1851, William Bird Ilerapath avait signalé un composé d’iode et de sulfate de quinine (iodosulfate de quinine (4Qu, SSO^H,, 2 HI,I4 6II.,0), baptisé hérapathite par Haidinger et qui présentait une biréfringence dichroïque remarquable. Ce corps qui cristallise en cristaux plans hexagonaux absorbe complètement l’un des rayons réfractés sous une épaisseur de seulement 1 dixième de mm, le rayon trans-
- mis l’étant sans absorption notable. Mais ce corps se conserve difficilement et à l’air perd rapidement ses propriétés dichroïques. Il fut employé par Beab comme polarisant dans les microscopes puis il tomba dans l’oubli.
- Vers 1932, E. A. Laud a enfin trouvé le moyen de produire des faisceaux intenses de lumière polarisée et de grandes dimensions, en perfectionnant la fabrication de l’hérapathite. Il est en effet arrivé à réaliser des feuilles de nitrocellulose remplies dans leur masse de petits cristaux ultra-microscopiques d’hérapathite ayant tous leurs axes optiques parallèles. Une telle feuille se comporte au point de vue optique comme un cristal unique, la seule différence étant que, plusieurs petits ciûstaux se chevauchant forcément dans l’épaisseur de la feuille, le faisceau de lumière transmise est plus absorbé qu’il ne le serait par un cristal unique, et l’apparence de la feuille est légèrement brun-fumé.
- Pour préparer ces pellicules polarisantes, plusieurs procédés peuvent être utilisés. Dans l’un, une pâte épaisse contenant l’hérapathite est mélangée intimement avec une solution visqueuse de nitrocellulose ou d’acétate de cellulose. Les cristaux d’hérapathite étant asymétriques s’orienteront d’eux-mêmes dans la même direction lorsque la masse visqueuse sera par exemple forcée à travers une filière rectiligne. Cependant, les deux parties en contact avec les bords de la filière, par suite du frottement, s’écoulent moins vite que la partie centrale et par suite du glissement des divers feuillets, l’orientation des particules d’hérapathite se trouverait perturbée.
- Pour remédier à cet inconvénient, la pâte chargée d’hérapathite est placée entre deux couches d’acétate de cellulose visqueuse et c’est l’ensemble que l’on passe à la filière. La portion centrale flue ainsi avec une vitesse uniforme dans toute sa section et les particules s’orientent régulièrement.
- Dans un autre procédé, on dispose la pâte visqueuse polarisante au contact d’un substratum visqueux, du celluloïd par exemple, étalé sur une plaque de verre ou de celluloïd, de façon à étirer le milieu polarisant.
- On peut encore réaliser l’orientation des particules en soumettant, pendant la période de solidification, la pâte hérapathique à l’action d’un champ électrique ou d’un champ magnétique.
- D’autres substances possèdent la même propriété que l’hérapathite; en particulier Lang a récemment proposé un composé d’iode et de sulfate de magnésium et chlorure de cobalt qui serait supérieur au composé de Herapath.
- Signalons que ces écrans ne se comportent pas de la même façon dans tout le spectre. Ils sont pratiquement opaques dans l’ultra-violet, mais très transparents dans l’infra-rouge. Dans la partie visible du spectre, la polarisation atteint 95-98 pour 100 et lorsque l’on utilise deux écrans croisés, l’extinction est complète.
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- Maintenant qu’il est possible de fabriquer des écrans polarisants de toutes dimensions d’une façon industrielle, des applications extrêmement nombreuses et intéressantes peuvent être envisagées.
- Tout d’abord, presque toutes celles dans lesquelles le nicol était utilisé (microscopes, télescopes, instruments ophtalmologiques, etc.). En photographie, l’emploi d’un écran polarisant permet d’éliminer les réflexions parasites dues au verre, à l’eau, aux surfaces polies, la lumière réfléchie étant en général nettement polarisée. C’est ainsi qu’on peut photographier un tableau sous verre, une peinture éclairée latéralement, un objet en argent brillant, etc.; la lumière réfléchie par la glace, le vernis, les pigments mêmes de la peinture pouvant être éliminée. De même, la lumière du ciel étant partiellement polarisée, on peut l’atténuer dans une photographie sans affecter la luminosité du paysage lui-même.
- Une application particulièrement intéressante est la projection de films en relief. On prend simultanément deux films stéréoscopiques que l’on projette, les images se juxtaposant, à travers deux écrans polariseurs dont les plans de polarisation sont à angle droit l’un de l’autre. Les spectateurs sont munis de lunettes comportant également des écrans polariseurs disposés de telle façon que l’écran sur l’œil gauche élimine l’image destinée à être vue par l’œil droit et inversement. Dans ces conditions pendant la projection, l’œil gauche ne verra que l’un des films, et l’œil droit l’autre, l'effet stéréoscopique sera donc obtenu. L’avantage de ce procédé sur le procédé Lumière et les anaglyphes est de permettre la projection en couleurs, puisque les écrans ne sont pas teintés.
- Mais l’application nouvelle la plus importante sans doute et celle du plus grand avenir est l’élimination de l’éblouisse-
- ment par les phares d’automobiles, si dangereux et cause de nombreux accidents de la route. A cet effet, on recouvre la glace des phares d’écrans polariseurs dont le plan de polarisation est par exemple vertical. Devant le conducteur on installe un écran mobile — qu’il peut abaisser au moment du croisement avec une autre automobile — constitué par une plaque polarisante, mais dont le plan de polarisation est horizontal. Quand deux automobiles A et B ainsi équipées se dirigent l’une vers l’autre la nuit, A voit sa route éclairée par ses projecteurs, et distingue tous les objets nettement. Il voit également B dont les lumières lui apparaissent simplement comme des disques ternes, ne masquant aucun détail et permettant par exemple de lire le numéro de la voiture. Il en est de même pour l’automobiliste B.
- Evidemment, pour que l’application des écrans polarisants aux véhicules automobiles donne les résultats qu’on peut légitimement en espérer : sécurité de route, fatigue moindre du conducteur, suppression des accidents, il faudrait que leur emploi soit rendu obligatoire par une loi rigoureusement appliquée. En tout cas, cette solution serait infiniment supérieure à celle des phares dits « code » et permettrait de toujours rouler avec les phares allumés sans être forcé de les éteindre, de les basculer, de les voiler, tous artifices peu efficaces et qui, même s’ils sont soigneusement employés, n’empêchent pas que le conducteur, pendant les quelques secondes qui suivent le brusque passage du plein éclairage à l’éclairage code, avant que l’œil ne s’habitue à ce nouvel éclairage, ne soit pratiquement incapable de discerner un obstacle imprévu surgissant sur sa route. Souhaitons qu’après le verre securit ou triplex, la lumière polarisée viendra encore diminuer le nombre des accidents d’automobile. H. Vigneron.
- LA STRUCTURE DE LA HOUILLE
- NOTION DU CHARBON PUR
- Par des études récentes, La Nature a mis ses lecteurs au courant de la technique actuellement suivie pour transformer la houille en essence par hydrogénation, selon une méthode dont le procédé Bergius est le prototype. Elle implique la mise en œuvre de charbons aussi purs que possible. En principe, ils doivent contenir
- 1,8 pour 100 de cen-Fig. I. — Paranlhracile américain. dres au maximum.
- Fusain en section transversale dans la substance fondamentale charbonneuse qui. contient elle-même de menus débris épars, a, vitrain; b, durain.
- Il a été également reconnu nécessaire d’éliminer de la houille le fusain parce qu’il ne possède aucune aptitude à l’hydrogénation (r;.
- 1. Il faut aussi faire mention du procédé Pott-Broche, tout récent, et qui va être exploité dans la Ruhr par le groupe Stinnes. Il consiste à préparer une huile Diesel en traitant la houille grasse, dans un intervalle de tempéra-
- Ajoutons aussi que l’on a cherché à utiliser le charbon, soit pour l’alimentation de moteurs à combustion interne, type « Rupa », et sous la forme pulvérisée, bien entendu, soit; pour la fabrication des électrodes employées dans l’éleetrométallurgie, au lieu et place de brai de pétrole qui, jusqu’ici, en représentait la matière première.
- La notion de charbon pur s’est ainsi placée au premier plan des préoccupations de tous ceux qui cherchent à transformer la houille en essence ou à lui découvrir des utilisations nouvelles.
- Nous allons indiquer les méthodes optiques qui ont permis de jeter quelque clarté sur la constitution de la houille. Dans une étude ultérieure, nous décrirons les méthodes industrielles qui permettent la séparation de charbon pur.
- RAPPEL DES CONNAISSANCES RELATIVES A LA STRUCTURE DE LA HOUILLE
- Teneurs en cendres de ses constituants. — Jusqu’à ce jour, les procédés qui ont fourni les meilleures indications emploient des méthodes identiques à celles dont on se sert en métallographie et à propos de l’étude des
- ture compris entre 320° et 410° et sous la pression de 80 à 120 atmosphères, par un mélange de tétraline et de phénols qui agissent comme dissolvants. Là encore, la notion de la structure de la houille offre un intérêt pratique fondamental.
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- Fig. 2. •— Anthracite du Nord d'Alès, grande couche, plan Bernado. a, vitrain ;c, matière grise volatile; f, fusain.
- Fig. 3. — Anthracite du Pays de Galles, i, vitrain; c, fusain; e, fente de retrait; d. durain.
- minerais (travaux de M. Orcel) pour l’examen, au microscope et en lumière réfléchie, de sections polies.
- On ne pourrait, par contre, procéder à l’étude de lames minces de charbon car celles-ci ne seraient pas suffisamment transparentes. D’autre part, il serait évidemment difficile de tailler des lames de charbon dont l’épaisseur ne doit être comprise qu’entre 1 et 1,5 centième de millimètre. Comme la houille est très friable, les échantillons se briseraient avant d’atteindre la minceur nécessaire.
- Les travaux de M. Duparque font ressortir que la houille est essentiellement constituée par une pulpe bien macérée et de nature homogène enrobant des éléments divers ayant résisté à la macération. Suivant l’image du Prof. Paul Lecomte, la houille, vue au microscope, fait figure d’une confiture de mirabelles. Autrement dit, on y trouve une masse homogène formée par une pulpe bien macérée et des éléments divers ayant résisté à la macération pour diverses raisons :
- 1° Des morceaux de pulpe qui auraient disparu si on avait poussé la cuisson plus longtemps;
- 2° Des éléments présentant une résistance particulière à la macération : la peau et les noyaux.
- La pâte, sans éléments végétaux distincts, correspond au vitrain ou charbon brillant, définie, pour la première fois, en 1919, par Marie Stopes. Cette savante britannique déclarait alors que la houille devait être considérée comme le résultat de la juxtaposition de quatre constituants auxquels elle a donné les noms de : vitrain, durain, clarain et fusain.
- Le vitrain, comme nous venons de le voir, est un charbon brillant constitué uniquement par une pâte amorphe ou ciment exempt de débris végétaux. Le durain est un charbon mat, lequel est très riche en débris végétaux : spores et cuticules, que cimente une pâte abondante. Le clarain est un produit bâtard du vitrain et du durain. Quant au fusain, il correspond au bois mort, précipité dans la lagune houillère.
- Ces notions sont très importantes à considérer eu égard à la façon dont les cendres se localisent dans ces divers constituants du charbon.
- Elles sont concrétisées par les figures 1 et 3.
- La figure 1, qui se rapporte à un anthracite américain, c’est-à-dire un anthracite dur et difficile à enflammer, ne contenant que 3 pour 100 environ de matières volatiles, est intéressante à considérer. On y distingue la substance fondamentale ou vitrain dans laquelle apparaît le durain, représenté par des fragments cellulaires, et du fusain, en taches noires.
- La figure 2 est également caractéristique. Elle se rapporte à un anthracite du nord d’Alès, riche en fusain et relativement pauvre en vitrain.
- La figure 3 concerne un anthracite vrai du Pays de Galles, lequel est remarquable par son homogénéité et sa pauvreté en inclusions de fusain (taches noires). Le durain (cellules) y est réparti d’une façon assez régulière.
- En général, la teneur en cendres du vitrain est inférieure à 10 pour 100. Elle descend jusqu’à 0,2 pour 100, tandis qu’elle atteint fréquemment 7 à 8 pour 100 pour le durain et dépasse souvent 15 pour 100 pour le fusain.
- Ces différences s’expliquent comme suit :
- Lors de la formation du gel ayant formé le vitrain, les cendres constitutionnelles des plantes ont pu être partiellement dissoutes par les acides humiques tandis qu’une autre partie a pu s’en séparer par sédimentation.
- Par contre, les cuticules et les exines constituant le
- Fig. 4. — Cendres de vitrain (cliché Bertrand). c. clarain; v, vitrain.
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- Fig. 5. — Cendres de fusain.
- durain ont eu plus de peine à se débarrasser de leurs constituants inorganiques, riches en silice.
- Quant au fusain, il comprend, en sus de ses cendres constitutionnelles, les particules terreuses en suspension dans l’eau qui l’imprégnait. Il est souvent un milieu de fixation pour les sels de fer qu’il réduit sous forme de pyrite.
- La préparation de charbon pur se ramène donc, en principe, à la séparation d’un concentré riche en vitrain et pauvre en fusain. Assez souvent, ce dernier s’élimine aisément parce que, en raison de sa grande friabilité, il tend à s’accumuler dans les parties les plus ténues de la houille mise en œuvre. Cependant, il arrive que les sels d’imprégnation communiquent au fusain une certaine compacité.
- Afin de rendre ces notions plus précises et plus concrètes, nous reproduisons le tableau suivant, dû à M. Bertrand, de Liège, ingénieur à la société d’Ougrée-Marihaye (Belgique), qui a mis au point un procédé industriel pour la préparation du charbon pur.
- Cendres. Matières volatiles. Vitrain. Clarain. Durain. Fusain.
- 0,7 24,5 42 46 8,2 3,8
- 0,7 16,0 62,5 34,5 1,9 1,1
- 0,68 9,8 91,7 6,5 0,3 1,2
- 0,86 5,0 57,3 28,7 9,9 4,1
- Ce tableau, qui se rapporte à la composition pétro-graphique d’un charbon pur, ou autrement dit à sa teneur en vitrain, clarain, durain et fusain, montre que le charbon pur se caractérise pour les raisons précitées par sa richesse en vitrain et par sa pauvreté en fusain.
- Déduisons encore de cet exposé que la composition et, par suite, la couleur des cendres, varie avec la nature des constituants de la houille.
- Les cendres du vitrain sont généralement ocreuses, à cause de leur forte teneur en fer. Les cendres ont une couleur grise plus ou moins foncée, tout de même que celles du fusain.
- Par leur structure, les cendres diffèrent aussi notablement suivant le constituant dont elles proviennent.
- Fig. 6. — Répartition des cendres du charbon dans des coupes faites perpendiculairement aux plans de straiificalion.
- N?1
- a-Charbon semibrillant formé de tissus ligneux et de cuticules 15,5°/o m.v.JO°/o cendres
- b-ch.bridant ; 15,8 %m.v.,5%cendres c-ch. mat; 23.5 °/o m.v.,k5 °/o cendres
- N? 2
- Charbon brillant
- Charbon mat formé de cuticules et de spores, (macrospores et microspores> 28,5 %m.v., 1,5 °/o cen dres.
- Influence dusupport de verre
- f.- f avec verre interposé
- sans verre interposé
- Fusain très' cendreux.-
- N?3
- a -3k-,8°lo m.v. 2,5°/o cendres
- b-31,k°/om.v. k,5 °/o cendres
- c~29J°/o m.v.
- 2,5 °/o cendres
- charbon mat ' entièremtfonmé par des spores
- charbon semi brillant
- N?4
- Charbon zoné, mat. Formé de tissus ligneux.
- t6% m.v. kO °/o cendres.
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- Le vitrain donne des cendres se présentant sous la forme d’une éponge où se retrouvent les fentes de retrait, telle que celle représentée par e, à la figure 3 dans la plage a de vitrain.
- Le durain et le clarain alignent leurs stratifications diversement colorées.
- Ces diverses observations sont rendues tangibles par l’examen de la figure 4 qui se rapporte à des cendres de grains anthraciteux non broyés. On remarque notamment la fente de retrait sur les cendres du vitrain.
- Quant au fusain, il donne des cendres de forme polyédrique comme le montre la figure 5. En général, les cendres du fusain renferment des proportions élevées de fer et de phosphore. Cette observation mérite d’être retenue. Elle concerne le cas où l’on veut préparer des houilles destinées à la fabrication d’un coke très pur, en vue, par exemple, de l’obtention d’une fonte pauvre en phosphore.
- LES RAYONS X APPLIQUÉS A L’ÉTUDE DES CHARBONS
- L’emploi des rayons X permet, soit d’indiquer le mode de répartition des cendres dans le charbon (méthode Legraye), soit de fournir des indications, assez mal élucidées jusqu’à ce jour, sur la constitution des houilles et des cokes (radiogrammes). Examinons ces deux questions, et tout d’abord, le mode de^ répartition des cendres. Il faut ici distinguer entre les cendres de constitution -— ce sont celles que nous venons d’étudier au chapitre précédent — et les cendres d’apport. L’étude des charbons par les rayons X permet de distinguer le mode de répartition des unes et des autres. M. Legraye utilise pour cela des tranches de 1 mm d’épaisseur qu’il examine au moyen de rayons X mous, en se servant d’un dispositif spécialement créé à cet effet par les laboratoires Philips.
- Le mode opératoire est le suivant :
- On scie les échantillons normalement au plan de stratification. L’une de ses faces est polie de manière à se prêter à l’étude au microscope en lumière réfléchie et à servir d’échantillon témoin. L’autre face plane est fixée sur une feuille de verre de 1 mm d’épaisseur, au moyen de baume de Canada et amenée, par sciage et usure, à une épaisseur de 1 mm.
- Cette dernière opération fournit la préparation que l’on radiographiera.
- Pour les échantillons examinés par M. Legraye et qui présentent une large gamme de matières volatiles, les lits brillants, semi-brillants ou mats se comportent exactement de la même façon aux rayons X. En effet, pourvu que leur teneur en cendres soit faible, leurs radiographies montrent des plages claires et homogènes. Le peu de cendres dont sont chargés les constituants sont des cendres de constitution.
- Cette observation est rendue tangible par l’examen des échantillons numéros let2 sur la figure 6. Par exemple, la zone de l’échantillon numéro 1 qui contient 5 pour 100 de cendres, est gris clair. A fortiori, en est-il ainsi pour l’échantillon numéro 2 correspondant à une houille, formée de vitrain ou de durain, à 1,5 pour 100 seulement de cendres.
- Au fur et à mesure que la teneur en cendres croît, la
- Fig. 7. — Radiogramme du charbon pur. (Cliché M. Bertrand.)
- radiographie prend une couleur plus foncée. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer la zone a de l’échantillon numéro 1 à 10 pour 100 de cendres, et l’échantillon numéro 4 à 40 pour 100 de cendres. On voit encore sur l’échantillon numéro 2, la ligne sombre due à une intercalation de fusain.
- De l’examen de la figure 6, retenons aussi que les lits
- Fig. 8. — Radiogramme du coite d’Ougrée-Marihaye préparé avec du charbon pur. (Cliché M. Bertrand.)
- cendreux, ce qui correspond au cas des échantillons numéros 1 et 2 notamment, sont interposés suivant le plan de stratification, entre des lits de charbon pur. Ces cendres d’apport sont venues s’ajouter aux cendres de constitution et leurs proportions peuvent naturellement varier dans de larges mesures.
- Retenons encore de cet exposé et de l’examen de ces
- Fig. 9. —• Radiogramme du graphite de Ceylan. (Cliché M. Bertrand.)
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- Fig. 10. — Inclusion de fusain dans le coke métallurgique.
- coupes micrographiques qu’il n’existe aucune relation entre la teneur en cendres et la teneur en matières volatiles d’une houille. Par conséquent, contrairement à ce que l’on a quelquefois prétendu, on ne peut tirer aucune conclusion des teneurs sur Vévolution du charbon.
- Enfin, la radiographie permet de doser immédiatement, en quelque sorte, la teneur en cendres dans un charbon, sous condition de se rapporter à des tons de comparaison et d’opérer sur des tranches de même épaisseur.
- Fig. 11. •— Coke fabriqué à l’aide de deux charbons à teneurs inégales en matières volatiles.
- Le charbon à basse teneur est moins fondu que celui à teneur élevée. (Cliché Bertrand.)
- Le second mode d’application des rayons X à l’étude des charbons concerne les radiogrammes. Il fournit quelques indications sur la structure des houilles et sur le degré de graphitisation des cokes. La méthode suivie consiste à soumettre une plaque mince taillée dans la partie homogène d’une houille (ou d’un coke) à l’impact de rayons X.
- Si l’on examine un diagramme de rayons X obtenu avec la poudre d’un anthracite, on observe généralement deux anneaux de diffraction que montre la figure 7, cette dernière se rapportant à un charbon pur.
- La carbonisation à haute température modifie l’aspect du radiogramme. On y distingue nettement (fig. 8), un anneau de diffraction dû à une graphitisation. Néanmoins, ce radiogramme diffère notablement de celui représenté à la figure 9, lequel se rapporte à un graphite de Ceylan.
- INFLUENCE DE LA PRÉSENCE DES CENDRES DANS LE COKE
- La structure du coke dépendant de la fusion du charbon, au cours de l’opération de carbonisation, elle se trouve naturellement modifiée par la présence d’éléments plus ou moins fusibles ou même totalement non fusibles.
- On s’en rend compte par l’examen de la figure 10 dans laquelle une inclusion transversale de fusain, substance entièrement infusible, altère la structure et la cohésion du coke par la solution de continuité qu’elle constitue.
- La figure 11 correspondant à du coke obtenu à partir de deux qualités de charbon inégalement fusibles, fait ressortir une hétérogénéité de structure. Ceci ne signifie nullement que la cohésion du coke soit altérée. Tout dépend du mélange intime des deux qualités de charbon soumises à la carbonisation.
- On n’observe, par contre, aucun de ces défauts d’hétérogénéité dans la masse d’un coke préparé avec du charbon pur, ce qui correspond au cas de la figure 12. Sans doute, la masse est poreuse, ce qui tient au mode de dégagement des gaz. Ce n’est nullement un défaut, car la porosité facilite soit la combustion du coke, soit l’agglomération avec des liants du coke broyé, quand on veut préparer
- Fig. 12. — Coke spécial préparé avec du charbon pur. (Cliché Bertrand.)
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- des électrodes, par exemple. Inversement, comme le fait ressortir la figure 13, du coke préparé avec du brai forme une masse compacte difficile à brûler et difficile à agglomérer.
- CONCLUSION
- Peu à peu, on soulève le voile qui masquait les secrets de la structure du charbon.
- On est renseigné sur la nature de ses constituants et sur la façon dont les cendres s’y répartissent.
- On a tiré parti de ces faits nouveaux pour la préparation de charbons purs destinés à des besoins spéciaux : hydrogénation, fabrication de cokes spéciaux et d’électrodes, alimentation de moteurs Rupa, genre Diesel, etc.
- Nous montrerons dans nn prochain article la méthode actuellement employée dans l’industrie pour arriver à ce résultat.
- Ch. Berthelot.
- Fig. 13. — Coke de brai. (Cliché Bertrand).
- = UNE MALADIE DES POULES = TRANSMISE PAR UN MOUSTIQUE
- On connaît depuis longtemps déjà, chez les oiseaux, des hématozoaires très voisins de ceux qui, chez l’homme, produisent le paludisme; ce fut même l’étude de ces parasites des globules rouges aviaires qui amena R. Ross, alors à la recherche de l’agent transmetteur de la maladie humaine, à s’orienter vers les moustiques. Mais ces Plasmodium d’oiseaux n’ont vraiment fait l’objet de recherches systématiques que dans ces dernières années seulement, et nous savons actuellement (contrairement à l’idée généralement admise qu’ils ne constituaient qu’une espèce, ou du moins un très petit nombre d’espèces parasitaires, largement répandues chez beaucoup d’oiseaux) que nous sommes en présence d’une grande diversité de formes, différentes tant par leur morphologie que par la sensibilité que présentent envers elles les oiseaux. La spécificité parasitaire des Plasmodium humains est très étroite; l’homme seul est, en effet, vraiment leur hôte et les singes mêmes ne présentent avec eux qu’une infection fugace. Mais pour les Plasmodium aviaires, la spécificité est beaucoup plus large et certains d’entre eux envahissent avec la même facilité les globules rouges d’oiseaux zoologiquement assez éloignés les uns des autres.
- A cet égard, la poule, animal tout indiqué pour l’expérimentation s’est toujours montrée d’une résistance considérable : des inoculations de divers Plasmodium de passereaux tentées par Manwell, C. et A. Schuurman, E. Brumpt n’ont été suivies d’aucun succès; de même pour un Plasmodium de la perdrix grise (E. Brumpt).
- Or, il existe aux Indes néerlandaises, en Indochine et à Ceylan, un paludisme spontané de la poule. Des frottis de sang d’animaux malades expédiés de Nha-Trang au professeur Brumpt permirent à celui-ci d’identifier dans le parasite un Plasmodium d’une espèce différente de celles déjà connues et qu’il nomma Plasmodium gallinaceum. En 1935, l’infatigable voyageur qu’est le savant professeur à la Faculté de médecine de Paris (fig. 1) profita d’un long périple en Extrême-Orient pour effectuer, au retour, un court séjour à Ceylan où, précisément, une épizootie sur les poules avait été signalée peu avant par Crawford. Avec l’aimable appui des services vétérinaires de l’île, il put se procurer quelques oiseaux infectés, les ramener en France et, à partir d’eux, poursuivre dans son laboratoire une série d’études expérimentales dont nous allons résumer les résultats.
- Les poules de toutes races sont réceptives au Plasmodium gallinaceum; en dehors des poules, l’oie et le faisan sont très sensibles et peuvent en périr; le dindon, le paon et la perdrix ne présentent que des infections discrètes. D’autres oiseaux sont complètement réfractaires : canard, pintade, pigeon, tourterelle, caille, moineau, canari, buse, pinson, calfat, héron garde-bœufs.
- L’infection de la poule se traduit uniquement, après une incubation de 5 à 10 jours, par l’apparition des parasites dans le sang; elle n’entraîne, fait intéressant, aucune élévation de la température et ne provoque pas de symptômes, sauf, si l’animal doit succomber, peu de temps avant la mort. Celle-ci est très fréquente chez les
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- Fig. 1. — Le professeur E. Brumpt, de la Faculté de Médecine de Paris.
- jeunes, mais la résistance augmente avec l’âge. Quand la poule surmonte la crise parasitaire qui dure de sept jours à un mois, les hématozoaires deviennent rares dans le sang mais sans jamais en disparaître complètement; les rechutes sont exceptionnelles.
- Comme pour les autres Plasmodium, l’agent de transmission est un moustique, chez lequel le parasite effectue une évolution spéciale. Ce vecteur, d’après les recherchés du professeur Brumpt, est le Stegomyia fasciata, moustique très répandu dans les régions intertropicales et déjà connu comme inoculant à l’homme la fièvre jaune et une autre maladie fébrile, la dengue. Dans l’estomac du moustique, les formes sexuées, les gamètes mâles et femel-
- les que contiennent les globules rouges de la poule se conjuguent, chaque œuf ainsi formé devenant un petit kyste, un oocyste qui reste appendu à la paroi stomacale; le Stegomyia s’infecte à coup sûr et il peut présenter un nombre considérable (plus de 1000) de ces ooeystes (fig. 2); chacun de ceux-ci augmente progressivement de taille, cependant qu’à son intérieur se fait une division très active du parasite aboutissant à la formation d’un très grand nombre de petits éléments minces et allongés, les sporozoïtes; l’oocyste se rompt et les sporozoïtes ainsi libérés envahissent la cavité générale du moustique; ils y cheminent et un chimiotropisme spécial les attire vers les glandes salivaires dans lesquelles ils pénètrent. A partir de ce moment, la salive de l’insecte est devenue virulente et chaque piqûre amènera l’inoculation d’un certain nombre de ces petits éléments ; mais chez la poule seulement ils pourront survivre, envahir les globules rouges et déterminer ainsi le départ de l’infection. Tout le cycle du parasite chez le moustique est effectué en moins de douze jours à une température de 22° à 27°. Un moustique d’espèce voisine, le Stegomyia albopicta, peut également permettre cette évolution. Par contre, celle-ci ne se produit pas chez le Culex fatigans, très commun dans les régions intertropicales, et c’est un fait intéressant car ce moustique est le vecteur habituel de plusieurs Plasmodium aviaires; il n’y a pas non plus d’évolution chez Culex pipiens, qui est le cousin vulgaire de nos pays.
- Nous connaissons ainsi toute l’évolution et le mode de transmission de cette maladie des poules. Cela pourra rassurer les éleveurs de France où les Stegomyia sont rares et ne se rencontrent guère que sur le littoral méditerranéen. D’ailleurs, jusqu’à présent du moins, les foyers de la maladie sont très limités. Comme, par contre, le moustique vecteur est très répandu, on peut s’étonner qu’une plus large diffusion ne se soit pas produite; cela tient vraisemblablement à ce que les volailles sont consommées localement; en outre la sensibilité d’un certain nombre d’oiseaux autres que la poule permet de penser que celle-ci pourrait n’être qu’un hôte accidentel, l’hôte habituel étant un oiseau sauvage à distribution géographique limitée; à ce point de vue, la sensibilité du faisan et celle, moindre, du paon sont à retenir.
- Dans un tout autre ordre d’idées, ce Plasmodium de la poule présente encore un intérêt considérable. Depuis une vingtaine d’années, l’augmentation de prix de la quinine et les demandes sans cesse croissantes en face d’une production limitée de ce médicament, ont déterminé un puissant mouvement de recherches dans la thérapeutique du paludisme. Déjà les chimistes allemands et français nous ont dotés d’une série de produits synthétiques très actifs, dérivés de la quinoléine ou de l’acridine et ils essaient de trouver mieux encore. Mais avant de pouvoir aborder la thérapeutique humaine, chaque formule nouvelle doit d’abord être éprouvée expérimentalement au laboratoire; or, comme nous l’avons dit, l’homme seul est sensible au paludisme humain; force est donc de vérifier
- Fig. 2. —• Œufs de Plasmodium gallinaceum fixés sur la paroi stomacale du moustique Stegomyia fasciata.
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- d’abord l’activité sur un Plasmodium animal. Les singes qui présentent aussi leur paludisme sont des animaux trop coûteux pour cette expérimentation qui en exigerait un nombre considérable; on s’adresse donc pour cela au canari que l’on inocule facilement avec un parasite aviaire, le Plasmodium relictum; mais c’est encore un animal d’un prix déjà élevé, délicat, de faible poids, ce qui complique les dosages. On pourra désormais, grâce
- ..:............:.. 111 = 253 =
- au paludisme des poules, utiliser pour ces recherches un animal de taille bien supérieure, robuste, facile à se procurer. Nos chimiothérapeutes vont donc posséder maintenant dans le Plasmodium gallinaceum un précieux réactif grâce aux patientes recherches du professeur Brumpt.
- Dr Georges Lavier. Professeur à la Faculté de Médecine de Lille
- LES VANNES A VALVES-PILOTES
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- Fig. 1. — Principe de la vanne à piston plongeur.
- L’utilisation de débits d’eau toujours plus grands, aussi bien au point de vue distribution qu’au point de vue captation pour force motrice, a nécessité la construction de conduites de très grand diamètre. Il existe aux États-Unis des vannes de 7 m de diamètre dont la partie mobile pèse 300 t.
- Les vannes ordinaires reçoivent de la part du liquide des poussées telles (plusieurs dizaines de tonnes) que leur manœuvre est particulièrement difficile.
- Le problème est en effet complexe et le dispositif doit répondre aux conditions suivantes :
- 1° fonctionnement souple;
- 2° pas de coincement;
- 3° pas de coups de bélier;
- 4° entretien facile;
- 5° encombrement réduit;
- 6° usure faible;
- 7° étanchéité parfaite;
- 8° commande automatique et stable;
- 9° prix de revient minimum.
- Différentes considérations arrivent à faire préférer pour les grandes dimensions les vannes à piston plongeur.
- Une solution élégante a été trouvée dans l’utilisation des valves-pilotes qui ne demandent pour leur manœuvre que des efforts de quelques kilogrammes.
- PRINCIPE
- La vanne est constituée par une chambre de diamètre un peu plus grand que celui de la conduite dans laquelle se déplace un obturateur de forme profilée (fig. 1).
- La veine d’eau s’écoule par un orifice annulaire de section variable autour de l’obturateur qui peut en coulissant suivant l’axe occuper toutes les positions entre « ouvert » représenté en traits pleins et « fermé » indiqué en pointillé.
- L’obturateur considéré étant symétrique se trouve en équilibre lorsque le fluide est à l’arrêt dans la conduite, mais possède lorsque le liquide est en mouvement une tendance à fermer très caractérisée par suite de la dissymétrie des pressions. Cette tendance à fermer est fonction du débit et par conséquent de la position de la vanne. Si on équilibre cet effort par une force réglable provenant de l’extérieur, on aura une position définie
- et stable de l’obturateur pour chaque valeur de l’effort extérieur.
- Le dispositif consistant en un équilibrage mécanique n’est pas intéressant car il faut une liaison rigide supportant la totalité de la poussée hydraulique.
- Une amélioration est obtenue au point de vue souplesse par une commande hydraulique (fig. 2) recevant une pression d’un système extérieur (partie fixe hachurée et partie mobile en noir), mais on se trouve dans l’obligation d’avoir un dispositif auxiliaire (pompe à haute pression et accumulateur) alors que la valve-pilote n’utilise que l’eau qui est dans la conduite.
- L’étude plus approfondie de la question nécessite la connaissance de quelques principes de mécanique des fluides que nous allons rappeler brièvement : répartition des pressions autour d’un obstacle et le long de la paroi d’une tuyauterie de section non uniforme.
- Fig. 2. — Vanne à piston plongeur et commande hydraulique.
- Eÿu sous pression p Eau sous pression
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- Fig. 3. — Détermination de la répartition des pressions sur une sphère
- dans un fluide.
- Répartition des pressions autour d’un objet plongé dans un fluide en mouvement. — Nous savons que dans un fluide au repos (gaz ou liquide) les pressions autour d’un point sont les mêmes dans toutes les directions.
- Si nous considérons le cas d’un objet placé en un point (petite sphère), les pressions sont les mêmes sur toutes les faces, il y a équilibre et aucune tendance à déplacement (en prenant bien entendu une sphère de densité égale à celle du fluide pour ne pas s’occuper de la poussée d’Archimède qui ne nous intéresse pas.)
- Si nous mettons le fluide en mouvement par un procédé quelconque, la sphère tend à être entraînée dans le sens du courant. Les pressions ne sont donc plus les mêmes et celles sur la face avant sont plus fortes que sur la face arrière.
- Pour en trouver la raison exacte et analyser le phénomène, nous allons mesurer la pression en différents points de notre sphère.
- Pour ceci, prenons une sphère creuse percée d’un trou A, montée sur un axe 00, reliée à un manomètre à alcool M et placée dans un courant d’air (fig. 3). Le tube en U étant ouvert à la pression de l’air, lorsque le courant d’air est arrêté, l’alcool est à la même hauteur dans les deux branches. Lorsqu’on met en route le courant d’air, le trou étant en A, on voit l’alcool monter dans la branche gauche indiquant que la pression en A est plus grande que la pression de l’air non au voisinage de la sphère.
- Fig. 5. — Répartition des pressions sur un obturateur de vanne.
- Jens du c.ouran/'
- Zone dé surpression ï'
- En faisant tourner la sphère autour de son axe, on mesurera successivement les pressions aux différents points de la surface. En effectuant cette opération, on voit que les pressions diminuent au fur et à mesure que l’angle a augmente, puis il y a égalité avec la pression extérieure pour un angle a — 42°; ensuite et sur toute la partie arrière la pression est inférieure à la pression extérieure.
- Pour mieux nous représenter le phénomène nous allons porter autour de la sphère, suivant les rayons, des longueurs égales aux dénivellations d’alcool h. Nous obtiendrons une courbe analogue à celle de la figure 4. Autour d’un obstacle non sphérique, mais pas trop allongé comme c’est le cas de notre obturateur, nous obtiendrons une répartition de pressions analogue (fig. 5) avec un maximum de pression à l’avant et une zone de dépression à l’arrière.
- Répartition des pressions le long de la paroi
- d’une tuyauterie de section non uniforme. — En
- perçant de petits trous le long de la paroi et en montant un manomètre à alcool entre un point 0 pris sur la partie cylindrique et successivement tous les trous percés entre A et E, nous pourrons faire des mesures analogues aux précédentes (fig. 6).
- Nous constatons cette fois qu’en ABC la pression est plus grande que dans la partie cylindrique en 0, et que dans la zone étranglée CDE la pression est plus faible. Si nous portons les hauteurs d’alcool le long de la paroi et perpendiculairement à l’axe, nous obtenons un graphique caractéristique du genre de la figure 6 (partie inférieure).
- CONSTITUTION DE LA VANNE A VALVE-PILOTE
- On déduit immédiatement des observations précédentes que l’on peut réaliser une vanne équilibrée, en utilisant un obturateur cylindrique ayant tendance à fermer et un servo-moteur mû par une différence de pression prise soit entre deux points de la paroi, soit entre deux points de la vanne, soit entre un point de la paroi et un de la vanne.
- Sens du courant
- en mouvement
- Sens du courant
- Zone de surpression
- Fig. 4. — Diagramme de la répartition des pressions autour d’une sphère en
- mouvement.
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- On aura donc un dispositif du genre de la figure 2, mais dans lequel la partie mobile servira directement de piston (lîg. 7).
- Les efforts sur la partie mobile sont dus à la poussée sur la face a.val ABC de la pression du liquide dans la conduite, à la poussée sur le fond du piston de la pression de la chambre amont, et à la poussée sur la surface annulaire MNPQ de la pression dans la chambre aval.
- Pour obtenir l’ouverture, il suffit d’augmenter la pression dans la chambre aval en diminuant celle dans la chambre amont et de faire l’opération inverse pour fermer.
- Nous limiterons l’étude des détails de réalisation à deux types de vannes à valve-pilote qui sont parmi les plus usités.
- 1° Type Blakehorough. — Ce type de construction anglaise (fig. 8) utilise les différences de pression entre deux points de la paroi. La
- chambre aval communique par un trou A avec la zone de maximum de pression. La chambre amont communique par une tuyauterie avec un trou B où la pression est un peu plus faible; elle est percée vers l’aval d’un trou C que l’on peut obturer au moyen de la valve-pilote commandée de l’extérieur par crémaillère et pignon.
- Si la vanne étant ouverte, on ferme la valve-pilote, la pression de la chambre amont devient égale à la pression en B, la poussée de la chambre amont l’emporte sur celle de la chambre aval et l’obturateur se déplace dans le sens de la fermeture. Mais dans ce mouvement, la valve pilote restant fixe, l’orifice C se trouve à nouveau ouvert, le liquide s’écoule et la pression diminue dans la chambre amont. Lorsque les poussées s’équilibrent, l’obturateur s’arrête.
- Si on déplace la valve-pilote dans le sens de l’ouverture, la pression tombe encore plus dans la chambre amont, la poussée due à la chambre aval l’emporte et la vanne se déplace dans le sens de l’ouverture jusqu’à ce qu’elle ait trouvé sa position d’équilibre.
- A chaque position de la valve-pilote correspond une position déterminée de la vanne qui la suit sans la toucher.
- Déierminalion de la répartition des pressions le long de la paroi d’une tuyauterie de section non uniforme.
- Le système de réglage est dégagé de toute réaction de la part de la vanne et peut être de ce fait aussi sensible qu’on le désire. La sensibilité du système est réglée par l’ouverture plus ou moins grande de la vanne V sur la tuyauterie de la prise de pression amont.
- 2° Type Pont=à=Mousson. — Ce type (fig. 9) construit par les Hauts Fourneaux et Aciéries de Pont-à-Mousson, utilise les différences de pression entre deux points de l’obturateur. La chambre amont communique par un trou A obturé par la valve-pilote avec la zone du maximum de pression. La chambre aval communique avec la chambre amont par une série de trous B et avec la zone de dépression maximum par une autre série de trous C.
- Lorsque la valve-pilote est ouverte en grand, la pression dans la chambre amont est égale à celle de A, et
- Fig. 8. — Principe de la vanne à valve-pilote « Blakehorough ».
- Commande de /a valve.pilote
- Chambre amont
- Chambre aval .Gui de de 1‘ obturateur
- Sens du courant
- Zone de dépression
- Zone c/e suppression
- Fig. G.
- sou* pross/on
- ôens du courant
- Chambre amont
- Chambre aval
- Fig. 7. — Principe de la vanne à valve-pilole.
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- par conséquent supérieure à la pression extérieure sur MNPQ où la surpression est moindre; la pression dans la chambre aval est voisine de celle de G et la poussée de la chambre amont l’emportant, l’obturateur se déplace dans le sens de l’ouverture.
- Lorsque la valve-pilote est fermée, la pression de la chambre amont est égale à celle de C et la poussée intérieure sur la face amont est négative (succion) alors que la poussée extérieure est positive et déplace l’obturateur dans le sens de la fermeture.
- Comme dans le cas de la vanne précédente, l’obturateur suit fidèlement la valve-pilote, s’arrête lorsqu’elle s’ar-
- rête, repart quand elle repart, mais avec un certain retard dû au temps nécessaire pour l’établissement des pressions. Le retard est réglable par obturation plus ou moins grande des trous B au moyen d’un tiroir représenté en noir et commandé de l’extérieur. Ce retard est une des choses les plus précieuses, car convenablement réglé il élimine complètement les coups de bélier dus aux ouvertures trop rapides. L’opérateur peut manœuvrer la valve-pilote avec toute la brutalité qu’il désire, l’obturateur ne se presse pas et prend consciencieusement le temps nécessaire pour sa fermeture.
- Un autre avantage extrêmement intéressant de ce type de vannes est qu’au cas d’une rupture de conduite, la dépression sur la face aval devient suffisante pour provoquer la fermeture de la vanne, lente et sans à-coups, quelle que soit la position de la valve-pilote qui se trouve entraînée.
- *
- * *
- C’est une belle leçon donnée par la mécanique à l’humanité, que celle de cette vanne qui ne se départ pas de son calme dans les circonstances les plus désagréables pour elle.
- G. Mannevy-Tassy.
- Fig. 9. — Coupe longitudinale de la vanne à valve-pilote de Ponl-à-Mousson.
- SPIRITISME A LA THIBÉTAINE
- Le lamaïsme, cette forme dégénérée du bouddhisme, offre à la crédulité de ses adeptes une institution qui rappelle curieusement celle qui attirait à Delphes tant de pèlerins, impatients de connaître l’avenir par la bouche de la Pythie.
- Les sungmas, terme thibétain signifiant « protecteurs de la religion », ne sont pas considérés comme des sorciers ou comme des réincarnations de Bouddha : ils se contentent de servir d’enveloppe, pendant un temps plus ou moins long, à des démons d’une puissance redoutable que de pieux lamas ont fini par subjuguer, au point d’en faire d’utiles auxiliaires pour la religion.
- Chacune des innombrables lamaseries répandues au Thibet et dans les provinces chinoises limitrophes a son sungma, qui rend des oracles, dès qu’il est possédé par son démon familier. Il ne travaille, si l’on ose dire, ni pour la foi, ni pour la gloire, car ses consultations sont dûment tarifées, l’importance de ses honoraires dépendant de la réputation plus ou moins grande du génie qu’il incarne durant ses transes. A Lhassa, la capitale thibétaine, vivent cinq sungmas qui ne demandent pas moins de mille lankas (soit une centaine de dollars) pour un oracle.
- Les questions qui leur sont posées doivent être écrites sur autant de feuilles de papier, que le possédé agite au-dessus de sa tête sans avoir pris la peine d’en lire le libellé. Il va de soi que les réponses sont ambiguës et vagues, ainsi qu’il convient à l’élocution d’un oracle. Parfois, elles s’expriment sous la
- forme de grognements ou de cris d’animaux; il appartient alors au lama-assistant, qui vient de présenter les questions pour les pèlerins, de traduire en langage vulgaire ces incompréhensibles réponses, ce qui n’est pas fait pour l’embarrasser.
- Les cinq sungmas de Lhassa que nous venons de mentionner jouent un rôle de grande importance dans la vie politique et religieuse du Thibet. Le Dalaï-Lama les consulte sur toutes les affaires de l’Etat. A la mort du « Bouddha-Vivant », c’est d’après leurs oracles que l’on identifie et que l’on recherche l’enfant que Bouddha vient de choisir pour se réincarner.
- PRÉLIMINAIRES DE LA POSSESSION
- L’explorateur et le savant d’une réputation mondiale qu’est M. Joseph F. Rock a eu le rare privilège d’assister à l’oracle de l’un de ces cinq sungmas de Lhassa; c’est à sa relation, publiée dans le National Géographie Magazine, que nous emprunterons les étranges descriptions qui vont suivre. Il convient de noter, à titre de préambule, que l’auteur, bien qu’il eût précédemment visité de grandes lamaseries dans le Thibet proprement dit, n’avait pas encore la moindre idée de l’existence de ces mystérieux sungmas, lorsqu’il pénétra dans celle de Yungning, située près de la frontière nord-ouest de la province chinoise du Yunnan. S’étant tout de suite introduit dans les bonnes grâces de l’abbé, vénérable lama du nom de Hlikhin, il en apprit que le fameux Balung chü-djé (ces deux derniers mots signifiant « demeure humaine »)
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- viendrait bientôt de Lhassa donner une « séance » en ce couvent de Yungning, à l’occasion d’une grande fête religieuse. Comme on va le voir, M. Rock dut à l’amitié du vieux lama de pouvoir assister en secret à tous les détails d’étranges cérémonies qui jettent un jour nouveau sur les pratiques du lamaïsme.
- Nous apprenons d’abord que le sungma Balung est un lama né dans la province thibétaine de Tongwa et qu’il a pour père un redoutable chef de bandits qui opèrent dans le nord-ouest du Yunnan. Le démon qui s’incarne en lui porte le nom de Tchetchin; il tient une place de très haute importance dans les superstitions lamaïques.
- Caché derrière l’un des piliers du temple où la séance allait se dérouler, M. Rock se trouvait assez près pour en observer les moindres détails et même pour en prendre des photographies; cependant, la distance était suffisante pour ne pas l’exposer aux dangereux caprices du sungma qui, dès qu’il est possédé par Tchetchin, perd toute conscience de ses actes.
- Accompagné de nombreux lamas, Balung, couvert de vêtements brodés d’or, fait son apparition et s’assied dans un fauteuil, placé à l’intérieur du temple et près de l’entrée. Les moines entonnent des cantiques exhortant Tchetchin à prendre possession de son chü-djé; d’autres agitent des clochettes ou soufflent dans des conques marines; d’autres encore balancent des encensoirs autours du sungma qui se tient incliné, la face couverte par ses mains. On pose solennellement près de lui une sorte de chapeau de fer forgé, orné de plumes et d’amulettes.
- Bientôt, Balung commence à marmotter des prières. Le chant des lamas s’est tu. L’assistance, composée de centaines de moines et de milliers de pèlerins, reste silencieuse, attendant anxieusement les premières manifestations du démon. Soudain, les grandes trompettes retentissent, accompagnées par les assourdissants éclats des cimbales. Le sungma s’agite dans son fauteuil : c’est le début des transes.
- Une sorte de gargouillement profond et sonore s’échappe de sa bouche; à deux mains, il s’étreint la gorge. A ce moment, le lama qui l’assiste et qui est son propre frère lui pose sur la tête le lourd chapeau emplumé, qu’il attache fortement par une bride nouée sous le menton. L’émission des gargouillements est considérée comme la preuve manifeste que Tchetchin vient de prendre possession de son chü-djé, car les dogmes enseignent que ce démon abdiqua sa vie terrestre en s’étranglant à l’aide d’un foulard de soie.
- LES FAITS ET GESTES D’UN POSSÉDÉ
- Pendant quelques minutes, Balung reste assis, donnant l’impression qu’il est perdu dans un rêve. Soudainement, son buste commence à se balancer, tandis que ses jambes sont prises de tremblements. Il se rejette violemment en arrière, malgré les efforts conjugués de plusieurs lamas qui tentent de le maintenir en place. Il crache ; il grogne ; du sang s’écoule par sa bouche et par ses narines; sa face tourne au rouge; sa tête enfle à tel point que la lanière de cuir qui retenait le chapeau se casse.
- Un assistant lui présente un sabre, forte lame d’un acier trempé en Mongolie : en moins d’une seconde, il la tord de ses mains nues, et de telle façon qu’elle ne présente plus qu’un ensemble de boucles et de nœuds.
- Les moines ont repris leurs prières. Le sungma se remet de plus belle à se balancer et à trembler, tout en gémissant, tout en crachant du sang. L’assistance est en proie à la terreur; le cercle qu’elle décrivait autour du possédé s’élargit.
- Soulevant d’une main le chapeau de fer, qui pèse une vingtaine de kilos, Balung le repose sur sa tête et l’attache, tout en soufflant, selon l’expression de M. Rock, comme une
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- machine à vapeur. La sueur qui ruisselle sur son visage se mélange au sang qui coule de son nez et de ses lèvres. Les lamas qui l’entourent épongent sa face et tentent de le calmer. L’un d’eux élève devant lui un plat d’argent, de forme ronde, sur lequel est posée une pyramide triangulaire faite de tsamba, pâte de farine d’orge fraîchement pétrie; il l’incline et lui fait toucher le front du possédé.
- Toujours secoué de tremblements, Balung plonge la main dans un sac qu’on lui présente et en tire une poignée de grains de riz qu’il jette sur la foule, d’un geste violent. L’abbé du monastère s’avance vers lui, ponctuant chaque pas d’une révérence. Le sungma saisit une grande épée qu’il brandit furieusement; il en frappe le vieux moine, qui a tout juste le temps d’éviter le coup, en se reculant, et qui s’enfuit. Calmé en apparence, le possédé se remet à trembler; de violentes convulsions le tordent, des pieds à la tête; mais son humeur meurtrière s’est éteinte.
- C’est le moment qu’attendaient les dévots pour solliciter les bénédictions de Tchetchin. Les membres de la lamaserie se bousculent afin d’atteindre Balung, pendant qu’il est encore possédé par ce bienfaisant démon. Chacun porte un petit kattak (foulard), qu’il s’agit de poser sur les genoux du sungma, à titre d’offrande. La bénédiction tant convoitée peut prendre la forme d’un coup, d’une bouffée d’haleine ou du simple contact d’une main. Les pèlerins voudraient imiter les moines; mais les lamas en faction les repoussent à coups de fouet.
- Et, soudain, le sungma s’effondre dans le fauteuil, où il gît inanimé pendant plusieurs minutes : l’esprit de Tchetchin s’est envolé ! Quand Balung reprend ses sens et se lève, il pleure abondamment et laisse entendre des gémissements douloureux. Des lamas remettent ses vêtements en ordre et le coiffent d’une sorte de tiare, moins lourde et plus confortable que son chapeau métallique !
- L’ORACLE PARLE
- Parvenus à ce point du récit de l’explorateur, nous pourrions croire que la séance de sorcellerie a pris fin et que le malheureux Balung va pouvoir se reposer de ses transes; mais la démonolàtrie thibétaine comporte des complications inouïes. Tchetchin est le chef d’autres démons qui veulent profiter de l’occasion pour se manifester; Balung sera successivement possédé par trois de ces génies.
- Le voici qui retombe en transes : penché en avant, il commence à trembler. Les moines qui l’accompagnent lui mettent en main un arc et des flèches, et un étendard. Il se dresse de toute sa hauteur, les bras étendus, crachant, soufflant, geignant. Comme ils l’avaient déjà fait, les lamas se précipitent pour recevoir ses bénédictions. L’abbé et le « Bouddha-Vivant » du monastère arrivent les premiers. Mais il n’est pas long à retomber, inerte, dans son fauteuil; une cruelle déception pour la foule qui se sera bousculée sans résultats.
- La possession suivante n’est pas moins brève. L’infortuné médium semble être à la limite de ses forces physiques; baigné de sueur, il soutient sa tête à deux mains. De nouveau, on l’installe dans son fauteuil, on l’encense. Il se dresse soudain avec un cri terrible et retombe, tordu par des convulsions. Et la foule s’empresse à lui rendre hommage.
- Enfin, voici la dernière prise de possession : elle est opérée par un certain Tsen-gwé Chimbu, de la catégorie des « esprits parlants ». Ivrogne invétéré, il a le privilège de rendre les oracles pour son maître Tchetchin.
- Nouvel accès de transes. L’abbé du monastère s’approche aussitôt et, posant sa tête sous le menton de Balung, murmure sa question et reçoit la réponse. Les lamas qui veulent à leur tour consulter l’oracle s’avancent sans trop de hâte, car Tsen-gwé Chimbu n’est pas de ces diables à qui l’on puisse se fier : ne lui est-il pas arrivé de tuer des moines en pleine
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- consultation, alors qu’il s’était incarné dans le corps d’un lama mongol, le prédécesseur de Balung ?
- D’un sursaut violent, ce dernier se dresse de son siège; un lama apporte le dorma, pyramide de pâte de farine d’orge, peinte en rouge, ornée d’un cœur noir et couronnée d’une réduction de crâne humain; un vacarme effroyable se déchaîne, des lamas battent de grands tambours plats que des porteurs soutiennent sur des perches, tandis que d’autres soufflent dans des trompettes d’airain, longues de 5 m, et d’où ils tirent d’épouvantables mugissements. La foule s’est épaissie; pour la maintenir en ordre, les fouets des moines frappent à tort et à travers, sans épargner les femmes et les enfants.
- COMMENT LES DÉMONS SONT BANNIS
- Repris par des tremblements, Balung doit tenir compte du fait que Tsen-gwé Chimbu, qu’il incarne, est un ivrogne fieffé. Il ingurgite donc le breuvage alcoolique, couleur de lait, que lui présentent les lamas, avalant coupe sur coupe. Il se met à courir comme un fou, arrachant des mains des assistants d’autres tasses qu’il vide tantôt dans sa bouche, tantôt sur le pavement. La rapidité de sa course ne diminue pas l’intensité des secousses qui l’agitent; les zigzags qu’il décrit dans la cour du temple dispersent les spectateurs épouvantés.
- Il s’arrête brusquement et tombe sur la chaise que transportait un lama, qui s’efforçait de le suivre de près. Il se relève et repart à toute vitesse, mettant le porteur de siège hors d’haleine, et suivi de loin par la foule. Il se rassied, se redresse, recommence, toujours secoué de tremblements épileptiques, à courir à une vitesse folle et, cette fois, en tirant des flèches dans toutes les directions, puis, en brandissant un sabre.
- Enfin, il s’arrête à la porte d’entrée de la lamaserie, où brûle une énorme pyramide de paille. Formant cercle, des lamas battent les grands tambours, soufflent dans les longues trompettes, font exploser des pétards, tirent des coups de fusil. Le dorma est précipité dans le feu; or, ce dorma cache sous sa pâte une marmite de fer où la puissance spirituelle du sungma a contraint tous les mauvais démons qui hantaient le couvent à se réunir; et il s’en trouvera débarrassé pour toujours, puisqu’ils se hâtent de déguerpir, plutôt que d’être brûlés.
- Le possédé se tord de plus belle dans les convulsions, ce qui ne l’empêche pas d’avaler de nouvelles coupes de breuvage alcoolique. Se redressant, il tire quatre flèches vers les points cardinaux, lance des poignées de grains de riz dans l’air, pour
- indiquer aux démons bannis les routes qu’ils doivent prendre, et, d’un bond, saute en plein milieu de la pile de paille, exécutant dans les flammes une danse quasi satanique dont s’accommodent plus ou moins ses somptueux vêtements. Ce dernier acte marque la fin de la séance : suivi par la foule hurlante Balung se précipite dans l’intérieur du temple et disparaît derrière les tentures.
- M. Joseph F. Rock termine son impressionnant récit par des observations qu’il convient de résumer. Le lama mongol qui incarnait Tchetchin, avant Balung, éprouva le désir d’abandonner la vie monastique et de se marier, projet que désapprouva fortement ce démon, au point de le menacer de mort, au cours d’une transe. Sumpo Chü-djé (qui était son nom) passa outre. Quelque temps après son mariage, et pendant qu’il se trouvait en état de possession, le malheureux s’éventra, et, avant d’expirer, accrocha ses entrailles aux idoles de sa chapelle.
- Dès sa disparition, on s’inquiéta de lui trouver un successeur. Tchetchin ne pouvait se passer longtemps d’un médium. Les dignitaires ecclésiastiques furent avisés qu’un jeune homme de la région paraissait être prédestiné à pareil emploi : dès l’enfance, il avait subi des crises d’épilepsie d’une violence telle que son père était contraint de le ligoter, pendant les accès. Consulté sur ce choix en ses heures d’inspiration mystique, le Bouddha-Vivant de Lhassa confirma que Balung était réellement digne de devenir le chü-djé du redoutable démon.
- D’une façon générale, un sungma doit s’abstenir de toutes satisfactions matérielles; il lui est notamment interdit de fumer. Certains démons ont d’autres exigences. Tchetchin détestant le poulet, les œufs et le porc, ainsi que le tabac à priser, le pauvre Balung doit passer par là ! Sa plus cruelle privation est celle de la prise; il n’en use que discrètement, entre les transes; mais le démon se venge en le portant, pendant un état de possession, a briser sa tabatière, taillée dans un bloc de pierre fine.
- On ne s’explique pas comment un sungma peut réussir à tordre une lame d’excellent acier, épaisse de huit à dix millimètres, au point, comme nous 1 avons dit, de lui imposer plusieurs spirales. M. Joseph F. Rock a vainement tenté de ployer un de ces sabres; et il conclut que les actes physiques accomplis par les sungmas, pendant qu’ils sont en transes, dépassent de beaucoup les facultés de personnes normales.
- Victor Forbin.
- PROBLEME DE L’ORGUE ELECTRO-ACOUSTIQUE
- SES SOLUTIONS
- On a essayé, à diverses reprises et avec un succès indubitable, d’utiliser les ressources de la radiophonie pour la mise au point d’instruments musicaux électroacoustiques, transmettant à des haut-parleurs les trains d’ondes qu’ils produisent. Rappelons, par exemple, les « ondes éthérées » de Thérémine et les orgues électroacoustiques construites en France par MM. Coupleux et Givelet, orgues dont les générateurs d’ondes comportaient plusieurs centaines de tubes électroniques.
- Nous signalerons, dans cette rapide étude, deux intéressantes solutions (Welte et Vierling), que ce même problème vient de trouver en Allemagne.
- L’ORGUE PHOTOÉLECTRIQUE WELTE
- L’orgue photo-électrique, inventé et construit en collaboration avec M. W. Faass, par M. Edwin Welte, à Fribourg-en-Brisgau, s’inspirant des procédés du cinéma sonore, produit les sons, sans tuyaux mécaniques, par des disques de verre tournants, où les caractéristiques des vibrations ont été inscrites sous la forme de courbes concentriques, soit enregistrées par des sons d’orgues, soit composées par voie synthétique, avec des timbres variés à volonté, augmentant à l’infini la richesse des tonalités de l’orgue.
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- Pour limiter le tuyau d’orgue, si privilégié par la variété et la particularité de ses caractéristiques sonores, M. Welte se sert d’un procédé électro-optique. Grâce à l’enregistrement photographique, les rapports entre la vibration fondamentale et les harmoniques supérieurs se trouvent fixés et maintenus constants une fois pour toutes. Tout désaccord est impossible; la tonalité fondamentale, au contraire, pourra toujours s’adapter facilement aux exigences du moment, par exemple, au concert avec l’orchestre.
- La console (claviers, etc.), ne se distingue en rien de celle d’un orgue normal; c’est un avantage, car tout organiste pourra ainsi, sans aucune connaissance de la technique électrique des sons, jouer de cet instrument nouveau. Il comporte, non seulement les accessoires usuels, mais toutes les combinaisons libres ou fixes, accouplages, registres, crescendo, voire même « tremolanti ».
- Le mécanisme de l’orgue, âme de l’instrument, comporte les différents composants, qui peuvent s’aligner les uns à côté des autres.
- J/unité élémentaire est un jeu de deux disques sonores comportant, par exemple, tous les ut de huit timbres qui correspondent aux différents registres. Douze unités pareilles, portant la même écriture sonore et tournant sous l’impulsion d’un moteur unique, à des vitesses différentes, fourniront toutes les notes d’un clavier de 60 touches. Douze unités de ce genre, combinées en un jeu unique, correspondront, au contraire, aux voix d’un orgue à huit registres. En doublant, etc., le nombre d’unités, on en arrive à 16 ou 24 registres; aussi ce procédé permet-il de construire des orgues énormes, sans recourir à aucune construction spéciale.
- Le synchronisme absolu des disques sonores présentait d’abord des difficultés particulières, mais qui ont été définitivement vaincues. Les vitesses de rotation des différents disques, qui peuvent se régler facilement avec une grande précision, déterminent une fois pour toutes l’accord de l’orgue. Les petites lampes se connectent et se déconnectent, par registres, une à une ou en série, d’une façon analogue à ce qui se fait pour les registres des tuyaux d’un orgue normal. Le réglage de l’intensité acoustique se fait au moyen d’une pédale de crescendo. Les ressources de cet orgue sont bien plus vastes et multiples que celles d’un orgue ordinaire. Contrairement à ce qui s’applique à l’orgue à tuyaux, on peut, par exemple, sans aucun risque de désaccord, faire varier l’intensité acoustique. Six registres peuvent se jouer sur les deux claviers.
- La figure 2 fait voir la disposition générale de cet instrument. Sur un disque de verre d’environ 40 cm de diamètre, on a enregistré 18 courbes sonores concentriques de la forme dentée bien connue. Chacune de ces courbes correspond à la succession de sons d’une période; ce sont, comme nous l’avons dit, soit des enregistrements immédiats de tuyaux d’orgues parfaits (au moyen d’enregistreurs de cinéma ou de gramophone), soit des compositions artificielles de dessins imitant des modèles connus.
- La figure 3 fait voir une coupure de disque sonore comportant trois anneaux sonores de pédale et 3x5 octaves de claviers. Un moteur fait tourner ce disque; une lampe projette un rayon de lumière à travers la bande sonore, sur la cellule photo-électrique disposée à l’arrière. Ceci correspond parfaitement aux processus mis en œuvre dans les appareils photo-acoustiques des reproducteurs
- Fig. 2. •— Disposition générale du mécanisme de l’orgue Welle. Les notes sont enregistrées sous forme de courbes dentées sur le disque S mû par le moteur M. La lumière d’une lampe L est concentrée par la lentille O sur le pourtour du disque du verre S; la lumière qui passe excite la cellule photo-électrique F, dont le courant amplifié en V est transmis au haut-parleur. Le relais P actionné électriquement à partir du clavier laisse passer ou éclipse le rayonlumineux.
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- Fig. 6. — Orgue Vierling à lampes luminescentes.
- Fig. 3. — Fragment de disque sonore de l'orgue photo-acoustique Welte, avec enregistrements de différentes hauteurs et de différents timbres.
- modernes de cinéma sonore. Sur le trajet des rayons de lumière projetés sur la cellule photo-électrique, on a inséré une écluse lumineuse, ouverte et fermée par voie électro-magnétique, au moyen des claviers de l’orgue. Il y a autant de lampes, systèmes optiques et écluses lumineuses que le disque comporte de sons (18), mais on n’a besoin pour chaque disque que d’une seule cellule photoélectrique, à laquelle on a donné une forme tubulaire. Toutes les cellules photo-électriques peuvent fonctionner sur un préamplificateur unique, qui module à son tour l’amplilicateur final, adapté à l’espace disponible et aux conditions acoustiques.
- Les travaux de développement définitif ont été faits par M. Welte, aux laboratoires de Telefunken et de la Société Klangfilm.
- La figure 4 fait voir la courbe de fréquences d’un son de clarinette, où l’on distingue parfaitement les sons
- Fig. 4. •— Courbe de sons de clarinettes.
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- Fig. 5. — Sons fondamentaux et harmoniques supérieurs d'une clarinette.
- fondamentaux des harmoniques. Rien ne s’oppose évidemment à faire subir aux courbes existantes une légère retouche finale, destinée à réaliser les effets optima. La vox humana, par exemple, pourra probablement, comme c’est l’intention de M. Welte, devenir vraiment l’imitation parfaite de la voix humaine.
- L’orgue photo-acoustique Welte peut se construire en toutes dimensions; quelques minutes suffisent pour remplacer tous les disques sonores (ou une partie d’entre eux) par des disques correspondant à d’autres registres. Pourvu que les haut-parleurs soient disposés à l’endroit, voulu, les claviers, mécanismes et amplificateurs pourront s’installer n’importe où.
- L’ORGUE VIERLING
- L’orgue électro-acoustique mis au point par le Dr Oskar Vierling, à l’Institut des Recherches d’Ondes, à Berlin, utilise, pour engendrer les sons musicaux, des lampes à luminescence. Assurer la constance des sons engendrés par ces lampes s’est trouvé constituer un problème fort difficile et qui n’a pas encore trouvé sa
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- Fig. 7. — Les génératrices sonores de l'orgue Vierling installées dans une armoire sur des supports à glissières.
- solution définitive. D’autre part, étant données les facilités particulières que les vibrations « en dents de scie », présentent pour réaliser les timbres les plus divers, l’inventeur a tenu à conserver les lampes luminescentes,
- Fig. 8. — Un ensemble de lampes génératrices de l’orgue Vierling.
- génératrices les plus simples d’oscillations de relaxation de ce genre.
- L’accord des génératrices de sons s’établit à l’aide d’une résistance réglable et d’un condensateur variable, installés tous les deux dans une armoire et disposés sur des glissières; les boutons d’ajustage, seuls accessibles du dehors, permettent une modification facile de l’accord. Dans la même armoire, on a monté les dispositifs servant à varier le timbre : bobines de réactance, systèmes de condensateurs et de filtres. L’instrument embrasse 40 registres; il comporte trois manuels et une pédale. Comme la table logeant manuels et pédale est séparée de l’armoire aux génératrices, cet orgue peut également se transporter n’importe où. L’instrument que nous reproduisons a été, pour la première fois, présenté au public, sur la grande scène de plein air, lors de la récente Olympiade. Bien qu’il ait été, à proprement parler, construit pour des buts expérimentaux, il s’est déjà trouvé suffire à presque toutes les exigences de la pratique.
- Les orgues de ce genre se construiront aussi sous format réduit, pour amateurs. Alfred Gradenwitz.
- î UN NOUVEAU SYSTEME DE TIRAGE = POUR FILMS GAUFRÉS DE CINÉMATOGRAPHIE EN COULEURS
- Les films gaufrés pour la cinématographie en couleurs sont très séduisants, en principe. Ils ont les mêmes dimensions que les films noirs et blancs et comportent seulement une couche sensible panchromatique; le côté non émulsionné de la pellicule, par un procédé de gaufrage spécial à chaud, offre un réseau de lentilles microscopiques tournées vers l’objectif, de forme sphérique ou cylindrique.
- L’objectif de prise de vues possède un filtre sélecteur de couleurs placé dans le plan du diaphragme et partagé
- en trois zones correspondant aux couleurs élémentaires de la trichromie : vert, bleu et rouge (fig. 1).
- Chacune des lentilles microscopiques du film gaufré projette sur la couche sensible une image du filtre sélecteur, permettant de n’enregistrer que les parties de l’objet correspondant aux éléments colorés complémentaires.
- Pour la projection, on éclaire la couche sensible par derrière au moyen de lumière blanche; le faisceau lumineux ne traversera que les régions transparentes du
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- positif. On utilise un filtre coloré d’objectif homologue de celui de prise de vues. D’après le principe du retour inverse des rayons lumineux, chaque lentille élémentaire dirigera les rayons vers la zone correspondante du filtre de l’objectif; on reproduira ainsi, par superposition, une teinte complexe analysée au moment de la prise de vues par le filtre sélecteur. Nous n’insisterons pas, d’ailleurs, ici, sur la technique de ce procédé bien connu, laquelle a déjà été exposée dans la revue d’une manière élémentaire.
- DIFFICULTÉS DE REPRODUCTION DES FILMS GAUFRÉS
- Ce procédé a déjà donné des résultats intéressants pour la cinématographie d’amateurs ou d’enseignement, et tout spécialement pour le film de format réduit, c’est-à-dire toutes les fois qu’il ne s’agit pas d’obtenir des copies du film original, mais la copie pose des problèmes délicats.
- La reproduction par contact ou par projection se heurte, en effet, à de nombreuses difficultés; il se produit, en particulier, des phénomènes de moirage qui peuvent donner lieu à une déformation complète des couleurs.
- Ce phénomène est dû à la superposition optique, ou par contact, du réseau lenticulaire du film initial et du réseau du film lenticulaire copie, généralement cylindriques. En croisant les gaufrages sous un angle non négligeable, on réduit cet inconvénient, mais au détriment de la transparence de la copie.
- D’ailleurs, la copie par contact est à rejeter, par suite des épaisseurs interposées des supports, dans le cas le plus général des films à gaufrage linéaire. Pour la copie par projection optique, on ne peut plus utiliser de combinaisons optiques du genre de celles couramment adoptées pour les films en blanc et noir.
- Il ne s’agit plus, en effet, de photographier, en quelque sorte, une image point par point, mais bien faisceau par faisceau, sans négliger aucun faisceau constitutif, et ces derniers doivent être largement ouverts.
- L’objectif muni d’un filtre trichrome ne permettra pas d’obtenir de beaux résultats si son ouverture est inférieure à F : 3, et les données correspondantes pour une combinaison de copie par projection optique sont déjà délicates. D’ailleurs, les images doivent être évidem-
- Fig. 1. — Principe d’utilisation des films gaufrés.
- Objectif
- élémentC* du film sélecteur
- Ecran
- sélecteur
- trichrome
- ment rigoureusement semblables les unes aux autres, sans tenir compte des variations des objectifs de prise de vues, de manière à permettre une projection avec des appareils ordinaires.
- On en arrive à limiter l’ouverture des objectifs de prise de vues à une valeur relativement faible de l’ordre de F : 3,1, si l’on ne veut pas songer à modifier le système optique de copie, chaque fois que l’on passe d’un tronçon de film original pris avec un objectif donné à un tronçon pris avec un autre. Dans une application industrielle d’un procédé de copie par projection, on ne peut songer à une telle modification. Il faut pouvoir utiliser à la prise de vues des ouvertures de l’ordre de F : 2,5 au moins, et utiliser des trousses d’objectifs divers.
- Pour obtenir un résultat optique satisfaisant, il faut que le filtre soit vu correctement, à la prise de vues, de tous les points de la surface du film, et, pour chaque objectif, on définit ainsi une ouverture utilisable rnaxima. Le film-copie, résultant par projection optique de tronçons divers de films originaux obtenus avec divers objectifs, présentera des ouvertures de faisceaux différant entre elles, et exigera, à la projection, autant de filtres colorés différents.
- Cet inconvénient empêcherait l’exploitation dans les salles; on l’évite en alignant l’ouverture des objectifs de prise de vues et celle du système de copie sur l’ouverture relative la plus petite des objectifs de prise de vues utilisés. L’ouverture standard des faisceaux des films originaux et des copies devient ainsi trop faible pour les projections lumineuses sur écrans de format moyen, et surtout sur grands écrans; le filtre de projection ne laisse passer, en effet, que le tiers environ de l’énergie lumineuse de la source de lumière blanche.
- L’indépendance de l’ouverture des faisceaux lumineux enregistrés sur les films originaux et de celle à obtenir sur le film-copie est donc un résultat essentiel pour l’exploitation commerciale.
- LE PROCÉDÉ OPTIQUE DE LASSUS
- M. Jacques de Lassus Saint-Geniès, dont nous avons déjà décrit les travaux sur la photographie intégrale, a présenté récemment un nouveau procédé de copie optique pour films gaufrés, qui se prêterait à l’emploi d’objectifs de copie à grande ouverture et aurait les avantages particuliers suivants : permettre une copie correcte des films originaux sans omission ni répétition d’éléments des faisceaux portés par ces films; donner une copie de surface quelconque permettant de reproduire des images originales 18 X 24 en images copie du format standard 15 X 21, pour réserver la place de la piste sonore, ou en images de beaucoup plus petit format, pour passer du film standard au film réduit.
- Les copies de films originaux enregistrés avec des objectifs ouverts à F : 3 pourront s’effectuer avec des objectifs ouverts à F : 2, condition capitale pour assurer les meilleures qualités chromatiques. Enfin, on pourrait établir des tireuses à déroulement continu, comme pour les enregistrements sonores.
- Ce nouveau procédé évite l’emploi de deux objectifs identiques à ceux de la prise de vues, obturateurs
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- Film gaufré original
- Diaphragme de copie
- Film ^ copie
- Fig. 2. —- Principe du procédé de tirage des films gaufrés suivant la méthode de Lassus, à lentilles compensatrices et rideaux mobiles.
- et diaphragmes, et supprime les effets de moirage.
- Le dispositif est représenté schématiquement sur la figure 2. La source lumineuse D, ou plutôt sa surface active dé diamètre d, est vue sous le même angle que la pupille d’émergence des objectifs des prises de vues, et elle est placée à une distance quelconque du film original.
- Des lentilles auxiliaires A et B, convergentes ou divergentes, suivant les cas, encadrent le film original F sur la tireuse dans le but de reconstituer correctement les faisceaux ayant impressionné ce film, dont le gaufrage est représenté à une échelle très agrandie.
- Quelle que soit l’orientation du gaufrage, la lentille A produit toujours une image réelle ou virtuelle de la source D dans un plan où se recoupent les axes des faisceaux élémentaires de l’échantillon du film F en copie. Ce plan est celui où apparaît, vu du film, le filtre coloré de l’objectif ayant servi à la prise de vues, et on assure ainsi l’éclairement correct pendant la copie.
- La lentille B reprend cette plage lumineuse, l’image de la source qu’elle contient, et produit une image en D' dans le plan du diaphragme déterminant les ouvertures des faisceaux de copie.
- A tout objectif de prise de vues correspond ainsi un système de lentilles A et B. Tout film original, quelle que soit la distance de la source, est éclairé sans qu’aucun faisceau utile soit mutilé, et sans admission de faisceaux parasites.
- Le système optique de copie par projection se trouve ainsi toujours adapté à la transmission intégrale au film copie F' des faisceaux élémentaires utiles issu du film original.
- Tout se passe donc pour le film copie d’une manière toujours invariable, quelle que soit la réalisation du film original. La pupille d’émergence du système optique pour laquelle sont délimités les faisceaux éclairant le film-copie, ne cesse pas d’apparaître à ce film sous le même angle, et à une même distance déterminée et invariable.
- On est ainsi libéré de l’obligation de recourir pour la copie à une combinaison de deux objectifs identiques à ceux de la prise de vues.
- L’EMPLOI DE RIDEAUX MOBILES POUR LE TIRAGE PAR ÉLÉMENTS
- Lorsqu’on éclaire la surface totale du film pour le tirage simultané de tous les éléments d’une image, le résultat est défectueux par suite des effets de diffraction et de diffusion. Le rendu chromatique est insuffisant, l’image demeure grise.
- Dans les procédés ordinaires de tirage, on effectue l’opération en trois phases élémentaires, en masquant successivement chacune des trois zones du filtre trichrome ; M. de Lassus a proposé une méthode plus originale et plus efficace.
- On déplace entre la source et le film original d’une part, et entre le système optique de copie et le film-copie d’autre part, deux rideaux, R et R', comportant deux
- fentes S et S', parallèles, qui sont optiquement conjuguées dans le système optique de copie complet, composé des lentilles A et B, et de l’objectif O. Les surfaces des deux films se trouvent balayées méthodiquement par le déplacement de ces fentes, et l’éclairement des chambres élémentaires a lieu de proche en proche, pendant le temps, pour chaque chambre, que met la fente à traverser le faisceau basé sur D, qui l’éclaire en entier.
- Par une intervention optique, dans l’intervalle de temps pendant lequel chaque chambre élémentaire reçoit la lumière, on va pouvoir anamorphoser les faisceaux intéressant cette chambre. Le processus étant continu, cette anamorphose se produit de façon continue et de proche en proche, pour toutes les chambres élémentaires d’une même image.
- Au voisinage immédiat du film-copie accompagnant la projection sténopéique sur ce film à travers la fente S' de la pupille d’émergence du système optique de copie, une lentille divergente U donne de cette fente relativement au film une image S" plus rapprochée du film que S', et alignée avec S' sur le centre de la pupille d’émergence. Il s’ensuit que le faisceau enregistré en tout point du film est anamorphosé, et que son ouverture est accrue dans le rapport sensiblement de l’accroissement de l’angle sous lequel, du point S" on voit le diamètre de cette lentille relativement à celui sous lequel il était précédemment vu du point S'. Enfin, on double la lentille mobile U, sphérique ou cylindrique, d’une calotte sphérique ou d’un verre cylindrique d’épaisseur constante qui, sans modifier la déviation des faisceaux lumineux, s’oppose à la perturbation de l’image point par point, inévitable sans cet artifice.
- Un dispositif, analogue à celui qui permet de rendre l’ouverture des faisceaux élémentaires du film-copie indépendante de l’ouverture du système optique de copie, assurera de même, au voisinage du film original, l’indépendance de l’ouverture utilisable du système optique de copie relativement à l’ouverture des faisceaux du film original. On en arrive alors à la copie avec des optiques d’ouverture utilisable très faible, jusqu’à 1/5, et moins encore, alors que les films originaux sont pris à F : 3, et que la projection a lieu à F : 2. A cette ouverture utili-
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- sable de 1/5, il ne se rencontre plus aucune difficulté qui s’oppose au choix du système optique de copie parmi les optiques courantes du commerce.
- Moyennant des précautions spéciales, on peut maintenir immobiles les fentes et faire défiler les films en déroulement continu comme pour une tireuse de film sonore ordinaire.
- Le procédé permet, en outre, de renoncer à l’inversion chimique des images obtenues sur films gaufrés, tant pour les originaux que pour les copies, d’où des simpli-
- fications considérables dans l’exploitation du film. Les originaux sont des négatifs en couleurs complémentaires.
- L’inventeur a pu établir des systèmes de copies avec optique d’une ouverture de 2,25 à 2,1, les prises de vues ayant été faites à F : 3,1; les mêmes sujets copiés plusieurs fois permettraient une interprétation identique des couleurs et aussi des variantes plus ou moins favorables à la mise en valeur de toute ambiance artistique particulière.
- P. Hémardinquer.
- LES BAGUAGES D’OISEAUX
- La Station ornithologique de Versailles, du Centre national de Recherches agronomiques vient de publier une affiche à l’intention des chasseurs et des agriculteurs et rédigée en vue de faire connaître en France la pratique du baguage des Oiseaux, — spécialement des oiseaux migrateurs.
- Les lecteurs de La Nature savent ce qu’est le baguage. Il consiste à fixer à la patte d’un oiseau, — exactement au-dessus du pied, — une bague d’aluminium portant un chiffre et des lettres gravées. Quand l’Oiseau est repris, la bague doit être retournée à la station d’où elle provient.
- Les renseignements fournis par le baguage permettent de connaître les itinéraires suivis par les Oiseaux, les époques de déplacements, etc...
- L’idéal serait, évidemment, de ne pas tuer les Oiseaux bagués, car l’expérience est interrompue par leur mort. Au contraire, si l’on se borne à capturer l’Oiseau vivant pour le relâcher ensuite, après avoir relevé le numéro de la bague afin d’informer la station émettrice de son passage dans tel lieu, à telle date, l’expérience est beaucoup plus intéressante, puisque l’Oiseau peut continuer ses voyages.
- Le baguage des Oiseaux est pratiqué en Europe depuis une quarantaine d’années. La France a suivi le mouvement et, présentement, il existe en Europe trente-quatre stations de baguage, dont deux en France : le Muséum national d’His-toire naturelle et la Station ornithologique de Versailles.
- Trois sortes de bagues sont utilisées par le Muséum : une grande, une moyenne, une petite. Suivant leur calibre, elles portent l’inscription : Oiseaux. Muséum. Paris ou Ois. Muséum Paris, ou encore : Muséum Paris que suivent une lettre et un numéro d’ordre.
- Le Muséum fournit des bagues pour tous les Oiseaux, sauf deux espèces réservées à la Station ornithologique de Versailles : le Freux et le Héron cendré.
- Les bagues de la Station de Versailles portent, également, une lettre et un chiffre, puis les mots : I. R. A. Versailles France. (/. R. A. signifie : Institut des Recherches agronomiques).
- Les personnes qui désirent baguer des Freux et des Hérons doivent donc demander des bagues à la Station ornithologique de Versailles, route de Saint-Cyr, Seine-et-Oise. Pour baguer toutes les autres espèces, il faut s’adresser au Muséum national, Service du baguage, 57, rue Cuvier, Paris (5e).
- D’autre part, si des lecteurs de La Nature trouvent des bagues, sur un Oiseau mort ou vivant, nous les prions d’envoyer la bague — ou les inscriptions relevées — au Muséum ou à Versailles, selon le cas.
- Si la bague est de provenance étrangère, c’est uniquement à la Station de Versailles qu’il faudra l’adresser. Cette station se charge, en effet, de correspondre avec les stations étrangères.
- Lorsqu’on trouve une bague, on peut aussi l’envoyer en franchise postale à la Direction générale des Eaux et Forêts, 1er Bureau du Ministère de l’Agriculture à Paris.
- L’affiche du baguage est distribuée par la Station ornithologique de Versailles (C. N. R. A.), route de Saint-Cyr. Cette affiche reproduit les différents types de bagues employées en France et à l’étranger. Elle est illustrée d’une carte sillonnée de traits qui représentent le parcours accompli par des Oiseaux bagués. Un tableau donne les renseignements se rapportant à ces Oiseaux : espèce, provenance, reprise, distance parcourue. On y voit notamment qu’une Cigogne baguée à Rossitten (au nord de l’Allemagne) a été reprise au sud de l’Afrique, à 8900 km de son point de départ.
- A. Feuillée-Billot.
- Secrétaire général adjoint de la Ligue française pour la Protection des Oiseaux.
- CENTRIFUGEUSES ULTRA-RAPIDES
- Dans la sédimentation des particules en suspension dans un liquide, c’est la gravité qui est la force amenant la séparation des constituants du milieu hétérogène. Lorsque l’on opère sur des liquides colloïdaux, c’est-à-dire lorsque les dimensions des particules en suspension deviennent très petites, la force de la gravitation devient insuffisante pour amener la séparation.
- Pour la réaliser, on crée alors une force de gravitation
- artificielle, plus intense que la gravité, en s’adressant à la force centrifuge. Les centrifugeuses ordinaires ne permettent que des séparations grossières de particules de grandes dimensions, car leurs vitesses de rotation sont relativement faibles, de l’ordre de 1000 à 2000 révolutions par minute. Quand on s’attaque aux colloïdes stables, en particulier les liquides de l’organisme vivant (protéines, hémoglobine, etc.), ces vitesses sont insuffisantes et
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- l’on fut amené à réaliser des centrifugeuses ultra-rapides.
- En 1926, MM. Henriot et Huguenard ont réalisé des turbines centrifuges tournant à plusieurs milliers de tours par seconde, et non plus par minute, comme dans les modèles classiques. Le dispositif était d’ailleurs extrêmement ingénieux : un stator, ayant la forme d’un entonnoir, reçoit de l’air comprimé qui s’échappe en tourbillonnant par une série de trous dont les axes forment les génératrices d’un hyperboloïde à une nappe.
- Dans ces conditions, le tourbillon gazeux ainsi créé repousse les corps placés assez loin, les aspire à une distance plus faible et les repousse encore quand ils sont sur le point de toucher le stator.
- Un rotor, sorte de toupie striée ou munie d’aubages de turbine, prend sur le tourbillon une rotation rapide qui se fait autour d’un axe d’inertie. Le rotor « flotte » sur le matelas d’air du tourbillon.
- MM. Henriot et Huguenard, avec une toupie de 72 mm de diamètre, du poids de 600 gr, ont atteint facilement une vitesse de rotation d’un millier de tours par seconde; la vitesse périphérique est alors de 220 m-sec et le travail du métal voisin de 40 kg par millimètre carré.
- Dans la toupie, deux cavités laboratoires sont creusées symétriquement par rapport à l’axe. Dans l’une on place dans une cartouche le milieu à étudier; l’autre est chargée de façon à rétablir l’équilibre. Le corps en expérience, quand la rotation est de 1000 tours-sec, est soumis à une force centrifuge qui atteint environ 100000 fois l’intensité de la pesanteur. Un disque de plomb par exemple coule à froid vers les bords, en s’amincissant au centre.
- Dans un modèle de toupie plus petit (12 mm de diamètre) la vitesse de rotation a pu être poussée à 6000 tours-sec, la vitesse périphérique étant alors de 210 m par seconde et la force centrifuge périphérique atteignant 800 000 g. Mais la petitesse de l’appareil empêchait de l’utiliser comme centrifugeuse.
- Au contraire, dans les turbines Svedberg d’Upsala, les dimensions sont suffisantes pour leur emploi dans les recherches. Dès 1926, Svedberg, pour la première fois, obtint la sédimentation visible de la protéine rouge du sang, l’hémoglobine, en solution homogène. Depuis, perfectionnant sans cesse son appareil, il réalisa des forces centrifuges de plus en plus grandes : en 1926, avec une force centrifuge de 80 000 g, il mesura le poids moléculaire de l’hémoglobine; en 1929, il atteignit 165 000 g correspondant à 55 000 tours-mn du rotor et put ainsi étudier presque toutes les protéines, les teintures, et un grand nombre de colloïdes inorganiques; en 1935, avec une vitesse de rotation de 145 000 tours-mn, la force centrifuge créée atteignit 900 000 g environ et permit de réaliser une sédimentation mesurable des ions sodium et chlore en solution. Le poids moléculaire du chlorure de sodium déduit de ces expériences fut trouvé égal à 57,4, la valeur exacte étant 58,4. Ainsi, en l’espace de dix ans, les perfectionnements de l’appareil permettent d’étudier la sédimentation de substances allant des plus grosses particules colloïdales aux plus petits ions inorganiques. On a pu ainsi montrer qu’il n’y a pas de différence fondamentale entre les colloïdes et les vraies
- Fig. 1. — Le rotor d'une supercenlrifugeuse Svedberg.
- Ce rotor elliptique a deux logements, l’un pour la cellule laboratoire, l’autre pour l’équilibrage (d’après Science Progress).
- solutions, la distinction étant simplement une question de dimension relative des particules.
- Un autre avantage de l’emploi de forces centrifuges très élevées est de provoquer la sédimentation très rapide, ce qui permet, dans le cas de mélanges, en observant les surfaces de séparation des différents constituants, de calculer la concentration des constituants sans faire subir au préalable de traitement chimique au mélange. Ceci est très intéressant surtout lorsqu’il s’agit de liquides physiologiques.
- L’appareil de Svedberg est une turbine à axe horizontal dont le stator, en acier chrome-nickel, a la forme d’un disque ovale, comme on le voit sur la figure 1, cette forme étant plus avantageuse que la forme circulaire, au point
- Fig. 2. — Vue d'une superccnlrifugeuse, la partie supérieure du stator enlevée, montrant le rotor en position,
- La cellule laboratoire est visible.
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- de vue de la résistance du métal aux efforts de la force centrifuge. Chaque extrémité de l’axe du rotor se termine par un petit élément de turbine, actionné par de l’huile sous pression. Les paliers et les butées sont également graissés sous pression. Les cartouches laboratoires sont en duralumin; à l’intérieur se trouve un cylindre en ébonite, fermé par deux plaques planes de quartz, travaillées optiquement. Le stator de l’appareil est constitué par deux blocs d’acier, assemblés par des boulons, les faces de contact des blocs assurant une étanchéité parfaite, ce qui permet de faire le vide à l’intérieur de l’appareil. Pour éviter réchauffement, on remplace l’air par une atmosphère d’hydrogène à une pression de 20 mm. Ce gaz a été choisi à cause de son très faible coefficient de frottement; il assure également la transmission rapide de la chaleur du rotor au bloc stator. L’huile sous pression actionnant la turbine est refroidie avant d’entrer dans l’appareil de façon que sa température soit rigoureusement constante. Toutes ces précautions sont prises pour
- éviter que la température ne varie à l’intérieur de l’appareil, ce qui provoquerait des courants de convection dans le liquide de la cellule et troublerait l’expérience.
- Le stator est percé de part en part d’un trou cylindrique fermé par des plaques de quartz, permettant l’observation de la cellule en rotation. Une lampe à vapeur de mercure est placée en face d’une des fenêtres du trou, et les rayons lumineux, après avoir traversé la cellule, tombent sur l’objectif d’un appareil photographique.
- La marche normale d’une expérience est la suivante : le rotor est amené à sa vitesse de rotation de régime en une demi-heure environ, l’expérience elle-même se poursuit pendant 2 h ou plus, pendant lesquelles on suit avec soin la température de l’huile, sa pression, la vitesse de rotation. Quand l’expérience est terminée, il faut environ 20 mn pour que la rotation du rotor s’arrête d’elle-même.
- H. VlGNKKON.
- LE VETIVER
- Le vétiver (Vetweria zizanoïdes L.) est une graminée à rhizome des régions tropicales. La plante donne des chaumes dressés, très robustes, pouvant atteindre jusqu’à 2 m; les feuilles dures retombent à angle aigu le long de la tige, donnant à la plante un aspect particulier.
- L’essence utilisable se trouve uniquement dans les racines. Originaire des Indes où il est cultivé, le vétiver s’est répandu à Java et à la Réunion, puis un peu partout dans les régions à climat chaud, même en Espagne et en Tunisie. Au Congo belge, il est cultivé comme plante ornementale en bordure des routes dans de nombreux postes de l’Etat. Il n’y a guère cependant que dans les pays intertropicaux que le vétiver fasse l’objet de véritables cultures industrielles. La plante demande en effet un sol riche, léger, bien exposé au soleil, l’ombrage lui étant fatal, tandis que la saison sèche ne semble pas l’incommoder.
- Sa culture est assez simple; elle se fait par division de souches qui ont en général une vingtaine de centimètres de longueur, les tiges étant recepées. Dans les bonnes terres il est possible de mettre en place 25 000 pieds à l’hectare. Souvent, il faut se contenter de moins, 15 à 20 000 pieds, la richesse du sol en éléments nutritifs étant insuffisante pour subvenir aux exigences de la plante. Les travaux d’entretien se bornent à des nettoyages fréquents du sol et à l’enlèvement des feuilles, ce qui favoriserait l’accumulation des réserves dans les racines; le feuillage est laissé sur le sol où il constitue un engrais de couverture assez utile; on a même préconisé, pour éviter les pertes d’azote, d’enfouir les feuilles en fosses avec des éléments fertilisants que l’on utiliserait comme engrais pour les prochaines plantations. La récolte des racines se fait 6 ou 18 mois après la mise en terre, toujours en saison sèche et immédiatement avant la floraison, parce que les rhizomes sont alors le plus riches enjprincipes odorants.
- L’arrachage se fait avec précaution pour ne pas blesser les racines qui sont lavées immédiatement. Cette pratique exige
- que les champs soient voisins d’un cours d’eau. La distillation a lieu aussitôt après section des pieds au collet; lorsqu’elle n’est pas possible, les racines sont découpées en cos-settes de 30 à 40 cm de longueur pour éviter les fermentations; leur transport se fait en ballots d’une centaine de kilos, comprimés et enveloppés d’une toile. Le rendement en essence est plus faible quand on ne distille pas sur place.
- Dans les colonies françaises, on estime qu’une bonne récolte donne, à l’hectare, 3000 kg de racines fraîches dont on extrait 15 kg d’essence. A Java, le rendement serait double.
- La distillation des racines est une opération assez longue qui exige un pilonnage préalable de celles-ci. L’opération a lieu dans des alambics à vapeur et demande au moins 10 heures, l’essence étant peu volatile. Pour la séparation en vase florentin du mélange eau et essence, en raison de la densité voisine des deux liquides, on n’obtient de bons résultats qu’en maintenant le liquide tiède.
- L’essence distillée est un liquide brunâtre, assez visqueux quand on l’extrait des racines sèches, dont la densité varie suivant les origines et les traitements entre 0,985 et 1,045.
- L’essence de vétiver entre surtout dans la fabrication de parfums complexes; elle fixe bien les essences volatiles auxquelles elle ajoute son parfum particulier. L’industrie savon-nière en emploie et de petites bottes de racines sèches et bien blanches sont vendues dans le commerce de détail pour parfumer le linge.
- La production mondiale d’essence de vétiver s’établit aux environs de 15 000 kg, presque exclusivement fournis par Java et la Réunion. Le prix de l’essence est toujours assez élevé, autour de 250 fr le kg, ce qui donnerait un rapport d’environ 5000 fr à l’hectare.
- En raison de la demande croissante de vétiver et de son prix de vente rémunérateur, il semble qu’il y aurait intérêt à étendre sa culture en zone tropicale ; ce serait pour les colonies une source de revenus intéressante. G. R.
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- LE TRANSAFRICAIN ANGOLA-MOZAMBIQUE
- Il n'existe, à l’heure actuelle, qu’un seul transafricain. Pourtant son inauguration suscita fort peu de commentaires. La grande publicité s’est dépensée jadis autour du Cap au Caire, de Cecil Rhodes, qui n’a pas été terminé, et menace de ne l’être jamais. En France, on n’a point achevé de discuter du transsaharien. Cependant, une voie ferrée lancée d’Ouest en Est a traversé des zones naguère encore inconnues. Elle a suscité la collaboration de trois grandes nations coloniales : Portugal, Belgique, Grande-Bretagne. Aujourd’hui, on peut prendre, sur le rivage de l’Atlantique, le train qui vous mènera au rivage de l’Océan Indien.
- EN ANGOLA
- Ce trajet de milliers de kilomètres comporte plusieurs tranches distinctes. La première, celle dite du chemin de fer de Benguela, traverse de part en part la colonie portugaise d’Angola. Cette voie ferrée de 1345 km de développement doit son nom à son point de départ choisi à l’origine : le vieil établissement lusitanien de Saint-Philippe-de-Benguela.
- Or, si Benguela a pu convenir pour le petit trafic colonial des siècles passés, il n’en va plus de même
- aujourd’hui. La tête de ligne a donc été reportée à quelques dizaines de kilomètres au nord, dans la baie de Lobito. Là, sur les sables déserts jusqu’au début du
- xxe siècle, s’est édifiée une ville importante. La confi-
- guration du terrain en fait un port idéal. L’influence du courant marin qui remonte du sud a formé une langue de sable de plusieurs kilomètres de développement, qui constitue une digue naturelle parfaite.
- Le choix d’un port susceptible d’assurer un trafic
- important répondait à des nécessités évidentes. Les recherches de la. fin du xixe siècle, conduites au Congo belge sous l’impulsion du grand Léopold II, et en Rhodésie grâce à Cecil Rhodes et à son continuateur Robert Williams, avaient montré l’existence d’immenses gisements de cuivre dans le centre africain. Pour les exploiter, il fallait apporter le matériel et assurer la sortie du métal. Certaines voies ferrées, dont nous reparlerons, allaient permettre l’exportation par Le Cap et par Beira, au prix d’un immense détour.
- La logique voulait un chemin de fer de pénétration dont la tête fût sur l’Atlantique.
- Ainsi naquirent le chemin de fer de Benguela et le port de Lobito. Si celui-ci fut entièrement aménagé par une entreprise allemande, ce sont surtout des capitaux britanniques qui ont financé le chemin de fer, avec l’aide du gouvernement portugais, possesseur des territoires traversés.
- Le voyageur d’Europe, débarquant au quai accostable de Lobito, trouve à quelques pas un hôtel ultra-moderne et le train. Il peut donc choisir entre la détente d’une maison confortable, d’une grande plage de sable et d’un Océan toujours calme, ou bien la rapidité
- Fig. 2. — Les travaux du port de Lobito {Angola), tête du Transafricain sur l’Océan Atlantique
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- Fig. 3. — Une locomotive type Garatl du Benguela-Railway.
- d’un train qui l’emportera vers le Centre africain.
- Un matériel de qualité roule sur le C. F. B. (Caminho de Ferro de Benguela). Des locomotives britanniques de type spécial peuvent remorquer 500 t; leur poids est de 158 t; le modèle : 4-8-2 ou 2-8-4; l’écartement des rails : 1 m 067. Quant aux wagons, eux aussi spécialement construits pour les pays chauds, avec persiennes, treillages métalliques, salle de douches, etc., ils se trans-
- Fig. 5. — Intérieur de voilure-salon sur le chemin de fer du Bas-Congo au Katanga.
- forment le soir en confortables wagons-couchettes. Traverser l’Afrique devient presque une promenade, que j’ai vu faire sans lassitude par des voyageurs âgés.
- De Lobito, la voie ferrée descend vers le sud, jusqu’à Benguela, franchissant les zones basses de la côte, à la fois marécageuses et fertiles; c’est là que s’étendent certaines des plus vastes exploitations agricoles d’Angola, telles que les sucreries de Cassequel.
- A Benguela, la voie ferrée abandonne le littoral et s’enfonce franchement dans l’intérieur des terres, droit vers l’est. Presque aussitôt, il lui faut s’élancer à l’assaut de la montagne. On sait que toute cette partie de l’Afrique présente un rebord dont la pente vers l’Océan est très accentuée, tandis que la contre-pente vers les plateaux de l’intérieur se sent à peine. Dans les premiers 100 km après Benguela, la voie ferrée atteint l’altitude de 800 m, et en un certain point du parcours — où d’ailleurs il faut avoir recours à la crémaillère — la dénivellation atteint 140 m en 4 km. Le paysage y revêt d’ailleurs une grandeur sauvage; d’immenses falaises de roc nu se dressent vers le ciel, en un décor de catastrophe sismique.
- Et puis, à 1000 m d’altitude, la première chaîne est franchie et l’on traverse, en montant toujours, d’ailleurs, de vastes étendues ouvertes aux cultures européennes : blé, riz, et à l’élevage du bétail.
- A mesure que l’on s’écarte de la côte, les indigènes montrent des types plus caractérisés. Sans doute, la présence de la voie ferrée a-t-elle créé une coulée de civilisation; mais si l’on peut s’en éloigner, ce qui, au vrai, n’arrive guère au voyageur, on voit les types de noirs se différencier peu à peu, et l’on a l’occasion d’étudier un peu les multiples races, si intéressantes et si mal connues, de l’Angola.
- Au kilomètre 427, la voie traverse la ville de Huambo. Il faut imaginer une très vaste cité de maisons blanches à toits rouges, dispersées sur un haut plateau balayé de vents; des avenues de magnifiques eucalyptus rayonnent autour d’une esplanade faite pour les évolutions d’un régiment entier. Le gouverneur d’Angola, Norton de Mattos, qui a dessiné le plan de la cité, voyait grand. Il avait choisi cet emplacement de Huambo pour la future capitale de la colonie, à laquelle on donne aussi le nom de Nova Lisboa, la Nouvelle-Lisbonne. L’ancien établissement de Loanda, situé au ras de la mer, par 8° de latitude, ne peut se comparer, du point de vue de la salubrité, avec cette ville construite sensiblement plus au sud, à 1600 m d’altitude. On note une heureuse différence dans l’aspect de santé et la vivacité des enfants portugais de Huambo, comparés à ceux de Loanda. Mais changer le siège de la capitale, c’est l’éloigner encore de la métropole, et c’est surtout condamner à mort le port de Loanda, qui date du xvie siècle.
- La physionomie orographique des hauts plateaux de Huambo est particulière : les grandes étendues à peine vallonnées sont marquées de boulders, de blocs erratiques colossaux, qui affectent les formes les plus étonnantes de monstres, de châteaux, de têtes humaines. Mais le sol fertile se prête aux cultures; en particulier, les vergers donnent des fruits d’Europe excellents, et cette région
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- était déjà réputée lorsque Livingstone y passa, voici quatre-vingts ans.
- Et puis on arrive, en cheminant vers l’est, avec une faible inclinaison septentrionale, aux étendues parfaitement plates qui marquent la ligne wle partage des eaux entre les bassins du Congo, au nord, et du Zambèze, au sud. La construction de la voie ferrée rencontra ici le minimum d’obstacles; on y voit une ligne droite de 55 km, l’une des plus longues du monde.
- La colonisation européenne trouve et trouvera encore là des conditions optima. Des familles portugaises sont établies depuis plusieurs générations et les plus jeunes rejetons jouissent d’une parfaite santé.
- AU CONGO BELGE
- Fig. f>. — Plantation du Cassequel en Angola
- Quelque temps avant d’atteindre la frontière
- ordinaire, puisque deux années ont suffi pour établir la voie ferrée. Les principaux obstacles rencontrés n’étaient, il est vrai, que ces termitières hautes de plusieurs mètres et faites d’une terre argileuse, mâchée par les termites et dure comme du ciment. Nous sommes encore sur les plateaux qui séparent le bassin du Congo de celui du Zambèze, et les fleuves rencontrés : le Luashi, le Lualaba, — bras supérieur du Congo, — sont encore si proches de leur source qu’ils présentent des obstacles médiocres.
- La voie ferrée passe au voisinage de Mu-sonoï, ou Mousonoye, qui passe pour le plus beau gisement de minerai de cuivre de toute l’Afrique. Les conditions économiques récentes n’ont pas permis de développer industriellement ce centi'e, où tout est préparé pour une exploitation massive. Même les régions minières du Haut-Katanga travaillaient au ralenti.
- Le raccord des deux lignes se fait à Tenké, ou N’tenké, sur la voie ferrée qui vient du nord-ouest, c’est-à-dire de Bukama. Là, descendant
- belge, le train pénètre dans la petite forêt rabougrie, desséchée, brûlée chaque année et infestée de termitières, qui couvre une immense superficie. Il faut traverser des centaines de kilomètres pour en sortir. Le Katanga entier est habillé de ces bois où la population est clairsemée et la faune réduite à sa plus simple expression.
- L’altitude varie de 1000 à 1400 m et le climat est assez sain. C’est une des conditions qui ont facilité le développement industriel de la région.
- Nous entrons, à Dilolo, en territoire belge et le réseau que le train emprunte dépend du chemin de fer surnommé B. C. K. (Bas-Congo-Katanga). Cette dérivation, dite L. K. D, ou Léokadi (Léopoldville-Katanga-Dilolo), mesure 522 km. Elle continue sensiblement la direction du chemin de fer de Benguela. La construction en a été conduite à une vitesse extra-
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- Fig. 8. — Le pont sur le Zambèze, en aval des chutes de Victoria.
- Le pont est à 120 m au-dessus du fleuve. Au premier plan le lit du ileuve et les chutes.
- Photo Aircraft Operating C°.)
- vers le sud, on rencontre les grands centres du Haut-Katanga : Likasi-Panda, aujourd’hui Jadotville, avec
- Fig. 9. — Vue d'ensemble de Bulawago.
- (Photo Southern Rhodesia Publicity Bureau.)
- ses énormes installations ultramodernes ; et Elisabethville, capitale du Katanga, premier noyau de l’industrie du cuivre au Congo belge.
- En 1910, Elisabethville, qui venait d’être atteinte par le chemin de fer de Rhodésie, groupait quelques paillotes.
- C’est maintenant une agréable ville de plusieurs milliers d’habitants européens, avec des clubs, des restaurants, des écoles, des terrains de sports.
- Quant aux usines, elles ont pu fournir plus de 200 000 t de cuivre en un an, avant que la crise enrayât leur activité qui reprend.
- Le chemin de fer du Katanga (C. F. K.), traverse toute la province depuis Bukama sur le Lualaba (Congo), jusqu’à Sakania à la frontière rhodésienne. Son écartement, comme celui de toutes les voies ferrées au sud de l’équateur, est de 1 m 067.
- EN RHODÉSIE
- 1.1 y a 476 km de voie depuis Elisabethville jusqu’à la première ville importante de Rhodésie, Broken Idill, qui fut longtemps le terminus de la voie ferrée remontant du sud.
- Au voisinage de la frontière belge, la Rhodésie possède des gisements de cuivre importants, mais dont la richesse n’égale pas, toutefois, ceux du Idaut-Katanga.
- Les plus connus sont ceux de Bwana M’kubwa.
- La traversée de la Rhodésie est un peu moins monotone que celle du Katanga.
- Le paysage se dégage. Dans quelques endroits, comme au passage du fleuve Kafué, on aperçoit de nouveau des cultures, des élevages. Mais il faut parcourir 500 milles ou 800 km depuis la frontière pour atteindre enfin Livingstone, une vraie petite ville, aux larges voies animées de chars à douze ou quatorze bœufs. C’est la capitale de la Rhodésie du Nord, encore que son sort de capitale soit menacé.
- La ville doit son nom à la proximité des fameuses chutes du Zambèze, les Victoria Falls, que découvrit l’explorateur écossais.
- On sait que le fleuve se jette dans une faille transversale, puis continue sa course au fond d’une gorge profonde mais relativement étroite.
- La construction du pont en a été facilitée ; l’arc mesure 150 m d’ouverture et la clef se trouve à 120 m au-dessus des eaux bouillonnantes du fleuve.
- Du Zambèze à Bulawayo, qui est le centre
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- Fig. 10. — Troupeaux dans la région d’IJmlali-Macequece à la frontière de la Rhodésie et du Mozambique.
- de rayonnement des voies ferrées, le trajet est de 281 milles ou 451 km, à travers la Rhodésie du Sud, et le principal point d’arrêt est la ville de Wankie, dont les charbonnages approvisionnent les industries minières du Haut-Katanga et de la Rhodésie du Nord.
- Durant tout ce trajet le profil en long de la ligne est assez facile, les dénivellations ne dépassant guère 500 m, et ce, par de très longues transitions.
- De Bulawayo, on peut, soit descendre vers le sud, soit obliquer droit vers i:#est.
- C’est à ce parti que nous nous arrêterons, restant sur le réseau des Beira and Mashonaland and Rhodesia Rail-ways.
- Le matériel employé sur ces lignes, moins battant neuf que celui d’Angola ou du Katanga, offre pourtant le même confort solide, et l’on y est aussi généreusement saupoudré de poussière, du moins à la saison sèche.
- La traversée de la Rhodésie offre encore au regard de longues étendues de brousses plus ou moins densément
- piquetées d’arbres malingres. Mais les premiers kopjes apparaissent. Ce sont des formations géologiques assez curieuses, des entassements de blocs roulés, des huttes
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- Fig. 12. — Le port de Beiru.
- de granit formant comme des forteresses naturelles. Le pays de Matoppos, aux environs de Bulawayo, où Cecil Rhodes a désiré être enterré, multiplie ces aspects extraordinaires.
- Les villes, par contre, sont rares sur tout le trajet; on y traverse successivement Gwélo (d’où part une petite voie ferrée qui s’en va vers les ruines de Zimbabwe) (1), Salisbury, l’aimable capitale de la colonie, et enfin Umtali, dans un ravissant décor de montagnes boisées et verdoyantes, qui reposent de la brousse grisâtre. Le trajet est de 740 km. Et l’on quitte l’Empire Britannique pour rentrer en terre portugaise.
- EN MOZAMBIQUE
- Très rapidement, au Mozambique, le décor a changé. 1. Voir la Nature du 15 novembre 1932.
- Fig. 13.—• Les transbordeurs de charbon du port de Lourenço-Marquès.
- Nous traversons maintenant les montagnes qui forment le rebord oriental d’Afrique.
- Les Portugais y ont développé d’immenses cultures de maïs, en particulier près de Vila Péry.
- Au voisinage de la frontière, l’altitude est encore de 1000 m environ, mais on descend assez vite vers la vallée du Pungwé. L’aspect de la végétation change à vue d’œil; aux forêts denses de la montagne succède la brousse tropicale avec ses hautes herbes, ses acacias et ses euphorbes hérissés. Puis ce sont les plaines du Pungwé, sur lesquelles court un viaduc de plusieurs dizaines de kilomètres, qui met la voie à l’abri des inondations périodiques.
- Le dernier ouvrage d’art important est le pont sur le Pungwé, et 60 km plus loin, le train entre en gare de Beira, terminus du Transafricain : une petite ville chaude où les cigales font un éternel concert dans les branches des flamboyants écarlates.
- Cet ancien établissement portugais a été transfermé au cours de ces dernières années; un port a été construit de toutes pièces sur des terrains difficiles, instables ; il faut lutter sans cesse contre l’envahissement provoqué par les alluvions du Pungwé, et du Busi qui se jettent dans l’Océan Indien par la même embouchure, ou presque.
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- La place me manque pour décrire en détail l’autre embranchement du Transafricain, celui qui mène de Bulawayo à Mafeking, puis de là à Johannesburg, à travers le Transvaal, et enfin à Lourenço-Marquès, la plus belle ville coloniale et le plus beau port portugais. Tous ces grands travaux poursuivis avec hardiesse à l’époque delà prospérité n’avaient pas donné les résultats espérés, car ils se terminèrent en pleine crise mondiale. L’amélioration progressive constatée depuis deux ou trois ans, la demande de cuivre qui se fait considérable, la reprise marquée dont bénéficie actuellement l’Afrique du Sud, tout contribue à redonner un sens à ces entreprises colossales qui ont transformé et éclairé le sombre visage du Continent Noir. C’est tout un monde ultra-civilisé qui reprend son grandiose développement. Les Français ne s’en aperçoivent pas assez et en négligent les immenses possibilités commerciales.
- L’on voit que la traversée de l’Afrique est aujourd’hui chose facile, pour qui envisage sans déplaisir un trajet de quelque 4750 km en wagon-lit, durant une semaine, avec de longs arrêts de repos dans les principales villes de la randonnée.
- Pour aller de l’Océan Indien à l’Atlantique, Livingstone mit deux ans.
- Christian de Caters.
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- LA COSMOGÉOSPHÈRE
- La Cosmogéosphère avec et sans mouvement d’horlogerie, dont l’auteur est le lieutenant-colonel C.-A.-II. Vincent, est un nouvel appareil cosmographique essentiellement démonstratif, qui permet de placer la sphère terrestre dans une position parfaitement homothétique à la position réelle de la Terre et de se rendre compte avec une grande exactitude, à simple vue et sans aucune démonstration théorique, de tous les phénomènes astronomiques et cosmographiques résultant de la rotation de la Terre autour de son axe et de son mouvement de translation autour du Soleil : alternance du jour et de la nuit; inégalité des jours et des nuits; irrégularité des saisons; points de la Terre éclairés par le Soleil aux différentes époques de l’année; détermination de l’heure vraie, moyenne et légale; saut du jour ou changement de date, etc...
- Remplissant l’office d’un calendrier perfectionné, elle indique également : la date ou quantième; les heures de lever et de coucher du Soleil; la durée du jour et de la nuit; la saison; la déclinaison solaire; le signe du zodiaque; l’heure aux différents points de la Terre; les 24 fuseaux horaires du cercle équatorial terrestre et le déclenchement journalier du saut du jour ou changement de date.
- La Cosmogéosphère (fig. 1) se compose d’un globe terrestre géographique porté par un axe incliné sur le plan horizontal à 66° 30' et faisant corps avec un méridien gradué en degrés de latitudes fixé à l’appareil. En faisant mouvoir le globe autour de son axe, on se représente aisément le mouvement de rotation de la Terre et l’alternance du jour et de la nuit.
- Le pied porte sur deux demi-cercles entrecroisés une couronne à surface plane représentant le plan de l’écliptique
- Fig. 2. — Position de a coupole (ciel de nuit). Solstice du 22 juin.
- Le Soleil est sur le prolongement de l’index Midi qui marque sur l’écliptique la date du 22 juin. L’obliquité solaire montre sur le bord circulaire de la coupole hémisphérique (ciel de nuit) les levers et les couchers de l’astre aux différentes latitudes(2) et met en évidence l’été dans l’hémisphère boréal et l’hiver dans l’hémisphère austral.
- Fig. 1. — Perspective du pôle Nord. Le Soleil de minuit au cercle arctique.
- Solstice du 22 juin (*).
- Le Soleil est sur le prolongement de l’index Midi qui marque sur l’écliptique la date du 22 juin. L’obliquité solaire montre sur le bord circulaire de la coupole hémisphérique (ciel de nuit) les levers et les couchers de l’astre aux différentes latitudes et met en évidence l’été dans l’hémisphère boréal et l’hiver dans l’hémisphère austral.
- gradué en jours et en mois et donnant sur son rebord circulaire les signes du zodiaque et les déclinaisons solaires correspondant à ces signes. Ce plan écliptique indique à tout instant la position relative du Soleil et de la Terre, le Soleil se trouvant, lorsque l’appareil est orienté dans le prolongement de la droite joignant le centre du globe à la graduation de l’écliptique correspondant au jour de l’année, sur le plan écliptique correspondant au jour de l’année. Sur le plan écliptique glisse un cadran Minuit-Midi divisé en 24 heures, solidaire d’une coupole hémisphérique transparente translative et d’un index, de telle sorte que, quand l’index montre un jour quelconque de l’année sur le plan écliptique, la moitié du globe éclairée par le Soleil est découverte (ciel de jour), tandis que l’autre moitié voilée par la coupole représente la partie du globe se trouvant dans l’ombre (ciel de nuit). En faisant tourner la coupole autour de l’écliptique, on peut se rendre compte de la succession des jours et des mois, de l’inégalité des jours et des nuits, de l’irrégularité des saisons, des heures, de lever et de coucher du Soleil et de la durée du jour et de la nuit aux différentes latitudes, des différences d’heures aux divers
- 1. Le quantième 22 exprime le terme moyen entre les deux quantièmes extrêmes 21 et 23 des mois de juin (solstice), septembre (équinoxe), décembre (solstice) et mars (équinoxe), qui, selon l’année en cours du calendrier grégorien, marquent le commencement des saisons.
- 2. Les heures de lever et coucher du Soleil aux différentes latitudes de la sphère sont indiquées sur le bord circulaire de la coupole hémisphérique par les longitudes qui le croisent et correspondent aux 24 h du cadran horaire minuit-midi.
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- Ftg. 3. — Position de la Coupole (ciel de nuit). Equinoxe du 22 septembre.
- Le Soleil est sur le prolongement de l’index Midi (en opposition avec la pleine Lune) fl) qui marque sur l’écliptique la date du 22 septembre. L’obliquité solaire montre sur le bord circulaire de la coupole hémisphérique (ciel de nuit) les levers et les couchers de l’astre aux différentes latitudes (") et met en évidence l’automne dans l’hémisphère boréal et le printemps dans l’hémisphère austral.
- points de la Terre, du déclenchement journalier du saut du jour au changement de date au méridien antipode minuit et de tous les phénomènes cosmographiques résultant de la rotation de la Terre sur son axe et de sa translation autour du Soleil. Enfin une boussole disposée sur la partie supérieure du méridien gradué en degrés de latitudes, permet d’orienter l’appareil de manière à obtenir une position parfaitement homothétique à la position réelle de la Terre.
- La Cosmogéosphère se construit également avec un mouvement d’horlogerie, qui, au moyen de pignons, fait faire au globe un tour complet de son axe en 24 heures et à la coupole, au cadran horaire et à l’index un tour complet autour de l’écliptique en 366 jours. L’appareil est monté sur un entablement soutenu par des colonnettes d’ordre architectural se rapportant à l’époque zodiacale et le mouvement d’horlogerie dissimulé dans un dôme ou tambour est disposé sur le support qui relie le pied de l’appareil. On a ainsi mécaniquement, à tout moment et à première vue, l’heure de tous les pays, la date, la saison, l’heure du lever et du coucher du Soleil et la durée du jour et de la nuit aux différentes latitudes ainsi que
- 1. On sait que la Lune est en opposition avec le Soleil lorsque les longitudes des deux astres sont différentes de 180°. On sait également qu’il y a éclipse de Lune lorsque la Lune (en opposition), la Terre et le Soleil se trouvent sur le même alignement dans l’écliptique.
- 2. Les heures de lever et coucher du Soleil aux différentes latitudes de la sphère ont lieu uniformément à 6 et 18 heures. Elles sont indiquées par les deux longitudes diamétralement opposées qui coïncident avec le bord circulaire de la coupole hémisphérique et correspondent aux heures 6 et 18 du cadran horaire minuit-midi.
- la solution instantanée de tous les problèmes cosmographiques inhérents au double mouvement de la Terre.
- Nous allons, avec un peu plus de détail, montrer ce qu’on peut lire sur la cosmogéosphère, en examinant ses positions aux quatre époques de l’année tropique (solstices et équinoxes).
- Solstice du 22 juin (fig. 2). — Été pour l’hémisphère boréal; hiver pour l’hémisphère austral. —- Signe du zodiaque : le Cancer. — Déclinaison solaire : Boréale, 23° 27' 30". — L’index du cadran horaire marque sur le plan écliptique la date du 22 juin et indique par sa flèche la direction et position du Soleil à l’heure de midi vrai. La coupole (ciel de nuit) découvre complètement la zone glaciale du pôle Nord, c’est-à-dire le cercle polaire arctique et couvre entièrement la zone glaciale du pôle Sud, c’est-à-dire, le cercle polaire antarctique. — La durée du jour va en augmentant et celle de la nuit en diminuant, au fur et à mesure que, partant de l’équateur, on se rapproche du pôle Nord. Inversement, la durée du jour va en diminuant, et celle de la nuit en augmentant au fur et à mesure que, partant de l’équateur, on se rapproche du pôle Sud. — Dans les régions équatoriales la durée du jour et celle de la nuit sont sensiblement égales.
- Équinoxe du 22 septembre (fig. 3). — Automne pour l’hémisphère boréal; printemps pour l’hémisphère austral. — Signe du zodiaque : la Balance. — Déclinaison solaire : 0°. L’index du cadran horaire marque sur le plan écliptique la date du 22 septembre et indique par sa flèche la direction et position du Soleil à l’heure de midi vrai. — La coupole
- Fig. 4. — Position de la Coupole (ciel de nuit). Solstice du 22 décembre.
- Le Soleil est sur le prolongement de l’index Midi qui marque sur l’écliptique la date du 22 décembre. L’obliquité solaire montre sur le bord circulaire de la coupole hémisphérique (ciel de nuit) les levers et les couchers de l’astre aux différentes latitudes et met en évidence l’hiver dans l’hémisphère boréal et l’été dans l'hémisphère
- austral.
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- (ciel de nuit) découvre les deux pôles qui se trouvent également distants du Soleil et reçoivent tous deux ses rayons. — La durée du jour et celle de la nuit sont uniformément de 12 h sur tous les points du globe.
- Solstice du 22 décembre (fig. 4). — Hiver pour l’hémisphère boréal; été pour l’hémisphère austral. — Signe du zodiaque : le Capricorne. — Déclinaison solaire : australe, 23° 27' 30 '. — L’index du cadran horaire marque sur le plan écliptique la date du 22 décembre et indique par sa flèche la dix-ection et position du Soleil à l’heure de midi vrai.
- — La Coupole (ciel de nuit) couvre complètement la zone glaciale du pôle Nord, c’est-à-dire le cercle polaire arctique, et découvre entièrement la zone glaciale du pôle Sud c’est à-dire le cercle polaire antarctique. •— La durée du jour va en diminuant, et celle de la nuit en augmentant, au fur et à mesure que, partant de l’équateur, on se rapproche du pôle Nord. Inversement, la durée du jour va en augmentant, et celle de la nuit en diminuant, au fur et à mesure que, partant de l’équateur, on se rapproche du pôle Sud. — Dans les régions équatoriales la durée du jour et celle de la nuit sont sensiblement égales.
- Équinoxe du 22 mars (fig. 5). —• Printemps pour l’hémisphère boréal; Automne pour l’hémisphère austral. — Signe du zodiaque : le Bélier. — Déclinaison solaire : 0°. — L’index du cadran horaire marque sur le plan écliptique la date du 22 mars et indique, par sa flèche, la direction et position du Soleil à l’heure de midi vrai. —- La coupole (ciel de nuit) découvre les deux pôles qui se trouvent égalemeixt distants du Soleil et reçoivent tous deux ses rayons. — La durée du jour et celle de la nuit sont uniformément de 12 heures sur tous les points du globe.
- Concessionnaire exclusif : M. P. Milhiet, ingénieur E. C. P., 6, rue Maublanc. Paris (15e).
- Fig- 5. — Position de la coupole (ciel de nuit). Equinoxe du 22 mars.
- Le Soleil est sur le prolongement de l’index Midi qui marque sur l’écliptique la date du 22 mars. L’obliquité solaire montre sur le bord circulaire de la coupole hémisphérique (ciel de nuit) les levers et les couchers de l’astre aux différentes latitudes et met en évidence le printemps dans l’hémisphère boréal et l’automne dans l’hémisphère
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- DENTITION ET HYGIENE
- Dans le Cantique des Cantiques, Salomon, roi et prophète dit : « Tes dents, ô ma bien-aimée, sont belles et pures comme un troupeau d’agneaux tondus sortant blanchis des eaux du fleuve ». Un tel joyau que nul ne peut dédaigner offi’e toujours au sourire le charme de sa précieuse parure. L’éclat des dents, leur intégrité, leur parfaite disposition ne sont pas qu’agré-ment et ornement dans la beauté du visage. Elles servent à dilacérer, couper et broyer les aliments, à les imprégner de salive, à faciliter leur déglutition vers l’estomac où ils subiront l’influence des sucs gastriques. Toute déficience de ces fonctions, quand les dents sont altérées, provoque des troubles digestifs et la bouche devient un foyer d’infection auquel les stomatologistes ont attribué la genèse de nombreuses maladies : anémies, rhumatismes, streptococcies, pneumococcies et de véritables cachexies buccales. Sans étendre, comme les Anglais et les Américains, le domaine de cette malfaisance à ses limites extrêmes, on peut admettre, sans conteste, que le mauvais état de la bouche et de la dentition entraîne maintes névralgies, complications oculaires, ostéites des mâchoires, sinusites suppurées de la face, gingivites, érosions des muqueuses par irritation de racines, et parfois est le point de départ de localisations tuberculeuses et cancéreuses ou de phlegmons et adéno-phlegmons du cou dont les cicatrices marquent trop visiblement leur trace inesthétique, quand ils guérissent... On pourrait encore insister sur les risques de
- contaminatioix par les doigts souillés de salive et plus encore par sa projection en éternuant ou simplement en parlant, sur la gêne de l’élocution et sur l’effet de répulsion que l’on éprouve pour tout sujet atteint d’haleine fétide. Enfin l’intérêt de la stomatologie se manifeste aussi en décelant la localisation dans la bouche, d’affections générales, par l’arrêt de développement des maxillaires (infantilisme et rachitisme), la friabilité des dents par déficience de
- Fig. 1. — Schéma de la dentition de l’homme.
- A l’intérieur, dentition temporaire; à l’extérieur, dentition définitive. 1, 2, incisives; 3, canines; 4, 5, prémolaires; 6, 7, grosses molaires; 8, dents de sagesse. On peut marquer sur un tel schéma, les anomalies, les lésions, les soins et constituer ainsi une fiche dentaire de chaque personne.
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- l’assimilation calcaire, les anomalies et malformations congénitales ou acquises, les aphtes, les ulcérations des muqueuses, les perforations de la voûte palatine... sans continuer une énumération qui nécessiterait un véritable traité de pathologie.
- La première dentition débute généralement du troisième au cinquième mois après la naissance, par deux incisives centrales inférieures, l’une à droite,l’autre à gauche (quenottes), attendues avec tant d’impatience par la famille. Puis leurs homonymes apparaissent en haut et ainsi alternativement dans cet ordre et de cinq mois en cinq mois environ, les incisives latérales, les prémolaires antérieures, les postérieures ou bien parfois les canines. Les premières grosses molaires se montrent vers l’âge de six ans. Cette époque marque le début de
- Fig. 2. — Une radiographie dentaire révélalrice.
- Radiographie de la partie moyenne antérieure de la mâchoire supérieure d’un homme de 55 ans. On voit, de gauche à droite, l’incisive médiane droite saine, les deux incisives gauches et la première prémolaire gauche serrées, présentant à leur apex des kystes, de l’ostéite, une raréfaction du calcaire révélée par une zone plus claire. Au-dessus et en travers, la canine saine, n’ayant pu sortir faute de place, est restée incluse dans la gencive.
- la chute de ces « dents de lait », suivant l’ordre de leur apparition; elles seront remplacées par la dentition définitive.
- L’éruption des premières dents est parfois très pénible; elle se fait par poussées tumultueuses à travers une gencive enflammée et dure que des frictions avec des baumes calmants atténuent; parfois il devient nécessaire de débrider la gencive par une incision libératrice, afin de prévenir des souffrances pouvant aller jusqu’aux troubles nerveux convulsifs graves.
- Bien que temporaires, ces premières dents sont dignes d’attention. Elles présagent en effet dans une certaine mesure, de la qualité de leurs remplaçantes et posent souvent le problème de l’opportunité de leur conservation ou de leur extraction suivant que leur présence ou leur absence est jugée nuisible ou utile à la conformation définitive du maxillaire et à
- l’orientation des dents nouvelles, pour éviter déviations chevauchements, inclusions gingivales, contaminations. A cet âge, mentionnons-le, l’enfant subit souvent une crise d’affaiblissement que combattent fort à propos la vie au grand air, des exercices mesurés, le rayonnement ultra-violet, une nourriture saine et suffisante et le traitement de l’affection causale. De dix-liuit à vingt-cinq ans sortent les dents de sagesse qui assez fréquemment provoquent de dramatiques interventions quand elles sont imprévues et trop tardives. De telles conjonctures méritent qu’on s’en inquiète. Les familles aisées, outre leur observation personnelle et les soins quotidiens de la bouche, soumettront à un examen périodique bisannuel la dentition de chacun des membres de leur famille et en particulier de leurs enfants. Quant aux moins bien pourvues ou sans ressources, les consultations des crèches devront y pourvoir avec des spécialistes, comme pour toute affection réclamant une habileté professionnelle particulière. Plus tard, au cours des années scolaires, l’inspection médicale réservera dans tout livret sanitaire une place à la fiche dentaire. Cette organisation, pour ne parler que de la France, a déjà été prévue dans maints départements sous l’impulsion préfectorale, sur l’initiative des commissions d’hygiène, des conseils généraux ou sur l’ordonnance des maires de certaines communes. Il n’en résulte aucun dommage en ce qui concerne le dentiste. Son choix est laissé aux parents eux-mêmes.
- Si la rémunération est faite à des tarifs spéciaux, par une caisse d’assistance gratuite, elle constitue le profit supplémentaire d’une clientèle qui échapperait actuellement à ces soins. De plus, instruite par cette éducation première, gagnée par l’habitude et l’amour-propre à la nécessité de tels traitements, elle reviendra spontanément plus tard, en des jours plus fortunés, au cabinet dentaire pour le plus grand bien de chacun et l’intérêt général de la nation. Certaines industries, quelques ateliers et professions se recommandent plus particulièrement à ces observances; pâtissiers, confiseurs, chapeliers, plombiers et autres métiers bien connus pour leur néfaste influence, sans négliger les prédispositions de race, de pays, de sexe et de certaines diathèses. Il y aurait lieu même d’instituer des automobiles cliniques dentaires pour les villages et les centres industriels isolés. C’est ainsi qu’il était procédé pour les troupes, pendant la guerre. A la caserne, une organisation modèle est prévue et fonctionne en temps de paix dans certains hôpitaux militaires, dont il faut encore au point de vue sanitaire favoriser le perfectionnement et l’extension.
- Dès la plus haute antiquité, en Egypte, près de 4000 ans avant notre ère, on savait déjà remplacer des dents absentes. Les Romains aussi les retenaient dans leurs alvéoles à l’aide de fds d’or et les taillaient et sculptaient dans l’ivoire. Cependant, la vraie technique dentaire et plus spécialement l’obturation sont des découvertes modernes qui ont vite atteint une remarquable perfection. A côté de cette cure et de cette sauvegarde contre la destruction et l’infection de la carie envahissante, se place la prothèse. Celle-ci exige au préalable l’assainissement complet de la bouche et l’impérieux devoir de n’y laisser subsister aucun foyer infectieux quelconque, fistules et chicots. La radiographie est devenue un secours indispensable et un complément systématique pour l’observation des gencives et le contrôle de la guérison d’une dent traitée, dans les limites inoffensives d’utilisation des rayons X.
- La figure 2 est une démonstration frappante de la nécessité de cet examen. Elle montre une canine saine restée incluse dans la gencive, faute de place à l’extérieur, et les racines qui subsistent ont à leur apex, fistules et kystes.
- L’art dentaire a donc un rôle social important à remplir; il prend avec la stomatologie une place du plus grand intérêt en médecine. Médecin-général Félix Pasteur.
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- LE MOIS MÉTÉOROLOGIQUE
- JANVIER 1937, A PARIS
- Mois très doux, exceptionnellement pluvieux et avec insolation en excédent de 30 pour 100.
- La moyenne mensuelle de la pression barométrique, à l’Observatoire du Parc Saint-Maur, ramenée au niveau de la mer, a été de 760 mm 4, intérieure de 4 mm 6 à la normale.
- Celle de la température, 5° 7, est en excédent de 2° 8 et n’a été surpassée que huit fois depuis 1874; elle correspond à la moyenne de la première quinzaine de mars. On n’a compté au cours du mois que 5 journées fraîches ou froides, quatre du 9 au 12, date à laquelle s’est produit le minimum absolu — 3° 4, et une le 29. Treize moyennes journalières ont présenté des écarts positifs supérieurs à 4°. Trois de ces écarts dépassexrt 8°; ils correspondent aux températures exceptionnelles du 22, du 23 et du 24, dont les deux premières n’avaient pas encore eu de semblables à pareille date depuis le début de la série des observations faites au Parc Saint-Maur. La plus remarquable, celle du 22, a atteint 11° 5, température normale du 2 mai. Le maximum absolu du mois, 15° 2, observé ce jour, est supérieur de 3° 0 au maximum absolu moyen; le maximum du 24, 14° 6, est également remarquable. On n’a pas noté un seul jour de gelée totale et le nombre de jours de gelée à glace, 6, n’atteint pas la moitié du nombre moyen, 14.
- Aussi la végétation était-elle à la fin du mois notablement en avance. Les températures extrêmes pour la région parisienne ont été : — 5°2, Ville-Evrard, le 10, et 16° 2, à Bagatelle, le 22.
- Le total pluviométrique mensuel, au parc Saint-Maur, 95 mm 8, est exceptionnel et classe janvier 1937 au deuxième rang parmi les plus pluvieux observés dans la région parisienne depuis 130 ans, immédiatement après janvier 1936. Son rapport à la normale atteint 2,44. Les pluies ont été à la fois fréquentes et abondantes. On a compté 19 jours de précipitation dont trois, le 13 (12 mm 7), le 14 (13 mm 2) et le 25 (25 mm 5) ont fourni à eux seuls plus de la moitié du total mensuel. Aucune chute de neige n’a été i*emarquée.
- A Montsouris, la hauteur totale de pluie du mois, 80 mm 3, est supérieure de 121 pour 100 à la normale, et la durée totale de chute, 85 h 30 m, est supérieure de 46 pour 100 à la moyenne des 25 années 1898-1922. Hauteurs maxima recueillies en 24 h : pour Paris, 29 mm 5 à Montmartre et, pour les environs, 31 mm 8 à Asnières, du 25 au 26.
- Le 1er, le 5 et le 6, des flocons ou de très faibles chutes de neige, sont tombés sur quelques points de la banlieue.
- 11 a grêlé à Paris le 16 et à Brévannes le 19.
- Dans la région on a noté tous les jours des brouillards moyens ou épais, souvent étendus. La visibilité s’est abaissée à 20 m le 9, au bois de Vincennes et le 12 à Colombes.
- On a enregistré à l’observatoire de la Tour Saint-Jacques, 82 h 55 m de soleil, durée supérieure de 55 pour 100 à la normale; 9 jours sans soleil (normale 14). Une pareille durée d’insolation n’avait été dépassée qu’une fois en janvier depuis 1894 (95 h 20 m en 1925).
- A l’Observatoire du Parc St-Maur, la moyenne mensuelle de l’humidité relative a été : 83,2 pour 100 et celle de la nébulosité : 77 pour 100. On y a constaté : 2 jours de gouttes;
- 8 jours de brouillard; 15 jours de brume; 1 jour de rosée;
- 9 jours de gelée blanche.
- Les extrêmes météorologiques pour le mois de Janvier.
- Mois le plus froid : 1795, moyenne — 6°,3
- — chaud : 1796, — 7°,8
- écart : 1 an et 14°,1
- La plus basse température observée : 1795,'—23°,5
- — haute — : 1877, 15°,7 i
- écart : 82 ans et 39°,2.
- Le plus grand nombre de jours de gelée : 1795, 29
- — petit — — : 1796, 0
- Mois le plus pluvieux : 1936, 115 mm 2.
- sec : 1810, 0 mm 0.
- Le plus grand nombre de jours de pluie : 1758, 28 ?(M
- — petit — — : 1810, 1
- Mois le plus couvert: 1936, nébulosité : 88 pour 100.
- — clair : 1908, — : 53 pour 100.
- Moyenne barom. la plus basse : 1814, 747,3 (niv. mer : 753,7) — la plus haute : 1882, 769,4 (niv. mer : 774,0)
- Em. Roger.
- 1. En 1758,28 jours de pluie, p us 1 jour de gouttes, mais on ne connaît pas la quantité de pluie tombée; chiffre douteux, mais en 19.11 et en 1936 : 24, chiffre certain.
- = NOUVEAU PROCEDE D’EMBOUTEILLAGE _
- DES EAUX MINÉRALES
- Le traitement, par les eaux minérales, des diverses affections qui affligent notre pauvre humanité, est aujourd’hui d’une pratique courante, et bien rares sont ceux qui n’ont jamais, si peu que ce soit, recouru à l’action bienfaisante de ces eaux.
- Employées à la source même, elles donnent évidemment des résultats plus certains. Cette cure sur place n’est malheureusement pas permise à tous les malades. Lors même, d’ailleurs, que leurs occupations et leur situation de fortune leur permettent de se rendre aux sources, ils ont le plus souvent avantage à précéder ou faire suivre leur cure d’un traitement à domicile.
- C’est le cas, notamment, pour les maladies justiciables d’un traitement à La Bourboule, et notamment, —- et pour ne citer que les principales, — pour les affections des voies! aériennes supérieures et de l’appareil respiratoire, pour les' états lymphatiques en général, pour la plupart, des dermatoses,; l’eczéma des nourrissons, etc.
- Les eaux de La Bourboule, station thermale admirablement située à 850 m d’altitude, dans la vallée de la Dordogne, orientée à cet endroit de l’est à l’ouest, et abritée ainsi des vents du nord, proviennent, pour la plus grande partie, des puits Choussy et Perrière, où l’eau prise à 84 m pour le premier, à 78 m pour le second, est refoulée par pompes à pistons
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- Fig. 1. — Vue d'ensemble de la salle d’embouteillage des eaux de La Bourboule.
- (Photo Chevojon.)
- dans un réservoir ou galerie creusée dans le tuf, au flanc de la montagne, d’une capacité de 1500 m3, et dont les parois, en roche naturelle ou en ciment lissé, constituent pour ces eaux, puisées à 56-58°, un calorifuge idéal.
- Une teneur en arsenic, à l’état colloïdal, d’environ 7 mgr par litre, fait de cette eau la reine des eaux arsenicales, et le bicarbonate de soude, le chlorure de sodium, qu’elle contient également en quantité notable, sa richesse en émanations radio-actives, justifient pleinement l’appellation :
- « Eau de mer arsenicale et radio-active »
- qui lui a été donnée après une analyse minutieuse.
- Celle-ci, d’ailleurs, a décelé, en outre, la présence de chaux, silice, magnésie, potasse, fer, magnésium, soufre, brome, iode, etc., et de gaz rares, légers et lourds.
- Il a été reconnu, de plus, que le pouvoir catalytique très élevé de ces eaux les rapproche des diastases.
- Il eût été regrettable, évidemment, qu’une eau ainsi minéralisée ne pût être utilisée qu’aux sources mêmes, et c’est pourquoi, depuis longtemps, elle était mise en bouteilles et expédiée partout.
- Mais on ne tarda pas à constater que cette eau, embouteillée par les procédés ordinaires, s’oxydait et perdait une partie des propriétés thérapeutiques qui ont fait sa renommée.
- Et c’est pourquoi, à la suite d’études poursuivies aussi bien au point de vue chimique qu’au point de vue physique, la Compagnie des Eaux minérales de La Bourboule a procédé à une installation entièrement nouvelle, qui assure un embouteillage sous atmosphère des gaz de la source, — sans cependant qu’il y ait surgazéification, contrairement à ce qui se passe pour la plupart des eaux de table, — et qui permet, en plus, de la prise d’eau au griffon jusqu’au capsu-lage inclus des bouteilles, de les remplir sans que l’eau soit mise une seule fois en contact avec l’air extérieur.
- * *
- La machine à embouteiller employée à La Bourboule, et qui a fait l’objet d’un brevet, comprend essentiellement un axe vertical entraîné par croix de Malte et galets, pignon réducteur et moteur électrique.
- Deux plateaux calés sur cet axe vertical tournent avec lui.
- Le plateau inférieur comporte quatre sièges réglables, garnis de caoutchouc, et de forme carrée, pour les bouteilles elles-mêmes de forme carrée.
- L’emplacement de ces sièges correspond avec celui de quatre cylindres creux, en laiton, fixés sous le plateau supérieur, dans lesquels on introduit les flacons à remplir, et qui sont munis d’une membrane souple en caoutchouc, pressée par un puissant ressort qui assure la plus
- Fig. 2. — Vue d'ensemble de la machine à embouteiller et capsuler. (Photo Chevojon.)
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- parfaite jonction entre flacons et cylindres de laiton.
- Indépendamment de cette machine, la salle d’embouteillage comporte deux réservoirs en tôle d’acier, vitrifiés à l’intérieur, et qui sont toujours en équilibre hydrostatique avec des gazomètres dans lesquels ont été conduits les gaz à faible pression captés au griffon.
- Un tableau centralisateur permet la distribution à la machine à embouteiller de l’eau et des gaz.
- Pour la mise en route de la machine, on met devant l’indication « Tireuse », l’index de l’un des robinets commandant le réservoir 1 ou le réservoir 2; on ouvre les gaz haute et basse pression à l’aide de la manette spéciale, et l’on met en route le moteur de la machine dès que le manomètre haute pression indique une pression de 4 kg.
- La machine, en principe, doit être toujours munie de quatre bouteilles, et c’est pourquoi l’on en laisse toujours quatre sur le plateau inférieur lorsqu’on l’arrête.
- La première position de ce plateau est celle qui correspond à l’introduction d’une bouteille à remplir, après enlèvement d’une bouteille capsulée.
- A la seconde position, du gaz naturel de la source est introduit en excès dans le flacon, de façon à chasser complètement l’air qu’il contenait.
- A partir de ce moment, et jusqu’à la quatrième position, qui est celle du capsulage, le col des flacons appuie, en tournant, sur des secteurs circulaires en caoutchouc, et cette pression assure une étanchéité absolue, et indispensable, ainsi qu’on va le comprendre.
- A la troisième position, ou position de remplissage, l’eau contenue dans un doseur placé à la partie supérieure passe dans la bouteille par l’intermédiaire d’un tube plongeant qui se relève au fur et à mesure du remplissage, cette eau chassant les gaz thermaux introduits au stade précédent, et dont il ne reste une faible quantité que dans la partie du col située au-dessus du niveau de l’eau.
- Grâce aux secteurs circulaires en caoutchouc, ces gaz, qui sont restés emprisonnés dans le flacon entre les deuxième et troisième positions, ne pourront davantage s’échapper entre la troisième et la quatrième, qui est celle du capsulage.
- Les bouchons, renfermés à l’intérieur d’un réservoir et conservés dans une atmosphère de gaz thermaux, passent de ce réservoir dans une goulotte.
- Celle-ci les distribue un par un au moment du capsulage, qui s’opère automatiquement.
- La machine continuant son mouvement, le flacon capsulé revient au premier stade, où il est enlevé, et remplacé par un flacon vide.
- Bien que cette machine puisse remplir et boucher environ 200 flacons à l’heure, l’ouvrier affecté à l’embouteillage a largement le temps de faire cette substitution d’un flacon, et de centrer convenablement la bouteille vide.
- L’embouteillage terminé, on fait en sens inverse les opérations du début, c’est-à-dire qu’on arrête le moteur, puis, sur le tableau, les gaz et l’eau.
- •1:
- * *
- Ce mode d’embouteillage présente sur ses devanciers l’avantage de n’enfermer dans des flacons que de l’eau vivante, si l’on peut s’exprimer ainsi, ayant conservé intégralement son activité et toutes ses propriétés, et qui ne diffère de l’eau absorbée aux sources que par l’absence de radioactivité.
- Cette eau est ainsi stabilisée et ne s’altère plus pendant son transport et son stockage.
- Fig. 3. — Tableau centralisateur permettant la distribution de l'eau
- et des gaz.
- Telle quelle, elle est susceptible de rendre les plus grands services, et permet, au printemps, d’amorcer la cure qui sera faite sur place en été, ou de compléter celle-ci au cours de l’hiver qui suit.
- Et c’ 'st pourquoi nous avons cru devoir signaler cette heureuse innovation de la technique thermale, déjà si puissamment développée.
- Georges Lanorville.
- Fig. 4. — Vue de détail montrant les quatre flacons à remplir, le doseur et le réservoir aux bouchons. (Photo Clievojon.)
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- LIVRES NOUVEAUX
- Histoire de la pensée scientifique, par Federico Enriques et George de Santillana. 3 brocli. iu-8, 76, 62 et 45 p. Actualités scientifiques et industrielles. Hermann et Cie, Paris, 1936. Prix : 12, 10 et 8 i'r.
- De ces trois fascicules, le premier expose le cadre historique (de 600 avant J.-C. à 600 ans après), les sources dont on dispose, les débuts de la science grecque, il analyse les naturalistes ioniens, de Thalès à Heraclite. Le deuxième traite du problème de la matière, vu par les Pythagoriciens et les Eléates dans le sens des nombres, qui conduisent à l’arithmétique, la géométrie, l’analyse et au seuil de la logique. Le troisième considère les derniers « physiologues » de la Grèce, Empédocle, Anaxagore, Leucippe, Démocrite, qui s’engagent dans les voies du pluralisme, de l’atomisme, de la critique empirique et abordent les problèmes biologiques. L’ensemble donne une idée de l’évolution de la pensée scientifique grecque.
- Le physicalisme dans le cadre de l’empirisme intégral,
- par Julien Pacotte. 1 broch. in-8, 53 p. Actualités scientifiques et industrielles. Hermann et Cie, Paris, 1936. Prix : 10 francs.
- Poussières de physique. Glanes dans le champ du sauvage subtil, par Jean-Joseph Vallory. Tome 1.1 vol. in-8,3S9p., fig.,1 portrait. Éditions Rieder, Paris, 1936. Prix : 50 francs.
- Professeur de lycée, esprit critique et disert, l’auteur discute de la physique et de son enseignement, selon les programmes scolaires qui se sont succédé en ces dernières années. Faut-il que l’enseignement soit inductif ou déductif ? Comment distinguer les causes, les lois, le déterminisme ? Faut-il chercher et enseigner les « pourquoi » ou les « comment » ? Et parmi les programmes successifs, que doit-on chercher à dégager : l’histoire ou l’actualisme, l’autoritc ou la démonstration par des travaux pratiques ? Et à quoi sert le lycée ? à conduire par la pensée souveraine au bonheur national ? à développer la culture ? à procurer des places élevées ? Et puis les élèves savent mal, très souvent, le français et l’arithmétique ! C’est sur ce tableau sévère mais juste que se termine ce premier volume et aussi sur l’idée que la physique est plus finesse que géométrie, plus littéraire que mathématique. Beaucoup d’éducateurs et de parents voudront lire ces réflexions nées d’une longue expérience.
- La production et la distribution d’eau chaude, par Lucien Bourcier. 1 vol. in-16, 268 p., 168 fig. Garnier frères, Paris, 1937.
- Ce livre a un caractère pratique et s’adresse principalement aux techniciens et architectes qui ont à mettre en place et à vendre les appareils de chauffage d’eau chaude; après un résumé rapide des notions techniques élémentaires, l’auteur décrit les appareils à réchauffage instantané et les appareils à accumulation tant à gaz qu’électriques ou autres.
- Le chapitre suivant est consacré aux dessins et aux calculs des canalisations amenant l’eau chaude aux points d’utilisation. La théorie est complétée par des exemples nombreux.
- En annexe, figurent les extraits des règlements qu’il convient d’observer dans les installations.
- Lu T. S. P. sans parasites. Recherche et élimination des parasites. Parasites industriels et atmosphériques. Défauts du récepteur, par P. Hémardinquer. 1 vol. de 119 p., 61 fig. et un grand tableau hors texte. Dunod, éditeur, Paris, 1937. Prix : 15 fr.
- Les troubles de la réception radiophonique constituent un des plus grands obstacles à la diffusion des postes de T. S. F. dans la grande masse du public.
- Les bruits gênants de toutes sortes, accompagnés souvent de distorsions et de variations d’intensité plus ou moins rapides et désagréables, ne sont pas dus seulement à des phénomènes externes, auxquels on donne le nom de parasites industriels ou atmosphériques, ils peuvent être provoqués par des anomalies de fonctionnement accidentelles ou chroniques du récepteur.
- Les remèdes varient avec la cause des troubles. L’auteur, bien connu de nos lecteurs, a réussi à grouper dans un petit volume, d’une lecture facile, des indications précises et pratiques sur toutes les causes des différents troubles radiophoniques (quelles que soient leurs origines), leur localisation, et les remèdes correspondants.
- On notera surtout un grand tableau memento hors texte, qui augmente beaucoup la facilité de recherche pour le lecteur, en lui permettant de trouver immédiatement les indications correspondant aux troubles considérés. Un renvoi en face de chaque alinéa du tableau correspond aux pages du livre, et permet de déterminer rapidement la nature de la perturbation, le remède approprié et des détails sur sa mise en application.
- Biochimie des protéines, par Maurice Piettre. 1 vol. in-8, 375 p., 24 fig. Baillière et fils, Paris, 1937.
- Ayant réalisé avec Vila une méthode heureuse de préparation des
- protéines du sérum sanguin, l’auteur l'a appliquée à un grand nombre de recherches personnelles. 11 la décrit ici et énumère les résultats qu’il en a obtenus, à l’état normal et pathologique. Cela le conduit à une théorie générale du fonctionnement cellulaire; la respiration des tissus, provoquant un abaissement du pli, produit une modification physique de certaines protéines et secondairement une pénétration de liquide voisin du sérum qui stabilise les colloïdes. Ce serait donc l’instabilité continuelle de l’état physico-chimique du protoplasma qui caractériserait la vie. D’une technique précise, de faits nombreux et patiemment observés, l’auteur dégage ainsi une théorie générale de la vie.
- Discovery Reports. Vol. XL 1 vol. in-4, 538 p., 242 fig., 4 pl. Cambridge University Press, London, 1936. Prix : 3 £.
- Peu à peu paraissent les résultats des voyages successifs de la Discovery dans l’Atlantique austral, autour des Falkland et de la Géorgie, des Orcades, des Sandwich du Sud; l'étude de la vie des baleines, de leur nourriture, de leur croissance, de leurs migrations, qui fut le but principal de ces expéditions, a conduit à bien d’autres recherches sur l’hydrographie des mers australes, leurs courants, leur flore et leur faune planctoniques. Poursuivies avec les méthodes modernes, récemment mises au point dans d’autres mers, elles fournissent des données précises et d’utiles comparaisons sur une région qui avait été à peine effleurée par les voyages d’exploration antérieurs. Le volume XI qui vient de paraître est presque tout entier occupé par une vaste monographie de MM. Hardy et Gunther sur le plancton des régions de pèche à la baleine autour de la Géorgie du Sud. Des pêches répétées en diverses saisons ont permis de dresser de longues listes du phyto- et du zoo-plancton, d’observer leurs variations saisonnières, leurs déplacements verticaux, leurs rapports avec la teneur en phosphates et le pli de l’eau. La comparaison avec les faits déjà connus dans les mers tempérées suggère maintes hypothèses générales sur la distribution de la vie à la surface des océans et abouti tà une vaste synthèse hydrographique. Le deuxième mémoire, par M. Hardy, décrit un nouvel appareil, l’enregistreur continu de plancton, imaginé et mis au point pour la Discovery, et qui permet de suivre les variations en nombre et en espèces des animaux flottants tandis que le navire suit sa route. Trente-cinq opérations sont ensuite analysées entre l’Afrique et l’Amérique du Sud; elles révèlent des fluctuations importantes, aussi bien sous les tropiques que dans l’Antarctique et indiquent des rythmes encore mal précisés.
- Physiologie der Süsswasserfische Mitteleuropas, par
- Wilhelm Wunder. 1 vol. in-4, 340 p., 213 fig. Handbuch der Binneniischerei Mitteleuropas. Band II B. Schweitzerbart’sche Verlagsbuchhandlung. Stuttgart, 1936. Prix : broché, 49 marks; relié, 52 marks.
- Parallèlement, à la même librairie, paraissent deux manuels, l’un des poissons d’eau douce, l’autre des poissons de mer, en 6 et en 10 volumes; ils formeront une véritable encyclopédie. Le tome II des poissons d’eau douce est consacré à leur anatomie et à leur physiologie et voici sa seconde partie. Successivement sont exposés la physiologie de la peau (y compris sa coloration et ses variations de teintes), les organes des sens (avec la ligne latérale et la vessie natatoire), le système nerveux, la respiration, la circulation, la nutrition (avec la théorie de l’alimentation par les substances dissoutes dans l’eau), l’excrétion, les sécrétions internes, la production de chaleur, le mouvement, la reproduction et le développement. C’est un bon traité, bien à jour, riche en indications bibliographiques, mais où les auteurs de langue française sont vraiment par trop oubliés.
- Mœurs et coutumes des Indiens sauvages de l’Amé=• rique du Sud, par le marquis de Wavrin. 1 vol. in-8, 656 p., 19 fig. hors texte et 2 cartes. Bibliothèque géographique. Payot, Paris, 1937. Prix : 60 fr.
- Après quinze ans passés en Amérique du Sud, du Panama à l’Argentine, mais surtout dans les hauts bassins de l’Orénoque et de l’Amazone, pays chauds, malsains, mal connus, aux indigènes redoutables, l’auteur a rassemblé ses notes qui fournissent la première connaissance précise des mœurs des Indiens de ces régions. Ils apparaissent comme des primitifs uniquement occupés, ou presque, de jouissances physiques; cependant, il y a un minimum d’organisation pour le travail, la famille, la société, et aussi des croyances, des rites, des pratiques religieuses. Ce livre décrit ces mœurs étranges : pratiques de chasse et de pêche, cultures et élevage, travail et transports, nourriture, confort, rapports des sexes, jeux, danses et fêtes, ornements et insignes, mode de vie, famille et tribu, amitiés et guerres entre tribus, sorcellerie et magie, croyances et superstitions, rites et tabous, légendes. C’est un témoignage précieux à comparer avec les documents d’ethnologie recueillis chez d’autres primitifs.
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- COMMUNICATIONS a l ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 1er février 1937.
- La couleur du ciel nocturne. — M. Grandmontagne a étudié le rayonnement du ciel nocturne avec une cellule au césium sur argent oxydé, devant laquelle il fait passer successivement des filtres partageant le spectre visible en trois régions : bleue (de 0 p., 35 à 0 |x, 50), verte (de 0 u, 53 à 0 jx, 565) et rouge (au delà de 0 u, 565) ; les mesures sont enregistrées par un électromètre Delézalek très sensible. Les résultats confirment la comparaison de Lord Rayleigh à la lumière d’une lampe demi-watt. Les radiations rouges sont très prédominantes. Si on la compare à celle du corps noir porté à 5500° donnant la même intensité dans le bleu, la lumière du ciel nocturne a une intensité 36 fois plus intense dans la bande rouge définie par le filtre correspondant et 6,8 fois plus intense dans la bande verte.
- La teigne au Maroc. — Au cours d’une mission au Maroc, M. Langeron a pu étudier les parasites provenant de nombreux cas de teigne. En s’éloignant du littoral méditerranéen on voit, au Maroc, disparaître le favus classique, sans modification cependant des caractères cliniques de la maladie. Les parasites appartiennent à plusieurs types très voisins dont les co’onies ont toutes l’aspect farineux. Les cheveux faviques présentent souvent une gaine de grosses spores. Au fur et à mesure que l’on descend vers le Sud, le favus accuse une progression marquée par rapport aux trichophyties, sans doute sous des influences climatiques.
- Fusion des composés aliphatiques. — Les points de fusion d’une série de composés aliphatiques normaux présentent souvent des alternances dont le type varie suivant la fonction terminale. Pour les acides, les points de fusion correspondant aux composés impairs sont plus bas que ceux des composés pairs; pour les mercaptans, l’alternance est inversée; pour les carbures et les alcools primaires elle est peu marquée. MM. Carré et Passedebout montrent que ces résultats sont en relation avec la polarité du carbone terminal et d’accord avec la règle de l’écart électronique, les groupements lourds liés à l’atome terminal de la chaîne provoquant une baisse du point de fusion des composés pairs. En étudiant de même les uréthanes correspondant aux alcools primaires normaux de Ct à Clc, les auteurs ont remarqué que l’alternance des points de fusion est semblable à celle des acides pour les composés de Ct à C,t, disparaît ensuite, reparaît dans le même sens de C7 à C9, disparaît à nouveau et reparaît enfin, mais inversée, entre C1S et Cic.
- Séance du 8 février 1937.
- Mouvements des fluides électrisés. — MM. Avsec et Luntz montrent la formation de mouvements tourbillonnaires très apparents dans l’huile soumise à un champ électrostatique. Ces phénomènes divisent la masse en compartiments polygonaux à axes verticaux; ils s’accompagnent de mouvements de convection de sens inverse suivant que l’on considère l’axe ou la périphérie d’un compartiment, le sens axial variant d’ailleurs suivant les conditions de l’expérience. Les surfaces photographiées par les auteurs présentent une ressemblance frappante avec la vue à partir du sol d’une couche de mam-mato-cumulus ; l’origine de ces nuages semble donc résider dans l’action du champ électrostatique atmosphérique sur les cu-mulo-nimbus. Dans tous les cas, ces tourbillons exigent pour se former la présence d’un fluide peu conducteur, possédant cependant un certain degré d’ionisation, et l’action d’un champ électrostatique puissant.
- La décomposition des azotures. — Au-dessous de leur température de détonation, les azotures sont susceptibles de se décomposer lentement avec dégagement d’azote. MM. Audu-bert et Muraour ont examiné le rayonnement accompagnant cette réaction au moyen d’un photo-compteur à l’iodure cuivreux. Ils ont noté une émission de radiations ultraviolettes, intense avec les azotures de sodium, potassium, plomb et argent, très faible avec les azotures alcalino-terreux. La décomposition et l’émission paraissent en général commencer ensemble; pour l’azoture de plomb la décomposition semble précéder l’émission. Aucune relation n’a pu être établie entre la sensibilité de l’explosif et l’intensité de son émission.
- Le lithium dans Veau de mer. — Depuis les travaux de Marchand, en 1879, on sait que l’eau de mer contient du lithium; les recherches quantitatives n’ont cependant donné jusqu’à maintenant que des résultats peu concordants. Mlle Lagrange et MRI. Bardet et Tchakirian ont repris ce dosage en opérant sur 200 1 prélevés au large de Roscofï. Après concentration et élimination des autres métaux, le lithium a été dosé à l’état de sulfate dont la pureté a été vérifiée spectralement. La teneur trouvée est de 0 mg 17 de lithium par litre d’eau de mer.
- L’azote dans la germination. — RI. De Graeve, par des expériences de germination, soit aseptique, soit naturelle, a montré, qu’en ce qui concerne tout au moins les légumineuses, une partie de l’azote apparaît sous forme de composés puriques. Au début, avant même que la plantule soit visible, on trouve un peu d’acide urique qui disparaît rapidement; en même temps se forment de l’allantoïne et de l’acide allantoïque. La teneur en allantoïne passe par un maximum au bout de 3 à 5 jours tandis que l’acide allantoïque ne cesse de s’accumuler jusqu’à contenir quelquefois 9 pour 100 de l’azote total.
- Séance du 15 février 1937.
- Nouvelle synthèse de la glycérine.— RI. Darzens reprend une méthode de synthèse de la glycérine dont la possibilité avait été indiquée en 1888 par Grimaud et Lefèvre. Partant de l’éther éthoxyacétique, il le condense en présence de toluène par l’éthylate de sodium sec et obtient ensuite la diéthoxyacé-tone en saponifiant le résultat par l’eau. Cette cétope s’hydro-gène par le nickel Ramey en présence de l’alcool et conduit à l’éther diéthylique de la glycérine qu’il est ensuite possible de saponifier par l’action de l’acide chlorhydrique en tube scellé. On obtient ainsi de la glycérine par une série de réactions ayant des rendements excellents en transformant des matières premières peu coûteuses. Il n’est donc pas impossible que cette méthode revête un jour un intérêt technique.
- Mesures aérodynamiques. — Dans les essais aérodynamiques par soufflerie, le modèle, réduit ou non, est fixe. Il est donc toujours difficile de représenter le sol et son action par des parois fixes, donc sans mouvement relatif par rapport au modèle. On présente en général devant la soufflerie deux maquettes symétriques. RL Gruson montre qu’il se produit souvent un sillage dissymétrique entraînant d’importantes erreurs.
- Il propose de placer en aval des maquettes une paroi mince dans leur plan de symétrie évitant ainsi les tourbillons alternés. Cette amélioration n’est pas douteuse, mais elle ne touche en rien à l’action peu connue du freinage du sol sur les veines d’air ni à l’erreur provenant de l’élargissement de la lame d’air entre les deux modèles.
- L. Bertrand.
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- NOTES ET INFORMATIONS
- HISTOIRE DES SCIENCES Hommage à M. Charles=Édouard Guillaume.
- Un double hommage vient d’être rendu à M. Charles-Edouard Guillaume, directeur honoraire du Bureau international des Poids et Mesures — prix Nobel de Physique de 1920 — membre correspondant de l’Institut, universellement connu par ses travaux intéressant à la fois la métrologie, la métallurgie et la chronométrie, et qui ont rénové ces branches de la science.
- M. Charles-Edouard Guillaume qui dirigea pendant de longues années le Bureau international des Poids et Mesures, ayant pris sa retraite, il y a quelques semaines, avec le titre de directeur honoraire, ses collègues, collaborateurs et amis ont tenu à lui donner le témoignage de leur admiration, de leur déférence et de leur affection.
- Un Comité de patronage, dont M. Vito Volterra, à Rome, président du Comité international des Poids et Mesures, et S. Ex. M. Alphonse Dunant, ministre de Suisse en France, sont présidents, s’est constitué pour rendre hommage à l’œuvre accomplie pendant les cinquante-trois années de la carrière de M. Charles-Edouard Guillaume, au pavillon de Breteuil.
- Ce Comité de patronage comportait les représentants qualifiés des Académies, Sociétés savantes et techniques du monde entier dont M. Charles-Edouard Guillaume fait partie.
- U ri Comité d’organisation présidé par M. Paul Jannet, de l’Institut, comprenant ses amis : MM. Gustave Brandt, Pierre Chevenard, Paul Ditisheim, Albert Pérard, Albert Portevin, Gaston Valabrègue, fit, établir une plaquette à son effigie, plaquette dont l’exécution fut confiée au maître graveur Dammann.
- Cette médaiffe d’une classique et grande sobriété de lignes, symbolisant à la fois la vie scientifique et la vie familiale de M. Charles-Edouard Guillaume, lui a été remise le 23 janvier en une cérémonie tout intime, au pavillon de Breteuil à Sèvres.
- Notre Gouvernement a tenu à manifester également toute l’estime et la reconnaissance de la France au grand savant suisse qui a accompli sa laborieuse et féconde carrière dans notre pays et qui a ajouté une gloire nouvelle au patrimoine scientifique français.
- Il a décidé de l’élever à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur.
- Cette dignité lui fut conférée par M. Jean Perrin, membre de l’Institut, sous-secrétaire d’Etat à la Recherche scientifique, au cours de la réunion où M. Dunant lui faisait hommage de la médaille.
- Qu’il nous soit permis de rappeler ici, à côté des travaux industriels et scientifiques qui ont fait sa gloire, la brillante œuvre de vulgarisation scientifique de Charles-Edouard Guillaume.
- Pendant de longues années, il a honoré notre revue de sa collaboration; les lucides articles où il expliquait les plus récentes découvertes de la physique et les paradoxes de la mécanique restent des modèles du genre.
- ASTRONOMIE
- Les deux premières comètes de 1937.
- A sept jours d’intervalle, le 31 janvier et le 7 février, on vient de découvrir les deux premières comètes de l’année ! Nous recevons, en effet, les circulaires nos 87, 88 et 89 du « Service des Informations rapides » de la Société astronomique de
- France, dans lesquelles M. F. Baldet, le savant astronome de l’Observatoire de Meudon, donne tous les renseignements parvenus sur ces astres.
- Lci première comète (1937 a) est la comète périodique Daniel 1909 IV, (jui avait été observée seulement à l’époque de sa découverte, en 1909, et n’avait pu être retrouvée à ses retours de 1916, 1923 et 1930. Elle a été revue cette année, le 31 janvier, par M. Simizu, de l’Observatoire de llirose (Japon). Elle se présentait comme une nébulosité diffuse, de 13e magnitude, sans condensation ou noyau central, ni queue.
- La comète serait passée au périhélie le 27 janvier, vers 22“ 30m (T. U.). Sa période de révolution est de 6 ails,83.
- La comète s’éloigne à la fois du Soleil et de la Terre, et, vu son très faible éclat, nous limitons à deux les positions de l’éphéméride que vient de calculer M. Jens P. Moller :
- Bâte Ascension droite Déclinaison.
- 1937 Mars 12 4“ 1-2 + 31° 51/
- — — 16 4 13 4 + 32 52'
- La seconde comète (1937 b) a été découverte par M. Whipple, le 7 février. Elle se présentait comme un corps diffus, de 12e magnitude, avec une condensation centrale et une faible queue, inférieure à 1° de longueur.
- Voici, d’après le télégramme de l’Observatoire de Copenhague annonçant sa découverte, la position de la comète le 7 février, à 9“ 4“,0 (T. U.) :
- Mouvement Position. • en 24“.
- Ascension droite...................13“ 19m,5 + lm 188
- Déclinaison........................ -j- 35° 26' -f- 0° 22'
- Les Drs Whipple et Cunningham ont calculé, d’après les premières observations, une orbite parabolique d’où il résulte que la comète passera au périhélie le 22 juin prochain, à la distance 1,661 du Soleil (la distance Terre-Soleil = 1). Cette distance au périhélie est ainsi un peu supérieure à la distance moyenne de la planète Mars.
- MM. Thermie et Hjerting, utilisant les éléments de l’orbite de MM. Whipple et Cunningham, ont calculé une éphéméride dont nous extrayons les valeurs ci-après :
- Date. Ascension (0h,T.U.) droite. Déclinaison.
- Mars 12 13“ 58™,3 + 49° 6'
- — 16 14 1 8 + 50 44
- M. Baldet fait remarquer que la comète se rapprochant du Soleil et de la Terre va augmenter d’éclat. Elle est favorablement placée pour l’observation, passant au voisinage du zénith au milieu de la nuit. Elle deviendra circumpolaire dès la fin de février. Pour l’observer, il faudra, toutefois, des instruments assez puissants. Em. T.
- PHYSIQUE INDUSTRIELLE La recherche des défauts internes des rails.
- Les défauts invisibles des rails sont une menace pour la sécurité du transport ferroviaire et de nombreux accidents sont provoqués par la rupture de rails fissurés intérieurement, la fissure initialement petite s’accroissant très rapidement sous l’influence des chocs répétés provoqués par les essieux de plus en plus lourdement chargés et circulant à des vitesses tous les jours croissantes.
- Distance „ ,
- —— ----- Magnitude
- au Soleil, à la Terre, probable.
- ,097 1,382 10,9
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- M. Elmer Sperry a imaginé une méthode originale permettant la recherche de ces défauts invisibles à l’examen de la surface, et s’appliquant aussi bien aux rails en parcs qu’aux rails posés et en service.
- Le principe est le suivant : une génératrice à courant continu fait passer dans chaque rail par l’intermédiaire de contacts à halais, un courant de 2500 A sous une tension de 1 v environ. Le champ magnétique créé par ce courant a ses lignes de forces coupées par les spires d’une bobine placée entre les balais d’amenée du courant et à quelques centimètres au-dessus du rail.
- Dans ces conditions, si on déplace cet ensemble au-dessus du rail, deux cas peuvent se présenter : le rail est sain et homogène; les lignes de force sont régulièrement distribuées et on n’observe rien; le rail présente un défaut de structure : au voisinage de ce défaut les lignes de force magnétique sont déviées de leur position normale, ce qui provoque dans la bobine d’observation la variation du flux magnétique et par suite la création d’une force électromotrice induite. Le courant en résultant, convenablement amplifié au moyen de lampes, actionne alors les appareils d’enregistrement.
- Tout l’ensemble est monté sur un wagon spécial se déplaçant pendant les vérifications, à une vitesse constante de 10 km environ à l’heure. Quand l’observateur constate une anomalie quelconque sur le graphique d’enregistrement, si le défaut n’est pas directement visible, il fait marche arrière, repasse sur le tronçon suspect pour s’assurer qu’il n’y a pas à incriminer une cause extérieure (couche isolante d’herbe sur le rail par exemple) et procède à un examen à la main à l’aide d'un millivoltmètre dont les touches sont distantes de 1 cm environ.
- Lue fissure transversale se traduit par une chute de potentiel qui est en raison directe de son importance. Si on n’observe aucune variation au millivoltmètre, c’est que le défaut signalé par les appareils enregistreurs est une modification de la structure interne du rail (point de ségrégation, tension anormale, etc...) qui doit être ultérieurement surveillé.
- Les vérifications doivent d’ailleurs être faites fréquemment comme on s’en rendra compte par l’exemple suivant : une fissure est décelée et évaluée à 31 pour 100 de la surface du champignon du rail; deux mois après, elle atteint 50 pour 100 et trois mois plus tard le rail se rompt, la fissure s’étendant sur 70 pour 100 de la surface du champignon. L’intensité du trafic est aussi un facteur important; plus le trafic est intense, plus les fissures ont tendance à se former et à croître rapidement.
- Sur deux voies parallèles strictement de même âge et posées dans les mêmes conditions, le tonnage sur la voie montante était 3 fois plus grand que sur la voie descendante sur laquelle circulaient les wagons vides en retour. On constata 8 fois plus de fissures transversales dans les rails de la voie montante que dans ceux de la voie descendante.
- Il est intéressant de comparer le nombre de rails brisés en service au nombre de rails ayant des défauts invisibles décelés par la méthode Sperry. Le bulletin du Congrès international du chemin de fer donne pour 1931 les chiffres suivants pour les réseaux français : le nombre varie entre 30 et 45 suivant les réseaux par 1000 km de voie simple.
- En 1932, la méthode Sperry a permis de déterminer une moyenne de 357 rails par 1000 1cm ayant chacun entre 1 et 55 défauts dangereux. Si on compare un nombre de rails brisés (35 en moyenne) on voit qu’il existe 10 fois plus de rails contenant des défauts invisibles, qui nécessitent donc une surveillance très sévère pour qu’ils ne deviennent pas dangereux à leur tour. Ii. Vigneron.
- MÉTÉOROLOGIE
- Condensations « occultes » par temps calme.
- Bien souvent l’on a parlé de « condensations occultes ». Pourquoi occultes alors qu’elles tombent sous nos sens : vue, ouïe, toucher ?
- J ’ai naguère, rapporté avoir vu pleuvoir sous certains arbres dans l’Inde Anglaise (Mahablacliwer) au début de la mousson du Sud-Ouest et cela, avant la pluie.
- Au Tonlcin j’ai, par la suite, fait la même constatation au Tam-Dao (900 m) puis à Hanoï même, peu avant la véritable période du crachin.
- Mais le phénomène qui m’a le plus frappé parce qu’il ne comporte aucune intervention biologique est celui de condensations abondantes sous un réseau de fils de téléphones, par nuit claire et brouillard léger bas, aux abords de l’Hôtel des Postes et Télégraphes de Moulins (Allier) (1918). Il pleuvait littéralement sous lesdits fils de cuivre.
- Plus près de nous, le 2 octobre 1929, dans le Gard, (vallée du Gardon, 150 m d’altitude) par temps très calme et brouillard très épais d’automne, jusqu’à midi (chose très rare), il pleuvait sous les pins d’Alep, à grosses gouttes. Les jours suivants, le vent du sud s’est levé charriant des nuées, mais sans pluie. Puis a suivi la terrible bourrasque du sud-ouest qui a déclenché les inondations et les désastres de l’Hérault. Si la terre était boisée comme il conviendrait, sur tous les espaces à vocation forestière (terres impropres à l’agriculture), les effets nuisibles des périodes d’équinoxe seraient atténués, sinon supprimés. Roger Ducamp.
- CHEMINS DE FER
- Une locomotive électrique à vapeur aux États=Unis.
- Il y a plus de 40 ans aujourd’hui, l’ingénieur français Heilmann construisait la première locomotive électrique autonome; il faisait de la locomotive à vapeur usuelle une usine génératrice d’électricité, dont le courant alimentait les moteurs attaquant les essieux de la machine. Heilmann échoua ; sa tentative était prématurée; la technique de son temps ne permettait pas de produire le courant sur une locomotive dans des conditions suffisamment économiques; mais surtout on comprenait mal à l’époque l’utilité de l’intermédiaire électrique entre la machine à vapeur, source de force motrice, et les essieux récepteurs. L’intérêt de cette solution est cependant apparu clairement dans la suite, lorsque le développement du trafic ferroviaire imposa sur certaines lignes la circulation de trains, anormalement lourds; il fallut alors créer des locomotives disposant d’un poids adhérent en rapport avec la charge du train remorqué. La multiplication des essieux moteurs commandés par le moteur à vapeur pose, poulies machines puissantes et rapides, de difficiles problèmes mécaniques. Un problème analogue se pose sur les lignes à profil accidenté. Aussi la solution Heilmann est elle depuis longtemps redevenue d’actualité.
- En voici un exemple : une compagnie de chemin de fer des Etats-Unis, l’« Union Pacific Railroad », vient de décider la mise en service d’une locomotive électrique à vapeur pour remorquer un train de voyageurs de 1000 t entre Omaha (Nebraska) et Los Angeles (Californie). La machine est formée de deux unités motrices, chacune de 2500 ch; chaque unité consiste en une chaudière à vapeur à haute pression, un turbogéné-rateur à vapeur, un condenseur et les auxiliaires. La machine comporte 12 essieux moteurs, 6 pour chaque unité; ils sont répartis par 3 sur 4 bogies. Grâce à la condensation, la locomotive n’ayant pas de perte d’eau, peut faire tout le parcours Omaka-Los Angeles sans ravitaillement intermédiaire. La chaudière est à chargement automatique.
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- INVENTIONS ET NOUVEAUTES
- Fig. 1. — Plan d'installation de la villa.
- CONSTRUC-
- TION
- D’AMATEUR
- La volière originale.
- 1] s’agit de vivre en compagnie des oiseaux, au milieu des gazouillements et des battements d’ailes. Il faut, pour cela, faire
- une volière de construction métallique légère et agréable à voir.
- Cette installation peut être faite de diverses manières, selon les lieux dont on dispose; nous prendrons comme exemple, et en vue d’indications de principe, le cas d’une volière installée au rez-de-chaussée à côté d’une villa et communiquant avec cette dernière (voyez le plan A). L’intérieur de la villa est représenté en partie à 1. A 2 se trouve un petit passage couvert allant de la maison à la volière 4; et à 3, se trouve un réduit intérieur de la volière, réduit grillagé évidemment et tout autant que l’extérieur même de la volière. C’est dans ce réduit, sorte de ravissant cabinet de travail, que l’on pourra se tenir assis près d’une table : repos, lecture, admiration !...
- Il y a une porte à 5 et une autre à 6. Il peut y avoir sur le trajet quelques marches car, le plus souvent, le niveau du rez-de-chaussée d’une villa est au-dessus de celui d’un jardin ou d’une cour.
- Le corridor 2 sera grillagé lui aussi. L’escalier est de bois, et le sol est, à la suite, cimenté. Il l’est aussi d’ailleurs dans 8 ainsi que dans la cage elle-même 3. Un ruisseau, s’élargissant en nappe à 7 serpente sur le sol de la volière. Il entre sur la face et sort par le côté. Le sol cimenté de la volière est partout en inclinaison douce vers le ruisseau et cela facilite énormément le nettoyage du sol toujours souillé par les volatiles. C’est tout simple, au cours d’un nettoyage à la lance d’arrosage, on pousse les impuretés dans le petit cours d’eau qui les entraîne. L’eau souillée va vers quelque trou à fumier, puis dans le sol après s’être allégée des impuretés ci-dessus.
- L’armature de tout l’ensemble — volière et corridor — est faite à l’aide de fers cornières, en croix et à T, de goussets, de petits boulons, cette dernière chose rendant la construction démontable à volonté. La toiture sera rapportée dessus d’une seule pièce, pour ainsi dire, et boulonnée elle aussi. Cette toiture, à part ses fers, sera en tôle ondulée.
- Fig. 2. — Aspect de la volière.
- Un second toit recouvrira l’espace 2 faisant communiquer la villa avec la volière.
- L’escalier, que l'on voit à la figure D est fait de trois escabeaux de hauteur variable et fixés les uns aux autres. Son poids total est suffisant pour que l’on n’ait pas à envisager une fixation au sol.
- La volière que nous montrons sur nos gravures, comme modèle, mesure à peu près trois mètres sur trois mètres et deux mètres de haut de a à b (fîg. B). De bac 0 m 60 suffiront. La figure O nous la montre en perspective. On peut la faire plus petite ou plus grande, avec armatures plus fortes dans le second cas et plus faibles dans le premier. Pour le cas de notre modèle, employons des fers de 50 mm de largeur et de 5 mm d’épaisseur.
- Les fers qui pénètrent en terre appuient leur extrémité sur des pierres dures et plates à leur partie supérieure; cette partie supérieure étant partout et pour toutes les pierres à même profondeur (25 ou 30 cm). Voyez les figures B, C, E.
- Les fers étant tous les mêmes en force, il nous suffira de montrer les différents cas d’assemblage qui, eux, varient. Nous indiquons pour tous ces cas des manières simples d’opérer, bien à la portée du bricoleur. Celles, secondaires, qui ne se trouvent pas sur nos figures, seront faites en s’inspirant de celles qui sont décrites et qui leur ressemblent le plus.
- La figure F montre l’assemblage d’un angle à l’aide d’une plaque de fer pliée à angle droit, en 10, figure B. En G, on voit un exemple d’assemblage des fers à l’endroit 11 (fig. B). En H se trouve un exemple d’assemblage des fers à l’endroit 12 de la même figure.
- La figure K est un exemple d’assemblage de fers croisés au point 13 (fig. A). La figure L montre un assemblage de l’ossature avec le bas de la toiture. On voit au point 14 (fig. J) un des assemblages qui tiennent le faîte de l’édifice. Il y en a un évidemment de chaque côté de la volière. Les plaques de fer de soutien auront, comme les autres fers, 5 mm d’épaisseur, cl; tout, cela sera boulonné.
- Fig. 4. — La charpente de la volière.
- En M, détail du boulonnage des cornières.
- Fig. 3. — Coupe de la volière.
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- Lorsque l’on fait des assemblages de ces différents genres, il y a souvent des vides sous les fers rapportés. On comble ces vides à l’aide d’un fer de l’épaisseur et de la forme du vide. Exemple : il y a un vide sous le fer d’angle de la figure F aux points 15. Il y aura donc un fer rectangulaire rapporté à 15 sur le fer cornière vertical.
- L’ossature de la couverture de la volière est faite de fers cornières (autrement dit en forme de V). On en voit des détails aux figures J, L, M, N. Ces cornières sont boulonnées et, sur elles se trouve également boulonnée la couverture de tôle
- ondulée. Les détails,
- en coupe, de ce dernier boulonnage se voient à la figure M. Les pièces 17 sont des cales cubiques en bois dur que traversent les petits boulons. Ces cales rendent possiblel’action des boulons, car elles remplissent l’espace compris entre la tôle ondulée et la surface horizontale de la cornière.
- Au faîte de la volière, il y a une longue feuille de plomb qui imperméabilise ce
- sommet. Cette feuille de plomb doit bien épouser la forme de la tôle ondulée (voyez fig. N) et se rabattre sur les faces. Le plomb sera maintenu à l’aide de très courtes vis à métaux, vissées de quelques filets seulement sur l’étroite partie verticale des cornières. La tête des vis légèrement serrée sur le plomb assure toute étanchéité en ce moyen de fixation.
- Le toit incliné 18, figure O, est également de tôle ondulée,
- mais il n’y a pas de faî-
- Fig. 7. — Détails de la construction. IaSe> ^es côtes de la tôle
- sont perpendiculaires à la direction du couloir qu’elle recouvre.Cette tôle est légèrement incurvée comme cela est indiqué sur la figure O puis boulonnée sur le fer cornière. A 19 (fig.C), on fera en sorte que la dernière ondulation de la tôle soit terminée coupée dans sa partie haute pour que l’eau de pluie, trouvant là un obstacle terminal soit dirigée vers la droite et vers la gauche, mais non en avant vers la volière.
- Fig. 8. — Couverture du faîte.
- L’escalier D qui, dans le cas choisi en cet article, conduit de la villa dans la partie horizontale du corridor, est des plus faciles à construire. 11 s’agit, en somme, de trois tabourets dont le plus grand est au niveau du rez-de-chaussée de la villa, et le plus bas de la hauteur habituelle d’une marche. Le tabouret du milieu est de hauteur intermédiaire. Les tabourets sont tout simplement faits chacun d’une planche solide montée sur quatre morceaux de bois verticaux à section carrée de 0,06 X 0,06 et renforcés par des équerres (deux à chaque pied). Les tabourets sont ensuite fixés l’un à l’autre par leurs pieds boulonnés et d’autres équerres que l’on voit sur la figure D. Cet escalier doit avoir une largeur très peu supérieure à celle de la porte de sortie de la villa.
- Corridor et volière seront enveloppés d’un grillage de fil de fer galvanisé, comme pour un poulailler, mais à mailles bien plus serrées. La chambre centrale sera également enveloppée d’un grillage semblable jusqu’en haut de la volière. Le tout sera peint de la couleur que l’on voudra : beauté et préservation. On en appliquera surtout des couches bien épaisses sur les parties de fer qui sont enfoncées en terre. Marius Monnier.
- OBJETS UTILES Fermeture des revues roulées.
- Il n’est pas besoin de décrire la fermeture Filtand utilisée par La Nature. Tous nos lecteurs connaissent cette fermeture très pratique et l’apprécient. Une fermeture de ce genre consiste à disposer un fil ou un ruban sous le papier enroulant les revues. Ce fil dépassant de chaque côté ou replié à une extrémité déchire longitudinalement le papier d’enveloppe quand on le tire. Une autre fermeture brevetée pour revues roulées, et même pour enveloppes, est la fermeture « Fermebien » des plus économiques puisqu’elle supprime le fil ou le ruban. En même temps que l’impression, on trace une série de fentes, en arêtes de poisson ainsi qu’une languette à un bout. Cette fermeture est solide et propre; elle permet une ouverture facile. L’angle du double perforage est calculé pour que la traction de la languette déchire la bande de papier régulièrement jusqu’à l’autre bout.
- Un autre procédé d’ouverture des enveloppes de revues roulées consiste en une couture faite dans le papier de telle sorte que si le fil intérieur est tendu, par contre le fil, se présentant à l’extérieur, est lâche et forme des boucles. En tirant sur l’une des boucles le papier se trouve coupé par le fil, mais ce procédé est un peu plus coûteux.
- Fabricants : Monlgolfier fils et Cie, rue Sadi-Carnot, 29, Sainte-Savine (Aube).
- Fig. 9. — Le « Ferme-bien ».
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- BOITE AUX LETTRES
- COMMUNICATIONS
- Les poules et le mastic. — M. de Saint-André, de Poitiers, nous envoie l’observation suivante :
- « Ayant laissé divaguer mes poules dans le jardin, je n’ai pas été peu étonné de constater après leur rentrée au poulailler que mes châssis fraîchement mastiqués avaient été consciencieusement débarrassés de leur mastic. Ne trouvant pas d’explication à ce phénomène et lâchant les volatiles le lendemain, ceux-ci (au moins les Leghorns) se dirigèrent vers les châssis et se mirent en devoir de picorer avec empressement aux endroits négligés la veille. J’ignorais jusqu’à ce moment que ce composé d’une digestion malaisée pût jamais être apprécié des volailles.
- « Faut-il voir dans cet acte de bêtes, cependant largement nourries, une perversion maladive du goût ? Cette attirance bizarre pour le
- mastic frais ne correspond-elle pas plutôt à un besoin réfléchi qui leur fait rechercher une nourriture calcaire pour le moins inattendue V
- « Dans le cas qui nous occupe, le sol de l’enclos du poulailler, pauvre en calcaire, est surtout composé de mâchefer.
- « Les lecteurs avicoles de La Nature ne manqueront pas de tirer de ce petit exposé l’enseignement pratique qu’il comporte. »
- Destruction des termites.
- M. Décamps, 145, rue d’Ornano, Bordeaux, nous signale pour détruire les termites un produit, l’Elen, inventé par M. l’outays, qu’il a employé avec succès à Sainte-Hélène pour arrêter les dégâts graves que subissait la maison de l’Empereur, à Longwood.
- QUESTIONS ET REPONSES
- Amélioration d’un moteur électrique.
- La chute de tension qui se manifeste dans l’enroulement d’excitation de votre moteur est normale au démarrage, quand on augmente la résistance mécanique.
- Le moyen le plus simple pour remédier à cet inconvénient, sans employer de batterie auxiliaire, consisterait à disposer une résistance en série avec l’inducteur de l’alternateur (rotor) de manière à provoquer un accroissement de tension, ou une diminution, suivant qu’on met ou non cette résistance en court-circuit.
- La mise en court-circuit de la résistance serait assurée par un relais dont 'l’enroulement serait monté en série sur une phase de la ligne alimentant les moteurs.
- Lorsque l’intensité absorbée par le moteur serait suffisante, le relais court-circuiterait la résistance, et provoquerait ainsi un accroissement de tension aux bornes de l’inducteur.
- Pour avoir un relais de ce genre, vous pourriez vous adresser, par exemple, au constructeur suivant :
- Etablissements Solor-Lefébure, 5., rue Mazet, Paris (6").
- Réponse à M. de Lima, à Cantareira, Brésil.
- Installation d’un radiateur électrique
- Nous ne comprenons pas bien la différence qu’il peut y avoir au point de vue électrique entre l’installation d’une cuisinière électrique et celle d’un radiateur, étant donné qu’on utilise dans les deux cas des résistances chauffantes; seule l’intensité varie.
- Si l’intensité nécessaire ne dépasse pas 6 à 8 A, par exemple, l’installation peut être branchée sur la ligne d’éclairage; sinon, il est plus économique d’utiliser une ligne de distribution de force. Les difficultés que vous signalez sont dues sans doute à des causes accidentelles et locales, et non à des raisons techniques.
- La Nature a décrit des réchauds à essence, fonctionnant par catalyse. Ce sont des appareils qui donnent d’excellents résultats; on les utilise surtout pour le réchauffage des moteurs d’automobiles ou d’avions en hiver. Réponse à Mlle E., à Ally (Haute-Loire).
- Emploi d’un microscope électronique.
- Le microscope électronique, dont les principes ont été indiqués dans La Nature, est un appareil très intéressant, qui permettra peut-être dans l’avenir d’augmenter le pouvoir séparateur des systèmes optiques. Jusqu’à présent, l’appareil demeure un dispositif d’essais, qui a surtout servi à des expériences de laboratoire. La difficulté essentielle provient de ce que la préparation à examiner est détruite par le bombardement électronique intense déterminé par la cathode, et concentré par les systèmes de lentilles électroniques. On ne peut donc examiner, en réalité, que la silhouette des objets à étudier.
- Comme constructeurs industriels : nous pouvons citer actuellement : l’« Allgemeine Elektricitiits Gesellschaft à Berlin, et la « General Electric C° » à Londres.
- Réponse à M. Mello et Faro, à Lisbonne (Portugal).
- Emploi d’une antenne de fortune.
- Si l’emploi d’une antenne de fortune, et, en particulier, d’un fil du
- réseau à la place d’une antenne extérieure normale, est, en général, à éviter, ce n’est pas parce que l’intensité de l’énergie utile ainsi recueillie est moins grande. Les appareils récepteurs sont aujourd’hui suffisamment sensibles pour s’accommoder d’un collecteur d’ondes très réduit, même pour la réception d’émissions lointaines. Le plus grand défaut de l’antenne de fortune est d’être un collecteur de parasites plus que d’oscillations radiophoniques utiles. Toutes les fois qu’on a à craindre spécialement des perturbations industrielles, il y a intérêt à se servir d’une antenne extérieure, et tout spécialement d’une antenne antiparasites à descente protégée. Réponse à M. Barot, à Lyon.
- De tout un peu.
- Abonné d’Istanbul. — Nous avons répondu aux deux queslions posées dans votre lettre, mais la deuxième réponse a paru avant la première. Nous n’avons rien à ajouter à ce que nous avons dit sur l’astrologie et vous engageons à consulter l’ouvrage classique de Grasset sur l’Occultisme.
- Les nouvelles demandes de renseignements, contenues dans votre dernière lettre, sont à l’étude.
- Escudier, Guadalajara. — Ouvrage à consulter pour la préparation des cuirs vernis : H. J. Rousset, Travail du cuir, 173 pages, 160 ligures. Béranger, éditeur, 15, rue des Saints-Pères, Paris. Prix broché, 30 lr. Vous pourriez en outre consulter le journal Le Cuir, 54, rue de Bondy, Paris.
- Livres élémentaires de T. S. F. :
- Les postes de T. S. F. de l'amateur, par llémardinquer, prix 20 fr. Chiron éditeur, Paris.
- Pratique et théorie de la T. S. F., par Paul Berché, prix 50 fr, au journal Y Antenne, 53, rue Réaumur, Paris.
- La Pratique radioélectrique, par Hêmardinquer, prix 12 fr. Masson, éditeur.
- La T. S. F. expliquée, par Vallier et Maurice, prix 8 fr. Chiron, éditeur.
- Les récepteurs modernes de T. S. F., par Hêmardinquer, prix 30 fr. Chiron, éditeur.
- Les récepteurs radiophoniques modernes, par Duroquier, prix 24 1T. Masson, éditeur.
- Nous répondrons ultérieurement à la troisième question.
- M. Du Plessis. — Le beurre fabriqué avec du lait de vaches tuberculeuses peut évidemment contenir des bacilles de Koch et présenter ainsi un danger de contamination. Toutefois, les bacilles tuberculeux n’y sont généralement présents qu’en petites quantités et le danger ne résiderait que dans l’ingestion répétée et massive d’un beurre contaminé.
- 11 est fréquent de trouver, dans les échantillons de beurre prélevés dans le commerce, des bacilles de Koch, mais il semble alors que les beurres soient beaucoup plus souillés par des apports extérieurs que par les laits dont ils proviennent.
- M. F. Bard. Rimon. •— Au sujet des moyens de désinfection à employer pour la lutte contre la tuberculose du gros bétail dans une ferme, le mieux est de consulter la loi sanitaire sur les maladies conta-
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- gieuses des animaux, qui comprend un chapitre spécial sur la désinfection, et en énumère tous les procédés.
- 11 y aurait lieu, à côté des mesures de désinfection, de vacciner avec le B. C. G. les jeunes animaux à leur naissance, suivant la technique préconisée par l’Institut Pasteur, 25, rue du Dr Roux, Paris.
- Vous trouverez le texte de la loi sanitaire sur les maladies contagieuses des animaux probablement à la Librairie Marchai et Billard, 25, place Dauphine, Paris.
- N. B., à Dalhausie, Canada. — La sarcocolle ou sarcocolline est une sorte de gomme exsudée par divers arbustes de la famille des Peneacées (Pcnea mucroriata, P. arcocolla, P. squamosa) de l’Afrique méridionale, elle est formée de grains irréguliers, accolés, friables jaune rosé ou grisâtres, elle est inodore, son goût est légèrement amer et sucré.
- D’après Pelletier, sa composition immédiate est la suivante :
- Sarcocolline........................... 65 30
- Gomme.................................. 4 60
- Matières protéiques.................... 3 30
- Cellulose............................. 20 80
- La gomme se rapproche beaucoup de la bassovine,élément principal de la gomme arabique; quant à la sarcocolline c’est un principe à la fois amer et sucré ayant quelque analogie avec la glycyrrhizine; on l’extrait de la sarcocolle brute en traitant celle-ci par l’éther pour enlever la matière résineuse, puis on épuise par l’alcool qui dissout la sarcocolline et l’abandonne ensuite par évaporation sous forme d’une masse amorphe semi-transparente.
- La sarcocolle n’étant pas d’emploi courant, nous doutons que vous puissiez la trouver dans le commerce; la Maison Pelliot, 53, rue de Châteaudun, vous fixera exactement sur ce point.
- IVl. Borsu, à Ben-Ahin-les-Huy. — Le traitement des vêlements huilés qui commencent à coller, consiste à les faire tremper d’abord pendant une journée dans une solution tiède de carbonate de soude (cristaux du commerce) et de savon noir.
- Ensuite on dispose le vêtement à plat sur une table, puis on le brosse énergiquement avec une brosse un peu dure, rince à l’eau tiède et fait sécher librement à l’air, de préférence à l’ombre, si on a opéré en été.
- Une fois l’étoffe bien sèche, on passe à la surface une couche très légère d’huile de lin, laisse bien pénétrer celle-ci pendant quelque temps; finalement on essuie avec un chiffon de flanelle.
- Si on a opéré convenablement, le vêtement doit avoir repris ses qualités premières.
- IVl. Magnin,à Lacauche (Côte-d’Or). — Le ciment dont se servent les fumistes pour mastiquer les différentes pièces des fourneaux ou cuisinières est ainsi constitué :
- Silicate de soude liquide à 36° B. . . . 350 grammes
- Noir de fumée............................ 50 —
- Sable quartzeux (sable lavé)............ 500 —
- Amiante en poudre.......................100 —
- Broyer ensemble le noir, le sable et l’amiante pour rendre bien homogène, puis ajouter progressivement le silicate de soude pour former une pâte.
- N. B. — Le sable lavé est du sable de rivière, non du sable de carrière.
- IVl. de La Boulaye, Martenet.—-L’unité de mesure du flux lumineux est le « lumen », lequel correspond au flux lumineux qui serait intercepté par une surface de 1 m2 placée à une distance moyenne de 1 m d’une source hypothétique qui aurait, dans toutes les directions sans exception, une intensité lumineuse de 1 bougie. (Consultez les brochures éditées gratuitement par la Société pour le perfectionnement de l’éclairage, 134, boulevard Haussmann, Paris.)
- IVl. C., à Versailles. — Pour les expériences de laboratoire, l’hydrogène s’obtient très facilement par l’action de l’acide sulfurique étendu sur le zinc pur en morceaux ou en grenaille, l’opération se faisant dans un flacon bitubulé portant un tube de sûreté à entonnoir; la réaction est la suivante : Zn + S04H2 = ZnSO4 -)- H2
- Vous trouverez du reste ce dispositif dans tous les traités de chimie, même les plus élémentaires.
- IVl. G. Prin, à Paris. — Sous le nom de blanc d'argent ou blanc léger, on désigne le carbonate de plomb préparé spécialement pour la peinture artistique ou la peinture en décors; son noircissement est dû à la formation de sulfure de plomb noir, sous l’influence de l’hydrogène sulfuré, que l’on rencontre toujours dans les habitations.
- Pour faire disparaître ce noircissement, il suffit d’oxyder le sulfure de plomb en le transformant en sulfate de plomb qui est blanc.
- Dans le cas qui vous intéresse, en l’espèce peinture à la gouache (blanc d’argent délayé dans l’eau gommée), nous pensons que vous réussirez en plaçant les dessins noircis dans une caissette pouvant se bien fermer, au-dessus d’une cuvette photographique contenant de l’eau oxygénée alcalinisée par quelques centimètres cubes d’ammoniaque liquide (alcali volatil).
- Pour provoquer le départ de l’oxygène, mettre cette même cuvette sur une brique chauffée et appliquer aussitôt le couvercle. Laisser agir quelques heures, réchauffer la brique, et au besoin, recharger la cuvette en eau oxygénée alcaline.
- N. B. — Les dessins devront être disposés face en dessous bien entendu.
- M. Dei-val, à Paris. •— L’encre de Chine étant constituée par du noir de fumée empâté dans une colle de gélatine, comme le carbone est complètement insoluble dans tous les réactifs, il en résulte que les taches de cette encre sur les tissus sont pratiquement indélébiles.
- Il existe cependant un tour de main très simple qui permet de tourner la difficulté, ce moyen consiste à mobiliser les grains de carbone par un corps gras quelconque pourvu qu’il soit suffisamment mou. On procède de la façon suivante :
- La partie tachée parfaitement sèche est imprégnée de beurre, de saindoux ou d’huile à manger; après une heure ou deux de contact, la tache ainsi franchement graissée est lavée au savon dans de l’eau tiède et, au bout de quelques minutes, le tissu est nettoyé d’une façon complète, il ne reste plus qu’à rincer.
- Ce procédé d’entraînement mécanique des poudres colorées insolubles peut être utilisé toutes les fois qu’il s’agit d’enlever les colorations charbonneuses, les restes de pigments colorés après enlèvement des peintures à l’huile par la benzine; bref, peut-on dire, dans tous les cas qui sont passibles de la même cause.
- G. B., à Clermont-Ferrand. •— La plupart des crèmes pour les soins du visage, sont des glycêrolés d’amidon, voici d’après Cerbelaud comment on peut préparer une crème analogue à une spécialité fort
- répandue :
- Prendre : A. Amidon de blé........... 10 grammes
- Eau distillée de roses ... 10 —
- B. Glycérine neutre à 30°. . . 140 —
- Eau distillée de roses ... 10 —
- C. Oxyde de zinc pulvérisé . . 7,5 —
- Glycérine neutre à 30°. . . 5 —
- D. Teinture de benjoin. ... 3 —
- de Panama. ... 3 —
- Coumarine................... 0,30 —
- Héliotropine................ 0,30 —
- Teinture d’ambre gris au centième ......................
- Solution de musc artificiel
- à 6 0/00 ................. 1 —
- A. Triturer au mortier les 10 gr d’amidon de blé avec les 10 gr d'eau de roses; mettre de côté.
- B. Chauffer la glycérine additionnée d’eau de roses, mélanger A et B, remuer sans cesse; lorsque la masse est prise en gelée, retirer du feu.
- C. Verser le glycêrolé obtenu et encore chaud sur l’oxyde de zinc bien trituré avec la glycérine (mélange C). Battre vivement.
- D. Lorsque la masse sera bien homogène et froide, ajouter le mélange des parfums, triturer avec soin, passer au tamis de soie en pressant légèrement avec la main, mettre en pots et couvrir.
- M. Joigneau, à Agen.-— A notre avis, le champignon qui a envahi votre demeure est le Merulius lacrymans ou champignon des maisons.
- Le moyen le plus efficace pour en assurer la destruction est d’employer le sulfate de cuivre ou vitriol bleu, soit en solution saturée, soit en poudre répandue à profusion. La plus grande difficulté sera de faire parvenir ce sulfate de cuivre dans les régions difficilement accessibles, derrière la plinthe, sous planchers, etc.; seules les dispositions locales vous permettront de trouver sur place les moyens appropriés pour assurer la réussite.
- Bien entendu, une large aération devra être pratiquée pour supprimer le facteur le plus important du développement des champignons : l’humidité; quelques plats contenant de la chaux vive, disposés dans les pièces alors closes, pourront aider à cette réalisation.
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- PSYCHOLOGIE ANIMALE
- 1. Rat d’eau aveuglé par un bandeau', il se dirige quand même vers le lieu le plus humide. —• 2. Ce hamster a appris à couper la corde qui lui délivre un seau de grains.—3. Ce fourmilier sait découvrir une nourriture d’aspect inattendu. — 4. Mais ce bihoreau ne reconnaît pas son portrait qui l'irrite. — 5. Et ce macaque sait-il compter ? —• 6 .Le chien est un bon sujet d’expériences. Celui-ci sait choisir, pendant que le disque tourne lentement, le trou bordé d’une certaine couleur qui lui permet d'atteindre une friandise alors que les autres orifices lui donneraient des excitations électriques désagréables. — 7. Enfin voici un autre chien couché qui se lèvera quand une goutte d’eau tombera du compte-gouttes sur la plaque métallique, même si la hauteur de chute est si faible que le bruit est imperceptible à l'homme.
- Le Gérant : G. Masson.
- 9421. — lmp. Lahure, 9, rue de Flcurus, à Paris. — 15-3-1937. — Published in France
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- N° 2998
- LA NATURE
- I" Avril 1937
- LE HOGGAR A NEUF JOURS DE PARIS
- Si prosaïque que puisse être notre époque, elle garde ses fées, que nous voyons à l’œuvre, créant comme par magie de ces choses stupéfiantes qui relèvent du miracle. A dire vrai, elle n’opèrent plus par elles-mêmes, comme dans les légendes et les contes : elles ont délégué leurs pouvoirs et transmis leur baguette à une poignée d’hommes jeunes qui, grâce à leur esprit de méthode, à leur énergie, à leur ténacité, ont réalisé l’impossible.
- Il y a dix ans, qui donc eut osé prédire que l’on pour-
- avec moi, afin de choisir les photographies que vous désirez... »
- Partant pour le lac Tchad... Aussi simplement annoncé que s’il s’agissait de Versailles ou de Suresnes !
- UN PEU D’HISTOIRE
- •Jusqu’au début de ce siècle, la traversée du Sahara demeurait le monopole inviolé des caravanes qui transportaient les produits du Soudan aux régions littorales
- Fig. 1. — Le monument du général Laperrine, à Tamanrasset. (Photo de l'Office algérien d’action économique et touristique).
- rait bientôt traverser le territoire algérien et les immensités sahariennes en treize jours, par un service régulier d’autocars dotés, selon la formule, de tout le confort moderne ? Qui donc aurait voulu risquer de s’entendre traiter de fou, en avançant qu’un touriste, partant de Paris, pourrait atteindre, en neuf fois vingt-quatre heures, Tamanrasset, le Hoggar, le domaine des farouches Touareg ? Je ne crois pas avoir usé d’un terme impropre en qualifiant de miraculeux les résultats obtenus par ces pionniers de notre pénétration africaine.
- Réellement, ils ont supprimé les distances, sur leur incommensurable champ d’action. Préparant cette étude, je m’étais inquiété des illustrations qu’elle comporterait. Dans ce but, j’avais écrit à l’un des administrateurs (qui réside à Paris) de la Société algérienne des Transports tropicaux. Le premier paragraphe de la réponse de M. J. R. Roques vaut d’être transcrit :
- « Partant mercredi pour le lac Tchad, je vous serais reconnaissant de vouloir bien prendre rendez-vous
- de l’Afrique du Nord, depuis le Maroc jusqu’à la Tripo-litaine, pour en rapporter du sel et autres denrées. Elles payaient de lourds tributs aux incorrigibles pillards qu’étaient les Touareg. L’affreux désert paraissait inaccessible même aux expéditions les mieux équipées. L’extrême rareté des trous d’eau potable décourageait les explorateurs.
- Ce ne fut qu’en 1920 que la traction automobile entreprit la traversée du désert. Nous rappellerons que cette audacieuse entreprise avait pour but de préparer le raid aérien Alger-Niger, une distance de trois milliers de kilomètres. Le commandant Vuillemm réussit brillamment cette prouesse, qui s’accompagna malheureusement d’un drame que le lecteur français ne saurait avoir oublié : l’avion qui transportait le général Laperrine, commandant supérieur des territoires sahariens, dériva loin de la piste établie par les camions légers de l’expédition de reconnaissance; le général fut grièvement blessé à l’atterrissage, ses deux compagnons se tirant
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- indemnes de l’accident. Les secours n’arrivèrent que huit jours après sa mort... Sa dépouille repose à Taman-rasset près de la tombe du Père Charles de Foucauld, l’un des premiers explorateurs du Hoggar, assassiné par des Touareg le 1er décembre 1916.
- Les voyages transsahariens se multiplièrent à partir de 1922, date de la première expédition Citroen, effectuée d’Alger à Tombouctou par autos-chenilles, sous la direction de MM. Haardt et Audoin-Dubreuil, et par un itinéraire qui empruntait le plateau du Hoggar. L’année suivante, ces mêmes explorateurs impartaient avec le même type de véhicules à la recherche d’une route plus courte et plus praticable entre l’Algérie et le Niger. Une autre expédition entrait simultanément en lice : organisée par la maison Renault, confiée à la direction de MM. Gradis, Franchet-d’Esperey et Georges Estienne, elle n’utilisait que des voitures à six roues.
- En 1924, le nouvel itinéraire, passant par le Tanes-rouft, était suffisamment étudié pour que la traversée du Sahara dans les deux sens pût s’accomplir presque normalement, avec un minimum de risques, soit par chenilles Citroën, soit par voitures Renault. En 1925, M. Georges Estienne s’occupait de créer une Compagnie générale transsaharienne et cherchait à améliorer l’itinéraire, en étudiant un nouveau tracé dans le Tanes-rouft. En 1926, les Chambres de commerce d’Alger, de Constantine et d’Oran organisaient autant d’expéditions, chargées de choisir la meilleure route. L’ère des explorations prenait fin, celle des voyages commerciaux allait s’ouvrir.
- La Compagnie générale transsaharienne ne tardait pas à voir le jour. Son promoteur, M. Georges Estienne, c onsacrait bientôt ses hautes qualités de pionnier et d’or-
- ganisateur à une entreprise rivale, la Société algérienne des Transports tropicaux, fondée en 1933, qui prenait, sous sa direction, un prodigieux essor. La première s’en tenait à son itinéraire de Colomb-Réchar à Niamey, sur le Niger; la seconde, dès décembre 1933, prolongeait son service régulier du Hoggar jusqu’à Kano, terminus du chemin de fer de la Nigérie anglaise, avec deux embranchements qui se dirigent respectivement sur Niamey et sur Fort-Lamy.
- Nous terminerons cet exposé historique par une anticipation. La Société algérienne des transports tropicaux poursuit l’aménagement de nouvelles pistes, dont la plus importante reliera la région du Hoggar à Tripoli; partant de Tamanrasset, une deuxième atteindra Gao, sur le Niger; une troisième prolongera la ligne Ivano-Niamey jusqu’à Bamako; enfin, la quatrième raccordera Agadès à cette même ligne, en un point de la frontière de la Nigérie anglaise, situé à mi-distance entre Kano et Niamey.
- LE MATÉRIEL ROULANT
- Toutes les voitures utilisées par cette société des Transports tropicaux sont à quatre roues. Nous ne décrirons pas les différents modèles, qui varient nécessairement selon leur destination. Nous citerons le « type mixte » lancé en 1936, robuste véhicule construit pour transporter à la fois passagers et marchandises.
- Un nouveau modèle, presque exclusivement réservé' aux voyageurs, vient de faire son apparition, sous le nom de « car Pullmann »; le lecteur conviendra qu’il méritait d’être décrit, quand nous aurons exposé ses caractéristiques et parlé des ingénieux dispositifs imaginés pour le confort des passagers.
- Fig. 2. — Le Ksar et la Koudiu de Tamanrasset. (Photo de l’Office algérien d’action économique et touristique.)
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- La longueur totale est de 7 m 60, sur une largeur de 2 m 35. La carrosserie comporte 5 compartiments, à savoir : 1° le compartiment «voyageurs avant », offrant 7 places; 2° le compartiment dit Pullmann, disposant de 7 fauteuils; 3° le compartiment arrière, réservé aux marchandises, d’une capacité de 6 m3, pouvant charger 2500 kg de fret; 4° le compartiment à bagages, d’une rapacité de près de 3 m3; capitonné, il est placé au-dessus du compartiment Pullmann et peut charger 1000 kg de bagages; 5° le coffre postal, disposé au-dessus du compartiment voyageurs avant; son cube est de 1 m3400; il permet de charger 300 kg de matières postales.
- D’une construction exclusivement métallique, le véhicule a ses parois doublées par des isolants de liège. Les baies vitrées sont fermées par des glaces en verre noirci, ce qui atténue l’aveuglante réverbération du soleil saharien. L’aération du compartiment Pullmann est assurée par des ventilateurs placés à l’avant de la voiture. Un tube acoustique assure les communications verbales entre ce même compartiment et le chauffeur. Les fauteuils sont pourvus de dossiers inclinables; la garniture est de crin, avec oreiller en duvet. Les deux compartiments pour voyageurs ont chacun leur porte d’accès, armée d’un large marchepied. Enfin, un dispositif spécial permet de rendre les roues avant solidaires des roues motrices arrière, ce qui facilite le dégagement de la voiture, en cas d’ensablement.
- Nous achèverons notre sommaire description en notant que le moteur est d’une puissance de 85 ch à 2000 tours. La vitesse en charge, en prise directe, est de 00 km; sur piste, un régulateur la limite à 50 km. La voiture comporte des réservoirs d’essence, totalisant 400 1, qui donnent un rayon d’action de 800 km.
- Actuellement (mars 1937), la société possède 40 véhicules de types variés, dont 20 sont de plus de 3 t. Sélectionnés parmi de nombreux postulants, les chaulfeurs sont des Français de la métropole, d’anciens Légionnaires ou des indigènes algériens.
- COMMENT FONCTIONNE LA LIGNE
- Sur ses 2 065 km de parcours, la ligne d’Alger au Hoggar emprunte presque partout l’antique route caravanière qui relie le Soudan à l’Algérie, itinéraire fixé, depuis un temps immémorial, par la position des points d’eau; ils sont relativement rapprochés, la distance moyenne qui les sépare étant de l’ordre de 200 km. Il va de soi que les installations de la Société algérienne des Transports tropicaux se sont développées autour de plusieurs de ces points d’eau judicieusement choisis. Au reste, nos explications gagneront en brièveté, comme en clarté, si nous invitons le lecteur à parcourir avec nous la ligne.
- Partant d’Alger un vendredi matin, à 7 h, nous nous arrêtons pour déjeuner à Boghari et atteignons à 19 h. Laghouat, après un parcours de 430 km. Dînant et couchant à l’hôtel de cette ville, nous en repartons le lendemain matin et arrivons vers midi à Ghardaïa, centre touristique qui nous retient une journée et demie. Mardi soir, à 18 h., nous atteignons (à 955 km d’Alger), la
- Fig. 3. — Un car « Pullmann » 1937, au dépari d'Alger.
- première station réellement saharienne : El Goléa. Son aménagement comporte : hôtel, garage, atelier de réparations, dépôt d’essence et d’huile, poste de dépannage, poste de T. S. F., terrain d’aviation.
- Il sied d’observer ici que les stations installées par la société ne servent pas exclusivement aux passagers de ses autocars; tous les voyageurs (automobilistes ou aviateurs) y ont accès et les postes de dépannage les concernent plus particulièrement. Ce dernier service, qui joue un rôle quasi providentiel dans les solitudes sahariennes, mérite quelques explications.
- Un touriste part avec sa voiture d’un point A vers un point B. Avant de se mettre en route, il signe un « contrat de dépannage », en spécifiant qu’il compte mettre tant de jours ou d’heures pour couvrir cette étape. S’il n’est pas arrivé à destination à l’heure limite fixée par lui, le point B signale au point A, par T. S. F., que sa voiture de dépannage part à la recherche du voyageur. De son côté, après une attente de deux à trois heures, le point A envoie une automobile de secours. Ce système assure la sécurité des touristes voyageant avec une voiture isolée.
- Le contrat de dépannage peut se doubler d’un contrat de ravitaillement, qui dispense les touristes de s’encombrer et de s’alourdir d’approvisionnements d’essence, d’huile, de vivres, puisqu’ils trouveront à chaque étape tout ce qui leur est nécessaire — y compris le gîte et le couvert. Il va sans dire que les aviateurs peuvent profiter de toutes ces dispositions.
- Reprenant notre route, en quittant El Goléa de bon matin, nous l’encontrons, 150 km plus loin, Fort-Miribel, pourvu d’une auberge (bordj-hôtel), d’un dépôt d’essence et d’huile, d’un terrain d’aviation, et nous atteignons en temps voulu In-Salah, doté des mêmes installations que nous avons énumérées à El Goléa. La longue étape qui suit nous acheminera vers Arak et ses célèbres gorges. Dans l’intervalle (près de 300 km), nous aurons compté cinq puits et trois terrains d’aviation. Enfin, partant d’Arak, organisé comme les villes précédentes, nous entreprendrons la grande étape de 400 km qui, apres un arrêt au bordj-hôtel d’In-Ekker, nous arrêtera, dans la soirée de dimanche, au cœur du Iloggar, à Tamanrasset., ter-
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- minus de cette belle randonnée, station modèle où la Société algérienne des Transports tropicaux a multiplié ses installations.
- CIRCUITS AU CHOIX
- Contentons-nous, pour le moment, de revenir sur ce voyage d’Alger au Hoggar qui; par son chemin de retour traversant la région des grandes oasis (Ouargla, Toug-gourt, Biskra), achève de montrer au touriste l’aspect étonnamment varié du Sahara, à l’encontre de la réputation qu’on lui a faite de n’être qu’une incommensurable et décevante étendue de sables.
- Plusieurs façons s’offrent de recueillir les magnifiques visions que réserve le voyage. A dire vrai, d’un circuit à l’autre, l’itinéraire ne varie pas; mais, les prix comprenant tous frais de logement et de nourriture, il s’ensuit qu’ils changent selon la longueur des arrêts dans les centres touristiques et, conséquemment, selon la durée du voyage. Le chiffre de 3000 fr peut être considéré comme une moyenne, dépense dont la modicité ne répond guère a l’énormité du parcours, qui est d’environ 4130 km.
- Les repas pris dans les hôtels de la ligne comportent : potage ou hors-d’œuvre, entrée, viande chaude garnie, fromage, dessert. Le déjeuner servi au cours de l’étape est contenu dans un carton individuel; il se compose de viandre froide (généralement de la gazelle) et d’une salade de légumes frais, contenue dans un récipient spécial qui la protège contre la chaleur ambiante. Les touristes voyageant par leurs propres moyens peuvent se faire servir, dans les hôtels de la société, ces mêmes repas dont nous venons d’énumérer le menu, au prix de 25 fr^, vin compris. Le petit déjeuner leur est facturé 5 fr et la chambre, de 20 à 25 fr. S’ils préfèrent prendre leur repas « à la carte », ils basent leur choix sur un menu tarifé, dont nous avons une copie sous les yeux. Grâce à ce document, nous apprenons cette chose extraordinaire qu’un demi-poulet rôti, servi au cœur du Sahara, ne coûte que 8 fr, ce qui est le prix du « plat du jour » et celui d’une grillade
- de gazelle; les œufs sur le plat et l’omelette nature sont cotés 5 fr; pour le double de cette somme, vous obtenez une choucroute garnie ou un cassoulet; 2 fr est le prix d’une orange, d’une portion de dattes ou d’une tasse de café. On conviendra que ces détails ont leur importance : n’attestent-ils pas qu’un excellent esprit d’organisation a présidé à la création de ces lignes transsahariennes ?
- LA BARRIÈRE DEVIENT TRAIT D’UNION
- Considéré jusqu’à nos jours comme un obstacle infranchissable, dressé entre l’Algérie et nos possessions de l’Afrique occidentale et équatoriale, l’immense désert relie désormais ces grandes fractions de notre empire colonial par une voie, accessible à la traction automobile comme à l’aviation, dont on peut dire hardiment qu’elle est unique au monde : elle offre ce record que le véhicule qui l’emprunte peut parcourir en ligne directe, d’Alger au Niger, 4500 km, alors que la route automobilable New-York-San-Francisco, qui détenait le record, n’en mesure que 4200.
- Les services réguliers de la Société algérienne des Transports tropicaux ne mettent que 14 jours pour convoyer voyageurs et marchandises d’Alger à Kano, tête de ligne des chemins de fer de la Nigérie anglaise; à une ou deux journées près, c’est le temps qu’ils prennent pour allonger le trajet jusqu’au lac Tchad ou. jusqu’à Niamey, sur le Niger.
- Bien que nous n’assistions encore qu’aux débuts de l’entreprise, son importance économique s’affirme et se développe rapidement. Chaque mois se font plus nombreux les fonctionnaires, négociants et planteurs de nos colonies de l’Afrique noire qui prennent la route transsaharienne pour se rendre en France ou pour en revenir, et leurs confrères ou collègues de la colonie britannique de Nigérie suivent leur exemple. On cite même des expéditions cynégétiques anglaises ou américaines qui, se rendant en Afrique Centrale, voire dans le Kénya, ont emprunté le trajet Alger-Fort-Lamy.
- Fig. 4. — Une hôtellerie saharienne.
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- Fig. 5. — Un car au lloggar.
- Rentrant récemment de congé, un fonctionnaire de notre colonie du Niger, M. Bartel-Noirot, prit l’autocar de la Société algérienne des Transports tropicaux pour regagner son poste. Le Bulletin du Comité de VAfrique française vient de publier le récit de son voyage, fort spirituellement écrit. Nous lui emprunterons ces quelques lignes, datées du départ d’Alger :
- «... Le long du trottoir, un grand car bleu se range. Un car pareil à tous les cars de France. Banquettes confortables, soute à bagages, panneaux protecteurs pour la réverbération. Les voyageurs se pressent : un officier de la Coloniale rallie, au Tchad, un poste isolé; une jeune femme rejoint son mari au Niger; une « pastoresse » veut aller convertir les Touareg; deux administrateurs de société vont en Nigeria inspecter leurs comptoirs ; quatre touristes, habitués de l’Agence Cook, vont chercher, à Tamanrasset, le mystère d’Antinéa; une dame d’un certain âge voyage... pour voyager... »
- Amusante énumération qui met en relief la variété des usagers de la ligne...
- Un rapport officiel que nous avons pu consulter affirme que, depuis l’aménagement des pistes transsahariennes, « un véritable courant de commerce de transit s’est rapidement institué entre les deux rives du désert. Il s’y joint un trafic local appréciable. Le développement de ce trafic est des plus profitables aux populations indigènes et correspondra à une amélioration immédiate de leur standard de vie. Ici, comme ailleurs, la route est un élément essentiel de la civilisation. Enfin, un nombre de plus en plus élevé de touristes vient visiter le Sahara
- ou le traverse pour se rendre au Soudan. On peut s’attendre à un développement rapide de cette industrie...»
- Et, plus loin, parlant du brillant avenir auquel peuvent s’attendre des entreprises bien organisées, ce qui est manifestement le cas de la Société algérienne des Transports tropicaux, l’auteur livre cette remarque à nos réflexions :
- « De part et d’autre du désert, il existe deux des contrées les plus riches du monde : au Nord, nos possessions d’Algérie, de Tunisie et de Maroc, peuplées de plus de 14 millions d’habitants, débordant de produits et d’énergie; au Sud, nos colonies de l'Afrique occidentale, peuplées également de 14 millions d’âmes et servant de façade à la Nigeria et au Cameroun, où existent plus de 25 millions d’habitants, en voie d’accroissement continuel.
- « De tous temps, il a existé, entre ces deux grandes régions, d’importants mouvements de populations et d’échanges. Il n’est pas besoin de faire œuvre d’imagination pour penser que ces mouvements reprendront dans d’énormes proportions, lorsque des moyens modernes leur seront donnés... »
- La ligne d’Alger à Tamanrasset deviendra rapidement l’un du trajets touristiques les plus fréquentés dans notre Afrique du Nord. Nous regrettons de n’avoir pu nous procurer des statistiques qui eussent montré l’augmentation constante de ses passagers. Qu’il suffise de dire aussi que, depuis plusieurs mois, les autocars de la Société algérienne des Transports tropicaux partent toujours « au complet » !
- Victor Forbin.
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- ALLIAGES A TRES BAS POINT DE FUSION
- Les progrès incessants de la métallurgie réalisent des métaux de plus en plus purs et des alliages de plus en plus variés.
- Un des groupes d’alliages les plus intéressants est, celui des alliages fusibles, dont le point de fusion est inférieur à celui de l’étain : 232°. Certains, on le sait, fondent dans l’eau très chaude et l’on connaît l’expérience de physique amusante qui consiste à couler une cuiller à café en alliage Darcet; la cuiller disparaît dans le breuvage bouillant où on la plonge.
- En ces dernières années, de nouveaux alliages ont été produits dont le point de fusion est de plus en plus bas; l’un d’eux fond même à 0° en même temps que la glace.
- LE POINT EUTECTIQUE
- Pour" comprendre comment de tels alliages peuvent être produits, réfléchissons un instant à un phénomène très simple et bien connu.
- L’eau pure se solidifie à 0°; le chlorure de sodium fond
- Fig. 1. — Diagramme eutectique de l’alliage binaire étain-plomb.
- à 800°. Ajoutons du sel marin à de l’eau pure. Nous n’élevons pas ainsi le point de fusion de l’eau, bien au contraire, puisque le mélange de glace et de sel est le plus commun des mélanges réfrigérants. Plus nous ajoutons de sel, plus la température de fusion baisse; avec 33 gr de sel et 100 gr de neige, on atteint —20°.
- Si l’on fait une solution de sel et qu’on veuille la congeler, il faut la refroidir bien au-dessous de 0° et quand des glaçons y apparaissent, ils ne sont formés que d’eau pure, tandis que le liquide restant se sursale, que la solu tion sè concentre. Raoult a longuement étudié ces phénomènes et fixé les lois de la eryoscopie.
- Au lieu d’eau et de sel, prenons maintenant deux métaux obéissant, dans leur mélange, aux lois de Raoult, c’est-à-dire présentant, une réaction eutectique, sans complexités secondaires. Voici de l’étain qui fond à 232° et du plomb qui fond à 326°. L’addition de plomb à l’étain n’élèvera pas le point de fusion, il l’abaissera, et si l’on fait des alliages de plus en plus riches en plomb et de moins en moins riches en étain, on verra leur température de fusion baisser jusqu’à un certain point qu’on
- appelle point eutectique et qui est ici 181° pour un rapport de 35,97 pour 100 de plomb et 64,03 pour 100 d’étain, après quoi la température de fusion se relève à mesure que la proportion de plomb augmente (fig. 1). On a ainsi un alliage plus fusible que chacun de ses composants.
- LES MÉTAUX FUSIBLES
- Les métaux purs ont des points de fusion très divers. Le mercure est liquide à la température ordinaire. Les métaux les plus aisés à fondre sont :
- Poids
- Métal. Symbole atomique fusion. Ébullition.
- Mercure. . • ÜHg 200,6 -s 38°,5 3570,25
- Plomb. . . Pb 207,15 327 1555
- Etain. . . , Sn 118,7 232 2720
- Zinc. . . . Zn 65,37 419,4 760
- Cadmium.. . Cd 112,40 213 778
- Gallium ('). Ga 69,0 30,15
- Indium . . lu 114,8 115 f lus de 1455
- Thallium . Tl 204,0 301 » 1300
- Lithium. . . Li 6,94 180 » 1400
- Potassium . K 39,10 62,5 757,5
- Sodium. . . . Na 23,00 97,5 877,5
- Rubidium. . Rb 85,45 38,5 696
- Cæsium. . Cs 132,8 26,4 670
- Bismuth (2j . Ri 208,0 271 —
- C'est, parmi eux qu on choisit les constituants îles
- alliages fusibles.
- LES ALLIAGES FUSIBLES
- Le plus anciennement connu des alliages fondant dans l’eau bouillante est celui de Rose, inventé par Valentin Rose l’aîné, vers le milieu du xvie siècle. Peu après d’Arcet proposait une formule légèrement différente. Newton lui-même en trouva un autre voisin.
- En 1869, Wood, en ajoutant du cadmium à l’alliage ternaire bismuth-plomb-étain, abaissa le point de fusion à 65°, il étonna fort ses hôtes en leur offrant avec du thé bouillant de petites cuillers dont le manche seul leur resta en main quand ils les plongèrent dans leurs tasses. Lipowitz réalisa à peu près en même temps un alliage presque identique et, depuis, Lassieur en a fait un ternaire, sans cadmium, fondant à 67°.
- Voici, réunies en un tableau, les caractéristiques de ces divers alliages :
- Composition. Point
- Nom. I5i Ph Su Cd de fusion.
- Ilomberg . . . . 3 3 3 130°
- Newton. . . . . 8 5 3 94,5
- Rose . 5 3 7. 91,6
- d’Arcet . 5 2,5 2,5 -- 91,6
- Lassieur. . . . . 8 8 3 67
- Wood . 6 2,5 1,25 1,25 65
- Lipowitz . . . . 5 2,7 1,3 1 65
- 1. Le gallium refroidi lentement reste liquide à des températures beaucoup plus basses que le point de fusion.
- 2. Le bismuth n’est pas réellement un métal, mais il entre dans la composition des alliages fusibles.
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- LES ALLIAGES TRÈS FUSIBLES
- Récemment, d’autres alliages ont été préparés dont le point de fusion est encore plus bas. Ils sont malheureusement encore assez coûteux parce qu’ils font appel à un métal rare, l’indium, qui était, il y a quelques années, plus cher que l’or.
- Un de ces nouveaux alliages contient :
- Bismuth...............50
- Plomb.................27
- Etain.................13
- Cadmium.............. 10
- On y ajoute une petite quantité d’indium, on chauffe à 100° et on refroidit très lentement. L’alliage fond à 18° seulement.
- Un autre alliage, sans bismuth, mais à 18 pour 100 d'indium fond à 46°,5. Additionné de 1 pour 100 de gallium pur, il fond à 41°,5.
- En 1932, les trois métallurgistes Pusliin, Stepanovitch et. Stajie ont réussi un alliage eutectique de 12 pour 100 d’étain et 88 pour 100 de gallium et qui fond à 15°, si bien qu’il est liquide en été et solide en hiver.
- Enfin, on vient de proposer un alliage d’indium et de gallium qui fond à 0° comme la glace.
- On est donc bien près d'avoir à disposition une gamme étendue d’alliages eutectiques fondant aux températures ordinaires.
- 1 ...=.... 1 == 295 =
- UTILISATIONS DES ALLIAGES FUSIBLES
- Ce n’est évidemment pas pour répéter l’expérience de la cuiller fondante que ces alliages sont intéressants.
- Le métal de llomberg est depuis longtemps employé en imprimerie pour la fusion des caractères dans les linotypes et pour la prise des empreintes des formes.
- On a utilisé d’autres alliages comme soupapes de sûreté, comme fusibles de coupe-circuit électriques et de bouchons de canalisations d’eau contre l’incendie. On a essayé d’en faire des bains de trempe à température réglée.
- En Amérique, pendant la dernière guerre, l’alliage de Wood a servi à modeler des moules pour les réservoirs d’essence des avions; on les recouvrait de cuivre par bain électrolytique, puis on enlevait la forme à l’eau chaude.
- Les nouveaux alliages à très bas point de fusion pourront sans doute servir à bien d’autres usages pour lesquels on se sei’t surtout du plâtre de Paris : moulages, prises d’empreintes, orthopédie, etc. Le Dr Sidney F. French, de la « Colgate University », vient de proposer d’en faire des armatures aisément modelables pour le traitement des fractures.
- Les débouchés ne leur manqueront pas quand on pourra les préparer en grandes quantités et selon des proportions qui assurent la stabilité de leur structure.
- Wili.y Le Y.
- = L’ACTION DES RAYONS ULTRA-VIOLETS = ET INFRA-ROUGES SUR LES ÊTRES VIVANTS
- Les rayons lumineux, qui nous viennent du soleil, et dont la fusion constitue la lumière blanche, ont une action incontestable sur tous les êtres vivants. Cette action est très complexe et il ne semble pas, à l’heure actuelle, que l’on puisse, même d’une façon générale, dire en quoi elle consiste exactement.
- On sait que le spectre solaire se compose de radiations lumineuses visibles, allant du rouge au violet, et de radiations invisibles à l’œil nu : les infra-rouges, du côté des grandes longueurs d’onde; les ultra-violettes, puis les rayons X, à mesure que l’on se déplace vers les longueurs d’onde les plus courtes.
- En étudiant séparément les effets de ces diverses radiations sur les êtres vivants, on a constaté qu’ils étaient très variables suivant les radiations mises en œuvre : personne n’ignore l’action calmante de la lumière rouge sur certains phénomènes douloureux, ni les effets analgésiants de la lumière bleue.
- On a aussi constaté que des modifications intéressantes étaient produites plus particulièrement par les radiations les plus réjrangibles du spectre; cependant les infra-rouges ont également sur les êtres vivants des actions importantes, quoique moins bien connues -encore à l’heure actuelle.
- Comme les propriétés biologiques, pathologiques et thérapeutiques de toutes ces radiations ne sont pas les mêmes dans la plupart des cas, les effets de leur mélange en proportions variables sont complexes r^pour essayer de connaître ces effets avec précision, il convient donc, avant toutes autres choses, d’isoler, afin de pouvoir étudier leurs actions respectives, des ensembles de radiations de longueurs d’onde voisines.
- LES ULTRA-VIOLETS SOLAIRES
- Le soleil est la source naturelle d’U. V. la plus connue, sinon la plus riche : une grande partie des U. V. solaires sont absorbés, avant d’arriver jusqu’à nous, par les gaz contenus dans l’atmosphère terrestre et, en particulier, par l’ozone. Nous ne pouvons pas nous en plaindre, car les radiations dont nous sommes privés sont celles de courtes longueurs d’onde, qui ont certainement une action « abiotique », c’est-à-dire destructive, vis-à-vis des êtres vivants.
- La quantité et la nature des U. Y. qui nous parviennent varient d’ailleurs suivant les heures du jour, suivant l’état du ciel et celui du sol. Elles varient également avec l’altitude. L’absorption des U. V. par l’atmo-phère est évidemment moins forte en haute montagne
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- 1000 1250 1500 1750 2000 2250 2500 2750 3000
- Longueurs d'onde
- Fig. 1.
- Pénétration des rayons de diverses longueurs d'onde dans
- les tissus humains (1 millimicron mji vaut 10 Angstrôms).
- qu’en plaine. Enfin les phénomènes de « réflexion « agissent de façon variable suivant les lieux : les nuages blancs, la mer, le sable réfléchissent plus ou moins les radiations U. V.
- De tout ceci, il résulte que les U. V. solaires sont soumis à trop de facteurs essentiellement variables pour pouvoir être utilisés dans des expériences précises.
- L’arc électrique, qui ne permet pas d’employer des radiations de longueurs d’onde sélectionnées, avait convaincu la plupart des savants du xixe siècle que les U. V. étaient tout à fait indésirables.
- A l’heure actuelle, grâce surtout à l’emploi des lampes à vapeur de mercure et d’écrans spéciaux, de filtres, qui absorbent les rayons visibles et une partie des ultraviolets, on admet, d’une façon universelle, que les U. V., si on les emploie avec précaution, peuvent avoir des actions très favorables.
- ACTIONS CHIMIQUES DES U. V.
- Par opposition aux infra-rouges appelés rayons calorifiques, les ultra-violets ont été appelés rayons chimiques. Un grand nombre de corps, soumis à leur action, subissent en effet des transformations chimiques plus ou
- moins complexes dont l’étude constitue la « photochimie ».
- Sans vouloir entrer dans le détail, signalons la transformation de l’oxygène de l’air en ozone, gaz qui se décèle facilement, lors du fonctionnement d’une lampe à vapeur de mercure, par son odeur spéciale. L’eau peut être transformée en eau oxygénée par certaines radiations U. V., mais d’autres radiations, de longueurs d’onde diffé-
- rentes, décomposent l’eau oxygénée avec production d’oxygène naissant, très actif. Une application intéressante de cette réaction consiste dans le blanchiment des dents au moyen d’un produit contenant de l’eau oxygénée et en présence de certaines radiations U. V.
- A côté des nombreuses réactions d’oxydation, de polymérisation, de dissociation, dont le mécanisme est généralement mal connu, il convient de mentionne]' particulièrement les réactions de synthèse et de décomposition produites par les U. V. Ces dernières sont très intéressantes, car elles permettent de réaliser, en dehors de la matière vivante, les mêmes transformations que les plantes : synthèse des sucres à partir de l’oxyde de carbone par la production intermédiaire d’aldéhyde formique; décomposition des alcools et, surtout, des aldéhydes; synthèse des albuminoïdes.
- Il semble que chaque catégorie de réactions suit produite par des radiations de longueur d’onde déterminée.
- Beaucoup de protéines subissent des transformations qui peuvent être suivies d’une floculation. On a constaté que les radiations voisines de 260 mu. présentent le maximum d’efficacité pour la précipitation de l’albumine (fig. 2).
- On peut rapprocher des actions chimiques les phénomènes d’irradiation des substances. Ces « substances irradiées » sont, on le sait, très employées depuis quelques années en thérapeutique. Soumis à des U. V. d’une intensité suffisante et pendant une durée qui ne doit pas être excessive, un grand nombre de corps acquièrent la propriété de devenir biologiquement actifs.
- Bien que les transformations chimiques subies soient mal connues, il est hors de doute qu’un certain nombre de substances possèdent, après irradiation, des propriétés antirachitiques indiscutables : c’est le cas du lait, de l’amidon, du blé, de la viande, du jaune d’œuf, ainsi que de certaines huiles et graisses.
- C’est surtout pour le lait que l’activation par les U. V. a été utilisée : on est allé jusqu’à irradier celui des nourrices. Cependant, un inconvénient est que le lait irradié prend une odeur et un goût désagréables ; on y remédie actuellement en faisant le traitement dans des appareils fermés, d’où l’on exclut complètement l’oxygène de l’air et l’ozone.
- On admet généralement que le lait irradié agit sur les enfants à peu près comme l’huile de foie de morue.
- En étudiant la transformation par l’irradiation des substances du genre des graisses, on est arrivé à conclure que c’est l’« ergostérine », présente dans ces graisses, qui possède, même à l’état de doses très faibles, le pouvoir actif. Aussi emploie-t-on beaucoup à l’heure actuelle Yergostérol irradié comme médicament antirachitique. Les propriétés de la vitamine D, antirachitique, paraissent liées à la transformation de l’ergostérol, qui existe d’ailleurs dans un grand nombre de matières organiques.
- ACTION MICROBICIDE DES U. V. ;
- STÉRILISATION PAR LES U. V.
- Certaines radiations ultra-violettes possèdent un pouvoir bactéricide considérable. Les différentes espèces de microbes sont plus ou moins sensibles à leur action,
- Fig. 2. — Influence des rayons U. V. de diverses longueurs d’onde sur la floculation des protéines.
- Longueurs d'onde en m
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- mais même les plus résistantes finissent par être détruites. Ce sont les radiations les plus courtes qui paraissent présenter le maximum d’efficacité. Le pouvoir bactéricide est probablement lié à l’action chimique sur les protéines, dont nous avons parlé plus haut (fig. 2).
- D’une façon analogue, les, moisissures, les champignons peuvent être détruits, mais résistent mieux que les bactéries; les levures également.
- L’action bactéricide des U. V. s’exerce, non seulement sur les microbes eux-mêmes, mais sur les milieux nutritifs, dont elle atténue considérablement l’aptitude à la culture. L’effet est d’autant plus prononcé que la durée d’irradiation est plus longue et varie suivant la constitution du milieu. C’est sur les milieux solides qu’il est le plus marqué.
- Les applications intéressantes de ces propriétés abiotiques vis-à-vis des micro-organismes se trouvent dans les méthodes de stérilisation au moyen des U. V.
- En particulier, la stérilisation de l'eau a été tentée depuis longtemps ; elle ne s’est pas beaucoup répandue, parce qu’elle nécessite des études assez délicates et se trouve concurrencée par d’autres procédés plus simples. Aussi peu de villes d’Europe ou des États-Unis remploient-elles. Elle présente pourtant de nombreux avantages sur les autres méthodes : elle ne produit aucune modification des matières dissoutes, minérales ou gazeuses; elle supprime le risque d’emploi de doses trop fortes d’antiseptique. La ville de Berea (État d’Ohio) épure ainsi 3600 m3 d’eau par jour. Mais la méthode présente certaines difficultés techniques. Il faut que l’eau à stériliser ait été rendue préalablement limpide; il faut que l’on dispose d’un système obligeant l’eau à passer à l’état de lame mince autour de la lampe génératrice de radiations. Avec ces précautions, on obtient d’excellents résultats. L’eau ne subit aucune modification chimique.
- On a également utilisé les U. V. dans certains cas particuliers. Ainsi, lorsqu’on dispose d’une source d’eau potable de petit débit et qu’on veut l’empêcher de se polluer éventuellement au contact d’une eau voisine dont la pureté est sujette à caution.
- Enfin la stérilisation de l’eau de lavage des produits alimentaires a été utilisée. Elle permettrait d’obtenir des améliorations dans la conservation du beurre et de la margarine.
- A côté de la stérilisation de l’eau, on a tenté celle de divers liquides; elle nécessite encore plus de précautions pour être efficace. Le procédé qui paraît le meilleur consiste à employer des cylindres tournant très lentement et qui baignent légèrement dans le liquide à stériliser. La mince couche de liquide qui adhère au cylindre à mesure qu’il tourne est recueillie après avoir été irradiée. Un autre genre d’appareil est représenté sur la figure 4. On stérilise par ces procédés les huiles, le lait, le cidre, le vin, divers vaccins, ainsi qu’un grand nombre de préparations pharmaceutiques pour injections sous-cutanées.
- L’application au domaine de Yœnologie de l’action des U. V. sur les moisissures rendrait la fermentation plus rapide et plus complète et éviterait les fermentations secondaires.
- La conservation des légumes dans des chambres frigorifiques, éclairées par des lampes riches en rayons U. V., paraît empêcher le développement des moisissures et éviter la germination.
- Citons enfin que la stérilisation de l’air des salles de cinéma, des salles d’opérations, etc., peut être efficacement réalisée au moyen des U. V., grâce à l’appareil ci-dessous dont l’emploi se répand actuellement (fig. 5). Un ventilateur aspire l’air de la salle. Cet air, après avoir été irradié au moyen de petites lampes à U. V. spéciales, est filtré sur du charbon actif, puis renvoyé dans l’atmosphère de la salle. On obtient ainsi une triple purification : 1° par les rayons ultra-violets ; 2° par l’ozone dégagé au voisinage des lampes génératrices; 3° par la filtration sur le charbon actif.
- Ce procédé présente l’avantage d’éviter l’introduction, dans la salle, d’air provenant de l’extérieur.
- ACTION DES U. V. SUR LES VÉGÉTAUX
- Moins connue que leur action sur l’homme et sur les animaux, l’action des U. V. sur les végétaux a pourtant été observée depuis fort longtemps : effets néfastes de l’arc électrique sur les plantes, conclut-on d’abord; action favorable sur la floraison, estime Sachs en 1887.
- L’utilisation de la lampe à vapeur de mercure, grâce à laquelle on dispose d’une source toujours comparable à elle-même, a permis aux expérimentateurs d’obtenir des résultats intéressants.
- En ce qui concerne la
- germination des graines, Fig. 4. — Appareil pour la sléri-
- après les recherches de lisalion des li(iaides Par ks raiJ°ns ..A . . . , ™ -, ultra-violels.
- Raybaud qui s efforça de
- préciser l’action des différentes longueurs d’onde, l!! puis de Cari (1914), la * question fut étudiée tout récemment par Popp et Brown : après avoir examiné plus de 12 000 graines, ces savants concluent à l’effet invariablement destructeur, sur les plantules, du rayonnement direct total. La suppression d’une certaine région de LU. V. permettrait cependant de stimuler la germination et de favoriser la croissance de la plantule.
- 320 300 280 260 2«l
- Longueurs d 'onde en m c
- ^ig. 3. — Action bactéricide des rayons J. V. en fonction de la longueur d’onde.
- Electrode
- Sortie du liquide
- Tube illuminant à boules inter r?s
- Connexion haute tension protégée Entrée du liquide à sfrradlou à stériliser
- Transformateur
- Secteur
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- Filtre d'air
- Fig. 5.
- Installation d’une salle d’upéralions aseptiques avec stérilisation et désodorisation de l’air.
- a, aspirateur; /, filtre à poussières; s, brûleur haute tension poux-la stérilisation de l’air; b, lampes à rayons U.V. à haute tension pour stérilisation du chirurgien, des assistants et du champ opératoire; l, lampe sans ombres portées.
- D’après les toutes récentes expériences de Gilles, une irradiation forte - ralentirait la production du germe et la croissance; une irradiation faible accélérerait la germination; les graines gonflées paraissent plus sensibles que les graines irradiées à l’état sec.
- Les U. V. de grandes longueurs d’onde ont une influence favorable, indiscutable sur le développement des plantes. Parmi les radiations lumineuses dont l’action sur les plantes vertes contribue à la formation de la chlorophylle, ce sont les U. Y. qui ont la plus grande influence. Sans vouloir nous introduire dans le domaine des phénomènes complexes qui constituent la fonction chlorophyllienne, signalons seulement l’expérience caractéris-
- Fig. 6. — Le terrarium du Musée des Colonies de Vincarnes, éclairé arli[iciellement.
- tique que fit Tsuji en 1918. Après avoir cultivé pendant un mois des cannes à sucre à l’obscurité, en exposant une partie des plantes étiolées ainsi obtenues au rayonnement solaire et l’autre partie aux radiations d’une lampe à vapeur de mercure pendant deux heures et demie, on a constaté que la portion soumise aux U. V. verdit immédiatement, contrairement à cellç qui est restée à la lumière solaire.
- On a constaté également que des cannes à sucre, cultivées pendant plusieurs mois à la lumière solaire et soumises de plus aux U. V., se développent plus rapidement que lorsqu’elles ne sont soumises qu’aux radiations solaires totales et beaucoup plus vite encore que quand ces radiations sont partiellement privées des U. V. solaires par l’emploi d’un verre coloré.
- De plus la transformation du gaz carbonique en sucre serait plus importante pour la plante qui a reçu la plus grande quantité de radiations U. V.
- Pougnet signale en 1911 que les gousses de vanille fraîches, même complètement vertes, sont mûries par irradiation aux U. V. et prennent rapidement leur parfum caractéristique. Cette propriété est utilisée dans le commerce de la vanille pour rendre les gousses odorantes. En les soumettant aux U. V. au moment de la vente, on perçoit l’odeur de la vanille, au bout d’un temps qui varie d’ailleurs suivant l’état de maturité de la gousse et l’éloignement de la source de radiations.
- En 1918, Tsuji signalait l’action accélératrice des U. Y. sur la croissance et le mûrissement des bananes et des ananas. 11 préconisait pour cela une irradiation de quarante minutes.
- Plus récemment, divers expérimentateurs ont pu faire jaunir des pommes vertes; de plus la turgescence du fruit se maintient parfaitement dans la région irradiée, tandis que le reste se ride si le fruit est conservé à l’obscurité; enfin on obtiendrait également un accroissement de la pigmentation rouge.
- D’une façon générale, on peut alhrmer que ce sont les radiations de grandes longueurs d'onde qui accélèrent la croissance.
- Grâce aux U. V., une grande variété de plantes : froment, avoine, seigle, etc., ont pu être amenées à maturité et donner des graines en plein hiver, en l’absence de soleil.
- L’addition d’un éclairement artificiel déterminé à la lumière solaire favorise le développement des plantes, mais il est difficile de préciser le rôle que, dans les essais effectués, les U. V. jouent parmi l’ensemble des radiations employées. Un grand nombre de facteurs variables interviennent lors des essais : nature des radiations qui parviennent à la plante, durée d’irradiation, distance de la source, nature enfin de la plante soumise à l’expérience. Aussi est-il encore dangereux à l’heure actuelle de vouloir conclure de façon trop précise.
- En ce qui concerne les applications pratiques, on n’emploie guère les U. V. qu’associés à des radiations visibles soit par l’emploi de verres spéciaux très perméables aux U. V., soit par celui de la lampe à arc. Dans certains établissements d’horticulture, les résultats favorables des essais effectués au moyen de lampes à
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- incandescence, riches en U. V., ont déterminé l’installation de serres où les plantes aquatiques et les algues vivent et se reproduisent. Les plantes délicates, originaires des pays chauds, si recherchées de nos jours pour l’ornementation des appartements, se développent admirablement à la lumière de ces lampes. La dose de radiations utilisée est évidemment variable selon l’espèce considérée et en fonction inverse de la quantité de radiations solaires atteignant la plante (fig. 6).
- EFFETS GÉNÉRAUX DES U.V. SUR L’HOMME
- Les U. V. produisent sur la peau un érythème ou rougissement cutané, qui apparaît quelques heures après une exposition suffisamment prolongée. Cet érythème, qui précède la pigmentation, a été considéré comme une manifestation de la défense de l’organisme contre l’excès d’irradiation ultra-violette (fig. 7).
- L’action directe sur la peau a des répercussions considérables sur les organes profonds; sur la rate en particulier, on a constaté des modifications très nettes. Les radiations de grandes longueurs d’onde favorisent la croissance et la formation du système osseux.
- Les U. V. ont une action très nette sur le sang : ils peuvent produire une augmentation du nombre des globules rouges.
- L’œil est sensible aux U. V. Ceux-ci frappent d’abord la conjonctive, qui réagit comme les muqueuses, en présentant une inflammation comparable à celle de l’épiderme; le cristallin est opaque vis-à-vis des U. V. et protège ainsi les parties profondes de l’œil et la rétine.
- L’influence des radiations ultra-violettes est variable suivant les individus. Elle est plus nette chez les sujets nerveux.
- Les réactions cutanées dépendent du type pigmentaire. Les blonds et les roux sont généralement plus sensibles. L’âge paraît intervenir aussi. Enfin les diverses parties du corps semblent être inégalement atteintes : celles qui sont habituellement couvertes le sont particulièrement, celles où la couche cornée est épaisse le sont moins.
- EFFETS SUR LES ANIMAUX; APPLICATIONS
- En ce qui concerne les animaux, on sait depuis longtemps que la lumière blanche favorise la croissance. Des essais tentés sur des œufs de mouche, puis sur des œufs de grenouille avaient permis de conclure à une accélération du développement de ces œufs.
- L’emploi des lampes à vapeur de mercure a montré que les U. Y., dans de nombreux cas, stimulent la croissance ou agissent sur la fixation des minéraux tels que le calcium, le phosphore, le fer, indispensables au cours de la croissance.
- Au cours d’essais effectués en Allemagne, un nid d’œufs de poules fut exposé aux U. V. pendant quelques jours, matin et soir. Les poussins naquirent avant terme, très vigoureux.
- Les jeunes coqs, venus artificiellement, prirent un poids inusité après quatre mois d’une irradia-
- tion bi-quotidienne.
- Les poules pondirent davantage. Un grand nombre d’éleveurs de volaille ont réussi à amener la ponte en hiver au même niveau qu’en été, en éclairant quelques heures par jour, généralement de 3 h du matin au lever du soleil, les poulaillers au moyen de lampes à incandescence, riches en U. V.
- Des résultats intéressants ont également été obtenus sur les porcs : des porcelets nouveau-nés, soumis aux U. V. gagnèrent beaucoup plus de poids que les autres et ne subirent aucune mortalité. On peut en dire autant pour le bétail; on constate en outre que le poil devient plus soyeux et l’appétit plus vif. Enfin, l’irradiation en hiver au moyen de lampes à incandescence, riches en ultra-violets, des animaux d’origine tropicale permet de les garder en bonne santé sous nos climats.
- EMPLOI EN THÉRAPEUTIQUE
- Pour l’espèce humaine, on ne peut pas affirmer que les U. Y. accélèrent la croissance normale.
- Au point de vue thérapeutique, ils ont été expérimentés dans tous les domaines : utilisés d’abord comme méthode de traitement local, ils donnèrent des résultats heureux dans des cas de dermatoses superficielles.
- Les beaux résultats obtenus avec l’héliothérapie en montagne conduisirent à la création de Y héliothérapie artificielle. Celle-ci permit d’obtenir des succès dans un certain nombre de cas. Mais la plus belle conquête des U. Y., qui date de 1919, est le traitement du rachitisme. On préconisait depuis longtemps la vie au soleil pour combattre les effets de cette maladie. Les savants de Baltimore établirent expérimentalement que les U. V. présentaient une grande utilité, à titre non seulement
- Fig. S. — Action des rayons U.V. sur le développement des os.
- De gauche à droite : avant irradiation, après 3 semaines et après 5 semaines.
- Longueurs d onde en m p.
- Fig. 7. •— Erythème de la peau en fonction de la longueur d’onde.
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- 300
- Trô ns fa
- Réglage de l 'ampoule
- Masse
- Prise de courant
- Réflecteur I.R.
- Fig. 9. — Lampe sans ombre équipée avec deux projecteurs infra-rouges.
- curatif, mais préventif. Le traitement du rachitisme se fait d’ailleurs aussi au moyen des substances irradiées, ingérées par voie buccale, dont nous avons déjà parlé. Des substances très variées avaient permis, après irradiation, de guérir le rachitisme expéi’imental des rats. Ce résultat donna l’idée aux savants d’utiliser 1 « activation « de ces substances contre le rachitisme humain. Un grand nombre de corps irradiés ont été vendus à tort et à travers et ont connu une grande vogue auprès du public. En réalité, les propriétés de la vitamine D, qui agit sur le rachitisme, sont liées, comme nous l’avons déjà vu, à la transformation de Yergostérol, lequel d’ailleurs existe dans un grand nombre de matières organiques. Pourtant, l’ingestion d’ergostérol irradié, à trop forte dose, a une action toxique chez certains animaux et produit une calcification de leurs organes.
- Signalons que les substances « activées » ont pu, dans certains cas, diminuer le rachitisme chez des individus réfractaires aux ultra-violets véritables (fig. 8).
- Les radiations U. V. ont été utilisées avec succès dans le traitement des péritonites tuberculeuses; dans diverses formes de tuberculoses, on a obtenu de bons résultats en les associant à d’autres méthodes thérapeutiques.
- En dermatologie, dans le traitement du lupus, de la pelade, de la furonculose, de l’anthrax, de l’érysipèle, etc..., ils se montrent souvent efficaces.
- Signalons enfin qu’ils sont de très bons stimulants de la cicatrisation : aussi les employa-t-on fréquemment pendant la guerre. Outre que les plaies guérissent plus vite, on constate une diminution des infections et la suppression presque générale des odeurs pénibles.
- En améliorant les cicatrices, les U. V. constituent un traitement esthétique important. Les cicatrices deviennent plus souples et moins visibles. Beaucoup de chirur-
- giens les emploient pendant la période de cicatrisation des plaies opératoires.
- L’irradiation pendant V opération semble à l’heure actuelle donner des résultats intéressants. Havlicek, employant les U. V. pour faire des constatations optiques sur la circulation du sang dans l’abdomen, fut frappé de l’évolution aisée et de la diminution des douleurs post-opératoires dans des cas souvent graves, en particulier dans le cas de péritonites. Beaucoup de chirurgiens utilisent à l’heure actuelle pendant l’opération l’irradiation soit aux U. V. seuls, soit à la fois aux U. V. et aux infra-rouges. Les résultats heureux obtenus seraient dus au fait que l’irradiation déterminerait une régularisation de la circulation du sang. A cette action, l’emploi des infra-rouges ajoute l’influence sédative de ces rayons sur la douleur (fig. 9).
- ACTION ANTAGONISTE DES INFRA-ROUGES ET DES ULTRA-VIOLETS
- On a essayé pour l’infra-rouge, comme pour l’ultraviolet, d’isoler des tranches de radiations et d’étudier leurs actions respectives sur les êtres vivants, mais la plupart des résultats obtenus à ce jour manquent encore de précision.
- Il semble acquis que les I. R. ont des effets dilatateurs sur les vaisseaux sanguins; comme les U. V., ils semblent produire parfois une augmentation du nombre de globules rouges dans le sang. Pourtant, en général, les I. R. et les radiations de courtes longueurs d’onde paraissent avoir une action antagoniste.
- L’association des radiations extrêmes du spectre, qui est réalisée dans l’exposition à la lumière solaire, donne en effet un érythème moins persistant, moins grave que les U. V. agissant seuls.
- De nombreux essais effectués sur des animaux, ont permis de conclure que l’action érythémateuse, la pigmentation, la chute des poils, la perte de poids, très nettes quand on utilise seulement des radiations très courtes (rayons X), n’étaient pas sensibles lorsqu’on les associe aux I. R.
- ACTION THÉRAPEUTIQUE DES INFRA-ROUGES
- Depuis fort longtemps, on a utilisé la chaleur rayonnante de divers corps chauffés au rouge, riches en radiations I. R., pour guérir certaines affections locales. La lumière rouge fut elle-même utilisée au Moyen Age en thérapeutique.
- Mais ce n’est que tout récemment que des recherches ont permis, comme pour les U. V., de construire des appareils précis pour produire des radiations infra-rouges sélectionnées et de faire tdes mesures scientifiques.
- Actuellement les I. R. sont utilisés fréquemment en thérapeutique, dans les affections où la circulation du sang est troublée, en particulier. On les emploie dans beaucoup de cas pour leur action locale, analgésique et résolutive; on a obtenu de très bons résultats dans certains cas de névralgies, de torticolis, de lumbagos; les œdèmes chroniques, engelures, artérites ont été traités souvent de façon efficace. L’emploi des I. R. dans
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- le traitement des otites a donné de bons résultats; en chirurgie dentaire également.
- CONCLUSION
- Toutes les radiations lumineuses, visibles ou invisibles, que l’on a pu isoler dans la lumière solaire ou produire artificiellement, ont des effets très importants sur les êtres qui vivent à la surface de la terre. Ces effets sont extrêmement complexes, les uns favorables, les autres défavorables à l’individu. Ils dépendent d’un grand nombre de variables : quantité et qualité des radiations
- agissantes, nature des espèces soumises à leur action, conditions internes de l’être, conditions externes du milieu.
- Comme l’on sait mal encore, à l’heure actuelle, le mécanisme des phénomènes que produisent ces radiations, on ne peut en prévoir les effets que dans des conditions bien déterminées, et, par suite, quand on veut leur faire jouer un rôle bienfaisant, on ne peut pas les utiliser sans discernement; ce n’est que peu à peu que des tech-niques précises s’acquièrent. jEAN Sfyewet^
- Ingénieur E. C. I. L.
- E LA SPELEOLOGIE =
- SES MOYENS - SES BUTS
- La Nature a été la première à rendre compte des explorations de cavernes faites par son ancien rédacteur en chef, M. E.-A. Martel qui fut le précurseur et l'initiateur de ces difficiles et audacieuses recherches. Celles-ci ont eu un tel retentissement que l'exemple a été suivi : des disciples nombreux se sont groupésy ils ont mis au point un matériel perfectionné ; ils se livrent ardemment à la prospection des anfractuosités du sous-sol, sport difficile autant que science précieuse.
- Le président de la Société spéléologique de France veut bien présenter la spéléologie d'aujourd'hui, où il est passé maître, décrire son appareillage et ses techniques, définir ses résultats.
- Chaque année des groupes nouveaux se forment un peu partout à la suite de lectures d’articles de vulgarisation, ou de conférences organisées par nos soins, dans le but de prospecter le sous-sol. D’importantes sociétés, comme par exemple le Club Alpin Français, créent des commissions de spéléologie. Des alpinistes distingués daignent abandonner les cimes ensoleillées pour la nuit profonde des gouffres et y trouvent un charme particulier.
- Toutefois pour se risquer dans ces cavités naturelles : grottes et avens, il faut à la fois être bien outillé, avoir une solide constitution, et posséder diverses connaissances spéciales, sans quoi les risques déjà grands augmentent et on ne peut faire œuvre utile.
- LES MOYENS
- Peu à peu, l’équipement, l’outillage, les techniques se sont grandement perfectionnés. Je décrirai le matériel que nous avons adopté ou imaginé, tel qu’il nous sert aujourd’hui.
- Costume. — Eviter les chandails s’accrochant aux aspérités et couvrir les sotis-vêtements de laine (à adapter aux températures des lieux visités) d’une bonne combinaison en toile de lin à col droit, fermée aux poignets et aux chevilles, possédant de nombreuses poches. Les clavicules, coudes, genoux et fesses seront rembourrés
- de plaques de caoutchouc mousse, utiles pour parer les coups et garantir de l’humidité.
- Chapeau, en caoutchouc mousse sans revêtement métallique, donc léger et souple, bien assujetti par deux jugulaires : l’une occipitale et l’autre sous le menton. Pour éviter l’usure, il sera recouvert de toile de lin.
- Bottes en phoque ou cuir chromé et suiffé, montant sous le genou et lacées dans des œillets. La semelle portera un patin d’acier vissé qui supportera 6 pointes acérées en acier nickel-chrome. Ce ferrage permet de tenir sur toutes les natures de sol et, en particulier, sur l’argile si fréquente dans les grottes. Les talons sont en caoutchouc pour amortir la marche sur les roches dures.
- Les espadrilles sont à éviter à cause de leur peu de résistance. Elles ne protègent pas contre les coups, se font arracher par l’argile molle et glissent dès que le sol est mouillé et glaiseux.
- Gants, très importants, car ils évitent le contact des mains avec des cordes ayant touché des animaux crevés.
- Leur qualité devra être de premier ordre, épais, suiffés, sans ouverture dans la paume ; ils auront un crispin court. Ils protègent de ces pointes aiguës de calcite qui coupent comme des rasoirs. Pendant les rappels, ils évitent les brûlures. En plus, lorsqu’on veut prendre des notes, on a des mains « à peu près » propres.
- Fig. 1. — L'explorateur R. de Joly pénètre dans l'aven de Saint-Vincent (Drôme), muni de son équipement.
- On remarque sur sa tête le photophore, au cou le téléphone, sur le dos la musette contenant les appareils de mesure, les vivres et les accessoires divers, sur les reins la musette renfermant l’échelle ultra-légère. (Cl. Rollet).
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- Les accessoires de poche comportent des briquets, au nombre de deux au moins. L’un, à essence, sera étanche; l’autre pourra être à gaz, c’est-à-dire donnant simplement une étincelle de ferro-cérium. Les allumettes étant hygrométriques, ne pas s’en encombrer.
- Une paire de pinces universelles, légères et petites, un couteau, de la ficelle (fouet), du iil de fer de divers diamètres, des pitons, une bougie, une -montre étanche et blindée (Ermeto), un thermomètre, un serpentin et un calendrier éphéméride (pour le repérage dans les labyrinthes), un sifflet, une boussole (que nous portons sur un des bracelets de cuir de poignet) un mouchoir, un bonnet (comme ceux de chirurgien) en toile blanche pour les arrêts lorsqu’on est à l’abri des pierres, compléteront ces accessoires qu’on est fort heureux de trouver à portée.
- On va s’écrier : «Mais tout cela doit peser lourd ! » Evidemment nous n’avons rien du coureur à pied, mais nous n’avons pas à faire le même travail ! Si certains descendent sous terre en tenue de scout, nous ne pouvons que les plaindre, car ils endurent une souffrance inutile au contact des rochers pointus, ou pendant les reptations sur les lits de torrents.
- Chaque explorateur porte une ceinture de sangle bien ajustée; trois mousquetons différents y sont fixés, un pour
- Fig. 2. —• L'auteur, R. de Joly, remontant de figue de Viroulou (Lot). On voit le téléphone, la petite corde de réserve en bandoulière. En avant, l’appareil à galets fixé à l’échelle. (Cl. A. Viré.)
- la corde de sûreté, un autre au bout d’une corde repliée soigneusement, pour les arrêts sur les échelles ou sur les relais, et le dernier pour accrocher la bouteille à gaz.
- La pratique consistant à s’enrouler la corde de sûreté autour des reins est à rejeter, comme dangereuse et fatigante. En plus, on perd du temps pour faire et défaire les nœuds.
- Une fois équipés, examinons le matériel nécessaire pour s’engager sous terre.
- Éclairage. — L’éclairage est une question importante puisque nous sommes toujours dans la nuit. Forts de l’expérience des premiers spéléologues, nous l’avons perfectionné.
- Notre préféré est certainement celui à acétylène dissous, mais disons que jamais nous n’avons de lampe à main. Il faut les mains libres — fort occupées par ailleurs — donc il est ridicule de les encombrer. La lampe de mineur peut être un danger grave dans les puits, en cas de chute.
- Nos becs sont toujours sur un support frontal tenu par une sangle de caoutchouc. Ainsi, la lumière est automatiquement dirigée en même temps que le regard.
- A côté du bec se trouve un briquet. Donc, pas de fastidieuses recherches si la lumière vient à s’éteindre pour une raison quelconque.
- Nous utilisons, à cause de sa grande durée comparativement au poids emporté, le gaz butane. Mais à moins d’employer des manchons, toujours fragiles, il éclaire moins que l’acétylène.
- Si nous devons circuler dans une caverne où régnent de forts courants d’air ou près de cascades risquant d’éteindre les becs à feux nus, nous avons un photophore étanche à feuilles de mica et briquet intérieur.
- Nous avons aussi en réserve de légers photophores (50 gr) électriques alimentés par des piles (Pile-Ménage). L’éclairage est nettement moins puissant que celui de l’acétylène et nous ne l’employons que si nous y sommes forcés par la présence de gaz carbonique. A ce moment, la flamme de l’acétylène devient fuligineuse, son pouvoir éclairant diminue et c’est le meilleur avertissement. En présence de CO2, les brûleurs à manchons, carburant beaucoup d’air, annoncent immédiatement le manque d’oxygène en vous plongeant dans la nuit.
- Nous avons aussi une torche puissante à foyer réglable, mais son utilisation est rare, car il faut de grandes voûtes pour qu’elle réponde à un besoin.
- Volontairement, nous ne voulons pas d’éclairage à pinceau étroit, mais au contraire une lumière non concentrée par une loupe ou un réflecteur.
- Une nouvelle lunette électrique à ampoule située entre les deux yeux et piles sur les branche^ est commode dans certains cas (Lufix).
- Nous avons aussi un photophore à essence dans un réservoir feutré. Il sert pendant les longues stations.
- Matériel de descente. — Nous ouvrons là un chapitre qui pourrait être long; nous tenterons de décrire l’outillage rapidement, sans rien oublier toutefois.
- A notre avis, il est essentiel que l’outillage soit parfaitement adapté au travail qu’on lui demande, car ce n’est
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- Fig. .‘S. — Les balles.
- Remarquer le patin à 6 pointes en nickel-chrome, le talon en caoutchouc et la coquille d’aluminium protégeant les orteils.
- pas dans une situation délicate, au fond de quelque puits, qu’il faudra s’apercevoir d’un défaut. Dans un tel moment on a d’autres occupations.
- Naturellement ce n’est pas dans le commerce que ces accessoires se trouvent, car ils n’auraient pas un débouché suffisant. Ce qui peut s’y trouver ne vaut rien pour nous et ne représente, à mes yeux, qu’un médiocre à peu près. Je suis heureux d’avoir pu imaginer et fabriquer ces fournitures, car elles évitent de la peine. Nous avons fait la chasse aux poids inutiles par un judicieux emploi des nouveaux métaux, alliages et matériaux.
- Cordages : c’est d’environ 400 ou 500 m de cordes diverses qu’il faut pouvoir disposer. La corde téléphonique dont l’âme de chaque toron contient un fil conducteur a 150 m. À chaque extrémité se trouvent des prises de courant raccordant avec le poste fixe (en haut) et le mobile (au cou). Une ganse se trouve du côté du poste mobile pour l’accrochage au mousqueton de ceinture du chef d’exploration.
- La corde de sûreté des aides a 100 m au moins.
- Diverses cordes de 7, 10 et 11 mm de diamètre et de 20, 40, 50 cm complètent les cordages qui tous sont en manille premier choix à cause de la résistance de ce textile à l’humidité.
- Un dévidoir en aluminium, portant une cordelle de 100 m, servira à faire un va-et-vient dans les gouffres subverticaux ou en hélice.
- Ceinture à plateau. — Comme il faut prévoir le pire, nous avons établi une sorte de ceinture qui porte une sangle feutrée passant entre les jambes, pendue à quatre cordes, réunies sur une croix de bois; assujetti contre cette croix, un disque de duralumin protège des chutes de pierres. Les quatre cordes sont réunies à un mousqueton à verrou qui se pose à la ganse de la corde de descente. Des raccords téléphoniques sont prévus entre la ganse et l’homme qui se place dans l’appareil.
- Il sert à l’exploration de puits où des avalanches sont inévitables et se trouve à notre disposition si nous
- Fig. 4 cl 5. •— L'éclairage.
- En haut, à gauche, le photophore frontal avec son réflecteur, son bec et son briquet. Au-dessous, bouteille d’acétylène dissous (1200 gr; durée de 10 heures) et bouteille de gaz butane (600 gr, durée de 20 h). A droite, en haut, torche à foyer réglable avec courroie pour la pendre au cou. Au-dessous, lunettes avec piles sur les branches et ampoule entre les yeux; lampe à ruban de magnésium ouverte.
- avions un blessé à remonter, même complètement inerte.
- Freins de cordes. — Une pièce d’aluminium coulé porte une sorte d’étau réglable, commandé par un écrou à oreille. Par sa forme particulière ce « pince-corde » permet de fixer le filin pendant les arrêts, ce qui laisse le personnel se reposer et le libère.
- Deux freins semblables se trouvent montés au bout d’une corde qui est fixée à un arbre ou un rocher.
- Poulies. — Il faut en avoir au moins trois ; l’une d’elles sert à la ligne téléphonique, l’autre à la corde des aides, la troisième au besoin pour du matériel. Toutes sont spéciales et peuvent s’ouvrir soit par le côté, soit par le haut. Elles sont en acier, en aluminium et en gaïac. La poulie marine, entièrement en bois sauf l’axe, peut être utilisée.
- Galets. — Dans le cas où l’aven s’ouvre au bout d’un couloir, sous un porche, ou quand sa largeur est trop importante pour placer les cordes de poulies en travers, l’appareil à galets est indispensable. Chacun des trois rouleaux est monté sur un V en aluminium coulé, tournant sur un axe tubulaire en laiton. Chaque V est relié au suivant par une charnière. L’appareil, qui est en général fixé sur les premiers échelons de l’échelle par des cordelles, est souple et s’adapte au terrain. Il évite le « raguage » des cordes sur l’angle de départ.
- Echelles souples : Si certains spéléologues, par raison d’économie de dépense et de poids, utilisent des sortes de griffes à cordes (appelées « singes ») pour descendre et monter à la corde lisse, nous préférons les échelles, plus sûres et d’utilisation plus rapide.
- Il est nécessaire d’en avoir de divers types et au moins 100 m. Chaque élément sera de longueur différente pour être adapté aux « crans » rencontrés, sans perte de métrage.
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- Nous avons, pour notre compte, 220 m d’échelles en corde et bois, d’abord, pour grands puits, les échelles dont les barreaux de bois ont 30 cm de largeur, et dont les cordes sont de diamètres divers sans excéder 12 mm; ensuite le type étroit à barreau de 15 cm, ce qui permet de gagner du poids et de l’encombrement.
- Un autre type d’échelle en magnésium et acier, créé par nous, est un réel progrès dans le matériel spéléolo-gique à cause de son faible volume et de son poids très réduit. Le poids du mètre varie de 44 à 110 gr. Si on compare ce poids à celui des échelles de nos devanciers, qui était d’environ 1 kg par mètre, on saisira les possibilités qu’il donne. Un homme en porte facilement 50 m sans gêne.
- La largeur des barreaux est de 12 ou 14 cm. Grâce à l’alliage léger employé, ils pèsent de 7 à 16 gr chacun.
- Les câbles (aviation) vont de 2 mm à 3 mm de dia-
- porte à charnière. Elle sert pour diminuer l’effort de relevage de ces agrès dans les grands puits.
- Echelles rigides. — On peut en avoir en bois pour les explorations dans les rivières (flottage possible), mais elles sont encombrantes. Il existe dans le commerce un modèle métallique repliable dont les barreaux disparaissent dans l’intérieur des tubes (sectionnés suivant une génératrice), mais leur longueur ne peut être grande, car trop fragiles. Nous avons fabriqué un modèle en tube d’acier, dont les barreaux se posent séparément. Si elle permet une hauteur importante, elle a l’inconvénient d’être longue à monter. On peut toutefois la transporter aisément à cause de ses éléments séparés. Poids : 10 kg pour 50 m. Ces échelles nous servent souvent de ponts sur les marmites de géants profondes.
- Outils divers. — Des outils de démolition sont indis-
- Fig. 6 à 10. — Cordages et accessoires.
- De gauche à droite : Cordelle de manœuvre de 100 m. sur son dévidoir en aluminium. Elle sert à établir un va-et-vient entre l’orifice de la grotte et le fond. Ceinture à plateau, avec sangle et bande feutrée passant entre les jambes, pendue à quatre cordes écartées par une croix de bois surmontée d’un plateau « pare-pierres » en aluminium. — Ancre d’abordage pour atteindre les cavités en retrait des falaises et frein de corde ouvert en haut, en action en bas. — Poulies : poulie marine en bois à axe d’acier; poulie en acier à flasques de duralumin séparables; poulie d’acier à ouverture latérale pour faire passer un nœud. — Galets évitant le frottement des cordes sur les rochers.
- mètre. Les charges de rupture pour l’échelle sont, suivant le modèle, de 500 kg à 1 t.
- Tous les éléments d’échelles sont raccordés au moyen de maillons fendus en nickel-chrome. On peut « mailler » deux éléments en 15 sec, alors qu’autrefois il fallait compter 5 mn. Nous avons modifié ces maillons d’invention italienne; leur inoxydabilité est favorable à la conservation des cordes en contact.
- Fixe-échelles. — Nous en utilisons deux modèles : l’un est un anneau de corde où deux raccords NiCr sont enfilés; il permet des combinaisons autour d’un arbre, d’un rocher ou d’une stalagmite.
- L’autre est un triple crochet monté sur un support à corde. Pouvant recevoir n’importe quelle largeur d’échelle, il supporte cet agrès par un échelon. Son emploi est extrêmement pratique dans les puits où des allongements ou raccourcissements sont fréquents. La manœuvre peut être exécutée en quelques secondes.
- Poulie à échelles. — Nous avons une poulie spéciale à large rouleau pouvant se placer sur l’échelle par une
- pensables. Ils se composent de pics à manche court, aiguilles de carrier, tamponnoirs, barres à mine, serpettes, scies, haches, les uns pour l’intérieur, les autres pour l’aménagement de la bouche.
- Explosifs. — Dans certains cas, l’emploi de mines est indispensable, mais de nombreuses précautions doivent être prises. En particulier, nous ne posons jamais de détonateur dans le trou à explosif, mais relions ce dernier à la mèche par un cordeau-détonateur spécial, ce qui évite le danger présenté par le bourrage.
- Treuil. — Cet appareil doit être tout différent de ce qu’il est dans le commerce, car il pourrait autrement causer de graves ennuis. Le nôtre possède sur son dévidoir à deux manivelles (sans démultiplicateur) 150 m de câble d’acier, un frein (ressemblant à ceux des automobiles) et un cliquet. Ses pieds sont télescopiques pour s’adapter au terrain en général irrégulier. Ce n’est pas son poids (15 kg) qui contre-balance celui de l’homme pendu au bout du fil, mais une « patte d’oie » en corde qui se fixe en arrière. Il permet la réduction du personnel
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- De gauche à droite : Échelles étroites à raccords instantanés en nickel-chrome. Celle du haut, ultra-légère, en électron-acier, a 9 m et pèse 44 gr par mètre. Les deux moyennes, normale et renforcée, en électron-acier, mesurent 12 m et pèsent 86 et 110 gr au mètre. Celle du bas, en corde et bois, longue de 13 m, pèse 232 gr au mètre. Une pièce de 10 fr donne idée de leur grandeur. — Échelle rigide en tubes d’acier de 1 m 40. Agrafe en acier à crochets destinés à tenir les échelles. — Poulie pour remonter les échelles. •— Treuil de 15 kg. à 150 m de câble d’acier, avec cliquet et l'rein. On le fixe à la bouche du gouffre par une patte d’oie en cordage résistant à la traction vers le bas.
- de service (2 hommes) à la bouche, tout en conservant la sécurité nécessaire.
- Téléphones. — Nous disposons de trois postes valise ou sacoche. Les valises contiennent pour le transport les combinés fixes et mobiles et les piles. Le poids de la valise est de 4 kg. Des prises de courant s’adaptent soit à la corde téléphonique, soit au dévidoir-trolley.
- Le poste sacoche pesant moins de 2 kg comprend deux petits combinés, un dévidoir en électron et son fil de 80 m, plus les piles. Dans les puits, il relie les explorateurs.
- Dévidoir-trolley. — Lorsqu’on est forcé d’installer un « standard » au milieu d’un gouffre très profond, c’est-à-dire fine liaison de l’employé au relais avec le haut et avec le bas, il est utile d’avoir cet appareil peu encombrant malgré ses 150 m de fil; il permet de parler pendant le dévidage ou le bobinage (poids env. 5 kg).
- Comme la voix porte mal et que les phénomènes des résonances empêchent les spéléologues de correspondre, le téléphone est indispensable pour la liaison dans beaucoup de cas.
- Sondes. — - Nous avons deux sortes de sondes :
- De hauteur : la trousse pour mesurer la hauteur des voûtes se compose de deux bouteilles d’acier (une grosse et une petite) contenant de l’hydrogène à 150 kg de pression, de plusieurs ballons de caoutchouc (diamètre 70 cm), et d’un dévidoir à fil fin de 100 m. De profondeur : un dévidoir à 2 poignées en bois ou en électron, porte une ligne de pêche au thon lestée à une extrémité d’ovules de plomb. Sa longueur est de 200 m. Chaque mètre est marqué par un nœud. Tous les 10 m, il y a autant de nœuds que de dizaines. Les marques sont de couleur différente dans chaque centaine.
- Une sonde légère se trouve dans le sac d’exploration.
- Réserves. — Au camp, nous avons toujours des bouteilles de grande capacité d’acétylène, de butane, d’oxygène, d’hydrogène, des kilogs de bougies, des piles. Comme nous transportons les gaz employés à la soudure autogène, il nous est facile d’en profiter pour certaines réparations et un chalumeau avec un jeu de becs se trouve dans l’outillage qui comprend de nombreux outils, et jusqu’à un compresseur d’air.
- De gauche à droite : Valise téléphonique avec piles, sonnette, interrupteur. Sur le côté, le combiné mobile. — Dévidoir électrique à trois trolleys et trois conducteurs, portant 150 m de fil. — Boussole lumineuse à réflecteur d’argent et fente de visée. Hygromètre de Saussure dans sa boîte. Grand et petit thermomètres avec étuis. —- Trois baromètres : à gauche, enregistreur de poche Richard modifié par R. de Joly, à bande de 24 heures; au milieu, appareil Richard-Goulier, sensible au mètre, dans sa boîte matelassée; à droite, appareil Vion de 12 cm.
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- Ancre. —- Pour pouvoir aborder dans les grottes de falaises situées en retrait par rapport à l’aplomb de l’échelle, nous avons une ancre à crampons à 120° (en NiCr) fixée au bout d’une solide cordelle.
- Nous en avons presque terminé avec ce qui est nécessaire pour les explorations dans les cavernes « fossiles ». Il faut mentionner encore le sac du chef d’exploration contenant de petits accessoires de rechange pour les lampes, les thermomètres, baromètres, hygromètres,
- boussoles, sitomètre; appareil photographique, magnésium en poudre, chocolat, biscuits, thon, marteau, pitons, serpentins, éphémérides pour le repérage dans les labyrinthes, etc. (') R. de joly>
- (à suivre) Président de la Société spéléologique de France.
- 1. Nous tenons à signaler qu’un « Manuel du spéléologue » donnant de nombreuses indications techniques va être publié sous peu. Contenant près de 50 pages, il est indispensable à ceux qui vont sous terre. Le demander à la Société Spéléologique de France, Muséum d’Histoire naturelle de Nîmes (Gard).
- LES CARBURANTS D’AUTOMOBILE
- La diversité des carburants actuellement offerts à l’automobiliste est telle, que, à moins d’être très averti de la question, il ne peut faire son choix à bon escient. C’est pourquoi nous avons pensé intéressant de passer en revue les principaux corps utilisés actuellement comme carburants, d’indiquer leurs propriétés caractéristiques et celles de leurs mélanges.
- A la lumière de cette étude, nous pourrons alors établir une comparaison entre les différentes catégories de carburants dont la mise en vente est actuellement réglementée. Nous aboutirons ainsi à quelques principes généraux qui, nous l’espérons, permettront à l’automobiliste d’utiliser, dans les meilleures conditions, carburant et moteur.
- C’est en 1923 qu’avec le carburant national, mélange d’essence et d’alcool en proportions égales, apparut pour la première fois sur le marché en quantités importantes un carburant autre que l’essence de pétrole. Jusque-là, évidemment, d’autres carburants, le benzol en particulier, étaient bien connus, mais leur emploi ne s’était pas généralisé. Avec le carburant national s’ouvrait une ère nouvelle, au cours de laquelle devait fortement évoluer la conception des carburants d’automobile.
- Cette évolution fut dictée par deux considérations d’ordres differents. D’une part, la transformation du moteur à explosion, l’emploi de taux de compression de plus en plus élevés, permettant d’élever le rendement, étaient limités par la détonation. Pour y parer, il fallut adapter spécialement le carburant aux exigences d’un moteur et d’un usager rendus sans cesse plus difficiles. Rappelons, dans cet ordre d’idées, rapparition fin 1928 de l’Esso, qui devait être suivi de toute la série des supercarburants. D’autre part, la nécessité de trouver un débouché à la production d’alcool, le souci de réduire l’importation d’essence, conduisaient le gouvernement à prendre des dispositions successives qui permettent d’utiliser normalement les mélanges alcoolisés dans les moteurs. Nous ne reviendrons pas sur l’historique de cette question, nous bornant seulement à étudier à la fin de' ce travail le stade où nous nous trouvons actuellement.
- Ce qu’il faut retenir de ceci c’est que l’essence, le benzol et l’alcool sont les principaux constituants des carburants d’automobile actuels. A côté d’eux, les huiles de houille, ou de schiste, les essences de synthèse, l’alcool méthylique etc., n’ont qu’un rôle peu important à cause
- de leur faible tonnage. Les carburants gazeux, qu’il s’agisse de gazogènes, de gaz d’éclairage ou de butane et de gaz de même provenance, sortiraient du cadre que nous nous sommes fixé. Par contre, nous ne saurions passer sous silence tous ces produits du commerce que l’on peut ajouter en faible quantité au carburant dans le but d’améliorer le rendement du moteur ou d’en diminuer l’usure.
- L’ESSENCE, LE BENZOL ET L’ALCOOL
- L’essence est un corps complexe obtenu par traitement du pétrole naturel; elle est composée des carbures d’hydrogène des différentes séries, distillant entre 35 et 200° environ, et mélangés dans des proportions très variables, suivant la provenance du brut et le traitement qu’il a subi.
- Le benzol au contraire provient de la distillation de la houille. Il est d« composition beaucoup plus homogène, formé pour au moins 80 pour 100 de benzène et pour le reste d’autres carbures aromatiques et de quelques impuretés.
- L’alcool enfin, provenant de la fermentation de divers produits végétaux, possède sur les corps précédents l’avantage d’avoir une source qui se renouvelle sans cesse et dont on ne peut craindre l’épuisement. Il est obtenu maintenant à l’état presque pur puisque le produit commercial contient environ 99,8 pour 100 d’alcool éthylique C3HsOH. Le reste est constitué par de l’eau et diverses impuretés, en particulier le dénaturant qui est introduit à dessein dans l’alcool de carburation pour éviter la fraude et sauvegarder les intérêts de l’État.
- Pouvoir calorifique. — Le tableau ci-après résume les principales propriétés calorifiques de divers corps au point de vue de leur utilisation comme carburants. Pour les essences et le benzol, les valeurs données ne peuvent évidemment être considérées que comme des moyennes autour desquelles oscillent les divers échantillons commerciaux.
- Ce sont les essences qui ont la densité la plus faible et par contre le plus fort pouvoir calorifique par unité de poids. Par unité de volume au contraire, le pouvoir calorifique du benzol est légèrement supérieur à celui de l’essence, celui de l’alcool étant beaucoup plus faible, de l’ordre de 70 pour 100 environ. La quatrième ligne du tableau donne la quantité d’air nécessaire pour brûler complètement 1 gr de carburant, la proportion des
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- Esse Tou- risme. nce. Poids lourds. Hep- tane. Benzol. Ben- zène. Alcool éthy- lique.
- Densité à 15°. . 0,720 0,760 ' 0,713 0,880 0,875 0,794
- Pouvoir calorif. supérieur par kg 11.200 11.000 11.500 9.900 9.950 7.030
- Pouvoir calorif. supér. par litre. 8.070 8.450 8.230 8.700 8.700 5.600
- Cr. d’air nécessaires à la carburation exacte de 1 gr de carburant 15,3 15,3 15,1 13,5 13,3 9,1
- Pouvoir calorif. de 1 1 de mélange carburé . 935 925 970 925 945 935
- corps réagissant étant celle qui correspond à la réaction chimique exacte. À l’aide de ces différents éléments, nous avons enfin calculé le pouvoir calorifique d’un mètre cube d’air carburé dans ces proportions, le mètre cube étant mesuré dans les conditions atmosphériques normales, et le carburant supposé complètement vaporisé. Le fait remarquable qui a été déjà signalé à plusieurs reprises est que cette valeur soit pour tous les carburants la même, à moins de 3 pour 100 près. Cette considération relative au mélange exact est d’ailleurs valable pour toute autre richesse si nous définissons cette dernière comme l’a fait M. Bonnier!1) : le rapport entre la proportion carburant-air dans le mélange utilisé et celle dans le mélange exact. Il en résulterait que, quel que soit le carburant, un moteur ^onné développerait à richesse égale, la même puissance, si le rendement pratique n’était pas affecté par d’autres facteurs tels que : l’homogénéité du mélange carburé, le taux de remplissage du cylindre et le mode de combustion, en particulier la détonation. Evidemment la consommation spécifique resterait proportionnelle au pouvoir calorifique du carburant. La richesse a elle-même la plus grande influence sur le rendement pratique comme le montrent les caractéristiques de puissance et de consommation en fonction de la richesse (fig. 1). Ces courbes ont été relevées sur un moteur d’automobile pour un régime de 2200 tours et une pression dans le collecteur d’admission de 720 mm de mercure correspondant à un poids d’air aspiré de 110 kg à l’heure.
- Aux environs du maximum de puissance en particulier, la consommation spécifique varie très rapidement avec la richesse, ce qui montre bien que des essais de carburants ne peuvent être comparables que si les conditions de richesse du mélange admis sont parfaitement déterminées.
- Volatilité. — La formation du mélange carburé et le taux de remplissage du cylindre sont évidemment fonction des caractéristiques du carburateur, de la
- 1. Annales de l’Office des Combustibles liquides, 1935, n° 3, p. 199.
- - .......... .............. 307 =
- disposition et des réglages du moteur, mais ils dépendent aussi du carburant, en particulier de sa volatilité. La tension de vapeur est facile à déterminer pour un corps pur puisqu’elle ne dépend que de la température; pour un composé complexe comme l’essence, le problème est beaucoup plus délicat, car cette tension varie de plus avec la proportion des phases liquide et vapeur. On a pratiquement tourné la difficulté en caractérisant les essences par leurs courbes de distillation à pression constante déterminée dans un appareil conventionnel, l’appareil Engler (fig. 2), suivant un mode expérimental minutieusement fixé et normalisé.
- L’essence est chauffée progressivement dans le ballon, les différentes portions distillent successivement, sont condensées dans le réfrigérant et recueillies au fur et à mesure dans l’éprouvette graduée. On note la température
- Richesse
- Fig. 1. — Puissance et consommation en fonction de la richesse.
- au thermomètre en fonction des fractions recueillies et on porte ces points sur un graphique. Nous avons reporté, figure 3, les courbes de distillation correspondant à une essence tourisme, une essence poids lourds et un benzol; la distillation des corps purs : heptane, benzène et éthanol, se faisant à température constante serait représentée par une droite.
- L’expérience a montré qu’un point à 10 pour 100 suffisamment bas facilite la mise en route du moteur, qu’une température peu élevée des points 30 et 40 pour 100 permet une mise en régime plus rapide, une courbe s’élevant progressivement à partir de ces points sera préférable pour l’homogénéité de la carburation à celle qui présenterait un palier suivi d’une montée brusque vers la fin de la distillation. Enfin un point à 90 pour 100 trop élevé entraîne une mauvaise combustion avec
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- crainte de dilution de l’huile du carter. Par contre, si la courbe de distillation est trop basse, on risque la formation dans les canalisations d’essence de bulles de vapeur qui peuvent provoquer le désamorçage de la pompe d’alimentation.
- De nombreuses recherches sont faites actuellement pour arriver à caractériser la volatilité des carburants par des procédés moins empiriques que la distillation Engler, mais aucun n’est encore normalisé ni entré dans la pratique courante pour les essences d’automobile.
- La chaleur de vaporisation varie également beaucoup d’un carburant à l’autre; pour les carbures saturés à leur température d’ébullition, elle passe de 85 calories par gramme pour le pentane à 60 pour le décane; dans les mêmes conditions, elle est de 94,9 pour le benzène et de 206 pour l’alcool éthylique. Une valeur assez élevée peut avoir un effet favorable en provoquant un refroidissement du mélange carburé et augmentant par conséquent le taux de remplissage; pour l’alcool ce phénomène est encore accentué par la forte proportion de carburant qui doit être mélangée à l’air. Mais par eontx’e on risque de ne pas obtenir un mélange sulïisamment homogène et l’on doit souvent avoir recours à un réchauffage.
- Valeur antidétonante. — Un autre facteur, enfin, est de la plus haute importance pour un carburant : sa valeur antidétonante qui détermine les conditions de température et de pression et par conséquent le taux de compression au-dessus duquel apparaîtra la détonation. Une valeur antidétonante élevée permet donc d’utiliser, sans crainte de détonation, des moteurs à fort taux de compression et par conséquent à haut rendement. Par contre, sur les moteurs à faible taux de compression, il n’y a pas d’inconvénient à se contenter d’un carburant à faible valeur antidétonante, pourvu que la détonation n’apparaisse pas dans les conditions d’utilisation. Les courbes, figure 4, illustrent bien ce fait :
- Appareil de distillation Engler
- Bain de
- Table d'amiante
- O O
- Fbpier
- buvard
- iunsen
- sur un moteur expérimental à compression variable ont été essayés, dans les mêmes conditions de régime, richesse, avance à l’allumage, d’une part un carburant à 61 d’octane et de l’autre un carburant à 100 d’octane. Jusqu’au taux de compression de 6, les courbes de puissance et de consommation sont très voisines et l’avantage du carburant à 100 d’octane ne se manifeste qu’au-dessus. A noter que les températures d’échappement sont toujours plus élevées avec le carburant antidétonant.
- La valeur antidétonante des essences est très différente suivant leur composition chimique et l’indice d’octane de celles utilisées pour l’automobile peut varier entre 50 et 70 pour 100. Le benzol et l’alcool ayant une valeur antidétonante supérieure à celle de l’octane ne peuvent être classés avec l’échelle.
- A titre d’exemple, nous donnons, figure 5, quelques courbes qui montrent l’effet de divers corps antidétonants, sur une essence tourisme; on a employé pour le plomb tétraéthyl une échelle 50 fois plus grande que pour les autres corps. Par ailleurs la susceptibilité des essences aux antidétonants variant suivant leur nature, les courbes ne peuvent être prises qu’à titre d’indication.
- Comme autres caractéristiques, notons enfin que les essences ne se troublent par le froid que vers —80°; l’alcool se congèle à —117°; le point de solidification du benzène est au contraire de -f- 5°,5. D’autre part, l’essence et le benzène ne sont pas miscibles à l’eau; l’alcool au contraire en est très avide et de ce fait peut s’altérer au stockage. Par contre cette propriété' lui permet d’entraîner les gouttelettes condensées dans la buse d’admission, évitant tout givrage.
- LES MÉLANGES ESSENCE-BENZOL
- Nous venons de passer en revue les caractéristiques des principaux constituants des carburants d’automobile actuels : essence, benzol et alcool; ce dernier n’est pas normalement employé seul, car son faible pouvoir calorifique entraîne de très fortes consommations, et d’autre part sa vaporisation convenable est rendue difficile par sa faible tension de vapeur et sa chaleur de vaporisation élevée. Les essences et le benzol, composés tous deux de carbures d’hydrogène, sont miscibles dans toutes proportions, et le mélange étant parfaitement stable, ses propriétés : densité, pouvoir calorifique, peuvent se déduire de celles des constituants par un calcul proportionnel. La courbe de distillation de l’essence se modifie progressivement quand la teneur en benzol augmente. La déformation se traduit principalement par un abaissement dans sa partie centrale. La valeur antidétonante de l’essence sera notablement améliorée par l’adjonction de benzol, comme le montre par exemple la figure 5.
- D’ailleurs, il n’y a pas de différences entre un carburant benzolé et certaines essences fortement aromatiques; on ne pourra déterminer si les carbures de cette série proviennent du brut ou ont été ajoutés à l’essence proprement dite.
- L’essence et l’alcool anhydre sont miscibles en toutes proportions et l’utilisation du mélange ne souffrirait pas de difficultés s’il n’avait tendance à se séparer en deux couches en présence d’eau. Les conditions de stabilité
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- ont d’ailleurs été parfaitement étudiées au laboratoire et l’on sait que, pour réaliser la séparation, il faut d’autant plus d’eau que la température et la teneur en alcool sont plus élevées, et que l’essence de base est plus légère. Par exemple pour les mélanges contenant 5 à 10 pour 100 d’éthanol, il suffit à 0° d’une' quantité d’eau de 2 pour 1000 environ pour avoir la séparation, alors que pour un mélange à 50 pour 100 d’alcool, il en faut 2 pour 100. A la température de 15°, la quantité d’eau supportée par ce dernier mélange serait de 3 pour 100.
- Mais s’il était facile de déterminer les conditions physiques de stabilité du mélange, il est beaucoup moins aisé d’établir combien, en pratique, un tel carburant peut fixer d’eau pendant son séjour dans les réservoirs et au cours des diverses manutentions. Aussi a-t-on tout d’abord été conduit à utiliser des carburants fortement alcoolisés, malgré les inconvénients qu’ils présentaient.
- Les mélanges essence-alcool se font sans variation de volume et les propriétés telles que densité et pouvoir calorifique peuvent se déduire de celles des composants par simple proportion. La densité va donc en croissant quand la teneur en alcool augmente.
- D’autre part, les courbes de distillation se déforment progressivement à partir de celle de l’essence de base. Les points extrêmes changent peu, mais vers 75° apparaît un palier d’autant plus accentué que la teneur en alcool est plus forte. Une fois tout l’alcool passé, la courbe remonte brusquement pour se l’approcher de celle de l’essence pure. Cette allure de la courbe met bien en évidence l’écart de volatilité des différentes parties du carburant, écart qui se traduit par une difficulté de carburation, encore accentuée par l’augmentation de la quantité de chaleur due à la vaporisation.
- Cette dernière propriété entraîne par contre un meilleur coefficient de remplissage du moteur qui, joint à l’indice d’octane plus élevé, permet d’obtenir, avec des mélanges peu alcoolisés, la même consommation volumétrique qu’à l’essence. L’alcool a en effet une valeur antidétonante supérieure à celle du benzol, comme le montrent les courbes (fig. 5).
- On a fréquemment parlé, à propos de mélanges alcoolisés d’attaque de réservoirs et de canalisation ainsi que de dépôts dans les carburateurs et les pipes d’admission. D’après de nombreux essais, il ne semble pas que l’alcool puisse attaquer les differents métaux, quand il est suffisamment déshydraté pour former avec l’essence des mélanges stables dans les proportions habituellement utilisées. S’il y a séparation du mélange, des attaques peuvent au contraire se produire. D’autre part, principalement dans les premiers temps de l’utilisation de l’alcool, on a signalé de nombreux ennuis provenant surtout de revêtements de réservoirs ou de conduites qui n’avaient pas été étudiés pour résister à l’alcool. De nombreux dépôts insolubles dans l’essence et solubles dans l’alcool avaient aussi été entraînés, bouchant les gicleurs.
- Enfin on a parfois pu, à juste titre, incriminer le dénaturant de l’alcool ou le colorant qui étaient susceptibles de former des dépôts.
- Benzène
- Fig. 3. — Courbes de distillation.
- LES MÉLANGES TERNAIRES
- Dans ces mélanges formés généralement d’essence, d’alcool et de benzol, ce dernier joue un rôle intéressant à un triple point de vue : stabilité, pouvoir calorifique et valeur antidétonante.
- Le benzol joue le rôle d’unisseur entre l’essence et l’alcool éthylique et augmente la stabilité par rapport à l’eau. Par exemple pour deux mélanges à 15 pour 100, en volume d’alcool contenant l’un 85 pour 100 d’essence, l’autre 75 d’essence et 10 de benzol, nous constaterons que la stabilité à l’eau sera à 0° de 0,4 pour 100 pour le premier et de 0,55 pour le second. D’autre part, les travaux de MM. Charles Baron et Le Grain ont montré que l’adjonction d’alcool dans les mélanges essence-benzol abaisse considérablement la température où apparaissent les cristaux de benzène.
- Comme le montre le tableau donné au début de cette étude, le pouvoir calorifique au litre du benzol est légèrement supérieur à celui de l’essence. On peut donc, par l’adjonction du benzol à un mélange alcoolisé, compenser partiellement la perte de pouvoir calorifique due à l’alcool. On aura ainsi la possibilité d’utiliser des carburants fortement alcoolisés en conservant la même puissance au moteur, sans augmenter la consommation volumétrique de carburant; or, c’est celle-ci qui importe seule à l’automobiliste qui achète son carburant au litre.
- Au point de vue valeur antidétonante, les effets des deux composants s’ajoutent; pour les teneurs assez faibles en alcool et benzol, de l’ordre de 10 à 15 pour 100 par exemple, et pour des nombres d’octane ne dépassant pas 75, ses effets se superposent presque arithmétiquement. Ceci ne serait plus vrai pour les carburants à très
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- haute valeur antidétonante, pour lesquels l’indice d’octane semble tendre vers une limite, quelle que soit la quantité des corps antidétonants ajoutés.
- Ayant passé en revue les propriétés de l’essence, du benzol et de l’alcool ainsi que de leurs différents mélanges et avant d’étudier les carburants actuellement en vente, nous pensons intéressant de dire quelques mots des produits commerciaux destinés à être mélangés à l’essence par l’automobiliste lui-même.
- LES PRODUITS AJOUTÉS AU CARBURANT
- Qu’ils soient mis en vente sous le nom de supercarburant ou de superlubrifiant, ces produits sont toujours présentés par leurs fabricants comme devant remplir une ou plusieurs des conditions suivantes : améliorer le rendement du moteur, en rendre la marche plus douce, diminuer l’usure par un meilleur graissage des cylindres, ou décalaminer les culasses. Le pouvoir calorifique d’un carburant ne peut être augmenté d’une façon appréciable par l’adjonction d’une quantité aussi faible de corps, généralement de l’ordre de 10 à 15 cm3 pour 5 1, soit 2 à 3 pour 1000 environ. Un calcul simple montre en effet que, pour obtenir une augmentation de 1 pour 100 seulement de ce pouvoir calorifique, il faudrait que le corps, ajouté dans ces conditions, eût un pouvoir calorifique au moins triple de celui du carburant utilisé. Une élévation importante de l’indice d’octane semble également difficile à obtenir dans ces conditions. Des corps étudiés figure 5, seul le plomb tétraéthyle pourrait à ces doses avoir un effet intéressant. Depuis le mois de février dernier, son emploi est autorisé à la dose maxima de 0,8 pour mille dans les carburants d’automobiles, mais en raison de sa toxicité, il ne peut être vendu aux utilisateurs que mélangé avec le carburant dans les proportions fixées pour la carburation. Le danger
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- Fig. 4. — Puissance et consommation en fonction du taux de compression.
- Puissance
- Essence ql Octane
- îommati
- Ecf appemg
- que présentent ces carburants éthylés doit d’ailleurs être signalé aux acheteurs par une étiquette apposée sur les instruments de distribution ou sur les bidons.
- L’aniline ou les autres corps analogues ont un effet beaucoup moins important, environ 100 fois moindre. Les métaux carbonyles ont été fréquemment proposés; leur effet est de l’ordre de celui du plomb tétraéthyle, mais ils n’ont pas été fabriqués industriellement ni mis en service courant. Et nous ne pensons pas que si un corps d’une efficacité avoisinant celle du plomb tétraéthyle avait été découvert, on l’eût gardé secret et se fût contenté de le vendre ainsi.
- L’effet à attendre de ces corps est bien plutôt celui d’un décalaminant qui désagrège les dépôts sur les culasses et les pistons et d’une huile qui graisse les parties de cylindre où l’huile du carter ne remonte que difficilement. Encore faut-il que cette huile ne risque pas de donner en brûlant des produits charbonneux qui pourraient rayer les cylindres. La question des moteurs fonctionnant avec deux circuits de graissage, l’un pour les cylindres, l’autre pour l’embiellage semble d’ailleurs à l’ordre du jour. Ces circuits utiliseraient chacun une huile spécialement adaptée à ces conditions de travail particulières.
- Connaissant maintenant les principaux carburants utilisés, nous pouvons passer une revue rapide des textes fixant la composition des carburants actuellement mis en vente.
- LE DÉCRET ET L’ARRÊTÉ DU 14 NOVEMBRE 1935
- Comme nous l’avons vu, la crainte de voir les mélanges alcoolisés s’hydrater et se séparer avait amené le législateur à adopter tout d’abord un mélange composé en parties égales d’essence et d’alcool (Carburant national, loi du 23 février et décret du 31 mai 1923). L’expérience de ce mélange et celle des pays étrangers qui utilisaient de plus en plus d’alcool pour la carburation permit d’envisager l’emploi de carburants moins alcoolisés. Le mélange contenant de 25 à 30 pour 100 d’alcool et 75 à 70 pour 100 d’essence, poids lourds, fut institué par la loi du 4 juillet 1931 et l’arrêté du 26 octobre de la même année. Continuant cette évolution et pour permettre une diffusion plus facile de l’alcool, on en vint enfin à l’arrêté du 25 juillet 1933 qui autorisa la vente du mélange contenant de 10 à 13 pour 100 d’alcool et le complément en essence tourisme.
- De l’ensemble de ces textes résultait une législation assez confuse en même temps qu’étaient mal déterminées les spécifications physiques des carburants mis en vente. Le même vocable risquait d’être appliqué à des carburants très différents. C’est pour remédier à ces inconvénients que le décret du 14 novembre 1935 reprit l’ensemble du problème et décida que les carburants ne pourraient être mis en vente que sous une des dénominations suivantes :
- Carburant aviation.
- Carburant tourisme.
- Super-carburant ou surcarburant.
- Benzol moteur.
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- Carburant poids lourds.
- Carburant poids lourds benzolé.
- Carburant à base d’huile de houille.
- Gas Oil.
- Un arrêté de la même date fixait les qualités requises des carburants de chaque catégorie, introduisant en particulier des conditions relatives à l’indice d’octane.
- Nous ne parlerons pas ici du carburant aviation ni du gas oil. L’arrêté prévoit d’ailleurs simplement qu’ils doivent être respectivement conformes aux nonnes du Ministère de l’Air et aux spécifications douanières.
- Le carburant tourisme. — Le carburant tourisme peut contenir de l’essence tourisme, de l’alcool éthylique et du benzol ou des corps homologues. Dans les mélanges ternaires peuvent entrer également des huiles de houille distillant avant 450°, mais leur proportion dans le mélange doit être inférieure à 25 pour 100. Si le mélange contient de l’alcool éthylique, ce doit être dans une proportion comprise entre 11 et 15 pour 100 du volume d’hydrocarbure, soit 10 à 13 pour 100 du volume du mélange. Cette dernière condition a pour but d’assurer à l’usager une certaine homogénéité dans les propriétés du carburant, ceci étant d’ailleurs confirmé par les spécifications suivantes :
- Stabilité à l’eau au moins égale à 0,2 pour 100 à 0°, distillation Engler qui doit donner au moins 10 pour 100 avant 65° (70° pour les mélanges benzolés), 50 pour 100 avant 120° et 95 avant 185; indice d’octane supérieur à 59 si le carburant ne contient pas d’alcool et à 61 s’il en contient.
- En outre ce carburant doit être limpide, neutre, ne pas contenir de composés sulfureux ni donner lieu à aucun dépôt.
- Les supercarburants. — L’arrêté de novembre 1935 a été modifié en ce qui concerne les supercarburants par un arrêté en date du 6 octobre 1936 qui fixe que ceux-ci doivent satisfaire aux conditions exigées du carburant tourisme à l’exception de celles relatives à la composition et à l’indice d’octane qui doit être supérieur à 74. D’autre part les supercarburants ne peuvent être mis en vente que sous la garantie d’une marque déposée.
- Ces dispositions montrent bien la différence entre le carburant tourisme et les supercarburants. Le premier doit constituer un carburant type que tout automobiliste pourra utiliser indifféremment, qu’il soit d’une marque ou d’une autre. Pour le supercarburant au contraire, le fabricant peut utiliser tels corps qu’il juge bons, pourvu que le mélange satisfasse à certaines conditions. La garantie consiste, pour l’acheteur, dans la marque du carburant. Ainsi chacun pourra choisir la marque qu’il trouvera préférable et s’approvisionner toujours de la même marque.
- Le benzol. — Le benzol moteur doit être constitué principalement par des carbures aromatiques, avoir une densité égale ou supérieure à 0,865, satisfaire aux spécifications du supercarburant, sauf toutefois pour le
- Aniline - Alcool - Benzol dans mé/angi
- Fig. 5. — Influence comparée de divers anlidétonanls.
- point 10 pour 100 de la courbe de distillation qui est reporté à 85°. Somme toute, ce carburant est normalement formé du benzol tel qu’il provient delà distillation de la houille.
- Le carburant poids lourds. — Le carburant poids lourds est un mélange d’essence poids lourds et d’alcool éthylique dont les proportions peuvent varier de 80 à 74 pour 100 pour l’essence, et de 20 à 26pour 100 pour l’alcool. Sa stabilité à l’eau doit être la même que celle du carburant tourisme, il doit être limpide, neutre, ne pas donner lieu à des dépôts, ni contenir de produits sulfureux. Sa courbe de distillation Engler sera caractérisée par les points suivants : 10 pour 100 avant 70°, 95 pour 100 avant 215°. Son indice d’octane sera supérieur à 61. En outre le carburant poids lourds sera additionné d’un colorant spécial, la base de rhodamine B à la dose de 5 dgr par hectolitre.
- Cette dernière disposition est prise pour empêcher les fraudes, le carburant poids lourds, jouissant d’un régime fiscal privilégié, ne doit pas être en effet mélangé à d’autres carburants (décret du 29 octobre 1934, article 14). La présence de rhodamine permettrait d’identifier ces mélanges, car l’emploi de ce colorant est interdit dans tous les autres carburants.
- Le carburant poids lourds benzolé est un poids lourds dans lequel l’essence a été partiellement remplacée par du benzol; il jouit des mêmes avantages fiscaux que le poids lourds, mais son usage doit être réservé aux camions et la vente en est interdite sur la voie publique.
- Le carburant à base d’huile de houille est formé d’alcool, de benzol et d’huiles légères de houille distillant avant 250°. Il est d’ailleurs peu répandu.
- LE CHOIX DU CARBURANT
- Le problème du choix du carburant se trouve limité, l’usager n’étant pratiquement en présence que de trois produits. Avec le carburant tourisme qui peut être alcoolisé dans la proportion de 10 à 15 pour 100 seule-
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- Fig. G. — Courbes de distillation : carburant tourisme et poids lourds.
- ment, il est assuré que les carburants vendus sous cette dénomination pourront être substitués l’un à l’autre dans son moteur sans qu’il s’y produise de variation de fonctionnement. Ce carburant lui donnera d’ailleurs satisfaction dans la majorité des cas, si son moteur peut supporter sans cliqueter une avance normale. Si au contraire, nous nous trouvons en présence d’un moteur
- poussé à taux de compression élevé avec lequel le conducteur perçoit fréquemment la détonation, il sera bon de recourir à un supercarburant à valeur antidétonante plus élevée, la puissance du moteur en sera augmentée et il fatiguera moins.
- Enfin l’automobiliste pourra, s’il le désire, utiliser le carburant poids lourds qui est assez séduisant par son prix de vente; le moteur lui donnera sensiblement la même puissance, et les consommations seront peu différentes, surtout si le moteur réglé un peu riche initialement peut conserver le même réglage avec le nouveau carburant. Mais il ne faut pas perdre de vue que ce carburant a été étudié particulièrement pour les véhicules lourds, utilisant des m,oteurs relativement lents et à grosses cylindrées, auxquels on demande plutôt de la puissance que de la souplesse de marche. On ne devra donc pas s’étonner si, par temps froid surtout, on a quelques difficultés pour la mise en route et des accélérations moins nettes avec ce carburant. Les courbes de distillation que nous donnons ligure 6 mettent d’ailleurs bien en évidence la différence entre le carburant tourisme et le poids lourds. Notons d’ailleurs que les spécifications relatives à l’indice d’octane sont semblables pour les deux carburants et que le poids lourds, malgré sa plus forte teneur en alcool, n’aura pas toujours une meilleure valeur antidétonante.
- Nous ne pensons pas utile de pousser plus loin cette étude qui demanderait des développements hors de» proportion avec le cadre de ce travail. Nous souhaitons seulement que les quelques données que nous avons réunies puissent rendre service à l’automobiliste dans le choix de son carburant.
- Louis Thalur, Ingénieur à l'Office national des Combustibles liquides.
- L’INFLUENCE DU SOLEIL EN METEOROLOGIE
- L’observation du Soleil au télescope y montre des taches.
- Ces taches seraient des cavités, ouvertures se produisant dans la photosphère (enveloppe lumineuse du soleil), lesquelles seraient dues à une poussée de gaz et de matières venant de l’intérieur du soleil.
- Il se produirait, à la surface du Soleil, des éruptions comparables aux éruptions volcaniques terrestres, mais combien plus gigantesques.
- Pendant toute la durée d’une tache solaire, l’éruption, que la poussée intérieure produit, persiste.
- Or, les taches solaires ont parfois des dimensions atteignant 100 000 et jusqu’à 300 000 km, et elles durent des jours, des semaines, souvent même plusieurs mois.
- La plus importante, comme la plus curieuse, des observations que l’étude de ces taches ait montrée est leur périodicité.
- Les taches varient durant une période de onze ans.
- Dans leur ensemble, elles s’accroissent, tant en nombre
- qu’en étendue, pendant 3 à 5 ans, restent stationnaires un an ou deux, puis décroissent durant 6 à 8 ans. — Le cycle recommence, la phase de croissance restant toujours d’intervalle plus court que celui de la phase de décroissance.
- Jusqu’à présent, on n’a pas découvert la cause de cette périodicité undécennale.
- Ainsi que le souligne M. H. Deslandres, cette variation périodique des taches solaires doit influer sur les éléments terrestres. ,
- Ces taches solaires affectent toutes les formes; elles durent le temps de l’éruption, une courte durée correspond à une éruption courte, partant à une faible activité solaire.
- Les taches régulières paraissent s’enfoncer plus profondément à l’intérieur du Soleil, ce qui expliquerait leur plus longue durée. Quand elles arrivent, par l’effet de la rotation du Soleil, au bord du disque solaire, une nette échancrure s’observe qui paraît bien due à une cavité,
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- cavité qui se montre très prononcée pour les taches de grande étendue, ainsi que le signala, dès 1768, l’astronome anglais Wilson.
- Cette observation, des plus curieuses, a été maintes fois vérifiée par M. Henri Mémery à l’Observatoire de faïence.
- M. Mémery poursuit, depuis plus de cinquante ans, avec une inlassable continuité, l’observation quotidienne du Soleil et, en particulier des taches solaires. Les observations qu’il a ainsi accumulées lui permettent, aujourd’hui, de remarquables conclusions et des prévisions qui se vérifient avec une non moins remarquable précision.
- Ces observations lui permettent d’énoncer deux importantes remarques que l’on pourrait, je crois, considérer comme des lois de l’activité solaire :
- 1° Tous les phénomènes que le Soleil présente suivent la loi des taches. — La vie du Soleil est donc régie par une période de 11 ans en moyenne, d’une importance exceptionnelle au point de vue de la vie terrestre;
- 2° Au cours de ce cycle de 11 ans le Soleil présente des variations considérables révélées par les variations des taches.
- Bien entendu, et M. Mémery s’empresse de le souligner (x), les variations des taches ne peuvent expliquer toutes les variations atmosphériques, mais elles donnent la raison des plus importantes variations des phénomènes météorologiques sur l’ouest de l’Europe.
- La « régularité » annuelle des variations dans la superficie des taches pour l’intervalle 1913-1923, fut :
- Années : 1913 14 15 16 17 18
- Superficie : 10 196 920 980 2097 1497
- Années : 19 20 21 22 23
- Superficie : 1442 836 570 346 73
- Cette régularité disparaît dans les valeurs mensuelles :
- Mois : janv. févr. mars avril mai juin
- Superficie : 1920 : 1693 784 1943 410 393 712
- — 1916: 712 960 1280 1077 1530 1493
- Mois : juil. août sept. oct. nov. déc.
- Superfi: ie : 1920 : 551 235 1048 833 818 610
- 1916: 813 440 568 1002 902 980
- Irrégularités encore journalières : plus n otables dans les \ raleurs
- Dates de nov. 1895 : 5 6 7 8 9
- Superficie : 2784 1405 1090 683 207
- Dates de nov. 1895: 10 11 12 13 14 15
- Superficie : 4 28 46 221 512 743
- Dates de sept. 1927 : 20 21 22 23 24
- Superficie : 1017 780 785 1162 1335
- Dates sept. 1927 : 25 26 27 28 29 30
- Superficie : 1115 776 625 598 508 425
- « En présence de variations solaires aussi importantes », remarque M. Mémery, « non seulement d’un mois à l’autre de la même année, mais aussi pour le même mois de diverses années, il est facile de voir comment il peut exister des variations également importantes dans les
- 1. Les bases de l’influence des phénomènes solaires en météorologie , par H. Mémery. Observatoire de physique solaire et de météorologie, 24, rue Émile-Combes, Talence (Gironde), 1936; ch. III, p. 9.
- 1881 Janvier Février
- Dates 4 7 101316 !9 222528. V 3 6 3 /Z 15 182/24 27
- Pluie M
- (hauteur en mm)1^ Bordeaux S
- Ull
- Pression bsrom étriqué
- 770 765 760
- Bordeaux 755 (F toi rac) 750
- 745
- Fig. 1. — Variations rapides et importantes des taches et de la température.
- Janvier-février 1881. — La courbe des températures moyennes quotidiennes à Paris et à Bordeaux s’accorde constamment avec la courbe des superficies quotidiennes des taches solaires. Les températures en hausse coïncident avec les recrudescences de taches; les basses températures avec leur absence ou diminution. Remarquer : 1° le froid anormal des 15 et 16 janvier accompagnant l’absence de taches; 2° le maximum de température des 28 et 29 janvier accompagnant la forte recrudescence des taches.
- Les variations de la température ne sont pas proportionnelles au nombre ou à la surface des taches, mais chaque apparition de taches est suivie d’une hausse de la température; chaque disparition, d’une
- baisse.
- Des traits, entre les dates d’apparition et de disparition des taches, marquent la durée des taches. (Planche de l’Observatoire de Talence,
- Gironde.)
- températures d’un mois au suivant et d’une année à l’autre. On comprend de même comment l’influence de la saison n’est pas prépondérante dans les variations des éléments atmosphériques ».
- C’est pour avoir comparé les « moyennes », annuelles, mensuelles ou autres, aux variations atmosphériques qu’on a nié l’influence des phénomènes solaires en météorologie.
- La méthode qui donne des résultats décisifs est celle des comparaisons « journalières » entre les phénomènes
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-
- = 314 .... .............
- eu présence. — Elle permet de reconnaître comment se comportent la température, la pluie, la pression, etc... quand il se produit des variations importantes dans les phénomènes solaires.
- En effectuant ces comparaisons, on reconnaît les deux règles générales suivantes :
- 1° Toute « apparition » ou « recrudescence » de taches solaires est suivie d’une « hausse de température », avec temps beau et sec en été, et temps doux et humide en hiver.
- 2° Toute « disparition » ou « diminution » de taches solaires est suivie d’une « diminution de la température » avec temps pluvieux en été, temps sec en hiver.
- Fig. 2. — Variations rapides et importantes des taches et de la température.
- Mai-décembre 1920. — Les températures élevées du mois de mai, à Bordeaux, Paris et Greenwich, accompagnent les recrudescences de taches, les basses températures leur diminution. Remarquer, à Bordeaux, la température moyenne du 18 décembre (— 10°), celle du 28 décembre (+ 15°1); différence : 25°, à dix jours d'intervalle. Il serait impossible de reconnaître si la température moyenne du mois (•— 0°6 au-dessous de la normale à Bordeaux) est due aux recrudescences ou aux diminutions de taches. Remarquer encore : les températures de décembre correspondant aux recrudescences de taches, sont plus élevées que les températures de mai correspondant à leurs diminutions. (Planche de l’Observatoire de Talence, Gironde.)
- 1320. Décembre
- 3° Les diminutions d’activité solaire sont, en toutes saisons, suivies de perturbations atmosphériques.
- C’est l’action « individuelle » des taches solaires sur laquelle il y a lieu de porter attention. A cet égard, un certain nombre de particularités de l’activité solaire doivent être suivies.
- Il existe, en ce qui concerne chaque tache ou groupe de taches, une particularité analogue à celle observée concernant la période solaire undécennale : la phase de formation ou de développement de chaque tache ou groupe de taches est toujours plus courte que la phase de décroissance.
- Or la température s’observe « en hausse » pendant toute la durée de la phase de croissance de chaque tache et cette hausse s’arrête quand la tache entre dans sa phase de décroissance.
- Les températures les plus élevées coïncident avec la présence de taches « de forme régulière » quand ces taches sont situées à une « faible latitude solaire » et qu’elles se présentent en leur « phase de développement ».
- Ce sont les trois particularités semblant agir avec le plus d’importance sur la variation des éléments météorologiques.
- Les statistiques que l’on dresse ordinairement sur les taches solaires, faisant disparaître, par leur calcul de moyennes, ces particularités, ne permettent par suite de constater aucune relation entre les variations des taches solaires et les éléments météorologiques.
- M. Mémery remarque, avec beaucoup de justesse, que tous les faits en apparence contradictoires, ainsi relevés s’expliquent à la condition de « savoir lire les variations de taches solaires », comme en météorologie, il faut savoir lire les variations barométriques pour en déduire les variations du temps.
- C’est ainsi qu’il pleut souvent quand le baromètre est haut, et qu’il fait beau alors que le baromètre est bas. On ne saurait cependant soutenir, actuellement, qu’il n’y a aucun rapport entre les variations barométriques et les variations du temps.
- RELATION GÉNÉRALE DANS L’ACTION PROBABLE DES TACHES SOLAIRES
- On admet bien, fait remarquer M. Mémery, l’existence d’une relation entre les variations de l’activité solaire et les variations des températures terrestres, mais l’on ne s’accorde plus quant au sens de cette action solaire.
- Pour la zone tropicale, et suivant Koppen, les taches solaires dimnueraient les températures terrestres. Ce serait l’inverse pour la zone tempérée et particulièrement pour l’ouest de l’Europe.
- Ainsi les années, correspondant aux minima de la période solaire undécennale (1843-56-67-78-89-1901-13-23-33) des taches, sont caractérisées par des hivers froids.
- Inversement les années correspondant à un maximum de la période undécennale (1837-48-60-70-81-93-1905-17-28) des taches sont caractérisées par des hivers chauds.
- Relatant, à côté de ces coïncidences, l’hiver froid de 1870-71 et l’été chaud de l’année suivante 1871 en désaccord avec les rapprochements ci-dessus, M. Mémery
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- Dates -
- 1 4 7 tO 13 1619222528
- Dates d apparition de chaque tache
- Pluie 25
- (hauteur en mm.),s Bordeaux ,0.
- Pression barom.765 Bordeaux 70°s (F/oiracj 75û 745
- 1303 Décembre
- ! 4 7 10 1316/9222528
- Fig. 3. •— Températures d'hiver plus élevées que celles de printemps.
- Avril-décembre 1903. — Basses températures d’avril accompagnant (du 16 au 20) les diminutions et l’absence de taches. On indique les températures du Grand-Saint-Bernard : les variations de même sens en des régions aussi éloignées montrent que la cause en est dans des actions extérieures et non en des influences locales. Remarquer : le 7 avril, maximum des taches, et maximum de température aux trois localités; du 16 au 18 avril, absence de taches, et températures les plus basses à Bordeaux, Greenwich et au Grand-
- Saint-Bernard. (Planche de l’Observatoire de Talence, Gironde.)
- observe qu’en examinant la variation des taches au cours de l’hiver de 1871, on constate une sensible diminution de ces taches au cours de cette saison par rapport à la saison précédente.
- La diminution des taches au cours de l’hiver 1870-71 a été suivie d’une diminution très sensible de la température, et la recrudescence des taches au printemps de 1871 a été suivie d’une hausse de la température.
- Ainsi se confirment les règles générales que les observations très suivies de M. Mémery l’ont amené à énoncer, règles que nous formulons plus haut.
- Un exemple en sens inverse est fourni par l’été frais et pluvieux de 1882, année qui coïncide avec un maximum de taches. Cet été, frais et pluvieux, correspond, en effet, à une diminution de taches au cours de cette saison et confirme par suite les règles générales de l’ac-
- L903 Décembre
- 1303 Juillet
- Dates -
- 1 4 7 10 13 !6 19222528
- 1 4 7 10 !3 1619222528
- 1.500
- Date
- d'apparition de chaque tache
- Pluie 20
- (hauteur en mm) 15 'O
- Bordeaux c
- Pression 765 -barométrique760 *
- 7 755 '
- Bordeaux 750 -( F/oirac) 745 -740
- Fig. 4. — Températures d’hiver plus élevées que celles d'été. Juillet-décembre 1909. •— Variations de la température, de même sens que les variations des taches solaires.
- Températures de décembre correspondant aux recrudescences de taches, plus élevées que les températures de juillet correspondant aux diminutions ou à l’absence de taches.
- Remarquer : les plus hautes températures de décembre, à Bordeaux et à Greenwich (22 et 23 déc.) coïncident avec une diminution de la « superficie » tachée, mais elles sont survenues après l’apparition, le 19 décembre, de trois groupes de taches. L’action « individuelle » des taches paraît donc plus importante que la superficie tachée. (Planche de l’Obser%ratoire de Talence, Gironde.)
- tion solaire sur les températures de l’ouest de l’Europe.
- La série exceptionnelle d’années froides étendues sur toute l’Europe de 1886 à 1891; l’année 1898; l’hiver froid de 1917, survenu à une époque de maximum de la période solaire; toutes observations qui montrent que ce ne sont pas les moyennes (annuelles, saisonnières, mensuelles ou autres) qui exercent l’action la plus importante sur nos températures, mais que c’est en comparant les « valeurs journalières » des taches solaires et de la température qu’on obtient les concordances les plus frappantes.
- ACTION INDIVIDUELLE DES TACHES SOLAIRES Voici d’ailleurs des graphiques qui montrent ces
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- concordances d’une manière particulièrement convaincante (fîg. 1, 2, 3 et 4).
- Cette patiente et longue étude de l’influence des phénomènes solaires sur les phénomènes météorologiques poursuivie par M. Mémery depuis plus de 50 ans met bien en évidence que c’est Faction individuelle des taches solaires qui influe sur les variations de l’état atmosphérique sur l’ouest de l’Europe.
- Ces observations continues lui ont permis de ne présenter ni théories, ni hypothèses, mais des faits d’observations que d’ailleurs tout le monde peut contrôler, même les moins initiés aux questions atmosphériques ou météorologiques; il suffit, en effet, d’effectuer, chaque jour, des comparaisons entre les variations des taches solaires et les variations de la température.
- Les basses températures aux époques des maxima
- de la période undécennale des taches, et les hautes températures aux époques des minima de ladite période, ne paraissent pas en contradiction avec les règles générales de l’action solaire en météorologie précisées par les observations de M. Mémery et indiquées ci-dessus, car ces températures offrent toujours des variations de même sens que celles des taches, c’est-à-dire en hausse avec les recrudescences de taches, en baisse avec leur diminution ou disparition.
- Ces règles ne peuvent être évidemment appliquées qu’à la condition expresse d’effectuer, chaque jour, des observations du Soleil et des comparaisons entre les variations solaires et les variations météorologiques.
- A. Turpain.
- Professeur à l’Université de Poitiers
- CE QUE L’ON VERRA A L’EXPOSITION DE 1937
- LE PALAIS DE LA RADIO
- Fig. 1. — Vue générale du Palais de la Radio (Mathon, architecte).
- Les grandes applications modernes de la science : radiophonie, télévision, phonographie, photographie, cinématographie, tiendront une place importante à l’Exposition « Art et Technique ».
- Le rôle de la radiophonie à l’Exposition sera double. De puissantes installations de diffusion sonore par fil et sans fil permettront de diffuser, soit dans l’enceinte de l’Exposition, soit dans toute la France, et même dans toute l’Europe, sinon dans le monde entier, les grandes manifestations artistiques industrielles, scientifiques, ou politiques de l’Exposition.
- Au « Palais de la Radiophonie » les visiteurs seront mis en présence des plus récents progrès réalisés, tant dans l’émission que dans la réception des radio-concerts ou
- des diffusions d’images animées, et ils auront le plaisir d’être admis dans les coulisses des studios d’émission.
- Disposition générale du Palais de la Radio.
- Le pavillon de la radiophonie est édifié sur la rive droite de la Seine, en amont et aux abords du pont Alexandre 111. Il mesure 100 m de long, et au maximum 24 m de large ; il occupe une surface au niveau du sol de 1400 m2 et comporte trois étages, un premier et un deuxième rez-de-chaussée, et un premier étage (fig. 1 et 2).
- La disposition du terrain a permis de lui donner des entrées à deux niveaux ; l’entrée principale donne sur le Cours-la-Reine, et donne accès de plain-pied au deuxième rez-de-chaussée au même niveau que la rue. Le premier rez-de-chaussée est au niveau de la berge de la Seine et comporte une deuxième entrée : la largeur de ce premier étage est réduite à 16 m, alors que les étages supérieurs, plus larges, surplombent les quais.
- Cette réduction de surface a permis de laisser un passage d’eau de 7 m 50 environ de large, de façon à ne pas ralentir l’écoulement des eaux en cas de crue. Une galerie extérieure couverte a été ainsi formée; elle pourra être employée pour les auditions en plein air, ou servir de tribune pour admirer les fêtes organisées sur la Seine.
- A l’intérieur du palais le public verra fonctionner des appareils d’émission et de réception. Des studios d’émission serviront non seulement aux démonstrations, mais aussi aux diffusions des manifestations sonores, concerts et autres, de l’Exposition.
- Les lignes extérieures du bâtiment sont sobres et nettes : sur une charpente métallique légère est monté un immense motif décoratif surmontant l’entrée principale, il est formé d’un panneau de 33 m de haut éclairé par des tubes au néon. La nuit, toutes les lignes du bâtiment seront mises en valeur par un éclairage coloré, combiné
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- avec le motif décoratif de l’entrée. Celui-ci aura un éclairage mouvant, déclenché par ondes successives.
- Le rez=de=chaussée principal. —- L’entrée principale, très large, donne accès au hall monumental sur une vaste coupole d’entrée.
- Dans le hall, le visiteur aura d’abord examiné une exposition rétrospective, restreinte, mais permettant, au moyen de maquettes et d’appareils divers, de se rendre compte des principales étapes de la radio-électricité. Le fond du hall est constitué par un grand bas-relief allégorique, et le plafond figure un immense planisphère portant les tracés lumineux de tous les réseaux mondiaux de radio-communication.
- A droite, en entrant dans le hall, se trouve un salon de lecture de 10 m sur 7, servant également de bibliothèque; au fond du hall, et en face de l’entrée principale, le stand de la radio-dilïusion d’Etat présente des maquettes des stations d’émission et montre les plans des constructions projetées pour compléter et perfectionner le réseau de radio-diffusion (fig. 2).
- Dans le hall, enfin, et également à droite en entrant, une grande salle d’une vingtaine de mètres de long sert aux conférences techniques, aux projections, aux congrès, etc.
- Prenons, à gauche de l’entrée, le grand couloir placé dans l’axe du pavillon; il nous îqène aux studios d’émission, au nombre de cinq, un sixième de plus grandes dimensions étant placé à l’étage supérieur.
- Les murs de la galerie portent sur des panneaux un grand nombre de graphiques, d’abaques, de statistiques, établies sous une forme particulièrement saisissante, indiquant le développement de l’industrie radio-électrique, l’augmentation du nombre des auditeurs, etc.
- A l’extrémité de la galerie, des panneaux vitrés avec des glaces de 12 mm d’épaisseur parfaitement étanches au point de vue acoustique permettent aux visiteurs d’apercevoir l’intérieur des différents studios d’émission et de se rendre compte de leur installation, soit au repos, soit au cours de l’émission elle-même.
- Trois studios réduits sont d’abord réservés, l’un aux conférences, un autre à la revue de presse, et le troisième au speaker; ils serviront aux conférences, aux reportages, à la transmission des informations de presse, etc.
- Un « petit studio » proprement dit, de 10 m de long et 7 m 50 de large, est destiné aux concerts à petit nombre d’exécutants, ou à la transmission de pièces de théâtre ne comportant pas de. grandes mises en scène.
- Enfin, à l’extrémité de la galerie, un studio de plus grandes dimensions, dit « studio moyen », de 260 m2 de surface, et d’une hauteur de plus de 7 m, est réservé aux émissions de musique de chambre ou d’orchestre; il peut contenir 40 ou 50 exécutants.
- Au début de la galerie, le « Central technique » contient un studio d’émission de télévision correspondant avec une salle de réception d’images disposée au premier rez-de-chaussée, au niveau de la berge de la Seine.
- Les studios sont réunis par une galerie de service, au bout de laquelle se trouvent divers locaux et des salles réservées aux artistes : salles de réunions, de dépôts d’instruments, etc.
- Fig. 2.
- Le premier étage. —
- Revenons au hall d’entrée ; il donne accès à l’escalier principal conduisant au premier étage; ce dernier est spécialement réservé à l’exposition des constructeurs d’appareils radiophoniques, mais il renferme également un « grand studio » de 30 m de longueur,
- 18 m de largeur et 15 m de hauteur, dont on pourra admirer l’aménagement à travers des panneaux vitrés insonores. Ce studio permet de faire entendre les plus grands orchestres symphoniques accompagnés d’ensembles choraux, et peut contenir plus de trois cents exécutants.
- La salle des amplificateurs située en dessous du grand studio communiquera avec les trois centres de diffusion, et permettra, grâce à sa construction surélevée au-dessus du petit et du moyen studio, et à son accès direct au grand studio, le contrôle simultané de l’émission dans les trois salles.
- Emplacement du Palais de la Radio.
- Le rez=de=chaussée inférieur. — Passons maintenant à l’étage inférieur, situé ainsi au niveau de la berge de la Seine; il est plus spécialement réservé à la présentation industrielle des récepteurs, tant de radiophonie que de télévision, et comprend environ une surface de 600 m2, dont près du tiers pour la télévision. Il est disposé en un couloir central, avec deux rangées de stands parallèles de chaque côté.
- LA DIFFUSION SONORE
- Le Palais de la Radio a, de plus, un rôle actif; il est l’instrument de diffusion sonore de l’Exposition, il est le
- Fig. 3. — Plan des 3 étages du Palais de la Radio (Mathon, arch.).
- Cours
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- Cour
- Cour
- chaussée
- Expositions murales
- \Salle de
- studio
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- chaussée
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- centre d’un, réseau capable de transmettre aux différents points de l’Exposition des programmes sonores uniques ou variés, des avertissements ou des renseignements. Ce réseau est en outre relié aux principaux postes émetteurs de Paris et de la province.
- Le « Central amplificateur de modulation », cœur du réseau, est au Palais de la Radio, combiné avec le Central de la Radio-diffusion régional. On peut ainsi diffuser à volonté dans l’Exposition, des concerts de la Radio-diffusion nationale exécutés dans les studios du Palais de la Radio ou dans les studios de province, la musique enregistrée sur disques ou sur films, et toutes les manifestations organisées à l’intérieur ou hors de l’enceinte de l’Exposition.
- Dans un but de sécurité, des microphones reliés au centre de modulation sont installés au commissariat général, au poste de police, au poste de commandement des pompiers, etc., de manière à pouvoir diffuser immédiatement des communications sur toute la surface de l’Exposition, et même sur les ponts et passerelles.
- On a songé, tout d’abord, à utiliser des haut-parleurs à grande puissance placés dans certains centres, tels que la tour Eiffel, le campanile de la place du Trocadéro, etc.
- Cependant, l’Exposition s'étend surtout sur des zone longues et d’une largeur réduite, de sorte que les haut-parleurs à grande puissance auraient projeté les ondes sonores, non seulement sur la surface de l’Exposition, mais dans une partie importante des quartiers avoisinants. D’ailleurs, on tend de plus en plus, dans les installations de diffusion sonore, à utiliser des haut-parleurs nombreux convenablement répartis et de puissance réduite.
- On ne fera donc appel à des haut-parleurs à grande puissance que pour obtenir dans des circonstances assez rares des effets particuliers, tels que des sonneries horaires, des retransmissions de carillons, des appels sonores au cours de fêtes de nuit, etc.
- De même, des câbles spéciaux relient directement, le long du pont d’Iéna, le Central de modulation à des haut-parleurs placés sur des pontons flottants sur la Seine.
- Pour coordonner les effets sonores avec les effets lumineux, un poste de commande du son est installé à la tour Eiffel, avec un poste de commande de la lumière; il est relié au Central de Modulation du Palais de la Radio.
- P. II.
- EEEEE LA BIÈVRE =
- UNE RIVIÈRE QUI DISPARAIT
- Au cours des ans, bien des modifications dans le relief du sol sur lequel nous vivons s’effectuent autour de nous, sans que nous y apportions grande attention. Les exemples sont nombreux dans la capitale et il suffit de consulter les anciens plans de Paris ou les cartes de ses environs datant du xvme et du xixe siècle pour s’en assurer. Nous pourrions citer le Ru de Montreuil qui, descendant des hauteurs surmontant ce village, traversait St-Mandé, abordait l’enceinte de Paris près la Porte Montempoivre et allait se jeter dans la Seine près l’Entrepôt de Bercy. Enfoui dans un égout jusqu’à la zone, il coulait encore à ciel ouvert dans le fossé des fortifica-
- Fig. 1. — La digue de l'étang de Saint-Quentin.
- lions, mais depuis l’arasement de celles-ci, le souvenir n’en subsiste plus que dans certains noms de rues du XIIe arrondissement : rue des Meuniers, des Fonds-Verts, de la Planchette, etc.
- Laissons cet insignifiant ruisseau et parlons de la Bièvre dont la notoriété est beaucoup plus grande. Or de jour en jour sa vallée s’amenuise, est comblée par des remblais dans le département de la Seine et il faut prévoir le jour proche où elle ne sera plus qu’un souvenir.
- Que sont devenues les descriptions de Delvau et d’Huysmans qui chantaient la poésie fétide de l’humble rivière divaguant parmi les ruelles sordides du XIIIe arrondissement ?
- Disparues les tanneries pittoresques dont les auvents ombrageaient ses rives, démolies les maisons lépreuses où vivait une population étrange, bâtis les terrains vagues où erraient les ânes et les chevaux étiques chers à Raffaelli.
- L’urbanisme a passé par là, avec raison, il faut bien l’avouer : la salubrité publique l’exigeait car, dans son cours inférieur, le cours d’eau n’était plus qu’un cloaque d’où émanaient des senteurs pestilentielles surtout en été.
- Actuellement des travaux en cours à Gentilly ont emprisonné la rivière dans une conduite en béton et tendent à combler le thalweg par les apports constants d’une décharge publique. De ce fait, le joli vallon planté de grands arbres qui servait de parc ombragé à une institution religieuse va disparaître et la Poterne des Peupliers n’accueillera plus les eaux boueuses qui arro-
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- saient jadis les jardins des Gobelins. Au début du siècle dernier, les ondes un peu plus pures se déversaient dans un étang artificiel où l’hiver se formait la glace destinée aux rafraîchissements parisiens. De là vient le nom « La Glacière » que porte le quartier de Paris limitrophe des Gobelins.
- Plus en amont, le même phénomène se produit et la Bièvre ne baigne plus la plaine marécageuse qui s’étendait à l’est de l’Hay. Une route est établie sur la canalisation et seule la lecture de la carte permet de savoir qu’en ce point la rivière existe toujours. Avant d’arriver à l’aqueduc d’Arcueil, les grandes glaisières situées sur la rive droite voient leur exploitation diminuer de jour en jour et beaucoup sont déjà comblées. Peu à peu les jardins maraîchers disparaissent et le paysage se transforme. Le niveau du plateau tend à gagner son vis-à-vis et l’égalisation se poursuit activement.
- Notre intention n’est pas de décrire la Bièvre tout le long de son cours, car nous entrerions dans le domaine touristique.
- Bornons-nous à la retrouver au delà de l’IIay. En liberté son flot coule clair et non pollué par les déjections de toutes les usines ou blanchisseries qui depuis un temps immémorial utilisent son courant. Sa vallée est charmante surtout à partir de Massy-Palaiseau et devient tout à fait agreste quand elle quitte le village de Bue pour traverser le bois des GonarHs et gagner Bouviers où se trouve sa source. Ici nous touchons un point contesté. Des auteurs et non des moindres lui donnent comme origine l’étang de St-Quentin.
- Huysmans dit textuellement : « Née dans l’étang de Saint-Quentin près de Trappes, elle court, fluette, dans la vallée qui porte son nom...»
- Le Dictionnaire géographique et administratif de la France par Paul Joanne abonde dans le même sens :
- « Petite rivière de Seine-et-Oise et de Seine, qui a son origine dans la plaine de Trappes où elle écoule un bas-fonds marécageux et un étang nommé l’Etang de St-Quentin ou étang de Trappes, qui touche presque le fort de St-Cyr; l’altitude est ici de 160 m; Ses sources dites du Bouvier, du Renard, des Gobelins jaillissent à 4 km S.-W. de Versailles, dans le Grand Parc, près de Bouvier, non loin de Guyancourt ; elles ont peu d’abondance, mais l’étang de Trappes verse dans la Bièvre 150 000 m3 d’eau par an... » Ces assertions constituent une grave erreur, car la Bièvre naît à Bouviers et non ailleurs.
- Deux sources en contre-bas du village lui donnent naissance. La première n’est qu’un simple trou d’eau, une fontaine dont l’écoulement n’est que souterrain. La principale est sur le bord d’un petit sentier qui longe le fond du vallon. Elle est aménagée, munie d’une pompe et on y parvient en descendant trois marches de pierre. Sa vertu est réputée, car les habitants de la commune n’hésitent pas à se déranger pour y venir puiser. Le ruisselet qui s’en échappe alimente un peu plus bas un lavoir, traverse un marais à Phragmites communis et gagne les bois de la Minière par une vallée assez profondément creusée. De belles futaies en tapissent les pentes et leur solitude laisse difficilement croire à la proximité
- Fig. 2. — Le bassin de jaugeage de la prise d’eau de la Bièvre.
- d’une grande ville comme Versailles. Peu parcourues par le promeneur qui les ignore, elles sont d’une végétation luxuriante et le fond du vallon grâce à l’humidité constante présente, en été, l’aspect d’une jungle en miniature avec lianes et roseaux.
- De chaque versant, des infiltrations apportent leur tribut au ruisseau sous forme d’une eau rougeâtre ferrugineuse. Peu à peu en gazouillant sur les cailloux, le cours s’augmente en traçant de nombreux méandres. Il s’élargissait autrefois avant de couper la route de Versailles à Guyancourt en une retenue qui alimentait un moulin à faines converti actuellement en modeste restaurant. L’emplacement de cet étang est encore bien visible grâce aux multiples tourillons de Carex qui l’ornementent. Fuyant les autos qui dévalent la côte, la Bièvre arrose les bois de la Geneste à droite et ceux du Désert à gauche, dans un val charmant et presque délaissé, pour aboutir aux prairies de Bue que la lèpre du lotissement est en train de ronger et d’enlaidir.
- Un chêne magnifique se trouve non loin de là sur la rive droite; il fut planté, paraît-il, par Louis XIV et l’une des branches maîtresses supporte une petite statue de la Vierge. Mais déjà l’aqueduc de Bue se profile sur l’horizon, le babil des buandières se joint au bruit des battoirs et les ondes pures que protégeaient les Dryades s’en vont courir leur destinée.
- Revenons à la cause de la légende de l’étang de St-Quentin pris comme source de la Bièvre.
- Les usiniers de la rivière se plaignaient du manque d’eau pendant l’été, ce qui déterminait du chômage dans leur industrie. Ils firent appel au département de la Seine et celui-ci par une convention avec les services hydrauliques de Versailles, signée le 17 octobre 1860, obtint que l’étang déverserait du 15 mai au 15 octobre, 10 000 m3 par 24 heures dans le lit de la Bièvre moyennant une subvention de 200 000 fr et un versement annuel de 2500 fr. Chaque jour d’interruption donnait droit au département à une indemnité de 83 fr 33. Une rigole fut creusée et un bassin de jaugeage établi en
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- == 320 ....=n..........=
- dessous de la digue de l’étang; sa cuvette était précédée cl’un puits renfermant le robinet-vanne servant à régler la sortie des eaux et suivie d’un bassin demi-circulaire où la rigole prend son origine. La dépense totale fut de 17 151 fr., 01 y compris 1000 i'r pour indemnités de dommage.
- Du 16 mai 1861 à 1869 tout fonctionna parfaitement
- ment des sommes payées. Un jugement fut rendu le 25 avril 1877 par le Tribunal civil de la Seine; il annulait la convention précitée sous prétexte qu’il n’y avait ni bail, ni louage de service, mais aliénation des biens de la Couronne dont le Souverain n’avait que l’usufruit. L’ex-impératrice s’exécuta et, depuis cette époque, la Bièvre ne reçoit que les eaux de ses sources. Ce point
- Fig. 3 à 11. — La Bièvre.
- 3. La première source à Bouvier : fontaine de la Bièvre. — 4. La deuxième source. — 5. Le lavoir en aval de Bouviers. — 6. Le marais en ava du lavoir de Bouviers. — 7. La Bièvre à Gentilly, rue de la République. — S. La vallée de la Bièvre à Gentilly, boulevard Jean-Jaurès. Au fond, le clocher de l’église de Gentilly. — 9. La fm du parcours à l’air libre. L’entrée dans le souterrain au Kremlin-Bicêtre. — 10. La conduite de
- la Bièvre à Gentilly. — 11. L’entrée dans Paris à la poterne des Peupliers.
- sauf pendant 3 années. En 1870 tous les biens de la Couronne firent retour à l’Etat et celui-ci n’étant pas tenu de continuer les obligations personnelles contractées par la liste civile ne voulut pas reconnaître l’engagement conclu. Le Département attaqua alors l’ex-impé-ratrice et son fils pour rupture de contrat et rembourse-
- d’histoire étant éclairci, on peut excuser l’erreur de nos auteurs qui, voyant le lit de la rivière continuer en amont, ont pu croire de bonne foi que celle-ci prenait naissance à l’étang. Une simple promenade dans des sites charmants aurait suffi à les détromper.
- Ch. Broyer.
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- LA SUPPRESSION DU MOUSTIQUE MARITIME
- Sous le titre « Moustique maritime » j’ai, dans un article précédent [La Nature, 1er août 1935) signalé la présence d’un moustique du groupe des Aédines (Aedes punctatus) dans les eaux plus ou moins fortement salées de certains marais littoraux de la Charente-Inférieure; cette salinité va de 2 à 28 gr de chlorure de sodium par litre.
- Ae. punctatus recherche, pour sa ponte, l’eau de mer stagnante provenant du débordement des canaux par lesquels remonte le Ilot des grandes marées. Les générations de ce moustique sont réglées par la hauteur des six ou sept marées, d’avril à octobre inclus, assez fortes pour apporter sur terrain favorable l’eau de mer que cet insecte exige pour sa progéniture. Sur le front de mer où j’ai fait mes observations, les marées doivent atteindre le coefficient 100 pour provoquer le débordement d’eau salée dans les prés-marais riverains. Il n’y a, heureusement, pas autant de générations d’Aedes que de marées de cette amplitude; l’évaporation ou l’infiltration ou les deux réunies interviennent souvent pour amener la destruction totale ou quasi totale d’une génération dont quelques insectes seulement, à développement plus rapide
- nom de moustique maritime ou mieux, de pré-salé, trouve asile dans quelques marais ou cours d’eau, où remonte le Ilot lors des grandes marées.
- Le principe qui doit guider dans la lutte contre Ae. punc-talus est la suppression ou, tout au moins, la réduction des gîtes ou surfaces d’eau salée où il passe sa vie larvaire. Le comblement des gîtes, s’ils ont une certaine superficie, serait trop onéreux, il vaut mieux empêcher la formation des flaques d’eau de mer en mettant obstacle par un ouvrage d’arrêt, fixe ou mobile, à l’entrée du flot dans les canaux ou cours d’eau. Avec un objectif autre que la lutte contre les moustiques, pour empêcher l’inondation salée des terrains bas du parc de la ville et la destruction des plantations par le sel, on a construit une vanne à l’endroit où le cours d’eau du parc se jette à la mer; on empêche ainsi l’entrée de la marée dans le ruisseau et la formation de gîtes d’eau saumâtre que l’insecte recherche pour sa ponte.
- Si cette vanne, à ouverture et fermeture automatiques, n’existait pas pour arrêter le flot, les rives du cours d’eau seraient des foyers de multiplication de l’aède en cause.
- Fig. 1.— Un marais, à haute mer de vive eau, envahi par l’eau salée, milieu de ponte de /'Aedes.
- que celui de la multitude de leurs semblables, arrivent à l’état ailé, avant l’assèchement du gîte. Ce sont, je pense, ces prématurés qui conservent l’espèce.
- Le nombre des générations de Ae. punctatus est habituellement de trois dont la première, en mai, passe inaperçue parce qu’elle n’attaque pas les habitants. Mais les moustiques des deux autres éclosions d’été et d’automne sont très agressifs pour l’espèce humaine qu’ils ne piquent, il est vrai, qu’à l'extérieur, car ils ne pénètrent pas dans les habitations. Un chasseur m’a déclaré avoir dû, ainsi que ses compagnons, abandonner le terrain de chasse devant le nombre et l’agressivité des moustiques qui se jetaient sur eux. Quelques spécimens, qu’il me rapporta, étaient tous des Aedes punctatus. Ces Aedes, d’origine rurale, envahissent aussi les agglomérations urbaines où ils se tiennent dans les jardins, les parcs et les promenades, harcelant les gens sur lesquels ils s’abattent par groupe, attaquant à la face, à la nuque, aux mains et aux chevilles de façon tout à fait désagréable.
- Bien que cette espèce ne soit pas pathogène, elle est si insupportable là où elle est en nombre, après une éclosion massive, qu’il m’a paru y avoir intérêt à rechercher les moyens de la supprimer, si on peut le faire à peu de frais. C’est une étude à laquelle je me suis livré sur le front de mer d’un port du Centre-Ouest, où ce moustique, auquel convient bien le
- Fig. 2. •— Le même marais à mer basse. Au premier plan, brèche dans la barrière de galets où passe le flol aux grandes marées.
- Pour assainir un des marais producteurs d’Aedes maritimes, seule espèce qui y vit, il suffirait d’obturer, à une extrémité d’un banc de galets, la brèche par où pénètre le flot, ce qui aurait en même temps pour effet de protéger la route qui coupe transversalement le marais et qui est inondée pendant trois ou quatre jours lors des fortes marées.
- Ailleurs, pour arrêter la mer et supprimer un terrain marécageux, on a construit une digue et on l’a pourvue d’une vanne, je suppose pour écouler l’eau de pluie à mer basse et non pour faire entrer le flot à mer haute. En rendant la vanne à sa véritable destination, ce marais salé serait très probablement entièrement à sec à la saison des moustiques et ferait un excellent pâturage.
- Pour écouler les eaux pluviales de tout un quartier on a construit un drain qui les porte dans un canal en relation avec la mer dont il subit le flux et le reflux. Lors des fortes marées l’écoulement est inversé, le canal d’eau salée, gonflé par le flot, se déverse dans le canal d’eau douce et dans les zones basses des terrains de culture maraîchère voisins qui deviennent des gîtes surpeuplés de moustiques. La solution la plus simple pour supprimer ces gîtes paraît être de fermer, d’avril à octobre, saison des moustiques, la buse de communication entre l’eau douce et l'eau salée.
- Ailleurs, toujours à la périphérie de la ville, un terrain
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- non bâti et non nivelé reçoit lors des grands llux de l’eau de mer qui déborde et remplit les dépressions du terrain. Les femelles ovigères d’Ae. punctatus se hâtent d’y déposer leurs œufs afin de diminuer le risque d’assèchement avant éclosion d’insectes parfaits, c’est-à-dire afin d’augmenter la chance d’obtenir une génération d’insectes ailés. Pour supprimer ces foyers d’insection on a le choix entre le comblement des mares ou l’exhaussement du sentier par-dessus lequel passe l’eau de mer.
- De petits poissons larvivores, comme les Gambusies, ou autres espèces vivant en eau saumâtre, ne seraient pas utilisables ici, ils ne toléreraient sans doute pas des eaux d’une teneur en chlorure de sodium de 20 gr par litre et au delà. Une autre raison s’oppose à leur emploi; Ae. punctatus habite à l’état larvaire des fossés ou flaques d’eau isolés et temporaires
- provenant du débordement du flot. Les poissons n’auraient pas accès à ces flaques ou bien y périraient quand elles viennent à sec, parfois en moins de quinze jours. C’est parce que ces canaux ou mares ne contiennent pas d’eau en permanence que le moustique n’est pas lui-même permanent et n’a, du printemps à l’automne, que trois générations séparées par de longues périodes dépendant de l’amplitude des marées.
- En raison de la superficie restreinte des gîtes larvaires habités par Ae. punctatus et des facilités techniques d’empêcher leur formation, la suppression de ce moustique semble aisée. Maintenant que j’ai découvert les gîtes et observé le comportement du moustique pré-salé, il appartient aux pouvoirs publics de le bannir de la cité ou de l’y tolérer.
- Dr J. Legendre.
- LES INCENDIES DE L’AUTOMNE 1936
- EN PROVENCE
- L’intéi'essante Revue des Eaux et Forêts (novembre 1936) apporte sur les incendies des 5, 6 et 7 septembre 1936, des précisions qui méritent d’être signalées en toute objectivité.
- Il est tout d’abord rappelé qu’en particulier les 6000 ha de l’Esterel domanial possèdent à eux seuls « un réseau de routes de plus de 200 km rationnellement tracé et soigneusement entretenu ». La qualité de base de ce réseau est, en cas d’incendies, de permettre l’arrivée rapide des secours « sur les points décisifs ». Tout cet ensemble est en effet, en étroite liaison avec la grande voirie nationale de la région considérée. « Des sentiers et des pare-feux maintenus en bon état » sont pour leur part, d’excellents points d’appui utilisés au cours de la lutte tactique contre le feu. C’est qu’en dernière analyse, l’administration forestière, gardienne des splendeurs et des richesses de tous ordres de l’Esterel domanial, dispose actuellement (en accordance aux voies d’accès dont il vient d’être question), d’un très important équipement automobile toujours paré.
- Ce matériel se double, cela va sans dire, d’un personnel idoine ainsi que d’une forte équipe composée d’ouvriers habituellement attachés aux divers travaux forestiers du massif. Grâce à cette organisation (là où le code se montre à lui seul sans cesse défaillant) 50 hommes bien encadrés ont « réussi à arrêter les attaques multiples et simultanées du feu sur un front de plusieurs kilomètres, en 1936 ».
- L’article cité ne manque pas d’ajouter : « Sans doute, il y aurait témérité à prétendre que la forêt domaniale de l’Esterel est désormais à l’abri de l’incendie ». Le souvenir de ce qui est advenu ici et là, au cours des dernières années, en particulier au massif domanial des Maures, reste difficile à effacer. C’est qu’au maquis Varois, trop de facteurs d’exacte causalité humaine interviennent en accordance avec le climat pour rendre aisées les mises à feu criminelles (x).
- Voici comment les officiers des Eaux et Forêts des générations qui lèvent, ayant scruté à fond les données du problème qui se pose ici, en Provence, ont décidé d’épauler dans l’avenir, les moyens artificiels, dont il est parlé, pour la mise en œuvre des procédés qu’emploie la nature elle-même pour refaire la sylve là où l’homme protège son retour ou tout au moins ne le contrarie pas.
- « Agir sur les causes profondes des incendies en modifiant la composition (actuelle) des peuplements par le rappel d’éléments moins sensibles au feu », voilà ce dont il s’agit : véritable projection à l’envers du film qui aurait été dressé au cours de la période de décadence.
- 1. La flamme dans les pins, par Colette.
- Dès longtemps, l’Inspecteur général des Forêts, Tassy, qui a professé la sylviculture à l’Institut national agronomique, avait écrit : « Le forestier doit, autant que possible, utiliser l’action des agents naturels, sans chercher autrement à y substituer la sienne ».
- Plus près de nous, M. l’Inspecteur général des Eaux et Forêts, rédacteur en chef de la Revue citée plus haut, s’est demandé « s’il ne convenait pas de rechercher, dans la constitution même des peuplements et des sous-bois, l’élément essentiel de la résistance au feu » (x).
- « Les transformations à réaliser dans la structure des peuplements », voilà le but à rechercher sans délai.
- Cette simple formule, tel « un slogan », qualifie mieux que tout « l’œuvre de longue haleine qui est déjà commencée ».
- Pour aboutir, cette œuvre, seule capable de ramener, pou à peu, de proche en proche, la sylve autour d’exacts points d’appui •— c’est là son secret —- ne devra, sous aucun prétexte, ni être contrecarrée, ni subir d’entr’actes (2).
- Ce sont de telles règles de bon sens qui ont été appliquées avec ténacité dans les Maures au bloc domanial du Dom de Bormes (2000 ha).
- En résumé, à la Côte d’Azur, en son domaine forestier privé, lequel est sans cesse menacé de destruction par le feu qui déferle à ses frontières, l’Etat (au prix de très gros efforts financiers) a organisé au mieux la lutte contre le feu. A partir d’hier, il renforce cette manière de faire en aidant à « la reconstitution de l’ambiance perdue », qui ramènera, chez elle, la sylve climatique disparue, laquelle, par définition, ne brûle pas.
- Par antithèse, chez les particuliers, les improvisations hâtives se soldent et se solderont par des désastres, malgré l’intervention de la troupe. De celle-ci l’on peut dire que le dévouement n’a d’égal que l’incompétence.
- C’est ainsi que l’on peut affirmer qu’en cet ordre de faits, les associations syndicales constituées en vue de buts bien définis et malgré que pavées de bonnes intentions, n’ont abouti et ne pouvaient aboutir à rien.
- Sur ces autres emprises de la garrigue et du maquis, seul l’Etat par « un régime nouveau de propriété forestière » (Fricout) selon les vues de Vauban agronome (achat, location à long terme, etc.), peut et doit faire acte « du Prince » dans l’intérêt général de la région provençale tout entière.
- R. D. et S. L.
- 1. G. Géneau. Revue des Forêts, 1934.
- 2. « Reconstitution de l’ambiance perdue de la sylve méditerranéenne », par le ProL Kunhaltz-Lordat. Congrès des Sociétés savantes, 1936.
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- : POURQUOI CERTAINES PLANTES NOIRCISSENT-ELLES EN HERBIER?
- L’amateur de botanique sait par expérience qu’un grand nombre’ de plantes, malgré toutes les précautions prises, noircissent plus ou moins en herbier. Ce noircissement « post mortem » est un phénomène très répandu intéressant, on ne l’ignore pas, un grand nombre de familles végétales; citons un peu au hasard : les Serophulariacées, les Orchidacées, les Orobanchacées, les Cornacées, les Plantaginacées, etc... Rien que cette brève énumération nous fait constater que ce phénomène, fort désagréable pour les collectionneurs, intéresse des familles très éloignées les unes des autres. Peu étudiée encore, cette mélanogenèse est due à des fermentations dont les processus biologiques sont relativement complexes. La coloration finale n’est pas toujours d’un noir absolu, allant du brun foncé au violet foncé en passant par le bleu indigo.
- Les diastases qui entrent ici en jeu préexistent dans les tissus vivants où elles sont d’ailleurs inactives. On les divise à l’heure actuelle en deux groupes bien distincts : ferments oxydants et ferments hydratants.
- D’une façon générale le groupe des oxydants provoquerait le noircissement en agissant sur des phénols, des glucides dont les fonctions sont phénoliques, des tanoïdes et des amino-acides.
- Le second groupe de ferments donne naissance à des actions hydrolysantes sur des glucides, notamment l’aucuboside qui est la substance chimique la plus répandue chez les végétaux donnant naissance à un aucubigénol, produit incolore qui s’altère lentement à l’air et devient noir, sans compter d’autres substances que nous examinerons plus loin.
- En outre, il y aurait des cas de mélanogenèse, notamment chez les jeunes feuilles de noyer, qui s’expliqueraient sans action fer-mentative, simplement par un mécanisme d’oxydation directe dépendant uniquement du pH du contenu cellulaire tendant vers l’alcalinité lors de la dessiccation lente des plantes mises en buvard. Voici quelques cas de l’action des ferments oxydants :
- a) Sur tanin des feuilles de houx (Ilex paraguariensis St-Hil.). Selon Mlle Seuglet les feuilles fraîches de cette plante contiennent deux ferments : la tyrosinase et la peroxydase. Ces deux corps sont susceptibles de produire le noircissement.
- b) Dans l’épicarpe des bananes, il existe un autre tanin, la musacatéchine. Cette substance soumise à l’action des ferments oxydants (peroxydase en présence d’une oxygénase) donne une coloration d’abord jaune, passant au rouge-orange pour aboutir finalement au bout de quelques heures à une coloration foncée voisine du noir. On prétend que c’est par ce processus complexe que se forme la teinte noire des bananes étiolées.
- C’est par un phénomène identique que deviendraient noires les feuilles du thé de Chine.
- c) Les phénols subissent aussi l’action des oxydants pour donner la teinte foncée caractéristique. Ainsi de l’Orobe tubé-reux (Orobus tuberosus L.) MM. Bridel et Charneux ont pu extraire de plantes séchées soigneusement, un produit cristallisé de teinte rose tendre présentant tous les caractères d’un acide-phénol, dénommé par eux « orobérol », de formule C18 Hlt 08. Cet orobérol qui existe à l’état de sel composé dans les tissus vivants del’Orobus, est facilement altérable sous l’action des oxydants, donnant une coloration bleue caractéristique. Il nous a été donné de faire souvent les mêmes constatations sur les feuilles du lotus corniculé [Lotus cornicul lus L.).
- Dans les Orobanches, les mêmes chercheurs ont déterminé la présence d’un hétéroside, l’« orobanchoside » qui présente également les caractères des phénols. Aussi le brunissement
- de ces plantes serait-il imputable à l’oxydation directe à l’air de ces hétérosides à fonctions phénoliques.
- d) Enfin, il y aurait aussi les amino-acides aromatiques qui présenteraient le même phénomène. Le principal de ces acides serait la tyrosine découverte par Liebig. Cette tyrosine existe dans un grand nombre de végétaux, tant dans les tiges, que les feuilles, les fleurs et les fruits. A côté de la tyrosine de composition C9 HH 02 N,, il existerait un ferment, la tyrosinase qui provoquerait après la mort des tissus l’apparition de précipités noirs. Cependant, il se pourrait, le problème étant loin d’être élucidé, que la tyrosinase agisse sur d’autres substances que la tyrosine elle-même. De ce côté d’importantes recherches seraient à entreprendre.
- En ce qui concerne l’action des ferments hydratants, le problème se présente également de façon complexe :
- Le plus répandu des corps provoquant le noircissement post mortem serait l’aucuboside, ainsi désignée parce qu’elle a été isolée primitivement des graines à’Aucub2 Jrponica L. Ce corps que l’on trouve dans un grand nombre de plantes, comme les Mélampyrum,le&Thinanthus,lesGarryi, etc..., aurait pour formule Cr, H)9 08. Ce produit est dédoublable par l’émul-sine, ferment se trouvant en même temps que lui dans les tissus frais et n’agissant que par la dessiccation suivant l’équation
- Clt H19 08 + H2 O = CG Hlt 06 + C1 H, O,
- aucuboside eau glucose aucubigénol
- L’aucubigénol, d’abord incolore, sous l’action de la chaleur donnerait par polymérisation un précipité noir insoluble. La température joue ici un rôle important dans la rapidité avec laquelle se manifeste le phénomène. A la chaleur normale de 15° la transformation est lente et s’accentue lorsque la température s’élève.
- De l’aspérule odorante (Asperula odorala L.) on a extrait un autre hétéroside désigné sous le nom d’aspéruloside et qui se comporterait sensiblement de la même façon que l’au-cuboside lors d’une dessiccation mauvaise de ce végétal.
- Ce corps semble aussi répandu que l’aucuboside puisqu’il a été trouvé dans nombre de plantes de la famille des Rubiacées, sans compter, dans les Véroniques, les Pédiculaires, les Euphrai-ses, etc... Dans d’autres végétaux comme le Trèfle d’eau (Me-ny nthes trifoliati L.), le Monotrope suce-peu (ilionotropo hypo-pytis), des corps identiques ont été également découverts.
- On a désigné le résultat de l’action des ferments hydratants sur tous ces hétérosides complexes sous le nom d’aglycon qui en se polymérisant donne un précipité noir, parfois bleu. Il arrive aussi parfois que le phénomène d’hydrolyse soit suivi de l’oxydation de l’aglycon. C’est de cette façon que l’on expliquerait par exemple le brunissement automnal des feuilles de poirier.
- En résumé, nous pouvons dire, malgré la méconnaissance actuelle d’un grand nombre de processus intimes de ces phénomènes de mélanogenèse, qu’il s’agit d’une destruction, après la mort des tissus, des principes immédiats inclus dans les cellules végétales. C’est, suivant l’expression de Mlle Bracke à qui nous devons de savantes études sur ce sujet, «lepremier stade de la transformation par oxydation directe ou après hydrolyse, sous l’influence de ferments, de substances chimiques très variées. Ce processus offre une complexité insoupçonnée a priori, mais qui s’explique par la diversité des composés organiques que renferme le suc cellulaire des espèces végétales ».
- G. Remacle.
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- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- LA VOUTE CÉLESTE EN MAI 1937 (l)
- Un passage partiel de la planète Mercure devant le Soleil se produira le 11 mai. C’est un phénomène très rare, et, pour aucun point de la Terre, Mercure ne sera visible en entier sur le Soleil. Malheureusement, ce passage tangentiel sera complètement invisible en France.
- A signaler la visibilité remarquable de la planète Mars, en opposition, puis de la planète Vénus le matin et dans le jour, à partir du 10 mai; des conjonctions très curieuses de Mars et de la Lune, le 24 mai et de Vénus avec o Poissons, le 30 mai.
- Puis la série habituelle des occultations et conjonctions; la chute des Aquarides du 1er au 6 mai, enfin plusieurs maxima de variables à longues périodes, notamment de la curieuse étoile / du Cygne dont l’éclat passe de la 4* à la 14e grandeur en 413 jours.
- I. Soleil.— Le Soleil, en mai, s’élève de plus en plus dans l’hémisphère nord, sa déclinaison augmente fortement. De + 15°2' le 1er mai, elle atteindra + 21° 54' le 31. La durée du jour augmentera rapidement au cours du mois : elle sera de 14“31“ le 1ermai et del5“48“ le 31 (durée de présence du centre du Soleil au-dessus de l’horizon de Paris).
- Voici, de deux en deux jours, le temps moyen à .midi vrai ou l’heure du passage du centre du Soleil au méridien de Paris :
- Date. Heure du passage.
- Mai 1er
- — 3
- — 5
- — 7
- — 9
- — 11
- — 13
- — 15
- — 17
- — 19
- — 21
- — 23
- — 25
- — 27
- — 29
- — 31
- Observations physiques. — Continuer, chaque jour de ciel clair, l’observation du Soleil. (Voir le « Bulletin astronomique » du n° 2994 du 1er février 1937). Le tableau suivant contient les éléments permettant d’orienter les dessins et les photographies du Soleil.
- Date (0“) P B0 Lo
- Mai 5 — 23°,54 O — 3°,71 37°, 62
- — 10 — 22°,43 O — 3°,17 331»,51
- — 15 — 21»,16 O — 2»,61 265»,39
- — 20 — 19»,71 O — 2°,03 199»,25
- — 25 — 18°,11 O — 1°,44 133»,10
- — 30 — 16°,37 O — 0°,85 66°, 94
- 1. Toutes les heures mentionnées dans le présent « Bulletin astro-
- nomique » sont exprimées en Temps Universel (U. T.), qui est le
- temps légal en France, compté de 0“ à 24h, à partir de 0b (minuit).
- Lumière zodiacale-, lueur anti-solaire. — Leur observation est à peu près impossible en mai, à la latitude de la France, en raison de la longueur du jour ou de la grande déclinaison du Soleil.
- IL Lune. — Les phases de la Lune, pendant le mois de mai 1937, se produiront comme il suit :
- D. Q. le 3, à 18” 37“ I P. Q. le 17, à 6- 49“
- N. L. le 10, à 13» 18“ | P. L. le 25, à 7“ 38“
- Age de la Lune, le 1er mai, à 0“ (T. U.) = 19J,8 ; le 11 mai = 0i,4.
- Pour avoir l’âge de la Lune à une autre date du mois, à 011, ajouter aux nombres ci-dessus 1 jour par jour écoulé depuis le 1er ou le 11.
- Plus grandes déclinaisons de la Lune en mai : le 12, à 9“ = _|_ 22° 39'; le 26, à 12h = — 22° 38'. On remarquera la faible hauteur de la Lune au-dessus de l’horizon, le 26 mai, vers minuit 20“, lors de son passage au méridien.
- Périgée de la Lune (plus petite distance à la Terre), le 10 mai, àl8“. Parallaxe=61'22”. Distance = 357 326 km.
- Apogée delà Lune (plus grande distance à la T erre), le 24 mai, à 13h. Parallaxe =53' 59”. Distance = 406 196 km.
- Occultations d'étoiles par la Lune. — Le 3 mai, occultation de 31 B. Capricorne (6“,4) : émersion à 3h 26“,9.
- Le 14, occultation de / Gémeaux (5“,2) : émersion à
- 20“ 37“,9.
- Le 16, occultation de u> Lion (5“,5) : immersion à 21“ 12“,5.
- Le 19, occultation de 13 B. Vierge (5m,8) : immersion à 21“ 26m,9.
- Lumière cendrée de la Lune. — On pourra l’observer à partir du 12 mai jusqu’au 15. Elle sera très intense le 13. Utiliser pour cette jolie observation une jumelle lumineuse.
- Marées-, Mascaret. — Les plus grandes marées du mois se produiront surtout à l’époque de la nouvelle Lune du 10 mai.
- Marée du matin. Marée du soir.
- Date. Heure. Coefficient. Heure. Coefficient.
- Mai 9 2“ 31“ 0,91 14“ 54“ 0,97
- — 10 3 17 1,01 15 41 1,03
- — 11 4 4 1,05 16 27 1,05
- — 12 4 51 1,04 17 15 1,01
- — 13 5 40 0,98 18 4 0,93
- — 14 6 29 0,87 18 55 0,81
- Pendant la période d’application de l’heure d’été, ajouter 1 h à toutes les heures figurant dans ce Bulletin.
- 11“ 47m 43s
- 29
- 17
- 11 47 11 47 11 47 8
- 11 47 1
- 11 46 56 11 46 53 11 46 53 11 46 55 11 46 59 11 47 5
- 11 47 14 11 47 24 11 47 36 11 47 11 48
- 51
- Fig. 1.— Aspects des phases et grandeur relative du disque de Vénus à diverses époques de l’année 1937. (Images renversées, telles qu’on les voit dans une lunette astronomique.)
- 1, 16 janvier. — 2, 15 février. — 3, 17 mars. — 4, 16 avril. — 5, 16 mai. •— 6, 15 juin. — 7, 15 juillet. — 8,14 août.—9, 13 septembre.— 10, 13 octobre.— 11, 17 novembre.— 12,17 décembre. (Figure établie d’après l’Annuaire astronomique Flammarion.)
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- Elles seront assez fortes, comme le montre le petit tableau de la page précédente.
- Le tableau ci-après donne l’heure de l’arrivée probable du mascaret.
- Coefficient Heure de l’arrivée du mascaret à :
- Date. de la — i 11
- marée. Quillebeuf. Villequier. Caudebec.
- Mai 10 1,01 611 58“ 7“ 35“ 7U 44“
- — 10 1,03 19 19 19 56 20 5
- — 11 1,05 7 39 8 16 8 25
- — 11 1,05 20 0 20 37 20 46
- — 12 1,04 8 23 9 6 9 9
- — 12 1,01 20 47 21 24 21 33
- III. Planètes. — Le Tableau suivant a été établi à l’aide des données de VAnnuaire astronomique Flammarion. Il contient les renseignements les plus importants pour rechercher et observer les principales planètes pendant le mois de mai!937.
- ............ ^ -.......-- —-............= 325 =
- le bord solaire. Pour les régions les plus australes de la Terre, 10' ,7 du diamètre de Mercure seront engagés sur le disque solaire (sur les 12" que mesurera Mercure à ce moment). Pour nos régions, le passage de Mercure sera tan-gentiel ou presque et l’on ne verra rien.
- Ajoutons que d’après M. Maxime de Saussure, qui a calculé de son côté les éléments de ce passage, la planète n’entrerait au maximum que de 7",7 sur le disque solaire au lieu de 10",7 comme l’a calculé M. Crommelin. (Le Nautical Alrnanac a indiqué 7",3 et la Connaissance des Temps 7",8).
- En résumé, observation des plus intéressantes, réservée surtout aux astronomes de l’hémisphère austral, de la zone équatoriale, de l’Inde et de l’Océanie.
- Vénus hrille maintenant d’un éclat magnifique dans le ciel du matin. Elle atteindra son plus grand éclat le 18 mai.
- Vénus sera bien visible en plein jour à l’œil nu, on pourra la rechercher tout d’abord avec une jumelle, mais quand on l’aura trouvée, on la verra immédiatement ensuite sans cet instrument. Commencer à faire ces observations de Vénus en plein jour à partir du 10 mai. Il faut, naturellement, un ciel bien pur. Voici la valeur de la phase de Vénus.
- ASTRE Date : Mai. Lever à Paris. Passage au méridien de Paris. Coucher à Paris. Ascen- sion droite. Déclinai- son. Diamètre apparent. Constellation et étoile voisine. VISIBILITÉ
- 1 4» 33“ 11» 47“ 438 19“ 2“ 33“ + 15“ T 31'47",3 Bélier
- Soleil . . . 13 4 14 11 46 53 19 21 3 20 + 18 21 31'41",9 Bélier > »
- 25 4 0 11 47 24 19 36 4 7 + 20 56 31'37",6 Taureau
- 1 4 53 12 40 20 27 3 26 + 21 4 10,4 Taureau
- Mercure . . 13 4 12 11 35 18 56 3 8 _L 16 51 12,0 Taureau 1 Inobservable.
- 25 3 31 10 36 17 41 2 55 + 13 11 10,6 Taureau
- 1 3 29 10 26 17 21 1 11 + 11 33 54,4 Y Poissons 1 Magnifique le matin. Plus
- Vénus . . . 13 2 56 9 39 16 22 1 11 + 8 39 45,6 i Poissons 1
- 25 2 29 9 11 15 52 1 29 + 8 17 37,6 V Poissons grand éclat le 18.
- Mars. . . . 1 13 20 19 59 57 1 0 24 23 5 4 44 43 16 15 7 53 20 20 54 49 16,4 17,8 P Scorpion o Scorpion 1 1 En opposition, visible toute la nuit.
- 25 18 50 23 12 3 40 15 36 '— 20 30 18,4 Scorpion
- Jupiter. . . 1 : 25 0 23 52 15 5 3 12 38 9 7 32 58 19 19 56 57 — 20 20 55 57 37.8 40.8 Capricorne | Seconde partie de la nuit. Capricorne i
- Saturne. . . 13 2 41 8 38 14 35 0 10 1 12 14,3 5 Baleine Un peu visible le matin.
- Uranus. . . 16 3 37 10 49 18 0 2 33 + 14 35 3,4 29 Bélier Inobservable.
- Neptune.. . 16 12 53 19 25 1 57 11 11 + 6 26 2,4 a Lion Première partie de la nuit.
- Pour Jupiter et Saturne, le diamètre apparent se rapporte au diamètre polaire.
- Mercure sera inobservable ce mois-ci. Il se trouvera en conjonction avec le Soleil le 11 mai, à 10".
- Le même jour, 11 mai, Mercure passera devant le Soleil. On sait le grand intérêt qui s’attache à l’observation des passages de Mercure devant le Soleil. Cette fois cet intérêt se trouve augmenté du fait qu’il s’agira d’un passage partiel de Mercure. Le Dr A. C. D. Crommelin a calculé, en effet, que, d’aucun point de la Terre, on ne pourra voir le disque entier de Mercure se projeter en entier sur le Soleil. Le passage sera donc partiel et ce phénomène — dit VAnnuaire astronomique Flammarion -— est extrêmement rare (il se produit une fois tous les 646 ans ! Le 11 mai, à 9“ (T. U.), d’après les calculs de M. Crommelin, le point de la Terre qui aura le Soleil au Zénith (un peu au Sud-Est de la Mecque) verra 3",6 du diamètre de Mercure se projeter sur
- Fraction du disque Magnitude
- Date. illuminé. Diamètre. stellaire.
- Mai 1 0,059 54",4 — 3,8
- — 6 0,100 50", 8 — 4,0
- — 11 0,145 47",2 — 4,1
- — 16 0,192 43",4 — 4,2
- •— 21 0,237 40",0 — 4,2
- — 26 0,280 37",0 — 4,2
- — 31 0,320 34",2 — 4,2
- Dans une lunette astronomique renversant les objets, Vénus présentera, le 16 mai, l’aspect figuré sous le n° 5 du petit dessin ci-joint (fig. 1). Même à la jumelle, à cette date, il sera facile de reconnaître la forme du croissant.
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- Mars va se trouver en opposition avec le Soleil le 19 mai, à 19h. Il sera donc visible toute la nuit.
- Nous donnons ci-dessous quelques valeurs des éléments concernant la présentation actuelle du globe de Mars :
- Angle Angle Magni-
- de posi- Latitude de posi- tude
- Date tion du Dia- tion de stel-
- (0" T. U.) de l’axe. centre. mètre. Phase. la phase. laire.
- Mai 1 34",7 + 9°,1 16",3 0",3 280°,7 — 1,3
- — 11 35",3 + 10»,6 17",5 0",1 284°,0 — 1,6
- — 21 36",0 + 12»,4 G* OO 0",0 72°,5 — 1,8
- Voici, d’autre part, quelques passages du méridien zéro de Mars par le centre du disque de la planète :
- Date. Heure (T. U.) Date. Heure (T. U.)
- Mai 1er 23" 19m Mai 21 10" 47“
- — 5 1 8 — 25 13 11
- — 9 3 34 — 29 15 36
- — 13 5 59 — 31 16 48
- — 17 8 23
- Mars tourne sur son axe en 24" 37 “ 22»,65. En 1 minute
- il tourne de 0°,24; en 1 heure de 14°,62.
- Ces divers renseignements permettent de déterminer la région de Mars qui se présente à la Terre au moment de l’observation.
- Jupiter, au milieu du mois, se lève vers minuit ; on pourra donc, à présent, l’observer facilement, d’autant plus que les plus petites lunettes conviennent pour voir les bandes nuageuses qui traversent son disque, pour constater l’aplatissement de son globe et pour suivre les évolutions des quatre principaux satellites autour de la planète. Voici la liste des phénomènes auxquels ces satellites donneront lieu en mai.
- Phénomènes du sytème des satellites de Jupiter.
- Date : Mai. Heure. Satel- lite. Phéno- mène.
- 1 2" 17m I P. c.
- 1 3 16 I O. f.
- 2 1 54 I Em.
- 2 3 35 III P. f.
- 3 1 47 II O. c.
- 8 2 55 I O. c.
- 9 2 22 III O. f.
- 9 3 45 I Em.
- 9 3 57 III P. c.
- 12 3 17 IV O. c.
- 12 3 51 II Em.
- 16 2 7 I E. c.
- 16 3 1 III O. c.
- 17 1 32 I O. f.
- 17 2 41 I P. f.
- Date : Mai. Heure. Satel- lite. Phéno- mène.
- 19 1" 9m II E. c.
- 20 1 11 III Em.
- 21 1 21 II P. f.
- 21 2 50 IV Em.
- 24 1 10 I O. c.
- 24 2 14 I P. c.
- 24 3 35 I O. f.
- 25 1 51 I Em.
- 26 3 43 II E. c.
- 27 0 31 III E. f.
- 27 1 18 III Im.
- 28 0 54 II P. c.
- 28 1 42 II O. f.
- 29 0 29 IV O. f.
- 31 3 4 I O. c.
- Saturne devient un peu visible le matin. Voici les éléments
- de l’anneau pour le 17 mai.
- Grand axe extérieur......................... 37",08
- Petit axe extérieur.............................— 2",87
- Hauteur de la Terre au-dessus du plan de
- l’anneau..................................— 4°,447
- Hauteur du Soleil au-dessus du plan de l’anneau ...........................................— 2°,07 9
- Uranus est inobservable ce mois-ci. Il s’est trouvé en conjonction avec le Soleil le 30 avril.
- Neptune est encore bien visible, se couchant, le 16, vers 2" du matin. Pour le trouver, utiliser une petite lunette et notre carte parue au « Bulletin astronomique » du n° 2994, du 1er février 1937 Neptune sera stationnaire le 27 mai, à 20“.
- IV. Phénomènes divers. — Conjonctions :
- Le 2, à 14h, Jupiter Le 7, à 13", Saturne Le 8, à 15", Vénus Le 10, à 0U, Uranus Le 10, à 16h, Mercure Le 19, à 2", Neptune Le 24, à 18", Mars
- en conjonction avec la Lune, à 3° 45' S.
- — — à 7° 40' S.
- — — à 2° 33' S.
- — — à 3» 31' S.
- — — à 2» 16' S.
- — — à 6» 53' N.
- — — à 0» 33' N.
- Très beau phénomène à observer à l’œil nu et à la jumelle. Il y aura occultation pour l’Afrique australe (Le Cap, Johannesburg) .
- Le 29, à 20", Jupiter en conjonction avec la Lune, à 3° 54' S. Le 30, à 13", Vénus en conj. avec o Poissons (4m,5) à 0°2'S.
- Beau phénomène à observer à l’œil nu et à la jumelle dans la matinée du 13, et ensuite à suivre à l’équatorial. Ce jour-là la magnitude de Vénus est de — 4m,2 surpassant celle de o Poissons de près de 9 magnitudes. La planète sera ainsi plus de seize cents fois plus lumineuse que l’étoile des Poissons.
- Etoile Polaire; Temps sidéral. — Voici quelques passages de l’Etoile Polaire au méridien de Paris et quelques valeurs
- du temps Date. sidéral : Passage. Heure (T. U.). Temps sidéral à 0" pour Je méridien de Greenwich.
- Mai 1er Inférieur 22" 53m 23 14" 34“ ls
- — 11 — 22 13 49 15 13 26
- — 21 — 21 34 59 15 52 52
- — 31 — 20 55 27 16 32 18
- Etoiles variables. — Algol est invisible à cette période de l’année.
- Minima d’éclat de [3 Lyre, variable de 3m,4 à 4m,3 en 12*,9 : le 7 mai, à 19" 12“ ; le 20 mai, à 20" 48m.
- Le 2 mai, maximum d’éclat de R Lion, variable de 5m,0 à 10m,5 en 315 jours.
- Le 19 mai, maximum d’éclat de R Bouvier, variable de 5“,9 à 12m,8 en 225 jours.
- Le 20 mai, maximum d’éclat de y Cygne, variable de 4m,2 à 14m,0 en 413 jours.
- Le 26 mai, maximum d’éclat de R Cancer, variable de 6m,0 à llm, 8 en 370 jours.
- Le 28 mai, maximum d’éclat de T Grande Ourse, variable de 5m,5 à 13m,5 en 255 jours.
- Etoiles filantes. — Du 1er au 6 mai, chute des Aquarides; radiant voisin le 7] Verseau; météores rapides, avec traînées.
- Le 22 mai, quelques météores provenant d’une région voisine de a. Couronne.
- V. Constellations. — La voûte céleste, le 1er mai, à 23" ou le 15 mai, à 22", présente l’aspect ci-dessous :
- Au Zénith : À Hercule; autour du Zénith : La Grande Ourse; le Bouvier; Hercule; les Chiens de Chasse; la Chevelure.
- Au Nord : La Petite Ourse; la Girafe; Céphée; Cassiopée; le Cygne.
- A l'Est : Le Sagittaire; le Scorpion; l’Aigle; la Lyre; la Couronne; Ophiuchus.
- Au Sud : La Vierge; la Balance; le Corbeau.
- A l’Ouest : Le Lion; le Cancer; les Gémeaux.
- Au Nord-Est : le Cocher. Pour Paris, Capella, a du Cocher, frôle l’horizon nord. Em. Touchet.
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- - L’AUTOMOBILE PRATIQUE
- NOUVEAUTÉS TECHNIQUES - CONSEILS PRATIQUES
- LA TECHNIQUE AUTOMOBILE AMÉRICAINE EN 1937
- La production industrielle est revenue en Amérique à des niveaux inconnus depuis 1929 et, seules, des difficultés ouvrières semblent pouvoir entraver à l’heure actuelle une prospérité tout au moins apparente. La récente exposition automobile de New-York, par son ampleur sans précédent, en a constitué une nouvelle démonstration.
- La construction automobile est parvenue aux Etats-Unis, comme en France, à une période de stabilisation relative.
- L’apparence générale des voitures de 1937 est assez voisine de celle de 1936; les carrosseries sont encore aérodynamiques, plus nettement peut-être, mais sans les exagérations du début. On tend, comme en Europe, à augmenter de plus, en plus la largeui intérieure de la partie réservée aux passagers; on augmente donc l’empattement, et l’on monte même parfois la « caisse » sur des consoles en saillie, et non directement sur le châssis.
- Un grand nombre de voitures ont à l’avant des banquettes pouvant servir pour trois passagers. Comme en France, il a donc fallu diminuer l’encombrement des leviers de commande du frein à main et du changement de vitesses; on les place sous le pare-brise, sur la colonne du volant de direction, etc.
- L’élargissement des carrosseries a nécessité souvent la suppression des marchepieds, mais cette modification n’est pas aussi générale qu’en France; dans les modèles de voitures cabriolets ou road-sters, à spider, fixes ou transformables, les sièges auxiliaires sont désoimais généralement protégés également, et l’on a supprimé les places supplémentaires si inconfortables pour les invités !
- Pour augmenter le confort du conducteur, les sièges sont ajustables, à la fois dans le sens de la longueur, comme précédemment, mais aussi dans le sens de la hauteur, et l’on peut souvent incliner le dossier à volonté.
- Les systèmes de capots à volets latéraux, souvent bruyants, sont quelquefois remplacés par des dispositifs nouveaux, se rabattant par devant, et noir par côté, et l’on place aussi, comme en France, la batterie d’accumulateurs sous le capot. ‘
- Autrefois, les constructeurs américains s’attachaient assez peu à l’élégance de la carrosserie; désormais, ils cherchent à la rendre le plus attrayante possible. C’est ainsi que le tableau de bord, le volant de direction, la poignée du changement de vitesses, les encadrements de portières sont laqués de couleurs assorties à la couleur extérieure de la caisse, ou sont composés de matières plastiques de couleurs correspondantes. Les cadrans lumineux, les appareils de mesures, les réflecteurs des plafonniers, sont également en couleurs, les garnitures des pièces de caoutchouc intérieures et extérieures, des tapis moquettes sont colorées, etc.
- Les roues sont toujours à disque, ou du type connu, estampé en acier; cependant, les ailes étant de plus en plus enveloppantes, et bien souvent les roues arrière elles-mêmes étant recouvertes d’un carter, le placement du cric devient difficile sous l’essieu.
- Pour remédier à cet inconvénient, des dispositifs sont prévus pour permettre de placer le cric sous un pare-chocs.
- Au point de vue mécanique, le moteur à six cylindres est
- toujours en faveur, et il ne semble pas que les modèles de petite puissance rencontrent beaucoup de succès; cela tient toujours au bas prix de l’essence et au régime fiscal. Pour augmenter le silence, on utilise des paliers supplémentaires de vilebrequin, et on étudie encore plus soigneusement les soupapes avec commande par culbuteurs, déjà, pourtant, beaucoup plus perfectionnées qu’en France.
- Il ne semble pas que les solutions nouvelles d’embravage automatique et de changement de vitesses à présélection complètement automatique, non plus que les dispositifs de roue libre aient gagné du terrain. En général, ces perfectionnements auxiliaires ne sont proposés qu’à titre facultatif.
- Par contre, des dispositifs de surmultiplication automatiques, déjà proposés depuis longtemps, et disposés dans les organes de transmission, paraissent en faveur. Sans modifier la vitesse en prise directe, ces systèmes permettent de ralentir la vitesse de régime du moteur pour le service normal sur route en palier, et, au contraire, de diminuer la multiplication pour le service de ville, en assurant alors un fonctionnement silencieux et économique; l’emploi de ces appareils
- paraît surtout intéressant avec les moteurs suffisamment puissants.
- La « roulotte de tourisme » qui a fait timidement son apparition en France, était représentée au Salon par plusieurs dizaines de modèles particulièrement ingénieux ou luxueux; elle est désormais admise comme une sorte d’accessoire utile et souvent essentiel de la voiture de tourisme.
- LES CARROSSERIES FRANÇAISES
- Sans renoncer aux formes carénées, on cherche à en atténuer les effets nuisibles, en ce qui concerne la hauteur intérieure, la visibilité, l’accès, la ventilation, et même le cube d’air intérieur.
- Dans les modèles de plus en plus surbaissés toujours en faveur, l’on s’efforce d’augmenter encore la largeur disponible, généralement en supprimant les marchepieds. Nous assistons, d’ailleurs, à une renaissance timide de la carrosserie transformable; les nouveaux modèles à commande automatique, à main, ou électriques, sont très séduisants, mais leur prix de revient, évidemment plus élevé, les réserve à une clientèle privilégiée.
- Les poignées de porte à levier articulé, s’effaçant aussi bien
- Fig. 1. — Voilure Berliei avec roues arrière enveloppées par des flasques latéraux. (Les sièges sont logés entre les essieux).
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- à l’extérieur qu’à l’intérieur, le changement de disposition du levier de frein et même du changement de vitesse, augmentent l’emplacement disponible et permettent de disposer trois passagers sur la banquette avant.
- On voit ainsi sur la figure 1 un modèle récent de voiture de ce genre, d’une largeur intérieure de 1 m 30, avec tous les sièges disposés entre les essieux, facilement accessibles et bien suspendus; les malles de grande capacité s’ouvrent à l’extérieur, et quelquefois également à l’intérieur.
- Pour augmenter l’effet aérodynamique à grande vitesse, et donner à la voiture une ligne plus élégante, les ailes sont complètement enveloppantes et les roues arrière entourées par un carter, comme on le voit sur la figure.
- Les flasques latéraux sont facilement amovibles et des dispositifs pratiques sont prévus pour l’emplacement du cric.
- LES PRÉCAUTIONS A PRENDRE EN CAS D’ACCIDENT
- Tout automobiliste doit être assuré à une compagnie sérieuse, et sa police doit être rédigée de manière à lui assurer
- toute garantie. L’assurance je. tous risques » est évidemment préférable, mais elle est souvent coûteuse; l’assurance directe contre les dommages causés par la voiture constitue un minimum. Dans tous les cas, en cas d’accident quel qu’il soit, l’automo b i 1 i s t e doit prendre toutes les précautions nécessaires pourpou-voir démontrer par la suite son bon droit, et faire jouer pleinement les clauses de garantie de sa police. Dans l’émotion bien compréhensible provoquée par l’accident, même s’il est purement matériel, on oublie trop souvent ces formalités essentielles.
- Lorsqu’un accident se produit, autant que possible ne pas déplacer les voitures, ou la voiture, avant que des constatations légales aient pu être faites et les procès-verbaux établis.
- A Paris et dans les grandes villes, ces procès-verbaux sont rédigés par les agents de la circulation requis à cet effet; ils disposent d’imprimés spéciaux très pratiques.
- En province et à la campagne, les gendarmes et les huissiers rendent le même service, mais, depuis peu, les agents des polices municipales peuvent établir des procès-verbaux, comme à Paris.
- La photographie peut constituer une preuve décisive, mais elle n’est malheureusement pas toujours possible; on n’a pas toujours à portée de la main un appareil photographique, et les conditions d’éclairage peuvent être défectueuses.
- Lorsque l’auteur du procès-verbal n’a pas été témoin, il est presque toujours indispensable de pouvoir indiquer des témoins réels; tous ceux qui ont assisté à l’accident peuvent être retenus, sauf les parents ou les employés de l’automobiliste (lorsqu’il n’y a pas de répression pénale).
- C’est là, en réalité, que réside pour l’automobiliste la plus grande difficulté ! Bien souvent, les témoins possibles se récusent, par crainte injustifiée de complications ultérieures.
- La victime de l’accident réserve ainsi tous ses droits à une réclamation ultérieure bien fondée, précaution particulièrement utile, si l’intéressé n’est couvert que pour les accidents qu’il peut causer lui-même.
- Ces précautions, toutefois, ne suffisent pas à assurer à l’automobiliste le jeu normal de sa garantie d’assurance quel que soit son rôle dans l’accident; il doit encore remplir des formalités indispensables pour éviter la déchéance de cette garantie.
- La déclaration du sinistre à la compagnie doit être effectuée dans un délai de cinq jours. Ce délai peut être prolongé, lorsqu’il y a cas de force majeure.
- Tour éviter tout inconvénient, l’assuré, même s’il est l’auteur de l’accident et le reconnaît moralement, ne doit pas le reconnaître publiquement, ni surtout faire figurer cette déclaration dans le procès-verbal. Cette déclaration ferait honneur à sa franchise, mais risquerait d’entraîner sa déchéance ! Il peut, d’ailleurs, avoir la conscience rassurée, puisque cette omission n’empêchera pas les réparations dues à la victime.
- Quelquefois le conducteur de la voiture n’est pas l’assuré; dans un but d’économie, certains assurés acceptent qu’on stipule sur la police que la voiture sera conduite exclusivement par l’assuré lui-même ou son préposé.
- Cette clause assure une économie modique, mais comporte de graves inconvénients; on ne peut toujours être certain que le même conducteur conduira la voiture. Celui-ci peut être absent ou malade sur la route, et un autre automobiliste prendre le volant; un employé, un parent, peut changer la voiture de place, un tiers peut faire usage de la voiture, au su ou à l’insu de l’assuré.
- L’assuré ne doit pas se reconnaître publiquement coupable, ou engager des pourparlers avec l’adversaire, sous risque de déchéance; mais sa police ne lui interdit pas d’être humain envers les victimes d’un accident et de leur porter secours.
- Avant tout, même si l’accident paraît bénin et si toute responsabilité paraît écartée, il est indispensable de faire une déclaration précise à sa compagnie d’assurance pour tous les accidents causés aux tiers. Combien de fois l’adversaire reconnaît sa responsabilité au moment de l’accident, ou assure qu’aucun dommage ne lui a été causé et, par la suite, élève des prétentions souvent importantes ! Souvent aussi, malheureusement, une blessure légère ou paraissant telle au moment de l’accident, a des suites très graves et expose l’automobiliste à une responsabilité civile très lourde.
- On réclame avec juste raison l’assurance obligatoire; en attendant, il faudrait que tout assuré ait sa responsabilité civile couverte par une somme suffisante.
- UNE CHAMBRE A AIR DE SÉCURITÉ
- Avec les pneumatiques à basse pression actuels, les éclatements rapides sont moins fréquents; néanmoins, les vitesses très grandes des véhicules modernes, de l’ordre de 80 à 100 1cm à l’heure, rendent aussi plus dangereuses toutes les crevaisons. Si un pneumatique est coupé ou déchiré par des silex, du verre, des clous, il existe toujours une possibilité d’éclatement; quelle que soit la qualité de la fabrication, un point de l’enveloppe devient trop faible pour supporter la pression, et l’air comprimé contenu dans la chambre à air s’échappe par l’ouverture.
- On a proposé des dispositifs de chambre à air, plus ou moins
- W Réunion des y deux chambres à air à hauteur de la jante
- Chambre intérieure de sécurité
- Chambre a air normale
- Fig. 2. — Coupe de la chambre à air de sécurité Lifeguard.
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- compliqués, contenant un liquide spécial, des poudres, des corps poreux, etc., pour boucher immédiatement les obturations au moment de la crevaison; ces systèmes « increvables » ne semblent pas avoir donné de bons résultats pratiques.
- En réalité, s’il paraît difficile de supprimer la crevaison, il faut surtout éviter les dangers de l’éclatement; c’est dans ce but qu’on a réalisé une chambre à air éliminant ce péril. Elle se compose d’une première chambre renforcée, et d’une seconde située à l’intérieur de la première; ces deux chambres jumelles sont toutes deux gonflées à l’aide de la même valve (fig.2).
- L’air passe de la chambre intérieure à la chambre extérieure à l’aide d’une petite ouverture, si le pneumatique est affaibli ou endommagé, de telle sorte que l’éclatement ne peut se produire; seule la chambre extérieure est affectée. La chambre intérieure reste gonflée suffisamment pour assurer un parcours de l’ordre de 1 km, en supportant le pneumatique jusqu’à l’arrêt complet de la voiture.
- Grâce à cet amortissement, le conducteur garde le contrôle de sa voiture et peut l’arrêter à n’importe quelle vitesse; l’éclatement n’est pas supprimé, mais il est transformé, en quelque sorte, en une fuite progressive et lente de l’air comprimé.
- UN NOUVEAU SYSTÈME D’ESSUIE-GLACE
- Les essuie-glace actuels sont presque toujours à entraînement électrique. Lorsqu’on arrête ces appareils, les raclettes
- Fig. 3. — Mécanique de l’essuie-glace électrique S. E. V. (A droite : position de marche; à gauche position d’arrêt.)
- applique le frein qui arrête le moteur et immobilise les balais.
- L’arrêt est obtenu avec une grande précision, et ce petit perfectionnement pratique sera très apprécié du conducteur (fig. 3).
- UN SYSTÈME D’ALLUMAGE DE SÉCU RITÉ ET ANTIVOL
- Malgré les perfectionnements des systèmes d’allu- ' Schéma de montage du
- mage, et en particulier, des ^mecontacteur dépanneur Oda pour , , . , • . le dépannage des circuits d'allumage
- bobines d induction, les . , , , J
- \ et contre le vol.
- pannes dues aux détériorations de ces dernières sont
- toujours possibles. Le seul moyen de les éviter consiste à adopter une bobine de rechange qu’on peut mettre en circuit en cas de détérioration de la bobine normale.
- Les dispositifs antivol électriques, avertisseurs ou non, sont, d’autre part, des plus utiles, et assurent, la plupart du temps, une sécurité satisfaisante.
- Un dispositif relativement simple, composé d’une bobine d’induction qu’on adjoint à la bobine normale, et d’un système de contacteur particulier, permet de constituer un système de dépannage et un montage antivol efficace.
- Comme le montre la figure 4, le système se prête à trois combinaisons.
- Tout d’abord, il permet de passer du circuit de la première bobine à celui de la deuxième, en actionnant la partie mobile de l’appareil, et en connectant le fil haute tension de l’une à l’autre bobine. L’appareil, comporte, d’ailleurs, deux condensateurs, de sorte qu’on débranche au moment de l’utilisation le condensateur en circuit.
- Pour utiliser le dispositif d’avertisseur sonore antivol, on fait encore tourner la partie mobile sur son axe, et on la met en regard d’un repère fixe.
- Enfin, on coupe complètement le contact, en enlevant le chapeau mobile, ce qui constitue un deuxième dispositif antivol.
- d’essuyage du pare-brise ne doivent pas gêner la visibilité du conducteur ou du passager, et il est assez difficile de déterminer ainsi l’arrêt dans une position correcte, avec la raclette dans la partie supérieure du pare-brise, à droite ou à gauche.
- Dans un nouveau modèle d’essuie-gîaee électrique, cette manœuvre est rendue facile, grâce à un dispositif ne coupant le courant qu’au moment voulu et freinant a\itomatiquement à ce moment le mouvement du moteur d’entraînement.
- L’appareil comporte une came avec encoche, un levier actionnant un cliquet frottant sur la came, une palette-commande de frein et un galet qui se déplace le long de la tige porte-charbon. De plus, un frein peut venir frotter sur la patte de l’induit du moteur.
- La came fait un tour complet, lorsque les balais d’essuyage ont fait une course complète, et l’encoche est disposée de telle sorte que le moteur s’arrête lorsque le cliquet est entré dans l’encoche, ce qui correspond à la position correcte.
- Lorsque le conducteur appuie sur le bouton de commande, dans la position d’arrêt, le levier de commande applique le cliquet sur la came, et il frotte sur cette dernière, jusqu’à ce qu’il tombe dans l’encoche. A ce moment, le levier soulève le porte-charbon, et coupe le courant; en même temps, la palette
- UN SYSTÈME PERFECTIONNÉ DE CHAUFFAGE POUR AUTOMOBILE
- Les appareils de chauffage pour automobile comportent généralement des systèmes de réchauds à essence, des radiateurs électriques, ou des serpentins parcourus par les gaz d’échappement. L’utilisation de l’eau chaude de la circulation du moteur permet aussi d’obtenir un réchauffement progressif
- Fig. 5. — Radiateur d’automobile à eauchaude C hausson avec ventilateur.
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- Tube de — caoutchouc
- Fig. 6. — Réparation d’une aile à l’aide el'uri marteau à tête protégée.
- de la carrosserie, mais le radiateur n’a pas une très grande surface, et sa température est souvent relativement basse;
- 11 est donc utile d’utiliser un système de dispersion auxiliaire.
- Un appareil américain basé sur ce principe comporte des ailettes parcourues par l’eau du radiateur, et, en arrière, un ventilateur actionné par la batterie d’accumulateurs de 6 ou
- 12 v de la voiture (fig. 5).
- L’appareil est muni de volets orientables de réglage; il est fixé au tablier de la voiture, et lui-même pivotant, ce qui augmente l’agrément de son emploi.
- On installe un robinet au tuyau de caoutchouc supérieur de la circulation de l’eau, et la prise d’eau au tuyau inférieur, on relie ainsi l’arrivée d’eau chaude à l’entrée supérieure de l’appareil, et le-retour d’eau froide à l’entrée inferieure; il ne
- reste plus qu’à relier le moteur du ventilateur à l’ampèremètre et à la masse.
- L’été, en interrompant l’arrivée d’eau du radiateur, le système peut évidemment servir comme appareil d’aération.
- POUR ÉVITER LA. BUÉE SUR LES PARE-BRISE
- Pour éviter le givre et la buée sur les pare-brise, on
- Fig. 7. — Graissage des gonds de portière.
- conseille souvent d’employer de la glycérine, mais on pourrait également utiliser avec succès de l’huile de ricin en couche très mince; le meilleur procédé consiste à imbiber une bande de laine ou de feutre de cette huile, en utilisant, par exemple, un bourrelet, et de s’en servir ensuite en frottant légèrement la surface du pare-brise ou de la glace.
- POUR RÉPARER LES AILES DES CARROSSERIES
- Pour faire disparaître les bosses légères ou les déformations des ailes des voitures, on emploie simplement un marteau ou un maillet. Encore faut-il prendre quelques précautions, l’application du remède pouvant être plus redoutable que le mal, si l’on n’est pas très habile tôlier !
- Pour éviter les dangers de cette opération, il vaut mieux procéder avec précaution et entourer, comme le montre la figure, l’extrémité du marteau d’une enveloppe en caoutchouc constituée par un morceau de chambre à air ou de tube percé d’une ouverture correspondante légèrement plus étroite, et avec deux fentes permettant l’introduction de la tête du marteau ou du maillet (fig. 6).
- POUR RENDRE LES GONDS DES PORTIÈRES SILENCIEUX
- Pour graisser les gonds ou les articulations de portière, on se sert généralement d’huile ou de graisse, ce qui offre des inconvénients pour le nettoyage de la carrosserie.
- Il vaut mieux employer de la paraffine fondue qu’on peut couler à chaud dans une burette ordinaire, et utiliser alors comme de l’huile (fig. 7).
- L. Picard.
- Adresses relatives aux appareils décrits :
- Voilure conduite intérieure avec carrosserie à roues enveloppées. Automobiles Berliet, à Lyon-Vénissieux (Rhône).
- Chambre à air de sécurité. Pneumatiques S. A., 113, rue Victor-Iiugo, Levallois-Perrct.
- Essuie-glace électrique. Société S. E. V.
- Conlactcur-dépanneur. Établissements Saintagne, 72 à 80, rue Saint-Fargeau, Paris (20e).
- Radiateur d’automobile Chausson. Établissements Sopal, 65, rue Bayen, Paris (17 e).
- RECETTES ET PROCEDES UTILES
- RÉFLECTEUR ÉCONOMIQUE POUR LAMPE A INCANDESCENCE
- Il peut être intéressant de concentrer la lumière d’une lampe électrique à incandescence sur un point ou encore de limiter la zone éclairée. Un moyen simple et peu coûteux consiste à entourer l’ampoule d’une feuille d’aluminium poli trouvée comme emballage de certaines friandises et couramment appelée « papier de chocolat », et d’en découper une partie, suivant l’éclairage à réaliser, en se servant de ciseaux ou d’une lame de rasoir « Gilette ».
- Contrairement à ce que l’on pourrait croire, si la feuille (que l’on peut se procurer « neuve » chez les pâtissiers, confiseurs) a servi, il n’est pas nécessaire de la déplisser soigneusement, mais il faut avoir soin de placer la face la plus brillante contre le verre.
- COMMENT SE RÉALISENT LES TISSUS INFROISSABLES
- On sait que d’une manière générale, les résines artificielles s’obtiennent par condensation en présence d’une catalyseur, d’un phénol et d’une aldéhyde pour donner le type « bakélite ». Dans des conditions analogues, l’urée et la formaldéhyde sont susceptibles de donner une
- résine transparente, que l’on rencontre déjà depuis longtemps dans le commerce sous les noms de Pollopas, pour les produits moulés de fabrication allemande, et de Prystal pour les fabrications françaises.
- Une nouvelle application de ce genre de résine vient d’être faite récemment en vue de rendre infroissables les tissus légers, par cela même plus fragiles; pris à pleine main, le tissu ainsi traité peut être serré fortement et abandonné ensuite à lui-même, sans qu’il reste trace du régime brutal auquel on vient de le soumettre.
- La préparation du tissu infroissable s’effectue de la façon suivante :
- Dans un bain composé de :
- Eau ordinaire.................. 5000 cm3
- Urée........................... 1500 grammes
- Formaldéhyde................... 2500 —
- Diacétate de glycérine......... 0,5 —
- On introduit le tissu à traiter ainsi qu’un agent de condensation qui peut être l’alcoolate de sodium, le bicarbonate de sodium, si on emploie la formaldéhyde, soit la soude caustique ou le carbonate neutre de sodium, si on se sert de paraformaldéhyde.
- Après imbibition complète, on essore et fait sécher en soumettant à un chauffage modéré, entre 70° et 90° C.
- On obtient, non seulement une grande élasticité du tissu, mais aussi une grande douceur au toucher, ce qui en avantage la présentation.
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- LIVRES NOUVEAUX
- Des anticipations de Jules Verne aux réalisations d’au=
- ' Jourd hui, par A. Jacobson et A. Antoni. 1 vol. illustré, 198 p. J. de Gigord, Paris.
- Jules Verne a exercé et continue à' exercer une profonde influence sur ses jeunes lecteurs. 11 n’est pas un ingénieur arrivé aujourd’hui à l’âge de la maturité qui ne lui doive, au moins en partie, l’éveil de sa vocation et souvent son orientation môme. Ce sont deux ingénieurs, M. Jacobson, ancien président de la Société des Ingénieurs civils, et M. Antoni, qui apportent ici au grand romancier éducateur, le tribut de reconnaissance des générations dont Jules Verne a enchanté la jeunesse.
- Ils ont entrepris de confronter les réalités d’aujourd’hui avec les anticipations du romancier; ils n’ont pas de peine à montrer que celui-ci a su très souvent prévoir dans quel sens évolueraient les grandes inventions modernes et leurs applications. Jules Verne a su semer dans le domaine technique beaucoup d’idées neuves et justes; grâce au charme toujours vivant de ses récits, qui leur a valu un nombre immense de lecteurs, elles se sont répandues, ont germé dans les cerveaux les plus divers et le bon romancier est devenu, suivant l’expression de Georges Claude, l’un des plus puissants artisans du déchaînement scientiflco-industriel qui a bouleversé les conditions d’existence de l’humanité.
- Comment choisir un poste de T. S. F., Comment J’essaycr, /’installer, le régler, t’utiliser, par P. Hémardinquer (2e édition.) 1 vol. de 130 p.; 29 iig. Dunod, éditeur, Paris, 1937. Prix : 12 fr..
- Le choix d’un poste de T. S. F. est toujours un problème délicat surtout pour les néophytes.
- On trouvera dans cette deuxième édition, comme dans la première qui a reçu le meilleur accueil du grand public,-les données nécessaires en vue de l’installation des récepteurs, et surtout de leur choix, devenu de plus en plus ardu en raison môme de la diversité des modèles proposes et de leurs perfectionnements. Un court chapitre est réservé à I indication des formalités d’emploi d’un poste récepteur, ainsi qu’aux décrets et arrêtés d’applications contre les parasites industriels.
- Cet ouvrage, d’un grand intérêt pratique, forme un guide sûr pour l'achat et l’installation d’un récepteur et sera utile même aux sans-listes avertis pour améliorer encore leurs’auditions.
- Analyse des matières cristallisées au moyen des rayons X, par E. Nahmias. 1 brochure, 44 pages, 16 fig. Hermann et Cie, Paris, 1936. Prix : 13 fr.
- Laue, en 1912, a découvert que la diffraction des rayons X à travers les cristaux, donne des images caractéristiques du réseau cristallin. Sur cette découverte s’est édifiée une nouvelle méthode d’analyse spectrale qui est d’une remarquable fécondité. L’auteur expose ici la technique de la méthode des poudres cristallines, appliquée soit a l’analyse qualitative, soit à l’analyse quantitative. Il en montre les multiples applications.
- Leçons de chimie analytique, par Alcide Jouniaux. Tome II. Volumétrie. 5 broch. in-8, 214 p., 15 iig. Actualités scientifiques et industrielles. Hermann et Cie, Paris, 1936. Prix : 50 fr.
- L,e professeur de la b acuité des Sciences de Lille, après avoir rappelé les techniques générales de mesure des volumes liquides et de préparation des liqueurs titrées, passe en revue les méthodes de l’alcalimétrie (I), de l’acidimétrie (II), de l’argentométrie (III), de la mangano-métrie et de la chromométrie (IV), de l’iodométrie et de l’arsénométrie (V). Il choisit chaque fois les procédés les plus simples et les plus sûrs et indique leurs multiples applications au titrage des acides et des bases, par oxydation et par réduction.
- Précis des méthodes analytiques de chimie végétale et de chimie biologique, par Louis Reutter de Rosemont et L. de Fgulschié. 1 vol. in-8, 534 p. Lamertin, Bruxelles, 1936. Prix : 160 fr. belges.
- L’industrie chimique, la pharmacie, la parfumerie ont besoin de méthodes de dosage précises. Bien des produits végétaux trouvent des emplois de plus en plus nombreux. Ce précis donne l’indication précise de toutes les opérations qu’on peut désirer faire : analyses de corps définis et réactifs de fonctions; il offre au chercheur la totalité des éléments qui lui sont utiles et les chefs de laboratoires pharmaceutiques et industriels y trouveront un précieux vade mecum mettant à leur disposition, outre les méthodes de séparation, toutes les réactions spécifiques et physiques ainsi que les caractéristiques servant à déterminer la présence de tel ou tel élément : alcaloïde, aldéhyde, cétone, alcool, tant aliphatiques qu’aromatiques. Une partie importânte constitue un véritable manuel des réactifs, permettant d’établir ceux-ci sans autre recherche.
- Le manioc et son utilisation alimentaire, par Raymond Jacquot et Berthe Nataf. 1 broch. in-8, 57 p. Actualités scientifiques et industrielles. Hermann et Cie, Paris, 1936. Prix : 12 fr.
- Premier mémoire d’une collection de la nutrition qu’organise le Prof. Terroine, celui-ci traite des divers aspects du manioc : botanique, culture, composition chimique, digestibilité, valeur alimentaire, emplois pour l’alimentation du bétail, valeur économique. Les auteurs insistent justement sur le point qu’il est un aliment amylacé très bon marché.
- Discovery Reports. Vol. xii. 1 vol. in-4, 440 p., 144 fig-.. 21 pl. Cambridge University Press, London, 1936. Prix : £ 3,3 sh.
- Les récoltes zoologiques de la Discovery, pendant ses voyages à travers l’Atlantique jusqu’aux îles Falkland et à la Géorgie du Sud, fournissent un abondant matériel d’étude que les rapports des spécialistes mettent en valeur et comparent aux formes déjà connues. Le volume XII est tout entier consacré à l’étude de divers groupes. M. Norman énumère les poissons côtiers des îles du Cap Vert, des côtes d’Afrique, des îles Ascension, Tristan da Cunha, Gough; quelques-uns sont nouveaux, mais surtout on voit marqué le changement de faune entre le Congo et l’Afrique du Sud. M. Monro étudie les 159 espèces de Polychètes trouvées dans les îles du Sud-Amérique, en Afrique du Sud et en Nouvelle-Zélande, dont un genre tout à fait aberrant. M. Mortensen examine les Ecliinides et les Ophiurides, très nombreux, dont beaucoup sont nouveaux; parmi les particularités intéressantes, on peut citer l’extraordinaire abondance d’une espèce trouvée par centaines de mille au large des Falkland, la fréquence des parasites et surtoutfla grande proportion d’Ophiures vivipares, dont parfois les jeunes sè"dévorent entre eux. M. Ardley rassemble ses observations sur les oiseaux de mer qui viennent pondre, couver et élever leurs jeunes sur les Orcades du Sud; on regrette seulement qu’il ait omis les observations de Gain, à bord du Pourquoi-Pas ? dans l'Antarctique. Enfin M. Gurney cherche à faire un peu de lumière sur les formes larvaires de Crustacés décapodes, notamment sur les phyllosomes de langoustes dont on ne sait pas encore bien toute l’histoire du développement.
- Leçons de toxicologie, par René Fabre. XII. Toxiques minéraux : phosphore; acides et alcalis; marche générale de l’expertise. 1 broch. in-8, 106 p. Actualités scientifiques et industrielles. Hermann et Cie, Paris, 1935. Prix : 12 fr.
- Ce dernier fascicule du cours de toxicologie professé à la Faculté de Pharmacie de Paris, examine les empoisonnements par le phosphore et ses composés, les acides corrosifs, les alcalis caustiques et indique les propriétés de chaque corps, les doses toxiques, les symptômes d’intoxication, les lésions, le traitement, etc. Un dernier chapitre enseigne la marche générale de l’expertise médico-légale : exhumation, autopsie, analyses.
- Le Japon et les Japonais, par K. Haushofer. Traduit par George Montandon. 1 vol. in-8, 302 p., 28 cartes, 16 fig. hors texte. Bibliothèque géographique. Payot, Paris, 1937. Prix : 30 fr.
- L’auteur, général et professeur à l’Université de Munich, est le chef de l’école de géopolitique allemande. Il connaît bien le Japon et lui trouve des ressemblances avec son pays : dynamisme racial et politique, transformation de son économie de rurale en citadine, surpopulation, désir d’expansion, qui l’amènent constamment à faire penser à d’autres thèmes, non sans intérêt pour le lecteur étranger. Et puisque la géopolitique est une géographie dynamique, formant la race, poussant l’homme, imposant les événements, voici le Japon, exemple typique. Avec une forte documentation japonaise et aussi allemande, dans un texte massif et puissant, parsemé de cartes très claires et d’heureuses photographies dont beaucoup sont dues au traducteur, l’auteur examine l’Empire du Soleil Levant, son étendue, de Sakhaüne et du Kamchatka à l’équateur, avec ses migrations en Corée, en Chine et jusqu’en Californie et au Brésil; sa race et ses hommes, son gouvernement et sa puissance militaire, son expansion récente jusqu’en Mandchourie et à Shanghaï, ses ressources, ses communications, son économie actuelles. C’est une mise au point et une leçon remarquables.
- Le Christ et les religions primitives, par André Godard. 1 vol. in-16, 317 p. Figuière, Paris, 1936. Prix : 12 francs. Continuant son œuvre de synthèse, l’auteur aborde les primitifs et les préhistoriques qu’il veut mettre en accord avec les Ecritures. « L’assyriologie venge la Genèse contre les négateurs du Déluge; l’égyptologie confirme l’Exode. La protohistoire et la science loyale des religions attestent l’universalité du Messianisme et des traditions de la Révélation primitive ». Partout, en Grèce, à Rome, il trouve occasion de développer le même thème.
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- NOTES ET INFORMATIONS
- NÉCROLOGIE Paul Janet.
- Le directeur de l’Ecole supérieure d’EJectricité est mort le 21 février dernier. M. Leelainche, président de l’Académie des Sciences, a rappelé sa vie et son œuvre dans les termes suivants :
- « Né à Paris le 10 janvier 1863, Janet est licencié ès sciences physiques et mathématiques pendant sa scolarité à l’École Normale; il est agrég'é des sciences physiques à la fin de ses études, en 1886, et docteur ès sciences physiques en 1890. Un hasard heureux l’envoie à Grenoble pour y enseigner la physique générale à la Faculté des Sciences. C’est là qu’ont été réalisées, trois années auparavant, les belles expériences de Marcel Deprez sur le transport électrique de la puissance mécanique. Le jeune professeur comprend aussitôt l’intérêt d’un enseignement technique de l’électricité au centre d’une région où abondent les sources d’énergie mécanique.
- « En 1891, il fait émettre par la Faculté des Sciences un vœu tendant à la création d’une chaire d’électricité industrielle; mais, sans attendre le résultat problématique et lointain d’une démarche administrative, il ouvre, le 2 février 1892, avec l’appui de la municipalité, un cours du soir eu huit leçons sur les premiers principes de l’électricité industrielle. Le succès dépasse toute attente; les locaux sont trop petits pour contenir les auditeurs; la Chambre de Commerce ouvre une souscription; le Conseil municipal de Grenoble et le Conseil général de l’Isère accordent des subventions; en quelques mois, par l’initiative privée, un institut électrotechnique est créé à la Faculté des Sciences. On sait ce qu’il est devenu. Paul Janet fut le merveilleux animateur dhin mouvement qui devait gagner toute la France.
- « En novembre 1894, il est appelé à la Faculté des Sciences de Paris. Il existe, depuis 1881, un laboratoire central d’électricité, créé sur l’initiative de la Société des Électriciens, établissement privé qui poursuit à la fois des travaux scientifiques et techniques. Mascart, président de la commission administrative, choisit Janet pour le diriger.
- « Les travaux réalisés sur la détermination des étalons électriques, sur les mesures et le contrôle des instruments et des appareils, présentés à l’Académie en 1910 et en 1912, constituent un monument scientifique en même temps qu’une base solide pour les études d’électricité industrielle. En 1894, l’École supérieure d’ÉIectricité est créée par la Société des Électriciens; ses statuts en font une institution entièrement indépendante, et son directeur se plaisait à constater que cette situation n’avait certainement pas nui à la réputation dont elle jouit en France et dans le monde.
- « C’est dans la direction de ce centre d’études et de documentation que Janet devait donner toute la mesure
- de ses éminentes qualités de savant et d’organisateur.
- « Ses travaux, portant sur de multiples questions, seraient suffisants pour lui assurer un rang éminent parmi les physiciens de l’époque, mais son œuvre d’enseignant et d’organisateur retient surtout l’attention. Les Premiers principes cTElec-triciié industrielle, publiés à Grenoble pour ses premiers disciples, constituent une œuvre admirable au point de vue pédagogique. Il s’agissait, en l’espèce, d’éviter l’écueil de la vulgarisation et cependant de donner à des auditeurs insuffisamment préparés en général, des idées exactes sur une science d’un accès difficile entre tous. C’est l’imagination de l’élève que Fauteur sollicite : « Nous l’avons largement mise « à contribution dans cet ouvrage », dit-il dans sa préface; « elle permettra au lecteur d’arriver à des notions précises, « à des idées vraies, sans passer par le long détour des mathé-« matiques qui, s’il aboutit à la rigueur la plus absolue, n’est « peut-être pas le chemin le plus naturel pour parvenir à des « notions fondamentales ». Livre de vulgarisation tout de
- de même, mais aussi livre bien français par sa lumineuse clarté. Les ouvrages publiés ensuite, destinés ceux-là à une autre catégorie d’élèves, ont un caractère différent et cependant ils procèdent de la même inspiration et l’auteur ne veut voir en eux qu’une suite aux Premiers principes ouvrage de jeunesse et d’enthousiasme qui lui rappelait ses meilleurs souvenirs. »
- Torres y Quevedo.
- Le 18 décembre 1936 est mort à Madrid Leonardo Torres y Quevedo, membre associé de l’Académie des Sciences. Le nom de Torres y Quevedo n’est pas inconnu des lecteurs de La Nature qui avait exposé quelques-unes de ses réalisations dont l’originalité faisait à bon droit l’admiration générale j1).
- Né à Santa Cruz de Santan der, le 28 décembre 1852, ingénieur des Ponts et Chaussées en Espagne, Torres y Quevedo laisse une œuvre caractérisée par une haute culture scientifique et une étourdissante ingéniosité dans la réalisation des conceptions mécaniques.
- C’est ainsi que bien longtemps avant la guerre, Torres avait conçu et réalisé des dirigeables à enveloppe souple, ne comportant aucune pièce rigide, mais dont la rigidité était assurée par une savante disposition des liens intérieurs, travaillant tous à l’extension. On peut se rappeler encore les petits dirigeables Astra-Torres qui évoluèrent vers 1900 dans le ciel de Paris.
- De même, Torres réalisa à Saint-Sébastien et en Amérique, au-dessus de la rivière du Niagara, des transporteurs funiculaires présentant la caractéristique particulière que les câbles ont une tension constante en toutes circonstances, et même en cas de rupture de l’un d’eux.
- Mais c’est surtout dans le domaine des machines à calculer
- 1. Voir La Nature, n° 2142, 13 juin 1914.
- PAUL JANET
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- que Torres montra toute son originalité. 11 réalisa des machines algébriques permettant de traduire une relation analytique ou même un système de relations analytiques simultanées.Il donna la solution générale du problème de l’obtention mécanique des racines réelles d’équations de degré quelconque et filialement démontra la possibilité de Construire un automate dont les actes dépendent de circonstances plus ou moins nombreuses suivant des règles imposées arbitrairement au moment de la construction.
- La démonstration pratique fut fournie par son fameux joueur d’échecs, qui fut décrit ici même en détail et dont M. d’Ocagne dit « qu’il confond l’imagination et procède d’une conception que l’on peut qualifier de géniale et qui ne relève d’aucun précédent ».
- Enfin, toujours dans le domaine de l’automaticité, en 1903, bien avant donc les progrès de la télégraphie sans fil et les horizons ouverts par l’aviation, il réalise le télékine que nous avons décrit, également et qui permettait de faire évoluer à distance, commandé par ondes hertziennes à partir d’un poste hxé à terre, un bateau naviguant en rade de Bilbao. C’était la solution parfaite, 30 ans avant son application pratique, du problème de l'avion sans pilote ! II. Vigneron.
- ASTRONOMIE
- A l’aide de ces éléments, M. Moller a calculé une épliémé-ride dont nous extrayons seulement 3 valeurs, puisqu’elle sera périmée quand ces lignes paraîtront :
- Date Ascension Distance _ Magni-
- (0“ (T. U.). droite. Déclinaison. au Soleil, à la Terre, tude.
- Mars 8 0“ 58m 1 + 31° 9' 0,693 0,731 7,5
- — 16 1 28 0 + 43 56 0,782 0,645 7,8
- — 24 2 20 9 + 57 37 0,889 0,590 8,2
- Comme on le voit, la distance à la Terre diminue, mais celle
- au Soleil augmente et l’éclat total de la comète diminue.
- Dans la lunette de 0m32 de l’Observatoire de Meudon, le 3 mars, à 19“ 30m, M. Baldet a vu la comète Willc comme une nébulosité ronde, diffuse, de T à 3' de diamètre, sans noyau stellaire.
- Observation faite à travers un voile de cirro-stratus.
- E. Touchet.
- AVIATION
- Dégivreur pour ailes d’avion.
- La troisième Comète de 1937.
- Les découvertes de comètes se multiplient, puisque voici la troisième trouvée en moins de deux mois ! Les renseignements ci-après ont été communiqués,par M. F. Baldet astronome à l’Observatoire de Meudon, qui est, en France, le grand spécialiste des questions cométaires. Ces renseignements ont fait l’objet des circulaires n0B 90, 91 et 92 du « Service des Informations rapides » de la Société astronomique de France.
- La Comète 1937 c, d’après un télégramme reçu du Bureau central de Copenhague, a été découverte le 27 février, par M. Wilk. Sa position, ce jour-là, était : Ascension droite = 0"35m,3; déclinaison — -j- 19° 22'.
- Magnitude : 7e. La nouvelle comète était alors située au-dessous de Ç Andromède, elle était visible le soir, dès le début de la nuit.
- M. Baldet a pu observer photographiquement cette comète, le 1er mars, en utilisant les trois chambres fixées sur la table équatoriale de l’Observatoire de Meudon. Il a trouvé comme position approchée, pour le 1er mars, à 19h 21m (T. U.) :
- Ascension droite — 0“ 40m 25s; déclinaison = + 22° 13',2.
- En comparant cette dernière position à celle donnée plus haut, M. Baldet a déduit comme mouvement propre apparent moyen pour 24 heures :
- En ascension droite = -j- 2m30s; en déclinaison =4-1» 24'.
- Un voile de cirro-stratus, qui s’est rapidement épaissi, a mis fin aux observations au bout de 18 minutes. La comète avait l’aspect d’une petite nébulosité ronde, avec une condensation centrale, bien marquée. Une queue fine et rectiligne, de 40' environ de longueur, était visible dans l’angle de position 45°.
- Magnitude photographique de la tête : 7m,5.
- MM. Whipple et Cunningham ont calculé une orbite parabolique dont voici les éléments :
- Date du passage au périhélie. . ...................
- Périhélie moins nœud . . . Longitude du nœud ascendant........................
- Inclinaison.................
- Distance périhélie..........
- T = 1937 février 21,75 (T. U.) ü> = 32° 9' |
- Q = 57«3' 1 1937,0
- i = 25° 57' ) q = 0,620 U. A.
- On sait que l’un des dangers les plus terribles auxquels se trouvent exposés les avions volant dans la brume élevée, en hiver, est le givrage des ailes.
- Si la température ambiante est voisine de 0° et l’air saturé de vapeur d’eau, une dépression, un remous de l’aile, un choc suffisent à provoquer le phénomène avec une rapidité extrême puisque l’on cite un cas où l’on a constaté en 3 mn la formation de 7 cm d’épaisseur de givre sur un avion de ligne.
- L’augmentation du poids de l’appareil, le déplacement du centre de gravité, le blocage des ailerons, la modification du profil des ailes amenant une diminution de la vitesse, peuvent avoir des conséquences fatales.
- On s’explique donc les efforts de nombreux inventeurs pour trouver une défense contre ce redoutable phénomène.
- On a constaté que la glace se forme au bord d’attaque de l’aile et a son maximum quelques centimètres au-dessus. MM. Rideau et Ducret ont proposé un dispositif simple permettant de chauffer superficiellement et uniformément le bord d’attaque des ailes. Celui-ci est recouvert d’un tissu d’amiante très fin sur lequel on projette au pistolet un enduit résistant à particules conductrices colloïdales qui pénètre dans les pores du tissu et y adhère par absorption. Une couche de vernis isolant protecteur est ensuite passée sur l’ensemble, après la pose de deux bandes métalliques servant à l’amenée du courant. L’épaisseur totale est de 1 mm environ et par suite ne modifie pas le profil de l’aile.
- Quand le givrage se produit, on fait passer un courant très faible (une énergie totale de 1500 w suffit, en effet, pour dégivrer un avion de 12 m d’envergure). La couche superficielle de glace au contact de la résistance fond. Entre le givre restant et l’aile, il se forme donc une pellicule liquide, l’adhérence devient sensiblement nulle et, sous l’action de la poussée de l’air, l’aile se dégage de la croûte de glace qui l’alourdissait.
- Le refroidissement produit par la ventilation de l’air sur l’aile est pratiquement sans effet sur la consommation électrique de la résistance qui fonctionne alors entre deux bons isolants thermiques : la couche de givre et le tissu d’amiante.
- H. Vigneron.
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- BOITE AUX LETTRES
- COMMUNICATIONS
- Rec tiiication.
- Nous avons publié, dans notre n° 2988, du lor novembre 1936, un article de M. Jean Hesse : « Publicité lumineuse et illuminations, qui était inspiré de l’ouvrage de MM. Vallat et Beyaert : Les enseignes lumineuses électriques, édité par la Librairie Dunod, auquel il avait été fait de larges emprunts.
- A la suite d’une réclamation des auteurs, M. Jean liesse reconnaît volontiers qu’il a consulté cet ouvrage, c’est par suite d’une inad-
- vertance involontaire, dont il s’excuse, que la mention de l’origine de la documentation a été omise dans cet article.
- A propos des abrasifs légers pour le polissage des verres d’optique (n<« 2993 et 2996).
- M. R. Sergent, de Poissy, nous signale une erreur qui s’est glissée dans sa note du n° 2996. 11 citait le point de vue de MM. Draper, llitchey et Fabry. Au lieu du Prof. Fabry, il faut lire le colonel Dévé, qui a publié ses observations dans le « Guide de l'ouvrier en verre d’optique de précision » publié par les Éditions de la Revue d’Opiique.
- QUESTIONS ET REPONSES
- A propos des joints de rails.
- Le joint de rail en biseau est bien connu des ingénieurs de la voie, mais il n’est pas employé universellement car il est délicat et coûteux. On l’a cependant adopté, sous le nom de « joint de dilatation n, pour raccorder les longs tronçons de voie obtenus par soudure d’un certain nombre de rails, les allongements et retraits ayant en pareil cas, une amplitude plus grande. Réponse à M. Mignard, à Bizanet (Aude).
- Métrophotographie.
- Il existe un très grand nombre d’ouvrages sur la métrophotogru-phie et la restitution des images photographiques.
- Pour nous en tenir aux ouvrages publiés en France, nous vous signalerons les suivants :
- A. Laussedat : Recherches sur les instruments, les méthodes et le dessin topographiques (Gauthier-Villars, éditeur, Paris).
- J.-T. Saconney : Métrophotographie (Doin, éditeur, Paris).
- F. Schiffner : La photogrammétrie considérée comme application de la géométrie descriptive. Traduction (Gauthier-Villars, éditeur, Paris).
- L.-P. Clerc : Applications de la photographie aérienne (Doin, éditeur, Paris).
- H. Roussilhe : Applications de la photographie aérienne aux levers topographiques de précision (ILallu, éditeur, Paris).
- H. Roussilhe : Emploi de la photographie aérienne aux levers topographiques à grande échelle (L. Eyrolles, éditeur, Paris).
- F. Ollivier : La topographie sans topographes (Traité de photogrammétrie) (Revue d’optique, éditeur, 1, bd Pasteur, Paris).
- A. Thouvenot : La restitution des photographies aériennes (Cliiron, éditeur, Paris). Réponse à M. Barcelot, à Charro’w (Pologne).
- Photographies curieuses.
- A propos de l’article « Une photographie curieuse » paru au n° 2993 (page 91), notre correspondant transmet trois séries d’épreuves : 1° Une croix photographiée à contre-jour, le Soleil étant juste derrière la croix; 2° une église photographiée à « contre-nuit » (si Ton peut dire), la Lune étant à peu de distance du clocher; 3° un sous-bois présentant sur toute sa surface une curieuse « réticulation » faisant penser à un lilet irrégulier, plus clair que le fond, recouvrant toute l’image.
- 1° Comme dans la « curieuse photographie » donnée au n° 2993, on constate que le segment minuscule du Soleil dépassant la croix a produit une tache lumineuse diffuse, de laquelle émergent également dix rayons régulièrement espacés en étoile. Le bord de la croix a servi d’écran; par diffraction, il était bordé d’une ligne lumineuse intense, extrêmement étroite, à l’endroit même où émergeait un tout petit segment du soleil. L’explication possible est donc la même que celle donnée dans le numéro précité. Toutefois, le phénomène est plus simple ici, parce que le bord de la croix est régulier alors qu’il n’en était pas ainsi quand l’écorce de l’arbre formait écran.
- 2° L’épreuve faite au clair de lune ne présente pas ces rayons en étoile, mais simplement, à l’endroit occupé par notre satellite, on voit une tache allongée, diffuse, envahissant une partie du clocher. Dans cette tache, on distingue avec peine la large traînée laissée par la Lune au cours de la pose, qui a duré dix minutes. Il n’y a rien d’êton-nant à ce que le phénomène précédent ne se soit pas manifesté ici. La source lumineuse était en effet la Lune elle-même, qui s’est déplacée
- d’ailleurs au cours de cette longue pose, et non une ligne extrêmement fine comme celle produite par la diffraction de la lumière solaire au bord de la croix. Les conditions des deux photographies sont entièrement différentes.
- 3° Il est dillicile de se prononcer sur le simple vu d’une épreuve, mais cette fausse réticulation rappelle, en tous points, celle qui a été constatée « dans le cas de développement en bain non agité, dans une cuvette horizontale ne renfermant que très peu de révélateur » (L. P. Clerc, La Technique photographique).
- Réponse à M. R. Olivier, à Boulogne-sur-Seinc.
- Nettoyage des verres d’un objectif astronomique.
- Les taches que l’on constate à la surface des verres d'un objectif peuvent avoir plusieurs causes. 11 arrive parfois, généralement après un temps fort long, qu’entre les verres, apparaissent des taches légères, laiteuses, rayonnantes, qui, à la loupe, ont tout à fait l’aspect de-moisissures. Ces taches sont, en effet, des moisissures qui prennent naissance sur des traces de matières organiques (poussières, etc.), restées entre les verres. Elles se développent à la faveur de l’humidité qui se dépose lorsque l’objectif change de température. A condition de démonter l’objectif, ces taches s’enlèvent aisément avec un linge très lin (vieux mouchoir de toile) imbibé d’alcool.
- Beaucoup plus graves sont les taches dites « de rouille » qui proviennent, soit d’une réduction partielle à l’état métallique, d’une petite quantité de l’oxyde de plomb entrant dans la composition des verres, soit de l’oxydation, par suite de l’humidité, de certaines portions de la surface, notamment de la lentille de flint. La lentille de crown peut également présenter ce défaut.
- Un polissage complet est nécessaire pour l'aire disparaître ces taches et un opticien spécialiste des objectifs astronomiques peut, seul, faire ce travail.
- Mais ces taches — sauf le cas où elles seraient très nombreuses — ne nuisent guère à la qualité des images : elles peuvent les assombrir un peu, mais dans de très faibles proportions. Si elles résistent au nettoyage à l’alcool, le plus simple est de les laisser telles quelles.
- Si on démonte l’objectif pour le nettoyer, bien faire attention, en le remontant, de replacer les lentilles dans la même position et remettre les cales en place, faute de quoi, les lentilles n’étant plus centrées, les images seraient défectueuses. Réponse à M. Dupin, à Paris.
- Construction d’une antenne intérieure.
- L’antenne intérieure ne se prête à aucune protection contre les parasites, parce qu’elle se trouve, en général, à un niveau trop peu élevé par rapport aux perturbations et qu’elle est plus particulièrement soumise aux inductions. Bien isolée et suffisamment éloignée des murs, elle est cependant préférable à l’antenne de fortune et, en tout cas, au collecteur d’ondes constitué par un fil du réseau de distribution. Une solution mixte consiste à employer un modèle qui tient à la lois de l’antenne extérieure classique et de l’antenne intérieure. L’antenne de balcon, d’une installation facile, est visible sur la façade et, pour cette raison, elle est souvent prohibée par les propriétaires.
- Vous trouverez des indications sur cette question dans : Comment choisir un poste de T. S. F.? Comment l’installer, par P. Hémardinquer (Dunod, éditeur). Réponse à M. Laplace, à Lille (Nord).
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- De tout un peu.
- M. Lindet, à Paris. — 1° Vous enlèverez facilement les taches d’encre à stylos en passant sur celles-ci un pinceau doux imbibé d’eau de Javel au cinquième légèrement acidulée par quelques gouttes de vinaigre.
- Avoir soin de bien rincer ensuite à l’eau pure, en épongeant avec un papier buvard neuf.
- 2° Les bougies de filtres Chamberland se nettoient ainsi :
- a) Immerger pendant quelques heures dans de l’eau javellisée additionnée de 5 pour 100 de carbonate de soude (cristaux) pour stériliser et ramollir les matières organiques fixées à la surface. Brosser ensuite énergiquement avec une brosse dure pour détacher les impuretés adhérentes.
- b) Plonger les bougies ainsi traitées dans de l’eau acidulée par 5 pour 100 d'acide chlorhydrique (acide muriatique du commerce).
- Finalement rincer abondamment à l’eau ordinaire.
- 3° La désodorisation de votre cendrier se fera sans difficulté en le savonnant, puis en y versant une cuillerée à café de formol commercial à 40 pour 100 de formaldéhyde.
- M. Samuel, à Lachine, Canada. — Nous pensons que les objets que vous désirez patiner sont constitués par des alliages étain-plomb, tels qu’assiettes, pots, etc.; dans ce cas le procédé le plus simple est d'enduire la surface du mélange suivant :
- Sel ammoniac........................... 20 grammes
- Nitrate de cuivre...................... 15 —
- Eau ordinaire..........................100 cm3.
- Rincer dès que la patine aura atteint l’intensité désirée.
- N. B. — On peut également réaliser une patine de l’étain en plongeant les objets dans une solution tiède de bichlorurc de platine, mais le procédé est un peu plus coûteux.
- (VI. Précourt, à Montréal. — La colle suivante, dont la formule nous a été aimablement communiquée par un de nos abonnés, vous permettra de coller avec facilité la cellophane.
- Prendre : Gélatine blanche............ 15 grammes
- Eau ordinaire............... 55
- Laisser la gélatine se gonfler dans l’eau froide pendant quelques heures, liquéfier ensuite au bain-marie et ajouter : solution de chlorure de calcium à 36° B = 30 cm3.
- N. B. —• L’addition de chlorure de calcium a pour but de donner a la colle une certaine hygroscopicité qui empêche le gondolage par rétraction des parties coaptées.
- Lycée Mistral, à Avignon. - 1° Vous préparerez très facilement de l’encre bleue pour slylo en faisant dissoudre huit grammes de bleu de méthylène dans un litre d’eau tiède, puis filtrant soigneusement au papier après dissolution, pour éliminer toutes les impuretés susceptibles d’obstruer le canal d’alimentation de la plume.
- 2° Le ton bleu noir s'obtiendra de même en remplaçant un gramme du bleu de méthylène par un gramme de nigrosine soluble à l’eau.
- 3° Nous avons donné dans le n° 2992, p. 48, une formule de pâte à polycopier; veuillez bien vous y reporter.
- M. Bertin, à Paris. — Dans les conditions que vous indiquez, l’obstruction du radiateur en aluminium par la formation d’un gel d’alumine nous paraît assez vraisemblable; vous pourriez, pensons-nous, remédier à cet état de choses, en uilisant la propriété de l’acide nitrique dilué de ne pas attaquer l’aluminium tout en dissolvant facilement l’alumine pour former un sel soluble, le nitrate d’alumine.
- Bien entendu, il faudrait opérer avec grandes précautions, en ne laissant au contact que juste le temps nécessaire pour rétablir la perméabilité et rincer à fond ensuite, • afin d’éliminer toute trace d’acidité.
- M. Montigny, à Oliver (Loiret). — 1° Généralement les gelées
- employées pour le visage, sont établies sur les bases suivantes :
- Gélatine blanc manger................. 4 grammes
- Eau distillée de roses................ 15 __
- Glycérine neutre à 30°................ 100 __
- Essence de géranium rosat............. V gouttes
- faire tremper la gélatine dans l’eau de roses froide pendant quelques heures puis liquéfier au bain-marie.
- Ajouter alors la glycérine et l’essence de géranium, rendre homogène puis mettre en tubes d’étain que l’on ferme à la pince.
- Si on désire que l’application sur la peau donne une sensation de fraîcheur, ajouter 0 gr 5 de menthol cristallisé dissous préalablement dans quelques centimètres cubes d’alcool à 90°.
- 2° Les poudres dont vous parlez, employées pour la destruction des limaces, sont très probablement un mélange de craie pulvérisée et d’orpiment.
- M. Crombez à St-Ghislain, Belgique. — On prépare Y acide phtalique CsHc04 en partant de la naphtaline et en opérant de la manière suivante :
- On dissout 120 gr de naphtaline dans 1000 gr d’acide sulfurique à 66° et y ajoute par petites portions 800 gr de bichromate de potasse. Lorsque la première réaction est terminée, on étend d’eau avec précaution, ce qui détermine un abondant dégagement d’acide carbonique, on sature par du carbonate de soude porté à l’ébullition pendant un quart d’heure puis on filtre la solution bouillante pour séparer l’oxyde de chrome. A cette solution qui est d’un beau jaune d’or, on ajoute de l’acide chlorhydrique, il se dépose une matière rouge qui est le car-minaphte de Laurent — Après séparation par filtration de ce produit on évapore, il se dépose alors successivement du sulfate de soude, du chlorure de sodium et finalement de l’acide phtalique, en prismes souvent longs d’un cm, larges de deux mm. Soumis à une nouvelle cristallisation, après redissolution dans l’eau bouillante, il se présente en lames minces, qui sont sa forme habituelle.
- L’acide phtalique cristallisé fond à 213° C; peu soluble dans l’eau froide, il peut également être purifié par dissolution dans l’alcool ou dans l’étlier.
- Istanbul. — 1° Le sel que vous avez employé est très probablement du sulfite de soude et non du bisulfite; le mieux est de prendre tout simplement la solution commerciale à 36° B de bisulfite de soude, sursaturée, l’acide sulfureux, et qui se conserve très longtemps.
- Au cas où vous ne disposeriez que de sulfite neutre, vous pourriez toutefois obtenir du bisulfite en préparant les deux solutions :
- A. Eau ordinaire......................... 200 cent, cubes
- Acide sulfurique à 66°B................ 20 —
- B. Sulfite de soude sec.................. 90 grammes
- Eau, quantité suffisante pour faire. . 800 cent, cubes.
- Verser doucement en agitant la solution A dans la solution B, on obtient ainsi une solution de bisulfite de soude dont 100 '' remplacent environ 25de la solution commerciale à 36°B.
- 2° Pour redonner du brillant à vos galoches en caoutchouc, il vous suffira de passer à la surface une solution de gomme laque à 10 pour 100 environ dans l’alcool concentré. Le vulgaire alcool à brûler convient particulièrement dans ce cas.
- M. Royer, à Cachan. —- 1° L'acétone ou propanone CsH”0 ou CH8—CO—CH3 qui porte également le nom de diméthylacétone est l'aldéhyde de l’alcool propylique secondaire, il se produit dans la distillation d’un grand nombre de matières organiques : bois, sucre, acide tartrique, etc., on l’obtient dans les laboratoires par distillation sèche de l’acétate de plomb ou de l’acétate de calcium.
- L’acétate est chauffé au rouge naissant dans une cornue en grès ou en fer, les produits distillés sont reçus dans un flacon, puis rectifiés après avoir été mis en contact avec de la chaux vive.
- L’industrie fournit une grande quantité d’acétone comme produit secondaire de la distillation du bois et de la fabrication de l’aniline, on le purifie par le bisulfite de soude.
- 2° Le brome est un liquide rouge brun foncé, d’une odeur irritante rappelant celle du chlore, il est trois fois plus lourd que l’eau (D = 3,18 à 0°). Il se dissout facilement dans l’alcool, le chloroforme et le sulfure de carbone, l’eau n’en dissout que 33 gr par litre.
- Le brome se rencontre généralement à l’état de bromure; on peut facilement le mettre en évidence en a outant à la solution de l’eau de chlore qui déplace le brome de sa combinaison, en donnant au liquide une coloration rougeâtre; en agitant ensuite soit avec de l’éther, soit avec du sulfure de carbone, le solvant s’empare du brome en prenant la coloration rouge brun caractéristique mentionnée ci-dessus.
- M. Lesage à Châlons-sur-Marne. — La formule suivante de pâle à polycopier a été préconisée en France par le ministère des Travaux publics.
- Colle forte..............................100 grammes.
- Glycérine à 28° B....................... 500 —
- Eau ordinaire .......................... 375 •—
- Faire gonfler la gélatine dans l’eau froide pendant douze heures, liquéfier au bain-marie, ajouter la glycérine, puis :
- Kaolin pulvérisé......................... 25 grammes
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- Couler encore tiède dans les moules de dimensions appropriées, ou étendre au rouleau sur des feuilles de papier fort.
- Lycée de jeunes filles, à Douai. — Pour faire disparaître les taches de nitrate d'argent sur votre dallage, opérer de la façon suivante :
- 1° Appliquer au pinceau (sans monture métallique), sur les parties tachées, de la teinture d’iode, pour transformer l’argent en iodure d’argent, sans s’inquiéter du jaunissement.
- 2° Passer ensuite, avec une petite éponge, une solution d’hyposul-sulfite de soude à 30 pour 100 qui dissoudra l’iodure d’argent, ce qui rendra parfaitement nette la place ainsi traitée.
- Finalement rincer à l’eau claire pour bien enlever l’hyposulfite et l’iodure dissous.
- Au cas où l’iode n’aurait pas « été chercher » tout l’argent logé dans les profondeurs du dallage, répéter les opérations.
- M. Solari, à Paris. — Très probablement le carton que vous avez employé pour garnir vos saturateurs placés sur radiateurs, est un carton du commerce encâblé pour donner de la cohésion aux fibres d’amiante; pour lui redonner de la porosité, il vous suffira de passer les plaques de carton dans le feu vif d’un foyer qui permettra de les porter au rouge naissant; d’abord un noircissement de la matière organique se produira, puis quand le carton aura repris sa blancheur, il devra, si nos prévisions sont exactes, avoir acquis les qualités désirées.
- M. B. à L. — Manuels d'analyse chimique qualitative :
- Fresenius : Analyse chimique qualitative, 834 p., 1922. Masson éditeur. Prix : 100 fr.
- Mathieu : Manuel d’analyse chimique qualitative et quantitative, 724 p., 33 fig., 1914. Masson, éditeur. Prix : 60 fr broché.
- Deniges : Précis de chimie analytique, 6° édition, 1930, 2 vol. Maloine, éditeur. Prix : cartonné, 195 fi\
- MM. de Choiseul, à Platelai, et de Coulon, à Oran. —Adresses de constructeurs de petites éoliennes, pour la recharge d’accumulateurs :
- Aermolor, 27, rue Blanche, Paris.
- A. Masure et Fils, 15, rue du Moulin, Tourcoing.
- ( thène, 86, rue Bénazet, Saint-Quentin.
- M. Chabotj à Paris. —• A notre avis, il s’agit simplement d’une bakélisation, vous en trouverez tous les éléments en vous adressant soit à la Société du Bois bakélisé, 15, rue Claudot à Nancy, qui a un bureau à Paris, 1, rue Mondétour ou à la Société « La Bakélite », 14, rue Roquépine.
- M. Bezard à Clîchy. — Les blocs désodorisants sont généralement à base de trioxyméthylène, portant aussi les noms de Triformol ou Paraforme.
- Le trioxyméthylène (CH20)3 est l’aldéhyde formique polymé-risé, on l’obtient en évaporant la solution de formol du commerce, il se dépose en poudre cristalline blanche fondant à 171°-172° C, peu soluble à froid dans l’eau. Sous l’influence de la chaleur agissant à sec et progressivement, voire même à la température ordinaire, le trioxyméthylène se décompose lentement en mettant en liberté de l’aldéhyde formique, qui agit comme désinfectant et désodorisant.
- N. B. — L’introduction du miel dans la formule que vous avez l’amabilité de nous communiquer montre que les fourmis rouges ne détestent pas les produits sucrés.
- A. H. à M. — Voici d’après de Keghel la formule de l'encre noire à polycopier sur composition gélatinée :
- Noirhydra.............................. 8 grammes
- Violet acide 10° B.......................... 1 —
- Crocéine brillante 3° B..................... 2 —
- Glycérine à 28° B.......................... 10
- Gomme arabique.............................. 1 —
- Eau distillée..............................100 —
- M. Derval à Paris. —• L’urine produit plutôt des décolorations que des taches, c’est-à-dire qu’elle détruit certaines couleurs qu’elle transforme généralement en jaune par l’acidité de l’acide urique.
- 11 convient donc comme traitement de laver d’abord à l’eau tiède pour enlever l’urée qui a pu cristalliser en dépôt blanchâtre, puis de toucher à l’ammoniaque (alcali volatil) pour essayer de ramener les couleurs à leur teinte primitive.
- Au cas où l’urée aurait déjà subi la fermentation ammoniacale, il faudrait au contraire employer l’acide acétique à l’état de vinaigre dans le même but.
- Si ces deux traitements n’avaient pas réussi, le seul remède serait de retoucher les parties décolorées avec un pinceau imbibé d’une
- solution de couleur d’aniline, de teinte appropriée, que Ton peut trouver dans le commerce, sous forme de sachets ou de tablettes genre kaby-line, utilisés pour la reteinture des étoffes.
- M. Ledoux-Thez à Mont-St-Martin. — La formule suivante, de préparation du marbre artificiel vous donnera très probablement satisfaction :
- Ciment.............................. 740 grammes
- Marbre en poudre.....................140 — %
- Sable blanc fin......................500
- Eau ordinaire.............................. 250 —
- On colore à volonté par une couleur minérale choisie parmi les plus résistantes.
- Nous avons publié autrefois sur cette question un articletrès complet (La Nature n° 2384, décembre 1919, page 366) auquel vous pourriez vous reporter.
- A consulter également « Les Pierres artificielles » de Fritscli, p. 144. Editeur Desfoiges, 29, quai des Grands-Augustins.
- M. Vaganay, a Malo-les-Bains. — 1° La peinture à l’aluminium, pour radiateurs, vous conviendra très probablement :
- Acétone............................... 350 grammes.
- Alcool à 95°........................... 70 —
- Benzène . .............................100 —
- Acétate de cellulose...................150 —
- Alcool benzylique...................... 10 —
- Triacétone............................. 20 —
- Aluminium en poudre.................... 250 —
- Kaolin pulvérisé.......................... 50 —
- 2° Pour boucher les fentes de parquets, faire fondre ensemble :
- Cire jaune.............................. 350 grammes.
- Résine en poudre.........................200
- Suif de mouton............................ 50 —
- Puis incorporer au mélange fondu :
- Blanc d’Espagne....................... 400 grammes.
- Ce mastic s’applique en le versant chaud dans les rainures.
- Laisser durcir quelques heures, racler l’excédent avec une lame quelconque, ensuite en se servant d’un morceau de verre cassé de forme arrondie.
- On peut approprier la teinte à celle du parquet en remplaçant tout ou partie du blanc d’Espagne par de l’ocre jaune ou rouge avec une trace de noir de fumée.
- Si on désire un mastic plus malléable, s’appliquant au couteau à froid, il suffira d’augmenter la dose de suif.
- 3° La première couche de peinture appliquée sur murs neufs dite « couche d’impression » se fait avec une peinture courante, sans précautions spéciales, cette peinture ayant seulement pour objet de faciliter la prise du mastic, lors de l’opération du rebouchage.
- 4° La plupart des anti-mites étant à base de paradichlorobenzène, comme ce corps est très soluble dans la benzine, celle-ci convient parfaitement pour éliminer le paradichlorobenzène que pourrait ultérieurement renfermer encore la laine, bien que le plus souvent une bonne aération suffise pour le volatiliser.
- EC., à Paris — Pour cuivrer le fer par trempage, opérer ainsi : Les pièces étant bien dégraissées par immersion dans une solution bouillante alcalinisée à la soude caustique, puis rincées, les plonger d’abord dans un bain composé de :
- Chlorure de zinc à 36° B................. 50 grammes.
- Acide muriatique.........................100 —
- Eau ordinaire............................100 —
- Aussitôt après dans un second bain constitué par :
- Sulfate de cuivre........................ 10 grammes.
- Eau ordinaire........................... 200 —
- Ammoniaque : quantité suffisante pour précipiter d’abord l'hydrate de cuivre puis le redissoudre en donnant une belle solution bleu-violet.
- Lorsqu’on juge la couche de cuivre déposée assez épaisse, rincer à l’eau claire.
- Un instituteur de Sceaux. — L’auteur du procédé n’ayant pas à ce jour publié la composition des produits employés, nous n’avons pas connaissance de leur nature et regrettons vivement de ne pouvoir vous renseigner.
- M. Jeannin, à Neuilly-sur-Seine. — Nous regrettons vivement de ne pouvoir vous renseigner; à notre connaissance la composition de ces spécialités n’a pas encore été publiée.
- 9416. — lmp. Laiiure, g, rue de Flcurus, à Paris. — 1-4-1937.
- Le Gérant : G. Masson.
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- N" 2999
- LA NATURE
- 15 Avril 1937.
- = LA SPELEOLOGIE =
- SES MOYENS - SES BUTS «
- Les explorations dans les cavernes « vivantes », c’est-à-dire contenant des « laisses » ou des rivières, nécessitent un complément de matériel.
- Bateaux. — Nous avons, depuis leur introduction en France, employé les bateaux pneumatiques, car leur résistance est grande, et leur poids faible. Seuls ils peuvent se rouler et passer dans les « étroitures » où nous nous faufilons. Nous en avons un de 2 m de long et un de 1 m 40. Remarquables par leur stabilité, ils portent leur charge, même pleins d’eau.
- Scaphandre-flotteur. — Ce vêtement permet de rester des heures dans l’eau froide sans grelotter. 11 flotte, porté par le gilet en caoutchouc-mousse qu’on revêt par-dessus. La stabilité verticale est obtenue par un plombage des semelles. On peut passer ainsi équipé aux endroits où le bateau ne peut plus circuler gonflé. Il nous permet de libérer une embarcation et d’aider les camarades qui en sont dépourvus. Le poids complet est de 16 kg. Nous en avons deux à notre disposition. Dans les torrents rapides où l’on risque d’être arraché du bateau nous en sommes toujours revêtus.
- Gilets de sauvetage. — Deux en « mousse » et un en liège servent dans les cas difficiles, car il ne faut pas oublier qu’une chute dans un lac profond, complètement équipé et chargé, serait la noyade certaine.
- Cet ensemble est complété par les cordelles de va-et-vient, les soufflets, pagaies, trousses de réparation. En plus, pour le cas de noyade ou d’indisposition par gaz carbonique, nous disposons d’une bouteille d’oxygène et d’un masque respiratoire.
- Comme il est toujours intéressant de connaître l’écoulement des eaux souterraines, chaque fois que nous le pouvons, nous faisons une étude hydrologique. Pour suivre la marche des courants, nous teintons l’eau avec de la fluorescéine ; il faut donc en avoir en stock à la voiture et une certaine quantité sur soi. On peut parfois obtenir les mêmes résultats en troublant l’eau avec de l’argile, mais on ne peut suivre bien loin cet indice.
- 1. Voir La Nature, n° 2998 du 1er avril 1937.
- Moyens de transport. — A cause des nombreux objets nécessaires, on comprend l’impossibilité d’employer le chemin de fer pour se rendre à pied d’œuvre. Seule l’automobile répond aux besoins. Très rares sont celles qui peuvent convenir. Il faut, en effet, que la voiture soit puissante, robuste, très haute, pour passer sur les pistes, et munie d’un braquage d’au moins 40°. Naturellement, elle sera carrossée en tôle, car les branchages auraient vite raison des tissus enduits. L’arrière sera vide
- de coussins pour contenir le matériel, en utilisant toute la place disponible.
- Si possible on aura organisé les places avant, de telle façon que la voiture puisse servir de chambre à coucher (stores, éclairage). Une importante réserve d’eau se trouvera à disposition sur un marchepied, à côté d’un nécessaire de toilette, car n’oublions pas que les lieux que nous fréquentons sont, en général, dépourvus d’eau de surface.
- Camping. — Il est rare, dans les pays perdus où nous faisons nos recherches, de trouver le logement pour le personnel. Ou s’il y en a, il ne répond pas à nos désirs... quand ce ne serait que pour la propreté. Force est donc d’emporter le campement.
- Deux moyens sont en présence : les tentes ou la remorque-caravane (comme disent les Anglais).
- En fait, il faut avoir les deux, car si l’exploration prévue est longue et importante, loin de toute route ou piste, on sera très heureux de pouvoir installer le camp à proximité. Nous avons pour principe de ne pas entreprendre de descente avant que celui-ci soit organisé, et nous nous en sommes toujours bien trouvés. Comme il arrive que nous ressortions la nuit, ce n’est pas à ce moment qui nous trouve fatigués, affamés et sales que 2 h de besogne doivent être ajoutées.
- Si le camping sous la tente a son charme, il ne manque pas d’inconvénients : humidité, température variable, installation précaire; ce n’est donc qu’un pis aller qui fait perdre beaucoup de temps et coûte de la peine.
- Par exemple, un gouffre, très profond, paraît-il, est
- Fig. 1. — Bateau pneumatique sur une des nombreuses nappes de l'aven de Rognes (Gard) exploré en septembre 1936.
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- signalé. Nous ne pouvons faire autrement que de nous installer avant de descendre. Malheureusement, malgré sa profondeur, de 100 m, par exemple, l’exploration est terminée en 2 h; le fond était colmaté, et seul, le chef est descendu. Il faut aller ailleurs pour le suivant, et le camp doit être levé. Deux nouvelles heures sont encore perdxies, la journée est compromise, nous avons perdu notre temps en détails accessoires.
- Caravaning. — Grâce à la « caravane » cela est évité. Le couchage est toujours prêt, la cuisine est installée, les vivres sont en place, tout est en ordre, la bibliothèque, le bureau et sa machine, les vêtements, la toilette, la T. S. F. Le jour entre par de larges baies, on jouit du paysage choisi avec soin. La ventilation est largement assurée, au besoin aidée par un ventilateur électrique. Il fait froid, les fenêtres à auvent se referment hermétiquement, les parois doubles (isothermes ou à circulation par thermo-siphon) protègent; au besoin on allume le chauffage. Ici, plus d’humidité, de forficules sous les lits, mais l’ordre et la propreté. Sur la route, la moyenne horaire est nettement moindre, mais malgré cela, que d’heures gagnées et si les explorations sont courtes et éloignées, que de peine évitée.
- Si à cet ensemble on ajoute les objets personnels de chacun on se rend compte de ce que représente le matériel transporté dans la voiture ou sous terre. Il faut que l’ordre règne dans son organisation et qu’un inventaire soit fait à chaque excursion.
- Quel poids représente tout le matériel décrit qui tient dans les véhicules dont on a parlé ? Avec les vivres et les vêtements, il doit être voisin de 1 tonne.
- Naturellement, cet outillage permet de faire de grandes explorations, mais il faut savoir s’en servir. Toute une
- Fig. 4. — Voiture et remorque camping à trois lits.
- technique, basée sur une longue expérience, a été créée, dont on comprendra l’importance en songeant qu’une faute peut coûter la vie d’up ou plusieurs hommes (1).
- LES HOMMES
- Le nombre des collaborateurs doit être fonction de l’importance de la cavité à explorer ou des complications qu’on y rencontre, ce qui est impossible à prévoir. Le minimum est de trois, et dans certaines grandes explorations nous avons été quatorze.
- Moins on est, mieux cela vaut, car la différence de valeur sportive se fait toujours sentir, et les explorations en sont ralenties. Afin de diminuer les risques, le chef devra connaître les qualités et les défauts de chacun pour organiser l’équipe. Une discipline librement consentie doit régner, sans quoi le danger augmente nettement, ainsi que le temps perdu.
- Lorsqu’on saura que dans certains gouffres la descente et la remontée d’un seul homme représentent 6 h de séjour de plus pour le chef d’expédition, on comprendra que le nombre de ceux qui doivent toucher le fond soit
- Fig. 3. — Voilure et remorque à matériel.
- limité. Nous avons pour principe d’entrer le premier et de sortir le dernier, pour de multiples raisons. On ne nous tiendra pas rigueur de limiter au strict nécessaire un séjour qui souvent est pénible.
- On peut aisément deviner que si celui qui est chargé des observations scientifiques se préoccupe trop de sa sécurité, il ne fera pas de bon travail. Il faut donc qu’il acquière confiance en soi, en ses bras, en ses jambes, pour ne pas avoir à penser à ces contingences une fois sur les lieux. Pour y arriver, si le reste de l’année sa vie est sédentaire, il devra faire des agrès dans un gymnase, se durcir la peau des mains, entraîner ses muscles des bras, pour, si besoin est, rester pendu un moment par une seule main. L’entraînement devra être continu pendant toute la morte-saison.
- Si l’état physique doit être bon, le moral ne doit le lui céder en rien, car il est des moments pénibles où l’on souffre du froid, de la chaleur, dé l’humidité, des positions
- ]. Un Manuel du Spéléologue va être publié prochainement, le demander au siège ae la Société spéléologique de France, Muséum d’histoire naturelle de Nîmes (Gard).
- Fig. 2.-— M. R. de Joly équipé d’un scaphandre-flotteur recouvert d’un gilet de caoutchouc mousse. Aux pieds, semelles de plomb.
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- Fig. 5. — Installation à la bouche de l’igue de Saint-Sol (Lot).
- On voit la corde téléphonique et la corde des aides tenues sur une poulie, à l’aplomb de l’échelle de descente.
- fatigantes, de l’argile sur les mains, de l’odeur fétide des cadavres, que sais-je encore ? C’est sous terre que dans les « coups durs » on peut juger de la valeur morale d’un homme, il est alors lui-même, le masque tombe.
- Enfin, s’il n’est pas utile que tous les membres d’une expédition souterraine soient des scientifiques, il vaut mieux, toutefois, que ceux-ci soient aussi nombreux que possible.
- LES BUTS DE LA SPÉLÉOLOGIE
- Malgré ses aspects sportifs, la spéléologie est une science qui poursuit des buts pratiques et théoriques dont l’importance ne fait que croître.
- Les explorations de cavernes peuvent se proposer :
- a) des recherches d’eau, car l’eau est rare en surface dans les pays calcaires fissurés et contenant des cavités;
- b) la recherche des pollutions des captages communaux, imprévisibles de l’extérieur; c’est en cheminant dans les réseaux compliqués situés sous le sol qu’on réussit à saisir la marche des courants, leur origine, leur perte.
- C’est par les colorations à la fluorescéine qu’on découvre pourquoi tel captage voit son débit diminuer;
- c) des recherches d’engrais, car le guano des chéiroptères est parfois en telle abondance qu’il peut devenir une source de revenus pour le propriétaire de la grotte. Les phosphates se rencontrent aussi dans certains avens qui furent des charniers. Des ossements plus récents d’animaux domestiques, jetés par centaines au cours des siècles, dans les avens-dépotoirs, peuvent être aussi utilisés;
- d) des recherches de cavernes-abris. A des fins militaires, les cavernes des zones frontières pourraient être employées, soit comme abris pour les hommes, soit comme cachettes pour les munitions ou le matériel. Nous nous étonnons même qu’on ne nous ait pas encore demandé officiellement d’en faire un inventaire ;
- e) les recherches de grottes touristiques. La mise en exploitation de grottes richement décorées par la nature, ou grandioses, dans divers pays, a incité des chercheurs, à visiter les « trous » mais sans beaucoup de succès. Les belles cavernes sont l’exception et elles doivent en plus se trouver près des grands itinéraires, à basse altitude, à proximité de centres de logement ou de séjour, pour avoir un intérêt.
- En dehors de ces buts pratiques, on peut encore entreprendre :
- a) des recherches préhistoriques, car la chance a parfois conduit dans des grottes-stations ou sépulcrales, riches en objets de fabrication humaine, ou en squelettes, vieux de nombreux millénaires;
- b) des recherches géologiques ou géophysiques, qui révèlent des pendages, la nature et la roche des parois, des phénomènes d’érosion, de corrosion, etc. ;
- Fig. 6. — Le treuil à la bouche de l'aven de Madier (Gard).
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- c) des recherches paléontologiques, puisqu’en scrutant les parois, on extrait parfois des fossiles qui permettent de déterminer l’étage géologique. Parfois la chance conduit à des gisements de la faune quaternaire disparue de la région;
- d) des recherches faunistiques et botaniques, puisque tout un monde de crustacés et surtout d’insectes vit dans les milieux obscurs et semble s’y être adapté;
- e) enfin des recherches de physique, notamment sur la propagation des ondes, y compris celles de T. S. F., même les plus courtes.
- * *
- On devine que les multiples problèmes que la spéléologie pose à ses adeptes, ne peuvent être abordés par un seul cerveau. C’est précisément cette diversité qui en fait une science passionnante. Si on ajoute à cela les moments de jouissance incomparable que donne la vue de sites aussi beaux que nouveaux, on comprendra la joie et la passion de ceux qui s’y consacrent (1).
- R. du Joly.
- Président de la Société spéléologique de France.
- 1. C’est avec plaisir que nous accepterons toutes les suggestions que l’on voudra bien nous l'aire. S’adresser : Société Spéléologique de France, Muséum d’IIistoire Naturelle, à Nîmes (Gard).
- Fig. 7. — Echelle el corde téléphonique dans un gouffre profond. On voit les raccords instantanés entre deux éléments d’échelles.
- FABRICATION EN CAMPAGNE D’HYDROGENE A 200 ATMOSPHÈRES POUR BALLONS
- îNouSjavons signale dans un precedent article 1 extreme
- ; .îa’- $*«., , . i . , . ,
- interet que présente, pour la detense anti-aerienne des objectifs isolés ou groupés, la technique des ballons captifs de protection à grande altitude : 7000 m et même davantage.
- En l’état actuel du problème et en face de l’un des pires périls qui puisse menacer les populations civiles, cette arme défensive réellement efficace apporte, enfin, une riposte aux progrès de l’aviation de bombardement. ; * '
- Sans doute, l’artillerie de défense contre aéronefs (D. C. A.) et l’aviation de chasse demeurent plus que jamais nécessaires, mais elles forment une protection incomplète, un filet à mailles trop larges, qui peut laisser passer quelques appareils ennemis. Seuls, des ballons en nombre suffisant, élevés à la nuit tombante en des points judicieusement choisis et variant légèrement d’une nuit à l’autre, donc inconnus de l’ennemi, sont capables de dresser dans le ciel une barrière infranchissable.
- POSSIBILITÉS ACTUELLES
- Ces éminentes qualités du ballon de protection sont nouvelles. Elles sont dues, rappelons-le, à la création par le Commandant Letourneur, d’un type spécial de ballon dilatable à lobes, dans lequel l’étofie de l’enveloppe est tirée vers l’intérieur par des sandows et à la fabrication de câbles légers d’une résistance unitaire considérable, approchant de 400 kg par mm2.
- La combinaison de ces deux éléments autorise : une altitude de 7000 m avec un seul ballon, pouvant être portée au delà de 10 000 m, c’est-à-dire bien au-dessus du « plafond » de n’importe quel avion de guerre, par l’emploi de deux ballons en tandem; la sortie par vent de 75 km à l’heure sans formation de poches et sans manœuvres dangereuses; une souplesse et une résistance prodigieuses du câble, qui ne se rompt pas sous le choc de l’avion, mais se redresse dans l’espace, prêt à abattre une seconde victime.
- Que les constructeurs d’avions, de leur côté, cherchent
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- Sortie d'hydrogène /_____Ferro silicium - Tout venant
- Arrivée de
- soude
- Plateforme de
- Réfrigérant
- Tube de purge
- Bac a soude
- Fut de
- soude
- caustique
- Tubes
- en
- remplissage'
- Pompe g
- Bouleille
- purge
- Fig. 1. — Principe de la fabrication de l’hydrogène sous pression.
- La soude caustique arrivant en lûts est mise en dissolution dans le bac E, puis refoulée sous 250 atmosphères par la pompe B dans le générateur, formé d’un tube d’acier A. contenant du ferro-silicium en gros morceaux. L’hydrogène qui se dégage passe au réfrigérant C qui condense les petites quantités de vapeur d’eau entraînées et s’emmagasine directement en B dans des bouteilles en acier. Le silicate de soude formant le résidu de la réaction et l’eau condensée sont éliminés par des robinets de
- purge. (Documents VAérostier).
- une riposte, cela n’est pas douteux; des couteaux d’ailes, autrement dit des lames tranchantes placées sur le bord d’attaque, ont été essayés à Toulon et en. Angleterre, sans grand succès semble-t-il.
- Outre l’alourdissement imposé à l’avion et qui est autant de perdu pour la charge de bombes, le danger subsisterait pour les hélices ; on peut du reste se demander si un appareil rapide et lourdement chargé au mètre carré, môme ayant réussi à couper un câble, ne se trouverait pas irrémédiablement déséquilibré, promis à la chute verticale et au prompt châtiment des obus de la 1). C. A.
- Pratiquement, il est encore presque sans exemple qu’un pilote ayant touché un câble de ballon de protection soit revenu vivant au sol. L’expérience de la guerre, où cependant les ballons étaient loin d’avoir atteint leur perfection actuelle, prouve que des usines, des villes entières et Paris lui-même durant plus de six mois ont pu être protégés efficacement par des ballons à câble contre des raids d’aviation.
- Dès à présent, dit notre confrère Gaz de Combat (3), nous savons que les gouvernements étrangers prennent les mesures voulues pour être à même de constituer immédiatement, s’il était nécessaire, des barrages mobiles, mais efficaces représentés par des centaines de ballons dilatables montant à 7000 m.
- DIFFICULTÉS DE STOCKAGE
- Pour gonfler leurs zeppelins, les Allemands ont employé un système mixte, hélium-hydrogène, qui présente à peu près la même sécurité que l’hélium seul tout en n’exigeant qu’une quantité réduite de ce gaz coûteux : les ballonnets de sustentation sont gonflés à l’hélium, mais contiennent un ballonnet central gonflé d’hydrogène.
- Une enveloppe continue de gaz incombustible existe ainsi tout autour de l’hydrogène combustible; d’autre part, c’est seulement à l’aide d’hydrogène qu’on opère le « renflouement » régulier destiné à maintenir à peu près invariable la force ascensionnelle malgré l’osmose progressive à travers les enveloppes.
- En attendant que cette solution se généralise, l’hydrogène reste le seul gaz de sustentation actuellement utilisé et il est douteux qu’on en emploie jamais un autre pour les ballons de protection. Pratiquement, les « saucisses » doivent être gonflées avec de l’hydrogène industriel donnant une force ascentionnelle de 1180 gr par m3, puis elles peuvent être renflouées durant quelques semaines; au bout de ce laps de temps, l’air qui a pénétré par osmose a abaissé cette force ascensionnelle à 1000 gr environ et une vidange totale s’impose.
- Des leçons de la dernière guerre, il résulte que seul
- 1. Numéro de novembre 1936, auquel nous empruntons les renseignements sur le générateur à hydrogène sous pression. L’article original a été publié par le Commandant B. Périssée de Bédée, ancien pilote de dirigeables, dans Y Aérostier.
- l’hydrogène approvisionné sous pression a donné satisfaction, d’abord parce qu’il est pur et sec, donc possède une force ascensionnelle élevée et parce qu’il est instantanément disponible par la seule manoeuvre d’une vanne.
- La médaille, malheureusement, a son revers, qui est le poids et l’encombrement formidables des bouteilles en acier contenant ce gaz sous pression.
- Pour gonfler une seule fois et sans aucun renflouement un ballon d’observation B D de type ordinaire, il faut 135 bouteilles pesant chacune 80 kg, ce qui représente le chargement complet d’un wagon de 10 t. Quand ces bouteilles ont été vidées, il faut les renvoyer aux usines de l’arrière pour les faire remplir; cette opération, y compris les retards inévitables dans les transports, exige un bon mois !
- A bord des navires, la situation est pire encore. Pour un ballon d’observation du type utilisé par la canonnière Granit, il faut emporter 285 bouteilles pesant plus de 20 t; cet approvisionnement, correspondant à 1800 m3
- Fig. 2. — Courbe indiquant le prix en francs du kg de ferro-silicium (prix 1935-1936).
- Le prix le plus avantageux correspond au taux de 75 pour 100, que le nouveau procédé permet d’utiliser tandis que le procédé classique exige un taux de 98 pour 100.
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- environ de gaz, suffit pour un gonflement et les renflouements durant vingt-cinq jours. On conçoit que lors d’une croisière lointaine, il est impossible de compléter cette provision si elle vient à se trouver insuffisante, en sorte qu’une perte accidentelle de gaz peut priver entièrement le bateau de son ballon.
- PRODUCTION DIRECTE A 200 ATM
- Le nouveau procédé, dû aux patients travaux de M. Georges Jaubert, faisant suite aux recherches du capitaine Lelarge, présente la caractéristique de fournir directement de l’hydrogène à 200 atm., à l’aide d’un matériel peu encombrant.
- Dans les procédés actuellement utilisés, en France et à l’étranger, on produit l’hydrogène en répandant du silicium aussi pur que possible (98 pour 100) et en poudre impalpable à la surface d’un bain de soude caustique préalablement recouvert d’une légère couche de graisse anti-mousse. Agité par un moyen mécanique, le liquide manifeste une effervescence violente; l’hydrogène se dégage très chaud (107° environ) entraînant de cinq à six fois son volume de vapeur d’eau. Une quantité d’eau froide considérable est nécessaire pour maintenir le niveau du bain et pour alimenter le réfrigérant destiné, à condenser la vapeur d’eau entraînée. Le résidu de la fabrication est du silicate neutre de sodium.
- L’hydrogène se dégage à la pression atmosphérique, en sorte qu’une importante installation de compresseurs est nécessaire si l’on désire le mettre en bouteilles : le gaspillage d’énergie est évident puisqu’on laisse perdre sous forme de chaleur tout le travail fourni par la réaction chimique. De plus, le silicium à 98 pour 100 de pureté est extrêmement coûteux, d’autant plus que c’est l’un
- des corps les plus durs connus, qu’il est long et pénible de réduire en poudre.
- Dans le procédé Jaubert, on opère sur des blocs de ferro-silicium « en roche », c’est-à-dire plus gros que le poing et titrant 75 pour 100 seulement de silicium, ce qui correspond au prix minimum (fig. 2). Ces blocs sont entassés dans le panier d’un générateur autoclave (fig. 1), puis l’appareil est mis en température par un système d’amorçage, sans chauffage extérieur-.
- On injecte ensuite régulièrement une solution froide de soude caustique; les morceaux de ferro-silicium se dissolvent « comme du sucre dans l’eau », avec un intense dégagement de chaleur. Néanmoins, l’appareil fonctionnant en autoclave hermétique, la pression s’élève sans que le liquide puisse bouillir et l’hydrogène s’échappe mélangé seulement de la petite quantité de vapeur d’eau qui correspond exactement à sa tension partielle à la température de fonctionnement.
- UNE & DÉVITRIFICATION » AVANTAGEUSE
- Dans le procédé habituel, sous pression atmosphérique, le résidu de la fabrication est du silicate neutre : Si + 2 Na OH + IJ20 = SI O3 Na2 + 2 IJ2.
- Il est curieux de remarquer que ce silicate neutre n’est autre qu’un véritable verre, analogue à celui qui forme nos vitres. Or chacun sait qu’avec les années, sous l’action des intempéries, le verre se dévitrifie, c’est-à-dire que son alcali (soude, potasse, chaux) se trouve progressivement éliminé, tandis que la silice est mise en liberté sous la forme d’une poudre impalpable qui rend le verre complètement opaque.
- Cette dégénération séculaire se produit avec rapidité sous l’action de l’eau surchauffée et l’on pourrait se demander si, dans le générateur autoclave, où la température s’élève à 200° ou 250°, le silicate neutre, véritable « verre soluble », ne serait pas attaqué de même. C’est en effet ce qui a lieu; il se produit du silicate acide avec libération de soude qui se trouve disponible pour attaquer de nouvelles quantités de silicium. Ainsi, la quantité de soude se trouve réduite de moitié. On a finalement :
- Si O3 Na + H20 = Si O3 Na H + Na O H. et :
- Si O3 Na H + Na OH + Si + 2 H2 O = 2 Si O3 Na H + 2 H2.
- Un autre avantage en faveur du procédé à haute pression est que les impuretés, constituées surtout par quelques millièmes d’hydrogène sulfuré, d’hydrogène phosphoré et d’ammoniac, demeurent dans les résidus à l’état liquide et sont éliminés périodiquement avec le silicate.
- Si l’on songe que l’hydrogène sulfuré est un toxique et que l’un des
- Fig. 3. — Usine mobile sur remorque.
- De droite à gauche : radiateur soufflé par un ventilateur électrique; bac à soude avec agitateur électrique; grue à bras pour la manutention des fûts de soude; pompe à soude haute pression; tableau des interrupteurs et robinets; bouteilles de purge (le réfrigérant est en dessous), générateur avec portique de manœuvre. En trait mixte, la vaste bouteille de vidange du silicate, résidu de l’opération qui présente une certaine valeur et doit être
- conservé.
- Grue démontable
- Agitateur
- Bac à soude
- Générât rjL^rj-Bouteille de (Tw r~ vidange dup\j^ÿj^ silicate pÆvJfLJ
- l. Bouteille de purge
- 3 Radiai.
- Tableau de commandes
- Réfrigérant
- Pompe à soude HP
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- hydrogènes phosphores jouit du privilège à peu près unique, mais peu enviable, de s'enflammer spontanément à l'air libre, on conviendra que cette épuration a bien son prix !
- 11 suffit, par suite, de faire passer l’hydrogène dans un réfrigérant destiné à condenser la faible quantité de vapeur d’eau mélangée, pour obtenir un gaz pur, sec, de grande force ascensionnelle (pouvant atteindre 1200 gr) et sous pression, c’est-à-dire prêt à emmagasiner dans des bouteilles en acier.
- Notons également que la quantité d’eau froide nécessaire pour le fonctionnement du réfrigérant et pour l’alimentation du générateur est très faible, ce qui est un grand avantage en campagne. Pratiquement, il suffit de 1 1 d’eau au réfrigérant (au lieu de 25 1 avec l’ancien procédé) et de 4 1 au générateur par mètre cube de gaz produit.
- L’eau de mer peut être utilisée pour la fabrication sans qu’on ait à craindre la formation de produits chlorés; le procédé se trouve ainsi simplifié pour l’alimentation des ballons de marine.
- UNE RÉVOLUTION DANS L’AÉROSTATION
- Résumons les avantages apportées par le procédé Jaubert, qui constitue une véritable révolution dans le domaine entier du « plus léger^que l’air ».
- Le gaz est fourni sous pression, ce qui supprime la sujétion des compresseurs; la pompe à soude ne nécessite qu’une puissance insignifiante.
- L’appareillage est très peu encombrant; on peut installer une usine productrice sur une remorque (fig. 3) ou sur la plage arrière d’un navire de petit tonnage. Il est même possible d’établir de petits générateurs transportables pour le gonflement des ballons-sondes utilisés en météorologie (fig. 4).
- Le stockage sous pression, soit en bouteilles du commerce, soit dans des accumulateurs autofrettés, supprime le danger des vastes gazomètres qui offrent aux bombardements une cible de choix.
- Le ferro-silicium en blocs peut être stocké à l’air libre : il craint moins les intempéries qu’un stock de charbon ! L’approvisionnement de soude caustique est fait en fûts de fer mince, que l’on éventre au pic; il est deux fois moins important qu’avec l’ancien procédé.
- La consommation d’eau froide est cinq fois moins grande ; l’eau de mer peut être employée. Le gaz obtenu est sec et de grande force ascensionnelle.
- La réaction ne réclame ni chauffage pour la mise en train ni agitation mécanique.
- Les purges s’effectuent par la simple manœuvre de deux robinets.
- Le ferro-silicium à 75 pour 100 est très bon marché; la pulvérisation de ce ferro-silicium est supprimée. Le silicate acide formant le résidu de
- l’opération possède une certaine valeur industrielle. Si l’on tient compte de ces divers facteurs et de la réduction de 50 pour 100 sur la consommation de la soude, on arrive, pour le gaz, à un prix de revient très diminué.
- Les avantages ci-dessus sont tels que l’on peut envisager désormais, pour la plupart des ballons utilisés en campagne, la suppression de l’approvisionnement par bouteilles, une petite usine sur remorque suffisant largement pour gonfler et renflouer plusieurs unités peu éloignées.
- Pour la défense des villes, le nouveau procédé apporte également des qualités de souplesse, de rapidité et d’économie et achève la mise au point de ce remarquable moyen de protection : le ballon à câble, dont les populations civiles sont désormais en droit d’attendre le repos et la sécurité.
- Pierre Devaux.
- Ancien Élève de l’École Polytechnique.
- Fig. 4. — Petit générateur destiné au gonflement des ballons-sondes employés en météorologie.
- ACTINIES EN AQUARIUM '
- Il existe un autre genre d’actinies, fort petites, très peu connues pour cette raison, et surtout parce qu’elles ne sont visibles qu’en des endroits assez limités et à une profondeur telle, dans la plus basse zone des Laminaires, et au-dessous, que ses bancs ne sont guère accessibles que quelques heures chaque année.
- Corynactis oiridis est pourtant une actinie très remarquable, à tous points de vue, dont les petites colonies recouvrent entièrement certaines roches, et sont d’un 1. Voir La Nature, n» 2994, 1” février 1937.
- effet charmant dans l’aquarium marin. Aussi, nous lui devons une place d’honneur dans l’ordre des Actiniaires.
- Tantôt c’est un semis dense de ces petits animaux, délicatement colorés d’un même rose-violet vif; tantôt une disposition serrée de sujets tous jaune citron pâle avec disque vert tendre-. Car chaque famille pousse la coquetterie jusqu’à se parer de couleurs complémentaires qui lui sont propres, et qui varient un peu ou beaucoup de l’une à l’autre.
- Voici d’ailleurs quelques types de coloration :
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- Fig. 1. — Fragment d’une colonie de Corynactis viridis (photo Garnaud).
- Pied et Colonne Disque Tentacules
- Rose-violet vif Rose pâle Blanc transparent
- Jaune citron Vert lavé —
- Rose framboise Rose pâle Bruns
- Verts Jaune pâle —
- Corynactis prend des attitudes fort différentes; mais, pleinement épanoui à la lumière dans son attitude normale d’attente et de pêche, il peut être décrit comme ci-dessous : disque de 8 à 12 mm de diamètre, colonne proportionnellement large et courte. Tentacules externes assez peu nombreux et courts, terminés par une petite boule (d’où son nom de Corynactis), les tentacules internes réduits à un bourgeon peu important (lig. 1).
- Placée dans des conditions suffisantes, dans un liquide
- Fig. 2. — Tealia felina. Détails du disque et de la colonne, (photo E. Benicheti).
- très étudié et parfaitement pur, c’est une petite actinie très résistante. Elle aime une bonne lumière solaire, tamisée spécialement de préférence, et prolongée. Baignée de tels rayons, elle s’épanouit délicatement en même temps que toute sa famille et rivalise de beauté avec la colonie voisine, de coloration toute différente.
- Sa nourriture ne présente rien de spécial, si ce n’est la difficulté de nourrir de proies infimes les quelques centaines de petites bouches qui ne peuvent qu’attendre patiemment et qui « sentent » très bien que la nourriture est distribuée aux voisines. Ce travail extrêmement minutieux, puisque chaque part alimentaire doit être de la grosseur d’une tête d’épingle et qu’aussi bien aucune de ces parts ne doit tomber entre les individus où elle se corromprait, exige autant de patience appliquée que de temps. Du moins, l’une des premières récompenses est-elle l’aspect magnifique d’un tel rassemblement de ces merveilleux petits êtres...
- S’il est bien soigné, Corynactis ne tarde guère à se reproduire, selon le mode simple, par scissiparité.
- On observe un jour que la base s’ovalise, puis s’étrangle en son milieu, puis enfin se divise insensiblement et forme bientôt deux individus distincts qui, finalement, s’éloignent un peu l’un de l’autre.
- Par ailleurs, cette bête est si petite qu’il n’est guère possible de préciser autre chose. Elle se comporte comme Actinia equina précédemment décrite.
- Elle est évidemment sans danger aucun pour les poissons de l’aquarium, qui évitent de venir se reposer sur les colonies et préfèrent, bien entendu, des fentes sombres de roches qu’ils ont, au besoin, soigneusement nettoyées.
- *
- * *
- Mais passons maintenant à l’une des plus frappantes, des plus volumineuses, des plus diversement et richement colorées.
- Tealia felina atteint des dimensions importantes et peut être aussi large qu’une grosse soucoupe.
- Je crois que c’est bien l’un des plus beaux de ces arrangements naturels, et l’un des grands plaisirs du naturaliste amateur, de découvrir au bas de la zone des Laminaires, parmi les gros blocs ronds et presque immuables, une vaste flaque, à l’eau vite clarifiée, où s’épanouissent magnifiquement six, dix, vingt de ces grosses actinies, dont chacune présente une coloration différente !
- Celle-ci rose et blanc, celle-ci rouge vif, celle-là grise annelée de blanc, cette autre entièrement violette, puis encore celle-là vert glauque, ou rouge brun, ou de toute autre coloration, à tel point que l’on serait bien embarrassé de n’en choisir qu’une seule !
- Les tentacules sont nombreux, assez courts, généralement un peu effilés à leur extrémité, souvent annelés trois fois d’une teinte claire; ils s’insèrent dans le disque par un motif coloré et précis qui, à lui seul, permet de déterminer le genre (fig. 2 et 3).
- A l’état naturel, la bête est fixée à tel point qu’il est presque impossible de ne pas déchirer la base en la décollant. Comme elle est généralement installée dans une cuvette, sa colonne se trouve enfouie dans une forte épaisseur de sable moulier, dont les particules adhèrent
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- au tissu et le protègent. De cette façon, le disque seul est visible, largement étalé au-dessus du sable. Il n’est pas indispensable de reproduire exactement dans l’aquarium cette disposition, car Tealia felina s’accommode également de la roche nue.
- Comme toutes les actinies,, elle redoute l’attouchement venimeux des tentacules d'Anemonia sulcata, dont le contact flétrit tout aussitôt les parties atteintes et peut même entraîner la mort.
- (Nous aurons l’occasion, lorsque nous parlerons de l’anémone, de préciser une disposition spéciale pour isoler cette dangereuse voisine dans l’aquarium mixte.)
- Les plus grosses proies, et surtout les petits poissons vivants, sont instantanément acceptés, et c’est toujours un spectacle d’une tragique brutalité que d’assister à ces repas.
- Cette volumineuse actinie, alternant avec les colonies de minuscules Corynactis, compose une décoration remarquable du fond des bacs marins de certains amateurs, encore rarissimes malheureusement, qui n’ont pas craint d’affronter les difficultés préliminaires de telles installations.
- Du moins, sont-ils amplement récompensés de leur peine.
- Fig. 3. — Tealia felina épanouie (photo E. Benicheti).
- Au cours d’un prochain article, nous aurons à nous occuper d'Actinoloba dianthus, que j’appelle volontiers « Actinie-houppe », et d’Anemonia sulcata, véritable chrysanthème, dont certaine pigmentation s’intensifie beaucoup dans les conditions artificielles de tenue en appartement. (A suivre.) Jean Garnaud.
- L’INAUGURATION DU TRANSINDOCHINOIS
- Par des fêtes appropriées, dignes de l’événement qui s’inscrira comme une date historique dans les annales de notre empire colonial, Saïgon vient de célébrer l’achèvement du chemin de fer transindochinois qui relie désormais la frontière de Chine à la frontière du Siam.
- A divers points de vue, l’œuvre, conçue il y a quarante ans par M. Doumer, alors gouverneur général de l’Indochine, est d’une importance considérable. Sa longueur de 1744 km (sensiblement égale à la distance qui sépare Fez de Paris) est déjà, par elle-même, un chiffre impressionnant; et nous donnerons plus loin quelque idée des obstacles naturels qu’ont dû vaincre les ingénieurs. La voie sert de trait d’union entre les deux métropoles indochinoises, Hanoï et Saïgon, qui n’étaient encore reliées que par la route coloniale n° 1, plus connue sous son nom de Route Mandarine, que les automobiles mettent trois jours à parcourir, alors que les trains réduisent la durée du voyage à un jour et demi.
- Point n’est besoin d’insister sur les avantages économiques de l’ouvrage : il va donner un nouvel essor à l’agriculture, non seulement en offrant aux cultivateurs le moyen de convoyer leurs produits vers les lieux de consommation ou d’exportation, mais aussi en provoquant la mise en valeur de vastes territoires vierges où les colons européens ou annamites ne pouvaient pas tenter leur chance, jusqu’ici,
- en raison de l’inexistence de moyens de communication.
- Nous avions eu l’occasion d’observer, dans une étude sur l’hydraulique agricole en Cochinchine, que celle-ci manque de main-d’œuvre pour exploiter la fertilité prodigieuse de son sol, tandis que les provinces septentrionales (Tonkin et Nord-Annam) souffrent d’un surpeuplement qui fait que leur paysannerie mène une existence trop souvent misérable. Le chemin de fer va permettre à l’Administration d’organiser des migrations
- Fig. 1. — Le premier train qui a assuré la liaison transindochinoise.
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- massives qui s’en iront coloniser les riches terres inoccupées du sud. Et l’on peut noter encore, à ce propos, que la sous-alimentation qui sévit dans de nombreux districts du Tonkin et de l’Annam ne sera bientôt plus qu’un pénible souvenir, puisque le riz cochinchinois pourra s’exporter vers ces régions dans des conditions avantageuses.
- QUELQUES DÉTAILS TECHNIQUES
- Le tracé de la ligne dépendait de la configuration de l’Indochine, allongée, du nord au sud, sur 2000 km, et ne se prêtant aux grandes communications qu’entre la mer de Chine et la Chaîne Annamitique : c’est ce couloir littoral qu’empruntait déjà la Route Mandarine et que parcourt aujourd’hui le Transindochinois.
- Commencée en 1898, sa construction procéda par tronçons. En 1913, le Tonkin, l’Annam et la Cochinchine
- Fig. 2. — Danseurs de la cour de Hué.
- en avaient livré trois au trafic; ils totalisaient 905 km. En 1928, on mettait en service, dans le Nord-Annam, un tronçon de 299 km, qui assurait les communications ferroviaires entre Hanoï, Hué et Tourane. Il ne restait plus qu’à relier Tourane à Nhatrang, section de 540 km, pour que le Transindochinois fût achevé : c’est chose faite. Mais il convient d’observer que ce dernier tronçon, réservé, si l’on ose dire, pour la bonne bouche, présentait beaucoup plus d’obstacles et de difficultés que les autres.
- Dans cette partie du couloir littoral, se succèdent les rivières torrentielles, aux crues brutales. En outre, on s’y trouve sur la route des typhons; et le voisinage de la mer expose constamment cette section du tracé à l’envahissement des sables. Enfin, elle offre, sur de nombreux points, des terres inconsistantes ou des marécages aux boues épaisses.
- Le passage des cours d’eau a nécessité la construction
- de nombreux ponts ; l’un d’eux, qui chevauche l’estuaire du Song Darang, mesure 1200 m. La traversée d’un massif montagneux a imposé le percement d’un tunnel de 325 m.
- Parmi les autres travaux d’importance, beaucoup mériteraient une description; contentons-nous d’une énumération rapide. Dans la haute vallée du Song-Ca, abrupte et tourmentée, une portion de ligne aux courbes nombreuses, sur sa longueur de 1600 m, offre un terrain granitique de si mauvaise tenue qu’il a fallu prendre des mesures de consolidation, les remblais de plus de 12 m de hauteur alternant avec des tranchées de 6 m de profondeur.
- La traversée d’un marécage d’un millier de mètres de large, aux vases profondes et fluides, dont le centre est marqué par la gare de Chitanh, a exigé des travaux de fondations considérables; les remblais de 3 m d’épaisseur s’appuient sur des pieux battus dont la longueur totalise plus de 12 500 m.
- Citons encore les travaux exécutés dans la plaine de Phu-Yen, où la voie côtoie le rivage de la mer. Les sables mouvants sont arrêtés par des barrages de cactus et autres plantes judicieusement choisies. Les dunes sont immobilisées par de vastes plantations de filaos, le nombre des pieds dépassant le demi-million.
- Signalons encore que les travaux de terrassement ont exigé, pour cette section de Tourane à Nhatrang, le déplacement de 2 245 000 m3 de déblais, et que la quantité de béton mise en œuvre a été de 40 000 m3. Enfin, n’oublions pas de noter qu’il avait fallu construire une route de service de 75 km pour la partie du tracé qui s’éloigne de la Route Mandarine. Il va de soi que cet ouvrage a rendu les plus grands services pour les travaux d’établissement de la voie ferrée; en outre, il a livré l’accès d’une région nouvelle à la colonisation annamite et provoqué la mise en valeur de plusieurs milliers d’hectares d’excellentes terres.
- L’écartement entre rails du Transindochinois est de 1 m; les rampes ne dépassent pas 8 pour 100; le rayon des courbes ne descend pas au-dessous de 400 m. Le réseau autorise presque partout des vitesses de 70 km à l’heure; les exceptions sont constituées par deux tronçons, dont les longueurs respectives sont de 24 et de 26 km, la consistance de leurs remblais ne permettant pas de dépasser la vitesse horaire de 50 km.
- Les rames de voyageurs pour trains rapides comprennent des wagons-couchettes et des wagons-restaurants, qui sortent des ateliers des chemins de fer de la colonie, à Truong-Thi, près de Vinh. On peut en dire que ce sont des modèles du genre, que leur confort et leur élégance n’ont rien à envier au matériel roulant d’Europe et d’ailleurs. Les voitures de 4e classe, employées par les indigènes, sont propres, spacieuses et commodes, et les tarifs, nous assure-t-on, sont excessivement réduits : quatre fois moins élevés que dans tous les autres pays du monde, précisent les documents de source officielle que nous avons sous les yeux.
- L’ETHNOGRAPHIE A L’HONNEUR
- La capitale de la Cochinchine s’était préparée de longue date à célébrer l’inauguration du Transindochinois. Un
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- Fig. 4. — Muïng. Riches costumes multicolores et décorations métalliques.
- de femmes qui, vêtus de leurs costumes nationaux, formaient un ensemble aussi varié que pittoresque. On me permettra de faire ici quelques emprunts à la description que me fait, de cette fête unique en son genre, l’une de mes filles, qui vit en Indochine depuis une dizaine d’années :
- « Nous vîmes là, m’écrit Mme Henri M..., des choses aussi belles que curieuses, que, seules, des photographies nous avaient montrées jusqu’alors. Je n’aurais jamais cru à une aussi grande diversité de races et de types. Et combien de costumes ravissants qui auraient
- Fig. 3. — Tonkinoises. Fig. 5 — Man-Cocs (Tonkin)
- embranchement avait même été construit pour amener le premier train au centre de la ville, devant les tribunes officielles, dont la principale s’ornait de cette magique inscription : Hanoi-Saigon direct. Mais, dans les pays neufs plus encore que dans les pays vieux, l’imprévu joue parfois des siennes. Il se trouva qu’un train de marchandises avait déraillé quelque part en Annam et que le train d’inauguration eut l’impolitesse fort excusable d’arriver au rendez-vous avec une heure et demie de retard sur son horaire.
- Ce contre-temps n’eut pas le don de raccourcir les discours de circonstance, observation que nous enregistrons sans malice, d’autant plus que M. Silvestre, le gouverneur général par intérim, et M. Gassier, l’inspecteur général des Travaux publics, surent intéresser prodigieusement leur auditoire. Puis, ce fut l’imposant défilé des troupes, avec artillerie et tanks, et celui des délégations indigènes.
- Tous les groupes ethniques de l’Union Indochinoise étaient représentés dans cette procession. Les organisateurs avaient choisi les plus beaux types d’hommes ou
- Fig. 6. — Mois de Benmelhuol.
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- certes inspiré les plus fameux modellistes parisiens pour la prochaine saison !
- « Il y avait des Kahs, des Muongs, des Radés, des Tots, des Man-Cocs, et bien d’autres représentants de peuplades plus ou moins primitives, et aussi de purs Tonkinois et
- les Tots, habillés de bleu marine et de rouge, avec broderies d’un travail exquis, courte jupe très plissée, bandes molletières très volumineuses, et un étrange « chapeau à mortier ». Les Radés, qui sont des Mois de la région montagneuse proche de Hué, ne sont chaudement vêtus que
- Fig. 7. — Chain, costume noir.
- Fig. 8. —• Thaïs noires (costume noir en soie et un peu de vert).
- Fig. 9. — Thaïs blanches (corsage rose, sarrau de soie noire, grand plateau de paille).
- Fig. 10. — Malaises habillées en batik.
- Tonkinoises de Cao-Bang, des Laotiens, des Cambodgiens, des Malais, des Annamites, danseurs de la cour de
- Hué...
- « Certains de ces primitifs ont des costumes d’étoffes épaisses, car ils vivent dans les hautes régions; ainsi sont
- sur le buste, les jambes restant nues; ils portent des bijoux et des bracelets aux dimensions démesurées, leurs pendants d’oreilles étant des « os à moelle ».
- « Il est des Tonkinois des hauts plateaux dont le teint est absolument blanc; leurs femmes sont très belles et très fines; elles se vêtent d’un corsage rose et d’une grande jupe de satin noir ciré plusieurs fois roulé autour du corps.
- D’autres femmes de la même région, et non moins belles, étaient habillées entièrement d’un satin noir rehaussé d’ornements d’un vert vif. Dans un groupe, hommes et femmes étaient vêtus de bleu d’azur, de la tête aux pieds... »
- Victor Forbin.
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- POUR LA COMMANDE DES ÉCLUSES DU RHIN
- Dans un précédent article^1) nous avons indiqué les solutions électromécaniques apportées récemment à un curieux problème d’ « hydraulique » : la commande des portes de l’écluse Vauban, à Strasbourg, en fonction de la différence des niveaux existant de part et d’autre des dites portes.
- Nous décrirons aujourd’hui un autre dispositif, à membrane différentielle et fuite d’air, qui a été installé aux écluses du Rhin, également à Strasbourg.
- NÉCESSITÉ DE MÉCANISME DIFFÉRENTIEL
- On sait que, par construction, les deux portes d’une écluse présentent, en plan, une disposition en accent circonflexe, la pointe étant dirigée vers l’amont; le niveau étant toujours supérieur ou au moins égal de ce côté-là, la poussée de l’eau a pour effet d’appuyer énergiquement les deux vantaux, qui s’arc-boutent en prenant appui sur les bajoyers en maçonnerie. L’étanchéité est assurée par une portée en chêne.
- Si l’on tentait de mettre en marche la machinerie chargée de l’ouverture des portes tant que l’égalité des niveaux n’est pas établie, on risquerait de fortes surcharges et des avaries. 11 est donc prudent de soumettre les organes de commande de cette machinerie au contrôle impératif d’un appareil automatique soumis lui-même à la différence des niveaux.
- Le classique différentiel mécanique à pignons dentés, tel qu’il est utilisé dans l’automobile, fournit une première solution qui a été appliquée aux écluses Vauban, à Strasbourg. Deux flotteurs, installés dans des puits communiquant respectivement avec le côté amont et le côté aval de la porte, sont suspendus à des chaînes qui s’enroulent sur deux poulies à empreintes, solidaires de deux des trois axes du différentiel; le troisième axe entraîne les organes de commande, en l’espèce des contacteurs-basculeurs.
- Tout dispositif différentiel, autrement dit tout système présentant trois degrés de libertés liés par une loi, linéaire ou non, peut être utilisé; on concevrait, par exemple, un ensemble purement électrique tel que le pont de Wheat-stone ou une liaison plus complexe telle que les jonctions de répétition et de télécommande employées dans la marine.
- Les fluides apportent toutefois, dans les problèmes d’action différentielle à course limitée, des solutions particulièrement simples. Pour ce problème des portes d’écluses, on peut employer, par exemple, un cylindre communiquant par ses deux extrémités avec les deux nappes d’eau par des siphons; un piston, placé au milieu du cylindre, se trouve soumis à la différence des poussées hydrauliques et peut, par conséquent, commander un déclenchement ou même fournir une longue course pour une manœuvre. Ceci est important pour l’entraînement des
- 1. Voir La Nature n° 2973 du 15 mars 1936.
- contacteurs à rupture brusque, dans le cas où la commande des portes est électrique, ou pour l’entraînement d’une vanne-soupape quand cette commande est opérée hydrauliquement.
- MEMBRANE ET FUITE D’AIR
- Pour les écluses du Rhin, une commande différentielle a été réalisée sur ce principe mais avec une variante remarquable, dont nous trouvons une description détaillée dans la Revue d,Electricité et de Mécanique.
- Le piston est remplacé par une membrane ondulée, souple, dont les déplacements, extrêmement faibles, sont transmis à un régulateur Area à fuite d’air, qui forme un relais d’énergie permettant des actions mécaniques importantes.
- Nous avons précédemment indiqué le principe fécond de ces dispositifs à fuite de fluide. Une capacité A
- Comma n de
- Ah méritât‘°.‘
- Fig. 1. — Principe du relais d’énergie à fuite de fluide.
- Un fluide sous pression, généralement de l’air ou de l’eau, est admis, à travers un pointeau F formant frein, dans une capacité A d’où il s’écoule par un orifice O imparfaitement obturé par l’opercule B. Une très faible variation de traction sur le crochet C, solidaire de cet opercule, suffit pour provoquer une variation considérable de pression, capable d’agir sur le servo-piston P.
- (fig. 1) se trouvant alimentée en fluide sous pression à travers un pointeau-frein F, si on la laisse se vider régulièrement par un orifice O imparfaitement obturé par un opercule B, la pression existant dans la capacité A variera dans de très larges limites pour un déplacement microscopique de l’opercule B; ces variations de pression pourront être utilisées pour entraîner un piston moteur P.
- On a donc là un relais amplificateur d’énergie extrêmement sensible et susceptible de nombreuses applications.
- Voici comment ce double système, membrane différentielle, relais à fuite, a été appliqué pour la manœuvre des portes des écluses du Rhin (fig. 2). La figure représente le contrôle de la porte supérieure, séparant le bief amont du « sas » intermédiaire.
- Une conduite d’air comprimé A se bifurque en deux
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- Fig. 2. — Contrôle du fonctionnement des portes supérieures aux écluses du Rhin.
- A et A', arrivées d’air comprimé; Cn CL, F, pointeaux réglables; 15,, B.,, D , D.2j conduites; P,, Pa, débouchés des conduites au-dessous de la surface dans le bief amont et dans le sas. R boîtier, M membrane commandant l’opercule O par l’intermédiaire d’une équerre pivotant sur le couteau I. E, écrou de réglage du ressort antagoniste H; C. cylindre moteur commandant le sectionneur S qui interdit le fonctionnement du moteur des portes. La position pointillée, a, de la membrane correspond à un excès de différence de niveau, donc à l’interdiction (Alsthom).
- conduites B4 et Bs contrôlées par deux pointeaux réglables Ct et Cr Ces deux conduites vont déboucher à une certaine profondeur dans le bief et dans le sas, en sorte que la pression existant dans chacune de ces conduites est fonction du niveau correspondant.
- Deux dérivations D, et Da relient les conduites aux deux compartiments d’une chambre métallique R divisée par une membrane métallique M. Cette membrane est reliée, par un renvoi d’équerre, oscillant sur un couteau I, à l’opercule O d’un ajutage G. Une seconde admission d’air comprimé A', contrôlée par le pointeau F, alimente simultanément l’ajutage-fuite G et un cylindre servo-moteur C qui entraîne le sectionneur de manœuvre S.
- Tant que le niveau en Pt est notablement supérieur au niveau en Ps, la membrane M conserve la position a, indiquée en pointillé; l’ajutage G reste largement ouvert, le piston demeure en haut du cylindre C et le sectionneur S reste ouvert, interdisant la manœuvre des portes.
- Quand la différence des niveaux descend à une valeur suffisamment faible, déterminée par le réglage de l’écrou E qui contrôle le ressort K, les phénomènes inverses se produisent et la manœuvre des portes devient possible.
- Des dispositifs à temporisation ont été prévus d’autre part pour éviter des entrées d’eau trop violentes par les vannes d’emplissage du sas. A cet effet, l’ouverture de ces vannes est opérée en plusieurs étapes de quelques centimètres, séparées par des arrêts de plusieurs secondes. Ces diverses manœuvres sont faites automatiquement par de simples relais temporisés, qui mettent en circuit ou hors circuit les contacteurs de mise en marche des moteurs des vannes.
- P. D.
- LE BACTERIOPHAGE
- Bien que le rôle extrêmement important du bactériophage, au cours de certaines maladies infectieuses, ait été, depuis sa découverte par d’Hérelle, indiscutablement reconnu par la plupart des bactériologistes, sa nature resta fort longtemps discutée.
- . Depuis 1917, cette découverte a fait, comme on dit, « le tour du monde », mais les savants se sont longtemps partagés en deux camps. Les premiers, avec d’Hérelle, le considéraient comme une particule vivante, se multipliant aux dépens des bactéries et détruisant très rapidement ces dernières; en d’autres termes, ils considéraient que le bactériophage est un inframicrobe pathogène des microbes, comme ces derniers le sont pour un organisme vivant. Ceux du second camp le considéraient comme un ferment élaboré par le microbe pathogène lui-même à la suite d’une viciation nutritive, provoquant la lyse et la destruction de ce microbe.
- Durant quinze ans, de nombreux savants essayèrent de résoudre ce problème, bien exprimé par le Prof. Bechhold, grand maître de la physico-chimie : « ferment ou être » ?
- Plus de 5000 notes, mémoires et communications ont paru sur ce sujet.
- Aujourd’hui, l’opinion devient unanime que le bactériophage est un corpuscule vivant. La dimension des plus grands corpuscules ne dépasse pas un dix-millième de millimètre (0 ti. 1), et ils ont une forme sphérique (fig. 1). Bechhold et Schlessinger ont vu que, dans une culture d’un bactériophage donné, tous les corpuscules sont d’égal diamètre.
- ACTION BACTÉRICIDE DU BACTÉRIOPHAGE
- Voici, décrit par d’Hérelle, un exemple de l’action bactéricide du bactériophage in vivo et in vitro, qui a mis ce savant sur la voie de sa découverte :
- « Suivons un cas de dysenterie bacillaire de la manière suivante. Prélevons, dès le début de la maladie, un échantillon de selles; émulsionnons-en quelques gouttes dans un tube de bouillon et filtrons cette émulsion à travers une bougie Chamberland. D’autre part, isolons de ces mêmes selles le bacille dysentérique. Dans une culture jeune en
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- bouillon de ce bacille, ajoutons une goutte du filtrat et plaçons à l’étuve à 37°. Répétons la même opération chaque jour, en utilisant un nouvel échantillon de selles prélevé chaque matin. Aussi longtemps que l’état du malade reste grave, aucun phénomène ne se manifeste dans les tubes de culture auxquels a été ajoutée la goutte de filtrat de selles. Mais aussitôt que l’état du malade commence à s’améliorer, et même quelques heures auparavant, on observe que, deux ou trois heures après que l’on a ajouté au tube de culture du bacille dysentérique, la goutte du filtrat de,selles prélevée ce jour-là, la culture commence à s’éclaircir; cet éclaircissement s’accentue rapidement et le liquide est bientôt d’une limpidité parfaite : tous les bacilles se sont dissous comme du sucre dans l’eau ».
- Il apparaît donc, dans l’intestin du malade, au moment où les symptômes de la maladie s’amendent, un principe qui a la propriété de détruire et de dissoudre les bacilles dysentériques.
- Par la filtration à travers des membranes assez serrées pour empêcher le passage des corpuscules, Sertie a réussi à isoler les lysines bactéricides sécrétées par le bactériophage; elles peuvent dissoudre non seulement des bactéries vivantes, mais aussi certaines bactéries tuées par le chloroforme.
- Pratiquement, l’action bactéricide du bactériophage peut se manifester de trois façons. Dans les trois cas, le corpuscule du bactériophage se fixe sur la bactérie et cherche à y pénétrer de la même façon qu’agit le microbe quand il attaque un homme ou un animal. Une fois qu’il a réussi, le corpuscule se multiplie aux dépens de la bactérie envahie; il provoque alors des déformations qui augmentent jusqu’au moment où la bactérie éclate et se désagrège. Ces phases représentées schématiquement sur notre dessin (fig. 2), ont été récemment enregistrées sur un film microcinématographique à l’Institut Rockefeller de New-York.
- Lorsqu’une variété peu active de bactériophage attaque une bactérie relativement résistante, le corpuscule peut pénétrer dans la bactérie et même peut s’y multiplier lentement sans causer de troubles mortels. Peu à peu les deux êtres s’adaptent, vivent en symbiose et même se multiplient. En se divisant la bactérie contaminée transmet les corpuscules bactériophages aux cellules filles ou aux spores. De nouvelles bactéries seront ainsi porteuses de corpuscules de bactériophage. Ce deuxième mode d’action, comme nous le verrons plus tard, joue un grand rôle dans la régression des épidémies.
- Enfin, quand le bactériophage s’attaque à une bactérie très résistante, son action est nulle et il périt.
- LE BACTÉRIOPHAGE EST CULTIVABLE
- Une goutte du milieu liquide dans lequel le bactériophage a dissous des bactéries sensibles à son action, ajoutée à une nouvelle culture des mêmes bacilles, produit la dissolution de ceux-ci. Une goutte de cette deuxième culture, devenue limpide par suite de la dissolution, ajoutée à une troisième culture en provoque aussi la dissolution. Cette série peut être continuée indéfiniment avec le même résultat. Effectivement, une milliardième partie
- de 1 cm3 d’une culture bactérienne devenue limpide sous l’influence du bactériophage est suffisante pour provoquer la dissolution totale des bactéries d’une culture à laquelle on l’ajoute.
- Pour ceux qui ont considéré le bactériophage comme un ferment, ce phénomène se présentait (in vivo et in vitro), dans un milieu liquide, comme un phénomène de lyse et sa persistance au cours des passages successifs a été attribuée à la sursaturation comme lorsdelaformation des anti-corps et des cryptotoxines (La Nature, n° 2975). Toutefois les ensemencements de bactériophage sur milieu solide, par exemple des colonies microbiennes développées sur gélose dans des boîtes Pietri, démontrent qu’il est réellement cultivable. De même qu’un microbe déterminé forme des colonies dont l’aspect varie selon la composition du milieu, de même le bactériophage forme des colonies dont l’aspect varie selon l’espèce microbienne sensible sur laquelle il a été ensemencé. Plus encore, comme le montrent nos photographies (fig. 3 à 8), diverses races de bactériophage ensemencées en même temps et sur la même variété de microbes pathogènes produisent des colonies dont l’aspect varie, ce qui démontre la diversité des caractères individuels de ces races.
- La seule différence est que les microbes forment généralement, sur un milieu solide, des colonies en relief, tandis que le bactériophage creuse des trous ou, comme les nomme d’Hérelle, des « plages », ce qui est d’ailleurs compréhensible, puisque le milieu solide de sa culture est formé ici des bactéries que le bactériophage détruit. Chaque plage représente une colonie de corpuscules bactériophages issus d’un corpuscule original unique.
- Chaque segment de la gélose (fig. 3 à 7) a été enduit de la culture microbienne appropriée, puis d’une souche différente du bactériophage actif pour le microbe en question. Par contre, les segments marqués sur nos photographies par la lettre a n’ont pas été enduits du bactériophage et servent de témoins.
- Dans la seule boîte de la figure 8, toute la surface ensemencée en bacilles coli a été enduite avec plusieurs souches de bactériophage préalablement mélangées, souches actives pour différentes espèces microbiennes. Chaque souche a produit des plages dont les aspects lui sont propres.
- Si le bactériophage était un simple ferment, il est évi-
- Fig. 2. — Phases successives de l’action du bactériophage sur une bactérie. Les corpuscules noirs sont ceux de bactériophage.
- Fig. 1. — Corpuscules de bactériophage grossis 3200 fois.
- Éclairage monochromatique en lumière ultraviolette. (Microphotographie F. M. Burnet.)
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- dent que son action devrait se manifester sur toute la surface enduite. Or, son action, comme le démontrent nos photographies, ne se manifeste que sur certains endroits et plus ou moins activement. Les endroits qui sont restés intacts sont ceux recouverts par un milieu dans lequel les corpuscules bactériophages faisaient défaut ou étaient peu actifs.
- Cette formation de « plages » sur un milieu solide rend facile l’obtention de races pures du bactériophage. Il suffit de toucher avec un fil de platine la surface d’une plage isolée pour prélever le nombre de corpuscules nécessaire pour l’ensemencement. En trempant ensuite le fil de platine dans une culture des bactéries sensibles en milieu liquide, on obtient la destruction complète de ces bactéries et le milieu devenu limpide est une culture pure de corpuscules du bactériophage.
- CARACTÈRES MORPHOLOGIQUES DU BACTÉRIOPHAGE
- Les races de bactériophages offrent autant et sans doute même beaucoup plus de diversité que celles des microbes. D’Hérelle affirme que parmi les innombrables races du bactériophage que l’on a pu isoler, il n’en existe pas deux qui soient parfaitement identiques.
- La virulence varie d’une race à l’autre. On rencontre des races dont un seul corpuscule ajouté à une culture d’une bactérie sensible, renfermant des milliards de germes, suffit pour les dissoudre tous en l’espace de quelques heures. Par contre, d’autres races sont si faibles que des milliards de corpuscules bactériophages ne provoquent qu’un léger retard dans la croissance des bactéries. Entre ces deux groupes extrêmes on trouve des races innombrables dont les degrés d’activité sont intermédiaires.
- De même qu’il n’existe aucun microbe pathogène pour toutes les espèces animales, il n’existe non plus aucune race de bactériophages qui soit pathogène pour toutes les espèces bactériennes. Mais de même qu’on rencontre des microbes qui sont pathogènes pour plusieurs espèces animales, on rencontre des races de bactériophages qui sont pathogènes à la fois pour plusieurs espèces bactériennes.
- La virulence d’une souche de bactériophages faible peut être exaltée par des passages successifs sur des bactéries sensibles, exactement de la même façon que l’on exalte la virulence d’un microbe pathogène par des passages successifs sur l’animal sensible.
- Les bactériophages montrent une résistance très variable à la chaleur. Certaines races sont tuées par une exposition de 10 mn à 52°, alors que d’autres peuvent supporter jusqu’à 80°.
- Les antiseptiques détruisent le bactériophage, et sa sensibilité aux toxiques est généralement intermédiaire entre celle de la forme végétative des bactéries et celle de leurs spores. Mais de même qu’un microbe pathogène peut s’adapter progressivement à une dose d’antiseptique tout d’abord mortelle, on peut également adapter un bactériophage à résister à des doses croissantes.
- Dans une culture, une fois toutes les bactéries détruites, les corpuscules bactériophages ne peuvent plus se développer; ils restent alors à l’état de vie latente, comme le
- font d’ailleurs la plupart des êtres inférieurs quand le milieu est épuisé ; la durée de cette vie latente est variable d’une race à une autre, et d’Hérelle a rencontré des races survivant un minimum de quatre mois et un maximum de quinze ans.
- Particularité curieuse notée par d’Hérelle : les bactéries qui se sont adaptées au bactériophage, autrement dit ses porteurs, acquièrent une vitalité extraordinaire. Ce savant a retrouvé vivante après quinze année, en tube scellé, une souche mutante sous l’action du bactériophage, de bacille dysentérique, alors que cette même souche, normale, ne survivait pas plus de deux mois sans repiquage. Ce phénomène explique peut-être les modifications des caractères des souches microbiennes que les bactériologistes conservent dans leurs collections, et il est actuellement étudié attentivement dans les laboratoires d’Allemagne et des États-Unis.
- Une autre particularité du bactériophage est de rendre aflagellés des microbes flagellés, c’est-à-dire de transformer certains microbes mobiles“en immobiles. Ceci explique le fait connu des bactériologistes que le bacille coli isolé d’un organisme malade est le plus souvent immobile et n’acquiert sa mobilité qu’après le troisième ou le quatrième repiquage. La symbiose la plus commune du bactériophage est justement celle qu’il contracte avec le bacille coli.
- Bordet et Ciuca ont démontré que le sérum d’un animal soumis à des injections répétées d’une souche déterminée du bactériophage acquiert la propriété d’inactiver ensuite spécifiquement ce bactériophage. Les microphotographies qu’on a réussi à prendre récemment du phénomène montrent que ce sérum agglutine les corpuscules bactériophages de la même façon, tout au moins visiblement (fig. 9), que s’effectue l’agglutination des diverses bactéries (La Nature, n° 2975). Toutefois, les corpuscules bactériophages ne sont pas détruits par le sérum antibactériophage ; ce dernier neutralise seulement les lysines sécrétées. Aussi, en agissant de cette façon sur une souche de bactériophage active vis-à-vis de plusieurs espèces microbiennes, on peut neutraliser totale ment son action sur une seule espèce, en laissant intacte son action bactéricide sur les autres espèces. Sonnenschein a démontré que cette propriété d’inhiber l’action d’un bactériophage se rencontre parfois à l’état naturel chez des individus normaux : on la rencontre surtout pour les souches du bactériophage agissant contre le staphylocoque ou le streptocoque; le pouvoir bactéricide des corpuscules du bactériophage est souvent très faible et même, pour ainsi dire, nul chez les sujets prédisposés aux affections causées par ces germes.
- SIÈGES DU BACTÉRIOPHAGE
- Le bactériophage n’est pas héréditaire, il fait son apparition chez tout homme et tout animal, peu de jours après la naissance, et il vit ensuite dans l’intestin, en symbiose avec le bacille coli.
- Peu après sa découverte dans la flore intestinale, d’Hérelle le chercha dans l’eau d’égout et put l’en isoler. La dissémination du bactériophage dans les milieux extérieurs est actuellement démontrée. Il y est apporté
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- Fig. 3 à 8, — Action bactéricide du bactériophage sur divers bacilles.
- De gauche à droite. Enhaut: Bacille coli; Entérocoque; Bacille pyocyanique. En bas : Staphylocoque; Bacille typhique; Action bactéricide sur le bacille coli d’un mélange de six races de bactériophages actives pour ce bacille. (Photographies de l’auteur.)
- tant par les déjections des hommes et des animaux que par les microbes qui le portent.
- On croyait jadis que le bactériophage se transmet au nourrisson avec le lait de sa mère. Maintenant on admet plutôt qu’il pénètre dans l’organisme humain ou animal par le milieu extérieur, comme les bacilles saprophytes de la flore intestinale.
- En résumé l’examen critique du comportement physiologique du bactériophage, en particulier son autonomie par rapport à la bactérie lysée; son pouvoir d'adaptation extrêmement développé; une variabilité considérable entre les diverses races de bactériophages et d’une même race dans le temps; la polyvalence d’un même bactériophage, c'est-à-dire le pouvoir d’attaquer simultanément diverses bactéries appartenant parfois à des espèces très éloignées les unes des autres; la possibilité de 1’établissement d’une symbiose entre un bactériophage et une bactérie, et enfin toutes les recherches récentes démontrent que le bactériophage possède l’ensemble des caractères propres aux êtres vivants; il est donc un virus, parasite des bactéries. Telle est la conclusion actuelle de la plupart des maîtres de la bactériologie et de la physico-chimie.
- Puisque le bactériophage déclenche une série de phénomènes qui amènent la guérison, il était tout naturel
- d’essayer de l’administrer aux malades afin de renforcer les processus naturels de défense de l’organisme. Il est employé de plus en plus par de nombreux praticiens pour lutter contre diverses infections tant locales que générales. Des guérisons, on peut dire sans aucune exagération miraculeuses, ont été obtenues grâce à l’application de ce puissant agent bactéricide. D’autre part les essais de son application à la prophylaxie collective lors des épidémies ont donné aussi des résultats remarquables. Nous y reviendrons.
- W. N. Kazeeff.
- Fig. 9. — Agglutination des corpuscules de bactériophage par le sérum anti-bactériophage.
- Le diamètre de chaque bloc d’agglutination est de 0 jj. 5 environ. (Microphotographie F. M. Burnet.)
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- = PÉCHELBRONN SE=
- SON GISEMENT - SA RAFFINERIE
- Si l’un de ses produits (l’huile Antar) nous est devenu familier, convenons que le nom de Péchelbronn et son existence même semblent être ignorés, ainsi que nous avons pu le constater à maintes reprises, par de nombreux Français. Et c’est regrettable à plus d’un titre : ce gisement pétrolifère est, avec Gabian, le seul que nous possédions jusqu’ici; c’est la plus ancienne exploitation d’huile minérale qui soit au monde; ses procédés d’extraction, qui lui sont spéciaux, élargissent, comme nous le montrerons au cours de cette étude, l’horizon
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- Fig. 1. — Coupes longitudinale et transversale à travers une galerie montrant la succession des méthodes d'exploitation mises en oeuvre à Péchelbronn.
- 1917. Galeries dans la couche pétrolifère; l’huile suintant des parois est recueillie dans des rigoles.
- 1922. Galeries tracées au-dessus du niveau de suintement de l’huile. Celle-ci est prélevée par des caniveaux dans le sable imprégné. 1925. Galeries tracées dans la zone stérile au toit des couches. L’huile est recueillie dans la zone imprégnée au moyen de puisards.
- de l’industrie du pétrole. Ainsi, patriotisme, histoire et science s’unissent pour proclamer que Péchelbronn mérite notre attention et, avec elle, notre sympathie.
- Oserons-nous rappeler que La Nature a déjà parlé de Péchelbronn ? Nous n’aurons pas à tenir compte de l’article, d’abord à cause de la date qu’il porte (14 février 1920), puis, et surtout, parce que, dans l’intervalle, la technique de l’extraction du pétrole alsacien s’est transformée radicalement. Mais nous tirerons de notre première
- étude l’avantage de pouvoir écourter notre préambule historique, sans dépouiller le sujet de tout l’attrait pittoresque que lui assurent ses vénérables annales.
- CINQ SIÈCLES D’EXISTENCE
- On peut fixer les débuts de ces annales à l’an 1498, quand le nom de Péchelbronn, alors orthographié Bechel-bronn (soit, en dialecte alsacien, la Source de Bitume), fait son apparition en littérature : Jacob Wimpheling le mentionne dans un de ses ouvrages, paru à Strasbourg, et nous apprend que, depuis des temps immémoriaux, les paysans de la région viennent recueillir les quelques gouttes d’huile qu’entraîne un petit filet d’eau, que l’on voit sourdre entre Merkwiller et Lampertsloch.
- Un autre auteur alsacien, Bernard Hertzog, bailli de Wœrth, publie en 1592 un recueil où, parlant de cette source, il nous apprend que les gens du pays en tirent « une graisse minérale qu’ils utilisent à guérir leurs plaies et à graisser leurs voitures ». Ce produit possède « des vertus spirituelles et corporelles ». Il nous révèle encore qu’un médecin, Jacob Niedhammer, a réussi à distiller la roche molle bitumineuse qui se rencontre aux abords de la fontaine et à lui faire produire une huile qu’il a pompeusement baptisée rnumiarn veram nativam ; il s’en sert pour guérir « la goutte, et le lumbago ».
- L’année suivante, Eliseus Rosslin, médecin réputé en la ville de Haguenau, fait paraître à Strasbourg un ouvrage dont un chapitre est consacré au Bitumen liquidum de Péchelbronn. L’auteur prouve son érudition en remarquant que cette matière était appelée Naphta par les Babyloniens. Il n’hésite pas à proclamer que ce liquide est identique au Petroleum « importé des pays étrangers », ce qui nous porte à croire que l’huile roumaine joua son rôle dans le commerce international dès le xvie siècle; et il nous fait cette autre révélation du plus vif intérêt : un chimiste de haute naissance, le comte de Hanau, savait obtenir, par distillation, une « huile de pierre » (Steinôl) dans un état de pureté absolue. Et le docte médecin de prôner l’emploi de cette huile purifiée pour guérir les douleurs rhumatismales, les tremblements nerveux, la paralysie des muscles et des nerfs, et bien d’autres maux.
- En 1627, les comtes de Hanau-Lichtenberg, seigneurs du pays, apposent leur sceau sur une pièce qui matérialise la première concession pétrolifère qu’un gouvernement ait jamais accordée : le bénéficiaire est un certain Michel Wecker. Document fort curieux, la lettre de concession commence par remercier Dieu le Tout-Puissant pour avoir doté le canton de Wœrth « d’une huile précieuse qui sort de terre et qui provient d’un or sulfuré ». Elle déclare ensuite que, si le gouvernement s’est décidé à faire exploiter la source, c’est parce que les savants qu’il a consultés lui ont découvert une nouvelle propriété plus mirifique encore que celles qu’on lui reconnaissait avant l’enquête:
- « Si l’on ajoute, précise l’acte, cinq à six litres de cette huile à un tonneau d’eau potable, cette dernière ne peut
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- plus se putréüer. L’eau peut ainsi se conserver pure et limpide pendant une demi-douzaine d’années. Cette vertu sera considérée comme une bénédiction céleste par les marchands et les marins dont beaucoup ont péri misérablement, en pleine santé, pour avoir été contraints de boire de l’eau corrompue. »
- La doyenne des sociétés anonymes pétrolières voit le jour à Péchelbronn, en mai 1741 : elle se propose d’exploiter une veine de sable bitumineux, découverte aux abords de la source. Bientôt, elle produit des quantités appréciables de « graisse de voiture », de « poix pour le calfatage des vaisseaux », tout en poussant la fabrication de « l’huile pharmaceutique », dont la vogue grandit d’année en année : sur l’ordre du duc d’Orléans, les médecins de l’Hôtel des Invalides l’expérimentent et reconnaissent ses « effets merveilleux pour le pansement des blessures ».
- PREMIÈRE PÉRIODE INDUSTRIELLE
- La société anonyme est à peine fondée que l’ère des difficultés intérieures s’ouvre pour elle; un procès s’engage entre concessionnaire et actionnaires ; il ne se termine qu’en 1758, et par la victoire du premier, qui demeure seul maître de l’affaire. Entre temps, on a commencé à creuser des puits dans la veine ; leur profondeur est portée de 30 pieds à 60 ; des galeries, dont la longueur totale atteint 450 m en 1765, suivent le filon; et c’est durant cette période, que se produit le premier accident qui révélera le caractère dangereux des gaz de la mine.
- Le baron de Dietrich, qui fut plus tard maire de Strasbourg (c’est chez lui que Rouget de l’Isle chanta pour la première fois sa Marseillaise), relate les faits en un long-article paru, la même année, dans le Journal des Savans. Nous apprenons que le fracas de l’explosion fut entendu à plus d’une demi-lieue, que la « hutte du puisard », les tuyaux d’aérage et les brouettes furent mis en pièces, que « deux mineurs eurent le visage entièrement dépourvu de peau » et que quatre autres furent « maltraités ».
- L’extraction s’effectuait de la façon la plus rudimentaire. Abrité dans une maisonnette de pierre, bâtie sur l’ouverture du puits, se trouvait un treuil, muni d’une corde, aux deux bouts de laquelle étaient accrochés le seau montant et le seau descendant. Les mineurs entraient ou sortaient par une échelle fixe. Le sable gras que l’on tirait des galeries était brouetté vers une usine installée près des puits, que l’on appelait le « Laboratoire »; on en séparait le bitume par un traitement à l’eau bouillante. Dans le même bâtiment, un alambic de fonte servait à distiller le bitume pour en obtenir des produits pharmaceutiques, de la poix, destinée au calfatage des vaisseaux, et de l’huile de lampe.
- L’année 1786 voit s’ouvrir une phase de grande activité. On creuse successivement, sur une autre partie de l’exploitation, cinq puits, d’une profondeur moyenne de 50 m, qui atteignent une veine beaucoup plus riche que les précédentes. Mais l’aérage des galeries ne fonctionne bien qu’en hiver, en raison de la différence de température entre l’air extérieur et l’air souterrain; en été, l’air lourd, humide et chargé de gaz ne peut plus être chassé des galeries, et le travail d’extraction est suspendu. En dépit de ces mois de chômage, durant lesquels les
- Fig. 2. — Maquette montrant comment s’effectue actuellement l’exploitation aux mines de Péchelbronn.
- Au centre : puits pour l’extraction des déblais; la circulation du personnel et l’aérage; la galerie tracée dans le stérile est équipée de place en place de puisards descendant jusqu’à la couche pétrolifère. De ces puisards partent des sondages dirigés vers les bouches inférieures et par lesquels on chasse le pétrole, au moyen d’air comprimé, vers les trous de sonde voisins.
- 70 mineurs font besogne d'ouvriers agricoles, la production annuelle est de 100 t de « graisse raffinée ».
- OU L’EXPLOITATION SE DÉVELOPPE
- Nous ne saurions donner ici une monographie complète de Péchelbronn; mais nous ne pouvons passer sous silence ce fait remarquable que le gisement et sa raffinerie restèrent la possession de la famille Le Bel pendant plus d’un siècle et que sa direction passa de père en fds au cours de quatre générations, circonstance qui explique d’autant mieux la prospérité grandissante de l’exploitation que tous ces Le Bel furent des hommes de haute valeur; on leur doit de nombreuses améliorations et inventions, dont plusieurs sont encore employées dans
- Fig. 3. — La maquette etc la figure 2 vue sur une autre face.
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- l’industrie pétrolière : telle, la colonne de fractionnement, imaginée par Achille Le Bel en 1875 et qui fait partie de l’équipement de nos plus modernes raffineries de pétrole. Mort il y a quelques mois, à un âge avancé, ce même savant restera comme une des gloires de la chimie organique, qui lui est notamment redevable de la théorie stéréochimique du carbone. Cette généalogie de grands industriels s’enrichit d’un autre nom : celui de l’illustre chimiste Boussingault, entré dans la famille Le Bel par voie de mariage et qui fut pour elle un précieux collaborateur.
- Tout en fonçant des puits de plus en plus profonds et en s’attaquant sans cesse à de nouvelles veines, la compagnie ne varie pas son mode d’extraction. Il faut attendre l’année 1863 pour qu’une chose nouvelle s’inscrive dans les annales de Péchelbronn. L’un des nombreux sondages
- que l’on forait, déjà depuis quelque temps, pour explorer le sous-sol, produit une source jaillissante, la première que l’on ait jamais enregistrée sur toute l’étendue du gisement. Cette source est d’un faible débit : 10 1 par semaine, mais des litres d’une huile légère, qui est bel et bien du pétrole. L’événement active les recherches ; et l’on rencontre de nouveaux jaillissements. En 1865, un puits de 83 m atteint une couche de sables d’une exceptionnelle richesse; et c’est alors que se manifeste la seconde nouveauté : pour la première fois, les mineurs voient couler de Y huile de suintement, le long des deux galeries encadrant le filon, large de 16 à 19 m, sur une épaisseur moyenne de 2 m 30.
- Les destinées de Péchelbronn franchissaient un nouveau tournant : le travail des mines allait subir une modification radicale. La révolution s’opéra prudemment, par étapes. On continua d’extraire du sable bitumineux et de le traiter à l’eau bouillante, mais en le demandant aux galeries d’avancement ou de recherche; cette extraction, qui était encore de l’ordre de 4000 t par an, de 1867 à 1871, tomba à 2000 t en 1872, à 431, en 1873, pour cesser complètement en 1875. Désormais, ce procédé onéreux était détrôné par l’huile de suintement qui, s’écoulant d’elle-même le long des galeries, réduisait les frais d’exploitation dans des proportions considérables.
- Nous ne résistons pas à l’envie de citer une anecdote qui nous paraît bien savoureuse; nous l’empruntons, comme tant d’autres faits consignés dans ces colonnes, à Historique de Péchelbronn, de M. Paul de Chambrier (l). Frédéric-Achille Le Bel, qui dirigeait alors les destinées du bien ancestral, fut épouvanté par les violentes irruptions de sable mouvant, d’huile et de gaz, qu’accompagnaient de bruyantes détonations. La nouveauté de ces phénomènes lui fit croire que sa mine était perdue : au cours de janvier 1867, par deux fois, les galeries avaient été envahies sur une longueur de 30 m par le flux de boue huileuse. Cédant à ses appels désespérés, l’ingénieur O. Relier accourut de Paris et le tranquillisa : c’était le triomphe, et non la ruine, qui venait de couronner ses efforts, sa persévérance et sa foi.
- Termes qu’il convient de retenir : en eux se résument des traditions qu’observe encore la direction actuelle du gisement.
- SOUS LE RÉGIME ALLEMAND
- La guerre de 1870 ne changea rien à l’administration de Péchelbronn, qui poursuivit ses destinées sous une nouvelle génération de Le Bel. La prospérité de la société, qui récoltait
- 1. Édité par Attinger frères, actuellement épuisé, M. Paul de Chambrier fut le directeur des mines et usines de Péchelbronn de 1894 à 1918.
- Fig. 4. — Schéma du pompage de l'huile au fond, tel qu'il est pratiqué aujourd'hui dans les mines de Péchelbronn.
- Réservoirs de décantation et de mesurage
- Station de pompage du jour
- 03 1 >Huile humide
- -------, Station de décantation
- k. la raffinerie
- Aspirateur
- Puisards
- :iîjPuits ou sondage
- f Monte -jus non automatique
- Bassins principe de rassemb/emt/
- Pompe à main
- Monte-jus automatique
- Refouleur
- automatique
- Soupapes automatiques
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- Sondages
- Monte-jus' \ automatiquf
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- Puisards
- Sondages
- Couches pétrolifères
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- Fig. 5. — Groupe de sondages d'exploration dans la région de Kutzenhausen.
- maintenant plus d’huile brute qu’elle ne pouvait en traiter dans ses raffineries, au point qu’elle devait en emmagasiner dans des réservoirs à ciel ouvert, lui permettait de moderniser son outillage, d’équiper ses puits de pompes à vapeur pour l’épuisement des eaux, d’installer des voies ferrées au long des galeries, d’acheter des foreuses perfectionnées pour la poursuite de sa campagne de sondages de prospection.
- L’année 1880 ouvrit une nouvelle ère pour le gisement alsacien. Un premier sondage, poussé à 153 m, vit jaillir une huile légère, jusqu’alors inconnue à Péchelbronn, contenant de la benzine et de la paraffine. La preuve était faite que des couches de pétrole existaient au-dessous de celles que l’on exploitait par galeries, et que leur fluide, grâce à l’abondance de ses gaz, remontait de lui-même à la surface. Deux années plus tard, à la profondeur de 142 m, un sondage produisait une nouvelle source jaillissante de 30 t par jour. Ces découvertes se multiplièrent rapidement; nous citerons celles qui furent les plus brillantes : les rendements initiaux de deux puits s’élevèrent respectivement à 75 et à 80 t par 24 h.
- Dans l’ensemble, ce fut là un événement capital pour Péchelbronn qui, en attendant l’agrandissement de sa raffinerie de Merkwiller, produisait du brut à ne savoir qu’en faire. Cette pléthore devait entraîner bientôt la cessation de l’exploitation souterraine. En raison de brutales venues de gaz et de sable imprégné, qui intensifiaient les risques d’incendie, les galeries devenaient très dangereuses.
- En 1889, la société par actions Pechelbronner Oelberg-werke, constituée par des capitaux cdsaciens, se substituait à la Compagnie Le Bel. Certaine désormais de ne pas manquer de matière première, elle commençait par agrandir sa raffinerie, rachetait celle de Soultz-sous-Forêts, les reliait bientôt par 4 km de voie ferrée, activait les opérations de forage. La production d’huile brute passait de 6181 t, en 1889, à 11 703 en 1890; elle s’élevait, durant les années suivantes, à une moyenne de 15 000 t. Les sources jaillissantes se multipliaient, au fur et à mesure que les foreuses étendaient leur champ d’action, en superficie comme en profondeur. Au début de 1906, on
- comptait 74 de ces sources d’huile, exploitées par pompage automatique, après quelques années de jaillissement naturel; quinze dépassaient la profondeur de 300 m, avec un maximum de 362 m.
- Ce fut au courant de cette même année 1906 que la compagnie, malgré sa situation très prospère, céda tout son avoir à une société allemande, la D. E. A. (Deutsche. Erdoel-Ahtiengesellschaft), dans des conditions financières fort avantageuses. Après remboursement de son capital-actions, la société alsacienne pouvait distribuer à ses 3000 actions de 1000 marks le solde de la liquidation, montant à plus de 11 millions et demi de marks; durant ses 16 années d’exploitation, chaque titre (libéré) avait produit un rendement annuel de 41,3 pour 100.
- Cette liquidation s’était inspirée de différents motifs, de nature à ébranler la confiance des administrateurs en l’avenir. Déjà, la pression des trusts américains les avait contraints à limiter leur production d’huile brute; puis, le fisc allemand venait d’annoncer la prochaine réduction des droits d’entrée sur les huiles étrangères, ce qui signifiait, pour Péchelbronn, une diminution de bénéfices, de l’ordre de 300 000 marks par an; enfin, la puissante D. E A. s’apprêtait à faire une concurrence dangereuse à la société alsacienne, après avoir acquis deux exploitations pétrolifères voisines.
- La firme allemande, utilisant le matériel qu’elle avait apporté d’outre-Rhin, multiplia les chantiers de forage. De 1906 à 1918, elle exécuta un millier de sondages, dont plus de la moitié furent productifs. La production des trois concessions (Péchelbronn, Biblisheim et Dürren-bach) s’éleva, dès la première année, à 22 023 t, pour atteindre 46 911 t en 1913, et commencer aussitôt à fléchir, malgré le travail intensifié des sondeurs. Les sources jaillissantes se raréfiaient; la durée de leur jaillissement n’était plus que de quelques jours, (1914 ! Ne dirait-on pas que la bonne huile alsacienne rechignait à nourrir les moteurs de l’ennemi ?)
- Harcelée par le haut commandement de l’armée allemande, qui réclamait un meilleur rendement, la direction décida, en 1916, de recourir à l’ancienne méthode d’extraction souterraine. Un premier puits fut inauguré le 20 avril 1917 : à la fin de l’année, il avait livré déjà près de 7000 t;
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- et l’on prit des mesures pour creuser deux nouveaux puits en 1918. Mises sous séquestre dès la fin de la guerre, les concessions furent amodiées par l’État à la Société Anonyme d’Exploitations Minières (1), par décret du 31 octobre 1921.
- PÉCHELBRONN REDEVIENT FRANÇAIS
- Le domaine minier de la compagnie, augmenté d’une dizaine de petites concessions privées que l’on avait également mises sous séquestre, offre une superficie de 44 183 ha; il s’étend sur une longueur de 35 km, entre Brumath et Wissembourg, avec une largeur de 15 km.
- Le gisement est constitué par des couches ou « lentilles » de sable pétrolifère, enveloppées par des marnes imperméables; elles sont d’étendue, de formes et de dimensions très variables. Par exemple, elles peuvent s’étendre sur quelques décimètres carrés ou sur quelques hectares ; leur épaisseur peut n’être que de quelques centimètres ou dépasser 8 m. La zone exploitée par puits et galeries mesure environ 7 km de longueur et 2 km de largeur, la profondeur variant de 100 à 400 m. De nombreuses failles, presque toutes parallèles à la grande faille rhénane, compartimentent le gisement.
- Quand la compagnie française eut pris possession du domaine, elle ne tarda pas à modifier considérablement la méthode d’exploitation souterraine. Telle qu’elle fonctionnait depuis 1917, elle consistait à tracer des galeries dans la couche pétrolifère. Suintant du front de taille comme des parois latérales, l’huile s’écoulait dans des rigoles et s’accumulait au creux de bassins appropriés, d’où des pompes à tige l’envoyaient au jour.
- Jusqu’alors, on avait admis, d’après des expériences de laboratoire, que 1 t de sable, contenant 120 kg d’huile, en cédait 20 au trou de sonde (foré de la surface), que le drainage par galeries en obtenait 50 autres, et que le lavage du sable à l’eau bouillante permettait de récupérer presque intégralement le surplus. Mais les ingénieurs français ne tardèrent pas à reconnaître que ces calculs ne répondaient pas à la réalité et que la quantité de fluide retenue par le minerai, après drainage, était beaucoup moins importante que l’indiquaient les chiffres. Le « dépilage », soit l’évacuation du sable drainé, s’avérait donc comme une opération dispendieuse dont on pouvait se passer.
- Appliquée dès 1922, et sans cesse perfectionnée, la nouvelle méthode réalisa de notables améliorations. Les galeries furent tracées au-dessus du niveau de suintement de l’huile dans le sable, de sorte que les parois latérales restaient à peu près sèches. Creusé dans l’axe de la galerie, un caniveau traversait toute l’épaisseur de la veine et en recueillait les suintements. Le fluide s’accumulait dans des dépressions, d’où des pompes à air comprimé l’envoyaient aux bassins de rassemblement. Mais la méthode présentait encore quelques lacunes ; le creusement des caniveaux était laborieux; l’écoulement de l’huile laissait à désirer, et l’aérage des galeries s’en ressentait.
- L’esprit inventif des techniciens de Péchelbronn
- 1. Par abréviation, son titre social est « Péchelbronn S. A. E. M. ».
- s’attela résolument au problème, et l’élégante solution qu’ils imaginèrent reçut sa première application en 1925.
- INNOVATION OU RÉVOLUTION
- Au cours d’une récente visite à Péchelbronn, j’ai vainement tenté d’obtenir un nom auquel on puisse accoler la gloire d’avoir imaginé cette invention géniale; mon indiscrétion s’est brisée contre ce mur : Yesprit d’équipe qui règne parmi les ingénieurs du gisement alsacien. Je me contenterai donc d’en dire que c’est le fruit d’une collaboration à laquelle chacun apporte le même idéal d’inlassable dévouement et de tenace persévérance, et qu’elle fait honneur à la technique française. Le moins que l’on puisse en dire est qu’elle élargit singulièrement l’horizon de l’industrie pétrolière et qu’elle repousse loin dans l’avenir cette disette dont nous menacent les augures, car l’heure viendra où la méthode péchelbronnienne permettra de remettre en valeur les gisements abandonnés sur des apparences d’épuisement.
- En bref, le procédé consiste à conduire les galeries dans la roche stérile et non, ainsi qu’on l’avait fait jusqu’alors, dans le sable imprégné qu’elle enserre. Ces galeries sont creusées au « toit » même des couches, et l’on y aménage des puisards, de 0 m 80 à 1 m 25 de côté, approfondis à une vingtaine de centimètres au-dessous du « mur » (face inférieure) de ces couches. Ils s’espacent, tout le long de la galerie, par intervalles de 10 m, et recueillent l’huile qui suinte du sable, d’abord sous l’action des gaz, puis sous celle de la gravité seule. Leur profondeur varie selon l’épaisseur du filon : de 2 m en moyenne, elle peut atteindre exceptionnellement 6 m.
- Les voies d’exploitation forment un réseau constitué par deux systèmes perpendiculaires l’un à l’autre : des galeries d’allongement qui suivent la direction des couches et des plans inclinés qui en adoptent la pente. Les mailles de ce réseau mesurent généralement 1.00 m de côté: mais on peut les rendre plus lâches ou plus serrées, selon le degré de richesse de la zone qu’elles exploitent.
- Lorsqu’on se trouve en présence de plusieurs « horizons » pétrolifères rapprochés les uns des autres, on place la galerie au « toit » du plus bas ou, selon le cas, de celui qui paraît être le plus riche. Par des sondages forés de l’intérieur de la galerie, longs d’une dizaine de mètres, on draine les couches avoisinantes. Si la nécessité s’impose de creuser deux réseaux de galeries pour exploiter deux horizons rapprochés et d’une richesse reconnue, on les conduit de façon à pouvoir atteindre, par sondages, le centre des panneaux qu’elles encadrent, ce qui permet éventuellement de recourir à l’ingénieuse méthode que nous allons décrire, lorsque le drainage naturel donne des signes d’épuisement (fig. 3 et 4).
- Par des sondages verticaux ou obliques, on injecte de l’air comprimé dans la masse de sable; la pression exercée chasse l’huile vers les puisards et les trous de sonde voisins. On obtient ainsi un drainage poussé à ses extrêmes limites, ce qui, dans certains cas, dispense de creuser un réseau de galeries pour l’exploitation de couches ou de lentilles d’importance médiocre. Employée à Péchelbronn depuis une douzaine d’années, cette méthode fait songer à celles que commencent à généraliser les Américains
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- pour « revivifier » les vieux gisements : tantôt, ils envoient de l’air ou des gaz comprimés au fond du puits pour diminuer la densité du brui; tantôt, ils inondent un sondage, le poids de l’eau exerçant sur la roche-réservoir une pression suffisante pour y déplacer le pétrole et le refouler vers les trous de sonde avoisinants.
- Nous n’avons exposé que des cas généraux; mais Péchelbronn est un capricieux gisement qui tient sans cesse les ingénieurs en haleine, avec ses cas particuliers. Par exemple, si l’on tombe sur une formation d’une épaisseur considérable, il faut faire des emprunts aux anciens procédés et tracer les galeries de telle façon qu’elles mettent le sable pétrolifère à nu. Si l’on rencontre un étagement d’horizons productifs, trop serrés pour que l’on puisse y tracer commodément une galerie, on la creuse au « toit » de la couche supérieure, en y amorçant des « descenderies » (plans inclinés) qui traversent, en plein sable pétrolifère, la dizaine de mètres que peut mesurer l’épaisseur du « faisceau ».
- LES « PLANS DE RESSOURCES »
- Dans l’un des rapports que l’on a bien voulu me confier, lors de ma visite à Péchelbronn, j’ai relevé cette phrase : « On peut dire que le caractère de notre exploitation est la recherche permanente du minerai, sous le triple point de vue de l’existence de la couche, de sa situation et de sa productivité. » J’ajouterai à cette constatation les propos que j’ai recueillis de la bouche de M. André Pellissier, l’éminent directeur général de la société, depuis 1928 :
- « Oui, certes, Péchelbronn est le seul producteur français. Mais, quand on parle pétrole, en France, on ne se rend pas compte des conditions auxquelles se conserve ce titre. Notre vie se passe, pour ainsi dire, à courir après le minerai, recherches d’autant plus onéreuses que Péchelbronn est le type des gisements pauvres et dispersés, et que les lentilles pétrolifères ne sont plus rencontrées qu’à des profondeurs de plus en plus grandes. Les sommes que nous dépensons en travaux de recherches vont donc sans cesse en augmentant; pour l’année en cours, elles ne seront pas éloignées de 4 millions de francs... »
- Nous avons omis de préciser que l’exploitation par galeries n’est entreprise que dans des régions exploitées antérieurement ou simultanément par des sondages de surface, observation indispensable à la compréhension de ce que nous allons exposer. Avant d’aborder l’opération coûteuse qu’est le fonçage d’un puits, il faut savoir s’il donnera des résultats intéressants et se faire une idée de la quantité d’huile que pourra fournir le drai-iiage souterrain.
- Dans ce but, le Service géologique établit une carte où sont reportés tous les sondages de surface exécutés dans la région envisagée, en notant pour chacun sa production journalière initiale (par mètres cubes), sa production totale (en tonnes) et autres informations; les courbes de niveau des différents horizons pétrolifères sont également indiquées. Ces données servent de base
- ........................ ...........= 359 =
- à des calculs dont les résultats sont presque toujours exacts pour l’ensemble d’un « siège » ou d’un grand quartier de mine, bien qu’inexacts, dans le détail; en d’autres termes, les « plans de ressources » ne sont utilisables que pour l’étude préliminaire d’un gisement; mais ils ne sauraient servir de guides pour la conduite journalière de l’exploitation souterraine. Contentons-nous d’observer, parmi d’autres cas, que les galeries rencontrent souvent des couches productives qui, en raison de leur faible superficie, n’avaient pas été décelées par les sondages de surface.
- QUELQUES PARTICULARITÉS
- Comme me le faisait remarquer le jeune ingénieur qui voulut bien être mon cicerone, l’exploitation du pétrole par galeries, telle qu’elle se pratique à Péchelbronn, ne diffère pas essentiellement d’une mine de charbon, sauf
- sur un point : c’est la roche stérile que Ton remonte par les puits, tandis que le minerai utile, circulant dans un réseau de tuyauteries, reste pratiquement invisible.
- Le Service des Puits emploie 900 ouvriers, dont 150 « au jour »; ils sont répartis entre les trois « sièges » (ou unités) d’extraction. Sous terre, la durée de travail effectif est de 6 h; des primes spéciales tiennent compte des différences de distance entre le puits et les divers chantiers d’abatage.
- Tous ces ouvriers sont des enfants du pays; pour la plupart, ils sont mineurs de père en fils et possèdent, aux environs, quelques lopins de terre qu’ils cultivent. Je voudrais exprimer la joie que j’ai puisée, en ce milieu d’honnête et robuste paysannerie. L’atmosphère m’a paru quasi familiale, observation qui ne s’applique pas qu’aux mines, mais à toute l’étendue de l’exploitation. Les ingénieurs connaissent les ouvriers par leurs noms, et les colloques en tirent une sorte d’intimité qui, loin d’effriter la discipline, semble la consolider. On sent que chefs, contremaîtres, mineurs, mécaniciens et autres
- Fig. 6. — Le raffinage. La section de Lampertsloch où le brut est d'abord traité.
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- membres du personnel travaillent, avec un enthousiasme réfléchi, au succès d’une œuvre commune. Point de ces regards méfiants qu’on lit ailleurs dans les yeux des salariés, empoisonnés par le venin que distillent, à jet continu, les journaux et les tribuns qui vivent de la haine des castes : les « salariés » de Péclielbronn nous saluaient au passage, renforçant le coup de casquette d’un sourire discret.
- L’air comprimé est la seule force motrice utilisée dans les travaüx souterrains; c’est elle qui actionne les « marteaux piqueurs » au moyen desquels se poursuit l’abatage de la marne, les explosifs étant rigoureusement interdits. Parfois, on rencontre des bancs de grès ; une presse hydraulique se charge de les éliminer par éclatements. L’avance quotidienne est d’environ 3 m 25 par chantier; à ce taux on trace chaque année de 18 000 à 20 000 m de nouvelles galeries, que l’on boise au fur et à mesure. Depuis la reprise de l’exploitation souterraine (1917), on a creusé 215 km de galeries, ce qui s’est traduit par la remontée au jour de plus de 2 800 000 t de roche stérile.
- L’aérage des galeries est une question de haute importance dans toute mine à caractère grisouteux, ce qui, nous l’avons noté, est le cas de Péchelbronn, bien que les émissions de gaz y soient normalement assez faibles. Jadis, le renouvellement de l’air dans les travaux souterrains fut une source de continuels tracas, voire de cruelles angoisses, pour les exploitants qui ne disposaient, à cet égard, que de moyens rudimentaires. Il va de soi que, sous le nouveau régime, la question a été résolue d’une façon humainement parfaite. Les deux puits que comporte chacun des trois « sièges » sont pourvus de puissants ventilateurs, grâce auxquels les kilomètres de galeries, espacées en plusieurs étages, sont parcourus Sans cesse par un courant d’air. Des dispositifs spéciaux assurent la ventilation des culs-de-sac que sont les galeries én voie de creusement. Cette constante circulation d’air frais est un confort pour les mineurs : Péchelbronn offre cette particularité que, à l’encontre des observations géothermiques qui veulent que la chaleur interne augmente de 1° par 30 m, son sous-sol entregistre ce gain tous les 11 ou 12 m, si bien que la colonne de mercure enregistre dans la roche près de 40° à 400 m, profondeur du dernier étage de galeries.
- SONDAGES ET POMPAGE
- Nous avons mentionné ces sondages souterrains qui ont pour but de reconnaître et, le cas échéant, d’exploiter les lentilles dites d’accompagnement qui peuvent exister entre deux galeries superposées. On les exécute à l’aide de sondeuses portatives, actionnées à l’air comprimé, en leur donnant 5 cm de diamètre et une dizaine de mètres de longueur. On est amené, dans certaines circonstances, à forer, cette fois encore à partir des galeries, des trous d’exploitation, verticaux ou inclinés, de plus gros diamètre, et d’une longueur qui peut atteindre 200 m; on se sert alors de sondeuses plus puissantes, montées sur roues et actionnées par des moteurs à palettes. Le total des sondages intérieurs, exécutés pendant une année, est de l’ordre de 30 000 m.
- De 1917 à la fin de 1934, l’extraction par puits et gale-
- ries a produit 477 226 t d’huile « sèche » (séparée de l’eau qui l’accompagne en proportions plus ou moins grandes). La production annuelle se maintient entre 30 000 et 34 000 t, soit de 40 à 45 pour 100 de la production totale de Péchelbronn, le surplus provenant des sondages de surface dont nous parlerons plus loin.
- Ces 30 milliers de tonnes de « brut » proviennent de 7500 puisards, répartis le long de 190 km de galeries productives, la venue journalière d’huile, mélangée d’eau, variant de quelques litres à quelques mètres cub.es* d’un puisard à l’autre. La collecte de ce pétrole constitue un problème tout spécial, certainement unique au monde, et que les ingénieurs de Péchelbronn ont résolu d’une façon à la fois souple et pratique.
- Sans vouloir ni pouvoir entrer ici dans une description trop technique, nous indiquerons les grandes lignes du système. Le fluide est aspiré des puisards par des pompes ou par des « monte-jus » et refoulé dans des bassins de rassemblement, d’où des pompes électriques le remontent au jour; après avoir été séparé de son eau, le brut est expédié à la raffinerie. La conduite de refoulement prend place soit dans le tube du puits, soit dans un sondage de surface rencontré par les galeries ou foré tout exprès
- (fig- 4)- .
- Ces monte-jus sont d’ingénieux appareils, en forme de réservoirs cylindriques, d’une contenance de 800 1, et dans lesquels on fait le vide à l’aide d’un éjecteur à air comprimé. Des ouvriers les remplissent de pétrole, en ouvrant les vannes qui mettent en communication, avec une conduite sous vide, la tuyauterie plongeant dans chaque puisard. Dès que le plein est fait, le vide est intee-rompu et, sous l’action de l’air comprimé que l’on injecte dans l’appareil, le fluide est dirigé vers les bassins.
- Certains dispositifs que nous renonçons à décrire, de peur d’allonger démesurément cette étude, permettent de réaliser un pompage complètement automatique, qui n’exige aucune surveillance, à condition que le réseau d’air comprimé soit bien alimenté. Nous ne mentionnerons, à titre d’exemple, que la soupape automatique dont on équipe les puisards : ouverte lorsqu’ils sont pleins, elle laisse aspirer l’huile sans l’intervention du personnel, et se referme dès qu’ils sont vidés. Depuis quelque temps, les ingénieurs de Péchelbronn ont mis au point un refou-leur automatique, imaginé pour les puisards à forte production; immergé dans le liquide, l’appareil se remplit de lui-même; puis, l’admission d’air comprimé chasse l’huile dans la tuyauterie de refoulement.
- Soulignons que le réseau de pompage peut servir, le cas échéant, à l’épuisement des eaux d’infiltration, dans certains quartiers où les « coups d’eau » sont fréquents.
- MESURES DE SÉCURITÉ
- Les mauvais prophètes n’avaient, pas manqué, au début de l’exploitation souterraine de Péchelbroùn, pour là condamner comme une dangereüse utopie. L’expérience leur a donné tort : depuis 1925, la mortalité par accidents n’a pas dépassé 0,3 pour 1000 ouvriers et par an, bilan notoirement inférieur à celui que l’on enregistre dans les autres exploitations minières. Ce résultat est dû aux mesures prises par la direction; nos lecteurs en
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- connaissent déjà les principales : parfait aérage des galeries; emploi quasi exclusif de l’air comprimé comme force motrice. Sur ce dernier point, l’unique exception est offerte par les stations de pompage d’huile, actionnées à l’électricité, mais dans des conditions de sécurité qui ne laissent rien à désirer. 11 convient, d’ailleurs, de remarquer que, à l’encontre du grisou, qui est inodore, les gaz dégagés par le pétrole ont une odeur sui generis qui met les mineurs sur leurs gardes, si bien qu’ils peuvent évacuer à temps la galerie envahie par des vapeurs nocives.
- Les risques d’incendie sont conjurés par de multiples mesures : approvisionnement d’extincteurs à mousse aux chantiers d’abatage, près des machines, des bassins d’huile et d’autres points; portes métalliques pouvant barrer les galeries, à la moindre alerte; dispositif permettant d’envoyer de l’eau sous pression par les conduites d’air comprimé.
- 11 y a toujours à redouter de subites venues de gaz, d’huile, d’eau. Pour s’en défendre, on exécute sans cesse, sur le front de taille, des sondages dits de protection, de faible diamètre, en utilisant le marteau perforateur; la longueur de ces sondages totalise jusqu’à 180 000 m par an. On peut, si la venue est inquiétante, obstruer instantanément le trou à l’aide d’un appareil spécial, d’une étanchéité absolue.
- LES SONDAGES DE SURFACE
- Nous nous sommes étendu sur l’exploitation souterraine de Péchelbronn, et le lecteur nous accordera que le sujet le méritait. Si elle n’a pas fait école, jusqu’ici, c’est que l’industrie pétrolière en est encore à la période des vaches grasses. L’heure viendra, tôt ou tard, où l’application de cette méthode s’imposera pour la récupération de l’huile dans des gisements de profondeur modérée, peu aquifères et dont les gaz sont soumis à une faible pression. Adoptée pour des « champs » présentant ces caractéristiques et qui n’auront pas été préalablement appauvris par lès trous de sonde, il n’est pas douteux qu’elle assurera des rendements considérables. Et n’oublions pas (le gisement alsacien aura, si l’on ose dire, essuyé les plâtres !) que la preuve en est faite, désormais : cette exploitation par puits et galeries peut être conduite sans dangers excessifs.
- Nous serons plus bref sur le chapitre des forages de surface, dont la production s’élève en moyenne à 45 000 t de brut par an, Leur nombre était d’environ 650, au début de cette année; leur profondeur, s’étageant entre 400 et 600 m, totalisait près de 80 km, chiffre comprenant les sondages d’exploitation et les sondages d’exploration. La compagnie possède une cinquantaine de foreuses, toutes actionnées à l’électricité. Les sondages productifs sont équipés d’une pompe qui fonctionne automatiquement, sous l’action de cette même force motrice; l’huile débitée
- est refoulée dans des stations centrales; elle circule dans un réseau de conduites qui l’amènent à la raffinerie. Tout autour de Péchelbronn, les champs cultivés sont parsemés de ces pompes à balancier, d’apparence si modeste, près du hangar où le réservoir s’abrite, que le paysage ne s’en trouve point incommodé; la belle forêt de Haguenau en cache quelques-unes, parmi ses hêtres et ses sapins.
- Au nombre des sondages d’exploration, celui qu’on a foré récemment dans la région de Kutzenhausen est digne d’une mention spéciale : à la profondeur de 936 m, il a rencontré une formation pétrolifère dans le trias, avec un débit initial de 3 à 4 t par jour. Ce résultat fournit une indication si précieuse que la compagnie envisage actuellement l’acquisition d’une foreuse américaine du
- système rotary, dont le trépan pourra descendre à 3000 m.
- Les spécialistes autorisés estiment que la direction s’engage là sur une voie riche de promesses, car les preuves abondent que le sous-sol du gisement alsacien recèle des réserves d’huile dans ses profondeurs. Souhaitons ardemment que cette perspective se réalise avant peu et se révèle d’importance : elle éclaircirait singulièrement l’horizon pétrolier de la France et, du même coup, apporterait à la direction de Péchelbronn, à ses ingénieurs, à son personnel, tous unis dans une commune foi, la récompense de leur persévérant labeur (1).
- 1. Cette rotary américaine, dont le coût s’élève à deux millions de francs, fonctionne depuis plusieurs mois à Péchelbronn; elle va permettre de pousser la reconnaissance en profondeur sur toute la concession. A la mi-mars, le trépan travaillait déjà à plus de 900 m du sol.
- Fig. 7. — La distillerie du résidu 65 à Merkwiller (production des huiles de graissage,
- paraffine, brai et coke).
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- LES RAFFINERIES
- Nous avons dit que le bitume de Péchelbronn fut distillé sur place dès la fin du xvie siècle; et c’est rappeler là que le gisement alsacien possède une installation de raffinage qui peut se réclamer du'titre de doyenne pour le monde entier. Ne suivons pas son évolution pendant ces âges lointains; ne la reprenons qu’à partir de 1768, qui est la date d’un plan manuscrit que j’ai pris plaisir à étudier, lors de ma récente visite. L’auteur y place les bâtiments de la manufacture, en les accompagnant de légendes dont il convient de respecter l’orthographe :
- « Le laboratoire où se fabrique l’oingnor. » (Du vieux mot oing qui désignait la graisse dont on oignait les essieux de voiture.)
- « Le laboratoire où se fait l’huile de pétrolie. »
- « Le magasin pour l’huile de pétrole et outils. »
- On y désigne aussi « Belcelbronn ou fontaine de l’huile avec ses eaux minéraZ/es et qui a fait de couvrir cette Mine ». Ce plan avait été sans doute annexé à l’acte de concession du 6 novembre 1768 où l’on relatait l’importance de la manufacture qui, « depuis près de cinquante ans qu’on a fait la découverte de cette mine, n’a jamais été portée au degré de perfectionnement où elle est actuellement. »
- Si captivant que soit l’historique de la raffinerie de Péchelbronn, nous renonçons à l’exposer et nous passerons tout de suite à l’étude de son état actuel. Située presque au centre du gisement, elle compte trois groupes d’usines, couvre une superficie de 250 000 m2 et peut traiter par an plus de 115 000 t de brut. En 1935, elle a raffiné 77 000 t produites par son propre champ; 30 000 t provenant de l’Amérique du Sud se sont ajoutées à son pétrole « national », dont le rendement industriel s’établit en moyenne, comme suit :
- Essence........................... 9 pour 100
- Pétrole lampant...................19,8 —
- Gasoil............................10,9
- Huiles de graissage...............36,5
- Paraffine......................... 2,5
- Brai, coke, résidus...............12 —
- Il saute aux yeux que la teneur en lampant et en huiles de graissage est particulièrement élevée.
- Bien que contigus, les trois groupes d’usines sont situés sur les territoires d’autant de villages, dont ils ont pris respectivement les noms : Lampertsloch, Merk-willer et Kutzenhausen. Le deuxième de ces termes sert à désigner l’ensemble des usines.
- Nous ne saurions aborder ici l’étude technique du raffinage du pétrole, sujet que nous avons traité déjà dans La Nature; mais nous pouvons enregistrer quelques observations spéciales à la raffinerie de Merkwiller.
- Telle qu’elle arrive des sondages et des galeries, l’huile alsacienne contient environ 35 pour 100 d’eau salée, ainsi que de la terre en suspension. C’est dans la section de Lampertsloch que l’on élimine ces impuretés. Le brut' séjourne d’abord dans des réservoirs où des serpentins à vapeur élèvent légèrement sa température; il achève de
- se purifier dans une seconde batterie de réservoirs. Deux distillations successives en tirent des produits légers; le surplus, appelé « résidu 65 » (parce qu’il forme 65 pour 100 de la masse traitéè), est dirigé par conduites sur la section de Merkwiller. Depuis 1930, l’usine de Lampertsloch possède une installation de « craquage », spécialement conçue pour la transformation de petits tonnages de pétroles lourds, gasoils et huiles non raffinées, en essence et autres produits combustibles.
- Le « résidu 65 » est traité par l’usine de Merkwiller, spécialisée dans la production des huiles de graissage, de la paraffine, du brai et du coke. Le distillât lourd que laissent les différentes opérations passe à l’usine de Kutzenhausen, de construction récente, qui en parachève le déparaffinage. C’est également dans cette dernière section qu’est traitée l’huile brute étrangère, qu’elle reçoit par trains de quarante wagons-citernes.
- *
- * *
- Pour que cette étude fût complète, il nous resterait à parler de l’expédition des produits finis, qui s’effectue par voie ferrée ou par camions (Péchelbronn étant relié au réseau d’Alsace-Lorraine par un embranchement particulier aboutissant à la station de Soulz-sous-Forêts). Il nous faudrait aussi promener le lecteur dans le laboratoire si moderne, édifié à Merkwiller, où chimistes, physiciens et ingénieurs poursuivent des recherches destinées à améliorer sans cesse les produits sortant des raffineries. Mais je ne saurais passer sous silence le charme de la petite cité qui groupe, dans le village de Merkwiller, les cottages habités par des ingénieurs, pères de famille; et je dois une mention particulière à la villa, familièrement appelée « le Casino », réservée aux célibataires, non sans saisir cette occasion de complimenter le maître-queux de l’hospitalière demeure pour l’excellence de sa cuisine !
- Ce fut en visitant le laboratoire que j’obtins d’un jeune ingénieur quelques indications qu’il importe de mettre en relief. Les trois principaux produits que la Raffinerie de Merkwiller tire de son pétrole alsacien s’inscrivent comme suit, par rapport à la consommation française totale :
- 36 pour 100 pour la paraffine;
- 13 pour 100 pour les huiles de graissage ;
- 6 pour 100 pour le lampant.
- Ces chiffres montrent le rôle important que joue Péchelbronn dans l’industrie française des produits pétrolifères, rôle qui ne s’en tiendra pas là, m’affirma mon interlocuteur :
- « Nous avons l’espoir que notre production de brut national s’accroîtra d’ici quelques années, c’est-à-dire dès que nous serons outillés pour atteindre les richesses que nos moyens actuels ne nous ont pas permis de déceler dans notre sous-sol... »
- J’ai noté ce propos où se manifeste cette foi en un proche avenir qui paraît animer tout le personnel de Péchelbronn, foi que j’ai faite mienne, depuis ma visite
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- au gisement alsacien (x). V. Forbin.
- 1. Nous ne pouvons consacrer qu’une brève notice à la raffinerie que la Société Péchelbronn-Ouest, liliale de Péchelbronn S. A. E. M., vient d’inaugurer à Donges (Loire-Inférieure) pour traiter annuellement 200 000 tonnes de bruts à forte teneur en essence de premier jet, qu’elle reçoit de diverses contrées. Les navires-citernes peuvent accoster à l’appontement de l’usine, sans s’inquiéter de l’état de la marée. Un embranchement aboutissant à la gare de Donges (réseau du Paris-Orléaas) facilite les expéditions de produits finis. Une tuyauterie permet de ravitailler directement, en fuel-oil (ou mazout), les bateaux à vapeur ou à moteurs Diesel qui viennent se ranger à l’appon-tement, long de 780 m. Le choix de cet emplacement pour l’érection d’une grande raffinerie est des plus heureux; il avait été aménagé, en 1917-1918, pour recevoir les navires charbonniers de haute mer qui devaient y débarquer la houille importée par nos réseaux ferrés. Il a retrouvé sa raison d’ôtre avec la mise en service des deux raffineries de Donges; celle de Péchelbronn-Ouest et celle des Consommateurs de pétrole, consortium formé par nos principales compagnies de chemin de fer et de navigation pour la production du fuel-oil, du lampant et des huiles de graissage qu’exigent leurs besoins.
- Fig. 8. — La section de Kulzenliausen où s'effectuent le traitement du distillai lourd et celui
- de l’huile brute d'importation.
- LE CHARBON PUR
- Les charbons sont encore classés commercialement d’après leur teneur en matières volatiles, leur pouvoir calorifique et le pourcentage de cendres que laisse leur combustion. Cette spécification « macroscopique » est incomplète ainsi que l’ont montré les études pétrographiques des constituants du charbon, études qui datent déjà d’une dizaine d’années.
- Elles ont permis d’établir que toutes les houilles peuvent se ramener à des mélanges de quelques constituants dont les compositions sont nettement différenciées tant au point de vue de leurs cendres qu’à celui de leur composition élémentaire. Ces composants ont reçu les noms de vitrain, clairain, durain et fusain. On peut les caractériser comme suit : le vitrain ou charbon brillant est un gel résultant de transformations microbiennes des plantes ; sa teneur en cendres, inférieure à 1 pour 100, peut n’atteindre que 0,2 pour 100; les cendres sont généralement ocreuses. Le durain ou charbon mat est constitué surtout de spores et donne une plus forte proportion de cendres blanches ou grisâtres; le fusain est du bois mort presque inaltéré; il est plus impur et ses cendres renferment des quantités notables de sels. Le clairain est un élément de transition entre le vitrain et le durain.
- La séparation du charbon en ses différents constituants pétrographiques est industriellement possible, elle est même réalisée sur une échelle assez grande, en utilisant une méthode de flottation, analogue au procédé Ellmore de concentration des pyrites. Le charbon est broyé en grains assez fins (0,5 mm de diamètre au minimum) et séparé des stériles par les procédés ordinaires de déschlammage. La grenaille charbonneuse est alors mise en suspension dans des liqueurs de chlorure de calcium de différentes densités et la séparation des composants s’opère par gravité. Dans d’autres procédés, on. utilise, comme dans le procédé Ellmore, les propriétés des
- huiles émulsionnées ou des écumes pour obtenir le même résultat.
- lie vitrain séparé des autres variétés constitue le « charbon pur », combustible noble, à moins de 1 pour 100 de cendres et est susceptible de multiples applications des plus intéressantes. Certaines sont déjà nettement industrielles; d’autres seront sans doute mises au point dans un avenir très rapproché. Nous allons les passer rapidement en revue.
- En premier lieu, nous citerons la fabrication des anodes pour l’électrométallurgie, celle de l’aluminium en particulier. Ces anodes doivent être très pures, car les corps étrangers qu’elles renferment passent dans le bain. Jusqu’à présent, le coke de pétrole, résidu de la distillation du mazout, était le seul charbon suffisamment pur pour convenir à cet usage. Mais il contient souvent, comme impuretés, du soufre et du chlorure de sodium et, de plus, par suite des progrès dans le raffinage du pétrole, les quantités produites sont de moins en moins importantes. Le brai de houille donne également un coke que l’on emploie depuis quelques années aux États-Unis, en Angleterre et en Allemagne. La calcination, dans des fours à coke, du vitrain, isolé des autres constituants, donne par contre un coke qui convient particulièrement bien pour la fabrication des anodes.
- Une autre application très importante du charbon pur est son utilisation dans les automotrices, comme générateur de gaz de gazogène. Actuellement le charbon de bois donne les meilleurs résultats, mais c’est un combustible volumineux et d’un prix de revient assez élevé. Le charbon pur, qui donne peu de cendres et assure une carburation et un allumage réguliers, permettra sans aucun doute de développer l’emploi des camions à gazogènes.
- Dans les chaudières marines, on utilise la chauffe au mazout, soit pur, soit sous forme de «charbon colloïdal», mélange de
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- mazout ou d’huile anthracénique et de charbon très finement pulvérisé. Le mélange est stabilisé par addition de diverses substances, mais leur action sur les stériles est médiocre. Il en résulte des sédimentations dans les réservoirs, les conduites, les éjecteurs, ce qui provoque une chauffe irrégulière.
- La suspension de charbon dans le mazout est cependant un combustible idéal pour la marine, par suite de son pouvoir calorifique très élevé, de son faible encombrement, de
- sa manutention très facile et de son ininflammabilité en
- tanks. En utilisant du charbon pur, qui peut être préparé en se
- servant du mazout lui-même, additionné de stabiliseurs convenables, on obtient un produit parfait ne présentant plus de risques de sédimentation de ses constituants.
- Si les applications précédentes sont, pourrait-on dire, immédiates, il en est d’autres, plus lointaines, qu’il est permis dès maintenant d’envisager.
- Parmi celles-ci, nous signalerons d’abord l’emploi du charbon pur, sous forme pulvérulente, dans les moteurs à combustion interne. Diesel avait commencé des recherches dans ce sens; malheureusement, les cendres qui se forment dans les cylindres produisent une usure si rapide que le rendement du moteur tombe vite à des valeurs inacceptables, et, d’autre part, l’élimination des cendres et des scories est un pro-
- blème difficilement soluble. Les études poursuivies par Pawlikowslci et Walil en Allemagne, Bone en Angleterre seraient certainement facilitées par l’emploi du charbon pur, à cendres impalpables et très peu importantes.
- Dans l’hydrogénation de la houille, destinée à fournir une huile remplaçant le pétrole, les cendres du charbon sont une cause de difficultés pratiques considérables. Dans les procédés continus, les seuls commercialement exploitables, les cendres s’accumulent dans les appareils qu’elles corrodent; elles attaquent et diluent les catalyseurs et, quand on les élimine, elles entraînent une quantité d’huile difficilement récupérable, ce qui diminue le rendement de l’opération. Les avantages du charbon pur sont encore ici évidents.
- De même dans la préparation du charbon activé, dont on se sert de plus en plus comme adsorbant dans l’industrie chimique, et qui est l’élément fondamental des masques contre les gaz de combat, le charbon pur donne un produit adsorbant très supérieur à ceux actuellement utilisés.
- Bien d’autres applications seront sans doute envisagées dans l’avenir, lorsque le charbon pur sera fabriqué en quantités industrielles, son prix de revient que l’on peut estimer à environ deux fois celui du charbon traité n’étant pas un obstacle à son emploi si on tient compte des avantages qu’il présente. H. Vignebon.
- LE SAUMON
- Le saumon (Salmo salar) est le plus grand des salmonidés qui fréquentent nos fleuves. Il est trop connu pour qu’il soit utile de le décrire.
- C’est un poisson anadrome, un migrateur potamotoque, c’est-à-dire qui vit en mer et se reproduit en eau douce.
- Les mystères de son existence ont posé un des problèmes les plus passionnants de la biologie. Et ce problème n’est pas encore entièrement résolu.
- C’est en hiver, de novembre à janvier, dans le cours supérieur des rivières fréquentées par le saumon, que s’effectue la ponte. Les reproducteurs choisissent un endroit convenable pour y établir leur frayère : généralement un cours d’eau peu profond, pas trop rapide, dont le fond dépourvu de vase est formé de pierres variant de la grosseur d’une noix à celle du poing. Le couple creuse une tranchée d’une vingtaine de centimètres de profondeur sur 1 à 3 et même 4 m de longueur. La femelle dépose ses œufs dans cette rigole. Un peu plus denses que l’eau, ils se réunissent au fond. Le mâle vient alors déverser sa laitance pour les féconder. Le couple recouvre la ponte de pierres. Celles-ci sont assez grosses pour que
- les œufs baignent dans une eau constamment renouvelée. Les œufs ont de 5 à 6 mm de diamètre. La femelle en pond 800 à 900 par kilogramme de son poids.
- Après huit à dix semaines d’incubation, suivant la température de l’eau, les œufs éclosent. Les alevins gardent encore un mois la vésicule ombilicale. Quand celle-ci est entièrement résorbée le jeune poisson commence à s’alimenter directement, il devient le parr des Anglais. Il grandit lentement et, dans nos eaux, il séjourne habituellement deux ans avant sa première descente à la mer. En Espagne, il ne séjourne guère qu’un an en rivière. En Norvège, au contraire, il y demeure trois années. Et à l’extrême Nord, dans les rivières qui débpuchent dans l’Océan Arctique, il reste jusqu’à cinq années. Les jeunes s’alimentent de petites proies, crustacés, larves d’insectes, crevettes d’eau douce, mouches, etc. Ils atteignent 12 à 15 cm de longueur. On les nomme alors smoïts en Angleterre, ici tacon dans l’Ailier et la Loire, tocan en Dordogne et dans les Pyrénées, glitzik en Bretagne, rénets dans la Meuse. Ils sont pigmentés à la manière des truites, mais on les en distingue par leur queue fourchue et par des taches sombres verticales sur le corps.
- Puis un beau jour, en avril-mai, c’est-à-dire 25 à 26 mois après leur naissance, ils se laissent lentement dévaler vers la mer. Ils restent quelques jours dans l’estuaire pour s’accoutumer à l’eau salée, puis disparaissent.
- La vie en mer du saumon est caractérisée par une croissance excessivement rapide. En deux années, en rivière, il atteint péniblement le poids de 50 gr. En mer, son poids augmentera de 3 à 4 kg chaque année.
- La question de la vie du saumon en mer reste mystérieuse et nous n’en savons rien de positif. Sauf, dans les
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- estuaires, les pêcheurs n’en capturent jamais. Ceux qui sont pêchés sous la banquise du pôle ne sont pas de la même espèce.
- On suppose que les saumons vivent à la limite du plateau continental, par des profondeurs de 300 m environ, où ils trouvent une nourriture abondante, en particulier-la grande crevette rouge des profondeurs de l’Atlantique (.Acantephyra purpurea). La couleur de la chair du saumon serait due à l’assimilation du pigment de ces crustacés, comme celle de la truite saumonée provient de l’ingestion habituelle de Gammarus ou crevettes d’eau douce. Mais ce ne sont là que simples suppositions.
- Ce qui est certain c’est que les tacons qui reviennent en rivière après une année seulement de séjour en mer pèsent de 2 à 4 kg. Ces saumoneaux sont appelés castil-lons en Bretagne, madeleineaux ou surrnulards dans l’Ailier, grilses en Angleterre.
- Mais la plupart des saumons observés dans les rivières françaises ont passé deux années en mer; ils pèsent de 8 à 15 kg et mesurent de 90 cm à 1 m 25.
- En France, la remonte du saumon débute généralement vers la fin d’octobre; ce sont en majorité de grands saumons. Elle se ralentit vers décembre et janvier pour reprendre en février et elle dure jusqu’en juin, mais pendant les derniers mois, de mars à juin, ce sont surtout les madeleineaux qui sont en nombre.
- Cette remonte du saumon est un véritable voyage qui dure parfois plusieurs mois si la route est longue et les obstacles nombreux. Les poissons parcourent parfois plus d’un millier de kilomètres pour atteindre les frayères. C’est le cas, en particulier, dans les grands fleuves canadiens. En France même, les saumons qui viennent lrayer dans le cours supérieur de l’Ailier et de la Loire ont effectué un parcours de 900 km.
- Pendant le trajet, ils ont à franchir les courants les plus rapides, des barrages élevés. On cite plusieurs chutes dont la visite est curieuse à l’époque de la remonte; ce sont, par exemple, le « Saut du Saumon » de la rivière Zing, connu de tous les touristes, dans le comté de Pem-broke, en Angleterre. Deux autres sauts sont également très renommés en Irlande : à Leixlif et à Ballyshannon, de près de 5 m de haut.
- La force mystérieuse qui pousse les saumons à quitter la mer pour venir frayer en eau douce est une des plus curieuses énigmes de la nature. On a beaucoup écrit sur cet instinct puissant qui les conduit à la fois vers l’amour et vers la mort. A la vérité, nous ne pouvons que le constate? sans l’expliquer.
- On a pu croire que le saumon revenait frayer dans la rivière même où il était né.
- Cela n’est pas une règle absolue et dépend de la configuration physique de la région considérée. Si celle-ci est disposée de telle manière qu’il n’existe sur une grande longueur de côte qu’une seule rivière débouchant, à la mer, les saumons y reviennent régulièrement, mais s’il existe de nombreux fleuves côtiers comme c’est le cas en Bretagne, en Écosse et en Norvège, la localisation n’est plus aussi nette. Il se produit même parfois des migrations à
- Fig. 2. — Alevin à la naissance, avec sa volumineuse vésicule vitelline.
- grande distance. Le prof. Ivnut Dahl, de Christiania, vient de signaler le fait suivant : un saumon capturé et marqué à l’île de Froüa, au large du fjord de Trondjhem, le 10 juin 1936, fut repris le 1er août 1936 dans l’estuaire de la rivière Wyg, dans le golfe Onega, sur la mer Blanche. Ce poisson avait parcouru en mer 2500 km, en 52 jours. Il s’agissait d’un individu ayant passé depuis sa naissance, quatre hivers en eau douce et trois années en mer.
- L’attention a été attirée depuis longtemps sur ce fait que certaines rivières sont fréquentées par les saumons, alors que d’autres, toutes proches, en sont dépourvues.
- C’est ainsi que la Vilaine est une rivière complètement vide de saumons alors qu’elle est encadrée de cours d’eau, comme l’Ellé, qui en reçoivent tous les ans. De même, les poissons qui s’engagent dans la Loire remontent régulièrement les affluents de gauche du fleuve et dédaignent absolument ceux de la rive droite.
- L’oxygène dissous dans l’eau semble déterminer le choix des saumons, ceux-ci préférant toujours la rivière dont les eaux sont les plus aérées. Les autres caractéristiques du cours d’eau : température et vitesse du courant, paraissent avoir moins d’importance.
- Il ne faut cependant pas que la température de l’eau soit élevée; c’est ainsi que les fleuves et cours d’eau méditerranéens ne contiennent pas de saumon. En général, il disparaît au-dessous du 40e degré de latitude Nord.
- 11 est évident que les affluents de la rive gauche de la Loire, qui descendent du Plateau Central par des vallées
- Fig. 3. — Alevins plus âgés, montrant divers stades de résorption de la vésicule.
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- très tourmentées, sont plus riches en oxygène dissous que les cours d’eaux lents et calmes qui aboutissent au fleuve sur sa rive droite.
- Une respiration active est une nécessité absolue pour ces poissons et il n’est pas surprenant que la qualité de l’eau, au point de vue de l’aération, ait une influence déterminante dans leur montée vers les frayères.
- Autrefois, les saumons remontaient dans la Seine. Très peu s’engageaient dans l’Oise ou la Marne. A Monte-reau, tous abandonnaient la Seine pour l’Yonne, puis le plus grand nombre gagnait la Cure qui, descendue du Morvan, leur offrait les meilleures frayères du bassin de la Seine.
- Maintenant, les frayères sont désertes; Paris déverse
- Fig. 4. —- Ce qu'on peut lire sur une Écaille de saumon.
- Saumon femelle de 26 livres, pêché dans la rivière Avon le 29 mars 1917. Ce poisson, âgé de 9 ans, porte trois marques de ponte, SMI, SM2, SM3, indiquant qu’il est revenu trois fois de la mer en rivière pour frayer.
- dans le fleuve ses déchets. Les matières organiques absorbent l’oxygène dissous. Il se crée ainsi une zone d’interdiction absolue, car sur plus de 100 km l’eau est trop peu aérée pour convenir au saumon et il a disparu irrémédiablement.
- Les saumons entrés en rivière y séjournent de 6 à 16 mois avant de frayer suivant l’époque de leur montée. Pendant cette période où se développent les organes de reproduction, le saumon utilise surtout ses matériaux de réserve, son alimentation en rivière est très réduite.
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- Ce qui a développé d’un seul coup nos connaissances sur la vie étonnante du saumon a été la découverte du
- fait que la vie de ce poisson est inscrite sur ses écailles. Par leur examen microscopique, on peut déterminer le nombre d’années passées en rivière, puis en mer, le nombre de retours aux frayères.
- C’est Johnston qui, en 1904, lit paraître le 29 octobre, dans The Field, la première note exposant ce fait curieux. Depuis, des études très complètes ont été publiées sur la question.
- Les écailles apparaissent sur les alevins dès le moment où ils ont résorbé leur vésicule vitelline. Ces écailles grandissent ensuite en même temps que l’animal ; leur nombre reste constant. Le développement se fait par l’addition d’anneaux sur le bord de chaque écaille. Ces anneaux forment des lignes parfaitement visibles.
- En été, quand la npurriture est abondante, les lignes sont assez éloignées les unes des autres car la croissance est rapide. Au contraire, l’hiver, la croissance est ralentie et les lignes apparaissent en zones plus serrées.
- En comptant le nombre de zones d’hiver et d’été on peut déterminer facilement l’âge d’un poisson.
- Après le Irai, les reproducteurs sont dans un état de misère physiologique impressionnant : ils sont littéralement vidés de leur substance, réduits à l’état de squelette.
- Un jour, pêchant à la mouche artificielle dans le Finistère, au début de la saison, j’ai capturé dans l’Aulne un de ces poissons épuisés. Il mesurait 70 cm de longueur et pesait à peine plus de trois livres et demie, d’estime qu’il avait perdu les deux tiers de son poids en pondant.
- Ces saunions sont connus en France sous le nom de charognards. Ce sont les kelts des Anglais. Ils cherchent à redescendre, à regagner la mer, emportés par le courant. Bien peu y parviennent, la plupart périssent.
- Pendant la période de vie en rivière qui correspond à l’arrêt presque complet de son alimentation, le saumon cesse de se développer, ses écailles ont aussi cessé de grandir. Puis, quand surviennent les fatigues du frai les écailles s’éraillent sur les bords qui perdent alors leur courbure régulière.
- Si le poisson a pu regagner la mer et y vivre, une nouvelle période de croissance s’ouvre pour lui. Sur ses écailles de nouvelles bandes concentriques se développent au delà des bords éraillés et ceux-ci, restés sur l’écaille et à leur place, constitueront une marque de ponte (spawning mark), parfaitement visible, qui caractérisera ce fait que ce saumon a déjà fait un voyage en eau douce pour y frayer.
- En examinant les écailles des poissons capturés, on en trouve parfois dont le centre est imparfait. Ce sont généralement des écailles de remplacement. Dans les efforts prodigieux du voyage vers l’amont il arrive que des individus soient blessés, par exemple en retombant sur les rochers lors de la remonte d’un barrage, ou dans leurs tentatives désespérées pour s’arracher à un filet. Les écailles perdues dans ces circonstances se reconstituent rapidement mais ne portent évidemment pas les stries d’origine.
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- La technique de l’examen des écailles est excessivement simple. On les prélève de préférence au dos du poisson, au-dessous de la ligne passant le long de la première dorsale. On les lave dans une solution de soude à 1 pour 100 pour les débarrasser du mucus, puis dans l’alcool. On les serre fortement entre deux lames de verre et on les laisse dessécher. On les monte alors à sec entre une lame et une lamelle. On fixe cette dernière au moyen de quatre points de paraffine. On peut aussi les monter dans le baume du Canada ou, mieux encore, dans la résine de coumarone.
- On examine au microscope. Un grossissement de dix est suffisant.
- L’étude des saumons capturés dans les rivières françaises montre que la très grande majorité ont passé deux années en rivière, puis deux ou trois années en mer et qu’ils sont vierges, c’est-à-dire, viennent en rivière pour la première fois.
- Très peu reviennent frayer une deuxième ou une troisième fois, moins de 10 pour 100, très certainement. Personnellement, je n’en ai jamais capturé un seul revenant en rivière pour une deuxième ponte. La plupart montent aux frayères pour une première et dernière fois. Presque tous succombent à l’épuisement physiologique inouï que causent l’élaboration des glandes sexuelles et le frai.
- Il existe bien peu d’êtres, comme le saumon, dotés par la nature, à la fois d’un instinct de reproduction aussi excessif et d’une conformation biologique telle que la satisfaction de cet instinct conduise à des efforts prodigieux pour, ensuite, aboutir presque toujours à la mort.
- Cette tragédie paradoxale jouée inconsciemment, au fond des eaux par le saumon, uniquement pour s’assurer une descendance qu’il ne connaîtra pas, ne manque pas de grandeur.
- Malheureusement, ces efforts désespérés des saumons pour assurer la pérennité de l’espèce ont été vains en France. Ils ont à peu près complètement disparu par suite de l’incompréhension des hommes.
- Une législation absurde permet aux inscrits maritimes de capturer à peu près tous les reproducteurs qui entrent dans les estuaires. Ce n’est que par les années de grandes crues qu’il en réchappe quelques-uns; ils sont alors détruits en amont par les braconniers.
- Le saumon, normalement très méfiant, perd toute prudence quand commence la saison de ponte; il est alors on ne peut plus facile de le capturer sur les frayères.
- Il n’y a pas un siècle, les ouvriers agricoles embauchés par les fermiers riverains des cours d’eau fréquentés par le saumon spécifiaient dans leurs contrats que Ton ne pourrait leur en servir aux repas plus de deux fois par semaine ! Il en était ainsi en Bretagne, dans le bassin de la Loire, dans la Dordogne, dans les Pyrénées.
- Ce temps est bien passé, ce poisson est devenu rare, les frayères sont abandonnées, les prix ont atteint un niveau invraisemblable. On ne prend plus guère de saumon qu’en Bretagne, dans l’Ailier, et les gaves des Pyrénées.
- Il est curieux, au moment où une vague d’autarchie submerge le monde, qu’il ait été fait aussi peu de cas du
- Fig, 5. — Ecaille, d’un saumon femelle de 30 livres capturé en Norvège
- après le frai.
- Le bord de l’écaille est frangé, déchiqueté, après les fatigues de la ponte. Si le poisson avait pu regagner la mer, l’écaille aurait continué à croître, mais la frange serait restée visible, servant de marque de
- ponte.
- saumon. Celui-ci se donne la peine de nous porter à domicile une chair excellente formée au loin dans les profondeurs marines. Et elle est méprisée !
- Du point de vue alimentaire, elle est remarquable: en calories elle égale deux fois la valeur de celle de la morue fraîche. D’autre part, les déchets : écailles, peau, arêtes, etc., ne représentent que 23 pour 100 du poids brut alors qu’ils atteignent 49 pour 100 dans la morue.
- Il faut toutefois signaler que des efforts sérieux sont faits par la direction des Eaux et Forêts, pour repeupler certaines rivières à saumon : l’Ailier et la Loire en particulier. Mais on peut craindre que ces efforts ne soient
- Fig. 6. — Ecaille d’un saumon femelle de 35 livres capluré en août 1921
- en Norvège.
- Ce poisson a passé deux années en rivière, puis trois années en mer et est ensuite revenu en rivière pour frayer; la marque de ponte M est bien visible; il est ensuite retourné en mer et a été pris en rivière au moment de son deuxième retour.
- f.
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- vains tant que les mesures législatives indispensables n’auront pas été prises.
- Cette reconstitution des rivières à saunions est cependant possible maintenant que l’on connaît très exactement la question. Pour s’en convaincre il suffit de constater ce qui a été fait outre-Manche.
- En Angleterre, la pêche du saumon est considérée comme un sport de premier ordre. Etre capable de placer correctement à une trentaine de mètres une mouche à saumon fait partie de l’éducation sportive, aussi bien que de savoir monter à cheval ou manier un club de golf. De plus, le saumon entre largement dans l’alimentation anglaise et il est considéré comme un appoint de nourriture non négligeable. Aussi est-il par-
- Fig. 7. — Ecaille d’un saumon femelle de 26 livres pris en Norvège.
- 11 a passé deux ans en rivière, puis trois ans en mer et a été pris à sa première remonte en rivière, avant d’avoir frayé.
- faitement protégé et défendu. En voici un exemple : une des meilleures rivières à saumons du Pays de Galles, la Wye, était devenue très pauvre vers 1900.
- En 1892, il y avait été capturé environ douze mille saumons pesant quelque 60 t. Au prix actuellement pratiqué à Paris cela représenterait une valeur d’environ trois millions de francs pour cette seule rivière. On voit donc qu’il ne s’agit pas d’une question négligeable.
- Mais à partir de cette date le rendement décrût rapidement par suite d’une pêche intensive. En 1900 on atteignit péniblement 2500 saumons pesant seulement 14 t.
- A ce moment, un certain nombre de sportsmen et de
- riverains se réunirènt et prirent en main la défense du saumon de la Wye. M. J. A. Hutton, spécialiste de la question en Angleterre, et qui a publié des travaux fort intéressants sur les écailles, a suivi pas à pas la reconstitution de la Wye.
- Cet effort de reconstitution a été réalisé par des particuliers appuyés par le « Board of Fisheries» anglais, en suivant une méthode scientifique et une technique remarquable.
- En 1901, on interdit pour trois ans toute pêche au filet. En même temps on remit activement la rivière en état : alevinage artificiel, réempoissonnement, sux*veillance et aménagement des frayères, des barrages, des échelles à saumons, destruction des brochets, etc.
- Les résultats ne se firent pas attendre et progressivement le repeuplement de la rivière reprit un développement ascendant.
- Une dizaine d’années plus tard, il fut capturé à la ligne en une saison, 2300 saumons d’une moyenne de 16 livres.
- En 1926, il en fut capturé 4335 du poids moyen de 16,3 livres. En 1927, les poissons pris à la ligne atteignirent le chiffre record de 6145, d’un poids moyen de 19,1 livres !
- Pour avoir une idée exacte de la valeur de la reconstitution de la Wye il y a lieu d’ajouter au nombre de poissons
- capturés à la ligne, les prises au filet. Voici un tableau des prises totales : Poids
- Années Nombre moyen
- 1906 à 1910 (moyenne) . . . 4417 13,2
- 1911 à 1915 — ... 6330 14,8
- 1916 à 1920 — ... 5434 14,6
- 1921 à 1925 — ... 7063 15,3
- 1926 à 1930 — ... 7710 16,0
- La rénovation de la Wye peut être maintenant considérée comme définitive. La densité des poissons présents sur les frayères, au moment de la reproduction, a atteint le maximum possible.
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- Le cas de la Wye n’est pas unique. Plusieurs rivières de Grande-Bretagne ont été étudiées avec soin par M. J. A. Hutton. Celui-ci publiait chaque année d’importants rapports tout hérissés de chiffres; notamment pour la rivière Derwent, pour l’Aberdeenshire Dee. Par ces efforts persévérants, tous ces cours d’eau ont vu leurs richesses piscicoles s’accroître. Le saumon y abonde.
- Voilà le résultat auquel sont parvenus quelques spoi’ts-men anglais avec un peu de ténacité, de méthode et d’organisation.
- Leurs confrères français penseront non sans quelque mélancolie à tant de belles rivières de Bretagne, du Plateau Central et des Pyrénées, qui roulent des eaux admirables et qui, au point de vue de leurs possibilités, valent la Wye !
- Lucien Perruche.
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- CE QUE L’ON VERRA A L’EXPOSITION DE 1937
- LE PALAIS DE L’ÉLECTRICITÉ
- Le « Palais de l’Électricité » sert de porte à l’Exposition, et s’élève au Champ-de-Mars, face à l’École Militaire, et à l’une des extrémités de l’axe qui joint l’École Militaire au Troca-déro, en passant sous la Tour Eiffel (fig. 1).
- Cette longue construction, de lignes très simples, a une forme originale, et présente une courbure concave sensible. Les murs sont complètement nus, et elle ne comporte aucune baie, ni aucune fenêtre.
- Elle comprend un hall immense, de 60 m de long, 25 m de large, et 15 m de hauteur, avec un panneau sur lequel une immense peinture due à l’artiste Raoul Dufîy, et qui constitue la plus grande peinture du monde, évoque d’une manière symbolique l’histoire de l’électricité. Ce panneau est mis en valeur par un éclairage indirect, et il est plus lumineux encore,
- Le Palais de l’Électricité comprend également quatre petites salles de cinéma, dans lesquelles on projettera continuellement des films de démonstration, dessins animés éducatifs traduisant, d’une manière facile à comprendre et saisissante, les explications des manuels techniques, avec un accompagnement musical, ce qui constituera des leçons de choses visuelles, brèves mais agréables.
- Une salle de démonstration est encore prévue de l’autre côté de la cloison, sur laquelle est peint l’immense tableau lumineux.
- On y verra les applications de l’électricité dans la cité, dans le travail manuel ou de bureau, pour l’éclairage des vitrines, des routes, etc... Des systèmes d’éclairage changeant de couleur, et d’orientation variable, démontreront les métamor-
- Fig. 1. — Maquette du Palais de /’Électricité. (Architecte : M. Mallet-Stevens.) Ph. Baranger.
- grâce à l’emploi de colorants doués de propriétés réfléchissantes.
- Pour rendre l’effet encore plus saisissant, le plafond et les trois autres murs sont peints en noir mat, de manière à faire mieux ressortir la peinture colorée de 600 m2, de forme, d’ailleurs, incurvée, comme la muraille extérieure indiquée précédemment.
- Dans ce hall, seront exposées les machines électriques en usage dans les usines et les stations électriques, et du modèle le plus récent; elles permettront aux visiteurs de se rendre compte de l’échelle du gros matériel électrique moderne.
- Une galerie donnant dans le hall est réservée à l’exposition des procédés de production et de transport de l’électricité; on y trouvera des stands dans lesquels seront exposés des appareils d’éclairage, des lampes à incandescence, des tubes luminescents, etc. On y verra, en particulier, la plus grande lampe du monde, et la plus petite servant à l’exploration interne des organes humains.
- phoses que peut apporter la lumière dans l’éclairage des objets, des statues, etc.
- On verra donc, à l’intérieur du pavillon de l’équipement électrique, la plus grande peinture du monde, et la plus grande lampe du monde ! La paroi extérieure est encore plus curieuse puisqu’elle constitue peut-être le plus grand, écran du monde !
- Le mur du pavillon incurvé donnant sur le Champ-de-Mars, et qui n’est percé, comme nous l’avons dit, par aucune fenêtre, forme, en effet, un immense écran de projection, de 60 m de long, et de 10 m de haut, visible pour toute une foule, sur lequel on projettera des films spécialement réalisés dans ce but; il servira aussi d’écran à des projections de vitraux colorés.
- Une cabine à double appareil est, à cet effet, installée en sous-sol à une quarantaine de mètres de distance, et apparaîtra aux visiteurs comme une sorte de blockhaus. Des dispositifs optiques ont été étudiés pour éviter les déformations résultant de la courbure de l’écran.
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- Ce blockhaus de projection contient encore une machine électrique originale d’un autre caractère, mais non moins curieuse.
- Elle permet de faire jaillir une étincelle de 7 m de
- longueur éclatant entre deux boules situées au-dessus d’un bassin placé en face du Palais de l’Électricité, dans le jardin du Cliamp-de-Mars. Elle permet l’allumage à distance de globes luminescents au néon, flottant sur le bassin.
- LE PALAIS DE LA DÉCOUVERTE
- Les salles du Grand Palais réservées à la science et organisées par M. Jean Perrin et ses collaborateurs méritent le nom de « Palais de la Découverte », parce qu’elles doivent donner immédiatement au visiteur l’impression de se trouver dans un immense laboratoire en activité.
- LE REZ-DE-CHAUSSÉE
- En pénétrant par la grande porte de l’avenue Victor-Emmanuel, on se trouvera dans la rotonde d’Antin, en présence de la grande machine électrostatique qui constitue la plus puissante du monde.
- Elle a été construite sous la direction de M. Joliot-Curie par M. Lazard.
- Les pectateur se trouvera d’abord en présence d’une cage cylindrique de 20 m de hauteur et de 20 m de diamètre, qui constitue un système protecteur (fig. 2).
- A l’intérieur de cette cage, on aperçoit deux colonnes hautes
- de 12 m, surmontées chacune d’une sphère creuse de 3 m de diamètre, placées à une distance réglable de quelques mètres.
- Ces deux sphères constituent deux pôles chargés, l’un d’électricité positive, l’autre d’électricité négative, et, entre elles, jaillissent continuellement des étincelles, d’une longueur de quelque trois mètres sous une tension de 3 à 5 millions de v.
- Le mécanisme de production d’électricité est très simple, en réalité, puisqu’il est basé sur le dispositif élémentaire des machines électrostatiques à addition.
- Chaque colonne est un pylône formé de montants isolants, en bakélite, et creux, dont l’atmosphère intérieure est soigneusement desséchée. Il y circule trois courroies de coton caoutchouté de 70 cm de large et 1,5 cm d’épaisseur à la vitesse de 100 km à l’heure; ces courroies viennent déposer sur la sphère métallique les charges électriques transmises à leur base.
- Une tension de 10 000 v est, à cet effet, produite à la base par un transformateur et un kénotron.
- A l'intérieur de ces sphères creuses en laiton, dont chacune pèse 1500 kg, un cabinet de travail est disposé avec des appareils d’études, et des expérimentateurs s’y tiennent sans aucune gêne malgré la formidable tension électrique développée sur la paroi extérieure !
- Une fois l’exposition terminée, cette machine merveilleuse sera, d’ailleurs, transportée dans un bâtiment spécial et sera consacrée à des recherches sur la physique du noyau atomique. La France conservera sans doute là pendant longtemps la machine électrostatique la plus puissante du monde.
- Dans les salles voisines de la Rotonde d’Antin, on assistera à de nombreuses expériences particulièrement saisissantes et réservées aussi à la physique.
- C’est ainsi que dans les salles dites de Galilée des démonstrateurs avertis présenteront sous une forme nouvelle les lois de la chute des corps, de la force centrifuge, etc., etc.
- Un peu plus loin, des salles sont réservées à la fluorescence, à l’électronique, aux rayons X, à l’électro-magnétisme, aux rayons cosmiques, aux phénomènes oscillatoires.
- Grâce à d’ingénieux dispositifs employés, d’ailleurs, déjà en Allemagne, et dans des expositions précédentes, l’exécution des expériences pourra souvent être déclenchée automatiquement par les visiteurs.
- Des salles faisant suite aux salles de physique sont réservées également au rez-de-chaussée à la génétique et à la biologie végétales.
- Cette partie démonstrative est, d’ailleurs, en liaison avec le jardin botanique placé à l’angle du cours Albert Ier et de l’avenue Victor-Emmanuel, et dans lequel des cultures
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- différentes seront présentées aux visiteurs au cours de l’Exposition.
- LE PREMIER ETAGE
- Quittons maintenant le rez-de-chaussée; par l’escalier de gauche, arrivons aux salles du premier étage du Palais, réservées à l’optique, et constituant ainsi une des parties, en quelque sorte, les plus spectaculaires de cette exposition scientifique, avec la grande machine électrostatique du rez-de-chaussée.
- Un grand héliostat, établi sous la direction de MM. les professeurs Fabry et Cotton, permet, en effet, de projeter sur un écran des images du soleil. Dans les salles annexes, on présentera au public des expériences sur la vitesse de la lumière, la diffraction, les interférences, les transports d’énergie par rayonnement, etc. (fig. 3).
- En traversant les galeries de la Rotonde d’Antin, on pénètre dans les salles réservées aux mathématiques, on a tenté là de présenter d’une manière vivante des résultats abstraits. On y trouvera donc une partie théorique avec des présentations de calculs de probabilité, mais aussi des machines à calculer très diverses, et une suite de récréations mathématiques, qui retiendront sans doute nombre d’anciens élèves de mathématiques spéciales !
- Les salles réservées à l’astronomie, qui font suite, ont été organisées sous la direction de M. Esclangon (fig. 4).
- Dans un décor original, elles présentent de nombreux aspects de l’univers stellaire sous forme de diapositives ou de maquettes animées; une salle est réservée au soleil avec projection directe d’images de cet astre, une autre est réservée à la lune, au système solaire, aux comètes, aux bolides, à l’astronautique.
- Signalons surtout, et c’est sans doute la partie la plus saisissante, un grand planétaire en mouvement, permettant d’obtenir une représentation de l’ensemble du système solaire et qui occupe toute la largeur libre entre les balcons du pourtour.
- Le soleil y est représenté par uxi globe lumineux, et les planètes circulent avec des durées de révolution proportionnelles aux durées exactes de la nature; la planète la plus proche du soleil accomplit son mouvement en dix secondes, la plus éloignée en trois heures.
- Le reste du premier étage du Grand Palais est complètement réservé à la chimie, dans un ensemble extrêmement important : chimie organique, thérapeutique, biologique, agricole, chimie minérale, géochimie, métallographie, photochimie, électrochimie, et des démonstrations continuelles seront effectuées par des chimistes exercés.
- L’ANNEXE
- Après l’examen de la section de physique, le visiteur pourra, dans une annexe reliée directement au premier étage et au rez-de-chaussée, se rendre aux salles réservées à la médecine et à la chirurgie, et même à la microbiologie.
- La section « chirurgie » présentera des démonstrations, mettant en évidence les avantages de l’asepsie, de l’anesthésie, et de la transfusion du sang, on y verra aussi une salle d’opérations modèle.
- La médecine a fait une place importante aux découvertes de la clinique,, ainsi qu’à la physiothérapie, et même à la criminologie.
- Le visiteur s’intéressera tout particuliérement à la section de biologie, qui comprendra, notamment, un véritable banc d’essai de la machine humaine. On y présente, en effet, toutes les méthodes permettant de définir les caractéristiques anthropométriques ou fonctionnelles des individus, et assurant
- Fig. 3. — Maquette de Vhéliostat.
- l’orientation professionnelle et la sélection en général. On y mesure l’attention, les réflexes, la force physique, la vue, l’ouïe.
- Les appareils sont pour la plupart mis en marche et utilisés par les visiteurs eux-mêmes.
- Les démonstrations sont, d’ailleurs, souvent rendues plus vivantes grâce à des phonographes synchronisés, ou des films cinématographiques sonores, et une salle de cinéma de 200 places, exclusivement réservée au cinématographe scientifique, est installée dans l’annexe de l’avenue de Selves, reliée directement aux salles du Grand Palais, et dont nous avons parlé précédemment.
- P. Hémardinquer.
- Fig. 4. — Maquette de la section d’astronomie. Le système solaire.
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- LE MOIS MÉTÉOROLOGIQUE
- FÉVRIER 1937, A PARIS
- Mois très doux, exceptionnellement pluvieux et fortement déficitaire au point de vue de l’insolation.
- La moyenne mensuelle de la pression barométrique, réduite au niveau de la mer, au Parc Saint-Maur, 756 mm, 3, est inférieure de 7 mm, 1 à la normale. Elle vient au sixième rang parmi les plus basses observées en février dans la région parisienne depuis 1874.
- La température moyenne, 7°,3, est en excédent de 3°,4 sur la normale. Depuis 63 ans, elle n’a été dépassée qu’une fois, en février 1926, 8°,6. Le temps est resté presque constamment doux ou très doux et deux moyennes journalières seulement, celles du 23 et du 28, ont été légèrement déficitaires. Au lieu de 12 jours de gelée à glace que l’on compte en moyenne, on n’en a noté qu’un seul, le 12, date à laquelle s’est, produit le minimum absolu — 0°,1. Ce minimum est en excédent de 6°,3 et la moyenne des minima journaliers, 4°,06, surpasse la normale de 3°,44. Le maximum absolu, 13°,9, a été noté le 25, et la moyenne des maxima, 10°,40, est supérieure de 2°,72 à celle des 60 premières années d’observations (1874-1933).
- Le total pluviométrique mensuel, 91 mm, 8, est exceptionnel et n’avait jusqu’alors jamais été constaté au Parc Saint-Maur en février. Dans la série des observations faites à l’Observatoire de Paris, il faut remonter à l’année 1833 pour trouver un nombre plus élevé, 97 mm, 0. D’après le rapport déterminé par M. A. Angot entre les quantités de pluie recueillies simultanément dans cette station et au Parc Saint-Maur, il est vraisemblable que les mois de février 1837 et 1843 ont également fourni une hauteur de précipitations supérieure à celle mesurée en 1937. Il n’en reste pas moins qu’il faut se reporter d’un siècle en arrière pour trouver en février une pluviosité aussi élevée. Le nombre de jours de pluie appréciable, 23 au lieu de 13, nombre moyen, est supérieur d’une unité à celui de février 1833. D’après M. E. Renou, depuis 1753, ce nombre n’aurait été dépassé qu’une fois, en février 1866, où l’on a compté 24 jours pluvieux.
- A l’Observatoire de Montsouris, la hauteur totale mensuelle de pluie a été de 96 mm, 1 et est supérieure de 171 pour 100 à la normale, elle est la plus élevée depuis 1873; il y a eu 25 jours de pluie au lieu de 16 chiffre normal. La durée totale de chute, 86 h 55 m, est supérieure de 80 pour 100 à la normale. Hauteurs maxima en 24 h : pour Paris, 23 mm, 1 à Montmartre et, pour les environs, 30 mm, 0 à Rosny, du 5 au 6. Il a neigé sur plusieurs points, les 23, 27 et 28.
- Les brouillards ont été quotidiens, mais généralement matinaux, locaux et peu intenses. Un obscurcissement a eu lieu, le 11, à Auteuil, entre 12 h 15 et 12 h 30.
- Quelques orages, affectant une grande partie de la région, se sont produits les 5, 16 et 27.
- La durée totale d’insolation à l’Observatoire de la Tour
- Saint-Jacques, 68 h 20 m, est inférieure de 16 pour 100 à la normale.
- A l’Observatoire du Parc Saint-Maur, la moyenne mensuelle de l’humidité relative a été de 81,5 pour 100 et celle de la nébulosité de 83 pour 100. On y a constaté : 1 jour de neige, 2 jours de grêle, 7 jours de brouillard, 10 jours de brume, 2 jours de rosée, 2 jours de gelée blanche, 1 jour de tempête. Le réveil de la chauve-souris a été observé le 5.
- Dans son ensemble, l’hiver météorologique 1936-1937 a été très doux et très pluvieux. Sa température moyenne, 5°,65, est supérieure de 2°,30 à la normale, et les moyennes de chacun des mois qui le composent ont été toutes excédentaires. La température la plus basse, enregistrée n’a été que de •— 3°,4 seulement, relevée le 12 janvier. Au point de vue pluviométrique, décembre a été très sec et janvier et février exceptionnellement pluvieux. Au total, la hauteur d’eau recueillie au cours des trois mois, 205 mm, 1, est en excès de 63 pour 100.
- Les extrêmes météorologiques pour le mois de Février.
- Mois le plus froid : 1895, moyenne : —4°,5 (*)
- —- le plus chaud: 1767 (?) —- 9°,5 (?) (en 1926 moy.
- certaine, 8°,6).
- Ecart : 128 ans et 14°,0.
- La plus basse température observée en 1830 : «— 15°,6.
- — haute — en 1899 : 20°,7.
- Écart : 69 ans et 36°,3.
- Le plus grand nombre de jours de gelée : 27 en 1895.
- —• petit — 0 en 1926.
- Mois le plus pluvieux: 1711 (?) 115 mm, 3 (?)
- en 1833 97 mm, 0 (certain)
- Mois le plus sec : 1725 (?) 0 mm, 0 (?)
- en 1895 2 mm, 3 (certain)
- Le plus grand nombre de jours de pluie : 24. 1866.
- Le plus petit •— 2. 1797, 1800,
- 1890.
- niv. de la mer : 752 mm 8.
- Mois le plus couvert : 1879 : 86 pour 100 de nébulosité.
- —- —• clair : 1863 : 34 pour 100 de nébulosité.
- Moyenne barométrique la plus basse : en 1843, 746 mm, 4 Obs. Paris ) en 1879, 748 mm, 2 Pc St-Maur Moyenne barométrique la plus haute : en 1891, 769 mm, 6 (niv. de la mer : 774 mm, 2).
- Les nombres en regard desquels figure un point d’interrogation (?) signifient qu’ils sont douteux ou au moins fort
- incertains.
- Em. Roger.
- 1. En 1740, février aurait eu, d’après M. Renou, une moyenne de —- 4,1, peu différente de celle de 1895.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- UTILISATION AGRICOLE DES HUILES DE VIDANGE
- Il n’y a plus de résidus. Le déchet d’une industrie devient matière première pour une autre industrie. Et l’agriculture utilise beaucoup de déchets.
- L’huile de vidange des moteurs d’automobile peut être brûlée dans les moteurs à mazout.
- Les résidus métalliques colloïdaux qu’elles renferment ajoutent également à sa valeur comme insecticide.
- Voici, par exemple, une formule d’émulsion utilisée pour les traitements d’hiver des arbres fruitiers :
- Huile d’automobile (usagée) : 9 1.
- Oléine : 3/4 de 1.
- Ammoniaque commerciale : 1/2 1.
- Eau : 90 1.
- Dans une bassine, on mélange l’huile et l’oléine.
- D’autre part, dans un seau, on vide l’ammoniaque dans trois litres d’eau non calcaire, de préférence eau de pluie ou de rivière.
- Versant lentement les huiles dans le seau, on agite pendant 1 mn au moins, pour obtenir une sorte de mayonnaise qui peut se conserver plusieurs jours à l’état de crème (émulsion).
- Au moment de l’emploi, on verse l’émulsion dans un baquet d’eau de façon à arriver au total de 1 hl, dont on emplit le pulvérisateur.
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- CAUSERIE PHOTOGRAPHIQUE
- 373
- CHOIX D'UN APPAREIL
- Après les diverses considérations exposées au cours des trois précédentes Causeries, le moment est venu de prendre une décision et de fixer notre choix sur un appareil. Ici, notre
- sont en si grand nombre, ont des avantages ou des inconvénients si particuliers, que l’on se trouve bien perplexe quand il faut se décider.
- Fig. 1 à 4. — Exemples des vues que Von peut obtenir d’après un cliché carré.
- (Cour intérieure du Temple d’Angkor, Exposition Coloniale de 1931.)
- 1. Reproduction, très peu réduite, d’un élément de cliché stéréoscopique 6 x 13. — 2. Vue en largeur tirée par agrandissement de la partie inférieure du cliché précédent. — 3. Vue en hauteur obtenue par agrandissement de la partie de gauche du même cliché. — 4. Vue de détail
- d’une petite partie du même négatif.
- embarras est extrême, car les appareils offerts aux amateurs Plaques ou pellicules ? •— Tout d’abord nous aurons à
- 1. Voir les n° 2967, 2972, 2974, 2979, 2981, 2983, 2985, 2987, 2989, choisir entre un appareil à plaques et un appareil à pellicules 2993 et 2996. (cette dernière catégorie comprenant également les appareils
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- utilisant le film cinématographique de 35 mm ou de largeur moindre).
- Les appareils à pellicules sont aujourd’hui de plus en plus répandus, ils ont la faveur du public.
- Si l’on considère la valeur photographique des pellicules, cette faveur est parfaitement justifiée : les pellicules modernes donnent entre des mains expertes d’aussi excellents résultats que les plaques les plus parfaites; elles sont incassables, elles offrent le très grand avantage de permettre le rechargement de l’appareil en plein jour; enfin, leur faible poids fournit le moyen, au cours de voyages notamment, de prendre un très grand nombre de vues sans pour cela alourdir sensiblement le bagage. Signalons encore que certains appareils de petit format enregistrent 36 vues (et certains même 250) sur la même bobine de film, sans recharger le magasin.
- Les pellicules, en raison de leur extrême facilité de transport et de rechargement, constituent donc la solution « de moindre effort », surtout quand on se contente ensuite, une fois les vues prises, de porter chez un opérateur photographe les rouleaux à développer, puis à tirer sur papier !
- Les inconvénients, les voici : obligation d’attendre d’avoir terminé un rouleau de pellicules pour le développer; petite difficulté pour développer une longue bande dans l’obscurité ou même à une lumière rouge ou verte très faible (cette difficulté est aujourd’hui bien réduite par l’emploi de cuves spéciales dans lesquelles la pellicule est enroulée sur une bande gaufrée permettant au révélateur de la mouiller partout). Impossibilité, au cours d’un tel développement, d’arrêter au moment voulu l’action du révélateur sur certaines vues, alors qu’il faut encore le laisser agir sur d’autres.
- L’intervention de ï’ojDérateur est, ici, réduite au minimum au cours du développement; cette intervention est même nulle dans le cas de développement en cuve fermée, surtout pour les petits formats sur film. Quelle que soit l’habileté de celui qui a pris les vues, malgré tous les photomètres, certaines de ces vues seront surexposées, d’autres sous-exposées. La bande développée présentera certaines images d’une opacité considérable, d’autres, au contraire, seront trop transparentes. Avec les pellicules de format relativement grand, on aura encore la ressource, en les coupant, de travailler et corriger chaque image séparément (affaiblissement, renforcement, etc.). Avec les petits formats, l’usage est de conserver la bande entière des 36 images, soit de la couper toutes les 6 images, et de conserver ces fragments dans des classeurs spéciaux. Quel que soit le système employé, on ne peut traiter les images séparément et il reste seulement la ressource de tirer les épreuves sur des papiers de gradation différente et avec des temps d’exposition appropriés.
- Enfin, dernier inconvénient des appareils à pellicules, et non des moindres : impossibilité de tirer une vue unique et de la développer pour avoir immédiatement le résultat, — ce qui est bien utile dans un grand nombre de cas.
- Il existe bien une solution qui consiste à munir l’appareil d’un intermédiaire spécial qui s’adapte à la place du magasin à pellicules, et qui reçoit des châssis à plaques, que l’on peut alors traiter séparément. Mais beaucoup d’appareils sont construits de telle manière qu’il est impossible d’y adapter des châssis pour plaques.
- En résumé, les appareils à pellicules donnent d’excellents résultats qui justifient leur succès. Mais ils exigent de la part de ceux qui les utilisent une connaissance très complète des éléments qui influent sur le temps de pose. Une pellicule dont toutes les images ont reçu la même action photogénique est homogène et, si l’on surveille son développement, on l’arrêtera à point. Toutes les images seront alors de valeur comparable et utilisables.
- Nous verrons plus tard que cette « juste » détermination du temps de pose est le facteur essentiel de réussite en photographie. « Savoir poser » est la devise du parfait photographe !
- Divers types d’appareils. •— Qu’ils soient à plaques ou à pellicules, les appareils se subdivisent en deux catégories assez bien définies : 1° les appareils rigides; 2° les appareils pliants.
- Les appareils « rigides » comprennent d’abord les petits appareils de forme parallélépipédique connus maintenant sous le nom de « box », et qui sont surtout destinés aux débutants.
- Dans cette catégorie, il faut aussi ranger la plupart des appareils de petit format (24 X 36 mm), ceux du type reflex et la plupart des appareils stéréoscopiques.
- Les appareils « pliants » comprennent les anciens appareils du genre dit « touriste » (employés seulement aujourd’hui par les amateurs spécialisés en photographie), ceux du genre « folding » et ceux du type « klapp ». Beaucoup de ces appareils sont établis pour être surtout utilisés à la main. Signalons qu’il y a toujours intérêt à opérer sur pied. Dans ce but, de nombreux appareils comportent un et généralement deux écrous spéciaux de fixation.
- Les appareils rigides genre « box ». — Les appareils rigides —- sauf pour les très petits formats —• sont, en général, des appareils simples que l’on admet être réservés à l’usage des débutants, mais qui donnent d’excellents résultats quand ils sont mis entre des mains expertes. Il y a quelques années encore, on trouvait des appareils rigides (détectives, jumelles, etc.) très perfectionnés, munis d’une optique d’excellente qualité, donnant des résultats parfaits. Ces appareils, évidemment volumineux et lourds (surtout lorsqu’ils comportaient un magasin de 12 plaques 9 X 12 ou même 6 1/2 X 9), tendent peu à peu à disparaître des catalogues, et on les trouve à bon compte dans les « occasions ». De nos jours, on ne trouve plus guère que de petits appareils des formats 4 1/2 X 6, 6 X 9, 6 1/2 X 9 ou 6 1/2 X 11, présentés en une boîte parallélépipédique, et leur nom ancien de « détectives » a été transformé en celui de « box ».
- Us comportent généralement un objectif simple achromatique à lentilles collées ou, parfois, un objectif double, genre rectilinéaire, avec 3 diaphragmes, deux viseurs et un obturateur « faisant » la pose et l’instantané (à quelle vitesse?). Parfois même, dans les modèles « perfectionnés », il y a deux vitesses différentes pour l’instantané. Ces petits appareils sont les plus faciles d’emploi et les enfants les utilisent aisément. Leur luminosité est faible, et limite leur usage aux heures de bonne lumière.
- Sur une des parois de l’appareil se trouve la clef provoquant le déroulement de la pellicule. Des fenêtres, garnies de gélatine ou de celluloïd rouge foncé, laissent apparaître les numéros figurant au dos de la bande de papier protégeant la pellicule sensible et permettent d’arrêter le déroulement de celle-ci au point voulu.
- Ces appareils ne comportent pas de décentrement.
- Appareils pliants du genre « folding ». — Les appareils pliants du genre « folding » se composent d’une partie qui se rabat, formant base de l’appareil, et portant des rails sur lesquels on bloque la platine avant, en forme d’U, portant l’objectif et l’obturateur. La base est reliée à la partie arrière par des jambes de force articulées rendant, en principe, l’ensemble indéformable. Dans certains modèles, l’appareil s’ouvre automatiquement sous la poussée d’un ressort qui se détend sous la pression d’un bouton spécial, et l’objectif est ainsi mis en place, au point sur l’infini. Un soufflet pliant, généralement en peau, réunit les parties avant et arrière.
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- Les appareils pliants comportent presque toujours une optique beaucoup plus soignée que celle des appareils rigides, dits pour débutants. Cette partie optique est généralement baptisée du nom d’ « anastigmat », quelle que soit, d’ailleurs, sa valeur (un bon objectif rectilinéaire ne trouverait plus guère preneur aujourd’hui !...). L’obturateur est à vitesses variables, faisant la pose, et souvent il est à « retardement »; on sait que ce système offre l’avantage, pour celui qui opère, de se placer dans le paysage photographié, quelques secondes s’écoulant entre le moment où l’obturateur est mis en marche et celui où il s’ouvre pour prendre la vue.
- L’objectif comporte un diaphragme à iris et, dans la plupart des modèles un peu soignés, il existe une « mise au point », soit par avancement de l’objectif, et plutôt par déplacement de la platine avant : une échelle, tracée sur les rails de guidage, ou placée à côté, indique, par un repère — avec une exactitude qu’il convient de vérifier — la mise au point pour diverses distances.
- Un élément essentiel, sur lequel nous insisterons particulièrement, est celui du double tirage. Dans la plupart des appareils pliants, on peut photographier depuis l’infini jusqu’à 2 ou 3 mètres de distance f1). Mais alors le soufflet est allongé au maximum, il n’est plus possible d’avancer davantage l’objectif pour pouvoir photographier de plus près. Avec ces appareils à faible tirage, l’on se trouve privé d’exécuter toute une série de travaux intéressants, comme par exemple la reproduction en faible réduction ou en grandeur égale de documents (photographies, cartes postales, lettres, images, dessins, etc.) ou de petits objets (fleurs, animaux, ete.). Le tirage trop court de la chambre empêche de s’approcher suffisamment du sujet.
- En veut-on un exemple ? Au cours d’une excursion, nous trouvons tout à coup, au milieu d’un tapis de mousse, de superbes petites fleurs aux colorations magnifiques. Allonger la chambre pliante au maximum, l’installer sur un pied et mettre bien en plaque et au point -est l’affaire de quelques instants. Puis aussitôt, nous prenons une « autochrome » en grandeur naturelle.
- Avec les appareils à simple tirage, cette vue aurait été impossible à prendre et, avec la réduction inévitable, elle n’aurait offert aucun intérêt.
- Si donc on se propose d’acquérir un appareil pliant, on exigera le double tirage du soufflet.
- Le décentreraient de l’objectif a disparu, à peu près complètement, de ces appareils : tout au plus existe-t-il sur certains modèles un faible décentrement en hauteur, obtenu par rotation d’un bouton molleté qui élève la platine avant. Cette absence de décentrement est un grave inconvénient, condamné par toutes sortes de raisons scientifiques et esthétiques.
- Ajoutons que ces appareils pliants du genre « folding » sont assez fragiles : pour réduire le poids, les pièces ont été allégées au maximum. On doit les manipuler avec beaucoup de précautions et ne jamais forcer quand, en fermant l’appareil, on sent une résistance. Le résultat serait de fausser quelque pièce et de compromettre le parallélisme de la partie avant et de la partie arrière. L’usage répété de ces appareils introduit dans les articulations un jeu qui, avec le temps, peut également compromettre ce parallélisme. Certains appareils du genre « folding », construits en bois, sont des instruments de haute précision, comprenant tous les perfectionnements. Ils donnent des résultats parfaits. Leur poids est élevé.
- Appareils pliants du genre « klapp ». — Le nom de
- ces appareils vient du mot allemand « Ivlapphut » qui veut dire chapeau-claque; ils s’ouvrent un peu à la façon de ces
- 1. Par l’emploi de « bonnettes » que l’on fixe sur l’objectif, cette distance peut être abaissée jusqu’à 1 mètre environ.
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- chapeaux à ressort très en faveur autrefois, mais qui, de nos jours, ont un aspect un peu... vieillot, voire ridicule ! La partie avant de ces appareils est réunie à la partie arrière par un soufflet; un système de bras pliants, articulés ou non, ou de « ciseaux » donne à l’ensemble la rigidité nécessaire.
- La mise au point ne peut s’effectuer par avancement de la partie avant, qui est reliée rigidement, comme on vient de le voir, à la partie arrière. Elle se fait généralement par déplacement de l’objectif dans une monture hélicoïdale. Ces appareils possèdent presque toujours les deux décentre-ments. Ils sont très employés par les « reporters » photographes, les manœuvres sont très rapides.
- L’appareil une fois plié, la partie avant rentre en quelque sorte dans la partie arrière et l’ensemble a une assez faible épaisseur.
- Appareils pliants genre « touriste ». — Il nous faut dii*e un mot, pour mémoire si l’on veut, des bons vieux appareils à queue pliante, à soufflet, dits « touristes », munis d’un objectif rectilinéaire ou auti'e. Les amateurs sérieux seront bien inspirés d’en acquérir un d’occasion du format 13 X 18, s’ils ne le possèdent déjà.
- Ces vieux appareils, pour démodés qu’ils soient, permettent d’aborder toutes sortes de travaux au laboratoire : reproduction (avec agrandissement, réduction ou à échelle égale), portraits à l’atelier, photographies de fleurs, de phénomènes météorologiques, etc., etc.
- Appareils « Reflex ». — Lorsque l’on veut photographier des scènes très mouvementées, comme, par exemple, les phases d’un match de foot-ball, des jeux d’enfants, des animaux en liberté, etc., les appareils précédents se révèlent souvent d’un emploi difficile. Il faut, en effet, se placer à peu de distance des acteurs de la scène, pour avoir des images assez grandes, donc pouvoir « mettre au point » sur des sujets qui se déplacent constamment et parfois très vite, puis déclencher l’obturateur en temps opportun afin de saisir un mouvement intéressant, une phase captivante du jeu...
- Les viseurs ordinaires se révèlent presque tous insuffisants pour saisir de tels sujets. S’ils donnent bien une image — même très lumineuse •—• de la scène à photographier, cette image est généralement petite. En outre, ils ne permettent pas d’effectuer la mise au point au fur et à mesure du déplacement des modèles.
- Les appareils « Reflex » sont constitués de manière à pouvoir effectuer simultanément ces deux opérations si importantes : mise au point et mise en plaque.
- Ils utilisent un objectif très lumineux qui donne, grâce à un miroir intérieur incliné à 45°, une image de la scène à photographier sur un verre dépoli placé au-dessus de l’appareil. Cette image est du format même de celle qui sera photographiée.
- On suit les phases de la scène en mettant au point, au fur et à mesure, à l’aide d’un bouton spécial : lorsqu’on juge le moment propice, on déclenche l’obturateur, le miroir s’applique sur le verre dépoli (fermant ainsi hermétiquement la chambre), et l’obturateur de plaque fonctionne. Ces divers mouvements exigent un certain temps (une fraction de seconde), dont l’opérateur doit tenir compte s’il ne veut pas s’exposer à des mécomptes, par exemple de voir, au développement, que le sujet principal est sorti du champ, ou encore qu’il est coupé en deux. L’opérateur doit, en quelque sorte, extrapoler les événements, les prévoir, et enregistrer le « fait qui va se produire » !
- Un capuchon spécial, en toile ou en métal, protège le verre dépoli sur lequel se forme l’image, l’antique voile noir ne pouvant être employé ici. Ce dispositif a évidemment un inconvénient : celui d’obliger à opérer toujours avec l’appa-
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- reil placé à la hauteur de la poitrine, d’où perspective un peu spéciale, puisque nous regardons les choses de plus haut, et impossibilité d’opérer dans une foule.
- Certains appareils « Reflex » de petit format comportent deux chambres superposées et deux objectifs identiques. La chambre inférieure est l’appareil de prise de vues, c’est, si l’on veut, un « box » de précision. La seconde chambre est un viseur qui donne une image égale à celle qui sera photographiée. Elle comporte une glace fixe inclinée à 45°.
- Pour les vues rapprochées, un correcteur de parallaxe assure une mise en place exacte.
- Ces appareils sont forcément de petit format, puisqu’ils sont constitués, en fait, de deux appareils identiques placés l’un au-dessus de l’autre, celui du haut étant « visuel », celui du bas « photographique ».
- De par leur construction, ies « Reflex » doivent être employés toujours dans la même position (miroir en haut). On en a construit avec partie arrière pivotante, mais c’est là une solution compliquée pour obtenir des vues en hauteur. On a tourné la difficulté en ayant recours à un format carré (4 X 4, 6 X 6, etc.).
- Les appareils de « petit format ». —• Ils utilisent le film cinématographique perforé de 35 mm. Il en existe surtout deux modèles —• construits à l’étranger — qui se recommandent par l’extrême perfection de leur fabrication. D’ailleurs, comme nous l’avons exposé dans les « Causeries » précédentes, il est indispensable que la construction de ces appareils soit parfaite, à tous points de vue. Ces petits appareils reçoivent un fragment de film de lm,60 de longueur sur lequel on peut prendre 36 vues 24x36 mm. Parfois, on arrive à en prendre 37. Un rouleau de film dans sa gaine pèse quelques grammes et l’on peut emporter avec soi, sans aucune gêne, le film nécessaire à la prise de plusieurs centaines de vues (c’est là, incontestablement, un bien gros avantage pour les voyages).
- Un autre avantage de ces petits appareils — du moins dans la plupart des modèles —• est la liaison mécanique entre la mise au point de l’objectif et le viseur qui comporte un télémètre.
- Le télémètre, couplé avec l’objectif, permet, en amenant deux images vues dans le viseur en coïncidence, de faire automatiquement la mise au point sur les parties des images qui coïncident. Les appareils de petit format permettent de saisir « au vol », si l’on peut dire, un grand nombre de scènes qu’il serait bien difficile de prendre avec d’autres appareils, les « Reflex » à part.
- Le passage d’une vue à la suivante est assez rapide et, avec une bonne habileté, on arrive à prendre des phases rapprochées d’une même scène (-1).
- Un des principaux inconvénients de ces appareils réside dans leur prix élevé. Il est entendu que ce prix se justifie par le fini d’exécution, car ce sont des merveilles de précision, et aussi par des droits de douane fort élevés; mais, quelle qu’en soit la cause, le prix arrête un grand nombre d’amateurs. Pour fixer les idées (et en mettant les «occasions» à part — il s’en trouve assez souvent) le prix de ces appareils atteint, pour les derniers modèles perfectionnés, de 3000 fr à 6000 fr, et ce prix se trouve largement augmenté pour peu que l’on acquière quelques objectifs supplémentaires (il en existe toute une gamme de foyers différents, dont le prix varie entre 600 fr et 2600 fr pièce !).
- On fait valoir que le prix d’achat est, en quelque sorte,
- 1. Il existe même un nouvel appareil sur film cinématographique qui donne des vues 24x34 mm (encore un format qu’il convient d’ajouter à notre Tableau) et comporte un mécanisme spécial à ressort qui fait avancer le film, vue par vue, par simple pression sur un bouton. L’opération peut se répéter 25 fois pour chaque remontage.
- récupéré sur la faible dépense occasionnée par l’emploi du film, qui coûte de 15 fr à 18 fr pour 36 vues, soit donc 0 fr 50 par vue. Une plaque coûterait évidemment plus cher. Mais il conviendrait, pour présenter un prix de revient exact, d’ajouter au prix d’une vue l’intérêt du capital engagé, réparti sur les vues prises au cours d’une année par exemple.
- En dehors des appareils précédents, signalons encore ici ceux du format 3x4 cm., dont certains sont construits en France.
- Us sont d’ailleurs d’un prix beaucoup moins élevé, quoique comportant la plupart des perfectionnements des 24 X 36 mm, sauf le télémètre couplé avec l’objectif. Ces appareils emploient la pellicule de 8 poses 4x6,5 et donnent 16 vues 3x4 cm.
- Ils sont fort intéressants et se recommandent aux amateurs qui hésitent à s’outiller avec les appareils 24x36 mm.
- En résumé, les « petits formats » — pour ceux que n’arrêtent pas les considérations qu!on vient de lire, et sous réserve des remarques concernant le pouvoir de résolution des films (comme il a été exposé au cours des « Causeries » précédentes), — constituent une solution vraiment intéressante de l’appareil représenté comme presque universel « par une publicité adroite et tenace » (1), et l’on comprend le succès qu’ils rencontrent auprès de toute une catégorie d’amateurs.
- Appareils stéréoscopiques. — Faut-il rappeler ici l’extrême plaisir que l’on éprouve à regarder les stéréoscopies ? Ils suffit, pour être convaincu, d’assister à une présentation de vues stéréoscopiques. La lenteur avec laquelle le stéréoscope circule entre les assistants, le temps que chacun met à regarder chaque vue, les protestations de ceux qui attendent leur tour « de voir » prouvent surabondamment que l’on prend à cet examen un plaisir extrême. Nous en avons dit précédemment les raisons : aspect véridique des photographies avec leur relief naturel, vision des petits détails, reconstitution de la perspective réelle.
- Les « petits formats » çnt fait un tort considérable à la stéréo-scopie et cependant celle-ci est, avec la projection, la vraie façon de bien voir les photographies. D’ailleurs les « petits formats », en raison, sans doute, des regrets exprimés par des stéréoscopistes convaincus, viennent de verser dans la stéréo-scopie. On adapte sur l’objectif d’un 24x36 mm, à l’aide d’une attache métallique facile à poser, un dispositif composé de deux prismes qui donnent naissance sur le film à deux images stéréoscopiques accolées de 24x18 mm, donc occupant ensemble la place d’une vue normale. On ne peut obtenir qu’une vue en hauteur, assez étroite comme l’on voit. Un
- 1. Voir à ce propos, un important article de M. H. Cuisinier dans la Revue française de Photographie et de Cinématographie, n° 410, du 15 janvier 1937, page 21, sur « La délicate question du Format ». Cet article intéressera vivement les amateurs des « petits formats ».
- Ajoutons, à propos de la publicité faite au sujet de ces appareils, que nous avons lu récemment dans une annonce ce qui suit: « Pensez de quelle utilité peut être un appareil de petit format dans un labo-« ratoire (micro-photo), dans une salle de conférences..., dans le cabinet « du médecin, à l’hôpital, dans un salle d’opérations, sous une coupole « astronomique... » L’auteur de ces lignes n’a certainement jamais travaillé sous une coupole astronomique ! Les astronomes ont besoin, pour leurs travaux, de grands objectifs, de grands miroirs, ayant le plus grand pouvoir de résolution possible. Je fais appel ici au témoignage de mon ami M. de Kerolyr qui, à la station astronomique de l’Observatoire de Paris, à Forcalquier, emploie avec tant de succès le télescope de 0 m 80 d’ouverture construit par M. A. Couder. Consentirait-il à poser 15 ou 20 heures pour photographier une nébuleuse ou une région galactique avec un objectif de 50 mm de foyer, couvrant 24 x 36 mm ? La publicité « tenace » se révèle ici avec toute son audace ! Que l’on s’étonne alors, — comme l’écrivait M. H. Cuisinier — que « s’il y a des enthousiastes des formats minuscules, il y ait aussi des... enthousiastes refroidis ».
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- stéréoscope spécial, à dispositif optique inverseur, permet l’examen des vues en relief, sans qu’il soit nécessaire de les transposer P).
- Il existe aujourd’hui d’excellents appareils stéréoscopiques français, à plaques ou à pellicules, dans les formats 6x13 ou 7X13, de prix très abordable. Ces appareils donnent 7 vues 6x13 avec les bobines de pellicules 8 poses 6,5 X 11 de type courant. Remarquons — comme expliqué précédemment — que chaque objectif est utilisé au mieux, puisqu’il donne des vues carrées (6x6 ou 6,5 X 6,5). Si, pour une raison quelconque, on ne veut pas tirer de stéréoscopie, il suffît de placer le bouchon sur un des objectifs pour obtenir avec l’autre un seul négatif. En opérant ensuite, de même, avec l’autre objectif, on aura deux négatifs différents sur une plaque 6x13. Mais il nous paraît préférable de prendre toujours les deux vues simultanément,... car il peut se trouver un défaut dans un des clichés.
- Enfin, si les vues stéréoscopiques, tirées sur verre, donnent au stéréoscope le relief véritable, nous pouvons encore les projeter séparément dans toute lanterne au moyen d’un passe-vues, mais en masquant une des vues, ce qui donnera des projections excellentes, de 1 m,5Q à 2m de côté, l’image de départ 6x6 étant déjà d’une bonne grandeur.
- Ce que l’on peut regretter, dans la construction des appareils stéréoscopiques du commerce, c’est leur faible latitude de mise au point qui empêche la photographie d’objets très rapprochés, par suite d’un tirage insuffisant.
- Beaucoup de ces appareils n’ont pas de décentrement. Pour la stéréoscopie simple, l’inconvénient n’est pas grave, car si l’on veut photographier un sujet élevé (monument, rue étroite, etc.) on peut lever le « nez » de l’appareil. Quand on regardera les positifs au stéréoscope, instinctivement on placera l’instrument dans la position rétablissant les verticales, c’est-à-dire qu’on inclinera le stéréoscope de l’angle voulu. Mais si l’on veut faire des agrandissements de ces clichés, les verticales seront inclinées désagréablement. Une chambre stéréoscopique avec décentrement est donc indispensable. Ce décentrement existe d’ailleurs dans certains appareils de précision, mais dont le prix est élevé.
- Conclusion. —• Dans tout ce qui précède, nous avons omis volontairement toute citation de noms d’appareils ou de marques, et nous nous en sommes tenu à des généralités. On trouve dans le commerce des centaines d’appareils de caractéristiques et de marques différentes, répondant, plus ou moins, aux exigences des amateurs.
- Nous nous garderons bien de désigner, parmi cette pléiade d’appareils, celui qui aurait nos préférences, pour la bonne raison, d’ailleurs, qu’il n’existe pas complètement tel que
- 1. Voir La Nature, n° 2993, du 15 janvier 1937, p. 94.
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- nous l’imaginons. Mais puisque, en fin de compte, le choix d’un appareil est surtout une question de préférence personnelle, on nous permettra, en tenant compte des diverses remarques exposées au cours des précédentes « Causeries », de poser le problème sous la forme suivante :
- « S’il nous arrivait — pour un motif qu’il n’y a pas lieu « même d’imaginer ici —- d’être dépossédé des divers appâte reils dont nous disposons, par quel appareil unique pour-« rions-nous les remplacer ? »
- Et voici la réponse : « Certainement par un appareil stéréo-« scopique 6 X 13 ou 7x13 ».
- Cet appareil pourrait être mixte, et utiliser à volonté des plaques ou des pellicules. Il comporterait surtout une excellente optique (objectifs anastigmats ouverts à F/4,5), avec, si possible, une mise au point étendue permettant la photographie de près (le double tirage serait bien utile) et le décentrement en hauteur. Par déplacement latéral des objectifs et suppression de la séparation intérieure entre les chambres, l'appareil donnerait des vues panoramiques 6x13.
- Voici maintenant la gamme étendue de ce que cet appareil permettrait de réaliser :
- 1° Clichés simples 6x6,5 en vue de l’agrandissement, reproduction de documents, etc., et clichés doubles sur 6X13.
- 2° Stéréoscopies sur verre, sur film positif ou sur papier, pour regarder, en relief, au stéréoscope.
- 3° Projection à la lanterne d’un des éléments de ces vues pour en faire des projections simples, mais de belles dimensions (lm,50 à 2m de côté).
- 4° Projection à la lanterne des deux éléments de ces positifs pour obtenir des projections en relief par le procédé des anaglyphes (la transformation à faire subir à la lanterne sera décrite ici le moment venu).
- 5° Exécution de vues panoramiques 6x13.
- 6° Tirage à la lanterne d’agrandissements très nets d’environ 4 fois, correspondant ainsi à la longueur focale de 0m,30. Faits avec grand soin, ces agrandissements pourront être pris pour des épreuves directes.
- Les négatifs étant carrés utilisent au mieux l’image fournie par l’objectif et pourront donner, à volonté, des vues en hauteur ou en largeur ou des vues partielles, si la composition du sujet s’y prête (voir fig. 1 à 4).
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- En résumé, — et tout en reconnaissant son caractère personnel — cette conclusion est le résultat d’une expérience déjà longue, mais la pratique de la photographie ne fait que la renforcer chaque jour davantage.
- Em. Touchet.
- LAMPES A VAPEUR DE SODIUM
- POUR COURTS DE TENNIS
- Un peu partout, dans les villes, se sont bâtis ou aménagés des courts de tennis couverts où l’on vient jouer du matin au soir ou même jour et nuit. Dans les pays tropicaux, où l’on ne peut se livrer au soleil à des exercices violents, les amateurs de tennis doivent attendre la nuit pour se livrer à leur jeu favori. Cela pose le problème de l’éclairage des courts. Il faut qu’il soit très homogène, non éblouissant, sans ombres portées et qu’il laisse à l’œil la facilité de suivre rapidement la balle et de la distinguer dans tous les points quelle peut occuper à l’intérieur des limites.
- La Philips Teclmical Review indique une solution qui vient d’être appliquée à trois tennis en plein air des Indes néerlandaises : les lampes à vapeur de sodium déjà largement employées pour l’éclairage des routes. De bons résultats auraient été obtenus sur un tennis au moyen de 8 lampes de 150 watts placées en deux rangs de quatre de chaque côté du court, à 6 mètres de hauteur. La vue des foyers n’éblouit pas, étant donnée la faible intensité lumineuse des sources à vapeur de sodium, et l’éclairage verdâtre obtenu permettrait aux joueurs de discriminer plus vite les mouvements de la balle dans l’espace.
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- COMMUNICATIONS a l ACADEMIE DES SCIENCES
- Séance du 15 février 1937.
- Composition des météorites. — On a émis l’hypothèse de la similitude des compositions des météorites et des co.uches profondes de la terre. M. René Perrin montre la fragilité de cette conclusion car, non seulement, la composition devrait être identique dès l’origine, ce qui est contredit dans le seul système Terre-Lune par la différence très importante de la densité moyenne des deux astres, mais aussi les conditions d’oxydation auraient dû être pareilles. Cette deuxième condition n’a très probablement pas été remplie dans le passé et les météorites ont, de plus, subi une oxydation supplémentaire à leur passage dans l’atmosphère.
- Séance du 22 février 1933.
- Phénomènes lumineux des explosions. — MM. Michel-Lévy et Muraour ont établi que les fortes luminosités produites par les détonations des explosifs très brisants sont dues, non aux gaz émis, mais à la réaction de l’onde de choc sur l’atmosphère. Ils démontrent cette hypothèse en faisant succéder à intervalles très courts (0,5 à 1/1600e de seconde), les détonations de deux petites charges d’un mélange de toluène et de tétranitrométliane. Ces intervalles sont mesurés par les différences de cheminement de l’allumage par l’intermédiaire de traînées de perchlorate de diazo-métanitraniline. Les clichés sont pris sur un banc d’optique de façon que le développement de la première explosion soit photographié à la lumière de la seconde. Les images montrent nettement que, conformément aux idées des auteurs, l’onde de choc provoque une intense luminosité avant que les gaz n’aient apparu; ceux-ci sont presque obscurs lorsqu’ils se dégagent.
- Précipitation du sulfate de cuivre. — Les analyses des précipités obtenus en versant une solution de soude dans une dissolution de sulfate de cuivre conduisent à une composition correspondant au sulfate : S03, 4CuO. On obtient des résultats indiquant une proportion plus élevée de cuivre, si on suit la réaction par voie électrométrique. Mlle Giordano-Orsini et M. Geloso, admettant d’abord avec Sermage que l’électrode à quinhydrone ne convient pas pour suivre le pH du mélange par suite de ses propres réactions sur les sels de cuivre, ont opéré avec une électrode de tungstène. Les résultats ont cependant montré les mêmes anomalies. Opérant alors en éliminant rigoureusement le gaz carbonique, les auteurs ont montré que ces anomalies tiennent à la formation d’un peu de carbonate de soude car, dans ces conditions, le précipité répond rigoureusement à la composition du sulfate tétracuivrique.
- Un parasite du porc. — M. Balozet a pu déterminer un nouveau parasite du porc, le Brachylaemus suis, trématode très abondant dans l’intestin des animaux élevés en Tunisie. Les œufs de ce parasite subissent une maturation dans le milieu extérieur, puis sont ingérés par des gastéropodes dans lesquels ils évoluent jusqu’aux formes métacercaires et cercaires; ils sont particulièrement nombreux dans la glande suprapédieuse. Les parasites sont abondants dans les mollusques de novembre à février. L’infestation des porcs se produit naturellement, ces animaux étant friands de mollusques. Les parasites atteignent une longueur de 1 mm 6 et une largeur de 0 mm 6. A moins d’être affaiblis par d’autres causes, les porcs semblent supporter sans dommage la présence de ces trématodes. Ceux-ci ont pu évoluer sur d’autres hôtes : lapin, rat, souris, pigeon; par contre le cobaye et la poule n’ont pu être infestés.
- Séance du 1er mars 1937.
- Chute de météorite. — M. Lacroix signale la chute d’un météorite survenue le 15 juillet 1936 en Nouvelle-Calédonie; c’est le premier événement de cette nature observé dans les petites îles de l’Océan Pacifique. Deux fragments de 323 et 19 gr ont été recueillis, ils doivent représenter la majeure partie de la pierre initiale; leur densité est de 3,678. Cette pierre est une chondrite renfermant de petits chondres gris noir dans une masse tufacée. La teneur en fer nickelé est de 12,6 pour 100.
- Structure des dépôts électrolytiques. —• Les dépôts électrolytiques présentent deux types : cristaux distincts si on part des sels simples de cuivre, argent, plomb ou zinc, et microcristaux si on part, soit des sels complexes de ces mêmes métaux, soit des métaux ferreux, soit de solutions contenant des colloïdes. M. Jacquet montre qu’il est possible d’accroître un réseau cristallin à la cathode avec des électrolytes qui devraient normalement conduire à des microcristaux. La structure fine correspond toujours à la décharge d’ions hydrogène sur la cathode; on obtiendra donc des dépôts à gros cristaux lorsque le rendement électrolytique est de 100 pour 100 en métal, ce qui peut être réalisé en faisant varier les conditions de l’opération, la densité de courant par exemple.
- Dosage des nitrates. — Appelés à déceler des traces de nitrates au cours de leurs recherches biologiques, MM. Lemoi-gne, Monguillon et Desveaux montrent qu’il est avantageux de réduire ces nitrates en nitrites et de doser ces derniers par la réaction de Griess (acide sulfanilique et naplityl-amine). La réduction par le zinc est préférable, on doit éliminer ensuite le métal par centrifugation ou filtration; l’acide hyponitreux et l’hydroxylamine produits sont ramenés à la forme nitreuse par l’iode acétique. Les auteurs exposent la technique à suivre qui a l’avantage de pouvoir être utilisée sans concentration préalable.
- Dissociation du zircon. —- MM. George et Lambert montrent que le zircon ou silicate de zirconium est complètement dissocié en silice et zircone à la température du four électrique. Par refroidissement rapide, on obtient la zircone cristallisée dans la silice restée à l’état vitreux. Vers 1650° la dissociation est très incomplète et ne provoque la libération que de 10 pour 100 de la silice.
- Action des arsenicaux sur les insectes. — La lutte contre les insectes par les arsenicaux repose sur l’ingestion de ces sels. Il ne fait pas de doute que c’est ainsi que s’exerce le plus souvent leur action, mais on a cependant remarqué (Mally, 1923) que le simple contact suffit à provoquer la mort de certaines espèces, surtout si on utilise des poudres très fines par un temps humide. On admettait, ce qui n’est pas impossible, que le poison pénétrait par les troncs trachéens, la chitine lui étant complètement imperméable. M. Lepesme montre aujourd’hui que cette dernière observation est inexacte, les arsenicaux peuvent pénétrer à travers la chitine, cette pénétration étant naturellement d’autant plus lente que les téguments sont plus chitinisés. La mort par contact direct doit être expliquée ainsi dans de nombreux cas. Cette nouvelle notion permet de prévoir l’efïicacité des poudrages par avions des essaims de sauterelles traversant des régions désertiques.
- L. Bertrand.
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- thèques, car il n’existe pas encore de moyen pratique et économique de reproduction d’un document manuscrit ou imprimé. La photographie a déjà réalisé un progrès notable, mais le procédé de reproduction sur papier est délicat et trop onéreux pour être pratique. Au contraire, la photographie sur film paraît susceptible d’apporter la solution élégante et moderne à ce problème toujours d’actualité, et a été retenue, en 1935, par les experts des neuf grandes nations représentées au «Symposium de Paris», comme l’un des meilleurs procédés pour étendre le réseau universel de documentation.
- D’ailleurs un essai réalisé en Amérique, à la bibliothèque du département d’agriculture à Washington, a été couronné de succès puisque en quelques mois, il a été distribué plus de 300 000 pages de microfilm de documentation scientifique. A Londres, le British Muséum a également organisé le service de copie des livres, et à Paris la Bibliothèque Nationale s’est montrée favorable au procédé.
- Le principe de la micro-documentation filmée est très simple: on reproduit les pages du document sur un film ordinaire et on effectue la lecture à l’aide d’une loupe puissante. Somme toute, c’est, modernisé et généralisé, le système des microgrammes de la poste par pigeon voyageur, du siège de Paris, en 1870.
- Divers appareils ont été réalisés pour la prise des photographies. Les Américains emploient celui du Dr Draeger, qui permet de photographier de 1000 à 1500 pages à l’heure. En France, Seidell et de Saint-Ract ont mis au point un appareil utilisant le plan normal de 35 mm. Le document, sim-lement aplati par deux lourdes règles métalliques, est violemment éclairé par une lampe à vapeur de mercure. Au-dessus, porté par une colonne à crémaillère, le long de laquelle il peut se déplacer sous l’action d’un volant solidaire d’un jeu de pignons, se trouve placé le dispositif photographique : objectif et magasin du film.
- La pellicule est entraînée par un débiteur de cinq images, commandé par un levier solidaire d’un rochet à cinq dents, dont l’axe est calé sur le compteur d’images.
- L’abaissement du levier commande l’ouverture de l’obturateur; son retour au repos provoque l’avancement du film de la longueur d’une image.
- Toutes les cinq images, l’avancement permet d’obtenir un blanc de 15 mm environ. Ce blanc sert pour le classement des films. Ceux-ci sont découpés en tronçons de 20 cm, portant chacun cinq images correspondant à cinq ou dix pages de texte. Ils sont montés sur des fiches en bristol de 215 Xl40, portant au recto trois gouttières parallèles de 38 mm de largeur, fermées par une feuille transparente d’acétate de cellulose. Chaque fiche peut donc porter 15 ou 30 pages de texte. Au verso, on inscrit la référence de l’article suivant les conventions normales, et la fiche peut être rangée dans un classeur, ou intercalée dans un dossier.
- La lecture des microfilms peut se faire soit directement à l’aide d’une loupe ou d’un dispositif analogue à ceux qui servent à examiner les photographies stéréoscopiques (naturellement en n’employant qu’un seul oculaire), pour la lecture d’articles courts. Pour la lecture par projection, qui sera toujours moins fatigante que la lecture à la loupe, il reste à construire un appareil confortable et peu coûteux, mais le problème est simple et la diffusion du microfilm incitera certainement les constructeurs à le réaliser rapidement. H. Y.
- BIOLOGIE
- Les nids de lapereaux.
- Dans une thèse récemment présentée à la Faculté des
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- Sciences de Paris pour le titre d’ingénieur-docteur, M. Marius Baccino a étudié l’influence de la température sur les jeunes animaux à sang chaud, aux premiers temps de leur croissance, dans le but de réaliser pour les nourrissons un berceau à température optimum.
- Chemin faisant, M. Baccino a rassemblé nombre de renseignements sur les nids des oiseaux et des mammifères et expérimenté sur les petits lapins. Cela nous vaut une fine observation de la manière dont la lapine assure par la construction de son nid les besoins de température du lapereau.
- Les nids des lapins, dit M. Baccino, sont constitués dans les garennes au sein d’un amas d’herbe sèche, par une cavité revêtue d’un feutrage des poils de la mère.
- Le lapin domestique fait à peu près de même. Lorsque le nid est dans une grande cage, l’orifice du nid est latéral; dans une petite, il est à la partie supérieure. Les femelles font leur nid plus ou moins soigneusement; certaines paraissent hésiter à s’arracher les poils nécessaires au feutrage du nid et la mortalité des jeunes augmente dans les nids mal isolés.
- En hiver, l’épaisseur de la couche de paille est plus grande et l’ouverture n’apparaît que 14 ou 15 jours après la
- naissance; en été, la couche est plus mince et la cheminée se forme après 8 ou 9 jours seulement.
- Au moment de la naissance et le premier jour, le lapereau, aveugle, nu, fragile, est, au contact du feutrage, dans une véritable marmite norvégienne et la température de l’air au voisinage du nouveau-né est de 35°. Neuf jours après, les yeux s’ouvrent, le poil commence à pousser; le lapereau qui a grandi a écarté le feutrage et la température de son nid n’est plus que 27-28°. Quatorze jours après la naissance, quand le lapereau va sortir et trotter, son nid est devenu encore plus vaste et une cheminée le fait communiquer avec l’extérieur; sa température baisse à 24-25°.
- La figure ci-dessus, empruntée à la thèse de M. Baccino, montre cette évolution du nid qui règle pour le jeune animal la température optimum de son développement. La preuve qu’il en est bien ainsi est fournie par de multiples faits : l’ouverture du nid est plus tardive en hiver qu’en été; à température trop basse, les lapereaux s’agitent et se serrent les uns contre les autres ; dans un tunnel chauffé à un bout et refroidi à l’autre, les lapereaux se groupent au point de température optimum, etc.
- Cette série d’observations et d’expériences ajoute de curieuses précisions à la connaissance de l’instinct.
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- Fig. 1. — Les nids de lapereaux.
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- INVENTIONS ET NOUVEAUTÉS
- Rayons cathodiques
- AMPLIFICATEUR
- INDICATEUR D ANGLE
- Fig. 1. — L’indicateur cathodique Sunbury-L.M.T. monté sur un moteur.
- MÉCANIQUE
- Un indicateur à oscillographe cathodique pour moteurs.
- Parmi les nombreuses applications de l’oscillographe cathodique, une des plus intéressantes est la prise du diagramme des moteurs thermiques.
- Pour les moteurs à grande vitesse de rotation, l’indicateur de Watt, à transmissions purement mécaniques, n’a plus une fidélité suffisante, en raison de l’inertie des pièces en mouvement.
- On a aussi à étudier les variations de pression d’huile dans les canalisations des organes en mouvement, dans la pompe ; l’ouverture des soupapes d’admission dans les systèmes d’injection d’huile; les mouvements de ces différents organes en régime rapide doivent être étudiés avec précision.
- L’oscillographe cathodique, avec son faisceau cathodique
- Fig. 2. — Aspect des diagrammes relevés sur un cylindre de moteur avec l'appareil Sunbury.
- POINT MORT
- PRESSION
- VARIATION DE PRESSION
- POINT MORT
- dépourvu d’inertie et sensible à toutes variations de champ électrique ou magnétique, devait s’offrir de lui-même à la pensée des ingénieurs désireux de substituer à l’indicateur un appareil plus sur et plus sensible.
- Il faut, avant tout, convertir en variations de potentiel électrique les variations de pression ou les déplacements mécaniques. Un amplificateur à lampes à vide amplifiera les oscillations ainsi produites, qui seront ensuite appliquées sur un tube à rayons cathodiques pourvu, par exemple, d’un système de balayage linéaire mis en synchronisme avec le mouvement de rotation du moteur.
- La conversion des variations de pression ou de mouvement en variations électriques pose, dans le cas présent, des problèmes délicats qui ont reçu déjà de nombreuses solutions fort intéressantes.
- Voici un exemple de solution qui nous est fourni par l’appareil Sunbury, récemment présenté en France par L. M. T.
- Pour la prise du diagramme, on utilise une membrane élastique placée sur le cylindre du moteur; derrière cette membrane se trouve un aimant permanent sur lequel est monté un bobinage relié à un circuit électrique; un entrefer de quelques centièmes de millimètre est réservé entre l’aimant permanent et le diaphragme.
- Par suite des variations de l’entrefer, la réluctance variable du circuit magnétique détermine une variation du flux, et des tensions électriques variables prennent naissance aux bornes de l’enroulement. Ces variations électriques sont proportionnelles aux variations de pression.
- La différence de potentiel électrique alternative ainsi produite est amplifiée par un amplificateur à trois étages, avant d’être appliquée sur un tube à rayons cathodiques muni de deux paires de plaques de déviation perpendiculaires suivant la méthode classique. Le spot cathodique se déplace sur un écran de 16 cm de diamètre.
- La tension de sortie de l’amplificateur appliquée sur la paire de plaques horizontales produit une déviation verticale du spot proportionnelle à la tension appliquée et, par suite, au déplacement du diaphragme et à la variation de pression dans le cylindre. La période propre d’oscillation du diaphragme et la courbe de réponse de l’amplificateur ont été choisies telles que la déviation du spot reste toujours proportionnelle aux variations de pression dans le cylindre.
- Le déplacement horizontal du spot est obtenu par l’application sur les paires de plaques verticales d’une tension électrique croissant linéairement, et commandée par un système de balayage placé sur l’axe du moteur.
- Le spot décrit sur l’écran une courbe qui représente les variations de pression de l’angle de rotation de l’arbre du moteur. Ce diagramme est i*etracé à chaque tour du moteur, et les diagrammes successifs se superposent les uns aux autres. Un dispositif d’intégration automatique permet de faire tracer au spot, à volonté, au lieu de la courbe précédente, la courbe des pressions instantanées en fonction de l’angle de rotation du moteur.
- Le dispositif de balayage est particulièrement intéressant. Il comprend une partie tournante entraînée à la vitesse de rotation du vilebrequin. Cet organe permet d’étalonner les diagrammes obtenus en fonction de l’angle de rotation du vilebrequin, et de commander le circuit de balayage du tube.
- Sur l’arbre de l’appareil entraîné à la même vitesse que le moteur est montée une roue dentée en fer doux avec une
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- dent tous les deux degrés ; toutes les cinq dentures une encoche plus profonde est prévue, de manière à provoquer un repère distinct. Tous les dix degrés de rotation de l’arbre, une denture plus profonde encore indique 90°, 100°, etc.
- La roue dentée tourne devant l’aimant permanent, sur lequel se trouve placé un enroulement. La tension alternative recueillie aux bords de cet enroulement est amplifiée et appliquée sur les paires de plaques horizontales du tube à rayons cathodiques, afin d’obtenir une déviation verticale; ce système permet de rendre plus facile la lecture du diagramme.
- Quant au balayage horizontal déterminé par une tension linéaire appliquée sur les paires de plaques verticales, il est obtenu de la manière ordinaire, au moyen d’une capacité chargée à travers une forte résistance. La capacité est court-circuitée par un contact actionné par une commande se trouvant sur l’axe du système de balayage.
- Un dispositif permet de régler le calage de ce contact et d’observer facilement toutes les parties de la courbe.
- On peut relever à la main les diagrammes sur un papier transparent appliqué sur l’écran du tube cathodique, ou les photographier; dans ce cas, il est préférable, suivant la méthode habituelle, d’utiliser un tube à fluorescence bleue.
- A titre d’exemple, on voit sur la figure 2 comment se présente un diagramme de pression dans le cylindre; sur ce diagramme, on voit également les courbes de variations de pression et les indications de la position angulaire du vilebrequin.
- La courbe de variation de pression est inversée, de manière à rendre la lecture du diagramme plus facile; on connaît ainsi à quelle position de vilebrequin le .diagramme de pression passe par un maximum, puisque à cet instant la courbe de variation de pression passe par zéro.
- La ligne ondulée horizontale détermine la position angulaire du vilebrequin de 2 en 2 degrés, de 10 en 10 degrés, de 90 en 90 degrés, comme nous l’avons décrit précédemment.
- L’appareil permet aussi, grâce à des organes auxiliaires de prise de pression, de déterminer le diagramme de la pression des liquides dans les canalisations, le diagramme de l’ouverture des soupapes, de mettre en cadence et de mesurer les vitesses critiques.
- En général, il est possible de reproduire le mouvement de n’importe quelle pièce du moteur en fer ou en acier, ou même constituée par un métal non magnétique, sur laquelle il est facile de fixer une petite pièce magnétique de poids négligeable, pour ne pas en modifier le mouvement. P. H.
- ÉLECTRICITÉ
- Appareil de télémécanique simplifié, à cellule photo=électrique.
- Grâce aux cellules photo-électriques, et surtout grâce aux cellules au sélénium ou à couche d’arrêt, il est facile de construire des appareils de « télémécanique par la lumière » visible ou invisible, infra-rouge, par exemple.
- L’inertie de ce genre de cellules interdit leur emploi lorsqu’il s’agit de traduire des oscillations de fréquence élevée, mais n’est pas une gêne pour les applications usuelles de télémécanique; par contre, leur sensibilité leur confère un précieux avantage en leur permettant de commander des relais électromécaniques sensibles, sans amplification préalable.
- Nous avons déjà décrit des blocs de commandes photoélectriques alimentés par des piles, ou même par le courant d’un secteur, assurant un grand nombre d’applications telles que la mise en marche d’un appareil électrique à distance, l’allumage automatique de lampes d’éclairage à la tombée de la nuit, la protection anti-vol, le contrôle automatique d’en-
- Cejlule au sélénium
- Relais
- Relais primaire sensible
- secondaire
- Batterie de 22 volts
- Ratite ampoule
- \Batterie de 3 volts
- à incandescence servant aux essais
- Fig. 3. — Tableau de lélémécanique lumineuse.
- seignes lumineuses, l’ouverture de portes de garages sous l’action des faisceaux de phares d’automobiles, etc.
- Voici, dans cet ordre d’idées, un dispositif simplifié et peu coûteux.
- Cet appareil comporte, comme le montre la figure 3, un panneau vertical isolant soutenu par des équerres, de forme rectangulaire, et de petites dimensions.
- Au centre du panneau est placée une cellule au sélénium, robuste et de grande surface, protégée par une feuille de mica; à gauche, se trouve un relais primaire sensible commandé parla cellule, et à droite un relais secondaire de puissance sur lequel agit le relais primaire.
- Dans le circuit du relais primaire on dispose simplement une petite pile sèche de 22 v, et, dans le circuit de commande du relais secondaire, une pile sèche de 3 v; l’intensité des courants nécessaires étant très faible, l’usure des piles est très lente.
- Il suffit d’effectuer un léger réglage des relais après avoir relié les piles nécessaires aux bornes disposées à cet effet, au bas du tableau. Le relais secondaire peut commander alors la mise en marche ou l’arrêt de n’importe quel appareil électrique, tel que poste de T. S. F., jouet électrique, avertisseur sonore ou lumineux, système d’éclairage, enseigne lumineuse, etc.
- L’appareil se prête également à un grand nombre d’expériences instructives et amusantes. P. H.
- Fig. 4. — Mise en marche d’un poste de T. S. F. par la lumière solaire.
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- BOITE AUX LETTRES
- COMMUNICATIONS
- A propos du microscope électronique.
- La Société belge d’optique et d’instruments de précision à Gand Saint-Pierre (Belgique), nous informe qu’elle met actuellement au point un microscope électronique et qu’elle sera très prochainement en mesure de le mettre en vente.
- A propos du Mont Ventoux (n° 2997).
- Les photographies illustrant l’article de notre collaborateur, M. P. Basiaux, ont été prises par M. F. Meyer, photographe à Carpentras.
- QUESTIONS ET RÉPONSES
- Établissement d'un poste émetteur de T.S. F. d'amateur.
- Avant d’installer un poste émetteur sur la gamme des ondes courtes réservée aux amateurs, il faut l’autorisation de l’administration des P. T. T. Elle est délivrée aux opérateurs faisant preuve de connaissances pratiques suffisantes, sur les transmissions télégraphiques et téléphoniques. Vous les trouverez notamment dans les ouvrages suivants : Précis d’Electricité’, par A. Touvy; Précis de Radioélectricité, par P. Roland, Eyrolles éditeur. Sur la propagation des ondes courtes les principes et la pratique de la construction des appareils d’émission et de réception, vous pouvez consulter : Les ondes courtes et ultra-courtes et leurs applications, par P. Hémardinquer et IL Piraux, Dunod éditeur.
- Enfin, pour vous tenir au courant des progrès de l’émission d’amateur, nous vous conseillons le supplément du Haut-Parleur (25, rue Louis-le-Grand, Paris), ou la revue Radio R. E. F., 17, rue Mayet, Paris (6e). Réponse à M. Soufflet, à Basècles.
- Construction d’un filtre=secteur.
- Un filtre d’arrêt disposé dans les fils d’alimentation d’un poste-secteur sert uniquement à éviter la transmission des parasites recueillis par le réseau de distribution; il n’agit pas contre les perturbations recueillies par l’antenne et la prise de terre; celles-ci forment généralement la majeure partie des oscillations nuisibles. C’est donc un système complémentaire de l’antenne antiparasite, mais non un appareil qui, à lui seul, assure une protection complète. Le filtre-secteur est, d’ailleurs, généralement facile à poser; on trouve dans le commerce des systèmes pratiques de prix modiques. On peut employer, par exemple, deux condensateurs de 0,5 microfarad montés en série, deux de leurs armatures reliées et connectées à une prise de terre, et les deux autres aux fils d’arrivée du courant, par l’intermédiaire de fusibles de sécurité. En dehors de ces capacités de fuite, on intercale sur les câbles d’alimentation deux bobines d’arrêt à noyaux de fer comportant 120 à 150 spires en fil de cuivre de 6/10 à 7/10 de mm isolé au coton. Le noyau est en tôle feuilletée d’une hauteur de 150 mm et d’une section de 35 X 35 mm.
- Réponse à M. Roger à Besançon (Doubs).
- De tout un peu.
- Une lectrice, à Montigny-sur-Loing. — L’Hibiscus Sabdariffa (Thé rose), est importé et vendu par la Société des Conserveries de France, 9, rue des Halles, Paris.
- M. Gonzalez Ortega, à Guadalajara. — Pour répondre utilement à votre question, il serait nécessaire de nous faire connaître quelles modifications apportées aux aliments, vous avez constatées, dans la saveur, la couleur, etc., par l’emploi de votre cocotte; en principe, il est de règle, avant de sé servir une première fois des ustensiles en fonte, pour empêcher que la rouille ne s’en empare, de les mettre sur le feu avec à l’intérieur une quantité suffisante de saindoux, que l’on amène à fusion et laisse à feu doux pendant au moins une heure; on évite ainsi l’oxydation qui semble s’être produite dans le cas qui vous intéresse.
- Mlle Canal, à Toulouse. — Les taches qui se sont produites sur votre linge au contact d’un tronc d’arbre sont dues à l’oxydation du tanin apporté par l’écorce. Il vous suffira très probablement pour les faire disparaître d’appliquer sur celles-ci quelques gouttes de bisulfite de soude du commerce que l’on trouve facilement en solution à 36° B.
- Bien rincer ensuite, puis passer dans une solution tiède de carbonate de soude (cristaux des ménagères) à 5 pour 100 environ, pour éliminer toutes traces de tanin.
- Cercle Le Pardal à Perpignan.— 1° Nous pensons que vous pourrez facilement teinter votre sol en ciment en appliquant à la surface une solution plus ou moins concentrée de perchlorure de fer; l’alcalinité du ciment donnera lieu à une précipitation de peroxyde de fer qui pourra aller du rose au rouge vif suivant que la dilution aura ôté plus ou moins grande.
- B. N. — Faire préalablement dans un coin quelques essais avant de faire une application sur l’ensemble.
- 2° Au cas ou l’alcalinité propre au ciment serait insuffisante, passer après application de la solution de perchlorure de fer et sa pénétration complète, une seconde solution de carbonate de soude à '5 pour 100 environ.
- M. Ortolland, à Cambo. — Voici d’après Cerbelaud une formule permettant de préparer une eau de Cologne analogue à celle de Jean
- Marie Farina.
- Eau distillée de fleurs d’oranger. . . . 100 cent, cubes
- Eau distillée de roses................. 50 —•
- Alcool de riz à 90°.................... 850 —
- Essence de bergamote.................. 6
- Essence de citron ......................... 3,10 —
- Essence de girolle Bourbon................ 1,60 —
- Essence de Neroli pétales................. 0,75 —
- Essence de lavande des Alpes.............. 1,20 —
- Essence de romarin extrafine............... 0,80 —
- Teinture d’ambre gris au centième. . . 3,00 —
- 1° Mélanger les eaux distillées et l’alcool ;
- 2° Verser le mélange des parfums dans la solution lrydro-alcoolique, puis filtrer au papier.
- M. ChaFîanjon, à Lestelle-Batharran, Basses-Pyrénées. —
- La conservation de la glace récoltée dans les cours d’eau pendant l’hiver se pratique simplement en empêchant les calories que peut apporter l’air extérieur pendant la saison chaude de venir amener la fusion de la glace que l’on veut conserver.
- Autrement dit, on interpose entre l’air extérieur et la glace un isolant thermique le plus parfait possible.
- Dans cet ordre d’idées, on utilise généralement le liège comprimé en plaques comme revêtement des murs des entrepôts à glace. Voir dans La Nature n° 2981, page 71, la façon dont sont obtenus ces comprimés par la Société landaise du « Liégisol » à Soustons, Landes, qui vous fournira très volontiers tous renseignements pour une installation de ce genre.
- M. Praquin, à Colombes. — L’écran dont vous parlez, employé avec des rayons de l’ultra-violet, est l’écran de Wood, qui est en réalité un filtre ne laissant passer que les radiations voisines de 3 650 Ang-strüms.
- Cet écran est un verre dont la composition donnant les meilleurs résultats serait, d’après le brevet français n° 500262 de la Corning Glass Work, la suivante:
- Silice SiO2............................... 50 pour 100
- Potasse K20............................... 16 —
- Baryte BaO................................ 25 —
- Soude Na2Ü................................. 9 —
- On y ajoute parfois 1 pour 100 d’oxyde de cuivre pour diminuer la transparence dans le rouge.
- Vous pourrez trouver des écrans de ce genre Chez Gallois, 5, rue Dante, Paris, 5e.
- Éventuellement pour toutes applications des radiations ainsi filtrées, dites Lumière de Wood, nous vous signalons l’ouvrage très complet « Les nouvelles méthodes d’analyses à la lumière de Wood » de I. Seye-wetz, Editeur Baillière, 19, rue Hautefeuille.
- Le Gérant : G. Masson.
- q?43. — lmp. Lahure, 9, rue de Flcurus, à Paris.
- 15-4-1937. — Published in France.
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- LA NATURE
- LA VERRERIE DANS L ANCIENNE ÉGYPTE
- Tout le monde connaît le récit de Pline, selon lequel l’invention du verre serait due à un groupe de Phéniciens débarqués sur la côte au pied du mont Carmel : « Comme les marchands préparaient leur repas sur le rivage, manquant de pierres pour exhausser leurs marmites, ils tirèrent des blocs de nitre de leur vaisseau. Ces blocs ayant été soumis à l’action du feu avec le sable répandu sur le sol, ils virent couler des ruisseaux transparents d’un liquide inconnu. Telle fut l’origine du verre. » Cette légende ne nous donne aucun renseignement valable et l’on ignore encore où et quand cette invention fut faite.
- Selon les auteurs qui se basent sur la magnifique production de l’Égypte pharaonique, c’est dans ce pays qu’il faut chercher et plus particulièrement dans le Delta. Au terme d’une enquête très minutieuse,
- M. IT. C. Beck suggère plutôt la Mésopotamie, mais sans exclure la possibilité que cette région ne vienne qu’en second lieu, après le Balutchis-tan persan sur lequel nous sommes très mal renseignés.
- Quoi qu’il en soit, il est une chose certaine : c’est dans l’Égypte pharaonique que nous voyons la plus ancienne production régulière connue. On peut donc tenir les habitants de la vallée du Nil pour les premiers verriers, ancêtres d’une industrie et d’un art appelés à un si grand avenir. Leur production atteignit très vite un caractère artistique marqué, car elle était considérée comme un accessoire de la bijouterie et elle témoigne d’une technique remarquable. Enfin elle possédait une telle supériorité sur ce qui pouvait alors se faire dans les pays voisins, que les Phéniciens, ces commerçants avisés, se firent ses propagateurs, puis ses copistes. C’est sans doute pour cela que Pline, ne connaissant pas les réels producteurs, reporta l’honneur de l’invention sur les intermédiaires.
- LES PREMIÈRES PIÈCES DATÉES
- A toutes les époques, le nombre des pièces datées avec certitude est très faible. Les plus anciennes que l’on connaisse sont des perles antérieures à la Ire dynastie (donc avant 3500 av. J.-C.). Des fragments d’incrustations datent des premières dynasties. D’autres perles, toujours
- en petit nombre, ont été retrouvées dans des tombes de l’Ancien Empire.
- Au Moyen Empire apparaissent quelques objets d’un intérêt spécial. Tout d’abord une tête de lion en verre bleu taillé (au British Muséum), d’environ deux centimètres carrés, dont le revers plat porte gravé le nom du roi Antef Noubkheperra (XIe dynastie, vers 2200 av. J.-C.). Puis une baguette rectangulaire portant en blanc sur noir le cartouche d’Amenemhat II (XIIe dynastie, vers 2000 av. J.-C.), au musée de Berlin. Enfin, comme aux époques antérieures, on trouve des perles de verre, par exemple le collier de la princesse Maït (de la XIe dynastie) où des perles de verre bleu sont jointes à d’autres en feldspath vert, cornaline et argent (Metropolitan Muséum de New-York).
- LA VERRERIE DU NOUVEL EMPIRE
- L’apogée delà verrerie égyptienne se place sous la XVIIIe dynastie (depuis 1580 av. J.-C.). Nous avons alors un remarquable essor de la gobeletterie. Ces flacons à parfum de formes variées, parfois imprévues, et de couleurs brillantes et gaies, nous charment encore aujourd’hui. Leur qualité est remarquable et prouve une technique en pleine maîtrise.
- Les principales pièces datées sont les suivantes : un calice en verre bleu, décoloré et devenu bleu-vert, à décor de fils bleu foncé et jaune, portant en bleu foncé le cartouche de Thoutmès III, conservé à Munich (fig. 1); un flacon, au nom de ce même roi. en verre bleu à dessins jaune ocre et à anse rayée bleu foncé, blanc et jaune ocre (British Muséum); un très beau flacon à fond bleu et décor blanc, vert et jaune, trouvé dans la tombe de Maherpra, de même époque (au musée du Caire) ; un vase lenticulaire et un flacon en verre bleu à décor blanc et jaune trouvé, avec beaucoup de fragments, dans la tombe d’Améno-phis II (Musée du Caire); une série de fragments provenant du palais d’Aménophis III à Thèbes (au Victoria and Albert Muséum).
- De Tell-el-Amarna, la capitale d’Aménophis IV, proviennent des perles, tubes, bâtonnets, vases et flacons divers. A Gurob, en Moyenne Égypte, on a recueilli un bol, datant de Ramsès II, en verre de couleur améthyste
- Fig. 1. — Calice au nom de Thoutmès III. (Antiquarium de Munich).
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- Fig. 2. — Fiole imitant l’agate. Fig. 3. — Vases à parfum.
- (Musée du Louvre.) (Musée du Louvre.)
- (Clichés Archives photographiques d’Art et d’IIistoire).
- Parmi les verreiâes du Louvre, qui sont pour la plupart sans origine précise connue et donc non datées, comme d’ailleurs celles des autres musées, il faut signaler une grande fiole à trois anses bleues dont le corps, brun et blanc, imite l’agate (fig. 2); un joli verre de forme fuselée très élégante, bleu et blanc, et une mignonne aiguière à anse en verre bleu cobalt (fig. 3). Viennent ensuite (fig. 4) quatre vases dont la variété des formes prouve l’ingéniosité des artistes : deux étuis à collyre en forme de colonnette à chapiteau palmiforme, l’un à décor en zigzags polychromes, l’autre cerclé de deux bagues d’or; puis une bouteille que sa large panse fait ressembler à un encrier : elle est à décor noir et blanc déformé par un
- curieux mouvement tournant qui ajoute de l’imprévu; enfin un petit vase à deux anses, bleu et vert, à décor festonné habituel, qui imite la forme de certains vases en pierre bien connus et typiquement égyptiens.
- De forme courante également est une gourde lenticulaire (fig. 5) de la « Freer Gallery of Art », de Washington, qui possède une des plus riches collections de belle verrerie égyptienne. Le Louvre expose plusieurs gourdes lenticulaires de la XVIIIe dynastie et de l’époque saïte. Il est possible qu’elles imitent certains vases en terre vernissée.
- Plus d’une fois, les verriers égyptiens, au lieu de se contenter des formes que leur suggéraient les vases exécutés en d’autres matières, ont fait preuve d’une réelle originalité. Ainsi la grande bouteille noire à col polychrome festonné, en forme de grappe de raisin (fig. 6). On peut en rapprocher une curieuse grappe de raisin, trouvée en 1924 à Tell-el-Amarna et dont les fruits sont formés de grosses perles enfilées en verre vert, bleu et brun, simulant les différents états de maturité y compris les fruits blets (Ashmolean Muséum d’Oxford).
- Mais l’œuvre la plus extraordinaire, sans doute, qui soit sortie des fouilles anglaises de Tell-el-Amarna est le vase en forme de poisson (fig. 7) en verre bleu et dont les écailles sont simulées par des festons bleus, blancs et jaunes. Il a une allure curieusement moderne.
- Il faut rappeler, enfin, les vases en forme de grenade. Ce fruit a servi de modèle à un vase de la Freer Art Gallery (fig. 8) et à un du Louvre. Ils datent de la XVIIIe dynastie.
- Il y avait également des objets de toilette en verre, ce qui ne surprend pas puisque nous avons vu que les colliers en perles de verre sont extrêmement anciens et que les vases et flacons servaient surtout à conserver les parfums, collyres et autres produits de beauté. Le général Sir John Maxwell a donné au British Muséum, en 1928, une grande et forte épingle très curieuse. Le corps est en verre rouge et le chas en verre blanc rayé de gris (bleu décoloré ?). Le même musée expose aussi une paire de boucles d’oreilles de la XVIIIe dynastie, provenant de l’ancienne collection Slade, en verre bleu ciel ravissant et dont le bord extérieur est surmonté d’une torsade bleu ciel et blanc.
- Fig. 4. — Etuis à collyre et vases à parfum. (Musée du Louvre.) (Cliché Archives photographiques d’Art et d’Histoire).
- LES FIGURINES DE VERRE
- Les verriers du Nouvel Empire ne se contentaient pas de fabriquer de la gobeletterie et des objets de toilette. On a retrouvé de nombreux objets de petite taille tels que : amulettes variées, disques ailés, yeux de cercueils momiformes et de statues, pendeloques de colliers (le Louvre en possède trois au nom de Toutankhamon), anneaux, bagues, pièces d’incrustation et d’applique imitant les pierres, spécialement le jaspe et le lapis-lazuli, têtes humaines représentant souvent les Nègres et des Asiatiques, pions de jeu. Parmi les amulettes, il convient de noter celles en forme de cœur, en verre polychrome, par exemple à fond jaune strié de bandes noires et blanches
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- ou à fond blanc strié de bandes violettes, et celles représentant des oiseaux à tête humaine, symbole de l’âme, dont plusieurs se voient au Louvre.
- De plus grandes dimensions sont quatre vases canopes, en verre bleu foncé, dont les couvercles, moulés assez sommairement, représentent les quatre têtes habituelles. Ces canopes, qui proviennent de la Vallée des Reines à Thèbes, sont au British Muséum.
- Mais la plus belle figurine en verre connue est d’une qualité très supérieure. C’est une ravissante tête royale de la fin de la XVIIIe dynastie, acquise parle Louvre en 1923 (fig. 9). Haute de 87 mm, la face est en bleu lapis clair et la perruque en bleu lapis foncé, d’où l’on suppose qu’elle a dû nécessiter deux moulages successifs suivis d’un ajustement par un procédé inconnu, mais prouvant une habileté technique prodigieuse. Bien que le bandeau d’or et l’uréus aient disparu de la perruque et que les yeux et les sourcils autrefois incrustés soient perdus, l’œuvre n’en possède pas moins un charme prenant. Avec son expression grave et mélancolique, nous avons là un chef-d’œuvre.
- Fig. 7. — Vase en forme de poisson. (British Muséum.)
- Fig. 5. — Gourde lenticulaire. Fig. 6. — Vase en forme de (Freer Gallery.) (Cl. Capart.) grappe. (Musée du Louvre.)
- cobalt à incrustations jaunes, blanches et turquoise. On remarquera que ces deux pièces ont des formes grecques et un décor pharaonique. Le Louvre possède de cette époque une bouteille encore enveloppée de paille comme les fiasques italiennes modernes.
- COMPOSITION ET FABRICATION
- Si l’on retrouve plus souvent certaines couleurs employées de préférence, et généralement groupées avec un sens affiné des contrastes, les Egyptiens avaient cependant une palette assez abondante : violet améthyste, diverses variétés de bleu, vert, jaune, rouge, blanc, noir. Dans son excellent ouvrage : Ancient Egyptian Materials and Industries (Londres, 1934), A. Lucas a traité en détail des couleurs. Nous lui empruntons, d’après des chimistes modernes, les analyses de”f"quelques verres
- LA VERRERIE ALEXANDRINE
- Fig. 8. — Fase en forme de grenade. (Freer Gallery.) (Cl. Capart).
- La verrerie alexandrine, — c’est-à-dire celle de l’Égypte gréco-romaine, — fabriquée principalement à Alexandrie, dérive de la verrerie pharaonique. Elle emploie bon nombre de formes en usage au Nouvel Empire et ses procédés techniques sont en partie les mêmes. Les innovations que l’on relève sont les suivantes : certaines formes sont nouvelles, inspirées des vases grecs (alabastre, amphore, lécythe, œnochoé), ciselage du verre à deux couches, emploi abondant des mosaïques dites « millefiori », et surtout soufflage et recherche de la transparence. Certes, on continue à imiter les pierres précieuses, mais l’obtention courante de la transparence et, à l’époque ptolémaïque, le soufflage donnent à la verrerie un essor inconnu auparavant. Autrefois objet de luxe apparenté au bijou, le verre devient une matière d’utilisation habituelle.
- Voici (fig. 10) deux exemples de verrerie alexandrine : une amphore en verre bleu à décor blanc et jaune et une très belle œnochoé à embouchure trilobée, en verre bleu
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- l 2 3 4 5 6 7 ' 8 9 10
- Date (Dynastie) XII XVIII XVIII XVIII XX Pér. Àlexandrine XVIII XVIII XX
- Couleur. Jaune Jaune Bleu Bleu Bleu Bleu Bleu Violet Rouge Vert
- Silice 68.0 62.7 68.1 59.8 60.1 68.5 67.5 62.3 51.4 60.4
- Oxvde de fer 4.0 1.0 0.7 o 7 ( q a 0.9 0.1 0.6 0.8 3 *
- Oxyde d’aluminium 1.5 1.9 2.7 ^ 3.1 3.9 5.0 0.8 0.9 U»l)
- Chaux. 5.0 9.2 4.2 3.4 3.7 9.9 10.3 10.1 8.4 3.8
- Magnésie 0.9 4.5 1.3 3.0 2.0 1.2 0.8 4.2 2.5 2.2
- Potasse 2.2 20.3 1.9 30.5 1.4 0.2 0.1 — 1.9 1.4
- Soude 19.4 18.9 29.1 14.8 15.4 19.9 17.2 28.3
- Oxyde de manganèse 0.3 — — 0.5 0.4 0.8 0.5 0.9 — 0.4
- Oxyde de cobalt — — — traces traces — 0.3 — — —•
- Oxyde de cuivre — — 2.7 — — — — — 12.0 traces
- Soufre (trioxyde) — — — — — — •— 1.2 5.5 —
- 99.8 100.1 99.7 99.9 99.8 100.2 100.0 100.0 100.6 100.0
- égyptiens, les n°s 1, 4, 5, 10, d’après H. Parodi et les autres d’après B. Neumann et G. Kotyga.
- On a longtemps cru, à tort, qu’une peinture d’une tombe de la XIIe dynastie à Béni Hassan représentait des souffleurs de verre, mais il est reconnu aujourd’hui que ce procédé n’est pas antérieur à l’époque grecque.
- Fig. 9. — Tête royale. (Musée du Louvre.) (D’après Boreux.)
- On connaît les procédés de fabrication, car on a trouvé, près du palais d’Aménophis III à Thèbes, les restes d’une verrerie, la plus ancienne connue, avec de petits creusets remplis de verre bleu et des quantités de baguettes de même matière. A Tel-el-Amarna on a découvert les restes de plusieurs verreries.
- Le verre était travaillé à l’état de masse pâteuse, colorée en y mêlant de la fritte bleue ou verte, ou d’autres couleurs. Selon Sir Flinders Petrie, pour faire un vase, on prenait un mandrin de cuivre (du diamètre du col du vase) à l’extrémité duquel était modelé, en pâte siliceuse tendre, un modèle de la dimension et de la forme du vase projeté. Cette forme était généralement inspirée de celle des vases en albâtre ou en céramique. Puis on étendait, dessus, en couches répétées et égales, le verre pâteux qu’on réchauffait aussi souvent qu’il était nécessaire afin de rendre la surface aussi unie que possible. La décoration se faisait par des fils de verre de diverses couleurs entremêlés. On roulait le tout sur une surface bien polie de façon à les faire pénétrer dans la première couche de verre et à obtenir ainsi une surface sans aspérités. Les anses et le pied étaient exécutés séparément et appliqués au moyen de verre en fusion. On laissait refroidir et l’on réduisait en miettes le modèle en pâte tendre dont il reste toujours quelques traces à l’intérieur des verres. Il n’y avait ni polissage, ni frottement de la surface extérieure.
- Pour les perles, on employait presque le même procédé : on enroulait en spirale des fils de verre autour d’un fil de cuivre chauffé. Celui-ci en se refroidissant laissait le vide nécessaire pour enfiler les perles. Les figurines et les pièces d’incrustation étaient moulées.
- L’ornementation des verres est généralement formée de lignes en zigzag, mais on trouve aussi des disques circulaires (blanc cerné de violet sur fond jaune, par exemple), des rosettes de différentes couleurs, etc. Les lignes en zigzag étaient obtenues de la façon suivante : on entourait le corps du vase de fils sur lesquels on tirait à intervalles
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- réguliers avec un crochet. En tirant toujours vers le haut, on obtenait le motif en U; en tirant tantôt d’un sens, tantôt de l’autre, on obtenait le motif en W. La base était souvent terminée par un gros fil blanc autour duquel on enroulait en spirale un fil de couleur. Toutes ces opérations supposent une grande habileté manuelle, la plasticité du verre ne durant que peu de temps.
- Les Egyptiens ne se sont pas contentés de fabriquer des verres jaspés en mélangeant des verres colorés diversement, ils ont aussi exécuté des mosaïques de verre. On chauffait des lamelles de verre de diverses couleurs, jusqu’à ce qu’elles s’unissent les unes aux autres et on les étirait ensuite de manière à obtenir une grande longueur très mince. Certaines mosaïques reproduisent des motifs purement égyptiens (hiéroglyphes) et sont d’une extraordinaire minutie.
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- Si les anciens Égyptiens sont les plus vieux « maîtres verriers » connus, et il est vraisemblable que la verrerie de Venise leur doit le jour, on a parfois tendance à leur reprocher d’avoir exécuté des objets assez différents de ceux qu’ont obtenus les artistes modernes. Il ne faut pas leur faire grief s’ils ont produit presque uniquement des verres opaques. La transparence, qui nous semble aujourd’hui peut-être la principale caractéristique du verre, n’a jamais été recherchée que de façon tout à fait secondaire. Dans ce cas, ils imitaient le cristal de roche, comme dans d’autres, ils imitaient le lapis-lazuli, le feldspath vert ou la cornaline.
- Fig. 10. — Amphore et œnochoé. (Ane. coll. Knight.)
- En examinant les verres égyptiens, on doit reconnaître l’harmonie des formes, l’homogénéité de la matière, la beauté, la fraîcheur et le brillant des couleurs, en somme la haute qualité de ces œuvres.
- Henry de Morant.
- L’ÉVOLUTION DE L’AUTOMATICITÉ DANS LE CHAUFFAGE CENTRAL
- Dans un certain nombre d’articles consacrés aux mécanismes automatiques, nous avons précédemment souligné le développement des dispositifs électromécaniques de contrôle qui interviennent de plus en plus dans la vie moderne, pour remplacer... ou parfois pour contredire l’initiative humaine !
- Un exemple familier à tous est celui des « sécurités » des ascenseurs, qui s’opposent au fonctionnement du moteur tant que les portes de paliers et de cabine ne sont pas parfaitement fermées. Un « automate » central, disposé auprès du moteur, est chargé de la mise en marche progressive dudit moteur, du freinage, des disjonctions en cas d’avarie électrique, le tout en tenant compte du bouton pressé par la personne qui occupe l’ascenseur et de la fermeture correcte des portes. La semi-automaticité se marie ici à l’automaticité pure.
- Un domaine où l’imagination des ingénieurs « auto-matistes » s’est largement exercé est celui du chauffage (fig. 1). Dès l’instant que l’on renonce au feu de bois et au soufflet, il est légitime d’exiger du système adopté :
- radiateurs, chauffage électrique, climatisation par conditionnement de l’air, le minimum de dérangement, donc le maximum d’automaticité.
- AUTOMATICITÉ DUPLEX
- Le problème est double, car la « température souhaitable », entretenue dans les locaux par les appareils, peut être altérée de deux façons : soit par le fonctionnement de l’installation elle-même, soit par une variation météorologique de la température extérieure.
- Les automates de contrôle auront donc à tenir compte, d’une part, de toutes les conditions techniques de fonctionnement et des sécurités afférentes (allumage du mazout, arrêt de l’injection en cas d’extinction fortuite de la flamme, par exemple), d’autre part, de la température extérieure; cette dernière peut être repérée très simplement au moyen d’un thermostat d’extérieur comportant une résistance en alliage métallique dont la résistivité varie fortement avec la température.
- Nous retrouverons ces deux « étages » d’automaticité
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- dans tous les grands systèmes actuellement adoptés pour les chauffages de bureaux, de salles ou d’immeubles. Dans le chauffage électrique à accumulation centrale humide, le premier étage de contrôle s’exerce sur les interrupteurs de courant pour maintenir constante la température de l’eau contenue dans l’accumulateur calorifugé, tandis que le second étage agit sur des vannes de by-pass pour mélanger cette eau, en proportion plus
- ou moins grande, à l’eau de retour, le mélange étant ensuite envoyé aux radiateurs (x).
- Des combinaisons analogues sont utilisées pour le chauffage électrique à accumulation centrale sèche, par briques à 800° (2)et pour la climatisation (3).
- 1. Installations de Boulogne et de Bourg-la-Reine, voir La Nature, n° 2908, du 1er juillet 1933.
- 2. Installation de Puteaux, toc. cit.
- 3. Voir La Nature, n° 2939, du 15 octobre 1934.
- En ce qui concerne le chauffage urbain (1), le premier étage (régulation fonctionnelle) se trouve décomposé en deux; le fluide urbain (eau ou vapeur) doit posséder une température régulière imposée par les contrôles de la centrale, mais il doit exister, au poste d’arrivée de chaque abonné, une seconde régulation, où interviennent échangeurs, détendeurs et by-pass, en vue de maintenir régulière la température du fluide d'immeuble.
- Cette régulation peut être réduite au minimum : on aura, par exemple, un simple détendeur, ce qui revient à dire que l’on se basera sur la fixité de température du fluide urbain; mais elle peut être commandée par un régulateur genre Pendletton ou un thermostat d’extérieur, avec souplesse égale à celle d’un contrôle manuel.
- Nous examinerons rapidement l’évolution de l’automatisme des brûleurs à mazout (fig. 2 et 5), ainsi que la très remarquable installation multiple qui a été faite par M. Moreau-Febvre à la gare Saint-Lazare (a).
- ROLE DES « THERMOSTATS »
- Les premiers brûleurs à mazout automatiques datent d’une quinzaine d’années, mais, déjà avant la guerre, quelques maisons construisaient des appareils à réglage mécanique de la proportion d’huile brûlée.
- La première amélioration introduite fut l’allumage automatique, qui n’est pas difficile à obtenir au moyen d’une veilleuse à gaz ou d’une étincelle électrique.
- On chercha ensuite à maintenir automatiquement la température de la chaudière entre certaines limites, le brûleur étant stoppé lorsque la limite supérieure était atteinte, puis remis en marche quand la température s’était abaissée jusqu’à la limite inférieure.
- Ce résultat peut être obtenu très simplement au moyen d’un dispositif à dilatation (bilame ou « soufflet » à liquide), plongeant dans la chaudière et agissant sur le circuit du moteur par l’intermédiaire d’un relais basculant à mercure (fig. 6). C’est ce qu’on appelle un thermostat de chaudière, lequel prend le nom de thermostat de départ lorsqu’il est logé dans le tuyau de départ et de thermostat d'appartement lorsqu’il est placé dans l’atmosphère des locaux à chauffer. Dans ce dernier cas, un thermostat de départ ou de chaudière reste en outre nécessaire pour former limiteur de température c’est-à-dire éviter une surchauffe accidentelle de la chaudière.
- Le second « étage » de régulation (action de la température extérieure) peut être réalisé en faisant intervenir
- 1. Voir La Nature n° 2943, du 15 décembre 1934.
- 2. Voir d’une part un bref article de M. Coutau dans la Revue des Huiles lourdes (sans date), d’autre part un article de M. Dantin dans la Revue générale des Chemins de fer du 1er janvier 1937.
- Fig. 1. •— Ensemble d’un appareillage de chauffe au mazout pour chaudière
- d’immeuble.
- Au premier plan, le groupe moteur-pompe-ventilateur, qui alimente directement le brûleur; au-dessous, les automates de commande. Sur la porte du foyer, le pyro-stat chargé de la surveillance de la flamme et le bouton de réenclenchement. En haut, le thermostat de régulation, sur la tuyauterie de départ d’eau chaude (S I C M A).
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- Aspiration
- d huile —
- Volets fixes
- Flamme directeurs d'air ^ J\ Vsfÿë"aüfomatqu-e
- oteur'
- $ Tl /
- By-pass régulât?
- de . pression
- Gicleur
- Filtre
- Fig. 2. — Coupe schématique d’un brûleur.
- La pompe refoule l’huile combustible au gicleur, sous une pression limitée par un by-pass taré, l’huile ne pouvant d’autre part sortir qu’en traversant une soupape également tarée; la force du jet est ainsi définie entre d’étroites limites. La colonne d’air envoyée par le ventilateur est rendue tourbillonnaire par des déflecteurs fixes. L’allumage est assuré par une bougie électrique, non figurée, placée au voisinage ' du jet (F I L M A).
- un thermostat extérieur, monté différentielle-ment soit par fluide (fig. 7), soit électriquement (fig. 14).
- Malheureusement, l’introduction de cette automaticité complète fit apparaître un grave danger. Si pour une raison quelconque, la flamme ne s’allumait pas ou venait à s’éteindre, le moteur n’en continuait pas moins à entraîner la pompe, qui refoulait le mazout au gicleur : des inondations de mazout pouvaient ainsi se produire... sans parler de l’arrêt du chauffage dont on n’était averti que par le refroidissement général des canalisations.
- C’est ainsi qu’apparurent les pyrostats ou « thermostats de cheminée » (fig. 9). Installé au départ de la cheminée ou à l’intérieur de la chambre de combustion, le pyrostat agit sur un basculeur à mercure; ce dernier fonctionne donc exclusivement dans le cas où la flamme est effectivement allumée et retombe à sa position de repos quand la flamme vient à s’éteindre.
- (C DÉLAIS » CHRONOMÉTRIQUES
- On conçoit qu’en conjuguant, électriquement, un pyrostat avec une minuterie ou un « dispositif à délai » quelconque, on puisse obtenir que le moteur soit stoppé si la flamme ne s’est pas allumée au bout d’un temps x, généralement compris entre 30 et 120 sec. Un système analogue peut être utilisé pour couper l’allumage, qu'il est inutile de laisser fonctionner pendant toute la durée de la combustion.
- Les dispositifs chronométriques classiques, comportant une minuterie à échappement (oscillations de relaxation, sans couple de rappel de l’ancre oscillante), à disque freiné par des aimants ou à « cataracte » de mercure, font place fréquemment à des dispositifs thermiques comportant un bilame chauffé par une résistance (fig. 12) ; c’est ce qu’on appelle une sécurité. Quand le courant passe trop longtemps dans la résistance, le bilame s’incurve et déclenche un interrupteur.
- Le schéma de principe de la figure 11 montre une telle réalisation. Un dispositif chronométrique unique, contrôlé par le pyrostat, contrôle à son tour le moteur et la minuterie ; il arrête l’allumage dans tous les cas au bout d’un temps x et le moteur également, mais dans le cas, seulement, où le pyrostat serait resté en position froide.
- La figure 12 donne le schéma réel d’une installation analogue (facile à perfectionner en introduisant des relais, de façon à ne pas couper la totalité du « courant force » dans les basculeurs à mercure). Deux thermostats en série, l’un de chaudière, l’autre d’appartement, gouvernent l’ensemble de l’installation. Le courant traverse le basculeur de sécurité B, verrouillé en position « marche » par l’ergot du bilame d’une sécurité S, puis se bifurque entre les deux
- pyrostats et parvient au moteur et au transformateur de l’allumage A.
- Les pyrostats se trouvant en position froide, représentée sur la figure, le courant accède librement au transformateur d’allumage, mais ne peut arriver au moteur qu’en traversant la résistance chauffante de la sécurité S. Si la flamme s’allume, le pyrostat inférieur vient court-circui-ter cette résistance avant que le bilame ait déclenché le basculeur B; si la flamme ne s’allume pas ou s’éteint accidentellement, le courant se trouve établi dans la sécurité et le déclenchement se produit. En même temps, une sonnette d’alarme est mise en branle. Il faut alors intervenir à la main pour faire pivoter la clef C qui réenclenche le basculeur B.
- Cette intervention manuelle obligatoire souligne un détail psychologique à noter, car elle astreint l’usager à venir se rendre compte de la cause de la panne. Dans certains modèles, le pyrostat est remplacé par une cellule photo-électrique « regardant » la flamme, les dispositions étant identiques d’autre part.
- Fig. 3. — Schéma d’une installation de chauffe, non compris les appareils de contrôle automatique.
- Le mazout passe du réservoir dans une cuve à niveau constant où puise la pompe d’injection.
- Chaudière !
- Ventilateur
- Bougie
- Flamme
- 'Gicleur
- Fbmpe
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- Fig. 4. — Chaufferie au ministère de l’Air.
- On remarquera la propreté et la netteté de l’installation (S I C M A).
- DANGERS D’EXPLOSION
- Les schémas ci-dessus présentent le défaut de dépendre essentiellement de la qualité de fonctionnement du pyrostat contrôlant le moteur. Si ce pyrostat reste coincé
- Fig. 5. — Brûleur moderne muni de son équipement automatique. En haut, le boîtier des automates, puis la buse du brûleur, surmontée de la bougie à haute tension et de la soupape tarée. A gauche, le ventilateur, monté directement sur l’arbre du moteur; à droite, la cuve à niveau, constant contenant la pompe (SIA M).
- en position chaude, le moteur continuera à tourner même si la flamme est éteinte et pourra inonder la chaufferie.
- Les techniciens parvinrent à éviter cet inconvénient, au moyen de circuits différents, dont nous épargnerons à nos lecteurs les schémas complexes. Le principe consistait, grâce à l’introduction d’un relais, à obtenir que les circuits restent coupés quand le pyrostat demeurait coincé en position chaude.
- A ce moment, l’idéal était encore loin d’être atteint... comme le prouvèrent quelques explosions inopinées ! On s’aperçut qu’il pouvait être très dangereux de rétablir l’allumage au moment où le pyrostat revient en position froide après un arrêt accidentel de la combustion.
- En effet, tant que le moteur tourne, l’huile est pulvérisée dans le foyer et, brassée par l’air du ventilateur, forme un mélange détonant. Il peut en résulter, au moment où l’étincelle est rétablie, une explosion d’autant plus violente que le débit du gicleur est plus grand et qu’il a fallu plus longtemps au pyrostat pour revenir en position froide.
- Ces explosions sont alarmantes et désagréables; elles peuvent arracher les portes de chaudière, le brûleur lui-même et fissurer la cheminée.
- Deux solutions ont été imaginées. La première consiste à laisser le moteur arrêté durant au moins une minute, ce qui suspend la projection d’huile, avant de rétablir l’allumage; le mélange explosif, dans ces conditions, se trouve à peu près totalement évacué par le tirage naturel de la cheminée. Ce délai de non-réallumage peut être obtenu facilement à l’aide d’une minuterie ou d’une sécurité à bilame.
- La seconde solution, moins complète au point de vue automaticité, mais plus sûre encore en ce qui concerne l’exploitation, exige une intervention manuelle pour la remise en train du brûleur; c’est la solution généralement adoptée pour les chauffages d’immeubles.
- Dans ce second cas, une sonnerie d’alarme est nécessaire pour avertir les surveillants de
- Fig. 6. — Thermostat de chaudière à « soufflet ».
- A, « accordéon » ou « soufflet » métallique ondulé, hermétiquement clos et contenant un liquide très dilatable; il soulève une tige C, rappelée par un ressort G et portant un écrou E qui vient faire pivoter l’équerre H ; celle-ci entraîne le doigt I, faisant basculer l’interrupteur à mercure J. On règle la hauteur de l’écrou E en faisant tourner le tambour divisé K fixé sur la tige C (S I A M).
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- Spirale Bourdon
- Bulbe
- extérieur
- 'Bascu leur à mercure
- 'Bulbes de radiateur
- Fig. 7. — « Duoslat » ou thermostat différentiel permettant d’établir une
- correspondance entre la température de l’eau et la température extérieure. Les « bulbes », petits réservoirs hermétiques, plongés les uns dans l’eau des radiateurs, les autres dans l’air extérieur, sont reliés par des tubes à une spirale manométrique creuse, l’ensemble étant rempli de mercure; l’axe de la spirale porte l’interrupteur basculant qui commande
- le brûleur.
- l’extinction accidentelle du feu. Elle est également nécessaire avec la première solution, mais on peut concevoir un essai double ou triple, exécuté automatiquement avant l’alarme, comme pour les disjoncteurs des lignes électriques. De toutes façons, le moteur doit être arrêté définitivement après un ou plusieurs essais.
- RÈGLES TECHNIQUES ACTUELLES
- Cette lente évolution de l’automaticité des brûleurs à huile à conduit aux règles ci-après qui répondent aux exigences actuelles de la technique (x) :
- — En cas de non-allumage de la flamme au moment de la mise en marche, le moteur doit être stoppé (verrouillage).
- En cas d’extinction accidentelle, le moteur doit être verrouillé le plus rapidement possible.
- — L’allumage doit durer un temps suffisant pour qu’aucun raté ne se produise.
- — L’arrêt du moteur, dans les deux premiers cas ci-dessus, doit être définitif, c’est-à-dire que la remise en marche doit être subordonnée à une intervention manuelle.
- Une exception à cette dernière règle peut toutefois être tolérée ; c’est le cas, précité, du réallumage temporisé.
- — Si le pyrostat reste coincé en position chaude, lors d’un arrêt du moteur par le jeu normal des thermostats ou par suite d’une interruption de courant, le moteur ne doit pas pouvoir être remis en marche automatiquement. Tout l’effort des constructeurs doit néanmoins se porter sur le point essentiel ; impossibilité pour le pyrostat de rester coincé en position chaude.
- V
- Fig. 8. —• Petite chaufferie d’immeuble, montrant le groupement
- des appareils.
- Les moteurs de brûleurs sont du type démarrant en répulsion et continuant en asynchrone avec relevage centrifuge des balais, système qui réduit au minimum l’usure et les parasites. En haut, un « ballon » d’accumulation-calorifugé (S I C M A).
- Fig. 9. — « Pyrostat » à canne dilatable pour la surveillance automatique
- de la flamme.
- La « canne » métallique agit par sa dilatation sur un déclenchement à ressort qui fait pivoter le basculeur à mercure. Ce dernier est du type double, c’est-à-dire que la goutte de mercure produit non pas une simple coupure mais une commutation des deux fils extrêmes, alternativement reliés au fil central. Ceci permet des schémas d’une grande sécurité, empêchant le moteur de démarrer si le pyrostat est resté
- bloqué en position chaude.
- Chaude
- Froide
- Basculeur
- Canne
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- 1. Coutau.
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- Fiçp 10. — Four à incinérer les ordures, alimenté par un brûleur séparé du groupe mécanique.
- L’air et le mazout sont amenés au brûleur par des tuyaux.
- Fig. 12., — Circuits réels d’une des premières installations réalisées.
- Deux pyrostats contrôlent respectivement le circuit du moteur et celui de l’allumage. Si la flamme s’éteint, le moteur reste néanmoins alimenté mais à travers la résistance S qui échauffe un bilame, provoquant ainsi le déclenchement temporisé du basculeur B, qu’il faut alors réenclencher à l'aide de la clef B. Ce schéma ne donnant aucune garantie contre le coincement du pyrostat en position chaude, la chaufferie pouvait être inondée de mazout. (Coutau dans Revue des
- Huiles lourdes.)
- Pyrostat
- Mot eu M O
- i i thermostats
- Réseau
- — Le moteur ne doit pas pouvoir être mis en marche
- dès lors qu’un seul des appareils suivants : verrouillage de sécurité du moteur, commandé d’allumage, thermostats, relais, ne se trouve pas en état normal de fonctionnement. Cette condition très étendue ''GQpduit à des détails techniques variés. \
- — Le temps de verrouillage, destiné à permettre l’évacuation, du mélange détqjiantv, doit être réglable de 30 à 120 seè.**'-’”'
- — Dans le cas où un réallumage automatique après délai est prévu (« seconde solution »), le verrouillage du moteur doit être obtenu instantanément dès le retour
- du pyrostat à la position froide, et par conséquent ce verrouillage doit être indépendant de la sécurité thei -
- mique qui règle le délai de
- — Des signalisations lumineuses ou sonores (alarme) doivent être prévues pour annoncer les verrouillages.
- — Une faible variation de voltage du réseau ne doit pas entraîner de perturbations dans le fonctionnement de l’installation. Line interruption de courant, même brève, doit se traduire par l’arrêt complet du moteur, celui-ci ne repar-
- réallumage.
- Thermostat
- Min u terVminuter.
- N?J 1 N°2 /
- Boîtier
- Ventilateur
- fbmpe
- Moteur
- Transformâtf
- tant, au retour du courant, que si le pyrostat est revenu en position froide et si le délai d’évacuation des gaz détonants est écoulé.
- Telles sont ces règles, avec lesquelles, comme avec le ciel, il est des accommodements....
- Ajoutons que l’installation doit être, bien entendu, protégée électriquement par des fusibles
- ou mieux par un disjoncteur d’abonné à réenclenchement. De plus, il existe parfois une horloge à contacts, à double remontage et à rupture brusque, permettant d’arrêter le chauffage entre des heures déterminées.
- Fig. 11. •— Schéma simplifié des contrôles automatiques.
- Le (ou les) thermostat commande toute l’installation; une première minuterie est chargée de couper l’allumage au bout d’un temps x; une seconde minuterie, pouvant être combinée avec la première, intervient, sous le contrôle du pyrostat, pour le délai d’arrêt du moteur en cas de non-allumage de la flamme. Une temporisation est souvent prévue également pour empêcher l’allumage durant une minute après une pulvérisation d’huile sans combustion.
- CHAUFFAGE DE LA GARE SAINT-LAZARE
- Les nouvelles installations de la gare Saint-Lazare offrent un programme remarquablement complet de régulation multiple en fonction de la température extérieure, de Y approvisionnement des locaux en calories (chaleur des murs) et des nécessités du service : service de jour jusqu’à 18 h, horaire spécial de certains locaux occupés jusqu’à 22 h, interruption « samedi-dimanche », circulation de sécurité en cas de gelée.
- L’installation ancienne comprenait 40 chaudières de types divers réparties entre 18 chaufferies. Elle était
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- très onéreuse (1 100 000 fr de frais de combustible et d’entretien pour l’hiver 1930-1931) et cependant insuffisante, des feux de bois étant nécessaires dans les bureaux. Le volume total à chauffer atteint 150 000 m3.
- Le choix du fluide porteur de chaleur s’est porté sur l’eau chaude « pulsée » par des pompes, principe très souple, qui permet d’utiliser des tuyaux de petit diamètre, faciles à dissimuler et non « pentés ». On put ainsi réduire les chaufferies à deux, l’une située rue de Rome, l’autre au centre des bâtiments de façade de la gare (fîg. 15).
- La chaufferie Rome chauffe un volume de locaux de 50 000 m3 occupés par 1040 personnes; il existe 600 radia-
- ' ...... —............= 395 =
- La régulation de la chaufferie Rome satisfait aux conditions suivantes :
- — Mise en route le matin à une heure automatiquement déterminée d’après la température extérieure, les réserves en calories des bâtiments et l’horaire du service (semaine ou dimanche).
- — Durant la période de chauffe, l’arrêt et la mise en marche des brûleurs sont fonction de la température extérieure et de celle de l’eau au départ de la chaudière, suivant une loi modifiable à volonté.
- La circulation de l’eau, à chaque étage, est « alternée », c’est-à-dire interrompue et rétablie par des
- Fig. 13. —• Grande chaufferie de la mairie de Puteaux montrant l’extrême simplicité de lignes obtenue en séparant les groupes mécaniques
- des chaudières.
- teurs présentant une surface chauffante de près de 2600 m2, soit plus d’un quart d’hectare. Près de 7000 m de canalisations de 12 mm à 120 mm ont été utilisés.
- La chaufferie Rome comprend 3 chaudières à eau chaude et 4 chaudières à vapeur, chauffées par 7 brûleurs à mazout produisant chacun 250 000 à 300 000 calories par heure : deux groupes électro-pompes assurent la circulation.
- Deux « sous-stations thermiques », comportant uniquement des accumulateurs calorifugés et des groupes motopompes, ont été prévus pour le service de nuit, les chauffages du 44 rue de Rome et les douches.
- vannes électriques automatiques; ce « battement », suivant son rythme, permet de parfaire la régulation ébauchée à la chaufferie. Elle est seule à intervenir pour les circuits de vapeur.
- — En cas de gel, une circulation de sécurité se trouve maintenue pendant la nuit.
- Notre figure 14 montre le principe de la régulation différentielle telle qu’elle est appliquée au chauffage à eau chaude. Dans un pont de Wheatstone ABCD, la branche AB est constituée par deux résistances R} et R>, l’une influencée par la température extérieure, l’autre par la température de l’eau au départ des chaudières ; la diagonale
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- CD contient un galvanomètre à contacts G qui agit sur des relais commandant la marche des brûleurs. On conçoit que plus la résistance extérieure sera froide, plus la température de l’eau devra s’élever pour que le galvanomètre se trouve ramené au zéro.
- « PONTS DE WHEATSTONE SUPERPOSÉS »
- L’installation « centre » est particulièrement intéressante au point de vue automatisme. La chaufferie comporte 5 chaudières à eau chaude chauffées par 5 brûleurs de 350 000 à 400 000 calories-heure : 5 groupes électro-pompes et un tableau de régulation remarquablement net et schématique. Cette installation dessert 650 radiateurs, répartis dans 600 000 m3 de locaux abi'itant 1360 personnes ; elle a nécessité la pose de 13 000 m de tuyaux de 15 mm à 180 mm et de 20 000 m de canalisations électriques.
- Il existe deux circuits distincts de chauffage, l’uxx continu, fonctionnant nuit et jour avec les chaudières nos 5 et 4, et l’autre discontinu, fonctionnant de jour seulement, avec toutes les chaudières; un by-pass motorisé intervient pour séparer ou réunir les tuyauteries aux heures voulues.
- La régulation, basée sur la température extérieure, a été perfectionnée d’une façon remarquable. On sait
- Fig. 16. — Lois de correspondance pouvant être établies automatiquement entre la température de l’eau et la température extérieure.
- La droite a b représente la loi linéaire établie par un duostat (Og. 7) ou un pont de Wheatstone simple (fig. 14); grâce à des « ponts superposés », mis en service à volonté par des boutons, M. Moreau Febvre a pu obtenir soit la translation de la droite (a' b1, a" b"), soit des courbes complexes telles que MN, AB, CD.
- 0° Températures extérieures
- que les régulateurs différentiels à dilatation (fig. 7) ou à pont de Wheatstone simple (fig. 14) ont pour effet d’imposer à l’eau des chaudières une température qui est une fonction linéaire de la température extérieure (fig. 16, droite ab). En langage ordinaire, ceci veut dire que si la température extérieure vient à baisser de 1 degré, la température de l’eau montera de 3 degrés, par exemple, ce rapport 3 restant toujours le même.
- Or, ceci est loin d’être satisfaisant car le flux de chaleur libéré par les radiateui's n’est pas proportionnel à cette température île l’eau : le rayonnement, il est vrai, est proportionnel, mais la convection, c’est-à-dire réchauffement de l’air, est à peu près proportionnelle au carré (1). De là tout l’intérêt de remplacer la droite a b (fig. 16) par des courbes plus nuancées, dépendant des caractéristiques de l’installation, du bâtiment et de la saison.
- Ce résultat a pu être obtenu au moyen de « ponts de Wheatstone superposés », uniquement statiques et dont on peut faire varier les couplages au moyen de 3 bou-
- Rue de Rome
- Sous-statiorn-d^ ‘'Echangeur " 'Accumulateurs ’
- Chaufferie
- * D~___*>
- Chaufferie "Centre "
- Fig. 15.
- Plan des bâtiments de la gare Saint-Lazare montrant les domaines des deux chaufferies.
- En quadrillé, les locaux chauffés par la chaufferie « centre »; en gris, les locaux chauffés par la chaufferie « Rome » (en haut) ou destinés à être raccordés à la chaufferie « centre » (en bas). (Revue générale des chemins de fer.)
- tons. Un bouton n° 1 permet de déplacer la droite parallèlement (a' b', a" b"), le second fait varier le point où commence éventuellement la partie courbe, le troisième faisant varier la courbure.
- « STARTER » DS DÉPART NOCTURNE
- Nous dirons quelques mots en terminant d’un ingénieux appareil, le « starter » de démarrage de nuit, qui dépasse, par son principe, le cadre strict de l’installation Saint-Lazare. Ce starter est en effet un automate prévoyant, qui se guide, pour agir, sur les causes actuelles d’événements futurs !
- A 18 h, pour la plupart des bureaux, à 22 h pour certains d’entre eux, le chauffage de jour est arrêté : il est
- 1. Ceci pour les circulations par pompes, telles que celles de la gare Saint-Lazare. Dans les tuyauteries d’immeubles, fonctionnant par différence de densité ou « thermosiphon », la circulation s’accélère avec la température, en sorte que les fonctions ci-dessus deviennent des carrés et des cubes.
- Fig. 14.— Pont de Wheatstone à résistance en série, utilisé pour la régulation différentielle à la gare Saint-Lazare.
- R, résistance influencée par l’eau au départ des chaudières; R', résistance influencée par la température extérieure; G. galvanomètre à contacts commandant les brûleurs (voir aussi fig. 16).
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- en effet inutile de gaspiller des calories dans des locaux abondamment vitrés et que l’on ventile en grand pour le nettoyage. Cette interruption est produite par des horloges à film perforé qui déterminent aussi l’interruption de week-end. A partir de 2 h du matin, les jours ouvrables, ces horloges rétablissent le courant, c’est-à-dire qu’elles « autorisent » les appareils de contrôle à remettre pompes et brûleurs en marche.
- Le problème est le suivant : à quelle heure cette remise en marche devra-t-elle avoir lieu effectivement pour que le personnel, à son arrivée dans les bureaux, trouve une température convenable et stabilisée ?
- Pour fournir à l’automate les éléments d’une solution, on l’a relié électriquement à de nombreuses sondes à résistances placées dans les murs ; ces sondes indiquent la température desdits murs, donc la quantité de chaleur emmagasinée dans leur masse. Le starter est également relié à une résistance extérieure. Une aiguille S (lig. 17) ou tout autre organe mobile se trouve ainsi amené dans une position qui dépend à la fois des réserves calorifiques et de la température extérieure.
- Une seconde aiguille H, entraînée par une horloge, rattrape progressivement l’aiguille S et, à l’instant de la coïncidence, la mise en marche se produit.
- Telle est cette installation complexe de la gare Saint-Lazare, qui a permis de chiffrer avec précision les économies réalisées grâce à la régulation différentielle basée sur la température extérieure.
- Pour 6° de température extérieure, la consommation
- -------- LA NEIGE ET
- La neige et la glace couvrent environ un cinquième de la surface terrestre et les apparences qu’elles présentent sont multiples. Les skieurs le savent bien, et ont créé à leur usage toute une terminologie qui échappe à ceux qui ne sont pas initiés aux finesses de ce nouveau sport dont les adeptes sont de plus en plus nombreux. Aussi liront-ils sans doute, les uns et les autres, avec intérêt le résumé que nous allons donner d’une très intéressante conférence faite à la Royal Institution d’Angleterre par M. Gerald Seligman, parlant ex cathedra, car il fut président du Ski-Club de Grande-Bretagne.
- La structure moléculaire de la glace est l’élément fondamental, déterminant les aspects les plus variés que l’on peut ensuite observer. Sir William Bragg dont les études sur la structure cristalline sont bien connues, a défini comme suit la glace. C’est un assemblage d’atomes d’hydrogène et d’oxygène, deux du premier pour un du second. L’arrangement des atomes d’oxygène dans les cristaux est connu. Chacun d’eux est au centre d’un tétraèdre régulier aux sommets duquel sont 4 autres atomes d’oxygène. Dans le diamant, les atomes de carbone satisfont à la même condition, mais il y a cependant une différence importante. Dans le cas de la glace, la structure résultante est hexagonale, tandis que dans le diamant c’est la forme tétraédrique. Ces deux arrangements sont les seuls satisfaisant à la condition énoncée plus haut.
- Quant aux atomes d’hydrogène, par suite de leur faible action sur les rayons X, il n’est pas possible de déterminer avec certitude leur position. L’hypothèse la plus simple est qu’ils se trouvent au milieu des lignes joignant les atomes d’oxygène, ce qui fait que chaque atome d’oxygène a 4 atomes
- Starter
- Principe du « starter » automatique déterminant l'heure d’allumage des chaudières.
- Fig. 17.
- L’aiguille S est celle du starter; sa position est fonction de la température des différents murs, indiquée par des sondes électriques, et de la température extérieure, indiquée par une résistance. L’aiguille li est celle d’une horloge; quand elle rattrape l’aiguille S, les chaudières
- s’allument.
- journalière a été de 2550 1 de mazout sans régulation (température d’eau imposée) et de 2270 1 avec régulation. Pour 12°, c’est-à-dire à la demi-saison, l’économie devient plus marquée : 1080 1 contre 1750 1. A Caen, la même comparaison, effectuée sur une installation analogue, a fait ressortir une économie moyenne de 40 pour 100.
- Si l’on ajoute que le confort procuré par la régulation différentielle est très supérieur, les occupants n’ayant pratiquement jamais besoin de toucher aux clefs de radiateurs, on peut penser que c’est là une solution d’avenir, appelée à être appliquée dans tous les immeubles,
- Pierre Devaux,
- Ancien élève de l’École Polytechnique.
- L ALPINISME '
- d’hydrogène voisins et que chaque atome d’hydrogène a 2 atomes d’oxygène adjacents.
- L’eau, sous forme de neige ou de glace, est toujours cristallisée, comme l’a montré J. Tyndall, il y a longtemps, dans son livre toujours intéressant à relire : « Les glaciers des Alpes ».
- Une autre propriété essentielle de la glace qui permet d’expliquer beaucoup de phénomènes observés avec la neige est la sublimation. L’iode, la naphtaline, etc., présentent cette propriété. Il en est de même de la glace dans certaines conditions. Ceux qui cet hiver ont fait quelque séjour dans les Alpes, l’ont souvent observée sans peut-être y prêter attention : par un jour ensoleillé et sec, une flaque de neige sur un rocher disparaît dans l’air sans laisser de traces d’humidité. Une expérience très simple permet de reproduire le phénomène en chambre. Au fond d’un vase on place un bloc de glace, au-dessus on dispose un tube à essai rempli d’air liquide ou de neige carbonique. Il se forme immédiatement de beaux cristaux de glace sur la paroi extérièure du tube à essai : la glace s’est sublimée, et la vapeur d’eau recondensée à l’état solide. Dewar a découvert que si le tube refroidi est électrisé, la condensation est beaucoup plus active et, dans la nature, il est possible que ce facteur ait une importance considérable dans la formation de la neige et du givre.
- La genèse de la neige est due à la sublimation de la vapeur d’eau dans une atmosphère sursaturée, se produisant sur les noyaux de condensation flottant dans l’air : poussières, grains de pollen, sels, ions. Une expérience analogue à la précédente met en évidence le mécanisme du phénomène. Dans un récipient on place de l’eau à 0°, au-dessus un tube de métal
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- refroidi par l’air liquide. La vapeur d’eau en arrivant dans l’atmosphère refroidie se sublime et donne des particules solides de glace formant un nuage blanc flottant dans le récipient. On a réalisé un « blizzard » en miniature. En employant un dispositif plus important, Nakaya, de l’université de Hok-kaido, a obtenu des flocons de neige absolument identiques comme taille et contexture à ceux observés dans la nature.
- Nous ne dirons rien des formes innombrables des cristaux de neige. Bentley en Amérique en a photographié plus de 5000 sans épuiser la gamme des possibilités. La forme la plus simple est celle d’un feuillet dix fois plus large qu’épais, de contour hexagonal et de 1 à 2 mm de diamètre. Dans les Alpes on rencontre souvent des flocons dendritiques. Une autre forme fréquente est le prisme avec sa variante, l’aiguille, dont les sections sont toujours hexagonales. Si la température est voisine de zéro, les cristaux s’agglomèrent et donnent des flocons plus ou moins gros. Parfois les flocons tombent dans un air saturé (le gouttelettes de brouillard et entraînent avec eux de petits fragments de glace : on obtient alors la « grêle molle » dont les grains servent de noyau de condensation poulies véritables grêlons qui sont formés de plusieurs pellicules de glace entourant le noyau de grêle tendre comme les peaux successives d’un oignon.
- La formation des flocons dendritiques a été expliquée en détail par Wegener s’appuyant sur les expériences de Lehmann en 1888 relatives à la cristallisation de l’iodoforme. Dans une solution légèrement sursaturée, il se forme, sur un germe, un petit cristal hexagonal. A son voisinage immédiat la solution n’est plus que saturée, la région sursaturée étant plus éloignée. Par suite, les angles de l’hexagone, qui se trouvent plus rapprochés de la solution sursaturée, quand celle-ci diffusera, seront atteints les premiers et se mettront à croître jusqu’à ce que le liquide sursaturé pénètre entre les rayons ainsi formés et augmente la masse du cristal.
- Wegener a montré que plus la tension de vapeur de l’air environnant est grande, plus la croissance des rayons dendritiques est marquée. Au contraire si cette différence est faible, ce sont surtout des lamelles qui se forment.
- On peut alors décrire l’histoire d’un llocon. Par exemple, à haute altitude les différences de tension de vapeur (le gradient) étant faibles (par suite des basses températures), une lamelle hexagonale se forme et tombe. Si elle rencontre des régions plus chaudes, où par suite le gradient est plus grand, les six rayons se développent. Ensuite, dans sa chute, le flocon traversera une autre région où le gradient sera par exemple plus faible, il grossira en bloc et prendra sa forme définitive. On peut donc, en observant un flocon de neige, déduire de sa structure des renseignements météorologiques sur la haute atmosphère.
- La neige est tombée à terre et recouvre le sol, pendant parfois de longs mois, mais son histoire n’est pas terminée, et elle continue une évolution incessante qui se terminera par sa disparition sous les rayons du soleil et son lent voyage vers la mer ou, à haute altitude, sa transformation en glace des glaciers, où elle continuera à croître, donnant finalement des cristaux de larges dimensions à la moraine frontale. Suivons donc, avec G. Seligman, les divers épisodes de sa vie.
- Quand la neige est fraîchement tombée, elle forme sur le sol un matelas comprenant souvent plus de 90 pour 100 d’air; la précipitation en air calme à température très basse donne une neige dont la densité peut n’être que de 0,01. Puis la neige commence à se tasser, les pointes fines des étoiles hexagonales des flocons s’évaporent, ou se rompent, la densité augmente, s’élève à 0,2 ou 0,3, c’est la « neige poudreuse » chère aux skieurs car elle est la plus favorable à leurs évolutions.
- Ensuite, sous l’influence des variations de température entre le jour et la nuit, une croûte commence à se former à la surface augmente peu à peu d’épaisseur et devient si résistante que
- pour gravir une pente, l’alpiniste est forcé d’y tailler des marches : c’est le névé, la neige- dure. Mais si au printemps, les pentes sont exposées au soleil, lorsque le névé fond superficiellement, il se reforme la neige de printemps qui permet les descentes en ski les plus rapides et les plus agréables.
- On peut suivre au microscope les variations de consistance de la neige : les flocons étoilés ont leurs rayons peu à peu détruits par sublimation sous l’influence de la chaleur, une partie de la vapeur étant refixée par les flocons qui se transforment en petites plaquettes que l’on voit scintiller comme des diamants au clair de lune. Puis les flocons se brisent, se ressoudent et s’agglomèrent pour former le névé, constitué de cristaux cimentés par de l’eau glacée qui en fondant au printemps redonne la neige meuble. On pense, sans qu’il ait été possible de le prouver, que lorsque là neige cristallise ainsi, les sels qu’elle renferme passent dans l’eau de cémentation qui a en effet un point de fusion inférieur à celui des flocons. Quand le névé est plus âgé, l’air renfermé dans la neige se dégage, la coloration blanche qui lui est due s’estompe et la glace bleue, noire ou brune apparaît.
- Chose curieuse, on n’a que peu de renseignements sur la transformation des neiges éternelles, des névés, en glace de glacier, bien que la glace ait fait l’objet de recherches innombrables puisque déjà en 1854, Hogar et Dollfuss n’ont pas consacré moins de 13 volumes (dont 3 de références antérieures) à leur ouvrage « Matériaux pour servir à l’étude des glaciers » !
- Les indications précédentes permettent de se rendre compte du mécanisme de formation des avalanches et par suite d’énoncer quelques règles pour réduire au minimum les risques mortels qu’elles font courir aux ascensionnistes. Voici ce que dit Seligman. Immédiatement après la chute, les flocons de neige forment des étoiles dont les rayons sont enchevêtrés et, par suite l’ensemble de la masse n’a pas tendance à glisser sauf sur les pentes très rapides. Une caravane bloquée par la tourmente de neige doit donc se remettre en route à la première amélioration du temps, sans attendre que le soleil paraisse.
- Lorsque l’air se réchauffe, les pointes des étoiles s’émoussent, la liaison devient moins intime, les cristaux se brisent, la mobilité de l’ensemble augmente. Les caravanes devront alors rechercher les pentes nord où le danger d’avalanche est moins imminent que sur les pentes sud.
- Quand la neige s’est ensuite affaissée, elle devient granuleuse, plus compacte et offre donc moins de dangers.
- La persistance de basses températures prolonge le danger d’avalanche. Les actions éoliennes, qui jouent dans la nature un rôle si important, agissent également très fortement sur la neige. Sous l’influence du vent celle-ci se tasse, forme une croûte solide que les flocons de neige emportés par les tourbillons érodent d’une manière fantastique. Sous le poids d’un homme, la croûte se brise en blocs, en plaques qui présentent un vide au contact du sol, ce qui rend encore plus aisé leur glissement aux flancs des montagnes. C’est l’origine des avalanches en plaque. Leur étude a montré qu’elles se produisent sur les pentes placées sous le vent du dernier vent porteur de neige, lorsque l’atmosphère est humide. C’est ce qui s’est produit à l’Everest au moment de la mousson en 1922 au col nord, puis en 1933. Aussi une autre route a-t-elle dû être recherchée. Le lecteur trouvera d’autres développements et des aperçus extrêmement intéressants dans le livre de M. G. Seligman « Snow structure and ski fields », mais nous espérons que les quelques indications que nous avons données inciteront les skieurs à ne plus considérer uniquement la neige comme une surface portante. Ils pourront exercer leurs dons d’observation et tout en se livrant à leur sport favori prendre un plaisir intellectuel en étudiant une des plus fascinantes manifestations naturelles.
- H. Vigneron.
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- VINGT SIÈCLES DE SOUDURE DU PLOMB 399
- Nous n’apprendrons rien à personne en annonçant que depuis Tubalcaïn, père des forgerons, la métallurgie a fait de réels progrès, mais il est certainement plus d’un technicien de la soudure autogène qui sera surpris de lire que le procédé moderne dont il est fier était pratiqué couramment il y a environ deux mille ans. Bien plus, la soudure tendre ou brasure, à basse température, était connue il y a quelque cinquante siècles. Enfin, nous achèverons de rabaisser l’orgueil du praticien actuel en lui faisant remarquer que les assemblages réalisés à ces, époques reculées tiennent encore.
- Évidemment, il ne s’agit pas ici de l’assemblage par fusion de métaux tels que le fer ou le cuivre, mais seulement du travail du plomb, ce qui n’est déjà pas mal, puisque, aux temps modernes, la soudure véritablement
- date de l’an 3000 avant J.-G. et provient de fouilles effectuées à l’Ubaid, en Mésopotamie, berceau de la civilisation sumérienne et sémite. Mais examinons de plus près, en technicien, ce groupe, dont nous laissons à d’autres le soin d’expliquer le sens symbolique ou mythologique. Nous ne tarderons pas à découvrir que les « bois » des cerfs, qui sont en cuivre, comme le reste, sont scellés dans le crâne de ces animaux à l’aide de plomb coulé dans de petits chanfreins circulaires : c’est un travail de soudure tendre, pas si teindre que cela, puisque nous n’avons pas affaire ici à un alliage spécial très fusible, mais à du plomb non épuré contenant une certaine proportion d’argent.
- Quittons les œuvres artistiques de la très haute antiquité —- dont il existe d’autres exemples, pas toujours
- Fig. 1. — Groupe en cuivre, avec assemblages par soudure au plomb, datant de l’an 3000 avant J.-C. (British Muséum de Londres).
- autogène de ce métal n’a commencé à être appliquée que depuis l’invention du chalumeau oxyhydrique, au siècle dernier.
- Dès la plus lointaine antiquité, le plomb, à l’état plus ou moins pur, était utilisé pour la confection de statuettes, ornements et objets moulés de toute nature, ainsi que pour la soudure tendre, à basse température, d’autres métaux, tels que le cuivre.
- Une petite promenade dans les musées de Londres va nous donner un raccourci intéressant de cette histoire du plomb et de son emploi à travers les âges.
- Dans la précieuse et abondante collection archéologique du British Muséum, nous remarquons un groupe en cuivre qui nous séduit par sa haute tenue artistique et par le délicat travail du métal (fig. 1), et notre admiratioh ne fait que grandir quand nous apprenons que cette œuvre, dont un décorateur moderne se montrerait fier,
- aussi remarquables, il est vrai, — qui furent exécutées à peu près de la même manière.
- Avec les Romains apparaît l’affinage du plomb et, fait plus important encore, l’emploi industriel de ce métal, qu’on parvient à assembler à lui-même par fusion, autrement dit par soudure autogène. On a> en effet, retrouvé à Rome, ainsi que dans diverses anciennes possessions romaines, de nombreux vestiges de canalisations qui témoignent d’une véritable maîtrise dans l’art de la plomberie. C’est principalement des ruines d’établissements de bains, possédant tout le confort moderne, y compris, parfois, le chauffage central, que proviennent les pièces reproduites figure 2.
- Cette photographie représente un groupe de pièces exposées au Science Muséum de Kensington, à Londres. En haut, on voit des fragments de la canalisation qui desservait les Thermes de l’empereur Trajan, et qui date
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- Fig. 2. — Canalisations romaines soudées datant de 2000 ans. (Science Muséum de Kensington, Londres.)
- Fig. 3. — La soudure sur plomb de nos jours. (Science Muséum de Kensington.)
- par conséquent du premier siècle de notre ère. On distingue nettement, à droite, une soudure de raboutage sur tuyaux de plomb. Ce joint ressemble étonnamment à ceux que réalise le plombier moderne et porte allègrement l’âge respectable de 2000 ans !
- Sur les étagères du milieu et du bas, on voit d’autres éléments de canalisations en plomb, avec soudures par fusion, raccords et robinets, datant de l’époque de la colonisation romaine et trouvés en Angleterre. D’après les échantillons placés sur l’étagère du milieu, on peut noter que les tuyaux étaient le plus souvent obtenus par roulage d’une feuille de plomb, avec soudure sur la génératrice, soudure vraiment autogène, puisqu’on ne trouve pas trace d’étain dans le joint en surépaisseur.
- Ce genre de tuyau, dont l’épaisseur #de paroi va de 30 à 50 mm, se retrouve un peu partout sur les emplacements des villes romaines. 11 s’agit en quelque sorte d’un type « standardisé ». Ainsi, à Uriconium, en Angleterre, on a recueilli des tuyaux semblables, de plusieurs mètres de long, parfaitement conservés. Au même endroit a été déterrée récemment une petite virole en fer brasée au cuivre, spécimen unique en son genre.
- Les travaux en plomb exécutés pendant toute la durée du moyen âge ne diffèrent guère des prototypes romains. L’usage de ce métal se répand de plus en plus pour le revêtement des toitures. Quant aux canalisations, aucun progrès ne semble avoir été accompli depuis l’aménagement des établissements de bains dont nous parlions plus haut — l’hydrothérapie païenne n’était plus à l’honneur.
- Il faut arriver aux temps modernes pour trouver du nouveau, et encore ne s’agit-il guère, pendant longtemps, que de soudure à l’étain. Et c’est ainsi que nous atteignons l’ère industrielle actuelle, avec l’emploi courant des hautes températures, grâce au chalumeau oxyhydrique, puis oxyacétylénique. C’est en même temps l’époque où l’industrie chimique réclame des récipients et conduites à l’épreuve des acides, des chambres de plomb, etc., où les rayons X doivent être tenus en respect par des feuilles du même métal, où le plus modeste citoyen trouve l’eau et le gaz à tous les étages et réapprend la pratique du bain...
- Cette brève visite aux musées de Londres ne serait pas complète si nous ne jetions un coup d’œil sur la vitrine (fîg. 3) que la maison Allen-Liversidge, de Londres, a offerte au Science Muséum de Kensington et qu’on a eu l’heureuse idée de placer à côté de celle représentée à la figure 2. On y voit des échantillons modernes de travaux de soudure sur plomb, ainsi que l’outillage nécessaire pour les réaliser : bouteilles d’oxygène et d’acétylène dissous, chalumeaux, etc. Des tableaux instructifs renseignent le public sur la mise en œuvre du procédé. Dernière page d’une histoire longue et intéressante, dont nous venons d’esquisser brièvement quelques phases significatives. Pierre Hollard.
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- LA STATION D’ETUDES HYDROBIOLOGIQUES
- DU LAC DU BOURGET
- I. — L’ÉTUDE DES EAUX DOUCES EN FRANCE
- En 1898, au moment de la publication de son travail sur les lacs français, Delebecque pouvait écrire qu’en France, « au point de vue scientifique, les lacs étaient comme s’ils n’existaient pas i>. Mais son livre était une œuvre d’ingénieur et de topographe, un peu de chimiste, pas du tout de biologiste. Ceux-ci furent bien peu nombreux après lui, dans notre pays; il est d’autant plus nécessaire d’accorder ici un souvenir aux Magnin, aux Le Roux, aux Virieux et aux Bruyant qui, au milieu de l’indifférence générale, surent tourner leurs regards et leur activité scientifique vers l’étude, variée pourtant, de la vie dans les eaux douces. Elles ne furent durant bien longtemps, pour les uns, que des motifs variant agréablement les paysages; pour les autres, des évacuations commodes des eaux sales, urbaines ou industrielles.
- Depuis quelques années, sous l’influence de disciplines venues de l’Europe septentrionale et centrale, les choses semblent devoir se modifier peu à peu. On com-
- Fig. 2. — La station d’études hydrobiologiques du lac du Bourget, au Petit Port d’Aix-les-Bains.
- mence à se douter que notre pays, sans offrir la richesse de la Finlande, de la Suède, de l’Allemagne du Nord ou de la Suisse, présente des types d’eaux douces très divers, encore mal connus, donc intéressants. Des travailleurs ont repris l’œuvre ébauchée par de trop rares prédécesseurs; des laboratoires spéciaux ont apparu çà et là sur notre territoire : en Auvergne, dans les Pyrénées, à Grenoble.
- Je dirai ici quelques mots de l’un d’eux qui, probablement à cause de sa récente apparition, a passé pour ainsi dire inaperçu jusqu’ici, bien que son inauguration ait coïncidé, en 1933, avec l’un des Congrès de l’Association française pour l’avancement des sciences et bien qu’il soit construit à proximité d’une de nos plus grandes villes d’eaux. La Station d’études hydrobiologiques du
- Fig. 1. — Le lac du Bourget et la Dent du Chat.
- lac du Bourget est une création et une annexe de l’École de Nancy. Le Service des Eaux et Forêts, qui est chargé de la conservation et de la mise en valeur des forêts domaniales et d’établissements publics, s’occupe aussi du repeuplement et de l’exploitation d’une grande partie des eaux libres de France, de beaucoup de lacs et aussi, pour employer l’expression consacrée du code, des cours d’eau qui ne sont ni navigables, ni flottables. Dès lors, il était naturel que la maison qui forme les forestiers français prît en main l’étude rationnelle d’une partie du domaine qu’ils auront plus tard à gérer.
- Ce laboratoire a donc pour but de faciliter et d’intensifier les recherches biologiques de toutes sortes, d’ordre théorique et pratique, relatives aux eaux douces. Mais il ne s’adresse pas qu’au personnel de l’Administration des Eaux et Forêts qu’attire cette branche des sciences naturelles; il est ouvert également aux travailleurs dont l’activité est plus spécialement dirigée de ce coté.
- Fig. 3. •— Un aquarium de brèmes.
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- Fig. 4. — Le lac d'Annecy; vue prise du Roc de Chère.
- II. — SITUATION DU LABORATOIRE
- La station se trouve sur les bords du lac du Bourget, au Petit-Port d’Aix-les-Bains, en Savoie, à 2 km 1/2 du centre de la ville, à 2 km d’une gare de grande ligne à laquelle tous les trains s’arrêtent. En été, des services d’autocars relient le Petit-Port à Aix. Le laboratoire est au centre d’une région couverte de lacs : le Bourget, Aiguebelette, Annecy, le Léman, Paladru, sans parler d’autres plus petits. Un grand fleuve, le Rhône, et une grande rivière, l’Isère, coulent à proximité. Enfin, d’Aix, on peut facilement gagner tous les points des Alpes de Savoie et du Dauphiné, voire même du Jura méridional, avec leurs ressources illimitées en torrents et en lacs de hautes et de moyennes altitudes. Les étangs des Bombes sont également accessibles. Enfin les formations géologiques si variées de toutes ces régions offrent les types d’eaux les plus différents. Les marais de Chautagne, proches du laboratoire, sont encore peu connus.
- Le lac du Bourget, nappe d’eau de près de 45 km2 et de plus de 145 m de profondeur, présente les faciès les plus variés : rocheux le long des rives à pic des mon-
- Fig. 5. — Le lac du Bourget et la Chambotle vus de ILautecombe.
- tagnes du Chat et de la Chainbotte, marécageux aux deux extrémités nord et sud, sableux dans la baie de Mémars. Sa faune et sa flore sont des mélanges très particuliers de formes lacustres caractéristiques et d’espèces fluviatiles qui ont remonté du Rhône dans le lac par son émissaire, le canal de Savière. Il y a environ vingt-cinq espèces différentes de poissons dont quatre Salmonidés (Lavaret, Bezole, Truite, Omble-Chevalier), la Blennie eagnette, la Lotte, pour ne citer que les plus remarquables.
- III. — LE LABORATOIRE
- Les bâtiments comprennent deux ailes surélevées au-dessus de vastes sous-sols. Dans ceux-ci ont été installés tout d’abord une salle d’aquariums ouverte au public en été et où vivent les principaux représentants de la faune des eaux douces régionales, puis un établissement de pisciculture. Il y a en outre un atelier qui sert aussi de remise aux appareils de pêche, de mesures et de prises d’eau, deux salles de machines et le garage de la camionnette de l’établissement.
- La pisciculture, plus spécialement destinée aux repeuplements en Salmonidés, est suffisante pour l’élevage de plus de cent cinquante mille œufs de truites, d’ombles-chevaliers et de plusieurs millions d’œufs de corégones. Trois annexes situées autour du lac, près de Saint-Innocent, dans la baie de Grésine, à Conjux et au village du Bourget, viennent encore augmenter la production d’œufs de lavarets.
- L’aile nord des bâtiments de la station est celle du travail. Elle comprend la bibliothèque, la chambre noire et les laboratoires, c’est-à-dire six stalles particulières et un laboratoire général. L’eau du lac, pompée au large, à 25 m de profondeur, par deux moto-pompes électriques, dans des réservoirs d’une capacité totale de 80 m3, alimente les aquariums, l’établissement de pisciculture et les laboratoires où chaque travailleur peut disposer au moins d’un aquarium d’élevage. Amenée également sur tous les éviers des stalles, l’eau du lac est, aux robinets, à 5° en hiver, à 13° en été, températures qui rendent possibles tous les élevages d’organismes de petite et de moyenne dimension.
- Munie du gaz et de l’électricité, la station possède un équipement d’appareils qui permettent les pêches, les prises d’eau et les mesures à toutes les profondeurs, dans deux bateaux à moteur dont l’un est plus spécialement attaché au service du laboratoire et dont l’autre relève du service de surveillance de la pêche sur le lac. Au laboratoire, des appareils précis facilitent l’analyse chimique et physique des eaux : pH, résistivité, photo-métrie pour les dosages colorimétriques de substances dissoutes, interférométrie, etc.
- La bibliothèque renferme les principales publications scientifiques concernant les eaux douces.
- L’aile sud des bâtiments contient quelques chambres qui, occasionnellement et suivant les disponibilités, peuvent être mises à la disposition des travailleurs.
- IV. — RÉGIME DU LABORATOIRE
- Il est, en principe, ouvert d’avril à octobre. Y sont admis dans la limite des places disponibles les professeurs,
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- maîtres de conférences, chefs de travaux, assistants et aussi les étudiants munis de références sérieuses, préparant une thèse de doctorat ou un diplôme d’études supérieures.
- Chaque été les élèves de l’École de Nancy qui, durant leurs années d’études, ont accordé le plus d’intérêt aux sciences naturelles, viennent, au cours d’un stage de plusieurs semaines, compléter leur instruction et prendre contact, sur le vif, avec les organismes dont ils ont entendu parler à l’amphithéâtre. La matinée est généralement
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- consacrée aux pêchés sur le lac ou aux tournées dans la région; l’après-midi, ils étudient ou dissèquent aü laboratoire les organismes capturés, ou analysent les échantillons d’eau prélevés le matin. Des excursions à de plus longues distances, et parfois de plusieurs jours, font connaître aux stagiaires le lac d’Annecy, celui d’Aigue-belette, les cours d’eau des Bauges, les torrents et les lacs de la grande montagne, en haute Tarentaise.
- E. H.
- UN PROGRES DANS LA PERFORATION MÉCANIQUE A L AIR COMPRIMÉ
- LES TAILLANTS AMOVIBLES
- Les taillants amovibles récemment mis dans le commerce par divers fabricants de matériel pneumatique permettent de résoudre facilement et économiquement le problème de l’entretien des outils de percussion utilisés dans la perforation mécanique à l’air comprimé.
- Il n’y a plus guère aujourd’hui d’exploitations minières ou même de carrières qui n’utilisent les marteaux pneumatiques pour le creusement des trous de mine, mais .les fleurets employés s’usent d’autant plus rapidement que les roches à traverser sont plus dures. Il faut donc procéder à de fréquents réafïûtages pour conserver à l’outil toute sa capacité de coupe.
- Les grandes exploitations disposent de machines à forger et à meuler qui permettent d’efîectuer ces travaux d’une façon parfaite et pour ainsi dire automatique, mais, dans les chantiers de moindre importance, il faut se reposer sur l’habileté plus ou moins grande d’un ouvrier forgeron ou envoyer les outils chez un spécialiste. Pourtant cette question d’affûtage a une très grande importance; des outils mal affûtés ou dont la face de coupe est mal calculée n’auront qu’un faible rendement et entraîneront une dépense considérable d’air et de main-d’œuvre. De même des outils mal trempés s’useront très vite et reviendront fréquemment à l’atelier.
- Pour supprimer la plupart de ces inconvénients on a eu l’idée de séparer le fleuret en ses deux éléments : l’outil de choc ou taillant et le porte-outil, comme le montrent les photographies ci-contre.
- Le taillant est un petit outil en acier spécialement trempé sur la face de coupe pour lui assurer une très grande dureté. L’autre extrémité est pourvue d’un filetage femelle. Ces taillants existent dans toutes les formes usuelles : croix, étoile, bident, et dans tous les diamètres de 30 à 90 mm. Ils possèdent un trou central ou latéral en vue de leur usage avec des marteaux à injection d’eau.
- Leur réaffûtage est très facile puisque un simple meu-lage suffit à remettre le taillant à neuf et, suivant le calibre, ces outils peuvent être meulés plusieurs fois. Tant que la partie trempée n’est pas usée, les taillants
- Fig. 1. — Taillant amovible Fig 2. — Taillant amovible Ingersoll-Rand. monté sur son porte-outil.
- remeulés ont la même efficacité que des taillants neufs. Il faut noter, toutefois, que chaque meulage diminue Je diamètre de l’outil d’environ 3 mm.
- Les tiges porte-outils sont en acier creux rond ou hélicoïdal de 22 à 32 mm. Leur longueur varie de 0 m 50 à 6 m. Elles comportent à une extrémité un filetage breveté spécialement dessiné pour assurer le blocage absolu de l’outil tout en rendant son démontage facile. Les filets à contrefort sont peu profonds, robustes, et d’un angle soigneusement calculé. Toute la puissance du marteau est transmise aux dents du taillant grâce à la portée parfaite de la surface de la tige sur la surface de l’outil. De telle sorte, le filetage ne reçoit pas de choc et ne prend pas de jeu à l’usage.
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- En vue de l’adaptation au marteau pneumatique, l’autre extrémité de la tige est pourvue d’un emmanchement carré ou hexagonal limité par une collerette.
- 11 convient de noter que les tiges porte-outils sont, sinon inusables, du moins de longue durée puisque seule l’usure des filetages qui se produit à la longue peut les faire rebuter, et si l’on considère, en outre, que les taillants amovibles pouvant subir plusieurs meulages sont d’un prix très modique (quelques francs pour les calibres courants), on conviendra que l’emploi de ces outils ne peut manquer de se développer de plus en plus.
- A.-F. Pellat.
- Fig. 3. — Montage du taillant amovible sur le porte-outil.
- LA GRANDE QUERELLE DU VERRE DE LAMPE
- ARGAND, QUINQUET ET LES FRÈRES MONTGOLFIER
- En fouillant l’histoire des Montgolfier, M. Ch. Cabanes y a fait de bien intéressantes découvertes. Nos lecteurs ont eu la primeur d’un certain nombre d’entre elles. Au cours de ses recherches, M. Ch. Cabanes s’est trouvé en contact, non seulement avec les frères Montgolfier, mais avec tout leur entourage; il y a rencontré les inventeurs du verre de lampe, Argand et Quinquet, et il a été ainsi amené à préciser, d’après des documents inédits, l’histoire de cette invention. Cette intéressante étude a paru dans le numéro du 1er avril de la Revue de France.
- La création du verre de lampe fut une grande invention; elle révolutionna, à la fin du xvme siècle, l’art de l’éclairage et pendant près d’un siècle elle en fut l’organe essentiel.
- Comme il arrive bien souvent en matière d’invention, la paternité en a été âprement disputée; trois inventeurs, Argand, Quinquet et Lange, l’ont revendiquée; les deux premiers, au moins, y avaient des droits; ni l’un ni l’autre, du reste, n’en ont tiré grand profit; Argand, après de curieuses vicissitudes, est mort dans la gène; Quinquet n’a connu qu’une honnête aisance.
- Argand est complètement oublié; on peut en dire autant de Quinquet; le nom de celui-ci est passé, il est vrai, dans le langage courant, où on l’utilise encore pour désigner des luminaires généralement mal définis; mais ceux qui emploient ce mot ne savent plus qu’il s’agit d’un nom propre.
- A la fin du xvme siècle, les moyens d’éclairage les plus perfectionnés étaient le cierge en cire d’abeilles, réservé aux intérieurs somptueux, et la chandelle de suif, à la flamme fuligineuse et malodorante. La lampe ne faisait encore figure que « d’appareil primitif, aucunement perfectionnée depuis Psyché; elle est formée d’un bol très plat, où trempe une mèche dépassant à peine le niveau du liquide, car les huiles d’olive, d’œillette ou de noix, voire celles de copal sont tout à fait inaptes à s’élever par capillarité ».
- Les tentatives pour perfectionner cet engin primitif n’ontpas manqué; mais rappelons-nous qu’à cette époque, on n’avait encore que des connaissances bien imparfaites et bien inexactes
- sur les phénomènes de combustion. La théorie du phlogistique règixe encore en maîtresse; le rôle de l’air dans les combustions est mal compris. Les inventeurs manquaient d’un guide qui aurait pu les conduire dans la bonne voie.
- Aussi faut-il reconnaître un mérite exceptionnel au Genevois Aimé Argand qui en 1780 imagina et en 1783 présenta la lampe dite à « courant d’air », et introduisit ainsi un progrès décisif dans l’art de l’éclairage.
- Argand, dit M. Cabanes, « démêla fort exactement le rôle de l’air, comprenant que pour obtenir une combustion éclairante et sans fumée, il ne convenait pas d’en limiter l’afflux, mais bien de le canaliser. A cet effet, il sépara le réservoir d’huile de la mèche, plaçant le premier à côté de celle-ci qu’il forma d’un morceau de tissu placé dans un récipient annulaire, laissant en son centre un espace cylindrique où l’air pouvait passer librement. Un conduit amenait latéralement l’huile en provenance du réservoir. Par cet artifice, la flamme avait la forme d’un anneau et, en réchauffant l’air situé en son milieu, engendrait un véritable tirage analogue à celui d’une cheminée ».
- C’est là le bec d’Argand ; invention considérable que personne ne peut contester à son auteur. Mais qui, le premier, a eu l’idée de coiffer ce bec d’une cheminée transparente ?
- Une grande querelle s’est élevée à ce sujet entre Argand et Quinquet, et surtout entre Argand et un troisième larron, un épicier assez peu scrupuleux, nommé Lange, qui fait figure de commerçant habile, plus que d’inventeur.
- Les documents découverts par M. Cabanes, notamment dans la correspondance des Montgolfier, lui ont permis de faire l’instruction de ce procès en propriété industrielle.
- Argand, né à Genève le 5 juillet 1750, fils d’un horloger, s’orienta dès sa jeunesse vers l’étude des sciences naturelles. Après avoir suivi les cours de H.-B. de Saussure à Genève, il vint à Paris vers 1776 et y fréquenta le monde savant. Il inventa pour la distillation des vins un alambic à multiple effet, qui intéressa les vignerons méridionaux et lui fournit l’occasion d’un voyage dans le Midi. Il y fit la connaissance, à
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- Lyon, de Joseph Montgolfier, avec qui il se lia d’une amitié qui ne devait finir qu’avec leur vie. Aussi, en juillet 1783, accompagnait-il à Paris Étienne Montgolfier, qui venait présenter à la cour et au monde savant la machine aérostatique que son frère venait de réaliser. Argand apporta une active collaboration à la préparation des célèbres expériences effectuées à Versailles en septembre 1783. En particulier, c’est lui qui embaucha les aides compétents indispensables pour mener à bien l’œuvre entreprise : parmi ces aides figuraient un jeune apothicaire, Quinquet, élève d’un ami d’Argand, Baumé, et un épicier ami des sciences, Lange.
- Tout en secondant avec ardeur son ami Montgolfier, Argand n’oubliait pas sa lampe; il en parlait à tout le monde et notamment au lieutenant de police, M. Le Noir, qui avait dans ses attributions l’éclairage des rues de Paris. Il ne rencontra sans doute pas toute l’attention qu’il eût souhaité. D’autre part, les expériences de navigation aérienne ne se développaient pas dans le sens que désiraient les Montgolfier; leur engin, au lieu de devenir un moyen de transport, ne servait qu’à amuser les foules, comme une vulgaire attraction.
- Argand, découragé, alla chercher fortune en Angleterre; il obtint une audience du roi George III à qui il présenta, à la fois, de petits ballons gonflés d’hydrogène et des échantillons de sa lampe. Le roi l’encouragea vivement à exploiter ces inventions en Angleterre.
- Le public anglais s’intéressa fort peu aux machines aérostatiques; mais Argand trouva immédiatement pour sa lampe un commanditaire en la personne de Boulton, le célèbre associé de James Watt. Il prit un brevet le 3 juillet 1784 et dès 1785, une usine installée à Birmingham fabriquait les nouveaux appareils dont la réputation passait le détroit. Les Montgolfier, notamment, en firent venir quelques exemplaires.
- En août 1785, Argand, fort de son succès en Angleterre, revenait en France pour y tenter une exploitation lucrative de son invention. Une surprise fort désagréable l’y attendait. La cour et la ville ne parlaient que des lampes de MM. Quinquet et Lange, qui avaient, en particulier, brillamment illuminé la scène de la Comédie-Française, pour la première représentation du Mariage de Figaro (27 avril 1784).
- Le Journal de Paris décrivant cette nouvelle lampe dans son numéro du 18 février 1784, la donnait comme l’invention d’un physicien étranger, M. A... (évidemment Argand) mais « considérablement améliorée par l’addition que ces messieurs (Quinquet et Lange) ont imaginée d’un petit cylindre de cristal placé au-dessus ».
- Dès son arrivée en France, Argand élève les plus vives protestations et cherche à démontrer que c’est à lui qu’appartient l’invention du verre de lampe. Une lettre du 13 septembre 1785 à Étienne Montgolfier nous apprend que le roi lui a offert un privilège pour son invention ; mais Lange a formé, devant le Parlement, opposition à l’octroi des lettres patentes (qui équivalaient à notre actuel brevet d’invention) ; Lange avait présenté le 21 février 1784, à l’Académie des Sciences, une lampe munie d’une cheminée en verre, construite en collaboration avec Quinquet, dont il avait, du reste, omis de citer le nom. Deux académiciens, Vandermonde et Brisson, avaient été chargés de faire un rapport sur cette invention; et c’est sur les conclusions de ce rapport que Lange s’appuyait pour faire opposition à l’octroi de lettres patentes à Argand.
- Argand proteste que sa lampe a toujours eu une cheminée; qu’il a toujours voulu faire cette cheminée en verre, que si en 1783 ses premiers modèles n’avaient pas de cheminée en verre c’est qu’il ne pouvait trouver en France de verreries capables de construire un verre qui ne casserait pas à la
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- fîamme; qu’en Angleterre il a muni ses lampes de cheminée en verre fabriqué dans ce pays.
- Huit à neuf mois avant la date de sa lettre à Montgolfier, c’est-à-dire en décembre 1784 ou janvier 1785, il avait du reste remis, à Londres, au physicien Faujas, une de ses lampes que celui-ci avait adressée à Vandermonde, lequel la montra aussitôt à Lange, qui put ainsi, dit Argand, l’étudier, apprendre les dimensions de la cheminée, la forme de la mèche, du porte-mèche, l’arrangement des cylindres tirés à la filière. Il ajoute que Lange en fit faire aussitôt une pareille qu’il présenta à l’Académie et sur laquelle il obtint le rapport définitif de Vandermonde.
- M. Cabanes remet les choses au point : il fait remarquer que si dans son brsvet anglais du 3 juillet 1784, Argand mentionne bien la présence d’une cheminée sur son bec à courant d’air, il n’indique pas que cette cheminée doive être d’une matière transparente.
- Sans doute il est difficile d’admettre qu’il en soit autrement si le but de l’appareil est d’éclairer et Argand ne manqua pas de faire valoir cet argument; mais il n’en reste pas moins que de la cheminée opaque à la cheminée transparente, il y a un pas à franchir et c’est ce pas qui constitue précisément l’invention.
- Or, dès février 1784, Quinquet et Lange présentaient une lampe à cheminée en verre.
- Si on ne peut refuser à Argand d’avoir songé dès l’origine à une cheminée en verre, il faut reconnaître que la priorité de réalisation appartient bien à Quinquet. Quant à Lange, si rien ne permet de douter de sa collaboration initiale avec Quinquet, dit M. Cabanes, sa conduite par la suite fut celle d’un intrigant beaucoup plus que d’un honnête physicien convaincu de soir bon droit. On le voit, en effet, exploiter ses lampes sous son seul nom, de même qu’il omet de citer celui de son associé lors de la présentation à l’Académie des Sciences. Il est probable aussi que lorsque la lampe d’Argand parvint à l’Académie, celle de Quinquet était encore loin d’être parfaite et que Lange, en se la faisant confier par Vandermonde, mathématicien sans défiance, n’hésita pas à en copier les détails de réalisation.
- Une grande bataille s’engagea entre Argand et Lange dans les journaux, les antichambres de Ministre, et devant le Parlement; elle se termina par une transaction équitable, le 5 janvir 1787 ; Argand avait seul le droit de fabriquer et Lange seul le droit de vendre.
- Quant à Quinquet, dont le nom ne figure pas dans ce privilège, sans se livrer à des polémiques de presse, il ne cessa de revendiquer sa part de paternité dans l’invention, et il continua à vendre des lampes dans son officine d’apothicaire, sans doute en vertu d’un accord intervenu avec les bénéficiaires du privilège.
- La polémique engagée en France eut une réaction fâcheuse sur les affaires d’Argand en Angleterre ; son brevet fut, en effet annulé et l’inventeur se vit déchu de tous ses droits. Mais il pouvait s’en consoler par son succès en France où toutes ses entreprises prospéraient, lorsque survint la Révolution. L’établissement commercial qu’il avait créé à Paris fut incendié lors des émeutes du faubourg Saint-Antoine, le 27 avril 1789. Il fut évincé, comme étranger, d’une distillerie qu’il avait fondée à Mèze, et après avoir joui d’une brillante fortune il mourut dans la gêne, en 1803.
- Lange, au contraire, continua à exploiter avec succès la vente des lampes. Quinquet, homme sage, traversa paisiblement les orages de la Révolution, en partageant son temps entre la gestion de son officine et des travaux scientifiques, sans s’encombrer du tracas des affaires commerciales. Tel fut le sort des créateurs du verre de lampe. A. T.
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- A PROPOS DU TIRAGE DES FILMS GAUFRES
- EN COULEURS
- Nous recevons de M. Charles Nordmann, astronome à l’Observatoire de Paris, la lettre suivante :
- Monsieur le Directeur,
- « Dans le numéro du 15 mars 1937 de La Nature, dont je suis depuis de longues années le lecteur assidu, vous avez publié (p. 261 à 264) un intéressant article intitulé : « Un nouveau système de tirage pour film gaufré de cinématographie en couleurs ».
- Cet article contenant, ainsi qu’on le verra ci-dessous, diverses inexactitudes matérielles concernant un procédé qui, de notoriété publique, a été utilisé par moi pour la copie des films gaufrés en couleurs, je vous serais reconnaissant de bien vouloir publier les remarques suivantes que je crois devoir vous adresser, dans l’intérêt de la vérité dont votre excellent journal s’est toujours montré un fidèle serviteur.
- L’article en question est relatif à ce qu’il appelle « un nouveau procédé de copie optique pour films gaufrés » qui aurait été présenté récemment comme tel par M. Jacques de Lassus Saint-Geniès. C’est évidemment sur la foi des renseignements qui lui ont été apportés que votre rédacteur a énoncé les affirmations que je vais avoir l’honneur d’examiner. Il est évident que sa bonne foi est entière et que, en publiant les renseignements à lui fournis, il ignorait la discussion qui a eu lieu le 18 décembre 1936 à la Société Française de Photographie (dont je tiens la sténographie officielle à votre disposition) et certaines actions judiciaires intentées par moi.
- Laissant délibérément de côté ces faits, je me cantonnerai, dans ce qui va suivre, exclusivement sur le terrain technique.
- Le « procédé de M. Jacques de Lassus », d’après votre article du 15 mars 1937, aurait pour effet de supprimer certains défauts des procédés antérieurs. D’après votre description, il consiste essentiellement à placer l’original et la copie, avec leurs gaufrages se faisant face, de part et d’autre d’un système optique; le système est muni de lentilles additionnelles qui ont pour effet que « tout se passe pour le film-copie d’une manière invariable, quelle que soit la réalisation du film original », c’est-à-dire, pour parler clairement, qui ont pour effet de réaliser des copies identiquement projetables à partir d’originaux pris avec des optiques différentes; enfin le système est muni de deux fentes mobiles dont les mouvements sont conjugués et dont l’une est située entre la source et le film original et l’autre entre l’original et la copie.
- Pour ne pas allonger cet exposé, je laisse de côté certains détails sur lesquels il y aurait d’ailleurs beaucoup à dire. En outre, je passerai volontairement sous silence la question de l’utilisation des lentilles additionnelles pour standardiser les copies à partir d’originaux pris dans des conditions différentes, cette utilisation faisant actuellement l’objet d’une instance judiciaire en subrogation de brevets engagée par moi. Cette omission volontaire ne change d’ailleurs en rien la portée des remarques qui vont suivre.
- Voyons d’abord les inconvénients que prétend supprimer le; « nouveau procédé ». « Ce nouveau procédé, est-il dit dans « votre article, évite l’emploi de deux objectifs identiques à « ceux de la prise de vues, obturateurs et diaphragmes et « supprime les effets de moirage ». Et plus loin : « On est ainsi « libéré de l’obligation de recourir pour la copie à une combi-« naison de deux; objectifs identiques à ceux de la prise de « vues. »
- En ce qui concerne les diaphragmes, si ce texte signifie que
- le procédé décrit les supprime, il suffira d’examiner la figure accompagnant cette description pour voir que, au contraire, il y a dans ce dispositif trois diaphragmes dont l’un dans l’objectif et les deux autres sur les rideaux mobiles.
- En ce qui concerne la suppression des effets de moirage, les 700 spectateurs qui ont vu projeter à la Société Française de Photographie, le 18 décembre dernier, les copies obtenues par ce procédé ont remarqué qu’elles étaient affectées d’un moirage intense et caractérisé, à l’encontre de celles qui ont été obtenues par plusieurs procédés antérieurs.
- En ce qui concerne enfin l’emploi d’objectifs identiques à ceux de prise de vues, j’ai en effet utilisé personnellement, pour faire certaines de mes copies de films gaufrés, « une combinaison de deux objectifs identiques à ceux de la prise de vues »; mais l’emploi de cette combinaison n’était qu’un mode d’application —- entre cent autres — de mes brevets et, procédés, et la preuve en est qu’une bonne partie des copies faites par moi dans le laboratoire où m’a remplacé M. Jacques de Lassus l’ont été, chacun le sait, avec des objectifs différents des objectifs de prise de vues.
- Il n’y a donc aucune « obligation » d’employer une combinaison de ceux-ci.
- Se libérer d’une obligation qui n’existe pas, afin d’« éviter » ce qui n’a nul besoin d’être évité, est vraiment facile et ne saurait en rien constituer un « nouveau procédé ».
- La figure accompagnant votre description du « procédé J acques de Lassus » porte, en regard de la fente mobile située devant la copie, la légende : « Rideau mobile évitant les rayons difl'ractés » et le texte dit que cette fente mobile produit « la projection sténopéique sur ce film de la pupille d’émergence du système optique de copie ».
- On ne nous dit pas quels sont les rayons difïractés qu’« évite », paraît-il, ce rideau mobile, ni pourquoi ils sont nuisibles. Mais, ce que sait quiconque a des notions élémentaires d’optique, c’est qu’une fente sténopéique n’évite pas mais crée au contraire des rayons difl'ractés et que les photographies de petit format faites à travers une fente sténopéique ont un défaut de netteté qui les rend absolument impropres à une projection très agrandie, comme celle du cinéma, et exigeraient des temps de pose prohibitifs pendant le tirage des films.
- Plus précise que la critique indirecte des dispositifs antérieurs qu’implique le texte que nous venons d’examiner, est la phrase suivante de votre description : « Lorsqu’on éclaire « la surface totale du film pour le tirage simultané de tous « les éléments d’une image, le résultat est défectueux par « suite des effets de diffraction et de diffusion. Le rendu « chromatique est insuffisant, l’image demeure grise. »
- On ne nous dit pas — et pour cause — pourquoi ni comment tous ces prétendus résultats défectueux sont produits par « le tirage simultané de tous les éléments d’une image », c’est-à-dire, pour parler clairement, lorsqu’on copie chaque image du film en une seule fois et non pas point par point.
- La vérité est que ces prétendus inconvénients n’existent, pas et que ni Agfa, ni Siemens, ni Kodak, ni Keller-Dorian, ni bien d’autres n’ont jamais été gênés par ces prétendus effets et qu’ils ont toujours réalisé et continuent à réaliser « le tirage simultané de tous les éléments d’une image ».
- Supprimer des inconvénients que personne n’a jamais constatés, et dont on évite d’ailleurs de préciser la nature et la cause ne saurait constituer un « nouveau procédé »,
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- Le meilleur critérium de tout cela est d’ailleurs l’expérience. Les copies projetées à la Société de Photographie le 18 décembre 1936 et obtenues par le dispositif à fente mobile que vous décrivez se sont-elles montrées supérieures, au point de vue du « rendu chromatique », à celles obtenues auparavant ? Tous les techniciens qui ont assisté à cette projection pourront vous renseigner là-dessus. Je vous signale à ce propos, et entre autres, les appréciations très catégoriques publiées à la page 23 du n° 68 de la revue Ciné Amateur.
- L’emploi de deux fentes mobiles conjuguées dont l’une est située entre J'original et la source, l’autre entre les deux films gaufrés, n’est d’ailleurs pas nouveau et a depuis longtemps été proposé par Kodak (brevet français 768 531). Si cet emploi se justifiait dans le cas, envisagé par Kodak, où les deux films ont leurs gaufrages tournés vers la source et où ces fentes permettent « le tirage simultané de tous les éléments d’une image » pour un monochrome puis pour un autre, par contre cet emploi n’apporte, bien au contraire, aucun progrès justifiable théoriquement ou démontrable pratiquement dans le cas où les gaufrages des deux films se font face.
- L’adjonction inutile et même nuisible de fentes mobiles au système où les deux gaufrages se font face par rapport à une optique de copie interposée ne saurait d’ailleurs modifier en rien les conditions déjà connues et déjà brevetées dans lesquelles fonctionne ce dernier système.
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- Divers auteurs, au nombre desquels le signataire de ces lignes, ont depuis longtemps décrit et breveté les conditions d’emploi d’un tel système, soit dans le cas où les faisceaux élémentaires du film gaufré se recoupent à l’infini (films collimatés), soit dans le cas où ces faisceaux se recoupent à une distance finie et déterminée du film gaufré.
- Un fait est certain et dont la démonstration est facile (je la tiens à votre disposition et si je ne la donne pas ici c’est pour ne pas trop allonger cet exposé) : l’adjonction de rideaux mobiles et de fentes, sténopéiques ou non, au dispositif dans lequel les gaufrages se font face ne modifie en rien les positions des points d’intersection des axes des faisceaux élémentaires de la copie et de l’original; par conséquent celte adjonction ne modifie en rien les relations numériques depuis longtemps connues et brevetées qui lient entre elles les positions de ces points et déterminent le choix de l’optique de copie.
- En résumé, le fait de surajouter inutilement des dispositifs connus à d’autres dispositifs connus, pour supprimer des nécessités imaginaires ou des difficultés inexistantes, suffit-il à constituer un « nouveau procédé » ? C’est sur cette simple question que je terminerai les quelques remarques que je me suis permis de vous adresser. »
- Charles Nordmann.
- Astronome titulaire de l’Observatoire de Paris.
- CE QU’ON VERRA A L’EXPOSITION DE 1937
- LE PAVILLON DE L’AVIATION
- Le Pavillon de l’Aviation est placé sur l’esplanade des Invalides; il s’étend sur 150 m de longueur et 36 m de largeur.
- Sa silhouette est aérodynamique : à l’avant un bâtiment de forme tronconique, en matériaux transparents, laisse apercevoir, le soir, les avions exposés, éclairés par de puissants projecteurs ; à l’arrière, coupole à étages destinée à exposer des prototypes (fig. 1).
- Nous noterons, d’autre part, le curieux monument en aluminium, synthèse de l’oiseau et de l’avion, s’élevant au-dessus d’un globe terrestre et rappelant le premier vol de Lindbergli; placé devant la grande entrée du palais, de 16 m sur 13 m, la hardiesse de sa conception retiendra tout au moins l’attention.
- Le hall central est réservé aux présentations de l’aviation militaire et de l’aviation commerciale; au premier étage, on aperçoit une maquette géante du nouveau port aérien du Bourget, à travers les hublots d’un avion, ce qui donne au visiteur l’illusion de survoler l’aérodrome !
- On voit également dans le hall les avions-école, de défense légère, de mission, répartis à des hauteurs différentes, de manière à obtenir une impression d'ensemble plus saisissante que dans les Salons d’Aviation.
- Toutes les salles et les galeries entourant le hall central sont réservées à la technique et montrent aux visiteurs, d’une manière vivante, les différents problèmes de l’aérodynamique.
- On voit donc, d’abord, l’exposition de la mécanique des
- Fig. 1. — Le Pavillon de l’Aviation. (Architectes : MM. Audoul, Hartwig-Gérodias).
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- fluides, les appareils employés pour les recherches sur la turbulence. On peut y étudier la construction des pièces d’avions, et surtout les essais de contrôle, de résistance, de fatigue, d’endurance de ces pièces, et spécialement les moyens employés contre la corrosion.
- De très nombreuses maquettes mécaniques et lumineuses expliquent, de même, aux visiteurs, les problèmes que pose la navigation aérienne commerciale : la conception des avions, leur construction, l’établissement des réseaux, les infrastructures, la protection, le guidage.
- Une galerie est réservée aux souvenirs évoquant les grandes figures de l’aviation française, telles que Guynemer, Hélène Boucher, Mermoz et tant d’autres.
- Le hall translucide, à l’avant du pavillon, contient une galerie, également en matière translucide, en forme de spirale; elle permet aux visiteurs de s’élever au-dessus du niveau du sol, autour d’un avion présenté en plein vol.
- De très nombreuses maquettes montreront les types les plus remarquables des avions français; une large place est également réservée aux moteurs, ainsi qu’aux accessoires indispensables à la navigation : appareils de T. S. F., instruments de bord, appareils de photographie aérienne, etc.
- Tous les organismes ayant un rôle à jouer dans l’aviation française, et aussi la presse aéronautique, ont leur place dans les stands de l’Exposition ou dans des avancées sur l’Esplanade.
- LES TRANSPORTS ET LE PALAIS DES CHEMINS DE FER
- Fig. 1. — Locomotive coupée des Chemins de fer du Nord, destinée à l’Exposition des Grands Réseaux Français.
- L’étendue de l’Exposition, surtout en longueur, est telle que beaucoup de visiteurs pressés ne pourraient la parcourir entièrement à pied. Différents moyens de locomotion ont été prévus, à la fois sur l’eau et sur terre.
- Douze vedettes pouvant contenir chacune de 120 à 140 personnes, et munies de moteurs Diesel de 140 ch, assureront 1^ trafic sur la Seine.
- Les véhicules terrestres sont tous électriques ; ce sont des taxis à trois places et des trains Renard tracteurs, avec remorques, pour les transports en commun.
- LE PALAIS DES CHEMINS DE FER
- Installé dans l’ancienne gare des Invalides, le Palais des chemins de fer couvre une surface de 1500 m2; il occupe le grand hall du rez-de-chaussée, relié au sous-sol par un escalier monumental, et une annexe placée 200 m plus loin, au niveau de la chaussée.
- Il se propose de mettre sous les yeux du public les transformations techniques des transports par rails. On y verra, à l’Exposition des Grands Réseaux Français, une coupe de
- locomotive compound à vapeur surchauffée, avec une installation lumineuse permettant de se rendre compte du trajet des gaz et de la vapeur surchauffée.
- Une grande maquette de 180 m2 montre le trajet de Paris à Londres, exécuté à l’aide des ferryboats, avec le mouvement des wagons pour l’embarquement et le débarquement suivant les marées, l’allumage de phares, etc.
- Les manutentions des bagages, les opérations de chargement des marchandises avec le matériel le plus moderne, sont également présentées.
- Des cartes animées, avec boutons de commande manœuvrés par le visiteur, et permettant d’éclairer des sections de lignes, montrent le rôle du chemin de fer dans la vie sociale et économique, son action sur la répartition de la population, au cours des cent dernières années, etc.
- Au moyen de maquettes ou de modèles bien choisis, les spécimens caractéristiques du matériel moderne, locomotives électriques, voitures, automotrices, wagons frigorifiques, wagons laitiers, sont présentés au public ; des projections de cinématographie technique complétant ces présentations, montreront les aspects les plus intéressants de l’exploitation des réseaux, ou le fonctionnement des dispositifs techniques essentiels. On ne manquera pas de s’arrêter devant un diorama mobile très original, installé au centre du Palais. Les visiteurs, devenus des voyageurs en chambre, monteront dans de confortables voitures, et 350 ou 400 personnes pourront effectuer en même temps un voyage aussi merveilleux que rapide!
- Les principaux sites touristiques de la France se déplaceront devant eux, la Bretagne, la Côte Basque, les Pyrénées, l’Auvergne, la Côte d’Azur, les Vosges, l’Alsace, les Alpes, le Jura, etc. Grâce à des jeux de lumières ingénieux et à une machinerie trépidante, ils auront l’impression de la vitesse, tandis que des haut-parleurs leur donneront les explications utiles sur les paysages traversés.
- Un diorama et les types de voitures les plus récents, avec compartiments et restaurants, seront, de même, présentés par la Compagnie Internationale des Wagons-Lits.
- Enfin, une maquette animée montre, à''l’échelle du 1/50% d'exploitation d’une ligne du Métropolitain de Paris, avec diorama en relief des quartiers de Paris et de la région parisienne, exposition complétée par des présentations de modèles réduits de matériel roulant, de moteurs de traction et d’installations fixes.
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- LE PALAIS DE LA MARINE
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- Le Palais de la Marine Marchande est un bâtiment de 200 m de long, d’une architecture curieuse évoquant l’aspect des grands paquebots. Il est situé sur la berge de la Seine, entre le pont de la Concorde et le pont Alexandi'e III.
- Deux bateaux amarrés au quai, un phare remarquable, puisqu’il est le plus puissant du monde, des bouées de formes diverses et un embarcadaire accessible aux vedettes, donneront à l’entrée un aspect maritime.
- Après avoir franchi le vaste portail, on pourra d’abord examiner l’exposition des grands ports français, montrant la formation et le développement des échanges internationaux, puis
- tion, et l’on pourra y examiner des spécimens fort bien exécutés de tous les bateaux employés, tant pour le transport des passagers que pour les marchandises.
- Le dernier étage du bâtiment paraîtra sans doute encore plus attirant et plus curieux, car il est consacré à la technique navale, généralement trop peu connue.
- On verra ainsi, dans une vaste salle, des chantiers de construction navale en miniature, la naissance du navire sur sa cale, son lancement, son achèvement, ses essais.
- Dans un petit salon attenant, des plans, des diagrammes, des tableaux, feront apparaître les progrès de la vitesse des
- Fig. 1. — Le Palais de', a Marine. (Architectes : Bonnier, Saltet, Dubard et Gaillarbois.)
- le stand du Service des Phares et Balises, auxiliaire indispensable de la sécurité de la navigation.
- Au rez-de-chaussée, on pourra visiter encore les stands de la batellerie et de la navigation intérieure, ainsi que ceux de la Société centrale de sauvetage des naufragés, et encore la présentation de l’Institut Océanographique, où l’on pourra admirer les spécimens de la faune et de la flore des grands fonds sous-marins.
- Le grand escalier d’honneur mène le visiteur à une pièce en rotonde au premier étage, de 18 m sur 11, ouvrant sur la Seine, réservée à l’Exposition du Ministère de la Marine Marchande; il en est de même d’une salle attenante de 25 m sur 16 m.
- L’exposition rétrospective de la marine à voile ne manquera pas d’intérêt.
- La grande galerie est réservée aux compagnies de naviga-
- navires et le rôle des différents éléments de la construction dans ces progrès : puissance des machines, formes de la coque, résistance de l’eau, lignes de fuites, etc.
- On pourra étudier, de la même manière, les installations de sécurité, non seulement à bord des paquebots, mais dans les ports et le long des côtes, les précautions contre l’eau, le feu, les cloisonnements, les systèmes de signalisation, de détection des incendies, etc.
- Enfin des maquettes, ou même des présentations de grandeur naturelle, permettront aux visiteurs d’apprécier le confort des cabines, des salons, des fumoirs des plus récents navires.
- Une salle de cinéma servira à la projection continuelle de films de propagande touristique ou d’enseignement technique, économique ou politique, sous une forme à la fois précise et amusante.
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- LE PALAIS DU FROID
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- Le Palais du Froid, avec son annexe originale, la « Tour de Neige » est situé le long de la Seine, sur le Cours-la-Reine, près du pont Alexandre-III.
- Il possède une nef de 100 m de longueur, à deux étages, l’un au niveau du quai, l’autre à la hauteur du Cours-la-Reine. Il est destiné à démontrer les applications du froid industriel, et à présenter les appareils les plus récents employés dans cette industrie.
- On y verra ainsi, en photographies, oii en maquettes, les wagons, les camions isothermes, les bateaux frigorifiques, les gares, les enti-epôts, toutes les phases de la conservation des
- immeubles n’assurent plus seulement le chauffage, mais également la réfrigération de l’atmosphère. Les systèmes de réfrigération jouent également un rôle de tout premier plan pour l’extraction des gaz rares, qui a pris un si grand développement. Des applications plus particulières, telles que pistes artificielles de patinage et de ski, fondations par congélation en terrain aquifère, ne sont pas moins intéressantes.
- Le clou de ce Palais sera sa Tour de Neige, haute de 40 m, attenante au Palais du Froid; comme son nom l’indique, une épaisse couche de neige la recouvrira pendant toute la durée de l’Exposition. Cette attraction originale permettra
- Fig. 1. — Le Palais du Froid.
- produits alimentaires depuis leur point de production ou d’expédition jusqu’au lieu de consommation.
- Les appareils de réfrigération, dont l’emploi se généralise de plus en plus, non seulement dans le commerce d’alimentation, mais pour les usages domestiques, n’ont pas été oubliés.
- Le grand public pourra ainsi se rendre compte des avantages des procédés frigorifiques pour le transport à grande distance des produits essentiellement périssables, comme les fruits et le poisson.
- Les appareils frigorifiques jouent également un rôle essentiel dans les brasseries, laiteries, cidreries, chocolateries, fromageries, tout autant que pour la fabrication de la soie artificielle, l’industrie des colorants, des parfums, des produits pharmaceutiques, etc.; des diagrammes, des photographies, clés exemples d’appareils industriels le montreront clairetnent. Les appareils de conditionnement d’air dans les salles de spectacles, les hôpitaux, les administrations et même les
- de montrer en service les procédés industriels de production du froid. Elle exige, en effet, une installation frigorifique de 400 ch.
- Les sections octogonales de cette tour monumentale sont divisées en huit vasques ayant la forme d’un tronc de cône, la pointe en bas; chaque section est refroidie à une circulation de saumure au chlorure de calcium portée à une température de l’ordre de—• 10 à — 20°. Au contact de ces parois froides, la vapeur d’eau contenue dans l’air se condense et se congèle; les vasques se recouvrent de givre.
- Aux quatre angles de la tour il y aura des projections de neige, éclairées par de puissants projecteurs. Cette neige est simplement produite en râpant de la glace au sommet de la tour; on la fait tomber dans un serpentin de séchage refroidi à — 30° ou —- 40° et on soumet les flocons au souffle de puissants ventilateurs.
- Cette attraction originale et inédite constituera une des nouveautés de l’Exposition.
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- LE PAVILLON DU CINÉMA, DE LA PHOTO ET DU PHONOGRAPHE
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- Comme la radiophonie, le phonographe, la photographie et surtout le cinématographe, expressions caractéristiques des applications de la science dans les arts modernes devaient avoir une grande place à l’Exposition de 1937.
- Le cinématographe se manifeste d’ailleurs sous deux formes tout à fait différentes, l’une indirecte, l’autre directe.
- Sous une forme générale, la projection animée devient un
- Le cinématographe doit, en outre, aider à la propagande de l’Exposition elle-même, tant en France qu’à l’Etranger; de nombreux films ont été commandés dans ce but par les services de l’Exposition. Leur composition a été l’objet de critiques assez vives de la part des professionnels, mais leur rôle n’en sera pas moins bienfaisant.
- De nombreux congrès relatifs au cinématographe auront
- Fig. 1. — Le Pavillon du Cinéma, de la Pholo et du Phonographe.
- des instruments les plus efficaces de propagande et d’enseignement; sur soixante-quinze classes que comporte la grande manifestation internationale, on emploiera des appareils cinématographiques dans vingt-cinq d’entre elles au minimum, à l’occasion de conférences, dans les congrès, ou dans des démonstrations continuelles, pour placer devant les yeux des visiteurs des graphiques animés, plus vivants et plus démonstratifs que de simples dessins, ou même des photographies.
- Dans un but de sécurité, tous les films employés à l’Exposition seront tirés sur pellicules ininflammables ; pour assurer la qualité technique et artistique des projections, le contrôle de toutes les installations cinématographiques a été confié aux associations professionnelles cinématographiques, sous la présidence effective de M. Delac, et sous la présidence d’honneur de M, Louis Lumière.
- également lieu pendant l’Exposition : Congrès international du cinématographe, du cinéma d’éducation et d’enseignement, du cinéma d’amateurs, de la presse cinématographique. Des concours destinés à récompenser le meilleur film français présenté avant le 15 septembre 1937 et paru au cours de la saison 1936-1937 ont été organisés.
- LE PAVILLON DU CINÉMA
- Le Pavillon du Cinéma est un des plus beaux de l’Exposition ; il est situé sous une des arches de la Tour Eiffel, dans l’allée principale qui va du Trocadéro à l’École militaire, en face du Pavillon de la Presse.
- Il comprend un rez-de-chaussée, un premier étage et deux ailes, qui viennent s’arc-bouter au pied de la Tour Eiffel (fig. 1). L’aspect monumental de la façade est assuré par un vaste
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- escalier extérieur conduisant directement au premier étage, et une porte de grandes dimensions donnant accès à la grande salle de cinéma. Elle est décorée de fresques formant un triptyque et se rapportant à des sujets cinématographiques, photographiques et phonographiques.
- De chaque côté de l’entrée, se trouvent des ailes soutenues par des points d’appui légers, de manière à laisser passage à la foule se dirigeant vers la Tour Eiffel. Une immense interprétation architecturale d’un film cinématographique se déroule le long de ces ailes.
- L’Exposition du cinématographe proprement dit n’occupe que le premier étage, auquel on accède par le grand escalier d’honneur.
- Une aile est réservée aux stands des industriels français, présentant l’ensemble de la fabrication française, tant en ce qui concerne les appareils de projection et d’enregistrement que la fabrication des films.
- L’autre aile comprend des présentations réservées au cinématographe d’enseignement, au cinéma d’amateurs, et aux applications diverses du cinéma.
- Le centre du bâtiment renferme la partie principale, qui attirera sans doute le plus l’attention des visiteurs.
- Les organisateurs se sont efforcés de faire pénétrer autant que possible le public dans « les coulisses du cinéma » qu’il connaît fort mal, en général, et de lui montrer comment s’élabore un film, tant dans le travail artistique du studio, que dans le travail technique d’enregistrement optique et sonore, ou dans les opérations du laboratoire.
- Faute de place, on n’a pu reconstituer réellement « la naissance du film depuis la fabrication de la pellicule vierge, jusqu’à la cabine de projection.
- Grâce à des arrangements artistiques et techniques ingénieux, on verra cependant la fabrication de la pellicule vierge, l’utilisation de la pellicule dans le studio, le développement et le tirage du film sonore; enfin, une cabine-type de grandeur naturelle, visible pour tous les spectateurs, montrera comment sont constituées les installations de projection sonore modernes des grandes salles. Dans une immense maquette apparaît la cité théorique du cinéma, avec ses studios, ses laboratoires, ses ateliers de tirage, ses réserves de décors, etc...
- La presse filmée est devenue, comme la presse radiophonique, une auxiliaire importante de la presse imprimée ; des tableaux, des graphiques, des maquettes, montreront d’une manière saisissante comment elle a pu être organisée et les moyens de plus en plus rapides d’édition des films de reportage.
- D’ailleurs, sur tous les murs, des tableaux, des diagrammes animés, des schémas illustrés, établis d’une façon vivante et
- variée, appelleront l’attention sur l’importance de l’industrie cinématographique.
- A cette grande salle centrale-, fait suite un grand salon de réception, orné d’un buste de Louis Lumière, l’inventeur du cinématographe.
- Pour présenter les films, pendant les concours ou les congrès, pour démontrer les progrès des projections, il fallait, en outre, une salle de projection sonore modèle.
- Une salle de 1000 à 1100 places, absolument moderne, d’un aspect très particulier, est attenante au Pavillon du Cinéma, et peut faire corps avec lui. Elle a l’avantage de pouvoir être décorée de façon très variée à chaque spectacle, grâce à des moyens particuliers de projection, et elle peut servir également à d’autres représentations.
- LE PHONOGRAPHE ET LA PHOTOGRAPHIE
- Le rez-de-chaussée du Pavillon du Cinéma est occupé par l’Exposition de la photographie et du phonographe.
- La section de la photographie, à elle seule, a une superficie de 500 m2 environ; elle est, d’ailleurs, réservée plus spécialement à la présentation des résultats artistiques, que permettent aujourd’hui les émulsions sensibles.
- Cependant, un poste de bélinographie en ordre de marche permettant la transmission par ondes téléphoniques ou par ondes hertziennes des photographies ou des documents fonctionnera devant le public.
- Un salon de repos montre l’utilisation de la photographie dans la décoration; d’autres stands instruisent le visiteur sur les possibilités modernes de l’art photographique dans les nombreuses branches de la décoration et de l’industrie.
- Une exposition artistique comportant plusieurs catégories : illustrations du livre, paysages, photographies scientifiques, reportages, publicité, etc., montre, en quelque sorte, l’histoire moderne de la photographie et marque l’état de son évolution actuelle.
- La maison du phonographe, de son côté, montre trois pièces décorées par les meilleurs décorateurs parisiens, une salle à manger, une chambre à coucher et un salon de musique. On y verra, ou plutôt on y entendra, comment l’appartement de l’homme cultivé de 1937 peut devenir encore plus agréable, grâce à une sonorisation phonographique bien étudiée.
- Dans un certain nombre de stands, les éditeurs de disques et les constructeurs de machines parlantes présentent, en outre, des diagrammes montrant le développement de l’industrie phonographique, ainsi que des échantillons choisis parmi les plus caractéristiques de la fabrication actuelle. P. H.
- APPLICATIONS INDUSTRIELLES DE LA COUCHE
- DE BEILBY
- Nous avons exposé récemment (*) les idées modernes concernant la nature de la surface des corps polis et indiqué que la théorie présentée vers 1901 par Beilby âVait été finalement vérifiée expérimentalement : le polissage amène un fluage des parties superficielles et la surface se trouve recouverte d’une couche de matière présentant les caractéristiques d’un liquide. Un intéressant mémoire de G. Finch paru dans Science
- 1. La Nature, n° 2982.
- Progress, d’avril 1937, apporte de nouvelles observations; il montre en outre, que la couche de Beilby, dont nous avions déjà signalé le rôle possible dans certaines applications industrielles (moteurs d’automobile et d’aviation, problème du graissage), n’a pas seulement un intérêt spéculatif et scientifique, mais encore que son étude permet de résoudre des problèmes pratiques et ne pourra plus être négligée dans l’avenir.
- Beilby, dont le microscope était le seul instrument d’obser-
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- vation, avait admis que la couche superficielle était amorphe. Les spectres de rayons X qui, entre les mains de Laue, Bragg, etc., ont permis de déterminer l’arrangement interne des atomes dans les cristaux, ne pouvaient être d’aucun secours dans le cas présent, leur puissance de pénétration étant trop grande. Toutes les indications que pourrait donner la surface étant masquées par les phénomènes se produisant dans la masse. Au contraire, la réfraction des électrons, même de grande vitesse, qui n’est produite que par les couches superficielles des corps, de quelques atomes d’épaisseur, a constitué un merveilleux moyen d’investigation, surtout en employant, dans le cas des substances non cristallisées, l’incidence rasante du faisceau électronique.
- En étudiant par ce procédé la surface polie de cristaux de calcite, Raether en 1933 et Hopkins en 1936, ont trouvé que, dans le cas de la calcite, la couche de Beilhy, loin d’être amorphe, était cristallisée et si bien orientée qu’elle formait pratiquement corps avec la masse du cristal. Or, le polissage de la calcite détermine bien, cependant, un flux de matière; si on trace avec une pointe une croix, par exemple, sur un plan de clivage frais d’un cristal, le polissage la fait disparaître, mais si on attaque légèrement à l’acide chlorhydrique, elle redevient visible. Les observations de Raether et de Hopkins ouvraient donc une nouvelle polémique : la structure finale de la couche de Beilby est-elle due à la recristallisation de la matière amorphe ou au contraire, le polissage n’a-t-il réellement pour effet que d’égaliser les aspérités superficielles, les parcelles microscopiques des cristaux arasés allant simplement nourrir d’autres cristaux ?
- Les expériences toutes récentes de Finch ont fourni une réponse définitive à cette question. La couche de Beilby est cristallisée sur les faces de clivage, de moins en moins cristalline au fur et à mesure qu’augmente l’angle de la surface polie avec le plan de clivage jusqu’à ce que, finalement quand cet angle est très grand, elle soit entièrement amorphe. Ainsi donc on peut conclure que la couche de Beilby, lorsqu’elle se forme sous l’action du polissage, est bien amorphe, mais qu’aus-sitôt l’action mécanique arrêtée, sous l’influence des attractions moléculaires du cristal, elle peut s’organiser plus ou moins totalement suivant l’inclinaison, c’est-à-dire suivant la plus ou moins grande valeur de la composante, dans la direction de la surface polie, des forces d’attraction moléculaires résultant de la disposition régulière des atomes dans le cristal.
- En étudiant ensuite la structure de la surface polie d’un grand nombre de cristaux non métalliques, Finch a trouvé que tandis que pour certains, comme le quartz, le diamant, le saphir, le corindon, le chrysoberyl, le grenat, l’épidote, le péridot, etc., quelle que soit l’orientation de la surface polie par rapport aux axes cristallographiques, la couche de Beilby était toujours cristallisée, pour d’auti'es cristaux, en particulier l’émeraude, la zircone, la tourmaline, la cassitérite et l’hématite, la spinelle, elle était amorphe. Enfin dans d’autres cristaux, feldspath nacré (pierre de lune), orthose, la couche de Beilby est si peu épaisse que quelques électrons peuvent atteindre la surface cristalline sous-jacente sans perdre leur énergie.
- La différence de nature de la couche de Beilby dans le cas du corindon (ou du saphir) et de la spinelle (alumine magnésiée), cristallisée dans le premier cas, amorphe dans le second, différence révélée par les images de diffraction des électrons, a reçu récemment une application extrêmement intéressante, qui montre bien que souvent une recherche purement académique peut avoir une répercussion inattendue dans le domaine industriel.
- Les moteurs d’aviation ont tous maintenant des pistons en alliages d’aluminium (aluminium additionné de cuivre, en général) et sont légers, bon conducteurs de la chaleur et suffisamment résistants au point de vue mécanique.
- .......-....-.................. 413 =
- Malheureusement, si les alliages d’aluminium sont relativement tendres et ne s’usent que peu les moteurs, on constate, car contre, une usure des cylindres dans lesquels ils se déplacent, beaucoup plus rapide qu’avec les pistons en fonte. Cependant, normalement, le contact entre le métal du piston et celui du cylindre est empêché par la pellicule d’huile de graissage.
- De plus, le polissage ou le brunissage des cylindres et des pistons devrait les recouvrir d’une couche de Beilby ne présentant pas de rugosités susceptibles de crever la pellicule d’huile. En fait, la surface du piston d’aluminium n’est pas, en réalité, métallique, mais constituée par une pellicule mince très dure d’alumine, qui se forme spontanément à l’air et empêche toute oxydation ultérieure. Il est d’ailleurs courant, dans l’industrie, d’augmenter artificiellement cette couche d’oxyde par le procédé connu sous le nom « d’oxydation anodique ». Cette pellicule est amorphe; mais lorsqu’elle est polie, Finch a trouvé que sa structure change, devient cristalline et se montre constituée par de petits cristaux de corindon.
- Ainsi donc le polissage, qu’il soit dû au fonctionnement dn moteur ou à une opération préalable, a pour effet de provoquer la formation d’une couche de Beilby cristallisée très dure et ce sont les pointes des cristaux formés qui crèvent la pellicule d’huile de graissage et provoquent l’usure de la paroi du cylindre.
- Mais le remède est à côté du mal. Nous avons dit plus haut que la spinelle (solution solide d’aluminium, de magnésium et d’oxyde d’aluminium) dont la dureté diffère peu de celle du corindon, donne une couche de Beilby amorphe. Finch d’autre part, a constaté que la surface d’un alliage d’aluminium et de magnésium est normalement recouverte d’une pellicule d’oxydes de ces deux métaux qui par le polissage se transforme en une couche amorphe, et par suite lisse, de spinelle. En recouvrant les surfaces de frottement des pistons d’aluminium avec une légère couche d’alliage magnésium-aluminium, et en effectuant ensuite un polissage qui donne une couche de Beilby amorphe, on a constaté une réduction très notable de l’usure des cylindres, et il semble, d’après les essais en cours, que les pistons « spinellisés » soient supérieurs aux pistons ordinaires, au point de vue de l’usure.
- Dans tous les pistons, on emploie des segments en fonte. La fonte s’est révélée, malgré ses inconvénient, mécaniques, sans rivale dans cette application, et l’étude de sa surface polie en fournit l’explication. Après un polissage léger au papier émeri fin, ^la surface donne une figure de diffraction des électrons qui montre qu’elle est recouverte entièrement d’une pellicule de graphite en lamelle, dont tous les cristaux sont orientés de telle sorte que leurs plans de clivage soient parallèles à cette surface. Or, le graphite est un excellent lubrifiant, d’abord parce que les lamelles microscopiques peuvent aisément glisser les unes sur les autres, ensuite parce qu’il conserve ses propriétés lubrifiantes aux hautes températures régnant dans les cylindres. Quand la pellicule de graphite a disparu au cours du fonctionnement du moteur, la fonte ne peut la reformer qu’aux dépens de sa masse même, au prix d’une usure du segment. Aussi comprend-on pourquoi l’addition de graphite à l’huile de graissage, qui permet à la couche de Beilby de ne plus se former aux dépens de la pièce métallique, empêche l’usure et augmente la durée de fonctionnement du moteur.
- Les exemples précédents montrent les services que peut rendre la connaissance de la couche de Beilby. On peut espérer qu’en examinant à ce point de vue la surface des divers métaux et alliages, on puisse arriver à résoudre quelques-uns des problèmes qui se posent en particulier dans la question si importante et si complexe de la corrosion.
- H. Vigneron.
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- NOIX DE MUSCADE ET CLOU DE GIROFLE
- LA NOIX DE MUSCADE
- Dépouillée de ses enveloppes, l’amande du Muscadier (Myristica fragrans. Houttuyn) fournit la noix de muscade, ainsi nommée à cause de l’odeur aromatique qu’elle dégage. Elle s’emploie comme épice, entre dans diverses préparations pharmaceutiques destinées à stimuler la circulation et sert également à parfumer plusieurs liqueurs cordiales ou digestives. Les Muscadiers appartiennent à la famille des Myristicacées ; beaux arbres touffus, à feuilles luisantes et persistantes d’un vert sombre, ils s’élèvent souvent à une hauteur de 12 à 15 m dans les îles Moluques (Halmahera, Céram, Amboine, Boeroe) et en Nouvelle-Guinée où on les rencontre à l’état sauvage. Leurs fleurs unisexuées sont groupées sur des pieds distincts, et on s’arrange dans les plantations pour ne pas avoir trop de muscadiers mâles qui ne donnent pas de fruits; un pied mâle suffit pour la fécondation d’une quinzaine environ d’arbres femelles.
- Ressemblant beaucoup en plus grand à nos poiriers, les Muscadiers se plaisent dans les terres basses, profondes, humides et bien drainées avoisinant les côtes tropicales. Leurs petites fleurs donnent de jolis fruits arrondis atteignant la grosseur d’un abricot. Ces baies charnues et jaune pâle s’ouvrent à maturité en deux valves laissant apparaître une membrane rouge écarlate plus ou moins déchiquetée. Celle-ci séchée au soleil prend une teinte jaune orangée et fournit la substance que les droguistes appellent « macis ». Sous ce tégument on trouve une grosse graine noire composée d’une coque ligneuse et de la véritable noix de muscade.
- Les soins culturaux à donner aux Muscadiers sont peu nombreux. On les multiplie par graines semées en pépinières et repiquées à 8 ou 10 m d’intervalle, sur des emplacements légèrement ombragés, d’ordinaire, par des Canarium ou autres grands arbres exotiques à croissance rapide. Chaque Muscadier commence à rapporter vers 9 ans, entre en plein rapport à 15 ans et sa production se maintient au maximum pendant une huitaine d’années. Sa fructification peut même se produire jusqu’à 80 ans, mais en pratique, on renouvelle les plantations au bout de 30 ans. Chaque arbre peut donner 1500 à 2000 fruits fournissant de 7 à 10 kg de noix de muscade et 750 à 1000 gr de macis.
- Dans l’archipel des Moluques, les indigènes cueillent les fruits à maturité quand ceux-ci s’ouvrent en deux valves. Ils recueillent le macis à la main et l’emballent après l’avoir fait sécher; ils étalent ensuite les graines sur une aire battue et ensoleillée. Après dessiccation, ils enlèvent les coques ligneuses et roulent les noix dans de la chaux en poudre ou les immergent dans un lait de chaux afin de les mettre à l’abri des insectes. Arrondies ou elliptiques, les noix de muscade ressemblent un peu à l’olive et à l’état naturel elles sont d’un brun cendré. Mais après chaulage, elles deviennent brunes dans leurs parties saillantes et blanches dans les dépressions; des lignes réticulées les marquent à l’extérieur tandis qu’inté-rieurement l’enveloppe brunâtre s’enfonçant dans l’albu-
- men blanc y forme des bandes sinueuses d’un aspect spécial.
- D’après le botaniste Alph. de Candolle, le Muscadier croît spontanément aux Moluques et surtout aux îles de Banda où on le cultive depuis un temps immémorial à en juger par le nombre considérable de ses variétés. Les Grecs et les Romains de l’Antiquité ignoraient probablement les noix de muscades; elles furent importées de l’Inde au Moyen Age par les Arabes, qui les firent connaître aux Occidentaux. Le plus ancien renseignement que l’on possède sur l’usage de ces épices en Europe se trouve dans un poème du chroniqueur sicilien Pierre d’Eboli, écrit vers 1195. Cet auteur cite la Myristica parmi les aromates, qui parfumaient les rues, lors de l’entrée à Rome de l’empereur Henri VI avant son couronnement. A la fin du xne siècle, les muscades et le macis se vendaient jusqu’au Danemark, comme en témoignent certains passages des œuvres du médecin Henri Harpestreng. En Angleterre, de 1284 à 1377, le macis atteignit le prix, fort élevé pour l’époque, de 4 sh 7 d. la livre. En France, un paquet de cet aromate est estimé à 3 sols 8 deniers l’once, dans un inventaire de 1372.
- On se servait couramment en Europe de la muscade bien avant que les Portugais ne découvrissent la plante-mère dans les îles de Banda (1512). Le Portugal posséda ces « terres à épices » jusqu’au début du xvne siècle. Les Hollandais les leur enlevèrent alors et afin d’assurer leur monopole, ils restreignirent la culture des Muscadiers, des Girofliers et des Cannelliers à Banda et à Amboine, les détruisant partout ailleurs, notamment à Céram et dans les îlots voisins de Kelang et de Nila. A cette époque, le commerce était complètement entre les mains des importateurs néerlandais, si bien que parfois les stocks d’une quinzaine d’années restaient entassés dans leurs magasins et on n’offrait jamais sur le marché les nouvelles cueillettes. Ainsi, on ne vendit la récolte de 1744 qu’en 1760. Et cette année-là, on brûla à Amsterdam une immense quantité de noix de muscade et de clous de girofle, afin d’empêcher l’avilissement des cours, comme on le fit de nos jours au Brésil pour le café. Rien n’est nouveau sous le soleil !
- « J’en ai vu, dit le naturaliste Valmont de Bomare, le 19 juin 1760, à Amsterdam près de l’Amirauté, un feu dont l’alimentation était estimée huit millions en argent de France; on devait en brûler autant le lendemain. Les pieds des spectateurs baignaient dans l’huile essentielle de ces substances ».
- Cependant malgré toutes les précautions et restrictions, grâce à l’heureuse initiative de l’intendant de marine Pierre Poivre, aidé de ses compagnons Provost et d’Etche-verry, les Français réussirent vers 1771 à s’emparer de quelques plants de Muscadiers et de Girofliers qu’ils introduisirent à la Réunion (Bourbon), à l’île Maurice (appelée à cette époque, Ile-de-France) et dans nos diverses possessions coloniales d’alors. Aujourd’hui, on cultive encore les Muscadiers à la Guyane ainsi qu’en Indochine et on a introduit avec succès les Girofliers au
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- Gabon. Cependant les noix de muscade vendues en Europe viennent surtout de l’archipel des Moluques (Grande Banda, Banda Néira et Pulo Aaï), de Bencoolen sur la côte occidentale de Sumatra, de la presqu’île de Malacca, de la province du Bengale (Indes Anglaises) et de quelques centres des Antilles. La droguerie en distingue trois sortes : les « Poulo-Penang » non chaulées sur les lieux de production et d’un prix assez élevé jadis, mais
- Fig. 1. — Récolte des noix muscades à Java.
- Fig. 3. — Epluchage des noix de muscade à Java.
- dont la qualité tend à décliner aujourd’hui; les « Baboua » toujours chaulées avant leur expédition et les variétés indiennes dites de « Singapore » moins estimées que les précédentes.
- LE CLOU DE GIROFLE
- Le clou de girofle est une épice d’un usage probablement plus ancien que la noix de muscade puisqu’on le trouve mentionné dans les littératures chinoise, hindoue
- et sanscrite, mais les Hébreux l’ignorèrent comme les Egyptiens.
- Quant aux Romains, ils ne le connurent guère que vers le me siècle de l’ère chrétienne. L’empereur Constantin en envoya effectivement comme présent à l’évêque Sylvestre en 315 et le médecin grec Paul d’Egine, au viie siècle, décrit les girofles comme des aromates et des médicaments fort en vogue.
- Ce fut seulement au xve siècle, après la découverte des Moluques par les Portugais, que les voyageurs Ludovic de Barthema de Bologne et Pigafetta, compagnon de Magellan, parlèrent de visu des Girofliers et des procédés de récolte de leurs fruits.
- Du xvie au xviie siècle, le commerce des Girofles resta entre les mains des Portugais
- Fig. 2. — Branche de muscadier (Myristica fragrans). Fruits isolés et ouverts montrant le macis et la noix.
- que les Hollandais évincèrent en 1605. Ceux-ci détruisirent alors les plantations de Girofliers aux Moluques sauf dans l’île d’Amboine et monopolisèrent le négoce des clous de girofle pendant longtemps. Mais en 1769, le Français Pierre Poivre réussit à importer le Giroflier dans nos colonies des Antilles. Il confia d’abord 4 pieds à Joseph Hubert, créole de l’île Bourbon; trois périrent et seul le quatrième végétal, arrivé à bon port, devint le père de toutes les cultures florissantes par la suite de la Réunion, de Madagascar et de Zanzibar. Poivre introduisit également le Giroflier et le Muscadier à la Guyane et à la Martinique en 1793.
- Jeune bouton floral du Caryophillus aromaticus Linné, superbe Myrtacée de la zone équatoriale, le clou de
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- Fig. 4. — Clous de girofle des Moluques, dits « girofles anglais ».
- girofle possède une âcre saveur et un arôme des plus développés présentant une certaine analogie avec celui de l’œillet. Il renferme 25 pour 100 environ d’une huile essentielle jaune ou brune contenant elle-même de l’eugénol et très employée en parfumerie. Les Girofliers sont de beaux arbres à feuillage persistant, dont l’écorce ressemble à celle de l’Olivier. Ils se reproduisent par graines ou par semis dans des pépinières. On repique les jeunes plantes sur place en les écartant de 6 à 7 m. Craignant les grands vents et les trop fortes chaleurs, on les abrite durant les trois premières années, puis afin de faciliter la cueillette, on les étête d’ordinaire à 3 m de hauteur. Ils commencent à produire vers la septième année et peuvent donner de bonnes récoltes jusqu’à 80 ans.
- Les boutons floraux d’abord verts doivent être cueillis lorsqu’ils deviennent rouges, car à ce moment, ils ont acquis le maximum de parfum. Indépendamment des dits boutons floraux munis encore de leurs pétales non épanouis et qu’on vend dans le commerce sous le nom de « clous de girofle » , on utilise aussi en parfumerie les
- « griffes de girofle » ou pédicelles floraux, moins riches en essence parfumée que les boutons. Une fois les clous récoltés, on les sèche au soleil ou au feu. Cette dessiccation leur permet d’acquérir la coloration brun noirâtre sous laquelle ils se présentent en Europe, mais leur fait perdre 60 pour 100 de leur poids. Le rendement varie, d’ailleurs, selon les pays et les années. On compte, en moyenne 3 kg par arbre, ce qui représente environ 30 000 « clous ».
- Les Caryophvlles se rencontrent dans toutes les régions tropicales à l’état de pieds isolés ou de petites cultures destinées à la consommation locale. Actuellement les principaux centres de production des girofles se trouvent à Zanzibar et dans l’île de Pemba sur la côte orientale d’Afrique, aux Indes néerlandaises et aux Moluques. Sainte-Marie de Madagascar, la Réunion, les Comores, les Antilles et la Guyane en exportent également de petites quantités.
- % ’t’
- Voici, d’après les dernières statistiques publiées par le ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas, les chiffres d’exportation des Muscades et des Clous de girofle des
- Indes Néerlandaises : Années Quantités
- Tonnes
- ( 1932 1975
- Muscade (noix). . . . . | 1933 2529
- ( 1934 2043
- ( 1932 1958
- Muscade (macis) . . . . ) 1933 1518
- ( 1934 1885
- ( 1932 94
- Clous de girofle. . . . . 1933 252
- 1934 283
- Fig. 5. — Plantation de girofliers aux environs d'Amboine (Iles Moluques).
- L’épicerie européenne vend exclusivement les clous de girofle pour aromatiser la cuisine et s’en pourvoit auprès des négociants en droguerie.
- On en désigne les différentes variétés d’après leurs lieux d’origine, leurs ports de centralisation ou de transit.
- Les gros girofles des Moluques, d’une couleur brun noir, d’un aspect huileux et d’une saveur très prononcée sont connus sous le nom de Girofles anglais ou de Bombay tandis que les Girofles de Cayenne se caractérisent par leurs formes plus allongées et leur arôme plus puissant.
- Les Girofles de la Réunion plus foncés et plus grêles encore que les précédents ont une teinte rougeâtre ; ils sont moins cotés que les « clous » de Zanzibar ou de Madagascar.
- Jacques Boyer.
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- RÉCRÉATIONS MATHÉMATIQUES 4
- SOLUTION DES PROBLÈMES PROPOSÉS DANS “ LA NATURE
- DU Ie1 OCTOBRE 1936 (N° 2986)
- Rappelons l’énoncé des problèmes.
- Problème A. — Trouver deux nombres de 6 chiffres, tels que leur somme soit égale au nombre formé par les 6 derniers chiffres de leur produit.
- Problème B. — Une maison de commerce vend 3 articles à 5, 7 et 13 fr pièce, par colis de 200 fr composés au choix du client. Le magasin d’expédition ayant été incendié, un expert s’efforce d’évaluer le montant des marchandises détruites. D’après le magasinier le bâtiment renfermait des colis représentant toutes les compositions possibles, différant tous les uns des autres, et contenant au moins un objet de chaque sorte. A quelle somme l’expert va-t-il chiffrer les dégâts ?
- Problème C. — Le produit de 4 entiers consécutifs est égal à 1*74*24. Deux chiffres illisibles ont été remplacés par des astérisques. Comment retrouver ces 4 nombres ?
- Solutions.
- Problème A. — Soient x et y les nombres cherchés. On doit avoir :
- xy — [x -f- y) = 10® M
- Posons x- = X -f 1 ; y — Y + 1 et substituons ces valeurs dans l’équation ci-dessus. Toutes réductions faites, nous obtenons :
- XY — 1 = 10® M
- ou XY — 10®M = 1. (1)
- Sous cette forme nous reconnaissons une équation indéterminée du 1er degré, en considérant X et 10® comme les coefficients des inconnues. Donnons-nous X et résolvons l’équation (l),nous obtiendrons pour Y une infinité de valeurs; mais une seule sera à retenir : celle qui est comprise entre 0 et 10®. On en déduira x et y par les relations données plus haut.
- X doit être premier avec 10®, tout nombre de 6 chiffres, impair et non terminé par 5, satisfait à cette condition; mais rien ne prouve a priori que la valeur de Y aura 6 chiffres. En outre, même si l’équation (1) est vérifiée par des valeurs convenables de X et Y, il faut encore, pour répondre à la question, que la somme x + y soit inférieure à 10®. On trouve un grand nombre de couples X et Y qui fournissent des solutions acceptables, en prenant X au hasard parmi les nombres premiers avec 2 et 5.
- Exemples : X = 327 431. Le calcul donne Y = 380 471. D’où x = 327 432 et y = 380 472.
- On vérifiera que 327 432 X 380 472 = 124 578 707 904 327 432 + 380 472 = 707 904.
- Avec le fameux nombre 428 571, nous aurons le couple 428 572, 333 332, dont le produit se termine par 761 904.
- La recherche du nombre des solutions possibles est un problème très difficile car, sans calcul direct, on ne peut prévoir si Y répondra complètement aux conditions de l’énoncé : avoir 6 chiffres et donner, avec X + 2, une somme ayant également 6 chiffi-es.
- Problème B. — L’énoncé fouimit l’unique équation :
- 5x + 7 y + 13 z = 200
- en représentant respectivement par x, y, z les objets à 5, 7 et 13 fr. Il faut résoudre cette équation et dénombrer les solutions entières, positives et comprenant à la fois les 3 inconnues.
- On obtient, en fonction de deux paramètres arbitraires,
- x = 40 — 7 m — 4 n, y = 5 m + n z = n.
- En donnant à z les valeurs successives 1, 2, 3. . ., 10, 11,.
- on calculera les couples x et y dont les valeurs sont compatibles avec les conditions de l’énoncé. Pour z = 14, on aura :
- x — —-16 — 7 m
- ce qui exige m ^ •— 3, mais aloi’s y ne peut être positif, donc 13 est la limite de z.
- Ive dénombrement des solutions est donné dans le tableau ci-dessous :
- z Limites de m Nombre de solutions Limites de ni Nombre de solutions
- 1 0 à 5 6 Report. . . . 29
- 2 0 à 4 5 8 — 1 à 1 3
- 3 0 à 3 4 9 — 1 et 0 2
- 4 0 à 3 4 10 — 1 1
- 5 0 à 2 3 11 — 1 et + 1 2
- 6 — 1 à 2 4 12 2 1
- 7 — 1 à 1 3 13 — 2 1
- A reporter. . 29 Total 39
- Soit au total 39 solutions. Donc les dégâts seront évalués à 7800 fr.
- Problème C. — Le produit est terminé par 4, aucun des nombres cherchés ne contient 0 ou 5; les nombres sont donc terminés par 1, 2, 3, 4 ou 6, 7, 8, 9.
- On établit aisément que 304 <( 1* 74 *24 404 quelles
- que soient les valeurs attribuées aux astérisques.
- Les 4 nombres sont 31, 32, 33, 34 ou 36, 37, 38, 39 et le produit est terminé par 024.
- Des considérations de divisibilité (par 16 et 11 dans le premier gi’oupe, par 9 et 4 dans le second) prouvent que seul le deuxième groupe répond à la question.
- Les 4 entiers 36, 37, 38, 39 ont pour pi'oduit :
- 1 974 024.
- Nous avons été très surpris de ne recevoir aucune solution des pi’oblèmes A et C proposés dans La Nature du Ie r décembre 1936. Ces questions sont-elles si difficiles ? ou les énoncés présentent-ils quelques obscurités ? Des éclaircissements seront peut-être utiles pour faciliter la tâche de nos correspondants.
- Problème A. — Un terrain rectangulaire a une certaine surface X qui est égale à la somme des aires de deux champs cai'rés u2 + f2. Plusieurs couples peuvent répondre à la question, l’énoncé fournit 4 valeui's numériques dont les cai'rés associés jxidicieusement deux à deux donnent une somme constaxxte. Cette constante doit être décomposée de toutes les
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- manières possibles en somme de deux carrés et parmi les nouveaux carrés trouvés — ou ceux donnés — on cherchera les périmètres répondant à la condition imposée : diiïéi'er le moins possible du périmètre du rectangle. Or ce rectangle a maintenant une surface connue : la constante it2 + t2, et son périmètre est minimum avec une longueur et une largeur exprimées toutes deux par des nombres entiers, en mètres.
- Problème C. — Deux joueurs A, B engagent une partie et conviennent de fixer à x les points nécessaires pour gagner les enjeux. Ils abandonnent avant que le nombre de points prévu soit atteint, il est équitable de partager les enjeux proportionnellement aux chances qu’ils ont actuellement de parfaire leur marque respective. Ainsi A joue pour 1 point et B pour 1 point si, à chaque coup joué, comme à pile ou face, par exemple, leurs chances sont égales, et si le coup perdu est marqué à l’adversaire, on voit que tous deux sont à égalité de chances et les enjeux devront être partagés par moitié. Toute la difficulté revient à supputer dans notre problème la probabilité, pour Pierre, de gagner 2 points et pour Paul d’en gagner 3.
- Ont envoyé des solutions justes :
- Problèmes A, B, C. — Mlle Barnola à Lyon; MM. Fournier-Misson, retraité à Cliarleville; A. Joulîrav, Mantalot par La Ftoche-Derrien (C.-du-N.).
- Problèmes A et C. — MM. P. Rambal à Neuchâtel (Suisse) ; Arnaud André, 10, place Maurice-Rouvier, Marseille.
- Problèmes B et C. — MM. F. Meister à Horgen (Suisse); Mollard, instituteur à Versailles.
- INFLUENCE DE LA T.
- Le lecteur se demandera sans doute quel rapport il peut y avoir entre l’insomnie et les auditions radiophoniques. Et pourtant, il est direct et réel.
- Il est utile de remarquer que le sommeil n’est pas du tout le résultat d’un effort de volonté comparable à un acte quelconque de la vie, le soulèvement d’un membre ou d’un poids, par exemple. On entend souvent dire aux personnes qui dorment mal : « Je ne peux pas dormir », comme si le sommeil était dû à un travail physique. C’est même là une cause d’insomnie chez les gens qui veulent dormir; le sommeil, en elïet, doit s’établir sans qu’on y pense, sans qu’on s’obstine à vouloir l’obtenir.
- Pour obliger la pensée à ne pas s’égarer vers plusieurs directions, on a proposé différents moyens : on a conseillé, par exemple, de compter depuis un jusqu’à cent, très lentement, ou mieux depuis cent jusqu’à un. On a aussi suggéré à l’insomnique de se réciter, sans prononcer les paroles, une fable de La Fontaine, ou de chanter un air quelconque, sans extériorisation du chant.
- Pour empêcher la tête de « trotter », comme on dit, certaines personnes font la lecture. L’audition de cette lecture par une autre personne porte au sommeil, surtout si elle est faite d’une voix monotone et pendant assez longtemps. Pour les personnes qui sont seules, la radiophonie se substitue à la personne qui lit. Il suffit d’installer dans la chambre à coucher, près du lit, sur la table de nuit par exemple, un poste de T. S. F. qui débitera soit une comédie ou une causerie littéraire, soit de la musique d’orchestre ou un opéra. Dans ces conditions, le sommeil s’établira d’une façon à peu près certaine quelque temps après le commencement de l’audition, temps variable avec les personnes évidemment. S’il s’agit d’un opéra, c’est surtout au moment des passages les plus
- Problème B. — MM. Raymond Quêrne, ingénieur des P. et C., 38, avenue Simon-Bolivar, Paris ; Georges Rodillon, docteur en pharmacie, 38, avenue Simon-Bolivar, Paris.
- Problème C.— MM. J. Bouleau, ingénieur A. etM., 68, Grande-Rue à Oullins (Rhône); Tellier, instituteur à St-Georges-de-Fontaine (Seine-Inférieure).
- Rappel. —• Problèmes A B, C, du lor septembre 1936. -
- M. Demélin Michel, Bienvillers-aux-Bois (P.-de-C.).
- Problèmes proposés.
- Problème A. —• Quelle unité de longueur faut-il choisir pour que, dans un triangle rectangle, le carré de l’hypoténuse ait même mesure que le double du grand côté de l’angle droit ? (Proposé par M. Arnaud André, 10 pl. Maurice Rou-vier à Marseille.
- Problème B. — Etant donné un poids de 40 kg, on se propose d’en faire quatre parts, en kilogs, avec lesquelles on puisse faire à l’aide d’une balance Roberval, toutes les pesées en kilogs, de 1 à 40. (Problème ancien, proposé par M. le Ct Thiriat, 11, rue Louis-Hémon à Quimper).
- Problème C. — Un propriétaire veut diviser un champ triangulaire ayant pour côtés 77 m, 51 m, 40 m. Il fait creuser un puits à l’intérieur du terrain de manière qu’en joignant le puits aux trois sommets du triangle on délimite trois propriétés dont les surfaces soient proportionnelles aux nombres 1, 3 et 4. Quel doit être l’emplacement du puits commun ?
- Henri Bauolet.
- S. F. SUR LE SOMMEIL
- connus du sans-filiste que celui-ci s’endormira et il restera endormi malgré les forte les plus bruyants de la partition. En voici un exemple qui m’a été rapporté par un mélomane convaincu. Pendant l’audition de Faust, radiodiffusé depuis l’Opéra, c’est au moment du ballet qu’il s’est endormi profondément et il n’a pas entendu davantage le trio final de « Anges purs... ». Or, il m’avoua qu’il connaissait par cœur cette page de Gounod.
- Le seul inconvénient du sommeil provoqué par la radiophonie, c’est que l’appareil de T. S. F. continue à fonctionner après qu’on s’est endormi.
- Il n’y a pas que le soir que l’on peut user de ce moyen soporifique. Si l’on tourne le bouton de l’interrupteur le matin vers 7 h, pour écouter l’émission du « Radio-Journal », pendant qu’on est encore au lit, il n’est pas rare que l’on s’endorme après quelques minutes d’attention.
- La radiophonie peut rendre de grands services dans les cas d’insomnie pré-nocturne : j’appelle ainsi le cas d’une personne qui se couche, par exemple, à 9 h et qui ne dort pas encore à 1 h du matin. Pour les autres catégories d’insomnies, la mi-nocturne et la pré-matinale, la radiophonie est plus difficile à utiliser dans un but soporifique : c’est qu’en effet les différents postes d’émission français deviennent muets, en général, vers minuit et jusque vers 6 h du matin. Il faudrait pouvoir capter les ondes émises par les postes américains pour avoir toute une gamme d’auditions à partir de minuit; à ce moment-là il est 7 h du soir à New-York, et lorsque les émissions prennent fin là-bas, vers minuit, il est 5 h du matin chez nous; en sorte que, pendant presque toute la nuit notre poste récepteur pourrait fonctionner.
- Prof. H. Bordier,
- Membre correspondant de l’Académie de Médecine.
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- LA DÉFENSE CONTRE LE MOUSTIQUE
- DE FOSSE D’AISANCES
- Le moustique que j’ai découvert en 1931 à La Rochelle (*), dans les l'osses d’aisances à chasse d’eau (water-closets) n’est qu’une variété du moustique commun, Culex pipiens, adaptée à la vie larvaire dans les milieux excrémentitiels humains, ce pourquoi je lui ai donné le nom de stercoraire. Cet insecte anthropophile, création de l’urbanisme moderne, prend plus d’expansion chaque année à mesure que les cabinets à chasse d’ea-u sont plus à la mode.
- Il est si intolérable qu’il me paraît utile de rappeler son existence et sa provenance afin d’éclairer les particuliers et les pouvoirs publics dans la défense contre lui, une petite fosse de 1 m2 de surface, habitée par lui, suffisant à multiplier les exemplaires de l’espèce au point de rendre la maison intenable.
- A force d’être dénoncés par moi, les méfaits du moustique stercoraire ont provoqué quelques réactions de défense; la lutte contre lui commence à être pratiquée selon le principe que j’ai indiqué, la séquestration des moustiques dans la fosse où ils naissent, opération qui comporte les dispositifs énumérés dans la notice ci-dessous.
- Cette notice est à distribuer aux architectes, aux entrepreneurs, aux particuliers qui font construire, aux écoles, hôtels, restaurants, cafés, cinémas, théâtres, usines, ateliers, hôpitaux et autres établissements à usage public. Ce tract aura pour effet, je suppose, de généraliser la défense contre ce moustique, défense que les règlements sanitaires municipaux devraient rendre obligatoire.
- Le moustique de fosse d’aisances ou stercoraire, découvert à La Rochelle, est une variété domestique, très agressive, du moustique commun, Culex pipiens. Il naît en essaims considérables dans la fosse à contenu liquide des cabinets à chasse d’eau, water-closets; ses générations en sortent pendant neuf mois pour envahir les habitations et se nourrir du sang de l’homme jusqu’en décembre et même janvier.
- Le moyen le plus simple de s’en protéger est de les empêcher de sortir de la fosse où ils éclosent, ce qu’on obtient :
- En siphonnant le siège du W.-C., le siège à clapet laissant échapper les moustiques ;
- En scellant au mortier ou au ciment le regard de la fosse; -
- En coiffant l’extrémité supérieure du tuyau d’aération avec une toile métallique inoxydable, en laiton, telle que la toile de garde-manger, perméable aux gaz mais infranchissable aux moustiques.
- Cela suffit pour la fosse fixe et pour la fosse septique dont le trop-plein aboutit à un puisard n’ayant pas de vue sur Vextérieur.
- Mais si la fosse septique est branchée sur un égout pluvial, il est nécessaire, en outre, d’établir un siphon sur le conduit qui relie la fosse à l’égout pour éviter la sortie des moustiques par cette voie.
- Si un urinoir se déverse dans une fosse, il est indispensable de munir d’une bonde sipho'ide le ou les orifices de communication.
- Si ime baignoire s’évacue dans la fosse, le conduit d’évacuation sera siphonné pour ne pas servir de chemin d’évasion aux moustiques qui savent découvrir toute issue pour aller vivre au contact de l’homme.
- Moyennant ces dispositifs peu coûteux, les moustiques stercoraires disparaissent totalement s’il n’y a pas d’issue anormale de la fosse vers l’extérieur.
- 1. J. Legendre. Le moustique cavernicole. Bull. Académie de Médecine, 28 juillet 1931.
- Pour démontrer, une fois de plus, le pouvoir de pullulation du moustique stercoraire et la nécessité de lutte, je citerai la relation, par Rouché, de « Deux années de lutte contre les moustiques au centre d’Aviation de Rocliefort » (Archives de mèd. et pharm. navales, oct.-nov.-décembre 1935).
- « Il y a au Centre 45 fosses d’aisances à contenu liquide, « alimentées par les chasses d’eau des water-closets, et dont « la surface totale est de 1000 m2 » (p. 548).
- « Les lieux de ponte pi'éférés des Culex sont, sans conteste, « les fosses d’aisances à chasse d’eau. Dans toutes les fosses « septiques du Centre, les larves pullulent en quantité vrai-« ment innombrable. Quand on soulève les plaques de regard, « les moustiques adultes s’échappent en essaim et c’est un « grouillement larvaire continu à la surface de la masse « liquide. Ceci confirme bien les notions acquises ces dernières « années par le Dr Legendre. »
- « Dans les fosses d’aisances des ateliers de l’Ecole des appren-« tis-mécaniciens, nous avons recueilli des larves vivantes de « Culex, à la fin de décembre et nous avons constaté un dévelop-« pement continu : larves, nymphes, adultes... Les fosses « d’aisances, dans certaines conditions, constitueraient donc « un danger permanent de reproduction et de pullulation des « moustiques pendant toute l’année » (p. 556). C’est à cause de cette activité prolongée que j’ai appelé cet insecte « moustique des trois saisons » (Presse médicale, 29 octobre 1932).
- « L’abondance des moustiques pendant la saison chaude « était une véritable gêne pour les effectifs. Les hommes et « surtout les apprentis de 16 à 18 ans... n’arrivaient pas à « jouir d’un sommeil suffisant. »
- « En outre, les piqûres infectées avec lymphangite et abcès « chauds entraînaient des indisponibilités parfois de longue « durée » (p. 560).
- « Nous avons signalé précédemment que nos fosses septi-« ques à contenu liquide, alimentées par les chasses d’eau « des water-closets, constituaient un des principaux lieux de « ponte, d’éclosion, de développement et d’essaimage des « Culex. Les insectes adultes s’échappent ensuite par les « tuyaux d’aération et par les interstices des regards des fosses « et envahissent les locaux habités. »
- « Suivant les indications du Dr Legendre nous avons fait « munir l’ouverture supérieure des tuyaux d’aération des fosses « d’aisances d’un grillage métallique inoxydable. Les plaques « des regards ont été rendues hermétiques par un scellement « au mortier, facilitant mieux que le ciment l’ouverture en « cas de nécessité de visite. »
- « Le tuyau de chute étant muni d’un siphon plongeant « très bas dans le liquide, le tuyau d’évacuation aux égouts « étant pourvu lui-même d’un siphon, les moustiques ne « peuvent s’échapper des fosses où ils sont nés. Ces moyens « simples, convenablement exécutésj transforment les fosses « en piège à moustiques et raréfient considérablement leur « nombre dans les locaux habités » (p. 576). Quand il n’y en a pas d’autre provenance que des fosses, les moustiques sont totalement supprimés, ils disparaissént.
- De l’intéressant travail de Rouché je n’ai cité que ce qui concerne le moustique de fosse d’aisances, incontestablement le plus nombreux et le plus agressif. L’application qu’a faite Rouché de ma découverte du moustique stercoraire et des moyens de défense que j’ai recommandés contre cette peste, démontre l’efficacité de ces moyens et la facilité de restaurer le bien-être là où cet insecte apporte l’inconfort quand on lui laisse la libre pratique. Dr J. Legendre.
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- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- LA VOUTE CELESTE EN JUIN 1937 (»
- Les indications fournies par ce « Bulletin astronomique » ont permis à l’un de nos lecteurs, M. Lucien Dumser, à Sannois (Seine-et-Oise), de réaliser une belle et assez rare observation : celle du croissant lunaire moins de 24 heures après la Nouvelle Lune. Celle-ci s’est produite le 12 mars 1937, à 19h 32m. Le beau dessin que reproduit notre figure 1 a été fait à la jumelle le 13 mars, à 18h 24m, donc 23 h 52 mn après la néoménie. Malgré la faible hauteur du croissant au-dessus de l'horizon, l’image était bonne et, à la lunette, les cratères étaient visibles et très délicats.
- Le croissant disparut à 18“ 47m, à 1° 1/2 au-dessus de l’horizon, en raison de l’absorption atmosphérique.
- Phénomène splendide en cette fm de journée. A l’œil nu, le croissant était presque invisible sur le ciel encore assez lumineux.
- Remarquons que l’arc du croissant est loin d’avoir 180° comme cela devrait se produire si la Lune était une sphère parfaite. L’amplitude du croissant est ici del45°seulement.
- Ce fait est dû aux aspérités de la surface lunaire, comme l’a montré M. A.
- Danjon, le directeur de l’Observatoire de Strasbourg, dans un important article paru, il y a quelques années, dans L’Astronomie. Nous attirons l’attention des observateurs sur cette question et leur demandons d’être à l’affût, lors des prochaines lunaisons, pour battre le « record » établi M. Dumser.
- Date. Heure du passage. Date. Heure du passage
- Juin 1er 11" 48“ 15s Juin 17 11" 51” 18®
- — 3 11 48 34 — 19 11 51 44
- 5 11 48 54 21 11 52 10
- — 7 11 49 16 — 23 11 52 36
- — 9 11 49 39 — 25 11 53 1
- — 11 11 50 3 — 27 11 53 27
- — 13 11 50 27 - 29 11 53 51
- — 15 11 50 53
- Observations physiques. -beau temps, l’observation
- - On continuera, chaque jour de de la surface solaire (voir, à ce sujet, le « Bulletin astronomique » du n° 2994 du 1" février 1937). Le Tableau suivant contient les éléments, pour le mois
- de juin, permettant d’orienter les dessins et les photographies du Soleil. .
- Date (0")
- Juin 4
- — 9
- - - 14
- - - 19 .... 24
- — 29
- Juin
- 4
- 9
- 14
- 19
- 24
- 29
- IL
- 0,24
- 0,36
- 0,96
- 1,55
- 2,14
- 2,70
- 14°50 O 12,51 O 10,42 O 8,26 O 6,04 O 3,78 O
- !..
- 0,77
- 294,59
- 228,41
- 162,23
- 96,04
- 29,86
- Fig. 1. — Observation du croissant lunaire, faite par M. Lucien Dumser, à Sannois (Seine-et-Oise), le 13 mars 1937, à 18h 24m, moins de 24 h après la nouvelle Lune. (Dessin fait à la jumelle.)
- par
- I. Soleil.
- plus grande 1er juin; de
- Le Soleil, en juin, atteindra sa déclinaison boréale. Celle-ci sera de + 22° 2' le 23° 27' les 21 et 22 juin, et de 23° 11' le 30 juin.
- La durée du jour — présence du centre du Soleil au-dessus de l’horizon — varie avec la déclinaison du Soleil. Elle sera de 15u 49m le 1er juin; de 16h 7m du 17 au 24, et retombera à 1611 4m le 30.
- Le 21 juin, solstice d’été : commencement de l’été astronomique, à 20h12”.
- Voici, de deux en deux jours, le temps moyen à midi vrai ou, si l’on préfère, l’heure du passage du centre du Soleil au méridien de Paris
- 1. Toutes les heures mentionnées dans le présent « Bulletin astronomique » sont exprimées en temps universel (T. U.) compté de 011 à 24h, à partir de 0" (minuit).
- Pendant la période d’application de l’heure d’été, ajouter 1 h à toutes les heures figurant ici pour qu’il y ait concordance entre ces données et les indications des horloges.
- Lumière zodiacale ; lueur anti-solaire. Inobservables en juin, en raison de la grande longueur des jours et de la faible hauteur de la lueur anti-solaire au-dessus de l’horizon.
- Eclipse totale de Soleil. — Le 8 juin, éclipse totale de Soleil, invisible à Paris. Le début de l’éclipse générale aura lieu à 18" 4”; le maximum à 20h 41“; la fin à 23" 17m. La grandeur de l’éclipse sera de 1,028, le diamètre du Soleil étant égal à un. La plus grande durée de la phase totale sera de 7 mn 4 sec en un lieu situé en plein Océan Pacifique. La plus grande partie de cette éclipse, et aussi de la zone de totalité, se trouve en plein Océan Pacifique. La fin seule de la zone de totalité aborde la côte occidentale de l’Amérique du Sud, au Sud du Pérou. La zone de totalité rencontre seulement de petites îles, d’un accès difficile et il est probable que cette éclipse aura peu d’observateurs et ne suscitera guère l’organisation de missions scientifiques.
- IL Lune. — Les phases de la Lune, pendant, le mô^s de juin 1937, se produiront comme il suit :
- D. Q. le 2, à 5" 24" N. L. le 8, à 20" 43"
- P. Q. le 15, à 19" 3" P. L. le 23, à 23" 0"
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- Age de la Lune, le 1er juin, à Ou (T. U.) = 21J,4; le 9, à 0" = UJ,1. Pour avoir l’âge de la Lune à une autre date du mois, à O1', ajouter aux nombres ci-dessus 1 jour par jour écoulé depuis le 1er ou le 9.
- Plus grandes déclinaisons de la Lune en juin : le 8, à 21“ = 22° 38'; le 22, à 18“ = —22° 39'. On remarquera la
- faible élévation de la Lune dans le ciel les 22 et 23 juin, lorsqu’elle passera au méridien, vers 23“ le 1er jour et vers 24“ le second.
- Périgée de la Lune (plus petite, distance à la Terre), le
- 8 juin, à 3“. Parallaxe = 61'13". Distance = 358 206 km.
- Apogée de la Lune (plus grande distance à la Terre), le
- 20 juin, à 20“. Parallaxe = 54' 3". Distance = 405 695 km.
- Occultations d'étoiles par la Lune. — Le 2 juin, occultation de 207 B. Verseau (6m,4) : émersion à 2“ 23m,8.
- Le 12, occultation de y. Cancer (5m,l) : immersion à 20“ 13m,4.
- Le 19, occultation de 3966 B. D. — 19° (7m,l) : immersion à 23“ 51m,l.
- Le 20, occultation de 4152 B. D. —- 21° (7m,0) : immersion à 22“ 38“,1.
- Le 21, occultation de o Opliiuchus (4m,8) : immersion à 20“ 51 “,0.
- Croissant lunaire. —- On cherchera à voir le croissant lunaire au voisinage de l’horizon, dès le 9 juin. Obsei’vation difficile (voir plus haut, p. 420).
- Marées; mascaret. — Les plus grandes marées du mois se produiront à l’époque de la pleine Lune du 8. Elles seront peu importantes, leur coefficient maximum atteignant 99 centièmes.
- Le mascaret n’est pas annoncé ce mois-ci, vu la faible amplitude des marées.
- 111. Planètes. — Le tableau suivant, qui a été. établi à l’aide des données de VAnnuaire astronomique Flammarion, contient les renseignements utiles pour rechercher et observer les principales planètes pendant le mois de juin 1936.
- Mercure atteindra sa plus grande élongation du matin, le 7 juin, à 4“, à 23°45' à l’Ouest du Soleil. La planète sera assez difficile à voir, en raison de sa position par rapport au Soleil. On la recherchera du 2 au 12 juin et on la suivra ensuite en plein jour. Observation à faire, de préférence, à l’équatorial.
- Voici la phase et la grandeur stellaire de Mercure :
- Fraction du disque Magnitude
- Date. illuminé?. Diamètre. stellaire.
- Juin 5 0,335 8",6 + 0,9
- — 10 0,435 7,6 + 0,5
- — 15 0,544 6,8 + 0,2
- — 20 0,665 6,2 - - 0,3
- - 25 0,794 5,6 — 0,8
- --- 30 0,911 5,4 — 1,3
- Vénus brille d’un superbe éclat dans le ciel du matin. Elle
- arrivera à sa plus grande élongation le 27 juin 1936, à 0“,
- à 45° 40' à l’ouest du Soleil. Voie i la phase et la grandeur stel-
- laire de Vénus Fraction du disque Magnitude
- Date. illuminée. Diamètre. stellaire.
- Juin 5 0,358 31", 8 — 4,2
- 10 0,393 29,6 — 4,1
- 15 0,426 27,6 — 4,1
- - 20 0,456 26,0 -- 4,0
- • 25 0,486 24,4 — 3,9
- — 30 0,513 23,0 — 3,9
- Le 15 juin, Vénus, dans une lunette astronomique, présentera une phase analogue au dessin n° 6 de la figure 1 (voir « Bulletin astronomique » du n° 2998).
- Pendant tout le mois, on pourra observer Vénus en plein jour, à l’œil nu. S’aider d’une bonne jumelle pour la trouver.
- Mars est encore bien placé pour être observé avec les petits instruments. Voici quelques données concernant la présentation actuelle du globe de Mars :
- Angle Angle Magni-
- de posi- Latitude de posi- tude
- Date tion du Dia- tion de stel-
- (0“ T. U.) de l’axe. centre. mètre. Phase. la phase. laire.-
- Juin 2 36°,7 + 14°,5 18",3 0",2 99»,6 -- 1,7
- — 12 37,0 + 15,9 17,8 0,5 102,0 — 1,5
- — 22 37,2 + 16,7 16,8 0,9 103,2 — 1,3
- ASTRE Date : Juin. Lever à Paris. Passage au_méridien de Paris. Coucher à Paris. Ascen- sion droite. Déclinai- son. Diamètre apparent. Constellation et étoile voisine. VISIBILITÉ
- 6 3“ 51“ 11 i 49m 5s 19“ 48“ 4“ 56“ + 22» 38' 31'34",0 Taureau
- Soleil . . . J 18 3 48 11 51 31 19 55 5 46 + 23 24 31 31 ,8 Taureau ))
- [ 30 3 52 11 54 13 19 56 6 36 + 23 11 31 30 ,8 Gémeaux
- Mercure . . 6 18 30 3 2 3 0 47 6 10 10 11 13 26 13 17 18 19 27 7 20 3 4 5 19 17 50 + + 4~ 14 19 23 32 12 35 8.4 6.4 5.4 Taureau o Taureau £ Taureau Le matin, plus grande élongation, le 7.
- 6 2 5 8 54 15 44 2 0 + 9 48 31,4 Poissons Très belle le matin.
- Vénus . . . ) 18 1 43 8 45 17 48 2 38 + 12 21 26,6 o. Baleine ’ Plus grande élongation
- ) 30 1 25 8 42 16 0 3 22 + 15 17 23,0 \ Taureau le 27.
- 6 17 44 22 9 o 39 15 19 20 5 18,2 Balance
- Mars.... ) 18 16 46 21 12 1 42 15 8 •— 19 50 17,2 Balance Toute la nuit.
- ) 30 15 57 20 23 0 52 15 6 — 19 58 16,0 Balance
- Jupiter. . . ' 18 21 36 1 58 6 15 19 51 — 21 18 43,2 h Sagittaire Seconde partie de la nuit.
- Saturne . . 18 0 25 6 26 12 28 0 20 — 0 18 15,6 10 Baleine Seconde partie de la nuit.
- Uranus. . . 15 1 43 8 57 16 11 2 39 + 15 4 3,4 o Bélier Peu visible le matin.
- Neptune . . 15 10 56 17 27 23 59 11 11 + 6 24 2,4 a Lion Première partie de la nuit.
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- D’autre part, voici quelques passages du méridien zéro de Mars par le centre du disque :
- Grand axe extérieur Petit axe extérieur .
- 38",95 3", 64
- Date. Heure (T. U.) Date. Heure (T. U.) l’anneau ' - 5®,359
- Juin 2 — — Hauteur du Soleil au-dessus du plan de
- 18“ lm Juin 18 3“ 9,n l’anneau - - 2°,558
- -- 6 20 26 -- 22 5 37
- - - 10 22 52 - - 26 8 6 On pourra voir Titan, le plus lumineux des satellites de
- - 14 0 42 — 30 10 36 Saturne, lors de ses élongations maxima : voici ces élongations pour le présent mois :
- Mars tourne sur son axe en 24“ 37m 22»,65. En 1 mn, il 16 juin, élongation occidentale, à 21h,2.
- tourne de 0°,24 et en 1 h de 14°,62. 24 juin, élongation orientale, à 17h,7.
- Avec ces divers éléments, on peut déterminer la région de Mars qui se présente à nous au moment de l’observation.
- Eunomia, la petite planète n° 15, découverte en 1851 par de Gasparis, va se trouver en opposition le 6 juillet prochain. Elle atteindra la magnitude 8,7. Voici quelques positions où l’on pourra la rechercher :
- Uranus est un peu visible le matin. Pour le trouver, utiliser la petite carte de son mouvement sur le ciel, donnée au n° 2992 du 1er janvier 1937.
- Neptune sera en quadrature orientale avec le Soleil le 7 juin, à 10h. Pour le rechercher, se reporter à la carte parue au « Bulletin astronomique » du n° 2994, du 1er février 1937.
- Date. (T. U.). Ascension droite. Déclinaison.
- Juin 12 19“ 21m 0 - - 27° 0'
- - - 20 19 14 6 • - 26 48
- -- 28 19 6 9 - - 26 33
- Jupiter s’approche de son opposition, qui aura lieu au milieu du mois prochain. On peut, à présent, l’observer de bonne heure. Voici la liste des phénomènes produits par les satellites dans leur rotation autour de Jupiter :
- Phénomènes du système des satellites de Jupiter.
- Date : Juin. Heure. Satel- lite. Phéno- mène. Date : Juin. Heure. Satel- lite. Phéno- mène.
- 1 0“23m I E. c. 17 221 43“ I p. f.
- 1 3 38 I Em. 20 0 45 II E. c.
- 1 23 47 I O. f. 20 22 52 III O. c.
- 2 0 44 I P. f. 21 1 12 III P. c.
- 3 1 6 III E. c. 21 2 18 III O. f.
- 4 1 27 II O. c. 21 22 45 II O. f.
- 4 3 16 11 P. c. 21 23 53 II P. f.
- 6 0 14 II Em. 23 0 51 IV E. c.
- 8 2 17 1 E. c. 23 3 13 I O. c.
- 8 23 25 1 O. c. 24 0 34 I E. c.
- 9 0 14 I P. c. 24 3 21 I Em.
- 9 1 41 I O. f. 24 22 11 I P. c.
- 9 2 31 I P. f. 24 23 58 I O. f.
- 9 23 51 I Em. 25 0 28 I P. f.
- 13 2 33 II Em. 27 3 21 II E. c.
- 14 1 18 III P. f. 28 2 52 III O. c.
- 15 1 43 IV P. f. 28 22 29 II O. c.
- 16 1 19 I O. c. 28 23 17 II P. c.
- 16 2 1 I P. c. 29 1 21 II O. f.
- 17 i 37 I Em. 29 2 9 II P. f.
- Une petite lunette suffit pour observer ces curieux phénomènes.
- Saturne est visible de bonne heure le matin. Il sera en quadrature occidentale avec le Soleil le 26 juin, à 21h. Voici les éléments de l’anneau à la date du 18 juin :
- IV. Phénomènes divers. — Conjonctions :
- Le 4, à 2h, Saturne en conjonction avec la Lune, à 7* 45' S. Le 5, à 22“, Vénus — - à 6* 10' S.
- Le 6, à 13h, Uranus - - à 3* 25' S.
- Le 7, à 7“, Mercure • - - - à 5° 40' S.
- Le 15, à 9\ Neptune - - à 6* 53' N.
- Le 18, à 11“, Vénus - — avec Uranus, à 2® 39' S.
- Le 20, à 10“, Mars - - avec la Lune, à 0° 4' N.
- Le 25, à 21“, Jupiter - - — à 3® 47' S.
- Etoile Polaire; temps sidéral. Voici quelques passages de
- l’Étoile Polaire au méridien de Paris et quelques valeurs du
- temps sidéral : Temps sidéral à 0h
- pour le méridien
- Date. Passage. Heure (T. U.) de Greenwich.
- Juin 10 Inférieur 20“ 16“ 18» 17“ 11“ 43»
- - - 20 19 37 10 17 51 9
- - 30 ----- 18 58 3 18 30 34
- -- 30 Supérieur 700 18 30 34
- Etoiles variables. — L’étoile variable Algol est invisible en cette période de l’année.
- Miniina d’éclat de jï Lyre, variable de 3m,4 à 4m,3 en 12),9 : 2 juin, à 14h 24m; 15 juin, à 12h; 28 juin, à 12“.
- Le 16 juin, maximum d’éclat de T Céphée, variable de 5m,2 à 10“,8 en 396 jours.
- Le 28 juin, maximum d’éclat de RR Sagittaire, variable de 5m,8 à 13m,3 en 331 jours.
- Etoiles filantes. — La longueur des jours réduit considérablement l’observation des étoiles filantes. Des météores apparaissent cependant de temps à autre. Les noter, avec toutes leurs particularités, et reporter leurs trajectoires sur une carte céleste.
- V. Constellations. — L’aspect de la voûte céleste le l,r juin, à 23h, ou le 15 juin, à 22“, est le suivant :
- Au Zénith: Hercule; le Dragon.
- Au Nord: La Petite Ourse; Céphée; Cassiopée; le Cocher; Persée.
- A l’Est: Le Cygne; le Dauphin; l’Aigle; la Lyre.
- Au Sud-Est: Le Sagittaire.
- Au Sud : La Couronne boréale ; le Serpent; Ophiuchus; le Scorpion; la Balance.
- A l’Ouest : Les Gémeaux (Castor et Pollux se couchent) ; le Lion; la Vierge; la Grande Ourse au Nord-Ouest.
- Em. Touciiet.
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- - ----- LA RADIOPHONIE PRATIQUE ..... ~ 4'
- CONSEILS PRATIQUES - NOUVEAUTÉS RADIOTECHNIQUES CONSTRUCTION D’APPAREILS SIMPLES
- LES NOUVEAUTÉS TECHNIQUES DE 1937 ET LA NORMALISATION DES PIÈCES DÉTACHÉES
- Quiconque a eu à aborder des problèmes économiques industriels, sait le bénéfice que toute industrie, dans son ensemble, peut tirer d’une normalisation bien comprise des matériaux et pièces détachées qu’elle emploie. Tout le monde y trouve son avantage : le principal bénéficiaire est le client à qui l’on peut offrir des articles plus soignés, d’une qualité plus constante, à plus bas prix, et qui a la certitude de trouver aisément, en cas de besoin, des pièces de remplacement. Le client, on l’oublie trop, est le véritable maître de la production; sa satisfaction se traduit par une augmentation de consommation au plus grand profit de toute l’industrie.
- La normalisation exige un effort commun de toute une industrie.
- Son utilité n’apparaît pas toujours évidente aux constructeurs, dont certains pensent qu’un individualisme poussé à l’extrême et une originalité recherchée jusque dans le détail des pièces détachées, serviront mieux leurs intérêts en décourageant la concurrence. L’expérience a toujours montré que c’était là un mauvais calcul.
- L’industrie radioélectrique, très individualiste à ses débuts, n’a pas compris immédiatement l’utilité de la normalisation.
- Bien souvent, au contraire, les constructeurs de moyenne et de grande importance, s’efforçaient de donner aux organes individuels des postes construits par eux des caractéristiques spéciales, différentes de celles du voisin.
- Les premières lampes de T. S. F. utilisées en France pendant la guerre, étaient munies d’un culot standard à broches, parce qu’il n’existait pas d’autres systèmes à ce moment. Par contre, les modèles du commerce réalisés aux débuts de la radiophonie offrirent bientôt uniquement, par la volonté de leurs fabricants, des dispositions très différentes, et parfois assez étranges, sans aucune raison logique. Il a fallu attendre ces derniers mois, pour voir enfin apparaître des essais de normalisation des broches, puis des ergots, sur les culots des lampes, et ces tentatives ne s’étendent guère qu’aux modèles de types européens.
- Aujourd’hui, on trouve en fait, sur le marché, des modèles de types anciens, à chauffage direct et indirect, à culots à broches de dispositions très diverses, des lampes européennes normalisées avec culot à ergots, des lampes américaines d’origine ou fabriquées en Europe, avec culots à broches également très divers, et enfin, des modèles récents métal-verre, ou entièrement métalliques, avec plaquettes de connexion munies d’un ergot central et de broches disposées sur la périphérie.
- Le simple radiophile ne peut avoir la prétention de connaître les dispositions très diverses, de tous ces culots; les praticiens eux-mêmes s’y perdent et il leur faut un tableau-mémoire, s’ils veulent ne pas faire d’erreurs lorsqu’ils manipulent des modèles différents
- Si la normalisation d’une pièce essentielle des montages telle que la lampe n’a pu encore être réalisée d’une manière complète à l’heure actuelle, ne nous étonnons pas de l’anarchie constatée dans la fabrication des pièces détachées !
- La construction des modèles de récepteurs à réglage unique, bien souvent du type « toutes » ondes, à cadran repère gradué
- Fig. 1. — Vue intérieure de l’analyseur Ducretet.
- directement en longueurs d’onde et en noms de stations exigeait cependant un alignement des circuits de plus en plus précis; il y avait donc intérêt, pour faciliter la fabrication, à normaliser les condensateurs variables, les bobinages qui
- Fig. 2. — L’analyseur Ducrelet en service.
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- leur sont associés, et, enfin, les cadrans de repère correspondants.
- Fig. 3. — Heurtoir Dyna permettant de déceler Les solutions les mauvais contacts. récemment pro-
- posées par les fabricants français, à l’occasion du Salon des pièces détachées, n’apportent pas encore de résultats définitifs, mais elles permettent d’espérer que la normalisation des bobinages, des condensateurs variables et des cadrans sera bientôt chose faite; ce sera une première étape importante vers la normalisation complète des pièces détachées.
- L’apparition des appareils à réglage unique avait nécessité la réalisation de blocs de condensateurs variables, mais les types étaient très différents suivant les constructeurs et les caractéristiques très dissemblables; en particulier, la capacité résiduelle variait dans de grandes proportions d’un condensateur à l’autre.
- Une entente a été réalisée entre les fabricants français qui ont accepté de livrer en série un condensateur standard. Désormais, un fabricant de récepteurs aura la certitude de trouver chez son fournisseur de condensateurs variables un modèle de caractéristiques bien déterminées. Seul le profil des lames présente encore quelques légères différences d’un constructeur à l’autre.
- La plupart des fabricants de bobinages ont été également d’accord pour abandonner leurs préférences personnelles en faveur d’un type standard. On a ainsi arrêté les caractéristiques des bobinages destinés aux appareils superhétérodynes, ceux-ci formant désormais la classe la plus nombreuse. De même, on pourra trouver des cadrans étalonnés, ce qui simplifiera davantage les opérations de réglage.
- Signalons, enfin, les codes de couleurs standard adoptés pour les câbles de liaison des différents organes des récepteurs et pour les câbles des haut-parleurs; ces conventions faciliteront le montage, même par des ouvriers non spécialisés, comme on a pu le constater dans l’industrie des téléphones.
- A première vue, les raisons qui recommandent la normalisation aux petits et moyens constructeurs, ainsi qu’à leurs fournisseurs, paraissent moins impérieuses pour les grands constructeurs qui fabriquent eux-mêmes toutes leurs pièces détachées; l’expérience des industries analogues montre pourtant que, tôt ou tard, les grands constructeurs eux-mêmes, sont forcés de suivre la règle générale, dans l’intérêt de leur clientèle, comme dans le leur propre. Conçoit-on, par exemple,
- un constructeur d’automobiles qui équiperait ses voitures avec des pneumatiques de dimensions spéciales ?
- UNE BOITE DE CONTROLE ET DE DÉPANNAGE
- La vérification et le dépannage des récepteurs sont devenus des opérations familières pour le praticien, et même pour l’amateur averti; l’instrument le plus employé est, à l’heure actuelle, le
- Fig. 4. — Moteur de haul-parleur piézoélectrique à sel de Seignette.
- Coussinets de fixation ! isolants
- Electrodes
- Plaques de sel de Seignette
- de levier dém u/tipfica trs
- Tige de fixation *' au cône
- contrôleur universel, appareil multiple permettant de mesurer les intensités et les tensions, aussi bien en courant alternatif qu’en courant continu, et de déterminer directement, avec une précision suffisante, la valeur des résistances et des capacités.
- A l’aide d’adaptateurs souvent très simples, dont nous avons déjà décrit divers modèles, ces contrôleurs permettent aussi la mesure approchée des caractéristiques des lampes.
- A côté de ces appareils pour mesures rapides et approximatives, il existe des ensembles de dépannage et de contrôle qui, en réalité, sont bien souvent de véritables petits laboratoires portatifs. Leur usage n’est pourtant souvent pas plus difficile que celui d’un appareil plus simple, et c’est seulement leur prix qui semble les réserver plus spécialement aux professionnels.
- Ces appareils permettent l’application des méthodes de dépannage rationnelles et assurent tout spécialement le contrôle et la vérification des lampes, opération essentielle.
- Signalons ici, à titre d’exemple, un appareil analyseur, particulièrement intéressant et complet, employé par un grand constructeur, et constituant un véritable appareil universel de détection des pannes.
- Le dispositif comporte deux instruments de mesures de précision et une pile, montés dans une valise portative contenant également, s’il est besoin, des intermédiaires de lampes et les accessoires nécessaires à son emploi. Il peut être utilisé, soit comme un simple appareil de contrôle, soit comme un lampemètre, grâce aux intermédiaires et aux clefs permettant de brancher automatiquement les appareils de mesures dans les circuits que l’on désire contrôler (lig. 1).
- Les instruments de mesures comprennent un voltmètre-ampèremètre à cadre et un ohmmètre à lecture directe. Le premier est muni d’un redresseur à oxyde de cuivre pour les mesures en courant alternatif.
- Les sensibilités de l’appareil sont de 7,5, 30, 150, 300 et 750 v; 3, 30, 300 mA; 1,5 A, 7,5 A, et le changement de sensibilité est obtenu à l’aide d’un commutateur disposé au centre de la platine.
- Une clef, que l’on voit sur la figure 2, permet d’inverser le cadre de l’instrument, c’est-à-dire de changer le sens des polarités; elle permet également de se placer sur la position « alternatif ». Le câblage de l’appareil est tel que le voltmètre-ampèremètre est toujours disposé sur les prises d’entrée, ce qui permet, à l’aide des cordons à fiches, de faire des mesures extérieures quelconques.
- Pour employer le contrôleur à l’analyse des lampes, on utilise le jeu des quatre clefs disposées en haut de l’appareil et les intermédiaires de lampes correspondantes, après avoir placé le rapport de connexion sur le système à neuf douilles correspondant. L’instrument permet alors d’analyser tous les types de lampes employées pour les postes récepteurs, en particulier, de mesurer toutes les tensions aux broches des tubes et les divers courants par le jeu des clefs. Des tableaux de correspondance sont joints à l’appareil, indiquant les courants de filaments, plaques, cathodes, etc., et l’intermédiaire à utiliser pour chaque lampe.
- Il faut évidemment avoir soin de changer la sensibilité au moment opportun. La massé du récepteur est réunie à la borne « masse » de l’instrument, et le poste étudié est mis en ordre de marche sous tension.
- L’ohmmètre à lecture directe permet, soit de mesurer des résistances extérieures quelconques, en les connectant aux prises X, soit de mesurer les résistances des circuits de lampes du poste à contrôler, en plaçant le commutateur central sur la position O et en manœuvrant les clefs désignées à cet effet et les intermédiaires; le poste est alors débranché.
- L’ohmmètre est monté avec une pile de 4,5 v et un bouton permet de faire la remise à zéro, en se servant d’un poussoir de court-circuit. Une clef permet de passer de la sensibilité
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- de 0 à 1000 ohms à la sensibilité de 0 à 100 000 ohms; une pile extérieure de 45 v permet de mesurer les résistances jusqu’à 2 mégohms. Le système permet ainsi d’être indépendant des fils de lampes avec lesquels le poste est équipé; on peut l’adapter sans modification à l’emploi de tous tubes.
- LA RECHERCHE DES MAUVAIS CONTACTS DANS LES RÉCEPTEURS
- Les bruits parasites entendus dans les haut-parleurs ne sont pas dus uniquement à des causes extérieures au poste lui-même, telles que des perturbations d’origine industrielle; beaucoup d’entre eux proviennent de défauts du montage lui-même et, en particulier, des conducteurs et des contacts. Toute détérioration de ce genre, peut, en effet, produire des craquements, crépitements, grésillements plus ou moins violents, plus ou moins fréquents, et généralement irréguliers.
- Les défauts de contact dans les lames des combinateurs, les balais et curseurs des potentiomètres et rhéostats, provoquent immédiatement la production de ces bruits parasites violents, ou même des variations d’intensité ou des arrêts d’audition, par une pression insuffisante ou un encrassement des plots.
- Le moyen rationnel de déceler ces mauvais contacts est d’utiliser un système de contrôle élémentaire permettant de vérifier si un courant électrique normal peut traverser le contact; il existe différents systèmes bien connus, ou « sonnettes », employés à cet effet. Nous en avons déjà décrit différents types.
- L’emploi de ces appareils exige pourtant un démontage plus ou moins complet des organes à vérifier, ou, tout au moins, une adaptation des câbles de contact.
- Il existe un moyen encore plus simple, bien que plus superficiel et moins sûr; on peut l’essayer tout d’abord pour déceler tout au moins approximativement, et comme tentative préliminaire, la cause des crépitements et des craquements.
- On met le poste en marche en actionnant l’interrupteur, et l’on agit alors sur le bouton de commande des combinateurs, en faisant ainsi passer les balais de contact sur les différentes positions correspondant aux gammes de réception possibles.
- Dans les positions ainsi déterminées, on constate s’il y a ou non variation dans l’intensité, le rythme ou la tonalité des bruits. S’il y a variation, un mauvais contact de la pièce détachée considérée est bien la cause du bruit; dans ce cas, il faut la démonter du châssis, nettoyer, et resserrer les contacts, ou remplacer la pièce défectueuse. La même opération peut être effectuée pour les potentiomètres, résistances variables, etc., et, en général, tous les systèmes à curseur.
- Les bruits gênants peuvènt être dus également aux câbles de liaison reliant le récepteur à l’antenne ou à la prise de terre; on s’en assurera en agitant légèrement le câble soupçonné; cette manœuvre doit alors faire varier le bruit considéré.
- Les haut-parleurs sont presque toujours reliés au châssis d’une manière fixe sur les appareils modeimes; dans le cas où la liaison est effectuée par fils souples, on vérifiera encore le câble, comme dans le cas précédejit.
- Des crépitements peuvent encore provenir de mauvais contacts dans les câbles d’alimentalion; une soudure défectueuse, un écrou mal serré, une fiche mal enfoncée ou de diamètre trop faible, suffisent à produire des bruits. Une première opération élémentaire consiste alors à agiter légèrement le coi’don et la fiche, et à s’assurer de la modification possible du bruit gênant pendant cette opération.
- Mais on peut songer aux défauts des électrodes internes des lampes, et surtout à l’enfoncement insuffisant des broches ou des ergots sur les supports, à des défauts de ces supports.
- Voici un procédé simple pour le vérifier : frapper légèrement les lampes, lorsqu’elles sont bien chaudes, les unes après les
- Haut-parleur ordinaire e/ectrodynamigue
- Hautrparleun piezo- électrique additionel
- 0,5 m.f
- 0,5m.f
- 0,03 à I m.f.
- Fig. 5. — Adaptation d’un haut-parleur piézo-élecirique pour notes aiguës à la sortie d’un récepteur muni déjà d’un haut-parleur électro-dynamique ordinaire.
- autres, avec le doigt, ou avec une petite baguette isolante; un choc sur une lampe défectueuse ou mal enfoncée produit l’augmentation ou la réapparition du bruit, lorsqu’il est intermittent.
- Signalons, à ce propos, un petit outil nouveau, très simple, et de prix très réduit, dit « heurtoir », formé d’une tige métallique très souple et isolée, portée à l’extrémité d’un manche, et à l’extrémité de laquelle est fixée une petite masselotte de caoutchouc (fig. 3).
- Grâce à cet appareil, on peut souvent déceler rapidement, et sans aucun risque pour les organes fragiles du posté, la présence des mauvais contacts en un point quelconque, sans connaissance spéciale particulière.
- Fig. 6. — Radiophonographe Philirex à grande puissance et haute fidélité.
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- HAUT-PARLEUR POUR NOTES AIGUËS
- Pour mettre en valeur la musicalité de plus en plus satisfaisante des appareils de réception modernes, il faut utiliser des haut-parleurs de qualité; mais il n’existe pas encore d’appareil idéal permettant de reproduire aisément toute la gamme des fréquences musicales, depuis les notes très graves, jusqu’aux notes très aiguës, supérieures à 5000 per/sec, par exemple. L’emploi de haut-parleurs de qualité est d’ailleurs encore plus nécessaire pour l’amplification musicale, la reproduction des disques et plus spécialement, la cinématographie sonore.
- Comme il a été indiqué déjà dans La Nature, on adopte donc désormais des combinaisons de haut-parleurs, comportant au moins deux éléments, dont l’un destiné à la reproduction des notes graves et médium, l’autre à celle des notes aiguës, et ces combinaisons peuvent être aussi utilisées sans grande complication dans la majorité des dispositifs d’amateurs.
- C’est ainsi que dans les postes puissants comportant déjà un haut-parleur électrodynamique de grand diamètre, avec étage de sortie du type push-pull par exemple, on peut adjoindre au modèle ordinaire un haut-parleur spécialement destiné à la reproduction des notes aiguës à diffuseur de petit diamètre et dit «Tweeter». Cet appareil est destiné à la reproduction des fréquences élevées et permet d’étendre la courbe de réponse du modèle électro-dynamique; grâce à ses petites dimensions, on peut l’accoupler très facilement à ce dernier dans un poste radiophonique.
- C’est ainsi qu’on peut employer un modèle de haut-parleur piézo-électrique à cristal de sel de Seignette, à élément bimorphe, placé dans un boîtier étanche et muni d’un diffuseur de l’ordre de 12 cm seulement.
- Ce haut-parleur additionnel doit être placé aussi près que possible de l’électro-dynamique, mais il faut éviter la transmission des vibrations mécaniques du cône de l’appareil ordinaire à l’armature de l’appareil piézo-électrique.
- On sait, en effet, que l’élément de cristal a la propriété de traduire les vibrations mécaniques en impulsions électriques; il en résulterait un grésillement plus accentué sur les notes aiguës et pour la parole. On doit donc isoler les deux haut-parleurs en les fixant d’abord sur un écran de caoutchouc ou de celotex, d’une épaisseur de l’ordre de 15 mm, avant de les placer sur l’écran ordinaire du poste (fig. 4).
- Le haut-parleur additionnel est placé en parallèle sur le primaire du transformateur de liaison du haut-parleur électrodynamique comme le montre la figure 5, mais il faut éviter d’appliquer sur les cristaux des tensions trop élevées; il est donc préférable d’employer le montage indiqué parla figure 5.
- On maintient ainsi la charge constante au moyen du potentiomètre, et l’on évite d’appliquer les courants à fréquences aiguës sur le haut-parleur ordinaire.
- UN APPAREIL RADIOPHONOGRAPHIQUE TRÈS COMPLET
- Le meuble radiophonograpliique de grandes dimensions n’a pas encore reçu en France le même accueil qu’à l’étranger, et en particulier en Amérique.
- Un grand nombre d’auditeurs de T. S. F. cependant, adjoignent à leur récepteur un adaptateur phonographique comportant un moteur électrique tourne-disque et un pick-up relié aux étages basse fréquence de l’appareil.
- En dehors de ces systèmes simplifiés, dont la qualité dépend essentiellement de la qualité même des étages d’amplification basse fréquence du poste, il existe désormais des appareils radiophonograpliiques spécialement étudiés, mais présentés souvent sous la forme « midget », c’est-à-dire d’un encombrement analogue à celui d’un récepteur radiophonique ordinaire. Mais on ne peut leur demander la perfection de reproduction qu’exigent les bons musiciens, ni les commodités telles que le changement automatique des disques. Ces avantages sont le privilège d’appareils spécialement étudiés et nécessairement de prix assez élevé.
- L’ensemble remarquable représenté ainsi sur la figure 6 constitue un exemple caractéristique d’appareils de ce genre, et il résume toutes les possibilités de la technique électro-musicale actuelle.
- Le système récepteur de T. S. F. et le dispositif reproducteur cinématographique comportent 23 lampes au total. Le premier est du type superhétérodyne avec une lampe pré-amplificatrice haute fréquence, une changeuse de fréquence du type octode, une pentode en moyenne fréquence et une lampe duo-diode en détectrice.
- La recherche des stations est effectuée par un dispositif de commande mono-bouton automatique, que nous avons décrit dans une chronique récente, et deux vitesses de réglage sont possibles, ce qui est particulièrement précieux pour la recherche des émissions sur ondes courtes. Cinq gammes d’ondes sont, d’ailleurs, prévues, soit : 12-35 m, 3 ) i 00 m, 90-230 m, 200-600 m, 800-2100 m.
- Un indicateur visuel cathodique permet la recherche silencieuse des émissions et un système de blocage assure le silence au moment du réglage entre les stations; le système antifading est particulièrement efficace.
- Pour éviter toute cause de bruit parasite provenant du système haute fréquence, un filtre réglable entre 8000 et 10 000 per/sec est destiné à supprimer les sifflements d’interférence provenant de deux émetteurs de fréquences voisines, si difficiles à faire disparaître complètement dans les appareils ordinaires.
- Le dispositif phonographique, disposé sur la tablette horizontale du meuble, et pouvant être recouvert, même pendant le fonctionnement, par le couvercle à charnière, afin d’éviter la transmission directe du bruit d’aiguille, comporte un changeur de disques automatique pour huit disques, de 25 ou de 30 cm de diamètre. Le pick-up utilisé
- Fig. 7. — Vue arrière du radiophonographe Philirex.
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- est du type piézo-électrique à cristal de sel de Seignette, ce qui assure une reproduction satisfaisante sur une gamme de fréquences étendues.
- Pour conserver l’avantage dû à ce système de traduction, les courants basse fréquence obtenus sont séparés, au moyen de filtres, en trois groupes, de manière à obtenir trois bandes de fréquences agissant sur trois amplificateurs différents, étudiés en vue du but à obtenir.
- Le premier étage de sortie push-pull amplifie les fréquences inférieures à 160 per/sec; le deuxième est destiné à l’amplification des notes d’une fréquence de 160 à 3200 per/sec et le troisième, enfin, correspond aux fréquences aiguës, au delà de 3200 per/sec.
- La puissance sonore et la qualité correspondant à ce système sont assurées par l’emploi de quatre haut-parleurs électrodynamiques de diamètres différents, disposés dans le bas du meuble, comme le montre la figure 6.
- L’opérateur peut, en outre, à volonté augmenter ou diminuer, et d’une manière distincte, l’intensité de la reproduction des notes basses, moyennes, et élevées, à l’aide d’un système de contrôle de la tonalité perfectionné, et en agissant également sur un dispositif de commande mono-bouton disposé sur le tableau de contrôle oblique.
- Un dispositif de contrasteur sonore permet enfin, on le sait, d’améliorer le relief de l’audition par un effet stéréophonique.
- UN APPAREIL CURIEUX :
- L’ORGUE RADIO-ÉLECTRIQUE LUMINEUX
- On a eu souvent l’idée de faire correspondre les sons et les couleurs. Rimbaud l’a exprimée dans son célèbre sonnet des « Voyelles ».
- Voici un petit appareil américain très curieux, de construction facile, que l’on peut adapter à tout poste de T. S. F. ou à tout phonographe électrique, et qui permet, à cet égard, d’obtenir des résultats tout au moins amusants.
- L’appareil comporte plusieurs ampoules à incandescence, de différentes couleurs, qui s’allument chacune d’une manière distincte sous l’action des sons de differentes fréquences. Cet allumage détermine alors l’apparition de plages lumineuses colorées sur un écran translucide disposé devant l’appareil.
- Le système est renfermé dans une ébénisterie de forme Midget, dans la paroi avant de laquelle on a pratiqué un large évidement rectangulaire portant un écran translucide en verre dépoli. Derrière cet écran, se trouve un réflecteur métallique avec, au centre, les ampoules colorées déterminant les diverses plages lumineuses.
- Le montage comporte simplement une lampe basse fréquence de puissance pentode du type 42 et une valve d’alimentation du type 84. Il est complètement autonome et on le relie simplement à la sortie d’un récepteur de T. S. F. ordinaire par l’intermédiaire d’un transformateur T. 1 du type basse fréquence ordinaire, rapport 3:1.
- Le transformateur T. 2 est un transformateur de couplage de haut-parleur, dont le primaire a une résistance de 7000 ohms et le secondaire une résistance de 300 ohms.
- Le transformateur d’alimentation T. 3 fournit au secondaire une tension de 650 v sous 50 mA et une tension de chauffage de 6,3 v sous 2 A.
- C. 1 est un condensateur électrolytique de 10 microfarads. C. 2 et C. 3 sont des condensateurs de filtrage électrolytiques de 4 microfarads. C. 4 est un condensateur au papier de 4 microfarads, et C. 5 de même un condensateur au papier de 2 microfarads. C. H. est une bobine de choc de filtrage de 30 henrys. R est une résistance de 500 ohms 2 w; B. 1 une ampoule à incandescence de lampe de poche de 3,2 v; B. 2, B. 3 et B. 4 sont des ampoules de cadran de 6 v.
- Sortie Ij
- £ C-I d=
- C“3j_
- Ampoules Spires
- Tubes en papier
- au carton
- Fig. 8. —• Schéma de principe de l'orgue coloré.
- (A droite, en bas de la figure : une bobine de choc.)
- Si l’on examine le circuit, on constate simplement qu’il consiste en un étage d’amplification de puissance avec une valve de redressement et d’alimentation reliée à un circuit par l’intermédiaire d’un transformateur de liaison. Ce circuit comprend quatre ampoules à incandescence disposées de manière à s’allumer successivement sous Faction des oscillations électriques de fréquences de plus en plus élevées.
- Les fréquences au-dessous de 300 per/sec traversent la première section du montage comportant un bobinage L. 1 et une ampoule rouge B. 1 montée en série; L’inductance comporte 1500 tours de fil émaillé isolé à la soie bobinés sur un tube de papier de 10 cm de diamètre et d’une longueur de 6 cm. Le système comporte un noyau magnétique dont on peut faire varier la position suivant le réglage à obtenir (fig. 8).
- Le deuxième système est destiné à laisser passage aux fréquences comprises entre 250 et 750 per/sec. Il comporte un condensateur C. 4 de 4 microfarads au papier et une inductance L. 2 en série avec une ampoule verte de 6 v. Le bobinage L. 2 est identique au bobinage L. 1.
- Le troisième élément de montage laisse passage aux fréquences au-dessus de 600 per/sec. Il comporte un condensateur de deux microfarads et deux lampes bleues B. 3 et B. 4 montées en parallèle et du type de cadran de 6 v.
- Lorsque l’appareil est en marche, on obtient ainsi des variations de couleurs constantes, et les notes entre 250 et 300 per/sec déterminent l’allumage des lampes rouges et vertes tandis que les notes entre 600 et 750 agissent sur les ampoules vertes et bleues.
- Le système réflecteur en fer-blanc est très simple, et on peut évidemment lui donner une forme quelconque. Les lampes bleues sont placées en arrière, les lampes vertes et les lampes rouges en avant On peut, d’ailleurs, employer des lampes blanches ordinaires, et les recouvrir de cylindres en gélatine colorés. P. Hémardinquer.
- ADRESSES RELATIVES AUX APPAREILS DÉCRITS :
- Heurtoir pour déceler les mauvais contacts. Établissements Dyna, 34, avenue Gambetta, Paris (20°).
- Boîte de contrôle complète. Établissements Ducretet, 89, boulevard Haussmann, Paris (8°).
- Meuble radiophonographique à grande puissance. Société Philips, 2, cité Paradis, Paris.
- Haut-parleurs pour notes aiguës. Radio-Consortium, 118, avenue Ledru-Rollin, Paris (11e).
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- LIVRES NOUVEAUX
- Le moteur Diesel d’automobile. 1 vol. 106 p., par Henri Petit. Dunod, Paris, 1937. Prix : 30 fr.
- Le moteur Diesel, à cause de l’économie qu’il procure est aujourd’hui de plus en plus employé pour l’équipement des camions automobiles. Mais il est beaucoup moins connu des conducteurs que le moteur à explosion.
- M. H. Petit a rédigé à leur intention un excellent petit guide où tout d’abord il explique avec sa clarté habituelle le principe du moteur Diesel, ses différences avec le moteur à explosion, ses avantages; il décrit : successivement les organes essentiels du moteur sous leurs formes les plus modernes en expliquant les raisons qui ont dicté le choix de tel ou tel mode de construction; il relate les principaux incidents qui peuvent survenir en cours de marche et indique les précautions à prendre pour y parer dans la mesure du possible. Ce petit livre, sous son faible volume, est riche en leçons utiles et rendra de grands services.
- Contribuiçao para o estudo hydrometrico do Rio Para= hyba do Sul, par F. E. Margarinos Torres. 2 vol. in-8, 417 p., fig., 60 pl. Ministerio da Agricultura, Serviço de Aguas, Rio de Janeiro, 1933-1936.
- Chef adjoint de la section d’hydrométrie du Brésil, l’auteur a étudié depuis 1922 le régime d’un cours d’eau typique de la côte orientale, formé de deux rios de la Serra de Bocaina (État de Saint-Paul), arrivant à la mer dans l’État de Rio, après avoir traversé plusieurs villes qui souffrent périodiquement de ses crues. Il trace sa cartographie, sa pente, les section du lit le long du cours, puis groupe toutes les observations climatologiques : pluies, crues, recueillies aux nombreuses stations du bassin. Cet ensemble de données définit le régime du rio Parahyba et, par analogie, permet de connaître celui des cours d’eau voisins, base indispensable de toute mise en valeur et de tous travaux publics.
- The sol=get transformation, par Erich Heymanx. l broch. in-8, 69 p., 13 fig. Actualités scientifiques et industrielles. Hermann et Cie, Paris, 1936. Prix : 15 fr.
- Examen des divers cas réversibles et irréversibles; analyse des conditions thermiques, optiques, électriques, des variations d’hydration, de viscosité et d’élasticité.
- Aqueous solutions of paraffin=chain salts, par G. S. Hart-ley. 1 broch. in-8, 71 p., 12 fig. Actualités scientifiques et industrielles. Hermann et Cie, Paris, 1936. Prix : 15 fr.
- La chimie physique considère, à côté des autres colloïdes, des molécules en longue chaîne, hydrophobes, terminées par un groupe ionisé, hydrophile. L’auteur étudie leurs propriétés au contact de l’eau, relève leurs particularités qu’il compare et oppose aux autres grosses micelles.
- Cires, encaustiques et produits d’entretien divers, pour meubles, parquets, lino, pierre, marbre, carrosseries, par F. Margi-val. 1 vol. 175 p., 10 fig. Desforges, Paris, 1937. Prix : 20 fr.
- Cette nouvelle édition d’un ouvrage ayant fait ses preuves est entièrement remaniée : elle comporte de nombreuses formules nouvelles, et le technicien professionnel comme le préparateur amateur trouveront là de quoi répondre à toutes les exigences.
- L’auteur étudie successivement les cires à frotter, les cires à mouler, les cires à cacheter, les cires à modeler, à greffer, à mouler, etc. Il s’occupe ensuite des encaustiques de nombreuses sortes, puis des produits d’entretien, tels que crèmes pour carrosserie, vernis à raviver, etc. Une étude consacrée aux appareils et à l’organisation industrielle et commerciale, complète le recueil, qui contient plus de 300 formules.
- Soit conditions and plant growth, par sir E. John Russell. 7e édition, 1 vol. in-8, 655 p., 65 fig. dont 10 hors texte. Longmans, Green and Co London, 1937. Prix : relié toile, 21 sh.
- Cet ouvrage fondamental, dont une édition antérieure a été traduite en français, arrive à sa septième édition. Il résume l’œuvre de la station expérimentale de Rothamstead dont on peut bien dire qu’elle a fixé les doctrines de l’agronomie et de la science du sol modernes. Un historique rappelle notamment la recherche du principe de végétation, puis celle de la nourriture des végétaux, aboutissant à la notion des engrais, et enfin les progrès de la bactériologie du sol. Le deuxième chapitre est consacré aux facteurs de croissance : eau, air, température, profondeur, composants utiles et nuisibles du sol. La composition chimique du terrain est ensuite analysée et aussi ses propriétés physiques et physico-chimiques. L’auteur aborde alors l’étude dynamique des changements que subit le sol dans la nature du fait des saisons et des cultures. Le chapitre suivant traite de la population des micro-organismes du sol et de leurs rapports avec la croissance des plantes. Tout cet ensemble conduit à une synthèse des conditions biotiques d’où
- se dégagent, en un dernier chapitre, des notions claires sur la fertilité dans la nature, applicables à la pratique des fermes. Une riche bibliographie complète l’ouvrage.
- Monographie de l’Arachide. L’arachide au Sénégal, par Aug. Chevalier. 1 vol. in-8. 200 p., fig. Laboratoire d’agronomie coloniale du Muséum national d’Histoire naturelle, Paris, 1936.
- Depuis 1902, l’auteur, professeur au Muséum, n’a guère cessé de voyager au Sénégal et dans nos diverses colonies et il s’est particulièrement intéressé, entre autres, à l’arachide devenue la grande richesse de l’ouest africain. Il consacre cet ouvrage à l’histoire de cette culture, aux recherches et aux encouragements qui l’ont développée. Il passe en revue les facteurs qui règlent la production : climat, sol, régions agricoles, méthodes de culture, variétés cultivées, maladies et insectes nuisibles. 11 examine les techniques actuelles et les améliorations dont elles sont susceptibles et termine par des considérations sur l’avenir de cette richesse. Une abondante bibliographie très précieuse termine l’ouvrage.
- La matière vivante et l’hérédité, par Étienne Rabaud. l vol. in-16, 190 p., 24 fig. Bibliothèque rationaliste. Rieder, Paris, 1937. Prix : 10 fr.
- La matière vivante, c’est la cellule, son cytoplasme et son noyau visibles par le microscope; c’est aussi un ensemble abordable par la physico-chimie, L’hérédité, mise en évidence par Mendel a été expliquée morphologiquement par des gènes supposés fixés sur les chromosomes du noyau, et l’on en est arrivé à oublier tout le reste pour se lancer dans des théories explicatives simplistes de plus en plus verbales et loin de la réalité des faits. Le professeur de biologie de la Sorbonne s’est déjà élevé contre ces soi-disant explications et il y revient ici pour insister sur le peu qu’on sait rationnellement, expérimentalement et le danger des schématisations outrancières. On lit avec vif intérêt cet exposé ardent en réaction contre les idées dominantes actuelles.
- Manuel pratique de l’infirmière soignante, par MIIa M.-L. Nappée. 1 vol in-16, 384 p., 167 fig. Masson et Cie, Paris, 1937. Prix : 28 fr.
- Monitrice à l’école d’infirmières de la Faculté libre de médecine de Lille, l’auteur a réuni dans cet ouvrage son enseignement, son exemple, sa doctrine. Le rôle de l’infirmière est considérable auprès du médecin : il lui faut savoir, obéir, comprendre, aider, se dévouer. Cela exige un idéal, un caractère, de l’entraînement et un grande expérience. Ce manuel est un modèle de formation professionnelle; il prépare l’élève avec minutie. Voici le malade accueilli à son entrée à l’hôpital, sa chambre, son lit; l’infirmière l’installe, fait sa toilette, surveille son alimentation; puis ce sont les soins : lavements, cathétérismes, lavages, transports, prises de températures, méthodes de révulsion, injections hypodermiques, saignées, ponctions, pansements, etc. L’infirmière est ensuite dans la salle d’opérations pour préparer le malade, aider à l’anesthésie, seconder le chirurgien. Les soins aux femmes en couches, aux nouveau-nés, aux malades contagieux, la conduite à tenir d’urgence en présence d’hémorragies, de fractures, de brûlures, d’asphyxies complètent l’instruction technique. Et les conseils précis, précieux, rassemblés ici valent pour l’infirmière professionnelle qu’ils perfectionnent, mais aussi pour toutes les femmes, les mères de famille qu’ils peuvent guider et former.
- Aromathérapie, par R.-M. Gattefossé. 1 vol. in-16, 187 p. Gi-rardot et Cie, Paris, 1937. Prix : 20 fr.
- Vieux comme le monde, les odeurs, les parfums, les huiles essentielles sont à la fois un attrait et une thérapeutique. Le tout est de savoir choisir et employer. Notre collaborateur, dont on connaît la compétence en ce qui concerne la culture des plantes à essences et la chimie des parfums, a rassemblé dans ce livre tout ce qu’on sait de leurs actions. Il rappelle les constituants et les propriétés des diverses huiles essentielles, puis passe en revue tous les emplois qu’on leur a trouvés : révulsion, actions sur les voies respiratoires, les centres nerveux, le tube digestif, la peau, les cheveux, les épidémies, le traitement des plaies, etc. C’est un répertoire abondant, précis, bourré de références, qui montre tout ce que peut encore donner la mise au point scientifique etTextension de vieilles pratiques médicales.
- La science des caractères dans ses relations avec la méthode scientifique, par Marcel Boll. 1 broch. in-8, 39 p. Actualités scientifiques et industrielles. Hermann et Cie, Paris, 1936. Prix : 8 fr.
- Court exposé des idées de l’auteur : lois générales de la psychologie; méthode psychopathologique; caractères innés de la personnalité; fatalité et éducation; esthétique et mysticisme, pour aboutir à une conclusion sommaire sur la correspondance de la caractérologie et de la méthodologie.
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- COMMUNICATIONS a L’ACADEMIE DES SCIENCES
- Séance du 1er mars 1937.
- Le rayonnement solaire ultra=violet. — Mlle Bernstein et M. Herman ont mesuré, au centre de Lyon, le rapport au niveau du sol de l’intensité de la partie visible de la lumière solaire à celle du rayonnement ultra-violet au moyen de deux cellules photoélectriques, l’une à sensibilité voisine de celle de l’œil, l’autre ne recueillant que le proche ultra-violet, non absorbable par l’ozone. Ils ont comparé les résultats aux quantités de poussières en suspension dans l’air ambiant. Les courbes quotidiennes sont très différentes, les heures de grande pollution ne coïneidaixt pas avec la présence de courants ascendants transportant les poussières en haute atmosphère. Les courbes annuelles montrent, par contre, un parallélisme très net, permettant d’affirmer que l’absorption atmosphé-îâque du proche ultra-violet est due, en majeure partie, aux poussières. L’action de celles-ci est d’ailleurs encore très sensible fort loin de leurs points de production.
- Séance du 8 mars 1937
- Fusion du carbure de calcium. — M. Aall a étudié l’influence de la présence de la silice, l’alumine ou la magnésie sur le point de îusion du carbure de calcium. Par rapport au carbure pur de même teneur en chaux, la présence de ces impuretés abaisse toujours le point de fusion. En ce qui concerne la silice, l’abaissement ne dépasse pas 40° avec 1,5 pour 100 de silice et reste à ce chiffre pour des teneurs plus élevées. Pour la magnésie l’abaissement va jusqu’à 80° avec 0,5 de magnésie, conserve cette valeur jusqu’à 1 pour 100 et retombe ensuite à zéro pour des teneurs plus élevées. Cette particularité explique que Moissan ait pu admettre un relèvement du point de fusion. Avec l’alumine l’abaissement va jusqu’à 160° pour une teneur de 3,2 pour 100 puis décroît lentement.
- Hybrides de sapins. — Les hybrides expérimentaux de sapins sont encore trop récents pour avoir fructifié et permettre d’affirmer la fixité de leurs caractères; il a été cependant possible à Mlle Flous de vérifier sur la première génération que les caractères qualitatifs sont ceux de l’un ou l’autre des parents, alors que les caractères quantitatifs sont intermédiaires. L’auteur légitime ainsi son hypothèse de l’origine hybride de plusieurs espèces d’Abiétées en déterminant par les caractères l’identité des parents.
- L'absorption ultra=violette et l'anaphylaxie. —
- MM. Dognon, Kopaczewski et Marczewski ont examiné le spectre d’absorption dans le proche ultra-violet du sérum de cobayes avant et après sensibilisation à l’ovalbumine et après provocation d’un choc. Ils ont pu constater que la sensibilisation entraîne une diminution de la transmission des radiations ultra-violettes. Le choc augmente ensuite la transmission jusqu’à dépasser les valeurs constatées chez les animaux non sensibilisés. Ces phénomènes doivent être liés à la transformation des éléments sériques*
- Vaccination antituberculeuse. — L’inoculation de cultures de bacilles provenant de colonies lisses peu virulentes est susceptible de conférer une immunité au moins relative vis-à-vis des bacilles de souches virulentes. MM. Nègre et Bretey, par des études sur des cynocéphales, montrent aujourd’hui que pour cette immunisation l’inoculation par voie intraveineuse est préférable aux injections sous-cutanées.
- Il y a, en outre, intérêt à procéder à l’inoculation de doses progressives répétées à des intervalles d’un mois. Avec trois injections intraveineuses de 0 mg 01,0 mg 1 et 1 mg de bacilles provenant de colonies lisses, les auteurs ont pu produire chez un cynocéphale la résistance absolue à l’infection par des bacilles humains virulents.
- Séance du 15 mars 1937.
- Recherche des éléments rares. — Si on dilue une terre rare dans du tungstate de calcium, une application du mélange sur les parois d’un tube à gaz rare et vapeur de mercure devient luminescente sous l’effet de la décharge. L’émission dépend de la température et on peut déterminer celle-ci de façon à n’avoir dans le spectre visible que des radiations provenant des éléments rares. M. Servigne, auteur de cette technique, montre tout son intérêt pour la recherche spectro-gi'aphique des éléments rares (samarium, dysprosium, europium). On peut même rechercher plusieurs de ces éléments simultanément pourvu qu’ils n’existent pas en proportions trop différentes. La nouvelle méthode est très supérieure à celle utilisant la luminescence d’une perle de borax; sa sensibilité doit être attribuée à la grande finesse des grains de tungstate. On peut déceler 10-7 gr d’un élément rare par photographie du spectre.
- Nitration des hydrocarbures. — MM. Urbanski et Slon montrent les avantages de la nitration des carbures saturés normaux par le peroxyde d’azote. On obtient, avec de bons rendements, vers 200° un mélange de dérivés mono-et di-ixitrés, la nitration portant exclusivement sur les carbones primaires. Le procédé a été expérimenté avec succès sur les carbures jusqu’au nonane.
- Aimantation des basaltes. —- Ayant remarqué de grosses différences dans l’aimantation des basaltes d’un même gisement, M. Thellier a constaté, par des mesures effectuées sur des échantillons soumis au champ terrestre sous diverses orientations, que le basalte possède un net ferromagnétisme; son aimantation varie lentement sous l’influence du champ extérieur en présentant un phénomène de viscosité magnétique très marqué. Dans ces conditions, il n’est pas possible de déduire de l’aimantation actuelle des basaltes ce qu’était le champ terrestre au moment de la solidification de ces roches.
- Sélection naturelle. •— Darwin a expliqué l’atrophie des ailes chez les insectes vivant près de la mer par la perte au large des individus les mieux doués pour le vol, la sélection naturelle laissant survivre ceux dont les ailes peu développées rendent le vol plus difficile. A la station de Roscoff, Mlle Neefs et MM. L’Héritier et Teissier ont vérifié cette hypothèse sur une mouche (Drosophila melanogaster). Cette vérification a été aussi bonne que possible. A l’air libre, près de la mer, les insectes aptères représentaient plus des deux tiers du total au bout de trois générations. En reprenant l’élevage sous abri, les individus normalement ailés redeviennent rapidement les plus nombreux. On peut donc admettre que, non seulement la sélection naturelle joue un rôle conservateur par l’élimination des faibles, mais aussi en favorisant parfois des infirmités utiles et en les fixant, si le hasard des mutations les fait apparaître.
- L. Bertrand.
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- NOTES ET INFORMATIONS
- RADIOPHONIE
- Nouveaux essais de transmission radiophonique.
- La qualité des émissions îadiophoniques dépend d’abord des caractéristiques du poste émetteur, mais aussi des données de construction du studio et de son matériel électro-acoustique; aussi microphone, amplificateurs à fréquence musicale, réglage de l’intensité et de la tonalité sonore font-ils l’objet de grands efforts de perfectionnement.
- Rappelons, par exemple, les procédés de prise de sons fractionnée pour régler séparément l’intensité des notes graves, médium ou aiguës, au lieu d’agir sur la totalité des sons transmis; rappelons aussi l’emploi de matériaux amortisseurs de sons pour revêtir les parois des studios afin d’éviter les réverbérations et le dispositif dit à résonance électrique variable imaginé par MM. Gamzon, Sollina et Sarnette pour corriger certaines conséquences fâcheuses de cet amortissement très poussé, et faire, en quelque sorte, varier à volonté les caractéristiques électro-acoustiques du studio, sans mo-
- Fig. 1. — Dispositif acoustique adapté au microphone pour augmenter la profondeur de champ, dit siéréophone Lakhovshg.
- difier les dimensions de l’installation et par des moyens uniquement électriques.
- Ce système a été installé et mis en fonctionnement à la fin de février 1937 au Poste d’émission parisien; il semble que les premiers résultats obtenus aient été fort intéressants pour les auditeurs.
- Un système curieux de microphone a également été utilisé au Poste Parisien; il est dû à M. Lakhovsky.
- On donne souvent au microphone le nom « d’oreille électrique » en réalité, son fonctionnement est bien loin de ressembler à celui de l’oreille, même si l’on considère le modèle le plus simple à diaphragme vibrant et capsule acoustique de compression en arrière du diaphragme.
- Le diaphragme n’a pas comme le tympan une tension variant suivant les fréquences et l’intensité des sons, et surtout les ondes sonores agissent généralement à peu près directement sur sa surface, au lieu d’être recueillies par le pavillon de l’oreille et transformées ensuite dans le conduit auditif.
- On a notablement perfectionné depuis quelque temps les systèmes traducteurs de l’énergie sonore en énergie électrique, en mettant pratiquement au point les modèles électrostatiques et électrodynamiques; mais il reste beaucoup à faire pour fafre parvenir dans les meilleures conditions les ondes sonores sur la plaque vibrante du microphone.
- Si l’on place dans une grande salle, et sui’tout en plein air, un microphone, si perfectionné soit-il, il est difficile de lui faire traduire fidèlement toutes les vibrations et d’obtenir une profondeur de champ suffisante; bien souvent, le microphone coupe la queue des trains d’ondes sonores contenant de nombreuses harmoniques du son.
- M. Lakhovsky a établi une enceinte métallique disposée comme le montre la figure 1, à laquelle s’adapte le microphone; elle comporte une sorte de coupole perforée et une plaquette métallique dont la distance au diaphragme est réglable.
- Des essais faits au Poste Parisien, il semble résulter que l’instrument permet de mieux mettre en relief les timbres et le relief sonoi'e de chaque instrument de l’orchestre. Il a, en tout cas, le mérite d’attirer l’attention sur un problème qui n’a pas été assez étudié jusqu’ici. P. H.
- CLIMATOLOGIE
- Les périodes climatériques et la croissance des arbres.
- Bien que les essais de prédiction des saisons à longue échéance se soient montrés souvent entièrement faux, comme par exemple la prédiction d’un hiver extrêmement rigoureux en 1936-1937, les météorologues n’ont jamais renoncé à découvrir des lois périodiques dans la succession des phénomènes astronomiques, cherchant dans les manifestations naturelles les plus diverses des justifications de leurs résultats.
- C’est ainsi que le savant américain très connu Abbot, étudiant la variation de l’émission de radiations parle soleil depuis 1920, a montré qu’elle était la résultante d’au moins 12 périodicités, variant de 7 mois à 23 ans, toutes ces périodicités étant sensiblement des parties aliquotes de 23 ans. Il semble donc, d’après Abbot, que cette période joue un rôle déterminant dans la climatologie et les phénomènes en dépendant; d’ailleurs, Abbot,prudemment, indique que la période fondamentale pourrait aussi bien être 46,92 ou tout autre multiple de 23.
- Ce qui est intéressant, c’est que plusieurs séries d’observations extrêmement différentes semblent bien indiquer une périodicité d’approximativement 23 ans : variation du niveau des grands lacs, phénomènes Me l’âge glaciaire et croissance des arbres.
- Cette dernière vérification est assez curieuse. On peut suivre très facilement par les anneaux concentriques des troncs d’arbre leur développement et déterminer également leur âge. C’est ainsi que dans l’État deVermont, à Farilee, on a pu étudier des arbres dont la plantation remontait à 1544, et, par suite, suivre leur développement pendant presque quatre siècles. La périodicité de 23 ans et 46 ans se vérifie parfaitement bien, sans d’ailleurs que l’on puisse en expliquer les causes. H. Vigneron.
- BREVETS
- Le prix du dépôt des brevets en France.
- Une mauvaise nouvelle pour les inventeurs : le prix du dépôt des brevets ou certificats d’addition est augmenté, à partir du 1er avril 1937, de 150 fr et porté à 500 fr. C’est l’augmentation du prix d’impression des brevets par l’Imprimerie Nationale qui justifie cette augmentation considérable. Le montant antérieur des taxes de dépôt était de 360 fr. Ici, comme dans le domaine du livre, ou des revues, le premier
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- effet des nouvelles lois sociales est de faire peser de lourdes charges sur le travail intellectuel.
- Ce surcroît de taxes sera particulièrement lourd pour les inventeurs isolés. Il est à craindre qu’il n’entrave le développement des inventions qui, en dépit des paradoxes émis à ce sujet en ces dernières années, est une des sources les plus sûres de richesse et de prospérité pour un pays.
- 11 ne faut pas oublier que l’inventeur qui veut maintenir en vigueur son brevet doit encore payer pendant les 15 ans d’existence de ce brevet des annuités dont le total s’élève à 5700 fr.
- Ainsi pour un monopole théorique, souvent illusoire, en réalité pour un service rendu par lui à la collectivité, l’inventeur doit verser à l’Etat un impôt de 6200 fr. Que l’on ne dise pas que cette contribution élevée, prélevée sur un bien immatériel, est compensée par des avantages équivalents. Si l’inventeur réussit par exemple à vendre son brevet ou à en céder des licences, il est frappé par surcroît de lourds impôts qui ne tiennent compte ni de son travail, ni de ses dépenses. S’il veut se faire rendre justice, dans le cas où son invention est copiée, il a à faire l’avance des frais de justice qui sont fort onéreux. Quant à la présente augmentation elle s’explique mais ne se justifie pas par l’augmentation des frais d’impression; l’impression des brevets est faite dans l’intérêt du public en général et non dans l’intérêt de l’inventeur. C’est donc l’État qui devrait, en équité, en assumer la charge.
- On parle toujours de venir en aide aux inventeurs. Un projet de loi qui, sur certains points, devait améliorer leur sort est en suspens depuis de trop longues années. 11 comportait deux améliorations importantes : la suppression des annuités et la prolongation à 20 ans de la durée du brevet.
- Un grand service qui pourrait aussi être rendu aux inventeurs, et au public en général, serait de les renseigner d’une façon pratique sur les antériorités qui peuvent frapper de nullité une invention que son auteur croit nouvelle.
- Il suffit d’avoir fait une recherche parmi les brevets français pour savoir combien ce travail est fastidieux, pénible, et combien problématiques sont ses résultats.
- Certains pays, comme l’Allemagne, pratiquent l’examen préalable. C’est une méthode qui soulève les plus graves objections, surtout pour les inventions importantes; la tâche de les juger et de les définir à leur naissance incombe à des fonctionnaires, qui, si savants soient-ils, sont nécessairement incom-
- 1 .:: =:.z::r::;::l::.::l==: 431 =
- pétents en l’espèce, puisque par définition il s’agit d’un domaine où les précédents font défaut.
- De plus l’examen préalable exige un personnel nombreux et des services de documentation organisés de longue date. Impossible d’improviser en cette matière.
- Mais il y aurait un moyen, moins ambitieux, assez simple à organiser, pour renseigner l’inventeur français au moins sur les brevets français antérieurs, qui visent le même objet. Cesserait de mettre à sa disposition une table bien classée des matières contenues dans les brevets existants.
- Les brevets sont actuellement répartis en 20 classes, elles-mêmes divisées en un petit nombre de sous-classes; en tout 100 subdivisions, alors que la classification allemande en comprend plus de 6000. Ainsi les appareils de physique et de chimie, les microscopes, les phonographes, les appareils producteurs de rayons X, le cinéma sonore et bien d’autx-es appareils sont groupés pêle-mêle dans une même subdivision.
- Une classification beaucoup plus serrée, établie après une analyse serrée du contenu des brevets, complétée au besoin comme en Angleterre ou en Belgique par la publication d’un résumé, rendrait des services inappréciables à l’inventeur. Dans la salle publique du Patentamt de Berlin, le lecteur trouve groupés en fascicules tous les brevets allemands d’une même sous-classe; en quelques heures et même moins, il est renseigné sur ce qui a été fait avant lui en Allemagne, dans le domaine qui l’intéresse.
- Il a été pris en France depuis l’origine plus de 800 000 brevets. Leur analyse et leur classification représentent évidemment une lourde tâche, mais on pourrait y employer utilement un certain nombre de chômeurs intellectuels.
- Sans aller si loin, un ingénieur de l’Office de la Propriété industrielle a proposé un projet qui pourrait être mis à exécution immédiatement sans comporter de frais trop élevés. Tous les brevets nouveaux seraient analysés dans l’esprit que nous venons d’indiquer; on ferait le même travail pour les brevets des 15 dernières années, et l’on signalerait à chaque inventeur les brevets remontant à moins de 15 ans qui pourraient antérioriser son invention. Renseignement précieux, puisque l’inventeur serait ainsi prévenu lorsqu’il s’engage dans un domaine où existe déjà un monopole qu’il risque de violer à son insu. Le service rendu justifierait ici une taxe légère qui suffirait à couvrir les frais de cette utile organisation.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- OBTENTION DE POSITIFS DIRECTS
- Voici, d’après l’auteur, M. Roberto Sesma de Puebla (Mexique), comment il faut opérer, ainsi que l’indique la Photo-Revue (n° 16, 15 août 1929):
- Après avoir fait l’exposition, on développe comme à l’ordinaire, en cherchant à obtenir une image aussi transparente que possible, c’est-à-dire sans voile. 11 est très recommandable de se servir avant le développement d’un bain désensibilisateur à base de phénosafrarine.
- Pour le développement on se sert d’un bain à l’hydroquinone-génol en développant en profondeur sans exagération.
- Le développement étant terminé, on arrête l’action du révélateur en passant l’épreuve dans une solution d’acide acétique ou citrique pendant quelques minutes, après quoi on lave à l’eau courante, une demi-heure environ.
- Le lavage terminé, on met l’épreuve dans le bain suivant et c’est là que commence la partie caractéristique du procédé :
- Sulfate de cuivre........................10 grammes
- Bromure de potassium..................... 8 »
- Acide chromique.......................... 1 »
- Eau distillée......................... 1000 cent, cubes
- L’image commence à blanchir; après quelque temps, il ne reste qu’une faible image rougeâtre.
- On lave à l’eau courante afin d’éliminer toute trace du bain et on met à sécher.
- Il est très important de ne procéder au redéveloppement qu’une fois l’image parfaitement sèche, autrement on s’exposerait à compromettre le résultat par un voile uniforme de l’image.
- Quand elle est parfaitement sèche et seulement alors, on procède au deuxième développement dans un bain ordinaire à l’hydroquinone-génol, en pleine lumière.
- Il est nécessaire d’employer un bain d’action rapide et riche en carbonate alcalin; plus lente est l’action, plus on risque de voiler l’image.
- Line fois que l’on a obtenu une image assez intense, il ne reste qu’à rincer rapidement et à fixer. Le fixage terminé, on rince à grande eau et on sèche.
- Il est facile de comprendre le mécanisme du procédé. Le bain de blanchiment exerce son action sur l’image négative primitive et la gélatine est durcie d’une manière énergique.
- Dans le deuxième développement, le révélateur pénètre seulement dans les régions qui n’ont pas subi l’action du bain spécial; dans celles où ce bain a produit une action durcissante, il ne lui est pas possible de réduire le sel d’argent; c’est pour cette raison, donnée par l’auteur, qu’il a qualifié cette manière d’opérer, procédé par pénétration.
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- BOITE AUX LETTRES
- QUESTIONS ET RÉPONSES
- Augmentation de la sélectivité d’un récepteur à ondes courtes.
- Les signaux télégraphiques en ondes entretenues sont transmis sur une seule onde porteuse, d’une fréquence bien déterminée, alors que les émissions radiophoniques exigent pour leur production une bande de fréquence s’étendant sur 4 à 5000 périodes-seconde de part et d’autre de la fréquence porteuse. Seuls les signaux en ondes amorties, désormais très rares, ou en ondes modulées sont plus difficiles à éliminer.
- Il ne nous semble donc pas qu’il puisse exister un dispositif spécial permettant d’éviter particulièrement les brouillages produits par des émissions radiotélégraphiques. Pour pouvoir éliminer ces émissions, il suffit, en général, d’augmenter la sélectivité du récepteur, mais il y a des cas où cette amélioration est difficile à obtenir.
- La sélectivité des appareils récepteurs sur ondes courtes est, en général, très satisfaisante, en raison des très hautes fréquences à considérer sur cette gamme, et les brouillages que vous constatez doivent être dus sans doute à des causes locales.
- Vous n’avez pas indiqué exactement le système dê réception que vous employez. Vous utilisez sans doute un appareil adaptateur pour ondes courtes, relié soit aux étages basse fréquence de votre poste ordinaire pour grandes ondes, soit à l’entrée de cet appareil, de manière à réaliser un dispositif à double changement de fréquence, la lampe changeuse de fréquence de votre poste restant toujours en action.
- La sélectivité obtenue est, en tout cas, plus grande dans le deuxième cas que dans le premier, puisque le premier système consiste, en réalité, en une simple lampe détectrice en réaction suivie d’étages basse fréquence.
- Les brouillages par signaux télégraphiques, dont vous vous plaignez, nous paraissent dus, non à des signaux sur ondes très courtes, mais plutôt à des signaux sur ondes moyennes ou longues de l’ordre de 600 m, par exemple, qui viendraient agir directement sur l’appareil ordinaire, sans avoir d’effets sur l’adaptateur. Il vous est facile de vérifier le fait, en déterminant, par exemple, tout au moins, les indicatifs des postes émetteurs correspondants, et en examinant la longueur d’onde des émissions.
- Si un tel phénomène se produit, il y a lieu de chercher à éviter la transmission directe des signaux perturbateurs au poste ordinaire, en employant des blindages, en particulier des câbles blindés convenables, et en recherchant les capacités parasites pouvant servir à cette transmission.
- Il serait egalement possible de modifier la longueur d’onde moyenne utilisée; la deuxième longueur d’onde est assez difficile à modifier par un amateur, mais la première est facile à contrôler, en agissant simplement sur le système d’accord de l’appareil ordinaire, dans le cas du montage à double changement de fréquence.
- Réponse à M. le Commandant Mallet, à Mont-de-Marsan (Landes).
- Modification d’un radio=récepteur.
- Votre appareil secteur est du type à amplification directe, sensible et musical, mais par son principe même, moins sélectif que les appareils à changement de fréquence.
- Nous ne croyons pas intéressant de modifier complètement un appareil de ce genre pour améliorer sa sélectivité. Cette transformation serait bien difficile pour un amateur; confiée à un professionnel, elle exigerait un travail délicat et coûteux.
- Le seul moyen d'ordre général est de chercher à améliorer les conditions de l’installation suivant le cas considéré et, en particulier, à modifier la disposition de l’antenne ou son adaptation, ainsi que la prise de terre.
- Il peut être intéressant d’avoir une antenne aussi élevée et aussi courte que possible.
- Il est bon aussi d’avoir une prise de terre présentant une résistance aussi faible que possible, en employant, par exemple, un tube ou une plaque métallique enfoui dans le sol humide et relié au récepteur par un conducteur de gros diamètre, le plus court possible.
- L’adaptation de l’antenne à votre récepteur est faite dans ce type d’appareils au moyen d’un système de pré-sélecteur bien établi: il ne semble donc pas qu’il y ait beaucoup d’intérêt à modifier le dispositif. Cependant, si vous constatez des brouillages sur une gamme de
- fréquence bien déterminée, il serait possible de placer en série dans l’antenne un circuit-bouchon composé d’un bobinage et d’une capacité variable, accordé sur cette gamme de fréquences.
- Nous vous signalons, enfin, qu’il est possible d’utiliser avec ce récepteur un dispositif additionnel pour ondes courtes permettant, en général, d’obtenir une meilleure sélectivité sur cette gamme particulière.
- Vous pouvez consulter à ce sujet, par exemple, l’ouvrage Ondes courtes et ultra-courtes (Dunod, éditeur).
- Réponse à M. Greubé, à Taza (Maroc).
- De tout un peu.
- École Normale de Strasbourg. — Le moyen le plus pratique à employer pour enlever les taches de graisse sur le papier est de recouvrir celles-ci de plâtre fin bien sec (plâtre à mouler), de couvrir de deux ou trois épaisseurs de papier à filtrer puis de mettre sous presse.
- Le lendemain, on enlève e plâtre qu a absorbé une bonne partie de la matière grasse, puis on répète l’opération, ce que l’on renouvelle jusqu’à disparition complète.
- En opérant ainsi on obtient très facilement un résultat parfait, sans qu’il y ait production de cernes ainsi que cela aurait lieu en se servant d’un solvant liquide, gazoline, benzine, tétrachlorure de carbone, etc.; de plus aucune altération du papier ou des "caractères n’est à craindre.
- Judex, à Beyrouth. — La dénaturation de l’alcool ayant pour but d’empêcher son remploi pour la consommation, c’est intentionnellement que l’on y introduit le méthylène Régie qui contient toutes les impuretés qui accompagnent l’alcool méthylique provenant de la distillation du bois et en outre de la benzine lourde. Chercher à enlever ces impuretés serait une opération trop coûteuse et qui ne donnerait en fin de compte qu’un résultat imparfait, pratiquement quasi impossible.
- L. F., au Plessis. —• 1° Pour diminuer l'inlensité de la coloration que présentent les nœuds du bois, le mieux est de les imbiber d’une solution concentrée de carbonate de soude (cristaux des ménagères), puis de rincer soigneusement à l’eau tiède avec une petite éponge.
- 2° Les eaux de lessive contenant les sels lixiviels du commerce n’ont aucune action fertilisante, car ce sont des sels de soude qui seraient nuisibles aux plantes terrestres, seules les lessives aux cendres de bois pourraient servir dans ce but, celles-ci étant essentiellement constituées par du carbonate de potasse.
- Quant à une neutralisation éventuelle de l'acidité du sol, elle ne serait à envisager que pour des terres de défrichement.
- 3° Le procédé le plus pratique pour décolorer votre huile de lin, est d’utiliser le pouvoir décolorant du noir animal en poudre.
- 4° Lorsque l’on mâche des grains de blé, la diastase salivaire dissout l’amidon et au bout de quelque temps, il ne reste qu’une masse élastique, le gluten, qui est la matière azotée du grain, n’ayant absolument aucun rapport avec le caoutchouc et ne pouvant par suite être vulcanisé.
- 5° A notre connaissance, il n’y a ni vitamine B ni vitamine C dan« le miel.
- 6° Le fruit de la Ronce noire (Rubus fruclicosus, de la famille des Rosacées), qui porte vulgairement le nom de Mûre, présente une composition voisine de la suivante :
- Eau............................................ 82.60 %
- Substances protéiques .......................... 1.60
- Matières grasses................................ 1.11
- Sucres........................................... 7.14
- Cellulose........................................ 3.91
- Sels............................................. 0.60
- Matières extractives............................ 3.04
- 100.00
- Le principe actif de la Ronce, utilisé en médecine, est la matière astringente, apparentée aux tanins, qui se trouve surtout localisée dans les feuilles, que l’on emploie en décocté à raison de 15 à 20 gr par litre, sous forme de gargarismes, agissant plus efficacement qu’en tisanes.
- N. B. — Dans le Midi, la Ronce porte les noms, selon les localités, de Pelavivo, Arroumi, Roumias, Amouras, Roumégas.
- Le Gérant : G. Masson.
- 953i. — lmp. Lahure, 9, rue de Flcurus, à Pari?. — 1-5-1937. — Published in France
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- N° 3001
- LA NATURE
- 15 Mai 1937.
- LES GRANDES PÊCHES SPORTIVES EN MER
- La pêche à la ligne, en mer, des grands poissons de sport prend en ce moment, à l’étranger, une place de premier plan. Elle doit sa vogue à ses caractères sportifs et scientifiques. Elle la doit aussi à ce fait que les rivières se dépeuplent en poissons de choix. Les salmonidés reculent devant la civilisation moderne.
- Les causes en sont variées r le braconnage, la pollution des eaux par les engrais chimiques, les résidus industriels et urbains, l’équipement des chutes d’eaux dont les barrages régularisent les débits avec, comme conséquence, une élévation de la température de l'eau défavorable aux salmonidés.
- Pour toutes ces raisons beaucoup de ceux que passionne la pêche se tournent vers la mer.
- La pêche sportive en mer est née aux Etats-Unis.
- Outre Atlantique, c’est le « Tuna Club », à Avalon, dans Santa Catalina Island qui a fait le plus pour l’organiser et la faire connaître. Il faut noter qu’il est particulièrement favorisé par la nature des poissons des côtes américaines; il a bénéficié, aussi, à ses débuts des efforts d’animateurs enthousiastes, tel le professeur Hôlder, qui passa sa vie à parcourir le monde à la poursuite des grands poissons de sport.
- Il n’y a pas de critérium
- absolu pour différencier la pêche, du sport de la pêche. En principe, celui-ci se pratique avec une canne à moulinet et une ligne aussi fine que possible : haler un poisson sur un pable n’est pas du sport; le capturer sur une ligne fine avec une canne légère est un plaisir d’une autre classe.
- Pour préciser cette notion, voici quelles étaient les conditions à remplir pour mériter les insignes du Tuna Club.
- Le règlement imposait l’emploi d’une canne de 1 m. 50 de longueur minimum et 180 gr de poids maximum,
- équipée avec une ligne de lin ne devant pas dépasser le type « neuf .fils » Standard du Club et qui correspond à une résistance à* la traction inférieure à 8 kg. Règlement dit
- de la classe six-neuf : canne de six onces, ligne de neuf fils.
- Voici les poids minima qu’il faut capturer (en livres anglaises) pour avoir droit à l’insigne.
- Nature Insignes
- du poisson Or Argent Bronze
- Yellow tail. Albacore 16 24 32
- (Germon) White sea 16 28 40
- Bass. . 16 28 40
- Tuna (Thon) 16 28 40
- Ce tableau montre c lairc-
- Fig. 1.— Le record du monde de pê: pris à la ligne en avril 1936, par Watson’s Bay,
- ment l’idée que les sportsmen américains sc sont faite de la pêche en mer.
- Une autre caractéristique est la recherche du poisson de forte taille. Comme on le verra plus loin, les résultats atteints sont, pour les profanes, tout à fait inattendus.
- Lors de la fondation du « Tuna Club » par le professeur Hôlder, en 1898, l’entrée en était exclusivement réservée aux amateurs ayant capturé un Thon ou un Tarpon de 100 livres avec une canne de 16 onces et une ligne de 24 fils (résistance à la rupture de 20 kgs environ). Cette dure sélection permet de juger de la qualité sportive des premiers membres du « Tuna Club ».
- Des concours furent ensuite organisés avec attribution de prix, coupes, médailles, challenges, etc. Les règlements de ces concours étaient dominés par l’idée de développer l’emploi d’engins légers, manière habile de préciser l’idée de la pêche sportive.
- L’effort du « Tuna Club » suscita un grand intérêt dans le monde du sport aux Etats-Unis. Beaucoup furent tentés par cette chose nouvelle : prendre à la ligne un poisson de 100 livres! Les marins du club se trouvèrent dans l’obligation d’équiper leurs bateaux avec les cannes,
- he sportive : requin-tigre de 1036 livres M. Z'anc Greg (qu’on voit à côté) à près de Sydney.
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- Fig. 2.— Deux poissons-épées de 601 cl 535 livres pris au large de la Nouvelle-Ecosse, le 6 août 1936, par M. Michael Lerncr de New York, qu'on voit au milieu avec sa ligne.
- moulinets et lignes imposés par les règlements des coupes. L’esprit d’émulation fit le reste : chacun voulut avoir son nom inscrit sur une coupe. Cette idée d’une pêche nouvelle prit corps et la vieille ligne tenue à la main est devenue un souvenir périmé.
- Mainte nant une armée de marins est à la disposition des sportsmen que tente la capture d’un grand poisson à la ligne, et des millions de francs ont été engagés pour l’équipement de cette flotte vouée au sport.
- Car d’autres clubs américains furent ensuite fondés qui entretiennent entre eux des rapports étroits.
- Il faut noter que la faune des côtes des États-Unis est, du point de vue qui nous occupe, absolument unique. Voici une énumération rapide des principales espèces :
- Sword Fish (Xiphias) ou Espadon, merveilleux poisson, très puissant. Record capturé à la ligne : 360 livres.
- Tuna (Thynnus vulgaris) ou Thon. Il est bien connu
- sur nos côtes. Record américain : 760 livres.
- Albacore (Thynnus alalonga) correspond au Germon de nos côtes. Il atteint 70 livres.
- Black sea bass ( Ste-realepis gigas) atteint couramment 300 livres. Record : 435 livres.
- White sea bass (Cij-noscion nobilis), en moyenne 30 à 35 livres, Record 58 livres.
- Yellow tail (Seriola dorsalis), très beau poisson de sport, migrateur, 10 à 25livres. Record : 45 livres. Tarpon ou Silver
- Fig. 4. — Un tarpon de 106 livres, pris par M.Jolin Mahong, à Miami (Floride) en 1936.
- king qui fréquente le golfe de Floride, le golfe de Tampico, l’Aransas Pass. Magnifique poisson de sport qui dépasse souvent 100 livres, bondit hors de l’eau et lutte durement.
- De toutes ces espèces on ne rencontre dans nos eaux que le Thon et le Germon. En certains points de la Méditerranée on peut rencontrer un Xiphias analogue à celui des côtes de Californie, et exceptionnellement quelques espèces voisines.
- Des Etats-Unis, le goût de la pêche sportive en mer passa en Angleterre, En 1903, M. Aflalo, fondateur de la « British Sea Angler’s Society », passa quinze jours à Aransas pour la pêche du Tarpon. Voici son carnet de pêche:
- 30 avril . . .
- 3 mai . . .
- 4 mai . , .
- 5 mai 7 mai * 9 mai "'15 mai
- Fig. 3. —• Un poisson-épée de 957 livres pris le1 31 janvier 1936 à Auckland (Nouvelle-Zélande).
- 85 livres 108 — 108
- 86 — 86
- 68 — 47
- 40 --
- 38 —
- 110 — 117 --
- Mais ce n’est qu’il y a quelques années, en 1930, que la grande pêche sportive en mer fut sérieusement pratiquée par les Anglais.
- Le 27 août 1930, le premier thon était capturé par M. L. Mitchell-Henry. sur les côtes du Yorkshire, au large de Scarborough. Il pesait 560 livres! Le plus gros thon de cette même saison fut capturé
- l'ig. 5. — Un Germon de 45 livres pris au large de la côle du Jersey, par M. Bob Edge.
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- Fith 6.
- par M. Frcd Taylor; il pesait 735 livres et ne se défendit pas moins de 4 heures.
- Depuis a été constitué le « British Tunny Club », à Scarborough, lequel club organise la pêche sportive du thon. La saison débute vers le milieu de juillet et se termine fin octobre. Des coupes et prix sont distribués par le Club. En 1933, vingt sportsmen anglais se sont partagé ces trophées pour des captures comprises entre 450 livres et 703 livres.
- L’équipement pour la pêche du thon à la ligne se compose d’une canne très puissante en bambou refendu, de construction double, d’une longueur de 2 mètres environ, munie d’un grand moulinet très robuste capable de contenir G à 800 m de ligne de 30 fds, c’est-à-dire dont la résistance à la traction n’est que de 100 livres environ.
- Le pêcheur est assis dans un canot de mer dirigé par un ou deux hommes. Dans la planche qui lui sert de siège est évidée une petite cuvette dans laquelle il appuiera la base de la canne.
- Enfin un harnais de cuir passé sur les épaules est muni d’un crochet qui peut se fixer à la canne, à hauteur des yeux et qui soulagera l’effort des bras dans la lutte contre les gros poissons.
- On conçoit que les sportsmen qui se livrent à cette pêche doivent faire montre d’une grande habileté pour n’être pas cassés par leurs captures. Ils doivent régler le frein du moulinet et le déroulement de la ligne avec une parfaite habileté pour éviter la rupture et pour ne point être tout simplement jetés à l’eau. Les marins qui les conduisent doivent aussi être fort adroits et mener l’embarcation de manière à soulager de leur mieux l’effort du pêcheur.
- La lutte dure parfois plus de 10 heures.
- On ne peut nier qu’une telle pêche ne mérite bien sa qualification de sportive. En France, il existe encore bien peu de sociétés d’amateurs. Il s’en est cependant constitué à Calais, à Boulogne-sur-Mer, à Marseille, à Nice.
- D’autre part, quelques amateurs isolés ont commencé à s’intéresser à la pêche sportive en mer du thon, notamment dans le golfe de Gascogne. Mais, à ma connaissance, aucune capture importante n’a encore été signalée. Il n’y a aucune raison pour que ce sport ne soit pas pratiqué sur nos côtes fréquentées par le thon et Je germon.
- Ce ne sont d’ailleurs pas les seuls poissons de sport que nous y puissions rencontrer. Tous ceux que les grosses captures intéressent peuvent, daps nos eaux, s’attaquer au Xiphias de la Méditerranée et d’une manière plus générale aux squales, abondants partout et susceptibles d’atteindre des poids élevés : Pèlerin, Lamie,
- Milandre, Requin bleu, Requin marteau, etc.
- Les squales de 50 à 100 livres sont communs et faciles à capturer, surtout si bon pêche la npit. Il en est de même des raies. Elles peuvent atteindre des poids élevés. Si elles ne sont pas considérées comme faisant partie de l’aristocratie
- Fig. 7.
- Le Dt J. R. Brinkleij avec cinq liions el un requin pris à la ligne par lui en Nouvelle-Ecosse, en 1936.
- des poissons de sport, leur capture n’est cependant pas à mépriser. Les Américains, qui ont pourtant le choix des animaux, ne dédaignent pas de les attaquer. Des spécimens de raies de 300 livres ont été capturés dans les eaux anglaises par des membres de la « British Sea Anglers Society ». Les plus gros poissons pris à la ligne sont d’ailleurs des squales. En avril 1930, l’écrivain américain Zane Grey, un enthousiaste de la pêche sportive en mer, a capturé en Australie, dans la baie Watson, près de Sydney où il se trouvait en déplacement de pêche, un « Tiger Shark » de 1030 livres anglaises (record du monde). Il utilisait une ligne de 39 fils dont la résistance à la rupture est de 120 livres environ ! Lucien Perruche.
- Nota. — Los figures illustrant cet article ont été rassemblées par le fabricant, de lignes de pèche : Asliaway Line and Twine MfgCo, Ashawny Rhode Island (U. S. A.).
- Le « Maine Tuna Club » el ses captures d’un seul jour : 21 thons.
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- LE BRUIT DU TONNERRE
- Il est généralement admis que les roulements du tonnerre sont produits par la réflexion du son sur les proéminences ou les cavités des nuages et- sur le sol; que c’est là une suite d’échos, analogues à ceux produits en montagne par un coup de canon tiré dans une vallée.
- Or cette explication, bien qu’elle soit classique, nous paraît absolument erronée.
- Quand nous regardons un nuage, la netteté de ses contours nous le fait assimiler, en vérité, à une masse d’une certaine densité à laquelle nous n’hésitons pas, à cause de son apparence, à attribuer la propriété de réfléchir les sons. Si cependant nous considérons un jet de vapeur émis par une chaudière, nous admettons difficilement que ce soit là un corps capable de réfléchir les sons, et pourtant, vu à quelque distance, ce même jet de vapeur aura le même aspect qu’un nuage, avec scs contours nets et arrêtés. Loin d’avoir le pouvoir de réfléchir les sons, les vapeurs ont au contraire celui de les absorber, de les étouffer, de les éteindre. L’expérience nous le prouve chaque jour et la meilleure démonstration
- 29 18 16 14 12 10 8 6 4 2
- _ -1 23834251921465211
- Courbes èquidisits.s de 3WP Nombre d’mtersect?sde chaque ou nombre de secondes courbe par /éclair
- courbe par lec/air
- Fig. 1. — Un observateur en P écoute le bruit de l’éclair jaillissant entre les nuages A B.
- réside dans ce fait que les signaux acoustiques employés par temps de brouillard pour éviter les collisions en mer perdent par suite de la brume une grande partie de leur portée. Les vibrations sonores de l’air ayant pour effet de déplacer les unes par rapport aux autres les vésicules suspendues qui forment les brumes, brouillards ou nuages P), il en résulte un travail supplémentaire qui n’existe pas dans l’air sec et qui ne peut qu’être défavorable à la propagation directe ou réfléchie des ondes sonores.
- Voici une seconde objection à la théorie de l’écho : le roulement du tonnerre est bien un bruit irrégulier, varié, avec renforcements et atténuations, mais il a ce
- 1. Ce déplacement vibratoire des vésicules d’eau par le son n’est pas une simple hypothèse : c’est ce déplacement qui favorise le rapprochement, l’agglutination des gouttelettes; celles-ci grossissent par fusion et finissent par se précipiter en pluie. Chacun a pu remarquer la recrudescence subite de la pluie après un violent coup de tonnerre.
- M. Dauzère, l’éminent directeur de l’Observatoire du Pic-du-Midi-de-Bigorre, donne l’explication suivante : les gouttelettes en suspension dans l’air possèdent par temps orageux une charge électrique de même nom; de ce fait elles se repoussent. Après l’éclair la charge disparaît, plus rien ne s’oppose à leur agglutination.
- caractère essentiel et indiscutable d’être continu, sans lacunes; or il est de notion banale que tous les échos connus, quelque compliqués et variés qu’ils soient, présentent toujours des silences, des trous, faciles à comprendre dü reste.
- Troisième objection : si le roulement du tonnerre provenait des répercussions d’un bruit aérien contre les volutes des nuages, on n’aurait pas manqué d’observer des roulements analogues déterminés par de violents bruits terrestres, tels que coups de mine, explosions de poudrières ou de navires chargés de dynamite; or nous n’avons jamais entendu dire que ces bruits aient été multipliés par la circonstance d’un ciel nuageux ni qu’ils aient donné lieu à des roulements variés et prolongés, analogues à ceux du tonnerre. Le seul bruit qui ressemble un peu à ce dernier est le bruit si particulier qui précède ou accompagne les tremblements de terre (x); mais ici, bien que l’explication du phénomène soit encore discutée, on ne peut évidemment pas songer à invoquer un écho aérien.
- Enfin, comme dernière objection, nous ferons remarquer qüe la théorie de l’écho est encore infirmée par le caractère du tonnerre en pays de montagne. Il semblerait, à priori, que dans le fond des vallées resserrées, la disposition tourmentée des sxirfaces du sol et leurs rapports avec les" masses nuageuses sus-jacentes devraient favoriser à l’infini les répercussions du bruit du tonnerre; or, c’est le contraire que l’on constate : une attentive observation des orages de montagne nous a montré que la « phrase du tonnerre », pour violente qu’elle soit, est beaucoup moins longue qu’en plaine et, fait intéressant sur Lquel nous reviendrons, que le roulement a souvent une terminaison brusque au lieu de l’extinction progressive, généralement observée dans les régions dont l’horizon est libre (plaines, sommets des montagnes).
- Les raisons que nous venons d’énumérer nous font rejeter radicalement la théorie de l’écho dans la production du tonnerre, et la théorie que nous proposons pour expliquer ce phénomène est fondée sur les caractères de l’éclair. Si on tient compte aussi bien de l’observation directe que dé la documentation photographique, on reconnaît que l’éclair est caractérisé :
- 1° Par sa grande longueur, qui peut atteindre 5, 8, 10 km, peut-être davantage;
- 2° Par sa disposition infiniment ramifiée ou arborisée, avec troncs principaux et branches ou ramuscules secondaires, constituant parfois des terminaisons en aigrettes; cette disposition implique un trajet courbe ou brisé, extrêmement compliqué, entre les deux nuages orageux ou entre les nuages et le sol; dans ce dernier cas, le point de contact avec le sol est généralement unique et l’éclair dessine un véritable arbre dont les extrémités supérieures se ramifient dans le nuage orageux;
- 3° Par la fréquente pluralité des décharges", dans le même éclair; ces décharges sont si rapprochées les unes des autres qu’elles constituent un phénomène total de
- 1. Brontides.
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- durée courte (rarement plus d’une seconde); elles sont d’ailleurs faciles à observer et leur succession est assez nette pour qu’un œil attentif puisse en déduire une direction générale de l’éclair, mais elles sont cependant si rapprochées les unes des autres qu’elles produisent au total un phénomène lumineux d’apparence scintillante et de durée brève, toujours notablement inférieure à la durée du bruit de tonnerre qui lui succédera;
- 4° Par sa propriété, commune à toute étincelle électrique éclatant dans l’air, d’émettre un son ou un bruit sur tous les points de son trajet.
- De cette description de l’éclair, nous allons déduire le mécanisme physique du roulement du tonnerre et notre démonstration, appliquée au cas d’une décharge unique, instantanée, sera, a fortiori, applicable au cas certainement plus fréquent de l’éclair scintillant à décharges successives.
- Imaginons un observateur placé en P (11g. 1) et qui écoute le son produit par l’éclair jaillissant entre les deux nuages A et B, éclair auquel nous avons donné la forme arborisée, telle que nous la révèle la photographie.
- Tous les points de ce vaste réseau émettent un bruit instantané, mais il est bien évident que le bruit total du phénomène ne viendra impressionner l’oreille de l’observateur que progressivement et pendant une durée d’autant plus longue que les points extrêmes de l’éclair, par rapport à P, seront plus éloignés. Mais détaillons le phénomène et pour cela traçons, en prenant P pour centre, des courbes concentriques équidistantes Ç), séparées par un intervalle correspondant à l’espace parcouru par le son en une seconde (soit environ 340 m).
- Dans l’exemple choisi, le début du roulement du tonnerre se fera pour l’observateur à la 6e seconde, par l’arrivée du son émis par le point le plus rapproché 6; à partir de ce moment nous voyons que l’oreille recevra successivement des bruits dont l’intensité sera proportionnelle au nombre des intersections de l’éclair avec les courbes d’équidistances, soit, si nous ne considérons que les moments marqués par les secondes :
- la 6 e seconde 1 intersection \
- — 7e — 2 intersections> Bruit croissant.
- — 8e — 3 — )
- — 9e — 10e — \ - \ Bruit diminuant.
- — 11e —- 4 j
- — 12e —- Renforcement
- — 13e — 19 — i intense et soutenu
- — 14e — 21 — i
- — 15e — 4 —
- — 16e — 17e — 18e — 19e — ‘ = ( 2. - . 1 1 intersection } Fluctuations et atténuation finale.
- — 20 e „ 1 —
- L’exemple précédent explique ce fait bien connu que
- 1. En réalité ces courbes représentent des calottes sphériques coupées par un plan dans lequel, pour les exigences du dessin, nous supposons épanoui notre éclair.
- ---+1 1 26104653 5 411 Nombre d’infersect?sde chaque courbe avec Iéclair
- 20 18 16 » 12 10 8 6 4 2
- Courbes équidist ,fsde 3W 'P ou nombre de secondes
- Fig. 9. — Le mécanisme du bruit de la foudre.
- CD, tombant au sol. — En E, éclair dont le bruit est partiellement intercepté par une montagne.
- la détonation la plus violente ou « coup de tonnerre », n’est pas nécessairement placée au début du roulement.
- Dans un second exemple, celui de la foudre tombant sur le sol (voir fig. 2, côté droit, CD) la même analyse des phénomènes acoustiques nous montre que, pour l’observateur P, le bruit du tonnerre présentera les caractères suivants :
- 1° Début violent (totalisation synchrone du trajet sonore CC' compris dans la calotte sphérique de la 4e sec); 2° atténuation rapide (trajet C'C", coupant obliquement les calottes des 5e, 6e et 7e sec); 3° renforcement consécutif et roulement varié (intersections plus ou moins nombreuses de l’éclair avec les courbes des 8e, 9e.... 15e sec); 4° atténuation finale (16e et 17e sec).
- Les deux exemples que nous avons choisis (fig. 1, AB et fig. 2j CD) méritent d’être traduits d’une autre façon : si, en effet, avec chacun d’eux, nous établissons une courbe dont les ordonnées marquent les secondes et les abscisses l’intensité du son, nous obtiendrons les deux graphiques de la fig. 3, qui représentent des roulements de tonnerre tels que nous les observons habituellement.
- Il va de soi que l’intensité variable de la phase sonore dépend aussi de l’éloignement plus ou moins grand des différents points sonores successivement entendus; c’est ainsi qu’on peut comprendre l’atténuation finale du tonnerre, dont les derniers roulements proviennent de points très éloignés, points limites de l’audition; mais cette considération serait tout à fait insuffisante pour expliquer les roulements irréguliers si caractéristiques du tonnerre^).
- 1. D’après M. Manœuvrier, on a entendu des roulements de tonnerre dont la durée a atteint 35 sec; moi-même et mon ami le Dr Meunier
- Fig. 3. •— Fluctuations de l’intensité sonore dans deux roulements de
- tonnerre.
- h
- 6 8 10 Secondes 12 14 16 18 20 4 8 8 10 12 14 16 Secondes
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- = 438 —.................................— .........
- L’explication que nous venons de donner du bruit du tonnerre nous semble à l’abri des objections soulevées par la théorie des échos. Avec elle il est facile de comprendre l’irrégularité extrême des roulements du tonnerre, la continuité immanquable du bruit, sa durée parfois si longue dans les régions à l’horizon libre (plaines, sommets de montagnes) et au contraire sa brièveté relative dans les vallées resserrées. Dans cette dernière condition
- en avons observé cet été de 40 et 50 sec; dans ce dernier cas il a fallu que la fin du bruit eût pour origine un point sonore situé à 340 m x 50, soit à 17 km de l’observateur. Or l’expérience a depuis longtemps appris qu’une distance de 15 à 18 km est la limite extrême d’audition des orages, lorsque le vent est favorable; au delà, un éclair n’est plus entendu, et constitue ce qu’on appelle vulgairement un éclair de chaleur.
- topographique, nous nous expliquons pourquoi le roulement est souvent interrompu au lieu de s’éteindre progressivement, comme en plaine; il suffit, en effet, qu’une montagne élevée soit interposée, tel un écran, entre l’observateur et la partie éloignée de l’éclair (v. fig. 2, côté gauche), pour qu’une partie des vibrations sonores, celles émises par la portion E, soient presque complètement supprimées ; d’où l’arrêt subit ou du moins l’atténuation brusque et définitive du roulement. Enfin nous comprenons aisément pourquoi le bruit d’une explosion (point unique sonore) ne donne jamais lieu à un roulement analogue à celui que provoque l’éclair (ligne sonore).
- J. Maussier-Dandki.ot.
- = ARBORESCENCES CRISTALLINES = POUSSANT SPONTANÉMENT A L’AIR LIBRE
- Sur le côté artistique de certaines expériences de laboratoire, on pourrait écrire un gros livre. Parmi toutes les merveilles dues à l’effort anonyme et désintéi’essé des chercheurs, on voit, en effet, souvent éclore, fleur entre tant de fruits ! un phénomène dont la principale application semble être la joie des yeux.
- L’optique cristalline, par exemple, offre l’élégante géométrie des courbes isochromatiques, et l’électrolyse, bien conduite, provoque des croissances métalliques d’une rare beauté.
- Mais ce sont là jouets de savants qui nécessitent, pour être vus ou préparés, un outillage scientifique, et qui ne peuvent guère pénétrer dans le domaine de l’art décoratif.
- Il en est autrement des arborescences cristallines que nous présentons aujourd’hui.
- La photographie ci-contre montre une préparation obtenue dans une coupe de Lalique, d’une hauteur de 20 cm. Cela fixe l’échelle de la figure et permet d’évaluer la longueur des branches. Voilà une plante artificielle digne de prendre place sur une étagère ou dans une vitrine.
- N’importe qui, avec un peu de soin, peut obtenir des résultats analogues.
- Les frais sont minimes. Le prix du vase mis à part, chaque arborescence revient seulement à quelques francs.
- Le travail est facile. Une fois la solution préparée, ce qui n’est guère plus compliqué que de faire un bouillon, il n’y a plus qu’à observer la croissance.
- Voici la recette :
- Faites dissoudre à l’ébullition 15 gr de gélatine dans un demi-litre d’eau distillée.
- Laissez refroidir la solution et, quand elle est encore tiède, ajoutez progressivement un peu de soude. 11 se forme un précipité ou un louche, dont l’aspect dépend de la gélatine utilisée et qu’il est préférable d’éliminer par décantation ou filtration.
- Faites, avec une partie du liquide clair, une solution
- concentrée d’urée. Vous avez achevé la partie cuisine de la préparation.
- Il n’y a plus maintenant qu’à guider les effets artistiques, et chacun peut alors donner libre cours à sa fantaisie.
- La solution, abandonnée à l’évaporation dans une assiette, donne déjà de belles végétations.
- Si l’on place dans l’assiette un corps poreux, la cristallisation commence par le recouvrir.
- Immergez, par exemple, une tige de bois, de la dimension d’une allumette, avec un support qui la maintienne verticale, et vous verrez bientôt des branches pousser à l’extrémité supérieure, comme si le bois mort ressuscitait en un arbuste.
- Un vase de pile, rempli de la solution, disparaît bientôt sous une abondante et longue toison blanche.
- L’arborescence représentée par les figures a été obtenue en plaçant, dans la coupe remplie préalablement de solution, un petit trépied constitué par trois tiges de verre, de 7 cm environ de longueur, enveloppées avec du papier buvard très fin (papier Joseph). Le papier à cigarettes convient aussi parfaitement; on l’attache avec du fil à coudre fin et blanc. Le même fil sert ensuite à fixer solidement les trois tiges les unes aux autres, par une de leurs extrémités. La ligature doit être faite de telle sorte que les pieds se maintiennent écartés.
- 11 arrive que les branches poussent seulement d’un côté et risquent, par leur poids, de faire basculer le trépied. Cet accident se produit quand l’état hygrométrique de l’air n’est pas uniforme. On prendra donc la précaution de ne pas mettre la préparation trop près d’une fenêtre ou d’un robinet d’eau. On peut encore faire tourner de temps en temps le vase de 180 degrés autour de son axe.
- Il se forme généralement, outre la végétation qui pousse sur les tiges, une cristallisation qui grimpe le long de la paroi du vase et finit par en recouvrir complè-
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- tement le bord. Si ces cristaux sont trop abondants, ils peuvent siphonet- extérieurement le liquide. Le récipient et son support se recouvrent alors d’un revêtement cristallin d’un bel effet décoratif. Si l’on préfère éviter cette végétation en surface, il suffit de graisser le bord du vase avec un peu de vaseline.
- Au bout d’une dizaine de jours environ, par temps sec, l’arborescence est achevée. Si on la trouve trop grêle,
- •:.' ==— 439 =
- qui permettront de varier les effets et d’éviter certaines causes d’insuccès.
- Précisons d’abord le rôle de la soude. Elle n’est pas indispensable, mais sa présence allonge toujours les branches et les consolide. Sa grande affinité pour l’eau maintient l’arborescence humide, ce qui favorise la croissance, car une ramification ne pousse plus quand elle est sèche à son extrémité. L’acide carbonique de l’air
- Fig. 1 ri 2. — Arborescences obtenues dans un verre de Lalique.
- on peut la rendre plus touffue en rajoutant de la solution.
- Quand tout le liquide s’est évaporé, la préparation reste figée dans son dernier état. Elle peut alors se conserver indéfiniment, à condition d’être maniée sans brusquerie. Il est en outre indispensable de la mettre sous globe ou dans une vitrine, afin d’éviter la poussière, car il va sans dire qu’elle ne résisterait pas à un époussetage.
- Voici maintenant quelques indications complémentaires
- forme, en outre, un carbonate qui cimente l'édifice.
- Dans une solution primitive d’un demi-litre, la quantité de soude qu’il faut ajouter correspond environ à 25 cm3 d’une solution normale. Mais cette proportion ne doit être considérée que comme une valeur approximative. Elle dépend, en effet, de la qualité de la gélatine utilisée et de l’état hygrométrique de l’atmosphère. On fera bien de mettre toujours en train simultanément plusieurs préparations d’alcalinités différentes, de façon que l’une
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- = 440 ........::—=....; .... =
- d’elles se trouve dans les meilleures conditions de croissance.
- Il ne faut pas que la solution soit complètement saturée d’urée, sans quoi la poussée serait trop hâtive et les branches trop fragiles.
- On serait tenté d'accélérer la croissance en plaçant la préparation dans une atmosphère desséchante. Ce serait une erreur. Les plus beaux résultats sont toujours un peu tardifs. On doit observer, les premiers jours, un simple bourgeonnement que prolongent ensuite quelques grosses branches. C’est à la fin seulement qu’on voit s’épanouir, en quelques heures, une blanche floraison d’innombrables ramilles.
- Les arborescences cristallines offrent aux chercheurs un domaine d’investigation vraiment illimité.
- On peut changer le cristalloïde. L’urée est le corps qui a donné, jusqu’ici, les plus beaux résultats. Elle présente en outre l’avantage de se trouver chez tous les marchands de produits chimiques. Mais il est certain qu’il existe d’autres substances susceptibles de produire des effets analogues et peut-être plus remarquables encore.
- En changeant le colloïde, on obtient déjà des variations surprenantes. '
- Toujours avec l’urée comme agent de cristallisation, les differentes espèces de gélatine donnent des branches plus ou moins fortes, plus ou moins tordues et plus ou moins longues. Les gélatines de peaux, colorées et molles, produisent des buissons touffus et fragiles. Avec les gélatines d’os, dures et transparentes, les résultats sont plus capricieux, mais aussi parfois beaucoup plus beaux.
- Deux arborescences préparées de la même façon, et croissant côte à côte, ne sont jamais d’ailleurs exactement pareilles; de même qu’il n’y a pas, dans l’univers, deux roses identiques.
- La gélose forme un chrysanthème en boule de neige, malheureusement trop fragile.
- Avec la gomme arabique, on obtient des branches déchiquetées, plus solides que celles des arborescences à base de gélatine.
- La gomme laque blanche produit de petites branches contournées, assez jolies, mais très fragiles.
- L’albumine donne de belles aiguilles qui n’ont pas non plus une solidité suffisante et se brisent sous leur propre poids.
- L’arrow-root se comporte de façon très differente. Il produit, au lieu de branches, un duvet mousseux et très enveloppant.
- Voici enlin le résultat remarquable qu’on obtient avec la silice :
- Quand on abandonne au dessèchement, dans une coupelle, une solution aqueuse saturée d’urée en présence de silice gélatineuse, on observe une poussée de fines aiguilles bien cylindriques, dont le diamètre est de quelques dixièmes de mm et la longueur de plusieurs cm. Elles sont transparentes et biréfringentes.
- Les espèces précédentes permettent une très grande variété de combinaisons.
- Rien n’empêche, par exemple, de mettre en train une arborescence de gélatine et de l’achever en l’alimentant avec un mélange contenant de la silice.
- On peut encore utiliser conjointement, dans des proportions variables, deux ou plusieurs colloïdes.
- L’addition de matières colorantes, dans la solution, renouvelle enlin les effets. On constate que la couleur s’affaiblit progressivement dans les ramifications les plus fines. Il se produit des nuances dégradées qui défieraient la reproduction picturale.
- C’est toute une botanique insoupçonnée qui surgit à nos yeux émerveillés et qui multiplie à l’infini, suivant, notre caprice, ses formes et ses couleurs.
- Félix Michald.
- GEOMETRIE DE LA SPHERE
- Il est malaisé d’écrire en vers, et vouloir traiter en ce langage un sujet qui demande précision et clarté, c’est ajouter difficulté à difficulté. C’est pourquoi le vocabulaire scientifique, où chaque terme a une signification définie, entre si difficilement dans la mosaïque du vers. Pythagore autrefois résuma une métaphysique dans les « Vers dorés ». Les astrologues de la Renaissance remplissaient les almanachs de Arers de mirliton qui traduisaient leurs prédictions. Mais si les anciens ont aimé ces formes lapidaires où se résumaient élégamment les résultats d’une science, on ne s’amuse plus aujourd’hui à versifier un traité de chimie, ou de physique.
- C’est cependant la fantaisie heureuse qu’eut un membre éminent de la Société Royale de Londres, M. Frederick Soddy, lequel a, il n’y a pas longtemps, mis en vers d’authentiques théorèmes sur la géométrie de la sphère. Ces théorèmes sont du reste issus de recherches originales de M. Soddy sur un sujet qu’on peut dire neuf, puisqu’il
- n'a pas été touché depuis Archimède et d’anciens mathématiciens arabes. Ce sujet est le contact de cercles et de sphères. Voici une traduction des deux pièces de vers où M. Soddy énonce trois théorèmes ; elles sont empruntées à la revue anglaise Nature, de même que les explications qui suivent. Le néologisme par lequel M. Soddy nomme son ensemble de six sphères (l’Hexlet) peut subsister en français, puisqu'il est formé à partir de la racine grecque Ilex (six).
- LE BAISER PRÉCIS
- Deux paires de lèvres peuvent s’unir Sans le secours de la trigonométrie.
- Il n’en est pas ainsi lorsque quatre cercles s’embrassent, Chacun d’eux baisant les trois autres.
- Pour y arriver, le quatuor doit se placer ainsi :
- Ou trois dans un, ou un dans trois.
- Si un dans trois, sans aucun doute
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- Chacun est touché du dehors Si trois dans un, alors celui-ci Subit trois contacts intérieurs.
- Quatre cercles entrent dans le jeu. Les plus petits sont les plus courbés
- La somme des carrés des quatre courbures Est la moitié du carré de leur somme.
- Pour tirer au clair des intrigues de sphères Un surveillant de leurs caresses Pourrait trouver le travail laborieux.
- Fig. 1. — Coupe centrale à travers un bol de nombres entiers. (Figure extraite de la Revue Nature, de Londres.
- La courbure étant exactement L’inverse du rayon.
- Bien que leur intrigue laisse Euclide muet,
- Cependant, point n’est besoin de prendre son pouce pour
- règle,
- Puisque zéro mesure la courbure de la rigide ligne droite Et que les lignes concaves ont une courbure négative
- La sphère est de beaucoup plus joyeuse et magnifique Et maintenant, outre une paire de couples,
- Une cinquième sphère vient partager l’embrassement. Toutefois, les signes et les zéros restant comme devant, Chacune caressant les quatre autres Le carré de là somme des cinq courbures Est trois fois la somme de leurs carrés.
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- L’HEXLET
- Quelque mal assorties que puissent être 3 sphères quant
- à la taille
- Chacune peut toucher les deux autres, cependant
- qu’autour d’elles
- Un collier de six sphères s’embrassent deux à deux.
- Le premier collier de perles venu Plaît généralement au beau sexe,
- Mais mon Hexlet, collier d’un nouveau genre,
- Ne caresse pas un, mais trois cous.
- Il accommode la grosseur de ses grains, de quelque façon
- qu'on le mette
- Pour remplir sa prison trisphérique,
- Joue au furet et au manège
- Tout en étreignant trois cous avec précision.
- Comme des bulles vont, s’enflent ou diminuent,
- D’un cœur léger, il tient en dérision Le terrible marais où les folles mathématiques Noient les courbes pures,
- Et son moindre souci, c’est l’inversion mentale
- Née essaire pour manier les « — ».
- x
- Les saints et les sages de tous les temps A un idéal furent toujours fidèles :
- Saisir solidement ce qui demeure dans le changement Et dégager l’invariable.
- Ainsi les grains irréprochables obéissent à cette première
- loi
- Concernant la somme de leurs courbures :
- Quand dans le tunnel entonnoir un grain va s’amincissant Son vis-à-vis s’enfle d’autant,
- Mais la moyenne des courbures de deux grains opposés Est la somme des 3 courbures de leur prison.
- A première lecture, ce texte peut paraître plus hermétique que telle célèbre poésie contemporaine, c’est pourquoi quelques explications prosaïques sont nécessaires.
- Fig. 2. — Modèle de bol de nombres entiers avec les hexlels tangcntiels de la moitié supérieure.
- (Figure extraite de la Revue Nature, de Londres.)
- Soit une sphère creuse de rayon unité; on peut y loger
- 2 sphères solides A de rayon 1/2, les trois centres et les
- 3 points de contact étant sur un diamètre de la sphère initiale. L’ensemble de ces trois sphères constitue ce que M. Soddy appelle un a bol de nombres entiers » ou « bol d’entiers », cette dénomination étant justifiée par ce qui suit. Dans l’espace laissé libre entre la sphère initiale et les 2 sphères A, on peut loger un certain nombre de sphères pleines B, répondant à la seule condition suivante : chaque sphère doit tangenter les 3 sphères qui l’entourent. On obtient ainsi un second espace vide, limité par les 3 sphères initiales et l’ensemble des sphères B. Dans cet espace on loge des sphères pleines G répondant à la même condition que les sphères B, et ainsi de suite indéfiniment. A chaque opération le nombre des sphères qu’on peut loger augmente et leur rayon diminue. Une section plane du bol d’entiers passant par le centre de la sphère initiale et perpendiculaire au diamètre de contact des sphères A fait saisir la disposition des sphères (fig. 1). Sur cette figure, les sphères sont identifiées non plus au moyen des lettres A, B... mais par leur courbure indiquée près de leur centre. En outre on a convenu que la sphère initiale (seule sphère creuse) aurait une courbure négative. Ainsi la sphère initiale est appelée sphère — 1 ; les sphères A ne paraissent pas, étant hors du plan de figure, elles se projettent suivant la circonférence pointillée. Il y a G sphères B de rayon 1/3, G séries de 2 sphères C de rayons respectifs 1/11, 1/15, 6 séries de 3 sphères D de rayons respectifs 1/37, 1/35, 1/27, etc... Toutes ces sphères, en nombre infini, centrées dans le plan de figure, sont en contact avec les 2 sphères A. En dehors de ce plan, on peut se représenter les différents anneaux de sphères, construits d’une manière analogue, chaque sphère de chaque anneau étant tangente au bol et à l’une des sphères A. La figure 2 montre l’hémisphère supérieur du bol rempli de sphères.
- Ceci étant posé, la propriété qui justifie le terme « bol d’entiers » est la suivante : La courbure de l’une quelconque des sphères est un entier déterminé lorsqu’on connaît les courbures des 2 sphères de F Hexlet qui l’entourent. On arrive graduellement à cette proposition par des remarques simples.
- Considérons F Hexlet le plus simple, constitué par les sphères 3. La courbure d’une de ces sphères, soit 3, est la somme des courbures des deux sphères 2 et du bol.
- 3 = 2 + 2 — 1
- Les 7 hexagones irréguliers de la figure 1 déterminent 7 Hexlets qui sont tangents à l’une des sphères 2 et respectivement aux sphères 11, 15, 27, 35, 47, 51, 63. Dans chaque Hexlet la somme des courbures de deux sphères opposées est égale au double de la somme des courbures de la sphère centrale et des deux sphères A. Ainsi pour le plus petit des Hexlets
- 99 + 35 = 83 + 51 = 51 + 83 = 2 (63 + 2 + 2)
- Pour F Hexlet — 1, 3, 11, 15, 11, 3 (sphère centrale 3) la somme des courbures de deux sphères opposées est 2 (3 + 2 + 2).
- Ces constatations sont expliquées par quelques considérations tirées de la géométrie euclidienne élémentaire.
- Soit O, (fig. 3) une sphère creuse contenant deux sphères
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- 02 03, chaque sphère étant tangente aux deux autres. Une quatrième sphère variable o> logée dans l’espace libre et assujettie à tangenter 0,, 08, 03 aura son rayon maximum ou minimum lorsque les 4 centres Oj, Ch, 0S <0 seront coplanaires. Si a{3yo sont les courbures des sphères O, 02 03 co, d ne peut varier qu’entre deux limites, <p,, <p4. La relation qui lie aj3y<B,cp2 s’obtient en exprimant une relation métrique dans la figure formée par le triangle 02 05 uq, et le point 0, (fig. 3), par exemple en exprimant que l’aire du triangle 02 05 10,, est la somme des 3 aires des triangles intérieurs.
- Cette relation est :
- 2 (o2 + a2 -f- (32 + y2) = (<f + a + (3 + y)2
- équation en cp dont les racines sont ©, <p2. C’est le premier théorème du baiser précis.
- Imaginons maintenant que la sphère co occupe une position intermédiaire entre son maximum et son minimum. Son centre n’est plus dans le plan 0, 02 O,, soit 0 sa courbure. La relation
- 3 (cp2 + a2 + (32 + y2 -j- d2) = ((p + a+ ^ + y+ o)2
- semblable à (1) mais avec une variable de plus, considérée comme équation en cp, donne maintenant non plus les maxima et minima d’une 5e sphère variable, mais les valeurs es, cps des courbures de cette sphère variable lorsqu’elle tangente, de deux façons, la sphère delta.
- On voit apparaître l’Hexlet avec ses 6 sphères (6 positions de la sphère variable) tangentant 3 autres sphères. La relation (2) n’est autre chose que le 2e théorème du baiser précis.
- Revenons à la relation (1). Résolue par rapport à es elle donne
- cp = a -(- [3 -f y zb 2 s/ a (3 4~ a y -f-b y ou ce = cr dz 2 o
- en posant <r = oc-f- {3 4~ y , p = y/ aj3 4- ay 4- (3y p, -f- p2 = cr, c’est le théorème de la fin de l’Hexlet.
- Fig. 3. — Trois sphères tangentes entre elles et deux positions d'une 4* sphère tangente aux trois autres.
- Avec la relation (2) on obtient cette fois, avec les mêmes notations
- cû2 _j~ cp2 = or —f- 0
- relation qui s’écrit encore en appelant cpn I, cpn es(l + ), les courbures de 3 sphères consécutives :
- ®„_i 4- 'f«+i =
- Par conséquent la connaissance de 2 sphères consécutives d’un Hexlet détermine la sphère suivante, laquelle détermine la suivante, et finalement tout l’Hexlet.
- La relation (3) traduit le théorème énoncé comme propriété fondamentale du « bol d’entiers ».
- * G. Ferré.
- LES MÉTHODES MODERNES D’EXTRACTION
- DE LA HOUILLE
- I. — EXPOSÉ
- La production houillère mondiale s’est élevée, en 1936, à environ 1 100 millions de tonnes. Elle s’est progressivement améliorée avec la reprise de l’activité économique. Au plus fort de la crise, en 1932, elle était tombée à 954 millions de tonnes.
- A eux seuls, les Etats-Unis concourent pour environ 400 millions de tonnes à l’extraction annuelle de houille. Viennent ensuite le Royaume-Uni avec 226 millions de tonnes, l’Allemagne avec 135 millions, F U. R. S. S. avec 81 millions, la France avec 47 millions, etc.
- Les réserves en charbon paraissent devoir assurer la, consommation des Etats-Unis pendant au moins 2000 ans contre quelques centaines d’années pour la France, où
- l’on consomme environ 70 millions de tonnes de houille par an. Nos réserves probables sont estimées à 9 milliards de tonnes et nos réserves reconnues à 4 milliards de tonnes.
- Les réserves reconnues atteignent 548 milliards de tonnes en Europe, 30 milliards en Amérique du Nord (non compris les États-Unis), 10,9 milliards en Asie et
- 21.4 milliards en Australie. Pour les Etats-Unis, seules les réserves probables ont été estimées : elles atteindraient 2040 milliards de tonnes.
- Les réserves reconnues des principaux pays d’Europe s’élèvent à 11 milliards de tonnes pour la Belgique,
- 6.4 milliards pour la Tchécoslovaquie, 71 milliards pour l’Allemagne, 14 milliards pour la Pologne, 129 milliards pour la Grande-Bretagne et 296 milliards pour la Russie.
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- = 444 ................................=........... =
- Pour le charbon, la France prend donc figure de parent pauvre.
- Cette situation s’aggrave encore du fait que les conditions techniques d’exploitation sont moins aisées en France que dans les grands bassins houillers étrangers. Les gisements sont, la plupart, tourmentés et profonds (profondeur moyenne : 400 m dans le Pas-de-Calais, 415 m en Lorraine, 475 m dans le Nord) ; les veines sont irrégulières et étroites, les toits sont médiocres, le charbon est friable. Enfin, la gamme des produits obtenus est incomplète : la France ne produit pas d’anthracite, mais elle dispose, en surabondance, de charbons ténus
- Fig. 1. — Chevalement soudé. (Ph. Demag.)
- à haute teneur en matières volatiles et de charbons demi-gras et anthraciteux; il nous manque, au contraire, des charbons gras, type menu à coke, dont la production est insuffisante.
- L’écart des prix de revient entre le charbon français et les charbons étrangers est accentué par les différences de législation du travail et par les lourdes charges fiscales et sociales.
- La défectuosité de ces conditions naturelles d’exploitation est traduite par la quantité moyenne, en kilogrammes extraite par ouvrier (fond et jour) dans une journée légale de travail. C’est ce qu’on appelle le rendement du mineur.
- Jusqu’au début de l’année 1936, avant l’application
- des nouvelles lois sociales, spécialement la loi entrée en vigueur le 1er novembre 1936, fixant à 38 h 40 la durée hebdomadaire de séjour du mineur français dans la mine, soit à 32 h environ la durée effective de son travail, le rendement ouvrier dans l'industrie houillère ressortait
- aux valeurs que voici :
- Kgs
- France................................... 872
- Allemagne : Ruhr.........................1692
- Grande-Bretagne..........................1172
- Belgique.............................. 777
- Hollande............................. . 1800
- Pologne.................................. 2022
- Etats-Unis :
- Houilles bitumineuses.................. 4807
- Anthracite.............................2150
- Les salaires représentent un élément essentiel du prix de revient du charbon. Au début de l’année 1936, les frais directs de main-d’œuvre par tonne marchande s’élevaient à 41 fr 74. A la suite de l’application des nouvelles lois sociales, ils ont subi une majoration d’un peu plus de 34 fr. Ils sont donc de l’ordre de 76 fr au début du mois de février 1937.
- Désormais, on comprend l’importance du recours maximum à la mécanisation pour l’extraction houillère. C’est d’autant plus nécessaire que la France manque d’ouvriers qualifiés pour les travaux miniers. De janvier à décembre 1936, le nombre d’ouvriers mineurs est passé de 223 000 à 232 000 unités. Faute de pouvoir en embaucher d’autres, il faut importer des quantités croissantes de charbons, ce qui risque d’accroître dangereusement le déficit de notre balance commerciale (1).
- II. - TENDANCES ACTUELLES DANS LES MÉTHODES D’EXPLOITATION HOUILLÈRE PUISSANCE D’EXTRACTION D’UN SIÈGE
- Une étude complète sur les procédés d’exploitation employés dans l’industrie houillère devrait porter sur les méthodes de fonçage et de soutènement des puits, le soutènement des galeries — dont la figure 2 montre la physionomie — le dépilage, les transports souterrains, l’extraction ou élévation jusqu’à la surface du sol du charbon abattu, l’exhaure ou épuisement des eaux souterraines, l’aérage et l’éclairage.
- Notre programme présent est beaucoup plus modeste. Il correspond à une simple revue des procédés d’abatage, aujourd’hui en honneur. Les autres questions seront simplement effleurées.
- Les puits de mine dans les grandes exploitations modernes, atteignent, en général, des dimensions considérables, tant en profondeur qu’en diamètre. Les puits de plus de 1000 m de profondeur sont relativement nombreux. Quant à leur diamètre, il dépasse parfois 6 m à l’intérieur du revêtement.
- Dans la Ruhr, on leur donne jusqu’à 6 m 60 de diamètre et, en même temps que le siège principal, on établit des
- 1. Pour les deux premiers mois de l’année 1937, comparativement à la période correspondante de 1936, il y a eu majoration en poids de près de 2 millions de tonnes dans les importations de houille et la valeur de ces importations a crû de 317 à 657 millions de francs. Parallèlement, le déficit de la balance commerciale de la France s’élevait de 1,6 à 3,5 milliards de francs.
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- Fig. 2. •— Coupe schématique d’une exploitation houillère.
- puits auxiliaires ayant un diamètre minimum de 4 m 50 dont le fonçage se poursuit au fur et à mesure des besoins de l’exploitation.
- En France et en Belgique, l’extraction moyenne par puits (ou siège) et par jour, qui était de 270 t en 1905, s’est progressivement accrue jusqu’à 1000 t et même 4000 t.
- Toutefois, la puissance d’extraction par heure est beaucoup plus forte. Elle atteint fréquemment 200 et même 250 t, soit de 2,5 à 3 fois la moyenne de la quantité de charbon effectivement extraite.
- Dans la Ruhr, où les couches ont 1,1 m de puissance moyenne, on envisage de créer des sièges dont la puissance d’extraction atteindrait 10 000 t par jour.
- Actuellement, on s’y conforme au principe général d’installation compound. Il consiste en l’organisation de sièges ayant un tonnage journalier de 3000 à 4000 t, dont le champ d’exploitation couvre de 2400 à 3000 hectares. On dispose d’un double puits d’extraction dégagé de toute servitude, d’une part et, d’autre part, de puits auxiliaires pour l’aérage, le transport des bois, du personnel, des terres, etc...
- Un siège occupe environ 2000 ouvriers dans les puits de 4000 t-jour et 4000 ouvriers dans les sièges de 10 000 t-jour.
- Les machines d’extraction sont pourvues de câbles robustes susceptibles de supporter un poids utile de 12 t, soit 4 berlines de 3 t ou 3 de 4 t. Aux périodes de pointe, l’extraction avec 30 cordées à l’heure correspond, pour un travail prolongé durant 16 h, à un tonnage journalier de 11 500 t.
- Le capital indispensable à l’équipement total de ces sièges varie entre 250 et 300 millions de fr pour les sièges de 40001 et entre 320 et 360 millions de fr pour les puits de 10 000 t-jour.
- Dans les autres pays, le champ d’exploitation d’un siège dépasse rarement 400 ha, soit un carré de 2000 m de côté. En général, la plus grande distance des chantiers au puits principal, dont l’intersection avec les galeries est appelée « accrochage », ne dépasse pas 3 km.
- La tendance actuelle de l’exploitation houillère est nettement marquée par la concentration des travaux.
- Aujourd’hui, quand on n’est pas gêné par des failles, il est courant qu’une taille ou chantier se développe sur une longueur atteignant 300 m, voire même 450 m, et occupe simultanément de 70 à 80 ouvriers. Elle peut fournir, par 24 h, de 400 à 500 t de charbon dans le Pas-de-Calais et 1800 t dans la Ruhr où les veines sont plus puissantes. Pour terme de comparaison, un chantier n’occupait
- autrefois qu’une dizaine d’hommes et n’avait que quelques mètres de développement.
- Avec les grandes tailles à progression accélérée, toujours minutieusement surveillées, la sécurité est accrue et les accidents sont en régression.
- En outre, on a introduit dans l’art des mines la notion de vitesse, avec mise en œuvre de moyens propres à accélérer l’abatage, le déblocage et le remblayage.
- On a été limité dans cette voie par la tenue du toit du chantier et le danger des feux. Pour maintenir la couronne, on recourt au soutènement préalable.
- On combat le danger des échaufîements en appliquant tous les moyens capables de réduire les vides dans le charbon : éboulements et fissures, et par la diminution de la durée de déhouillement de chaque tranche. Par le
- Fig. 3. — Haveuse Demag, à chaîne, au travail. Abatage de gros blocs de charbon avec peu de fines. Rendement au havage : 160 m en 7 h, sur 1 m 60 de profondeur.
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- jeu de ces précautions, l’emploi de grands fronts de tailles se déplaçant à grande vitesse atténue le danger des feux.
- III. — PROCÉDÉS ACTUELS D’ABATAGE DU CHARBON
- Pour l’abatage du charbon, on recourt d’une manière de plus en plus intense aux moyens mécaniques. Les haveuses à chaîne, devenues d’un usage courant, répondent à ce but.
- Ces appareils (fig. 3) creusent, parallèlement au plan de la couche, une rainure de 15 cm environ de largeur et de 1,50 à 2 m de longueur. Le charbon étant ainsi dégagé, son concassage ultérieur est rendu aisé. D’ailleurs, ce travail est grandement facilité par la mise en porte-à-faux du bloc de houille de sorte que l’action de la gravité tend à le faire tomber et à le disloquer. Si le charbon est très dur, on termine l’abatage au pic ordinaire ou au marteau piqueur, mais dans une mesure très faible, comparativement au travail sans havage.
- On sait que le marteau piqueur (fig. 4 et 5) dont l’emploi s’est généralisé comprend essentiellement un petit piston, mû par l’air comprimé et lancé à très grande vitesse. Il frappe sur une aiguille que le mineur cherche à faire pénétrer dans le massif de houille ou de roche à débiter, en utilisant les clivages, de manière à détacher les blocs ou gaillettes. Les marteaux piqueurs en usage dans les charbonnages ont un poids compris entre 10 et 15 kg. Ils sont dits légers. On se sert de marteaux lourds
- Fig. 4. •— Marteau perforateur à avance pneumatique fixé sur une colonne-affût et forant des trous horizontaux pour l’avancement en galerie. Rinçage à l’eau par le fleuret creux. (Ph. Demag.)
- — pesant, 30 kg — pour la percée des travers-bancs dans les grès durs (fig. 6).
- Ce débitage est limité, d’aifieui's, aux facilités de manutention des blocs de houille. En effet, le recours au havage repose, le plus souvent, sur un accroissement de production de gros morceaux, afin que la plus-value qui en résulte permette de payer les frais d’amortissement et de conduite de la haveuse.
- Dans les haveuses à chaîne, autour d’un bras de cadre, long et étroit, circule une chaîne armée de couteaux en acier au tungstène. Ces derniers grattent continuellement le front de taille, à la hase même du lit de charbon, et y creusent une rainure de 10 à 15 cm environ de largeur, comme il a été dit plus haut.
- Le moteur dont la puissance atteint 45 ch est électrique ou à air comprimé ; dans ce dernier cas, on a adopté fréquemment des turbines à air comprimé, d’un type simple et robuste, marchant sous une pression de 5 atmosphères.
- La hauteur du bâti atteint 60 à 70 cm mais ne dépasse pas 35 à 40 cm pour les couches minces. La longueur est de 2 m à 2 m 50, la largeur de 0 m 75 environ. Le cadre est aussi plat que possible afin que l’épaisseur de la rainure creusée dans le lit de charbon ne soit que de l’ordre de 10 à 15 cm. Sa longueur, variable suivant les modèles, est fréquemment voisine de 1 m 50 à 2 m. Une haveuse pèse environ 3 t. Elle est nécessairement lourde afin de pouvoir résister aux réactions du massif.
- La vitesse de la chaîne considérée comme la plus avantageuse est celle d’un mètre par seconde. Un dispositif de sûreté arrête le moteur si la chaîne se coince.
- La haveuse avance à une vitesse qui est couramment de l’ordre de 80 cm par minute.
- La haveuse se déplace le long du front de taille en se ripant à l’aide du câble ou de la chaîne qui s’enroule autour d’un tambour actionné par le moteur sur la haveuse.
- La haveuse peut être employée même si la pente du chantier correspondant au pendage de la couche de charbon atteint 25 ou 30°.
- La haveuse peut remplacer dix à quinze hommes, opérer dans des lits stériles, donner du charbon propre et beaucoup de gros morceaux. En contre-partie, son emploi n’est avantageux que lorsque la longueur du front de taille excède 50 m, ce qui est courant comme nous l’avons vu plus haut, et que si la couche de charbon est dure, compacte et de formation relativement régulière. Elle nécessite aussi une organisation continue et attentive de surveillance. Quand on ne peut pas satisfaire à ces différentes conditions, il vaut mieux se servir de marteaux piqueurs.
- Il est incontestable, d’ailleurs, que l’on a considérablement amélioré les conditions de construction et d’emploi des haveuses. Aujourd’hui, leur révision systématique, opération qui peut s’effectuer en deux jours, ne s’impose qu’après un havage effectué sur 12 000 ou 16 000 m2, selon la dureté de la couche de charbon.
- Au havage, succède l’abatage. On le détermine en débitant, soit au marteau piqueur, soit au moyen d’explosifs, les blocs de charbon havés. On doit obtenir des
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- fragments de houille maniables et dont la vitesse de chute dans les galeries ne soit pas dangereuse.
- IV. — TRANSPORT DU CHARBON DANS LES TAILLES
- Les produits abattus sont parfois directement chargés en berlines pouvant contenir de 400 à 500 kg de charbon dans les exploitations anciennes et de 2000 à 4000 kg dans les mines les plus modernes de France, d’Allemagne, de Pologne, etc...
- Quand les chantiers ne correspondent pas à des couches suffisamment épaisses pour amener les berlines à leur proximité, il faut alors transporter les produits sur une certaine distance par d’autres moyens.
- Dans les gisements très inclinés, on les fait glisser sur le mur ou sol de la galerie jusqu’au bas du chantier ou bien on les fait descendre par des cheminées jusqu’à la galerie de desserte.
- Dans les gisements exploités par taille montante, on amène le charbon jusqu’à l’entrée de la voie de desserte, soit par jets de pelles, soit par traînage dans les bennes, soit encore au moyen de brouettes.
- L’exploitation par tailles puissantes a nécessité des méthodes perfectionnées pour le ramassage et l’évacuation rapides des produits abattus.
- Deux moyens mécaniques s’emploient concurremment : les couloirs oscillants et les bennes racleuses ou « scra-pers ». On doit reconnaître cependant que l’emploi de ces dernières se recommande de préférence, pour l’exploitation des couches de faible puissance ou, équivalemment, de 40 à 50 cm d’épaisseur.
- Les couloirs oscillants répondent au principe suivant :
- Si on imprime à un élément de couloir un mouvement en avant assez lent pour amener l’entraînement des produits, et qu’on fasse suivre ce mouvement d’un brusque retour en arrière, la masse contenue dans le couloir continue sa progression sous l’influence de l’inertie. A chaque secousse correspondra donc un avancement, qui finira par amener les produits à l’extrémité du couloir, où ils se déverseront dans une berline.
- Les couloirs sont formés d’éléments en tôle de forme semi-circulaire ou rectangulaire, assemblés bout à bout, ayant par exemple 60 cm de largeur et 20 cm de hauteur, 1 ou 2 mm d’épaisseur. Ils sont suspendus par des chaînes au cadre de boisage ou bien montés sur des galets.
- Leur longueur peut atteindre de 50 à 100 m.
- Le mouvement de va-et-vient du couloir est obtenu généralement au moyen d’un petit moteur à air comprimé.
- Toutefois, il existe actuellement une tendance à électrifier autant que possible tous les engins mécaniques utilisés au fond. Alors, on voit apparaître, de plus en plus, des moteurs électriques pour la commande des couloirs oscillants.
- C’est leur facilité de montage et d’adaptation, leur robustesse qui ont motivé la préférence généralement donnée aux couloirs à secousses. On les déplace tous les deux jours environ.
- Depuis quelque temps, on a mis en service des pelles racleuses ou scrapers. Les scrapers ne nécessitent pour leur fonctionnement qu’un treuil à double tambour
- Fig. 5. — Marteau pneumatique.
- destiné à donner au câble le mouvement de va-et-vient qu’exige le râteau dont la figure 8 indique quelques types.
- La figure 7 permet de comprendre le fonctionnement d’une installation de ce genre dans laquelle on a combiné l’action d’un scraper et celle d’un couloir oscillant pour l’évacuation du charbon.
- Le godet 1, se déplaçant sur le mur de la taille, est relié au treuil 2 par les câbles de tête 3 et de queue 4; la conduite des câbles est assurée grâce aux poulies de renvoi 5, fixées aux bois de soutènement.
- Les produits sont chargés en berlines par le scraper, en 6; ils sont évacués par la galerie 7 de roulage des berlines de charbon.
- Le godet étant en bout de taille, sur le flanc des produits abattus, l’ouvrier posté au treuil, débraye le tambour du câble de queue et met en prise celui du câble de tête.
- Sous l’effort de traction des câbles et en raison de son poids et de sa forme, le godet s’enfonce dans le tas; il se remplit et le câble de tête l’entraîne en le faisant glisser le long du mur de la taille, avec son chargement.
- En fin de course, le godet étant débarrassé de sa charge, le mécanicien débraye et freine le tambour de tête, puis remet en prise le tambour du câble de queue, pour ramener le godet au point de chargement.
- On voit ainsi que le scraper remplit, à la fois, le rôle des appareils de chargement et de transport en tailles.
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- Le treuil de commande des tambours a un moteur de 50 ch environ. On le monte sur un truck auto-moteur, et il se déplace sur une des voies de la galerie de desserte des chambres. On le cale pendant le fonctionnement du scraper et les wagonnets sont chargés sur l’autre voie où ils défdent devant le plateau de chargement. La capacité de la benne preneuse ne dépasse guère 500 à 600 1 en France, mais aux États-Unis, elle atteint 1200 à 1500 1. Il faut alors des treuils de 150 ch environ pour l’actionner.
- La course ou chemin parcouru par le racloir est au maximum de 150 à 200 m.
- En général, avec deux racleurs en série animés d’une vitesse moyenne de 50 cm par seconde, un va-et-vient d’une amplitude de 30 m permet de desservir une taille de 60 m.
- Quand il y a suffisamment de charbon dans l’allée, on peut charger aisément une benne de 500 kg à chaque va-et-vient, ce qui représente un débit de 30 t par heure.
- Le raclage mécanique (ûg. 9) permet de supprimer le pelletage du charbon. Il offre encore l’avantage de s’adapter facilement aux irrégularités du mur ou du sol de la galerie, puis de se prêter à un déplacement facile et rapide.
- V. — TRANSPORT DU CHARBON DANS LES GALERIES DE MINES
- Au cours de ces dernières années, il n’y a pas eu de changements importants apportés à l’aménagement du roulage dans les galeries de mines. Cela se conçoit, la distance moyenne du transport ne dépasse guère 1300 à 1400 m, et le tonnage est modéré. Il est peu intéressant, par suite, de recourir à un matériel puissant et coûteux de premier établissement. Le plus souvent, le roulage est effectué par des chevaux dont le travail utile par cheval-jour n’est en moyenne que de 20 t-km. L’emploi des locomotives à essence se développe quelque peu, mais les transports par câbles sans fin sont toujours délaissés.
- Une tendance actuelle consiste à remplacer, pour les petits ti'ansports dans les galeries, le cheval par des locomotives légères, du gabarit d’une berline et pouvant passer partout.
- VI. — ÉCLAIRAGE
- Les méthodes actuelles d’abatage du charbon en longue taille et par des moyens mécaniques ont amené à employer pour l’éclairage des chantiers des moyens plus puissants que les anciennes lampes dont l’intensité lumineuse ne dépassait pas une demi-bougie.
- C’est principalement à l’étranger : Allemagne, Hollande, États-Unis, où les chantiers peuvent être plus spacieux en raison de la plus grande puissance des couches, que l’on a augmenté de 300 pour 100 environ l’éclairage des chantiers. On a constaté qu’il en résultait une augmentation moyenne de rendement égale à 12,5 pour 100, la dépense correspondante représentant 2 pour 100 des salaires payés.
- Par exemple, dans la Ruhr, à la Mine « Constantin der Grosse », dans laquelle 1450 ouvriers sont occupés au fond, le front de taille est éclairé par des lampes de 40 w, placées au-dessus du convoyeur et à 2 m environ de la veine. Les mineurs s’éclairent au front de taille avec des lampes alcalines portatives pendues au toit. L’éclairage puissant, au-dessus du convoyeur, permet de ne charger que du charbon propre et d’en retirer aisément les pierres. Il est rarement mis en défaut.
- VII. — LE REMBLAYAGE APRÈS ABATAGE DU CHARBON
- Le remblayage suit le dépilage ou déhouillage. Comme son nom l’indique, il a pour objet de remplir les vides laissés par l’extraction du charbon, en y accumulant des matières stériles. Le remblayage complète et renforce le soutènement. Il limite aussi les mouvements de terrains.
- Le remblayage permet encore d’accroître la sécurité, de rendre possible l’enlèvement complet du gisement, et d’améliorer considérablement l’aérage en évitant les
- Fig. 6. —• Perforatrice Demag, forant des trous jusqu’à 10 m de profondeur.
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- courts-circuits d’air à travers les éboulements encore peu tassés. La mise en place des terres de remblayage offre une importance primordiale dans les grandes tailles qui fournissent de 500 à 600 t de charbon par jour et dans lesquelles on ne peut pas recourir au remblayage à la main, car il est beaucoup trop lent. On emploie le remblayage hydraulique qui permet de mettre rapidement en place de grandes quantités de remblais.
- En principe, on effectue cette opération au moyen d’un courant d’eau, qui amène jusqu’au chantier, dans des tuyaux, les remblais finement broyés. Ceux-ci doivent être constitués par du sable dont les dimensions peuvent atteindre jusqu’à 80 mm.
- Depuis quelques années, on se sert de machines rem-blayeuses dont le champ d’application s’étend des veines de 70 cm de puissance à celles de 2 m 50. Leur débit n’est limité que par l’alimentation en terres. Elles peuvent facilement donner un rendement de 60 m3 par ouvrier et par jour. Leur débit instantané peut atteindre 1,5 m3 par minute; d’où la possibilité de suivre le dépilage.
- La figure 10, due à l’obligeance de M. Wolf, administrateur-directeur de la Société de Préparation Industrielle des Combustibles (P. I. C.), permet de se rendre compte de la façon dont s’enchaînent les opérations d’abatage, d’évacuation du charbon abattu et de remblayage dans un chantier moderne à longue taille.
- L’abatage se fait dans la havée (A), le chargement dans la havée (B) sur le transporteur (b) (couloirs oscillants ou toile) qui déversent les produits abattus dans les berlines (d) ou, éventuellement, sur un autre appareil de convoyage. Les remblais sont amenés en berlines (e) et culbutés par un culbuteur dans une trémie (/) établie pour desservir le remblayage des havées (CD). On remblaie en une fois deux ou trois havées suivant la tenue du toit. La trémie (A) alimente un transporteur (c), de préférence à toile, qui déverse les produits dans une rem-blayeuse (i) placée à environ 15 m de la partie déjà remblayée.
- Le remblai est énergiquement tassé sous le toit. 11 est très compact de sorte qu’avec un produit s’agglomérant bien (argiles et pierres, par exemple), il se forme un talus d’éboulement presque vertical.
- Depuis 1928, une nouvelle méthode de remblayage tend à recevoir la faveur des exploitants. C’est la méthode de foudroyage dirigé, encore appelée auto-remblayage. Dans cette méthode, le toit de la couche est maintenu par de fortes piles de bois déplacées au fur et à mesure de l’avancement de la taille. En arrière de ces piles de bois, on laisse tomber le toit; au besoin même, on fore quelques mines si le tout ne tombe pas de lui-même. Les éboulis, par leur foisonnement, remblaient le vide et finissent - par soutenir les couches supérieures. Cette méthode, née en Hollande, a été expérimentée dans le Pas-de-Calais, pour la première fois, vers la fin de l’année 1932.
- VIII. — SOUTÈNEMENT DES GALERIES DE MINES
- Le boisage (fig. 11) est le mode de soutènement le plus universellement employé dans les tailles et les galeries.
- Reprise en taille
- Remblayage
- Fig. 7. •— Installations de reprise en taille et remblayage par scrapers. (D’après un document
- de la Société de Préparation Industrielle des Combustibles.) Reprise en taille. — 1, Godet. — 2, Treuil. — 3, Câble tête. — 4, Câble queue. — 5, Poulie de renvoi. — 6, Couloir fixe de chargement. — 7, Galerie de roulage des berlines de charbon 8. Remblayage. — 9, Godet. — 10, Treuil. — 11, Câble tête. — 12, Câble queue. — 13, Poulie de renvoi. — 14, Culbuteur. — 15, Couloir oscillant. — 16, Galerie de roulage des berlines de remblai 17.
- Il représente en bonne moyenne, 10 pour 100 du prix de revient. En général, on consomme 1 m3 de bois par
- Fig. 8. — Schéma de quelques types de racloirs. (Matériel Sullivan.)
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- Fig. 9. — Transporteur à raclettes desservant un chantier houiller à longue taille. (Ph. Demag.)
- 20 t extraites. Equivalemment, on place 3 m 70 d’étançons de dimensions moyennes par tonne de houille produite.
- Il faut compter sur une dépense appréciable pour l’entretien du boisage des galeries ou voies d’exploitation. Ces dernières participent pour 40 pour 100, en moyenne, à la dépense totale du bois. On le conçoit aisément car le bois se détériore rapidement, sous l’influence de la pression et de l’humidité auxquelles il se trouve continuellement exposé.
- Plusieurs charbonnages importants recourent au fer pour l’entretien des voies et galeries de longue durée : voies d’étage et voies de retour d’air. Toutefois, si les terrains sont franchement mauvais, on utilise le béton.
- En particulier, les Mines de Cens, en 1933, avaient 275 km de galeries, soit près des trois quarts de l’ensemble, cadrées métalliquement, suivant le procédé Clément.
- En bref, ce mode de soutènement a permis une économie de 35 000 à 50 000 fr au km de galerie. Il présente le seul inconvénient de nécessiter des investissements fort élevés, approximativement égaux à 100 000 fr par km.
- Dans son principe essentiel, le soutènement Clément se compose d’un cadre en acier doux, formé de fers demi-plats 40 mm X 30 mm, constitué par deux tronçons de 3 m de longueur environ, pesant 30 kg chacun et assemblés suivant le dispositif, dénommé symbolique-
- Fig. 10. — Enchaînement des opérations d'abatage, d’évacuation du charbon et de remblayage dans une longue taille. 1 i) Machine à remblayer; b) Couloir oscillant du charbon; c) Transporteur du remblai; d) Berlines à remplir de charbon; e) Berlines du remblai à culbuter; /) Trémie à remblai; g) Plaque de ripage.
- Charbon
- abattu
- Charbons
- Pendage
- ment « queue de carpe », lequel rend les deux branches du cadre identiques. Ce dispositif ne se déboîte pas facilement de lui-même, mais il permet l’enlèvement des cadres. La forme la plus couramment employée correspond à une voûte plein cintre légèrement surhaussée, raccordée à des piédroits rectilignes qui divergent de 10 à 15 cm. Le périmètre du cadre est de l’ordre de 5 m 80.
- Les cadres se déforment peu à peu sous la pression des terrains. Lorsque la section libre devient insuffisante, on procède au remplacement des cadres, après remise de la galerie à la section voulue. Les fers, remontés au jour, sont redressés et peuvent resservir.
- On s’accorde généralement pour reconnaître que le soutènement métallique s’adapte mieux que le bois à l’exploitation houillère. Il permet de comprimer les prix de revient et il offre cet avantage fort appréciable de donner un débouché supplémentaire à la métallurgie, elle-même grande cliente des charbonnages.
- IX. — LES EXTRACTIONS PAR SKIPS
- Jusqu’à ces dernières années, la remontée du charbon du fond de la mine à la surface du sol se faisait uniquement au moyen de cages contenant les berlines de charbon que chacun connaît. Dans quelques mines allemandes et polonaises, on se sert de skips. C’est une sorte de benne dont la capacité peut atteindre 10 t. On la charge mécaniquement au fond du puits et, quand elle a été remontée au jour à la vitesse moyenne de 10 m par seconde, elle se vidange automatiquement, par le fond, dans une*trémie, d’où le charbon est entraîné par des toiles transporteuses vers les appareils de préparation mécanique : criblage et lavage. Eu égard à leur grande vitesse de déplacement dans les puits, 76 km à l’heure, on donne aux skips une forme aérodynamique.
- La figure 12 représente une installation à deux skips pour l’extraction de la houille dans une mine de la Ruhr.
- Au fond de cette mine, deux bandes transporteuses amènent le charbon à l’envoyage et le déversent sur une bande collectrice qui alimente l’installation g de remplissage des skips. Cette dernière se compose de deux trémies a d’une contenance de 10 t chacune et d’un entonnoir de remplissage avec trappe permettant de diriger le charbon alternativement dans l’une ou l’autre trémie. Dans chaque trémie, se trouve un plancher mobile m, en liaison avec des cylindres à air comprimé, qui descend au fur et à mesure de l’arrivée du charbon, jusqu’à ce que la trémie soit complètement remplie pour le chargement d’un skip. Lorsque le plancher mobile est arrivé en bas de course, l’encaisseur manœuvre la trappe n du distributeur et dirige ainsi le charbon dans l’autre trémie. En marche normale, le skip s’arrête, peu de temps après, devant la trémie remplie et déverrouille ainsi la fermeture de la trémie. L’encaisseur peut alors ouvrir la trappe de la trémie. Une gouttière l se rabat en même temps et établit une communication entre la goulotte de sortie n de la trémie et le skip. Le contenu de la trémie glisse ensuite sans chute libre jusqu’au fond du skip, cette descente s’effectuant également sur des surfaces de glissement. Dès que le skip est rempli, l’encaisseur referme la trappe de la trémie; la gouttière de passage l se relève
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- automatiquement et le plancher mobile m remonte à sa position initiale. L’encaisseur prévient, en même temps, le machiniste à la surface. Le plancher mobile, la fermeture de la trémie et de la gouttière de passage sont actionnés par des cylindres à air comprimé. La commande de tous les mouvements s’effectue d’un poste central à l’aide de trois leviers qui sont verrouillés entre eux de façon à empêcher toute fausse manoeuvre. Un dispositif automatique règle la vitesse de descente du plancher mobile dans la trémie en fonction de l’arrivée du charbon, de sorte que le niveau supérieur du charbon, descendant dans la trémie, reste toujours tout près de la décharge de la bande transporteuse et que la chute libre et, par suite, les bris sont évités.
- Le déchargement des skips s’opère automatiquement à la recette du jour. La trappe de fond des skips s’ouvre et se ferme de la manière habituelle, au moyen de guidages courbes b. Le charbon déversé dans la trémie au jour b, dont la capacité est égale à celle de deux skips et demi, est soutiré en un courant continu sur deux bandes transporteuses c marchant à faible vitesse, qui le déversent sur les bandes à auge allant à l’installation de préparation mécanique.
- X. - MÉTHODES SCIENTIFIQUES ET AMÉLIORATIONS DANS LES MINES
- La concentration des travaux et l’introduction de la notion de vitesse dans l’art des mines requièrent une organisation représentant une œuvre de longue haleine. Elle embrasse généralement des années et, le plus souvent, des lustres.
- En tout état de cause, plusieurs compagnies minières françaises ont donné une structure spéciale au service de leur exploitation souterraine. Celui-ci comprend essentiellement le bureau des études du fond, d’une part, et d’autre part, la section des essais et améliorations.
- Le bureau des études du fond dépend de l’ingénieur principal du fond. Il centralise toutes les études concernant les travaux souterrains, dresse les programmes de longue durée, contrôle également l’avancement de tous les gros travaux de recherches et de préparations, en faisant un usage régulier des graphiques circulaires.
- La section des essais et améliorations dépend de l’ingénieur en chef. Ce nouvel organisme est composé essentiellement d’ingénieurs, assez jeunes pour avoir beaucoup d’allant, beaucoup d’ambition de mieux faire, désirant trouver du nouveau, ayant à la fois de l’imagination et du bon sens. C’est encore un organisme soumis au chef de l’exploitation travaillant en liaison avec les ingénieurs du fond, en collaboration étroite avec eux, et sans être soumis aux mêmes préoccupations journalières immédiates.
- CONCLUSIONS
- Au cours de ces dernières années l’industrie houillère, spécialement celle de la France, a fait l’objet de progrès considérables. Ils concernent particulièrement l’emploi d’un machinisme maniable et robuste et la résolution de problèmes délicats d’organisation. Autre caractéris-
- Queues
- Chapeau
- Etais
- Fig. 11. — Soutènement d’une galerie de mine.
- tique encore, l’emploi de plus en plus développé d’aciers spéciaux dans l’exploitation minière.
- La houillère et la métallurgie sont ainsi appelées à conjuguer de plus en plus leurs efforts.
- Ch. Berthelot,
- Ingénieur-conseil.
- Fig. 12. — Installation à deux skips pour l'extraction de la houille au puits « Grimberg III » (Ruhr). (Schéma Demag.)
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- 452 = L’OCÉANOGRAPHIE EN INDOCHINE
- Fig. 1. •— L’Institut océanographique d’Indochine, à Cauda.
- C’est en 1922 que l’Institut océanographique d’Indochine a été installé, et les laboratoires ont été construits sur le promontoire de Chutt et dans l’anse corallienne de Cauda, à 6 km au sud de Nha-Trang, chef-lieu de la province de Khank-Hoa, sur la côte du Sud-Annam.
- Cet endroit a été choisi parce qu’il présente un maximum de commodités pour la réalisation des travaux qui se poursuivent à Cauda, mais aussi parce que le semis d’îles, les détroits, les estuaires et les multiples petites baies coralliennes qui peuplent ces parages donnent un
- Fig. 2. •— Le chalutier-laboratoire De Lanessan, affecté aux campagnes océanographiques de VIndochine.
- (Collection du Laboratoire des pêches coloniales du Muséum.)
- intérêt technique particulier à cette portion du littoral indochinois.
- L’Institut de Cauda est très bien équipé. Les vastes bâtiments réservés aux laboratoires et aux instruments de travail ont été réalisés d’après les conceptions les plus modernes. De même les coquettes habitations construites un peu plus haut et réservées au personnel attaché à l’Institut jouissent d’une situation particulièrement favorable. Dans la période chaude de l’année elles reçoivent alternativement, le jour la brise de nier, et la brise de terre la nuit, profitant ainsi des meilleures conditions de ventilation en été, et d’une réelle fraîcheur en hiver.
- L’Institut possède, pour ses récoltes d’échantillons et ses recherches au large, un bateau-laboratoire, le « De Lanessan », ancien chalutier qui constitue le meilleur type de bâtiment pour les travaux océanographiques dans ces parages. C’est, un navire de 750 t, propulsé par une machine récente de 450 ch et parfaitement organisé pour la destination à laquelle il a été affecté. Le navire comporte l’équipement normal d’un chalutier, en particulier les treuils, funes, panneaux et fdets courants. Par ailleurs, il a été pourvu de tous les engins classiques que l’on rencontre à bord des unités océanographiques : dragues ordinaires, dragues Charcot renforcées pour le travail sur les fonds coralliens, chalut Petersen, fdets à plancton, un grand fdet vertical destiné à travailler avec le secours des puissantes lampes sous-marines du bord, permettant l’étude des fonds par vision directe.
- Le « De Lanessan » comprend également des aménagements spéciaux très étudiés pour le classement sommaire ou le traitement préliminaire des matériaux récoltés.
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- Fig. 3. — L’avant du De Lanessan.
- Toute la cale avant a été affectée à cet usage, ce qui a permis l’aménagement de deux splendides laboratoires. La disposition du premier a été conçue pour les recherches purement scientifiques : très éclairé par un panneau supérieur d’une longueur de 7 m et muni de nombreuses lampes électriques, il comporte une grande table centrale à plateau d’ardoise pour les dissections et les opérations de triage rapide. Le long des parois, cinq emplacements sont réservés aux travailleurs, qui disposent d’une grande table à tiroirs et à casiers fixes, et qui peuvent travailler au microscope. Au-dessus des tables, toutes les parois sont tapissées de casiers à bocaux, ou ceux-ci peuvent être placés à demeure et où ils ne risquent pas de souffrir des coups de tangage et de roulis. Entre les tables, des avancées supportent des aquariums à1 eau courante, de modèles divers, et tout a été disposé dans cette chambre pour que les recherches puissent se poursuivre avec le maximum de commodités.
- Un deuxième laboratoire est consacré à bord du « De Lanessan » aux recherches sur le traitement industriel du poisson. Il comporte un appareillage technique très complet tel que machine à farine de poisson, essoreuse centrifuge, autoclave à vapeur, machine frigorifique, et pour les campagnes particulièrement importantes, tout le personnel du laboratoire de Cauda peut être logé sur le « De Lanessan ».
- L’activité du chalutier-laboratoire s’étend chaque année sur les 2500 km de côtes indochinoises, de la frontière de Chine à celle du Siam, et au large de ces côtes. Les recherches qu’ilpour-suit sur l’hydrologie, la faune sous-marine, la pêche, les fonds et l’utilisation industrielle des produits de la mer et des eaux douces permettent de penser que nos eaux indochinoises compteront bientôt parmi les mieux connues de toute l’Asie tropicale. Parmi les résultats particulièrement intéressants obtenus au cours des campagnes, il y a lieu de noter tout spécialement le rapport qu’il a été possible d’observer entre le cycle marégraphique de 18 ans 2/3, connu depuis longtemps, et la structure du squelette de certains êtres littoraux. Le cycle marégraphique de 18 ans 2/3, lié au phénomène de la rétrogradation des nœuds de la lune, comporte un maximum au cours duquel les marées atteignent leurs dénivellations extrêmes, et un minimum pendant lequel, au contraire, les oscillations de la mer s’atténuent et tendent à se rapprocher d’un niveau moyen.
- On constate alors que cette dernière période favorise la croissance en hauteur des coraux, tandis que la première l’arrête à un niveau très sensiblement inférieur. La répétition régulière de ces phénomènes se traduit dans l’architecture de la colonie par une série de formations calcaires mortifiées, saillantes, concentriques, distinctes, dont la plus centrale est la plus ancienne. On pense que le même cycle lunaire a une grande influence également sur la modification des lignes des rivages et sur le déplacement des dunes. On voit combien ces découvertes sont impor-
- tantes, et combien elles pourraient avoir d’intérêt dans d’autres domaines scientifiques très divers.
- Yann Rousseau.
- Fig. 4. — Salle de laboratoire à bord du chalutier De Lanessan.
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- 4 .....=. LE BACTÉRIOPHAGE :
- APPLICATIONS THÉRAPEUTIQUES ET PROPHYLACTIQUES DANS LES MALADIES INFECTIEUSES
- Après avoir soutenu quelque temps la controverse concernant la nature du bactériophage, d’Hérelle s’en désintéressa, laissant au temps, non sans raison, comme nous l’avons vu dans notre précédent article (x), le soin de faire prévaloir sa théorie. Il se consacra tout entier à l’étude du comportement du bactériophage dans les maladies infectieuses en vue de découvrir des possibilités d’action thérapeutique et prophylactique.
- L’importance du rôle du bactériophage dans la défense de l’organisme contre une invasion microbienne apparaît le plus nettement au cours d’une maladie infectieuse à marche rapide qui évolue en quelques jours et même parfois en quelques heures. Comme le processus de for-
- aussi évidents. Ainsi, chaque fois que le bactériophage demeure inerte ou que son activité diminue, la maladie se termine rapidement par la mort (fig. 1); par contre, plus le bactériophage s’exalte, plus rapide est la guérison (%2).
- Ce phénomène n’est pas particulier au choléra asiatique ; d’Hérelle l’a observé également dans la dysenterie bacillaire, les fièvres typhoïde et paratyphoïdes, les diarrhées infantiles. Il a trouvé des bactériophages actifs dans les hubons pesteux et plusieurs expérimentateurs en ont rencontré dans du pus de furoncles ou d’anthrax évoluant vers la cicatrisation.
- Le temps utile pour l’intervention du bactériophage
- 1 1 ans
- 7 O ans
- Fig. 1 et 2. — Corrélation entre l’exaltation du bactériophage et l’évolution du choléra asiatique.
- Les chiffres de 1 à 10 correspondant aux cases horizontales représentent les coefficients des degrés de la sévérité des symptômes morbides. Les mômes chiffres reportés à la ligne pointillée indiquent les degrés de l’activité du bactériophage. Les chiffres inscrits en haut des cases
- verticales indiquent les journées de la maladie.
- mation de l’immunité (de quelque manière qu’on la conçoive) dure au moins plusieurs jours, il est évident qu’il n’a pas le temps de jouer.
- Pour montrer le rôle du bactériophage dans ces cas-là, d’Hérelle, au cours d’une mission dans l’Inde britannique, étudia le choléra asiatique. Voici d’abord quelques graphiques choisis parmi de nombreuses observations (fig. 1 et 2). La figure 1 représente quatre cas chez des individus de 14, 45, 40 et 11 ans, aboutissant à la mort en 4, 3 et 2 jours. L’évolution des symptômes morbides est indiquée par la ligne continue, doublée pendant les périodes où l’on trouva des vibrions dans les selles. La ligne pointillée représente les variations d’activité du bactériophage pour le vibrion cholérique.
- Les deux courbes sont nettement inverses. La figure 2 traduit de même l’histoire de quatre autres cas terminés par la guérison. Les rapports entre la gravité des manifestations morbides et l’activité du bactériophage sont 1. La Nature, n° 2999, 15 avril 1937.
- varie selon la gravité de l’infection. Dans le choléra, si le bactériophage ne s’est pas exalté dans les 36 premières heures, la mort est de règle. Par contre, l’exaltation rapide du bactériophage amène la disparition aussi brusque des symptômes morbides. L’exaltation lente du bactériophage amène l’amendement progressif des symptômes morbides. Ses variations causent la fluctuation des symptômes morbides (accès et chutes).
- THÉRAPEUTIQUE
- Le bactériophage est employé de plus en plus par de nombreux praticiens comme moyen thérapeutique contre diverses infections tant locales que générales : dysenterie bacillaire, choléra, fièvres typhoïde et paratyphoïdes, colibacillose, affections dues au staphylocoque telles que les furonculoses et les anthrax graves.
- Dysenterie bacillaire. — Puisque le bactériophage a été décelé comme nous l’avons vu, dans la dysenterie bacillaire, il était naturel d’essayer ses effets curatifs dans
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- cette infection. En 1919, d’Hérelle le tenta sur des enfants atteints de dysenterie grave à bacilles de Shiga, hospitalisés aux Enfants-Malades. L’administration par voie buccale de la culture de bactériophages à la dose de 2 cm3, dilués dans un demi-verre d’eau, lit cesser les selles sanglantes dans les 24 h, avec amélioration de l’état général ; la guérison suivit dans un délai généralement court.
- Mais, de même que l’annonce de la découverte du bactériophage, la publication, par d’Hérelle, de ces résultats ne provoqua guère que des critiques. Divers auteurs proclamèrent qu’entre leurs mains le bactériophage n’avait pas eu plus d’effet que de l’eau pure ! En 1921, Otto et Monter signalent que leurs essais de traitement en Prusse ont totalement échoué et, en 1922, da Costa Cruz, au Brésil, fait la même constatation. En réalité ces échecs étaient dus à l’utilisation de bactériophages de faible activité. Effectivement, dès 1924, da Costa Cruz écrit : « La thérapeutique par le bactériophage étonne tous les médecins par la modification brusque de l’état des malades. Son action surpasse incomparablement celle des autres agents, le sérum compris, car le plus souvent, les symptômes diminuent considérablement en 4 ou 8 b et le malade entre en convalescence après 24 à 48 h ». Et il ajoute que sur plus de 10 000 boîtes d’ampoules de bactériophage distribuées par l’Institut Oswald Cruz de Rio de Janeiro, deux insuccès seulement ont été rapportés. De même, en 1925, Munter a le courage scientifique et la probité de renier ses premières critiques et de déclarer qu’il a obtenu des résultats très intéressants dans le traitement par le bactériophage des dysenteries bacillaires. Actuellement, ce traitement s’est généralisé au Brésil, où les dysenteries sont fréquentes.
- Choléra asiatique. — En 1927, d’Hérelle essaya le traitement du choléra asiatique par le bactériophage. Ses expériences eurent lieu dans des villages du Pendjab (Inde britannique), sur des malades restant dans leurs huttes, sans soins particuliers. Les malades reçurent par voie buccale 5 cm3 d’un « choléraphage ». Aucun tri n’ayant été fait parmi les malades, certains étaient déjà moribonds. Cependant, alors que la mortalité parmi les malades traités par les méthodes usuelles, servant de témoins, était de 62 pour 100 (mortalité habituelle), elle ne fut que de 8 pour 100 en moyenne pour les malades traités par le bactériophage (fig. 3). Tous les malades traités dans les six heures suivant les premiers symptômes guérirent. Actuellement, le bactériophage anticholérique est préparé dans l’Inde britannique par deux laboratoires officiels : l’Institut Edward VII de Shillong et le laboratoire du bactériophage de Patna. Le Dr Asheshov, directeur de ce dernier laboratoire, opérant sur des malades, non plus en traitement dans des huttes de villages, mais à l’hôpital, a réussi à abaisser la mortalité à 2 pour 100.
- Fièvres typhoïde et paratyphoïdes. — La thérapeutique par le bactériophage des fièvres typhoïde et paratyphoïdes se complique de deux faits : on ne connaît pas encore de race de bactériophages agissant à la fois sur toutes les souches de bacilles typhiques; de plus, ces bacilles provoquent en même temps une infection et une
- Fig. 3. — Effet du bactériophage dans le choléra asiatique.
- A, bactériophage administré plus de 24 h après les premiers symptômes; B, entre 6 et 24 h; C, dans les six premières heures.
- intoxication. En outre la propagation des bacilles dans l’organisme peut être extrêmement étendue; elle ne se limite parfois ni à l’appareil digestif, ni à la circulation sanguine, mais elle gagne jusqu’à la moelle osseuse et même le cerveau. L’infection typhoïdique est ainsi souvent une septicémie grave contre laquelle une administration de bactériophage par voie buccale reste évidemment inefficace. Il faut y ajouter l’injection intraveineuse, mais alors un milieu peptoné ne doit jamais être utilisé, et même un bactériophage cultivé en milieu non peptoné, dilué très fortement d’eau salée isotonique et injecté très lentement (en l’espace d’une demi-heure au moins), provoque le plus souvent de violentes réactions.
- Cependant, la statistique de Ch. Mikeladzé, professeur à la Faculté de Médecine de Tiflis (Géorgie, IJ. R. S. S.), indique l’efficacité du traitement par voie buccale (fig. 4). On remarquera le nombre relativement élevé de récidives dans les cas traités par le bactériophage, ce qui indique que ce dernier agit directement sur le microbe pathogène et le détruit, mais qu’il ne possède pas de pouvoir vaccinant, comme certains anticorps, dont l’élaboration demande un temps assez long.
- Pour avoir une culture efficace contre diverses races de bacilles typhiques, on prépare un stock-bactériophage
- Fig. 4. — Traitement des fièvres typhoïdes.
- A. Par les méthodes usuelles; B. Par le bactériophage (voie buccale). (D’après la statistique de Mikeladzé.)
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- Fig. 5 et 6. — Anthrax diffus de la lèvre inférieure. (Photographies prises avant et après traitement par le bactériophage.)
- en mélangeant un certain nombre de races. En Italie, un laboratoire de Rome prépare ainsi le stock-bactériophage et l’expédie dans les localités où une épidémie se déclare; si des insuccès répétés sont signalés, le laboratoire envoie sur place un bactériologiste qui prélève des échantillons de selles de convalescents d’où l’on isole une nouvelle race de bactériophage qui est ajoutée au stock. D’après les publications d’Alessandrini, cette méthode a donné d’excellents résultats et le nombre des insuccès est de plus en plus réduit.
- Affections urinaires causées par le bacille coli. —
- Bien que, comme pour le bacille typhique, on ne connaisse pas encore de race qui agisse sur toutes les souches de B. coli, le traitement des affections urinaires à bacille coli
- par le bactériophage est entré dans la pratique courante de nombreux pays.
- Dans les cas de cystite aiguë, la guérison rapide est de règle, mais on note un pourcentage assez élevé d’insuccès dans les cas chroniques de pyélites et de pyélonéphrites. D’après ses expériences, d’Hérelle attribue ces insuccès soit à la présence d’un foyer prostatique où le bactériophage n’a pas accès, soit à la présence du sérum antibactériophage chez les malades atteints d’affections chroniques.
- Peste bubonique. — En 1925, d’Iiérelle a eu l’occasion de soigner des pesteux en Égypte. En injectant dans le bubon 1 cm3 d’une culture d’une race de bactériophage isolée en Indochine quatre ans auparavant, à quatre malades atteints d’une forme grave de peste bubonique, il a obtenu quatre guérisons rapides. L’injection à des cobayes, de sérosité prélevée dans les bubons en voie de résorption deux ou trois jours après le traitement, démontra que tous les bacilles pesteux avaient été détruits. Après avoir essayé le même procédé, en 1929, à Dakar, Couvy écrivit : « Cette méthode a été réservée aux cas d’une extrême gravité, soit chez des moribonds après échec d’un traitement par le sérum, soit d’emblée, seule ou associée au sérum, chez les malades dont l’état paraissait désespéré ». Sur 21 malades, tous très graves, profondément infectés, délirants, pour lesquels le pronostic semblait fatal à brève échéance, il a enregistré 15 guérisons, soit une proportion plus élevée que chez les malades de gravité moyenne, traités par le seul sérum.
- Ces résultats doivent encourager l’application du bactériophage dans le traitement de la peste bubonique.
- Affections à staphylocoque. — Les critiques adressées à d’Hérelle — injustes, comme le temps l’a montré — retardèrent l’application thérapeutique du puissant bactéricide qu’est le bactériophage, et surtout en France, où était cependant née cette merveilleuse découverte. Cependant, c’est en France que le rôle extrêmement important du bactériophage dans les affections à staphylocoque a été brillamment établi. Le mérite de cette constatation revient au dévouement scientifique du DrA. Raiga, ex-chef de clinique de la Salpêtrière, et- au large esprit scientifique du professeur A. Gosset, ce grand maître de la chirurgie, qui autorisa le Dr A. Raiga à poursuivre les essais dans son service.
- Le nombre de cas traités par le Dr Raiga, qui s’élève à près de 4000, inspire une confiance suffisante quant aux résultats acquis.
- Nous ne nous étendrons pas sur les affections staphylococciques, qu’on trouvera exposées par nous dans le n° 2982 de La Nature. Disons simplement, sans aucune exagération, que des guérisons miraculeuses ont été obtenues, grâce à l’application du bactériophage dans les affec-
- Fig. 7 et 8. — Anthrax diffus du seuil narinaire traité par le bactériophage.
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- tions staphylococciques graves, telles que les furonculoses et les anthrax de la face, qui se terminent si souvent par la mort. Les photographies de malades traités par le Dr Raiga à la Salpêtrière, obligeamment communiquées par le professeur A. Gosset (ûg. 5 à 12), le prouvent mieux que des mots.
- Si l’anatoxine du Dr G. Ramon, dont nous avons parlé dans le n° 2982, est efficace contre les affections staphylococciques, son application comme l’indique le Dr Ramon lui-même, exige une grande prudence chez les cardiaques, les allergiques, les sujets à passé pathologique chargé, ainsi que chez ceux dont l’affection staphylococcique est chronique depuis fort longtemps.
- Il faut alors appliquer l’anatoxine très lentement et il est même recommandé de commencer par diminuer l’hyperglycémie. Malheureusement le microbe n’attend pas et dans un cas de staphylococcie aiguë, le malade peut être emporté par la septicémie avant d’être préparé à recevoir l’anatoxine. L’application du bactériophage ne demande pas tant de précautions et son action est beaucoup plus rapide.
- Cependant, parfois, le sérum du malade est anti-staphylobactériophage, comme nous l’avons indiqué dans notre précédent article, ce qui provoque l’inhibition du bactériophage injecté et conduit à un échec. D’ailleurs il n’existe aucun remède absolument infaillible et universel et le bactériophage, tout en étant un moyen thérapeutique très puissant et très constant, ne fait pas exception à cette règle.
- PROPHYLAXIE
- Lorsqu’une épidémie de choléra apparaît dans une agglomération, elle commence par quelques cas isolés presque toujours mortels.
- Puis, par suite de la dissémination des germes, les cas deviennent plus fréquents. En même temps le nombre des guérisons devient de plus en plus grand et enfin l’épidémie cesse.
- Les recherches effectuées par d’Hérelle lors de diverses épidémies de choléra aux Indes lui ont montré que les bactériophages adaptés à la destruction du vibrion cholérique se dispersent dans le milieu comme les vibrions.
- L’épidémie s’éteint lorsque tous les habitants de l’agglomération hébergent dans leurs intestins ces bactériophages exaltés, provenant originairement des convalescents. A la fin de l’épidémie on ne trouve plus dans le milieu que des vibrions atypiques, porteurs de bactériophages.
- Cette constatation incita d’Hérelle à utiliser le bactériophage pour la prophylaxie collective. Dans le but d’activer la diffusion des corpuscules bactériophages, il versa dans chacun des puits des villages infectés, dès le premier ou le deuxième jour de l’épidémie, une cinquantaine de cm3 d’un bactériophage puissant vis-à-vis du vibrion cholérique. Dans chaque cas, l’épidémie cessa brusquement après 24 à 48 h. Les mêmes résultats furent obtenus par Asheshov, Morison et d’autres : dans aucun
- des villages où les puits ont été « bactériophagés », l’épidémie n’a duré plus de deux jours, tandis que dans les villages non traités qui servaient de témoins, la durée moyenne des épidémies a été de 26 jours.
- *
- * *
- Près de vingt ans se sont écoulés depuis la découverte du bactériophage par d’Hérelle, durant lesquels cette découverte, qui est considérée actuellement par de nom-
- breux maîtres de la science comme la plus belle conquête de la bactériologie depuis Pasteur, a suscité beaucoup de critiques et peu d’encouragements. La thérapeutique par le bactériophage n’en est donc qu’à ses débuts; elle est certainement perfectible et il y a tout lieu d’espéret que ce puissant bactéricide aura sa place au premier rang parmi les remèdes efficaces contre diverses maladies infectieuses.
- Fig. 9 à 12. — Anthrax diffus de la lèvre supérieure, compliqué de double ostéomyélite et de septicémie. Ce cas, particulièrement grave, fut guéri par le bactériophage, comme le montrent les deux dernières photographies.
- W. N. Kazeeff.
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- LE PROJET D’HYDROAÉROPORT = INTERCONTINENTAL “ PARIS-VERSAILLES
- Dix ans après le célèbre raid transatlantique New-York-Paris exécuté par Lindberg, les techniciens étudient la réalisation d’une ligne aérienne régulière franchissant, dans de bonnes conditions économiciues, l’Atlantique Nord.
- Actuellement, les compagnies anglaises, allemandes et américaines possèdent un matériel permettant des voyages d’essai. Les hydravions bimoteurs Dornier Do-18, totalisant 1200 ch et fonctionnant à l’huile lourde, ont accompli une série de voyages par la voie des Açores ;
- mais qui se séparera aisément, à une certaine altitude, pour continuer son vol à grande vitesse.
- La France, il faut bien le dire, ne peut opposer à ses concurrents aucun appareil équivalent. En ce qui concerne l’infrastructure, une erreur regrettable a été d’abandonner le monopole d’atterrissage aux Açores, que le Portugal nous conservait moyennant une faible redevance annuelle.
- Deux atouts de première importance nous restent : la position géographique de notre pays, situé au « point d’impact » naturel des appareils lancés par les Etats-Unis
- Fig. 1. —• L’arrivée aérienne' à Paris par l’hydroaéroport Paris-Versailles, au-dessus du parc et du château.
- (Photo Cle Aérienne Française.)
- ce sont des monoplans à coque, pesant 10 t et possédant un rayon d’action de 4450 km à près de 200 km à l’heure.
- Aux Etats-Unis, des quadrimoteurs Glenn Martin et Sikorsky ont été établis pour la ligne transpacifique San Francisco-Manille-Hong-Kong, et d’autres modèles sont en chantier. Les Anglais préparent des machines très différentes, dont la comparaison sera fort instructive : de grands hydravions à coque et de petits multimoteurs rapides à roues. Et n’oublions pas la curieuse machine volante double, système Mayo, dénommée « composite aircraft »; elle est formée d’un grand monoplan à flotteurs supportant un appareil analogue, très chargé au ma et qui serait incapable de décoller par ses propres moyens
- vers l’Europe (fig. 2) et la très grosse avance commerciale de Paris, qui est actuellement une des principales « plaques tournantes » aériennes de l’Europe.
- Or, s’il est un point hors de conteste, c’est que les passagers et le fret transatlantiques doivent atterrir à pied d’œuvre, au centre même de la « pieuvre » des lignes aériennes qui divergent sur le Vieux Continent. Recevoir les « Transatlantiques » sur un plan d’eau ménagé à Cherbourg ou à Brest serait une hérésie commerciale, car il est bien certain que les transbordements, par le temps perdu et le désagrément, suffiraient à écarter une grande partie de la clientèle. Le prestige de notre capitale reste d’autre part très grand auprès des voyageurs
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- d’Outre-Atlantique, qui seront tentés de lui donner la préférence, même se rendant dans un autre pays, à titre d’escale.
- PROJET ITALIEN
- Paris, malheureusement, n’est nullement équipé actuellement pour servir de terminus à une grande ligne aérienne transatlantique. Nous ne souillerons sur aucune illusion en rappelant que le Bourget est un aérodrome étriqué, flanqué de bâtiments mal implantés et où manque cet élément de sécurité indispensable : des pistes d’envol suffisamment longues pour qu’un appareil ayant manqué son décollage puisse reprendre contact avec le sol.
- La création d’une base aéronautique nouvelle devient donc une nécessité, même en se limitant au trafic européen. On sait du reste que les Allemands ont consacré une somme de 60 millions de marks à un nouvel aérodrome destiné à remplacer celui de Tempelhof.
- En ce qui concerne le trafic transatlantique, le problème « aéroportuaire » est double : il faut pouvoir recevoir indifféremment les appareils à roues et les hydravions, c’est-à-dire posséder simultanément un plan d'eau et un
- Fig. 3. — Emplacement du futur hydroaéroport intercontinental, sur le plateau de Trappes. (D’après le Génie Civil.)
- jeu de pistes orientées, suivant les formules classiques, dans l’axe des differents vents dominants.
- Nous dirons quelques mots du projet italien, l’hydro-aéroport de Roma-Magliana, qui offre cette particularité que le terrain disponible a permis de dessiner le projet à peu près comme une épure théorique (flg. 5 et 6).
- Notons d’abord que les Italiens possèdent déjà au Lido d’Ostie un vaste plan d’eau qu’il pouvait être tentant d’aménager économiquement en vue du nouveau service. Le gouvernement italien a préféré tailler largement en établissant un hydroaéroport entièrement nouveau, plus rapproché de Rome et à proximité de l’emplacement de l’Exposition prévue pour 1941 :
- Juxtaposer étroitement un aéroport terrestre et un plan d’eau, répondant tous deux à toutes les directions d’envol et d’atterrissage possibles, conduit à une figure curieuse et parfaitement déterminée.
- Considérons d’abord le plan terrestre, et pour nous borner à un nombre limité de pistes cimentées, proposons-nous le chiffre six qui est largement suffisant (30° d’écart angulaire d’une piste à l’autre). La disposition la plus économique, au point de vue des achats de terrains,
- Londres
- -An ve/s
- Cologne
- Le Hmsre
- 'Route des tnansatlantiqi
- Genève,
- Bordeaux
- Biscarosse
- Routes intercontinentales Routes continentales......
- Fig. 2. — Les quatre tracés possibles pour une grande ligne aéro-transatlantique viennent tout naturellement aboutir à Paris. La route « orthodromique » est celle du grand cercle terrestre New-York-Paris.
- consiste à disposer trois de ces pistes en triangle équilatéral et les trois autres suivant les bissectrices, celles-ci dépassant du côté des sommets de façon à posséder la même longueur que les côtés (flg. 4).
- Le terrain indispensable sera donc représenté par le triangle curviligne tracé en hachures sur la figure.
- Pour le plan d’eau, la question du prix d’aménagement au m2 utile ne se présente pas de même; de plus, les lignes d’amérissage ne peuvent être rendues apparentes à la surface de l’eau comme sur un terrain solide. Il est donc judicieux de prévoir une forme qui offre aux avions un parcours d’envol et d’amérissage de même longueur
- Fig. 4. — Schéma théorique d’un hydroaéroport à six directions d’envol. L’aéroport terrestre comporte six pistes de 2000 à 3000 m, formant un triangle équilatéral avec ses bissectrices prolongées; le plan d’eau est circulaire et s’encastre dans le rentrant de l’une des faces du
- terrain.
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- Fig. 5. — Entre Rome et Ostie, les Italiens préparent un très grand aéroport mixte, Rome-La Magliana. (D’après Les Ailes.)
- dans toutes les directions, autrement dit un cercle.
- Ce cercle viendra tout naturellement s’emboîter dans l’une des faces curvilignes du triangle formé par le terrain (fig. 4)... et nous sommes ainsi amenés très exactement à la forme caractéristique de La Magliana (fig. 6) à ceci près que des circonstances locales ont néanmoins conduit à donner au plan d’eau un contour légèrement elliptique.
- CONDITIONS A RÉALISER
- Revenons en France.
- La commission des Transports aériens de T Aéro-Club, qui se préoccupait depuis longtemps du problème, s’est livrée à une étude extrêmement complète, secondée par les meilleurs spécialistes de l’« infrastructure » aéronau-
- Fig. 7. — Carte des brumes de la région parisienne.
- Les teintes plus ou moins foncées indiquent la fréquence et l’épaisseur des brumes.
- tique. Des projets ont été mis au concours et examinés en se plaçant successivement aux points de vue suivants :
- Climatologique : il convient d’éviter, pour le futur hydroaéroport, un emplacement dans des régions fréquemment embrumées.
- Aéronautique : l’emplacement doit permettre l’installation des pistes et du plan d’eau avec un développement suffisant. Technique et plus spécialement hydraulique : l’établissement et le maintien de la nappe d’eau devant être possibles sans dépenses excessives; enfin urbanistique : l’aéroport mixte devant se trouver autant que possible dans un site agréable, relié avec le centre de Paris par des voies rapides... et plus décoratives que les banlieues industrielles que traverse la route du Bourget!
- Le projet doit, d’autre part, être économique et notamment ne pas exiger d’expropriations trop coûteuses ni de terrassements excessifs.
- Sur les sept projets présentés, cinq ont été éliminés pour des raisons diverses et finalement celui de M. Urbain Cassan, architecte et ingénieur, a été classé premier. Nous le décrirons rapidement (1).
- CARTE DES BRUMES
- L’Office national météorologique a fait construire sur le haut plateau de Trappes, près de Saint-Cyr et précisément par les soins de M.
- Cassan, un observatoire
- météorologique. L’emplacement était du reste historique : c’est là que s’élevait le laboratoire de Teisserenc de Bort, père de la météorologie moderne.
- Cette coïncidence s’explique par le régime des brumes de la région de Paris, qui sont réduites au minimum sur le plateau de Trappes. Teisserenc de Bort, en dehors des mesures classiques basées sur le baromètre, le thermomètre, l’hygromètre, avait fondé sa méthode sur l’observation des nuages et des ballons-sondes, ce qui exigeait une visibilité parfaite.
- Or, si l’on établit une « carte des brumes » pour Paris et ses environs, on trouve les zones suivantes (fig. 7) : une première zone, grossièrement circulaire, qui est celle des brumes épaisses et fréquentes, des brouillards persis-
- 1. Outre la documentation qu’a bien voulu nous communiquer M. Cassan, nous avons fait des emprunts au Génie Civil (7 novembre 1936) et à l’excellent numéro spécial de Y Architecture d’Aujourd’hui (septembre 1936). Voir aussi, pour la Magliana, Les Ailes du 25 février 1937.
- Fig. 6. — Plan schématique de La Magliana. (D’après Les Ailes.)
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- tants aggravés par les fumées industrielles, englobe Paris, Nogent-sur-Marne, Saint-Cloud et, fâcheux hasard, Le Bourget.
- Une seconde zone, encore très chargée, est formée par la vallée élargie de la Seine et de la Marne en y comprenant tous leurs méandres; puis vient une zone peu embrumée qui s’étend au delà sans limites précises et qui englobe notamment Limours et Chevreuse. Mais dans cette zone émergent, comme deux caps météorologiques, des « zones claires » formées par la haute vallée de l’Essonnes et le
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- Soit une moyenne annuelle de 39 jours de brouillard pour Le Bourget contre 12 pour Villepreux.
- ÉTABLISSEMENT DU PLAN D’EAU
- Sur ce plateau de Trappes, à 2200 m au sud de Ville-preux et en bordure de la route nationale 12, existe une petite nappe d’eau bien connue des touristes et nommée étang de Saint-Quentin.
- Cet étang, long de 2 km et large de 500 m, a été créé par Vauban, pour l’alimentation de Versailles, au moyen
- BOIS! D'A R!
- INSTALLATIONS AVIONS
- LÉGENDE
- Fig. 8. — Plan général de Vhydroaéroport de Trappes et de ses environs, communiqué par M. Cassan.
- Les longueurs des branches de la rose des vents sont proportionnelles à la fréquence des vents pour la direction indiquée.
- plateau de Trappes, qui englobe Saint-Cyr, Versailles et Villepreux.
- D’après les Annales des Services techniques du département de la Seine, les fréquences des brouillards ont été
- les suivantes : D’octobre à mars : Lieu Légers Moyens Epais- Total
- Le Bourget .... 219 39 16 274
- Villepreux 60 28 5 93
- D’avril à septembre Le Bourget .... 38 2 0 40
- Villepreux 3 2 0 5
- d’une digue mi-partie terre et maçonnerie, encore en parfait état. La bonne tenue de l’étang atteste la qualité du sous-sol. où les sondages révèlent d’ailleurs une épaisseur de glaise imperméable uniformément égale à 11 m.
- La disposition du terrain, quasi horizontale et présentant des cuvettes naturelles, permet d’étendre sans grands frais le plan d’eau actuel dans la direction de l’ouest et de le doubler en retour par un bassin semblable avec épanouissement au confluent en équerre des deux bassins (fig. 8).
- Pour une superficie totale de 4200000 m2, soit 4,2 km2 ou 420 ha, et une profondeur de 6 m, le volume des terres
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- PLATE-FORME TERRESTRE
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- Fig. 9. •— Dispositif d’accès abrité avec tourelle-ascenseur de hauteur variable, dégageant totalement l’aire d’embarquement.
- Les voyageurs arrivent par un couloir souterrain, prennent l’ascenseur et accèdent directement dans le fuselage par une passerelle qui peut se trouver amenée plus ou moins haut suivant les dimensions de l’avion. (Cassan et Roux-Combaluzier.)
- à remuer n’excède pas 7 millions de m3. En terrain plat, compte tenu du terrassement des digues, il faudrait déplacer 12 à 15 millions de m3.
- Ce tracé en équerre diffère assurément du plan circulaire-type adopté pour La Magliana, mais la nappe est beaucoup plus vaste. On peut en effet y placer quatre lianes d’envol différentes, mesurant : l’une 3800 m dans la direction ouest, les deux autres 3000 m dans les directions nord-ouest et sud-sud-ouest. La dimension minima est celle du sud-ouest franc qui mesure environ 2000 m. Ce sont là des conditions très satisfaisantes pour un grand hydroaéroport.
- Du point de vue juridique, les circonstances sont également favorables : le terrain appartient en grande partie à l’État et il est complètement libre, à part quelques bâtiments peu importants et une ligne à haute tension, dont la mise en souterrain est prévue.
- Au nord et au voisinage immédiat de l’étang de Saint-Quentin s’étend une zone plate, légèrement inclinée vers l’eau, qui se prête parfaitement à l’établissement d’un aérodrome terrestre en forme de triangle rectangle, avec quatre pistes longues de 2000 m à 2500 m, exactement parallèles aux lignes d’envol indiquées pour le plan d’eau (fig. 8).
- La disposition du terrain, avec pente faible et régulière, se prête particulièrement aux opérations d’assèchement et de consolidation par drainage.
- LIAISONS AVEC PARIS
- A ces avantages météorologiques, techniques et économiques appréciables, il convient d’ajouter l’extrême facilité des communications avec la capitale (fig. 3 et 10).
- Tout d’abord, l’emplacement choisi se trouve en bordure de la route n° 12, de Rambouillet, qui est l’une des artères les plus fréquentées et les plus modernes de la région parisienne.
- D’autre part, la future « Autostrade de VOuest », actuellement en construction, semble avoir été conçue tout exprès pour desservir l’hydroaéroport. Rappelons que cette autostrade part de la place d’Armes de Saint-Cloud, passe sous la ville de Saint-Cloud en souterrain et va se bifurquer à Roquencourt. De là, elle envoie un rameau vers Marly et l’autre exactement aux « Quatre pavés du Roi », en longeant la digue de l’étang de Saint-Quentin, limite du plan d’eau.
- Enfin la voie ferrée de Paris au Mans, qui doit être prochainement parcourue par des automotrices filant à 150 km à l’heure, passe à 200 m du terrain, auquel il sera facile de la raccorder. Cette ligne dessert Saint-Lazare, Montparnasse et les Invalides.
- Par cette ligne électrifiée, la durée du trajet sera de 10 mn jusqu’aux Invalides et de 15 mn jusqu’à la gare du Bois-de-Boulogne.
- BEAUTÉ DU cc PARIS-VERSAILLES »
- La splendeur du premier contact avec la terre de France est un élément sentimental et commercial dont il importe de tenir compte.
- Ici encore, les plus exigeants seront satisfaits. L’arrivée se fera au-dessus du château et du parc de Versailles, au-dessus de la partie la plus boisée et la moins industrielle de la région parisienne (fig. 1).
- Par une autostrade uniquement réservée aux voitures rapides, les voyageurs étrangers gagneront en quelques minutes le pont de Saint-Cloud (seul point « congestif » du tracé), puis le Bois de Boulogne, l’avenue Foch et l’Étoile, par une véritable voie triomphale; ceux qui préféreront prendre l’automotrice électrique, fonctionnant en métro direct, arriveront sur l’esplanade des Invalides, au quai d’Orsay, mot symbolique qui pour toutes les puissances mondiales représente politiquement la France.
- Fig. 10. — Liaisons directes avec Paris par la future autostrade (trait gris) et par le rail électrique (trait blanc et noir).
- PARIS
- PORT AÉRIEN INTERCONTINENTAL
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- PAR ROUTES NATIONALES ( == )
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- REMPLISSAGE DU BASSIN
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- Fig. 11. — Lue intérieure de la « machine » actuelle de Marty, installée en travers de la Seine au point où sérail puisée l’eau nécessaire au plan d'eau de Trappes.
- Cette machine qui alimente la région de Versailles, a succédé à la machine créée par Louis XIV; elle comporte six roues, dont cinq sont ici en rotation, entraînant chacune quatre pompes horizontales. Le diamètre de chaque roue est de 12 m et
- sa largeur de 4 m 50.
- Dans les parties réservées à l’aecostage des hydravions, les murs de quai seraient verticaux, exécutés en voile de béton suffisamment robuste pour supporter la poussée des terres en cas de vidange des bassins.
- Les digues périphériques seraient aménagées, suivant la formule économique classique, en perrés maçonnés, inclinés sensiblement suivant l’angle de talus naturel des terres. Toutefois, la ligne périphérique supérieure des bassins serait aménagée en brise-lames avec une courbe de renversement destinée à empêcher la réflexion des houles produite lors des envols et des amérissages.
- En ce qui concerne Y en tretien du niveau et compte tenu de l’imperméabilité du sol, il est probable que les eaux de ruissellement suffiraient largement à compenser l’évaporation.
- Les chutes de pluie annuelles sur le plateau sont d’environ 600 mm.
- Outre les chutes d’eau directes sur ses 420 ha, le plan d’eau recevrait les eaux de drainage de 350 ha, plus environ 1/3 récupérable sur les eaux de ruissellement reçues sur les terrains nord, au-dessus de la cote 168. Le plan d’eau lui-même serait fixé à la cote 167.
- Reste la question du premier emplissage.
- Trois solutions peuvent être envisagées : le puits artésien, toujours possible dans la région parisienne à cause de sa constitution géologique « en coupes emboîtées », mais qui exigerait un relevage mécanique de 80 m; des forages poussés jusqu’à une couche de craie blanche à bélemnites, située à la cote zéro et où existe une nappe aquifère abondante qui alimente toute la région de Versailles; enfin la solution adoptée par Louis XIV : puiser l’eau dans la Seine, à Marly, et la refouler au moyen de pompes. Cette dernière est de beaucoup la plus simple (fig. 11, 12 et 13).
- La canalisation, constituée par deux conduites de 600 mm en acier soudé, légèrement enterrées, suivrait sensiblement le tracé de la conduite ancienne jusqu’aux réservoirs de Marly, soit sur environ 1800 m. Elle traverserait ensuite le bois de Marly jusqu’à Roquencourt puis suivrait simplement le bas-côté de l’autostrade. Cet itinéraire emprunte sur 1800 m les voies de la commune de Louveciennes et sur 10 km 500 le sol du domaine public en des espaces entièrement libres.
- Avec un débit de 1 m3 par seconde, qui n’a rien d’excessif, le plan d’eau pourrait être établi en 324 jours. Ultérieurement, la nouvelle canalisation fournirait un utile appoint pour les bassins de Versailles et pour les bassins de Marly, actuellement en cours de restauration.
- USINE HYDROÉLECTRIQUE DE POINTE
- Une très intéressante utilisation accessoire du plan d’eau de Trappes mérite d’être examinée.
- On sait que les nécessités de l’équipement électrique de la région parisienne ont conduit les compagnies distributrices à un développement très considérable des usines
- thermiques au voisinage de la capitale. A l’inverse des usines hydroélectriques, qui peuvent arrêter leur production en laissant l’eau s’accumuler dans leur réservoir, ces usines à charbon ne possèdent aucun « volant de puissance ». Autrement dit, il leur faut mettre en pression, à l’heure de la consommation maxima, un nombre imposant de chaudières, qu’il faudra ensuite laisser éteindre ou du moins tomber en pression. De là une perte quotidienne énorme de calories et une mauvaise utilisation globale du capital investi dans les installations : c’est le trop classique problème de la « pointe ».
- L’interconnexion, aujourd’hui réalisée, avec les usines hydroélectriques du Centre et de l’Est est venue diminuer l’acuité du problème mais non le résoudre. La vraie solution consisterait à établir, très près de la région de Paris, une importante usine de pompage : aux heures creuses,
- Fig. 12. — Tracé projeté de la canalisation en acier soudé permettant d’alimenter le plan d’eau de Trappes avec l’eau de la Seine puisée à la machine de Marly.
- Machine deïm Croissy
- Versailles
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- Fig. 13. — Vue de l'une des pompes de la Machine de Marly, embiellée à l’extrémité de l’arbre de la première roue.
- Les roues tournent à trois tours par minute; chaque pompe peut élever 3000 m3 par jour, soit 72 000 m3 par jour pour les 24 pompes. La machine mettrait un peu plus d’un an pour remplir les bassins si on l’utilisait pour le plan d’eau de Trappes.
- l’usine recevrait le courant en excès produit par les centrales et l’utiliserait pour refouler de l’eau dans un réservoir surélevé, tandis qu’à l’instant critique de la pointe, le réservoir se viderait dans des turbines qui restitueraient au réseau — aux multiples rendements près — l’énergie emmagasinée.
- Actuellement, plusieurs projets sont à l’étude pour la réalisation de cette usine de pointe et il est à remarquer que tous ces projets donnent nécessairement naissance à un plan d’eau important. La question se pose donc : peut-on utiliser précisément le futur plan d’eau de l’hydro-aéroport intercontinental de Trappes et ses 140 m de dénivellation avec la Seine pour établir cette usine de pointe (fîg. 14) ?
- Sans entrer dans le détail technique, indiquons qu’une variation de niveau de quelques décimètres, insignifiante au point de vue aéronautique, correspondrait à une accumulation de 250 000 kw-h, actuellement suffisante pour donner un solide coup d’épaule aux centrales au moment critique.
- Les avantages de cette combinaison sont nombreux. L’usine se trouverait très près de Paris, ce qui réduirait la longueur des lignes; les frais d’expropriation et d’établissement technique du bassin de l’usine se trouveraient
- Fig. 14. •— Pour l’établissement d’une « usine hydroélectrique de pointe », avec pompage et récupération, le plan d’eau de Trappes présente, par
- rapport à la Seine, une dénivellation satisfaisante, égale à 140 m.
- Plan d'eau
- _ _12 km_ _
- supprimés. Pour le remplissage initial, Tusine serait capable de débiter 24 m3 par seconde au lieu de 1, ce qui-réduirait la durée du remplissage de 324 jours à 13 et permettrait d’avancer l’ouverture de l’hydroaéroport de près de 10 mois.
- Les deux modestes conduites de 600 mm devraient être remplacées par un tunnel à large débit d’environ 12 km de longueur; il n’y a là aucune difficulté comparable à celles qui ont été résolues pour la plupart des grandes usines de montagne.
- 120 MILLIONS
- Les circonstances présentes imposent l’économie; à ce point de vue, le projet Cassan, grâce à la configuration du terrain, à l’existence actuelle des accès et à la combinaison avec une usine de pompage-récupération, permet de réduire les dépenses au minimum.
- La conception d’ensemble de la base aérienne se présente d’autre part, sous des auspices entièrement neufs, tenant compte des desiderata des usagers : voyageurs et équipages.
- C’est l’inverse de la méthode trop souvent suivie en France, qui consiste à choisir comme aérodrome un pré plus ou moins vaste puis à implanter au hasard des bâtiments d’exploitation au fur et à mesure des besoins!
- Financièrement, l’bydro - aéroport intercontinental « Paris-Versailles » nécessiterait une dépense globale de l’ordre de 120 millions... s’il est permis de fixer un prix de travaux dans les circonstances actuelles. C’est à peu près le montant des crédits envisagés pour l’établissement d’un plan d’eau simple, sans aérodrome terrestre adjacent, au Havre.
- Si la combinaison avec usine de pompage est adoptée, la part des dépenses imputables au seul hydroaéroport se trouvera sensiblement diminuée.
- Il est rare qu’un projet aussi vaste et soumis à des exigences aussi variées se présente dans des circonstances aussi favorables. Aussi la commission de T Aéro-Club a-t-elle transmis le projet au ministère de l’Air en émettant le vœu d’une réalisation prochaine; la 5e commission du comité d’aménagement de la Région parisienne a émis un vœu semblable, qui a été appuyé par le représentant du ministère de l’Air; les terrains ont été réservés sur le plateau de Trappes.
- Les travaux, trop lourds pour le budget annuel, pourraient être imputés au programme d’« outillage national » et de lutte contre le chômage.
- ... Sachons voir la grandeur de notre époque. Engager 120 millions, submerger 400 ha, édifier une aérogare colossale pour un service intercontinental transatlantique, alors que nul avion actuel n’est encore capable d’un service régulier au-dessus de l’océan, il faut avouer que c’est la foi qui soulève les montagnes ! Mais nous avons vu chez nous et autour de nous trop de miracles pour douter de celui-là.
- Pierre Devaux.
- Ancien élève de l’École polytechnique.
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- L’AVENIR DE L’INDIUM
- En 1863, F. Reich et T. Richter, cherchant à déceler spec-troscopiquement le thallium dans des échantillons de blende, constatèrent la présence d’une très forte ligne brillante dans l’extrémité violette du spectre. Cette ligne indigo foncé était la caractéristique d’un nouvel élément, dont le spectre complet fut repéré ensuite et auquel on donna le nom d’indium.
- Richter traita alors le minerai pour isoler le nouveau venu et en déterminer les propriétés et en 1867, il put enfin en présenter un échantillon pur à l’Académie des Sciences. C’est un métal mou, cristallisant comme l’aluminium en octaèdres quadratiques, de poids spécifique 7,2, fondant à 176° et dont le poids atomique est 114,8. Il occupe la 49e place dans la classification périodique de Mendéleef. Au point de vue chimique, c’est un métal trivalent que ses propriétés rapprochent du fer.
- Quelques-uns de ses sels ont été préparés et étudiés. Mais la rareté des minerais qui le contiennent et les difficultés d’extraction par suite de leur faible teneur ont fait que jusqu’à ces dernières années, l’indium n’a guère attiré l’attention des savants et dans le remarquable traité de Chimie minérale de Pascal, qui comprend une dizaine de tomes de chacun plusieurs centaines de pages, l’indium et ses composés n’occupent qu’une vingtaine de pages.
- L’indium restera-t-il une curiosité scientifique comme l’ont été au début bien des corps maintenant d’un usage industriel, ou au contraire, ses applications se développant, sa production s’intensifiera-t-elle ? On ne peut encore rien dire à ce sujet et cependant, déjà, en Amérique, une société a été créée, l’Indium Corporation of America qui traite des gisements de l’Arizona et a extrait quelques kilogrammes de métal. Aussi le prix de celui-ci a-t-il baissé dans des proportions considérables : pratiquement introuvable sur le marché en 1924, on pouvait en 1930 s’en procurer quelques grammes à 10 dollars le gramme et en 1936 le prix est tombé à un peu plus de 1 dollar le gramme, un peu en dessous du prix de l’or, et les quantités disponibles sont assez importantes.
- Quelles sont donc les perspectives qui ont incité des industriels à entreprendre l’exploitation des gisements d’indium ? On peut résumer en quelques mots les propriétés saillantes qui ont attiré l’attention sur lui : plus mou que le plomb, l’indium est plus brillant que l’argent et aussi inaltérable que l’or.
- Aussi un premier débouché plein d’avenir semble-t-il être
- constitué par son emploi en bijouterie. Allié avec d’autres métaux, argent, cuivre, or, étain, cadmium, palladium, il donne un métal résistant, inaltérable à l’air et susceptible de prendre un beau poli.
- L’indium peut aussi être utilisé pour recouvrir certaines surfaces par placage. Après l’opération, on chauffe la pièce et l’indium en fondant adhère fortement au métal et on obtienl finalement un objet en doublé très résistant et susceptible de prendre un très beau poli. L’alliage argent-indium a une application remarquable dans la fabrication des miroirs de télescopes dont il augmente la durée et le pouvoir réfléchissant.
- D’autres usages pourront découler de la propriété de l’indium d’avoir un point de fusion très bas. On sait que si on réalise un alliage de deux métaux convenables, en général l’alliage fond à une température inférieure à la plus basse des températures de fusion des deux métaux purs. Si on réalise des mélanges ternaires, quaternaires, de métaux à bas points de fusion (bismuth, plomb, étain, cadmium, etc.), on peut obtenir un alliage fondant à très basse température, aux environs de 100° par exemple; l’alliage Darcet bien connu en est un exemple classique. Or, si on ajoute de l’indium à un tel alliage, on abaisse encore le point de fusion et celui-ci a pu être amené aux environs de 45°, c’est-à-dire très peu au-dessus de la température du corps. Liquéfié, cet alliage peut être mis en contact direct avec la peau et se solidifier sans provoquer de gêne.
- On pourra donc l’utiliser pour prendre des empreintes, des modelages beaucoup plus rapidement qu’avec le plâtre, les moules obtenus servant ultérieurement à préparer des répliques moins coûteuses et ne risquant pas de fondre accidentellement.
- L’alliage à bas point de fusion peut être appliqué au pistolet sur des objets en plâtre ou en bois pour leur donner l’aspect métallique; il peut servir comme fusible dans les appareils détecteurs d’incendie. Etant malléable à la température ordinaire, on pourra l’utiliser en chirurgie pour le traitement des fractures. Quand la réduction est faite, il suffira de placer quelques bouillottes d’eau chaude pour le ramollir et libérer le membre.
- Bien d’autres applications pourront sans doute être envisagées, au fur et à mesure que le prix du métal diminuera et que des quantités de plus en plus importantes seront disponibles dans le commerce, ce qui semble devoir se produire dans un avenir prochain. II. Vigneron.
- LES ACCESSOIRES DU FOYER EN TERRE CUITE
- (CHENETS ET CONTRE-CŒURS)
- Les accessoires du foyer (landiers, contre-cœurs ou foyères) sont généralement, et depuis des siècles, en matières métalliques (fer, fonte ou bronze) mais il n’en a pas toujours été ainsi et lorsqu’on remonte le cours des temps, on s’aperçoit que ces accessoires furent longtemps façonnés en terre cuite réfractaire. Dans diverses régions françaises, notamment dans certains pays du Massif Central, plus spécialement entre la Loire et la Saône, cette tradition a persisté jusqu’à la Révolution.
- Il n’y a pas bien longtemps encore, on ne savait quelle
- attribution donner à quelques simulacres en terre cuite représentant des têtes de bélier paraissant remonter aux époques gauloise ou gallo-romaine.
- C’est l’éminent archéologue Joseph Déchelette (qui devait être tué à l’ennemi pendant la Grande Guerre, alors qu’il était dégagé par son âge de toute obligation militaire), qui eut le mérite d’établir que ces figurines en terre cuite à têtes de bélier étaient des chenets gaulois (r;.
- 1. J. Déchelette. Le bélier consacré aux divinités domestiques, sur les chenets gaulois, 1898.
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- Fig. 1. — Deux chenets gaulois en terre cuite, d’après J. Décheleile. A gauche : chenet céramique avec graffite celtique ] rovenant de Clermont-Ferrand.
- A droite : chenet en argile, provenant de Nantes. (E. Violet, de/.)
- Il put, en 1898, dresser un catalogue de plus de cpiarante specimens de ces curieux objets; lorsque en 1914, il publia son célèbre manuel d’archéologie préhistorique (9, le nombre en était passé à plus de quatre-vingts. Depuis, plusieurs autres furent découverts et signalés; nous-même avons pu en recueillir trois nouveaux en Saône-et-Loire.
- La présence de la tête de bélier sur ces chenets est de règle : « Nous voyons dans cette figuration constante, disait Déclielette, l’image de la victime qu’on sacrifiait de préférence aux divinités du foyer, ce culte étant commun à tous les peuples d’origine aryenne. A Rome on purifiait le Lare domestique par l’immolation d’un bélier. Dans l’iconographie hindoue, le dieu purificateur Agni est représenté sur les peintures, conduit par un char attelé de deux béliers blancs. En Grèce, l’Hermès criophore, portant sur ses épaules le bélier qu’il se dispose à immoler, fut à l’origine un dieu sacrificateur. Les Gaulois se conformaient donc à d’anciennes croyances religieuses en meublant de cette représentation plastique, le foyer de leurs demeures.
- « Ces objets étaient fabriqués dans de petites officines gauloises travaillant pour la clientèle populaire, comme l’indiquent d’ailleurs la rudesse et la naïveté de l’exé-cution. »
- Lorsque le christianisme se fut introduit en Gaule, les chenets à têtes de bélier, où transperçaient par trop la vieille religion gauloise et le culte païen, furent pros-
- 1. J. Déchelette. Manuel d’archéologie préhistorique, celtique et gallo-romaine. — Archéologie celtique et protohistorique, 3e partie,p. 1401.
- Fig. 3. — Tête de chenet gaulois en céramique, provenant de Vite
- Saint-Jean, près de Mâcon. (Musée de Tournus.) (E. Violet, del.)
- Fig. 2. •—• Tête de chenet gaulois, en céramique, provenant de la Chapelle du Mont-de-France.
- (Musée Sabatier à Saint-Bonnet-de-Joux, S.-et-L.). (Cliché Sabatier)
- erits et les têtes de bélier firent place à des têtes de chien, emblèmes de la fidélité et en même temps gardiens du foyer. C’est même à cette dernière particularité que le chenet ou chiennet doit le nom qu’il porte en français.
- Mais les chenets ne sont pas les seuls accessoires du foyer ayant été fabriqués en terre cuite, il faut encore y ajouter les taques ou foyères, c’est-à-dire les plaques qui garnissent le fond de l’âtre.
- Fig. 4. — Foyère en céramique de La Verzée (type archaïque). (E. Violet, del.)
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- Fig. 5. — Fogère de cheminée en terre cuite, représentant des hommes d’armes Henri III, provenant de La Verzée (S.-et-L.). (Musée de Mâcon.) (Cliché Moraine.)
- Ces plaques de cheminées que le code civil appelle contre-cœurs, niais que l’on dénomme aussi bretagnes ou platines, sont généralement en fonte (x).
- On en connaît de très belles. Il en existe des variétés nombreuses depuis la fin du moyen âge jusqu’à nos jours.
- Les musées et des collections particulières permettent de nous convaincre que ces accessoires du foyer constituent un chapitre intéressant de l’histoire des arts décoratifs.
- Mais à côté de ces foyères en fonte, il en existe d’autres, fabriquées en terre réfractaire, qui bien que beaucoup plus rares, ne sont pour cela ni moins intéressantes, ni moins artistement décorées.
- Dans bien des cas, elles sont plus anciennes que les plaques de cheminées en métal.
- Elles se rattachent à une vieille tradition locale qui paraît s’être mieux conservée dans le Massif Central et plus spécialement dans la région sise entre la Loire et la Saône (1 2).
- Dans cette région, on en trouve dans la plupart des musées, même les plus petits, ainsi à Mâcon, à Roanne, à Charlieu, à Tour-nus, à Matour.
- Les spécimens des musées de Roanne et de Charlieu sont d’un type médiéval et paraissent au moins contemporains de la Renaissance; ceux des musées de Mâcon et de Tournus proviennent de fabriques régionales peu connues, existant dans un petit village perdu dans la montagne du Mâconnais, au pied du Mont Saint-Romain et qui s’appelle La Verzée (3). Ces foyères sont, soit du moyen âge et de l’époque gothique, soit de la Renaissance.
- Cette fabrication ne paraît pas, en tout cas, avoir dépassé la fin du xvie siècle.
- En revanche, les spécimens conservés au musée de Matour sont des deux derniers siècles de l’ancien régime. Ils prouvent que dans cette région retirée des montagnes du Haut-Beaujolais, du Mâconnais et du Brionnais, ce genre de fabrication s’est conservé mieux qu’ailleurs et presque jusqu’à nos jours. C’est un cas fort, intéressant d’archaïsme artisanal en pleine France moderne. Il y a lieu de noter, d’autre part, que ces foyères en terre cuite des xvne et xvme siècles sont inspirées par le décor des plaques métalliques fondues, alors que les foyères de
- 1. Voici les noms réservés aux plaques de cheminées : con re-cœurs (Paris et Ile-de-France); contre-feu (Ouest); claire (Picardie); platine (Tournugeois); piatine (Meuse); bretagne (Lyonnais et Beaujolais); taque (Nord et Est), et il est probable que la liste n’en est pas close. Cf. Nos plaques de cheminées, par J. Roy-Chevrier, Chalon, 1925, in-8.
- 2. On en trouve aussi au Musée d’Angers et de très beaux spécimens en Belgique, notamment à Bruxelles et à Anvers. Dans le Quercy on faisait des foyères en grès. Cf. Baron de Rivières : Bulletin archéologique du Tarn-et-Garonne, t. XX, 1892, 4e trimestre, p. 288.
- 3. Jeanton : Les Foyères en terre cuite des fabriques de La Verzêe-en-Mâconnais. Mâcon, 1926, in-8.
- La Verzée (r), ou des musées de Roanne et de Charlieu,
- 1. Les foyères des fabriques de la Verzée étaient imprimées avant la cuisson par des matrices en bois sculpté. Le type le plus connu est celui « à l’homme d’armes Henri III » et le type « à la sirène ». Il y a divers autres types que nous reproduisons d’autre part. On a fait également à La Verzée des gueules de four cintrées en briques réfractaires, décorées de « l’homme d’armes Henri III ».
- Fig. 6. — Foyère en terre cuite, représentant une sirène, attribuée aux fabriques de La Verzée (S.-et-L.)
- (Musée de Tournus.) (Cliché Moraine.)
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- Fig. 7. — Foyère en terre cuite, représentant divers sujets {XVI0 siècle) provenant de La Verzée {S.-et-L.).
- (Musée de Mâcon.) (Cliché Moraine.)
- possèdent un décor original qui n’a rien emprunté à l’art du fondeur.
- Il est à présumer que ces foyères en terre cuite étaient
- Fig. 8. — Foyère en terre cuite, représentant un sauvage, provenant de La Verzée (S.-el-L.).
- (Musée de Tournus.) (Cliché Moraine.)
- fabriquées par de petits artisans locaux analogues à nos potiers actuels. Cependant les fabriques de La Verzée en Mâconnais étaient déjà, pour le moyen âge, des fabriques d’une certaine importance, un peu comme les forges catalanes. Elles ont existé jusqu’à nos jours, mais, en dernier lieu, elles ne produisaient plus guère que des tuiles. Elles sont présentement encore debout mais en ruine.
- Ce village de La Verzée, sis en pleine forêt, composé uniquement de céramistes, était extrêmement pittoresque, et dans un pays soucieux de ses sites intéressants et traditionnels, il aurait mérité d’être conservé par un classement comme on n’aurait pas manqué de le faire dans certains pays étrangers.
- Les foyères en fonte se sont substituées en fait presque complètement aux foyères en terre cuite réfractaire à partir du début du xvme siècle (1). Elles paraissent
- Fig. 9. — Marque de fabrique de l'une des poteries de La Verzée.
- (E. Violet, del.) .
- surtout provenir de Lorraine et du Luxembourg, mais on en fit aussi en Franche-Comté, en Bourgogne et même en Normandie. On a continué à en fabriquer jusqu’au milieu du xixe siècle, mais cet art s’abâtardit rapidement après la Révolution. Il devait décliner définitivement après la vulgarisation des cheminées prussiennes et des poêles qui supprimaient le feu de l’âtre et plus encore aujourd’hui par les divers types de chauffage central.
- G. Je ANTON.
- Lauréat de l’Institut.
- Conservateur du musée de Tournus.
- 1. La plus ancienne plaque de cheminée en fonte passe pour être celle du roi René d’Anjou (1431-1453) conservée au Musée Lorrain à Nancy.
- Ces plaques métalliques n’étaient pas encore très communes au xvic siècle puisque au début de la Renaissance, les Comptes des Bâtiments du roi ne signalent que des briques pour les contre-cœurs du Louvre, de Fontainebleau et de Saint-Germain.
- Les premiers contre-cœurs en fonte apparaissent à Saint-Germain, en 1548, la première taque en fer du Louvre est commandée à Nicolas Clerget, maître de forges à Saint-Dizier, en 1559.
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- = LES BAROMÈTRES ===
- ET LEURS MODES DE GRADUATION
- Le baromètre est un instrument fort utile; le cultivateur, le touriste, le sports-man le consultent, parfois avec anxiété, mais combien de personnes savent ce que représentent les chiffres gravés sur le cadran d’un anéroïde ? et que penser des indications souvent contradictoires fournies par les baromètres métalliques qui ornent la vitrine d’un bijoutier, sinon que le revendeur lui-même affiche ainsi une ignorance complète de la graduation de ces appareils. Nous croyons donc rendre service à un grand nombre de nos lecteurs en leur donnant quelques renseignements à ce sujet.
- TORRICELLI ET PASCAL
- Il serait trop long de rappeler ici comment Torricelli, guidé par les idées de Galilée, fut conduit à imaginer l’expérience mémorable qui porte son nom, expérience que d’ailleurs il ne réalisa lui-même qu’après l’avoir fait exécuter par son élève, Viviani. Dans cette expérience, reprise plus tard par Pascal, on remplissait de mercure un gros tube de verre de 1 m de long, environ, et fermé à une extrémité. On bouchait avec le doigt, on renversait le tube et, le doigt continuant à l’obturer, on introduisait son ouverture dans une cuve de mercure; puis on enlevait le doigt. On constatait alors que le mercure descendait dans le tube en expérience, laissant au-dessus de lui un espace vide contrairement à la doctrine de « l’horreur de la nature pour le vide » professée par Aristote et ses disciples ; mais le niveau du liquide se fixait bientôt à une certaine hauteur H, à environ 76 cm au-dessus de la surface du mercure de la cuve, et cela quelles que fussent la grosseur (x) et l’inclinaison du tube (fig. 1); cependant si le tube était assez incliné pour que son sommet fût en dessous du plan horizontal correspondant au niveau H, le mercure continuait à remplir totalement le tube lorsqu’on enlevait le doigt.
- Pascal mit en évidence l’action de la pression atmosphérique dans l’expérience de Torricelli. Sur la surface AB du mercure de la cuve pèse une quantité d’air qui a la hauteur de l’atmosphère et le mercure monte dans le tube T jusqu’à ce que, par sa pression, il équilibre celle de l’air qui le refoule. On peut assimiler le tube de Torricelli à deux vases communicants dont l’un contiendrait uniquement du mercure et l’autre une colonne de l’atmosphère ayant comme hauteur celle qui sépare la cuve du vide interstellaire (fig. 2).
- HISTORIQUE
- Un baromètre (du grec, baros : poids, et
- 1. Il serait peut-être bonde faire ici quelques restrictions. Nous préférons les faire plus loin lorsque nous envisagerons les phénomènes de capillarité.
- Fig. 2. — La con ception de Pascal
- Fig.
- 3. — Le baromètre de Morland.
- metron : mesure) est un appareil destiné à mesurer la pression atmosphérique, c’est-à-dire le poids d’une colonne d’air de 1 cm2 de section, verticale, et ayant la hauteur de l’atmosphère au lieu d’expérience. Le tube de Torricelli n’est donc pas autre chose qu’un baromètre. Malheureusement, sous sa forme originelle, il ne se prête qu’à des mesures peu précises ;
- 11 ne décèle que difficilement de faibles variations de la pression extérieure. Aussi dès que Pascal eut mis en évidence le rôle du tube de Torricelli, s’empressa-t-on de remplacer le
- mercure par de l’eau colorée; de cette façon, à de petites variations de la pression atmosphérique devaient correspondre des longueurs facilement mesurables (x) sur une échelle de repères; du moins le crut-on tout d’abord. Est-il besoin de signaler que des appareils qui avaient plus de 11 m de haut étaient fort encombrants et qu’ils furent vite abandonnés, d’autant plus que les résultats paraissaient souvent en désaccord. On n’avait pas encore mis en évidence l’influence de la température et on ignorait en outre que la glycérine et l’acide sulfurique monohydraté mis à part, le mercure est le seul liquide au-dessus duquel peut, à la température ordinaire, exister un vide presque absolu.
- On revint donc à l’emploi du mercure, mais comme les variations de la colonne mercurielle ne dépassent guère
- 12 cm à la surface de la terre, au niveau de la mer, ce fut à qui trouverait le procédé amplificateur le plus ingénieux.
- Un savant anglais, Morland (1625-1695) eut l’idée de couder le tube barométrique de façon à rendre l’allongement de la colonne mercurielle plus sensible que dans un tube vertical (fig. 3). Malheureusement l’ingénieux physicien avait négligé les frottements; or ceux-ci, vu la pente, ont une action accrue et la modification de Morland dut être abandonnée.
- Un autre Anglais, Robert Hoolce (1638-1703) proposa, en 1665, un baromètre à cadran (fig. 4). Un petit poids A, en fer, flotte sur le mercure et est attaché à un fil terminé par un contrepoids B. Le fil passe dans la gorge d’une poulie très mobile munie d’une aiguille indicatrice se déplaçant devant un cadran gradué directement, autrefois en 360°, aujourd’hui en centimètres et millimètres. Le flotteur A suit les déplacements du niveau du mercure dans la branche ouverte; il en résulte des déplacements de l’aiguille qui amplifient les déplacements de la colonne mercurielle, et cela d’autant plus que l’aiguille est plus longue. De plus, pour que le déplacement de A soit aussi grand que possible pour une variation de pression donnée, la partie supérieure C du tube de Hooke a la forme d’une boule de grand diamètre et tout se passe sensiblement comme si le niveau du mercure restait immobile en C, le niveau de A se déplaçant seul pour produire la dénivellation. Malheureusement, à cause des frottements, l’aiguille reste immobile lorsque les va-
- 1. En effet si, dans un tube vide, l’air extérieur peut refouler du mercure jusqu’à 76 cm de haut, il peut refouler de l’eau à une hauteur beaucoup plus grande, à environ 10 m.
- Fig. 4. — Le baromètre de Hooke.
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- riations de la pression atmosphérique sont peu importantes, et Hooke fut l’un des premiers à abandonner le baromètre qui porte son nom et qui ne présente plus d’intérêt aujourd’hui que comme antiquité.
- Le célèbre mathématicien suisse, Jean Bernouilli (1667-1748), sur les indications de l’astronome français, Dominique Cassini (1625-1712), construisit également vers 1710 un Fig. 5. — Le baromètre baromètïg : le baromètre rec-
- de Bernouilli. tangulaire (fig. 5).
- A un faible déplacement du niveau A correspondait un déplacement de B beaucoup plus important. Cependant cet appareil avait, entre autres inconvénients, celui de laisser l’air s’introduire facilement par le petit tube.
- Nous n’insisterons pas plus longtemps sur les divers systèmes proposés par plusieurs physiciens pour rendre visibles les plus petits changements qu’éprouve la colonne mercurielle en fonction de la pression variable extérieure; pour divers motifs, ces appareils durent, en général, être abandonnés. Signalons seulement que ce n’est que vers 1760, après de nombreuses recherches, que les physiciens eurent leur attention attirée par la nécessité d’avoir du mercure très propre et très sec pour obtenir des mesures comparables. En effet, jusque-là on avait souvent négligé de faire bouillir le mercure et ce n’est que par hasard, que l’on pouvait rencontrer deux baromètres donnant en un même lieu, au même moment, les mêmes indications.
- Arrivons maintenant à la description des baromètres à mercure actuellement en usage.
- BAROMÈTRE A CUVETTE DE TONNELOT
- Cet appareil est utilisé lorsqu’on n’a pas besoin d’une très grande précision. La figure 6 en donne la description. Une peau de chamois poreuse P permet à l’air de se trouver en contact avec le mercure de la cuvette, mais empêche les poussières de souiller le liquide; E est l’échelle des repères; T est un thermomètre placé à côté du baromètre. En employant une cuvette telle que la surface libre du mercure y soit cent
- fois plus grande que dans le tube, le Fig. e. — Le baromètre déplacement vertical du mercure dans de Tonnelot. la cuvette est cent fois plus petit que
- dans le tube et, si l’on ne désire pas obtenir une précision supérieure au millimètre, on peut considérer le niveau du liquide dans la cuvette comme étant immobile et graduer l’instrument en conséquence. Si l’on veut une précision plus grande, il faut se souvenir que, quand le mercure monte de n mm dans le tube, il n
- descend de —— mm dans la cuvette,
- 100
- et vice versa. Dès lors, sachant que le niveau du mercure dans la cuvette affleure le zéro de l’échelle des repères quand l’extrémité de la colonne mercurielle se trouve en face de la division 760, si au cours d’une observation on trouve que le sommet de
- la colonne s’arrête devant la division 760 db n, il n’y a qu’à
- IX
- corriger la lecture de dz -- de mm pour avoir la dénivella-
- 100
- tion exacte.
- Le baromètre à cuvette est habituellement monté sur une planchette que l’on fixe à un mur; dans ce cas il faut s’assurer que l’échelle des repères est bien verticale.
- GRADUATION
- La longueur de la colonne barométrique varie avec la température; de plus le poids du mercure qui la constitue change avec le lieu d’expérience. Aussi, pour rendre comparables entre elles les mesures effectuées dans des conditions d’expérience différentes, est-il nécessaire de les ramener à ce qu’elles seraient si on opérait à une température déterminée avec du mercure de poids spécifique donné. On est convenu :
- 1° De ramener les hauteurs barométriques observées à ce qu’elles seraient si le mercure était à la température de zéro degré centigrade;
- 2° De ramener les hauteurs barométriques observées en des endroits différents à ce qu’elles seraient si le mercure avait partout comme poids spécifique celui qu’il a k la latitude de 45°, à l’altitude zéro, la température étant de zéro degré centigrade.
- Lorsque les hauteurs barométriques observées sont ainsi converties, on dit alors que les pressions sont évaluées en colonnes de mercure normal.
- En général, la seconde correction est illusoire parce que inférieure aux erreurs d’expérience. Pratiquement elle est donc inutile.
- Pour ramener la longueur de la colonne barométrique à ce qu’elle serait si la température ambiante était de 0°, il suffit de multiplier la hauteur lue par (1 •—- 0,00018 t), t étant la température centigrade du mercure fournie par le thermomètre T ; nous supposons évidemment que l’échelle des repères ne s’est pas dilatée elle-même. Si celle-ci a subi des variations de longueur, sa graduation ayant été faite à 0°, il est nécessaire d’en tenir compte. Lorsque la graduation est effectuée sur laiton, la hauteur barométrique, ramenée à 0°, s’exprimera par la formule :
- H0 = H [1 — 0,000161 t),
- H étant la hauteur barométrique observée et non corrigée. Il suffit donc de retrancher du nombre de divisions observées H la quantité (0,000161 X t X H) ; H0 représente la pression réelle au lieu d’expérience.
- CORRECTION DE CAPILLARITÉ
- Les phénomènes de capillarité paraissent avoir longtemps été ignorés; ils semblent n’avoir pas retenu l’attention de Pascal lui-même. En tout cas, ce fut Borelli qui, en 1638, signala pour la première fois l’ascension des liquides dans les tubes fins, mais il fallut attendre Clairaut (1713-1765), puis Laplace (1749-1827) et Poisson (1781-1840) pour en faire l’étude scientifique. Et pourtant peu de phénomènes sont aussi communs.
- Plongeons dans un liquide un tube fin, ouvert aux deux bouts; d’après le principe des vases communicants, on devrait s’attendre à ce que le liquide ait le même niveau dans le tube que dans le vase où plonge ce tube. Il n’en est rien. Si le liquide est du mercure, le niveau est plus bas à l’intérieur qu’à l’extérieur; c’est le contraire qui se passe pour l’eau (fig. 7). En outre, à l’intérieur du tube, la surface du liquide est convexe vers l’extérieur dans le cas du mercure; elle est concave dans
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- le cas de l’eau. La dénivellation capillaire h varie avec le diamètre du tube.
- La mesure précise de h est très difficile et par suite incertaine dans la majorité des cas. 11 est donc préférable de se placer dans des conditions telles que cette correction ne soit pas nécessaire. Pour cela il suffit en général que le tube ait un diamètre intérieur supérieur à 2 cm, du moins dans la partie où se déplace le sommet de la colonne mercurielle.
- En France, au niveau de la mer, la pression réelle correspond en moyenne à une colonne de mercure de hauteur H0 = 760 mm. A La Paz, capitale de la Bolivie, et dont l’altitude est de 3720 m, H0 ne vaut plus en moyenne que 480 mm.
- PRESSION RAMENÉE AU NIVEAU DE LA MER
- Jusqu’ici nous avons évalué la pression atmosphérique parla hauteur H0 de la colonne mercurielle qui lui fait équilibre au lieu d’expérience. 11 est une autre façon de donner la pression atmosphérique et qui malheureusement, quoique très employée dans la pratique météorologique, est passée sous silence dans la majorité des manuels scolaires.
- On gradue, en effet, très souvent les baromètres, en particulier les baromètres métalliques dont il sera parlé bientôt, de façon à leur faire indiquer la pression qu’ils donneraient réellement si, au lieu de se trouver à Valtitude x, ils se trouvaient au niveau de LA mer. Cette pression est égale à la pression réelle observée à l’altitude x, augmentée de la pression exercée par une colonne d’air ayant la hauteur x; nous supposons que le lieu d’observation est au-dessus du niveau de la mer. Il va de soi que le poids de cette colonne d’air est plus grand l’hiver que l’été, puisque l’air froid est plus dense que l’air chaud.
- On remarquera immédiatement que les baromètres qui sont gradués suivant cette seconde manière sont réglés pour un endroit et que si l’on change d’altitude, ils doivent subir un déplacement de leur échelle de repères. Lhie variation de 10 m 5 en altitude suffit pour provoquer un écart de 1 mm dans l’évaluation de la hauteur de la colonne barométrique. C’est là un inconvénient sérieux. Cependant cette graduation est souvent adoptée parce que, au point de vue de la prévision du temps, les. mêmes nombres de l’échelle fournissent les mêmes pronostics, quelle que soit l’altitude où, se trouve le baromètre. Cette graduation est indispensable si l’on désire faire des comparaisons avec les courbes de même pression (isobares) tracées sur les cartes météorologiques ou avec les pressions figurant sur les dépêches relatives à la prévision du temps.
- REMARQUE
- Pour savoir si un baromètre à mercure indique la pression réelle ou la pression au niveau de la mer, il suffit de mesurer la distance du sommet de la colonne mercurielle à la surface du mercure contenu dans la cuvette inférieure. Si, à 0° f1), cette distance des deux niveaux correspond au chiffre inscrit sur l’échelle des repères, le baromètre est évidemment gradué pour indiquer la pression réelle. Si cette distance est inférieure au chiffre inscrit (on suppose que le lieu d’observation est au-dessus du niveau de la mer), c’est que l’instrument est gradué pour donner la pression ramenée au niveau de la mer.
- LA PRESSION ÉVALUÉE EN MILLIBARS
- Lorsque les météorologistes commencèrent à donner en
- 1. Si la température est différente de 0°, il faut ramener la hauteur de la colonne à ce qu’elle serait si le mercure était à 0°. C’est une opération que nous savons faire.
- T. S. F. la pression en millibars, nombreux furent ceux pour qui ces résultats n’eurent aucune signification.
- Cette évaluation ne présente cependant aucune difficulté.
- Il suffit, pour connaître la pression atmosphérique au lieu d’expérience, non plus en centimètres ou millimètres de mercure, mais en millibars, de savoir combien de dynes vaut le poids d’une masse de 1 gr de mercure à 0° au lieu d’observation. Ce poids vaut environ 978 ^ynes à l’équateur, 981 dynes à Paris, 983 dynes au pôle Nord; la dyne est donc en général peu différente de 1 mgr. Il faut, en outre, se rappeler que la barye correspond à une pression de 1 dyne par centimètre carré, que le bar vaut 1 000 000 baryes et que, par suite, le millibar vaut 1000 baryes.
- Exemple. •— Supposons qu’au lieu d’observation, la hauteur barométrique évaluée en mercure, à 0°, soit de 76 cm. Déterminer cette pression en millibars sachant que 1 cm3 de mercure à 0° a une masse peu différente de 13 gr 6 et qu’au lieu d’expérience le poids de 1 gramme-masse est de 981 dynes.
- Le volume d’une colonne de mercure de 76 cm de long et de 1 cm2 de section est égal à 76 cm3; la masse de cette, colonne est donc à 0°, de 76 X 13 gr 6 et correspond à un poids de 76 X 13,6 X 981 dynes. Ce poids agissant sur une base de 1 cm2, il en résulte une pression de 76 X 13,6 X 981 baryes # 1 014 000 baryes, soit 1014 millibars, peu différente d’un bar.
- LES BAROMÈTRES MÉTALLIQUES
- Les baromètres métalliques sont encore appelés baromètres anéroïdes (du grec, a : privatif, et neros : mouillé) ; ils sont très sensibles et d’un emploi commode. Us sont seuls utilisables en mer, par gros temps. Cependant ce ne sont pas des appareils de précision; l’élasticité de la partie déformable varie à la longue, lentement en général, brusquement par un choc. Il faut donc, de temps à autre, vérifier la graduation. Le réglage se fait au moyen d’une vis qui se trouve d’habitude en face d’un trou pratiqué au dos de l’instrument; cette vis permet de faire tourner l’aiguille dans un sens ou dans l’autre, de façon à l’amener en face de la division voulue.
- Le premier baromètre anéroïde a été construit en 1844 par un- mécanicien français, Vidie (et non Vidi). C’est le baromètre d’appartement le plus courant (fig. 8). Il est cons-
- Fig. 8. — Principe du baromètre anéroïde.
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- Mercure
- Fig. 7. — La capillarité.
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- = 472 .....'' =
- titué par une boîte B dont la face supérieure est milice et en outre ondulée pour pouvoir se déformer sans qu’il en soit de même pour les autres faces; il ne faudrait pas croire, en effet, que les rides circulaires de cette face supérieure aient pour but d’accroître la force totale de pression en augmentant la surface géométrique d’appui; cette force de pression est toujours mesurée par le poids total de la colonne d’air qui est au-dessus de B. On a fait un vide aussi poussé que possible à l’intérieur de la boîte et, pour que la face supérieure ne s’écrase pas contre la face inférieure sous l’action de la pression atmosphérique, la plaque cannelée circulairement est soutenue par un ressort antagoniste R. Lorsque la pression diminue, cette plaque se soulève sous l’action du ressort; elle s’abaisse au contraire lorsque la pression extérieure s’accroît. Ce mouvement est transmis, après amplification par un système de leviers, à une aiguille indicatrice A se déplaçant devant un cadran. C représente une mince chaînette s’enroulant sur une poulie fixée sur l’axe de A; S est un ressort spiral.
- Les indications fournies par cet instrument ne dépendent pas de la gravité-, elles doivent également être indépendantes de la température.
- Pour que cette dernière condition soit réalisée il est nécessaire que le ressort R ne soit pas influencé par la température et il faut surtout que le vide soit aussi poussé que possible à
- Fig. 9. — Principe du baromètre enregistreur.
- l’intérieur de B, sinon l’air résiduel engendrerait une pression antagoniste variable avec la température et dont l’action ne serait pas négligeable. Toutefois si nous ne cherchons pas à obtenir la valeur de la pression atmosphérique avec une précision supérieure au 1/10 de mm, il suffira de faire le vide dans la boîte à une pression inférieure à 1 mm de mercure.
- GRADUATION
- La graduation se fait par comparaison avec un baromètre à mercure et est évaluée en général en hauteurs barométriques
- ramenées au niveau de la mer. Comme dans les limites où varie la pression atmosphérique, les déplacements de l’aiguille sont proportionnels aux variations de la pression extérieure, on peut graduer l’appareil à l’aide uniquement de deux comparaisons, faites évidemment à des pressions aussi différent es quepossible.
- Dès lors supposons qu’une station météorologique indique pour une ville déterminée la pression atmosphérique évaluée au niveau de la mer. Cette pression est celle qui existe au même moment, non seulement dans la ville citée, mais aussi pratiquement, à part les cas de grandes perturbations, dans les environs de cette ville et même dans tout le département dont celte ville dépend. Les possesseurs de baromètres anéroïdes de la région n’auront donc qu’à regarder si les aiguilles de leurs appareils se trouvent en face de la division indiquée, sinon ils n’auront qu’à les y ramener.
- Mais en général la pression est actuellement évaluée en millibars, alors que la plupart des baromètres sont encore gradués en centimètres et millimètres. Dans ce cas il suffit de diviser par 13,333 la pression donnée en millibars pour l’obtenir en centimètres. Ainsi, si la pression donnée est de 1014 millibars, cette pression correspond à une colonne de 1014
- mercure normal de ------- = 76,05 cm de haut. Surle cadran
- 13,333
- barométrique l’aiguille doit par suite se trouver entre 76,0 et 76,1.
- Remarque. — Lorsqu’un baromètre anéroïde indique la pression ramenée au niveau de la mer, le chiffre 760 se trouve habituellement en face du mot « variable », ou du moins dans la partie supérieure du cadran, au milieu de l’échelle.
- BAROMÈTRE ENREGISTREUR
- Le baromètre de Vidie a été transformé en baromètre enregistreur par les frères Richard. Les célèbres constructeurs associèrent en série plusieurs boîtes cannelées, le ressort antagoniste étant situé cette fois à l’intérieur des boîtes. Toutes les déformations s’ajoutent et c’est le déplacement résultant de cette somme que l’on transmet par un système de leviers à une longue aiguille se déplaçant devant un cylindre mû d’un mouvement uniforme et portant une feuille de papier quadrillé. La pointe de l’aiguille munie d’un réservoir d’encre trace la courbe des pressions en fonction du temps. On pourra noter que les lignes qui servent à porter les pressions ont une forme courbe parce que l’extrémité de l’aiguille décrit des arcs de cercle (fig. 9).
- Les indications météorologiques : « Beau temps; variable; pluie, etc. » qui accompagnent la graduation d’un baromètre n’ont aucune valeur scientifique, car à une pression déterminée ne correspond pas un temps déterminé. La pluie (ou le beau temps) dépend des valeurs antérieures de la pression atmosphérique pendant une durée assez longue; seul donc le baromètre enregistreur peut donner des indications susceptibles d’être prises en considération. Henri Daridon.
- LA QUATRIÈME COMÈTE DE L’ANNÉE 1937
- M. F. Baldet, astronome à l’Observatoire de Meudon, secrétaire de la Société astronomique de France, vient d’annoncer dans la Circulaire n° 93 du Service des Informations rapides (d’après un télégramme du Bureau central de Copenhague); la découverte, par M. Gale, le 6 avril, de la quatrième Comète de 1937.
- Cette comète a été inscrite provisoirement sous la désignation de Comète 1937 d.
- La position de la Comète Gale, le 6 avril 1937, à 12h0m (T. U.) était la suivante :
- Ascension droite = 16h13m,5; Déclinaison = — 20°27\ Elle se dirigeait vers l’Est, et son éclat était celui d’une étoile de 10e magnitude, donc très faible : un instrument très puissant était nécessaire pour l’observer. La comète, d’après la position ci-dessus, était située, au moment de sa découverte entre les constellations du Scorpion et d’Ophiuchus. Em. T.
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- LE MOIS MÉTÉOROLOGIQUE
- MARS 1937, A PARIS
- Mois plutôt assez frais dans son ensemble, très pluvieux et avec insolation normale.
- La moyenne mensuelle de la pression barométrique, ramenée au niveau de la mer, à l’Observatoire du Parc Saint-Maur, 754 mm 1, est inférieure de 7 mm 2 à la normale.
- La température moyenne, 5°,7, est inférieure de 0°,6 à la normale. La première et surtout la dernière décade, au cours de laquelle on a noté 3 jours de gelée, ont été assez froides. Le minimum absolu — 1°,9, le 3, est loin d’avoir atteint le minimum absolu moyen, — 4°,1. Par contre, le maximum absolu, 14°,8, du 19, est en déficit de 4°,2. L’amplitude moyenne de la variation diurne de la température, 7°,8, est inférieure de 1°,4 à sa valeur normale : la réduction porte presque exclusivement sur les maxima. Les périodes froides du début et de la fin du mois ont annulé à peu près complètement l’avance de la végétation constatée à la fin du mois précédent.
- Les extrêmes de la température pour l’ensemble de la région ont été : — 3°,9 au bois de Vincennes (La Faisanderie) et 17°, 1 à Choisy-le-Roi.
- Le total pluviométrique, 79 mm 0, dont le rapport à la normale atteint 1,92, classe le mois qui vient de s’écouler au troisième rang parmi les mois de mars les plus pluvieux observés à Saint-Maur, depuis 1874. Les précipitations se sont groupées en deux périodes, l’une de douze jours (du 4 au 15), l’autre de dix jours (du 17 au 26) au cours desquelles il a plu tous les jours, ce qui fait un total de jours pluvieux de 22, supérieur de 8 unités à la moyenne. La plus forte chute en 24 h, 14 mm 3, a eu lieu à la date du 13. Le 4 et le 5 la pluie était mélangée de neige.
- La hauteur totale de pluie recueillie à Montsouris, 79 mm 2, est supérieure de 88 pour 100 à la normale, et en mars 1888 on y avait déjà recueilli 87 mm 7. Les hauteurs maxima de pluie en 24 h ont été : pour Paris, 16 mm 6 à l’Hôpital Saint-Louis et, pour les environs, 23 mm 7 à Brévannes, du 13 au 14.
- De petites chutes de neige locales s’accompagnant de pluie, de grêle ou de grésil se sont produites les 1er, 2, 4, 5, 7, 8, 9, 10, 14, 23 et 24.
- A Montsouris, la durée totale de chute, pour la pluie, 72 h 20 m, est supérieure de 29 pour 100 à la moyenne normale.
- On a observé tous les jours des brouillards généralement matinaux et locaux Le 9, le brouillard s’est étendu sur toute la région.
- Le 17, vers 15 b, et le 21, vers 12 h, on a noté du tonnerre à Sevran. Le 19, un petit orage s’est produit en banlieue S.-O. et O., autour de 17 h.
- La durée totale d’insolation enregistrée à l’Observatoire de la Tour Saint-Jacques, 146 b 40 m, est supérieure de 10 pour 100 seulement à la normale.
- A l’Observatoire du parc Saint-Maur, la moyenne mensuelle de l’humidité relative a été de 74,4 pour 100 et celle de la nébulosité de 71 pour 100. On y a constaté : 2 jours de neige; 2 jours de gouttes ou flocons de neige; 1 jour de grésil; 5 jours de gelée; 9 jours de brouillard; 15 jours de brume; 2 jours de rosée; 9 jours de gelée blanche; 1 jour de tempête
- Les extrêmes météorologiques pour le mois de Mars.
- Mois le plus froid : 1845, moy. 1°,1.
- — le plus chaud : 1880, — 10°,3.
- Écart : 35 ans et 9°,2.
- La plus basse température observée en 1785 — 12°,5 •—- haute — — en 1903 26°, 2.
- Écart : 118 ans et 38°,7.
- Mois le plus pluvieux : 1782 (?), 97 mm 8 (?) (x).
- en 1888, 90 mm 5 (certain).
- Mois le plus sec : 1781, 1785 et 1796 (?), 0 mm 0 (?) (2).
- 1929, 0 mm 2 (certain).
- Le plus grand nombre de jours de pluie : 25, 1861.
- Le plus petit —• : 1, 1929.
- Le plus grand nombre de jours de gelée : 22, 1887.
- Mois le plus couvert : 1909, néb. moy. 81 pour 100.
- — clair : 1781 (?) (en 1854, néb. moy. 28 p. 100) Moyenne barométrique la plus basse :
- 1909, 747 mm 7 (niv. mer : 752 mm 3). Moyenne barométrique la plus haute :
- 1854, 765 mm 5 (niv. mer : 771 mm 9).
- Em. Roger.
- 1. Chiffre douteux, observé à Montmorency.
- 2. Chiffre également très incertain.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- PEINTURES CONTRE LE SOLEIL
- Durant l’été, le soleil chauffe fortement les vitrages des ateliers, des sheds, et crée dans les locaux qu’ils abritent une température de serre, assez pénible à supporter. Aussi a-t-on imaginé de couvrir les vitres de peintures ou de badigeons qui réfléchissent les rayons solaires et arrêtent une partie des rayons calorifiques.
- M. Ràbaté a étudié dans L’Usine les formules des moyens de protection les plus courants. Les uns sont appliqués sous le vitrage et les autres au-dessus. Les seconds sont plus aisés à étendre, mais sont exposés à la pluie et aux intempéries et doivent être plus résistants.
- Sous les vitres, on peut se contenter d’un simple badigeon au lait de chaux, qu’on rend plus durable par addition d’un peu d’alun. On peut aussi choisir une mixture plus complexe dans laquelle on fait entrer de la colle forte, du blanc de Meudon, un antiseptique (formol ou acide salicylique) et une teinte azurée (bleu d’outremer). On trouve dans le commerce, sous les noms de blancs gélatineux et de blancs fixes, des mélanges en pâte ou en poudre prêts pour l’emploi.
- Les peintures extérieures, pouvant résister aux intempéries pendant tout un été, sont généralement à base de caséine ou de silicate, ou d’un mélange des deux.
- M. Rabaté indique les différentes formules suivantes :
- 1° Peinture à la caséine en poudre :
- Caséine.................................. 10
- Chaux éteinte............................ 10
- Silicate d’alumine....................... 10
- Blanc de Meudon.......................... 60
- Pigment.................................. 10
- 100
- 2° Peinture silicatée, d’après Cofïignier.
- Blanc de Meudon..................100
- Bleu d’outremer.................. 15 à 25
- On ajoute assez de silicate de soude en solution pour faire une pâte légère qu’on dilue d’eau pour amener le volume à 250.
- 3° Peinture au silicate et à l’huile :
- Eau. ....................................550
- Blanc de Meudon ou blanc d’Espagne. . . 285
- Pigment bleu............................. 60
- Huile.................................... 85
- Alun..................................... 10
- Silicate dépotasse....................... 10 ’
- Après la saison chaude, on enlève les restes de peinture au moyen d’une lessive de soude ou d’un décapant alcalin.
- La peinture des vitrages ensoleillés provoque un abaissement dè 5 à 10° de la température des locaux. En outre, la teinte bleutée a l’avantage d’écarter les mouches, les moustiques, les guêpes et les abeilles.
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- :. L’AUTOMOBILE PRATIQUE ...
- NOUVEAUTÉS TECHNIQUES - CONSEILS PRATIQUES
- LA PRODUCTION MONDIALE D’AUTOMOBILES
- La production des automobiles, en 1936, est passée de 5 125 000 voitures à 5 850 000, soit une augmentation de l’ordre de 14 pour 100.
- Dans ce total mondial, le pourcentage des principaux pays producteurs est le suivant : États-Unis, 74,5; Grande-Bretagne, 7,9; Allemagne, 7,1; France, 3,5; Canada, 2,6.
- Le nombre des voitures construites aux États-Unis s’est élevé à 3 630 000, et celui des camions à 775 000; malgré tout, la part de FAméi’ique dans le total mondial a diminué, la production des automobiles étant, d’aiîleurs, restée assez au-dessous du chiffre record de 1929.
- En Angleterre, la fabrication a atteint un chiffre double de celui de 1929, et, en Allemagne, le nombre des nouvelles automobiles de tourisme a été de 240 300, contre 205 500 en 1935.
- En France même, malgré les difficultés de toutes sortes, une reprise notable s’est manifestée, avec un chiffre de 210 166 en 1936, contre 177 362 en 1935.
- Seul, parmi les producteurs, le Canada est en recul, et en U. R. S. S., malgré le manque de statistiques officielles, il semble bien que le total prévu de l’ordre de 160 000 n’a pas été atteint. Les fabriques organisées à Moscou et à Gorki paraissent cependant avoir fabriqué plus de 100 000 voitures.
- LES ACCIDENTS GRAVES DANS LA RÉGION PARISIENNE
- Malgré l’augmentation de la circulation des automobiles, les accidents graves pendant l’année 1936 n’ont pas augmenté dans la région parisienne, et ont même diminué d’environ 7 pour 100.
- Il y a eu, en effet, à Paris et dans sa banlieue, 603 accidents mortels en 1930, 499 en 1931, 455 en 1932, 481 en 1933, 498 en 1934, 463 en 1935, 435 en 1936.
- Les usagers de la route les plus éprouvés, en 1936, ont évidemment été les piétons, puis les cyclistes, les motocyclistes, les passagers des automobiles, les conducteurs particuliers, les chauffeurs de taxis, les conducteurs de camions, et enfin, les cochers.
- Sur le total des victimes, 55 pour 100 environ étaient dans leur tort, et cette proportion moyenne est plus élevée encore pour les motocyclistes qui ont été victimes de leur propre imprudence 67 fois sur 100; les passagers seraient également victimes par leur propre faute, dans 72 pour 100 des cas.
- La statistique de la direction générale de la Police municipale nous donne encore des indications très intéressantes sur les responsabilités encourues par les auteurs des accidents suivant les véhicules considérés.
- 4 Dans les différents cas d’accidents, 59 pour 100 des conducteurs particuliers étaient dans leur tort, 49 pour 100 des conducteurs de camions, 26 pour 100 des conducteurs d’autobus, 77 pour 100 des chauffeurs de taxis, 79 pour 100 des motocyclistes, 62 pour 100 des cyclistes, 12 pour 100 des conducteurs de tramways, 12 pour 100 des cochers.
- Quelles sont les causes des accidents ? Nous avons déjà signalé plusieurs fois leur complexité, et la ’ difficulté de les préciser exactement. Il est à peu près établi que 16 pour 100 des accidents étaient dus à des conducteurs allant trop vite et ne ralentissant pas aux passages dangereux, 17 pour 100 étaient provoqués par d’autres genres d’imprudences, 11 pour 100 à l’inobservation des règles de priorité.
- Ainsi qu’on le sait déjà, également, l’heure de la journée
- à laquelle il se produit le plus d’accidents est toujours la fin de l’après-midi; il s’en produit 1 sur 3 entre 17 et 20 h. Au contraire, la nuit, de minuit à 6 h, on constate un minimum très net, dû évidemment à la diminution de la circulation elle-même !
- L’EMPLOI DE NOUVELLES GARNITURES DE FRICTION POUR LES FREINS D’AUTOMOBILES
- La sécurité en automobile exige avant tout un freinage efficace.
- Les freins sur les quatre roues, les servo-freins, les freins à huile auto-compensateurs, sont à cet égard des progrès importants; les garnitures de friction des sabots appuyant sur les tambours doivent être étudiées avec non moins de soin et, à ce point de vue, la réalisation de nouvelles garnitures à base de plomb constitue une nouveauté intéressante.
- Tous les mécaniciens savent que certains métaux « graissent », c’est-à-dire empêchent les limes de mordre franchement sur le métal, en leur opposant une résistance molle et onctueuse. Cette propriété, gênante également pour la soudure, peut, au contraire, être précieuse pour les garnitures de friction.
- La température de la surface de friction s’élève rapidement au moment du freinage; le plomb incorporé s’use et fond; il enduit le métal du tambour d’une couche très fine et très tenace qui obture les pores du métal, comble les fissures, s’il y a lieu, donne à la surface un glacis semblable à celui des tôles frottées avec de la mine de plomb.
- Le coefficient de frottement s’uniformise sur les parties ainsi modifiées; on évite les variations brusques et surtout les augmentations brusques, causes de vibrations et de i< broute-ments » désagréables et dangereux.
- L’emploi du plomb permet également de diminuer le coefficient de frottement statique en augmentant légèrement le coefficient de frottement cinétique.
- Lorsque le frein est serré au repos, il faut un certain effort pour mettre en marche la voiture et provoquer le décollage du tambour; c’est le frottement statique. Lorsque la voiture est en marche, le frottement, dans les mêmes conditions de serrage, a une valeur différente; c’est le frottement cinétique.
- Avec des sabots en bois, ou même en métal massif, le frottement statique est supérieur au frottement cinétique.
- Au moment de l’arrêt du véhicule, le frottement statique se substitue, à un certain instant, au frottement cinétique, ce qui explique l’action brutale des freins au moment des ralentissements, les broutements et les vibrations irrégulières.
- Pour obtenir un arrêt doux et progressif, le coefficient de frottement statique doit être inférieur au coefficient de frottement cinétique; l’emploi de garnitures au plomb semble permettre d’obtenir ce résultat, et éviter, en même temps, les inconvénients dus aux irrégularités de la surface de la poulie, provenant, soit du métal lui-même, soit d’une érosion accidentelle provoquée par des grains de sable, des déchets de métal, etc.
- L’action du plomb est d’ailleurs efficace, même si l’épaisseur de la couche de plomb déposée à l’intérieur du tambour est très faible; il faut seulement que cette action soit continue.
- On employait, depuis déjà assez longtemps, des garnitures de friction au cuivre, au zinc ou au laiton; l’emploi du plomb réalisé dans des conditions pratiques très satisfaisantes peut apporter un avantage pratique très intéressant.
- Pour qu’un résultat efficace soit atteint, il faut que la garniture constituée en tissu d’amiante soit fabriquée avec grand soin, de manière à conserver dans l’intérieur de ses mailles le plomb dans des conditions d’homogénéité satisfaisantes,
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- quelles que soient les élévations de température et les efforts à fournir. Les garnitures qu’on peut à présent trouver en France paraissent, à cet égard, donner toutes les garanties désirables de qualité.
- UN DISPOSITIF AUTOMATIQUE POUR LE REMPLISSAGE DES ACCUMULATEURS
- L’accumulateur est devenu un organe essentiel du bon fonctionnement d’une automobile, puisqu’il assure la mise en marche, l’allumage, l’éclairage et le fonctionnement des accessoires : essuie-glaces, montre électrique, etc., et même poste de T. S. F. !
- Les batteries d’accumulateurs utilisées, de 6 ou de 12 v, ont une capacité relativement faible, si l’on considère l’intensité du courant nécessaire, à certains moments, au démarrage, par exemple; pourtant, grâce aux progrès de la construction, la durée de service efficace augmente de plus en plus.
- Pour obtenir un fonctionnement régulier, il est toutefois absolument indispensable de maintenir le niveau de la solution acidulée dans les bacs au-dessus du niveau des plaques; les opérations de vérification et de remplissage périodiques des bacs sont souvent assez malaisées par suite de la position défectueuse des batteries sur la plupart des châssis. Dans certains modèles de voitures seulement, très récents, les bacs sont disposés à portée de la main du conducteur, sous le capot et sur le tablier de bord.
- Un appareil auto-remplisseur assurant le maintien constant du niveau du liquide à la valeur optima dans les bacs peut donc rendre de grands services, en évitant l’intervention du conducteur
- Voici, dans cet ordre d’idées, un dispositif nouveau, simple et ingénieux. Il comporte un boîtier métallique se fixant facilement sur le tablier de la voiture et contenant des réservoirs, ayant une face transparente, en nombre égal au nombre de bacs de la batterie (fig. 1).
- Des contrôleurs des niveaux se fixent sans difficulté sur chaque bouchon de la batterie;un jeu de tuyauteries,protégées par une gaine métallique de petit diamètre, relie enfin les réservoirs au contrôleur de niveau.
- La capacité des réservoirs est prévue pour assurer le garnissage des bacs pendant trois mois de service; il suffit donc de refaire le plein trois ou quatre fois par an au maximum, ce qui s’effectue immédiatement en enlevant le couvercle du boîtier et en remplissant les récipients d’eau distillée.
- La gaine flexible de la tuyauterie est fixée le long de la carrosserie par de petits crampons ; les contrôleurs plongent à l’intérieur du bac à une profondeur déterminée à l’avance. Ils agissent automatiquement dès que le niveau du liquide dans le bac est descendu au-dessous du degré convenable. L’arrivée d’eau distillée cesse de même automatiquement, dès que le niveau est redevenu normal.
- De plus, l’examen immédiat des réservoirs suffit à déceler une détérioration accidentelle d’un des bacs, telle que fuites, courts-circuits, etc., tout accident de ce genre se manifestant par l’écoulement d’une plus grande quantité d’eau et une baisse de niveau correspondante du réservoir.
- UN CARBURATEUR A RÉGULATEUR
- Les voitures modernes, même de petite puissance, sont très rapides, mais la prudence impose souvent au conducteur de se tenir à une vitesse bien inférieure à la limite maxima.
- L’usure de la voiture ne dépend pas, d’ailleurs, seulement du chemin parcouru, mais de la vitesse moyenne pendant le parcours, et aussi des vitesses choisies à chaque instant suivant le profil et l’adhérence de la route. Il en est de même, pour la consommation de carburant, et même peut-être pour la consommation d’huile.
- Réservoirs
- transpar
- Fig. 1. — Système autoremplisseur Cévin pour batteries d'accumulateurs.
- Pour chaque voiture, il y a ainsi une vitesse optimum de marche, et aussi une vitesse critique qu’il ne faut pas dépasser pour éviter les dangers possibles, et surtout pour éviter l’usure rapide et une trop grande consommation
- (fig- 2).
- De nombreuses expériences ont mis ces faits en évidence ; des essais de consommation effectués rationnellement ont montré que la consommation augmentait très vite pour chaque voiture au delà d’une certaine vitesse; c’est ce que montre par exemple la courbe de la figure 2.
- Un conducteur averti et habile commence donc par déterminer, par une suite d’expériences, la vitesse optimum qu’il doit observer dans les trajets sur route et, suivant les conditions, appuie
- plus ou moins sur l’accélérateur pour conserver une bonne moyenne. Par contre le conducteur novice, ou qui n’a aucune notion de technique, appuie souvent inconsciemment beaucoup trop sur la pédale d’accélérateur et ouvre beaucoup trop la tubulure d’admission des gaz. U augmente ainsi la consommation de carburant, et souvent, sans même augmenter sa vitesse.
- Un dispositif automatique très simple, placé sur un modèle nouveau d’un type de carburateur déjà bien connu, permet d’éviter cet inconvénient. Le conducteur peut, grâce à lui, régler à volonté la vitesse maximum de la voiture qui ne sera plus dépassée, quelle que soit la pression exercée sur la pédale d’accélérateur. Mais malgré cette limitation, la puissance du moteur reste la même et, aussi bien en côte, qu’au moment des reprises, le fonctionnement demeure normal.
- Le système est constitué essentiellement par un montage particulier du papillon d’admission des gaz, qui n’est plus plat, mais comporte deux ailes inégales, faisant entre elles un certain angle. La pièce est libre sur son axe, et l’aspiration des gaz tend à l’appliquer dans la position de fermeture. Pendant la fermeture, le papillon est rabattu par une butée prévue sur l’axe qui est solidaire de la tige de rappel de l’accélérateur; lorsqu’on lâche la pédale le papillon vient donc fermer la tubulure (fig. 3).
- Lorsqu’on actionne, au contraire, l’accélérateur, la butée libère le papillon, et ce dernier s’ouvre sous l’action d’un ressort R, indiqué sur la figure 3.
- Lorsqu’on continue à appuyer, le
- Fig. 2. — Exemple d’augmentation de la consommation d’essence en fonction de la vitesse d’une automobile.
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- Ressort de /réglage
- Cs Crémaillère \ de réglage Pignon de commande
- Levier de commande relié au bouton du tablier
- Fig. 3. — Carburateur Solex à réglage de la vitesse maximum.
- papillon s’ouvre de plus en plus; mais la vitesse du moteur et, par conséquent, l’aspiration des gaz augmente; la poussée correspondante tend à fermer le papillon, et il arrive un moment où cette poussée équilibre la traction du ressort de rappel.
- A ce moment, le papillon demeure fixe, même si l’on continue à appuyer sur la pédale de l’accélérateur, et la vitesse du moteur reste constante.
- La vitesse obtenue dépend donc de la tension du ressort; plus la tension est grande, plus la vitesse maxima est élevée.
- En faisant varier la tension du ressort, le conducteur peut ainsi régler la vitesse maxima de la voiture. Ce réglage est assuré par une crémaillère mobile actionnée par un pignon; la rotation du pignon est commandée par un levier extérieur, dont les déplacements sont, à leur tour, commandés à distance par une manette disposée sur le tableau de bord, devant un cadran gradué.
- L’EMPLOI DES HUILES LOURDES DANS LES MOTEURS D’AUTOMOBILES
- Une grande société française a récemment mis au point un nouveau moteur d’automobile utilisant comme combustible le gas-oil; ce moteur à quatre cylindres, d’un encombrement réduit, a une puissance fiscale de 7 ch, et une puissance au frein de 45 ch.
- Des camionnettes équipées avec ce type de moteur sont déjà employées. Pour une voiture de 500 kg de charge utile,
- Fig. 4 — Principe de la jauge électrique O. S.
- A droite : le flotteur. — A gauche : transmission électrique des indications du flotteur.
- Jaune
- Alimentation
- fouge
- Masse
- flotteur
- la consommation serait de 5 à 6 1 de gas-oil aux 100 km, au lieu de 11 à 12 1 d’essence; le fonctionnement en serait pratique et régulier, sans odeur ni fumée désagréables.
- De nombreux inventeurs s’efforcent cependant d’adapter les moteurs à explosion ordinaires, construits pour l’emploi de l’essence ou des composés ternaires, en vue de l’utilisation des combustibles lourds; nous avons décrit déjà quelques modèles de ce genre, très ingénieux, et employés pratiquement, tout au moins sur des camionnettes.
- Indiquons encore un modèle qui paraît particulièrement simple. Le système se compose d’une chambre de pulvérisation, d’un organe d’étranglement de l’air d’admission, et d’une pompe d’injection à haute pression.
- Par l’intermédiaire de cette pompe et du pulvérisateur, le combustible est pulvérisé sous une forte pression, sous forme de brouillard extrêmement fin, dans la chambre de pulvérisation. Grâce à la vitesse élevée de l’air et à la dépression, il se mélange alors avec l’air, en formant un mélange explosif qui pénètre à travers le tuyau d’admission dans les cylindres du moteur.
- La pulvérisation mécanique sous forte pression permet l’utilisation des combustibles liquides quelconques, et le système présenterait ainsi, d’après son inventeur, des avantages sur les carburateurs classiques.
- La dépression de l’air aspiré est de 20 à 30 mm de mercure plus basse que dans le carburateur ordinaire, et la pulvérisation est plus complète; on peut, d’autre part, régler à volonté la température de l’air d’aspiration. Il y a, d’ailleurs, injection continue dans la chambre de pulvérisation, et non injection directe dans le cylindre, comme dans le moteur Diesel.
- Le système remplace le carburateur, et la pompe d’injection peut également remplacer, dans certains cas, la pompe d’alimentation d’essence. Le débit reste régulier, malgré l’augmentation de vitesse du moteur, et le système pourrait être adaüté à tous les moteurs à essence, plus particulièrement aux moteurs industriels.
- LES JAUGES D’ESSENCE ÉLECTRIQUES
- Les réservoirs d’essence sont aujourd’hui placés, le plus souvent, à l’arrière de la voiture, et le conducteur doit être renseigné à chaque instant sur le niveau du carburant. Il a donc fallu créer des indicateurs de niveau d’un fonctionnement sûr.
- Avec les réservoirs disposés à l’avant, on employait simplement des systèmes à flotteur commandant mécaniquement, par tringles ou par flexibles, une aiguille se déplaçant devant un cadran gradué, disposé sur le tablier de bord. Autrefois, on employait encore des systèmes de ce genre placés directement sur le réservoir arrière, mais il fallait descendre de voiture pour les consulter, aussi les a-t-on abandonnés rapidement.
- Les premiers indicateurs à distance, pratiques, étaient des dispositifs à pression avec manomètre indicateur; nous en avons décrit quelques-uns dans la revue, mais leur fonctionnement était assez irrégulier et nécessitait généralement la mise en action d’une pompe à chaque lecture; les appareils actuels sont presque toujours électriques.
- On est alors forcé de placer un circuit électrique très près du réservoir d’essence; mais le danger qui en résulte n’est heureusement pas grave. Les câbles ne sont parcourus que par du courant à basse tension, et surtout la partie du dispositif où circule le courant demeure complètement extérieure au réservoir.
- Tous les dispositifs de ce genre comportent un indicateur de tablier, de petites dimensions, analogue à un voltmètre ou à un ampèremètre. Le cadran est simplement gradué en litres, au lieu d’unités électriques, et il est généralement éclairé à la manière des autres appareils de bord.
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- Cet indicateur est relié par un ou deux câbles au transmetteur disposé sur le réservoir d’essence arrière, et qui est composé, en principe, d’un llotteur actionné par les variations de niveau de l’essence, et agissant sur le curseur d’un rhéostat (fig. 4).
- Le rhéostat est monté en série avec le galvanomètre et détermine suivant les variations de sa résistance, les déviations de l’aiguille.
- En pratique, le galvanomètre indicateur comporte deux bobines d’excitation, calées l’une par rapport à l’autre suivant un certain angle et exerçant leur action magnétique sur l’équipage mobile, formé d’une armature en fer, solidaire de l’aiguille indicatrice.
- La valeur du courant envoyé dans chacune des deux bobines d’excitation varie selon la position du curseur du rhéostat, c’est-à-dire suivant le niveau de l’essence dans le réservoir. Le champ magnétique résultant détermine la direction de la position d’équilibre de l’équipage mobile, puisque l’armat ure en fer doux tend à se placer dans la position où elle est parcourut* par le flux le plus grand.
- Il faut, en effet, avoir un système dont le fonctionnement soit à peu près indépendant de la tension du courant d’alimentation, qui peut varier suivant l’état de charge de la batterie, le fonctionnement de la dynamo, etc.
- Cet accessoire électrique a une consommation extrêmement faible, et de l’ordre de 0,05 à 0,1 A seulement, dans les modèles pour une tension de 12 v; de plus, le circuit électrique de la jauge est toujours coupé par le commutateur d’allumage, de sorte que l’appareil ne fonctionne que lorsque le moteur est en marche.
- Ces systèmes, si répandus actuellement, sont donc bon marché, simples, et suffisamment précis; ils n’exigent aucun soin d’entretien particulier; leurs pannes sont peu fréquentes.
- Il convient cependant de choisir des systèmes dans lesquels le montage du curseur sur la résistance est effectué avec soin; on comprend, en effet, qu’un frottement répété, toujours vers les mêmes parties de la résistance, en général, puisse déterminer assez rapidement une usure de l’enroulement, s’il y a contact direct. Dans les dispositifs les plus perfectionnés le curseur n’agit donc pas directement sur le fil résistant , mais par l’intermédiaire d’une lame métallique souple.
- LES VARIATIONS DE PRESSION D’HUILE
- Le graissage, dans les moteurs actuels, se fait presque toujours sous pression créée par une pompe à engrenages. L’indication de la pression qui règne dans la tuyauterie est donnée par un manomètre placé sur le tablier de bord de la voiture. Pour chaque type de voiture, il existe une pression normale indiquée par le constructeur, et un système régulateur à bille empêche la pression d’atteindre un niveau trop élevé, surtout au départ, lorsque l’huile est froide.
- Une baisse de pression constante au-dessous du niveau normal, même lorsque l’huile est chaude, indique donc souvent un défaut de fonctionnement, dont les effets peuvent être graves, surtout à la longue. Un tel défaut peut être dû à un manque d’étanchéité de la pompe à huile, à un jeu latéral des pignons de la pompe ou à une fuite.
- Par contre, la pression d’huile tombe normalement à une valeur très faible, lorsque le moteur tourne au ralenti, et quand l'huile est chaude, il n’y a donc pas à s’inquiéter d’une baisse constatée dans ces conditions.
- Un autre phénomène assez curieux est quelquefois observé. La pression est normale, en général, pendant le fonctionnement du moteur, et quelle que soit la vitesse de régime, mais, pour une certaine gamme de vitesses, de 60 à 65 km à l’heure, par exemple, en prise directe, on constate une baisse de la pression plus ou moins sensible ; dès que la vitesse critique est
- dépassée, le niveau normal est rétabli.
- Ce phénomène semble dû, dans la majorité des cas, à une vibration de la bille du r é g u 1 a t e u r , pour des conditions de fonc-lionne m e n t cor res p o ndant à cette vitesse critique. Si la baisse de pression est peu co nsidérable, elle n’offre guère d’importance; sinon, il faut généralement remplacer le ressort
- appuyant sur la bille par un autre plus fort, ce qui change les conditions de vibrations, mais sans exagération, car on augmenterait ainsi la pression constante.
- UNE BONNE PRÉCAUTION POUR LE DÉMONTAGE DES BOUGIES
- Les bougies des moteurs modernes ont généralement leur culot enfoncé dans des cuvettes du bloc moteur, dans lesquelles peuvent s’amasser des poussières et des particules métalliques de toutes sortes. En démontant sans précaution la bougie, on risque d’introduire dans les cylindres des corps étrangers. Une bonne précaution consiste donc à enlever auparavant toutes les poussières au moyen d’un pinceau fin, ou d’une petite poire en caoutchouc, comme le montre la figure 5.
- DES OUTILS IMPROVISÉS POUR LE DÉMONTAGE DES ACCUMULATEURS
- Les batteries d’accumulateurs des voitures sont bien souvent disposées dans des endroits peu accessibles; leur vérification et leur démontage sont difficiles.
- Des outils improvisés, qu’on a généralement sous la main, peuvent faciliter cette dernière opération. 11 suffit de prendre deux portemanteaux, dont on saisit solidement dans la main la partie cintrée en bois. On introduit les crochets sous les barres de connexion des bacs, comme le montre la figure 6, et on soulève avec précaution. L. Picard.
- Adresses relatives aux
- APPAREILS DÉCRITS :
- Auto remplisseur Cévin, 2,rue de Villiers, Levallois-Perret.
- Jauge électrique O. S., 12, avenue de Madrid, Neuilly-sur-Seine.
- Garnitures de freins au plomb Ferodo, 2, rue de Châteaudun,
- Paris.
- Carburateurs mécaniques Puurman. Les Chantiers du Rhône, 37, avenue Montaigne,
- Paris (8e).
- Carburateurs à régulateur Solex, 190, av. de Neuilly,
- Neuilly-sur-Seine.
- Fig. 6. — Un dispositif pratique pour le démontage des batteries d’accumulateurs.
- Fig. 5. — Une sage précaution pour le démontage des bougies.
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- LIVRES NOUVEAUX
- Index generalis. Annuaire général des universités, publié sous la direction de R. de Montessus de Ballore. 17e année, 1937. 1 vol. 2 500 p. Masson et Cie, Paris, 1937. Prix : 275 fr.
- L’Index Generalis contient une documentation complète sur les universités et les grandes écoles, les observatoires, les bibliothèques, les instituts scientifiques, les laboratoires, les offices météorologiques, les académies et les sociétés savantes, les éditeurs du monde entier. On y trouve les noms de tous les professeurs et des savants avec l’indication exacte des fonctions. L’Index Generalis constitue donc un instrument de documentation et de travail indispensable au public scientifique, dans tous les pays.
- Génératrices et moteurs à courant continu, par Édouard Roth et Joseph Bardin. 1 vol. in-16, 85 fig. Collection Armand Colin, Paris, 1937. Prix broché : 13 fr.
- La connaissance des propriétés des génératrices et des moteurs à courant continu est une nécessité pour tout ingénieur. MM. Roth et Bardin, tous deux spécialistes, se sont donné comme tâche de résumer, dans un ouvrage facilement assimilable, une étude aussi complète que possible de la question.
- Empreint des idées les plus modernes, pourvu d’une illustration abondante, ce livre s’adresse à l’étudiant aussi bien qu’à l’ingénieur, à l’usager comme au constructeur de machines à courant continu. Il constitue le complément naturel et indispensable du livre excellent de M. Roth sur les alternateurs et moteurs synchrones.
- Manuel pratique de construction des planeurs et moto= planeurs, 2e édition. Entièrement refondue et considérablement augmentée, par G. Sablier, 1 vol., 160 p., 251 fig. F.-L. Vivien, éditeur, Paris 1937. Prix : 12 fr.
- La première édition de 1929 de cet ouvrage, rapidement épuisée, a démontré l’intérêt du public français pour les constructions aéronautiques légères.
- L’auteur, créateur de plus d’une trentaine de prototypes, a condensé d’une manière essentiellement pratique et précise toute la documentation réunie au cours de ses travaux.
- Sans formules mathématiques difficiles d’assimilation, il aborde immédiatement la pratique constructive des appareils légers et étudie systématiquement toutes les pièces qu’ils peuvent comporter.
- Leçons de chimie physique appliquée à la biologie, par
- J. Duclaux. Fasc. 6. Diffusion dans les liquides, 90 p., 35 fig.; l'asc. 7. Diffusion dans les gels et les solides, 53 p., 8 fig. Actualités scientifiques et industrielles. Hermann et Cie, Paris, 1936. Prix : 20 et 12 fr.
- L’importance de la diffusion n’a sans doute d’égale que la difficulté de sa mesure exacte. Dans ses leçons du Collège de France, l’auteur étudie les calculs qu’on lui a appliqués, les méthodes expérimentales qu’on a imaginées, les valeurs numériques qu’on en a obtenues, les théories qu’on en a déduites. La diffusion est examinée successivement dans les liquides (ions, petites et grosses molécules), les gels, les solides et aussi dans certains cas particuliers : dissolution, cristallisation, gaz, etc.
- Biologie mathématique, par v. A. Kostitzin. l vol. in-16, 223 p., 16 fig., Collection Armand Colin, Paris, 1937. Prix : 13 fr.
- Depuis quelque temps, on assiste à une floraison de publications mathématiques consacrées aux problèmes biologiques. Cet ouvrage permet au biologiste de prendre connaissance des services que la méthode mathématique peut lui rendre et donne au mathématicien une idée des problèmes biologiques qui attendent encore leur solution. L’auteur expose un ensemble très vaste de faits biologiques susceptibles d’être traités par les mathématiques : vie dans ses rapports avec le milieu, croissance d’une population homogène sous l’action de facteurs naturels très variés, population logistique, populations hétérogènes, relations entre espèces, symbiose et parasitisme, croissance embryonnaire et post-embryonnaire des organismes, forme et mouvement, sélection naturelle, évolution. Cet essai de liaison entre deux domaines du savoir est fort intéressant à considérer d’un point de vue général, malgré les incertitudes qui persistent du fait du grand nombre de variables à considérer dans chaque cas.
- Phénomène social et sociétés animales par Etienne Rabaud. 1 vol. in-8, 321 p., 34 fig. Bibliothèque de philosophie contemporaine. Félix Alcan, Paris, 1937. Prix : 45 fr.
- Le professeur de biologie de la Sorbonne, après avoir examiné les rapports que soutiennent entre eux les animaux et constaté leur interdépendance générale, aborde l’étude des agrégats. Il cherche à préciser si tous sont de même nature et il se trouve conduit à séparer, comme distinctes dans leur déterminisme, les foules et les sociétés. Celles-ci dérivent d’un interattraction et constituent le phénomène
- social élémentaire. Après en avoir indiqué les modalités diverses, il examine les conséquences possibles sur le comportement des animaux groupés. Les manifestations principales de la vie sociale sont soigneusement analysées à ce point de vue et l’analyse conduit à montrer que vie en commun et vie solitaire se ressemblent de très près. Des faits ainsi fournis par une étude serrée des sociétés animales, l’auteur dégage des indications sur les sociétés humaines. Dans un dernier chapitre, il indique à grands traits que l’intervention des états de conscience produit des effets qui ne sont peut-être pas des améliorations.
- Discovery Reports. Vol. XIII. 1 vol. in-4, 384 p., 107 lig., 32 pl.
- Cambridge University Press, 1936. Prix : 3 £.
- Le tome XIII des rapports de la Discovery contient quatre mémoires très différents mais tous fort intéressants. MM. Ardley et Mackintosli décrivent en détail les aménagements et l’équipement scientifique de la Discovery II, qui a remplacé en 1929 le premier navire utilisé pour l’expédition dans l’Atlantique Sud, aux abords de l'Antarctique; c’est un navire de 70 m dont l’agencement réalise les récents perfectionnements de navigation et de recherche : sondage au son et au sondeur, treuils pour tous appareils, grands laboratoires d’hydrologie et de biologie, chambre photographique, etc.; des plans et des photographies fournissent tous renseignements sur son heureuse conception. M. Earland continue l’analyse des boues bleues obtenues par sondages profonds dans la mer de Weddell; il y note l’absence de diatomées, mais y trouve des cristaux, des fossiles, des foraminifères. Une des découvertes les plus extraordinaires et les moins explicables est celle faite par M. Bannister, de cristaux d’oxalate et de citrate de calcium, reconnus tant par l’analyse chimique que par les spectres de rayons X; on n’imagine guère leur origine. M. Guntlier étudie le courant froid du Pérou qui longe la côte pacifique et conditionne son climat et sa végétation; il note la température, la salinité, la teneur en phosphate, la couleur des eaux, signale ses curieux effets de destruction de certains animaux et cherche sa place dans la circulation générale de l’Océan Pacifique. Enfin M. Ommanney examine la biologie du Copépode le plus grand et le plus abondant de l'Atlantique austral Rhincalanus gigas, qui est la nourriture des baleines; il remonte l’été vers le nord et retourne l’hiver dans les eaux antarctiques.
- Les maladies professionnelles donnant droit à réparation
- légale (législations belge et française), par le Dr A. Langlez, 1 vol.
- in-16, 312 p. Bibliothèque scientifique belge : section biologique.
- Masson et Cie, Paris, 1936. Prix : 30 fr.
- Inspecteur général du service médical du travail de Belgique, professeur à l’université de Bruxelles, l’auteur rassemble ici tout ce que le médecin doit savoir des maladies professionnelles donnant droit à « réparation » d’après la législation actuelle : saturnisme, hydrargyrisme, arsenicisme, phosphorisme, sulfocarbonisme, intoxications par les hydrocarbures, lésions dues aux rayons X et aux substances radioactives, cancers professionnels, injection charbonneuse. Pour chacune, il rappelle la toxicité, la voie de pénétration, les symptômes, le diagnostic, la prophylaxie, il énumère les professions dangereuses et indique les textes légaux, belges ou français, qu’il convient d’appliquer.
- L'année psychologique, par Henri Piéron. 36' année. 2 vol.
- in-8, 818 p., fig. Bibliothèque de philosophie contemporaine. Félix
- Alcan, Paris, 1936. Prix : 140 fr.
- Comme chaque année, l’Année psychologique comprend des mémoires originaux, des notes, des analyses bibliographiques. Les mémoires, au nombre de huit, traitent des encéphalogrammes de l’homme, de l’influence de la similitude des tâches dans l’inhibition rétroactive chez les animaux, de l’appréciation des épaisseurs chez les écoliers, d’observations critiques sur le test d’intelligence mécanique, de la sensation vibratoire cutanée, du pronostic psychotechnique d'après les courbes d’apprentissage, de l'élément affectif dans le réflexe psycho-galvanique, du goût électrique provoqué par les courants à établissement progressif. Des notes plus brèves sont consacrées à la critique de conceptions nouvelles sur la physiologie des sens, à la classification des mouvements manuels d’après Khabileté, aux illusions d’observation en chemin de fer. A ces travaux dont la plupart sortent du laboratoire de psychologie du professeur Pjéron et indiquent ses tendances actuelles s’ajoutent 1500 analyses précises, documentées des publications parues en 1935 dans les multiples domaines de la psychologie pure et appliquée. On y trouve une vue complète des activités actuelles, depuis l’anatomo-physiologie nerveuse, la psychologie comparée, en passant par la psychologie classique, la psycho-physiologie, la pathologie jusqu’aux applications à la pédagogie et à la psychotechnique. C’est dire le merveilleux instrument de travail et de documentation qu’est cet ouvrage pour tous ceux qui s’intéressent à l’homme et à ses possibilités et les idées, les directives qu’il fournit dans toutes les voies de la connaissance. On reste émerveillé chaque année de l’effort fourni pour rassembler tant de faits et de la valeur d'un tel ouvrage.
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- COMMUNICATIONS a L'ACADEMIE DES SCIENCES
- Séance du 22 mars 1937
- Recristallisation d’alliages. — Les alliages aluminium-magnésium, contenant de 2 à 13 pour 100 de Mg, préalablement trempés, sont transformés au cours du recuit par la précipitation de la phase [i et la recristallisation des grains. MM. Michaud et Segol ont vérifié, par l’étude des diagrammes de rayons X, que la recristallisation ne commence qu’après la précipitation de la phase p. L’effet retardateur de la phase fl sur le grossissement des grains persiste tant que cette phase n’a pas complètement disparu.
- Conductibilité de l’air. — La conductibilité électrique de l’air est due aux ions positifs et négatifs; elle augmente rapidement lorsque la pression diminue avec l’altitude. MM. Clu-zet et Ponthus ont mesuré ces variations dans un caisson pneumatique, dont les conditions ne sont évidemment pas absolument identiques à celles de l’atmosphère. Pour des pressions correspondant à des altitudes de ü à 10 000 m, ils ont noté que la conductibilité varie plus vite que l’inverse de la pression. Cette variation est due, en majeure partie, à celle de la mobilité des ions, mais il doit s’y ajouter des phénomènes secondaires. D’autre part, et ceci a été aussi vérifié au cours d’ascensions, la conductibilité due aux ions positifs est plus grande que celle provenant des ions négatifs dès que l’altitude dépasse 6000 m.
- Les acides gras en alimentation. — M. Lecoq montre que les acides gras à point de fusion supérieur à 50° provoquent, comme ceux qui sont liquides à la température du corps humain, des déséquilibres alimentaires analogues à l’avitaminose B. L’addition de glycérols atténue le phénomène, mais ne le supprime pas. Les expériences effectuées sur le pigeon amènent, si elles se prolongent, la mort par crises polynévri-tiques, même si la ration contient de la levure de bière. Les savons potassiques de ces acides agissent identiquement, l’assimilation des acides doit d’ailleurs s’effectuer après formation de savons, sous l’influence de la bile.
- Préservation des coques de bateaux. — Visscher a montré l’influence de la peinture sur la fixation des organismes encroûtants. Cette action est malheureusement très variable suivant les espèces et il paru très intéressant à M. Herpin de rechercher leur efficacité sur les animaux les plus redoutables en déterminant ceux-ci. Il ressort de ces recherches que les Balanes et les Serpuliens, fixés par une lame ou un tube calcaire ne sont pas gênés par les peintures toxiques et peuvent servir à leur tour de support à toute une faune secondaire.
- Les Balanes et les Serpuliens ont d’autre part des tests qui rendent les coques très rugueuses et ne disparaissent pas après un séjour en eau douce. Leur rôle est essentiel dans la formation des encroûtements qui freinent la marche des navires.
- Gélatine et insuline. -— En étudiant l’hypoglycémie provoquée chez des lapins par des injections sous-cutanées d’insuline, M. Broun a noté l’augmentation de la durée de cet état lorsqu’on injectait simultanément une suspension colloïdale de gélatine à 1 pour 100. On peut supposer que les grains colloïdaux servent de véhicule à l’insuline et modifient son effet.
- Séance du 31 mars 1937.
- Le bore dans les végétaux. — MM. Gabriel Bertrand et Silberstein ont dosé le bore dans la matière sèche de végétaux à l’époque de leur floraison, provenant de cultures sur des parcelles privées d’engrais et aussi homogènes que possible. Ils ont trouvé des teneurs variant entre 2,5 et 70 mgr par kg. Les graminées sont particulièrement pauvres en bore,
- alors que les légumineuses accusent en général des teneurs élevées. L’attention des agronomes doit donc être attirée sur la nécessité d’apporter du bore à certains terrains pour la culture des légumineuses.
- L’absorption de l’oxygène. — L’oxygène possède des bandes d’absorption situées entre 0p. 22 et 0p. 3, dans la région où la présence de l’ozone atmosphérique limite le spectre solaire ultraviolet au niveau du sol. Il a paru intéressant à M. Herman de rechercher si une partie de l’absorption atmosphérique attribuée à l’ozone n’était pas due à l’oxygène. Il a mesuré l’intensité de l’absorption de l’oxygène sur ces radiations sous une pression de 27,7 kg/cm2 dans un tube d’une longueur de 100 m. En extrapolant les résultats aux pressions de l’atmosphère et en admettant, soit la proportionnalité de l’absorption au carré de la pression, soit la loi de Beer, il a été conduit à faire ressortir des effets négligeables. Ces lois sont certainement inexactes, mais il reste néanmoins très probable que l’absorption de l’oxygène atmosphérique dans l’ultraviolet est pratiquement nulle par rapport à celle de l’ozone.
- Transmission du typhus murin. — MM. Ch. Nicolle, Blanc et Conseil, ont signalé, dès 1914, la virulence des déjections de poux infectés par le typhus exanthématique. Après Dyer, MM. Blanc et Baltazard, montrent que pour le typhus murin, la puce, agent de transmission, n’inocule pas la maladie par piqûres, mais par les souillures des plaies, par ses déjections. Les auteurs ont reconnu que les déjections restent virulentes, après dessiccation, pendant 21 jours, alors que les puces broyées ne le sont plus après sept jours. La contagion humaine est donc probablement due à la poussière chargée des déjections des puces dont sont porteurs les rats sauvages. La conservation exceptionnelle de la virulence dans les déjections est peut-être due aux conditions différentes de la dessiccation suivant qu’elle s’effectue sur des parasites libres ou intracellulaires, mais sans doute aussi à une forme particulièrement résistante du parasite, existant seulement dans l’intestin de la puce.
- Séance du 5 avril 1937.
- Hydrosels de zinc. — Par immersion d’échantillons de zinc pur dans certaines eaux et en particulier dans celles de Saint-Amant-Tallende (Puy-de-Dôme), M. Bouchet a obtenu des hydrosels contenant le zinc à l’état colloïdal. Au bout de 8 jours de contact, on observe une coloration bleue qui s’évanouit lentement si on retire le zinc. A l’ultramicroscope, on peut constater le mouvement brownien des particules métalliques, persistant même après la disparition de la coloration.
- Le niveau du lac Ontario. — En analysant les courbes des niveaux moyens mensuels du lac Ontario, M. Frolow trouve une diminution moyenne de 2 cm 25 par an, explicable, soit par une variation séculaire du climat, soit par l’érosion du lit du Saint-Laurent, soit par le concours de ces deux causes. L’analyse harmonique montre aussi onze composantes de périodes allant de 4 à 276 mois. Il faut toutefois remarquer que l’analyse harmonique suppose une courbe continue; son application à des courbes discontinues, construites avec des moyennes, est bien difficile à justifier. Elle fait en particulier apparaître des périodes qui sont les p. p. c. m. des périodes véritables avec l’unité de temps servant à l’établissement des moyennes. C’est très probablement pour cette raison que la plupart des périodes trouvées sont des nombres entiers de mois. L. Bertrand.
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- NOTES ET INFORMATIONS
- NÉCROLOGIE Ernest Cousin.
- M. E. Cousin qui vient de mourir à l’âge de 76 ans était depuis 1887, soit donc depuis un demi-siècle, secrétaire de la Société française de Photographie et de Cinématographie et il a été intimement mêlé au développement et à la vie de cette société fondée en 1854. C’est E. Cousin qui organisa et dirigea depuis 1889 le laboratoire d’essais qui rend à tous les photographes amateurs ou professionnels les services les plus utiles.
- Pendant la guerre, E. Cousin fut détaché à Chalais-Meudon, an laboratoire de téléphotographie créé parle Colonel Sacconey, puis il fut chargé de constituer le matériel photographique pour l’aviation et passa ensuite au service des instruments de précision. Entre temps, il fit. construire pour le polygone de Gàvres un appareil photographique de précision destiné à enregistrer les trajectoires des obus lumineux.
- Après la guerre, il revint à son poste de secrétaire de la Société de Photographie qu’il réorganisa complètement et au fonctionnement de laquelle il consacra le reste de sa vie.
- E. Cousin était chevalier de la Légion d’honneur et avait reçu en 1930 la médaille Janssen pour services rendus à la photographie.
- Elihu Thomson.
- Par la mort d’Elihu Thomson décédé le 13 mars 1937, disparaît un des plus grands pionniers des applications industrielles de l’électricité. Il était né à Manchester le 29 mars 1853, mais fit toutes ses études et passa toute sa vie en Amérique.
- On lui doit plus de 700 inventions dont quelques-unes de première importance, en particulier le soufflage magnétique des arcs, la soudure électrique par la méthode des résistances. Le nom d’Elihu Thomson restera attaché à une expérience classique : celle de la répulsion d’un anneau métallique placé dans le champ d’un électro-aimant alimenté par du courant alternatif. Cette expérience fondamentale permit à Elihu Thomson d’inventer les moteurs électriques à répulsion dont l’emploi est très répandu dans l’industrie.
- Elihu Thomson fut le fondateur en 1882 avec Edward J. Houston de la Thomson-Houston Cv, universellement connue, dont il dirigea ensuite le célèbre laboratoire à Lynn.
- H. Vigneron.
- MÉTÉOROLOGIE
- L’étude des phénomènes météorologiques par l’enre= gistrement des atmosphériques.
- La météorologie est une science dont les applications sont diverses et utiles, en particulier pour la protection des lignes maritimes et aériennes; malheureusement, les moyens d’investigation dont elle dispose, de plus en plus nombreux et perfectionnés, pour sonder l’atmosphère à distance et fournir les prévisions du temps, se révèlent souvent insuffisants.
- Dans des régions de basse latitude, par exemple, des tornades caractéristiques surgissent brutalement, sans que les moyens météorologiques habituels permettent de les prévoir.
- Le baromètre et le thermomètre restent alors stationnaires, sauf au passage même de la perturbation.
- On se rappelle le terrible accident d’avion survenu au Congo et qui coûta la vie au gouverneur général Renard et à sa suite. Il est caractéristique de l’impuissance des moyens habituels devant ce phénomène, l’envol de l’avion ayant eu lieu après des relevés météorologiques d’apparence normale.
- Il est donc toujours intéressant de multiplier les moyens d’investigation afin de parer, si possible, aux défaillances ou insuffisances de certains d’entre eux. Depuis longtemps, on a signalé l’intérêt de 1 ’enregistrement des perturbations parasites électriques, que tous les amateurs de T. S. F. connaissent bien sous le nom de parasites atmosphériques. Nous rappellerons le travail publié naguère ici même par M. Bureau, de l’Office National Météorologique.
- M. Capmas, chargé de recherches à l’Institut de Physique du Globe de Paris, s’est engagé dans la même voie, en réalisant l’enregistrement continu des parasites et en étudiant les moyens d’appliquer aux prévisions météorologiques les observations ainsi recueillies.
- Des parasites naturels précèdent et accompagnent la plupart des perturbations météorologiques, telles que les orages, les fronts froids, et les tornades tropicales; leur étude systématique peut donc contribuer à la prévision des perturbations atmosphériques à une échéance de l’ordre de plusieurs heures.
- L’atmosphère est le siège d’un champ électrique vertical
- Fig. 1. — Enregistreur de l’agitation électromagnétique naturelle (parasites atmosphériques), établi par M. Capmas à l’Institut de Physique du Globe de Paris.
- Vue de la partie basse fréquence : amplificateur spécial et intégraphe voltmètre de M. Capmas.
- important dû au fait que le sol est chargé négativement, et que l’atmosphère contient des charges électriques (ions positifs et négatifs), les charges positives étant plus nombreuses que les négatives.
- Dans ces conditions, plus l’atmosphère est agitée, surtout dans le sens vertical, plus les masses d’air électrisées et de potentiels différents se trouvent au contact les unes des autres, et plus les parasites électriques sont nombreux.
- L’observation méthodique de ces perturbations électriques permet donc d’apprécier la turbulence de l’air dans un rayon important autour d’une station de réception. C’est ce que des expériences entreprises sous différentes latitudes par ce spécialiste ont permis de confirmer.
- Dans certains cas, et aux basses latitudes, l’observation méthodique des parasites pourra être le seul moyen de prévision utilisable pour l’aéronautique.
- On pourrait ainsi déceler les phénomènes orageux à basses latitudes ; de même, en été, ces phénomènes orageux pourraient être observés dans les moyennes latitudes, ainsi qu’en
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- toutes saisons les fronts froids; la zone d’observation pourrait atteindre jusqu’à 2000 km.
- L’appareillage nécessaire à cette étude systématique comprend les organes suivants : un amplificateur de T. S. F. à haute fréquence très sensible, à détection linéaire, destiné à la réception des parasites sur deux gammes de 450 à 30000 m, ainsi qu'à la réception des émissions télégraphiques en ondes entretenues modulées, sur la gamme du trafic maritime ou aérien habituel.
- A la suite de ce premier amplificateur, un amplificateur filtre basse fréquence permet l’écoute et l’enregistrement graphique des atmosphériques seuls, avec élimination des autres modulations radioélectriques ou parasites industriels.
- Cet amplificateur actionne un dispositif d’enregistrement graphique à enregistreur à bande chimique ou à oscillographe d’Abraham à plume.
- M. Capinas a également imaginé un dispositif de mesure de ce qu’il appelle l’agitation électromagnétique, grandeur qui donne une mesure des perturbations atmosphériques.
- dette agitation a pour expression théorique :
- A = K N log —
- 1
- lv étant un coefficient de proportionnalité dépendant du collecteur d’ondes et des amplificateurs, N le nombre de perturbations dans une unité de temps, I l’intensité moyenne des perturbations en une unité de champ électrique, et lo l’intensité minima reçue par l’appareil.
- Un appareillage de ce genre fonctionne depuis 1934 à l’Institut de Physique du Globe de Paris.
- Un récepteur spécial à utiliser sur avion et un enregis-teur radiogoniométrique à lecture directe et instantanée sont également en voie de réalisation. P. H.
- PHYSIQUE
- La transformation des rayons infrarouges en lumière visible.
- Plusieurs physiciens ont déjà réalisé cette transformation qui se prête à de nombreuses applications : citons notamment, Holst, de Boer, Teves, Veenemans et Cœterier, et von Ardenne.
- MM. G. Butery et G. Sandoz ont établi récemment, un dispositif simplifié pour mettre ce phénomène en évidence. Ils l’ont présenté le 6 mars dernier à la section lyonnaise de la Société française de Physique.
- L’appareil se compose de deux lames rectangulaires de mica, disposées parallèlement, à 10 mm de distance, dans une ampoule cylindrique de verre d’assez grand diamètre. Les faces en regard des deux lames ont été préalablement recouvertes, par pulvérisation cathodique dans l’argon, d’une couche conductrice et semi-transparente d’argent. Sur l’une des argentures, on a appliqué ensuite, à l’aide d’un pistolet, un léger dépôt d’une substance donnant une brillante fluorescence verte sous l’action d’électrons incidents suffisamment rapides .(willemite, avec liant à base de silicate de potasse). Après montage dans l’ampoule, on a oxydé superficiellement le dépôt d’argent de la plaque non fluorescente. Pour obtenir ce résultat, on a introduit une petite quantité d’oxygène dans l’ampoule et on a fait passer une décharge lumineuse entre la plaque précédente et un cadre de nickel situé entre les deux lames de mica. L’ampoule renferme également une capsule métallique contenant un mélange de bichromate de césium et de poudre de zirconium. Cette capsule a été fortement chauffée par des courants de haute fréquence, pour libérer le césium, avant de sceller l’ampoule sous un excellent vide. Un traitement thermique approprié, a permis enfin de rendre photosensible la surface de l’argent oxydé (préparation
- .............—...... = 481 =
- courante des cellules photoélectriques au césium sur argent oxydé).
- L’expérience a été présentée en appliquant entre les deux électrodes semi-transparentes une différence de potentiel de 1700 v. On a projeté sur la face extérieure de la cathode photoélectrique l’image infrarouge (écran de verre « Manganal » d’un filament de lampe électrique. Dans ces conditions, les électrons accélérés par le champ intense viennent frapper le dépôt fluorescent et donnent naissance à .une image verte, brillante et très nette, visible par transparence à travers la seconde lame de mica. ' ,
- MÉTALLURGIE
- Un lingot d'acier forgé de 230 tonnes.
- Le gigantesque lingot que représente noti-e photographie
- Fig. 1.— Lingot d’acier (230 tonnes) élabore dans une aciérie d’Essen pour former une chambre de cracking (Ph. N. Y. T.)
- est un bloc d’acier spécial destiné à former une chambre de réaction pour une installation de cracking d’huile. Sous sa forme brute, il pèse 230 t; il va subir de nombreuses et délicates opérations de forgeage, avec séparation des parties dont le métal ne serait pas parfaitement sain; il perdra environ deux tiers de son poids au cours de ce travail, dont le résultat sera une chambre, aux parois inattaquables par les hydrocarbures traités, et capables de résister à des pressions de plus de 300 atmosphères à 500° environ. Le prix de cette chambre terminée sera d’environ 3 millions de francs.
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- INVENTIONS ET NOUVEAUTÉS
- Fig. 1. — llorolotalisateur Lip.
- MÉCANIQUE Horototalisateur Lip.
- Pour contrôler la marche des machines, on les a jusqu’à présent munies de compte-tours totalisateurs qui enregistrent le nombre de tours d’un arbre principal. On peut, dans un grand nombre d’applications, désirer connaître au contraire le temps pendant lequel la machine a fonctionné.
- C’est ainsi que l’on peut avoir intérêt dans les installations de radio thermie ou de radiographie à totaliser la durée de fonctionnement des ampoules, soit pour prévoir leur remplacement après un certain nombre d’heures de fonctionnement, soit pour contrôler que la durée de l’installation est conforme au bulletin de garantie.
- Fig. 2. — Compas Poullain-Lepetil pour se repérer sur le terrain. (Breveté S. G. D. G.)
- Pour les enseignes lumineuses à vapeur de mercure ou à gaz rares, la connaissance de la durée de vie des tubes est plus intéressante que celle de la consommation enregistrée par les compteurs électriques, surtout si l’installation est faite suivant la formule « à l’entretien ».
- De même pour toutes les machines louées « à l’heure » ou à « la journée », comme les batteuses, les appareils de manutention dans les ports, etc..., dans l’industrie de la soierie où les artisans travaillent à domicile sur des machines appartenant à une société unique et doivent se conformer à la loi des 40 heures, la totalisation du temps de marche est un élément essentiel de contrôle.
- La Société Lip a réalisé dans ce but un horototalisateur fonctionnant sur courant alternatif, extrêmement robuste dont la figure 1 montre l’aspect extérieur. U se compose d’un moteur synchrone auto-démarreur monté sur roulement à billes et d’un système de multiplicateur commandant un totalisateur d’heures d’une capacité de 100 000 h ainsi qu’un disque gradué au 1/100 d’heure. L’ensemble est monté sur un socle d’aluminium verni protégé par une cloche en laiton chromé assurant une étanchéité parfaite de l’appareil dont les connexions électriques peuvent être plombées. 11 peut être monté dans toutes les positions et fonctionne automatiquement sans aucune surveillance ni entretien.
- Constructeur : Société Lip à Besançon.
- TOPOGRAPHIE
- Nouveau compas pour se repérer sur le terrain.
- Marquer sur un plan ou sur une carte l’endroit précis où l’on se trouve est un petit problème que l’on a souvent à résoudre. Pour cela on vise tout d’abord sur le terrain des points de repère indiqués sur la carte (clochers, sommets, balises, monuments, etc...), puis on se base sur la propriété bien connue du segment de circonférence capable d’un angle donné (J).
- Ainsi, ayant visé successivement deux points de repère, une construction géométrique simple, mais délicate, permet de tracer sur la carte le segment de circonférence capable de l’angle mesuré par la visée. Le point où l’on se trouve est situé sur ce segment. Une nouvelle opération avec un troisième point de repère et l’un des deux autres, donne un nouveau segment qui coupe le premier au point cherché.
- Voici un ingénieux appareil qui facilite notablement ces opérations en évitant toute lecture d’angle, toute mesure de longueur, la présence de tout aide et tout déplacement. Ce compas de repérage se compose de deux alidades articulées à l’aide d’une tête de compas portant en son centre une pin-nule à œilletons (tige verticale), munie à sa partie inférieure d’un petit stylomine. Il suffit de viser les points de repère, et le tracé du segment capable de l’angle correspondant se fait directement sur la carte.
- Toutes les opérations intermédiaires sont supprimées.
- Cet appareil qui peut être utilisé,- soit monté sur un pied (un pied d’appareil photographique suffit), soit tenu à la main (s’il est muni du dispositif spécial à miroir), ne pèse que 200 gr. Replié, il est fort peu encombrant. Il peut servir également pour des levers de plans rapides par des méthodes analogues à celles en usage en topographie. Non seulement les géomètres et les prospecteurs, mais encore les géologues, les
- 1. Si l’on considère une corde dans une circonférence, cette corde est vue sous le même angle de tous les points du segment de la circonférence, situés d’un même côté de cette corde. On dit que ce segment est capable de cet angle.
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- officiers, les alpinistes, les architectes, les touristes, etc. trouveront en cet ingénieux instrument, qui ne nécessite aucune connaissance spéciale, une aide précieuse.
- Constructeur : Établissements A. Lepetit, 20, rue Maiie-Debos, Montrouge (Seine).
- OPTIQUE Lunettes de lit.
- tarmique des résultats de beaucoup supérieurs à ceux obtenus par les anciennes méthodes.
- En 1923, le Conseil supérieui-
- Lire au lit, c’est la joie des malades alités et de bien d’autres personnes que le sommeil n’écrase pas dès qu’elles se couchent. Mais il faut tenir le livre devant les yeux, les bras se fatiguent et, quand on s’endort, le livre échappe.
- M. Renault, opticien, raconte :
- « Voici plusieurs mois, un client vint me trouver en demandant une sorte de jumelle qui permette à sa femme alitée pour un temps indéterminé, de lire sans fatigue, sans être obligée d’élever la lecture au-dessus de ses yeux. Je lui répondis que j’allais chercher à lui donner satisfaction. Ce fut plus long que je ne pensais. 11 fallait, en effet, trouver le moyen de modifier la marche des rayons lumineux de 90°, sans les modifier. J’étudiai d’abord un prisme pentagonal à deux faces argentées, prisme équerre, mais il était trop lourd et absorbait trop les rayons lumineux, il manquait de clarté. Je me suis définitivement arrêté au prisme rectangulaire ayant le grand côté de l’angle droit argenté (fig. 3) ; il est léger, très lumineux et donne entièrement satisfaction. Le prisme mis au point, il fallut trouver le moyen pratique de le fixer dans les lunettes soit pour être utilisé seul, soit pour être ajouté à des lunettes déjà utilisées. Cette question fut résolue par une cage en métal enveloppant le prisme et fixée à un disque également métallique remplaçant le verre dans les montures de lunettes. »
- C’est ainsi que sont nées les lunettes de lit. Comme le montre la fig. 4, elles sont composées d’un disque en métal sur lequel un prisme est fixé par une enveloppe métallique. Le prisme ainsi monté remplace les verres dans toutes montures optiques. Le prisme possède trois faces : une face polie est concave ou convexe suivant les défauts de vue à corriger; une autre est polie plane; la troisième est argentée. La face correctrice est près des yeux; la face argentée est au-dessus des yeux à 90°; la face polie plane est dirigée vers la lecture, elle forme un angle de 30° avec la face argentée et un angle de 60° avec la face correctrice.
- L’inventeur et constructeur est M. Renault, opticien, 107, rue Jouffroy, Paris (17e).
- Fig. 3 et 4. — Béalisaliori de lunettes de lit.
- d’Hygiène publique l’admit officiellement à la demande de MM. Legendre et Nicloux.
- Le décret du 23 janvier 1927 qui refondait complètement les instructions officielles relatives à la prévention des accidents d’électrocution, prescrivait l’emploi exclusif de la respiration artificielle selon le procédé de Schafer et en ordonnait l’affichage obligatoire dans tous les endroits où des accidents peuvent être prévus.
- Entre temps, en 1923, le Dr Panis eut l’idée de réaliser mécaniquement la respiration artificielle et créa l’appareil qui porte son nom.
- Cet appareil présente deux incontestables progrès : la méthode de Schafer peut être pratiquée correctement par n’importe quel sauveteur non instruit ni entraîné;
- La respiration artificielle peut être prolongée pendant très longtemps sans à coup et sans fatigue.
- 1J appareil Panis, par le seul jeu d’un levier actionné de haut en bas, détermine une déformation du thorax, d’ampleur très marquée et physiologiquement normale, un massage du cœur, par manœuvres externes, d’une grande vigueur, la mobilisation rythmée de la langue et du larynx, grâce à la cambrure de la colonne cervicale imposée par un petit mouvement de translation longitudinal. Le mouvement inverse détermine une forte inspiration, doucement sollicitée, et accentuée par le relèvement des épaules obtenu par des épaulières mobiles.
- — La remise en place des organes précédemment modifiés.
- 1/appareil Panis et le masque Legendre et Nicloux pour inhalations d’oxygène ont formé à l’origine un poste de prc-
- SECOURS AUX ASPHYXIÉS Appareil de respiration artificielle du Docteur Panis.
- Le traitement efficace des asphyxiés est encore mal connu. Bien des gens sont embarrassés en présence de tels cas, qu’il s’agisse de noyade, d’électrocution ou d’asphyxie par gaz.
- Longtemps, on ne préconisa officiellement en France que la respiration artificielle selon la technique de Sylvester (mouvements des bras) ou celle de Laborde (tractions rythmées de la langue), sur le patient couché sur le dos.
- Pendant la guex-re, le sous-secrétariat d’État au Service de Santé, prescrivit enfin, sur la proposition de M. Legendre, la respiration artificielle manuelle selon le procédé décrit en 1907 par le professeur Schafer, d,’Edimbourg. Ce procédé, qui consiste à faire des manœuvres de pression sur la base du dos, au niveau des dernières articulations costo-vertébrales, du patient couché sur le ventre, donnait dans l’armée bri-
- Fig. 5. — L’appareil de respiration artificielle Panis.
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- Fig. 6. — L’appareil Panis manœuvré par des sapeurs-pompiers de Paris pour premiers secours à un asphyxié.
- miers secours dont l’usage s’est répandu rapidement chez les sapeurs-pompiers, dans l’armée, la marine, les hôpitaux, les houillères, les cokeries, les hauts fourneaux, les forges, les centrales électriques, les industries les plus diverses.
- On sait comment le Régiment des Sapeurs-Pompiers, depuis longtemps chargé des opérations de sauvetage de la Ville de Paris, a peu à peu développé les secours aux asphyxiés, secourant sur place, dès qu’on l’appelle, avec la même rapidité que le service de secours contre l’incendie (52 appels en 1929, 73 en 1930, 164 en 1931, 479 en 1932, 695 en 1933), *
- On lui doit le sauvetage de nombreuses vies dans la capitale.
- Depuis 14 ans, l’appareil Panis a été très largement répandu en France, aux colonies et à l’étranger. Il a été utilisé dans un nombre considérable de sauvetages, avec un pourcentage de succès allant de 80 à 96 pour 100 des cas traités, suivant les statistiques.
- Les postes de secours qui ont été installés en de nombreux points du territoire par des services publics ou des initiatives
- privées, comprennent : des appareils mécaniques de respiration artificielle et des dispositifs pour respiration dans une atmosphère suroxygénée.
- Dans bien des cas, ces postes possèdent, en outre, des nécessaires de dégagement d’électrocutés, des nécessaires de sauvetage de noyés, de,s masques et vêtements contre les gaz toxiques, des boîtes mé-
- dicales de premiers secours, etc. En somme, et pour conclure, en présence d’une asphyxie accidentelle, il faut :
- 1° Soustraire l’asphyxié à la cause de l’asphvxie (avec les précautions requises) ;
- 2° Pratiquer la respiration artificielle, à la main, par la méthode de Scliafer, ou mieux, au moyen d’un appareil Panis;
- 3° Alerter le poste de secours contre les asphyxiés, quand il existe;
- 4° Dès l’intervention de ce dernier, passer de la méthode manuelle à la méthode mécanique (appareil Panis) ;
- 5° Mettre en jeu le masque à inhalations d’oxygène (indispensable pour les asphyxies par oxyde de carbone, très utile dans les autres cas).
- Le médecin attaché au poste de secours ou appelé dès le début des secours étant alors sur place, fait continuer la respiration artificielle jusqu’à reprise des mouvements respiratoires spontanés, au besoin pendant plusieurs heures (ne cesser que lorsque la mort est certaine) ; et donne les soins complémentaires (saignée, injections thérapeutiques, etc.)
- Telles sont les notions que chacun doit connaître, et répandre autour de lui.
- Constructeurs : Établissements E. Charpin, 14, avenue Wilson, St-Denis (Seine).
- OBJETS UTILES Presse=fruits Yalacta.
- La mode est aux jus de fruits qui fournissent une boisson agréable, sans avoir à éplucher les fruits ni à ingérer les parois cellulosiques. Leur valeur diététique est admiss par tous.
- Voici un nouveau modèle de presse-fruits qui se recommande par les avantages suivants :
- 1° les bras du levier sont dans le rapport de 5 1/2 à 1, ce qui explique qu’un enfant exerçant une pression de 25 kgr sur la poignée, transmet une pression de 132 kgr 500 sur le fruit, largement suffisante pour extraire le jus des fruits à pulpe dure, comme les pommes, les coings, etc.;
- 2° le jus extrait tombe directement dans le fond de l’appareil et ne se trouve plus en contact avec la pulpe, qui absorberait immédiatement une partie du liquide;
- 3° le métal est un alliage d’aluminium à 13 pour 100 de silice, non corrodable par l’acidité des fruits ;
- 4° d’une solidité à toute épreuve, pesant à peine 550 gr, et mesurant 25 cm de long, n’ayant aucune pièce mécanique fragile, le presse-fruits Yalacta est inusable et indéréglable;
- 5° son nettoyage est d’une simplicité extrême. Il suffit de le présenter, après usage, sous le robinet d’eau chaude ou froide pendant 1 mn, pour lui conserver indéfiniment son aspect de neuf;
- 6° le presse-fruits Yalacta est livré avec une notice explicative sur les propriétés des différentes cures de jus de fruits et sur la manière de préparer les « cocktails Yalacta » aux jus de fruits frais et ferments lactiques.
- C’est un objet ménager précieux à acquérir au début de la saison chaude.
- Société d’Applications scientifiques, 68, chaussée d’Antin, Paris
- (9e).
- - fruits alacta.
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- BOITE AUX LETTRES
- QUESTIONS ET RÉPONSES
- De tout un peu.
- IM. Gyselinck à Angleur-Liége. — Le suint de laine a été étudié depuis fort longtemps, d’abord par Vauquelin en 1803 (Annales de chimie, t. XLVII, p. 276), jouis par Chevreul de 1828 à 1857; les connaissances actuelles le représentent comme essentiellement constitué par de la cholestérine, de l’isocholestérine, des acides myristique, carnaubique, lanocérinique et lanopalmitique, des alcools carnau-bylique cérylique, cérylique, des éthers de la cholestérine.
- Le suint est surtout utilisé pour l’extraction de la lanoline dont la cholestérine représente l’élément principal, avec de l’oxycholestérine-
- Pour cela, la laine de mouton est épuisée par une solution alcaline, solution qui est ensuite additionnée de sulfate de magnésie qui précipite la cholestérine et un savon calcaire.
- Le produit est lavé à l’eau, séché et décomposé par l’acide chlorhydrique qui sépare les éléments cholestérine et les acides gras. Après refroidissement, on enlève le gâteau qui est à la surface, on le neutralise, filtre chaud et laisse à nouveau refroidir.
- La lanoline présente comme excipient dans la préparation des pommades trois propriétés précieuses : son indifférence chimique, son inaltérabilité, sa facilité d’absorption des solutions aqueuses, ce qui la rend fort utile pour la préparation de certaines pommades.
- Elle traverse l’épiderme intact, ce que ne fait pas la vaseline, sa viscosité oblige à des frictions énergiques ce qui favorise l’absorption-
- Comme elle communique à la peau une certaine rudesse, on peut éviter ce petit inconvénient par addition dans les pommades de 10 pour 100 de vaseline, ce qui permet d’ailleurs d’obtenir des préparations plus homogènes.
- N. B. — Les solutions chlorhydriques résiduelles de l’extraction peuvent être concentrées par évaporation, pour récupération de la potasse qui s’y trouve â l’état de chlorure de potassium.
- M. Charbonnier, à Dinan. —- Les graisses employées pour l'enlre-lien des armes à feu sont simplement constituées par des huiles minérales fines, rendues plus consistantes par addition d’un peu de suif; la formule suivante vous donnera très probablement satisfaction :
- Huile de vaseline.................. 200 grammes
- Suif de mouton épuré............... 50
- L’épuration du suif s’effectue en fondant au bain-marie le suif brut et en le filtrant chaud sur une flanelle.
- .M. Vuillame, à Arbois. — Une bonne pâle pour le polissage journalier des cuisinières et fourneaux peut être préparée en prenant :
- Sulfate de fer pulvérisé..........150 grammes
- Alun en poudre.................... 15 —
- Noir animal en poudre............. 75 —
- Graphite (mine de plomb) .... 75 —
- Broyer au mortier de façon à réaliser un mélange intime, puis ajouter peu à peu une quantité d’eau suffisante pour en faire une pâle consistante, que l’on conservera en boîtes munies d’un couvercle pour éviter la dessiccation.
- IVl. IMaës, à Paris. — Nous n’avons pas encore eu en main les cigarettes amusantes, produisant de la fumée sans allumage, mais nous pensons d’après la description que vous donnez de la façon de s’en servir qu’elles contiennent simplement à l’intérieur deux tampons de coton l’un imprégné de quelques gouttes d’acide chlorhydrique, l’autre de gouttes d’ammoniaque liquide (alcali volatil).
- Les deux tampons sont séparés par une cloison étanche, boulette de cire par exemple. Lorsque celle-ci est perforée et que l’on aspire, l’acide venant au contact de l’ammoniaque donne naissance à du chlorhydrate d’ammoniaque, sous forme de fumées blanches analogues à celles que produirait la combustion du tabac, en même temps on perçoit la saveur légèrement acide des vapeurs d’acide chlorhydrique, quand celui-ci se trouve en excès.
- IVl. Sauli, à Ve mon.'— Nous ne connaissons pas la spécialité dont vous parlez, mais vous pourrez facilement imperméabiliser les semelles de vos chaussures par la mixture suivante :
- Suif de mouton. .....................100 grammes
- Saindoux............................. 50 —
- Cire jaune......................' • 25
- Huile à manger ...................... 25
- b aire fondre ensemble à feu doux, laisser légèrement refroidir puis ajouter :
- Essence de térébenthine.......... 25 grammes
- Appliquer la préparation liquéfiée au bain-marie sur les chaussures parfaitement sèches pour en assurer la pénétration dans le cuir.
- IVl. P. Lafgre, à Berck. — Pour vieillir les pièces d’ébénislerie en chêne, il suffit de les placer dans une caisse pouvant se fermer hermétiquement au fond de laquelle on dispose dans des soucoupes de l’ammoniaque liquide (alcali volatil), puis après avoir fermé au moyen du couvercle, on laisse en contact avec les vapeurs dégagées, jusqu’à ce que la teinte désirée soit obtenue.
- Ce procédé est une application de la propriété du tanin en milieu alcalin, d’absorber l’oxygène de l’air et de se colorer en brun foncé.
- IM. Cardin, à Pantin. •— 1° Pour déceler la présence de margarine dans le beurre, il n’existe d’autre moyen que l’analyse chimique effectuée au laboratoire et qui consiste essentiellement dans la détermination des acides gras insolubles.
- 2° La valeur nutritive des aliments n’est pas diminuée par la cuisson dans les marmites autoclaves; seule la sujétion du petit appareillage à remplacer fréquemment, rondelles de caoutchouc, ressort régularisant la pression, etc., est cause, croyons-nous, de la défaveur qui a suivi l’engouement du début de leur emploi.
- IM. Pressouyre, à Bayonne. —- 1° Le mastic pour rebouchage des fentes de parquet se prépare en prenant :
- Cire jaune...........................350 grammes
- Résine en poudre.....................200
- Suif de mouton....................... 50 •—
- Après fusion du mélange, incorporer progressivement : c Blanc d’Espagne pulvérisé .... 400 grammes
- Pour le rendre insecticide ajouter lorsque la masse est encore pâteuse: Bichlorure de mercure....................... 10 grammes
- Ce mastic s’applique en le versant chaud dans les rainures. Laisser durcir quelques heures, racler l’excédent avec une lame quelconque, ensuite en se servant d’un morceau de verre cassé de forme arrondie.
- On peut approprier la teinte a celle du parquet en remplaçant tout ou partie du blanc d’Espagne par de l’ocre jaune ou rouge avec une trace de noir de fumée.
- Si on désire un mastic plus malléable s’appliquant au couteau à froid, il suffira d’augmenter la dose de suif.
- 2° Pour détruire les puces logées dans les fentes de votre parquet le meilleur moyen à notre avis est de passer dans lesdites fentes avant mastiquage, avec un pinceau dur, la solution suivante :
- Paradichlorobenzène........... 15 grammes
- Pétrole lampant............... 1000 cent, cubes
- Institution St-Etienne, à Valence. — Le moyen le plus sûr en même temps que le plus facile, pour distinguer le colon du lin, est l’examen microscopique : le coton se présente sous un aspect rubané et contourné comme le ferait une bande de papier à laquelle on donnerait une légère torsion. Au contraire les fibres de lin sont droites, rigides, parallèles avec des nodosités type « canne à pêche ».
- L’observation de ces caractéristiques au microscope est rendue plus facile si on a soin d’ajouter à la préparation une trace d’eau iodée, qui colore les fibres de coton ou de lin en brun.
- IM. Kolarovitch, à Casablanca. — 1° Le coupage des récipients en verre s’effectue en faisant d’abord un trait de lime, puis en appliquant soit un fer chaud, soit une baguette de verre dont on a amené l’extrémité à fusion. On recule ensuite progressivement l’application jusqu’à ce que l’on ait fait le tour de la bouteille en produisant une fêlure de plus en plus accentuée. Dans le cas d’une tourie, nous vous prévenons que l’opération sera assez difficile à réaliser, si vous ne vous êtes pas préalablement « fait la main » en expérimentant d’abord sur de petites pièces.
- 2° Pour imperméabiliser une pierre calcaire le mieux est de recourir à la fluatation. Vous trouverez les produits nécessaires chez Teisset-ILesler à Clermont-Ferrand.
- 3° Le pliçtge de glaces de 5 à 8 mm d’épaisseur n’est pa,s à la portée de l’amateur, il ne peut être réalisé qu’industriellement lorsque la glace est encore à l’état pâteux.
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- CE QU’ON VERRA A L’EXPOSITION
- DE 1937
- LA. FRANCE D'OUTRE-MER
- Fig. 1. — Le pavillon de l'Algérie.
- Le Centre des Colonies se construit sur T Ile des Cygnes, au delà du pont de Passy; il forme une bande rectiligne s’étendant du pont de Passy au pont de Grenelle, coupée en son milieu par le viaduc du chemin de fer d’Auteuil aux Invalides; sa superficie atteint 32.000 m?, grâce aux pilotis et aux éléments flottants installés autour de l’île.
- Ce centre est divisé en autant de parties qu’il y a de groupements coloniaux, et des artisans, groupés dans un ordre géographique, travailleront dans des intérieurs reconstitués et meublés dans des styles locaux.
- L’entrée principale sera au pont de Passy. Après avoir traversé les Etats du Levant, la Tunisie et le Maroc, le visiteur pénétrera dans le quartier algérien, puis dans l’Afrique noire, avec ses maisons et ses cases de terre.
- Après avoir franchi le viaduc du Champ-de-Mars, il trouvera en un groupement pittoresque les pavillons des Antilles, de la Guyane, de la Réunion, de Madagascar, et sortira par le pont de Grenelle, après avoir visité la présentation de l’Indochine.
- Le Pavillon des Etats du Levant est divisé en deux corps de bâtiments qui encadrent une tour accolée à un patio ; les architectes se sont inspirés des monuments les plus caractéristiques de l’art syrien et libanais, notamment de la mosquée du Sultan Selim et des grands Khans, et des façades intérieur s du palais libanais de Beit Eddine. Sur la rive droite, on remarquera une haute noria caractéristique.
- La section tunisienne se compose d’un village, et d’un port, dans lequel un voilier sera aménagé en restaurant. Les berges du port ressemblent à celles des ports tunisiens, avec
- Fig. 2. — Le pavillon des Indes françaises. (MM. Hartwig et Gérodias architectes).
- un alignement de petites barques, un vieux canon en fonte, un petit café maure, un koubba, un amoncellement de filets de pêche et de jarres et poteries rustiques servant à loger des provisions de toutes sortes. Les maisons du village couvertes en terrasse ou en coupole sont étagées et dominées par un minaret; dans les rues, des artisans tunisiens travailleront sous les yeux du public.
- Le pavillon de l’Algérie comprend trois parties distinctes : un palais barbaresque du xvm' siècle, une cour de caravansérail et une ruelle de ville arabe contournant une face du palais. Le palais contiendra une vaste cour dallée do marbre blanc, reconstitution de la cour de l’archevêché d’Alger; l’entrée de la deuxième cour se fera par la porte Bab-Azoun reconstituée d’après les documents de l’époque, avec deux postes de janissaires en costume; à l’intérieur de la cour seront disposées trois grandes tentes avec parcs d’animaux et métiers pour le travail de l’alfa. Une ruelle arabe fort pittoresque présentera en ses étalages les fruits, primeurs et comestibles d’Algérie.
- Le Pavillon du Maroc fait face à celui de la Tunisie. Le bâtiment principal est surmonté d’un étage et un grand patio couvert occupe la partie centrale au rez-de-chaussée; il est décoré de boiseries sculptées et entouré de salles d’expositions. Les ateliers des artisans sont décorés, selon la coutume marocaine, d’une façon différente pour chaque métier et l’on y assistera à l’activité d’une cité mogrébine.
- Un petit pavillon coiffé d’un koubba de tuiles vertes domine la terrasse du café maure, où se feront entendre des musiciens arabes, des chirates, et des bouffons.
- Le Pavillon de l’Afrique Equatoriale Française est constitué par un groupe de constructions sur pilotis. 11 comporte une vaste terrasse avec un débarcadère, un fétiche d’une quinzaine de mètres de hauteur, et, à droite, un village pour les artisans venant du Gabon, du Moyen Congo, de l’Ouban-gui-Chari et du Tchad, avec leurs familles.
- Le Pavillon de la Guadeloupe exposera dans un immense hall les bois et les produits de l’artisanat local.
- Le Pavillon de la Réunion sera édifié sur une île artificielle, dans le style des demeures coloniales, avec une grande salle décorée intérieurement dans des productions de l’île et présentant ses produits naturels, tels que poissons vivants, vanille, sucre, rhum blanc, confitures, conserves, etc.
- Le Pavillon de Madagascar, œuvre exclusive d’artisans malgaches, représente l’habitation d’un riche indigène.
- Au Pavillon du Cameroun, conçu dans le style foulbé, on retrouvera sous une coupole de 11 m une reconstitution de la vie artisanale du Cameroun.
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- Fig. 3 à 8. •— Quelques pavillons de a France d’oulre-mer.
- 3. Étals du Levant el Liban (M. Ulysse Moussait, architecte). — 4. Madagascar {MM. G. Veissière et C. de Cantelou, architectes): — 5. Tunisie (M. Victor Valensi, architecte). — 6. Cameroun (M. Jean Durand, architecte). — 7. Mar.c (MM. S. de Mazières et A. Gauthier, architectes). —-S. Afrique équatoriale française (MM. J.-G. Lambert, Pécaud et Ployez, architectes).
- L'ECLAIRAGE - LES ILLUMINATIONS
- L’Exposition des Arts Décoratifs et l’Exposition Coloniale ont déjà montré aux visiteurs le merveilleux parti décoratif que l’on peut tirer des moyens modernes d’éclairage électrique. On se rappelle, en particulier, les admirables fontaines lumineuses, dont il reste encore sous une forme réduite des spécimens remarquables aux CliampS-Elysées à Paris.
- L’avènement de nouveaux tubes à luminescence, la mise
- en application de méthodes d’éclairage public originales et rationnelles permettront de nouvelles réalisations.
- L’éclairage par « gorges lumineuses », en particulier, est assez difficile au moyen des lampes à incandescence, dont les sources brillantes demeurent gênantes, et il faut alors employer des profils qui diminuent la visibilité. Avec les tubes luminescents, il n’est pas besoin de cet artifice, la vue directe
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- du tube étant possible. Pour l’éclairage des intérieurs, on emploie donc désormais des torchères à projection avec lampes à incandescence, ou des gorges avec tubes à luminescence, combinées avec des surfaces de dilïusion mates, généralement blanches. Pour l’éclairage des extérieurs, on adopte de plus en plus des foyers lumineux aussi élevés que possible, de manière à renvoyer le flux vers le sol, sous l’angle d’incidence correspondant à la meilleure utilisation. On tente aussi de supprimer la visibilité directe des appareils en employant des bornes d’éclairage à flux rasant.
- Ces méthodes sont appliquées à l’Exposition de 1937, de manière à assurer un éclairage en rapport avec la circulation, et à donner un caractère décoratif aux diverses, installations.
- On verra donc, dans les allées de grande circulation, des candélabres très hauts à groupe de lampes punctiformes ou linéaires, à incandescence, à vapeur de mercure ou de
- sodium, avec un réflecteur en verre argenté ou en métal poli.
- Dans les allées, entre les pavillons, se trouvent des appareils moins élevés, avec surfaces semi-réfléchissantes, ou semi-dilïusantes, très décoratives.
- Enfin, dans les chemins, la circulation est assurée par des appareils à éclairement très doux, à flux rasant.
- Les effets obtenus sont dus aux sources lumineuses elles-mêmes et à leurs réflecteurs; l’eau est souvent utilisée comme réflecteur.
- L’éclairage d’architecture, soit des pavillons, soit des plantations, tire un grand parti des effets de contraste ou de coloration, obtenus à l’aide d’appareils de projection. Les éclairages ne seront, d’ailleurs, pas maintenus immuables; on les fera varier constamment, pour tirer de cette diversité un charme supplémentaire.
- Les effets lumineux les plus remarquables seront concentrés à la Tour Eiffel et au Palais de l’Electricité.
- LES LUMIÈRES DE LA TOUR EIFFEL
- Fig. 9. — L'éclairage de la Tour Eiffel pendant l’Exposition.
- La Tour Eiffel elle-même, qui a plus de 50 ans, va retrouver une nouvelle jeunesse, grâce aux miracles de la lumière.
- Les arcades entourant la première plate-forme ont été démolies et les bâtiments anciens édifiés sur cette plate-forme ont été remplacés par des installations plus modernes et plus légères.
- La nuit, la Tour sera illuminée par plusieurs centaines de projecteurs la transformant en un îlot de lumière aux couleurs changeantes; l’éclairage de chaque arche absorbe une puissance de 500 k\v. Les faisceaux lumineux mettront en relief les détails de la structure, accentués encore par des tubes à luminescence (fig. 9).
- Quarante projecteurs à longue portée dirigeront, d’autre part, vers le ciel, des faisceaux lumineux, d’une portée de 5000 m; assez puissants pour rendre visible par beau temps l’emplacement de l’Exposition, jusqu’à une distance de 100 km!
- Des projecteurs mobiles permettront d’obtenir des effets très variés, au moyen de faisceaux verticaux et divergents; la coupole métallique de la première plate-forme, à laquelle sont fixés des tubes luminescents d’une longueur de l’ordre de 10 000 m enverra ces rayons dans un miroir d’eau d’une surface d’un hectare.
- Ces effets lumineux, changeant suivant les jours et même au cours d’une soirée, seront complétés par des feux d’artifice tirés des trois plates-formes.
- Le jour, un gigantesque drapeau de 50 m de long et 40 m de large, sera hissé le long d’un filin mû par un moteur électrique, jusqu’au sommet de la tour.
- Des haut-parleurs puissants compléteront l’équipement électrique, et permettront la transmission des concerts, carillons, hymnes nationaux, signaux de sécurité, etc. P. H,
- DEUX ATTRACTIONS SCIENTIFIQUES ORIGINALES LE PLANÉTARIUM ET L’HOMME DE VERRE
- En dehors des présentations scientifiques du Palais de la Découverte, deux attractions intéressantes, venant d’Allemagne, seront offertes aü public au Parc des Expositions : le « Planétaiium » et « l’Homme de Verre ».
- Le Planétarium a déjà été présenté au grand public à l’Exposition de Bruxelles; cet appareil qui montre les constellations et leurs mouvements, a été récemment décrit en détail dans ces colonnes.
- L’ « Homme de Verre », attraction remarquable du musée
- de Dresde est une statue de grandeur naturelle, en matière incassable et ininflammable, qui montre avec tous leur détails tous les organes du corps humain, mis en lumière par des centaines de lampes.
- Il ne s’agit pas simplement d’une représentation statique de l’organisme, mais dynamique; grâce à une machinerie perfectionnée et à des effets lumineux, on voit le sang circuler dans les vaisseaux, le mouvement de la lymphe, les mouvements et le rythme du cœur, etc. P. H.
- Le Gérant : G. Masson.
- ç-oo. — lmp. Laiiure, 9, rue de Flcurus, à Paris. — 15-5-1937. — Published in France.
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- N» 3002
- 1“ Juin 1937
- LA NATURE
- ANCIENS COURANTS MARINS ^ ET PLANCTON FOSSILE PALÉOZOÏQUE
- L’influence des masses continentales est prépondérante sur le développement des courants marins, sur leurs variations de direction et d’intensité. Par conséquent les changements de forme et d’emplacements des continents, qui se sont produits au cours des périodes géologiques, ont eu certainement leur répercussion sur l’allure générale des courants océaniques dans le passé.
- COURANTS MARINS ACTUELS
- Le schéma des courants marins affecte, dans le Pacifique par exemple, une disposition très comparable à celle que suggèrent a priori les données générales delà Physique •du Globe : un double courant équatorial, après avoir suivi une direction Est-Ouest, vient se mouler, vers le Nord et vers le Sud, sur les rivages des continents.
- L’étroitesse relative de l’Atlantique détermine une allure moins régulière du double courant équatorial que le large Pacifique. La haute température du golfe du Mexique contribue à augmenter l’importance du Gulf Stream, dont les eaux chaudes pénètrent jusque dans les latitudes boréales, du fait de la vaste ouverture de l’Atlantique en direction de l’océan Arctique. Ces particularités géographiques ont eu comme conséquence l’établissement du . courant froid du Labrador et l’existence de la mer des Sargasses.
- D’une façon générale, les courants océaniques exercent une influence profonde sur les climats.
- A la même latitude se manifeste par exemple une grande différence de température entre la côte de Norvège, soumise à l’action du Gulf Stream, et la côte orientale de l’Amérique du Nord, longée par le courant froid du
- Labrador. Aussi, du côté européen de l’Atlantique,certaines formes animales de milieu tempéré remontent-elles jusqu’au cap Nord, par 71° de latitude, tandis que, le long du littoral américain, des types de mer froide descendent jusqu’au cap Cod, à la latitude de l’Espagne.
- MER DES SARGASSES
- La mer des Sargasses, prototype de la zone des calmes océaniques tropicaux, encadrée par des aires de courants, constitue un milieu biologique très particulier, s’étendant des Antilles en direction des Açores. Les Fucacées flottantes, qui caractérisent cette mer, se détacheraient annuellement, selon certains auteurs, des côtes de l’Amérique centrale et des Antilles : c’est, en tout cas,
- sensiblement modifiées qu’elles forment, à la surface de la mer, ces champs d’Algues plus ou moins denses, mais toujours si remarquables, qui ont de tous temps frappé intensément les navigateurs traversant l’Atlantique central. Les Sargasses abritent une petite faune spéciale de Poissons, Crabes, Crevettes, Nudi-branches, Planaires, Hy-droïdes, dont le caractère littoral est particulièrement accusé et dont certaines espèces, . tout au moins, vivent également
- Fig. 1 à 3. — De gauche à droite : 1. Pléropode : Hyolites carinatus Walcoil (5/4 gr. nai.). Spécimen montrant les supports incurvés des piéropodies. Cambrien moyen ; schistes de Burgess (Colombie britannique). — 2. Ver planctonique : Hai-leyia adherens Ruedemann (x3). Ordovicien : schistes de Fall Creek (Idaho). -— 3. Crustacé planctonique : Caryocaris curvilata Gurley (x3). Ordovicien d’IIailey
- quadrangle (Idaho).
- Fig. 4. — Crustacé planctonique : Marria Walcotti Ruedemann (restauration env. gr. nat.). Cambrien moyen de Burgess.
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- Fig. 5. — Méduse : Eldonia Ludwigi Walcott (2/3 gr. nat.). Spécimen dont la transparence de l’enveloppe a été remarquablement conservée dans les schistes. Cambrien moyen : Colombie britannique.
- sur la côte atlantique de l’Ancien Monde, pénétrant jusque dans la Méditerranée. D’autre part, c’est dans les profondeurs de la mer des Sargasses que viennent se reproduire les Anguilles d’Europe et d’Amérique du Nord.
- Indépendamment de la mer des Sargasses atlantique, d’autres mers des Sargasses existent dans le Centre Nord et dans le. Centre Sud du Pacifique, ainsi que dans l’océan Antarctique sur le parallèle de la Patagonie, depuis le méridien de Buenos-Aires jusqu’à celui de la côte ouest de l’Australie. Une certaine indépendance se manifeste donc entre ces milieux planctoniques si spéciaux des océans actuels et les zones climatiques.
- Fig. 7. — Algue : Dactyloïdites Edsoni Ftuedemann. Cambrien moyen du comté de Franklin ( Vermont).
- PALÉOCLIMATOLOGIE, PALÉOBIOGÉOGRAPHIE ET COURANTS DU CAMBRIEN
- J’envisagerai néanmoins ici les zones climatiques dans le passé, car, régies en quelque sorte par le tracé des courants marins, elles peuvent seules bien souvent nous éclairer sur l’allure des déplacements océaniques au cours des époques géologiques. Correspondant à la plus ancienne de ces périodes dont nous connaissions la faune, au Cambrien, des dépôts récifaux ont été découverts en Australie, où ils indiquent évidemment l’existence d’un climat à température élevée. Pourtant au voisinage de ces calcaires à Eponges ou à Coraux se voient des formations glaciaires de même âge : cette extraordinaire proximité ne peut s’expliquer que par l’influence exercée simultanément en ces lieux par deux courants voisins, l’un chaud, l’autre froid, comme le fait s’observe aujourd’hui sur les côtes japonaises ou américaines du Nord-Ouest du Pacifique et de l’Atlantique.
- Les analogies de faunes cambriennes manifestes entre l’Acadie et l’Ecosse, analogies qui persistent d’ailleurs
- Fig. 6. — Ilydrozoaire planctonique : Camptostroma Roddyi Ruede-mann (2/3 gr. nat.). Face supérieure. Cambrien inférieur : Kinzer près de Lancaster (Pennsylvanie).
- au Silurien et au Dévonien, pourraient être déjà en relation avec un vieux Gulf Stream, qui suivait à distance la côte sud d’un continent Nord-Atlantique.
- PLANCTON DU CAMBRIEN
- Le plancton cambrien comptait des Gastéropodes peut-être comparables aux Ptéropodes actuels [Hyolithes (fig. 1)], des Crustacés [Protocaris remarquable par ses analogies avec Y A pus de nos mares; Marria (fig. 4)], des Holothuries [Eldonia (fig. 5)] ; des Scyphoméduses [.Peytonia] ; des Pélagohydrozoaires [Camptostroma (fig. 6)]; enfin des Algues [Dactyloïdites (fig. 7)].
- PLANCTON A GRAPTOLITHES ET PALÉOBIOGÉOGRAPHIE DU SILURIEN
- Au Silurien, des restes d’organismes planctoniques, les Graptolithes, se rencontrent en grand nombre dans les mers dépendant de l’Atlantique. Il est permis de se demander s’il n’existait pas déjà alors une sorte de mer
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- Fig. 8. — là 16, Graplolithes à vessie aérienne secondaire formée par la ligelle (hijdrocaule) des colonies primaires {rhabdosomes) : Climaco-graptus (1, 4, 5, 12, 14), corynoïdes (2, 4), Diplograptus (6, 7), Glossograptus (9, 11, 13, 15), Retiolithes (10), Cryptograptus (16). — 17, 18, Graptolithes à pneumatophore central : Lasiograptus (17), Glossograptus (18). — 19, 20, Graplolithes à rhabdosome (colonie primaire) ou à disque central {colonie secondaire), susceptibles de &e fixer à une Algue flottante : Didymograptus (19), Dichograptus (20) (d’après R. Ruedemann).
- des Sargasses, plus ou moins comparable comme situation à l’actuelle : c’est peut-être à partir de cette antique mer des Sargasses que, grâce à un ancien Gulf Stream, se seraient propagés les Graptolithes dans les géosynclinaux et les mers épicontinentales de l’Amérique du Nord, de l’Europe et de l’Afrique occidentale. Une telle hypothèse serait favorable à la persistance, à travers les périodes géologiques, des conditions océanographiques et climatiques qui ont subsisté jusqu’à nos jours; en particulier, les courants marins de l’Atlantique auraient ainsi présenté, dès le Silurien, un schéma géographique général comparable à celui qu’ils dessinent aujourd’hui.
- Si la répartition mondiale des Graptolithes évoque une certaine homogénéité biologique relative des mers du globe, néanmoins des géologues ont cru devoir distinguer au Silurien, comme au Cambrien, deux ou trois provinces zoologiques marines : province nord-pacifique se propageant jusque dans le Centre de l’Amérique du
- Fig. 9 et 10. — A gauche : Éponge plancionique : Teganium minu-tum Ruedemann (x6). Ordovicien ; schistes de Snake Ilill des rives de l’Hudson, comté de Rennsselaer {New-York).
- A droite : Graplolithes du Silurien inférieur. A gauche, Didymograptus sagitticaulis, au rhabdosome duquel adhère un Iigdrocoralliaire Grapto-geitonia adherens (2/3 gr. nal.): Ordovicien deNormanskill près d’Hudson {New-York). A droite, Glossograptus quadrimucronatus (x 6) : Ordovicien de Canajoharie près d’Albany {New-York) (d’après R. Ruedemann).
- Fig. 11. — Thalle d'Algue (Sphenophycus graptolitliiferum), auquel sont attachés des rhabdosomes de Graplolithe (Staurograptus dichotomus) (2/3 gr. nat.). Ordovicien inférieur : schistes de Schaghicoie, comté de Saraioga {New-York) (d’après R. Ruedemann)."
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- Fig. 12. — Algues (Sphenopliycus latifolium) à pédicelles munis d’une vésicule aérienne : ensemble des individus représentés, sauf le dernier en bas à droite, qui est un Sphenophycus graptolithiferum couvert de Spirorbis (Chélopode lubicole). Ordovicien inférieur de Schag-ticote d’après R. Ruedemann).
- Nord, province nord-atlantique, province bohémico-méditerranéenne ; la différenciation faunique des unes et des autres semble bien se lier à l’existence de zones climatiques. La dispersion des animaux de ces provinces révèle des invasions d’organismes à ^ partir de l’océan Arctique : 1° vers le Centre des États-Unis, occupé alors par une immense baie d’Hudson; 2° en direction de l’Oural, puis des Tian-Chan et des Pé-Chan, enfin du Yun-nan. Le tracé de ces deux lignes de migrations pouvait se lier déjà à l’existence de déplacements océaniques comparables aux courants froids actuels du Labrador et de l’Oya-Chivo.
- Les Graptolithes, dont l’organisation générale n’est guère comparable à celle des groupes d’animaux actuels, sont classés parmi les Hydroméduses, non loin des Cam-panulaires. Pendant longtemps, ces Célentérés ont été connus seulement sous la forme de colonies primaires,
- constituées par des agencements de loges ou hydrothè-ques, confluentes à leur base en un canal commun. De tels ensembles ressemblaient bien aux Campanulaires actuelles, mais celles-ci comportent des loges dont les occupants jouent dans la colonie des rôles divers, tandis que, chez les Graptolithes, l’homogénéité de forme des hydrothèques paraît exclure toute spécialisation des individus de chaque collectivité.
- En 1904, R. Ruedemann découvrit, dans le Silurien de l’État de New-York, des colonies secondaires de Grapto-
- Fig. 13. —• Aclinozoaire planctonique : Palæactinia Halli Ruedemann restauré (x 2). Ordovicien de Cana-joharie.
- Fig. 14. — Brachiopode planctonique : Eunoa accola Clarke. Valve brachiale du plus grand inarticulé connu (2/3 gr. nat.). Ordovicien : schistes de Deep Kill {New-York).
- lithes, formées par la juxtaposition de colonies primaires groupées en associations plus ou moins nombreuses, qui comportaient un flotteur ou pneumatophore, des gono-thèques et un disque central, d’où divergeaient les colonies primaires. A côté de ces groupements synthétiques de deuxième ordre, ce paléontologiste constata l’existence, dans les mêmes gisements, de colonies pri-
- Fig. 15. — Pneumatophore d’un Siphonophore : Paropsonemqi crypto-pliya Clarke. Spécimen où sont conservés en relief trois cycles de chambres aériennes (2/3 gr. nal.). Dévonien : grès de Portage, lac Canandaigua {New- York).
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- Fig. 16. — Trilobile planclonique : Paradoxides inflalus Corda, gui pourrail être le jeune de P. bohemicus Boeck. Cambrien moyen de
- Bohême.
- maires isolées, pourvues simplement d’une vessie aérienne (fig. 8 et 10).
- Des Graptolithes (Monograptus) viennent d’être découverts dans des roches siluriennes du Victoria en Australie, fixés sur des morceaux de végétaux terrestres flottés, qui constituent les plus anciens restes de plantes continentales connues (Baragwanathia rappelant plus ou moins les Lycopodiales et Y arravia évoquant des Ptérido-spermées ou Fougères à graines). Cette remarquable association, observée par Isabel C. Cookson, révèle un bien curieux groupement planctonique.
- Non moins remarquable est la solidarité reconnue par R. Ruedemann, dans le Silurien de l’Etat de New-York, entre un Graptolithe (Staurograptus) et une Algue 1 Sphenophycus (fig. 11)], au bord du thalle de laquelle se trouve fixé le Célentéré. D’autres Algues ;Sphenophycus (fig. 12)] de la même formation sont remarquables par leurs pédicelles à vessie aérifère.
- Ces dépôts à faune planctonique offrent des Eponges \Teganium (fig. 9)], des Actinozoaires [Palæactinia (fig. 13)], des Siphonophores [Parapsonema (fig. 15)], des Rracbiopodes \{Eunoa (fig. 14)] et des Vers Chéto-podes ou Hirudinés \Haileyia (fig. 2)].
- Des Trilobites, ou du moins certains stades du développement de ces Crustacés, ont été considérés par R. Ruedemann comme pélagiques : ils se rencontrent également en grand nombre dans les roches à faune planctonique aussi bien du Cambrien ou du Silurien que
- Fig. 17 (à gauche). — Trilobile planctonique : Radiaspis radiata Goldfuss (2/3 gr. nal.). Dévonien moyen d'Allemagne.
- Fig. 19 à ‘25. — Eu haut, de gauche à droite : Trilobile planclonique à yeux marginaux : stade anaprolaspis de Dalmanites socialis Barrande (x20). Ordovicien de Bohême. — Trilobile planclonique : stade anaprolaspis d’Acidaspis tuberculata Conrad (x 15). Silurien du comté d'Albariy {New-York). — Trilobile planclonique: larve au stade paraprotaspis d'Arges consanguineus Clarke (x 15). Silurien du comté d’Albany {New-York). — Trilobile planctonique : stade hepiacicéphale de Leptoblastus Saltery Calloway. —- En bas : Acidaspis tuberculata. — Trilobite planclonique épineux enroulé : Otarion ceratophthalmus Goldfuss (x 2). Dévonien moyen de Gces (Allemagne). — Trilobile planctonique : Shumardia pusilla Sars. Bouclier céphalique (x 6).
- Ordovicien de Deep Kill.
- du Dévonien (fig. 16 à 25). Enfin le plancton paléozoïque comptait encore des Crustacés Archéostracés phyllo-carides \Caryocaris (fig. 3)] ou échinocarides [Pephricaris (fig. 26)].
- CONCLUSIONS
- Tous ces organismes pélagiques sont fossilisés dans des schistes noirs, plus ou moins charbonneux, qui ont pu se former à des profondeurs diverses, comme les radio-larites et les phtanites, avec lesquelles les roches à Graptolithes se trouvent d’ailleurs en relations étroites. Loin d’être des sédiments de profondeur, comme l’admettaient C. Lapworth et E. Dacqué, les schistes à Graptolithes sont surtout des sédiments de caractère littoral dont les conditions de genèse ont peut-être été un peu comparables à celles de la craie sénonienne, si riche aussi en organismes planctoniques (Globigérines).
- Aujourd’hui, les vases à Globigérines des abysses dominent dans l’Atlantique en liaison avec le relief très accusé du fond de cet océan et aussi avec l’importance relative des courants marins dans cette étendue océanique, plus resserrée que le Pacifique, entre l’Ancien et le Nouveau Monde. L’influence des déplacements en masse des grandes nappes salées de l’hydrosphère doit en somme avoir toujours eu une forte action sur la vie planctonique, intense depuis le Silurien jusqu’à l’époque actuelle, dans l’Océan Atlantique.
- L. JoLEAUD,
- Professeur à la Sorbonne.
- Fig. 26. —• Cruslacé planclonique : Pephricaris hor-ripilata Clarke. Dévonien supérieur d'Alfred {New-York).
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- = PROJECTIONS STÉRÉOSCOPIQUES = ET COLORÉES EN LUMIÈRE POLARISÉE
- La Nature a, dans un récent numéro, signalé une nouvelle méthode de projection stéréoscopique des clichés photographiques et cinématographiques. Cette méthode, préconisée par M. von Ardenne, est basée sur l’emploi des nouveaux fdtres polarisants à l’hérapa-tite : deux clichés, formant une paire de vues stéréoscopiques, sont projetés et superposés sur l’écran par des faisceaux de lumière polarisés à angle droit. Une paire de lunettes polarisantes aux plans de polarisation également perpendiculaires entre eux servent à la contemplation monoculaire (par l’œil droit et l’œil gauche res-
- Fig. 1. — a, support stéréoscopique. — b, les deux filtres polarisants. — c, les lunettes polarisantes.
- pectivement) de chacune d’elles, de façon à produire l’effet stéréoscopique bien connu.
- M. von Ardenne, avec de simples ressources d’amateur photographe (appareil petit format genre Leica), vient de réaliser d’excellentes projections de ce genre, stéréoscopiques et en même temps colorées.
- Le projecteur employé à cet effet utilise un objectif normal de 50 mm de distance focale, comme ceux dont on se sert pour la prise des photos petit format.
- Devant ce projecteur on dispose un support de stéréo-grammes, grâce auquel les deux clichés juxtaposés sur la diapositive sont projetés sur le plan de l’écran par des trajets lumineux séparés. Cette séparation est évidemment indispensable afin de permettre la superposition des deux clichés sur l’écran et, en même temps,
- l’interposition des filtres polarisants dont il a été question ci-dessus.
- Devant le support stéréo normal, dont la disposition se voit par la figure 1, on place, comme le fait voir la figure 1 a, deux filtres polarisants. La figure 2 permet de distinguer l’optique de projection avec les deux pièces complémentaires disposées en avant.
- Comme la prise des diapositives stéréoscopiques se fait par le système optique destiné à servir ultérieurement aux projections et au moyen du même support stéréoscopique, l’excédent de dépense par rapport à la projection normale se limite aux deux filtres polarisants du projecteur et aux lunettes polarisantes (fig. 1), appliquées aux yeux du spectateur.
- Le diamètre des filtres du projecteur (et celui des lunettes-filtres) n’est que de 30 mm environ. Les filtres Herolar récemment mis au point par la maison Zeiss se prêtent parfaitement à ces expériences. L’application du support stéréoscopique au projecteur modifie tellement les conditions optiques qu’il est préférable de choisir le condensateur optique, comme s’il s’agissait d’un objectif de projection de 70-80 mm (plutôt que de 50 mm) de distance focale. L’emploi de diaphragmes sur les trajets des faisceaux lumineux, la polarisation dans les filtres et l’extinction de l’une des images superposées, voilà autant de facteurs qui donnent lieu à des pertes de lumière considérables. Aussi, le flux lumineux se réduit-il à environ 10-12 pour 100 de l’intensité correspondant à la projection normale. Bien qu’une grande partie de ces pertes soit compensée par le pouvoir réflecteur élevé, caractéristique, des écrans destinés à la projection stéréoscopique à la lumière polarisée, il est bon de se servir d’un projecteur à source lumineuse aussi intense que possible. Une grande luminosité superficielle des images s’impose surtout dans le cas où la projection aurait lieu en couleurs naturelles, car la sensation physiologique de la couleur dépend essentiellement de l’intensité lumineuse des projections.
- Le nouveau film en couleurs à trois couches et à grains fins, mis au point par la Société Agfa, se prête parfaitement aux projections colorées, d’autant plus que la transparence des filtres de polarisation ne dépend que bien peu de la couleur spectrale. Etant basé sur un procédé substractif, ce film n’entraîne point de pertes de lumière ultérieures, susceptibles de. se multiplier par les pertes de projection stéréoscopique.
- Les vues prises au moyen du support stéréoscopique fournissent des stéréo-diapositives colorées. Le développement se faisant par inversion, les vues successives se suivraient dans un ordre différent de celui des diapositives réalisées par copie normale. La projection stéréoscopique à la lumière polarisée n’exige point de succession donnée des images partielles de gauche et de droite. Une image pseudoscopique pourra toujours se convertir en image stéréoscopique, en imprimant aux deux filtres de polarisation du projecteur une rotation de 90°.
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- L’extinction de l’une des images partielles (lors de la contemplation à travers les lunettes à filtres), présuppose évidemment qu’il n’y a aucune dépolarisation de lumière sur l’écran de projection. Or, la plupart des écrans en usage donnent précisément lieu à une dépolarisation considérable. Les récentes recherches de M. von Ardenne ont fait voir que de tous les écrans se prêtant aux projections de cinéma, les écrans à réseaux de miroirs sont seuls exempts de ce défaut. Pour les projections chez soi, il ne serait toutefois pas possible d’employer ces écrans, étant donnés les dimensions excessives des éléments qui les composent, et les formats relativement petits des images. M. von Ardenne conseille d’employer, comme écrans, les cartons à surface en bronze argenté qu’on trouve partout dans le commerce et qui combinent une dépolarisation minime et une surface très uniforme avec un angle de dispersion parfaitement suffisant pour les projections d’amateur.
- Cette méthode présente à peu près tous les avantages qui caractérisent la technique des photographies petit format en noir et blanc. Elle permet de présenter à un nombre considérable de spectateurs, simultanément et sans aucune peine, des clichés plastiques et colorés qui, grâce à la grandeur de l’angle d’observation, donnent une impression saisissante de réalité. Nous avons eu l’occasion, ces jours-ci, de nous en convaincre en exami-
- Fig. 2. — L’optique de projection.
- nant une série de clichés de ce genre et nous ne doutons pas que ce nouvel emploi des filtres polarisants n’intéresse vivement les amateurs de clichés stéréoscopiques.
- M. von Ardenne a fait les travaux dont nous venons de rendre compte, en collaboration avec la «Tobis», l’une des grandes sociétés allemandes de technique cinématographique.
- Dr. Alfred Gradenwitz.
- LE MATERIEL POUR LA FABRICATION SYNTHÉTIQUE DE L’ESSENCE
- I. — EXPOSÉ
- Dans le numéro du 15 février 1936 de La Nature, nous avons exposé et commenté le principe des procédés pour l’hydrogénation du charbon en marche continue (1). Les procédés employés, aujourd’hui, dans l’industrie sont au nombre de trois : International Hydrogénation Patents ou I. H. P.; Vallette-Mines de Béthune et Audi-bert. Ils dérivent du procédé usuellement connu sous le nom de Bergius, mais, par rapport à ce dernier, ils ne présentent que des analogies fort lointaines au point de vue de l’application du principe, du choix des catalyseurs, du mode de construction des appareils, etc., etc... On estime à 1200 millions de francs le montant des capitaux qu’il a fallu engager pour mettre au point le procédé I. H. P. lequel est appliqué notamment aux usines de la I. G. en Allemagne et aux usines des Impérial Chemical Industries ou I. G. I., à Billingham (Angleterre). La I. G. (« Industrial Giant », disent les Britanniques) est la plus grande entreprise d’Europe. Elle occupe environ 150 000 ouvriers et prépare une multitude de produits
- 1. Consulter également : Ch. Berthelot. Carburants de synthèse et de remplacement (Dunod, éditeurs). — Le Génie civil, 16 et 23 janvier, 27 février et 20 mars 1937. — Revue de Métallurgie, septembre à décembre 1936 et mars 1937.
- chimiques. Quant aux procédés français Vallette et Audi bert, ils sont plus simples et paraissent mieux approprié aux conditions générales de notre industrie nationale Les applications des procédés d’hydrogénation von
- Fig. 1. — Enchaînement des opérations d’hydrogénation en phase liquide et en phase vapeur à Billingham.
- A) Charbon purifié; -— B) recyclage de l’huile lourde; — C) huile extraite par essorage du résidu de l’hydrogénation; — D) préparation et injection de la pulpe; — E) traitement par essorage et semi-carbonisation du résidu de l’hydrogénation; — F) hydrogénation en phase liquide; — G) eau ammoniacale; — H) gaz; — I) résidu pâteux de l’hydrogénation; — J) huile de charbon; — IC) distillation de l’huile de charbon; — L) hydrogène; — M) huile moyenne à hydro-géner en phase vapeur; — N) essence brute extraite de l’huile de charbon; — O) recyclage de l’huile moyenne; •—• P) pompe d’injection de l’huile moyenne dans les tubes d’hydrogénation en phase vapeur; — Q) hydrogénation en phase vapeur; — R) raffinage et stabilisation de l’essence; — S) distillation de l’essence ; — T) essence commerciale; — U) essence obtenue en phase liquide.
- C Hydrogène _=f---- J
- Essence
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- Hydrogène purifié et comgrimé
- à/impression
- Arrivée de /'oxyde de carbone à convertir
- h- - - Eau
- Ihnnl
- L Eau M
- Vapeur
- Fig. 2. — Schéma des dispositions adoptées à Billingham pour la production, l’épuration et la compression de l’hydrogène.
- B) Fours à coke; — F) gazogènes producteurs de gaz à l’eau; — H) élimination de l’hydrogène sulfuré; — I) conversion du gaz à l’eau; K) compresseurs à moyenne pression;— L) élimination du gaz carbonique par lavage à l’eau sous pression; — M) compresseur d’hydrogène à haute pression; — N) élimination de l’oxyde de carbone; — P) broyage du charbon; — Q) trémie à coke; — R) Soufflage d’air.
- rapidement en croissant. On estime qu’ils permettront de produire 1,5 million de tonnes d’essence, au cours de l’année 1937.
- Après avoir rappelé brièvement le principe appliqué pour hydrogéner le charbon et les goudrons, dits primaires, lesquels résultent de la carbonisation de la houille ou des lignites à la température de 500° environ, nous montrerons en quoi consiste et comment est construit le matériel des usines d’hydrogénation. Pour cela nous utiliserons notamment une remarquable communication présentée récemment par M. F. E. Smith, directeur-adjoint des usines de Billingham, ainsi que des photographies que M. Ellefsen, directeur du bureau de l’I. H. P., à Paris, nous a aimablement permis de les reproduire.
- II. — DESCRIPTION SUCCINCTE
- D’UNE INSTALLATION D’HYDROGÉNATION DU CHARBON
- La figure 1 représente schématiquement une installation d’hydrogénation de la houille ou des lignites, selon les procédés I. H. P. Nous y distinguons :
- 1° La production de l’hydrogène à partir du gaz à l’eau et des gaz permanents.
- 2° L’empâtement du charbon, c’est-à-dire la formation du mélange de charbon et d’huile ou de pulpe à soumettre à l’hydrogénation en phase liquide.
- 3° L’hydrogénation en phase liquide.
- 4° L’hydrogénation en phase vapeur.
- 5° Les opérations de distillation, raffinage, stabilisation des essences.
- Quand il s’agit d’hydrogéner du goudron primaire ou des huiles de créosote, on supprime évidemment l’empâtement et l’hydrogénation en phase liquide. Quand on traite des résidus pétrolifères riches en composés asphaltiques, il est le plus souvent nécessaire de débuter par une hydrogénation en phase liquide. Il est évident, au surplus, que si le pétrole est lourd, il ne se prête pas à l’hydrogénation en phase vapeur. Le régime de température afférent à cette opération n’excède jamais, en effet, 520°.
- Dès à présent, il importe de préciser la raison de la
- A _
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- Fig. 3. — Dispositions schématiques adoptées à Billingham pour la production, l’épuration et la compression de l’hydrogène.
- A) Charbon; — B) fours à coke ; — C) vapeur; — D) benzol, plus goudron et gaz; — E) vapeur; — F) gazogènes producteurs de gaz à l’eau; — H) élimination de l’hydrogène sulfuré; — I) conversion du gaz à l’eau;— J) gaz convertis en hydrogène; — K) compresseurs à moyenne pression; — L) élimination du gaz carbonique par lavage à l’eau sous pression; — M) compresseur d’hydrogène à haute pression; — N) élimination de l’oxyde de carbone; — O) hydrogène purifié et comprimé à haute pression.
- distinction entre l’hydrogénation en phase liquide et l’hydrogénation en phase vapeur. Ces deux phases, qui ont lieu dans une capacité close dite chambre de catalyse, présentent un caractère commun : celui de la permanence obligatoire du régime de température adopté, car tout écart dans la marche a tendance à s’accentuer.
- Au contraire, il existe une différence essentielle entre le mode d’application de ces deux sortes de catalyse. Dans le tube de catalyse en phase liquide, une partie seulement du liquide entrant est vaporisée. L’autre partie a pour rôle d’entraîner d’une manière continue, les fractions solides : cendres, carbone libre engendré, constituants du charbon non transformé, catalyseur.
- Dans le tube de catalyseur en phase vapeur, la matière mise en œuvre passe entièrement à l’état de vapeur et le catalyseur reste invariablement à la même place.
- Au point de vue des résultats pratiques, l’hydrogénation en phase liquide fournit essentiellement une huile dénommée huile moyenne
- Fig. 4. — Installation d’épuration du gaz à l’eau par l’oxyde de fer à l’usine d’hydrogénation de Billingham.
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- ou huile de charbon qui, par distillation fractionnée, donne : 1° de l’essence; 2° une huile moyenne, qui sera transformée en essence au cours de l’hydrogénation en phase vapeur ; 3° une huile lourde utilisée à la préparation de la pulpe. L’hydrogénation en phase vapeur ne fournit que de l’essence comme produits pétrolifères. Accessoirement, on obtient des gaz à base de méthane. On les dénomme gaz permanents.
- III. — PRODUCTION, ÉPURATION ET COMPRESSION DE L’HYDROGÈNE
- L’usine de Billingham assure un service régulier depuis plus d’une année; elle a fourni 160.000 t d’essence eom-
- Fig. 6. — Compresseurs d’hydrogène à moyenne et à haute pression à ’usine d’hydrogénation de Billingham.
- merciale, alors qu’elle a été installée pour en donner 150 000, dont 100 000 par hydrogénation directe de la houille et 50 000 par hydrogénation du goudron primaire et des huiles de créosote.
- L’hydrogène provient, d’une part, de la conversion en hydrogène par la vapeur d’eau du gaz à l’eau préparé à partir du coke métallurgique, et, d’autre part, de la conversion en hydrogène, par la vapeur d’eau et en présence de catalyseurs, des gaz permanents, méthane et éthane, formés au cours de l’hydrogénation.
- Les figures 2 et 3 représentent la disposition pour la production, l’épuration et la compression de l’hydrogène.
- A Billingham, une importante variante a été apportée
- Fig. 5. — Corrosion typique des tuyauteries dans une installation d'hydrogénation quand le gaz à l’eau n’est pas complètement dépouillé de ses composés sulfurés.
- au principe des gazogènes modernes pour la fabrication du gaz à l’eau. Le gaz formé peu après la période de soufflage est riche en azote. Cette qualité du gaz, dite N, sert à la fabrication synthétique de l’ammoniac, tandis que le gaz pur, de la qualité dite H, obtenu quelques instants plus tard, sert à préparer l’hydrogène d’hydrogénation. 11 faut alors disposer de deux circuits de gaz distincts. Cependant, les méthodes de conversion, d’épuration et de compression des gaz sont identiques, et
- Fig. 7. — Installation d’hydrogénation en phase liquide, système I. II. P.
- a, Sortie des huiles de charbon et de l’eau ammoniacale; b, Pot de purge froid; c, Évacuation des gaz de purge ; d, Condenseur des vapeurs d’huiles de charbon; e, Arrivée de l’hydrogène; f, Arrivée de la pulpe; g, Échangeurs de chaleur; h, Réchauffeur du mélange de pulpe et d’hydrogène; Convertisseurs; j, Pot de purge chaud; k, Réfrigérant : l, Sortie des résidus de pulpe.
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- Recyclage d'hydrogène Huile
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- Fig. 8. — Dispositions adoptées à Billingham pour la circulation de l'hydrogène, le traitement des gaz permanents, et la récupération de l'essence et du butane.
- B) Compresseur de circulation; — C) appareils d’hydrogénation; — D) tour de lavage du gaz; — K) réfrigérant; — L) pompe à huile); — M) purgeur automatique de
- lavage des gaz.
- cela se conçoit puisque les qualités N et H ne se différencient que par leur teneur en azote; autrement dit, le schéma des figures 2 et 3 correspond à la production de l’une comme de l’autre qualité.
- Avant conversion, on élimine l’hydrogène sulfuré du gaz à l’eau par son passage sur de l’oxyde ferrique. L’opération a lieu dans 20 caisses en acier doux, dont les parois ont été assemblées par soudure à l’arc électrique. Les dimensions d’une caisse sont : 10 m 70 X 10 m 70 X 7 m. Leur ensemble, desservi par une grue de 7 t, se trouve à 5 m 50 au-dessus du niveau du sol, afin de permettre aisément la vidange des caisses. L’oxyde ferrique épuisé est déchargé dans des wagonnets électriques qui l’amènent au poste de revivification. Cet ensemble est représenté à la figure 4.
- Il est nécessaire d’éliminer aussi complètement que possible les composés sulfurés du gaz à l’eau, afin d’éviter d’abord la corrosion des tuyauteries, comme le montre la figure 5, et ensuite l’empoisonnement des catalyseurs de conversion de l’oxyde de carbone en hydrogène.
- Après conversion catalytique du gaz à l’eau sous l’action de la vapeur d’eau, l’hydrogène formé et souillé par la présence de l’anhydride carbonique et d’une petite quantité d’oxyde de carbone, ce qui élève sa densité à 0,57 (au lieu de 0,069 pour l’hydrogène pur), est amené à un poste de compression qui, en trois étapes, porté sa pression de 1 à 57 atm absolues, savoir :
- Première étape. — L’hydrogène est comprimé de 1 à 1,6 atm absolue dans des turbo-compresseurs à 5 étages, actionnés par des moteurs électriques de 1600 ch, et par l’intermédiaire d’un engrenage permet-
- Fig. 10. — Dispositif Audiberl pour l’hydrogénation en , phase liquide.
- tant de multiplier la vitesse du moteur électrique, égale à 1180 tours-mn, jusqu’aux 3340 tours-mn de rotation du turbo-com-presseur.
- Deuxième étape. — L’hydrogène est comprimé de 1,6 à 10,85 atm absolues dans des turbo-compresseurs à vapeur à 23 étages, de 5000 ch., tournant à raison de 3600 tours-mn. Le gaz de la qualité N (plus dense en raison de sa teneur plus élevée en azote) est comprimé directement de 1 à 10,85 atm par un turbo-compresseur à vapeur à 24 étages, de 3800 ch tournant à 5750 tours-mn. Un dispositif d’engrenages permet de porter la vitesse de rotation de 3800 tours-mn du moteur à 5750 tours-mn pour le compresseur.
- Troisième étape. — L’hydrogène est comprimé de 10,85 à 57 atm au moyen de compresseurs verticaux à 3 cylindres et 2 étages, absorbant jusqu’à 3500 ch (fig. 6).
- L’élimination de l’anhydride carbonique contenu dans le gaz converti a lieu, pour les deux qualités, dans des tours en acier forgé M (fig. 2 et 3) de 1107 mm de diamètre et 15 m 90 de hauteur. Le gaz les parcourt de bas en haut à contre-courant avec l’eau injectée sous la pres-
- Recyclage d’hydrogène
- Fig. 9. — Dispositions adoptées à Billingham pour la circulation de l'hydrogène, le traitement des gaz permanents, et la récupération de l’essence et du butane.
- A) — Hydrogène; — B) compresseur de circulation ; — C) appareils d’hydrogénation; — D) tour de lavage du gaz; —• E) récupération des vapeurs d’essence et du butane; — F) vapeur; — G) gaz de chauffage; — H) gaz liquéfiés (propane, butane); •— I) hydrogène; — J) installation-pilote pour la conversion du méthane.
- sion de 57,7 atm. Chaque pompe a une puissance de 1000 ch. L’eau est ensuite ramenée à la pression atmosphérique après avoir abandonné une partie de son énergie dans des turbines Pelton, accouplées à un groupe générateur. Interviennent ensuite des compresseurs cylindriques verticaux à trois cylindres refoulant l’hydrogène sous la pression de 255 atm, d’abord dans une tour de lavage parcourue par une solution cupro-ammo-niacale qui retient les dernières traces d’anhydride carbonique et d’oxyde de carbone, puis finalement, soit dans les appareils d’hydrogénation proprement dite, soit dans les tubes pour la synthèse de l’ammoniac. Les uns et les autres sont placés à 1200 m environ du poste de compression. Chacun de ces nouveaux compresseurs est d’une puissance de 2500 ch et reçoit 30 000 m3 de gaz par heure. On retrouve ainsi ce caractère commun à la synthèse de plusieurs produits dérivés de la houille : ammoniac, essence d’hydrogénation, alcool méthylique; elle pose, au point de vue de la réalisation industrielle, un problème de force motrice et d’hydrogène bon marché.
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- Le rôle joué par les compresseurs est important : les uns, dits à pression intermédiaire, se trouvent avant les appareils d’élimination de l’anhydride carbonique; les autres, dénommés à haute pression, sont disposés après ces appareils. L’aménagement de ces compresseurs et de leurs annexes, tuyauteries et vannes, joue un rôle considérable dans les frais de premier établissement et d’exploitation. Il est nécessaire, non seulement de réduire au minimum les pertes de charge à l’écoulement des gaz afin de consommer un minimum de force motrice, mais encore d’éviter que les trépidations n’endommagent les joints et le matériel lui-même.
- La tendance actuelle en Angleterre est d’utiliser, pour les compresseurs H. P., des machines à cylindres verticaux tournant à 160 et même 240 tours-mn, inspirées de l’expérience acquise dans la marine avec les moteurs à vapeur verticaux. En Europe continentale, on préfère généralement les moteurs à cylindres horizontaux à marche lente.
- IV. — L’INSTALLATION D’HYDROGÉNATION DE BILLINGHAM
- En tout, l’installation de Billingham comporte 5 tubes d’hydrogénation, dont trois pour la phase liquide (fig. 7) et deux pour la phase vapeur. Là encore, les pompes et les compresseurs jouent un rôle important. Ainsi, la pompe qui refoule la pulpe de charbon et d’huile lourde, vers les appareils d’hydrogénation en phase liquide, peut travailler jusqu’à 420 atm, soit à une pression notablement plus élevée que celle qui règne dans les tubes de catalyse et qui est de 230-260 atm. On dispose, par conséquent, d’une marge étendue de sécurité et on
- Fig. 12. — Coupe des tubes employés à Billingham pour l’hydrogénation en phase liquide, de 1922 à 1933.
- est ainsi à l’abri d’un retour vers l’arrière des produits mis en œuvre et des produits de la réaction dont la température varie de 400 à 500°, produits exposés à s’enflammer spontanément à l’air. En outre, les tuyauteries sont disposées de façon à éviter les coups de bélier qui pourraient provoquer la rupture des canalisations, et un compresseur B, dit de circulation (fig. 8 et 9), est disposé pour l’hydrogène et les gaz recyclés.
- A leur sortie des tubes d’hydrogénation en phase liquide, les produits, c’est-à-dire les vapeurs d’essence, d’huile moyenne et d’huile lourde accompagnant l’hydrogène qui n’a pas réagi, d’une part, puis, d’autre part, les produits non transformés, rentrent dans un séparateur à chaud. Les résidus de l’hydrogénation s’y précipitent et s’en écoulent à la base.
- Quant aux gaz et vapeurs, ils sortent à la partie
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- Fig. 11.
- Tube froid d’hydrogénation en phase vapeur, système Fuel Research Board.
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- chapitre précédent. Le compresseur B refoule alors le mélangé de gaz sous la pression de 230-260 atm. vers les tubes d’hydrogénation C. Ce compresseur est à deux cylindres verticaux. Il est actionné par une machine à vapeur corn-pound de 685 ch qui tourne à 214 tours-mn.
- Quant aux gaz issus du purgeur automatique M, ils sont dépouillés de leur propane et de leur butane en II, par condensation et distillation fractionnée.
- Les compresseurs et pompes peuvent travailler entre des limites de pression éloignées mais, en cours de fabrication, on maintient constant le régime de pression et de tempé rature : la pression ne doit pas varier de plus d’une demi-atmosphère et la température de ± 1°, ce qui est vraiment sévère, d’où la nécessité d’un contrôle rigoureux et permanent.
- Fig. 13. — Lingot de forme octogonale pour tube de synthèse.
- supérieure; puis ces mêmes produits traversent un échangeur de chaleur. Ils abandonnent une partie de leur chaleur sensible à la pulpe alimentée. Ensuite, ils passent dans un réfrigérant puis dans un séparateur à froid, où les gaz se séparent des produits liquides. Ces gaz, après refroidissement, passent dans une tour D (fig. 8 et 9) où ils sont en contact avec de l’huile lourde qui dissout leurs vapeurs d’essence. Les gaz permanents, essentiellement formés de méthane dilué dans de l’hydrogène, sont alors amenés en amont du compresseur B. Ils s’y mélangent avec l’hydrogène provenant de l’atelier de fabrication de ce gaz, décrit au
- Fig. 15. — Lingot trépané pour tube clc synthèse.
- Fig. 14. — Trépanation d’un lingot pour tube de synthèse.
- V. — AGENCEMENT DU TUBE DE CATALYSE
- Quand on hydrogène un charbon ou une huile de houille, la matière traitée se transforme à la fois à la surface du catalyseur et en dehors de tout contact avec ce dernier. Par suite, le produit obtenu correspond au mélange des produits de deux réactions. Les unes sont catalytiques et les autres ne le sont pas. Par conséquent, l’agitation, le renouvellement de l’hydrogène à la surface du catalyseur exercent une influence majeure sur la vitesse d’hydrogénation. L’expérience montre, au surplus, qu’à défaut d’une turbulence convenable, il se forme du coke dans la chambre de catalyse. Une grande turbulence accélère les échanges entre la phase unique, constituée par l’hydrogène et la substance à hydrogéner, et la couche d’adsorption du catalyseur, en les réalisant par convection et non seulement par diffusion,
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- comme ce serait le cas si l’écoulement des lluides dans la chambre de catalyse était laminaire; elle augmente, de ce fait, l’importance que les réactions orientées par le catalyseur prennent par rapport à celles qui se développent en dehors de toute intervention catalytique. Elle contribue, en outre, à uniformiser la température dans le volume catalytique. En phase liquide enfin, elle a pour effet d’empêcher la sédimentation du catalyseur, lequel est alors constitué par une poudre en dispersion, et d’accélérer la dissolution de l’hydrogène.
- Afin d’augmenter la turbulence, M. Vailette se sert de tubes courts, de petit diamètre et comportant de fréquents changements de direction. M. Audibert a recours à un dispositif mécanique (fig. 10) réalisant le brassage permanent de la masse liquide contenue dans la chambre de catalyse en phase liquide.
- Quant à l’I. 11. P., elle a pris de nombreux brevets au sujet de l’aménagement intérieur du tube de catalyse
- Presse de Porgeage
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- Fig. 16.— Forgeage d’un tube d'hydrogénation de moyennes dimensions.
- „ Chaîne d’entraînement
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- Fig. 18. — Tube de synthèse en cours de forgeage aux forges de Vickers.
- en phase liquide, afin d’accroître la turbulence dans ces tubes qui sont généralement longs : 12 à 14 m et ont jusqu’à 1400 mm d’alésage. Ces fortes dimensions astreignent à employer un moyen provoquant une turbulence uniforme afin d’éviter les réactions parasites nuisibles.
- La figure 11 indique le principe du tube d’hydrogénation employé par l’I. H. P. Cet appareil est constitué par deux cylindres concentriques. Le tube le plus petit sert de chambre de réaction. Il est constitué par un métal capable de résister à l’action agressive de l’hydrogène et de l’hydrogène sulfuré. Le tube extérieur ou tube de force n’a sa paroi extérieure qu’à la température de 110-120° au maximum. En effet, un calorifuge constitué par des plaques d’amiante et des feuilles de métal poli est disposé dans la paroi annulaire comprise entre la chambre de réaction et le tube de force. Dans cette partie annulaire
- Fig. 17. — Forgeage d'un tube d’hydrogénation de grandes dimensions.
- dont le rayon est généralement de 80 mm, l’atmosphère est formée par de l’azote sous la pression de 60 à 80 atmosphères. L’azote a été choisi en raison de son faible pouvoir conducteur de la chaleur.
- VI. - CONSTRUCTION, FORGEAGE ET USINAGE DES TUBES D’HYDROGÉNATION
- La figure 12 permet de suivre l’évolution des dimensions des tubes d’hydrogénation, au cours de la période 1922-1933.
- Indiquons maintenant les précautions spéciales prises pour assurer l’homogénéité du métal constitutif des tubes d’hydrogénation et la méthode suivie pour leur forgeage.
- L’élaboration de l’acier pour ces tubes et le forgeage de ces derniers font l’objet de soins permanents et méticuleux. Après que le lingot a été trépané, les extrémités sont soumises à des épreuves mécaniques et chimiques
- Fig. 19. — Tube d'hydrogénation après forgeage.
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- permettant de s’assurer que le métal répond bien à toutes les spécifications, qu’il est exempt de cassures, vides, etc...
- Une pratique courante consiste à couler les gros lingots destinés à la construction des tubes de synthèse dont le poids peut atteindre 200 t, sous la forme d’un prisme octogonal que montre la figure 13.
- La méthode suivie actuellement pour le travail de ces grosses pièces consiste à trépaner (fig. 14) le lingot avant qu’il se soit refroidi. On obtient ainsi la pièce représentée à la figure 15.
- La quantité de métal enlevée par trépanation doit être suffisante pour éliminer les parties centrales, les plus exposées à contenir des ségrégations.
- Vient ensuite le forgeage qui nécessite un premier
- obtient finalement une pièce dont la forme est indiquée à la figure 19 et qui est usinée comme le montrent les figures 20 et 21 communiquées par les Forges Vickers.
- A chaque étape de travail, notamment après le recuit et avant usinage du tube, des éprouvettes sont prélevées et essayées. Chaque éprouvette donne également lieu à une épreuve micrographique.
- En outre, des essais macrographiques portent sur les pièces forgées afin de savoir si elles sont exemptes de ségrégations. On ne peut pas complètement éviter ces dernières dans des pièces de fortes dimensions, mais on peut en tolérer un certain nombre, sous condition toutefois que leur position ne soit pas dangereuse. Par exemple, pour le couvercle du tube, on peut admettre que les ségrégations se limitent vers le centre de cette pièce et s’éten-
- Fig. 20. — Tube d'hydrogénation en cours d’usinage.
- chauffage progressif jusqu’à la température de 650-700° à laquelle le métal devient plastique. On la maintient un certain temps afin que la température du lingot soit homogène. On élève ensuite la température jusqu’à 1200-1250° pour procéder au forgeage.
- On termine par le recuit à 580-640°.
- La figure 16 concerne le principe du dispositif employé pour le forgeage, lequel s’explique de lui-même. La figure 17 se rapporte au forgeage en plusieurs étapes de tubes ayant jusqu’à 15-20 m de longueur, tandis que la figure 18 représente l’opération correspondante aux forges de Vickers, lesquelles disposent de la plus grosse presse hydraulique à forger du monde. Sa puissance est de 7000 t. Elle a fait l’objet récemment d’une description détaillée dans des périodiques britanniques. On
- dent parallèlement à sa face supérieure et à sa face inférieure.
- En raison de l’élimination des parties ayant donné lieu à une ségrégation, le poids de la pièce forgée ne représente plus que le tiers environ du lingot initial.
- Si l’inspection est satisfaisante, on usine le tube, mais il reste encore à exercer une attention scrupuleuse sur le travail correspondant, car l’étanchéité des joints dépend de leur exécution, absolument parfaite.
- Finalement, on contrôle la solidité et l’étanchéité du tube en le soumettant à une pression hydraulique égale aux quinze dixièmes de la pression normale de travail. Pendant ce temps, on mesure les dimensions : longueur, circonférence, prises par l’appareil, puis, une fois le maximum de pression atteint, on ramène la pression à
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- zéro. On mesure alors une nouvelle fois les dimensions du tube et l’on trace la courbe de leurs variations afin de se rendre compte si l’appareil a subi ou non une déformation permanente, au cours de l’épreuve hydraulique.
- Dans les installations I. H. P., spécialement à l’usine de Billingham, comme le montre la figure 22, on dispose d’un matériel apte au démontage rapide des tubes d’hydrogénation et d’un atelier pour leur remise en bon état.
- La pose et la dépose d’un tube d’hydrogénation sont faites. au moyen d’une grue Titan de 170 t et de 16 m de portée, pouvant élever un tube à 32 m au-dessus du sol et l’amener à l’atelier d’entretien. Celui-ci (fig. 22) est pourvu d’un pont roulant de 170 t sous lequel passent deux grues de 25 t et de 6 m 10 de portée. Le bâtiment, de 25 m de hauteur libre, comporte une cave de 13 m 70 de profondeur, dans laquelle on peut descendre simultanément trois tubes d’hydrogénation et les y laisser verticalement.
- VII. — ASSEMBLAGE DES GROSSES PIÈCES ET DES TUYAUTERIES PAR SOUDURE ELECTRIQUE
- En raison des conditions de travail particulièrement sévères auxquelles sont soumis de nombreux organes, on ne recourt pas à la soudure par l’arc électrique, qui risque de modifier trop profondément la nature du métal. On se sert de la soudure par résistance électrique, qui n’a pas ces inconvénients et se prête à des recouvrements sur une surface de 200 cm2.
- La soudure électrique par résistance n’est, en somme, que l’application d’un mode particulier de chauffage à la soudure à la forge.
- La quantité de chaleur produite par le passage du courant dépend de l’intensité et de la résistance. En augmentant la résistance du contact entre les pièces, on augmente la quantité de chaleur produite à cet endroit et, par suite, la température. Au lieu de chauffer toute la pièce par le passage du courant, on arrive ainsi à ne chauffer que le métal très voisin de la partie à souder.
- L’augmentation de rendement ainsi obtenue n’est pas négligeable, mais l’amélioration du résultat est beaucoup plus importante. La pièce chauffée entièrement entre les mâchoires se refoule tout entière quand on comprime la soudure, en formant un gros bourrelet. La pression qui peut être transmise au joint à souder est limitée à une faible valeur par le peu de résistance du métal chaud. En réduisant à une couche très faible la partie chauffée, on rend possible la compression énergique de la soudure qui permet d’obtenir un meilleur corroyage.
- La pression chasse le métal qui a été porté à la fusion et forme la soudure entre les parties du métal à température plus basse qui a été chauffé à l’abri de l’air et est fortement comprimé.
- La résistance électrique du contact entre les pièces dépend de la pression exercée sur ce contact, la réalisation de la soudure et l’état du métal dans le joint dépendent de la pression en fin de soudure.
- On a donc été amené à réduire la pression sur le contact pendant la période de chauffage et à l’augmenter en fin d’opération.
- C’est sur ce principe que repose la machine Butt (fig. 23), qui est employée à Billingham, et a été mise au point par les Impérial Chemical Industries. Elle a permis d’abréger les délais usuels de construction de grosses pièces. Cet appareil, qui est entièrement automatique, pèse 25 t et sa puissance est de 600 kw.
- Fig. 22. — Atelier d’entretien des tubes d'hydrogénation à Billingham. Vue d’un tube d’hydrogénation en phase liquide.
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- avant l'enlèvement du métal fondu. A droite : Aspect d'un assemblage
- Fig. 23. — Machine Bull à souder par résistance électrique. par soudure uprès enlèvement du métal fondu et normalisation.
- Les figures 24 et 25 représentent l’assemblage d’un tuyau de 100 mm de diamètre intérieur par soudure avant et après enlèvement d’une partie du métal fondu en excédent.
- CONCLUSIONS GÉNÉRALES
- Il résulte de cet exposé que la technique de l’hydrogénation du charbon et du goudron primaire correspond à un problème technique véritablement grandiose qui a reçu des solutions remarquablement habiles. La complexité et les difficultés de ce problème expliquent l’énormité des frais correspondant au premier établissement. Ceux-ci se sont élevés à 550 millions de francs pour l’usine de Billingham qui satisfait à une production annuelle de 150 000 t d’essence.
- Faut-il poursuivre l’expérience commencée sur une
- aussi vaste échelle? demandent certains. Pour Sir John Cadman, la réponse à cette question ne peut être qu’affirmative. Certes, le prix de revient actuel de l’essence pour moteur obtenue par hydrogénation est encore élevé. Toutefois, l’expérience industrielle enseigne que les découvertes scientifiques et leurs réalisations pratiques comportent invariablement des dépenses initiales qui seraient prohibitives en marche normale, mais qui s’atténuent progressivement au fur et à mesure de la mise en œuvre du procédé. En ce qui concerne l’hydrogénation, les immobilisations nécessaires de capitaux seront réduites, à coup sûr, dans une certaine mesure et les frais d’exploitation, d’autre part, diminueront dans une proportion qui sera probablement plus grande encore.
- Ch. Berthelot.
- LES ULTRA-SONS PERMETTENT-ILS DE DISSIPER LES BROUILLARDS ET LES FUMÉES?
- Que de ^dangers menacent les avions ou les bateaux environnés de brouillards ! Combien dans une usine, les vapeurs dégagées au cours des manipulations incommodent les ouvriers ! Aussi, depuis longtemps, les techniciens s’ingénient à chercher des remèdes ou tout au moins des palliatifs aux inconvénients présentés par des atmosphères nuageuses, soit à l’intérieur des locaux industriels ou des salles de réunion, soit en plein air.
- Un ingénieur américain, M. Hillary W. Saint-Clair a proposé récemment de disperser les particules de brouillards et de fumées à l’aide des ultra-sons. Ce savant avait déjà étudié les effets des ondes sonores de haute fré-
- quence sur les particules solides en suspension dans un fluide. Il réalisait un nuage de fumée très épaisse, en brûlant un mélange de suie et de chlorate de potassium. Puis il enfermait cette masse opaque dans un long cylindre creux en verre muni, vers son extrémité inférieure, d’un petit tube de nickel dont l’entrée en vibration produisait des « supersons ». Or, en plaçant la partie métallique de l’appareil dans un champ magnétique, la colonne gazeuse vibre longitudinalement. Ce dispositif se rapproche, en somme, des oscillateurs radio-télégraphiques utilisés dans les instruments de repérage par le son. Les phénomènes oscillatoires se manifestent
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- en effet, de façon analogue, dans divers domaines physiques qui paraissent étrangers les uns aux autres, mais que gouvernent des lois identiques. Aussi les résultats acquis peuvent se transposer. Aujourd’hui, par exemple, on observe les oscillations des systèmes mécaniques en expérimentant sur leurs images électriques. Reprenant donc ce délicat problème avec l’active collaboration de M. J. W. Finch, directeur du Bureau des Mines aux États-Unis, M. Hilary W. Saint-Clair a construit dernièrement un nouvel oscillateur à ultra-sons. Le courant nécessaire pour maintenir les oscillations passe dans une bobine à grilles et on le maintient à une fréquence égale à celle du tube de nickel vibrateur fendu sur la moitié de sa longueur pour éliminer les parasites; en outre, il faut insuffler de l’air sur ledit tube afin d’empêcher toute surchauffe tandis qu’un disque d’aluminium placé à son extrémité inférieure augmente sa surface radiante. La fréquence employée dans l’expérience originale était d’environ 7 000 par seconde. Dès que le vibrateur fonctionne, les fumées introduites « floculent » immédiatement, à l’instar des solutions colloïdales. Si l’action continue, les particules solides du mélange vaporeux se groupent alors sur les parois du cylindre de verre, et la colonne d’air, entrant à son tour en vibration, provoque le dépôt des granules floculeux, sous forme d’anneaux alternatifs correspondant aux positions des nœuds et des ventres acoustiques.
- Ces savants techniciens poursuivirent encore des expériences identiques en variant les milieux opaques et toujours avec le même appareil. Ils s’adressèrent, en particulier, à des brouillards de vapeur d’eau, à des rideaux de gaz chimiques de combat et à des fumées de cigarettes. Ils réussirent à provoquer promptement, au moyen de vibrations ultra-sonores, la floculation de ces fluides hétérogènes tenant en suspension des granules solides ou de fines gouttelettes liquides.
- Bien que toutes ces expériences aient été faites à l’échelle du laboratoire, MM. Finch et Saint-Clair estiment que leur découverte résout le problème de la dissipation des brouillards, car les procédés existants permettent d’amplifier beaucoup la puissance des ondes « supersonores ». Ainsi dernièrement, ils ont clarifié très vite l’atmosphère d’une salle remplie de fumée de tabac, au moyen de cette méthode. Ils pensent qu’en accroissant suffisamment les dimensions de leur générateur « supersonore » on obtiendrait des effets identiques sur des brouillards ou des nuages assez proches de la terre.
- Notons, d’ailleurs, que la vapeur d’eau contenue dans l’atmosphère peut se condenser dans les régions hautes sous forme de nuages et donner naissance, dans les couches basses voisines du sol, à des brouillards. Cette condensation s’opère à la suite d’un refroidissement suffisant de l’ambiance atmosphérique.
- De fines gouttelettes liquides pleines constituent donc les brouillards et les nuages tandis que la brume, d’origine différente, ne renferme aucune trace d’humidité. On l’observe fréquemment par le beau temps. Alors que le ciel est pur au zénith, une sorte de voile grisâtre ou jau nâtre masque plus ou moins les objets situés à l’horizon. En Afrique, par exemple, des brumes, dénommées aussi brouillards secs, dissimulent aux yeux des voyageurs des montagnes ou des collines.
- Quoi qu’il en soit, les brouillards aqueux apparaissent quand l’air humide en se refroidissant dépasse son point de rosée et l’existence de noyaux de condensation (particules solides électrisées ou non) en favorise la formation. De leur côté, les brouillards qui s’élèvent à la surface des prairies, au cours des nuits claires, procèdent du rayonnement qui refroidit le sol et par conséquent les couches d’air en contact avec lui, tandis que les brouillards très denses, qui couvrent souvent la surface des océans, proviennent de la rencontre de masses liquides à des températures différentes. Enfin les brouillards «. à couper au couteau », comme ceux qui rendent opaque l’atmosphère de Londres et de certaines autres villes, doivent tout au
- Fig. 1. — Le tube de l’oscillateur à ullra-sons de M. Hilary W. Saint-Clair rempli de fumée de tabac.
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- moins une partie de leur opacité à la présence de .poussières solides. Au contraire, les véritables brumes caractérisent les climats secs et chauds.
- Le physicien anglais Aitken a montré expérimentalement qu’en électrifiant des grains de sable très fins, puis en les répandant avec un avion, on pouvait atténuer considérablement un brouillard, en provoquant la floculation des gouttelettes d’eau. Toutefois le coût du procédé le rend impraticable. Après lui, Henry O. Houghton, du Massachusetts Institute of Technology, essaya de projeter des composés chimiques au moyen d’un système de tuyaux, suspendus à une hauteur de 30 pieds au-dessus du sol et en plein centre d’un brouillard. La pluie de fines gouttelettes ainsi lancées dissipa ce dernier dans un rayon de 100 pieds environ autour de l’appareil. Karl T. Comp-ton, Eddie, Reichembach, Cottrell, et Pennie, ingénieur des Laboratoires Westinghouse, tentèrent également par d’autres méthodes de précipiter les particules en suspension dans une masse gazeuse mais ces divers moyens ne semblent guère applicables sur une assez vaste échelle.
- Le procédé de Saint-Clair ouvre-t-il l’ère des réalisations pratiques pour la dispersion du brouillard?
- Deviendra-t-il prochainement une arme efficace pour combattre les funestes effets des gaz employés dans la guerre chimique ?
- Pourra-t-il clarifier aisément l’atmosphère des music-halls, des salles de réunion ou des cinémas empuantis par les fumées de tabac ?
- Le savant spécialiste a bien obtenu, avec son dispositif à « ondes supersonores », d’intéressants résultats, contrôlés par le « Chemical Warfare Service », dans des cas divers (12 gaz asphyxiants, 6 écrans de fumées et 4 émissions copieuses de composés incendiaires).
- Toutefois on peut élever quelques doutes sur sa généralisation en plein air. Effectivement les fréquences dites audibles couvrent la gamme comprise entre 15 à 20 périodes et 15 000 à 20 000 périodes par seconde; au delà s’étend le domaine des ultra-sons ou vibrations matérielles de milieux pondéraux et élastiques (solides, liquides ou gaz) sans action sur l’oreille humaine.
- Divers procédés modernes de genèse des ultra-sons utilisent déjà la transformation d’oscillations électriques en des sons de n’importe quelle fréquence, piézoélectri-cité, magnétostriction. Rappelons que M. Langevin a montré, voici déjà longtemps, le moyen de renforcer les oscillations ultra-sonores d’un quartz piézoélectrique.
- Sur les deux faces d’une lame de quartz, il colle à la bakélite deux plaques d’acier d’épaisseur telle que l’ensemble se trouve en résonance avec les vibrations imposées au quartz. Il relie les deux armatures du condensateur chantant ainsi établi à une source de courant alternatif et elles entrent en vibration afin de former un « triplet piézoélectrique » qui, pour un même voltage, produit des amplitudes vibratoires 25 fois plus grandes que celles obtenues avec une simple dalle de quartz de même épaisseur totale. Le gain réalisé est donc considérable et permet de détecter des obstacles sous-marins; il s’applique également aux sondages océaniques, car en faisant varier l’orientation de l’instrument, le pinceau d’ultra-sons balaye la masse liquide comme le faisceau lumineux d’un projecteur illumine l’atmosphère dans toutes les directions vers lesquelles on l’oriente successivement.
- Dans le domaine de la métallurgie, les oscillations électriques de haute fréquence jouent également un rôle très curieux. MM. (Juillet, et Mahoux n’ont-ils pas montré qu’elles favorisaient certaines réactions comme la nitruration, le chromage, le nickelage et que des aciers soumis à leur influence voyaient s’augmenter leur résistance à la traction.
- Cependant la pression de radiation qu’exercent les ultra-sons paraît minime pour agir efficacement sur un brouillard étendu ou sur un important nuage de fumées.
- Jacques Boyer.
- Fig. 2. — Floculation de la fumée sous l’influence des ultra-sons dans l’oscillateur.
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- = LE LANCEMENT DU NAVIRE PÉTROLIER 507
- “ ÉMILE MIGUET "
- La mise en service de ce beau navire, qui vogue actuellement vers Tripoli de Syrie, restera comme une date mémorable dans les annales pétrolières de la France. Ce n’est pas, ainsi que l’a proclamé l’enthousiasme de plusieurs de nos confrères de la presse quotidienne, qu’il soit le plus grand bateau pétrolier du monde, puisqu’il ne se classe qu’au septième rang; mais ses innovations, plus encore que ses dimensions, en font une unité dont notre pays peut se montrer fier.
- Avant de le décrire, nous tenons à dire quelques mots sur celui dont il porte le nom.
- Enlevé, en 1935, par une mort subite et prématurée, Émile Miguet, dont les nombreux amis porteront toujours le deuil, venait d’être nommé directeur général de la Compagnie française de Raffinage, qu’il dirigeait effectivement depuis sa fondation; la création des belles raffineries de Normandie et de Provence, que nous avons présentées jadis aux lecteurs de La Nature, fut son œuvre. Et j’emprunterai, au discours prononcé par M. Ernest Mercier, lors du lancement du navire, la phrase émouvante où le président de la Compagnie française des Pétroles rend hommage à la mémoire d’Emile Miguet :
- « Ce navire attestera qu’un homme ne meurt pas tout entier, mais que le meilleur de lui-même survit et le prolonge dans les œuvres de sa pensée et le travail de ses mains ».
- Il nous paraît intéressant de remarquer, au début de cette rapide étude (car c’est là un détail fort peu connu), que les plus grands navires pétroliers du monde ne sont pétroliers... qu’à l’occasion ! Car ces records de dimensions appartiennent à des baleiniers norvégiens, équipés pour traiter en mer les cétacés et emmagasiner les produits tirés de leurs carcasses, et qui, dès que leur campagne de pêche est terminée, soit à la fin de l’hiver, remplacent l’huile animale, dans leurs citernes, par l’huile minérale, s
- Le plus grand de ces navires est le Kosmos II, avec un port en lourd de 25 410 t, suivi d’assez près par son jumeau, le Kosmos (24 120 t). Les États-Unis possèdent six véritables pétroliers dont la jauge varie de 24 000 t à 22.135 t. L ’ Emile-Mi guet se classe à leur suite, avec 21340 t, se plaçant devant l’anglais Svend Foyn (21 300 t); d’où cette constatation que le nouveau navire est bien, en Europe, le plus grand pétrolier en existence.
- Sa longueur « hors tout » est de 175 m 90; sa longueur entre perpendiculaires, de 167 m 70 ; sa largeur, de 22 m 50 ; son creux, de 12 m 50; son tirant d’eau moyen, de 9 m 75. Mis en chantiers, pour le compte de la Compagnie navale des Pétroles, filiale de la Compagnie française des Pétroles, par les Ateliers et Chantiers de France à Dunkerque, le 25 septembre 1935, retardé dans sa construction par les grèves, il a été lancé le 12 avril. Gagnant
- bientôt Le Havre, son port d’attache, il partait pour Tripoli, terminus septentrional du pipe-line de l’Iraq Petroleum C°, au début de mai.
- Le navire est du type à trois superstructures : gaillard, château et longue dunette, reliés entre eux par des passavants. La machinerie est à l’arrière, ainsi que tous les aménagements destinés au personnel, qui comprend le commandant, 3 officiers de pont, 4 officiers mécaniciens et 35 autres personnes. Un hôpital complètement isolé s’accompagne d’une cabine spéciale pour un infirmier. Installée à l’extrême-arrière, la cuisine est directement reliée à la cambuse et aux chambres froides du bord.
- Deux cloisons longitudinales traversent le navire presque de bout en bout. Le nombre des cloisons transversales étanches est de 17; elles limitent, parmi d’autres compartiments, la chambre des pompes, quei l’on pourrait presque considérer comme le centre nerveux d’un bateau-citerne. Les quatre pompes principales peuvent charger ou décharger le navire en l’espace de 20 heures.
- Il va de soi que les plus minutieuses! mesures ont été prises contre les risques d'incendie. Le courant élecr. trique circule partout dans des;; câbles du système Pyrotenax, qui supprime tout danger d’incendie; par l’électricité. L’installation d’extinction par la vapeur; s’ajoute à celle qui emploie l’acide! carbonique. Enfin, la sécurité touche à la perfection par l’application du procédé Faure : en utilisant les gaz de combustion des; chaudières, on peut établir rapidement, au-dessus du chargement de pétrole brut, une couche de gaz inerte, épuré et filtré.
- A bord de ces navires, les incendies sont parfois causés par la présence de gaz combustibles qui restent dans les citernes, après leur déchargement. On a conjuré cette;, menace, à bord de T Emiles Miguet, par l’emploi du
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- système Butterworth. Il est constitué par un appareil assez semblable à ces arrosoirs rotatifs que l’on voit fonctionner sur les pelouses de nos parcs. Il n’en diffère essentiellement que par ce fait qu’il tourne verticalement; l’eau de mer, chauffée à 110°, qu’il projette avec force, nettoie toutes les parois de la citerne; l’opération s’effectue après le déchargement, soit à la fin du voyage. Notons, en passant, que la vitesse du navire, qui est de 13,5 nœuds, lui permet d’aller du Havre à Tripoli en 10 jours, soit 23 jours pour le voyage aller et retour, y compris la vingtaine d’heures exigée par le chargement, puis par le déchargement.
- L’appareil de propulsion de Y Emile-Mi guet est constitué par deux moteurs Diesel, du type Burmeister et Wain, construits par les Chantiers de Penhoët; ils peuvent développer une puissance totale de 7260 ch. La vapeur est produite par 3 chaudières à circulation accélérée de 200m2 de surface de chauffe; le mazout est leur combustible; deux d’entre elles sont pourvues de dispositifs permettant de les chauffer exclusivement aux gaz d’échappement, en navigation courante.
- Le lancement de ce beau navire est un sérieux appoint pour notre flotte pétrolière; mais il en faudra d’autres pour qu’elle prenne un rang honorable dans la flotte mondiale, comme on en jugera par les statistiques que
- nous empruntons au Lloyd’s Register, énumérant, au 1er juillet 1936, l’avoir des différentes puissances en
- pétroliers d’une jauge brute supérieure à 1000 t.
- Empire Britannique. . 427 unités jaugeant 2 628335
- États-Unis 388 — 2 489725
- Norvège 229 — 1657 782
- Hollande 88 — 422 913
- Italie. 71 — 348596
- France 41 — 240421
- Japon 26 — 188480
- Allemagne 25 — 126271
- Avec l’appoint de V Emile-Mi guet, la France conserverait son rang, si les autres puissances ne s’étaient pas hâtées de développer leurs flottes pétrolières, comme on le voit par le nombre des bateaux-citernes lancés depuis le 1er juillet 1936, dont le total est de 49 unités, jaugeant 358 340 t, chiffres qui se répartissent comme suit :
- Grande-Bretagne. . Allemagne . . . .
- Suède.............
- France ...........
- 22 navires jaugeant 166297 t 14 — 94 796
- 7 — 57947
- 1 — 21340
- Victor Forbin.
- UNE USINE D’HORLOGERIE MODERNE
- La région du Jura a toujours été un centre de fabrication horlogère, d’abord parce que l’horlogerie artisanale y est née, et par suite de son voisinage avec la Suisse française de la Chaux-de-Fonds, Fleurier, etc. Peu à peu des usines se sont montées en territoire français. La création de l’École nationale d’Horlogerie, l’organisation à l’Observatoire de Besançon d’un service de contrôle et d’examen des montres dont le certificat confère une haute valeur aux montres qui en sont dignes, ont consacré officiellement l’épanouissement de cette industrie. Actuellement nos fabrications n’ont plus rien à envier à celles de nos voisins suisses : la qualité est égale si la quantité produite est moindre. Bien plus, nos usines sont devenues autonomes, toutes les pièces sont fabriquées en France. En particulier les usines Lip, dont nous allons étudier rapidement les fabrications, ne sont plus tributaires de l’importation de certaines pièces que d’autres usines sont encore obligées d’acheter à l’extérieur.
- Les usines Lip sont les plus importantes en France pour la fabrication de la montre soignée. Avec un personnel de 350 ouvriers et ouvrières, elles peuvent produire une moyenne journalière de 500 montres de tous modèles. Quand nous disons de tous modèles, le terme est exact car c’est à près de 1000 que s’élève le nombre de genres de montres, aussi bien comme types de mouvements que comme formats et genres de boîtes et de décors. Ajoutons d’ailleurs que ce nombre tend à diminuer par suite de l’évolution des goûts de la clien-
- tèle. Si, il y a quelques années encore, la montre de poche était la plus demandée, c’est maintenant la montre-bracelet qui l’a complètement détrônée dans la proportion de dix à un.
- LA FABRICATION DES MONTRES
- Aussi allons-nous suivre la fabrication d’une de ces montres, tout au moins en ce qui concerne les opérations les plus typiques, car la place nous manquerait même pour énumérer les 4000 opérations nécessaires pour sa terminaison.
- On part d’un flan en laiton que l’on découpe à la presse et sur lequel viendront se fixer, d’un côté le cadran et les aiguilles, de l’autre tout le mécanisme d’horlogerie. Indiquons tout de suite qu’une montre-bracelet renferme 189 pièces de toutes dimensions (la pièce la plus petite est la vis de coqueret dont le poids est d’environ 3 mgr) et que ces pièces, dans le plus petit modèle courant de montre de dame, doivent se loger dans une surface de 9 X 21 mm et une épaisseur de 3 mm.
- Ce flan de laiton, la platine, doit maintenant être percé et fraisé pour permettre la fixation et le logement des divers organes. Il y a 36 trous de 12 diamètres différents à percer. Cette opération est effectuée en une seule passe à l’aide d’une machine automatique extrêmement ingénieuse. Chaque mèche est montée dans un porte-outil tournant, la platine à percer étant disposée en regard sur un plateau fixe. Automatiquement, lorsque la mèche d’un diamètre donné a percé tous les trous de
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- ce diamètre, le support porte-outil tourne d’un huitième de tour, comme dans un tour revolver, et la mèche suivante se place en position de perçage.
- C’est le plateau porte-platine qui se déplace et vient mettre la platine en regard du foret dans la position correcte de perçage, voici comment : la platine porte 3 trous, pointés lors de son découpage, percés et rectifiés ensuite, qui engagent dans 3 ergots fixés sur le plateau de la machine. Sa position est donc bien définie. Les mouvements du plateau sont commandés par un disque portant des butées de hauteurs différentes. Après chaque perçage, ce disque tourne d’une division. Deux leviers, commandant respectivement les déplacements du plateau suivant les axes des x et des y, sont soulevés et, en redescendant, viennent s’arrêter sur les butées. Leur course est limitée par la hauteur de ces butées et, par l’intermédiaire de leviers, détermine la position du plateau et par suite de la platine.
- Tout est donc effectué automatiquement, aucun trou n’est oublié et lorsque le perçage est terminé, les leviers rencontrent des butées de repos et la machine s’arrête. L’opération complète du perçage des 36 trous s’effectue en 36 sec.
- Le fraisage des logements des roues du mécanisme et des organes de remontage est également effectué automatiquement (figure 1). La platine fixée toujours par ses trois trous de travail est placée en regard d’une fraise tournant à 8000 tours-mn et dont le mouvement de déplacement est commandé par deux cames tournantes. Un galet porté par un levier suit le profil de l’une des cames et par un système de renvois mécaniques détermine le déplacement de la fraise dans un plan parallèle à celui de la platine. Une seconde came agit sur un autre levier et de la même façon détermine la profondeur du fraisage, afin de diminuer les longueurs d’axes des roues dentées et assurer une plus grande résistance mécanique au mouvement d’horlogerie. C'est ainsi que l’opération de fraisage s’effectue à 12 profondeurs différentes.
- Ces fraisages sont ensuite repris de façon à ménager à l’emplacement des centres une légère saillie qui empêchera tout frottement de la roue dentée contre le fond de la cuvette.
- Les rubis servant de pivots aux roues sont, non pas sertis, mais emboutis à la presse dans leurs logements préalablement fraisés, toujours sur des machines automatiques, ce qui permet un gain notable sur le temps d’opération et un résultat beaucoup plus constant (fig. 2.1.
- Nous ne dirons rien de la fabrication des autres organes des montres, roues, pivots, axes, balanciers, coqs, rochets, ponts, etc... Ces pièces sont taillées sur de petites machines, ou embouties et découpées à la presse en une ou plusieurs passes, les ergots sont mis en place au balancier, guidés par des calibres, etc... Si toutes ces opérations nécessitent une minutie, un soin et une précision particulière, elles ne présentent pas de caractéristiques mécaniques spéciales.
- Signalons cependant que tous les outils de découpe et d’emboutissage sont du type à colonne, c’est-à-dire guidés par colonnes, ce qui assure la précision mathématique de l’opération.
- Fig. 1. — Fraiseuse multiple effectuant 12 fraisages consécutifs et différents.
- Les pièces rectifiées, polies, argentées ou dorées suivant les modèles sont ensuite montées et les montres terminées. Étant donné que toutes les opérations ont été effectuées mécaniquement, les montres n’ont plus besoin
- Fig. 2. — Emboutissage des rubis dans les platines. ’
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- que de passer à la vérification et au réglage final. Celui-ci consiste à observer la marche dans diverses positions, à plat, sur le côté, etc... Pendant longtemps, il fallait mettre les montres en observation pendant plusieurs jours dans chaque position. Actuellement, les usines Lip utilisent une machine permettant en 30 secondes de déterminer exactement l’avance ou le retard par 24 h dans chaque position. Bien mieux la machine fournit un graphique dont l’examen permet de révéler des défauts qu’il était jusqu’alors impossible de déceler
- Fig.. 3. — Presse équipée d'un outil à colonnes pour le découpage des ponts.
- (défaut d’équilibrage du balancier, frottement d’un axe dans une certaine position, etc...).
- LA MACHINE DE VÉRIFICATION AUTOMATIQUE DES MONTRES
- Le principe de cette machine est le suivant :
- Un générateur de fréquence est constitué par un diapason entretenu électriquement qui fournit une fréquence constante de 300 pér-sec. Il est enfermé dans un
- boîtier isolé dont la température est maintenue constante à un degré près. Les variations de fréquence sont de l’ordre de un millionième et, même pour une variation de ± 10° de la température du local, elles restent inférieures à un cent-millième. Cette précision qui serait trop faible pour un garde-temps est, dans l’application présente, très suffisante et bien meilleure que celle que l’on obtiendrait en utilisant un chronomètre comme générateur de fréquences.
- Le courant alternatif 300 périodes fourni par le diapason est amené à une intensité suffisante par un amplificateur à trois étages qui assure également l’entretien des oscillations.
- L’installation est complétée par un enregistreur comportant un système amplificateur dont la fréquence est synchronisée par les battements de la montre à étudier lorsque celle-ci est placée sur le porte-montre orientable qui permet de suivre sa marche dans toutes les positions. Pour chaque battement, un stylet se déplaçant longitudinalement le long d’un cylindre enregistreur frappe un point sur un papier gradué. Celui-ci est enroulé sur un tambour tournant à 5 tours-sec (donc un tour par chaque alternance de la montre lorsque celle-ci bat 18 000 oscillations simples à l’heure). La rotation du tambour est commandée par un moteur synchrone alimenté par le courant 300 périodes du générateur. Circonférentielle-ment, le tambour porte 120 divisions du papier. Il passe donc 600 divisions à la seconde devant le stylet.
- Si le diapason et la montre à contrôler ont exactement la même fréquence, le stylet frappera tous les 1/5 de seconde, donc à chaque tour du tambour, le papier, et par suite, tracera une ligne droite. Si la montre n’a pas la même période que le diapason, le stylet frappera trop tôt ou trop tard le papier et le graphique sera une droite inclinée.
- En réglant le mécanisme pour faire l’essai en 30 sec, une division du papier correspond à 5 sec de variation diurne.
- Un casque téléphonique se branchant sur l’amplificateur de l’enregistreur permet l’étude acoustique des bruits de la montre et le contrôle du fonctionnement mécanique de ses différents organes.
- Naturellement, pour une fabrication aussi précise, le contrôle rigoureux des matières premières est indispensable. Aussi trouve-t-on au laboratoire, à côté d’une machine à pointer au micron, un banc métallographique, une machine à biller Rockwell, un dynamomètre pour mesurer la résistance des rubis après emboutissage, un appareil de projection pour vérifier les dentures et le profil des pièces à l’échelle 100, un four électrique avec régulateur enregistreur Northrup pour la trempe des aciers, etc... L’emploi de méthodes de vérification scientifique, joint à la haute précision d’usinage de toutes les pièces, se traduit par une perfection remarquable des produits finis et une régularité parfaite de leurs qualités.
- LA FABRICATION DES PETITS MOTEURS ÉLECTRIQUES
- Mais l’industrie horlogère est une industrie saisonnière. De plus, le développement des applications de
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- l’électi'icité a ouvert de nouveaux débouchés à l’horlogerie (pendules sur le secteur en particulier) et c’est pour ces raisons que les usines Lip ont créé un nouveau département destiné primitivement à fournir du travail aux ouvriers pendant les périodes creuses, mais qui a pris une importance considérable, celui des petits moteurs absorbant une énergie de quelques watts seulement. Leurs emplois sont aussi divers que nombreux; nous en citerons quelques-uns :
- Pour les moteurs synchrones :
- Pendules électriques, chronographe électrique et tout appareil de mesure de temps, radio-compteurs de T. S. F. ou compteurs à paiement préalable, interrupteurs horaires, combinateurs, oscillographes, mouvements pour enregistreurs, totalisateurs d’heures...
- Pour les moteurs asynchrones :
- Mouvements à remontage électrique employés dans les interrupteurs horaires à réserve de marche et les mouvements d’enregistreurs, agitateurs de laboratoire, combinateurs pour enseignes lumineuses, appareils publicitaires tels que plateaux tournants d’étalages, volets publicitaires et en général toute la publicité animée. Une application importante du moteur asynchrone est son emploi dans les régulateurs de température où il marche 24 heures par jour pendant des années.
- Un petit moteur synchrone est constitué par :
- 1° Un stator monophasé feuilleté établi avec des tôles au silicium de haute perméabilité et constituant un circuit magnétique avec entrefer; le flux est créé par une bobine absorbant 3 w environ. A proximité de l’entrefer les branches du stator sont divisées en deux parties égales. Une des parties reçoit une bague de cuivre destinée à déphaser une partie du flux sur le flux principal et à provoquer le champ tournant en se composant avec lui.
- 2° Un rotor constitué par une armature feuilletée formée de 10 tôles, et par une petite « cage d’écureuil » en cuivre rouge. La cage provoque le démarrage automatique du rotor et l’amène à sa vitesse de synchronisme c’est-à-dire 600 tours-mn d’après la formule :
- Fig. 4. — Petite presse pour chasser les goupilles el micromètre de vérification.
- '•t Y
- N t/m
- 60 x /
- n
- f — fréquence,
- n = nombre de paires de pôles.
- Un moteur synchrone comporte également une partie mécanique en plus de ses éléments électriques.
- L’axe du rotor, dont les extrémités sont taillées en pointe formant un cône de 60°, tourne entre deux roulements à billes miniatures l’un fixé rigidement dans une platine en laiton, l’autre monté sur un petit piston, dont on peut régler la pression jusqu’au point critique provoquant l’entraînement des billes dans les roulements.
- „ En outre, suivant les besoins et les problèmes qui se posent, la vitesse initiale de 600 tours-mn peut être réduite à quelques
- Fig. 5. — Machine Western pour étudier la marche des montres.
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- Fig. 6. —• Un moteur réducteur Lip pour courants alternatifs. A gauche : côté moteur; à droite : côté réducteur.
- Fig. 7 — Salle d’essai des moteurs électriques à l'usine Lip à Besançon.
- tours par roues dentées et pignons, et jusqu’à 1 tour en 15. jours par vis sans fin et engrenage droit.
- Les dimensions de ces moteurs sont très réduites : leur poids est de 380 gr, leur diamètre de 76 mm, leur épaisseur de 50 mm. Ils absorbent 2,5 à 3 w, pour un échauffement de 10° maximum. Le couple maximum au synchronisme, en employant les vitesses lentes de 1 à 4 tours-heure par réduction à vis sans fin, peut atteindre 2500 gr-cm et, pour un couple de 8000 gr-cm, la vitesse n’est réduite que de 20 pour 100.
- Le processus de la fabrication des petits moteurs est le même que celui de la fabrication horlogère. On découpe les tôles, les platines et les ponts des moteurs à l’aide d’outils à colonnes, on taille les roues dentées en pignons sur les machines à tailler automatiques, on effectue le montage de toutes ces pièces de la même façon que le montage d’une montre avec cette seule différence que les pièces sont plus grandes pour les moteurs que pour les montres.
- Une seule opération est assez délicate et nécessite une main-d’œuvre spéciale, c’est le réglage des moteurs synchrones. On utilise à cet effet de petites plaques de tôle que l’on distingue nettement sur la figure 7, avec lesquelles on fait varier l’entrefer et qui agissent en somme comme frein magnétique, la « cage d’écureuil » tendant à entraîner le rotor à une vitesse supérieure à 600 tours-mn.
- Enfin les moteurs, une fois montés, essayés, sont rodés pendant 8 jours c’est-à-dire qu’on les fait tourner jour et nuit pendant une semaine. Au bout de ce temps, ils passent au service de vérification qui contrôle une dernière fois leur fonctionnement, et si, après essais satisfaisants, ils sont conformes aux désirs exprimés par les clients, le service donne l’autorisation d’expédition.
- Ce contrôle très rigoureux a permis à la Société Lip de ne pas manquer à sa réputation de qualité et de précision dans cette nouvelle branche de son activité industrielle.
- H. Vigneron.
- DEUX NOUVEAUX MEMBRES DE LACADÉMIE DES SCIENCES : M. PAUL LEBEAU
- De haute stature, le regard vif, la barbe taillée en pointe et les cheveux blancs, mais relevés sur le dessus de la tête en Une brosse encore drue, le Professeur Paul Lebeau porte allègrement le fardeau des ans. Ce savant chimiste naquit, en effet, le 19 décembre 1868, à Bois-commun, petit village du Loiret, situé en plein Gâtinais,
- à quelques lieues de Montargis. Puis, dès 1885, il entra à l’École de Physique et de Chimie industrielles de Paris. A sa sortie de cet établissement, l’un de ses maîtres, Étard, le choisit comme assistant, l’initia à la recherche scientifique et l’associa bientôt à ses travaux sur la solubilité des sels et sur l’éxtraction des principes immédiats
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- de certains végétaux. Peu après, en 1890, il fut nommé préparateur à l’École supérieure de Pharmacie, à la chaire de toxicologie dont le titulaire était alors Henri Moissan. Ce grand chercheur venait d’isoler le fluor et allait commencer ses importants travaux sur le rôle chimique des hautes températures.
- M. Lebeau nous parle avec émotion de ce professeur bienveillant, sous la direction duquel il put parcourir le vaste domaine de la chimie minérale.
- Tout en accomplissant ses fonctions de préparateur, puis bientôt de collaborateur de l’illustre Maître, il ht ses études pharmaceutiques et acquit les grades de licencié et de docteur ès sciences.
- « Mon premier travail, nous dit-il — travail qui devait constituer ma thèse de doctorat — eut pour objet les composés du glucinium et la préparation de ce métal. Le minerai de glucinium le plus répandu dans la nature est l’émeraude, non la variété précieuse de cette gemme formée de magnifiques cristaux plus ou moins colorés en vert par des traces d’oxyde de chrome, mais une émeraude plus commune, dont certains gisements existent en France dans les environs de Limoges. Ce corps fait partie des substances difficilement attaquables par les réactifs. Son traitement pour l’extraction de la glucine est des plus laborieux, et j’ai dû, après une analyse aussi complète que possible de la matière première dont je disposais, mettre au point un procédé de traitement vraiment pratique, permettant d’obtenir une quantité importante d’oxyde de glucinium. En possession de ce produit, je pus accroître nos connaissances sur la chirm'e du glucinium et préparer quelques nouveaux composés de ce métal. L’un de ces derniers, le fluorure de glucinium, s’unit aux fluorures alcalins pour fournir des fluorures doubles facilement fusibles. Il pouvait être décomposé sous l’action du courant électrique, et j’eus ainsi la joie de réaliser, pour la première fois, la préparation du glucinium pur cristallisé et de quelques-uns de ses alliages. C’est là le point de départ de l’industrie actuelle du glucinium, métal plus léger que l’aluminium et aussi de celle de ses alliages dont certains sont suscep* tibles d’applications intéressantes.
- « En même temps que j’accomplissais cette œuvre personnelle, j’assistais mon Maître dans ses travaux sur le four électrique, dans ses essais de synthèse du diamant et dans ses expériences sur les carbures métalliques, parmi lesquels lé carbure de calcium devait devenir rapidement un produit industriel des plus importants. »
- En 1900, Henri Moissan fut nommé professeur à la Faculté des Sciences (chaire de Chimie minérale). M. Lebeau, déjà professeur agrégé à l’École supérieure de Pharmacie, l’accompagna en continuant à lui accorder son plus dévoué concours. Avec sa collaboration furent découverts quelques composés nouveaux du fluor tout à fait remarquables par leurs propriétés, tel ce fluorure de soufre, que son inertie chimique avait fait confondre jusqu’alors avec l’azote.
- Mais Henri Moissan mourut en 1907. M. Lebeau fut alors chargé d’assurer à la fois l’enseignement et la direction du laboratoire de ce dernier savant jusqu’à la désignation de son successeur, Henry Le Châtelier, dont il
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- conquit rapidement l’estime et l’affection. L’année suivante, la chaire de toxicologie de l’École supérieure de Pharmacie devint vacante et M. Lebeau en fut nommé titulaire.
- « Cétte nomination, nous dit-il, fut une des grandes satisfactions de ma carrière. J’entrais, effectivement, en possession de la chaire où Henri Moissan avait débuté, et où j’avais moi-même été son préparateur. Malheureusement les faibles ressources dont je disposais ne me permirent pas de poursuivre immédiatement les recherches sur le fluor et le four électrique, que j’avais entreprises à la Faculté des Sciences. Je repris d’abord l’étude de l’uranium, ce qui me conduisit à faire une nouvelle déter-
- Fig. 1. — M. Paul Lebeau, successeur de M. Le Châtelier à l’Académie des Sciences.
- mination du poids atomique de ce métal et à fixer la formule réelle de son carbure.
- « D’autre part, l’examen des produits gazeux résultant de l’action de l’eau sur certains carbures métalliques n’avait pu être fait de façon complète par Henri Moissan, en raisoxx de l’insuffisance des méthodes d’analyse alors en usage. Je résolus donc de perfectionner ces dernières en mettant en œuvre de nouveaux réactifs et en faisant intervenir les possibilités physico-chimiques de séparation des gaz. J’ai pu édifier, de la sorte, une méthode générale d’analyse des gaz et donner, pour la première fois, des précisions sur la véritable composition de nombreux mélanges gazeux, en particulier du gaz d’éclairage, des gaz de fours à coke, des gaz naturels, etc... »
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- A ce moment, la grande tourmente transporta l’activité du professeur Lebeau dans un autre domaine. Dès 1915, il lit partie des commissions chargées d’organiser la x'iposte à la guerre chimique employée par l’ennemi. Entouré de collaborateurs qu’il avait su choisir parmi les plus qualifiés, il put rapidement fournir les indications permettant de réaliser la fabrication de diverses substances chimiques utilisées par nos troupes. Il contribua, en outre, puissamment à assurer la protection de nos soldats contre les terribles gaz de combat. Une fois le conflit mondial terminé, le Conseil de la Faculté de Pharmacie le désigna en 1918 pour occuper la chaire de Pharmacie chimique, dont le titulaire, Charles Moureu, avait été nommé professeur au Collège de France.
- M. Lebeau nous exposa ensuite rapidement l’objet de ses dernières recherches.
- « Depuis une dizaine d’années, nous dit-il, j’ai poursuivi des études de longue haleine sur la pyrogénation des combustibles fossiles et du bois ainsi que sur celle de ses constituants principaux : celluloses, pentosanes et lignites.
- Les phénomènes de la pyrogénation sont effectivement très complexes et presque impossibles à suivre si l’on veut examiner l’ensemble des produits, solides, liquides ou gazeux, résultant de cette destruction sous l’action de la chaleur. En me limitant à l’étude des produits gazeux, et en me plaçant dans des conditions expérimentales éliminant les causes d’erreurs, j’ai pu montrer que l’allure d’un dégagement gazeux, défini par la mesure
- des volumes recueillis entre des intervalles de températures parfaitement déterminés, permet d’établir des graphiques caractéristiques d’un combustible donné : tourbe, lignite, houille ou anthracite. J’ai reconnu ainsi que les anthracites, chauffés jusqu’à 1000°, produisent au même titre que les houilles, des quantités de gaz de l’ordre de 300 à 350 m3 à la tonne, l’hydrogène étant le principal constituant. J’ai aussi décelé l’existence d’une nouvelle classe de combustibles fossiles, les peranthracites, possédant une forte teneur en carbone, et ne libérant plus, au cours de leur pyrogénation jusqu’à 1000°, qu’un volume gazeux relativement faible, presque uniquement formé parfois d’hydrogène pur. En conséquence, les nombreuses analyses de gaz que j’ai effectuées apportent une documentation très importante au point de vue pratique, qu’il s’agisse des gaz provenant de la pyrogénation des combustibles fossiles ou de ceux produits par le bois. »
- Aussi tous ses travaux valurent à M. Lebeau l’attribution de divers prix académiques français ou étrangers, tandis que le ministre de l’Instruction publique reconnaissait ses services pédagogiques par sa récente nomination dans la « classe exceptionnelle » des professeurs de l’enseignement supérieur. Enfin son élection, le 15 mars 1937, à l’Académie des Sciences de Paris, comme membre de la section de chimie, en remplacement d’Henry Le Châtelier, vient de couronner dignement sa féconde carrière scientifique.
- Jacques Boyer.
- M. CHARLES MAUGUIN
- Élu, le 1er mars 1937, membre de l’Académie des Sciences de Paris, en remplacement de M. Wallerant décédé, M. Charles Mauguin occupe depuis 1930 à la Sorbonne la chaire de minéralogie, qu’illustrèrent les Haüy, les Friedel et les Hautefeuille. Avec une bonne grâce dont nous tenons à le remercier, cet affable cris-tallographe a bien voulu nous initier à ses originales recherches en nous signalant, chemin faisant, les principales étapes de sa brillante carrière.
- « Né à Provins (Seine-et-Marne) le 19 septembre 1878, nous dit-il au début de notre interview, j’ai d’abord fréquenté l’école primaire et le collège de ma petite ville, puis l’École normale de Melun. Nommé ensuite instituteur à Montereau, je revins peu après comme maître répétiteur au Collège communal de Provins et j’entrais l’année suivante à l’École normale supérieure d’enseignement primaire de Saint-Cloud. Là, mon professeur Louis-Jacques Simon m’appela près de lui et guida mes premiers pas en chimie. Toutefois mes goûts personnels ne tardèrent pas à me porter vers la cristallographie. Mais surtout les suggestives leçons sur la symétrie, données par Pierre Curie à la Sorbonne en 1905, orientèrent définitivement mon activité scientifique. Aussi après avoir passé mes examens de licence et sou-
- tenu ma thèse de doctorat sur les amides bromées sodées (1910), j’entrais au laboratoire de Wallerant dans le but de me consacrer à cette branche de la minéralogie, qui m’attirait invinciblement.
- « Sur les conseils de mon nouveau maître, j’entrepris alors l’étude des fameux cristaux liquides, découverts par Otto Lehmann. Ces singuliers corps associent d’une façon paradoxale la fluidité des liquides aux propriétés optiques des cristaux. J’ai examiné, entre autres, Vazo-xyanisol et Vazoxyphénétol chez lesquels le mystérieux phénomène se trouve particulièrement exalté. A la température ordinaire, l’azoxyanisol se présente sous la forme de petits cristaux solides biréfringents et poly-chroïques. Observés au microscope polarisant, ceux-ci paraissent jaunes ou blancs selon l’orientation des vibrations lumineuses. Si l’on chauffe l’azoxyanisol, il fond à 116° en donnant un liquide presque opaque sous quelques centimètres d’épaisseur, transparent en couche plus mince et translucide sous 2 ou 3 mm. Lorsque la température atteint 134°, le liquide trouble se transforme brusquement en un liquide jaune d’or parfaitement limpide. Laissant ensuite refroidir l’azoxyanisol fondu, on constate la réversibilité des phénomènes : à 134° le liquide trouble apparaît brusquement tandis
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- qu’à 116°, il cristallise en se solidifiant. L’azoxyphénétol se comporte de façon similaire, mais à d’autres températures de transformation.
- « Observés au microscope polarisant ces liquides troubles paraissent biréfringents comme les cristaux avec une orientation optique variable d’un point à un autre, .l’ai dû. pour démêler leur complexité, essayer de les orienter uniformément soit en utilisant certains agents (le champ magnétique, par exemple) qui exercent leur action dans la masse même du liquide, soit en employant des lames de verre ou des lames cristallines dont les contacts superficiels influencent la masse fluide.
- « M’appuyant sur les résultats des travaux de Friedel et de Grand jean ainsi que sur diverses recherches personnelles, je fus conduit à partager les cristaux en deux classes. Les uns, très fluides (type azoxyanisol), possèdent un mouvement brownien très vif et s’orientent très aisément dans le champ magnétique. Les autres, plus visqueux (type oléate d’ammoniaque) ne montrent pas le mouvement brownien et ne s’orientent pas sensiblement, même dans des champs magnétiques très intenses. Ces deux catégories de cristaux liquides représentent, en réalité, deux états nouveaux de la matière, intermédiaires entre l’état cristallin et l’état liquide. Par exemple, les molécules d’azoxyanisol fortement anisotropes exercent les unes sur les autres des actions qui se traduisent par des couples directeurs tendant à les rendre parallèles entre elles, tout en laissant aux déplacements de leurs centres de gravité une liberté analogue à celle qui existe dans un liquide ordinaire. On peut donc considérer cette substance comme un liquide à molécules orientées.
- « Mais les choses se passent différemment dans les liquides du second genre (type oléate d’ammoniaque). Les molécules allongées forment des strates parallèles dont l’épaisseur égale la longueur de l’une d’entre elles. Les molécules parfaitement mobiles à l’intérieur de chaque strate, ne passent pas, en général, d’une de celles-ci dans l’autre. On pourrait presque dire que le milieu stratifié reste liquide suivant les directions contenues dans la strate et demeure solide dans le sens perpendiculaire.
- « En outre certaines substances présentent parfois les deux types de cristaux liquides, observables à des températures différentes. La fusion d’un tel corps s’effectue en trois temps. En premier lieu, les molécules soumises à l’agitation thermique perdent une partie des liens qui les maintenaient alignées selon les rangées et les plans du réseau cristallin, ne conservant plus qu’un seul système de stratification. Après quoi, cette dernière disparaît à son tour, laissant les molécules libres de se déplacer dans les diverses directions, mais en restant encore parallèles les unes aux autres. Finalement, les molécules prennent toutes les orientations possibles au cours de leurs mouvements désordonnés, réalisant le véritable liquide isotrope.
- « Ces transformations s’opèrent à des températures bien déterminées selon le schéma suivant :
- Cristal Liquide stratifié *- Liquide à molé-
- h L
- cules orientées Liquide isotrope.
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- « J’ai poursuivi ces recherches, nous confia alors M. Mauguin au cours de notre récente visite, d’abord comme maître de conférences à Bordeaux (1912), puis comme professeur de minéralogie à la Faculté des Sciences de Nancy (janvier 1914). Mais en août de cette même année, ainsi que nombre de mes collègues, je dus quitter le laboratoire pour les champs de bataille. Après un an de séjour au front, je fus rappelé pour travailler sous la direction de mon maître L.-J. Simon, à la triste chimie de guerre. Personnellement j’étudiais une nouvelle préparation du gaz phosgène et j’ai mis au point la fabrication du chlorure de cyanogène.
- « Mais laissons là ces lugubres souvenirs et reportons-nous à l’époque de l’armistice. Démobilisé, je rentrais
- Fig. 2. — M. Charles Mauguin, successeur de M. Wallerant, à l’Académie des Sciences.
- à Nancy que je quittais après quelques mois pour travailler à Paris (janvier 1920). Je me trouvais alors assez désorienté en lisant les périodiques étrangers, car je constatais que la science avait pris pendant la tourmente une ampleur insoupçonnée chez les neutres ou même chez certains belligérants et qu’en particulier la cristallographie avait singulièrement progressé, grâce surtout aux nouvelles méthodes d’analyse, dérivées des découvertes de Laue et de W. IJ. Bragg, relatives aux phénomènes de diffraction des rayons X par les réseaux cristallins. L’appui de Wallerant me procura aisément l’outillage indispensable pour ce genre de recherches, que j’ai poursuivies depuis lors au laboratoire de minéralogie de la Sorbonne. En appliquant cette féconde technique à la calcite, au corindon, au cinabre et au
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- calomel, j’ai pu fournir sur ces diverses substances, ainsi que sur plusieurs autres, des renseignements nouveaux.
- « Le spectrographe cylindrique, spécialement adapté à l’étude des cristaux lamellaires, m’a permis également d’entrevoir la solution du problème des micas, auquel tant de savants s’attaquèrent depuis Haüy. Les différents membres de cette famille de minéraux présentent, en effet, une parenté cristallographique très étroite parce que leurs édifices cristallins comportent comme une charpente d’atomes d’oxygène identique chez tous. Quant à leurs variétés de composition chimique, elles tiennent à des atomes électropositifs très divers, distribués dans les espaces libres entre les atomes d’oxygène, mais sans modification de l’infrastructure générale.
- «Entre 1933 et 1935, j’ ai pris part, avec un petit groupe de cristallographes français et étrangers, à la confection de Tables internationales pour la recherche des structures cristallines. Cet ouvrage contient, entre autres, la description de 230 groupes de symétrie compatibles avec la structure cristalline; aidé de mon élève J. Wyart, j’y ai donné une vue presque intuitive de toutes les particu-
- larités géométriques de chaque groupe, à l’aide de deux figures. La première fournit la distribution des points équivalents, la seconde présente les axes, centre, plans et autres éléments de symétrie, figurés au moyen d’un petit nombre de conventions naturelles. On emploie maintenant, d’une façon presque générale, ces symboles dans les publications cristallographiques, dont ils facilitent l’intelligence.
- « La science que je cultive, ajouta M. Mauguin en forme de conclusion, n’est donc pas uniquement spéculative. Les quelque cinquante élèves à qui je l’enseigne chaque année à la Sorbonne seront à même de l’appliquer, le cas échéant, dans divers domaines pratiques. »
- Le spectrographe à rayons X est effectivement pour les cristallographes, un merveilleux «microscope«.Travaillant avec un rayonnement de longueurs d’onde comparables aux dimensions des atomes (10000 fois plus courtes que les longueurs d’onde de la lumière visible), il permet de discerner les détails des structures moléculaires et constitue, par conséquent, un précieux instrument d’investigation chimique. Jacques Boyer.
- L’ECLIPSE TOTALE DE SOLEIL DE JUIN 1937
- Cette éclipse, qui aura lieu le 9 juin prochain, sera l’une des plus longues que l’on ait pu observer depuis de nombreuses années, la durée maxima de la période de totalité étant de 7 mn 4 sec. Malheureusement la zone de totalité se trouve presque entièrement située sur l’Océan, et ne rencontre pour ainsi dire pas la terre ferme, à part quelques minuscules îlots inhabités, d’accès difficile, perdus dans le Pacifique.
- Notre confrère de Londres Nature mentionne que l’îlot le plus favorable pour l’observation de l’éclipse est l’île Ender-bury, dans le groupe Phénix (latitude 3° 8',5 S.; longitude 171° 10' 0,4) ; haute de 10 m, entièrement inhabitée, entourée par une ceinture corallienne continue, elle mesure 4 km de long sur 1 km 6 de large; elle n’a ni eau potable, ni rade, ni accostage... La durée de totalité y sera de 4 mn 8sec. Un autre îlot du même groupe, l’île Canton, est plus abordable; c’est aussi un atoll qui mesure 14 km de long et 6 km de large; on peut franchir la ceinture corallienne et trouver un bon ancrage; l’île inhabitée contient des plantations de cocotiers.
- La durée de la totalité n’y sera que de 3 mn 45 sec.
- Le séjour sur l’un ou l’autre de ces îlots offrira peu d’attraits,
- même pour une mission scientifique qui aura grand’peine à y installer ses instruments d’observation. Cependant les Etats-Unis ont organisé une mission, à laquelle collaborent l’Amirauté, la National Géographie Society et le National Bureau of Standards. Dirigée par le prof. S. A. Mitchell et composée de neuf autres savants, elle essayera de débarquer à l’île Canton ou à l’île Enderbury. La marine américaine a mis à sa disposition le mouilleur de mines « Avocet ».
- Une autre expédition doit partir de Nouvelle-Zélande, mais on ne nous dit pas où elle compte opérer.
- La bande de totalité partant des îles Phénix ne rencontre plus aucune terre jusqu’à la côte du Pérou; l’îlot Sarah Anne qui figure sur les cartes marines relevées par la marine américaine a dû s’engloutir dans l’Océan, car on n’en retrouve plus trace. Au Pérou l’éclipse aura lieu pour une altitude maxima du Soleil de 8° et la durée maxima de totalité sera de 3 mn 20 sec. La Faculté des Sciences de l’Université de San Marcos a organisé un comité pour aider les expéditions scientifiques ; notre confrère signale qu’une mission japonaise dirigée par le Pr.Yamamoto s’est rendue au Pérou pour observer l’éclipse.
- CE QU’ON VERRA A L’EXPOSITION
- LES PAVILLONS ÉTRANGERS
- La participation étrangère à l’Exposition de 1937 est extrêmement importante, puisque plus de quarante nations ont donné leur adhésion.
- Les pavillons étrangers sont groupés, les uns sur la rive droite de la Seine, autour du Palais du Trocadéro, les autres sur la rive gauche, de l’autre côté du pont d’Iéna; enfin, un dernier groupe fait face à l’Ecole Mili-
- taire, près du pavillon de la Lumière et de l’Électricité, déjà décrit dans un numéro précédent.
- La porte d’honneur de la place du Trocadéro sera décorée par un monument dédié à la Paix, colonne de 50 m de haut, éclairée le soir par une batterie de projecteurs à faisceaux parallèles verticaux.
- Cette colonne s’élèvera au centre d’une construction
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- en arc de cercle, le pavillon de la Paix, élevé au centre de la nouvelle place du Trocadéro.
- En se dirigeant vers le pont d’Iéna, on rencontrera le pavillon de la Yougoslavie proche de l’entrée d’honneur.
- Ses lignes générales sont modernes et la cour intérieure, inspirée par le style de la côte adriatique, sera dallée de pierres jaunes et roses, ornée d’une fontaine, et décorée de peintures reproduisant les plus beaux paysages du pays.
- Le pavillon de la Finlande est entièrement construit en bois de pin et de bouleau, arbres abondants en Finlande. Un grand hall cubique sans fenêtre sera éclairé uniquement par le plafond, grâce à d’ingénieux dispositifs d’éclairages. Il est revêtu extérieurement d’une paroi en bois de pin rouge, et il est entouré d’une galerie ouverte servant à la circulation. La
- remplacé par des plaques de fibre, selon un nouveau mode de construction adopté en Autriche et en Suisse.
- Le pavillon de Monaco, d’inspiration grecque, sera entouré d’une rocaille avec escaliers, copie des jardins exotiques de la principauté, justement célèbres par la couleur ocrée de leurs rochers et leurs cactus méditerranéens ou exotiques.
- Le pavillon de l’Egypte comprend deux constructions, d’importance inégale, reliées par un patio et un portique à l’air libre. Au centre du Salon d’honneur, une vitrine présentera deux blocs de diorite ajustés, une pièce de bois taillée, des outils datant de 5 à 6000 ans, un fragment de sarcophage sculpté qui rappelleront que les inventions égyptiennes sont à l’origine des « arts et techniques ».
- Fig. 1 à 3. — De gauche à droite : Le palais de L'U. R. S. S. — Le palais de l’Italie (photo H. Baranger). Le palais de l'Allemagne (photo H. Baranger).
- cour d’honneur présentera un petit lac et, sur la rive, une hutte de chasse finlandaise ainsi qu’une habitation de paysans avec l’étuve ou bain finnois, caractéristique des mœurs du pays.
- UEsthonie, la Lettonie et la Lithuanie ont un pavillon commun, à large escalier de pierre; la principale entrée, d’allure très moderne, est une paroi de verre dans un cadre d’acier, comportant trois portes également en verre au-dessus desquelles sont figurés les emblèmes nationaux
- Le pavillon de VAutriche, en bordure de l’allée centrale, de pure architecture viennoise, comprend une grande salle de spectacles en béton armé, surmontée d’une construction de 12 m de haut, dont les murs sont entièrement vitrés, grâce à l’emploi d’acier de haute qualité permet tant de réduire l’épaisseur de l’armature du béton armé. La maçonnerie est constituée sans mortier; celui-ci est
- Des vitrines montreront des documents rapportés par les missions françaises en Égypte au xvme et au xixe siècle.
- Le pavillon de la Hongrie se distingue par une tour de 29 m de haut, terminée par une boule dorée surmontée d’une étoile.
- Dans la salle d’honneur, aux proportions majestueuses, le visiteur remarquera surtout la statue monumentale de Saint-Étienne, premier roi apostolique de Hongrie, des vitreaux et des fresques d’inspiration religieuse.
- Dans le pavillon des Pays-Bas, on admirera les stands réservés aux Indes Néerlandaises; une salle de projection cinématographique, où l’on projettera des films pris à Java et les célèbres jeux d’ombres synchronisés avec de la musique indigène, évoquera un « pendopo », galerie de réception d’un haut dignitaire indien.
- Le pavillon catholique pontifical se compose d’un sanc-
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- tuaire dominé par un campanile élevé portant à son sommet une statue de la Vierge, et des bâtiments couronnés par un dôme, à triples rangées de vitraux en forme de tiare. Entrant par une arche double surmontée de la croix, on descendra dans un cloître. Puis, après avoir traversé la salle consacrée à la prière pour les défunts, on pénétrera dans le sanctuaire renfermant l’autel central posé sur une base pyramidale; tout autour, douze chapelles seront réservées aux participations étrangères, et l’abside contiendra le trône du Souverain Pontife.
- Le pavillon de la Grèce est composé de galeries, divisées en cellules, groupées autour d’un atrium. Sur une des
- Le pavillon du Siam est la reconstitution à échelle réduite du motif central d’un pavillon d’une résidence royale.
- Sur la rive droite de la Seine, le pavillon de VU. R. S. S. est un des plus en vue.
- De lignes simples, il s’élève progressivement vers la façade, dominée par une tour qui supporte la statue monumentale d’un ouvrier et d’une jeune paysanne brandissant le symbole des Soviets, la faucille et le marteau. La statue est en acier inoxydable, haute de 24 m; elle est posée sur la tour revêtue de marbre à une hauteur de 33 m. Le socle de la tour est revêtu de porphyre et un large escalier orné de bas-reliefs métallisés, enca-
- Fig. 4 et 5. — A gauche : Le palais des Etats-Unis (M. C. H. Higgins, architecte).-— A droite : Le palais de la Tchécoslovaquie (photo Baranger).
- façades, une grande niche sert de fond à une statue monumentale de la Victoire de Samothrace. L’ensemble est d’architecture moderne, mais la façade postérieure rappelle l’antique demeure grecque.
- Le pavillon de la Pologne, en forme de tour, évoque le fameux tombeau romain de Cécile Metellus sur la Via Appia; le sommet est couronné d’une statue cuivrée, symbole de la Victoire, accompagnée d’un aigle blanc prenant son vol.
- Un portique orné de mosaïques donne accès au hall d’honneur dans lequel sont évoquées les luttes soutenues par la Pologne au cours des siècles. Une magnifique tapisserie y rappellera les faits d’armes du roi Jean Sobieski.
- drés de marbre, conduit le visiteur à l’entrée marquée' de l’écusson de l’U. R. S. S.
- Le pavillon allemand, édifié au-dessus de l’avenue de Tokio, se compose d’une tour de 15 m de largeur, 22 m de profondeur, et 54 m de hauteur, surmontée de l’aigle avec croix gammée, et d’un hall de 140 m.
- La tour est formée de 8 piliers en acier à revêtement de dalles de pierre cannelées et plaques de mosaïque multicolore entre les piles ; il n’y a de fenêtres que sur la façade postérieure. Les matériaux de construction et l’outillage sont exclusivement d’origine allemande; 1000 wagons ont transporté à Paris 10 000 t de matériaux, dont 3000 t de pierre et 2800 t d’acier. Les travaux de
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- Fig. 6 à 13. — Quelques pavillons.
- 6. Les missions catholiques. —7. La Hongrie (photo. H. Baranger).— 8. Le Japon (photo H. Baranger). — 9. La Finlande (photo H. Baranger). — 10. La Belgique. —11. L’Égypte (photo H. Baranger). — 12. VIrak (photo H. Baranger). —13. Le Portugal (photo H. Baranger).
- fondation ont été rendus difficiles par le poids considérable de l’édifice. 500 pilotis en béton armé, de 16 à 20 m
- de long, ont été enfoncés dans le sol à cet effet. En amont du pont d’Iéna, le papillon du Portugal'
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- orné d’un grand écusson national est décoré de bas-reliefs consacrés aux navigateurs des xve et xvie siècles. Des arcades s’ouvrent sur le fleuve, évoquant les vieux palais du pays.
- Sur la rive gauche, le pavillon de la Belgique attire l’attention par son ampleur; il montrera de remarquables collections artistiques, industrielles et coloniales.
- Le pavillon de VItalie présente une masse majestueuse. Une tour de 42 m domine un pavillon central, relié à un autre pavillon plus petit par deux galeries.
- La tour est précédée d’une cour d’honneur dallée de marbres d’Italie; un imposant monument équestre en
- en forme de mât de navire coupé par une sorte de dunette. Il est construit exclusivement en verre et en acier, produits de l’industrie tchécoslovaque. Le hall d’entrée sera décoré en son centre d’un monumental lion de Bohême, ses murs et son toit sont en verre.
- Près de l’École militaire, sont groupés quelques autres pavillons, et, en particulier, celui du Venezuela, rappelant le style colonial espagnol. La construction s’étend autour d’un grand patio entouré de « corredores », et on remarque un assemblage des toits de tuiles rouges espagnols, et des constructions indigènes aux toits de chaume.
- Situé dans le même groupe du Champ-de-Mars, le
- 14. Le Luxembourg (photo H. Baranger). — 15. La Grande-Bretagne. — 16. L’Union Sud-Africaine (photo H. Baranger). — 17. La Bulgarie
- (photo H. Baranger). — 18. Les Pays-Bas.
- métal fondu, triple de la grandeur naturelle, figure le génie du fascisme. Les piliers de la tour sont eux-mêmes surmontés de statues de 3 m chacune. Un jardin intérieur a ses allées en sol de porphyre et quatre grandes fontaines en céramique lui donnent un aspect méditerranéen. Sous le portique de la cour d’honneur, de grandes peintures symbolisent les réalisations du régime fasciste; une mosaïque en verre d’Italie est placée au fond de la cour, ainsi qu’une statue de Victoire ailée.
- A côté du pavillon de la Suède, celui de la Tchécoslovaquie surplombe en partie le fleuve; il est posé sur des piliers, et semble planer. Il est dominé par un pylône
- pavillon d’Haïti a un caractère tropical, avec ses toitures à deux pentes de faible inclinaison, ses terrasses, et ses pergolas.
- Le pavillon de VAustralie, entouré d’eucalyptus nains et de mimosas, ne sera pas le moins curieux, avec son aquarium de poissons exotiques et son exposition de pierres précieuses : opales et saphirs.
- Bien d’autres seraient encore à citer, mais la place manque. Les photographies ci-jointes y suppléeront en partie en attendant que l’Exposition batte son plein.
- P. Hémardinquer.
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- RÉCRÉATIONS MATHÉMATIQUES
- NOMBRES CYCLIQUES
- A maintes reprises La Nature a publié dans cette rubrique des études sur les particularités du nombre 142 S57. Nous allons, de nouveau, nous occuper de ce mystérieux nombre mais à un point de vue plus général, en démontrant le pourquoi de ses curieuses propriétés et en cherchant à déterminer les autres nombres qui obéissent à la même loi.
- Le nombre 142 857 représente la période de la fraction
- . 1
- ordinaire - — 0,142 857 142... On remarquera que cette
- période se compose de 6 cbilîres : c’est là tout le secret de l’énigme. En elïet, si nous divisons l’unité par 7 il y aura 6 restes différents au plus, ce seront les nombres 1, 2, 3, 4, 5, 6, pris dans un certain ordre; par conséquent convertir la
- fraction
- 3
- 7
- par exemple, revient à commencer la division
- au reste 3 et nous trouverons, dans le même ordre, les chiffres du quotient primitif 0,142 857, à partir du 4, c’est-à-dire : 0,428 571 428... Donc :
- 3
- - = 0,428 571 428... = 0,142 857 142... X 3
- et
- 142 857 X 3 = 428 571.
- Il en sera de même pour tous les numérateurs inférieurs à 7-Convertissons maintenant la fraction décimale en fraction ordinaire. On sait que la fraction génératrice est égale à une fraction ayant pour numérateur la période et pour dénominateur un nombre composé d’autant de 9 qu’il y a de chiffres dans la période, soit :
- 142 857 _ 1 999 999 — 7
- É
- galant le produit des extrêmes au produit des moyens il
- vient :
- 142 857 X 7 = 999 999.
- Remarquons que 9 divise le second membre de cette égalité; comme il est premier avec 7 il divise 142 857, ce qui nous conduit à une autre propriété de ce nombre.
- Effectuons la division :
- 142 857:9 = 15 873.
- Ce quotient multiplié par les 9 premiers multiples de 7 donnera des produits uniquement composés du même chiffre. Ainsi : 15 873 X (7 X 5) = 15 873 X 35 = 555 555; ce qui est évident en considérant la proportion :
- 15 873 1
- ïll 111 ~ 7'
- allons examiner en envisageant la question sous un autre angle.
- 1
- Lorsqu’une fraction — » n étant premier autre que 2 et 5, n
- donne naissance à une période décimale comprenant n-1 chiffres, nous savons que cette période fournit des nombres
- 1
- cycliques par multiplication. Ainsi il faut convertir - en
- n
- fraction décimale et pousser l’opération jusqu’à ce qu’on retrouve le reste 1 pour déterminer le nombre de chiffres de la période.
- Sans entrer dans des considérations qui sortiraient du cadre de cet article, nous allons exposer d’une façon très élémentaire la méthode qui conduit à déterminer les nombres tels que 142 857.
- 1
- Convertir - en fraction décimale c’est diviser par n succes-n
- sivement tous les termes de la suite :
- 1, 10, 102, 103.... 10k... (1)
- Les restes sont naturellement en nombre limité et on démontre qu’ils se reproduisent périodiquement. Soit e le plus petit exposant tel que 10e divisé par n donne 1 pour reste, on dira que 10 appartient à l’exposant e par rapport à n. Ainsi 10 appartient à l’exposant 6 par rapport à 7, puisque 10® est, après l’unité, la première puissance de 10 qui divisée par 7 donne 1 pour reste; 10 appartient à l’exposant 6 par rapport à 13; à l’exposant 1 par rapport à 3, etc.
- Si par rapport à un nombre premier n, 10 appartient à , . 1
- 1 exposant n-1, la période de - donnera des nombres cycliques
- par multiplication de la période.
- Etudions les restes de la suite (1), en prenant n = 7, par exemple, chacun d’eux s’obtient en multipliant le précédent par 3, reste de la division de 10 par 7, et en retranchant du produit les multiples de 7 qu’il contient.
- Ainsi 102 donne pour reste 3x3 = 9'—7 = 2; 10“' aura pour reste 2 X 3 = 6 = •— 1, si on ne considère que les restes 1% -------------- \
- minima —-— 104 donnera •—-1x3 = —-3, pour 105
- nous aurons •— 3 X 3=-— 9 = —-2
- et pour 10® -2x3= — 6 = + 1.
- La démonstration est immédiate :
- 102 = mult. 7+2; 107 = (mult. 7 + 2) (mult. 7 + 3) = mult. 7 + 6 = mult. 7 — 1.
- Ecrivons tous ces restes dans l’ordre :
- Nous appellerons nombres cycliques tous les nombres qui se déduisent les uns des autres par transposition de k chiffres de la droite à la gauche. Un nombre de n chiffres donne naissance à n nombres cycliques, k pouvant prendre les valeurs successives 0, 1, 2... n-1.
- Ce qui est remarquable dans le cas de 142 857 c’est qu’on obtient les 6 nombres cycliques qui en dérivent par la multiplication de ce nombre par les 6 premiers entiers. Peut-on trouver d’autres nombres jouissant de propriétés semblables ? A quelles conditions doivent-ils satisfaire ? C’est ce que nous
- 1, 3, 2, — 1, — 3, — 2, 1, 3...
- La suite est périodique comme nous l’avons dit, mais nous remarquons que la seconde moitié de la période reproduit, au signe près, la première. Il en est ainsi quand 10 appartient à l’exposant n — 1 par rapport à n.
- n-1
- Nous allons montrer maintenant que 10 2 ne peut avoir pour reste que +1 ou —• 1, quel que soit n. En effet : / n -1 \2 n - '
- ( 10 2 ) = 10”'1 ; soit r le reste de 10 2 par n, celui de 10
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- sera r2, mais on sait, d’après un célèbre théorème de Fermât, que 10'*"1 divisé par n donne toujours pour reste 1, donc
- r2 — 1 et r = ± 1.
- D’où la conclusion que nous cherchions :
- n - t ^
- Si 10 2 a pour reste — 1, la période de — aura n —1
- n -1
- chiffres; si 10 * a pour reste + 1, la période aura, au plus
- n — 1 . „
- —-— chiffres, mais elle pourra en avoir moins.
- Donc pour qu’un nombre premier n engendre une période de n — 1 chiffres, il faut et il suffit que n divise l’expression
- il - l MjJ
- 10 - + 1. Par exemple 7 divise 10 - + 1 = 1001, donc 7 répond à la question; 13 n’est pas diviseur de 1 000 001, la période aura au plus 6 chiffres; 17 divise 100 000 001, la période de 16 chiffres est à permutation circulaire.
- Nous déduisons de là une autre propriété de 7 ; prenons un nombre quelconque de 3 chiffres, 273, par exemple, répé-tons-le à la droite, nous obtenons un nombre de 6 chiffres : 273 273; il est divisible par 7 puisqu’il est égal à 273 X 1001, et tous les nombres ainsi formés sont des multiples de 7.
- La théorie précédente démontre l’existence des nombres à permutations circulaires et fournit un procédé pour déterminer si un nombre premier n engendre un de ces nombres;'mais, en réalité, la méthode conduit pratiquement à effectuer la division de l’unité par n jusqu’à ce qu’on retrouve un reste égal à 1. Dès la première moitié de la période, quelquefois avant, nous sommes fixés, et nous abandonnerons ou poursuivrons l’opération. Plus intéressant serait de trouver tous les nombres premiers n par rapport auxquels 10 appartient à l’exposant n- 1. C’est un problème difficile qui se rattache à la théorie des racines primitives. Bornons-nous à énoncer un théorème de Tchébycheff : 10 appartient à l’exposant n — 1 si le nombre premier n est de la forme 2q + 1, q étant lui-même premier et multiple de 20 +3, + q ou — 9q. Ainsi 3 est égal à 20 X 0 + 3, et premier, donc 2 X 3 + 1 = 7 donnera une période de 6 chiffres : 23 est premier et égal à 20 + 3, donc 2 X 23 + 1 = 47 répondra à la question. Mais cette formule ne donne pas tous les nombres premiers par rapport auxquels 10 appartient à l’exposant n —-1; par exemple 17 et 19 ont respectivement des périodes de 16 et 18 chiffres, cependant ils ne sont pas représentables par la forme ci-dessus. D’après Gauss, il y a 60 nombres premiers inférieurs à 1000 donnant des périodes à permutations cycliques; 2971 a une période de 2970 chiffres ! On trouve de grands nombres premiers qui jouissent de la même propriété; de tels nombres forment vraisemblablement une suite illimitée, mais il est impossible de rien affirmer dans ce domaine.
- Dès que les nombres sont un peu élevés, les calculs deviennent laborieux et l’intérêt mathématique diminue, car la loi de génération du nombre cyclique n’apparaît plus d’une manière aussi saisissante lorsqu’il faut multiplier un nombre de 18 chiffres, par exemple, pour retrouver les chiffres du multiplicande, dans le même ordre, comme résultat de l’opération. C’est pourquoi 142 857 se prête à merveille à cette curieuse démonstration, et c’est la raison du succès qu’il a rencontré dans nombre de publications, surtout depuis quelque temps.
- Pour les amateurs de calcul, signalons une simplification à
- V - 1
- apporter dans la détermination de la période. Divisons 10 2 par n, si le dernier reste est n — 1 il est inutile de pousser l’opération plus loin, la seconde partie de la période s’obtient en cherchant le complément à 9 de chacun des chiffres de la première. Exemple : 7 ; lorsqu’on a divisé 1000 par 7 le reste
- sera 6, et le quotient 142; donc les 3 autres chiffres sont 8,5 et 7, ceci résulte de la périodicité des restes que nous avons établie plus haut.
- Pour en terminer, nous exposerons une propriété peu connue des nombres cycliques, propriété générale à ces nombres, même s’ils ne sont pas déduits par multiplication de l’un d’eux.
- Considérons n nombres cycliques de n chiffres, par exemple : 88 617, 86 178, 61 788, 17 886, 78 861; leur somme S est 10"
- égale à S X —------1, en désignant par S la somme des chiffres
- d’un de ces nombres. Ici n — 5; S — 30,
- donc
- 30 x 99 999
- 333 330.
- En effet dans chaque colonne de l’addition nous trouvons les mêmes chiffres et leur somme doit être multipliée par la puissance de 10 correspondant au rang des unités de la colonne considérée. Nous avons ainsi :
- v = 30 (1 + 10 + 102 + 10:‘ + ... 10“-1)
- et en sommant la progression géométrique entre parenthèses on obtient la formule ci-dessus.
- Soit R le reste de la division de S par un nombre quelconque p, ce reste sera évidemment égal à la somme des restes par p de chacun de ces nombres.
- Mais, si l’un des nombres est divisible par d, d étant un diviseur de 10"—l,tous les autres le seront également. Ainsi 88 617 est divisible par 271, diviseur de 10;i — 1, donc les 4 nombres écrits plus haut sont divisibles par 271. Démontrons cette proposition. La fraction périodique 0,8861788... est
- . 88 617 327
- égalé a la iraction ordinaire : -------- = ------ puisque par
- 6 99 999 369 1 4 1
- hypothèse les deux termes sont divisibles par 271.
- Nous avons d’une part :
- 0,88 617 886... x 10 — 8 = 0,86 178 86.... ;
- d’autre part Donc :
- 327 n „ 3270 — 2952 318
- — x 10 •— 8 = ---------- = ----
- 369 369 369
- 0,8 617 886... =
- 86 178 99 999
- 318
- 369
- et, par conséquent, 86 178 est divisible par 271 et le quotient est 318. Un raisonnement semblable prouverait qu’il en est de même pour les 3 autres nombres déduits cycliquement de 88 617.
- Comme corollaire, nous retrouvons les propriétés caractéristiques de 142 857. Ce nombre est diviseur de 999 999= 106 — 1 ; il est évidemment diviseur de lui-même, donc toutes ses permutations circulaires seront divisibles par 142 857 ; comme il y en a 6 ce seront les 6 premiers multiples du nombre 142 857 !
- Problème A. — Quel est le plus petit nombre ayant 100 diviseurs ?
- Problème B. — Trouver un nombre dont la somme des diviseurs soit un carré parfait.
- Problème C. — Par combien de zéros se termine le produit des 983 premiers nombres ?
- Henri Barolet.
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- PRESTIDIGITATION
- LES ANNEAUX CHINOIS
- Un de nos lecteurs nous demande de lui donner quelques détails sur le tour des Anneaux, qu’il avait vu faire et admiré.
- Ce joli tour est un des ancêtres de la prestidigitation moderne. 11 a été présenté à Paris pour la première fois, en 1838, il y a donc presque cent ans, par le célèbre Bosco, et en 1841 par le non moins célèbre Philippe dans sa salle du Bazar Bonne-Nouvelle. Une partie du programme de Philippe était consacrée à ce tour et à celui du bocal aux poissons, sous le titre de « Une fête à Nankin ».
- On a souvent cité les Orientaux comme les maîtres de la prestidigitation : je ne connais comme venant d’eux que ce fort joli tour auquel, par reconnaissance sans doute, on a conservé le nom des « Anneaux chinois ». Le prestidigitateur arrive en scène tenant enfilés sur son bras gauche un certain nombre d’anneaux de métal, qu’il fait visiter pour bien montrer qu’ils n’ont subi aucune préparation; quelques-uns sont enchevêtrés par deux ou par trois et soudés, les autres sont libres. Il les réunit les uns aux autres, les enchevêtre, les désunit, formant avec eux des figures variées (fig. 1), les fait visiter à nouveau et finalement, après les avoir tous réunis dans un seul, les laisse tomber à terre parfaitement séparés les uns des autres. Ci-contre voici quelques-unes des figures exécutées.
- Notre correspondant sait, et tout le monde sait comme lui, que le miracle des anneaux réunis les uns aux autres, puis détachés instantanément est un truc et que ce truc très simple consiste en une fente pratiquée dans l’un des anneaux. Ce n’est donc pas une divulgation capable de nuire au succès du tour qui est un véritable exercice de virtuosité comme les muscades. Ce qu’il faut admirer c’est l’habileté, la dextérité que certains prestidigitateurs arrivent à déployer pour pré-
- Fig. 2. — La façon de passer les anneaux.
- Fig. 1. — Quelques figures d'anneaux chinois.
- senter d’une façon absolument irréprochable le tour des anneaux.
- La présentation ordinaire se fait avec huit anneaux dont un seul est fendu; deux anneaux sont libres, les autres sont réunis en un groupe de deux et un groupe de trois. Par suite d’une habile manœuvre d’échange l’opérateur arrive à persuader les spectateurs qu’il a donné tous les anneaux à visiter alors que l’un d’eux, celui qui serait curieux à voir, n’est jamais soumis à l’examen.
- La figure 2 montre comment un anneau s’insère dans un autre, le mouvement ayant l’air de n’être qu’un simple glissement.
- Quelques opérateurs emploient des jeux de douze anneaux, mais il leur faut deux anneaux fendus. L’opération se complique, car un des anneaux fendus ne peut être introduit qu’après l’examen initial et ce, à l’aide d’un des nombreux moyens d’apports invisibles que l’on emploie journellement. Les figures exécutées sont plus nombreuses et plus compliquées qu’avec huit anneaux, mais la présentation se termine de même par l’enchevêtrement général et la chute sur le parquet de tous les anneaux détachés, du moins en apparence.
- L’expérience des anneaux chinois, bien présentée, vaut la peine d’être vue. Le prestidigitateur Alber.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- NETTOYAGE SANITAIRE DE LA VAISSELLE
- Le lavage ordinaire de la vaisselle, quand il se fait seulement à l’eau chaude, est toujours imparfait. L’eau se souille rapidement et, pour le moins, il faudrait un second rinçage. On a proposé d’ajouter à l’eau du savon, du phosphate trisodique, du silicate de soude, du carbonate de soude, etc., tous sels alcalins solubles qui agissent sur les traces de chaux et de magnésie de l’eau et contribuent à saponifier les graisses.
- MM. G. O. Hall et C. Schwartz rendent compte, dans Industrial and Engineering Chemislrg (avril 1937) d’une étude qu’ils viennent de faire sur l’efficacité du métaphosphate du sodium ajouté à l’eau de vaisselle. Celui-ci, au contact des savons de chaux, et de magnésie, donne des sels solubles qui évitent la formation d’une pellicule grasse, si tenace sur la vaisselle mal lavée et que l’essuyage n’enlève pas totalement.
- Des expériences de laboratoire leur ont montré que cette pellicule est un véritable capteur de bactéries, si bien que les assiettes mal lavées, outre qu’elles sont désagréables à voir, peuvent transmettre divers microbes pathogènes : coli, typhique, staphylocoque, etc., Seule la solution de soude à 3 % est réellement germicide quand l’eau est à 50°. Mais un mélange de soude caustique, de métasilicate de soude, de phosphate trisodique et d’hexamétaphosphate de soude l’est tout autant à la concentration de 0,25 à 0,50 % à la même température.
- Forts de leurs essais, ils ont contrôlé la propreté physique et bactériologique de la vaisselle lavée dans un grand restaurant au moyen d’une machine dont le premier bain de lavage est à 60° et le suivant, de rinçage, à 82°. Le contrôle bactériologique a constamment été satisfaisant, après addition du mélange au métaphosphate, sans compter que les piècesrincéesetséchées ont alors un aspect parfaitement net et brillant.
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- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- Le fait astronomique le plus saillant du mois est l’occultation de la planète Mars par la Lune, le 17 (voir plus loin).
- Jupiter sera en opposition avec le Soleil, le 15.
- Commencement de la chute des Persèides vers le 7 juillet.
- Pour les autres phénomènes célestes, très nombreux ce mois-ci, on en trouvera la description ci-après.
- I. Soleil. —-La déclinaison du Soleil diminue assez fortement; en juillet. De + 23° 8' le 1er, elle ne sera plus que de + 18° 19' le 31. La durée du jour diminue également et de 16" 3m le 1er elle sera de 15“ 7m le 31. Par durée du jour, il s’agit de la durée de présence du centre du Soleil au-dessus de l’horizon de Paris.
- Voici, de deux en deux jours, le temps moyen à midi vrai, c’est-à-dire à l’heure du passage du centre du Soleil au méridien de Paris.
- Date. Heure du passage.
- LA VOUTE CELESTE EN JUILLET 1937 (»)
- juillet, à 0" (T. U.) = 22h 1 ; le 9 juillet
- 18 juillet, à 10". Parallaxe
- Juillet 1er 11" 54” 15s
- — 3 11 54 31
- — 5 11 54 49
- — 7 11 55 20
- — 9 11 55 39
- — 11 11 55 56
- — 13 11 56 12
- — 15 11 56 25
- — 17 11 56 37
- 19 11 56 46
- — 21 11 56 53
- — 23 11 56 58
- - 25 11 57 0
- — 27 11 57 1
- — 29 11 56 58
- — 31 11 56 54
- Fig. 1.— Trajectoire apparente sur le (15) du 12 juin au 22 juillet 1937.
- Observations physiques. — Ne pas manquer d’observer le Soleil chaque jour de beau temps (voir à ce propos le « Bulletin astronomique » du n° 2994, du 1er février 1937). Le tableau ci-après renferme les éléments nécessaires pour orienter les
- Age de la Lune, le Ie
- = O', 8.
- Pour avoir l’âge de la Lune à une autre date du mois, ajouter 1 jour par jour écoulé depuis le lor ou le 9. Rappelons que, si l’on désire avoir l’âge de la Lune à une autre heure que 0h, il faut en outre ajouter 0J,0417 par heure écoulée depuis minuit précédent.
- Plus grandes déclinaisons de la Lune en juillet, le 6, à 6" = + 22“ 37'; le 20, à 3“ = — 22“ 36'.
- On remarquera la faible élévation de la Lune dans le ciel le 20 juillet, au moment de son passage au méridien, le soir, un peu avant 22".
- Périgée de la Lune (plus petite distance à la Terre), le 6 juillet, à 9". Parallaxe = 60' 38". Distance = 362 250 km. Apogée de la Lune (plus grande distance à la Terre), le
- 54' 10". Distance — 404 820 km. Occultations d’étoile et de planète par la Lune. •— Le 14, occultation de 370 B. Vierge (6m,0) : immersion à 21" 2m,9.
- Le 17, occultation de la planète Mars (— 0m,8). Très beau phénomène à observer. Notre satellite présentera une phase d’un peu plus de deux jours après le premier quartier. Mars aura 14" de diamètre et son disque, à l’Est, sera «gibbeux», avec une phase de 1",5. La planète disparaîtra derrière le bord obscur de la Lune, au Nord-Est, et réapparaîtra au Nord-Ouest sur le limbe éclairé.
- Voici les heures du phénomène pour différentes villes de France :
- ciel de la petite planète Eunomia (Opposition le 6 juillet 1937).
- dessins et les photographies du Soleil :
- Date (0") P B„ L„
- Juillet 4 — 1°,50 O + 3°,25 323“,68
- — 9 + 0°,77 E + 3°,78 257",50
- — 14 + 3°,03 E + 4°, 28 191",34
- — 19 + 5°,25 E + 4°,75 125",18
- — 24 + 7°,41 E + 5°,19 59",02
- — 29 + 9°,50 E + 5°,59 352",88
- Lumièi'e zodiacale; lueur anti-solaire. — Ces lueurs sont
- très difficilement observables en juillet, il faut attendre le
- début de septembre pour effectuer des observations utiles.
- IL Lune. - — Les phases ; de la Lune, en juillet 1937, se
- Localités.
- Paris
- Lyon
- Strasbourg
- Toulouse
- Immersion.
- 21h 17m 7 21 22 9 21 25 8 21 17 8
- Emersion.
- 22" 19”,8 22 30 8
- 22 30 4
- produiront comme il suit :
- D. Q. le 1«, à 13" 3m N. L. le 8, à 4" 13”
- P. Q. le 15, à 9" 36”
- P. L. le 23, à 12" 46” D. Q. le 30, à 18" 47"
- 1. Toutes les heures figurant dans le présent «Bulletin astronomique » sont exprimées en Temps Universel (T. U.), compté de 0" à 24", à partir de 0" (minuit). Pendant la période d’application de l'heure d’été, ajouter 1 heure à toutes les heures mentionnées en ce Bulletin.
- Le phénomène pourra être suivi à la jumelle, mais l’emploi d’une bonne lunette sera naturellement préférable pour en bien suivre les phases et noter l’heure des contacts.
- Lumière cendrée de la Lune. — On l’observera le matin, à l’aube, le 4 juillet et le lendemain 5.
- Marées; Mascaret. — Les plus grandes marées du mois se produiront du 7 au 12 juillet, à l’époque de la Nouvelle Lune, puis du 22 au 29 au moment de la Pleine Lune. Elles seront très faibles, le coefficient maximum prévu atteignant seulement 0,98, du 9 au 10 juillet.
- Le mascaret, en raison de cette faible valeur des marées, n’est pas annoncé ce mois-ci,
- III. Planètes. — Le tableau suivant, qui a été établi à l’aide des données de VAnnuaire astronomique Flammarion, contient les renseignements nécessaires pour rechercher et observer les principales planètes pendant le mois de juillet 1937.
- Mercure se trouvera en conjonction supérieure avec le Soleil le 8 juillet à 11". Il sera inobservable ce mois-ci, tout au
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- ASTRE Date : Juillet. Lever à Paris. Passage au méridien de Paris. Coucher à Paris. Ascen-, . sion , droite. Déclinai- son. Diamètre apparent. Constellation et étoile voisine. VISIBILITÉ
- 1 3" 53“ 11" 54“ 15» 19" 56™ 6" 40“ + 23“ 8' 31'30",7 Gémeaux
- Soleil . . . ) 12 4 1 11 56 4 19 50 7 25 22 0 31 31,0 Gémeaux ( ))
- / 24 4 14 11 56 59 19 39 8 14 + 19 55 31 32,6 Cancer \
- Mercure . . 12 4 15 12 18 20 19 7 42 + 23 5 5,0 X Gémeaux
- 24 5 39 13 6 20 32 9 19 + 17 16 5,4 Cancer Inobservable.
- 12 1 12 8 44 16 17 4 11 + 18 3 20,4 0 Taureau Magnifique dans le ciel
- J 24 1 6 8 50 16 35 5 4 + 20 14 18,4 Taureau du matin:
- ^ ^ t) 15 19 19 41 0 7 15 11 20 30 14,6 Balance
- Mars . . . 24 14 49 19 7 23 24 15 23 — 21 23 13,4 Scorpion Première partie de la nuit.
- Jupiter. . . ' 12 i 19 53 0 12 4 26 19 39 — 21 51 44,4 Capricorne Toute la nuit. Opposition
- ) 24 ) 19 1 23 13 3 31 19 32 — 22 8 44,4 Sagittaire 1 le 15.
- 1 2 22 48 4 54 10 57 0 22 —. 0 7 16,2 10 Baleine .
- Saturne . . ) 24 j 22 1 4 7 10 9 0 23 —- 0 11 16,4 10 Baleine 1 Avant minuit.
- Ü ranus. . . I 15 23 47 7 3 14 19 2 43 + 15 24 3,4 O Bélier Seconde partie de la nuit.
- Neptune . . 15 10 56 17 27 23 59 11 11 + 6 24 2,4 G Lion Presque inobservable.
- moins à l’œil nu. A la fin du mois, son écart avec le Soleil sera assez grand (il se couchera un peu moins d’une heure après le Soleil) et on pourra le rechercher à l’équatorial.
- Voici la phase et la magnitude stellaire de Mercure en juillet :
- Fraction du disque Magnitude
- Date. illuminée. Diamètre. stellaire.
- Juillet 5 0,984 5",0 - -1,7
- -- 10 0,996 5",0 — 1,7
- — 15 0,958 5",0 — 1,2
- — 20 0,898 5",2 — 0,8
- 25 0,832 5",4 — 0,4
- — 30 0,768 5",6 — 0,1
- Vénus brille magnifiquement dans le ciel du matin. Elle
- s’est trouvée à sa plus grande élongation le 27 juin. Dans une lunette astronomique renversant les images, Vénus, le!5 juillet,
- se présentera sous l’aspect du dessin n° 7 de la figure 1 (voir
- « Bulletin astronomique » du n° 2998).
- Comme pour Mercure, nous donnons ici la phase et la ma-
- gnitude. stellaire de Vénus :
- Fraction du disque Magnitude
- Date. illuminée. Diamètre. stellaire.
- Juillet, 5 0,539 CO CM — 3,9
- — 10 0,563 to O 00 — 3,8
- — 15 0,587 20",6 — 3,8
- — 20 0,610 19",0 — 3,7
- — 25 0,631 CM 00 r-l — 3,7
- — 30 0,652 17",4 — 3,7
- Mars est encore bien visible dès l’arrivée de la îluit, son diamètre diminue car il s’éloigne rapidement de la Terre. Toutefois, on pourra encore l’observer et reconnaître les principales configurations de sa surface à l’aide de petites lunettes.
- Il sera occulté par la Lune le 17 juillet (voir aux Occultations).
- Voici, poui les observateurs qui veulent connaître d’avance quelle légion martienne se présente à la Terre, la suite du tableau que nous donnons depuis plusieurs mois :
- Angle Angle Magni-
- de posi- Latitude de posi- tude
- Date tion du Dia- tion de Stel-
- (0",T. U.) de l’axe. centre. mètre. Phase. la phase, taire.
- Juillet 2 37°,2 + 16»,9 15",7 1",2 103°, 8 — 1“,1
- — 12 37,2 + 16,6 14,6 1,4 103,9 - 0,9
- - 22 36,9 + 15,7 13,6 1,6 103,5 — 0,7
- Voici, en outre, quelques oassages du méridien zéro de
- Mars par le centre du disque :
- Date. Heure (T. U.) Date. Heure (T. U.)
- Juillet 2 11" 51“ Juillet 22 0" 36“
- — 6 14 23 — 26 3 12
- — 10 16 55 - 28 4 30
- — 14 19 28 — 30 5 48
- — 18 22 1
- On sait que Mars tourne sur son axe en 24" 37“ 22",65. En
- lm, il tourne de 0°,24 et en lu de 14°,62.
- Petites planètes. — Cérès, la petite planète n° 1, va passer en opposition le 21 août prochain et atteindra la magnitude 7,8. Voici sa position le 28 juillet, à 0h (T. U.) :
- Ascension droite...................22“ 17m,6
- Déclinaison........................— 24° 59'
- Elle sera très basse sur l’horizon de Paris, dans la partie la plus australe du Capricorne et très mal située pour être observée.
- Eunomia, la petite planète n° 15, découverte en 1851 par de Gasparis, arrivera en opposition le 6 juillet, à la magnitude 8,7. Comme Cérès, elle sera très basse sur l’horizon.
- Voici, d’après l’Annuaire astronomique Flammarion, sa position, selon les calculs de M. G. Stracke :
- Date. Ascension droite. Déclinaison.
- Juillet 6 18" 58“,4 — 26“ 14'
- — 14 18 49,7 — 25 51
- — 22 18 41,6 — 25 24
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-
- = 526 =.................==.,
- Notre petite carte (fig. 1) reproduit sa marche sur le ciel au cours de la présente période d’opposition.
- Jupiter va se trouver en opposition avec le Soleil le 15 juillet, à 8“. Cette planète est très facile à observer avec de petits instruments, la moindre lunette montrant l’aplatissement du disque et les bandes nuageuses qui le traversent. On pourra observer les phénomènes suivants:
- Phénomènes du système des satellites de Jupiter.
- Date : Juillet. Heure. Satel- lite. Phéno- mène. Date : Juillet. Heure. Satel- lite. Phéno- mène.
- Jer 2 >28m I E. c. 17 21 53m I O. c.
- 1 21 52 III Em. 18 0 6 I P. f.
- 1 23 36 I O. c. 18 0 10 I O. f.
- 1 23 55 I P. c. 18 2 38 IV P. c.
- 2 1 52 I O. f, 18 21 30 I E. f.
- 2 2 12 I P. f. 22 0 7 II Im.
- 2 23 31 I Em, 23 21 58 II P. f.
- 6 1 5 II O. c. 23 22 24 II O. f.
- 6 1 32 II P. c. 24 2 26 I Im.
- 7 22 30 II Em. 24 23 33 I P. c.
- 9 1 9 III Em. 24 23 47 I O. c.
- 9 1 30 I O. c. 25 1 50 I P. f.
- 9 1 39 I P. c. 25 2 4 I O. f.
- 9 22 50 I E. c. 25 20 52 I Im.
- 9 23 51 IV Em. 25 23 24 I E. f.
- 10 1 15 I Em. 26 20 16 I P. f.
- 10 22 15 I O. f. 26 20 33 I O. f.
- 10 22 22 I P. f. 26 21 9 III P. f.
- 14 21 51 II E. c. 26 22 19 III O. f.
- 15 0 45 II Em. 30 21 22 II P. c.
- 16 0 55 III Im. 30 22 8 II O. c.
- 17 0 42 I Im. 31 0 13 II P. f.
- 17 21 49 I P. c. 31 0 59 II O. f.
- Saturne est encore visible le soir, dès l’arrivée de la nuit. L’anneau s’ouvre peu à peu et va atteindre ce mois-ci son ouverture maximum pour 1937. Il se refermera ensuite jusqu’en novembre prochain. Voici les éléments de l’anneau pour le 12 juillet :
- Grand axe extérieur................................ 40",62
- Petit axe extérieur................................— 3", 94
- Hauteur de la Terre au-dessus du plan de l’anneau . —• 5°, 573 Hauteur du Soleil au-dessus du plan de l’anneau.. . — 2°, 918
- Le signe — se rapporte à la face australe de l’anneau.
- On pourra observer les élongations suivantes de Titan, le plus lumineux des satellites de Saturne :
- Date. Elongation. Heure.
- Juillet 2 Occidentale 20“,4
- — 10 Orientale 16,7
- — 18 Occidentale 19,3
- — 26 Orientale 15,4
- Saturne sera stationnaire le 17 juillet, à 4h.
- Uranus devient visible à la fin de la nuit. On pourra le trouver à l’aide de sa position donnée au tableau des planètes et de la petite carte de son mouvement sur le ciel parue au « Bulletin astronomique » du n° 2992 (1er janvier 1937), page 36.
- Neptune devient difficilement observable, se trouvant près de l’horizon quand la nuit arrive. Pour le découvrir, se reporter à la carte parue au « Bulletin astronomique » du n° 2994 (1- février 1937).
- IV. Phénomènes divers. — Conjonctions :
- Le 1er, à 1111, Saturne en conjonction avec la Lune, à 7° 46' S. Le 4, à 0“, Uranus — — à 3° 17' S.
- Le 4, à 23h, Vénus —- — à 4° 45' S.
- Le 8, à 4“, Mercure — — à 4° 5' N.
- Le 12, à 18\ Neptune — — à 6° 47' N.
- Le 15, à 4“, Vénus (—3m8)—avec s Taureau (3m,6) à 0° 20' S.
- Beau phénomène à observer dans l’aube du 15 à la jumelle, puis ensuite à l’équatorial (Vénus se lève vers lh10m du matin).
- Le 17, à 10“, Mercure en conj. avec tj Cancer (5m5), à 0° 16' N.
- Le 17, à 21\ Mars (—0m,8) — avec la Lune, à 0° 42' N.
- Très intéressante conjonction à observer, qui coïncide avec l’occultation de la planète Mars par la Lune (voir plus haut).
- Le 22, à 21\ Jupiter en conjonction avec la Lune, à 3° 34' S.
- Le 28, à 16“, Saturne •— — à 7° 44' S.
- Le 31, à 7h, Uranus — — à 3° 4' S.
- Etoile polaire. Temps sidéral. — Voici quelques passages de l’Etoile polaire au méridien de Paris et quelques valeurs du temps sidéral :
- Temps sidéral à 011 pour le méridien
- Date. Passage. Heure (T. U.) de Greenwich.
- Juillet 10 — 20 — 30
- Supérieur
- 6“ 20m 54s 5 41 .48 5 2 40
- 19“ 10,n 0S
- 19 49 25
- 20 28 51
- Etoiles variables. — Minima d’éclat, visibles à l’œil nu, de l’étoile Algol (', Persée), variable de 2m,3 à 3m,5, en 21 20“49m : le 4, à 2» 13m ; le 6, à 23“ lm; le 26, à 0“ 42m; le 29, à 21“ 30m.
- Minima d’éclat de l’étoile (3 Lyre, variable de 3m,5 à 4m,l en 121 2“ 48m : le 11 juillet, vers 9“ 6m; le 24 juillet, vers 7“ 2m.
- Le 6 juillet, maximum d’éclat de S Hercule, variable de 5m,9 à 13m,l, en 319 jours.
- Le 27 juillet, maximum d’éclat de R Cygne, variable de 5m,6 à 14m,4 en 428 jours.
- Le 30 juillet, maximum d’éclat de R Aigle, variable de 5m,5 à llm,8 en 301 jours.
- Etoiles filantes. — Le mois de juillet est caractérisé par une recrudescence très marquée du nombre des météores.
- Le 7 juillet, commence la chute des Perséides. Le radiant initial se trouve vers o Cassiopée.
- Du 25 au 30, chute des Aquarides : radiant vers o Verseau. Météores lents à longues trajectoires. On trouvera au «Bulletin astronomique » du n° 2978 (1er juin 1936, page 525) la liste des autres radiants actifs en juillet.
- V. Constellations. — L’aspect de la voûte céleste le 1er juillet, à 23“, ou le 15 juillet à 22“ est le suivant :
- Au Zénith : Le Dragon; la Lyre; Hercule.
- Au Nord : La Petite Ourse; Cassiopée; Andromède.
- Au Nord-Est : Le Cocher et Capella.
- A l’Est : Le Cygne; l’Aigle; le Dauphin; Pégase; le Verseau; les Poissons.
- Au Sud : Le Sagittaire; le Scorpion; Ophiuchus.
- A l’Ouest : La Couronne boréale; le Bouvier; le Serpent; la Vierge se couche à l’horizon occidental.
- Em. Touchet.
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- COMMUNICATIONS A L ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 5 avril 1937.
- La dureté du chrome électrolytique. — Les variations de la dureté des dépôts électrolytiques de chrome ont été souvent constatées. M. Cymboliste les a étudiées par des essais aux pointes de diamant sur des dépôts épais pour lesquels l’influence du métal de support est négligeable. A partir des bains de Cr O3, la densité est abaissée par la présence d’anions et augmentée par celle de cations. Si on maintient constant le rapport Cr/SO4, la dureté est rapidement abaissée par l’augmentation de la concentration du bain en chrome. Vers 55° la densité de courant est sans effet sur la dureté, les variations relatives de la densité de courant et de la dureté sont de même au-dessus de 55° et de sens inverse au-dessous. Dans tous les cas la dureté semble passer par un maximum vers 50°. En faisant varier tous ces éléments, l’auteur a pu obtenir des dépôts de chrome de duretés très différentes.
- Séance du i 2 avril 1937.
- Variations du magnétisme terrestre. — On a souvent attribué les changements dans la distribution du champ magnétique terrestre à des déplacements, lents ou rapides, des couches aimantées, consécutifs aux séismes. M. Maurain remarque que les matériaux ferromagnétiques ont une aimantation susceptible de varier, soit sous des influences mécaniques (vibrations), soit sous l’effet des perturbations magnétiques. Il est très probable que le rôle presque continu de ces deux causes est important; celui de la séismicité n’est donc pas indispensable pour expliquer les variations actuelles du champ terrestre ou celles qui se sont produites depuis les âges géologiques.
- Le carbonate de calcium et le radis. — M. Echevin a étudié la croissance du radis sur solution de Knop dans un sol synthétique homogène avec ou sans carbonate de calcium finement pulvérisé. En présence du carbonate, le poids frais de la plante d’un mois est en déficit de 15 pour 100, la matière sèche de 5 pour 100 seulement. Le carbonate de calcium diminue la teneur en eau des parties aériennes; la teneur en calcium est doublée, celle en magnésium est augmentée dans les feuilles, mais au détriment des racines. L’apparence extérieure des plantes est très différente, l’hypocotyle et les pédoncules étant très allongés chez les plantes cultivées sans carbonate de calcium.
- La salissure des coques marines. — Poursuivant ses études sur la salissure des coques de bateaux, M. Herpin a recherché les époques les plus favorables à la fixation des Balanes et des Serpuliens dont le rôle est capital. Pendant l’automne et l’hiver on ne constate qu’un très faible encrassement dû surtout à des Infusoires et à des Hydraires contre lesquels les peintures toxiques sont d’ailleurs efficaces. Les Balanes se fixent seulement à partir du début d’avril jusqu’au milieu de juin; les Serpuliens se fixent ensuite à partir de juin jusqu’en octobre. Un bateau caréné en juillet ne présentera donc jusqu’au printemps suivant qu’une salissure insignifiante. L’auteur estime qu’il serait abusif d’étendre à la Méditerranée ces résultats provenant d’observations faites dans la Manche.
- Séance du 19 avril 1937.
- Les fibres musculaires lisses. — MM. Achard et Piettre ont étudié le plasma des fibres musculaires lisses en traitant le muscle rectal des bovidés par une série de congé-
- lations et de broyages et en séparant les protéines par l’acétone. Ils ont mis en évidence des caractères particuliers à ces fibres : réaction très voisine de l’alcalinité, très faible teneur en sucres et en lipides, importance des protéines. La biochimie des contractions lentes des fibres lisses doit donc être différente de celle des contractions des fibres striées.
- Tuyaux sonores.— M. Auger équipe un tuyau de longueur variable et d’un diamètre de 45 mm avec une anche battante dont la fréquence des oscillations propres de la languette pincée est 170, et de 200 pour la languette mise en vibrations entretenues par un courant d’air. Faisant varier la longueur du tuyau, il constate que le son émis n’est de bonne qualité, franc et intense, que si cette longueur correspond à un son propre du tuyau, considéré comme fermé à l’anche et ouvert à l’autre bout, d’une fréquence comprise entre 170 et 200. Pour des longueurs plus faibles, le tuyau chevrote et le son est sourd, rappelant un trémolo d’orgue; pour des longueurs plus grandes le son devient criard.
- Électrodes polies. — Une électrode constituée par une petite surface d’or ou de platine soigneusement polie, joue dans un circuit le rôle d’un condensateur fortement shunté. MM. Grumbach et Taboury ont établi ce fait en étudiant sous de faibles tensions des électrodes obtenues en soudant des fils d’or ou de platine dans du verre, en les coupant et les polissant tout en prenant toutes les précautions nécessaires pour éliminer les matières grasses. Un courant sensible ne passe qu’à partir d’une certaine différence de potentiel au-dessus de laquelle les précédents expérimentateurs avaient sans doute opéré. Tant que le poli n’est pas détruit par une électrolyse trop poussée, le phénomène se reproduit après repos. Une relation doit exister entre ce résultat et la formation par polissage de la couche de Beilby, due à la suppression des arêtes cristallines et à une répartition atomique analogue à celle des liquides.
- Origine de la radiation cosmique. — M. Alfven remarque que les mouvements dans les champs magnétiques provoquent la formation de forces électromotrices. Celles-ci doivent être très élevées dans les étoiles doubles où les vitesses et les champ sont énormes; la valeur de 1012 v doit être atteinte. Les particules chargées, accélérées par un tel champ, doivent acquérir des vitesses susceptibles de les ranger dans les radiations cosmiques. Le champ interstellaire doit d’ailleurs courber et enchevêtrer les trajectoires jusqu’à rendre le rayonnement reçu sur la Terre indépendant du temps sidéral. L’auteur estime que, sinon la totalité, tout au moins une fraction importante de la radiation cosmique doit ainsi avoir pour origine les étoiles multiples.
- La mort des cellules par les hyperpressions. —
- M. Luyot, en soumettant à des pressions progressives des levures et en observant les cellules tuées d’après leur aptitude à fixer le bleu de méthylène, note que la mort commence à survenir vers 4000 atm. Les cellules meurent plus vite et plus nombreuses au fur et à mesure que la pression croît. Vers 7000 atm elles sont presque toutes tuées en quelques secondes. L’auteur fait remarquer que le caractère essentiel du phénomène est l’existence d’une fragilité variable dans les organismes d’un même lot. Peut-être la culture n’est-elle pas pure? C’est une hypothèse qu’il n’a pas été possible de vérifier.
- L. Bertrand.
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- LIVRES NOUVEAUX
- Elementare Physik, par Arthur Haas. 1 vol. 204 pages, 83 ïig. Julius Springer, éditeur, Vienne (Autriche), 1937. Prix : 4,80 RM.
- L’auteur, un physicien viennois éminent, nous olïre un excellent précis de physique élémentaire, dans lequel toutes les branches de la physique sont examinées, en exposant pour chacune d’elles les point essentiels, compte tenu des travaux les plus modernes. Son texte très sobre, contenant plus d’énoncés que de démonstrations théoriques, mais extrêmement clair et l'ort bien ordonné, montre bien comment s’enchaînent les diverses parties de la physique et il constitue en même temps, pour l’étudiant, un aide précieux en groupant sous un faible volume les laits et les formules essentiels de la physique.
- Cours élémentaire de télégraphie et téléphonie sans fil
- par F. Bedeau, 2e édition, 1 vol. 484 pages. 353 flg. Vuibert, éditeur, Paris, 1937.
- La première édition de cet ouvrage a paru en 1931. Depuis lors, la radiotechnique a évolué avec une grande rapidité. Cette nouvelle édition se distingue de l’ancienne par de profonds remaniements destinés à tenir compte de tous ces progrès. Elle conserve l’introduction théorique dans laquelle sont rappelées les notions et formules fonda-.mentales relatives au courant électrique, aux filtres électriques et à la décharge des condensateurs. Mais les autres chapitres sont pour la plupart modifiés ou complétés. La théorie des lampes à électrodes multiples est exposée d’une façon nouvelle et plus satisfaisante et tout un chapitre est consacré aux divers genres de lampes de cette catégorie; l’étude de la détection par diode tient une place importante; celle de l’amplification est présentée d’une façon nouvelle; il en est de même de la théorie de l’accouplement des circuits oscillants ordinaires de celle de la modulation, de la stabilisation par quartz, de l’étude des procédés de mesure.
- Ce bel ouvrage, destiné aux ingénieurs radioélectriciens, continuera donc, sous sa forme rajeunie, à rendre les plus grands services aux techniciens de la haute fréquence.
- Entretien, mise au point, dépannage des appareils radio=électriques. Récepteurs de T. S. F., amplificateurs, cinématographe sonore, par P. Hémardinquer et H. Piraux. 1 vol. de 268 p., 197 fig. Librairie Eyrolles, Paris, 1937. Prix : 48 l'r.
- Cet ouvrage pratique fait suite à un premier volume récent, mais constitue une étude se suffisant à elle-même. Il sera un véritable livre de chevet pour tout usager de la radio-électricité, étant donné l’importance du problème du « dépannage », dans toute installation radiophonique, cinématographique, ou de diffusion sonore.
- Les auteurs se sont efforcés d’établir un ensemble d’une lecture facile, donnant uniquement des détails précis, et dont l’étude convient aussi bien à l’auditeur de T. S. F. qu’au praticien.
- L’ouvrage est ainsi un manuel complet sur l’outillage et les appareils de vérification et de mesures modernes, leur emploi, les méthodes d’entretien, de mise au point, et surtout de dépannage des divers appareils radio-électriques.
- Les exposés sont complétés par des tableaux montrant les principes, et surtout l’application, des différentes méthodes de dépannage, nécessitant l’utilisation des appareils de vérification décrits.
- Pour préciser le mode d’application des procédés étudiés, le lecteur trouvera de nombreux exemples, choisis parmi les plus caractéristiques, pour toutes les catégories de postes de T. S. F.
- Deux chapitres sont consacrés, d’autre part, à l’examen des questions particulières concernant les installations d’amplification musicale et de projection cinématographique sonore.
- Traité de biocolloïdologie, par W. Kopaczewski. Tome IV. État colloïdal et biologie. Fascicule VI. Narcose. 1 vol. in-8, 164 p., 3 fig. Gauthier-Villars, Paris, 1936. Prix : 35 fr.
- Le présent fascicule sur la narcose termine le quatrième volume de ce grand traité qui en contiendra cinq. L’auteur a rassemblé un nombre considérable de données, prises dans la littérature ou résultant de ses recherches personnelles et il a su les ordonner clairement selon un vaste plan d’ensemble, si bien que son traité est à la fois un compendium de tout ce qu’on sait actuellement des colloïdes et un programme pour les études futures. Dans ce tableau, la narcose prend place à son tour. Après un bref historique qui fait apparaître la différenciation progressive des actions narcotiques et les' divers modes d’action supposés, voici l’étude des propriétés des multiples agents : physiques, chimiques, biologiques, puis les diverses actions qu’on leur a reconnues. Cela permet de passer en revue et de discuter les diverses .théories proposées qui mettent, en œuvre l’asphyxie, la solubilité dans les lipides, la perméabilité, la coagulation, l’oxydation, etc. L’ouvrage se termine par une abondante bibliographie qui permet de rejoindre les publications originales récentes.
- Recherches géologiques à Madagascar. Première suite. La géologie du nord-ouest, par Henri Besairic. Mémoires de l’Académie Malgache, fasc. XXL 2 vol. in-4, 259 p., 15 fig.,-24pl., 1 carte géologique en couleurs au 1/500 000e. Tananarive, 1936. Prix : 100 fr.
- L’auteur, chef du laboratoire des recherches géologiques au Service des Mines de Madagascar, a préparé la carte géologique de reconnaissance de la région nord-ouest de l’île. Pour cela, il a rassemblé et étudié un abondant matériel d’explorations : fossiles et roches. Il donne ici les résultats de ses recherches : esquisse géographique; terrains sédi-mentaires; fossiles; terrains cristallins; tectonique; géologie appliquée. C’est un très important ouvrage, illustré de nombreuses planches de paléontologie, qui montre la diversité des terrains de la grande île et leurs ressources utilisables, et qui guidera leur exploitation.
- Histoire des origines de la théorie cellulaire, par Marc Klein. 1 broch. in-8, 72 p. Actualités scientifiques et industrielles. Hermann et Cie, Paris, 1936. Prix : 15 fr.
- Depuis que Hooke vit au microscope les cavités du liège (1665) qu’il appela cellules, les théories sur la structure élémentaire des êtres vivants ont beaucoup varié jusqu’à ce que la théorie cellulaire prenne forme au xix® siècle et trouve sa généralisation aujourd’hui universellement admise. L’auteur retrace les étapes parcourues.
- La coacervation, les coacervats et leur importance en biologie, par II. G. Bungenberg de Jong. 2 broch. in-8, 54 et 66, p., 14 et 13 fig., 3 pl. Actualités scientifiques et industrielles-Hermann et Cie, Paris, 1936. Prix : 12 et 15 fr.
- La coacervation est une sorte de floculation ou de coagulation dont certaines modalités peuvent s’observer dans les cellules vivantes. L’auteur en étudie des modèles qu’il considère comme ayant un intérêt primordial en biologie et dont il donne une explication flottant des concepts micellaires à ceux ioniques.
- La température critique du sérum, par p. Lecomte du Nouy. 3 broch. in-8, 229 p.92 fig. Actualités scientifiques et industrielles. Hermann et Cie, Paris, 1936. Prix : 48 1T.
- Poursuivant ses recherches très précises sur la viscosité, les phénomènes optiques et ioniques, la tension interfaciale, le spectre d’absorption en lumière ultra-violette du sérum à différentes concentrations et températures, l’auteur arrive à la conclusion que des modifications profondes se produisent vers 55-56° dans la structure des protéines et du complexe lipoprotidique. Et comme la même température provoque la destruction de l’alexine, il en conclut que c’est dans la grosse molécule complexe du sérum qu’il faut dorénavant chercher le mécanisme de l’immunité.
- Leçons de zoologie, par M. Prenant. Amphioxus. Tuniciers. 2 broch. in-8, 71 et 49 p., SI et 55 fig. Actualités scientifiques et industrielles. Hermann et Cie, Paris, 1936. Prix : 15 et 12 fr.
- Suite du cours de zoologie du professeur de la Sorbonne. Ces deux fascicules sont consacrés au groupe des Prochordés dont on connaît tout l’intérêt phylogénique puisqu’ils forment le passage des invertébrés aux vertébrés. On y trouve l’Amphioxus, les Ascidies, les Pyrosomes, les Doliolides, les Salpes, les Appendiculaires dont l’auteur étudie le mode de vie, l’organisation et surtout la reproduction et le développement qui posent au premier chef les questions d’affinités zoologiques.
- Histoire d'un coq. Sa cinétique sexuelle, par Vera Dantchakoff. 1 broch. in-8, 42 p., 12 flg. Actualités scientifiques et industrielles. Hermann et Cie, 1936. Prix ; 12 fr.
- Histoire de l’oiseau 39, mâle d’abord, puis femelle par l’injection d’hormone et redevenant lentement mâle.
- Les ennemis de la santé, par le Dr Lomry. 2e édition. 1 vol. in-16, 127 p. L’Édition Universelle, Bruxelles, 1936. Prix : 7 fr.
- Inspecteur général d’hygiène, chargé de conférences aux instituteurs, l’auteur a su, en quelques pages, passer en revue tout ce qu’il faut savoir de l’hygiène individuelle. Il classe les ennemis de la santé sous trois rubriques : les parasites, les mauvaises habitudes et les mauvaises conditions. Ainsi en trois leçons il résume et condense clairement tout ce qu’il y a de pratique dans la science de la santé. Ensuite il explique la raison d’être de chaque précepte hygiénique, en se basant sur l’anatomie et la physiologie humaines. Le lecteur les comprenant bien, en saisit toute la portée, et reste convaincu de leur nécessité. Cet enseignement est un guide précieux pour tous ceux à qui la jeunesse est confiée.
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- CAUSERIE PHOTOGRAPHIQUE (1>
- LE COURRIER DES LECTEURS
- Les dernières « Causeries photographiques » publiées ici, nous ont valu diverses communications fort intéressantes. Aussi, avant d’aborder de nouveaux sujets, il nous paraît utile de donner, dès maintenant, parmi ces communications, celles qui se rapportent à des questions précédemment exposées.
- Protection des tables de laboratoire. — Quand on travaille longtemps au laboratoire, on a beau prendre toutes les précautions possibles, et apporter le plus grand soin à tout ce que l’on fait, on finit, tôt ou tard, par renverser sur la table toutes sortes de produits : révélateur, fixage, etc.
- Sur une table en bois, ces solutions pénètrent plus ou moins, et si l’on ne prend pas le soin de laver et essuyer fréquemment, les produits imprègnent peu à peu le bois; en séchant, ils donnent lieu à des poussières chimiques qui iront, tôt ou tard, se loger sur les surfaces sensibles, dans les châssis et les appareils et occasionneront sur les clichés et les épreuves des taches irrémédiables. En outre, la partie essuyée — après lavage ou non — l’este longtemps humide.
- Il faut donc recouvrir le bois d’un corps imperméable, inattaquable par les divers bains photographiques. Le verre ou mieux la glace épaisse conviennent parfaitement bien. Ils ont cependant quelques inconvénients.
- Tout d’abord, ils sont durs et la manipulation des cuvettes en verre ou en porcelaine doit se faire avec précaution pour éviter tout accident à ces cuvettes ou à la glace. En outre, le bruit produit par le balancement des cuvettes est fort désagréable. Enfin, inconvénient grave, tous les ciments ou mastics que l’on peut employer pour réunir, sur les bords, le verre avec le bois, ne valent pas grand’chose avec le temps, et, tôt ou tard, les liquides finissent par s’infiltrer entre la glace et son support.
- Ayant éprouvé ces divers inconvénients, M. Léon Gimpel, dont le nom a déjà été souvent cité au cours de ces articles, désirant transformer son laboratoire, nous fit part de ses remarques sur l’emploi et les inconvénients du verre et de la glace. Nous lui avons alors signalé que, vraisemblablement, les tapis caoutchoutés employés aujourd’hui dans les salles de bain devaient donner satisfaction. Ils ont, en effet, une bonne épaisseur (2 à 3 mm), ils sont imperméables et inattaquables par la plupart des corps employés en photographie (sauf les vernis à base de benzine et tous les solvants du caoutchouc). Cependant, on pouvait craindre que certains colorants (par exemple le colorant rouge de la couche qui forme anti-halo dans les plaques actuelles) tachassent d’une manière irrémédiable cette surface de caoutchouc.
- M. Gimpel en a donc fait l’essai dans son laboratoire. Il a recouvert la tablette qui lui sert pour les opérations photographiques d’un tapis caoutchouté blanc; ce tapis a été légèrement relevé du côté de l’opérateur et bien plus relevé, formant plinthe, le long de la cloison (voir fig. 1).
- A l’usage, ce tapis se comporte d’une façon parfaite ; les taches de colorant rouge des plaques anti-halos s’enlèvent avec la plus grande facilité avec une éponge ou un chiffon mouillé.
- Signalons, d’ailleurs, que s’il persistait un peu de colorant, •— ce qui n’a pas lieu •— on pourrait l’enlever aisément avec un tampon d’ouate (ou une éponge) imbibé d’un peu de bisulfite de soude liquide.
- 1. Voir les n«« 2967, 2972, 2974, 2979, 2981, 2983, 2985, 29S7, 2989, 2993, 2996 et. 2999.
- Un très gros avantage de cette surface protectrice est son élasticité : on ne risque plus aucun bris en y posant des cuvettes en verre ou en porcelaine et, en balançant celles-ci, le bruit est assourdi et réduit au minimum.
- D’autre part, l’emploi d’un tapis caoutchouté blanc est très pratique car il permet de bien voir les objets placés dessus dans le laboratoire éclairé seulement par une source lumineuse faible.
- Lanterne inactinique de laboratoire. — Un de nos
- lecteurs, M. II.-L. Rochet, de Châteauneuf-sur-Charente, a signalé un type de lanterne pour l’éclairage du laboratoire qu’il
- Fig. 1. •— Utilisât on d’un tapis de caoutchouc pour protéger les tables des laboratoires.
- La tablette servant aux opérations photographiques est fixée au mur
- en M.
- T, T', T", tapis de caoutchouc; b, b. b, baguette demi-ronde. On remarquera que le tapis de caoutchouc, après avoir contourné la baguette b fixée sous la tablette, se relève pour être cloué en T". De la sorte, aucune remontée de liquide n’est possible et ne peut s’infiltrer entre la tablette et le tapis.
- a fait établir et qui lui donne, depuis longtemps, toute satisfaction.
- Comme la lanterne à deux corps que nous avons décrite ici (x), la lanterne de M. Rochet comprend une caisse à deux compartiments renfermant, chacun, une ampoule électrique. Mais les écrans inactiniques, au lieu d’être en avant se trouvent placés dans le fond de la caisse. Ainsi l’éclairage tombe d’aplomb sur la planche ou table d’opérations, au-dessus de laquelle la lanterne est placée à une hauteur de 50 à 60 cm.
- La paroi supérieure est également munie d’écrans inactiniques jaunes (que l’on peut obturer à volonté par un volet monté sur charnières), et au moyen desquels on peut éclairer le laboratoire, en lumière diffuse, si besoin est.
- 1. Voir n° 2985, p. 279.
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- Les lampes sont montées au moyen de douilles à clé, traversant la paroi antérieure de la lanterne; les clés sont tournées vers le bas. On pourrait tout aussi bien employer au lieu de douilles à clé, des interrupteurs : la seule différence porterait sur le prix, un peu plus élevé, de l’appareillage électrique.
- Les écrans inactiniques inférieurs sont montés dans deux cadres à charnières : le plus rapproché des ampoules est un écran jaune et l’écran extérieur, celui du bas, est un écran rouge (« Rubra ») pour l’un des compartiments et vert («Virida ») pour l’autre (x).
- Ainsi, à volonté, on peut avoir l’éclairage rouge, au moyen d’une des ampoules; l’éclairage vert sur l’autre; l’éclairage jaune sur l’une et l’autre. Enfin, en abattant les deux cadres jaunes, on a l’éclairage normal permettant, par exemple, les tirages sur papiers par développement ou le tirage des positifs sur verre par contact.
- Fig. 2. —- Vue schématique d'une lanterne de laboratoire pouvant être utilisée comme « tireuse ».
- L, corps de la lanterne contenant deux lampes électriques (celle de droite est une ampoule rouge).
- E, écran inactinique interchangeable.
- T, cadre mobile servant de tireuse, d, d, verres dépolis.
- G, couvercle se plaçant à volonté, sur T ou sur L.
- Une glace, placée obliquement sur la table de développement, et dans une position convenable, facilite l’examen des clichés par transparence tout en les tenant au-dessus de la cuvette, ce qui évite de répandre des liquides sur la table.
- Avec une telle installation, on empêche la lumière de frapper directement les yeux de l’opérateur, comme c’est le cas avec les lanternes ordinaires.
- Lanterne inactinique et tireuse de laboratoire. —- La
- lanterne inactinique à deux lampes (1 2) a donné à M. Albert Paillard, de Paris, l’idée d’associer à cette lanterne un couvercle spécial formant « tireuse » pour les plaques et les
- 1. Les papiers inactiniques « Rubra » et « Virida » sont fabriqués par la Société Lumière.
- 2. Voir n° 2985, p. 280.
- papiers. (Ici, nous anticipons un peu sur l’avenir puisqu’il n’a pas encore été question dans ces « Causeries » des tirages positifs).
- La lanterne-tireuse proposée par M. Paillard (lui-même a construit une tireuse dont le corps est opaque) se compose donc, en principe, d’une boîte parallélipipédique dont la face avant contient l’écran inactinique interchangeable). Dans la boîte, deux lampes : une lampe ordinaire blanche et une lampe rouge.
- Sur cette boîte, un châssis de bois, constituant la « tireuse » proprement dite, s’ajuste exactement. Il est retenu à la caisse inférieure par des crochets et contient deux glaces dépolies.
- Par-dessus le tout, enfin, un véritable couvercle, qui peut se placer aussi bien sur la première boîte que sur le châssis contenant les verres dépolis. Ainsi, quand on ne tire pas de positifs, on enlève la partie contenant les verres dépolis et on place directement le couvercle sur la lanterne.
- Le petit croquis — schématique — de la figure 2 donne tous renseignements sur la construction et le fonctionnement de l’appareil.
- La partie formant tireuse pourrait être construite au moyen de 4 planchettes rectangulaires; les verres dépolis seront espacés de 2 à 3 cm, la diffusion est meilleure quand leur distance augmente (nous conseillons de doubler les chiffres que donne M. Paillard). Toutefois il convient de remarquer que la distance de la lampe blanche à la surface sensible est assez faible, et l’égalité de l’éclairage s’en ressent. Il faut cependant poser assez longtemps pour s’apercevoir d’une différence sensible dans l’impression. Ce défaut, ajoute M. Paillard, peut même devenir une qualité précieuse pour le tirage de certains clichés ayant des parties denses à faire venir (ciel avec nuages par exemple). On dispose alors le négatif de manière que la partie sombre du cliché corresponde à la partie plus éclairée de la glace de la tireuse. Mais pour obtenir une différence, il faut des clichés assez denses et aussi que la pose soit longue. Dans les poses courtes, le résultat est sensiblement le même que si l’éclairage était uniforme (x). La source de lumière blanche est une lampe dépolie de 10 bougies.
- Il va sans dire que l’on doit disposer un interrupteur permettant l’allumage et l’extinction de la lampe blanche ou même, mieux, deux interrupteurs commandant chacun une lampe. On aura ainsi la ressource, avec l’écran inactinique rouge, d’avoir un éclairage rouge faible ou fort à volonté; avec un écran jaune, on aura un éclairage rouge faible puis jaune intense; avec un écran vert pour les autochromes, la lampe rouge sera inutilisée, sa lumière rouge étant arrêtée par l’écran vert et seule la lampe blanche sera employée.
- En résumé, la solution à deux usages que propose M. Paillard est ingénieuse et fort intéressante pour celui qui construit soi-même son matériel et ne veut pas encombrer outre mesure son laboratoire. Pour notre part, nous préférons séparer les deux accessoires et avoir : 1° une lanterne inactinique donnant l’éclairage général de la pièce; 2° une tireuse spéciale dont la manoeuvre sera facilitée par la lumière générale fournie par une lanterne.
- Em. Touchet.
- I. Ajoutons que l’artifice de tirage auquel fait allusion M. Paillard est fort utile pour « faire venir » certaines parties « récalcitrantes » du cliché. Ceci implique d’avoir affaire à des négatifs relativement grands. Avec de l’habitude et du « doigté », on arrive parfois à des résultats fort intéressants. Tout dépend de la disposition de l’image et de la forme même de la partie à faire venir. Exemple : un cliché présente un fort voile étroit parallèlement à un bord. Encadrant, avec un carton mobile, la presque totalité de l’image, et avec un temps d’exposition approprié, le voile, sur l’épreuve, a complètement disparu.
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- NOTES ET INFORMATIONS
- AÉRONAUTIQUE
- La catastrophe du dirigeable « Hindenburg ».
- Une terrible catastrophe vient de mettre fin à la carrière du dirigeable allemand Hindenburg, ou L. Z. 129; le 6 mai 1937, le grand navire aérien qui faisait son premier voyage de la saison, après avoir franchi l’Atlantique sans encombre et survolé New-York, se dirigeait vers son port aérien de Lakehurst. Un vent violent accompagné de pluie l’obligea à évoluer pendant 1 h et à commencer des opérations d’atterrissage pendant la pluie. C’est alors, à 19 h 20, que le dirigeable fit explosion à moins de 100 m du sol et s’embrasa en quelques instants.
- Il transportait 36 passagers et 61 hommes d’équipage; la catastrophe a fait 33 victimes ! 12 passagers, 20 hommes de l’équipage dont le capitaine Lehmann, et 1 spectateur.
- Le « Hindenburg » avait inauguré en mai 1936 un service transatlantique entre l’Europe et l’Amérique, tantôt avec l’Amérique du Nord, tantôt avec l’Amérique du Sud. En 1936 il fit 36 voyages et parcourut 306 500 1cm en 2744 h, transportant 1103 passagers sur la ligne Atlantique-Nord et 619 sur celle de l’Atlantique-Sud.
- C’était un dirigeable de 270 000 m3, mû par 4 moteurs à huile lourde de 1000 ch; sa vitesse commerciale était de 150 km à l’heure.
- Les magnifiques résultats de l’année 1936 ne laissaient pas prévoir le malheur de 1937 dont on ne peut, du reste, indiquer dès maintenant les causes exactes.
- La tragédie de Lakehurst survenant après tant d’autres, remet en cause tout l’avenir des dirigeables, tant qu’ils seront, comme le « Hindenburg », gonflés à l’hydrogène.
- Le gaz prévu, au moment de la construction, était l’hélium et non l’hydrogène. Malheureusement les Etats-Unis, le seul pays qui produit l’hélium en quantités relativement importantes, n’en permettent pas l’exportation, les quantités recueillies sur le territoire américain suffisant à peine aux besoins de l’aéronautique militaire du pays.
- Un nouveau dirigeable plus perfectionné encore que le « Hindenburg » est actuellement en voie d’achèvement aux chantiers Zeppelin à Friedrichshafen. 11 faut souhaiter qu’il puisse se procurer l’hélium nécessaire à son gonflement.
- RADIOÉLECTRICITÉ
- La diffusion sonore et visuelle des fêtes du couronnement
- anglais.
- Les fêtes anglaises du couronnement ont été l’occasion de la mise en service d’installations de radio-reportage sonore et visuel d’une ampleur et d’une qualité encore inconnues.
- Dans Londres, les transmissions par ondes hertziennes et par lignes téléphoniques ont permis d’assurer l’ordre parfait et la sécurité du défilé. Un nouveau poste de T. S. F. de la police métropolitaine avait été mis en action et trois centres téléphoniques et radiophoniques installés à Scotland Yard avec vingt-deux haut-parleurs à grande puissance permettaient de régler le rythme de la circulation du défilé. Ces centres ont reçu et ont transmis les renseignements sur les mouvements de la foule.
- La diffusion des cérémonies du couronnement a été assurée non seulement en Angleterre, et dans les Dominions, mais presque dans le monde entier.
- A cet effet, la British Broadcasting Corporation avait fait installer douze cabines de verre insonores devant l’Abbaye de Westminster à l’intention des radio-reporters de douze nations
- différentes qui se sont adressés simultanément aux auditeurs de leurs pays respectifs. Les courants de modulation étaient transmis vers un poste central provisoire, puis au moyen de câbles téléphoniques, vers les différents pays européens (sauf l’Italie?). Pour la France, par exemple, les courants de modulation parvenaient par la ligne Boulogne-Paris.
- Dans leurs cabines insonores, les reporters pouvaient voir et décrire les aspects de la fête, mais non entendre les différents bruits de fond formant, en quelque sorte, le « décor sonore » si intéressant pour les auditeurs. Ces bruits étaient recueillis par une série de microphones spéciaux disposés sur le passage du cortège, et « mélangés » aux commentaires des observateurs par un opérateur commun, sans que les différents commentateurs pussent faire un choix différent.
- Toutes les précautions avaient été prises pour éviter les accidents techniques ou, du moins, en supprimer les inconvénients; tous les organes de transmission avaient été installés en double : microphones, fils conducteurs, amplificateurs, sources d’alimentation, etc...
- Le monde entier à l’écoute a pu ainsi suivre pour la première fois les détails d’une cérémonie millénaire. Pour la première fois, également, des essais de télévision du cortège ont été effectués par les services de la télévision anglaise, qui, on le sait, ont désormais des émissions régulières quotidiennes, depuis l’Alexandra Palace. Ces émissions sont transmises à l’aide du procédé Marconi à lignes entrelacées, avec une analyse de 450 lignes et une cadence de 25 images totales à la seconde.
- Les caméras d’analyses sont électroniques, et comportent des tubes iconoscopes modifiés, à écran photo-électrique; des modèles particuliers ont été réalisés pour permettre les transmissions de vues en plein air, et sont équipés avec des téléobjectifs.
- Trois caméras avec des microphones correspondants ont été employées ; elles étaient reliées par câbles à haute fréquence à une installation mobile, reliée, à son tour, par ondes hertziennes, avec l’Alexandra Palace.
- L’installation mobile comprend trois voitures; la première contient les appareils de contrôle et d’analyse, la deuxième les systèmes d’amplification et d’alimentation, et la troisième un poste émetteur à ondes ultra-courtes, d’une puissance de 1 kw, relié au centre de télévision.
- Une installation réceptrice mobile de contrôle est, en outre, montée également sur une voiture automobile.
- L’installation comporte un petit studio avec les appareils de réglage et les amplificateurs pour quatre microphones, de manière à permettre au radio-reporter de commenter les scènes dont les images sont transmises.
- Les câbles de liaison ont un diamètre de 4 cm et contiennent 27 conducteurs isolés; deux d’entre eux sont à capacité extrêmement faible et permettent le passage des courants à haute fréquence provenant des caméras électroniques.
- Les signaux sont envoyés à l’aide d’une antenne dirigée, placée sur deux petits mâts en bois, et reçus sur une petite antenne spéciale du centre de télévision de l’Alexandra Palace; les courants transmis à un récepteur par une descente blindée servent à moduler les émissions de la manière ordinaire, et les signaux sont ainsi rediffusés avec la puissance normale.
- Dans un autre ordre d’idées, notons, enfin, le record établi par les opérateurs de prises de vues cinématographiques d’actualités. Le soir même du couronnement les salles spécialisées parisiennes projetaient le film enregistré à Londres le matin même; quarante appareils de prises de vues étaient placés le long du parcours du cortège; l’avion, le canot auto-
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- mobile furent utilisés pour augmenter la rapidité des transports malgré les difficultés de la circulation à Londres. La rapidité d’information du « Ciné Journal » avait atteint celle de la presse imprimée. P. H.
- CE QU’ON VERRA A L’EXPOSITION La voie de la lumière.
- Parmi les installations lumineuses, à côté de celles que nous avons décrites précédemment, la transformation du pont Alexandre III formera, en plein centre de l’Exposition, un ensemble remarquable.
- La décoration lumineuse, d’un caractère très nouveau, sera complétée par des effets sonores de grande puissance, créés par six paires d’orgues verticales, à la fois lumineuses et sonores; chaque colonne comprend vingt-quatre tubes, ' disposés en plan suivant une étoile à huit branches. Les tubes sont complétés au sommet par trois anneaux symbolisant les ondes de la radiophonie, et sont surmontés, en outre, chacun d’une étoile, symbole de la lumière.
- Fig. 1. — Tour sonore et lumineuse.
- A la base des pylônes se trouvent des vitrines, et toute la construction en aluminium mat dépoli réfléchit pendant le jour les rayons lumineux; elle peut être mise en valeur la nuit par des projecteurs extérieurs diversement colorés.
- D’ailleurs, en dehors des éclairages fixes, directs ou indirects, des allées ou des bâtiments, indiqués précédemment les pinceaux lumineux de nombreux phares tournants, et de projecteurs à grand rayon d’action agiront continûment pour multiplier et transformer constamment les effets lumineux. Des projections d’un nouveau genre, effectuées non sur des objets terrestres,. mais sur des fumées montant du sol sont, en outre, prévues, à condition que les détails d’exécution puissent être mis au point suffisamment à temps.
- P. H.
- ZOOLOGIE
- Les chiens sauvages d’Afrique.
- Les chiens sauvages (Lycaon pictus Temm) sont des animaux féroces répandus dans toute l’Afrique depuis le sud
- du Sahara et de l’Égypte jusqu’au Cap. Us ne manqueraient que dans la grande forêt équatoriale et le désert du Kalabari. C’est le chien hyène ou Wild liound des Anglais, essentiellement animal de brousse, habitant de préférence les plaines dénudées et les plateaux montagneux. Se déplaçant avec une grande facilité, il peut parcourir d’immenses territoires, et l’on a vu des chiens du Transvaal gagner le Mozambique. Autrefois très nombreux, les chiens sauvages étaient exterminés par les colons et les indigènes de l’Afrique du sud qui leur firent une guerre sans merci à cause de leurs déprédations.
- Très sanguinaires, ils s’attaquent surtout aux petits ruminants, tout particulièrement aux antilopes dont la taille ne dépasse guère celle d’une chèvre et aussi aux troupeaux de moutons. Chiens sauvages et chiens domestiques se sont voué une haine terrible qui est souvent marquée par des combats à mort.
- Le mode d’attaque préféré des lycaons est la chasse en meutes d’une vingtaine d’individus. Ces « clans » atteignent parfois une cinquantaine de têtes.
- La chasse du chien sauvage se déroule toujours sensiblement de la même façon, à la façon d’une chasse à courre. La meute hurle et glapit sans s’arrêter. Un redbock surpris au gîte est aussitôt mis en pièces. S’il réussit à fuir, malgré la vitesse de ses jambes qui lui donnent une incontestable supériorité au début, il ne tarde pas à s’affaiblir et les chiens regagnent grâce à leur endurance le terrain primitivement perdu. Seuls quelques agresseurs détachés de la meute qui suit à une certaine distance serrent l’antilope de très près. Fatigués, ils sont remplacés par d’autres, le gros de la bande évitant ainsi de s’épuiser en suivant tous les crochets effectués par la victime aux abois. Quand, exténuée, l’antilope ploie les genoux, toute la bande hurlante arrive en un instant sur elle, et en moins de dix minutes, les membres déchirés de la pauvre bête disparaissent dans les gueules affamées. Seuls quelques fragments d’os marquent l’endroit de cette curée.
- Parfois aussi, le lycaon pratique la chasse à l’affût. Embusqué seul à la lisière d’un bouquet d’arbres, il saute à la gorge des retardataires d’un troupeau qu’il a tôt fait de dépecer partiellement, mangeant les meilleurs morceaux et abandonnant le reste. M. Herbert Lang, du Muséum d’histoire naturelle de New-York, considère les lycaons comme une des principales causes de destruction des antilopidés et du gibier en général dans les zones peu fréq\ientées et dans les réserves de chasse et propose leur destruction.
- A l’époque du rut les mâles se livrent de furieux combats d’où les vaincus sortent les membres déchirés, la gueule en sang et des lambeaux de peau arrachée pendant sur tout le corps.
- Du point de vue zoologique, le lycaon n’est pas une hyène comme l’ont cru certains naturalistes. Tous les détails de son anatomie l’apparentent incontestablement aux loups, aux renards et aux chacals. Suivant le Dr Derscheid ses viscères, son crâne et son cerveau sont bien d’un canidé. Quelques détails, comme la clavicule plus petite, le séparent du chien.
- Quant à sa dentition : incisives 3/3, canines 1/1, prémolaires 4/4, molaires 2/3, en tout 42 dents, elle est plus puissante que celle de notre chien.
- La taille se rapproche de celle du loup. Le pelage, noir, jaune et blanc, l’une des teintes, surtout le blanc, pouvant manquer ou varier suivant les localités, a fait proposer plusieurs races locales.
- Cet animal aujourd’hui limité à l’Afrique était autrefois beaucoup plus répandu puisqu’on en a trouvé des restes fossiles jusque dans les cavernes du Glamorganshire en Écosse.
- G. Remacle.
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- INVENTIONS ET NOUVEAUTÉS
- MÉCANIQUE
- Changement de vitesses par engrenage à diamètre variable.
- Les dispositifs de changement de vitesses, spécialement dour automobiles, sont extrêmement divers et de modèles souvent très ingénieux. Un de nos abonnés, M. Jean Chevrier, nous a communiqué les plans d’un dispositif inventé par lui, qui présente des particularités intéressantes.
- La liaison entre les arbres moteurs et récepteurs s’effectue dans ce dispositif au moyen d’engrenages, dont les diamètres varient en fonction du rapport des vitesses à réaliser.
- A cet elîet, un de ces arbres est disposé de telle sorte qu’il puisse à volonté être déplacé parallèlement à l’arbre conjugué, ce qui détermine, en correspondance, des variations de la distance d’entre-axes.
- L’un de ces arbres a (fig. 1), est solidaire d’une couronne dentée intérieurement c; l’autre, b, possède des bras radiaux d, dont les longueurs vai'ient comme l’entre-axes.
- Ces bras radiaux sont dentés à leurs extrémités e, de sorte qu’ils viennent, au cours de leur rotation avec l’arbre b qui les porte, engrener avec la couronne dentée intérieure. Chaque bras fait ainsi successivement subir à cette couronne dentée
- Fig. 2. — Le mécanisme de transmission.
- un déplacement angulaire, la vitesse de déplacement étant naturellement en fonction de la longueur variable des bras d’entraînement.
- Ce mécanisme de transmission est ainsi assimilable à une transmission par engrenages, dont l’un est susceptible de subir des variations de diamètre.
- Le déplacement radial des axes des pignons à roue libre dans les glissières des flasques d’entraînement s’opère par l’action de la force centi’ifuge. Les pignons sont bloqués sur leurs axes lorsque ces derniers atteignent l’arc d’engrènement.
- L’arbre portant les flasques, en combinaison avec les pignons déplaçables radialement, et qui réalisent l’engrenage à diamètre variable, peut être déplacé parallèlement à lui-même, et longitudinalement; ce dernier déplacement permet d’accoupler les deux tronçons de la transmission ramenés en alignement pour la prise directe.
- La variation de l’entre-axes des arbres peut être obtenue automatiquement ou par commande asservie.
- Cette boîte de vitesses permettrait d’obtenir un nombre de vitesses illimité et fonctionnerait d’une manière continue, sans interruption pendant le passage des vitesses ; on supprimerait ainsi les à-coups et la fatigue de la transmission, le ralentissement en côte et les variations trop grandes de la vitesse de régime du moteur.
- Fig. 1. — Principe du changement de vitesses par engrenages à diamètre variable Chevrier.
- La facilité de commande serait due à l’action de la force centrifuge, le système étant en partie automatique.
- La boîte n’est plus solidaire de la transmission en prise directe, marche arrière, et point mort, ce qui évite les fausses manœuvres. Un levier à trois positions indépendant de la commande des vitesses permet de rendre solidaire la boîte avec la transmission dans ces trois cas.
- Un peu plus encombrante qu’une boîte de vitesses normale, elle serait de réalisation plus facile et d’un prix de revient moindre qu’un modèle semi-automatique; elle permettrait une augmentation de la souplesse de la marche et de la facilité de manœuvre en ville et sur route accidentée, de meilleures accélérations et régimes en côte, même supérieurs à ceux permis par les boîtes de vitesses classiques à commande semi-automatique ou automatique.
- Le silence serait obtenu sur toutes les combinaisons de vitesse en marche avant et la marche en roue libre constante, mais avec la possibilité d’utiliser une roue serve en prise directe.
- M. J. Chevrier, 9, rue Cambronne, à Sidi-bel-Abbès (Algérie).
- PHOTOGRAPHIE
- Un nouvel appareil d’agrandissement photographique.
- L’agrandissement en photographie est de plus en plus en faveur auprès des amateurs, en raison de la vogue justifiée des appareils de petit format.
- Fig. 3.
- Projet de réalisation de la boîte de vitesses Chevrier.
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- Pauli es
- Glissière murale formée de deux cornières assemblées
- Contrepoids guidé
- Echappement d’air chaude
- Cylindre blanc mat
- Trois lampes Kryptoi 100 w en ligne
- Cliché
- Cinq passages de cliché pour dépouif 1er la mise au point
- Objectif de l’appareil, < \
- mobile pour terminent \ la mise au point / \
- / \
- / \ t \
- t
- Table quelconque
- Fig. 4. — Coupe de la boîte à lumière Dodin pour agrandissement.
- Les appareils agrandisseurs,généralement perfectionnés et efficaces, que l’on trouve aujourd’hui dans le commerce sont malheureusement coûteux, surtout lorsqu’ils sont munis d’objectifs de qualité.
- Il est un moyen simple de réduire le prix de revient d’un agrandisseur; il suffit d’employer l’objectif même de l’appareil de prise de vues, surtout si sa qualité est satisfaisante ; on peut même employer une caméra de prise de vues elle-même à soufflet.
- C’est cette idée qui a inspiré à M. L. Dodin la création d’une « boîte à lumière » destinée à être munie de l’objectif de prises de vues. La figure 4 en représente une coupe schématique.
- L’appareil peut simplement être accroché au mur au moyen de deux clous, et il est éclairé à l’aide de trois ampoules au krypton de 100 w chacune, et en ligne, placées dans un cylindre peint intérieurement en blanc mat. ;
- L’appareil est muni d’un dispositif de mise au point constitué par cinq coulisses pour le porte-cliché, ce qui permet de placer celui-ci à diverses hauteurs, et, par conséquent, de compenser l’inconvénient que présentent certains appareils d’avoir un tirage très faible. Ces différentes coulisses permettent de monter un agrandisseur au moyen d’un objectif à monture hélicoïdale, et d’un boîtier à peu près quelconque; elles permettent d’opérer sans difficulté le changement d’un objectif par un autre, d’une distance focale différente.
- Grâce à l’emploi d’un éclairage puissant, l’inconvénient de l’absence d’un condensateur est très atténué, la dépense d’énergie électrique est plus grande, mais elle est néanmoins encore relativement faible. La diffusion de la lumière est très satisfaisante, et tout l’ensemble extrêmement léger et d’un
- emploi facile.
- Le cliché est couvert sans aucun réglage, quels que soient les changements d’objectifs rendus nécessaires par la variation des formats ; pour les agrandissements de petits formats, on utilise des ob j ectifs à longs foyers, et, inversement, on est obligé de réduire la focale pour les petits agrandissements.
- Cet appareil peut
- Fig. 5. — Vérificateur de mise au point et système decontrôle d’agrandissements Dodin.
- être complété par un ingénieux système de vérification et de mise au point dont la coupe est indiquée sur la figure 5; il permet de juger la valeur des agrandissements avant tirage, et d’opérer la mise au point avec une précision parfaite.
- Ces différents appareils peuvent ainsi rendre les plus grands services à tous les praticiens de l’agrandissement, et tout spécialement aux amateurs de petits formats.
- Constructeur : Lucien Dodin, 1, place Charles-Leroux, à Na rites
- OBJETS UTILES Gril perfectionné.
- Les grillades se cuisent à la flamme, par contact direct ou indirect. Dans certains appareils, la flamme agit sur le dessus de l’appareil, et non en dessous; c’est le cas de certains appareils à gaz qui comportent une rampe chauffante dans l’axe du four. L’air chaud monte et ne descend pas; la viande risque alors d’être grillée d’une manière inégale et imparfaite. Quand la flamme est en contact direct avec la viande; la graisse cuit ou même brûle et peut donner un goût désagréable à la viande.
- Quand on utilise un fourneau de cuisine ou un réchaud à gaz ordinaire, on isole généralement la flamme par une plaque de métal, en fonte par exemple, sans aucune ouverture. Il faut alors régler soigneusement la température de la plaque, sans quoi la viande n’est pas assez cuite, ou, au contraire, l’est trop; il est difficile sinon impossible d’atteindre le point de cuisson optimum qui donnera une grillade succulente.
- Dans les grils perfectionnés des grands restaurants , on utilise l’air surchauffé pour agir dans la profondeur de la viande et la cuire en lui conservant son jus naturel; la graisse est fondue extérieure- Fig. 6. — Le supergril Cornus.
- ment et intérieure -ment, sans brûler, et
- sans communiquer aucun goût désagréable à la viande.
- Sur le même principe on vient de réaliser un petit appareil domestique, de prix réduit et d’emploi facile, pouvant se placer sur n’importe quel réchaud ou fourneau.
- Il se compose d’une plaque métallique, de la forme indiquée sur la figure 6, et portant à sa partie supérieure neuf rangées d’orifices parallèles, au nombre total de 85, en forme de capuchon, avec l’orifice dirigé vers le bas et l’arrière.
- Lorsque l’appareil est placé sur un réchaud, l’air surchauffé s’échappe par ces orifices et enveloppe complètement et rapidement la viande à griller. La viande est « saisie », suivant le terme technique, et il se produit une légère croûte, retenant tout le jus à l’intérieur de la grillade.
- La graisse superficielle, fondue par l’air surchauffé, s’écoule à l’état liquide par las rainures et tombe dans une gçuttière.
- Pour la cuisine au gaz, plus spécialement, l’appareil est muni d’un déflecteur inférieur en métal, concentrant la chaleur produite et assurant une meilleure répartition à l’intérieur de la chambre de combustion, ce qui donne naissance à des nappes d’air surchauffées. L’appareil donne des résultats satisfaisants, non seulement pour griller les viandes qui demandent à être « saisies », mais aussi pour celles qui doivent être cuites « à cœur » : viandes blanches, poissons, charcuterie, etc.
- Société d'applications commerciales et industrielles, 7, rue d’Artois, Paris (8°).
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- BOITE AUX LETTRES
- COMMUNICATIONS
- La classification des brevets français.
- MM. Beau de Loménie et André Armengaud, ingénieurs-conseils en propriété industrielle, nous écrivent à propos de l’article que nous avons consacré au prix du dépôt des brevets en France et à leur classification (n° du 1er mai 1937).
- « Nous nous étonnons, étant donné les articles qui ont paru de divers côtés depuis deux ans sur notre propre classification, que votre collaborateur chargé de la rédaction de cet article semble l’ignorer, quoique presque toutes les sociétés importantes et les organisations professionnelles connaissent notre travail et l’utilisent régulièrement. En effet, nous avons mis au point une classification des brevets français dans plusieurs milliers de classes suivant un principe décimal et ce travail est communiqué à tout inventeur ou société qui en fait la demande.
- « De ce fait, et pratiquement en quelques heures, ces personnes peuvent connaître la liste de toutes les antériorités françaises pouvant exister à leur invention éventuelle et nous avons évité ainsi dans bien des cas, des dépôts de brevets inutiles à nos clients.
- « En ce qui concerne les brevets nouveaux, ils sont analysés chaque jour et classés après examen méthodique dans autant de classes que nécessaire, par conséquent, il existe bien à l’heure actuelle une organisation privée qui a répondu entièrement au vœu qu’exprime votre article. *
- QUESTIONS
- Emploi d’un densitomètre en photographie.
- On appelle transparence d’un dépôt photographique d’argent soumis à un flux lumineux, le rapport de la lumière transmise à la lumière incidente, et opacité le rapport inverse de la lumière incidente à la lumière transmise.
- Pour déterminer les caractéristiques d’une émulsion photogra-graphique, on considère plutôt la densité optique, qui est définie par le logarithme décimal de l’opacité.
- Par exemple, lorsque le dépôt photographique ne laisse passage qu’à la centième partie de la lumière, la transparence de l’émulsion est de 1/100®, l’opacité est de 100, et la densité de 2.
- Pour mesurer l’opacité en lumière diffuse, on peut utiliser le coin de Goldberg, dispositif classique dans lequel deux lames de verre formant un coin très aigu, contiennent une couche de gélatine, mélangée à du noir de fumée.
- Ce système sert d’étalon dans les densitomètres pour déterminer la densité maxima d’un négatif et permet ainsi la recherche du temps de pose pour le tirage des positifs papier. La relation entre le contraste d’un négatif mesuré au densitomètre et la gradation utile du papier est une notion nécessaire et très employée aujourd’hui.
- Dans des modèles récents de densitomètres, pour mesures sur des négatifs de format réduit, la mesure de la densité est effectuée par réflexion en opérant sur l’image agrandie du négatif et non sur le négatif lui-même.
- Avec le coin de Goldberg, et en utilisant une émulsion à étudier, on peut tirer également un premier cliché négatif qui offre par transparence un dégradé lumineux analogue à celui de l’écran original, mais de sens inverse.
- Le dégradé de l’image obtenue diffère généralement de l’original, suivant l’émulsion, le temps de développement, la nature, la concentration et la température du bain.
- On utilise alors un appareil appelé sensiphotomètre. Sur cet appareil, on dispose la copie du coin perpendiculairement au coin initial. Au moyen d’un double prisme à réflexion totale, qu’on observe à l’aide d’un oculaire, on recherche les points où les lumières reçues à travers le coin et à travers sa copie sont égales; on trace là, une courbe des densités optiques, en fonction du logarithme des éclairages.
- Cette courbe caractéristique de l’émulsion permet de déterminer la densité optique de l’émulsion correspondant à l’altération du bromure d’argent en correspondance avec la quantité de lumière agissant sur la surface.
- « Nous vous signalons par ailleurs une erreur matérielle en ce qui concerne la classification allemande, elle ne comporte pas 6000 classes mais au contraire nettement plus de 10 000, lesquelles se subdivisent d’ailleurs au fur et à mesure des progrès de la technique et suivant un principe basé sur la classification décimale.
- « D’ailleurs nous-mêmes n’avons créé notre classification qu’après avoir longuement étudié les classifications allemande, américaine et anglaise ».
- Nous n’ignorions pas la classification des brevets, entreprise par MM. Beau de Loménie et André Armengaud, à titre d’initiative privée, la somme énorme de travail qu’elle représente et les services qu’elle doit rendre aux inventeurs moyennant une légitime rémunération. Mais nous voulions montrer la carence de l’État en cette matière, cependant si importante pour l’inventeur et pour le public en général, alors que les charges que l’on fait peser sur l’inventeur vont continuellement en croissant, sans aucune compensation.
- Peut-être n’est-il pas inutile, à ce propos, de souligner combien il est injuste d’imputer à l’inventeur les frais de publication des brevets. Cette publication en effet est faite, non dans l’intérêt de l’inventeur lui-même, mais dans l’intérêt du public et de l’État, au même titre que la publication des lois.
- Il serait donc de stricte justice que la communauté en assumât la charge.
- Il existe des appareils à cellules photo-électriques qui permettent de déterminer rapidement, sans risque d’erreur, la courbe caractéristique d’une émulsion.
- Consultez sur ces questions :
- Le cinématographe sonore. Sa technique. Sa pratique, par P. Hémar-dinquer (Librairie Eyrolles).
- Manuel de sensitométrie, par L. Lobel (Éditions Montel).
- Fabricants d’appareils de sensitométrie : Établissements Filmo-graph, 47, rue de Bagneux, à Montrouge (Seine).
- Réponse à M. Bermond, de Vaux, à Boulogne (Seine).
- Appareil de gazéification à essence.
- Nous pensons que vous recherchez un appareil pour usages domestiques servant à gazéifier l’essence légère d’automobile ou d’avion pour alimenter des réchauds ou des appareils d’éclairage, avec système de compression automatique, et dispositif de sûreté. Vous pouvez vous adresser aux constructeurs suivants :
- Établissements Liotard, 22, rue de Lorraine, Paris (20e).
- Établissements Meker, 105, boulevard de Verdun, Courbevoie.
- Établissements Tito Landi, 38, boulevard Henri-IV, Paris (4e).
- Établissements Gazolair, Bregeaut, 55, rue Turbigo, Paris.
- Réponse à M. Saenz, à Caracas, Venezuela.
- Amélioration de l’acoustique des salles.
- Les caractéristiques acoustiques essentielles des salles, surtout de celles utilisées pour les projections de cinématographie sonore sont la période de réverbération et le coefficient d’absorption des parois.
- On n’attache plus désormais une importance aussi grande au traitement acoustique des parois des salles, au moyen de matériaux absorbants; on s’efforce surtout de donner aux parois des formes qui évitent les résonances et les interférences, qui atténuent la durée du temps de réverbération, mais sans supprimer un minimum indispensable pour le naturel et le caractère artistique de l’audition.
- C’est ainsi qu’en dehors des traitements acoustiques des parois proprement dites, on peut utiliser des systèmes extérieurs de formes diverses et bien calculées, en différents matériaux, et même en métal, tels que ceux déjà décrits dans la revue.
- Parmi les spécialistes de ces traitements, nous pouvons vous signaler, par exemple, M. Kessler, 14, rue de Phalsbourg, Paris (17e).
- Réponse à M. Ciattino, à Dakar (Sénégal).
- ET REPONSES
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- De tout un peu.
- M. Qroubé, à Taza, Maroc. — A notre avis, le procédé le plus pratique pour réimperméabiliser votre vêtement en toile caoutchoutée, est d’appliquer à l’intérieur avec un pinceau large la solution sui-
- vants :
- Vaseline blanche.............. 10 grammes
- Lanoline anhydre.............. 10 —
- Essence minérale.............. 500 cent, cubes
- Tétrachlorure de carbone. . . 500 —
- Au cas où vous ne pourriez disposer de tétrachlorure, doubler simplement la proportion d’essence, mais alors avoir grand soin d’opérer loin de tout foyer.
- N. B. Ne pas faire d’application à l’extérieur, car il pourrait y avoir une modification fâcheuse de l’aspect du vêtement.
- M. Luthi, Genève. — La toxine botulinique est la plus active des toxines bactériennes connues. Elle tue le cobaye à la dose de 1/500 000 cm3 en ingestion, et 1/1000 000 cm3 en injection sous-cutanée. L’addition de 4 pour 1000 de formol et la conservation à l’étuve pendant 10-15 jours la convertissent en anatoxine (Calmette, Nègre et Boquet).
- D’après Weinberg (Les microbes anaérobies), si les spores offrent une très grande résistance à la chaleur, il est relativement facile de se débarrasser de la toxine. La spore botulinique résiste au maximum, en milieu humide, à 100°, pendant 300 mn; à 105°, pendant 100 à 120 mn, à 120° pendant 6 à 10 mn.
- Dans la préparation industrielle des conserves, il faut tenir compte de la transmission de la chaleur dans les boîtes. Celle-ci dépend de la nature de la denrée, de sa conductibilité thermique et de la facilité avec laquelle s’établissent les courants chauds dans les produits emboîtés.
- Au point de vue industriel, voici les conclusions d’un rapport de M. Bail (1923), relatives aux dimensions, à l’épaisseur et à la nature des boîtes de conserves : pour les épinards, boîte 2, contenance 375 gr, il faut chauffer 45 mn à 122°; boîte 10, contenance 1850 gr, chauffer 50 mn à 122°; pour les olives, boîtes de toutes dimensions (n° 1 à 10), chauffer 50 mn à 121° ou 60 mn à 115°; pour les sardines, boîtes ovales, contenance 430 gr, chauffer 50 mn à 115° etc.
- E. P. S., Qu imperlé. —Les fonctions de la vessie natatoire et de ]a ligne latérale des poissons ont provoqué maintes recherches dont les résultats sont encore en discussion. Nous pensons publier bientôt un article sur la vessie natatoire.
- Il sera répondu à votre seconde question dans un prochain numéro.
- M. Descamps, Anvers. — Il n’est pas possible de faire la distinction au microscope entre les poils de l’homme et ceux des animaux sans se reporter à un atlas, étant donné qu’il n’y a qu’une différence de structure ou de disposition des éléments constituants.
- Un ouvrage de ce genre existe en français : Lambert et Baltha-zard : Le poil de l’homme et des animaux. Masson, éditeur. Prix : 40 fr. (Paris, 1910.)
- M. Mallait, à Vichy. — Pour obtenir de l’alcool absolu, c’est-à-dire à 100°, on ajoute à de l’alcool à 95°, 2 cgr par litre environ de chaux vive récemment calcinée. On laisse en contact 24 h, la chaux s’empare de l’eau; on distille. Si le produit distillé contient encore un peu d’eau, on le laisse macérer avec 50 gr par litre de baryte anhydre, on décante puis distille à nouveau.
- Pratiquement le produit commercial ne marque à l’alcoomètre que 99°5 au lieu de 100°.
- N. B. — La distillation est indispensable, car un peu de chaux passe en dissolution dans l’alcool lors de la macération; faute d’observer cette précaution, l’alcool donne après évaporation le dépôt blanc que vous avez constaté.
- École française d’ingénieurs,à Beyrouth. — Le meilleur moyen de détruire les insectes xylophages est de pulvériser une mixture obtenue de la façon suivante.
- Prendre :
- a) Solution commerciale de chlorure de zinc
- à 45° B..................................... 480 cm3
- Eau ordinaire.................................. 1000 —
- D’autre part, faire une seconde solution :
- b) Lessive de soude caustique à 36° B.. . . 400 cm3
- Eau ordinaire................................. 2250 —
- Verser la première solution dans la seconde, bien mélanger; passer
- à la toile métallique de fer pour retenir les grumeaux et pulvériser sur le bois à protéger.
- M. Agard, à Bordeaux. — Dans le cas qui vous intéresse, d’une réutilisation de fiches dont la documentation est devenue inutile, vous pouvez vous servir simplement, pour l’écriture, d’une encre violette quelconque du commerce, laquelle est généralement au violet de Paris.
- Pour faire disparaître les caractères, plonger les fiches 1 mn ou 2 dans la solution suivante (cuvette photographique tout indiquée )
- Extrait de Javel............................... 20 cm3
- Eau ordinaire................................ 500 —
- Vinaigre fort.................................. 20 —
- Rincer ensuite abondamment à l’eau courante.
- M. Truhaut, à Villejuif. — La glaçure pour faïences fines est habituellement composée de :
- Sable blanc...............................42 à 40 %
- Minium....................................26 à 23 —
- Borax.....................................21 à 23 —
- Carbonate de sodium.......................11 à 14 —
- Bleu de cobalt......................... 0,001 —
- Formule dans laquelle vous retrouverez les éléments que vous avez décelés, le borate de soude remplaçant toutefois le borate d’ammoniaque.
- M. Bernard, à Laignes (Côte-d’Or). — 1° Pour détruire facilement les insectes qui se sont installés sur les parois de votre cave, le mieux est de pulvériser sur celles-ci une bouillie cuivrique obtenue
- ainsi.
- Prendre :
- A) Chaux vive grasse en pierres................... 1 kg
- Eau ordinaire....................................50 1
- B) Sulfate de cuivre (vitriol bleu)................. 2 kg
- Eau ordinaire....................................50 1
- Éteindre préalablement la chaux vive de la façon habituelle, en l’humectant d’une partie des 50 1, puis une fois qu’elle a fusé, ajouter le reste de l’eau.
- D’autre part, dissoudre le sulfate de cuivre dans les 50 1 d’eau tiède.
- Mélanger les deux solutions en versant le lait de chaux dans la solution cuivrique et ne jamais faire l’inverse.
- Passer au tamis et projeter la mixture sur les murs en se servant de préférence d’un pulvérisateur utilisé en viticulture, si vous en disposez. A défaut, asperger avec une grosse brosse de peintre.
- 2° A notre avis, l’enlèvement du goût de marc résultant de l’addition de ce produit à votre vin est pratiquement impossible.
- M. Lassaugueffe, à Châlons-sur-Marne. — 1° La colle cellulosique se prépare de la façon suivante :
- Celluloïd non chargé........................... 30 gr
- Acide oxalique.................................. 2 —
- Acétone........................................100 —
- Mettre en flacon bien bouché, laisser en contact trois à quatre jours, agiter fréquemment, jusqu’à dissolution complète.
- 2° Vous obtiendrez un vernis souple et transparent, en prenant :
- Acétate de cellulose........................... 30 gr
- Tétrachloréthane.............................. 360 —
- Triacétine...................................... 3 —
- Alcool à 95°................................... 40 —
- Ce vernis peut s’employer tel quel, ce qui donne la pellicule transparente invisible, ou être additionné d’une couleur soit minérale (vernis opaque), soit dérivée de la houille, fournissant ainsi un vernis encore transparent mais coloré.
- On ajoute parfois à ce vernis du phosphate triphénylique, lorsqu’on veut le rendre ignifugeant.
- M. Jolas, à Charleville. — Vous recollerez sans difficultés les fragments de votre urne funéraire en verre, au moyen du silicate de potasse du commerce que vous trouverez à l’état de solution sirupeuse à 36» B.
- Toutefois, il sera essentiel de débarrasser complètement les dits fragments de toute trace de la seccotine déjà utilisée dans la réparation antérieure, ce qui sera facile en les faisant digérer un temps suffisant dans l’eau bouillante.
- Ne pas chercher à effectuer le travail d’un seul jet; mais opérer par collages successifs, en attendant que les premières coaptations aient donné une solidité suffisante. Assurer pendant ce temps un contact parfait par serrage, au moyen de ficelles convenablement disposées.
- Le Gérant : G. Masson
- 9767. — lmp. Labure, 9, rue de Flcurus, à Paris. — 1-6-1937. — Published in France
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- N° 3003
- LA NATURE
- 15 Juin 1937.
- LES “ ROIS DE RATS
- Le « roi de rats » est une rencontre assez rare; il a été observé jusqu’à présent presque exclusivement en Allemagne (1). Son nom est la traduction du mot allemand « Rattenkœnig » dont l’origine remonte au xvie siècle. Les zoologistes français Cuvier et Perrier, n’en ayant jamais eu sous les yeux, n’en parlent que d’après la littérature allemande. On connaît en tout et pour tout une cinquantaine de cas de ce phénomène curieux de plusieurs rats, vivants ou morts, liés par l’entrelacement de leurs queues.
- Au moyen âge, les premières découvertes de « rois de rats » ne manquèrent pas d’impressionner vivement les foules superstitieuses ; elles intéressèrent aussi les artistes qui en firent des tableaux et des gravures.
- C’est à Strasbourg qu’on observa le premier « roi de rats » vivant. On trouva en juillet 1683 dans la cave du maire Würtz, n° 79, Grand’
- Rue, 6 rats entrelacés vivants, disposés en rosace (fig. 2). On les apporta à l’hôtel de ville d’où l’un des rats réussit à s’échapper. Les autres furent tués et embaumés par un médecin. Une feuille volante —- journal d’alors — fit connaître l’événement avec l’appui d’une belle gravure, en l’accompagnant de commentaires pessimistes et en lui attribuant même la cause de certains événements politiques passés et présents (la capitulation de Strasbourg en 1681, le siège de Vienne par les Turcs en 1683).
- A Strasbourg, on trouva encore deux « rois de rats », au xvme siècle : l’un dans le grenier de l’auberge « A la Ville de Lyon », l’autre lors de la démolition de la Petite Metzig, actuellement Cours de l’Aubette.
- En 1895, un « roi de rats » de 5 ou 6 rongeurs fut découvert à Obermodern (Bas-Rhin). La même année, le musée
- 1. La Nature a publié, en 1900 (n° 1411) une étude de M. Oustalet sur un « roi de rats » trouvé à Courtalain (Loiret).
- zoologique de Strasbourg fit l’acquisition d’un autre « roi de rats », trouvé par des batteurs au Palatinat, parmi le foin entassé dans la grange d’une école. Les paysans s’apprêtaient à le jeter aux chiens, quand l’instituteur arriva et s’y opposa. Son intervention nous permet d’admirer « aujourd’hui ce « roi de rats » dans un bocal
- d’alcool » (fig. 1).
- La plupart des découvertes de « rois de rats » ont été faites dans des caves, des greniers, des moulins, des granges, sous des planches, lors de la démolition de bâtiments. Chaque musée pourrait avoir son « roi de rats », si le public affolé ne s’était pas hâté, chaque fois que l’occasion s’en présentait, de tuer ces bêtes dont l’agglo-, mération présentait un aspect si étrange.
- Une histoire bien curieuse se passa à Leipzig en 1774, quand un apprenti meunier fit la découverte dans un moulin d’un « roi de rats » de 16 rats entrelacés. Le peintre d’animaux Fassauer se les fit prêter pour les peindre (fig. 3). Mais il attira les curieux pour leur montrer ce phénomène, contre paiement. L’apprenti meunier finit par se fâcher et réclama sa propriété. N’obtenant pas satisfaction, il assigna le peintre en justice. Le procès, au cours duquel on ne manqua pas de demander leur avis à des experts, donna libre cours aux polémiques : partisans et adversaires de la réalité d’un tel phénomène se combattirent avec passion et échangèrent force arguments. Finalement un coup de théâtre se produisit : il fut prouvé que le rusé peintre avait lui-même entrelacé les queues de 16 rats morts pour berner les gens crédules et en tirer quelque gain, ce qui lui avait pleinement réussi, en plus de la vente de ses gravures.
- L’incrédulité du public ne fit que croître quand on présenta la même année le «roi de rats » d’Erfurt, qui à première vue donnait l’impression d’un arrangement artificiel (fig. 4).
- Fig. 1. — Le « roi de rats » du Musée zoologique de Strasbourg.
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- Fig. 2. — Le « roi de rats » trouvé à Strasbourg, en 1683. (Gravure de F. W. Schmuck).
- Ce n’est qu’après de longues années que ces doutes furent dissipés par les constatations irréfutables de zoologistes, et surtout par le fait que certains « rois de rats » sont formés par des rats des champs, ce qui exclut lés mystifications toujours possibles avec des rats de ville.
- Quant à l’explication de cette curiosité, elle reste tout entière à chercher.
- On a supposé que des rats malades, rassemblés et serrés les uns contre les autres, se colleraient par l’exsudation des queues écorchées. Cela se produirait d’autant plus facilement que le nombre de rats, tassés dans un réduit trop étroit, serait plus grand. On avait d’abord admis que les rats, de nature très malpropre, blottis en hiver par crainte du froid, et presque inertes, finiraient par être réunis par leurs excréments. Mais la découverte d’un « roi de rats » en plein été fit abandonner cette théorie, La thèse de ce zoologiste, qui attribuait l’entre-
- Fig. 4. — Le soi-disant « roi de rats », trouvé vivant à Erfurt en 1772.
- (Lithographie.)
- lacement des queues aux combats acharnés que les rats mâles se livrent pour les femelles, subit le même sort quand on eut trouvé rassemblés des animaux de sexes et d’âges différents. Un autre théoricien prétendit encore que le « roi de rats » se forme avant la naissance, mais on lui opposa que le nombre des individus est parfois supérieur au nombre maximum des petits d’une portée.
- A mon avis, le problème ne pourra être résolu que lorsqu’on se trouvera en présence d’un « roi de rats » vivant et, de plus, jeune, et qu’on pratiquera l’examen microscopique et bactériologique des queues.
- Il n’y a aucun doute que le « roi de rats » pourrait vivre
- Fig. 3. — « Roi de rats ».
- Gravure du peintre d’animaux Fassauer, au Musée historique de Leipzig. Légende en allemand : « Voici le roi de rats ou les 16 rats entrelacés, attrapés par l’apprenti meunier dans le moulin de Lindenau, et dessinés d’après nature par Fassauer. »
- si on nourrissait régulièrement chacun des animaux enchevêtrés.
- Le moyen âge, superstitieux, ne sachant expliquer l’étonnant phénomène, en donna des interprétations fantaisistes. Tantôt on crut que le « roi de rats » était formé d’une seule bête, une sorte d’hydre avec force têtes, dont l’une prépondérante et même couronnée. Tantôt on considéra que l’amas représentait un rat géant entouré d’individus particulièrement courageux et forts, s’atta-
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- quant même aux hommes. La colonne vertébrale de ce géant permettrait de fabriquer une flûte enchanteresse, au son de laquelle aucun rat ne pourrait résister. Tantôt on fut persuadé qu’un vieux rat infirme, nourri par ses subalternes et devenu ainsi d’une taille extraordinaire, constituait le roi de rats, d’où la dénomination française de gros rat, d’où également en allemand l’emploi au figuré du mot « roi de rats » pour désigner le chef d’adversaires politiques ou religieux. C’est ainsi que le réformateur Luther appela irrévérencieusement le pape « roi de rats » et que le poète prussien Arndt donna au général français Vandamme, après la défaite de Kulm en 1813, le même sobriquet. Pour désigner des idées complexes et inextricables, ou quelque problème d’apparence particulièrement compliquée, on dit en langue allemande : c’est un vrai « roi de rats ».
- Mon exposé serait incomplet si je ne mentionnais deux autres phénomènes qui ressemblent plus ou moins au
- Fig. 6. — « Roi de chats » trouvé à Strasbourg en 16S3. (Gravure de F. W. Schmuck.)
- <( roi de rats » : le « roi de chats » et le « roi d’écureuils ».
- C’est encore à Strasbourg que fut découverte cette autre curiosité de la nature, extrêmement rare puisqu’on n en connaît en tout qu une dizaine de cas. Dans le même été 1683, un mois après la découverte du « roi de rats », on trouva 5 chats nouveau-nés, dont les cordons ombilicaux étaient entrelacés, provenant de la mise-bas d’une chatte qui n’avait ni glandes mammaires ni mamelons. Cette chatte n avait pas sectionné les cordons de ses petits, contrairement a 1 instinctive habitude de l’espèce.
- Cette trouvaille, suivant de si près celle du « roi de rats », donna lieu à des commentaires de plus en plus fantaisistes de la part des braves Strasbourgeois... et à l’impression d’une autre feuille volante (fig. 6).
- L unique exemplaire de cette feuille se trouve à la Bibliothèque Nationale de Paris.
- Le zoologiste Bufïon relate l’existence d’un « roi de
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- Fig. 5. — « Roi de rais ».
- Gravure du livre de M. B. Valentini : Muséum Museorum, tome II, p. 151. Francfort, 1704-1714.
- chats » de 4 chats qu’un certain maître Daubenton, de Dijon, lui avait apporté dans un bocal d’alcool, en 1756.
- Le vétérinaire Morot, de Lyon, eut également l’occasion d’étudier un cas de «roi de chats» en 1893 : six petits chats, bien vivants et en bonne santé, étaient réunis par leurs cordons ombilicaux, se tenant tous ensemble et formant un véritable paquet.
- Voici (fig. 7) la gravure d’un « roi de chats » de 5 individus datant de l’année 1841, où l’on voit nettement
- Fig. 7. — « Roi de chats ».
- Planche XXVIII de l’ouvrage de Otto Adolpho Gutlelmo : Monslrorum sexcentorum descriptio analomica. Vratislaviae, 1841.
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- Fig. 8. — Uer Rattenkônig.
- Frontispice dessiné en couleurs, pour l’auteur, par feu Henri Bâcher artiste-peintre, à Strasbourg.
- Traduction : Le roi de rats, description et iconographie, par le Dr Alfred Reh.
- l’entrelacement des 5 cordons ombilicaux, fixés encore au placenta.
- (jl, Vignette de l’artiste-peintre Philipp
- Grotjohann, chant XII du Rattenfanger von Hameln (L’enchanteur de rats de Ilameln). Epos de Julius Wolff. Éditeur Grote. Berlin, 1897.
- On ne connaît qu’un seul cas découvert en 1921, d’entrelacement de queues chez les écureuils. L’Institut de Médecine vétérinaire à Berlin reçut une caisse contenant 5 écureuils trouvés sur le sol, sous un châtaignier, les queues si entrelacées qu’on n’était pas arrivé à les démêler. Cependant au cours du transport, cette séparation se fit spontanément, et à l’arrivée les cinq bêtes étaient libres. L’un des écureuils, trop faible, périt, les autres se remirent très vite, mais leurs queues s’atrophièrent après 15 jours, à l’endroit même de leur enchevêtrement, c’est-à-dire à 2 cm en-dessous de la racine de la queue. Les moignons des queues guérirent rapidement et les écureuils, quelque peu gênés au début dans leurs mouvements, devinrent après un mois aussi agiles que des écureuils normaux. Dr A. Reh.
- LA RECHERCHE DES AVIONS PERDUS EN MER
- (i)
- On sait quels lendemains de cruelle incertitude suivent ces drames de l’aviation où un noble équipage et parfois unMermoz, gloire du pays et de l’humanité, disparaissent dans les flots jusqu’à ce que d’autres équipages, risquant à leur tour leur vie si le temps est mauvais, aient perdu tout espoir...
- J’ai pensé qu’il serait peut-être possible de supprimer, sinon hélas ! ces accidents, du moins la période cruelle qui les suit, en faisant en sorte que l’appareil sinistré écrive lui-même son sort en s’abattant dans l’eau, par la production automatique d’une tache colorée, de grande visibilité et d’une stabilité lui permettant de résister même au mauvais temps.
- Certains colorants organiques paraissent posséder un pouvoir colorant suffisant à cet effet, puisqu’ils peuvent teinter d’une façon appréciable 10 millions de fois leur poids d’eau et plus; de tous ceux qui m’ont été procurés, le meilleur paraît être la fluorescéine, si employée déjà dans les recherches hydrologiques.
- 1. Communication présentée à l’Académie des Sciences, le 3 mai 1937.
- Grâce au Ministère de la Marine, au Centre des Sous-Marins, au Laboratoire du Centre d’Etudes et aux Services d’aviation maritime de Toulon, j’ai pu entreprendre à ce sujet quelques essais.
- Le premier a été effectué le 19 janvier 1937 par le sous-marin Thétis. On a jeté du bord, par mer tranquille, vers la presqu’île de Giens, 1 kg de fluorescéine sous sa forme acide, extrêmement peu et très lentement soluble, mélangée à de la poudre de liège qui s’étend à la surface de l’eau; mais la dissolution était si lente que seulement une fraction de l/5e environ de la matière, ajoutée sous forme de sel de soude soluble, a dû être utile.
- Cependant, on a formé ainsi une tache irrégulière de 200 m environ de diamètre, que les avions ont observée jusqu’à 4 km environ. L’observation était surtout facile du côté opposé au soleil. J’ai moi-même observé la tache en « saucisse »; dès que l’angle visuel atteignait 3 à 4 pour 100, elle tranchait extrêmement par son vert clair sur le bleu de la mer. Le Thétis,
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- passant en plongée sous la tache après 1 h 1/2, ses hublots à 4 m de profondeur, s’est trouvé dans une eau vert intense, révélant une dilïusion en profondeur regrettablement rapide; cependant la tache s’est maintenue pendant 3 h 1/2, puis, la mer étant devenue fortement clapotante, elle s’est dissipée.
- Ces premiers résultats m’ont montré que, malgré notre infinie petitesse vis-à-vis de la mer, mon espoir n’était pas chimérique. D’autres essais m’ont alors fait voir que la fluorescéine n’est pas exempte d’un défaut que possèdent plus gravement encore d’autres colorants : ses solutions très étendues sont rapidement décolorées par le soleil; une solution à 1/1000 000e, déjà très colorée, exposée à un pâle soleil d’avril, se décolore en 3 heures.
- Il faut donc faire en sorte, dans le dispositif adopté, que la solution colorée se reconstitue constamment, et en surface, pendant tout le temps désiré. En raison de ce mécanisme d’ailleurs, la tache sera peu sensible au gros temps et le pouvoir colorant très bien utilisé.
- Après beaucoup de tâtonnements, je suis arrivé au procédé suivant. De petits cylindres de jonc, de 10 à 12 mm de diamètre sur 20 mm de long, sont forés d’un trou central de 5 mm, dans lequel on cale 0 gr 2 de fluorescéine soluble entre deux petits tampons de coton, destinés à freiner la sortie de la fluorescéine. Il est facile d’obtenir une durée de sortie de 12 b à vitesse sensiblement constante, et l’on peut doubler ce temps en perçant le trou borgne et ne mettant qu’un tampon. Cette diffusion est assez lente pour que le filet liquide, pourtant très coloré, qui en résulte, ne descende, en eau calme, que très lentement par gravité, et se mélange facilement à l’eau superficielle s’il y a la moindre agitation.
- Le jonc est peu coûteux; des moyens convenables permettraient de faire et de charger des milliers de ces cylindres pour un centime à peu près par unité, fluorescéine en plus. J’estime qu’il en faudrait 50 000, et 10 kg.de fluorescéine, pour un avion de la ligne d’Amérique du Sud, beaucoup moins pour les autres.
- Mais, si ces joncs étaient libérés d’un coup à la chute de l’avion, ils s’agrégeraient les uns aux autres par attraction, et la tache ne poui'rait beaucoup se développer.
- Il faut que ces 50 000 joncs, répartis par exemple en quatre boîtes, soient libérés de chaque boîte les uns après les autres sur une longue trajectoire. A cet effet, ces boîtes, d’abord bien plus légères que l’eau, sont projetées en surface lors de l’accident avec les flotteurs de liège dont elles sont solidaires. Après un certain temps, percées de quelques trous et lestées dans le bas, elles se remplissent d’eau et coulent au bout de la corde de 0 m 50 à 2 m (différente pour chaque boîte) qui suspend chacune d’elles à son flotteur. Cette corde s’attache intérieurement au fond de la boîte, et en sort à travers le couvercle tronconique par un orifice de 3 cm de diamètre. Les mouvements de la corde dans l’orifice, dus à l’agitation du flotteur par l’eau, rompent continuellement l’obturation de l’orifice par les joncs et les libèrent un à un; ceux-ci, dès qu’ils sont en surface, obéissant plus au courant superficiel et au vent que le flotteur freiné par la boîte, s’en éloignent en une longue traînée, sans trop risquer de s’agglomérer. Les boîtes s’éloigneront aussi les unes des autres d’après la longueur de leurs cordes, en raison de la variation rapide du courant superficiel avec la profondeur. On cherchera à augmenter encore la dispersion en variant le diamètre ou la densité des joncs et leur prise au vent, quitte à charger les plus gros de doses de fluorescéine plus fortes. En principe donc, les quatre traînées, très longues sauf par vent nul, et d’ailleurs élargies par la diffusion, seront continuellement nourries par des milliers de joncs sur une partie de leur longueur, quel que soit l’état de la mer; de plus, cette coloration intensé d’une mince couche d’eau superficielle se traduira à chaque vague par de beaux
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- elîets de fluorescence, également favorables à la visibilité à distance.
- Le 23 avril 1937, ce dispositif a été essayé au large du Cap Sicié par le sous-marin Le Vengeur.
- On a employé 2 kg de fluorescéine soluble, en quatre boîtes de chacune 2500 joncs à deux tampons, mais les effets constatés sont dus seulement aux deux tiers de cette quantité, le troisième tiers imprégnant des cylindres d’une autre constitution, dont l’effet a été fugitif.
- A 9 b 40 m, les boîtes sont mises à l’eau. Quelques rares moutons, mais houle importante. Beau soleil. Pas de brume. Peu de vent. Quelques minutes après, du kiosque du sous-marin (5 m au-dessus de l’eau), la tache encore petite se voit nettement à 500 m.
- A 10 h 10 m, plongée sous la tache, les hublots à 6 m au-dessous de l’eau : on traverse une nappe assez fortement colorée. Cette diffusion rapide en profondeur tient sans doute au 1/3 de fluorescéine rapidement libérée par la mauvaise série de joncs. Au sortir de plongée, la tache agrandie s’aperçoit très bien du kiosque à 2 km, malgré l’angle visuel très petit. Des avions l’observent aussi, de tous les azimuts et de différentes hauteurs.
- 10 b 54 m, deuxième plongée : les hublots sont à 12 m sous l’eau; nous traversons de l’eau peu colorée. Ce semble êti'e la limite de la diffusion verticale à ce moment.
- A 11 h 30 m, revenus en surface, nous côtoyons la tache formée de 4 traînées dont l’ensemble, mesuré par notre vitesse, est limité par un rectangle d’environ 800 m sur 300. Mouillons en rade de Bandol pour déjeuner.
- A 13 h 50 m, retour aux taches. Les moutons ont beaucoup augmenté. L’agitation de la mer est considérée comme supérieure à la moyenne. Les joncs sont surtout concentrés au front de chaque traînée, ce qui est mauvais et doit tenir en partie à ce que les quatre flotteurs, dont les cordes sont à tort égales, malgré le frein que constitue la boîte qu’ils remorquent, ont une vitesse comparable à celle des joncs. L’inconvénient serait facile à éviter. Taches toujours visibles du kiosque à la même distance de 2 km maximum, surtout avec le soleil dans le dos.
- A 15 h, la coloration persiste, les cylindres jettent toujours; cependant une des traînées faiblit.
- 15 h 15 m. Les autres taches faiblissent.
- 15 h. 47 m. Toutes ont disparu, sauf une encore assez visible.
- Conclusion. — Pendant 6 h, les taches, par mer plus agitée que la moyenne, sont restées visibles, de 1 km 5 à 2 km du kiosque du sous-marin, de 12 à 15 km en avion. La surface réelle fortement colorée était de l’ordre de 800 m sur 150. Comme on n’a réellement utilisé que le l/8e de la fluorescéine admissible pour un avion de la ligne Dakar-Natal, il semble que, sans autres perfectionnements, on puisse espérer former des taches d’une surface totale utile double, visibles de 15 km pendant 12 ou 15 b, constituées en général par des traînées de plusieurs km. Mais il y a des possibilités d’amélioration : par exemple, les joncs pourraient ne commencer à être libérés que quelques heures après la chute, après dissolution d’un bouchon en matière soluble.
- Comme on connaît en général approximativement les parages d’un de ces sinistres, il semble que, sauf le brouillard et la nuit, le procédé puisse rendre des services. Il semble aussi que d’autres applications puissent être envisagées. Il n’est pas impossible qu’un avion contraint d’amérir par grosse mer puisse augmenter ses chances d’être secouru en libérant ses boîtes.
- Je remercie les différents Services publics que j’ai mentionnés de leur précieuse collaboration, et je me permets d’espérer que ces essais, pour lesquels je suis peu compétent, seront continués par les services intéressés. Georges Claude,
- Membre de l’Institut.
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- LES RAYONS COSMIQUES ET LA MORT
- DE L’UNIVERS
- Parmi les touristes français qui ont fait cette année du sport d’hiver aux alentours de la merveilleuse capitale du Tyrol, nombreux sont ceux qui ont pris le téléphérique d’Innsbruck au Hafelekar. Arrivés au sommet de cette montagne de 2300 m, ils ont passé devant une simple maisonnette en bois, sans doute sans y faire attention. Cette maisonnette, si peu intéressante pour le skieur, mérite pourtant de retenir l’attention. Elle héberge l’observatoire de rayons cosmiques de l’Université d’Innsbruck (fig. 1), créé et dirigé par le professeur autrichien M. Victor F. Hess (fig. 2). Ce fut au mois de novembre 1936 que l’œuvre de M. Hess, la découverte de ces rayons énigmatiques que l’on appelle rayons « cosmiques», fut couronnée par le Prix Nobel. A cette époque, les journaux de l’Europe et de l’Amérique ont publié des récits sommaires sur la découverte des rayons cosmiques, récits qui ne correspondaient pas toujours aux faits. Il nous paraît utile, pour permettre de rendre à chacun la justice qui lui est due, de rappeler l’histoire de cette grande découverte, et les étapes de nos progrès dans la connaissance de ces rayons.
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- Tout écolier connaît l’électroscope et l’électromètre, ces petits appareils qui indiquent la présence et la tension de quantités libres d’électricité. Avec des instruments de ce genre, on constate aisément que l’air qui nous entoure est caractérisé par une grande conductibilité électrique. Ceci est bien compréhensible, car sur toute la surface de la terre se trouvent — bien entendu en quantités minimes — des matières radio-actives. Ces matières radio-actives sont déposées dans les fentes des pierres, dans la terre végétale et elles couvrent même les toits des maisons et les fils télégraphiques où la pluie et la neige les ont apportées. On sait que les matières radioactives émettent trois espèces de rayons : les rayons a,
- Fig. 1. — L’observatoire de rayons cosmiques du Pr Hess, au Hafelekar, au nord d’Innsbruch,
- les rayons ,3, les rayons y. Et ce sont ces rayons qui « ionisent » l’air, c’est-à-dire qui le rendent conducteur pour le courant électrique.
- Le pouvoir de pénétration des rayons radio-actifs est bien réduit, car des couches d’air peu épaisses suffisent à les absorber complètement. Si l’ionisation de l’air n’était due qu’aux substances radio-actives de la terre, c’est-à-dire à ce que Hess appelle le « rayonnement terrestre » (« Erdstrahlung »), l’ionisation devrait nécessairement diminuer dès qu’on s’élève dans des couches plus hautes de l’air; et en montant plus haut encore, c’est-à-dire en s’éloignant davantage de la terre et de ses substances radio-actives, cette ionisation devrait cesser complètement. Mais des expériences faites en 1910 par MM. Gockel et Wulf — celui-ci en montant à la tour Eiffel, celui-là en s’élevant en ballon — montrèrent que lorsqu’on s’éloigne du sol, l’ionisation ne diminue pas dans la proportion prévue, lia diminution était beaucoup plus faible que celle à laquelle on aurait dû s’attendre d’après la théorie. M. Gockel attribua la cause de ce phénomène à la présence d’un gaz radio-actif, flottant dans les airs ou à un nouvel élément chimique.
- C’est alors, en 1911, que M. Hess commença ses recherches. A Taide d’expériences d’absorption, réalisées avec du radium sur un chantier de Vienne —• tout simplement en direction horizontale — Hess constata que les rayons radio-actifs les plus durs, les rayons y, sont absorbés complètement déjà par une couche d’air de 500 m, de sorte que toute ionisation enregistrée à une altitude supérieure à 500 m a une cause autre que le rayonnement des substances radio-actives terrestres. En 1912, M. Hess commença ses mesures en ballon; il fit au total 9 ascensions qui le conduisirent jusqu’à 5300 m. En s’élevant, Hess constata tout d’abord la diminution attendue de l’ionisation de l’air, due à l’absorption du rayonnement radio-actif d’origine terrestre, par les couches d’air qui le séparaient de la surface de la terre. Mais tout à coup l’aiguille de son électromètre monta, l’ionisation augmenta à nouveau ! A l’altitude de 2000 m, elle était déjà aussi forte qu’à la surface de la terre, et à 5000 m l’ionisation terrestre était dépassée de plusieurs fois.
- Cette nouvelle ionisation, croissant avec la distance à la terre, ne pouvait être déclenchée que par une radiation inconnue jusqu’ici, laquelle, à la différence du rayonnement radio-actif, ne montait pas de. la terre dans les airs, mais, au contraire, descendait des régions cosmiques et pénétrait dans l’atmosphère terrestre. Telle fut la conclusion de M. Hess, à qui revient ainsi le mérite d’avoir découvert les rayons cosmiques.
- M. Kohlhürster, qui ne commença ses recherches qu’en 1913, ne pouvait que confirmer au point de vue quantitatif les résultats de Hess. Au cours d’une ascension en ballon qui atteignit 9300 m, il constata à cette altitude une ionisation 40 fois supérieure à celle qui règne au niveau du sol.
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- Les recherches de M. Kohlhorster ont confirmé aussi les vues de Hess attribuant aux nouveaux rayons un pouvoir de pénétration bien supérieur à celui des rayons radio-actifs. Les plus durs des rayons cosmiques pénètrent à travers des saumons de plomb d’une épaisseur de 30 m et des couches d’eau de 300 m, sans être complètement absorbés. La profondeur du lac de Constance ne suffirait donc pas pour absorber les rayons cosmiques. C’est ce que M. Regener constata en 1932, en plongeant un électromètre dans une enveloppe étanche au fond de ce lac. A la profondeur de 230 m, l’électromètre enregistrait encore la présence de rayons cosmiques. Les plus durs des rayons radio-actifs sont complètement absorbés par une couche d’eau de 1 m 50 ou par un saumon de 10 à 15 cm de plomb.
- C’est cette énorme différence entre le pouvoir pénétrant des rayons terrestres radio-actifs et celui des rayons cosmiques — rapport de 1 à 200 environ — qui a donné à M. Hess le moyen de séparer ces deux espèces de rayons, c’est-à-dire d'isoler les rayons cosmiques, en écartant complètement les rayons radio-actifs. Cette séparation se fait en entourant les appareils enregistreurs de rayons cosmiques (les chambres d’ionisation ou les tubes-compteurs) au moyen de blindages épais en fer ou en plomb. Une cuirasse de plomb ou de fer d’une épaisseur de 10 cm arrête déjà tout rayonnement radio-actif d’origine terrestre, mais laisse passer le rayonnement pénétrant d’origine cosmique. Seuls les rayons cosmiques peuvent donc pénétrer dans le récipient enregistreur, c’est-à-dire dans la chambre d’ionisation, ainsi protégée contre l’accès de toute autre radiation (fig. 3 et 4).
- Grâce à cette méthode d’isolement, inventée par M. Hess, on peut, à la surface même de la terre, capter des rayons cosmiques, sans être gêné par les rayons radioactifs terrestres. C’est ce que fait le professeur Hess dans son laboratoire de la rue Schoepf à Innsbrück même, sans avoir besoin désormais de monter en ballon à la rencontre des rayons cosmiques, pour échapper aux rayons terrestres (fig. 5).
- Néanmoins il est nécessaire de pratiquer également les observations dans des stations d’altitude, car la radiation cosmique n’est pas uniquement composée de rayons durs, mais aussi de rayons plus mous. Ces derniers sont doués d’un pouvoir de pénétration moins grand, d’une couche d’air de 1000 m, ayant la densité qui règne au sol, les absorbe en grande partie. Si, au contraire, on s’élève à 2000 ou 3000 m, dans les régions où l’air est raréfié, on capte facilement aussi des rayons mous. Telle est la raison pour laquelle le professeur Hess a fait construire son observatoire au Hafelekar, à 2300 m au-dessus du niveau de la mer, au nord de la ville d’Innsbrück (fig. 1).
- Les enregistrements se font automatiquement (fig.
- 3 et 4), hiver comme été; deux fois par semaine seulement un des assistants du professeur Hess prend le téléphérique (la distance entre le centre de la ville et l’observatoire alpestre n’est que de 40 minutes) pour contrôler les appareils, changer les plaques photographiques, etc.
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- Fig. 2. — Le physicien autrichien Victor F. Hess, à qui l’on doit la découverte des rayons cosmiques.
- L’OBSERVATION ALPESTRE
- Quels sont les phénomènes ainsi enregistrés ou mesurés en permanence dans cet observatoire alpestre de M. Hess ? Ce sont notamment les influences qu’exercent les divers facteurs physiques sur l’intensité des rayons cosmiques. Ces facteurs physiques sont entre autres : la position du soleil, l’intensité de son rayonnement, l’activité des taches solaires, l’influence des mouvements sidéraux, de la température, de la pression atmosphérique, de l’humidité, des nuages, de la neige, de la pluie, des orages magnétiques, etc., etc.
- C’est en analysant le rôle de tous ces facteurs que l’on espère dissiper le mystère de l’origine des rayons cosmiques.
- En ce qui concerne le soleil, les enregistrements permanents du professeur Hess ont démontré que le rayonnement cosmique, se produit jour et nuit, sans grande différence quantitative, et qü’il n’est pas interrompu par les éclipses totales du soleil. Néanmoins il y a une influence solaire : car à midi, au moment où le soleil culmine, la radiation cosmique atteint son maximum (fig. 6). K?
- Cette composante solaire a été évaluée par M. Hess à un 1/2 pour 100 du rayonnement total. M. Hess attribue aujourd’hui ce petit maximum de méridien à des phénomènes de magnétisme terrestre ou à des influences électriques qui modifient F absorption du rayonnement. La
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- Fig. 3. — Chambre d'ionisation pour l’enregistrement permanent des rayons cosmiques (système Steinke), recouverte d’une cuirasse de saumons de plomb, épaisse de. 10 cm,-qui écarte les rayons radioactifs.
- L’appareil contient un électromètre qui indique l’intensité de l’ionisation provoquée par les rayons cosmiques.
- composante solaire ne semble donc être conditionnée par le soleil que d’une façon indirecte.
- La radiation cosmique est-elle de nature ondulatoire ou corpusculaire ? Tout d’abord on inclinait vers l’hypothèse ondulatoire, selon laquelle la longueur d’onde des rayons cosmiques les plus durs serait cent mille fois
- plus petite que celle des rayons X. Mais les recherches récentes ont apporté des arguments convaincants en faveur d’une interprétation corpusculaire de la radiation cosmique. M. Cor-lin a constaté dans son observatoire d’Abisko, au nord de la Suède, que l’ionisation déclenchée par les rayons cosmiques augmente pendant les orages magnétiques. En revanche, au Hafelekar, M. Hess a constaté une diminution de cette même ionisation, c’est-à-dire une diminution de l’intensité de la radiation cosmique pendant les orages magnétiques. 11 semble donc que sous nos latitudes l’accroissement d’intensité du magnétisme terrestre s’accompagne d’une décroissance de l’intensité de la radiation cosmique. La décroissance de l’intensité de la radiation cosmique à partir du pôle nord vers l’équateur s’explique en admettant que les rayons cosmiques subissent une déviation dans le champ magnétique terrestre. Mais ceci entraîne que les rayons cosmiques sont non pas des ondes, mais des projectiles, des corpuscules à charge électrique, composés d’électrons, de positons, peut-être aussi de noyaux de l’hélium.
- En tout cas il ne faut pas oublier que ces corpuscules possèdent une énorme énei'gie et qu’ils se propagent avec des vitesses presque inimaginables.
- Sur l’origine des rayons cosmiques, plusieurs groupes d’hypothèses s’opposent actuellement. Les uns voient dans la radiation cosmique une phase d’un processus de synthèse dans l’univers; pour les autres elle est la manifestation d’une décomposition progressive du monde.
- Le premier groupe — disons le groupe des optimistes — est représenté par M. Millikan. Sèlon ce célèbre physicien américain, qui, constatant en 1925 l’existence des rayons cosmiques, pensait en avoir fait la découverte, la radiation cosmique proviendrait de l’espace « interstellaire ». Dans ces régions glaciales, les noyaux légers d’hydrogène se grouperaient pour former les éléments lourds de la chimie. Cette synthèse, pense M. Millikan. est accompagnée d’un dégagement d’énergie sous forme de rayons cosmiques. Dans les rayons cosmiques, Millikan voit le signe que « le créateur est encore à l’œuvre ». Mais M. Soddy et d’autres physiciens ont déjà démontré qu’au point de vue quantitatif, l’hypothèse de M. Millikan est insoutenable.
- Il n’en va pas de même de l’hypothèse de M. Jeans, selon laquelle les rayons cosmiques seraient les produits d’une transformation progressive de la masse en radiation; ce processus se produirait en vertu du principe d’équivalence de la masse et de l’énergie, établi par Einstein.
- Les rayons cosmiques que nous observons seraient donc le signe d’une décomposition progressive des corps célestes, de la transfor-
- Fig. 4. —• La chambre d’ionisation partiellement libérée de sa cuirasse de plomb. A gauche : un appareil photographique et une plaque déplacée automatiquement d’un mouvement continu. A l’aide d’une petite lampe à incandescence, l’appareil prend automatiquement trois photographies par heure, et fixe sur la plaque trois positions du fil de l’électromètre. Les différentes positions de ce fil indiquent les variations de l’intensité de la radiation cosmique.
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- mation de la matière des étoiles en radiation. Les températures énormes qui régnent à l’intérieur des étoiles rendent probable la possibilité d’une transformation complète des électrons et protons de la matière en énergie de rayons cosmiques. L’augmentation de la densité des corps célestes vieillissants serait ainsi une source permanente de la radiation cosmique. L’énorme quantité de rayons cosmiques que reçoit la terre prouverait que le processus de décomposition de la matière de l’univers est déjà fort avancé.
- L’hypothèse de M. Jeans s’accorde avec la théorie de Nernst, selon laquelle l’origine des rayons cosmiques ne serait pas de caractère « interstellaire » mais « stellaire ». Ce sont aussi ces doctrines de MM. Jeans et de Nernst auxquelles M. Hess accorde le maximum de probabilité. Si les sciences physiques ne se défendaient pas d’employer le concept de « valeur », ces doctrines de Jeans et de Nernst, interprétant la radiation cosmique comme signe d’une décomposition de l’univers, pourraient être considérées comme l’expression d’un pessimisme cosmologique.
- La question si émouvante de l’origine des rayons cosmiques arrive aujourd’hui au stade expérimental. Ceci grâce aux importantes recherches récemment entreprises à l’observatoire alpestre du professeur Hess. Elles ont pour but de soumettre au contrôle de l’expérience la théorie de M. A. H. Compton, attribuant à la radiation cosmique une origine extérieure à notre Voie Lactée.
- Si notre système de Voie Lactée, avec ses soleils, se meut à travers l’espace, et si la radiation cosmique a son origine en dehors d’elle, il est évident que ce mouvement de notre système galactique doit pouvoir être mis en évidence par l’observation des rayons cosmiques. Car dans ce cas, nous serions dans l’état d’une automobile qui traverse la pluie et qui reçoit nécessairement plus de gouttes du côté du pare-brise que des autres côtés. Cette automobile est notre Voie Lactée et les gouttes sont les rayons cosmiques.
- S’appuyant sur des calculs très précis, M. Compton conclut que le mouvement de notre Voie Lactée à travers l’espace doit provoquer une variation diurne de l’intensité de la radiation cosmique. Le calcul attribue à cette variation avec l’heure sidérale, à une valeur d’un demi-millième de la radiation totale. Et c’est cette petite variation prouvant l’origine extra-galactique des rayons cosmiques, qui, en principe, a pu être expérimentalement constatée dans l’observatoire de M. Hess ! Selon ces observations le maximum de cette variation se produirait vers 20 h de temps sidéral. La faible valeur de la variation galactique se trouve à la limite de ce qui est observable ; on conçoit donc combien est difficile sa détermination précise.
- Un des collaborateurs du professeur Hess, M. W. Illing, vient de dépouiller des séries d’observations relatives à cet « effet de temps sidéral » (« Sternzeiteffekt ») ; elles se répartissent à trois ans ; M. Illing a pu confirmer, en principe, la réalité de l’effet. Mais la réduction de ces observations à la même température extérieure exige une correction des courbes obtenues; celle-ci ne pourra être apportée qu’après des études approfondies de l’effet de
- Hafelekar
- 2300 m.
- Ionisation
- 600 m.
- 1720
- Nombre de coïncidences du tube compteur ( rayons verticaux)
- Hafelekar
- 74 16 18 20 22 2ï 26 28 30
- Juin - 1936
- Fig. 5. — Ces trois courbes montrent les variations de l’intensité de la radiation cosmique sur la montagne et dans la vallée.
- La courbe du haut provient des enregistrements d’une chambre d’ionisation installée à l’observatoire de Hafelekar (2300 m). La courbe du milieu a été enregistrée par un appareil analogue à Innsbruck môme (560 m), au laboratoire de l’Université. La courbe inférieure donne les enregistrements d’un tube-compteur, appareil tout différent de la chambre d'ionisation. On voit l’excellent accord des résultats des trois enregistrements.
- température, qui ne sont pas encore complètement achevées.
- A ce moment seulement, il sera possible d’obtenir des courbes bien définies des variations des rayons cosmiques en fonction de l’heure sidérale, et l’on pourra décider définitivement si les rayons cosmiques sont d’origine galactique ou extragalactique. Si les rayons cosmiques provenaient vraiment de régions extérieures à notre système de Voie Lactée, ils seraient bien plus puissants que nos rayons lumineux, car ils proviendraient de régions dont nous ne recevons même plus de lumière ! On conçoit toute l’importance astrophysique que présente la solution de ce problème sur laquelle M. Hess et ses collaborateurs concentrent aujourd’hui tous leurs efforts.
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- Signalons encore qu’on attribue une grande influence biologique au rayonnement cosmique, eu égard à l’im-
- Fig. 6. — Cette courbe montre qu’à midi, au moment où le Soleil est culminant, l'intensité de la radiation cosmique atteint son maximum.
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- = 546 ------~ 1 ....—...
- mense énergie de cette radiation, à la permanence de son effet sur le corps et à l’impossibilité pratique de s’y soustraire. Selon quelques biologistes ce serait l’influence des rayons cosmiques sur le plasma germinatif qui provoquerait les mutations par saccades qu’on croit devoir admettre dans l’évolution organique. « Peut-être sont-ce les rayons cosmiques — écrit M. Jeans — qui ont transformé les singes en hommes ».
- Ces conclusions paraissent encore fort prématurées et les biologistes MM. Joly et Dixon, Orton et Burfîeld n’ont fait jusqu’ici que les premiers pas dans le domaine de cette nouvelle « cosmo-biologie ». Néanmoins nous espérons avoir fait comprendre l’immense envergure qu’ont prise les recherches sur les rayons cosmiques, auxquelles M. Hess a ouvert la voie.
- Alfred Stern.
- LES TREUILS ET MOTEURS A AIR COMPRIMÉ
- L’exploitation des mines nécessite fréquemment l’emploi de treuils et appareils de levage de faible puissance à commande mécanique pour l’exécution de certains travaux d’intérieur tels que la traction des wagonnets et berlines, la manutention des bois de soutènement ou des pièces lourdes, le tirage ou le ripage des voies, le raclage des produits, etc...
- Pour ces travaux, en général temporaires ou discontinus, on demande des engins faciles à déplacer et ne viciant pas l’atmosphère confinée des galeries. Les treuils à commande électrique conviennent à ces usages, mais il arrive souvent qu’on ne puisse les utiliser, soit parce qu’on ne dispose pas d’une source d’énergie proche, soit encore parce que les circonstances locales s’y opposent : mines grisouteuses ou poussiéreuses, travaux dans l’eau, etc... On a donc créé pour ces cas des treuils pouvant utiliser la forme d’énergie que l’on trouve aujourd’hui le plus couramment dans toutes les exploitations minières, c’est-à-dire l’air comprimé. D’autre part, et pour les mêmes raisons, on a été amené à construire des moteurs à air comprimé pouvant actionner diverses machines-outils (telles que scies, meules, perceuses) ou des pompes.
- Il existe divers systèmes de treuils et moteurs à air comprimé mais nous nous contenterons de décrire succinctement un des plus employés, l’appareil Lac et Espinasse qui est en service dans un grand nombre de mines françaises.
- Fig. 1. — Treuil à air comprimé « Pygmée ». Système Lac et Espinasse. (Hauts Fourneaux et Forges du Saut-du-Tarn.)
- Ces treuils représentés par les figures 1 et 2 (1) comprennent essentiellement :
- 1° Un bâti robuste qui renferme l’ensemble du mécanisme.
- 2° L’appareil moteur comportant un groupe de 4 cylindres avec dispositif de commande et de distribution.
- 3° Le tambour de treuil avec ses engrenages.
- 4° Un dispositif de débrayage-frein.
- Le bâti, particulièrement robuste, en raison du service pénible demandé à l’appareil, permet de fixer le treuil, dans n’importe quelle position, aussi bien sur un socle que sur un châssis, un wagonnet ou une colonne. Une seule condition est requise pour le bon fonctionnement : il faut que l’axe du tambour soit horizontal.
- L’appareil moteur comprend un groupe de 4 cylindres disposés en croix. Leur alésage est de 130 mm et la course des pistons est de 60 mm. La vitesse normale est de 570 tours-mn pour une pression d’air de 6 legs par centimètre carré. L’admission d’air est commandée par une seule manette qui assure toutes les manœuvres. La position d’ouverture de l’admission correspond à la mise en marche du treuil. Quand cette manette agit au contraire
- 1. Les photographies publiées sont dues à l'obligeance de la Société des Hauts Fourneaux et Forges du Saut-du-Tarn.
- Fig. 2. — Coupe du treuil à air comprimé Pygmée.
- ",Alvéole de fixation du cable
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- sur la soupape d’échappement, on freine à la descente de la charge.
- La distribution comprend un boisseau et un tiroir plat découvrant des lumières.
- Du côté opposé au tiroir, l’arbre moteur porte un pignon de commande de 9 dents qui attaque un train planétaire formé de deux pignons satellites de 21 et 11 dents clavetés sur le tambour du treuil et évoluant dans une couronne dentée immobilisée sur le bâti par un frein spécial.
- Un dispositif de débrayage permet de libérer le tambour, soit pour dérouler le câble à la main, soit pour descendre de faibles charges. Ce débrayage s’obtient en libérant par une manette appropriée la couronne dentée qui enveloppe le train planétaire et qui est normalement immobilisée par un frein à friction conique.
- L’appareil est en outre muni d’un frein automatique formé d’un by-pass qui met en communication directe la boîte d’admission et la conduite d’air comprimé. Ce by-pass est facilement réglable suivant la charge.
- Le graissage de l’ensemble est assuré par un seul graisseur à débit visible, placé sur la boîte d’admission d’air et pouvant être regarni en marche.
- Le treuil peut tourner dans les deux sens. Il est toujours livré pour tourner à droite par rapport à un observateur placé du côté de la manette de commande, mais il est facile de modifier la distribution pour obtenir la rotation à gauche quand cela est nécessaire.
- Le poids total de l’appareil nu est de 160 kg. Sa capacité d’enroulement est de 300 rn en câble de 8 mm ou 175 m en câble de 10 mm. La puissance développée atteint 8 ch 8 au début de l’enroulement et 5 ch 5 à la fin.
- Les moteurs à air comprimé représentés par la figure 3 dérivent des mêmes principes, mais ils ne comportent pas de tambour de treuil ni de train planétaire, la poulie
- Nous avons précédemment signalé à nos lecteurs le rapide développement, dans Paris, d’un système de chauffage déjà répandu à l’étranger, mais encore inexistant en France : c’est le chauffage urbain, extension du classique « chauffage central », qui permet aux habitants de toute une ville d’acheter la chaleur « au compteur » comme le gaz ou l’électricité.
- Rappelons comment est constitué un tel réseau de chauffage. A la centrale sont installées des chaudières à circulation et à grande capacité de surcharge, capables d’augmenter leur débit de 30 pour 100 en quelques minutes. Alimentées automatiquement par des grilles mécaniques, ces chaudières sont commandées par une régulation semi-automatique, le surveillant de service pouvant intervenir à chaque instant pour la régulation de la température du fluide au départ.
- Cette température ne doit pas rester rigoureusement constante, elle doit croître légèrement avec le débit, de façon à maintenir à peu près invariable la température des points les plus éloignés du réseau. A cet effet, des
- Pi y. H. — Moteur à air comprimé Pygmée.
- d’entraînement étant elavetée directement sur l’arbre moteur. Le poids net, sans la poulie, est de 120 kg et la force développée est de 7 » h 4.
- Ces appareils se caractérisent avant tout par leur robustesse et leur simplicité. Ils répondent parfaitement au but qui les a fait créer et assurent avec toute la sécurité et la souplesse désirables de nombreux travaux dans les mines. Loin de vicier l’atmosphère, comme le feraient des moteurs à combustion interne, ils contribuent à l’améliorer grandement et il y a bien des cas où ceci n’est pas sans importance.
- A. F. Pellat.
- URBAIN ?
- sondes thermo-électriques sont placées, en ces points, dans les conduites et reliées à des cadrans placés sur le tableau du surveillant. C’est l’équivalent de Vhypercom-poundage des génératrices de réseau électrique.
- Le fluide urbain peut être de la vapeur, de l’eau chaude ou même de l’eau à plus de 100°, grâce à la pression maintenue dans les conduites. Placées en caniveaux sous les trottoirs, fortement calorifugées, ces conduites ont un rendement thermique excellent, pouvant atteindre 98 pour 100 pour les grosses canalisations. L’eau pure, et encore chaude, de « retour » est généralement ramenée à la centrale, du moins en Europe.
- Les abonnés n’utilisent pas directement le fluide urbain. Ils recourent à un détendeur, si ce fluide et le fluide d’immeuble (circulant dans les radiateurs) sont tous deux de la vapeur ; dans les autres cas, on a recours à un échangeur de température. Les postes d’arrivée, logés en cave, sont peu encombrants ; un compteur d’eau condensée, gradué directement en calories, permet une tarification équitable.
- OU EN EST A PARIS LE CHAUFFAGE
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- Fig. 1. — L’état actuel du réseau de chauffage urbain de Paris.
- Nous devons à l’obligeance de la C. P. C. U. (x) de pouvoir publier le plan ci-contre qui montre l’extension présentement atteinte parle réseau de la capitale. Alimenté par la centrale de la Râpée, installée dans l’ancienne usine du Métro, le tronc (principal actuel passe à l’Hôtel de Ville, suit l’avenue Victoria, la rue de Rivoli, longe le Palais-Royal et dessert le Conseil d’Etat et la Bibliothèque Nationale.
- Un embranchement déjà fort avancé se dirige vers la Bourse et l’Opéra tandis que d’autres, également en construction, franchissent les ponts, desservent la rive gauche et englobent le quartier latin; ils se raccordent à la centrale par le pont d’Austerlitz, permettant de réaliser des « bouclages » analogues à ceux des réseaux d’électricité. D’autres extensions sont prévues vers le Val-de-Grâce et le sud.
- Des centrales nouvelles et très importantes seront installées à Ivry. Il est du reste à prévoir que des accords interviendront avec les Compagnies d’EIectricité pour la fourniture de vapeur aux «heures creuses », car les « pointes » des deux productions : chaleur, électricité sont en partie complémentaires, ce qui conduit à une exploitation globale économique.
- Le réseau de Paris fournit du reste à des besoins variés, tels que le préchaufïage à l’arrêt des voitures du P. !.. M., des chauffages d’usine, de piscines, etc.
- Pierre Devaux.
- 1. Compagnie parisienne de chauffage urbain.
- = UN TOMBEAU ROYAL DE L’AGE DU FER =
- Souvent ce n’est pas en opérant des fouilles méthodiques que l’archéologue trouve la belle pièce; elle se présente parfois au cours d’un creusement de canalisation, percement d’un puits, établissement d’une voie ferrée, ou fondations de maison comme le fait se produisit en 1934 au village de Vers situé à proximité du célèbre Pont du Gard.
- Une masure vieille de plusieurs siècles tombait en ruines. La municipalité, pour dégager la tour du clocher de l’église édifiée au xne siècle, décida sa démolition. Quelle ne fut pas la surprise des ouvriers lorsqu’en contfe-bas d’un mur très épais, vestige probable des anciens remparts, au-dessous de la cave voûtée, leurs pioches crevèrent un plafond cintré qui résonna.
- En jetant un regard étonné par le trou béant, ils virent avec surprise les ossements parfaitement conservés de deux squelettes entiers, reposant côte à côte et allongés. Lajdécouverte eût été banale si l’un des deux personnages n’avait pas eu la tête ceinte d’une remarquable couronne de fer.
- Croyant être en présence d’un trésor de haute valeur, les ouvriers et la population accourus en foule se ruèrent aussitôt sur les ossements et s’arrachèrent la couronne qui, intacte depuis des siècles, fut en quelques minutes
- réduite en menus morceaux, chacun emportant le peu qu’il put.
- Averti par le maire, M. l’abbé Bayol, le distingué archéologue de la région de Collias (voir La Nature, 15 novembre 1930, p. 437) arriva en hâte sur les lieux et après de patientes recherches dans la population put obtenir des quelques personnes les plus désintéressées des fragments suffisants pour en faire une étude complète qui vient seulement d’être terminée.
- La couronne était en fer forgé, d’un travail soigné et mesurait 57 cm. de tour, grosseur moyenne d’une tête masculine; d’une calotte assez élevée, elle était décorée d’enroulements en fer étiré et rond épais de 5 mm. Ces volutes gracieuses, formant autour du bandeau une véritable frise fleuronnée, étaient reliées entre elles par des nœuds plats avec une double feuillure au haut et au bas.
- Sous ces nœuds et autour de l’admirable œuvre d’art mutilée on distinguait encore des cabochons en fer rangés trois par trois.
- A quelle époque remontait cet artistique travail et quel était ce personnage couronné? Dans l’espoir d’élucider le problème, M. Bayol entreprit de fouiller la tombe saccagée. Au fond de la chambre maçonnée et voûtée, il recueillit l’extrémité pointue d’une arme, un fragment
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- Fig. 1. — Débris de la tombe royale de Vers : mâchoires inférieures du roi el de la reine, fleurons cl débris de couronne, fragment de cuirasse el de lance (?). (Ph. Bayol.)
- de cuirasse et une quantité de menus débris en fer oxydé, qu’il joignit aux deux mâchoires inférieures cédées à grand’peine par deux habitants de Vers (fig. 1).
- Un peu au-dessous, il déterra des éléments gallo-romains comprenant des tessons de poteries rouges, noires et grises, des anses d’amphores, des morceaux d’une fine verrerie irisée.
- A 50 cm au-dessous un habitat préhistorique assez considérable livra des racloirs, des grattoirs dont l’un était caréné, des coiiteaux en silex, une mâchoire supérieure de cerf, deux molaires de cheval, des ossements d’oiseaux et des débris nombreux de grosse poterie. A une plus grande profondeur, mais engagés sous les fondations de l’église, il décela des coffres en pierres frustes qui pourraient renfermer de très anciennes sépultures.
- Cette station d’hommes primitifs, établie sur ce mamelon, à quelques mètres des sources abondantes qui coulent encore au niveau inférieur, était un lieu agréable que les âges suivants recherchèrent.
- Comme ce tombeau se trouve inclus entre un niveau préhistorique et un niveau gallo-romain, et que les objets trouvés par M. Bayol sont en fer forgé, il semble tout indiqué d’attribuer à la fin de l’époque hallstattienne, la fabrication de la couronne.
- Les deux mâchoires sont celles d’un homme et d’une femme d’un âge avancé. Les dents de sagesse et prémolaires tombées pendant la vie ont leurs cavités bouchées par ossification opérée bien avant la mort. Le cas est fréquent dans nos campagnes. J’ai connu une vieille femme complètement dépourvue de dents qui
- cassait facilement des noix avec ses mâchoires édentées.
- Nous sommes donc en présence d’une sépulture royale de l’âge du fer : le vieux roi couronné enseveli avec son armure et ses armes à côté de la reine qui était peut-être ornée de ses bijoux maintenant cachés dans le fond de quelque poussiéreux bahut, voués comme tant d’objets gardés par les paysans à n’être jamais connus.
- Abbé André Glory,
- Membre de la Société préhistorique française.
- LA CONCENTRATION DES MINERAIS PAR FLOTTATION
- Les minéraux qui renferment les métaux usuels ne remplissent généralement pas les conditions optima pour les opérations métallurgiques destinées à mettre en liberté le métal qu’ils contiennent. Tantôt la teneur en métal est trop faible, tantôt la gangue dans laquelle le minerai est enrobé rend le traitement chimique plus difficile, tantôt les inertes et stériles, dans le cas du charbon par exemple, sont trop importants. Aussi de plus en plus la tendance s’introduit-elle d’enrichir, de concentrer, parfois même, lorsque cela est possible, de séparer en leurs constituants, les minerais naturels extraits du sol. L’importance des tonnages traités et les problèmes qu’il a fallu résoudre confèrent un intérêt tout particulier à l’étude générale des moyens mis en œuvre. On peut les diviser en deux classes; dans la première on ne fait intervenir que la gravité pour amener la séparation du minerai utile d’avec
- les stériles, dans l’autre entrent en jeü des phénomènes chimico-physiques dont le mécanisme est encore mal connu. Tous ces procédés ont, à tort d’ailleurs, été classés sous le terme générique de flottation.
- LA SÉPARATION PAR GRAVITÉ LE PROCÉDÉ CHANCE POUR LE TRAITEMENT DES CHARBONS
- Les méthodes de flottation purement physiques n’ont guère été appliquées que dans le cas du charbon, afin de le séparer des stériles ou de l’enrichir lui-même pour arriver à obtenir le charbon pur (1). Nous décrirons à titre d’exemple le procédé Chance par lequel plus de 40 millions de tonnes de charbon sont annuellement traitées,
- 1. Voir La Nature, n° 2999.
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- = 550 = .......
- en particulier en Amérique et en Angleterre. Le principe consiste à séparer de la matière la plus légère, le charbon, de la matière la plus dense, le refus, par la mise en suspension dans un milieu liquide dont la densité peut être réglée à volonté.
- Chance utilise à cet effet un mélange d’eau et de sable, dont le mode d’action est le suivant. Considérons (fig. 1) un vase cylindrique rempli d’eau et muni d’un double fond. Dans la chambre inférieure ainsi formée arrive un courant d’eau réglé par un robinet A. Le fond supérieur est percé de nombreux trous distribuant l’eau régulièrement sur toute la section du vase qui se trouve rempli de sable propre jusqu’à un niveau V. En ouvrant A, le sable est mis en suspension par l’eau et constituera avec elle un milieu dense dont le niveau s’établit en W; au-dessus se trouvera de l’eau claire.
- Lin morceau de charbon introduit dans le récipient coulera rapidement dans l’eau claire jusqu’à ce qu’il atteigne la masse d’eau et de sable où il flottera. Une pierre ou un schiste coulera directement à travers toute la masse liquide et viendra se déposer sur le fond perforé.
- La densité du milieu dense peut être facilement changée par réglage de l’agitation du sable en agissant sur l’ouverture du robinet A. Pour réduire la densité, on augmente le débit d’eau et le niveau du mélange sable-eau atteint le niveau X. On constate alors que le morceau de charbon flotte plus lourdement dans le milieu dense et peut même couler si l’agitation du sable est trop grande. Inversement, si le débit d’eau est diminué, le niveau du milieu dense descend par exemple à la position Y, le morceau de charbon flotte mieux ; le volume immergé dans l’eau claire est plus important.
- Si on ramène alors le niveau du milieu dense à la position W et qu’on ajoute du sable pour porter le niveau du mélange en Z, on remarque que le charbon flotte dans les mêmes conditions qu’avant l’addition de sable, c’est-à-dire que la densité du milieu dense n’a pas changé, seule sa surface de séparation d’avec l’eau s’est trouvée remontée.
- On déduit de ces expériences que la densité du milieu dense dépend uniquement de l’agitation créée par l’injection d’eau et est indépendante de la quantité de sable en opération. Par suite, dans des limites données, la densité peut être réglée facilement et rapidement. De plus on constate que le sable additionnel tombe rapidement à travers l’eau claire, ce qui prouve que la vitesse de l’eau est plus faible que la vitesse de descente du sable dans l’eau et que par suite on peut traiter des charbons de petites dimensions. En pratique, la limite est déterminée
- par le point pour lequel le sable et le charbon peuvent être effectivement séparés par criblage humide.
- La figure 2 représente schématiquement un laveur à charbon établi suivant le procédé Chance. Les refus tombent dans une chambre de refus fermée par deux vannes mues par des cylindres à air comprimé et sont évacués de la façon suivante : la chambre de refus étant supposée pleine d’eau, la vanne supérieure est ouverte, les refus et une certaine quantité de sable y pénètrent. On referme la vanne et on ouvre la vanne inférieure : le contenu de la chambre tombe sur une table à secousses ; le sable et l’eau traversant la grille sont envoyés dans le bassin de décantation, et les refus sont évacués par une goulotte. On referme la vanne inférieure et un robinet d’eau est ouvert pour remplir la chambre à ce niveau. Lorsqu’elle est pleine l’arrivée d’eau est coupée automatiquement. Un agitateur mécanique améliore le fonctionnement du laveur; il empêche le sable de se déposer sur les parois, aide à l’acheminement du charbon depuis le point d’arrivée jusqu’à la sortie et rend plus intime le mélange d’eau et de sable.
- Pour donner un aperçu de l’efficacité du procédé, nous disons qu’un charbon du South Yorkshire contenant 16,4 pour 100 de cendres peut être séparé en un charbon lavé ne donnant plus que 2,88 pour 100 de cendres, et des refus à 67,52 pour 100 de cendres.
- Dans la préparation du charbon pur, après concassage à une dimension de grains de 0,5 à 5 mm, défusinage et déschlammage, les grenailles subissent un traitement dont le principe est le même : mise en suspension dans un milieu liquide de densité convenable, mais on emploie aloi's des solutions de chlorure de calcium de densités croissantes qui les imprègnent en remplaçant les solutions d’imprégnation antérieure et de concentration plus faible. Il en résulte que les grenailles arrivent dans le séparateur sans modifier la concentration de la solution qu’il contient. La séparation s’effectue d’elle-même, les charbons purs sont recueillis à la partie supérieure, les résidus sont évacués par la base. Ils repassent alors dans les solutions intermédiaires qui ont baigné le charbon à traiter, mais dans l’ordre décroissant des densités, de façon à les renforcer et à les ramener en fin de cycle à leur concentration initiale. Elles peuvent donc circuler en circuit fermé.
- LES MÉTHODES DE FLOTTATION PHYSICO-CHIMIQUES
- Les méthodes de flottation physico-chimiques reposent sur des phénomènes entièrement différents, et non seule-
- Fig. 1. — Principe du procédé Chance. Purification du charbon par flottation dans un courant d’eau et de sable.
- Niveau "Z"
- 1 Niveau Y' I
- Niveau “V'
- Robinet "A" presque fermé
- Robinet "A" partielle --ment ouvert .
- Robinet “A"partielle- Robinet "A" ouvert -ment ouvert
- Robinet “A" fermé
- en grand
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- ment s’appliquent à un grand nombre de minerais, mais encore permettent, dans un minerai complexe, d’extraire successivement ses différents constituants. Bien que leurs applications soient extrêmement importantes industriellement, puisqu’on évalue à plus de 100 millions de tonnes l’ensemble des divers minerais traités annuellement, la pratique dépasse encore actuellement la connaissance scientifique et, comme nous le verrons, leur mécanisme ultime n’est pas encore connu avec certitude. Nous allons cependant essayer d’en exposer les grandes lignes.
- On a constaté depuis longtemps que certaines matières pulvérisées, dont la densité est supérieure à celle de l’eau, flottent cependant à sa surface lorsqu’on en saupoudre celle-ci. L’or, le tungstène, le molybdène, le silicium, le soufre, le talc, le charbon, le graphite, la galène, la blende zincifère, les pyrites etc... possèdent cette propriété. Même des substances solubles dans l’eau peuvent y flotter avec persistance comme l’acide borique; le soufre flotte sur une solution bouillante de sulfite de soude dans laquelle il se dissout finalement en donnant des polysulfures.
- Au contraire, d’autres substances sont incapables de flotter sur l’eau et coulent immédiatement : le verre pulvérisé, le sable quartzeux propre, le feldspath en particulier. Cependant si on recouvre les particules d’une pellicule de graisse ou d’huile on peut arriver à les faire flotter. Le même traitement améliore encore la flottabilité des corps qui flottent naturellement.
- Ajoutons que pour faire flotter sur l’eau des corps denses et de dimensions appréciables (aiguille d’acier, diamant, etc.), il faut que la surface de l’eau soit rigoureusement propre (l’eau du robinet ne peut convenir). Toute substance qui contamine cette surface et abaisse sa tension superficielle détermine l’enfoncement du corps. Par exemple un petit diamant propre flotte sur l’eau pure et coule immédiatement si on touche la surface avec une pointe d’aiguille que l’on a trempée dans l’acide oléique, l’alcool amylique ou plus simplement une solution de savon.
- C’est sur ces propriétés que reposent les procédés de concentration des minerais par flottation. Si on prend une blende ou une galène naturelle, finement broyée, ces sulfures flotteront à la surface de l’eau tandis que la gangue coulera au fond du récipient. Mais sous cette forme simple, le procédé serait inemployable pratiquement car la surface d’eau nécessaire est énorme (environ 50 m2 par tonne de galène) et d’autre part, quand'les minerais sont sous forme de boues, la précipitation des inertes est très longue et ils entraînent avec eux une partie du minerai lui-même.
- Pour diminuer la surface horizontale de l’eau tout en conservant sa surface totale de contact avec l’air, il suffit de former une mousse ou une écume abondante. On peut très simplement, en opérant dans une bouteille par exemple, reproduire les phénomènes qui se produisent dans la flottation et même déterminer les conditions pratiques à réaliser.
- On constate tout d’abord que, quelque violente que soit l’agitation de l’eau dans la bouteille, l’écume formée est peu importante et ne persiste pas. Les bulles d’air formées montent rapidement à la surface, s’agglomèrent
- Table de dépoussiérage du charbon brut
- Table a secousse du charbon lavé
- Agitateur
- Chambre de refus ^
- Table a secousse des refus
- Bassin de décantation
- Pompe de
- circulât?
- d’eau
- Pompe
- à
- sable
- 00 Charbon 3oo Refus Sable =^= Eau
- Fig. 2. — Schéma d’une installation suivant le système Chance, pour le lavage du charbon.
- en gouttes plus grosses puis disparaissent. Or on a remarqué depuis longtemps que l’addition en quantités minimes de certaines substances confère à l’eau la propriété de mousser. Parmi ces corps on peut citer les savons, la saponine, l’alcool amylique, les huiles de térébenthine et d’eucalyptus, des composés aromatiques comme le camphre, des dérivés benzéniques tels que l’aniline, le phénol, le crésol, etc... Si donc on ajoute dans la bouteille quelques gouttes de ces réactifs moussants, du crésol par exemple, après agitation l’eau prend une apparence laiteuse due aux bulles très petites qui se sont formées et qui ne montent que lentement vers la surface.
- L’eau ayant acquis la propriété de mousser, ajoutons dans la bouteille une centaine de grammes d’un minerai broyé, de la galène ou de la blende quartzeuse par exemple. Après agitation on constate que la mousse est plus stable, renferme de nombreuses particules de blende et quelques-unes de quartz. Mais elle est encore peu persistante; les bulles superficielles Grèvent l’une après l’autre et les particules qu’elles portaient tombent au fond.
- Pour améliorer le résultat, il faut donc maintenant d’une part rendre l’écume très stable pour qu’elle fixe et retienne toute la blende et d’autre part empêcher le quartz d’être enrobé dans les bulles en même temps que le minerai.
- Or nous avons vu plus haut qu’une couche infinitésimale
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- de certains liquides, comme l’huilejde paraffine, recouvrant des particules solides leur permet de flotter plus facilement. On ajoutera donc dans la bouteille quelques centimètres cubes d’un réactif collecteur, comme l’huile de paraffine, et on obtiendra une mousse très stable ne laissant plus échapper les particules de blende. Remarquons d’ailleurs qu’en l’absence de cette dernière, l’addition d’huile de paraffine diminuerait au contraire la stabilité de la mousse, ce qui montre que le résultat obtenu est dû à l’action sur les particules solides seules. On dit alors qu’elles cidsorbent fortement le réactif collecteur.
- Pour diminuer la flottabilité de la gangue, du quartz, que l’on cherche à éliminer au maximum, on ajoute une petite quantité d’un réactif dépresseur, solution de silicate de soude ou d’acide sulfurique à 20 pour 100, dans le cas présent. En agitant encore et laissant reposer on constate que le problème posé est résolu : la mousse est abondante et persistante, renferme uniquement les particules de la blende, les grains de quartz tombent au fond de la bouteille, les particules plus fines formant temporairement une suspension laiteuse se précipitant peu à peu.
- En résumé, on voit que pour résoudre le problème de la flottation des minerais il faut faire intervenir trois séries principales de réactifs ayant des rôles bien définis :
- 1° Un réactif moussant qui favorise la production de petites bulles d’air dans le liquide;
- 2° Un réactif collecteur, stabilisant l’écume, dont le rôle est d’augmenter la flottabilité des particules minérales que l’on veut incorporer dans l’écume;
- 3° Un réactif dépresseur modifiant la flottabilité de la gangue et tendant à l’annuler.
- Ajoutons que très souvent un même produit peut satisfaire à deux de ces conditions. Par exemple, l’acide sulfurique empêche les particules de quartz de s’agglomérer à l’écume (les déflocule) tout en augmentant la flottabilité de la blende. Le silicate de soude déflocule un grand nombre de gangues et favorise le flottage de la chalcopyrite et des autres sulfures de cuivre. L’huile d’eucalyptus, l’acide oléique, la térébenthine activent la formation de la mousse et la stabilisent en même temps.
- Tous ces réactifs sont d’ailleurs utilisés à doses très faibles, de l’ordre de 1 à 4 ou 5 kg par tonne de minerai traité.
- Aux réactifs précédents, il faut encore dans la pratique ajouter des réactifs modificateurs du milieu liquide. En effet, celui-ci n’est pas de l’eau pure, les minerais eux-mêmes renfermant souvent des sels solubles qui viennent ajouter leur action à celle de ceux qui sont normalement présents dans les eaux ordinaires. Ces réactifs modifica-
- Fig. 3. — Bulle d’air dans l’eau au contact d’un minerai hydrophile. ; Fig. 4. — Bulle d’air dans l’eau au contact d’un minerai hydrophobe.
- _____ Eau
- —.... —."ii..
- ~7^
- F Air Air
- m//m///m//m wïïimmmw/
- Minerai Minerai
- teurs ont pour objet de précipiter ces sels (sels de cuivre accompagnant les minerais blende-galène, sels de fer, d’aluminium, etc...) et également d’amener le pH de l’eau à la valeur qui a été reconnue, par les essais, la plus favorable à la séparation du minerai et de sa gangue. On a constaté en effet que pour les sulfures en particulier, il existe un pli critique au-dessus duquel ils n’adhèrent plus aux bulles en présence du réactif collecteur. Les valeurs de ces pH sont nettement différentes suivant les minerais : galène 10,2, pyrite 10,5, chalcopyrite 11,5, hornite 13,8. On utilise, avec ces réactifs modificateurs, des solutions alcalines (chaux, carbonate de soude) ou acides (acide sulfurique) suivant les cas et le pH à réaliser.
- L’efficacité de la flottation est remarquable. C’est ainsi que, partant d’un minerai contenant seulement 0,5 pour 100 de cuivre sous la forme de sulfure, on obtient finalement un produit à 20 pour 100 de cuivre avec un rendement de 90 pour 100 du cuivre renfermé dans le minerai. On traite ainsi les minerais de carbone (charbon, graphite), de soufre, de cuivre natif, d’argent natif, d’or natif, les sulfures d’arsenic, d’antimoine, d’argent, de bismuth, de cobalt, de cuivre, d’étain, de fer, de molybdène, de mercure, de nickel, de plomb, de zinc.
- LA FLOTTATION DIFFÉRENTIELLE
- Nous avons considéré dans ce qui précède le problème de la flottation simple, dans laquelle il faut séparer un minerai de sa gangue. Le procédé s’applique également à la flottation différentielle qui a pour but de séparer plusieurs minéraux (généralement des sulfures) entre eux et d’avec leur gangue.
- On obtient ce résultat par l’emploi de réactifs dépres-seurs qui enlèvent la flottabilité de certains sulfures et de réactifs activants lesquels, au contraire, restituent la flottabilité à certains sulfures seulement ayant subi l’action des dépresseurs. Nous allons dire quelques mots de la flottation différentielle qui permet de traiter des minerais complexes. Nous prendrons comme exemple un minerai : galène, blende, pyrite, gangue.
- Le minerai broyé est mélangé avec 3 fois son volume d’eau dans laquelle on ajoute du carbonate de soude (réactif modificateur) de façon à obtenir un pH de 9. Ensuite on introduit quelques centimètres cubes d’un mélange de cyanure de soude et de sulfate de zinc (dépresseurs) qui rend la blende et la pyrite inflottables sans avoir d’action sur la galène. On agite le mélange total et on lui incorpore une goutte d’huile de pin (réactif moussant), puis quelques gouttes de xanthate de potasse (collecteur). On constate la formation d’une écume stable dont chaque bulle est entourée de grains de galène. On recueille celle-ci; elle a été complètement séparée du mélange.
- On ajoute alors quelques gouttes de sulfate de cuivre (activant) qui redonne à la blende la flottabilité que lui avait fait perdre le cyanure, puis de nouveau du xanthate de potasse (collecteur) : l’écume se forme à nouveau, de couleur brun rouge ou jaune : la blende est maintenant dans l’écume et peut être à son tour recueillie.
- Enfin ajoutons au restant du mélange de l’acide sulfurique (modificateur) jusqu’à ce que le pH ait la valeur 5,6 environ, puis du xanthate de potasse et de l’huile
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- de pin. Nouvelle formation d’écume après agitation, de couleur dorée due à la pyrite qui s’y trouve rassemblée. La gangue siliceuse reste finalement au fond de l’appareil.
- 553
- LE MÉCANISME DE LA FLOTTATION
- Nous allons maintenant dire quelques mots des réactifs fondamentaux dans le mécanisme de la flottation et essayer d’interpréter leur action. C’est là que commencent les difficultés, non encore résolues à l’heure actuelle; plusieurs théories sont en présence et la complexité des phénomènes qu’on est amené à incorporer rend les conclusions encore plus incertaines.
- Les réactifs moussants sont des corps dont la molécule est composée d’un hydrocarbure et d’un groupement oxhydryle (OH), carbonyle (CO), carhoxyle (COOH), amide (CONH), ou amine (NH2). Leur pouvoir moussant est d’autant, plus grand que la solubilité est moindre sans naturellement devenir nulle. C’est ainsi que le crésol (C6H4CH3OH) est supérieur au phénol (CfiH5OH) dont la solubilité est double. Dans la série forménique (acide formique HCOOH, acide acétique CH3COOH, acide propionique CH3CH2COOH etc...) les qualités moussantes augmentent jusqu’à l’acide caprique CH3(CH2)8 COOH; ensuite, les corps sont pratiquement insolubles. Certains groupements sont plus actifs que d’autres; N H2 par exemple est moins actif que OH, de sorte que l’aniline (C6H5NH2) est inférieure comme pouvoir moussant au phénol (CBH5OH).
- Les réactifs collecteurs sont tous des composés organiques contenant dans certains groupements du soufre, du phosphore ou de l’azote. Les plus employés sont les xanthates de potasse, dont la formule générale est :
- H étant un radical aliphatique CH3, C2H’, etc... et les « aérofloats » utilisés, grâce à leur action énergique, pour la flottation des minerais difficiles à traiter (carbonates de chaux, de magnésium, de fer, de manganèse, de plomb, etc...) et dont le plus important est l’acide dicrésyl-dithiophosphorique dont la formule est :
- (O —C6H4 —CH3)2 S — H
- C’est le mécanisme de l’action de ces réactifs qui commande tout le procédé, aussi allons-nous résumer les observations actuellement acquises à ce sujet.
- Le phénomène fondamental est F attachement des particules minérales aux bulles d’air produites dans la masse liquide, la légèreté de celles-ci les entraînant à la surface, comme un ballon s’élevant dans l’atmosphère, pour finalement les incorporer à la mousse (fig. 4).
- On constate, lorsque l’on forme des huiles d’air dans l’eau pure et qu’on les amène au contact d’un corps solide que deux cas peuvent se présenter :
- 1° La bulle n’adhère pas à la surface solide, reste
- Chaîne hydrocar-~~ bone
- Air
- Fig. 5. — Schéma d’une molécule d’acide oléique à la surface de l'eau.
- sphérique (fig. 3). On dit alors que le solide est hydrophile (ou mouillé).
- 2° La bulle adhère à la surface, en déplaçant par suite la pellicule d’eau au contact du solide et prend la forme représentée figure 4. On dit alors que le solide est hydrophobe (ou non mouillé). C’est le cas d’un certain nombre de minerais de soufre, du graphite, du talc, de la molybdénite, du réalgar, du corindon et, lorsque leur surface n’est pas oxydée, de la chalcopyrite et de la galène. Tous les autres minerais sont hydrophiles.
- Dans le premier cas, la bulle d’air se détache facilement du solide, c’est-à-dire que la flottation ne sera possible que si l’on introduit un réactif modifiant la nature de la surface de façon à la rendre hydrophobe.
- Dans le second cas, pour détacher la bulle, il faut effectuer un certain travail W qui donne une mesure de l’adhérence de la bulle au solide et par suite renseigne sur la flottabilité propre de celui-ci (’).
- POURQUOI UN MINÉRAL EST-IL MOUILLABLE OU NON ?
- L’hydrophobie est donc la propriété déterminante de la flottation. Quand elle est naturelle, quelle est son origine ? La question n’a pas encore été résolue. Il semble cependant que la nature physique de la structure supers fîcielîe intervienne d’une façon importante, puisque certains sulfures, comme ceux de plomb, d’antimoine,
- 1. On démontre que ce travail est égal, par unité de surface, à : W = S., (1 — cos 0)
- 0 étant l’angle de contact indiqué sur la figure 4, qui est lui-même égal
- S,,S.j, et Sti étant respectivement les tensions superficielles du solide sec, du liquide, et de la surface solide-liquide.
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- = 554 — -------------- =—r:;........................=
- de cuivre, de zinc, de fer, broyés ou polis sous l’eau, donnent des surfaces hydrophiles. Peut-être l’examen de la couche superficielle des minerais par la méthode de diffraction des électrons, qui a été appliquée avec succès dans l’étude de la couche de Beilby, pourrait-elle donner à ce sujet d’utiles indications, puisqu’elle a montré que dans certains cas, lorsqu’elle est polie, la surface des solides a les propriétés d’un liquide surfondu.
- L’adsorption de certains ions par les surfaces des minerais diminue l’hydrophobie. On a en particulier observé l’effet déprimant des ions cuivre (du sulfate de cuivre) sur un grand nombre de minerais et celui, dans l’ordre croissant, des ions magnésium, baryum, cobalt, cadmium, plomb et argent (des nitrates de ces métaux) sur la galène. Il s’agit certainement d’un phénomène d’adsorption sélective dont l’étude devrait être approfondie.
- Dans le cas des minerais hydrophiles, la flottation nécessite l’intervention d’un réactif collecteur capable d’enrober chaque particule solide d’une pellicule fortement adhérente tout en permettant à la bulle d’air de s’attacher à leur surface. Dans la pratique de la flottation différentielle cette pellicule hydrophobe doit se former sur le minerai particulier que l’on désire extraire et en même temps déprimer ceux que l’on veut éliminer dans l’opération.
- La connaissance du mécanisme de l’adhérence du collecteur permettrait de choisir et d’ajuster scientifiquement les réactifs au lieu d’en être réduit à l’empirisme actuel. Mais ici encore le problème est loin d’être résolu.
- Deux théories sont actuellement en présence : la théorie chimico-physique de l’adsorption et la théorie chimique faisant intervenir des réactions superficielles. Probablement,, suivant les cas, intervient l’une ou l’autre, ou les deux ensemble, et peut-être une troisième théorie électrique tenant compte des phénomènes d’électrisation et de charge par les ions. La question est encore pendante.
- La théorie chimico-physique s’appuie sur les résultats des recherches de Devaux, Langmuir, P. Woog et leurs élèves sur la constitution des lames minces d’huile à la surface de l’eau ou des métaux.
- Ces recherches ont montré que les molécules ne sont pas assimilables à des sphères régulières, mais constituent des édifices plus ou moins complexes comportant des irrégularités, des centres d’activité qui forcent les molécules à se placer, pour certaines conditions, dans des positions particulières, en un mot à s’orienter. La figure 5 montre schématiquement la représentation que l’on peut se faire d’une molécule d’acide oléique par exemple. Cette représentation n’a d’ailleurs aucune prétention à correspondre à la réalité et est même contredite par les résultats fournis par l’analyse aux rayons X, mais elle est commode dans le cas particulier. Le groupement carboxyle est certainement un centre d’activité et d’attraction pour l’eau comme le montre la solubilité dans l’eau de l’acide, rapprochée de l’insolubilité des carbones correspondants. Etendues sur l’eau, les molécules s’orientent perpendiculairement à la surface, de telle façon que les groupements actifs hydrophiles plongent dans l’eau, les groupements inactifs émergeant au-dessus de la surface à la façon de flotteurs (fig. 5).
- Il en est de même pour les pellicules entourant les bulles d’air dans la flottation, et ce seraient les groupements actifs ou polaires qui s’ancreraient alors sur la surface du minerai, attirés par le champ de force dû aux molécules superficielles de celui-ci.
- Dans la théorie chimique défendue depuis 1927 par Vivian, Gaudin, Rey et surtout Taggart, les agents collecteurs réagiraient à la façon classique avec les molécules superficielles du minerai en formant des sels métalliques insolubles. C’est ainsi par exemple que dans le cas de la galène qui après broyage dans l’eau ou exposition à l’air est recouverte d’une pellicule oxydée renfermant du sulfate de plomb, le xanthate de potassium réagirait pour donner du xanthate de plomb, moins soluble que le sulfate et qui formerait à la surface du minéral une pellicule orientée et hydrophobe.
- Il est à l’heure actuelle difficile de se décider pour l’une ou l’autre de ces théories.
- Le mécanisme de l’action des réactifs activants ou dépresseurs n’est pas mieux connu. Ces réactifs varient d’ailleurs suivant les minerais traités. Par exemple, dans la flottation de la blende, le sulfate de cuivre active le minerai qui est alors facilement flotté par l’éthylxanthate de potasse. Le sulfate de cuivre est l’activant le plus employé, mais on utilise également les sulfurants, particulièrement le sulfure de sodium.
- Parmi les dépresseurs, le cyanure de sodium a la propriété d’agir sur tous les sulfures sauf la galène, ce qui a permis de traiter des minerais mixtes plomb-zinc (galène-blende) difficilement utilisables auparavant. Citons encore le sulfite de soude et la chaux qui dépriment la pyrite, et le bichromate de potasse qui déprime la galène.
- APPLICATIONS DE LA FLOTTATION
- La flottation, primitivement appliquée à la concentration des minerais métalliques, a trouvé d’autres utilisations intéressantes et sans doute, au fur et à mesure que son étude se précisera, son champ d’activité s’étendra à de nombreuses industries. Parmi les nouvelles applications nous citerons l’enrichissement des roches calcaires à trop faible teneur en carbonate de chaux, pour donner des ciments Portland de qualité. Par flottation on peut arriver à enrichir ces minerais jusqu’à 75 pour 100 de carbonate de chaux. Les phosphates de Floride et du Tennessee qui sont renfermés dans une gangue silico-argileuse sont flottés à l’acide oléique et donnent des concentrés renfermant plus de 70 pour 100 de phosphate tricalcique. Dans l’industrie de la potasse, on sépare par flottation les deux éléments de la sylvinite, minerai des mines de potasse d’Alsace, le chlorure de potassium et le chlorure de sodium. Enfin dans l’industrie textile le même procédé permet de àégraisser les eaux de lavage des laines.
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- Ces quelques exemples montrent la variété des applications qu’il est dès maintenant possible d’entrevoir pour la flottation dans des domaines encore insoupçonnés.
- H. Vigneron.
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- UNE GIGANTESQUE CROISIÈRE SOUTERRAINE
- DE 5000 MÈTRES AU VIGAN
- PRÉPARATIFS ALARMANTS
- Animus meminisse horret (Virgile).
- Mon âme frémit à l’évocation de ces souvenirs.
- Il faut avoir exploré les Causses, pour être pénétré de leur âpreté. C’est un pays qui a toujours impressionné les géographes, pays où l’érosion a compartimenté, en canons étroits, des masses énormes de calcaires secondaires. Les eaux ont décapé l’enveloppe tendre du roc, sculptant dans les parties friables de magnésie, souvent teintées de rubans rouges, jaunes et orangés, dus aux oxydes de fer, les statues les plus fantastiques. Certains rochers ont nettement l’apparence d’animaux apocalyptiques, d’autres ressemblent à des vases, enfin des étendues de plusieurs hectares donnent l’illusion de forteresses féodales, garnies d’échauguettes, créneaux, tourelles et donjons.
- L’effet en est si saisissant que certains pâtres du Bas-Languedoc ont cru longtemps que sur le Causse Noir existait autrefois une grande ville, dont il ne resterait plus que des ruines colossales, et ils ont surnommé cette ville fantôme « Montpellier-le-Vieux ».
- C’est dans ce pays mystérieux que j’ai vécu, sous terre, pendant un jour et une nuit, une aventure à peine croyable. Le journal de bord de la Société de Spéléologie de France portait à la date du 4 septembre 1936 la simple mention : Exploration de VEvent de Rognés au Vigan. Un aven engouffre de l’eau et crée des abîmes; un évent en rejette de temps à autre. C’est la soupape de sûreté d’un immense réseau souterrain. Nos amis de la Société spéléo-logique suisse devaient nous fournir les renseignements préliminaires. Sous la direction de M. Vesinet, du Vigan (Gard), l’inventeur de l’évent, les Suisses avaient déjà tenté deux explorations en 1934 et 1935, mais ces tentatives échouèrent. M. Amoudruz, leur chef, en possédait un dossier complet (voir le plan d’ensemble, fig. 1).
- — Combien sommes-nous ?
- — Quatorze.
- — Combien d’heures de lumière avons-nous ?
- — Chaque homme a environ trente heures.
- — Et les bateaux ?
- — Il y a quatre bateaux pneumatiques, soufflets et pagaies.
- — Il faudra y ajouter des cordes et une échelle d’électron.
- — Y a-t-il des cheminées ?
- — Deux, qu’on monte en ramonage. Le reste est presque toujours horizontal.
- C’est le lit d’une immense rivière souterraine qui doit traverser la montagne.
- — Faut-il emporter beaucoup de vivres ?
- — Aliments pour quarante-huit heures, des vêtements chauds pour les haltes.
- — Quels sont les deux passages les plus difficiles ?
- — D’abord la Grande Diaclase et ensuite le ramonage dans les fissures. A certains endroits, en effet, le rocher est découpé en lames de rasoir. Les gants en cuir renforcé sont indispensables.
- — Avons-nous une pharmacie ?
- — Oui, avec des bandes.
- Ces quelques bribes de conversation étaient nécessaires
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- Fig. 1. — Plan d’ensemble de l’Event de Rognés relevé lors des campagnes de 1934-1935, 1936.
- pour prendre contact entre nous. Tout le Vigan au courant de l’affaire nous montrait du doigt dans les rues. Bref, il régnait une atmosphère de grande expédition.
- — A demain, messieurs, à huit heures, à notre camp que nous avons dressé devant le cirque ! prêts à partir, sac au dos.
- Le lendemain, un seul manquait, nous étions treize.
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- Fig. 2. — L’immense caverne s’ouvre par une minuscule fissure. (Photo Suisse.)
- LA GRANDE DIACLASE
- — Vous connaissez ma théorie des cirques, me demande de Joîy, le président de la Société spéléologique de France.
- — Mon Dieu, non ; quelle est-elle ?
- — Avez-vous remarqué les nombreuses cavités qui entament profondément la couronne des Causses. En les examinant de plus près, on saisit aussitôt le processus de formation. Une faille s’est produite à un endroit faible du calcaire. L’eau s’est engagée par ce passage tout trouvé ; elle a creusé un aven, un puits très large et profond. L’érosion a fait écrouler le devant et le reste forme alors un hémicycle, sorte de cheminée ouverte ; c’est le cirque.
- — Le Cirque de Gavarniè serait, alors, une formidable citerne écroulée ?
- — Oui. D’ailleurs, Martel avait déjà eu le même pressentiment.
- — C’est ici ; posez les sacs.
- Je cherche le méat de l’évent qui a certainement contribué à l’élargissement du cirque. On me montre un minuscule trou caché parmi les buissons (fig. 2). Un vent violent en sort; mon thermomètre marque 10°.
- Dans la souricière où, à grand’peine, je me suis coulé, je reçois à la tête les treize sacs qui roulent sur un éboulis en pente. M. Vesinet me dit alors : « J’ai trouvé de la poterie préhistorique, ici, dans le coin de cette cavité. Les primitifs se sont servis de l’évent comme glacière. »
- Une deuxième étroiture se présente agrémentée d’une petite verticale qui débouche dans une salle spacieuse couverte d’un épais plancher stalagmitique. Je me réjouis déjà d’avancer dans une large galerie, lorsqu’à 90 m une espèce de poupe de péniche haute de 2 m nous arrête. L’illusion est parfaite. C’est le bord convexe d’un gour géant qui emprisonne un lac de bas étiage qu’il cache entièrement. Deux bateaux sont gonflés; mais comme ils ne contiennent qu’un passager, une dizaine de voyages sont nécessaires pour transporter hommes et matériel.
- Le couloir s’abaisse rapidement et nous oblige à ramper sur des amoncellements d’argile molle. Pour éviter les manœuvres d’un deuxième lac, sur les rives duquel s’est échoué un radeau en planches jadis équilibré par des bidons d’essence, Vesinet nous dirige dans une étroite diaclase.
- Un ordre jaillit : « Faites la chaîne ».
- Dans une fissure exiguë de 8 m de haut, mais large de 30 cm à peine, la file s’étage en escalier. Les hommes agrippés aux saillies se passent, de main en main, les 13 sacs et la mallette de pharmacie. Les bateaux, trop lourds pour être soulevés à bout de bras, glissent par leur propre poids et tombent pesamment au fond de la faille.
- Au troisième lac, arqué en demi-lune, les premiers pionniers ont tendu dans sa longueur un fil de fer au-dessus de l’eau. Cette précaution permet au navigateur à genoux dans l’esquif, son sac posé devant lui, de filer très vite les 8 m. De Joly, boussole au poignet, contrôle le premier relevé des Suisses; il est exact.
- Nous nous rendons à la quatrième laisse. Celle-ci peut se franchir en suivant les bords. Chacun calcule ses enjambées; des îlots minuscules servent de points d’appui. Toute la caravane parvient sans encombre à l’autre rive.
- —.Dégonflons les mouettes, la série des premiers lacs est passée. Je profite de la courte halte, pour consigner sur mon carnet de route ces simples mots : dentelles de rochers.
- En effet, à cet endroit, la galerie s’infléchit à angle droit, et repart dans la direction sud-est. Lors des pluies de printemps ou d’automne, la trombe d’eau arrivant du sud, avec une violence inouïe, estimée par M. de Joly à une pression de 30 kg par cm2, heurte la paroi adverse en y projetant sables et cailloux. La pierre, au contact de cette puissante meule, est complètement usée. Le tourbillon, qui la
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- travaille, a découpé le sol et les parois en minces lamelles, leur donnant l’aspect d’une vieille peau de chamois rongée parles mites (fig. 5). Il arrivera, un jour, que les eaux, se frayant une issue vers le nord, délaisseront les labyrinthes d’où nous venons, et se jetteront directement dans l’Arre.
- — Montez sur les rebords supérieurs, lance la tête de file.
- Chaque explorateur progresse en opposition, pieds et
- mains alternant de côté et d’autre. Les multiples vasques rocheuses offrent des prises faciles. Le passage se resserre de plus en plus et aboutit à une étroite fissure. Un deuxième ordre immobilise la file : la chaîne. Faites passer les sacs ! Les bras tendus sur les têtes se balancent en cadence, prenant en hauteur les fardeaux qui arrivent de l’arrière. Les jointures des os craquent sous l’effort, la fatigue crispe les muscles, mais on ne peut rompre le convoi. Je goûte, placé dans les derniers, un curieux effet de perspective : aux treize lumignons espacés dans ce chenal exigu, s’ajoute la vision d’un vertigineux balancement d’ombres et de lumières, amplifiant les oscillations des 18 fardeaux qui courent dans la pénombre.
- — Courage, voici la salle de la Grande Colonne (fig. 6).
- En face de nous, une colonne de calcite blanche se
- perd dans une cheminée sans fond, alcôve latérale dominant la vaste salle, comblée en partie d’immenses blocs éboulés.
- Je repère une niche; une ombre m’a suivi.
- — C’est là que l’an dernier, j’ai découvert un nid de perles (fig. 7).
- J’y plonge la main. Une dizaine de perles, genre porcelaine, gisent dans une cuvette cristalline. A proximité, d’autres perles, collées ensemble et revêtues d’une chape stalagmitique, font crpire qu’un collier énorme a été abandonné là par un être titanesque. Je les adopte pour ma collection.
- Le groupe se lève, replace le sac au dos et reprend la route du sud. Les plus forts se chargent des bateaux maintenant repliés et chaque homme, pendant plus de 2 h, va lutter dans une faille haute de 30 m, et large de 2, avec les mille difficultés que comporte une randonnée souterraine. Je ne crois pas qu’il existe ailleurs une diaclase aussi pénible à traverser. Imaginez deux hauts, immeubles de huit étages dont les façades sans fenêtres seraient rapprochées presque à se toucher. Mais au lieu d’une ruelle étroite s’étend un chapelet de lacs profonds et glacés, se soudant, la plupart du temps en un canal continu plein d’une eau vert foncé tirant sur le noir. Je prends ma place dans la file aérienne. Inlassablement, un pied à gauche, une main à droite, un pied à droite, une main à gauche, les spéléologues suspendus dans le vide progressent en souplesse.
- A certains endroits, l’eau a entaillé, sur un côté seulement de longues terrasses horizontales, réplique en miniature des énormes balcons aériens des Eyzies-de-Taillac. L’écartement de trois mètres interdit la marche en équerre. Il faut s’engager à plat ventre entre deux strates calcaires. La corrosion est telle qu’elle coupe mes gants et écorche les coudes...
- Cette faille de 400 m de long exigea pour la franchir plus de deux heures d’efforts.
- Fig. 4. — Les canots en bois, difficilement transportables ont contribué à l'échec de la première exploration. (Photo Eq. Suisse.)
- LA SALLE DU BIVOUAC
- Heureusement que l’espoir de découvrir du grandiose soutient le groupe arrêté pour la sixième fois devant le
- Fig. 5. •— La pierre déchiquetée en dentelles par la puissance des eaux, se creuse en perfides bénitiers. (Photo Eq. Suisse.)
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- sixième lac, un long boyau d’eàu de 80 m, si étroit que la première partie peut se passer en ramonage. Pour le reste, les mouettes sont indispensables. Il en sera de même du septième, long de 35 m. Dans l’intervalle, une masse grise attire mon attention (vnj* f>o-
- — C’est l’épave de mon premier bateau, dit Vesinet, il m’a coûté plus de 1000 fr.
- L’eau l’avait déplacé de plusieurs centaines de mètres. Ses flotteurs, des bidons d’essence, étaient engagés dans des fentes rocheuses si exiguës que je ne pus les en tirer. La pression de l’eau doit atteindre ici plus de 30 atmosphères.
- Au 658e m, l’évent de Rognés qui se continue horizontalement par un alignement de laisses, surnommé « galerie des lacs » dont le dernier est emprisonné dans un siphon, est recoupé 12 m plus haut par une galerie sèche, lit fossile d’une deuxième rivière souterraine (fig. 9).
- La communication est assurée par une cheminée verticale très glissante, garnie d’une couche blanche stalagmi-tique, globuleuse et lisse.
- Fig. 6. — Cette longue coulée de calcite évoque les colonnes égyptiennes d’une salle hyposlyle.
- Avec beaucoup de peine, l’homme épuisé par des assauts réitérés contre la calcite polie, soufflant et s’exténuant, la montée est gravie. Une corde tenue par des aides à l’étage supérieur tire chacun des explorateurs qin so retrouvent dans une galerie sale remplie d’argile de décantation qui colle aux souliers.
- Partout une poudre noire assez épaisse, apportée par les circuits d’air qui avant de s’engager dans la cheminée déposent leurs poussières, couvre l’argile molle.
- J’ai hâte de m’éloigner de ce tourbier infect qui tache les doigts et les vêtements au moindre contact. La galerie s’élargit de plus en plus et se transforme insensiblement en tunnel; mais, chose curieuse, bien que sa largeur soit de 4 à 5 m, elle décrit une dizaine d’ondulations, se ménageant une chambre à chaque changement de direction.
- — Si dans la galerie inférieure, note l’un de nous, l’eau a suivi, en ligne droite, une faille longue de 600 m et plus, ici, dans la même roche, le torrent décrit une dizaine de sinusoïdes sur 800 m environ.
- — Vous connaissez, répliquai-je, l’expérience de Daubrée ? En tordant une lame de verre, un réseau de brisures naissent en tous sens, assez semblables à une série de polygones (fig. 10).
- — Ici, à Rognés, nous n’avons pas d’angles, mais des courbes.
- — Précisément c’est la raison profonde de cette théorie. L’eau, tendant à progresser en ligne droite, empruntera une série de décrochements à droite et à gauche dont la moyenne se résoudra, en fin de compte, par un sens rectiligne. L’érosion, à la longue, abat les angles et élargit les diaclases qui forment ensuite dans leur ensemble un ruban ondulé. La preuve de ce phénomène est ici visible par les salles que l’eau a ouvertes à chaque coude en travaillant la roche adverse qui s’opposait à la ligne de son courant.
- Des colonnes de cristal ornent ces chambres. Elles sont fort bien décorées. Toute une pièce montée offre l’aspect d’une tour de cathédrale miniature, surmontée d’une quantité de flèches brillantes.
- A 1300 m, un tremblement de terre ancien a détaché de la voûte d’énormes blocs que nous enjambons. Le fil d’Ariane indique les passages faciles. Encore quelques rares cannes stalagmitiques, puis, soudain, un réseau compliqué de gours veinent le sol en tous sens, assez semblables aux entrelacs des racines d’un arbre géant.
- Nous expliquerons la genèse de ces étranges coquilles de cristal dans un prochain article traitant des mystérieuses cristallisations des abîmes. Un fumet de bouillon embaumait l’air; mes collègues s’apprêtaient à souper.
- — Mais quelle heure est-il au juste ?
- — Huit heures du soir.
- Un sable fin qui me rappelait Juan-les-Pins crissait sous mes souliers. Nous étions dans la salle du Bivouac, où s’étaient terminées toutes les explorations précédentes.
- — Où nous dirigeons-nous, président ?
- — D’après ma carte, nous allons au sud-est. Nous sommes en plein sous les Causses; nous avons plus de 300 m de rochers sur nos têtes.
- Au delà de cette salle spacieuse, s’étendent un lac, un tunnel et du noir...
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- PLUS LOIN, VERS L’INCONNU...
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- Tout le groupe Suisse est unanime à croire que l’évent de Rognés doit déboucher dans une autre vallée, après avoir traversé le massif de la Tessonne de part en part. Ces messieurs nous communiquent leur lièvre; néanmoins nous laissons à la salle du Bivouac une partie du matériel le plus lourd.
- M. de Joly, qui prend la tête de l'expédition, nous entraîne maintenant vers l’inconnu. Un large lac s’enfonce vers le sud-est. Allait-on aboutir à une série de salles grandioses décorées de curiosités multiples comme nous en avions trouvé à Orgnac, lors de sa découverte ? {La Nature, 1er décembre 1935.)
- On peut le supposer, car la rivière souterraine que nous suivons a élargi de plus en plus la galerie ; peut-être a-t-elle ouvert plus loin d’immenses nefs comme on en trouve à Dargilan et à Padirac. La route est encombrée de blocs énormes recouverts d’un épais manteau d’argile. Ces monticules se succèdent à la façon des dunes. Pour les gravir il faut tailler des prises où s’accrocheront les mains et les pieds.
- La galerie soudain bifurque. Tandis que de Joly préfère suivre le courant d’air qui devient de plus en plus sensible, j’explore seul avec Vailhé et Gravey l’autre voie qui descend profondément sous terre.
- C’est un tunnel spacieux aboutissant à une verticale. En m’aidant d’une corde, je suis vite en bas. Pour ne pas être pris sous les énormes masses terreuses qui, déséquilibrées, s’abattent en avalanches autour de moi, je cours promptement m’abriter dans un canon où sourd une petite source limpide.
- Lorsque ce fdet d’eau s’enfle de l’eau des pluies et dilue cette argile de décantation, quel danger ce doit être pour l’explorateur inexpérimenté ! Car l’enlisement souterrain est un supplice terrible qui a accablé mon collègue spéléologue, de Lavaur, le 13 août 1933, lorsqu’il explorait l’Igue de Toulze. Encore inédit, c’est le seul cas qui ait été signalé en France. S’il n’avait été secouru par un aide dévoué, au moment où il glissait lentement dans le linceul gluant qui aurait mis des heures à l’envelopper, il était infailliblement perdu.
- Je n’ai pas à craindre dans l’évent de Rognés une pareille éventualité, mais je frémis cependant à la pensée du déplacement subit de ces milliers de mètres cubes d’argile. Prudemment je me faufde le long des parois et après un parcours de 150 m, je me trouve devant un siphon impénétrable. Je rejoins le groupe de M. de Joly, qui, à mon grand étonnement, stationne devant un immense lac.
- J’apprends que la mouette a été oubliée au lac précédent.
- Apportée par deux volontaires, de Joly s’embarque et disparaît dans l’obscurité. Gèze, chargé de relever le plan, le suit. Mais une fausse manœuvre retourne l’embarcation, et notre collègue tombe à la renverse dans le liquide à 10 ', s’immergeant complètement jusqu’au cou avec son sac et son appareil de photo.
- Je prends ensuite la mer... Ce lac est très vaste, ses berges invisibles se perdent dans le noir.
- Fig. 7. — Dans une alcôve latérale gisait un nid de perles. (Photo Eq. Suisse.)
- Me voici arrivé. Je me coule sur une rive sablonneuse; je suis seul. Je suis de Joly et Gèze au tracé de leurs pas dans l’argile molle. Le tunnel s’abaisse mais s’élargit. Qu’allons-nous trouver ? Je traverse un marécage, je foule un sol crevé de géodes et de marmites. Enfin j’entends des bruits de voix.
- — Vous revenez ?
- — Hélas, répond M. de Joly, on ne passe plus ! Un formidable effondrement de blocs barre la route. On pourrait se faufiler dans les interstices et se ménager un passage. Mais un examen attentif ne laisse aucun doute. Si l’un de ces cubes calcaires basculait, l’équilibre général se romprait, l’éboulement écraserait les explorateurs et viderait une poche géante de la montagne.
- — Mais, de l’autre côté, y a-t-il une issue ?
- —- Oui, car des sifflements d’air filtrent à travers les rochers.
- Cette déception corrobore notre expérience de spéléologue. Il y a 98 chances sur 100 pour que les galeries de caverne^ soient obstruées par effondrement de strates, éboulis.,V5eoulées stalagmitiques, argile de décantation
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- Fig. 8. •— Epave du premier bateau défoncé par les eaux.
- (Photo Eq. Suisse.)
- et siphon d’eau ou se terminent en puits, cheminées et fissures impénétrables.
- Fig. 9. — Splendide paysage souterrain dans la galerie des Lacs. (Photo Eq. Suisse.)
- L’exploration est donc virtuellement terminée. Au retour, M. de Joly reconnaît encore deux longues galeries parsemées de lacs, mais se terminant à une voûte mouillante. La peine endurée est d’ailleurs largement compensée par les résultats hydrologiques.
- CONCLUSIONS HYDROLOGIQUES
- 1° L’évent de Rognés nous apparaît, en effet, comme un immense réservoir temporane, de plusieurs millions de mètres cubes, qui, collectant toutes les eaux de ruissellement qui s’infiltrent dans le plateau supérieur des Campels, les emmagasine pendant plusieurs semaines dans la montagne, pour les restituer à petit débit à la vallée de l’Arre. Après de forts orages, des centaines de sources naissent subitement le long des rives de l’Arre et disparaissent quelque temps après.
- 2° Ce fait est corroboré par les explorations précédentes de M. de Joly aux évents de Bez et de Brun situés en amont de l’Arre, dans le même massif de la Tessonne, entre le village de Bez et celui de Molière. Si Rognés est grandiose, les évents de Bez et de Brun sont obstrués respectivement à 400 et 300 m de l’entrée. Ce dernier renferme une nappe d’eau longue de plus de 80 m. On raconte dans le pays que ces « trous » produisent après les pluies persistantes un fort « coup de canon ». Ce bruit
- Fig. 10. — Réseau de diaclases orthogonales obtenu expérimentalement en tordant une lame de verre. La ligne brisée noire indique le passage possible d’une rivière souterraine.
- qui est réel provient de l’amorçage des siphons. En effet, l’air comprimé sous une haute pression par l’arrivée des eaux mises en charge dans des hautes cheminées que nous avons rencontrées sür notre parcours se détend brusquement à la bouche en provoquant un éclat assez semblable à celui d’une détonation de mine. La hauteur des colonnes d’eau étant d’environ 200 à 300 m, épaisseur des couches de terre que nous avions sur nos têtes, la pression de l’eau sur les parois peut être évaluée en moyenne à 25 ou 30 kg.
- 3° Cette charge explique l’érosion intense que nous avons remarquée, ce découpage du calcaire en géodes, poches, marmites qui lui donne l’aspect d’une dentelle de pierre (fig. 5).
- 4° L’examen des sables qui bordent certains lacs, comme celui de la « chambre à coucher » ou de la « salle du bivouac », fortifie encore la conclusion précédente. Les quartz roulés, nommés « albarons » dans le pays, proviennent de la surface des Causses ; ils ont été entraînés des massifs de l’Aigoual-Saint-Guiral il y a quelques milliers d’années par les torrents tertiaires, bien avant que la vallée de l’Arre ne fût creusée.
- 5° De plus, on remarque au sommet du massif une gigantesque dépression caussenarde, comprise dans le triangle Les Campels, la Pilonerie et la Falguière. Où sont partis
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- Fig. 11. — Une partie de l’équipe prenant sous terre une heure de repos. (Photo Eq. Suisse.)
- Fig. 12.
- la terre et les graviers ? Ils ont été entraînés au cours des siècles par les eaux dans l’intérieur de la montagne. Ce sont eux qui ont formé ces monticules de sables et d’argile que nous avons escaladés; cette observation corrobore la théorie de la formation des cirques énoncée par Martel et de Joly.
- 6° Enfin, cette longue croisière souterraine, qui dura plus de 23 h consécutives, pendant lesquelles une heure de sommeil fut tolérée (fig. 11), contribua à enrichir mes observations sur la psychologie des spéléologues. L’accoutumance des yeux à la clarté vive et aux ombres grises varie d’une demi-seconde à vingt minutes selon l’éblouissement et la sensibilité des rétines. L’acuité visuelle à l’obscurité grandit pendant deux heures environ. A ce moment, d’après mon confrère M. Dapsence, qui l’a observé en salle de rayons X, d’après les indications du docteur Bergonié, le seuil de perception des détails d’un objet exige quelque chose comme deu cents fois moins de lumière qu’aux premiers instants.
- J’ai remarqué que l’ouïe et le tact suivent sensiblement la même progression. Les gouttes d’eau paraissent s’écraser sur le sol comme de lourdes masses liquides, les grains de sable broyés sous les souliers crissent très fort. A
- l’approche d’un rocher invisible dans la nuit, mais plus froid que l’air ambiant, je me suis jeté instinctivement en arrière, comme si j’étais doué d’un nouveau sens de perception à distance.
- Entraînement pour l’exploration d'une rivière souterraine. Campagne 1936.
- (Photo A. Glorv.)
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- Si la vie psychique et surtout la vie imaginative suivent la même courbe, on comprend que certaines natures délicates aient leurs fonctions psychologiques bouleversées. Une personne saine laissée seule par mégarde sans lumière fut retrouvée dans un état de convulsion, proche de la démence.
- Ces nouvelles données expliqueraient l’aspect de certains cadavres d’hommes ou d’animaux. Leur corps momifié avait conservé les attitudes angoissées de leur dernier spasme nerveux; ils étaient morts sous terre de faim et de folie.
- D’autres cas étranges, ainsi que l’explication de certaines énigmes de cristallisations souterraines, se trouvent exposés dans notre ouvrage : Au pays du grand silence noir. Nous avons apporté tous nos soins à le doter de plus de cinquante illustrations, photos, fusains, plans de cavernes groupés sur 16 planches hors texte.
- Puisse ce livre (x) démontrer que la spéléologie n’est pas seulement un sport captivant, mais qu’au sein de la terre se posent les problèmes les plus stupéfiants de préhistoire, de géologie, d’hydrologie, de pétrographie, de cristallographie, de botanique et de zoologie, problèmes que des savants français et étrangers étudient, sans toujours les pouvoir résoudre.
- Abbé André Glory.
- Membre de la Société spéléologique de France, Président de la Société spéléologique d’Alsace.
- 1. Au pays du grand silence noir. Préface de H. Breuil, professeur au Collège de France. 54 illustrations, dont 16 planches hors texte. Éditeurs : Alsatia, Paris, 18 l'r.
- LES PROGRES DES HAUT-PARLEURS A GRANDE PUISSANCE
- Au cours de ces dernières années, les procédés d’enregistrement sonore ont été sans cesse perfectionnés.
- Les appareils à haute fidélité assurent la reproduction d’une gamme de fréquences musicales qui s’étend depuis 40 ou 50 per/sec, jusqu’à 10 000, c’est-à-dire pratiquement sur toute la gamme musicale utile.
- Ces progrès n’ont pu être réalisés que moyennant l’étude minutieuse de chacun des organes et des intermédiaires qui interviennent dans l’enregistrement et là reproduction.
- LES ASSEMBLAGES DE HAUT-PARLEURS
- Parmi ces organes, le haut-parleur, ses caractéristiques, sa disposition dans la salle, ont une influence considérable sur la qualité de l’audition. Le haut-parleur doit être fidèle, dans toute l’étendue de la gamme des fréquences transmises et dans un très large domaine de puissance sonore ; il doit avoir un rendement aussi élevé que possible ; il doit, de plus, créer une impression de relief sonore grâce à laquelle l’audition prendra un caractère naturel.
- A cet effet, un a renoncé au haut-parleur unique ; cette
- solution ayant été reconnue impossible en pratique, on recourt aujourd’hui à un assemblage de plusieurs appareils, dont chacun joue un rôle précis, et qui sont généralement reliés à des circuits de sortie séparés de l’amplificateur de puissance.
- Ces assemblages de haut-parleurs, à caractéristiques différentes, ont fait l’objet d’intéressantes études, entreprises depuis quelques années aux Etats-Unis dans les laboratoires Bell; nous avons eu déjà l’occasion d’indiquer ici quelques-uns de ces essais exécutés sous la direction du maître Stokowsky.
- Au cours de ces essais méthodiques, on se rendit compte que la puissance modulée maximum nécessaire était de l’ordre de un watt acoustique pour 100 m2 d’auditeurs, puissance correspondant au volume maximum d’un orchestre au complet; la puissance électrique correspondante est de l’ordre de 4 à 20 w modulés, suivant les systèmes de haut-parleurs utilisés, et suivant les caractéristiques acoustiques de la salle.
- On reconnut également la nécessité d’utiliser dans les grandes salles deux ou trois groupes de haut-parleurs
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- comportant des éléments spéciaux pour notes graves (Woovers), et des éléments pour notes aiguës (Tweeters). L’augmentation du nombre des éléments de haut-parleurs et la multiplication des ensembles utilisés permettent, en principe, d’améliorer la qualité de la reproduction, mais les problèmes de couplage électrique et acoustique sont, en même temps, plus malaisés. En particulier, il faut éviter les interférences des ondes sonores provoquées par les dilîérences de phase entre les différents groupes.
- LES HAUT-PARLEURS A REPRODUCTION INTÉGRALE
- On emploie actuellement un ensemble de deux groupes de haut-parleurs seulement, l’un pour les fréquences graves, l’autre pour les fréquences moyennes ou aiguës; les appareils sont munis de pavillons multicellulaires. Un filtre permet la liaison de l’ensemble à l’amplificateur de sortie, en assurant le départ des fréquences musicales vers chaque élément de reproduction.
- Le premier groupe reproduit uniquement les notes graves depuis 30 per/sec, jusqu’à 300 ou 400, le deuxième les notes aiguës, depuis 300 ou 400 per/sec jusqu’à 10 000. L’emploi de pavillons multicellulaires permet d’émettre le son suivant un angle qui peut atteindre 110° horizontalement et 60° verticalement. Le domaine de puissance correspond à quelque soixante décibels, et la courbe de réponse présente une variation inférieure à plus ou moins 2 décibels de 40 à 8000 per/sec.
- LES ÉLÉMENTS POUR NOTES TRÈS GRAVES
- Il a fallu étudier spécialement les moteurs des éléments pour notes graves et pour notes aiguës.
- Le premier, du type électro-dynamique, est pourvu d’un diffuseur de 40 cm de diamètre, et d’une bobine mobile de 50 mm; sa membrane, en papier moulé, est imprégnée dans le vide ,d’un vernis anti-hygrométrique; elle est assez rigide pour ne pas subir de déformations provenant des contre-pressions acoustiques provoquées par le pavillon; sa forme exponentielle assure une distribution sonore uniforme dans un secteur de 110°. Les déplacements de la bobine mobile atteignent un centimètre, la puissance admise est de 10 w modulés.
- Ces éléments pour notes graves sont montés sur des pavillons augmentant le rendement acoustique, réduisant l’émission sonore en arrière et la résonance due à la réflexion sur le mur de la scène. Le modèle de pavillon est du type replié de 80 cm de profondeur, de 2 m de large, et de 1 m de haut. Les bords sont prolongés par une partie plate formant écran acoustique, et qui est destinée à maintenir un rendement appréciable au-dessous de 30 per/sec (fig. 1 et 2).
- Le nombre des éléments cellulaires varie suivant le volume même de la salle, et, à l’arrière du pavillon de surface variable, des ouvertures prévues reçoivent chacune un moteur de haut-parleur pour notes graves.
- LES ÉLÉMENTS POUR NOTES AIGUËS
- Le haut-parleur pour notes aiguës est également du type électrodynamique ; il est muni d’un petit diaphragme métallique formé d’une membrane en duralumin de
- Fig. 1.— Ensemble de haut-parleurs Lansing-Shearer.
- En bas, les éléments pour notes très graves; en haut, les éléments pour notes médium et aiguës.
- 5/100 de mm d’épaisseur, et de 42 cm2 de surface. La bobine mobile est en fil d’aluminium, et tout l’équipage a un poids inférieur à 1 gr !
- La membrane placée à l’arrière du moteur agit sur une chambre de compression distincte réunie à un distributeur annulaire de forme exponentielle relié à la sortie du haut-parleur, et qui est ainsi disposée à l’intérieur même du noyau de l’électro-aimant d’excitation. La très grande fréquence des oscillations de la membrane explique l’emploi de ce dispositif qui permet d’éviter les remous dans la chambre de compression ; mais une précision de montage rigoureuse, de l’ordre du 1/100 de mm, devient nécessaire pour le centrage du distributeur et du diaphragme (fig. 3).
- Si l’on reliait un tel élément à un pavillon exponentiel unique, on risquerait de concentrer l’énergie acoustique dans l’axe du pavillon, suivant un angle étroit de l’ordre de 10° environ. La reproduction varierait ainsi suivant la position de l’auditeur, et deviendrait trop aiguë ou trop grave suivant qu’on se rapprocherait ou qu’on s’éloignerait de l’axe du haut-parleur.
- Poui supprimer cet effet directif, on adopte un assemblage de petits pavillons exponentiels dont chacun a une ouverture de 20 X 20 cm, et qui sont assemblés côte à côte en formant un large pavillon dont l’ouverture constitue une portion de sphère (fig. 4).
- Fig. 2. —• Coupe du pavillon replié, pour notes graves.
- Moteur
- électromécanique
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- LES FILTRES DE FRÉQUENCE
- La liaison avec l’amplificateur est obtenue au moyen d’un filtre de fréquence, comportant deux bobinages et deux capacités; le système assure la diffusion des oscillations musicales de différentes
- fréquences entre les deux Fig. 3. — Coupe du moteur électro- , , ,
- dgnamique du haut-parleur Lan- groupes de haut-parleurs, sing-Shearer pour notes aiguës. avec une atténuation de
- 12 décibels par octave à partir de la fréquence de coupure. Ce filtre joue un rôle essentiel, il assure la fidélité de l’audition et évite également les détériorations possibles du haut-parleur pour notes aiguës, dont le diaphragme ne peut vibrer sans risque avec une grande amplitude correspondant aux notes graves ou médium.
- Dans les grandes salles de projection sonore, on utilise désormais un élément basse fréquence de ce genre avec un pavillon multicellulaire de 1 m sur 2 et 4 moteurs, et, d’autre part un assemblage haute fréquence actionné par 2 moteurs.
- Dans les salles petites et moyennes, on utilise un seul pavillon de 1 m sur 2 actionné par deux moteurs pour les notes graves et un assemblage haute fréquence avec un seul moteur et deux ou trois rangées de trois cellules pour les notes aiguës.
- Ce principe de la division des éléments de haut-parleur déjà préconisé, mais avec d’autres moyens techniques, dans les débuts de la radiophonie, paraît être de plus en plus en faveur; c’est ainsi que dans les installations de Public Address on tend à employer un nombre aussi grand que possible d’éléments de petite ou moyenne puissance répartis à des distances suffisantes les unes des autres pour éviter des effets d’interférence sonore; l’emploi des haut-parleurs à très grande puissance, dont la construction est, d’ailleurs, particulièrement délicate, paraît très malaisé.
- P. Hémardinquer.
- Fig. 4. — Ensemble de pavillons multicellulaires et de moteurs distincts et accouplés, pour la reproduction des notes aiguës.
- Sort/e
- exponentielle
- Bobine_
- mobile
- L’OFFICE INTERNATIONAL POUR LA PROTECTION DE LA NATURE
- POURQUOI DÉFENDRE LA NATURE
- Depuis longtemps déjà, devant l’œuvre systématique de destruction de la nature, de nombreux savants et des personnes s’intéressant à la conservation des sites, des animaux et des plantes se sont émus des massacres que l’on accomplissait de toutes parts.
- Dans nos contrées mises en valeur par une civilisation déjà ancienne et occupées par une population très dense, la nature a été remplacée, presque partout, par l’agriculture et l’industrie. De rares coins seuls existent encore offrant un refuge a la faune et à la flore hautement intéressantes pour les sciences et les amateurs de sites naturels.
- Le mal qui chez nous ne comporte plus que des remèdes partiels est bien plus angoissant dans les colonies, où, depuis soixante ans on se livre à une mise en exploitation
- des plus intensives. Si l’on veut sauver une partie de leurs faunes et de leurs flores, il est grand temps d’agir, d’autant plus que ces richesses sont loin d’être toutes connues et qu’elles ouvrent aux recherches scientifiques des horizons à peine soupçonnés et bien près de disparaître déjà.
- Et notons que tout ceci n’est malheureusement pas exagéré. Il n’y a pas que les endroits où les coloniaux sont nombreux qui souffrent de cette situation, mais bien les régions en voie de prospection, « la destruction aveugle devançant, de loin, l’établissement d’une civilisation constructive et prospère ». Il existe, d’après des statistiques rigoureusement établies, des colonies jadis couvertes de forêts dont 92 pour 100 de la sylve sont anéantis. Bien souvent lorsqu’il en reste 10 pour 100, on considère le désastre comme limité. Une des conséquences inattendues de ce déboisement inconsidéré
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- fut, à cause de la chaleur tropicale, l’impossibilité de continuer les cultures et le désert s’est installé là ou tout débordait jadis de vie.
- Le grand gibier a eu tout particulièrement à souffrir de l’arrivée des Européens avec leurs armes perfectionnées que surent rapidement utiliser les indigènes. Si l’on doutait de la véracité de nos dires, que l’on veuille bien examiner les photographies qui illustrent cet article, en se persuadant qu’elles ne représentent que quelques spécimens de ce qui se produit journellement par dizaines de cas du nord au sud de l’Afrique depuis de nombreuses années.
- Notre première photographie (fig. 1) représente un tableau de chasse où zèbres et antilopes sont entassés l’un sur l’autre. Tout ce « travail » inutile est le fait d’un seul chasseur. Ce massacre est d’autant plus stupide qu’il n’a rien pu rapporter à son héros et que les bêtes tuées sont inoffensives et peu nuisibles.
- Notre deuxième photographie (fig. 2) montre tout un
- Fig. 2. — Marabouts tués dans une seule battue.
- lot de marabouts sacrifiés en une seule battue. Ce marabout est un des oiseaux les plus utiles de l’Afrique équatoriale, grand destructeur de charognes, d’insectes, de serpents, etc... Il arrive aussi que l’on détruise des animaux d’un intérêt scientifique très grand ainsi que le prouvent nos photos 3 et 4. Sur la première, les trophées d’une famille entière d’antilopes bubales exterminée par le même chasseur et l’autre six têtes d’Elands du Cap, espèce peu commune en voie d’extinction.
- Il n’est pas jusqu’au pauvre okapi, cependant si rare et extrêmement précieux par les problèmes scientifiques que son existence pose, qui ne reçoive quelques balles meurtrières (fig. 5).
- Des rapports récents (1925) signalent qu’autour de la petite ville d’Eldoret (Afrique Orientale) 65.000 zèbres ont été tués en cinq mois de temps et leurs peaux vendues environ 40 francs pièce.
- Nous ne rapporterons les fameux massacres d’éléphants que pour mémoire, en signalant que sur le marché d’Anvers seul, des milliers de défenses d’éléphants étaient vendues, chaque année, avant 1914. Cette menace de la disparition prochaine de l’éléphant avait alarmé le monde savant au point qu’une société pour sa défense fut fondée à Paris.
- De plus la modernisation de nos moyens de transport avec chauffage au mazout a eu pour conséquence de détruire les oiseaux aquatiques ainsi que le prouve notre photo (fig. 6).
- Ce qui fait que suivant l’opuscule de l’Office international pour la protection de la nature, déjà cité plus haut : « Le grand gibier qui faisait, il y a un siècle, la beauté de tous les paysages africains, du Sahara au Cap, n’est plus abondant maintenant qu’en quelques endroits, fort limités et séparés par d’immenses étendues sans vie.
- Les solitudes des océans les plus vastes et les plus inhospitaliers ne mettent plus à l’abri de la fureur destructive de l’homme les inoffensifs mammifères marins, les gracieux oiseaux de mer, et la science vient, hélas, rendre plus implacables, dans leurs perfectionnements, les méthodes modernes d’exterminer la vie. »
- Fig. 3. — Destruction d’espèces rares : antilopes bubales
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- Fig. 4. — Élands du Cap tués en une battue.
- HISTORIQUE DE L’OFFICE INTERNATIONAL
- C’est devant cette menace de la ruine totale des faunes et des flores que les gouvernements prirent l’initiative de la protection nationale de la nature. Des parcs nationaux, dont certains comme celui de Yellowstone (Etats-Unis) sont célèbres, furent créés un peu partout et sont aujourd’hui très nombreux.
- L’activité de ces diverses institutions fut, on le conçoit, des plus utiles et bon nombre d’animaux pourront ainsi être sauvés d’une disparition certaine. Rapidement on se rendit compte qu’une coordination des efforts dans ce domaine serait des plus salutaires. Ainsi, le problème de la protection des oiseaux migrateurs est forcément international, car rien ne servirait de les protéger chez nous si on les massacre dans d’autres contrées, lors de leurs passages. C’est pour cette raison que lors de la Conférence internationale pour la protection de la nature, tenue à Berne en 1913, l’idée de la création d’un organisme international fut émise, devant les délégués de 17 Etats, par le Dr Paul Sarasin. Malheureusement, la funeste guerre de 1914-1918 vint empêcher toute réalisation dans ce domaine.
- Ce n’est qu’en 1928, sur proposition du Comité fran-
- Fig. 6. —- Oiseaux de mer tués par le mazout.
- çais pour la protection de la nature, du Comité hollandais et du Comité belge, poursuivant les mêmes buts que l’œuvre française, que fut fondé l’Office international pour la protection de la nature. Le nouvel organisme fut placé sous la présidence de M. le Dr P. G. Van Tienhoven, chef du Comité hollandais, avec comme secrétaire M. le Dr Derseheid (belge).
- LES BUTS DE L’OFFICE
- L’œuvre de l’Office est immense et n’est qu’à peine ébauchée, malgré les services rendus, tant il y a à faire. Une première tâche ardue fut d’organiser une section de documentation qui comporte une riche bibliothèque et des archives constituant une mine précieuse au point de vue documentaire.
- Ces archives, accessibles au public, s’enrichissent d’ailleurs de jour en jour. En outre une « Revue internationale de législation pour la protection de la nature » est publiée très régulièrement en vue de faire connaître les efforts réalisés à l’étranger et chez nous.
- Une revue internationale de bibliographie sera publiée
- Fig. 5. — Une curiosité zoologique, l’okapi, victime d’un chasseur.
- un jour, sans compter de nombreuses autres initiatives telles qu’une section d’éducation et de propagande, etc... qui verront bientôt le jour, croyons-nous.
- Dans le domaine des réalisations pratiques, 1 'Office compte un beau succès à son actif, celui de l’apport de son concours à la création du Parc national Albert, au Congo belge. Ce Parc, l’un des plus vastes du monde entier, est doté d’une commission scientifique comportant un tiers de membres étrangers à la Belgique et est vraiment international, étant ouvert à tous les hommes de science sans distinction de nationalité.
- G. Remacle.
- N.-B. — Les photographies qui illustrent cet article nous ont été communiquées par l’Office International pour la protection de la nature. Nous lui exprimons ici nos plus vifs remerciements.
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- CE QU’ON VERRA A L’EXPOSITION =
- LE PALAIS DU MÉTAL
- Le Palais du Métal s’élève sur le quai d’Orsay, à côté du pont de l’Alma, sur 85 m de long et 30 m de large.
- Il est construit entièrement en métal; murs, plancher, plafond, tout est en fer, en bronze, en cuivre ou en zinc (fig. 1)._
- Il doit abriter les œuvres réalisées par les éditeurs de bronze d’art et par la ferronnerie française. Une statue de bronze, haute de 5 m, œuvre magistrale représentant la France, accueille les visiteurs à l’entrée. L’exposition montrera non seulement les tendances de nos artistes, mais aussi les progrès de la technique; c’est ainsi que le visiteur pourra se rendre compte des progrès que « la cire perdue » avec fusion opérée au mazout, comme complément de la fonte au sable, a permis d’apporter aux procédés ordinaires.
- Fig. 1. — Le Pavillon du Mêlai.
- LA MAISON DE L’ÉLECTRICITÉ
- Nous avons décrit en détail le Palais de la Lumière et de l’Electricité. Un pavillon plus réduit, mais dont l’intérêt pratique retiendra certainement l’attention des visiteurs, s’élèvera également sur le cours La Reine, entre le pont Alexandre-III et le pont des Invalides, et sera consacré à l’électricité domestique.
- On y verra au rez-de-chaussée une brasserie-restaurant moderne avec four électrique, percolateur, chaufïe-eau, bain-marie, etc., entièrement alimentés par le courant.
- Le premier étage présentex-a des appartements complètement
- LE PAVILLON
- Autour de la Tour Eiffel seront rassemblées les expositions consacrées aux moyens de diffusion et de propagande modernes.
- En face du pavillon du cinéma déjà décrit, s’élèvera la Maison de la Presse; c’est un édifice tout en fer et en verre dont la forme générale s’harmonise avec l’arc de la base de la Tour (fig. 2).
- La construction comporte deux étages avec des ailes laissant passage aux visiteurs se dirigeant vers la Tour. Le rez-de-chaussée renferme un immense hall, avec des stands réservés à la présentation des moyens de production et de publication des journaux; on y verra une reconstitution intéressante de l’atelier primitif de Gutenberg et de la chambre de travail de Théophraste Renaudot, ancêtre du journalisme.
- Au premier étage : exposition des quotidiens, des hebdomadaires et des périodiques illustrés français; le deuxième étage est réservé à la presse étrangère.
- agencés avec du matérial électrique : cuisine, chauff'e-eau, machine à laver, fours, cuiseurs, réchauds, salle de bains et ses accessoires, chauffage électrique des pièces, éclairage iixdirect par corniches et par sources localisées.
- Dans des vitrines on vei'ra tous les petits accessoires électriques de ménage, fers à repasser, fers à friser, grille-pain, moulins à café, chauffe-lait, etc.
- Le deuxième étage sera consacré aux électro-pompes, aspirateurs, laveuses, cireuses, glacières, outillage et même appareils de musique mécanique.
- DE LA PRESSE
- Fig. 2. — Le Palais de la Presse. (Architectes, MM. Viret et Marmorat.)
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- LE PALAIS DE LA CÉRAMIQUE
- Fig. 3. — Le Palais de la Céramique.
- Le Palais de la Céramique, sur le quai d’Orsay, occupe une surface de 5000 m2.
- C’est une construction de deux étages, entièrement revêtue en céramique, extérieurement et intérieurement : murs, planchers et plafonds (fig. 3).
- Ces milliers de mètres carrés de céramique scellés dans le
- ciment, et dont les motifs décoratifs ont été étudiés spécialement, pour être mis en valeur la nuit par un éclairage heureux, seront cependant perdus, une fois l’exposition terminée, tout démontage étant impossible. On se rend compte ainsi de l’effort accompli. Il témoigne de l’importance d’une industrie qui occupe en France plus de 100 000 ouvriers.
- UNE JOLIE COUTUME RESSUSCITÉE :
- LA FONTAINE DU VIN
- Il était d’usage, au temps des rois, de célébrer toutes les grandes fêtes en installant sur les places publiques des fontaines monumentales distribuant à flots des vins généreux. Cette coutume a été supprimée de nos fêtes officielles en notre temps prosaïque, au grand dommage de la couleur locale, et du renom des vins français.
- Le Comité des Vins de France va la ressusciter fort heureusement au Pavillon des Vins de l’Exposition 1937, installé sur le cours La Reine, à côté du Pont Alexandre, à peu de distance du Pavillon de la Radio, que nous avons décrit précédemment.
- On pourra voir, en effet, à côté de ce pavillon, une fontaine monumentale aux vives couleurs, mises en relief la nuit par des projections colorées originales, et portant à sa base des têtes allégoriques par les bouches desquelles seront projetés des jets de vins des différents crus. Nous ne savons, d’ailleurs, si les visiteurs pourront, en même temps, se rendre compte des qualités des crus dont ils auront admiré les couleurs !
- P. H.
- Fig. 4. — La Fontaine du Vin.
- (Architectes, MM. Graveraux, Bertrand, Arnaux, Zarwareni.)
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- LA PHOTOGRAPHIE STÉRÉOSCOPIQUE E 569
- DES INSECTES
- AVANT-PROPOS
- De toutes les branches de la zoologie, l’entomologie est l’une des plus attrayantes. La facilité avec laquelle on peut s’y adonner, le grand nombre de sujets susceptibles d’être observés, la variété remarquable des formes des insectes et la richesse des teintes qui les parent en font assurément une science aimable entre toutes.
- Tous les ordres d’insectes n'offrent cependant pas le même intérêt. En ne considérant que le côté esthétique de ces petits êtres, on peut placer en tête les Lépidoptères, dont l’observation et l’étude sont un enchantement. Aussitôt après peut se situer le grand groupe des Coléoptères. Le troisième rang peut être occupé par les Hémiptères, comprenant aussi de très jolies espèces. On peut placer ensuite, par ordre d’intérêt pittoresque, les curieux Orthoptères et Névroptères, puis enfin les Hyménoptères et les Diptères.
- LES MOYENS MODERNES DE DOCUMENTATION ENTOMOLOGIQUE
- Trois procédés de documentation s offrent à l’entomologie moderne. Le premier consiste dans la réunion ou collection des divers sujets observés. Ce travail exige une préparation parfois très laborieuse et n’est malheureusement pas à l’abri des déprédations causées par les acariens et autres parasites, et par le temps lui-même. Plus difficile encore est la conservation des formes au corps mou, telles que les chenilles. Le résultat est presque toujours médiocre et n’est pas en rapport avec la peine que l’on s’est donnée.
- Un deuxième moyen de documentation, le dessin, n’est à la portée que d’un petit nombre d’entomologistes. Tout le monde en effet n’est pas doué pour cet art et, s’il est relativement aisé d’exécuter un simple croquis, il est autrement difficile de reproduire, avec tous leurs détails, des formes aussi complexes que celles de beaucoup d’insectes. Il est également très ardu de rendre avec fidélité les couleurs variées à l’infini de ces petits êtres.
- L’entomologiste dispose heureusement d’un troisième moyen de documentation, la photographie, cet art merveilleux qui ouvre au naturaliste, quel que soit l’objet de ses recherches, un champ de possibilités immenses. La vulgarisation en est devenue telle que la photographie en couleurs et en relief est aujourd’hui accessible au plus modeste amateur. Des résultats surprenants peuvent être obtenus, avec sûreté et rapidité, pour la documentation dans les sciences naturelles.
- LA PHOTOGRAPHIE STÉRÉOSCOPIQUE ET L’ENTOMOLOGIE
- La photographie ordinaire est capable de fournir des épreuves très belles et très fines, mais toujours plates et sans relief.
- Il n’en est pas de même de la stéréoscopie. Les diapositifs qu’elle donne procurent une impression de réalité vraiment saisissante.
- Depuis une dizaine d’années, nous avons étudié ce procédé dans son application à diverses branches de l’histoire naturelle. On a pu lire ici notre exposé sur la photographie stéréoscopique des plantes dans la nature (x). Nous voudrions parler aujourd’hui de la possibilité d’étendre ce genre de documentation aux insectes.
- L’intérêt du procédé que nous allons décrire réside surtout dans le fait que les insectes sont photographiés dans l’ambiance qui caractérise chaque espèce. Une préparation spéciale et soignée, destinée à rendre un aspect normal aux insectes
- 1. La Nature, n° 2945, 15 janvier 1935.
- préalablement tués, des supports aussi naturels que possible, tels sont les travaux préparatoires qui permettront de composer ensuite une collection remarquable de positifs stéréoscopiques en noir et en couleurs des plus beaux insectes observés.
- PRÉPARATION DES SUJETS
- Il ne peut être question de photographier des insectes vivants, car la plupart sont d’une mobilité déconcert ante. Il est donc nécessaire d’opérer sur des sujets tués, puis préparés de façon à leur donner le maintien qu’ils avaient pendant leur vie.
- Nous ne parlerons pas de la recherche des insectes, ni du moyen de les capturer et de les tuer. On trouvera tous les renseignements voulus dans les ouvrages d’entomologie.
- Fig. 1. — Plan du banc stéréoscopique Colardeau-Richard.
- a, plaques butoirs mobiles; b, graduations de 10 à 50 cts; c, obturateur d’objectif à bascule; d, plateau supportant l’appareil photo; e, flèches fixées au plateau et évoluant entre les plaques butoirs; /,vis de fixation du plateau; g, vis de la réglette coulissante inférieure.
- Nous prendrons donc les insectes au sortir du flacon à cyanure, seul procédé capable de les asphyxier rapidement, sans les mutiler et sans abîmer leurs couleurs.
- D’une façon générale, la mort recroqueville les membres et les antennes. Il s’agit dès lors de manier délicatement ces organes, afin de les disposer tels qu’ils étaient au moment de la capture. Si l’on opère sur des sujets fraîchement tués, ce travail se fera*-^sement, les jointures des membres et des diverses parties du. corps étant encore très souples.
- Selon que l’on aura à préparer des papillons ou d’autres insectes les dispositions à prendre seront différentes.
- Papillons. — En ce qui concerne les espèces diurnes, la photographie d’un sujet demandera au moins deux exemplaires, dont l’un aura les ailes étalées et l’autre les ailes partiellement repliées, de façon qu’on puisse voir le dessous d’une des ailes sur la vue stéréoscopique.
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- Pour les papillons nocturnes, qui disposent leurs ailes d’une façon spéciale quand ils sont au repos, on les étalera de manière qu’elles soient perpendiculaires au corps.
- On placera les sujets sur des étaloirs ordinaires. Au lieu d’épingles, nous employons avec satisfaction de petites lames de verre du genre de celles usitées en micrographie. Ces petites plaques se posent simplement sur les ailes convenablement étalées. La transparence du verre permet de juger à temps de la position défectueuse prise parfois par les ailes.
- Pour les papillons dont les ailes doivent être partiellement repliées, on sépare avec soin les deux ailes et on glisse entre elles soit les deux branches d’une pince brucelle reposant en arrière sur une petite cale, soit tout autre objet permettant de maintenir les ailes un peu écartées.
- On laisse le tout au repos pendant plusieurs jours. Les espèces robustes demandent parfois plus d’une semaine pour être prêtes à la photographie.
- Chenilles. — Aussitôt extraites du flacon à cyanure, les chenilles sont disposées dans une posture naturelle. Par des cales adroitement placées on les maintient ainsi pendant plusieurs heures. Il convient alors de les photographier sur leur support sans plus tarder, car elles perdent vite leurs couleurs et leur corps se décompose.
- Ces dispositions s’appliquent aussi aux arachnides qui, malgré qu’ils n’appartiennent pas à la classe des insectes, peuvent tenter aussi le stéréo-entomologiste.
- Autres insectes. —- L’immense majorité des insectes autres que les Lépidoptères comprend des êtres recouverts d’élytres et d’enveloppes chitineuses, concourant à les maintenir après la mort dans un état rigide naturel. La préparation de ces insectes en est simplifiée. Il suffit de manipuler —• toujours avec de grandes précautions — les articles des pattes et des antennes et les jointures de la tête et du thorax, pour rétablir les insectes dans une posture normale. L’élasticité des membres pouvant amener ceux-ci à se recroqueviller à nouveau, il est nécessaire de les maintenir à l’aide d’épingles ou de petites cales. Pour les espèces exiguës ou fragiles il suffit de poser de petites lames de verre sur les insectes eux-mêmes. Dans tous les cas, comme il ne s’agit pas d’une véritable collection, on se gardera bien de piquer sur du liège, selon la méthode habituelle, les sujets que l’on désire photographier.
- LES SUPPORTS NATURELS
- La présentation des insectes sera beaucoup plus attrayante si on les place sur des supports naturels de fleurs, feuilles, écorces, etc.... Ces supports varient naturellement selon les
- espèces. Une cétoine par exemple ne devra pas figurer sur un fragment d’écorce ou sur un lit de mousse. Un carabe doré ne sera pas représenté sur une rose, pas plus qu’un nécrophore sur une fleur de lis. L’habitat réel des insectes doit être respecté si l’on veut obtenir des documents de réelle valeur. C’est évidemment un travail exigeant de l’observation, du goût et de l’adresse mais qui donne, s’il est bien conduit, des vues stéréoscopiques instructives, aussi jolies qu’originales.
- Les principaux supports à envisager sont :
- 1° des fleurs, feuilles et tiges provenant de plantes très diverses, choisies parmi celles fréquentées par les insectes que l’on se propose de photographier;
- 2° de larges fragments d’écorce de divers arbres;
- 3° une souche ou un vieux tronc quelque peu vermoulu de hêtre ou d’une autre essence;
- 4° des touffes de mousses et de lichens ;
- 5° des plaques de terre recouverte de gazon ou d’herbe fine;
- 6° une planche courte mais large que l’on recouvre d’un lit de terre, de gravier ou de sable;
- 7° on profitera de l’occasion donnée par la capture d’un ral ou d’une taupe pour prendre des photos d’insectes nécro-pliages (Silphes, Nécropliores, etc..).
- 8° les espèces coprophages (Géotrupes, Copris, etc....)
- seront reproduites sur une légère couche de bouse sèche ou de crottin;
- 9° une roche plate d’assez grandes dimensions possédant des aspérités, sera un support intéressant pour d’autres insectes.
- Il ne faut pas songer à s’installer au dehors, dans un jardin ou dans un pré. Le moindre souffle de vent compromettrait la pose. A défaut d’une serre ou d’une véranda, on peut se placer dans une pièce quelconque, près d’une fenêtre bien éclairée. Pour les papillons et les insectes qui fréquentent les végétaux, on dispose une série de vases contenant des bouquets de verdure et des tiges fleuries. S’il s’agit d’insectes, vivant habituellement sur d’autres supports, on dispose ceux-ci soit sur une table non sujette à des trépidations, soit sur le sol.
- Les sujets devant se détacher nettement, on aura soin de disposer un fond clair ou foncé, selon le cas.
- Il sera parfois bien long de placer de légers papillons sur les pétales d’une fleur. On se servira de fines pinces très souples et on ne perdra pas de vue que les pattes et les antennes sont d’une fragilité extrême. Ces dernières sont des organes caractéristiques que l’on ne peut se dispenser de figurer. Si elles se sont brisées on les replacera délicatement avec une très petite goutte de colle. Les pattes ont leur utilité particulière. Elles permettent d’accrocher les insectes après les étamines d’une fleur ou sur un rebord de feuille.
- LE MATÉRIEL PHOTOGRAPHIQUE
- L’appareil indispensable est un vérascope 45 X 107 ou un glyphoscope.
- Tous les amateurs qui ont fait un peu de photographie stéréoscopique savent que la prise de sujets très rapprochés oblige à user d’un artifice, si l’on veut éviter le décentrement des deux éléments du couple stéréoscopique. Parmi les dispositifs imaginés, nous avons adopté pour nos essais scientifiques le « banc stéréoscopique Colardeau-Richard » construit spécialement pour le vérascope. Pour la description complète de cet ingénieux instrument, nous renvoyons à la notice spéciale rédigée par les établissements Richard, de Paris. Nous dirons simplement qu’il permet de prendre deux vues successives d’un sujet situé à 0 m 25, 0 m 15 et même 0 m 10 et de lui donner un relief très satisfaisant. Nous recommandons
- Fig. 2 (à gauche). — Installation du sujet sur un support feuillu pour la prise
- de vue.
- Fig. 3 (à droite). •— Installation du sujet sur une plaque d’écorce.
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- vivement cet appareil, malgré son prix relativement élevé. Il est indispensable à tous les naturalistes qui veulent faire de la stéréoscopie des insectes. On choisira le modèle dit « de campagne » moins encombrant et plus pratique que le modèle ordinaire. Nous avons essayé ce « banc » avec un simple glyphoscope et, sans modification d’aucune sorte, nous avons obtenu des résultats très intéressants. Toutes les
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- Pour la photo en couleurs, il est nécessaire d’utiliser des écrans jaunes spéciaux. On les choisira sous forme de bonnettes et construits de façon qu’on puisse les placer sur les verres rapprochants cités plus haut.
- On emploiera aussi un verre dépoli et un voile noir pour la mise au point. On déclencheur automatique complétera cet équipement.
- mg. 4. — Quelques photographies d’insectes.
- 1. Carabes divers. — 2. Silpha obscura et S. thoracica. — 3. Clytus arietis. — 4. Pyrochroa coccinea. — 5. Metosoma populi. -— 6. Trichodes apiarius. — 7. Lamia textor.— 8. Trichius l'asciatus.— 9. Chenille de Saturnia pyri. — 10. Pterophorus. — 11. Mantis religiosa en prière. — 12. Aeschna cvanea. —• 13. Arctia caja. — 14. Vanessa atalanta.— 15. Saturnia pyri. — 16. Sphinx convolvulus.
- reproductions qui illustrent cet article viennent de clichés pris avec ce modeste appareil.
- Diverses bonnettes sont nécessaires. On les place sur le parasoleil des objectifs. Celles qui sont indispensables sont : 0 m 50, 0 m 25, 0 m 15 et 0 m 10. Une bonnette constituée par une lentille complète de glyphoscope •— avec monture pouvant entrer à frottement doux sur le parasoleil de l’objectif — permet d’obtenir des photographies en grandeur naturelle, d’une netteté absolue, même sur les bords.
- Comme plaques photographiques on utilise celles dont on se sert habituellement. Nous conseillons cependant l’emploi des plaques S. E., super SE et micro, de la maison Lumière, qui fournissent pour tous les travaux scientifiques des résultats remarquables.
- En photographie des couleurs, l’excellent « filmcolor » donnera toute satisfaction. La rapidité de son émulsion ayant été considérablement augmentée, il n’y a plus de temps de pose prohibitif. Le grain du « filmcolor » est, par sa contexture,
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- moins fin que celui des émulsions ordinaires, mais cet inconvénient est très réduit si l’on se sert d’un stéréoscope à long foyer pour examiner les vues. Le charme des couleurs fait d’ailleurs passer au second plan la finesse de l’émulsion.
- LES OPÉRATIONS PHOTOGRAPHIQUES
- Mise en plaque et mise au point. — Tout étant bien disposé sur la table de travail, le banc stéréoscopique situé en face du sujet à reproduire, il convient de procéder à la mise en plaques et à la mise au point.
- Avant toute chose il faut s’efforcer de placer sur un même plan les insectes à photographier, car plus on se rapproche du sujet, plus la profondeur de champ devient faible. C’est loi’S de la mise au point que l’on juge des rectifications à apporter à cette disposition.
- Pour mettre en plaque il faut appliquer les données prescrites par le constructeur du banc. Il n’y a rien de compliqué dans cette opération, des vis spéciales seules sont à manœuvrer selon la distance à laquelle on veut opérer.
- La tête sous le voile noir, on s’occupe à la fois du centrage du sujet et de la mise au point. Cette dernière s’obtient en avançant ou en reculant la réglette qui supporte l’appareil. La netteté maximum étant acquise et les deux vues à prendre étant convenablement centrées, il n’y a plus qu’à remplacer le verre dépoli par le châssis contenant la plaque et à procéder à la prise de vues.
- Pose. —- Pendant toute la durée de la pose, il faut éviter tout ce qui peut faire osciller le sujet. L’attitude naturelle d’un insecte n’est souvent obtenue que par un équilibre instable, que la moindre trépidation compromet. Si un déplacement du sujet survient au cours de la pose, tout est à refaire. Aussi faut-il éviter de marcher autour de l’installation, surtout si celle-ci repose sur un plancher.
- On utilise un diaphragme de très petite ouverture, afin d’augmenter la profondeur de champ. Par ce moyen on évite certaines aberrations de sphéricité et on obtient une plus grande netteté sur les bords de l’image.
- Quand la première vue est prise et qu’il faut déplacer la réglette du « banc » on fait cette opération avec beaucoup de précautions.
- La durée de la pose dépend de la saison, de l’heure, de la lumière, du diaphragme utilisé et aussi de l’actinisme du sujet et de son support. Pour fixer les idées, disons qu’en été, près d’une fenêtre donnant au sud, au plein soleil, avec une ouverture F. 16, une pose de 2 à 3 secondes suffit pour un sujet pris à 15 cm, sur émulsion Lumière S. E. La même vue, sur film-color, demande environ 20 à 25 sec. Pour ce genre de photographie on ne peut guère se baser que sur son expérience personnelle. A cet effet on note soigneusement tous les facteurs de pose, afin de se constituer des références pour des vues ultérieures. Au début il est évident qu’on gâchera quelques plaques, mais il ne faudra pas se décourager.
- Opérations de laboratoire. •— Tout ce qui concerne le développement, le fixage, le tirage des diapositifs, le montage en sous-verre des « filmcolor » inversés, s’exécute de la même façon que pour les photographies de paysages ou de sujets quelconques. La technique des travaux du laboratoire reste identique, quel que soit le genre de vues que l’on a prises.
- Pour la bonne conduite des opérations relatives au « filmcolor » on se reportera à la petite brochure très détaillée publiée par la maison Lumière. En suivant strictement les prescriptions ordonnées, on sera certain d’arriver à un heureux résultat, à condition bien entendu d’avoir posé .correctement.
- QUELQUES JOLIS SUJETS
- Nous ne voulons pas terminer cet article sans indiquer quelques jolis sujets que l’on peut photographier en couleurs
- et en relief. Les insectes cités et leurs supports sont faciles à se procurer. Ils constitueront les premières armes du « stéréo-entomologiste ».
- Lépidoptères :
- Acherontia atropos, sur tige de solanée.
- Papilio podalirius, sur prunellier.
- Chenille de Papilio machaon, sur fenouil.
- Arctia caja, sur fleurs de thym.
- Chenille de Cossus, sur gros fragment d’écorce.
- Vanessa atalanta, sur fleurs de luzerne.
- Vanessa io, sur houblon ou ortie dioïque.
- Abraxas grossulariala, sur groseillier ou framboisier.
- Chenille de Cucullia scrophulariae, sur scrofulaire.
- Zygènes, sur trèfle.
- Coléoptères :
- Lucanus cervus, sur vieux tronc d’arbre.
- Cicindela campestris, sur sable fin.
- Trichodes apidrius, sur fleurs d’ombelliîères.
- Clytus arietis, sur écorce.
- Cetonia aurata, sur fleurs de rosier des jardins.
- Trichius fasciatus, sur fleurs de ronce.
- Callidium sanguineum, sur vieille écorce.
- Carabus auratus, sur sable fin.
- Hémiptères :
- Graphosoma lineatuin, sur inflorescence d’ombellilèies.
- Tropicoris rufipes, sur feuilles de framboisier.
- Strachia ornata, sur tiges de navets.
- Cercopis sanguinolenta, sur feuilles de graminées.
- Pyrrhocoris apterus, sur terre fine.
- Orthoptères :
- Mantis religiosa, sur graminées.
- Locusta viridissima, sur feuilles de plantes quelconques.
- Gryllotalpa vulgaris, sur couche de terre fine.
- Névroptères :
- Libellula depressa, sur roseau.
- Calopteryx splendens, sur fleurs de spirée,
- Ephemera uulgata, sur tiges de jonc.
- Hyménoptères :
- Xylocopa violacea, sur fleur d’œillet.
- Bombus terrestris, sur fleur quelconque.
- Diptères :
- Eristalis tenax, sur une poire.
- Tipula oleracea, sur feuille de roseau.
- CONCLUSION
- La photographie stéréoscopique des insectes — surtout celle en couleurs — offre un intérêt considérable. Les amateurs possédant un appareil stéréoscopique ont eu sûrement déjà le désir de photographier quelque superbe papillon. Ils ont sans doute reculé devant les difficultés. Nous espérons que nos conseils lés mettront sur la voie à suivre. Ils ne le regretteront pas.
- Nous ajouterons que si les entomologistes doublés de stéréoscopistes s’unissaient, il y aurait dans cette association un moyen fort intéressant de créer une documentation des plus précieuses. Par ce moyen il deviendrait possible de contempler (avec leurs couleurs et leurs formes exactes) les superbes et rares insectes exotiques qui manquent dans la plupart des collections modestes. Il suffirait pour cela que les entomologistes des pays chauds établissent des vues stéréoscopiques en couleurs des insectes les plus remarquables de leur région. Sous forme d’achat ou d’échange, les amateurs de France seraient certainement heureux d’acquérir d’aussi intéressants documents. René Brossard,
- Membre de la Société linnéenne de Lyon.
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- LES THÉÂTRES D’OMBRES
- LES OMBRES BLANCHES
- Les ombres blanches, voici deux mots qui se contredisent et cependant la chose qu’ils désignent ne pouvait guère s’exprimer autrement : maintenant que les théâtres d’ombres sont à la mode, chaque ombromane s’ingénie à présenter des combinaisons nouvelles de mécanisme des personnages, d’effets décoratifs de la scène, etc.
- 11 s’agit d’une « nouveauté » qui est loin d’être neuve, mais qui cependant fait figure de création dans les théâtres d’ombres. Il y a environ soixante-dix ans (c’était à l’époque de la Poti-chomanie et des découpages de toutes sortes) un jeu passionnait les familles, c’était la Mègalographie ou l’art de dessiner en grand.
- Le mot était mal choisi, car s’il y avait agrandissement, dans le jeu, il n’y avait rien à dessiner puisque l’on employait des dessins existant déjà.
- Il s’agissait dans ces dessins, portraits, paysages, etc., de découper, d’enlever avec des ciseaux ou un canif, toutes les parties claires, les grandes lumières d’un dessin. La pièce ainsi découpée était interposée entre une source lumineuse et un écran, en l’espèce et le plus souvent tout simplement sur le mur.
- En rapprochant la découpure de la source lumineuse et en l’éloignant du mur, on obtenait la reproduction du dessin, plus ou moins heureuse, suivant que l’on avait su choisir les
- Fig. -S. — Mamamouchi.
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- Fig. 4. — L'Avare.
- grandes lumières à enlever. En ayant soin de ne pas mettre la découpure exactement au point, il se produisait un flou entre les lumières enlevées et les ombres réservées qui produisait des demi-teintes intermédiaires du plus heureux effet.
- Ce mode de découpage avait pris une telle extension que l’on trouvait dans le commerce des images créées tout spécialement pour ce genre de distraction. Voici en réduction quelques-unes des images de cette époque.
- C’est cette idée qui vient d’être reprise, perfectionnée pour les théâtres d’ombres. Les découpures sont exécutées à la grandeur des verres de la lanterne de projection employée. En papier, ces découpures sont fixées entre deux verres. Exécutées en métal mince, elles se tiennent d’elles-mêmes. La
- grande difficulté est de choisir des images où l’on puisse bien enlever les grands clairs et laisser les noirs en contact.
- La lanterne de projection est sur chariot que l’on éloigne peu à peu de la toile. L’image grandit, le flou s’accentue et l’image adoucie avec des demi-teintes, arrive à remplir l’écran avec un aspect de gravure.
- Dans les ombres ordinaires, on cherche l’effet en présentant les contours très nets de l’image noire tandis qu’ici on montre les lumières dans un fond noir, de là le nom d’ombres blanches. L’emploi de verres colores partiellement, surtout sur des paysages, donne d’assez bons résultats.
- Le prestidigitateur Ai.ber.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- DISPOSITIF ÉLECTRIQUE POUR LE COUPAGE
- DU VERRE
- M.F.Taradoire, ingénieur-chimiste ICN, a bien voulu faire connaître
- à ses collègues de laboratoire, dans la « Documentation scientifique » un dispositif extrêmement ingénieux, pour remplacer le procédé classique de coupage à la ficelle de façon à opérer avec sûreté et rapidité. Nous croyons rendre service à nos lecteurs en le reproduisant ci-contre dans ses détails.
- L’échauffement du verre est obtenu à l’aide d’un fil métallique entourant l’objet à couper et
- parcouru par un courant d’intensité suffisante, ainsi que le montre la figure ci-contre.
- Le fil destiné au chauffage étant constitué par 70 à 80 cm de RNC3 de 7/10 de m/m, il est nécessaire, avant de couper l’objet, de fixer la position du curseur sur le rhéostat pour que le fil devienne rouge en quelques secondes après la fermeture du circuit, ce qui exige un courant de 9 à 10 ampères sous 110 volts.
- Après refroidissement complet du fil, l’enrouler en une seule spire sur l’objet à l’endroit où on désire le couper, le tendre légèrement pour qu’il adhère au verre, puis fermer le circuit.
- Suivant la nature et l’épaisseur du verre, la rupture se produit toute seule sans intervention d’eau froide, au bout de vingt à trente secondes.
- Si au bout d’une minute de chauffage la rupture ne se produit pas il faut interrompre le courant et souvent cette opération suffit pour provoquer la rupture désirée.
- Les parties coupées doivent être débarrassées des bavures tranchantes par rodage avec une pâte à base d’émeri. Lorsque l’objet à couper n’est pas cylindrique il suffit d’enrouler le fil de chauffage, en lui donnant la forme de l’objet et de bien le tendre, en agissant sur la poignée mobile, pendant le passage du courant.
- Rhéostat
- Fit chaud
- Xarton d'amiante
- ’Poignée isolante
- Cable souple
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- LE MOIS MÉTÉOROLOGIQUE
- AVRIL 1937, A PARIS
- Mois assez chaud et pluvieux dans son ensemble, avec insolation déficitaire. II fut très doux et très pluvieux pendant les deux premières décades, frais et sec pendant la dernière.
- La moyenne mensuelle de la pression barométrique ramenée au niveau de la mer, à l’Observatoire du Parc Saint-Maur, a été de 759 mm 2, inférieure de 1 mm 2 à la normale.
- Celle de la température, 10°,9, est en excédent de 1°,3 et classe avril 1937 au 7e rang parmi les plus chauds de la série des observations du Parc, c’est-à-dire depuis 1874. Du 2 au 16, toutes les températures moyennes journalières ont été supérieures à leurs normales respectives. A partir du 17 la température est descendue un peu au-dessous de la normale, elle s’est fortement rafraîchie aux alentours du 26 sans que l’on ait cependant constaté de gelées blanches. Le minimum absolu, 3°,4, le 25, est supérieur de 4°,2 au minimum absolu moyen, le maximum absolu, 20°,3, observé le 12, est en déficit de 2°,7. L’amplitude diurne de la variation de la température, 8°,3, est inférieure de 22 pour 100 à la normale. Aucune gelée blanche ne s’est produite dans les parages de l’Observatoire : on en compte en moyenne 9 en avril. Malgré la douceur de la température, les dates de floraison sont restées sensiblement normales.
- Les températures extrêmes pour la région ont été : - - 1°,9 à Villepreux le 1er et 21°,2 au square St-Jacques (Paris), le 12.
- Du 1er au 22, date du dernier jour pluvieux, on n’a compté que cinq journées sans pluie appréciable. Ces 17 journées pluvieuses (au lieu de 14 nombre normal) ont fourni un total de 67 mm 1 d’eau, supérieur de 53 pour 100 à la moyenne. La hauteur maximum recueillie en 24 h, 9 mm 8, correspond à la date du 13. A Montsouris la hauteur totale de pluie a été de 75 mm 2, supérieure de 70 pour 100 à la normale. La durée totale de chute, 50 h 55 m, est supérieure de 6 pour 100 seulement à la moyenne des 25 années 1898-1922. Hauteurs maxima en 24 h : pour Paris, 16 mm 3 au square Louis XVI, et, pour les environs, 28 mm 4 à Asnières, du 2 au 3.
- Les 11, 17, 19, 21 et 22 des chutes de grêle se sont produites sur plusieurs points.
- Les 2, 13, 20 et 21, quelques faibles orages ont affecté la région par places.
- On a observé tous les jours des brouillards matinaux, faibles et locaux.
- Le 14 et le 28, des obscurcissements ont été notés à Bois-Colombes le matin.
- La durée totale d’insolation à l’Observatoire de la tour Saint-Jacques a été de 153 h 55 et est inférieure de 10 pour 100 à la normale. Il y a eu deux jours sans soleil.
- A l’Observatoire du Parc St-Maur, la moyenne mensuelle de l’humidité relative a été de 73,8 pour 100 et celle de la nébulosité de 75 pour 100. On y a constaté : 5 jours de gouttes; 1 jour de grêle; 2 jours d’orage ou tonnerre; 5 jours de brouillard; 14 jours de brume; 13 jours de rosée. Le 16, apparition des hannetons; le 22, la première hirondelle; le 29, premier chant du loriot et du rossignol.
- Les extrêmes météorologiques pour le mois d’Avril.
- Mois le plus froid : 1837, moyenne : 5°,7.
- Mois le plus chaud : 1865, moyenne : 15°,1.
- Ecart : 28 ans et 9°,4.
- La plus basse température observée en 1784, — 4°,6.
- La plus haute température observée en 1840, 29°,1.
- Ecart : 56 ans et 33°,7.
- Le plus grand nombre de jours de gelée : 10 en 1837.
- Mois le plus pluvieux : 1712 : 115 mm 3 (?)
- En 1928 : 112 mm 0 (certain).
- Mois le plus sec : 1893 : 1 mm 2.
- Le plus grand nombre de jours de pluie : 26, 1780 (?).
- Le plus petit nombre de jours de pluie : 2, 1893.
- Mois le plus couvert : 1935 : 83 pour 100 de nébulosité.
- Mois le plus clair : 1893 : 13 pour 100 de nébulosité.
- Moyenne barométrique la plus basse :
- En 1829, 747 mm 7. Obs. Paris, niv. de la mer : 754 mm 1.
- Moyenne barométrique la plus haute :
- En 1817, 761 mm 7. Obs. Paris, niv. de la mer, 768 mm 1.
- Em. Roger.
- .: LA GLACE CARBONIQUE ......:L,
- SOUS-PRODUIT DES DISTILLERIES DE BETTERAVES
- Pendant la campagne sucrière, d’octobre à janvier, les distilleries de betteraves rejettent dans l’atmosphère des milliers de tonnes d’anhydride carbonique dont la valeur cependant, depuis que l’on sait le solidifier sous forme de glace carbonique, est supérieure à celle même de l’alcool produit. En effet, il y a production égale des deux produits et leurs prix de vente sont comparables.
- Une des grosses difficultés qu’il fut nécessaire de résoudre pour rendre l’opération commerciale, est celle du stockage de l’anhydride carbonique. La production est massive pendant trois mois, tandis que la consommation s’échelonne sur toute l’année, particulièrement forte pendant les mois d’été.
- Une installation récente à la distillerie de la Sucrerie centrale de Meaux possède sans doute la plus grande réserve d’acide carbonique liquide du monde. Elle comporte, en effet, un réservoir de 25 m3 et trois réservoirs de 56 m3 chacun, donnant au total une capacité d’emmagasinage maximum de 193 m3 de gaz liquéfié.
- Chaque réservoir est muni de deux soupapes de sûreté de
- 50 mm, réglées à 10 hecto-pièzes, pour permettre le dégagement du gaz volatilisé par suite de l’apport de chaleur extérieure. La surface externe des réservoirs est calorifugée par trois couches de liège d’une épaisseur totale de 36 cm, recouvertes encore par un enduit calorifuge. Grâce à ces précautions, si la température extérieure est de 35° la déperdition de chaleur n’est que de 800 calories-heure pour un réservoir de 100 m2 de surface externe. La pratique a vérifié ces chiffres : pendant la grève d’un mois en juin-juillet 1936, l’installation a été laissée à l’abandon et cependant, les soupapes n’ont pas fonctionné et les pertes de gaz liquifié ont été inappréciables.
- Le gaz stocké ainsi à 10 kg de pression et une température de — 40° est ensuite repris, au fur et à mesure des besoins et détendu dans une presse qui comprime en un bloc solide la neige carbonique produite par la détente. On obtient ainsi des blocs de «Froisec» de 16 à 17 kg, de densité 1,5, faciles à transporter et qui concurrencent de plus en plus efficacement la glace ordinaire dans de multiples applications.
- H. Vigneron.
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- COMMUNICATIONS A L ACADEMIE DES SCIENCES
- Séance du 19 avril 1937.
- Les courants de Testa et la stroboscopie. — Les
- étincelles dues aux courants de Tesla ont, en général, une intensité insuffisante pour être utilisables en stroboscopie. M. Pavlovic a amélioré cette technique en illuminant par ces décharges des tubes sans électrodes. Il estime que les courants de décharge dans ces tubes sont très amortis et ont une durée encore inférieure à celle des étincelles. Les courants de Tesla eux-mêmes peuvent d’ailleurs être utilisés en stroboscopie au moyen de tubes avec ou sans électrodes.
- Le greffage de Taubergine. —~ Par inclusion sur des rameaux de douce-amère de bourgeons d’aubergine, M. Po-pesco a pu obtenir une survie importante de ces derniers. Certains bourgeons ont donné naissance à une végétation qui a supporté deux hivernages et a porté des fruits au cours de sa seconde année. Il est à remarquer que les plantes greffées n’ont été mises en serre froide qu’après mort par gel des aubergines placées à leurs côtés. Cette expérience montre qu’un hypobiote vivace peut prolonger la vie des épibiotes annuels qu’il supporte.
- Séance du 26 avril 1937.
- Nouveaux alliages pour Vhorlogerie. — L’élinvar de Guillaume est constitué par un fer-nickel-chrome additionné de carbone et de tungstène; il jouit d’une remarquable constance de son élasticité entre de larges limites de température. Pour la fabrication des spirales, on peut cependant lui reprocher un manque de dureté. L’amélioration en est un problème difficile, le métal devant être très homogène et acquérir toutes ses qualités par un seul traitement thermique après usinage : le revenu en barillet. MM. Chevenard, Huguenin, Waché et Villachon montrent qu’il est possible d’obtenir ce durcissement, soit par des additions complémentaires de vanadium, de molybdène ou de titane, soit en réalisant des austénites par le complexe aluminium-titane. Un acier à 40 pour 100 de Ni, 2 pour 100 d’Al et 2 pour 100 de Ti, hyper-trempé, tréfilé et revenu quelques heures entre 600 et 650° atteint une limite élastique de 140 kg/mm2, le revenu provoquant la précipitation d’un composé dur.
- Les gros ions atmosphériques. — M. Nadjakoff a remarqué qu’au bout de quelques années, les conducteurs positifs des lignes à tension continue, placés dans une atmosphère très calme, se couvrent, ainsi que leur voisinage, d’une très fine poudre noire qui ne peut être apportée que par de gros ions de faible mobilité. L’analyse de ces poussières montre qu’elles sont constituées par de fines particules de suie. Les fumées des villes doivent donc jouer un rôle important dans la formation des gros ions; Kennedy avait d’ailleurs déjà observé que les combustions incomplètes entraînent pareille formation. L’influence néfaste des gros ions sur la santé ayant été affirmée par plusieurs auteurs, la lutte contre les fumées doit donc être poursuivie énergiquement.
- Action du soufre sur l’argent. — En recherchant les causes de la formation de taches sur l’argenture des miroirs, M. Toporescu est parvenu à montrer que le benzène, qui sert au vernissage de la couche réfléchissante, contient parfois des traces de soufre. Les cristaux de soufre formés par évaporation attaquent ensuite l’argent. Par une étude plus poussée, l’auteur a pu remarquer que l’attaque débute au voisinage des angles obtus des cristaux de- soufre, ce qui est conforme aux théories sur la répartition de l’énergie interatomique dans les cristaux.
- Transparence de l’air arctique. — M. J. Devaux avait été frappé par la remarquable transparence de l’air des régions arctiques. M. Duclaux, analysant les clichés obtenus en 1933 par visées sur le Cap Brewster, confirme cette opinion et montre que la visibilité atteint en ce point du Groenland une valeur de 200 km en août-septembre, valeur rarement atteinte en France et seulement en hiver. Ces masses d’air arctique doivent conserver cette transparence lorsqu’elles se déplacent en se réchauffant ou, tout au moins, en restant loin de leur point de rosée.
- Morphologie de virus. — Mme Kopciowska et M. Ni-colau ont constaté qu’après coloration par usage successif de bleu de Grübler et de fuchsine acide, ils ont pu apercevoir des éléments bien individualisés sous forme de cocci ou de diplo-cocco-bacilles dans les cellules nerveuses de lapins morts d’encéphalite herpétique. Ils voient dans ces éléments l’agent étiologique de l'herpès. La forme réelle de ces bacilles serait le bâtonnet. Des éléments analogues ont été reconnus pour la rage, les maladies de Borna et d’Aujeszlcy dans les cellules nerveuses ainsi que dans les cellules malpighiennes pour le zona. Par ultra-filtration, les auteurs ont pu situer les dimensions de ces divers virus entre 150 et 200 ja.
- Séance du 3 mai 1937.
- Étude des veines gazeuses. — Pour étudier les zones de contact d’une veine gazeuse avec une paroi, M. Sachmann imprègne la paroi avec un indicateur coloré et mélange aux filets gazeux un acide ou une base. Il est ainsi parvenu à obtenir des traces stables, correspondant exactement au phénomène d’écoulement étudié et ne diffusant pas. Le degré de rugosité de la paroi n’est pas modifié par le procédé et l’enregistrement est obtenu en moins d’une seconde. Cette technique doit être précieuse pour l’étude de nombreux problèmes d’aérodynamique.
- Moteurs à injection d’essence. — MM. Labarthe et Ponomareff montrent que le moteur à essence est susceptible d’être amélioré en supprimant le carburateur et en injectant l’essence dans la tuyauterie d’admission ou, mieux, dans les cylindres. Le problème est plus difficile à résoudre complètement que dans le Diesel en raison de la fixité du point d’allumage. L’injection au début de l’aspiration favorise la diminution de la consommation; vers la fin du même temps, elle élève la pression moyenne; effectuée pendant la compression, elle diminue la tendance à la détonation. Les auteurs estiment qu’il est possible, par ce mode d’alimentation, d’obtenir une augmentation de la puissance massique de 12 à 17 pour 100 et une réduction de la consommation de plus de 7 pour 100.
- La magnésie dans la fabrication des carbures. —
- Par des essais effectués dans un four à carbure monophasé, à sole conductrice de 3000 kw, M. Aall a étudié l’action de doses croissantes de magnésie ajoutées au mélange traité, ces doses allant jusqu’à 10 pour 100 du poids de la coulée. Le carbure obtenu est plus fragile et poreux que le carbure ordinaire; il ne contient que peu de magnésie et des traces de magnésium métallique. Au point de vue technique cette addition est toujours défavorable : elle diminue le rendement en énergie, augmente la consommation de coke et gêne la conduite du four. La température de la réaction étant rendue plus élevée, le carbure en fusion atteint le cuvelage et peut rapidement détruire les parois réfractaires.
- L. Bertrand.
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- NOTES ET INFORMATIONS
- GÉOGRAPHIE
- Une expédition soviétique au Pôle Nord.
- Une expédition aérienne dirigée par l’explorateur russe Otto Schmidt, a atteint le Pôle Nord de 21 mai et a débarqué sur la glace où elle laissera quatre hivernants : Ivan Paranine, chel de poste d’hivernage, E. Krenkel, radiotélégraphiste, Mlle Chirchov, biologiste, E. Fedorov, astronome. Cette mission restera un an sur place et se livrera à des observations scientifiques.
- Ces cinq personnes se trouvaient à bord d’un avion léger, piloté par Vodopianov et parti de l’île Rodolphe où 4 avions lourds quadrimoteurs attendent qu’un terrain d’atterrissage leur soit préparé pour venir débarquer les vivres et le matériel destinés aux hivernants.
- L’expédition aérienne avec ses 5 avions et 42 personnes dont 2 journalistes, avait quitté Moscou le 22 mars, pour atteindre l’île Rodolphe le 19 avril, en passant par Arkhangel et la Nouvelle-Zemble. L’île Rodolphe est située au nord de la Terre François-Joseph. Les avions de l’expédition ont à leur bord des provisions et des vêtements prévus pour 18 mois, ils portent en outre une maison démontable et des instruments scientifiques. Si ce matériel ne peut être débarqué normalement, faute d’atterrissage pour les avions, il sera descendu par parachute.
- ÉLECTRICITÉ
- L'emploi des ondes hertziennes ultra=courtes pour la transmission téléphotographique à grande distance.
- Les ondes hertziennes ultra-courtes sont déjà employées depuis quelque temps pour établir des services réguliers de radio-communication, en téléphonie, en télégraphie, et surtout pour la transmission des images animées. On a également songé aux États-Unis à établir des stations d’émission émettant sur une gamme inférieure à 10 m pour assurer des diffusions radiophoniques à très haute fidélité"musicale, en augmentant la bande des fréquences transmises jusqu’à 10 000 per/sec.
- Jusqu’à présent, la zone de réception régulière autour de la station émettrice n’a pas dépassé au maximum une soixantaine de kilomètres, en raison des lois particulières de diffusion de ces ondes qui se propagent normalement suivant des règles quasi optiques.
- On a, il est vrai, obtenu parfois des réceptions à des distances beaucoup plus grandes, mais dans des conditions spéciales, qu’il faut considérer encore comme exceptionnelles.
- Si donc l’on veut créer un réseau de diffusion étendu, il faut se résoudre à envisager l’emploi de relais. Ce procédé a été réalisé pratiquement pour la première fois dans un réseau de transmission de téléphotographie établi en 1936 par la Radio Corporation of America, entre New-York et Philadelphie, c’est-à-dire sur une distance de 145 km.
- Deux stations relais, New-Brunswick et Aweysillant, ont été installées entre les points extrêmes, de manière à réduire les distances de transmission sur ondes ultra-courtes à 59 km au maximum.
- Ces stations comportent chacune un système émetteur et un système récepteur, et en double, de manière à assurer une liaison bilatérale et indépendante dans les deux sens.
- Les stations intermédiaires sont, d’ailleurs, automatiques et n’exigent aucune surveillance; pour les mettre en action on transmet un signal modulé sur une fréquence déterminée
- qui actionne, à l’aide d’un système de filtre accordé, un dispositif de relais électro-mécanique.
- Le réseau sert à la transmission des images fixes, et même plus spécialement des fac-similés sans demi-teinte; l’emploi des ondes ultra-courtes permet d’éviter les effets d’échos dus à la réflexion des ondes indirectes et d’augmenter la bande des fréquences transmises.
- Pour chaque émission, on n’a besoin que d’une bande de 7500 per/sec, mais on peut assurer plusieurs communications simultanées, à la fois de transmission de fac-similé ou par télétypes, ou même des transmissions télégraphiques ordinaires.
- La transmission téléphotographique est ainsi très rapide; la vitesse de transmission est de 50 cm2 par minute en moyenne, et chacune des transmissions est effectuée sur une fréquence musicale distincte; la bande totale occupée en haute fréquence pour deux transmissions de fac-similé, deux télétypes, la transmission télégraphique, celle des signaux de service et de mise en marche n’est que de 40 kilocycles; il serait donc possible de l’augmenter encore.
- Les ondes porteuses utilisées entre les différents relais ont des fréquences décalées de 0,5 mégacycle. Le poste émetteur initial émet sur 95 mégacycles, le premier relais sur 90 et 99,6, le deuxième sur 94,5 et 104, et enfin la station finale sur 89,5.
- Les systèmes émetteurs et récepteurs sont généralement placés dans les mêmes locaux, avec blindage convenable, et la réception est obtenue avec des appareils à double changement de fréquence (30 mégacycles et 5,5 mégacycles) munis de lampes spéciales pour ondes très courtes du type «gland» ou « bouton » permettant d’éviter au maximum les effets de capacité; de très faibles dimensions, les appareils émetteurs sont contenus dans des boîtiers fermés sans commande extérieure.
- Il importe de maintenir avec la plus grande précision la fréquence très élevée de ces émissions, et, pour obtenir des portées suffisantes, il a fallu installer les antennes à des hauteurs aussi grandes que possible.
- Dans les villes terminus du réseau, on les place au sommet des gratte-ciel, et dans les stations relais, elles sont supportées par des mâts de 66 m de haut.
- Elles sont d’ailleurs constituées par des dipôles horizontaux formés de 4 tiges de 1 m 50 environ (1/2 longueur d’onde) écartées de 1 m 50 et alimentées par deux fils verticaux, fixés par leur milieu au support métallique; à la tête, un réflecteur est constitué par un système analogue placé à 75 cm du premier (1/4 longueur d’onde).
- Nous avons précédemment signalé les nouveaux câbles à circuits concentriques, ou même sans conducteur métallique proprement dit, permettant la transmission de très hautes fréquences à des distances souvent très grandes. Il sera intéressant et facile de comparer leurs transmissions avec celles qui utilisent les ondes hertziennes comme support.
- P. H.
- Téléphonie d'appartement par courants haute fréquence sur les fils du réseau d’éclairage.
- Dans les grands appartements, les propriétés, les usines, les administrations, etc., les téléphones intérieurs peuvent rendre de grands services.
- Mais leur installation exige la pose de conducteurs spéciaux avec tous les travaux et les ennuis que cela peut comporter : traversée des cloisons et des planchers ; aspect souvent peu esthétique. Il faut, en outre, une source spéciale pour
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- l’alimentation en courant : piles ou accumulateurs, exigeant un entretien désagréable.
- Depuis longtemps, on pratique la téléphonie le long des lignes de distribution électrique à l’aide de courants porteurs à haute fréquence ; on a souvent donné à ce procédé le nom singulier, mais très clair de téléphonie sans fil « sur ûl ». L’émission et la réception s’effectuent en effet avec de véritables appareils de T. S. F.
- Dès la mise au point de la téléphonie par courants porteurs, c’est-à-dire dès la fin de la guerre, on a proposé de l’utiliser pour la téléphonie d’appartement; mais il semble qu’il ait fallu attendre jusqu’à maintenant pour voir cette idée entrer dans le domaine pratique : voici un exemple de réalisation qui nous vient des États-Unis.
- L’installation comporte deux postes tous deux émetteurs et récepteurs, mais on pourrait évidemment en employer un nombre quelconque, en variant les longueurs d’ondes porteuses; ils permettent l’audition en haut parleur, et l’opérateur n’a pas besoin non plus d’approcher un microphone de sa bouche. Il suffit de se placer simplement devant l’appareil, et de parler à voix normale, sans avoir à quitter son bureau ou son fauteuil.
- Chaque poste a l’apparence d’un petit récepteur de T. S. F. « miniature » bien connu; il a seulement 23 cm de long, 15 cm de haut environ, et 14 cm de profondeur; son poids est inférieur à 500 gr.
- Le système émetteur comporte une lampe oscillatrice du type pentagrille, modulée par une lampe amplificatrice commandée par le microphone; ce dernier est constitué, d’une manière très ingénieuse, par un petit haut-parleur électrodynamique à aimant permanent, qui joue donc, en même temps, le rôle de microphone et de haut-parleur du système récepteur.
- Le récepteur, de son côté, comporte les mêmes lampes au nombre de quatre au total, et il paraît être du type superhétérodyne; l’alimentation est assurée par une valve de redressement pour le courant plaque, mais l’appareil est du type tous courants, et peut être alimenté, soit sur le courant continu, soit sur le courant alternatif. Le fonctionnement est même évidemment plus aisé sur un secteur continu, puisqu’on n’a pas à craindre les ronflements provoqués par la fréquence du secteur.
- La longueur d’onde porteuse employée n’est pas indiquée, mais, d’après les expériences du même genre, il est probable qu’elle est assez élevée.
- Les appareils sont branchés sur le réseau d’éclairage et les courants de haute fréquence modulés par la parole circulent sur les fils de ce réseau.
- Chaque système émetteur-récepteur porte simplement un bouton de mise en marche et de réglage de l’intensité sonore, et une manette à trois positions : « signal d’appel », «émission»,
- « réception ».
- L’opérateur qui veut appeler son correspondant met d’abord l’appareil en marche, puis il place la manette sur la position « signal d’appel », ce qui produit dans le haut-parleur du poste du correspondant un son musical intense attirant l’attention de ce dernier.
- Il ramène alors la manette vers la position « émission » et transmet son message, le correspondant peut répondre, à son tour, après avoir ramené le bouton de son poste de la position « écoute » à la position « émission », et ainsi de suite.
- Dans les premiers appareils, il était nécessaire que les lampes du système récepteur soient en fonctionnement au moment où , le message devait être transmis, pour que l’appel puisse être entendu.
- Dans les modèles plus récents, un système de relais permet
- la mise en marche automatique à distance du deuxième poste avec lequel on veut entrer en relations.
- Ce système original présente le grand avantage d’être complètement mobile, et d’être prêt à fonctionner immédiatement, en tous points d’un immeuble, simplement après avoir été relié au secteur. Cet avantage lui permettra sans doute d’être employé pour un grand nombre d’usages particuliers. Comme nous l’avons indiqué, on peut communiquer sans risque de brouillages avec un nombre quelconque de correspondants, simplement en faisant varier la longueur d’onde d’émission et de réception choisie. P. H.
- BOTANIQUE La Citronnelle.
- La citronnelle (Cymbopogon nardus Rendle) est une graminée vivace originaire des Indes. La plante est robuste, croît en fortes touffes, a de grands limbes foliaires retombants atteignant souvent un mètre de longueur.
- L’essence s’extrait des tiges et des feuilles par distillation. La culture connaît deux variétés de citronnelles; l’une la « Lena batu » est surtout répandue à Ceylan, elle fournit l’essence connue sous le nom de « Ceylan »; l’autre la « Maha peugiri » a son centre le plus important à Java. Alors qu’à Ceylan la culture, vieille aujourd’hui de plus de quatre-vingts ans, n’a guère fait de progrès, à Java, elle est passée d’une centaine de tonnes en 1914 à plus de 1000 t de nos jours.
- Cette plante est aussi l’objet d’une certaine culture en Afrique orientale, à Madagascar, aux Antilles, et les Italiens l’ont importée en Sicile.
- A Ceylan, l’agriculteur se borne à mettre en terre des fragments bien enracinés de souches et à maintenir la plantation propre. A Java, où l’on soigne mieux la plante, la mise en terre se fait à la saison des pluies pour faciliter la reprise, à raison d’environ 30 000 pieds à l’hectare ; pour éviter le déchaussement par les pluies et favoriser le développement des jeunes feuilles, on butte et on talle. La citronnelle exigeant beaucoup d’azote, on enfouit ordinairement par labour, une bonne fumure de légumineuses, avant la mise en place. Les sarclages sont d’une importance primordiale pour nettoyer le sol des mauvaises herbes exubérantes. La réussite dépend encore d’une chaleur suffisante, 25° en moyenne, jointe à une grande humidité. On rencontre la citronnelle depuis le bord de la mer qu’à 200 m d’altitude, quand les conditions climatériques sont suffisantes. La récolte des tiges feuillues a lieu avant la floraison. La première récolte se fait 7 mois après la plantation, bien que dans certaines conditions favorables, on obtienne d’excellents rendements au bout de cinq mois. La coupe continue à raison de quatre récoltes par an, durant cinq ans à Java, alors qu’à Ceylan une plantation peut subsister vingt ans, avec des rendements plus faibles. En moyenne on estime la production à l’hectare à 20 000 kg de feuilles et tiges à Ceylan et 30 000 à Java. Les quantités d’essence obtenues, par distillation à la vapeur des feuilles, fraîches ou séchées suivant les régions, sont respectivement de 80 et de 200 kg.
- L’essence distillée est jaune, verdâtre ou brunâtre suivant les origines et l’habileté des techniques. L’odeur, des plus agréables, est due à un aldéhyde, le citronnellal et à un alcool, le géraniol.
- Le produit de Java contient jusqu’à 60 pour 100 de citron-nellal tandis que dans l’essence de Ceylan on n’en trouve guère que 38 pour 100 au maximum, la teneur pouvant tomber à 26 pour 100. Sur les marchés, l’essence de Java fait prime.
- La savonnerie r et l’industrie des parfums font une assez large consommation de cette essence, la production mon-
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- diale étant évaluée à 1 700 000 kg dont au minimum 1 million de kg pour Java et 500 000 pour Cevlan. Suivant M. Hac-quart, du Ministère des Colonies de Belgique, à qui nous devons une monographie sur ce sujet, « quoique par sa teneur en géraniol, l’essence de citronnelle vienne au dernier rang des essences utilisées comme source de géraniol pur, c’est en réalité la citronnelle qui est le plus largement employée à cet usage à cause de son prix relativement peu élevé et de la présence d’autres constituants utiles, tels que le citronnellal.
- « Le géraniol entre surtout dans la composition des produits soi-disant à base de rose, tandis que le citronnellal est demandé par l’industrie des parfums synthétiques. » Cette plante, pour son importance industrielle occupe la première place dans la production des végétaux à parfums. Il y aurait semble-t-il intérêt à étendre sa culture dans la zone équatoriale africaine, là où les conditions climatériques se rapprochent de celles de Ceylan et de Java. Cependant, dans ce tableau intéressant, il faut souligner une ombre; les bas prix de l’essence à l’heure actuelle, à peine 7 à 8 fr le kg en 1935, alors qu’il était de 50 fr en 1926. G. Remacle.
- ZOOLOGIE
- Les Pangolins de VAfrique Equatoriale.
- Il existe dans le centre africain trois espèces de Pangolins : l’une est le grand pangolin (Manis gigantea), animal terrestre habitant les régions forestières ; les deux autres sont arboricoles, ce sont Manis tricuspis et M. macrura. Ces derniers sont de petite taille, bien que leur queue soit beaucoup plus longue que celle du pangolin terrestre et qu’elle les allonge considérablement. Le M. tricuspis possède des écailles à dent aiguë bien marquée, tandis que chez le M. macrura, la dent est peu nette et les écailles plus grandes. Cette cuirasse d’écailles puissantes constitue pour ces animaux une excellente défense ; il ne reste guère sans protection que la région médiane ventrale, l’extrémité de la tête et le dessous des pattes. Le Pangolin, pour protéger ses parties vunérables, se roule en boule dès qu’il pressent quelque danger.
- Si l’on essaye alors de le « détendre », on constate que sa puissance musculaire n’est pas négligeable, la queue elle-même s’agrippant par son extrémité à la cuirasse. Les écailles relevées risquent fort de pincer sérieusement les doigts, lorsque l’animal vaincu se déroulera assez brusquement, lançant en même temps un jet liquide malodorant expulsé par une glande anale. Les pattes relativement courtes sont en plus armées de solides griffes.
- Le Pangolin, vivant en toute quiétude, est fort alerte, lorsqu’il baguenaude à la recherche d’une nourriture essentiellement constituée de fourmis et accessoirement de termites. Sa bouche n’est qu’une sorte de conduit où les dents manquent; la langue, longue, sans cesse humectée d’une salive gluante par des glandes très actives, est protractile. Pour capturer ses proies, il s’installe près d’une fourmilière et promène sa langue-piège sur les colonnes de fourmis qu’il déglutit prestement. On peut trouver dans son estomac une quantité prodigieuse de ces insectes. Signalons à ce propos que la première collection importante de fourmis congolaises, comprenant des espèces nouvelles, fut fournie par la dissection d’un estomac de Pangolin !
- Plus souvent, il ne se contente pas de piéger; il s’attaque au nid qu’il éventre de ses griffes. Les fourmis sortent de toutes parts et montent à l’assaut de ce gros ennemi; des milliers d’insectes courent sur son corps, se glissent entre les lamelles écailleuses de sa carapace. Il commence alors
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- paisiblement son festin : avec une rapidité merveilleuse, la langue va et vient et englue des centaines de fourmis qui sont rapidement avalées. Il insinue sa langue visqueuse de tous côtés et de la queue, il rassemble de temps en temps, comme avec un balai, les débris du nid où des fourmis se sont cachées.
- De brusques mouvements de la carapace lui permettent de se secouer et de se débarrasser des assaillantes par trop téméraires. D’un léger coup de queue faisant office de bi*osse, il achève ce nettoyage et y trouve encore à manger.
- Le Pangolin est bien protégé contre les morsures des insectes : entre les écailles, la peau est épaisse; la bouche est pleine de salive collante; les narines en fentes sont aisément fermées pendant le repas; les yeux sont bordés par d’épaisses paupières; les oreilles externes manquent et le conduit auditif peut se clore également.
- Même les terribles fourmis voyageuses, les Darylus n’effraient nullement le Pangolin qui les avale comme les autres. Cependant, tous les voyageurs africains savent que la terrible Drasylus possède de formidables mandibules.
- Manis gigantea peut atteindre, queue comprise, un mètre cinquante de longueur et 70 centimètres sans celle-ci. Les deux autres espèces ire dépassent jamais un mètre de longueur totale et 40 cm pour le corps.
- L’espèce à queue courte est essentiellement terrestre, comme nous l’avons dit. Le logement des Pangolins terrestres est une cavité quelconque du sol ou un terrier creusé par la bête, avec les puissantes griffes de ses pattes antérieures ; il peut parfois s’enfoncer jusqu’à 5 m de profondeur.
- Les espèces arboricoles se contentent de creux dans les troncs des arbres ou d’enchevêtrements de ramures. Leur activité est crépusculaire plutôt que nocturne et durant les heures chaudes de la journée ces animaux se reposent dans leurs abris que les indigènes excellent à découvrir. Leur capture est alors aisée, n’étant qu’une besogne de terrassier, ou un exercice d’équilibre dans les arbres, selon les espèces.
- G. R.
- CHIMIE INDUSTRIELLE
- La corrosion récidivante des bronzes et cuivres anciens.
- Les conservateurs et collectionneurs d’objets anciens, en bronze ou en cuivre, connaissent ce phénomène assez curieux que l’on appelle « la maladie du bronze » ou « peste des collectionneurs ». On remarque des taches humides, d’un vert vif, qui apparaissent à la surface vert foncé des bronzes, vers la fin de l’été ou aux premiers jours de l’automne. Par la suite, ces taches se dessèchent, tombent en donnant une poussière d’un vert éclatant.
- Cette corrosion se produit le plus souvent sur des objets importés de pays à climat sec. Elle revêt parfois la forme d’une efflorescence d’un vert vif sur les bronzes nettoyés mécaniquement (grattés ou burinés) et peut provoquer pour les objets fragiles, leur perte irrémédiable.
- Berthelot, qui a étudié ce phénomène, l’attribue à la formation de chlorure cuivreux, l’atacamine, produite au cours d’une réaction primaire entre le cuivre, le chlorure de sodium et les agents atmosphériques. Pour d’autres auteurs, Fink en particulier, la corrosion serait due à la décomposition d’ataca-mine en présence d’humidité et d’acide carbonique. Récemment, Fink et Polushkine ont montré que, quel que soit le produit cuivreux intermédiaire •— chlorure ou sulfate basique —- en fin de compte c’est de la malachite (carbonate stable en présence d’acide carbonique) qui se forme.
- H. Vigneron.
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- INVENTIONS ET NOUVEAUTÉS
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- ECLAIRAGE
- Un lampadaire électrique
- à usages multiples.
- Un modèle de lampadaire électrique très puissant, à éclairage direct et indirect combiné, mais servant en même temps d’appareil de chauffage perfectionné vient d’être présenté par la Société Calor.
- Une lampe demi-watt de 300 ou de 500 w, est logée au sommet de la colonne verticale creuse de l’appareil, dans un réflecteur en forme de cône épanoui de 40 cm d’ouverture , elle permet les effets d’éclairage indirect.
- Deux lampes dépolies ordinaires de 60 w seulement servant à l’éclairage réduit direct sont disposées, d’autre part, symétriquement sous un vaste abat-jour en parchemin simple et élégant.
- Une tablette ronde en acajou verni placée sous l’abat-jour sert de table pratique et intime très bien éclairée par une ou deux des lampes à éclairage direct.
- Un ventilateur actionné par un moteur électrique est dissimulé dans le pied de la lampe et aspire l’air de la salle par l’intermédiaire du tube creux vertical servant de support. Cet air, aspiré vers le plafond, s’échauffe fortement en passant sur une résistance de 850 w logée également dans le pied de l’appareil. Sans remous désagréables, l’air chaud sort ainsi au ras du parquet par les ouvertures latérales du socle (fig. 1).
- L’éclairage des lampes, le système de soufflage, la mise en circuit de la insistance sont commandés de manière indépendante par trois interrupteurs différents montés sur le tube
- Fig. 1. — Le lampadaire électrique à usages multiples.
- Fig. 2. — Coupe de Vaspirateur électrique Aspiron Vil Paris-Rhône à double turbine et aspiration réglable.
- Sac pro Crochet du couverclev.
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- Sac à
- poussière
- GriJ/e de protection Suspension avant
- Botte intérieure
- Suspension arrière
- Sortie clair
- Tubulure de soufflage
- Roues arrière
- au-dessous de la tablette médiane, mais la mise en marche du système de chauffage impose celle du ventilateur de souillage.
- Pendant la journée, le système peut servir uniquement pour le chauffage, l’air s’échauffant au contact de la résistance intérieure mise en circuit.
- La nuit, au contraire, l’air aspiré s’échauffe déjà, lorsque l’éclairage indirect fonctionne, en léchant l’ampoule de 500 w supérieure.
- Ainsi, on peut obtenir trois degrés de chauffage : par la lampe de 500 w seule, par la résistance inférieure seule, ou, à la fois, par la lampe et la résistance.
- L’appareil sert pour le chauffage d’appoint ou en demi-saison, presque sans dépense, ou bien fonctionne comme un véritable appareil de chauffage électrique à ventilation.
- Même sans aucun système de chauffage ou d’éclairage en action, le dispositif d’aspiration et de soufflage ramène à hauteur d’homme tout l’air chaud accumulé normalement sans utilité vers le plafond.
- Cet ensemble original, d’une hauteur de 1 m 96 à 2 m 46, avec table de 65 cm de diamètre et abat-jour de 70 cm de diamètre, constitue un appareil d’électricité domestique vraiment très complet.
- Établissement Calor, Place de Monplaisir. Lyon.
- Fig. 3.— Vue générale de l’aspirateur.
- ARTS MÉNAGERS Aspirateur électrique perfectionné.
- L’aspirateur électrique est aujourd’hui indispensable dans tout appartement moderne; il économise l’effort humain et assure un nettoyage hygiénique; il se prête particulièrement bien au dépoussiérage des tentures et tapisseries.
- Encore faut-il, quand on utilise l’aspirateur sur des tissus, que l’aspiration ne soit pas trop énergique, ce qui risquerait de nuire à l’objet à nettoyer; il n’est du reste pas rationnel d’avoir la même intensité d’aspiration dans tous les cas. Pour un tapis dans lequel la poussière s’est accumulée, l’aspiration doit être intense; si l’opération est renouvelée fréquemment, et sert uniquement à l’entretien, l’aspiration doit être plus faible, et on évite ainsi d’arracher des fils de trame.
- En particulier, pour certains tapis fragiles, de « haute laine » par exemple, il est bon de réduire la puissance d’aspiration pour ne pas risquer un arrachement intempestif de la laine. Il en est de même pour certains bibelots délicats.
- Dans le dernier modèle de la société Paris-Rhône, l’aspiration est très facilement réglable, et l’on peut avoir à volonté trois degrés d’aspiration différents : forte, moyenne et faible.
- Le système de réglage est très simple, et uniquement
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- mécanique; on l’obtient par une simple pression du doigt sur une couronne molettée entourant un manchon du tube d’aspiration percé de trois rangées d’ouvertures parallèles.
- Lorsque tous les trous du tube sont obturés, la puissance d’aspiration est maxima; en découvrant une seule rangée, on a une aspiration forte, en découvrant deux rangées l’aspiration moyenne et en découvrant les trois rangées, l’aspiration faible.
- Le dispositif permet ainsi de faire varier la dépression de 70 cm d’eau jusqu’à 18 cm 5; pour fixer les idées, précisons que les aspirateurs de poussières d’appartement de modèles courants ont une dépression maxima de l’ordre de 60 à 65 cm.
- Le moteur de l’appareil entraîne deux turbines jumelées. Ce dispositif moderne est le système le plus efficace et le plus rationnel au point de vue de la puissance d’aspiration; il évite en même temps le bruissement d’air désagréable des anciens appareils.
- Un deuxième sac-filtre supplémentaire assure une filtration parfaite des poussières même les plus ténues, et un tampon-filtre peut être placé entre les deux sacs.
- Une sphère d’orientation du tube souple adaptée à la cuve évite toute torsion du tube lors des nettoyages, et élimine une cause de fatigue manuelle, en même temps qu’elle augmente
- la durée de service de ce tube.
- Société Paris-Rhône, 83, chemin deSaint-Priest, Lyon (Rhône).
- OBJETS UTILES
- Enveloppes pour imprimés et échantillons.
- L’administration des Postes accorde des tarifs spéciaux pour le transport des imprimés et des échantillons sous enveloppe ouverte.
- Mais il faut que le contenu puisse être vérifié, cependant qu’il ne doit pas s’égarer en glissant trop facilement hors de l’enveloppe ou en la déchirant. Bien des systèmes ont été imaginés pour résoudre ce problème.
- Tout le monde connaît la patte rentrant simplement entre les deux faces de l’enveloppe qui bâille trop aisément, et ses divers modes de fixation par un crochet métallique passé dans un œillet et replié, ou des attaches et des agrafes diverses.
- Voici quelques autres moyens assez, récemment mis en œuvre.
- MM. Montgolfier fils et Cie, de Troyes, ont fait breveter, sous le nom de « Fermebien » un sachet dont la patte collée entoure une bande de métal souple dépassant de chaque côté.
- La patte étant repliée, les deux dépassants sont rabattus sur l’enveloppe, assurant la tenue de la fermeture. On ouvre en dépliant la lame métallique. Le sachet peut servir plusieurs fois.
- Les établissements Brun et Cie, à Paris, exploitent plusieurs autres formes d’enveloppes imaginées par M. Gelly.
- L’une connue sous le nom de « double patte » comporte une patte sur chaque bord libre de l’enveloppe; l’une d’elles se rabat sur le contenu, l’autre se replie sur la preT
- Patte en métal
- Fig. 4. — Le « Fermebien ».
- En ve/oppe ouverte
- Fig. 5. — La a Double-Patte
- mière et s’engage entre la partie non collée et l’enveloppe extérieure.
- Une autre fermeture plus complexe est le « Tenax » du même inventeur, M. Gelly. C’est une attache en papier, très résistant, en forme de T, dont la base est fortement gommée; elle est tenue dans une ouverture de forme appropriée de la patte qu’on rabat sur l’enveloppe. Pour fermer, on humecte la gomme de l’attache qui se colle sur le verso de l’enveloppe ou du sachet; pour ouvrir on redresse les bras du T qui passent alors aisément dans la fente.
- La fermeture « Securit » est obtenue en collant sur la patte de rabattement deux bandes rigides qui ne gênent pas son introduction dans le sachet, mais s’opposent à sa sortie sous la pression du contenu.
- Enfin, le sac « Pare-pointe » permet d’envoyer des objets métalliques, durs, volumineux, des poudres, des grains, ou encore des échantillons fragiles, en les protégeant contre les chocs des oblitérations postales aussi bien qu’en évitant d’abîmer le matériel mécanique d’oblitération employé aujourd’hui par les P. T. T.
- Le côté ouvert du sachet se ferme en le repliant deux fois et en passant une agrafe dans des orifices préparés. L’agrafe fixe en même temps une large bande collée par un bout au sachet et sur laquelle on appose les timbres d'affranchissement, en dehors du contenu.
- Fabricants :
- MM. Montgolfier fils et Cie, 19, rue Ambroise-Cottet, Troyes.
- MM. Brun et Cie, 58, avenue Philippe-Auguste, Paris (11e).
- Fig. 7. — La « Securit
- Fig. 8. — Le « Pare-Poinle ».
- Bandes renforcées
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- BOITE AUX LETTRES
- QUESTIONS ET RÉPONSES
- Emploi d’un chargeur d’accumulateurs d’ancien modèle.
- Votre chargeur était destiné, d’une part à la recharge de la batterie de chauffage à faible tension, de l’ordre de 4 v avec une intensité de l’ordre de 1 A, 3 environ, et, d’autre part, à la recharge de la batterie de haute tension, sous une tension de l’ordre de 80 v, et une intensité de l’ordre de 80 mA.
- Puisque vous possédez maintenant un appareil secteur, le système de recharge de la batterie haute tension ne peut plus vous être utile; mais la partie de l’appareil servant à la recharge de la batterie de chauffage peut, sans aucune transformation, être employée pour la recharge de la batterie de démarrage et d’éclairage de votre automobile.
- Si le chargeur peut donner un courant de tension suffisante, de l’ordre de 12 v par exemple, vous pouvez simplement relier les bornes de sortie de l’appareil aux bornes de la batterie de l’automobile, en observant les polarités convenables. Si la tension est de 4 ou de 6 v, vous pouvez charger seulement deux éléments à la fois, au lieu de charger tous les éléments en même temps.
- L’intensité du courant de charge demeure évidemment très faible, de l’ordre de 1 A, c’est-à-dire très inférieure à celle qui est adoptée normalement pour les chargeurs d’accumulateurs d’automobiles. Cela n’a aucun inconvénient au point de vue pratique, et vous obligera simplement à charger votre batterie pendant une durée beaucoup plus grande, suivant son état de décharge.
- Réponse à M. Desbordes, à Isle (Hte-Vienne).
- Photographie et cinématographie en infra=rouge.
- Nous ne connaissons pas de livres consacrés spécialement à l’étude de la photographie et de la cinématographie en rayons infra-rouges, mais vous pouvez trouver des indications sur cette question dans des articles qui ont paru dans les revues suivantes :
- « La Technique cinématographique », 34, rue de Londres, Paris.
- « Documentez-vous », 6, rue St-Hubert, Paris (11°).
- Parmi les fabricants qui ont réalisé récemment des émulsions spécialement sensibles aux radiations infra-rouges, nous pouvons vous signaler les suivants:
- Établissements Agfa, 25, rue du Renard, Paris (4e).
- Établissements Guilleminot, 22, rue de Châteaudun, Paris (9e).
- Établissements Wellington et Ward, 52, rue de Dunkerque, Paris
- (9°).
- Réponse à M. Bassould-Dumayne, à Perpignan (Pyr.-Or.).
- Antenne réduite pour récepteur de T. S. F.
- Les résultats qu’on peut obtenir avec une antenne de réception dépendent essentiellement de la longueur et de la hauteur de cette antenne, ainsi que des caractéristiques de la descente, c’est-à-dire du câble reliant le collecteur d’ondes au poste, et, éventuellement, de la qualité de la prise de terre.
- Il n’existe, en réalité, aucun système qui assure une énergie plus grande sous une forme plus réduite, et seul le cadre peut, grâce à ses qualités particulières de résonance et à son pouvoir directionnel, présenter des avantages relatifs.
- Ainsi, les systèmes d’adaptation, d’ailleurs plus ou moins complexes, présentés dans les revues techniques ou même les journaux quotidiens, sous des indications diverses, mais dont le montage est toujours à peu près identique, ne nous paraissent présenter aucun intérêt.
- Si vous voulez établir un collecteur d’ondes vraiment efficace, pouvant atténuer des troubles parasites, il faut recourir à un système classique protégé, dont il existe désormais de nombreux modèles de plus en plus perfectionnés et pratiques(S.€onsultez, par exemple, sur l’ouvrage La T. S. F. sans parasites (Dunod, éditeur).
- Réponse à M. A. Bernard, à Laignes (Côte-d’Or).
- Fonctionnement d’une sonnerie sur te courant du secteur.
- En réduisant la tension du secteur 110 v continu à la valeur convenable par une résistance en série constituée par du fil ferro-nickel, ou tout simplement par une ampoule à incandescence intercalée dans
- le circuit, connue il a été indiqué dans le numéro 2996 de la Revue, on peut actionner directement une sonnerie ordinaire basse tension, du type utilisé normalement avec des batteries de piles. La môme résistance sert évidemment pour tout le réseau des fils de sonnerie.
- On peut employer, à cet effet, des ampoules à incandescence à filament métallique, ou d’ancien modèle à filament de charbon; un petit calcul simple permet, suivant le type de sonnerie, de déterminer la chute de tension nécessaire, et, par conséquent, le type d’ampoule employée. On peut, d’ailleurs, s’il y a lieu, employer plusieurs ampoules en parallèle, comme on le fait, par exemple, pour la recharge des accumulateurs.
- L’installation doit être plus soignée que pour l’alimentation avec des batteries, et exécutée avec du fil lumière bien isolé.
- Lorsque le courant est alternatif, il est préférable d’avoir recours à un petit transformateur abaisseur de tension, parce que le circuit du secondaire relié à la sonnerie est à basse tension, et exige moins de précautions.
- Les transformateurs sont, d’ailleurs, peu coûteux (par exemple, modèles Lefébure Solor, 5, rue Mazet, Paris 6e).
- Réponse à M. Arnaud, à Paris.
- Edition de disques phonographiques.
- On peut réaliser des enregistrements de disques phonographiques de deux natures différentes. 11 est, d’abord, possible d’établir des enregistrements sur des disques qui serviront eux-mêmes à la reproduction.
- C’est l’enregistrement direct, qui utilise soit des disques en aluminium, soit plutôt à âme métallique recouverte d’une couche très homogène de nitrate de cellulose.
- Dans une deuxième catégorie d’enregistrements, on établit une première épreuve sur disque en composition à base de cire. Par une suite d’opérations galvano-plastiques délicates, on en tire une matrice métallique servant par pression et chauffage à la fabrication d’une grande série de disques épreuves en composition à base de gomme laque.
- Si vous avez en vue des enregistrements de cette dernière catégorie, il faut vous adresser à une maison d’éditions phonographiques spécialisée, par exemple :
- Cie française du Gramophone, 7, boulevard Haussmann, Paris.
- Disques Odéon, 11, faubourg Poissonnière, Paris.
- L’Industrie phonographique, 17, rue de Lancry, Paris.
- Réponse à M. Poignand, à Alger.
- De tout un peu.
- Mlle Robert, à Sainte-Enimie (Lozère). — 1° Les raccommodeurs professionnels de faïence et porcelaine emploient un mélange d’une ou deux pincées de blanc d’Espagne avec quelques gouttes de la solution commerciale de silicate de potasse, de façon que le dit mélange prenne la consistance d’un mastic assez épais.
- La pâte ainsi obtenue doit s’appliquer sur des tranches bien nettes exemptes de toute autre colle, elle acquiert assez rapidement la dureté de la pierre et résiste convenablement à l’eau froide.
- 2° Le polissage du marbre s’effectue habituellement au moyen d’une pierre spéciale provenant de l’Ile de Gotland (Suède), dans la Mer Baltique; à défaut on peut se servir de la potée d’étain délayée dans un peu d’eau, le frottoir étant simplement une plaquette de marbre (déchet).
- Pour terminer on frotte avec un tampon de toile humide sur lequel on a appliqué de la râpure de plomb.
- Une fois le polissage terminé on donne le brillant avec une encaustique à la cire blanche.
- M. J. Bras, à Fès (Maroc). — D’après la description que vous nous avez faite, ainsi que de ses propriétés de solubilité, il nous paraît que le vernis en question doit être simplement une dissolution de résine ordinaire (colophane) dans la benzine.
- M. Léger, à Saint-Mandé. — 1° Les professionnels se servent, pour le nettoyage des gants, du sauon-benzine obtenu par le mélange des éléments suivants :
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- Savon blanc de Marseille ......................15 gr
- Benzine...........................................50 —
- Oléine........................................... 5 —
- Eau non calcaire..................................35 —
- Le savon ayant été préalablement dissous dans l’eau, on y ajoute peu à peu, en battant, la benzine dans laquelle on a fait dissoudre, d’autre part, l’oléine; puis on met en réserve.
- Pour l’emploi, on prend :
- Benzine neuve............................... 1000 cm3
- Savon benzine............................... 15 —
- On laisse tremper les gants dans ce mélange pendant une heure ou deux, en foulant à la main et brossant au besoin, avec une petite brosse sèche. Finalement on rince une ou deux fois, dans de la benzine neuve.
- Après benzinage, les gants sont fortement pressés à la main, essuyés avec un linge sec non pelucheux, étirés et ouverts avec la pince à gants, puis mis à sécher à l’air libre.
- N. B. — Eu égard à l’inflammabilité de la benzine, faire tous ces traitements de jour, et loin de tout foyer.
- 2° Pour détruire les cafards, faire dissoudre dans un quart de litre d’eau chaude, jusqu’à saturation, de l’acide borique. Laisser refroidir, puis après avoir décanté le liquide y ajouter de la mie de pain de façon à obtenir une pâte assez consistante.
- Diviser cette pâte et la placer sur des assiettes ou des morceaux de carton que l’on dispose aux endroits convenables.
- Dès le lendemain, on aperçoit à terre quelques bestioles qui n’ont pu se rendre dans leur trou, elles sont sur le dos et éclatent avec un bruit sec lorsqu’on les écrase.
- M. Baumann, à Viroflay. — L'encre pour polycopies, au moyen des duplicateurs types miméographe, cyclostyle, etc., est établie sur
- les bases suivantes :
- Savon.......................................... 200 gr
- Eau.............................................150 —
- Huile de lin siccativée........................ 200 —
- Glycérine...................................... 250 •—
- Violet de Paris................................. 70 —
- Kaolin..........................................130 —
- Dissoudre au bain-marie le savon dans la moitié de l’eau additionnée de la glycérine et incorporer à la crème ainsi obtenue, l’huile de lin, puis le kaolin.
- Délayer, d’autre part, le violet de Paris dans le reste de l’eau, ajouter peu à peu à la masse précédente et broyer longuement au mortier, jusqu’à homogénéité parfaite.
- N. B. — Le broyage est une condition essentielle de la réussite.
- M. Mahieu, à Saint-Symphorien. — 1° Les grains de képhyr sont constitués par l’association de deux micro-organismes, le Dispora caucasica et le Saccharomyces kephyr, introduits dans le lait, ils transforment le lactose en alcool, acide carbonique et acide lactique, d’après la réaction :
- Cl2H12Ou + H20 = 3(C8H608) + CO2 + C2H°0.
- lactose ac. lactique alcool
- Ils peptonisent en outre la caséine.
- Ces grains peuvent, après prolifération, servir à produire la fermentation dans un nouveau lait, en les lavant soigneusement à l’eau distillée et les laissant sécher sur du papier à filtrer, à l’air libre, dans un endroit à température modérée.
- On peut ainsi les conserver au moins un an sans qu’ils perdent de leur vitalité.
- 2° Vous pourrez vous procurer de la colle spéciale pour bakélite, en vous adressant à la société « La Bakélite », 14, rue Roquépine, Paris (8e) (notice n° 305).
- 3° Les colles à l’acélale de cellulose sont généralement additionnées d’un peu d’huile de ricin, pour leur donner plus de souplesse, la formule suivante donnée par de Keghel pourra vous servir de base à une prépa-
- ration de ce genre:
- Acétate de cellulose...........................15 gr
- Acétate de méthyle.......................... 60
- Méthylacétone.................................25 •—
- Acétate de phényle............................ 1 .—
- Huile de ricin.............................. 0,5 —
- M. Bouttêe, Collège du Quesnoy. — L’émail de la faïence se
- compose d’oxyde de plomb, d’oxyde d’étain, de sable quartzeux, de sel marin et de carbonate de soude.
- On oxyde dans un four spécial nommé fournetle, le plomb et l’étain ensemble, ce qui donne un mélange appelé calcine. Celle-ci est ensuite additionnée des autres éléments, puis refondue pour donner l’émail proprement dit; les proportions types sont généralement :
- 1° Pour l’émail blanc dur :
- Calcine........................................44 kg
- Minium......................................... 2 —
- Sable blanc quartzeux..........................44 —
- Chlorure de sodium.......................... . 8 —
- Carbonate de soude............................. 2 —
- La calcine étant constituée par :
- Oxyde d’étain..................................23 —
- Oxyde de plomb............................... 77 —
- 2° Émail blanc tendre :
- Calcine........................................47 kg
- Sable blanc....................................47 -—
- Chlorure de sodium............................. 3 —;
- Carbonate de soude............................. 3 •—•
- La calcine se composant cette fois, de :
- Oxyde d’étain..................................18 kg
- Oxyde de plomb.................................82 —
- L’émail broyé finement est employé en suspension dans l’eau à l’état de bouillie claire, et appliqué sur les pièces soit par immersion, soit par arrosage.
- Après dessiccation on enlève avec une brosse l’émail non adhérent, puis les pièces sont placées dans le four où on procède à la cuisson, pendant 30 h environ; au commencement, on fait un petit feu de Irempe (700° environ, montre n° 20), pendant 15 à 16 h et on termine par le grand feu vers 1000° (montre n° 5).
- M. P. Morel, à Fougères. — Nous pensons que vous pourrez facilement enlever les lâches sur les chaussures, par la mixture que vous désignez « sapro-crème », au moyen de la préparation suivante :
- Prendre :
- Savon blanc en copeaux........................ 30 gr
- Eau de pluie..................................100 —
- Faire dissoudre au bain-marie, après macération, en remplaçant au besoin l’eau d’évaporation.
- Après refroidissement, ajouter :
- Ammoniaque liquide.............................5 cm3
- Puis incorporer à la masse une quantité de blanc d’Espagne pulvérisé, suffisante pour obtenir une pâte onctueuse, dont on imprégnera un chiffon de toile propre pour en frotter les taches, en ayant soin de reprendre du chiffon net à mesure qu’il sera souillé par l’élément solubilisé de la tache.
- M. Bœur, à Vaux-les-Rosières (Belgique). — Nous avons donné, dans une réponse récente, faite à M. Baumann, de Viroflay, la composition de l’encre violette pour duplicateurs, veuillez bien vous y reporter.
- R. P. Vanhamme, à Mérode-Lusambo. — A notre avis, le camphre naturel, CU'HIC0, ou camphre du Japon, retiré du camphrier (Laurus camphora), employé en dissolution dans l’essence d’automobile, est sans action nuisible sur les éléments métalliques; l’emploi thérapeutique qui en est fait à l’intérieur, ingéré à la dose moyenne de 0,5 à 1 gr montre qu’il n’est nullement corrosif.
- Mais nous ferions quelques réserves sur l’emploi du camphre synthétique obtenu en partant du térébenthène, dont le chlorhydrate traité par un alcalin, par exemple la chaux, fournit un isomère, le camphène qui est oxydé par l’acide chromique insuffisamment purifié, il pourrait alors donner lieu à des attaques fâcheuses.
- E. P. S., à Quimperlé. — Au point de vue de la fabrication du cidre, les pommes se divisent en pommes acides, douces et amères.
- Les pommes acides donnent un jus clair et léger, peu agréable au goût, les pommes douces renfermant beaucoup de sucre, rendent peu de jus, mais donnent un cidre agréable, d’assez mauvaise conservation, car il manque du tanin; les nommes amères et âcres fournissent un jus dense, coloré, qui ferment longtemps et se conserve bien, par suite de la présence du sucre et du tanin.
- Le cidre doit donc être fabriqué avec des pommes douces et des pommes amères arrivées à parfaite maturité, dans la proportion d’un tiers de fruits doux pour deux tiers de fruits amers; dans ces conditions on obtient une boisson excellente sans prédominance de chacun des éléments constitutifs, surtout lorsque la fermentation n’a pas été poussée trop loin, ce qui amènerait la disparition de la majeure partie du sucre.
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- M. Dusseiller, à Zurich. — La décoration du verre peut s'effectuer facilement au moyen des vernis à base de nitrocellulose, préparés de la façon suivante :
- 1° Solutions colorées diverses:
- Matière colorante............................... 5 gr
- Alcool à 95°...................................100 cm3
- 2° Pour l’emploi prendre :
- Solution colorée............................... 10 cm3
- Collodion officinal............................ 30 —
- Conserver ces préparations en flacons bien bouchés, pour éviter l’évaporation du solvant.
- Les matières colorantes employées peuvent être toutes les couleurs dérivées de la houille, qui sont solubles dans les conditions ci-dessus et transparentes.
- •VI. le Dr Thofose, à Monts-sur-Quesnes. — 1° Le plomb tétra-éthyle n’est pas employé dans les supercarburants, mais comme antidétonant; sa recherche et son dosage se pratiquent de la manière suivante
- On prélève 50 cm3 du carburant à analyse", qu’on verse dans un petit ballon à fond rond, de 250 cm3 environ, avec 50 cm3 d’acide chlorhydrique concentré (D. = 1,19).
- Ensuite on chauffe sur une petite flamme avec un réfrigérant à reflux (opérer sous une hotte). L’acide chlorhydrique qui se dégage traverse les couches de benzine (carburant) surnageante, on observe alors presque subitement dans celles-ci, un trouble par séparation du chlorure de plomb à l’état pulvérulent. Le trouble va en augmentant pendant un certain temps, puis peu à peu se sépare et la benzine redevient limpide.
- A cet instant, tout le plomb du tétra-éthyle est transformé en chlorure et est passé en solution dans la partie aqueuse acide.
- L’opération dure environ une demi-heure, on élimine ensuite par distillation la benzine du liquide aqueux; on verse le résidu restant dans le ballon dans un bêcher et on dose le plomb par les méthodes habituelles.
- Par exemple, on traite le liquide par l’acide sulfurique concentré, en chauffant dans une capsule jusqu’à vapeurs blanches, on reprend par l’eau et recueille le sulfate de plomb sur un filtre.
- Le filtre est calciné à part. Ses cendres sont arrosées de quelques gouttes d’acide sulfurique et évaporées à sec prudemment; on obtient ainsi le sulfate de plomb parfaitement blanc et on en déduit la quantité de tétra-éthyle d’après la formule Pb (C2H5)"-
- 2° La toxicité des gaz d'échappement dépend de la quantité de plomb tétra-éthyle, non décomposé pendant l’explosion; elle est fonction de la marche du moteur et ne peut être déterminée à l’avance.
- 3° Vous trouverez dans le n° 2860 du 1er juillet 1931, page 13, un article très complet de notre collaborateur M. Arnoux, sur les antidétonants utilisés : plomb tétra-éthyle, nickel tétracarbonyle, fer pentacarbonyle ; nous vous prions de vous y reporter pour détails complémentaires sur cette question.
- M. Zeraffa, à Alger. — 1° A notre avis, la formule la plus simple, pétrole, huile de vaseline, est celle qui doit être préférée pour l’entretien des carrosseries d’autos.
- 2° Le savon mou est le savon à base d’huile et de potasse employé couramment pour les gros nettoyages.
- 3° Les bougies à quatre électrodes ont l’avantage d’avoir un fonctionnement plus sûr au cas où l’une des électrodes viendrait à s’encrasser ou à s’user. D’autre part, l’allumage se produisant en plusieurs points, assure une meilleure combustion du mélange.
- Par contre, l’augmentation du débit nécessite une magnéto ou une bobine de self d’allumage à dimensions plus grandes, faute de quoi, les étincelles se produisant toutes dans le même temps auraient une température moins élevée qu’avec une étincelle unique.
- 4° Vous trouverez dans notre n° 2998, page306, un article très complet sur les supercarburants d’automobiles; veuillez bien vous y reporter.
- 5° La notice sur les emplois du graphite colloïdal vous sera envoyée sur demande, à titre gracieux, par les établissements Paul Maury, 7, rue de Normandie, à Asnières (Seine).
- IVI. Boucher, à Bordeaux. —- Les couleurs en tablettes, qui sont agglutinées à la gomme arabique, doivent parfaitement convenir pour la réparation de vos reliures de livres d’étrennes, dont la percale est préparée à la gélatine. La seule précaution à prendre est de choisir des couleurs fines telles que cellesf abriquées spécialement pour le lavis, et qui sont transparentes.
- M. Qiraud, à Marseille. — Pour teinter des flotteurs en liège, destinés à être mis en contact avec l’essence d’automobile, il vous suffira de les tremper dans une solution aqueuse assez concentrée, de gélatine blanche colorée par une couleur minérale telle que vermillon, vrai bleu de Prusse, outremer, vert Guignet, etc.
- M. Parot, à Tunis. — 1° A notre avis, ce sont les vernis cellulosiques qui conviendront le mieux pour le revêtement intérieur de vos récipients destinés à recevoir des liquides alimentaires. Vous trouverez ces vernis tout préparés en vous adressant à la maison Clément et Rivière, 42, rue Beaurepaire, à Pantin (Seine), en ayant soin de préciser l’emploi qui doit en être fait.
- 2° Pour obtenir la destruction de l’herbe qui se développe sur le sable de votre cour, il vous suffira d’arroser avec une solution, soit de sulfate de fer (vitriol vert), soit de sulfate de cuivre (vitriol bleu), à 6 pour 100.
- Afin d’éviter un nouveau développement en votre absence, répandre à la surface du sable, avant votre départ, à l’automne, une couche de crud ammoniac ou vieilles matières d’épuration, que vous pourrez vous procurer facilement en vous adressant à l’usine à gaz la plus voisine.
- M. Zeraffa, à Alger. — 1° Les termes d’huile de vaseline, huile de paraffine, vaseline liquide, pétrovaseline, etc., sont équivalents pour désigner les parties extraites des pétroles bruts, par distillation, qui passent entre 350° et 450°, de densité comprise entre 875 et 890, qui ont été purifiées par traitement à l’acide sulfurique et à la soude caustique.
- 2° Les insecticides qui ont donné les résultats les plus satisfaisants, sous tous les rapports, pour la destruction de la cochenille de la vigne, cochenille rouge ou pulvinaire (Pulvinaria vitis), sont les émulsions de pétrole et d’huiles végétales (huiles extraites de graines). La formule suivante est préconisée comme très active :
- Savon noir...................................... 200 gr
- Eau non calcaire................................ 600 —
- Huile végétale...................................150 —
- Huile de pétrole ordinaire.......................100 —
- Cette émulsion doit ensuite, pour l’emploi, être étendue d’une quantité d’eau égale à son volume.
- Les émulsions d’huiles lourdes de pétrole ou les mélanges huile lourde et lait de chaux se sont montrés moins efficaces.
- M. Van Quickenborne, à Bruxelfes. — 1° A notre grand regret, nous ne pouvons entreprendre l’analyse des spécialités commerciales, pour en vulgariser la composition si elle n’a pas encore -été publiée. Notre rôle doit se borner à mettre les chercheurs en mesure de poursuivre efficacement la mise au point de préparations nouvelles sur lesquelles leurs connaissances peuvent être insuffisantes.
- 2° L'encaustique au savon dont vous indiquez la composition est effectivement susceptible de produire des taches si elle contient de la chaux, car les substances simplement émulsionnées et non dissoutes doivent après évaporation de l’essence de térébenthine, se trouver réparties d’une façon inégale, d’où le résultat fâcheux que vous avez constaté.
- A notre avis, il est préférable d’utiliser pour l’entretien de vos carrosseries d’autos, le mélange suivant qui a le grand avantage d’être homogène :
- Pétrole ordinaire............................ 850 cm3
- Huile de vaseline............................150 —
- M. Miassoëdoff, à Ajaccio. — 1° La formule suivante de poudre à récurer vous donnera très probablement satisfaction :
- Savon sec en poudre . ............................85 gr
- Blanc d’Espagne................................... 5 —
- Rouge d’Angleterre................................ 5 —
- Crème de tartre................................... 5 —
- Broyer au mortier les éléments, de façon à obtenir un mélange bien homogène.
- Pour l’emploi prendre un peu de la poudre, l’humecter d’eau, puis frotter les objets à nettoyer avec un tampon de toile fine; finalement rincer à l’eau tiède.
- 2° Les lessives en poudre sont généralement constituées par :
- Carbonate de soude cristallisé..........................70 %
- Silicate de soude.......................................20 —
- Soude caustique.........................................10 —
- On y ajoute parfois, comme agent de blanchiment, du perborate de soude qui donne naissance à de l’eau oxygénée.
- Vous pourrez vous procurer tous ces produits par quantités importantes, à la Maison Pelliot, 53. rue de Châteaudun. à Paris.
- Le Gérant : G. Masson.
- <58.57. — lmp. Lahure, 9, rue de Flcurus, à Paris. — 15-6-1937. — Published in France
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- LA NATURE
- SOIXANTE-CINQUIÈME ANNÉE — 1937
- PREMIER SEMESTRE
- INDEX ALPHABÉTIQUE
- A
- Abeilles et résistance des matériaux, 5G. Abrasifs légers pour verres d’optique, 9G, 239, 335.
- Académie des Sciences : résumés des communications, 89, 139, 186, 233, 281, 37S, 429, 479, 527.
- Acétone, 335.
- Acétylène dissous : découverte, 76.
- Acides gras en alimentation, 479.
- Acide phosphorique : précipitation, 192. Acide phtalique, 335.
- Acier : aimantation par décharge rapide, 1S5. Aciers : essai à la meule, 25.
- Acoustique des salles : amélioration, 535. Actinies en aquarium, 115, 343. Aérodynamique : mesures, 281.
- Aéronautique : Salon, 49.
- Agrandisseur photographique, 533. Aimantation de l’acier par décharge rapide, 185.
- Aimantation des basaltes, 429.
- Aimantation des terres cuites, 233.
- Air arctique : transparence, 576.
- Air : conductibilité, 479.
- Air : conductibilité électrique, 186.
- Alcool absolu : préparation, 536.
- Alcool : dénaturation, 432.
- Algérie : climat, 139.
- Alimentation : contrôle au moyen âge, 129. Aliphatiques : fusion, 281.
- Alliages à très bas point de fusion, 294. Alliages pour l’horlogerie, 576.
- Alliages : recristallisation, 479.
- Alliages : tendances nouvelles, 202.
- Alpinisme et neige, 397.
- Anaphylaxie et ultra-violet, 429.
- Anneaux chinois, 523.
- Antenne de fortune, 286.
- Antenne intérieure, 334.
- Antenne réduite, 582.
- Appareil à dessiner « Rellex », 46.
- Appareils de mesures, 191.
- Appareils électriques, 240.
- Arabe réalisateur de la machine de Marly, 172.
- Arborescences cristallines, 438.
- Arbres : croissance et périodes climatériques, 430.
- Arctique : transparence de l’air, 576.
- Argent : action du soufre, 576.
- Arsenicaux et insectes, 378.
- Aspirateur électrique perfectionné, 580. Astronomie : bulletin, 36, 131, 227, 324, 420, 524.
- Atmosphère : gros ions, 576. Atmosphériques : enregistrement, 480. Aubergine : greffage, 576.
- Automobiles à moteur arrière, 11.
- Automobile pratique, 133, 327, 474, Automobiles : précautions dans la circulation, 95.
- Auto-moteur, 46.
- Avions perdus en mer : recherche, 540. Azote dans la germination, 281.
- Azotures : décomposition, 281.
- B
- Bactéries fossiles, 139. Bactériophage, 350, 454.
- Baguages d’oiseaux, 264.
- Baromètres, 469.
- Baromètre : histoire, 81.
- Basaltes : aimantation, 429.
- Bénitiers, 151.
- Béton : perméabilité, 139.
- Bièvre, 318.
- Binger : nécrologie, 44.
- Blanc d’argent, 287.
- Blindages en verre, 90.
- Bois : composition, 233.
- Bore dans les végétaux, 479. Botulisme, 156.
- Botulisme : toxine, 536.
- Bougies Chamberland : nettoyage, 335. Brevets français : classification, 535. Brevets : prix du dépôt, 430.
- Brome, 335.
- Brome dans le suc gastrique, 139.
- c
- Cafards : destruction, 583.
- Camphre, 583.
- Caoutchouc : production, 92.
- Carbonate de soude en sidérurgie, 90. Carburants artificiels : procédé Miehot-Dupont, 218.
- Carburants d’automobile, 306.
- Carbure de calcium : fusion, 429.
- Carbure de calcium : impuretés, 139.
- Catalyse : variations, 233.
- Céleri : soufre, 186.
- Cellule photoémissive nouvelle, 186. Centrifugeuses ultra-rapides, 264. Champignon des maisons, 287.
- Supplément au mSOOS de La Nature du 15 Juin 1937.
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- Changement de vitesses par engrenages à diamètre variable, 533.
- Charbon pur, 363.
- Chargeur d’accus, 582.
- Chauffage central : automaticité, 389. Chauffages économiques, 226.
- Chauffage urbain, 547.
- Chaussures : nettoyage, 583.
- Chêne : vieillissement, 485.
- Chien mangeur d’insectes, 84.
- Chiens sauvages d’Afrique, 532.
- Chlorure de calcium pour routes, 65.
- Chrome électrolytique : dureté, 527.
- Ciel nocturne : couleur, 281.
- Cigarettes amusantes, 485.
- Ciment : coloration, 192.
- Cinématographie en couleurs : tirage de films gaufrés, 261, 405.
- Citronnelle, 578.
- Climat algérien, 139.
- Clou de girofle, 414.
- Cochenille de la vigne, 584.
- Colle à l’acétate de cellulose 583.
- Colle cellulosique, 536.
- Colle pour cellophane, 335.
- Comètes de 1937, 282, 333, 472.
- Compas pour se repérer sur le terrain, 482. Compteurs photoélectriques, 103. Condensations occultes par temps calme, 283. Conductibilité de l’air, 479.
- Conductibilité électrique de l’air, 186. Conductibilité thermique des gaz sous faible pression, 1S6.
- Construction : jeu, 237.
- Contrôleur à membrane pour les écluses du Rhin, 349.
- Coques de bateaux : crasses, 479.
- Coques marines : salissures, 527.
- Corrosion récidivante des bronzes anciens, 579.
- Cosmogéosphère, 273.
- Coton et lin : distinction, 485.
- Couche de Beilby : applications industrielles, 412.
- Couleurs acides et basiques, 192.
- Coupage du verre, 485, 574.
- Coupin : nécrologie, 236.
- Courants marins anciens, 489.
- Cousin : nécrologie, 480.
- Crapauds : disparition dans la région parisienne, 141.
- Crin de Florence : fabrication, 95.
- Cuivrage du fer, 336.
- Culbuteurs de wagons, 21.
- Cyanure contre les fourmis et les guêpes, 88.
- D
- Dégivreur pour ailes d’avion, 333. Démographie : déclin des civilisés, 6. Densitomètre en photographie, 535.
- Dentition et hygiène, 275.
- Dessins animés : projecteur cinématographique, 239.
- Dessin : appareil « Reflex », 46.
- Dessins animés : projecteur-jouet, 238. Détonation du nitrate d’ammonium, 186. Diffusion des fêtes du couronnement anglais, 531.
- Dinitrophénol, 239.
- Dirigeable « Hindenburg » : catastrophe, 531
- Disques de phonographe à enregistrement direct, 95.
- Documents filmés, 380.
- Dorure au mercure, 192.
- Doura-Europos : fouilles, 123.
- Douvillé : nécrologie, 235.
- E
- Eau de Cologne, 384.
- Eau de mer : lithium, 281.
- Eaux minérales : nouveau procédé d’embouteillage, 277.
- Éclipse totale de soleil de juin 1937, 516. Écluses du Rhin : contrôleur à membrane, 349.
- École par T. S. F., 188.
- Écran de Wood, 384.
- Écriture des Eskimo, 219.
- Égypte ancienne : verrerie, 385.
- Électrodes polies, 527.
- Électrolytes : structure des dépôts, 378. Éléments rares : recherche, 429.
- Embouteillage des eaux minérales, 277. Émetteur de T. S. F. d’amateur, 3S4. Encaustique, 48.
- Encaustique au savon, 584.
- Encre à polycopier, 583.
- Encre bleue pour stylo, 335.
- Encre de Chine, 287.
- Encre noire à polycopier, 336.
- Enveloppes pour imprimés, 581.
- Éponges de viscose, 38.
- Eskimo : écriture, 219.
- Essence synthétique : matériel de fabrication, 495.
- Éthanolamines, 144.
- Expansion sonore, 142.
- Explosions : phénomènes lumineux, 378. Exposition de 1937, 316, 369, 407, 486, 516, 532, 567.
- F
- Faïences : émail, 583.
- Faïences : raccommodage, 582. Fermeture de revues roulées, 285. Ferry-boat Dunkerque-Douvres, 69. Fibres musculaires lisses. 527.
- Films gaufrés en couleurs, 261, 406. Filtre secteur, 384.
- Flottation des minerais, 549. Flotteurs : coloration, 584.
- Fluides électrisés : mouvements, 281. Fluoromètre, 233.
- Foyer : accessoires en terre cuite, 465. Foudre : problème, 171.
- Fouilles de Doura-Europos, 123.
- G
- Galles, 213.
- Gaz comprimés : conductibilité thermique, 139.
- Gaz : conductibilité thermique sous faible pression, 186.
- Gaz : vitesse de réaction, 89.
- Gazéification à l’essence, 535.
- Gélatine et insuline, 479.
- Gelées pour le visage, 335.
- Générateur ionique Pauthenier - Moreau -Hanot, 147.
- Géographie botanique de la Tunisie, 97, 162. Germination et azote, 281.
- Glace carbonique, 575.
- Glaçure pour faïences fines, 536.
- Glycérine : nouvelle synthèse, 281.
- Glycérolés d’amidon, 287.
- Graisse d’armes, 485.
- Gril perfectionné, 534.
- Guillaume (Charles-Édouard) : hommage, 282.
- Guyton de Morveau : bicentenaire, 106.
- H
- Hasard : imitation, 233.
- Haute fréquence : transmission, 380. Haut-parleurs à grande puissance, 562. Hémaphrorrhée, 186.
- Herbe : destruction, 584.
- Herbier : noircissement des plantes, 323. Heure exacte par T. S. F., 191. Hexachloréthane insecticide, 180.
- Hoggar à neuf jours de Paris, 289.
- Hollande, 145.
- Homme fossile : durée de vie, 186.
- Hoi'logerie : alliages, 576.
- Horlogerie : usine moderne, 508.
- I-ïorototalisateur Lip, 482.
- Houille : méthodes modernes d’extraction, 443.
- Houille : structure, 246.
- Huiles de vidange : utilisation agricole, 372. Humidité atmosphérique : récupération, 141. Hydro-aréport intercontinental Paris-Versailles, 458.
- Hydrobiologie : station du lac du Bourget, 401.
- Hydrocarbures : nitration, 429.
- Hydrogène pour ballons : fabrication en campagne, 340.
- Hyperpressions et mort des cellules, 527.
- I
- Ichtyocolle, 240.
- Imperméabilisation des semelles, 485.
- Imperméabilisation de vêtement caoutchouté, 536.
- Incendies de l’automne 1936 en Provence, 322.
- Incubation artificielle, 225.
- Indium : avenir, 465.
- Indochine : océanographie. 452.
- Infra-rouges : action sur les êtres vivants, 295.
- Infra-rouge : photographie et cinématographie, 582.
- Infra-rouge : transformation en lumière visible, 481.
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- Insectes : destruction, 536.
- Insectes du bois : destruction, 536.
- Insectes et arsenicaux, 378.
- Insectes : photographie stéréoscopique, 569. Insecticide : rotônone, 217.
- Instrument à cordes nouveau, 89.
- Insuline et gélatine, 479.
- Ions atmosphériques, 576.
- J
- Janet : nécrologie, 332.
- Jeu de constructions, 237.
- Journaux français : grande rotative, 57.
- K
- Képhyr, 583.
- L
- Lac du Bourget : station hydrobiologique, 401.
- Lac Ontario : niveau, 479.
- Lacs suisses, 1, 60.
- Lampadaire à usages multiples, 580.
- Lampes à vapeur de sodium pour tennis, 377.
- Lampes pour ondes très courtes, 240. Lapereaux : nids, 381.
- Lebeau, membre de l’Académie des Sciences, 512.
- Lépidoptères : écérébration, 89.
- Lépidoptères : vol, 89.
- Lessive en poudre, 584.
- Lettres-adresses, 47.
- Lingot d’acier forgé de 230 t, 481.
- Lithium dans l’eau de mer, 281.
- Livres nouveaux, 43, 138,234,280, 331,379. 428, 478, 528.
- Locomotive électrique à vapeur, 2S3.
- Lumen, 287.
- Lumière blanche par tube unique, 187. Lumière polarisée : applications techniques, 245,
- Lunettes à électrons, 154.
- Lunettes de lit, 483.
- Lunettes invisibles, 46, 239.
- M
- Machine de Marly : origine arabe '? 172. Machine parlante originale, 142.
- Machine solaire d’Abbot, 380.
- Magnésie dans la fabrication des carbures, 576.
- Magnétisme terrestre : variations, 527. Magnétostriction : sondages sous-marins, 173. Mangin : nécrologie, 235.
- Manomètre pour faibles pressions, 187. Marbre artificiel, 336.
- Marbre : polissage, 582.
- Margarine dans le beurre, 485.
- Marmites autoclaves, 485.
- Mastic Golaz, 96.
- Mastic pour fourneaux, 287.
- Mastic pour parquets, 485.
- Mathématiques : récréations, 417, 521. Mauguin, membre de l’Académie des Sciences, 514.
- Médication soufrée, 233.
- Mellite, 96.
- Membranes semi-perméables, 233.
- Mesures : appareils 191.
- Meta, 96.
- Métaux et alliages : tendances nouvelles, 202. Météorite : chute, 378.
- Météorites : composition, 378.
- Météorologie du pilote, 44.
- Météorologie : iniluence du soleil, 312. Météorologie : le mois à Paris, 85, 180, 277, 372, 473,575.
- Métrophotographie, 334.
- Meule : essais d’aciers, 25.
- Microphone à tube cathodique, 93. Microphotographie simplifiée, 189.
- Microscope électronique : emploi, 286. Microviseur Kazeel'f, 94.
- Mimosa : écorces en tannerie, 141.
- Minerais : flottation, 549.
- Moteurs à injection d’essence, 576.
- Moteurs à air comprimé, 546.
- Moteur birotatil’ Sklenar, 215.
- Moteur Diesel sur auto de tourisme, 93. Moteur électrique : amélioration, 286.
- Moteur nouveau, 89.
- Moustique de fosse d’aisances : défense, 419. Moustique maritime : suppression, 321. Moustique transmetteur d’une maladie des poules, 251.
- Mouton : tremblante, 186.
- Muscles : fibres lisses, 527.
- M’zab : femmes gardiennes et captives, 27.
- N
- Navigation intérieure en France, 140.
- Navire pétrolier Emile-Miguel : lancement, 507.
- Nécrologie : Binger, 44.
- Nécrologie : Coupin, 236.
- Nécrologie : Cousin, 480.
- Nécrologie : Douvillé, 235.
- Nécrologie : Paul Janet, 332.
- Nécrologie : Mangin, 235.
- Nécrologie : Elihu Tompson, 480.
- Nécrologie : Torres y Quevedo, 332.
- Neige et alpinisme, 397.
- Nids de lapereaux, 381.
- Nitrate d’ammonium : détonation, 186. Nitrates : dosage, 378.
- Noix de muscade, 414.
- Nitration des hydrocarbures, 429.
- Normandie : lutte contre les trépidations, 208.
- Nuées ardentes : mécanisme, 23.
- O
- Objectif astronomique : nettoyage, 334. Océanographie en Indochine, 452.
- Office international pour la protection de la nature, 564.
- Oiseaux : baguages, 264.
- Oiseau Waldrapp de Gesner, 121.
- Ombres blanches, 573.
- Ombres vivantes, 34.
- Ondes courtes : réception, 144.
- Ondes courtes : sélectivité du récepteur, 432. Ondes ultra-courtes : appareil d’émission, 95. Orgue électro-acoustique, 258.
- Oscillographe cathodique pour moteurs, 382. Oxydations dans les cellules vivantes, 89. Oxygène : absorption, 479.
- Oxylithe, 192.
- P
- Pangolins, 579.
- Paraffine : émulsions, 96.
- Parasite du porc, 378.
- Parlement belge : installation radioélectrique, 188.
- Parquets : bouchage des fentes, 336.
- Pâte à polir, 485.
- Pâte à polycopier, 48, 335.
- Pâte à souder, 48.
- Pêches sportives en mer, 433.
- Péchelbronn, 354.
- Peinture à l’aluminium, 336.
- Peintures contre le soleil, 473.
- Peinture d’impression, 336.
- Peinture verte pour bancs de jardin, 96. Pesanteur en Afrique du Nord, 233. Photographie : causerie, 86, 230, 373, 529. Photographies curieuses, 91, 334. Photographie intégrale : ouvrages, 240. Photographie stéréoscopique des insectes, 569. Physique atomique : techniques actuelles, 13. Pilâtre de Rozier, 144.
- Pilote : météorologie, 44.
- Plancton fossile, 489.
- Planétaires, 177.
- Plantes : noircissement en herbier, 323. Plaque porte-clés, 47.
- Plomb : 20 siècles de soudure, 399.
- Plomb tétraéthyle, 584.
- Pôle nord : expédition soviétique, 577. Pommes à cidre, 583.
- Porc : parasite, 378.
- Positifs directs : obtention, 431.
- Potée d’étain, 192.
- Poudre à récurer, 584.
- Poulailler sain, 238.
- Poules et mastic, 286.
- Poules : maladie transmise par un moustique, 251.
- Poussières et radiateurs, 48, 95, 191. Presse-fruits Yalacta, 484.
- Pressions artérielles : mesure, 89. Prestidigitation, 523.
- Projecteur cinématographique pour dessins animés, 237.
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- Projecteur jouet pour dessins animés, 238. Projection en relief en lumière polarisée, 95. Projections stéréoscopiques et colorées, 494. Protection de la nature : office international, 5C4.
- Provence : incendies de l’automne 1930, 322 Psychologie animale, 288.
- Puces : destruction, 485.
- R
- Radiateur électrique : installation, 280. Radiateur en aluminium : nettoyage, 335. Radiateurs et poussières, 48, 95, 191. Radiation cosmique : origine, 527. Radioactivité de l’air en montagne pendant l’hiver, 188.
- Radiodiffusion coloniale, 144.
- Radiodiffusion française : projets pour 1937, 45.
- Radiodiffusion : nouvel enregistrement, 140. Radiophonie : nouveaux essais de transmis sion, 430.
- Radiophonie pratique, 181, 423. Radiorécepteur : modification, 432.
- Radis et carbonate de calcium, 527.
- Rails : joint, 334.
- Rails : recherche des défauts internes, 282. Rails : soudure, 117.
- Rats : rois, 537.
- Rayons cosmiques et mort de l’univers, 512. Rayonnement solaire ultra-violet, 429. Récepteur à écouteurs téléphoniques, 191. Recristallisation d’alliages, 479.
- Réflecteur économique pour lampe à incandescence, 330.
- Respiration artificielle : appareil Panis, 483. Rhinocéros d’Afrique, 35.
- Rois de rats, 537.
- Rotation terrestre : caprices, 108.
- Rotative à journaux français, 57.
- Roténone insecticide, 217.
- Rouille des tôles, 48.
- Routes et chlorure de calcium, 65.
- S
- Salon de l’aéronautique, 49.
- Sapins hybrides, 429.
- Sarcocolle, 287.
- Saumon, 364.
- Savon-benzine, 582.
- Scellement à i’oxyphosphate de zinc, 48. Sel : mines de Taoudeni, 77.
- Sélection naturelle, 429.
- Signalisation lumineuse des rues, 167.
- Soleil : éclipse totale de juin 1937, 516. Soleil et météorologie, 312.
- Soleil et perturbations atmosphériques, 233. Sommeil et T. S. F., 418.
- Sondages sous-marins, 173.
- Sonneries sur continu 110 v, 238.
- Sonnerie sur secteur, 582.
- Soudure au plomb : 20 siècles, 399.
- Soudure des rails, 117.
- Soufre : action sur l’argent, 576.
- Soufre dans le céleri, 186.
- Soufre : médication, 233.
- Souterraine (croisière gigantesque), 555, Spéléologie, 301, 337.
- Sphère : géométrie, 440.
- Spiritisme à la tliibétaine, 256.
- Stéréoscopie à un objectif, 94.
- Strohoscopie et courants de Tesla, 576. Stylographe : support de bureau, 190.
- Suc gastrique : brome, 139.
- Suint de laine, 485.
- Suisse : lacs, 1, 60.
- Sulfate de cuivre : précipitation, 378.
- T
- T. S. F. et sommeil, 418.
- Taches de graisse sur papier, 432.
- Taches d’encre à stylo, 335.
- Taches de nitrate d’argent, 336.
- Taches d’urine, 338.
- Taillants amovibles, 403.
- Tannage au chrome, 192.
- Tannage : écorces de mimosas, 140.
- Taoudeni : mines de sel, 77.
- Teigne au Maroc, 281.
- Télémécanique par cellules photo-électriques, 96, 383.
- Téléphonie par haute fréquence, 577. Téléphotographie par ondes hertziennes, 577.
- Télévision cathodique : pratique, 39. Télévision : émissions en Angleterre, 91. Télévision : émissions françaises, 236. Télévision Scophony, 160.
- Tennis : éclairage au sodium, 377.
- Tensions électriques par poussières, 147. Tensions très hautes : appareillage, 193. Termites : destruction, 286.
- Terre cuite : accessoires du foyer, 465.
- Terres cuites : aimantation, 233.
- Terres rares, 121.
- Tliibet : spiritisme, 256.
- Thomson (Elihu) : nécrologie, 480.
- Timbres en caoutchouc, 48.
- Tissus infroissables, 330.
- Tombeau royal de l’âge du fer, 548.
- Tonnerre : bruit, 436.
- Torres y Ouevedo, 332.
- Transafricain Angola-Mozambique, 267. Transindochinois : inauguration, 345. Tremblante du mouton, 186.
- Trépidations : lutte â bord de Normandie, 208* Treuils à air comprimé, 546.
- Tridacnes, 151.
- Tubes à lumière blanche, 139.
- Tubes démarreurs, 189.
- Tunisie : géographie botanique, 97, 162. Tuyaux sonores, 527.
- Typhus murin : transmission, 479.
- U
- Ultrasons disperseurs de brouillards et fumées, 504.
- Ultra-violets : action sur les êtres vivants, 293.
- V
- Vaccination antituberculeuse, 429. Vaisselle : nettoyage sanitaire, 523. Vannes à valves pilotes, 253.
- Veines gazeuses, 576.
- Ventoux, laboratoire d’altitude, 241. Vernis pour instruments, 96.
- Vernis transparent, 536.
- Verre : collage, 536.
- Verre : coupage, 485, 574.
- Verre : décoration, 584.
- Verre de lampe : querelle, 404.
- Verre phosphorescent, 89.
- Verrerie dans l’ancienne Égypte, 385. Vêtements huilés, 287.
- Vétiver, 266.
- Vins : densité optique, 89.
- Virus : morphologie, 576.
- Viscose : éponges, 38.
- Volière originale, 2S4.
- w
- Wagons : culbuteurs, 21.
- Z
- Zéro absolu, 187.
- Zéro : miracle, 33.
- Zinc : hydrosels, 479. Zircon : dissociation, 378.
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- LISTE DES AUTEURS
- PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE
- Alber. — Les ombres vivantes, 34. — Les anneaux chinois, 523.
- — Les ombres blanches, 573.
- Barolet (Henri). — Récréations mathématiques, 417, 521.
- Basiaux (Paul). — Le réalisateur de la machine de Marly était-il d’origine arabe ? 172. — Le Ventoux, laboratoire d’altitude, 241. Berthelot (Ch.). — La structure de la houille, 246. — Les méthodes modernes d’extraction de la houille, 443. —• Matériel pour la fabrication synthétique de l’essence, 495.
- Bertrand (L.). — Résumés des communications à l’Académie des Sciences, 89, 139, 186, 233, 281, 378, 429, 479, 527.
- Bonnevialle (Marcelle). —• Au pays des tulipes, 145.
- Bordier (Dr H.). — Influence de la T. S. F. sur le sommeil, 418. Boutaric (A.). — Techniques actuelles de recherches en physique atomique, 13. — Les compteurs photoélectriques, 103.
- Boyer (Jacques). — Noix de muscade et clou de girofle, 414. — Les ultra-sons permettent-ils de dissiper les brouillards et les fumées ? 504. — Deux nouveaux membres de l’Académie des Sciences : MM. Lebeau et Mauguin, 514.
- Brossard (René). — Les galles, 213. — La photographie stéréoscopique des insectes, 569.
- Broyer (Ch.). — La Bièvre, une rivière qui disparaît, 318.
- Calmette (G.). — L’évolution de la signalisation lumineuse, 167. Caters (Christian de). — Le transafricain Angola-Mozambique, 267. Chevalier (Dr J.). — Un nouvel insecticide : la roténone, 217. Chevalier (Jean). — Le bicentenaire de Guyton de Morveau, 106. Claude (Georges). — La recherche des avions perdus en mer, 540.
- D. (P.). — Contrôleur à membrane pour la commande des écluses du Rhin, 349.
- D. (R.) et L. (S.). — Les incendies de l’automne 1936 en Provence, 322. Daridon (Henri). — Histoire du baromètre, 81. — L’incubation artificielle, 225. —• Les baromètres et leur mode de graduation, 469. Degaast (Georges). — Grande rotative à journaux français, 57. Devaux (Pierre). — Les très hautes tensions et leur appareillage, 193. — La lutte contre les trépidations à bord de Normandie, 208.
- — Un curieux moteur birotatif, 215. — Fabrication en campagne d’hydrogène pour ballons, 340. — L’évolution de l’automaticité dans le chauffage central, 389. — Le projet d’hydroaéroport intercontinental Paris-Versailles, 458. — Où en est à Paris le chauffage urbain, 547.
- Ducamp (Roger). — Condensations occultes par temps calme, 283. Ferré (G.). —> Géométrie de la sphère, 440.
- Feuillée-Billot (A.). — Les baguages d’oiseaux, 264.
- Forbin (Victor). — Spiritisme à la thibétaine, 256. — Le Hoggar à neuf jours de Paris, 289. — L’inauguration du transindochinois, 345. — Péchelbronn, 354. — Le lancement du navire pétrolier Emile-Miguet, 507.
- Garnaud (Jean). — Actinies en aquarium, 115, 343.
- Glory (André). — Les mines de sel de Taoudeni, 77. — Les fouilles de Doura Europos, 123. — Un tombeau royal de l’âge du fer, 548.
- — Une gigantesque croisière souterraine, 555.
- Gradenwitz (Alfred). — L’orgue électro-acoustique, 258. — Projections stéréoscopiques et colorées en lumière polarisée, 494.
- Guillet fils (Léon). — Tendances nouvelles dans l’étude mécanique des métaux et alliages, 202.
- Guyot (A.-L.). — Géographie botanique de la Tunisie, 97, 162.
- II. (E.). — La station d’études hydrobiologiques du lac du Bourget, 401.
- H. (P.). — Projets de la radiodiffusion française pour 1937, 45. >— L’organisation des émissions de télévision en Angleterre, 91. — Nouvelle méthode d’enregistrement des sons pour la radiodiffusion, 140. — L’école par T. S. F., 188. — Émissions de télévision française, 236. — Ce qu’on verra à l’Exposition de 1937, 316, 369, 407, 486, 516, 532, 567. — Nouveau système de transmission des courants haute fréquence, 380. — Indicateur à oscillographe cathodique pour moteurs, 382. — Appareil de télémécanique simplifié à cellule photoélectrique, 383. — Nouveaux essais de transmission radiophonique, 430. — L’étude des phénomènes météorologiques par l’enregistrement des atmosphériques, 480. — La diffusion des fêtes du couronnement anglais, 531. — Téléphotographie par ondes hertziennes, 577. — Téléphonie d’appartement en haute fréquence sur les fils du réseau, 577.
- Hémardinouer (P.). — Pratique de la télévision cathodique, 139.
- — L’expansion sonore, 142. — La télévision par le système Scophony, 160. — Radiophonie pratique, 181, 423. — Tirage de films gaufrés pour cinématographie en couleurs, 261. — Les progrès des haut-parleurs à grande puissance, 562.
- Mollard (Pierre). — Essai des aciers à la meule, 25. — La soudure des rails de chemins de fer, 117. — Vingt siècles de soudure au plomb, 399.
- Jeanton (G.). — Les accessoires du foyer en terre cuite, 465.
- Joleaud (L.). — Anciens courants marins et plancton fossile paléozoïque, 489.
- Joly (R. de). — La spéléologie : ses moyens, ses buts, 301, 337.
- Kazeeff (W. N.). — Le botulisme, 156. — Le bactériophage, 350, 454.
- Kwal (Bernard) et Lesage (Marc). — Les très hautes tensions électriques par les poussières chargées, 147.
- L. (S.). — Voir D. (R.).
- Lacaine (Jean). — Le Salon de l’Aéronautique 1936, 49.
- Lanorville (Georges). — Culbuteurs de wagons du P.-L.-M., 21. — Nouveau ferry-boat Dunkerque-Douvres, 69. — Nouveau procédé d’embouteillage des eaux minérales, 277.
- Lavier (Dr Georges). — Une maladie des poules transmise par un moustique, 251.
- Legendre (Dr J.). — La suppression du moustique maritime, 321.
- — La défense contre le moustique de fosse d’aisances, 419.
- Leroi-Gourhan (André). — L’écriture des Eskimo, 219.
- Lesage (Marc). — Voir Kwall (Bernard).
- Ley (Willy). — Quel oiseau fut le « Waldrapp de Gesner » ? 121. — Alliages à très bas point de fusion, 294.
- Lyée de Belleau (M. de). — Les femmes captives et gardiennes du M’zab, 27.
- Mannevy-Tassy (G.). — Manomètre pour faibles pressions, 187.— Vannes à valves pilotes, 253.
- Marancel (Élyane). — Les lacs suisses, 1, 60.
- Maussier-Dandelot (J.). — Le bruit du tonnerre, 436.
- Merle (René). — Les tridacnes ou bénitiers, 151.
- Mesnard (G.). — Le déclin démographique des civilisés, 6.
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- Michaud (Félix). — Arborescences cristallines poussant à l’air libre, 438.
- Monnier (Marius). — La volière originale, 284.
- Morant (Henry de). — La verrerie dans l’ancienne Égypte, 385.
- Netter (J.). — Le miracle du zéro, 33.
- Nordmann (Charles). — A propos du tirage des films gaul'rés en couleurs, 406.
- Pasteur (Médecin général Félix). — Dentition et hygiène, 275.
- Pellat (A.-F.). — Les taillants amovibles, 403. — Treuils et moteurs à air comprimé, 546.
- Perruche (Lucien). — Le saumon, 364. — Les grandes pêches sportives en mer, 433.
- Picard (L.). —- Automobiles à moteur arrière, 11. — L’automobile pratique, 133, 327, 474.
- R. (G.). — Les rhinocéros d’Afrique, 35.— Le chien mangeur d’insectes, 81. — Les écorces de mimosa en tannerie, 141. — Le vétiver, 266. — Les pangolins de l’Afrique équatoriale, 579.
- R. (L.). — Production du caoutchouc, 92.
- Reh (Dr A.). — Les rois de rats, 537.
- Remacle (G.). — Les planétaires, 177. — Pourquoi certaines plantes noircissent-elles en herbier ? 323. — Les chiens sauvages d’Afrique, 532. — La citronnelle, 578. — L’Office international pour la protection de la nature, 564.
- Reteaud (Louis). — Un nouvel insecticide : la roténone, 217.
- Roger (Em.). — Le mois météorologique, 85, 180, 277, 372, 473, 575.
- Rousseau (Pierre). — Les caprices de la rotation terrestre, 108. — La lunette à électrons, 154.
- Rousseau (Yan). — L’océanographie en Indochine, 452.
- Sagui (C.-L.). — Le mécanisme des nuées ardentes, 23.
- Schmidt (Ern.). — Les terres rares, 121. — Contrôle de l’alimentation au moyen âge, 129.
- Seyewetz (Jean). — L’action des rayons ultra-violets et infra-rouges sur les êtres vivants, 295.
- Stern (Alfred). — Les rayons cosmiques et la mort de l’univers, 542.
- T. (A.). — La grande querelle du verre de lampe, 404.
- 1. (Em.). — Les deux premières comètes de 1937, 282.
- Thaler (Louis). — Les carburants d’automobile, 306.
- Thuilleaux (Marcel). — La physico-chimie au secours des routes, 65.
- Touchet (E.). — Bulletin astronomique, 36, 131, 227, 324, 420, 524.
- — Causerie photographique, 86, 230, 373, 527. — La troisième comète de 1937, 333.
- Turpain (A.). — L’influence du soleil en météorologie, 312.
- V. (H.). — Vers le zéro absolu, 187. — Lumière blanche par tube luminescent unique, 187. — La radioactivité de l’air en montagne, pendant l’hiver, 188. — Les documents filmés, 380.
- Vigneron (IL). — Les abeilles et la résistance des matériaux, 56. — La découverte de l’acétylène dissous, 76. — Blindages en verre, 90. — L’emploi du carbonate de soude en sidérurgie, 90. — Le problème de la foudre, 171. — Les sondages sous-marins par magnétostriction, 173. — Aimantation de l’acier par décharge rapide, 1S5. — Les carburants artificiels : le procédé Michot-Dupont, 218.
- — Applications techniques de la lumière polarisée, 245. — Centrifugeuses ultra-rapides, 264. — Recherche des défauts internes des rails, 282. — Torres y Ouevedo, 332. — Dégivreur pour ailes d’avion, 333. — Le charbon pur, 362. — La machine solaire d’Abbot, 380.
- — La neige et l’alpinisme, 397. —- Applications industrielles de la couche de Beilby, 412. —- Les périodes climatériques et la croissance des arbres, 430. — L’avenir de l’indium, 465. — Une usine d’horlogerie moderne, 508. — La concentration des minerais par flottation, 549. — La glace carbonique, sous-produit des distilleries de betteraves, 575. — Corrosion récidivante des bronzes anciens, 579.
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- TABLE DES MATIÈRES
- I. — ACADEMIE DES SCIENCES
- Résumés des communications (L. Bertrand) 89, 139, 186, 233,
- 281, 378, 429, 479, 527
- IL - MATHÉMATIQUES ET ASTRONOMIE
- Les caprices de la rotation terrestre (P. Rousseau)...........108
- Les planétaires (G. Remacle).....................................177
- Imitation du hasard..............................................233
- La cosmogéosphère................................................273
- Hommage à C.-E. Guillaume........................................282
- Les deux premières comètes de 1937 (E. T.) ......... 282
- Nécrologie : Torres y Quevedo (H. Vigneron)...................332
- La troisième comète de 1937 (E. Touciiet).....................333
- Géométrie de la sphère (G. Ferré).............................440
- La quatrième comète de 1937 .................................... 472
- L’éclipse totale de soleil de juin 1937 ........................ 516
- Récréations mathématiques (H. Barolet)................. 417, 521
- Bulletin astronomique (EL Touchet) . . 36, 131, 227, 324, 420, 524
- III. — SCIENCES PHYSIQUES 1. Physique.
- Techniques actuelles de recherches en physique atomique
- (A. Boutaric) .............................................. 13 .
- Le miracle du zéro (J. Netter).............................. 33
- Histoire du baromètre (H. Daridon)............................. 81
- Verre phosphorescent........................................... 89
- Densité optique des vins....................................... 89
- Les compteurs photoélectriques (A. Boutaric)................103
- Conductibilité thermique des gaz comprimés..................139
- Les très hautes tensions électriques par les poussières chargées
- (B. Kwal et M. Lesage)......................................147
- La lunette à électrons (P. Rousseau)........................154
- Aimantation de l’acier par décharge rapide (H. Vigneron) . . 185
- Conductibilité thermique des gaz sous faible pression.......186
- Manomètre pour faibles pressions (Mannery-Tassy)...............187
- Vers le zéro absolu (II. V.)...................................187
- Lumière blanche par un tube luminescent unique (II. V.) . . . 187
- Nouveau fluoromètre............................................233
- Aimantation des terres cuites.................................. 33
- Membranes semi-perméables......................................233
- Applications techniques de la lumière polarisée (II. Vigneron). 245
- Fusion des composés aliphatiques...............................281
- Alliages à très bas point de fusion (W. Ley)...................294
- Phénomènes lumineux des explosions.............................378
- Dissociation du zircon..........................................378
- Applications industrielles de la couche de Beilby (H. Vigneron) 413
- Fusion du carbure de calcium......................................429
- Arborescences cristallines poussant à l’air libre (F. Michaud) . . 438
- Les baromètres et leur graduation (11. Daridon)...................469
- Conductibilité de l’air...........................................479
- Recristallisation d’alliages......................................479
- La transformation des rayons infra-rouges en lumière visible. . 481
- Les ultra-sons permettent-ils de dissiper les brouillards et fumées?
- (J. Boyer)..................................................... 504
- Tuyaux sonores.....................................................527
- Origine de la radiation cosmique...................................527
- Les courants de Tesla et la stroboscopie...........................576
- Étude des veines gazeuses..........................................576
- 2. Chimie.
- Vitesse de réaction des gaz..................................
- Les terres rares (E. Schmidt)................................
- Impuretés du carbure de calcium..............................
- Détonation du nitrate d’ammonium.............................
- Les carburants artificiels : le procédé Michot-Dupont (II. Vigneron)......................................................
- Variations du pouvoir catalytique............................
- Décomposition des azotures...................................
- Le lithium dans l’eau de mer.................................
- Nouvelle synthèse de la glycérine............................
- Le charbon pur (H. Vigneron).................................
- Précipitation du sulfate de cuivre. . . .....................
- Dosage des nitrates..........................................
- Recherche des éléments rares.................................
- Nitration des hydrocarbures..................................
- L’avenir de l’indium (H. Vigneron)...........................
- Absorption de l’oxygène-;....................................
- Hydrosels de zinc............................................
- Action du soufre sur l’argent................................
- La magnésie dans la fabrication des carbures.................
- 89
- 121
- 139
- 186
- 218
- 233
- 281
- 281
- 281
- 363
- 378
- 378
- 429
- 429
- 465
- 479
- 479
- 576
- 576
- IV. — SCIENCES NATURELLES
- 1. Géologie. — Physique du Globe.
- Mécanisme des nuées ardentes (C.-L. Sagui)................. 23
- Bactéries fossiles..........._.............................139
- Récupération de l’humidité atmosphérique...................141
- Le problème de la foudre (II. Vigneron)....................171
- Conductibilité électrique de l’air.........................186
- Durée de la vie de l’homme fossile.........................186
- Radioactivité de l’air en montagne pendant l’hiver (II. V.) . . 188
- Intensité de la pesanteur en Afrique du Nord...............233
- La structure de la houille (C. Berthelot)..................246
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- Couleur du ciel nocturne.......................................280
- Composition des météorites.....................................378
- Chute de météorite. ...........................................378
- Machine solaire d’Abbot (H. Vigneron)..........................380
- La neige et l’alpinisme (H. Vigneron)..........................397
- Le rayonnement solaire ultra-violet............................429
- Aimantation des basaltes.......................................429
- Anciens courants marins et plancton fossile paléozoïque
- (L. Joleaud)................................................489
- Variations du magnétisme terrestre.............................527
- Les rayons cosmiques et la mort de l’univers (A. Stern) .... 542
- Les gros ions de l’atmosphère..................................576
- 2. Météorologie
- Climat algérien..............................................139
- Activité solaire et perturbations atmosphériques.............233
- Condensations occultes par temps calme (R. Ducamp). .... 283
- L’influence du soleil en météorologie (A. Turpain).........312
- Le bruit du tonnerre (J. Maussier-Dandelot)..................436
- L’étude des phénomènes météorologiques par l’enregistrement
- des atmosphériques (P. H.).............................. 480
- Transparence de l’air arctique...............................576
- Le mois météorologique (E. Roger). . 85, 180, 277, 372, 473, 575
- 3. Zoologie. — Physiologie.
- Les rhinocéros d’Afrique (G. R.).............................. 35
- Le chien mangeur d’insectes (G. R.)........................... 84
- Oxydations dans les cellules vivantes......................... 89
- Écérébration des lépidoptères................................... 89
- Vol des lépidoptères........................................... 89
- Actinies en aquarium (J. Garnaud)...................... 115, 343
- Quel oiseau fut le Waldrapp de Gesner ? (W. Ley)..............121
- Brome dans le suc gastrique.....................................139
- Disparition des crapauds dans la région parisienne............141
- Les tridacnes ou bénitiers (R. Merle)...........................151
- Hémaphrorrhée................................................. 186
- L’incubation artificielle (II. Daridon).........................225
- Les baguages d’oiseaux (A. Feuillée-Billot).....................264
- Psychologie animale.............................................288
- L’action des rayons ultra-violets et infra-rouges sur les êtres
- vivants (J. Seyewetz)........................................295
- Le saumon (L. Perruche).........................................364
- Parasite du porc................................................37S
- Action des arsenicaux sur les insectes..........................378
- Les nids de lapereaux.........................................381
- Influence de la T. S. F. sur le sommeil (Dr H. Bordier). . . . 418
- Sélection naturelle.............................................429
- Les grandes pêches sportives en mer (L. Perruche)...............433
- Préservation des coques de bateaux..............................479
- Les acides gras en alimentation.................................479
- Gélatine et insuline............................................479
- La salissure des coques marines.................................527
- Les fibres musculaires lisses...................................527
- La mort des cellules par les hyperpressions.....................527
- Les chiens sauvages d’Afrique (G. Remacle)......................532
- Les rois de rats (D1 A. Reh)....................................537
- L’Ofïîce international pour la protection de la nature (G. Remacle) .......................................................564
- Les pangolins de l’Afrique équatoriale (G. Remacle).............574
- 4. Botanique. — Agriculture.
- Production du caoutchouc (L. R.)............................ 92
- Géographie botanique de la Tunisie (A.-L. Guyot) ... 97, 162
- Les écorces de mimosa en tannerie (G. R.)...................141
- Le soufre dans le céleri....................................... 186
- Les galles (R. Brossard)........................................213
- Composition des bois............................................233
- Le vétiver (G. R.)............................................ 266
- L’azote dans la germination.....................................281
- Pourquoi certaines plantes noircissent-elles en herbier ?
- (G. Remacle).................................................323
- Les incendies de l’automne 1936 en Provence (R. D. et S. L.) 322
- Noix de muscade et clou de girofle (J. Boyer) ...............414
- Hybrides de sapins............................................ 429
- Les périodes climatériques et la croissance des arbres (H. Vigneron).................................................... 430
- Le bore dans les végétaux.......................................479
- Le carbonate de calcium et le radis.............................527
- Le greffage de l’aubergine.................................... 576
- La citronnelle (G. Remacle).....................................578
- V. - GÉOGRAPHIE. - ETHNOGRAPHIE ARCHÉOLOGIE
- Les lacs suisses (E. Marancel)........................... 1, 60
- Les femmes captives et gardiennes du M’zab (M. de Lyée de
- Belleau)................................................... 27
- Nécrologie : Binger........................................... 44
- Les mines de sel de Taoudeni (A. Glory)..................... 77
- Les fouilles de Doura Europos (A.Glory).....................123
- Au pays des tulipes (M. Bonnevialle)........................145
- L’écriture des Eskimo (A. Leroi-Gourhan)......................219
- Le Ventoux, laboratoire d’altitude (P. Basiaux).............241
- Spiritisme à la thibétaine (V. Forbin).........................256
- Le transafricain Angola-Mozambique (C. de Caters) . .... 267
- Le Iloggar à neuf jours de Paris (V. Forbin)................289
- La spéléologie : ses moyens, ses buts (R. de Joly) . . . 301, 337
- La Bièvre, une rivière qui disparaît (C. Broyer)............318
- Inauguration du transindochinois (V. Forbin)...................345
- La verrerie dans l’ancienne Égypte (H. de Morant)...........385
- La station d’études hydrobiologiques du lac du Bourget (E. II.) 401
- L’océanographie en Indochine (Y. Rousseau).....................452
- Les accessoires du foyer en terre cuite (G. Jeanton)........465
- Le niveau du lac Ontario.......................................479
- Un tombeau royal de l’âge du fer (A. Glory),................548
- Une gigantesque croisière souterraine (A. Gl^ry)............555
- Une expédition soviétique au pôle nord......................577
- Corrosion récidivante des bronzes anciens (H. Vigneron).. . . 579
- VI. — HYGIÈNE. — MÉDECINE
- Déclin démographique des civilisés (G. Mesnard)................ 6
- Mesure des pressions artérielles.................................. 89
- Contrôle de l’alimentation au moyen âge (E. Schmidt) .... 129
- Le botulisme (W. N. ICazeeff).....................................156
- La tremblante du mouton...........................................186
- Un nouvel insecticide : la roténone (L. Reteaud et Dr J. Chevalier) .......................................................
- Médication soufrée.............................................
- Une maladie des poules transmise par un moustique (Dr G.
- Lavier)......................................................251
- Dentition et hygiène (Dr Pasteur)...............................275
- La teigne au Maroc..............................................281
- La suppression du moustique maritime (Dr J. Legendre). .. . 321
- Le bactériophage (W. N. Kazeeff)...................... 350, 454
- La défense contre le moustique de fosse d’aisances (Dr J.
- Legendre)..................................................419
- L’absorption ultra-violette et l’anaphylaxie . . ...............429
- Vaccination antituberculeuse....................................429
- Transmission du typhus murin....................................479
- Morphologie de virus............................................576
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- VIL — SCIENCES APPLIQUÉES I. Mécanique. — Industrie..— Outillage.
- Essais des aciers à la meule (P. Mollard)..................... 25
- Les abeilles et la résistance des matériaux (H. Vigneron) . . . 56
- Grande rotative à journaux français (G. Degaast).............. 57
- Nouveau moteur.................................................... 89
- Blindages en verre (II. Vigneron)................................. 90
- Le carbonate de soude en sidérurgie (H. Vigneron)............. 90
- Tendances nouvelles dans l’étude mécanique des métaux et
- alliages (L. Guillet fils)......................................202
- Curieux moteur birotatif (P. Devaux)..............................215
- Centrifugeuses ultra-rapides (H. Vigneron).......................264
- Nouveau procédé d’embouteillage des eaux minérales (G. La-
- norville).......................................................277
- Péchelbronn (V. Forbin)..........................................354
- Vingt siècles de soudure au plomb (P. Mollard)................399
- Les taillants amovibles (A.-F. Pellat)............................403
- Un lingot d’aciér forgé de 230 t..................................481
- Une usine d’horlogerie moderne (M. Vigneron)......................508
- Dureté du chrome électrolytique...................................527
- Treuils et moteurs à air comprimé (A. F. Pellat).................546
- La glace carbonique, sous-produit des distilleries de betteraves...........................................................575
- Nouveaux alliages pour l’horlogerie...............................576
- Moteurs à injection d’essence.....................................576
- Nouvelle cellule photoémissive......................... ... 186
- L’école par T. S. F. (P. H.)................................188
- L’installation radioélectrique du Parlement belge. ...... 188
- Les très hgutes tensions et leur appareillage (P. Devaux) . . 193
- Émissions de télévision française (P. H.)...................236
- L’orgue électro-acoustique (A. Gradenwitz)..................258
- Mouvements des fluides électrisés...........................281
- Nécrologie : Paul Janet.................................. 332
- Lampes à vapeur de sodium pour courts de tennis.............377
- Transmission des courants à haute fréquence (P. H.).........380
- Nouveaux essais de transmission radiophonique (P. H.) . . . . 430
- Nécrologie : Elihu Thomson..................................480
- Diffusion des fêtes du couronnement anglais (P. H.).........536
- Progrès des hauts-parleurs à grande puissance (P. Hémardinquer) ......................................................562
- Téléphotographie par ondes hertziennes...................... 577
- Téléphonie d’appartement en haute fréquence,................577
- Radiophonie pratique (P. Hémardinquer) :
- Nouveaux systèmes de réglage automatique 181
- Enregistrement direct radiophonographique ............. 183
- Commande à distance de récepteur.......................184
- Mise en marche d’un récepteur à heure déterminée .... 185
- Nouveautés techniques..................................423
- Boîte de contrôle et de dépannage......................424
- Recherche des mauvais contacts..........................42j^-'
- Haut-parleur pour notes aiguës.........................426
- Appareil complet.......................................426
- Orgue radio-électrique lumineux........................427
- 2. Photographie
- Photographie curieuse........................................... 91
- Tirage de films gaufrés pour cinématographie en couleurs
- (P. Hémardinquer)............................................261
- Les documents filmés (M. V.)....................................380
- A propos du tirage des films gaufrés en couleurs (C. Nordmann) 406
- Nécrologie : Ernest Cousin..................................... 480
- Projections stéréoscopiques et colorées en lumière polarisée
- (A. Gradenwitz)..............................................494
- Photographie stéréoscopique des insectes (R. Brossard). . . . 569
- Causerie photographique (E. Touchet)............................ 86
- Choix d’un appareil................................. 86, 373
- Objectifs.................................................. 86
- Plaques.................................................... 86
- Limite de résolution des surfaces sensibles................ 87
- Comment regarder une photographie.......................... 87
- Formats....................................................230
- Amateurs et appareils......................................230
- Image nette.............................................. 231
- Plaques ou pellicules......................................373
- Appareils rigides..........................................374
- Appareils pliants........................................ 374
- Appareils « Reflex »................................... 375
- Appareils de petit format..................................376
- Appareils stéréoscopiques..................................376
- Tables de laboratoire : protection.........................529
- Lanterne inactinique.............................. 529, 530
- 3. Électricité.
- Pratique de la télévision cathodique (P. Hémardinquer) ... 39
- Projets de la radiodiffusion française pour 1937 (P. II.) .... 45
- Nouvel instrument à cordes ............................... . 89
- Organisation des émissions de télévision en Angleterre (P. H.) . 91
- Tubes à lumière blanche ...................................139
- Enregistrement des sons pour la radiodiffusion. ...........140
- La télévision par le système Scophony (P. Hémardinquer) . . 160
- 4. Travaux publics. — Arts de l’ingénieur.
- Perméabilité du béton........................................ 139
- Vannes à valves pilotes (G. Mannevy-Tassy)....................253
- Contrôleur à membrane pour la commande des écluses du
- Rhin (P. D.)............................................. 349
- L’évolution de l’automaticité dans le chauffage central
- (P. Devaux)................................................389
- Les méthodes modernes d'extraction de la houille (C. Berthelot) 443 Matériel pour la fabrication synthétique de l’essence (C. Berthelot).......................................................495
- Où en est à Paris le chauffage urbain (P. Devaux).............547
- La concentration des minerais par flottation (H. Vigneron) ... . 549
- 5. Transports.
- Automobiles à moteur arrière (L. Picard).................... 11
- Culbuteurs de wagons du P.-L.-M. (G. Lanorville)............ 21
- La physico-chimie au secours des routes (M. Thuilleaux). . . 65
- La soudure des rails de chemins de fer (P. Hollard) ..... 117
- La navigation intérieure en France..........................140
- L’évolution de la signalisation lumineuse (G. Calmette). . . . 167 Recherche des défauts internes des rails (H. Vigneron) .... 282
- Locomotive électrique à vapeur aux États-Unis...............283
- Les carburants d’automobile (L. Thaler).....................306
- L’automobile pratique (L. Picard) :
- Technique automobile au Salon........................... 133
- Carburateur à gas-oil.....................................135
- Contrôle d’économie d’essence............................ 135
- Pompe à essence électro-magnétique........................136
- Pour éviter les bruits........................... 137, 330
- Consommation des différents accessoires électriques. . . . 137
- Réparations : usages des vieux gants..................... 137
- Technique américaine en 1937 ............................ 327
- Carrosseries françaises. .................................327
- Accidents : précautions ..................................328
- Chambre à air de sécurité.............................. 328
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- Essuie-glace...............
- Allumage de sécurité et antivol.
- Chauffage..................
- Buée sur les pare-brise ....
- Réparation des ailes.......
- Production mondiale........
- Accidents .................
- Accus : remplissage automatique Carburateur à régulateur . . .
- Huiles lourdes.............
- Jauges électriques.........
- Pression d’huile...........
- Démontage des bougies .... Outils improvisés..........
- 329
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- 330 330 474 474
- 474
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- 476
- 477 477 477
- 6- Aviation et Aéronautique.
- Météorologie du pilote......................................
- Le Salon de l’aéronautique 1936 (J. Lacaine)................
- Mesures aérodynamiques......................................
- Dégivreur pour ailes d’avion (H. Vigneron)..................
- Fabrication en campagne d’hydrogène pour ballons (P. Devaux) Le projet d’hydro-aéroport intercontinental Paris-Versailles
- (P. Devaux)..............................................
- La catastrophe du dirigeable « Hindenburg ».................
- La recherche des avions perdus en mer (G. Claude)...........
- 44
- 49
- 281
- 333
- 340
- 458
- 531
- 540
- A\
- 7. Querre et Marine.
- Nouveau ferry-boat Dunkerque-Douvres (G. Lanorville) ... 69
- Les sondages sous-marins par magnétostriction (H. Vigneron) 173 La lutte contre les trépidations à bord de Normandie (P. Devaux) 208 Le lancement du navire pétiolier Emile-Miguel (V. Forrin) 507
- VIII. — HISTOIRE DES SCIENCES
- Découverte de l’acétylène dissous (H. Vigneron)................. 76
- Le bicentenaire de Guyton de Morveau (J. Chevalier) .... 106
- Le réalisateur de la machine de Marly était-il d’origine arabe ?
- (P. Basiaux).................................................172
- La grande querelle du verre de lampe (A. T.)....................404
- Deux nouveaux membres de l’Académie des Sciences : Paul Lebeau et Charles Mauguin (J. Boyer)............................512
- IX. — VARIA
- Ce qu’on verra à l’Exposition de 1937 (P. H.) 316, 369, 407, 486, 516
- 532, 567
- Le prix du dépôt des brevets en France............................430
- Preslidigitation (Alber) :
- Les ombres vivantes.......................................... 44
- Les anneaux chinois..........................................523
- Les ombres blanches......................................... 573
- X. — RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
- 1. Inventions et Nouveautés.
- Lunettes invisibles................................ 46, 239
- Appareil ù dessiner « Réflex *............................... 46
- Auto-moteur.................................................. 46
- Lettres-adresses............................................. 47
- Plaque porte-clés............................................ 47
- Moteur Diesel sur auto de tourisme........................... 93
- Microphone à tube cathodique................................. 93
- Stéréoscopie à un objectif................................... 94
- Microviseur Kazeeff.......................................... 94
- Machine parlante originale.................................. 142
- Expansion sonore.............................................142
- Tubes démarreurs.............................................189
- Microphotographie simplifiée.................................189
- Stylographe : support de bureau..............................190
- Projecteur cinématographique pour dessins animés .... 237
- Jeu de constructions.........................................237
- Sonneries sur continu 110 v..................................238
- Poulailler sain..............................................238
- Projecteur-jouet pour dessins animés.........................238
- Volière originale............................................284
- Fermeture pour revues roulées................................285
- Indicateur à oscillographe cathodique pour moteurs. . . . 382
- Appareil de télémécanique simplifié à cellule photoélectrique 383
- Horototalisateur Lip.........................................482
- Compas pour se repérer sur le terrain........................482
- Lunettes de lit..............................................483
- Respiration artificielle : appareil Panis....................483
- Presse-fruits Yalacta................................'. . 4S4
- Changement de vitesses par engrenages à diamètre variable 533
- Agrandisseur photographique..................................533
- Gril perfectionné............................................534
- Lampadaire électrique à usages multiples.....................580
- Aspirateur électrique parfectionné...........................580
- Enveloppes pour imprimés.....................................581
- 2. Recettes et procédés utiles.
- Éponges de viscose........................................... 38
- Cyanure contre les fourmis et les guêpes..................... 88
- Hexachloréthane insecticide...................................180
- Chauffages économiques........................................226
- Réflecteur économique pour lampe..............................330
- Tissus infroissables..........................................330
- 'Huiles de vidange : utilisation agricole.....................372
- Positifs directs : obtention..................................431
- Peintures contre le soleil................................... 473
- Vaisselle : nettoyage sanitaire............................. 523
- Coupage du verre : dispositif électrique......................574
- 3. Boîte aux Lettres.
- Poussières et radiateurs.......................... 48, 95, 191
- Scellement à l’oxyphosphate de zinc.......................... 48
- Encaustique................................................... 48
- Rouille des tôles............................................. 48
- Pâte à polycopier. ............................... 48, 335
- Timbres en caoutchouc......................................... 48
- Pâte à souder................................................ 48
- Crin de Florence............................................. 95
- Disques pour enregistrements phonographiques ... 95, 582
- Circulation automobile....................................... 95
- Projection en relief en lumière polarisée..................... 95
- Ondes ultra-courtes : émission................................ 95
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- 595
- Télémécanique par cellules photoélectriques................. 96
- Peinture verte pour bancs de jardin......................... 96
- Meta........................................................ 96
- Abrasifs légers pour verres d’optique.......... 96, 239, 334
- Mastic Golaz............................................... 96
- Vernis pour instruments..................................... 96
- Émulsions de paraffine...................................... 96
- Mellite..................................................... 96
- Pilâtre de Rozier...........................................144
- Radiodiffusion coloniale....................................144
- Ondes courtes : réception...................................144
- Étlianolamines..............................................144
- Heure exacte par T. S. F....................................191
- Appareils de mesures........................................191
- Récepteur à écouteurs téléphoniques.........................191
- Potée d’étain...............................................192
- Coloration du ciment........................................192
- Couleurs....................................................192
- Acide phosphorique : dosage................................ 192
- Oxylithe....................................................192
- Dorure au mercure...........................................192
- Tannage au chrome...........................................192
- Dinitropliénol..............................................239
- Lunettes invisibles.........................................239
- Photographie intégrale : ouvrages...........................240
- Lampes pour ondes très courtes..............................240
- Appareils électriques.......................................240
- Ichtyocolle.................................................240
- Poules et mastic............................................286
- Termites : destruction......................................286
- Moteur électrique : amélioration............................286
- Radiateur électrique : installation.........................286
- Microscope électronique : emploi............................286
- Antenne de fortune..........................................286
- Sarcocolle..................................................287
- Vêtements huilés............................................287
- Lumen.......................................................287
- Blanc d’argent............................................. 287
- Glycérolé d’amidon..........................................287
- Champignon des maisons......................................287
- Joints de rails.............................................334
- Métrophotographie...........................................334
- Photographies curieuses.....................................334
- Nettoyage d’un objectif astronomique........................334
- Antenne intérieure..........................................334
- Taches d’encre à stylo......................................335
- Colle pour cellophane.......................................335
- Filtres Chamberland : nettoyage.............................335
- Encre bleue pour stylo......................................335
- Radiateur en aluminium : débouchage.........................335
- Gelées pour le visage.......................................335
- Acide phtalique.............................................335
- Acétone.....................................................335
- Brome.......................................................335
- Taches de nitrate d’argent..................................336
- Encre noire à polycopier....................................336
- Taches d’urine..............................................336
- Marbre artificiel.......................................... 336
- Peinture à l’aluminium......................................336
- Parquets : bouchage des fentes............................336
- Peinture d’impression.......................................336
- Cuivrage du fer.............................................336
- Émetteur de T. S. F.........................................384
- Filtre secteur . .. ....................................... 384
- Eau de Cologne..............................................384
- Écran de Wood............................................354
- Récepteur à ondes courtes : sélectivité..................432
- Radiorécepteur : modification....................... 432
- Taches de graisse sur papier..................................
- Alcool : dénaturation....................................432
- Suint de laine...................................... 485
- Graisse d’armes...............................................
- Pâte à polir..................................................
- Cigarettes amusantes..........................................
- Imperméabilisation des semelles..........................435
- Vieillissement du chêne..................................435
- Margarine dans le beurre.................................485
- Marmites autoclaves......................................435
- Mastic à parquets.............................................
- Puces : destruction...................................... . 435
- Coton et lin : distinction...............................435
- Coupage du verre.........................................435
- Brevets français : classification........................535
- Densitomètre en photographie.............................535
- Gazéification de l’essence...............................535
- Acoustique des salles : amélioration.....................535
- Imperméabilisation des vêtements caoutchoutés............536
- Botulisme. ..............................................53g
- Alcool absolu............................................530
- Insectes du bois : destruction...........................536
- Glaçure des faïences fines...............................530
- Insectes : destruction...................................535
- Colle cellulosique.......................................530
- Vernis transparent.......................................53g
- Verre : collage..........................................530
- Chargeur d’accus.........................................532
- Infra-rouge : photographie et cinématographie............582
- Antenne réduite pour T. S. F............................532
- Sonnerie sur secteur.....................................532
- Faïences : raccommodage..................................582
- Marbre : polissage.......................................532
- Savon-benzine............................................532
- Cafards : destruction....................................533
- Encre à polycopier.......................................533
- Képhyr........................................................
- Colle à l’acétate de cellulose...........................533
- Émail des faïences.......................................533
- Chaussures : nettoyage...................................583
- Camphre..................................................533
- Pommes à cidre...........................................533
- Verre : décoration.......................................534
- Plomb tétraéthyle........................................534
- Flotteurs, teinture......................................534
- Herbe : destruction......................................534
- Cochenille de la vigne : destruction.....................584
- Encaustique au savon.....................................534
- Poudre à récurer.........................................534
- Lessive en poudre........................................584
- 4. Bibliographie.
- Livres nouveaux. . 43, 138, 234, 280, 331, 379, 428, 478, 528
- 5. Documents photographiques.
- Psychologie animale...............................2S8
- Le Gérant 1 G. Masson. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9, à Paris. — 1937. — Published in France.
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